Hélène Sallon A la tribune du Conseil de sécurité des Nations unies, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, a exhorté, vendredi 27 mars, la communauté internationale à inscrire la défense des minorités ethniques et religieuses au cœur de son intervention en Syrie et en Irak. « Nous faisons face à une entreprise barbare et systématique d’éradication ethnique et religieuse », a alerté le chef de la diplomatie française, selon qui les « communautés non musulmanes sont des cibles privilégiées ». « Chrétiens, yézidis, Turkmènes, Kurdes, Chabaks, tous sont menacés par ce triangle de l’horreur – l’exil forcé, l’asservissement, la mort. »Le chef de la diplomatie français a proposé l’élaboration d’une Charte d’action pour les minorités persécutées au Proche-Orient en quatre points. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé la mise sur pied d’un Groupe des Sages dès septembre pour travailler en ce sens. « On fait aujourd’hui le constat d’un risque pour ces communautés et de la transformation sociale du Moyen-Orient. La volonté est de réorienter l’action de la communauté internationale pour intégrer l’objectif du retour des minorités déplacées », explicite un diplomate français. Il y avait environ 1,4 million de chrétiens en 1987 en Irak, et il en reste environ 400 000 aujourd'hui. Paris a annoncé, le 21 mars, avoir accordé 1 500 visas d’asile à des réfugiés irakiens « ayant un lien fort avec la France », dont une majorité de chrétiens, depuis l’été 2014.Ce plan prévoit la mobilisation de quatre leviers :Humanitaire : réorienter les actions des agences de l’ONU pour permettre le retour des minorités, avec la mise en place d’un fonds spécifique d’aide au retour et à la reconstruction des habitations et des lieux de culte.Militaire : ajouter à la lutte antiterroriste menée par la coalition et les forces locales l’objectif de la préservation des minorités en Irak et en Syrie en permettant leur réintégration et leur réenracinement. « Aujourd’hui, on frappe selon les intérêts militaires. Il faut faire de la libération de leurs espaces de vie et du rétablissement d’une sécurité minimale dans ces zones le premier critère d’action », précise le même diplomate français.Politique : soutenir des Etats inclusifs. En Irak, la France appelle à soutenir la politique de réconciliation et de réintégration des communautés dans les forces locales promue par le premier ministre, Haïdar Al-Abadi. En Syrie, où elle dénonce l’instrumentalisation de la question des minorités par le président Bachar Al-Assad, la France appelle à soutenir une transition incluant des éléments du régime et de l’opposition.Lutte contre l’impunité : poursuivre les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. M. Fabius a invité le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale. Il a prôné l’inclusion de la notion de « génocide culturel » dans le champ des crimes contre l’humanité.« C’est un très bon geste du ministre des affaires étrangères français. Je compte beaucoup sur cette initiative pour avoir rapidement des actions concrètes mises en œuvre », a commenté, pour Le Monde, Monseigneur Yohanna Petros Mouché. L’archevêque syriaque catholique de Mossoul et Karakoch, en Irak, pointe les besoins énormes – humanitaires et ensuite pour la reconstruction – des 12 000 familles que compte son diocèse, soit 50 000 des 120 000 chrétiens d’Irak qui vivent aujourd’hui en exil.« Nos jeunes s’entraînent pour protéger nos villages quand ils seront libérés, mais on ne va pas les envoyer combattre l’Etat islamique. Nous avons besoin d’une armée bien formée pour nous protéger. Il faudra peut-être une force étrangère pour nous protéger un temps », a-t-il rappelé, disant craindre la disparition de l’Eglise syriaque irakienne, qui compte pour un tiers de la communauté syriaque mondiale.« Aujourd’hui, le discours est qu’il faut aller libérer Mossoul. Cela ne prend pas assez en compte la dimension humanitaire », ajoute Faraj Benoît Camurat, le président de Fraternité en Irak. « Si on libère la partie orientale de la plaine de Ninive, cela permettra de lutter contre la prédation de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] dans cette zone où il y a beaucoup de lieux de mémoire chrétiens et yézidis. Ces zones pourront devenir des terres d’accueil pour les dizaines ou centaines de milliers de réfugiés qui vont vouloir fuir les combats quand on va reprendre Mossoul. »Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) L'annonce est tombée par communiqué, vendredi 27 mars, juste avant le début du shabbat. Le gouvernement israélien a décidé de mettre fin à un gel de trois mois dans le versement des taxes qu'il perçoit au nom de l'Autorité palestinienne, en particulier les droits de douane.Au total, depuis le début du mois de janvier, c'est près de 340 millions d'euros qui manquaient dans les caisses palestiniennes. Ces fonds collectés par Israël pour le compte de l'Autorité depuis les accords d'Oslo de 1993, représentent près de la moitié du budget palestinien. Obligée de contracter des crédits auprès de banques commerciales, l'Autorité a aussi décidé pendant cette période de ne verser que 60 % des salaires à ses employés. Le risque d'une déstabilisation sociale de grande ampleur était à craindre en Cisjordanie.« Raisons humanitaires »Benyamin Nétanyahou a choisi de suivre les recommandations du ministère de la défense et du Shin Bet (le service de renseignement intérieur). Le communiqué justifie la fin du gel par des « raisons humanitaires et les intérêts d'Israël » dans le contexte actuel. Il mentionne aussi « la détérioration de la situation au Moyen-Orient », qui oblige à « agir de façon responsable ». Rien à voir, officiellement, avec les pressions internationales, en particulier européennes et américaines, qui se sont multipliées à ce sujet.A l'origine, cette mesure, qui avait déjà eu de nombreux précédents, a été conçue comme une punition contre l'Autorité palestinienne, après ses démarches dites « unilatérales ». En décembre, Mahmoud Abbas avait présenté au Conseil de sécurité des Nations unies, par l'intermédiaire de la Jordanie, une résolution fixant un terme à l'occupation israélienne de la Cisjordanie. L'Autorité palestinienne avait ensuite décidé de ratifier le traité de Rome, ouvrant la voie à une adhésion à la Cour pénale internationale. Cette adhésion, effective le 1er avril, permettra dès cette date de réclamer des poursuites contre Israël pour « crimes de guerre », commis par exemple lors du conflit de l'été 2014 dans la bande de Gaza.Lire nos explications : Pourquoi l'Autorité palestinienne veut rejoindre la Cour pénale internationaleCette décision de bonne volonté de la part du gouvernement israélien était attendue, après les élections législatives du 17 mars. Les déclarations incendiaires de M. Nétanyahou, le jour du vote, contre la mobilisation des Arabes israéliens, ainsi que la dégradation spectaculaire des relations avec l'administration américaine obligent le premier ministre à faire des gestes de modération. Ils ne changent rien au blocage complet entre Israéliens et Palestiniens, mais desserre un peu l'étau autour de Mahmoud Abbas. La constitution du nouveau gouvernement israélien – les négociations battent leur plein avec les partenaires de la droite nationaliste et religieuse – donnera un indice plus précis de la direction choisie par Benyamin Nétanyahou.Lire aussi l'entretien : Israël-Palestine : « On se dirige vers un seul Etat »Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) L’économie américaine aura connu une fin d’année 2014 moins dynamique que prévu. Le produit intérieur brut (PIB) a finalement progressé au quatrième trimestre de 2,2 % en rythme annualisé, soit 0,55 % en croissance cumulée, selon la troisième (et dernière) estimation du département du commerce.Il s’agit d’une déception dans la mesure où la plupart des économistes tablaient sur une hausse de 2,4 %. La croissance avait été de 2,7 % sur un an au troisième trimestre. Sur l’ensemble de 2014, la croissance américaine s’établit à 2,4 %. Il s’agit de la meilleure performance depuis 2010 et un léger mieux par rapport à 2013, année au cours de laquelle le PIB avait progressé de 2,2 %.Lire aussi :La croissance américaine du quatrième trimestre révisée à la baisseLe ralentissement enregistré fin 2014 devrait s’accentuer au premier trimestre de cette année. L’hiver rigoureux, qui s’est abattu sur le nord-est et le Midwest, couplé à l’envolée du dollar et au ralentissement de la demande mondiale, a amené la plupart des économistes à réviser à la baisse leurs prévisions de croissance. Morgan Stanley table sur une hausse du PIB de 0,9 %, Goldman Sachs prévoit 1,4 % et JP Morgan Chase anticipe 1,5 %.Les ménages augmentent leurs dépenses« Les données récentes sur l’économie américaine ont été décevantes. Les surprises à la baisse portent notamment sur un ralentissement de la production industrielle, des mises en chantier et des biens durables », remarque Kris Dawsey, économiste pour les Etats-Unis chez Goldman Sachs.Même si la conjoncture devrait repartir de l’avant dès le deuxième trimestre, des incertitudes demeurent. « La réactivité des dépenses des consommateurs à la baisse des prix de l’essence a été plus lente que ce que nous avons anticipé », souligne M. Dawsey, qui ajoute que cela fait peser « un risque croissant sur nos prévisions de croissance de 3 % » pour l’ensemble de 2015.Une prudence que partage la Réserve fédérale (Fed, banque centrale), qui, lors de son dernier Comité de politique monétaire, a ramené ses projections de croissance entre 2,3 % et 2,7 %, contre une fourchette de 2,6 % à 3 % auparavant.En attendant, c’est la consommation qui a porté la croissance au quatrième trimestre. Les dépenses des ménages, qui comptent pour 70 %, de l’activité ont augmenté de 4,4 % en rythme annualisé, soit la meilleure progression depuis 2006. Lors de la précédente estimation du Département du commerce, la hausse de la consommation avait été évaluée à 4,2 %.Lire aussi :Les Américains s’alarment d’un dollar fortRecul des profitsEn revanche, les profits des entreprises ont déçu. Les bénéfices avant impôt ont ainsi chuté de 1,4 % après avoir progressé de 3,1 % lors des trois mois précédents. Sur l’ensemble de l’année, le recul atteint 0,8 % – il s’agit de la première baisse depuis 2008. La décrue devrait se poursuivre en 2015. La hausse rapide du dollar et la faiblesse de la demande mondiale sont en train de fortement pénaliser les entreprises américaines exportatrices.Autre nouvelle décevante : le ralentissement de la croissance des investissements. Les dépenses en logiciels, en machines ou en recherche et développement ont certes progressé de 4,7 % entre octobre et décembre, mais c’est quasiment moitié moins que le rythme qui avait été atteint au troisième trimestre (8,9 %).L’impact monétaire et le ralentissement de l’économie mondiale pèsent également sur le commerce extérieur. Les importations augmentent plus vite (+10,1 %) que les exportations (+4,5 %), ce qui creuse le déficit commercial. La force du dollar devrait amplifier le phénomène dans les mois qui viennent, les entreprises américaines ayant de plus en plus de mal à vendre leurs produits en Europe ou en Asie. Le rythme de croissance devrait s’en ressentir.L’économie américaine fêtera en juin sa sixième année consécutive de croissance, soit 14 mois de plus que la moyenne des périodes de reprise depuis l’après-guerre. Le record a été atteint entre 1991 et 2001. Mais la grande différence avec cette époque, c’est le rythme : sur les cinq dernières années, la croissance moyenne a été de 2,2 % contre 3,4 % au cours des années 1990.Lire aussi :La Réserve fédérale ouvre la voie à une hausse des taux aux Etats-UnisStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.03.2015 à 13h53 Le Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies (ONU) a adopté, vendredi 27 mars, une résolution condamnant les « enlèvements systématiques » pratiqués par la Corée du Nord. La résolution, sponsorisée par le Japon, l'Union européenne et les Etats-Unis, a été adoptée avec 27 voix pour, 6 contre (dont la Chine et la Russie) et 14 abstentions.Elle note « l'importance de la question des enlèvements internationaux et du retour immédiat de toutes les personnes enlevées ». Elle dénonce « les enlèvements systématiques, le refus de rapatriement et la disparition forcée de personnes, y compris de ressortissants d'autres pays, qui s'inscrivent dans le cadre d'une politique de l'Etat à grande échelle ».Hung Sik Ri, le représentant nord-coréen, a balayé la résolution, fustigeant un « document de conspiration (…) plein de mensonges » qui a « pour but le renversement du système social » de son pays. Il a par la suite informé que l'enquête concernant l'enlèvement des Japonais est toujours en cours, mais qu'« il faudra un certain temps avant que nous ayons des résultats concrets ». Il a ajouté qu'« il n'y a pas eu d'enlèvements de personnes de nationalité autre » que japonaise.Etrangers de 12 nationalitésSelon un rapport publié en février 2014 par une commission d'enquête de l'ONU, plus de deux cent mille étrangers – en majorité des Sud-Coréens capturés pendant la guerre de 1950-1953, mais aussi des Japonais et des Chinois – ont été enlevés par le régime nord-coréen. Au total, des ressortissants d'au moins douze pays sont concernés.La Corée du Nord avait accepté à la fin de mai 2014 de rouvrir une enquête concernant le sort des Japonais kidnappés en pleine guerre froide, en échange de la levée de certaines sanctions par Tokyo, mais n'a toujours pas présenté les informations réclamées par le gouvernement japonais.Tokyo n'a jamais voulu classer l'affaire de ses ressortissants enlevés dans les années 1970-1980 pour former les espions nord-coréens à la langue japonaise et aux coutumes du pays. Au point que le Japon en fait une condition impérative à la normalisation des relations avec la Corée du Nord, avec laquelle il n'entretient pas de relations diplomatiques.La résolution adoptée vendredi condamne également « les violations persistantes, systématiques, généralisées et flagrantes des droits de l'homme » en Corée du Nord. Elle exhorte le gouvernement nord-coréen « à reconnaître » ces violations et « à prendre immédiatement des mesures » pour y mettre un terme. 27.03.2015 à 11h50 • Mis à jour le27.03.2015 à 13h50 | Christophe Ayad et Gilles Paris lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2krrs2"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2krrs2", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Intervenir au Yémen, au risque de s’enliser dans un conflit impossible à remporter, ou ne rien faire, et alors perdre toute crédibilité dans sa zone d’influence immédiate ? Tel est le dilemme auquel a été confrontée l’Arabie saoudite ces dernières semaines, lorsque la rébellion houthiste, après avoir pris la capitale yéménite, Sanaa, à l’automne, a fondu sur Aden, la grande métropole du Sud, où s’était réfugié le président Abd Rabo Mansour Hadi, qui est arrivé dans la capitale saoudienne jeudi 26 mars.Voir aussi (infographie) : Le Proche-Orient déchiré entre chiites et sunnitesC’est finalement la tentation de l’action qui l’a emporté à Riyad. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des avions de chasse saoudiens ont mené des raids contre les positions de la rébellion chiite, avant de reprendre leurs opérations jeudi soir et vendredi matin. Dans la foulée, huit pays arabes (Emirats arabes unis, Koweït, Qatar, Bahreïn, Egypte, Jordanie, Maroc, Soudan), en plus du Pakistan, annonçaient leur participation à la coalition dirigée par le royaume saoudien.La coalition, qui témoigne de la forte capacité de mobilisation diplomatique de l’Arabie saoudite, ressemble fort à une alliance sunnite dirigée contre l’Iran et son axe chiite, soupçonné de financer et d’encadrer la rébellion houthiste. La Turquie, autre grande puissance sunnite non arabe, a d’ailleurs appuyé la décision saoudienne sans s’y associer. Après le Liban, l’Irak, la bande de Gaza et la Syrie, le Yémen entre donc à son tour dans la tourmente de la grande guerre régionale entre puissances chiites et sunnites, pas tant motivée par des raisons religieuses que de suprématie géopolitique. Coup d’étatMême si cette grille de lecture ne s’applique que partiellement au complexe kaléidoscope yéménite, c’est elle qui s’est imposée aux dirigeants saoudiens : face à ce qu’ils ont interprété, à tort ou à raison, comme une nouvelle avancée de l’Iran dans un pays qu’ils considèrent comme leur arrière-cour, l’absence de réaction valait capitulation. Il est vrai que les bruyantes rodomontades des dirigeants iraniens, qui ne cessent depuis quelques mois de se vanter d’avoir reconstitué « l’empire perse » et de contrôler désormais quatre pays arabes (le Liban, la Syrie, l’Irak et le Yémen), notamment à la faveur de la guerre contre les djihadistes sunnites de l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, où Téhéran est massivement présent militairement, n’ont pu que hérisser une monarchie saoudienne fragilisée.Les enseignements du passé avaient pourtant de quoi faire hésiter les dirigeants saoudiens : à deux reprises, le Royaume s’est fourvoyé militairement au Yémen, dans les années 1960 en soutenant sans succès le camp monarchiste (qui était à l’époque d’obédience zaïdite, une branche minoritaire du chiisme) puis en 2009 en intervenant, déjà, contre la rébellion houthiste à l’appel du président déchu Ali Abdallah Saleh. A chaque fois sans succès. Si la décision de s’engager a quand même été prise, c’est que les dirigeants saoudiens ont jugé leur survie en jeu.Lire aussi :Le Yémen, terre de guerres par procurationIl est vrai que l’arrivée au pouvoir d’un groupe chiite aidé par l’Iran au Yémen pourrait réveiller la question chiite au Bahreïn, où Riyad était intervenu militairement en 2011 pour écraser un soulèvement interprété comme confessionnel, voire à l’intérieur du royaume saoudien qui compte une minorité chiite non négligeable. Mais la récente succession à la tête de l’Arabie saoudite semble avoir également joué un rôle important dans la décision de Riyad, ainsi que les négociations en cours sur le programme nucléaire iranien, dans lequel les dirigeants saoudiens soupçonnent Washington de vouloir trop céder à Téhéran, son ennemi héréditaire.Les négociations en cours sur le nucléaire iranien semblent avoir joué un rôle important dans la décision de Riyad.Après avoir pris Sanaa à l’automne, les houthistes ont en effet parachevé leur coup d’Etat le 6 février, moins de deux semaines après la mort du roi Abdallah d’Arabie saoudite. Le nouveau roi Salman et surtout son fils, le jeune Mohamed Ben Salman Al-Saoud, 35 ans, nommé depuis ministre de la défense et gouverneur de Riyad, ont jugé qu’il en allait de leur crédibilité. Mais l’opération lancée en fanfare mercredi soir au Yémen a tout d’un piège, même si elle a permis de desserrer l’étau autour d’Aden. Le risque est grand, en effet, de dresser contre l’Arabie saoudite une partie de la population en cas de dommages civils trop élevés (les bombardements saoudiens ont fait 39 morts depuis mercredi, selon l’AFP, dont plusieurs civils) et de devoir engager des troupes au sol sur un terrain particulièrement mouvant et risqué. Riyad, qui a mobilisé 150 000 hommes, dit pour l’instant ne pas envisager un tel scénario. L’Arabie saoudite ne dispose, en effet, pas d’allié fiable sur le terrain. Le président Hadi, réfugié aujourd’hui à Riyad, ne peut compter que sur une partie de l’armée. Les unités d’élite, dont la garde républicaine, restent en effet acquises à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, qui avait renoncé au pouvoir fin 2011, poussé dehors par une médiation saoudienne après plusieurs mois de manifestations. Depuis, Saleh, qui avait combattu les houthistes sans pitié de 2003 à 2011, alors même qu’il est issu de la même communauté zaïdite, s’est retourné pour faire alliance avec eux.Lire aussi :Yémen : « Le président Hadi a surestimé sa capacité à mobiliser »Le camp sunnite est affaibli et fragmenté : la grande confédération tribale des Hached, affiliée aux Frères musulmans a aussi été lâchée par l’Arabie saoudite ; Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), bien implanté dans l’est du pays, est en guerre ouverte contre la monarchie saoudienne et l’un de ses membres a tenté d’assassiner le vice-prince héritier, Mohamed Ben Nayef, par ailleurs ministre de l’intérieur, sans compter l’EI qui monte en puissance au Yémen et ne cache pas son projet de renverser la monarchie « impie » des Saoud.« Printemps yéménite »De fait, cela fait déjà un moment que l’Arabie saoudite a « perdu » le Yémen. Longtemps, le dossier yéménite a été géré, au sein de la famille royale, par le prince Sultan bin Abdelaziz Al-Saoud, ministre de la défense et prince héritier à partir de 2005. Pour contrebalancer l’influence d’Ali Abdallah Saleh, jugé peu fiable, Riyad s’appuyait sur Abdallah Al-Ahmar, le chef de la confédération tribale des Hached et président du Parlement. Mais cette politique du « diviser pour mieux régner » et de prébendes reposait en grande partie sur des liens personnels. La mort, en décembre 2007, d’Abdallah Al-Ahmar a privé le royaume d’un levier efficace. Et la maladie du prince Sultan a pesé ensuite sur la diplomatie saoudienne. C’est son fils Khaled qui prend, en 2009, la direction des opérations militaires saoudiennes contre les houthistes, avec de piètres résultats. La mort du prince Sultan, en octobre 2011, oblige alors le roi Abdallah à intervenir dans le « printemps yéménite » qui embrase le pays cette même année et qui agglomère houthistes, islamistes et chefs tribaux contre le président Saleh en place depuis 1978. Convaincu de l’isolement de ce dernier, le roi Abdallah se résigne à le sacrifier en novembre de la même année. Le suivi de la délicate transition yéménite (le président déchu a obtenu de pouvoir rester à Sanaa et ses proches dirigent encore les services de sécurité) subit un nouvel à-coup avec la mort subite du prince Nayef, en juin 2012, qui était chargé du dossier.Soutien à WashingtonAu Yémen, après le départ de M. Saleh, les forces concurrentes de l’opposition reprennent progressivement les combats. Un théâtre qui devient particulièrement compliqué pour les Saoudiens, qui se privent de surcroît d’un puissant relais lorsque le roi Abdallah décide de passer à l’offensive contre la confrérie des Frères musulmans particulièrement bien représentée dans le parti Al-Islah et chez la confédération tribale des Hached.Les houthistes, qui ont rallié des tribus laissées pour compte, forment un groupe bien armé, bien encadré – notamment par des cadres du Hezbollah libanais, estiment des observateurs – et bien implanté dans le nord du pays, notamment la capitale. Mais la bataille en cours dépasse désormais largement le sort du Yémen.La Turquie a salué l’initiative saoudienne. L’Iran a exigé pour sa part « une cessation immédiate de toutes les agressions militaires et frappes aériennes contre le Yémen et son peuple ». Son ministre des affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, présent à Lausanne dans le cadre des négociations sur le nucléaire qui doivent s’achever avant mardi 31 mars, a mis en garde de manière voilée les pays occidentaux contre un soutien à l’Arabie saoudite au Yémen (Washington a promis à Riyad une aide en ravitaillement, logistique et surveillance radar), tout en assurant que les événements en cours n’auraient aucune répercussion sur la question nucléaire.Lire aussi :L’échec du « modèle yéménite » de Barack ObamaQuant à l’Arabie saoudite, qui a fait de son intervention au Yémen le symbole de son « réveil » face à l’hégémonisme iranien, elle va pousser son projet de force militaire conjointe arabe au sommet de la Ligue arabe qui doit s’ouvrir samedi chez son principal allié, à Charm El-Cheikh, en Egypte. Un projet qui ressemble fort à une coalition anti-Téhéran.Christophe AyadRédacteur en chef InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles ParisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Les conditions du crash de l’A320 de la Germanwings n’ont pas vraiment surpris les pilotes. Quand, en 2001, après les attentats du 11-Septembre, les autorités américaines ont imposé à toutes les compagnies aériennes de nouvelles mesures de sécurité pour restreindre l’accès au cockpit des avions, notamment des portes blindées dotées de codes de sécurité, « c’est même la première chose à laquelle ils avaient pensé », affirme Patrick Magisson, commandant de bord sur A320 chez Air France et également pilote instructeur.Ces dispositions ont « inversé » la logique qui prévalait « depuis les débuts de l’aviation », déplore-t-il. Avant le 11 septembre 2001, « la sécurité » des passagers primait sur « la sûreté » de l’avion. Selon M. Magisson, « les portes et leurs systèmes de sécurité, tels qu’ils ont été conçus, ont inversé cette priorité ». Depuis 2001, c’est « la sûreté » de l’avion qui l’emporterait. Un retournement qui avait été « dénoncé à l’époque par la fédération internationale des syndicats de pilotes de ligne », se souvient M. Magisson.Après le drame de la Germanwings, les pilotes pourraient donc obtenir gain de cause. Très souvent, « les accidents majeurs d’avion ont donné lieu par le passé à des évolutions réglementaires, rappelle la Direction générale de l’aviation civile. Mais tout dépendra des résultats de l’enquête menée par le Bureau d’enquêtes et d’analyses [BEA] ».« Changement de procédures »Sans attendre les conclusions du BEA, de nombreuses compagnies aériennes et des fédérations et syndicats de pilotes exigent déjà la présence en permanence de deux personnes dans le cockpit des avions pendant les vols. En pratique, lorsque l’un des deux pilotes sortira du cockpit, il devra être remplacé, pendant son absence, par un stewart ou une hôtesse. Jeudi 26 mars, la fédération allemande du secteur aérien (BDL) a fait savoir qu’elle réclamerait la mise en œuvre de la « règle des deux personnes dans le cockpit ». Certaines compagnies ont même décidé de passer immédiatement à l’acte.Comme souvent, ce sont les transporteurs à bas coûts qui sont les plus rapides à réagir. Norwegian Airlines et easyJet ont ainsi annoncé, dès jeudi 26 mars, « un changement de procédures ». A partir de vendredi 27, ces deux concurrentes de la Germanwings ont décidé que « deux membres de l’équipage seront présents en permanence dans le cockpit » des avions pendant les vols. Elles ont été imitées par la compagnie régulière islandaise Icelandair.Lire aussi :A320 : des failles dans le suivi psychologique des pilotes ?Au Canada, c’est le gouvernement fédéral qui a décidé, jeudi, d’imposer, avec effet immédiat pour toutes les compagnies aériennes du pays, la présence de deux personnes en permanence dans le cockpit. Aux Etats-Unis, en revanche, le maintien de deux personnes dans la cabine de pilotage « n’est pas systématique », explique M. Magisson. Il n’est obligatoire que dans les avions qui ne disposent pas de porte de cockpit blindée.De son côté, Air France signale qu’elle exploite ses avions « conformément aux règlements de l’Agence européenne de la sécurité aérienne en vigueur ». Toutefois, si la réglementation venait à changer, notamment avec l’obligation de faire venir un personnel navigant commercial dans le cockpit à chaque sortie d’un pilote, la compagnie s’adaptera. Si bien sûr les nouvelles dispositions ne fragilisent pas, par ailleurs, la sécurité du vol.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kn0ph"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kn0ph", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 17h13 • Mis à jour le12.03.2015 à 18h04 | Gilles Paris (Washington, correspondant) La répétition a des vertus comiques qui s’arrêtent certainement aux grilles de la Maison Blanche. La presse américaine a en effet révélé mercredi 11 mars que deux responsables du Secret service, l’unité d’élite chargée notamment de la protection rapprochée du président, avaient été à l’origine d’un accident de circulation embarrassant. Sortant d’une petite fête organisée à l’occasion du départ du porte-parole du service, ils avaient en effet percuté le 4 mars avec un véhicule de fonction une barrière de sécurité à proximité de la résidence présidentielle. Circonstance aggravante racontée par le Washington Post à l’origine de la révélation, le chauffeur avait actionné les gyrophares de la voiture, pourtant réservés aux situations d’urgence.Un péché véniel, mais qui s’inscrit dans une série déjà riche d’incidents : recours en 2012 aux services de prostituées lors d’un déplacement au Venezuela, rapatriement d’officiers dont un avait été retrouvé ivre mort à son hôtel aux Pays-Bas en 2014, intrusion la même année d’un homme armé d’un couteau dans la Maison Blanche, puis présence d’un vigile armé aux côtés du président dans un ascenseur à Dallas, en violation des règles strictes qui régissent les déplacements présidentiels. Cette litanie avait précipité le départ, le 1er octobre, de la responsable du Secret service, Julia Pierson.Un ancien de l’institution, Joseph Clancy, responsable de la sécurité de Barack Obama pendant son premier mandat, avait été immédiatement nommé à sa tête pour assurer l’intérim. Puis l’administration avait annoncé en février qu’il remplacerait définitivement Mme Pierson. Un choix qui n’avait pas eu l’heur de plaire au président de la commission du Congrès qui a la charge de superviser le Secret service. Le républicain Jason Chaffetz (Utah) considère en effet que cette succession d’incidents témoigne d’une dérive profonde du Secret service à laquelle seule une personnalité extérieure sera capable de mettre fin.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 14h44 • Mis à jour le12.03.2015 à 16h02 La Banque centrale européenne (BCE) a racheté pour 9,8 milliards d’euros de dettes en trois jours, a indiqué, jeudi 12 mars, Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, lors d’un colloque financier à Paris. Il a assuré que la BCE était ainsi « exactement sur la bonne voie » pour atteindre son objectif, à savoir un volume de 60 milliards d’euros par mois dans le cadre de son programme d’assouplissement quantitatif (quantitative easing ou QE), lancé lundi.Lire aussi : Que vaut le plan de la BCE ?Ce « bazooka » monétaire se traduit par des rachats massifs d’obligations d’Etat sur le marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise. Ce programme, à 1 140 milliards d’euros au total, vise à contrer les pressions déflationnistes pesant sur le Vieux Continent, en relançant le crédit et l’activité.La BCE donne le coup d’envoi à ses rachats géants de dettes publiquesEn se posant en acheteur massif de dette souveraine, la BCE pousse les investisseurs vers des actifs plus risqués, au premier rang desquels les actions. D’où, d’ailleurs, la hausse des indicateurs boursiers, comme à Paris où, mercredi, le CAC 40 a touché les 5 000 points en séance.Le CAC 40 renoue avec son niveau d’avant-criseLe lancement du programme de la BCE a aussi eu pour effet de faire grimper le prix des obligations d’Etat et d’abaisser leur rendement (qui évolue à l’inverse de la demande) : mercredi, le rendement des OAT françaises a atteint un plus bas historique, à 0,459 %. Celui des Bund allemand est passé sous le seuil des 0,2 %.Quant au cours de l’euro, il a touché 1,0511 dollar mercredi soir, son plus bas niveau depuis fin mars 2003. Une baisse que la BCE souhaitait obtenir en augmentant la quantité d’euros en circulation, afin de favoriser les exportateurs européens.Des doutes avaient été émis, ces dernières semaines, sur la capacité de la BCE de « capter » autant de dettes que ce qu’elle a annoncé. M. Cœuré a jugé que ces craintes d’une pénurie de titres n’étaient pas fondées. Selon lui, il ne faut pas « sous-estimer le marché » et sa capacité à créer des actifs susceptibles de finir dans les coffres de l’institution monétaire.Et si la BCE faisait face à… une pénurie de dette publique ? 12.03.2015 à 13h45 • Mis à jour le12.03.2015 à 14h22 La progression de l'armée irakienne et des milices chiites a été ralentie, jeudi 12 mars, dans la ville de Tikrit, l'ancien fief de Saddam Hussein, tombé aux mains des djihadistes de l'Etat islamique en juin 2014. Des échanges de tirs sporadiques et d'obus de mortier ont été signalés au lendemain de l'entrée des forces gouvernementales dans la ville. Les djihadistes occupent notamment le vaste ensemble de bâtiments présidentiels construits par l'ancien dictateur irakien, Saddam Hussein, qu'ils utilisent comme quartier général.Une source au centre de commandement de l'armée irakienne a indiqué que ce complexe, ainsi que trois autres quartiers du centre de Tikrit, étaient encore tenus par l'EI et que l'avancée des troupes était freinée par la présence de tireurs embusqués et de bombes posées par les djihadistes. L'armée irakienne est décidée à avancer précautionneusement, ont indiqué des officiers. « Nous ne voulons pas nous précipiter pour éviter des pertes » humaines, a déclaré le général de police, Bahaa Al-Azzawi, assurant que « Tikrit est bouclée de tous les côtés ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2jat8w"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2jat8w", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Incertitude sur les civilsAucune des forces combattant pour le gouvernement n'a fourni de bilan de victimes depuis le début de l'offensive contre Tikrit (située à 160 kilomètres au nord de Bagdad) lancée début mars, la plus ambitieuse lancée par Bagdad pour reconquérir les territoires occupés par l'EI. Cependant, plusieurs dizaines de corps sont acheminés quasi quotidiennement à Bagdad et dans la ville sainte chiite de Nadjaf. L'incertitude demeure aussi sur le nombre de civils qui seraient toujours présents dans Tikrit et sur leur condition humanitaire et sécuritaire. Lire le reportage (édition abonnés) : En Irak, les milices chiites, fer de lance du gouvernementDe violents combats se déroulent également dans la province majoritairement sunnite d'Anbar, à l'ouest de Bagdad, où 22 soldats irakiens auraient été tués par erreur dans un raid aérien de la coalition formée par les Etats-Unis, mercredi, selon un officier de l'armée irakienne et une source policière.  Les djihadistes de l'EI ont par ailleurs lancé mercredi 13 attaques-suicides à la voiture piégée contre les positions de l'armée irakienne dans la région de Ramadi.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x20dsur"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x20dsur", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 12.03.2015 à 12h43 • Mis à jour le12.03.2015 à 15h21 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Alors que le gouvernement grec et ses créanciers internationaux – l’ex-« troïka », désormais appelé « groupe de Bruxelles » – devaient se retrouver, jeudi 12 mars, à Athènes, pour un début d’examen de la situation des finances publiques du pays, les autorités grecques ont commencé, le même jour, à lever un peu le voile sur celle-ci. Il apparaît ainsi que le budget de l’Etat grec reste excédentaire, avant la charge des intérêts de la dette (solde dit « primaire »), mais que cet excédent s’effiloche considérablement.Selon le ministère des finances, l’excédent primaire pour mois de janvier s’élève ainsi à 419 millions d’euros. Mais il était encore de 1,8 milliard d’euros sur la même période un an plus tôt, en janvier 2014.La baisse tient notamment au fait que les rentrées fiscales se font beaucoup moins bien : ces recettes ont chuté de plus de 1 milliard d’euros sur le seul mois de janvier cette année. Cette chute aurait été compensée en février, assure le ministère des finances, qui ne donne toutefois pas encore les chiffres précis pour ce mois.La « troïka » est de retour à Athènes6 milliards d’euros de remboursements en marsLors d’un entretien à la télévision grecque, mercredi soir, le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a déclaré qu’il attendait entre 6 et 8 milliards de rentrées fiscales liées à la TVA et à une nouvelle loi restant encore à voter, organisant le recouvrement en mensualités des impayés d’impôts.Le problème, c’est que le pays doit faire face, pour le seul mois de mars, à environ 6 milliards d’euros de remboursements de prêts, dont 1,5 milliard au seul Fonds monétaire international (FMI).M. Varoufakis a déclaré qu’il avait de quoi payer retraites et salaires pour le mois en cours, mais laissé ouverte la perspective de ne pas faire face à d’autres échéances, comme certaines factures à des fournisseurs ou des retours sur impôts.La Grèce continue à émettre des bons du Trésor pour se financer, mais à des taux de plus en plus élevés. Par ailleurs, le gouvernement grec puise dans les caisses de la sécurité sociale et utilise les subventions européennes destinées, à l’origine, au financement des banques.La grande inconnue de l’état réel des finances grecquesAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) C’est peu dire que les Allemands n’apprécient pas les menaces brandies mardi 10 mars tant par le premier ministre grec Alexis Tsipras que par le ministre de la justice Nikos Paraskevopoulos. « Ça suffit », estime l’éditorialiste de Bild. « Seuls ceux qui ne sont qu’à moitié forts font du bruit », remarque Die Welt. Les deux journaux conservateurs du groupe Springer approuvent la fermeté du gouvernement allemand à l’égard d’Athènes.La presse régionale est souvent plus dure encore. « Signe de leur impuissance, l’arrogance avec laquelle Alexis Tsipras et son ministre des finances insistent sur le paiement d’autres réparations révèle une immaturité effrayante », écrit par exemple le Straubinger Tagblatt. Seul Le Quotidien de Sarrebruck juge que l’Allemagne a un « devoir moral » face à la Grèce. Il propose donc la création d’un « fonds d’avenir germano-grec » pour tenter de résoudre ce différend. De même, le grand quotidien de centre gauche, la Süddeutsche Zeitung, juge que « moralement, l’Allemagne devrait se sentir dans l’obligation de faire preuve de beaucoup de patience face à Athènes, malgré les provocations du premier ministre Tsipras ».Saisie d’avoirs allemandsRevenant sur les réparations de guerre qu’il dit vouloir réclamer à l’Allemagne, le premier ministre a affirmé mardi devant le Parlement « que le nouveau gouvernement grec a pour objectif de se pencher sur le sujet avec sensibilité et responsabilité, par le dialogue et la coopération, et il attend la même chose du gouvernement allemand, pour des raisons politiques, historiques et symboliques ». « C’est un devoir envers notre Histoire, envers les combattantes et combattants du monde entier qui ont donné leur vie pour vaincre le nazisme », a-t-il ajouté.De son côté, le ministre de la justice a menacé mercredi de donner son feu vert à l’application d’une décision de la Cour suprême grecque de 2000 qui jugeait possible la saisie d’avoirs allemands en compensation des crimes commis par les nazis. Cette décision, qui ne fut jamais appliquée, fut prise à la suite d’une plainte des proches des victimes du massacre de Distomo, dans le centre du pays, condamnant l’Allemagne à leur verser 28,6 millions d’euros mais qui ne fut jamais appliquée.Parmi les biens que possède l’Allemagne, se trouvent l’Institut Goethe, l’Institut d’archéologie et deux écoles situées respectivement à Athènes et à Thessalonique. Ces dédommagements ne constituent qu’une petite partie de ce que réclament les Grecs. Entre le remboursement d’un emprunt forcé accordé au régime nazi et les réparations des dommages causés par la guerre, la facture s’élèverait, selon une étude de la Cour des comptes grecque, à une somme comprise entre 269 et 332 milliards d’euros. Comme la dette de la Grèce se monte à 320 milliards d’euros, nombre d’Allemands jugent la coïncidence troublante.AgacementMercredi, les porte-parole du gouvernement allemand ont, une nouvelle fois, rejeté l’ensemble de ces demandes, sans cacher un certain agacement. La question des réparations et des dédommagements de guerre est « définitivement close, c’est notre conviction », a déclaré Steffen Seibert, porte-parole d’Angela Merkel. Alors que le gouvernement grec établit un lien direct entre les négociations qu’il mène actuellement avec Bruxelles et ces réparations, le porte-parole de Wolfgang Schäuble, ministre des finances a affirmé que des « reproches tournés vers le passé ne seraient d’aucun secours dans le contexte du travail actuel que nous avons à mener avec le gouvernement grec ».Même si beaucoup, à Berlin, pensent que cette offensive du gouvernement a surtout pour objectif de faire oublier aux Grecs que la « troïka » (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) est de retour, sous une autre forme, cette escalade verbale laisse mal augurer de l’avenir des négociations. Si pour le moment les députés de la CDU soutiennent très majoritairement la position du gouvernement, les tensions sont réelles au sein de la CSU bavaroise. Huit députés de ce parti, dont l’ancien ministre des transports Peter Ramsauer, ont d’ailleurs voté contre la prolongation du plan d’aide à Athènes le 27 février.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 11h03 • Mis à jour le12.03.2015 à 11h20 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) L’affaire se complique. L’ancien policier tchétchène Zaour Dadaïev, principal suspect dans l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, tué par balles le 27 février à Moscou, se rétracte. Ses aveux mis en avant par les enquêteurs russes auraient été extorqués sous les coups, ont dénoncé, mardi 10 mars, deux membres d’une commission des droits de l’homme qui ont pu lui rendre visite dans la prison de Lefortovo où cet homme de 31 ans, mis en examen par un tribunal de Moscou, est incarcéré depuis son interpellation. Furieux, le comité d’enquête russe a réagi en dénonçant une « intrusion inadmissible » dans le cadre d’une affaire criminelle, destinée à « empêcher une enquête complète et objective ». Cet organisme, chargé de tous les dossiers sensibles en Russie, a annoncé que les visiteurs de M. Dadaïev allaient « être convoqués » pour interrogatoire.« Il y a des raisons de croire que Zaour Dadaïev a avoué sous la torture », affirme Andreï Babouchkine, l’un des représentants du Conseil des droits de l’homme, une institution rattachée au Kremlin, qui était accompagné de la journaliste Eva Merkatcheva. « Nous ne pouvons pas affirmer qu’il a été torturé (…), mais nous avons découvert de nombreuses blessures sur son corps », a-t-il ajouté, cité par l’AFP, en évoquant des « écorchures » de menottes sur les poignets et les jambes.« Tueurs à gages »Selon ces deux témoins, M. Dadaïev, qui a quitté les forces spéciales tchétchènes le 28 février, soit le lendemain de la mort de Boris Nemtsov, a affirmé avoir passé « deux jours, menotté avec un sac en tissu sur la tête » après son arrestation en Ingouchie, une république voisine de la Tchétchénie où il réside. L’ancien policier, qualifié de « vrai patriote de la Russie » par le président tchétchène Ramzan Kadyrov le soir même de son arrestation, s’est plaint également d’avoir été privé de nourriture pendant quarante-huit heures et de n’avoir pu boire que « trois ou quatre gorgées d’eau » durant cette période. « On me criait tout le temps : “C’est toi qui as tué Nemtsov ?” Je répondais que non », a déclaré M. Dadaïev, d’après les propos rapportés par M. Babouchkine. Le principal suspect se trouvait avec un ami au moment de son arrestation, selon ses dires. Les policiers « ont dit que si j’avouais, ils allaient le relâcher, a-t-il déclaré, toujours selon son interlocuteur. J’ai accepté en pensant que j’allais ainsi le sauver. Je pensais que lorsque je serais emmené à Moscou, je pourrais dire devant le tribunal toute la vérité, dire que je suis innocent. Mais le juge ne m’a pas donné la parole ».Quatre autres suspects, tous originaires du Caucase du Nord, également incarcérés, continuent pour leur part de clamer leur innocence. Pour ajouter à la confusion, l’agence russe Interfax citait, mercredi soir, une source anonyme « proche de l’enquête » affirmant que Zaour Dadaïev ne revenait pas sur ses aveux.Le climat est de plus en plus délétère. Mercredi, le journal indépendant Novaïa Gazeta a affirmé que des « tueurs à gages en provenance de Tchétchénie » avaient établi une liste de personnalités russes à abattre, dont Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Echo de Moscou, et l’ex-oligarque russe Mikhaïl Khodorkovski. Le même jour, Olga Pismanen, assistante de M. Khodorkovski, annonçait avoir découvert une couronne mortuaire près de la porte de son domicile.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.03.2015 à 14h57 • Mis à jour le13.03.2015 à 17h13 Quatre ans après le début du conflit en Syrie, près de treize mille personnes sont mortes sous la torture dans les prisons du régime de Bachar Al-Assad, estime vendredi 13 mars l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une organisation sise à Londres, qui dispose d'un large réseau de sources civiles, médicales et militaires à travers le pays.« L'OSDH a pu documenter 12 751 prisonniers morts sous la torture depuis le début de la révolte syrienne (...), dont 108 enfants. »A ce chiffre s'ajoutent les vingt mille personnes portées disparues dans les geôles du régime, précise l'OSDH.200 000 prisonniers passés par les prisons syriennesDepuis le début de la révolte, le 15 mars 2011, qui s'est transformée par la suite en une guerre civile sanglante, plus de deux cent mille personnes ont été détenues dans les prisons et les sièges des redoutables services de renseignement syriens. Parmi eux figurent de nombreux opposants politiques et défenseurs de droits humains, tels Abdel Aziz Al-Khayyer ou Mazen Darwish.Lire la lettre de Mazen Darwish publiée dans Le Monde (juillet 2013) : « Dans une guerre, il n’y a pas de vainqueur, que des perdants »Plusieurs organisations non gouvernementales ont déjà dénoncé le recours systématique à la torture par le régime de Bachar Al-Assad. Un rapport d'Amnesty International, publié à la veille du premier anniversaire du début de la révolte, détaillait trente et une méthodes de torture et autres mauvais traitements utilisés par les forces de sécurité syriennes et les milices (« chabbiha »). La même année, l'organisation Human Rights Watch publiait un rapport sur le recours systématique à la torture contre les opposants au régime de Bachar Al-Assad, intitulé « L'Archipel des tortures : arrestations arbitraires, tortures et disparitions forcées dans les prisons souterraines syriennes depuis mars 2011 ». Elle accusait aussi le régime de torturer des enfants dès 13 ans, rapportant des brûlures de cigarette, des coups, des électrocutions… Plusieurs organisations internationales ont aussi fait état de viols.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1en4hb"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1en4hb", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Environ deux cent vingt mille personnes ont péri depuis le début du soulèvement contre le régime Al-Assad. Avec plus de trois millions de personnes ayant fui la guerre, les Syriens représentent aussi le plus important contingent de réfugiés dans le monde, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR). Avant l'éclatement du conflit, en 2011, la population du pays se situait autour de vingt millions d'habitants. Enfin, selon les Nations unies, plus de 12,2 millions de personnes en Syrie ont besoin d'une aide d'urgence.Lire l'éditorial (édition abonnés) : Syrie : un désastre sans précédent 13.03.2015 à 14h30 • Mis à jour le13.03.2015 à 17h02 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La rencontre avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras, vendredi 13 mars au matin à Bruxelles, a été l’occasion pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de dire qu’il faut qu’Athènes se consacre désormais pleinement au travail avec les représentants de ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne et Mécanisme européen de stabilité). Et à la Commission on laisse entendre que, si les choses avancent suffisamment rapidement, Athènes pourrait toucher très vite une partie de la dernière tranche du deuxième plan d’aide international.Grèce : le budget de l’Etat reste excédentaire, mais de peu« La situation [financière] du pays est sérieuse, il faut que les trois ou quatre jours qui viennent soient des jours productifs. C’est aux Grecs de se mettre maintenant durement au travail », a expliqué une source européenne après l’entrevue.Un conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement a lieu le 19 mars à Bruxelles. Il pourrait être l’occasion, soluigne-t-on à Bruxelles, d’évoquer un premier versement de prêts, si toutefois, d’ici là, Athènes s’engage, de manière ferme et concrète, sur un paquet de réformes avec ses créanciers. La Grèce, dans le cadre de son deuxième plan d’aide, doit encore recevoir environ 7 milliards d’euros d’aide.Si Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), a déjà évoqué cette possibilité il y a une dizaine de jours, la position de la Commission risque d'alimenter les soupçons de complaisance chez les tenants de la fermeté. Berlin verrait d’un très mauvais œil cette possibilité de versements anticipés, pour parer à l’urgence financière grecque.Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a d’ailleurs jugé qu'il ne pouvait « exclure » une sortie désordonnée de la Grèce de l'euro - un « Grexident » - si le gouvernement d'Alexis Tsipras ne parvenait pas à un accord avec ses créanciers internationaux.Le commissaire européen, Pierre Moscovici, a estimé, vendredi dans un entretien au journal allemand der Spiegel qu'une sortie de la Grèce de l'euro serait une « catastrophe » qui pourrait annoncer « le début de la fin » pour la zone euro.Le gouvernement grec accepte l’assistance de la CommissionPar ailleurs, selon une source européenne, M. Tsipras, qui a acté, jeudi, une collaboration avec l’OCDE sur ses projets de réformes, a également accepté de demander l’assistance technique de l’Union européenne : les équipes de ce que l’on appelle la « task force Grèce », constituée au sein de la Commission européenne, devraient reprendre leur travail.Depuis près de quatre ans, cette équipe d’une soixantaine de personnes (dont près d’une trentaine en Grèce) assiste, à la demande, les différents gouvernements grecs, pour les aider à mettre en place les réformes réclamées par les créanciers.Côté Commission, c’est le vice-président, Valdis Dombrovskis, qui devrait superviser les travaux de cette « task force ». Il devrait travailler en coordination avec des experts des autres directions de la Commission (marché intérieur, concurrence, immigration…).Les Grecs devraient, eux aussi, constituer leur propre « assistance technique » pour discuter avec les Européens. Et le « superviseur » de cette équipe pourrait être le ministre délégué aux affaires européennes, Nikolaos Chountis.Cela permet de montrer que les discussions entre Athènes et ses créanciers ne sont plus aussi unilatérales que par le passé.Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie, restera, lui, chargé de la puissante direction générale « Ecfin » et donc des équipes de la Commission (une quinzaine de personnes), qui travaillent au sein du « Groupe de Bruxelles ».Yanis Varoufakis, le flamboyant ministre des finances grec, n’aurait donc pas part directement aux négociations. En tout cas, c’est ce que souhaiteraient les Européens.L’amnistie fiscale proposée par Athènes à l’étudeLes Grecs ont commencé, jeudi à Athènes, à travailler avec les représentants de l’ex-« troïka » des créanciers, désormais appelé « Groupe de Bruxelles ». Ce qui est considéré à Bruxelles comme un très bon signal.L’objectif de ces réunions est de faire un état des lieux de l’état des finances grecques, de l’état de trésorerie des différentes administrations. Et aussi d’étudier quelles réformes peuvent être mises en place rapidement.La grande inconnue de l’état réel des finances grecquesLe gouvernement d’Alexis Tsipras a annoncé qu’il voulait mettre sur les rails rapidement ses mesures d’aide humanitaire pour les foyers les plus en difficulté dans le pays (électricité gratuite, aide alimentaire, accès aux soins).Les créanciers veulent savoir avec quel argent ces mesures d’urgence peuvent être financées.Par ailleurs, ils discutent déjà, selon une source européenne, de la mesure proposée par le ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui consiste à proposer aux citoyens grecs ayant des arriérés d’impôts, une sorte d’amnistie fiscale et un étalement de leurs paiements.Le but est de faire rentrer le plus vite possible quelques milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Les experts du « Groupe de Bruxelles » étudieraient notamment comment rendre cette mesure moins injuste pour tous les Grecs qui, eux, ont payé l’impôt.Recettes fiscales plus faibles que prévuSur les deux premiers mois de l'année, les recettes fiscales ont atteint 7,298 milliards d'euros, soit 13,8 % (ou 1,17 milliard d’euros) de moins qu'attendu, a précisé le ministère des finances.L'excédent de l'Etat central ressort à 1,243 milliard d'euros sur janvier-février, contre 1,411 milliard prévu, a-t-il ajouté dans un communiqué.Ce montant n'intègre pas les comptes de la Sécurité sociale grecques, ni ceux des collectivités locales, et il diffère des données que suivent les créanciers internationaux. Il traduit néanmoins une amélioration de la situation financière d'Athènes.Athènes veut se donner les moyens de faire face aux remboursements d’empruntsCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adrien Le Gal Pavin Chachavalpongpun, universitaire thaïlandais, enseigne la politique asiatique au Centre d’études de l’Asie du Sud-Est, à Kyoto (Japon). En juillet 2014, le gouvernement militaire a révoqué son passeport pour avoir critiqué le coup d’Etat. Selon lui, la perspective de la succession du roi Bhumibol Adulyadej, 87 ans, est le principal facteur d’instabilité du pays.Selon vous, le coup d’Etat du 22 mai 2014 à Bangkok est-il un coup d’Etat classique, comme l’armée thaïlandaise en a habitué le pays depuis 1932 ?Le coup du 22 mai était très différent de celui de 2006. Il y a neuf ans, il s’agissait de mettre à l’écart un ennemi de l’establishment, à savoir Thaksin Shinawatra [premier ministre de 2001 à 2006]. A présent, le pays attend la succession royale. Les élites traditionnelles ont pris le contrôle de la politique en exploitant l’image de la monarchie. Depuis le coup d’Etat de 2014, elles peuvent considérer comme un ennemi n’importe quelle personne qui critiquerait la monarchie. Surtout, en 2006, les élites ont échoué à empêcher un gouvernement civil de revenir au pouvoir [Yingluck Shinawatra, sœur de Thaksin, a remporté les élections législatives de 2011]. Cette fois-ci, les militaires mettent en place de nouvelles institutions politiques qu’ils seront en mesure de contrôler, qu’ils soient au pouvoir ou pas au moment de la succession royale.Le fils aîné du roi Bhumibol Adulyadej, le prince Vajiralongkorn, est désigné depuis les années 1970 comme héritier du trône. Si la succession est déjà réglée, comment les militaires et les élites traditionnelles pourraient-elles l’influencer ?Très longtemps, il y a eu des rumeurs persistantes selon lesquelles les élites traditionnelles préféraient la princesse Sirindhorn pour succéder au roi Bhumibol Adulyadej. Mais les choses ne sont plus si simples. Les élites sont conscientes que ce scénario ouvrirait la possibilité de luttes internes au sein du Palais royal, et qu’un tel conflit ne serait pas utile à la monarchie, ni à l’armée. Les élites, aujourd’hui, pensent que le prince Vajiralongkorn doit être le successeur sur le trône, même s’il n’est pas populaire. Au moins, cette succession se déroulerait dans la légalité. Les élites veulent néanmoins être en mesure de contrôler le prince.A quoi, selon vous, ressemblera la succession royale ?C’est très difficile à imaginer, car la dernière fois qu’il y a eu une succession normale, c’était en 1910. Si le roi mourait demain, la Thaïlande rentrerait certainement dans une période de deuil profond, qui durerait des mois. Le pays porterait du noir pendant six mois, peut-être un an, peut-être davantage. Il n’y aurait plus de célébrations pendant tout ce temps. Cela serait utile pour contrôler le pays, rendant ainsi la succession plus facile. Toute l’attention porterait sur les funérailles, pas sur le couronnement du nouveau roi. Mais si la princesse devait être choisie, cela serait beaucoup plus compliqué, car beaucoup de questions juridiques seraient alors soulevées. Le Parlement a un rôle crucial pour désigner le successeur. C’est pour cela que l’armée veut contrôler le Parlement à ce moment-là : elle cherche à éviter à tout prix qu’un gouvernement civil domine la succession royale. Peut-on imaginer une réconciliation des « chemises rouges », soutiens du clan Thaksin, et des « chemises jaunes », représentant les élites traditionnelles, à la faveur du deuil national ?Les divisions de la société thaïlandaise ne vont pas s’effacer de sitôt. Le roi lui-même est un personnage qui divise. En fait, sa mort serait très sensible à gérer pour les deux camps. Pour les « chemises jaunes », cette mort serait tellement dévastatrice d’un point de vue émotionnel que leurs militants peuvent devenir très déraisonnables en obligeant tout le pays à porter le deuil de manière très stricte. Pour les « chemises rouges », ce serait aussi très compliqué : il leur faudrait trouver un moyen d’empêcher ceux qui ont des vues républicaines de s’exprimer. Si des [manifestations antimonarchistes] éclataient, elles seraient sans doute réprimées avec beaucoup de violence, parce que l’armée a très peur du républicanisme.Le sentiment républicain est-il partagé en Thaïlande ?Il y a un an, j’aurais dit non. Mais aujourd’hui, il existe un mouvement républicain, notamment chez les « chemises rouges » qui tentent de s’exiler. Beaucoup de Thaïlandais ont encore de l’amour et du respect pour le roi. La majorité des Thaïlandais sont pour la monarchie, mais les interventions du Palais royal dans la politique sont très mal vécues par certains d’entre eux. Nous sommes dans une période critique pour la Thaïlande. La principale cause est la succession royale, mais les divisions entre riches et pauvres, urbains et ruraux, jouent aussi un rôle. La Thaïlande future va dépendre de qui sera le prochain roi, s’il sera actif en politique, s’il se laissera instrumentaliser par tel ou tel groupe social. Le clergé bouddhique est-il affaibli par son implication dans la politique thaïlandaise ?L’institution bouddhique est de plus en plus politisée, ce qui est contraire à sa tradition. A la différence de la Birmanie, le clergé bouddhique n’avait pas, jusque-là, l’habitude de descendre dans la rue. Mais pendant les manifestations contre Yingluck Shinawatra [en 2014], un moine, Buddha Issara, a pris la tête du mouvement. Il a considéré que se politiser lui permettrait d’accroître le pouvoir de la Sangha [le clergé bouddhique]. L’institution bouddhique a depuis longtemps des liens très forts avec l’establishment.Pavin Chachavalpongpun était à Paris le 6 mars pour donner une conférence au Centre d’études et de recherches internationales (Sciences Po).Adrien Le GalEditeur au service internationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.03.2015 à 11h15 • Mis à jour le13.03.2015 à 15h21 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’Islande n’entrera pas dans l’Union européenne (UE) et n’adoptera pas l’euro : Reykjavik a fait savoir officiellement à la Lettonie, qui préside actuellement le Conseil européen, et à la Commission de Bruxelles, qu’elle retirait sa candidature à l’adhésion.« L’Islande n’est plus un pays candidat et demande à l’UE d’agir en conséquence », a indiqué ce courrier, jeudi 12 mars. Vendredi matin, la Commission ne réagissait pas. « Nous examinons le dossier, cela va prendre du temps », commentait une porte-parole de Federica Mogherini, la haute représentante et vice-présidente de la Commission.Bruxelles ne voit pas d’un bon œil ce retrait, qui est un signal plutôt négatif et dénote de la perte du pouvoir d’attraction de l’ensemble communautaire, ainsi que de la monnaie unique. La décision islandaise n’est toutefois pas une totale surprise : le gouvernement de centre droit, qui a été mis en place en 2013, s’était engagé à mettre fin au processus commencé en 2009 par la coalition de gauche alors au pouvoir.En six ans, l’UE a perdu son pouvoir d’attractionLa démarche enclenchée à l’époque avait été rapide en comparaison au sort réservé à d’autres candidats comme la Serbie, la Turquie ou la Bosnie. Les négociations ont démarré dès 2010 au niveau ministériel et, en théorie, l’Islande était promise à devenir le 29e membre de l’UE, après la Croatie, intégrée en 2013. Son dossier apparaissait comme plus simple, plus favorable, voire plus logique puisque le pays avait déjà intégré quelque 70 % de la législation européenne.Les dirigeants et l’opinion, terrassés par la crise financière et bancaire qui avait mis à mal les institutions du pays, considéraient l’Europe comme une bouée de sauvetage. Et une entrée dans l’euro comme un remède à la dépréciation de la couronne, qui avait perdu jusqu’à 50 % de sa valeur au plus fort de la crise d’un secteur bancaire hypertrophié, dont l’effondrement avait fait des victimes dans de nombreux pays. La faillite de la banque Icesave, en 2008, avait notamment touché des milliers de Britanniques et de Néerlandais.La classe politique avait été vivement critiquée pour avoir négligé les mises en garde des pays scandinaves et de la Grande-Bretagne quant à la disproportion entre la taille du pays (320 000 habitants) et celle de ses banques. Dans un rapport dévoilé en 2010, une commission d’enquête parlementaire avait dénoncé « l’extrême négligence » de l’ancien premier ministre conservateur, Geir Haarde, et de l’ex-gouverneur de la banque centrale, David Oddsson.C’est un gouvernement de gauche, dirigé par Johanna Sigurdardottir, qui allait devoir apurer les comptes, accepter un plan de rigueur du Fonds monétaire international, gérer les créances extérieures et redresser une économie malade.Lire aussi l’entretien avec Sigmundur David Gunnlaugsson « Intégrer l'UE serait incompatible avec certains intérêts fondamentaux de l'Islande »Le pays, qui cultivait fièrement son indépendance et mettait en avant son « miracle économique » et son confort de vie presque inégalé – attesté par une première place au palmarès mondial du développement humain en 2009 –, était contraint de changer radicalement de cap. Aujourd’hui, son produit intérieur brut reste inférieur à celui de 2008 et il a du mal à intégrer sur le marché du travail ses nombreux jeunes diplômés.Dès mars 2010, les électeurs avaient envoyé un signal en rejetant massivement, lors d’un référendum, un projet d’accord financier avec Londres et La Haye pour le règlement de la dette d’Icesave.Le camp des eurosceptiques renforcéCe résultat aboutissait, de fait, à remettre en question la candidature à l’UE. Depuis, les difficultés d’une série de pays, dont la Grèce, ont fait réfléchir les Islandais.La perspective d’un abandon de l’euro par Athènes, qui n’est officiellement pas souhaitée par les dirigeants européens mais n’est pas exclue, ainsi que la promesse d’un référendum au Royaume-Uni, sur le maintien ou non dans l’Union, ont renforcé le camp eurosceptique. Une vague nationaliste a même déferlé sur le pays.La population est également focalisée sur la question des quotas de pêche et la « guerre du maquereau », qui oppose Bruxelles et Reykjavik. La présence de l’Islande au sein de l’Association européenne de libre-échange et de l’Espace économique européen lui permet d’exporter le produit de sa pêche sans barrières tarifaires.Mais un conflit est apparu en 2010 quand l’Islande a décidé, contre l’avis de la Commission, de relever ses quotas de pêche. Les pressions de Bruxelles sur le pays pour le forcer à revoir sa politique ont favorisé le rejet du projet d’intégration.Lire également : L'Islande a sauvé ses pêcheursAvec un taux de chômage redescendu à 3 %, un tourisme en plein boom et des dettes sur les biens immobiliers des particuliers en partie effacées, le pays estime ne plus avoir besoin de l’Europe. Il se contentera de rester membre de l’espace sans passeport de Schengen et de l’OTAN.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Ce qui devait arriver arriva… Préparée depuis un an, l’arrivée d’EDF sur le chantier de l’EPR construit par Areva à Olkiluoto (Finlande) se précise et elle sera l’une des premières illustrations du « rapprochement » des deux groupes réclamé par le gouvernement. Dans les prochaines semaines, les deux piliers de la filière nucléaire française et le consortium TVO, client finlandais d’Areva, signeront un accord tripartite prévoyant que l’électricien travaillera « aussi bien en support d’Areva que de TVO dans le cadre d’une mission d’ingénierie d’envergure », indique Le Figaro dans son édition du 13 mars.En revanche, EDF exclut d’investir dans ce projet dont la dérive des coûts explique en partie les difficultés actuelles d’Areva, qui vient d’annoncer une perte nette de 4,8 milliards d’euros en 2014.Ni le prix ni le calendrier ne pourront être tenusC’est Luc Oursel, alors patron d’Areva, qui était allé voir son homologue d’EDF, Henri Proglio, à la demande de TVO, pour obtenir l’assistance du géant de l’atome civil dans une phase très délicate pour ce réacteur de troisième génération, le plus puissant au monde (1 650 MW) : la fin des travaux d’électro-mécanique, la mise en place du contrôle commande, cerveau de la centrale, et plus critique encore, les essais du réacteur qui démarreront en 2017. Une phase pour laquelle le futur exploitant TVO ne se sent visiblement pas les reins assez solides.En 2003, quand le groupe Areva créé deux ans plus tôt décroche le marché finlandais avec l’allemand Siemens, il sous-estime le prix en proposant une centrale clé en main pour 3 milliards d’euros. Il s’engage sur un calendrier de construction intenable (quatre ans) pour une « tête de série », où les ingénieurs essuient toujours tous les plâtres !Sa présidente, Anne Lauvergeon, décide aussi de conduire le chantier sans EDF, qui a pourtant l’expérience de la construction des 58 réacteurs du parc nucléaire français, alors qu’Areva n’a jamais été maître d’œuvre de tels projets.Dès le début des travaux, en 2005, il s’avère que ni le prix ni le calendrier ne pourront être tenus : l’EPR coûtera finalement quelque 9 milliards et n’entrera pas en service avant 2018, avec neuf ans de retard.Pour Philippe Knoche, directeur général d’Areva, qui a piloté le chantier entre 2006 et 2009, il n’est plus question de se lancer seul dans une telle aventure.Arbitrage internationalDans un entretien aux Echos, vendredi, Mme Lauvergeon reconnaît « forcément une part de responsabilité » dans les difficultés actuelles de son ancienne entreprise. Elle note que l’EPR d’Olkiluoto « coûtera trois fois plus cher que prévu, mais comme celui construit par EDF à Flamanville (Manche) ».« Beaucoup de grands projets complexes ont vu l’addition s’envoler », ajoute-t-elle en citant les programmes de l’A380 d’Airbus ou du B777X de Boeing. Elle incrimine la forte hausse des prix du béton et de l’acier dans les années 2000. Mais également TVO et STUK, l’autorité de sûreté nucléaire locale, qui n’ont jamais respecté les délais de certification des équipements, ce qui a retardé le chantier.Un arbitrage international à plus de deux milliards d’euros oppose aujourd’hui TVO à Areva. Ce lourd contentieux n’a pas favorisé les Français : en décembre 2014, le parlement finlandais a choisi le russe Rosatom – malgré les tensions politiques entre Moscou et les Occidentaux sur l’Ukraine – pour la construction d’un sixième réacteur nucléaire.Passage obligéL’aventure finlandaise aura au moins permis de tirer deux enseignements. Un tandem EDF-Areva est un passage obligé pour décrocher des marchés. A Abou Dhabi, les émiratis avaient réclamé en vain la participation du premier exploitant mondial de réacteurs et finalement opté pour l’offre du coréen Kepco. EDF doit donc reprendre la main et jouer son rôle historique d’architecte-ensemblier.En outre, les deux sociétés doivent travailler – ce qu’elles font depuis des mois – à une forte baisse du prix de l’EPR si elles veulent l’exporter. Sans pour autant réduire la sûreté, qui explique en partie le coût de l’EPR.Car d’importants marchés sont en vue : la Chine, où deux EPR sont déjà en cours de construction ; en Inde, où les négociations menées par Areva ne semblent guère avancer ; et en Arabie saoudite, où les Japonais, les Américains et les Coréens sont également en lice. Vendu en plus grand nombre, le réacteur français de troisième génération pourrait alors bénéficier d’un effet de série. Et devenir – enfin – compétitif.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.03.2015 à 17h10 • Mis à jour le23.03.2015 à 17h26 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2jhjv5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2jhjv5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Au moins douze personnes ont été tuées et trente blessées, lundi 23 mars, par des obus tirés par des rebelles sur des zones contrôlées par les forces gouvernementales à Alep, deuxième ville de Syrie, selon la télévision officielle, qui a ajouté que des enfants figuraient parmi les blessés, victimes d'« obus tirés par les terroristes sur la ville d'Alep ».L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a de son côté évoqué un bilan de treize morts, dont cinq enfants, et trente-trois blessés, ajoutant que ces chiffres devraient revus à la hausse en raison de la gravité des blessures de certaines victimes. Selon cette organisation non gouvernementale sise à Londres, qui dispose d'un large réseau de sources en Syrie, les roquettes ont touché plusieurs quartiers de la zone d'Alep contrôlée par le régime. La veille, au moins quatre personnes y avaient trouvé la mort dans des attaques similaires.« Course à l'abîme  »Ancien poumon économique de la Syrie, Alep, ravagée par les violences, est divisée entre un secteur ouest contrôlé par le régime et un secteur est contrôlé par les rebelles. L'organisation Human Rights Watch (HRW) avait déjà critiqué les attaques « aveugles » menées par des combattants de l'opposition contre des zones contrôlées par le gouvernement. « Nous assistons à une véritable course à l'abîme, avec des rebelles qui s'alignent sur la cruauté des forces gouvernementales », a dénoncé Nadim Houzy, directeur adjoint pour le Moyen-Orient à HRW.Lire (édition abonnés) : Ansar Al-Charia, AQMI, Etat islamique, une galaxie djihadiste en pleine émulationCinq enfants d'une même famille ont également été tués par un baril d'explosif largué par les forces du régime sur une ville de la province méridionale de Deraa, selon l'OSDH. Des organisations de défense des droits humains dénoncent régulièrement l'utilisation par le régime de barils d'explosif pour bombarder par hélicoptère des zones civiles dans les secteurs rebelles du pays, faisant des milliers de victimes civiles.Lire : Les Syriens ont perdu vingt ans d'espérance de vie en quatre années de guerrePlus de deux cent quinze mille personnes ont été tuées depuis quatre ans dans le conflit syrien, qui a commencé en mars 2011 comme un soulèvement populaire, réprimé par le régime, et s'est ensuite transformé en une guerre civile dévastatrice. Le confit est devenu plus complexe avec la montée en puissance des djihadistes, tels ceux de l'organisation Etat islamique.Cette dernière a revendiqué samedi 21 mars un double attentat à la bombe qui avait frappé la veille des Kurdes célébrant le Nouvel An à Hassaké (Nord) et qui a fait cinquante-quatre morts, dont vingt enfants, selon l'OSDH. 23.03.2015 à 15h00 • Mis à jour le23.03.2015 à 16h54 L'essentielLe premier ministre israélien sortant est assuré d'obtenir une majorité de droite pour former un gouvernement, selon la présidence.Il s'agirait du quatrième mandat pour Benyamin Nétanyahou, à la tête du gouvernement depuis 2009.Son parti, le Likoud, était arrivé en tête des législatives du 17 mars.  Un quatrième mandat lui est acquis. Le premier ministre israélien sortant, Benyamin Nétanyahou, est assuré d'obtenir une majorité de droite pour former un gouvernement, a déclaré, lundi 23 mars, la présidence.Au moins 67 des 120 parlementaires élus lors des législatives anticipées du 17 mars ont fait part au chef de l'Etat, Reuven Rivlin, de leur soutien au chef de file du Likoud (droite). M. Nétanyahou a rallié le soutien des députés de son parti, des deux partis nationalistes (Foyer juif, Israël Beiteinou), de deux formations ultraorthodoxes (Shass et Liste unifiée de la Torah) et du parti de centre droit Koulanou, de Moshe Kahlon.67 députés réunis par Nétanyahou pr sa candidature au poste de PM. Six de + que la majorité. Bloc de droite nationaliste et religieux.— piotr smolar (@piosmo)require(["twitter/widgets"]);Formation du gouvernement« Bibi » Nétanyahou était pourtant donné en mauvaise posture dans tous les sondages avant le scrutin du 17 mars, mais il a réussi à déjouer les pronostics. Le Likoud était arrivé en tête du scrutin, remportant 29 sièges à la Knesset. Le président Rivlin invitera mercredi soir M. Nétanyahou, en poste depuis 2009, pour le charger officiellement de la formation du gouvernement, a fait savoir le porte-parole de la présidence, Jason Pearlman.Le futur gouvernement devra sûrement refléter ces nouvelles alliances nouées par Benyamin Nétanyahou, notamment avec Moshe Kahlon, dont on ignore quel poste il a pu obtenir.Il reste à voir ce que Kahlon, ex du Likoud, a obtenu en échange de son ralliement attendu. En dehors du poste promis de min des finances.— piotr smolar (@piosmo)require(["twitter/widgets"]);Lire (édition abonnés) : Elections en Israël : Moshe Kahlon, l’indispensable alliéLa possibilité d'un gouvernement d'union nationale, souhaité par M. Rivlin, avait été rapidement écartée. Le travailliste Isaac Herzog, à la tête de la coalition de centre gauche, l'Union sioniste, avait rejeté au lendemain du vote toute alliance avec le Likoud : « L'opposition est la seule option réaliste que nous ayons », avait-il argué.Lire aussi (édition abonnés) : La volte-face de Nétanyahou sur l'Etat palestinienlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2juzwr"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2juzwr", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 23.03.2015 à 13h54 Après avoir revendiqué vendredi les attaques-suicides contre des mosquées chiites dans Saana, la capitale yéménite, qui avaient plus de 140 morts, le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a affirmé lundi 23 mars avoir tué vingt-neuf agents de sécurité dans la province du sud Lahj. Le Yémen était jusqu'à présent la chasse gardée d'Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA).Dans un bref communiqué mis en ligne sur Twitter, l'EI écrit que « les lions de l'Etat » islamique dans « la wilaya de Lahj » ont « liquidé 29 apostats parmi les membres de la police politique, de la sécurité centrale, de la police des secours et de l'armée ». Vendredi, un responsable local des services de sécurité avait fait état d'affrontements dans la province de Lahj qui ont fait au total 29 morts, dont 27 membres des forces de sécurité. Ce responsable avait précisé que des hommes armés avaient attaqué des locaux de la police et signalé l'implication d'éléments d'Ansar Al-Charia, groupe affilié à Al-Qaida, tout en donnant peu de précisions.Lire (édition abonnés) : Yémen : « Un coup de publicité énorme pour l’Etat islamique »Etendre le « califat »Dans son texte mis en ligne également sur des sites islamistes et accompagné de trois photos, l'EI a aussi revendiqué le meurtre de deux officiers de sécurité, Adel Al-Lawzi (renseignement) et Abdel Jabbar Mohamed Dawood (sûreté publique), qu'AQPA avait affirmé avoir tué respectivement le 6 et le 8 mars.L'EI déja très actif en Irak, en Syrie et plus récemment en Libye, vient de revendiquer pour la première fois une attaque contre le Musée du Bardo à Tunis qui a tué vingt touristes et un policier. Il y a près de deux semaines, l'EI avait annoncé avoir accepté l'allégeance de Boko Haram qui multiplie les attentats sanglants dans les grandes villes du nord du Nigeria. Le groupe djihadiste n'a jamais caché son ambition d'étendre son « califat » islamique à d'autres pays de la région arabe et à l'Afrique. Lire : Attentats à Sanaa : l'acte de naissance de l'Etat islamique au Yemen ? 23.03.2015 à 11h01 • Mis à jour le23.03.2015 à 15h18 | François Bougon, Aymeric Janier, Audrey Fournier, Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Philippe Ridet (Rome, correspondant) Les médias européens se penchent, lundi 23 mars, sur les résultats des élections départementales en France, en pointant le retour victorieux de l’ancien président Nicolas Sarkozy, le score moins élevé qu’annoncé pour l’extrême droite et Marine Le Pen et la défaite du Parti socialiste, dans une France où s’installe le tripartisme. En Allemagne« L’extrême droite est à un niveau plus faible qu’attendu – l’UMP de Sarkozy sort victorieuse du scrutin », titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ajoutant que « l’ancien président est parvenu à empêcher que le Front national ne devienne le premier parti de France ». Le quotidien allemand (conservateur) note cependant que le parti de Marine Le Pen – bien qu’étant en deçà des 30 % d’intentions de vote que lui prédisaient les sondages d’avant-scrutin – a réussi à faire sauter le verrou du bipartisme.Pour le Spiegel, même si le FN n’a pas rencontré le triomphe escompté, il « peut être optimiste, car par rapport à 2011, le parti a enregistré un bond de 9 % ». « La vérité, c’est que l’avance de l’extrême droite modifie la tectonique de la Ve République en faveur du tripartisme. Jusqu’à présent, la vie politique était rythmée par l’alternance gauche–droite », explique l’hebdomadaire. Enfin, pour la Süddeutsche Zeitung, « le Front national propage en français ce que Syriza fait en grec. Ou ce que scande dans la rue Podemos, la nouvelle coalition de gauche espagnole : que les nations souffrent au nom de l’Europe, car l’austérité bruxelloise plonge les masses dans la misère ». Cependant, dans Die Welt, Sascha Lehnartz, le correspondant du quotidien allemand (conservateur) à Paris, estime qu’il est prématuré de tirer des conséquences de ce scrutin pour l’avenir de la France et, plus largement, de l’Europe. Il estime ainsi que, même si le Front national enregistre son meilleur score jusqu’ici, les chances de Marine Le Pen d’accéder à la présidence en 2017 ne sont pas « démesurément grandes ». « Dans le pire des cas, elle réussira à atteindre le même niveau que son père en 2002. Elle a de bonnes chances de se qualifier pour le second tour, mais elle perdra – même si ce ne sera pas aussi net que Jean-Marie Le Pen contre Jacques Chirac », anticipe-t-il.En ItalieLa presse italienne, relève notre correspondant Philippe Ridet, consacre de nombreuses pages aux résultats des élections françaises qui se partagent la « une » des plus grands quotidiens avec l’OPA du colosse chinois de la Chimie ChemChina sur le constructeur de pneumatiques Pirelli et la décision du maire de Milan, Giuliano Pisapia, de ne pas se représenter pour un second mandat en 2016. Tous mettent en relief la performance de l’UMP, l’enracinement du Front national et la nouvelle déroute du Parti socialiste.Pour le quotidien La Stampa, qui note que le FN échoue à devenir le premier parti de France, « le mal n’est pas guéri ». « Le vrai défi de cette élection était de savoir si Marine Le Pen était parvenue vraiment à transformer le vieux parti outrancier de son père en première force », écrit Cesare Martinetti, ancien correspondant à Paris du quotidien piémontais. La réponse est non. « Pour cause de scrutin majoritaire, elle n’obtiendra que quelques élus. Dimanche prochain, la géographie politique de la France aura changé en faveur de la droite de Nicolas Sarkozy et non de l’extrême droite. »La Repubblica (gauche) s’attarde plus longuement sur le cas de Manuel Valls sous la plume de Bernardo Valli. Le premier ministre est crédité d’avoir limité « avec énergie » la montée annoncée du FN. Valli s’attarde longuement sur la « convergence » entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. « Sarkozy a décalqué, point par point, le programme de l’extrême droite (…) sauf sur l’Europe et la monnaie unique. Ainsi a-t-il soufflé à Marine Le Pen la place de première formation de France. »Pour les médias italiens, le résultat de ce premier tour met un terme « à la parenthèse Charlie », comme l’écrit Massimo Nava dans Il Corriere Della Sera. « Dix ans après la révolte dans les banlieues, les problèmes d’intégration, d’immigration, de sécurité restent les mêmes, aggravés par la montée de l’islamisme radical. » « Dans ce contexte, conclut-il, la France est le laboratoire le plus intéressant des tendances et des tensions qui tourmentent le Vieux Continent. Elle est le grand malade affligé d’une vague populiste, incapable de se réformer et donc d’exercer un rôle de leader en Europe. »En Belgique« Du bleu, mais pas du bleu Marine ! », titre Le Soir de Bruxelles, qui souligne cependant que le FN dépasse son score des élections européennes, relève Jean-Pierre Stroobants, du bureau européen du Monde. Le quotidien relève aussi une participation en légère hausse. Pour La Libre Belgique, « Nicolas Sarkozy fait barrage à la vague locale du FN ». Malgré tout, affirme le quotidien, l’extrême droite « stagne à un niveau très élevé ». « Le FN n’est pas encore le premier parti de France », souligne le quotidien néerlandophone De Standaard. « C’est la collaboration entre la droite et le centre qui a fait en sorte que le FN, contre toute attente, échoue à atteindre son objectif. »« C’est un échec pour Le Pen », écrit le journal néerlandais De Volkskrant. Qui reprend les déclarations de Nicolas Sarkozy quant aux similitudes entre le programme du FN et l’extrême gauche. « Les socialistes sont sanctionnés, même s’ils ont mené une campagne violente contre le Front national », note quant à lui NRC-Handelsblad. Ces élections départementales, peu populaires en général, ont en outre été compliquées par le fait qu’une réforme inachevée ne permettait pas de savoir quel serait le rôle exact des futurs élus, relève le journal de Rotterdam.En EspagnePour les quotidiens espagnols El Pais et El Mundo, l’UMP de Nicolas Sarkozy a freiné Marine Le Pen. « Le triomphe de Sarkozy, le plus important de sa formation dans ce type d’élections, renforce son leadership », juge le premier. Pour le second, « la coalition entre le parti conservateur emmené par Nicolas Sarkozy (UMP) et les centristes a marqué la soirée et a gâché la fête à Marine Le Pen et ses amis ».Le journal conservateur ABC estime, lui, que « la France penche à droite et à l’extrême droite, tout en sanctionnant avec sévérité la politique de François Hollande et la division de la gauche ». Audrey FournierAymeric JanierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrançois BougonChef adjoint au service InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalistePhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.03.2015 à 08h22 • Mis à jour le23.03.2015 à 09h00 « L'effondrement de la sécurité au Yémen met les médias du pays en danger », accuse Human Rights Watch (HRW), lundi 23 mars. Au cours des dernières semaines, « il y a eu une augmentation des arrestations arbitraires et des violences contre des journalistes et d'autres employés des médias par Ansaruallah », le mouvement des miliciens chiites houthistes qui contrôle Sanaa, la capitale yéménite, selon l'ONG.Des miliciens chiites ont notamment pris d'assaut les sièges de trois organes de presse depuis janvier, rapporte Human Right Watch dans un communiqué, précisant toutefois que d'autres groupes étaient impliqués dans des attaques. HRW cite le cas du journaliste Abdel Karim Al-Khiwani, proche de la direction d'Ansaruallah, assassiné le 18 mars à Sanaa. Un meurtre revendiqué par Al-Qaida.Human Rights Watch n'est pas la seule organisation non gouvernementale à avoir signalé des actes d'intimidation et des agressions contre des journalistes. Le 11 mars, Reporters sans frontières (RSF) écrivait que plus de huit mois après l'entrée des houthistes dans Sanaa, les médias et les organes de presse yéménites figurent parmi leurs « cibles privilégiées ». Quelque 67 cas d'attaques de journalistes ont été enregistrés par le Syndicat des journalistes yéménites (YJS – Yemeni Journalists Syndicate), ajoutait RSF. 11.03.2015 à 16h56 • Mis à jour le11.03.2015 à 17h24 | Emmanuelle Jardonnet Un chaton blanc orné d’un nœud rose au milieu d’un champ de ruines urbaines à Gaza. Par cette référence ironique à la culture Web et sa passion pour les chats, Banksy avait réussi, fin février, à attirer l’attention du monde entier sur la situation humanitaire de l’enclave palestinienne. Une intervention surprise qui a depuis également fait réagir la jeunesse gazaouie, a-t-on pu découvrir mardi 10 mars dans une vidéo mise en ligne par le Guardian.fr.En s’introduisant dans la Bande de Gaza pour y réaliser trois grands pochoirs – un mirador faisant office de manège pour les enfants, un penseur façon Rodin, mais coincé entre deux pans de murs, et un grand chaton blanc dessiné devant une « pelote » de ferraille rouillée –, le Britannique avait une nouvelle fois montré sa capacité à réinventer et tirer parti de la force de frappe du street art.Potentiel touristiqueCes peintures, relayées sur son site, s’accompagnaient d’un message explicite inscrit en lettres rouges sur un mur : « Si nous nous lavons les mains d'un conflit entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui ne l’ont pas, nous sommes du côté de ceux qui ont le pouvoir – nous ne sommes pas neutres. » L’ensemble était in fine présenté dans une courte vidéo à l’humour noir, montrant les ruines de Gaza comme un territoire à fort potentiel de développement économique et touristique : « Make this the Year YOU Discover a New Destination ».Depuis, la caisse de résonance d’Internet a si bien fonctionné qu’un collectif de jeunes adeptes de culture urbaine, les Gaza Parkour, s’est glissé dans la brèche pour enfoncer le clou, évoquer leur quotidien et rappeler que les jeunes de Gaza sont aussi portés par l’espoir et leurs rêves, avec une vidéo donnant la réplique à celle de Banksy.On y découvre les accrobates urbains (le parkour est une discipline qui a des adeptes partout dans le monde) déambuler au son de la rappeuse britannique d’origine palestinienne Shadia Mansour, et virevolter, sauter et plonger au milieu des restes de bâtiments ravagés par les bombes. Le groupe d’une dizaine de garçons, menés par un certain Abdallah Al-Qassab, poursuit avec la même ironie l’invitation de Banksy à découvrir le territoire, en se proposant de servir de « guides touristiques ».« Nous sommes ici et vivants »Filmant son entrée dans Gaza par un tunnel clandestin, Banksy invitait chacun à « sortir des sentiers battus du tourisme », et présentait l’enclave, non sans ironie, comme une sorte d’Eldorado : des « locaux qui aiment tellement » leur territoire « qu’ils ne le quittent plus (parce qu’ils n’en ont pas le droit) » ; un environnement « niché dans un cadre exclusif (bordés de murs sur trois côtés et un horizon de navires de guerre sur le dernier) », « gardé » par « des voisins amicaux (en 2014, l’opération Bordure protectrice a détruit 18 000 maisons) » ; « des opportunités de développement partout (le ciment est interdit à Gaza depuis les bombardements) » et « des chantiers de rénovation en perspective ».Les Gaza Parkour reprennent ce triste inventaire et la formule « Bienvenue à Gaza » pour encourager, eux aussi au second degré, les visiteurs potentiels. « Comme près de 50 % d’entre nous n’a pas de travail, nous avons beaucoup de temps pour vous montrer les environs », ironisent-ils. Eux s’attachent aux questions les plus pratiques de leur quotidien : logement, nourriture, électricité. « Je suis sûr que nous pouvons vous trouver un endroit pour dormir, même s’il y a près de 12 000 personnes à Gaza qui n’ont pas de maison » ; « Nous pouvons vous offrir du pain et de l’eau, mais en réalité, la majorité de l’eau, ici, n’est pas potable, et l’eau en bouteille est beaucoup trop chère », déclarent-ils, tandis qu’une légende à l’écran précise que « 90 % de l’eau de Gaza est non potable ». « L’électricité va et vient à Gaza, nous devons toujours être patients pour tout », expliquent-ils enfin. A l’écran, la légende précise : « La seule usine électrique de Gaza a fermé la semaine dernière. »Le groupe présente le port de Gaza comme un horizon porteur d’un ailleurs. « Beaucoup de gens viennent ici car la situation à Gaza est très difficile, et ils regardent la mer. Ils veulent sortir, ils veulent voir le monde. » Eux-mêmes disent vouloir « tout voir » : « Nous voulons faire beaucoup de choses, et nous rêvons beaucoup » – « Voir le monde restera un rêve jusqu’à ce que les frontières s’ouvrent », précise leur légende. « Même si ça se passe comme ça à Gaza, notre mental est très fort. Donc venez, découvrez-nous, et faites de Gaza votre destination », lancent encore les jeunes Palestiniens volants, dont les talents ne sont, par ailleurs, pas forcément appréciés par les tenants de l’ordre moral du Hamas.Emmanuelle JardonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.03.2015 à 16h20 • Mis à jour le11.03.2015 à 16h35 Le gouvernement saoudien a réagi mercredi 11 mars aux déclarations d'une ministre suédoise qui a critiqué la situation des droits de l'homme dans le royaume et a confirmé le rappel de son ambassadeur à Stockholm.Les déclarations de la ministre suédoise des affaires étrangères constituent « une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du royaume » saoudien, a annoncé un porte-parole du ministère des affaires étrangères à Riyad, cité par l'agence officielle SPA.Les « méthodes moyenâgeuses » de la justice saoudienneMargot Wallström, qui revendique une « politique étrangère féministe », avait irrité Riyad début mars en dénonçant les « méthodes moyenâgeuses » de la justice saoudienne contre le blogueur Raef Badaoui, flagellé pour « insulte à l'islam ».Mardi, le premier ministre social-démocrate, Stefan Löfven, a annoncé que la Suède avait décidé de ne pas renouveler son accord de coopération militaire, signé avec l'Arabie saoudite en 2005. Nathalie Guibert De Vigipirate à la cyberguerre, du budget au droit d’association des militaires, les armées sont de nouveau en chantier, moins de deux ans après la publication du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Une révision de la loi de programmation militaire 2014-2019 aura lieu à l’été, notamment pour garantir les ressources promises aux armées et tenir compte des nouvelles missions qui leur sont attribuées en matière de protection du territoire national. Voici les dix principaux chantiers présentés par le ministre Jean-Yves Le Drian mercredi 11 mars.Une nouvelle loi de programmation militaire pour juinPlus de soldats sur le territoireDécidé après les attentats de janvier, l’engagement de 10 000 militaires en appui des forces du ministère de l’intérieur est maintenu, a décidé le président de la République au cours d’un conseil de défense mercredi matin. Il sera maintenu « au minimum jusqu'au début de l'été, date à laquelle il sera réévalué », a ensuite précisé le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse.Cet effectif comprendra 7 000 soldats pour la protection « dans la durée » des sites confessionnels juifs, et 3 000 autres en renfort possible. Aujourd’hui, 682 sites sont protégés par des militaires dont 604 lieux communautaires. Le dispositif des gardes statiques va évoluer, confirme le ministre, avec des patrouilles mobiles plus nombreuses et un allégement de la protection de certains locaux quand ils sont vides.Autre mesure : le développement des réserves. « Les travaux que nous menons visent à disposer d’un réservoir de 40 000 réservistes contre 28 000 aujourd’hui », annonce M. Le Drian. L’objectif étant de « pouvoir déployer 1 000 réservistes en permanence ». Il reste à les financer.L’armée parmi nousMoins de coupes dans les effectifsLes armées devaient supprimer 34 000 emplois entre 2014 et 2019, selon la loi de programmation militaire. En janvier, tirant les leçons des attentats, le chef de l’Etat avait déjà décidé de sauver 7 500 postes militaires et civils dans la défense. Mercredi, il a décidé d’aller « au-delà ». La défense espère en sauver jusqu’à 23 000. Dans ce cadre, parallèlement, l’armée de terre va être réorganisée. Son nouveau modèle sera dévoilé début avril.Hollande prêt à revoir la baisse des effectifs militairesDe nouveaux moyens pour la cyberguerreLes priorités décidées en 2013 dans le cadre du Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale sont « accentuées » annonce le ministre. Ainsi les effectifs du volet cyber de la stratégie de défense « seront accrus ». La programmation 2014-2019 avait prévu un investissement de 1 milliard d’euros et l’embauche de 500 spécialistes, dans les états-majors et à la direction générale de l’armement. Cet effectif supplémentaire doit être doublé.Contre l’Etat islamique, l’armée active une cellule de contre-propagandeDe nouveaux moyens de renseignementUne autre priorité du Livre blanc, le renseignement, est confortée. Le ministre confirme plusieurs projets : la réalisation avec l’Allemagne d’un troisième satellite d’observation (elle doit être actée lors d’un conseil franco-allemand le 31 mars) ; le lancement des études relatives au futur drone européen envisagé pour 2025 avec l’Italie et l’Allemagne ; la commande « à l’été » de trois nouveaux drones américains Reaper.Lors de sa conférence de presse, il a en outre annoncé la création d’une « autorité administrative indépendante » afin d’encadrer les pratiques des services.Des sociétés de projet pour boucler le budget 2015Pour obtenir les ressources allouées à la défense en 2015, soit 31,4 milliards d’euros, les crédits budgétaires doivent être complétés par 2,3 milliards de recettes exceptionnelles. Elles seront apportées par des « sociétés de projet », créées en juillet lors de la promulgation de la loi Macron sur la croissance et l’activité. Ces sociétés, montées par l’Etat, cèderont des armements aux industriels concernés en échange de cash, avant de relouer aussitôt ces équipements. Trois futures frégates multi-missions (FREMM) du constructeur naval DCNS et 4 avions A400M sont concernés.Le groupe d’armement naval DCNS accuse une perte de 336 millions d’euros en 2014Des associations professionnelles pour les militairesL’actualisation de la loi de programmation militaire comportera un volet social. Après la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme en raison de l’interdiction absolue des syndicats dans les armées, le ministère va organiser « la possibilité pour les militaires de constituer des associations professionnelles ».Un premier syndicat bien policé pour les gendarmesLe Conseil constitutionnel ayant par ailleurs récemment rappelé que les militaires en activité avaient le droit d’être élus dans les conseils municipaux, la loi sera adaptée en ce sens.Un service volontaire pour les jeunesLes armées présenteront en mai un projet pour expérimenter un « service militaire adapté », inspiré de celui qui existe dans les départements d’outre-mer pour les jeunes sans qualification. Un millier de places seront offertes « dès l’automne 2015 ». Intégré au dispositif général du service civique, il comprendrait une formation professionnelle. Trois pistes sont étudiées : un partenariat avec les régions, un accord avec une branche professionnelle ou un montage avec une grande entreprise.Service civique : l’Etat face à lui-mêmeUn nouveau logiciel de paieLa page du logiciel défecteux Louvois, qui a totalement désorganisé depuis quatre ans la paie des militaires, se tourne, promet le ministre de la défense. Trois prototypes ont été présentés par la Direction générale de l’armement (DGA) en décembre pour remplacer Louvois. « D’ici à cet été nous choisirons le meilleur », précise le ministre de la défense. En décembre sera présenté un nouveau logiciel pilote baptisé « Source solde ». Les tests grandeur nature ne commenceront qu’en 2016.Paie des militaires : comment sortir du cauchemar LouvoisLe Pentagone français inauguré à l’automneLe déménagement et le regroupement des services centraux de la défense dans « l’Hexagone Balard », version française du Pentagone, sera bouclé à la fin 2015. L’inauguration formelle du nouveau siège aura lieu en octobre, au moment de l’installation de la DGA. « L’état-major des armées aura réalisé sa bascule pour le mois de juillet, c’est à cette date que le nouveau centre des opérations sera en service », affirme le ministre.Un retrait confirmé de CentrafriqueLes opérations extérieures mobilisent environ 10 000 soldats.« En Centrafrique, l’amorce d’un dialogue national confirme notre perspective d’un désengagement de l’opération Sangaris dans le courant du deuxième semestre », déclare M. Le Drian. L’état-major avait planifié une baisse des effectifs, autour de 1700 soldats aujourd’hui, pour les ramener à moins d’un millier à l’été, puis à terme autour de 500, le volume déployé par la France avant les évènements de décembre 2013. Cette cible n’est pas confirmée mais la décrue se fera progressivement au cours de l’année 2015.Pour la France, un impossible tournant stratégiqueLa priorité reste la lutte contre la « menace terroriste d’inspiration djihadiste ». Le ministre a rappelé que 1400 Français ont été à ce jour impliqués dans le djihad au Moyen-Orient, dont 90 sont morts et 200 sont rentrés en France.Au Sahel, l’opération Barkhane se poursuit et les effectifs militaires français vont « légèrement » augmenter. La base avancée de Madama, dans le nord du Niger, « sera pleinement opérationnelle au 1er juillet », annonce le ministre.Lire : La France va augmenter « légèrement » ses effectifs au SahelNathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.03.2015 à 12h52 • Mis à jour le11.03.2015 à 16h57 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Les réunions techniques entre les représentants des principaux créanciers de la Grèce et ceux du gouvernement Tsipras ont commencé mercredi 11 mars à partir de 14 heures à Bruxelles, dans un des bâtiments de la Commission européenne.Devaient être présents, côté créanciers, Rishi Goyal pour le le Fonds monétaire international (FMI), Declan Costello, pour la Commission européenne, et Klaus Mazuch, pour la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait être prochainement remplacé par un collègue, Rasmus Rüffer, membre lui aussi de la BCE.Ces trois chefs de mission sont en réalité les responsables de l’ex-« troïka », que l’on appelle désormais « institutions » à Bruxelles, pour ménager les susceptibilités grecques.Devaient aussi participer aux discussions des représentants du Mécanisme européen de stabilité (MES), le principal créancier de la Grèce (environ 40 % de la dette grecque).Pourquoi Athènes accepte de composer avec la « troïka »Côté grec, le secrétaire général chargé de la politique budgétaire, Nikos Theocharakis, devait mener la délégation, accompagné de collaborateurs du vice-premier ministre, Yiannis Dragasakis, et d’Elena Panariti, collègue, elle, du ministre des finances, Yanis Varoufakis.Selon une source européenne, les discussions pourraient ne durer que quelques heures, au plus tard se terminer le lendemain, jeudi 12 mars.Car pour l’essentiel, il s’agirait surtout de discuter « procédure » : quels sont les sujets à aborder en premier ? De quelles données les experts des créanciers ont-ils besoin ? Qui peut les leur fournir ? Quels seront les interlocuteurs dans les prochaines semaines ?Derrière ces différentes interrogations, la « vraie » question qui devait aussi être abordée mercredi, c’est de savoir dans quel état sont les caisses du gouvernement d’Alexis Tsipras : quasiment vides ? Est-il vrai que le pays pourrait manquer de liquidités dès avril ?« Pas assez de données concrètes »« Les membres des institutions n’ont pas rencontré officiellement les responsables grecs depuis décembre 2014. Ils ne disposent d’aucune donnée concrète sur l’état des finances du pays », affirme une autre source européenne.A ce stade, c’est le plus grand flou côté créanciers. « Nous n’avons pas assez de données concrètes, nous ne savons pas si la Grèce dégage un surplus primaire. Ou de combien de liquidités ses administrations disposent », expliquait ainsi une source européenne haut placée lors de la dernière réunion de l’Eurogroupe, lundi 9 mars.Aux abois, la Grèce doit convaincre ses créanciersTant que cette « photographie » des finances grecques pour les trois à quatre mois qui viennent n’est pas établie, impossible de se mettre sérieusement à négocier un quelconque plan de réformes avec le gouvernement Tsipras.Or, c’est uniquement si cette négociation est menée à son terme que la Grèce recevra les quelque 7,2 milliards d’euros de prêts qui restent encore à libérer dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays.La « troïka » sans relais à AthènesUne autre source européenne assure, mercredi, que les créanciers ne disposent d’aucun relais à Athènes, qui puisse renseigner très précisément les créanciers sur l’état financier du pays.La Commission européenne a bien une représentation sur place avec des membres de la « troïka », mais ils n’auraient pas accès directement aux données des ministères.Quant à la BCE, sa vision concerne essentiellement les flux des dépôts dans les banques grecques. Pour le tout début du mois de mars, elle n’a pas relevé de tendance générale, ni de situation trop alarmante : certains jours, les dépôts ont augmenté, d’autres, au contraire, ils ont baissé.Or, Athènes fait face à des échéances importantes : quelque 6 milliards d’euros d’emprunts doivent être remboursés par l’Etat sur le seul mois de mars. Les recettes fiscales ont fortement diminué ces derniers mois : selon des chiffres publiés la semaine dernière dans la presse grecque, elles auraient chuté de 17 % en janvier.De la difficulté de collecter l’impôt en GrèceVérifier sur place les comptes grecsLe ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a assuré qu’il avait de quoi payer retraites et salaires, mais il a laissé ouvert la perspective de ne pas payer d’autres obligations, comme certaines factures à des fournisseurs ou des retours sur impôts. Et le gouvernement appelle les hommes politiques grecs comme l’ensemble des citoyens à rapatrier leur argent en Grèce.Aujourd’hui, le gouvernement d’Alexis Tsipras indique qu’il peut communiquer lui-même ces les données relatives aux finances grecques aux experts des « institutions ». Le président du Bureau des conseillers économiques du gouvernement grec, le professeur Giorgos Chouliarakis, était ainsi à Athènes, mardi 10 mars, pour coordonner la récolte des données financières réclamées par les créanciers.Ces derniers, pour leur part, insistent toutefois pour déléguer des représentants à Athènes afin de pouvoir vérifier sur place les comptes grecs. Impossible de se faire une idée précise d’ici, sans rencontrer, sur le terrain, des responsables dans les différentes administrations grecques, répète-t-on à Bruxelles depuis quelques jours. « Des représentants des institutions viendront en support de la mission technique à Bruxelles », a confirmé la Commission européenne, mercredi, sans préciser cependant quand. La presse grecque parlait de jeudi 12 mars.Deux milliards pris dans le fonds de la Sécu ?Pour « boucler » ses fins de mois, le gouvernement de M. Tsipras pourrait aller piocher dans les fonds des organismes de Sécurité sociale et transférer vers le Fonds commun de la banque centrale grecque (FC-BCG) une partie de ces liquidités.Près de 2 milliards d’euros seraient ainsi visés, alors que le FC-BCG gère aujourd’hui près de 8 milliards d’euros de liquidités.Reste que les dirigeants de ces organismes sont peu disposés à autoriser ces transferts de leurs liquidités bancaires vers le Fonds commun. Ils sont notamment échaudés par l’expérience de la décote de dette privée grecque (PSI), en avril 2012, au cours de laquelle ils ont perdu pas mal d’argent.Démission à la tête de l’Agence pour l’emploiThéodoros Ambatzoglou, le gouverneur de l’Agence nationale grecque pour l’emploi (OAED), a d’ailleurs démissionné, lundi 9 mars, notamment parce qu’il refusait de transférer 130 millions d’euros vers le Fonds commun de la BCG.La nouvelle responsable de l’OAED, Maria Karamessini s’est, quant à elle, prononcée, dès mercredi 11 mars, en faveur d’une telle opération. OAED pourrait transférer au Fonds commun une partie de ses liquidités bancaires (non pas de ses réserves) sous la forme de bonds d’une validité comprise entre cinq et dix-sept mois à un taux d’intérêt de 2 %.Le transfert à l’Etat grec de 555 millions d’euros, issus du Fonds grec de stabilisation financière, a, par ailleurs, été validé mardi, après un long week-end de négociations entre le gouvernement grec et le Mécanisme européen de stabilité (MES). Ce fonds, doté de 50 milliards d’euros au total, est destiné à recapitaliser les banques. Il a notamment été utilisé en 2012 pour renflouer les principaux établissements financiers du pays.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.03.2015 à 12h31 • Mis à jour le11.03.2015 à 12h55 La dernière sortie de Tony Abbott, déjà mis en difficulté par des sondages catastrophiques, a provoqué un tollé dans le pays, y compris au sein même du gouvernement. Le premier ministre australien a en effet suggéré la suppression de quelque cent villages aborigènes en raison de leur coût social et financier, qu'il juge de moins en moins supportable pour les contribuables« Nous ne pouvons pas éternellement subventionner des choix de vie si ces choix de vie ne permettent pas [à leurs bénéficiaires] de participer pleinement à la société australienne. »Présentes sur le territoire depuis au moins 40 000 ans, certaines communautés Aborigènes vivent aujourd'hui dans des régions isolées, loin des grandes agglomérations et des pôles d'activité économique, dans des conditions souvent misérables, survivant surtout grâce aux aides sociales.Une dépendance qui passe de moins en moins aux yeux du premier ministre libéral et conservateur, à l'heure où les contribuables australiens sont contraints à de gros sacrifices pour maintenir à flot le budget de l'Etat. Interrogé sur une radio locale, Tony Abbott a soutenu la proposition de supprimer plus d'une centaine de villages aborigènes dans l'Etat d'Australie-Occidentale si les services publics de base ne pouvaient y être garantis sans une dépense qu'il juge excessive. Les contribuables, a-t-il plaidé, acquittent leurs impôts « pour fournir des services décents » à condition que leur sacrifice soit tout aussi « décent ».Pas des « choix de vie », un « mode de vie »La formule « choix de vie » utilisée par le premier ministre a attiré les reproches de la communauté aborigène. Le leader aborigène Noel Pearson a qualifié les propos de « honteux » et « manquant de respect ». Tony Abbott avait pourtant juré à la fin de décembre de « suer sang et eau » pour la reconnaissance de la communauté dans la Constitution.Dans une tribune, un universitaire australien a souligné qu'il ne s'agissait pas de « choix de vie, mais d'un mode de vie » pour les Aborigènes, et que les propos du premier ministre étaient « profondément offensants ».Même le principal conseiller aux affaires indigènes de Tony Abbott, Warren Mundine, s'est dit abasourdi : « Ces gens vivent sur leurs terres originelles. Il s'agit de leur vie, de leur essence même, de leur culture même ! », a-t-il rappelé. Devant la polémique, le ministre des affaires indigènes, Nigel Scullion, a été obligé de reconnaitre que les déclarations de Tony Abbott étaient « une erreur ».L'opposition a rapidement exigé des excuses du premier ministre, à l'instar de la sénatrice écologiste Rachel Siewert, qui a qualifié la sortie « d'incroyablement raciste, et complètement déconnecté de la réalité ».   Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant) Face à des députés qui l’interrogeaient sur la présence d’anciens militaires belges au sein de l’organisation terroriste Etat islamique (EI), le ministre belge de la défense, Steven Vandeput, a indiqué, mardi 10 mars, que quatre combattants au moins avaient été identifiés. Deux d’entre eux seraient toujours engagés dans les combats. L’un a été envoyé de l’armée en 2008, après la révélation de ses liens avec des milieux radicaux, l’autre a dû démissionner avant le début de la guerre en Syrie, a indiqué le ministre.Le troisième ancien militaire identifié a été tué dans les combats, le quatrième, blessé, a regagné la Belgique. Jugé pour désertion, il a été renvoyé de l’armée.Des salafistes dans l’armée belgeLe fait que ces quatre djihadistes aient, en toute hypothèse, reçu une instruction de type militaire inquiète les députés, qui jugent insuffisantes les mesures en place pour repérer des éléments suspects au sein des forces armées. M. Vandeput assure toutefois qu’un examen sévère et un suivi approfondi de toutes les recrues ont été mis en place. Une version en partie contestée, les syndicats et certains élus affirmant que l’armée et son service de renseignements manquent cruellement de moyens pour mener de telles missions.Le service civil de renseignement, la Sûreté de l’Etat, s’avoue quant à lui incapable d’assurer, sur le long terme, la surveillance des centaines de Belges revenus dans leur pays après avoir séjourné en Syrie ou en Irak. Un rapport du comité de surveillance des services, partiellement dévoilé par le quotidien De Standaard mercredi, doit être discuté à huis clos à la chambre des députés.En février, un jeune combattant rallié à l’EI menaçait la Belgique et la France d’attentats. Il a été identifié comme un ancien militaire, ambulancier dans la marine et formé au combat durant une phase d’instruction de 3 mois. Un autre militaire, converti et radicalisé, a lui été condamné à 40 mois de prison en 2013 pour avoir recruté des combattants.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Daniel Psenny L’accident d’hélicoptères qui a fait dix morts, lundi 9 mars, à Quebrada del Yeso, dans la région de La Rioja, en Argentine, pendant le tournage du jeu d’aventures « Dropped » pose, une nouvelle fois, le problème de la sécurité des candidats dans les émissions de télé-réalité. Et ce, deux ans presque jour pour jour après le décès de Gérald Babin lors du tournage de « Koh-Lanta » au Cambodge.« Malgré cette tragédie, il n’y a aucune raison pour arrêter ce jeu d’aventures qui n’a, d’ailleurs, rien à voir avec la télé-réalité », estime Xavier Couture, ex-dirigeant de TF1 et de la société de production Adventure Line Productions (ALP), productrice de « Dropped » et de « Koh-Lanta ». « Les équipes techniques sont des professionnels chevronnés mais, malheureusement, si l’hélicoptère, très souvent utilisé dans ces émissions, est indispensable, il peut parfois être aussi très dangereux. » Il ajoute : « Lorsqu’il y a des morts sur les circuits de formule 1, on ne remet pas en cause le championnat du monde. Tant qu’il restera des espaces de liberté pour se dépasser, il y aura toujours des candidats et, quel que soit le producteur, il ne pourra éviter qu’ils prennent des risques pour se surpasser. Il faut se souvenir que les émissions de Philippe de Dieuleveult étaient nettement plus dangereuses… »La télé-réalité, nouvel eldorado d’athlètes en quête d’aventureAu fil des ans, les programmes de télé-réalité et leurs dérivés, telles ces compétitions sportives orchestrées au bout du monde, ont changé de nature. Déjà en 2003, deux ans après « Loft Story », Endemol mettait à l’antenne « A bout de force » sur M6. Le but ? Filmer des candidats privés de sommeil pendant trente-six heures. A l’époque, le jeu avait fait polémique après que deux journalistes de France 2, infiltrés dans l’émission, aient dénoncé le manque de sécurité et d’assistance pour les candidats. Une marge bénéficiaire sans égalQuelques mois plus tard, TF1 lançait « Fear Factor », programme où les participants devaient affronter leurs pires phobies. « Ce n’est plus un loft avec des jeunes gens que l’on observe aujourd’hui, mais des jeux de l’extrême avec les risques que cela comporte », souligne François Jost, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. Une tendance qui, selon le chercheur, « entre en résonance avec les mœurs de la société où l’on tente d’aller toujours plus loin face à soi-même ».Polémiques et accidents ont toutefois rarement empêché les producteurs de mener ces jeux d’aventures à leur terme. Ce fut le cas en 2013 avec « Koh-Lanta », seulement interrompu quelques mois après la mort par crise cardiaque de Gérald Babin. Ce décès avait été suivi par le suicide du médecin du programme. Dans cette affaire portée devant la justice, l’instruction judiciaire ouverte au TGI de Créteil (Val-de-Marne) n’a pas conclu à la culpabilité des dirigeants d’ALP qui n’ont pas été mis en examen. La société avait trouvé un accord financier avec les proches du candidat.Condamnés ou pas, producteurs et diffuseurs ne veulent pas lâcher la télé-réalité, véritable poule aux œufs d’or de la télévision. La marge bénéficiaire qu’ils réalisent avec ce genre d’émissions est sans égal. Facturée autour de 700 000 euros, chaque émission peut rapporter à la chaîne trois fois plus en publicités. A titre de comparaison, un téléfilm ou un épisode d’une série avoisine le million d’euros sans garanties de retombées publicitaires. De plus, des jeux « feuilletonnants » comme « Pékin Express », sur M6, ou « Koh-Lanta » sur TF1, assurent une bonne dizaine de première partie de soirée aux diffuseurs. Pour les rentabiliser, les économies se font souvent a détriment des candidats qui, pendant longtemps, n’ont pas été payés, voire sur les mesures de sécurité.Ouverture d’une bataille juridique avec les assurancesSuite à plusieurs dépôts de plaintes et une longue bataille juridique, la chambre sociale de la Cour de cassation a finalement validé, en 2009, la requalification des règlements de participants en contrats de travail à durée indéterminée. Désormais, tous les candidats sont donc rémunérés avec les mêmes droits sociaux que n’importe quel salarié. Les « stars », elles, ont un statut différent et touchent des cachets qui dépassent souvent les 100 000 euros. L’accident meurtrier de « Dropped » va désormais ouvrir une bataille juridique avec les assurances qui attendront les résultats de l’enquête pour décider du montant des indemnisations aux familles des victimes.Après le drame, le temps de l’enquête en Argentine« Normalement, la production a souscrit à des assurances en cas de dommages, mais elles seront honorées à condition que les producteurs aient respecté la loi et leurs obligations en matière de sécurité », pointe Jérémie Assous, l’avocat de plusieurs candidats d’émissions de télé-réalité. « Les dommages peuvent s’élever à plusieurs millions d’euros par personne. Or, il y a des chances que les compagnies d’assurances évoquent des manquements délibérés. L’affaire risque donc de se régler à l’amiable », explique l’avocat en rappelant que la société ALP ainsi que d’autres producteurs de télé-réalité ont été condamnés près de trois cent fois « pour manquements au droit du travail et à leurs obligations de sécurité ».Mais la législation et les condamnations ne semblent guère peser sur les producteurs qui préfèrent payer des milliers d’euros d’amendes plutôt que de renoncer aux confortables profits réalisés par les émissions de télé-réalité. En Suède, pays d’origine de « Dropped », l’émission réalise ainsi des records d’audience, avec plus de 1 million de téléspectateurs présents, soit près de 30 % de part d’audience.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 13h33 • Mis à jour le31.03.2015 à 18h26 Le premier ministre irakien, Haider Al-Abadi, a affirmé mardi 31 mars que la ville de Tikrit avait été reprise aux djihadistes de l'Etat islamique (EI), un mois après le début de l'offensive contre le fief sunnite de l'ancien dictateur Saddam Hussein. Selon le gouverneur de la province de Salaheddine, dont Tikrit est le chef-lieu, le drapeau irakien flottait de nouveau sur le siège du gouvernement local, dans le centre-ville. Les djihadistes avaient concentré leur défense dans le centre, où vivaient encore 30 000 habitants, selon la Croix-Rouge.Cependant, le commandant militaire de l'opération « Salaheddine », Abdul-Wahab Al-Saadi, avait affirmé peu avant l'annonce du premier ministre que ses troupes entrées dans la ville par l'ouest combattaient encore à 300 mètres du centre. Tikrit était tombé aux mains de l'Etat islamique (EI) en juin 2014. Il s'agit de la plus vaste opération des forces irakiennes depuis lors. Les miliciens chiites suspendent leur participation à la batailleLa milice chiite Badr a affirmé que des membres des unités de mobilisation générale – UMG, des forces progouvernementales dominées par les milices chiites soutenues par l'Iran – avaient pris part aux combats aux côtés des unités de la police.Les UMG avaient pourtant indiqué s'être mises en retrait lorsque les forces de la coalition internationale menée par les Etats-Unis avaient lancé des frappes sur Tikrit le 25 mars, à la demande de Bagdad. Elles avaient notamment accusé Washington de chercher à leur voler cette victoire. Leur retrait était la condition fixée par les Etats-Unis pour répondre favorablement à la demande d'appui aérien des autorités irakiennes.Lire aussi (en édition abonnés) : A Tikrit, les milices chiites menacent la coalition Les Etats-Unis craignent le soutien massif apporté par l'Iran aux milices chiites irakiennes. Les généraux américains n'avaient pas caché leur inquiétude de voir les milices engagées à Tikrit, avec 20 000 volontaires chiites, mener la bataille avec le général iranien Ghassem Soleimani, le chef des forces d'élite Al-Qods, ses conseillers et des combattants.Les risques de tirs contre son camp et d'une confrontation avec ces forces ouvertement hostiles ont été avancés, tout comme les craintes d'exactions envers les populations sunnites. Le retrait des Iraniens avait été scellé lors d'une rencontre sécuritaire entre responsables américains et Ghassem Soleimani à Amman, en Jordanie. Les forces gouvernementales devaient jouer le premier rôle dans l'offensive. Les dernières frappes de la coalition dans le secteur de Tikrit ont eu lieu dimanche et lundi, selon le Pentagone.Lire aussi (en édition abonnés) : A Tikrit, l’Iran en première ligne contre l’Etat islamique 31.03.2015 à 11h16 • Mis à jour le31.03.2015 à 14h49 Des membres de l'organisation Etat islamique ont exécuté une trentaine de personnes dans  la province syrienne de Hama, rapporte mardi 31 mars l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une organisation sise à Londres qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.Les djihadistes ont ciblé le village de Majoubé, où cohabitent des sunnites, des alaouites et des ismaélites. « Ils ont exécuté par balles, brûlé et décapité au moins trente personnes, dont des femmes et des enfants », a affirmé à l'Agence France-Presse le directeur de l'OSDH.L'OSDH a également indiqué que l'EI s'était retiré et précisé que l'aviation militaire avait bombardé des positions des djihadistes, qui essaient de couper l'unique route du régime reliant Homs à Alep.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2jhjv5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2jhjv5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 31.03.2015 à 10h42 • Mis à jour le31.03.2015 à 11h40 | Dominique Gallois et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) La diplomatie devait être à l’honneur du 17e conseil des ministres franco-allemand à Berlin, mardi 31 mars. Ce n’est pas tous les ans que les participants à cet exercice quelque peu rituel peuvent se féliciter d’un accord de cessez-le-feu, si imparfait soit-il. L’accord de « Minsk 2 » conclu le 12 février entre la Russie, l’Ukraine, les séparatistes, l’Allemagne et la France a de bonnes chances d’être élevé au rang de mythe franco-allemand. Jamais on n’avait vu un président français et un chancelier allemand s’investir autant – au nom de l’Europe – pour parvenir à un accord entre deux pays tiers. Survenu un mois après la manifestation historique à Paris en faveur de la liberté d’expression après les attaques djihadistes, dont une des images les plus fortes reste la photo d’Angela Merkel posant amicalement sa tête sur l’épaule de François Hollande, cet accord a redonné un élan certain au « couple franco-allemand ».L’accord entre les deux dirigeants s’appuie sur le travail des deux ministres des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier et Laurent Fabius. Depuis son entrée en fonctions en décembre 2013, le ministre allemand n’a eu de cesse de chercher à davantage coopérer avec son homologue. A la fois par conviction et par intérêt. Travailler avec son collègue français permettait également à ce social-démocrate de peser davantage face à Mme Merkel. Alors que Paris et Berlin étaient rarement d’accord en 2013 et 2014 sur les questions économiques, l’accent mis sur la diplomatie était également un moyen pour les deux capitales de trouver un terrain d’entente. Coopération plus étroiteA l’occasion, notamment, de la crise en Ukraine, Frank-Walter Steinmeier et Laurent Fabius n’ont cessé d’être en contact et de se voir. Si le 20 février 2014, ils ont associé leur homologue polonais, Radoslaw Sikorski, à leur visite audacieuse à Kiev auprès du président Ianoukovitch, l’Allemand et le Français ont par la suite pris leurs distances avec M. Sikorski, jugé trop hostile à Moscou pour être un intermédiaire crédible. De plus, MM. Steinmeier et Fabius ont innové en effectuant ensemble des visites officielles à l’étranger. En avril, ils se sont rendus en Géorgie et en Moldavie (des pays où Berlin a plus d’influence que Paris), puis dans la foulée en Tunisie (plus proche de Paris). En octobre, les deux ministres sont allés au Nigeria. Lundi 30 mars, ils auraient dû coprésider à Astana (Kazakhstan) la première conférence régionale commune d’ambassadeurs français et allemands. Si, finalement, les deux ministres sont restés à Lausanne pour la conférence sur le nucléaire iranien, la rencontre entre ambassadeurs s’est bel et bien tenue.« Frank-Walter [Steinmeier] a dit à sa femme de ne pas s’inquiéter. Quand il n’était pas avec elle, il était avec moi », plaisante Laurent FabiusFrank-Walter Steinmeier a été le premier ministre allemand des affaires étrangères à participer à un conseil des ministres français (le 14 mai), et Laurent Fabius a eu droit au même honneur à Berlin, en novembre. Les deux ministres se voient si souvent qu’à l’issue de ce conseil M. Fabius a rapporté l’anecdote suivante : « Frank-Walter [Steinmeier] a dit à sa femme de ne pas s’inquiéter. Quand il n’était pas avec elle, il était avec moi. »Si la France continue de regretter à mi-mot que l’Allemagne ne prenne pas davantage de responsabilité en Afrique et si l’Allemagne juge toujours que la France s’engage un peu rapidement dans certaines missions à l’issue incertaine, la coopération entre les deux pays est incontestablement plus étroite qu’auparavant. D’ailleurs, ce conseil des ministres devrait être l’occasion d’annoncer un accord important dans un domaine connexe : la défense. L’Allemagne a finalement décidé de participer, à hauteur de 200 millions d’euros, à la construction du troisième satellite de la composante spatiale optique (CSO), un programme de satellite « espion » lancé par la France en 2010.Différend sur l’IranL’Allemagne, bien qu’apportant les deux tiers de l’investissement, bénéficiera de très peu de retombées industrielles. Tous les satellites CSO sont fabriqués à Toulouse, chez Airbus Defence and Space, Thales Alenia Space fournissant l’optique. En échange, Berlin sera le principal acteur industriel dans un autre domaine, celui des drones de surveillance Male (Moyenne altitude longue endurance). Soutenu par trois pays, l’Allemagne, la France et l’Italie, et leurs industriels, Airbus Group, Dassault Aviation et Finmeccanica, ce projet, s’il aboutit, devrait voir le jour à l’horizon 2025.Reste un point de différence entre la France et l’Allemagne : les négociations sur le nucléaire iranien, alors que les négociations devaient se terminer à Lausanne, le 31 mars. Même si l’Allemagne a tenu à taire ses divergences avec Paris depuis la relance des négociations, l’attitude jugée jusqu’au-boutiste de Laurent Fabius sur ce dossier a provoqué une réelle incompréhension teintée d’inquiétude chez son partenaire allemand.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.03.2015 à 10h11 • Mis à jour le31.03.2015 à 10h19 Les Nations unies saluent mardi 31 mars l'annonce d'un projet d'accord de paix « historique » entre le gouvernement et 16 groupes armés représentant des minorités ethniques, en conflit depuis des décennies. « Pour le gouvernement birman et seize groupes armés ethniques, parvenir à un accord de cessez-le-feu est une réussite historique et importante », selon le conseiller spécial de l'ONU.Le président birman, Thein Sein, s'est réjoui de cet accord, déclarant lors d'une apprition surprise à Rangoun que « les gens ont besoin de la paix, ils veulent la paix et ils attendent la paix ».« Après cette signature, la porte est ouverte pour un dialogue politique. Cela va assurer à ces artisans de la paix une place dans l'histoire de la Birmanie. »S'il était signé et respecté, ce cessez-le-feu marquerait en effet une date importante dans les efforts visant à mettre un terme à plus de soixante-cinq années de conflit en Birmanie. Aucune date n'a toutefois été fixée pour sa signature.Selon le Centre pour la paix au Myanmar, une instance créée par le gouvernement pour faciliter le processus de paix, le projet de trêve devait être finalisé mardi puis envoyé aux chefs des différents mouvements rebelles en vue d'une ratification.Plusieurs tentatives avortéesLe gouvernement qui s'est installé en 2011 après la fin de quarante-neuf ans de régime militaire a fait de l'arrêt des hostilités avec les nombreux groupes ayant pris les armes depuis l'indépendance, en 1948, une de ses priorités. Les autorités et les groupes rebelles, dont beaucoup luttent pour une autonomie accrue de leurs minorités ethniques, se sont rencontrés à sept reprises depuis 2013 pour négocier cette trêve.Le gouvernement s'était fixé pour objectif de parvenir à un accord avant les élections législatives de novembre prochain. De précédentes tentatives de cessez-le-feu à l'échelle nationale ont échoué, plusieurs groupes réclamant des garanties politiques que les négociateurs disaient ne pas pouvoir leur fournir. 31.03.2015 à 08h08 • Mis à jour le31.03.2015 à 10h02 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La date butoir est passée. Et le dossier grec est toujours ouvert. Il y a quelques jours encore, pourtant, le lundi 30 mars avait été présenté comme l’ultime limite au-delà de laquelle les négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers internationaux ne devaient pas se prolonger, si l’on ne voulait pas voir la Grèce, en mal de liquidités, s’approcher du précipice financier.Finalement, l’urgence financière n’apparaît plus si urgente. Et les discussions entre Athènes et le « groupe de Bruxelles » (l’ex-« troïka » composée du Fonds monétaire international, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne, plus le mécanisme européen de stabilité), menées durant tout le week-end jusqu’à la mi-journée lundi, vont se poursuivre. Avec le même menu : s’accorder sur les réformes à mettre en œuvre afin que le pays puisse bénéficier d’une aide financière de 7,2 milliards d’euros.Mais les discussions entre Athènes et ses créanciers achoppent sur les « lignes rouges » – réforme des retraites, libéralisation du marché du travail – qui avaient déjà entraîné la fin du précédent gouvernement grec, celui d’Antonis Samaras. Le blocage est donc bien réel.Que propose Athènes ?Le gouvernement grec a formulé, vendredi 27 mars, une liste d’une vingtaine de mesures, chiffrées. Son contenu a opportunément « fuité », lundi, dans la presse grecque. Y figurent des mesures de lutte contre la fraude fiscale, mais aussi contre le trafic de carburant et d’alcool. Ces deux dernières actions pourraient rapporter 250 millions d’euros, selon le gouvernement. Le contrôle des comptes ouverts à l’étranger par des Grecs pourrait, lui, conduire à rapatrier 725 millions alors qu’un changement du code fiscal pourrait générer 300 millions d’euros.Lire aussi :Evasion fiscale : la Suisse va coopérer avec la GrèceLe gouvernement grec propose aussi la création d’une structure de défaisance (« bad bank ») pour faire face à l’accumulation des créances douteuses dans les banques. Athènes s’engage par ailleurs à limiter les départs anticipés à la retraite pour soulager un régime déjà mal en point. Le pays se refuse en revanche à toute augmentation des taxes dans le secteur clé du tourisme. Et les recettes attendues cette année des privatisations sont de 1,5 milliard d’euros, au lieu des 2,2 milliards prévus dans le programme de sauvetage de la Grèce.Au total, le plan grec prévoit plus de 3 milliards de recettes nouvelles pour l’année 2015. Il est aussi construit sur un budget en excédent primaire (avant charge de la dette) de 1,5 % du PIB et non de 3 %, ce qui doit donner un peu de marges financières. Le gouvernement grec table par ailleurs sur une croissance de 1,4 % de l’économie grecque.Que répondent les créanciers ?Du côté des créanciers, le ton a changé. Les discussions sont « constructives », précise Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne. Mais, si les Européens sont prêts à des compromis, leur base de travail reste la liste de réformes sur laquelle s’était engagé le précédent gouvernement grec d’Antonis Samaras.Lire aussi :Le rude apprentissage européen de la GrèceComme en décembre 2014, les bailleurs de fonds de la Grèce continuent notamment d’exiger une réforme des retraites et une libéralisation plus poussée du marché du travail. Ce que refuse Athènes : « Comment exiger de nous que nous négociions sur des engagements antérieurs à l’élection du 25 janvier, qui nous a portée au pouvoir, alors que nous avons, depuis, signé l’accord du 20 février nous autorisant à proposer nos propres réformes, du moment qu’elles sont budgétées », s’énerve-t-on côté grec. Quel est désormais le calendrier ?Il y aura, mercredi 1er avril, un « Euro Working Group », c’est-à-dire une réunion des responsables des Trésors des 19 pays membres de la zone euro. Mais il ne devrait s’agir que d’un point d’étape sur les négociations en cours, à en croire des sources bruxelloises.Si, pendant un temps, le principe d’un déblocage anticipé partiel des 7,2 milliards d’euros d’aides semblait acquis, il serait aujourd’hui de nouveau compromis. « C’est à l’Eurogroupe de décider les sommes qu’il faut débourser. C’est une décision politique », précise le vice-président de la Commission en charge de l’euro, Valdis Dombrovskis.A en croire de nombreuses sources bruxelloises, l’Eurogroupe ne sera convoqué, au mieux, qu’après la Pâques catholique (le 6 avril).Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 03h17 • Mis à jour le31.03.2015 à 03h26 L'Argentine a dénoncé auprès d'organisations internationales, dont les Nations unies, le renforcement du dispositif militaire britannique aux Malouines, îles disputées entre les deux pays, a indiqué, lundi 30 mars, le ministère des affaires étrangères argentin.Lire (édition abonnés) : Les Malouines : récit d'une guerreDans un communiqué, remis notamment aux Nations unies et au groupe G77 + Chine, Buenos Aires estime que le dispositif armé britannique « génère une tension non nécessaire et injustifiée dans l'Atlantique sud, une zone caractérisée par sa vocation pacifique et libre d'armes nucléaires ».Un conflit vieux de 182 ansLe communiqué a également été transmis au Marché commun du sud (Mercosur), à l'Union des nations sud-américaines (Unasur) et à la Communauté d'États latino-américains et caraïbes (Celac).Le gouvernement de Cristina Kirchner souligne que seul un dialogue entre Buenos Aires et Londres aboutirait sur la résolution du conflit. Le désaccord dure depuis plus de 182 ans et a été ravivé la semaine dernière, après l'annonce du ministre britannique de la défense Michael Fallon de renforcer la présence militaire sur les îles, qui se trouvent à 400 kilomètres des côtes argentines.Lire : Le Royaume-Uni va renforcer son dispositif militaire aux MalouinesM. Fallon avait expliqué qu'il était nécessaire de « moderniser le dispositif de défense » des Malouines (Falklands, en anglais), un investissement de 180 millions de livres (245 millions d'euros) car l'Argentine fait peser « une menace très vive ».Ce dispositif comprend essentiellement le déploiement de deux hélicoptères Chinook et la mise à jour du système de défense antiaérien, avec l'installation de nouvelles batteries de missiles sol-air.Une « provocation »Le nombre de personnels militaires et civils stationnés sur les îles Malouines reste quant à lui identique, avec 1 200 personnes pour une population d'environ 3 000 îliens et 500 000 moutons. Le ministre des affaires étrangères argentin avait qualifié cette décision de « provocation ».Découvertes par Amerigo Vespucci au début du XVIe siècle, elles sont occupées par les Britanniques depuis 1833. Elles sont toujours revendiquées par l'Argentine, plus de trente ans après la guerre éclair qui a opposé ce pays au Royaume-Uni en 1982 pendant soixante-quatorze jours, faisant plus de 900 morts : 649 soldats argentins, 255 Britanniques et 3 habitants de l'île. La défaite avait précipité la chute de la junte militaire au pouvoir à Buenos Aires.Lors d'un référendum organisé par le Royaume-Uni en mars 2013, les habitants de l'archipel ont réaffirmé massivement leur attachement à la couronne britannique, par 1 513 voix contre 3.Lire aussi : Malouines : Cristina Kirchner conteste à nouveau la souveraineté britannique Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Ce devait être un discours appelant au consensus national. Un moment historique en Grèce où le premier ministre Alexis Tsipras allait demander aux partis d'opposition leur soutien clair dans le cadre des douloureuses négociations en cours entre la Grèce et ses créanciers. La discussion d'urgence au Parlement demandée par Alexis Tsipras s'est transformée, lundi 30 mars, en foire d'empoigne entre le chef du gouvernement Syriza et ses adversaires. Un spectacle décevant de surenchère entre tous les chefs de parti, autant sur les questions économiques que sociales, alors que la recherche d'un consensus apparaissait aujourd'hui plus que nécessaire.Le gouvernement d'Antonis Samaras en ligne de mireL'objectif de cette réunion était « d'informer le Parlement de l'évolution des négociations », mais dans un court discours de moins de vingt minutes, Alexis Tsipras n'est que très peu revenu sur les négociations en cours à Bruxelles. Le premier ministre s'est en revanche montré très offensif sur le bilan tronqué, selon lui, laissé par le précédent gouvernement conservateur dirigé par Antonis Samaras. « Au lieu des 3,5 % d'excédent primaire que vous aviez promis au peuple grec pour 2014 nous avons trouvé un excédent d'à peine 0,3 % du PIB, s'élévant à peine à 592 millions d'euros », a lancé le premier ministre.« Nous avons hérité d'un déficit de 2,5 milliards d'euros. [...] Quelles réformes avez vous vraiment mené pendant ces cinq années d'austérité ? Le licenciement de fonctionnaires ? La fermetures d'écoles et d'hôpitaux ? La Grèce n'avait pas besoin de ces réformes-là ! »Lire : Grèce : les négociations sur les réformes devraient se prolongerAlexis Tsipras a certes évoqué quelques-unes des mesures encore en cours de discussion avec les créanciers – comme la lutte contre le trafic de carburant et d'alcool ou contre la fraude fiscale – mais n'a que survolé l'accord du 20 février avec les créanciers. « Allez-vous soutenir notre tactique de négociations pour mettre fin à l'austérité ou allez-vous continuer à vous faire le porte-parole des vues néolibérales les plus extrêmes européennes ? », a finalement demandé le premier ministre. La réponse du président du parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND), Antonis Samaras, qui a tout aussi longuement pris la parole juste après M. Tsipras, n'a pas été moins partisane.« Mensonges au peuple grec »« Pourquoi nous avoir fait venir ici ce soir ? Pour rejeter vos fautes sur nous ? Où sont ces informations sur les négociations que vous deviez nous donner ? », a répliqué, visiblement énervé, M. Samaras. Avant de se lancer à son tour dans un long discours de décrédibilisation de l'action du gouvernement. L'ex-premier ministre a également ajouté :«  Nous avons lutté pour sortir des mémorandums et vous nous y ramenez. Vous devriez arrêter vos mensonges au peuple grec. Les gens n'ont pas voté pour vous pour que vous provoquiez un accident et la sortie de la Grèce de la zone euro ! »Attaques contre la politique migratoireL'agitation est encore montée d'un cran dans l'assemblée lorsque le conservateur s'est attaqué à la politique migratoire libérale d'Alexis Tsipras en termes polémiques, provoquant une intervention musclée de la présidente de la Vouli, Zoé Konstantopoulou, exigeant qu'aucun propos raciste ne soit prononcée dans le Parlement.Lire : M. Tsipras en quête d’un consensus national face aux créanciers de la GrèceDu pain bénit pour le leader du parti néonazi Aube dorée, Nikos Michaloliakos, tout juste libéré de prison, et qui s'est à la suite de M. Samaras empressé d'attaquer le gouvernement sur la question de l'immigration. Loin, très loin des préoccupations économiques qui sont aujourd'hui la priorité de tout gouvernement en Grèce.Dans une intervention se voulant plus mesurée, le président du parti de centre gauche To Potami, Stavros Theodorakis, a demandé au gouvernement plus de clarté sur ses objectifs et sur la teneur des négociations, exigeant des réponses sur les privatisations, la fiscalité, tout en affirmant « Nous sommes avec vous sur la question de la renégociation de la dette, inéluctable. »Voir aussi : Athènes cherche argent désespérémentEn fin de compte, ce moment de la vie parlementaire grecque a plus ressemblé à une ambiance de pré-campagne électorale qu'à une tentative d'union nationale. Pas de quoi créer ce front grec en mesure de négocier en position de force avec des créanciers dont l'unité s'est, elle, renforcée ces dernières semaines.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial) Les négociations sur le nucléaire iranien se sont poursuivies dans une atmosphère fiévreuse, lundi 30 mars, à Lausanne, en Suisse, alors qu’il reste à peine vingt-quatre heures pour arracher un accord entre l’Iran et les grandes puissances sur les principaux paramètres du programme nucléaire de la République islamique.Les réunions se sont à nouveau multipliées, lundi, dans les salons de l’hôtel Beau Rivage, un palace surplombant le lac Léman, entre Mohammad Javad Zarif, le ministre des affaires étrangères iranien, et ses homologues du « P5 + 1 », représentant les cinq pays membres du Conseil de sécurité, plus l’Allemagne.Alors que la montre tourne pour parvenir à un compromis sur les grandes lignes d’un accord, qui ouvrirait la voie à la poursuite des négociations, jusqu’au 30 juin, pour finaliser les détails techniques, le climat des discussions est très dur, selon un participant. De son côté, un diplomate constate que « les Iraniens aiment bien négocier au bord du précipice, ils sont assez bons pour cela ».Lire aussi :Négociations « poussives » en vue d’un accord sur le nucléaire iranienUne issue encore incertaineRarement une négociation diplomatique aura été aussi difficile, longue et complexe. L’issue des pourparlers de Lausanne demeurait toujours incertaine, lundi, malgré douze ans de discussions et seize mois de consultations intenses depuis la signature d’un accord intérimaire entre l’Iran et les pays du « P5 + 1 », en novembre 2013. Celui-ci a débouché sur un gel provisoire du programme nucléaire iranien et une levée limitée des sanctions internationales contre le régime de Téhéran.Même si les équipes de négociateurs se connaissent par cœur et ont passé au crible ces derniers mois tous les scénarios techniques possibles, il restait encore, à la veille de la date butoir, de grandes divergences sur les points clés d’un futur accord, d’après une source bien informée.Les Occidentaux veulent des garantiesL’objectif poursuivi par les « Six » est de s’assurer que l’Iran ne puisse pas acquérir une bombe atomique sous le couvert de son programme nucléaire civil. Or, l’Iran a déjà menti par le passé, en dissimulant l’existence des sites de Natanz et Fordo, ses deux principaux centres d’enrichissement d’uranium, une matière fissile indispensable pour fabriquer une arme atomique. Du coup, les Occidentaux veulent s’assurer que tout accord offre les garanties nécessaires de transparence pour vérifier que l’Iran tient ses engagements.Pour y parvenir, cela suppose de mettre en place un écheveau complexe de mesures qui visent, in fine, à brider le programme nucléaire iranien pour que son « break-out », c’est-à-dire le temps nécessaire pour produire assez d’uranium enrichi pour se doter d’une bombe, soit au moins d’un an. Le but étant de permettre aux Occidentaux de réagir si l’Iran décidait de se lancer dans une course à l’arme nucléaire, ce que Téhéran n’a jamais fait, même s’il en a les moyens depuis plusieurs années.Lire aussi :Nucléaire iranien : les blocages persistentTrois points controversésAlors que les négociations approchent de leur dénouement, un diplomate occidental a souligné qu’il restait toujours « trois points difficiles » et que l’issue des tractations « dépend des réponses » à ces questions. Il s’agit, a-t-il poursuivi, de la durée de l’accord, du rythme de la levée des sanctions contre l’Iran et de l’adoption d’un mécanisme, dit « snap back », qui permettrait de réimposer des sanctions si Téhéran ne tient pas parole.Sur la durée, les Occidentaux veulent qu’un accord restrictif soit en vigueur pendant au moins quinze ans, avec une phase très contraignante pendant les dix premières années, suivie d’une levée graduelle des restrictions, notamment sur la recherche et le développement, pendant les cinq années suivantes. « On souhaite tous que ce soit quinze ans. Mais il y aura des durées différentes pour divers aspects de l’accord, même si la plus grande partie de l’accord sera sur quinze ans », insiste un proche du dossier. En revanche, les Iraniens réclament une durée plus courte, jugeant qu’une mise sous tutelle aussi longue est punitive.Les sanctions contre l’IranConcernant les sanctions, le blocage porte essentiellement sur les quatre résolutions votées, depuis 2006, par le Conseil de sécurité de l’ONU. Elles visent surtout à empêcher les activités de prolifération nucléaire et ont été complétées, à partir de 2010, par des sanctions économiques, adoptées par les Etats-Unis et l’Union européenne. « Les Iraniens voudraient que l’on lève tout, tout de suite », souligne ce diplomate. Un scénario irréaliste car il priverait les Occidentaux de leurs moyens de pression sur l’Iran.Or, pour Téhéran, les sanctions de l’ONU ont surtout une valeur symbolique car tant qu’elles sont en vigueur, le pays est toujours au banc de la communauté internationale. « Il s’agit principalement d’un enjeu de fierté nationale », insiste une source européenne. Mais pour sortir de cette impasse, un diplomate influent a laissé entendre que des « gestes » pourraient être faits, en levant certaines mesures contre des « personnes et des entités », mais ils seront limités car « la plupart des individus sont mouillés dans le programme de prolifération ».A cela, s’ajoute un débat interne épineux entre les « Six » sur le « mécanisme », proposé par la France, pour réintroduire les sanctions de l’ONU, en cas d’infractions constatées de la part de l’Iran. La Russie, notamment, rechigne à approuver un procédé qui serait automatique car cela reviendrait à priver un membre permanent du Conseil de sécurité de son droit de veto.Nombre de centrifugeusesA la veille de l’échéance du 31 mars, une autre controverse a éclaté sur les modalités pour arriver à un « break-out » d’un an. Pour y parvenir, il faut agir sur plusieurs paramètres : le nombre de centrifugeuses – l’Iran en dispose de près de 20 000, dont la moitié en activité –, le modèle des machines utilisées, d’une puissance variable, et le stock d’uranium déjà enrichi. Or, l’Iran aurait refusé, dimanche, d’envoyer une grande partie de son stock en Russie, comme cela avait été envisagé, et demanderait maintenant de diluer son stock d’uranium, sous forme de gaz, sur le sol iranien. Un procédé destiné à rendre son utilisation à des fins militaires quasi impossible. Mais des diplomates occidentaux ont atténué la portée de cette volte-face, estimant qu’elle était surtout à usage interne et qu’elle ne constituait pas un problème « majeur » dans les négociations.Lire aussi :Offensive des républicains sur le nucléaire iranienEn dépit de la persistance de ces obstacles, il paraissait néanmoins peu probable, lundi, que les discussions de Lausanne s’achèvent sur un échec total. « Nous avons accumulé tellement de travail qu’il serait impardonnable de tout perdre », a déclaré Sergueï Ryabkov, le chef des négociateurs russes. « A un moment, il faut quand même dire oui ou dire non », a ajouté, de son côté, un responsable occidental. « On est dans une situation historique », tous les chefs de la diplomatie des pays négociateurs sont présents, a-t-il fait valoir. « On a beaucoup travaillé et ce sera beaucoup plus compliqué de reprendre des négociations après » la date butoir du 31 mars, a-t-il souligné.Possible prolongation Pour justifier une prolongation des tractations jusqu’à la fin juin, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, le principal acteur de ces pourparlers, avec son homologue iranien, ne peut pas retourner à Washington les mains vides. Pour convaincre un Congrès qui menace de faire dérailler le processus en adoptant de nouvelles rétorsions contre l’Iran, à partir de la mi-avril, M. Kerry doit pouvoir faire état d’avancées à Lausanne. De même pour M. Zarif, car les « durs » du régime de Téhéran, hostiles à tout rapprochement avec l’Occident, ne manqueront pas de dénoncer un « marché de dupes », si le négociateur iranien ne peut pas invoquer des concessions sur le dossier clé de la levée des sanctions.Lire aussi :Nucléaire iranien : les trois points de blocage à LausanneReste à régler la délicate question de la présentation de l’accord. Les Iraniens ne veulent pas d’un texte trop long et précis, afin de conserver une marge de manœuvre vis-à-vis de leur propre opinion publique et aussi pour ne pas être trop liés pour la suite des opérations. Quant aux Occidentaux, ils veulent s’assurer que le document contienne toutes les « garanties » nécessaires. « Il faudra des choses précises, quantifiées et avec des délais sur tous les principaux paramètres, les Américains ne peuvent pas retourner devant le Congrès sur la base de principes flous », souligne un diplomate.A priori, les négociateurs s’orientent vers la rédaction d’une « déclaration », dont le contenu ne sera pas rendu public, mais qui fera l’objet d’une « communication » de la part de M. Zarif et de Federica Mogherini, la diplomate en chef de l’UE, qui coordonne les travaux du « P5 + 1 ». Il y a cependant un écueil de taille que l’ensemble des négociateurs veulent écarter à tout prix : conclure ce compromis le 1er avril pour éviter que les adversaires d’un accord qualifient aussitôt le texte de Lausanne de poisson d’avril…Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Depuis qu’il a quitté ses fonctions de président de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), en janvier 2014, Ben Bernanke est resté très discret. Celui qui a été l’un des décideurs les plus puissants de la planète pendant huit ans, a bien participé à quelques colloques ces derniers mois, mais jusqu’à présent sa parole se faisait rare, l’homme refusant systématiquement toute interview.Et quand il a eu à s’exprimer, ce n’était pas forcément de gaîté de cœur : il fut en effet amené à témoigner dans le procès AIG, dont les anciens dirigeants contestent la façon dont les autorités américaines ont organisé le sauvetage de l’assureur américain.Mais en 2015, M. Bernanke a décidé de se rattraper. Désormais chercheur invité au sein de la Brookings Institution, le prestigieux cercle de réflexion américain, l’ex-président de la Fed a en effet ouvert son blog, lundi 30 mars. « Quand j’étais à la Fed, j’ai observé à l’occasion que la politique monétaire, c’est 98 % de discours et seulement 2 % d’action », lance-t-il en préambule.Et si, pendant ses deux mandats, sa parole devait être pesée au trébuchet, M. Bernanke a retrouvé depuis une certaine liberté d’expression. « Maintenant que je suis redevenu un civil, je peux commenter les questions économiques et financières sans que mes mots soient étudiés au microscope par les observateurs de la Fed », écrit-il.PlaidoyerSon premier post peut paraître comme une forme d’autojustification de ses deux mandats à la tête de l’institution monétaire américaine. « Pourquoi les taux d’intérêt sont si bas ? », questionne-t-il en titre, soulignant que c’est le cas non seulement aux Etats-Unis, mais aussi en Europe ou au Japon.Il s’agit en fait d’un plaidoyer en faveur de la politique monétaire accommodante, qui vise à répondre aux critiques des épargnants pénalisés par le maintien de taux d’intérêts proches de zéro. M. Bernanke explique ainsi que, si la Fed avait augmenté de façon prématurée ses taux, cela aurait cassé la croissance, ce qui aurait eu un impact négatif sur les rendements du capital. Il ajoute que la Fed aurait été obligée de réduire à nouveau les taux pour tenter de relancer l’économie.Lire aussi :Aux Etats-Unis, la croissance ralentit, mais la Fed reste résolue à augmenter ses tauxLe nouveau blogueur promet également qu’il ne s’interdira pas de parler baseball, un sport dont il est un amateur éclairé.L’ex-président de la Fed, décidément très en verve actuellement, s’est par ailleurs mis à tweeter ; lundi, quelques heures seulement après son premier gazouillis, le compte @benbernanke comptait déjà près d’une dizaine de milliers d’abonnés.Son livre sur les causes de la crise financière de 2008 et la façon dont le gouvernement et les autorités monétaires l’ont gérée est aussi particulièrement attendu. L’ouvrage, édité par W.W. Norton, devrait être dans les librairies américaines cet automne.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le syndicat des dockers du Pirée (Grèce) menace de mouvements sociaux si l’annonce d’une prochaine privatisation du port, faite ce week-end, par le vice-premier ministre grec, Yannis Dragasakis, n’est pas démentie.En visite en Chine, avec d’autres membres du gouvernement, M. Dragasakis, cité par l’agence de presse Chine nouvelle, a déclaré qu’Athènes entend, finalement, procéder à la vente des 67 % que l’Etat détient dans l’Autorité du Port d’Athènes (OLP), l’entreprise publique chargée de l’exploitation commerciale d’une partie de ce port.Cette déclaration constitue un revirement du gouvernement d’Alexis Tsipras. Car, à peine élu, ce dernier avait annoncé qu’il annulait une série de privatisations lancées par son prédécesseur, Antonis Samaras (centre droit), dont celle de deux grands ports, au Pirée et à Thessalonique.Lire aussi :Coup d’arrêt aux privatisations en GrèceCe coup d’arrêt avait provoqué la colère de la Chine. Le groupe chinois Cosco figurait en effet parmi les cinq candidats retenus par le précédent gouvernement.Lire aussi :Au Pirée, les dockers se réjouissent, les Chinois défendent leurs droitsLes privatisations font partie des sujets actuellement en discussion entre Athènes et ses créanciers internationaux. Ces derniers poussent à une accélération du processus.Lire aussi :Grèce : polémique autour des privatisationsMais, lundi, intervenant sur plusieurs télévisions, le secrétaire d’Etat aux finances, Dimitris Mardas a déclaré que la Grèce « ne vendrait plus ses biens à des prix humiliants ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.03.2015 à 16h00 • Mis à jour le30.03.2015 à 17h04 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Andreas Lubitz, le copilote de l'Airbus A320 soupçonné d'avoir précipité l'avion avec 150 personnes à bord contre une montagne dans le sud-est de la France, avait, par le passé mais pas récemment, suivi des traitements pour lutter contre ses tendances suicidaires, a indiqué lundi 30 mars la justice allemande. « Le copilote a été en traitement psychothérapeutique pour des tendances suicidaires il y a de nombreuses années, avant l'obtention de son permis de pilotage », a précisé le procureur de Düsseldorf, Ralf Herrenbrück.Lire le récit (édition abonnés) : « Pour l’amour de Dieu, ouvre cette porte ! »Après cela, et « jusqu'à récemment, d'autres consultations chez le médecin ont eu lieu, donnant lieu à des arrêts maladie mais sans que ne soient attestées des tendances suicidaires ou de l'agressivité à l'égard d'autrui », a ajouté le procureur, sans préciser le motif de ces consultations et arrêts de travail.Rien « dans son environnement familial, personnel ou sur son lieu de travail » n'a permis jusqu'ici d'apporter des informations sur d'éventuelles motivations, a encore indiqué le parquet de Düsseldorf.Certificats d'incapacité de travail déchirésVendredi, le parquet de Düsseldorf avait annoncé qu'il faisait l'objet d'un arrêt de travail le jour des faits, le 24 mars. Les enquêteurs ont notamment retrouvé des certificats d'incapacité de travail déchirés.>> Lire le compte-rendu (édition abonnés) : Crash : le copilote a dissimulé un arrêt-maladieLe portrait qui se dessine peu à peu est celui d'un jeune homme sportif et souffrant de troubles psychologiques ou psychiatriques. Le journal allemand Bild am Sonntag a affirmé que les enquêteurs avaient trouvé dans son appartement des ordonnances pour des médicaments prescrits aux maniaco-dépressifs, ainsi que de grandes quantités de somnifères. Eric Albert (Londres, correspondance) Le Parlement britannique a officiellement été dissous, lundi 30 mars. Le premier ministre britannique, David Cameron, s’est ensuite rendu à Buckingham Palace, pour une dernière rencontre avec la reine. Après cinq années d’une coalition entre les conservateurs et les démocrates libéraux, c’est le lancement officiel de la campagne des élections législatives qui doivent se tenir jeudi 7 mai. Passage en revue des grands enjeux de ce scrutin.Aucun favori ne se dégageIl s’agit d’un des scrutins les plus serrés de l’histoire britannique récente. Les sondages donnent les travaillistes et les conservateurs au coude-à-coude, avec chacun 33 % des voix environ. Ed Miliband, le leader du Labour, peine à convaincre et son niveau d’approbation est très faible, mais son parti est plus populaire que lui. Pour David Cameron, à la tête des tories, c’est l’inverse : après cinq ans au pouvoir, il demeure relativement apprécié, mais son parti est souvent considéré comme dogmatique, cherchant à imposer des coupes budgétaires quel que soit le coût social. Les deux tendances s’annulent, si bien que l’issue la plus probable est qu’aucune majorité absolue ne se dégage à la Chambre des communes.Derrière cet affrontement, le vrai phénomène de cette campagne électorale est l’émergence de nombreux partis secondaires. En 1951, le Parti travailliste et le Parti conservateur récoltaient 97 % des voix. Aujourd’hui, ils n’en ont plus que les deux tiers.Succès du UKIP et du Scottish National PartyEn Angleterre, les antieuropéens du United Kingdom Independence Party (UKIP) sont ceux qui profitent le plus de la fragmentation des votes. Malgré une légère baisse ces dernières semaines, ils sont actuellement en troisième place dans les sondages, avec entre 12 et 15 % d’intentions de vote, surfant sur un double message : anti-Europe et anti-immigration. Mais avec un soutien dispersé à travers le pays, ils ne devraient pas obtenir plus de 4 ou 5 députés sur 650.En Ecosse en revanche, où le UKIP n’arrive pas à percer, le grand favori est le Scottish National Party (SNP), le parti indépendantiste. Sa défaite au référendum sur l’indépendance en septembre 2014, beaucoup plus serrée que prévu, lui a servi de tremplin : les sondages le donnent en tête en Ecosse, avec 43 % des voix, loin devant les travaillistes (27 %), qui dominent habituellement les urnes. Le SNP pourrait obtenir jusqu’à 40 députés, un tremblement de terre politique.Reste enfin le Parti des démocrates libéraux. Traditionnel refuge des protestataires, il s’est effondré depuis qu’il a accepté de former une coalition avec les conservateurs. Mais il conserve plusieurs bastions locaux et pourrait encore obtenir suffisamment de députés pour influencer le résultat final.Face à ces très nombreuses incertitudes, deux scénarios se dessinent. Le premier est le statu quo : une coalition entre les conservateurs et les démocrates libéraux ou, à défaut d’un accord formel, une entente entre les deux partis au cas par cas. Le second est un gouvernement travailliste minoritaire, c’est-à-dire ne disposant pas d’une majorité absolue, le Labour ayant exclu tout rapprochement formel avec le SNP, pourtant de centre gauche. Là encore, un soutien vote par vote resterait possible.L’économie au cœur du débatLe sujet qui domine de très loin la campagne est l’économie. Les conservateurs en ont fait leur message central et le répètent sur tous les tons : ils demandent un deuxième mandat pour terminer leur « plan économique de long terme ». Ils ont pour eux une bonne conjoncture : la croissance était de 2,6 % en 2014 et le chômage, qui a fortement baissé, est désormais de 5,7 %. Et si le déficit budgétaire reste important (5,2 % du PIB), il a été divisé de moitié depuis leur arrivée au pouvoir. Pour David Cameron, confier les clés de Downing Street aux travaillistes serait mettre en danger cette amélioration : « Il y a cinq ans, le Royaume-Uni était au bord du gouffre. Bien sûr, tout n’est pas réparé. Mais le pays est de nouveau sur pied. » Il promet de poursuivre le programme d’austérité, pour arriver à l’équilibre budgétaire d’ici à 2019.Les travaillistes répliquent que l’amélioration économique n’a bénéficié qu’aux plus riches et que le pouvoir d’achat des Britanniques a baissé depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir en 2010. Pourtant, eux aussi promettent une période d’austérité, mais assurent que le rythme de leurs coupes budgétaires serait environ moitié moins rapides que celles des conservateurs. Selon Ed Miliband, aller plus vite risquerait de mettre en péril le National Health System, le système de santé britannique, entièrement gratuit.L’Europe en filigraneDavid Cameron a promis, s’il est réélu, d’organiser un référendum afin de décider si son pays doit rester dans l’Union européenne. Il évite cependant le sujet, qui divise profondément son parti. Ed Miliband, en revanche, se sert de l’argument comme d’un repoussoir : « Jouer avec notre place au sein de l’Union européenne est dangereux. (…) C’est la recette de deux années d’incertitudes, pendant lesquelles les investissements vont fuir. » Pour le leader travailliste, c’est une façon de s’attirer les faveurs d’un patronat britannique qui souhaite rester dans l’UE.Dernier thème à dominer les débats : celui de l’immigration, que conservateurs et travaillistes promettent de réduire. Depuis dix ans, entre 200 000 et 300 000 personnes entrent au Royaume-Uni chaque année, un niveau sans précédent. Les deux principaux partis sont sur une ligne très similaire sur le sujet, promettant de faire baisser ce niveau. Mais aucun n’a su, pour l’instant, expliquer comment il comptait s’y prendre. L’immigration venant de l’Union européenne représente désormais la moitié du flux et elle est garantie par le principe de la libre circulation des personnes. C’est l’argument-clé du UKIP : seule une sortie de l’UE permettrait de retrouver « le contrôle des frontières ».Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) D’un côté, les bailleurs de fonds internationaux de la Grèce; à ce stade, ils ne se satisfont pas des propositions de réformes faites, vendredi 27 mars, par le gouvernement grec et ils ne sont pas encore prêts à débloquer une aide financière de plus de 7 milliards d’euros. De l’autre, Syriza ; le parti au pouvoir à Athènes a réaffirmé les « lignes rouges » qu’il convient, selon lui, de ne pas franchir dans les discussions engagées avec les créanciers du pays…C’est dans ce contexte, que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, devait chercher, lundi soir, à obtenir un consensus national. Il veut créer un bloc face à l’ex-« troïka » – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale (BCE) et Commission européennes – dont il considère qu’elle « semble prête à jouer la montre et à laisser la situation financière grecque empirer » afin de « nous contraindre à prendre des mesures qui sont à l’opposé de notre programme », précise une source grecque proche des négociations.M. Tsipras a donc prévu de s’adresser, à 20 heures (heure grecque), devant l’assemblée plénière du Parlement, à Athènes. Le premier ministre devrait ainsi demander leur soutien aux responsables des principaux partis d’opposition. « Il est temps que chacun décide de qui il veut soutenir – la Grèce ou pas – et qu’il le dise haut et fort », affirme-t-on au gouvernement.17 pages de propositions et 35 d’analyse chiffréeDes sources gouvernementales grecques assuraient, dimanche, avoir fourni « dix-sept pages de propositions et trente-cinq d’analyse chiffrée, qui présentent à nos interlocuteurs nos actions à court, moyen et long terme pour faire entrer de l’argent dans les caisses de l’Etat ». Mais la liste d’une vingtaine de réformes présentée par Athènes, et qui prévoit 3 milliards d’euros de recettes nouvelles pour l’Etat, ne satisfait pas pleinement à Bruxelles. Lire aussi :La Grèce expose ses projets de réformes« Ils insistent sur de nouvelles atteintes au droit du travail, mais c’est une ligne rouge pour nous », affirme-t-on au gouvernement. Ces fameuses « lignes rouges » ont d’ailleurs été réaffirmées à M. Tsipras lors d’une réunion, dimanche, du secrétariat général de son parti de la gauche radicale, Syriza. « Pas touche aux retraites, aux salaires et au droit du travail », résume, sans ambiguïté, un membre du comité directeur de Syriza. Le gouvernement, répète, lui, qu’il « s’est engagé auprès du peuple grec à ne pas prendre de mesures récessives », comme de nouvelles baisses de salaires ou des retraites.« Négociations menées par des amateurs »A ce stade toutefois, ni les conservateurs de la Nouvelle démocratie (ND), ni les socialistes du Pasok, ni le parti de centre gauche, To Potami, ne semblent prêts à donner un chèque en blanc au gouvernement de M. Tsipras. « Il ne faut pas nous considérer comme acquis », a prévenu Antonis Samaras, de la ND, alors que Stavros Théodorakis, de To Potami, a parlé de « fiasco des négociations, menées par des amateurs ».« Je suis optimiste sur une fin heureuse, très prochainement, de cette première phase de négociations et sur la normalisation de la situation », a déclaré, dimanche, le premier ministre grec, dans un entretien publié par l’hebdomadaire Realnews.En tout cas, tant à Bruxelles qu’à Athènes, on ne s’attend pas à une solution rapide. « Nous n’en sommes pas encore là », a indiqué, lundi, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, interrogé sur une finalisation de la liste des mesures de redressement qu’Athènes s’est engagée à soumettre à ses bailleurs de fonds.Et l’idée d’un Eurogroupe d’urgence, longtemps annoncé pour ce début de semaine, semble avoir été repoussée de plusieurs jours. Probablement après Pâques.Lire aussi :Grèce : les négociations sur les réformes devraient se prolongerAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.03.2015 à 12h06 • Mis à jour le30.03.2015 à 14h26 | Luc Leroux (Marseille, correspondant) Lors d'un point presse, lundi matin 30 mars, Oliver Wagner, directeur opérationnel de Germanwings, a détaillé la logistique mise en place par le groupe Lufthansa qui a déjà permis d'accueillir 325 proches à Marseille, puis sur le site de la catastrophe à Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence). Le centre d'assistance aux familles du crash, qui se situe à l'hôtel Intercontinental à Marseille et pour lequel 90 personnes sont mobilisées, sera notamment « maintenu aussi longtemps que nécessaire ».Les proches des victimes accueillis étaient majoritairement Allemands – 100 à 150 personnes –, Espagnols mais certains sont aussi venus du Mexique, du Japon, de Colombie, du Venezuela et d'Argentine. «On s'attend à ce que d'autres personnes viennent dans les prochains jours, semaines et mois, a précisé Oliver Wagner. Certaines veulent revenir et seront accueillis à Marseille. »Trois vols à destination de Marseille ont été affrétés la semaine dernière afin de répondre aux familles qui souhaitaient se rendre au plus tôt sur les lieux de l'accident. Désormais, les acheminements depuis l'étranger se font sur des vols réguliers, mais aussi en train et en bus.Logistique d'urgenceLufthansa a fait appel à la société Kenyon, basée à Londres et spécialisée dans l'organisation de la logistique d'urgence, qui a dépêché à Marseille 32 personnes. S'y ajoutent « 58 spécialistes dans l'assistance aux familles », principalement du personnel de la compagnie appartenant à une « équipe spéciale d'assistance ».Dans ce centre, « les familles et amis des victimes trouvent du repos, du soutien psychologique, de l'assistance médicale si nécessaire, a précisé M. Wagner. Les familles décident de rester autant de temps qu'elles le souhaitent ». La garde des jeunes enfants est prise en charge. Des transports sont organisés vers Seyne-les-Alpes, allers-retours rapides ou séjours plus longs avec hébergement sur place, selon le souhait des familles.« La plus grave crise connue par la compagnie »Dans cet hôtel cinq-étoiles qui surplombe le Vieux-Port de Marseille, « la vie privée doit être respectée et les familles ont demandé à ce que leur soit épargnée la fréquentation des médias », a indiqué la compagnie. Répétant qu'une aide de 50 000 € par victime sera versée – non imputable sur de futurs dommages et intérêts –, Oliver Wagner a convenu que le crash du vol Barcelone-Düsseldorf est « la plus grave crise connue par la compagnie ». « C'est la première fois qu'une telle opération d'assistance est organisée mais jamais un tel accident n'a frappé la compagnie », a-t-il reconnu.Présent la semaine dernière à Haltern am See (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) auprès des familles de lycéens décédés dans l'accident, le patron de Germanwings a assuré qu'il a connu « le jour le plus triste de [sa] vie. Les familles m'ont demandé pourquoi. Elles ne comprennent pas et moi non plus ».Luc Leroux (Marseille, correspondant)Journaliste au Monde Martin Untersinger Le site GitHub, utilisé par des millions de programmeurs informatiques dans le monde entier, a été visé par une attaque par déni de service ces derniers jours, le rendant partiellement inaccessible.Ce type d'attaque, qui consiste à multiplier les connexions à un site pour en empêcher le fonctionnement, semble viser deux pages hébergées par GitHub. La première contient une version en chinois du New York Times, tandis que la seconde appartient à un site d'information indépendant sur la censure chinoise d'Internet.L'attaque qui visait ces deux sites a été menée en détournant une partie du trafic Internet en provenance de l'extérieur de la Chine et à destination de Baidu, principal moteur de recherche du pays.Lorsque des internautes visitaient un site dans lequel était intégré l'outil de décompte des visiteurs fourni par Baidu, les deux pages de GitHub visées par l'attaque étaient sollicitées. Suffisamment pour engendrer la « plus grande attaque par déni de service de l'histoire de GitHub », explique GitHub dans un communiqué, et perturber considérablement l'accès à ce site.La censure chinoise pointée du doigtBaidu a nié être impliqué dans cette attaque : « Nous avons écarté la possibilité d'un problème de sécurité ou d'un piratage », a déclaré l'entreprise dans un communiqué. Il est tout à fait possible que cette attaque ait été mise en œuvre à l'insu du géant du Web chinois : les lignes de code responsables ont été insérées par les machines qui isolent l'Internet chinois du reste du réseau mondial. Ce sont elles, notamment, qui sont responsables de la censure exercée par les autorités. Ce qui fait dire à de nombreux observateurs que l'Etat chinois ne peut pas être totalement étranger à cette attaque.Le site GitHub est incontournable pour de nombreux développeurs informatiques : il facilite grandement le travail collaboratif et permet de mettre à disposition son code source, une pratique courante pour de nombreux professionnels du secteur. L'indisponibilité de GitHub a donc compliqué le travail de nombreux développeurs informatiques dans toute la planète. Y compris en France : les développeurs du Monde ont par exemple rencontré de nombreuses difficultés pour travailler pendant la soirée électorale.Lundi matin, le site semblait moins perturbé, mais GitHub annonçait toujours travailler sur le problème.Lire : Google Code ferme ses portes au profit de GitHubMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le week-end a été studieux pour le gouvernement grec et ses créanciers internationaux du « groupe de Bruxelles » (l’ex- « troïka »). Au menu : l’examen des propositions de réformes formulées, vendredi 27 mars, par Athènes, qui si elles reçoivent un feu vert du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE), de la Commission européenne et du Mécanisme européen de stabilité (MES), doivent permettre de commencer à débloquer la dernière tranche d’aide financière (environ 7 milliards d’euros) dont doit bénéficier la Grèce.Les réunions du « Groupe de Bruxelles » doivent s’achever lundi en milieu de journée. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, fera, quant à lui, un état des lieux des discussions avec ses créanciers, lundi, vers 20 heures, devant le Parlement de son pays. Mais, à ce stade, il ne semble pas qu’il y ait encore d’accord en vue. D’autant que les Européens considèrent désormais que la situation financière de la Grèce n’est pas aussi critique que cela.« Nous n'en sommes pas encore là », a indiqué, lundi, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, interrogé sur une finalisation de la liste des mesures de redressement qu'Athènes s'est engagée à soumettre à ses bailleurs de fonds.« Passer la barre de l’Eurogroupe »Un « euroworking group » – c’est-à-dire une réunion des directeurs du Trésor des dix-neuf pays de la zone euro –, devrait se tenir mercredi 1er avril, mais seulement si les Grecs « proposent des réformes suffisantes », selon une source européenne. Il faudra donc très probablement attendre après Pâques pour voir le sujet se « cristalliser », avec la convocation d’un nouvel Eurogroupe, l’instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro.Si les discussions du week-end se sont déroulées « dans un bon climat de coopération », du point de vue d’un responsable grec, cité par l’agence Reuters, pour un haut responsable de la zone euro « les Grecs n’ont pas soumis une liste de réformes. Ils ont simplement montré des idées ».« Beaucoup plus de travail technique est nécessaire pour les transformer en quelque chose de suffisamment complet et crédible qui puisse être soumis aux ministres des finances de l’union monétaire », a appuyé un autre responsable européen, également cité par Reuters. « Le but est que ce soit, au final, susceptible de passer la barre de l’Eurogroupe », expliquait, dès vendredi, une source bruxelloise.Athènes propose une vingtaine de mesuresLe gouvernement grec a présenté, vendredi, une liste des réformes regroupant une vingtaine de mesures. Celles-ci, selon lui, doivent permettre d’augmenter les recettes de l’Etat de 3 milliards d’euros en 2015.« Ces recettes supplémentaires ne seront en aucun cas le produit d’une réduction des traitements ou des retraites. La liste ne comporte pas de mesures à caractère récessif, mais s’attaquera pour la première fois au revenu des riches », ont indiqué des sources gouvernementales à Athènes.Le document évoque, par ailleurs, le fait qu’Athènes entend bâtir un budget dont l’excédent primaire (c’est-à-dire hors service de la dette) sera de 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2015, soit moitié moins que l’objectif figurant dans le programme de renflouement de l’Union européenne (UE) et du FMI, ce qui permettra de dégager quelques marges de manœuvre financières. Le gouvernement grec table, d’autre part, sur une croissance de 1,4 %.Dans les mesures évoquées figure, en première ligne, la lutte contre la fraude fiscale, avec la mise en place, par exemple, de connexions directes entre les entreprises et les services fiscaux du pays.Lire aussi :Evasion fiscale : la Suisse va coopérer avec la GrèceOn y trouve également une augmentation possible de la TVA, sans toutefois plus de précisions à ce stade sur le type de produits ou de services concernés, ou encore la taxation des jeux en ligne.Dans le cadre d’un changement total de l’attitude de l’Etat vis-à-vis des chaînes de télévision grecques, le gouvernement de M. Tsipras envisagerait – ainsi que la loi l’exige, mais sans que celle-ci ait jamais été appliquée – que ces antennes paient des redevances pour l’octroi de leurs licences.Le programme détaillé devrait aussi aborder le fonctionnement du système de retraites, même si Athènes a d’ores et déjà exclu un report de l’âge de départ. « C’est une liste qui ne touche ni aux retraites ni aux salaires », affirme une source grecque proche des négociations.Le gouvernement devrait aussi chercher à lutter contre le travail clandestin et s’engager à ne pas entraver les privatisations, même s’il compte toujours exercer un contrôle sur les sociétés concernées après leur cession au privé.En dehors du montant global de 3 milliards d’euros de revenus supplémentaires annoncé pour cette année, aucun autre chiffre n’a filtré.Les conditions d’un feu vertDans l’esprit des Européens, il n’est pas question de convoquer un nouvel Eurogroupe si les propositions grecques sont trop éloignées de ce qu’ils attendent, à la suite des accords du 20 février. Les prêts restant à verser dans le cadre du dernier plan d’aide à la Grèce ne seront débloqués qu’une fois que les ministres des finances de la zone euro auront donné leur feu vert à ces réformes.De quoi dépend ce feu vert ? C’est là que le flou règne du côté des créanciers d’Athènes. Ils veulent des réformes « réalistes », « utiles » et, surtout, qui préservent l’équilibre des finances publiques du pays. C’est-à-dire que, idéalement, chaque mesure qui entraînerait des dépenses nouvelles doit être financée par une autre qui assurerait des rentrées d’argent.« Les discussions entre Athènes et ses créanciers se sont normalisées », constate une source diplomatique. « Mais là ou cela bloque, précise-t-elle, ce sont sur les réformes qui étaient dans le second plan d’aide et sur lesquelles un accord n’avait pas été trouvé avec Antonis Samaras [le prédécesseur (de centre droit) de M. Tsipras]. Il s’agit de la hausse de la TVA, de la réforme des retraites et du marché du travail ». « Comme il est politiquement très compliqué pour l’actuel premier ministre grec de faire valider de telles réformes par le Parlement de son pays, le “groupe de Bruxelles” discute avec les Grecs pour savoir par quoi les remplacer. L’idée étant qu’il faut en effet trouver d’autres rentrées fiscales », explique cette même source.Lire aussi :Alexis Tsipras joue l’apaisement à BerlinIl y a donc une marge d’appréciation et de négociation. Le président de l’Eurogroupe, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a déjà fait savoir à plusieurs reprises que, si des progrès significatifs avaient été accomplis par Athènes et si un accord était obtenu, alors le versement d’une première tranche de prêt (1 à 2 milliards d’euros, sur les 7 milliards) pourrait advenir rapidement.L’urgence financière soudain moins… urgenteA Bruxelles, vendredi, les « institutions » – l’ex-troïka – disaient vouloir prendre le temps pour examiner la liste des réformes. Pourtant, il y a une semaine, l’heure était encore à l’urgence. Beaucoup assuraient qu’il fallait la tenue d’un Eurogroupe au plus tard le lundi 30 mars ou le mardi 31. Car sinon la Grèce risquait le défaut de paiement le 8 avril.La situation financière du pays n’est-elle plus aussi urgente ? « On s’aperçoit qu’il reste des réserves d’argent dans différentes administrations », glisse une source européenne. Des sources proches du premier ministre, Alexis Tsipras, qualifiaient, vendredi, de « scénarios fantaisistes » les rumeurs d’un défaut de paiement en cas de non-versement de la tranche de prêt de 7,2 milliards d’euros.Le 9 avril, Athènes doit rembourser plus de 450 millions d’euros au FMI, le 14, il faudra racheter pour 1,4 milliard d’euros de bons du Trésor. Et encore pour 1 milliard d’euros le 17 avril.Durant le week-end, le gouvernement grec a laissé entendre qu’il devrait procéder, finalement, à la privatisation du port du Pirée, contrairement à ce qu’il avait annoncé initialement. L’opération pourrait lui rapporter 500 millions d’euros.Lire aussi :Le gouvernement grec devrait finalement privatiser le port du PiréeAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.03.2015 à 09h31 • Mis à jour le30.03.2015 à 11h03 Le blogueur Washiqur Rahman, 27 ans, « a été brutalement poignardé à mort ce matin avec de gros couteaux à environ 500 mètres de chez lui, à Dacca », a annoncé la police lundi 30 mars. Deux hommes, des étudiants en religion, qui tentaient de fuir la scène du crime ont été arrêtés juste après l'agression.D'après Imran Sarker, responsable du réseau de blogueurs Blogger and Online Activists Network, « Rahman écrivait sous le nom de plume de Kutshit Hasher Chhana [« vilain petit canard »]. (...) C'était un libre-penseur progressiste opposé au fondamentalisme religieux ». Une information que n'était pas en mesure de confirmer la police lundi. Le meurtre a lieu un mois après une attaque similaire contre le blogueur américain Avijit Roy, tué à coups de machette alors qu'il rentrait chez lui avec sa femme. Avijit Roy était un athée fondateur du blog Mukto-Mona (« Libre pensée ») et un fervent promoteur du sécularisme dans ce pays où 90 % des 160 millions d'habitants sont musulmans. Né au Bangladesh, il avait émigré aux Etats-Unis, à Atlanta, il y a environ quinze ans.Son meurtre a suscité l'indignation au Bangladesh et à l'étranger avec des manifestations de plusieurs centaines de personnes réclamant justice. Farabi Shafiur Rahman, un islamiste, considéré comme le principal suspect du meurtre du blogueur américain, a été arrêté au début du mois de mars. 30.03.2015 à 09h15 • Mis à jour le30.03.2015 à 09h32 Un tribunal de Jérusalem a déclaré, lundi 30 mars, l'ancien premier ministre israélien Ehoud Olmert coupable dans un dossier de corruption où il est accusé d'avoir reçu des enveloppes d'argent de l'homme d'affaires américain Morris Talansky, ont rapporté les médias israéliens.La condamnation de M. Olmert devrait être annoncée le 5 mai. Ses avocats ont dit aux médias israéliens qu'ils envisageaient de faire appel de cette condamnation devant la Cour suprême. Il est déjà sous le coup d'une peine de six ans de prison ferme prononcée dans une autre affaire de corruption actuellement en appel par la Cour suprême pour avoir touché des pots-de-vin dans un mégascandale immobilier à Jérusalem, alors qu'il était maire de la ville (1993-2003).M. Olmert avait initialement été relaxé dans l'affaire jugée lundi. Mais son ex-secrétaire et femme de confiance Shula Zaken avait révélé, dans l'autre affaire de corruption sus-mentionnée, l'existence d'enregistrements de conversations qu'elle avait eues avec M. Olmert. M. Olmert, enregistré à son insu, y évoquait des enveloppes de plusieurs dizaine de milliers de dollars reçues de Morris Talansky.Ancien avocat d'affaires, grand amateur de costumes chics, de cigares, de football, de bonne chère et de voyages à l'étranger, Ehoud Olmert, 69 ans, a souvent eu maille à partir avec la justice.Lire : La lente agonie judiciaire d'Ehoud Olmert, rattrapé par les affairesD'abord figure de proue de la droite nationaliste au sein du parti Likoud, il avait accédé au pouvoir en 2006, succédant à Ariel Sharon, l'homme fort de la droite, foudroyé par une attaque cérébrale, qu'il avait convaincu de créer un nouveau parti centriste, Kadima, en novembre 2005. Yves-Michel Riols (Lausanne (Suisse), envoyé spécial) Le scénario est rodé. Dès que Laurent Fabius fait son apparition aux négociations sur le nucléaire iranien, la mise en scène est immuable. A Genève, en novembre 2013, ou bien à Vienne, en juillet 2014, et maintenant à Lausanne, le chef de la diplomatie française, le visage grave, fait une brève allocution, de quelques dizaines de secondes, avant de tourner les talons, sans répondre à la moindre question. L’objectif est toujours le même : faire sentir la différence de la France à l’approche d’une échéance cruciale dans ces pourparlers sinueux dans lesquels les Français ont toujours revendiqué un rôle particulier.Le script s’est encore répété, samedi 28 mars, lors de l’arrivée de M. Fabius devant l’hôtel Beau Rivage de Lausanne, un palace planté sur les rives du lac Léman. A la veille de la date butoir du 31 mars pour parvenir à un accord politique sur les principaux paramètres du programme nucléaire iranien, la tonalité de l’intervention de M. Fabius, qui passe pour un « dur » dans ces tractations, était attendue avec une curiosité redoublée.Comme toujours, son propos fut soigneusement calibré : « Je suis venu ici avec le souhait d’avancer vers un accord robuste », a-t-il déclaré, avant d’insister sur la nécessité de trouver des mécanismes pour assurer la « transparence » et le « contrôle » de tout futur accord pour être sur que « les engagements pris sont respectés ». Autrement dit : la France envoie un signal de fermeté, tout en laissant entendre qu’elle est prête au compromis, à certaines conditions.Lire aussi : Comprendre les négociations sur le nucléaire iranienInsuffisamment « exigeant »Alors que les négociations, qualifiées de « difficiles » par M. Fabius, doivent se poursuivre, dimanche, en Suisse, entre l’Iran et les représentants du « P 5+1 », comprenant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne, l’attitude de la France était scrutée de près, tant ses prises de positions sont redoutées. Depuis deux ans, avant chaque rendez-vous important, les Français ont toujours joué une partition singulière.Cela était flagrant, le 9 novembre 2013, à Genève, lorsque M. Fabius a provoqué un tremblement de terre en rompant l’unité du « P 5+1 », en refusant d’endosser un texte présenté par les Etats-Unis et l’Iran, jugé insuffisamment « exigeant » vis-à-vis de Téhéran. Deux semaines plus tard, après « une vingtaine d’amendements », selon un diplomate, les grandes puissances ont conclu, le 24 novembre, un accord intérimaire avec l’Iran qui a ouvert la voie à un gel du programme nucléaire iranien et à une levée partielle des sanctions internationales imposées contre la République islamique depuis 2006.Lire aussi en édition abonnés : Nucléaire iranien : tensions entre Washington et ParisCette stratégie, qui consiste à brandir la menace d’un blocage dans l’ultime phase de la négociation, avant de se rétracter au nom « d’avancées » obtenues, semble à nouveau se renouveler à Lausanne. Lors de la précédente séance de discussions, du 18 au 20 mars, en Suisse, les Français ont provoqué la colère des Américains en faisant clairement comprendre qu’ils réclamaient davantage de concessions de l’Iran. Huit jours plus tard, après ce coup de semonce, Laurent Fabius a adopté un ton moins offensif en arrivant, samedi, à Lausanne. La France ira-t-elle jusqu’à s’opposer à un accord qui aurait l’assentiment des autres membres du « P 5+1 » ? L’hypothèse paraît « peu probable », selon un diplomate occidental. « Si l’accord n’est pas comestible pour les Français, il y a peu de chances qu’il le soit pour les autres », estime cette source bien informée.La paternité du dossierAu-delà de la posture, la ligne « robuste » défendue par Laurent Fabius s’inscrit dans une continuité. La France a été à l’origine, il y a douze ans, des premières négociations avec l’Iran. Depuis, les Français se perçoivent comme « les gardiens du temple » du contentieux nucléaire iranien et revendiquent la paternité de ce dossier qui a façonné « la culture stratégique française », relève un diplomate.Le rôle pionnier de la France remonte à 2003. Dans la foulée de l’invasion américaine de l’Irak, à laquelle Paris s’était opposée, Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, fait le pari du dialogue avec Téhéran et obtient le feu vert du président Jacques Chirac pour construire une coalition internationale. L’objectif était de démontrer qu’il était possible de traiter le problème des armes de destruction massive, prétexte à l’intervention en Irak, autrement que par la guerre. La « troïka » formée par la France avec l’Allemagne et le Royaume-Uni est d’abord bien accueillie par l’Iran qui redoute l’imposition de sanctions des Nations unies réclamées par les Etats-Unis.Mais au bout de deux ans, les négociations s’enlisent, chacun se rejetant la responsabilité de l’échec. L’élection de Nicolas Sarkozy, en mai 2007, marque un net infléchissement. « D’une position médiane, la France a basculé vers une position souvent plus dure que celle des Etats-Unis », remarque François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran.La fermeté a payéFace à l’impasse des pourparlers et à la découverte du site militaire souterrain de Fordo, la France prend l’initiative d’élargir les sanctions, en 2011, pour frapper de plein fouet la machine économique iranienne : embargo sur les exportations de pétrole et gel des avoirs de la banque centrale à l’étranger. La France juge que sa fermeté a payé, l’effet des sanctions ayant poussé le régime de Téhéran à relancer les négociations.Mais aujourd’hui, la France n’est plus autant moteur qu’elle l’a été. Depuis l’accord intérimaire de 2013, qui a déjà été prolongé à deux reprises, ce sont surtout les Etats-Unis et l’Iran qui sont en première ligne des négociations. Contrairement à Paris, Téhéran et Washington ont « une forte pression de calendrier », constate un diplomate.Sans progrès majeurs d’ici à la fin mars, le Congrès américain menace d’adopter de nouvelles rétorsions contre l’Iran. Et la crédibilité du président iranien, Hassan Rohani, repose en grande partie sur sa capacité à obtenir une levée des sanctions qui asphyxient l’économie du pays. Dans ce contexte, la France cherche à peser sur un processus dont elle a été à l’origine mais qu’elle ne pilote plus.Yves-Michel Riols (Lausanne (Suisse), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.03.2015 à 15h03 • Mis à jour le28.03.2015 à 15h52 La ville syrienne d'Idleb, située au nord-ouest du pays, est tombée samedi 28 mars aux mains de la branche locale d'Al-Qaida et de ses alliés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Idleb devient ainsi la deuxième capitale provinciale, après Rakka, à échapper au contrôle du régime depuis le début du conflit, il y a quatre ans.Depuis le début de leur offensive mardi, le Front Al-Nosra – branche d'Al-Qaida en Syrie –, appuyé par Ahrar Al-Cham et d'autres groupes islamistes, avaient pris une vingtaine de barrages et de positions de l'armée syrienne et des milices loyalistes dans les environs de la ville, les forçant à se replier.Au cinquième jour des combats qui ont fait plus de 130 morts, Al-Nosra a annoncé sur Twitter la « libération » de la ville. Le groupe islamiste a mis en ligne des photos de combattants devant le gouvernorat d'Idleb, le siège régional de la police militaire, la mairie et la prison.150 raids aériens de l'armée« Il y a un groupe de soldats qui se battent encore dans le périmètre de sécurité de la ville, mais ils ne peuvent pas renverser la situation », a assuré Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, ONG basée en Grande-Bretagne et qui s'appuie sur un réseau de sources en Syrie. Selon lui, la rapide conquête de la ville, malgré 150 raids aériens de l'armée pendant quatre jours, s'explique par le fait que « près de 2 000 rebelles ont attaqué de tous les côtés, avec 40 transports de troupes ».En outre, il semble que le régime avait anticipé une défaite. « Il y a deux semaines, il avait commencé à transférer les bureaux administratifs d'Idleb vers Jisr Al-Choughour », une des deux dernières villes sous son contrôle dans la province d'Idleb, a-t-il dit.Frontalière de la Turquie, la province d'Idleb est en grande partie sous le contrôle du Front Al-Nosra. A l'instar de son rival djihadiste, le groupe Etat islamique (EI), qui a proclamé son « califat » à cheval sur la Syrie et l'Irak, Al-Nosra entend fonder son propre « émirat » en Syrie, selon des analystes. Dans la province, le régime ne contrôle plus désormais que les villes de Jisr Al-Choughour et Ariha, quelques petites localités, l'aéroport militaire d'Abou Douhour, ainsi que cinq bases militaires.Voir la vidéo : Comprendre ces huit guerres qui déchirent la Syrielmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2jhjv5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2jhjv5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Philippe Ridet (Rome, correspondant) L’Américaine Amanda Knox et l’Italien Raffaele Sollecito, son amant au moment des faits, ne sont donc pas coupables du meurtre de la Britannique Meredith Kercher, retrouvée à demi nue, violée et poignardée dans son appartement, en 2007 à Pérouse. Ils étaient étudiants Erasmus, beaux, aisés, fumeurs de joints parfois et assez libres de leurs corps et leurs sentiments.Le succès d’un fait divers tient à peu de chose : un visage, un décor, une histoire. Le visage ? c’est avant tout celui d’Amanda. Tour à tour séraphique ou cruel, angélique ou buté, botticellien ou diabolique. C’est aussi celui de Raffaele Sollecito, un peu Jacques Perrin dans ses premiers rôles, un peu benêt aussi, parfois. Pour le décor, Pérouse, une des villes les plus universitaires d’Italie, est imbattable. Juchée sur une colline dominant l’Ombrie. Magnifique, simplement magnifique. L’histoire ? Celle d’amours qui se font et se défont sans manière. Sur cette trame, certains ont voulu projeter la version gore de L’Auberge espagnole ou réecrire celle d’Un Diable au paradis (Henry Miller) revue par Charles Manson.Mais il faut encore autre chose : des coups de théâtre, une narration haletante, et des positions tranchées. L’affaire Knox-Sollecito-Kercher n’en manqua pas. Une enquête un peu bâclée, des indices minces comme une tranche de Culatello, des aveux un peu trop sollicités, un fuyard, Rudy Guede, retrouvé et condamné à seize ans de prison pour le viol de Meredith, mais pas pour son meurtre. Et des journalistes pour faire monter le soufflé. Se faisant le plus souvent les défenseurs d’une thèse que les témoins d’une procédure, les médias ont transformé l’affaire en derby intercontinental.Un meurtre sans vrai coupable à ce jourPour les Américains, Amanda était innocente, et la justice italienne, incompétente ; pour les Anglais, à la recherche d’un coupable du meurtre de leur compatriote, Amanda ne pouvait qu’avoir tué Meredith au cours d’un jeu sexuel qui aurait mal tourné. Et les Italiens ? Un peu partagés entre ceux pour qui l’innocence de Raffaele ne faisait aucun doute et ceux pour qui le jeune homme pâle aurait été un jouet timide entre les mains d’Amanda la tentatrice.Et la justice ? Elle aussi y a mis du sien pour faire de cette histoire LE fait divers de ce début de millénaire. Cinq procès de la première instance à la cassation qui ont balancé à deux reprises entre la thèse de la culpabilité totale des « amants diaboliques » (25 et 26 ans de prison) et leur totale innocence (acquittement), entre des convictions – et qui n’en a pas ? – et des preuves. Or, celles-ci manquaient. C’est ce qu’a rappelé, tard dans la nuit, vendredi 27 mars, la cour de cassation, saisie pour la deuxième fois, en acquittant Amanda Knox et Raffaele Sollecito.Ils vont pouvoir reprendre leur vie interrompue. Elle à Seattle, aux Etats-Unis, où les contrats mirifiques l’attendent, lui dans les Pouilles, d’où il est originaire. Ils ont fait quatre ans de prison pour rien et s’apprêtent à demander de sérieux dommages et intérêts. Reste la douleur de la famille de Meredith, confrontée à un meurtre sans vrai coupable à ce jour.Mais n’en déplaise aux accrocs de cette affaire, son arrêt est définitif. Il n’y aura pas de sixième acte, de sixième saison. On pourra en écrire des livres (c’est déjà fait), en tirer des films ou des téléfilms (c’est fait aussi), mais la phase judiciaire est close. Comme à la fin d’une série trop longtemps vue, il restera chez certains une impression de vide, de désœuvrement. Une seule solution pour y échapper : parler d’autre chose.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Philippe Rémy (Kaduna, envoyé spécial) Après la frénésie de la campagne électorale, un calme de mort : juste avant le choc électoral du samedi 28 mars, une « interdiction totale » de circulation des véhicules est entrée en vigueur. Les frontières étaient déjà fermées depuis mercredi. Même les avions ont cessé de voler et chacun s’est claquemuré chez soi, dans son quartier. Kaduna, à 200 km au nord d’Abuja, comme le reste du Nigeria, ira voter à pied, afin de donner une issue à la plus dure des batailles électorales depuis la fin de la dictature militaire.Sur les 68,8 millions d’électeurs inscrits, tous ne pourront pas aller glisser leurs bulletins dans l’un des 153 000 bureaux de vote afin d’élire leur président, faute d’avoir reçu leur nouvelle carte biométrique personnelle. Si 10 % de l’électorat était concerné, cela pourrait exclure plus de six millions de votants. Déjà, le nettoyage des listes des « fantômes », ces personnes décédées qui continuaient à voter par la grâce de la fraude, a permis d’enlever 4,1 millions de noms du registre électoral. Et juste avant l’élection, le responsable de la société qui importe le dispositif de lecture de cartes biométriques a été arrêté à Abuja, la capitale, accusé par le pouvoir de faire le jeu de l’opposition.Fraude, intimidation et clientélismeCes chiffres n’auraient pas tant d’importance si l’élection, selon toutes les prévisions, ne devait se jouer dans un mouchoir de poche. Depuis le retour à la démocratie, en 1999, le Parti démocratique populaire (People’s Democratic Party, PDP), au pouvoir, battait sans la moindre difficulté les partis d’opposition, dont ceux fortement ancrés dans le Nord et dans le Sud-Ouest, grâce à l’éparpillement de leur électorat et grâce à une combinaison de fraude, d’intimidation et de clientélisme qui font que les élections nigérianes ont été qualifiées par les observateurs de l’Union européenne, en 2007, des « pires auxquelles il leur ait été donné d’assister ».Et puis, en 2013, trois partis d’opposition se sont unis pour former le Congrès de tous les progressistes (All Progressive Congress, APC), attirant dans un second temps une migration de représentants du PDP, jusqu’à atteindre une masse critique. Voilà pourquoi l’issue de l’élection fait peur. Quatorze candidats s’affrontent pour la présidentielle, et entre le 28 mars et le 11 avril, seront aussi élues les chambres du Parlement, une partie des gouverneurs et les assemblées locales. Un seul scrutin, cependant, engage toute la nation et va décider de son destin : celui qui oppose le président sortant, Goodluck Jonathan, 57 ans, candidat du PDP à Muhammadu Buhari, 72 ans, représentant de l’opposition.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0oo"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0oo", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Aucun des deux camps ne semble disposé à consentir une défaite. Chacun s’accuse déjà de multiples malversations, malgré les engagements publics de bonne conduite. À Kaduna, on connaît cette musique. C’est celle de la violence électorale. Ce n’est pas tant le scrutin qui fait peur, même si personne – pas même les 88 missions d’observateurs – n’ira vérifier au fond des campagnes si les soldats déployés pour la « sécurisation » dans tout le pays se tiennent effectivement au large des centres de vote ou se transforment en observateurs participants, dans la grande tradition de la fraude nigériane.Mais à Kaduna, c’est lors de l’annonce des résultats, sur fond de tensions entre communautés chrétiennes et musulmanes, que le pire est à craindre. Car Kaduna est un des points chauds de la machine à transformer la politique en violence, et à orienter celle-ci sur des bases religieuses : chrétiens pour le PDP, musulmans (majoritaires) pour l’APC. Six jours avant l’élection, le dernier rassemblement de l’opposition, à Kaduna – une « marche d’un million d’hommes » organisée pour soutenir Muhammadu Buhari, dont la résidence se trouve dans la ville, et le candidat pour le poste de gouverneur de l’Etat, Nasir El-Rufai – avait été considéré comme par une forme de miracle. Le sang avait coulé, mais personne n’avait été tué.Commerces fermésAlors, vendredi, Kaduna plonge dans l’élection comme dans un gouffre. Dans les magasins, les habitants se bousculent pour acheter et stocker toute la nourriture possible. On fait la queue aux stations-service, aux distributeurs d’argent. Or, une bonne partie des magasins du centre de Kaduna sont tenus par des chrétiens. Pour les reconnaître, c’est simple : ils sont fermés. Leurs propriétaires ont quitté le quartier, et la partie nord de la ville, à majorité musulmane, pour le sud de l’Etat, à dominante chrétienne, ou plus loin, dans des régions à majorité chrétiennes, de peur des représailles en cas de défaite de l’APC.Le Nigeria a beau être vaste, complexe, et bien plus subtil que les analyses réductrices de l’antagonisme des chrétiens contre les musulmans en politique, lorsque commence la violence, l’heure n’est plus aux nuances. Dans une rue commerçante du centre, à l’Eglise du Christ (anglicane), Daniel, qui a choisi ne pas partir, dit ne s’en remettre « qu’à la prière », et aux agents de sécurité engagés pour éviter, comme en 2011, que des jeunes n’enfoncent le portail, encouragés par les étudiants de l’école musulmane d’en face. Il y avait eu près de 700 morts dans Kaduna et ses environs.Lire aussi :Les multiples fractures nigérianesAutour de cet « évangéliste » qui préfère qu’on taise son nom, un petit groupe de chrétiens chuchote, assis sur des chaises en plastique. Déjà, les dimanches normaux, au moment de la messe, on fait appel à l’armée pour bloquer la rue des deux côtés et limiter les risques d’attentat-suicide. Avec le scrutin, la peur prend, encore plus, au ventre. « Le problème de cette élection est que trop de gens la considèrent comme une question de vie ou de mort », se désole Daniel.« Le problème de cette élection est que trop de gens la considèrent comme une question de vie ou de mort »Ailleurs, dans un des quartiers résidentiels à vastes demeures de Kaduna, la résidence de Nasir El-Rufai, candidat gouverneur de l’APC à Kaduna, a été transformée en quartier général de campagne. Il y a des gens partout, des hommes qui mangent ou tiennent des réunions. Une salle d’opérations a été installée pour collecter les informations et les résultats (l’APC réalise son propre décompte). Nasir El-Rufai, 54 ans – que ses ennemis surnomment « le démolisseur », en raison d’un ordre donné, il y a quelques années, de détruire des quartiers informels de la capitale, Abuja, lorsqu’il en était le ministre, mais aussi en raison de son ironie mordante – n’est pas optimiste quant à la conclusion du scrutin. Il dit redouter la fraude, les violences, affirme que neuf de ses militants ont été tués pendant la campagne. Il avertit : « Nous avons notre propre système de comptage, avec des agents dans chaque bureau de vote. Si, dimanche, l’INEC [la commission électorale] n’a pas donné les résultats, nous annoncerons nos chiffres. » C’est le cauchemar de beaucoup d’observateurs. Voir l’une des parties annoncer sa victoire, avant que l’autre ne l’imite, déclenchant les premières violences.Distribution d’argentUne source proche des services de renseignement nigérian affirme que « des armes ont été distribuées à une large échelle dans de nombreuses parties du Nigeria. » Nasir El-Rufai, lui, affirme : « Dans l’état de Kaduna, nous avons des preuves qu’on a distribué une machette et 4 000 naira [18,5 euros] par personne à des tas de jeunes voyous pour qu’ils attaquent les communautés de l’opposition, pour perturber le scrutin après les résultats. » Le matin même, l’armée nigériane s’est enfin emparée de Gwoza, la petite localité proche de la frontière camerounaise, dans le Nord-Est (Etat de Borno), où le chef de Boko Haram, Aboubakar Shekau, avait dit installer son califat en août. Tout aux derniers préparatifs en vue de la campagne, le Nigeria a-t-il pris note de cet événement ? Rien ne l’indique. Depuis six semaines, l’armée mène une offensive tambour battant pour effacer l’image d’inertie du pouvoir en place contre la secte islamiste.Lire aussi :Le Nigeria vote sous la menace de Boko HaramMais c’est une autre guerre qui a accaparé les esprits dans les régions où Boko Haram n’opère pas. Les distributions d’argent de chaque camp pour acheter les voix. Pendant les six semaines de report du scrutin (il devait avoir lieu, initialement, le 14 février), des sources concordantes affirment que le parti au pouvoir s’est livré à une distribution d’une ampleur sans précédent, inondant d’argent, de cadeaux, et de sacs de riz (certains avec le visage du président imprimé dessus) tout responsable politique, religieux ou traditionnel. Une source au sein de l’APC, à Abuja, avoue même son découragement : « Ils donnent des sommes contre lesquelles nous ne pouvons pas lutter. Minimum dix mille dollars pour le moindre responsable local. Autant il y a six semaines, je pensais qu’on allait gagner, autant maintenant, je doute. »lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2knp97"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2knp97", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Jean-Philippe Rémy (Kaduna, envoyé spécial)Correspondant régional Afrique, JohannesburgSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.03.2015 à 06h54 • Mis à jour le28.03.2015 à 17h12 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Le copilote soupçonné d'avoir provoqué délibérément le crash de l'Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises avait dit qu'il ferait un jour « quelque chose qui allait changer tout le système » et que « tout le monde connaîtrait [son] nom », a déclaré son ex-petite amie au quotidien allemand Bild, en kiosque samedi 28 mars.Dans un entretien à ce quotidien à gros tirage, Maria W., une hôtesse de l'air de 26 ans, indique que lorsqu'elle a entendu parler du crash, une phrase du copilote lui est « revenue en mémoire : “Un jour, je vais faire quelque chose qui va changer tout le système, et tout le monde connaîtra mon nom et s'en souviendra” ». Selon Bild, la jeune femme, qui se dit « très choquée », a volé cinq mois l'an passé avec Andreas Lubitz sur des vols européens, mais leur relation, qui semble avoir duré le temps de leur travail en commun, n'a jamais été officielle.Si Andreas Lubitz « a fait ça », « c'est parce qu'il a compris qu'à cause de ses problèmes de santé, son grand rêve d'un emploi à la Lufthansa, comme capitaine et comme pilote de long courrier, était pratiquement impossible », affirme-t-elle. Germanwings, la compagnie allemande à laquelle appartenait l'Airbus, est une filiale low cost de Lufthansa. Ces déclarations posent la question de la préméditation ou non du geste du copilote.En arrêt maladie le jour de l'accidentLa jeune femme explique s'être séparée d'Andreas Lubitz « parce qu'il devenait de plus en plus clair qu'il avait un problème. Pendant les discussions, il craquait et me criait dessus [...] La nuit, il se réveillait et criait 'Nous tombons' », en proie à des cauchemars. « Nous avons toujours beaucoup parlé du travail, et là, il devenait quelqu'un d'autre, il s'énervait à propos des conditions de travail. Pas assez d'argent, peur pour le contrat [de travail], trop de pression », affirme-t-elle.Lire aussi : Seul dans le cockpit, le copilote a actionné les commandes pour faire descendre l'A320« Il était capable de cacher aux autres ce qui se passait vraiment en lui », estime-t-elle, expliquant qu'il « ne parlait pas beaucoup de sa maladie, seulement qu'il suivait un traitement psychiatrique à cause de cela ». Elle évoque un jeune homme « gentil et ouvert » pendant les vols, « très doux » en privé, « quelqu'un qui avait besoin d'amour ».Des documents découverts lors de perquisitions menées dans l'appartement d'Andreas Lubitz et dans la maison familiale de la localité de Montabaur, dans l'ouest de l'Allemagne, attestent que le copilote suivait un traitement médical. Le parquet de Düsseldorf a annoncé vendredi qu'Andreas Lubitz avait caché qu'il faisait l'objet d'un arrêt maladie le jour du drame. Selon le New York Times, citant des sources proches de l'enquête, Andreas Lubitz était à la recherche d'un traitement pour des problèmes de vue, ce qui aurait pu mettre en péril sa carrière. « On ne sait pas à quel point ses problèmes oculaires étaient graves ou dans quelle mesure ils auraient pu influencer son état psychologique », précise le quotidien américain.Lire : Le copilote a caché qu'il était en arrêt maladie le jour de la catastropheUne « faute involontaire ou une défaillance technique » pas écartéePour le général Jean-Pierre Michel, enquêteur français à Düsseldorf, la « personnalité » du copilote est « une piste sérieuse », « mais pas la seule », n'écartant pas l'hypothèse d'une « faute involontaire ou une défaillance technique ».Il a ajouté qu'à ce stade de l'enquête, il n'y avait toujours « pas d'élément particulier » dans la vie du copilote, comme une rupture amoureuse ou un problème professionnel, qui pourrait expliquer un geste volontaire pour détruire l'avion.Le général, qui fait partie d'une délégation de trois enquêteurs français venue à Düsseldorf pour coopérer avec les autorités allemandes, a également souligné l'importance de la deuxième boîte recherchée sur les lieux du crash dans les Alpes françaises pour « comprendre ce qui s'est passé dans les dernières minutes sur les commandes de l'appareil ».Une cérémonie religieuse en hommage aux victimes de l'Airbus A320 de Germanwings a lieu samedi à la cathédrale Notre-Dame-du-Bourg à Digne-les-Bains, proche de la zone du crash, où les opérations de recherche ont repris pour la cinquième journée consécutive. Une cérémonie nationale de deuil aura lieu à Cologne, en Allemagne, le 17 avril. Corine Lesnes Après 24 jours d'audience, et une vingtaine d'heures de délibération les jurés de la Cour supérieure de San Francisco ont décidé qu'Ellen Pao, associée chez Kleiner Perkins Caufield and Byers, l'une des principales firmes américaines de capital-risque, n'avait pas été victime de discrimination sexuelle lorsqu'elle s'est vue refuser une promotion, puis a été licenciée en 2012.Le verdict a représenté une déception pour les féministes, qui avaient fait du procès un emblème du sexisme de la Silicon Valley. Mais Ellen Pao qui, au fil des audiences, s'était posée en porte-drapeau de la cause des minorités dans la high-tech, a estimé que son histoire avait été entendue : « Si j'ai contribué à aplanir le terrain pour les femmes et les minorités dans le capital-risque, a-t-elle estimé, la bataille en valait la peine. »Les jurés – six hommes et six femmes – n'ont pas adhéré à la lecture sexiste de la plainte de Mme Pao, 45 ans, la fille d'immigrants chinois, diplômée d'ingénierie et titulaire d'un MBA de Harvard. Celle-ci avait décrit comment, chez Kleiner Perkins, les femmes étaient reléguées en bout de table dans les réunions, exclues de certains événements avec les clients, et comment elle avait été ignorée au profit de collègues masculins lorsqu'il s'était agi de promotion.Le jury ne s'est pas estimé comptable des préjugés sexistes. Il a considéré qu'Ellen Pao n'était elle-même pas exempte d'ambiguïtés. L'avocate de Kleiner Perkins, Lynne Hermle, a stigmatisé l'« esprit de vengeance » de l'ex-associée, notant qu'elle n'avait porté ses accusations qu'après avoir été écartée des promotions au poste de « senior partner ». Elle a affirmé que Mme Pao surestimait beaucoup ses capacités et que les femmes représentent 20 % chez Kleiner Perkins, soit trois fois plus que la moyenne dans le secteur du capital-risque. Un rattrapage qui ne trompe pas, a rétorqué l'avocate de la plaignante, Therese Lawless. Avant 2011, il n'y avait eu qu'une seule femme promue au rang de « partenaire senior » dans la compagnie en 42 ans d'existence.Procès emblématiqueLe procès a divisé la Silicon Valley. Certains, dont nombre de femmes, ont estimé que Mme Pao avait commis la faute numéro un dans sa position : sortir avec un de ses collègues, marié qui plus est. L'ex-associée, qui est aujourd'hui la PDG par interim du site participatif Reddit, n'a pas nié qu'elle avait eu une brève liaison avec ce cadre, qui, a-t-elle affirmé, lui avait annoncé avoir quitté son épouse (il a été ensuite congédié pour avoir poursuivi une autre employée).Mme Pao s'est, elle, mariée ensuite à un manager de hedge fund new-yorkais, Buddy Fletcher, un Afro-Américain dont la personnalité – et la déroute financière – ont plané au-dessus des audiences. Fletcher n'a pas hésité en 2011 à poursuivre pour discrimination raciale la copropriété du Dakota, l'un des immeubles-symbole de New York (et ex-résidence de John Lennon), affirmant qu'elle lui avait refusé l'achat d'un appartement.Ellen Pao semble en tout cas avoir fait école. Deux nouvelles plaintes ont été enregistrées contre des entreprises de la tech, impliquant deux autres femmes d'origine asiatique. Une ancienne manager de Facebook, Chia Hong, a porté plainte pour discrimination sexuelle et raciale. Mais c'est surtout le cas de l'ancienne ingénieur en logiciels de Twitter Tina Huang qui paraît prometteur aux féministes. Dans sa plainte, Mme Huang affirme que l'approche de la compagnie créée de fait « un plafond de verre » auquel se heurtent les femmes. En effet, il n'existe ni critères publics de promotion ni publicité autour des postes disponibles ou politique de recrutement interne explicite. Chez Twitter, seuls 10 % des postes techniques sont occupés par des femmes (contre une moyenne de 20 % dans les firmes technologiques). Selon la plainte, sept seulement des 164 ingénieurs de haut niveau étaient des femmes en 2014, lorsqu'elle a quitté l'entreprise après cinq ans. Twitter a démenti l'avoir licenciée lorsqu'elle s'est plainte au PDG Dick Costolo.Une anecdote a montré la sensibilité qui entoure actuellement le sujet des femmes dans la tech. Intervenant mi-mars au forum South by Southwest d'Austin, en compagnie de Megan Smith, la responsable des technologies de l'administration Obama, le PDG de Google, Eric Schmidt, a été pris à partie par une femme qui se trouvait dans l'assistance. « Etant donné que les recherches sur les préjugés inconscients ont révélé que les femmes sont beaucoup plus souvent interrompues que les hommes, je me demande si vous êtes conscient du nombre de fois où vous avez interrompu Megan », a-t-elle lancé. Les applaudissements ont été nourris. Et la séquence a vite pris rang de morceau d'anthologie sur les réseaux sociaux quand l'identité de la redresseuse de torts a été connue. C'était Judith Williams, la responsable du programme de sensibilisation aux préjugés chez... Google.Corine LesnesCorrespondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.03.2015 à 01h47 • Mis à jour le28.03.2015 à 16h07 | Corine Lesnes La high-tech fera-t-elle plier l'Indiana ? Quelques heures après la promulgation par le gouverneur de l'Indiana d'une loi qui ouvre la voie à une légalisation de la discrimination contre les homosexuels, les PDG de plusieurs des géants de l'Internet ont annoncé des mesures de représailles contre cet Etat du Midwest.Le républicain Mike Pence, régulièrement cité parmi les présidentiables conservateurs, a signé jeudi 26 mars ce texte appelé « Loi de restauration de la liberté de religion ». La législation autorise les entreprises ou leurs patrons à invoquer leurs croyances religieuses dans l'exercice de leurs activités. «De nombreux croyants estiment que leur liberté religieuse est menacée par les actions du gouvernement », a justifié le gouverneur, lors d'une cérémonie de signature fermée à la presse. Selon les opposants, le texte – volontairement vague – pourrait permettre aux établissements de refuser de servir les couples homosexuels sans craindre de poursuites judiciaires.Le PDG de Salesforce, Marc Benioff, connu pour son engagement humanitaire, a immédiatement réagi en suspendant tous les événements ou programmes qui « nécessitent un voyage » des employés de la firme de logiciels dans l'Indiana. Il a menacé l'Etat de « sanctions progressives » si la loi n'était pas amendée. Salesforce emploie de 2 000 à 3 000 personnes dans l'Indiana. Sa filiale de marketing numérique ExactTarget y avait organisé l'an dernier une conférence qui avait attiré plus de 10 000 personnes. L'événement sera déplacé à New York, a précisé M. Benioff. « Nous ne pouvons pas amener nos employés et nos clients dans une situation où ils pourraient être victimes de discrimination », a-t-il indiqué dans une interview à Re/code.Un précédent en ArizonaLe PDG de Yelp, Jeremy Stoppelman, a publié de son côté une « lettre ouverte aux Etats qui examinent une loi discriminatoire », annonçant que sa compagnie limiterait ses opérations dans l'Indiana. Il y explique qu'il était déjà intervenu l'an dernier lors de l'adoption d'une loi similaire (la loi SB 1062) dans l'Arizona – non sans succès, puisque la gouverneure républicaine Jan Brewer y avait opposé son veto. « Il est impensable que Yelp pourrait créer, maintenir ou étendre une présence significative dans un quelconque Etat qui encourage la discrimination », écrit-il.Lire : En Arizona, les gays privés de gâteau de mariage ?L'annonce de Yelp, publiée sur Twitter, a été relayée par Tim Cook, le PDG d'Apple. « Dans le monde entier, nous nous efforçons de traiter les clients de la même façon, quelle que soit leur origine, leur religion et quelle que soit la personne qu'ils aiment », a-t-il écrit. En 2014, après la controverse en Arizona, Tim Cook avait choisi de parler publiquement de son homosexualité.Around the world, we strive to treat every customer the same — regardless of where they come from, how they worship or who they love.— Tim Cook (@tim_cook)require(["twitter/widgets"]);Lire aussi : « Fier d'être gay », le patron d'Apple révèle son homosexualitéLe maire de San Francisco, le démocrate Edwin Lee, a aussi réagi, en suspendant les déplacements de membres de l'administration municipale dans l'Indiana. « Les contribuables de San Francisco n'ont pas l'intention de subventionner une telle forme de discrimination, sanctionnée par la loi, contre les homosexuels et transexuels », a-t-il fait savoir.Cette même législation est à l'examen dans une vingtaine d'Etats, à l'initiative de groupes conservateurs, au nom de défense de la liberté religieuse. Selon Human Rights Campaign, l'association de défense de la communauté gay et transexuelle, quelque 85 projets de loi qui pénalisent les homosexuels d'une manière ou d'une autre ont été présentés dans 28 Etats depuis le début de l'année. Le mouvement conservateur se prépare, il est vrai, à la campagne des primaires républicaines pour l'élection présidentielle de 2016.Corine LesnesCorrespondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.03.2015 à 23h41 • Mis à jour le28.03.2015 à 01h49 Huit ans après les faits, la Cour de cassation italienne a mis un point final au procès pour le meurtre de Meredith Kercher. Les juges de la plus haute instance judiciaire du pays ont estimé vendredi 27 mars que l'Américaine Amanda Knox et son ex-petit ami, l'Italien Raffaele Sollecito, n'avaient pas commis le crime pour lequel ils avaient été condamnés en appel à de lourdes peines de prison, en janvier 2014.Après un procès en première instance, deux procès en appel et une première décision de la Cour de cassation, ce nouveau verdict est inattendu. Les juges ont en effet non seulement cassé la décision de la cour d'appel de Florence — qui avait condamné Amanda Knox et Raffaele Sollecito à 28 et 25 ans de prison — mais ils ont également décidé de ne pas ordonner de nouveau procès.« Je suis extrêmement soulagée et reconnaissante de la décision de la Cour Suprême italienne », a déclaré Amanda Knox dans un communiqué. « Me savoir innocente m'a donné de la force aux heures les plus sombres de cette épreuve », a-t-elle ajouté. L'avocate de Raffalele Sollecito, Me Giulia Bongiorno a littéralement bondi de sa chaise à l'énoncé du verdict, tombant dans les bras de son collège Dalla Vedova, avant d'appeler son client au téléphone. « Il est chez lui avec son père et il est très heureux », a-t-elle ensuite indiqué devant quelques journalistes.La mère de Meredith Kercher s'est elle dite « surprise » et « très choquée » par le verdict, étant donné que les deux accusés avaient été condamnés par deux fois pour le meurtre de l'étudiante britannique. A la question de savoir ce qu'elle envisageait de faire après cette décision, elle a répondu : « Je ne sais vraiment pas pour l'instant, je n'ai aucun projet. » Condamnés, acquittés, puis à nouveau condamnésDans la nuit du 1er au 2 novembre 2007, Meredith Kercher, étudiante britannique de 21 ans, a été retrouvée morte, à demi-nue et dans une mare de sang, dans l'appartement qu'elle partageait avec Amanda Knox à Pérouse, dans le centre de l'Italie. L'autopsie a révélé qu'elle avait été violée et frappée de 47 coups de couteau.Un an plus tard, l'Ivoirien Rudy Guédé a été condamné à 16 ans de prison pour avoir participé au meurtre, mais le juge dans cette affaire a conclu qu'il n'avait pas pu agir seul. Agés de 20 et 24 ans au moment des faits, Amanda Knox et Raffaele Sollecito ont été condamnés en décembre 2009 à 26 et 25 ans de prison, avant d'être acquittés en appel en 2011, après quatre ans derrière les barreaux.Lire : La nouvelle vie d'Amanda KnoxMais la cour de Cassation a renvoyé l'affaire devant une autre cour d'appel, qui a estimé, le 30 janvier 2014, que le couple avait tué Meredith Kercher quand une dispute avec Amanda Knox a dégénéré.Dans sa décision, la cour d'appel s'est appuyée sur le fait que l'ADN de Amanda Knox, Raffaele Sollecito et Rudy Guédé avait été retrouvé sur la scène du crime. Mais l'ADN de Raffaele Sollecito n'apparaît que sur une bretelle de soutien-gorge que la défense dit contaminée du fait de l'incompétence de la police. Quant à Amanda Knox, son ADN a été retrouvé dans la salle de bain, mêlé au sang de la victime, mais pas dans la chambre, où Meredith Kercher est morte.La cour d'appel s'est aussi appuyée sur une confession écrite de Knox pendant son interrogatoire, dans laquelle elle dit s'être trouvée dans la maison et avoir entendu le meurtre, sans y avoir pris part et sans signaler l'éventuelle présence de Sollecito. Mais elle s'est ensuite rétractée, expliquant avoir écrit sous la contrainte.Lire aussi : Sexe, mensonges et Erasmus 27.03.2015 à 18h48 • Mis à jour le27.03.2015 à 19h15 Frappée par un séisme de magnitude 5,8 qui avait fait 309 morts et près de 70 000 sinistrés, le centre-ville de L'Aquila, capitale de la région italienne des Abruzzes, est figée dans ses ruines depuis le 6 avril 2009. La situation ne devrait pas se prolonger, a estimé le maire de la ville, Massimo Cialente.« Tout sera remis en état en 2017 », a-t-il affirmé à Rome, où il participait à une cérémonie de remise de prix dédiée aux victimes du tremblement de terre. « Le centre historique n'a été reconstruit qu'à 3 % et 3,5 milliards [d'euros] sont encore nécessaires pour achever les travaux, en plus des 4 milliards déjà dépensés », a cependant détaillé l'élu interrogé par l'Agence France-Presse (AFP).Pour Franco Gabrielli, le chef de la protection civile italienne, interrogé par l'AFP, l'annonce du maire semble un peu prématurée : « La priorité est de mettre au point un plan des zones sismiques à risques dans cette région et dans le pays, seulement après nous pourrons organiser les travaux de manière efficace. » Près de 40 000 personnes sont toujours logées dans les habitations de fortune, construites en quelques mois après le séisme à la périphérie de la ville.Lire aussi notre reportage, réalisé en 2009 après le séisme : A L’Aquila, l’effondrement de la ville et des hommesCorruption et malversationGangrenés par les cas de malfaçon, de malversation, de corruption et les procès en tous genres liés à la gestion de l'après-séisme, les chantiers de L'Aquila font régulièrement la « une » des médias italiens ces six dernières années. Il y a quelques semaines, l'un des principaux entrepreneurs chargés des travaux avait été arrêté pour collaboration présumée avec la Camorra, la mafia napolitaine.Massimo Cialente avait annoncé sa démission en janvier 2014 à la suite d'une affaire de corruption impliquant des membres de son administration, avant de revenir sur sa décision quelques jours plus tard.Lire aussi le post de blog : Le maire de L’Aquila démissionne : stupeur après tremblementEn 2012, sept scientifiques de la Commission « grands risques » avaient été condamnés à six ans de prison ferme par le tribunal de L'Aquila, pour avoir manqué à leur devoir d'information vis-à-vis des habitants au sujet des risques potentiels d'un tremblement de terre. Ils ont été reconnus non coupables en appel en novembre 2014. La Cour de cassation se prononcera sur leur sort dans les mois qui viennent. Hélène Sallon A la tribune du Conseil de sécurité des Nations unies, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, a exhorté, vendredi 27 mars, la communauté internationale à inscrire la défense des minorités ethniques et religieuses au cœur de son intervention en Syrie et en Irak. « Nous faisons face à une entreprise barbare et systématique d’éradication ethnique et religieuse », a alerté le chef de la diplomatie française, selon qui les « communautés non musulmanes sont des cibles privilégiées ». « Chrétiens, yézidis, Turkmènes, Kurdes, Chabaks, tous sont menacés par ce triangle de l’horreur – l’exil forcé, l’asservissement, la mort. »Le chef de la diplomatie français a proposé l’élaboration d’une Charte d’action pour les minorités persécutées au Proche-Orient en quatre points. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé la mise sur pied d’un Groupe des Sages dès septembre pour travailler en ce sens. « On fait aujourd’hui le constat d’un risque pour ces communautés et de la transformation sociale du Moyen-Orient. La volonté est de réorienter l’action de la communauté internationale pour intégrer l’objectif du retour des minorités déplacées », explicite un diplomate français. Il y avait environ 1,4 million de chrétiens en 1987 en Irak, et il en reste environ 400 000 aujourd'hui. Paris a annoncé, le 21 mars, avoir accordé 1 500 visas d’asile à des réfugiés irakiens « ayant un lien fort avec la France », dont une majorité de chrétiens, depuis l’été 2014.Ce plan prévoit la mobilisation de quatre leviers :Humanitaire : réorienter les actions des agences de l’ONU pour permettre le retour des minorités, avec la mise en place d’un fonds spécifique d’aide au retour et à la reconstruction des habitations et des lieux de culte.Militaire : ajouter à la lutte antiterroriste menée par la coalition et les forces locales l’objectif de la préservation des minorités en Irak et en Syrie en permettant leur réintégration et leur réenracinement. « Aujourd’hui, on frappe selon les intérêts militaires. Il faut faire de la libération de leurs espaces de vie et du rétablissement d’une sécurité minimale dans ces zones le premier critère d’action », précise le même diplomate français.Politique : soutenir des Etats inclusifs. En Irak, la France appelle à soutenir la politique de réconciliation et de réintégration des communautés dans les forces locales promue par le premier ministre, Haïdar Al-Abadi. En Syrie, où elle dénonce l’instrumentalisation de la question des minorités par le président Bachar Al-Assad, la France appelle à soutenir une transition incluant des éléments du régime et de l’opposition.Lutte contre l’impunité : poursuivre les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. M. Fabius a invité le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale. Il a prôné l’inclusion de la notion de « génocide culturel » dans le champ des crimes contre l’humanité.« C’est un très bon geste du ministre des affaires étrangères français. Je compte beaucoup sur cette initiative pour avoir rapidement des actions concrètes mises en œuvre », a commenté, pour Le Monde, Monseigneur Yohanna Petros Mouché. L’archevêque syriaque catholique de Mossoul et Karakoch, en Irak, pointe les besoins énormes – humanitaires et ensuite pour la reconstruction – des 12 000 familles que compte son diocèse, soit 50 000 des 120 000 chrétiens d’Irak qui vivent aujourd’hui en exil.« Nos jeunes s’entraînent pour protéger nos villages quand ils seront libérés, mais on ne va pas les envoyer combattre l’Etat islamique. Nous avons besoin d’une armée bien formée pour nous protéger. Il faudra peut-être une force étrangère pour nous protéger un temps », a-t-il rappelé, disant craindre la disparition de l’Eglise syriaque irakienne, qui compte pour un tiers de la communauté syriaque mondiale.« Aujourd’hui, le discours est qu’il faut aller libérer Mossoul. Cela ne prend pas assez en compte la dimension humanitaire », ajoute Faraj Benoît Camurat, le président de Fraternité en Irak. « Si on libère la partie orientale de la plaine de Ninive, cela permettra de lutter contre la prédation de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] dans cette zone où il y a beaucoup de lieux de mémoire chrétiens et yézidis. Ces zones pourront devenir des terres d’accueil pour les dizaines ou centaines de milliers de réfugiés qui vont vouloir fuir les combats quand on va reprendre Mossoul. »Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) L'annonce est tombée par communiqué, vendredi 27 mars, juste avant le début du shabbat. Le gouvernement israélien a décidé de mettre fin à un gel de trois mois dans le versement des taxes qu'il perçoit au nom de l'Autorité palestinienne, en particulier les droits de douane.Au total, depuis le début du mois de janvier, c'est près de 340 millions d'euros qui manquaient dans les caisses palestiniennes. Ces fonds collectés par Israël pour le compte de l'Autorité depuis les accords d'Oslo de 1993, représentent près de la moitié du budget palestinien. Obligée de contracter des crédits auprès de banques commerciales, l'Autorité a aussi décidé pendant cette période de ne verser que 60 % des salaires à ses employés. Le risque d'une déstabilisation sociale de grande ampleur était à craindre en Cisjordanie.« Raisons humanitaires »Benyamin Nétanyahou a choisi de suivre les recommandations du ministère de la défense et du Shin Bet (le service de renseignement intérieur). Le communiqué justifie la fin du gel par des « raisons humanitaires et les intérêts d'Israël » dans le contexte actuel. Il mentionne aussi « la détérioration de la situation au Moyen-Orient », qui oblige à « agir de façon responsable ». Rien à voir, officiellement, avec les pressions internationales, en particulier européennes et américaines, qui se sont multipliées à ce sujet.A l'origine, cette mesure, qui avait déjà eu de nombreux précédents, a été conçue comme une punition contre l'Autorité palestinienne, après ses démarches dites « unilatérales ». En décembre, Mahmoud Abbas avait présenté au Conseil de sécurité des Nations unies, par l'intermédiaire de la Jordanie, une résolution fixant un terme à l'occupation israélienne de la Cisjordanie. L'Autorité palestinienne avait ensuite décidé de ratifier le traité de Rome, ouvrant la voie à une adhésion à la Cour pénale internationale. Cette adhésion, effective le 1er avril, permettra dès cette date de réclamer des poursuites contre Israël pour « crimes de guerre », commis par exemple lors du conflit de l'été 2014 dans la bande de Gaza.Lire nos explications : Pourquoi l'Autorité palestinienne veut rejoindre la Cour pénale internationaleCette décision de bonne volonté de la part du gouvernement israélien était attendue, après les élections législatives du 17 mars. Les déclarations incendiaires de M. Nétanyahou, le jour du vote, contre la mobilisation des Arabes israéliens, ainsi que la dégradation spectaculaire des relations avec l'administration américaine obligent le premier ministre à faire des gestes de modération. Ils ne changent rien au blocage complet entre Israéliens et Palestiniens, mais desserre un peu l'étau autour de Mahmoud Abbas. La constitution du nouveau gouvernement israélien – les négociations battent leur plein avec les partenaires de la droite nationaliste et religieuse – donnera un indice plus précis de la direction choisie par Benyamin Nétanyahou.Lire aussi l'entretien : Israël-Palestine : « On se dirige vers un seul Etat »Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.03.2015 à 18h03 Le président américain Barack Obama a ordonné lundi 9 mars la mise en place de nouvelles sanctions contre plusieurs responsables vénézuéliens, actuels ou anciens, accusés de violations de droits de l'homme. Le décret signé vient renforcer une loi votée fin 2014.Lire l'analyse (édition abonnés) : Washington sanctionne des officiels vénézuéliensLes sept individus visés sont accusés par Washington d'avoir sapé les fondements démocratiques du pays, d'avoir commis des actes de violence ou des abus contre les droits de l'homme, d'être impliqués dans des actions de restriction de la liberté d'expression ou dans le détournement d'argent public.Relations crispées depuis 2001« Nous sommes très inquiets des efforts du gouvernement vénézuélien visant à intensifier l'intimidation de ses opposants politiques », souligne la Maison Blanche, qui appelle Caracas à libérer tous les prisonniers politiques, y compris des « dizaines d'étudiants ». Les deux pays entretiennent des relations tendues depuis 2001 et n'ont pas d'ambassadeurs en poste depuis quatre ans. Début mars, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a annoncé une série de sanctions diplomatiques contre les Etats-Unis, dont des visas désormais obligatoires pour les citoyens américains désireux de se rendre dans le pays. Lire aussi (édition abonnés) : Au Venezuela, la stratégie de la tension permanente Paulo A. Paranagua Le Brésil est secoué par un scandale aux proportions inédites, qui touche à la fois des grands acteurs économiques et des personnalités appartenant à la coalition de centre gauche, avec laquelle gouverne la présidente Dilma Rousseff. La lutte contre la corruption est désormais en tête de l’agenda du géant sud-américain et d’autres pays de la région.Qu’est-ce que le scandale Petrobras ?C’est une affaire de corruption politique, révélée en mars 2014, qui touche à la fois l’entreprise pétrolière contrôlée par l’Etat, Petrobras, et les géants brésiliens du BTP (bâtiment et travaux publics). Ces deux secteurs travaillent ensemble sur des grands chantiers d’infrastructure, notamment ceux liés aux nouvelles réserves en eaux profondes découvertes au large du Brésil méridional.Les entreprises du BTP auraient formé un cartel pour se partager ces marchés et pour les surfacturer. En contrepartie, des pots-de-vin auraient été versés aux partis de la coalition gouvernementale de centre gauche, au pouvoir depuis la prise de fonction du président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010). Les malversations et dessous de table auraient pour principal objectif de financer des campagnes électorales, sans exclure que certains dirigeants d’entreprise ou hommes politiques se soient servis au passage.Quelles sont les entreprises concernées ?Outre Petrobras, toutes les grandes entreprises du BTP ont été visées par l’enquête : OAS, Odebrecht, Camargo Correia, Mendes Junior, Galvão, Iesa, Engevix, UTC/Constran. Certaines sont des multinationales, présentes dans plusieurs continents. Des PDG et de hauts responsables ont été emprisonnés à la suite de l’investigation. Curieusement, Odebrecht, numéro un du BTP, est passée à travers, alors que ce groupe a obtenu des marchés juteux, à Cuba, au Venezuela ou encore en Afrique, sans appel d’offres, grâce aux bons offices de l’ancien président Lula.Quels sont les partis qui ont bénéficié du schéma de financement occulte ?L’enquête a surtout dévoilé l’implication du Parti des travailleurs (PT, gauche), de Lula et de la présidente Dilma Rousseff ; du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), principal allié du PT au gouvernement, au Sénat et à la Chambre des députés ; du Parti progressiste (PP, droite), de l’ancien gouverneur de Sao Paulo, Paulo Maluf.Dilma Rousseff est-elle impliquée ?La présidente n’a pas été citée par le procureur général de la République parmi les personnalités suspectées. Cependant, une bonne partie de l’opinion estime qu’elle est « responsable » à défaut d’être « coupable ». Pourquoi ? Parce qu’elle a été ministre de l’énergie, ministère de tutelle de Petrobras, et ensuite chef de cabinet du président Lula au moment des faits. A ce titre, elle a d’ailleurs présidé le conseil d’administration de Petrobras. Bref, pour beaucoup, « elle ne pouvait pas ne pas savoir ».Pendant son premier mandat présidentiel, Dilma Rousseff s’était fait une réputation d’incorruptible, en se séparant très vite des ministres soupçonnés d’indélicatesses. Cependant, elle a hésité longtemps avant de demander à Graça Foster, une proche, de quitter sa place à la tête de Petrobras, alors qu’elle était déstabilisée par l’ampleur du scandale.L’enquête est-elle impartiale ?La séparation des pouvoirs est réelle au Brésil, contrairement à d’autres pays d’Amérique latine. L’affaire a été menée conjointement par un petit juge de province, Sergio Moro, basé à Curitiba, et la Police fédérale, un corps d’élite qui a fait ses preuves dans d’autres affaires retentissantes. Une commission parlementaire d’enquête planche également sur le scandale.Les magistrats souhaitent que la procédure ne traîne pas pendant longtemps, à l’instar du scandale dit du mensalão (« grosse mensualité «), dévoilé par la presse en 2004. Les condamnations prononcées par la Cour suprême sont tombées en 2012. A titre de comparaison, le mensalão aurait brassé 100 millions de reais (30 millions d’euros), tandis que dans le cas Petrobras-BTP on parle d’au moins 3 milliards de reais, voire trois fois plus selon certaines sources.Quel sera l’impact politique et économique du scandale ?Le feuilleton judiciaire devrait durer au moins un an. La coalition gouvernementale est déstabilisée, alors que le second mandat de Dilma Rousseff a commencé le 1er janvier. La majorité parlementaire est sous tension. Une opinion exaspérée réclame des têtes. Les conséquences politiques sont imprévisibles.En revanche, les dégâts économiques sont déjà flagrants. Ce sont des entreprises du CAC40 brésilien qui sont touchées, à un moment où l’économie est pratiquement en récession. Des investissements ont été suspendus, des faillites ne sont pas à exclure.Paulo A. ParanaguaJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Une longue liste de remises de décorations et d’honneurs signées par le président russe Vladimir Poutine a été rendue publique lundi 9 mars sur le portail officiel du gouvernement. Parmi les dizaines de noms présents dans ce document de 25 pages, deux sont parmi les plus controversés du moment, Ramzan Kadyrov et Andreï Lougovoï.Le premier, président de la république autonome de Tchétchénie, a fait une intervention remarquée dimanche 8 mars après la présentation devant un tribunal de cinq hommes d’origine tchétchène, suspectés d’avoir participé au meurtre de l’opposant russe Boris Nemtsov, en plein cœur de Moscou, le 27 février. Quelques heures plus tard, sur son compte Instagram, Ramzan Kadyrov avait qualifié Zaour Dadaïev, un ancien membre des forces spéciales tchétchènes considéré par les enquêteurs comme le principal suspect, de « vrai patriote de la Russie ».Loin de prendre ses distances avec le responsable tchétchène, qu’il a lui-même propulsé en 2007 à la tête de cette république musulmane membre de la fédération de Russie, le président Poutine a signé dimanche le décret remettant l’Ordre de l’honneur à M. Kadyrov pour ses « réalisations exceptionnelles », ses « activités sociales », et ses « nombreuses années de travail assidu ».« Compassion » et « humanité »Ce n’est pas la première fois que le dirigeant tchétchène est ainsi honoré. Il y a plus de dix ans, il s’était vu décerné le titre de « Héros de la Russie », suivi d’une médaille du Courage reçue en 2003, et une autre pour services rendus à la patrie en 2006. Parmi les prix publics remis à M. Kadyrov, il faut encore signaler une récompense octroyée pour sa « compassion » et son « humanité » à travers son soutien aux « enfants et veuves » de la Tchétchénie, un territoire ravagé par deux conflits meurtriers contre l’armée russe.Le second personnage controversé dans la liste publiée lundi est Andreï Lougovoï, député de la Douma sous l’étiquette des libéraux-démocrates, le parti du nationaliste Vladimir Jirinovski, qui s’est vu de son côté décerner la médaille de l’Ordre du mérite pour la patrie en raison de sa « grande activité au développement des relations législatives et parlementaires ». Ancien agent du KGB (les services secrets russes, remplacés depuis par le FSB), M. Lougovoï est soupçonné d’avoir participé en 2006, à Londres où il se trouvait alors, au meurtre d’Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium et décédé peu après. La Grande-Bretagne demande son extradition, que la Russie refuse. Coïncidence : le procès de l’affaire Litvinenko s’est ouvert dans la capitale britannique le 27 janvier dernier.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adrien Le Gal Pour un billet publié sur son blog, dans lequel il remettait en cause le système social de Singapour, Roy Ngerng, 33 ans, a été condamné pour diffamation en novembre 2014. La Cour suprême doit fixer, en juillet, le montant des dommages et intérêts qu’il devra verser au premier ministre.Que vous reproche aujourd’hui le premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong, qui vous a attaqué en justice ?Sur mon blog, j’ai remis en cause la gestion du système d’épargne obligatoire, le Central Provident Fund (CPF). Récemment, la City Harvest Church [une Eglise pentecôtiste] a été accusée de détourner l’argent des fidèles. J’ai comparé cette affaire avec la façon dont le gouvernement prenait l’argent des retraites pour le verser à travers deux fonds d’investissement : le Government of Singapore Investment Corporation (GIC) et la Temasek Holdings. J’ai écrit que c’était à cause de cette gestion que les Singapouriens avaient aujourd’hui le système de retraite le moins équitable du monde. Le premier ministre m’a attaqué pour diffamation. Selon lui, je l’avais accusé d’avoir détourné l’argent des retraites. Le CPF est une question très sensible à Singapour, elle affecte tout le monde parce qu’elle concerne les retraites, la couverture santé et l’assurance logement.Vous avez également perdu votre emploi de travailleur social…Je travaillais pour un hôpital, auprès des patients séropositifs. Mais trois semaines après l’ouverture des poursuites, j’ai été renvoyé, au motif que mon comportement était incompatible avec les valeurs que l’on attendait des employés. Je pense qu’il y a eu des pressions pour que je sois licencié, et aujourd’hui, mes chances de retrouver un emploi de ce type à Singapour sont faibles.Qu’en est-il du système social à Singapour ?Les personnes susceptibles de bénéficier d’une aide doivent passer par des procédures très complexes. Quand je travaillais à l’hôpital, je voyais que des gens renonçaient à se soigner parce que c’était trop difficile. Le logement est très cher, les gens ont du mal à le payer, comme à Hongkong, où la situation socio-économique est similaire. Mais à Hongkong, les gens peuvent manifester. Un jour, j’ai vu dans un journal un Hongkongais qui disait “je vais me battre pour mon logement et pour mes enfants”. A Singapour, c’est le contraire, les gens se disent “je ne vais pas me battre, parce que j’ai peur pour mon logement et mes enfants !”.Un autre blogueur singapourien, Alex Au, est poursuivi par la justice. Les membres de la société civile sont-ils davantage visés que les responsables de l’opposition ?En 1963, le gouvernement a arrêté plus d’une centaine de responsables politiques, de syndicalistes et militants d’opposition, et a continué pendant une vingtaine d’années. Certains ont passé plus de trente ans derrière les barreaux. En 1987, une nouvelle vague d’arrestation a provoqué l’indignation de la communauté internationale [une vingtaine de personnes ont été arrêtées pour avoir participé à une « conspiration marxiste »].L’objectif des procès pour diffamation est de ruiner les personnes accuséesLe gouvernement a alors commencé à utiliser l’arme des procès pour diffamation, pendant une vingtaine d’années. Aujourd’hui, les responsables politiques s’expriment avec beaucoup de prudence. Mais avec l’arrivée des réseaux sociaux et des médias en ligne, les citoyens ordinaires ont commencé à leur tour à critiquer le gouvernement, et ce dernier s’en est pris à eux. L’objectif des procès pour diffamation est de ruiner les personnes accusées. En juillet, la justice déterminera le montant des dédommagements que je devrai payer au premier ministre. C’est la Cour suprême qui a été saisie, et elle n’est compétente que pour les affaires portant sur des sommes supérieures à 250 000 dollars singapouriens [167 000 euros]. C’est le minimum que je devrai payer, ce qui provoquera immanquablement ma faillite. Le fait d’avoir fait publiquement état de votre homosexualité fait-il de vous une cible facile ?Le pouvoir a utilisé les réseaux sociaux pour m’attaquer sur ma sexualité, j’ai reçu beaucoup d’insultes, et depuis, je n’ose plus faire de rencontres, parce que j’ai peur d’être piégé. Il y a toujours une loi qui interdit l’homosexualité masculine à Singapour. En 2007, le Parlement a décidé qu’il n’y aurait plus de poursuites, mais plusieurs ont eu lieu depuis cette date. Le gouvernement a conservé cette loi pour des raisons électorales, même s’il est très prudent lorsqu’il l’utilise. Il sait qu’il y a des homosexuels parmi les étrangers et les investisseurs.Adrien Le GalEditeur au service internationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le ministre des finances néerlandais, Jeroen Dijsselbloem, s’est déclaré officiellement candidat à un deuxième mandat à la tête de l’Eurogroupe, l’instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro, lundi 9 mars, dans le journal néerlandais Volkskrant.Le seul candidat déclaré jusqu’à présent était le ministre espagnol de l’économie, Luis de Guindos. Ce dernier a reçu le soutien de la chancelière allemande, Angela Merkel, en août 2014. Le renouvellement n’a lieu qu’en juillet.Art du compromisM. Dijsselbloem avait succédé à Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe début 2013. Ce social-démocrate avait été choisi notamment parce qu’il sait se montrer ferme, tout en privilégiant l’écoute et l’art du compromis.Il a d’ailleurs plutôt bien géré ces dernières semaines le dossier grec : il a su faire le grand écart entre les plus apposés au premier ministre grec, Alexis Tsipras (c’est-à-dire les Allemands et les Espagnols), et à son ministre des finances, YanisVaroufakis.Lire aussi : Jeroen Dijsselbloem, l’inconnu réputé fin négociateurJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, a agité, dimanche 8 mars, la menace d’organiser un référendum si les propositions de réforme faites par Athènes pour débloquer une aide financière ne sont pas acceptées. Mais les Grecs, eux, considèrent, à une large majorité, que le gouvernement d’Alexis Tsipras doit vite trouver un « compromis honorable » avec ses partenaires européens pour éviter une sortie de la zone euro. C’est ce que révèle un sondage publié, lundi, par le quotidien Efimerida Ton Syntakton.Selon cette enquête, 69,9 % des personnes interrogées pensent qu’Athènes devrait rechercher un « compromis honorable » pour résoudre la crise, contre 27,4 % qui pensent, au contraire, que M. Tsipras doit refuser tout compromis, au risque de devoir abandonner l’euro.La publication de ce sondage survient quelques heures avant que M. Varoufakis revienne plaider sa cause devant ses homologues de la zone euro : il doit leur présenter, au cours d’une réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles, un plan de réformes, conformément à l’engagement pris, le 21 février, par le gouvernement grec, en échange d’une prolongation de quatre mois de l’actuel plan d’aide financière. Etablir la liste des réformes à réaliserLa réunion de l’Eurogroupe, lundi, est la cinquième, depuis le 11 février, consacrée au « cas grec ». La question centrale y sera la suivante : quelles mesures mettre sur les rails ? Comment les financer, sachant que l’Eurogroupe exige que, globalement, elles ne grèvent pas les finances publiques grecques ?Il s’agit aussi de s’accorder sur la "revue", la mission que la « troïka » des créanciers de la Grèce (Banque centrale et Commission européennes, Fonds monétaire international) doit mener pour que le pays reçoive les 7 milliards d’euros du programme d'aide qui restent à verser.Vendredi 6 mars, M. Varoufakis a fait parvenir à Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, une première liste de sept réformes : un paquet d’aides pour les foyers grecs les plus démunis (rétablissement de l’électricité, accès aux soins, etc.), une mesure visant à augmenter les recettes de l’Etat par l’allocation de licences à des sites de paris en ligne, un projet d’amnistie fiscale pour régler en partie le problème des énormes arriérés d’impôts (76 milliards d’euros)…M. Varoufakis fait même une proposition inattendue pour lutter contre la fraude à la TVA : former des agents du fisc amateurs pour des missions ponctuelles, y compris en recrutant des touristes traquant en caméra cachée les commerçants…Obtenir un feu vert de la « troïka » avant tout accord politique européenLes propositions faites par le gouvernement grec vont plutôt dans le sens de ce que demande la zone euro, qui considère prioritaire une réforme fiscale pour mettre fin à des années d’impéritie des gouvernements grecs en la matière, et de faire entrer de manière substantielle l’impôt dans les caisses de l’Etat.Pourtant, cette liste de réformes ne devrait pas être examinée formellement en Eurogroupe, lundi. En effet, elle doit d’abord « être discutée plus avant et détaillée avec la troïka » des créanciers, rappelle-t-on dans l’entourage de Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe.La « précondition » au déblocage de fonds pour la Grèce « est une conclusion des discussions avec la troïka et un avis positif de ces institutions », a renchéri le secrétaire d’Etat allemand aux finances, Steffen Kampeter, à la radio publique Deutschlandfunk.Un aval technique avant un feu vert politique, en clair. Et non l’inverse. C’est aussi ce que veulent les créanciers.Le problème, c’est que le gouvernement grec n’a cessé, ces derniers mois, de dénoncer les méthodes de la troïka. Alors, certes, le terme de « troïka » a été officiellement gommé au profit de celui d’« institutions ». Mais, ces derniers jours, si les contacts ont été intenses, les négociations n’ont à proprement parler pas commencé dans le format « institutions ».« On a déjà perdu deux semaines [depuis le dernier Eurogroupe], il faut se mettre au travail, et plutôt aujourd'hui que demain », a déclaré M. Dijsselbloem en arrivant à Bruxelles, lundi.L’urgence, selon les créanciers, est donc d’aller à Athènes chercher les chiffres qui permettront d’avoir une idée précise de l’état de santé financier du pays - vérifer notamment que l'Etat dégage encore un surplus primaire (avant remboursement des intérêts de la dette).Mais il n’est pas question que la Grèce négocie avec les institutions les unes et les autres séparément. La revue doit être menée par toutes les institutions, formant équipe.Pas de versement d’aide envisagé à ce stadeCôté européen, il n’est pas question, à ce stade, de discuter du versement d’une aide financière. Le message reste le même : la Grèce ne peut espérer toucher par anticipation la dernière tranche du deuxième plan d’aide (un peu plus de 7 milliards d’euros) que si elle avance concrètement sur les réformes.Quant à l’ouverture d’une discussion le plus vite possible, comme demandé par M. Varoufakis, sur un troisième plan d’aide à la Grèce, elle n’est pas non plus au menu de lundi.Grèce : la BCE veut voir, avant de croire et… financerProblème : en ajoutant les besoins de fonctionnement de l’Etat et les remboursements d’emprunts au FMI, ce sont près de 6 milliards d’euros qu’Athènes va devoir décaisser au total en mars. Une somme considérable pour un pays financièrement fragile : la presse fait notamment état d’un retard de 2 milliards d’euros dans les recettes de l’Etat.La Grèce face à un calendrier serré et chargé de remboursementsCertaines sources européennes laissent toutefois entendre qu’en Grèce, certaines administrations ont du cash, qui pourrait-être utilisé dans l'urgence, si besoin. Et que, par ailleurs, en ce qui concerne les dépôts dans les banques et les flux de capitaux, la situation fluctuante : flux positifs certains jours, négatifs d’autres jours.« Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce. Ce qui m’inquiète, c’est que tout le monde n’a pas encore compris, au sein de l’Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce », a toutefois prévenu, dimanche, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans un entretien au journal allemand Die Welt.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anthony Hernandez Renaud Lavillenie toujours perché au-delà de 6 m, un triplé français inédit au 60 m haies, des relayeuses françaises du 4 × 400 m qui prennent goût à la victoire, des Belges qui gagnent en famille ou presque au 4 × 400 m, des athlètes tchèques qui font honneur à leur pays et des Russes qui dominent encore une fois le classement des médailles... Malgré un plateau maigre en vedettes, les 33es Championnats d'Europe en salle ont finalement offert un agréable spectacle au public nombreux – 52 284 spectateurs au total du 5 au 8 mars – et chaleureux de l'O2 Arena de Prague. Les Russes conservent le leadership vaille que vailleAnnoncés en difficulté avec le cataclysme du dopage qui frappe son athlétisme, les Russes ont encore réussi à remporter le classement des médailles. Grâce à six médailles d'or et deux médailles d'argent, ils devancent les Français (3 en or , 1 en argent et 1 en bronze) et les Britanniques, qui remportent cependant le plus grand nombre de médailles (9 mais seulement 2 en or). >> Lire : Dopage, le rude hiver de l'athlétisme russeLa Russie peut remercier ses athlètes féminines puisqu'elles sont quatre à avoir ramené l'or. Au rayon des championnes d'Europe russes, on peut citer la spécialiste de la hauteur Mariya Kuchina, la perchiste Anzhelika Sidorova, la triple sauteuse Ekaterina Koneva et la coureuse de 3 000 m Yelena Korobkina. Si l'équipe de France est deuxième du classement des médailles, cette performance est à relativiser puisque son total de médailles (5) est moins important que celui de ses trois derniers Championnats d'Europe en salle (2009 : 6 ; 2011 : 12 ; 2013 : 9). Vingt-quatre pays ont rapporté au moins une médaille à la maison, ce qui montre l'homogénéité de la compétition. Quelques déceptions, de belles confirmations pour les BleusEn cette année de Championnats du monde, en août à Pékin, de nombreuses têtes d'affiche de l'athlétisme français ont fait défection à Prague : pas de Mahiedine Mekhissi, de Christophe Lemaitre, de Pierre-Ambroise Bosse ou encore de Jimmy Vicaut. Compte tenu de la délégation présente lors de cet Euro en salle, le bilan est plutôt bon, même s'il n'a rien d'exceptionnel.>> Lire : Lavillenie remporte un titre de plusAu rayon des déceptions, on trouve l'élimination en qualifications du spécialiste de la longueur Kafétien Gomis et la cinquième place en finale de la double championne d'Europe Eloyse Lesueur. Dans les épreuves combinés, Antoinette Nana Djimou (quadruple championne d'Europe) a cédé devant la jeune garde et ne se classe que cinquième du pentathlon.Ceux que l'on attendait ont répondu présent. Renaud Lavillenie, vedette de ces championnats, a remporté un quatrième titre européen consécutif en salle, le septième européen et le neuvième au niveau international (JO 2012 et Mondiaux en salle 2012). Malgré trois essais ratés à 6,17 m (record du monde à 6,16 m), l'athlète de l'année 2014, véritable accro à la compétition, a même réussi le record des championnats avec un saut à 6,04 m. >> Lire : triplé français inédit au 60 m haiesAu 60 m haies, le triplé que l'on escomptait avant la compétition en épluchant les bilans européens s'est finalement réalisé. Et ce n'est jamais chose aisée. Mais c'est Pascal Martinot-Lagarde, que l'on attend plus sur 110 m haies, qui l'a emporté devant Dimitri Bascou et le jeune Wilhem Belocian. Les hurdlers français confirment la densité impressionnante de leur niveau.Les relayeuses du 4 × 400 m – Floria Gueï, Eléa Mariama  Diarra, Agnès Raharolahy et Marie Gayot – ont conservé le titre que les Bleues avaient acquis à Zurich en plein air l'an passé. Dernière relayeuse en Suisse pour une remontée fantastique, Gueï a, cette fois-ci, bien lancé la course. Marie Gayot, finaliste en individuel, a conservé jusqu'au bout la première place.>> Lire : Les Françaises championnes d'Europe du 4 × 400 mA l'heptathlon, malgré une belle compétition – ils ont tous deux battu leur record personnel –, ni Gaël Quérin (4e) ni Bastien Auzeil (6e) n'ont réussi à monter sur le podium.Le 1 500 m masculin, la course des championnatsLa nationalité du vainqueur joue un peu, mais la fantastique remontée du Tchèque Jakub Holusa a rendu électrique l'ambiance de l'O2 Arena de Prague. Loin derrière le Turc Ozbilen, qui paraissait intouchable, pendant la majorité de la course, Holusa a été porté par son public pour dépasser sur la ligne d'arrivée son adversaire d'origine kenyane. Il a même battu le record national tchèque pour s'imposer en 3 min 37 s 68. Samedi, un autre Tchèque avait triomphé mais avec une telle avance sur ses poursuivants que le suspense était moindre. Le coureur Pavel Maslak avait dominé avec presque une seconde d'avance le 400 m pour remporter un nouveau titre. Il est désormais champion du monde en salle et champion d'Europe en plein air et en salle de la distance. Globalement, les Tchèques ont réussi leur championnat à domicile en terminant quatrième du classement des médailles (2 en or, 1 en argent et trois en bronze).La famille Borlée et Julien Watrin offre l'or à la Belgique au 4 × 400 m Les Borlée n'en finissent plus de porter l'athlétisme belge à bout de bras. Les trois frères Jonathan, Kévin et Dylan, associé à Julien Watrin, ont remporté le relais 4 × 400 m devant la Pologne. Les relayeurs belges, entraînés par un certain Jacques... Borlée, père des trois champions, ont même battu le record national de la distance en 3 min 2 s 87. Dylan Borlée avait déjà accroché l'argent du 400 m individuel. Pour ajouter à l'extraordinaire, la famille compte une athlète de plus : la sœur Olivia Borlée, non présente à Prague, est tout de même vice-championne olympique (2008) et médaillée de bronze mondiale (2007) du 4 × 100 m...Sprint : L'évidence Dafne Schippers, Richard Kilty confirmeLa reine du sprint européen, la Néerlandaise Dafne Schippers, a affirmé encore un peu plus son statut. Double championne d'Europe du 100 et du 200 m à Zurich l'an passé, elle a remporté à Prague le 60 m en battant son record personnel (7 s 05).  Chez les hommes, le Britannique Richard Kilty a surclassé ses adversaires. Il s'impose en 6 s 49 devant les Allemands Blum (6 s 56) et Reus (6 s 56). Déjà champion du monde en salle de la distance à Sopot l'an passé, Kilty prouve encore une fois son affection pour la salle. Tout près d'un record du monde inattenduBien que désormais à chaque sortie, les observateurs s'attendent à un nouveau record du monde de saut à la perche grâce à la maestria de Renaud Lavillenie (6,04 m à Prague), c'est au pentathlon que ces 33es championnats d'Europe sont passés le plus proche d'un record du monde. La jeune Britannique de 22 ans, Katarina Johnson-Thompson, a manqué pour 13 points le record détenu par l'Ukrainienne Natallia Dobrynska depuis les Mondiaux en salle d'Istanbul en 2012 (5 000 contre 5 013 points).Taupek, la mascotte à roulettesLes mascottes sont les impondérables des compétitions sportives. Elles prêtent souvent le flanc aux moqueries. Celle du Mondial de football 1998 en France, Footix, est d'ailleurs entrée dans le langage courant pour désigner un connaisseur autoproclamé de foot, un supporteur capable de changer de clubs favoris au gré des résultats. A Prague, c'est une petite taupe de dessins animés qui a tenté d'animer les trois jours de compétition. De son nom français Taupek, Krteček a été créé dans les années 50 par le peintre et illustrateur Zdenek Miller. Le dessin animé a été diffusé de 1957 à 2002 à la télévision publique tchèque. Il met en scène les aventures de Taupek, à la démarche maladroite, et de ses amis à poils et à fourrure. Dans l'enceinte praguoise de l'O2 Arena, la mascotte est montée sur roulettes, ce qui lui procure un aspect étrange. Ses actions se limitent à saluer le public. On est loin des multiples talents de Cooly – perchiste, sprinteuse, facétieuse –, l'inimitable mascotte des derniers Championnats d'Europe en plein air de Zurich. Bonus en vidéo : le finish détonant du Tchèque Holusa sur 1 500 mAnthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Florence Evin Samedi 7 mars, à l’aube, le groupe djihadiste Etat islamique s’est attaqué à Hatra, l’antique cité parthe en pierre de taille, dont les vestiges spectaculaires vieux de deux mille ans s’épanouissent sur trois cent vingt-quatre hectares. Selon le ministère irakien des antiquités et du tourisme, un habitant du secteur aurait entendu, venant du site, une puissante explosion. D’autres témoins parlent de destructions et de pillages.« Nous n’avons pas plus de détails, précise Fareed Yasseen, ambassadeur d’Irak en France. Il faudrait trouver un moyen de sécuriser le site dans l’immédiat. » Les remparts qui cernent cette ville sont-ils encore debout, comme les grands temples à fronton et colonnades ? La question reste sans réponse. La cité antique fut le premier site irakien à être inscrit, en 1985, sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, au titre des biens culturels à valeur universelle. « La destruction de Hatra marque un tournant dans l’effroyable stratégie de nettoyage culturel en cours en Irak », s’alarme Irina Bokova, directrice générale de l’organisation onusienne.Cette attaque survient après le saccage, jeudi 26 février, du Musée de Mossoul, deuxième ville d’Irak située à 110 kilomètres au nord de Hatra. Et après les attaques, jeudi 5 mars, contre le site assyrien de Nimroud, entre Mossoul et Hatra. Une escalade dans les destructions à laquelle s’attendait la communauté scientifique. « La lenteur du soutien international à l’Irak encourage les terroristes à commettre de nouveaux crimes, à détruire et à piller… », déclare Qaïs Hussein Rachid, ministre des antiquités et du tourisme irakien.Carrefour caravanier stratégique« Hatra est une cité magnifique des franges du désert, au carrefour des routes caravanières », témoigne Béatrice André-Salvini, conservatrice en chef du patrimoine, qui a dirigé pendant dix ans le département des antiquités orientales du Louvre. « Les vestiges d’Hatra [Ier siècle av. J.-C.- Ier siècle ap.J.-C.] en pierre de taille, sur des hauteurs considérables, sont uniques dans la région. Certains grands temples mesurent plus de quinze mètres de haut », précise la spécialiste qui a sillonné l’ancienne Mésopotamie, laquelle correspond aux frontières actuelles de l’Irak avec l’extrême sud de la Syrie.Les premières fouilles, entamée par l’Allemand Walter Andrae, avant la première guerre mondiale, ont été poursuivies, en 1951, par les deux grands archéologues irakiens, Fouad Safar et Ali Mustafa. « Le site restauré et entretenu par les Irakiens était en bon état », ajoute Mme André-Salvini.La cité arabe de l’Empire parthe avait été fondée par des tribus bédouines d’Arabaya, « le pays des Arabes ». Carrefour caravanier stratégique, Hatra contrôlait la route de la soie vers l’est, jusqu’en Inde et en Chine. S’y échangeaient soieries, porcelaines, parfums, pierres précieuses, bois rares, encens, etc. Remontant le Tigre en bateau, les marchands poursuivaient le périple à dos de chameau, jusqu’à Antioche (Turquie).Assiégée en 116 par l’empereur romain Trajan, Hatra résiste. « Les Parthes avaient un feu redoutable, une grenade à base de bitume et de sulfure, très efficace », note Mme André-Salvini. La ville fortifiée par deux ceintures de remparts et gardée par des tours est le symbole de la lutte entre les Parthes et les Romains qui se disputent les dépouilles de l’ancien empire d’Alexandre le Grand. Après un siège prolongé, elle tombera, vers 250, aux mains des Sassanides, vainqueurs des Parthes.Mutilée et pilléeParmi les sanctuaires, le plus imposant, Shamash Maran, dédié au Soleil, était jusqu’ici intact avec son fronton, sa volée de marches et sa double colonnade. Le monument dédié, lui, à la trilogie Martan (Notre Dame), Maran (le Père) et Bermarin (le fils), illustre le syncrétisme des croyances religieuses. Véronique Grandpierre, chercheuse associée au laboratoire Identité et territoires de l’université Paris-Diderot, s’inquiète pour les figures des rois qui ornent les grands arcs. « Ils sont reconnaissables à leurs cheveux courts aux grosses boucles serrées, à leur moustache et à leur petite barbe peignée. Ils portent des tiares coniques ou se ramassent les cheveux en boule sur le haut du crâne. » Ont-ils disparu ?La grande statuaire, qui pouvait être dissociée des murs, avait été mise à l’abri à Bagdad et au Musée de Mossoul – elle est tombée sous les coups de marteau des djihadistes, le 26 février, mutilée et sans doute pillée. Irina Bokova rappelait, le 27 février, que le trafic des œuvres d’art en Irak était évalué au total à sept milliards d’euros.Pour Hosham Dawod, ancien directeur de l’Institut français pour le Proche-Orient en Irak : « La deuxième rentrée financière des islamistes radicaux, après le pétrole, c’est le trafic archéologique. » Une manne qui sert leur idéologie : « L’archéologie rassemble les Irakiens au-delà de leur particularisme, local, régional, confessionnel, ajoute-t-il. Pour Daech, l’art est un blasphème. »Hosham Dawod regrette que la position des Etats-Unis soit « en deçà de la gravité des événements ». « Pourquoi ne sont-ils pas intervenus avant l’attaque du site de Nimroud ? De leur base d’Erbil, ils peuvent écouter Daech. Ils ont des forces spéciales, des dizaines d’avions. Pourquoi n’ont-ils pas arrêté à temps la destruction des vestiges ? » Des questions que pose toute la communauté scientifique.Les djihadistes saccagent NimroudFlorence EvinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.03.2015 à 09h05 • Mis à jour le09.03.2015 à 09h53 Plus de deux ans après le viol d'une étudiante qui avait horrifié l'Inde, l'interdiction du documentaire qui retrace cette histoire provoque un tollé dans le pays. Le  documentaire India's Daughter, de la Britannique Leslee Udwin, a fait l'objet d'une censure par un tribunal indien en raison de propos tenus par l'un des condamnés à mort dans ce viol collectif qui avait conduit à la mort d'une étudiante fin 2012 à Delhi.En réaction, la chaîne d'information indienne NDTV a diffusé de 21 heures à 22 heures dimanche un écran noir avec une flamme vacillante au moment où était prévue la diffusion de ce  documentaire controversé. La chaîne n'a fait aucun commentaire sur cette interdiction, mais la directrice de la rédaction Sonia Singh avait écrit auparavant sur Twitter : « Nous ne hurlerons pas, mais nous serons entendus. »Le ministre de l'intérieur, Rajnath Singh, avait estimé, pour justifier la demande d'interdiction, que les commentaires du condamné, Mukesh Singh, diffusés dans ce documentaire, étaient « très offensants et (constituaient) un affront à la dignité des femmes ».« J'aimerais pouvoir poster un “tweet noir” »Le geste de solidarité de NDTV a été largement saluée. « J'aimerais pouvoir poster un “tweet noir” en solidarité avec la protestation de NDTV », a tweeté Tushar Gandhi, l'arrière petit-fils du héros de l'indépendance, le Mahatma Gandhi. Le documentaire de la réalisatrice britannique devait être diffusé dans sept pays dimanche à l'occasion de la Journée internationale des droits de la femme. La BBC avait anticipé sa diffusion dès mercredi après son interdiction en Inde.Le père de la victime – la jeune femme était morte de ses blessures – a estimé que tout le monde devait voir ce documentaire qui dévoile « l'amère réalité » de la situation de la femme en Inde. Les autorités de la prison où est incarcéré Singh ont assuré que la réalisatrice avait violé les termes de l'accord permettant son interview, ce qu'a démenti Leslee  Udwin. Le premier ministre indien, Narendra Modi, n'a fait aucun commentaire à ce sujet mais a exhorté dimanche à la lutte contre toute discrimination envers les femmes.Lire : A New Delhi, le viol de trop Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a déclaré, jeudi 5 mars, qu’il préférait voir des combattants néerlandais qui auraient rejoint des groupes terroristes mourir au combat plutôt que revenir au pays pour y commettre des attentats. « Si le choix se pose en ces termes, je le fais. Beaucoup de citoyens pensent comme moi », a indiqué le chef du gouvernement de coalition libéral-travailliste. Il s’exprimait à la télévision lors d’un débat préélectoral pour les élections à la Première chambre, le Sénat néerlandais, le 11 mars.M. Rutte affrontait notamment, sur cette question, le chef du parti centriste et proeuropéen D66. Le leader de cette formation, Alexander Pechtold, s’est demandé si un premier ministre pouvait s’exprimer de cette manière, quitte à heurter les familles, les enfants ou des proches des personnes concernées. De 150 à 200 Néerlandais seraient partis pour la Syrie et l’Irak. « Dans un Etat de droit, il faut souhaiter qu’ils soient jugés par un tribunal, pas qu’ils meurent dans le désert », a estimé M. Pechtold.« Mon devoir est de protéger mon pays »« Ceux qui sont là-bas apprennent à tuer, à fabriquer des bombes. S’ils voyagent et adhèrent à une organisation criminelle, ils savent ce qu’ils font. Il est crucial d’éviter qu’ils reviennent pour commettre des attentats. Mon devoir est de protéger mon pays », a répondu le dirigeant libéral.« Geert Wilders est absent ce soir mais sa pensée est présente », a répliqué M. Pechtold, dont le parti est donné comme l’un des deux grands favoris pour le scrutin provincial qui aura lieu mercredi 11 mars. L’autre est le Parti pour la liberté (PVV) de M. Wilders, qui fait traditionnellement de la lutte contre l’islam et l’immigration le principal thème de ses campagnes.Une fois élus, les dirigeants des provinces choisiront les membres de la Première Chambre, le Sénat, où la coalition actuelle n’a pas la majorité. Elle y détient 30 sièges sur 75, ce qui la force à chercher l’appui de partis d’opposition – dont D66 – pour faire adopter certains de ses projets. La situation de M. Rutte devrait s’aggraver, compte tenu de l’apparente impopularité des deux formations au pouvoir.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial) Le président est d’humeur badine. « Ça fait vingt-trois ans qu’il n y a pas eu de visite d’un président. Parce que c’était trop près, sans doute », tacle-t-il à l’intention de ses prédécesseurs Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui n’avaient pas fait le déplacement, à la différence de François Mitterrand. François Hollande se déplaçait au Luxembourg, vendredi 6 mars, sous un soleil presque printanier et dans une atmosphère d’entente totalement cordiale. Loin, très loin, des polémiques sur l’optimisation fiscale et les pratiques du Grand-Duché en la matière.Pas de vagues, donc. Dès son accueil par le grand duc et la grande duchesse, devant le palais de Luxembourg-Ville, le président a pu appliquer et constater cette aimable position en saluant les badauds agglutinés. Des Français, pour la plupart – plus de 40 000 ressortissants résident dans le pays (sur un total de 550 000 habitants) et plus de 80 000 transfrontaliers y travaillent. Et plutôt affables. « Les Français vous accueillent avec le soleil et avec le sourire. Ça change », dit l’un. « Ça fait plaisir d’avoir un président comme vous », dit l’autre. « Je suis là depuis soixante-cinq ans, c’est un petit paradis. C’est beau de vous voir comme ça », ajoute une troisième personne. Mais pas question d’évoquer d’emblée le thème du « paradis » fiscal et de répondre aux questions qui fâchent. Du moins pas avant l’entretien, en son palais, avec le grand duc.« Le Luxembourg ne bloquera rien »« Quand on a des amis, on va les voir », réitère François Hollande, un peu plus tard devant le Monument national de la solidarité, après une cérémonie d’hommage aux morts de la seconde guerre mondiale. Après avoir symboliquement trempé la pointe d’un sabre dans les flammes, le président en profite pour délivrer, pour la première fois depuis plusieurs mois, un pronostic optimiste sur l’imminence d’un retour de la croissance : « Il y a des nouvelles qui sont plutôt bonnes, mais pas encore confirmées. Ce dont nous devons nous assurer, c’est d’accompagner, amplifier, la reprise qui maintenant est là. »Pour François Hollande, « la reprise est là »Quant au premier ministre luxembourgeois, le libéral Xavier Bettel, après avoir accueilli et salué un à un tous les journalistes français, il ne tarit pas d’éloges sur son hôte du jour : « Vous êtes un grand président », lâche-t-il devant la presse, flagorneur, en référence à son action diplomatique sur le dossier ukrainien.Ce n’est qu’après un déjeuner avec M. Bettel, au château de Senningen, que la question de l’optimisation fiscale est posée, à l’occasion d’une conférence de presse commune. Le premier ministre, de bonne guerre, défend les pas accomplis par le Grand-Duché en la matière, en l’occurence l’autorisation de l’échange automatique d’informations fiscales à partir de 2017 : « Ce pays est un pays en évolution. On a décidé l’échange d’informations. C’est réducteur de croire que le Luxembourg, ce n’est que ça. La plus grosse boîte au Luxembourg, c’est Arcelor Mittal. » Et M. Bettel, qui gouverne en coalition un pays qui prendra la présidence de l’Union européenne au deuxième semestre 2015, d’assurer : « Croyez-moi, que ce soit au niveau européen ou international, le Luxembourg ne bloquera rien. »Signature de contratsSaluant ces évolutions du Grand-Duché, le président se montre sur ce point fort urbain : « Il y a eu des progrès considérables accomplis, notamment ces derniers mois, car il y a eu la volonté d’avoir, en Europe, les mêmes règles pour que la fraude puisse être effectivement combattue. » Mais M. Hollande tempère tout de même : « J’appelle le Luxembourg à aller aussi loin que possible. » Après quoi l’exercice de questions-réponses est interrompu plus vite que prévu puisque, comme le rappelle M. Bettel, « le grand duc nous attend ».L’impressionnant cortège officiel serpente sur une petite route de campagne, entre des collines verdoyantes. Direction le siège de la Société européenne des satellites (SES), pour une visite du site et la signature de deux contrats entre SES et Airbus Defense and Space, pour la réalisation d’un satellite, d’une part, et entre SES et Arianespace de l’autre, pour le lancement d’un autre engin.Après quoi le président français et les dirigeants luxembourgeois se rendent sur le site d’Esch-Belval, présenté comme un modèle de reconversion de friche industrielle en logements, entreprises et pôle universitaire. « On ne va pas parler que de fiscalité, la dimension industrielle est très importante », prévenait l’Elysée avant la visite au Luxembourg, dont plus de 30 % du PIB est constitué par le secteur financier.Ce programme a été parfaitement respecté. L’escapade présidentielle devait s’achever vendredi soir avec la traditionnelle rencontre avec la communauté française, puis le dîner offert par le couple grand-ducal au palais. Entre bons amis, et sans aucun motif de fâcherie.David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Contre vents et marées, la situation de l’emploi aux États-Unis continue de s’améliorer. L’économie américaine a créé 295 000 emplois en février, ramenant le taux de chômage à 5,5 %, selon les statistiques publiées, vendredi 6 mars, par le Département du travail. Les tempêtes de neige, qui se sont abattues ces dernières semaines sur le nord-est et le Midwest, n’ont pas réussi à entamer la dynamique du marché du travail.Au contraire, le nombre d’emplois créés en février se situe au-dessus de la moyenne des douze derniers mois, qui était de plus de 260 000, et au-delà des prévisions des économistes, qui tablaient sur 235 000 et un taux de chômage de 5,6 %, soit 0,1 point de moins qu’en janvier. Le taux de chômage est désormais à son plus bas niveau depuis sept ans.Malgré la révision à la baisse des chiffres de janvier (18 000 créations d’emploi de moins que ce qui avait été anticipé dans un premier temps), le marché du travail reste solide. En 2014, l’économie américaine a créé 3,1 millions d’emplois, soit le meilleur chiffre en quinze ans.Depuis douze mois consécutifs, le nombre d’emplois créés dépasse les 200 000. Il faut remonter à 1995 pour retrouver une série plus longue à un tel rythme. Elle avait alors duré 19 mois.Le rebond du marché de l’emploi semble profiter à toutes les catégories de travailleurs. Lorsqu’on regarde le taux de chômage élargi, le « U6 » dans le jargon du Département du travail, qui prend notamment en compte le nombre de temps partiels subis, la décrue est également spectaculaire : le taux est tombé en février à 11 %, soit 0,3 point de moins que le mois précédent.PAS DE RÉPERCUSSIONS SUR LES SALAIRESEn revanche, du côté de la progression des salaires, on ne voit toujours rien venir. Le salaire moyen horaire dans le secteur privé a augmenté de 2 % en février par rapport à la même période de l’année précédente. Il s’agit d’un recul par rapport à janvier où la hausse sur un an avait été de 2,2 %.Février retrouve donc un rythme identique à celui des quatre dernières années, encore loin de celui qui avait caractérisé la période de croissance avant la crise de 2008 au cours de laquelle les salaires progressaient de 3 % chaque année.L’économie américaine se trouve donc toujours dans une situation étrange où elle s’approche d’une situation de plein-emploi, au regard de la faiblesse du taux de chômage, sans provoquer de tension sur le marché du travail entre l’offre et la demande, qui devrait théoriquement pousser les salaires à la hausse.En fait, cette situation s’explique par la répartition par secteur d’activité des créations d’emploi. La restauration et les bars restent le plus gros pourvoyeur de jobs, avec 59 000 créés en février. Or, il s’agit des domaines où les entreprises payent le plus mal. À noter tout de même la bonne tenue des recrutements dans le secteur des services aux entreprises. Malgré tout, l’industrie a déçu avec seulement 8 000 créations d’emploi.Les annonces récentes de Walmart, plus gros employeur américain, qui va augmenter un demi-million de salariés, devrait créer un effet d’entraînement chez ses concurrents. Les effets de ce mouvement devraient commencer à se voir dans les prochains mois.Wal-Mart augmente le salaire d’un demi-million d’employésINTERROGATIONS SUR LE CALENDRIER DU RELÈVEMENT DES TAUXAutre signe de persistance d’une certaine fragilité du marché de l’emploi aux États-Unis : le taux de participation, c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un, a une nouvelle fois baissé en février, à 62,8 %, soit 0,1 point de moins qu’en janvier. Il faut remonter aux années 1970 pour retrouver un niveau aussi bas.C’est ce que résumait Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale (Fed), lors de son audition la semaine dernière devant le Congrès : « La situation de l’emploi aux États-Unis s’est améliorée sous plusieurs aspects », a-t-elle souligné, tout en déplorant la faiblesse du taux de participation par rapport aux attentes de la Fed et en insistant sur la croissance des salaires, qui reste « molle, suggérant que des faiblesses cycliques persistent ».Est-ce que les chiffres publiés vendredi seront suffisants pour faire évoluer le discours de la Fed sur l’imminence d’un relèvement des taux d’intérêt ? Le dilemme auquel est confrontée Janet Yellen est résumé dans la publication de ces statistiques, remarque Gregory Daco, analyste chez Oxford Economics, spécialisé sur les États-Unis : « emploi solide, mais salaires stagnants ».« La rigidité des salaires nominaux est un facteur fondamental, qui restreint le rebond des salaires dans cette période post-récession, explique-t-il. Cependant, la dynamique du marché du travail devrait soutenir une accélération progressive de la croissance des salaires au cours de 2015 ». Ce qui, selon lui, ouvrirait la voie à un relèvement des taux en septembre.La Fed se veut encore « patiente » avant de relever les taux D’ici là, une première étape est fixée les 17 et 18 mars, date de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed et peut-être l’occasion de préparer les esprits à une telle évolution.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.03.2015 à 14h48 • Mis à jour le06.03.2015 à 16h24 | Anthony Hernandez Prague, envoyé spécialDevant le bâtiment imposant, deux hockeyeurs figés dans le bronze – l'un relaçant son patin, l'autre étreignant une belle patineuse — rappellent l'amour inconditionnel des Tchèques pour le hockey sur glace. De fait, l'O2 Arena de Prague, qui accueille du 6 au 8 mars les 33e Championnats d'Europe d'athlétisme en salle, est sortie de terre à l'occasion des Mondiaux de hockey en 2004. A l'époque baptisée Sazka Arena, cette salle multiusage peut, selon la configuration, accueillir 18 000 spectateurs en concert, comme celui de Madonna en 2006, 17 000 fans de crosses et de palets — l'équipe de hockey du Slavia Prague y joue toute l'année — ou bien 11 000 amateurs d'athlétisme.Jusqu'à dimanche, 643 athlètes de 49 nations europénnes — Israël est membre de l'Association européenne d'athlétisme — s'affrontent dans 26 épreuves (13 masculines et 13 féminines). Comme traditionnellement, et ce d'autant plus en année de Championnat du monde (à Pékin, du 22 au 30 août 2015), le plateau de cet Euro en salle se révèle assez peu riche en vedettes. D'une part, l'athlétisme en salle exclut des épreuves telles que le 200 mètres, le 400 mètres haies ou le relais 4 × 100 mètres, ainsi que les épreuves de fond et la quasi-totalité des lancers, à l'exception du poids. D'autre part, beaucoup des meilleurs athlètes goûtent assez peu les compétitions en salle.Vendredi, les quatre premiers titres de champion d'Europe en salle seront décernés au lancer de poids et au saut en longueur masculin ainsi qu'aux 60 mètres haies hommes et femmes. Le lancer de poids et la longueur masculines ont d'ailleurs bien mal commencé, jeudi, pour la délégation tricolore. Kafétien Gomis a échoué à se qualifier hier pour la finale avec un saut à 7,65 mètres, tandis que les lanceurs Gaëtan Bucki (19,73 m) et Tumatai Dauphin (18,95 m) ont également manqué la finale.Mais c'est au saut à la perche que Renaud Lavillenie a fait vendredi une belle frayeur au public tchèque et au clan français, qui ont bien failli être privés prématurément de la vedette de ces championnats. Le recordman du monde a échoué deux fois à 5,70 mètres avant de franchir cette barre au troisième essai et se qualifier pour la finale de samedi. Une preuve de plus que le saut à la perche reste une épreuve difficile à maîtriser. A noter que Valentin, le frère de Renaud Lavillenie, s'est également qualifié pour la finale.Lavillenie et Schippers en tête d'afficheNon, l'O2 Arena de Prague ne sera pas le lieu d'un duel au sommet entre l'Ukrainien Bonarenko et le Russe Uhkov, codétenteurs du record d'Europe du saut en hauteur avec 2,42 mètres, ni même le théâtre gêné d'un nouveau strip-tease du Français Mahiedine Mekhissi ou bien le public enthousiaste d'un dernier tour de piste dévastateur de l'imprévisible champion français. L'enceinte praguoise ne verra pas non plus les meilleurs sprinteurs européens, puisque ni les Britanniques James Dasaolu (champion d'Europe en titre du 100 m) et Harry Aikines (médaillé de bronze), ni les Français Christophe Lemaitre, toujours réticent à s'aligner sur la distance du 60 m qui ne favorise pas son départ, et Jimmy Vicaut, qui n'en finit plus de se débattre avec des problèmes de blessures, n'ont inscrit la compétition à leur programme.Une fois de plus, le Français Renaud Lavillenie sera l'indiscutable tête d'affiche de ces Championnats d'Europe en salle. Il tentera de remporter à Prague un quatrième titre d'affilée, performance inédite. L'athlète de l'année 2014 ne refuse jamais une compétition et l'occasion offerte d'agrandir son immense palmarès (11 médailles olympique, européennes et mondiales dont 8 en or) : « Je veux faire grandir ma collection de médailles. Je ne suis pas quelqu'un qui s'entraîne pour s'entraîner. J'aime la compétition. Et je ne veux rien laisser à mes adversaires. » Véritable accro aux sautoirs, il est l'un des seuls à pouvoir battre un record du monde, le sien (6,16 m). Au-dessus de la mêlée, il a déjà franchi à quatre reprises cette saison la barre des 6 mètres (6,02 m à Berlin le 14 février). Les Polonais Piotr Lisek et Robert Sobera devraient se partager les restes et en sont réduits à prier pour une éventuelle défaillance du Charentais, défaillance qui a été toute proche vendredi en qualifications.Lire : Dafne Schippers, l'heptathlète devenue reine du sprintChez les femmes, la Néerlandaise Dafne Schippers, double championne d'Europe à Zurich du 100 mètres et du 200 mètres, tentera de confirmer son statut de révélation du sprint. Ses 7 secondes 9 la placent en quatrième position des bilans mondiaux, derrière des pointures comme l'Ivoirienne Ahouré, la Jamaïcaine Burchell ou l'Américaine Bartoletta. Lors de cet Euro, l'heptathlète de formation devra se méfier de la Britannique Dina Asher-Smith et de l'Allemande Verena Sailer.Qui peut détrôner les Russes ?En 33 éditions, la Russie a remporté les dix derniers classements des médailles. A ces dix victoires consécutives, on peut ajouter 13 succès de l'URSS et un de l'équipe unifiée de l'ex-URSS en 1992. Loin derrière, les Allemands l'ont emporté onze fois mais une seule fois en tant que nation unifiée (en 1998, à Valence). La France l'a emporté une fois en 2011 à domicile à Paris-Bercy, à égalité avec les incontournables Russes. La seule autre nation à avoir triomphé de l'ultradomination russe et allemande est la Tchécoslovaquie, en 1984 à Göteborg.Lire aussi : Le rude hiver de l'athlétisme russeOui mais voilà. Si en temps normal, le classement des médailles semble promis à l'athlétisme russe, celui-ci traverse une crise sans précédent. Depuis la diffusion d'un documentaire détonant sur la chaîne allemande ARD, l'omerta du dopage a volé en éclats. Le président de la fédération russe, Valentin Balakhnichev, a démissionné, et l'entraîneur en chef Valentin Maslakov a été limogé. Avec une délégation privée de nombreuses têtes d'affiche, la France ne semble en tout cas pas en mesure d'en profiter. Les chances françaisesEn dehors du cas particulier Lavillenie, les principales chances tricolores se portent sur la championne du monde en salle et la double championne d'Europe, Eloyse Lesueur, tentera de maîtriser sa nouvelle technique du double ciseau pour remporter un nouveau titre au saut en longueur. Au pentathlon, Antoinette Nana-Djimou ne devrait pas être loin d'un nouveau podium européen (déjà 2 en salle). Au 400 m et au 4 × 400 m, Marie Gayot et Floria Gueï auront leur mot à dire même si la Britannique Bundy-Davies paraît au-dessus du lot. Vendredi matin, les deux Françaises se sont qualifiées pour les demi-finales de l'après-midi grâce respectivement au premier et au quatrième chronos.Lire aussi : Floria Gueï, seule en pisteDans l'épreuve du 60 mètres haies, toujours très appréciée des Français, Dimitri Bascou possède une belle marge sur ses adversaires européens (7 s 48). Derrière, à quelques centièmes, c'est son jeune compatriote Wilhem Belocian, recordman du monde junior du 60 m haies et du 110 m haies, qui tient la corde avec un chrono de 7 s 53 réalisé à Aubière lors des derniers Championnats de France en salle. Plus loin, le recordman français du 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde, plus en difficulté sur le 60 m haies, peut tout à fait se mêler à la lutte pour le podium. Vendredi matin, les trois hurdlers ont tous rejoint les demi-finales et pourquoi ne pas rêver à 18 h 55 d'un triplé français en finale. Maslak et Hejnoa, la relève d'un athlétisme tchèque au riche passéL'athlétisme tchèque — et son devancier tchécoslovaque — reste l'une des valeurs sûres du continent européen. S'il n'a plus vraiment son lustre d'antan, les immenses champions tchèques ne manquent pas : le coureur Emil Zatopek, la locomotive tchèque aux quatre titres olympiques (1948 à 1952), le lanceur de javelot Jan Zelezny, toujours détenteur du record du monde de la spécialité (98,48 m en 1996), la coureuse double championne du monde Jarmila Kratochvilova, détentrice du record du monde du 800 m depuis… 1983 (1 min 53 s 28), ainsi que plus près de nous les décathloniens Tomas Dvorak (triple champion du monde de 1997 à 2001) et Roman Sebrle (champion olympique en 2004 et champion du monde en 2007).Cette année à Prague, les deux leaders de l'athlétisme tchèque se nomment Pavel Maslak et Zuzana Hejnova. Le premier est champion d'Europe et du monde en salle du 400 m (2014 à Sopot), la seconde est championne du monde du 400 m haies (2013 à Moscou). En tête des bilans européens, une seconde d'avance sur le deuxième, le Polonais Zalewski, Pavel Maslak n'a pas caché sa confiance en lui : « Ce n'est jamais une obligation de gagner mais je suis assez confiant, explique-t-il au Monde. Je pense qu'il ne devrait pas être difficile de défendre mon titre acquis à Göteborg en 2013, parce que la plupart de mes concurrents ne courent pas en salle. Au-delà de ça, j'aimerais bien montrer quelque chose de spécial ici devant mon public et ma famille qui vont me supporter. »Pour Zuzana Hejnova, les choses sont bien différentes. En l'absence de son épreuve fétiche au programme de la compétition, la championne de 400 mètres haies s'alignera sur 800 mètres et sur le relais 4 × 400 mètres. Elle ne cache pas au Monde que sa participation est due à la perspective de courir à domicile : « Je pense que je n'aurais pas fait la saison indoor si les championnats ne s'étaient pas déroulés en République tchèque. C'est une grande motivation. M'aligner sur 800 m est simplement une expérience, et je n'attends pas de résultats particuliers. » Zuzana Hejnova a déjà les yeux tournés vers les Mondiaux de Pékin et surtout vers Rio en 2016 : « Je me concentre sur la défense de mon titre mondial cette année mais définitivement les JO sont mon objectif principal désormais. »Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 11h01 • Mis à jour le06.03.2015 à 11h17 | Claire Guélaud L’euro est passé, jeudi 5 mars, sous 1,10 dollar, pour la première fois depuis septembre 2003. Pour Patrick Artus, économiste en chef de Natixis, cette dépréciation est une bonne nouvelle pour l’industrie française. A une condition toutefois : que cette baisse ne soit pas trop rapide.L’euro au plus bas depuis 2003 face au dollarLa baisse de l’euro face au dollar est-elle une bonne nouvelle pour la France ?L’effet net de la dépréciation de l’euro sera positif pour l’économie française, car, compte tenu du niveau de gamme de nos produits, nos exportations sont sensibles à la variation des prix. Nous gagnerons plus en exportant davantage que ce que nous allons perdre avec des importations renchéries.Néanmoins, il ne faut pas surestimer l’importance du gain lié à la baisse de l’euro. Prenons un exemple : depuis l’été 2014, le prix du baril de pétrole en dollars est passé d’environ 115 à 60 dollars (104 à 54 euros), l’euro était ramené de 1,40 à 1,10 dollar. A ce niveau-là, on a perdu avec la dépréciation de l’euro la moitié du gain que nous avons enregistré sur le prix du pétrole en dollars.A qui profite l’euro faible ?La dépréciation de l’euro entraîne des transferts massifs. C’est un bon point pour l’industrie qui va regagner des parts de marché. C’est un mauvais point pour les ménages qui vont, par exemple, payer plus cher leur énergie, ou pour l’ensemble des acheteurs de matières premières.Compte tenu de l’état de l’économie française et de ses fragilités, c’est plutôt une bonne chose de soutenir l’industrie.Jusqu’où l’euro peut-il baisser ? Jusqu’où ce recul est-il souhaitable ?Je ne suis pas sûr que l’on puisse poser la question en ces termes. Plus que la question du niveau de la monnaie unique par rapport au dollar, c’est celle de la rapidité de sa dépréciation qui importe.En règle générale, on estime qu’un gain de compétitivité de 10 % – une dépréciation de l’euro d’autant – conduit à une augmentation des exportations de 7 %. Mais encore faut-il pour cela que l’industrie ait les capacités de production suffisantes pour vendre à l’export. Une baisse extrêmement rapide ne serait pas une bonne chose, car l’industrie n’aurait probablement pas les moyens d’y répondre faute d’avoir investi suffisamment ces dernières années.En fin de compte, qu’est-ce qui fait baisser l’euro ? La Banque centrale européenne s’apprête à injecter des liquidités avec son programme d’assouplissement quantitatif (quantitative easing ou QE) à partir du 9 mars. Les rachats de dettes publiques et privées vont conduire à la baisse des taux d’intérêt qui seront proches de zéro ou négatifs.La BCE donne le coup d’envoi à ses rachats de dettesCela va inciter les investisseurs en obligations à se tourner vers les obligations étrangères. Cette sortie attendue de capitaux fera baisser l’euro. Parallèllement, le QE devrait aussi faire monter les actions. Autrement dit, l’euro ne baisse que si les sorties de capitaux en obligations étrangères dépassent les entrées de capitaux liées à la hausse des actions. C’est ce que l’on a constaté au Japon. En revanche, au Royaume-Uni, en 2012, la livre sterling s’est appréciée. Il est donc assez difficile de dire quels seront les effets du programme lancé par Mario Draghi, le président de la BCE.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 09h50 • Mis à jour le06.03.2015 à 12h37 Cinq personnes, dont quatre membres des forces de sécurité, ont été blessées vendredi 6 mars dans ce que la police israélienne qualifie de « probable atttaque à la voiture-bélier », à Jérusalem, entre les parties est et ouest de la ville. La police a qualifié les faits d'attaque terroriste.Vers 10 heures (9 heures à Paris), « le chauffeur a foncé avec sa voiture » sur de passants qui se trouvaient près d'un poste de garde-frontière, non loin de l'axe du tramway séparant les deux parties de la ville. Le chauffeur de la voiture est ensuite sorti du véhicule avec un couteau pour essayer de poignarder des personnes se trouvant aux alentours.L'auteur de l'attaque serait un Palestinien résidant dans le quartier de Ras Al-Amoud de Jérusalem-Est. Il a été blessé par les tirs d'un agent de sécurité, et est sérieusement blessé, selon une porte-parole de la police. Dégradation des relationsL'attaque s'est produite en pleine fête juive de Pourim et au moment où les tensions israélo-palestiniennes sont à leur comble. « Notre réponse au terrorisme, c'est de poursuivre notre vie normalement. Les célébrations Pourim sont maintenues et la sécurité dans les différents quartiers de la ville sera renforcée », a dit le maire Nir Barkat dans un communiqué. Les relations entre Palestiniens et Israéliens n'ont cessé de se dégrader depuis la rupture des négociations directes l'an dernier, en raison notamment de la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Israël a décidé début janvier de geler le transfert de plus de 100 millions de dollars effectué tous les mois à l'Autorité palestinienne pour le paiement de ses fonctionnaires, après la décision du président Mahmoud Abbas de signer les documents d'adhésion à la Cour pénale internationale. Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Le budget militaire chinois augmentera de 10,1 % en 2015, a annoncé le gouvernement chinois à l’occasion de la session parlementaire annuelle. Pour Willy Lam, politologue hongkongais spécialiste de la Chine, chercheur à la Fondation Jamestown, à Washington, et professeur adjoint de l’université chinoise de Hongkong, cette progression, moins importante que l’année précédente, est avant tout « un exercice de relations publiques pour réassurer les voisins très nerveux de la Chine », sur fond de reprise en main de l’armée par le numéro un chinois, Xi Jinping. Entretien.Comment interpréter la détention, lundi 2 mars, pour corruption de 16 généraux, dont le fils de Guo Boxiong, un ex-vice-président de la Commission militaire central (CMC) sous la présidence de Hu Jintao ?Pour Xi Jinping, la priorité numéro un reste la loyauté, car en Chine, le slogan maoïste « Le pouvoir est au bout du fusil » est toujours valable. Xi cherche à remplacer les responsables de la faction du Nord-Est et de la faction du Nord-Ouest par ses protégés et affidés de la région militaire de Nankin. On a appris cette semaine la mise sous enquête disciplinaire du fils du général Guo Boxiong. Toutefois, je ne pense pas que Xi va faire arrêter son père, qui avait le même rang que Xu Caihou, l’ancien vice-président de la Commission militaire centrale (CMC) en disgrâce, pour ne pas s’aliéner ses partisans. Xi Jinping veut en fin de compte réaliser l’unité de l’Armée populaire de libération (APL) et que 100 % des généraux lui prêtent allégeance.Comment expliquer la hausse relativement modeste des dépenses militaires pour 2015 et quels sont les défis qui se posent au président Xi Jinping pour mener à bien son plan de réforme de l’armée ?Xi Jinping n’a pas encore eu le temps de réformer le système de commandement et de contrôle de l’APL, qui est archaïque. Je parle de la structure en sept régions militaires, qui date des années 1950. Son objectif est que toutes les divisions de l’APL soient capables d’interagir les unes avec les autres de manière organique et dans des conditions de combat high-tech. Quant au budget militaire, les 10 % et quelque d’augmentation, cela n’a aucune importance, car tout le monde sait que le budget véritable est déjà de 50 % à 100 % supérieur à celui qui est annoncé durant l’Assemblée nationale populaire. Les 10 %, c’est un exercice de relations publiques pour réassurer les voisins très nerveux de la Chine !Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier Il n’a pas encore commencé, mais ses effets se font d’ores et déjà sentir. Et tout d’abord sur la « valeur » de l’euro. Le plan massif de rachat de dettes publiques (« quantitative easing » ou « QE ») débutera réellement lundi 9 mars, a annoncé, jeudi 5 mars, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). Mais, sans même attendre cette date fatidique, l’euro a plongé sous la barre de 1,10 dollar, jeudi soir.La BCE donne le coup d’envoi à ses rachats de dettesJamais depuis septembre 2003 la monnaie unique européenne n’avait atteint un tel niveau. Vendredi matin, l’euro se reprenait toutefois légèrement, repassant juste au-dessus de ce seuil symbolique.C’est que la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, délocalisée (comme deux fois l’an) de Francfort à Chypre, était particulièrement attendue. « Super Mario » y a précisé les modalités du QE, ultime « bazooka » pour réanimer la croissance en zone euro. L’objectif ? Contrer les pressions déflationnistes pesant sur le Vieux Continent, en relançant le crédit et l’activité. En achetant des dettes souveraines, la BCE va en amoindrir les rendements (qui évoluent à l’inverse de la demande), poussant ainsi les investisseurs vers des actifs plus risqués, comme les actions ou les dettes d’entreprises.Mais, en augmentant la quantité d’euros en circulation, l’institut espère aussi clairement faire baisser la monnaie unique face au dollar, favorisant au passage les exportateurs européens.« Agir sur le taux de change »Déjà, début septembre 2014, lorsque la BCE avait annoncé une baisse de ses taux et le lancement d’un programme de rachat d’ABS (asset-backed securities), ces titres adossés à des créances notamment de PME, ainsi que d’obligations sécurisées d’institutions financières de la zone euro, l’institution n’avait pas caché ses intentions : il s’agissait certes de soutenir la croissance vacillante de la zone euro et enrayer le risque déflationniste, mais aussi de faire baisser l’euro.Peu après cette réunion, Ewald Nowotny, le gouverneur de la Banque d’Autriche, avait d’ailleurs confirmé que l’objectif était « d’agir sur le taux de change ». Un tabou majeur était alors tombé, car rarement un membre de l’institution ne s’était montré aussi clair sur ce point. Ce pari de la baisse de l’euro est d’ores et déjà réussi, semble-t-il.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 08h11 • Mis à jour le06.03.2015 à 10h09 Le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaida, a annoncé jeudi 5 mars la mort de son chef militaire, Abou Houmam Al-Chami, tué dans une explosion. Selon deux sources proches des insurgés, Al-Chami, qui avait combattu par le passé en Afghanistan et en Irak, a été tué par une attaque aérienne. Le raid visait une réunion de plusieurs dirigeants du Front Al-Nosra à Salkine, dans la province d'Idlib, près de la frontière turque.A Damas, l'agence de presse officielle SANA a annoncé que le chef d'Al-Nosra avait été tué lors d'une opération de l'armée syrienne. Washington a, de son côté, affirmé qu'aucun raid américain n'avait été mené ces dernières vingt-quatre heures dans la province d'Idlib.« C'est un grand coup porté à Al-Nosra »Sur Twitter, le Front Al-Nosra a écrit que le cœur de la nation islamique « saign[ait] à la nouvelle du martyre du commandant Abou Houmam ». « C'est un grand coup porté à Al-Nosra. Un coup très fort, très douloureux », a dit un insurgé. Les Etats-Unis et leurs alliés ont mené ces derniers mois en Irak et en Syrie des raids aériens contre l'Etat islamique, rival du Front Al-Nosra. Ils ont aussi visé des combattants d'Al-Nosra en Syrie. La branche syrienne du réseau extrémiste sunnite Al-Qaida, cherchant à se renforcer dans le nord de la Syrie, a affronté ces derniers mois des groupes rebelles appuyés par les Occidentaux.Vaincu, le mouvement Hazzm, l'une des dernières survivances de l'insurrection non djihadiste dans le nord du pays, a annoncé dimanche sa dissolution et le ralliement de ses combattants à une alliance islamiste. Claire Guélaud La baisse des prix du pétrole risque de compliquer la donne en Amérique latine, région qui a connu en 2014 sa plus faible croissance (1-1,5 %) des cinq dernières années et dont la reprise n’est guère assurée en 2015 (les prévisions variant de - 0,2 % pour Natixis à + 2,3 % pour Coface). Les pays exportateurs nets d’or noir, à l’image du Venezuela et de l’Équateur, souffrent déjà de la dégringolade spectaculaire des prix, tandis que d’autres y voient un facteur de soutien à la consommation et de diminution des coûts de production. Revue de détail des gagnants et des perdants, sachant qu’en moyenne, Euler Hermes évalue à - 0,4 point de PIB l’impact de la chute des cours sur l’activité.Ceux qui y gagnent : l’Amérique centrale et les pays du Cône sud hors Argentine Importateurs nets de pétrole, les pays d’Amérique centrale seront les principaux bénéficiaires de la baisse des prix. Selon une note de blog de deux économistes du Fonds Monétaire International (FMI), Robert Rennhack et Fabian Valencia, de nombreux pays s’adaptent bien au nouvel environnement mondial et en profitent pour réduire les coûts de l’énergie domestique. « Ceci a augmenté le revenu disponible des consommateurs et des entreprises via des coûts de transport et d’énergie meilleur marché. Une politique qui soutient la croissance et réduit les pressions inflationnistes », observent-ils en citant notamment le cas de la Barbade, du Costa Rica et du Guatemala.Au Chili, l’activité ralentit depuis la fin 2013 en raison de la baisse des prix du cuivre dont ce pays est le premier producteur au monde, mais aussi, observe Patricia Krause (Coface), du fait d’une contraction de l’investissement (de l’ordre de 10 % en glissement annuel) et du mauvais moral des chefs d’entreprise pour cause de hausse des impôts. La chute des cours de l’or noir pourrait donner de l’air à l’économie chilienne qui croîtrait d’environ 3 % en 2015, soit nettement moins que dans les années 2004-2013 (+ 4,7 % en moyenne).De même, analyse Daniela Ordoñez (Euler Hermès), les effets bénéfiques de la baisse du prix du pétrole pourraient permettre au Paraguay et, « dans une moindre mesure », à l’Uruguay, de compenser en partie l’impact négatif sur leur économie de la chute des prix agricoles et du ralentissement chinois.Les « ni ni » (ni gagnants ni perdants) : Brésil, Argentine, Pérou et Bolivie A court terme, l’impact de la baisse des prix du pétrole est modeste mais positif au Brésil, en Argentine, au Pérou et en Bolivie dont la balance commerciale s’améliore. A moyen terme, toutefois, les projets d’investissements énergétiques de Buenos Aires et de Brasilia pourraient se trouver sinon compromis, du moins nettement ralentis si les prix de l’or noir devaient rester durablement bas. Or la compagnie brésilienne Petrobras, plongée en plein scandale de corruption, représente, à elle seule 10 % n de l’investissement au Brésil.Ceux qui vont affronter des temps difficiles : Mexique, Colombie, Trinidad et Tobago Bien qu’ils soient producteurs de pétrole, le Mexique et la Colombie - deux économies parmi les plus robustes d’Amérique Latine - ont une production relativement diversifiée et bénéficient de la confiance des investisseurs et des marchés financiers. Trinidad et Tobago affiche un surplus courant de 10 % du PIB et les trois pays ont, selon Coface, accumulé ces dernières années de substantielles réserves. Autant d’éléments qui devraient les aider à faire face à la baisse des prix de l’or noir qui amputera leur croissance de moins de 1,5 point de PIB.Les grands perdants : le Venezuela et l’Équateur La baisse des prix de l’or noir (57,8 % entre le 20 juin 2014 et le 28 janvier 2015 en dollars, selon Coface) est un coup dur pour le Venezuela qui détient les plus importantes réserves prouvées de pétrole au monde. L’or noir représente 95 % de ses exportations et la moitié de ses rentrées budgétaires. Le pays est déjà en pleine crise : l’inflation y a dépassé 60 % en 2014, il manque de réserves et affronte des pénuries de toute nature. La récession continuerait en 2015. Elle serait de l’ordre de 7,5 % au moins, selon Euler Hermès.L’Équateur, dont les fondamentaux économiques et financiers sont plutôt sains, est probablement le deuxième pays latino-américain le plus affecté par la baisse des prix du pétrole, car celui-ci représente la moitié de ses exportations. La perte de revenus pétroliers va creuser le déficit budgétaire et pourrait menacer les projets d’investissement dans la santé et l’éducation. Le gouvernement vient d’annoncer des coupes budgétaires et il a emprunté 7,5 milliards de dollars US à la Chine, observe d’ailleurs l’économiste de Coface.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Laure Stephan (Beyrouth, correspondance) Devenu une star des médias français en tant qu’expert du djihadisme, Romain Caillet, basé à Beyrouth depuis cinq ans avec sa famille, n’a plus droit de cité aujourd’hui au Liban. Interpellé à son retour dans la capitale libanaise, samedi 28 février, alors qu’il revenait du Maroc, le spécialiste français, soupçonné de « liens avec des organisations terroristes », a été refoulé au terme de vingt-neuf heures de rétention à l’aéroport. Contacté par Le Monde, un responsable de la Sûreté générale (l’appareil de sécurité chargé d’enregistrer les étrangers au Liban, qui a procédé à l’expulsion de Romain Caillet) n’a pas précisé la nature de ces organisations. Cette charge est toutefois mise en doute parmi ceux qui ont fréquenté au Liban ce chercheur de 37 ans.Ce dernier a accusé le Hezbollah, principal parti chiite au Liban et acteur le plus puissant, d’être derrière la décision d’expulsion. Mais selon une source informée, c’est moins pour ses critiques du Hezbollah que pour des tweets hostiles à l’armée libanaise, « interprétés comme une caution aux djihadistes », que Romain Caillet était depuis plusieurs mois dans le collimateur des services de sécurité. La portée de ces tweets a été amplifiée par la visibilité du spécialiste, dont les propos aux médias français étaient parfois repris dans la presse en langue arabe.L’armée a toujours été un sujet sensible au Liban, et d’autant plus aujourd’hui que les militaires sont en guerre contre les djihadistes du Front Al-Nosra et de l’Etat islamique (EI) à la frontière libano-syrienne, dans l’extrême est du pays. Plus de trente soldats sont déjà morts aux portes du Liban, dans ce conflit en cours depuis l’été 2014. Une vingtaine de membres des forces de sécurité sont otages des djihadistes, qui ont déjà exécuté quatre de leurs prisonniers. Dans les médias libanais, l’heure est à l’union sacrée autour de l’armée.« Un musulman converti d’obédience salafiste »« C’est un mélange de plusieurs éléments qui a fini par focaliser l’attention sur Romain Caillet : son apparence – il porte la barbe –, le fait qu’il soit un musulman converti d’obédience salafiste, qu’il critique les forces de sécurité et le Hezbollah et qu’il affiche de l’empathie pour les salafistes, tout en n’étant pas dans la légitimation de la lutte armée, explique cette source. Il s’inscrit plutôt dans une perspective de lutte contre le terrorisme. Mais l’ambivalence de son profil a brouillé son image aux yeux des autorités libanaises, et lui n’a pas mesuré le climat de paranoïa. »M. Caillet, qui a récemment abandonné sa thèse portant sur l’immigration des jeunes salafistes français en terre d’islam, jouissait d’un statut ambigu à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO) de Beyrouth, un centre prestigieux qu’il avait rejoint pour poursuivre ses recherches : sans être membre de l’équipe, il a longtemps été doctorant associé. Réputé sérieux dans son analyse quotidienne des forums djihadistes, arabophone, cet expert était néanmoins l’objet de critiques de certains de ses confrères pour ses réactions à chaud sur les actes terroristes au Liban ou son manque de distance sur certains sujets.Romain Caillet s’est fait connaître sur la scène locale en 2013 : il a été l’un des premiers à parler du cheikh Ahmed Al-Assir. Tirant à boulets rouges contre le Hezbollah, ce religieux radical émergera d’abord pour son soutien à la cause de la rébellion syrienne, avant de devenir l’ennemi numéro un de l’armée libanaise. En juin 2013, des combats meurtriers ont opposé ses hommes aux militaires, et le cheikh Assir est depuis l’un des fugitifs les plus recherchés.Les étrangers font l’objet d’une surveillance accrueSi le chercheur compte ses partisans, des Libanais, notamment issus de la gauche, estiment au contraire qu’il a jeté de l’huile sur le feu, dans un pays très divisé, et ont mis en cause sa lecture sectaire des événements dans le pays, lui reprochant à la fois un discours antichiite et un ton militant pour parler du « sentiment d’humiliation sunnite », régulièrement évoqué dans ses tweets.Joint par Le Monde, M. Caillet n’était pas disponible mercredi pour réagir. Au quotidien L’Orient Le Jour, il a rapporté la veille que, depuis plusieurs mois, il était interpellé à l’aéroport de Beyrouth lors de ses retours de voyage. Sur Twitter, il affirme vouloir « tourner la page » après sa « petite mésaventure. » Des messages de solidarité, mais aussi d’insulte, ont afflué.Au-delà de l’affaire Caillet, les étrangers font l’objet d’une surveillance accrue au Liban. Les services de sécurité, sur la sellette face au risque d’attentats et à l’afflux d’étrangers vers les groupes extrémistes, ont arrêté en 2013 des Européens accusés d’être des volontaires du djihad. Les contrôles visent aussi les journalistes : les reporters revenant de Turquie, plaque tournante des étrangers qui cherchent à rejoindre l’EI, sont interrogés à leur arrivée. Enfin, les humanitaires qui travaillent dans des ONG actives auprès des réfugiés syriens ont le plus grand mal à renouveler leur permis de résidence : officiellement, il s’agit de promouvoir l’emploi des Libanais. Mais l’espionnite n’est jamais loin.Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.03.2015 à 15h19 • Mis à jour le04.03.2015 à 18h27 Moins d'une semaine après la capture du narcotrafiquant le plus recherché du Mexique, les forces mexicaines de sécurité ont capturé mercredi 4 mars au matin Omar Treviño, chef du cartel criminel des Zetas, l'un des plus violents du Mexique, dans l'Etat du Nuevo Leon (Nord-Est).Surnommé « Z-42 », Omar Treviño, âgé de 41 ans, dirigeait l'organisation depuis juillet 2013. Il a été capturé vers 4 heures du matin dans la ville de San Pedro Garza Garcia, une banlieue industrielle de Monterrey, capitale de l'Etat, a-t-on indiqué de sources gouvernementales. Aucun coup de feu n'a été tiré pendant son interpellation, menée conjointement par des militaires et la police fédérale. Les autorités mexicaines avaient mis sa tête à prix pour près de 2 millions de dollars, et les Etats-Unis offraient de leur côté 5 millions de dollars.Il est accusé au Mexique de délinquance organisée et port d'armes à feu dont l'usage est limité à l'armée. Aux Etats-Unis, il était recherché par l'Agence de lutte contre la drogue américaine (DEA) pour trafic de cocaïne. Selon les autorités américaines, Omar Treviño est aussi responsable de plusieurs enlèvements et meurtres dans la ville frontalière de Nuevo Laredo entre 2005 et 2006.Traite de migrantsLes Zetas, une bande criminelle fondée par des déserteurs des forces d'élite de l'armée, agissent principalement dans l'est du Mexique et se consacrent au trafic de drogues, mais également à la traite et à l'extorsion de migrants tentant de rejoindre les Etats-Unis. Connu pour ses méthodes brutales, notamment les décapitations, le groupe se trouve actuellement affaibli par la lutte armée qui l'oppose depuis 2010 à ses ex-alliés du cartel du Golfe et l'arrestation de ses principaux dirigeants au cours des trois dernières années.Le 13 juillet 2013, des éléments de la marine avaient capturé le frère d'Omar Treviño « Z-40 », Miguel Angel Treviño, qui avait pris la tête de l'organisation après que des militaires eurent abattu Heriberto Lazcano, alias « El Lazca », l'un des fondateurs de l'organisation, qu'il dirigeait à l'époque.Vendredi dernier, c'est Servando Gomez, dit « la Tuta », qui a été capturé dans une maison d'un quartier populaire de Morelia. La tête du dirigeant du cartel des Chevaliers templiers, considéré comme le criminel le plus recherché du pays, était mise à prix à 30 millions de pesos (1,8 million d'euros) par le gouvernement. A la tête d'une organisation mafieuse spécialisée dans le trafic de méthamphétamines vers les Etats-Unis, il opérait dans l'Etat du Michoacan.Lire aussi (édition abonnés) : Au Mexique, la chute opportune de « la Tuta »Ces captures à quelques jours d'intervalle apparaissent comme des victoires pour le gouvernement du président Enrique Peña Nieto, depuis son arrivée au pouvoir, en 2012. La violence continue toutefois à faire rage dans le pays. Plus de cent mille personnes ont péri au Mexique dans les violences liées au trafic de drogue depuis 2007, lorsque le gouvernement a lancé une vaste offensive militaire contre les cartels. 04.03.2015 à 13h57 • Mis à jour le04.03.2015 à 18h24 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance (avec Cécile Ducourtieux, à Bruxelles) Le gouvernement grec a-t-il les moyens de faire face aux échéances de remboursement de prêts qui se profilent dans les prochains jours ? La question agite l’Europe. D’autant qu’à l’issue de l’accord avec l’Eurogroupe, le 26 février, qui a prolongé de quatre mois (jusque fin juin) le plan d’aide à la Grèce, il a été signifié au gouvernement d’Alexis Tsipras qu’il ne pourra compter sur la dernière tranche de ce plan (environ 7 milliards d’euros) qu’au mieux en avril, quand il aura démontré sa volonté de mettre en place les réformes sur lesquelles il s’est engagé.Quelles sont les toutes prochaines échéances ?La Grèce doit rembourser 875 millions d’euros de Bons du Trésor vendredi 6 mars, principalement détenus par les banques étrangères (pour 750 millions). Mais le même jour Athènes devra aussi rembourser 310 millions d’euros au Fonds monétaire international (FMI).Ce même FMI, qui a prêté 32 milliards d’euros au total à la Grèce, attend un deuxième remboursement de 334 millions d’euros, le 13 mars, puis un troisième, le 16 mars et encore un autre le 20 mars, soit 1,5 milliard au total.Tout confondu, bons du Trésor et FMI, les remboursements en mars dépassent 6 muilliards d’euros. Et de nouvelles lourdes échéances se profilent ensuite dès le mois de juin.Par ailleurs, le gouvernement grec devra aussi trouver un peu plus de 200 millions d’euros pour financer les mesures sociales contenues dans son projet de loi, déposé mercredi au Parlement, pour lutter contre la crise humanitaire.De quels moyens dispose Athènes ?La Grèce a levé, mercredi 4 mars, 1,138 milliard d’euros en bons du Trésor à 6 mois. La somme permettra en l’occurrence de couvrir les 750 millions de bons du Trésor à rembourser vendredi.Les banques grecques, qui ont déjà dans leurs tiroirs pour 575 millions d’euros de bons, ont logiquement participé à l’échange, mais pas les banques étrangères, qui possèdent aujourd’hui pour 875 millions d’euros de bons du trésor grec.Selon le quotidien grec Kathimerini, à défaut d’une participation des banques étrangères à l’opération, une partie de la levée des bons du trésor aurait été couverte par le Fonds Public de la banque de Grèce.Selon l’Organisme pour la gestion de la dette publique (PDMA), le taux d’intérêt des nouveaux bons du Trésor proposés mercredi a été de 2,97 %, alors qu’il était de 2,75 % en février.Mais les échéances les plus lourdes à venir sont celles du FMI. « Le FMI est prioritaire. Nous ferons sortir le sang de la pierre pour le rembourser », a promis le ministre des finances, Yanis Varoufakis.Athènes répète depuis plusieurs jours qu’elle ne connaît pas de problème de liquidités et sera en mesure de faire face à ce délicat mois de mars. Plusieurs solutions de financement sont mises en avant par le gouvernement grec.- Athènes réclame depuis plusieurs semaines que lui soient versés les quelque 1,8 milliard d’euros qui correspondent aux profits réalisés par les banques centrales nationales européennes suite à des achats d’obligations grecques, et qui reviennent de droit à la Grèce.- Les Grecs tablent aussi sur le fait que la banque centrale européenne (BCE) remette en place le robinet à liquidités qu’elle avait en grande partie fermé début février au motif qu’Athènes refusait encore le principe de l’extension du deuxième plan d’aide. La BCE pourrait trancher sur cette question jeudi 5 mars.- Le gouvernement Tsipras compte par ailleurs que les créanciers versent dès mars une partie des quelque 7 milliards d’euros de prêts du programme d’aide en cours. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a prévenu qu' « aucun euro ne sera versé avant » que la Grèce n’ait rempli ses engagements.Le Bundestag vote sans entrain la prolongation du plan d’aide à la GrèceMais le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a déclaré, lundi, au Financial Times qu’en échange de réformes rapides et de « progrès », un possible premier versement de fonds pourrait intervenir dès courant mars. « Ce n’est pas du tout une mauvaise proposition », a estimé Yanis Varoufakis qui a promis de présenter une liste de six réformes concrète à l’Eurogroupe du lundi 9 mars.Quelles réformes pourrait présenter Athènes le 9 mars à l’Eurogroupe ?Selon des sources gouvernementales grecques, les six pistes de réformes sont les suivantes :- lutte contre la crise humanitaire (coupons alimentaires, logement pour les sans-abri, aide au paiement du courant, etc..). Un projet de loi sur ces questions est déjà en examen au parlement grec.- réforme administrative.- projet de loi sur la réglementation des arriérés de dettes à l’Etat ou à la sécurité sociale- réforme de l’administration fiscale.- activation d’un Conseil fiscal indépendant.- création d’un nouveau corps de contrôleurs fiscaux.Le gouvernement grec attendu sur les réformesPar ailleurs, le gouvernement grec a décidé de remettre à plus tard un certain nombre de mesures promises pendant la campagne électorale mais qui auraient un impact trop grand sur le budget de l’Etat. Or, selon l’accord conclu le 20 février à l’Eurogroupe, Athènes s’est engagée à ne prendre aucune initiative unilatérale susceptible de modifier l’équilibre budgétaire pour les quatre prochains mois.L’impôt sur la propriété (Enfia) devrait être maintenu pour encore quelques mois, avec une baisse possible comprise entre 15 % et 20 %, avant d’être progressivement transformé, d’ici à fin 2015, en impôt sur les grosses propriétés.Le relèvement du plafond de non-imposition de 5 000 à 12 000 euros, devrait intervenir « pas à pas » d’ici à fin 2015 et non dès la déclaration de revenus de cette année.Sur la question des privatisations, des sources gouvernementales indiquent qu’il serait exclu de privatiser les compagnies de gestion des eaux ou de l’énergie, mais elles restent floues sur le reste des biens publics.Grèce : polémique autour des privatisationsOù en est le sujet renégociation de la dette grecque ?M. Varoufakis aimerait ouvrir le chapitre de la renégociation de la dette grecque dès la fin avril. Le ministre des finances grec plaide pour une restructuration « intelligente », tout en prenant acte qu’un effacement serait inacceptable pour ses créanciers.« Une décote est un gros mot. Je l’ai appris. Tout comme nous ne voulons pas entendre parler du mot "troïka", nos créanciers ne veulent pas entendre parler du mot décote. C’est quelque chose que je comprends », a déclaré M. Varoufakis au quotidien allemand des affaires Handelsblatt, lundi 2 mars.« Nous pourrions reconvertir une partie des crédits que nous avons reçus du Fonds de sauvetage européen (FESF) en obligations, dont le coupon et les remboursements seraient indexés sur l’évolution de notre produit intérieur brut », a-t-il avancé.Adéa Guillot (Athènes, correspondance (avec Cécile Ducourtieux, à Bruxelles)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Et si l’Allemagne enregistrait cette année une croissance de 2 % ? Après le rebond de + 0,7 % du dernier trimestre de l’année 2014, cette hypothèse optimiste ne paraît plus invraisemblable. « L’Allemagne croit au boom », titre, mercredi 4 mars, le Handelsblatt, quotidien des affaires. Deux instituts ont d’ailleurs déjà sauté le pas. La Deutsche Bank, qui prévoit une croissance de 2 %, et Allianz, qui mise sur 2,1 %. Sur l’ensemble de l’année 2014, le produit intérieur brut (PIB) avait progressé de 1,6 %D’autres instituts s’apprêteraient dans les semaines à venir à réviser à la hausse leurs propres prévisions. Le gouvernement a relevé les siennes, fin janvier, à 1,5 %, contre 1,3 % précédemment. L’augmentation de 3,4 % des salaires annuels, accordée la semaine dernière dans la métallurgie, montre que le patronat est également optimiste.Plusieurs raisons à cela. D’abord il apparaît que la stagnation de la croissance au troisième trimestre 2014, qui avait surpris tout le monde, était en partie due à Volkswagen. Non que le géant de l’automobile aille mal, au contraire. Mais, en 2014, les vacances scolaires en Basse-Saxe ne se sont terminées que le 11 septembre. Résultat : l’usine de Wolfsburg, cœur industriel du groupe, a tourné au ralenti jusque mi-septembre, impactant l’ensemble de l’économie allemande.Plus fondamentalement, la croissance s’avère soutenue par la consommation. La baisse du pétrole a permis aux Allemands d’économiser 3,5 milliards d’euros au second semestre, a calculé la Bundesbank. Surtout, non seulement les salaires réels grimpent mais l’emploi augmente.Selon une étude publiée, mardi 3 mars, par les chercheurs de l’agence pour l’emploi, en 2014, non seulement le nombre d’actifs augmente (de 0,9 %, à 42,7 millions d’actifs), mais chacun travaille en moyenne davantage. (1 371 heures, + 0,6 %). La baisse du chômage ne repose donc pas uniquement sur l’emploi précaire. Le volume d’heures travaillées (58,5 milliards d’heures, +1,5 %) n’a jamais été aussi élevé depuis 1992.INVESTISSEMENTS PUBLICS SUPPÉMENTAIRESPar ailleurs, le gouvernement soutient également la demande. L’année 2014 s’est achevée sur un excédent public plus élevé qu’annoncé initialement. L’an passé, les comptes publics allemands (Etat fédéral, états régionaux, communes et caisses de sécurité sociale) ont dégagé un excédent de 18 milliards d’euros, contre 100 millions en 2013. Pour la première fois, même l’Etat fédéral est excédentaire.Résultat : le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, peut lâcher du lest, tout en préservant le sacro-saint équilibre budgétaire. Mardi, il a annoncé qu’il consacrerait 5 milliards d’euros (d’ici à 2018) supplémentaires pour les investissements publics. Une somme qui s’ajoute aux 10 milliards déjà annoncés en 2014.Quinze milliards d’euros sur trois ans, cela commence à ne pas être négligeable : le ministère des finances les compare aux 30 milliards d’investissements publics réalisés jusqu’ici chaque année.Par ailleurs, sans avoir fourni de chiffre, le ministère des finances a indiqué qu’étant données les tensions internationales, « la sécurité intérieure et extérieure » bénéficieraient d’un coup de pouce dans le budget 2017, une fois que le ministère de la Défense aura clairement indiqué ses besoins.Enfin, l’euro faible continue de favoriser les exportations. Les nouvelles commandes à l’industrie ont enregistré, en février, leur plus forte hausse en sept mois, indique ce mercredi l’enquête de l’institut Markit réalisée auprès des directeurs d’achat.« Même si les taux de croissance restent inférieurs aux niveaux observés à la fin de l’an dernier, l’amélioration du sentiment économique et l’euro faible devraient favoriser la demande au cours des mois à venir », estime cet institut.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.03.2015 à 10h33 | Maxime Vaudano Depuis le début de l’année, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl martèle les exigences françaises sur la question très controversée des tribunaux d’arbitrage dans les accords de libre-échange négociés par l’Union européenne, comme le futur traité transatlantique TTIP/Tafta. Pour Paris, les mécanismes de règlement des différends entre les investisseurs et les Etats (ISDS, comme on les appelle) doivent être profondément réformés, ou disparaître des traités.Ce message a été brouillé, fin février, par la fuite d’une note confidentielle du secrétariat général aux affaires européennes (SGAE). Dans ce document de quatre pages, ce service, rattaché à Matignon, recommandait aux eurodéputés français une « approche plus prudente » vis-à-vis de l’ISDS. En clair : qu’ils ne s’opposent pas « catégoriquement » à son inclusion dans le traité transatlantique.Matthias Fekl, qui assure n’avoir jamais validé cette note, réaffirme dans un entretien au Monde la position de la France sur ce sujet.Les avis divergent-ils, sur la question de l’arbitrage, entre Matignon et le quai d’Orsay ?Non, il n’y a qu’une seule position française : celle que j’ai communiquée en janvier, après la publication des conclusions de la consultation menée par la Commission européenne. Nous avons bâti un consensus, d’abord avec l’Allemagne, puis avec tous les sociaux-démocrates européens, sur un agenda de réforme du mécanisme de règlement des différends.La note du secrétariat général aux affaires européennes ne reflète pas la position française. Il y a eu un dysfonctionnement administratif. Un rectificatif va d’ailleurs être envoyé aux parlementaires sur la question de l’ISDS.Comment expliquer que les auteurs de la note travaillent parallèlement à vous ?C’est la définition même du dysfonctionnement. J’ai demandé à ce qu’il y ait une enquête pour savoir ce qu’il s’était passé. On verra quelle conséquence tirer de cette affaire.Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour que la France prenne conscience des dérives de l’ISDS ?La France a toujours émis des réserves, dès l’époque de Nicole Bricq [ministre du commerce extérieur de juin 2013 à janvier 2014]. Je ne crois pas qu’on soit à la traîne de l’Allemagne, comme on le dit souvent.Des dérives et abus ont été observés au cours des dernières années dans l’arbitrage. Il ne s’agit plus simplement pour des entreprises de se défendre contre des décisions arbitraires, mais désormais de s’attaquer frontalement à des choix démocratiques – paquet de cigarette neutre pour l’Australie, sortie du nucléaire pour l’Allemagne – avec des milliards d’euros à la clé. Il s’agit pour ces entreprises de faire payer aux contribuables les choix qu’ils ont faits en tant que citoyens.Nous attendions les résultats de la consultation européenne sur l’ISDS pour ouvrir la phase d’action et mettre sur la table des propositions concrètes pour inventer de nouveaux modes de règlement des différends entre les investisseurs et les Etats.Cela signifie-t-il qu’un ISDS, quelle que soit sa forme, doit forcément être introduit entre l’Union européenne, le Canada et les États-Unis, dotés de systèmes juridictionnels performants ?Pas forcément. La France n’était pas demandeuse de ce type de chose dans les négociations. Toutes les options restent sur la table : le retrait pur et simple de l’ISDS ou l’invention de quelque chose de nouveau.Il ne faut pas que des juridictions secrètes puissent faire ce qu’elles veulent dans leur coin.Comment améliorer le système actuel pour prévenir les dérives ?Il faut inventer quelque chose de neuf, qui ne soit plus de l’arbitrage, mais une nouvelle manière de régler des différends, en intégrant les juridictions publiques dans la procédure.Outre la création d’un mécanisme d’appel des décisions, nous réfléchissons à la création d’une cour permanente [avec par exemple des juges fixes plutôt que des arbitres choisis à chaque affaire, N.D.L.R.]. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais c’est une piste importante.Il faut aussi travailler sur les questions de conflits d’intérêts et de déontologie dans l’arbitrage, et pouvoir infliger des amendes pour recours abusif aux entreprises qui utilisent l’ISDS à des fins dévoyées.Enfin, il est déterminant de clarifier les notions juridiques trop floues (comme l’« expropriation indirecte », le « traitement juste et équitable » ou les « attentes légitimes » des investisseurs) qui permettent des interprétations trop larges et des dérives.Les principes doivent être clairs et permettre de garantir le droit à réguler des Etats. Il ne faut pas que des juridictions secrètes puissent faire ce qu’elles veulent dans leur coin.» Lire : Arbitrage privé : pourquoi le traité Europe-Canada est inquiétantLes négociations du traité transatlantique sont toujours en cours, mais n’est-il pas trop tard pour réviser l’ISDS dans l’accord Europe-Canada (CETA), conclu en septembre ?Nous ne pouvons nous contenter de peser sur les négociations du traité transatlantique, encore en cours, car l’ISDS pose des questions de principe. Ses dérives récentes sont inacceptables, quel que soit le pays ami avec lequel on négocie (États-Unis ou Canada).Les négociations du CETA sont certes achevées, mais il n’est pas encore ratifié. Son processus de « toilettage juridique » est encore en cours [et il peut donc être révisé, N.D.L.R.].Qui devrez-vous convaincre en priorité ? Les partenaires européens, ou les Américains et les Canadiens ?Il faudra convaincre beaucoup de monde, car c’est quelque chose de neuf. Tout le monde a l’habitude que l’ISDS soit dans les accords commerciaux depuis des décennies. Mais ce n’est pas pour ça que c’est bien.La France n’est pas seule à décider, mais elle est fidèle à sa tradition diplomatique et à son message universaliste quand elle propose autre chose pour l’avenir.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.03.2015 à 10h08 • Mis à jour le04.03.2015 à 10h42 Le viol d'une étudiante en 2012 à New Delhi avait choqué l'Inde, mais le documentaire retraçant cette histoire dérange déjà avant même sa sortie. Un tribunal indien a interdit la diffusion d'India's Daughter, dans lequel l'un des condamnés à mort pour le viol en réunion de la jeune femme s'en prend au comportement de sa victime. La réalisatrice du documentaire, Leslee Udwin, s'est dite bouleversée par cette décision.« Nous n'avons vu que des extraits promotionnels du film. A partir de cela, nous avons porté la question devant la justice car nous pensons qu'il pourrait provoquer la crainte d'une atteinte à l'ordre public », a déclaré à l'Agence France-Presse (AFP) le porte-parole de la police de New Delhi, Rajan Bhagat. « Il montre une interview très contestable du violeur condamné », a poursuivi Bhagat.« Détails horribles » Mukesh Singh, l'un des quatre condamnés à mort pour ce viol, qui avait suscité une vague d'indignation en Inde et dans le monde, a déclaré depuis sa cellule que l'étudiante n'aurait pas dû se trouver dehors la nuit et lui a reproché d'avoir résisté à ses agresseurs. « Une fille est bien plus responsable d'un viol qu'un garçon », a-t-il lancé.Lire l'éditorial du « Monde » : Contre le viol, l'émoi et la colère« La décision du tribunal me brise le cœur », a déclaré Leslee Udwin à l'AFP. La réalisatrice avait obtenu le feu vert des autorités pénitentiaires et du ministère de l'intérieur pour s'entretenir avec le condamné dans la gigantesque prison Tihar de New Delhi. « Les détails horribles du viol ont fait que je m'attendais à des monstres, des psychopathes. La vérité est de loin pire. Ce sont des hommes ordinaires, sans rien de remarquable », a-t-elle confié à la BBC. Son film sur les suites de ce crime doit être diffusé dans sept pays, dont l'Inde et la Grande-Bretagne, dimanche à l'occasion de la Journée mondiale de la femme.Lire : A New Delhi, le viol de tropL'étudiante en kinésithérapie était morte de ses blessures treize jours après avoir été sauvagement agressée dans un bus alors qu'elle repartait du cinéma avec son ami le 16 décembre 2012. 08.03.2015 à 14h04 • Mis à jour le08.03.2015 à 15h13 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) L’excédent commercial de la Chine a atteint un niveau record en février 2015, sous l’effet de l’amélioration de la demande de ses grands partenaires et de la chute du prix du pétrole, mais aussi du ralentissement de la consommation nationale.Le surplus du commerce extérieur de « l’atelier du monde » a atteint 60,6 milliards de dollars (55,8 milliards d’euros) au deuxième mois de l’année, selon les données publiées, dimanche 8 mars, par les douanes chinoises.Les exportations de la Chine ont bondi de 48,9 % en février par rapport au même mois l’année précédente, pour atteindre 169 milliards de dollars, et ce alors qu’elles avaient subi une contraction de 3,2 % en janvier.Effet de calendrierCette progression est d’abord liée au calendrier. Le Nouvel An lunaire tombait le 19 février cette année, de sorte que les usines chinoises ont fortement travaillé en amont de la semaine de congés, pendant laquelle l’économie tourne au ralenti, tandis que cette fête avait eu lieu à la fin du mois de janvier l’an dernier.Même malgré cet effet de base, les ventes de la Chine au reste du monde enregistrent une réelle progression : elles gagnent 15 % sur les mois de janvier et février cumulés. La reprise en Amérique est une source de demande majeure, les livraisons de la Chine vers les Etats-Unis progressant de 21 % sur les deux premiers mois de l’année. Elles gagnent 13 % à destination de l’Europe.« Les exportations continuent d’apporter un soutien bienvenu à la croissance, à l’heure où la demande intérieure est morose », constate Louis Kuijs, économiste de la Royal Bank of Scotland sur la Chine, dans une note rédigée dimanche.Car les importations de la Chine baissent de 20,5 % en février sur un an, confirmant la tendance, après les 19,9 % de chute relevés en janvier. La baisse du cours du baril de pétrole ces derniers mois est un facteur explicatif important, mais il n’est pas le seul.Demance intérieure affaiblieLa demande intérieure chinoise est réellement affectée par le ralentissement de la croissance. Après avoir constaté une progression de 7,4 % du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie de la planète sur l’ensemble de l’année 2014, en deçà de l’objectif établi, les dirigeants chinois ont annoncé, jeudi 5 mars, qu’ils visaient environ 7 % de croissance pour l’économie chinoise en 2015.Parmi les objectifs présentés lors de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire, actuellement en cours, le premier ministre, Li Keqiang, a également précisé que la Chine tablait sur une croissance de 6 % de son commerce extérieur cette année.L’objectif d’une progression de 7 % du volume cumulé des importations et exportations n’avait pas été atteint en 2014, les échanges de la Chine avec le reste du monde ne gagnant que 3,4 % sur l’ensemble de l’année.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.03.2015 à 12h38 • Mis à jour le08.03.2015 à 16h53 Dix-huit hommes ont été arrêtés dimanche 8 mars en Inde dans l'enquête sur le lynchage d'un violeur présumé, a annoncé un haut responsable policier. La victime, Syed Farid Khan, 35 ans, avait été interpellée le 24 février pour le viol d'une jeune femme de 19 ans.Jeudi, des milliers de personnes avaient investi la prison dans laquelle il se trouvait pour se saisir de lui. La foule avait ensuite paradé dans les rues de Dimapur (nord-est) en l'exhibant nu avant de le tuer à coups de bâton et de le pendre à une tour d'horloge.Lire : En Inde, une femme « condamnée » à un viol collectif« Nous avons arrêté dix-huit personnes pour des faits d'émeute et de réunion illégale », a déclaré Wabang Jamir, inspecteur général de la police. « Nous essayons de savoir si, en plus de participer aux émeutes, elles ont été directement impliquées dans le lynchage », a-t-il ajouté. D'autres arrestations devraient avoir lieu.Tensions entre communautésPrésenté initialement comme un immigré du Bangladesh, l'homme était en réalité originaire de l'Etat indien de l'Assam et parlait bengali. Les populations autochtones du Nagaland, notamment la principale tribu des Nagas, accusent régulièrement les musulmans originaires de l'Assam et les immigrés venus du Bangladesh voisin de s'installer illégalement sur leurs terres et de s'approprier leurs ressources. Les Nagas ont par le passé mené des campagnes hostiles aux immigrés d'origine bangladaise, les accusant de séduire leurs filles afin d'obtenir un statut légal.Le frère de Khan, qui vit dans l'Etat voisin d'Assam, a accusé samedi la police indienne de l'avoir accusé de viol pour des raisons ethniques.Par ailleurs, la question du viol en Inde est sensible depuis le meurtre fin 2012 d'une étudiante à New Dehli, victime d'un viol en réunion, événement qui avait suscité une émotion dans le monde entier. Un tribunal indien a interdit mercredi un documentaire montrant l'un des condamnés à mort pour ce viol en réunion dénoncer le comportement de sa victime.Lire : A New Delhi, le viol de trop 08.03.2015 à 08h00 • Mis à jour le08.03.2015 à 16h59 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2iq9zj"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2iq9zj", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La Corée du Nord a démenti, dimanche 8 mars, toute implication dans l'agression au couteau perpétrée jeudi à Séoul par un militant nationaliste contre l'ambassadeur américain en Corée du Sud.Kim Ki-Jong, 55 ans, a blessé Mark Lippert à l'arme blanche alors qu'il participait à une réunion autour d'un petit-déjeuner, une attaque qui a valu à l'ambassadeur 80 points de suture pour une profonde entaille au visage. Kim a été interpellé et mis en examen pour tentative de meurtre. La police sud-coréenne a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête pour établir les liens éventuels entre l'auteur de l'attaque et le régime nord-coréen.Un loup solitaireLes éléments qui commencent à émerger sur le profil de l'agresseur laissent entrevoir qu'il s'agit d'un loup solitaire, un fervent nationaliste convaincu que Washington est l'un des principaux obstacles à la réunification de la péninsule coréenne.Kim Ki-Jong s'est également rendu plus de six fois en Corée du Nord entre 2006 et 2007 et avait tenté d'ériger à Séoul un mémorial à la gloire de Kim Jong-Il après le décès du dirigeant nord-coréen en 2011. En 2010, il avait été condamné avec sursis pour avoir lancé une pierre contre l'ambassadeur du Japon.Comme des journalistes lui demandaient s'il avait agi sur ordre de Pyongyang lors de son transfert du commissariat vers le tribunal, le suspect a répondu par la négative : « Il n'y a rien eu de tel ».Lire aussi (abonnés) : L’ambassadeur américain à Séoul attaqué par un militant pro-Pyongyang« Un juste châtiment » selon PyongyangDimanche, la Corée du Nord, qui a salué l'agression comme « un juste châtiment » infligé à son ennemi américain, a récusé toute responsabilité. « Même la police et les médias conservateurs de la Corée du Sud se sont associés au régime (du Sud) pour essayer d'impliquer » le Nord, a indiqué la Commission pour la réunification pacifique de la mère patrie (CRPMP), un organisme lié au parti unique nord-coréen.Dans cette déclaration relayée par l'agence officielle de Pyongyang, la commission dénonce « les intentions malfaisantes » de la Corée du Sud qui cherche selon elle à éluder ses propres responsabilités et à « intensifier la campagne de calomnie » menée dans le monde contre la Corée du Nord.La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a dénoncé une attaque visant l'alliance militaire entre la Corée du Sud et les Etats-Unis. Washington l'a condamnée « avec force », le secrétaire d'Etat américain John Kerry prévenant que son pays ne céderait jamais aux menaces. 07.03.2015 à 23h37 • Mis à jour le08.03.2015 à 10h00 | Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance) La marche pour l’égalité n’est pas terminée, « mais nous approchons du but ». Tel est le message délivré, samedi 7 mars, par le président américain Barack Obama, dans la petite ville de Selma (Alabama). Venu commémorer le cinquantième anniversaire du Bloody sunday, une marche pour les droits civiques au cours de laquelle les forces de l’ordre avaient chargé quelque 600 manifestants défilant pacifiquement pour le droit de vote, M. Obama a reconnu que l’Amérique « porte toujours l’ombre de son histoire raciale ». Le président américain a aussi plaidé avec force pour que le droit de vote durement acquis il y a un demi-siècle soit aujourd’hui protégé des restrictions que certains Etats s’efforcent d’y apporter. Et incité ces concitoyens à s’inspirer des événements de Selma pour prendre leur destin en mains.Attendu depuis le matin par des milliers de personnes massées devant l’entrée du pont Edmund Pittus, sur lequel avaient eu lieu les affrontements, accompagné de sa femme et de ses deux filles, entouré d’une centaine de représentants du Congrès et de personnalités, dont l’ancien président américain, George W. Bush et son épouse, le président a rendu hommage aux marcheurs de 1965 qui par leur action non-violente ont « ouvert des portes non seulement aux Afro-américains, mais à tous les Américains ». Grâce à eux une « Amérique plus juste, plus inclusive, plus généreuse a triomphé ».De Selma à Maïdan« Il y a peu d’endroits et de moments en Amérique, où s’est joué le destin de la nation ; Selma est l’un de ces lieux », a-t-il lancé, suggérant aux jeunes générations d’en faire un modèle de citoyenneté et de patriotisme. Selma qui, selon lui, fut une étape « sur un long chemin vers la liberté » aurait même valeur d’exemple pour tous les peuples en quête de changements, de « Tunis à Maïdan, en Ukraine ». « Le changement non violent […] peut amener les leaders à étendre les frontières de la liberté », a assuré M. Obama, en référence au Voting rights act (la loi qui a définitivement ouvert le droit de vote à la population noire) adopté en août 1965, dans la foulée des manifestations. Evoquant ces droits acquis de haute lutte, le président américain s’est indigné que des Etats cherchent aujourd’hui à rendre le vote « plus difficile » pour les minorités, une allusion à certains responsables républicains accusés par les démocrates d’introduire des contraintes supplémentaires dans leurs Etats. Il a aussi déploré que, au vu de cette histoire particulière, l’Amérique demeure l’une des démocraties où les citoyens participent le moins aux élections.Les tensions raciales ne sont plus « endémiques »Apparemment désireux de ne pas limiter la commémoration des événements de Selma à la question des discriminations à l’encontre des Afro-américains, M. Obama a, aussi, à plusieurs reprises, évoqué les droits « des femmes, des homosexuels (le) s ou des immigrés », pointant sur toutes ces questions « les progrès » qui, ces dernières décennies, ont permis de rendre « l’Amérique meilleure », même si là encore des efforts restent à accomplir. Mais la question raciale reste prégnante et le premier président noir des États-Unis a reconnu que « le racisme n’avait pas disparu ». Tout en repoussant l’idée que « la division raciale était inhérente à l’Amérique », il a toutefois profité de cet anniversaire pour évoquer les tensions qui ces derniers mois ont secoué le pays, suite à la mort de plusieurs Afro-américains tués par des policiers blancs. Quelques heures avant le discours du président, la mort d’un jeune Noir tué dans l’Etat du Wisconsin par un policier a provoqué des manifestations de plusieurs dizaines de personnes. Alors qu’une enquête menée à Ferguson (Missouri), ville devenue symbole de ces tensions, vient de confirmer le racisme d’une partie des autorités envers la population afro-américaine, M. Obama a affirmé : « ce qui s’est passé à Ferguson n’est peut-être pas un cas unique mais ce n’est plus une situation endémique ».Un président discret sur ses originesAvant Selma, M. Obama ne s’était exprimé que rarement sur ce sujet. Récemment, il a affirmé lors d’une rencontre avec des militants actifs dans les années 60 sur le droit de vote des Noirs que sa présidence était leur « héritage ».En juillet 2013, après l’acquittement du vigile blanc responsable de la mort de Trayvon Martin un Afro-américain de 17 ans, le président avait reconnu qu’en dépit de progrès, l’Amérique n’était pas devenue une société post-raciale et admis « des disparités raciales dans l’application de la loi ». « Trayvon Martin aurait pu être mon fils. Ou moi il y a 35 ans », avait-il aussi déclaré lors de ce drame. Mais son grand discours sur la question raciale date de mars 2008 à Philadelphie où, lors de sa campagne électorale, il avait longuement évoqué ses origines, « sa grand-mère blanche », qui l’a élevé mais « pouvait tenir des propos racistes » et déploré les discriminations persistantes envers la population noire. Cette relative discrétion sur ses origines n’a pas empêché sa côte de popularité de rester à 80 % au sein de la population afro-américaine.Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.03.2015 à 19h03 • Mis à jour le07.03.2015 à 20h19 | Anthony Hernandez Pour Renaud Lavillenie, le grand frisson de son quatrième titre européen en salle consécutif, décroché samedi 7 mars à Prague, aura finalement eu lieu la veille en qualifications. Passé proche d'un zéro pointé à 5,70 m, le recordman du monde s'en était sorti in extremis au troisième essai.Samedi après-midi, il n'a pas manqué son entrée en matière lors de la finale. Juste après avoir écouté La Marseillaise au garde-à-vous, en l'honneur des trois hurdlers tricolores, auteurs vendredi d'un triplé inédit sur 60 m haies, Renaud Lavillenie a pris la tête du concours une première fois à 5,75 m. Ils ont été deux à pouvoir lui répondre à 5,80 m : le Russe Gripich et le Polonais Lisek. Une réponse de courte durée puisqu'un deuxième saut à 5,90 m a suffi au perchiste français.Lors de ces 33es championnats d'Europe en salle, Lavillenie a donc franchi une quatorzième fois la barre mythique des 6 mètres pour s'imposer avec un saut à 6,04 m. Il a échoué par trois fois à battre son propre record du monde à 6,17 m. Même s'il a été dépossédé l'an passé de son record, Sergueï Bubka a encore de la marge. C'est à 44 reprises que le « Tsar » a lui survolé les 6 mètres.En République tchèque, en l'absence des sauteurs en hauteur Bohdan Bondarenko et Ivan Ukhov ou bien encore des sprinteurs Christophe Lemaitre ou James Dasaolu, Renaud Lavillenie tient lieu d'incontestable vedette. Insatiable, l'athlète de l'année 2014, une première française, ne refuse jamais une compétition et l'occasion offerte d'agrandir son palmarès. Ainsi, il compte désormais douze médailles européennes, mondiales et olympique, dont neuf en or. Depuis ses premiers championnats d'Europe en 2009 à Turin, le licencié de Clermont n'a jamais été battu dans cette compétition, que cela soit en plein air ou en indoor (7 titres). « Je veux faire grandir ma collection de médailles. Je ne suis pas quelqu'un qui s'entraîne pour s'entraîner. J'aime la compétition. Et je ne veux rien laisser à mes adversaires », déclarait-il avant le début des épreuves. >> Lire : « L'égoïsme est nécessaire pour réussir »Alors qu'on l'espère à chaque sortie capable de battre son propre record du monde (6,16 m), Renaud Lavillenie s'apprête à relever un autre grand défi cette année. En août à Pékin, lors des Mondiaux en plein air, il tentera de remporter le seul titre qui se refuse encore à lui. Plus fort que jamais, le Français voudra conjurer le mauvais sort. En effet, par trois fois, à Berlin (2009), à Daegu (2011) et à Moscou (2013), la consécration mondiale s'est déjà dérobée. Un peu plus tôt dans l'après-midi, la spécialiste du saut en longueur Eloyse Lesueur n'a pas réussi de miracle. La double championne d'Europe a encore du travail devant elle pour arriver à maîtriser sa nouvelle technique : le double ciseau. Avec un bond à 6,73 m, elle ne prend que la cinquième place d'un concours remporté par la Serbe Ivana Spanovic (6,98 m).Dans l'épreuve du 400 m féminin, la Française Marie Gayot a pris la cinquième place d'une course remportée par l'Ukrainienne Pyhyda. Le 400 m masculin a, lui, été survolé par le favori du public, le Tchèque Pavel Maslak. Le champion du monde en salle de la distance a relégué le Belge Dylan Borlée, son dauphin, à plus d'une seconde (45 s 24 contre 46 s 72).Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon Khaled Khodja, président de la Coalition nationale syrienne (CNS), principale formation de l’opposition, a rencontré à Paris, le 5 mars, le président François Hollande. Né en 1965 à Damas, ce Syrien turkmène s’est exilé en Turquie à 17 ans, après avoir été emprisonné à deux reprises par le régime. Médecin de formation, il a été parmi les membres fondateurs du Conseil national syrien puis de la CNS.Lire aussi : l’entretien en version longueDix jours après la rencontre de quatre parlementaires français avec Bachar Al-Assad, le président Hollande vous a réitéré son soutien et a de nouveau exclu de négocier avec M. Assad...Nous sommes fiers de la position de la France. La visite des parlementaires français en Syrie est regrettable. Elle donne à Bachar Al-Assad un feu vert pour continuer à tuer à l’ombre du terrorisme. C’est une grande erreur que de vouloir choisir entre deux maux et de considérer que le régime est un moindre mal face à l’Etat islamique et à Al-Qaida. Le régime a fait plus de 220 000 morts, 250 000 prisonniers et 13 millions de réfugiés. Le nombre de barils explosifs qu’il a lancés équivaut à cinq bombes nucléaires. Les crimes de Daech [acronyme de l’Etat islamique] sont des crimes barbares ; mais le nombre de personnes qu’il a tuées ne dépasse pas 3 % des morts du régime. Il faut traiter les racines du terrorisme qui sont le régime dictatorial et ses services de renseignement. Daech en est la création.Vous ne faites plus du départ de Bachar Al-Assad un préalable à l’ouverture de négociations ?Cette position n’est pas nouvelle. C’est la position qu’a adoptée la CNS à l’ouverture de Genève 2, en s’asseyant autour d’une table avec une partie du régime pour négocier la formation d’un organe de gouvernement transitoire. Le but des négociations reste le départ de Bachar Al-Assad.Face aux divisions de la CNS, vous avez entamé, en février, en France, un dialogue avec l’opposition tolérée à Damas...La coalition a trois défis : sauvegarder l’unité et la cohésion de l’opposition, regagner la considération du peuple syrien et de la communauté internationale et reprendre l’initiative pour une solution politique. Nous avons ouvert nos portes aux autres composantes de l’opposition pour construire un cadre commun pour négocier avec le régime et réaliser nos objectifs : un régime démocratique et pluraliste. Un dialogue a été entamé avec le Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique. Nos points de vue convergent à 90 %.Sur quoi portent les désaccords ?Le point délicat est l’avenir de Bachar Al-Assad. Nous, CNS, insistons pour que l’exclusion de Bachar Al-Assad et de ses services de renseignement soit le point de départ à tout processus de changement. L’opposition de l’intérieur n’est peut-être pas prête à appuyer cela ouvertement mais elle soutient un changement radical et non formel. Il y aura une rencontre dans les prochains jours pour travailler à combler ces 10 %.Une réunion entre membres du régime et de l’opposition s’est tenue en janvier à Moscou, à laquelle vous n’avez pas participé. Pourriez-vous participer à la prochaine ?Tout lancement d’un processus de négociation qui ne s’inscrit pas dans le cadre de Genève 2 ne nous concerne pas. A Moscou, la Russie a commis deux erreurs : elle a appelé à un dialogue avec le régime et non à une négociation ; elle n’a pas invité l’opposition mais des personnalités de l’opposition, ce qui induit une réhabilitation du régime. Nous n’acceptons pas que des personnes soient choisies dans nos rangs pour représenter l’opposition.Pensez-vous que la Russie et l’Iran puissent amener le régime à négocier ?Le régime syrien a laissé libre cours à Daech pour qu’il devienne un prétexte à une intervention de l’Iran en Syrie afin de se maintenir au pouvoir. La position russe est différente. La Russie craint le retour des combattants de Daech et elle ne peut pas offrir de solution.Le programme américain de formation et d’équipement de 15 000 combattants de l’opposition syrienne sur trois ans a-t-il débuté ?Les contours de ce programme sont flous. Un protocole a été signé avec un pays, la Turquie, dont la mise en œuvre nous échappe. L’Armée syrienne libre (ASL) est totalement marginalisée. Si les Américains ne travaillent pas avec les forces de l’ASL, qui ont été les premières à combattre Daech, et si l’on n’inclut pas la lutte contre le terrorisme du régime, ce programme échouera. L’ASL n’entend pas s’épuiser à combattre Daech et laisser le régime tranquille. La méthode américaine qui a consisté à financer indépendamment une dizaine de groupes a échoué. Il faut soutenir l’état-major et le ministère de la défense de la CNS pour restructurer l’ASL, qui dispose encore de 70 000 combattants.Quel soutien opérationnel la France vous apporte-t-elle ?Ce soutien inclut de l’aide humanitaire et un soutien à la réorganisation de la société civile. Un soutien militaire est apporté aux centres de commandement. Un processus a été entamé pour cerner nos besoins. Nous avons aussi demandé une coopération dans le domaine éducatif pour ouvrir, par exemple, une Ecole nationale d’administration. Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.03.2015 à 02h19 • Mis à jour le07.03.2015 à 17h06 La Cour suprême du Brésil a donné son feu vert, vendredi 6 mars au soir, pour qu'une enquête s'ouvre sur l'implication de dizaines de parlementaires dans le scandale de corruption au sein de la compagnie pétrolière Petrobras.Lire : Petrobras, le scandale qui éclabousse le BrésilAu total, ce sont 49 hommes politiques qui sont nommés dans l'enquête sur un système généralisé de pots-de-vin. La compagnie publique Petrobas aurait ainsi versé pendant des année de l'argent à au moins 25 députés, six sénateurs et trois gouverneurs, principalement dans le camp du gouvernement, aux mains du Parti des travailleurs (PT, gauche) de la présidente Dilma Rousseff, selon les déclarations de certains « repentis » ayant filtré dans la presse.Le PT a affirmé, dans un communiqué, que « tous les dons en argent que le parti a reçu sont légaux » et qu'il « est fier de diriger des gouvernements qui combattent la corruption de façon implacable ».« Des indices d'illégalité »Le procureur général de la République, Rodrigo Janot, avait fait état mardi soir d'une liste de 54 personnes qui pourraient faire l'objet d'une enquête, sous couvert du secret de l'instruction. Il avait demandé à la Cour suprême de lever le secret pour déterminer les responsabilités dans ce retentissant scandale. Les malversations auraient généré un manque à gagner de 4 milliards de dollars en 10 ans pour la compagnie phare du pays. La Cour suprême a également autorisé la levée de l'immunité parlementaire de certaines des personnalités impliquées. Parmi les personnes soupçonnées figurent les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, tous deux membres de la coalition gouvernementale.« Mes relations avec le pouvoir public n'ont jamais dépassé les limites institutionnelles », a réagi Renan Calheiros, président du Sénat accusé par le parquet de « pratique présumée de crimes de corruption passive qualifiée et de blanchiment d'argent ». « Transparence et rien à craindre » a twitté, quant à lui, le président de la Chambre basse, juste avant la diffusion de la liste.Lire toute l'enquête (édition abonnés) : Tremblement de terre politique au Brésil 01.03.2015 à 17h40 • Mis à jour le01.03.2015 à 18h07 Shamima Begum (15 ans), Amira Abase (15 ans) et Kadiza Sultana (16 ans) étaient portées disparues depuis plus de dix jours. Dimanche 1er mars, les soupçons sur le fait que ces trois adolescentes britanniques aient quitté Londres pour rejoindre l'Etat islamique (EI) en Syrie se confirment, à la suite de la publication par plusieurs médias turcs d'images de vidéosurveillance les montrant, le 18 février, dans une gare routière à Istanbul, attendant un car les conduisant vers une ville à la frontière avec la Syrie.Les trois adolescentes britanniques ont pris le 17 février à l'aéroport de Londres-Gatwick un vol de Turkish Airlines à destination d'Istanbul. Leurs familles, à qui elles avaient dit qu'elles partaient pour la journée, ont signalé leur disparition le soir même. Les images de vidéosurveillance diffusées successivement par le site Aksam et la chaîne de télévision A Haber les montrent le lendemain à la gare routière de Bayrampasa, attendant avec des manteaux d'hiver au-dessus de leurs niqabs un car à destination de la ville turque d'Urfa (sud-est), située près de la frontière avec la Syrie.Lire notre reportage multimédia : Le chemin du djihad passe par UrfaSelon Aksam, la police turque tente d'identifier les passagers qui, d'après ces images, ont aidé les jeunes filles à porter leurs bagages.Accusations turquesLa police britannique, qui avait lancé le 20 février un appel pour tenter de retrouver les adolescentes, pense que les trois jeunes filles, de proches amies scolarisées à la Bethnal Green Academy (dans l'est de Londres), ont suivi l'exemple d'une autre de leurs amies, qui a rejoint l'EI en décembre. Ce sont « trois filles normales, de très bonne famille », précise la police. Selon un officier du contre-terrorisme britannique cité par le Guardian, pas moins de 60 femmes et jeunes filles britanniques au total sont suspectées d'avoir rejoint l'EI.La Turquie a pris à partie la semaine dernière les autorités britanniques pour avoir tardé à l'informer du départ des jeunes filles : Londres n'aurait transmis l'information à Ankara que trois jours plus tard, alors qu'elles étaient déjà sûrement entrées en Syrie. 01.03.2015 à 13h48 • Mis à jour le01.03.2015 à 18h52 Des dizaines de milliers de manifestants – 70 000 selon les organisateurs ; 16 000 selon la police – ont manifesté dimanche 1er mars dans le centre de Moscou en hommage à Boris Nemtsov, l'opposant et ancien vice-premier ministre russe assassiné à quelques mètres du palais présidentiel dans la nuit de vendredi à samedi.Par son ampleur, ce rassemblement dépasse largement le nombre de manifestants habituels de l'opposition ces derniers temps et rappelle les grandes manifestations organisées en 2011 et 2012 contre Vladimir Poutine. Une partie des manifestants ne pouvait toujours pas participer à la marche en milieu d'après-midi, les sorties du métro au point de rassemblement étant quasiment bloquées par une foule compacte.On pouvait lire sur les pancartes tenues par les manifestants à Moscou « Il est mort pour l'avenir de la Russie », « Je n'ai pas peur » ou « Il s'est battu pour une Russie libre », selon des journalistes sur place. Parmi les autres slogans, certains font référence aux manifestants ukrainiens du soulèvement de Maïdan, à Kiev en février 2014, tel « Les héros ne meurent jamais ».#Moscou, foule monstre pour #Nemstov http://t.co/OYR3Hn7HTf— Mandraud Isabelle (@mandraud)require(["twitter/widgets"]);Des milliers de manifestants à #Moscou brandissent le portrait de #Nemstov http://t.co/zsyqwczLMc— Mandraud Isabelle (@mandraud)require(["twitter/widgets"]);Manifestation en mémoire de #Nemtsov, #Moscou http://t.co/JSIhLCKLaR— Mandraud Isabelle (@mandraud)require(["twitter/widgets"]);A Saint-Pétersbourg, la deuxième ville du pays, plus de 6 000 personnes se sont également rassemblées pour honorer la mémoire de Nemtsov, selon la police.Des centaines de personnes ont également rendu hommage à Boris Nemtsov en province, notamment à Ekaterinbourg, dans l'Oural, et Tomsk, en Sibérie. Quelques heures avant d'être assassiné, M. Nemtsov, avait appelé, sur les ondes de la radio Echo de Moscou, à manifester dimanche dans la capitale contre « l'agression de Vladimir Poutine » en Ukraine.Lire : La mort de Nemtsov allonge la liste des assassinats politiques en RussieDéfilé à ParisA Paris, quelques dizaines de personnes ont défilé à l'appel de l'association Russie Libertés pour réclamer une enquête internationale indépendante pour retrouver « responsables » et « coommanditaires » de l'assassinat.Dès samedi, des milliers de Russes ont déposé des bouquets de fleurs et allumé des bougies sur le pont de Moscou où Boris Nemtsov a été assassiné. « C'est un coup dur pour la Russie. Si les opinions politiques sont sanctionnées de cette manière, alors ce pays n'a plus d'avenir », a dit Sergueï Mitrokhine, un responsable de l'opposition, qui croit à l'assassinat politique.Le Kremlin croit à une machinationLes enquêteurs, eux, ne semblent pas embrasser cette piste sérieusement, évoquant, pêle-mêle, un meurtre lié à ses opinions sur l'Ukraine venu d'« éléments radicaux » de la population, la piste islamiste en raison de son soutien affiché à Charlie Hebdo ou encore celle d'un règlement de comptes privé. Surtout, le Kremlin, par la voix de Vladimir Poutine, qui a condamné un meurtre « lâche et cynique », croit y voir une machination destinée à déstabiliser le pouvoir.Lire : Meurtre de Boris Nemtsov : les faits et les hypothèsesDmitri Peskov, porte-parole du président de la Russie, a rapporté que Vladimir Poutine a déclaré que cet « assassinat brutal portait les marques d'un meurtre commandité et avait tout d'une provocation ». « Manifestement, il faut que le sang coule pour que des troubles éclatent dans le centre de Moscou », a commenté Guennadi Ziouganov, le chef du Parti communiste. Ivan Melnikov, un autre responsable du Parti communiste, a estimé qu'il s'agissait d'une « provocation destinée à relancer l'hystérie antirusse à l'étranger ».« Pas par hasard », selon Petro PorochenkoPour Petro Porochenko, le président de l'Ukraine, qui accuse Moscou d'envoyer des troupes combattre avec les séparatistes dans l'est de son pays en guerre, Boris Nemtsov « était un pont entre l'Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d'un assassin ». « Je pense que ce n'est pas par hasard », a-t-il ajouté.Dans une interview accordée au début de février au site Internet Sobesednik.ru, Nemtsov avait avoué craindre « un peu » pour sa vie en raison de ses prises de position contre Vladimir Poutine. L'opposant avait également envisagé de demander l'asile politique en Lituanie en 2012, craignant des persécutions, avait déclaré Andrius Kubilius, ancien premier ministre lituanien. Lire (édition abonnés) : Boris Nemtsov, du jeune ministre réformateur d’Eltsine au critique virulent de PoutineUn député ukrainien arrêté à MoscouLe député ukrainien Alexeï Gontcharenko a été arrêté à Moscou par la police en marge de la marche en hommage à Boris Nemtsov. S'il portait un t-shirt à l'effigie de l'opposant, la police russe assure l'avoir interpellé pour une raison totalement distincte des récents évènements : elle l'accuse d'avoir participé à l'incendie meurtrier d'un bâtiment public à Odessa (sud de l'Ukraine) en mai 2014, qui avait entraîné la mort de 40 personnes, pour la plupart militants pro-russes. Le président du parlement ukrainien a réclamé sa libération immédiate au nom de l'immunité diplomatique des députés ukrainiens. 01.03.2015 à 11h04 | Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) Neuf mois après son arrivée au pouvoir, le gouvernement indien a dévoilé, samedi 28 février, sa politique économique pour l'année fiscale 2015-2016, se terminant le 31 mars. En annonçant, devant le Parlement, une diminution de la taxe sur les entreprises d'ici aux cinq prochaines années, et une augmentation des dépenses dans les programmes sociaux ainsi que la création d'une couverture sociale universelle, le ministre de l'économie et des finances, Arun Jaitley, a repoussé l'objectif de réduction du déficit budgétaire. Ce dernier sera maintenu à 4,1 % du produit intérieur brut (PIB) pour l'année fiscale 2015-2016, avant d'être ramené à 3 % d'ici à trois ans.Le budget de cette année est tourné vers le « Make in India ». Ce programme, lancé en 2014 par le premier ministre indien, a pour ambition de faire décoller l'industrie manufacturière. Celle-ci plafonne à 10 % des exportations du pays depuis cinq ans et ne représente que 17 % de son PIB. Or il y a urgence à absorber les 10 à 15 millions de nouveaux actifs qui rentrent chaque année sur le marché du travail. Le secteur des services informatiques, même s'il devrait dégager 119 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2014-2015, n'emploie que 3,5 millions d'Indiens. Pour relancer la croissance manufacturière, le gouvernement veut s'attaquer, une nouvelle fois, aux goulots d'étranglement de l'économie indienne, à savoir les nombreuses réglementations et le manque d'infrastructures dans l'énergie et les transports.Mais, cette fois, il a décidé d'adopter une nouvelle méthode. Au paradigme des « partenariats public-privé », mis en œuvre par le précédent gouvernement et qui ont échoué à produire les résultats escomptés, le nouveau ministre de l'économie et des finances mise sur le « plug and play ». Les concessions seront attribuées seulement après que les projets d'infrastructure auront reçu toutes les autorisations nécessaires à leur démarrage. Les projets bloqués, en attente d'une autorisation du gouvernement, représentent actuellement 7 % du PIB et détournent les investisseurs de ce secteur. L'Etat va également contribuer, à hauteur de 3 milliards d'euros, à des fonds privés d'investissement dans les infrastructures, misant sur un effet d'entraînement.UNE SÉCURITÉ SOCIALE UNIVERSELLEDeuxième frein au décollage industriel : le manque de main-d'œuvre qualifiée. Le rapport économique annuel, publié le 27 février par le conseiller économique en chef du premier ministre, Arvind Subramanian, rappelle que seulement 2 % de la main-d'œuvre indienne ont reçu une formation. Si l'employabilité des ouvriers ne s'améliore pas pour répondre aux besoins de l'industrie, l'opportunité du dividende démographique risque de se transformer en un handicap pour l'Inde. Une « mission nationale pour la formation » va donc bientôt être créée.Faute d'être parvenu à réformer en profondeur le code du travail et offrir ainsi à tous les ouvriers une meilleure sécurité de l'emploi, le gouvernement propose de généraliser une sécurité sociale universelle. Parmi les mesures annoncées, une assurance accident qui, moyennant une cotisation annuelle de 12 roupies (17 centimes d'euro), offrira un remboursement allant jusqu'à 200 000 roupies (2 900 euros). Mais les modalités de sa mise en œuvre n'ont pas été précisées. Les experts craignent la multiplication de fausses factures médicales dans un secteur de la santé gangrené par la corruption. Le gouvernement prévoit enfin de renforcer le système de cotisation retraite avec un abondement allant jusqu'à 50 % pour les plus faibles revenus.Contrairement aux années précédentes, peu d'annonces ont été dévoilées concernant le secteur agricole. Or sa croissance devrait diminuer cette année, en raison d'une mauvaise mousson. Le plan national de garantie de l'emploi rural (NREG), qui offre cent jours de travail aux familles habitant dans les campagnes, va être renforcé. Le gouvernement veut améliorer l'aide sociale aux plus démunis en privilégiant les transferts directs d'argent sur les comptes des bénéficiaires plutôt qu'en subventionnant l'accès à des services de santé ou à des produits comme le gaz, le kérosène ou les denrées alimentaires de base.Encore faut-il que les Indiens vivant sous le seuil de pauvreté aient accès à un compte bancaire et surtout qu'ils puissent s'en servir. M. Jaitley a annoncé que les 120 000 bureaux de poste du pays pourraient désormais offrir des services bancaires. Le potentiel de croissance de l'Inde réside enfin dans l'économie informelle qui emploie près de 90 % de la population active. Le gouvernement a annoncé la création d'une banque pour alimenter les organismes de microfinance et ainsi venir en aide aux entrepreneurs du secteur informel.INDICATEURS ÉCONOMIQUES AU VERTLa présentation du budget bénéficiait, cette année, d'un contexte favorable. Tous les indicateurs économiques sont au vert : l'inflation a chuté, les comptes courants sont revenus à l'équilibre, et le déficit commercial s'est réduit grâce à une baisse de la facture énergétique. L'Inde table sur une croissance d'au moins 8,1 % pour l'année 2015-2016. Ces chiffres sont toutefois à prendre avec précaution. Un changement de calculs statistiques, qui a laissé perplexes les économistes et même le gouverneur de la banque centrale, a conduit le gouvernement à réviser, en début d'année, la croissance de l'année 2013-2014 à 6,9 %, au lieu des 4,7 % annoncés précédemment.Lire aussi : L’Inde baisse ses taux pour essayer de relancer la croissanceSi la croissance indienne en 2015-2016 pourrait être l'une des plus élevées du monde, comme l'a déclaré M. Jaitley, elle repose en grande partie sur l'optimisme des milieux d'affaires, qui se traduit déjà par une hausse des investissements. Le budget a été bien accueilli par les milieux d'affaires. La Confederation of Indian Industry (CII) — l'équivalent du Medef en Inde — le juge « pragmatique et tourné vers l'avenir », et l'indice de la Bourse de Bombay a terminé la journée en hausse. Pour le Parti du Congrès, dans l'opposition, le budget est, par contre, destiné « aux industriels et aux entreprises » et « oublie la vaste majorité de la population, en particulier les pauvres ».Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.03.2015 à 05h26 • Mis à jour le01.03.2015 à 10h50 Le cessez-le-feu en vigueur dans l'est de l'Ukraine a de nouveau montré ses fragilités, samedi 28 février. Deux personnes sont mortes à Piski, village tenu par les forces gouvernementales, proche des ruines de l'aéroport de Donetsk.Le premier était un photographe ukrainien, Serguiï Nikolaïev, travaillant pour le quotidien Segodnia. La rédaction a confirmé sa mort, samedi, précisant qu'il avait péri peu après un tir d'artillerie. Le second était un combattant du groupe paramilitaire nationaliste Pravy Sektor.Selon le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko, un affrontement a eu lieu entre forces ukrainiennes et rebelles aux environs de l'aéroport de Donetsk au cours des dernières vingt-quatre heures. Aucun militaire ukrainien n'a été tué, mais trois ont été blessés, a-t-il dit.L'armée ukrainienne avait pourtant fait état d'une « baisse considérable [du nombre] des tirs » dans la nuit de vendredi à samedi, après les violences qui ont coûté la vie à trois soldats ukrainiens près de l'aéroport de Donetsk dans une attaque des rebelles appuyés par des chars et des mortiers. Une attaque qualifiée de « grave atteinte au cessez-le-feu », en vigueur depuis le 15 février, par Petro Porochenko, le président de l'Ukraine, lors d'un entretien téléphonique avec Angela Merkel, la chancelière allemande.Lire : A Paris, constat de blocages sur l’UkraineCRAINTES CONCERNANT MARIOUPOLIl a par ailleurs affirmé que des drones « ennemis » ont survolé à cinq reprises la zone située entre le port stratégique de Marioupol et la Crimée. C'est en effet dans ce secteur que les autorités ukrainiennes redoutent une nouvelle offensive séparatiste. Vendredi, Heidi Tagliavini, présidente du Groupe de contact trilatéral sur l'Ukraine de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), avait estimé devant le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU) que le conflit ukrainien était, dans ce contexte, « à la croisée des chemins, avec le risque d'une nouvelle escalade ».La prise de Marioupol constituerait en effet une étape-clé vers la création d'un pont terrestre entre la Russie et la Crimée qui, bien qu'annexée par la Russie, reste très dépendante de Kiev pour ses approvisionnements en eau et en électricité. Le ministre de la défense de l'Ukraine, Stepan Poltorak, affirme toutefois que « la ville est bien protégée et [qu'ils ont] suffisamment de forces et de moyens pour défendre Marioupol ».Lire : De la fuite de Ianoukovitch aux accords de Minsk 2, un an de crise en Ukraine 01.03.2015 à 01h25 • Mis à jour le01.03.2015 à 15h27 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Il est le républicain du moment. Probable candidat à l’investiture pour l’élection présidentielle de 2016, le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, est arrivé à une flatteuse deuxième place, derrière le sénateur libertarien du Kentucky, Rand Paul, dans la consultation (straw vote) organisée en marge de la réunion annuelle du Conservative Political Action Conference (CPAC) qui s’est achevée samedi 28 février à Washington. Elu en 2010 et réélu en 2014, le seul gouverneur de l’histoire des Etats-Unis à avoir réchappé, en 2012, à un vote de défiance (recall) organisé après une offensive en règle contre les syndicats de fonctionnaires de son Etat n’avait rien à redouter devant cet auditoire, et surtout pas les interrogations que ses dernières interventions ont alimentées.En visite à Londres le 11 février, Scott Walker, chrétien évangélique, a ainsi refusé de répondre à une question sur la théorie de l’évolution. Présent quelques jours plus tard au côté de l’ancien maire de New York Rudolph Giuliani, il est resté coi lorsque ce dernier a assuré que le président Barack Obama n’était pas un patriote, une affirmation dont s’est même indigné l’ancien adversaire républicain de ce dernier à l’élection de 2008, John McCain, pourtant impitoyable sur la politique étrangère du président.Prudence préférable ?Enfin, interrogé le 21 février par un journaliste du Washington Post sur la question de savoir si M. Obama était chrétien, le gouverneur a affirmé n’en rien savoir parce qu’il ne lui avait « jamais posé la question », en dépit des multiples commentaires publics du président sur sa foi, habituels dans la culture politique américaine. Cette stratégie a incité le chroniqueur politique du quotidien de la capitale fédérale Dana Milbank à imaginer une série hilarante de questions incongrues concernant cette fois-ci le gouverneur (« Hait-il l’Amérique ? », « Est-il un Frère musulman ? ») auxquelles un Scott Walker de fiction répondait très évasivement comme il avait pu le faire les jours précédents.La prudence excessive manifestée par ce dernier n’est peut-être pas inutile. Le 26 février devant le CPAC, M. Walker a voulu convaincre de sa capacité à lutter contre l’Etat islamique en cas d’élection à la fonction suprême en mettant bravement en avant ses états de service contre… les syndicalistes du Wisconsin : « Si j’ai pu me mesurer à 100 000 manifestants, je peux en faire autant dans le monde entier », a-t-il affirmé crânement. Un raccourci qui a été diversement apprécié et que sa porte-parole a tenté d’expliquer en assurant qu’il ne visait qu’à témoigner de la capacité du gouverneur à faire face dans l’adversité.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Le suspense sera gardé presque jusqu’au bout. Pour le cinquantième anniversaire de la publication de sa fameuse « Lettre aux actionnaires », samedi 28 février, on pensait que Warren Buffett, 84 ans, profiterait de cette date symbolique pour enfin annoncer qui lui succéderait à la tête de Berkshire Hathaway.Tout ce que l’on y aura appris, c’est que le choix est fait, mais que le fondateur garde le nom de l’élu encore pour lui. « Avec le conseil d’administration, nous pensons que nous avons la bonne personne pour me succéder en tant que PDG : un successeur prêt à assumer le poste le jour suivant ma mort ou mon départ… Cette personne fera un meilleur travail que celui que je fais. »Deux noms glissésMais c’était compter sans Charlie Munger, le vice-président de Berkshire. Car, pour ce millésime particulier, les actionnaires avaient droit à deux lettres pour le prix d’une : celle du fondateur et celle de son vieux complice, qui ont rédigé pour la première fois chacun une version, sans se consulter. Et dans la sienne, M. Munger, 91 ans, est un peu plus bavard, puisqu’il lâche deux noms comme prétendants potentiels à la succession de M. Buffett. Il s’agit d’Ajit Jain, qui pilote les activités d’assurance au sein du groupe, et de Greg Abel, le responsable de la partie énergie. Tous les deux ont prouvé qu’ils étaient des dirigeants de « classe mondiale », écrit M. Munger. « Dans bien des domaines, chacun d’entre eux est un bien meilleur dirigeant que Buffett », va-t-il même jusqu’à dire.Un point de vue que partage M. Buffett lui-même. Tout au long des cinquante ans de Berkshire Hathaway, il a démontré des capacités d’investisseur exceptionnelles, faisant du conglomérat l’une des plus grosses entreprises du monde grâce à des participations dans une multitude de groupes, allant de Coca-Cola à American Express en passant par IBM, présente dans les assurances comme dans le transport ferroviaire ou l’énergie, pour une capitalisation qui dépasse 363 milliards de dollars. Mais, pour bâtir cet empire, il a préféré déléguer à d’autres le management opérationnel. C’est en ce sens que son successeur pourrait être meilleur, en cumulant les deux talents, celui d’investisseur et celui de manager.Son fils écartéDans le même temps, Warren Buffett a dressé dans sa propre lettre le profil idéal de son successeur. « Mon successeur aura besoin d’un autre atout particulier : la capacité de lutter contre la décomposition des notions élémentaires du business, qui sont l’arrogance, la bureaucratie et la complaisance. » En outre, il rappelle qu’il devra être issu de l’interne, être jeune, tout en ayant déjà une grosse expérience.Ce qui est sûr, c’est que le futur patron de Berkshire ne sera pas Howard, son fils. M. Buffett a tenu à souligner que ce dernier, en tant que président non exécutif, était la meilleure garantie pour perpétuer la culture de l’entreprise. Il parle de lui comme d’une « soupape de sécurité » vers laquelle le futur patron pourra se tourner au cas où il aurait des doutes. Quant à un autre prétendant, Matthew Rose, qui dirige la Burlington Northern Santa Fe Railroad Company (BNSF), l’une des grosses participations du groupe, il n’est cité dans aucune des deux lettres.Résultats médiocresPar contre, la société est pointée pour la médiocrité de ses résultats : « Au cours de cette année, BNSF a déçu beaucoup de ses clients », elle a connu des « défaillances en termes de service ». M. Buffett ajoute qu’il misait sur une amélioration de la performance grâce à 6 milliards de dollars d’investissement. Le milliardaire s’est dit également « quelque peu aigri » à propos de son investissement dans Tesco, le distributeur britannique, qui a connu pas mal de revers ces derniers mois, avec, pour couronner le tout, la découverte d’une « erreur comptable », ce qui a obligé Berkshire à solder sa position, avec une perte de 400 millions de dollars à la clé.A propos de ses investissements phares — American Express, Coca-Cola, IBM et Wells Fargo —, Warren Buffett écrit : « Nous espérons que le revenu par action de ces quatre valeurs augmentera considérablement au fil du temps », et souligne toutefois que « 2015 sera une année difficile pour le groupe, en partie en raison de la force du dollar ». Et M. Buffett de prévenir ses actionnaires de ne pas avoir des attentes trop importantes par rapport aux performances du conglomérat dans les années qui viennent : « La mauvaise nouvelle est que les gains à long terme de Berkshire — mesurés en pourcentage, pas en dollars — ne pourront pas être spectaculaires et auront du mal à approcher ceux accomplis au cours des cinquante dernières années, avoue-t-il. Les chiffres sont devenus trop gros. Je pense que Berkshire va réaliser de meilleures performances que la moyenne des entreprises américaines, mais notre avantage, le cas échéant, ne sera pas énorme. »Il a toutefois défendu le statut de conglomérat propre à Berkshire, qui, « s’il est judicieusement utilisé, est une structure idéale pour maximiser la croissance du capital à long terme ».Concernant le versement éventuel d’un dividende ou le lancement d’une opération de rachat d’actions, la position de M. Buffett ne change pas d’un iota : il estime que son entreprise a mieux à faire avec son argent que le redistribuer directement à ses actionnaires sous une forme ou sous une autre. De façon ironique, il n’exclut pas que dans dix ou vingt ans l’entreprise finisse par succomber à cette facilité parce que n’étant plus « capable de réinvestir intelligemment ses revenus ». Mais, d’ici là, le milliardaire ne sera sans doute plus à la tête de Berkshire, et l’on connaîtra enfin le nom de son successeur. M. Munger nous a donné une piste.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Yasar Kemal, le plus populaire des écrivains de langue turque, est mort samedi 28 février à l’âge de 92 ans, des suites d’une grave pneumonie. Depuis le 14 janvier, le romancier était dans un état critique, maintenu sous respiration artificielle à l’hôpital de Sisli (Istanbul). Le ministre de la culture, Omer Celik, a déploré la perte d’une « grande âme ». L’ancien président Abdullah Gül a salué l’« intellectuel aux positions libres et indépendantes ». Sa dépouille sera inhumée, lundi 2 mars, au cimetière de Zincirlikuyu (Sisli) au centre d’Istanbul.Les Turcs pleurent leur romancier préféré, le chantre de l’Anatolie profonde qui, de sa plume alerte et colorée, sut si bien décrire la nature et les mœurs austères des villageois, ces grands oubliés du tournant modernisateur voulu par Kemal Atatürk dans les années 1920.Né en même temps que la République turqueAuteur de trente-cinq romans, Yasar Kemal dressa comme personne le tableau de la Turquie rurale, prise en tenaille entre la tradition et la dynamique de transformation de la société. C’est à travers son œuvre que l’intelligentsia occidentalisée allait découvrir l’autre Turquie, conservatrice et religieuse, que l’exode rural allait bientôt précipiter vers les villes.Yasar Kemal, de son vrai nom Kemal Sadık Gökçeli, est né en même temps que la République turque, en 1923, à Osmaniye, dans une famille de paysans kurdes qui avait fui, quelques années plus tôt, la région du lac de Van pour s’établir plus au Sud, dans les environs d’Adana. L’endroit, peuplé de riches propriétaires terriens et de paysans pauvres, est dominé par la chaîne des monts Taurus, qui servira de toile de fond à ses romans.Lorsque Kemal voit le jour, son père Sadi Kemal a 50 ans, sa mère, Nigar, 17 ans. A 5 ans, l’enfant perd l’œil droit. Ensuite, son père est assassiné devant lui, à la mosquée. Des années plus tard, lorsque sa mère lui demande de tuer l’assassin de son père, comme le veut la coutume. L’adolescent refuse.Premières nouvelles à 20 ansAmoureux de la vie, il compose des poèmes et n’a pas son pareil pour gratter le saz (instrument à cordes traditionnel) et imiter les bardes. La tradition orale influencera toute son œuvre par la suite.A 9 ans, le jeune Kemal entre à l’école primaire, pour deux ans seulement, car il doit subvenir aux besoins de sa mère. Il sera ramasseur de coton, gardien de nuit, employé du gaz, maçon, conducteur de tracteur, employé de bibliothèque à Adana. Cet emploi est celui qu’il préfère. Il dévore alors avec passion les auteurs de la littérature mondiale, dont Cervantes, Stendhal, Garcia Marquez. Il a 20 ans quand ses premières nouvelles sont publiées.Accusé, à la fin des années 1940, d’avoir cherché à créer un syndicat de tractoristes, il est arrêté, ses écrits sont confisqués. Lorsqu’il demande à les récupérer, le chef de la police de Kadirli (région d’Adana) lui explique qu’ils ont servi de combustible pour le poêle du commissariat.La notoriété avec « Mehmet »Accusé de « propagande communiste », il est acquitté après plusieurs mois passés en prison. Bientôt, il s’achète une machine à écrire et vivote en offrant ses services comme écrivain public. En 1951, la chance lui sourit, il est engagé par le quotidien Cumhurriyet. Ses reportages sont vite remarqués, entre autres, une série d’articles qu’il rédige sur les enfants des rues. C’est à ce moment-là qu’il prend le pseudonyme Yasar Kemal. En 1952, il épouse Thilda Serrero, une intellectuelle polyglotte qui traduira ses romans et sera emprisonnée à plusieurs reprises elle aussi.La notoriété vient en 1955, avec la publication de Mehmet le Mince. Mehmet, héros épique, est une sorte de Robin des bois, un bandit plein de panache qui défend les simples paysans des pratiques féodales de l’Aga (riche propriétaire terrien). Sous les traits de Mehmet, décliné au long d’une vaste saga publiée de 1955 à 1987, se cache l’oncle maternel de l’auteur, Mayro, un rebelle haut en couleur, tué dans un accrochage avec la police à l’âge de 25 ans.En 2003, durant un séminaire consacré à son œuvre à l’université Bilkent d’Istanbul, le romancier racontera dans quelles conditions il avait rédigé Mehmet le Mince : « Cet hiver-là fut des plus glacial à Istanbul. Je n’avais pas un sou pour m’acheter du bois de chauffage. Enroulé dans une vieille couverture, je tapais sur ma vieille machine à écrire, à laquelle manquaient pas mal de lettres. »Militant de gaucheEcrivain engagé, militant de gauche, l’homme a passé une bonne partie de sa vie dans les couloirs des tribunaux pour sa défense ou celle de ses amis. Infatigable porte-parole des laissés-pour-compte, il est condamné à de courts séjours derrière les barreaux en 1966, puis en 1971. A la fin des années 1970, las des persécutions, il s’installe en Suède, avec Thilda, pour deux ans.En 1996, il se retrouve à nouveau sur le banc des accusés. La Cour de sûreté de l’Etat le condamne à un an et huit mois de prison pour avoir dénoncé le sort des Kurdes dans un article intitulé « Le ciel noir de la Turquie ». Grâce à la mobilisation internationale, il ne les fera pas, sa peine sera commuée.Lauréat de nombreux prix, Yasar Kemal avait été pressenti à plusieurs reprises pour le Nobel de littérature, lequel sera finalement attribué en 2006 à l’écrivain stambouliote Orhan Pamuk, représentant de la Turquie « en col blanc ». Personnage réservé, presque secret, le romancier avait coutume de dire : « Je n’écris pas sur des problèmes, je n’écris pas pour un public, je n’écris pas pour moi-même, j’écris, c’est tout. »Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.02.2015 à 18h58 • Mis à jour le28.02.2015 à 19h48 Après l'Autriche et la Suède, le mouvement islamophobe Pegida, né en Allemagne, a organisé samedi 28 février son premier rassemblement au Royaume-Uni, réunissant quelque 400 personnes à Newcastle. Dans le même temps, une contre-manifestation rassemblait sous la bannière « Newcastle Uni »  près de 2 000 personnes pour dénoncer l'exportation du mouvement sur le territoire britannique.« Les deux rassemblements se sont déroulés sans problème », a indiqué Laura Young, de la police de Northumbria. Cinq personnes ont été arrêtées pour des « incidents isolés », sans que l'on sache à quelle manifestation elles participaient.« Pegida sensibilise. Nous voulons que le gouvernement prenne note et qu'il chasse les djihadistes et les extrémistes musulmans de nos rues », a déclaré dans le cortège Donna Trainor, l'une des organisatrices de Pegida UK, qui appelait sur sa page Facebook à « une manifestation pacifique où des personnes de tous horizons vont se rassembler pour s'unir contre l'islam extrémiste, rien d'autre ».Parmi les contre-manifestants figurait notamment le député d'extrême gauche George Galloway, qui assurait représenter les « millions » de Britanniques qui « condamnent l'idée qu'un groupe nazi allemand vienne dans le nord-est de l'Angleterre pour essayer de semer le trouble ».Un mouvement qui s'essoufleDepuis le 20 octobre, les rangs des manifestants du mouvement allemand Pegida (les Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident) n'avaient cessé de grossir à Dresde, ville située dans l'ancienne Allemagne de l'Est communiste, rassemblant jusqu'à 25 000 personnes le 12 janvier, après les attaques djihadistes à Paris.Mais la mobilisation s'est fortement essoufflée après la démission de Lutz Bachmann, le fondateur du mouvement, le 21 janvier, à la suite de la parution dans la presse d'une photo le montrant grimé en Adolf Hitler, et de la défection de plusieurs de ses grandes figures.Lire (édition abonnés) : En Allemagne, Pegida en voie d’autodissolutionLe retour du fondateur à la tête du mouvement, depuis le 23 février, a donné lieu à un rassemblement de 5 000 personnes à Dresde, en légère hausse par rapport aux précédentes manifestations. Des rassemblements ont également eu lieu en Suède et en Autriche, mais ont été éclipsés, comme au Royaume-Uni, par des contre-manifestations beaucoup plus importantes.Voir notre reportage : A Dresde, berceau du mouvement Pegida contre « l'islamisation de l'Europe » 05.03.2015 à 17h03 • Mis à jour le05.03.2015 à 18h29 par Damien Boone, docteurs en sociologie politique et Lucile Ruault, doctorante en sociologie politiqueÀ propos de l’interprétation des Unes de Charlie-Hebdo « De qui se moque-t-on ? » interrogent Jean-François Mignot et Céline Goffette dans un article recensant les thèmes des Unes de Charlie Hebdo entre 2005 et 2015. Excellente question, qu’on peut autant poser aux membres de la rédaction de l’hebdomadaire qu’aux auteur·es de la tribune, affirmant que « Charlie Hebdo n’est pas obsédé par l’islam ». À l’appui de cette assertion, le constat, sur la période étudiée, de 38 Unes consacrées à la religion, dont 20 % « se moquent principalement de l’islam » (soit 7). « Au total, concluent les sociologues, seulement 1,3 % des “unesˮ se sont moquées principalement des musulmans. De fait, Charlie Hebdo n’était pas “obsédéˮ par l’islam ». L’utilisation de données quantitatives a toutes les apparences de la scientificité et fonctionne comme un argument d’autorité quasi imparable.Pourtant, cette démonstration masque davantage d’éléments qu’elle n’en dévoile, en mettant en avant un simple chiffre. Ce chiffre évacue un ensemble d’hypothèses et de postulats qui, s’ils ne sont pas sérieusement interrogés et étudiés, ne lui confèrent qu’une faible valeur interprétative. Autrement dit, affirmer qu’à partir de cette étude, Charlie Hebdo « conformément à sa réputation, est un journal irrévérencieux de gauche, indéniablement antiraciste, mais intransigeant face à tous les obscurantismes religieux », laisser ainsi entendre que rien, dans le contenu du journal, ne pose problème (sur les musulmans ou sur d’autres sujets comme le sexisme), et que les personnes qui s’en indignent ou le questionnent ont tort, est un glissement qui ne peut résulter du raisonnement proposé.Les « obsessions » d’un journalÉtudier les Unes, ce n’est pas étudier le journal : les deux universitaires le précisent bien. Mais alors le titre de l’article qui, en recourant à la métonymie, assimile tout le journal à sa Une, est abusif. Présupposer que les Unes sont à l’origine des accusations d’islamophobie relève davantage d’une intuition au doigt mouillé que d’une réflexion sérieuse : elles ont reposé sur des articles, éditoriaux et prises de position des membres de la rédaction, au cœur du journal et en dehors. En outre, étudier les Unes seulement en tant que produit fini, comme si elles arrivaient ex nihilo, sans s’interroger sur la manière dont elles sont élaborées, est problématique.Gaël Villeneuve, sociologue des médias, souligne sur son blog que la sociologie du journalisme a depuis longtemps montré que le choix d’une Une relève davantage d’une logique commerciale que des « obsessions » des membres d’un journal. Même chez Charlie, la Une est souvent un dessin lié à l’actualité immédiate, un positionnement décalé sur ce qui fait parler dans le temps médiatique. Et, quand bien même on considérerait que les Unes reflètent les seules préoccupations des journalistes, on ne sait ici rien des manières dont elles sont collectivement discutées et débattues au sein de la rédaction. La seule étude des couvertures tend à homogénéiser la rédaction, alors que s’y expriment des opinions plurielles.En fait, bien trop d’éléments entrent en ligne de compte dans la production d’une Une pour qu’on se contente d’en tirer des conclusions à partir de ce qui est immédiatement visible. Surtout, le fait d’exposer le débat en laissant entendre que les reproches faits à Charlie Hebdo se posaient quantitativement relève d’un procédé intellectuel douteux consistant à réfuter une proposition qui n’a pas été tenue en ces termes. Les polémiques suscitées par Charlie- Hebdo ne portent pas sur le nombre de références à l’islam, mais sur les manières dont cette religion est représentée.Il est bien sûr autorisé de choisir un point de vue inédit, mais alors il conviendrait d’en préciser les limites. Imaginons le parallèle suivant : 1,3 % des discours d’un vieux leader d’extrême droite évoquent la Shoah. Doit-on en conclure qu’il n’a pas d’« obsession » antisémite ou négationniste ? Imaginons ensuite qu’une minorité des Unes du journal fasse figurer des femmes, ou plutôt une paire de seins, de fesses et un vagin. Leur faible représentation protégerait-elle la rédaction de Charlie de tout soupçon de phallocratie ? La question n’est pas « l’obsession » quantitative, mais les modalités, logiques et registres d’expression.Par ailleurs, on ne peut traiter ce sujet sans s’interroger en amont sur les rapports de domination au sein de la société, sur la stigmatisation de l’islam, et donc sur les interprétations racistes qu’on peut faire de ces dessins. Songeons par exemple aux manières distinctes dont Charlie Hebdo s’en prend aux religions : à propos du catholicisme, ses dessins représentent majoritairement la hiérarchie ecclésiastique, quand l’islam est avant tout abordé par le biais des femmes voilées, ou de pratiquants « ordinaires ».ChiffresEn nous attelant à notre tour à une première analyse statistique sommaire des Unes de Charlie Hebdo, il s’avère que nous n’aboutissons pas aux mêmes résultats : sur une période moindre (2009-2014), nous trouvons 3,5 fois plus de références à l’islam en Une que nos collègues (24 Unes). Il ne s’agit pas de trancher sur la vérité d’un chiffre, mais plutôt de souligner que toute étude statistique se construit en fonction de critères choisis par l’analyste ; il lui revient de les expliciter, sans quoi son approche n’est pas rigoureuse. Quelle définition de la catégorie « islam » adoptent donc les sociologues en amont de leurs calculs ? Enfin, si c’est « l’obsession » qu’on veut réfuter, alors on se doit de contextualiser les données, c’est-à-dire de les mesurer par rapport au traitement médiatique général de l’actualité, en l’occurrence Charlie Hebdo, obsédé par l’islam ?Ce n’est pas en posant la question en ces termes que l’on pourra comprendre pourquoi des personnes se sentent offensées par ce qu’elles y trouvent. Si nous avons la faiblesse de ne pas savoir si Charlie Hebdo est islamophobe ou islamophile, nous savons avec force que l’étude des Unes ne permettra de conclure ni à l’une ni à l’autre de ces options, tout en suggérant toutefois une interprétation préférentielle. Dès lors, les sociologues qui font appel aux chiffres se doivent de garder prudence et humilité sur leurs résultats, en en signalant au moins les angles morts. Car, en effet, citant le sociologue Olivier Galland, nous rejoignons nos collègues sur leur conclusion : le manque de connaissances sérieuses « laisse le champ libre aux interprétations et aux solutions simplistes ». 05.03.2015 à 16h16 • Mis à jour le05.03.2015 à 16h19 La Banque centrale européenne (BCE) n’est pas encore prête à rouvrir le robinet à liquidités pour les banques grecques, coupé début février. Mario Draghi, le président de l’institution monétaire européenne a certes déclaré, jeudi 5 mars, que celle-ci est prête à remettre en place un régime de faveur permettant aux établissements bancaires grecs de se refinancer auprès de la BCE. Mais il a aussitôt précisé que cela ne pourra se faire que « sous réserve que les conditions soient respectées ». Ce qui n’est pas le cas pour le moment, selon lui.La BCE - mais c’est vrai aussi des autres créanciers de la Grèce - attend en l’occurrence du gouvernement d’Alexis Tsipras qu’il détaille les réformes qu’il veut faire, ainsi que comment il compte les financer. Athènes est supposée communiquer ce détail lors d’une réunion des ministres de finances de la zone euro (Eurogroupe), lundi 9 mars.Le gouvernement grec s’est engagé à cette communication à l’issue de l’accord conclu lors de la précédente réunion de l’Eurogroupe, le 26 février, qui a prolongé de quatre mois (jusque fin juin) le plan d’aide à la Grèce.L’Eurogroupe parvient à un accord avec la GrèceIl avait alors été signifié aux Grecs qu’ils ne pourraient compter sur la dernière tranche de ce plan (environ 7 milliards d’euros) que lorsqu’ils auraient démontré leur volonté de mettre en place les réformes sur lesquelles ils se sont engagés.Mais le gouvernement d’Alexis Tsipras, qui doit faire face à un certain nombre de remboursements d’emprunts en mars, tablait, ces derniers jours, sur le fait de pouvoir obtenir une certaine souplesse.La Grèce face à un calendrier serré et chargé de remboursementsAthènes compte notamment que ses créanciers versent dès mars une partie des quelque 7 milliards d’euros de prêts du programme d’aide en cours. La question sera évoquée lundi lors de l’Eurogroupe.L’autre piste pour la Grèce était d’obtenir de la BCE que cette dernière remette en place le robinet à liquidités en direction des banques grecques. Qui sont aussi les principales acheteuses des obligations souveraines helléniques, à travers lesquelles le pays se finance à court terme.La réponse de M. Draghi a été claire et nette.Grèce : le coup de semonce, très politique, de la BCE Guy Dutheil Finalement, Air Caraïbes ne devrait pas constituer le premier groupe aérien sur les Antilles. Jeudi 5 mars, le groupe familial Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes, a « confirmé l’arrêt des discussions » entamées avec TUI France pour le rachat de sa compagnie aérienne Corsair International. « Le groupe Dubreuil et le groupe TUI ont mis fin à leurs discussions relatives au projet de transaction », indiquait Corsair sans plus d’explications.L’arrêt de la transaction est brutal. Il intervient deux semaines seulement après l’annonce, le 16 février, de la cession de Corsair au groupe Dubreuil. A l’époque, Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair considérait Air Caraïbes comme son «allié naturel » de Corsair. De son côté, Air Caraïbes se rêvait déjà en leader sur la destination des Antilles. Un flux annuel de près de 2,4 millions de passagers. En additionnant les forces des deux compagnies, le groupe Dubreuil avait pour objectif de composer un groupe aérien 100 % français fort de plus de 50 % de parts de marché sur les Antilles. Au passage, le nouvel ensemble chipait la place de leader à Air France.Un renoncement à la veille d’une nouvelle grèveNi le groupe Dubreuil, ni même les organisations de Corsair, réunies en intersyndicale, n’ont souhaité expliqué les raisons de la fin du projet de reprise de la compagnie aérienne. Toutefois, celle-ci intervient à la veille d’un nouveau mouvement de grève prévu du vendredi 6 au dimanche 8 mars . Il promettait d’être massivement suivi. Comme les précédents jours de grève qui avaient rassemblé de 90% à 95% de grèvistes.La maison-mère d’Air Caraïbes imaginait que ce rachat se ferait en douceur. Elle croyait ainsi avoir acheté la paix sociale chez Corsair en promettant par avance, qu’il n’y aurait « pas de plan social ». Le groupe Dubreuil s’était même engagé à conserver la marque et à ne pas surpprimer de lignes aériennes. Las, la promesse n’a pas convaincu les 1 158 salariés de Corsair. A l’appel des syndicats, les personnels ont lancé un premier mouvement de grève du 28 février au 2 mars. Ils voulaient obtenir des « garanties » pour leurs emplois.La direction voulait des « efforts de productivité »Les salariés redoutaient un plan de départs rampant. Inquiets surtout après les déclarations de Marc Rochet, président du directoire d’Air Caraïbes, qui s’était fixé comme « objectif (...) la remise au profit de Corsair » structurellement en pertes. Pour y parvenir, le patron d’Air Caraïbes invitait déjà les 1 158 salariés de Corsair à faire des « efforts de productivité ».Le groupe Dubreuil «  a trop communiqué et de manière un peu abusive » sur sa gestion sociale de la reprise de Corsair, explique un ancien cadre de la compagnie. L’idée de la direction de la maison-mère d’Air Caraïbes était de créer une nouvelle société, aux conditions sociales bien moins avantageuses, pour y accueillir les personnels de Corsair. Tous les salariés n’y auraient pas trouvé leur place. A l’occasion du transfert de Corsair vers la nouvelle entité, les syndicats redoutaient « une sélection ».Corsair reste à vendreIl n’empêche, si la reprise par Air Caraïbes a échoué, Corsair est toujours à vendre. TUI France, filiale du tour-opérateur allemand TUI, cherche à se débarrasser au plus vite de sa compagnie aérienne en France. Fatigué de devoir mettre sans cesse la main à la poche pour éponger les déficits chroniques de Corsair. Pour assurer la cession au groupe Dubreuil, TUI était prêt, semble-t-il, à recapitaliser sa compagnie aérienne en réinjectant une fois pour toutes 17 millions d’euros. Après le groupe Dubreuil, TUI pourrait aller frapper à la porte de British Airways que l’on a dit un temps interessée par le rachat de Corsair.Lire aussi : En rachetant Corsair, Air Caraïbes devient le leader sur les Antilles  Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.03.2015 à 13h57 • Mis à jour le05.03.2015 à 14h56 Les députés allemands ont adopté jeudi 5 mars une loi plafonnant les hausses de loyer qui doit enrayer l'envolée des prix locatifs dans certaines agglomérations allemandes. Dans les villes comme Munich, Hambourg et Berlin, les hausses de loyers, qui peuvent aller jusqu'à 30 % ou 40 % entre deux locations, font que les classes moyennes sont repoussées à la périphérie.Le texte prévoit qu'en cas de mise en location d'un bien, le loyer n'excède pas 10 % du « loyer moyen d'usage » dans la ville ou le quartier concerné. La disposition s'appliquera à certaines villes ou zones densément peuplées préalablement définies par les Etats régionaux, et ne concernera pas la mise en location de logements neufs ou rénovés de fond en comble. La loi doit « contribuer à ce que les loyers restent abordables aussi pour des gens qui gagnent normalement leur vie », avait promis en la présentant le ministre de la justice et de la protection des consommateurs, Heiko Maas, à l'origine du texte.« PAS D'EFFET DU TOUT »Le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD – Sozialdemokratische Partei Deutschlands), dont est issu M. Maas et qui gouverne depuis décembre 2013 avec les conservateurs d'Angela Merkel, avait fait de ce thème une promesse de campagne pour les législatives de 2013. « C'est une journée à marquer d'une pierre blanche pour les locataires en Allemagne », a jugé dans un communiqué jeudi l'association de protection des locataires Mieterbund, appelant les Etats régionaux, les Länder, à adopter rapidement une liste fournie de localités où la loi s'appliquera.Mais « les nombreuses exceptions et limites posées à la loi jettent une ombre », a tempéré le président de l'association, Lukas Siebenkotten. Renate Künast, figure de proue du parti d'opposition écologiste, a estimé que le nouveau dispositif avait « plus de trous qu'un fromage » et n'aurait « pas beaucoup, voire pas d'effet du tout ».Un autre volet de la loi concerne le recours aux agents immobiliers. Ils devront à l'avenir être rémunérés par les propriétaires en quête d'un locataire, et non plus par ce dernier. Les agents immobiliers, qui craignent que les propriétaires n'aient plus recours à leurs services, dénoncent une disposition anticonstitutionnelle. Ils mettent en garde contre le risque que les propriétaires répercutent de toute façon ces frais supplémentaires sur les locataires. 05.03.2015 à 12h36 • Mis à jour le05.03.2015 à 12h38 Les « Journées de l’économie » (Jéco), présidées par Pascal Le Merrer, organisent la première édition des « Nocturnes de l’économie », en partenariat avec Le Monde avec le soutien de la BRED et le concours de Patrick Artus, le 11 mars à 17 heures dans le grand amphi de la Sorbonne, avec pour invité d’honneur Mario Monti, sénateur et ancien premier ministre d’Italie.Une première table ronde, « Les moteurs de la croissance », réunira Patrick Artus (Natixis), Gilbert Cette (Banque de France), Sandrine Duchêne (Direction du Trésor) et Jean Pisani-Ferry (France Stratégie).Une seconde table ronde, « Des institutions inadaptées ? », réunira Michel Aglietta (Cepii), Pervenche Berès (députée européenne, PS), Olivier Klein (BRED) et David Thesmar (HEC).Le Monde publie des tribunes rédigées par les participants à ces « Nocturnes ».- Une dynamique d'investissement, par Michel Aglietta, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii). Les financements doivent aller à la transition énergétique, en offrant une garantie publique de titres « carbone » acquis par la BCE.- Retrouver le chemin de la convergence, par Jean Pisani-Ferry (commissaire général de France Stratégie). L’ajustement par les prix de marché ne suffira pas. L’Europe doit se doter de nouveaux instruments pour gommer les divergences Nord-Sud.- La nouvelle politique de la BCE, un coup d'épée dans l'eau ?, par David Thesmar (professeur d'économie à HEC Paris). L’assouplissement quantitatif lancé par Mario Draghi en mars ne créera pas autant de croissance, de désendettement et d’investissement qu’espéré.Informations sur http://www.journeeseconomie.org/blogjeco/index.php ; inscription obligatoire sur le site des Jéco : www.journeeseconomie.org. 05.03.2015 à 11h24 • Mis à jour le05.03.2015 à 12h03 | Claire Guélaud Pour la quatrième fois consécutive, la Banque centrale du Brésil a relevé, mercredi 4 mars, son taux d’intérêt directeur - de 0,5 point, à 12,75 % - afin de ralentir une inflation élevée, qu’accentue la forte dépréciation de la monnaie nationale, le réal (13 % en 2014). La hausse des prix à la consommation a atteint 6,41 % en 2014 et elle est attendue à 7,47 % en 2015, alors que les autorités voudraient la ramener à 4,5 % l’an.Largement anticipée par les analystes, la décision de la Banque centrale a son revers : elle risque d’accentuer le ralentissement économique en cours, qui est impressionnant.Le premier des grands pays émergents d’Amérique latine affichait en 2010 un produit intérieur brut (PIB) en progression de 7,5 %. Selon le ministre de l’économie, Joaquim Levy, la croissance 2014, qui sera connue à la fin du mois, sera, dans le meilleur des cas, proche de zéro, voire négative.En 2015, la récession menace une économie qui souffre de nombreux goulots d’étranglement, au premier rang desquels figure la faiblesse des investissements.Le Brésil peine à sortir de sa panne de croissanceLE POIDS DU SCANDALE PETROBRASA la crise économique s’ajoutent les effets délétères du scandale de corruption dans lequel se débat le groupe pétrolier national Petrobras. Plusieurs parlementaires appartenant au parti centriste PMDB, première formation politique au Sénat et allié du gouvernement, seraient impliqués dans cette affaire qui tend les relations entre la présidente Dilma Rousseff et le pouvoir législatif.La patronne du pétrolier brésilien Petrobras poussée à la démissionPour marquer le coup, le Sénat a rejeté, mardi 3 mars dans la soirée, une coupe budgétaire défendue par le gouvernement qui, moins de deux heures après son rejet, a été de nouveau présentée à la Chambre haute sous forme de projet de loi urgent.Au beau milieu de ces incertitudes budgétaires, le dollar a frôlé, mercredi 4 mars, les 3 réals, ce qui ne s’était jamais vu depuis le mois d’août 2004.En raison du scandale Petrobras et de la non-présentation des résultats financiers audités (4 milliards de dollars auraient été détournés en dix ans), l’agence d’évaluation financière Moody’s a relégué en catégorie spéculative toutes les notes de la dette de cette entreprise nationale.Or celle-ci représente à elle seule 10 % de l’investissement total brésilien, ce qui ne va pas aider l’économie à se redresser.La popularité de Mme Roussef est en chute libre (- 19 points, à 23 % en février) et sur les réseaux sociaux, de nombreux Brésiliens appellent à manifester le 15 mars dans tout le pays pour exiger sa destitution.Au Brésil, anniversaire amer pour le parti de LulaClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; 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En 2009, le total des investissements étrangers en Syrie avoisinait 2,6 milliards de dollars (2,5 milliards d'euros environ), et l'intérêt des investisseurs ne semblait pas prêt de s'émousser. Le conflit a depuis entraîné une baisse drastique des investissements directs étrangers (IDE) jusque dans les pays voisins, et notamment en Jordanie et au Liban, grand partenaire économique de la France dans la région.En 2013, alors qu'une intervention incluant la France était pressentie, nous faisions un tour d'horizons des intérêts français en Syrie. Près de deux ans après, s'il est difficile d'obtenir des statistiques fiables, quelles entreprises sont encore présentes dans le pays ?Lire l'éditorial : Syrie : un désastre sans précédentPétrole : la production presque évanouieInvestissement étranger numéro 1 dans le pays : le pétrole. Total, première entreprise française à s'être intéressée au pays, a fini par se résoudre à cesser toute activité et rapatrier son personnel en décembre 2011, après l'annonce des sanctions européennes à l'encontre du régime de Bachar Al-Assad, qui interdisent d'exporter vers la Syrie des équipements à destination de l'industrie gazière et pétrolière.Le pétrolier, implanté via un consortium avec l'entreprise publique Syrian Petroleum Company depuis 1988, reconnaît toutefois, dans son document de référence 2013, maintenir « localement un bureau uniquement pour des besoins non opérationnels. En 2013, Total a versé aux organisations gouvernementales syriennes un montant d'environ 0,5 million d'euros [2 millions en 2012] sous la forme d'impôts et de contributions au titre des services rendus par le secteur public syrien afférent au maintien de ce bureau et de son personnel ».Comme le détaille Bercy dans sa dernière publication économique sur le pays :« Les sanctions pétrolières sont efficaces, la Syrie ne parvenant plus à exporter de pétrole, alors que ces exportations représentaient 25 % des revenus du régime. Selon le ministre syrien du pétrole, Souleimane Al-Abbas, la production pétrolière s'est effondrée de 96 % depuis le début de la crise. Le régime syrien dépend aujourd'hui de l'Iran pour ses importations de brut. »Repli au Liban ou en EgypteLe fromager Bel, qui était l'un des premiers industriels français à avoir implanté une unité de production dans le pays (en 2005), a transféré ses équipements et les productions de l'usine de Damas sur plusieurs autres sites au Proche et Moyen Orient. « En juillet 2012, la situation difficile en Syrie a conduit à la fermeture temporaire du site de production », explique l'entreprise. Les bâtiments ont toutefois été conservés. Si le siège de l'entreprise dans la région reste à Beyrouth, un recentrage semble en cours, puisque l'Egypte a été rattachée à sa zone Proche et Moyen Orient (Bel possède par ailleurs un site de production en Iran et en Turquie).Air Liquide, qui a installé une unité de production d'oxygène près de Damas en 2010, aurait également gardé un bureau dans la capitale. L'usine d'Adraa, produisant également de l'azote et de l'argon liquides, devait contribuer à alimenter le marché des gaz industriels dans toute la région du Levant. Schneider Electric, qui a ouvert un bureau dans la capitale syrienne en 1998, y avait une activité assez intense jusqu'au début des années 2000 : « Pour renforcer le système d'alimentation de la ville de Damas, PEEGT, la régie d'électricité publique syrienne, a choisi Schneider Electric pour fournir des sous-stations et des transformateurs pour trois niveaux de tension : 230 kV, 66 kV et 20 kV. Les précédentes réalisations de Schneider Electric dans ce pays, notamment les sous-stations des centrales électriques de Jandar et Alep, ont motivé ce choix », vantait l'entreprise dans son rapport annuel de 1999.Aujourd'hui, Schneider Electric assure n'y avoir que des clients distributeurs et avoir replié certains de ses anciens employés de Damas à Beyrouth. Mais d'après un dossier de présentation de ses activités dans la région (page 95), il y avait encore récemment (le document date de 2014) une quinzaine de projets en cours en Syrie, dont l'ambassade iranienne, des grands hôtels et un centre Carrefour.Le leader français de la grande distribution a en effet annoncé l'ouverture d'un hypermarché en Syrie en 2008 : on trouve d'ailleurs la trace de ce projet dans les rapports annuels 2009 et 2010, précisant qu'il s'agit d'une franchise. Le dernier rapport annuel montre qu'une activité était toujours en cours en 2013 : l'hypermarché a fermé l'an dernier, affirme la direction du groupe.Ce n'est qu'en septembre dernier que Lafarge, qui garde toutefois actif son site Internet avec une adresse syrienne, ainsi qu'un bureau à Damas, s'est résolu à suspendre ses activités. Les actifs concernés sont évalués à environ 450 millions d'euros. Sa cimenterie de Kobané s'est retrouvée au centre des combats entre les Kurdes et l'Etat islamique depuis septembre. C'est l'un des plus gros investissements étrangers en dehors du pétrole – le site devait générer un millier d'emplois sur l'ensemble de la région d'Alep, au nord du pays. Un PIB divisé par deuxDe toute façon, il n'y a plus d'interlocuteur pour les entreprises françaises en Syrie, la mission économique de Damas ayant déménagé au Liban voisin (la fiche Internet de la mission économique renvoie d'ailleurs directement sur la fiche du Liban). L'ambassade et les services consulaires sont fermés depuis mars 2012.« La crise intérieure, l'isolement régional et les sanctions économiques décidées par l'Union européenne et les Etats-Unis ont conduit à une dégradation de la situation économique en Syrie. Un certain nombre d'hommes d’affaires ont pris leurs distances avec le régime. Les finances publiques sont extrêmement dégradées, et la livre syrienne a été dépréciée de plus de 200 % depuis le début de la crise », détaille la fiche pays de Bercy.Le produit intérieur brut s'est écroulé de moitié entre 2010 et 2013 : il est passé d'environ 60 milliards de dollars (en dollars constants 2010) à 33,5 milliards en 2013 et 31,9 en 2014, selon les calculs.Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Delphine Roucaute et Maxime Vaudano Les électeurs israéliens doivent se rendre aux urnes, le 17 mars, pour élire les futurs 120 députés qui siégeront à la Knesset, le parlement israélien. Il s'agit d'élections anticipées, la dernière Knesset ayant été dissoute unanimement par les députés le 8 décembre, au terme d'un peu plus de deux années de mandat, au lieu des quatre pour lesquelles elle avait été élue.Lire : Les Israéliens vont-ils tourner la page Nétanyahou ?Le caractère anticipé de ces élections n'a toutefois rien d'exceptionnel, le pays étant habitué aux coups d'éclat politiques et aux fréquentes dissolutions de son unique chambre parlementaire.« De toutes les institutions politiques israéliennes, c'est la Knesset qui traverse la crise la plus manifeste », insistait déjà, en 2008, le chercheur Denis Charbit, maître de conférences en science politique à l'université ouverte d'Israël. Un des indices les plus parlants est peut-être le taux de participation aux élections législatives, qui n'a fait que chuter, passant de 80 % à quelque 66 %, aux élections de 2013. Selon les observateurs, l'abstention sera d'ailleurs un facteur marquant de l'élection de mardi.Douze Knesset dissoutes depuis 1949Si l'Etat d'Israël a beaucoup évolué depuis sa création, passant notamment de 700 000 à quelque 8 millions de citoyens, son système politique est, lui, resté quasi identique. Il ne s'agit pas pourtant d'un signe de stabilité politique. En effet, rares sont les Knesset à avoir assuré la totalité de leur mandat. Sur les dix-neuf chambres élues depuis 1949 et la fondation de l'Etat d'Israël, douze ont été dissoutes avant leur terme. L'instabilité parlementaire répond d'ailleurs à l'instabilité gouvernementale, puisque Israël a connu trente-trois gouvernements en soixante-sept ans. La dissolution peut se faire à l'initiative des députés ou du premier ministre au pouvoir. Les parlementaires ont également la possibilité de décider de prolonger le mandat du Parlement au-delà des quatre années requises. Cela s'est notamment produit lors des élections de la huitième Knesset, en 1973, qui avaient été repoussées en raison de la guerre du Kippour – lorsque l'Egypte et la Syrie attaquèrent par surprise et simultanément dans la péninsule du Sinaï, le jour du jeûne de Yom Kippour.Une Knesset morcelée, des coalitions fragilesLes 120 députés du Parlement sont élus au suffrage universel à proportionnelle quasi-intégrale. Les partis politiques constituent des listes nationales et obtiennent ainsi plus ou moins de places à la chambre en fonction de leur score. Si ce système se veut très démocratique, il a pour conséquence de faire élire toute une constellation de petits partis et de morceler l'échiquier politique, rendant toute coalition gouvernementale complexe.En mars 2014, le seuil d'éligibilité – et donc d'entrée à la Knesset – a été fixé à 3,25 % des voix, contre seulement 2 % auparavant, afin de limiter l'inflation des partis. Mais ces derniers restent malgré tout toujours très nombreux, notamment avec le développement des partis religieux, comme le parti Shass.La dix-neuvième Knesset avait été élue en 2013 avec douze partis. Afin d'obtenir la majorité (61 sièges), le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, avait donc dû composer une coalition entre son parti, le Likoud, un autre parti de droite, un parti d'extrême droite et deux partis centristes. C'est la fragilité de cette coalition qui l'avait finalement poussé à convoquer des élections anticipées dans l'espoir de fortifier sa position au Parlement.Une réforme nécessaireL'absence de circonscriptions électorales s'explique par la précipitation dans laquelle a été décidée l'organisation des premières élections législatives, en octobre 1948, lors de la guerre israélo-arabe qui mena à la fondation de l'Etat d'Israël. Une fois la représentation proportionnelle imposée, les partis politiques de petite et moyenne taille qui en émergèrent refusèrent logiquement, ensuite, de voter une réforme électorale qui les écarterait de la carte politique au profit des grands partis. Depuis, aucune réforme électorale d'envergure n'a pu être votée, malgré les appels de nombreux observateurs de la vie politique israélienne.Emmanuel Navon, le directeur du département de science politique et de communication du collège universitaire orthodoxe de Jérusalem, rappelle dans une tribune publiée en décembre sur le site de la chaîne internationale israélienne i24news, que « pour se faire élire dans une circonscription, il faut faire ses preuves ; pour se faire élire dans un parti, il faut plaire », et que ce système, au-delà de l'instabilité politique, « nourrit également la corruption ».Une solution serait donc d'instaurer un découpage électoral en plusieurs cantons et de remplacer le scrutin proportionnel par un scrutin majoritaire – ce qu'avait d'ailleurs essayé de faire voter le premier premier ministre d'Israël, David Ben Gourion. Pour M. Navon, « Israël a un besoin urgent d'une réforme électorale, mais une telle réforme est aussi improbable aujourd'hui qu'elle ne l'était à l'époque de Ben Gourion », en raison des intérêts politiques des petits et moyens partis.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDelphine RoucauteJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.03.2015 à 15h51 • Mis à jour le17.03.2015 à 16h30 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) C’est derrière les barreaux, alors qu’il purgeait une peine de quinze jours de prison pour avoir distribué des tracts en compagnie de Boris Nemtsov à la sortie d’une bouche de métro, que l’avocat russe Alexeï Navalny, 38 ans, figure de l’opposition à Vladimir Poutine, a appris la mort de son ami, tué par balles en plein cœur de Moscou, à deux pas du Kremlin, le 27 février.La manifestation que les deux opposants préparaient pour le 1er mars s’est transformée en hommage funéraire. Ce lundi 16 mars, dix jours après sa sortie de prison, Alexeï Navalny a reçu Le Monde dans ses vastes bureaux un peu vides, situés dans une galerie commerciale de Moscou. Le blogueur anticorruption dit être financé par « 20 000 donateurs » anonymes qui soutiennent son combat.Lire : l’intégralité de l’entretienQui a tué Boris Nemtsov selon vous ? Quel est votre avis sur l’enquête qui a mis en avant la piste tchétchène ?J’exclus tout à fait que cet assassinat ait été possible sans autorisation du pouvoir. Je peux vous confirmer qu’ayant été moi-même sous contrôle du FSB [services de sécurité et de renseignement russes], comme l’était Boris Nemtsov, il est impossible qu’ils n’aient pas vu les tueurs et ce qui se préparait. Soit ils ont agi ensemble, soit ils ont laissé faire.Pendant les quinze jours que j’ai passés en prison, j’ai lu Boukovski [ancien dissident soviétique, cofondateur en 2008 avec Nemtsov d’une organisation démocrate] et je m’amusais de ses descriptions quand les agents du KGB faisaient la queue pour lui à la boulangerie… Je ne crois pas à un ordre direct du Kremlin, mais plutôt à une déclaration informelle de Vladimir Poutine et des dirigeants disant à Ramzan Kadyrov [le président de la République de Tchétchénie] : « On espère ­votre aide contre la 5e colonne. » Et Kadyrov a bien compris cet appel.Je le répète, je ne crois pas à un ordre direct au cours d’une réunion bien organisée, mais à une sorte de feu vert, oui. Lui dire « J’apprécie ton travail » suffit. Regardez la cérémonie filmée dans un stade de Grozny [le 28 décembre 2014] où Kadyrov exhorte 20 000 hommes en armes « à prendre des initiatives » et à « suivre les ordres de Vladimir Poutine ». Il n’a d’ailleurs pas eu honte d’affirmer que le principal suspect était un « vrai patriote de Russie », comme s’il disait, « oui, il a tué, mais c’est un bon patriote ».Lire : La piste tchétchène privilégiée par Moscou après le meurtre de Boris NemtsovVous ne croyez pas à la piste d’extrémistes islamistes ?Pas du tout ! Mais cette version est très intéressante pour le Kremlin. Ça ne vous plaît pas, la censure ? Faites attention aux extrémistes ! Vous allez manifester ? Attention… L’assassinat de Boris Nemtsov sert les intérêts du pouvoir, pour faire peur, pas seulement à l’opposition mais aussi à toute l’élite. Aujourd’hui, on évoque une « liste » de personnes visées, on ne parle plus dans l’opposition de politique, mais de sécurité !Boris aurait pu devenir président, il avait travaillé dans le système. Depuis Staline, une règle non écrite faisait qu’on ne s’en prenait pas, pour le tuer, à un membre du système. Lors de la dernière conversation que j’ai eue avec Nemtsov, et alors que je lui redisais que j’étais sous pression permanente, il m’avait répondu : « Poutine m’empêchera de participer aux élections, mais il ne fera rien contre moi car, lorsque j’ai été au gouvernement, nos bureaux étaient à côté. »On a tué Boris Nemtsov de façon « démonstrative », et aucun garde du corps n’aurait pu le protéger. C’était cela le message : « Même si vous pensez être protégé, ne rejoignez pas l’opposition. » Je savais qu’il préparait un rapport sur la présence de soldats russes en Ukraine sur la base de faits très concrets. Sur son compte Facebook, il avait d’ailleurs mis en avant celle de combattants de Kadyrov envoyés en Ukraine avec la bénédiction du Kremlin. Mais nous avons sous-estimé la détermination de Vladimir Poutine et de son entourage à défendre le pouvoir non d’un empire, mais d’un empereur, qui veut l’être à vie.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.03.2015 à 13h45 • Mis à jour le17.03.2015 à 15h47 L'offensive lancée le 2 mars par les forces gouvernementales irakiennes, soutenues par des policiers et des milices chiites, pour reprendre Tikrit au groupe Etat islamique (EI) est suspendue en raison de la multitude d'engins explosifs posés par les djihadistes à travers la ville.« La bataille pour reprendre Tikrit sera difficile », explique Jawad Al-Etlebawi, porte-parole de la milice chiite Asaïb Ahl Al-Haq (la Ligue des vertueux) qui participe à l'offensive. Selon lui, les djihadistes, assiégés, ont piégé toute la ville. « Ils ont posé des bombes dans toutes les rues, bâtiments, ponts, partout. C'est à cause de ces préparatifs défensifs que nos forces ont été stoppées », a-t-il indiqué, estimant que des « forces formées à la guerre en zone urbaine » sont nécessaires « pour mener l'assaut ».Un appui aérien demandéLa ligne de front n'a pas bougé depuis des jours, après l'opération lancée il y a deux semaines vers Tikrit (160 km au nord de Bagdad), la plus importante depuis que l'EI a conquis de vastes territoires au nord et à l'ouest de Bagdad l'an dernier.Le général Abdelwahab Al-Saadi, l'un des principaux commandants pour cette opération, a appelé dimanche à un appui aérien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, qui pourrait faire basculer la bataille et déloger les derniers djihadistes de Tikrit. D'après le général Saadi, la coalition n'a apporté « aucun soutien aérien » jusque-là, en raison de l'implication de l'Iran dans l'offensive en cours.Lire aussi (édition abonnés) : A Tikrit, l’Iran en première ligne contre l’Etat islamiquelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2jcabm"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2jcabm", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 17.03.2015 à 12h35 • Mis à jour le17.03.2015 à 17h13 Des restes de l'auteur de Don Quichotte, Miguel de Cervantès, ont été découverts dans la crypte d'une église du centre de Madrid, un an après le démarrage de fouilles, a annoncé, mardi 17 mars, l'anthropologue Francisco Etxeberria, directeur de l'équipe scientifique chargée des recherches.« Après analyse de toute l'information (...), il est possible de considérer que parmi les fragments de la réduction découverte dans le sol de la crypte de l'actuelle église des Trinitaires se trouvent certains fragments appartenant à Miguel de Cervantès », a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Depuis le mois d'avril 2014, les enquêteurs ont délimité la zone de fouille en ayant recours à des caméras infrarouges et des scanners en 3D, grâce auxquels ils ont localisé 33 cavités et quatre tombes.Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion en analysant un faisceau d'indices d'ordre documentaire sur l'auteur de Don Quichotte, indices comparés à leurs recherches anthropologiques et archéologiques, bien que les restes n'aient pas été analysés encore à ce stade de manière « génétique ». « Il n'y a pas d'identification confirmée par la voie génétique » à ce stade, a déclaré de son côté l'archéologue Almudena Garcia-Rubio . « Nous sommes convaincus que nous avons entre ces fragments quelque chose de Cervantès », a aussi déclaré le docteur Etxeberria.Lieu de sépulture perduNé en 1547, dans la vieille ville universitaire d'Alcala de Henares, près de Madrid, Miguel de Cervantes est considéré par beaucoup comme le « père du roman moderne » pour son œuvre Don Quichotte, publiée en deux parties, en 1605 et 1615. Il est mort dans la pauvreté le 22 avril 1616, et a été enterré selon les écrits de l'époque, dans la crypte d'une église du centre historique de Madrid. Mais on ignorait le lieu exact de sa sépulture, perdu au fil de l'histoire et des travaux d'agrandissement de cette église et du couvent attenant, aux façades de brique rouge.L'équipe menée par Francisco Etxeberria avait concentré ses recherches dans une église du couvent de Saint Ildéfonse des mères trinitaires, dans un quartier du centre de la capitale espagnole, aujourd'hui rebaptisé « Barrio de las Letras », ou « Quartier des lettres », en hommage à ses célèbres habitants : Cervantès, mais aussi Lope de Vega, et les grands rivaux littéraires du Siècle d'or, Francisco de Quevedo et Luis de Gongora.Lire aussi : Le secret des dents de CervantèsDans ses recherches, l'équipe disposait d'indices précis pour identifier le grand homme du Siècle d'or. « Nous recherchons un squelette d'homme, d'environ 70 ans, qui avait six dents, ou moins, portant des [traces de] lésions à l'intérieur du bras et à la main gauche, ne relevant pas de l'amputation, mais interdisant l'usage normal du bras », expliquait Francisco Etxeberria, en janvier.C'est lors de la légendaire bataille navale de Lépante (au large de la Grèce), remportée en 1571 par la Sainte-Ligue, menée par l'Espagne, contre les Ottomans, que Cervantès reçut deux coups d'arquebuse, l'un au torse et l'autre qui lui paralysa la main gauche. Une blessure caractéristique qui lui valut le surnom de « Manchot de Lépante ». En se fondant sur ce passé militaire les chercheurs traquent aussi des « petits fragments de métal incrustés » dans les os, autres preuves matérielles qui pourraient servir à identifier l'illustre écrivain, a ajouté Etxeberria. Alexandre Piquard « A partir du mois prochain, Politico aura, dans les deux centres de décision politique et réglementaire du monde – Washington et Bruxelles –, plus de journalistes qu’aucune autre publication. » Le site d’information américain a montré ses muscles, dans le communiqué qui a annoncé, mardi 17 mars, le lancement de sa version européenne, le 21 avril. Il devrait effectivement avoir une rédaction égale ou supérieure à celle de ses concurrents, médias spécialisés ou grands journaux généralistes.Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Politico revendique aujourd’hui 300 journalistes et s’est imposé comme une source incontournable pour ceux qui veulent suivre de près les réformes en cours et les coulisses de la politique sous la présidence Obama.>> Lire : Politico, dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeLe site explique vouloir décliner ce modèle en Europe, avec une équipe de 40 à 50 personnes, dont toutes ne seront toutefois pas installées à Bruxelles, certains étant correspondants dans les grandes capitales européennes (Paris, Londres, Berlin…) Son adresse Internet sera Politico.eu.Une équipe puissanteDans son communiqué, Politico détaille les noms de onze rédacteurs recrutés à Bruxelles : parmi ces personnes, un ancien correspondant en Pologne de l’hebdomadaire économique britannique The Economist, une journaliste américaine du quotidien tabloïd New York Post, une pigiste berlinoise du Wall Street Journal ou du New York Times… Il y aura aussi des journalistes de European Voice, une agence spécialisée acquise par Politico. L’équipe va être dirigée par Matthew Kaminski, un ancien du Wall Street Journal.Un autre nom est largement mis en avant par Politico : celui de Ryan Heath, qui aura la lourde tâche de produire l’équivalent bruxellois de « Playbook », la lettre matinale sur les coulisses de la politique américaine, lue par tous les décideurs de Washington et rédigée par la star Mike Allen.Ryan Heath a un profil « d’insider » absolu puisqu’il a travaillé pour la Commission européenne sous la présidence de José Manuel Barroso et été porte-parole de la commissaire Nellie Kroes. Transfuge de la politique et de la technocratie, il devra faire preuve de son indépendance et éviter le soupçon de conflits d’intérêts.Entre généralistes et médias spécialisésFace à cette équipe généreuse, le quotidien économique britannique Financial Times, considéré comme une référence sur les affaires européennes, ne dispose pour l’heure que de cinq personnes à Bruxelles (plus deux basés à Londres mais dédiés à l’Europe). Il envisage de recruter une personne pour renforcer son suivi des questions de concurrence économique. Le Monde a lui deux personnes sur place.L’irruption de Politico sur la scène européenne souligne les concurrences nouvelles auxquelles les grands médias généralistes sont confrontés : challengés sur Internet par des sites très grand public comme le Huffington Post, ils font aussi parfois face à des publications spécialisées. Politico a ainsi une partie accessible à tous, gratuitement, outre ses lettres payantes sur des thèmes comme l’énergie.L’agence de presse française AFP a une rédaction importante à Bruxelles, avec vingt personnes dont dix-huit journalistes (rédacteurs et autres métiers), mais elle a une couverture moins spécialisée que celle prévue par Politico.Du côté des médias spécialisés, le site américain devra compter avec l’Agence Europe, qui est parfois décrite comme le « journal officiel » des institutions européennes. Treize journalistes travaillent pour le site de cette publication quotidienne. Plus modeste, Europolitics se définit comme « le numéro un de l’information européenne indépendante » et a bonne réputation. Créé en 1972, le service a connu divers rachats et édite désormais un quotidien, un service Web et un magazine trimestriel, et propose, comme Politico, du contenu premium payant.L’agence Euractiv, dédiée à l’actualité européenne, revendique elle 12 rédacteurs à Bruxelles et 40 employés au total, dans 12 pays. Contexte, un pure player français qui se qualifie de « journal des politiques publiques françaises et européennes », a lui deux rédacteurs à Bruxelles et il en recrute actuellement deux autres.Un modèle économique plurielPour Politico, tout l’enjeu sera de réussir à transformer ces moyens pléthoriques en succès économique. Pour son aventure européenne, la publication a créé une joint-venture avec un partenaire puissant, le groupe de presse allemand Axel Springer.Politico ne publie pas ses chiffres mais le site serait rentable aux Etats-Unis. Une grosse part des revenus provient de la vente, pour plusieurs milliers d’euros par an, de ses lettres thématiques ; 80 des 300 journalistes américains de Politico sont chargés de les produire. Le reste provient de la publicité qui est insérée dans les newsletters, mais aussi dans les publications papier distribuées gratuitement sur les lieux de pouvoir. Sur ce modèle, 30 000 exemplaires seront ainsi imprimés quotidiennement en Europe, à Bruxelles et dans les capitales. Aux Etats-Unis, ces supports sont truffés de réclames pour des industries ou des lobbies. Enfin, Politico organise des conférences et des événements.Pour sa fête de lancement à Bruxelles, le 23 avril, le site américain a annoncé la présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stollenberg, ou encore du commissaire européen chargé du marché numérique unique, Andrus Ansip. Mais aussi de « quelques chefs de gouvernement ». A confirmer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel Le comité de politique monétaire (le « FOMC ») de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale) se réunit durant deux jours, mardi 17 et mercredi 18 mars. Pendant la conférence de presse qui doit se tenir mercredi soir, sa présidente, Janet Yellen sera à coup sûr, questionnée sur la hausse du dollar, qui s’est apprécié de 15 % face à l’euro depuis décembre 2014, au grand dam des entreprises exportatrices américaines.Mais c’est une autre question qui obsède les investisseurs depuis des semaines : la Fed cessera-t-elle d’utiliser le mot « patience » pour évoquer sa politique d’évolution des taux ? La plupart des experts le pensent.Signaux ambigusCela n’a l’air de rien et pourtant, il s’agirait d’un signal majeur, signifiant qu’elle s’apprête à remonter ses taux directeurs. « Dès lors, la décision du FOMC en ce qui concerne le calendrier et le rythme de hausse des taux serait basée sur les seules données économiques et sur l’inflation », expliquent les économistes du Crédit agricole, dans une note sur le sujet.Ce relèvement pourrait intervenir en juin ou en septembre. Les analystes misant sur juin soulignent qu’avec un taux de chômage tombé à 5,5 % de la population active aux Etats-Unis, la béquille monétaire n’est plus utile. Ceux tablant sur septembre estiment que l’économie américaine émet malgré tout des signaux ambigus, et que la reprise n’est peut-être pas aussi solide que le marché du travail ne le laisser penser.Le taux de chômage aux États-Unis est tombé à 5,5 %De fait, la progression des salaires reste faible. En février, les rémunérations horaires moyennes ont même reculé de 0,1 % sur un mois. Or, sans une hausse des rémunérations, l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix des produits les plus volatils comme ceux de l’énergie, ne peut se redresser.En janvier, l’indice des prix à la consommation a reculé de 0,1 % sur un an aux Etats-Unis, au plus bas depuis cinq ans, et loin de la cible de 2 % de la Fed.Dévaluations monétairesDe plus, la hausse du dollar pourrait nuire à la compétitivité – et donc aux résultats – de certaines entreprises américaines. A commencer par les exportatrices. Selon une étude de l’université Duke, les deux tiers d’entre elles estiment que l’appréciation du billet vert a eu un impact négatif sur leur activité au cours du premier trimestre.S’il n’est pas sûr que la Fed mentionne ces évolutions dans son communiqué, Janet Yellen pourrait y faire référence pendant sa conférence de presse. Ces dernières semaines, plusieurs membres de l’institution, dont son vice-président, Stanley Fischer, ont indiqué que la hausse du dollar n’était pas seulement due à la vigueur de la reprise américaine. Elle est aussi le fruit des stratégies de dévaluation monétaire menées par plusieurs autres banques centrales – comme la Banque centrale européenne (BCE) ou la Banque du Japon.Les Américains s’alarment d’un dollar fortDans tous les cas, cette appréciation pourrait peser sur la croissance américaine et convaincre la Fed d’attendre septembre pour remonter ses taux.Nouvelles prévisionsMercredi soir, l’institution présentera également la synthèse des prévisions économiques de ses membres. C’est un document important, puisqu’il révélera l’état d’esprit des banquiers centraux américains quant à la remontée future des taux.« Il est possible que leurs prévisions de croissance pour 2015 soient révisées un peu à la baisse, du fait de la détérioration de certains indicateurs d’activité au premier trimestre », estiment Thomas Julien et Yuze Yuan, économistes chez Natixis, à New York.La production manufacturière a ainsi reculé pour le troisième mois consécutif en février, diminuant de 0,2 % sur un mois. Les prévisions d’inflation et de chômage pourraient elles aussi être un peu moins optimistes.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.03.2015 à 10h16 • Mis à jour le17.03.2015 à 11h52 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) L’usage et les bonnes manières veulent que l’on prévienne au moins ses voisins lorsqu’on organise une fête. En annonçant, à l’occasion du deuxième anniversaire de son pontificat et du cinquantenaire de la fin du concile Vatican II, vendredi 13 mars, un jubilé extraordinaire consacré à la « miséricorde », du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016, le pape François ne s’est pas donné cette peine. L’Etat italien et la ville de Rome n’ont été mis dans la confidence qu’in extremis, bien que l’événement puisse attirer 10 millions de pèlerins à la recherche de pardon et d’indulgences plénières dans une Ville éternelle toujours au bord de la rupture.Pour Rome, qui se voit proposer sa 29e Année sainte depuis l’an 1 300, l’événement relève presque de la routine. La dernière, dite « jubilé de l’an 2000 », fut un succès marqué par un afflux de près de 30 millions de visiteurs supplémentaires. Ayant reçu pour l’occasion des financements exceptionnels, la ville où rien ne marche mais tout fonctionne en avait profité pour repeindre ses façades, lancer la construction d’une nouvelle ligne de métro (toujours inachevée), restaurer ses principaux monuments, reboucher quelques trous dans ses rues et profiter de retombées économiques non négligeables. Mais il s’agissait alors d’une Année sainte ordinaire, de celles qui se déroulent tous les vingt-cinq ans. Rome avait eu le temps de voir venir…FébrilitéMême si le pape semble vouloir se contenter d’un jubilé modeste et franciscain, l’annonce inopinée de l’ouverture prochaine de la porte sainte des quatre basiliques majeures de Rome suscite une certaine fébrilité. « Nous sommes prêts et nous serons à la hauteur de nos responsabilités », a fait savoir le maire, Ignazio Marino, dès vendredi. Pourtant, le gouvernement en doute, qui préférerait confier la supervision de l’événement à un commissaire nommé par l’exécutif plutôt qu’au seul élu et à ses services.« Nous sommes prêts », répètent les fonctionnaires chargés de la régularité des travaux qui vont être engagés pour l’occasion… Pourtant, ces derniers mois, Rome s’est surtout distinguée par la mise au jour d’un vaste réseau de corruption mêlant responsables politiques et mafieux, infiltrant les appels d’offres comme des souris dans une meule d’Emmental. « Les travaux prévus pour le jubilé seront contrôlés un par un », prévient Alfonso Sabella, l’adjoint qui, au sein de la municipalité, est chargé de la légalité et de la transparence. « Nous sommes prêts », a aussi répété le ministre de l’intérieur Angelino Alfano, qui garantit par avance que la « sécurité sera assurée ».Tournage du dernier James BondPour la Ville éternelle, candidate à l’organisation des Jeux olympiques de 2024, l’événement aura aussi valeur de test grandeur nature pour le fonctionnement de ses services (transports publics, collecte des ordures, etc.) et sa réputation. Afin de rassurer ses interlocuteurs, la mairie met en avant le bon fonctionnement des cérémonies qui ont eu lieu il y a près d’un an pour la double canonisation des papes Jean Paul II et Jean XXIII. Elle tire également argument du tournage qui s’achève actuellement sur les bords du Tibre, du film Spectre, le dernier James Bond, pour faire valoir les qualités et l’efficacité de son accueil. Alors que depuis un mois, la troupe du réalisateur Sam Mendes a transformé la ville en set cinématographique, symbolisant le retour des grandes productions hollywoodiennes en Italie, un seul incident est à déplorer : l’acteur Daniel Graig s’est légèrement blessé au cuir chevelu au volant de son Aston Martin DB10 en roulant à tombeau ouvert sur un nid-de-poule.Mais pour le reste, tout s’est bien passé. Les Romains semblent prendre avec une relative bonne humeur les rues fermées à la circulation, les bus déviés et les interdictions de stationner. Pour l’occasion, certains quartiers ont été nettoyés avec vigueur et la ville a reçu 1 million d’euros de la production. Deux cents personnes ont même trouvé un « petit boulot » sur le tournage. François pourra-t-il faire moins que l’agent secret de Sa Majesté ?Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Après avoir imaginé de faire voyager ses passagers debout ou de leur faire payer l’utilisation des toilettes, Michael O’Leary le bouillant PDG de la compagnie low cost Ryanair, relance son projet de vols transatlantiques à prix cassés, à 14 euros (10 livres).« Le conseil d’administration de Ryanair (…) a approuvé des projets de développement pour la croissance future, dont un projet transatlantique », a fait savoir, lundi 16 mars, la compagnie irlandaise low cost.L’objectif de la compagnie irlandaise est de proposer des vols à destination d’une grosse douzaine de villes américaines depuis le même nombre de villes en Europe. Des vols pas chers, certes, mais qui ne sont pas pour tout de suite ! Ryanair n’imagine pas relier Miami, New York, Chicago ou Boston depuis Londres Berlin ou Dublin avant quatre ou cinq ans.Par ailleurs, à l’examen, la future offre du groupe semble plus publicitaire que réelle. Car seule une poignée de billets par vols seront proposés à 14 euros. Une manière de prix d’appel pour attirer le chaland.Acquérir des avions long-courriersChez Ryanair, se lancer dans des vols transatlantiques n’est pas une idée neuve. Le PDG de la compagnie la ressort régulièrement de son chapeau. « Les consommateurs européens veulent des coûts de transport moins élevés vers les Etats-Unis, tout comme les Américains le souhaitent vers l’Europe. Nous considérons cela comme un développement logique », explique la direction de la compagnie.Avant de se lancer sur un tel projet, Ryanair devra d’abord modifier son modèle économique. La compagnie irlandaise à bas coûts, comme ses rivales en Europe, opère une flotte d’avions composée d’un unique modèle d’appareil. Pour faire des économies, et pour accélérer les rotations, Ryanair ou Transavia n’emploient que des Boeing 737, tandis qu’EasyJet a opté pour des Airbus A320. Des flottes d’avions moyen-courriers.Pour desservir quatre ou cinq destinations aux Etats-Unis, depuis quatre ou cinq villes au départ du Vieux Continent, Ryanair devra disposer d’une vingtaine d’avions capables de voler sur une telle distance. « Nous discutons avec des constructeurs à propos d’appareils long-courriers mais nous ne pouvons commenter davantage », a fait savoir la compagnie.Une route déjà bien encombréePrudente, la compagnie irlandaise a déjà fait savoir qu’elle volerait vers l’Amérique sous une autre marque. Pas question qu’un échec commercial sur l’Atlantique ait des répercussions négatives sur la bonne santé de Ryanair.De fait, les risques d’un échec sont nombreux. Cette route de l’Atlantique nord est déjà très encombrée. Les rivaux de la compagnie irlandaise y seront nombreux. En France, XL Airways et La Compagnie proposent déjà des vols pas chers vers Miami ou New York ; et avec des résultats commerciaux qui demandent confirmation.Jusqu’à présent, le low cost et le segment long-courrier n’ont pas fait bon ménage, que ce soit sur l’Atlantique nord ou ailleurs dans le monde. Ainsi, Air Asia, une compagnie à bas coûts malaysienne, diffère régulièrement le retour d’Air Asia X, sa filiale long-courrier, et low cost, sur l’Europe, trois ans après avoir abandonné cette destination. Prévu initialement en 2015, le retour est maintenant décalé en 2016.Le retour des compagnies américainesIl n’est pas certain non plus que l’initiative de Ryanair arrive au meilleur moment. Après des années de vaches maigres, passées souvent à l’ombre du Chapitre 11 (la loi sur les faillites aux Etats-Unis), les compagnies américaines, désormais restructurées, ont retrouvé des couleurs. Elles modernisent leurs flottes et repartent en guerre.Sur le plan commercial comme réglementaire, elles veulent ainsi faire pièce aux ambitions de leurs rivales du Golfe. Un récent rapport accuse les « trois sœurs » – Emirates, Qatar Airways et Etihad – de toucher des « subventions », d’être largement exemptées de charges sociales et de ne pas payer leur carburant au juste prix.Ryanair et easyJet : des compagnies low cost championnes d’Europe des bénéfices Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Claude Pomonti De ce qui était un entrepôt britannique sur le déclin, Lee Kuan Yew, mort dans la nuit de dimanche 22 à lundi 23 mars à Singapour, a fait de cette cité-Etat un centre régional à la fois financier, de services et de haute technologie. Il en a fait un hypermarché hors taxes où les élites d’Asie du Sud-Est font encore leurs emplettes et qui a longtemps mérité le détour aux yeux de gens aisés venus du monde entier.Gérée telle une multinationale, réglementée jusque dans le moindre détail et guettée par l’ennui, l’île-Etat a l’allure d’une cité-jardin à l’abri des embouteillages et de la pollution qui fait rêver les visiteurs, en particulier ceux venus des grandes métropoles d’Asie. Lee Kuan Yew fut, avant tout, un bâtisseur sans grande considération pour ceux qui ne pensaient pas comme lui, surtout ceux qui ont tenté de se placer en travers de son chemin.Parmi les fondateurs du Parti d’action du peupleNé à Singapour le 16 septembre 1923 dans une famille chinoise – son prénom signifie « gloire, honneur » –, le jeune Lee est contraint d’interrompre ses études en raison de la Seconde Guerre mondiale. A la fin de l’occupation japonaise, il part s’inscrire à la prestigieuse London School of Economics, puis à Cambridge et enfin à Middle Temple, où il fait partie d’un groupe d’étudiants réclamant la fin de la domination britannique. Après de brillantes études et armé d’un bagage universitaire qui l’aidera à devenir, plus tard, l’un des analystes les plus écoutés d’Asie, il regagne Singapour pour s’y inscrire au barreau.C’est ainsi qu’il devient le conseiller juridique de plusieurs syndicats crypto-communistes et participe activement, en novembre 1954, à la fondation du PAP, le Parti d’action du peuple, formation qui préconise alors l’union entre Singapour et la Malaisie dans le cadre d’une fédération réunissant également les possessions britanniques sur l’île de Bornéo, les futurs Etats malaisiens du Sarawak et du Sabah (se jugeant apparemment trop vulnérable, le sultanat de Brunei refusera d’entrer dans ce jeu). Persuadé que Singapour est alors trop petite pour constituer une entité indépendante viable, Lee Kuan Yew compte s’appuyer sur les populations chinoises (les trois quarts de Singapour, le tiers de la Malaisie) pour se faire entendre.Aux élections de 1955, il figure parmi les trois membres élus du PAP, dont il est le sécrétaire général. En 1959, toujours dans le cadre de l’autonomie interne, le PAP remporte une large victoire et Lee Kuan Yew prend la tête du gouvernement local. Dans la foulée, il parvient à convaincre Tunku Abdul Rahman, premier ministre d’une Malaisie indépendante depuis 1957, de la formation d’une fédération de Malaysia. La gauche du PAP quitte le mouvement pour former un Front socialiste (Barisan Sosialis) mais Lee Kuan Yew continue de gouverner en s’appuyant sur l’ancienne opposition de droite, et la Malaysia est proclamée en 1963, malgré l’opposition de l’Indonésie. Dans la foulée, Lee emporte sa deuxième victoire électorale à Singapour.Sans arrière-pays, Singapour contraint à l’excellenceLa Malaysia fait long feu. Les incursions du PAP en Malaisie péninsulaire, où il courtise les Chinois du cru, et le discours très direct de Lee inquiètent Kuala Lumpur. Le divorce est officiellement prononcé en 1965 et Singapour, sans arrière-pays, doit s’accommoder d’une indépendance dans la solitude. Cette contrainte, paradoxalement, donnera vite à Lee Kuan Yew l’occasion de donner sa vraie mesure : pour survivre, Singapour doit obtenir le prix d’excellence tout en contribuant à la stabilisation de son environnement régional. Les moyens sont la discipline, l’autorité, la compétence. Le guide ne peut s’encombrer des réserves de certains sur son projet. Il y a encore moins d’espace pour une opposition.Sur le plan intérieur, le prestige de Lee Kuan Yew, un boom produit par une gestion rigoureuse et un système légal très contraignant font du PAP un parti dominant et sans grande tolérance à l’égard de ses adversaires. Sur le plan extérieur, d’une importance cruciale compte tenu de la vulnérabilité de l’île-Etat, Lee Kuan Yew réoriente sa diplomatie. Membre fondateur mais peu enthousiaste, en 1967, de l’Asean – il craint alors que le poids de l’Indonésie soit écrasant –, Lee découvre vite les avantages de cette Association des nations de l’Asie du Sud-Est : aplanir les conflits régionaux, définir un espace entre la Chine et les Etats-Unis, faire passer le message de celui dont la stature dépasse largement les frontières de Singapour.Trente et un ans au gouvernementLe gouvernement singapourien, avec sa réserve croissante de cerveaux, donne donc une impulsion à l’Asean, mais dans les coulisses plutôt que sur le devant de la scène. Pendant ses trente et une années passées à la tête du gouvernement (1959-1990), Lee favorise également l’intégration des économies régionales ou, plus justement, leur interdépendance avec, par exemple, la constitution de « triangles de croissance », le premier étant formé par Singapour, l’Etat malaisien voisin de Johore et l’île indonésienne de Batam. Dans le monde mélanésien, Singapour, l’un des quatre premiers « tigres » de l’Asie, devient ainsi un centre de services et une place financière indispensables.C’est à Singapour qu’est conçue, en janvier 1992, l’AFTA (Asean Free Trade Area), la zone de libre-échange de l’Asean. C’est également Singapour qui propose, en 1994, l’amorce d’un dialogue euro-asiatique qui prendra forme, deux années plus tard, avec la tenue à Bangkok d’un premier sommet entre l’Union européenne et dix Etats d’Asie orientale. L’île-Etat est également le principal avocat de ces « valeurs asiatiques » – discipline, démocratie consensuelle – que l’on entend opposer aux valeurs universelles et, en particulier, à la « démocratie de type occidental ».Anticipation et jugements brutauxLee Kuan Yew a, pour lui, un sens inné de l’anticipation. Il se fait rapidement une idée très réaliste du cadre géopolitique au cœur duquel il se sent placé. La brutalité de ses jugements ne lui fait pas que des amis. Le Congrès philippin apprécie peu qu’il vienne à Manille lui expliquer que, faute de placer la discipline avant les libertés, les Philippines ne se développeront pas. Londres exprime ses préoccupations quand, en 1992, à l’université de Hongkong, Lee Kuan Yew suggère que le projet d’introduire davantage de démocratie dans la colonie britannique, à la veille de sa rétrocession à la Chine, pourrait faire partie d’un complot occidental contre Pékin.Après avoir confié, en 1990, la direction du gouvernement à Goh Chok Tong, de dix-huit ans son cadet, Lee Kuan Yew demeura « senior minister » au sein du cabinet et, jusqu’en 1992, secrétaire général du PAP. Sacrifiant au paternalisme en vigueur, c’est le propre fils de Lee senior, Lee Hsien Loong, qui devient premier ministre en 2004. Il l’est encore aujourd’hui. Resté longtemps autorité morale de Singapour, le père aura continué durant des années à faire figure de patriarche à la mode néo-confucéenne. Après un sensible déclin électoral du PAP aux législatives de 2011, il finira cependant par se retirer des affaires et renoncer à ses fonctions de « ministre mentor », estimant, selon ses propres mots, qu’il était temps de « rompre avec le passé ». Peu avant, la mort de son épouse Kwa Geok Choo avec laquelle il avait vécu soixante-trois ans l’avait affecté au point qu’il avait confié dans un récent livre se « sentir de plus en plus faible » et souhaiter « mourir rapidement ».Jean-Claude Pomonti 22.03.2015 à 15h42 • Mis à jour le22.03.2015 à 18h39 Ils se réclament de l'Etat islamique (EI), mais le groupe n'avait pas fait parler de lui jusque-là. Le commandement des marines a appelé dimanche 22 mars ses personnels à la « vigilance » après la mise en ligne par cette « division des hackeurs de l'Etat islamique » d'une liste de cent militaires américains à abattre.“Islamic State Hacking Division” Leaks Alleged Addresses of 100 U.S. Military Personnel, Calls for M http://t.co/ebhd35G5bA— SITE Intel Group (@siteintelgroup)require(["twitter/widgets"]);Selon le SITE, le centre américain de surveillance des sites islamistes, ce groupe de hackeurs inconnu a publié les noms et adresses supposées de cent membres de différents corps de l'armée américaine, ainsi que des photographies. La menace est prise au sérieux par le corps des marines, qui a annoncé dans un communiqué :« La vigilance et la protection de la force restent une priorité pour les commandants et leurs personnels. Il est recommandé aux marines et aux membres de leurs familles respectives de vérifier leurs profils en ligne afin de limiter l'accès aux informations personnelles. »Informations accessibles au publicCette recommandation est régulièrement émise par le Pentagone, qui a assuré « étudier ces menaces » et ajouté que « la protection du personnel [était la] priorité ».Chaque membre des marines dont le nom a été publié recevra une visite, même si la menace n'a pas encore été authentifiée. Le groupe a affirmé avoir piraté les informations sur des serveurs, bases de données et courriels du gouvernement, et appelle les partisans de l'EI à organiser des attaques. Toutefois, selon une source militaire citée par The New York Times, la plupart des informations publiées pouvaient être accessibles au public, et les serveurs du gouvernement ne semblent pas avoir été piratés. 22.03.2015 à 06h53 • Mis à jour le22.03.2015 à 14h02 La Corée du Nord a prévenu, dimanche 22 mars, qu'elle ouvrirait le feu sur les ballons transportant 10 000 DVD du film satirique L'Interview qui tue !, que prévoient d'envoyer, par-dessus la frontière, des militants sud-coréens.Lire : Des activistes veulent larguer 100 000 copies de « The Interview » sur la Corée du NordCes derniers ont l'intention de faire passer la semaine prochaine en territoire nord-coréen 500 000 tracts hostiles au régime, ainsi que des copies de The Interview, une comédie parodique racontant une tentative d'assassinat du leader nord-coréen Kim Jong-un par la CIA et qui avait provoqué la colère de Pyongyang.« Une déclaration de guerre de facto »« Toute la puissance de feu des unités de [l'armée nord-coréenne] placées sur la ligne de front sera engagée sans semonce [...] pour détruire les ballons », a averti l'armée populaire de Corée. Ces lâchers de ballons seront considérés comme une « provocation politique » et « une déclaration de guerre de facto », a-t-elle ajouté dans un message cité par l'agence officielle KCNA.L'armée sud-coréenne a indiqué de son côté qu'elle répliquerait à tout tir sur son territoire. Le projet des militants anti-Pyongyang doit marquer le cinquième anniversaire du naufrage d'un navire de guerre sud-coréen en 2010 dans lequel 46 marins avaient trouvé la mort. Séoul accuse la Corée du Nord de l'avoir coulé.En octobre 2014, un lâcher de ballons transportant des tracts hostiles avait déclenché un échange de tirs nourris de mitrailleuse de part et d'autre de la frontière terrestre. En état de confrontation quasi permanent, les deux Corées sont techniquement toujours en guerre, n'ayant pas signé de traité de paix après l'armistice. 22.03.2015 à 01h38 • Mis à jour le22.03.2015 à 22h32 L'essentielLe Conseil de sécurité de l'ONU a affirmé son soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi, menacé par les rebelles houtistes.Ces miliciens chiites, occupent une partie de Taëz, la troisième ville du pays.A ces affrontements est venue s'ajouter la violence de l'Etat islamique, qui a perpétré pour la première fois dans le pays deux attentats, vendredi. lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f8cbx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f8cbx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Face à la dégradation de la situation au Yémen, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni en urgence dimanche 22 mars à New York, à la demande du président. Les 15 pays membres du Conseil de sécurité ont publié une déclaration unanime de soutien au chef de l'Etat yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, et agitent une vague menace de sanctions contre la milice chiite des Houthis – comme il l'ont déjà fait, en vain, à de nombreuses reprises depuis le début de la crise.Sur le terrain, les rebelles menacent toujours le pouvoir en place, et tentent de prendre le contrôle de Taëz, la troisième ville du pays. Abdel Malek Al-Houthi, le chef de ces rebelles qui contrôlent déjà, depuis septembre 2014, Sanaa, la capitale, a appelé dimanche dans un discours télévisé « à la mobilisation générale » de la population et au recrutement de combattants qui voudraient « s'enrôler » dans sa milice.Manifestation anti-houthistes à TaëzLes miliciens houthistes se sont emparés dimanche matin de l'aéroport de Taëz, mais aussi d'une prison et de plusieurs bâtiments gouvernementaux de la ville, suscitant de nouvelles inquiétudes. La ville est en effet stratégique : elle commande la voie vers Aden, la grande ville du Sud où est retranché le président, Abd Rabbo Mansour Hadi, depuis sa fuite, en février, de la capitale.Pour M. Al-Houthi, « Hadi est une marionnette aux mains des forces du mal, conduites par les Etats-Unis », accusés de fomenter un complot « financé par l'Arabie saoudite et le Qatar ».Il a invoqué la lutte contre Al-Qaida et l'Etat islamique (EI) pour justifier l'offensive menée par ses miliciens. L'EI a revendiqué deux attentats vendredi à Sanaa, qui ont coûté la vie à cent quarante-deux personnes. Lire notre décryptage : Attentats de Sanaa : quelles sont les forces qui s'affrontent au Yémen ?Parallèlement, des milliers de personnes sont sorties dans les rues de Taëz dimanche pour protester contre la présence de ces miliciens. Ceux-ci ont tiré sur la foule, tuant un manifestant et en blessant cinq autres, selon des militants.Militaires américains évacuésDans une lettre adressée vendredi à la présidence française du Conseil, le chef de l'Etat Abd Rabbo Mansour Hadi a lui dénoncé « les actes criminels des miliciens houthistes et de leurs alliés, qui menacent (…) la paix au Yémen et la paix et la sécurité régionale et internationale ». Ce dernier demande au Conseil de sécurité des Nations unies « son intervention urgente de toutes les manières possibles pour mettre fin à cette agression » et suggère des sanctions. L'objectif :« Dissuader les houthistes et leurs alliés et stopper leur agression (…), notamment contre la ville d'Aden. »Voir notre carte : Le Yémen tiraillé entre guerres locales et djihad mondialEn alerte, les Etats-Unis ont décidé d'évacuer samedi leurs derniers personnels sur place, présents sur la base aérienne Al-Anad, dans la province de Lahej. Les militaires américains et yéménites sur cette base sont chargés de la collecte de renseignements pour les attaques de drone contre Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA). « Nous continuerons à surveiller activement les menaces terroristes venant du Yémen », a affirmé, samedi, Jeff Rathke, le porte-parole du département d'Etat.Lire aussi (édition abonnés) : Au Yémen, les houthistes parachèvent leur coup d’Etat 21.03.2015 à 13h18 • Mis à jour le21.03.2015 à 20h31 Comme chaque année, son message était attendu à l'occasion des festivités du Norouz, nouvel an kurde. Depuis sa prison d'Imrali, près d'Istanbul, où il purge une peine à perpétuité, le leader kurde Abdullah Öcalan a délivré samedi un message aux Kurdes de Turquie. Dans une lettre ouverte lue par un député devant une foule de 200 000 personnes à Diyarbakir, au sud-est du pays, le chef historique a répété son appel à la fin de la rébellion kurde en Turquie et annoncé une « nouvelle ère ». Abdullah Öcalan a également souhaité la tenue d'un congrès de son mouvement le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) « pour que la lutte armée (...) prenne fin ». Lire aussi : Le PKK kurde prêt au désarmement, « étape historique »Trente ans de guérillaLe Parti des travailleurs du kurdistan, formé en 1998, classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis et l'UE, est en guérilla contre le gouvernement turc depuis 1984. Basé essentiellement dans la partie du sud-est de la Turquie, le mouvement réclamait l'autonomie pour les Kurdes de Turquie. En trente ans, le conflit entre les deux parties a fait près de 45 000 morts.Dans les années 2000, le gouvernement et le parti kurde ont lancé un processus de paix. Après un premier échec des négociations en 2010, le gouvernement turc avait de nouveau engagé, à l'automne 2012, les discussions avec le PKK. Les discussions étaient toutefois au point mort jusqu'à la fin 2014. Le 30 novembre, Abdullah Öcalan a finalement annoncé qu'un accord pourrait être trouvé d'ici « quatre à cinq mois », à condition que « toutes les parties conduisent le processus avec sérieux et détermination ». Fin février, le leader historique a affirmé que le PKK était prêt au désarmement. Le gouvernement turc et le parti politique pro-kurde HDP, très proches d'un accord, s'étaient entendus sur un texte d'une dizaine de points ayant fait la navette entre la cellule de M. Öcalan, le siège du gouvernement turc et le fief du haut commandement militaire des rebelles dans les monts Kandil, au nord de l'Irak. S'il reste vague, le texte met l’accent sur la nécessité de graver les droits démocratiques des Kurdes de Turquie, soit 15 millions de personnes.Voir notre visuel interactif : Face à Kobané, la paix fragilisée du Kurdistan turcL'appel de M. Öcalan intervient un jour après que l'Etat islamique a tué au moins 45 personnes en Syrie dans une double attaque lors d'une fête kurde, selon l'OSDH. 21.03.2015 à 10h50 • Mis à jour le21.03.2015 à 11h24 | Hélène Sallon Au moins 142 personnes ont été tuées, vendredi 20 mars, à Sanaa dans les premières attaques revendiquées au Yémen par l’organisation Etat islamique (EI), qui a frappé des mosquées fréquentées par des chiites, dont des miliciens houthistes, qui se sont rendus maîtres de la capitale, en septembre 2014. Cette démonstration de force de l’EI, dans un pays où le groupe djihadiste le mieux implanté est Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), intervient deux jours après une attaque en Tunisie également revendiquée par l’EI, qui a fait 21 morts dont 20 touristes étrangers. Entretien avec Dominique Thomas, spécialiste des mouvements djihadistes à l’Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman (IISMM).L’administration américaine exprime ses réserves quant à la véracité de l’affiliation revendiquée des auteurs de la double attaque de Sanaa à l’Etat islamique. L’EI a-t-il les capacités opérationnelles de mener de telles actions au Yémen ?Dominique Thomas : C’est une vraie surprise de voir se produire à Sanaa une attaque coordonnée et très meurtrière, assumée par un groupe dont on ignorait jusqu’à présent l’existence. Il y a déjà eu, le 7 janvier, une attaque contre l’académie de police de Sanaa, dont on ne sait pas qui l’a opérée. AQPA n’a pas assumé l’attaque.Si l’EI est capable de mener ce type d’attaques coordonnées qui requièrent une logistique, des candidats et la préparation des cibles, cela veut dire que des éléments sont présents à Sanaa depuis des semaines, voire des mois. Le chaos yéménite marqué par le délitement sécuritaire a pu faciliter la structuration de cellules djihadistes opérationnelles.Depuis la prise en main de Sanaa par les houthistes en septembre 2014, les membres d’AQPA concentrent leurs efforts sur la ligne de front du sud dans les zones où ils sont forts. Cela a pu laisser des éléments livrés à eux-mêmes à Sanaa. On peut imaginer que des militants déçus par l’incapacité d’AQPA à se positionner contre les houthistes aient basculé vers l’EI ou alors que des cellules ont été montées par des combattants revenus de Syrie. Mais le nombre de Yéménites en Syrie est très faible, à peine plus d’une centaine.La troisième hypothèse mise en avant par certains Yéménites, qui ont une appétence pour les théories conspirationnistes, est que des officiers des renseignements, pilotés par tel ou tel camp, ont facilité l’émergence de l’EI.Des déclarations d’allégeance à Abou Bakr Al-Bagdadi, le chef de l’EI, ont été diffusées depuis novembre 2014 par des combattants dissidents d’AQPA…En novembre, il y a eu des déclarations d’allégeance virtuelles de deux personnes qui ont fait une vidéo pour se réclamer de l’EI. Un des cadres d’Ansar Al-Charia, l’auxiliaire local d’AQPA, Mamoun Hathem, a demandé un rapprochement avec l’EI, sans prêter allégeance. Il y a des rumeurs concernant des cadres militaires d’AQPA qui feraient pression pour adhérer à l’EI.AQPA s’est dissocié de l’attaque, réitérant sa ligne rouge : ne pas viser des lieux de culte. Ses modes d’action diffèrent-ils de l’Etat islamique ?Depuis le coup de force houthiste en septembre à Sanaa, AQPA est responsable de 80 % des attaques ciblées contre les houthistes, principalement sur la ligne de front dans la région d’Al-Bayda, dans le sud du pays. A Sanaa, l’organisation a également revendiqué des actions, comme il y a trois jours, l’assassinat d’un cadre politique. C’est une organisation armée qui mène des attaques violentes contre les étrangers et les forces de l’ordre, comme à Paris contre Charlie Hebdo, ou contre les houthistes sans se préoccuper de distinguer entre civils et militants.Elle ne vise cependant pas les mosquées et les lieux publics, conformément à la ligne de conduite définie par le chef d’Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, en Irak en 2004-2005, en réaction à la systématisation par Abou Moussab Al-Zarkaoui, le chef d’Al-Qaida en Mésopotomie, d’attaques contre les lieux publics. Elle n’est pas favorable au tafkir (« excommunication ») à outrance. AQPA ne va pas tuer tous ceux qui ne pensent pas comme elle ou les minorités.Quand AQPA a administré une demi-douzaine de villes dans le sud du pays en 2011-2012, elle a instauré un système de gouvernance à la djihadiste qu’on voit avec l’EI aujourd’hui à Rakka ou Deir ez-Zor, en Syrie : elle a détruit les mausolées, instauré la charia et un contrôle des mœurs strict.Si la marque de l’EI était avérée, peut-on voir naître une compétition entre AQPA et l’EI au Yémen ?C’est un vrai coup dans les rangs d’AQPA, qui va devoir montrer qu’il a les capacités à tenir ses troupes. Est-ce que cela va provoquer une hémorragie dans ses rangs ? Est-ce que son auxiliaire local, Ansar Al-Charia, va réagir en faveur d’AQPA ou cautionner l’action de l’EI ? AQPA a besoin d’Ansar Al-Charia, qui fait tout sur le terrain. Jusqu’à présent, AQPA a résisté à la montée de l’EI et a maintenu ses influences mais, si des actes de ce type se poursuivent, elle va avoir du mal a rester le centre de gravité.Les conséquences peuvent être importantes à court et moyen terme pour Al-Qaida. Cela va susciter des questionnements au sein du groupe. Certains, notamment les jeunes cadres, vont critiquer le fait que peu de coups soient portés contre les houthistes. Sur la Toile, on voit beaucoup de pro-EI critiquer AQPA et Al-Zawahiri, qui est vu comme un symbole du déclin après la mort de Ben Laden. Le problème est qu’Al-Qaida ne répond pas aux critiques. Le dernier discours de Zawahiri date de février 2014. Ce silence assourdissant ne facilite pas la communication face à une organisation qui revendique chaque action sur Internet.Pour l’EI, ce serait sa première action au Yémen et la confirmation de ses visées expansionnistes ?Oui, à moins qu’il ne s’attribue l’attentat du 7 janvier. En trois jours, le groupe aurait ainsi mené des attaques en Algérie, en Tunisie et au Yémen, ce qui est un coup de publicité énorme pour cette organisation qu’on dit affaiblie et sur le déclin. Son succès aujourd’hui tient à ce qu’il a complètement décentralisé le système de commandement. Les cellules fonctionnent en autogestion et tout est mutualisé en termes de communication. C’est plus une marque aujourd’hui. Une marque qui fonctionne, même si idéologiquement, la compétition avec Al-Qaida est un frein.L’Etat islamique frappe la capitale yéménite Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.03.2015 à 05h31 • Mis à jour le21.03.2015 à 11h50 Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-550d4d98baefa'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 15\r\n \r\n \r\n\u00ab Quinze ou trente minutes de terreur absolue. \u00bb C'est ainsi qu'Alice Clements, porte-parole de l'Unicef, a d\u00e9crit le passage de Pam sur l'archipel du Vanuatu, dans la nuit du vendredi 13 mars.\r\nCr\u00e9dits : AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Quinze ou trente minutes de terreur absolue. \u00bb C'est 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\r\nUne op\u00e9ration de secours plus vaste est pr\u00e9vue pour cette semaine.\r\nCr\u00e9dits : HANDOUT \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une op\u00e9ration de secours plus vaste est pr\u00e9vue pour cette semaine.","source":"HANDOUT \/ REUTERS","index":8,"position":9,"total_count":15,"item_lie":null,"link":"\/planete\/portfolio\/2015\/03\/14\/le-vanuatu-confronte-a-la-violence-du-cyclone-pam_4593686_3244_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 15\r\n \r\n \r\nLe Royaume-Uni a promis 2 millions de livres (2,8 millions d'euros) ; l'Union europ\u00e9enne, 1 million d'euros ; la Nouvelle-Z\u00e9lande, 730 000 dollars (695 000 euros). L'Australie a annonc\u00e9 une aide de 5 millions de dollars australiens (3,6 millions d'euros).\r\nCr\u00e9dits : STRINGER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le Royaume-Uni a promis 2 millions de livres (2,8 millions d'euros) ; l'Union europ\u00e9enne, 1 million d'euros ; la Nouvelle-Z\u00e9lande, 730 000 dollars (695 000 euros). 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Ces maisons \u00e9taient des constructions plut\u00f4t fragiles, qui n'avaient aucune chance de r\u00e9sister devant un cyclone de cat\u00e9gorie 5. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : HANDOUT \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Nous voyons des maisons et des villages entiers qui ont \u00e9t\u00e9 enti\u00e8rement emport\u00e9s, a t\u00e9moign\u00e9 la porte-parole de l'ONG World Vision. 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L'agence avait d'abord fait état de 44 morts non confirmés, puis de 24 morts confirmés, avant de réviser leur nombre à 11 puis à 13.Le gouvernement a reproché aux associations internationales un défaut de coordination, estimant qu'un temps précieux avait ainsi été perdu. Pour l'heure, la situation a été évaluée dans une quinzaine des 80 îles que compte l'archipel, selon l'ONU.Lire l'interview de Tom Perry, chargé de mission pour l'ONG Care : « Nous n'avons pas de nouvelles d'une grande partie de Vanuatu » 21.03.2015 à 00h59 • Mis à jour le21.03.2015 à 02h14 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fracturation hydraulique va commencer à être encadrée par le gouvernement américain. Celui-ci a effectivement annoncé, vendredi 20 mars, une série de règles contraignantes concernant cette technique de forage notamment utilisée dans l’extraction du gaz et du pétrole de schiste. Cette régulation, vivement contestée par les entreprises du secteur, était en cours de discussion depuis 2012.La fracturation hydraulique, qui consiste à injecter de l’eau, du sable et des produits chimiques dans le sous-sol pour y récupérer le pétrole et le gaz difficiles à extraire, suscite de plus en plus d’opposition aux États-Unis. « Il y a beaucoup de crainte et d’inquiétude de la part du public, particulièrement à propos de la sécurité de l’eau souterraine et de l’impact de ces opérations », explique Sally Jewell, la secrétaire à l’Intérieur, c’est-à-dire la responsable de l’exploitation des ressources naturelles et de la gestion des terres publiques aux États-Unis.Le Bureau de gestion des terrains (BLM) du département de l’Intérieur a reçu des contributions de plus de 1,5 million de particuliers et d’associations. « Nous pensons que ces normes sont essentielles », ajoute-t-elle soulignant que la réglementation actuelle date d’il y a 30 ans et qu’elle n’est plus adaptée à la situation actuelle.Secrets industrielsLes mesures annoncées vendredi vont obliger les groupes pétroliers et gaziers à renforcer l’étanchéité de leurs puits et des tests seront systématiquement effectués pour vérifier la qualité des parois en ciment censées empêcher la contamination des nappes phréatiques. Les sociétés devront aussi publier dans un délai des 30 jours quels produits chimiques elles injectent dans le sol pour permettre l’extraction.Ce sujet est une question sensible pour les compagnies pétrolières, qui sont très jalouses de leurs secrets industriels. Ainsi, récemment, en Caroline du Nord, Halliburton a fait un intense lobbying pour faire passer une loi, qui condamne toute personne qui divulguerait la liste des produits chimiques utilisés pour la fracturation hydraulique.Avant de commencer un forage, les compagnies pétrolières et gazières devront également fournir davantage d’informations concernant le stockage des fluides toxiques utilisés. Elles devront par ailleurs sécuriser les eaux usées dans des réservoirs couverts, au lieu de les évacuer, comme c’est parfois le cas, dans des fosses creusées à même le sol.Les compagnies devront aussi détailler comment elles comptent éliminer ces produits toxiques. Enfin, elles auront à fournir plus d’informations concernant les réserves d’eau situées à proximité du forage afin que celles-ci soient protégées.Un impact limitéCe premier pas vers une réglementation est toutefois limité dans la mesure où elle ne vise que les terrains qui sont la propriété de l’Etat fédéral. Cela ne représente que 11 % du gaz naturel exploité et 5 % des gisements de pétrole. Environ 100 000 puits sont concernés au total. La grande majorité de l’extraction se déroule en effet sur des espaces privés ou appartenant aux États fédérés, qui restent libres d’appliquer leurs propres règles.Certains, comme New York, ont interdit totalement la fracturation, tandis que d’autres, comme le Colorado, ont commencé à réguler le secteur. Mais beaucoup sont encore muets sur le sujet.Cela n’a pas empêché les compagnies pétrolières de protester vigoureusement contre cette nouvelle réglementation. Elles craignent notamment que ces mesures commencent à inspirer certains États pour mettre en place des règles plus contraignantes. Elles dénoncent également les coûts que cela va engendrer.Même si les mesures interviennent à un mauvais moment pour l’industrie, alors que le prix du baril a chuté de 50 % en un an, l’impact financier serait relativement limité. Le montant global pour le secteur a été évalué par le gouvernement à 32 millions de dollars (29,5 millions d’euros) par an, soit à peine 1 % du coût d’exploitation moyen d’un puits.Protestations du lobby pétrolierLa réaction du lobby pétrolier a néanmoins été immédiate. Quelques minutes après la publication des nouvelles règles, l’Independent Petroleum Association of America a déposé plainte, qualifiant ces mesures de « réaction à des préoccupations non fondées ».Pour Barry Russell, le responsable de l’organisation, « De la Californie à la Pennsylvanie, l’industrie du pétrole et du gaz naturel a joué un rôle crucial dans la relance de l’économie américaine, et la fracturation hydraulique a été la clé de cette renaissance. Cette nouvelle réglementation fédérale va ajouter des coûts pour nos producteurs indépendants », proteste-t-il, pronostiquant que le dispositif va conduire à faire fuir les investissements et peser sur les créations d’emplois.Vingt-quatre heures auparavant, le sénateur républicain de l’Oklahoma, James Inhofe, a tenté de couper l’herbe sous le pied du gouvernement en proposant une législation visant à interdire à l’Etat fédéral de réguler la fracturation hydraulique, laissant le champ libre aux Etats fédérés. En annonçant cette nouvelle réglementation, Barack Obama a ouvert un nouveau front avec les Républicains, désormais majoritaires au Congrès.Obama veut réduire de 40 % les émissions de méthane d’ici à 2025 Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 22h40 • Mis à jour le21.03.2015 à 14h35 | Louis Imbert  L'Etat islamique (EI) a revendiqué son entrée sur la scène yéménite avec les attentats qui ont fait 142 morts à Sanaa vendredi. Les milices chiites houthistes avaient pris le pouvoir dans la capitale en septembre, poussant le président à s'exiler à Aden en février. Le pouvoir politique est marginalisé, le pays livré à l'arbitraire des clans et des groupes armés. Il devient peu à peu un champ d'affrontement sectaire entre les milices chiites et Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), la principale branche d'Al-Qaida.Le gouvernement en perditionLe président, Abd Rabbo Mansour Hadi, au pouvoir depuis 2012, n'a jamais pu mettre en place les recommandations du dialogue national établi après la révolution populaire de 2011 et la chute d'Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978. Débordé en septembre par le mouvement chiite houthiste, venu de l'extrême nord du pays et par certains éléments de l'armée, il est contraint à la démission en janvier, lorsque les houthistes s'emparent du palais présidentiel.Toujours considéré par la communauté internationale comme le président légitime du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi est assigné à résidence mais se réfugie en février à Aden, port stratégique du sud du pays.Jeudi, d'âpres combats ont éclaté pour le contrôle de l'aéroport international de cette ville. Le chef de l'Etat a dû être évacué vers un lieu sûr : un avion de combat avait survolé à deux reprises son palais. Les combats opposaient les partisans de M. Hadi à des unités des forces spéciales, dirigées par un officier rebelle, allié aux houthistes. Le général Sakkaf, qui refuse un ordre de limogeage de M. Hadi, est à la tête d'une unité des forces spéciales comptant 1 000 à 2 000 hommes lourdement armés. La situation était calme, vendredi, dans cette ville où les forces loyalistes ont renforcé leur contrôle en multipliant les barrages routiers.Lire aussi (édition abonnés) : Yémen : guerres locales, djihad globalLe coup d'Etat des houthistesLes houthistes sont les partisans d'Abdel Malik Al-Houthi, un leader du nord du Yémen, de la province de Saada, à la frontière de l'Arabie saoudite. Ils sont d'obédience zaïdite, une branche dissidente du chiisme qui s'est arrêtée au cinquième imam, contrairement au chiisme duodécimain, qui en compte 12 et domine l'Iran, le sud de l'Irak et le sud du Liban.Ces « partisans de Dieu » (Ansar Allah), exaspérés par l'immobilisme du pouvoir et surfant sur le mécontentement social, estiment que la révolution de 2011 a été corrompue par les partis politiques. Ils mènent depuis une contre-révolution. Ils ont noué, pour étendre leur pouvoir, une alliance de circonstance avec l'ex-président Saleh, qui les avait longtemps combattus dans leur fief de Saada.Lire (édition abonnés) : Au Yémen, les houthistes parachèvent leur coup d’EtatLe soutien massif de l'Iran chiite aux houthistes a exaspéré le voisin sunnite saoudien et avivé les tensions confessionnelles au Yémen entre sunnites et zaïdites. C'est dans ce contexte que prospère la branche yéméno-saoudienne d'Al-Qaida (AQPA).Voir la vidéo : Yémen : qui sont les rebelles houthistes qui menacent le pouvoir ? La menace d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA)Al-Qaida a prospéré au Yémen pendant les années 2000, alors que le mouvement djihadiste s'affaiblissait après l'intervention internationale en Afghanistan et les bombardements de drones accrus, sous l'administration Obama, dans les zones tribales pakistanaises. La franchise Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) est née en 2009 de la fusion des branches yéménite et saoudienne du mouvement. Lire l'enquête : Les mille résurrections d'AQPAAQPA s'oriente rapidement vers une action internationale, avec le Yémen pour base arrière : en août 2009, le prince saoudien Nayef échappe à un attentat-suicide fomenté par un kamikaze venu du Yémen, qui avait ingéré un explosif. Le 25 décembre de la même année, après deux séjours au Yémen, Omar Farouk Abdulmutallab, un jeune Nigérian, tente de faire exploser un vol de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit en mettant le feu à ses sous-vêtements imprégnés de produit inflammable.Durant la révolution de 2011, le groupe a profité du chaos politique pour prendre possession de plusieurs districts du sud et de l'est du Yémen. Le nouveau gouvernement d'Abd Rabbo Mansour Hadi se retourne contre eux. Il assume une importante aide opérationelle directe américaine.Au début du mois de février, une frappe de drone américaine a tué l'un des principaux idéologues du mouvement, Harith Al-Nadhari. C'est cet homme qui avait loué les frères Kouachi pour leur attaque de Charlie Hebdo, à Paris, en janvier. L'organisation terroriste avait dans le même temps affirmé avoir entraîné et mandaté les Kouachi.Sa mort est probablement le plus grand succès opérationnel des Etats-Unis au Yémen depuis les morts en 2011 de l'imam radical américano-yéménite Anouar Al-Awlaki (soupçonné d'avoir inspiré l'auteur de la fusillade de la base militaire de Fort Hood, au Texas, en 2009) et, surtout, de Said Al-Chihri, le chef des opérations du groupe, en 2013. Estimés entre 200 et 300 à la fin de 2009, les membres d'AQPA seraient plus d'un millier aujourd'hui.Depuis qu'une partie du Yémen est contrôlée par les milices houthistes, auxquelles l'armée ne s'est que faiblement opposée, AQPA a revendiqué de multiples attaques contre eux.Lire aussi (édition abonnés) : Au Yémen, un chef d’AQPA tué par un droneL'Etat islamique, force naissanteMalgré quelques dissidences internes, AQPA dénonce la « barbarie » de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, et reste fidèle à Ayman Al-Zawahiri, le successeur d'Oussama Ben Laden. La branche locale de l'EI au Yémen est née d'une scission au sein de l'organisation. Des groupes issus d'AQPA avaient annoncé leur allégeance à l'EI entre novembre et février, durant la prise de pouvoir des milices houthistes. Ils ne s'étaient signalés jusqu'ici que par des attaques mineures de postes de contrôle de forces de sécurité ou de miliciens houthistes dans la région de Dhamar, à 100 km de la capitale.Les attaques de Sanaa et de Saada, vendredi, ont visé de façon coordonnée des lieux de culte, un vendredi, jour de prière. Elles paraissent destinées à faire un maximum de morts civils et à frapper les esprits, et sonnent comme une volonté d'accélérer la sectarisation du conflit au Yémen. Or, la direction d'AQPA avait récemment condamné de telles tactiques.Harith Al-Nadhari condamnait ainsi récemment l'Etat islamique pour ses attaques indiscriminées de chiites, civils ou armés, dans son dernier discours, enregistré peu avant qu'il ne soit tué. Il affirmait qu'AQPA privilégiait pour sa part des cibles identifiées : militaires, milices houthistes, ennemis idéologiques.Voir la carte : Le Yémen tiraillé entre guerres locales et djihad mondialLouis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guy Dutheil Le crash volontaire de l'Airbus A320 de la Germanwings, qui a fait 150 victimes mardi 24 mars, pose des questions sur le suivi psychologique des pilotes.Chez Air France, ce suivi se fait en plusieurs étapes. Tout d'abord, explique Eric Prévot, commandant de bord pour Air France sur Boeing 777, « il y a une sélection à l'embauche qui s'attache à évaluer les comportements en groupe des pilotes ». En pratique, les pilotes sont réunis par groupe de six pour tester « leurs facultés cognitives et psychologiques, leur esprit d'équipe », poursuit M. Prévot. Cette phase permet de « valider qu'il n'y a pas de contre-indications à l'exercice des responsabilités de la fonction de commandant de bord ». De fait, tout pilote recruté par Air France est un futur commandant de bord.Outre cette « détection à la sélection », tous les pilotes doivent honorer chaque année cinq rendez-vous obligatoires pour avoir le droit de voler pour la compagnie aérienne. Ils doivent se soumettre à une visite médicale effectuée par le Centre d'expertise médicale des personnels navigants, une autorité médicale indépendante qui délivre, ou non, un certificat d'aptitude physique et mentale.Simulateur de vol et rendez-vousChaque année, les pilotes doivent aussi passer une visite pour le compte de la médecine du travail. Elle vérifie notamment que les navigants supportent bien physiquement et psychologiquement les décalages horaires et les nombreuses semaines loin de leurs domiciles et de leurs familles.Une autre étape importante consiste en quatre séances de simulateur de vol. A cette occasion, des situations complexes, avec de forts facteurs de stress, sont proposées aux pilotes. Lors de ces séances, « on ne peut pas faire illusion sur son état psychologique », signale le commandant de bord. « C'est un instant de vérité ! » Chez Air France, les pilotes sont rassemblés par groupe de 80 autour d'un chef pilote qui peut arrêter à tout moment un pilote s'il ne le juge plus apte à piloter.Enfin, les navigants ont, chaque année, rendez-vous avec la direction des opérations aériennes de la compagnie. L'occasion là aussi pour un pilote d'exposer d'éventuels problèmes psychologiques ou personnels. Selon M. Prévot : « Si un pilote manque l'un de ces cinq rendez-vous, il ne vole plus pour Air France. »Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.03.2015 à 13h58 • Mis à jour le26.03.2015 à 16h42 | Martin Untersinger lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kng01"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kng01", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});L'Airbus A320 de la Germanwings aurait dû atterrir à Düsseldorf, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le mardi 24 mars. Il s'est écrasé moins de trois quarts d'heure après son décollage de Barcelone, en Espagne.Voici, minute par minute, le déroulé de ce vol sur la foi des enregistrements sonores du cockpit rendus publics par le procureur de Marseille, des informations du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) et du site FlightRadar.10 heures : L'Airbus A320-211, opérant le vol 4U9525 de la compagnie Germanwings, décolle de l'aéroport de Barcelone, en Espagne, à destination de Düsseldorf.Entre 10 heures et 10 h 20 : Pendant les vingt premières minutes de vol, « il ne se passe rien d'anormal », a rapporté Brice Robin, le procureur de Marseille lors d'une conférence de presse, jeudi 26 mars. L'avion entretient jusqu'ici un contact normal avec le contrôle aérien français, selon le BEA.D'après les enregistrements de la cabine issus de l'une des deux boîtes noires, le comportement et les échanges entre le pilote et le copilote sont normaux depuis le début du vol. Leur discussion est même « joviale », a précisé le procureur de Marseille.10 h 27 : L'avion atteint une altitude de croisière de 38 000 pieds, au large de Toulon (Var).Avant 10 h 31 : Le commandant entame le briefing, c'est-à-dire le passage en revue de la fin du trajet du vol et des différentes procédures à suivre en vue de l'atterrissage à l'aéroport de Düsseldorf. Les réponses du copilote sont « laconiques », selon le procureur de Marseille.10 h 30 : Pour la dernière fois, l'A320 entre en contact avec le contrôle aérien au sol. L'un des deux pilotes indique « Direct IRMAR merci 18G ».Il montre ainsi qu'il a pris bonne note de l'ordre que vient de lui donner le contrôleur aérien de se diriger directement vers le point de passage « IRMAR » et le remercie en rappelant l'indicatif radio de l'appareil : il s'agit d'une communication normale.Entre le briefing et 10 h 31 : Le pilote quitte son poste, vraisemblablement pour se rendre aux toilettes. Il demande au copilote de prendre les commandes, selon le procureur de Marseille.10 h 31 : L'Airbus amorce sa descente, alors que le copilote est seul dans le cockpit. Selon le procureur de Marseille, le copilote a volontairement pressé « un bouton, pour une raison que nous ignorons totalement mais qui peut s'analyser comme une volonté de détruire cet avion ».>> Lire aussi : Seul dans le cockpit, le copilote a actionné les commandes pour faire descendre l'A320Entre le départ du commandant de bord et le crash : Le pilote, de retour des toilettes, demande à plusieurs reprises l’ouverture de la porte du cockpit selon la procédure habituelle, en tapant un code et en se signalant par visiophone. Sans succès. Il tape ensuite sur la porte de la cabine, de plus en plus fortement. Le copilote ne répond pas, « volontairement », selon le procureur.Le contrôle au sol puis la tour de contrôle de Marseille tentent à de multiples reprises de contacter l’avion par radio. La tour demande également de passer le transpondeur de l'avion en mode alerte, ce qui lui aurait permis d'être prioritaire sur les autres aéronefs en cas d'atterrissage d'urgence, puis aux avions alentours de servir de relais radio. Le copilote ne réagit pas.10 h 35 : La Direction générale de l'aviation civile (DGAC), conformément aux procédures et en constatant la descente et le silence radio de l'appareil, donne l'alerte. Ce type d'alerte, dite « DETRESFA », s'accompagne du décollage d'avions de chasse pour tenter de rejoindre, en vol, l'Airbus A320. Dans les secondes qui précèdent le crash : Les coups sur la porte du cockpit, blindée, se font de plus en plus violents, pour « défoncer la porte » selon le procureur. Les alarmes avertissant de l'approche du sol se font entendre, ainsi que des cris de passagers. Jusqu’à cet instant « la respiration du copilote, qui reste silencieux, est normale ».10 h 40 m 47 s : L'Airbus A320 est pour la dernière fois détecté par un radar français, à une altitude quasi identique à celle où a été retrouvée l'épave.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kix6p"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kix6p", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.03.2015 à 12h58 • Mis à jour le26.03.2015 à 16h44 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kng01"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kng01", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Deux jours après le crash de l'Airbus A320 de la compagnie aérienne Germanwings, le procureur général de Marseille, Brice Robin, a tenu une conférence de presse, jeudi 26 mars, lors de laquelle il a révélé le contenu de la boîte noire de l'avion qui a été récupérée.Selon les premières conclusions de l'enquête, le copilote – et non le pilote comme nous l'avions indiqué dans un premier temps par erreur – a actionné les commandes pour faire descendre l'appareil : une action qui, selon M. Robin, « ne peut être que volontaire ». Lufthansa, maison-mère de la compagnie Germanwings, a indiqué qu'elle n'avait, pour l'heure, « pas le moindre indice » sur ses motivations.Le copilote seul dans la cabine de pilotageLes vingt premières minutes de l'enregistrement ne révèlent rien de particulier. Ont seulement été captées des conversations anodines entre le pilote et le copilote.Au bout d'un moment, « on entend le commandant de bord demander au copilote de prendre les commandes » de l'appareil, pour, probablement « assouvir ses besoins naturels », raconte Brice Robin. Suivent le bruit d'un siège qui recule et celui d'une porte qui se ferme. Le copilote, Andreas Lubitz, âgé de 28 ans, se retrouve alors seul dans la cabine de pilotage.Embauché en septembre 2013 par la Germanwings, il est le moins expérimenté des deux (il comptait 630 heures de vol, contre plus de 6 000 heures pour son collègue). Lire : Que sait-on d'Andreas Lubitz, le copilote de l'A320 de Germanwings ?C'était donc lui qui était aux commandes de l'avion lorsque ce dernier a percuté le massif de l'Estrop, entre Digne-les-Bains et Barcelonnette. A ce moment-là, le commandant de bord se trouvait hors du cockpit – et non le copilote comme nous l'avions écrit dans un premier temps sur la foi d'une source haut placée.Voir notre synthèse : Crash de la Germanwings : le commandant de bord était coincé à l'extérieur du cockpit avant l'accidentUne « action volontaire » pour amorcer la descenteSelon le procureur, c'est à ce moment-là, lorsque le copilote est seul dans le cockpit, « qu'il manipule les boutons du “flight monitoring system” pour actionner la descente de l'appareil », continue le procureur, précisant que « l'action ne peut être que volontaire ».Plusieurs appels du commandant, depuis l'extérieur de la cabine, ont été enregistrés par le CVR. L'homme s'identifie, notamment via la caméra de surveillance située sur le côté de la porte. Le copilote, alors aux commandes de l'avion, ne répond pas.Des bruits de respiration jusqu'à l'impactLa tour de contrôle de l'aéroport de Marseille a lancé de nombreux appels à l'appareil, lui réclamant notamment d'émettre un code de détresse. La tour demande également à d'autres avions de faire un relais radio pour contacter l'Airbus. Aucune réponse.« On entend un bruit de respiration humaine à l'intérieur de la cabine jusqu'à l'impact final », précise le procureur, ce qui indique que le copilote était vivant tout au long de la descente de l'avion. Le procureur ajoute :« Aucun message de détresse ou d'urgence n'a été reçu par les contrôleurs aériens et aucune réponse n'a été apportée à l'ensemble des appels des différents contrôleurs aériens. L'interprétation la plus plausible pour nous est que le copilote, par une abstention volontaire, a refusé d'ouvrir la porte de la cabine de pilotage au commandant de bord et a actionné le bouton commandant la perte d'altitude. »Lire : Les cinq étapes du suivi psychologique des pilotes d'Air FranceEntre-temps, l'A320 est passé de quelque 12 000 mètres d'altitude à 2 000 mètres, la hauteur de la montagne contre laquelle il finit par s'abîmer. Des alarmes se déclenchent alors pour signifier à l'équipage la proximité du sol. « Là, on entend des coups cherchant à défoncer la porte. »« Juste avant l'impact final, on entend le bruit de ce qui est probablement un premier impact sur un talus », précise le procureur. L'avion glissera ensuite le long de ce talus pour aller percuter la montagne à 700 km/h. « Une volonté de détruire l'avion »Cette attitude « peut être analysée comme une volonté de détruire cet avion ». Pour le moment, impossible de se prononcer sur les raisons du comportement du copilote. Le procureur a reconnu que l'hypothèse d'une volonté de se suicider de la part du copilote est « légitime ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2knf0r"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2knf0r", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) Les autorités de Delhi ont décidé de frapper fort contre les géants des véhicules de tourisme avec chauffeurs (VTC), pour les contraindre à respecter la loi. Le gouvernement régional de l’Etat de Delhi a envoyé, mercredi 25 mars, une requête au ministère indien des télécommunications pour bloquer leurs applications mobiles permettant aux utilisateurs de commander des véhicules.Cela fait déjà plusieurs mois que les autorités jouent, malgré elles, au jeu du chat et de la souris avec les chauffeurs de VTC pour les empêcher de transporter des clients en toute illégalité. En décembre 2014, elles ont suspendu leurs licences après qu’un chauffeur d’Uber ait été accusé de viol sur une passagère. Ce dernier avait été recruté par l’entreprise américaine, alors qu’il circulait avec un faux permis de conduire et avait été impliqué dans une autre affaire de viol trois ans plus tôt.Voir la vidéo : Un chauffeur d’Uber arrêté pour viol en IndePour obtenir la nouvelle licence, les sociétés doivent disposer d’une flotte de 200 véhicules, d’un bureau physique et d’un centre d’appels ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre à Delhi. Chaque véhicule doit désormais être équipé d’un GPS et d’un bouton d’alerte. En décembre 2014, la police avait dû attendre que le siège d’Uber aux Etats-Unis veuille bien leur divulguer des détails sur l’identité du chauffeur accusé de viol, ce qui avait ralenti l’enquête.Des voitures méconnaissablesDans la foulée, d’autres villes ont décidé d’interdire les VTC en attendant de reformuler les règles de licence. Ces nouvelles réglementations vont à rebours du modèle économique d’Uber qui ne possède que très peu de bureaux en Inde et ne possède pas sa propre flotte de véhicules.En janvier, les VTC ont cependant vite repris du service à Delhi aussitôt après avoir déposé une nouvelle demande de licence, qui ne leur a toujours pas été délivrée. Les autorités tentent donc désespérément de mettre la main sur les chauffeurs … qui leur échappent. Les voitures sont méconnaissables, et le seul stratagème trouvé par les fonctionnaires du département chargé des transports consiste à se faire passer pour des clients, et appeler un par un les chauffeurs de VTC pour confisquer leur véhicule. Problème : il y a des milliers de VTC à Delhi. Et, depuis quelques mois, les chauffeurs vont moins volontiers chercher des clients dans le quartier où se trouve le bureau du département des transports.Pour les autorités de Delhi, il y a urgence à agir car les VTC se développent rapidement. Le potentiel du marché Indien est compris entre 8 et 10 milliards de dollars (jusqu’à 9 milliards d’euros) selon Ola, le leader du secteur. La croissance rapide de l’urbanisation, avec des villes qui devraient accueillir près de 300 millions d’habitants supplémentaires au cours des trente prochaines années, conjuguée à l’absence de transports publics, laisse peu de doutes sur la taille future de ce secteur.Les compétitifs rickshawsL’entreprise Indienne Ola, domine le marché en gérant près de 100 000 véhicules dans 85 villes. L’entreprise est valorisée à 1 milliard de dollars et a levé des fonds auprès de la banque Japonaise Softbank, entre autres, pour accélérer son développement. En janvier, ses revenus augmentaient de 40 % chaque mois. Ola a racheté son concurrent TaxiForSure pour 200 millions de dollars en janvier. Uber, qui n’est présent que dans onze villes, a répliqué en cédant des actions de sa filiale en Inde à l’un des plus puissants groupes indiens de communication, qui publie le Times of India, le quotidien anglais le plus diffusé dans le monde, pour gagner une meilleure visibilité.Les VTC se livrent une rude concurrence qui s’est traduite par une baisse des tarifs en début d’année. Il n’y a désormais que les rickshaws, les trois-roues à moteur, qui soient plus compétitifs. Mais sous une température de 45 degrés, et en plein embouteillage, les clients résistent difficilement aux VTC avec climatisation. Ils économisent surtout de la sueur en évitant les négociations sur le prix de la course avec des chauffeurs de trois-roues qui refusent souvent de se soumettre au compteur. Mais New Delhi est le royaume des rickshaws.Le nouveau gouvernement, qui a déclaré la guerre aux VTC, a été élu grâce à la mobilisation de ces petits conducteurs de triporteurs. Ola a trouvé la parade : elle s’en est fait des alliés en leur proposant désormais les mêmes services de réservation, par smartphone, qu’à ses autres chauffeurs.Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.03.2015 à 11h36 • Mis à jour le26.03.2015 à 18h12 | Hélène Sallon Le « péril iranien », agité par les soutiens du président Abd Rabo Mansour Hadi face à l’avancée éclair de la milice chiite houthiste au Yémen, a eu raison des tergiversations des puissances sunnites de la région. Une coalition de dix pays, emmenée par l’Arabie saoudite, a lancé, dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 mars, une intervention militaire.Mercredi, le président Hadi avait dû fuir son refuge d’Aden, dans le sud du pays, pour une destination tenue secrète face à la progression vers le sud des combattants houthistes, déjà maîtres de la capitale Sanaa. Il a atterri jeudi 26 mars à Riyad, la capitale saoudienne, selon l’agence officielle SPA.Depuis Washington, qui a annoncé un soutien logistique et en renseignement, l’ambassadeur saoudien, Adel Al-Joubeir, a donné le coup d’envoi à une opération aérienne, « limitée par nature », « contre le coup de force des houthistes ». L’Egypte, le Soudan et la Jordanie ont confirmé leur participation à cette coalition, qui regrouperait le Maroc, le Koweït, les Emirats arabes unis, le Qatar, le Bahreïn et le Pakistan, selon la chaîne de télévision saoudienne, Al-Arabiya. La chaîne a annoncé l’engagement de 100 avions de guerre et 150 000 soldats saoudiens. La présidence égyptienne a annoncé que son aviation participait à l’offensive. Quatre navires de la marine ont également franchi jeudi le canal de Suez en direction du Yémen pour sécuriser le golfe d'Aden, selon des responsables du canal de Suez,L’opération fait figure de test grandeur nature pour la force militaire arabe commune, un projet que l’Egypte et l’Arabie saoudite vont soumettre au sommet annuel de la Ligue arabe qui s’ouvre samedi 28 mars à Charm El-Cheikh (Egypte). Les forces américaines, sans participer directement aux opérations, ont établi « une Cellule de planification conjointe avec l’Arabie saoudite pour coordonner le soutien américain », a précisé Bernadette Meehan, porte-parole du Conseil national de sécurité (NSC) de la Maison Blanche, qui a réitéré la nécessité de privilégier malgré tout le dialogue politique, sous égide des Nations unies.Lire aussi :L’échec du « modèle yéménite » de Barack ObamaDans la nuit, des explosions ont retenti dans le ciel de la capitale Sanaa, sous contrôle houthiste, où les avions de la coalition ont visé le palais présidentiel, l’aéroport international, la base militaire d’Al-Douleimi et le bureau politique de la milice. Au moins 13 civils ont été tués dans des frappes contre un quartier résidentiel, selon la défense civile. Dans le sud du pays, la coalition a frappé la base aérienne d’Al-Anad, conquise par les houthistes mercredi. L’aéroport d’Aden, brièvement occupé par les houthistes, a été repris après d’intenses combats par les forces loyales au président Hadi, selon des responsables locaux. Les combattants chiites, qui ont répondu par des tirs de missiles antiaériens, ont promis, par la voix de Mohammed Al-Boukhaiti, un membre du bureau politique des houthistes, de « faire face vaillamment » à « l’agression en cours ».« Démarche dangereuse »Limitée, l’opération militaire vise à empêcher les rebelles houthistes d’utiliser les aéroports et la flotte aérienne pour attaquer Aden, où est réfugié le président Hadi, et d’autres parties du Yémen, a précisé le ministre yéménite des affaires étrangères, Riyadh Yassine. Elle « se poursuivra jusqu’à achèvement des objectifs », a-t-il ajouté. L’Egypte n’a pas exclu une offensive au sol, tandis que les forces saoudiennes ont commencé à masser des armes antiaériennes et de l’artillerie à sa frontière avec le Yémen. Cette éventualité laisse les experts sceptiques tant elle s’annonce périlleuse.L’intervention militaire a été accueillie avec soulagement par le gouvernement Hadi, plus que jamais acculé par les forces houthistes. Ses appels répétés à une intervention militaire et à l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne n’avaient jusque-là pas été entendus. Les appels au dialogue de la communauté internationale n’ont pas davantage mis un terme aux ambitions houthistes. « Ils ont toujours choisi la voie violente », a accusé l’ambassadeur saoudien Joubeir, actant l’épuisement des efforts diplomatiques. Pour achever de convaincre ses voisins sunnites, le ministre Riyadh Yassine a agité la menace d’une prise de contrôle du Yémen par l’Iran, principal soutien des houthistes.A Sanaa, les avions de la coalition ont visé le palais présidentiel, l’aéroport international, la base militaire d’Al-Douleimi et le bureau politique de la miliceLa rivalité entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite avait déjà joué dans l’intervention des armées saoudienne et émiratie auprès de leur allié bahreïni, en proie, en mars 2011, à des manifestations de la majorité chiite de la population contre la monarchie sunnite des Khalifa. Contrariée par l’influence croissante de Téhéran en Irak, au Liban, en Syrie et désormais au Yémen, l’Arabie saoudite ne peut voir l’Iran la défier dans son pré carré. Le conflit yéménite menace en effet de déborder la frontière saoudienne et de gagner la province orientale d’Ach-Charkiya, dont une partie de la population est chiite.L’Iran dénonce une agression militaireLe président iranien, Hassan Rohani, a condamné jeudi après-midi l’« agression militaire ». Plus tôt dans la journée, la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Marzieh Afkham, avait dénoncé une « démarche dangereuse (…) violant les responsabilités internationales et la souveraineté nationale ». L’action militaire va « encore plus compliquer la situation, étendre la crise et faire perdre les chances d’un règlement pacifique des divergences internes au Yémen ». L’intervention militaire saoudienne au Yémen reste toutefois l’objet de multiples incertitudes. Les frappes aériennes pourront certes repousser les miliciens dans le centre et le sud du pays, bastions sunnites où la population leur est hostile et où ils ne contrôlent que les points stratégiques (aéroports, bases et routes). Leur impact sera en revanche plus réduit dans le nord du pays et à Sanaa, où le soutien populaire est grand. La légitimité du président Hadi dans la région d’Aden, où il est réfugié, fait aussi question : un fort mouvement sécessionniste est présent dans le sud du Yémen. L’avancée éclair des houthistes a montré la faible capacité de mobilisation du président Hadi auprès des grandes tribus sunnites, tout comme celle de l’Arabie saoudite, qui a perdu le soutien de la confédération des Hached, acquis aux Frères musulmans que Ryiad a combattus ces deux dernières années dans tout le Proche-Orient.Toutefois, la polarisation chiite/sunnite est en train de recouvrir tous les autres clivages yéménites. Un tel scénario renforcerait les djihadistes d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) et de l’Etat islamique (EI), très implantés dans certaines tribus sunnites. Autre facteur de complication : une bonne partie des forces de sécurité d’élite, indispensables à la contre-offensive sunnite, sont restées fidèles au dictateur déchu Ali Abdallah Saleh, qui a discrètement soutenu les houthistes dans un passé récent. Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) L’indice Nasdaq a dépassé, lundi 2 mars, les 5 000 points pour la première fois depuis quinze ans. La dernière fois que cet indice avait franchi ce cap, c’était en pleine bulle Internet, le 27 mars 2000.Mais comparaison n’est pas raison. Même si certains s’inquiètent de la valorisation de certains titres cotés sur le Nasdaq, la situation de 2015 diffère sur bien des points de celle d’il y a quinze ans.Un indice qui a beaucoup évoluéD’abord, le Nasdaq n’a plus tout à fait le même profil. La part des entreprises du secteur de la high-tech s’est considérablement réduite. Le secteur représentait 57 % de l’indice à la fin de 1999 contre seulement 43 % aujourd’hui. La baisse est notamment spectaculaire dans le domaine du software, qui pesait en 2000 un quart de l’indice. En 2015, seules 10 % des entreprises appartiennent à ce secteur.Le Nasdaq a longtemps été surnommé l’indice du secteur technologique. Mais aujourd’hui, il est surtout le baromètre des valeurs de croissance.D’autre part, un certain toilettage a été effectué : le Nasdaq ne compte plus que 2 568 sociétés contre 4 715 en 1999. En revanche, la capitalisation moyenne a plus que doublé (1,16 contre 2,95 milliards de dollars).On pourrait imaginer que c’est l’éclatement de la bulle de 2000 qui a emporté avec elle la plupart des sociétés qui ont disparu depuis. En fait, c’est surtout la concentration qui explique la réduction du nombre d’entreprises cotées.Les fusions-acquisitions sont à l’origine de plus de 53 % du phénomène, alors que les faillites ne représentent qu’un peu plus de 17 %, selon les données publiées par le Nasdaq.Des « têtes d’affiche » différentesPar ailleurs, les champions d’hier ne sont pas nécessairement ceux d’aujourd’hui. Dans les dix premières capitalisations Worldcom (5e) ou Sun Microsystem (8e) étaient en bonne place. Le premier a sombré corps et biens lors d’une faillite retentissante en 2002, tandis que le second s’est fait racheter par Oracle en 2009.Microsoft a perdu sa première place au bénéfice d’Apple. Mais en quinze ans le recul de la capitalisation du groupe fondé par Bill Gates est spectaculaire : elle a chuté de 243 milliards de dollars, soit 40 % à 363 milliards de dollars !Ce qui permet a Apple de faire désormais largement la course en tête avec une capitalisation de 755 milliards.Des niveaux de valorisation plus « normaux »Reste la question qui taraude beaucoup d’observateurs : ce franchissement des 5 000 points ne signifie-t-il pas que la bulle spéculative est de retour ?En fait, lorsqu’on regarde les niveaux de valorisation des sociétés qui composent le Nasdaq, ils n’ont plus grand-chose à voir avec ce qu’ils étaient il y a quinze ans. Le ratio cours sur bénéfice (le price-to-earnings ratio, ou PER) était en moyenne de 152 à la fin de 1999, il n’est aujourd’hui que de 26, selon les données de FactSet. Par exemple, Yahoo était valorisé 787 fois ses profits contre 36 fois actuellement. Apple 37 contre 17 aujourd’hui.Le grand décalage des marchésStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.03.2015 à 16h22 • Mis à jour le02.03.2015 à 18h33 Plus de 470 parents ont été écroués dans le nord-ouest du Pakistan, lundi 2 mars, pour avoir refusé de vacciner leurs enfants contre la poliomyélite, selon des responsables locaux.« Il n'y a plus de pitié, nous avons décidé de traiter les refus avec une main de fer. Quiconque refusera le vaccin sera envoyé en prison » a expliqué le vice-commissaire de Peshawar, capitale de la province du Khyber Pakhtunkhwa (Nord-Ouest), l'une des régions du pays les plus touchées par cette maladie qui entraîne la paralysie.Les détenus « seront libérés uniquement après avoir fourni des assurances [que les enfants seront vaccinés ] et présenté deux garants », a ajouté un autre haut responsable à Peshawar.Vaccin « non islamique », selon les talibansLe Pakistan est le premier foyer mondial de la poliomyélite, avec 85 % des cas enregistrés en 2014, et le gouvernement a intensifié depuis plusieurs mois sa « guerre » contre la maladie infectieuse. Les cas se concentrent essentiellement dans le Nord-Ouest, secoué depuis sept ans par la rébellion des talibans.Des campagnes de vaccination y ont été lancées, mais les médecins font face à la fronde des conservateurs dans les régions à forte influence talibane. Des organisations talibanes jugent en effet ce vaccin « non islamique » et le disent « dangereux » pour la santé. D'autres assurent que le vaccin contient du porc ou vise à anéantir la population musulmane. Selon les autorités, soixante-cinq travailleurs employés à la lutte contre la poliomyélite ont ainsi été tués ces deux dernières années dans des attaques ciblées.Voir : Au Pakistan, quatre vaccinateurs contre la polio abattus en une journéeLa méfiance envers le vaccin antipoliomyélite a également décuplé dans la foulée de « l'affaire » Shakeel Afridi. Ce médecin avait été condamné pour avoir participé à une fausse campagne de vaccination contre l'hépatite organisée par la CIA à Abbottabad (Nord-Ouest). Il s'agissait en réalité d'un subterfuge pour réussir à confirmer la présence d'Oussama Ben Laden dans la région. 02.03.2015 à 13h58 • Mis à jour le02.03.2015 à 14h24 « J'ai le droit de quitter la Russie, je ne suis pas un suspect. Je suis témoin et j'ai donné toutes les informations que j'avais, j'ai tout fait pour aider l'enquête. » Ganna Douritska, mannequin ukrainienne de 23 ans habitant à Bila Tserkva, à 70 km de Kiev, se trouvait avec Boris Nemtsov sur un pont à deux pas du Kremlin lorsque ce dernier a été assassiné par balle vendredi. « Les enquêteurs m'interrogent et ne me disent pas quand je serai libérée et pourquoi ils me retiennent ici. On m'explique que c'est pour des raisons de sécurité », a déclaré la jeune femme dans une interview à la chaîne d'opposition russe Dojd, lundi 2 mars.La jeune femme, qui affirme se trouver « dans l'appartement d'un ami à Moscou », a par ailleurs reconnu être « dans un état psychologique très difficile » et « se sentir mal ». Elle s'est refusée à évoquer les hypothèses à propos du meurtre : « Je ne pense rien (...), je ne sais pas qui a fait ça. » « Je ne sais pas comment l'assassin s'est approché, il était derrière moi, a-t-elle dit. Je veux rentrer à la maison, chez ma mère, mais je suis sous protection et on ne m'autorise pas à sortir. »Interrogée par la télévision ukrainienne, la mère de Ganna, Inna, a de son côté dit craindre pour la sécurité de sa fille. « Je pense qu'ils veulent la piéger, faire d'elle une coupable », a-t-elle dit dans une interview à la chaîne 1+1. Inna Douritska affirme que les enquêteurs russes veulent lier le meurtre de Boris Nemtsov à la crise ukrainienne, alors que l'opposant avait dénoncé quelques heures avant sa mort « l'agression » du président russe Vladimir Poutine en Ukraine, où le conflit dans l'Est séparatiste prorusse a fait 6 000 morts en dix mois. « J'en appelle au président ukrainien et au ministère des affaires étrangères afin qu'ils aident à faire revenir ma fille à la maison. Elle est innocente », a lancé Mme Douritska.Lire : Boris Nemtsov victime d'un climat de haine 02.03.2015 à 13h13 • Mis à jour le02.03.2015 à 17h36 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Le nouveau président italien, Sergio Mattarella, a troqué la Maserati pour la Fiat et le jet privé pour le vol régulier. Goût des choses simples ou calcul ­politique ? Les membres de l’équipage et les voyageurs du vol Alitalia reliant Rome à Palerme ce samedi 14 février n’en reviennent toujours pas. Ils ont vu ce jour-là monter à bord de l’appareil, comme n’importe lequel des 200 passagers, leur nouveau président de la ­République, Sergio Mattarella, élu deux semaines plus tôt. Celui-ci s’en allait, comme souvent le week-end, retrouver sur sa terre natale ses amis, sa famille, son coiffeur – à qui il doit le volume impeccable de sa belle chevelure blanche. Il vient aussi fleurir la tombe de son épouse, décédée il y a trois ans, et de son frère, assassiné pour le compte de la Mafia en 1980. Tous deux reposent au cimetière de Castellammare del Golfo.Pour les Italiens, cet aller-retour sur un vol régulier et avec un billet payé par ses soins est une première. Avant lui, tous les présidents avaient utilisé, pour une question de sécurité et peut-être de prestige, un des appareils de la flotte de l’Etat. Les présidents, mais également certains premiers ministres. C’est ainsi qu’à Noël, Matteo Renzi s’est rendu avec toute sa famille à la station de sports d’hiver de Courmayeur. Aux frais du contribuable.Ancien professeur de droit, plusieurs fois parlementaire, ex-membre de la Cour constitutionnelle, Sergio Mattarella, dont les sourires sont aussi rares que les discours, sait qu’il aura du mal à se hisser au niveau de popularité de son prédécesseur, Giorgio Napolitano. Ce dernier était surnommé le « roi ­Giorgio » en raison de ses manières compassées, de son habileté à surmonter les crises et d’une légende qui voudrait qu’il soit le fils naturel du dernier roi ­d’Italie. En neuf ans au pouvoir, sa cote de bonnes opinions est rarement tombée au-dessous de… 80 %.La Panda de l'ère nouvelleAussi le nouvel élu mise-t-il beaucoup – au moins dans un premier temps – sur sa réputation d’austérité, de probité et sur la simplicité de ses manières. C’est ainsi qu’on le vit monter dans une Fiat Panda grise pour se rendre au domicile d’un de ses enfants à Rome, la veille de son élection. Cette modeste Panda, qui tranche singulièrement avec les Lancia et autres ­Maserati dans lesquelles les hommes politiques italiens aiment à se faire promener, a tout de suite été interprétée comme annonciatrice d’une nouvelle ère. On nous permettra d’attendre un peu avant de se prononcer définitivement sur la question…Mais à peine était-il rentré de Palerme que Sergio ­Mattarella réservait une nouvelle surprise à ses compatriotes. Dans quelques mois, le temps d’aménager les lieux et de transférer quelques services, le palais du Quirinal, où il réside et travaille, sera ouvert tous les jours aux visites, une possibilité jusqu’alors offerte seulement les dimanches, et encore, de 8 h 30 à midi.« Je veux souligner le lien entre le Quirinal et l’histoire de notre pays », a écrit Sergio Mattarella le 16 février dans un communiqué. De nouvelles salles de ce palais de 1 200 pièces, construit à partir de 1 538 pour les papes, seront ouvertes aux touristes. Y compris son bureau, les jours où il sera en visite officielle.Lire aussi : Sergio Mattarella, un président italien au-dessus de tout soupçonCette décision n’est pas seulement un acte de ­générosité. Même si les Italiens sont fiers de l’apparat qui orne la fonction de président de la République, ils en connaissent aussi le prix. Les 110 500 mètres carrés (jardins compris) du Quirinal sont une « danseuse » dont l’entretien annuel s’élève à 228 millions d’euros, en comptant les salaires des 1 700 personnes (forces de l’ordre, salariés divers, conseillers) qui y travaillent. Bien que réduit par Giorgio Napolitano de 78 millions d’euros, ce budget dépasse celui de la Maison Blanche (136,5 millions d’euros pour 454 salariés), de l’Elysée (112,5 millions d’euros, 941 salariés) ou de ­Buckingham Palace (57 millions d’euros, 300 serviteurs). En temps de crise, ça fait désordre, même si les Italiens ne sont plus à un scandale près.En rendant à ses concitoyens une partie de l’effort qu’ils consentent pour l’entretenir dans tout le luxe dû à sa fonction, le modeste Sergio Mattarella démontre qu’il sait aussi faire de la politique. Les premiers sondages attestent qu’il a déjà marqué les esprits. Sa cote de confiance approche les 50 %. Pas si mal pour un homme encore inconnu il y a trois semaines.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier La production manufacturière en Europe reste en croissance, portée notamment par la faiblesse de l’euro. Mais cette progression est très très légère. Et, surtout, cette expansion masque des disparités géographiques importantes, la France continuant, notamment, à se situer en queue de peloton, avec un recul persistant de l’activité.Les résultats définitifs des enquêtes mensuelles d’opinion Markit auprès des directeurs d’achat du secteur manufacturier en Europe, publiés lundi 2 mars, montrent que l’indice PMI de la zone euro s’est établi à 51 en février, comme en janvier. La première estimation, publiée le 20 février, donnait toutefois l’indice à 51,1,Lorsque l’indice PMI dépasse les 50 points, c’est signe que l’activité progresse, tandis qu’elle se replie s’il est inférieur à ce seuil.Le sous-indice des nouvelles commandes à l’export a atteint son plus haut niveau depuis juillet 2014 et celui de l’emploi son plus haut niveau depuis avril 2014.L’emploi repart dans les entreprises de taille moyenne en EuropeMême si l’indice PMI se situe à son plus haut niveau depuis six mois, « le secteur manufacturier de la zone euro a à peine progressé en février, illustrant le malaise qui continue de peser sur l’économie industrielle de la région dans son ensemble », relativise toutefois Chris Williamson, économiste en chef de Markit.Surtout, insiste-t-il, cet indice global « masque de fortes divergences entre les rythmes de croissance des différents pays, le dynamisme enregistré en Irlande contrastant fortement avec la morosité du secteur manufacturier français. » Quelle est la situation en France ?La France fait exception en Europe : l’activité dans le secteur manufacturier s’y est contractée pour le dixième mois consécutif. L’indice global du secteur est ressorti à 47,6 contre 49,2 en janvier, un niveau légèrement en deçà de sa première estimation (47,7).Le volume des nouvelles commandes diminue une nouvelle fois, l’indice atteignant 45,0 contre 47,8 en janvier, soit la plus forte contraction depuis août. Le volume des nouvelles commandes à l’export diminue pour le dixième mois consécutif, à un rythme cependant moins marqué qu’auparavant.L’indice de l’emploi recule légèrement, à 48,5 contre 48,9 en janvier, signalant un onzième mois consécutif de suppressions de postes.Pourquoi la France reste-t-elle lanterne rouge de la zone euro ?« La France n’a pas encore réussi à restaurer un circuit économique efficient. D’une part, la consommation, indispensable à la production, n’a pas redémarré assez fortement. D’autre part, les entreprises restent dans un climat de défiance important, notamment en raison de l’instabilité fiscale actuelle », explique Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank.La situation hexagonale est d’autant plus inquiétante que même les pays périphériques d’Europe du Sud, autrefois les plus touchés par la crise, ont retrouvé une dynamique positive.En Italie, l’activité du secteur manufacturier a progressé en février pour la première fois en cinq mois. En Espagne, elle a également augmenté, et les nouvelles commandes ont atteint leur plus haut niveau depuis près de huit ans, bénéficiant du retour de la demande.« Ces deux pays bénéficient d’un rebond automatique après des années d’austérité, justifie M. Dembik. Par ailleurs, ils ont engagé des réformes fortes, leur assurant la lisibilité économique que n’a pas la France. »Ces éléments sont-ils de mauvais augure pour la croissance française ?Même si elle a notablement reculé en vingt ans, l’industrie reste le second secteur de contribution à l’économie française (20 % du PIB), derrière les services. Surtout, « c’est dans l’industrie que le pays peut s’illustrer en termes de compétitivité produits », souligne M. Dembik.Partant, le marasme persistant de ce secteur n’augure rien de bon pour la croissance française. « Même si on devrait être en ligne avec les 1 % de croissance prévus par le gouvernement en 2015, la France reste dans une situation de stagnation économique, notamment parce qu’il n’y a pas de créations d’emplois », conclut M. Dembik.« Le potentiel d’exportation de la France est sévèrement entamé »Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.03.2015 à 11h39 • Mis à jour le02.03.2015 à 14h26 Le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, plaide pour une restructuration « intelligente » de la dette de la Grèce, tout en prenant acte qu'un effacement serait inacceptable pour ses créanciers, dans une interview au quotidien allemand des affaires Handelsblatt, publiée lundi 2 mars.« Une décote est un gros mot. Je l'ai appris. Tout comme nous ne voulons pas entendre parler du mot “troïka”, nos créanciers ne veulent pas entendre parler du mot “décote”. C'est quelque chose que je comprends », a déclaré M. Varoufakis . « Il y a des solutions plus intelligentes. Nous pourrions reconvertir une partie des crédits que nous avons reçus du fonds de sauvetage européen FESF en obligations, dont le coupon et les remboursements seraient indexés sur l'évolution de notre produit intérieur brut. »« NÉGOCIER UN PACTE DE CROISSANCE »Les partenaires de la Grèce ont consenti la semaine dernière à prolonger jusqu'à juin leur programme d'aide au pays. D'ici là, Athènes et ses partenaires doivent se mettre d'accord sur un nouveau contrat, et le gouvernement d'Alexis Tsipras doit mettre en œuvre une série de réformes. « Je ne veux pas que l'Etat continue à s'endetter. Le nouvel accord que nous voulons négocier d'ici à fin juin doit consister en un pacte de croissance, qui s'appuierait sur des investissements du secteur privé », a plaidé M. Varoufakis.Lire le compte-rendu : La Grèce reçoit un premier feu vert pour prolonger le plan d'aideSelon lui, « si nous renouons avec la croissance et qu'une partie de notre dette est restructurée intelligemment, sans que le niveau nominal ne change, le problème de la dette peut être résolu ». La Grèce fait toutefois face à d'importantes échéances financières en mars, qu'elle aura du mal à honorer.« Nous avons des engagements vis-à-vis du Fonds monétaire international en mars et en avril. Dans le même temps, la Banque centrale européenne nous doit des intérêts d'un montant de 1,9 milliard d'euros perçus sur des obligations grecques. Nous proposons qu'une partie de cet argent serve au remboursement des prêts du FMI », poursuit le ministre, reprenant une suggestion qu'il a déjà faite à plusieurs reprises.Lire aussi : La Grèce réclame toujours une renégociation de sa dette Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Inhabituelle, la rapidité de la réaction de Vladimir Poutine a donné le ton. Dans l’heure qui a suivi l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, tué par balles au pied du Kremlin peu avant minuit, vendredi 27 février, le chef de l’Etat, par l’entremise de son porte-parole Dmitri Peskov a dénoncé un « meurtre prémédité » et une « provocation ». Ce dernier argument, qualifié de « méprisant » par l’opposition, a été abondamment repris par les médias proches du pouvoir, tout comme les théories échafaudées par le comité d’enquête de la Fédération de Russie, un organisme chargé de toutes les affaires sensibles dans le pays.Moscou : la foule dénonce un climat de haineEvoquant une « victime sacrificielle », un autre porte-parole, Vladimir Markine, a, dès vendredi soir, esquissé plusieurs scénarios, parmi lesquels « une provocation » destinée « à déstabiliser la Russie », une action de « ceux qui utilisent tous les moyens pour atteindre leur but politique », jusqu’à la piste « islamo-terroriste » en raison des positions favorables à Charlie Hebdo de la victime.Tout en présentant ses condoléances à la mère de la victime, âgée de 87 ans, qui a défilé dimanche, anonyme, parmi les manifestants, le chef de l’Etat a par la suite annoncé qu’il superviserait lui-même, à titre personnel, l’enquête confiée à un groupe formé par des enquêteurs du FSB (services de sécurité), du ministère de l’intérieur et du comité d’enquête.« Aucune menace »Ce dernier a promis une récompense de 3 millions de roubles (45 000 euros) à toute personne susceptible de fournir des informations. Aucune revendication ni aucun élément, à ce stade, ne permet de privilégier une piste ou de désigner les auteurs de cet assassinat. Mais fallait-il ajouter, comme le fit dans la foulée M. Peskov : « Avec tout le respect dû à la mémoire de Boris Nemtsov, il ne représentait aucune menace pour Vladimir Poutine. Si nous comparons avec les niveaux de popularité de Poutine et du gouvernement, celui de Boris Nemtsov dépassait à peine celui d’un citoyen moyen » ?« Probablement, c’était le but [des assassins], tuer à côté du Kremlin de sorte que certains puissent en tirer des conclusions », affirmait, dès samedi, l’agence Ria-Novosti, ajoutant : « Les partisans de Nemtsov et certains Occidentaux ont réagi immédiatement comme s’ils connaissaient ce fait d’avance. » Plusieurs médias ont repris la thèse défendue par les partisans du Kremlin selon laquelle cet assassinat « sert les intérêts des ennemis de la Russie ». La jeune Ukrainienne de 23 ans, Anna Douritskaïa, qui marchait au côté de Boris Nemtsov au moment du drame, n’a pas été épargnée non plus par les commentaires peu gracieux. Placée sous surveillance policière, elle ne peut pas quitter le territoire, ont fait savoir les enquêteurs, qui n’ont pas fini de l’interroger.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel Les prix ont reculé de 0,3 % dans la zone euro en février, selon les premières estimations publiées, lundi 2 mars, par Eurostat. C’est mieux qu’en janvier, où le recul avait été de 0,6 %. En cause, principalement : le recul des prix de l’énergie (- 7,9 % en février sur un an) observé depuis l’été 2014. Dans les pays du sud, notamment la Grèce et le Portugal, le taux de chômage élevé et le tassement des salaires pèsent également.Ce moindre recul des prix est probablement temporaire et devrait s’estomper à partir d’avril. Il n’en reste pas moins inquiétant aux yeux de nombreux économistes. Et il met la Banque centrale européenne (BCE) dans une position délicate.Quels sont les pays où les prix baissent le plus ?Selon les chiffres publiés vendredi 27 février, les prix à la consommation en Allemagne ont progressé de 0,1 % sur un an, après avoir reculé pour la première fois depuis 2009 en janvier (- 0,4 %). Mais, selon l’indice des prix harmonisé européen, qui permet une comparaison entre pays, c’est à un recul de 0,1 % qu’a dû faire face l’Allemagne.Ce chiffre est néanmoins meilleur que prévu : nombre d’économistes estiment qu’il y a là la preuve que les tensions déflationnistes s’estompent outre-Rhin.En revanche, les prix italiens et espagnols ont respectivement reculé de 0,2 % et 1,2 % sur un an. Sans surprise, les états du sud de la zone euro, où les salaires se sont tassés (voire ont reculé) et où les séquelles de la crise sont les plus dures, sont les plus exposés aux tensions déflationnistes.En Slovénie, les prix ont également reculé de 0,4 % sur un an. Le détail pour la France sera publié le 12 mars par l’Insee (celui des autres pays dans la foulée), mais là aussi, le chiffre devrait être négatif, ou proche de zéro.Inflation en France : « une situation presque inédite en soixante ans »La zone euro risque-t-elle la déflation ?L’inflation dans la zone euro reste ainsi loin de la cible de 2 % de la BCE, et elle n’est pas repassée au-dessus de cette barre depuis janvier 2013.Cela fait dire à nombre d’économistes que le risque de déflation - un recul généralisé, durable et auto-entretenu des prix dans l’union monétaire - est élevé. Un scénario inquiétant, car il serait le signe qu’une économie à l’arrêt.Pour l’instant, la zone euro n’est pas tombée dans cette spirale, et la légère amélioration de février est de bon augure.Reste que la situation de l’union monétaire est très fragile. Un nouveau choc, politique ou économique, pourrait la faire basculer dans la déflation.Que fait la BCE pour lutter contre le risque déflationniste ?Pour contrer cette menace, la BCE a mis en œuvre plusieurs mesures ces derniers mois. Elle a baissé son taux directeur au plus bas (0,05 %) et lancé plusieurs outils non-conventionnels, tels que les prêts géants aux banques (les « TLRO ») ou les rachats de créances titrisées d’entreprises (les ABS) sur les marchés.Le 22 janvier, elle a annoncé qu’elle se lancerait dans l’assouplissement quantitatif (quantitative easing en anglais, ou QE). Une politique qui consiste à racheter massivement des dettes publiques de la zone euro, dans l’espoir que cela maintienne des taux d’intérêt bas pour longtemps et que cela fasse baisser encore un peu l’euro face au dollar – le tout, dans l’espoir de raviver le crédit, les prix et la croissance.La Banque centrale européenne lève le voile sur ses débatsAu total, la BCE prévoit de racheter jusqu’à 1 040 milliards d’euros de dettes publiques et ce, à partir du mois de mars. Lors de sa réunion du jeudi 5 mars, qui se tiendra exceptionnellement à Chypre, l’institution pourrait dévoiler de nouveaux détails quant à ce programme. Et elle est attendue au tournant.Le « QE » sera-t-il efficace pour relancer la croissance et les prix ?Les doutes se multiplient déjà sur l’efficacité du QE. Pour qu’il fonctionne, il faudra que la BCE trouve des investisseurs à qui racheter des obligations souveraines. Et ce ne sera pas simple.Les banques et assureurs, qui détiennent la dette de qualité visée par la BCE, en particulier les titres allemands, finlandais ou français, n’ont pas la moindre envie de s’en séparer. Ils ne sauraient pas quels autres actifs sûrs acheter à la place… D’autant que les nouvelles réglementations financières les contraignent à détenir des titres les moins risqués possible.« C’est simple, aujourd’hui, personne ne veut vendre ses obligations à la BCE », confie un gérant de fonds. D’autres restent néanmoins convaincus que l’institution dispose de marges de manœuvre en la matière, ou saura les trouver.Mario Draghi, le président de l’institution, devra convaincre, lors de la réunion de la BCE du 5 mars, qu’il parviendra à atteindre ses objectifs, et détailler comment.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Simon Piel Son témoignage a déjà contraint UBS à verser en 2009 une amende de 780 millions de dollars (696 millions d’euros) aux Etats-Unis. La banque suisse a aussi dû rompre le secret bancaire et transmettre l’identité de 4 450 clients américains soupçonnés d’avoir fraudé le fisc. C’est désormais la justice française que Bradley Birkenfeld, 50 ans, ex-cadre de la banque, veut aider. Vendredi 27 février, pendant près de douze heures, il a témoigné à Paris devant le juge d’instruction du pôle financier Guillaume Daieff, qui enquête sur les pratiques de la banque en France.UBS, la banque suisse qui fraude aussiMise en examen pour démarchage bancaire illicite et blanchiment de fraude fiscale, UBS conteste les faits qui lui sont reprochés. « La crédibilité [de M. Birkenfeld], qui a fait des pieds et des mains pour être invité par le juge français, qui a dû recevoir une autorisation spéciale d’un juge américain pour pouvoir voyager du fait de son statut judiciaire de liberté surveillée et qui n’a jamais travaillé dans les activités sur lesquelles porte l’instruction, devrait être très limitée », commente la banque. S’il refuse de préciser quelles informations il a transmises au magistrat français, M. Birkenfeld décrit un système d’incitation à l’évasion fiscale pensé comme un « business plan ».Il raconte les voyages aux Etats-Unis depuis Genève où il travaillait, équipé d’ordinateurs sécurisés, pour aller rencontrer les riches clients américains mais aussi, et surtout, pour en recruter d’autres. « En cas de problème, la consigne était claire : rendez-vous à l’ambassade suisse », se souvient-il dénonçant ainsi la complicité du gouvernement de la Confédération. Ce sont les mêmes pratiques qui sont aujourd’hui reprochées en France à UBS.Un homme riche, très riche M. Birkenfeld n’hésite pas à parler d’« extorsion de fonds » de banque à Etats. Un terme plus souvent utilisé pour parler de la mafia. Mais il n’en a cure. Sa bataille est déjà gagnée. En 2009, le fisc américain a reconnu la crédibilité de son témoignage : « Les informations complètes fournies par ce dénonciateur étaient exceptionnelles, à la fois par leur ampleur et par leur étendue » et ont permis des « actions sans précédent contre UBS ». Pour le récompenser, le fisc américain lui a fait un chèque de 104 millions de dollars, soit, après impôt, 78 millions de dollars. Il est aujourd’hui riche, très riche. C’est d’ailleurs dans la suite d’un sublime palace parisien qu’il reçoit Le Monde lors de son passage à Paris. Mais dit-il, « c’est normal, compte tenu des milliards que le fisc américain a pu récupérer » grâce à lui. « J’ai fait cela parce que c’était la bonne chose à faire, explique-t-il. Ceux qui m’accusent d’avoir fait cela pour l’argent se trompent. En 2005, lorsque j’ai commencé par faire des signalements en interne, la loi prévoyant de récompenser les lanceurs d’alertes n’existait pas. »« Une justice corrompue »Bradley Birkenfeld n’a pas de mots assez durs contre la justice américaine qui l’a envoyé en prison pour complicité de blanchiment de fraude fiscale parce qu’il n’avait pas dénoncé son plus gros client. Sa période de probation doit s’arrêter en 2015. « Seul le lanceur d’alerte a été en prison dans cette histoire, dit-il. La justice américaine a montré à quel point elle pouvait se montrer incompétente, voire corrompue. »A Paris, l’enquête ouverte en avril 2012 progresse. Trois mandats d’arrêt européens ont été délivrés à l’attention du directeur de la gestion de fortunes pour l’Europe de l’Ouest et de deux responsables du département France International en Suisse. Les magistrats ont par ailleurs envoyé une commission rogatoire internationale à la justice allemande. Le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie possède en effet un disque dur chargé de données où pourraient figurer les noms de contribuables français qui ont fraudé le fisc avec l’aide d’UBS.En France, l’affaire UBS a aussi en partie éclaté à la faveur d’informations transmises par d’anciens salariés d’UBS avec qui M. Birkenfeld se veut solidaire. « Les lanceurs d’alertes ne font que parler de ce qui devrait être si la loi était appliquée. » Il envisage d’ailleurs de participer financièrement à la création d’un centre à Paris pour aider les lanceurs d’alertes et « éduquer » les gens sur ces démarches qui ne sont pas toujours comprises.« This is the grand lie »Il se souvient avoir vu des chargés d’affaires du desk France de Genève en visite à Paris en quête de grandes fortunes. Notamment lors d’une exposition consacrée à Rodin qu’il avait organisée en 2003. « Ces pratiques n’appartiennent pas au passé », explique-t-il. Et de citer Singapour, Dubaï ou Macau comme des places financières protégées des regards indiscrets.Quand on lui demande s’il détient encore des secrets sur UBS. Son regard s’allume : « Oui. Plus qu’ils ne le pensent. Malheureusement pour eux, j’ai gardé beaucoup d’informations. “This is the grand lie”, et je l’expliquerai encore et encore. J’aide la France aujourd’hui mais j’ai déjà aidé d’autres gouvernements. UBS, comme d’autres banques, s’est montrée tellement arrogante et cupide qu’elle a cru que cela ne finirait jamais. Mais nous sommes en train de tourner la page. »Simon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.03.2015 à 09h51 • Mis à jour le02.03.2015 à 10h02 Farabi Shafiur Rahman, un islamiste soupçonné d'être impliqué dans le meurtre du blogueur américain Avijit Roy, a été arrêté, lundi 2 mars, au Bangladesh. Avijit Roy et sa femme, Rafida Ahmed, elle aussi blogueuse, avaient été attaqués à coups de machette par deux individus jeudi soir à Dacca, la capitale du Bangladesh.Farabi Shafiur Rahman « est le principal suspect » du meurtre d'Avijit Roy, a dit un porte-parole des forces d'élite du Rapid Action Battalion (RAB) à l'AFP à propos de l'arrestation. « C'est un blogueur fondamentaliste » et Farabi avait menacé Avijit sur Twitter et Facebook. « La famille [d'Avijit Roy] nous a dit qu'il avait reçu des menaces de Farabi à plusieurs reprises ». Les forces d'élites du RAB, principalement spécialisées dans les violences religieuses, ont retrouvé des correspondances entre Farabi Shafiur Rahman et un autre homme à propos du meurtre d'Avijit Roy.Lire aussi : Au Bangladesh, un blogueur qui dénonçait l'extrémisme tué à coups de machetteFarabi Shafiur Rahman avait déjà été arrêté après le meurtre d'un autre blogueur athéiste, Ahmed Rajib Haider, en février 2013 mais avait ensuite été remis en liberté sous caution. Il est connu pour ses écrits sur Facebook contre les écrivains athées et militants anti-islamistes. Il s'agit du second meurtre d'un blogueur bangladais en deux ans et de la quatrième attaque contre un écrivain depuis 2004.Avijit Roy était un athée fondateur du blog Mukto-Mona (« libre pensée ») et un fervent promoteur du sécularisme dans ce pays où 90 % des 160 millions d'habitants sont musulmans. Né au Bangladesh, il avait émigré aux Etats-Unis, à Atlanta, il y a environ quinze ans. 24.03.2015 à 17h15 • Mis à jour le24.03.2015 à 17h37 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Une majorité confortable et idéologiquement cohérente, pour affronter un temps hostile. C’est ainsi que se présente la nouvelle coalition, très à droite, émergeant des élections législatives du 17 mars, qui ont vu le Likoud, la formation du premier ministre sortant, Benyamin Nétanyahou, devancer de six sièges l’Union sioniste (centre gauche).Mercredi 25 mars, le président Reuven Rivlin doit recevoir les résultats officiels des mains du chef de la Commission électorale centrale. Puis il accueillera dans sa résidence M. Nétanyahou, avec lequel il entretient des rapports exécrables, chargé dès lors de former le nouveau gouvernement.A moins d’une invraisemblable surprise de dernière minute, M.Nétanyahou va pouvoir entamer un 4e mandat en s’appuyant sur une majorité de 67 députés sur 120 à la Knesset. Contrairement à 2009 et 2013, il n’y aura pas de formation centriste présente à la table du conseil des ministres. Ses alliés sont la droite religieuse et ultranationaliste, ainsi qu’un ancien du Likoud, Moshe Kahlon, qui a lancé sa propre petite entreprise politique. En dehors du Likoud, quatre autres partis soutiennent la candidature de « Bibi ». Il s’agit des deux formations ultraorthodoxes Shass et Judaïsme unifié de la Torah, de Habayit Hayehoudi (« Foyer juif »), du ministre de l’économie Naftali Bennett, et d’Israel Beitenou (« Israël, notre maison »), du ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman.Une des difficultés pour M. Nétanyahou consiste à respecter le nombre maximal de ministres – 18 – fixé lors de la législature précédente. Cela n’arrange pas le chef du gouvernement, qui doit à la fois satisfaire ses partenaires dans la coalition et ses propres troupes, au Likoud, qui grimacent à l’idée d’être au final les moins bien servies, alors que le parti a écrasé la concurrence à droite. Les appétits sont aiguisés, la partie de bluff a commencé dès la soirée post-électorale.Lire aussi :« Bibi » encore « roi d’Israël », hélas !Fureur de la Maison BlancheLa plus grande opération de séduction lancée par Benyamin Nétanyahou a visé Moshe Kahlon. Le fondateur du parti Koulanou (« Tous ensemble ») a axé sa campagne sur les questions économiques et sociales. A quarante-huit heures du scrutin, M. Nétanyahou avait annoncé qu’il lui proposerait le poste de ministre des finances, en cas de victoire. Mais cela n’est pas suffisant pour M. Kahlon, qui prétend conduire des réformes ambitieuses, notamment dans le secteur du logement. Pour cela, il réclame le contrôle de l’administration gérant les terres de l’Etat, une institution cruciale, ainsi que la présidence, pour son parti, de la commission des finances à la Knesset, au cœur des secrets budgétaires.Avigdor Lieberman et Naftali Bennett se battent tous deux pour les postes de ministre de la défense et les affaires étrangères, rapporte la presse israélienneAryé Déri, du parti religieux Shass, rêve de deux portefeuilles, l’intérieur et les affaires religieuses. Avigdor Lieberman et Naftali Bennett se battent tous deux pour les postes de ministre de la défense et les affaires étrangères, rapporte la presse israélienne. Affaibli, M. Lieberman veut négocier chèrement les six sièges qu’il contrôle. Il espère la réintroduction de la peine de mort pour les terroristes. M. Bennett, dont l’électorat, dans les colonies en Cisjordanie, a été largement siphonné par le Likoud, estime que sa promotion à la défense ou aux affaires étrangères serait une récompense politique normale. Mais M. Nétanyahou est satisfait de l’action de Moshe Yaalon à la défense. Quant au poste de ministre des affaires étrangères, il pourrait échoir à une figure moins marquée à droite, moins sulfureuse. Le premier ministre sait à quel point les prochains mois vont être complexes pour Israël sur la scène internationale. Barack Obama n’a pas attendu la formation de la coalition pour critiquer la ligne populiste de M. Nétanyahou avant le vote. L’orage menace entre les deux alliés stratégiques. Dernier épisode en date : selon le Wall Street Journal, les Israéliens ont espionné les négociations secrètes conduites avec les Iraniens, puis diffusé certains détails aux élus républicains au Congrès, à la fureur de la Maison Blanche.Lire aussi :Israël/Etats-Unis : une défiance sans précédentDérapage calculé, le jour du vote « Bibi » sait que sa position risque d’être vite inconfortable. Il pourrait être soumis à la pression de ses alliés, américain et européens et, d’autre part, confronté à l’intransigeance de ses partenaires de droite refusant tout retrait de Cisjordanie ainsi que le gel des constructions illégales. D’ores et déjà, M. Nétanyahou s’est consacré à la réparation des dégâts provoqués par ses derniers jours de campagne, consacrés à la séduction de l’électorat indécis de la droite dure. Il avait remis en cause son engagement en faveur d’un Etat palestinien, estimant que les circonstances n’étaient plus réunies. Depuis, il a assuré aux télévisions américaines qu’il avait été mal compris.Et puis, il faut gérer les retombées de son dérapage calculé, le jour du vote. « Bibi » a électrisé la droite en brandissant la menace d’une mobilisation massive des Arabes israéliens. Accusé de racisme, il a réuni, lundi, des responsables de la communauté arabe, mais sans aucun membre de la Liste arabe unie, arrivée en 3e position lors de l’élection législative. « Je sais que mes propos ont offensé certains citoyens d’Israël, certains Arabes israéliens. Ce n’était pas mon intention. Je le regrette », a-t-il concédé. Mais le premier ministre n’a pas pu résister à l’envie de poursuivre dans la veine de la campagne, en ajoutant : « Je pense aussi qu’aucun élément extérieur à l’Etat d’Israël ne devrait interférer dans notre processus démocratique. » Une fois de plus, les démocrates américains et les ONG qu’ils soutiendraient étaient visés. Cette question pourrait rapidement revenir au centre des débats de la 20e Knesset. M. Bennett veut promouvoir un texte sur la transparence des ONG, à l’instar de ce qu’a introduit la Douma russe. Il s’agirait de les classer en tant qu' « agents étrangers », si une partie de leur financement vient d’ailleurs.Lire aussi :Le triomphe de Nétanyahou sape l’espoir d’un Etat palestinienPiotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.03.2015 à 16h59 Sa première visite d'Etat officielle en France devait durer trois jours. Le crash de l'Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings, qui reliait Barcelone à Düsseldorf, en a décidé autrement. Mardi 24 mars, quelques heures après son arrivée à Paris, le roi d'Espagne, Felipe IV, a annoncé :« Suite à des conversations que nous avons menées entre le président François Hollande et le chef du gouvernement [espagnol Mariano] Rajoy, nous avons décidé d'annuler ce voyage. »Sur le perron de l'Elysée, le monarque, accompagné de son épouse, Letizia, a présenté ses condoléances aux familles des passagers et des membres de l'équipage. Il n'y aurait aucun survivant parmi les 150 personnes présentes à bord de l'appareil lors de l'accident, a fait savoir la présidence française. « Nous savons que le nombre des victimes est extrêmement élevé », un « grand nombre d'Espagnols, d'Allemands, mais aussi des Turcs », a, de son côté, détaillé Felipe VI.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kfy2h"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kfy2h", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Avant de regagner son pays, le souverain espagnol devait se rendre dans l'après-midi au ministère de l'intérieur pour faire un point avec les autorités françaises sur les opérations de secours et les premières analyses sur les circonstances de cette tragédie.Discours devant l'AssembléeIl avait été accueilli à midi, aux Invalides, par le chef du gouvernement, Manuel Valls, peu après l'annonce du crash dans la région de Digne-les-Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il devait initialement inaugurer avec François Hollande une grande exposition consacrée au peintre Diego Velasquez au Grand Palais, avant un dîner d'Etat à l'Elysée. Le point d'orgue de ce voyage devait être le discours que le roi d'Espagne devait prononcer – en français – devant l'Assemblée nationale mercredi après-midi, 22 ans après celui de son père, Juan Carlos. Ce déplacement constituait sa première visite d'Etat officielle à l'étranger depuis son accession au trône en juin 2014, après l'abdication de Juan Carlos, dont la fin de règne avait été ternie par les scandales (lien en édition abonnés). Felipe IV s'était en effet brièvement rendu en France le 22 juillet et avait eu l'occasion de déjeuner à l'Elysée.Lire aussi en édition abonnés : Felipe VI, le roi qui veut reconquérir ses sujetsL'été dernier, François Hollande avait déjà dû reporter in extremis une tournée dans l'océan Indien après le crash d'un appareil d'Air Algérie au Mali, dans lequel 54 Français avaient péri. 24.03.2015 à 15h16 • Mis à jour le24.03.2015 à 18h23 | Guy Dutheil et Martin Untersinger A 10 heures précises, ce mardi 24 mars 2015, l'Airbus A320-211 immatriculé D-AIPX de la compagnie Germanwings a quitté les pistes de l'aéroport international El-Prat de Barcelone, en Espagne, à destination de Düsseldorf, en Allemagne. Quelques heures auparavant, il avait fait le trajet en sens inverse : il avait décollé de l'aéroport de Düsseldorf à 7 heures et une minute et avait atterri dans la capitale catalane peu avant 9 heures.Les données recueillies par un réseau de récepteurs radio amateurs puis agrégées par Flightradar permettent d'avoir un aperçu de son vol. Après son décollage de l'aéroport de Barcelone, l'avion a survolé la mer Méditerranée, gagnant peu à peu de l'altitude. Il atteint 30 000 pieds (9 km) à 10 h 17 au milieu du golfe du Lion, puis 38 000 pieds (11,5 km) à 10 h 27, au large de Toulon (Var). Sa vitesse était stable, autour de 470 nœuds (870 km/h). Des altitudes et une vitesse qui n'étaient pas anormales pour un vol moyen-courrier.Suivez l'évolution de la situation en direct : Crash d'un Airbus A320« Perte radio »Selon les informations obtenues par Le Monde, c'est l'ingénieur de permanence de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) qui a déclenché l'alerte. A 10 h 30, l'ingénieur a informé sa hiérarchie « d'une perte radio avec l'avion ».En pratique, un avion doit se connecter à intervalles réguliers par radio avec les contrôleurs au sol. Cette fois, l'A320 de la Germanwings n'a plus répondu aux multiples appels. Outre le défaut de communications par radio avec l'équipage de la Germanwings, l'ingénieur de permanence a aussi constaté que l'appareil ne suivait pas sa route et perdait de l'altitude. « C'est donc la conjonction entre la perte de contact radio et la mise en descente de l'appareil qui a conduit le contrôleur aérien a déclencher la phase de détresse, la Détresse FA », ajoute encore la DGAC.Immédiatement, pour prévenir notamment tout acte de terrorisme, un avion de chasse de l'armée de l'air est allé au contact de l'appareil ainsi qu'un hélicoptère de la gendarmerie.En regardant les données de Flightradar, on voit qu'entre 10 h 31 et 10 h 32, alors qu'il commence à survoler les contreforts des Alpes, l'Airbus entame une forte descente. Cette dernière est régulière : il ne s'agit pas d'une chute à pic. Pour une raison encore inconnue, il descend à environ 1 kilomètre par minute, à vitesse constante jusqu'à 10 h 41, au moment où les radars amateurs perdent sa trace. La compagnie Germanwings affirme pour sa part que la chute a duré huit minutes, et qu'elle a perdu le contact à 10 h 53.UPDATE #Germanwings #4U9525 had a linear descent around -3,000ft/min http://t.co/wFg8KTSve2 http://t.co/WJ7xIxubXz— AirLive.net (@airlivenet)require(["twitter/widgets"]);L'un des A320 les plus âgés en circulationLa veille, lundi 23 mars, un autre avion de la compagnie Germanwings avait assuré la liaison entre Barcelone et Düsseldorf en suivant exactement le même chemin. Il avait survolé sans encombre l'endroit où l'Airbus A320 s'est écrasé, avant de se poser, à midi, à Düsseldorf.Lire : L’A320, le best-seller d’AirbusL'A320, fabriqué par Airbus, est un modèle d'avion extrêmement répandu, notamment pour les vols moyen et court-courriers. Le modèle qui s'est écrasé faisait partie des Airbus A320 les plus âgés encore en circulation : construit en 1990, il avait été mis en service en 1991 par la compagnie allemande Lufthansa. Les premiers modèles de ce type d'A320 ont été mis en service à la toute fin des années 1980. Le D-AIPX avait effectué 46 700 décollages pour un total de 58 300 heures de vol, a précisé Airbus dans un communiqué.Utilisé par Germanwings, filiale de Lufthansa, pendant un an (entre juillet 2003 et juillet 2004) il avait repris sa place dans la flotte Lufthansa, et avait même reçu un nom, « Mannheim ». L'avion avait recommencé à voler sous les couleurs de Germanwings depuis la fin du mois de janvier.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kfpeu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kfpeu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yohan Blavignat Selon les dernières informations de Météo France, les conditions météo étaient « particulièrement calmes au moment du crash » de l’airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings, mardi 24 mars aux alentours de 11 heures. L’avion s’est écrasé dans le massif des Trois-Evêchés, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les hélicoptères de la gendarmerie ont repéré l’appareil au sud de la commune de Méolans-Revel, à 12 kilomètres de Barcelonnette.Lire aussi : Crash de l’Airbus A320 de Germanwings : ce que l’on saitLe temps était alors sec et le ciel totalement dégagé durant toute la matinée avec un vent faible, voire nul. Météo France ajoute que « des nuages dangereux comme des cumulonimbus n’étaient pas présents ».Des crêtes de plus de 2 500 mètres d’altitudePourtant, sur la commune de Méolans-Revel, la pluie a fait son apparition ce matin avec un vent à 7 km/h, selon le site de Météo France. Les seules zones concernées par des pluies et des orages étaient le golfe du Lion et la Méditerranée que l’avion avait survolés en début de matinée.Non loin de cette commune se trouve le plus haut sommet du massif, la tête de l’Estrop, à 2 961 mètres d’altitude, situé à l’extrémité sud-ouest des Trois-Evêchés, entre Digne-les-Bains, Gap et Barcelonnette. En bordure de la zone des Alpes, l’altitude des crêtes est supérieure à 2 500 mètres. A l’inverse, les montagnes au sud et à l’ouest de ce sommet dépassent rarement les 2 000 mètres. Ce massif est prisé des amateurs de sports d’hiver avec trois stations – Val d’Allos, Pra Loup et Saint-Jean Montclar – et de canyonisme avec deux descentes exceptionnelles et de haut niveau, Male Vesse et Bussing.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kfpeu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kfpeu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Yohan Blavignat 24.03.2015 à 14h43 • Mis à jour le24.03.2015 à 15h21 | Clément Guillou Le témoignage de Lance Armstrong devant la Commission indépendante pour la réforme du cyclisme (CIRC) n'est pas de nature à justifier une réduction de sa suspension, explique au Monde le directeur général de l'Agence mondiale antidopage (AMA), David Howman. L'ex-septuple vainqueur du Tour de France, déchu pour dopage en 2012 suite à l'enquête de l'Agence américaine antidopage (Usada), est suspendu à vie de toute compétition sportive. Dans l'espoir de voir sa suspension réduite et de pouvoir participer notamment à des courses de triathlon, le Texan avait accepté de témoigner en Suisse devant la CIRC dont le rapport a été publié par l'Union cycliste internationale (UCI) le 9 mars.Depuis la publication du rapport, Lance Armstrong aurait rencontré Travis Tygart, le directeur de l'Usada et responsable de sa chute, comme le rapportent plusieurs médias américains. C'est en effet à l'Usada qu'appartient le pouvoir de modifier la sanction.« Son témoignage ne valait pas grand-chose »Interrogé mardi 24 mars en marge d'une réunion à Lausanne, David Howman, assure :« La CIRC n'a pas recommandé à l'AMA de réduire sa suspension. Il n'a donné aucune information, à quiconque, de nature à provoquer une réévaluation de sa suspension. Son témoignage ne valait pas grand-chose. »Après la publication dudit rapport, le président de l'UCI, Brian Cookson, s'était déjà montré réservé sur l'hypothèse d'une remise de peine pour Lance Armstrong, renvoyant la balle à l'Usada. « Je n'ai aucune envie d'être le président qui a laissé Armstrong s'en tirer », avait indiqué le Britannique à quelques journalistes.La commission avait pointé dans son rapport la « différence frappante » entre la suspension à vie imposée à Armstrong et celle de six mois réservée à ses anciens coéquipiers, ainsi récompensés pour avoir dit ce qu'ils savaient. C'est d'ailleurs avec cet appât d'une réduction de suspension que la CIRC avait convaincu le Texan de venir s'exprimer devant elle, à deux reprises.Il n'est pas sûr que l'ancien coureur, aujourd'hui âgé de 43 ans, ait encore des éléments à révéler sur le dopage dans le peloton et ses relations avec l'UCI, tant les deux sujets ont été examinés de près dans les enquêtes de l'Usada et de la CIRC.Lance Armstrong pourrait cependant, selon le Daily Mail, participer à une opération caritative en faveur de la lutte contre la leucémie durant le prochain Tour de France, en roulant un jour avant la course. Une hypothèse qui inquiète l'UCI et que ne souhaitent pas commenter les organisateurs du Tour.Clément GuillouJournaliste au Monde Gilles Paris (Washington, correspondant) La missive prétend « enrichir la connaissance » de ses destinataires en matière d’organisation institutionnelle américaine, mais elle constitue en fait un geste de défiance sans guère de précédent vis-à-vis du président démocrate Barack Obama et n’a pas fini de faire des remous. Alors que des négociations difficiles sont en cours sur la question du programme nucléaire iranien, quarante-sept sénateurs républicains ont fait paraître lundi 9 mars une lettre ouverte à l’attention des « leaders de la République islamique d’Iran » dans laquelle ils affirment que le Congrès des États-Unis sera en mesure de bloquer un accord s’il le juge non satisfaisant. Sous prétexte de rappeler la durée des mandats américains, la missive précise que le président quittera la Maison Blanche en janvier 2017, mais que la majorité des signataires seront, eux, toujours en fonction.« Coalition improbable »Survenant moins d’une semaine après le discours très alarmiste prononcé devant ce même Congrès par le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, le 3 mars, l’initiative a été lancée par un jeune sénateur de l’Arkansas, Tom Cotton, élu en novembre. Elle a provoqué une vive réaction de la Maison-Blanche. M. Obama a moqué une « coalition improbable », les membres du Congrès faisant à cette occasion « cause commune » avec les radicaux iraniens également opposés, pour des raisons diamétralement opposées, aux négociations en cours. Le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest a jugé que cette lettre visait à affaiblir le président dans sa capacité à conduire la politique étrangère du pays, comme le prévoit la Constitution.Mais les critiques les plus virulentes sont venues du vice-président Joe Biden, ancien membre éminent de la commission des affaires étrangères du Sénat dont l’actuel président, le républicain Bob Corker, n’a pas paraphé le document. « Au cours de mes trente-six années passées au Sénat des Etats-Unis, je n’ai pas le souvenir d’un autre exemple dans lequel des sénateurs s’adressent directement à un pays étranger pour lui signifier que le président n’a pas l’autorité constitutionnelle pour conclure un accord avec lui », a assuré M. Biden, par ailleurs président en titre du Sénat, jugeant le message des sénateurs républicains « faux et dangereux ».Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dans les rangs de l’ancienne majorité, on ironise sur le retour de la « troïka ». Aux yeux de la gauche de la gauche, l’heure, pour le gouvernement d’Alexis Tsipras devrait être « à la désobéissance ou à la rupture »… En Grèce, mardi 10 mars, les réactions sont parfois cinglantes au lendemain d’une réunion de l’Eurogroupe, qui a vu le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis accepter que les experts de la « troïka » des créanciers du pays (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne) entament une mission d’expertise technique de l’état des finances grecques et des projets de réformes du gouvernement, dès mercredi 11 mars.Il faut dire que cela faisait des semaines que le gouvernement de M. Tsipras déclarait, à qui voulait l’entendre, qu’il n’était plus question de subir la tutelle de cette troïka, dont il contestait à la fois les méthodes, le caractère non démocratique et les résultats désastreux.Pourquoi Athènes accepte de composer avec la « troïka »« Mêmes personnes, même protocole »Imposée par les voisins européens de la Grèce comme un préalable à tout versement d’une aide financière, la « revue » à laquelle va se livrer la troïka va se traduire par « la venue à Athènes des mêmes personnes, pour discuter des mêmes ministères, pour mettre en œuvre le même protocole », a tenu à souligner Kostas Karagounis, le porte-parole du parti d’opposition conservateur Nouvelle Démocratie. Sur le site internet ISKRA, qui relaie les opinions de "la plateforme de gauche", un courant dissident interne à Syriza, le parti de M. Tsipras, au pouvoir, l’article principal de réaction à l’Eurogroupe d’hier était titré « L’étau qui se resserre autour de la gorge de la Grèce », et invitait le gouvernement « à la désobéissance ou à la rupture ».La plateforme de gauche est certes un courant minoritaire, mais qui entend faire pression sur le gouvernement Tsipras pour qu’il ne renonce pas à ses promesses de campagne d’en finir avec l’austérité et avec la mise sous tutelle internationale, dont la troïka était devenue le symbole.Changement sémantique insuffisantAlors, certes, le gouvernement grec insiste sur le fait que l’on ne parle plus de troïka, mais des « institutions », et que les experts de celles-ci ne reviendront pas à Athènes. L’abandon du mot troïka était acquis depuis l’accord conclu le 20 février entre la Grèce et ses créanciers sur une prolongation du plan d’aide pendant quatre mois. Le premier rendez-vous entre les équipes du gouvernement grec et celles des « institutions » aura lieu à Bruxelles.« La troïka, comme nous la connaissions, appartient au passé, ainsi que la pratique visant à autoriser des membres de la troïka à venir parler directement avec les ministres à Athènes », a insisté le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis sur une chaîne de télévision grecque, mardi matin.« Le ministre des finances, Yanis Varoufakis parlera avec "les institutions", les décisions seront prises au niveau politique et des discussions de cadres techniques se tiendront à Bruxelles », a-t-il ajouté.Mais ces changements sémantiques et de lieu d’intervention ne constituent pas un baume suffisamment apaisant. D’autant moins que le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a, lundi, encore utilisé le terme de "troïka". Et que, de son côté, Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, a affirmé que les discussions techniques se passeront aussi à Athènes.En tout cas, un député grec, issu des rangs du parti de la gauche radicale Syriza, veut voir dans « l’insistance de Schäuble à utiliser de nouveau ce terme, au moment même où l’Eurogroupe oblige la Grèce à entamer immédiatement la mission de contrôle, le signe d’une grande suffisance et marque le désir d’humilier notre gouvernement en lui retirant jusqu’aux victoires les plus symboliques. »« Au moins le gouvernement se bat pour nous »« Ce n’est pas sur le fond qu’il y a des tensions, car l’accord du 20 février conclu avec l’Eurogroupe prévoit bien que le gouvernement grec et ses créanciers doivent travailler ensemble pour encore quatre mois, en mettant en place une mission d’évaluation des réformes. C’est sur la forme, sur le "où" et "avec qui" », explique l’économiste Georges Pagoulatos.Mais, selon ce dernier « il semble logique pourtant que des rencontres aient lieu aussi à Athènes, car les éléments techniques sont ici, dans les ministères. Il faut un contact direct et continu jusqu’à la fin de l’évaluation. »Pour autant, une majorité de Grecs semble continuer de soutenir le gouvernement d’Alexis Tsipras comme Roula Dimitriadou, cliente mardi matin d’un magasin de bijoux fantaisie à Athènes. « Nous voyons bien qu’ils veulent le faire plier et peut-être vont-ils y parvenir, mais au moins, lui, il essaie, il négocie, il se bat pour nous », pense la jeune femme.Besoin urgent de liquiditésAthènes possède en fait une marge de manœuvre assez faible dans les négociations car, l’Etat grec a un besoin urgent de liquidités. En mars, il doit décaisser 6 milliards d’euros au total en remboursements de prêts. Et ne recevra la dernière tranche du deuxième plan d’aide (environ 7 milliards d’euros) qu’une fois la « mission » technique de la troïka terminée et l’accord sur les réformes bouclé.« Le gouvernement a prévenu à plusieurs reprises ces derniers jours qu’il avait de quoi payer les retraites et les salaires des prochaines semaines mais en laissant ouvert la perspective de ne pas payer d’autres obligations, comme certaines factures à des fournisseurs ou des retours sur impôts, souligne M. Pagoulatos. La pression liée au niveau des liquidités est donc réelle mais aucun gouvernement, celui-là comme les autres, ne peut se permettre de ne pas rembourser les emprunts à nos créanciers internationaux. » « Tous les hommes politiques et les citoyens grecs doivent rapatrier leur argent en Grèce. Nous menons une bataille dans laquelle chaque euro compte », a quant à lui déclaré le ministre d’État, Alekos Flambouraris mardi matin à la télévision grecque.Jeroen Dijsselbloem, l’homme que le dossier grec a rendu populaireAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.03.2015 à 14h26 • Mis à jour le10.03.2015 à 14h44 Dans la foulée d'un raid de talibans contre une école de Peshawar, qui avait fait cent cinquante-trois morts à la mi-décembre, les autorités avaient levé partiellement le moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis 2008, autorisant les exécutions par pendaison de condamnés à mort dans les seules affaires de terrorisme. Des organisations de défense des droits humains, l'Organisation des Nations unies et l'Union européenne avaient dénoncé cette décision et la reprise rapide des exécutions. Malgré ces protestations, le moratoire est désormais complètement levé.Lire : Un carnage sans précédent traumatise le Pakistan« Le ministère de l'intérieur a ordonné aux autorités provinciales d'exécuter tous les prisonniers condamnés à mort dont les demandes de grâce ont été rejetées », a déclaré mardi 10 mars un responsable au ministère de l'intérieur. Une seconde source gouvernementale a confirmé cette mesure.8 000 condamnés à mort, 500 demandes de grâce« La facilité avec laquelle ce gouvernement a renié ses engagements pris il y a à peine deux mois est choquante », a réagi Sarah Belal, avocate à Justice Project Pakistan (JPP), une organisation non gouvernementale qui défend de nombreux condamnés à mort.Selon Amnesty International, près de huit mille condamnés à mort croupissent aujourd'hui dans les prisons au Pakistan, pays de deux cents millions d'habitants. Et plus de cinq cents demandes de grâce attendent une réponse du président Mamnoon Hussain, dont dix-neuf ont déjà été rejetées, selon l'organisation JPP.Sanctions à la cléLe maintien du moratoire avait été considéré comme l'un des points clés ayant permis au Pakistan d'accéder, il y a un peu plus d'an, au statut de GSP Plus (Generalised Scheme of Preferences, système de préférences généralisées Plus de l'Union européenne), l'autorisant à exporter sans barrière douanière de nombreux produits, notamment textiles, vers l'Union européenne, son premier partenaire économique.Avec une main-d'œuvre payée l'équivalent de 80 euros par mois, le textile fournit plus de la moitié des exportations pakistanaises, avec des ventes évaluées à environ dix milliards d'euros l'an dernier et destinées principalement à l'Europe. 10.03.2015 à 13h22 Le parti libéral du premier ministre néerlandais, Mark Rutte, se retrouve sur la sellette mardi 10 mars, au lendemain de la démission de son ministre de la justice, en plein scandale sur un accord remontant à quinze ans avec un trafiquant de drogue, et ce à une semaine d'élections qui détermineront la composition du Sénat.MM. Opstelten et Teeven ont annoncé leur démission lundi soir lors d'une conférence de presse organisée en urgence à La Haye, quelques heures après que le ministère eut indiqué avoir trouvé une preuve du montant exact payé à l'époque — 4,7 millions de florins (2,13 millions d'euros) — au trafiquant de drogue Cees H. Ivo Opstelten avait affirmé l'année dernière aux députés que ce montant était de 1,25 million de florins, avant de se rétracter et d'assurer qu'aucun détail sur cette transaction n'était disponible.Selon les médias néerlandais, cette démission est « un coup très dur » pour les libéraux du Volkspartij voor Vrijheid en Democratie (VVD, Parti populaire libéral et démocrate) : le ministre de la justice, Ivo Opstelten, et son adjoint Fred Teeven étaient « les symboles de la lutte musclée contre le crime », un des fondements de la politique de Mark Rutte. Ce qui pourrait laisser la porte grande ouverte aux candidats du Parti pour la liberté (PVV) du populiste Geert Wilders, très présent sur le thème de la sécurité.« Tout risque de vaciller »La semaine prochaine doivent se tenir des élections provinciales, dont le résultat aura une influence sur la composition du Sénat, où la coalition gouvernementale de Mark Rutte (avec les travaillistes du PVDA, qui se refusent à critiquer M. Opstelten) ne dispose pas de la majorité. « Si le résultat des élections n'est pas bon, tout risque de vaciller », prévient le quotidien populaire Algemeen Dagblad, rappelant que plusieurs démissions ont récemment eu lieu au sein du parti, notamment à cause de doubles notes de frais. Selon la télévision publique NOS (Nederlandse Publieke Omroep, Radiodiffusion publique des Pays-Bas), il s'agit d'une « claque » pour les libéraux et pour le premier ministre, l'intégrité du parti étant une nouvelle fois remise en question.Au cours des années 1980 et 1990, Cees H. dirigeait un réseau international de trafic de drogue. Dans le cadre de son enquête, le parquet néerlandais saisit en 1993 des comptes luxembourgeois lui appartenant. Mais le parquet ne peut prouver que tous les biens saisis sont issus des recettes du trafic, selon le quotidien NRC.Next, et doit donc en rembourser une partie. Fred Teeven, alors magistrat, signe un accord avec le criminel, sans en informer sa hiérarchie. Cet accord prévoit le versement de l'argent sans que les services fiscaux en soient informés, selon les médias néerlandais, qui assurent qu'il s'agit de facto de blanchiment d'argent. Interrogé l'année dernière par les députés sur l'affaire après la diffusion d'un reportage sur le sujet par NOS, M. Opstelten avait assuré qu'il n'y avait aucune preuve de cet accord. A la suite de la diffusion de nouveaux reportages, une nouvelle enquête a été ouverte. 10.03.2015 à 11h27 La police birmane a réprimé à coups de matraque une marche étudiante et a procédé à des interpellations, mardi 10 mars. Les policiers antiémeutes sont entrés dans un monastère bouddhiste où une partie des manifestants contre une réforme de l'éducation avait trouvé refuge, à Letpadan, dans le centre du pays.La tension est montée d'un cran lorsque les quelque cent cinquante opposants bloqués par la police depuis une semaine ont tenté mardi matin de briser le cordon qui les encerclait. Les étudiants estiment que les autorités n'ont pas respecté un accord conclu entre les deux parties, qui devait permettre la poursuite de la marche vers Rangoun.Critiques contre la réforme de l'éducationIls jugent antidémocratique la réforme de l'éducation et réclament des changements, dont la décentralisation du système éducatif, la possibilité de créer des syndicats et un enseignement dans les langues des nombreuses minorités ethniques du pays.Le militantisme étudiant est une importante force politique en Birmanie, où des jeunes ont été à la tête de plusieurs soulèvements à l'époque de la junte, dont celui de 1988.Cette révolte étudiante survient sur fond de pression internationale sur le gouvernement à l'approche des législatives, à la fin de l'année, promises démocratiques. Mais d'ores et déjà, l'opposante Aung San Suu Kyi, figure de la lutte contre la junte et Prix Nobel de la paix, ne pourra accéder à la présidence, même si son parti remporte le scrution.Le pays est sorti en 2011 de décennies de régime militaire autoritaire et a depuis engagé de nombreuses réformes, mais les observateurs craignent un rétrogradation des autorités. Clément Guillou Dix personnes, dont les trois sportifs Florence Arthaud (voile), Camille Muffat (natation) et Alexis Vastine (boxe), sont mortes lundi 9 mars en Argentine dans une collision entre deux hélicoptères.Les trois champions étaient en tournage pour un jeu de télé­réalité de TF1 intitulé « Dropped ». Ils ne sont pas les premiers sportifs à trouver la mort dans une catastrophe aérienne.Le Torino (1949)La catastrophe du Superga, le 4 mai 1949, a changé le football italien. Ce jour-­là, le Fiat G­212 de la compagnie Aeritalia s'écrase sur cette colline des environs de Turin. L'appareil transporte l'équipe du football du Torino, le club de la classe ouvrière de la capitale du Piémont.A cette époque, on parle du « Gran Torino ». Depuis la deuxième guerre mondiale, le football offensif de l'équipe assemblée par le Hongrois Ernest Ebstein est irrésistible. Elle remporte cinq Scudetti — en 1943, 1946, 1947, 1948 et 1949. Dix-­huit joueurs, dont huit internationaux italiens et l'international français Emile Bongiorni, font partie des trente et une victimes. Le Torino rentrait d'un match amical à Lisbonne. Le grand buteur hongrois László Kubala, qui devait prendre l'avion, avait annulé son déplacement en raison de la maladie de son fils. Marcel Cerdan (1949)Le boxeur star des années 1940 est parmi les passagers du Paris-­New York d'Air France qui s'écrase sur une montagne des Açores le 28 octobre 1949, faisant quarante-huit morts. Il rejoignait Edith Piaf aux Etats- Unis.Cerdan attendait sa revanche contre le grand Jake LaMotta, prévue au Madison Square Garden en décembre, six mois après une défaite face à l'Américain à Detroit. « Le Bombardier marocain » était devenu un an plus tôt champion du monde des poids moyens en battant Tony Zale.Les « Busby Babes »  (1958)Comme le Torino neuf ans plus tôt, Manchester United est décimé dans l'accident de l'avion qui transporte l'équipe en 1958. Les « Busby Babes », la génération dorée emmenée par l'entraîneur Matt Busby, disparaît dans un crash. Elle rentrait d'un match de coupe d'Europe à Belgrade et faisait escale en Bavière. Au décollage de Munich, l'avion s'écrase en bout de piste, tuant une vingtaine de personnes, dont huit joueurs.Les « Busby Babes » étaient surnommés ainsi en raison de la faible moyenne d'âge de l'équipe lors de sa victoire dans le championnat anglais en 1956 et en 1957. Duncan Edwards, prodige de l'époque, figure parmi les victimes. Bobby Charlton, qui mènera l'Angleterre à la victoire en Coupe du monde en 1966, réchappe de l'accident.Equipe de patinage artistique américaine (1961)Toute l'équipe américaine de patinage artistique meurt dans l'accident du vol 548 de la Sabena à Berg, en Belgique, le 15 février 1961. La délégation se rendait aux championnats du monde en Slovaquie, qui sont annulés par la fédération internationale après l'accident du Boeing 707. Le patinage artistique américain est alors au sommet mondial et mettra plusieurs années à regagner des titres internationaux.Equipe de Green Cross (1961)Le Douglac DC-3 de la LAN Chile, transportant vingt-quatre personnes dont huit footballeurs de l'équipe chilienne de Green Cross, s'est écrasé dans la cordillère des Andes le 3 avril 1961. Une équipe d'alpinistes a retrouvé en février 2015 des restes du fuselage et des vêtements des victimes, loin du lieu jusqu'alors présumé de l'accident. Le club de Green Cross, champion national en 1945, a quitté Santiago en 1965 et a disparu vingt ans plus tard. Parmi les victimes de la tragédie figurait notamment l'international argentin Eliseo Mouriño.Les « Survivants » (1972)Cette catastrophe aérienne est surtout restée célèbre grâce au roman qui l'a racontée en 1974, puis à son adaptation sur grand écran en 1993, plus que pour la célébrité des victimes, membres d'une équipe uruguayenne de rugby. Le 13 octobre 1972, un Fairchild ralliant Montevideo à Santiago du Chili s'écrase dans la cordillère des Andes. Sur les 45 personnes à bord, 12 meurent sur le coup et 17  des suites de leurs blessures. Mais 16 survivront après s'être résignés à manger les restes des cadavres de leurs amis, préservés par le froid. Cette histoire de cannibalisme moderne marquera les esprits. Accident du Paris­-Dakar (1986)L'accident d'hélicoptère dans le centre du Mali lors du Paris-­Dakar 1986 est resté dans la mémoire des Français pour le nom de l'une des victimes : Daniel Balavoine. Cette année­-là, le chanteur ne participe pas à la course automobile, contrairement aux éditions 1983 et 1985, mais est présent pour une action humanitaire au profit de villages africains. L'hélicoptère qui le transportait s'écrase dans les dunes, de nuit. A son bord figure notamment le fondateur et organisateur du rallye, Thierry Sabine, lui-même ancien pilote.Equipe de football de Zambie (1993)Les « Chipolopolo » sont au sommet de leur art au début des années 1990, quand la sélection périt en avril 1993 dans l'accident de l'avion militaire qui les transporte au Sénégal pour un match de qualification pour la Coupe du monde 1994. L'avion s'abîme dans l'océan Atlantique. Aucun des trente passagers, dont dix-huit joueurs, ne survit. Les deux joueurs zambiens évoluant en Europe, qui devaient se rendre au Sénégal par leur propre moyen, convoquent à la hâte une nouvelle équipe, qui sera tout près de se qualifier pour la World Cup américaine. La Zambie se hisse aussi en finale de la Coupe d'Afrique 1994. Colin McRae (2007)Le champion du monde des rallyes 1995 meurt le 15 septembre 2007 dans l'accident de l'hélicoptère qu'il pilotait, dans sa propriété écossaise. Il transportait trois passagers, dont son fils de 5 ans.Equipe de hockey russe (2011)Le Yak­42 qui transportait les hockeyeurs et l'encadrement de l'équipe du Lokomotiv Iaroslavl à Minsk (Biélorussie) s'écrase à 300 kilomètres au nord­-est de Moscou. Quarante­-trois des quarante-cinq passagers meurent dans l'accident, dont plusieurs anciennes stars de la NHL (ligue nord-américaine de hockey sur glace), le Suédois Stefan Liv, le Slovaque Pavol Demitra ou encore le Tchèque Josef Vasicek.Clément GuillouJournaliste au Monde 10.03.2015 à 10h11 Une centaine de prisonniers détenus par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) se sont évadés d'une prison du nord de la Syrie, rapporte mardi 10 mars l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).Parmi les évadés figurent une trentaine de combattants kurdes, des civils syriens et des membres de brigades islamistes rivales de l'EI, qui a mis en place ses tribunaux et prisons dans les territoires qu'il contrôle en Syrie et en Irak, où il a déclaré un « califat » islamique.L'OSDH, une organisation non gouvernementale sise à Londres, précise que l'évasion s'est déroulée à Al Bab, une ville de la province d'Alep, à une trentaine de kilomètres de la frontière turque, où des combats fratricides entre djihadistes, dont des Européens qui s'étaient échappés d'une autre prison et voulaient fuir en Turquie, ont fait une dizaine de morts ce week-end. Des messages relayés par haut-parleur appellent les habitants à aider à leur capture, ajoute l'OSDH, citant des sources sur place. 21.03.2015 à 10h58 • Mis à jour le21.03.2015 à 12h48 « La corruption pue, la société corrompue pue », a lancé samedi 21 mars le pape François aux habitants du quartier défavorisé de Scampia à Naples, en avertissant que « tous, nous avons la possibilité d'être corrompus et de glisser vers la délinquance ».Le pape a lancé cet appel très ferme, en évitant de parler directement de mafia dans ce quartier emblématique des grands problèmes sociaux de Naples :« Ceux qui prennent la voie du mal volent un morceau d'espérance à eux-mêmes, à la société, à tant de gens honnêtes, à la bonne réputation de la ville, à son économie »Lire aussi, en édition abonnés : Le pape François dans l’ex-enfer de GomorraAppel à se convertir « à l'amour et à la justice »« Comme un animal mort pue, la corruption pue, la société corrompue pue, et un chrétien qui fait entrer en lui la corruption pue », a-t-il martelé sur la place Jean Paul II du quartier, où le pape polonais s'était rendu en 1990. « La vie à Naples n'a jamais été facile, mais elle n'est jamais triste, sa grande ressource est la joie », a tempéré François, chaleureusement applaudi par la foule.Assis sur un podium au milieu de centaines d'enfants, le pape a fustigé « ceux qui prennent la voie du mal (et) volent un morceau d'espérance à eux-mêmes, à la société, à la bonne réputation de la ville, à son économie ». Le pape a ensuite célébré une messe devant quelque 100 000 fidèles, sur la place du Plebiscito. Il a dénoncé le trafic de drogue et a appelé les mafieux de la Camorra, sans toutefois les citer, à « se convertir à l'amour et à la justice » :« Il est toujours possible de retourner à une vie honnête. Ces sont des mères en larmes qui le demandent dans les églises de Naples. »Il a exhorté Naples à vivre un nouveau « printemps » pour « un avenir meilleur », « sans se réfugier dans le passé ».Les mesures de sécurité sont drastiques, d'autant que le pape devait circuler en voiture sur un total de 25 km. Selon la presse locale, 3 000 agents des forces de l'ordre, dont des tireurs d'élite sur les toits, sont déployés. Hélène Sallon Au moins 142 personnes ont été tuées, vendredi 20 mars, à Sanaa dans les premières attaques revendiquées au Yémen par l’organisation Etat islamique (EI), qui a frappé des mosquées fréquentées par des chiites, dont des miliciens houthistes, qui se sont rendus maîtres de la capitale, en septembre 2014. Cette démonstration de force de l’EI, dans un pays où le groupe djihadiste le mieux implanté est Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), intervient deux jours après une attaque en Tunisie également revendiquée par l’EI, qui a fait 21 morts dont 20 touristes étrangers. Entretien avec Dominique Thomas, spécialiste des mouvements djihadistes à l’Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman (IISMM).L’administration américaine exprime ses réserves quant à la véracité de l’affiliation revendiquée des auteurs de la double attaque de Sanaa à l’Etat islamique. L’EI a-t-il les capacités opérationnelles de mener de telles actions au Yémen ?Dominique Thomas : C’est une vraie surprise de voir se produire à Sanaa une attaque coordonnée et très meurtrière, assumée par un groupe dont on ignorait jusqu’à présent l’existence. Il y a déjà eu, le 7 janvier, une attaque contre l’académie de police de Sanaa, dont on ne sait pas qui l’a opérée. AQPA n’a pas assumé l’attaque.Si l’EI est capable de mener ce type d’attaques coordonnées qui requièrent une logistique, des candidats et la préparation des cibles, cela veut dire que des éléments sont présents à Sanaa depuis des semaines, voire des mois. Le chaos yéménite marqué par le délitement sécuritaire a pu faciliter la structuration de cellules djihadistes opérationnelles.Depuis la prise en main de Sanaa par les houthistes en septembre 2014, les membres d’AQPA concentrent leurs efforts sur la ligne de front du sud dans les zones où ils sont forts. Cela a pu laisser des éléments livrés à eux-mêmes à Sanaa. On peut imaginer que des militants déçus par l’incapacité d’AQPA à se positionner contre les houthistes aient basculé vers l’EI ou alors que des cellules ont été montées par des combattants revenus de Syrie. Mais le nombre de Yéménites en Syrie est très faible, à peine plus d’une centaine.La troisième hypothèse mise en avant par certains Yéménites, qui ont une appétence pour les théories conspirationnistes, est que des officiers des renseignements, pilotés par tel ou tel camp, ont facilité l’émergence de l’EI.Des déclarations d’allégeance à Abou Bakr Al-Bagdadi, le chef de l’EI, ont été diffusées depuis novembre 2014 par des combattants dissidents d’AQPA…En novembre, il y a eu des déclarations d’allégeance virtuelles de deux personnes qui ont fait une vidéo pour se réclamer de l’EI. Un des cadres d’Ansar Al-Charia, l’auxiliaire local d’AQPA, Mamoun Hathem, a demandé un rapprochement avec l’EI, sans prêter allégeance. Il y a des rumeurs concernant des cadres militaires d’AQPA qui feraient pression pour adhérer à l’EI.AQPA s’est dissocié de l’attaque, réitérant sa ligne rouge : ne pas viser des lieux de culte. Ses modes d’action diffèrent-ils de l’Etat islamique ?Depuis le coup de force houthiste en septembre à Sanaa, AQPA est responsable de 80 % des attaques ciblées contre les houthistes, principalement sur la ligne de front dans la région d’Al-Bayda, dans le sud du pays. A Sanaa, l’organisation a également revendiqué des actions, comme il y a trois jours, l’assassinat d’un cadre politique. C’est une organisation armée qui mène des attaques violentes contre les étrangers et les forces de l’ordre, comme à Paris contre Charlie Hebdo, ou contre les houthistes sans se préoccuper de distinguer entre civils et militants.Elle ne vise cependant pas les mosquées et les lieux publics, conformément à la ligne de conduite définie par le chef d’Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, en Irak en 2004-2005, en réaction à la systématisation par Abou Moussab Al-Zarkaoui, le chef d’Al-Qaida en Mésopotomie, d’attaques contre les lieux publics. Elle n’est pas favorable au tafkir (« excommunication ») à outrance. AQPA ne va pas tuer tous ceux qui ne pensent pas comme elle ou les minorités.Quand AQPA a administré une demi-douzaine de villes dans le sud du pays en 2011-2012, elle a instauré un système de gouvernance à la djihadiste qu’on voit avec l’EI aujourd’hui à Rakka ou Deir ez-Zor, en Syrie : elle a détruit les mausolées, instauré la charia et un contrôle des mœurs strict.Si la marque de l’EI était avérée, peut-on voir naître une compétition entre AQPA et l’EI au Yémen ?C’est un vrai coup dans les rangs d’AQPA, qui va devoir montrer qu’il a les capacités à tenir ses troupes. Est-ce que cela va provoquer une hémorragie dans ses rangs ? Est-ce que son auxiliaire local, Ansar Al-Charia, va réagir en faveur d’AQPA ou cautionner l’action de l’EI ? AQPA a besoin d’Ansar Al-Charia, qui fait tout sur le terrain. Jusqu’à présent, AQPA a résisté à la montée de l’EI et a maintenu ses influences mais, si des actes de ce type se poursuivent, elle va avoir du mal a rester le centre de gravité.Les conséquences peuvent être importantes à court et moyen terme pour Al-Qaida. Cela va susciter des questionnements au sein du groupe. Certains, notamment les jeunes cadres, vont critiquer le fait que peu de coups soient portés contre les houthistes. Sur la Toile, on voit beaucoup de pro-EI critiquer AQPA et Al-Zawahiri, qui est vu comme un symbole du déclin après la mort de Ben Laden. Le problème est qu’Al-Qaida ne répond pas aux critiques. Le dernier discours de Zawahiri date de février 2014. Ce silence assourdissant ne facilite pas la communication face à une organisation qui revendique chaque action sur Internet.Pour l’EI, ce serait sa première action au Yémen et la confirmation de ses visées expansionnistes ?Oui, à moins qu’il ne s’attribue l’attentat du 7 janvier. En trois jours, le groupe aurait ainsi mené des attaques en Algérie, en Tunisie et au Yémen, ce qui est un coup de publicité énorme pour cette organisation qu’on dit affaiblie et sur le déclin. Son succès aujourd’hui tient à ce qu’il a complètement décentralisé le système de commandement. Les cellules fonctionnent en autogestion et tout est mutualisé en termes de communication. C’est plus une marque aujourd’hui. Une marque qui fonctionne, même si idéologiquement, la compétition avec Al-Qaida est un frein.L’Etat islamique frappe la capitale yéménite Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.03.2015 à 05h31 • Mis à jour le21.03.2015 à 11h50 Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-550d4d98baefa'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 15\r\n \r\n \r\n\u00ab Quinze ou trente minutes de terreur absolue. \u00bb C'est ainsi qu'Alice Clements, porte-parole de l'Unicef, a d\u00e9crit le passage de Pam sur l'archipel du Vanuatu, dans la nuit du vendredi 13 mars.\r\nCr\u00e9dits : AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Quinze ou trente minutes de terreur absolue. \u00bb C'est 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\r\nUne op\u00e9ration de secours plus vaste est pr\u00e9vue pour cette semaine.\r\nCr\u00e9dits : HANDOUT \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une op\u00e9ration de secours plus vaste est pr\u00e9vue pour cette semaine.","source":"HANDOUT \/ REUTERS","index":8,"position":9,"total_count":15,"item_lie":null,"link":"\/planete\/portfolio\/2015\/03\/14\/le-vanuatu-confronte-a-la-violence-du-cyclone-pam_4593686_3244_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 15\r\n \r\n \r\nLe Royaume-Uni a promis 2 millions de livres (2,8 millions d'euros) ; l'Union europ\u00e9enne, 1 million d'euros ; la Nouvelle-Z\u00e9lande, 730 000 dollars (695 000 euros). L'Australie a annonc\u00e9 une aide de 5 millions de dollars australiens (3,6 millions d'euros).\r\nCr\u00e9dits : STRINGER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le Royaume-Uni a promis 2 millions de livres (2,8 millions d'euros) ; l'Union europ\u00e9enne, 1 million d'euros ; la Nouvelle-Z\u00e9lande, 730 000 dollars (695 000 euros). 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Ces maisons \u00e9taient des constructions plut\u00f4t fragiles, qui n'avaient aucune chance de r\u00e9sister devant un cyclone de cat\u00e9gorie 5. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : HANDOUT \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Nous voyons des maisons et des villages entiers qui ont \u00e9t\u00e9 enti\u00e8rement emport\u00e9s, a t\u00e9moign\u00e9 la porte-parole de l'ONG World Vision. 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L'agence avait d'abord fait état de 44 morts non confirmés, puis de 24 morts confirmés, avant de réviser leur nombre à 11 puis à 13.Le gouvernement a reproché aux associations internationales un défaut de coordination, estimant qu'un temps précieux avait ainsi été perdu. Pour l'heure, la situation a été évaluée dans une quinzaine des 80 îles que compte l'archipel, selon l'ONU.Lire l'interview de Tom Perry, chargé de mission pour l'ONG Care : « Nous n'avons pas de nouvelles d'une grande partie de Vanuatu » 21.03.2015 à 00h59 • Mis à jour le21.03.2015 à 02h14 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fracturation hydraulique va commencer à être encadrée par le gouvernement américain. Celui-ci a effectivement annoncé, vendredi 20 mars, une série de règles contraignantes concernant cette technique de forage notamment utilisée dans l’extraction du gaz et du pétrole de schiste. Cette régulation, vivement contestée par les entreprises du secteur, était en cours de discussion depuis 2012.La fracturation hydraulique, qui consiste à injecter de l’eau, du sable et des produits chimiques dans le sous-sol pour y récupérer le pétrole et le gaz difficiles à extraire, suscite de plus en plus d’opposition aux États-Unis. « Il y a beaucoup de crainte et d’inquiétude de la part du public, particulièrement à propos de la sécurité de l’eau souterraine et de l’impact de ces opérations », explique Sally Jewell, la secrétaire à l’Intérieur, c’est-à-dire la responsable de l’exploitation des ressources naturelles et de la gestion des terres publiques aux États-Unis.Le Bureau de gestion des terrains (BLM) du département de l’Intérieur a reçu des contributions de plus de 1,5 million de particuliers et d’associations. « Nous pensons que ces normes sont essentielles », ajoute-t-elle soulignant que la réglementation actuelle date d’il y a 30 ans et qu’elle n’est plus adaptée à la situation actuelle.Secrets industrielsLes mesures annoncées vendredi vont obliger les groupes pétroliers et gaziers à renforcer l’étanchéité de leurs puits et des tests seront systématiquement effectués pour vérifier la qualité des parois en ciment censées empêcher la contamination des nappes phréatiques. Les sociétés devront aussi publier dans un délai des 30 jours quels produits chimiques elles injectent dans le sol pour permettre l’extraction.Ce sujet est une question sensible pour les compagnies pétrolières, qui sont très jalouses de leurs secrets industriels. Ainsi, récemment, en Caroline du Nord, Halliburton a fait un intense lobbying pour faire passer une loi, qui condamne toute personne qui divulguerait la liste des produits chimiques utilisés pour la fracturation hydraulique.Avant de commencer un forage, les compagnies pétrolières et gazières devront également fournir davantage d’informations concernant le stockage des fluides toxiques utilisés. Elles devront par ailleurs sécuriser les eaux usées dans des réservoirs couverts, au lieu de les évacuer, comme c’est parfois le cas, dans des fosses creusées à même le sol.Les compagnies devront aussi détailler comment elles comptent éliminer ces produits toxiques. Enfin, elles auront à fournir plus d’informations concernant les réserves d’eau situées à proximité du forage afin que celles-ci soient protégées.Un impact limitéCe premier pas vers une réglementation est toutefois limité dans la mesure où elle ne vise que les terrains qui sont la propriété de l’Etat fédéral. Cela ne représente que 11 % du gaz naturel exploité et 5 % des gisements de pétrole. Environ 100 000 puits sont concernés au total. La grande majorité de l’extraction se déroule en effet sur des espaces privés ou appartenant aux États fédérés, qui restent libres d’appliquer leurs propres règles.Certains, comme New York, ont interdit totalement la fracturation, tandis que d’autres, comme le Colorado, ont commencé à réguler le secteur. Mais beaucoup sont encore muets sur le sujet.Cela n’a pas empêché les compagnies pétrolières de protester vigoureusement contre cette nouvelle réglementation. Elles craignent notamment que ces mesures commencent à inspirer certains États pour mettre en place des règles plus contraignantes. Elles dénoncent également les coûts que cela va engendrer.Même si les mesures interviennent à un mauvais moment pour l’industrie, alors que le prix du baril a chuté de 50 % en un an, l’impact financier serait relativement limité. Le montant global pour le secteur a été évalué par le gouvernement à 32 millions de dollars (29,5 millions d’euros) par an, soit à peine 1 % du coût d’exploitation moyen d’un puits.Protestations du lobby pétrolierLa réaction du lobby pétrolier a néanmoins été immédiate. Quelques minutes après la publication des nouvelles règles, l’Independent Petroleum Association of America a déposé plainte, qualifiant ces mesures de « réaction à des préoccupations non fondées ».Pour Barry Russell, le responsable de l’organisation, « De la Californie à la Pennsylvanie, l’industrie du pétrole et du gaz naturel a joué un rôle crucial dans la relance de l’économie américaine, et la fracturation hydraulique a été la clé de cette renaissance. Cette nouvelle réglementation fédérale va ajouter des coûts pour nos producteurs indépendants », proteste-t-il, pronostiquant que le dispositif va conduire à faire fuir les investissements et peser sur les créations d’emplois.Vingt-quatre heures auparavant, le sénateur républicain de l’Oklahoma, James Inhofe, a tenté de couper l’herbe sous le pied du gouvernement en proposant une législation visant à interdire à l’Etat fédéral de réguler la fracturation hydraulique, laissant le champ libre aux Etats fédérés. En annonçant cette nouvelle réglementation, Barack Obama a ouvert un nouveau front avec les Républicains, désormais majoritaires au Congrès.Obama veut réduire de 40 % les émissions de méthane d’ici à 2025 Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 22h40 • Mis à jour le21.03.2015 à 14h35 | Louis Imbert  L'Etat islamique (EI) a revendiqué son entrée sur la scène yéménite avec les attentats qui ont fait 142 morts à Sanaa vendredi. Les milices chiites houthistes avaient pris le pouvoir dans la capitale en septembre, poussant le président à s'exiler à Aden en février. Le pouvoir politique est marginalisé, le pays livré à l'arbitraire des clans et des groupes armés. Il devient peu à peu un champ d'affrontement sectaire entre les milices chiites et Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), la principale branche d'Al-Qaida.Le gouvernement en perditionLe président, Abd Rabbo Mansour Hadi, au pouvoir depuis 2012, n'a jamais pu mettre en place les recommandations du dialogue national établi après la révolution populaire de 2011 et la chute d'Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978. Débordé en septembre par le mouvement chiite houthiste, venu de l'extrême nord du pays et par certains éléments de l'armée, il est contraint à la démission en janvier, lorsque les houthistes s'emparent du palais présidentiel.Toujours considéré par la communauté internationale comme le président légitime du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi est assigné à résidence mais se réfugie en février à Aden, port stratégique du sud du pays.Jeudi, d'âpres combats ont éclaté pour le contrôle de l'aéroport international de cette ville. Le chef de l'Etat a dû être évacué vers un lieu sûr : un avion de combat avait survolé à deux reprises son palais. Les combats opposaient les partisans de M. Hadi à des unités des forces spéciales, dirigées par un officier rebelle, allié aux houthistes. Le général Sakkaf, qui refuse un ordre de limogeage de M. Hadi, est à la tête d'une unité des forces spéciales comptant 1 000 à 2 000 hommes lourdement armés. La situation était calme, vendredi, dans cette ville où les forces loyalistes ont renforcé leur contrôle en multipliant les barrages routiers.Lire aussi (édition abonnés) : Yémen : guerres locales, djihad globalLe coup d'Etat des houthistesLes houthistes sont les partisans d'Abdel Malik Al-Houthi, un leader du nord du Yémen, de la province de Saada, à la frontière de l'Arabie saoudite. Ils sont d'obédience zaïdite, une branche dissidente du chiisme qui s'est arrêtée au cinquième imam, contrairement au chiisme duodécimain, qui en compte 12 et domine l'Iran, le sud de l'Irak et le sud du Liban.Ces « partisans de Dieu » (Ansar Allah), exaspérés par l'immobilisme du pouvoir et surfant sur le mécontentement social, estiment que la révolution de 2011 a été corrompue par les partis politiques. Ils mènent depuis une contre-révolution. Ils ont noué, pour étendre leur pouvoir, une alliance de circonstance avec l'ex-président Saleh, qui les avait longtemps combattus dans leur fief de Saada.Lire (édition abonnés) : Au Yémen, les houthistes parachèvent leur coup d’EtatLe soutien massif de l'Iran chiite aux houthistes a exaspéré le voisin sunnite saoudien et avivé les tensions confessionnelles au Yémen entre sunnites et zaïdites. C'est dans ce contexte que prospère la branche yéméno-saoudienne d'Al-Qaida (AQPA).Voir la vidéo : Yémen : qui sont les rebelles houthistes qui menacent le pouvoir ? La menace d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA)Al-Qaida a prospéré au Yémen pendant les années 2000, alors que le mouvement djihadiste s'affaiblissait après l'intervention internationale en Afghanistan et les bombardements de drones accrus, sous l'administration Obama, dans les zones tribales pakistanaises. La franchise Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) est née en 2009 de la fusion des branches yéménite et saoudienne du mouvement. Lire l'enquête : Les mille résurrections d'AQPAAQPA s'oriente rapidement vers une action internationale, avec le Yémen pour base arrière : en août 2009, le prince saoudien Nayef échappe à un attentat-suicide fomenté par un kamikaze venu du Yémen, qui avait ingéré un explosif. Le 25 décembre de la même année, après deux séjours au Yémen, Omar Farouk Abdulmutallab, un jeune Nigérian, tente de faire exploser un vol de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit en mettant le feu à ses sous-vêtements imprégnés de produit inflammable.Durant la révolution de 2011, le groupe a profité du chaos politique pour prendre possession de plusieurs districts du sud et de l'est du Yémen. Le nouveau gouvernement d'Abd Rabbo Mansour Hadi se retourne contre eux. Il assume une importante aide opérationelle directe américaine.Au début du mois de février, une frappe de drone américaine a tué l'un des principaux idéologues du mouvement, Harith Al-Nadhari. C'est cet homme qui avait loué les frères Kouachi pour leur attaque de Charlie Hebdo, à Paris, en janvier. L'organisation terroriste avait dans le même temps affirmé avoir entraîné et mandaté les Kouachi.Sa mort est probablement le plus grand succès opérationnel des Etats-Unis au Yémen depuis les morts en 2011 de l'imam radical américano-yéménite Anouar Al-Awlaki (soupçonné d'avoir inspiré l'auteur de la fusillade de la base militaire de Fort Hood, au Texas, en 2009) et, surtout, de Said Al-Chihri, le chef des opérations du groupe, en 2013. Estimés entre 200 et 300 à la fin de 2009, les membres d'AQPA seraient plus d'un millier aujourd'hui.Depuis qu'une partie du Yémen est contrôlée par les milices houthistes, auxquelles l'armée ne s'est que faiblement opposée, AQPA a revendiqué de multiples attaques contre eux.Lire aussi (édition abonnés) : Au Yémen, un chef d’AQPA tué par un droneL'Etat islamique, force naissanteMalgré quelques dissidences internes, AQPA dénonce la « barbarie » de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, et reste fidèle à Ayman Al-Zawahiri, le successeur d'Oussama Ben Laden. La branche locale de l'EI au Yémen est née d'une scission au sein de l'organisation. Des groupes issus d'AQPA avaient annoncé leur allégeance à l'EI entre novembre et février, durant la prise de pouvoir des milices houthistes. Ils ne s'étaient signalés jusqu'ici que par des attaques mineures de postes de contrôle de forces de sécurité ou de miliciens houthistes dans la région de Dhamar, à 100 km de la capitale.Les attaques de Sanaa et de Saada, vendredi, ont visé de façon coordonnée des lieux de culte, un vendredi, jour de prière. Elles paraissent destinées à faire un maximum de morts civils et à frapper les esprits, et sonnent comme une volonté d'accélérer la sectarisation du conflit au Yémen. Or, la direction d'AQPA avait récemment condamné de telles tactiques.Harith Al-Nadhari condamnait ainsi récemment l'Etat islamique pour ses attaques indiscriminées de chiites, civils ou armés, dans son dernier discours, enregistré peu avant qu'il ne soit tué. Il affirmait qu'AQPA privilégiait pour sa part des cibles identifiées : militaires, milices houthistes, ennemis idéologiques.Voir la carte : Le Yémen tiraillé entre guerres locales et djihad mondialLouis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 20h06 • Mis à jour le20.03.2015 à 20h26 L'organisation terroriste Etat islamique (EI) a revendiqué deux attaques de mosquées chiites de Sanaa, la capitale du Yémen, qui ont fait au moins 142 morts, vendredi 20 mars, selon un dernier bilan publié par l'Agence France-Presse. Des centaines de personnes ont également été blessées.L'EI, qui revendique pour la première fois une attaque majeure dans le pays, a annoncé avoir également mené une attaque suicide, qui n'a pas fait de victime, devant une mosquée à Saada, la région d'origine de la milice houthiste dans le nord du pays. Ces miliciens chiites ont pris le pouvoir à Sanaa en septembre, et poussé le président Abd Rabbo Mansour Hadi à se réfugier à Aden, dans le sud du pays en février.Scission des groupes djihadistesLa branche de l'EI dans ce pays est née d'une scission d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), la plus puissante franchise d'Al-Qaida. Elle ne s'était signalée jusqu'ici que par des attaques mineures de postes de contrôle de forces de sécurité ou de miliciens houthistes dans la région de Dhamar, à 100 km de la capitale. Des groupes issus d'AQPA avaient annoncé leur allégeance à l'EI entre novembre et février, dans un contexte de montée en puissance des milices houthistes dans le pays.Ces deux groupes s'opposent notamment par leur vision du monde chiite : l'EI le considère comme l'ennemi prioritaire, quand AQPA privilégie les attaques contre le monde occidental et les régimes autoritaires arabes qu'il soutient. AQPA a théorisé un mode d'action terroriste en cellules opérationnelles relativement autonomes. L'EI, né de la guerre civile irakienne des années 2000, a pris le contrôle de larges parties de territoire en Irak et en Syrie l'an dernier, pour y établir une forme embryonnaire de « califat ».Dans le contexte yéménite, cette scission illustre le morcellement du pays, livré à l'arbitraire des clans et des groupes armés, et la sectarisation croissante des affrontements entre chiites et sunnites. De plus, des dissensions se sont fait jour ces derniers mois au sein de la branche yéménite d'Al-Qaida, face aux violents combats qui opposent sa branche syrienne, le Front Al-Nosra, à l'EI en Syrie. Lire l'enquête : Les mille résurrections d'AQPAChangement de tactiqueLes attaques de Sanaa et de Saada, vendredi, ont visé de façon coordonnée des lieux de culte, un vendredi, jour de prière. Elles paraissent destinées à faire un maximum de morts civils et à frapper les esprits, et sonnent comme une volonté d'accélérer la sectarisation du conflit. Or, la direction d'AQPA avait récemment condamné de telles tactiques.L'un des principaux idéologues du groupe et son porte-parole, Harith Al-Nadhari, condamnait ainsi récemment l'Etat islamique pour ses attaques indiscriminées de chiites, civils ou armés, dans son dernier discours, enregistré peu avant qu'il ne soit tué par une frappe de drone américaine, au début de février. Al-Nadhari affirmait qu'AQPA privilégiait pour sa part des cibles identifiées : militaires, milices houties, ennemis idéologiques. C'est cet homme qui avait loué les frères Kouachi pour leur attaque de Charlie Hebdo, à Paris, en janvier. L'organisation terroriste avait dans le même temps affirmé avoir entraîné et mandaté les Kouachi.Lire aussi (édition abonnés) : Au Yémen, un chef d’AQPA tué par un droneAl-Qaida a prospéré au Yémen pendant les années 2000, alors que le mouvement s'affaiblissait après l'intervention américaine en Afghanistan et des bombardements de drone accrus, sous l'administration Obama, dans les zones tribales pakistanaises. Depuis que les houtistes, massivement soutenus par l'Iran, ont déferlé en septembre 2014 dans Sanaa, puis ont étendu leur influence vers l'ouest et le centre du pays, AQPA a revendiqué de multiples attaques les visant.Par ailleurs, l'EI a déjà revendiqué, par le même canal, l'attaque du Musée Bardo, à Tunis, mardi, sa première attaque de grande ampleur en Tunisie. Depuis plusieurs mois, l'organisation terroriste multiplie les appels aux groupes djihadistes à travers le monde pour qu'ils rejoignent sa « franchise ».Lire aussi (édition abonnés) : Yémen : guerres locales, djihad global 20.03.2015 à 17h49 Barack Obama a demandé vendredi 20 mars à Téhéran de remettre « immédiatement » en liberté trois Américains emprisonnés en Iran et de permettre leur retour aux Etats-Unis. Il s'agit de trois hommes, respectivement détenus depuis 2011, 2012 et 2014. Amir Hekmati, ancien marine américain, est emprisonné en Iran depuis août 2011. Reconnu coupable d'espionnage au profit de la CIA, malgré des démentis de Washington, il a été condamné à mort en janvier 2012. Cette sentence a été annulée par la Cour suprême iranienne, qui l'a ensuite commuée en une peine de dix ans de prison.Le pasteur protestant irano-américain Saeed Abedini est détenu depuis septembre 2012. Accusé d'avoir « perturbé la sécurité nationale » par ses activités religieuses, il a été condamné à huit ans de prison. Marié à une Américaine et naturalisé américain, il a toujours nié les accusations portées contre lui par le régime de Téhéran.Correspondant irano-américain du Washington Post à Téhéran, Jason Rezaian a été arrêté en juillet 2014 avec son épouse, Yeganeh Salehi, une journaliste depuis libérée sous caution, pour des motifs qui n'ont jamais été clairement énoncés.Un Américain mystérieusement disparuBarack Obama demande dans le même temps à Téhéran de « coopérer » avec les Etats-Unis pour retrouver Robert Levinson, un ancien agent du FBI disparu mystérieusement il y a huit ans, sur l'île de Kish, en Iran. Les Etats-Unis ont à plusieurs reprises demandé des explications sur cette disparition, mais des responsables iraniens ont déclaré n'avoir aucune information sur son sort. Le FBI a promis 5 millions de dollars de récompense pour toute information qui conduirait à sa localisation et à son retour.Ce communiqué de Barack Obama a été diffusé à l'occasion de la fête de Norouz, le Nouvel An iranien. Les Etats-Unis et l'Iran, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, sont engagés dans la dernière ligne des négociations sur le programme nucléaire iranien. 20.03.2015 à 16h42 • Mis à jour le20.03.2015 à 20h12 L'Ukraine tente d'obtenir de ses créanciers l'effacement d'une partie de sa dette. Depuis le 12 mars, Kiev a engagé des négociations avec ses bailleurs privés et publics avec l'objectif de dégager 15 milliards de dollars (14 milliards d'euros) d'allègement dans le cadre d'un plan d'aide international de 40 milliards de dollars (envrion 37 milliards d'euros) sur quatre ans.Mais les discussions s'annoncent « compliquées », a annoncé, vendredi 20 mars, la ministre des finances, Natalie Jaresko. « Cette restructuration va requérir un mélange d'extension de maturité, de réduction du coupon [les intérêts] et du [montant] principal », a-t-elle expliqué la ministre au centre de recherches Council on Foreign Relations, à New York.Mme Jaresko dit ne pas connaître dans le détail l'identité des détenteurs de la dette ukrainienne, échangeable sur les marchés, et notamment des 3 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) prêtés par Moscou à Kiev en 2013, et qui doivent être remboursés d'ici à la fin de l'année.Des incertitudesAffaiblie économiquement par le conflit dans l'Est, l'Ukraine devrait voir sa dette publique flamber à 94 % de son produit intérieur brut en 2015, contre 40,6 % en 2013. Selon Mme Jaresko, Kiev et ses créanciers ont intérêt à ce que le pays revienne sur une trajectoire « viable » et « soit en position de rembourser sa dette ». « Nous n'y sommes pas encore », a-t-elle reconnu, ajoutant que les discussions devront être achevées d'ici à mai.Lire aussi (édition abonnés) : L’économie ukrainienne au bord de l’effondrementLe Fonds monétaire international (FMI), qui contribue à hauteur de 17,5 milliards de dollars (16 milliards d'euros) au plan d'aide, craint que certains bailleurs du pays rechignent à accepter des pertes. Ces derniers « ont naturellement feint d'être surpris », mais « jusqu'à maintenant, nous avons à peu près le sentiment que tout le monde nous soutient », a assuré la ministre.Le conflit dans l'est du pays fait peser de nombreuses incertitudes sur l'issue des discussions et sur le scénario du FMI d'un retour à la croissance dès 2016 et pour Mme Jaresko :« Il y a beaucoup de pièces du puzzle qui ne sont pas prévisibles (...). C'est difficile de prédire si nous serons proches de ces prévisions s'il y a un choc extérieur ou si le cessez-le-feu ne tient pas. » Marie Charrel Jets de pierres, voitures brûlées, affrontements avec la police… Mercredi 18 mars, Francfort, la capitale financière de l’Allemagne a été le théâtre de heurts entre manifestants anti-austérité (près de 6 000) et forces de l’ordre, mobilisées en nombre pour l’occasion.La manifestation était organisée à l’appel de Blockupy, alliance de divers mouvements anticapitalistes, comme Attac, de syndicats et de partis politiques venus de toute l’Europe, en particulier de Grèce et d’Espagne. Leur objectif : protester contre la politique de la Banque centrale européenne (BCE), qui inaugurait ce jour-là son nouveau siège. « Nous désirons une autre Europe », scandaient les manifestants.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-5509b3e0609e9'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 9\r\n \r\n \r\nPoubelles et voitures incendi\u00e9es. Jets de pav\u00e9s contre la mairie de la ville. Jets de pierres contre les policiers aux abords du vieil op\u00e9ra. ... De premiers incidents ont eu lieu dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, puis mercredi en d\u00e9but de matin\u00e9e.\r\nCr\u00e9dits : Michael Probst \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Poubelles et voitures incendi\u00e9es. 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Les organisateurs attendent au moins 10 000 manifestants.\r\nCr\u00e9dits : KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La manifestation est organis\u00e9e \u00e0 l\u2019appel de Blockupy, alliance de diff\u00e9rents mouvements de protestation, syndicats et partis politiques. 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Fin mars 2012, des d\u00e9bordements en marge d'une manifestation anticapitaliste \u00e0 Francfort s'\u00e9taient sold\u00e9s par un bless\u00e9 dans les rangs de la police et d'importantes d\u00e9gradations dans le centre-ville.\r\nCr\u00e9dits : MICHAEL DALDER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Ce d\u00e9ploiement policier est l'un des plus importants jamais organis\u00e9s dans la ville\", a d\u00e9clar\u00e9 une porte-parole de la police. 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Pas toujours. Voici pourquoi.La BCE est-elle responsable des politiques d’austérité en Europe ?Pas vraiment. Et dans tous les cas, bien moins que ne le disent les manifestants de Blockupy. « La BCE est un membre crucial de l’ignoble “troïka” [la Commission européenne, la BCE et le Fonds monétaire international (FMI), les bailleurs de fonds des pays en difficulté], qui, avec le Conseil de l’Union européenne [UE] ont promu l’austérité et les privatisations, avec comme conséquences un appauvrissement et une précarisation d’une grande partie de la population en Europe », peut-on lire sur le site du mouvement.C’est oublier que la BCE, indépendante des gouvernements, n’est pas responsable de la politique budgétaire des Etats membres. Elle ne s’occupe en effet que du volet monétaire : elle régule la quantité de monnaie en circulation, le loyer de l’argent – c’est-à-dire le coût du crédit, aujourd’hui au plus bas. Gendarme bancaire depuis novembre 2014, elle vérifie aussi que les plus gros établissements européens sont assez solides pour bien financer l’économie et font ce qu’il faut pour le rester.Les politiques budgétaires, c’est-à-dire le choix de couper dans les dépenses publiques ou non, d’augmenter les impôts ou non, relèvent des gouvernements, dans le cadre qu’ils ont choisi de respecter ensemble pour construire la zone euro. Comme par exemple, la cible de 3 % du produit intérieur brut (PIB) pour le déficit budgétaire, censée éviter que les dérives des finances publiques d’un Etat n’entraîne tous les autres dans la tourmente.En d’autres termes, si la France, la Belgique, l’Espagne ou encore l’Italie ont pris des mesures de rigueur pendant la crise, c’est parce que leur gouvernement l’a choisi. En grande partie sous la pression des marchés financiers, et souvent de Bruxelles, certes. Mais pas parce que la BCE le leur a demandé.Le cas des pays entrés sous assistance internationale entre 2010 et 2013 – la Grèce, l’Irlande, le Portugal et Chypre (l’Espagne a seulement reçu une aide pour ses banques) – est différent. Les politiques de rigueur y ont en partie été dictées par la troïka, dont la BCE faisait partie.Mais faire porter le seul chapeau à la BCE est réducteur. D’abord, parce que ses experts étaient en retrait au regard de ceux du FMI et de Bruxelles, bien plus en première ligne. De fait, en 2012, le FMI lui-même a fait son mea culpa, en reconnaissant qu’il avait sous-estimé l’impact récessif des mesures demandées à Athènes.De plus, lorsque la crise des dettes battait son plein, que les spéculateurs attaquaient la Grèce ou le Portugal, la BCE ne s’est pas contentée d’assister aux revues de la troïka, passive. Elle a déployé une série d’armes inédites, telles que son programme de rachats de dettes publiques (OMT), qui a mis un terme au risque d’explosion de la zone euro.Aurait-elle pu en faire plus ? Peut-être. Reste que pendant la crise, aucune institution ni gouvernement ne s’est autant relevé les manches pour sauver la monnaie unique.Exerce-t-elle un chantage aux réformes sur la Grèce ?Le 4 février, la BCE a fermé l’un de ses guichets de refinancement aux banques grecques, en refusant les obligations souveraines et les dettes garanties par Athènes qu’elle acceptait jusque-là de prendre en garantie (les « collatéraux »). Beaucoup ont qualifié cette décision de « coup d’Etat financier ». Les « maîtres non élus de Francfort » auraient ainsi voulu mettre les Grecs au pied du mur, afin de les contraindre à mettre en œuvre les réformes réclamées par la troïka.Ce n’est pas tout à fait exact. C’est d’abord sur les partenaires européens d’Athènes que la BCE a voulu mettre la pression. Sa crainte était que ceux-ci tardent à se mettre d’accord, fassent traîner les négociations en longueur, en lui laissant la responsabilité de financer toute seule la Grèce. Or, cela ne relève pas de sa mission. Accorder un régime de faveur à un pays en particulier est interdit par ses statuts – ceux-ci sont définis, faut-il le rappeler, par les Etats membres eux-mêmes.Si elle acceptait, avant le 4 février, de prendre les bons du Trésor grecs en garantie, pourtant classés en catégorie « spéculative » par les agences de notation, c’était uniquement parce que le plan d’aide en vigueur jusque-là lui garantissait que le pays ne risquait pas de faire défaut. Et donc, qu’elle n’essuierait jamais de pertes. « Son rôle n’est pas de prendre tous les risques à la place des investisseurs privés : on le lui reprocherait », remarque Eric Dor, économiste à l’IÉSEG (école de management).En somme, là aussi, la BCE est un peu trop facilement pointée du doigt. Si Athènes et les autres capitales européennes ne parviennent pas à s’entendre sur l’aménagement de l’aide à la Grèce, au risque que celle-ci finisse par sortie de la zone euro, ce n’est pas de son fait. Mais bien de celui de Berlin, d’Athènes, de Paris, de Bruxelles…Abuse-t-elle de son pouvoir ?Depuis la crise, la BCE a vu ses pouvoirs se renforcer considérablement. Il lui est parfois arrivé de sortir de son rôle purement monétaire pour envoyer un message politique aux Etats. Le sujet est sensible. Explosif, même, car en théorie, l’institution agit en toute indépendance des gouvernements.« En vérité, la position de la BCE est délicate », explique Alan Lemangnen, chez Natixis. « Elle est le reflet des défaillances de la zone euro elle-même : cela met tout le monde un peu mal à l’aise », ajoute Eric Dor.Le 19 novembre 2010, Jean-Claude Trichet, à l’époque président de la BCE, avait envoyé une lettre au ministre irlandais des finances, Brian Lenihan. Dévoilée il y a peu, celle-ci a fait scandale dans l’île verte. Le Français menaçait de couper les liquidités d’urgence, indispensables à la survie des banques irlandaises, si Dublin n’entrait pas sous un plan de sauvetage européen. Ce que le gouvernement irlandais fit presque aussitôt… Le même bras de fer s’est rejoué en 2013 avec Chypre.La BCE abuse-t-elle donc de sa position pour dicter sa loi aux Etats ? Peut-être. Mais il faut rappeler que si elle s’est permis de faire des recommandations pendant la crise, c’est aussi parce qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse. On a tendance à l’oublier, mais les investisseurs ne faisaient alors plus confiance aux pays périphériques et pariaient sur l’explosion de la monnaie unique. Il était urgent de redresser les déficits – ou d’en montrer la volonté – pour éteindre l’incendie.Puisque les Etats européens étaient incapables de parler d’une seule voix, la BCE a retroussé ses manches. « Elle a comblé, parfois avec maladresse, le vide politique européen », reconnaît un diplomate.Est-elle responsable du chômage élevé au sud de la zone euro ?« La BCE a empiré la situation en Italie (…), elle est responsable du chômage élevé », a dénoncé, mercredi 18 février à Francfort, Eleonora Forenza, une députée européenne communiste italienne venue défiler. Là encore, l’institution fait un bouc émissaire bien facile.Si le chômage a bondi dans le sud de la zone euro, c’est d’abord du fait de la violente récession qui a explosé en 2009, suite à la crise financière de 2008. Celle-ci, faut-il le rappeler, est née de l’énorme bulle des crédits immobiliers – les fameux « subprimes » – qui a éclaté aux Etats-Unis en 2007. Cette envolée du nombre de demandeurs d’emploi est aussi le résultat de choix économiques pas toujours pertinents faits par certains pays européens dans les années 2000, comme la spécialisation excessive de l’Espagne dans l’immobilier.Enfin, si la reprise européenne est aujourd’hui moins vigoureuse que celle observée aux Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, c’est aussi le résultat des errements de la gouvernance économique de la zone euro, bien trop focalisée sur la seule question des finances publiques.Or, ces errements sont moins le fait de Mario Draghi, le président de la BCE, que de celui de la Commission européenne et des Etats eux-mêmes.La nouvelle tour de la BCE a-t-elle coûté trop cher ?A l’origine, la construction du nouveau siège devait coûter 850 millions d’euros. Mais finalement, la note s’est élevée à 1,2 milliard. Les coûts ont dérapé. Motif ? L’envolée des prix des matériaux de construction. Mais aussi la gestion du chantier parfois chaotique, et pas toujours bien maîtrisée. Résultat, les travaux ont pris trois ans de retard.Malgré ces dérapages, la BCE a entièrement financé l’addition sur ses fonds propres. Le coût total, de 1,2 milliard d’euros, représente un peu moins que les bénéfices réalisés en 2013 (1,4 milliard d’euros), notamment grâce aux intérêts touchés sur les titres que la Banque centrale détient en réserve. Surtout, posséder ces locaux permettra de réaliser des économies à moyen terme. Une opération gagnante, donc.Cet argument a un peu de mal à passer dans les pays mis sous tutelle de la troïka et auprès des militants de Blockupy. Ils estiment que la banque centrale ne s’est pas appliquée à elle-même la rigueur réclamée à Dublin, Athènes ou Lisbonne.Peut-on améliorer le fonctionnement de l’institution ?Bien sûr. Née en 1999, la BCE est une institution jeune : son homologue suédoise a été créée en 1668 ! À bien des égards, elle cherche encore ses marques, et la liste des pistes qui permettraient d’améliorer son fonctionnement est longue.Certains économistes estiment qu’il faudrait commencer par revoir son mandat. Aujourd’hui, celui-ci est d’assurer la stabilité des prix, avec une cible d’inflation de 2 % sur le moyen terme.D’autres banques centrales, comme celle des Etats-Unis, ont également pour mission de veiller au plein-emploi. Pourquoi ne pas confier cette tâche à la BCE ?Mais, là encore, se concentrer uniquement sur l’institut monétaire serait une erreur. Aujourd’hui, la BCE est la seule institution véritablement transnationale en zone euro, et c’est bien là le problème. Elle n’a pas d’équivalent côté budgétaire, ni politique.Entre le « semestre européen », le « two-pack », le « six-pack », les gouvernances européennes sont aujourd’hui si bureaucratiques et complexes que plus personne n’y comprend rien, y compris les « experts » et les gouvernements eux-mêmes…En d’autres termes, la BCE concentre aujourd’hui des critiques et des reproches qui devraient en vérité s’adresser à l’ensemble des institutions européennes, qu’il faudrait revoir en profondeur. Une tâche immense, à laquelle les Etats n’ont pas tous envie de se confronter. Pour eux aussi, pointer du doigt Francfort est souvent plus simple que prendre leurs responsabilités…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances et Sigmar Gabriel, son collègue de l’économie étaient on ne peut plus détendus – et complices – mercredi 18 mars quand ils ont présenté, devant la presse, les grandes orientations des budgets de l’Allemagne pour les années 2016 à 2019.Difficile pour un observateur non initié de deviner que le premier est l’un des dirigeants de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel et que le deuxième est le président du Parti social-démocrate (SPD). C’est notamment ce dernier qui a décoché les flèches les plus assassines en direction de la Grèce.Si les deux hommes ont paru détendus, c’est surtout parce qu’ils sont convaincus que la croissance de leur pays restera robuste. Ils envisagent une progression du produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne de 1,5 % en 2015, puis de 1,6 % en 2016 et de 1,3 % chacune des années suivantes.L’Etat présentera, pour les années à venir, et comme en 2015, un budget en équilibre, voire symboliquement en très léger excédent. M. Schäuble s’y était engagé devant les électeurs.Si Sigmar Gabriel soutient sans réserve cette orthodoxie budgétaire, c’est parce que dans le même temps, les dépenses et les recettes devraient augmenter. Elles passeront de 302,6 milliards d’euros en 2015 à 312,5 milliards en 2016, puis à 318,9 milliards en 2017, à 327 milliards en 2018 et enfin à 334 milliards en 2019.Enveloppe supplémentaire pour la défenseCeci est évidemment très théorique, ne serait-ce que parce qu’il y a de nouvelles élections en 2017, mais le signal politique est clair : l’Allemagne dépensera davantage que par le passé. Dans quels domaines ? Une vingtaine de milliards d’euros seront consacrés aux « dépenses d’avenir » (infrastructures, réseaux à haut débit…) ainsi qu’au désendettement des communes et à l’aide au développement.Par ailleurs, les budgets relevant de la sécurité (armée et police) recevront un nouveau coup de pouce. Celui de la défense, qui est de 33 milliards d’euros, devrait passer à 34,2 milliards en 2016, puis grimper progressivement jusqu’à 35 milliards en 2019. Sur la période qui va de 2016 à 2019, ce ministère devrait ainsi disposer d’une enveloppe supplémentaire de 8 milliards d’euros. Cela devrait permettre à l’Allemagne d’augmenter sa participation aux actions de l’OTAN, comme elle s’y est engagée.Si les tensions internationales et les multiples problèmes techniques qui affectent actuellement une bonne partie des équipements de la Bundeswehr, l’armée allemande, justifient cet effort accru, l’opposition – et plus discrètement le ministère des finances – fait remarquer que ces deux dernières années, le ministère de la défense à rendu au budget deux milliards d’euros qui n’avaient pas été utilisés ; il souffre manifestement autant d’un problème d’organisation que d’un manque de moyen.Les instituts de conjoncture optimistesSi les dépenses augmentent mais que le budget reste équilibré, c’est évidemment parce que les recettes progressent aussi. Les revenus fiscaux devraient ainsi passer de 280 milliards d’euros en 2015 à 322 milliards en 2019.Par ailleurs, le ministère des finances compte sur une vingtaine de milliards d’euros d’autres ressources, comme les gains que lui reverse chaque année la Bundesbank, la banque centrale du pays. Prudent, M. Schäuble n’a intégré aucune recette émanant de l’hypothétique future taxe sur les transactions financières internationales.Ce projet de budget pour 2016 devrait être adopté par le conseil des ministres le 1er juillet. Il n’est pas exclu que M. Schäuble dispose d’une marge de manœuvre supplémentaire, puisque les principaux instituts de conjoncture prévoient pour cette année une croissance supérieure au 1,5 % retenu par le gouvernement.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Eric Albert (Londres, correspondance) George Osborne a tenu promesse. Le chancelier de l’Echiquier a annoncé, mercredi 18 mars, à l’occasion de la présentation du budget britannique, l’instauration d’un impôt sur les « bénéfices détournés » des multinationales. Surnommé « taxe Google », et annoncé pour la première fois en décembre 2014, ce prélévement sera voté par le Parlement la semaine prochaine et mis en place en avril.Dans son budget 2015, M. Osborne table sur des recettes fiscales minimales la première année, puis de 275 millions de livres (380 millions d’euros) la deuxième année et de 360 millions de livres l’année suivante.L’objectif de la « taxe Google » est de mettre fin aux pratiques des grandes multinationales qui déclarent artificiellement des profits dans des pays à faible imposition, alors que leur chiffre d’affaires est réalisé ailleurs. Les géants de l’Internet – de Google à Amazon – se sont particulièrement illustrés en la matière.Trois pistes pour « mieux » taxer Google, Facebook et consortsLondres a donc décidé d’imposer à 25 % tous les « bénéfices détournés ». Il s’agit d’un taux plus élevé que celui qui est appliqué sur les profits des sociétés. Ce dernier passera, lui, à 20 % en avril ; une façon d’inciter les entreprises à abandonner toute mauvaise pratique.« A l’avant-garde des réformes fiscales »Tout le problème sera cependant d’identifier ces fameux « bénéfices détournés ». Pour cela, une nouvelle règle est créée pour forcer les entreprises qui réalisent des transactions avec des clients britanniques à avoir une existence légale au Royaume-Uni, au-delà d’un chiffre d’affaires minimum. L’application précise de cette « règle » demeure cependant floue et l’idée est très critiquée par les spécialistes.« Cela va au-delà des normes internationales et cela positionne le chancelier de l’Echiquier à l’avant-garde des réformes fiscales », estime Chris Sanger, le directeur des questions fiscales à Ernst & Young (EY). Il fait cependant remarquer que la décision de M. Osborne semble simplement être une façon d’aller au-devant des décisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui est en train de négocier avec de nombreux pays l’instauration de nouvelles normes fiscales afin d’éviter la pratique des profits détournés.Mercredi, la Commission européenne a pour sa part proposé d’imposer aux Etats l’échange automatique des données sur leurs « tax rulings », c’est-à-dire leurs décisions fiscales concernant les entreprises.Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.03.2015 à 14h50 • Mis à jour le18.03.2015 à 14h52 Yannis Kiourtsakis, écrivainLes ministres des finances de la zone euro ont donc fini par conclure un compromis avec le nouveau gouvernement grec. C’est le moindre mal car un « grexit » [sortie de la Grèce de la zone euro] serait catastrophique pour tous. Mais l’organe de plus en plus technocratique qu’est devenu, sous la houlette de l’Allemagne, l’Eurogroupe, peut-il mesurer le drame qui, depuis cinq ans, a ruiné des milliers de foyers grecs, défait le tissu social, miné la légitimité des partis hier encore dominants et vidés le pays d’une bonne partie de sa jeunesse productive ? Peut-il surtout comprendre que le résultat des élections du 25 janvier était tout autre chose qu’une montée des extrêmes ou une dérive populiste comme le prétendent maints dirigeants européens ? À savoir la délivrance du corps électoral de la peur qui avait plombé son choix aux législatives de 2012 ; autrement dit une victoire de la liberté, de la démocratie et de la politique sur la tyrannie de l’économisme.C’est plus que douteux, quand le souci des chiffres remplace le souci des hommes. Cela seule une Europe politique équilibrée, résolue à combler son déficit démocratique pourrait le faire. Faute de cette résolution on ira d’un accord bancal à un autre qui, pour vouloir gagner du temps face au gonflement inexorable des dettes, ne fait que le perdre, en négligeant l’urgence de rétablir une solidarité effective entre nos peuples. Comment en effet ne pas tirer la leçon amère de ces dernières années que les Grecs ont apprise mieux que tout autre peuple d’Europe : que notre monnaie prétendument commune a creusé chaque jour davantage le fossé économique et social entre les pays du Nord et du Sud à l’encontre de l’objectif proclamé de l’Union, qui était leur convergence ; que la cure administrée depuis 2010 par le directoire économique qui nous a de facto gouvernés, s’est avérée aussi inefficace que désastreuse rendant impossible toute réforme en profondeur ; et que l’Europe d’aujourd’hui dépourvue de vision politique ne cesse de nourrir l’incompréhension entre nos peuples, les égoïsmes nationaux, les replis identitaires, la xénophobie, la résurgence de l’extrême droite.NaufrageDepuis le début de ce naufrage, de nombreux Grecs qui se sentent profondément Européens s’interrogent sur ce mal de l’Europe comme sur les maux propres à leur société. Ils remontent au début du XIXe siècle, quand la Grèce renaissante a lié, pour le meilleur et pour le pire, son sort à celui du Vieux continent. Événement fondateur s’il en est sans lequel on ne peut comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Figurez-vous d’une part une société archaïque, plus proche du monde d’Homère que de la modernité industrielle et capitaliste de l’Europe à laquelle elle désirait pourtant s’intégrer sans jamais y parvenir tout à fait jusqu’à ce jour. Et de l’autre, une Europe arrogante traitant bien souvent la Grèce comme un pays semi-colonisé, avec la complicité, il faut le dire, de maints de nos dirigeants – nous l’avons de nouveau vécu avec consternation ces dernières années.Cette histoire s’est répétée tout au long des XIXème et XXème siècles avec l’indépendance des Balkans, puis de tous les pays colonisés par l’Europe à travers le monde. C’est elle qui éclaire, en grande partie, les drames présents de notre planète. Aujourd’hui nous sommes tous embarqués dans le même navire. Il n’y a pas de crise qui ne soit à la fois intérieure et extérieure : voyez le fléau djihadiste qui nous assaille du dehors comme du dedans ; voyez la montée nouvelle de l’antisémitisme et de l’islamophobie en Europe qui ne peut qu’alimenter le cercle infernal de la violence. C’est sans doute parce qu’on ne peut plus ignorer cette situation qu’on est parvenu au compromis du 20 février.Mais pour faire face à la crise de civilisation que connaît l’Europe, il faut dépasser la vision financière des choses. Dans ce monde qui ne cesse de se rétrécir, tout se tient : l’économie, la politique, la justice, l’éthique, la culture. Si nous ne trouvons pas les moyens d’ébranler la dictature d’une économie n’ayant d’autre finalité qu’elle-même sur toutes les autres sphères de l’action humaine, celles-ci finiront par être complètement vidées de leur substance, qui donne un sens à nos vies. Au XIXème siècle l’Europe a aidé les Grecs à retrouver la continuité plusieurs fois millénaire de leur civilisation, qui a été occultée par les siècles de l’occupation ottomane.Curieusement la crise actuelle a un effet semblable : elle nous fait redécouvrir la valeur pérenne de notre langue, occultée cette fois par l’ivresse consumériste d’hier. C’est que des mots tels qu’économie, politique, démocratie, si familiers à tous les peuples, conservent dans nos esprits leur sens primordial, étymologique : économie (mot formé de oïkos et de nomos) signifiant l’administration ou la loi qui régit une maison ; politique, l’activité au service de la polis (la cité) ; démocratie, la souveraineté du démos (le peuple). Or de quoi avons-nous tous besoin aujourd’hui si ce n’est de fonder la loi de notre maison commune sur la politique, entendue dans le plein sens du terme, puis de fonder celle-ci sur une régénération de la démocratie en souffrance ?Cela nous permettrait peut-être de retrouver au-delà des « marchés » - ces lieux de spéculation qui conduisent si souvent à l’entre-destruction des hommes – l’agora en tant que lieu privilégié du dialogue, donc aussi de la démocratie. La renaissance de celle-ci serait-elle d’abord la victoire du sens des mots, si affreusement perverti par la langue de bois de notre technocratie postdémocratique ? Pensons à cette utopie. Car sans la boussole qu’elle nous procure la vision de l’Europe Unie n’aura pas d’avenir. C’est pourquoi si nos partenaires européens comprenaient enfin le drame grec, cela pourrait les aider à mieux se comprendre eux-mêmes, à retrouver leurs propres racines et à donner une légitimité nouvelle à nos institutions.Yannis Kiourtsakis est notamment l’auteur de deux romans traduits en français, Le Dicôlon et Double exil, Verdier, 2011 et 2014. Philippe Jacqué Opel se retire du marché russe. La filiale européenne du constructeur américain General Motors (GM) l’a annoncé mercredi 18 mars, ajoutant qu’elle va également fermer, d’ici à la fin de l’année, son usine de Saint-Pétersbourg qui emploi un millier de salariés.Les perspectives sur le marché russe « ne sont pas bonnes, non seulement à court terme mais aussi à moyen et long terme », a justifié le patron de Opel, Karl-Thomas Neumann, dans une interview au journal allemand Handelsblatt. Les ventes de la filiale de GM se sont effondrées de 86 % en février par rapport au même mois de 2014. Depuis le 1er janvier, la chute s’établit à 82 % (sur un an) pour un marché qui est globalement en repli de 32 % ; cette année, la marque a écoulé 1 900 véhicules, contre plus de 10 000 un an plus tôt…Opel a expliqué dans un communiqué que la décision se traduirait par une charge de 600 millions de dollars (565 millions d’euros) dans les comptes de GM, une nouvelle perte qui vient s’ajouter à celles enregistrées par le géant américain en 2014, qui atteignaient 1,2 milliard d’euros…Une Bérézina pour tout le secteurCe sont les marques Opel et Chevrolet qui vont se retirer du marché russe, complètement pour la première et à l’exception de certains modèles ciblés pour la deuxième. Le partenariat avec le russe GAZ pour la fabrication de Chevrolet sera aussi stoppé. A l’avenir GM veut « se concentrer sur le segment premium du marché russe », à savoir les marques Cadillac et une poignée d’« icônes américaines » de Chevrolet.Le constructeur américain n’est pas le seul à subir une telle bérézina en Russie… C’est que le marché est habitué aux soubresauts depuis le début des années 2000. En 2005, le marché qui était en train d’exploser, avait déjà connu un important trou d’air. En 2012, alors que le pays affichait 2,9 millions d’immatriculations, les analystes prédisaient que la Russie allait dépasser, en 2015, le marché allemand, où il s’immatricule 3,2 millions de voitures. A cette date, les constructeurs envisageaient 3,5 millions de ventes à l’horizon 2015.Las, la crise en Ukraine et la chute du prix du pétrole, l’une des principales ressources en devises du pays, ont plongé l’économie russe dans le chaos. Le secteur automobile a été l’un des premiers à souffrir de l’inflation galopante du rouble. Après une baisse de 5 % des ventes en 2013 à 2,8 millions d’unités, le marché s’est encore contracté de 10 % en 2014, à 2,5 millions d’unités.Réduire l’exposition à un marché sinistréDans ce contexte, tous les constructeurs réduisent leur exposition au marché. L’alliance Renault-Nissan (dont les ventes ont chuté de 25 % en deux mois), qui détient AvtoVAZ, le constructeur de Lada, a décidé de suspendre la production quelques semaines sur ses sites le temps d’écouler les stocks. De plus, le groupe poursuit la restructuration à marche forcée de sa filiale russe avec le départ programmé de 1 100 cadres en 2015.Volkswagen (– 27 %) a aussi mis entre parenthèses la production et tente de conserver sa part de marché, en baissant ses ventes dans les limites du marché. PSA et Mitsubishi font également tourner leur usine de Kaluga au ralenti et revoient le prix de leurs véhicules au jour le jour selon l’évolution quotidienne du rouble. Lors des résultats annuels de PSA, Carlos Tavares, le président du directoire du groupe avait rappelé son ambition de diviser par deux ses pertes opérationnelles sur place malgré la chute du marché. Sur deux mois, les ventes du constructeur français se sont effondrées de 80 %…Hyunday-KIA à l’offensiveFord (– 70 %) ou Toyota (– 27 %) font le gros dos. « Nous cherchons à maintenir notre performance malgré l’effondrement du marché, explique Didier Leroy, chargé de la zone pour Toyota. Nous allons poursuivre les investissements dans notre usine de Saint-Pétersbourg en 2015 afin de préparer le lancement de notre Rav4, un SUV, en 2016 ». Ford a également annoncé la multiplication de nouveaux modèles pour sauvegarder son ancrage russe.Le plus offensif reste le groupe Hyundai-Kia. Depuis le début de l’année, les deux marques ont multiplié les rabais et ramasser pas moins de 7 points de parts de marché. Depuis le début de l’année, le groupe sud-coréen détient 20,1 % du marché, contre 13,1 % sur la même période de 2014. Malgré l’inflation, les ventes de Hyundai ont augmenté de 4 %, tandis que Kia reculait de 2,4 % pour un marché en chute de 38 %… Autres groupes en progression, à rebours du marché : Mercedes et BMW ; les deux marques consolident leur position.Désormais, pour 2015, Opel attend un marché russe à 1,5 million d’unités, moitié moins qu’en 2012… « Il est très volatil. Il peut baisser énormément très vite et remonter également rapidement… En gros, il ne faut pas quitter le pays dans la tempête. Il faut faire le gros dos et être prêt quand il redémarrera », rappelle un spécialiste du pays.Automobile : le réveil de l’EuropePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.03.2015 à 10h59 • Mis à jour le18.03.2015 à 18h28 Les forces gouvernementales irakiennes et des milices alliées ont pillé et incendié des maisons de civils sunnites, et même détruit des villages après avoir brisé en août 2014 le siège imposé par l'Etat islamique (EI) sur la ville chiite d'Amerli, dans la province de Salaheddine, fait savoir l'ONG Human Rights Watch (HRW).« A l'issue des opérations menées pour mettre un terme au siège, les milices, les combattants volontaires et les forces de sécurité ont attaqué des villages sunnites et les environs d'Amerli, dans les provinces de Salaheddine et de Kirkouk. Nombre d'entre eux étaient des villages que l'EI avait traversés et, dans certains cas, utilisés comme des bases », explique l'ONG dans un communiqué accompagnant son rapport intitulé « After Liberation Came Destruction » (« Après la libération, la destruction. Les milices irakiennes et les conséquences de l'assaut contre Amerli », en anglais, au format PDF).Selon Human Rights Watch, ils « ont pillé les biens de civils sunnites qui avaient fui les combats, incendié leurs habitations et commerces, et détruit entièrement au moins deux villages ». Une quarantaine d'autres l'ont été au moins partiellement, selon des témoignages recueillis par l'ONG, qui a également fait état de l'enlèvement de onze hommes au cours de ces opérations menées en septembre et en octobre.« L'Irak ne gagnera pas le combat contre l'EI (…) si ses propres forces se livrent à des attaques contre les civils en violation des lois de la guerre », explique Joe Stork, le directeur adjoint de Human Rights Watch au Moyen-Orient. « Les Irakiens se trouvent pris en étau entre les horreurs commises par l'EI et le comportement répréhensible des milices », dénonce-t-il encore.L'EI s'est emparé de larges pans du territoire à la faveur d'une vaste offensive lancée en juin, mettant en déroute l'armée irakienne, qui a décidé ensuite de se tourner vers des forces paramilitaires dominées par les milices chiites. Human Rights Watch rappelle que le premier ministre Haïder Al-Abadi s'était engagé en décembre à « faire passer (…) sous le contrôle de l'Etat » tous les groupes armés.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#ZgSQUu_06qM"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "ZgSQUu_06qM", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 18.03.2015 à 09h52 Neuf condamnés à mort ont été pendus dans des prisons de la province du Pendjab, au Pakistan, mercredi 18 mars. Mardi, douze condamnés à mort avaient été exécutés, dont Muhammad Afzal, qui était âgé de 16 ans au moment de sa condamnation, d'après Amnesty International.Avec ces nouvelles pendaisons, le nombre d'exécutions ces deux derniers jours passe à vingt et une, et à quarante-huit depuis leur reprise, en décembre.La peine de mort ne peut être prononcée pour des crimes commis avant l'âge de 18 ans, et les aveux sous torture sont irrecevables. Pourtant, un jeune homme doit être exécuté jeudi, qui n'avait que 14 ans quand il a avoué sous la torture, en 2004, avoir tué un autre enfant. Sa mère a demandé sa grâce au président Mamnoon Hussain.Le premier ministre, Nawaz Sharif, a levé de fait le moratoire qui était observé en matière d'exécutions le 17 décembre 2014, au lendemain de l'attentat meurtrier perpétré contre une école miliaire par des talibans pakistanais. L'attaque avait fait cent trente-quatre morts parmi les élèves et tué dix-neuf adultes.Amnesty appelle à rétablir le moratoireDans un premier temps, le gouvernement avait dit que seules les personnes condamnées pour des faits liés à l'insurrection islamiste seraient exécutées. Mais, il est apparu la semaine dernière que les autorités avaient sans le dire élargi la peine capitale à tous les prisonniers en sursis dans le couloir de la mort et dont les recours avaient été rejetés.« A ce rythme, le Pakistan deviendra l'un des plus grands bourreaux du monde, un club honteux auquel aucun pays ne devrait aspirer », écrit dans un communiqué David Griffiths, vice-directeur d'Amnesty International pour l'Asie, en appelant les autorités d'Islamabad à rétablir le moratoire sur la peine capitale. 20.03.2015 à 16h42 L'Ukraine tente d'obtenir de ses créanciers l'effacement d'une partie de sa dette. Mais les discussions s'annoncent « compliquées », a annoncé, vendredi 20 mars, la ministre des finances, Natalie Jaresko.Depuis le 12 mars, Kiev a engagé des négociations avec ses bailleurs privés et publics avec l'objectif de dégager 15 milliards de dollars (14 milliards d'euros) d'allègement dans le cadre d'un plan d'aide international de 40 milliards de dollars (envrion 37 milliards d'euros) sur quatre ans.« Cette restructuration va requérir un mélange d'extension de maturité, de réduction du coupon [les intérêts] et du [montant] principal », a expliqué la ministre au centre de recherches Council on Foreign Relations, à New York.Mme Jaresko dit ne pas connaître dans le détail l'identité des détenteurs de la dette ukrainienne, échangeable sur les marchés, et notamment des 3 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) prêtés par Moscou à Kiev en 2013, et qui  doivent être remboursés d'ici à la fin de l'année.Des incertitudesAffaiblie économiquement par le conflit dans l'Est, l'Ukraine devrait voir sa dette publique flamber à 94 % de son produit intérieur brut en 2015, contre 40,6 % en 2013. Selon Mme Jaresko, Kiev et ses créanciers ont intérêt à ce que le pays revienne sur une trajectoire « viable » et « soit en position de rembourser sa dette ». « Nous n'y sommes pas encore », a-t-elle reconnu, ajoutant que les discussions devront être achevées d'ici à mai.Lire aussi (édition abonnés) : L’économie ukrainienne au bord de l’effondrementLe Fonds monétaire international (FMI), qui contribue à hauteur de 17,5 milliards de dollars (16 milliards d'euros) au plan d'aide, craint que certains bailleurs du pays rechignent à accepter des pertes. Ces derniers « ont naturellement feint d'être surpris », mais « jusqu'à maintenant, nous avons à peu près le sentiment que tout le monde nous soutient », a assuré la ministre.Le conflit dans l'est du pays fait peser de nombreuses incertitudes sur l'issue des discussions et sur le scénario du FMI d'un retour à la croissance dès 2016 et pour Mme Jaresko :« Il y a beaucoup de pièces du puzzle qui ne sont pas prévisibles (...). C'est difficile de prédire si nous serons proches de ces prévisions s'il y a un choc extérieur ou si le cessez-le-feu ne tient pas. » 20.03.2015 à 15h38 • Mis à jour le20.03.2015 à 15h44 | Maryline Baumard En 2014, l’Europe a enregistré 626 000 demandes d’asile, soit une hausse de 44 % en un an. Parmi eux, 20 % sont des Syriens, selon les dernières statistiques Eurostat. Laissera-t-on longtemps encore ces familles entières traverser la Méditerranée aux mains de passeurs, pour tenter d’être reconnues comme des réfugiés ? Cette question est sous-jacente dans la lettre que vient d’adresser le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres. Une missive qui liste une série de propositions concrètes.Renonçant à attendre une initiative politique qui ne vient pas, las de voir les bateaux sombrer, les Nations unies ont donc pris les devants. Vendredi 19 mars, l’agence de l’organisation internationale ouvrait le débat sur le sujet, à Paris avec la presse. Elle souhaite encourager une large réflexion entre la Commission européenne, les États et d’autres parties prenantes concernées pour répondre aux problèmes de la migration en mer Méditerranée et pour sauver des vies.En 2014, 3 419 personnes ont péri noyées en tentant de rallier l’Europe. C’est devenu la route la plus dangereuse du monde et elle risque de faire plus de victimes en 2015 qu’en 2014. Depuis le 1er janvier, en effet, quelque 470 personnes ont déjà trouvé la mort ou sont portées disparues, contre 15 sur la même période en 2013.Par son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontièresLe HCR souhaite donc la mise en place d’une opération européenne d’envergure pour la recherche et le sauvetage en mer. Une opération similaire à Mare Nostrum, l’initiative italienne de sauvetage qui a pris fin l’année dernière, faute de relais pris par l’Europe. La nouvelle version, dont rêve le HCR, serait gérée conjointement par les Etats et n’aurait rien à voir avec Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de Schengen, qui sauve occasionnellement des naufragés, mais dont ce n’est pas la vocation première. Pour l’heure, les Etats s’y refusent, car ils estiment que cela créerait un appel d’air. Le HCR souhaite aussi la mise en place de compensations européennes versées aux compagnies maritimes pour les pertes subies pendant le sauvetage de personnes en détresse. À l’heure actuelle, certains cargos commencent en effet à se dérouter pour ne plus croiser les routes des migrants… C’est en effet sur les gardes-côtes italiens et sur les initiatives privées que repose aujourd’hui le secours.Répartition inégalePar son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontières et aider à penser globalement le sujet des migrations. Elle préconise donc une meilleure répartition de l’accueil des demandeurs d’asile entre les États. Aujourd’hui, ces demandes vont très majoritairement vers l’Allemagne et la Suède. La première a enregistré un tiers de demandes en 2014, la seconde 13 %. La France et l’Italie arrivent ensuite avec 10 % chacune, et une baisse de 5 % des demandes pour la France.Face à cette répartition inégale, le HCR propose une solidarité européenne permettant une répartition plus égale, mais aussi une prise en charge mutualisée des entrants en Europe. L’Italie et la Grèce, principales portes d’entrées dans l’espace Schengen, pourraient, si les recommandations étaient suivies, bénéficier d’un appui pour accueillir les demandeurs d’asile. Aujourd’hui ces deux pays se sentent largement abandonnés et en profitent pour ne pas se plier à toutes les obligations internationales… Sur le problème plus spécifique des Syriens, et ses 4 millions de réfugiés extérieurs, le HCR propose une initiative pilote. Il préconise le transfert direct des réfugiés secourus en mer vers différents pays d’Europe, selon une répartition équitable. À l’heure actuelle, on est bien loin de l’« équité » puisque la France a par exemple accepté 1 000 réfugiés syriens sélectionnés comme vulnérables par le HCR, quand l’Allemagne a ouvert ses portes à 20 000. Le HCR préconise l’utilisation du parrainage privé, de visas humanitaires et de visas étudiants ou de travail par les États pour faire entrer ces victimes de la guerre. « La proposition du HCR comprend également des efforts visant à assurer que des programmes robustes pour le soutien à l’intégration nationale soient développés, et que les réfugiés reçoivent l’aide dont ils ont besoin pour contribuer à nos sociétés », déclarait récemment Vincent Cochetel, le responsable Europe du HCR.Toutes ces propositions ont toutes chances de se heurter au mur des raisonnements politiques. En prise avec des opinions publiques de plus en plus frileuses, car victimes du chômage, les gouvernants préfèrent l’immobilisme à des actions qui pourraient être perçues comme un entrebâillement de la porte des entrées légales. Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 14h08 • Mis à jour le20.03.2015 à 16h21 La brutale arrestation par des policiers blancs d'un étudiant noir refoulé d'un bar dans l'Etat américain de Virginie vient alimenter la polémique aux Etats-Unis. Martese Johnson, 20 ans, un étudiant de l'université de Virginie, au sud de Washington, s'est vu refuser l'entrée d'un pub irlandais mercredi soir, où une fête de la Saint-Patrick battait son plein.A l'extérieur du bar, des agents, blancs, du département de contrôle des boissons alcoolisées l'ont alors violemment plaqué au sol, l'un d'eux maintenant son genou dans le dos du jeune homme pour l'empêcher de se débattre, tout en lui passant les menottes. Sur une vidéo amateur de l'arrestation diffusée sur les chaînes américaines, on entend l'étudiant crier : « Racistes ! » Sur les images, on peut nettement voir sa tête ensanglantée après avoir heurté le trottoir.L'altercation lui a valu une hospitalisation et plusieurs points de suture. Mercredi soir, près de 300 personnes se sont rassemblées sur le campus de l'université pour protester contre son arrestation. « Pendant que les policiers me maintenaient à terre, je me suis demandé : “comme est-ce possible ?” », a expliqué Martese Johnson dans une déclaration lue par son avocat Daniel Watkins lors d'une conférence de presse jeudi. La police a inculpé l'étudiant pour avoir proféré des injures, ébriété sur la voie publique et obstruction. La police de l'Etat de Virginie a promis qu'une enquête serait menée.Arrestation brutaleSelon l'avocat du jeune homme, Martese Johnson a tenté d'entrer dans le bar en montrant une pièce d'identité – comme c'est souvent le cas aux Etats-Unis où l'âge légal pour consommer de l'alcool est 21 ans – mais il s'est fait refouler. C'est à ce moment que les policiers l'ont interrogé et l'échange s'est soldé par l'arrestation brutale de l'étudiant, selon M. Watkins, cité par le Washington Post.Plusieurs affaires de violences policières, où des Noirs ont été abattus ou brutalisés par des policiers blancs, ont ravivé les tensions raciales aux Etats-Unis. La plus notable est celle de la mort de Michael Brown, un jeune Noir abattu par un policier blanc à Ferguson, dans le centre des Etats-Unis, l'été dernier. Sa mort avait entraîné de violentes émeutes. Jean-Michel Bezat A Moscou, à Kiev et à Bruxelles, on a une date en tête : le 31 mars. C’est ce jour-là qu’expire l’accord provisoire encadrant les livraisons de gaz du géant Gazprom à son client ukrainien Naftogaz. Un nouvel accord entre la Russie et l’Ukraine est nécessaire pour prolonger les fournitures à Kiev tout en sécurisant l’approvisionnement de l’Union européenne (UE), a prévenu la Commission de Bruxelles, jeudi 19 mars, à la veille de la relance de négociations tripartites dans la capitale belge.Ces discussions s’ouvrent donc quelques heures après que les chefs d’Etat des Vingt Huit ont plaidé pour la prolongation des sanctions économiques contre la Russie jusqu’à la fin de l’année – tout en reportant leur décision en juin – afin d’obliger le Kremlin à respecter les accords de Minsk qui portent sur la crise ukrainienne.L’Europe veut calmer le jeu face à la Russie de PoutineLes ministres russe de l’énergie, Alexandre Novak, son homologue ukrainien, Volodymyr Demtchichine, et le vice-président de la Commission européenne chargé de l’énergie, le Slovaque Maros Sefcovic, ne signeront pas d’accord. Mais ils définiront l’ordre du jour des discussions et les points à régler, en particulier le prix et les volumes à livrer à l’Ukraine, a indiqué la Commission. Tout arrêt des livraisons menace l’approvisionnement de l’Europe, dont 15 % du gaz consommé transite par ce pays en provenance de Russie.Kiev doit reconstituer ses stocksDébut 2014, Moscou avait décidé d’augmenter le prix du gaz vendu à Kiev de près de 100 dollars par million de BTU après le renversement du président Viktor Ianoukovitch et l’arrivée au pouvoir à Kiev des pro-occidentaux. En juin, Gazprom avait suspendu ses livraisons. Les deux pays étaient finalement parvenus à un accord provisoire, fin octobre, sous l’égide de l’UE : il prévoyait une réduction des prix, mais l’Ukraine devait régler progressivement sa dette gazière et payer par avance le gaz russe, tout en n’étant pas obligée de s’engager sur des volumes précis.Cet accord a permis aux Ukrainiens, mais aussi aux Européens, de passer l’hiver sans rupture d’approvisionnement. Au printemps, quand la consommation baisse, Naftogaz peut se fournir grâce à des flux inversés depuis la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie. Kiev doit surtout reconstituer ses réserves pour l’hiver prochain, soit 20 milliards de mètres cubes, et pour cela, le pays a besoin de gaz russe. La Commission européenne estime que ses stocks n’excèdent pas 6,5 milliards de mètres cubes.Bruxelles souhaite qu’un accord russo-ukrainien court jusqu’à la fin 2016, quand le tribunal international de Stockholm, saisi par les deux pays, rendra son arbitrage. Leur contentieux a été relancé, en février, quand le Kremlin a demandé à Gazprom de livrer directement du gaz dans les zones de l’est contrôlées par les prorusses. Cette question des livraisons aux séparatistes ne sera pas traitée lors des pourparlers de Bruxelles, mais dans le cadre du suivi des accords de Minsk.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.03.2015 à 11h44 • Mis à jour le20.03.2015 à 11h50 Après l'arrestation la veille d'un quatrième homme, la police danoise a annoncé, vendredi 20 mars, l'arrestation d'un cinquième homme « soupçonné de complicité dans les actions de l'assaillant les 14 et 15 février » lors des attentats de Copenhague qui avaient endeuillé le Danemark.« Comme hier [jeudi], la police a fait plusieurs perquisitions en lien avec l'arrestation », ont précisé les forces de l'ordre dans un communiqué. Jeudi, un quatrième homme avait été arrêté. Il devait être déféré vendredi devant un juge en même temps que la personne qui vient d'être arrêtée.Trois hommes sont déjà en détention, deux depuis le 16 février et le troisième depuis le 27 février, inculpés pour complicité avec l'auteur des attentats, Omar El-Hussein, un Danois de 22 ans d'origine palestinienne.Le 14 février, lourdement armé, El-Hussein avait ouvert le feu sur un centre culturel de Copenhague où se déroulait un débat sur la liberté d'expression, tuant une personne, un réalisateur de 55 ans, avant de prendre la fuite. Dans la nuit du 14 au 15 février, il avait abattu un homme de 37 ans qui montait la garde devant la synagogue de Copenhague où était célébrée une bar-mizvah avant d'être tué à l'aube lors d'un échange de tirs avec la police.Lire le décryptage : Comment le Danemark fait face à la menace djihadiste Guy Dutheil Airbus pourra-t-il échapper encore longtemps à la mise en chantier d’un A380 Neo, une nouvelle version, allongée, remotorisée, moins gourmande en carburant, de son gros-porteur, entré en service voici sept ans, mais dont les ventes ne sont pas aussi satisfaisantes que cela ? Pas sûr, tant la pression de certains de ses clients augmente pour obtenir la sortie d’un tel appareil.Tim Clark, le PDG d’Emirates, le réclame régulièrement. Le patron de la compagnie de Dubaï a de nouveau sollicité l’avionneur européen, dans un entretien au Financial Times, le 17 mars. Il attend d’Airbus un « business plan » pour un A380 Neo avant la fin mars.Airbus peut difficilement faire la sourde oreille. Emirates n’est pas un client comme un autre. A elle seule, la compagnie du Golfe a rempli près de la moitié (44 %) du carnet de commandes d’A380. Au total, Emirates est le client de 140 des 317 appareils commandés au total auprès d’Airbus.Avant de prendre une décision, le constructeur de l’appareil s’emploie à calmer le jeu avec Emirates. « Il s’agit d’une discussion avec un client et pas d’un conflit », fait savoir la direction du groupe. Et d’ajouter : « notre client exprime un besoin et nous regardons ce qu’il est possible de faire. »Passer de 525 à 800 passagersEn pratique, Airbus ne veut pas se précipiter. A Toulouse, au siège de l’avionneur, l’heure n’est plus aux investissements d’importance mais à la rentabilité des programmes déjà lancés. Car la mise en œuvre d’un A380 Neo coûterait cher. Pour l’avionneur, la facture serait de 1,5 milliard à 2 milliards d’euros. Ce dernier a d’ailleurs fait savoir qu’un Neo coûterait 10 % du prix du programme initial.Airbus a aussi d’autant moins envie de remettre la main à la poche que le programme A380 arrive enfin à l’équilibre en 2015, plus de sept ans après son entrée en service.Avant de débourser une telle somme, le groupe réfléchit donc à toutes les possibilités d’amélioration des capacités de l’A380 actuel. Celle qui a sa préférence consisterait à optimiser la cabine à deux ponts de l’appareil. Cela permettrait de transporter plus de passagers et donc de faire gagner de l’argent aux compagnies.Une des solutions imaginées est de placer les classes Première et Affaires sur le pont supérieur, le pont inférieur étant alors réservé aux passagers de la classe économique. De la sorte, fait savoir Airbus, les compagnies pourraient disposer tout à la fois d’un plus grand nombre de sièges « économiques » et « business » dans l’avion.Agencé en trois classes, Première, Affaires et Economique, un A380 peut emporter aujourd’hui 525 passagers. Avec une cabine intégralement dédiée à la classe économique, l’avion pourrait transporter jusqu’à 800 passagers.Prendre une décision « avant 2017 »En outre, la production d’un A380 Neo ne relève pas de la seule décision d’Airbus. Pour faire voler l’avion, il lui faut des moteurs. Des deux motoristes qui équipent l’avion géant – Engine Alliance et Rolls Royce – seul le second serait prêt à se lancer dans l’aventure Neo.Toutefois, le motoriste britannique, comme Airbus, veut la garantie d’un certain carnet de commandes avant de s’engager. En clair, les deux sociétés voudraient que les futures compagnies clientes signent pour « 200 à 300 avions ».Le Neo offrirait aussi beaucoup d’avantages pour Airbus. Il lui permettrait de faire perdurer le programme A380, l’avion préféré des passagers, et de conserver « l’outil industriel ». Aujourd’hui, indique l’avionneur européen « nous n’avons plus que quatre ans et demi de production d’A380 devant nous ». Pour poursuivre, sans rupture, avec la production d’un A380 Neo, « Airbus doit prendre sa décision avant 2017 ». De telle sorte, le nouvel « avion pourrait entrer en service en 2020 ».Si Airbus choisit le Neo, les commerciaux de l’avionneur devraient rapidement débuter leur « Authorization to offer » (ATO). C’est une étape incontournable avant le démarrage de tout nouveau programme ; elle permet aux constructeurs de faire le tour des compagnies aériennes pour tester leur appétence pour un nouvel avion.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.03.2015 à 09h56 • Mis à jour le20.03.2015 à 11h34 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)  Que faut-il retenir du mini-sommet de la zone euro consacré à la Grèce, qui s’est tenu, jeudi 19 mars 2015 dans la soirée, en marge d’un conseil européen à Bruxelles ? Ce rendez-vous de près de trois heures a rassemblé un comité restreint : le président français, François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, celui de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, celui de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le premier ministre grec, Alexis Tsipras.A-t-il été de nature à « faire bouger » des positions – celles du gouvernement grec, de ses créanciers, des pays de la zone euro – qui, depuis la réunion de l’Eurogroupe (dont les membres sont les ministres des finances des 19 pays de la zone euro) du 20 février, n’avaient pas vraiment évolué ?Quels sont les engagements pris au terme de cette réunion ?Les différents interlocuteurs de M. Tsipras lui ont répété qu’il devait respecter l’accord trouvé lors de la réunion de l’Eurogroupe du 20 février dernier. Et qu’il y avait urgence. « On a un accord dont il faut respecter les termes », ont seriné à l’unisson Mme Merkel et M. Hollande. Concrètement, Athènes doit chiffrer l’état des finances grecques, entrer en négociation sur une liste crédible de réformes et ne pas prendre de mesures qui coûtent de l’argent à l’État sans en discuter au préalable avec ses créanciers, contrairement à ce qui a pu se passer avec les « mesures humanitaires », adoptées mercredi 18 mars par le Parlement grec.Ces mesures doivent permettre de rétablir l’électricité pour les ménages ne pouvant plus payer leurs factures, d’attribuer une aide au logement à 30 000 foyers et d’accorder une aide alimentaire à 300 000 Grecs.La Grèce va répondre de façon « constructive » aux demandes de réformes de ses créanciers, qu'une équipe d'experts a été chargée de rédiger, a promis, vendredi amtin, le ministère grec des finances dans un communiqué.La tranche de prêts restant à débourser dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays (environ 7,2 milliards d’euros) ne sera versée qu’une fois cet exercice achevé.« Trop de temps a été perdu », a relevé M. Hollande, à la fin du mini-sommet. Fin février, les Européens avaient convenu d’un premier rendez-vous avec Athènes à la fin du mois d’avril, afin de vérifier l’état d’avancement de l’accord du 20 février.Mais, sur le terrain, l’équipe de techniciens représentant les créanciers (BCE, Commission européenne, Fonds monétaire international) et chargée de négocier les réformes, n’a pas encore pu vraiment démarrer son travail.Le retour des « men in black » à AthènesPrésente à Athènes depuis le 12 mars, celle-ci ne pourrait pas travailler dans de bonnes conditions. Les équipes, isolées dans un hôtel de la capitale grecque, ne peuvent se déplacer dans les ministères, selon plusieurs sources européennes. Mario Draghi, le président de la BCE, a beaucoup insisté sur ces problèmes logistiques jeudi soir, selon une source proche des discussions.Que sait-on de l’état des finances grecques ?Jeudi soir, le premier ministre grec a assuré à ses collègues autour de la table que son pays serait à court de liquidités début avril. On a par ailleurs appris, selon des sources financières, que 300 millions d’euros avaient été retirés des comptes dans les banques grecques dans la seule journée de mercredi, accroissant la fragilité de ces dernières.Le Parlement grec crée une commission pour auditer la dettePour éviter un accident (panique des épargnants, contrôle des capitaux…), les dirigeants européens, qui redoutent un défaut de paiement partiel du pays dans les jours ou les semaines qui viennent, se sont engagés à « accélérer le calendrier ».L’Eurogroupe « se tient prêt à se réunir dès que possible », est-il indiqué dans les conclusions de la réunion. Si l’urgence financière se concrétise, cette instance pourra apprécier, en fonction des progrès accomplis côté grec, s’il y a lieu ou non d’accorder au pays un versement anticipé afin d’éviter le pire. Une situation qui pourrait se produire dès la fin de la semaine prochaine, si l’on en croit les propos alarmistes de M. Tsipras.M. Tsipras aura-t-il été réceptif au message européen ? Cela fait plus d’une semaine qu’un message de fermeté et d’urgence est adressé, en boucle, au gouvernement grec – à Berlin, Bruxelles et ailleurs en Europe. Ce mini-sommet n’a donc pas apporté de changement de tonalité.Il s’agissait toutefois d’un rendez-vous politique, de haut niveau. Qui plus est demandé par M. Tsipras lui-même.Ce mini-sommet lui permettra peut-être de mieux « vendre » la nécessité des réformes et un droit de regard des Européens à l’aile la plus radicale de son parti, Syriza. M. Tsipras a d’ailleurs obtenu, jeudi soir, une réassurance politique sur le fait que les réformes seront certes négociées avec les Européens, mais pas imposées par Bruxelles.Il s’agit d’un point essentiel pour Athènes, qui accuse l’ex- « Troïka » de ses créanciers (devenue « Groupe de Bruxelles ») d’avoir, depuis quatre ans, bafoué la souveraineté du pays et dicté des mesures d’austérité trop coûteuses socialement.Plus les Grecs sont pauvres, plus leurs revenus ont fondu avec la criseLe format resserré du mini-sommet a permis à des hauts dirigeants, en qui M. Tsipras a, a priori plus confiance, de dire des choses désagréables au premier ministre.Pour les Européens, ce « G7 » de la zone euro devait aussi permettre de faire baisser la pression qui était montée ces derniers jours, notamment entre l’Allemagne et la Grèce (demandes de réparations de guerre côté Athènes, le ministre grec des finances Yanis Varoufakis ridiculisé par les médias allemands). Au point que les scénarios de Grexit recommençaient à tourner et que la perspective d’un compromis s’estompait.L’Europe s’inquiète d’un « Grexit » par accidentLe rendez-vous du lundi 23 mars entre M. Tsipras et Mme Merkel, sur l’invitation de cette dernière, à Berlin, devrait permettre de poursuivre ce travail d’apaisement.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne-Aël Durand et Madjid Zerrouky Comme chaque accident d'avion, le crash de l'Airbus A320 de Germanwings, survenu mardi 24 mars dans les Alpes-de-Haute-Provence, relance les craintes sur la sécurité aérienne. La mort simultanée de 150 personnes a causé une vive émotion, particulièrement en Allemagne et en Espagne, pays d'origine de la plupart des victimes, accompagnée d'interrogations sur les causes du drame.Lire : Nationalités des victimes, boîtes noires... ce que l'on sait du crash de l'A320Dix fois plus de trafic, deux fois moins de mortsPourtant, malgré des accidents et des disparitions d'avions qui ont marqué les esprits durant l'année 2014, la sécurité aérienne a fait de grands progrès ces dernières années. Depuis 1970, les trajets en avion se sont démocratisés, notamment avec l'essor du low cost : le trafic aérien mondial a été multiplié par dix, passant de 300 millions à plus de 3 milliards de passagers transportés par an.Sur la même période, le nombre de morts dans des accidents aériens a tendance à baisser. Alors qu'en 1970, 2 250 personnes ont été tuées en avion dans le monde, on ne comptait que 1 328 victimes en 2014, et seulement 453 en 2013, année la plus sûre, selon le bureau d'archives des accidents d'avion.La probabilité pour chaque passager de mourir au cours d'un trajet en avion est donc passée d'un sur 138 000 en 1970 à un sur 2 349 000 en 2014. #container_1427281541078{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1427281541078{ height:500px; } #container_1427281541078 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1427281541078 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1427281541078 .subtitre{ display:block; }Toujours plus de passagers transportés mais moins de mortsComparaison entre le trafic aérien mondial (en millions de passagers) et le nombre de morts dans des accidents d'avion depuis 1970(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Plus sûr que le rail ou la routeLe nombre de morts par accident d'avion est sans commune mesure avec le nombre de tués sur les routes, qui est estimé à 1,24 million de personnes par an, selon l'Organisation mondiale de la santé. Une étude réalisée en Europe, qui compare le nombre de morts par kilomètre parcouru, montre que l'avion est le moyen de transport le plus sûr, suivi de près par le train. Parmi les véhicules de transport routier, les deux-roues sont de loin les plus dangereux.L'erreur humaine, la plus meurtrièreHormis l'année 2014, la plus meurtrière en dix ans, le nombre des victimes est en baisse depuis le début des années 1970 (3 311 morts en 1972), quelles que soient les raisons. #container_1427283659087{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1427283659087{ height:500px; } #container_1427283659087 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1427283659087 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1427283659087 .subtitre{ display:block; }Principales origines des accidents aériens mortels depuis 1970Nombre de victimes et causes(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} 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async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);L'origine humaine reste le premier facteur d'accident. Depuis 1970, 40 000 personnes ont péri dans des crashs causés par des erreurs de pilotage ou par des défaillances dues aux équipes de maintenance au sol. L'année où les défaillances humaines ont causé le plus de morts est 1985 : le 12 août, le vol Japan Airlines JA8119 s'est écrasé sur une montagne japonaise après une erreur de maintenance, faisant 520 morts.Mais même ce facteur est en baisse constante depuis quarante-cinq ans, tout comme celui du nombre de victimes liées à des vices de fabrication des appareils. Les avions sont de plus en plus fiables.L'exception ukrainienneLe nombre de victimes de catastrophes provoquées par des actes terroristes, des détournements de vol et des actions armées, proche de zéro depuis les attentats du 11 septembre 2001, a brusquement bondi en 2014 : 354 personnes (civils ou militaires à bord d'avions de transport) ont perdu la vie au-dessus d'une seule région – l'est de l'Ukraine – et pour une même raison, des tirs venus du sol en lien avec le conflit qui oppose forces ukrainiennes et séparatistes prorusses. C'est ce qui s'est produit pour le vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu par un missile sol-air le 17 juillet 2014 avec 298 personnes à son bord.Anne-Aël DurandJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteMadjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.03.2015 à 15h17 • Mis à jour le25.03.2015 à 18h54 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Bruxelles dévoile ses ambitions en matière de numérique. Mercredi 25 mars, le vice-président de la commission européenne en charge du numérique, Andrus Ansip, a présenté les grandes orientations de l’institution communautaire en la matière.Le numérique fait partie des priorités du président Jean-Claude Juncker, entré en fonction en novembre dernier. Parmi les principaux chantiers : une réforme du copyright, la question de la régulation des plates-formes ou la lutte contre le « géoblocking ». Le but étant de créer un vrai marché intérieur du numérique alors qu’aujourd’hui, il est morcelé entre autant d’États membres.« Les gens doivent pouvoir être capables, en ligne, de traverser les frontières aussi facilement qu’ils le font dans la vie réelle. Les sociétés du numérique doivent être aidées afin que leur marché soit aux dimensions de l’Union et non limité à son marché national » a déclaré M. Ansip, mercredi. Le commissaire est originaire d’Estonie, un des pays considérés comme les plus connectés au monde.Territorialité des droitsConcernant la réforme du copyright, l’idée est de permettre qu’un bien culturel en ligne (film, vidéo, etc.) puisse être consommé (acheté au besoin), quel que soit le pays de localisation de l’internaute. Actuellement, les abonnements à de la vidéo à la demande ne sont le plus souvent pas « exportables » : même s’il paie son abonnement, un client ne peut consommer que s’il se trouve dans le pays où il a acheté son service. En cause, le modèle économique du cinéma et d’une partie de l’audiovisuel : la territorialité des droits. Les droits de diffusion d’un film sont achetés pays par pays.Pour remédier à cette situation, certains, à la Commission, plaidaient, ces dernières semaines, pour une remise à plat complète de ces droits. Au Parlement européen, l’unique députée du Parti pirate, Julia Reda, a publié un rapport remarqué, en février, prônant la création de licences universelles.Mais Les associations d’ayants-droits, notamment en France, sont montées au créneau avec constance, ces dernières semaines, pour dénoncer des changements qui mettraient à mal de manière irrémédiable, le modèle économique notamment du cinéma.Il semble qu’ils aient été en partie entendus : attachée à prendre en compte la rémunération des auteurs et des éditeurs, la commission ne prévoit pas de légiférer avant l’automne prochain (et non avant l’été comme prévu initialement).Consultation publiqueBruxelles veut aussi s’attaquer au « géoblocking », le fait que certains services ou produits en ligne puissent être achetés depuis certains pays et pas d’autres. Ou que le prix des biens, sur un même site, diffère considérablement selon le pays de l’acheteur. Ainsi des locations de voiture, en Belgique, par exemple, dont le prix peut varier du simple au double, selon la localisation du loueur au moment où il effectue sa transaction. C’est un sujet plutôt consensuel mais qui nécessite pas mal d’ingénierie réglementaire.Autre gros projet, plus polémique, lui, la « régulation des plates-formes ». C’est-à-dire, même si ce n’est pas évoqué frontalement par la commission, la régulation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces quatre géants du web américain dont les chiffres d’affaires cumulés sont supérieurs au PIB du Danemark…La question est, entre autres, de savoir s’il faut considérer ces géants de l’internet uniquement au travers du prisme de la concurrence (comment mieux les réguler pour faire en sorte de corriger ce que d’aucuns pointent comme des distorsions, voire des abus). Ou alors estimer que ces groupes, devenus presque aussi puissants que des États, doivent désormais être considérés comme des sociétés faisant peser un risque systémique aux économies (comme les banques).La commission devrait lancer une consultation publique sur le sujet dans les semaines qui viennent. Dans l’institution, les avis sont partagés : il y a les tenants du laissez faire (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni) et les autres – France, Allemagne, Italie, Espagne, attachés à une meilleure répartition des profits entre les géants du net et les autres acteurs du numérique), et qui ne voudraient pas que le débat soit enterré.La décision finale – réguler ou pas les plates-formes dépendra aussi des conclusions de l’enquête que la commission mène depuis maintenant cinq ans sur Google pour abus de position dominante. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.03.2015 à 13h14 • Mis à jour le25.03.2015 à 18h03 | Guy Dutheil   Après les sondes Pitot, qui avaient été mises en cause dans l’accident de l’Airbus A330 du vol Air France Rio-Paris, le 31 mai 2009, au-dessus de l’Atlantique, des Airbus auraient à nouveau été victimes de phénomènes de givrage de sondes à la fin de l’année 2014. Cette fois, ce sont les sondes d’incidence, celles qui mesurent l’écoulement des filets d’air sur les ailes qui sont en cause, et non plus les sondes Pitot, qui enregistrent la vitesse de l’avion.A la fin 2014, selon nos informations, Airbus a émis les bulletins d’alerte opérationnelle (OEB) 48 et 49 après deux problèmes de givrages des sondes d’incidence, qui ont affecté un A321 de la Lufthansa et un autre Airbus d’une compagnie asiatique. Des alertes destinées aux personnels de maintenance. L’avionneur européen a aussi envoyé, simultanément, un « flight operation transmission », un bulletin d’alerte destiné cette fois aux personnels navigants. Airbus tient à rappeler que c’est la première fois qu’un tel incident survenait alors que l’A320 est entré en service en 1988, il y a plus de vingt-cinq ans.Le 5 novembre, un Airbus A321 de la Lufthansa qui effectuait la liaison entre Bilbao (Espagne) et Munich s’est mis brutalement en piqué alors qu’il venait tout juste d’atteindre son altitude de croisière quelques minutes après son décollage. En pratique, les sondes ont givré lors de la montée de l’appareil et sont restées bloquées lorsque l’avion a atteint son altitude de croisière. Ce givrage des sondes a trompé les automatismes de l’Airbus qui se sont immédiatement déclenchés pour faire piquer l’avion et lui éviter de décrocher.Débrancher les procédures automatiquesLes procédures automatiques de l’Airbus, trompées par les informations erronées qui leur parvenaient des sondes, croyaient que l’avion était toujours en phase de montée. Les pilotes de la Lufthansa ont eu toutes les peines du monde à récupérer les commandes de l’appareil. Il leur a fallu débrancher les procédures automatiques pour continuer leur route en pilotage manuel.Selon Airbus, les OEB émis après les deux incidents sont des « retours d’information ». « A chaque fois qu’il y a un problème, nous partageons l’information avec toutes les compagnies aériennes qui ont des Airbus dans leur flotte », fait savoir l’avionneur européen. Selon lui, plusieurs dizaines d’OEB sont émis par Airbus chaque année.Toutefois, si un givrage des sondes pouvait expliquer, en partie, la descente soudaine et assez rapide de l’Airbus de la Germanwings (environ 3 000 pieds par minute, soit 1 000 mètres), cela ne dit rien sur le silence radio de plus de huit minutes qui a été observé par l’avion jusqu’à son crash dans les Alpes-de-Haute-Provence.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.03.2015 à 11h54 • Mis à jour le25.03.2015 à 11h59 | Jean-Baptiste Jacquin On ne sait pas si elle empruntera la fameuse Route 66 pour rejoindre la Silicon Valley, mais le départ de l’une des plus puissantes femmes de Wall Street pour la côte Ouest est tout un symbole. Google a annoncé, mardi 24 mars, avoir recruté la directrice financière de la banque d’affaires new-yorkaise Morgan Stanley, Ruth Porat. Une prise de taille qui reflète l’attrait croissant des entreprises de technologie au détriment de la grande finance.Certes Google n’a plus rien d’une start-up et a les moyens de débaucher au prix fort une vedette de Wall Street. On ne connaît pas la rémunération de celle qui va succéder à Patrick Pichette à la direction financière du géant de l’Internet, mais son job chez Morgan Stanley lui a rapporté 10,1 millions de dollars (9,2 millions d’euros) au cours de la dernière année. Le groupe dirigé par Larry Page et Eric Schmidt a également besoin de féminiser son état-major alors que les entreprises high-tech sont régulièrement accusées de sexisme. Seul un cinquième de postes de direction chez Google est occupé par une femme alors qu’elles représentent près d’un tiers des salariés.EmbourgeoisementLe départ de cette femme de 57 ans, dont vingt-huit passés chez Morgan Stanley, que l’administration Obama avait cherché, en vain, à débaucher, n’est pas un cas isolé. Le directeur financier de Twitter, Anthony Noto, vient de chez Goldman Sachs tandis que Snapchat a trouvé en décembre chez Credit Suisse Group son directeur de la stratégie, Imran Khan, banquier vedette qui a été l’un de ceux à avoir piloté l’introduction en Bourse d’Alibaba.On est bien loin de ces jeunes diplômés qui se jettent, la fleur au fusil, dans des aventures technologiques incertaines au fond d’un garage. Les entreprises de la Silicon Valley, soutenues par de puissants fonds de capital investissement (merci la finance), ont les moyens de rivaliser avec la banque sur le marché des postes de direction. C’est une forme d’embourgeoisement où de plantureux salaires viennent se substituer à un système où la modestie de la rémunération fixe était justifiée par un fort intéressement au capital, c’est-à-dire une participation au risque.Cette transhumance témoigne également d’un déclin (léger) de l’attrait des métiers de la banque. Selon les chiffres cités par le New York Times, 17 % des diplômés d’un MBA de Harvard se sont dirigés en 2014 vers des entreprises de technologie contre 7 % en 2008. L’étoile de la finance pâlit, même si elle domine toujours avec 33 % des jeunes sortis de Harvard qui l’ont choisie, contre 45 % six ans plus tôt.Le rééquilibrage entre ces différents secteurs de l’économie est sain tant l’engouement pour la finance s’est avéré destructeur. On mesure le chemin qu’il reste à parcourir en France avant qu’une star de Lazard ou BNP Paribas rejoigne une jeune entreprise de technologie.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Bobin (Marj (Libye), envoyé spécial) A l’heure où la Libye sombre dans le chaos, les propos du général Khalifa Haftar au Monde augurent mal des discussions de paix que l’envoyé spécial des Nations unies, Bernardino Leon, tente d’amorcer entre les camps en présence. « Nous sommes là pour sauver le pays contre les groupes extrémistes qui tuent les gens », assène-t-il.L’ex-officier kadhafiste devenu opposant vient d’être nommé à la tête de l’armée. Loyal au gouvernement issu du Parlement exilé à Tobrouk – reconnu par la communauté internationale –, il combat la coalition Aube de la Libye, basée dans la capitale Tripoli, qui se revendique de l’héritage de la révolution anti-Kadhafi et où les milices islamistes jouissent d’une forte influence. « Je respecte M. Leon, commente-t-il, mais que fait-il de son côté pour arrêter les milices extrémistes de tuer les gens ? Pourquoi n’exprime-t-il pas plutôt sa déception vis-à-vis de ces milices ? », s’interroge le général.Lire aussi :La Libye, une menace pour l’Europe«  L’armée ne peut pas arrêter le combat contre ces milices radicales. Notre devoir est d’aider et de sauver les citoyens. Sinon, le pays va s’effondrer », explique-t-il. Les protestations de M. Leon, qui a critiqué la récente reprise des combats à Tripoli à l’initiative des forces loyales à Khalifa Haftar, le laissent dès lors de marbre : « Entre satisfaire mon peuple et satisfaire l’envoyé des Nations unies, je préfère satisfaire mon peuple. » « Les milices doivent rendre les armes et regagner la vie civile. Quant aux groupes extrémistes, ils doivent quitter le pays », dit le général Haftar. Pour lui, l’enjeu ne se limite pas à son pays : « Si ces groupes s’emparent de la Libye, ils vont ensuite s’étendre dans les pays voisins, dans le monde arabe, à l’Ouest et à travers le monde. »Lire l’intégralité de l’entretien (en édition abonnés) Frédéric Bobin (Marj (Libye), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.03.2015 à 17h32 • Mis à jour le15.03.2015 à 17h33 Dans un long article publié par le quotidien espagnol El Mundo, le journaliste Javier Espinosa, ancien otage de l'Etat islamique libéré le 29 mars 2014, raconte avoir été détenu dans une prison en Syrie conçue comme une réplique de la prison américaine de Guantanamo, base américaine à Cuba où ont été internés des combattants capturés en Afghanistan.Le reporter espagnol, ancien « prisonnier 43 », écrit avoir été incarcéré pendant plusieurs mois dans une villa au nord d'Alep, avec 22 Européens, Américains, et une Latino-Américaine qu'il n'identifie pas.Des 23 otages, écrit Javier Espinosa, quinze ont été libérés, six exécutés, et une, l'américaine Kayla Mueller, est morte en février dernier, dans un bombardement de l'aviation américaine, selon l'EI. Le sort du photographe de presse britannique John Cantlie, détenu avec eux, reste incertain.Simulacres d'exécutionsD'après Javier Espinosa, l'EI a rassemblé les otages, travailleurs humanitaires ou journalistes, dans une seule prison qui devait être le pendant de celle de Guantanamo. L'auteur cite le journaliste américain James Foley, son codétenu enlevé en novembre 2012 et exécuté en août 2014.« Ils avaient ce projet depuis longtemps, selon Foley. Le cheikh irakien (chef des gardiens) nous a expliqué dès le départ qu'ils voulaient interner des Occidentaux dans une prison de haute sécurité, avec des caméras, de nombreux gardiens... Il nous a dit que nous allions y passer longtemps parce que nous étions les premiers qu'ils capturaient ».Le journaliste espagnol dit avoir gardé le silence depuis sa libération - en même temps que son collègue photographe Ricardo Garcia Vilanova, et le journaliste du Periodico de Cataluna, Marc Marginedas, qui entame dimanche un récit parallèle - parce que ses gardiens menaçaient d'exécuter d'autres otages s'il parlait « avant que tout soit achevé ».Espinosa raconte des simulacres d'exécution de la part de trois gardiens encagoulés, surnommés les Beatles par les otages, et qu'il traite de psychopathes. Ils les ont notamment obligés à regarder les photos de l'exécution d'un otage russe, l'ingénieur Serguei Nicolayevitch Gorbounov, enlevé en octobre 2013 et assassiné en mars 2014, selon Espinosa.Lire (édition abonnés) : L’enfer secret des otages de l’Etat islamique Gilles Paris (Washington, correspondant), Yves-Michel Riols et Christophe Ayad Les négociations sur le nucléaire iranien, qui reprennent dimanche 15 mars à Lausanne, en Suisse, entrent dans une phase décisive. La date butoir a déjà été repoussée à deux reprises depuis la conclusion d’un accord intérimaire, le 24 novembre 2013, à Genève, entre l’Iran et les grandes puissances, rassemblées au sein du groupe dit « 5 + 1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne). Mais le président américain, Barack Obama, a indiqué qu’il ne soutiendrait pas une nouvelle prolongation si l’Iran et les grandes puissances ne parviennent pas à un accord politique d’ici à la fin mars.Le calendrier : un accord politique d’abordLe nouveau calendrier, entériné à Vienne le 24 novembre 2014, après l’échec d’un an de négociations, prévoit un processus en deux étapes : l’adoption d’un accord politique avant la fin mars, fixant les contours d’un compromis, et la conclusion d’un accord technique, réglant les innombrables détails scientifiques d’ici au 30 juin.Ce report était destiné à donner une respiration à des négociations qui, même si elles piétinent, n’ont jamais été aussi avancées depuis l’ouverture, en 2003, des premiers échanges entre les Iraniens et les Européens. Autrement dit, les discussions sont trop engagées pour prendre le risque d’une rupture, lourde de conséquences alors que l’Iran joue un rôle majeur dans les grandes crises au Moyen-Orient.Les discussions sont trop engagées pour prendre le risque d’une rupture, lourde de conséquences alors que l’Iran joue un rôle majeur dans les grandes crises au Moyen-OrientA l’approche du rendez-vous de Lausanne, Barack Obama a clairement indiqué, le 8 mars, que la décision appartenait, selon lui, au camp iranien. « Nous arrivons à un point dans ces négociations où ce n’est plus une question de problèmes techniques mais de volonté politique », a-t-il affirmé à la chaîne de télévision CBS. « Au cours du prochain mois, nous serons en mesure de déterminer si leur régime peut ou non accepter un accord extraordinairement raisonnable, s’ils sont, comme ils le disent, seulement intéressés par un programme nucléaire civil », a jugé M. Obama.Mais à en croire des sources américaines, les divergences sont telles que l’objectif n’est désormais plus de parvenir à un accord politique d’ici à la fin mars, mais à une simple « entente » qui permettrait de justifier une prolongation des tractations jusqu’au début de l’été. Le but est de permettre à John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, de plaider une extension face à un Congrès méfiant, qui menace de faire dérailler le processus en adoptant de nouvelles sanctions contre l’Iran avant la fin des négociations. D’après un proche du dossier, cette « entente » porte sur un document de « 3 à 4 pages » qui ne serait pas rendu public et viserait avant tout à gagner du temps. Mais toute prolongation des pourparlers est dangereuse, car elle risque de renforcer le camp des adversaires d’un accord, tant à Téhéran qu’à Washington. En Iran, la crédibilité du président modéré, Hassan Rohani, repose largement sur sa capacité à conclure un accord sur le nucléaire qui se traduirait par un assouplissement des sanctions économiques dont le pays a grandement besoin. Aux Etats-Unis, la marge de manœuvre de Barack Obama est fortement réduite par le nouveau Congrès, où les républicains contrôlent désormais le Sénat en plus de la Chambre et affichent leur défiance vis-à-vis d’un accord avec l’Iran.Téhéran-Washington : l’irresponsabilité des républicainsLes centrifugeuses : mot-clef des négociationsLes centrifugeuses permettent d’enrichir l’uranium qui peut ensuite être utilisé pour alimenter une centrale civile ou servir à fabriquer une bombe atomique. Lors des premières négociations entre les Européens et les Iraniens, en 2003, l’Iran disposait de seulement 160 centrifugeuses. Aujourd’hui, la République islamique en possède près de 20 000, dont 9 000 sont en activité. Plus leur nombre est élevé, plus il est possible de réduire le « breakout », à savoir le temps nécessaire pour acquérir assez d’uranium enrichi pour l’élaboration d’une bombe. Pour le moment, ce délai est d’environ trois mois, selon les Occidentaux. Ils veulent qu’il soit « au moins supérieur à un an », d’après un proche du dossier. Une période jugée suffisamment longue pour détecter toute course clandestine à la bombe.D’où l’insistance des pays du « 5 + 1 » pour parvenir à une diminution significative du nombre de centrifugeuses. A l’approche de l’échéance de la fin mars, Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, a estimé, le 7 mars, que le compte n’y est pas. Il faut, a-t-il souligné, une plus grande « réduction » du nombre de centrifugeuses iraniennes, alors que le chiffre sur la table, selon un diplomate, tournerait autour de 6 500. M. Fabius a également plaidé pour une « limitation » de la capacité de « recherche et développement ». « C’est un point fondamental, insiste un diplomate. Si on lâche là-dessus, c’est comme si on ne faisait rien. »Les centrifugeuses permettent d’enrichir l’uranium qui peut ensuite être utilisé pour alimenter une centrale civile ou servir à fabriquer une bombe atomiqueLes Occidentaux estiment en effet que des concessions iraniennes sur le nombre de centrifugeuses ne seraient pas crédibles si, en parallèle, Téhéran est autorisé à développer la recherche sur des centrifugeuses plus puissantes, sans contrôle contraignant.Par ailleurs, l’Iran veut installer, contre l’avis des Occidentaux, des centrifugeuses nouveau modèle, dites IR-2, deux à cinq fois plus puissantes que celles actuellement utilisées, dites IR-1, afin de réduire le temps nécessaire à l’enrichissement de l’uranium. Les centrifugeuses IR-1 ont un rendement environ quarante fois inférieur à celles utilisées par le consortium européen Urenco. L’Iran a fabriqué et installé plusieurs centaines de centrifugeuses de type IR-2, mais elles ne sont pas encore opérationnelles.Le stock d’uraniumLa question du nombre de centrifugeuses est liée à celle du volume du stock iranien d’uranium déjà enrichi. Plus celui-ci est limité, plus il est possible de laisser à l’Iran un nombre significatif de centrifugeuses. Et inversement.Selon le New York Times, l’Iran aurait accepté d’envoyer en Russie une partie de son stock d’uranium, où il serait transformé en barres de combustible, seulement utilisables pour l’unique centrale nucléaire civile iranienne, à Bouchehr. Un scénario jugé « cohérent » par une source bien informée. Un tel processus créerait une barrière technologique en rallongeant le temps nécessaire pour se doter d’une bombe, au cas où l’Iran souhaiterait récupérer ce combustible pour en faire un usage militaire. Si l’Iran transfère en Russie une partie de son stock d’uranium, il lui faudrait alors près d’un an pour acquérir une bombe, une durée jugée suffisamment longue pour ne pas passer inaperçue.Ce n’est sans doute pas un hasard si Moscou a annoncé, le 11 novembre 2014, à quelques jours de la date limite initiale pour conclure un accord, la livraison, à terme, de deux nouveaux réacteurs à destination de la centrale de Bouchehr, équipée pour le moment d’une seule unité de 1 000 mégawatts. Quatre réacteurs supplémentaires pourraient être construits sur le même site de Bouchehr, sur la côte du golfe Persique.Si l’Iran transfère en Russie une partie de son stock d’uranium, il lui faudrait alors près d’un an pour acquérir une bombe, une durée jugée suffisamment longue pour ne pas passer inaperçueCe contrat serait une façon de récompenser la collaboration russe dans le retraitement de l’uranium enrichi iranien en assurant à Moscou une confortable rente pour des dizaines d’années. La Russie en tire aussi un avantage évident car ce dispositif la replace au cœur du jeu diplomatique, lui accordant un levier supplémentaire à un moment où les contentieux entre Moscou et l’Occident s’accumulent (Ukraine, Syrie).La Russie aimerait que les réacteurs de Bouchehr fonctionnent avec du combustible russe, car cela augmenterait les bénéfices de l’opération pour Moscou. Téhéran, en revanche, voudrait que le premier réacteur au moins soit alimenté avec du combustible iranien pour justifier le développement de son programme d’enrichissement d’uranium. Si l’Iran conserve le nombre actuel de centrifugeuses, « il lui faudra à peu près huit ans pour disposer d’un stock d’uranium légèrement enrichi pour assurer l’approvisionnement d’un réacteur du modèle de Bouchehr pour un an », relève François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran. « Si les Américains et les Européens veulent préserver l’unité du “5 + 1”, dit-il, il leur faudra être particulièrement attentifs au dilemme rencontré par les Russes dans leurs discussions bilatérales avec les Iraniens. »Le niveau d’enrichissementSe focaliser uniquement sur le nombre de centrifugeuses serait une erreur, estime Kelsey Davenport, de l’ONG américaine Arms Control Association. « Il y a d’autres moyens qui peuvent rallonger le temps nécessaire à la production d’uranium de qualité militaire », souligne-t-elle. Ce délai peut être étendu si le stock d’uranium déjà enrichi est converti en poudre (dioxyde d’uranium, UO2) et placé sous strict contrôle international. Sous la forme de poudre, il n’est pas utilisable à des fins militaires. Cette mesure, dit-elle, « peut satisfaire les demandes des deux parties en permettant le développement d’un programme nucléaire civil, tout en garantissant à la communauté internationale que l’Iran ne peut pas se doter rapidement d’une arme nucléaire sans que cela se remarque ».Pour fabriquer une bombe, il faut de l’uranium enrichi à 90 %. Un seuil rapidement atteignable dès lors que l’uranium a déjà été enrichi à 20 %. Après l’accord de Genève de 2013, l’Iran a accepté de réduire son stock d’uranium enrichi à 20 %. Les Occidentaux veulent que l’enrichissement de l’uranium soit plafonné à 5 % et aimeraient réduire le stock déjà enrichi à 20 %. L’Iran dispose de 7,6 tonnes d’uranium enrichi à 5 %. Pour obtenir une bombe, il faut à peu près 1 tonne d’uranium légèrement enrichi. Les Occidentaux aimeraient ramener le stock disponible au-dessous de ce seuil.Les sites de Natanz, Fordow et ArakL’Iran dispose de deux sites d’enrichissement dont l’existence avait été dissimulée. Celui de Natanz, le plus important, a été découvert en 2002. Celui de Fordow, construit sous terre dans une montagne près de la ville de Qom pour le protéger de bombardements, a été dévoilé en 2009. Les Occidentaux réclament la fermeture de Fordow, les Iraniens proposent de le convertir en centre de recherche médical.A Arak, l’Iran poursuit la construction d’un réacteur de recherche à eau lourde. Les Iraniens auraient accepté de limiter la production à moins d’un kilo de plutonium par an, au lieu des dix kilos initialement envisagés, soit assez pour une ou deux bombes. Ils se disent également prêts à ne pas construire l’unité de retraitement, indispensable pour extraire du plutonium de qualité militaire.Les sanctionsEn cas d’accord final, l’Iran réclame une levée rapide de toutes les sanctions économiques qui frappent durement le pays depuis l’adoption de la première résolution des Nations unies en 2006. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont également adopté des sanctions distinctes. Selon des sources iraniennes, le coût des sanctions pour le pays depuis bientôt dix ans est énorme : il est de l’ordre de 480 milliards de dollars (456 milliards d’euros), soit davantage qu’un an du PIB iranien.Dans le cadre de l’accord intérimaire de Genève, les Occidentaux ont procédé à une première levée partielle des sanctions le 20 janvier 2014. Cette mesure était destinée à créer un climat de confiance pour faire avancer les négociations. Elle devait initialement ne durer que six mois mais a été prolongée jusqu’à juillet 2015, date ultime pour parvenir à un accord final entre l’Iran et les pays du « 5 + 1 ».Depuis le début 2014, les Occidentaux ne s’opposent plus à l’exportation du pétrole iranien (environ un million de barils par jour) et les navires transportant le brut peuvent à nouveau être assurés. Un enjeu crucial quand on sait que le budget de l’Etat iranien dépend en grande partie des recettes des hydrocarbures. Les bénéfices économiques d’une levée totale des sanctions pétrolières seraient considérables pour l’Iran, qui dispose des quatrièmes réserves mondiales de pétrole.De plus, les restrictions sur les importations destinées à l’industrie automobile et à l’entretien du parc aéronautique civil, ainsi que sur certains produits pharmaceutiques et les échanges des métaux précieux, ont aussi été levées. Selon les estimations américaines, l’assouplissement des sanctions en 2014 a permis à l’Iran de récupérer 7 milliards de dollars, dont 4,2 milliards de revenus actuellement gelés à l’étranger.Les négociations en cours achoppent sur le rythme de levée des sanctions après la conclusion d’un accordLes négociations en cours achoppent sur le rythme de levée des sanctions après la conclusion d’un accord. Téhéran réclame une levée immédiate et totale, ce qui n’est pas possible étant donné la complexité de l’écheveau tissé années après années. D’autant que les Occidentaux insistent sur une stratégie de donnant-donnant : pour eux, les sanctions seront levées au fur et à mesure de la bonne application d’un éventuel accord.Pour les Iraniens, la question est d’autant plus cruciale compte tenu de la baisse des cours du pétrole (autour de 60 dollars le baril) due à une offre supérieure à la demande, qui grève sérieusement leurs finances. Liée à la stagnation économique, cette hausse a été accentuée par le refus de l’Arabie saoudite de diminuer sa production pour soutenir les prix.Le budget iranien est établi sur la base d’un baril supérieur à 120 dollars. Si la chute des cours devait se prolonger, Téhéran, dont les capacités d’exportation sont limitées par les sanctions, se trouverait rapidement dans une situation difficile, comme ce fut le cas entre 1986 et 1988, lors de la guerre contre l’Irak, quand la baisse des cours avait contraint Téhéran à accepter un armistice désavantageux.La résistance du Congrès américainLe principal obstacle à une levée des sanctions se trouve aux Etats-Unis : le nouveau Congrès, élu le 4 novembre 2014 et désormais entièrement contrôlé par les républicains, risque de s’opposer à la levée des sanctions votées par le passé. En revanche, Barack Obama peut annuler les « ordres exécutifs » qu’il a pris en tant que président et laisser le soin à son successeur, à partir du 21 janvier 2017, de lever par la suite les sanctions adoptées par le Congrès, s’il s’avère que l’Iran respecte ses engagements pris dans le cadre d’un accord. Plusieurs initiatives ont été avancées pour contrer la Maison Blanche sur ce dossier. Quarante-sept des 54 sénateurs républicains ont ainsi publié, le 9 mars, une lettre ouverte adressée aux dirigeants iraniens dans laquelle ils rappellent que le pouvoir de suspendre définitivement les sanctions contre l’Iran relève du Congrès. Autrement dit, les républicains tentent ouvertement de saper l’autorité du chef de l’exécutif sur un point clé des négociations, même si le Sénat pourrait basculer à nouveau du côté démocrate en 2016.Les républicains tentent ouvertement de saper l’autorité du chef de l’exécutif sur un point clé des négociationsDans le même registre, l’actuel chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, a soutenu un projet permettant aux parlementaires de torpiller tout compromis négocié par la Maison Blanche qu’ils jugeraient inacceptable. Toutefois, les sénateurs démocrates, dont l’appui est nécessaire, ont fait barrage à ce texte qui voudrait que cinq jours après la conclusion d’un accord, le président Obama soit obligé de soumettre l’accord conclu avec l’Iran au Congrès, accompagné d’une analyse prouvant que ce compromis obligera Téhéran à respecter ses engagements et certifiant qu’un tel accord ne menace pas la sécurité des Etats-Unis. Autre frein : ce texte empêcherait aussi M. Obama de lever des sanctions pendant 65 jours, le temps que le Congrès examine le document négocié et décide, ou non, de l’approuver.Pour l’instant, le Congrès s’est abstenu de voter des mesures contraignantes supplémentaires sur l’Iran. Mais si les négociations traînent en longueur, Mitch McConnell a averti qu’il lancerait une procédure pour faire adopter de nouvelles sanctions contre Téhéran après l’échéance de la fin mars. Une initiative qui risquerait de faire capoter les pourparlers si ces rétorsions entraient en vigueur avant l’échéance finale des négociations, le 1er juillet. Cette agressivité a cependant produit des résultats contraires à ceux recherchés puisqu’elle a fragilisé l’alliance bipartisane qui prévalait généralement jusqu’à présent lorsqu’il s’agissait de l’Iran.Offensive des républicains sur le nucléaire iranienLes inspectionsUn autre point de litige entre les Iraniens et les pays du « 5 + 1 » porte sur la durée d’un régime d’inspection renforcé des installations nucléaires. Pour s’assurer que l’Iran respecte ses engagements en cas d’accord, les Occidentaux plaident pour une mise sous tutelle des infrastructures iraniennes pendant une période longue, allant de dix à vingt ans. Ils demandent, en outre, à l’Iran de ratifier le protocole additionnel de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) qui permet des inspections plus intrusives. Ce protocole a été signé par l’Iran en 2003, mais n’a pas été ratifié par son Parlement.De son côté, l’Iran plaide pour un régime d’exception limité ne dépassant pas cinq ans. Or, celui envisagé par les Etats-Unis est, au minimum, deux fois plus long. Il a été dévoilé, le 2 mars, par Barack Obama. « Si, véritablement, l’Iran accepte de geler son programme là où il en est pendant au moins dix ans […], si nous obtenons cela, ainsi que des moyens de le vérifier, aucune autre mesure que nous pourrions prendre ne nous donnera mieux la garantie qu’ils n’ont pas l’arme nucléaire », a-t-il dit dans une interview à l’agence Reuters.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteChristophe AyadRédacteur en chef InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.03.2015 à 13h02 • Mis à jour le15.03.2015 à 16h13 Le triste anniversaire des 4 ans du conflit syrien est l'occasion pour l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) de dresser le macabre bilan des victimes. L'organisation, sise à Londres et qui dispose d'un large réseau de sources en Syrie, estime que plus de 215 000 personnes ont péri depuis le déclenchement de la révolte contre le régime de Bachar Al-Assad, le 15 mars 2011.« Nous avons comptabilisé 215 518 morts en quatre ans de guerre, dont 66 109 civils », détaille le réseau, qui compte 10 808 enfants parmi les victimes civiles.Plus de cinq mille personnes ont péri dans les violences depuis le début du mois de février, précise l'organisation non gouvernementale.« L'impunité encourage le meurtrier à poursuivre ses crimes ! », s'indigne-t-elle, dénonçant le silence de la communauté internationale.Le bilan de l'OSDH du côté des combattants :Du côté des rebelles syriens, 39 227 ont péri dans la guerre, un bilan qui comprend également les combattants kurdes syriens.Les groupes djihadistes (Front Al-Nosra et Etat islamique) ont perdu 26 834 de leurs hommes.Du côté des forces prorégime, l'ONG dénombre 46 138 soldats morts, 30 662 miliciens des forces de défense nationale, 674 membres du Hezbollah chiite libanais et 2 727 miliciens chiites venus d'autres pays.Le réseau prévient d'emblée que le bilan est en réalité certainement plus élevé, notamment « en raison du grand nombre de disparus dont on ignore le sort ». Parmi eux, 20 000 personnes portées disparues après être passé par les prisons du régime.L'OSDH a recensé en outre 3 147 corps non identifiés. On ignore en outre le sort de plusieurs milliers de civils et de combattants des deux bords qui ont été enlevés.Lire : Syrie : 13 000 morts sous la torture en quatre ans 15.03.2015 à 10h20 • Mis à jour le15.03.2015 à 11h40 Près de la moitié de la population de l'archipel polynésien de Tuvalu a été fortement touchée par le passage du cyclone Pam, a déclaré dimanche 15 mars Willy Telavi, le premier ministre de ce minuscule Etat.Les projecteurs sont braqués sur Vanuatu, archipel du Pacifique Sud dévasté par le cyclone, mais les Tuvalu, qui sont constituées de neuf atolls coralliens et où habitent moins de 10 000 personnes ont également subi beaucoup de dégâts, a déclaré Enele Sopoaga au micro de Radio New Zealand International.« Inquiets pour l'après-cyclone »« Quarante-cinq pour cent de la population des Tuvalu, habitant pour la plupart des îles excentrées, ont été touchés, gravement touchés (…) Nous sommes inquiets pour l'après-cyclone en termes de conditions sanitaires et d'approvisionnements en nourriture, en médicaments et en eau. »Dans cet archipel, situé à 1 500 kilomètres au nord-est de Vanuatu, des maisons et des cultures ont été emportées par les eaux. Les autorités vont dépêcher des bateaux dans les îles touchées pour tenter d'évaluer les dégâts, a expliqué M. Sopoaga. Les autorités ont confirmé les décès de six personnes sur l'archipel de Vanuatu mais elles s'attendent à ce que le bilan soit plus lourd. 15.03.2015 à 03h40 • Mis à jour le15.03.2015 à 11h51 Un échange épistolaire entre Oussama Ben Laden et un responsable d'Al-Qaida révèle que la Central Intelligence Agency (CIA – l'agence centrale du renseignement américaine) a participé, par inadvertance, au financement de l'organisation terroriste qu'elle combattait, found-their-way-into-al-qaeda-coffers.html?hp&action=click&pgtype=Homepage&module=first-column-region®ion=top-rapporte le New York Times samedi 14 mars.En 2010, 1 million de dollars provenant d'un fonds mis à la disposition du gouvernement afghan par l'agence de renseignement américaine a atterri dans les coffres d'Al-Qaida, alors affaiblie par les attaques de drones menées par la même CIA, précise le quotidien américain, qui cite des responsables américains et occidentaux.A l'époque, l'Afghanistan, qui éprouvait des difficultées à rassembler des fonds pour payer à Al-Qaida la rançon d'un diplomate afghan enlevé par l'organisation terroriste, avait pioché dans un compte secret du gouvernement afghan, alimenté tous les mois en liquide par la CIA.Ben Laden suspicieuxOussama Ben Laden avait eu vent de l'origine des fonds et soupçonné les Américains d'être de mêche avec le gouvernement afghan. Le chef d'Al-Qaida, qui craignait que les billets ne soient tracés, empoisonnés ou encore irradiés, avait alors demandé que ils soient changés dans une autre devise. Il ne s'agissait pourtant pas d'un piège tendu à l'organisation terroriste, relève le New York Times, mais d'un « exemple parmi d'autres » de financement de groupes terroristes par les Etats-Unis du fait d'un manque de supervision et de contrôle du côté de l'agence de renseignement.Des lettres entre Ben Laden et Atiyah Abd Al-Rahman avaient été trouvées dans les ordinateurs et parmi les documents saisis lors du raid américain dans lequel le chef d'Al-Qaida a été tué au Pakistan en 2011. Ces courriers, jusque-là tenus secrets, ont été présentés comme preuves à charge dans le procès, à New York, d'Abid Nasir, un membre d'Al-Qaida reconnu coupable début mars d'avoir participé à la préparation avortée d'attentats à New York, Manchester et Copenhague.5 millions de rançonLe diplomate Abdul Khaliq Farahi était consul général d'Afghanistan à Peshawar, au Pakistan, au moment de son enlèvement en septembre 2008, quelques semaines avant de prendre ses fonctions d'ambassadeur. Il avait été libéré plus de deux ans après, après le versement par Kaboul d'une rançon d'un montant total de 5 millions de dollars, dont un cinquième provenait du fonds secret financé par la CIA.Le Pakistan avait pour sa part payé près de la moitié de la rançon, le reste étant financé par l'Iran et des Etats du Golfe. 15.03.2015 à 00h54 • Mis à jour le15.03.2015 à 12h59 Les services consulaires des Etats-Unis en Arabie saoudite seront suspendus dimanche et lundi pour des raisons de sécurité, a annoncé samedi 14 mars l'ambassade des Etats-Unis à Riyad.Dans un communiqué diffusé sur son site, l'ambassade explique que les services consulaires à Riyad, Djedda et Dhahran seront suspendus « en raison d'inquiétudes renforcées relatives à la sécurité » et exhorte les ressortissants américains à prendre des précautions accrues s'ils voyagent dans le pays.The @USEmbassyRiyadh and both Consulates in #SaudiArabia are closed for consular services March 15-16. More info: http://t.co/eCuPaiCRre— U.S. Embassy Riyadh (@USEmbassyRiyadh)require(["twitter/widgets"]);Représailles éventuellesPlus tôt dans la journée, l'ambassade américaine en Arabie saoudite avait fait savoir que les Occidentaux travaillant dans le secteur pétrolier dans le pays risquaient des attaques, dont des enlèvements, par des groupes « terroristes ».L'ambassade « dispose d'informations selon lesquelles (…) des individus associés à une organisation terroriste pourraient viser des Occidentaux travaillant dans le secteur pétrolier, dont peut-être des Américains travaillant (…) dans la province orientale », rapporte l'ambassade, parlant de risques d'« attaques » et d'« enlèvements ». Le communiqué ne cite pas le nom du groupe et ne donne pas plus de détails sur la nature des éventuelles attaques.Cet avertissement survient alors que l'Arabie saoudite participe à la coalition internationale contre les djihadistes de l'Etat islamique, dirigée par Washington, qui mène depuis septembre des raids aériens contre les positions de l'EI en Syrie et en Irak, suscitant des craintes quant à d'éventuelles représailles. Quatre attaques ont visé des Occidentaux depuis octobre en Arabie saoudite. La dernière a eu lieu février, quand deux Américains, employés d'une firme sous contrat avec la garde nationale saoudienne, ont été visés par des tirs dans l'est de l'Arabie saoudite. 14.03.2015 à 20h51 • Mis à jour le15.03.2015 à 04h13 « Ni Assad, ni Etat islamique » : des centaines de personnes ont manifesté samedi 14 mars à Paris à l'occasion du quatrième anniversaire du soulèvement en Syrie, accusant le régime de Bachar Al-Assad d'avoir encouragé les djihadistes pour étouffer la contestation civile.« Nous sommes tous avec vous, Syriens restez debout », ont scandé les manifestants. Au nombre de 700 selon la police, ils se sont rassemblés à l'appel de plusieurs ONG sur la place de la République, d'où ils ont gagné l'Hôtel de Ville.Des jeunes gens ont brandi un immense drapeau de la révolution syrienne, d'autres esquissaient des pas de danse en reprenant les chansons des premières manifestations pacifiques contre le régime.« Deux faces d'une même monnaie »Le soulèvement populaire qui avait commencé le 15 mars 2011 s'est transformé en insurrection armée face à la répression implacable menée par le régime de Bachar al-Assad. « Quatre ans après, nous voulons dire que la révolution continue », a affirmé Hassan Lababidi, l'un des organisateurs. « Assad et Daech (l'un des appellations du groupe Etat islamique) sont les deux faces d'une même monnaie, la disparition d'Assad entrainera la disparition de l'Etat islamique, et non pas le contraire ».Rachad Abazied, une jeune activiste, distribuait des autocollants sur lesquels était inscrit « Assad/Daech, même merde. » « Nous reprenons un slogan lancé par des activistes pacifiques d'Alep », la grande ville du nord syrien, « pour dire qu'il n'y aura pas de liberté ni de démocratie si on ne débarrasse pas du monstre à deux têtes », a-t-elle expliqué. L'opposition accuse le régime syrien d'avoir encouragé l'émergence des mouvements djihadistes, notamment de l'EI qui sème la terreur sur une partie du territoire syrien, pour montrer à l'Occident qu'il demeure la meilleure option.« Le soulèvement était totalement pacifique à l'origine, mais le régime a provoqué sa militarisation », a assuré Monzer Makhous, ambassadeur de la coalition nationale syrienne (opposition) en France. « Il a libéré quelque 900 extrémistes qui se trouvaient dans ses prisons et qui ont rejoint les rangs des organisations » djihadistes, « afin de dénaturer le soulèvement ».Plus de 220 000 personnes ont été tuées depuis le début du soulèvement, et plus de 10 millions de Syriens ont été déplacés ou forcés à l'exil. 14.03.2015 à 18h21 Des salafistes, des hooligans et des associations anti-racistes ont manifesté samedi 14 mars à Wuppertal, dans l'ouest de l'Allemagne sous haute protection policière. Mille agents et des canons à eau ont été déployés pour encadrer les trois rassemblements distincts.Près de 400 personnes de la mouvance salafiste étaient attendues dans les rues de cette ville de Rhénanie du nord-Westphalie, proche de Düsseldorf, mais « l'affluence a été nettement moins importante », selon la police. La mobilisation du mouvement anti-islam Pegida de la région a également plus réduite que prévu. En revanche, la manifestation organisée à l'appel d'associations pour la tolérance et contre le racisme a rassemblé 700 personnes en début d'après-midi, soit le double de ce qui était attendu, ont estimé les forces de l'ordre.Hooligans versus « police de la charia »Les trois rassemblements n'ont pas été autorisés à défiler en raison du comportement violent de certains manifestants. En octobre, dans la ville voisine de Cologne, quarante-quatre policiers avaient été blessés dans des affrontements avec des hooligans qui avaient lancé des slogans anti-immigrés. Une poignée de salafistes avait également « patrouillé » dans les rues de Wuppertal (ouest) l'été dernier, se revendiquant d'une « police de la charia ». A plusieurs reprises ils avaient enjoint aux clients de discothèques à ne pas boire de l'alcool ou à ne pas écouter de la musique. L'affaire avait fait grand bruit, faisant réagir la chancelière Angela Merkel qui avait rappelé que personne n'était autorisé à se substituer à la police. Depuis, cette « police de la charia » n'a jamais refait parler d'elle.Lire : Allemagne : levée de boucliers contre la propagande islamiste 14.03.2015 à 10h08 • Mis à jour le14.03.2015 à 10h15 | Christine Legrand (Buenos-Aires, correspondante) La réputation du Chili, modèle de transparence en Amérique latine, est remise en cause par des scandales de corruption qui ébranlent le monde politique et bouleversent l’opinion publique. Pour combattre ce fléau, la présidente socialiste Michelle Bachelet a créé, le 10 mars, un conseil d’experts chargé d’élaborer des normes contre la corruption, les conflits d’intérêt et le trafic d’influence.Cette initiative intervient alors que le fils de Mme Bachelet, Sebastian Davalos, 36 ans, a dû renoncer, à la mi-février, à son poste non rémunéré de directeur du département socioculturel de la présidence de la République, à la suite d’une affaire de trafic d’influence, et au milieu du plus grave scandale financier de l’histoire du pays, le « Pentagate ». Il concerne le principal holding chilien, Penta, qui a des intérêts dans l’immobilier, la finance, les assurances, la santé et l’éducation.Penta était né dans la foulée des privatisations d’entreprises publiques sous la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990). Le groupe est accusé de fraude fiscale et de financement de campagnes électorales avec des fausses factures pour 4 millions de dollars. Une centaine de personnes sont impliquées, dont des chefs d’entreprise et des figures du parti Union démocrate indépendante (UDI, droite).Le 7 mars, le juge Juan Manuel Escobar a placé en prison préventive, pour au moins une semaine, cinq responsables de Penta, dont les deux fondateurs et propriétaires du groupe, Carlos Delano et Carlos Lavin, ainsi que Pablo Wagner, ancien sous-secrétaire au ministère des mines du président Sebastian Piñera (2010-2013). Ils se disent tous innocents. Le président de l’UDI, député Ernesto Silva, et le sénateur Ivan Moreira ont néanmoins démissionné, mercredi 11 mars. « Nous regrettons ce qui s’est passé et nous présentons nos excuses aux citoyens pour l’attitude individuelle de certains de nos militants », a indiqué un communiqué de l’UDI.Déballage inéditAbasourdis, les Chiliens assistent à un déballage inédit avec un défilé de personnalités citées à comparaître devant la justice. « Le Pentagate a surpris les Chiliens et a causé un grand impact, qui aura probablement des répercussions sur notre système politique », estime Roberto Mendez, président de l’institut de sondages Adimark. Comme en Argentine et au Brésil, les Chiliens exigent davantage de transparence.« Les cas dont nous prenons connaissance depuis un certain temps dans les domaines des affaires ou de la politique, ainsi que dans la relation entre ces deux mondes, ont provoqué une inquiétude fondée et surtout un malaise dans la société », a reconnu la présidente Bachelet. « Comme mère et présidente, ces moments ont été difficiles et douloureux », a-t-elle admis. Pendant la campagne électorale de 2013, son fils aîné Sebastian Davalos avait sollicité un crédit de 10 millions de dollars pour une entreprise dont son épouse détient 50 % des actions et dont il est le gérant chargé des projets. Cette somme lui a été accordée par la Banque du Chili au lendemain de l’élection de sa mère à la présidence de la République.Le nouveau conseil anticorruption sera composé de 16 experts, juristes, économistes ou politologues, de différentes tendances politiques. Il devra présenter à la présidente, dont la popularité a subi une forte chute, un plan pour séparer les affaires et la politique, dans un délai de 45 jours.Christine Legrand (Buenos-Aires, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) C’est un enjeu planétaire qui occupe du 14 au 18 mars la troisième conférence onusienne sur la prévention des catastrophes. Organisée à Sendai, ville du nord-est du Japon durement affectée par le séisme et le tsunami de mars 2011, la rencontre doit permettre d’adopter un nouveau cadre sur la prévention des risques naturels, considérée par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, comme « l’affaire de chacun ». Selon le rapport onusien sur la réduction des risques (GAR15) rendu public le 4 mars, l’impact économique des catastrophes naturelles évoluerait entre 250 et 200 milliards de dollars (entre 238 et 190 milliards d’euros) par an. Ce sont 42 millions d’années de vie qui ont été perdues chaque année entre 1980 et 2012 en raison des désastres naturels. Et la situation s’aggrave.Intervenant à l’ouverture de la rencontre, samedi 14 mars, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a qualifié d’« effort d’assistance mutuelle » la lutte pour la prévention des catastrophes. Il a annoncé une initiative pour la réduction des risques naturels, dotée de 4 milliards de dollars d’aide pour les quatre prochaines années. La conférence de Sendai est la troisième du genre. Toutes ont été organisées au Japon, à Yokohama en 1994, puis à Kobe en 2005, quelques semaines après le tsunami de l’océan Indien de décembre 2004. « La première rencontre était très scientifique, rappelle Margareta Wahlström, représentante spéciale de l’ONU pour la prévention des catastrophes. Celle de Kobe fut l’occasion de sensibiliser les politiques. » Elle avait permis l’adoption du cadre d’action de Hyogo (HFA) pour identifier les actions nécessaires et inciter les gouvernements à agir pour la prévention. Depuis 2007, précise le GAR15, plus de 120 pays ont accompli des réformes dans ce sens.« Base d’informations »A Sendai, il s’agit d’aller encore plus loin. Les catastrophes surviennent plus fréquemment et font plus de dégâts, notamment dans des zones insulaires ou d’urbanisation rapide. Environ 70 pays seraient particulièrement exposés. « On estime que plus de 70 % des catastrophes dites naturelles sont liées au dérèglement climatique, a rappelé dans son intervention le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, qui présidera en décembre à Paris la Conférence mondiale sur le changement climatique (COP 21). C’est deux fois plus qu’il y a vingt ans, et ce sera encore d’avantage à l’avenir. » M. Fabius attend des résultats concrets de la conférence nippone car « le succès de Sendai est la clef pour celui de la COP 21 ».Les organisateurs attendent des gouvernements des objectifs chiffrés pour réduire les dégâts et le nombre de victimes, et une réflexion sur les moyens d’impliquer davantage le secteur privé. Les représentants de plus de 160 pays réfléchissent aussi aux impératifs de reconstruction et à la mise en place d’un système global, baptisé « Alerte catastrophe climatique », permettant d’informer chacun de l’arrivée d’une catastrophe et de l’endroit où il est possible de se réfugier. « La base d’informations existe, estime Annick Girardin, secrétaire d’Etat française chargée du développement, qui travaille sur ce projet. Il faut la partager. »Dans ces domaines, le Japon fait figure de pionnier. L’Archipel a développé un important système d’alerte aux séismes et tsunamis notamment, qui envoie des messages sur tous les téléphones portables en cas de danger. Comme l’a souligné M. Abe, la reconstruction du Tohoku, le nord-est dévasté en 2011, se fait selon l’idée de « reconstruire mieux ».La question des financements va également animer les débats. D’après le GAR15, 6 milliards de dollars investis annuellement pourraient réduire les dégâts de 360 milliards de dollars en quinze ans. Mais, souligne Mme Wahlström, « dépenser pour la prévention passe moins bien dans les opinions que dépenser pour la reconstruction ».Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.03.2015 à 03h58 • Mis à jour le14.03.2015 à 04h08 | Hélène Sallon L’Egypte organise du 13 au 15 mars, à Charm El-Cheikh, une conférence des donateurs afin d’attirer des investissements étrangers et relancer une économie mise à mal par l’instabilité politique depuis la révolution de 2011.« La France tient à être un partenaire majeur de ce formidable et ambitieux effort de modernisation et de réformes économiques initiées par le président Al-Sissi », a assuré vendredi le ministre des finances français, Michel Sapin, qui présidait la délégation d’entreprises et d’institutions françaises présente dans cette station balnéaire de la mer Rouge.Qui compose la délégation française ?Moi-même pour le côté politique et une trentaine d’entreprises ainsi que des institutions, comme le Medef international. Cela est conforme à la volonté égyptienne qu’il y ait une volonté politique affichée et des entreprises pour s’inscrire dans cette volonté politique et prendre des contacts. La plupart des entreprises françaises de cette délégation sont déjà présentes en Egypte mais éprouvent la nécessité de réaffirmer leur présence. C’est le cas de Total qui est présent depuis longtemps, a encore renforcé sa présence ces dernières années et veut encore la renforcer à l’avenir. C’est également le cas d’Orange. Dans le secteur solaire, que veut développer l’Etat égyptien, des opportunités d’investissements se présentent pour des entreprises qui n’étaient pas présentes et y voient des perspectives nouvelles de se développer.Le gouvernement égyptien a annoncé une série de réformes, notamment législatives, pour créer un environnement favorable pour les investissements étrangers. Etes-vous convaincu par ces réformes ?La direction est la bonne concernant certaines décisions prises et d’autres en discussion, notamment en ce qui concerne les garanties données aux investisseurs étrangers. Il est nécessaire que ces textes deviennent une réalité et des lois qui soient applicables. Il y a encore des réformes à mettre en oeuvre mais on progresse et la dynamique est positive. Nos entreprises ont besoin d’une stabilité et d’une visibilité juridique. Il y a un travail législatif à accomplir en terme de stabilité monétaire. L’Egypte a besoin de retrouver un fonctionnement normal de ses institutions et administrations, de l’administration fiscale, tout ce qui fait qu’un pays est en capacité de se développer. Cela repose sur une fiscalité transparente, simple à être perçue et qui permette de trouver des ressources pérennes. La lutte contre la corruption est un élément indispensable pour la stabilité et la transparence.La stratégie économique promue par le président Abdelfattah Al-Sissi vous semble-t-elle la bonne ?La stratégie est de retrouver une stabilité et de redevenir un pays d’accueil pour les investissements étrangers. La France s’inscrit bien dans cette stratégie : elle a l’habitude de travailler avec l’Egypte et a des capacités techniques et des compétences à lui apporter. Cette stratégie est soutenue par des pays plus proches, moins peuplés, avec une aisance financière, qui vont aider l’Egypte à se développer. Les engagements du Koweït, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis (NDLR : qui ont promis 12 milliards de dollars d’aide à l’Egypte) donnent une tonalité positive et une perspective. C’est un élément de crédibilité et de stabilité qui peut rassurer tout le monde.Des accords vont-ils être signés pendant la conférence ?L’Agence française pour le développement (AFD) est en capacité de signer un certain nombre d’accords samedi, notamment pour un prêt souverain de 40 millions d’euros destiné à financer un projet pilote dans le domaine solaire, une centrale photovoltaïque à Kom Ombo, en Haute-Egypte. Elle le fait avec l’appui de l’Etat français. Du reste, les entreprises prennent des contacts. Il n’est pas sûr qu’elles passent d’ores et déjà des accords. L’important est la conjonction des volontés politiques. L’Egypte a retrouvé une stabilité politique et économique. C’est aux investisseurs de trouver leur place dans cette stabilité.Quelles sont les potentialités du marché égyptien pour les entreprises françaises ?Elles sont diverses. Il y a d’abord ce qui touche aux armements où il y a une conjonction entre la volonté politique de la France d’appuyer un Etat qui peut offrir une stabilité dans un environnement instable et la présence d’entreprises uniques au monde en terme de compétences. Dans le domaine des infrastructures urbaines, il y a des antécédents avec le métro du Caire et des perspectives avec les nouvelles tranches à développer. Nous avons des entreprises indispensables pour le développement urbain d’un pays, je pense à Lafarge qui a des capacités de développement importantes. Dans le domaine des nouvelles technologies et des services, les entreprises françaises ont les capacités de proposer des choses. La France ne demande pas d’avantages particuliers. Elle veut jouer dans la transparence et la concurrence pour remporter des marchés.Les problèmes sécuritaires que rencontrent l’Egypte constituent-ils un frein pour les investissements français ?La situation sécuritaire s’est considérablement améliorée. Les craintes et les obstacles qui existaient sont désormais levés. L’Etat est lui-même engagé dans une lutte contre le terrorisme qui est compliquée. Des moyens sont mis en oeuvre pour ramener la sécurité. Les entreprises savent que la sécurité à 100 % n’existe pas. Elles sont prêtes à investir même si elles ne sont pas rassurées sur tous les points.Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.03.2015 à 18h06 La police turque a arrêté vendredi 13 mars trois personnes accusées d'avoir insulté le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, sur Twitter. Les trois personnes, deux femmes et un homme, ont été interpellées à leur domicile et seront déférées devant un tribunal dans les prochains jours, a rapporté l'agence de presse officielle Anatolie.Selon les médias turcs, deux d'entre elles ont été interpellées à Istanbul, la troisième à Fethiye (sud-ouest).Dans une autre affaire, un étudiant de Kayseri (centre), condamné pour avoir qualifié le chef de l'Etat de « dictateur » lors d'une manifestation en 2013, a été arrêté alors qu'il avait jusqu'ici été laissé libre, a rapporté le quotidien Hürriyet. Aykulatap Avsar a été incarcéré à la prison de Kayseri où il devra purger une peine de quatorze mois de prison.Dérive autoritaireDepuis l'élection de M. Erdogan à la présidence de la République en août dernier, les poursuites pour « insulte au chef de l'Etat » se sont multipliées en Turquie, visant aussi bien artistes et journalistes que simples particuliers. Le barreau d'Istanbul a recensé au moins 84 procédures de ce type en six mois.L'opposition turque, qui dénonce régulièrement la dérive autoritaire du régime islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002, a exigé l'abrogation de l'article 299 du code pénal turc, qui punit toute personne qui « porte atteinte à l'image du président », estimant qu'il est contraire à la la liberté d'expression.Lire l'enquête (édition abonnés) : La « nouvelle Turquie » de Recep Tayyip Erdogan 13.03.2015 à 14h41 • Mis à jour le13.03.2015 à 14h44 Pendant que 6 000 athlètes, pratiquant une vingtaine de sports, essaieront d’obtenir une médaille d’or aux Jeux européens, organisés à Bakou du 12 au 28 juin, l’opposition politique azerbaïdjanaise s’efforcera de montrer à la communauté internationale les atteintes contre la liberté d’expression du gouvernement du président Ilham Aliev.Selon les rapports publiés par Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International (AI), au moins 35 défenseurs des droits humains, militants politiques et civils, journalistes et blogueurs ont été arrêtés ou emprisonnés en 2014. Un des cas les plus connus est celui de Leyla Yunus, 60 ans, critique véhémente du gouvernement arrêtée en juillet 2014, quelques jours après avoir appelé au boycott des Jeux européens en raison du bilan déplorable du régime en matière de droits humains.Bakou accentue la répression des voix indépendantesLes Jeux européens, une compétition créée par les Comités olympiques européens en 2012, offrent des places qualificatives pour les Jeux olympiques de 2016 dans onze disciplines. « Je suis content que les jeux se déroulent à Bakou parce que grâce à cela on pourra savoir ce qui se passe réellement en termes de répression », affirme Agil Khalil, journaliste du quotidien Azadliq et réfugié politique en France depuis 2008 après avoir été poignardé à la suite d’une publication sur la corruption de l’appareil judiciaire. Il continue à travailler pour le quotidien et pense que « la situation a empiré » depuis qu’il est parti.« Violation flagrante de la charte olympique »« La répression […] constitue une violation flagrante de la lettre et de l’esprit des principes de la Charte olympique relatifs à la liberté de la presse et à la dignité humaine », rappelle Jane Buchanan, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale de HRW. Cela risque de poser des problèmes directs pour les médias européens qui couvriront la compétition. Toutes les stations de radio étrangères, y compris la BBC et Voice of America, ont été bannies des fréquences FM depuis 2009.Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français a visité Bakou six fois pour observer l’avancée des travaux : « Je pense qu’il y a un décalage avec ce qu’on dit et ce qui se passe. Je n’ai pas eu ce sentiment [de répression], il n’y a pas de policiers dans tous les coins des rues. »Stratégie géopolitiqueL’Azerbaïdjan a amorcé cette stratégie géopolitique de projection d’une image progressiste et moderne au niveau international en 2012, avec l’organisation de l’Eurovision. « Personne ne doit être dupé par le faste et le prestige du spectacle que donne l’Azerbaïdjan sur le plan international pour se forger une réputation irréprochable et attirer les capitaux étrangers », réagit John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’AI. Au-delà de la répression, les dépenses effectuées par Bakou pour organiser la compétition font aussi grincer des dents. L’Azerbaïdjan a ainsi pris en charge les frais des transports pour les cinquante équipes participantes, une pratique inhabituelle. Lors des Jeux olympiques de 2012, Londres payait seulement les frais d’hébergement. Denis Masseglia a confirmé que la délégation française recevrait les deux tiers des frais de transport.Or le financement des Jeux grève le budget du pays. « Le budget de l’Etat est de 19 milliards de dollars [18 milliards d’euros]. Les Jeux européens coûtent 8 milliards de dollars alors que le salaire moyen d’un médecin ou d’un professeur se situe entre 150 et 200 dollars par mois. C’est facile d’imaginer la mauvaise humeur d’une grande partie de la société face à cette générosité du gouvernement », explique Gultakin Hajibayli, opposante et présidente du Comité international du Conseil national des forces démocratiques d’Azerbaïdjan. Ali Karimli, figure forte de l’opposition et président du Parti Front Populaire d’Azerbaïdjan remarque que « c’est trois fois plus que ce que le gouvernement a investi en éducation, santé et science ».Les régimes autoritaires n’effraient pas les grandes compétitions sportives1934 : Coupe du monde de football en Italie, sous la dictature de Benito Mussolini.1936 : Jeux olympiques de Berlin, sous la dictature d’Adolf Hitler.1968 : Jeux olympiques de Mexico, dix jours après le massacre de Tlatelolco.1978 : Coupe du monde de football en Argentine, sous la dictature militaire de Jorge Videla.2008 : Jeux olympiques de Pékin. Amnesty International dénonce la répression les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et les avocats.2014 : Jeux olympiques d’Hiver de Sotchi (Russie). Des syndicalistes, des écologistes, des militants de gauche sont emprisonnés ou poursuivis.2018 : Coupe du monde de football en Russie.2022 : Coupe du monde de football au Qatar.Andres Quintero Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La rencontre avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras, vendredi 13 mars au matin à Bruxelles, a été l’occasion pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de dire qu’il faut qu’Athènes se consacre désormais pleinement au travail avec les représentants de ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne et Mécanisme européen de stabilité). Et à la Commission on laisse entendre que, si les choses avancent suffisamment rapidement, Athènes pourrait toucher très vite une partie de la dernière tranche du deuxième plan d’aide international.Grèce : le budget de l’Etat reste excédentaire, mais de peu« La situation [financière] du pays est sérieuse, il faut que les trois ou quatre jours qui viennent soient des jours productifs. C’est aux Grecs de se mettre maintenant durement au travail », a expliqué une source européenne après l’entrevue.Un conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement a lieu le 19 mars à Bruxelles. Il pourrait être l’occasion, soluigne-t-on à Bruxelles, d’évoquer un premier versement de prêts, si toutefois, d’ici là, Athènes s’engage, de manière ferme et concrète, sur un paquet de réformes avec ses créanciers. La Grèce, dans le cadre de son deuxième plan d’aide, doit encore recevoir environ 7 milliards d’euros d’aide.Si Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), a déjà évoqué cette possibilité il y a une dizaine de jours, la position de la Commission risque d'alimenter les soupçons de complaisance chez les tenants de la fermeté. Berlin verrait d’un très mauvais œil cette possibilité de versements anticipés, pour parer à l’urgence financière grecque.Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a d’ailleurs jugé qu'il ne pouvait « exclure » une sortie désordonnée de la Grèce de l'euro - un « Grexident » - si le gouvernement d'Alexis Tsipras ne parvenait pas à un accord avec ses créanciers internationaux.Le commissaire européen, Pierre Moscovici, a estimé, vendredi dans un entretien au journal allemand der Spiegel qu'une sortie de la Grèce de l'euro serait une « catastrophe » qui pourrait annoncer « le début de la fin » pour la zone euro.Le gouvernement grec accepte l’assistance de la CommissionPar ailleurs, selon une source européenne, M. Tsipras, qui a acté, jeudi, une collaboration avec l’OCDE sur ses projets de réformes, a également accepté de demander l’assistance technique de l’Union européenne : les équipes de ce que l’on appelle la « task force Grèce », constituée au sein de la Commission européenne, devraient reprendre leur travail.Depuis près de quatre ans, cette équipe d’une soixantaine de personnes (dont près d’une trentaine en Grèce) assiste, à la demande, les différents gouvernements grecs, pour les aider à mettre en place les réformes réclamées par les créanciers.Côté Commission, c’est le vice-président, Valdis Dombrovskis, qui devrait superviser les travaux de cette « task force ». Il devrait travailler en coordination avec des experts des autres directions de la Commission (marché intérieur, concurrence, immigration…).Les Grecs devraient, eux aussi, constituer leur propre « assistance technique » pour discuter avec les Européens. Et le « superviseur » de cette équipe pourrait être le ministre délégué aux affaires européennes, Nikolaos Chountis.Cela permet de montrer que les discussions entre Athènes et ses créanciers ne sont plus aussi unilatérales que par le passé.Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie, restera, lui, chargé de la puissante direction générale « Ecfin » et donc des équipes de la Commission (une quinzaine de personnes), qui travaillent au sein du « Groupe de Bruxelles ».Yanis Varoufakis, le flamboyant ministre des finances grec, n’aurait donc pas part directement aux négociations. En tout cas, c’est ce que souhaiteraient les Européens.L’amnistie fiscale proposée par Athènes à l’étudeLes Grecs ont commencé, jeudi à Athènes, à travailler avec les représentants de l’ex-« troïka » des créanciers, désormais appelé « Groupe de Bruxelles ». Ce qui est considéré à Bruxelles comme un très bon signal.L’objectif de ces réunions est de faire un état des lieux de l’état des finances grecques, de l’état de trésorerie des différentes administrations. Et aussi d’étudier quelles réformes peuvent être mises en place rapidement.La grande inconnue de l’état réel des finances grecquesLe gouvernement d’Alexis Tsipras a annoncé qu’il voulait mettre sur les rails rapidement ses mesures d’aide humanitaire pour les foyers les plus en difficulté dans le pays (électricité gratuite, aide alimentaire, accès aux soins).Les créanciers veulent savoir avec quel argent ces mesures d’urgence peuvent être financées.Par ailleurs, ils discutent déjà, selon une source européenne, de la mesure proposée par le ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui consiste à proposer aux citoyens grecs ayant des arriérés d’impôts, une sorte d’amnistie fiscale et un étalement de leurs paiements.Le but est de faire rentrer le plus vite possible quelques milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Les experts du « Groupe de Bruxelles » étudieraient notamment comment rendre cette mesure moins injuste pour tous les Grecs qui, eux, ont payé l’impôt.Recettes fiscales plus faibles que prévuSur les deux premiers mois de l'année, les recettes fiscales ont atteint 7,298 milliards d'euros, soit 13,8 % (ou 1,17 milliard d’euros) de moins qu'attendu, a précisé le ministère des finances.L'excédent de l'Etat central ressort à 1,243 milliard d'euros sur janvier-février, contre 1,411 milliard prévu, a-t-il ajouté dans un communiqué.Ce montant n'intègre pas les comptes de la Sécurité sociale grecques, ni ceux des collectivités locales, et il diffère des données que suivent les créanciers internationaux. Il traduit néanmoins une amélioration de la situation financière d'Athènes.Athènes veut se donner les moyens de faire face aux remboursements d’empruntsCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) En plein conflit entre Athènes et ses partenaires européens, une fondation allemande apporte de l’eau au moulin des Grecs. Jeudi 19 mars, la fondation Hans Böckler, proche de la confédération syndicale DGB, a présenté une étude portant sur l’évolution des revenus en Grèce, de 2008 à 2013.Pour ce faire, deux universitaires, Tassos Giannitsis (université d’Athènes) et Stavros Zografakis (université agricole d’Athènes), ont épluché les données de 260 000 foyers fiscaux représentatifs. Tassos Giannitsis est très connu en Grèce. Sans être membre du Pasok, cet intellectuel a été un des conseillers du premier ministre Konstantinos Simitis, de 2000 à 2004.Les revenus ont chuté de 23 % entre 2008 et 2012Selon cette étude, les revenus des ménages grecs, qui étaient en moyenne de 23 100 euros avant impôts en 2008, sont tombés à 17 900 euros en 2012, soit une baisse de 23 %. Sur la période allant de 2009 à 2013, le recul des salaires et revenus est de 19 %. En raison de la chute du salaire minimum et de l’affaiblissement des conventions collectives, les salariés des entreprises publiques ont même perdu 25 % de leurs revenus.Si les chercheurs reconnaissent que les salaires avaient auparavant davantage augmenté que les gains de productivité, ils estiment que la moitié environ de cette chute des revenus n’est pas justifiée par un éventuel nécessaire « rattrapage ».Ils soulignent aussi que les effets de ce recul du pouvoir d’achat sur l’économie réelle ont été plus importants que ce qu’avaient prévu les institutions internationales.« Comparée à 2009, la masse salariale de 2013 a été inférieure de 25 milliards d’euros et la demande intérieure a même chuté de 53 milliards d’euros. En revanche, les exportations n’ont progressé que de 3,8 milliards, une augmentation particulièrement faible au vu des réductions du coût de travail imposées », notent-ils.Les 10 % de ménages les plus pauvres ont été les plus affectésPlus les Grecs sont pauvres, plus ils ont vu leur revenu fondre. Les deux chercheurs ont en effet étudié l’évolution de chaque décile. Les 10 % des foyers les plus modestes (le 1er décile) ont vu leurs revenus s’effondrer de 86 % entre 2008 et 2012.Pour les 2e et 3e déciles, la baisse a été respectivement de 51 % et de 31 %. Entre le 4e et le 7e décile, la baisse a été comprise entre 25 % et 18 %.Quant aux 30 % des foyers les plus riches, ils ont perdu entre 20 % et 17 %.La pression fiscale a été plus forte sur la population la moins richeLes réformes fiscales mises en œuvre ont, elles aussi, eu des effets très variés selon les catégories sociales. Les impôts directs ont, selon les chercheurs, progressé de 53 % depuis le début de la crise et les impôts indirects de 22 %.Mais, plutôt que de s’en prendre aux professions exonérées d’impôts ou à la fraude fiscale – phénomènes qui se chiffrent, selon M. Giannitsis entre 6 % et 8 % du PIB –, les gouvernements ont surtout davantage imposé les Grecs les plus modestes.Selon les deux chercheurs, les 50 % des Grecs les moins riches ont vu leur pression fiscale bondir de 339 %, alors que l’autre moitié a vu la sienne progresser de 9 % seulement.Les fonctionnaires ont été moins pénalisés que les salariés du privésSi tous les Grecs ont souffert, tous n’ont pas été logés à la même enseigne, loin de là. Selon les deux chercheurs, les fonctionnaires n’ont perdu « que » 8 % de leurs revenus de 2009 à 2013. Soit parce que, dans les faits, les baisses de salaire n’ont pas pu être mises en œuvre, soit parce que la justice s’y est opposée.Du coup, les fonctionnaires, qui gagnaient déjà en moyenne 35 % de plus que les employés du secteur privé en 2009, touchaient 45 % de plus que ces derniers quatre ans plus tard. Et comme les gouvernements ont cherché à protéger les fonctionnaires, dont ils avaient considérablement augmenté le nombre avant la crise, l’effort a été massivement supporté par le secteur privé.Les préretraites ont explosé, notamment dans le secteur publicAutre phénomène peu connu : à côté du taux de chômage, qui a bondi de 7 % à 2 % entre 2008 et 2014, la Grèce a connu une explosion des préretraites. Dans le secteur privé, celles-ci ont progressé de 14 %, un chiffre qui atteint même 48 % dans l’administration.Sans doute une façon pour les gouvernements grecs de répondre à l’une des exigences de la troïka, à savoir réduire le nombre de fonctionnaires, tout en préservant la paix sociale. Résultat : les caisses de retraites sont aujourd’hui dans une situation extrêmement difficile.À Berlin, M. Giannitsis n’a voulu commenter ni la crise actuelle ni la politique de Yanis Varoufakis, le ministre des finances, « mon collègue de l’université ».Il a jugé que la situation de la Grèce était autant due aux gouvernements grecs qu’à la « Troïka » de ses créanciers (Fonds monétaire international, banque centrale européenne, Commission européenne). Si celle-ci n’a pas créé les problèmes de la Grèce, elle ne les a pas résolus, estime-t-il.Moins diplomate, le professeur Gustav Horn, directeur de la fondation Hans Böckler juge, lui, « inévitable » un troisième plan d’aide à la Grèce.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Laetitia Van Eeckhout A peine diffusée par Le Parisien jeudi 19 mars, l’information s’est vite propagée sur le Web : mercredi, Paris aurait battu le triste record de la ville la plus polluée du monde, devant Shanghaï ! L’indice de pollution de la capitale française aurait atteint le niveau de 127, contre 106 pour la mégapole chinoise.Quelle est la ville la plus polluée du monde ce matin du 18 mars 2015 ? #Paris #airpollution http://t.co/fvykylzZ0Y— PlumeAParis (@Paris Air Report)require(["twitter/widgets"]);A l’origine de ce classement, Plume Labs, entreprise française de high-tech qui développe des outils de suivi de la pollution heure par heure pour les citoyens. Tout en réfléchissant à la conception de micro-capteurs que tout individu pourrait utiliser, la toute jeune start-up propose, depuis un an sur son site Internet, une carte de l’état de la pollution et de son évolution dans une soixantaine de villes du monde. « Nous nous appuyons sur les mesures réalisées par les réseaux de surveillance publics, comme AirParif [l’observatoire de la qualité de l’air en Ile-de-France]. Et nous cherchons à unifier les données recueillies pour créer un indice commun à l’ensemble des villes », explique Romain Lacombe, co-créateur de Plume Labs.Problème de méthodologieLeur conclusion est dicutable : les méthodes de mesure et de surveillance sont loin d’être les mêmes d’un pays à l’autre. Ce qui conduit à des indices très différents, difficilement comparables. Et le classement ne compte qu’une soixantaine de villes.L’Europe, elle, s’est dotée d’un site d’information commun en temps réel sur le niveau de pollution de ses grandes villes – Cite Air –, mais il a fallu pratiquement quatre ans pour élaborer un outil scientifiquement fiable, compréhensible et utilisable par les citoyens. « Cet outil fournit l’évolution de la pollution heure par heure dans 111 villes. Ces informations instantanées ne peuvent cependant pas être utilisées pour faire des comparaisons. Le seul moyen de comparer des niveaux de pollution est de faire une moyenne sur l’année », souligne Karine Léger de AirParif.Pollution bien moindre qu’en AsieMercredi, Paris a bel et bien connu un fort pic de pollution. Le seuil d’alerte – atteint quand la concentration moyenne de particules fines dépasse 80 microgrammes par mètre cube (µg/m3) d’air – a été largement franchi dans la journée. Pour la pollution de fond, à l’écart du trafic, les relevés ont enregistré jusqu’à 95 microgrammes de particules fines par m3. Près des grands axes de circulation, il y a même eu des pics à plus de 120 microgrammes par m3. Un niveau élevé, mais néanmoins sans commune mesure avec celui observé dans d’autres métropoles du monde, notamment asiatiques.Lire : Pollution de l’air : quels sont les risques pour la santé ?En mai 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié une base de données sur la qualité de l’air dans 1 600 villes de 91 pays en moyenne annuelle. L’OMS fixe le seuil limite à 20 µg/m3 pour la concentration moyenne annuelle de particules fines PM10 (d’un diamètre égal ou inférieur à 10 micromètres) dans l’air. Or, ce si ce seuil est largement dépassé dans de nombreuses métropoles, il l’est avec des records beaucoup plus élevés que ceux enregistrés à Paris mercredi.Lire : La pollution de l’air touche neuf citadins sur dix dans le mondeDans la capitale, le niveau moyen annuel de concentration de PM10 s’élève, selon l’OMS, à 24 µg/m3. Rien à voir, donc, avec le Pakistan, qui apparaît comme l’Etat le plus à risques : dans la ville de Peshawar, dans le nord-est du pays, on atteint un niveau de concentration de 540 µg/m3. La ville voisine de Rawalpindi n’est pas mieux lotie (448 µg/m3). L’Inde est aussi pointée du doigt, avec plusieurs villes très polluées comme Gwalior (329 µg/m3) au sud de New Delhi et Raipu (305 µg/m3), dans le centre du pays. En Chine, où la question de la pollution de l’air est devenue un enjeu pour les autorités, une vingtaine de villes – dont Pékin – dépassent les seuils sanitaires recommandés par l’OMS, avec un niveau de concentration annuel compris entre 100 et 150 µg/m3.« Après une bonne pluie, Pékin peut s’avérer moins pollué que Paris suite à quatre jours d’anticyclone, admet Jean-Félix Bernard, président de AirParif. Mais sur la pollution de fond, Paris, bien que souvent au-dessus des seuils réglementaires, est loin d’atteindre les mêmes niveaux que Pékin, Téhéran ou New Delhi. »New Delhi asphyxiée par les microparticulesLaetitia Van EeckhoutJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil La réaction n’a pas tardé. Au lendemain de l’attentat terroriste, qui a coûté la vie, mercredi 18 mars, à 21 personnes, dont 20 étrangers, dans l’attaque du musée du Bardo à Tunis, les croisiéristes ont commencé de se détourner de la Tunisie.Deux compagnies italiennes, MSC Croisières et Costa Croisières, ont annoncé, jeudi 19 mars, qu’elles suspendaient leurs escales dans la capitale tunisienne. Les deux avaient chacune un paquebot à Tunis avec trois milles passagers à bord. Neuf touristes passagers de MSC Croisières et trois de Costa Croisières ont été tués lors de l’attaque.Comme souvent lors de ce type d’événement, ce sont les croisiéristes qui ont réagi le plus rapidement. Il est plus facile de dérouter un paquebot que de déplacer un centre de vacances. « C’est la force de la croisière que de pouvoir repositionner relativement facilement un bateau », explique Antoine Lacarrière, directeur général de Croisières de France, le numéro trois du secteur.Cette manœuvre est finalement assez commune. « Régulièrement », les compagnies modifient leurs escales pour éviter des « météos défavorables, des grèves de dockers, des problèmes de congestion portuaires ou politiques », admet encore le directeur général de Croisières de France. Vingt-quatre heures après l’attentat, la direction de cette société, n’avait toutefois pas encore pris la décision d’annuler, au moins temporairement, ses escales tunisiennes.Suspension des excursionsSi les croisiéristes peuvent faire face rapidement aux événements, les tour-opérateurs n’ont pas la même souplesse. Mais, du côté du Club Med, par exemple, on assure que la situation des vacanciers du village de Djerba la Douce est « calme et sereine ». Il est trop tôt, semble-t-il, pour dénombrer des annulations de réservations.Pour ne pas effrayer les touristes, René-Marc Chikli, président du syndicat des entreprises du tour-operating (SETO), s’emploie à calmer le jeu. Seule décision pratique de ces entreprises sur le terrain à ce stade : elles ont suspendu les excursions. A en croire M. Chikli, il n’y a pas encore d’annulations en nombre des réservations de séjours vers la Tunisie.Les futurs touristes, souligne-t-il, n’y auraient pas intérêt. Pour l’instant, les tour-opérateurs « maintiennent les conditions générales de vente (CGV), précise le patron du SETO. On va souffrir pendant un temps, mais le pire serait que les tour-opérateurs se retirent de la destination. » Selon lui, tout dépendra en fait « du dispositif antiterroriste » mis en place par les autorités tunisiennes pour « rassurer les marchés ».Ces mesures seront-elles suffisantes pour restaurer ou maintenir « le capital confiance » des touristes ? « Nous verrons cela dans la semaine avec les clients, car la prise de décision se fera dans les jours à venir », relève M. Chikli, qui rappelle qu’en pratique, comme à l’habitude, les vacanciers « qui renonceraient à partir devront payer les frais d’annulation. »Fortes baisses de fréquentation après 2011Au Club Med, on rappelle néanmoins qu’à la suite du printemps arabe, en 2011, des destinations comme l’Egypte ou la Tunisie ont accusé « une baisse de fréquentation de 30 % ». Et cet effet est durable, puisque, quatre ans plus tard, ces destinations « n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant » les révolutions arabes, pointe la direction du Club.La baisse a été encore plus prononcée pour la Tunisie. En cinq ans, cette destination a perdu 50 % de vacanciers français : en 2010, 1,4 million de touristes venus de l’Hexagone se rendaient en Tunisie ; en 2014, ils n’étaient plus que 700 000. Les Français continuent de bouder Carthage et Djerba, alors que le nombre de touristes venus d’Allemagne et du Royaume-Uni a retrouvé son niveau d’avant les printemps arabes.Pourtant, chez Air France, on fait savoir que l’offre de vols à destination de la Tunisie est équivalente à celle qui existait avant la révolution de Jasmin. La compagnie française bénéficie du retrait de British Airways, qui ne dessert plus la Tunisie depuis 2011. La présence du groupe Air France est même à la hausse avec le renfort de sa compagnie à bas coûts, Transavia, qui assure des liaisons vers Djerba, Monastir et Tunis.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.03.2015 à 15h57 • Mis à jour le19.03.2015 à 17h00 Ces dernières années, les ONG et l’Union européenne avaient remporté des batailles contre la peine de mort dans des pays comme le Pakistan et la Jordanie. Mais les moratoires, instaurés par ces deux pays pour répondre aux pressions et incitations internationales, ont été levés fin 2014-début 2015. Le bilan 2015 pourrait s’alourdir avec la vague d’exécutions en Indonésie, en Arabie saoudite, tandis que plusieurs Etats américains tentent de revenir des méthodes d’exécution abandonnées.Au Pakistan, 8 000 condamnés dans le couloir de la mortIl a fallu attendre seulement sept jours après la levée du moratoire, le 10 mars, pour assister à nouveau à des pendaisons au Pakistan. Le 17 mars, 12 condamnés ont été exécutés. C’est le plus important nombre d’exécutions en une seule journée depuis 2008. La décision de lever le moratoire a été prise après l’attaque sanglante, menée par les talibans pakistanais le 16 décembre, contre une école de Peshawar, qui avait fait 153 morts. A la suite de cet attentat, le plus grave dans l’histoire du pays, Islamabad avait décidé, en décembre 2014, de lever partiellement le moratoire afin d’exécuter 24 prisonniers condamnés pour terrorisme. « La remise en place de la peine de mort sert à contenter l’opinion publique, mais cette vengeance n’est pas une mesure efficace pour lutter contre le terrorisme », affirme Anne Denis, responsable du programme de lutte contre la peine de mort d’Amnesty International France. La question est, désormais, de savoir si les 8 000 condamnés à mort qui n’avaient pas été exécutés en raison du moratoire, vont subir le même sort.En Jordanie, fin du moratoire sur fond de lutte contre l’EIAprès huit années sans exécution, le royaume hachémite a pendu onze hommes pour meurtres en décembre 2014. Selon des sources judiciaires, 122 personnes ont été condamnées à mort en Jordanie depuis le moratoire informel qui existe depuis 2006. D’autre part, la menace de l’Etat islamique (EI) a conduit à une accélération des exécutions de condamnés à mort. Après l’assassinat du pilote jordanien Moaz Al-Kassasbeh, brûlé vif par l’organisation djihadiste le 3 février, deux djihadistes irakiens ont ainsi été pendus. Le grand imam de l’université Al-Azhar, l’Egyptien Ahmed Al-Tayeb, dirigeant de la plus prestigieuse institution de l’islam sunnite, avait appelé à « tuer, crucifier ou amputer les mains et les pieds des terroristes » de l’EI.En Indonésie, le peloton d’exécution dans les affaires de stupéfiants Le Français Serge Atlaoui, condamné à mort en 2007 pour avoir travaillé dans un laboratoire de production d’ecstasy, se trouve parmi un groupe d’étrangers en attente d’exécution pour trafic de drogue. Ils risquent d’être fusillés dans les semaines ou les mois qui viennent, après le rejet récent de leur demande de grâce par le président Joko Widodo, élu en octobre 2014. En janvier, six autres étrangers, condamnés également à la peine capitale pour trafic de drogue, ont été exécutés par fusillade. Au total, les autorités indonésiennes ont affirmé, en décembre 2014, qu’elles exécuteraient 64 condamnés à mort. Cette nouvelle politique semble être le fait d’une volonté du président de se légitimer auprès des forces de sécurité et de l’opinion.Indonésie : Serge Atlaoui, condamné à mort, espère la révision de sa peineEn Arabie saoudite, augmentation vertigineuse des décapitations Depuis le début de l’année, le royaume saoudien a mené 44 exécutions, selon Amnesty International. L’organisation signale que « c’est exactement quatre fois plus que le nombre de personnes mises à mort dans le royaume au cours de la même période l’an dernier [11]. La décapitation publique est la méthode d’exécution la plus commune. » La moitié des exécutions ont été prononcées pour trafic de drogue. Cette recrudescence contredit les déclarations des autorités saoudiennes devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, selon lesquelles la peine de mort n’est imposée que pour les crimes les plus graves.Aux Etats-Unis, retour aux méthodes du passéEn Amérique, la chambre à gaz et le peloton d’exécution semblaient faire partie de l’histoire. Mais plusieurs Etats comme l’Utah et l’Oklahoma veulent remettre en place ces techniques d’exécution controversées. Ces deux Etats ont présenté des projets de loi autorisant le recours à ces méthodes, en raison des nombreux échecs rencontrés lors d’injections létales ces derniers mois. Un des derniers cas plus connus est celui de l’exécution controversée de Clayton Lockett, en avril 2014 en Oklahoma, qui a agonisé longuement, faute de préparation et de personnel expérimenté.Lire aussi : Aux Etats-Unis, le drame d’une nouvelle exécution ratéeAndres Quintero Anne Eveno (avec AFP) Déclaration de façade ou véritable investissement porteur d’emplois, seul l’avenir le dira. Alibaba, le géant chinois du commerce en ligne, ouvrira en octobre une « ambassade » à Paris afin que les entreprises françaises puissent utiliser sa plate-forme pour commercialiser leurs produits, a annoncé, mercredi 18 mars à l’Elysée, Jack Ma, le patron du groupe à François Hollande.« Jack Ma a annoncé au président qu’il ouvrirait en octobre une “Alibaba embassy” à Paris », dit-on dans l’entourage du président français, où l’on juge prometteuse cette annonce au moment où le groupe chinois cherche à s’implanter en Europe.La France n’a pas ménagé ses efforts ses derniers mois pour séduire une entreprise que tous présente comme la grande rivale du groupe américain Amazon.Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, lorsqu’il s’est rendu en Chine, en mai 2014, avait ainsi conclu un accord de partenariat avec Alibaba pour aider les entreprises françaises à exporter leurs produits vers la République populaire.Et lors d’une deuxième visite, en octobre 2014, M. Fabius, qui a fait de la « diplomatie économique » l’un des fers de lance de son action, avait évoqué avec M. Ma la possibilité que le groupe chinois ouvre en France une plate-forme logistique pour livrer les produits européens aux consommateurs chinois.Bienvenue à l’invasion chinoise !Selon l’entourage du président de la République, François Hollande et Jack Ma ont discuté, lors de leur entretien, du développement par La Poste d’une chaîne logistique européenne pour le groupe chinois. « Le président a voulu apporter son soutien à ces négociations », ajoute un conseiller. La Poste n’a pas souhaité, à ce stade, apporter de commentaire.Les yeux douxAprès des années de croissance exponentielle et une entrée en fanfare sur le New York Stock Exchange (NYSE) en septembre 2014 – le groupe avait alors réalisé la plus importante introduction en Bourse de l’histoire en levant 25 milliards de dollars (23,4 milliards d’euros) – Alibaba rencontre certaines difficultés dans son développement, tant en Chine qu’aux Etats-Unis.Les autorités chinoises accusent notamment Alibaba de proposer des produits en infraction au regard du droit des marques, alors qu’aux Etats-Unis, le géant chinois a dû arrêter la vente de jouets illégaux ou dangereux.Alibaba est-il devenu trop puissant en Chine ?La France n’est pas la seule en Europe à faire les yeux doux aux dirigeants d’Alibaba. Les entreprises italiennes bénéficient, depuis juin 2014, du même accord que celui qui profite aux entreprises hexagonales depuis le mois de mai.Alibaba s’engage à baisser les droits d’entrée sur sa plate-forme Tmall dédiée aux grandes marques ; le tarif pouvait auparavant décourager certaines PME de tenter l’aventure de l’e-commerce en Chine. Alibaba promet aussi d’assister ces entreprises et de les mettre en avant.Anne Eveno (avec AFP)Journaliste au Monde 19.03.2015 à 13h01 Meurtres, tortures, viols et enrôlement d'enfants, un rapport de l'Organisation des Nations unies (ONU) fait état jeudi 19 mars des exactions de l'Etat islamique (EI) depuis juin dernier « contre de nombreux groupes ethniques et religieux en Irak, dont certaines pourraient constituer un génocide », détaille le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, dans un communiqué. Les attaques des djihadistes contre la minorité yézidie « pourraient constituer un génocide », affirme le document. « Le schéma manifeste des attaques contre les yézidis a indiqué l'intention de l'EIIL [Etat islamique en Irak et au Levant, ancien nom de l'EI] de détruire les yézidis en tant que groupe. » Le document a été compilé par des enquêteurs envoyés dans la région par le Haut-Commissariat et s'appuie sur le témoignage de plus de cent personnes qui ont été les témoins d'attaques en Irak. Toutes les exactions répertoriées dans le rapport pourraient constituer des violations du droit international, des droits de l'homme et du droit humanitaire. Les enquêteurs dénoncent aussi le « traitement brutal » infligé à d'autres groupes ethniques, dont les chrétiens, Turkmènes, sabéens, mandéens, Kaka'e, Kurdes et chiites.Les enquêteurs disent également avoir reçu des informations rapportant que des forces de sécurité irakiennes et des milices associées avaient commis de graves violations des droits de l'homme lors de leurs opérations de contre-offensive contre l'EI et pourraient aussi avoir commis des crimes de guerre. L'EI s'est emparé de larges pans du territoire irakien à la faveur d'une vaste offensive lancée en juin dernier, mettant en déroute l'armée irakienne.Voir : L'exil dramatique des yézidis Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Sur les images, diffusées par la chaîne de télévision espagnole La Sexta, apparaît un employé de la Banque privée d’Andorre (BPA) soucieux de trouver la meilleure façon de blanchir les fonds d’un client chinois, qui lui annonce des transferts de 100 millions d’euros par semaine. Il lui explique que la Suisse n’est plus aussi sûre qu’elle l’était mais que BPA peut faire circuler son argent afin d’éviter des tracas avec la justice…Depuis le 10 mars et l’annonce du FinCEN – l’organisme du Trésor américain chargé de lutter contre la délinquance financière – que BPA et Banco de Madrid, sa filiale espagnole à 100 %, ont servi au blanchiment de « plusieurs centaines de millions de dollars » provenant « du crime organisé international, de la corruption et du trafic d’êtres humains », rien ne va plus.Après la décision prise par l’Espagne et Andorre de prendre le contrôle des deux établissements, les clients ont commencé à retirer massivement leurs fonds. A tel point que le 16 mars, BPA a dû limiter les retraits à 2 500 euros par compte et par semaine, le Fonds public de restructuration bancaire espagnol (FROB) suspendant, pour sa part, les opérations de Banco de Madrid. Finalement, mercredi 18 mars dans la soirée, le FROB a annoncé sa décision de liquider l’établissement spécialisé dans la gestion de fortunes, avec quelque 15 000 clients privés et institutionnels en Espagne, et un total de 6 milliards d’euros d’actifs.Le Fonds de garantie des dépôts des établissements de crédit pourra restituer un maximum de 100 000 euros par client.Machines à blanchir des capitauxMais l’affaire ne devrait pas s’arrêter là. BPA et Banco de Madrid semblent avoir été de véritables machines à blanchir des capitaux, en échange de fortes commissions, aussi bien pour le crime organisé que pour des chefs d’entreprises ou des hommes politiques.Dans l’attente d’une liste exhaustive, on y trouve déjà des chefs présumés de la mafia russe, comme Andrei Petrov, et chinoise, comme Gao Ping, mais aussi la famille de l’ancien président de la région catalane, Jordi Pujol.Selon le quotidien espagnol El Mundo, le Service de prévention du blanchiment des capitaux (Sepblac) qui dépend du ministère de l’économie, enquête sur les mouvements de fonds de quatre anciens ministres et hauts fonctionnaires ayant servi sous le gouvernement de l’ancien chef d’Etat du Venezuela, Hugo Chavez.Déjà, le rapport du FinCEN avait pointé « des transferts d’une valeur de 4,2 milliards de dollars [3,9 milliards d’euros] en relation avec le blanchiment de capital vénézuélien », dont une partie liée à la compagnie pétrolière nationale PDVSA.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Contraint par ses actionnaires à réduire les coûts, le groupe américain Yahoo! ferme son bureau chinois. Un courrier électronique a été transmis, mardi 17 mars, aux employés de son centre de recherche et développement de Pékin, sa seule implantation dans le pays, les informant de leur licenciement, selon le site d’information économique Caixin et l’agence Bloomberg.Le portail Web a, depuis, confirmé cette annonce, qui concerne environ 350 emplois, évoquant la « consolidation de certaines fonctions dans un nombre réduit de bureaux ».Cette fermeture est d’abord guidée par l’exigence de réduction des coûts imposée à la PDG du portail américain, Marissa Mayer, notamment par Starboard Value. Le gérant de ce fonds d’investissement activiste (hedge fund), Jeff Smith, a exigé d’elle une réduction des frais de Yahoo! allant jusqu’à 500 millions de dollars (468 milliards d’euros) annuellement.Pour ses 20 ans, Yahoo! retrouve des couleursMais, au-delà de ces « affaires internes » à Yahoo!, ce retrait reflète également la faible pénétration des géants américains du Web au pays des 650 millions d’internautes.Google avait déjà annoncé, en 2010, son départ du pays, refusant à l’avenir d’appliquer aux requêtes de ses utilisateurs de Chine continentale la censure draconienne des contenus imposée par l’Etat-parti. Ses services ont depuis été progressivement bloqués.Sortie du capital d’Alibaba d’ici à fin 2015Yahoo! n’avait pas échappé aux controverses suscitées par sa collaboration avec le régime. La firme avait notamment fourni aux autorités chinoises les contacts d’un dissident, Shi Tao, condamné, en 2005, à dix ans d’emprisonnement.Comme les autres entreprises de la Silicon Valley, Yahoo! n’a jamais su s’imposer sur le marché chinois face à la concurrence locale. Les géants du Web chinois, que sont le moteur de recherche Baidu, le créateur de réseaux sociaux Tencent et l’empire du commerce électronique Alibaba n’ont, depuis lors, fait que se renforcer.Yahoo! avait confié à Alibaba la gestion de ses opérations dans la République populaire en 2005, en même temps qu’il était devenu actionnaire du groupe de Jack Ma. Faute de succès sur ce marché, Yahoo! avait déjà annoncé la fermeture de ses boîtes e-mail et de son portail à destination de la Chine continentale au cours de l’année 2013.Le 27 janvier, le groupe américain a indiqué qu’il se séparera de sa participation dans Alibaba d’ici à la fin de l’année. Cette mesure était – elle aussi – réclamée depuis des mois par ses actionnaires, notamment le fonds activiste Starboard Value.Yahoo! cède sa participation dans AlibabaHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) Le convoi de véhicules officiels est sorti en trombe, flanqué d’une escorte policière nerveuse. A l’intérieur des grilles de l’hôpital Charles-Nicolle, l’attroupement inhabituel de blouses blanches, journalistes et hommes en armes devant la salle d’urgence, tandis que vont et viennent les ambulances, donne la mesure de l’événement, cet air de tragédie qui soudain crispe et déprime Tunis, mercredi 18 mars. Charles-Nicolle est l’un des trois hôpitaux de la ville où ont été évacuées les victimes de la plus grosse attaque terroriste jamais perpétrée dans la capitale tunisienne.Quelques heures plus tôt, deux assaillants armés de kalachnikovs ont pris pour cible des groupes de visiteurs sur le parking du Musée du Bardo, l’un des hauts lieux du tourisme tunisien, où sont exposées, entre autres pièces, de légendaires collections de mosaïques. La Tunisie, jeune démocratie éclose dans le sillage des « printemps arabes » de 2011, est sous le choc. Selon un bilan rendu public mercredi soir par des sources officielles, l’attaque terroriste, dans laquelle deux assaillants sont morts, a fait au moins vingt-et-un tués : un policier tunisien et vingt touristes étrangers.Parmi ces derniers figurent deux Français, quatre Italiens, deux Espagnols, un Polonais, cinq Japonais, un Australien, deux Colombiens. En outre, quarante-trois personnes ont été blessées, dont six Français. Les deux terroristes retranchés dans l’enceinte du musée avec des otages ont finalement été abattus par les forces spéciales. Selon un ministre tunisien joint par Le Monde, les deux hommes – Saber Khachnaoui et Yassine Labidi – sont de nationalité tunisienne. Le premier serait originaire de Kasserine, une ville du centre du pays située à une trentaine de kilomètres de la frontière algérienne. Cette région est le théâtre d’affrontements fréquents entre les forces de sécurité et des noyaux djihadistes qui ont établi leurs bases à proximité, sur les hauteurs du mont Chaambi. Le 18 février, quatre gardes nationaux ont été tués dans ce gouvernorat de Kasserine. Le 17 juillet 2014, c’est quatorze militaires qui avaient péri lors d’une attaque aux lance-roquettes et aux fusils-mitrailleurs au mont Chaambi.Depuis l’émergence de la Tunisie comme exemple de transition démocratique au sein du monde arabe secoué par les printemps de 2011, le péril djihadiste était souvent cité par les dirigeants tunisiens comme la menace prioritaire hypothéquant la consolidation des nouvelles institutions. Mais l’assaut du Musée du Bardo a « surpris », selon le mot d’un diplomate à Tunis. « Les djihadistes menaient surtout une guerre contre leur ennemi de l’appareil sécuritaire. Ils ne s’en prenaient pas franchement à une tierce-partie. » L’attentat contre la synagogue de Djerba en 2002, qui avait fait 19 morts dont 14 touristes allemands, avait été une exception.Ansar Al-Charia, AQMI, Etat islamique, une galaxie djihadiste en pleine émulationCible emblématiqueL’émotion est d’autant plus profonde en Tunisie que la cible de l’attaque de mercredi est hautement emblématique. Les terroristes ont d’abord frappé au cœur de la capitale et non plus dans une région périphérique. Ensuite, ils ont visé à travers le Musée du Bardo, « le symbole de notre histoire, de notre culture, de notre civilisation", s’indigne Bochra Belhaj Hmida, députée de Nidaa Tounes, le parti qui domine le gouvernement et dont est issu le président Béji Caïd Essebsi. En troisième lieu, la proximité du Parlement, mitoyen du musée, pourrait être un message adressé à l’Etat et à ses institutions. Enfin, s’attaquer à un haut-lieu du tourisme, c’est clairement chercher à fragiliser l’un des piliers d’une économie qui ne s’est toujours pas remise des turbulences ayant suivi le départ de l’ex-dictateur Ben Ali, poussé à l’exil par la rue en janvier 2011. « L’attentat va malheureusement frapper durement un secteur touristique qui souffre déjà énormément », se désole Kamel Jendoubi, ministre des réformes constitutionnelles et des relations avec la société civile.Tunisie : une attaque qui met à mal les espoirs de redressement économiqueMais le symbole le plus puissant visé par l’assaut du Bardo demeure incontestablement la transition démocratique tunisienne elle-même, un scénario politique et institutionnel unique dans le monde arabe. « C’est cette exception tunisienne à laquelle les terroristes veulent mettre fin », décrypte Mme Belhaj Hmida. « La Tunisie est un îlot démocratique dans un environnement qui ne l’est pas, elle est un modèle d’ouverture qui gêne et qui dérange, enchaîne M. Jendoubi. Elle est donc un antimodèle pour les terroristes et ceux qui les financent. Ils veulent casser ce modèle, cette expérience ». Harcelée par des groupes armés nichés à la frontière algérienne et vulnérable aux contrecoups du chaos libyen, une menace amplifiée dans les esprits par l’importance de la diaspora libyenne vivant sur le sol tunisien (environ 400 000 personnes), la Tunisie vit plus que jamais dans un sentiment de précarité dicté par « sa géographie », selon M. Jendoubi.« Etat démocratique naissant »Cette inquiétude générale se conjugue néanmoins avec une volonté de faire front. A l’image d’une séance exceptionnelle de l’Assemblée convoquée mercredi soir, la classe politique serre les coudes, oubliant ses divisions passées. « L’événement renforce le sentiment d’appartenance à un Etat démocratique naissant », commente M. Jendoubi. Au diapason des réactions émanant du gouvernement ou de la présidence, le parti islamiste Ennahda a « condamné avec la plus grande fermeté […] le crime terroriste odieux » du Bardo. Par la voix de son président Rached Ghannouchi, le parti a appelé les Tunisiens à « être résolus et vigilants pour soutenir l’unité nationale et à se mobiliser, ensemble, avec les forces de sécurité et militaires contre ce fléau qui n’a pas d’avenir en Tunisie ». Ennahda, qui avait dirigé l’exécutif en 2012 et 2013, a rejoint en janvier le gouvernement d’union nationale dominé par son rival Nidaa Tounes, vainqueur des élections législatives puis présidentielle de la fin 2014. La condamnation de l’attaque du Bardo par Ennahda prend d’autant plus de poids que le parti islamiste a longtemps été accusé par ses adversaires du camp laïc d’ambiguïté à l’égard de certaines franges salafistes proches du groupe extrémiste Ansar Al-Charia. Alors qu’il était encore au pouvoir, Ennahda s’était toutefois retourné contre ses anciens alliés d’Ansar Al-Charia quand la responsabilité de ces derniers avaient été établie dans une série d’actions violentes en 2013, notamment les assassinats des personnalités de gauche Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.Le climat d’union sacrée qui règne aujourd’hui autour de l’axe Nidaa Tounes – Ennahda, soudé face au péril terroriste, conduit Michaël Béchir Ayari, analyste à International Crisis Group, à noter que la « capacité de résilience des Tunisiens a augmenté ». Une telle résistance aurait été difficilement envisageable, selon lui, lors la période tourmentée de 2013 et 2014. « A l’époque, une attaque de type Bardo aurait eu un effet dramatique, elle aurait pu signifier l’arrêt du processus démocratique. » Mais entre-temps a émergé une culture du compromis entre les deux camps, cette exception tunisienne inspirant un mélange d’inquiétude et de confiance.Cet article est le premier de Frédéric Bobin en tant que correspondant en Tunisie.Frédéric Bobin (Tunis, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claudine Wéry (Port-Vila (Vanuatu), envoyée spéciale) Six jours après le passage dévastateur du cyclone Pam sur l’archipel de Vanuatu, le bilan exhaustif de la catastrophe est encore impossible à établir. S’il est avéré que le phénomène a endommagé au moins 80 % des bâtiments et habitations et que la végétation et les cultures sont littéralement dévastées, l’impact humain demeure incertain, avec un chiffre provisoire de 24 morts. Dans ce pays aux 83 îles étendu sur 12 200 km2, l’état des lieux de chaque ville et village s’avère un travail colossal, auquel s’affaire le gouvernement de Vanuatu avec l’appui de la vaste mission d’assistance internationale en cours.Au regard de l’ampleur de Pam, monstre de pluies et de vent, avec des rafales de 340 km/h, qui a rugi pendant quasiment toute la nuit de vendredi à samedi 14 mars, le nombre de morts et de blessés semble toutefois étonnamment contenu. La préparation aux aléas naturels de cet archipel, exposé à un chapelet de risques, est l’une des explications. « Même si Vanuatu est un pays en voie de développement, il a des capacités. Il y a un an et demi, un centre d’alerte a été créé, qui fonctionne sept jours sur sept, jour et nuit. Il a été mis à l’épreuve des faits pour la première fois avec Pam », explique Sylvain Todman, ingénieur géophysicien français, qui travaille pour la direction de la météorologie et des géorisques du gouvernement de Port-Vila, la capitale. « Laboratoire de recherche »Dans un même bâtiment, le ministère du changement climatique, le bureau des catastrophes naturelles et le département de la météo ont été regroupés afin de faciliter les communications en cas de crise. L’objectif de ce centre est d’anticiper les événements et de permettre au maximum aux populations de se préparer en cas de cataclysme. Pam était un cyclone ultraviolent, mais le pays l’avait vu venir, car il s’est formé pendant trois à quatre jours au nord de Vanuatu. « Cela nous a permis d’activer tous nos relais dans les provinces et les communautés pour leur dire de se préparer », souligne le géophysicien, répétant cependant que le bilan est encore provisoire. Selon le scientifique, les savoirs traditionnels ancestraux des communautés mélanésiennes ont eux aussi joué un rôle positif dans la limitation du nombre de victimes. Les nakamals, abris communautaires en végétaux où les gens se réunissent pour boire le kava, boisson emblématique du Pacifique confectionnée avec les racines macérées d’une plante du même nom, ont sans doute sauvé de nombreuses vies. « Ces lieux sont des refuges en cas de cyclone. Les poteaux de la structure sont fortement enfoncés dans le sol, les murs et la toiture sont très bas, l’intérieur est ventilé. Les nakamals ont une architecture adaptée aux cyclones », poursuit Sylvain Todman.A Tanna, île à 200 km au sud de Port-Vila, une famille aurait été tuée par l’écroulement de sa maison en dur, alors que les autres villageois réfugiés dans le nakamal s’en sont sortis. Avec six volcans actifs, une quinzaine de volcans dormants, et des risques sismiques, cycloniques et de tsunamis majeurs, Vanuatu est le territoire le plus exposé aux aléas naturels de la planète, selon le World Risk Report 2014. « C’est un véritable laboratoire de recherche. Les bouleversements écologiques, termes que je préfère à l’expression de “réchauffement climatique”, ont peut-être un impact sur la fréquence de ces aléas, et c’est ce que nous essayons de déterminer », explique Sylvain Todman.Vanuatu, symbole de l’urgence climatiqueCrise alimentaireNéanmoins, la destruction de toutes les cultures vivrières, qui constituent la majorité de l’alimentation des familles, fait aujourd’hui craindre une famine. « Jusqu’à la semaine prochaine, ça va aller. Les gens avaient des réserves et ont ramassé ce qui était tombé, mais après, la situation va être très critique », assure Howard Waru, directeur du service de l’agriculture de Vanuatu. A l’entrée de la rue principale de la capitale, le grand marché couvert est d’ordinaire chaque jour un lieu regorgeant de bananes, de noix de coco, d’ignames, de taros, de patates douces, d’avocats, de pamplemousses et de bouquets de fleurs tropicales. Depuis le passage de Pam, la halle est désespérément vide.Les nakamals, abris traditionnels en végétaux, ont sans doute sauvé de nombreuses viesA Mélé, un village au nord-est de Port-Vila, les femmes récupéraient un pécule de 20 000 à 30 000 vatus (180 à 270 euros) par mois, grâce à leurs ventes au marché. « Je ne sais vraiment pas quand elles vont pouvoir y retourner, on n’a plus rien à vendre. Il va falloir acheter du riz au magasin, mais il n’y a plus d’argent », explique Philémon Mansale, un grand-père qui vit avec toute sa famille dans l’une des nombreuses baraques en planches et en tôles de Mélé. Comme le logis de tous ses voisins, le sien est en partie détruit, et son jardin n’est plus qu’un amas de branches cassées, de souches d’arbres déracinés et de fruits pourris dans des flaques d’eau.Un peu plus loin, Frédéric Tamata, professeur d’agriculture, ne cache pas son inquiétude à propos de la crise alimentaire qui se profile. « Il faut dix mois pour que les taros arrivent à maturité, six pour le manioc et un mois environ pour les légumes comme le chou kanak ou le chou de Chine, rappelle ce père de famille. On peut planter des pommes de terre, qui poussent plus vite, mais les gens n’aiment pas ça ici, comme le riz. Ce n’est pas la nourriture traditionnelle des habitants. » L’aide humanitaire arrive en masse, mais l’acheminement aux populations, dans ce pays qui forme une constellation d’îles, s’avère un casse-tête. « Je suis pratiquement sûre que d’ici quelques mois, il va y avoir une famine, craint Runti Likiafu, représentante de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture à Vanuatu. Il faut importer de la nourriture et donner des semences aux habitants. »Claudine Wéry (Port-Vila (Vanuatu), envoyée spéciale)Journaliste au Monde 29.03.2015 à 13h41 • Mis à jour le29.03.2015 à 14h00 Les chefs d'Etat de la Ligue arabe réunis en sommet en Egypte se sont entendus sur le principe de créer une force militaire conjointe, notamment pour combattre les « groupes terroristes », a annoncé dimanche 29 mars le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi.« Les dirigeants arabes se sont mis d'accord sur le principe d'une force militaire arabe », a déclaré M. Al-Sissi, qui occupe la présidence tournante de la Ligue, au deuxième et dernier jour de son sommet annuel à Charm El-Cheikh, station balnéaire du Sinaï égyptien. Il n'a pas détaillé ce que serait cette force, ses objectifs, sa composition. Les 21 chefs d'Etat et monarques présents ou représentés, sur les 22 membres que compte la Ligue (dont le président palestinien Mahmoud Abbas), sont tombés d'accord sur une résolution présentée par l'Egypte, M. Sissi étant, depuis plusieurs mois, à la tête des leaders arabes réclamant la constitution d'une telle force conjointe. Le siège de la Syrie était vide.Cette annonce survient au moment où une coalition d'une dizaine de pays arabes emmenée par l'Arabie saoudite bombarde au Yémen depuis jeudi les positions de la milice chiite des houthistes, alliée à l'Iran, qui occupent une grande partie du pays et ont chassé les autorités élues. Cette opération militaire est considérée par les dirigeants arabes comme un « test » pour leur future force conjointe.Lire (édition abonnés) : Le Yémen et le danger d’embrasement régional 29.03.2015 à 05h29 • Mis à jour le29.03.2015 à 15h50 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Le commandant de l'Airbus A320 de Germanwings a hurlé à son copilote, soupçonné d'avoir délibérément précipité l'appareil avec 150 personnes à bord contre le massif de l'Estrop, d'ouvrir la « foutue porte » du cockpit, alors que les passagers hurlaient quelques minutes avant la catastrophe, selon les enregistrements du vol écoutés et publiés par Bild am Sonntag.Lire : Le crash de l'A320 de Germanwings, minute par minuteLes données de la boîte noire récupérée sur les lieux du crash, dans le sud-est de la France, déjà évoquées jeudi par le procureur de la République de Marseille, avaient montré que le copilote avait verrouillé la porte du cockpit après la sortie momentanée du commandant de bord, avant de précipiter l'avion vers le sol. Mais il n'avait pas détaillé la teneur des échanges entre les deux hommes.Echanges banals au début du volSelon l'édition dominicale du quotidien allemand Bild, qui a écouté ces enregistrements, les vingt premières minutes du vol sont l'occasion d'échanges banals entre le pilote, Patrick S., et son copilote, Andreas Lubitz. Il explique notamment à ce dernier qu'il n'a pas eu le temps d'aller aux toilettes au départ, à Barcelone.A 10 h 27, l'appareil atteint son altitude de croisière (environ 11 600 mètres), le pilote demande à Lubitz de préparer l'atterrissage à Düsseldorf. Ce dernier prononce quelques mots : « J'espère », « On verra ». Ensuite, le copilote dit au commandant qu'il peut « maintenant » aller aux toilettes. Deux minutes s'écoulent, le pilote confirme à son copilote qu'il peut « prendre les commandes ».On entend un siège qui recule, une porte qui se referme : le commandant est sorti du cockpit pour aller aux toilettes. Andreas Lubitz est seul aux commandes. A 10 h 29 : « L'appareil commence à descendre », note Bild.« Pour l'amour de Dieu, ouvre la porte ! »A 10 h 32, les contrôleurs aériens français tentent de contacter l'appareil, en vain. Dans l'avion, presque au même moment, une alarme retentit. Peu après, on entend un « claquement fort », comme si quelqu'un essayait de rentrer dans le cockpit, écrit Bild. Puis la voix du pilote : « Pour l'amour de Dieu, ouvre la porte ». Lubitz s'est enfermé, seul aux commandes. En arrière-fond, les passagers commencent à crier, note le journal.A 10 h 35, il y a de nouveaux coups « métalliques contre la porte du cockpit », que le pilote essaie manifestement d'ouvrir à la hache. Puis, quatre-vingt-dix secondes plus tard, nouvelle alarme, alors que l'appareil est à 5 000 mètres d'altitude. Le commandant crie : « Ouvre cette foutue porte ! » A 10 h 38, on entend la respiration du copilote, silencieux, dans le cockpit.Vers 10 h 40, l'Airbus touche une montagne, on entend les cris des passagers. Ce sont les derniers bruits sur l'enregistrement, écrit Bild. Andreas Lubitz est soupçonné d'avoir volontairement fait chuter mardi l'Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises, alors qu'il était aux commandes, entraînant la mort de 149 personnes en plus de la sienne.Lire aussi : Stupeur en Allemagne après les premiers éléments d’analyse du crash de l’A320Samedi, le journal allemand avait publié une interview d'une hôtesse de l'air présentée comme une ancienne petite amie de Lubitz, qui renforçait la piste selon laquelle le jeune copilote souffrait de troubles psychiatriques. Un autre journal allemand, Welt am Sonntag, a affirmé que les enquêteurs ont découvert au domicile de Lubitz « de très nombreux médicaments » destinés à soigner des « maladies psychiques ».Vendredi, le parquet de Düsseldorf avait expliqué que des attestations d'arrêt maladie avaient été retrouvées déchirées chez Andreas Lubitz. Aucune lettre d'adieu dévoilant un acte prémédité à l'origine de la catastrophe n'a été retrouvée. Selon Bild et le New York Times, le jeune homme souffrait en outre de gros problèmes de vue susceptibles de remettre en cause son aptitude à piloter.Sur les lieux du crash, les enquêteurs ont pour l'instant « isolé 78 ADN disctincts », ceux-ci devront être comparés à ceux des familles des victimes pour identification, a indiqué dimanche le procureur de Marseille Brice Robin. L'aménagement d'un chemin d'accès, accessible pour des véhicules tout terrain, est en cours de réalisation et pourrait être terminé d'ici à lundi soir, a-t-il également expliqué. Cet accès permettra notamment l'évacuation de grosses pièces de carlingue, difficiles à hélitreuiller. 29.03.2015 à 01h08 • Mis à jour le29.03.2015 à 11h22 Plusieurs entreprises au Brésil font l'objet d'une enquête sur un probable réseau de corruption qui aurait détourné du fisc quelque 5,9 milliards de dollars, selon la police, alors qu'un autre scandale, autour du géant pétrolier Petrobras, secoue déjà le pays.Lire : Comprendre le scandale Petrobras qui secoue le BrésilL'opération « Zelotes » (« fausse jalousie »), menée par la police fédérale, se concentre sur le Conseil administratif de recours fiscaux (CARF), un organisme qui dépend du ministère du budget, chargé de juger en dernière instance les sanctions imposées par le fisc.Pots-de-vin de grandes entreprisesCertains fonctionnaires du CARF auraient accepté ou sollicité des pots-de-vin de grandes entreprises, qui devaient verser des amendes de millions de dollars au fisc, en échange d'une décision favorable leur permettant d'éviter tout ou partie de la sanction.« L'enquête, démarrée en 2013, a montré que l'organisation agissait à l'intérieur [du CARF] pour promouvoir des intérêts privés, en cherchant à influencer et corrompre des fonctionnaires avec l'objectif d'obtenir l'annulation ou la diminution des amendes pour infraction imposées par le fisc », a expliqué la police dans un communiqué.Le montant ainsi détourné pourrait avoisiner les 19 milliards de reais (5,4 milliards d'euros au change actuel). La police a d'ores et déjà identifié près de 6 milliards de reais (1,7 milliard d'euros) de fonds déviés.Un scandale « aussi grand » que PetrobrasCompte tenu de l'importance des montants et du nombre d'entreprises impliquées, ce nouveau scandale de corruption pourrait être « aussi grand » que celui qui fait actuellement l'objet d'une enquête chez le groupe public Petrobras, a estimé le directeur de la Lutte contre le crime organisée de la police fédérale, Oslain Campos Santana.La nouvelle enquête implique aussi différents cabinets de conseil et d'avocats, notamment à Brasilia et Sao Paulo. « Le réseau utilisait des entreprises tierces pour cacher ses actions, et le flux d'argent qui était blanchi revenait comme patrimoine apparemment licite pour ces entreprises », a précisé la police.Ces révélations sont faites moins de deux semaines après de vastes manifestations, qui ont mobilisé plus de 1,7 million de Brésiliens le 15 mars, pour protester contre le scandale Petrobras et la gestion de la présidente de gauche, Dilma Rousseff.Lire aussi : Raz de marée au Brésil contre Dilma Rousseff Yves-Michel Riols (Lausanne (Suisse), envoyé spécial) Le scénario est rodé. Dès que Laurent Fabius fait son apparition aux négociations sur le nucléaire iranien, la mise en scène est immuable. A Genève, en novembre 2013, ou bien à Vienne, en juillet 2014, et maintenant à Lausanne, le chef de la diplomatie française, le visage grave, fait une brève allocution, de quelques dizaines de secondes, avant de tourner les talons, sans répondre à la moindre question. L’objectif est toujours le même : faire sentir la différence de la France à l’approche d’une échéance cruciale dans ces pourparlers sinueux dans lesquels les Français ont toujours revendiqué un rôle particulier.Le script s’est encore répété, samedi 28 mars, lors de l’arrivée de M. Fabius devant l’hôtel Beau Rivage de Lausanne, un palace planté sur les rives du lac Léman. A la veille de la date butoir du 31 mars pour parvenir à un accord politique sur les principaux paramètres du programme nucléaire iranien, la tonalité de l’intervention de M. Fabius, qui passe pour un « dur » dans ces tractations, était attendue avec une curiosité redoublée.Comme toujours, son propos fut soigneusement calibré : « Je suis venu ici avec le souhait d’avancer vers un accord robuste », a-t-il déclaré, avant d’insister sur la nécessité de trouver des mécanismes pour assurer la « transparence » et le « contrôle » de tout futur accord pour être sûr que « les engagements pris sont respectés ». Autrement dit : la France envoie un signal de fermeté, tout en laissant entendre qu’elle est prête au compromis, à certaines conditions.Lire aussi : Comprendre les négociations sur le nucléaire iranienInsuffisamment « exigeant »Alors que les négociations, qualifiées de « difficiles » par M. Fabius, doivent se poursuivre, dimanche, en Suisse, entre l’Iran et les représentants du « P 5+1 », comprenant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne, l’attitude de la France était scrutée de près, tant ses prises de positions sont redoutées. Depuis deux ans, avant chaque rendez-vous important, les Français ont toujours joué une partition singulière.Cela était flagrant, le 9 novembre 2013, à Genève, lorsque M. Fabius a provoqué un tremblement de terre en rompant l’unité du « P 5+1 », en refusant d’endosser un texte présenté par les Etats-Unis et l’Iran, jugé insuffisamment « exigeant » vis-à-vis de Téhéran. Deux semaines plus tard, après « une vingtaine d’amendements », selon un diplomate, les grandes puissances ont conclu, le 24 novembre, un accord intérimaire avec l’Iran qui a ouvert la voie à un gel du programme nucléaire iranien et à une levée partielle des sanctions internationales imposées contre la République islamique depuis 2006.Lire aussi en édition abonnés : Nucléaire iranien : tensions entre Washington et ParisCette stratégie, qui consiste à brandir la menace d’un blocage dans l’ultime phase de la négociation, avant de se rétracter au nom « d’avancées » obtenues, semble à nouveau se renouveler à Lausanne. Lors de la précédente séance de discussions, du 18 au 20 mars, en Suisse, les Français ont provoqué la colère des Américains en faisant clairement comprendre qu’ils réclamaient davantage de concessions de l’Iran. Huit jours plus tard, après ce coup de semonce, Laurent Fabius a adopté un ton moins offensif en arrivant, samedi, à Lausanne. La France ira-t-elle jusqu’à s’opposer à un accord qui aurait l’assentiment des autres membres du « P 5+1 » ? L’hypothèse paraît « peu probable », selon un diplomate occidental. « Si l’accord n’est pas comestible pour les Français, il y a peu de chances qu’il le soit pour les autres », estime cette source bien informée.La paternité du dossierAu-delà de la posture, la ligne « robuste » défendue par Laurent Fabius s’inscrit dans une continuité. La France a été à l’origine, il y a douze ans, des premières négociations avec l’Iran. Depuis, les Français se perçoivent comme « les gardiens du temple » du contentieux nucléaire iranien et revendiquent la paternité de ce dossier qui a façonné « la culture stratégique française », relève un diplomate.Le rôle pionnier de la France remonte à 2003. Dans la foulée de l’invasion américaine de l’Irak, à laquelle Paris s’était opposée, Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, fait le pari du dialogue avec Téhéran et obtient le feu vert du président Jacques Chirac pour construire une coalition internationale. L’objectif était de démontrer qu’il était possible de traiter le problème des armes de destruction massive, prétexte à l’intervention en Irak, autrement que par la guerre. La « troïka » formée par la France avec l’Allemagne et le Royaume-Uni est d’abord bien accueillie par l’Iran, qui redoute l’imposition de sanctions des Nations unies réclamées par les Etats-Unis.Mais au bout de deux ans, les négociations s’enlisent, chacun se rejetant la responsabilité de l’échec. L’élection de Nicolas Sarkozy, en mai 2007, marque un net infléchissement. « D’une position médiane, la France a basculé vers une position souvent plus dure que celle des Etats-Unis », remarque François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran.« Une forte pression de calendrier »Face à l’impasse des pourparlers et à la découverte du site militaire souterrain de Fordo, la France prend l’initiative d’élargir les sanctions, en 2011, pour frapper de plein fouet la machine économique iranienne : embargo sur les exportations de pétrole et gel des avoirs de la banque centrale à l’étranger. La France juge que sa fermeté a payé, l’effet des sanctions ayant poussé le régime de Téhéran à relancer les négociations.Mais aujourd’hui, la France n’est plus autant moteur qu’elle l’a été. Depuis l’accord intérimaire de 2013, qui a déjà été prolongé à deux reprises, ce sont surtout les Etats-Unis et l’Iran qui sont en première ligne des négociations. Contrairement à Paris, Téhéran et Washington ont « une forte pression de calendrier », constate un diplomate.Sans progrès majeurs d’ici à la fin mars, le Congrès américain menace d’adopter de nouvelles rétorsions contre l’Iran. Et la crédibilité du président iranien, Hassan Rohani, repose en grande partie sur sa capacité à obtenir une levée des sanctions qui asphyxient l’économie du pays. Dans ce contexte, la France cherche à peser sur un processus dont elle a été à l’origine mais qu’elle ne pilote plus.Yves-Michel Riols (Lausanne (Suisse), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.03.2015 à 15h03 • Mis à jour le28.03.2015 à 15h52 La ville syrienne d'Idleb, située au nord-ouest du pays, est tombée samedi 28 mars aux mains de la branche locale d'Al-Qaida et de ses alliés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Idleb devient ainsi la deuxième capitale provinciale, après Rakka, à échapper au contrôle du régime depuis le début du conflit, il y a quatre ans.Depuis le début de leur offensive mardi, le Front Al-Nosra – branche d'Al-Qaida en Syrie –, appuyé par Ahrar Al-Cham et d'autres groupes islamistes, avaient pris une vingtaine de barrages et de positions de l'armée syrienne et des milices loyalistes dans les environs de la ville, les forçant à se replier.Au cinquième jour des combats qui ont fait plus de 130 morts, Al-Nosra a annoncé sur Twitter la « libération » de la ville. Le groupe islamiste a mis en ligne des photos de combattants devant le gouvernorat d'Idleb, le siège régional de la police militaire, la mairie et la prison.150 raids aériens de l'armée« Il y a un groupe de soldats qui se battent encore dans le périmètre de sécurité de la ville, mais ils ne peuvent pas renverser la situation », a assuré Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, ONG basée en Grande-Bretagne et qui s'appuie sur un réseau de sources en Syrie. Selon lui, la rapide conquête de la ville, malgré 150 raids aériens de l'armée pendant quatre jours, s'explique par le fait que « près de 2 000 rebelles ont attaqué de tous les côtés, avec 40 transports de troupes ».En outre, il semble que le régime avait anticipé une défaite. « Il y a deux semaines, il avait commencé à transférer les bureaux administratifs d'Idleb vers Jisr Al-Choughour », une des deux dernières villes sous son contrôle dans la province d'Idleb, a-t-il dit.Frontalière de la Turquie, la province d'Idleb est en grande partie sous le contrôle du Front Al-Nosra. A l'instar de son rival djihadiste, le groupe Etat islamique (EI), qui a proclamé son « califat » à cheval sur la Syrie et l'Irak, Al-Nosra entend fonder son propre « émirat » en Syrie, selon des analystes. Dans la province, le régime ne contrôle plus désormais que les villes de Jisr Al-Choughour et Ariha, quelques petites localités, l'aéroport militaire d'Abou Douhour, ainsi que cinq bases militaires.Voir la vidéo : Comprendre ces huit guerres qui déchirent la Syrielmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2jhjv5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2jhjv5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Philippe Ridet (Rome, correspondant) L’Américaine Amanda Knox et l’Italien Raffaele Sollecito, son amant au moment des faits, ne sont donc pas coupables du meurtre de la Britannique Meredith Kercher, retrouvée à demi nue, violée et poignardée dans son appartement, en 2007 à Pérouse. Ils étaient étudiants Erasmus, beaux, aisés, fumeurs de joints parfois et assez libres de leurs corps et leurs sentiments.Le succès d’un fait divers tient à peu de chose : un visage, un décor, une histoire. Le visage ? c’est avant tout celui d’Amanda. Tour à tour séraphique ou cruel, angélique ou buté, botticellien ou diabolique. C’est aussi celui de Raffaele Sollecito, un peu Jacques Perrin dans ses premiers rôles, un peu benêt aussi, parfois. Pour le décor, Pérouse, une des villes les plus universitaires d’Italie, est imbattable. Juchée sur une colline dominant l’Ombrie. Magnifique, simplement magnifique. L’histoire ? Celle d’amours qui se font et se défont sans manière. Sur cette trame, certains ont voulu projeter la version gore de L’Auberge espagnole ou réecrire celle d’Un Diable au paradis (Henry Miller) revue par Charles Manson.Mais il faut encore autre chose : des coups de théâtre, une narration haletante, et des positions tranchées. L’affaire Knox-Sollecito-Kercher n’en manqua pas. Une enquête un peu bâclée, des indices minces comme une tranche de Culatello, des aveux un peu trop sollicités, un fuyard, Rudy Guede, retrouvé et condamné à seize ans de prison pour le viol de Meredith, mais pas pour son meurtre. Et des journalistes pour faire monter le soufflé. Se faisant le plus souvent les défenseurs d’une thèse que les témoins d’une procédure, les médias ont transformé l’affaire en derby intercontinental.Un meurtre sans vrai coupable à ce jourPour les Américains, Amanda était innocente, et la justice italienne, incompétente ; pour les Anglais, à la recherche d’un coupable du meurtre de leur compatriote, Amanda ne pouvait qu’avoir tué Meredith au cours d’un jeu sexuel qui aurait mal tourné. Et les Italiens ? Un peu partagés entre ceux pour qui l’innocence de Raffaele ne faisait aucun doute et ceux pour qui le jeune homme pâle aurait été un jouet timide entre les mains d’Amanda la tentatrice.Et la justice ? Elle aussi y a mis du sien pour faire de cette histoire LE fait divers de ce début de millénaire. Cinq procès de la première instance à la cassation qui ont balancé à deux reprises entre la thèse de la culpabilité totale des « amants diaboliques » (25 et 26 ans de prison) et leur totale innocence (acquittement), entre des convictions – et qui n’en a pas ? – et des preuves. Or, celles-ci manquaient. C’est ce qu’a rappelé, tard dans la nuit, vendredi 27 mars, la cour de cassation, saisie pour la deuxième fois, en acquittant Amanda Knox et Raffaele Sollecito.Ils vont pouvoir reprendre leur vie interrompue. Elle à Seattle, aux Etats-Unis, où les contrats mirifiques l’attendent, lui dans les Pouilles, d’où il est originaire. Ils ont fait quatre ans de prison pour rien et s’apprêtent à demander de sérieux dommages et intérêts. Reste la douleur de la famille de Meredith, confrontée à un meurtre sans vrai coupable à ce jour.Mais n’en déplaise aux accrocs de cette affaire, son arrêt est définitif. Il n’y aura pas de sixième acte, de sixième saison. On pourra en écrire des livres (c’est déjà fait), en tirer des films ou des téléfilms (c’est fait aussi), mais la phase judiciaire est close. Comme à la fin d’une série trop longtemps vue, il restera chez certains une impression de vide, de désœuvrement. Une seule solution pour y échapper : parler d’autre chose.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Philippe Rémy (Kaduna, envoyé spécial) Après la frénésie de la campagne électorale, un calme de mort : juste avant le choc électoral du samedi 28 mars, une « interdiction totale » de circulation des véhicules est entrée en vigueur. Les frontières étaient déjà fermées depuis mercredi. Même les avions ont cessé de voler et chacun s’est claquemuré chez soi, dans son quartier. Kaduna, à 200 km au nord d’Abuja, comme le reste du Nigeria, ira voter à pied, afin de donner une issue à la plus dure des batailles électorales depuis la fin de la dictature militaire.Sur les 68,8 millions d’électeurs inscrits, tous ne pourront pas aller glisser leurs bulletins dans l’un des 153 000 bureaux de vote afin d’élire leur président, faute d’avoir reçu leur nouvelle carte biométrique personnelle. Si 10 % de l’électorat était concerné, cela pourrait exclure plus de six millions de votants. Déjà, le nettoyage des listes des « fantômes », ces personnes décédées qui continuaient à voter par la grâce de la fraude, a permis d’enlever 4,1 millions de noms du registre électoral. Et juste avant l’élection, le responsable de la société qui importe le dispositif de lecture de cartes biométriques a été arrêté à Abuja, la capitale, accusé par le pouvoir de faire le jeu de l’opposition.Fraude, intimidation et clientélismeCes chiffres n’auraient pas tant d’importance si l’élection, selon toutes les prévisions, ne devait se jouer dans un mouchoir de poche. Depuis le retour à la démocratie, en 1999, le Parti démocratique populaire (People’s Democratic Party, PDP), au pouvoir, battait sans la moindre difficulté les partis d’opposition, dont ceux fortement ancrés dans le Nord et dans le Sud-Ouest, grâce à l’éparpillement de leur électorat et grâce à une combinaison de fraude, d’intimidation et de clientélisme qui font que les élections nigérianes ont été qualifiées par les observateurs de l’Union européenne, en 2007, des « pires auxquelles il leur ait été donné d’assister ».Et puis, en 2013, trois partis d’opposition se sont unis pour former le Congrès de tous les progressistes (All Progressive Congress, APC), attirant dans un second temps une migration de représentants du PDP, jusqu’à atteindre une masse critique. Voilà pourquoi l’issue de l’élection fait peur. Quatorze candidats s’affrontent pour la présidentielle, et entre le 28 mars et le 11 avril, seront aussi élues les chambres du Parlement, une partie des gouverneurs et les assemblées locales. Un seul scrutin, cependant, engage toute la nation et va décider de son destin : celui qui oppose le président sortant, Goodluck Jonathan, 57 ans, candidat du PDP à Muhammadu Buhari, 72 ans, représentant de l’opposition.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0oo"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0oo", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Aucun des deux camps ne semble disposé à consentir une défaite. Chacun s’accuse déjà de multiples malversations, malgré les engagements publics de bonne conduite. À Kaduna, on connaît cette musique. C’est celle de la violence électorale. Ce n’est pas tant le scrutin qui fait peur, même si personne – pas même les 88 missions d’observateurs – n’ira vérifier au fond des campagnes si les soldats déployés pour la « sécurisation » dans tout le pays se tiennent effectivement au large des centres de vote ou se transforment en observateurs participants, dans la grande tradition de la fraude nigériane.Mais à Kaduna, c’est lors de l’annonce des résultats, sur fond de tensions entre communautés chrétiennes et musulmanes, que le pire est à craindre. Car Kaduna est un des points chauds de la machine à transformer la politique en violence, et à orienter celle-ci sur des bases religieuses : chrétiens pour le PDP, musulmans (majoritaires) pour l’APC. Six jours avant l’élection, le dernier rassemblement de l’opposition, à Kaduna – une « marche d’un million d’hommes » organisée pour soutenir Muhammadu Buhari, dont la résidence se trouve dans la ville, et le candidat pour le poste de gouverneur de l’Etat, Nasir El-Rufai – avait été considéré comme par une forme de miracle. Le sang avait coulé, mais personne n’avait été tué.Commerces fermésAlors, vendredi, Kaduna plonge dans l’élection comme dans un gouffre. Dans les magasins, les habitants se bousculent pour acheter et stocker toute la nourriture possible. On fait la queue aux stations-service, aux distributeurs d’argent. Or, une bonne partie des magasins du centre de Kaduna sont tenus par des chrétiens. Pour les reconnaître, c’est simple : ils sont fermés. Leurs propriétaires ont quitté le quartier, et la partie nord de la ville, à majorité musulmane, pour le sud de l’Etat, à dominante chrétienne, ou plus loin, dans des régions à majorité chrétiennes, de peur des représailles en cas de défaite de l’APC.Le Nigeria a beau être vaste, complexe, et bien plus subtil que les analyses réductrices de l’antagonisme des chrétiens contre les musulmans en politique, lorsque commence la violence, l’heure n’est plus aux nuances. Dans une rue commerçante du centre, à l’Eglise du Christ (anglicane), Daniel, qui a choisi ne pas partir, dit ne s’en remettre « qu’à la prière », et aux agents de sécurité engagés pour éviter, comme en 2011, que des jeunes n’enfoncent le portail, encouragés par les étudiants de l’école musulmane d’en face. Il y avait eu près de 700 morts dans Kaduna et ses environs.Lire aussi :Les multiples fractures nigérianesAutour de cet « évangéliste » qui préfère qu’on taise son nom, un petit groupe de chrétiens chuchote, assis sur des chaises en plastique. Déjà, les dimanches normaux, au moment de la messe, on fait appel à l’armée pour bloquer la rue des deux côtés et limiter les risques d’attentat-suicide. Avec le scrutin, la peur prend, encore plus, au ventre. « Le problème de cette élection est que trop de gens la considèrent comme une question de vie ou de mort », se désole Daniel.« Le problème de cette élection est que trop de gens la considèrent comme une question de vie ou de mort »Ailleurs, dans un des quartiers résidentiels à vastes demeures de Kaduna, la résidence de Nasir El-Rufai, candidat gouverneur de l’APC à Kaduna, a été transformée en quartier général de campagne. Il y a des gens partout, des hommes qui mangent ou tiennent des réunions. Une salle d’opérations a été installée pour collecter les informations et les résultats (l’APC réalise son propre décompte). Nasir El-Rufai, 54 ans – que ses ennemis surnomment « le démolisseur », en raison d’un ordre donné, il y a quelques années, de détruire des quartiers informels de la capitale, Abuja, lorsqu’il en était le ministre, mais aussi en raison de son ironie mordante – n’est pas optimiste quant à la conclusion du scrutin. Il dit redouter la fraude, les violences, affirme que neuf de ses militants ont été tués pendant la campagne. Il avertit : « Nous avons notre propre système de comptage, avec des agents dans chaque bureau de vote. Si, dimanche, l’INEC [la commission électorale] n’a pas donné les résultats, nous annoncerons nos chiffres. » C’est le cauchemar de beaucoup d’observateurs. Voir l’une des parties annoncer sa victoire, avant que l’autre ne l’imite, déclenchant les premières violences.Distribution d’argentUne source proche des services de renseignement nigérian affirme que « des armes ont été distribuées à une large échelle dans de nombreuses parties du Nigeria. » Nasir El-Rufai, lui, affirme : « Dans l’état de Kaduna, nous avons des preuves qu’on a distribué une machette et 4 000 naira [18,5 euros] par personne à des tas de jeunes voyous pour qu’ils attaquent les communautés de l’opposition, pour perturber le scrutin après les résultats. » Le matin même, l’armée nigériane s’est enfin emparée de Gwoza, la petite localité proche de la frontière camerounaise, dans le Nord-Est (Etat de Borno), où le chef de Boko Haram, Aboubakar Shekau, avait dit installer son califat en août. Tout aux derniers préparatifs en vue de la campagne, le Nigeria a-t-il pris note de cet événement ? Rien ne l’indique. Depuis six semaines, l’armée mène une offensive tambour battant pour effacer l’image d’inertie du pouvoir en place contre la secte islamiste.Lire aussi :Le Nigeria vote sous la menace de Boko HaramMais c’est une autre guerre qui a accaparé les esprits dans les régions où Boko Haram n’opère pas. Les distributions d’argent de chaque camp pour acheter les voix. Pendant les six semaines de report du scrutin (il devait avoir lieu, initialement, le 14 février), des sources concordantes affirment que le parti au pouvoir s’est livré à une distribution d’une ampleur sans précédent, inondant d’argent, de cadeaux, et de sacs de riz (certains avec le visage du président imprimé dessus) tout responsable politique, religieux ou traditionnel. Une source au sein de l’APC, à Abuja, avoue même son découragement : « Ils donnent des sommes contre lesquelles nous ne pouvons pas lutter. Minimum dix mille dollars pour le moindre responsable local. Autant il y a six semaines, je pensais qu’on allait gagner, autant maintenant, je doute. »lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2knp97"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2knp97", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Jean-Philippe Rémy (Kaduna, envoyé spécial)Correspondant régional Afrique, JohannesburgSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.03.2015 à 06h54 • Mis à jour le28.03.2015 à 17h12 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Le copilote soupçonné d'avoir provoqué délibérément le crash de l'Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises avait dit qu'il ferait un jour « quelque chose qui allait changer tout le système » et que « tout le monde connaîtrait [son] nom », a déclaré son ex-petite amie au quotidien allemand Bild, en kiosque samedi 28 mars.Dans un entretien à ce quotidien à gros tirage, Maria W., une hôtesse de l'air de 26 ans, indique que lorsqu'elle a entendu parler du crash, une phrase du copilote lui est « revenue en mémoire : “Un jour, je vais faire quelque chose qui va changer tout le système, et tout le monde connaîtra mon nom et s'en souviendra” ». Selon Bild, la jeune femme, qui se dit « très choquée », a volé cinq mois l'an passé avec Andreas Lubitz sur des vols européens, mais leur relation, qui semble avoir duré le temps de leur travail en commun, n'a jamais été officielle.Si Andreas Lubitz « a fait ça », « c'est parce qu'il a compris qu'à cause de ses problèmes de santé, son grand rêve d'un emploi à la Lufthansa, comme capitaine et comme pilote de long courrier, était pratiquement impossible », affirme-t-elle. Germanwings, la compagnie allemande à laquelle appartenait l'Airbus, est une filiale low cost de Lufthansa. Ces déclarations posent la question de la préméditation ou non du geste du copilote.En arrêt maladie le jour de l'accidentLa jeune femme explique s'être séparée d'Andreas Lubitz « parce qu'il devenait de plus en plus clair qu'il avait un problème. Pendant les discussions, il craquait et me criait dessus [...] La nuit, il se réveillait et criait 'Nous tombons' », en proie à des cauchemars. « Nous avons toujours beaucoup parlé du travail, et là, il devenait quelqu'un d'autre, il s'énervait à propos des conditions de travail. Pas assez d'argent, peur pour le contrat [de travail], trop de pression », affirme-t-elle.Lire aussi : Seul dans le cockpit, le copilote a actionné les commandes pour faire descendre l'A320« Il était capable de cacher aux autres ce qui se passait vraiment en lui », estime-t-elle, expliquant qu'il « ne parlait pas beaucoup de sa maladie, seulement qu'il suivait un traitement psychiatrique à cause de cela ». Elle évoque un jeune homme « gentil et ouvert » pendant les vols, « très doux » en privé, « quelqu'un qui avait besoin d'amour ».Des documents découverts lors de perquisitions menées dans l'appartement d'Andreas Lubitz et dans la maison familiale de la localité de Montabaur, dans l'ouest de l'Allemagne, attestent que le copilote suivait un traitement médical. Le parquet de Düsseldorf a annoncé vendredi qu'Andreas Lubitz avait caché qu'il faisait l'objet d'un arrêt maladie le jour du drame. Selon le New York Times, citant des sources proches de l'enquête, Andreas Lubitz était à la recherche d'un traitement pour des problèmes de vue, ce qui aurait pu mettre en péril sa carrière. « On ne sait pas à quel point ses problèmes oculaires étaient graves ou dans quelle mesure ils auraient pu influencer son état psychologique », précise le quotidien américain.Lire : Le copilote a caché qu'il était en arrêt maladie le jour de la catastropheUne « faute involontaire ou une défaillance technique » pas écartéePour le général Jean-Pierre Michel, enquêteur français à Düsseldorf, la « personnalité » du copilote est « une piste sérieuse », « mais pas la seule », n'écartant pas l'hypothèse d'une « faute involontaire ou une défaillance technique ».Il a ajouté qu'à ce stade de l'enquête, il n'y avait toujours « pas d'élément particulier » dans la vie du copilote, comme une rupture amoureuse ou un problème professionnel, qui pourrait expliquer un geste volontaire pour détruire l'avion.Le général, qui fait partie d'une délégation de trois enquêteurs français venue à Düsseldorf pour coopérer avec les autorités allemandes, a également souligné l'importance de la deuxième boîte recherchée sur les lieux du crash dans les Alpes françaises pour « comprendre ce qui s'est passé dans les dernières minutes sur les commandes de l'appareil ».Une cérémonie religieuse en hommage aux victimes de l'Airbus A320 de Germanwings a lieu samedi à la cathédrale Notre-Dame-du-Bourg à Digne-les-Bains, proche de la zone du crash, où les opérations de recherche ont repris pour la cinquième journée consécutive. Une cérémonie nationale de deuil aura lieu à Cologne, en Allemagne, le 17 avril. Corine Lesnes Après 24 jours d'audience, et une vingtaine d'heures de délibération les jurés de la Cour supérieure de San Francisco ont décidé qu'Ellen Pao, associée chez Kleiner Perkins Caufield and Byers, l'une des principales firmes américaines de capital-risque, n'avait pas été victime de discrimination sexuelle lorsqu'elle s'est vue refuser une promotion, puis a été licenciée en 2012.Le verdict a représenté une déception pour les féministes, qui avaient fait du procès un emblème du sexisme de la Silicon Valley. Mais Ellen Pao qui, au fil des audiences, s'était posée en porte-drapeau de la cause des minorités dans la high-tech, a estimé que son histoire avait été entendue : « Si j'ai contribué à aplanir le terrain pour les femmes et les minorités dans le capital-risque, a-t-elle estimé, la bataille en valait la peine. »Les jurés – six hommes et six femmes – n'ont pas adhéré à la lecture sexiste de la plainte de Mme Pao, 45 ans, la fille d'immigrants chinois, diplômée d'ingénierie et titulaire d'un MBA de Harvard. Celle-ci avait décrit comment, chez Kleiner Perkins, les femmes étaient reléguées en bout de table dans les réunions, exclues de certains événements avec les clients, et comment elle avait été ignorée au profit de collègues masculins lorsqu'il s'était agi de promotion.Le jury ne s'est pas estimé comptable des préjugés sexistes. Il a considéré qu'Ellen Pao n'était elle-même pas exempte d'ambiguïtés. L'avocate de Kleiner Perkins, Lynne Hermle, a stigmatisé l'« esprit de vengeance » de l'ex-associée, notant qu'elle n'avait porté ses accusations qu'après avoir été écartée des promotions au poste de « senior partner ». Elle a affirmé que Mme Pao surestimait beaucoup ses capacités et que les femmes représentent 20 % chez Kleiner Perkins, soit trois fois plus que la moyenne dans le secteur du capital-risque. Un rattrapage qui ne trompe pas, a rétorqué l'avocate de la plaignante, Therese Lawless. Avant 2011, il n'y avait eu qu'une seule femme promue au rang de « partenaire senior » dans la compagnie en 42 ans d'existence.Procès emblématiqueLe procès a divisé la Silicon Valley. Certains, dont nombre de femmes, ont estimé que Mme Pao avait commis la faute numéro un dans sa position : sortir avec un de ses collègues, marié qui plus est. L'ex-associée, qui est aujourd'hui la PDG par interim du site participatif Reddit, n'a pas nié qu'elle avait eu une brève liaison avec ce cadre, qui, a-t-elle affirmé, lui avait annoncé avoir quitté son épouse (il a été ensuite congédié pour avoir poursuivi une autre employée).Mme Pao s'est, elle, mariée ensuite à un manager de hedge fund new-yorkais, Buddy Fletcher, un Afro-Américain dont la personnalité – et la déroute financière – ont plané au-dessus des audiences. Fletcher n'a pas hésité en 2011 à poursuivre pour discrimination raciale la copropriété du Dakota, l'un des immeubles-symbole de New York (et ex-résidence de John Lennon), affirmant qu'elle lui avait refusé l'achat d'un appartement.Ellen Pao semble en tout cas avoir fait école. Deux nouvelles plaintes ont été enregistrées contre des entreprises de la tech, impliquant deux autres femmes d'origine asiatique. Une ancienne manager de Facebook, Chia Hong, a porté plainte pour discrimination sexuelle et raciale. Mais c'est surtout le cas de l'ancienne ingénieur en logiciels de Twitter Tina Huang qui paraît prometteur aux féministes. Dans sa plainte, Mme Huang affirme que l'approche de la compagnie créée de fait « un plafond de verre » auquel se heurtent les femmes. En effet, il n'existe ni critères publics de promotion ni publicité autour des postes disponibles ou politique de recrutement interne explicite. Chez Twitter, seuls 10 % des postes techniques sont occupés par des femmes (contre une moyenne de 20 % dans les firmes technologiques). Selon la plainte, sept seulement des 164 ingénieurs de haut niveau étaient des femmes en 2014, lorsqu'elle a quitté l'entreprise après cinq ans. Twitter a démenti l'avoir licenciée lorsqu'elle s'est plainte au PDG Dick Costolo.Une anecdote a montré la sensibilité qui entoure actuellement le sujet des femmes dans la tech. Intervenant mi-mars au forum South by Southwest d'Austin, en compagnie de Megan Smith, la responsable des technologies de l'administration Obama, le PDG de Google, Eric Schmidt, a été pris à partie par une femme qui se trouvait dans l'assistance. « Etant donné que les recherches sur les préjugés inconscients ont révélé que les femmes sont beaucoup plus souvent interrompues que les hommes, je me demande si vous êtes conscient du nombre de fois où vous avez interrompu Megan », a-t-elle lancé. Les applaudissements ont été nourris. Et la séquence a vite pris rang de morceau d'anthologie sur les réseaux sociaux quand l'identité de la redresseuse de torts a été connue. C'était Judith Williams, la responsable du programme de sensibilisation aux préjugés chez... Google.Corine LesnesCorrespondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.03.2015 à 01h47 • Mis à jour le28.03.2015 à 16h07 | Corine Lesnes La high-tech fera-t-elle plier l'Indiana ? Quelques heures après la promulgation par le gouverneur de l'Indiana d'une loi qui ouvre la voie à une légalisation de la discrimination contre les homosexuels, les PDG de plusieurs des géants de l'Internet ont annoncé des mesures de représailles contre cet Etat du Midwest.Le républicain Mike Pence, régulièrement cité parmi les présidentiables conservateurs, a signé jeudi 26 mars ce texte appelé « Loi de restauration de la liberté de religion ». La législation autorise les entreprises ou leurs patrons à invoquer leurs croyances religieuses dans l'exercice de leurs activités. «De nombreux croyants estiment que leur liberté religieuse est menacée par les actions du gouvernement », a justifié le gouverneur, lors d'une cérémonie de signature fermée à la presse. Selon les opposants, le texte – volontairement vague – pourrait permettre aux établissements de refuser de servir les couples homosexuels sans craindre de poursuites judiciaires.Le PDG de Salesforce, Marc Benioff, connu pour son engagement humanitaire, a immédiatement réagi en suspendant tous les événements ou programmes qui « nécessitent un voyage » des employés de la firme de logiciels dans l'Indiana. Il a menacé l'Etat de « sanctions progressives » si la loi n'était pas amendée. Salesforce emploie de 2 000 à 3 000 personnes dans l'Indiana. Sa filiale de marketing numérique ExactTarget y avait organisé l'an dernier une conférence qui avait attiré plus de 10 000 personnes. L'événement sera déplacé à New York, a précisé M. Benioff. « Nous ne pouvons pas amener nos employés et nos clients dans une situation où ils pourraient être victimes de discrimination », a-t-il indiqué dans une interview à Re/code.Un précédent en ArizonaLe PDG de Yelp, Jeremy Stoppelman, a publié de son côté une « lettre ouverte aux Etats qui examinent une loi discriminatoire », annonçant que sa compagnie limiterait ses opérations dans l'Indiana. Il y explique qu'il était déjà intervenu l'an dernier lors de l'adoption d'une loi similaire (la loi SB 1062) dans l'Arizona – non sans succès, puisque la gouverneure républicaine Jan Brewer y avait opposé son veto. « Il est impensable que Yelp pourrait créer, maintenir ou étendre une présence significative dans un quelconque Etat qui encourage la discrimination », écrit-il.Lire : En Arizona, les gays privés de gâteau de mariage ?L'annonce de Yelp, publiée sur Twitter, a été relayée par Tim Cook, le PDG d'Apple. « Dans le monde entier, nous nous efforçons de traiter les clients de la même façon, quelle que soit leur origine, leur religion et quelle que soit la personne qu'ils aiment », a-t-il écrit. En 2014, après la controverse en Arizona, Tim Cook avait choisi de parler publiquement de son homosexualité.Around the world, we strive to treat every customer the same — regardless of where they come from, how they worship or who they love.— Tim Cook (@tim_cook)require(["twitter/widgets"]);Lire aussi : « Fier d'être gay », le patron d'Apple révèle son homosexualitéLe maire de San Francisco, le démocrate Edwin Lee, a aussi réagi, en suspendant les déplacements de membres de l'administration municipale dans l'Indiana. « Les contribuables de San Francisco n'ont pas l'intention de subventionner une telle forme de discrimination, sanctionnée par la loi, contre les homosexuels et transexuels », a-t-il fait savoir.Cette même législation est à l'examen dans une vingtaine d'Etats, à l'initiative de groupes conservateurs, au nom de défense de la liberté religieuse. Selon Human Rights Campaign, l'association de défense de la communauté gay et transexuelle, quelque 85 projets de loi qui pénalisent les homosexuels d'une manière ou d'une autre ont été présentés dans 28 Etats depuis le début de l'année. Le mouvement conservateur se prépare, il est vrai, à la campagne des primaires républicaines pour l'élection présidentielle de 2016.Corine LesnesCorrespondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.03.2015 à 23h41 • Mis à jour le28.03.2015 à 01h49 Huit ans après les faits, la Cour de cassation italienne a mis un point final au procès pour le meurtre de Meredith Kercher. Les juges de la plus haute instance judiciaire du pays ont estimé vendredi 27 mars que l'Américaine Amanda Knox et son ex-petit ami, l'Italien Raffaele Sollecito, n'avaient pas commis le crime pour lequel ils avaient été condamnés en appel à de lourdes peines de prison, en janvier 2014.Après un procès en première instance, deux procès en appel et une première décision de la Cour de cassation, ce nouveau verdict est inattendu. Les juges ont en effet non seulement cassé la décision de la cour d'appel de Florence — qui avait condamné Amanda Knox et Raffaele Sollecito à 28 et 25 ans de prison — mais ils ont également décidé de ne pas ordonner de nouveau procès.« Je suis extrêmement soulagée et reconnaissante de la décision de la Cour Suprême italienne », a déclaré Amanda Knox dans un communiqué. « Me savoir innocente m'a donné de la force aux heures les plus sombres de cette épreuve », a-t-elle ajouté. L'avocate de Raffalele Sollecito, Me Giulia Bongiorno a littéralement bondi de sa chaise à l'énoncé du verdict, tombant dans les bras de son collège Dalla Vedova, avant d'appeler son client au téléphone. « Il est chez lui avec son père et il est très heureux », a-t-elle ensuite indiqué devant quelques journalistes.La mère de Meredith Kercher s'est elle dite « surprise » et « très choquée » par le verdict, étant donné que les deux accusés avaient été condamnés par deux fois pour le meurtre de l'étudiante britannique. A la question de savoir ce qu'elle envisageait de faire après cette décision, elle a répondu : « Je ne sais vraiment pas pour l'instant, je n'ai aucun projet. » Condamnés, acquittés, puis à nouveau condamnésDans la nuit du 1er au 2 novembre 2007, Meredith Kercher, étudiante britannique de 21 ans, a été retrouvée morte, à demi-nue et dans une mare de sang, dans l'appartement qu'elle partageait avec Amanda Knox à Pérouse, dans le centre de l'Italie. L'autopsie a révélé qu'elle avait été violée et frappée de 47 coups de couteau.Un an plus tard, l'Ivoirien Rudy Guédé a été condamné à 16 ans de prison pour avoir participé au meurtre, mais le juge dans cette affaire a conclu qu'il n'avait pas pu agir seul. Agés de 20 et 24 ans au moment des faits, Amanda Knox et Raffaele Sollecito ont été condamnés en décembre 2009 à 26 et 25 ans de prison, avant d'être acquittés en appel en 2011, après quatre ans derrière les barreaux.Lire : La nouvelle vie d'Amanda KnoxMais la cour de Cassation a renvoyé l'affaire devant une autre cour d'appel, qui a estimé, le 30 janvier 2014, que le couple avait tué Meredith Kercher quand une dispute avec Amanda Knox a dégénéré.Dans sa décision, la cour d'appel s'est appuyée sur le fait que l'ADN de Amanda Knox, Raffaele Sollecito et Rudy Guédé avait été retrouvé sur la scène du crime. Mais l'ADN de Raffaele Sollecito n'apparaît que sur une bretelle de soutien-gorge que la défense dit contaminée du fait de l'incompétence de la police. Quant à Amanda Knox, son ADN a été retrouvé dans la salle de bain, mêlé au sang de la victime, mais pas dans la chambre, où Meredith Kercher est morte.La cour d'appel s'est aussi appuyée sur une confession écrite de Knox pendant son interrogatoire, dans laquelle elle dit s'être trouvée dans la maison et avoir entendu le meurtre, sans y avoir pris part et sans signaler l'éventuelle présence de Sollecito. Mais elle s'est ensuite rétractée, expliquant avoir écrit sous la contrainte.Lire aussi : Sexe, mensonges et Erasmus 16.03.2015 à 17h50 • Mis à jour le16.03.2015 à 18h33 | François Bougon Le « rêve chinois » de Xi Jinping, celui d’un pays puissant, riche et respecté, n’est pas tout à fait complet, il manque dans le paysage de la fierté nationale une équipe de football à la hauteur et une Coupe du monde réussie sur le sol chinois. Pour ce faire, Pékin a dévoilé lundi un plan gouvernemental ambitieux pour que le ballon rond chinois ne soit plus la risée de tout un peuple.Dans des pays voisins comme la Corée du Sud ou le Japon, qui ont accueilli conjointement en 2002 un Mondial – la première et seule fois en Asie –, les équipes nationales occupent des positions mondiales respectables (53e et 56e au classement FIFA). La formation chinoise se trouve, elle, à la 83e place. Maigre consolation, les féminines sauvent l’honneur en étant 13e.En janvier, la bonne performance de la Chine à la Coupe d’Asie, en Australie, avait été remarquée et a redonné l’espoir aux autorités. La Commission de discipline du parti communiste chinois (PCC), le bras anti-corruption, l’avait attribuée à l’opération « mains propres » lancée sous Xi Jinping pour assainir le ballon rond.MoqueriesEn février, ce dernier, grand amateur de foot, a présidé une réunion consacrée au sujet avec le groupe chargé de proposer des solutions pour tenter de libérer le football chinois de ses maux endémiques : corruption, mauvaise gestion, absence de formation… Dans tous les sports individuels et collectifs, la Chine a réussi à s’imposer, devenant une grande puissance du sport grâce notamment à l’organisation des Jeux olympiques en 2008, sauf dans le football. A tel point que ces dernières années, l’équipe nationale était la cible de nombreuses moqueries. Dans un document publié lundi, le gouvernement a fixé des objectifs ambitieux. A moyen terme, il s’agit d’attirer le plus possible de jeunes, de faire de la ligue professionnelle l’une des meilleures d’Asie, tout comme l’équipe masculine. Les femmes, elles, devront se placer parmi les premières mondiales. A long terme, les autorités souhaitent organiser une Coupe du monde et placer l’équipe masculine parmi les toutes premières dans le monde. Le plan prévoit aussi de soutenir le développement du foot dans les écoles et les universités et de donner plus d’autonomie à l’Association nationale du football. François BougonChef adjoint au service InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.03.2015 à 17h06 La police des polices britannique a annoncé lundi 16 mars avoir ouvert une enquête à la suite de plaintes accusant des policiers d'avoir couvert les agissements d'un réseau de pédophiles, qui a impliqué des responsables politiques et des institutions publiques dans les années 1970 à 2000.Ces policiers sont soupçonnés d'avoir « supprimé des preuves, (…) ralenti ou interrompu des investigations [et] couvert des délits du fait de l'implication de membres du Parlement ou d'officiers de police », précise la commission indépendante sur les plaintes à l'encontre de la police (IPCC), dans un communiqué publié sur son site Internet.L'IPCC, qui compte étudier 14 plaintes, a souligné qu'il s'agissait « d'accusations de corruption parmi les plus graves de l'histoire ». Une enquête de la police est par ailleurs en cours sur les sévices infligés à enfants qui auraient été commis au cours de ces années.Des députés soupçonnésEn décembre, une victime présumée, identifiée sous le nom de Nick, avait raconté aux enquêteurs comment lui et plusieurs autres garçons étaient conduits à plusieurs adresses de Londres et de la périphérie de la capitale britannique, y compris sur des bases militaires, où ils étaient abusés sexuellement par des groupes d'hommes.Il avait aussi accusé des députés et d'autres personnalités de premier plan d'être liées au meurtre de trois enfants, âgés de 7 à 16 ans.L'été dernier, des révélations de presse confirmées par les ministères concernés avaient montré que 114 dossiers relatifs à des accusations de sévices sexuels infligés à des enfants entre 1979 et 1999 avaient disparu. Un de ces dossiers portait, selon la presse, sur l'implication de députés et d'autres personnalités politiques.Lire aussi (édition abonnés) : La révélation de plusieurs scandales de pédophilie bouleverse le Royaume-UniDavid Cameron, le premier ministre britannique, avait promis en juillet « de faire toute la lumière » et d'« explorer toutes les pistes pour découvrir la vérité sur ce qui s'est passé ». François Bougon Le numéro un russe Vladimir Poutine est apparu lundi 16 mars en public, mettant fin à une absence de dix jours qui a nourri d’innombrables rumeurs sur son état de santé, voire la possibilité d’un coup d’Etat. Le même jour, la Crimée a commencé à célébrer son retour dans le giron russe un an jour pour jour après le référendum controversé qui a entériné son annexion par la Russie et a été condamné par les pays occidentaux. Pour la journaliste et réalisatrice russe Tania Rakhmanova, qui a publié Au cœur du pouvoir russe. Enquête sur l’empire Poutine (La Découverte, 2015, nouvelle édition augmentée et actualisée, 11 €), cette « disparition » pourrait s’expliquer par la volonté de Vladimir Poutine de « détourner l’attention » peu après les interrogations et doutes soulevés par l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov.L’absence de Vladimir Poutine pendant dix jours a suscité toutes sortes de rumeurs, y compris celle d’un coup d’Etat. Qu’est-ce que cela dit du « système Poutine » ?Tania Rakhmanova : Comme le disait l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright, « On reste ce qu’on est ». Vladimir Poutine est un ancien officier du KGB, il en a appris les méthodes. Il cherchait à détourner l’attention, car il était de plus en plus question de sujets graves comme l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, l’arrestation des assassins présumés, des doutes et des accusations de torture sur le principal suspect. Il disparaît et pendant une semaine, on ne parle que de ça. C’était aussi l’occasion de tester l’attitude des gens, voir ceux qui ont parlé d’une maladie grave, ceux qui ont souhaité qu’il ne revienne plus. La Crimée a été annexée il y a un an... Vladimir Poutine cherche-t-il à reconstituer l’Union soviétique ?C’est une question largement débattue en France. Ma réponse est non. D’une part, parce que Vladimir Poutine n’a pas de moyens et, d’autre part, parce que les dirigeants des anciennes républiques de l’Union soviétique devenues indépendantes, qui sont en grande partie des dictatures – qu’on qualifie parfois de « démocratures » car elles ont l’apparence de démocratie – ne veulent pas perdre leur pouvoir. Vladimir Poutine a deux objectifs : flatter le populisme et s’opposer à un éventuel élargissement de l’OTAN, même si cette peur peut être imaginaire. Même si Vladimir Poutine préparait cette opération depuis longtemps, il a été irrité par la position occidentale sur l’Ukraine, la considérant comme une trahison, ce qui l’a poussé à cette « Blitzkrieg ».Peut-on parler d’un retour de la guerre froide ?La critique des valeurs occidentales est une idée répandue en Russie. Est-ce une nouvelle guerre froide ? La guerre froide était un affrontement entre deux idéologies, mais le nationalisme russe n’est pas une idéologie. Il y a cependant en Russie une interrogation : pourquoi l’Occident devrait-il nous imposer ses valeurs ?Comment Vladimir Poutine a « commencé le travail » en CriméeLe pacte social de Poutine – la prospérité en échange de l’apathie politique – peut-il être mis à bas par la crise économique provoquée par la chute du cours du pétrole ?Oui. Il y avait un pacte, mais il n’existe plus. En Russie circule une expression : « C’est la télé qui est en guerre avec le frigo ». Cela veut dire que la propagande officielle cherche à lutter contre la réalité économique. La propagande télévisée est très puissante, la télévision, y compris les chaînes régionales, appartiennent totalement au pouvoir. Du coup, c’est la pensée unique. Et artistiquement, c’est une télévision très professionnelle, ce n’est pas une propagande à l’ancienne, c’est très sophistiqué, il y a des débats, mais tous les participants disent la même chose.Une « télé Poutine », au service du maître de la propagandeFrançois BougonChef adjoint au service InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.03.2015 à 16h11 • Mis à jour le16.03.2015 à 18h01 Paris a tenu lundi à se démarquer de Washington sur le dossier syrien. La France souhaite un « règlement politique négocié entre les différentes parties syriennes », mais Bachar Al-Assad « ne peut s'inscrire dans un tel cadre », a précisé lundi la diplomatie française.« La solution » au conflit syrien, « c'est une transition politique qui doit préserver les institutions du régime, pas M. Bachar Al-Assad », a renchéri Laurent Fabius à l'issue d'une réunion à Bruxelles. « Toute autre solution qui remettrait en selle M. Bachar Al-Assad serait un cadeau absolument scandaleux, gigantesque aux terroristes de Daesh », selon le ministre des affaires étrangères.La polémique est née la veille d'un entretien télévisé donné par le secrétaire américain, John Kerry, à la chaîne CBS. A la journaliste qui lui demandait si les Etats-Unis étaient prêts à négocier avec Bachar Al-Assad, John Kerry a répondu : « Au final, il faudra négocier ». Le département d'Etat s'est empressé de précisé que ces négociations, si elles ont lieu, n'impliquaient pas personnellement le dirigeant syrien.La porte-parole du département d'Etat, Marie Harf, a insisté sur Twitter : « John Kerry n'a pas dit que nous étions prêts à négocier directement avec Assad », mais que des représentants du régime devaient prendre part aux discussions. « Il n'y a pas d'avenir pour Assad en Syrie et c'est ce que nous disons toujours », a-t-elle ajouté.Policy remains same & is clear: there's no future for Assad in Syria & we say so all the time: http://t.co/9m7MdR5yOp http://t.co/FKDwLowncY— Marie Harf (@marieharf)require(["twitter/widgets"]);Lire aussi l'éditorial : Syrie : un désastre sans précédent« Al-Assad ne peut pas être l'avenir de la Syrie »Les déclarations mal interprétées de M. Kerry ont néanmoins fait des vagues dimanche. L'éventualité d'un dialogue avec l'homme fort de Damas a été écartée par les puissances occidentales au début de la guerre qui a fait 215 000 morts en quatre ans. Elle avait récemment été soulevée en France avec le déplacement, à la fin de février, de quatre parlementaires dans la capitale syrienne.Lire aussi : Les zones d’ombre d’un voyage « privé » à DamasBachar Al-Assad a pour sa part déclaré attendre des « actes » de Washington. La communauté internationale « devrait commencer par l'arrêt du soutien politique et militaire aux terroristes », en référence aux rebelles qu'il affronte, a-t-il répété, selon des propos reproduits par l'agence syrienne officielle SANA.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2jhjv5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2jhjv5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Les élections législatives du 17 mars en Israël ont un écho mondial, en raison de ses implications éventuelles au Moyen-Orient. Une défaite de la droite, veulent croire les partisans de la paix avec les Palestiniens, offrirait enfin un filet d’espoir pour relancer les négociations. En Israël même, malgré les enjeux, la campagne a été marquée par un manque d’enthousiasme évident. Au total, 5 881 696 électeurs sont invités à désigner leurs futurs 120 députés à la Knesset. Il s’agit d’un scrutin national direct, à la proportionnelle, où les électeurs votent en faveur d’un parti, et non d’un candidat au poste de premier ministre, comme ce fut le cas à deux reprises, en 1996 et 1999.Le 8 décembre, la 19e Knesset a voté sa dissolution et convoqué des élections législatives anticipées. Ce scrutin, que personne ne souhaitait réellement, à peine vingt-deux mois après le précédent, a été rendu nécessaire, selon le premier ministre Benyamin Nétanyahou, par la paralysie du gouvernement. Son absence de cohésion idéologique serait devenue ingérable. Elle est apparue au grand jour en novembre 2014 lors des débats sur un projet de loi controversé, définissant Israël comme un Etat juif. Deux ministres centristes, Yaïr Lapid et Tzipi Livni, se sont opposés à ce texte, lourd de menaces selon eux pour la démocratie israélienne. Ils ont été renvoyés par M. Nétanyahou.Nétanyahou face au vent du changementEn trois mois de campagne, la possibilité d’une alternance s’est imposée, et c’est déjà en soi une grave défaite pour le premier ministre. Malgré la domination idéologique de la droite dans le débat public, l’Union sioniste a réussi à se maintenir, sans varier, aux environs de 24 sièges dans les sondages. Son chef de file, Isaac Herzog, dit « Bouji » (contraction de buba, « jouet » en hébreu, et de « joujou » ; le surnom lui a été donné sa mère francophone), s’est allié avec Tzipi Livni, ministre de la justice de M. Nétanyahou et responsable des négociations avec l’Autorité palestinienne il y a encore quelques mois. Longtemps au coude-à-coude, le Likoud, la formation du premier ministre, a chuté dans la dernière phase de la campagne. En interne, la crainte d’un résultat historiquement bas, sous les 20 sièges, s’exprime micros éteints.Benyamin Nétanyahou, enfermé dans ses certitudesBenyamin Nétanyahou livre un combat très difficile, non seulement contre le centre gauche mais contre lui-même, et l’usure du temps. Il n’a formulé aucune proposition, aucune idée nouvelle pendant la campagne, se contentant de prétendre au titre de garant unique de la sécurité nationale. Il accuse également la gauche d’être financée par l’étranger. Ce qui ne manque pas de sel, connaissant sa propre proximité avec le milliardaire Sheldon Adelson, magnat des casinos aux Etats-Unis, qui a créé un quotidien gratuit, Israel Hayom, entièrement dédié à sa cause. Comme à son habitude, le chef du gouvernement a utilisé l’instrument de la peur pour dissuader les électeurs de voter pour l’opposition. Il a aussi fait des appels du pied de dernière minute à la droite nationaliste et ultra-orthodoxe, comme le prouve sa participation au rassemblement de dimanche à Tel-Aviv. Il y a écarté tout retrait ou concession au profit des Palestiniens. Cet extrait d’un post publié le 13 mars sur sa page Facebook donne une idée de la tonalité de ses discours. « Ces organisations étrangères comprennent que la seule chose empêchant un retrait aux frontières de 1967, la division de Jérusalem, l’établissement d’un “Hamastan B” [néologisme péjoratif désignant un Etat dirigé par le Hamas] sur les collines au-dessus de Tel-Aviv, de l’aéroport Ben-Gourion et de l’ensemble d’Israël, et l’acception d’un Iran nucléaire, c’est un gouvernement Likoud. » Mais ce chantage à la sécurité nationale ne semble plus fonctionner auprès d’une majorité d’électeurs. Une forme de lassitude s’est installée à l’égard de « Bibi », qui brigue un troisième mandat consécutif, un 4e après celui de 1996-1990.Un scrutin très incertainDepuis vingt ans, à chaque élection, un parti a causé une surprise retentissante dans les urnes. En 2013, la nouvelle formation centriste Yesh Atid avait recueilli 19 sièges, en réussissant à incarner les espoirs du mouvement social de l’été 2011 contre la vie chère. Dirigée par Yaïr Lapid, elle a beaucoup souffert, en termes d’image, de son passage au gouvernement pendant vingt-deux mois. M. Lapid s’est battu en vain pour faire passer la TVA à 0 % lors de l’acquisition d’un premier logement. Mais les observateurs s’accordent à reconnaître la qualité de sa campagne de terrain, concentrée sur les questions socio-économiques.La gauche israélienne est en tête dans les sondagesL’autre force qui devrait peser est la Liste unie des partis arabes. Pour la première fois de l’histoire, ces formations ont surmonté leurs ambitions et leurs divergences idéologiques. C’est la peur de ne pas franchir la nouvelle barre de 3,25 %, indispensable pour entrer à la Knesset, qui les a motivés. En cas de forte mobilisation chez les Arabes israéliens (20 % de la population), ils pourraient atteindre jusqu’à 14 sièges, selon les sondages. M. Nétanyahou a beaucoup insisté, au cours de la campagne, sur cette menace, comme si les Arabes israéliens n’étaient pas tout à fait des citoyens à part entière mais une « cinquième colonne ». La Liste unie ne s’est pas focalisée sur le conflit israélo-palestinien, préférant parler de la lutte pour les droits égaux, entre juifs et arabes, à l’intérieur d’Israël. Elle refuse d’envisager sa participation à un gouvernement de centre gauche, pour ne pas être contrainte de cautionner la poursuite de l’occupation en Cisjordanie, voire une nouvelle guerre dans la bande de Gaza. Mais ses députés voteraient en faveur d’un gouvernement alternatif à celui de la droite. La surprise pourrait aussi surgir par le bas. Deux partis, Israël Beiteinou, du ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman, et Meretz (gauche), flirtent dangereusement avec la barre des 3,25 %. M. Lieberman a axé sa campagne sur son plan de résolution du conflit israélo-palestinien, consistant en un échange de territoires et de populations. Cette stratégie, aggravée par un scandale majeur de corruption, n’a guère fonctionné. Quant à Meretz, il est victime à la fois de la quasi-disparition du « camp de la paix », provoquée par la lassitude de négociations stériles avec les Palestiniens, et du réalisme de nombreux électeurs. Mus par le rejet de Nétanyahou, ils cherchent l’efficacité en votant, sans enthousiasme, pour le duo Herzog-Livni, à la tête de l’Union sioniste. L’échec de ces deux petites formations aurait une signification importante dans l’arithmétique des alliances. De même que le score des partis briguant les voix des religieux.L’incertitude demeure aussi au sujet de l’affaiblissement annoncé du Likoud. Au cours des derniers jours de campagne, le premier ministre a insisté sur la nécessité du vote utile pour empêcher un retour de la gauche au pouvoir. Sera-t-il entendu ? Si la formation du premier ministre tombait sous les 20 sièges, comment s’organiserait le report des voix ? Les petites formations ultra-orthodoxes et le Foyer juif de Naftali Bennett espèrent attirer son aile radicale. Au contraire, les déçus plus modérés du Likoud pourraient être séduits par une nouvelle formation, Koulanou, lancée par un ancien ministre de M.Nétanyahou, Moshe Kahlon. Celui qui fut ministre des télécommunications avait conduit la libéralisation du secteur de la téléphonie mobile. Dans un pays où le coût de la vie est un sujet majeur, l’argument compte. Dès à présent, M. Nétanyahou promet le poste de ministre des finances à celui qu’il avait chassé du Likoud.Le jour d’aprèsLes sondages de sortie des urnes donneront les grandes tendances dès 22 heures, mardi 17 mars. Les calculatrices chaufferont à cet instant. On entrera dans la phase traditionnelle des négociations, en vue de former une nouvelle majorité. Il faudra réunir 61 sièges sur 120. L’affaire est extrêmement complexe, en raison de l’affaiblissement continu depuis trente ans des deux piliers historiques de la politique israélienne, les travaillistes et le Likoud. Les autres formations profitent de cette phase pour monnayer chèrement leur soutien, en obtenant des portefeuilles ministériels, des postes-clés dans les cabinets et les administrations. Le parti arrivé en tête ne parvient pas toujours à mener cette opération à bien. En 2009, le parti centriste Kadima, dirigé par Tzipi Livni, avait un siège d’avance sur le Likoud. C’est ce dernier qui est parvenu à constituer une majorité. L’émiettement du champ politique, avec l’apparition de formations servant de véhicule politique à leur chef de file, comme Koulanou pour Moshe Kahlon, oblige tout candidat au poste de premier ministre à des contorsions. En 2013, Benyamin Nétanyahou a dû réunir autour de la même table l’extrême droite et les centristes de Yesh Atid, qui avaient obtenu la non-inclusion des ultra-orthodoxes. Si Isaac Herzog était chargé par le président de former une majorité, il se trouverait face à un casse-tête semblable.La crise du logement, enjeu des élections en IsraëlLe président Reuven Rivlin commencera formellement les consultations après la publication des résultats officiels par la Commission électorale centrale, le 25 mars. Il doit charger la tête de liste ayant le plus de chances de réunir 61 voix de s’atteler à la tâche, pour laquelle elle disposera d’un délai maximum de quarante-deux jours. Ses rapports exécrables avec Benyamin Nétanyahou, qui a voulu l’empêcher d’accéder à la présidence, sont à prendre en compte. Déjà, un désaccord se profile entre les deux hommes, sur l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale. « Le président ne peut pas demander et ne demandera pas la formation d’un gouvernement d’unité, et je compte sur lui pour agir en vertu de ses prérogatives », a souligné M. Nétanyahou dans un entretien radiophonique. Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Garric Les autorités de Vanuatu peinaient toujours, lundi 16 mars, à établir le contact avec les îles reculées de cet archipel du Pacifique. Elles craignent d'y découvrir une catastrophe humanitaire après le passage vendredi soir et samedi du supercyclone Pam et des vents soufflant à plus de 300 km/h. Tom Perry, chargé de mission pour l'ONG Care, est arrivé dimanche d'Australie, avec une équipe de quinze personnes, sur l'île d'Efaté, où se trouve la capitale, Port-Vila.Quelle est la situation générale à Vanuatu ?Tom Perry : Quand je suis arrivé, nous avons survolé l'île d'Efaté avec l'avion de l'armée australienne, et nous avons vu de très nombreux villages totalement dévastés, avec des arbres au sol, des maisons détruites ou gravement endommagées, des routes et des lignes électriques coupées. Un conteneur de bateau est échoué au milieu de la rue principale de Port-Vila. Quatre-vingt-cinq pour cent des maisons de la capitale ont été détruites et 15 000 personnes seraient sans abri, selon les premières évaluations. Beaucoup d'endroits n'ont plus d'électricité, dont l'hôpital principal, qui a également été endommagé. Dans le même temps, d'autres villages semblent intacts. Mais il est difficile d'avoir une vue générale de la situation, car il y a très peu de communication et d'information avec les 82 autres îles de l'archipel — qui abritent 250 000 personnes — qui restent isolées. Même la communication sur l'ensemble de l'île d'Efaté reste très difficile.La vie reprend-elle à Port-Vila, trois jours après le passage du cyclone ?Il commence à y avoir beaucoup de mouvement : les gens essayent de réparer leurs habitations, ils enlèvent les branches d'arbre et les débris qui jonchent les routes. Ici, on peut trouver encore un peu de nourriture. Mais la situation sur le reste de l'archipel est très préoccupante : la majorité de la population vit de ses propres cultures de fruits et de légumes. Or le cyclone a causé d'énormes dégâts à l'agriculture.Quels sont les principaux risques qui menacent la population ?Les risques résident dans la propagation de maladies, telles que le choléra ou le paludisme, liées à l'eau stagnante et aux conditions d'hygiène insuffisantes. Mais nous sommes surtout préoccupés car nous n'avons pas de nouvelles d'une grande partie de Vanuatu, notamment les îles Tanna, Erromango, Aniwa et Futuna, qui ont subi de plein fouet le cyclone. Nous avons envoyé, en avion, une équipe à Tanna, la plus peuplée avec 29 000 habitants. On peut maintenir atterrir sur l'île car l'aéroport a été nettoyé. Nous aurons donc une meilleure idée de l'étendue des dégâts là-bas d'ici un à deux jours, quand nous aurons pu la survoler.En quoi consiste votre action sur place ?Nous avons commencé à distribuer du matériel sanitaire, des pastilles pour purifier l'eau, des médicaments et de la nourriture basique (comme des nouilles ou des gâteaux). Une partie de la population est hébergée dans des centres d'évacuation. Mais la logistique est freinée par l'état des routes et l'isolement de nombreuses îles. Nous pensons qu'il faudra entre quatre et six semaines au minimum pour remettre l'archipel d'aplomb. Nous avons lancé un appel aux dons face à ce désastre majeur. Quel est l'état d'esprit des habitants ?Certains habitants sont très résistants, très forts, et ont rapidement entrepris de réparer et de nettoyer les rues et les maisons. Mais il y a également beaucoup de gens qui ont des familles ou des proches dans d'autres parties de l'archipel, et qui n'ont pas de nouvelles. Il y a un fort sentiment de choc et de peur de ce qui a pu arriver à leur entourage.Audrey GarricChef adjointe du service Planète/Sciences du MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.03.2015 à 12h24 La banque privée Banco Madrid a déposé le bilan, sa maison mère la Banca Privada d'Andorra (BPA), sise à Andorre, étant soupçonnée par les autorités américaines de blanchiment d'argent. Cette décision a été prise en raison de la « forte détérioration de la situation financière de Banco Madrid, conséquence des importants retraits de fonds de clients », explique la Banque d'Espagne, qui a pris la direction de cet établissement bancaire spécialisé dans la gestion de fortune le 10 mars. Banco Madrid a suspendu ses activités, selon un communiqué.Victime de l'enquête sur la BPABanco Madrid comptait à cette date environ 15 000 clients en Espagne, privés et institutionnels, ayant au moins 500 000 euros sur leur compte, et 21 agences à travers le pays. Elle gère en tout pour 6 milliards de gestion d'actifs et est une filiale à 100 % de la BPA depuis 2011.Les autorités d'Andorre ont destitué le conseil d'administration de cette banque le 10 mars, et l'Institut national andorran des finances (INAF), chargé de réguler et de superviser le secteur bancaire, en a pris la direction. Cette mesure avait suivi une alerte du Financial Crimes Enforcement Network (Fincen), organisme du Trésor américain chargé de lutter contre la délinquance financière, qui a désigné la BPA comme une « source majeure d'inquiétude liée au blanchiment d'argent ». Selon le Fincen, « de hauts responsables corrompus de BPA, ainsi que des contrôles antiblanchiment trop lâches, ont fait de BPA un intermédiaire facile des blanchisseurs d'argent en vue de faire passer par le système financier américain les recettes tirées du crime organisé, de la corruption et du trafic d'êtres humains ».Organisations criminellesLes opérations concernent des organisations criminelles en Russie et en Chine pour « des centaines de millions de dollars », selon l'organisme. Les autorités andorranes ont ordonné une enquête qui doit aboutir dans soixante jours, selon le gouvernement. « Le problème de Banco Madrid n'est pas un problème de solvabilité », assure Inigo Fernandez de Mesa, secrétaire d'Etat à l'économie de l'Espagne, dans une interview au quotidien El Mundo. « C'est la maison mère BPA qui est à l'origine du problème », selon lui.A Andorre, Joan Pau Miquel Prats, un très haut responsable de la BPA, a été a mis en examen et incarcéré en raison de ses liens avec cette affaire de blanchiment d'argent et de liens avec la mafia chinoise, a fait savoir une source judiciaire à Andorre-la-Vieille. D'autres arrestations pourraient avoir lieu dans les jours à venir. Sarah Belouezzane Les Français ne connaissent pas vraiment la marque, du moins pas dans les smartphones. Pour eux, comme pour la plupart des consommateurs occidentaux, Lenovo ne fait que des ordinateurs personnels. Pourtant le groupe chinois n’est rien moins, aujourd’hui, que le quatrième constructeur mondial de téléphones mobiles, selon le cabinet d’études Gartner, et il est devenu le numéro 3 mondial sur le créneau des seuls smartphones, avec l’acquisition de Motorola, réalisée fin 2014. Mais encore très très loin de l’américain Apple et du sud-coréen Samsung. Au Mobile World Congress, à Barcelone, l’un des grands rendez-vous mondiaux de la « planète mobile », la présence du champion asiatique, dont les smartphones sont disponibles dans la plupart des marchés européens, sur internet, est discrète. Pas de conférence de presse en grande pompe, comme son grand rival Huawei, mais un stand dans le hall 3, l’un plus prestigieux du salon malgré tout. Cette année, Lenovo est venu présenter un hybride entre le smartphone et l’appareil photo : le « vibe shot », vendu 349 dollars.COHABITATION, SELON LES MARCHÉSComme son concurrent Huawei, Lenovo ambitionne de conquérir le monde avec ses smartphones. Pour y arriver, le groupe a finalisé, en octobre 2014, le rachat de l’activité mobiles de Motorola, l’ex-star déchue des téléphones portables.Passée entre les mains de Google, avant de venir enrichir le portefeuille de produits de Lenovo, Motorola a parcouru un long chemin semé d’embûches et de smartphones lancés sans succès. La marque a eu le temps de se faire oublier du grand public.Mais Colin Giles, responsable des ventes de smartphone de Lenovo au niveau mondial, considère qu’il s’agit tout de même d’un atout considérable pour le fabricant chinois. Motorola n’est-il pas le nouveau fabricant du Nexus de Google, succédant ainsi à HTC, Samsung et LG ? Le choix du moteur de recherche est toujours interprété comme un signe de confiance en la qualité du constructeur.« Certes, il y a des efforts à faire pour rafraîchir l’image de la marque, mais Motorola est connue dans le monde et beaucoup en Chine », souligne M. Giles.Le responsable explique qu’au départ les deux marques cohabiteront, Motorola étant considéré comme plus premium et Lenovo plus agressif sur les prix. Pour autant, il est possible que, sur certains marchés, le groupe soit contraint de choisir afin de coller aux aspirations des consommateurs, mais aussi de profiter de la complémentarité géographique.« La marque Lenovo est en croissance en Chine, en Asie en général, en Afrique et en Amérique latine. Alors que Motorola est plus connu dans les pays occidentaux, concède M. Giles, Motorola est une marque plus haut de gamme et apporte de l’innovation, Lenovo, elle, a plus un esprit start-up, est agile, elle amène une autre manière de penser. Nous allons voir comment ça s’intercale. Là où le marché est très subventionné, ce sera Motorola, là où il repose plus sur la distribution et l’achat nu, ce sera Lenovo. Dans les grands marchés, nous garderons sûrement les deux ». Cela devrait être notamment le cas en Inde et en Chine, précise le responsable.NOUVELLE MARQUE POUR LE MARCHÉ CHINOISPour s’assurer une force de frappe mondiale plus importante, le groupe cherche à trouver le plus de synergies possibles entre les deux marques. « Les équipes de R&D ne seront pas fusionnées mais elles vont travailler en coordination profitant chacune du savoir faire de l’autre », explique M. Giles. L’américaine va par exemple bénéficier de l’expertise de la chinoise dans la logistique et la chaîne d’approvisionnement.Sur le marché chinois plus spécifiquement, Lenovo sait qu’il n’est pas seul. Il a en face de lui des marques comme Huawei, mais aussi et surtout Xiaomi. Ce dernier, véritable sensation nationale, lance plusieurs smartphones par an. Avec à chaque mois le même succès.Pour lutter contre ce concurrent d’un nouveau genre, chouchou des adolescents, Lenovo a annoncé, à l’automne 2014, l’arrivée d’une nouvelle marque dans son portefeuille : Shenqi, magique en anglais. « Shenqi sera agile, réagira vite aux demandes des consommateurs et sera basée sur un modèle centré autour du e-commerce et d’internet », explique M. Giles.Le groupe veut ainsi se lancer sur la même voie que Xiaomi qui arrive même à vendre ses smartphones sur Twitter. « En Chine, il y a tellement de compétition, qu’il faut savoir être prêt à bouger sans arrêt », insiste M. Giles.En attendant le groupe a lancé Motorola dans l’empire du milieu il y a quatre semaines et a déjà commercialisé deux smartphones, qui se sont « vendus bien mieux que ce à quoi on s’attendait », conclut M. Giles.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elvire Camus Depuis plus de vingt ans, les interventions de Benyamin Nétanyahou sur le nucléaire iranien se suivent et se ressemblent. A quinze jours des élections législatives anticipées en Israël, le premier ministre prononce, mardi 3 mars, un discours devant le Congrès américain, afin de dissuader une nouvelle fois le groupe P5 + 1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) de parvenir à un accord sur le nucléaire iranien. « Mes amis, pendant plus d'un an on nous a dit qu'aucun accord était préférable à un mauvais accord. C'est un mauvais accord, le monde se portera mieux sans lui », a déclaré le premier ministre israélien mardi. Selon lui, cet accord, qui vise à limiter le programme nucléaire de l'Iran mais dont les contours ne sont pas connus, y compris d'Israël, permettrait à la République islamique de « s'empresser de fabriquer une bombe » atomique. « Le régime iranien représente une grande menace pour Israël, mais aussi pour la paix du monde entier », a encore lancé M. Netanyahu, mardi, très applaudi par les élus américains présents.Ce n'est pas la première fois que Benyamin Nétanyahou alerte sur l'imminence de la nucléarisation de l'Iran – et il oublie parfois que ses anciennes prédictions ne se sont pas vérifiées.En 1996 : « Le temps nous est compté »Comme le relève le site d'information The Intercept, dès 1992, alors qu'il n'est pas encore premier ministre, le député Nétanyahou avertit le Parlement israélien, que l'Iran sera capable de fabriquer une arme nucléaire dans « trois à cinq ans ».Quatre ans plus tard, la République islamique n'est pas en capacité de se doter de l'arme atomique. Le premier ministre israélien se contente de répéter, lors de son premier discours devant le Congrès américain, au mois de juillet 1996, qu'il faut tout faire pour empêcher, sans tarder, « la nucléarisation d'Etats terroristes », en l'occurrence l'Iran et l'Irak. « Mais la date limite pour atteindre cet objectif se rapproche fortement », prévient-il alors, avant de poursuivre :« Mesdames et Messieurs, le temps nous est compté. [...] Il ne s'agit pas de dramatiser la situation plus qu'elle ne l'est déjà. »En 2011, soit quinze ans plus tard, Nétanyahou s'adresse une deuxième fois à la Chambre des représentants américains et répète la même formule, sans tenir compte de ses calculs de 1992 ou de 1996 :« Maintenant, le temps nous est compté [...]. Car le plus grand de tous les dangers pourrait bientôt s'abattre sur nous : un régime islamique militant doté de l'arme nucléaire. de la bombe nucléaire. »En 2012 : « quelques mois, peut-être quelques semaines » En 2012, Benyamin Nétanyahou brandit, lors d'un célèbre discours aux Nations unies, une pancarte représentant schématiquement une bombe. Il assure que la République islamique a atteint le seuil dangereux de 70 % d'enrichissement de son uranium et qu'aux alentours du printemps, voire de l'été 2013 « au plus tard », le pays pourrait passer à « l'étape finale », soit un enrichissement à 90 %, seuil minimum pour pouvoir fabriquer une bombe. « Ils n'ont besoin que de quelques mois, peut-être quelques semaines, avant d'avoir suffisamment d'uranium enrichi pour la première bombe. »Or, un câble diplomatique obtenu par Al-Jazira révèle que les services secrets israéliens étaient à l'époque parvenus à des conclusions opposées : l'Iran ne « fournit pas l'activité nécessaire à la production d'armes » nucléaires, affirmait le Mossad.En 2013 : à nouveau « une question de semaines »Un an plus tard, dans un entretien accordé au Monde en octobre 2013, peu avant la reprise des discussions entre l'Iran et le groupe P 5+1, le premier ministre israélien tient encore le même discours, mais en changeant l'échéance :« Si on laisse aux Iraniens la capacité d'enrichir à un faible degré, ils seront capables d'enrichir rapidement l'uranium à haute dose, c'est une question de semaines. »Lire l'entretien : « L'Iran veut développer 200 bombes nucléaires »Après un accord préliminaire conclu en novembre 2013 entre le groupe P5+1 et l'Iran, qui prévoyait que la République islamique accepte de limiter son programme nucléaire, en échange d'un allégement des sanctions économiques, M. Nétanyahou dénonce une « erreur historique » et son ministre de l'économie met en garde contre la possibilité pour l'Iran de fabriquer une bombe nucléaire dans un délai très court :« L'accord laisse intacte la machine nucléaire iranienne et pourrait permettre à l'Iran de produire une bombe dans une période de six à sept semaines. »Cette rhétorique récurrente peut expliquer pourquoi Barack Obama a minimisé la portée des derniers propos de Benyamin Nétanyahou, quelques heures avant le discours de ce dernier au Congrès américain. Le président américain a ainsi tenu à souligner que le premier ministre israélien s'était déjà « trompé par le passé » en présentant l'accord de novembre 2013 comme un « mauvais accord » que l'Iran ne respecterait pas. Lire aussi : Nétanyahou en « mission » au Congrès américainElvire CamusJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.03.2015 à 13h19 L'Ukraine a affirmé mardi 3 mars avoir obtenu l'accord de l'Allemagne, de la France et de la Russie pour renforcer le rôle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), afin que cette dernière puisse déployer des observateurs sur les points chauds de la ligne de front, dans l'est de l'Ukraine, où des violations de la trêve ont été constatées.Cet accord a été obtenu lors d'une conversation téléphonique entre Angela Merkel, François Hollande, Vladimir Poutine et Petro Porochenko, a assuré la présidence ukrainienne dans un communiqué diffusé dans la nuit de lundi à mardi. « Les interlocuteurs ont soutenu la proposition ukrainienne de déployer des observateurs de l'OSCE dans tous les endroits où le cessez-le-feu est violé, en commençant par dix localités » des régions de Donetsk et de Lougansk, dont une partie est sous contrôle des séparatistes prorusses, selon la même source.« UN RÔLE PLUS IMPORTANT »Les autorités allemandes, françaises et russes ont également fait état de cette conversation dans leurs communiqués respectifs sans toutefois mentionner l'accord sur le déploiement des observateurs dans les points chauds, proposé par Kiev. Les quatre dirigeants « sont convenus que l'OSCE devrait jouer un rôle encore plus important dans la surveillance du cessez-le-feu et le retrait des armes. Ils ont demandé à l'OSCE de publier un rapport quotidien sur les développements en cours », a expliqué le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert. La situation en Ukraine connaît « des progrès », mais doit être encore « améliorée », a pour sa part déclaré la présidence française.Selon les agences de presse russes, Mme Merkel a encore suggéré lors de cet entretien l'organisation d'une rencontre au niveau des vice-ministres des affaires étrangères vendredi à Berlin pour œuvrer à l'application des accords de paix. Aucune confirmation officielle de cette réunion n'a pu être obtenue dans l'immédiat. Le cessez-le-feu est officiellement entré en vigueur en Ukraine le 15 février, mais Kiev et les rebelles prorusses se sont ensuite mutuellement accusés d'avoir violé la trêve et les séparatistes ont depuis repris la ville stratégique de Debaltsevo. Par ailleurs, trois soldats gouvernementaux ont été tués, et neuf autres, blessés, au cours des dernières vingt-quatre heures, a-t-on appris mardi de source militaire ukrainienne. 03.03.2015 à 12h13 • Mis à jour le03.03.2015 à 12h30 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Lundi 2 mars dans la soirée, la Commission nationale du marché des valeurs (CNMV), l’autorité boursière, a annoncé officiellement la décision du géant de l’immobilier espagnol Martinsa Fadesa d’engager un processus de liquidation. Les banques, qui avaient signé un accord pour lui permettre de restructurer et échelonner sa dette en 2011, n’ont pas approuvé son dernier plan. Celui-ci prévoyait de capitaliser la dette en échange de 70 % de la compagnie.Martinsa Fadesa laisse un passif de près de 6,995 milliards d’euros de dettes, dont 3,2 milliards auprès des banques. Elle n’a, pour les éponger, que 2,392 milliards d’euros d’actifs, soit un « trou » de 4,6 milliards.Pourquoi cette faillite est-elle symbolique ?La fin de Martinsa Fadesa est symbolique à trois titres. Tout d’abord, parce que le groupe est né en 2006, en plein boom de l’immobilier. En rachetant un autre groupe immobilier, Fadesa, pour 4 milliards d’euros, la compagnie Martinsa était alors devenue le premier promoteur de logements du pays, avec 13 milliards d’euros d’actifs immobiliers.Fernando Martin, son président, pensait avoir trouvé la poule aux œufs d’or. L’Espagne construisait alors autant de logements que l’Allemagne et la France réunies. Les banques prêtaient sans compter aux particuliers et aux promoteurs. Et les « seigneurs de la brique », comme M. Martin, semblaient régner sur le pays. Figure emblématique des nouveaux milliardaires espagnols, il avait même un temps présidé le Real Madrid.Martinsa Fadesa est également symbolique parce que, lorsque la bulle éclata en 2008, à peine deux ans après sa naissance, l’entreprise fit trembler le pays en annonçant la plus grande cessation de paiement jamais enregistrée, prélude à la crise financière espagnole.Avec près de 7 milliards d’euros de dettes, près de 45 banques parmi ses créanciers, elle mit trois ans à sortir de la cessation de paiement. En 2011, elle parvint à trouver un accord avec les banques, sans doute beaucoup trop ambitieux, pour solder sa dette en huit ans.Symbolique, cette faillite l’est par ailleurs parce qu’elle témoigne des nouvelles relations du secteur immobilier avec les banques. Depuis décembre 2013, incapable de faire face aux échéances financières auprès de ses créanciers, Martinsa Fadesa négocie avec ses banques, en vain.Les établissements financiers espagnols, qui ont dû multiplier les provisions sur les actifs toxiques ces dernières années, ne prennent plus de risques. Or, Martinsa Fadesa a encore affiché 313 millions d’euros de pertes en 2014. Bien que ce soit moitié moins que l’année précédente et que son chiffre d’affaires ait augmenté de 18 % en 2014, les banques ont, cette fois, préféré abandonner le groupe.L’assainissement du secteur immobilier espagnol est-il fini ?Non. La faillite de Martinsa Fadesa pourrait bien ne pas être la dernière. Le groupe Reyal Urbis, en cessation de paiement depuis deux ans, tente de négocier avec les banques pour effacer 80 % de sa dette, qui s’élève à près de 4 milliards d’euros. Il pourrait annoncer, lui aussi, sa liquidation courant mars, si aucun accord n’est trouvé.Cependant, l’assainissement du secteur est très avancé. Des dizaines de promoteurs ont déjà fait faillite depuis le début de la crise et les banques ont transféré 80 milliards d'euros d’actifs « toxiques » à la Sareb, une « bad bank » publique, chargée de mettre sur le marché par lots et à prix cassés l’héritage empoisonné de la bulle immobilière.À présent, l’immobilier semble montrer des signes de reprise, bien que timides. Après sept années de chute, le nombre de prêts immobiliers a légèrement augmenté, pour la première fois, en 2014 (+1,6 %). Le nombre d’autorisations pour de nouvelles constructions aussi (+ 1,7 %). Et dans sept régions d’Espagne, les prix sont repartis à la hausse, en particulier aux Baléares, en Cantabrie et aux Canaries. Enfin, en 2014, les banques sont parvenues à réduire pour la première fois le volume d’actifs immobiliers toxiques.« Le secteur se récupère doucement, convient l’économiste Julio Rodriguez, ancien président de la banque hypothécaire. Des fonds d’investissements internationaux ont acheté des promotions immobilières. On voit davantage de demandes. Néanmoins, il faudra du temps pour terminer cet assainissement. Nous partons de niveaux qui sont des minimums historiques en termes de construction et de ventes de logements. Et, fin 2013, l’Espagne comptait 570 000 logements neufs vides dont certains, sans doute, ne se vendront jamais. »L’immobilier pèse-t-il encore beaucoup sur l’économie et les banques espagnoles ?Oui. Selon les calculs du quotidien El Pais, à partir des résultats présentés ces derniers jours par les sept principales banques du pays, celles-ci ont bouclé 2014 avec 125 milliards d’euros de crédits et actifs immobiliers toxiques (impayés, saisies, terrains vagues,…). C’est énorme mais c’est quand même 7 milliards d’euros de moins qu’en 2013.Pour couvrir ces risques, les banques ont réalisé d’importantes provisions, qui couvrent 60 milliards d’euros. Les comptes de résultats de ces établissements ont donc déjà reflété en grande partie les pertes liées aux actifs pourris. Et des faillites, comme celles de Martinsa Fades, sont en grande partie déjà décomptées.En 2012, l’Espagne avait dû demander à Bruxelles une aide de 40 milliards d’euros pour son secteur financier et nationaliser plusieurs banques. Le temps semble venu de récupérer une partie des fonds injectés alors par le biais de la Sareb, qui a vendu des promotions à des fonds internationaux, ou par la vente d’actions de Bankia, banque nationalisée, qui retrouve la santé.« Il est probable que, de temps en temps, le gouvernement doive payer quelques nouvelles factures, au titre par exemple du schéma de protection des actifs, une sorte d’assurance couverte par le Frob, le fonds public de restructuration bancaire, pour les banques qui ont absorbé des établissements pourris, souligne M. Rodriguez. Mais ce ne sera plus aussi spectaculaire que ça l’a été. »Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon Khaled Khodja, président de la Coalition nationale syrienne (CNS), principale formation de l’opposition, a rencontré à Paris, le 5 mars, le président François Hollande. Né en 1965 à Damas, ce Syrien turkmène s’est exilé en Turquie à 17 ans, après avoir été emprisonné à deux reprises par le régime. Médecin de formation, il a été parmi les membres fondateurs du Conseil national syrien puis de la CNS.Lire aussi : l’entretien en version longueDix jours après la rencontre de quatre parlementaires français avec Bachar Al-Assad, le président Hollande vous a réitéré son soutien et a de nouveau exclu de négocier avec M. Assad...Nous sommes fiers de la position de la France. La visite des parlementaires français en Syrie est regrettable. Elle donne à Bachar Al-Assad un feu vert pour continuer à tuer à l’ombre du terrorisme. C’est une grande erreur que de vouloir choisir entre deux maux et de considérer que le régime est un moindre mal face à l’Etat islamique et à Al-Qaida. Le régime a fait plus de 220 000 morts, 250 000 prisonniers et 13 millions de réfugiés. Le nombre de barils explosifs qu’il a lancés équivaut à cinq bombes nucléaires. Les crimes de Daech [acronyme de l’Etat islamique] sont des crimes barbares ; mais le nombre de personnes qu’il a tuées ne dépasse pas 3 % des morts du régime. Il faut traiter les racines du terrorisme qui sont le régime dictatorial et ses services de renseignement. Daech en est la création.Vous ne faites plus du départ de Bachar Al-Assad un préalable à l’ouverture de négociations ?Cette position n’est pas nouvelle. C’est la position qu’a adoptée la CNS à l’ouverture de Genève 2, en s’asseyant autour d’une table avec une partie du régime pour négocier la formation d’un organe de gouvernement transitoire. Le but des négociations reste le départ de Bachar Al-Assad.Face aux divisions de la CNS, vous avez entamé, en février, en France, un dialogue avec l’opposition tolérée à Damas...La coalition a trois défis : sauvegarder l’unité et la cohésion de l’opposition, regagner la considération du peuple syrien et de la communauté internationale et reprendre l’initiative pour une solution politique. Nous avons ouvert nos portes aux autres composantes de l’opposition pour construire un cadre commun pour négocier avec le régime et réaliser nos objectifs : un régime démocratique et pluraliste. Un dialogue a été entamé avec le Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique. Nos points de vue convergent à 90 %.Sur quoi portent les désaccords ?Le point délicat est l’avenir de Bachar Al-Assad. Nous, CNS, insistons pour que l’exclusion de Bachar Al-Assad et de ses services de renseignement soit le point de départ à tout processus de changement. L’opposition de l’intérieur n’est peut-être pas prête à appuyer cela ouvertement mais elle soutient un changement radical et non formel. Il y aura une rencontre dans les prochains jours pour travailler à combler ces 10 %.Une réunion entre membres du régime et de l’opposition s’est tenue en janvier à Moscou, à laquelle vous n’avez pas participé. Pourriez-vous participer à la prochaine ?Tout lancement d’un processus de négociation qui ne s’inscrit pas dans le cadre de Genève 2 ne nous concerne pas. A Moscou, la Russie a commis deux erreurs : elle a appelé à un dialogue avec le régime et non à une négociation ; elle n’a pas invité l’opposition mais des personnalités de l’opposition, ce qui induit une réhabilitation du régime. Nous n’acceptons pas que des personnes soient choisies dans nos rangs pour représenter l’opposition.Pensez-vous que la Russie et l’Iran puissent amener le régime à négocier ?Le régime syrien a laissé libre cours à Daech pour qu’il devienne un prétexte à une intervention de l’Iran en Syrie afin de se maintenir au pouvoir. La position russe est différente. La Russie craint le retour des combattants de Daech et elle ne peut pas offrir de solution.Le programme américain de formation et d’équipement de 15 000 combattants de l’opposition syrienne sur trois ans a-t-il débuté ?Les contours de ce programme sont flous. Un protocole a été signé avec un pays, la Turquie, dont la mise en œuvre nous échappe. L’Armée syrienne libre (ASL) est totalement marginalisée. Si les Américains ne travaillent pas avec les forces de l’ASL, qui ont été les premières à combattre Daech, et si l’on n’inclut pas la lutte contre le terrorisme du régime, ce programme échouera. L’ASL n’entend pas s’épuiser à combattre Daech et laisser le régime tranquille. La méthode américaine qui a consisté à financer indépendamment une dizaine de groupes a échoué. Il faut soutenir l’état-major et le ministère de la défense de la CNS pour restructurer l’ASL, qui dispose encore de 70 000 combattants.Quel soutien opérationnel la France vous apporte-t-elle ?Ce soutien inclut de l’aide humanitaire et un soutien à la réorganisation de la société civile. Un soutien militaire est apporté aux centres de commandement. Un processus a été entamé pour cerner nos besoins. Nous avons aussi demandé une coopération dans le domaine éducatif pour ouvrir, par exemple, une Ecole nationale d’administration. Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.03.2015 à 02h19 • Mis à jour le07.03.2015 à 17h06 La Cour suprême du Brésil a donné son feu vert, vendredi 6 mars au soir, pour qu'une enquête s'ouvre sur l'implication de dizaines de parlementaires dans le scandale de corruption au sein de la compagnie pétrolière Petrobras.Lire : Petrobras, le scandale qui éclabousse le BrésilAu total, ce sont 49 hommes politiques qui sont nommés dans l'enquête sur un système généralisé de pots-de-vin. La compagnie publique Petrobas aurait ainsi versé pendant des année de l'argent à au moins 25 députés, six sénateurs et trois gouverneurs, principalement dans le camp du gouvernement, aux mains du Parti des travailleurs (PT, gauche) de la présidente Dilma Rousseff, selon les déclarations de certains « repentis » ayant filtré dans la presse.Le PT a affirmé, dans un communiqué, que « tous les dons en argent que le parti a reçu sont légaux » et qu'il « est fier de diriger des gouvernements qui combattent la corruption de façon implacable ».« Des indices d'illégalité »Le procureur général de la République, Rodrigo Janot, avait fait état mardi soir d'une liste de 54 personnes qui pourraient faire l'objet d'une enquête, sous couvert du secret de l'instruction. Il avait demandé à la Cour suprême de lever le secret pour déterminer les responsabilités dans ce retentissant scandale. Les malversations auraient généré un manque à gagner de 4 milliards de dollars en 10 ans pour la compagnie phare du pays. La Cour suprême a également autorisé la levée de l'immunité parlementaire de certaines des personnalités impliquées. Parmi les personnes soupçonnées figurent les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, tous deux membres de la coalition gouvernementale.« Mes relations avec le pouvoir public n'ont jamais dépassé les limites institutionnelles », a réagi Renan Calheiros, président du Sénat accusé par le parquet de « pratique présumée de crimes de corruption passive qualifiée et de blanchiment d'argent ». « Transparence et rien à craindre » a twitté, quant à lui, le président de la Chambre basse, juste avant la diffusion de la liste.Lire toute l'enquête (édition abonnés) : Tremblement de terre politique au Brésil 06.03.2015 à 22h32 • Mis à jour le06.03.2015 à 23h55 | Franck Nouchi Lorsqu'on lui demandait pourquoi les gens qui apparaissaient dans ses films acceptaient de se laisser filmer, Albert Maysles répondait par une citation de Nietzsche : « Chaque noisette, même celle qui a le plus petit noyau, veut être ouverte ». Auteur d'une trentaine de documentaires parmi lesquels les célèbres Salesman et Gimme Shelter, considéré comme l'un des « pères » du cinéma direct, Albert Maysles est mort, jeudi 5 mars à New York, à l'âge de 88 ans.Il était né à Boston, le 26 novembre 1926. Après des études de psychologie à l'université de Syracuse, il devient psychologue. Et pour gagner de l'argent, fait du porte-à-porte en vendant des brosses à dent et des encyclopédies.En 1955, pour ses vacances, il part en Union soviétique. Son idée ? Visiter et filmer quelques hôpitaux psychiatriques du pays. Avec une caméra 16 mm que lui a prêtée CBS, il réalise son premier film : Psychiatrie en Russie.Filmer Kennedy avec Leacock et PennbakerEn 1960, sous la direction de Robert Drew, Albert Maysles travaille avec d'autres futurs grands documentaristes, parmi lesquels Richard Leacock et D.A. Pennbaker, pour réaliser Primary, un documentaire considéré aujourd'hui comme le premier film de cinéma direct. Munis de caméras mobiles, ultrarapides, ces cinéastes suivent l'affrontement entre le sénateur Hubert H. Humphrey et le futur président John F. Kennedy lors des primaires démocrates.Neuf ans plus tard, avec son frère David, Albert Maysles réalise Salesman (Le vendeur de bibles). Pendant un mois et demi, filmant avec une caméra 16 mm qu'il a lui-même bricolée, il suit quatre colporteurs qui essayent de vendre des bibles illustrées. On y découvre la face cachée de l'Amérique profonde, celle des pauvres qui s'abrutissent devant la télévision et qui cherchent à donner un sens à leur vie moyennant une bible payable par mensualités. « C'est un jeu de vendre, disait Albert Maysles au Monde. Dans ce jeu aussi, il y a le rêve américain. Chaque commis voyageur est un Lindberg en puissance. Ce n'est pas l'Atlantique qu'il faut traverser, c'est le seuil de la maison. Le vendeur qui entre est son propre héros. Il tient son futur entre ses mains. J'ai été un très bon vendeur, les gens me faisaient confiance ».Dans ce film, on découvre la méthode Maysles, cette manière unique de capter le réel sans le moindre point de vue explicite – Maysles assimilait le point de vue à de la propagande. Aucune idée préconçue, rien entre la caméra et le sujet, pas d'interview, pas de commentaire. La vie, juste la vie.Les Beatles et les Rolling StonesNovembre et décembre 1969 : les frères Maysles entreprennent de filmer la tournée américaine des Rolling Stones, et plus particulièrement le concert du Madison Square Garden et le festival d'Altamont en Californie. En 1964, ils avaient réalisé un documentaire intitulé What's happening ! The Beatles in the USA. Cette fois, dans Gimme Shelter, outre la vision d'un groupe dépassé par sa notoriété et incapable de contrôler son public, ils filment une violence extrême (quatre spectateurs mourront pendant ce festival, dont un jeune noir, Meredith Hunter, poignardé par un Hells Angels).En 1975, dans Grey Gardens, les frères Maysles filment deux cousines de Jacqueline Kennedy Onassis, Edith Bouvier et sa fille, Edith Bouvier Beale, qui vivent recluses dans une pièce de leur vaste maison. Ce film, disait Albert Maysles, « met à l'épreuve une question centrale : jusqu'où peut-on exposer une personne ? »Plus tard, deux autres de ses documentaires remporteront un Emmy Awards : Vladimir Horowitz : le dernier romantique (1985) et Soldier's of Music (1991), consacré au retour de Mstislav Rostropovitch en Russie.Très proches de Pennebaker et de Leacock, les frères Maysles (David est mort en 1987 à l'âge de 55 ans) avaient une approche du documentaire différente de celle de Frederick Wiseman. « Il s'intéresse davantage aux institutions, moi aux individus, résumait Albert Maysles. Il le nie généralement, mais il a un point de vue. Il essaye de trouver les failles du système, de l'administration, d'un collège, d'un hôpital psychiatrique ». Maysles, lui, laissait la caméra flotter à la surface de la réalité, cherchant inlassablement le contact avec la vie.Franck NouchiJournaliste au Monde 06.03.2015 à 20h30 • Mis à jour le06.03.2015 à 20h56 Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies a adopté, vendredi 6 mars, une résolution qui condamne l'utilisation du gaz de chlore comme arme chimique dans le conflit syrien.Le texte a été adopté par 14 voix pour, dont celle de la Russie, alliée traditionnelle de Damas, et une abstention, le Venezuela. L'ambassadeur vénézuélien Rafael Ramirez Carreno a fait valoir qu'il « fallait d'abord terminer l'enquête afin de déterminer les responsabilités » avant que le Conseil se prononce.Le texte ne désigne pas les coupablesLa résolution « condamne le plus fermement possible l'utilisation de tout produit chimique toxique, tel que le chlore, comme arme en Syrie » et affirme que les responsables de tels actes « doivent en répondre ». Elle rappelle que selon de précédentes résolutions de l'ONU, la Syrie ne doit ni produire, ni acquérir, ni stocker des armes chimiques.Mais le texte ne désigne pas les coupables des attaques au chlore dans le nord de la Syrie au début de 2014 attestées par des rapports d'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Damas, qui a signé la convention sur l'interdiction des armes chimiques, dément avoir utilisé du chlore et affirme avoir détruit toutes ses armes chimiques.Notre grand format : Syrie : l'enquête du « Monde » au cœur de la guerre Anthony Hernandez On attendait le sacre de Dimitri Bascou et c'est finalement son compatriote Pascal Martinot-Lagarde qui s'est montré le plus rapide en finale du 60 m haies vendredi 6 mars à Prague. Grâce à la troisième place du dernier Français, le jeune Wilhem Belocian (19 ans), l'équipe de France réalise un triplé inédit dans cette épreuve. En 2014, les tricolores Pascal Martinot-Lagarde et Garfield Darien avaient pris la deuxième et la troisième place des Mondiaux en salle de Sopot.Avant cette première française, seules deux nations européennes avaient réussi un doublé sur 60 m haies : les Pays-Bas, en 2007, à Birmingham (Gregory Sedoc et Marcel van der Westen), et la Lettonie, en 1996, à Stockholm (Igors Kazanovs et Guntis Peders). En 1973 et en 1983, les hurdlers de la RDA avaient occupé à deux reprises la première et la troisième place du podium. Au niveau mondial, les Etats-Unis ont réussi à deux reprises à glisser deux athlètes sur le podium : en 1995 (or pour Allen Johnson et argent pour Courtney Hawkins) et en 2006 (or pour Terrence Trammell et bronze pour Dominique Arnold).>> Lire : Lavillenie en vedette, les Russes attendus au tournantA Zurich, lors des derniers championnats d'Europe en plein air (août 2014), Dimitri Bascou avait d'abord exulté, pensant décrocher sa première médaille européenne, le bronze du 110 m haies. Puis, alors que cette soirée au Letzigrund avait déjà donné son lot de rebondissements avec la disqualification de Mahiedine Mekhissi pour cause de strip-tease intempestif, le hurdler avait lui aussi été déclassé pour avoir marché dans le couloir de son voisin. Une cause bien plus fréquente en athlétisme. C'est finalement le grand favori, Pascal Martinot-Lagarde, qui avait récupéré la médaille de bronze.Dans l'enceinte bien remplie de l'O2 Arena de Prague, malgré une saison hivernale compliquée, c'est le détenteur du record de France du 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde, qui parvient enfin à décrocher l'or d'une grande compétition. Traditionnellement handicapé en salle par son départ moyen, le licencié de Montgeron a confirmé son potentiel.>> Lire aussi : Pascal Martinot-Lagarde, dépasser les obstaclesDimitri Bascou, deuxième meilleur performeur mondial de la discipline cette année (seul le Cubain Ortega est allé plus vite, en 7 s 45), a été cette fois devancé à la régulière par son compatriote. Auteur de son meilleur temps de l'année en demi-finale (7 s 46), le Martiniquais n'a pas craqué totalement mais a cédé sous la pression de Martinot-Lagarde, auteur de son meilleur chrono de l'année en finale.Né en 1987 à Schoelcher, anciennement Case-Navire, rebaptisé en 1889 du nom de Victor Schoelcher, à l'origine de l'abolition de l'esclavage en France et dans ses colonies, Dimitri Bascou peut tout de même être satisfait. A 27 ans, le licencié de Créteil n'avait jusqu'alors à son palmarès international qu'une médaille d'argent aux Jeux méditerranéens de 2009. « Belocian fera partie des très grands »Le jeune Wilhem Belocian confirme lui son immense potentiel. A seulement 19 ans, il s'offre pour sa première sélection chez les grands un premier podium. Recordman du monde junior du 60 m haies (7 s 48) et du 110 m haies (12 s 99), le Guadeloupéen a tout l'avenir devant lui. Il s'entraîne toujours sur son île natale, licencié au club du Stade lamentinois (Lamentin). Interrogée par Le Monde en février dernier, la triple championne olympique Marie-José Pérec n'avait pas tari d'éloges : « Je lui ai trouvé une bourse de 15 000 euros. J'essaie de faire de petites choses qui aident les athlètes. C'est ma propre lecture, mais je sais qu'il fera partie des très grands. » Dans les autres finales du jour, la Britannique Katarina Johnson-Thompson est passée à un souffle du record du monde du pentathlon. Pour moins d'une seconde au terme de la dernière épreuve du 800 m, elle échoue à 13 points du record détenu par l'Ukrainienne Dobrynska (5 000 contre 5 013). La Française Antoinette Nana Djimou, quadruple championne d'Europe (deux en salle, deux en plein air), ne prend que la quatrième place.Au lancer du poids, l'Allemand David Storl (21,93 m) glane une nouvelle médaille d'or, la troisième européenne. A la longueur, le Suédois Michel Torneus s'est imposé grâce à un saut à 8,30 m. Enfin, le 60 m haies féminin a été remporté par la Biélorusse Alina Talay.Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 18h12 • Mis à jour le06.03.2015 à 18h24 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a déclaré, jeudi 5 mars, qu’il préférait voir des combattants néerlandais qui auraient rejoint des groupes terroristes mourir au combat plutôt que revenir au pays pour y commettre des attentats. « Si le choix se pose en ces termes, je le fais. Beaucoup de citoyens pensent comme moi », a indiqué le chef du gouvernement de coalition libéral-travailliste. Il s’exprimait à la télévision lors d’un débat préélectoral pour les élections à la Première chambre, le Sénat néerlandais, le 11 mars.M. Rutte affrontait notamment, sur cette question, le chef du parti centriste et proeuropéen D66. Le leader de cette formation, Alexander Pechtold, s’est demandé si un premier ministre pouvait s’exprimer de cette manière, quitte à heurter les familles, les enfants ou des proches des personnes concernées. De 150 à 200 Néerlandais seraient partis pour la Syrie et l’Irak. « Dans un Etat de droit, il faut souhaiter qu’ils soient jugés par un tribunal, pas qu’ils meurent dans le désert », a estimé M. Pechtold.« Mon devoir est de protéger mon pays »« Ceux qui sont là-bas apprennent à tuer, à fabriquer des bombes. S’ils voyagent et adhèrent à une organisation criminelle, ils savent ce qu’ils font. Il est crucial d’éviter qu’ils reviennent pour commettre des attentats. Mon devoir est de protéger mon pays », a répondu le dirigeant libéral.« Geert Wilders est absent ce soir mais sa pensée est présente », a répliqué M. Pechtold, dont le parti est donné comme l’un des deux grands favoris pour le scrutin provincial qui aura lieu mercredi 11 mars. L’autre est le Parti pour la liberté (PVV) de M. Wilders, qui fait traditionnellement de la lutte contre l’islam et l’immigration le principal thème de ses campagnes.Une fois élus, les dirigeants des provinces choisiront les membres de la Première Chambre, le Sénat, où la coalition actuelle n’a pas la majorité. Elle y détient 30 sièges sur 75, ce qui la force à chercher l’appui de partis d’opposition – dont D66 – pour faire adopter certains de ses projets. La situation de M. Rutte devrait s’aggraver, compte tenu de l’apparente impopularité des deux formations au pouvoir.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial) Le président est d’humeur badine. « Ça fait vingt-trois ans qu’il n y a pas eu de visite d’un président. Parce que c’était trop près, sans doute », tacle-t-il à l’intention de ses prédécesseurs Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui n’avaient pas fait le déplacement, à la différence de François Mitterrand. François Hollande se déplaçait au Luxembourg, vendredi 6 mars, sous un soleil presque printanier et dans une atmosphère d’entente totalement cordiale. Loin, très loin, des polémiques sur l’optimisation fiscale et les pratiques du Grand-Duché en la matière.Pas de vagues, donc. Dès son accueil par le grand duc et la grande duchesse, devant le palais de Luxembourg-Ville, le président a pu appliquer et constater cette aimable position en saluant les badauds agglutinés. Des Français, pour la plupart – plus de 40 000 ressortissants résident dans le pays (sur un total de 550 000 habitants) et plus de 80 000 transfrontaliers y travaillent. Et plutôt affables. « Les Français vous accueillent avec le soleil et avec le sourire. Ça change », dit l’un. « Ça fait plaisir d’avoir un président comme vous », dit l’autre. « Je suis là depuis soixante-cinq ans, c’est un petit paradis. C’est beau de vous voir comme ça », ajoute une troisième personne. Mais pas question d’évoquer d’emblée le thème du « paradis » fiscal et de répondre aux questions qui fâchent. Du moins pas avant l’entretien, en son palais, avec le grand duc.« Le Luxembourg ne bloquera rien »« Quand on a des amis, on va les voir », réitère François Hollande, un peu plus tard devant le Monument national de la solidarité, après une cérémonie d’hommage aux morts de la seconde guerre mondiale. Après avoir symboliquement trempé la pointe d’un sabre dans les flammes, le président en profite pour délivrer, pour la première fois depuis plusieurs mois, un pronostic optimiste sur l’imminence d’un retour de la croissance : « Il y a des nouvelles qui sont plutôt bonnes, mais pas encore confirmées. Ce dont nous devons nous assurer, c’est d’accompagner, amplifier, la reprise qui maintenant est là. »Pour François Hollande, « la reprise est là »Quant au premier ministre luxembourgeois, le libéral Xavier Bettel, après avoir accueilli et salué un à un tous les journalistes français, il ne tarit pas d’éloges sur son hôte du jour : « Vous êtes un grand président », lâche-t-il devant la presse, flagorneur, en référence à son action diplomatique sur le dossier ukrainien.Ce n’est qu’après un déjeuner avec M. Bettel, au château de Senningen, que la question de l’optimisation fiscale est posée, à l’occasion d’une conférence de presse commune. Le premier ministre, de bonne guerre, défend les pas accomplis par le Grand-Duché en la matière, en l’occurence l’autorisation de l’échange automatique d’informations fiscales à partir de 2017 : « Ce pays est un pays en évolution. On a décidé l’échange d’informations. C’est réducteur de croire que le Luxembourg, ce n’est que ça. La plus grosse boîte au Luxembourg, c’est Arcelor Mittal. » Et M. Bettel, qui gouverne en coalition un pays qui prendra la présidence de l’Union européenne au deuxième semestre 2015, d’assurer : « Croyez-moi, que ce soit au niveau européen ou international, le Luxembourg ne bloquera rien. »Signature de contratsSaluant ces évolutions du Grand-Duché, le président se montre sur ce point fort urbain : « Il y a eu des progrès considérables accomplis, notamment ces derniers mois, car il y a eu la volonté d’avoir, en Europe, les mêmes règles pour que la fraude puisse être effectivement combattue. » Mais M. Hollande tempère tout de même : « J’appelle le Luxembourg à aller aussi loin que possible. » Après quoi l’exercice de questions-réponses est interrompu plus vite que prévu puisque, comme le rappelle M. Bettel, « le grand duc nous attend ».L’impressionnant cortège officiel serpente sur une petite route de campagne, entre des collines verdoyantes. Direction le siège de la Société européenne des satellites (SES), pour une visite du site et la signature de deux contrats entre SES et Airbus Defense and Space, pour la réalisation d’un satellite, d’une part, et entre SES et Arianespace de l’autre, pour le lancement d’un autre engin.Après quoi le président français et les dirigeants luxembourgeois se rendent sur le site d’Esch-Belval, présenté comme un modèle de reconversion de friche industrielle en logements, entreprises et pôle universitaire. « On ne va pas parler que de fiscalité, la dimension industrielle est très importante », prévenait l’Elysée avant la visite au Luxembourg, dont plus de 30 % du PIB est constitué par le secteur financier.Ce programme a été parfaitement respecté. L’escapade présidentielle devait s’achever vendredi soir avec la traditionnelle rencontre avec la communauté française, puis le dîner offert par le couple grand-ducal au palais. Entre bons amis, et sans aucun motif de fâcherie.David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Contre vents et marées, la situation de l’emploi aux États-Unis continue de s’améliorer. L’économie américaine a créé 295 000 emplois en février, ramenant le taux de chômage à 5,5 %, selon les statistiques publiées, vendredi 6 mars, par le Département du travail. Les tempêtes de neige, qui se sont abattues ces dernières semaines sur le nord-est et le Midwest, n’ont pas réussi à entamer la dynamique du marché du travail.Au contraire, le nombre d’emplois créés en février se situe au-dessus de la moyenne des douze derniers mois, qui était de plus de 260 000, et au-delà des prévisions des économistes, qui tablaient sur 235 000 et un taux de chômage de 5,6 %, soit 0,1 point de moins qu’en janvier. Le taux de chômage est désormais à son plus bas niveau depuis sept ans.Malgré la révision à la baisse des chiffres de janvier (18 000 créations d’emploi de moins que ce qui avait été anticipé dans un premier temps), le marché du travail reste solide. En 2014, l’économie américaine a créé 3,1 millions d’emplois, soit le meilleur chiffre en quinze ans.Depuis douze mois consécutifs, le nombre d’emplois créés dépasse les 200 000. Il faut remonter à 1995 pour retrouver une série plus longue à un tel rythme. Elle avait alors duré 19 mois.Le rebond du marché de l’emploi semble profiter à toutes les catégories de travailleurs. Lorsqu’on regarde le taux de chômage élargi, le « U6 » dans le jargon du Département du travail, qui prend notamment en compte le nombre de temps partiels subis, la décrue est également spectaculaire : le taux est tombé en février à 11 %, soit 0,3 point de moins que le mois précédent.PAS DE RÉPERCUSSIONS SUR LES SALAIRESEn revanche, du côté de la progression des salaires, on ne voit toujours rien venir. Le salaire moyen horaire dans le secteur privé a augmenté de 2 % en février par rapport à la même période de l’année précédente. Il s’agit d’un recul par rapport à janvier où la hausse sur un an avait été de 2,2 %.Février retrouve donc un rythme identique à celui des quatre dernières années, encore loin de celui qui avait caractérisé la période de croissance avant la crise de 2008 au cours de laquelle les salaires progressaient de 3 % chaque année.L’économie américaine se trouve donc toujours dans une situation étrange où elle s’approche d’une situation de plein-emploi, au regard de la faiblesse du taux de chômage, sans provoquer de tension sur le marché du travail entre l’offre et la demande, qui devrait théoriquement pousser les salaires à la hausse.En fait, cette situation s’explique par la répartition par secteur d’activité des créations d’emploi. La restauration et les bars restent le plus gros pourvoyeur de jobs, avec 59 000 créés en février. Or, il s’agit des domaines où les entreprises payent le plus mal. À noter tout de même la bonne tenue des recrutements dans le secteur des services aux entreprises. Malgré tout, l’industrie a déçu avec seulement 8 000 créations d’emploi.Les annonces récentes de Walmart, plus gros employeur américain, qui va augmenter un demi-million de salariés, devrait créer un effet d’entraînement chez ses concurrents. Les effets de ce mouvement devraient commencer à se voir dans les prochains mois.Wal-Mart augmente le salaire d’un demi-million d’employésINTERROGATIONS SUR LE CALENDRIER DU RELÈVEMENT DES TAUXAutre signe de persistance d’une certaine fragilité du marché de l’emploi aux États-Unis : le taux de participation, c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un, a une nouvelle fois baissé en février, à 62,8 %, soit 0,1 point de moins qu’en janvier. Il faut remonter aux années 1970 pour retrouver un niveau aussi bas.C’est ce que résumait Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale (Fed), lors de son audition la semaine dernière devant le Congrès : « La situation de l’emploi aux États-Unis s’est améliorée sous plusieurs aspects », a-t-elle souligné, tout en déplorant la faiblesse du taux de participation par rapport aux attentes de la Fed et en insistant sur la croissance des salaires, qui reste « molle, suggérant que des faiblesses cycliques persistent ».Est-ce que les chiffres publiés vendredi seront suffisants pour faire évoluer le discours de la Fed sur l’imminence d’un relèvement des taux d’intérêt ? Le dilemme auquel est confrontée Janet Yellen est résumé dans la publication de ces statistiques, remarque Gregory Daco, analyste chez Oxford Economics, spécialisé sur les États-Unis : « emploi solide, mais salaires stagnants ».« La rigidité des salaires nominaux est un facteur fondamental, qui restreint le rebond des salaires dans cette période post-récession, explique-t-il. Cependant, la dynamique du marché du travail devrait soutenir une accélération progressive de la croissance des salaires au cours de 2015 ». Ce qui, selon lui, ouvrirait la voie à un relèvement des taux en septembre.La Fed se veut encore « patiente » avant de relever les taux D’ici là, une première étape est fixée les 17 et 18 mars, date de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed et peut-être l’occasion de préparer les esprits à une telle évolution.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.03.2015 à 14h48 • Mis à jour le06.03.2015 à 16h24 | Anthony Hernandez Prague, envoyé spécialDevant le bâtiment imposant, deux hockeyeurs figés dans le bronze – l'un relaçant son patin, l'autre étreignant une belle patineuse — rappellent l'amour inconditionnel des Tchèques pour le hockey sur glace. De fait, l'O2 Arena de Prague, qui accueille du 6 au 8 mars les 33e Championnats d'Europe d'athlétisme en salle, est sortie de terre à l'occasion des Mondiaux de hockey en 2004. A l'époque baptisée Sazka Arena, cette salle multiusage peut, selon la configuration, accueillir 18 000 spectateurs en concert, comme celui de Madonna en 2006, 17 000 fans de crosses et de palets — l'équipe de hockey du Slavia Prague y joue toute l'année — ou bien 11 000 amateurs d'athlétisme.Jusqu'à dimanche, 643 athlètes de 49 nations europénnes — Israël est membre de l'Association européenne d'athlétisme — s'affrontent dans 26 épreuves (13 masculines et 13 féminines). Comme traditionnellement, et ce d'autant plus en année de Championnat du monde (à Pékin, du 22 au 30 août 2015), le plateau de cet Euro en salle se révèle assez peu riche en vedettes. D'une part, l'athlétisme en salle exclut des épreuves telles que le 200 mètres, le 400 mètres haies ou le relais 4 × 100 mètres, ainsi que les épreuves de fond et la quasi-totalité des lancers, à l'exception du poids. D'autre part, beaucoup des meilleurs athlètes goûtent assez peu les compétitions en salle.Vendredi, les quatre premiers titres de champion d'Europe en salle seront décernés au lancer de poids et au saut en longueur masculin ainsi qu'aux 60 mètres haies hommes et femmes. Le lancer de poids et la longueur masculines ont d'ailleurs bien mal commencé, jeudi, pour la délégation tricolore. Kafétien Gomis a échoué à se qualifier hier pour la finale avec un saut à 7,65 mètres, tandis que les lanceurs Gaëtan Bucki (19,73 m) et Tumatai Dauphin (18,95 m) ont également manqué la finale.Mais c'est au saut à la perche que Renaud Lavillenie a fait vendredi une belle frayeur au public tchèque et au clan français, qui ont bien failli être privés prématurément de la vedette de ces championnats. Le recordman du monde a échoué deux fois à 5,70 mètres avant de franchir cette barre au troisième essai et se qualifier pour la finale de samedi. Une preuve de plus que le saut à la perche reste une épreuve difficile à maîtriser. A noter que Valentin, le frère de Renaud Lavillenie, s'est également qualifié pour la finale.Lavillenie et Schippers en tête d'afficheNon, l'O2 Arena de Prague ne sera pas le lieu d'un duel au sommet entre l'Ukrainien Bonarenko et le Russe Uhkov, codétenteurs du record d'Europe du saut en hauteur avec 2,42 mètres, ni même le théâtre gêné d'un nouveau strip-tease du Français Mahiedine Mekhissi ou bien le public enthousiaste d'un dernier tour de piste dévastateur de l'imprévisible champion français. L'enceinte praguoise ne verra pas non plus les meilleurs sprinteurs européens, puisque ni les Britanniques James Dasaolu (champion d'Europe en titre du 100 m) et Harry Aikines (médaillé de bronze), ni les Français Christophe Lemaitre, toujours réticent à s'aligner sur la distance du 60 m qui ne favorise pas son départ, et Jimmy Vicaut, qui n'en finit plus de se débattre avec des problèmes de blessures, n'ont inscrit la compétition à leur programme.Une fois de plus, le Français Renaud Lavillenie sera l'indiscutable tête d'affiche de ces Championnats d'Europe en salle. Il tentera de remporter à Prague un quatrième titre d'affilée, performance inédite. L'athlète de l'année 2014 ne refuse jamais une compétition et l'occasion offerte d'agrandir son immense palmarès (11 médailles olympique, européennes et mondiales dont 8 en or) : « Je veux faire grandir ma collection de médailles. Je ne suis pas quelqu'un qui s'entraîne pour s'entraîner. J'aime la compétition. Et je ne veux rien laisser à mes adversaires. » Véritable accro aux sautoirs, il est l'un des seuls à pouvoir battre un record du monde, le sien (6,16 m). Au-dessus de la mêlée, il a déjà franchi à quatre reprises cette saison la barre des 6 mètres (6,02 m à Berlin le 14 février). Les Polonais Piotr Lisek et Robert Sobera devraient se partager les restes et en sont réduits à prier pour une éventuelle défaillance du Charentais, défaillance qui a été toute proche vendredi en qualifications.Lire : Dafne Schippers, l'heptathlète devenue reine du sprintChez les femmes, la Néerlandaise Dafne Schippers, double championne d'Europe à Zurich du 100 mètres et du 200 mètres, tentera de confirmer son statut de révélation du sprint. Ses 7 secondes 9 la placent en quatrième position des bilans mondiaux, derrière des pointures comme l'Ivoirienne Ahouré, la Jamaïcaine Burchell ou l'Américaine Bartoletta. Lors de cet Euro, l'heptathlète de formation devra se méfier de la Britannique Dina Asher-Smith et de l'Allemande Verena Sailer.Qui peut détrôner les Russes ?En 33 éditions, la Russie a remporté les dix derniers classements des médailles. A ces dix victoires consécutives, on peut ajouter 13 succès de l'URSS et un de l'équipe unifiée de l'ex-URSS en 1992. Loin derrière, les Allemands l'ont emporté onze fois mais une seule fois en tant que nation unifiée (en 1998, à Valence). La France l'a emporté une fois en 2011 à domicile à Paris-Bercy, à égalité avec les incontournables Russes. La seule autre nation à avoir triomphé de l'ultradomination russe et allemande est la Tchécoslovaquie, en 1984 à Göteborg.Lire aussi : Le rude hiver de l'athlétisme russeOui mais voilà. Si en temps normal, le classement des médailles semble promis à l'athlétisme russe, celui-ci traverse une crise sans précédent. Depuis la diffusion d'un documentaire détonant sur la chaîne allemande ARD, l'omerta du dopage a volé en éclats. Le président de la fédération russe, Valentin Balakhnichev, a démissionné, et l'entraîneur en chef Valentin Maslakov a été limogé. Avec une délégation privée de nombreuses têtes d'affiche, la France ne semble en tout cas pas en mesure d'en profiter. Les chances françaisesEn dehors du cas particulier Lavillenie, les principales chances tricolores se portent sur la championne du monde en salle et la double championne d'Europe, Eloyse Lesueur, tentera de maîtriser sa nouvelle technique du double ciseau pour remporter un nouveau titre au saut en longueur. Au pentathlon, Antoinette Nana-Djimou ne devrait pas être loin d'un nouveau podium européen (déjà 2 en salle). Au 400 m et au 4 × 400 m, Marie Gayot et Floria Gueï auront leur mot à dire même si la Britannique Bundy-Davies paraît au-dessus du lot. Vendredi matin, les deux Françaises se sont qualifiées pour les demi-finales de l'après-midi grâce respectivement au premier et au quatrième chronos.Lire aussi : Floria Gueï, seule en pisteDans l'épreuve du 60 mètres haies, toujours très appréciée des Français, Dimitri Bascou possède une belle marge sur ses adversaires européens (7 s 48). Derrière, à quelques centièmes, c'est son jeune compatriote Wilhem Belocian, recordman du monde junior du 60 m haies et du 110 m haies, qui tient la corde avec un chrono de 7 s 53 réalisé à Aubière lors des derniers Championnats de France en salle. Plus loin, le recordman français du 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde, plus en difficulté sur le 60 m haies, peut tout à fait se mêler à la lutte pour le podium. Vendredi matin, les trois hurdlers ont tous rejoint les demi-finales et pourquoi ne pas rêver à 18 h 55 d'un triplé français en finale. Maslak et Hejnoa, la relève d'un athlétisme tchèque au riche passéL'athlétisme tchèque — et son devancier tchécoslovaque — reste l'une des valeurs sûres du continent européen. S'il n'a plus vraiment son lustre d'antan, les immenses champions tchèques ne manquent pas : le coureur Emil Zatopek, la locomotive tchèque aux quatre titres olympiques (1948 à 1952), le lanceur de javelot Jan Zelezny, toujours détenteur du record du monde de la spécialité (98,48 m en 1996), la coureuse double championne du monde Jarmila Kratochvilova, détentrice du record du monde du 800 m depuis… 1983 (1 min 53 s 28), ainsi que plus près de nous les décathloniens Tomas Dvorak (triple champion du monde de 1997 à 2001) et Roman Sebrle (champion olympique en 2004 et champion du monde en 2007).Cette année à Prague, les deux leaders de l'athlétisme tchèque se nomment Pavel Maslak et Zuzana Hejnova. Le premier est champion d'Europe et du monde en salle du 400 m (2014 à Sopot), la seconde est championne du monde du 400 m haies (2013 à Moscou). En tête des bilans européens, une seconde d'avance sur le deuxième, le Polonais Zalewski, Pavel Maslak n'a pas caché sa confiance en lui : « Ce n'est jamais une obligation de gagner mais je suis assez confiant, explique-t-il au Monde. Je pense qu'il ne devrait pas être difficile de défendre mon titre acquis à Göteborg en 2013, parce que la plupart de mes concurrents ne courent pas en salle. Au-delà de ça, j'aimerais bien montrer quelque chose de spécial ici devant mon public et ma famille qui vont me supporter. »Pour Zuzana Hejnova, les choses sont bien différentes. En l'absence de son épreuve fétiche au programme de la compétition, la championne de 400 mètres haies s'alignera sur 800 mètres et sur le relais 4 × 400 mètres. Elle ne cache pas au Monde que sa participation est due à la perspective de courir à domicile : « Je pense que je n'aurais pas fait la saison indoor si les championnats ne s'étaient pas déroulés en République tchèque. C'est une grande motivation. M'aligner sur 800 m est simplement une expérience, et je n'attends pas de résultats particuliers. » Zuzana Hejnova a déjà les yeux tournés vers les Mondiaux de Pékin et surtout vers Rio en 2016 : « Je me concentre sur la défense de mon titre mondial cette année mais définitivement les JO sont mon objectif principal désormais. »Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.06.2015 à 13h49 Face à une conjoncture économique toujours maussade, la banque centrale chinoise, la PBOC, a annoncé, samedi 27 juin, qu’elle allait réduire ses taux d’intérêt, pour la quatrième fois en l’espace de huit mois, tout en réduisant les ratios de réserves obligatoires pour certaines banques.A partir de dimanche, son taux de prêts à un an sera abaissé de 25 points de base et ramené à 4,85 %, et le taux des dépôts à un an sera également réduit de 25 points de base, à 2 %, a indiqué l’institution sur son site internet.Simultanément, la banque centrale va abaisser de 50 points de base les ratios des réserves obligatoires pour certains établissements financiers : les banques commerciales desservant les régions rurales, et accordant des prêts au secteur agricole et aux petites entreprises. Ces mêmes ratios seront abaissés de 300 points de base pour les firmes financières.Croissance au plus basConfrontée au vif ralentissement de l’activité de la deuxième économie mondiale, la banque centrale a multiplié depuis novembre les assouplissements et les injections de liquidités, avec un succès mitigé. Les indicateurs restent moroses et la conjoncture continue de s’assombrir, sur fond de demande intérieure terne, de net repli des échanges extérieurs et de contraction continue du secteur manufacturier.Les autorités chinoises vantent volontiers leurs efforts pour rééquilibrer le modèle économique chinois – en dopant la consommation, en promouvant une montée en gamme de l’industrie et en développant les services –, mais restent désireuses d’éviter toute décélération brutale de la croissance.La croissance chinoise devrait connaître un ralentissement cette année pour s’établir à 7 %, soit son plus bas niveau depuis un quart de siècle, sous les effets conjugués d’un ralentissement du secteur immobilier, d’une surproduction industrielle et du poids de l’endettement. La croissance chinoise a été de 7,4 % en 2014.Chute des Bourses de Shanghaï et ShenzenLes annonces de la banque centrale interviennent au lendemain d’un plongeon spectaculaire des Bourses chinoises, Shanghaï ayant chuté de 7,4 % tandis que Shenzhen s’effondrait de 7,87 %.Les Bourses chinoises avaient gonflé de quelque 50 % l’an dernier, et leur fulgurant essor s’est poursuivi en 2015 : Shanghaï a grimpé de plus de 55 % entre début janvier et mi-juin, dépassant récemment les 5 000 points pour la première fois en sept ans. Mais depuis leurs sommets atteints il y a deux semaines, la place shanghaïenne a fondu de 18,8 % tandis que Shenzhen a abandonné 20,3 %.Lire aussi :Violents à-coups à la Bourse de Shanghaï Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial) A l’approche de la date butoir du 30 juin pour parvenir à un accord sur le nucléaire iranien, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, est arrivé à Vienne, vendredi 26 juin dans la soirée, où il doit être rejoint, samedi, par Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif. « Sur les sujets majeurs, il y a encore des désaccords importants », a souligné, vendredi, un diplomate occidental. Etat des lieux des trois principaux blocages à surmonter pour arriver à un accord.Les inspectionsLes modalités du régime d’inspections pour s’assurer que l’Iran tient ses engagements constituent le « verrou » de tout futur accord, insiste une source diplomatique. Les Occidentaux veulent que les observateurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’instance de l’ONU qui sera chargée de vérifier l’application d’un accord, puissent avoir accès à tous les sites, y compris militaires. Ce cas de figure est rare mais l’AIEA a déjà conduit de telles missions, notamment au Japon et en Afrique du sud.Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a rejeté à plusieurs reprises de telles demandes, jugeant qu’elles allaient au-delà du protocole additionnel de l’AIEA que l’Iran s’est engagé à ratifier lors de l’accord-cadre de Lausanne, conclu le 2 avril, qui a fixé les principaux paramètres d’un compromis final entre Téhéran et les pays du « P 5+1 », regroupant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne. Ce protocole permet des inspections renforcées sur l’ensemble des lieux où il y a une suspicion d’activité nucléaire. « L’AIEA n’ira pas de façon routinière sur tous les sites militaires mais seulement dans les endroits où il y a des raisons de penser qu’il se passe des choses qui ont besoin d’être relevées », juge une source influente.Pour surmonter ce blocage, les diplomates tentent de négocier, à Vienne, les termes d’un « accès réglementé » aux sites iraniens. Il s’agit, précise un proche du dossier, de définir le périmètre d’action de l’AIEA et la durée du préavis à fournir aux autorités iraniennes avant de se rendre sur un site. « Il faut pouvoir mener des inspections ad hoc dans tous les domaines qui ne sont pas couverts par le protocole additionnel », insiste une source bien informée. Autrement dit, avoir accès à l’ensemble des endroits où sont conduites des recherches nucléaires même s’il n’y a pas d’activité nucléaire à proprement dit sur ces sites. Il est important, note cette source, de définir les mécanismes d’intervention de l’AIEA dans le cadre d’un accord « pour éviter que l’agence ne soit obligée, à l’avenir, de négocier, pied à pied, avec l’Iran chacune de ses missions ».Les sanctionsLa levée des sanctions internationales qui pénalisent durement l’économie iranienne est l’objectif prioritaire de Téhéran. C’est leur impact qui a poussé les Iraniens à reprendre les négociations en 2013, estiment les Occidentaux. « A ce stade, les attentes des uns ne correspondent pas à la disponibilité des autres », observe sobrement un diplomate.En d’autres termes, les pays du « P 5+1 » excluent toute levée immédiate des sanctions en cas d’accord, comme le demande régulièrement le Guide suprême iranien. « Il y aura un séquençage assez fin entre le retrait de certaines sanctions en fonction des gestes de l’Iran », souligne un expert. Parmi ces gestes, dit-il, figurent la mise en œuvre des inspections dans le cadre du protocole additionnel, l’aménagement de la centrale à eau lourde d’Arak, pour s’assurer qu’elle ne puisse pas produire du plutonium de qualité militaire, et des garanties sur les activités menées à Natanz, le plus important site d’enrichissement d’uranium, un combustible indispensable à la fabrication d’une bombe atomique.Même s’il y a un accord, les sanctions ne pourront pas commencer à être levées avant la fin 2015, précise cette source. Auparavant, l’AIEA devra certifier que l’Iran joue le jeu, ce qui prendra plusieurs mois. De plus, tout accord devra être approuvé par le Parlement iranien et sera également soumis à l’approbation du Congrès américain.La dimension militaireC’est l’un des points les plus délicats de la négociation. En novembre 2011, l’AIEA a demandé à l’Iran de fournir des explications sur onze points ayant trait à la possible dimension militaire – dite PDM – du programme nucléaire iranien au début des années 2000. Il s’agit, pour les pays du « P 5+1 » de faire toute la lumière sur les activités de militarisation menées dans le passé par l’Iran. A ce jour, Téhéran n’a répondu qu’à deux des onze points. D’où la demande récurrente de l’AIEA de pouvoir se rendre sur la base militaire de Parchin où l’Iran est soupçonné d’avoir effectué des recherches sur des détonateurs pouvant servir à une bombe nucléaire.Un accord final, souligne un proche du dossier, devra autoriser l’accès « aux personnes, aux sites et aux documents » relatifs à cette possible dimension militaire. « La vérification sur la PDM est désagréable pour les Iraniens car cela consiste à venir renifler chez eux, relève un diplomate occidental. On ne demande pas aux Iraniens de se confesser, mais si on veut coopérer à l’avenir, il faut savoir ce qui a été fait. »Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.06.2015 à 11h22 • Mis à jour le27.06.2015 à 13h50 Après plusieurs dizaines d’heures de combats, les combattants des unités de protection du peuple kurde (YPG), principale force kurde syrienne, ont chassé de la ville kurde de Kobané les djihadistes de l’Etat islamique (EI).« Les combattants kurdes ont repris le contrôle de certains points dont l’EI s’était emparé », a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le militant kurde Roudi Mohammad a indiqué que « les YPG ont repris le contrôle de toute la ville », faisant état de nombreux morts dans les rangs de l’EI. « Les YPG ont fait exploser un lycée, dernier endroit où des combattants de l’EI s’étaient retranchés », a précisé l’OSDH, organisation sise en Grande-Bretagne.Au moins 200 civils tuésAu moins 200 civils ont été tuées par l’EI à Kobané depuis le début, jeudi, de l’attaque surprise sur la ville, indique l’OSDH. L’attaque inattendue de l’EI est, selon des analystes, une « vengeance » et une « opération de diversion » de la part des djihadistes qui ont subi une série de défaites ces derniers jours face aux YPG dans le nord de la Syrie.Selon l’OSDH, « les YPG et les assayech [la police kurde] ratissent la ville à la recherche de djihadistes qui se seraient cachés » après leur retraite. Après avoir pris aux djihadistes Tall Abyad, ville frontalière de la Turquie, les forces kurdes se trouvent en effet à seulement 56 km au nord de Rakka, principal fief de l’EI en Syrie.Lire aussi :A Kobané, la vengeance des djihadistes 27.06.2015 à 08h30 • Mis à jour le27.06.2015 à 12h05 Un chef d’entreprise décapité dans un attentat dans le sud-est de la France, 38 morts dans une fusillade dans un hôtel tunisien, plus de 150 civils tués à Kobané, des dizaines de morts dans l’attaque d’une mosquée au Koweït, des dizaines d’autres sur une base en Somalie : le deuxième vendredi du ramadan a été marqué par une flambée de violences portant la marque des djihadistes.Cette vague meurtrière survient trois jours après un appel de l’Etat islamique (EI), qui combat en Irak et en Syrie, incitant les musulmans dans le monde à engager la guerre sainte contre les « mécréants » durant le ramadan, qui a commencé le 17 juin. Mais rien n’indique pour l’heure que les attaques de vendredi aient été coordonnées.Attentat islamiste à Saint-Quentin-FallavierEn France, près de six mois après les attentats sanglants de Paris, un homme est mort décapité dans un attentat djihadiste contre une usine de gaz industriels du groupe américain Air Products à Saint-Quentin-Fallavier, près de Lyon. C’est la première fois qu’une décapitation a lieu en France lors d’une attaque terroriste, une pratique en revanche fréquente en Syrie et en Irak pour l’EI. L’assaillant, identifié comme Yassin Salhi, 35 ans, connu pour ses « liens avec la mouvance salafiste », qui regroupe les musulmans sunnites radicaux, serait arrivé dans une voiture bénéficiant d’un agrément pour accéder à l’usine, classée sensible, avant de foncer sur des bonbonnes des gaz stockées en masse. Une « énorme explosion », selon un riverain, s’est alors produite.Selon des images de vidéosurveillance, l’homme avait préalablement signé une macabre mise en scène, en accrochant sur le grillage extérieur la tête de son employeur, entourée de drapeaux islamistes. Les pompiers dépêchés sur place l’ont ensuite maîtrisé, avant de le remettre aux autorités.Un nouveau conseil restreint présidé par François Hollande se tiendra samedi à 11 heures. Le premier ministre, Manuel Valls, qui a écourté sa visite en Amérique du Sud, sera présent lors de ce deuxième conseil, qui réunira également les ministres Laurent Fabius (affaires étrangères), Christiane Taubira (justice), Jean-Yves Le Drian (défense) et Bernard Cazeneuve (intérieur), a précisé la présidence de la République. La société française, dont la résistance est « mise à l’épreuve » par le nouvel attentat « ignoble » et « préoccupant » commis en Isère, doit « être forte sur ses valeurs », a appelé samedi Manuel Valls, assurant que son gouvernement réagirait « avec sang-froid ».Lire aussi :Attentat en Isère : un corps décapité, trois personnes en garde à vuelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2vkgvz"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2vkgvz", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Les touristes pris pour cible à SousseL’EI a revendiqué l’attentat de vendredi contre un hôtel de Sousse, ville touristique sur le golfe d’Hammamet, qui a fait 38 morts, en majorité des Britanniques, une attaque menée par un homme qui avait caché son arme dans un parasol. Le premier ministre tunisien a annoncé la présence de Français parmi les victimes, ce que le Quai d’Orsay, à Paris, n’a pas confirmé.Selon le ministère de l’intérieur tunisien, un homme armé « s’est infiltré par l’arrière de l’hôtel et a ouvert le feu ». Selon les autorités, l’auteur présumé de l’attentat se nomme Seifeddine Rezgui, un jeune Tunisien né en 1992, originaire de Gaafour mais étudiant à Kairouan. Il a ensuite été abattu. Des centaines de touristes étrangers ont été amenés en bus à l’aéroport d’Enfidha, situé à mi-chemin entre Tunis et Sousse, pour être évacués de Tunisie dans la nuit de vendredi à samedi. Treize vols étaient affichés au départ de cet aéroport durant la nuit, notamment à destination de Londres, Manchester, Amsterdam, Bruxelles et Saint-Pétersbourg.Lire aussi :Le terrorisme frappe à nouveau la TunisieLire aussi :Tunisie : « C'est à la deuxième rafale que les gens ont compris »A Kobané, la vengeance de l’EIAu moins 164 civils ont été tués par l’EI à Kobané depuis le début, jeudi, d’une attaque surprise contre cette ville syrienne kurde frontalière de la Turquie.La situation restait très tendue vendredi à Kobané, où des djihadistes étaient retranchés dans des immeubles et utilisaient des civils comme boucliers humains, ont indiqué des militants et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), organisation sise en Grande-Bretagne. « Il y aurait au moins 70 civils pris en otage », a précisé Mostafa Ali, un journaliste originaire de Kobané qui se trouve aux abords de la ville. Les combattants kurdes « encerclent les immeubles mais n’osent pas tirer pour ne pas mettre en péril la vie des civils ». L’EI avait subi à Kobané en janvier son premier revers depuis le début de son expansion en Syrie. L’essentiel de ses combattants se trouvaient vendredi soir dans et autour d’une école du sud-ouest de la ville. L’OSDH a indiqué que les YPG ont fait exploser l’établissement samedi matin.Lire aussi :A Kobané, un des « pires massacres » de l’Etat islamiqueLes chiites pris pour cible à Koweït City par l’EIAu Koweït, un attentat anti-chiite revendiqué par l’EI a visé une mosquée de la capitale, faisant 27 morts et 222 blessés, selon un bilan officiel.C’est la première attaque ciblant un lieu de prière fréquenté par des chiites dans ce riche émirat pétrolier à majorité sunnite. L’EI, également sunnite et qui considère les chiites comme des hérétiques, a rapidement endossé la responsabilité de l’attentat mené pendant la grande prière dans la mosquée Al-Imam Al-Sadeq à Koweït City.Lire aussi :Koweït : au moins 27 morts dans un attentat à la bombe revendiqué par l’Etat islamiqueL’Union africaine attaquée par les ChababEn Somalie, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Mogadiscio, des dizaines de soldats ont été tués dans l’attaque par les islamistes chabab d’une base de la force de l’Union africaine (UA) à Lego, tenue par un contingent de l’armée burundaise, ont affirmé des témoins.« Les combats ont été les plus violents jamais observés dans la zone, les combattants chabab ont pris complètement le contrôle de la base et tué de nombreux soldats », a déclaré un chef local.Lire aussi :Une attaque de Chabab tue des dizaines de soldats en Somalie 27.06.2015 à 05h27 • Mis à jour le27.06.2015 à 14h22 Quelques heures après l’attaque qui a fait 38 morts dans un hôtel de la région, des centaines de touristes étaient amenés en bus à l’aéroport d’Enfidha pour être évacués de Tunisie, dans la nuit de vendredi 26 au samedi 27 juin.Lire aussi :Le terrorisme frappe à nouveau la TunisieDans la nuit, 13 vols étaient affichés durant la nuit au départ de cet aéroport, situé à mi-chemin entre Tunis et Sousse, notamment à destination de Londres, Manchester, Amsterdam, Bruxelles et Saint-Pétersbourg. La plupart des vols étaient affrétés par le tour-opérateur Thomson, qui a annoncé samedi l’envoi de dix avions en Tunisie pour rapatrier environ 2 500 touristes britanniques.Le voyagiste belge Jetair affrète également dix avions, de telle sorte que, d’ici samedi soir, 2 000 clients auront été rapatriés en Belgique.Le tourisme déjà en berneUn couple de Britanniques arrivé mercredi à Sousse, interrogé par l’AFP, a indiqué que l’organisateur de leur voyage leur a dit « de rentrer ». « Nous avons peur, l’endroit n’est pas sûr », a dit un autre jeune homme, prénommé Leon et originaire du Pays de Galles.Le bilan de l’attaque contre l’hôtel Riu Imperial Marhaba à Port El-Kantaoui, à 140 km au sud de Tunis et près de la station balnéaire de Sousse, s’est établi dans la soirée à 38 morts, la « plupart » britanniques selon le premier ministre Habib Essid.Cet attentat, le pire de l’histoire récente de la Tunisie, a été revendiqué par l’organisation Etat islamique vendredi soir et survient trois mois après l’attaque sanglante contre le musée du Bardo à Tunis (22 morts dont 21 touristes), qui avait déjà été revendiquée par l’EI et porté un coup au secteur vital du tourisme.Lire :L’EI revendique l’attaque de Sousse, en Tunisie 27.06.2015 à 02h05 • Mis à jour le27.06.2015 à 14h16 L’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 juin l’attaque meurtrière perpétrée dans un hôtel en bord de mer près de Sousse, en Tunisie, qui a fait au moins 38 morts vendredi.Lire :Le terrorisme frappe à nouveau la TunisieSur un de ses comptes Twitter officiels, l’organisation terroriste indique que l’attaque a été commise par Abou Yihya Al-Kairouni, qui « a atteint sa cible, l’hôtel Imperial, en dépit des mesures de sécurité ». Le communiqué ajoute qu’il s’agit d’une attaque menée contre un « bordel » et que « 40 infidèles » ont péri. Des touristes belges, allemands et britanniques figurent parmi les victimes.Etat d’alerte maximale La Tunisie est en état d’alerte maximale depuis l’attentat déjà revendiqué par l’EI contre le musée du Bardo, à Tunis, qui a fait 22 morts, dont 21 touristes étrangers, en mars dernier.Lire aussi :Tunisie : « C'est à la deuxième rafale que les gens ont compris »La ville balnéaire de Sousse, à 140 km au sud de Tunis, est l’une des destinations préférées des touristes, qui ont été 6 millions à visiter la Tunisie l’an dernier, en grande majorité des Européens.L’organisation extrémiste sunnite a également revendiqué l’attentat-suicide commis vendredi contre une mosquée chiite de la ville de Koweït qui a fait 27 morts et 227 blessés.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2vjmyr"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2vjmyr", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Gilles Paris (Washington, correspondant) L’expression emprunte à l’argot militaire et remonte à la Somalie : mission creep. Elle revient avec insistance à chaque fois que l’administration de Barack Obama annonce de nouveaux renforts en Irak. La formule renvoie à la dérive d’une intervention militaire en dehors de son cadre initial, une fuite en avant dont le prix politique est généralement particulièrement élevé. Cette crainte de perte de contrôle est profondément ancrée dans la réflexion du président des États-Unis, toujours très réticent à se saisir de l’outil militaire. Elle est renforcée dans le cas de l’Irak par le fait que l’homme qui avait mené à son terme le retrait militaire américain, en décembre 2011, est aujourd’hui contraint à redéployer des troupes sur le même théâtre d’opérations.EffectifsA la veille de l’offensive victorieuse des djihadistes de l’Etat islamique à Mossoul, en juin 2014, la présence militaire américaine se limitait à environ 250 hommes, chargés de la sécurité de l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad et de son antenne à Erbil, dans le Kurdistan irakien. Le 16 juin, alors que l’Etat islamique menaçait l’aéroport de Bagdad, ces effectifs ont été doublés, puis augmentés de 300 conseillers militaires. La poussée djihadiste contre Erbil, début août, a encore entraîné l’envoi de 130 hommes pour défendre les installations diplomatiques.En septembre, 350 conseillers militaires supplémentaires ont été envoyés en Irak, portant le total des effectifs américains à 1 500 hommes. Un chiffre qui a été doublé en novembre. L’envoi des 450 hommes annoncé le 10 juin fait qu’à terme 3 500 soldats américains seront présents sur le terrain.MissionM. Obama a exclu jusqu’à présent l’envoi de troupes combattantes au sol (« No boots on the ground »). L’effort de guerre est assuré pour l’instant par des bombardements aériens organisés à partir des bases et des porte-avions américains présents dans le Golfe. Le président n’est pas hostile à des raids ponctuels des forces spéciales, comme en mai en Syrie, mais il s’oppose à ce que des soldats soient déployés au sol pour guider les frappes aériennes. Les soldats présents en Irak sont donc cantonnés à la protection des installations diplomatiques américaines et à la formation des bataillons de l’armée irakienne chargés de la contre-offensive face à l’Etat islamique.Cette stratégie suscite de vives critiques, républicaines comme démocrates. Les déploiements sont jugés à la fois trop modestes et trop tardifs compte tenu de l’état de désorganisation de l’armée irakienne. Le veto de M. Obama contre la présence de forces combattantes au sol bride l’armée américaine, selon ces mêmes critiques. Enfin, la Syrie reste une base de repli commode pour les djihadistes faute d’alliés au sol pour les Etats-Unis. LocalisationLes soldats américains ont été initialement déployés à Bagdad et à Erbil. Les renforts annoncés le 10 juin seront cependant déployés dans la base d’Al-Takaddum, dans la province d’Al-Anbar, à l’ouest de Bagdad, sur le modèle d’un déploiement précédent dans la base Al-Asad. Les Etats-Unis souhaitent en effet reprendre pied dans ce bastion sunnite négligé par les autorités chiites en place à Bagdad et qui constitue une cible de choix pour l’Etat islamique. Les Etats-Unis s’étaient déjà appuyés par le passé sur les tribus sunnites de cette province pour lutter contre les djihadistes d’Al-Qaida, dont l’Etat islamique est un avatar.ComparaisonAvec 3 500 hommes sur place, les effectifs américains restent négligeables par rapport aux 150 000 hommes présents de 2003 à 2006. Un chiffre qui avait même culminé à 170 000 soldats en novembre 2007 au moment du surge (« renfort ») décidé par le président George W. Bush pour stabiliser un pays miné par les violences intercommunautaires, exacerbées par Al-Qaida. Ces effectifs avaient ensuite été réduits à 40 000 en 2010, un an avant le retrait.Les budgets en jeu sont également très différents. En novembre 2014, l’administration américaine a demandé au Congrès 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) pour financer ses opérations en Irak. C’est beaucoup moins que la soixantaine de milliards de dollars nécessaires annuellement au plus fort de l’intervention américaine, il y a presque une décennie.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.06.2015 à 15h27 • Mis à jour le12.06.2015 à 17h56 | Pierre Breteau et Alexandre Pouchard La 63e réunion annuelle du très discret groupe Bilderberg a débuté, jeudi 11 juin, dans un hôtel de luxe des Alpes autrichiennes. Les 131 participants issus du monde économique, politique, universitaire ou médiatique débattent entre eux de la situation économique et géopolitique du monde, en évoquant notamment des sujets comme le terrorisme, l’économie grecque, l’Iran ou la Russie. Découverte de ce forum annuel à huis clos qui alimente de nombreux fantasmes. Qu’est-ce que ce groupe ?Le groupe Bilderberg est un forum annuel de discussions entre des personnalités d’horizons divers : elles sont principalement issues du milieu économique (patrons et représentants de grands groupes, de fonds d’investissement, etc.), mais appartiennent également aux milieux politique, universitaire ou encore médiatique.Il a été créé en 1954 dans l’hôtel « De Bilderberg », à Oosterbeek, dans le centre des Pays-Bas. C’est le prince Bernhard des Pays-Bas qui en est à l’origine, il voulait « favoriser le dialogue entre l’Europe et l’Amérique du Nord », alors que l’antiaméricanisme se développait sur le Vieux Continent en pleine guerre froide. Des responsables politiques, militaires et économiques se sont alors réunis pour des discussions informelles et, devant le succès du forum, l’initiative a été instaurée chaque année.Les thèmes des discussions varient à chaque nouvelle édition. Cette année, sans grande surprise, des sujets comme le terrorisme, la cybersécurité, le Moyen-Orient, l’Iran ou la Grèce sont au menu des discussions, des thèmes plus politiques comme les élections américaines, la « stratégie européenne » ou encore l’OTAN et la Russie. A quelques mois de la cruciale conférence de Paris sur le climat (COP21), l’environnement n’y apparaît pas.Le groupe n’a aucun pouvoir institutionnel et ne formule officiellement aucune recommandation. Qui y participe ?Un comité directeur de 34 personnesLe groupe Bilderberg ne compte aucun membre permanent, mais seulement un « comité directeur » constitué de 34 personnes et élu pour quatre ans par ses anciens membres. Leurs principales missions sont de déterminer le programme de la prochaine conférence, ainsi que l’établissement de la liste des invités – en consultant les invités de chaque session sur les personnalités qui « émergeraient » dans leur pays. Actuellement, c’est le Français Henri de Castries, PDG du groupe d’assurance AXA, qui préside ce comité directeur où 19 nationalités sont représentées – les Américains y sont largement majoritaires avec 11 membres. Le monde économique largement majoritaireLes grands patrons ou représentants de grands groupes mondiaux sont largement majoritaires parmi les participants du groupe Bilderberg. Lors de l’édition 2015, ils constituent plus de la moitié des 131 invités (68), suivis des responsables politiques (26) – cette année, on trouve notamment la reine Beatrix des Pays-Bas, le premier ministre belge, Charles Michel, le président autrichien, Heinz Fischer, ou encore la ministre de la défense allemande, Ursula Von der Leyen. Un forum occidental plus que mondialHormis les membres du comité directeur, les invités de la conférence changent chaque année et sont triés sur le volet. De fait, ce n’est pas un forum mondial mais un forum occidental. Les Américains sont chaque année les plus représentés : sur les 131 participants du cru 2015, ils sont 34, devant les Britanniques (12) et les Français (10). Etonnamment, on ne compte aucun ressortissant chinois, pourtant deuxième puissance mondiale – ils étaient deux l’an dernier et déjà absents en 2013. De la même façon, aucun Japonais (3e puissance mondiale) ou Indien (8e) n’a assisté au forum lors des six dernières éditions. #container_14340302326{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14340302326{ height:500px; } #container_14340302326 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14340302326 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14340302326 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14340302326 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La France, 3e nation la plus représentée au groupe BilderbergOn compte 10 Français parmi la liste 2015 des invités du forum, contre 34 Américains, 12 Britanniques... et aucun Chinois. Le graphique ci-dessous mentionne les 15 pays les plus représentés.Source : Groupe Bilderberg(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ 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Le groupe Bilderberg alimente de nombreux fantasmes. Certains y voient un groupe de « maîtres du monde » décidant en petit comité du sort de la planète. La principale raison tient à la confidentialité des débats : contrairement au forum économique de Davos, qui se tient chaque début d’année en Suisse, la presse y est tenue à l’écart, sauf des responsables de groupes médiatiques invités par le comité directeur et quelques journalistes chargés de rédiger des comptes-rendus des discussions qui restent confidentiels. Les participants sont tenus de rester dans l’hôtel pendant deux jours et ne peuvent être accompagnés ni de leurs conjoints ni d’assistants.Le groupe défend le « caractère privé de la conférence », qui permet, selon lui, « aux participants de ne pas être liés par les conventions de leurs fonctions, ni pas des positions sur lesquelles on se serait entendus à l’avance ». Autrement dit, par exemple, la parole d’un ministre n’engage pas son gouvernement et elle n’est pas forcément restreinte par la position officielle de son pays.La suspicion à l’égard du groupe Bilderberg est notamment alimentée par des livres comme Les Maîtres du monde, essai de l’Espagnol Luis M. Gonzalez-Mata publié en 1979, ou La véritable histoire du groupe Bilderberg, de Daniel Estulin. Ils y décrivent notamment un groupe opaque où se serait décidé un « nouvel ordre mondial » par le jeu de soutiens ou d’oppositions à des gouvernements, de décision de coups d’Etat… Mais rien n’a jusqu’à maintenant permis d’étayer l’influence réelle de ce groupe, notamment comparé à d’autres espaces d’échanges informels (comme le forum de Davos) ou officiels (comme le G7, G8 ou G20) – qui intègrent, eux, les pays émergents.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) La Cour constitutionnelle belge a adopté, jeudi 11 juin, un arrêt qualifié d’« historique », qui annule une loi de juillet 2013 sur la conservation des données liées à des communications électroniques et téléphoniques. Pour les juges belges, ces dispositions, discriminatoires et contraires aux principes d’égalité, violent la vie privée des citoyens et le secret de certaines professions.La loi, adoptée par le gouvernement belge et entrée en vigueur depuis l’automne dernier, obligeait les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et les opérateurs de téléphonie – mobile et fixe – à conserver durant douze mois toutes les métadonnées (origine et destination des courriels, date et identité des sites visités, localisation et identification des appareils, etc.). L’obligation ne s’appliquait pas, en revanche, au contenu des communications.Les opérateurs avaient dû constituer des services spéciaux, chargés de répondre aux demandes de la police, des parquets ou des juges d’instruction. La sûreté de l’Etat et les services de renseignement militaires pouvaient également réclamer des informations.Directive européenne trop largeLe texte transposait en fait – en étendant son champ d’action – une directive européenne de 2006, cassée par la Cour de justice de Luxembourg, qui avait estimé que ces dispositions axées sur la lutte antiterroriste bafouaient les droits à la protection de la vie privée et à la protection des données, « sans limitation au strict nécessaire ». Les juges de Luxembourg avaient surtout mis en évidence le manque de garanties quant à l’encadrement de l’accès aux données.C’est en se fondant notamment sur cet arrêt de la Cour européenne que la Ligue des droits de l’homme belge et l’Ordre des barreaux francophones et germanophone de Belgique ont introduit un recours. Les avocats insistaient sur la mise en cause de leur secret professionnel, à la base de leurs relations avec leurs clients.Les juges constitutionnels ont donné raison aux plaignants, en relevant notamment que le texte du gouvernement ne liait pas la conservation des donnés à une quelconque menace pour la sécurité publique.Comparaison avec la loi sur le renseignement françaiseLe président de la Ligue des droits de l’homme, Me Alexis Deswaef, a dit espérer que cet arrêt aura l’effet d’un « électrochoc » pour le gouvernement. Son confrère Jean-François Henrotte, représentant des barreaux, souligne, dans le quotidien Le Soir, que « la plupart des Etats européens ont abandonné la mise en place de législations de ce type ». Toutefois, « on observe l’effet inverse en France, avec l’adoption d’une loi sur le renseignement, mais il faut replacer tout cela dans le contexte des récents attentats », nuance l’avocat.Lire aussi :Après un débat focalisé sur le terrorisme, le Sénat vote largement la loi sur le renseignementDu côté de la police et de la justice, les réactions de dépit sont nombreuses. Les spécialistes prédisent des enquêtes plus longues et plus complexes. Philippe Van Linthout, coprésident de l’Association des juges d’instruction, estime que les garanties offertes par la loi pour éviter les abus étaient suffisantes et pouvaient entraîner des sanctions.L’arrêt a visiblement eu l’effet d’une douche froide pour le gouvernement du libéral Charles Michel. Les ministres de la justice, de l’agenda numérique et de la vie privée promettaient d’examiner attentivement la décision de la Cour avant de proposer, le cas échéant, un nouveau texte, négocié dans le cadre du Parlement du Benelux.Lire aussi :Le Conseil constitutionnel se prononcera sur l’accès administratif aux données de connexionJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Elise Vincent La nouvelle de l’interpellation, le 3 juin, d’une avocate prometteuse du barreau de Paris, s’est répandue comme une traînée de poudre dans le petit milieu des pénalistes parisiens. Qui aurait cru que la jeune femme de 31 ans, bosseuse passionnée, collaboratrice impliquée, se retrouve ainsi incarcérée à la maison d’arrêt de Versailles, parce que soupçonnée d’avoir joué un rôle dans l’évasion ratée d’une prison belge de son client, un gros caïd ?Le placement en détention de la jeune avocate et son extradition programmée vers la Belgique sont une situation relativement exceptionnelle. Une extradition confirmée, jeudi 11 juin, par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles. Le cas est tellement rare que le bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur, très ennuyé, envoie sa position par SMS aux journalistes qui en font la demande : « J’ai demandé des informations complètes sur les conditions de la mise en cause de cette avocate pour réagir immédiatement, afin de la soutenir si elle était abusivement poursuivie, ou de prendre toutes les mesures disciplinaires qui s’imposeraient si elle n’avait pas respecté les exigences de ses obligations déontologiques. »Le club des femmes pénalistes a, lui, glissé un message de soutien plus direct sur sa page Facebook : « Nos pensées vont vers notre jeune consœur, présumée innocente, incarcérée sur mandat d’arrêt européen. Sans connaître le fond du dossier, on ne peut malgré tout que s’interroger sur le bien-fondé du choix d’une procédure si violente à l’égard de quelqu’un présentant toutes les garanties de représentation. » Une opinion partagée, en privé, par bon nombre des confrères de sa génération qui débutent et courent également les prisons pour se faire leur clientèle : « Ça pourrait nous arriver à tous », glisse l’un d’eux.Un rendez-vous tardif au parloirC’est pourtant bien la jeune avocate que les policiers de l’Office central de lutte contre le crime organisé (Oclco) ont arrêtée, le 3 juin, ainsi que trois autres personnes – l’une d’elles a été remise en liberté depuis –, dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen émis par un juge belge. On lui reproche d’avoir eu rendez-vous, un dimanche d’avril 2014, à une heure tardive (vers 20 heures), au parloir de la prison de Saint-Gilles, en Belgique, trois jours avant l’extradition prévue vers la France de son client : Mohamed Benabdelhak, dit le « Bombé ». Un délinquant aguerri originaire d’une cité du plateau de Creil (Oise), passé à la postérité pour une spectaculaire évasion, en 2008. Un commando armé de kalachnikovs avait attaqué le fourgon de gendarmerie qui le conduisait devant un juge d’instruction de Beauvais. S’en étaient suivis six ans de cavale.Or ce dimanche 13 avril 2014, à l’heure du rendez-vous de la jeune avocate dans l’enceinte de Saint-Gilles, quatre individus équipés de brassards « police » sont installés au volant d’une camionnette et d’un véhicule avec gyrophare. Ils se présentent à l’entrée de la prison belge en espérant obtenir l’ouverture des portes. En vain. Les véhicules font alors une violente marche arrière pour fracturer l’entrée. Armés de fusils d’assaut, les visages dissimulés, les quatre hommes s’introduisent jusque dans la salle des visiteurs avant d’être bloqués par un sas et le déclenchement de l’alarme.La fuite du véhicule est tout aussi spectaculaire. Une course-poursuite s’engage avec les forces de l’ordre sur le périphérique bruxellois. Les malfaiteurs tirent sur la police, plusieurs balles touchent les voitures d’autres automobilistes, mais la fusillade ne fait aucune victime. Autant dire que les autorités belges avaient à cœur de mettre la main sur d’éventuels complices. Un an de coopération entre l’Oclco et les policiers belges aura été nécessaire.« Elle a été piégée »La jeune femme était-elle au courant de ce qui se tramait ? S’est-elle rendue à dessein au parloir, dans une zone d’où il est plus facile de s’échapper ? Ou son envie de montrer son implication à un gros client potentiel a-elle endormi sa méfiance ? A-t-elle été manipulée par son « apporteur d’affaires », un voyou français dont elle a été très proche, ami revendiqué du « Bombé », et interpellé en même temps qu’elle ? Me David Marais, son avocat, répète à l’envi : « Ma consœur est innocente, le dossier le démontrera. Elle a été piégée. Je veux qu’elle puisse revenir la tête haute, sans avoir à baisser les yeux devant les confrères au palais. » L’un des avocats de longue date de Mohamed Benabdelhak, Hugues Vigier, lui, rappelle que son client a toujours farouchement nié que la tentative d’évasion le visait, même si les enquêteurs sont persuadés du contraire. Peu de temps après les faits, les policiers avaient retrouvé un téléphone caché dans sa cellule. Le contenu des SMS échangés « ne laissait aucun doute », selon eux, sur son envie de retrouver l’air libre. Me Vigier se dit par ailleurs sceptique sur les mauvaises intentions prêtées à sa consœur par la justice belge : « Si elle avait vraiment su que quelque chose se préparait en se rendant au parloir, cela signifie qu’elle avait la certitude d’avoir des ennuis ! »La jeune avocate parisienne a accepté, jeudi 11 juin, d’être extradée vers la Belgique. Seul son « apporteur d’affaires » a réclamé pour l’instant l’annulation de l’extradition. Selon son avocat, Me Hervé Denis, il « nie toute implication » dans la tentative d’évasion et doit encore être jugé, en octobre, dans une autre affaire par la cour d’appel de Paris. Une stratégie inverse à celle de la jeune femme qui espère, elle, être entendue le plus vite possible par la justice belge afin de « lever tous les malentendus ».Elise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Ghalia Kadiri L’Etat islamique poursuit sa redoutable opération marketing et lance Konstantiniyye, un magazine mensuel en turc, également disponible gratuitement en ligne. Le premier numéro est paru le jour de la date d’anniversaire de la conquête de Constantinople par les Ottomans, le 29 mai 1453, fêté en grande pompe en Turquie.Konstantiniyye n’est pas le premier instrument d’une propagande soigneusement mise en scène par l’Etat islamique. Sa revue en arabe, Dabiq, lancée en 2014, a ensuite été déclinée en anglais, en russe et dans une version française dénommée Dar Al-Islam. L’organisation terroriste se sert de son puissant organe de communication, l’éditeur Al-Hayat Media, pour relayer ses idées dans le monde et in fine recruter ses prochains combattants.Avec 46 pages en couleur, illustrées de photos des plus beaux monuments stambouliotes, Konstantiniyye rassemble tous les codes d’un magazine traditionnel. Son contenu, en revanche, propose une autre vision de la Turquie. On y trouve des articles encourageant la destruction des idoles et des analyses critiquant vivement la démocratie. À la page 41, une photo du caricaturiste français Luz vient alimenter la propagande anti-Charlie Hebdo. « En Turquie, le public est réceptif à ce genre de discours », estime Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste du Moyen-Orient. Le 16 janvier, une manifestation de soutien aux frères Kouachi avait réuni une centaine de personnes devant la mosquée Fatih à Istanbul. L’EI renforce son réseau multinationalRevendiquant sa dimension populaire et globale, le magazine souligne dans un éditorial sa volonté de faciliter l’accès pour les Turcs aux « informations, articles et vidéos » publiés par l’Etat islamique. Selon Wassim Nasr, « cette revue s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie des djihadistes de l’Etat islamique : utiliser la communication comme outil de recrutement ». En déclinant ses publications dans plusieurs langues, le « califat » vise un public plus large et mondialisé. L’organisation a progressivement élargi son champ de propagande aux populations occidentales anglophones et francophones, puis russophones. L’appel au djihad se propage désormais en Turquie, en Asie centrale et en Asie du Sud, où le calife autoproclamé, Abou Bakr Al-Baghdadi, a notamment fait traduire son discours en bengali. L’Etat islamique a en outre diffusé en juin sur Internet une vidéo à destination des Balkans, prônant une conquête de l’Europe du Sud par les « armées de l’islam ». A travers ses propres canaux médiatiques, l’EI parvient ainsi à s’adapter aux populations locales pour recruter des djihadistes.Lire aussi : Clips, Facebook, Twitter… l’EI, une com' moderne au service du djihadEn publiant une revue en turc, l’Etat islamique manifeste d’autant son désir d’expansion en Anatolie. Dans un article intitulé « Immigration », l’organisation enjoint formellement les musulmans de Turquie à gagner les territoires du « califat ». Ingénieurs, professeurs et soldats sont invités à émigrer vers l’Etat islamique. « Ils recrutent massivement et à tous les niveaux, y compris des Kurdes et des Turkmènes d’Irak », ajoute Wassim Nasr. En mai, un rapport de l’ONU a recensé au moins 1 300 Turcs répartis dans des groupes djihadistes dans le monde.Une conquête idéologiqueKonstantiniyye ne reconnaît pas la prise d’Istanbul par le Sultan Mehmet II en 1453 et appelle à une « vraie » conquête de Constantinople, « sans guerre ni sang ». Cette fois, l’Etat islamique n’incite pas ses sympathisants à prendre les armes mais à s’emparer de la cité d’Istanbul par une action spirituelle. « La conquête de Constantinople est un objectif symbolique que l’EI n’a jamais caché, poursuit le spécialiste. L’organisation vise idéologiquement la Turquie mais ce n’est pas une déclaration de guerre ».En ne proférant aucune menace directe contre la sécurité de la Turquie, l’Etat islamique fait finalement fait passer un message explicite : « Si vous ne vous mêlez pas de nos affaires, nous ne nous mêlerons pas des vôtres tant que vous ne devenez pas des apostats ». Mais la récente défaite électorale des islamo-conservateurs du parti AKP de Recep Tayyip Erdogan pourrait mettre à mal une sorte de « pacte de non-agression » informel entre la Turquie et l’Etat islamique dénoncé notamment par certains laïques et Kurdes.Lire aussi :En Turquie, Erdogan est obligé de trouver des alliésGhalia Kadiri 12.06.2015 à 11h35 • Mis à jour le12.06.2015 à 15h00 | Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) Dix ans après la sortie du « rapport Zeid » qui explorait des mesures concrètes pour éliminer les cas d’exploitations sexuelles dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, rien n’a changé ou presque. « Des casques bleus ont échangé de l’argent, des bijoux, du parfum, des téléphones contre des faveurs sexuelles », note un rapport du bureau des enquêtes internes de l’ONU, à paraître la semaine prochaine. Le code de conduite de l’organisation prohibe pourtant strictement les rapports sexuels en échange de nourriture, d’argent ou de tout autre bien matériel. L’institution réprouve par ailleurs fermement depuis 2003 les relations sexuelles entre les casques bleus et les populations qu’ils sont censés protéger, sans pour autant les interdire, ce qui laisse une marge d’interprétation aux soldats déployés sur le terrain.Or, le rapport note que deux opérations de maintien de la paix en Haïti (Minustah) et au Liberia (Minul) « démontrent que ces échanges à caractère sexuels sont répandus, sous-estimés et pas assez dénoncés. » Selon le document, 231 femmes haïtiennes ont indiqué avoir eu des relations sexuelles avec des casques bleus en échange de biens matériels. Le rapport note que les conditions qui encouragent ce type d’exploitation sont « la faim et la pénurie de produits de première nécessité et de médicaments ». Seulement sept femmes avaient connaissance de la politique de « tolérance zéro » des Nations unies sur les abus sexuels. Et aucune ne connaissait l’existence d’une ligne téléphonique pour dénoncer de tels abus.« Naming and shaming »D’après une autre enquête menée à Monrovia (Liberia) auprès d’un échantillon de 489 femmes âgées de 18 à 30 ans en 2012, « plus d’un quart (…) avaient procédé à des transactions sexuelles avec les casques bleus, généralement pour de l’argent. » Le rapport estime par ailleurs que le nombre de préservatifs distribués pour éviter les risques d’infection au VIH laisse penser « que les relations sexuelles entre les casques bleus et la population locale sont très répandues ».Entre 2008 et 2013, 480 cas d’abus ou d’exploitations sexuelles ont été recensés au sein des Nations unies, et un tiers de ces cas implique des mineurs. Pour la première fois dans un rapport, le bureau des enquêtes internes pratique la politique du « naming and shaming » qui consiste à nommer et dénoncer les pays dont les ressortissants se sont rendus coupables de tels actes. Quatre pays sont particulièrement concernés : le Pakistan, l’Uruguay, l’Afrique du Sud, et le Nigeria. Ces accusations visent en premier lieu les militaires. Mais les civils (17 % du personnel des missions), représentent 33 % des accusations.« Malgré une baisse continue du nombre de plaintes, qui s’explique en partie par une sous-estimation du nombre de cas, l’efficacité de la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels est entravée par une organisation complexe et la lenteur de l’organisation à enquêter et à venir en aide aux victimes », note le bureau des enquêtes internes.Le rapport estime que les investigations menées sur ces accusations prennent « beaucoup trop de temps » (seize mois de délai en moyenne). L’ONU doit par ailleurs s’en remettre aux pays d’origine des coupables et aux juridictions nationales pour les sanctions, ce qui entraîne « de très grandes disparités selon les Etats ». Les civils sont le plus souvent congédiés tandis que soldats et policiers sont renvoyés dans leur pays avec interdiction de participer à une autre mission onusienne. Cette enquête sort à un moment où l’ONU est vivement critiquée pour sa gestion des accusations de viols de mineurs commis en Centrafrique par des soldats français, tchadiens et équato-guinéens. Mais elle ne revient pas sur cette affaire.Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Les contritions publiques sont toujours un mauvais moment à passer. Dorénavant, Stéphane Richard peut en témoigner. Le patron d’Orange est arrivé en catastrophe à Jérusalem, vendredi 12 juin, pour tenter d’éteindre enfin l’incendie provoqué par ses propos tenus au Caire, le 3 juin. Il avait alors déclaré que si Orange avait la possibilité de rompre avec l’opérateur israélien Partner, sans s’exposer à des pénalités, la société française le ferait dès « demain » et se retirerait du pays. Scandale énorme en Israël, où ces mots ont été interprétés comme une volonté de boycottage de l’Etat hébreu.Tandis que l’Etat français, actionnaire d’Orange, a répété par la voix de Laurent Fabius son opposition à tout boycottage d’Israël, Stéphane Richard s’est engagé à s’expliquer directement avec le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui l’a reçu vendredi matin. Le patron aurait été simplement mal compris et souhaite « lever la confusion ». « Je regrette profondément cette controverse », a dit M. Richard. Le patron d’Orange a assuré que sa société « n’a jamais soutenu et ne soutiendra jamais toute forme de boycott contre Israël. Nous sommes dans les affaires, nous faisons de la communication, nous sommes ici pour connecter les gens ». L’opérateur a même l’intention de « continuer à développer » ses activités dans le pays, sans plus de précision. Le premier ministre israélien, de son côté, a fait la leçon au patron d’Orange. « Ce n’est pas un secret, vos remarques de la semaine dernière ont été largement perçues comme une attaque contre Israël, a dit M.Nétanyahou. Votre visite ici est donc l’occasion de remettre les choses au point. » Selon le chef du gouvernement, la paix avec les « voisins palestiniens » ne peut être obtenue que par des négociations bilatérales, et « non pas au travers de boycottages et de menaces de boycottages. »Lire aussi :En Israël, les propos du PDG d’Orange relancent le débat sur le boycottageLe collectif d’organisations non gouvernementales qui avaient signé un rapport intitulé « Les liaisons dangereuses d’Orange dans le Territoire palestinien occupé » a réagi par communiqué aux rétractations publiques de Stéphane Richard, depuis une semaine. Elles affirment que « l’État français doit immédiatement interpeller Orange au sujet de sa relation d’affaires dans les colonies. » Selon ces ONG, les entreprises françaises « doivent veiller à ne pas contribuer directement ou indirectement au maintien des colonies israéliennes dans le territoire palestinien occupé, reconnues illégales en droit international et impliquant de nombreuses violations des droits humains. »Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.06.2015 à 11h22 • Mis à jour le12.06.2015 à 13h22 | Madjid Zerrouky S’exprimant suite à l’arrestation de deux nouveaux suspects dans l’affaire Sid-Ahmed Ghlam – du nom de celui qui projetait un attentat à Villejuif en avril –, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a une nouvelle fois fait état, le 9 juin, d’une hausse sensible du nombre de personnes impliquées en France dans des filières djihadistes en lien avec l’Irak et la Syrie.« A ce jour, 1 750 individus sont recensés pour leur implication à un titre ou à un autre dans des filières djihadistes », a-t-il dit à la presse. En janvier 2014, leur nombre était de 555. #container_14326344913{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14326344913{ height:450px; } #container_14326344913 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14326344913 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14326344913 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14326344913 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Nombre de Français impliqués dans des filières djihadistesSource : ministère de l'intérieur(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14326344913", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%d/%m/%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre", "color": "#0386c3", "data": [ [ 1359759600000, 85 ], [ 1388617200000, 555 ], [ 1406930400000, 883 ], [ 1433973600000, 1750 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " djihadistes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "%B %Y", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Pour autant, ce chiffre recouvre des réalités fort différentes. Il n’y a pas 1 750 Français combattant au sein de groupes djihadistes, loin de là. Les derniers chiffres détaillés en mai par le ministère de l’intérieur recensaient 457 personnes effectivement présentes en Irak et en Syrie, contre 320 en transit entre la France et la Syrie et 278 ayant quitté la zone. A ce total, l’intérieur ajoutait les individus ayant « un projet de départ » : 521.Plus significatif, le nombre de morts : 113 Français ou résidents français ont été tués dans des pays où ils avaient rejoint une organisation terroriste, a détaillé Bernard Cazeneuve.Un nombre sans précédent d’étrangersFin mai, les Nations unies tiraient la sonnette d’alarme. Alors qu’au mois de septembre, l’ONU estimait à 15 000 le nombre des combattants étrangers présents ou ayant transité en Irak et en Syrie, le dernier rapport, rédigé par le comité des sanctions contre Al-Qaida et qui se base sur des données fournies par 27 services de renseignement dans le monde, avançait le chiffre de 25 000 personnes à la fin mai 2015. Une augmentation de 71 % depuis le mois de mars 2014.Lire aussi :L’ONU s’alarme du nombre de djihadistes étrangers présents en Syrie et en IrakLa carte ci-dessous répertorie le nombre de personnes par pays impliquées dans le djihad en Syrie et en Irak. Toutes ne sont pas sur les lignes de front : les Nations unies admettent elles-mêmes qu’il est impossible d’aboutir à un nombre global précis du nombre de combattants « réguliers » dans ces deux pays.Les chiffres, fournis par les Etats membres ou basés sur des estimations, englobent parfois les combattants réguliers, ceux qui sont en transit vers ces deux pays, ceux qui les ont quittés pour des pays tiers, ceux qui tentent de rentrer chez eux ou ceux qui ont été arrêtés. Au Royaume-Uni par exemple, sur les 700 Britanniques qui se sont rendus en Syrie, près de la moitié d’entre-eux sont rentrés.Six Etats membres de l’ONU, dont la France, comptent plus de 1 000 personnes impliquées, la France et la Russie (et ses combattants tchétchènes, notamment ) étant les deux pays « non musulmans » à avoir franchi la barre des « 1 000 ».Une quarantaine d’autres pays comptent plus de 100 personnes impliquées. Enfin, une quarantaine d’autres comptent entre 1 et 100 cas répertoriés. Nous avons choisi d’attribuer sur la carte 10 combattants à ceux comptant 10 cas ou moins ; ou des individus repérés en Irak ou en Syrie, mais dont le nombre exact – faible – est impossible à recouper.Mais si l’on rapporte le nombre de djihadistes au nombre d’habitants, les 10 premiers pays « fournisseurs » de djihadistes sont tous musulmans ou à majorité musulmane, répartis entre Afrique du Nord (Tunisie et Maroc), Moyen-Orient (Jordanie, Liban, Arabie saoudite), Asie centrale (Kazakhstan et Turkménistan) et Balkans (Kosovo, Bosnie et Albanie).Avec 26 djihadistes présumés identifiés pour un million d’habitants, la France arrive en 13e position et est devancée par la Belgique (40) et le Danemark (27) en Occident. #container_14314267148{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14314267148{ height:500px; } #container_14314267148 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14314267148 .titre:before{ font-size:13px; 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A l’issue de la dernière assemblée plénière de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), réunie du 1er au 11 juin en session à Bonn, quelques notes de musique cubaine ont accompagné les négociateurs dans leur départ.Les délégations des 196 membres de la convention ont sans doute apprécié cette ode à la légèreté, bienvenue après dix jours d’âpres négociations pour, d’une part, condenser le texte compilant les requêtes des différents pays en matière de lutte contre réchauffement climatique et, d’autre part, clarifier la feuille de route jusqu’à la 21e conférence des parties (COP21), en décembre à Paris.A défaut d’avancer à grandes enjambées sur ce corpus de 136 pages dans sa version française, relu ligne après ligne et à trois reprises pendant la première semaine de tractations, les délégués ont fait un pas en avant sur la méthode qui guidera leur action jusqu’à la COP21. Elle passe par un mandat clairement confié aux deux coprésidents des débats, ou co-chairs, d’élaborer un « outil » (une version du texte amendée sur la forme mais en maintenant ses diverses options) pour le 24 juillet, un peu plus d’un mois avant la prochaine rencontre de la CCNUCC, du 31 août au 4 septembre, toujours dans la cité rhénane.Promesses financières des pays développés« Les parties ont reconnu qu’elles n’avaient pas fini le travail, parce que c’est impossible de réduire un texte avec 4 000 participants », a expliqué aux médias le coprésident algérien Ahmed Djoghlaf. Les délégations devront ensuite accélérer le rythme pendant les deux sessions officielles de fin août et mi-octobre pour aboutir au texte « clair, concis et cohérent » qui doit servir de base aux discussions de la COP21 en vue d’un accord universel capable de contenir à 2°C le réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle. « Vous aurez d’ici la fin octobre l’avant-projet du paquet de Paris », a assuré Ahmed Djoghlaf.Sans s’opposer à la feuille de route présentée le 11 juin, les pays les plus véhéments durant les réunions dans le World Conference Center qui borde le Rhin, ceux notamment du G77 (137 pays en réalité, en Afrique et en Amérique latine, mais aussi la Chine), ont insisté en revanche pour que ce soient enclenchées au plus vite des actions pour la période 2015-2020, l’accord de Paris ne devant prendre le relais qu’en 2020. Les pays en développement attendent notamment la concrétisation des promesses financières faites par les pays développés au lendemain de Copenhague, à hauteur de 100 milliards de dollars (89 milliards d’euros) par an d’ici à 2020.Lire aussi :A Bonn, les négociations climatiques s’engluentLa question de la répartition de l’effort entre les nations selon leur responsabilité historique dans les émissions de gaz à effet de serre, celle de la forme juridique de l’accord de Paris, celle encore du niveau de réduction des émissions polluantes, sont toujours au cœur des batailles que se livrent les 196 parties. « Les Etats ont affirmé aujourd’hui leur confiance dans les co-chairs. Dans un processus comme celui-ci, c’est très important d’embarquer tout le monde », rappelle Teresa Ribera, directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).« La situation est plus favorable »« En juin 2009, à six mois de la COP de Copenhague, le texte d’une cinquantaine de pages que j’avais préparé à partir du mandat donné quelques mois plus tôt est passé à 200 pages suite aux interventions des différents pays. Il est devenu ingérable, se souvient Michael Zammit Cutajar, qui présidait les débats en 2009 et conseille aujourd’hui l’Iddri. L’approche est très différente cette fois-ci. Le principe du binôme offre une plus grande visibilité aux coprésidents et ils ont entamé leur mission sans mandat, mais sur le texte adopté par les délégués à Genève. »« La situation est plus favorable », estime l’ancien secrétaire exécutif de la CCNUCC, qui loue aussi la stratégie française consistant à vouloir réunir plusieurs chefs d’Etat, au moment de l’Assemblée générale des Nations unies fin septembre, pour donner aux négociations l’éclairage politique dont elles ont également besoin. « La chose la plus importante de ces deux semaines ne s’est pas produite ici à Bonn, mais au sommet du G7, qui a parlé pour la première fois d’une perspective de décarbonation de l’économie mondiale », ajoute-t-il.Lire aussi :Climat : le G7 se félicite de timides avancéesCar en dépit des réunions privées des coalitions de pays composant le panorama onusien, des conciliabules plus discrets encore, le petit monde des négociations multilatérales sur le climat s’efforce de garder un œil ouvert sur l’extérieur. « L’Encyclique du pape François, attendue le 18 juin, va avoir un impact majeur, assure par exemple Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la CCNUCC. Le pape est si éloquent à propos du changement climatique. » D’autres « fenêtres » de l’agenda international devraient s’ouvrir jusqu’à la COP21, espère-t-on à Bonn. A court terme, l’ONU se penchera fin juin sur les enjeux climatiques. Mi-juillet sera abordée à Addis-Abeba (Ethiopie) la lancinante question du financement. Les 20 et 21 juillet sera organisée à Paris une réunion informelle au niveau ministériel, à l’initiative de la présidence française de la COP21. On devrait y parler du document de travail sur lequel planchent désormais les co-chairs.Simon Roger (Bonn, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.06.2015 à 09h36 • Mis à jour le12.06.2015 à 10h08 Le constructeur automobile japonais Honda a annoncé vendredi 12 juin qu’il évaluait désormais à 322 millions d’euros les frais liés aux rappels de véhicules pour cause d’airbags défectueux, fournis par son équipementier Takata.Lire aussi :Takata : près de 34 millions de véhicules affectés par les airbags défectueux aux Etats-UnisCette charge exceptionnelle de plusieurs millions d’euros n’aura pas d’impact sur les prévisions de résultats pour l’année comptable en cours, a cependant précisé Honda. Le groupe a expliqué qu’il allait faire figurer ces dépenses dans des documents financiers concernant l’exercice 2014-2015, qui seront rendus publics fin juin.Après la révélation de dizaines d’incidents et de plusieurs morts liées à ses coussins de sécurité, Honda a rappelé au garage plus de 7 millions de voitures dont la grande majorité aux Etats-Unis entre 2008 et 2014.Lire aussi :Honda à l’assaut de l’Europe 12.06.2015 à 03h13 • Mis à jour le12.06.2015 à 07h46 Le roi d’Espagne Felipe VI a décidé de retirer le titre de duchesse à sa sœur, l’infante Cristina, qui est accusée de délits fiscaux dans un scandale de corruption impliquant aussi son époux, a annoncé jeudi 11 juin le palais royal.« Le bulletin officiel de l’Etat publiera demain un décret royal par lequel Sa Majesté le roi révoquera l’utilisation du titre de duchesse de Palma de Majorque par l’Altesse royale, l’infante Cristina », a indiqué le palais dans un communiqué.L’infante Cristina, 49 ans, est accusée de délits fiscaux en lien avec les affaires de son époux, Iñaki Urdangarin, 47 ans. Son titre de duchesse lui avait été conféré en 1997 par son père, le roi Juan Carlos.Une première dans l’histoire de la monarchieEx-champion olympique de handball, Iñaki Urdangarin est soupçonné d’avoir utilisé sa position au sein de la famille royale pour décrocher des contrats aux îles Baléares et à Valence, par l’intermédiaire d’une société à but non lucratif, Noos, qu’il présidait. Les montants incriminés atteignent 6,1 millions d’euros.Quatre ans après l’ouverture de l’enquête, le juge José Castro, chargé de l’instruction, a ordonné le 22 décembre dernier le renvoi devant un tribunal de la sœur de Felipe VI, une première dans l’histoire de la monarchie espagnole.Le magistrat soupçonne Cristina d’avoir pris « activement » part aux fraudes en utilisant à des fins personnelles une partie des sommes détournées, via une société écran, Aizoon, détenue à parts égales par les deux époux.Lire(en édition abonnés) : L'infante Cristina, icône déchue de la monarchie espagnole Maryline Baumard Bhan n’y comprend rien. Le jeune Soudanais a débarqué vendredi 12 juin au soir à Paris avec comme adresse le camp de La Chapelle. « Un ami, passé là il y a quelques semaines m’avait donné les indications. En y arrivant, j’ai vu qu’il n’y avait rien, personne qui campait. Ça ne ressemblait pas à ce dont il m’avait parlé. Heureusement, quelqu’un m’a accompagné ici », explique-t-il en montrant le jardin d’Eole, un espace vert aménagé juste derrière le métro Chapelle dans le 19e arrondissement.Bhan, 21 ans, anglais parfait, est assis à deux mètres d’un assemblage de bâches dépareillées. Sous cet abri collectif, juste à côté du Grand Parquet (un espace pour les petits spectacles) rue d’Aubervilliers, dorment une dizaine de ses compagnons d’infortune. « J’ai trouvé un matelas, un morceau de couverture et j’ai pu dormir », confie-t-il d’une voix encore mal réveillée, mal assurée dans ce lieu nouveau pour lui.Il est tôt, mais le petit-déjeuner est servi. « Des riverains ont apporté des pains, du café, du thé », commente Yann, un jeune homme le cheveu et le teint clair, venu les soutenir. Arrivé là à 5 heures du matin, il observe et aide. Il dit être juste là de « façon citoyenne », hors de toute appartenance à un parti politique. Yann a vécu avec eux l’épisode de la nuit de jeudi à vendredi, lorsqu’une caserne de pompier désaffectée a été investie quelques heures. Il rêve de pouvoir créer un squat afin que les migrants s’y installent.Une centaine, essentiellement issus du Soudan et d’ErythréeComme tous les samedis matins, le quartier s’éveille doucement. Rien à voir avec l’agitation populaire du lieu en plein après-midi. Là, on part faire les courses et sur l’esplanade investie par les campeurs, des joggeurs passent, qui vont prolonger leurs foulées dans le jardin conçu par le paysagiste multiprimé Michel Corajoud. Un espace ouvert en 2007, beau pour les yeux et pensé pour la vie collective du quartier. « Ici on est au calme. Pourvu que ça dure », insiste Ahmed, Soudanais aussi, qui dit avoir été brièvement hébergé par la mairie de Paris avant de revenir là, « avec les autres ». En parlant, Ahmed jette un œil un peu plus loin, au camion de police qui veille ; histoire de s’assurer que rien ne bouge. Ils sont une centaine, essentiellement des jeunes hommes originaires du Soudan et d’Erythrée, à se lever doucement. Les capuches sont rabattues sur les crânes, le regard est interrogatif. Des poches de jeans, dépasse souvent une brosse à dent. Ahmed et Dean terminent d’ailleurs leur toilette succincte, pieds nus devant une des petites fontaines du lieu.En face, une école occupée par les parents espère bien profiter du passage des journalistes pour faire valoir ses demandes. « Urgent, classes pour nos enfants », indique l’affiche qui barre le mur de façade. Pour l’heure, chacun reste sur son combat.Blocages à la frontière entre l’Italie et la FranceBhan, lui, est songeur. Peu bavard. L’Angleterre, la France, ou ailleurs ? La question est là, bien présente pour lui à cette étape de son voyage entamé il y a un an. « Je viens de passer un an en Libye. Là je m’étais dit que j’allais aller en Grande-Bretagne parce que mon copain y est déjà. Maintenant j’hésite. Je ne sais plus trop. Qui donne le plus l’asile aux gens comme moi victimes de la guerre ?, interroge-t-il. Je ne parle pas le français mais bien l’anglais, c’était une des raisons de mon choix initial. Mais je ne suis plus sûr de rien. »Le garçon n’arrive pas à se projeter ; à s’imaginer un avenir. « Là je viens d’arriver en Europe. Il y a cinq jours mon bateau était escorté dans le port de Catane. Après, ça s’est précipité. Ça va vite l’Europe », commente cet ex-étudiant en management. « On a d’abord été emmenés dans un camp dont j’ignore l’emplacement. On y a été transportés en bus depuis Catane. J’avais fait la traversée seul, mais là, je me suis rapproché de plusieurs autres Soudanais. On a quitté le camp, de peur qu’ils nous prennent les empreintes et qu’on soit obligés de rester en Italie. Après, on a repris un bateau pour remonter. Du sud de l’Italie, j’ai pris le train jusqu’à Rome. Puis de Rome à Vintimille. Là, ça a été un peu compliqué », ajoute-t-il. Depuis quelques semaines, en effet, des renforts de police ont été envoyés à la frontière entre l’Italie et la France pour empêcher les passages. Ces premiers renforts ont même été enrichis d’un escadron supplémentaire en milieu de semaine. Depuis cette date, des policiers empêchent par ailleurs les Africains arrivés jusqu’à Nice de monter dans des trains pour Paris. Qu’ils soient ou non munis de billets. « Moi j’ai réussi à passer en France. Je ne vous dirai pas comment car je ne veux pas que ceux qui viennent après moi et qui feront comme moi soient pris. Mais on est malins, nous les Africains ! » sourit Bhan. À Nice, il est passé avant les interdictions de monter dans le train. En revanche il a été arrêté dans une ville qu’il croit être Toulon. « Là, les policiers m’ont dit de quitter la France sous deux jours », rapporte-t-il.Depuis qu’il est à Paris, Bhan a réussi à appeler sa famille. « Tout le monde chez moi est resté au Sud-Soudan, à Juba. Il fallait que je leur dise que ça allait et que j’étais en France », rappelle-t-il. Entre le Soudan et ici, il y a eu la Libye. « J’ai travaillé dur là-bas. J’ai fait plein de petits jobs différents. Notamment beaucoup de vente, c’est parce que je parle anglais que j’ai fait du management à l’université. Mais ces derniers mois, à Tripoli, c’est vraiment devenu impossible à cause de l’insécurité. Je me suis fait tout voler plusieurs fois. Surtout mon téléphone », regrette le jeune homme venu sans bagages. Ce séjour en terre libyenne lui a tout de même permis d’économiser les 1 200 dinars nécessaires pour la Méditerranée. La traversée, avec la faim, la soif, la peur et l’entassement « à 500 sur le bateau » n’est pas son sujet du jour… Sa vraie question désormais c’est « Où aller ? Où est-ce que je m’installerai le plus facilement pour refaire ma vie », répète-t-il. Réponse pour lui sous quelques mois.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florence Evin Vendredi 12 juin, à deux heures du matin, la vieille ville de Sana’a, capitale du Yémen, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, en 1986, a été touchée par un bombardement. «Plusieurs habitations et bâtiments historiques ont été détruits», indique l’Unesco. Le complexe de maisons traditionnelles du quartier d’Al-Qasimi, qui jouxte un jardin urbain (Miqshama), près du canal de Sailah, figure parmi les destructions. Selon Saba, l’agence de presse yéménite, ce raid aérien saoudien a fait six morts et de nombreux blessés.« Je suis profondément affectée par les pertes en vies humaines et les dommages causés à l’un des plus anciens joyaux du paysage urbain islamique, indique Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco. Je suis choquée par les images de ces magnifiques maisons-tours aux nombreux étages et aux jardins paisibles en ruine. Cette destruction va encore détériorer la situation humanitaire. Aussi, j’appelle une nouvelle fois toutes les parties à respecter et protéger le patrimoine culturel au Yémen. Ce patrimoine porte en lui l’âme du peuple yéménite. C’est un symbole de son histoire millénaire en matière de connaissance, qui appartient à l’humanité toute entière », a-t-elle ajouté. Depuis la fin mars, l’Arabie saoudite bombarde les rebelles houthis chiites présentés par Riyad comme des soutiens de l’Iran, où qu’ils soient. Sans se soucier de la valeur historique, patrimoniale et millénaire des sites visés. Début juin, c’est le barrage de Marib, l’ancienne capitale de la légendaire reine de Saba, datant du premier millénaire avant notre ère -le plus grand barrage de l’antiquité déployé sur 600 mètres, dont les vannes sont fortifiées sur 100 mètres de long et 20 mètres de haut, qui était bombardé; une destruction qui faisait suite à celle du musée de Dhamar et ses quelque 12000 pièces archéologiques. La forteresse médiévale d’Al-Qahira surplombant Taez, la troisème ville du pays, a été bombardée comme le palais de Wadhi Dhar, situé au sud de Sanaa.Maisons-tours exceptionnellesLa capitale Sana’a n’est pas épargnée. Depuis le début du conflit, plusieurs habitations se sont effondrées dans les explosions. Selon l’Unesco, mardi 9 juin, le complexe historique d’Al-Owrdhi, datant de l’ère ottomane, situé à l’extérieur des murs de la vieille ville, a été sérieusement endommagé. « Les bâtiments résidentiels historiques, les monuments, musées, sites archéologiques et lieux de culte n’ont pas été épargnés. La valeur historique de ces sites a subi des dégâts irréparables quand elle n’a pas été totalement détruite » , précise l’organisation onusienne.Lire aussi :Au Yémen, les frappes aériennes saoudiennes endommagent un patrimoine millénaireSana’a, qui est habitée depuis plus de 2500 ans, témoigne de la richesse et de la beauté de la civilisation islamique : les maisons-tours, souvent d’une dizaine d’étages, en pisé ou en briques cuites, décorées de frises géométriques en blanc de chaux sont typiques au Yémen. Serrés les uns aux autres, ces gratte-ciel de terre, propriétés d’une seule famille - le dernier étage étant le lieu de réunion des hommes- sont époustouflants.Aux premiers siècles de notre ère, Sana’a est le carrefour des routes du commerce terrestre vers la Mésopotamie et la Méditerranée, notamment celui de l’encens, très prisé à Rome, qui fait sa fortune. Durant les premières années de l’Hégire, aux VIIe et VIIIe siècles, dans le sillage de la prédication de Mahomet, la cité est un centre important de la propagation de l’islam. Sa grande mosquée, avec celles de Médine et de La Mecque en Arabie saoudite, seraient les tout premiers lieux de culte islamique édifiés. Avec ses 106 mosquées, ses 11 hamams et ses 6500 maisons datant d’avant le onzième siècle, Sanaa demeure un témoignage unique, par son ampleur et son homogénéité, remarquablement conservé de cette architecture monumentale de brique, souvent cuite au soleil. D’autant que les reconstructions du seizième siècle sous les Ottomans ont respecté les traditions médiévales.Florence EvinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.06.2015 à 08h27 • Mis à jour le13.06.2015 à 11h21 Lire aussi :Pourquoi Hillary Clinton fait campagne à gaucheHillary Clinton, candidate à l'investiture démocrate, organise, samedi 13 juin, à Roosevelt Island, à New York, son premier grand meeting de campagne avec l'intention de se poser en championne de la défense des Américains moyens et l'ambition d'expliquer pourquoi elle souhaite devenir la première femme à diriger les Etats-Unis.Devant plusieurs milliers de sympathisants, l'ancienne secrétaire d'Etat devrait tenter de modifier l’image qu’a le public de son action, avec, notamment, la diffusion d’un nouveau clip de campagne, intitulé « Fighter » la présentant comme une combattante, depuis 40 ans au service des Américains.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#l_GYGsIpP54"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "l_GYGsIpP54", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Ce meeting en plein air marque une accélération dans la campagne de l'ex-première dame qui, pour l'instant, a surtout participé à des réunions en petit comité, avec des participants sélectionnés, notamment dans les Etats qui seront les premiers appelés à voter lors des primaires tels que l'Iowa.Sa stratégie est de s'adresser désormais à un public plus large et de faire mentir les critiques qui soutiennent qu'elle est avant tout une représentante de l'élite politique connaissant mal le quotidien des électeurs. Son message devrait se concentrer sur l'idée simple que les efforts accomplis par les Américains moyens pour aider les Etats-Unis à traverser la période de récession doivent être récompensés maintenant que l'économie repart.« Les gens vont se rendre compte du programme progressiste qu'elle souhaite pour l'Amérique », a commenté Jennifer Palmieri, chargée de la communication de campagne de Hillary Clinton, dans un entretien à Politico.Elle profitera de l'occasion pour définir les contours de son programme sur différentes questions économiques et sur une éventuelle réforme de Wall Street, un sujet sur lequel l'attendent ses adversaires libéraux à l'investiture dans le camp démocrate. 13.06.2015 à 01h48 Face à une grave sécheresse, les autorités californiennes ont annoncé vendredi de nouvelles restrictions à l’accès à l’eau touchant pour la première fois depuis près de quarante ans certains agriculteurs bénéficiant de droits prioritaires.Lire :En Californie, les agriculteurs forcés à économiser l’eau, eux aussi« Avec la sécheresse qui continue pendant les mois d’été, le Bureau de contrôle des ressources en eau (Water Resources Control Board) annonce qu’il n’y a pas assez d’eau disponible pour respecter les droits d’accès avec une priorité remontant jusqu’à 1903 » dans les sources et cours d’eau des régions de San Joaquin et Sacramento, au nord de la Californie, selon un communiqué publié vendredi 12 juin.Premières restrictions de ce type depuis 1977« Ils doivent cesser entièrement » de puiser de l’eau dans les cours d’eau jusqu’à nouvel ordre et se reposer sur d’autres ressources, que ce soit des puits ou de l’eau stockée ou achetée, et acheminées jusqu’à leurs exploitations, a expliqué Tim Moran, porte-parole du Bureau.Les restrictions de vendredi, les premières de ce type depuis 1977, ne s’appliquent qu’aux ressources en eau « de surface » et non pas aux puits ou nappes phréatiques, a précisé M. Moran. Les contrevenants s’exposent à des sanctions financières et à des poursuites. Les décisions du jour concernent 114 détenteurs de droits datant d’entre 1903 et 1914.En avril et en mai, les détenteurs de droits d’accès aux cours d’eau et sources obtenus après 1914, année de l’établissement d’une réglementation de cet accès à l’eau, avaient déjà fait l’objet de mesures d’économie.Droits datant d’avant 1903Les agriculteurs bénéficiant de droits datant d’avant 1903 ne sont pas encore touchés mais pourraient l’être : « nous évaluons chaque semaine de possibles nouvelles restrictions pour des droits prioritaires datant d’avant 1903 », précise le communiqué.En avril, le gouverneur de Californie Jerry Brown a mis en place des mesures d’urgence historiques pour réduire de 25 % la consommation d’eau en Californie, où la sécheresse depuis 4 ans est la plus extrême jamais enregistrée.Lire aussi notre enquête (en édition abonnés) :Californie, gazon maudit 12.06.2015 à 23h26 • Mis à jour le13.06.2015 à 00h46 La militante Ada Colau, tête de liste d’une plateforme d’« indignés », sera investie samedi maire de Barcelone avec les voix d’indépendantistes et de socialistes qui lui permettront d’avoir la majorité absolue, ont annoncé leurs partis vendredi 12 juin.Lire (en édition abonnés) :Manuela Carmena et Ada Colau, deux « indignées » maires de Madrid et BarceloneAda Colau, une des égéries du mouvement des « indignés », était en principe sûre d’être maire, étant arrivée première aux municipales du 24 mai, sa liste obtenant 11 élus. Elle sera aussi soutenue par ERC, un parti de gauche indépendantiste disposant de 5 sièges et les socialistes (quatre sièges).Un plan choc pour BarceloneCette militante anti-expulsions de 41 ans va ainsi devenir la première femme à la tête de Barcelone, qui compte 1,6 million d’habitants. « Nous allons voter pour l’investiture d’Ada Colau par sens des responsabilités parce que nous croyons en l’union des personnes engagées pour la justice sociale, le progrès et le bien-être », a annoncé vendredi Alfred Bosch, chef de file d’ERC dans la ville.Vendredi soir, le conseil du parti socialiste à Barcelone a pris la même décision, selon son candidat Jaume Colboni. Un élu du petit parti antilibéral CUP s’est également engagé à la soutenir. Comme à Madrid, la droite avait tenté de convaincre les socialistes de former une alliance contre la candidate, accusée de menacer l’ordre établi, pour éviter que Barcelone ne devienne « la capitale des anti-systèmes ». Sa tentative n’a pas été suivie d’effet.Ada Colau, qui sera investie samedi à partir de 17 heures, devra cependant nouer des alliances pour obtenir une majorité stable au-delà de cette séance de prise de fonctions, son conseil municipal étant très divisé, avec sept forces en présence. Elle entend en effet mettre en œuvre un plan de choc contre les inégalités à Barcelone, prévoyant de stopper les expulsions de logements, de baisser les tarifs de l’énergie et de mettre en place un revenu minimum de 600 euros. 12.06.2015 à 21h49 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Les visites au capitole du chef de cabinet de la Maison Blanche, jeudi, et du président lui-même, vendredi matin, n’y ont rien fait. Les démocrates ont infligé un sérieux revers à Barack Obama en bloquant vendredi 12 juin une disposition lui permettant de disposer de pouvoirs accrus pour la conclusion d’un accord de libre-échange avec onze pays riverains du Pacifique (TPP). Cette procédure dite de « fast-track » permet au président de demander au Congrès d’adopter ou de rejeter in fine un traité commercial sans pouvoir modifier son contenu par des amendements.Lire : Premier pas vers la création d'une zone de libre-échange en Asie-PacifiqueAlors que le Parti républicain avait fait valoir de longue date que ce dossier constituait l’un des rares points d’accord avec la Maison Blanche, M. Obama savait qu’il devait convaincre avant tout son propre camp. Au Sénat, les démocrates avaient d’ailleurs bloqué dans un premier temps cette disposition en mai avant de se raviser.Lire aussi :Le Sénat élargit les pouvoirs de négociation d’Obama pour les accords de libre-échangePression des organisations syndicalesEn dépit des assurances prodiguées par la Maison Blanche, les représentants de la chambre ne se sont pas laissés fléchir, placés par ailleurs sous la pression d’organisations syndicales hostiles à des mesures qui selon elles introduisent un dumping social.C’est donc au nom de la défense des intérêts des travailleurs américains que la chef de file des démocrates de la chambre, Nancy Pelosi (Californie), a choisi de ne pas soutenir la procédure de « fast-track ». Une prise de position qui a scellé le vote et qui s’est ajouté aux silences de la candidate à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2016, Hillary Clinton, qui avait pourtant lancé le TPP lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, de 2009 à 2013.Lire aussi :Traités de libre-échange : le coup de frein des démocrates américainsLe vote de vendredi affaiblit M. Obama par rapport à ses partenaires du Pacifique. Ce traité constitue en effet un élément central du « pivot » américain vers l’Asie. Un revers embarrassant pour la crédibilité des Etats-Unis face aux ambitions sans cesse réaffirmées de la Chine dont le président, Xi Jinping, effectuera une visite d’Etat à Washington en septembre.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.06.2015 à 19h00 • Mis à jour le12.06.2015 à 19h30 Le Pakistan a bouclé de force, jeudi 11 juin, les locaux de l’ONG Save the Children à Islamabad. En début de soirée, après l’heure de fermeture des bureaux, des représentants du gouvernement accompagnés de policiers sont arrivés au siège de l’organisation et ont posé un cadenas sur le portail d’entrée du complexe et des scellés sur les locaux.Le Pakistan a également menacé, vendredi 12 juin, de s’en prendre à toute ONG étrangère agissant « contre les intérêts » du pays. « Les organisations non-gouvernementales qui travaillent contre l’intérêt national pakistanais ne seront pas autorisées de continuer à opérer au Pakistan », a déclaré le ministre de l’intérieur pakistanais, sans toutefois donner plus de précisions sur les ONG qui pourraient être visées.Lire : Détérioration des relations entre le Pakistan et des ONG internationalesDes liens supposés avec la CIASave the Children était particulièrement surveillée par les autorités pakistanaise depuis 2012, lorsqu’un rapport des services de renseignement locaux avait fait un lien entre l’ONG et Shakeel Afridi, le médecin pakistanais qui a aidé la CIA dans sa traque d’Oussama Ben Laden, tué par un raid commando américain dans le nord du pays en mai 2011.l’ONG, qui affirme que ses programmes ont bénéficié l’année dernière à 4 millions d’enfants pakistanais et à leurs familles, a déclaré son incompréhension dans un communiqué diffusé depuis son siège londonnien.« Save The Children n’avait pas été notifié de cette décision. Nous nous opposons fortement à cette intervention et nous sommes en train d’exprimer nos graves préoccupations au plus haut niveau. L’ensemble de notre travail est conçu et effectué en collaboration étroite avec les ministères gouvernementaux et il vise à renforcer l’accès aux services publics en matière de santé, de nutrition, d’éducation et de bien-être pour l’enfant ».L’organisation a précisé « travailler au Pakistan depuis plus de 35 ans et avoir 1 200 employés dans le pays », ajoutant qu’elle n’y comptait plus aucun expatrié. Après la divulgation du rapport des services de renseignements pakistanais établissant un lien entre Save the Children et le Docteur Afridi, donc la CIA, les expatriés de l’ONG avaient été obligés de quitter le pays. L’organisation a toujours nié en bloc ces accusations.Lire : Le Pakistan ordonne l'expulsion des employés expatriés de l'ONG Save the ChildrenDepuis le raid clandestin de forces spéciales américaines qui a tué Ben Laden, le Pakistan a durci ses procédures et limité la liberté de mouvements des ONG étrangères, que ses services de renseignement soupçonnent de travailler clandestinement pour des pays étrangers. Gilles Paris (Washington, correspondant) L’expression emprunte à l’argot militaire et remonte à la Somalie : mission creep. Elle revient avec insistance à chaque fois que l’administration de Barack Obama annonce de nouveaux renforts en Irak. La formule renvoie à la dérive d’une intervention militaire en dehors de son cadre initial, une fuite en avant dont le prix politique est généralement particulièrement élevé. Cette crainte de perte de contrôle est profondément ancrée dans la réflexion du président des États-Unis, toujours très réticent à se saisir de l’outil militaire. Elle est renforcée dans le cas de l’Irak par le fait que l’homme qui avait mené à son terme le retrait militaire américain, en décembre 2011, est aujourd’hui contraint à redéployer des troupes sur le même théâtre d’opérations.EffectifsA la veille de l’offensive victorieuse des djihadistes de l’Etat islamique à Mossoul, en juin 2014, la présence militaire américaine se limitait à environ 250 hommes, chargés de la sécurité de l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad et de son antenne à Erbil, dans le Kurdistan irakien. Le 16 juin, alors que l’Etat islamique menaçait l’aéroport de Bagdad, ces effectifs ont été doublés, puis augmentés de 300 conseillers militaires. La poussée djihadiste contre Erbil, début août, a encore entraîné l’envoi de 130 hommes pour défendre les installations diplomatiques.En septembre, 350 conseillers militaires supplémentaires ont été envoyés en Irak, portant le total des effectifs américains à 1 500 hommes. Un chiffre qui a été doublé en novembre. L’envoi des 450 hommes annoncé le 10 juin fait qu’à terme 3 500 soldats américains seront présents sur le terrain.MissionM. Obama a exclu jusqu’à présent l’envoi de troupes combattantes au sol (« No boots on the ground »). L’effort de guerre est assuré pour l’instant par des bombardements aériens organisés à partir des bases et des porte-avions américains présents dans le Golfe. Le président n’est pas hostile à des raids ponctuels des forces spéciales, comme en mai en Syrie, mais il s’oppose à ce que des soldats soient déployés au sol pour guider les frappes aériennes. Les soldats présents en Irak sont donc cantonnés à la protection des installations diplomatiques américaines et à la formation des bataillons de l’armée irakienne chargés de la contre-offensive face à l’Etat islamique.Cette stratégie suscite de vives critiques, républicaines comme démocrates. Les déploiements sont jugés à la fois trop modestes et trop tardifs compte tenu de l’état de désorganisation de l’armée irakienne. Le veto de M. Obama contre la présence de forces combattantes au sol bride l’armée américaine, selon ces mêmes critiques. Enfin, la Syrie reste une base de repli commode pour les djihadistes faute d’alliés au sol pour les Etats-Unis. LocalisationLes soldats américains ont été initialement déployés à Bagdad et à Erbil. Les renforts annoncés le 10 juin seront cependant déployés dans la base d’Al-Takaddum, dans la province d’Al-Anbar, à l’ouest de Bagdad, sur le modèle d’un déploiement précédent dans la base Al-Asad. Les Etats-Unis souhaitent en effet reprendre pied dans ce bastion sunnite négligé par les autorités chiites en place à Bagdad et qui constitue une cible de choix pour l’Etat islamique. Les Etats-Unis s’étaient déjà appuyés par le passé sur les tribus sunnites de cette province pour lutter contre les djihadistes d’Al-Qaida, dont l’Etat islamique est un avatar.ComparaisonAvec 3 500 hommes sur place, les effectifs américains restent négligeables par rapport aux 150 000 hommes présents de 2003 à 2006. Un chiffre qui avait même culminé à 170 000 soldats en novembre 2007 au moment du surge (« renfort ») décidé par le président George W. Bush pour stabiliser un pays miné par les violences intercommunautaires, exacerbées par Al-Qaida. Ces effectifs avaient ensuite été réduits à 40 000 en 2010, un an avant le retrait.Les budgets en jeu sont également très différents. En novembre 2014, l’administration américaine a demandé au Congrès 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) pour financer ses opérations en Irak. C’est beaucoup moins que la soixantaine de milliards de dollars nécessaires annuellement au plus fort de l’intervention américaine, il y a presque une décennie.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves-Michel Riols Les négociations sur le nucléaire iranien se poursuivent à Vienne, en vue de parvenir à un accord final d’ici au 30 juin. Les principaux paramètres de ce texte ont été arrêtés lors de l’accord-cadre conclu à Lausanne (Suisse), le 2 avril, entre l’Iran et les pays du « P5 + 1 » (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine et Allemagne). Même si le contenu de ce texte n’a pas été divulgué, il vise à brider le programme nucléaire iranien pendant au moins dix ans, en échange d’une levée progressive des sanctions internationales imposées contre l’Iran. Les négociateurs se sont alors accordé un délai supplémentaire, jusqu’à la fin juin, pour régler l’ensemble des annexes techniques.Lire aussi :Les points clés de l’accord sur le nucléaire iranienLes négociations sur le nucléaire iranien ont été amorcées en 2003 par les Européens. Après des années d’impasse, elles ont pris un nouvel élan après l’élection du président iranien modéré, Hassan Rohani, en juin 2013. L’Iran et les pays du « P5 + 1 » ont signé un premier accord intérimaire, le 24 novembre 2013, à Genève. Celui-ci a conduit à un gel du programme nucléaire iranien et à une levée partielle des sanctions en vigueur depuis 2006. Cet accord ne devait initialement durer qu’un an, le temps de parvenir à un compromis final. Mais face aux nombreux obstacles à surmonter, les négociations ont été prolongées à deux reprises, en juillet et en novembre 2014.Elles sont désormais entrées dans leur dernière ligne droite. Une nouvelle extension paraît difficile à envisager, car le Congrès américain menace d’adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran en cas d’échec des pourparlers à Vienne. Après douze ans de tractations laborieuses, l’enjeu des discussions en cours est majeur : empêcher la prolifération nucléaire au Proche-Orient, l’une des régions les plus instables du monde.Tour d’horizon des principaux points à l’ordre du jour des discussions de Vienne :Inscrire un accord sur le nucléaire dans la duréePour brider le programme nucléaire iranien et s’assurer dans la durée que Téhéran ne cherchera pas à acquérir une bombe atomique, les Occidentaux insistent pour une période d’application longue de l’accord. Selon le résumé américain de l’accord-cadre de Lausanne, qui n’a lui-même pas été publié, le compromis sera en vigueur pendant quinze ans sur la plupart des volets-clés de la filière nucléaire, avec des exceptions sur dix ans. L’Iran avait réclamé une durée plus courte, jugeant qu’une mise sous tutelle aussi longue était punitive. Pour se prémunir contre des dérapages une fois ces délais expirés, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, a affirmé que certaines mesures de surveillance resteraient en place « indéfiniment ».Limiter l’enrichissement d’uranium pour empêcher une course à la bombeLa priorité des Occidentaux est de rallonger le « break out », à savoir le temps nécessaire pour produire assez d’uranium enrichi, un combustible indispensable à la fabrication d’une arme atomique. Il est actuellement de trois mois et sera porté à un an pendant « au moins » dix ans. L’objectif étant de permettre aux Occidentaux de réagir si l’Iran décidait de se lancer dans une course à la bombe.L’Iran dispose de deux sites d’enrichissement dont l’existence avait été dissimulée. Celui de Natanz, le plus important, a été découvert en 2002. Celui de Fordow, construit sous terre dans une montagne près de la ville de Qom pour le protéger de bombardements, a été dévoilé en 2009.Pour obtenir une rallonge du « break out » à un an, l’accord de Lausanne stipule que le nombre de centrifugeuses, qui enrichissent l’uranium, passera de 19 000 à 6 104, mais seules 5 060 d’entre elles seront autorisées à fonctionner pendant dix ans à Natanz. L’Iran a accepté de ne pas enrichir d’uranium à plus de 5 % pendant au moins quinze ans.Téhéran a accepté de ne pas construire de nouvelles installations d’enrichissement d’uranium pendant cette période. Quant au site souterrain de Fordow, il ne pourra pas enrichir d’uranium pendant « au moins » quinze ans et sera converti en centre de recherche à vocation « pacifique ».Enfin, le réacteur de la centrale à eau lourde d’Arak sera modifié pour ne pas pouvoir produire du plutonium à vocation militaire. Les Iraniens auraient accepté de limiter la production à moins d’un kilo de plutonium par an, au lieu des dix kilos initialement envisagés, qui leur permettraient de fabriquer une ou deux bombes. Ils se disent également prêts à ne pas construire l’unité de retraitement indispensable pour extraire du plutonium de qualité militaire.Contrôler le stock d’uraniumLa capacité de l’Iran à construire rapidement une bombe nucléaire dépend du nombre et du type de centrifugeuses en opération, mais aussi du volume de son stock d’uranium qui, lorsqu’il a été enrichi à un niveau élevé (90 %) par les centrifugeuses, permet d’obtenir la matière fissile nécessaire à la construction d’une bombe atomique.D’où l’émoi suscité par le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), cité le 2 juin par le New York Times, selon lequel l’Iran avait accru son stock d’uranium enrichi. D’après le quotidien américain, le stock iranien d’hexafluorure d’uranium, la forme la plus préoccupante car immédiatement utilisable pour des enrichissements de qualité militaire, aurait augmenté de 20 % depuis la signature de l’accord intérimaire entre l’Iran et les pays du « P5 + 1 », en novembre 2013, à Genève.Lire aussi :L’Iran sème le trouble en augmentant son stock d’uranium enrichiAutrement dit, Téhéran ne respecterait pas l’engagement pris de ne pas augmenter ce stock, tandis que les Occidentaux cherchent précisément à « serrer les boulons » d’un texte pour éviter toute fuite en avant. Au terme de l’accord de Genève, l’Iran s’était engagé à démanteler son stock d’uranium déjà enrichi à 20 %, un seuil qui lui permet d’atteindre rapidement une finalité militaire. Sur ce point, les experts s’accordent pour dire que l’Iran a, pour l’essentiel, tenu parole. Téhéran avait également accepté de ne pas augmenter son stock d’uranium enrichi jusqu’à 5 %. Il était évalué à l’époque à 7,6 tonnes, soit assez pour fabriquer, au prix d’un enrichissement supplémentaire, environ cinq bombes atomiques.Depuis, la production iranienne a connu des « zigzags », note un diplomate, mais l’objectif, dit-il, a toujours été que le volume final ne dépasse pas 7,6 tonnes à l’issue des négociations de juin. Pour le maintenir à ce niveau, l’Iran a construit une unité de conversion de ce stock à Ispahan, mais sa mise en route a pris du retard. « Les opérations n’ont commencé qu’en juillet 2014, car l’Iran avait manifestement du mal à maîtriser le processus », observe François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran.Cet obstacle technique a toutefois une portée politique, car il risque de fragiliser tout compromis final. A l’issue de l’accord-cadre de Lausanne, l’Iran se serait engagé à réduire son stock global d’uranium légèrement enrichi à 300 kg pendant quinze ans, selon les Occidentaux. Des chiffres qui n’ont toutefois jamais été confirmés par Téhéran. Si l’Iran ne démontre pas qu’il est en mesure de tenir ses promesses dans les délais convenus, les pays du « P5 + 1 » hésiteront alors à remplir leur part du contrat : la levée des sanctions internationales, qui demeure l’objectif prioritaire des Iraniens.Encadrer la recherche et développementLes pays du « P5 + 1 » plaident également pour une limitation de la capacité de recherche et de développement. « C’est un point fondamental, insiste un diplomate. Si on lâche là-dessus, c’est comme si on ne faisait rien. » Les Occidentaux estiment en effet que des concessions iraniennes sur le nombre de centrifugeuses ne seraient pas crédibles si, en parallèle, Téhéran est autorisé à développer la recherche sur des centrifugeuses plus puissantes, sans contrôle contraignant.Négocier le rythme de la levée des sanctions économiques contre l’IranObtenir la levée des multiples sanctions (des Nations unies, des Etats-Unis et de l’Europe) est l’enjeu majeur des Iraniens. Contrairement à ce qu’ils demandaient, elles ne seront pas supprimées dès l’entrée en vigueur de l’accord. Certaines sanctions économiques et commerciales américaines et européennes seront dans un premier temps « suspendues », et non abrogées, une fois que l’AIEA, l’instance de l’ONU chargée de veiller à la non-prolifération nucléaire, aura certifié que l’Iran respecte ses engagements. Mais, en cas d’infraction constatée, elles seront automatiquement réintroduites. Toutefois, la mise en œuvre de ce mécanisme dit « snap back » fait encore l’objet de vives discussions. La Russie et la Chine, notamment, voient d’un mauvais œil l’adoption d’un principe qui les priverait, de facto, de leur droit de veto au Conseil de sécurité.Lors de l’accord de Lausanne, les Iraniens n’ont pas obtenu satisfaction sur l’abrogation des sanctions liées aux six résolutions adoptées depuis 2006 par le Conseil de sécurité de l’ONU, une demande-clé de Téhéran, qui estime qu’elles font de l’Iran un « paria » international. Elles ne seront supprimées que lorsque l’Iran aura répondu à « toutes les préoccupations » des Occidentaux concernant l’ensemble de sa filière nucléaire, y compris sur la dimension militaire, présente ou passée, du programme iranien.En cas d’accord final, l’Iran réclame une levée rapide de toutes les sanctions économiques qui frappent durement le pays depuis l’adoption de la première résolution des Nations unies il y a neuf ans. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont également adopté des sanctions distinctes. Selon des sources iraniennes, le coût des sanctions pour le pays depuis bientôt dix ans est énorme : il est de l’ordre de 480 milliards de dollars (428 milliards d’euros), soit plus d’un an du PIB iranien.Dans le cadre de l’accord intérimaire, signé le 24 novembre 2013 à Genève, les Occidentaux ont procédé à une première levée partielle des sanctions le 20 janvier 2014. Cette mesure était destinée à créer un climat de confiance pour faire avancer les négociations. Elle devait initialement ne durer que six mois, mais a été prolongée jusqu’à juillet 2015.La perspective de nouveaux marchésLors d’un déplacement en France, le 16 juin, le ministre iranien des transports, Abbas Akhoundi, a insisté sur les opportunités que représente le marché iranien pour les entreprises étrangères, en cas de levée des sanctions. Une façon pour lui d’accélérer la fin de l’embargo contre son pays. Il a indiqué, au cours d’une intervention devant l’Académie diplomatique internationale, que la plupart des infrastructures de cet Etat de 77 millions d’habitants devaient être renouvelées. Il a énuméré un certain nombre de marchés potentiels pouvant offrir des débouchés attrayants aux groupes occidentaux.Lire aussi :L’Iran cherche à attirer les investisseurs du high-techDans le domaine de l’aéronautique, M. Akhoundi a précisé que « la plupart des avions sont âgés d’au moins vingt ans ». L’Iran, a-t-il affirmé, cherche à acquérir une flotte de 400 avions au cours des dix prochaines années pour un montant estimé à 20 milliards de dollars (17,8 milliards d’euros), et le pays va également construire neuf terminaux aéroportuaires internationaux. A cela s’ajoute le marché du réseau ferroviaire, estimé à 25 milliards de dollars (22 milliards d’euros) et des routes et autoroutes, évalué à 30 milliards de dollars (26,8 milliards d’euros).En faisant miroiter de telles perspectives, le ministre iranien a clairement laissé entendre que la place qui sera accordée aux entreprises françaises est liée à l’attitude que Paris, réputé plus intransigeant, adoptera pendant les négociations nucléaires. « Je suis certain que les responsables économiques seront plus réalistes que les hommes politiques », a-t-il déclaré. Avant de conclure : « Tôt ou tard, le conflit nucléaire sera résolu, et la France doit décider quelle est sa position maintenant. »Depuis le début 2014, les Occidentaux ne s’opposent plus à l’exportation du pétrole iranien (environ un million de barils par jour) et les navires transportant le brut peuvent à nouveau être assurés. Un enjeu crucial quand on sait que le budget de l’Etat iranien dépend en grande partie des recettes des hydrocarbures. Les bénéfices économiques d’une levée totale des sanctions pétrolières seraient considérables pour l’Iran, qui dispose de la quatrième réserve mondiale de pétrole.De plus, les restrictions sur les importations destinées à l’industrie automobile et à l’entretien du parc aéronautique civil, ainsi que sur certains produits pharmaceutiques et les échanges des métaux précieux, ont aussi été levées.Les monarchies du Golfe s’inquiètent particulièrement de l’impact qu’aurait une levée des sanctions contre l’Iran en cas d’accord. A terme, note une source française, l’Iran pourrait ainsi récupérer 150 milliards de dollars (134 milliards d’euros) d’avoirs gelés à l’étranger. Une manne importante, qui renforcerait la capacité militaire de l’Iran et des milices chiites au Moyen-Orient. Mais un scénario inacceptable pour les Etats sunnites du Golfe.Renforcer les inspections des sites nucléairesLes inspections des sites nucléaires sont l’un des principaux obstacles à surmonter lors des négociations de Vienne. Selon les Occidentaux, il a été convenu à Lausanne, en mars, qu’un régime renforcé sera appliqué pendant toute la durée de l’accord, et même au-delà, pour certaines activités. L’AIEA aura accès à « toutes les infrastructures » nucléaires iraniennes, à l’ensemble des technologies utilisées et à toute la « chaîne de fourniture » du programme nucléaire. « Un accord qui n’est pas vérifiable, c’est un accord qui n’est pas applicable », a insisté, le 21 juin, Laurent Fabius, le ministre français des affaires étrangères.Lire aussi :Les Occidentaux posent leurs conditions à l’IranD’après les pays du « P5 + 1 », l'Iran s’est engagé à mettre en œuvre le protocole additionnel de l’AIEA, qui permet des inspections plus intrusives, et à accorder l’accès aux observateurs de l’agence à tous ses sites nucléaires « déclarés et non déclarés ». L’Iran doit également appliquer le code 3.1 de l’AIEA, qui l’oblige à déclarer toute installation dans laquelle est utilisé de l’uranium, six mois minimum avant le début de son fonctionnement.Lors de la conclusion de l’accord-cadre de Lausanne, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, a assuré que des inspections seraient possibles « partout et à tout moment », faisant ainsi référence aux sites militaires dont Téhéran refuse l’accès aux observateurs de l’AIEA. M. Kerry avait également affirmé que certaines mesures de surveillance resteraient en vigueur « indéfiniment », soit au-delà de la période de dix ans pendant laquelle l’Iran s’engagerait à limiter son programme nucléaire.Pour mener correctement ses inspections, l’AIEA, qui dispose d’une dizaine d’observateurs en permanence en Iran, « a le droit de réclamer l’accès à tous les sites, y compris militaires », a souligné son directeur général, Yukiya Amano, dans un entretien au Monde et à l’AFP à l’occasion de son déplacement en France, les 26 et 27 mai. Cette disposition, a-t-il rappelé, est prévue par le protocole additionnel de l’AIEA.Lire aussi :Téhéran refuse d’ouvrir ses bases militairesEn guise de bonne foi, l’Iran avait signé ce protocole en 2003 lors des premières négociations avec les Occidentaux qui ont échoué en 2005. Mais le texte n’a jamais été ratifié par le Parlement iranien. Or, comme son contenu n’a pas été dévoilé, on ignore s’il contient des clauses restrictives concernant certains sites. « Le protocole additionnel est un document standard, il n’y a pas de mesures spécifiques pour l’Iran », affirme M. Amano. Mais cette interprétation est contestée par Téhéran. Le Guide suprême, Ali Khamenei, a édicté, le 20 mai, ce qui ressemble à une « ligne rouge » pour les négociateurs iraniens. « Nous avons déjà dit que nous ne permettrons aucune inspection des sites militaires de la part des étrangers », a-t-il insisté. Il a également précisé qu’il n’autoriserait pas de contacts avec les chercheurs du programme atomique, alors que les Occidentaux réclament depuis des années la possibilité d’interroger l’ingénieur Mohsen Fakhrizadeh Mahabadi, considéré comme le principal architecte du programme nucléaire iranien. Ils demandent aussi de pouvoir se rendre sur la base militaire de Parchin, près de Téhéran, sur laquelle l’Iran est soupçonné d’avoir conduit des recherches sur des détonateurs pouvant servir à une bombe atomique. Les inspecteurs de l’AIEA n’ont plus accès à Parchin depuis 2005.Laurent Fabius a dévoilé une autre zone d’ombre en révélant, le 20 mai, que l’Iran réclame un délai de vingt-quatre jours avant d’autoriser des inspections de l’AIEA en cas de présomption d’infraction par les pays du « P5 + 1 ». Or, a-t-il souligné, « en vingt-quatre jours, il y a beaucoup de choses qui peuvent disparaître ».Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.06.2015 à 17h07 • Mis à jour le23.06.2015 à 17h17 | Jean Tirole (Ecole d'économie de Toulouse, Prix Nobel d'économie 2014) De nombreux Européens considèrent l’Europe comme une voie à sens unique : ils en apprécient les avantages, mais sont peu disposés à accepter des règles communes ; en nombre croissant à travers l’Union, ils apportent leur vote à des partis populistes (Front National, Syriza, Podemos…) surfant sur la vague eurosceptique et s’indignant contre les contraintes venues de l’« étranger ».Actuellement confrontés à la crise grecque, les décideurs européens devront bientôt prendre du recul et réfléchir au problème plus général du futur de la zone euro. Avant d’envisager une sortie ou, au contraire, une intégration plus poussée, les conséquences de chaque option méritent réflexion.Pour simplifier à l’extrême, il existe trois stratégies pour la zone euro : l’approche minimaliste qui reviendrait aux monnaies nationales, en gardant peut-être l’Europe comme une zone de libre-échange et en conservant quelques institutions ayant fait une différence comme le droit communautaire de la concurrence ; l’actuelle, qui repose sur le traité de Maastricht de 1992 et la mise à jour de son pacte budgétaire en 2012 ; et enfin la version plus ambitieuse du fédéralisme. Ma préférence va clairement à la version fédéraliste, mais je ne suis pas du tout convaincu que les Européens soient disposés à prendre les mesures nécessaires pour garantir son succès.Retombées néfastesL’approche maastrichtienne enfreint la souveraineté des États membres par la surveillance des dettes et des déficits publics. Ses pères fondateurs craignaient avec prescience qu’un défaut imminent d’un pays ne provoque un sauvetage : le traité de Maastricht a donc intégré une limite d’endettement et une clause de « non-renflouement ».La solidarité envers un État membre en difficulté repose sur la peur des retombées néfastes pour les pays sauveteurs d’un défaut du pays surendetté. Ces effets négatifs provenant du défaut peuvent être économiques (expositions pour les filiales et les banques et crainte de paniques bancaires et souveraines – comme pour la Grèce en 2011 –, réduction des échanges) ou autres (comme pour la Grèce en 2015 : empathie, volonté de sauver la construction européenne, pouvoir de nuisance d’un pays en détresse).La possibilité d’un sauvetage peut à son tour engendrer un « aléa moral » : jusqu’à 2009, des taux d’emprunt très bas générés par la perspective d’une garantie européenne des dettes (malgré la clause de non-renflouement) ont probablement incité la périphérie à s’engager sur des trajectoires d’endettement d’autant moins soutenables que certains pays supervisaient leurs banques de façon laxiste.Comme s’il existait un nombre magiqueL’approche maastrichtienne a jusqu’à maintenant échoué. Pour en comprendre les raisons, examinons les quatre obstacles auxquels elle est confrontée : l’uniformité, la complexité, l’applicabilité et la solidarité limitée.Craignant d’être accusée de discrimination, l’Europe a choisi les mêmes contraintes sur la dette et le déficit budgétaire pour tous les pays (les fameux 60 % et 3 % du produit intérieur brut pour simplifier), comme s’il existait un nombre magique pour garantir la viabilité d’une dette souveraine. Cependant, l’uniformité n’est basée sur aucun fondement théorique à l’exclusion de sa transparence vis-à-vis des citoyens européens : une dette de 40 % peut être insoutenable pour un pays, alors un autre pays peut supporter une dette de 120 %.La capacité d’endettement dépend de plusieurs facteurs : la capacité du pays à collecter et éventuellement augmenter l’impôt, le taux de croissance, l’équilibre politique entre ceux qui bénéficient de la dette et ceux qui seraient pénalisés par un défaut, ou la fraction de la dette souveraine détenue domestiquement (les pays n’aiment pas faire défaut sur leurs propres citoyens ou banques).La mutualisation est irréalisable pour l’assurance chômage. En effet, le taux de chômage dans la zone euro est lié aux choix concernant la protection de l’emploi, les politiques actives du marché du travail, les contributions à la sécurité sociale, etc.La complexité, elle, fait référence à la difficulté à mesurer l’endettement réel d’un pays. Jusqu’à la récente réforme du Pacte de stabilité et de croissance et les modifications des règles d’Eurostat, les statistiques sur la dette ne comprenaient que les dettes qui étaient dues pour sûr.La dette contingente (expositions hors bilans) peut cependant être substantielle : retraites sans capitalisation, garanties données à des entreprises publiques ou à la sécurité sociale, pertes éventuelles occasionnées par les garanties de la Banque centrale européenne (BCE) ou le mécanisme européen de stabilité (ces dernières étant désormais déclarées mais non comprises dans la dette). Quelques-uns des esprits les plus brillants sont spécialistes de la titrisation des revenus publics futurs, l’utilisation de produits dérivés ou autres artifices pour cacher l’endettement.Quant à l’applicabilité, les ministres des finances européens ne sont pas parvenus à sanctionner les nombreuses violations du Pacte de stabilité et de croissance, à commencer par celles de l’Allemagne et de la France vers 2003. Nous ne devrions pas être surpris.Des euro-obligationsPremièrement, les ministres des finances hésitent à s’exposer à la colère d’un pays ayant commis une infraction par le biais d’une intervention qui ne parviendra de toute façon sans doute pas à modifier la décision collective.Deuxièmement, l’objectif par ailleurs légitime de la construction européenne est souvent évoqué pour fermer les yeux sur des pratiques comptables douteuses ou une préparation insuffisante pour permettre l’entrée dans la zone euro.Troisièmement, tout le monde s’attend à des petits arrangements de complaisance.Étant donné que le processus politique a peu de chance de fournir les résultats escomptés, il semblerait que l’approche maastrichtienne ait besoin d’un conseil budgétaire hautement qualifié et indépendant. Contrairement aux conseils existants, tous nationaux, le conseil budgétaire serait européen (pour refléter la possibilité que les États membres aient des effets néfastes sur le reste de l’Europe) et devrait pouvoir imposer rapidement des mesures correctives.La supervision centralisée à la BCE dans le cadre de l’union bancaire donne ici un peu d’espoir et pourrait ouvrir la voie à une assurance des dépôts communeEn outre, les sanctions financières étant inadaptées lorsqu’un pays est endetté et en récession, il convient de prendre des mesures alternatives, exacerbant alors les inquiétudes concernant la légitimité et la souveraineté.Enfin, la solidarité entre voisins a ses limites, surtout une fois qu’une maison a pris feu et qu’il s’agit de payer pour sa reconstruction. Les débats actuels consistant à savoir qui seraient les gagnants et les perdants d’un stimulus fiscal entrepris par les pays économiquement solides, ou combien et à qui coûteront les interventions de la BCE soulignent les limites de la solidarité ex post. Ce qui m’amène à l’approche fédéraliste.Le fédéralisme implique un partage des risques plus élevé. Avec des euro-obligations, les pays européens deviendraient coresponsables des dettes des autres pays. Un budget, une assurance des dépôts et une assurance chômage communs feraient office de stabilisateurs automatiques, offrant davantage de protection aux pays – un pays en difficulté recevant des transferts automatiques (moins d’impôts, plus de transferts sociaux et d’utilisation du fonds d’assurance des dépôts) – et rendant la politique « aucun sauvetage » plus crédible (les stabilisateurs réduisant les excuses pour une faible performance économique). Sur ce dernier point, nous devrions nous rappeler que le gouvernement fédéral américain n’a pas renfloué ses États depuis 1840.Lois communes afin de limiter l’aléa moralLa vision fédéraliste exige deux conditions préalables. Tout d’abord, tout contrat d’assurance doit être signé sous le voile d’ignorance. Vous n’accepteriez pas d’inclure la solidarité dans un plan d’assurance habitation si ma maison était déjà en feu. Il serait éventuellement possible de résoudre l’asymétrie actuelle entre les pays du Nord et les pays du Sud en identifiant et en isolant les problèmes hérités du passé afin d’y faire face ; complexe mais réalisable.Ensuite, et principalement, les pays vivant sous un même toit doivent disposer de lois communes afin de limiter l’aléa moral. Il va de soi que l’uniformité des lois doit concerner les lois qui peuvent générer des dommages collatéraux pour les autres pays Européens, et non, disons, la pasteurisation des aliments consommés dans le pays membre : la subsidiarité doit s’appliquer là où elle ne crée pas de coûts pour le reste de l’Europe.La supervision centralisée à la BCE dans le cadre de l’union bancaire nous donne ici un peu d’espoir et pourrait ouvrir la voie à une assurance des dépôts commune, car la supervision centralisée diminue les chances que les pays supervisant bien leurs banques ne paient pour les pays laxistes.Perte de la souveraineté nécessaireMais la mutualisation est irréalisable pour l’assurance chômage. En effet, le taux de chômage dans les pays de la zone euro n’est qu’en partie déterminé par le cycle, et est très lié aux choix concernant la protection de l’emploi, les politiques actives du marché du travail, les contributions à la sécurité sociale, les institutions de formation professionnelle, le type de redistribution (smig ou fiscalité), etc.Il est clair que les pays qui choisissent des institutions qui permettent d’obtenir des taux de chômage de 5 % ne voudront pas « co-assurer » les pays qui de facto choisissent 20 % de chômage. Il en va de même pour les retraites et la mutualisation des dettes. Malgré cette évidence, les Européens ne parviennent toujours pas à se faire à l’idée d’abandonner leur souveraineté.Nous, Européens, devons accepter la perte de la souveraineté nécessaire pour vivre sous le même toit. Et pour y parvenir, nous devons réhabiliter l’idéal européen et nous unir pour le défendre contre le populisme nationaliste, ce qui n’est pas chose facile ces temps-ci…Jean Tirole (Ecole d'économie de Toulouse, Prix Nobel d'économie 2014) 23.06.2015 à 16h15 • Mis à jour le23.06.2015 à 17h31 Ce n’est que l’une des conséquences dramatiques du conflit sur les populations civiles yéménites. Depuis les premiers bombardements aériens menés par la coalition conduite par l’Arabie saoudite pour tenter de freiner l’avancée de la rébellion chiite houthiste, en mars, plus de 3 000 cas de dengue ont été signalés, notamment dans le sud du pays, a indiqué mardi 23 juin l’Organisation mondiale de la santé (OMS).« Plus de 3 000 cas suspects de dengue ont été signalés […] mais les chiffres devraient être largement supérieurs, a précisé un porte-parole de l’organisation, Christian Lindmeier. Certaines ONG parlent de 6 000 cas, le double des chiffres officiels. Des centaines de cas sont attendus dans les prochaines semaines à Aden », le principal port du pays.Lire aussi :Au Yémen, « c’est une guerre contre les civils »Une crise sanitaire majeureCette maladie virale, véhiculée par les moustiques, est endémique au Yémen entre avril et août, mais les chiffres sont bien plus élevés cette année en raison du conflit, affirme l’OMS.Le Yémen est depuis 2014 le théâtre d’un violent affrontement entre les rebelles houthistes, proches de l’Iran et qui se sont emparés d’une partie du pays, et les partisans du président légitime en exil, Abd Rabo Mansour Hadi, soutenus par Riyad. Une quarantaine de personnes ont été tuées en vingt-quatre heures dans des combats à Aden et Dhaleh, dans le sud du pays, ont indiqué mardi 23 juin un responsable local et une source médicale. Au total, ce sont plus de 2 600 personnes qui ont été tuées depuis mars, selon l’ONU. Près de 80 % des Yéménites ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.Lire aussi :L’Etat islamique perturbe les négociations de paix au YémenLes raids aériens menés depuis mars ont endommagé des infrastructures de santé, et le manque d’eau et d’hygiène favorise la propagation de la dengue. Les principaux symptômes de cette maladie sont une forte fièvre, des douleurs articulaires sévères, des vomissements et une défaillance du système circulatoire. Elle peut évoluer vers une forme hémorragique, avec un taux de mortalité de plus de 20 %.Selon l’OMS, outre l’épidémie de dengue, c’est une crise sanitaire majeure qui est en cours au Yémen. « Les hôpitaux ont été détruits, le personnel médical tué et les graves pénuries de nourriture, de matériel médical et de carburant provoquent des souffrances à grande échelle », dénonce l’organisation.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ruazd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ruazd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 23.06.2015 à 13h33 • Mis à jour le23.06.2015 à 16h57 | Marie Charrel Au lendemain d’une journée de réunions de crise à Bruxelles, où se tenaient, lundi 22 juin, une réunion de l’Eurogroupe et un sommet des dirigeants de la zone euro, les positions d’Athènes et de ses créanciers se sont rapprochées.L’échéance du 30 juin, date à laquelle la Grèce doit avoir remboursé 1,6 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI), se rapproche, et de nombreuses questions demeurent. Voici les réponses aux questions que vous nous avez posées lors du suivi en direct que nous consacrons à l’événement.Que se passera-t-il si Athènes ne rembourse pas les 1,6 milliard d’euros dus au FMI et les 3,5 milliards d’euros à la BCE ?Quelles peuvent être les conséquences pour la Grèce d’une sortie de la zone euro ?Et les conséquences d’un « Grexit » pour les autres Etats membres de l’UE ?La Grèce pourrait-elle quitter la zone euro sans quitter l’UE ?Existe-t-il une possibilité de sortie de crise sur le long terme ou ne faisons-nous que repousser l’échéance du « Grexit » et de la fragilisation de la zone euro ?Depuis le début des débats, on parle de la difficulté de la Grèce à rembourser de l’argent, condition nécessaire au déblocage de nouveaux fonds. N’y a-t-il pas une contradiction profonde dans cette démarche ?Augmenter les taux de TVA de l’électricité et abaisser les retraites permettra-t-il à ce pays miné par le chômage, la pauvreté et la récession de rembourser sa dette colossale ?Quels sont les taux auxquels les dettes grecques sont exposées ?Pourquoi la question de l’inflation n’est-elle pas mise sur la table ? Une inflation un peu plus forte (3 à 5 %) permettrait d’alléger la dette de tout le monde…Pourquoi reprocher aux Grecs une absence de cadastre alors que ce pays n’est réellement indépendant que depuis 1974 ?Puisque la troïka a donné des orientations à la Grèce depuis environ 2010, n’est-elle pas responsable en partie de la situation actuelle ?La troïka semble la seule « capitaine » à bord. Ne faudrait-il pas un contre-pouvoir ?  Que se passera-t-il si Athènes ne rembourse pas les 1,6 milliard d’euros dus au FMI et les 3,5 milliards d’euros à la BCE ?Il faut différencier les deux cas.Un non-remboursement du FMI (1,6 milliard dus le 30 juin) ne serait pas « trop » grave, car le FMI est un créancier plutôt conciliant : il offre plusieurs possibilités d’aménagement des remboursements. Et même si la Grèce ne remboursait pas le FMI à temps, le « défaut de paiement » ne serait pas notifié avant un mois. Cela laisse encore un délai pour les négociations.Le non-remboursement de la BCE (3,5 milliards d’euros le 20 juillet) serait bien plus grave. La BCE pourrait, en conséquence, suspendre ou réduire ses financements d’urgence (les ELA) aux banques grecques, qui seraient dès lors au bord de l’asphyxie. Le gouvernement grec aurait alors du mal à briser la spirale menant au Grexit.Lire aussi :Grèce : un défaut de paiement conduirait-il automatiquement au « Grexit » ?Quelles peuvent être les conséquences pour la Grèce d’une sortie de la zone euro ?Le scénario du « Grexit » plongerait le pays dans une période d’incertitudes dommageables politiquement et économiquement. Le gouvernement serait contraint d’instaurer un contrôle des capitaux pour limiter la fuite des dépôts.La valeur de la drachme s’effondrerait face à l’euro, ce qui ferait décoller le prix des produits importés, au détriment du pouvoir d’achat des Grecs. Il est vrai qu’avec une monnaie plus faible, l’économie grecque regagnerait en compétitivité. Mais comme le volume de ses exports est trois fois plus faible que celui de ses importations, le pays en profiterait peu.Et les conséquences d’un « Grexit » pour les autres Etats membres de l’UE ?Selon les économistes, un « Grexit » n’entraînerait pas de panique financière comme en 2012, car depuis les banques européennes ont réduit leur exposition à la Grèce. Il n’y aurait donc pas de « contagion financière », car les « courroies » de transmission sont coupées.En revanche, les Etats sont exposés à la dette grecque, par les prêts bilatéraux qu’ils lui ont accordés, et par les garanties qu’ils ont apportées au Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui a prêté 142 milliards d’euros à la Grèce. Surtout, un « Grexit » aurait des conséquences politiques difficilement mesurables.La zone euro n’apparaîtrait plus comme une construction irréversible. L’idée même de la zone euro serait ébranlée. On peut redouter que l’intégration communautaire marque un coup d’arrêt, sur fond de montée des populismes.La Grèce pourrait-elle quitter la zone euro sans quitter l’UE ?Les traités communautaires précisent qu’il est possible de quitter l’UE, mais rien n’est prévu pour quitter la zone euro, l’adoption de la monnaie unique étant censée être irréversible. Un « Grexit » se ferait donc selon des termes inconnus. Et probablement dans le chaos. Certains analystes soutiennent qu’il impliquerait également une sortie de l’UE, mais d’autres disent que les dirigeants européens auraient tout de même intérêt à garder la Grèce dans l’UE, pour éviter qu’elle ne se rapproche de la Russie. Et surtout, malgré la crise, les Grecs restent profondément attachés à l’Europe.Existe-t-il une possibilité de sortie de crise sur le long terme ou ne faisons-nous que repousser l’échéance du « Grexit » et de la fragilisation de la zone euro ?Une nouvelle aide financière ne résoudra pas les problèmes de fond de la Grèce. Une nouvelle restructuration de la dette aiderait, mais là encore, cela ne suffira pas. Le défi, pour la Grèce, est de trouver un modèle économique viable, qui lui assurera une croissance solide, sur le long terme. Cette question est absente des débats.Depuis le début des débats, on parle de la difficulté de la Grèce à rembourser de l’argent, condition nécessaire au déblocage de nouveaux fonds. N’y a-t-il pas une contradiction profonde dans cette démarche ?Cela peut en effet sembler paradoxal : les créanciers prêtent à la Grèce… pour qu’elle les rembourse. Mais en vérité, c’est le principe même de l’endettement des Etats : ceux-ci empruntent en permanence en partie pour rembourser des dettes arrivant à échéance. Tant que la dette publique est soutenable – c’est-à-dire tant que les rentrées fiscales et le taux de croissance permettent de stabiliser le niveau de la dette –, ce n’est pas grave. De nombreux économistes, jugent que la Grèce n’atteindra cette « soutenabilité » que si l’on restructure à nouveau la dette publique grecque. Augmenter les taux de TVA de l’électricité et abaisser les retraites permettra-t-il à ce pays miné par le chômage, la pauvreté et la récession de rembourser sa dette colossale ?C’est toute la question. La priorité devrait être de définir un modèle de croissance. Quels secteurs sont susceptibles de tirer l’économie grecque ? Les services, le tourisme, ou encore les nouvelles technologies ? Dans tous les cas, il semble probable que la dette grecque sera d’une façon ou d’une autre allégée. Probablement par un allongement des maturités et un nouvel abaissement des taux d’intérêt.Quels sont les taux auxquels les dettes grecques sont exposées ?Les taux d’intérêt que la Grèce paie à ses créanciers publics sont très bas, et ont été réduits plusieurs fois depuis la restructuration de 2012. En moyenne, le taux de la Grèce est ainsi de 2,3 %, alors que celui de la dette allemande est à 2,37 %. Par ailleurs, la dette grecque a une « maturité » moyenne de 16 ans, contre 7 ans pour la dette française.Pourquoi la question de l’inflation n’est-elle pas mise sur la table ? Une inflation un peu plus forte (3 à 5 %) permettrait d’alléger la dette de tout le monde…En effet, l’inflation permet d’alléger la dette plus rapidement. L’ennui, c’est que l’inflation rogne également le pouvoir d’achat : dans le cas des Grecs, ce serait terrible.Pourquoi reprocher aux Grecs une absence de cadastre alors que ce pays n’est réellement indépendant que depuis 1974 ?Les dysfonctionnements de l’administration, à de nombreux niveaux, représentent l’un des problèmes majeurs dont souffre la Grèce. Ils compliquent singulièrement la levée des impôts, l’application des réformes et surtout nuisent à la qualité des services publics rendus aux Grecs. Certains économistes soulignent que la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne) aurait dû se concentrer en priorité sur ces faiblesses-là, dès 2010.Puisque la troïka a donné des orientations à la Grèce depuis environ 2010, n’est-elle pas responsable en partie de la situation actuelle ?Probablement : certains économistes soulignent en effet que la troïka a sous-estimé l’impact récessif de ses mesures, et mal apprécié leurs conséquences dans un pays appartenant à une union monétaire. D’autres estiment qu’elle a sous-estimé les dysfonctionnements de l’administration grecque.Mais les Grecs sont également responsables. Ainsi, leurs comptes publics avaient été maquillés. La zone euro dans son ensemble est également responsable : elle aussi a mal évalué l’impact qu’a eu l’introduction de la monnaie unique sur l’économie grecque. En conclusion : cette crise est une tragédie européenne. Tout le monde est coupable.La troïka semble la seule « capitaine » à bord. Ne faudrait-il pas un contre-pouvoir ?Le Parlement européen a déjà, à plusieurs reprises, émis des propositions en ce sens. Il ne faut pas oublier que la troïka s’est créée pendant la panique de 2010, faute de mieux. Et elle disparaîtra avec la fin du plan d’aide à la Grèce. Pour les prochaines crises, d’autres mécanismes entreront en jeu, comme le « mécanisme européen de stabilité », au fonctionnement plus démocratique. En ce sens, la zone euro a appris des erreurs de la troïka…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.06.2015 à 11h00 • Mis à jour le23.06.2015 à 11h32 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) et Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance) Pour la première fois, l’Autorité palestinienne va transmettre des informations à la Cour pénale internationale (CPI), jeudi 25 juin. Membre de plein droit de cette instance depuis le 1er avril, l’Autorité palestinienne, par l’intermédiaire de son ministre des affaires étrangères, Riyad Al-Malki, veut nourrir la réflexion de la procureure Fatou Bensouda. Le 16 janvier, la magistrate a ouvert un examen préliminaire sur les crimes commis depuis le 13 juin 2014 dans les territoires palestiniens et Jérusalem-Est. Selon une source proche du dossier, l’Autorité palestinienne compte lui transmettre un argumentaire juridique sur l’extension des colonies israéliennes en Cisjordanie et sur les actions militaires de Tsahal, l’armée israélienne, en particulier dans la bande de Gaza, afin de l’inciter à ouvrir une enquête.Le rapport de la commission spéciale de l’ONU, publié lundi, est donc perçu comme un encouragement par les Palestiniens. Le bureau du procureur de la CPI en « prend connaissance », explique-t-on à La Haye. La magistrate pourrait demander l’accès aux témoignages recueillis auprès du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Le bureau du procureur « envisage une visite dans la région », explique-t-on à la Cour. Mais aucune date n’a encore été fixée.« Impunité »Le rapport a sans doute rappelé à la procureure que Tel-Aviv n’a pas ouvert ses portes aux enquêteurs et n’a pas plus l’intention de coopérer avec la CPI. Il pourrait alimenter le dossier de la CPI sur un point précis. Au cours de son examen, la procureure doit notamment établir si des enquêtes sérieuses sont conduites par les Israéliens et les Palestiniens, car la Cour n’intervient qu’en dernier ressort. Or, dans leur rapport, tout en saluant quelques progrès accomplis par Israël ces dernières années, les enquêteurs fustigent « l’impunité qui prévaut à tous les niveaux ».La commission met en cause la mission duale du parquet militaire général, à la fois conseiller juridique de l’état-major et instance chargée des poursuites criminelles et disciplinaires. Elle souligne « la nécessité de se pencher sur les différentes étapes de la prise de décision, précisément dans la conception, la planification, les ordres et la supervision dans les opérations militaires ». Une invitation voilée adressée à la CPI ?La commission souligne aussi que les autorités palestiniennes ont « constamment échoué » à traduire en justice les auteurs de crimes contre les Israéliens. Mais l’Autorité palestinienne, consciente du risque de poursuites contre ses dirigeants en adhérant à la CPI, préfère retenir l’impact dévastateur qu’aurait une enquête contre Israël.Lire aussi :Une commission de l’ONU accuse le Hamas et l’armée israélienne de crimes de guerre à GazaPiotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterStéphanie Maupas (La Haye, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ricard Ancien administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) Kemal Dervis fut ministre de l’économie de la Turquie entre 2001 et 2002. Il est toujours membre du Parti républicain des peuples (CHP), le parti social-démocrate et laïc arrivé en deuxième position lors des élections législatives du 7 juin, avec 132 élus sur 550, contre 258 au parti du président Recep Tayyip Erdogan (AKP).En quoi les élections du 7 juin marquent-elles un tournant pour la Turquie ?C’est la première fois que le gouvernement de l’AKP est en recul, passant de 49 % à 41 % des suffrages depuis les précédentes législatives. La formation perd sa majorité absolue. Même si elle reste puissante, il s’agit d’une défaite pour elle et pour Erdogan. L’autre nouveauté concerne la poussée du Parti démocratique des peuples (HDP), qui recueille 13 % des voix et disposera de 80 députés. C’est une formation d’origine kurde, rattachée au mouvement des sociaux-démocrates sur le plan européen, qui a su attirer au-delà de son fief géographique.Comment expliquez-vous cette percée ?Le parti s’est transformé pour devenir un vrai parti républicain d’envergure nationale. Il ne faut pas le réduire à sa dimension identitaire, car s’il s’était agi d’une formation prokurde sectaire, un tel succès n’aurait pas été possible. D’ailleurs, un tiers de ses candidats ne sont pas kurdes, et la formation a recueilli des voix aussi dans les régions non-kurdes. Elle porte un message de paix et d’unité, plutôt que de séparatisme, et défend les minorités en général, qu’elles soient ethniques, religieuses ou sociales. Elle défend, en particulier, les droits des homosexuels. La population turque est très diverse, et peut se reconnaître dans cette formation.Quelle coalition voyez-vous émerger après le scrutin ?Difficile de se prononcer. Quoi qu’il en soit, il est urgent de former un gouvernement, car la situation est très tendue sur le plan sécuritaire et économique. Les investisseurs ont besoin d’être rassurés. Nous accueillons deux millions de réfugiés en raison de la guerre en Syrie. La frontière est poreuse, et l’on peut imaginer que certains individus, ou groupes proches de l’Etat islamique, ne nous veuillent pas que du bien. On ne peut exclure le déclenchement de certaines violences. Ce scrutin peut-il faire évoluer la politique étrangère turque, plutôt ambiguë à l’égard de l’expansion de l’Etat islamique en Syrie et en Irak ?Le poids du HDP va désormais jouer un rôle dans le débat sur la sécurité et la politique extérieure. Ce parti a profité de l’engagement des Kurdes dans la bataille de Kobané contre l’EI, que le gouvernement turc a soutenu du bout des lèvres. Une partie de la communauté kurde s’est sentie trahie par le Parti pour la justice et le développement [AKP, le parti d’Erdogan], au point de ne plus voter pour elle. Sur le plan interne, les négociations de paix avec les Kurdes vont connaître un nouvel élan : elles pourraient avoir lieu dans le cadre parlementaire, pour préciser la réforme de la Constitution afin de reconnaître certains droits. Ce sera plus facile que de négocier par le truchement d’un prisonnier retenu sur une île [Abdullah Öcalan].Croyez-vous à la possibilité de nouvelles élections en cas de blocage ?Non, cette élection a été vraiment démocratique, et l’on doit en féliciter le gouvernement et l’AKP. Le scrutin indique clairement que le pays ne veut pas du modèle autoritaire proposé par M. Erdogan. Il va falloir apprendre à gérer la diversité issue des urnes. Mais ses résultats sont salués dans le pays et dans le monde. Il serait donc souhaitable qu’un gouvernement sorte de ce Parlement.Quel peut-être l’impact du scrutin sur les négociations avec l’Union européenne, aujourd’hui dans l’impasse ?Le processus doit être relancé. Les conservateurs européens doivent de nouveau tendre la main à la Turquie, dont le gouvernement doit lui aussi se réengager dans le processus. Il nous faut trouver la voie d’une destinée commune avec les pays de l’Union européenne, même si cela ne se fera pas de la même façon qu’entre la France et l’Allemagne, au sein de l’Union monétaire et de l’espace Schengen. On pourrait réfléchir à un statut comparable à celui que le Royaume-Uni cherche à préciser avant son référendum sur le maintien, ou pas, dans l’UE.Philippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.06.2015 à 16h56 • Mis à jour le11.06.2015 à 17h01 Après une série d’agressions au couteau dans les rues de Rio à un an des Jeux Olympiques, les élus locaux ont décidé d’agir. Les députés de l’assemblée de l’Etat ont voté une loi interdisant le port d’arme blanche sous peine d’amende. Près de 42 000 homicides ont été dénombrés depuis mars 2007 dans l’Etat de Rio.Le gouverneur centriste Fernando Pezao doit, dans un délai de 15 jours, promulguer la loi approuvée mercredi 10 juin. Le projet stipule que toute personne prise en flagrant délit de port « d’objet tranchant ayant une lame de plus de dix centimètres » sera passible d’une amende de 2 400 à 24 000 réais (679 à 6 783 euros).Lire : Manifestation après la mort de plusieurs personnes dans une favela de RioÀ l’initiative d’un député de droite, le projet voté par 61 voix contre 3, fait pourtant l’objet de polémiques. Le très conservateur député Flavio Bolsonaro (PP) a posté sur son compte Twitter que cela équivalait à « un statut du désarmement. Et les criminels resteront impunis ! ».Votei contra o PL, aprovado agora na @alerj , que proíbe porte de facas nas ruas. É o Estatuto do Desfacamento! E criminosos seguem impunes!— FlavioBolsonaro (@FlavioBolsonaro)require(["twitter/widgets"]);Le député d’extrême gauche Franciso Julianelli a souligné quant à lui que le projet apportera de grands préjudices aux travailleurs de la zone rurale qui portent des coutelas comme instrument de travail. Un élu de centre droit, Jorge Felipe Neto, a défendu la loi, soulignant que le principe du « raisonnable » assurera que des injustices ne soient pas commises.Lire : Police brésilienne : la culture du meurtreCe projet de loi a été approuvé alors que le Parlement brésilien envisage de réduire l’âge de la majorité pénale de 18 à 16 ans. Une récente vague d’agressions pour vols perpétrées par des jeunes à Rio de Janeiro — au moins 15, dont une mortelle — a relancé le débat sur la majorité pénale dans le pays. La proposition aurait le soutien de 87 % des Brésiliens, d’après un sondage de l’institut Datafolha.Depuis 2008, les autorités de Rio ont entamé une politique de « pacification » des favelas en vue de sécuriser la ville pour le Mondial 2014 de football et les JO 2016 en reprenant leur contrôle sur les trafiquants de drogue. Toutefois, l’implantation des services de base promis (crèches, écoles, hôpitaux, etc..) n’a pas suivi. 11.06.2015 à 14h47 • Mis à jour le11.06.2015 à 15h23 Nouveau revers pour le régime de Bachar Al-Assad. Des insurgés se sont emparés, jeudi 11 juin, d’une grande partie d’une base aérienne militaire de de la province de Soueida, dans le sud du pays, au surlendemain de la prise d’un autre site militaire. Le Front sud « procède actuellement à une opération de ratissage contre les forces » qui restent dans le secteur, a déclaré à l'AFP le porte-parole de cette alliance qui regroupe plusieurs mouvement non islamistes opposés au gouvernement de Damas.Contrairement à l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui a confirmé la progression des rebelles, la télévision d'Etat a qualifié de « totalement infondées » les informations sur « l'occupation » de l'aéroport d'al-Thala. Le gouverneur de Soueida a également démenti, accusant les médias de diffuser des « tromperies ».La progression du Front sud dans la base aérienne intervient au lendemain de la prise par l'Alliance (regroupement de forces rebelles modérées et islamistes) de la Brigade 52, dans la province voisine de Deraa.  Les rebelles d’un côté, l’organisation EI de l’autreDepuis la fin mars, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ont subi d’autres revers importants : une alliance incluant le groupe terroriste Front Al-Nosra a conquis la quasi-totalité de la province d’Idlib, dans le Nord-Ouest, et les soldats de l’organisation Etat islamique (EI) ont pris la ville de Palmyre, à 240 km au nord-est de Damas.A la frontière libanaise, dans l’ouest du pays, les forces gouvernementales syriennes appuyées par des miliciens chiites du Hezbollah libanais ont en revanche marqué des points ces dernières semaines, notamment dans les monts Kalamoun.Lire aussi :En Libye, trouver un accord politique pour barrer la route à l’Etat islamiqueLa région de Soueida est sous le contrôle du régime syrien, et la majorité de ses habitants sont druzes. Appartenant à minorité musulmane hétérodoxe, ces derniers représentent environ 3 % de la population. La communauté est divisée, certains de ses membres combattant du côté du régime, tandis que d'autres ont exprimé leur sympathie pour l'opposition Florence Evin Alors que tous les regards sont tournés vers l’Irak et la Syrie, portés sur les destructions barbares, par l’organisation Etat Islamique (EI), du patrimoine millénaire mésopotamien – Nimroud, Hatra, le Musée de Mossoul – et sur le danger qu’elle fait peser sur la cité antique de Palmyre, les récents bombardements saoudiens des sites historiques yéménites sont passés inaperçus.Alors que l’Arabie saoudite bombarde depuis fin mars les positions des rebelles houthis chiites, présentés par Riyad comme des soutiens de l’Iran, la valeur des sites historiques qui servent d’abri à ces milices n’entre pas en jeu. Un communiqué de l’Unesco, daté du 3 mai, a condamné ces frappes aériennes détruisant un patrimoine millénaire. La communauté scientifique s’est mobilisée ; les spécialistes de la péninsule Arabique, les archéologues notamment, ont sonné l’alarme.A Marib, capitale de la légendaire reine de Saba – qui aurait, dit la Bible, rendu visite au roi Salomon à Jérusalem –, le grand barrage, datant du premier millénaire avant notre ère, a été touché. Les photos d’Hussain Albukhaiti, postées sur le Web, le 31 mai, montrent la paroi de pierre monumentale éventrée. Information confirmée par Iris Gerlach, directrice de l’Institut archéologique allemand, à Sanaa, la capitale du Yémen. Destruction condamnée par la direction yéménite des antiquités et des musées.« C’est le plus grand barrage de l’antiquité, avec une levée de terre de 600 mètres, s’alarme Jérémie Schiettecatte, archéologue au CNRS. Les vannes sont des constructions monumentales en forme de tours, de vingt mètres de haut sur cent de large, qui fortifiaient la levée de terre. » Le scientifique a travaillé au Yémen jusqu’en 2010, date d’arrêt des fouilles françaises, après les attentats terroristes visant des étrangers. Depuis les années 1970, le Centre français archéologique de Sanaa était très actif. Il continue de fonctionner depuis l’Arabie saoudite.Deux autres sites visés« Selon une sourate du Coran, la rupture du barrage serait une punition obligeant les populations à quitter la région. Plusieurs épisodes de rupture auraient eu lieu, jusqu’à la dernière restauration, au milieu du VIe siècle, soixante ans avant la prédication de Mahomet », précise M. Schiettecatte. Ce barrage, construit au VIIIe siècle avant J.-C., irriguait toute cette région désertique sur dix mille hectares. Marib était la grande cité antique du sud de l’Arabie, plaque tournante du commerce de l’encens avec la Mésopotamie et la Méditerranée, dont l’économie reposait sur un système d’irrigation très sophistiqué, merveille d’ingénierie saluée par le Coran. Elle est en attente d’inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.La frappe aérienne sur Marib a suivi celle, le 23 mai, du Musée de Dhamar, une des capitales des gouvernorats située au sud de Sanaa. 12 500 objets archéologiques ont été anéantis dans l’explosion, « des centaines d’inscriptions en sabatéen – langue du royaume de Saba [800 av. J.-C. – 300 ap.J.-C.]– sur des stèles, des brûle-encens, des éléments d’architecture… », indique l’archéologue français, qui précise que les pièces avaient été documentées par les scientifiques de l’université de Pise ; un travail d’archives réalisé par les Italiens sur l’ensemble des musées yéménites.Deux autres sites ont été visés. Le 5 juin, la forteresse médiévale d’Al-Qahira qui, sur une colline, domine Taez ; un site stratégique surplombant la troisième ville du Yémen. Et le palais Wadi Dhar, résidence d’été de l’imam Yahya, construit dans les années 1920 en nid d’aigle, au sommet d’un piton rocheux de cinquante mètres. Parfait exemple de l’architecture yéménite, maison-tour de brique crue, dont les façades sont animées de frises géométriques en blanc de chaux.Trois archéologues, l’Italienne Sabina Antonini, l’Allemande Iris Gerlach et le Français Jérémie Schiettecatte, avaient pris soin de fournir à l’Unesco la liste des cinquante sites archéologiques historiques et patrimoniaux prioritaires pour alerter les Saoudiens. Un patrimoine que les Yéménites défendent et revendiquent, jusqu’à le figurer sur leurs billets de banque.Florence EvinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Samuel Laurent Comment illustrer une information évoquant une ou des femmes voilées ? La question se pose régulièrement dans les rédactions. Et la réponse n’est pas toujours satisfaisante. Mercredi 10 juin, le site de Valeurs actuelles a ainsi utilisé cette image pour parler d’un fait divers impliquant une femme portant un hijab :Une altercation entre une femme voilée et un enfant dégénère >> http://t.co/Lwh50xQBNI http://t.co/nLS9HC1QnT— Valeurs (@Valeurs actuelles ن)require(["twitter/widgets"]);L’image en question, prise par un photographe de l’AFP, montre des femmes de Bahreïn manifestant après la mort d’une femme détenue par les autorités. Ces femmes portent le niqab, et non le hijab.Le site de l’hebdomadaire n’est pas le seul à commettre ce type d’erreurs. LeMonde.fr a également fait la confusion par le passé, comme n’ont pas manqué de le relever d’autres sites. Un Tumblr, Réflexe Niqab, recense ce type d’erreurs commises au moment d’illustrer un article.Pourtant, beaucoup d’éléments distinguent niqab, hijab, tchador et burqa, les quatre principaux types de voile islamique. Explications :1. Que dit le Coran du voile ?Le voile est antérieur au Coran : dès les Assyriens, la femme libre est obligée de porter le voile, sous peine de sanctions. Une pratique qu’on retrouve, avec divers degrés d’obligation, chez les Juifs ou les Romains.Le Coran reprend cette pratique et la codifie, sans toutefois explicitement préconiser le port du voile. Néanmoins, plusieurs écrits évoquent cette pratique pour les épouses du prophète Mahomet, notamment au verset 31 de la Sourate 24 :« Et dis aux croyantes de baisser leur regard, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines ; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes ».Mais aussi au verset 59 de la sourate 33Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grandes voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. Allah est pardonneur et miséricordieux.L’usage a ensuite différé, selon les pays et les époques, tendant parfois vers plus de souplesse, et d’autres fois, à l’inverse, vers une codification importante, qui a pu être érigée en loi par les régimes politiques des pays en question. On distingue à cet effet quatre types de voiles :2. Le hijab : le « voile » générique « Hijab » signifie en réalité « voile », « rideau » ou « écran ». Le terme désigne le voile dans son acception large, et donc toutes ses déclinaisons. Néanmoins, aujourd’hui, on l’emploie surtout pour parler du voile islamique le plus répandu, couvrant la tête et les cheveux, mais pas le visage.Selon les régions du monde, le hijab peut être porté autour du visage entier (notre photo, où il est porté par une Américaine), comme un simple voile couvrant la chevelure, ou en tant qu’élément d’un costume plus complet (Inde, Indonésie).Le hijab ne recouvre donc pas le visage, ni l’ensemble du corps, mais il en existe plusieurs types, qui peuvent être plus ou moins visibles.3. Le niqab : le voile cachant le visage En général de couleur noire, le niqab se distingue du hijab car il masque aussi le visage, à l’exception des yeux. Son port est plutôt le fait de pratiquants d’un islam rigoriste, notamment les adeptes du salafisme. Le niqab s’accompagne parfois de gants destinés à cacher les mains (voire de lunettes de soleil ou d’un masque), et peut consister en un vêtement couvrant tout le corps.Une controverse existe au sein de l’Islam sur « l’obligation » ou non du port du niqab. Certains courants, rigoristes, estiment que c’est le cas, contre l’avis de la plupart des théologiens.C’est le niqab qui a posé question en France, en 2011, et abouti à la loi interdisant le fait de se masquer le visage dans les lieux publics. C’est également le niqab qui est le plus souvent utilisé par la presse pour illustrer les questions de voile, alors même que son port est largement moins répandu que celui du hijab.4. Le tchador : vêtement iranien Fréquemment employé pour « niqab », le tchador est en réalité un vêtement (de couleur bleue, noire ou plus rarement blanche) correspondant à une pratique précise : celle du chiisme iranien. Le tchador n’est pas seulement le voile (qui se porte, comme le hijab, sans couvrir le visage), mais une pièce de tissu, sans manches, que les femmes iraniennes portaient avant l’arrivée de l’Islam.Au départ porté durant la prière, le tchador est devenu obligatoire dans la rue au XVIIIe siècle. Le shah d’Iran l’a ensuite interdit en 1936, demandant aux policiers de faire la chasse aux femmes qui le portaient.Dans les années 1970, les femmes iraniennes avaient adopté des voiles plus légers, laissant voir les cheveux. Mais, à partir de 1979 et l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny, le tchador a été remis à l’honneur. Néanmoins, son port n’est pas obligatoire dans l’Iran actuel, un foulard cachant les cheveux et des vêtements dissimulant les formes étant suffisants.5. La burqa : vêtement imposé par les talibans afghans Là aussi source de nombreuses confusions, la burqa n’est pas le niqab. Et ce vêtement n’existe que très peu ailleurs qu’Afghanistan, où il est né. La burqa, de couleur bleue, est un vêtement couvrant tout le corps, y compris le visage. Un voile ou une « grille » de tissu est installé au niveau des yeux pour permettre de voir.Ce vêtement, devenu un symbole de l’oppression subie par les femmes dans des pays aux mains d’islamistes radicaux, n’existerait que depuis une quelques décennies sous cette forme, le vêtement traditionnel afghan étant plus proche du tchador iranien.Ce sont les talibans, fanatiques islamistes, qui ont imposé la burqa lors de leur arrivée au pouvoir dans le pays, à la fin des années 1990. Leurs motifs pour le faire étaient différents de ceux évoqués dans le Coran : il ne s’agit pas de voiler la femme pour sa protection, mais bien pour éviter aux hommes la tentation.Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.06.2015 à 05h43 • Mis à jour le11.06.2015 à 15h44 Répondant aux critiques de républicains et de médias sur de possibles conflits d'intérêts résultant des activités de sa Fondation, Bill Clinton a déclaré, mercredi 10 juin, qu'il ne donnerait plus de conférences rémunérées si sa femme, Hillary Clinton, est élue à la Maison Blanche.L'ancien président des Etats-Unis a souligné en marge d'une conférence de sa Fondation à Denver, dans le Colorado, qu'en cas de victoire de Hillary Clinton en 2016, il continuerait à prononcer des discours « sur les sujets qui (l)'intéressent », mais à titre gracieux. M. Clinton a reçu plus de 25 millions de dollars pour plus d’une centaine de discours prononcés depuis le début de 2014.Bill Clinton a également assuré que sa femme n'avait jamais accordé de traitement de faveur aux donateurs de la Clinton Foundation — parmi lesquels figurent les gouvernements de plusieurs pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite — à l'époque où elle était la secrétaire d'Etat de Barack Obama.Lire (édition abonnés) :La candidate Clinton face à des soupçons d’affairisme 30.06.2015 à 17h46 • Mis à jour le30.06.2015 à 18h47 Le président américain, Barack Obama, et son homologue brésilienne, Dilma Rousseff, ont appelé mardi 30 juin à Washington à la conclusion d’un accord mondial « ambitieux » sur le climat, affirmant leur volonté de faire une plus grande place aux énergies renouvelables.Dans un communiqué commun, les deux dirigeants soulignent que les engagements des pays sur leurs émissions de gaz à effet de serre devront être « régulièrement actualisés » dans les années à venir en gardant à l’esprit l’objectif de la communauté internationale : limiter la hausse du réchauffement à + 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle.Lire aussi :Tout comprendre aux négociations climatiquesLes deux pays s’engagent en particulier à faire passer à 20 % d’ici 2030 la part des énergies renouvelables (hors hydroélectricité) dans leur production totale d’électricité. En 2014, ce chiffre était de 7 % pour les Etats-Unis.Le Brésil met par ailleurs en avant un objectif de « restauration et reforestation » de 12 millions d’hectares d’ici 2030. Les Etats-Unis, de leur côté, ont annoncé un objectif de réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions d’ici 2025 par rapport à 2005.La Chine détaille sa contributionPremière émettrice mondiale de gaz à effet de serre, la Chine a de son côté confirmé mardi son engagement, annoncé fin 2014 lors d’une visite de M. Obama à Pékin, de plafonner ses émissions de CO2 à l’horizon 2030.Lire aussi :La Chine dévoile ses ambitions pour la Conférence de Paris sur le climatA cinq mois de la 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), qui débute le 30 novembre à Paris, le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre depuis 2006 – il représente à lui seul 25 % du total mondial – se fixe pour objectif d’« atteindre le pic de ses émissions de CO2 autour de 2030 tout en s’efforçant de l’atteindre au plus tôt ».Lundi, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a estimé que le rythme de la négociation onusienne était « beaucoup trop lent ». « Cela avance à une allure d’escargot », a-t-il déploré.  Marianne Boyer et Claudia Patricolo Claudia PatricoloMarianne BoyerJournaliste au Monde 30.06.2015 à 10h25 • Mis à jour le30.06.2015 à 10h39 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique A Alep, l’art pour résister à la barbarie Migrants : et si ouvrir les frontières générait de la richesse ? Migrations : tirer les leçons du passétous les articles de la thématique Murong Xuecun (prononcer « Mujong shuetsun »), 41 ans, est l’un des écrivains engagés vivant en Chine continentale les plus audacieux dans sa critique du régime chinois et de ses dérives. Ces deux dernières années, sa visibilité médiatique, sa liberté d’expression et de publication, mais aussi de mouvement, n’ont cessé de se réduire. De son vrai nom Hao Qun, l’écrivain, qui habite Pékin, a longtemps dénoncé dans ses romans les dérives de la justice et de la corruption à travers le portrait d’antihéros enivrés d’argent et de cruauté – comme le personnage principal de Danse dans la poussière rouge (Gallimard, 2013), Weida, un avocat prêt à tout pour s’enrichir.Son dernier livre traduit en français sortira le 22 octobre chez Gallimard (collection Bleu de Chine). Intitulé Il manque un remède à la Chine, il raconte son immersion volontaire, pendant deux semaines, dans un système de vente pyramidale, où il côtoie toute une galerie de gens naïfs et assoiffés de profits, manipulés par un gang d’escrocs.En plus de ses romans, Murong Xuecun est l’auteur de nombreux essais, rédigés pour des journaux ou prononcés lors de la remise de prix ou de conférence. Il tient également une tribune régulière dans le New York Times, censurée en Chine. Nous l’avons rencontré le 18 juin, dans les jardins de l’hôtel Shangri-La, tout près de l’appartement qu’il occupe dans une tour de l’ouest de Pékin.Vous avez participé le 27 mai à une manifestation pour défendre la liberté d’expression lors de la Book Expo America (BEA) de New York, qui recevait une importante délégation officielle chinoise. De quoi s’agissait-il ? Murong Xuecun : L’association PEN American Center avait organisé une rencontre sur le thème de la censure et de la conscience. En l’occurrence, il s’agissait de parler de l’influence de la censure chinoise sur les auteurs étrangers publiés en Chine – et non pas sur les auteurs chinois –, ainsi que sur l’industrie de l’édition américaine. Le PEN American Center a publié un rapport de trente pages sur le sujet qui montre à quel point ce système peut pousser à l’autocensure.Un rassemblement a été organisé devant la Bibliothèque publique de New York, auquel ont participé plusieurs auteurs américains comme Paul Auster et Andrew Solomon. Ils ont lu à haute voix des poèmes de Liu Xiaobo [le prix Nobel de la paix emprisonné] et des essais d’Ilham Tohti [universitaire ouïgour condamné à la perpétuité en 2014]. L’enjeu, de la protestation était essentiellement l’influence du système de censure chinoise sur le reste du monde et sur la culture en général.Quels risques porte en germe l’expansion annoncée d’une Chine autoritaire dans le monde, notamment avec le programme des « Routes de la soie » ? Quand on examine les investissements de la Chine à l’étranger, on constate qu’elle n’investit pas tant que ça dans les pays démocratiques. Elle a une préférence pour les pays émergents, où l’économie est moins avancée. Il y a une logique économique à cela, mais je suppose aussi politique. Dans certains pays, la Chine privilégie l’influence politique qu’elle peut tirer, même si cela entraîne des pertes économiques. On peut considérer le projet des « Routes de la soie » sous cet angle. Ce sont en majorité des pays qui ne sont pas très avancés économiquement. L’objectif est aussi de générer de l’influence politique, et de répandre des « valeurs chinoises ». On se rend compte que cet effort d’exporter le modèle chinois n’a pas eu jusqu’à aujourd’hui une si bonne réception que ça – ou alors dans quelques pays, comme le Zimbabwe.En même temps, je ne pense pas que les Occidentaux doivent trop s’en inquiéter : du moment que, dans les pays libres, les flux d’information restent libres, qu’il n’y a pas de système de censure, les gens ne seront pas dupes. En fait, tous ces Instituts Confucius créés dans le monde entier, les journaux et les télévisions en langue chinoise, et même l’écran géant de l’agence Xinhua sur Times Square à New York, ne sont pas tant destinés au public occidental qu’à impressionner le public chinois, pour que cela renvoie l’illusion que la presse étrangère vante les réussites du pays et du parti.Cela me fait penser à un livre récent que j’ai lu, celui du poète nord-coréen Jang Jin-sung [publié en français sous le titre Cher Leader aux éditions Ixelles] : avant son exil, celui-ci avait pour mission de se faire passer pour un poète sud-coréen qui faisait les louanges de Kim Jong-il, le numéro un nord-coréen. C’était alors repris par les journaux nord-coréens. La Chine recourt à des méthodes qui ressemblent assez à cela.Vous êtes l’un des rares écrivains chinois connus vivant en Chine continentale à être considéré comme « engagé ». Comment en êtes vous arrivez là et pourquoi est-ce important pour vous ? Vous savez, même dans les pays libres, il n’y a pas tant de personnalités engagées que ça. Eh bien, dans les pays autoritaires, il y en a encore moins ! En Chine, celui qui fait mine de s’intéresser à la politique et de dire la vérité prend énormément de risques. Le Centre indépendant Pen chinois (Independant Chinese Center Pen International) a dressé la liste d’une quarantaine d’écrivains ou essayistes chinois derrière les barreaux. C’est pour cela que peu de gens sont prêts à le faire.J’ai commencé à dire ce que je pensais à travers une critique de la censure. Je considérais que j’avais dû supporter ce système pendant de longues années. Pour un auteur, vous savez ce que provoque la censure ? Le sentiment qu’on cherche à vous humilier. Et cette humiliation s’accumule, jusqu’au jour où vous dites : « ça suffit !» Et on a alors envie de leur dire à eux : « ça suffit ! »Donc j’ai commencé à les critiquer. Quand on prend cette voie, on ne peut plus faire marche arrière. Ils se mettent à exercer une certaine pression sur vous. Et vous les critiquez de plus belle ! C’est une spirale. Je crois bien que sur ce sujet de la censure, je suis celui qui de l’intérieur de Chine fait le plus de bruit, et qui critique le gouvernement chinois et le Parti communiste avec la voix la plus forte. Ce qui veut dire qu’un jour ou l’autre, je vais me faire arrêter. On m’accusera d’un crime. Et à ma sortie de prison, je parlerai encore plus fort qu’aujourd’hui. Voilà dans quel genre de cycle on est.C’est important pour moi que dans un pays comme ça, il y ait quelqu’un qui se dresse et soit prêt à dire quelques vérités. Et depuis le jour où j’ai commencé à critiquer le Parti communiste chinois, je ne pense pas que j’aie fait quoi que ce soit de mal. Donc si je prends des risques pour faire un tant soit peu de bien, je pense que ça en vaut la peine.Vous alternez dans votre travail des œuvres de fiction, qui mettent en scène des personnages d’une corruption morale extrême, et des essais pédagogiques, qui rappellent quelles sont les valeurs humaines essentielles – ces valeurs souvent bafouées en Chine. Vous vous tenez toujours à cette double ligne de front dans votre travail ? Tout ce que j’écris dans mes romans s’inspire en fait de pratiques de corruption qui se déroulent dans la réalité, par exemple au sein du système judiciaire. Au début, quand j’écrivais ce type de romans, je n’étais pas critique. Pas encore. C’est plus tard que je me suis mis à critiquer directement le Parti communiste et le gouvernement chinois. Mais mon processus de création est en train de changer : mon nouveau travail est un roman d’anticipation qui s’appelle « l’ère nouvelle ». C’est une réflexion sur ce que sera la Chine en 2072, si elle continue sur le chemin actuel – un peu comme 1984 d’Orwell. J’ai donc ajusté ma posture, je dépeignais le présent, je m’intéresse à l’avenir.Pour les essais, ma position est la suivante. Dans beaucoup d’universités étrangères, il y a de très bons départements de sinologie, dont les chercheurs sont souvent mieux informés que les observateurs situés en Chine. Mais nous, qui vivons en Chine, voyons les choses de l’intérieur, il y a des aspects que les sinologues étrangers, aussi bons qu’ils soient, ne remarquent pas forcément. Des changements subtils par exemple dans la manière dont le parti a utilisé la langue chinoise dans les 50 ou 30 dernières années.Mon objectif est de faire le lien, de montrer ce que je vis en tant que Chinois, pour que des chercheurs ensuite s’en saisissent et travaillent dessus. Je m’inspire toujours de ma propre expérience, de ce qui m’arrive, dans les essais que j’écris entre autres pour le New York Times : quand j’étais enfant par exemple, j’ai dû réciter une autocritique devant le reste de la classe après être arrivé en retard. C’est un véritable système en Chine, je l’ai compris plus tard : on prend la personne qui a fait une faute, on l’expose et on l’humilie devant le reste.Vos romans révèlent un degré hallucinant de corruption dans la société chinoise. L’actuelle direction du parti, sous Xi Jinping, mène justement une croisade anticorruption. Comment voyez-vous cela ? J’ai terminé d’écrire Danse dans la poussière rouge (Ed. Gallimard, 2013) en 2008. Si je l’avais écrit en 2014, j’aurais décrit une corruption bien plus colossale ! A l’époque, l’avocat Weida empochait quelques dizaines de millions de yuans. Or les chiffres qui sortent au sujet des affaires aujourd’hui font tourner la tête. C’est un univers que je n’osais même pas imaginer en 2008. Quand j’ai lu l’enquête du New York Times sur la fortune de la famille de [l’ancien premier ministre] Wen Jiabao, ou l’article qui vient de sortir sur Wang Jianlin, le patron de Wanda… On est dans un autre monde, la corruption est plus extrême et prononcée encore.Xi Jinping avec sa lutte anticorruption de ces deux dernières années a fait avancer les choses de manière positive. Du moins beaucoup de gens ont l’impression que ça s’est amélioré. Mais il ne faut pas oublier que cette campagne anticorruption est extrêmement sélective. Ceux qui sont des cibles potentielles deviennent très prudents. Mais d’autres savent qu’ils ne le seront jamais. Or, je ne pense pas que ceux-ci vont devenir moins corrompus, ils risquent bien de continuer à s’enrichir, sans doute largement.La corruption, ce n’est pas seulement une question d’argent et d’officiels qui ont des maîtresses. Dans le domaine de la justice et la police, on s’aperçoit qu’ils arrêtent des gens pour des raisons qui n’en sont pas – des prétextes, quoi. Ces dernières années, plus de dix de mes amis ont été inculpés ou sont en détention – comme Pu Zhiqiang [avocat], Guo Yushan [directeur d’ONG], ou Zhang Miao [assistante du quotidien allemand Die Zeit]. Or, pour moi, chacune de ces dix personnes est bien plus intègre que tous ceux qui les ont arrêtés. Et ça, abuser de son pouvoir pour faire arrêter des gens, c’est une autre forme de corruption que l’argent. Cette répression est pour moi extrêmement hypocrite.Vous avez bénéficié d’une grande visibilité en Chine à vos débuts, vos livres étaient publiés, les médias parlaient de vous, vous aviez des lecteurs sur les réseaux sociaux et avez animé une émission de télévision. Qu’en est-il aujourd’hui, allez-vous continuer à être publié ? Publié, il y a peu de chances ! Pour ce qui est de Weibo [microblog chinois], tous mes comptes ont été fermés il y a deux ans. L’édition, c’est de plus en plus dur ! Il y a deux ans, mes livres déjà sortis devaient être réimprimés. Or, on ne peut quasiment plus les trouver. Je pense que la situation est la suivante : il n’y a sans doute pas de circulaire écrite interdisant aux éditeurs de me publier.Mais le fait est que tous les éditeurs ont peur, peur que s’ils publient un de mes livres, ils auront des ennuis. Il est très possible qu’ils aient reçu un appel téléphonique pour ne pas publier un livre ou l’envoyer au pilon. Le climat actuel fait qu’ils ne veulent pas être associés à moi. C’est la même chose pour les revues, les émissions de télé : ils n’osent pas. C’est l’une des composantes du système de censure : l’autocensure. Le gouvernement chinois ne dit jamais où est la ligne rouge, c’est à vous de deviner. Et si vous vous êtes trompés, tant pis pour vous ! Dans ce système, les gens sont extrêmement prudents et évitent ceux qui leur font courir des risques… comme moi.Quant au livre que je suis en train d’écrire, il concerne la Chine du futur, une Chine devenue un pays extrêmement pauvre et écervelé. En plus, le roman se déroule en majorité à Pékin, dans le quartier d’affaires de Guomao qui est aujourd’hui l’un des plus développés et chers. Or, dans mon roman, il ne reste plus rien, plus d’échangeur, plus de gratte-ciel, juste une poignée d’individus qui cultivent des légumes. Tel quel, il n’y a aucune chance qu’il soit publié en Chine ! En plus, dans ce monde que je décris de l’année 2072, le Parti communiste n’existe plus – et je ne le mentionne jamais, même pas une fois. C’est une époque où personne n’en a même entendu parler !Vous êtes devenu une « personne sensible » ? Oui. En 2013, on peut dire que j’étais en quelque sorte une star. Aujourd’hui, je suis non seulement « sensible », mais je crois que je suis un homme en danger. Après la manifestation du Centre Pen à New York, beaucoup d’amis me disaient : « Ne reviens pas, reste là-bas ! » Ils pensent que je prenais des risques en rentrant, car ce rassemblement a eu pas mal d’impact.Justement, comment gérez-vous la pression de la police ? Vous avez été interrogé huit heures à votre retour d’Australie en juin 2014, car vous deviez participer au séminaire de commémoration des 25 ans de Tiananmen suite auquel Pu Zhiqiang et d’autres intellectuels ont été arrêtés. Ce qui est très étrange avec la police, c’est que cette fois, depuis que je suis revenu, je n’ai encore eu aucun appel du département concerné, ni de message, rien ! Personne n’est venu me trouver non plus. Il se pourrait en fait qu’ils ne soient même pas au courant de ce qui s’est passé à New York. C’est une possibilité. En Chine, la manière dont ça fonctionne, il y a sans doute plusieurs départements qui s’occupent de mon cas : un à la Sécurité d’état, un autre à la Sécurité publique [police], qui sont deux administrations différentes. Et un autre au ministère des affaires étrangères. Et sans doute un au Département de la propagande ou au Bureau de l’information et de l’internet. Chacun de ces services a des informations sur moi collectées de manière indépendante, et tant qu’ils n’ont pas eu l’occasion de se coordonner et de partager ces données, le système me laisse un certain espace. C’est ce que je devine. L’autre possibilité, c’est qu’ils m’observent, et me laissent faire pour accumuler des choses dans mon dossier. Il devient sans doute plus épais – en chinois, on appelle ça le chou cailiao, ou « le dossier qui pue ».Suite à l’interrogatoire d’il y a un an, ils m’ont assez souvent contacté pour « boire le thé ». Et ils me conseillaient de ne pas faire telle ou telle chose. Une fois, un journaliste étranger devait m’interviewer, ils ont débarqué à cinq ou six pour me dire de ne pas le rencontrer. Il n’y avait pas à discuter, j’ai compris que même si j’avais voulu sortir en courant de chez moi, ils m’auraient retenu physiquement. Un autre jour, j’avais été invité à l’ambassade d’Allemagne à une réception. Au moment où j’entrais, j’ai reçu un coup de téléphone : « Tu es où, là ? » J’ai dit : « A l’ambassade d’Allemagne ». La personne a répondu : « Ah, ils nous ont encore doublés ! » « Ils » désignait certainement « les étrangers ». Je crois que cette fois, ils m’auraient empêché d’y aller s’ils avaient pu.Et vous parvenez encore à voyager ? Ne craignez-vous pas de vous faire arrêter à l’aéroport en sortant de Chine, comme Ai Weiwei ?Chaque fois que je sors du pays, ou que je reviens, j’ai toujours de l’appréhension. Je crains que quelqu’un s’approche et me dise, comme pour Feng Zhenghu [un militant de Shanghai qui a passé trois mois en 2009 dans l’aéroport de Narita au Japon car la Chine ne voulait pas le laisser rentrer], « désolé, vous n’êtes pas autorisé à entrer ». Je dirais, « c’est mon pays, c’est chez moi. Je veux rentrer chez moi ». Ils répondraient : « Non désolé, ce n’est pas autorisé ! » Les deux scénarios sont tout à fait possibles. C’est même ce qui peut m’arriver de plus civilisé s’ils veulent m’embêter. J’imagine même une situation où Ai Weiwei et Feng Zhenghu seraient la même personne : je ne pourrais ni rentrer ni sortir ! Cela ferait un bon roman.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Audrey Tonnelier Plus de peur que de mal. Au deuxième jour d’une semaine cruciale pour la Grèce, avec en ligne de mire un référendum à Athènes dimanche 5 juillet, le CAC 40 a ouvert à Paris mardi 30 juin en recul de seulement 0,42 %, après avoir chuté de 3,74 % lundi, son plus fort recul depuis trois ans et demi. Il avait tout de même réduit ses pertes par rapport à l’ouverture (- 4,7 %).Le Dax allemand et le Footsie londonien limitaient également leurs pertes mardi matin (respectivement - 0,23 % et - 0,40 %).De son côté, Wall Street avait connu lundi sa plus forte baisse depuis près de quinze mois, soumise, comme les autres grandes Bourses, aux craintes générées par la possible sortie de la Grèce de la zone euro. A New York, le S&P 500 avait lâché 2,09 %, effaçant tous ses gains depuis le début de l’année.Les secousses ont donc été bien réelles. Mais la vague de panique redoutée par certains n’a pas eu lieu. « La réaction des marchés [lundi 29 juin] a été plutôt modérée, la plupart des ventes initiales ont donné lieu à des rachats », soulignent les analystes de Capital Economics.Lire aussi :Grèce : des risques de contagion limités, mais bien réelsPas de sauve-qui-peut sur les emprunts d’EtatLa situation sur le marché obligataire confirme cette tendance : il n’y a rien qui ressemble au sauve-qui-peut de 2011-2012, en pleine crise des dettes souveraines. Les emprunts d’Etat espagnols, italiens ou portugais, maillons faibles de la zone euro, avaient alors vu leur rendement (qui évolue à l’inverse de la demande) grimper en flèche.A l’inverse, les rendements des emprunts d’Etat espagnols évoluaient mardi 30 juin au matin sous 2,4 %, inférieurs à leur niveau de la mi-juin. Quant aux taux italiens, ils se détendaient même légèrement à l’ouverture des transactions.« L’Italie est déjà hors de la ligne de tir, a affirmé mardi 30 juin Matteo Renzi, le président du Conseil italien, dans une interview au quotidien économique italien Il Sole 24 Ore. Nous avons effectué un parcours courageux de réformes structurelles, l’économie s’achemine vers la reprise et le parapluie de la Banque centrale européenne nous protège : ce sont trois caractéristiques qui rendent cette crise différente de celle d’il y a quatre ans pour l’Italie. »Même flegme apparent sur le marché des devises où l’euro reculait légèrement, à 1,11 dollar mardi matin.L’effet anesthésiant de la BCECe calme relatif doit beaucoup aux agissements de la Banque centrale européenne (BCE). En quatre ans, le contexte européen a bien changé et l’institut de Francfort a fait la preuve de sa détermination à éteindre les incendies financiers. Il a notamment mis en place des pare-feu efficaces, comme le programme « OMT » (opérations monétaires sur titres) en 2012, qui lui permet théoriquement de racheter sans limite des titres de dette souveraine si un pays demande un plan d’aide européen.Surtout la BCE a lancé en mars un programme massif – et effectif, celui-là – de rachats d’actifs, le fameux « quantitative easing » (QE). Ce faisant, l’institut de Francfort a écarté le principal risque qui pesait à l’époque sur la zone euro, celui d’une contagion en cas d’accident sur un pays – il y a quatre ans, la flambée des rendements souverains italiens et espagnols reflétait les craintes des investisseurs en la matière.Aujourd’hui, les monceaux de liquidités déversés par la BCE sur les marchés – quelque 60 milliards d’euros par mois – font l’effet d’un puissant anesthésiant. Et la BCE ne compte nullement abandonner son rôle de gardienne du calme sur les marchés.« L’instabilité devrait se poursuivre »« La réaction [des marchés] montre la résilience de la zone euro à des chocs extérieurs. Les filets de sécurité mis en place ces dernières années jouent leur rôle. […] Nous nous tenons prêts à utiliser les instruments dont nous disposons – le quantitative easing et l’OMT– et nous nous tenons même prêts à utiliser de nouveaux instruments, dans le cadre de notre mandat », a insisté Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, dans une interview au quotidien Les Echos, mardi.Enfin, les relations entre Athènes et ses créanciers ont beau paraître chaque jour un peu plus tendues, les dirigeants européens, allemands en tête, tentaient encore et toujours, mardi, de ramener le gouvernement d’Alexis Tspiras à la table des négociations.« Les mouvements auraient été beaucoup plus violents si les investisseurs n’étaient pas convaincus que les discussions pouvaient reprendre. Le risque de contagion semble, pour l’instant, limité. Néanmoins, le référendum [du 5 juillet] ne sera peut-être qu’une étape dans les négociations. Quel que soit son résultat, l’instabilité devrait se poursuivre », concluent les analystes d’Aurel BGC.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.06.2015 à 08h47 • Mis à jour le30.06.2015 à 11h24 | Anne Eveno Fin de polémique en Israël pour Orange. L’opérateur télécoms français a annoncé dans un communiqué, mardi 30 juin, être parvenu à un accord avec l’entreprise israélienne Partner afin de redéfinir un « cadre à leur relation ». Derrière cette expression pudique, c’est la fin programmée du partenariat entre les deux entreprises qui s’esquisse, quelques semaines après une polémique, qui a vu Orange se retrouver au cœur d’une tempête médiatico-diplomatique.Selon le communiqué, le nouveau contrat qui lie les deux groupes « accorde à Partner et à Orange le droit de résilier l’accord de licence de marque Orange actuellement en vigueur. Si Partner n’exerce pas son droit de résiliation dans un délai de 12 mois, Partner ou Orange pourront alors résilier l’accord de licence de marque au cours des 12 mois suivants ».Orange versera 40 millions d’euros à Partner à la signature du contrat et un paiement additionnel de 50 millions d’euros devra être acquitté, si l’accord de licence de marque est résilié dans un délai de 24 mois.Violence des réactionsAu début du mois de juin, en déplacement au Caire, Stéphane Richard, le PDG d’Orange avait déclaré que, s’il le pouvait, il déciderait dès « demain » le retrait d’Orange d’Israël. Ces propos avaient été interprétés comme une volonté de quitter le pays et semblaient faire écho aux appels au boycottage lancés contre l’Etat hébreu.Devant la levée de boucliers suscitée, le patron de l’opérateur de téléphonie français avait tenu à rappeler que son groupe n’était pas lui-même directement présent en Israël. Le seul enjeu, soulignait M. Richard, était celui du retrait de l’usage de la marque Orange par la société Partner.Orange dispose en effet en Israël d’un accord de licence avec cet opérateur, qui utilise dans ce cadre la marque en échange d’une redevance. Cet accord date toutefois de 1998, c’est-à-dire lorsque cette marque était encore la propriété du groupe chinois Hutchison, deux ans avant son rachat par France Télécom.Face à la violence des réactions en Israël, M. Richard avait été contraint de se rendre en Israël afin de s’expliquer en tête à tête avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.Lire aussi :Polémique avec Israël : le PDG d’Orange s’explique, Nétanyahou s’enflamme« Nouveau cadre de partenariat » L’accord annoncé mardi permet donc à Orange de récupérer l’usage de sa marque dans les deux ans alors que l’actuel contrat prévoyait que son partenaire israélien en bénéficie jusqu’en 2025.« Orange se réjouit de ce nouveau cadre de partenariat », commente Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, selon qui « Israël est un pays important, stratégiquement parlant. Nous avons établi avec ce pays une relation durable, par le biais notamment des activités innovantes conduites par les filiales Orange présentes sur place. »L’Etat hébreu est le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque. Ainsi, contrairement aux autres pays, l’incubateur d’Orange pour les start-up en Israël (Fab Israel) n’affiche pas le nom du groupe.Dans le cas où l’accord avec Partner serait résilié, l’ensemble des activités de recherche et développement (R&D) et d’innovation de l’opérateur français en Israël passeraient sous la marque Orange.Anne EvenoJournaliste au Monde Pierre Breteau, Alexandre Pouchard et Maxime Vaudano Une crise dans la crise. L’annonce faite le 27 juin par le premier ministre grec, Alexis Tsipras, de recourir à un référendum, le 5 juillet, pour demander aux Grecs s’ils acceptent ou non les propositions des créanciers a provoqué la rupture des négociations avec l’Eurogroupe, à quelques jours d’une échéance capitale pour Athènes. Le non-paiement de 1,6 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI) le 1er juillet, puis de 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE), le 20 juillet, pourrait entraîner une faillite du pays et son éventuelle sortie de la zone euro.Lire tous nos articles sur la Grèce dans notre séquence spécialeDe la découverte, en 2009, par Georges Papandréou des comptes publics maquillés au référendum convoqué par Alexis Tsipras en passant par les huit plans d’austérité, tout comprendre avec notre chronologie interactive.Pour afficher le détail, cliquer sur les flèches dirigées vers le bas ou simplement sur les titres.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.06.2015 à 23h06 • Mis à jour le30.06.2015 à 15h16 Quelques heures après une manifestation qui avait réuni plus de 17 000 personnes en Grèce pour soutenir la politique de son gouvernement, le premier ministre, Alexis Tsipras, a jugé, lundi 29 juin, que le référendum prévu dimanche — sur l’acceptation ou non des mesures d’austérité imposées par les créanciers de la Grèce, auquel il a appelé à voter non — est le meilleur moyen de « conduire à la poursuite des négociations ». Avec une majorité claire rejetant la dernière proposition des créanciers, M. Tsipras estime qu’il sera « mieux armé » pour négocier avec ces derniers.« Notre choix est de rester dans l’euro (…) le message est que le gouvernement grec va continuer de se trouver à la table des négociations au lendemain du référendum. »Il a accusé ceux qui voient dans cette consultation pour savoir si les Grecs approuvent ou non les propositions de leurs créanciers une façon de sortir de la zone euro, parlant « d’intimidation » et ajoutant que si les Grecs se prononçaient pour la poursuite de l’austérité, il pourrait quitter son poste.« Si les Grecs veulent continuer avec les plans d’austérité à perpétuité ; ce qui nous empêchera de relever la tête… nous respecterons leur choix, mais nous n’appliquerons pas. »M. Tsipras s’est à nouveau dit convaincu du fait que les « institutions » ne souhaitent pas la sortie de la Grèce de la zone euro en raison du « coût considérable » qu’aurait une telle initiative.« Je ne pense pas que leur intention soit de pousser la Grèce hors de l’euro, mais de mettre fin aux espoirs qu’il puisse y avoir une politique différente en Europe. »Lire le décryptage :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la Grèce« Comment payer le FMI… »Il a ajouté que si les créanciers faisaient une nouvelle proposition acceptable aux yeux de son gouvernement ce lundi, Athènes rembourserait comme prévu l’échéance de 1,6 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI) mardi à minuit. Mais cette perspective semble d’autant plus éloignée qu’il a ensuite lancé : « Comment payer le FMI alors que les banques ont été menées à l’asphyxie ? »Voir aussi notre live : Crise grecque : dernier jour pour rembourser le FMIPendant que les principaux acteurs de cette crise se sont parlé par médias interposés, les Bourses européennes chutent, et, en Grèce, la fermeture des banques et l’instauration du contrôle des capitaux décrétée par le gouvernement auront un impact direct sur la vie quotidienne des Grecs et l’économie du pays en général.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2vx89e"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2vx89e", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 28.06.2015 à 16h47 Le ministère des affaires étrangères allemand a recommandé dimanche 28 juin aux Allemands se rendant en Grèce de « prévoir suffisamment d’argent liquide ». Berlin invite également ses ressortissants en partance pour la Grèce, l’une de leurs destinations de vacances préférées, à « se tenir informés de l’évolution de la situation via les recommandations de voyage du ministère et les médias ».Lire aussi :A Athènes, la querelle des inquiets et des enthousiastes face à « ce référendum qui va nous diviser »Les Pays-Bas ont également recommandé la prudence aux Néerlandais, expliquant qu’il était « possible qu’il soit difficile de payer par carte de crédit ». « Prenez donc suffisamment d’argent liquide pour couvrir tous vos coûts jusqu’à votre retour », conseille aussi le ministère des affaires étrangères néerlandais sur son site. Vendredi, la Belgique avait émis la même recommandation.2, 5 millions d’Allemands en Grèce en 2014Berlin met particulièrement en garde contre « des délais d’attente importants », voire une « pénurie » d’argent liquide, aux guichets des banques et aux distributeurs automatiques en Grèce alors que des files d’attente de Grecs, inquiets de voir leur pays en déroute économique, se sont formées devant les distributeurs dans tout le pays ce week-end.La fermeture des banques grecques lundi et l’instauration d’un contrôle des capitaux pour tenter de contenir tout mouvement de panique ne sont pas exclus.Lire aussi :La Grèce pourra-t-elle éviter la mise en place d’un contrôle des capitaux ?L’an dernier, 2,5 millions d’Allemands se sont rendus en Grèce, soit 8,5 % de plus qu’en 2013. Cette tendance devrait s’accélérer encore cette année, selon des prévisions réalisées avant que la crise grecque n’atteigne des sommets. Les Allemands, qui apprécient particulièrement la Crète, Rhodes ou Corfou, avaient boudé le pays au plus fort de la crise, en 2011 et 2012. Philippe Bernard (Londres, correspondant) Dans un pays traumatisé par l’attentat de Sousse où au moins 15 touristes britanniques ont trouvé la mort, l’information « exclusive » du tabloïd The Sun est presque passée inaperçue. Le journal, connu pour ses manchettes tapageuses, les femmes à la poitrine nue de sa page 3 et son populisme, affirme avoir aidé à déjouer un attentat de l’Etat islamique (EI) qui devait viser l’un des défilés militaires organisés samedi 27 juin à l’occasion de l’« Armed Forces Day », la journée consacrée depuis 2009 à la célébration des forces armées britanniques.Lire aussi :Attentat de Sousse : la majorité des victimes sont britanniquesDans son édition datée de samedi matin, le quotidien racontait que l’un de ses journalistes d’investigation s’était fait recruter sur Internet par l’Etat islamique pour commettre un attentat-suicide à la bombe et avait reçu des instructions pour fabriquer un engin explosif, avant de tout dévoiler à Scotland Yard. L’affaire en dit probablement aussi long sur les méthodes d’un certain journalisme britannique (l’attentat prétendument déjoué est censé avoir été préparé par le reporter lui-même) que sur les méthodes de recrutement des islamistes.« Frapper durement les mécréants »La police a refusé de confirmer ces informations, mais elle a affirmé qu’« il est toujours très utile que des journalistes partagent avec nous des informations qui peuvent repérer une activité terroriste ou criminelle, comme l’a fait “The Sun” dans ce cas ». Dans un communiqué publié quelques heures avant les défilés du Jour des forces armées, Scotland Yard a « encouragé le public à assister normalement aux célébrations », assurant que la police « réactualisait constamment les mesures de sécurité s’agissant de manifestations publiques, prenant en comte les renseignements spécifiques et la menace globale ». Des parades rassemblant des milliers de spectateurs ont effectivement eu lieu comme prévu, samedi, dans de nombreuses villes britanniques.The Sun raconte que son journaliste, se présentant comme un candidat au djihad, a pris contact par le biais d’une messagerie cryptée avec Junaid Hussein, un Britannique qui dirige depuis Rakka (Syrie), fief de l’EI, le groupe CyberCaliphate, qui s’est fait connaître par ses cyberattaques contre les médias occidentaux.Lire aussi :« Tenir bon » face à « l’horreur islamiste » : la presse internationale se réveille avec la nauséeCe dernier aurait, selon le journal, encouragé son collaborateur à fabriquer un engin explosif pour commettre un attentat visant le défilé militaire prévu pour l’« Armed Forces Day » à Merton, un quartier du sud-ouest de Londres. Ce lieu aurait été choisi car il s’agissait de la parade la plus proche du lieu où, en 2013, le soldat britannique Lee Rigby a été sauvagement assassiné par deux islamistes, et parce que des soldats ayant servi en Irak et en Afghanistan étaient censés y défiler. « Ça sera énorme. Nous allons frapper durement les mécréants, inch Allah », aurait promis le commanditaire au reporter qualifié de « frère ». « Ils pensent pouvoir tuer des musulmans en Irak et en Afghanistan puis rentrer chez eux et vivre en sécurité. Nous les frapperons (…). Par Allah, tu ne seras pas gaspillé, frère. »Cocotte-minute et mort-aux-ratsJunaid Hussein aurait adressé au journaliste une liste des objets à acheter pour confectionner l’explosif à placer dans une cocotte-minute, ainsi que des conseils pour se les procurer sans attirer l’attention. Il aurait ensuite communiqué un manuel de montage de neuf pages rédigé en anglais. Les conseils auraient inclus des précisions rapportées minutieusement par le Sun, comme l’utilisation de mort-aux-rats destinée à aggraver les souffrances des victimes. Ou l’utilisation d’un sac à dos, comme lors des attentats contre le métro de Londres en 2005. Le prétendu candidat au martyre aurait enfin reçu l’ordre de laisser une vidéo de lui à diffuser après l’attentat, comprenant un serment d’allégeance à l’EI, des conseils aux « frères » vivant en Occident et un message aux non-croyants.Junaid Hussein est un Britannique originaire de Birmingham qui a fait parler de lui en 2011 lorsque, alors âgé de 17 ans et sous le pseudonyme de « Trick », il a publié en ligne des éléments du carnet d’adresses de l’ex-premier ministre Tony Blair, se revendiquant de l’idéologie libertaire du groupe de pirates Team Poison. Après avoir purgé six mois de prison pour ce délit, il a quitté le Royaume-Uni pour la Syrie en 2013.Depuis lors, sous le nom de Abou Hussein Al-Britani, il dirigerait le CyberCaliphate, groupe de hackers se réclamant de l’EI qui, depuis le début de 2015, a revendiqué le piratage du compte Twitter du commandement militaire américain au Moyen-Orient, puis de celui du magazine américain Newsweek, et, début avril, de la chaîne francophone TV5 Monde. Il aurait été en contact avec l’un des auteurs de l’attaque, en mai, près de Dallas (Texas), visant un lieu d’exposition où avait lieu un concours de caricatures de Mahomet.Lire aussi :TV5 Monde : un pirate peut en cacher un autrePhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Juchés sur de hauts tabourets à la terrasse du café Apolonio, samedi 27 juin dans un quartier élégant d’Athènes, trois hommes discutent. Ils sont comme chez eux dans ce lieu où ils se retrouvent quatre ou cinq fois par semaine, pour boire un café frappé et parler de la vie, souvent de politique, avant de repartir chacun à son travail, dans son propre univers. Car en dehors de ces rendez-vous, ces trois hommes, dont le style de vie et les moyens sont manifestement différents, ne se fréquentent pas. « On est comme ça nous les Grecs. On adore parler politique en plein air. Comme à l’agora de l’Antiquité », lance l’un d’eux.Fotis P. a la soixantaine, une chaîne en or autour du cou, une chemise Lacoste rose, un pantalon blanc accordé à ses mocassins souples et sa crinière soignée. Il tire, l’air blasé, sur un énorme cigare. Il posséde un magazine de mode et un petit quotidien. Ilias L., 50 ans, affiche un air joyeux, juvénile, dans son polo bleu ciel et son jean foncé. Il est fonctionnaire à la région et gagne, dit-il très simplement, 600 euros par mois. Stefanos M., 40 ans, barbe et cheveux finement taillés et lunettes de soleil à la mode, est lui procureur, passionné par le droit, et garde un air un tantinet suffisant.Tous les trois ont à portée de main un téléphone portable qu’ils consultent fréquemment tandis qu’un komboloï trône sur la table. Et ce samedi 27 juin, comme dans tous les cafés du pays, le coup d’éclat provoqué par le premier ministre, Alexis Tsipras, annonçant un référendum sur les propositions de l’Europe, est au cœur de leur discussion. Récit.Lire aussi :Référendum en Grèce : Tsipras appelle à voter « non », la crainte d’un « Grexit » s’accentue« Fotis : Cela m’a stupéfié ! J’attendais des élections générales, mais certainement pas un référendum. Quelle absurdité ! Si on vote non, on se coupe de l’Europe. Et si c’est oui, comment Tsipras fera-t-il pour appliquer un plan auquel il ne croit pas ? On nage en plein délire !Ilias : Délire ? C’est au contraire du pragmatisme. Et Tsipras a raison. C’est au peuple, et à lui seul, de prendre ses responsabilités et de décider pour son avenir. On allait dans le mur ! Les propositions de la troïka signaient la mort de la Grèce. Celles de notre gouvernement étaient elles-mêmes dangereuses. Il faut quitter l’euro. D’urgence !Fotis : Tu es fou ! Quitter l’euro condamne la Grèce.Stefanos : Moi je suis choqué. En janvier on a élu un type pour qu’il prenne des décisions. Et voilà qu’il se décharge ? Il veut rester premier ministre, mais il nous file la responsabilité de décider à sa place, après cinq mois de négociations lamentables qui ont mis l’économie par terre ?… Ce type est un lâche.Ilias : C’est tout le contraire ! Tsipras est le grand leader qui va réveiller toute l’Europe.Stefanos : Je ne suis même pas sûr qu’il ait bien analysé la question constitutionnelle que pose son référendum-coup d’éclat. Car notre Constitution n’autorise pas son usage pour des décisions financières.Ilias : Oh ça va ! Il y a eu des tas de choses anticonstitutionnelles depuis cinq ans et personne ne moufte. Nos politiques sont à plat ventre devant Merkel et Schäuble.Lire aussi :Crise grecque : l’Eurogroupe passe au « plan B »Fotis : Trop facile d’accuser toujours le reste de l’Europe. Les vrais coupables, ce sont les Grecs. Ça fait des années qu’ils choisissent des hommes politiques désastreux.Ilias : Mais c’est l’Europe qui nous écrase ! Et la France me déçoit. J’espérais vraiment plus de solidarité de sa part. C’est le seul pays dans les années 80 à avoir soutenu l’entrée de la Grèce en Europe pour des raisons culturelles. Elle se fout bien de la culture aujourd’hui.Fotis : C’était une autre époque. La France d’aujourd’hui a ses propres problèmes de dette et de chômage.Illias : Eh bien si c’est chacun pour soi, ne parlons plus d’union ! Cela me dégoûte que l’économie prime sur tout.Stefanos : Cette Europe-là n’est pas idéale, mais on devrait quand même parvenir à un accord. Il faut des concessions et pas cette réaction immature d’un premier ministre qui cherche la gloire du martyr. On donne encore l’image du mauvais payeur qui espère échapper à ses dettes.Fotis : Pitoyable ! Je t’assure Ilias, ce référendum est une catastrophe qui va nous diviser. On continuera à boire un café ensemble, mais il ne faudra pas attendre longtemps pour que tu me traites de collabo et que je te traite de rouge !Ilias : Arrête ! La Grèce a changé. On a une vraie maturité pour décider de notre sort.Stefanos : Maturité ? Tu plaisantes ? Ça ne peut pas s’appliquer à Tsipras et son tour de passe-passe. Et je trouve affolant que 51 % de la population d’un pays puisse imposer son avis aux autres 49 % sur un sujet aussi grave. Quand on engage l’avenir de plusieurs générations, il faudrait une majorité de 80 %. » Fotis, l’homme au cigare, triturant toujours son téléphone, navigue sur Facebook. Les réseaux sociaux grecs se sont en effet enflammés, ils explosent de commentaires, d’invectives, de tracts et de caricatures. Les mots « humiliation » et « dignité » reviennent le plus souvent. Et celui de « colère ».« Fotis : Je viens de voir qu’un mouvement s’organisait pour inciter les gens à ne pas voter au référendum. Car s’il y a moins de 40 % de votants, le scrutin ne sera pas valable.Ilias : Un boycott ? Mais ce serait honteux ! C’est un sursaut qu’il faut ! Notre premier ministre a réveillé les Grecs qui en avaient besoin.Fotis : J’ai plutôt l’impression qu’il fait un chantage aux créanciers européens. Si ça marche et qu’ils reculent, je trouverais ça minable.Stefanos : Quand je pense qu’en 2011, Tsipras critiquait le référendum proposé par Papandreou sur le même sujet en parlant de jeu dangereux et de faillite…Lire aussi :A l’automne 2011, Georges Papandréou, déjà, choisissait la voie référendaireIlias : La situation d’aujourd’hui n’a rien à voir ! On est mûrs je vous dis !Fotis : C’est ça, cette maturité qui nous pousse au chaos… Ce n’est pas croyable cette propension qu’ont les Grecs à s’accrocher à leurs fantasmes en refusant la réalité. Moi je voterai oui à ce référendum. Sans le moindre doute.Illias : Et moi je voterai non. Il me reste à convaincre ma mère de 85 ans qui s’obstine à croire en l’Europe. Ça m’énerve. Et toi, Stefanos ?Stefanos : Le secret du vote est protégé, non ?Illias : Tu me fais rire ! Les Grecs ne sont jamais d’accord. Trois personnes, quinze opinions ! »Avant de les quitter, on leur demande s’ils ont couru retirer de l’argent à la banque. Illias brandit tout de suite un ticket issu d’un distributeur de billets : « Voyez ! Sur mon salaire de 600 euros, je viens d’en retirer 180. Cela me suffit pour plusieurs jours. Pas de panique ! » Stefanos, qui n’a pas dit pas le montant de son salaire, avoue être allé prendre 600 euros, « le maximum autorisé ». Quant à Fotis, il pousse un soupir fataliste en écrasant son cigare : « Je n’ai pas bougé. Avoir quelques billets dans la poche ne changerait rien sur le fond. Si on retourne à la drachme, on est tout simplement foutu. » Ilias lève alors les yeux au ciel et éclate de rire : « Allons ! Pour vivre en Grèce, pas besoin de beaucoup d’argent. On boit un café à une terrasse pour 1,30 euro. Puis l’on monte dans un tram avec 30 centimes et l’on peut passer gratuitement la journée à la plage. Alors… »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.06.2015 à 04h39 • Mis à jour le28.06.2015 à 14h23 Une explosion qui a eu lieu samedi 27 juin dans un parc aquatique à Taïwan a fait plus de 500 blessés, dont 200 graves, lorsque de la poudre colorante projetée sur la foule a pris feu, selon le dernier bilan communiqué dimanche par les autorités.L’accident s’est produit alors qu’un millier de personnes étaient rassemblées dans le parc Formosa Fun Coast à New Taipei City, commune formant une couronne autour de la capitale Taipei. Des images dramatiques de la télévision locale ont montré la foule dansant dans un nuage de poudre multicolore qui soudainement s’embrase et transforme des victimes en torches humaines.Graves blessuresUniquement vêtus de maillots de bain, les clients du parc tentent de fuir la boule de feu qui progresse en consumant la poudre dont leurs corps sont recouverts et qu’ils ont aussi inhalée, s’occasionnant de graves blessures aux voies respiratoires. Certaines victimes ont été brûlées sur plus de 40 % de la surface de leur corps.« A priori cette explosion et l’incendie ont été causés par les jets de poudre. Cela a pu être déclenché par la chaleur des spots lumineux sur la scène », a expliqué un porte-parole des pompiers de New Taipei.Selon le directeur adjoint des affaires sanitaires de la ville de New Taipei, le nombre de blessés a plus que doublé depuis l’accident. Le bilan s’alourdit à mesure que sont comptabilisées les personnes qui n’avaient pas été prises en charge sur place par les secours et s’étaient rendues à l’hôpital par leurs propres moyens. 28.06.2015 à 00h38 • Mis à jour le28.06.2015 à 14h48 Environ 300 personnes se sont réunies à Madrid samedi 27 juin afin de manifester leur soutien à la Grèce au lendemain de l’annonce, par le premier ministre Alexis Tsipras, de l’organisation d’un référendum sur le plan d’aide à la Grèce.Lire :Crise grecque : l’Eurogroupe passe au « plan B »Certains pays européens et le FMI veulent « étrangler la Grèce [et] donner une leçon » à la gauche espagnole afin d’éviter toute alternative à la politique économique menée en Europe, a dénoncé le chef du parti espagnol Podemos, Pablo Iglesias, en marge de la manifestation.« Le Fonds monétaire international et le gouvernement allemand attaquent la démocratie. Ils détruisent le projet politique de l’Europe, a dit le chef du parti de gauche radicale à la presse après l’échec des négociations entre la Grèce et ses créanciers. Ils vont essayer d’étrangler la Grèce et ils semblent vouloir nous donner une leçon à nous aussi. »« Humilier les Grecs »Podemos, qui dénonce les politiques d’austérité appliquées en Europe, est devenu en moins d’un an et demi la troisième force politique d’Espagne, derrière le Parti populaire conservateur au pouvoir et le Parti socialiste.« A ceux qui prétendent faire peur aux Espagnols, en sanctionnant les Grecs, nous disons que l’Espagne n’est pas la Grèce, que l’Espagne a une position très forte en Europe et que nous n’allons pas nous agenouiller devant [Angela] Merkel », la chancelière allemande. « Ce que nous voyons ces dernières heures, c’est une tentative d’humilier les Grecs », a-t-il estimé, soulignant que « lundi, il paraissait clair à tout le monde qu’il allait y avoir un accord ». « Mais le problème, ce ne sont pas les concessions que le gouvernement grec est capable de faire. C’est un problème politique », a-t-il insisté.Les responsables de la zone euro, excédés, ont mis fin aux négociations avec Athènes samedi, au lendemain de l’annonce du référendum sur le plan d’aide à la Grèce, qui se dirige droit vers un défaut de paiement.Lire aussi :Les propositions des créanciers d’Athènes que Tsipras ne veut pas assumer seul 27.06.2015 à 13h49 Face à une conjoncture économique toujours maussade, la banque centrale chinoise, la PBOC, a annoncé, samedi 27 juin, qu’elle allait réduire ses taux d’intérêt, pour la quatrième fois en l’espace de huit mois, tout en réduisant les ratios de réserves obligatoires pour certaines banques.A partir de dimanche, son taux de prêts à un an sera abaissé de 25 points de base et ramené à 4,85 %, et le taux des dépôts à un an sera également réduit de 25 points de base, à 2 %, a indiqué l’institution sur son site internet.Simultanément, la banque centrale va abaisser de 50 points de base les ratios des réserves obligatoires pour certains établissements financiers : les banques commerciales desservant les régions rurales, et accordant des prêts au secteur agricole et aux petites entreprises. Ces mêmes ratios seront abaissés de 300 points de base pour les firmes financières.Croissance au plus basConfrontée au vif ralentissement de l’activité de la deuxième économie mondiale, la banque centrale a multiplié depuis novembre les assouplissements et les injections de liquidités, avec un succès mitigé. Les indicateurs restent moroses et la conjoncture continue de s’assombrir, sur fond de demande intérieure terne, de net repli des échanges extérieurs et de contraction continue du secteur manufacturier.Les autorités chinoises vantent volontiers leurs efforts pour rééquilibrer le modèle économique chinois – en dopant la consommation, en promouvant une montée en gamme de l’industrie et en développant les services –, mais restent désireuses d’éviter toute décélération brutale de la croissance.La croissance chinoise devrait connaître un ralentissement cette année pour s’établir à 7 %, soit son plus bas niveau depuis un quart de siècle, sous les effets conjugués d’un ralentissement du secteur immobilier, d’une surproduction industrielle et du poids de l’endettement. La croissance chinoise a été de 7,4 % en 2014.Chute des Bourses de Shanghaï et ShenzenLes annonces de la banque centrale interviennent au lendemain d’un plongeon spectaculaire des Bourses chinoises, Shanghaï ayant chuté de 7,4 % tandis que Shenzhen s’effondrait de 7,87 %.Les Bourses chinoises avaient gonflé de quelque 50 % l’an dernier, et leur fulgurant essor s’est poursuivi en 2015 : Shanghaï a grimpé de plus de 55 % entre début janvier et mi-juin, dépassant récemment les 5 000 points pour la première fois en sept ans. Mais depuis leurs sommets atteints il y a deux semaines, la place shanghaïenne a fondu de 18,8 % tandis que Shenzhen a abandonné 20,3 %.Lire aussi :Violents à-coups à la Bourse de Shanghaï Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial) A l'approche de la date butoir du 30 juin pour parvenir à un accord sur le nucléaire iranien, les pourparlers entrent dans une phase cruciale, à Vienne, entre l'Iran et les pays du « P5+1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne). « Sur les sujets majeurs, il y a encore des désaccords importants », souligne un diplomate occidental. « Il va falloir beaucoup de calme et de sang froid pour y arriver »,poursuit-il. Etat des lieux des principaux blocages à surmonter pour aboutir à un accord.Les inspectionsLes modalités du régime d’inspections pour s’assurer que l’Iran tient ses engagements constituent le « verrou » de tout futur accord, insiste une source diplomatique. Les Occidentaux veulent que les observateurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’instance de l’ONU qui sera chargée de vérifier l’application d’un accord, puissent avoir accès à tous les sites, y compris militaires. Ce cas de figure est rare mais l’AIEA a déjà conduit de telles missions, notamment au Japon et en Afrique du sud.Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a rejeté à plusieurs reprises de telles demandes, jugeant qu’elles allaient au-delà du protocole additionnel de l’AIEA que l’Iran s’est engagé à ratifier lors de l’accord-cadre de Lausanne, conclu le 2 avril, qui a fixé les principaux paramètres d’un compromis final entre Téhéran et les pays du « P 5+1 », regroupant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne. Ce protocole permet des inspections renforcées sur l’ensemble des lieux où il y a une suspicion d’activité nucléaire. « L’AIEA n’ira pas de façon routinière sur tous les sites militaires mais seulement dans les endroits où il y a des raisons de penser qu’il se passe des choses qui ont besoin d’être relevées », juge une source influente.Pour surmonter ce blocage, les diplomates tentent de négocier, à Vienne, les termes d’un « accès réglementé » aux sites iraniens. Il s’agit, précise un proche du dossier, de définir le périmètre d’action de l’AIEA et la durée du préavis à fournir aux autorités iraniennes avant de se rendre sur un site. « Il faut pouvoir mener des inspections ad hoc dans tous les domaines qui ne sont pas couverts par le protocole additionnel », insiste une source bien informée. Autrement dit, avoir accès à l’ensemble des endroits où sont conduites des recherches nucléaires même s’il n’y a pas d’activité nucléaire à proprement dit sur ces sites. Il est important, note cette source, de définir les mécanismes d’intervention de l’AIEA dans le cadre d’un accord « pour éviter que l’agence ne soit obligée, à l’avenir, de négocier, pied à pied, avec l’Iran chacune de ses missions ».Les sanctionsLa levée des sanctions internationales qui pénalisent durement l’économie iranienne est l’objectif prioritaire de Téhéran. C’est leur impact qui a poussé les Iraniens à reprendre les négociations en 2013, estiment les Occidentaux. « A ce stade, les attentes des uns ne correspondent pas à la disponibilité des autres », observe sobrement un diplomate.En d’autres termes, les pays du « P 5+1 » excluent toute levée immédiate des sanctions en cas d’accord, comme le demande régulièrement le Guide suprême iranien. « Il y aura un séquençage assez fin entre le retrait de certaines sanctions en fonction des gestes de l’Iran », souligne un expert. Parmi ces gestes, dit-il, figurent la mise en œuvre des inspections dans le cadre du protocole additionnel, l’aménagement de la centrale à eau lourde d’Arak, pour s’assurer qu’elle ne puisse pas produire du plutonium de qualité militaire, et des garanties sur les activités menées à Natanz, le plus important site d’enrichissement d’uranium, un combustible indispensable à la fabrication d’une bombe atomique.Même s’il y a un accord, les sanctions ne pourront pas commencer à être levées avant la fin 2015, précise cette source. Auparavant, l’AIEA devra certifier que l’Iran joue le jeu, ce qui prendra plusieurs mois. De plus, tout accord devra être approuvé par le Parlement iranien et sera également soumis à l’approbation du Congrès américain.La dimension militaireC’est l’un des points les plus délicats de la négociation. En novembre 2011, l’AIEA a demandé à l’Iran de fournir des explications sur onze points ayant trait à la possible dimension militaire – dite PDM – du programme nucléaire iranien au début des années 2000. Il s’agit, pour les pays du « P 5+1 » de faire toute la lumière sur les activités de militarisation menées dans le passé par l’Iran. A ce jour, Téhéran n’a répondu qu’à deux des onze points. D’où la demande récurrente de l’AIEA de pouvoir se rendre sur la base militaire de Parchin où l’Iran est soupçonné d’avoir effectué des recherches sur des détonateurs pouvant servir à une bombe nucléaire.Un accord final, souligne un proche du dossier, devra autoriser l’accès « aux personnes, aux sites et aux documents » relatifs à cette possible dimension militaire. « La vérification sur la PDM est désagréable pour les Iraniens car cela consiste à venir renifler chez eux, relève un diplomate occidental. On ne demande pas aux Iraniens de se confesser, mais si on veut coopérer à l’avenir, il faut savoir ce qui a été fait. »Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.06.2015 à 11h22 • Mis à jour le27.06.2015 à 13h50 Après plusieurs dizaines d’heures de combats, les combattants des unités de protection du peuple kurde (YPG), principale force kurde syrienne, ont chassé de la ville kurde de Kobané les djihadistes de l’Etat islamique (EI).« Les combattants kurdes ont repris le contrôle de certains points dont l’EI s’était emparé », a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le militant kurde Roudi Mohammad a indiqué que « les YPG ont repris le contrôle de toute la ville », faisant état de nombreux morts dans les rangs de l’EI. « Les YPG ont fait exploser un lycée, dernier endroit où des combattants de l’EI s’étaient retranchés », a précisé l’OSDH, organisation sise en Grande-Bretagne.Au moins 200 civils tuésAu moins 200 civils ont été tuées par l’EI à Kobané depuis le début, jeudi, de l’attaque surprise sur la ville, indique l’OSDH. L’attaque inattendue de l’EI est, selon des analystes, une « vengeance » et une « opération de diversion » de la part des djihadistes qui ont subi une série de défaites ces derniers jours face aux YPG dans le nord de la Syrie.Selon l’OSDH, « les YPG et les assayech [la police kurde] ratissent la ville à la recherche de djihadistes qui se seraient cachés » après leur retraite. Après avoir pris aux djihadistes Tall Abyad, ville frontalière de la Turquie, les forces kurdes se trouvent en effet à seulement 56 km au nord de Rakka, principal fief de l’EI en Syrie.Lire aussi :A Kobané, la vengeance des djihadistes La gendarmerie et la police malgaches ont interpellé une députée hostile au président dans la nuit de lundi 8 à mardi 9 juin, et perquisitionné sa voiture, provoquant des incidents avec une vingtaine de parlementaires, avant de découvrir une forte somme d’argent en liquide dans le coffre.S'abonner dès 1 €RéagirClasserEmailFacebookTwitterGoogle +LinkedinPinterestPartagerrequire(['lmd.afrique.toolbar'], function (toolbar) { toolbar.init('.js-toolbar');}); Fast-foods africains : les recettes du succès Explosion mortelle dans une station-service au Ghana Le blues du désert du groupe malien Songhoy Blues 09.06.2015 à 16h42 • Mis à jour le09.06.2015 à 16h54 | Ghalia Kadiri Le dernier Parlement turc comptait 79 femmes, et le gouvernement d’Ahmet Davutoglu, au pouvoir depuis août 2014, qu’une seule femme sur vingt-six membres : Aysenur Islam, ministre de la famille et de la politique sociale. Mais l’entrée en force du Parti démocratique des peuples (HDP), un parti prokurde de gauche, à la Grande Assemblée nationale, a changé la donne. Avec 13 % des suffrages, le HDP, qui se dit ouvertement « féministe », enverra sur les bancs du nouveau Parlement 31 femmes sur ses 80 élus. Les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP), du président Recep Tayyip Erdogan, ont, pour leur part, fait élire 41 députées, contre 46 en 2011. L’AKP est le seul parti à envoyer moins de femmes que lors de la précédente législature.La condition féminine en reculA son arrivée au pouvoir en 2002, l’AKP avait d’abord promu les droits des femmes, notamment à la faveur de la candidature de la Turquie à l’adhésion à l’Union européenne. Une décennie plus tard, le parti d’Erdogan a perdu cet élan et terni son image en restreignant l’accès à l’avortement, ou encore en encourageant le port du voile.Spécialiste de la Turquie contemporaine à l’Institut français des relations internationales (IFRI), la chercheuse Dorothée Schmid souligne que l’ère Erdogan est marquée par une régression de la culture égalitaire entre hommes et femmes en Turquie. « Ce n’est pas une question de législation mais de culture sociale », explique-t-elle. En effet, le recul de la condition féminine en Turquie se manifeste avant tout dans les discours au sein de l’espace public. « Les hommes sont perçus comme les moteurs de la société, tandis que la femme est reléguée à son rôle de mère », poursuit la chercheuse. En témoignent les multiples interventions d’Erdogan, qui a ainsi recommandé aux femmes d’avoir « au moins trois enfants » ou expliqué, en octobre 2014, que l’égalité hommes-femmes était « contraire à la nature humaine ». Quelques mois auparavant, son vice-premier ministre Bülent Arinç avait déclaré qu’une femme « ne [devait] pas rire fort en public ». Pour Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble, la condition des femmes en Turquie est en recul. « La situation est moins bonne que sous Kemal [Mustapha Kemal Atatürk, premier président de la République turque] dans les années 1930. »Recrudescence des violences faites aux femmesAutre symptôme de la dégradation du statut de la femme en Turquie, les violences qu’elles subissent ne cessent d’augmenter depuis quelques années. Selon un rapport sur la violence en Turquie, publié en 2014 par l’université Hacettepe d’Ankara, 40 % des femmes ont déjà été abusées physiquement au moins une fois dans leur vie, tandis qu’une femme sur dix a déjà subi des violences sexuelles domestiques.Lire aussi : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ? En février, le décès d’Özgecan Aslan, une étudiante de 20 ans violée puis tuée à coups de barre de fer par un chauffeur de bus, avait incité des milliers de femmes à prendre la parole sur le harcèlement sexuel.Tragic case of #ÖzgecanAslan in Turkey prompts thousands of women to share tales of sexual abuse online #sendeanlat— BBCtrending (@BBC Trending)require(["twitter/widgets"]);Lire aussi : La Turquie rattrapée par la recrudescence des violences faites aux femmesLe meurtre de la jeune Özgecan est devenu le symbole de la colère qui monte en Turquie. Pendant la campagne des élections législatives, les associations féministes se sont mobilisées pour dénoncer les violences et ainsi faire barrage au parti du président Erdogan. Sur les réseaux sociaux, des centaines de femmes ont pris la pose, le dos tourné, en signe de refus de l’AKP. Une campagne qui a profité au parti HDP, défenseur assumé des droits des femmes et des minorités discriminées (Kurdes, chrétiens, homosexuels).#BayanYanı @bayanyaniWomen turn their back to protest Erdogan and AKP's Women's policy— bayanyani (@BayanYanı)require(["twitter/widgets"]);Ghalia Kadiri 09.06.2015 à 16h07 • Mis à jour le09.06.2015 à 17h02 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) et Philippe Ridet (Rome, correspondant) La frontière recule encore. Il y a six ans, Sergio Marchionne, le directeur général du groupe automobile Fiat, prophétisait qu’un constructeur ne pourrait à l’avenir survivre sans produire au moins 6 millions de véhicules par an. Un objectif désormais fixé en 2018 depuis le mariage entre la firme de Turin et Chrysler, l’américain de Détroit. Né de cette union Fiat Chrysler Automobile (FCA) reste un nain au pays des géants. Ses 4,7 millions de modèles vendus dans le monde en 2014 pèsent moins de 10 % en termes de part de marché. Un chiffre à comparer avec les 10,2 millions de véhicules écoulés par Toyota, les 10,1 de Volkswagen, les 9,9 de General Motors ou les 8,4 de Renault Nissan.10 millions, c’est désormais la nouvelle frontière de FCA. Celle à partir de laquelle un constructeur parvient à augmenter sa marge, notamment dans les pays émergents, réduire les risques financiers à l’occasion de la sortie d’un nouveau modèle et financer la recherche technologique. Présentant, le 26 avril les chiffres trimestriels, M. Marchionne avait dénoncé « une industrie automobile droguée par un recours extrême aux investissements au point que, très souvent, un produit en fin de cycle n’est pas parvenu à rémunérer le capital investi pour qu’il voie le jour ».Une manœuvre culottéeAprès avoir rationalisé les lignes de montages sur lesquels s’élaborent désormais plusieurs modèles différents, mis en commun des technologies avec des concurrents comme c’est le cas en Pologne où sont produites – sur la même plateforme – aussi bien la Ford Ka que le Fiat 500, l’homme à l’éternel pull en cachemire noir, envisage une manœuvre culottée pour une grenouille : absorber un bœuf.Lire aussi :Fiat : Groupe automobile cherche GPSSelon le Wall Street Journal du mardi 9 juin, M. Marchionne – qui bénéficie de la confiance totale de ses actionnaires représentés par John Elkann, chef de file de la famille Agnelli et président de la holding financière Exor – s’apprêterait à fondre sur General Motors avec le soutien de hedge funds. « Nous n’avons aucune restriction, aucune barrière, l’objectif est d’économiser le plus d’argent possible dans le développement de nouveaux modèles. En fait, nous discutons tout le temps entre nous mais il n’y a rien de concret pour le moment. Mais c’est techniquement faisable », expliquait-il en mars au salon de l’automobile de Genève.Mais pour être grosse, la proie n’en est pas moins digérable. L’actionnariat de la firme américaine est moins ferme que celui de ses concurrents, comme Ford par exemple, où la famille fondatrice oriente encore les décisions stratégiques. De plus M. Marchione s’est montré imaginatif dans les montages financiers, comme il l’a démontré avec la prise de contrôle de Chrysler grâce à une aide, remboursée depuis, du gouvernement américain et la bienveillance des syndicats. Enfin Exor, dont M. Marchionne est aussi vice-président, dispose d’assez de liquidités pour rendre ses arguments persuasifs.Les contre-arguments ne manquent pasToutefois, les contre-arguments ne manquent pas. Les deux entreprises avaient tenté un mariage en 2000, qui s’était très mal terminé cinq ans plus tard, obligeant GM à payer un dédit de 2 milliards de dollars pour se tirer de ce mauvais pas. Renault-Nissan avait tenté également une approche en 2006, mais les dirigeants de GM avaient conclu que le jeu n’en valait pas la chandelle. Enfin en 2008 des discussions avaient eu lieu dans le cadre du sauvetage par le gouvernement américain de Chrysler et GM pour voir si des choses pouvaient être faites en commun. Mais, là encore, elles n’avaient abouti à rien de concret.Par ailleurs, le différentiel de rentabilité avec FCA a de quoi faire réfléchir avant un éventuel rapprochement : aux Etats-Unis, GM est deux fois plus rentable que son concurrent et son PDG, Mary Barra a toujours dit qu’elle voulait se concentrer sur le renforcement de son groupe en améliorant la rentabilité du capital investi, sans se laisser distraire par une fusion avec un autre constructeur. « Nous avons nos propres plans et nous entendons les poursuivre seul », a-t-elle fait savoir à M.Marchione.Mais selon le quotidien La Repubblica du 8 juin, la démonstration d’intérêt pour GM pourrait être un leurre afin de dissimuler une négociation avec Volkswagen ou le constructeur de voitures propres Tesla.A l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires de GM, qui se tenait mardi à Detroit, la patronne du groupe, Mary Barra, a réaffirmé que son groupe n’avait pas besoin d’une fusion, soulignant qu’il avait « l’échelle suffisante », avec 10 millions de véhicules vendus, pour se développer seul et que le groupe avait déjà « mis à profit les opportunités de bénéficier de partenariats ». GM travaille ainsi avec Ford dans les transmissions et avec Honda sur les piles à hydrogène.John Elkann, l’héritier légitimeParadoxe : Si FCA veut grandir, John Elkann cherche à diluer la part de l’industrie automobile, trop dépendante de la conjoncture, dans le portefeuille d’Exor. Alors que Ferrari devrait bientôt être côtée en bourse, Exor qui contrôle FCA, CNH (camions et machines agricoles), Ferrari, le club de football la Juventus de Turin, la totalité du quotidien La Stampa et 20 % du Corriere Della Sera, a cédé ses participations dans SGS, leader mondial de la certification, pour 2 milliards d’euros au groupe Lambert, et celles qu’elle détenait dans le colosse immobilier Cushman & Wakefield pour 1,2 milliard d’euros.La holding financière des Agnelli a lancé son dévolu sur la société de réassurance américaine basée aux Bermudes, PartnerRe, dont elle détient déjà 9,9 % du capital. D’abord amicale, l’offre publique d’achat pour un montant de 6,8 milliards d’euros (financé par deux milliards de fonds propres) est devenue plus agressive, à mesure que le refus de la direction de l’entreprise américaine, qui préfère étudier une fusion avec Axis, se renforçait. Pour les contourner, John Elkann a décidé de s’adresser directement aux actionnaires privilégiés du réassureur pour vanter les mérites de son offre et dénoncer un conflit d’intérêt entre l’actuel PDG de PartnerRe et Axis.S’il parvenait à ses fins, le discret et encore jeune John Elkann (39 ans), dont certains ne donnait pas cher de son avenir lors qu’il reçut l’empire des mains de « l’Avvocato » Gianni Agnelli en 1997, démontrerait alors que, s’il n’a pas la flamboyance de son grand-père, il n’en est pas moins l’héritier légitime. Un requin se cacherait sous son air poupin de gendre idéal. Et la Repubblica de conclure : « Le nouvel âge d’or des Agnelli commence ».Lire aussi :Sergio Marchionne, « casseur » de codesPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.06.2015 à 15h47 | Jean-Marie Fardeau (Directeur du bureau français de Human Rights Watch) « Avant que ta maison ne soit emportée par les flots, tu devrais la marier », a dit un voisin à la mère de Khushi. Khushi (le nom a été modifié) a dû quitter l’école récemment car sa famille ne pouvait plus payer les frais de scolarité. Ses parents ont arrangé un mariage et Khushi s’est mariée à l’âge de 13 ans, avant de partir vivre chez ses beaux-parents.Lorsque Human Rights Watch s’est entretenu avec Khushi fin 2014, elle avait 16 ans. Elle vivait chez ses beaux-parents avec son mari et leur fils âgé d’un an et demi car la maison et le lopin de terre de ses beaux-parents avaient été détruits par l’érosion causée par la rivière. Khushi a trouvé cela difficile, de se marier. « J’étais très jeune donc je n’étais pas très patiente », a-t-elle expliqué. « Parfois, je ne laissais pas mon mari m’approcher et on se disputait. En plus, j’ai eu toute sorte de problèmes avec mon corps quand j’étais enceinte. »Au moment de notre rencontre, sa préoccupation principale était qu’ils risquaient de perdre leur maison. La famille s’attendait en effet à ce que la maison des parents de Khushi soit également emportée par l’érosion d’ici un an ou deux. « J’ignore où Dieu veut nous mener », dit Khushi, « mais nous devrons nous y aller ».Le Bangladesh est le pays au monde qui compte le plus de jeunes filles mariées avant l’âge de 15 ans – 29 % d’entre elles sont déjà mariées à cet âge. À 18 ans, alors qu’elles devraient être en train de passer leur diplôme de fin d’études secondaires, 65 % sont mariées.Les jeunes filles pauvres au Bangladesh font face à une situation désastreuse : manque d’accès à l’éducation, indigence, pressions sociales - autant de facteurs qui conduisent au mariage précoce. Souvent, les familles pauvres ne peuvent assumer les frais de scolarité et pas même le coût des fournitures scolaires pour les enfants qui sont à l’école primaire où les frais de scolarité ont été supprimés. Les parents considèrent les filles prêtes pour le mariage une fois qu’elles ont quitté l’école. Harcèlement sexuelLes traditions favorisent le mariage précoce, en exigeant une dot moins élevée pour les jeunes filles ; parallèlement, les catastrophes naturelles enfoncent les familles encore davantage dans la pauvreté et les poussent à envisager le mariage de leurs filles. Parfois, elles sont la cause directe du mariage des enfants, comme dans le cas de Khushi. Au sein même de leur communauté, beaucoup de filles font face au harcèlement sexuel et parfois même à des menaces d’enlèvement. Face à l’inaction de la police, les parents voient dans le mariage un moyen de protéger leurs filles.Plusieurs filles différentes, à différents endroits du pays, ont employé exactement les mêmes termes pour décrire la façon dont leur mariage précoce les avait affectées : « ma vie est détruite ».C’est tragique, mais les recherches le confirment. Les filles risquent de graves problèmes de santé – dont la mort – du fait des grossesses précoces, risques qui affectent aussi leurs enfants. Elles ont plus de chances d’être victimes de violences domestiques et d’abus. Les histoires les plus terribles que nous avons recueillies sur les mariages d’enfants au Bangladesh sont celles de jeunes filles qui sont abandonnées par leurs maris et qui les supplient de les reprendre après avoir subi d’atroces abus, simplement parce qu’elles n’ont nulle part d’autre où aller. En outre, les filles qui se marient tôt voient leurs chances de rester scolarisées s’s'effondrer, et beaucoup d’enfants au Bangladesh quittent l’école avant le secondaire.Le gouvernement du Bangladesh peut et doit faire davantage pour mettre fin aux mariages d’enfants. C’est ce qu’il faut faire du point de vue moral, mais aussi ce qui est légalement exigé par plusieurs conventions internationales que le Bangladesh a signées et qui impliquent de respecter les droits des enfants et de prévenir la discrimination à l’égard des femmes.En 2014, Madame le premier ministre bangladeshi Sheikh Hasina a annoncé vouloir mettre fin au mariage des enfants de moins de 15 ans à l’horizon 2021, et réduire d’un tiers les mariages des jeunes ayant entre 15 et 18 ans dans le même temps. Elle a promis de durcir la loi qui criminalise déjà le mariage des enfants et de développer un plan national d’action visant à mettre fin à tous les mariages d’enfants de moins de 18 ans, un objectif qui doit être atteint pour 2041. Même si ces objectifs sont atteints, des enfants continueront de se marier pendant les 26 prochaines années, mais au moins le gouvernement bangladeshi semblait prêter attention à ce problème.Pourtant, dans les mois qui ont suivi, le gouvernement de Sheikh Hasina a fait marche arrière et proposé d’abaisser l’âge légal du mariage pour les filles de 18 à 16 ans. La France et le Bangladesh unis par des liens étroitsNotre pays est un bailleur de fonds important pour le Bangladesh : en 2013, la France a versé au Bangladesh plus de 50 millions d’euros d’aide au développement. Cette générosité fait de la France le huitième bailleur le plus important pour le Bangladesh. La France soutient le Bangladesh notamment dans les domaines de l’eau et des transports.En intégrant dans ses programmes d’aide des actions visant spécifiquement à prévenir le mariage des enfants et à assister les jeunes filles mariées, l’Agence française de développement a la possibilité de contribuer à ce que la promesse du Bangladesh de mettre fin au mariage des enfants devienne réalité.Plus important encore, le président Hollande et le gouvernement devraient profiter des liens étroits qui unissent la France et le Bangladesh pour exercer une pression politique sur le Bangladesh afin qu’il prenne davantage de mesures pour mettre fin au mariage des enfants.Chaque jour qui passe, des jeunes filles bangladeshies sont mariées contre leur gré. La France a un rôle à jouer, et il serait honteux qu’elle ne le fasse pas.Jean-Marie Fardeau est le directeur du bureau français de Human Rights WatchJean-Marie Fardeau (Directeur du bureau français de Human Rights Watch) Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le geste est salué. Mais, à ce stade, il n’est pas encore jugé suffisant. Les deux textes « de propositions » que le gouvernement grec a communiqués, lundi 8 juin, au commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, sur les réformes à mettre en place afin de débloquer une aide financière de 7,2 milliards d’euros, ne représentent pas une avancée considérable du point de vue des créanciers du pays (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international). « Dans ce dossier, on fait deux pas en avant, un pas en arrière », relève une source proche des négociations.Les négociateurs grecs avaient fait des contre-propositions au « draft » d’accord rédigé en commun par les créanciers et remis en main propre par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker au premier ministre grec, Alexis Tsipras, mercredi 3 juin à Bruxelles. Ces contre-propositions portent sur la réforme des retraites et sur la TVA. Deux des principaux points qui opposent encore les parties, avec la question de la dette.Le « draft » d’accord demandait à Athènes d’équilibrer son régime de retraite (zéro déficit) et notamment de diminuer les primes destinées aux petites pensions. Il préconise également de soumettre les prix de l’électricité au taux de TVA de 23 %.« Combler les différends »Ces propositions avaient été qualifiées « d’absurdes » par M. Tsipras, lors d’un discours très offensif, vendredi 5 juin, devant le Parlement grec, destiné à recueillir l’assentiment des députés sur sa stratégie de négociation.Lire aussi :Athènes fait des contre-propositions à ses créanciersUne source gouvernementale grecque a aussi précisé que les deux textes supplémentaires remis lundi à Pierre Moscovici visaient « d’une part à combler les différends sur les questions de finances publiques et d’autre part à définir un plan de viabilité de la dette grecque ».Selon des sources gouvernementales grecques, les discussions ont aussi porté sur les moyens de combler le « trou » dans le financement du budget de l’Etat grec jusqu’à la fin de l’année 2016. Mais aucune proposition précise n’a filtré.Mercredi 10 juin, la chancelière allemande Angela Merkel doit s’entretenir avec le premier ministre grec.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Sallon « La situation humanitaire en Irak est proche de la catastrophe », avertit Philippe Heffinck, représentant du Fonds des Nations unies pour l’enfance – Unicef en Irak. Les combats qui opposent les forces irakiennes à l’Etat islamique (EI) autour de Ramadi, dans la province de l’Anbar, ont accentué la crise humanitaire que traverse l’Irak depuis la prise de Mossoul, le 10 juin 2014. Les quelque 150 000 habitants qui ont fui les combats dans la ville et dans les environs sont venus grossir les rangs des déplacés. Plus de 2,3 millions d’Irakiens sont aujourd’hui déplacés à l’intérieur du pays ou réfugiés à l’étranger. « On s’attend à un million supplémentaire de déplacés principalement depuis les provinces de l’Anbar, Salaheddine et Diyala », prédit M. Heffinck.Les retours dans les zones libérées se font au compte-gouttes. Les déplacés, pour la plupart installés dans des camps ou dans des logements de fortune, sous des températures qui atteignent désormais 45 °C certains jours, manquent de tout : nourriture, eau, produits d’hygiène. L’assistance humanitaire a été réduite face à la baisse du budget des agences des Nations unies, qui s’ajoute à la crise financière à laquelle font face les autorités irakiennes. Leurs ressources financières ont été amputées par la chute des revenus du pétrole. Les autorités de Bagdad sont confrontées à la difficulté de payer les salaires des fonctionnaires et aux énormes dépenses engendrées par la guerre. Le FMI a donné, vendredi, son vert à un plan d’aide de 833 millions de dollars qui doit maintenant être approuvé, en juillet, par les Etats membres de l’institution.Quatre cent quarante millions d’euros nécessairesJeudi 4 juin, les Nations unies ont lancé devant le Parlement européen, à Bruxelles, un appel pour rassembler 500 millions de dollars (440 millions d’euros) d’aide humanitaire pour le plan de réponse humanitaire pour l’Irak pour les six mois à venir. Plus de 8 millions de personnes ont besoin d’aide vitale – abris, nourriture, eau –, et ce nombre pourrait atteindre les 10 millions d’ici à la fin de l’année, selon l’ONU, qui décrit « des exécutions de masse, des viols systématiques et des actes de violence effroyables » commis contre la population par les djihadistes. Quatre millions quatre cent mille personnes souffrent de pénurie alimentaire dans des zones agricoles traditionnelles, notamment dans plusieurs régions céréalières passées sous le contrôle de l’EI.« C’est le minimum, les besoins de survie. C’est moins de la moitié du précédent appel de 2,2 milliards de dollars », pointe M. Heffinck. « Les partenaires humanitaires ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour aider la population, mais plus de 50 % de l’opération sera fermée ou réduite si nous ne recevons immédiatement de l’argent », a souligné Lise Grande, coordinatrice aux Nations unies de l’aide humanitaire pour l’Irak. La Commission européenne a annoncé le déblocage de 25 millions d’euros d’aide supplémentaire, portant à 63 millions d’euros sa contribution pour 2015.« Le manque de fonds est tellement grave que 77 cliniques près du front ont été obligées de fermer, et que les rations alimentaires ont été réduites pour plus d’un million de personnes », affirme l’ONU. « Trois millions d’enfants ne vont plus à l’école alors que l’accès à l’école primaire était généralisé avant la guerre. Or l’école est la meilleure stratégie de protection contre le travail des enfants et les abus », pointe M. Heffinck de l’Unicef. De nombreux enfants, traumatisés par la guerre, ont besoin d’assistance. « Si la bataille de Mossoul éclate, il faudra un appel spécial pour Mossoul », prédit le responsable de l’Unicef.Guerre de l’eauLa situation humanitaire pourrait encore s’aggraver pour les populations de l’Anbar avec la guerre de l’eau qu’a engagée l’Etat islamique. Mercredi 3 juin, le groupe a partiellement fermé les vannes d’un barrage sur l’Euphrate. L’opération vise à faire baisser les eaux du fleuve et à leur offrir une plus grande liberté de mouvement pour attaquer les forces gouvernementales sur la rive sud dans la région de Ramadi. A terme, elle menace de priver d’eau les provinces méridionales de l’Irak, où le niveau de l’eau a baissé de façon inquiétante.« Daech [acronyme arabe de l’EI] mène désormais une sale guerre de l’eau, a dénoncé Sabah Karhout, le chef du conseil provincial d’Al-Anbar. Couper l’eau est le pire crime qu’il puisse commettre. Cela va forcer les enfants, les femmes et les personnes âgées à fuir, ce qui lui permettra de lancer des attaques. »Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon Dans les décombres de l’immeuble qui s’est effondré sous la charge d’un baril d’explosifs, jeudi 4 juin à Hayyan, dans la campagne d’Alep, dans le nord-ouest de la Syrie, le père de la famille Hayek a vu toute l’horreur de la guerre. Le corps de son fils de 5 ans, Youssef, gisant sans vie, prisonnier entre un pan de béton et le reste du baril, maculé de sang et de poussière. Sur les images insoutenables filmées après le bombardement, le père du petit Youssef s’effondre de douleur, soutenu par des voisins. L’attaque a ravi l’ensemble de sa famille : son épouse, ses cinq enfants et deux des grands-parents.L’armée du président Bachar Al-Assad a intensifié, au cours des derniers jours, sa campagne de bombardements aux barils d’explosifs contre les régions tenues par l’opposition, faisant des dizaines de victimes dans la seule région d’Alep. Jeudi 4 juin, six personnes ont été tuées dans un autre largage de barils explosifs par les hélicoptères de l’armée syrienne à Deir Jamal, au nord d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le 31 mai avait été la journée la plus meurtrière de l’année avec 80 personnes tuées par des barils d’explosifs dans la province d’Alep.Dans une interview à la chaîne de télévision France 2, le 20 avril, le président Bachar Al-Assad avait une nouvelle fois nié l’existence de ces armements ainsi que le recours aux armes chimiques comme le chlore. « Que sont des barils d’explosifs ? », avait-il demandé, d’un air faussement naïf, au journaliste. La responsabilité du régime dans le largage de ces armes dévastatrices et aveugles est pourtant clairement établie, selon les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, ainsi que les organisations des droits de l’homme. L’armée syrienne est la seule à disposer d’hélicoptères permettant de les larguer.Ces bombes à la trajectoire imprévisible peuvent mettre à terre un immeuble entier. Non guidées, hautement explosives, elles sont fabriquées à peu de frais à partir de gros barils d’huile, de cylindres à gaz ou de réservoirs d’eau, vidés de leur contenu et remplis de puissants explosifs ainsi que de ferraille pour renforcer l’effet de fragmentation.Onze mille morts sous les barilsCette nouvelle vague de bombardements aux barils d’explosifs a été condamnée par le Conseil de sécurité des Nations unies, vendredi 5 juin. Dans un communiqué, le conseil dénonce « les attaques menées sans discernement, dont les bombardements aux barils d’explosifs, qui auraient été utilisés à grande échelle ces derniers jours ». La Russie, alliée du régime de Bachar Al-Assad, a rejoint les 14 autres pays du Conseil de sécurité pour condamner « toutes les violences contre des civils, des infrastructures civiles, y compris médicales ».La veille, le directeur des opérations humanitaires de l’ONU John Ging a estimé à 3 600 le nombre de personnes tuées par ce type d’armement dans la seule province d’Alep depuis le début du conflit en Syrie, en mars 2011, qui a causé la mort de plus de 220 000 personnes. Les barils d’explosifs, dont l’usage a été systématisé par le régime dès 2012, ont fait plus de 11 000 morts dans l’ensemble du pays, selon l’organisation Amnesty international, laquelle, dans un rapport publié le 5 mai, a qualifié le bombardement indiscriminé de la province d’Alep par les forces gouvernementales syriennes de « crimes contre l’humanité ». Les photographies prises dans la ville montrent une population vivant sous terre pour échapper à la menace constante de ces bombes.Les barils d’explosifs sont également utilisés de façon systématique contre les zones rebelles d’autres provinces comme Idlib (Nord) ou Deraa (Sud-Ouest). « Chaque jour ensoleillé est un jour endeuillé », témoignait au Monde en mars Jihad Al-Sbeih, chef des unités de la Défense civile syrienne (DCS) de la province de Deraa. « La coalition internationale, qui peut détecter les mouvements aériens [pourrait au moins] nous avertir quand un avion se dirige vers nous pour qu’on ait le temps de mettre les populations à l’abri », suggérait-il.Lire aussi :En Syrie, les « casques blancs » risquent leur vieLa Coalition nationale syrienne (CNS), principale force de l’opposition, s’est à nouveau indignée, jeudi, de l’inaction de la communauté internationale. « Sans l’immunité accordée par la Russie et la Chine et le honteux et injustifié silence international, Assad n’aurait pas pu massacrer les enfants syriens depuis maintenant plus de quatre ans. Le peuple syrien a perdu tout espoir d’une action morale et juste de la Russie ou de la Chine, mais sa plus grande déception vient des pays amis censés soutenir la liberté et les droits humains et qui ont préféré garder le silence et jouer les observateurs », regrette la CNS dans un communiqué. Elle réclame des armes antiaériennes pour combattre les avions de guerre de l’armée syrienne.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)   Incertaine jusqu’au tout dernier moment, la deuxième Gay Pride de l’histoire ukrainienne s’est tenue, samedi 6 juin à Kiev. Elle s’est achevée dans la violence.Les organisateurs de la « marche de l’égalité » avaient multiplié les précautions, et tenu secret jusqu’au dernier instant le lieu du rassemblement. Environ 200 personnes – plus que lors de l’édition 2013 – y ont participé, marchant quelques centaines de mètres le long des rives du Dniepr, dans le quartier excentré d’Obolon, protégées par un déploiement policier extrêmement imposant.Plusieurs diplomates européens étaient présents, ainsi que deux députés du parti du président, Petro Porochenko. En plus des drapeaux arc-en-ciel et des pancartes réclamant « l’égalité », quelques tambours avaient été sortis pour tenter de donner à l’événement un air festif, malgré les insultes et les menaces lancées par des contre-manifestants d’extrême droite. Comme en réponse au slogan nationaliste « L’Ukraine au-dessus de tout », les marcheurs ont scandé « Les droits de l’homme au-dessus de tout ».Des groupes d’extrême droite interpellésSeul incident notable pendant le défilé, un policier a été atteint par une bombe artisanale, laissant derrière lui une large flaque de sang. Mais les organisateurs avaient apparemment négligé un point : le moment de la dispersion du rassemblement. Celui-ci s’est vite mué en une course-poursuite effrénée entre policiers, contre-manifestants masqués et décidés à en découdre, et manifestants pris au piège dans le dédale des cours du quartier. On a pu voir des groupes de manifestants apeurés tenter d’arrêter des véhicules en pleine rue pour échapper aux coups, d’autres essayer d’échapper discrètement à la nasse.Une trentaine de membres de groupes d’extrême droite ont été interpellés, parfois violemment. Plusieurs blessés ont été emmenés à l’hôpital, dont au moins deux membres des forces de l’ordre.Les groupes d’extrême droite avaient très ouvertement fait part de leur intention d’empêcher la tenue du défilé. Dmitro Iaroch, dirigeant du parti ultranationaliste Pravy Sektor, avait notamment expliqué que malgré la mobilisation de nombre de ses membres sur le front, son groupe et d’autres groupes seraient bien présents. « Les représentants du mouvement politique et militaire Pravy Sektor seront obligés d’empêcher la réalisation de ces projets destructeurs des valeurs familiales, de la morale et de l’image traditionnelle des êtres humains », écrivait-il sur Facebook.« Tout ça sert les ennemis du pays, expliquait avant le début de la marche un jeune homme au look de skinhead mais venu, assurait-il, en « simple voisin ». « Comment vont réagir les gens des régions du Sud et de l’Est, où il y a encore des tensions, en voyant cette horreur ? L’Ukraine est un pays traditionaliste, et on veut nous pousser dans les bras de l’Europe décadente. » « Les autorités font le minimum »Avant de faire l’essentiel pour que les violences restent limitées, les autorités avaient de leur côté tout fait pour décourager les organisateurs. Vitali Klitschko, l’ancien boxeur devenu maire de Kiev, a laissé planer jusqu’au dernier jour la menace d’une interdiction, et sans cesse repoussé les réunions consacrées à la sécurité de l’événement. Il a aussi exhorté les organisateurs à reporter la marche « en raison de la guerre qui continue dans l’est de l’Ukraine ». En 2014, il la qualifiait d’« événement de divertissement ».C’est finalement le président Porochenko qui a paru trancher, vendredi lors d’une conférence de presse. Précisant que lui-même ne participerait pas à l’événement, le président a estimé qu’il ne voyait « aucune raison d’y faire obstruction, s’agissant d’un droit constitutionnel de chaque citoyen ukrainien ».Lire aussi notre entretien (abonnés) :Petro Porochenko : « Les accords de Minsk sont notre seule solution »Une interdiction paraissait également difficile à assumer vis-à-vis des partenaires européens de l’Ukraine. La garantie d’un traitement équitable des personnes homosexuelles sur leur lieu de travail fait par exemple partie des mesures réclamées par l’UE à Kiev avant de lui accorder un régime d’exemption de visa. Mais la loi antidiscrimination votée par le Parlement en 2014 ne fait aucune mention de l’orientation sexuelle.« Les autorités font le minimum, regrettait dans le défilé Anna Chariguina, un membre du Forum LGBT. Nous aussi, nous étions sur Maïdan, nous espérions que la démocratisation s’accompagnerait de plus de tolérance. Mais le climat est encore menaçant pour ceux d’entre nous qui osent afficher ouvertement leur sexualité. La guerre a radicalisé les esprits et mis sous le tapis ces sujets-là. »Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Simon Roger Les îles Fidji ont déjà communiqué leurs résultats, le Burkina Faso démarre ses travaux, l’Inde ou Taïwan entreront plus tard dans la discussion et Phenix, en Arizona, fermera la marche dans la nuit de samedi à dimanche. L’Eurovision aurait-il soudainement changé d’échelle ? Cette consultation-là est bien plus large et ses résultats seront certainement plus éclairants sur l’état de l’opinion mondiale qu’un concours de chanson. Pendant plus de vingt-quatre heures se déroule un vaste débat citoyen planétaire sur le climat et l’énergie (World Wide Views on Climate and Energy) pour permettre à la société « réelle » de se prononcer sur les enjeux de la COP 21, la 21e conférence des Nations unies sur le climat programmée en décembre à Paris.Sur les 195 Etats engagés dans les négociations onusiennes, 78 sont inscrits à l’initiative co-organisée samedi 6 juin par le Danish Board of Technology Foundation (DBT), la Commission nationale du débat public (CNDP), l’agence de conseil Missions publiques et le secrétariat de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC). La manifestation, d’un coût total estimé à 3 millions d’euros, a reçu notamment une subvention du ministère de l’écologie et l’aide financière des régions françaises impliquées dans l’événement.10 000 participants à travers le mondeEn additionnant les 13 débats prévus en France et quelques autres pays où seront aussi démultipliés les débats, ce sont près de 100 assemblées, réunissant chacune un panel de 100 citoyens, qui vont livrer leur point de vue sur les grands thèmes retenus par les organisateurs : l’urgence à agir pour le climat, les instruments de la lutte contre le réchauffement climatique, le processus de négociations onusien, les enjeux d’un accord à Paris, l’équité et le partage des efforts entre pays industrialisés et pays en voie de développement. Les quelque 10 000 participants vont tous répondre au même protocole. La compilation des résultats alimentera ensuite une étude comparative sur les 78 pays invités à s’exprimer sur l’enjeu climatique. « Il s’agit pour les participants de réfléchir aux décisions qu’ils prendraient s’ils étaient à Paris lors des négociations », précise Yves Mathieu, le directeur de Missions publique, qui avait participé en 2013 au débat national sur la loi de transition énergétique française.Un an plus tôt, un débat – planétaire, celui-là – était consacré à la biodiversité. Mais l’édition citoyenne de 2012 avait accueilli seulement 24 pays, celle de 2015 en rassemble trois fois plus. « C’est la diversité des territoires concernés et des profils représentés qui va faire la qualité du débat sur le climat », assure Yves Mathieu, qui ne cache sa fierté d’avoir contribué à « porter la discussion dans des pays comme le Burundi, l’Afghanistan ou le Népal ». Première expérience à CopenhagueLa genèse de cette opération remonte à la fin des années 2000 et trouve son inspiration au Danemark. Le Danish Board of Technology réfléchit depuis plusieurs années à la question de la mobilisation citoyenne et de son intégration dans le processus de décision politique. La tenue à Copenhague de la 16e conférence mondiale sur le climat (COP 15) offre l’occasion d’imaginer une grande arène mondiale. « Après avoir travaillé sur le plan national, puis à l’échelon de la commission européenne, les négociations de la COP 16 constituaient un cadre de travail intéressant, explique Bjorn Bedsted, du DBT. Dans une COP, on trouve les pays membres de l’ONU, des experts, des industriels, des ONG… Tout le monde cherche sa place mais, jusqu’à présent, il n’existait pas de réel mécanisme de dialogue entre tous ces acteurs. Nous avons essayé de combler ce fossé. »Sans verser dans le militantisme, le DBT et ses partenaires cherchent à nouer un dialogue durable entre les citoyens et les décideurs convoqués en décembre à Paris. « En 2009, le débat s’était monté sans relation avec la CCNUCC. En 2012, il avait été précédé d’une prise de contact avec l’ONU. Cette fois, les Nations unies, qui cherchaient une démarche pour sensibiliser le grand public, ont eu besoin de cinq minutes pour se décider à nous apporter leur soutien », sourit Bjorn Bedsted. Cinq minutes pour convaincre l’ONU ! Plusieurs mois en revanche ont été nécessaires pour monter une opération de cette envergure. Dans chaque pays participant, il a fallu désigner des animateurs, déterminer une logistique, dégager des moyens financiers et, évidemment, composer un panel le plus représentatif possible de la population nationale. Au Burkina Faso, qui participe pour la première fois à un débat planétaire, la coordinatrice Gifty Narh Guiella s’interrogeait mi-avril sur le défi que constituait le recrutement de 100 citoyens dans un pays qui compte une soixante d’ethnies.Vendredi 5 juin, elle était plus sereine. « Les institutions locales, les étudiants de plusieurs universités et Internet nous ont facilité le travail. On a plus de 100 panélistes et on a dû en refuser 400 ! Le groupe, qui pourra répondre aux questions en dioula, en mooré ou en français, est impatient de débuter la discussion et de suivre les résultats des autres débats, confie Gifty Guiella. Comme beaucoup de pays d’Afrique, le Burkina Faso est confronté au changement climatique, les saisons sont déréglées, l’agriculture est affectée par les longues périodes de sécheresse. Les gens sont très concernés, mais souvent rebutés par le jargon technique des négociations sur le climat. »« Six mois pour faire campagne »En Mauritanie, les organisateurs ont diffusé l’information par des ateliers de lecture pour ne pas exclure du débat le public analphabète et proposent à certains panélistes de réagir grâce à un téléphone portable. Au-delà du tour de force logistique que représente une telle opération dans des pays vulnérables, c’est la vocation démocratique de la consultation qui fédère les volontaires.Au Pakistan, qui découvre lui aussi l’événement, le climat est un sujet sensible. « Entre les épisodes d’inondations qui ravagent le pays, les millions de personnes déplacées, nous sommes très concernés par le changement climatique, confirme Shakeel Ahmad Ramay, de l’Institut politique du développement durable d’Islamabad. Ce débat va montrer ce que veulent les citoyens pakistanais, et ceux du monde entier. Ensuite, il nous restera six mois pour faire campagne et disséminer nos messages avant la COP 21 ». Car le 6 juin n’est pas un point d’arrivée, mais le début d’un chemin qui fera étape le 10 juin à Bonn, où se déroulent les négociations officielles de la CCNUCC, début juillet à Lyon pour le sommet des territoires, le 30 septembre à Paris à l’occasion d’une grande mobilisation, avant de rejoindre la COP 21. « Si à Paris les exigences économiques l’emportent, les décideurs sauront qu’ils ont agi à l’encontre des populations du monde entier », prévient Gifty Narh Guiella.Suivez les résultats pays par paysSimon RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.06.2015 à 08h54 • Mis à jour le06.06.2015 à 09h09 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Qui veut la peau des accords de Minsk ? Kiev et Moscou s’accusent mutuellement de vouloir rompre le cessez-le-feu signé le 12 février, dans la capitale biélorusse, en présence des présidents russe et ukrainien et sous l’égide du chef de l’état français et de la chancelière allemande. A peine quatre mois plus tard, ces accords, déjà ténus et plusieurs fois battus en brèche, paraissent moribonds après les violents combats survenus dans la nuit du 2 au 3 juin dans l’est de l’Ukraine entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes qui ont provoqué la mort d’au moins 28 personnes.Lire aussi :Reprise des combats dans l'est de l'UkraineLes armes lourdes, en principe retirées d’une ligne de front définie, ont refait surface. L’offensive déclenchée dans les localités de Mariinka et Krasnohorivka, non loin de Donetsk, par un millier de rebelles, selon Kiev, a semble-t-il tourné à leur désavantage. Et les regards sont tournés vers Moscou. Dès jeudi, le ministre des affaires russes, Serguei Lavrov, évoquait des accords de Minsk « menacés de voler en éclats », tandis que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, enchaînait : « Les violations sont évidentes (…). Les représentants de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] devraient tirer les conclusions et identifier clairement qui est responsable. »Invité sur le plateau d’une chaîne de télévision russe, Viatcheslav Nikonov, député de Russie unie, le parti du gouvernement, est allé plus loin : « Je n’exclus pas, si Minsk 2 est enterré, que la Russie, dans ce cas, renonce au préambule de ces accords », a-t-il déclaré. Cette partie du texte garantit l’intégralité territoriale de l’Ukraine.En clouant au pilori les accords de Minsk, la Russie, qui a toujours nié farouchement l’implication de son armée dans le conflit, tente de faire porter la responsabilité de l’échec des tentatives de paix sur Kiev, tout en laissant planer une menace quant à ses réelles intentions. Devant son parlement, le président Petro Porochenko a ainsi estimé que l’Ukraine devait faire face « une gigantesque menace » de la part de son voisin, tout en citant de nouveau le chiffre de 9 000 militaires russes présents sur le territoire. Pour preuve, il a affirmé un peu plus tard qu’un soldat russe se trouvait parmi la douzaine de combattants capturés lors de la bataille de Mariinka, Vendredi. M. Peskov a répondu que la présence d’un « citoyen russe là-bas », si elle était confirmée, ne devait pas être confondue avec un membre de l’armée.« Un grand bluff »La nervosité est cependant bien montée d’un cran à Moscou lorsque, mercredi, volontairement ou maladroitement, la présidente du Conseil de la fédération de Russie, Valentina Matvienko, a évoqué la convocation de la Chambre haute du Parlement en session extraordinaire et demandé à ses membres « de ne pas s’éloigner ». Sa tentative de rétropédalage quelques heures plus tard sur une « annonce tout à fait normale » dans un cadre législatif n’a convaincu personne, d’autant qu’interrogé sur le sujet, le porte-parole du Kremlin s’est contenté de souligner qu’une telle convocation relève des prérogatives du président Poutine, selon la Constitution. « C’est son droit », a-t-il éludé.« Moscou fait tout son possible pour donner l’impression de vouloir rompre les accords de Minsk, mais c’est un grand bluff car Poutine n’a rien d’autre et si le conflit paraissait s’apaiser, cela donnerait une victoire aux Occidentaux », juge le politique indépendant Dmitri Orechkine. « Cela distrait la population russe des problèmes sociaux et pour cela, il est obligé de maintenir tout le monde sous tension », ajoute-t-il. Cette flambée de violence dans le Donbass peut être aussi pour Vladimir Poutine un moyen de peser sur le sommet du G7, qui doit s’ouvrir dimanche 7 juin, ce club des pays industrialisés dont il a été exclu depuis l’annexion de la Crimée en 2014.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.06.2015 à 05h29 • Mis à jour le06.06.2015 à 05h48 Plusieurs mobilisations historiques ont eu lieu cette semaine en Argentine et chez ses voisins, contre les violences envers les femmes après une série de crimes qui ont profondément choqué le pays. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi à Buenos Aires, devant le Parlement, d’autres manifestations ont eu lieu dans le reste du pays, ainsi qu’au Chili, en Uruguay et au Mexique.Si les femmes — certaines victimes de la violence machiste, les autres par solidarité — étaient majoritaires, les hommes étaient aussi présents en nombre, certains parce qu’ils avaient perdu une fille.Trois féminicides qui ont scandalisé l’ArgentineA l’origine de la manifestation, trois féminicides particulièrement choquants. Celui de Chiara Paez, 14 ans, tuée puis enterrée dans le jardin de la maison familiale par son ex-petit ami de 16 ans, aidé par des proches. Celui d’une institutrice de maternelle égorgée par son ex-mari devant ses élèves et enfin celui d’une femme, criblée de balles par son ex-compagnon éconduit alors qu’elle se trouvait à la terrasse d’un café.Chiara Páez tenía apenas 14 años, cuando fue asesinada a golpes por su novio. #NiUnaMenos #VzlaApoya http://t.co/TFHJKm8W6Z— proyectomujeres (@Proyecto M)require(["twitter/widgets"]);La présidente Cristina Kirchner et la star du football Lionel Messi ont apporté leur soutien à la mobilisation. La première a pointé du doigt d’autres formes de violence, comme le harcèlement de rue ou les émissions télévisées. « Ce n’est pas juste le problème de la justice ou de la police. Nous sommes confrontés à une culture qui anéantit le féminin », a-t-elle écrit sur Twitter.No es sólo un problema judicial o policial. Estamos ante una cultura devastadora de lo femenino.— CFKArgentina (@Cristina Kirchner)require(["twitter/widgets"]);« Les féminicides, ça suffit. De Barcelone, nous nous joignons à tous les Argentins pour crier bien fort #NiUnaMenos (#Pasunedemoins) », a écrit Lionel Messi sur son compte Facebook.Le précédent de 2012Un mouvement similaire, bien que d’une ampleur bien moins importante, a eu lieu en septembre 2012 en Argentine, après qu’une série de meurtres et violences faites aux femmes a bouleversé le pays.Trois femmes avaient été tuées par balle par leur mari ou leur ancien compagnon en une journée : deux d’entre elles à Cordoba (dans le centre du pays) et l’autre à La Plata, capitale de la province de Buenos Aires. Deux jours avant cela, à Benavidez, dans la banlieue de Buenos Aires, un jeune de 23 ans avait assassiné à l’arme blanche sa belle-fille âgée de six ans, la grand-mère de son ancienne compagne, ainsi que son ancienne belle-sœur, âgée de 15 ans.La même année, le cas de Natalia Riquelme, qui avait diffusé une vidéo où on la voit se faire frapper par son mari devant leur petite fille à Bahia Blanca (dans le sud), avait également particulièrement marqué les esprits. Elle avait décidé de se filmer après avoir porté plainte, en vain, à 15 reprises contre son mari pour violences.Des chiffres alarmantsIl n’existe pas de statistiques d’État, bien que la loi l’exige, mais si l’on en croit les ONG, un féminicide est commis toutes les 31 heures en Argentine. Tuées parce qu’elles sont tombées enceintes, poignardées par jalousie, assassinées après un divorce, selon Casa del encuentro (« Maison de la rencontre »), l’ONG porte-drapeau du mouvement de mercredi, 277 féminicides ont été commis en 2014. Entre 2010 et 2012, 53 femmes sont mortes brûlées vives.Les homicides de jeunes filles ou de femmes dont parlent les médias argentins ne représentent qu’une infime portion de tous les féminicides perpétrés dans le pays, « dans une société malade de paradigmes machistes où la femme est encore une “chose à dominer” », dénonce Fabiana Tuñez, directrice de Casa del Encuentro. Le crime de « féminicide », l’homicide aggravé d’une femme ou d’un transsexuel, a été inscrit dans le code pénal argentin en 2012 comme circonstance aggravante d’un homicide. Alors que l’homicide est puni de 12 à 25 ans de prison, la peine encourue est élevée à la perpétuité en cas de féminicide.Des revendications globales« Nous demandons l’application d’un plan national pour éradiquer la violence de genre : cela passe entre autres par l’élaboration de statistiques officielles, ou par une réforme éducative qui inclurait l’enseignement de la thématique de la violence de genre. Il reste encore beaucoup à faire pour démanteler la culture machiste dans notre pays », détaille Fabiana Tuñez.Pour Maria Elena Cornide, cheffe d’entreprise de 36 ans interrogée mercredi, ces manifestations sont « le réveil social, contre l’injustice, les salaires plus bas pour les femmes. Et les violences familiales ne sont pas le seul fléau dont elles souffrent ».Un mouvement qui s’étend au-delà de l’ArgentineLa situation est encore plus alarmante au Mexique, en Amérique centrale, au Brésil ou en Colombie.A Santiago du Chili, une centaine de personnes brandissaient mercredi des pancartes disant « En deuil et en colère », alors qu’un rassemblement a également eu lieu à Mexico.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2sndoy"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2sndoy", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 06.06.2015 à 03h30 • Mis à jour le06.06.2015 à 10h46 Les autorités chinoises ont admis samedi 6 juin qu'il n'y avait plus d'espoir de retrouver des survivants après le naufrage d'un navire de croisière, lundi, sur le fleuve Yangtsé qui a fait 396 morts confirmés, selon le dernier bilan de l'agence Chine nouvelle.Le naufrage du navire de croisière « L'Etoile de l'Orient », pris dans une tornade, représente la pire catastrophe fluviale en Chine depuis près de 70 ans et a laissé les familles endeuillées en colère. Le bilan définitif devrait s'alourdir, car sur les 456 personnes que transportait le navire, on ne compte que 14 rescapés.Le bateau assurait la liaison entre Nankin, dans l'Est du pays, et Chongqing, dans le centre, lorsqu'il a fait naufrage dans la région de Jianli. Lorsque le bâtiment a sombré à 21 h 28 heure locale, 458 personnes étaient présentes à son bord dont 406 passagers chinois, cinq employés d'une agence de voyage et les 47 membres de l'équipage, a indiqué la chaîne de télévision publique CCTV. 05.06.2015 à 22h40 Deux amis de Djokhar Tsarnaev, auteur des attentats de Boston en 2013, ont écopé vendredi 5 juin de peines de trois ans et demi et de trois ans de prison pour avoir fait obstruction à la justice et menti à la police.Les condamnations d'Azamat Tazhayakov et Robel Phillipos interviennent quatre jours après celle de Dias Kadyrbayev, un autre ami de Djokhar Tsarnaev, qui s'est vu infliger une peine de six ans de prison. Djokhar Tsarnaev a, lui, été condamné mi-mai à la peine de mort pour les attentats du 15 avril 2013, qui ont fait 3 morts et 264 blessés durant la célèbre course de Boston.Azamat Tazhayakov, condamné à trois ans et demi de réclusion, avait été reconnu coupable en juillet 2014 de complot et d'avoir voulu entraver l'enquête de la police fédérale après le double attentat commis par les frères Tsarnaev. Le jeune homme, qui fréquentait l'université de Massachusetts Dartmouth – comme Djokhar Tsarnaev et Dias Kadyrbayev – a déjà passé plus de deux ans en détention provisoire. Issu d'une famille kazakhe fortunée, il sera expulsé des Etats-Unis après avoir purgé sa peine.Lire aussi :Aux Etats-Unis, Djokhar Tsarnaev a été condamné à mortIls avaient jeté le sac à dosRobel Phillipos, condamné, lui, à trois ans d'emprisonnement, est un fils d'immigrant éthiopien et ami de lycée de Djokhar Tsarnaev. Il avait été reconnu coupable en octobre 2014 d'avoir menti à plusieurs reprises aux enquêteurs après le drame. C'est au terme d'un cinquième interrogatoire du FBI qu'il a admis avoir été présent lorsque Dias Kadyrbayev et Azamat Tazhayakov s'étaient rendus dans la chambre universitaire de Djokhar Tsarnaev, peu après la diffusion par le FBI d'images montrant les principaux suspects des attentats.MM. Kadyrbayev et Tazhayakov avaient jeté son sac à dos dans une poubelle et récupéré son ordinateur pour tenter de le protéger alors qu'il était en fuite, selon les procureurs. Djokhar Tsarnaev avait envoyé un SMS à ses deux complices, leur disant : « Si vous voulez aller dans ma chambre et prendre ce qu'il y a là-bas. » Le sac à dos a été retrouvé par le FBI une semaine après et contenait notamment des feux d'artifice, dont la poudre a été utilisée dans la construction des deux bombes qui ont explosé près de la ligne d'arrivée du marathon.Tamerlan Tsarnaev, le frère aîné de Djokhar et présenté comme le cerveau des attentats, a été tué lors d'une confrontation avec la police dans la nuit du 18 au 19 avril 2013.Lire aussi :Au procès des attentats de Boston, la litanie de l’horreur 05.06.2015 à 19h13 • Mis à jour le06.06.2015 à 06h33 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Aucun député grec ne peut voter en faveur de ces mesures. » Alexis Tsipras a ouvert, vendredi 5 juin au soir, par une fin de non-recevoir la discussion au Parlement grec sur la proposition d’accord des créanciers présentée le 2 juin à son gouvernement.Dans un discours d’une demi-heure seulement, le premier ministre a avoué « sa surprise » devant la proposition portée par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, mardi soir. « Je n’aurais jamais pensé qu’ils nous présenteraient un texte ne reprenant aucun point des négociations de ces quatre derniers mois. »Alexis Tsipras voit dans cette proposition « un mauvais moment pour l’Europe » et dénonce le manque « d’éthique » de la stratégie d’étranglement financier choisie par les responsables européens pour pousser la Grèce à un compromis, bien loin de composer un « accord d’intérêt mutuel », mais traduisant « une volonté d’humilier et de faire plier un peuple ».Lire aussi :Grèce : ce qui bloque encoreEn en appelant à la « dignité » des Grecs, il a rappelé ses propres propositions pour sortir de la crise, insistant sur une baisse de l’excédent primaire (hors charge de la dette), sur la résolution de la question de la viabilité de la dette et se refusant catégoriquement à diminuer les retraites ou à augmenter de 10 points la TVA dans le secteur de l’énergie électrique. Soit le corpus même de la proposition des créanciers.Et pour mieux montrer sa détermination et sa fermeté, le premier ministre a annoncé la présentation au Parlement dans les tout prochains jours d’un projet de loi pour le rétablissement des conventions collectives. C’était l’une des mesures phares annoncées lors de sa campagne électorale, mais qu’il avait choisi de ne pas mener à terme tant que duraient les négociations. Une annonce très applaudie par les bancs des députés de son parti de la gauche radicale, la Syriza.« Vous n’avez pas négocié »Devant l’ensemble de ses ministres et d’un Parlement rempli à craquer, Alexis Tsipras a sommé les partis d’opposition de choisir leur camp. « Je veux entendre l’avis de l’opposition », a-t-il ainsi déclaré. « Auriez-vous accepté cette proposition ou allez-vous, comme nous, vous élevez contre ? »La réponse, cinglante, de l’ancien premier ministre conservateur (Nouvelle Démocratie) Antonis Samaras ne s’est pas fait attendre. « Vous n’avez pas négocié. Les créanciers vous demandent des efforts trois fois supérieurs à ce qu’ils nous demandaient et nous conduisent tout droit à un nouveau mémorandum. » Stavros Theodorakis, le président du parti de centre gauche To Potami (« La Rivière ») a contesté « la stratégie de négociation » du gouvernement, évoquant « une perte de temps catastrophique pour le pays » et accusant « une partie de la Syriza d’être antieuropéenne » et de vouloir en finir avec la zone euro. « A vous de clarifier votre position avec votre opposition interne. » Quand la moitié de « votre parti veut sortir de la zone euro, ce n’est plus du pluralisme » mais un danger pour le pays, a déclaré M. Theodorakis.Tsipras ne renonce pas à un accordLe discours du premier ministre, à la tonalité offensive, s’adressait avant tout au peuple grec d’une part — dont Alexis Tsipras affirme qu’il lui demande de « ne pas céder au chantage des créanciers » — mais aussi et surtout à sa propre majorité parlementaire, vent debout depuis quarante-huit heures.En choisissant de regrouper au 30 juin le paiement des 1,6 milliard d’euros dus au FMI, que la Grèce devait normalement payer en quatre tranches à partir d’aujourd’hui, Alexis Tsipras a gagné quelques semaines supplémentaires de négociation. La preuve pour lui de la volonté de son gouvernement « d’arriver à un accord définitif » qui permettra d’en finir avec « l’incertitude et les rumeurs de sortie de la Grèce de la zone euro ». M. Tsipras affirme « ne pas se fixer de limite dans le temps pour mener à terme ces négociations ».Lire aussi :La Grèce retarde ses remboursements au FMIPris en étau entre des créanciers peu disposés à aller plus loin dans le compromis et une majorité parlementaire réclamant désormais ouvertement la rupture, Alexis Tsipras a vendredi soir tenté d’inviter les partis d’opposition à l’unité nationale, tout en se posant en garant des « lignes rouges » martelées par son gouvernement depuis deux mois. Un grand écart qui montre avant tout à quel point il est devenu à tout gouvernement grec, celui-ci comme le précédent, d’arriver à faire adopter au Parlement de nouvelles mesures d’austérité.Lire aussi :Derrière les négociations avec les créanciers de la Grèce, l’identité de Syriza en questionAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.06.2015 à 16h20 • Mis à jour le05.06.2015 à 19h51 La BBC a annoncé vendredi 5 juin que huit des dix condamnés pour l’agression de Malala Yousafzai avaient en fait été acquittés. Le 30 avril dernier, ces membres du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP, pour Tehrik-e-Taliban Pakistan) avaient été condamnés à la prison à vie, soit vingt-cinq ans dans le droit pakistanais.A l’époque, le secret entourant le procès avait déjà levé des suspicions. Il s’était tenu dans une base militaire et non un tribunal, et rien n’avait pu filtrer, les procès anti-terroristes n’étant pas ouverts au public au Pakistan. De plus, les autorités n’avaient pas communiqué sur les personnes arrêtées, ni sur leur implication dans l’attaque contre Malala Yousafzai.Lire aussi : Pakistan : dix hommes condamnés pour l'agression de Malala YousafzaiPour la première fois vendredi 5 juin, le jugement a été rendu public, révélant que sur les dix hommes initialement annoncés comme condamnés, seuls deux étaient impliqués dans l’agression. Il s’agit de ceux qui avaient tiré sur la jeune fille en octobre 2012. Initialement, les autorités avaient annoncé que les deux talibans avaient fui en Afghanistan.Une mauvaise interprétation ?Le chef de la police du district de Swat a confirmé que deux hommes avaient bien été condamnés. Muneer Ahmed, porte-parole du Haut-Commissariat du Pakistan à Londres, a expliqué que les huit autres hommes avaient été acquittés faute de preuves. Selon lui, le jugement initial, très clair sur le fait que deux hommes étaient condamnés, aurait été mal interprété.A l’époque pourtant, Sayed Naeem, le procureur de Swat, avait déclaré à l’agence Associated Press (AP) à l’issue du procès : « Chaque militant a été condamné à vingt-cinq ans de prison. C’est l’équivalent de la prison à vie pour les dix personnes jugées par un tribunal anti-terroriste. » M. Naeem dément aujourd’hui avoir parlé au journaliste d’AP, plus d’un mois après les faits.Ilyas Khan, envoyé spécial de la BBC à Islamabad, explique que le Pakistan était à l’époque sous pression. Malala Yousafzai avait reçu le prix Nobel de la paix en décembre 2014 et personne n’avait été condamné pour son agression de 2012. Et si les autorités pakistanaises n’avaient pas volontairement répandu la fausse information à propos du jugement, elles n’avaient en revanche rien fait pour la démentir.Le 9 octobre 2012, des djihadistes du TTP avaient fait irruption dans le bus scolaire de Malala Yousafzai et, après avoir demandé qui était Malala, l’un d’eux lui avait tiré une balle dans la tête. Mais le projectile avait ricoché sur le coin gauche du crâne pour ressortir par la nuque. Entre la vie et la mort, l’adolescente avait été évacuée d’urgence dans un hôpital de Birmingham, en Grande-Bretagne, où elle avait repris conscience quelques jours plus tard. Peu connue à l’étranger, la jeune militante pour le droit des filles à l’éducation avait aussitôt été propulsée icône mondiale de la lutte contre l’extrémisme. Deux ans plus tard, le 10 décembre 2014, elle recevait le prix Nobel de la paix à Oslo.Lire aussi :Malala Yousafzai, un Nobel contre les démons du Pakistan 04.06.2015 à 13h57 • Mis à jour le04.06.2015 à 17h26 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Il y a quatre ans, Rick Perry avait accédé à une notoriété dont il se serait volontiers passé. Au cours d’un débat organisé le 9 novembre 2011 avec les sept autres prétendants à l’investiture républicaine, il avait torpillé sa candidature en se montrant incapable de nommer l’une des trois agences fédérales dont il venait de proposer la suppression. Ce véritable suicide politique (personne ne lui avait posé la question) avait duré quatre-vingt-deux interminables secondes, conclues par un « oups » aussi piteux que dévastateur. Une humiliation cuisante, et une tache sur une carrière pourtant flatteuse de self-made-man.Rick Perry, qui a annoncé jeudi 4 juin son intention de se présenter à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016, est né en 1950 dans une famille de fermiers à Paint Creek, au cœur du Texas. Après ses études, il passe cinq années au sein de l’armée de l’air où il pilote des avions de transport C-130, avant de revenir dans l’exploitation familiale. Parallèlement, il s’engage en politique, tout d’abord dans les rangs démocrates, ce qui dans un Etat du Sud n’a pas la même signification qu’à Washington.Élu à la Chambre des représentants du Texas, il fait d’ailleurs partie d’un groupe qui milite si activement pour la réduction des budgets de l’Etat qu’ils gagnent le surnom de « pitbulls ». Il bascule en 1989 dans le camp républicain, dont la poussée ne fait que commencer dans la Bible belt, et gagne un an plus tard l’élection pour le poste de commissaire à l’agriculture de l’Etat. Un succès obtenu avec l’aide d’un consultant, Karl Rove, promis à un brillant avenir aux côtés du républicain qui conquiert le poste le gouverneur du Texas en 1994, George W. Bush.Numéro 2 de George W. Bush au TexasLieutenant-général de l’Etat en 1998, ce qui lui confère le titre de numéro deux, il profite de l’accession à la Maison Blanche du gouverneur pour prendre la direction du Lone Star State pendant les deux années restantes du mandat de George Bush. Élu à cette fonction en 2002, réélu en 2006 puis en 2010, il conduit une politique républicaine orthodoxe (réductions des dépenses, baisses d’impôts) profitant du dynamisme de l’Etat qui bénéficie à partir de la fin de la décennie du développement inattendu de la production de gaz et de pétrole de schiste, même si ce boom s’accompagne d’un creusement des inégalités sociales.Ces succès et ses lettres de créances conservatrices sur la question des valeurs (230 condamnés sont exécutés pendant ses années de gouverneur et les obstacles à l’avortement sont renforcés), en font un candidat acceptable pour la droite même s’il semble initialement peu disposé à quitter le Texas. Après un passage à la tête de l’organisation rassemblant les gouverneurs républicains, il se lance en 2011 dans la bataille présidentielle, témoignant cependant presque immédiatement de son impréparation.Après sa retraite en rase campagne dès les premières primaires, il était retourné à sa fonction de gouverneur jusqu’au terme de son dernier mandat, en novembre 2014. Bien que régulièrement distancé par ses rivaux républicains dans les intentions de vote, il avait multiplié les déplacements au cours de ces derniers mois, notamment dans l’Iowa, premier Etat à se prononcer. Une façon de montrer qu’il n’entend pas laisser aux Américains comme seul souvenir national son fameux « oups » de 2011.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.06.2015 à 10h32 • Mis à jour le04.06.2015 à 10h35 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Les « révélations » ne vont pas apaiser les vives tensions perceptibles à Verviers, foyer djihadiste belge. Un quotidien populaire, La Dernière Heure, a affirmé, mercredi 3 juin, qu’une fête aurait eu lieu lors de l’autopsie de deux terroristes islamistes, tués lors de l’assaut de la police contre leur cache, dans la ville, le 15 janvier 2015. En réponse, les autorités judiciaires ont indiqué qu’une enquête avait été ouverte au début de la semaine par l’Inspection générale des services de police afin de déterminer ce qui s’est réellement passé dans la salle d’autopsie.Selon Christian De Valkeneer, le procureur général de Liège, qui s’est exprimé mercredi, une dizaine de photos auraient été prises à cette occasion, montrant « des gens qui boivent un verre ». Il n’aurait, en revanche, pas été question de fête, de danse et de chants au-dessus des deux cadavres, comme l’affirmait le journal. « C’est un comportement qui n’est nullement acceptable », a toutefois estimé le procureur général en évoquant la scène.Les autorités judiciaires et policières ont affirmé que les faits en question « portent atteinte à la dignité humaine » et que, même s’ils ne tombent pas sous le coup de la loi pénale, ils devraient entraîner des sanctions disciplinaires. Des médecins légistes, des assistants, des experts et des fonctionnaires de police assistent habituellement aux autopsies. La justice et la police feront « toute la clarté », a promis de son côté Claude Fontaine, le directeur général de la police judiciaire fédérale. Selon les premiers éléments, aucun policier n’a été identifié sur les photos.Menaces contre la policeL’autopsie pratiquée à Liège visait à déterminer si les forces spéciales qui avaient assiégé un appartement du centre de Verviers, dans l’est de la Belgique, avaient agi en état de légitime défense en ouvrant le feu sur les occupants. Ceux-ci, liés à la mouvance islamiste, préparaient apparemment des attentats contre des policiers. Un troisième homme, présent sur les lieux et affirmant s’y trouver par hasard, était sorti vivant de l’assaut.Lire aussi :La Belgique sous tension en raison de menaces terroristes persistantesLa tension dans cette petite ville proche de Liège, devenue un foyer islamiste au cours des dernières années, n’est pas retombée. Pour preuve, l’annulation, mercredi soir, d’une conférence sur le terrorisme et le radicalisme qui devait réunir des élus du Mouvement réformateur (libéral) et un expert, l’ex-journaliste et ex-agent de renseignement Claude Moniquet, directeur d’un centre d’étude sur la sécurité.Les autorités locales ont évoqué des menaces contre la police, suite aux révélations parues le matin même. Des mesures de protection particulières avaient été prises, ont indiqué les responsables des forces de l’ordre, mais les organisateurs ont préféré renoncer. « Nous sommes tristes et honteux pour ce pays, car le signal envoyé est celui d’une désespérante faiblesse », a commenté M. Moniquet.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.06.2015 à 07h29 • Mis à jour le04.06.2015 à 15h15 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Israël attend des excuses de la part de l'opérateur français Orange après les propos de son PDG remettant en cause les relations avec son partenaire israélien, a déclaré à l'AFP, jeudi 4 juin, le porte-parole des affaires étrangères israéliennes. « Notre ambassadeur [en France] s'est adressé aux autorités françaises pour obtenir des explications », a dit Emmanuel Nahshon, par ailleurs « nous attendons des excuses de la part d'Orange. »Stéphane Richard, le PDG de l’opérateur téléphonique français , a déclaré, mercredi 3 juin, que, s’il le pouvait, il déciderait dès « demain » le retrait du groupe d’Israël. Par cette déclaration alambiquée, faite au Caire, M. Richard a provoqué un séisme dans les médias israéliens. Le dirigeant français a semblé ainsi répondre, par les mots mais pas encore par les actes, à la pression croissante exercée sur sa société, dans le cadre de la campagne de boycottage et d’appels aux sanctions contre Israël, en raison de la poursuite de l’occupation en Cisjordanie.Un « énorme risque financier »Dans un rapport publié il y a quelques semaines, intitulé Les liaisons dangereuses d’Orange dans le territoire palestinien occupé, plusieurs organisations – dont la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), la CGT et le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire) – ont appelé l’Etat français à faire plier l’opérateur dont il est actionnaire. « L’entreprise de télécommunications israélienne Partner exerce des activités économiques et réalise des profits dans les colonies israéliennes », note le rapport.Un retrait représenterait un « énorme risque financier », en termes de pénalités, car elle signifierait une rupture unilatérale avec son partenaire local, la société Partner Communications.Du côté de Partner (28 % du marché israélien), interrogé par le site Ynet dès mercredi soir, on s’est dit surpris par les propos de M. Richard. La société insiste sur le fait qu’elle est israélienne et n’appartient pas à Orange, par crainte d’un rejet de la part des consommateurs israéliens. Dans la nuit, le ministre de l’éducation Naftali Bennett, chef du parti d’extrême droite le Foyer juif, a appelé sur sa page Facebook à ne pas sanctionner la société en retour. « Partner est la victime, et non l’agresseur », a-t-il écrit.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benoît Vitkine L’est de l’Ukraine a connu, mercredi 3 juin, les combats les plus violents depuis la signature, le 12 février, à Minsk, d’un accord de cessez-le-feu censé ouvrir la voie à un règlement global du conflit qui oppose Kiev à une rébellion séparatiste soutenue par la Russie. Toute la journée, par vagues successives, les rebelles ont donné l’assaut contre Marïnka et Krasnohorivka, deux localités situées à la sortie ouest de Donetsk, leur capitale. L’état-major ukrainien a indiqué avoir subi un assaut mené par mille hommes et une dizaine de tanks. Les rebelles ont aussi utilisé des lance-roquettes Grad et des canons.Le flou persiste sur l’issue de la bataille. Le commandement de l’autoproclamée République populaire de Donetsk (RPD) a assuré s’être emparé du village de Marïnka… tout en affirmant avoir mené une opération « défensive ». Kiev assure de son côté avoir repoussé les attaques. Les rebelles ont reconnu avoir perdu quatorze hommes au cours de la journée, pendant que Kiev faisait état de cinq tués et une trentaine de blessés dans ses rangs. Cinq civils seraient également morts. L’armée ukrainienne, qui avait capturé il y a quelques jours deux soldats de l’armée régulière russe, dit aussi avoir tué quatre membres du renseignement militaire russe.Toute la journée, les habitants des localités concernées ont posté sur les réseaux sociaux des photos montrant d’imposantes colonnes de fumée et des vidéos où l’on entend nettement le son lourd et régulier de la canonnade ainsi que celui, plus sec, des armes automatiques.Des accrochages quotidiensCette nouvelle escalade pose avec une acuité renouvelée la question : doit-on continuer à considérer que la trêve, selon la formule en vigueur, « tient globalement malgré des incidents isolés » ? Ou bien est-il temps de reconnaître que le cessez-le-feu a vécu ? Depuis le 12 février, pas un jour ne s’est écoulé sans que des accrochages soient signalés, et l’armée ukrainienne continue de perdre des hommes presque quotidiennement. La trêve n’a permis que de limiter l’intensité des combats et de les circonscrire à quelques points chauds des régions de Donetsk et de Louhansk.Mais la bataille de Marïnka, par l’ampleur des forces engagées, marque une nouvelle escalade. Surtout, pour la première fois depuis février, il ne s’agit pas de simples échanges de tirs : les rebelles ont bel et bien lancé une nouvelle offensive, avec l’intention de s’emparer de nouveaux territoires. Leurs chefs, et notamment le premier ministre de la RPD, Alexandre Zakhartchenko, n’ont jamais fait mystère de cette intention de « reprendre tout le territoire perdu à l’été 2014 », voire de s’emparer de l’intégralité des régions de Donetsk et Louhansk.La partie ukrainienne a de son côté officiellement indiqué avoir redéployé, sur ce secteur du front, mercredi, son artillerie, retirée en application des accords de Minsk. Le 27 mai, dans un entretien à La Croix, le ministre des affaires étrangères ukrainien, Pavlo Klimkine, évoquait un « cessez-le-feu hybride », en référence au concept de « guerre hybride » employé pour désigner la guerre non déclarée que la Russie mène depuis quatorze mois contre l’Ukraine.« Pouvoir de nuisance »Mercredi, une source au sein de la présidence ukrainienne continuait à évoquer des « violations », voulant croire à un regain ponctuel à l’approche du sommet du G7 prévu ce week-end à Berlin. « C’est un scénario connu, expliquait cette source, avant chaque rencontre internationale, Poutine tient à rappeler son pouvoir de nuisance. » Le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov a fait monter la pression, jeudi 4 juin. Selon lui, les accords de Minsk « sont en permanence menacés de voler en éclats à cause des actes des autorités de Kiev qui tentent d’échapper à leurs obligations d’établir un dialogue direct » avec les séparatistes.Le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a directement rendu le Kremlin responsable de l’attaque de mercredi. L’accusation est invérifiable mais, depuis la signature des accords de Minsk, Moscou a continué à alimenter la machine de guerre séparatiste en faisant passer armes et matériel par la portion de 400 km de frontière russo-ukrainienne contrôlée par les rebelles. L’assaut de mercredi coïncide aussi avec la visite à Donetsk, plus tôt dans la semaine, de l’un des plus proches conseillers de Vladimir Poutine, Vladislav Sourkov. Cette semaine, des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ont aussi indiqué avoir vu à proximité d’une base fermée des soldats portant des insignes russes et des véhicules militaires avec des plaques russes. De son côté, pour évoquer les événements de mercredi, la partie russe a dénoncé « les provocations de l’armée ukrainienne ».Les capitales occidentales semblent avoir été prises de court par cette nouvelle escalade. Au ministère des affaires étrangères français, on estime qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions des développements de la journée. « Nous restons convaincus que le processus politique, même s’il est difficile, peut se poursuivre », indique un diplomate, insistant sur le fait que les groupes de travail mis en place dans le cadre des accords de février et réunissant les belligérants continuent à se rencontrer. La dernière de ces réunions, mardi à Minsk, n’a pourtant pas pu se tenir, Kiev accusant le représentant russe d’avoir sapé les pourparlers en quittant la rencontre.Jeudi, l'Union européenne a dénoncé l'« escalade » des combats, estimant qu'il s'agit de « la plus grave violation » du cessez-le-feu instauré en février, qui risque d'enclencher « une nouvelle spirale de violences ».Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.06.2015 à 04h52 • Mis à jour le04.06.2015 à 13h47 La Grèce et ses créanciers ne sont pas parvenus dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 juin à se mettre d’accord sur les réformes à mettre en place pour débloquer rapidement une tranche d’aide financière, vitale pour la survie financière du pays, à court d’argent. Une nouvelle réunion de haut niveau devrait avoir lieu vendredi soir à Bruxelles, selon plusieurs sources européennes, qui devrait réunir au minimum le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem. .Aucun accord n’a été trouvé à l’issue du dîner de travail qui a réuni à Bruxelles le premier ministre grec, Alexis Tsipras, le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Même si la Commission avait prévenu qu’il ne fallait pas trop en attendre, beaucoup espéraient que ce rendez-vous soit conclusif.Lire :Quels seront les contours d’un accord entre Athènes et ses créanciers ?Les divergences demeurentLe climat a été jugé globalement « constructif » et « positif », mais des divergences demeurent entre Athènes d’un côté et ses créanciers, UE et FMI, de l’autre. Chaque partie est en effet arrivée à la table des négociations avec son propre plan de réformes et l’ambition d’en faire la base des négociations.Le plan d’Athènes, de 46 pages, inclut, selon la presse grecque, une réforme de la TVA, l’unification graduelle des caisses de retraites, la suppression des retraites anticipées et une accélération des privatisations. Le programme des créanciers a lui été élaboré après la réunion lundi au pied levé entre les dirigeants français et allemand, le président de la BCE, Mario Draghi, et la patronne du FMI, Christine Lagarde.Dans ce plan des créanciers, « il y a des points que personne ne peut considérer comme une base de discussion », a jugé in fine M. Tsipras. La Grèce « a subi ces cinq dernières années une grande catastrophe économique […]. Des propositions comme couper dans les retraites les plus basses ou augmenter la TVA sur l’électricité ne peuvent être des bases de discussion ». « Le résultat est que la proposition grecque reste la seule proposition réaliste sur la table », a-t-il ajouté, tout en saluant des points positifs dans le plan des créanciers, comme « la proposition d’un excédent [primaire] plus faible » que celui de 3,5 % du PIB réclamé au départ.Le temps presseLe temps presse pour trouver un accord, alors que la Grèce, privée de versement de ses bailleurs de fonds depuis août, risque la faillite. Pour qu’un accord soit sur pied avant l’expiration du deuxième plan d’aide à la Grèce au 30 juin, le feu vert des créanciers et des 19 pays de la zone euro doit intervenir au plus tard lors de l’Eurogroupe du 18 juin.Dans ce contexte, les discussions vont reprendre dans les jours qui viennent, probablement avant le week-end, selon plusieurs sources européennes. Une réunion de l’Euro Working Group, l’instance qui prépare les Eurogroupe, aura lieu jeudi pour faire le point.Vendredi, Athènes doit rembourser une tranche de prêts de 300 millions d’euros au FMI, premier versement d’un total de 1,6 milliard d’euros dus à l’institution en juin. Un paiement qui devrait être honoré, a laissé entendre M. Tsipras. « Ne vous inquiétez pas », a-t-il lancé à la presse, à Bruxelles.Lire aussi :Dette grecque : les dirigeants européens partagés sur l’issue des négociations Gilles Paris (Washington, correspondant) Lincoln Chafee a été sénateur et gouverneur de l’Etat de Rhode Island, comme son père, son arrière-arrière-grand-père ou certains de ses arrière-grands-oncles qui ont occupé au moins l’une de ces deux fonctions par le passé. Tout porte à croire qu’il obtiendra donc dans le plus petit des Etats américains un bon résultat à la primaire pour l’investiture démocrate à la présidentielle de 2016. A condition cependant d’être toujours dans la course lorsqu’elle y sera organisée, le 26 avril. La route risque d’être longue pour cet excentrique de la politique qui a annoncé sa candidature mercredi 3 juin, compte tenu des intentions de vote en sa faveur mesurées pour l’instant, invariablement inférieures à la marge d’erreur des enquêtes d’opinion.Fils d’un patricien républicain de la côte est des Etats-Unis, héros de la seconde guerre mondiale et de la guerre de Corée, Lincoln Chafee est né en 1953. Il fréquente les meilleurs établissements, notamment la Philips Academy d’Andover, suivie alors avec une assiduité aussi relative que la sienne par Jeb Bush, avant de se consacrer pour un temps à sa passion des chevaux. A trente ans, il se tourne vers la politique et devient successivement conseiller municipal et maire de Warwick, une petite ville de son Etat de naissance. En 1999, il est désigné par le gouverneur de Rhode Island pour succéder à son père, mort brutalement, au Sénat des Etats-Unis.Ralliement au parti démocrate en 2013Elu au même poste en 2000, il prend au Congrès une curieuse habitude, celle de siéger avec les républicains tout en votant avec les démocrates. Professant par ailleurs des convictions libérales à propos de l’homosexualité, la peine de mort ou l’avortement, il est le seul élu du Grand Old Party à voter en octobre 2002 contre l’autorisation donnée au président des Etats-Unis d’user de la force armée en Irak, prélude à l’invasion de mars 2003, un fait d’armes dont il devrait user et abuser face à l’archi-favorite Hillary Clinton pour l’investiture démocrate. Cette dernière, alors sénatrice de l’Etat de New York, avait en effet voté en faveur de cette intervention, pour le regretter amèrement par la suite.Lors de l’élection présidentielle de 2004, Lincoln Chafee fait savoir à qui veut l’entendre qu’il a voté pour George H. Bush, le père du président sortant, auquel il s’oppose systématiquement, alors que le 42e hôte de la Maison Blanche n’est naturellement pas candidat. Après avoir contribué au blocage de la reconduction du « faucon » John Bolton comme ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, il affiche son soutien à l’organisation J Street, qui milite pour une approche équilibrée de Washington sur le dossier israélo-palestinien.Sa défaite, en 2006, accélère un aggiornamento politique sans qu’il soit question pour lui de renoncer à la carrière. Son profil atypique le fait ainsi élire en 2010 gouverneur de Rhode Island comme indépendant. En 2013, il rejoint le Parti démocrate mais renonce à se représenter à la tête de l’Etat. Le petit nombre d’audacieux prêts à défier Mme Clinton (trois à ce jour) lui garantit une place bien en vue dans les débats à venir.Lire (en édition abonnés) :Hillary Clinton en campagne contre son meilleur ennemi, elle-mêmeGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Martin Untersinger Au Sénat, mercredi soir, il était sur toutes les lèvres. Les sénateurs et les ministres n’ont eu de cesse, alors qu’ils examinaient un des points les plus contestés du projet de loi sur le renseignement, de se référer à la récente adoption, par les Etats-Unis, de l’USA Freedom Act.Lire aussi :Le Sénat américain adopte une réforme symbolique des pouvoirs de la NSAIl faut dire que le hasard fait bien les choses. Alors que les sénateurs adoptaient une disposition, controversée, du projet de loi sur le renseignement qui permettra l’installation, sur les réseaux Internet français, d’algorithmes (aussi appelés « boîtes noires ») analysant les métadonnées du trafic Internet des Français et censés détecter les terroristes, leurs homologues outre-Atlantique venaient de voter un texte réduisant pour la première fois depuis le 11-Septembre les marges de manœuvre des services de renseignement.Problème : les sénateurs français n’ont pas toujours lu correctement le texte de loi adopté par les sénateurs américains.Lire aussi :Qu’est-ce que le USA Freedom Act ?Il ne remplace pas le Patriot ActLe Freedom Act, ont affirmé plusieurs sénateurs opposés à la loi sur le renseignement, remplace le Patriot Act. C’est faux. Il aménage une des multiples sections du Patriot Act, qui reste bel et bien vivant. La section en question avait été utilisée par une cour de justice secrète (la FISC) pour demander, illégalement a jugé récemment la justice américaine, que l’intégralité des métadonnées téléphoniques des Américains soit automatiquement transmises à la NSA. C’est le premier programme de surveillance qui avait été révélé, en juin 2013, par Edward Snowden.Mais il change des chosesLe USA Freedom Act, à entendre le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian, ne changerait pas grand-chose. C’est inexact : grâce au texte nouvellement voté, il ne sera plus possible à la NSA de se faire adresser automatiquement et systématiquement toutes les métadonnées téléphoniques des citoyens américains. Les données seront stockées au sein des entreprises téléphoniques seront encore accessibles, mais les autorités ne pourront interroger ces données que de manière ciblée. Par ailleurs, des mesures de transparence sur le programme de surveillance ont été prises et le fonctionnement de la cour de justice secrète FISC a été légèrement réformé.Lire aussi :NSA : un premier pas pour les libertés publiquesNon, les « boîtes noires » françaises n’existent pas aux Etats-UnisCertains sénateurs ont affirmé, comme Claure Malhuret (Allier, Les Républicains), que les boîtes noires existaient aux Etats-Unis depuis 15 ans et venaient d’être supprimées par le Freedom Act. C’est faux. Aux Etats-Unis, les entreprises téléphoniques avaient l’obligation, par une ordonnance de la cour de justice secrète, de fournir à la NSA toutes les métadonnées téléphoniques à la NSA, qui les stockaient, sans systématiquement les analyser.Dans le cas français, c’est un matériel directement implanté chez les fournisseurs d’accès à Internet (et non les entreprises téléphoniques) qui mènera l’analyse destinée à détecter les comportements terroristes en ligne. Il n’y aura, contrairement aux Etats-Unis, pas de stockage de grande ampleur. Mais l’analyse portera sur l’intégralité des données, contrairement aux Etats-Unis. Les Américains ont mis fin à une petite partie de la surveillance de masseCertains sénateurs français ont affirmé que le Freedom Act avait permis de renvoyer aux oubliettes la surveillance de masse. C’est essentiellement faux : d’un côté, ce texte empêche la surveillance de masse des métadonnées téléphoniques des Américains (sans en bloquer totalement la surveillance, qui devient un peu plus ciblée). Mais il laisse intacts de nombreux autres programmes, notamment ceux qui visent l’étranger.Lire aussi :La loi sur le renseignement mettra-t-elle en place une « surveillance de masse » ?Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 18h01 • Mis à jour le04.06.2015 à 08h33 | Hélène Sallon A Paris, mardi 2 juin, le premier ministre irakien Haider Al-Abadi a présenté un plan de reconquête de la province d’Al-Anbar faisant la part belle à la mobilisation des forces sunnites. Un projet qui a été salué comme un « bon plan, militairement et politiquement » par le secrétaire d’Etat américain adjoint Antony Blinken.Face aux exhortations de la coalition internationale contre l’Etat islamique (EI) à mettre en œuvre une politique de réconciliation et d’inclusion envers la communauté sunnite, marginalisée en Irak, M. Abadi a défendu son bilan : 5 000 combattants sunnites intégrés aux unités de la mobilisation populaire et des réformes en débat. Mais il peine encore à convaincre la communauté sunnite.Jamal Al-Dhari, l’un des dirigeants sunnites de la tribu Zoba – l’une des branches de la grande confédération tribale des Chammar – et fondateur de l’organisation Peace Ambassadors for Iraq (PAFI), de passage à Paris, a plaidé devant la presse pour une véritable réconciliation politique entre chiites et sunnites.Quelle est la situation en Irak aujourd’hui ?Il y a un réel problème avec deux projets idéologiques en confrontation : le projet de l’Etat islamique et celui, plus ancien, porté par l’Iran et les milices chiites.Quand le projet islamique djihadiste est apparu en Afghanistan dans les années 1980, aucun Irakien n’y participait. Les Irakiens combattaient le guide de la révolution islamique en Iran, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, dont l’idéologie ne s’est développée en Irak que plus tardivement. Le djihadisme n’est apparu dans le pays qu’après 2003 et la guerre idéologique lancée par le président américain George W. Bush sans l’aval des Nations unies. Bush a amené cette idéologie en Irak en marginalisant la communauté sunnite et en ne faisant rien pour sécuriser les frontières et empêcher l’afflux de djihadistes étrangers. Al-Qaida est apparu avec à sa tête Abou Moussab Al-Zarkaoui, qui n’est pas irakien.Après 2006, les tribus sunnites ont défendu l’Irak en combattant Al-Qaida. George W. Bush nous avait promis de trouver une solution pour améliorer le système politique mais il n’a pas tenu ses promesses. La situation a empiré. En 2013, l’Etat islamique est apparu. Les sunnites sont descendus dans les rues et ont fait des sit-in pour demander à être traités comme des humains. Nous avons des dizaines de milliers d’hommes et de femmes en prison. Le premier ministre d’alors, Nouri Al-Maliki, ne s’est pas préoccupé d’eux. Il les a au contraire attaqués, tués et mis en prison. Au lieu de poursuivre Maliki, la communauté internationale l’a soutenu. Pendant ce temps-là, on a évolué vers la proclamation du califat de l’Etat islamique en Irak. On voit bien que les choses vont de mal en pis dans le pays et que le traitement préconisé est mauvais.Quel est l’ancrage de l’Etat islamique au sein de la communauté sunnite ?L’Etat islamique s’est développé sur la souffrance des gens. Récemment, il a réussi à prendre rapidement la province d’Al-Anbar et les populations qui ont fui vers la capitale Bagdad n’ont pas été autorisées à entrer. Elles doivent dormir dans les rues. Logiquement, ces gens-là retournent vers Daech. Si l’on veut se débarrasser des terroristes, on ne doit pas leur offrir ces milliers de combattants potentiels. Les exactions des milices chiites envers la population sunnite ajoutent à cela. Les attaques de la coalition poussent aussi les populations dans les bras de Daech : elles viennent en appui des milices chiites qui ensuite brûlent et pillent les biens des sunnites. Les 2 000 missiles antichars livrés lundi par le président américain Barack Obama sont allés directement aux milices.Or, la conférence de Paris [réunie le 2 juin 2015] ne s’est pas intéressée à cette souffrance de la population sunnite, mais seulement à l’EI. On ne peut pas détruire l’EI sans inclure le peuple irakien dans le processus. Nous nous débarrasserons peut-être de Daech, mais un groupe encore plus sophistiqué apparaîtra ensuite.Qu’en est-il des réformes promises par le gouvernement Abadi en faveur d’une meilleure intégration de la communauté sunnite ?M. Abadi a été soutenu par la communauté internationale et les sunnites l’ont rejoint sur la base d’un accord pour libérer les prisonniers et réviser les lois préjudiciables aux sunnites. Nous n’avons pas vu de changement depuis. M. Abadi n’a jamais libéré de prisonniers et il ne le fera pas. Au contraire, il a passé une nouvelle loi qui fixe un délai de six mois avant la libération d’un condamné ayant purgé sa peine. M. Abadi ne contrôle rien. Ce sont les milices chiites, l’ancien premier ministre Maliki et l’Iran qui contrôlent tout. Le problème, ce n’est pas lui mais le système.Certains représentants sunnites, comme le conseil provincial, ont pourtant appelé les milices chiites à l’aide dans la province d’Al-Anbar ?Oui, la même chose est arrivée à Tikrit où le conseil provincial a demandé l’aide des milices chiites. Mais une fois les milices entrées, le conseil lui-même est parti et les habitants de Tikrit ne sont toujours pas rentrés chez eux. Ces représentants politiques sunnites n’ont pas de pouvoir. Ils ne cherchent que leur profit personnel. Les populations sunnites peuvent chasser Daech elles-mêmes.Appelez-vous à ce que la coalition arme directement les forces sunnites ?Le Congrès américain s’est prononcé en ce sens. Ce soutien est souhaitable si seulement il y a une solution politique, car le problème, ce n’est pas les armes, qui ne manquent pas en Irak. Ce qui manque, c’est la volonté. Les sunnites ne veulent pas se battre. Ils l’ont fait en 2006, ils ne vont pas essayer une seconde fois.Quelle solution politique préconisez-vous ?Nous avons besoin d’une véritable réconciliation et de changer les lois. Les gens doivent s’asseoir ensemble pour trouver une solution réelle. Seulement après cela, nous pourrons nous débarrasser de Daech. Le problème, c’est que l’EI utilise les sunnites, qui sont prisonniers de l’organisation. Beaucoup de chiites sont également contre ce qui se passe actuellement en Irak car ils sont nombreux à être tués chaque jour. Nous avons besoin d’un soutien international pour parvenir à une réconciliation entre sunnites et chiites.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Une opération antiterroriste menée en Belgique lundi 8 juin a débouché sur 16 arrestations dans le milieu des combattants islamistes tchétchènes. Le parquet fédéral a indiqué que 21 perquisitions avaient été menées, au cours desquelles de nombreuses saisies auraient été opérées. Les plans d’un attentat qui devait être commis dans le pays ont été trouvés, a affirmé le parquet.Les services antiterroristes, aidés par leurs homologues américains, ont apparemment suivi la piste d’un jeune combattant rentré récemment de Syrie, où il a été blessé. Il aurait mis les enquêteurs sur la piste de deux groupes belges proches du Front Al-Nosra, un mouvement salafiste lié à Al-Qaida. Les deux cellules ont multiplié les contacts sur les réseaux sociaux au cours des derniers mois. Les autorités n’ont, à ce stade, pas fourni de détails sur l’identité des personnes appréhendées et leurs projets.Effectifs supplémentairesDans un communiqué publié lundi après-midi, le premier ministre, Charles Michel, a souligné « le travail acharné » de la police et de la justice qui, dit-il, a permis d’arrêter « des personnes qui représentent une véritable menace pour nos concitoyens ». Le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, a annoncé des effectifs et des moyens supplémentaires pour les services antiterroristes. Ce sont « des investissements absolument nécessaires », a-t-il indiqué.La mobilisation des forces de sécurité est très intense depuis l’attentat contre le Musée juif de Belgique, à Bruxelles, en mai 2014. En janvier, les forces spéciales ont mené un assaut contre la cache d’un groupe djihadiste, à Verviers, dans l’est du pays. Deux occupants avaient été abattus.L’armée a été appelée à la rescousse pour protéger une série de sites sensibles et des bâtiments officiels, belges et européens. En 2014, le Belgique a traité 195 affaires liées au terrorisme. Et, selon le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, ce nombre devrait croître cette année. Le parquet fédéral délivre notamment un mandat d’arrêt international pour toute personne localisée en Syrie.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jérémie Lamothe En 2012, Isabelle [le prénom a été modifié à sa demande] réalise son rêve : décrocher un emploi dans une association humanitaire. Détentrice d’un master 2 en droit international des droits de l’homme et droit international humanitaire, cette « idéaliste » comme elle se définit, devient chargée de mission pour « une petite ONG sur les droits de l’homme ».Mais l’expérience tourne vite au cauchemar, heures supplémentaires non –payées, absence de RTT, surveillance de son employeur par Skype, ambiance exécrable… Trois ans après avoir décroché son premier contrat, elle ne souhaite désormais qu’une chose, s’en aller. « Je n’ai jamais bénéficié de jours de récupération à la suite des missions de terrain menées à l’étranger, sans compter les réunions, le soir, qui finissent souvent à 22 heures, précise Isabelle. Mais je ne voulais pas aller me plaindre auprès de mes collègues, pour certains tout ça, c’est normal, ça fait partie du métier. »Isabelle n’est pas un cas isolé parmi les salariés des associations humanitaires – le plus souvent jeunes, diplômés de l’enseignement supérieur, et investis dans une organisation non gouvernementale par passion, militantisme et conviction. Fin mai, la Croix-Rouge s’est vue épinglée par l’inspection du travail pour des dépassements de la durée maximale du travail chez plus de 300 salariés.A lire : La Croix-Rouge accusée de violer le code du travail« Partir du travail avant 20 heures, c’est ne pas assez s’impliquer »L’association humanitaire s’est défendue dans un communiqué en évoquant « l’identité même de la Croix Rouge et sa mission : sauver des vies ! ». Philippe Cafiero, DRH à la Croix-Rouge, le confesse : « Il faut arriver à mieux réguler notre gestion des ressources humaines, à mieux s’organiser. Mais certains salariés au siège n’ont pas compris la polémique. Ils sont rentrés chez nous pour s’investir pleinement et ils veulent organiser leur temps de travail comme ils le souhaitent. » De quoi poser la question : est-il possible de concilier la mission sociale et d’urgence avec le respect du code du travail ? Pour Thibault Laconde, ancien responsable RSE (responsabilité sociale des entreprises) à Action contre la faim, les anomalies comme celles constatées à la Croix-Rouge ne sont pas surprenantes : « Les ONG ont des travailleurs assez militants et engagés qui sont prêts à beaucoup travailler. Partir du travail avant 20 heures, c’est perçu comme ne pas assez s’impliquer, donc les associations sont tentées de laisser faire. »Pour lui, c’est à l’ONG de protéger ses salariés trop impliqués : « Ce n’est pas grave si l’employé est fatigué, la priorité est à l’urgence, au court terme. Mais c’est le rôle de la direction de dire à un moment donné à l’employé “stop” ».Une responsabilité sociale que souhaite assumer par Stéphanie Rivoal, présidente d’Action contre la faim. L’ONG ne travaille qu’avec des salariés, éparpillés dans 47 pays, et il faut parfois les freiner, selon elle : « Notre mission est de sauver des vies, d’alléger des souffrances. Les salariés ne sont pas à une heure près, mais il faut les arrêter et leur expliquer qu’ils ne seront plus efficaces sinon. »Un sujet tabouQuand ils ont conscience de leurs limites, les salariés peuvent eux-mêmes prendre cette décision. Stéphanie, qui travaille dans une ONG française depuis près de trois ans, s’est vue approcher du burn-out « au bout de deux ans à un rythme effréné ».Elle a ensuite décidé de ralentir la cadence. Mais elle ne regrette rien : « Il me semble qu’il y a un engagement, lorsqu’on travaille dans l’association, qui fait que parfois les salariés prennent eux-mêmes des libertés avec le code du travail. Je me vois mal arrêter mon boulot juste parce qu’il est l’heure de rentrer quand je suis plongée dans un dossier. »Pour ceux qui souffrent de ce rythme, il est parfois compliqué d’en parler avec ses collègues. De peur d’être pointé du doigt, d’être stigmatisé pour son manque d’engagement, le sujet est souvent tabou. Dans sa petite ONG qui agit en faveur des droits de l’homme, Isabelle a longtemps hésité avant d’évoquer sa situation : « C’était difficile d’en parler entre nous, même si chacun pensait la même chose. Il y avait de la suspicion permanente, personne n’osait évoquer ce sujet. ».« Très fatiguée par ce rythme de travail, Isabelle a finalement décidé d’aller voir sa directrice : Je l’ai prévenue que je ne ferai que mes 35 heures. Elle m’a répondu sèchement qu’elle cherchait des militants, des personnes engagées. » Depuis cette réunion, Isabelle n’a plus été envoyée à l’étranger pour une mission. « J’ai été mise de côté depuis cette entrevue », constate-t-elle, amère.Des entreprises privéesUne attitude qui peut surprendre de la part d’une association humanitaire. Mais qui s’inscrit dans un changement profond et structurel des ONG, selon Pascal Dauvin, maître de conférences à l’université de Versailles-Saint-Quentin : « Aujourd’hui, les ONG doivent être gérées comme des entreprises privées, il y a donc forcément des tensions et des débats. On assiste à une transformation du champ caritatif et humanitaire. »Une évolution que confirme Philippe Cafiero, à la Croix-Rouge : « Il faut garder nos racines sociales et humanitaires. Mais en même temps il faut être très structuré, nous devons fonctionner comme une entreprise privée. »A lire aussi : « Nous espérons que cette affaire ne ternira pas l’image de la Croix-Rouge »Au bout du compte, le risque d’une précarisation des salariés s’accentue. L’ensemble du secteur associatif est concerné, d’après le sociologue Matthieu Hély : « Dans le monde associatif, un tiers des salariés d’une association ne sont couverts par aucune convention collective de branche. C’est atypique et ça symbolise cette précarité de l’emploi. »« Pas d’avenir professionnel »C’est ce que dénonce Bruno [le prénom a été modifié à sa demande], actuellement en Contrat d’accompagnement à l’emploi (CAE) « dans une grande association humanitaire connue de tous » qui lutte contre l’exclusion : « Les ONG peinent beaucoup à recruter des bénévoles donc ils utilisent des emplois aidés. Mais ils gardent les jeunes un ou deux ans puis les laissent partir. » Bruno déconseille maintenant aux jeunes de s’engager aujourd’hui dans l’humanitaire : « Ils mettent des gens dans une impasse. Le jeune aura fait deux ans pour rien, il n’y a pas d’avenir professionnel dans l’humanitaire. »Pour Isabelle, il n’est plus question de rester dans ce milieu. La déception est trop grande : « Je cherche à partir et je n’ai pas envie d’aller dans une autre ONG, la situation est la même un peu partout. Mais grâce à toutes ces histoires, j’ai découvert le droit social, alors pourquoi ne pas me réorienter là-dedans ? »Jérémie LamotheJournaliste au Monde 08.06.2015 à 15h27 • Mis à jour le08.06.2015 à 18h23 | Alexis Hache « La France aux deux visages ». Ce titre de tribune, publiée par Haaretz, n’y va pas par quatre chemins pour stigmatiser l’attitude de Stéphane Richard, PDG d’Orange, qui annonçait la semaine dernière au Caire être « prêt à abandonner » Partner, l’entreprise de télécommunications israélienne qui commercialise ses forfaits sous la marque Orange, au prétexte de ses activités dans les colonies israéliennes.Signée par l’ancien ministre de la défense de la droite conservatrice, Moshe Arens, cette tribune rappelle les rapports historiques entre la France et Israël, évoquant la bonne entente post-seconde guerre mondiale et insistant tout particulièrement sur « le coup de couteau dans le dos » symbolisé par l’embargo lors de la guerre des Six-Jours et les propos du général de Gaulle qualifiant les juifs de « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ».Lire aussi :Orange évoque son retrait d’Israël, qui demande des excusesEt Moshe Arens de noter que « l’imbroglio Orange a ravivé le débat autour de la campagne menée par les ennemis d’Israël pour l’étouffer sur le terrain économique » après avoir « échoué à de nombreuses reprises à battre les forces israéliennes sur le champ de bataille ». L’ancien ministre arrive à la conclusion que, jusqu’à présent, le « BDS » (pour « boycottage, désinvestissement, sanctions », un mouvement international lancé par des organisations non gouvernementales propalestiniennes) « n’a eu aucun effet perceptible sur l’économie israélienne, qui surmonte bien mieux la crise économique mondiale que la France et les autres pays de l’Europe de l’Ouest ».Un contrat avec le QatarDe son côté, le quotidien gratuit Israel Hayom affirme avoir appris les raisons pour lesquelles Stéphane Richard voudrait se désengager du pays – malgré son démenti immédiat. « Le Qatar est sur le point de signer un contrat à hauteur de 1 milliard de dollars [environ 894 millions d’euros] pour prolonger sa coopération avec l’entreprise française », explique le journal, qui met en avant pour appuyer son propos les liens entre France Télécom et le monde arabe. « Rien que l’an dernier, France Télécom a signé des contrats avec le Maroc, la Tunisie, l’Irak et l’Arabie saoudite pour un total de 3 milliards de dollars [environ 2,7 millions d’euros] ».Lire aussi :Polémique avec Israël : le PDG d’Orange s’explique, Nétanyahou s’enflammeDans une tribune publiée sur le site Internet du quotidien Yedioth Aharonoth, l’éditorialiste Sever Plocker remarque que les déclarations de Stéphane Richard, « un PDG nerveux qui voit avec anxiété de nouvelles entreprises de télécommunications éroder sa marque et affecter ses revenus », révèlent surtout un malaise plus profond dû au BDS. « Etre anti-Israël est aujourd’hui à la mode chez les étudiants et les jeunes intellectuels occidentaux. Etre progressiste, c’est soutenir le BDS », note-t-il, en appelant à un plus grand investissement dans les universités pour former des intellectuels capables de faire entendre la voix d’Israël.Mais la réponse la plus appropriée au BDS, selon lui, serait surtout que la gauche s’y oppose fermement. « Seule la gauche israélienne peut critiquer haut et fort l’occupation et ses maux – et par-dessus tout l’entreprise de colonisation – et dans le même temps rejeter avec dégoût les appels au boycott et les sanctions contre Israël. »Lire aussi :Orange : la France « fermement opposée » au boycottage d’IsraëlLes responsables politiques entre inquiétudes et menacesCette gauche israélienne, justement, a pris la parole à l’occasion de la conférence d’Herzliya, rassemblement annuel de responsables politiques israéliens et étrangers, où sont évoqués les différents enjeux internationaux stratégiques et économiques et qui se tient du 7 au 9 juin. Quelques leaders israéliens se sont exprimés et ont fait part de leur inquiétude sur les déclarations de Stéphane Richard et sur le BDS en général. Les propos sont rapportés par le Jerusalem Post. Isaac Herzog, chef de file de l’opposition et de l’Union sioniste (coalition de gauche, centre gauche et du centre), a même évoqué « une nouvelle intifada » en parlant du BDS. « Si j’étais premier ministre, j’aurais déjà mis en place un plan pour contrer ce mouvement », a-t-il affirmé, expliquant que « les boycotts touchent chaque aspect du quotidien ».Encore plus à gauche, la présidente de Meretz, Zehava Gal-On, a également reporté la responsabilité du BDS sur Benyamin Nétanyahou et sa politique « dans les colonies et la privation des libertés des Palestiniens ». « L’antisémitisme n’est pas la raison du boycott », a-t-elle asséné. Plus vindicative, Naftali Bennett, le président d’Habayit Hayehoudi (« Le Foyer juif » – parti d’extrême droite), s’est félicité de la volte-face d’Orange après la levée de boucliers en Israël. « Que cela soit bien clair pour toute compagnie désireuse de nous boycotter : nous répliquerons. Nous attaquerons ceux qui nous attaquent, nous boycotterons ceux qui nous boycottent ! » a-t-il clamé, avant de conclure : « Si vous songez à boycotter Israël, gardez bien à l’esprit qu’il y a dix millions d’amis d’Israël à travers le monde – juifs et non juifs, avec un pouvoir d’achat et un pouvoir de boycott. »Dans un autre article du Jerusalem Post, c’est la rencontre entre deux anciens chefs d’Etat qui donne l’occasion d’évoquer l’affaire Orange. Alors qu’il est en visite en Israël pour participer à la conférence d’Herzliya, Nicolas Sarkozy a rencontré l’ancien président israélien Shimon Pérès, « heureux que [le leader des Républicains] vienne à un moment aussi critique », rapporte le quotidien. Pérès a ajouté cette petite phrase qui aura sans aucun doute retenu toute l’attention de l’ex-président de la République et futur candidat potentiel en 2017 : « Je sais que vous ne soutiendrez aucun boycott, quel qu’il soit, contre l’Etat hébreu. » Lire aussi :Israël face à la menace montante du boycottageAlexis HacheJournaliste au Monde 08.06.2015 à 11h01 • Mis à jour le08.06.2015 à 15h23 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) « Nous avons remporté une grande victoire », s’est réjoui, dimanche 7 juin au soir, Selahattin Demirtas, le chef du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche et prokurde), au cours d’une conférence de presse improvisée au restaurant Cezair, au centre d’Istanbul.« Les partisans de la démocratie et de la paix ont gagné, ceux qui veulent l’autocratie, sont arrogants et se considèrent comme les seuls propriétaires de la Turquie ont perdu », a-t-il proclamé, remerciant au passage ceux qui avaient « prêté » leur voix au HDP. « Je ne vous décevrai pas », a-t-il insisté.Lire le récit :Législatives en Turquie : Erdogan voit son rêve de sultanat lui échapperC’est sous la conduite de M. Demirtas que le petit parti prokurde a recueilli 13 % des voix, assez pour s’assurer la présence de 80 députés au nouveau Parlement, contre 29 auparavant, tous élus en candidats « indépendants » lors des élections législatives de 2011.Inconnu du grand public il y a deux ans, ce jeune avocat de 42 ans, joueur de saz (instrument de musique traditionnel) et barde à ses heures perdues, a réussi à mener son parti à la victoire avec peu de moyens, trois heures d’apparition à la télévision publique entre le 3 mai et le 3 juin, contre quarante-cinq heures pour le président Erdogan et cinquante-quatre heures pour son premier ministre, Ahmet Davutoglu.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2t4uxa"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2t4uxa", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Seule formation à visage européenAyant le don de la formule, doté d’un solide sens politique, M. Demirtas a su prendre ses distances avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) pour élargir la base du HDP aux minorités, aux femmes, aux homosexuels, aux écologistes. Grâce à lui, le parti prokurde a perdu son étiquette « ethnique » pour devenir un parti turc, la seule formation à visage européen sur la palette politique du pays.Lire notre éditorial :L’échec d’Erdogan, une bonne nouvelleSachant raison garder, il n’a eu de cesse, tout au long de la campagne, d’évoquer la poursuite du processus de paix entre Kurdes et Turcs au nom d’un avenir commun. Des drapeaux turcs, c’est une première, ont depuis peu fait leur apparition dans les grands rassemblements du HDP, tandis que le portrait de Mustafa Kemal Atatürk, dont le bilan est d’ordinaire honni des Kurdes, côtoie celui du leader emprisonné Abdullah Öcalan.La violence qui s’est déchaînée contre le HDP tout au long de la campagne –2 morts, 150 blessés dans un attentat à Diyarbakir, près de 50 attaques contre les bureaux du HDP dans toute la Turquie – n’a pas suffi à embraser les populations kurdes du Sud-Est. Et les attaques de la presse progouvernementale contre Selahattin Demirtas, accusé d’avoir « mangé du porc » lors d’un récent séjour en Allemagne, n’ont pas produit l’effet escompté.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-557597895dfd6'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 12\r\n \r\n \r\nCes sc\u00e8nes de liesse ont eu lieu deux jours seulement apr\u00e8s un attentat \u00e0 la bombe qui a fait deux morts et plus d\u2019une centaine de bless\u00e9s parmi les partisans du HDP venus assister \u00e0 un meeting de leur chef de file, Selahattin Demirtas.\r\nCr\u00e9dits : BULENT KILIC \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Ces sc\u00e8nes de liesse ont eu lieu deux jours seulement apr\u00e8s un attentat \u00e0 la bombe qui a fait deux morts et plus d\u2019une centaine de bless\u00e9s parmi les partisans du HDP venus assister \u00e0 un meeting de leur chef de file, Selahattin Demirtas.","source":"BULENT KILIC \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/06\/08\/scenes-de-joie-pour-les-kurdes-de-turquie_4649673_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 12\r\n \r\n \r\nD\u00e8s l\u2019annonce des premiers r\u00e9sultats provisoires qui confirmaient que le HDP avait pass\u00e9 le seuil des 10 % de voix, n\u00e9cessaire pour qu\u2019un parti soit repr\u00e9sent\u00e9 au Parlement, une explosion de joie a eu lieu \u00e0 Diyarbakir. 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C\u2019est un avertissement adress\u00e9 \u00e0 l\u2019AKP et ses tendances dictatoriales.\u00a0\u00bb\r\nCr\u00e9dits : BULENT KILIC \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab\u00a0La mont\u00e9e du HDP symbolise l\u2019unit\u00e9 des Kurdes et c\u2019est une \u00e9tape de plus vers la d\u00e9mocratie, a estim\u00e9 Yalman, un autre partisan du parti kurde. 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Ils vont d\u00e9fendre les droits des Kurdes, s\u2019est r\u00e9joui Selcuk Atasever, responsable d\u2019un bureau de vote de Diyarbakir. A partir de maintenant, nous aurons plus de poids dans le processus de paix.\u00a0\u00bb Le HDP, cr\u00e9dit\u00e9 d'environ 13\u00a0% des voix, devrait obtenir 80\u00a0si\u00e8ges sur les 550 que compte le Parlement.\r\nCr\u00e9dits : BULENT KILIC \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab\u00a0Nos repr\u00e9sentants vont \u00eatre au Parlement. Ils vont d\u00e9fendre les droits des Kurdes, s\u2019est r\u00e9joui Selcuk Atasever, responsable d\u2019un bureau de vote de Diyarbakir. 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Mais le chef de l\u2019Etat a r\u00e9cemment chang\u00e9 de rh\u00e9torique et mis entre parenth\u00e8ses le processus de paix engag\u00e9 avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).\r\nCr\u00e9dits : BULENT KILIC \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Sous l\u2019impulsion de M. Erdogan, le gouvernement a accord\u00e9 ces derni\u00e8res ann\u00e9es de nouveaux droits aux Kurdes, notamment pour l\u2019utilisation de leur langue. 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Avec 40,7\u00a0% des votes, le \u00ab\u00a0parti de l\u2019ampoule\u00a0\u00bb aura 258\u00a0d\u00e9put\u00e9s au Parlement (sur 550).\r\nCr\u00e9dits : BULENT KILIC \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L\u2019AKP reste le premier parti de Turquie mais il accuse un recul significatif. Avec 40,7\u00a0% des votes, le \u00ab\u00a0parti de l\u2019ampoule\u00a0\u00bb aura 258\u00a0d\u00e9put\u00e9s au Parlement (sur 550).","source":"BULENT KILIC \/ AFP","index":10,"position":11,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/06\/08\/scenes-de-joie-pour-les-kurdes-de-turquie_4649673_3214_10.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 12 \/ 12\r\n \r\n \r\nLe parti prokurde a exclu de former un gouvernement de coalition avec l'AKP. Le leader du HDP, Selahattin Demirtas, a \u00e9galement estim\u00e9 que les r\u00e9sultats des \u00e9lections mettaient fin au d\u00e9bat sur la mise en place d'un syst\u00e8me pr\u00e9sidentiel.\r\nCr\u00e9dits : BULENT KILIC \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le parti prokurde a exclu de former un gouvernement de coalition avec l'AKP. 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Si à court terme elle satisfait les consommateurs, qui gagnent en pouvoir d'achat et en sont donc les premiers bénéficiaires, elle soulève également des incertitudes quant à son impact sur la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables dans le monde.Pour mémoire, le prix du baril gravite désormais autour de 60 dollars, après être tombé juste au-dessus de 40 dollars à la mi-mars. Conséquence de la forte volatilité des cours depuis juin 2014, le marché peine à se stabiliser face aux incertitudes sur le niveau à venir de l'offre. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui décidait de son objectif de production pour les six mois à venir à l'occasion de sa réunion semestrielle qui s’est tenue les 5 et 6 juin à Vienne (Autriche), a choisi de de maintenir son quota officiel de production de 30 millions de barils par jour.Un contexte de hausse des investissements mondiaux dans les énergies propresCette inquiétude survient dans un contexte de grands investissements dans les énergies renouvelables, qui ont progressé de 16% en 2014. En outre, d'autres décisions d'investissement, dans l'éolien et le solaire en particulier, sont attendues en forte augmentation pour cette année.Lire aussi :La guerre sur le marché du pétrole ne fait que commencerSi la chute des cours ne semble donc pas avoir affecté les projets en matière d'énergies renouvelables à travers le monde dans l'immédiat, aura-t-elle un effet notable dans les prochains mois?Pas de répercussions directes sur le développement des énergies renouvelablesEntre 2012 et 2013, les décisions d'investissement dans les énergies renouvelables avaient sensiblement diminué en Europe, alors même que les cours du brut étaient encore élevés. Ce paradoxe, qui reflète une absence de corrélation entre prix pétroliers et investissements dans les énergies renouvelables, s'explique en fait par plusieurs facteurs.D'une part, il faut souligner la tendance haussière du baril à long terme. En effet, le prix du pétrole ne fait qu'augmenter depuis le choc pétrolier de 1973. Or tant l'amenuisement des réserves conventionnelles de pétrole que la croissance démographique devraient confirmer cette tendance haussière dans les décennies à venir, favorisant ainsi la promotion de solutions alternatives et, partant, la transition énergétique.D'autre part, le marché des énergies renouvelables, notamment électriques, obéit à d'autres règles que celles du pétrole: ces deux secteurs ne sont donc pas directement en compétition. D'ailleurs, le pétrole ne concurrence en fait directement les énergies renouvelables que pour une très faible part d'électricité (5% de l'électricité mondiale seulement).Enfin, il faut rappeler que dans de nombreux pays, les énergies renouvelables électriques font l'objet de subventions par les Etats, ce qui préserve leur rentabilité indépendamment des aléas du marché. Il en résulte une compétitivité toujours plus grande des énergies renouvelables par rapport aux énergies fossiles.L'inquiétude subsiste pour les énergies vertes dédiées aux ventes de véhicules électriques à court termeToutefois, l'effondrement du prix du pétrole, en raison de la réduction du coût de l'essence qui en découle, rendrait les voitures conventionnelles plus économiques, et devrait donc avoir des répercussions sur les ventes de véhicules électriques à court terme. De surcroît, les biocarburants font partie des rares énergies renouvelables à avoir fait l'objet d'une baisse des décisions d'investissement en 2014 (-7%).Les autres bénéficiaires de la baisse du prix de l'or noir dans le domaine des transports sont les compagnies aériennes, qui voient leur facture pétrolière de 2015 allégée de manière significative. En conséquence, à court terme, ces dernières risquent d'être moins incitées à limiter la consommation moyenne de carburant par passager et à augmenter leur consommation d'énergies renouvelables.Néanmoins, cet impact négatif sur les énergies propres dans le domaine du transport devrait être limité à long terme, car le pétrole continuera à valoir de plus en plus cher, tandis que les efforts politiques en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre se multiplieront ; autant de facteurs propices au développement d'énergies renouvelables dans le futur.Frédéric Ichay (Avocat associé spécialisé dans le secteur de l’énergie au sein du cabinet Pinsent Masons à Paris) 08.06.2015 à 06h49 Le nombre de migrants ayant débarqué en Italie depuis le début de l’année dépasse les 50 000, la flottille multinationale croisant en Méditerranée ayant secouru ce week-end près de 6 000 personnes à bord de nouveaux bateaux en perdition.Trois importantes régions de l’Italie du Nord ont prévenu dimanche 7 juin qu’elles refuseraient d’accueillir de nouveaux migrants illégaux. L’Italie héberge déjà quelque 84 000 migrants, et ses capacités d’accueil ont atteint le point de rupture. Le président de la Lombardie, Roberto Maroni, a affirmé qu’il allait écrire aux maires et préfets de sa région, lundi, pour leur demander de ne plus accueillir « d’immigrants illégaux », dont la répartition est décidée par Rome, au risque de se voir priver des fonds alloués par la région. Giovanni Toti, le président nouvellement élu de Ligurie, a soutenu sa position. « Je l’ai déjà dit : nous ne recevrons plus de migrants, et la Lombardie, la Vénétie et le Val d’Aoste feront de même », a-t-il dit. Luca Zaia, le président de droite de la Vénétie, a affirmé que sa région incluant Venise était « comme une bombe prête à exploser ».Une hausse de 10 % par rapport à 2014Les garde-côtes italiens ont indiqué que 2 371 personnes avaient été secourues dimanche et 3 480 samedi. Aucune victime n’a été signalée. Un bateau de la marine italienne qui acheminait 475 migrants en Sicile a indiqué avoir à bord sept femmes enceintes, qui devaient être hospitalisées à leur arrivée. Les marines italienne, allemande et irlandaise ont pris part à l’opération, coordonnée au départ par l’ONG MOAS (Migrant Offshore Aid Station), basée à Malte, et par Médecins sans frontières.Ces arrivées massives de nouveaux migrants représentent une hausse de plus de 10 % lors des cinq premiers mois de 2015, par rapport à la même période de l’an dernier. En 2014, 170 000 migrants avaient débarqué sur les côtes italiennes. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, près de 1 800 hommes, femmes et enfants sont morts ou ont disparu en tentant la traversée, dont quelque 800 migrants lors du naufrage d’un bateau en avril, le pire drame des dernières décennies en Méditerranée. La Commission européenne a demandé aux Etats membres de l’Union européenne de prendre en charge 40 000 demandeurs d’asile originaires de Syrie et d’Erythrée arrivés en Italie et Grèce, en signe de solidarité avec Rome et Athènes, mais la démarche suscite de très sérieuses réserves, en particulier en France. La Matinale avec AFP 08.06.2015 à 03h06 • Mis à jour le08.06.2015 à 07h42 Les Kurdes occupent la position convoitée de faiseurs de roi en Turquie, à l’issue des élections législatives du dimanche 7 juin. Après une campagne tendue, le parti kurde HDP a largement franchi les 10 % imposés pour obtenir un siège sur les bancs du Parlement. Avec 13 % des voix, il en obtient 80.« Nous avons remporté une grande victoire. (…) Ceux qui veulent la liberté, la démocratie et la paix ont gagné, ceux qui veulent l’autoritarisme, qui sont arrogants et qui se considèrent comme les seuls détenteurs de la Turquie ont perdu », a déclaré, le chef de file du HDP, lors d’une conférence de presse à Istanbul. L’homme politique a ainsi réussi son pari : booster le score de sa formation pour faire dérailler le projet de réforme de la Constitution du président Recep Tayyip Erdogan et lui infliger sa première défaite politique depuis treize ans.Lire :Législatives en Turquie : Erdogan voit son rêve de sultanat lui échapperLe HDP comptait déjà 29 sièges dans l’Assemblée sortante. Mais ils avaient été élus sous l’étiquette indépendante pour contourner le seuil obligatoire des 10 %. Ces députés n’avaient retrouvé leurs couleurs et formé un groupe qu’une fois en fonction.Attaques du gouvernementAprès avoir frôlé les 10 % lors de l’élection présidentielle de l’an dernier, Selahattin Demirtas, avocat de 42 ans, a confirmé qu’il était devenu l’une des figures politiques incontournables du pays. A la base de son succès figure la transformation réussie du HDP d’un mouvement de la seule communauté kurde du pays, qui représente 20 % de la population turque, et proche des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en un parti moderne, à la fibre sociale et ouvert aux femmes et à toutes les minorités.Lire aussi :Les Kurdes de Turquie se détournent d’ErdoganSitôt les résultats confirmés, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Diyarbakir, la « capitale » kurde du sud-est de la Turquie, pour célébrer la victoire du HDP en agitant des drapeaux et en klaxonnant. La campagne a été marquée par de nombreuses violences, visant pour l’essentiel le HDP. Vendredi soir, un attentat à la bombe contre une réunion publique du HDP à Diyarbakir a fait deux morts et plusieurs centaines de blessés. Aucun incident n’a été signalé pendant le scrutin.Le succès de dimanche a par ailleurs pris des allures de revanche pour Selahattin Demirtas, qui a subi pendant des semaines les attaques du gouvernement. M. Erdogan l’a traité d’« infidèle » après qu’il eut proposé de supprimer les cours de religion obligatoires à l’école, ou encore de « pop star » parce qu’il joue du saz, une sorte de luth kurde. « Nous, le HDP, allons transformer le lion qui est dans votre cœur en chaton », lui a répondu, serein, celui que ses admirateurs appellent l’« Obama kurde ». 01.06.2015 à 17h26 • Mis à jour le01.06.2015 à 18h30 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Atteint par la limite d’âge, Lindsey Graham avait annoncé le 28 mai son départ du corps des réservistes de l’armée de l’air américaine, où il avait obtenu le grade de colonel. Le 1er juin, le sénateur de Caroline du Sud a déclaré sa candidature à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016, comptant sur ses états de service au sein de la prestigieuse commission des affaires étrangères du Sénat pour se démarquer de rivaux généralement novices en diplomatie. Pendant la campagne, Lindsey Graham devrait profiter du chaos moyen-oriental et des défis russes et chinois adressés à Washington, en Ukraine comme dans les eaux du Pacifique, pour faire valoir sa conception musclée et bottée de l’engagement américain.Né en 1955 au sein d’une famille très modeste de Caroline du Sud, Lindsey Graham a partagé sa vie entre l’armée et la carrière politique, quittant l’une pour l’autre et accumulant les victoires électorales comme les avancements. Sénateur de son Etat en 1992, il a été élu à la Chambre des représentants deux ans plus tard, avant d’accéder au Sénat en 2002, au fauteuil abandonné par la grande figure ségrégationniste sudiste Strom Thurmond.Sens tactique et liberté d’espritAu Sénat, cet homme qui avait perdu très tôt ses parents s’est trouvé sur le tard un mentor en la personne de John McCain, héros du Vietnam et franc-tireur républicain invétéré. Lindsey Graham avait épaulé le sénateur de l’Arizona pendant sa campagne présidentielle de 2008 livrée face au futur vainqueur Barack Obama. Nul doute que l’actuel président de la commission des forces armées du Sénat, omniprésent dans les médias, lui rendra la pareille dans les mois à venir. Ils s’annoncent difficiles, compte tenu de la notoriété relative du sénateur de Caroline du Sud, souvent enfermé dans son domaine de compétence.Comme John McCain, Lindsey Graham possède un sens tactique qu’il peut conjuguer avec une certaine liberté d’esprit. Il a ainsi soutenu les deux femmes proposées par M. Obama pour occuper des sièges de juge à la Cour suprême, Sonia Sotomayor et Elena Kagan, en 2009 et en 2010. Mais il a contribué également au blocage de la nomination de la proche du président, Susan Rice, au poste de secrétaire d’Etat, fin 2012, et soumis à la torture son ancien pair Chuck Hagel, devenu secrétaire à la défense, en 2013, au terme d’une procédure éprouvante.La disponibilité de Lindsey Graham pour des compromis ponctuels avec le camp démocrate, notamment sur le dossier de l’immigration, lui a valu régulièrement l’ire des Tea Party, l’aile droite du Parti républicain. Mais ces derniers ont été incapables de lui opposer un concurrent sérieux lors de sa deuxième réélection de novembre, obtenue comme à la parade.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nathalie Guibert Lire aussi : Comment les sympathisants de l'EI utilisent-ils Twitter ?Le gouvernement français veut gagner la bataille du discours contre le djihadisme, et les armées sont mobilisées pour traquer l’organisation Etat islamique sur les réseaux, comme sur le terrain des opérations. Mais cette tâche s’annonce considérable, car selon nos informations, plusieurs milliers de sites, francophones uniquement, sont déjà attribués au groupe terroriste sunnite.Selon des sources proches du ministère français de la défense, au moins 2 600 sites internet liés à l’Etat islamique ont été recensés dans la seule langue de Molière, sachant que le groupe inonde également la Toile de sites porteurs de messages en anglais et en arabe.De plus, selon les chiffres obtenus par Le Monde, les cellules de propagande de Daech [acronyme arabe de l’EI] produisent de l’ordre de 40 000 tweets en français par jour. Le groupe aurait déjà ainsi accumulé 2,8 millions de followers francophones, ce qui ne veut pas dire autant de sympathisants. En effet, une même personne peut avoir plusieurs identités et suivre des dizaines de comptes. Par ailleurs, ce nombre peut recouvrir de simples curieux – quelle qu’en soit la raison – comme des militants.« Contre-propagande »Lire aussi : Comment l'Etat islamique contourne la censure sur les réseaux sociauxL’urgence, estime l’exécutif à Paris, commande de diffuser un « contre-narratif », que les militaires nomment plus prosaïquement une « contre-propagande ». Des moyens supplémentaires sont prévus dans le cadre de la révision de la loi de programmation militaire 2014-2015, examinée en séance à l’Assemblée nationale à partir de jeudi 4 juin. Les équipes « cyber » des états-majors vont être de nouveau renforcées d’environ 1 000 personnes, et de 300 rien que pour la contre-propagande.Le discours est une arme en soi pour le groupe Etat islamique, estiment les experts de la défense. Pensée de façon centralisée, la propagande se déploie distinctement des attaques informatiques émanant des hackeurs musulmans du monde entier. Du côté de l’armée française, les « psy-ops », les opérations psychologiques classiques, ont depuis quelques années un prolongement dans le cyberespace, et l’armée a défini avant l’apparition de l’EI une doctrine générale en matière d’influence. Le « Concept interarmées des opérations d’information », rédigé en 2008, distingue ainsi quatre types d’« infos-cibles » dans les actions de guérilla : les « non-engagés indécis », les « sympathisants passifs et hostiles aux opérations des forces amies », les « forces militaires ennemies », et les « sympathisants résistants » engagés directement contre les forces amies.Lire aussi : Comment l'Etat islamique a réorganisé son armée numérique sur TwitterNathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.06.2015 à 15h07 Les violations graves et persistantes des droits de l’homme se poursuivent dans l’est de l’Ukraine en dépit d’un calme relatif, selon une version actualisée du rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur l’Ukraine. Le bilan des violences entre la mi-avril 2014 et le 30 mai 2015 s’établit à 6 417 morts et 15 962 blessés, dans la zone du conflit dans l’est de l’Ukraine, indique le bilan actualisé de ce rapport.Lire aussi :Tension persistante sur la ligne de front en UkraineParmi ces violations, le bureau des droits de l’homme de l’ONU mentionne des « bombardements, des exécutions arbitraires et des détentions illégales, des tortures et des mauvais traitements, des trafics de personnes, ainsi que l’absence de justice et de poursuites ». Le rapport couvre la période du 16 février au 15 mai.« Malgré la baisse des hostilités, des civils continuent à être tués et blessés », déclare le Haut-Commissaire aux droits de l’homme (HCR, instance de l’ONU), Zeid Ra’ad Al-Hussein. « Nous avons des rapports documentés alarmants sur des exécutions sommaires par les groupes armés et nous enquêtons sur des allégations similaires visant les forces armées ukrainiennes. Nous avons également des rapports horribles sur des tortures et des mauvais traitements en détention à la fois par les groupes armés et les forces de l’ordre ukrainiennes », affirme M. Zeid.Le document rappelle que 5 millions de personnes qui vivaient dans la zone de conflit sont profondément affectées et demande que toutes les mesures prévues par les accords de Minsk de février soient appliquées, avec notamment des enquêtes sur les violations des droits de l’homme « quels qu’en soient les responsables ».Lire aussi :Un rapport posthume de Boris Nemtsov accuse Poutine de mener une guerre en Ukraine 01.06.2015 à 13h57 La campagne des élections législatives turques du 7 juin a fait, lundi 1er juin, un détour inattendu par les commodités présidentielles. Le chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, a mis le chef de l’opposition au défi de prouver que le siège de ses toilettes était… en or.Inédite, la polémique politico-sanitaire a été lancée par le président du Cumhuriyet Halk Partisi (CHP, « Parti républicain du peuple » – social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu. Ce dernier a pris pour cible le gigantesque et luxueux palais de M. Erdogan, signe selon lui de la folie des grandeurs et de la dérive autoritaire de l’homme fort du pays.Lors d’une réunion publique samedi à Izmir (ouest), il a dénoncé ces « messieurs d’Ankara » pour lesquels on a « construit des palais, livré des avions, acheté des voitures Mercedes (…) et des sièges en or [pour recouvrir] les toilettes ».Lire aussi :M. Erdogan s’offre un palais symbole de sa « nouvelle Turquie »« Si c’est le cas, je démissionnerai de la présidence » Lors d’un entretien dimanche soir sur la télévision publique TRT, M. Erdogan a très sérieusement répondu aux allégations de son adversaire en l’invitant à venir vérifier sur place. « Je l’invite à venir faire une visite (…) je me demande s’il sera capable de trouver un couvercle de toilettes en or dans une salle de bains », s’est amusé le chef de l’Etat. « Si c’est le cas, je démissionnerai de la présidence », a ajouté M. Erdogan. La présidence de la République a fait savoir lundi qu’elle avait envoyé une invitation officielle à M. Kiliçdaroglu.Inauguré à l’automne dernier, le nouveau palais présidentiel, qui compte un millier de pièces et coûté 490 millions d’euros, est l’une des cibles favorites des détracteurs du président islamo-conservateur.Lire aussi :Erdogan, à la fois sultan et Atatürk en son nouveau palaisAu pouvoir depuis 2002, l’Adalet ve Kalkınma Partisi (AKP – le « Parti de la justice et du développement ») de M. Erdogan se présente en favori, mais affaibli aux législatives, de dimanche. L’actuel chef de l’Etat espère y obtenir une forte majorité à sa main pour réformer la Constitution. 01.06.2015 à 12h04 • Mis à jour le01.06.2015 à 15h07 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) La première leçon des élections régionales et municipales, qui se sont déroulées dimanche 31 mai et dont les résultats définitifs ont été connus lundi, paraît claire : un an après le triomphe du président du conseil et du Parti démocrate (PD, centre gauche), avec près de 41 % des suffrages aux élections européennes, l’étoile de Matteo Renzi pâlit. Près de 23 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes dans sept régions (Ligurie, Vénétie, Toscane, Ombrie, Marches, Campanie et Pouilles) et plus de 1 000 communes.Si le centre gauche dirigera cinq exécutifs régionaux (il perd la Ligurie, gagne la Campanie alors que la Vénétie reste aux mains de la Ligue du Nord), le score total du PD se situe aux alentours de 23 % des suffrages au niveau national, selon les projections des instituts. Il devance le Mouvement 5 étoiles (18 %), le parti antieuropéen et anti-immigrés de la Ligue du Nord (12,5 %), Forza Italia (10,7 %), la formation de Silvio Berlusconi. A noter la faible participation : 52,2 % aux régionales et 65 % aux municipales. Soit, respectivement, 12 et 7 points de moins qu’aux scrutins précédents de même nature.« Loyalistes » et « frondeurs »M. Renzi a dû faire face à deux écueils qu’il n’a su éviter en tant que secrétaire du PD : un candidat dissident en Ligurie, qui a éparpillé les voix de gauche ; un candidat qualifié d’« imprésentable » en Campanie, en raison de sa condamnation en première instance pour « abus de pouvoir ». Si ce dernier, Vincenzo De Luca, s’est imposé de justesse, il risque d’être déclaré inéligible. Sa participation à ce scrutin a jeté une ombre sur un parti qui se veut exemplaire et a focalisé toute l’attention des médias sur sa personne.Ce résultat décevant est également un jugement sur sa politique et sa stratégie. Les réformes dont il se vante (marché du travail, mode de scrutin, école) et son alliance pour faire adopter certaines d’entre elles avec la droite berlusconienne ont divisé son parti entre « loyalistes » et « frondeurs » et désorienté l’électorat traditionnel de la gauche italienne. Malgré un retour de la croissance après trois ans de récession, le chômage n’a pas diminué (13 % de la population).Alors qu’il rêvait, il y a deux mois encore, d’un « grand chelem » en remportant les sept régions, il avait ramené son ambition à l’horizon d’un plus modeste « 4 à 3 ». « Ces élections ne sont pas un test pour le gouvernement », n’a-t-il cessé de répéter. Selon le quotidien la Repubblica du 1er juin, M. Renzi aurait dénoncé en privé « la gauche masochiste ».Lieux d’expérimentationPour autant, l’opposition est encore un vaste chantier. Malgré son long déclin, Silvio Berlusconi sauve les meubles, ayant réussi à imposer l’alliance de la droite (Forza Italia, Ligue du Nord et le petit parti post-fasciste Fratelli d’Italia) dans la région qu’elle a gagnée (la Ligurie) ou conservée (la Vénétie). A l’inverse, le candidat dissident de Forza Italia dans les Pouilles enregistre un résultat presque trois fois inférieur à celui du vainqueur.La nouvelle configuration sortie des urnes fait désormais de Matteo Salvini, le leader du parti anti-immigrés et anti-européen, allié du Front national au Parlement européen à Strasbourg, le pivot central d’une éventuelle et nécessaire recomposition. La Ligue distance nettement son partenaire en Ligurie, en Toscane et en Ombrie. De plus, M. Salvini n’a plus d’adversaire au sein de sa formation, puisque son rival, Flavio Tosi, candidat dissident en Vénétie, n’arrive qu’en quatrième position.Désormais, ­Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord, est le pivot central d’une éventuelle recomposition de la droiteMais le vrai vainqueur de la consultation de dimanche est le Mouvement 5 étoiles (M5S). Alors que les élections locales s’étaient souvent soldées par des échecs cuisants en regard de son score obtenu aux scrutins sénatoriaux et législatifs de février 2013 (25 %), le « non-parti » fondé par le comique Beppe Grillo en 2009 confirme l’étiage que lui accordent les sondages. Dans certaines régions, et bien qu’il se soit présenté seul et sans aucune liste de soutien, il devient même le premier parti en nombre de voix.Réplique du séisme Podemos ou enracinement durable ? Les candidats du M5S ont tous confié qu’ils avaient ressenti au cours de leur campagne « une véritable adhésion » à leurs propositions, dont celle, notamment, d’un revenu minimum citoyen, et non plus la simple expression d’un vote protestataire. Mais le M5S s’est gardé de commenter les résultats du scrutin espagnol de crainte de devoir se prononcer sur une éventuelle alliance avec la gauche qu’il dénonce encore comme une « compromission ». Mais loin des feux médiatiques, les conseils régionaux dans lesquels les élus du Mouvement 5 étoiles viennent d’entrer en force pourraient se révéler de discrets lieux d’expérimentations.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.06.2015 à 11h08 • Mis à jour le01.06.2015 à 11h27 | Martin Untersinger et Damien Leloup Voté par la Chambre des représentants par 338 voix contre 88, le USA Freedom Act est un projet de loi qui instaurerait une limitation des pouvoirs de surveillance de la NSA, l'Agence nationale de sécurité américaine, en contrepartie d’une prolongation de certaines dispositions du Patriot Act, le texte clé adopté aux Etats-Unis après les attentats du 11-Septembre, qui octroie de très larges pouvoirs aux organismes de lutte contre le terrorisme. Dans la nuit du 31 mai, le Sénat n’est pas parvenu, en raison d’un délai technique, à se prononcer sur le texte – il devrait voter dans la semaine.Or ce retard a eu une conséquence directe : la NSA ne peut collecter les métadonnées téléphoniques (les informations entourant un appel ou un SMS : destinataire, heure d’appel, géolocalisation…) des Américains qu’à la faveur d’une disposition qui est arrivée à échéance la nuit du 31 mai. Depuis le 1er juin, l’agence américaine ne peut donc plus procéder à cette collecte de masse, sauf pour les enquêtes qui ont débuté avant ce lundi.Lire aussi :La NSA contrainte de suspendre la collecte des données téléphoniques des AméricainsQue prévoit le texte précisément ?Le gouvernement se fondait sur la section 215 du Patriot Act pour demander, et obtenir, de la part d’un tribunal secret dit « FISA » un mandat obligeant les opérateurs de téléphonie de leur fournir l’intégralité des métadonnées téléphoniques de leurs clients américains.Récemment, un tribunal a jugé que la section 215, qui vient d’expirer cette nuit, n’était pas une base légale suffisante pour une telle demande. S’il est adopté, le USA Freedom Act mettra fin à cette collecte massive, automatique et indiscriminée. A la place, les métadonnées resteraient stockées chez les opérateurs téléphoniques et les autorités pourraient demander à y avoir accès au coup par coup.Les autorités conserveraient la possibilité de se faire fournir des métadonnées en temps réel, mais selon des « critères spécifiques » [« specific selection term »] liés au terrorisme, visant des individus, des comptes ou des terminaux uniques. Les autorités devraient pour cela justifier d’un lien « raisonnable et détaillé » avec le terrorisme (sauf en cas d’urgence).La loi prévoit également une petite réforme de la FISA Court, notamment en lui permettant de nommer cinq personnes extérieures pour l’aider, si besoin uniquement, à se prononcer sur des interprétations nouvelles de la loi. La défense n’est pas représentée dans cette cour de justice. Le directeur du renseignement doit se prononcer sur l’éventuelle déclassification de toute décision contenant une interprétation nouvelle de la loi, notamment le « critère spécifique ».Qui soutient le USA Freedom Act ?Il est soutenu par une partie des opposants à la surveillance, la NSA et la Maison Blanche – ces deux dernières estimant qu’il s’agit d’une porte de sortie honorable pour préserver certaines capacités de surveillance de la NSA. C’est à ce titre que certaines organisations en pointe contre la NSA, comme l’ACLU (American Civil Liberties Union) ou l’EFF (Electronic Frontier Foundation), étaient opposées au texte, le jugeant trop timide. Ainsi, certaines des voix contre ce texte sont venues des rangs des opposants à la surveillance. Il divise au sein du parti républicain : certains élus s’y opposent vivement au nom de la lutte contre le terrorisme, d’autres considèrent qu’il s’agit d’un compromis acceptable.Parmi les opposants au texte, certains estiment que loin de mettre fin à la surveillance de masse, ce texte fait entrer dans la loi une pratique récemment jugée illégale, tout en l’accompagnant d’un nombre insuffisant de garde-fous. Ils craignent notamment que les « critères spécifiques » soient très larges et aboutissent de facto à une collecte de masse.Que changerait le texte pour la surveillance du Web, et la surveillance hors des Etats-Unis ?Rien. Le texte mentionne spécifiquement les métadonnées téléphoniques. Surtout, il ne concerne que la collecte d’informations aux Etats-Unis : même s’il est adopté, le Freedom Act ne changera strictement rien à la surveillance pratiquée par la NSA à l’étranger.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.06.2015 à 10h54 • Mis à jour le01.06.2015 à 11h00 Alors que des discussions se sont tenues pour la première fois, dimanche 31 mai, entre des dirigeants de la rébellion chiite yéménite et une délégation américaine à Oman sur une sortie de crise, l’Arabie saoudite a frappé fort, lundi 1er juin. Selon des habitants, des avions de la coalition arabe dirigée par Riyad ont ainsi bombardé des positions des miliciens houthistes dans pratiquement tout le Yémen.Lire aussi :Obama entre le Golfe et TéhéranLes raids aériens ont visé notamment la province de Saada, fief des houthistes, dans le nord du pays, et des villes de la région centrale. La capitale, Sanaa, aux mains des rebelles, n’a pas non plus été épargnée par les bombardements. Au moins huit civils y ont été tués et vingt blessés, lundi, par des explosions sur des dépôts d’armes tenus par les rebelles chiites, selon une source médicale.Lire aussi :Les bombardements reprennent au Yémen après la fin de la trêveLes avions de la coalition ont également bombardé un groupe de miliciens chiites dans les faubourgs d’Aden, théâtre depuis deux mois de combats de rue acharnés entre houthistes et partisans du président Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui s’était temporairement replié dans cette ville avant de fuir à Ryad.Au moins 1 500 civils ont été tués dans les bombardementsDepuis le 26 mars, l’Arabie saoudite est à la tête d’une coalition arabo-sunnite qui mène des frappes aériennes contre des rebelles chiites, soutenus par l’Iran, qui contrôlent de vastes régions du Yémen. Cette campagne est destinée, selon Riyad, à empêcher les rebelles de prendre l’ensemble du territoire yéménite et d’assurer le rétablissement de l’autorité du président Abd Rabbo Mansour Hadi.Selon l’ONU, au moins 1 500 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées dans ces bombardements depuis la mi-mars, parmi elles 182 enfants et 91 femmes. Plus de 300 000 civils ont été déplacés à l’intérieur du pays, alors qu’il y avait déjà plus de 330 000 déplacés internes avant la crise actuelle.Lire aussi :La guerre au Yémen ravive le malaise des chiites d’Arabie SaouditeToujours depuis la mi-mars, plus de 14 500 personnes – dont des Yéménites mais aussi des citoyens de pays tiers – ont fui, la majorité en bateau, vers la Corne de l’Afrique : plus de 9 700 sont arrivés à Djibouti et plus de 4 820 en Somalie, d’après l’Organisation des migrations internationales.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ruazd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ruazd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 01.06.2015 à 09h13 • Mis à jour le01.06.2015 à 09h17 | Florence Evin Lundi 1er juin, au Musée du Louvre à Paris, est présentée la « Liste rouge d’urgence des biens culturels irakiens en péril » par le Conseil international des musées (ICOM), en présence de Fleur Pellerin, ministre de la culture, Irina Bokova, directrice de l’Unesco, Jean-Luc Martinez, président du Louvre, et Hans-Martin Hinz, président de l’ICOM. Une version mise à jour de la première liste parue en 2003, après le saccage du Musée de Bagdad et les vols des œuvres de l’ancienne Mésopotamie. Cette première liste avait été établie avec le co-pilotage franco-irakien, à Paris, de Béatrice André-Salvini, alors directrice du département du Proche Orient au Louvre.Lire aussi :Péril mortel sur la Mésopotamie antiqueCette nouvelle « liste irakienne » tient compte des récents événements, de la destruction barbare par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) des sites antiques de l’ancienne Mésopotamie, berceau de la civilisation avec la naissance de l’écriture il y a cinq mille ans, sur le territoire actuel de l’Irak avec une frange syrienne. Massacre qui se perpétue depuis le mois de février dans le nord de l’Irak. Il s’agit, notamment, de la destruction à la masse et au marteau-piqueur des sculptures assyriennes du Musée de Mossoul, à l’explosif de l’antique capitale assyrienne Nimroud et de la cité caravanière parthe d’Hatra, des pillages sur les antiques villes de Ninive et Khorsabad. Car l’EI ne fait pas que détruire, elle pille tout ce qui peut être emporté – y compris des morceaux de statues brisées – pour être revendu sur le marché de l’art parallèle. Dans un premier temps, les pièces volées sont mises à l’abri dans des souterrains, avant d’alimenter le trafic illicite des œuvres d’art par l’intermédiaire de réseaux mafieux. Ce trafic est l’une des principales ressources financières de l’EI, avec le pétrole.Typologie de trente-cinq piècesLa liste rouge est diffusée sur Internet et permet aux douanes, aux polices du monde entier, à Interpol, et aux spécialistes de repérer les objets volés en vente sur Internet, dans les salles des ventes, et chez les antiquaires. Les acheteurs potentiels d’œuvres d’art en provenance d’Irak ou de Syrie – dont la Liste rouge a été publiée en septembre 2013 – sont invités à la plus grande prudence quant à la provenance et à la documentation légale desdits objets. Il s’agit d’une typologie des trente-cinq pièces les plus demandées, avec photo, descriptif, taille, provenance et datation, permettant d’identifier les objets concernés. Parmi cette liste, il y a des tablettes, cylindres et cônes d’argile, portant des textes gravés en écriture cunéiforme ; des folios à l’encre et à l’aquarelle, des sceaux ; des mosaïques en terre cuite rouge ; des portes en teck gravé ; des plaques d’ivoire, de pierre, d’albâtre, ornées de reliefs ; et toutes sortes de figurines et statues votives en bronze, en argile ou en albâtre ; mais aussi des assiettes, des flacons de verre, ou encore des bijoux et des monnaies.L’ICOM a développé de nouveaux dispositifs de veille en situation d’urgence, avec la mise en place d’un Groupe d’intervention de secours aux musées en cas de catastrophes. Et dispose, depuis deux ans, d’un Observatoire international du trafic illicite des biens culturels. L’hémorragie des œuvres témoins de l’ancienne Mésopotamie victime de ce trafic illicite est criante. Mari et Apamée, en Syrie, ont été entièrement pillées. Les deux photos satellites du site d’Apamée, avant et après le passage des trafiquants, montre un périmètre criblé de trous, comme l’est une passoire.Florence EvinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.06.2015 à 08h44 • Mis à jour le01.06.2015 à 09h43 Un comité ministériel législatif israélien a approuvé, dimanche 31 mai, un texte qui permettrait de condamner lourdement toute personne jetant des pierres sur des véhicules en mouvement, a annoncé la ministre de la justice.Ce texte, qui doit encore faire l'objet de plusieurs lectures au Parlement, est un amendement à une loi préexistante qui fixe à vingt ans de prison la peine maximale pour avoir lancé des pierres sur des véhicules, mais uniquement si l'intention de blesser est prouvée. Cette mention ne figure pas dans l'amendement proposé. « Jeter des pierres ou d'autres objets sur des véhicules en mouvement d'une façon qui pourrait mettre en danger la sécurité du passager » est punissable de dix ans de prison, est-il écrit.Trois mois de prison, actuellementActuellement, les peines qui frappent les lanceurs de pierre dépassent rarement trois mois de prison quand les blessures occasionnées ne sont pas trop graves. Le texte doit retourner à la Knesset, où la coalition gouvernementale du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, détient 61 des 120 sièges.La ministre de la justice, Ayelet Shaked, du parti nationaliste et religieux Foyer juif, qui a présenté le texte et dirige le comité, a affirmé que les lanceurs de pierre étaient « punis de façon très légère au vu de leur crime » parce qu'il était difficile de prouver l'intention de faire du mal. « L'amendement à la loi place de façon efficace la responsabilité sur le lanceur de pierre, et non sur le procureur », a-t-elle écrit sur sa page Facebook. Ce texte avait déjà été approuvé par le comité sous la ministre de la justice Tzipi Livni, à la suite d'une vague de violentes manifestations palestiniennes l'an dernier à Jérusalem-Est, mais la dissolution du Parlement et les élections législatives du 17 mars ont bousculé l'agenda politique. Gilles Paris (Washington, correspondant) L’Agence nationale de sécurité (NSA) a été contrainte, dimanche 31 mai à minuit (6 heures à Paris), d’interrompre son programme de saisie des métadonnées concernant les communications téléphoniques passées aux Etats-Unis. Ce programme contenu dans la section 215 du Patriot Act, une loi antiterroriste renforçant les pouvoirs des agences de renseignement américaines, arrivait à expiration le 1er juin et les divisions du Parti républicain (GOP) ont empêché son renouvellement dans les temps.Après les révélations en 2013 d’un ancien membre de la NSA, Edward Snowden, concernant les excès auxquels le Patriot Act donnait lieu, le président des Etats-Unis, Barack Obama, avait souhaité en 2014 une réforme de la collecte de ces métadonnées (durée des appels, destinataires, localisation) afin qu’elle ne soit plus automatique. Le 13 mai, la Chambre des représentants avait voté à une forte majorité (338 voix contre 88) mêlant des voix démocrates et républicaines en faveur de cette réforme. Une semaine plus tôt, une cour d’appel fédérale avait d’ailleurs jugé « illégal » le dispositif en vigueur, estimant qu’il allait au-delà des intentions du législateur.Divergences chez les républicainsC’était cependant sans compter les divergences de vue au sein du Grand Old Party (GOP) qui contrôle la Chambre et le Sénat depuis novembre. Alors que le « speaker » de la Chambre, John Boehner (Ohio) appuyait la réforme, le chef de la majorité du Sénat, Mitch McConnell (Kentucky), militait pour la reconduction en l’état du dispositif. Jouant les francs-tireurs, le sénateur républicain Rand Paul (Kentucky), fidèle à son logiciel politique libertarien (hostile à un trop grand contrôle des citoyens par l’Etat fédéral), a ajouté à la cacophonie en multipliant les procédures d’obstruction pour bloquer le dispositif. Non sans arrière-pensées, puisqu’il est candidat à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016 et que cette manœuvre lui a procuré une tribune de choix.Lire :Quand Rand Paul parle pour ne plus être écoutéIncapable de rallier assez de soutiens pour imposer ses vues, Mitch McConnell a fini par rendre les armes dimanche. Après avoir bloqué de justesse, le 23 mai, la réforme adoptée par la Chambre, il s’est résigné à la réinscrire à l’ordre du jour, un choix approuvé par une large majorité qui préfigure une adoption en bonne et due forme qui sera validée par M. Obama. La Maison Blanche a déploré dimanche que le Sénat ne soit pas parvenu à un accord, appelant les élus à voter rapidement pour mettre fin à une suspension « irresponsable ».Le revirement du chef de la majorité du Sénat est survenu trop tard, cependant, pour éviter la suspension de trois dispositifs, dont celui concernant la collecte des métadonnées. Cette réforme reste par ailleurs limitée puisqu’elle n’empêchera pas l’agence de renseignement d’obtenir ces métadonnées. Il faudra simplement qu’elle le notifie aux compagnies téléphoniques qui les conservent.Lire aussi :Le Sénat américain bloque la réforme de la NSALa Maison Blanche a qualifié dimanche soir d’« irresponsable » l’expiration de la collecte des données téléphoniques, demandant au Sénat de faire en sorte que l’autorité légale du programme soit rétablie le plus rapidement possible.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.06.2015 à 15h57 • Mis à jour le05.06.2015 à 16h32 | Alain Salles De passage à Paris, le président du nouveau parti grec To Potami (« la rivière », centre), Stavros Theodorakis, brosse un bilan critique des premiers mois du gouvernement grec. Alors que le premier ministre Alexis Tsipras doit s’adresser vendredi au Parlement après un nouvel échec des négociations avec Bruxelles, M. Theodorakis n’exclut pas de participer à un gouvernement plus réformiste.Quel bilan faites-vous des premiers mois du gouvernement d’Alexis Tsipras ?Je voudrais être optimiste, mais je ne peux pas. Je ne crois pas que le gouvernement grec soit prêt à faire des réformes. Ils sont proeuropéens en Europe, mais populistes en Grèce. Syriza appartient à cet ancien système politique où les partis croient qu’ils peuvent s’en sortir avec des promesses. Alexis Tsipras s’inscrit dans cette tradition qui est un drame pour notre pays.Que reprochez-vous au gouvernement ?Le premier ministre dit des choses avec lesquelles nous sommes d’accord. Ce n’est pas un extrémiste, mais il ne fait rien pour changer la situation. Nous lui avons demandé, en vain, de donner la priorité à un projet de loi pour mettre fin aux rapports triangulaires entre les partis, les banques et les chaînes de télévision. Cela n’avance pas car les politiques gardent un moyen de pression sur les médias en les menaçant d’une intervention des banques pour qu’elles cessent de leur prêter de l’argent. Une telle loi ferait du bien à l’économie du pays et au journalisme. De même, nous avions demandé à ce que la loi prévoie un plafonnement qui permette aux personnes et aux entreprises d’échelonner le paiement de leurs arriérés d’impôts. Ils ne l’ont pas fait. Pourquoi les Grecs les plus riches qui doivent des dizaines de millions au fisc bénéficient-ils de ces aménagements ?Vous ne regrettez donc pas de ne pas participer à ce gouvernement ?Alexis Tsipras nous avait demandé de participer à un gouvernement qui aurait rassemblé de l’extrême droite (les Grecs indépendants) à l’extrême gauche. Je lui ai répondu que le pays avait besoin d’un gouvernement progressiste, plus large et plus ouvert, qui rassemble au-delà des partis. La plupart des ministres sont des cadres de Syriza qui ne font rien et qui passent leur temps à la télévision à expliquer ce que devraient faire les ministres français ou allemands.A quelles conditions y participeriez-vous ?S’il forme un gouvernement plus ouvert, nous sommes prêts à l’aider et à lui suggérer des noms de personnalités proeuropéennes et réformistes, à Potami et ailleurs, même au sein de Syriza. Mais il faut que ce soit une petite équipe efficace. Pour nous, les trois grandes réformes sont la justice, l’éducation et les privatisations. L’Etat pourrait conserver des parts dans les entreprises, mais les dirigeants doivent être nommés par ceux qui investissent. Tsipras dit qu’il est ouvert aux privatisations, mais la plupart de ses ministres expliquent qu’ils sont contre.Pensez-vous qu’il y aura de nouvelles élections ?Le gouvernement flirte avec l’idée de provoquer un nouveau scrutin. Ce seraient des élections qui auraient pour enjeu le retour à la drachme, l’ancienne monnaie grecque, ce qui serait une façon de jouer avec le feu. Il peut le faire s’il ne parvient pas à trouver un accord à Bruxelles. Mais s’il parvient à un accord – qu’on soutiendra au Parlement –, il risque d’être repoussé par une partie du Syriza. Un nouveau scrutin permettrait aux Grecs de valider l’accord et de repartir avec un Parlement plus rationnel. Ce pourrait être une solution. Mais je ne crois pas que Tsipras se lance dans un conflit avec les Grecs indépendants et sa gauche.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.06.2015 à 13h02 • Mis à jour le05.06.2015 à 16h11 Le gouvernement yéménite en exil et la rébellion chiite des houthistes, qui s’affrontent depuis plusieurs mois au Yémen, ont accepté vendredi de participer à des pourparlers de paix sous l'égide de l'ONU, annoncés provisoirement pour le 14 juin à Genève.Ezzedine Al-Isbahi, le ministre de l'information du gouvernement yéménite en exil à Riyad, a précisé qu'il s'agirait de « consultations pour la mise en œuvre de la résolution 2216 » du Conseil de sécurité de l'ONU. Elle prévoit notamment le retrait des houthistes des territoires qu'ils ont conquis depuis le début de leur offensive l'an dernier.Pour sa part, Daifallah Al-Shami, membre du bureau politique du mouvement Ansaruallah, dont se réclame la rébellion houthiste, a indiqué que la rébellion avait « accepté l'invitation de l'ONU à aller à la table du dialogue à Genève sans conditions préalables ».ViolencesLe Yémen est le théâtre de violences depuis que les houthistes, soutenus par l'Iran, sont entrés dans la capitale Sanaa en septembre 2014 et ont avancé vers Aden au sud, affrontant des forces fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi, contraint à fuir fin mars en Arabie saoudite.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ruazd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ruazd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Ce pays dirige depuis plus de de deux mois une coalition arabe qui effectue quasi-quotidiennement des raids aériens contre les houthistes et leurs alliés, à travers le Yémen. Ce conflit a fait près de 2 000 morts et poussé plus de 545 000 personnes à quitter leur foyer, selon l'ONU.Lire aussi :Yémen : une faillite américano-saoudienne 05.06.2015 à 11h23 • Mis à jour le05.06.2015 à 11h30 L’interdiction faite aux femmes d’une communauté juive ultraorthodoxe de Londres de conduire leurs enfants à l’école est « illégale et discriminatoire ». La commission parlementaire britannique pour l’égalité et les droits de l’homme a adressé, mercredi 3 juin, ses conclusions à la secte Beltz, dans une lettre rédigée après des consultations avec le ministère de l’éducation. Onora O’Neill, la présidente de cette commission, précise que cette interdiction est contraire à la loi sur l’égalité (Equality Act) de 2010.Lire aussi :Les ultraorthodoxes se convertissent au high-techLes juifs ultraorthodoxes de ce mouvement hassidique, né au XIXe siècle à Beltz en Ukraine, gèrent deux écoles de Stamford Hill, dans le nord de Londres. Fin mai, ces écoles ont décrété qu’à partir d’avril tous les enfants qui seraient conduits en cours par leur mère ne seraient pas admis en classe.Dans une lettre, citée par le site The Jewish Chronicle Online, les rabbins de cette communauté indiquent que le fait que des femmes conduisent est contraire « aux règles traditionnelles de modestie et de décence » de leur mouvement. Consulté, le leader de la communauté en Israël, le rabbin Yissachar Dov Rokeach, aurait approuvé cette interdiction de conduire.« Inacceptable dans la Grande-Bretagne moderne »La mesure a aussitôt suscité des réactions outrées en Angleterre. La ministre de l’éducation britannique, Nicky Morgan, a qualifié l’idée de bannir des enfants de l’école si leur mère les y conduit en voiture de « totalement inacceptable dans la Grande-Bretagne moderne ». Le ministère a ouvert une enquête après avoir reçu une plainte concernant cette décision.Gloria De Piero, députée travailliste (opposition) chargée de la question des femmes et des égalités a elle aussi réclamé la semaine dernière une enquête de la commission pour l’égalité et les droits de l’homme. Elle a appelé à « une clarification urgente de la loi » pour savoir comment concilier les libertés religieuses et les autres droits. Dina Brawer, représentante au Royaume-Uni de l’Alliance féministe du judaïsme orthodoxe, a jugé l’interdiction « honteuse » et « dérangeante ».Face à ces critiques, l’organisation des femmes de Beltz, Neshei Belz, a défendu la position du mouvement. « Nous estimons faire partie d’une communauté où les plus hauts standards de raffinement, de moralité et de dignité sont respectés, ont-elles écrit dans un communiqué. Nous considérons que la conduite d’un véhicule est une activité stressante qui peut compromettre nos valeurs en nous exposant à l’égoïsme, à la colère au volant, aux injures et à d’autres comportements inappropriés. »Lire aussi :Inquiétude dans la communauté juive britannique 05.06.2015 à 10h53 • Mis à jour le05.06.2015 à 10h55 | Jacques Follorou Les services secrets allemands (BND), agissant pour le compte de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), ont espionné la France par l’intermédiaire du groupe de télécommunications Deutsche Telekom. Des documents internes à cette entreprise, la plus importante en Europe dans ce secteur, auxquels Le Monde a eu accès, montrent comment elle a intercepté, au moins de 2005 à 2008, sur ordre du BND, les flux de communications gérés par France Télécom et transitant par l’Allemagne.Les autorités allemandes, actuellement accusées de complicité d’espionnage avec la NSA, entre 2005 et 2015, des intérêts économiques et politiques européens, affirmaient qu’il était impossible de connaître l’identité des cibles visées, car les listes auraient été depuis détruites par leurs services secrets. Ces documents de Deutsche Telekom, détenus par la commission d’enquête parlementaire allemande sur les activités de la NSA et révélés par le député Verts autrichien Peter Pilz, attestent, au contraire, que France Télécom, devenue Orange en 2012, disposerait des moyens d’identifier les personnes ou entreprises espionnées grâce à ces pièces.Lire aussi :La France espionnée avec ses propres moyensPar ailleurs, les auditions, menées à huis clos par la commission d’enquête du Bundestag, de membres du BND et de Deutsche Telekom ont livré de nouveaux éléments sur la toile tissée par l’espionnage américain en Europe, et notamment en France. « Face à ces faits inacceptables, estime la députée européenne Eva Joly, associée à M. Pilz dans cette dénonciation de la surveillance américano-allemande, il faut qu’une enquête judiciaire soit ouverte au plus vite à Paris, c’est là qu’Orange a son siège social. La France ne peut pas rester sans réaction quand on voit que la Belgique, les Pays-Bas ou l’Autriche ont déjà déposé plainte. »La pleine intégration de Deutsche Telekom dans le dispositif de surveillance du BND et de la NSA date du 1er mars 2004. C’est la date qui figure au bas d’un protocole d’accord signé par Dieter Mayr pour le compte du directeur du BND et par Bernd Köbele, agissant pour le PDG du groupe de communication. Selon ce contrat, le groupe de télécommunication allemand, qui était, jusqu’en 1996, une filiale de la société publique Deutsche Bundespost, s’engage à intercepter, à l’insu des câblo-opérateurs, tels que France Télécom, le flux massif de données de communications transitant sur son territoire. Une pratique sans doute facilitée au fil des années puisque les deux opérateurs historiques français et allemand ont engagé, à partir de 2009, des rapprochements industriels.Quinze membres du BND à demeure« Ce protocole, explique M. Pilz, venait, pour Berlin, encadrer une activité jusque-là totalement débridée. Entre 2002 et 2004, il n’y avait aucune limite aux interceptions américaines et du BND via Deusche Telekom. » Ce qui permettait à la NSA de collecter massivement des données concernant des intérêts allemands. En théorie, le BND et la NSA n’espionnaient, d’après ce protocole, que le « transit » et non plus les intérêts nationaux. On a vu, depuis, que cela n’avait pas empêché les services américains d’espionner une entreprise comme Siemens.Quinze membres du BND étaient installés à demeure, dans les locaux de Deutsche Telekom. Pour la seule année 2005, selon les documents de la commission d’enquête du Bundestag, « 51 lignes de transit à destination de la France », transportant chacune des flux massifs d’informations, ont été interceptées. Le 4 décembre 2014, un membre du BND a expliqué aux parlementaires allemands le fonctionnement de ce détournement. « Les routes sont électriques ou de fibres optiques, cela veut dire qu’une bretelle de dérivation est installée (…). Une partie continue vers l’opérateur, (…) une autre partie va au BND. »A partir de 2005, l’ensemble du trafic intercepté a été renvoyé vers le centre d’interceptions, installé en Bavière, à Bad Aibling. Dans cette base, les opérateurs allemands travaillent aux côtés d’employés de la NSA dans le cadre du JSA (Joint Signal Activity). Tous ont connaissance de la nature des cibles américaines. Interrogé par la commission d’enquête du Bundestag, le directeur du BND, Gerhard Schindler, a indiqué, le 21 mai, qu’il n’y avait rien d’illégal à cela tant que cette collecte ne concernait pas des intérêts allemands.Deutsche Telekom a intercepté, pour le compte du BND, des flux de communications gérés par France Télécom et transitant par l’AllemagneLes cibles sont fixées par la NSA. En 2005, sur les 256 « lignes de transit » retenues, 94 lignes traversaient l’Union européenne, 40 connectaient des Etats membres de l’UE avec d’autres pays du continent comme la Suisse, la Russie, l’Ukraine ou la Turquie, 122 étaient raccordées avec des territoires dans le monde entier, notamment l’Arabie saoudite, le Japon ou la Chine. En revanche, tous les câbles concernant le Royaume-Uni, proche allié des Etats-Unis, ont été exclus de cette interception par le BND et la NSA.Les « sélecteurs » ou clés de recherche, comme des noms, des numéros de téléphone ou carte de crédit, permettent ensuite à la NSA d’analyser le flux de données collectées. Ce tri est notamment fait par trois centres désignés SCS (« Special Collection Service ») dans une note de la NSA datée du 31 juillet 2009. Deux se trouvent à Vienne et l’autre à Paris, lié, comprend-on, à l’ambassade des Etats-Unis.Les relevés d’interception de Deutsche Telekom sur les câbles gérés par France Télécom fournissent un certain nombre de caractéristiques techniques qui permettraient d’orienter les recherches sur l’identité des victimes de cet espionnage. Les principaux centres de traitement des données de l’opérateur historique français sont cités en clairs, comme à Reims ou à Paris. Reste à savoir si le groupe français, qui joue un rôle central dans le renseignement technique en France, sera disposé à lever le voile sur ces affaires sensibles sachant qu’Orange, comme l’a déjà démontré Le Monde, a joué exactement le même rôle que Deusche Telekom pour le compte des services secrets français…Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Trois jours et demi après le naufrage de l’« Etoile de l’Orient », lundi soir sur le fleuve bleu, le bilan des victimes s’annonce très lourd : sur les 456 passagers et membres d’équipage du navire de croisière, seuls 14 ont eu la vie sauve, dont le capitaine du navire. Seuls 97 corps ont été retrouvés selon le dernier bilan vendredi matin, alors que les sauveteurs s’apprêtent à redresser le navire, d’abord ramené sur son flanc, en position verticale. Un porte-parole du ministère des transports, Xu Chengguang, avait déclaré jeudi que la décision avait été prise après avoir conclu « qu’il n’y avait désormais plus de possibilité de survie » dans des poches d’air, que toute manœuvre brusque de l’épave risquait de faire disparaître.Lire aussi :En Chine, les chances de retrouver des rescapés après le naufrage d’un ferry s’amenuisentDes plongeurs ont exploré le bateau les jours précédents dans des conditions extrêmement difficiles, en raison du manque de visibilité dans les eaux chargées de sédiments du fleuve Yangzi. Le barrage des Trois-Gorges, en amont du lieu du naufrage, avait été mis à contribution, a souligné l’agence Chine nouvelle (Xinhua) : le débit du fleuve au niveau de la retenue a ainsi été réduit de 17 200 mètres cubes par secondes à 7 000 mètres cubes par seconde.Maladresse des autorités chinoisesLes autorités chinoises sont plus maladroites quand il s’agit de gérer les détresses individuelles : les proches des victimes n’ont cessé de faire part de leur frustration et de leur colère via les rares canaux qui restaient ouverts à eux, c’est-à-dire l’Internet et la presse étrangère. Ils se plaignent d’abord de l’absence de contact avec les autorités les deux premiers jours, ainsi que du manque d’information et d’interlocuteur, puis de l’impossible accès au site de renflouage du navire le long de la berge, sécurisé par des check-points. Enfin ils dénoncent la manière dont elles sont « encadrées » par des « superviseurs » individuels qui dissuadent les journalistes étrangers de les approcher. Des médias interdits d’accèsÀ Jianli, ou plus d’un millier de proches des 442 passagers présumés morts se sont regroupés, les forces de sécurité, en civil ou en uniforme, sont présentes en masse. La morgue est sécurisée par un cordon de police, pour éviter les débordements. Les médias étrangers présents sur place sont encouragés à travailler depuis le centre de presse établi pour l’occasion, mais fermement dissuadés d’approcher les familles. À part une brève excursion organisée par les autorités le mercredi sur le lieu des opérations de sauvetage, les caméras des télévisions étrangères n’ont eu d’autres recours que de filmer au téléobjectif depuis la rive opposée du fleuve, dans la province du Hunan.Tandis que les médias chinois sont en général très réactifs dans les premières heures des catastrophes, ceux-ci ont cette fois été recadrés extrêmement rapidement : le site China Digital Times de l’Université de Berkeley, qui répertorie les instructions des autorités de la propagande, a fait part d’un rappel à l’ordre des journalistes chinois dès mardi matin : « Aucun gouvernement local [province, préfecture ou ville] ne doit envoyer des reporters sur place. Ceux qui seraient déjà arrivés doivent être immédiatement rappelés » dit la note, diffusée anonymement sur l’Internet.L’ensemble des médias chinois y sont expressément appelés à utiliser les textes et les images des « médias de référence » – c’est-à-dire l’agence Chia nouvelle et la télévision centrale CCTV, autorisées sur le site des opérations - et à ne pas diffuser d’enquêtes indépendantes. À Jianli, les reportages officiels mettent en avant la mobilisation des habitants de la ville. Ceux qui se sont portés volontaires pour aider les proches des disparus ont attaché un ruban jaune à leur rétroviseur. Mais aucun conducteur ne peut répondre à leurs vœux d’accéder au site des opérations…Les circonstances du naufrage restent obscuresLes débats restent toutefois vifs dans la presse chinoise sur les circonstances encore obscures du naufrage : l’incident a eu lieu lundi soir par mauvais temps, alors que d’autres bateaux, dont une péniche chargée d’automobiles qui a croisé l’Etoile de l’Orient dix minutes avant le naufrage, avaient jugé plus prudent de jeter l’ancre. L’Etoile de l’Orient a poursuivi sa remontée du fleuve puis changé de direction pour une raison inconnue à 21 h 21. Le navire de 76,5 mètres de long et haut de trois ponts, a chaviré brutalement à 21 h 31. L’agence météorologique chinoise a fait état d’une tornade dans la zone à ce moment. Le capitaine du navire, Zhang Shunwen, 52 ans, capitaine de l’Etoile de l’Orient depuis 2008, a pourtant été décrit comme expérimenté. Son épouse, qui travaillait sur le navire, a disparu dans le naufrage. Si le premier ministre Li Keqiang s’est rendu sur les lieux de la catastrophe dès mardi et s’est montré au chevet des rescapés, les instructions diffusées jeudi soir par les médias officiels au nom du président Xi Jinping, le secrétaire général du parti communiste, et des six autres membres du Comité permanent, le collectif suprême du parti réuni le matin même pour consultation au sujet de la catastrophe, sont apparues quelque peu guindées: « Les dirigeants ont noté l’importance de prendre soin des familles des passagers et ont promis que les informations sur les résultats de l’enquête seraient diffusées rapidement, avec précision et de manière transparente ».Pour le politologue Zhang Ming, la nervosité du gouvernement est un réflexe, une attitude par défaut: « Les familles sont dans un état émotionnel particulier, ça a l’air d’être gérable à ce stade, mais on peut penser que (les autorités) craignent que tout cela pousse d’autres gens à s’exprimer, ils ne souhaitent pas que ça aille trop loin », explique-t-il.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Bezat L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), réunie à Vienne vendredi 5 juin, a confirmé sa politique, fixée fin novembre 2014 : le maintien de son quota officiel de production de 30 millions de barils par jour, malgré une surproduction mondiale de plus de deux millions de barils et la déprime des prix de l’or noir sur le marché, tombés à 62 dollars pour un baril de brent (contre 115 dollars en juin 2014).Chaque pays joue sa partie. La production américaine de brut, notamment grâce aux schistes (shale oil), résiste à ces prix bas. La Russie refuse de réduire sa production et de grands producteurs affichent leurs ambitions (Iran, Irak, Brésil…). La bataille mondiale sur le marché pétrolier « ne fait que commencer », prévient l’Agence internationale de l’énergie (AIE).Ce sont encore les Saoudiens qui donneront le « la », vendredi, à Vienne. « L’éventualité d’un changement de politique est faible, voire inexistante, prévient Bhushan Bahree, expert au sein du cabinet américain IHS Energy. L’Arabie saoudite et ses alliés du Golfe semblent résolus à poursuivre la politique décidée en novembre. De potentiels dissidents se rendent compte qu’un changement n’est pas jouable alors que les quatre Etats du Golfe qui défendent leurs parts de marché pèsent plus de la moitié de la production de l’OPEP. » De plus, ajoute-t-il, on ne voit « aucun signe de la volonté de l’Arabie saoudite, de l’Irak et de l’Iran d’essayer de trouver un terrain d’entente pour partager le gâteau, condition nécessaire, mais pas suffisante à une relance du système des quotas de production ». « Rééquilibrer le marché »Pourtant, Riyad n’a pas gagné la guerre du pétrole de schiste. De nombreux puits ont fermé aux Etats-Unis, mais la production de shale oil a été encore peu affectée, les plates-formes de forage en exploitation ayant de meilleurs rendements.Avec 9,5 millions de barils de brut (dont la moitié d’huiles non conventionnelles), jamais la production américaine n’a été aussi dynamique, et elle progressera jusqu’à près de 11 millions en 2020 avant de se stabiliser, selon un scénario gouvernemental.L’OPEP commence à en prendre acte. « Le pétrole de schiste est un phénomène qui ne va pas disparaître et nous devons vivre ensemble et trouver un équilibre », a reconnu Abdallah Al-Badri, secrétaire général du cartel. Une analyse partagée par le ministre du pétrole des Emirats arabes unis, Suhail Mohamed Al-Mazroui, qui a appelé tous les pays producteurs, OPEP et non OPEP, à « partager la responsabilité de rééquilibrer le marché ».Lire aussi :La débrouillardise, filon des petits « oilmen » du TexasRôle historique de producteur d’appointDésormais, le quota de 30 millions de barils par jour – un tiers de la production mondiale – fixé par l’OPEP fin 2011 est dépassé. En avril et mai, la production a dépassé 31 millions de barils. La production saoudienne n’a jamais été aussi importante, et Riyad a suggéré que les douze membres du cartel ne se réunissent plus qu’une fois par an (au lieu de deux). Une proposition interprétée comme la confirmation de la volonté de la monarchie wahhabite de faire jouer les forces du marché et d’en finir avec son rôle historique de producteur d’appoint en cas de forte baisse (ou hausse) des prix.L’Arabie saoudite et ses alliés du golfe Arabo-Persique (Koweït, Emirats arabes unis et Qatar) restent sourds aux appels d’autres membres en faveur de mesures de redressement. Ces pays commencent à en souffrir, et même les plus riches réclament désormais un prix « raisonnable » qu’ils situent à 75-80 dollars pour équilibrer leurs finances publiques. D’autres, comme le Venezuela au bord de la cessation de paiement, essayent de s’entendre avec de grands pays producteurs non OPEP (Russie, Mexique…) pour faire remonter les prix. Sans succès jusqu’à présent.Un monde « décartellisé »Le monde de l’or noir s’est « décartellisé ». Dans ce grand jeu du chacun pour soi, tout le monde produit au maximum, à commencer par les trois pays qui font un tiers de la production mondiale : les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie. L’Irak veut, à moyen terme, doubler sa production de quelque 4 millions de barils. Quant à l’Iran, il affiche déjà de grandes ambitions alors qu’un accord avec les Occidentaux fin juin sur son programme nucléaire – et donc une levée des sanctions – est loin d’être acquis.Plus personne, au sein de l’OPEP, ne croit à une remontée du baril à 100-110 dollars. Et son évolution, dans les mois à venir, reste incertaine. Les cours devraient rester autour de 60-65 dollars quelques mois, la demande étant tirée par la driving season aux Etats-Unis, où les Américains se déplacent beaucoup. Mais, pour Hasan Qabazard, responsable des études de l’OPEP entre 2006 et 2013, ils pourraient tomber entre 40 et 50 dollars au quatrième trimestre en raison d’une forte baisse de la demande.Créée en 1960, à Bagdad, pour défendre les intérêts des pays producteurs face aux grandes compagnies, l’OPEP n’a plus le poids d’antan. Dans les années 2000, elle a renoncé à fixer un objectif ou une fourchette de prix. En 2011, elle a abandonné le système de quotas pays par pays, chaque membre pompant ce que ses infrastructures et sa situation géopolitique lui permettent de produire. Et, fin 2014, Riyad et les pétromonarchies du Golfe ont décidé de ne plus « faire » les prix à leur détriment, mais de laisser jouer le marché, quitte à produire plus que le quota officiel. « Nous ne pouvons plus continuer à protéger un certain niveau des prix », constatait M. Mazroui, à la veille de la réunion de l’OPEP.Est-ce la mort de l’OPEP ? « Elle compte encore, nuance Jamie Webster, un autre expert d’IHS Energy. Elle est aujourd’hui en hibernation et son rôle a changé, mais elle reste une puissante force si elle décide d’agir, même si nous ne l’envisageons pas pour le moment. » Il estime que le transfert de l’Arabie saoudite aux Etats-Unis du rôle de producteur d’appoint n’est pas un mouvement très net et qu’il peut évoluer, les données géopolitiques, notamment au Moyen-Orient, restant importantes pour le marché du pétrole.Lire aussi :L’Algérie s’inquiète de la chute des cours du pétroleJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.06.2015 à 21h21 | Frédéric Lemaître (Munich, envoyé spécial) Trois jours avant l'ouverture du sommet du G7, dimanche à Elmau (Baviere), les anti-G7 se mobilisent. Jeudi 4 juin, jour férié et très ensoleillé en Bavière, environ trente-cinq mille personnes ont défilé dans Munich dans une ambiance très bon enfant.Si quelques banderoles s'en prenaient à Barack Obama et à la NSA, la principale cible des manifestants était moins le G7 proprement dit que le TTIP, l'accord de libre-échange que négocient actuellement l'Union européenne et les Etats-Unis. Les mots d'ordre de la manifestation étaient d'ailleurs : « Stopper le TTIP, sauver le climat, combattre la pauvreté. »Etonnement, Angela Merkel pourrait souscrire aux deux deniers points. Comme les manifestants, elle fait de la conférence de Paris sur le climat une priorité. Pour les nombreux ONG (Greenpeace, Attac...), partis (Les Verts, Die Linke, les Jeunes socialistes...) et syndicats (Verdi) qui appelaient à la manifestation, le TTIP est le nouveau cheval de Troie de la mondialisation. « No TTIP, No Fracking, No Frontex, No Monsanto » résumait une banderole. La lutte contre les OGM était également très présente dans les revendications. La veille, les militants avaient organisé un « G7 alternatif » dont les principaux orateurs étaient le Suisse Jean Ziegler et l'économiste indienne Jayati Ghosh.Les autorités sont en alerteJeudi, il était clair que c'était moins l'extrême gauche qui était descendue dans la rue que la classe moyenne bavaroise. La moyenne d'âge dépassait les 40 ans. Contrairement à ce que laissaient entendre les organisateurs, on aurait cherché en vain des slogans et des banderoles soutenant la Grèce.En fait, ce n'était pas à Munich mais à Garmisch-Partenkirchen que des violences sont attendues. Située à une quinzaine de kilomètres d'Elmau, la station de ski sera durant le week-end le lieu où se retrouveront les journalistes, les manifestants et dix-neuf mille policiers, un record dans l'histoire de la Bavière. Après les violents affrontements en février lors de l'inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne à Francfort, les autorités sont en alerte.Plusieurs manifestations sont prévues samedi. Les autorités bavaroises évaluent entre deux mille et trois mille le nombre de manifestants prêts à en découdre physiquement. Les opposants au G7 ont prévenu qu'ils tenteraient d'aller à Elmau, et les forces de l'ordre ont prévenu qu'elles ne les laisseraient pas passer. D'ores et déjà, quarante conteneurs ont été installés sur un ancien terrain militaire américain (tout un symbole) pouvant servir de cellules à deux mille personnes. Des dizaines de juges et d'avocats sont également réquisitionnés pour juger — jour et nuit si nécessaire — des personnes soupçonnées d'avoir commis des actes violents. Pour Angela Merkel, ce sommet doit être celui « de l'harmonie ».Frédéric Lemaître (Munich, envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.06.2015 à 15h44 • Mis à jour le04.06.2015 à 16h25 Aucune date n’a pour le moment été fixée, mais la privatisation totale de Royal Mail, la Poste britannique, sera bientôt effective. George Osborne, le ministre conservateur des finances, a annoncé jeudi 4 juin au Parlement que le gouvernement allait se désengager complètement de l’entreprise postale pour réduire la dette publique. Une majorité du capital de Royal Mail avait déjà été cotée à la Bourse de Londres en octobre 2013.« J’annonce aujourd’hui que le gouvernement va vendre les 30 % qui lui restent dans Royal Mail. C’est la meilleure chose à faire pour Royal Mail, ainsi que pour les entreprises et les familles qui en dépendent – et bien sûr aussi pour le contribuable », a-t-il expliqué devant les députés. Avec une action à 5,26 livres (environ 7 euros) mercredi soir, la vente pourrait rapporter jusqu’à 1,5 milliard de livres (un peu plus de 2 milliards d’euros).M. Osborne a également annoncé d’autres mesures économiques dans les ministères pour réduire le déficit public, qui a atteint 5,2 % lors de l’année budgétaire 2014-2015. Le gouvernement a promis de parvenir à l’équilibre budgétaire dès l’année 2018-2019. Ces nouvelles mesures devraient permettre de réduire la dette de 4,5 milliards de livres (6,17 milliards d’euros).Lire aussi : Avec Royal Mail Londres renoue avec les privatisations Gilles Paris (Washington, correspondant) Il y a quatre ans, Rick Perry avait accédé à une notoriété dont il se serait volontiers passé. Au cours d’un débat organisé le 9 novembre 2011 avec les sept autres prétendants à l’investiture républicaine, il avait torpillé sa candidature en se montrant incapable de nommer l’une des trois agences fédérales dont il venait de proposer la suppression. Ce véritable suicide politique (personne ne lui avait posé la question) avait duré quatre-vingt-deux interminables secondes, conclues par un « oups » aussi piteux que dévastateur. Une humiliation cuisante, et une tache sur une carrière pourtant flatteuse de self-made-man.Rick Perry, qui a annoncé jeudi 4 juin son intention de se présenter à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016, est né en 1950 dans une famille de fermiers à Paint Creek, au cœur du Texas. Après ses études, il passe cinq années au sein de l’armée de l’air où il pilote des avions de transport C-130, avant de revenir dans l’exploitation familiale. Parallèlement, il s’engage en politique, tout d’abord dans les rangs démocrates, ce qui dans un Etat du Sud n’a pas la même signification qu’à Washington.Élu à la Chambre des représentants du Texas, il fait d’ailleurs partie d’un groupe qui milite si activement pour la réduction des budgets de l’Etat qu’ils gagnent le surnom de « pitbulls ». Il bascule en 1989 dans le camp républicain, dont la poussée ne fait que commencer dans la Bible belt, et gagne un an plus tard l’élection pour le poste de commissaire à l’agriculture de l’Etat. Un succès obtenu avec l’aide d’un consultant, Karl Rove, promis à un brillant avenir aux côtés du républicain qui conquiert le poste le gouverneur du Texas en 1994, George W. Bush.Numéro 2 de George W. Bush au TexasLieutenant-général de l’Etat en 1998, ce qui lui confère le titre de numéro deux, il profite de l’accession à la Maison Blanche du gouverneur pour prendre la direction du Lone Star State pendant les deux années restantes du mandat de George Bush. Élu à cette fonction en 2002, réélu en 2006 puis en 2010, il conduit une politique républicaine orthodoxe (réductions des dépenses, baisses d’impôts) profitant du dynamisme de l’Etat qui bénéficie à partir de la fin de la décennie du développement inattendu de la production de gaz et de pétrole de schiste, même si ce boom s’accompagne d’un creusement des inégalités sociales.Ces succès et ses lettres de créances conservatrices sur la question des valeurs (230 condamnés sont exécutés pendant ses années de gouverneur et les obstacles à l’avortement sont renforcés), en font un candidat acceptable pour la droite même s’il semble initialement peu disposé à quitter le Texas. Après un passage à la tête de l’organisation rassemblant les gouverneurs républicains, il se lance en 2011 dans la bataille présidentielle, témoignant cependant presque immédiatement de son impréparation.Après sa retraite en rase campagne dès les premières primaires, il était retourné à sa fonction de gouverneur jusqu’au terme de son dernier mandat, en novembre 2014. Bien que régulièrement distancé par ses rivaux républicains dans les intentions de vote, il avait multiplié les déplacements au cours de ces derniers mois, notamment dans l’Iowa, premier Etat à se prononcer. Une façon de montrer qu’il n’entend pas laisser aux Américains comme seul souvenir national son fameux « oups » de 2011.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Samuel Laurent Face à la crise européenne provoquée par l’afflux de migrants, le gouvernement Valls a promis des mesures rapides. Il a proposé un plan en plusieurs points destiné à gérer l’arrivée de migrants en France : renforcement des contrôles, créations de « pôles éloignement » interservices, promotion de l’aide au retour…Lire : Un plan pour améliorer la prise en charge des migrantsMais il a également voulu répondre à l’engorgement des centres d’accueil pour demandeurs d’asile, en promettant un total de 10 500 places supplémentaires. Un chiffre qui ne suffira sans doute pas à pallier le manque de places dans les centres d’hébergement pour les demandeurs d’asile.1 - Quel accueil pour les demandeurs d’asile ?Un migrant peut demander l’asile en France si sa vie est menacée dans son pays d’origine pour des motifs politiques ou religieux, par exemple. Il dépose une demande qui doit être étudiée. Le temps de cet examen, le demandeur d’asile est, dans la mesure du possible, accueilli et hébergé.On comptait, en 2014, 25 410 places en centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), qui sont gérées par l’Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Le gouvernement avait déjà lancé la construction de 5 000 places supplémentaires, chiffre qu’il a doublé, promettant désormais 10 500 places en plus à fin 2015. Mais l’afflux de demandeurs s’élève largement au-delà : en 2014, selon les chiffres du ministère, ce sont 64 811 demandes qui ont été formulées, dont 13 859 mineurs. Les places supplémentaires n’empêcheront donc pas certains demandeurs de dormir dehors.Lire notre reportage : A la frontière franco-italienne, l’incessant va-et-vient des migrants refoulés2 - Des délais de traitement de plusieurs annéesA son arrivée sur le territoire, un migrant dispose d’un délai de 21 jours pour constituer un dossier de demande d’asile, qu’il doit ensuite remettre à l’Ofpra. En 2014, les demandes d’asile mettaient en moyenne 205 jours à être traitées par l’Ofpra, qui faisait état d’un « stock » de près de 30 000 dossiers en souffrance.Voir notre grand format : A Paris, le parcours du combattant des demandeurs d’asile se poursuitEn attendant cette réponse, un migrant reçoit une autorisation de séjour provisoire (APS) et peut demander des aides : logement dans un CADA ou auprès d’une association, et, s’il n’a aucune ressource ni autre aide, une allocation temporaire d’attente (ATA) : 11,45 euros par jour (343,5 euros par mois). #container_14346165980{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14346165980{ height:500px; } #container_14346165980 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14346165980 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14346165980 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14346165980 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Délais moyen de traitement des dossiers par l'OFPRASource : Rapport parlementaire(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14346165980", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","1er semestre 2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Délai moyen de traitement des dossiers", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 118 ], [ "", 145 ], [ "", 174 ], [ "", 186 ], [ "", 204 ], [ "", 205 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " jours", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Traitement des dossiers par l'OFPRAEt "stock" de dossiers en souffrance(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14346169995", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","1er semestre 2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "*Stock global*", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 15000 ], [ "", 19000 ], [ "", 22500 ], [ "", 24500 ], [ "", 29900 ], [ "", 29800 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Nombre de dossier traités", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 35331 ], [ "", 37667 ], [ "", 42249 ], [ "", 46020 ], [ "", 46684 ], [ "", 25080 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}3 - Recours et appelsEn outre, si sa demande d’asile n’est pas acceptée, le migrant peut se tourner vers une instance d’appel : la CNDA (Cour nationale du droit d’asile), qui peut rejeter la décision de l’Ofpra et demander un nouvel examen. Or, la CNDA est encore plus engorgée que l’Ofpra : les délais peuvent s’étaler sur deux ans, voire plus.Si la CNDA refuse elle aussi la demande, le migrant reçoit une OQTF : obligation de quitter le territoire français, sous peine d’être expulsé par la force publique. Une OQTF peut également être l’objet d’un recours devant le tribunal administratif, qui peut suspendre la procédure.Le gouvernement a lancé, depuis 2013, une réforme de l’asile, qui prévoit une série d’améliorations destinées à accélérer les procédures. La loi, votée en première lecture fin 2014 par l’Assemblée, puis le Sénat, est en cours de réexamen par les députés.4 - Combiens de demandes acceptées ?La France, contrairement à certains clichés, n’est pas très généreuse dans l’octroi de l’asile. En 2014, sur 52 053 décisions rendues par l’Ofpra, seules 8 763 étaient positives, soit 16 % environ.La CNDA n’est pas plus généreuse : en 2014, elle a traité 37 345 recours, et prononcé 5 826 annulations de la décision de l’Ofpra, soit 15 % de réponses favorables.Au total, en cumulant les données de ces deux instances de décision, chaque année, ce sont 20 à 25 % des demandes qui sont acceptées, via l’Ofpra ou la CNDA. Un taux en hausse ces dernières années, mais dont la croissance reste inférieure à celle des demandes d’asile. #container_14349674380{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14349674380{ height:500px; } #container_14349674380 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14349674380 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14349674380 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14349674380 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Demandes d'asile acceptées depuis 2008La hausse des demandes est plus rapide que la hausse des acceptationsSource : Ministère de l'intérieur(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14349674380", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2008","2009","2010","2011","2012","2013","2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 42599 ], [ "", 47686 ], [ "", 48074 ], [ "", 52147 ], [ "", 55255 ], [ "", 60461 ], [ "", 59313 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Attributions d'asile", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 11484 ], [ "", 10401 ], [ "", 10377 ], [ "", 10755 ], [ "", 10028 ], [ "", 11428 ], [ "", 14589 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}5 - Une vague « sans précédent » ?Au-delà de l’actuel afflux de migrants, un peu de recul historique permet de voir que cette « vague », aussi exceptionnelle soit-elle, n’est pas inédite.On le constate : les demandes connaissent des « pics » réguliers : à la fin des années 1980, au début des années 2000, et depuis 2012. #container_14307466809{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14307466809{ height:500px; } #container_14307466809 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14307466809 .titre:before{ font-size:13px; 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Les Européens veulent souligner le fait que cette opération militaire n’est qu’un volet d’une « Stratégie pour la migration » élaborée récemment par la Commission de Bruxelles. Elle vise aussi, dans un scénario idéal, à œuvrer sur les causes des migrations, dans les pays d’origine et les pays de transit, insiste Mme Mogherini. Et à répartir les demandeurs d’asile et les réfugiés entre les Vingt-Huit, ce qui doit faire l’objet d’une nouvelle discussion au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, jeudi et vendredi, à Bruxelles.Lire aussi :En Libye, après le sud saharien, la menace djihadiste gagne le littoralLa phase 1 de l’opération européenne vise officiellement à collecter des renseignements précis sur les passeurs, leur stratégie, leurs moyens et leur « modèle économique ». « Nous savons déjà beaucoup de choses sur les réseaux, mais pas assez pour atteindre toutes nos cibles », précise un diplomate européen.Eunavfor Med sera menée en liaison avec l’OTAN – qui poursuit en Méditerranée sa mission antiterroriste Active Endeavour, lancée en 2001 – et diverses agences onusiennes, l’agence européenne Frontex, etc. Une collaboration avec l’Union africaine et divers pays arabes est également évoquée, selon les modalités qui ne sont pas précisées à ce stade.Lire (en édition abonnés) : Le concept stratégique de l'OTAN à l'épreuve du réelCommandée depuis un quartier général européen établi à Rome, l’opération impliquera, dans un premier temps, une douzaine d’Etats membres de l’Union, « du Nord et du Sud ». Une dizaine fournit des équipements pour le lancement – dans quelques jours – de l’opération. Elle comportera initialement cinq navires de guerre, trois avions de reconnaissance et de patrouille, trois hélicoptères, deux sous-marins et deux drones. Le bateau de commandement sera italien mais ne transportera pas d’avions de combat. « Du moins au début ; pour la suite, on verra », précise une source diplomatique.Deux navires ont subi des tirs récemmentLe lancement de l’opération se fera « dans un environnement complexe », commente la même source, qui indique que deux navires marchands croisant au large des côtes libyennes ont subi des tirs récemment, à partir du sol et des airs. Des trafiquants ont, d’autre part, menacé des embarcations venues au secours de migrants.Les responsables d’Eunavfor Med estiment qu’elle sera totalement opérationnelle dans un mois. La suite ? Un passage éventuel à la phase 2. A savoir des interceptions en haute mer, puis dans les eaux libyennes, en cas de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU et d’un accord des autorités libyennes. Cela supposerait une nouvelle décision du Conseil. Comme pour un éventuel passage à la phase 3, visant à mettre hors service les embarcations des passeurs, en Libye.A ce stade, les responsables européens préfèrent éviter les questions sur ces évolutions possibles. Et ils nient farouchement vouloir s’impliquer dans une opération antiterroriste, même si une partie importante de la côte libyenne est sous le contrôle de l’Etat islamique. « Nous procéderons à une première évaluation dans un mois et nous étudierons ensuite la mise en œuvre éventuelle des étapes 2 et 3 », déclare une source militaire, qui affirme que la réflexion sur la suite de l’opération n’est pas encore engagée.Jean-Pierre Stroobants (Luxembourg, Envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2uxui7"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2uxui7", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});L’armée israélienne et les groupes armés palestiniens, en particulier le Hamas, qui se sont affrontés à l’été 2014 dans la bande de Gaza, ont commis des violations importantes du droit humanitaire international et des droits de l’homme. Des violations susceptibles d’être qualifiées de « crimes de guerre ». Telle est la conclusion du rapport présenté lundi 22 juin par une commission indépendante mise en place par les Nations unies, à la demande du Conseil des droits de l’homme.Impunité partagée pour les coupables, puissance de feu exponentielle, tirs indiscriminés, confusion volontaire entre les civils et les ennemis combattants : à des échelles différentes, et selon des modalités variables, les deux parties ont négligé le droit international, dans cette guerre asymétrique. « Le niveau de dévastation est sans précédent », note le texte. Au total, rappelle-t-il, 2 251 Palestiniens ont été tués, dont 1 462 civils et 551 enfants. Côté israélien, 67 soldats et 6 civils ont perdu la vie.« L’impunité prévaut à tous les niveaux »L’Autorité palestinienne s’est engagée à étudier le rapport. Israël a dénoncé – c’est une habitude – la partialité de la commission, considérée comme décrédibilisée. « Il est regrettable que le rapport ne parvienne pas à reconnaître la différence profonde entre le comportement moral d’Israël pendant l’opération “Bordure protectrice” et les organisations terroristes qu’il a affrontées », a réagi le ministère des affaires étrangères israélien. Une nouvelle fois, l’Etat hébreu souligne « l’obsession singulière » du Conseil des droits de l’homme de l’ONU au sujet d’Israël, qui serait vu comme « présumé coupable ».La commission, elle, met en cause « l’impunité qui prévaut à tous les niveaux » dans les actions des forces armées israéliennes, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie, dans les opérations de maintien de l’ordre, où elles utilisent de plus en plus fréquemment des balles réelles. La responsabilité de l’état-major et du pouvoir politique, qui valident certaines pratiques au plus haut niveau, serait engagée. Le rapport invite Israël, en conclusion, à reviser drastiquement sa doctrine militaire sur tous les points jugés sensibles.Méthodologie limitéeLe 23 juillet 2014, alors que l’opération « Bordure protectrice » battait son plein dans la bande de Gaza, le conseil des droits de l’homme des Nations unies avait décidé de mettre en place une commission d’enquête, lancée en septembre. Son champ d’investigation s’étendait à l’ensemble des territoires palestiniens, pour mettre au jour d’éventuelles atteintes aux droits fondamentaux. Israël a refusé de coopérer avec cette commission, présidée par le professeur de droit canadien William Schabas. Début février, celui-ci a été contraint de démissionner lorsqu’il est apparu qu’il avait ponctuellement travaillé comme expert auprès de l’Autorité palestinienne.Lire aussi : Israël présente sa version de l’opération « Bordure protectrice » à GazaLa commission reconnaît que sa méthodologie a été très limitée par l’impossibilité de se rendre physiquement dans les territoires. Israël a opposé une fin de non-recevoir. L’Egypte a prétexté des soucis sécuritaires pour ne pas permettre l’entrée des enquêteurs dans la bande de Gaza par Rafah. La commission explique qu’elle a tout de même recueilli plus de 280 témoignages avec des victimes et des témoins, essentiellement par Skype ou par téléphone. Ils se révèlent accablants pour les deux parties.Attaques « disproportionnées »La majorité des 4 881 roquettes tirées par les islamistes du Hamas et du Djihad islamique ne permettaient aucune précision. Elles ont été déclenchées dans la direction de villes, de zones d’habitation civiles israéliennes. Ces violations répétées du principe de distinction entre combattants et non combattants peuvent être assimilées à des crimes de guerre, dit le rapport. Il souligne le traumatisme psychologique chez les civils israéliens, accentué par la découverte de 14 tunnels d’attaque achevés entre la bande de Gaza et les habitations périphériques. Il dénonce aussi la pratique d’exécutions extrajudicaires, 21 prétendus « collaborateurs » palestiniens ayant été tués en août 2014.Côté israélien, l’aviation a conduit plus de 6 000 bombardements, dont « de nombreux ont frappé des bâtiments résidentiels ». « Le Bureau pour la coordination des affaires humanitaires [OCHA] a établi qu’au moins 142 familles palestiniennes ont compté trois membres morts ou plus dans le même incident, pour un total de 742 victimes », dit le rapport. Selon les enquêteurs, le fait d’avoir poursuivi les bombardements malgré l’importance des dommages humains et matériels pose la question d’une stratégie, d’une politique, au moins tacitement approuvée au sommet du gouvernement.La commission s’est notamment penchée sur 15 attaques. Dans six cas, rien ne permet de justifier la conduite de raids sur la cible, non militaire. « Beaucoup des incidents ont eu lieu dans la soirée ou à l’aube, lorsque les familles se réunissent pour l’iftar et le suhhur, les repas du ramadan, ou la nuit, lorsque les gens dorment. » Selon le rapport, l’avantage militaire clair que devaient procurer les bombardements n’était pas établi, la plupart du temps. « Il existe de fortes indications que ces attaques ont pu être disproportionnées, et qu’elles relèvent donc de crimes de guerre », tranche le rapport.La commission s’est aussi étendue sur trois attaques au sol, dans les quartiers de Shejayia, Khuzaa et Rafah. Elle souligne que les forces armées israéliennes ont utilisé des armes explosives en nombre impressionnant, au rayon d’impact considérable, dans des zones très fortement peuplées. L’armée s’est ainsi exposée à l’accusation de conduire « des attaques indiscriminées », qui « dans certaines circonstances peuvent être assimilées à des attaques directes contre des civils, donc à des crimes de guerre ». Confirmant les témoignages de soldats israéliens recueillis par l’ONG Breaking the Silence, le rapport affirme que « les destructions par les tirs d’artillerie, les frappes aériennes et les bulldozers ont pu être adoptées comme une tactique de guerre ».Lire aussi :Israël a une vision singulière du droit de la guerrePiotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.06.2015 à 12h25 • Mis à jour le22.06.2015 à 14h49 Narendra Modi a gagné son pari : remettre le yoga au goût du jour, rappeler au monde entier l’origine indienne de cette discipline et flatter ainsi la fibre patriotique de ses concitoyens. Le premier ministre de l’Inde a donné dans le spectaculaire pour la première journée mondiale du yoga organisée au solstice d’été, dimanche 21 juin. A l’aube, il a réussi à rassembler une foule immense sur Rajpath, l’avenue de New Delhi reliant le siège de la présidence, Rashtrapati Bhavan, à l’arc de triomphe d’India Gate. Près de 36 000 tapis multicolores avaient été déroulés sur l’asphalte, et même si c’est quelque peu contraints et forcés que ministres, parlementaires et fonctionnaires de la capitale sont venus participer à l’événement, deux records dignes de figurer au Guinness ont bel et bien été battus : celui du plus grand cours de yoga jamais dispensé dans le monde et celui du plus cosmopolite, avec 84 nationalités représentées.Peu après le lever du soleil, Narendra Modi est arrivé habillé de blanc, le cou ceint d’une écharpe aux couleurs du drapeau indien. Avant de retirer ses lunettes et d’accomplir lui-même, durant une bonne demi-heure, plusieurs postures physiques (les asanas) et exercices de respiration (les pranayamas), il a prononcé un discours rapide lui donnant l’occasion de se féliciter du soutien de l’ONU dans cette affaire. C’est à la tribune des Nations unies qu’il avait en effet demandé l’instauration de cette journée mondiale du yoga, en septembre 2014, et il n’a fallu que trois mois à l’assemblée générale, à New York, pour donner son assentiment. Pour M. Modi, qui le pratique au quotidien depuis de longues années, le yoga va bien au-delà d’un exercice physique. C’est une activité, a-t-il dit, porteuse de « bien-être pour l’humanité », qui peut aider à instaurer « un monde sans tension » et à répandre sur la planète « un message d’amour et de bienveillance ». « Nous ne faisons pas que célébrer une journée. Nous entraînons l’esprit humain à ouvrir une nouvelle ère de paix », a-t-il déclaré dimanche. Message reçu : dans toutes les grandes métropoles du sous-continent, mais également du glacier de Siachen, au Cachemire, à la mer de Chine, en passant par la plage de Bondi, à Sydney, les bords de la Tamise, à Londres, ou la Tour Eiffel, des centaines de milliers de gens ont médité dans la pose du lotus, après avoir pris les positions du chien, du cobra ou du chameau.
« Opération de communication »En Inde, les tentatives de récupération politique ont fait un flop. Dans l’opposition, le parti du Congrès a boudé la séance, dénonçant « une opération de communication » destinée à redresser la cote de popularité d’un premier ministre au maigre bilan, un an après son accession au pouvoir. La formation dirigée par la famille Gandhi a notamment fait remarquer que le ministère du yoga, mis en place en tant que tel à l’automne dernier, a vu son budget communication passer de 9 à 44 millions d’euros en un an. Dans le registre religieux, la journée mondiale du yoga n’a pas provoqué de frictions particulières. Si certains membres de la communauté musulmane ont refusé d’y participer, c’est pour ne pas avoir à chanter des om, le mantra considéré par les hindous comme le son de la vibration de l’univers. Quant aux éléments les plus radicaux du Bharatia Janata Party (BJP), le parti majoritaire, qui estimaient que les opposants au yoga devaient « se noyer en mer ou quitter l’Inde », ils n’ont pas reçu beaucoup d’écho et le gouvernement Modi a pris ses distances avec eux.Lire aussi :Le yoga, nouvelle arme du « soft power » indienIntérim. 22.06.2015 à 11h46 • Mis à jour le22.06.2015 à 11h48 Une dizaine d’avions qui devaient prendre les airs à l’aéroport Frédéric-Chopin de Varsovie ont été cloués au sol, dimanche 21 juin en fin d’après-midi, en raison d’une « attaque » contre les systèmes informatiques de la compagnie aérienne polonaise LOT.Selon la compagnie aérienne nationale polonaise, l’attaque visait « le système d’opération au sol », notamment responsable des plans de vol – élément indispensable dans l’aviation – des appareils. Au total, vingt vols, au départ et à destination de Hambourg, Stockholm, Copenhague ou encore Düsseldorf ont été annulés, touchant environ 1 400 passagers. Les appareils ont tous pu décoller en fin de soirée, a expliqué un porte-parole de la compagnie.Lire aussi :Le FBI s’inquiète du possible piratage d’un avion« Il s’agit d’une première attaque de ce genre [contre LOT]. Il y a eu dans le passé des attaques contre d’autres compagnies aériennes », a-t-il encore précisé.Les services de sécurité polonais, notamment l’Agence de sécurité intérieure ABW et le Centre gouvernemental de sécurité, ont été mobilisés. 22.06.2015 à 06h32 • Mis à jour le22.06.2015 à 12h26 | Audrey Tonnelier Pour Agnès Benassy-Quéré, professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et présidente déléguée du Conseil d’analyse économique (CAE), le problème grec ne se règlera pas en recourant uniquement à des mesures d’austérité.Lundi 22 juin se tenait un conseil extraordinaire des dirigeants de la zone euro pour tenter d’éviter un défaut de paiement grec et un « Grexit ». Etes-vous optimiste ?Dans ce dossier, plus personne n’agit de façon rationnelle. On pourrait très bien aboutir à un « Grexit » alors que ni Athènes, ni ses créanciers n’y ont intérêt. On discute sur moins de 2 milliards, à comparer aux 300 milliards de dette que les Grecs ont vis-à-vis de l’Europe (200 milliards dus aux partenaires européens et 100 milliards à l’eurosystème – mécanisme Target).Lire aussi :Grèce : plusieurs scénarios différentsMais c’est la souveraineté des uns qui s’oppose à la souveraineté des autres. D’un côté, le gouvernement grec, élu sur un programme précis et soutenu par la population (qui retire toutefois ses dépôts des banques). De l’autre, les pays européens qui ne veulent pas se voir contraints de payer pour la Grèce. Pensez, les dépenses de retraite grecques représentent 16 points de PIB, c’est deux fois plus qu’en Slovaquie, par exemple ! Les salaires sont également moins élevés à Bratislava qu’à Athènes. Difficile pour les pays les plus pauvres de la zone euro de digérer le fait qu’ils doivent aider la Grèce…Et ne parlons pas de certains membres émergents du Fonds monétaire international (FMI), qui sont vent debout contre les inégalités de traitement qu’engendre la crise grecque. Le Fonds avait été bien plus dur durant la crise asiatique de 1997.Comment en est-on arrivé là ?Le Parlement européen ne dispose pas du pouvoir d’imposer une solution, de dire « vous avez outrepassé les règles ». Résultat : le sort de la Grèce se retrouve entre les mains d’une institution technocratique, la Banque centrale européenne (BCE), qui agit dans le cadre de son mandat (assurer la stabilité monétaire).Lire aussi :La BCE agite le risque de panique bancaire en GrècePar deux fois, la semaine dernière, elle a relevé le plafond de refinancement des banques grecques pour leur éviter la faillite, compte tenu de l’ampleur des retraits. Elle n’avait pas d’autre choix car elle ne peut pas décider seule de faire sortir la Grèce de la zone euro en interrompant la fourniture de liquidités. Tant qu’il y a un espoir d’accord, aussi mince soit-il, la BCE poursuit son action.Cet espoir existe-t-il encore ?La date du 30 juin à laquelle Athènes doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI n’est pas si importante, car un défaut sur le FMI ne signifie pas automatiquement un défaut sur les autres dettes. En revanche, en juillet, la Grèce doit rembourser plus de 6 milliards d’euros à la BCE. Même en cas d’accord à l’arraché, il est sans doute déjà trop tard pour mettre en place un vrai troisième plan d’aide à la Grèce : l’été arrive, il faudrait qu’il soit ratifié par le Bundestag allemand…Mais il reste encore quelques fonds de tiroirs. Environ 10 milliards d’euros de réserves du deuxième plan d’aide, destinés à recapitaliser les banques grecques, n’ont pas été utilisés. Les Européens pourraient accepter qu’ils soient réorientés.Le problème, c’est que le niveau de crédibilité du gouvernement grec est aujourd’hui nul. Les Grecs n’ont fait que de vagues promesses de réformes. Les créanciers, eux, attendent des mesures immédiates et un calendrier précis. C’est pour cela qu’ils insistent autant sur des mesures comme la réforme de la TVA.Là où le gouvernement Tsipras a raison, c’est qu’on ne réglera pas le problème grec en recourant uniquement à des mesures d’austérité. Il faut engager des réformes en matière de justice, de concurrence. Les prix baissent depuis deux ans, mais, depuis 2009, ils ont quand même augmenté de plus de 6 % quand les salaires nominaux reculaient de 15 % !Lire aussi :Les nouvelles propositions grecques jugées insuffisantesLa question des retraites, sur laquelle achoppent les discussions, est édifiante : le pays investit essentiellement pour ses concitoyens âgés, ce n’est pas un signe positif pour sa croissance. Trente pour cent des employés du secteur public sont en retraite avant 55 ans ! Dans le même temps, le système de protection sociale est faible, voire inexistant, donc de nombreuses familles vivent grâce à la retraite des grands-parents. C’est tout le système de protection social qui est à revoir.Compter uniquement sur l’austérité ne marche pas en Grèce. En Irlande, en 2010 [au moment du renflouement du pays par le FMI], la baisse des salaires a entraîné un rebond de la compétitivité, donc des exportations, et l’économie est repartie dès 2011. La Grèce est un pays fermé, le poids des emplois publics est très important et les exportations très faibles.Faut-il imposer le contrôle des capitaux ?Pour cela, il faudrait que le Parlement grec le décide, et il n’y est pas incité tant que la BCE poursuit son soutien. En effet, chaque jour, les fuites de capitaux hors de Grèce engendrent des dettes de la Banque centrale de Grèce à l’égard de l’eurosystème. Ce montant atteint aujourd’hui environ 100 milliards d’euros et renforce le poids de la Grèce dans les négociations : si demain la Grèce sort de la zone euro, les Européens ne récupéreront pas cet argent.Quel serait le coût d’un « Grexit » pour la France ?L’exposition officielle de la France au risque grec (Etat et Banque de France) est de l’ordre de 1 000 euros par personne. Ce n’est pas négligeable, même si, en cas de défaut, tout ne serait pas perdu. La Grèce est petite par son PIB mais est beaucoup plus grande par sa dette. Les Allemands en ont conscience, les Français beaucoup moins.Les Allemands craignent-ils davantage le « Grexit » que les Français ?Non. Les Allemands sont, dans l’ensemble, persuadés que si la Grèce sort de la zone euro, cela va renforcer cette dernière, car cela montrera aux autres membres de la zone euro qu’on ne peut pas impunément transgresser les règles. Un « Grexit » aurait surtout pour conséquence d’affaiblir la zone euro, en montrant que l’appartenance à la monnaie unique n’est pas irréversible.Lire aussi :Quelles seraient les conséquences d’un « Grexit » pour la zone euro ?De plus, penser qu’un « Grexit » supprimerait le problème grec, c’est se bercer d’illusion ! Prenez la question des migrants qui arrivent en Europe par la Grèce : affaibli, le pays ne pourra plus s’en occuper, ce sera à l’Europe de le faire. Les conséquences sociales et humanitaires d’un « Grexit » seraient majeures.Faut-il craindre un effet de contagion sur les marchés ?A court terme, la zone euro dispose des instruments pour l’éviter (QE – « quantitative easing », OMT – opérations monétaires sur titres –, MES – mécanisme européen de stabilité). Mais à plus long terme, au prochain choc économique ou politique, les marchés réagiraient sûrement avec violence, faisant de nouveau bondir les rendements des emprunts d’Etats les plus fragiles.Si le « Grexit » se produit, l’Union aura besoin d’une initiative d’intégration supplémentaire. Les Etats membres devront reconnaître que le « Grexit » est un échec de l’intégration européenne, que nous ne disposons pas des bonnes institutions pour mener à bien cette dernière et qu’il faudrait les créer.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.06.2015 à 22h27 • Mis à jour le22.06.2015 à 10h19 A la veille d’un nouveau sommet de l’Eurogroupe pour tenter de statuer sur le sort de la Grèce, plus de 7 000 personnes se sont rassemblées, selon la police grecque, dans le centre d’Athènes, pour protester contre la politique d’austérité en Grèce, dimanche 21 juin.Les manifestants ont reçu la visite de différentes personnalités du parti au pouvoir Syriza comme la présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou ou le ministre de l’énergie Panagiotis Lafazanis, sur une place ornée de multiples banderoles comme « si nous ne les [les créanciers] arrêtons pas, ils ne s’arrêteront pas », « non à l’euro », ou « on ne peut pas faire chanter le peuple, le pays n’est pas à vendre ».Selon notre reporter sur place, de nombreux slogants prônaient la sortie de la zone euro.#Grece manif anti-austérité "La zone euro c'est le problème, en sortir est la solution" http://t.co/FW8uiKWbCL— aline_leclerc (@Aline Leclerc)require(["twitter/widgets"]);#grece Kaiti, 63 ans, retraitée "Rester ds la zone euro au prix de nvelles mesures d'austérité ou en sortir je ne sais pas ce qui est pire"— aline_leclerc (@Aline Leclerc)require(["twitter/widgets"]);#grece Manif anti-austérité Stefanos, 31 ans, graphiste au chômage "puisqu'on en est là, allons jusqu'au bout, sortons ds la zone euro"— Aline Leclerc (@aline_leclerc) 21 Juin 2015 26.06.2015 à 16h23 • Mis à jour le26.06.2015 à 18h12 C’est une décision historique. La Cour suprême a légalisé, vendredi 26 juin, le mariage homosexuel dans l’ensemble des Etats-Unis. Deux ans seulement après avoir décrété que le mariage n’était pas réservé aux couples hétérosexuels, la Haute Cour a jugé, par cinq voix contre quatre, que les 14 Etats américains qui refusent aujourd’hui d’unir deux personnes de même sexe devaient non seulement les marier, mais aussi reconnaître leur mariage lorsqu’il a été célébré ailleurs.Au nom de l’égalité de tous devant la loi, « le 14e Amendement requiert d’un Etat qu’il célèbre un mariage entre deux personnes de même sexe », a écrit le juge Anthony Kennedy, s’exprimant au nom de la majorité de la Cour suprême. « Le droit au mariage est fondamental », a-t-il souligné. Il a aussi écrit, dans le dernier paragraphe de la décision rendue par la plus haute juridiction des Etats-Unis :Aucune union n’est plus profonde que le mariage, car le mariage incarne les plus hauts idéaux de l’amour, la fidélité, la dévotion, le sacrifice et la famille. En formant une union maritale, deux personnes deviennent quelque chose de plus grand que ce qu’elles étaient auparavant. Le mariage incarne un amour qui peut perdurer malgré la mort. Ce serait ne pas comprendre ces hommes et ces femmes que de dire qu’ils manquent de respect à l’idée du mariage. Leur plaidoyer consiste à dire que justement ils le respectent, le respectent si profondément qu’ils cherchent eux-mêmes s’accomplir grâce à lui. Ils demandent une dignité égale aux yeux de la loi. La Constitution leur donne ce droit.Lire aussi :La Cour suprême étudie la légalité du mariage gay aux Etats-Unis« Un grand pas vers l’égalité »Le juge conservateur a ajouté son vote à celui des quatre juges progressistes de la Haute Cour pour permettre aux gays et lesbiennes de se marier aux quatre coins des Etats-Unis. Le président de la Haute Cour, John Roberts, s’y est opposé, ainsi que les trois autres juges conservateurs. Les homosexuels avaient jusqu’ici le droit de se marier dans trente-six Etats du pays et dans le district de Columbia, où se trouve Washington.Sur son compte Twitter, le président Barack Obama a salué à l’annonce de cette décision « un grand pas vers l’égalité ».Today is a big step in our march toward equality. Gay and lesbian couples now have the right to marry, just like anyone else. #LoveWins— POTUS (@President Obama)require(["twitter/widgets"]);« C’est une victoire pour les alliés, les amis et les soutiens du mariage gay qui ont passé des années, voire des décennies, à travailler et prier pour que le changement intervienne. Et cette décision est une victoire pour l’Amérique », a déclaré plus tard le président américain depuis les jardins de la Maison Blanche.Des partisans du mariage homosexuel se sont réunis devant la Cour suprême à Washington, et dans d’autres villes du pays, pour célébrer cette décision. Sur Twitter, c’est avec le mot clé #LoveWins (L’amour l’emporte) que les internautes saluent cette avancée.love is love #LoveWins http://t.co/DwPVD2MIa8— mukesxbox (@kaitlyn)require(["twitter/widgets"]);Retweet to spread the word. #LoveWins http://t.co/JJ5iCP4ZWn— BarackObama (@Barack Obama)require(["twitter/widgets"]);  SSM Decision Adrien Le Gal Pas d’inquiétude, du moins pour le moment. Après le rejet par la cour administrative de Djakarta d’un recours introduit par les avocats de Serge Atlaoui, lundi 22 juin, ses soutiens ont tenu des propos rassurants, indiquant que la mobilisation entrait à présent dans le « long terme », vendredi 26 juin lors d’une rencontre au siège de l’ONG Ensemble contre la peine de mort (ECPM), à Montreuil (Seine-Saint-Denis).Le Français, arrêté en 2005 en Indonésie dans une affaire de stupéfiants et condamné à mort en 2007, a échappé de justesse au peloton d’exécution, en avril, alors que huit autres condamnés à mort – deux Australiens, un Brésilien, quatre Africains et un Indonésien – ont été fusillés, tous pour des affaires de stupéfiants.Lire aussi :Indonésie : nouveau répit pour Serge AtlaouiSerge Atlaoui contestait, devant la cour administrative de Djakarta, la non-motivation du refus du président indonésien, Joko Widodo, de lui accorder sa grâce, mais celle-ci s’est déclarée incompétente.« Si moi-même je suis revenue en France avant la décision du tribunal administratif, c’est que je savais qu’il n’y aurait pas une urgence immédiate et qu’il ne serait pas remis à court terme sur une liste d’exécution. Nous nous attendions à cette décision du tribunal administratif », indique Sabine Atlaoui, son épouse.Danger « pas imminent »« Le danger ne paraît pas imminent, ajoute Richard Sédillot, l’avocat français de Serge Atlaoui. Nous savions que la cour administrative se déclarerait incompétente. Elle l’avait déjà fait à la requête des deux ressortissants australiens, il n’y avait pas de raison qu’elle modifie sa jurisprudence. Néanmoins, elle a instruit le dossier beaucoup plus longuement qu’elle ne l’avait fait pour les deux Australiens, manifestant ainsi, enfin, l’intérêt qui doit être porté au dossier de M. Atlaoui, car il nous a semblé que pendant longtemps, il avait été traité de façon expéditive. »« Le travail commun fait par Sabine [Atlaoui], les avocats, ECPM, la diplomatie, l’ambassadrice, le consul, a été très bien coordonné, et c’est ça qui a sauvé [jusque-là] M. Atlaoui », a ajouté l’avocat.Un porte-parole du ministère indonésien des affaires étrangères avait suscité l’inquiétude en annonçant, le 25 juin à Djakarta, que Serge Atlaoui avait épuisé tous ses recours : « Nous lui avons donné la possibilité d’exercer tous ses droits légaux », avait-il déclaré lors d’une conférence de presse. « C’est un avis émis par un fonctionnaire mais qui ne semble pas engager le gouvernement, réagit Me Sédillot, qui indique que la défense introduira de nouveaux recours devant la justice indonésienne. Des procédures seront engagées de façon plus sereine. M. Atlaoui est toujours condamné à mort. Le risque n’est plus imminent, même s’il n’est pas devenu théorique pour autant », ajoute-t-il, évoquant « un certain nombre de signaux » rassurants en provenance « de la diplomatie ».Le directeur d’ECPM, Raphaël Chenuil-Hazan, qui souhaite poursuivre le combat contre la peine de mort en Indonésie, assure que l’opinion publique indonésienne est « prête à entendre » les arguments des abolitionnistes. « Ce pays peut évoluer, son opinion publique aussi », veut-il croire, citant la « une » du quotidien indonésien anglophone Jakarta Globe, qui avait titré, le 23 juin, « Not Again », appelant à ne pas exécuter M. Atlaoui.Lire aussi :Peine de mort : « Jokowi cherche surtout à convaincre les Indonésiens »« Beaucoup d’observateurs nationaux, avocats, journalistes, responsables politiques, et même le gouverneur de Djakarta, souhaitent que l’on passe à autre chose après la vague d’exécutions », ajoute M. Chenuil-Hazan.Le gouverneur de la capitale indonésienne, Basuki Tjahaja Purnama, un proche du président Widodo, qui occupait son siège avant l’élection présidentielle, s’est déclaré opposé à la peine de mort, début mars.Adrien Le GalEditeur au service internationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.06.2015 à 12h51 • Mis à jour le26.06.2015 à 13h19 Le Saint-Siège et « l’Etat de Palestine » ont signé vendredi 26 au Vatican un accord historique sur les droits de l’Eglise catholique dans les territoires palestiniens, a annoncé le Vatican dans un communiqué.L’accord a été signé dans le palais pontifical par le secrétaire pour les relations avec les Etats (ministre des affaires étrangères), le prélat britannique Paul Richard Gallagher, et par le ministre palestinien des affaires étrangères Riyad Al-Maliki. La mise au point de ce texte par une commission bilatérale avait été achevée le 13 mai dernier après quinze ans de négociations entre les deux parties.« Etat de Palestine »L’accord exprime le soutien du Vatican à une solution « du conflit entre Israéliens et Palestiniens dans le cadre de la formule de deux Etats », avait expliqué en mai Mgr Antoine Camilleri, chef de la délégation du Saint-Siège, dans un entretien à L’Osservatore Romano.Même si le Vatican parle d’« Etat de Palestine » depuis début 2013, les Palestiniens estiment que cette signature équivaut à « une reconnaissance de facto » de leur Etat.Pour l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), cet accord fait du Vatican le 136e pays à avoir reconnu l’Etat de Palestine.Lire aussi :Israël-Palestine : « On se dirige vers un seul Etat »Israël mécontentCet accord mécontente Israël, pour qui « une telle décision ne fait pas avancer le processus de paix et éloigne la direction palestinienne de la table des négociations bilatérales ».Le Saint-Siège, qui a des relations diplomatiques avec Israël depuis 1993, négocie depuis 1999 un accord sur les droits juridiques et patrimoniaux des congrégations catholiques dans l’Etat hébreu. 26.06.2015 à 12h26 • Mis à jour le26.06.2015 à 13h15 La culture mondiale d’opium est en plein essor, et atteint son plus haut niveau depuis les années 1930 : c’est le constat que dresse l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans son rapport annuel publié vendredi 26 juin.Ce phénomène, qui est le fruit d’une forte hausse des surfaces cultivées en Afghanistan, se traduit par une nette hausse de la consommation d’héroïne dans le monde, des Etats-Unis à la Chine, alors que cette drogue avait connu un fort recul il y a une vingtaine d’années, note l’agence.« Aux Etats-Unis, le nombre de décès liés à l’héroïne augmente, et des indices suggèrent que l’héroïne est présente en plus grande quantité et à meilleur marché », relève Angela Me, coordinatrice du rapport. Dans ce pays, le nombre de morts d’overdose liées à l’héroïne a bondi de près de 40 % en deux ans pour atteindre 8 257 morts en 2014, du jamais vu ces dix dernières années.Lire aussi :Les Européens achètent de plus en plus leurs drogues sur InternetLa production d’opium a ainsi plus que doublé en deux ans pour atteindre 7 554 tonnes en 2014. Cette hausse est principalement imputable à l’Afghanistan, qui assure 85 % de la production mondiale, et où les cultures de pavot à opium ont encore progressé de 7 % l’an passé. Ces cultures s’étendent sur 224 000 hectares, alors que des pans de plus en plus importants du territoire échappent au contrôle du gouvernement central.En 2014, les surfaces cultivées de pavot ont atteint 310 900 hectares dans le monde, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis la fin des années 1930.Lire aussi :La lutte contre l’opium, cuisant échec internationalPlus de 32 millions de personnes concernéesToutefois, la hausse mondiale du trafic de produits opiacés ne se traduit pas par une augmentation notable des volumes saisis, ce qui suggère que les trafiquants ont adapté leurs méthodes, s’inquiète l’ONUDC. L’agence observe ainsi que l’Afrique tend à devenir une nouvelle plaque tournante pour les opiacés, un phénomène déjà observé il y a une dizaine d’années pour la cocaïne.Au total, quelque 32,4 millions de personnes dans le monde font un usage illégal de produits opiacés, selon les calculs des Nations unies. Jean-Baptiste Chastand, David Revault d'Allonnes et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, envoyés spéciaux) Pas d’accord sur la Grèce, un accord minimal sur l’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés au bout de sept heures de querelle : l’Union européenne (UE) a vécu une dure journée, lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui se déroulait à Bruxelles, jeudi 25 juin.Les dirigeants ne sont pas parvenus à s’entendre sur le projet de la Commission, qui prévoyait des clés de répartition par pays (ou « quotas », une expression rejetée notamment par Paris) pour l’accueil de 40 000 demandeurs d’asile syriens et érythréens arrivés en Italie et en Grèce, ainsi que de 24 000 réfugiés reconnus par l’ONU. Ils se sont contentés d’un accord pour un plan de répartition, à condition qu’elle soit « volontaire ». C’est un débat sur la mention, ou non, de ce qualificatif dans les conclusions qui a déclenché un violent coup de colère du premier ministre italien, Matteo Renzi, contre les pays (Pologne, Hongrie, Slovaquie, République tchèque, Lettonie…) qui, a-t-il dit, « nous font perdre notre temps ».Lire :Répartition des réfugiés : l’UE abandonne l’idée de quotas obligatoiresLe premier ministre grec, Alexis Tsipras, a, lui, subtilement lié le dossier de son pays et celui des migrants en déclarant en substance : « On me demande d’appliquer des règles et de faire preuve de responsabilité, mais sur d’autres sujets on n’a pas la même exigence… » Le président français et la chancelière allemande ont tenté de calmer les esprits. La brève intervention du premier ministre britannique, David Cameron, concernant le futur référendum sur le maintien, ou non, de son pays dans l’Union a temporairement calmé les esprits, agités par la Grèce et les migrants. C’est tout dire sur le déroulement de la soirée…« Il n’y aura pas de solidarité tant que les migrants ne seront pas correctement enregistrés », soutient Donald Tusk, le président du Conseil européenAngela Merkel a évoqué, dans sa conférence de presse, « le plus grand défi qu’[elle ait] connu » pour qualifier l’enjeu de la migration, mais décrit comme une « bonne nouvelle » le fait que tous les pays aient finalement été d’accord pour aider 64 000 personnes. François Hollande a comparé la méthode avec l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre : « Pour le climat, l’Europe a été capable de fixer un objectif et chaque pays doit apporter sa propre contribution. » Même mécanisme avec les migrants donc.Chaque Etat devra faire une proposition arbitrée en juillet par les ministres de l’intérieur, dont on ignore s’ils agiront par consensus ou par un vote à la majorité – un sujet qui a créé d’autres tensions. Un texte devrait être présenté en juillet et précéder une nouvelle négociation politique, à la rentrée. La Hongrie et la Bulgarie, confrontées à une forte hausse du nombre de demandes d’asile, bénéficieront d’un statut particulier.Le ton du président de la Commission européenne était moins positif que celui des chefs d’Etat. Critiquant la méthode du travail nocturne qui, dit-il, « ne permet pas de prendre les bonnes décisions », Jean-Claude Juncker n’a pas caché son dépit devant « l’effort modeste » d’une Europe qui, selon lui, n’est pas « à la hauteur des ambitions qu’elle déclame ».Offrir « une perspective de vie »Visiblement éreinté, le président a eu une altercation avec Donald Tusk, le président du Conseil, qui met surtout en avant les mesures qui doivent faciliter le retour et la réadmission des migrants déboutés du droit d’asile. « Il n’y aura pas de solidarité tant que les migrants ne seront pas correctement enregistrés », a ajouté M. Tusk devant les journalistes, ce qui vise directement l’Italie et la Grèce.Craignant un délitement complet de son projet, la Commission voulait le maintenir en l’état. Elle a dû y renoncer et M. Juncker a dû affirmer qu’il lui « importait peu », finalement, de savoir si la relocalisation des demandeurs d’asile et la réinstallation des réfugiés seraient obligatoires ou pas. Disant ne « jamais avoir eu d’illusion sur le processus décisionnel de l’Union », il a déclaré que le plus important était d’offrir « une perspective de vie » à 64 000 personnes.Il reste à savoir si le mécanisme du volontariat permettra d’atteindre l’objectif fixé alors que, à titre de comparaison, 185 000 demandes d’asile au total ont été enregistrées dans l’Union depuis le 1er janvier (73 000 en Allemagne, 32 800 en Hongrie, 14 800 en France) et que les tensions s’aggravent entre certains Etats membres, tentés de réintroduire des contrôles à leurs frontières.Contrôle plus strict des arrivants« Certains pays ne veulent pas se faire imposer des réfugiés. Si on n’arrive pas à avoir la répartition des réfugiés, il y a un risque que les Italiens et les Grecs se braquent, et que tout se détricote », analyse une source diplomatique. Un tel échec précipiterait celui de la « Stratégie pour la migration » élaborée par la Commission. D’autant que les Européens devront peut-être revoir à la baisse leur projet de mission militaire contre les passeurs libyens, faute d’une résolution de l’ONU ou d’une demande d’une autorité libyenne légitime.« L’Europe fait face à des défis qui la concernent directement, dans son esprit, dans son identité, dans son avenir. Est-elle capable (…) face à des crises, à des déplacements de population, à la fois de se protéger, de protéger ses frontières et d’être à la hauteur des détresses de peuples chassés, exilés ou en danger ? », s’est interrogé M. Hollande. Le déroulement de ce Conseil permet d’en douter.A ce stade, le seul accord véritable porte sur le contrôle, plus rapide et plus strict, des arrivants. Des centres d’enregistrement prendraient leurs empreintes et détermineraient leur statut. Une sélection s’opérerait plus vite entre ceux qui pourraient bénéficier d’une protection temporaire, les candidats à l’asile, et ceux qui seraient renvoyés. Des associations craignent déjà des refoulements massifs ou une longue mise en quarantaine de nombreuses personnes.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDavid Revault d'AllonnesGrand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, envoyés spéciaux)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.06.2015 à 10h17 • Mis à jour le26.06.2015 à 10h38 Soixante-cinq ans et un jour après le début de la guerre de Corée en 1950, les deux voisins ne relâchent toujours pas la pression. La Corée du Sud a imposé des sanctions vendredi 26 juin à un centre de recherches syrien ainsi qu’à six entreprises et individus taïwanais soupçonnés de vente d’armes à la Corée du Nord.Les autorités sud-coréennes ont déjà imposé des sanctions à des entreprises ou personnes basées en Corée du Nord mais c’est la première fois que de telles mesures visent des entités extérieures à la péninsule.Lire aussi :En Corée du Nord, difficile de démêler le vrai du fauxLe Centre d’études scientifiques et de recherches syrien ainsi que trois entreprises taïwanaises – Global Interface Company Inc., Trans Merits Co. et Trans Multi Mechanics Co. – ont été portés sur la liste, a déclaré le ministère sud-coréen des affaires étrangères dans un communiqué. Trois Taïwanais y figurent également.Les sanctions font interdiction aux Sud-Coréens et aux entreprises sud-coréennes de faire affaire avec les entreprises et personnes inscrites sur une liste noire. Séoul a, au titre des sanctions des Nations unies, placé sur liste noire douze individus et vingt organisations nord-coréens à la suite d’une série d’essais nucléaires menés par Pyongyang.Les contrevenants risquent jusqu’à trois ans d’emprisonnement ou 300 millions de wons (240 700 euros) d’amende. 02.06.2015 à 14h05 • Mis à jour le02.06.2015 à 15h12 C’est un revers important pour la guérilla maoïste. Les Philippines ont annoncé, mardi 2 juin, l’arrestation du chef de la rébellion communiste active depuis des décennies dans l’archipel, Adelberto Silva.Arrêté dans la localité de Bacor, il est, selon un communiqué de l’armée, le « plus haut » dirigeant du Parti communiste des Philippines (PCP) et de son bras armé, la Nouvelle Armée du peuple (NAP). « Il est le maître d’œuvre des mouvements rebelles dans le pays tout entier. Il organise les activités des rebelles », a déclaré le général Joselito Kakilala.Lire : Arrestation du chef du parti communiste des PhilippinesUn conflit qui a fait 30 000 morts depuis 1969Les forces de sécurité avaient déjà arrêté en mars 2014 le numéro un du PCP, Benito Tiamzon, et son épouse, Wilma, secrétaire générale du parti. Adelberto Silva, dont l’âge et la biographie n’ont pas été révélés, a pris les rênes du mouvement après l’arrestation des époux Tiamzon. Selon le général Kakilala, la NPA ne dispose plus que de « moins de quatre mille combattants », après un conflit qui a fait près de trente mille morts depuis 1969.Adelberto Silva devrait être renvoyé devant la justice pour le meurtre de quinze personnes dont les dépouilles avaient été retrouvées dans une fosse commune dans l’île centrale de Leyte en 1985. Le gouvernement affirme qu’elles avaient été enlevées et assassinées car elles étaient soupçonnées de collaboration avec les forces de sécurité.Lire : Le sud des Philippines, en proie à des combats, bascule dans la crise humanitaire Hélène Sallon Le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, a répondu aux questions de la presse à Paris, mardi 2 juin, peu de temps avant le début de la conférence de la coalition internationale contre l’Etat islamique (EI).Quelle est la situation actuellement en Irak ?La situation en Irak est bien meilleure qu’elle n’est perçue ici. Nous avons progressé sur plusieurs fronts : Baïji, Anbar et Salaheddine. Nous faisons de grands progrès dans l’Anbar et nous sommes résolus à combattre Daech [acronyme arabe de l’EI] et à faire les sacrifices nécessaires, car Daech appelle à l’annihilation des chiites comme des minorités yézidies et chrétiennes.Nous avons rencontré ce revers à Ramadi, car Daech a poussé son avantage tactique sur un endroit. Ils ont envoyé des centaines de combattants étrangers, très bien entraînés et armés, dans de petits convois. Nous manquons de renseignements et de soutien aérien. Ils utilisent des camions piégés qui causent d’énormes explosions et d’immenses dégâts pour nos forces.Daech est une organisation transnationale qui ne peut être combattue qu’avec le soutien de tous. Plus de la moitié des combattants sont désormais étrangers. La bonne nouvelle à Ramadi est que la majorité de la population sunnite s’est enfuie. Elle fait plus confiance au gouvernement qu’à Daech.La France et d’autres membres de la coalition vous ont demandé de faire plus sur l’inclusion politique des sunnites. Où en sont ces réformes ?La loi sur la garde nationale devait être votée samedi, mais elle a été repoussée à cause de divergences sur un article concernant l’autorité qui encadre cette force. Nous aussi avons besoin que la coalition travaille davantage sur le plan politique. Pourquoi autant de combattants venus du Golfe, d’Egypte, de Turquie, mais aussi des pays européens et des Etats-Unis se battent en Irak ? C’est un problème international qui doit être résolu par tous, et non pas seulement par l’Irak.Qu’avez-vous accompli pour l’intégration sunnite ? Pourquoi avoir empêché les déplacés sunnites de l’Anbar d’entrer à Bagdad ?Nous avons déjà inclus 5 000 combattants. Nous sommes en train de changer notre façon de faire. Nous avons décidé de négocier directement avec les combattants. Le contrôle des combattants va être fait par le gouverneur de l’Anbar pour s’assurer qu’ils ne viennent pas juste recevoir argent et armes avant de fuir la bataille. Nous ne pouvons pas leur donner des armes, nous n’en avons pas assez.Pourquoi avoir empêché les déplacés sunnites de l’Anbar d’entrer à Bagdad ?Nous n’étions pas préparés à l’afflux de réfugiés de l’Anbar. Il y a eu beaucoup de rumeurs propagées sur des infiltrations de Daech parmi les réfugiés qui ont fait craindre pour la capitale, Bagdad. Finalement, nous avons laissé les déplacés entrer avec un minimum de contrôle pour des raisons humanitaires.De quoi avez-vous besoin de la part de la coalition ?La campagne aérienne nous est utile, mais elle n’est pas assez intensive, tout comme la surveillance. Daech est mobile, se déplace en petits groupes et non plus en grands convois. Nous ne voulons pas de forces au sol. Même si nous le demandions aux Etats-Unis, nous n’en obtiendrions pas. Nous avons besoin de davantage d’aide en renseignement. Nous n’avons reçu quasiment aucun armement, ni munitions de la coalition. Il y a beaucoup de discussions sur un soutien, mais peu de choses en pratique.Pensez-vous que nous devrions nous habituer à une présence de l’Etat islamique dans les régions sunnites pour plusieurs années ?Je ne pense pas. Nous avançons à Ramadi. Nous travaillons prudemment dans l’Anbar. Nous avons commencé à déplacer des brigades vers Mossoul. Nous avons de bons renseignements sur place. Nous observons déjà de nombreuses actions locales contre Daech. Les choses peuvent basculer rapidement.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Maxime Vaudano Les tractations en cours entre les protagonistes de la crise grecque parviendront-elles à sortir enfin de l’impasse ? En ce début du mois de juin, la situation se tend chaque jour un peu plus car Athènes est confrontée aux échéances de plusieurs remboursements, auxquels elle ne pourra pas faire face faute d'un accord avec les « institutions » (ex-Troïka). Le point sur la situation.Quel est le problème ?Sur quoi bloquent les discussions ?Pourquoi une telle urgence ?Que se passerait-il en cas d'échec des discussions ?La Grèce peut-elle vraiment sortir de l'euro ?1. Quel est le problème ?Depuis l'arrivée au pouvoir du parti de la coalition de la gauche radicale grecque, Syriza, en janvier 2015, le premier ministre, Alexis Tsipras, négocie avec les créanciers internationaux d'Athènes un compromis qui lui permettrait d'alléger le poids de sa dette tout en bénéficiant de nouvelles aides.Lors la réunion de l'Eurogroupe du 20 février, les parties sont parvenues à un accord de principe : Athènes s'est engagée à soumettre une liste de réformes structurelles aux « institutions » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne) en échange du versement de la dernière tranche du deuxième plan d'aide international de 2012, jusqu'alors gelée – un prêt de 7,2 milliards d'euros.Problème : les discussions techniques patinent, car les créanciers de la Grèce jugent insuffisantes les propositions de réformes de M. Tsipras, qui veut ménager son électorat en limitant les politiques d'austérité.2. Sur quoi bloquent les discussions ?Le FMI, qui campe sur une ligne dure, réclame plus d'efforts au gouvernement grec, mettant en avant le respect de ses « principes ». Plus exigeant que les institutions européennes, il réclame notamment un report de l'âge de la retraite à 67 ans et une libéralisation du marché du travail.Alexis Tspiras s'est quant à lui défendu, dimanche 31 mai, dans une tribune au Monde de bloquer les négociations par son intransigeance, mettant en avant les concessions faites par son gouvernement depuis le mois de janvier : une réforme de la TVA et une poursuite du programme de privatisations. Ces derniers jours, les dirigeants grecs se sont même dits prêts à repousser de six mois à un an le plan anti-austérité annoncé pendant la campagne de Syriza.3. Pourquoi une telle urgence ?Parce qu'Athènes, qui n'a plus reçu aucune aide financière internationale depuis l'été 2014, a besoin de ces 7,2 milliards d'euros rapidement. Elle doit rembourser en juin pas moins de 1,6 milliard d'euros au FMI, et 6,7 milliards à la BCE en juillet et août. Or, si les réserves de l'Etat grec devraient suffire à honorer l'échéance de 306 millions due au FMI le 5 juin, les caisses seront vides pour les suivantes, les 12, 16 et 19 juin. Mais surtout, le plan d'aide international actuel arrive à échéance le 30 juin. En l'absence d'accord avec les « institutions » d'ici à la fin du mois, la Grèce pourrait donc dire adieu à ce nouveau prêt et connaître un défaut de paiement.C'est pourquoi les discussions, bloquées depuis plusieurs semaines, sont aujourd'hui dans une phase critique.Le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, a toutefois affirmé le 2 juin dans le Wall Street Journal que si elles n’avaient pas encore tout à fait abouti, les discussions commençaient à « porter leurs fruits ». Selon les informations du Monde, le « groupe de Bruxelles », constitué de représentants de l’administration grecque et des créanciers, devait se réunir mardi pour tenter de finaliser un brouillon d’accord, avant de l’envoyer à Athènes.Lire :Les créanciers de la Grèce finalisent un projet d’accordOutre le fait d'apporter un grand bol d'air aux Grecs, un compromis ouvrirait la voie à la négociation éventuelle d'un troisième plan d'aide international, qui pourrait intervenir en 2016.Lire aussi :Grèce : le scénario d’un accord en deux temps4. Que se passerait-il en cas d'échec des discussions ?A défaut d'un accord, « la Grèce, mais aussi l'Union européenne, vont entrer en territoire inconnu », a estimé le ministre grec de l'économie, Georges Stathakis, dans un entretien au journal Realnews. Incapable d'honorer ses dettes, Athènes devrait voir s'enclencher contre elle une procédure de « mise en défaut » de la part du FMI.Elle pourrait à la rigueur bénéficier d'un mois de sursis pour regrouper ses paiements en un seul – une solution qui a été appliquée pour la dernière fois en Zambie, dans les années 1980.Lire :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais surtout, un effet boule de neige pourrait accentuer la défiance de tous ses créanciers et une panique des citoyens grecs. Et pour honorer ses paiements courants (comme le salaire des fonctionnaires), la Grèce pourrait être tentée d'imprimer des monnaies parallèles, à l'image de l'Argentine au début des années 2000. Dès lors, la sortie de la Grèce de la zone euro ne serait qu'une question de temps.Lire :La Grèce risque-t-elle le scénario argentin ?5. La Grèce peut-elle vraiment sortir de l'euro ?Sur cette question hautement sensible, qui alimente le débat depuis bientôt cinq ans, les avis divergent. Les Européens rechignent à évoquer ce scénario publiquement. Du ministre français des finances, Michel Sapin, au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, tous les dirigeants européens s'opposent à un « Grexit ». A l'inverse, le FMI est beaucoup plus intransigeant. Pour faire monter la pression, sa patronne Christine Lagarde a prévenu fin mai dans une interview à la FAZ que la sortie de la Grèce de la zone euro était une « possibilité », et qu'elle ne signifierait pas « la fin de l'euro ».Juridiquement, les traités européens ne prévoient pas la possibilité pour un Etat de quitter la zone euro. La Commission européenne l'a rappelé le 5 janvier pour tenter de dissiper les rumeurs : l'appartenance d'un pays à la zone euro est « irrévocable ».Dès lors, deux possibilités s'offriraient à la Grèce si elle voulait le faire, comme l'expliquait déjà en 2011 l'économiste Eric Dor.La voie légale : elle sort de l'Union européenne (grâce à l'article 50 du traité de Lisbonne), puis y ré-adhère dans la foulée en négociant une exception lui permettant de ne pas avoir à entrer dans la zone euro (comme le Royaume-Uni, la Suède ou le Danemark l'ont fait dans les années 1990).La voie exceptionnelle : les Vingt-Huit amendent les traités européens pour y introduire une clause de sortie de la zone euro, pour permettre à la Grèce de quitter la monnaie unique sans devoir claquer la porte de l'UE. Il serait même possible, selon certains observateurs, de contourner le droit européen si tout le monde (Commission et Etats-membres) était d'accord.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.06.2015 à 07h51 • Mis à jour le02.06.2015 à 13h42 | Antonin Sabot L’arrêté d’expulsion avait été affiché samedi 30 mai en préfecture. Depuis, les migrants qui campaient boulevard de La Chapelle à Paris, entre les stations de métro Barbès et La Chapelle, dans le 18e arrondissement, s’attendaient à être expulsés d’un jour à l’autre. Mardi 2 juin, la police a bouclé le périmètre aux alentours de 6 heures et a procédé à l’évacuation du camp, mettant en avant, comme souvent dans ce genre de cas, l’insalubrité et les risques sanitaires.Lire aussi :Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent« C’est une opération d’urgence et c’est dommage de devoir en arriver là », reconnaissait Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, présent sur place pour « garantir que ça se passe bien ». Avec Emmaüs, l’association avait aidé à établir, la semaine dernière, un « diagnostic » sur le nombre de personnes que comptait le campement, sur leur situation et sur la réponse à y apporter. Une liste de trois cent quatre-vingts personnes avait été établie. Parmi elles, la moitié relève de la demande d’asile et certaines auraient même déjà le statut de réfugié. Mais mardi matin, c’est justement cette liste qui pose problème. Alors que la police fait entrer petit à petit les migrants dans des autobus en partance pour toute l’Ile-de-France, beaucoup d’autres restent coincés derrière le cordon de sécurité. « Ils se lèvent tôt et certains partent prendre leur petit-déjeuner dans des associations, ou quittent un moment le camp », explique une bénévole de l’association Entraides citoyennes. Impossible pour eux de rejoindre leur tente et de récupérer leurs affaires. A chaque membre de France terre d’asile ou à un officiel qui s’approche ils tendent leurs papiers pour supplier de les laisser entrer. Au compte-gouttes, on laisse passer quelques femmes avec des poussettes. « On les trie sur le trottoir », proteste une militante.D’autres expliquent qu’ils n’étaient pas là au moment du recensement. Ils dormiront certainement dans la rue ce soir encore.« Tout ce qu’on cherche, c’est à les disperser, note, amer, Pascal Julien, conseiller de Paris écologiste, mais les solutions proposées ne sont que temporaires. » Une bonne moitié part en direction de La Boulangerie, un centre d’accueil de nuit pour personnes sans domicile fixe, les autres sont répartis dans toute la région. « Mais dans quinze jours ? » interrogent l’élu et des militants venus soutenir les migrants. « Vous pouvez être sûrs qu’ils vont se regrouper à nouveau », assure Pascal Julien. A chaque car qui s’en va, un petit groupe de militants tente de s’interposer un moment. Adresse quelques signes de soutien ou d’amitié aux personnes qui, dans le bus, font un petit geste de la main, un sourire un peu inquiet aux lèvres. « Je suis venu pour montrer qu’il y a un peu de solidarité, explique Christine, qui préfère ne pas donner son nom et dit habiter non loin de là. On venait souvent, le camp était sordide, ils n’avaient que trois toilettes pour quatre cents personnes et un seul point d’eau, mais des personnes dans une telle détresse ont besoin de se regrouper et d’être ensemble pour survivre. J’ai honte de ce qu’il se passe aujourd’hui », lâche-t-elle.« Risque d’épidémie »Mercredi 27 mai, le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, avait fait état d’un « risque d’épidémie » justifiant une évacuation rapide. Des risques de dysenterie et des cas de gale avaient été rapportés par l’Agence régionale de santé dans un document à la fin du mois de mai. La ministre de la santé, Marisol Touraine, a d’ailleurs jugé mardi matin sur France Info que « le démantèlement de ce camp répond [ait] aussi à une exigence en termes sanitaires ».« Les campements sont des lieux qui en termes d’épidémie, en termes sanitaires sont toujours des risques (…), d’abord pour ceux qui y habitent », a commenté la ministre des affaires sociales. En matière de politique d’accueil de la France, Marisol Touraine a souligné que « la France accueille des migrants, [elle] n’est pas portes fermées, les yeux fermés sur la réalité du monde ». Chacun semble savoir que l’expulsion et les relogements ne sont que des solutions temporaires. Au moins deux cents personnes du camp seraient « en transit » vers d’autres pays. « Les femmes avec enfant relèvent de l’aide sociale à l’enfance de la ville », et les demandeurs d’asile des centres d’accueil, a détaillé le préfet. Pour les autres, en transit ou ne voulant pas demander l’asile, « une mise à l’abri temporaire » sera proposée.La Ville de Paris devrait également loger dans des hôtels soixante-quatorze personnes, dont les mineurs présents sur le camp. L’emplacement devait être ensuite nettoyé et une veille assurée sur le site, a-t-on indiqué de source proche de la Mairie.Aux abords du pont, place de La Chapelle, un journaliste interviewe un jeune homme qui dit appartenir au camp :- « Où allez-vous dormir ce soir ? » - « Ben ici », répond l’homme, le regard dans le vide. Le journaliste hésite un moment. - « Mais c’est évacué… »- « Oui, mais j’ai pas de famille, nulle part où aller. Alors je dois bien dormir ici… »Lire aussi :La « jungle » de La Chapelle bientôt évacuée Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-556d96b9622c0'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 11\r\n \r\n \r\nDans le campement se croisent de nombreuses nationalit\u00e9s : Erythr\u00e9ens, Soudanais, Marocains, Tunisiens...\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Dans le campement se croisent de nombreuses nationalit\u00e9s : Erythr\u00e9ens, Soudanais, Marocains, Tunisiens...","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":0,"position":1,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 11\r\n \r\n \r\nZaccharie, un Soudanais install\u00e9 dans le campement depuis six mois.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Zaccharie, un Soudanais install\u00e9 dans le campement depuis six mois.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":1,"position":2,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 11\r\n \r\n \r\nNe pas perdre les gestes du quotidien est essentiel. Une personne offre ses services de coiffeur \u00e0 un habitant du campement.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Ne pas perdre les gestes du quotidien est essentiel. Une personne offre ses services de coiffeur \u00e0 un habitant du campement.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":2,"position":3,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 11\r\n \r\n \r\nL\u2019association Une chorba pour tous a distribu\u00e9 plus de deux cent cinquante repas dans le campement. 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Le premier d’une longue série de révélations. Leur source ? Une somme impressionnante de documents, fournis par Edward Snowden, un ancien sous-traitant de l’agence choqué par les libertés prises par son pays avec le droit à la vie privée.Deux ans plus tard presque jour pour jour, lundi 1er juin, la section du célèbre Patriot Act sur laquelle s’était basée l’agence pour conduire ce programme de surveillance téléphonique a expiré. Le Sénat, empêtré dans ses propres désaccords, n’est parvenu ni à reconduire le texte en l’état, ni à adopter un autre texte, le USA Freedom Act, un texte de réforme pourtant timide.Lire aussi :La NSA contrainte de suspendre la collecte des données téléphoniques des AméricainsIl n’y a guère de suspense : le Sénat devrait adopter ce texte dans la semaine et mettre fin à ce vide juridique. En l’état et avant d’éventuels amendements introduits au Sénat, ce texte prévoit que les données téléphoniques soient stockées chez les opérateurs, et non plus aspirées directement par la NSA, et que les demandes des autorités soient plus ciblées. Fruit d’un important effort de négociations, ce texte dispose du soutien de la Maison Blanche et de la communauté du renseignement. Et pour cause : ils ont monnayé, dans ce texte, la réforme du Patriot Act portant sur la surveillance téléphonique contre la reconduction d’autres dispositifs de surveillance.Mais dans tous les cas, le gouvernement américain a définitivement perdu l’accès illimité qu’il s’était ménagé dans les données personnelles de centaines de millions de ses citoyens. Il lui faudra désormais, au pire, montrer patte blanche et cibler ses demandes. Exit la surveillance de masse.Lire aussi :Qu’est-ce que le USA Freedom Act ?Ce virage semble modeste, mais il s’agit de la première fois que les pouvoirs du renseignement américain sont rognés depuis le 11-Septembre. Un tel débat et un tel changement étaient impensables avant les révélations Snowden, tant le secret qui entoure les activités de la NSA est absolu. Le père du Patriot Act est lui-même tombé de sa chaise lorsqu’il a découvert comment son texte avait été interprété, en secret, par les services de renseignement. Quelle qu’en soit l’issue, les derniers événements au Congrès sont de toute façon une consécration pour le lanceur d’alerte.Ce dernier a martelé à de nombreuses reprises depuis deux ans qu’il avait pris la décision de faire fuiter ces documents secrets dans l’espoir de faire naître, enfin, un vaste débat sur la surveillance. Pour celui qui n’a jamais caché ni son patriotisme, ni sa volonté de raccommoder avec les aiguilles de la loi les accrocs infligés par les grandes oreilles américaines à la Constitution de son pays, la transformation de ce débat en réforme est une immense victoire.La question de l’interception massive de données numériques avait été relancée quelques semaines auparavant par une cour d’appel fédérale, amenée à se prononcer sur ce même programme de surveillance téléphonique. Son jugement a été très clair : ce programme, par ses incroyables libertés prises avec le Patriot Act, était purement et simplement hors la loi.Lire aussi :La surveillance téléphonique par la NSA était illégale, selon la justice américaineOui, ont expliqué les juges, la simple collecte de métadonnées – qui appelle qui, quand, combien de temps – fait peser une menace sur la vie privée et la liberté des citoyens. Non, la nécessaire lutte pour la sécurité nationale et contre le terrorisme ne donne pas carte blanche au gouvernement pour tordre l’esprit des lois du pays comme il l’a fait depuis le 11-Septembre. Oui, la collecte et le stockage massifs et automatiques de données, même par ordinateur, sont une forme de surveillance.Ces programmes de surveillance étaient restés jusqu’alors à l’abri des tribunaux américains. A l’automne dernier, l’avocat américain du lanceur d’alerte, Ben Wizner, de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), racontait comment, pendant des années, il avait échoué à amener les agences de renseignement rendre des comptes devant la justice, faute « d’intérêt à agir », c’est-à-dire de pouvoir prouver que les droits de son association avaient été malmenés. A de multiples reprises, le secret qui nimbe l’appareil de renseignement américain lui avait barré la route des tribunaux.« Edward Snowden nous a donné un ticket pour les tribunaux. Une des premières choses qu’il m’a dite c’est “vous avez un intérêt à agir maintenant ?”. Il avait suivi les affaires précédentes », avait confié l’avocat. C’est donc fort logiquement que M. Snowden, depuis Moscou, a souligné « l’importance » de la décision de la justice américaine, qui aura « un impact non seulement sur le programme de surveillance téléphonique, mais aussi sur tous les autres programmes américains de surveillance de masse ».En creux, c’est en effet sur toute une partie du soubassement intellectuel et juridique de la surveillance post-11-Septembre que la Cour s’est penchée. Et cet inventaire, enclenché grâce aux documents Edward Snowden prouvant l’existence et la portée des programmes de surveillance, n’est pas terminé : ce dossier pourrait se frayer un chemin jusqu’à la Cour suprême, qui a démontré dans des décisions récentes qu’elle était disposée à repenser l’articulation entre sécurité et droits fondamentaux à l’âge du numérique.En France, l’examen par le Parlement de la loi sur le renseignement aurait dû être l’occasion d’un état des lieux de notre propre système de renseignement. Il a été escamoté par l’urgence. Les documents Snowden ont prouvé l’avance dont bénéficiaient les Américains sur le terrain de la surveillance de masse. Ces dernières semaines montrent qu’ils pourraient aussi en prendre sur celui de la réforme.Lire aussi :Renseignement : l’aveuglement françaisMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Sallon Le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, est arrivé, mardi 2 juin, à Paris, déterminé à relancer la dynamique contre l’expansion de l’Etat islamique (EI). Au groupe restreint des 22 membres de la coalition internationale contre l’EI présents dans la capitale française pour leur troisième réunion depuis septembre 2014, M. Abadi a soumis un plan de reconquête de la province sunnite de l’Anbar et de son chef-lieu Ramadi, dont la chute aux mains de l’EI le 17 mai, suivie de celle de Palmyre, en Syrie, le 20 mai, a créé une onde de choc au sein de la coalition, après une série de victoires sur le groupe djihadiste. Rejetant les critiques exprimées publiquement par Washington d’un « manque de volonté à combattre » de ses forcesou par Paris sur le manque d’inclusion politique des composantes de la société irakienne, M. Abadi espère obtenir un soutien accru des membres de la coalition à son pays.La mobilisation des tribus sunnitesLa stratégie de reconquête de M. Abadi donne la priorité à la mobilisation des tribus sunnites locales et au déploiement d’unités de police dotées d’un nouveau commandement. Elle sous-tend l’entraînement et l’équipement d’importantes troupes par les membres de la coalition. Bagdad assure vouloir imposer son contrôle sur les milices chiites qui assument l’essentiel des combats dans la contre-offensive lancée le 26 mai sur Ramadi. Ces milices, réunies sous le sigle gouvernemental des unités de la mobilisation populaire (MP), cultivent leur indépendance voire, pour certaines, une inféodation à l’Iran, qui leur fournit armes et ­conseillers.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qjtiw"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qjtiw", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Les leçons de RamadiAprès avoir résisté pendant dix-huit mois aux assauts de l’EI, les forces de sécurité irakiennes et les forces locales ont plié devant le groupe djihadiste en une semaine. L’impression trompeuse d’un retrait défensif de l’EI depuis le revers subi, fin mars, à Tikrit, à 100 kilomètres au nord de Bagdad, a peut-être contribué à l’impréparation des forces gouvernementales.Défiance et absence de coordination, manque de préparation, d’entraînement et d’armements, retrait précipité de commandants, manque de renseignements et d’appui aérien, d’un côté, renforts de combattants venus de Syrie, recours dévastateur et massif par le groupe djihadiste aux camions piégés, de l’autre : de nombreux facteurs ont contribué à une situation chaotique.La continuité stratégiqueLe président américain, Barack Obama, a minimisé la défaite de Ramadi, la qualifiant de « revers tactique ». En dépit des critiques accrues à Bagdad et au sein de la coalition sur l’efficacité des frappes aériennes – plus de 4 100 depuis août 2014 –, l’administration Obama exclut tout changement substantiel dans sa stratégie, qui s’articule autour des frappes aériennes, de la formation et l’équipement des forces gouvernementales et locales, et du soutien à une politique inclusive.Lire : En cartes : l'avancée de l'EI en Irak et en SyrieL’envoi de forces au sol n’est pas à l’ordre du jour, bien que certains responsables américains plaident pour le déploiement de conseillers au sein des bataillons, notamment pour orienter les frappes aériennes, ou de forces spéciales pour des actions ciblées. Des membres de la coalition se proposent d’y contribuer. « Nous sommes prêts à mettre des forces au sol : des forces spéciales, des conseillers », ­indique un diplomate du Golfe, qui précise que Bagdad avait décliné l’offre en janvier. Les autorités irakiennes ne cessent d’appeler – en vain, selon elles – à une couverture aérienne plus efficace, de davantage de formations – 11 000 soldats sont formés ou en cours de formation ­depuis septembre – et d’armes ­sophistiquées.Le Pentagone a livré lundi 2 000 missiles antichars AT4 début juin pour faire face à la menace des camions piégés. « Il y a des discussions sur comment revoir notre action pour gagner en efficacité et multiplier les efforts », indique une source diplomatique occidentale.La difficile inclusion des sunnitesLaurent Fabius, le chef de la diplomatie française, a rappelé, le 28 mai, les « engagements politiques » des autorités chiites de Bagdad à « une politique de rassemblement inclusive » entre les différentes composantes irakiennes. L’inclusion des forces sunnites de l’Anbar est jugée nécessaire pour rallier durablement des populations qui, par défiance pour l’Etat central, privilégient la neutralité passive voire l’adhésion à l’EI. Les forces sunnites loyales à Bagdad se plaignent d’un manque de soutien et de confiance. Seuls 5 000 combattants sunnites ont été intégrés aux unités de la MP et les armements, sommaires, sont donnés au compte-gouttes. Washington, qui exclut toujours d’armer directement ces ­combattants, presse Bagdad d’accroître son soutien.Le premier ministre Abadi estime œuvrer pour l’inclusion politique des populations sunnites. Il promet que les réformes promises en septembre 2014 seront bientôt votées, à l’instar de la création d’une garde nationale, comprenant des forces de sécurité locales, placées sous l’autorité du premier ministre avec un droit de regard du gouverneur, que pourraient intégrer les tribus sunnites et les milices chiites. « Il y a un certain nombre de réformes souhaitables qui sont bloquées par le Parlement : celle sur la garde nationale ; la réforme de la loi de débaasification, avec une relecture de l’exclusion faite en 2003 des militaires de l’armée de Saddam Hussein ; et l’amnistie pour les prisonniers politiques », déplore une source diplomatique.L’inquiétude suscitée par les milices chiitesLa défaite des forces gouvernementales et locales à Ramadi constitue un revers politique pour la coalition, qui voit se concrétiser sur le terrain un scénario qu’elle redoutait. La contre-offensive contre l’EI en plein cœur du « pays sunnite » est menée par des milliers de combattants chiites, majoritairement hostiles à la coalition et dont certains sont accusés d’exactions envers les populations sunnites dans les zones libérées. Elle contrecarre l’ascendant pris par la coalition à Tikrit, fin mars, qui avait obtenu leur retrait du front avant l’offensive finale.L’arrivée de ces milices et leurs premières victoires autour de Ramadi sont accueillies avec soulagement par certaines tribus sunnites. Pragmatiques, les Américains ont choisi d’appuyer leur contre-offensive. « Les milices ont un rôle à jouer aussi longtemps qu’elles sont sous le contrôle du gouvernement irakien », a insisté le colonel Steven Warren, porte-parole du Pentagone.Ces milices pourraient transformer leurs victoires militaires en gains politiques, fragilisant davantage le leadership du premier ministre Abadi, déjà contesté dans le camp chiite. « L’ancien premier ministre Maliki essaie de fragiliser le gouvernement actuel en répandant l’idée que ses politiques non confessionnelles sont un échec et que les milices chiites sont la solution », analyse un diplomate du Golfe. Leur renforcement conduit inévitablement à une plus grande ingérence de l’Iran dans les affaires irakiennes, au risque d’exacerber la rivalité avec les puissances sunnites régionales, membres de la coalition. Dimanche, M. Abadi a de nouveau assuré que l’Irak n’était pas une « porte d’accès » pour l’Iran et qu’il ne prendra pas part aux conflits opposant Riyad et Téhéran dans la région.La marge de manœuvre d’AbadiM. Abadi se défend des critiques opposées par les forces de la coalition et les renvoie à leur responsabilité face à l’afflux de combattants étrangers. « Il est vrai qu’Abadi peut faire davantage et a la marge de manœuvre pour concéder plus d’inclusion politique aux sunnites et aux Kurdes », estime Hosham Dawood, spécialiste de l’Irak. « Mais, il faut le renforcer, ce qui passe par un soutien accru de la coalition, militaire mais aussi humanitaire et financier, dans lequel les puissances ­sunnites de la région ont un rôle à jouer », poursuit-il.Les autres volets du soutien au gouvernement irakien sont au menu de la réunion de Paris : le problème des combattants étrangers en nombre croissant, qui inquiète particulièrement la France ; l’aide humanitaire aux 2,8 millions de déplacés ; la création d’un « fonds de stabilisation » pour lancer les opérations de déminage et de reconstruction ; la charte pour la protection des minorités persécutées que M. Fabius veut faire inscrire aux objectifs de la coalition au même titre que la protection du patrimoine en danger.La Syrie en toile de fond« Le pourrissement de la situation en Syrie pèse sur la stabilisation de l’Irak voisine car il y a un afflux de combattants par-delà la frontière comme l’a montré l’offensive à Ramadi », note une source diplomatique. La conquête par l’EI de Palmyre, le 20 mai, confirme l’affaiblissement du régime syrien, qui s’est replié sur son « espace utile » après avoir également perdu la province d’Idlib au profit d’une coalition islamiste menée par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida.L’affaiblissement de Bachar Al-Assad, bien que salué par la coalition, suscite de nombreuses interrogations en l’absence d’alternative crédible pour une transition politique. Elles sont alimentées par les spéculations sur un possible « lâchage » du dictateur par Moscou. « On voit se faire jour des préoccupations plus pressantes sur Daech, l’impact de la radicalisation et la question de l’affaiblissement de Bachar Al-Assad, désormais reconnu par les Russes. Mais il n’y a pas encore de discussions sur une alternative ni de chemin politique qui se dessine vers une transition », pointe une source diplomatique. Mardi, le président iranien Hassan Rohani a fustigé les « erreurs de calcul » des pays soutenant la rébellion syrienne et affirmé que Téhéran soutiendra le régime de Bachar Al-Assad « jusqu’à la fin » du conflit.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Alors que les pratiques des multinationales pour échapper à l’impôt sont de plus en plus contestées, la Commission indépendante pour la réforme de l’impôt international sur les sociétés (Independent Commission for the Reform of International Corporate Taxation, Icrict) a appelé, mardi 2 juin, à une vaste refonte du système de taxation des entreprises.Dans une déclaration solennelle, cette instance, lancée en mars et composée de dirigeants internationaux, d’universitaires et de membres de la société civile, estime que les dispositifs fiscaux actuels sont « obsolètes et inefficaces dans la prévention des abus des sociétés multinationales ». Elle demande « instamment à tous les dirigeants du monde de faire preuve d’audace » pour réformer le système et les met en garde contre l’« escalade du mécontentement de l’opinion » face aux scandales qui se multiplient.L’optimisation fiscale dans le collimateurDans le viseur, l’optimisation fiscale pratiquée par les grandes entreprises, notamment révélée par le scandale LuxLeaks. Grâce à des montages juridiques astucieux, qui permettent de loger les profits dans des filiales basées dans des pays où les taux d’imposition sont les plus faibles, ces sociétés occasionnent des manques à gagner pour les Etats, qui se chiffrent en dizaines de milliards. Lire :LuxLeaks : L’évasion fiscale, un sport national pour les géants américainsFace à la pression des gouvernements et de l’opinion publique, certains groupes ont pris de timides initiatives. Amazon a ainsi promis le 27 mai de déclarer ses revenus dans chaque pays européen et non plus de regrouper sa base fiscale au Luxembourg, comme c’était le cas jusqu’à présent. Le groupe américain ne fait que se mettre en conformité avec une directive européenne sur le point d’entrer en vigueur, qui n’empêche pas des stratégies d’optimisation.« Ce débat est une question d’équité : équité entre les bons et les mauvais contribuables, équité entre les riches et ceux qui vivent dans la pauvreté, équité également entre les pays, y compris entre les pays développés et les pays en développement », affirme le président de la Commission, Antonio Ocampo, ex-sous-secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) et ancien ministre de l’économie de la Colombie. Il déplore notamment que la question des réformes de la fiscalité des multinationales ne soit pas considérée comme un sujet relevant de l’intérêt public, mais seulement, comme c’est le cas aujourd’hui, d’un simple problème d’attractivité économique.Absence d’une véritable gouvernance mondialeL’Icrict estime ainsi que ces pratiques abusives alourdissent le fardeau fiscal des autres catégories de contribuables, « viole les obligations citoyennes des entreprises, prive les pays de ressources essentielles pour lutter contre la pauvreté et financer les services publics, exacerbe les inégalités de revenu ».La Commission reconnaît que les efforts réalisés ces dernières années dans le cadre du G20 et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), notamment dans le cadre du programme Base Erosion and Profit Shifting (BEPS, « Erosion de la base d’imposition et transfert de bénéfices »), lancé en septembre 2014, vont dans la bonne direction, mais sont « inadéquats » en l’absence d’une véritable gouvernance mondiale pour faire appliquer ce type de décision.C’est d’ailleurs l’un des objectifs de l’Icrict de pousser à l’émergence d’un « organe fiscal intergouvernemental au sein des Nations unies », qui s’accompagnerait de la rédaction d’une « convention pour lutter contre les pratiques fiscales abusives ». « Ce projet sera abordé à Addis-Abeba en juillet dans le cadre de la réunion de l’ONU sur le financement de l’aide au développement », assure l’ex-juge et députée européenne écologiste, Eva Joly, membre de l’Icrict.« Criminaliser ces pratiques fiscales »Parmi les recommandations de cette commission : la demande aux Etats de taxer les multinationales sur une base consolidée et non plus filiale par filiale ; ce qui facilite l’optimisation. « Les multinationales opèrent comme des sociétés uniques, elles devraient donc être taxées en tant que telles », estime le Prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, également membre de l’Icrict.Cette commission appelle également à mettre un frein au dumping fiscal auquel se livrent les Etats entre eux. L’idée serait par exemple de s’accorder sur un taux minimal d’imposition des entreprises. Elle estime par ailleurs que les gouvernements devraient sanctionner pénalement les pratiques fiscales abusives. « Beaucoup de montages sont illégaux de fait, mais ne sont pas testés devant les tribunaux faute de moyens », déplore Mme Joly, qui n’exclut pas que la Commission se saisisse des abus les plus flagrants pour les attaquer en justice. « Je suis persuadée que dans les dix années qui viennent, nous parviendrons à criminaliser ces pratiques fiscales sur le modèle de ce qui a été mené dans le domaine de la corruption », annonce-t-elle.Pour l’ex-juge, ce texte est une « boussole », chargée d’indiquer la direction à suivre. « Le chemin sera semé d’embûches », prévient Mme Joly, tout en soulignant qu’au regard « de la colère légitime des opinions publiques sur le sujet », il existe un véritable « boulevard politique » pour prendre les mesures adéquates. Reste à savoir si les décideurs sont prêts à surmonter les égoïsmes nationaux, qui jusqu’à présent ont constitué un terrain de jeu idéal pour des entreprises de plus en plus mondialisées.Lire aussi :Les Européens s’accordent pour combattre l’optimisation fiscaleStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.06.2015 à 01h42 • Mis à jour le02.06.2015 à 10h35 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Angela Merkel, François Hollande, Jean-Claude Juncker, Mario Draghi et Christine Lagarde se sont séparés vers minuit, mardi 2 juin. La chancelière allemande, qui recevait à Berlin le président français et le président de la Commission européenne pour une rencontre avec une vingtaine de dirigeants d’entreprises industrielles européennes, lundi, de 19 heures à 21 heures, a organisé un minisommet de crise sur la Grèce en invitant le président de la Banque centrale européenne et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) à les rejoindre dans la soirée.Il s’agissait de trouver une position commune pour les créanciers face à Athènes. Ceux-là exigent de la Grèce qu’elle entreprenne des réformes structurelles avant de débloquer une dernière tranche d’aide de quelque 7,2 milliards d’euros dont la Grèce a urgemment besoin.Lire :Grèce : le scénario d’un accord en deux tempsForte pression sur les négociateursApparemment, les cinq dirigeants ne sont pas parvenus à un accord. A l’issue de la rencontre, un négociateur a reconnu qu’il « restait encore deux ou trois points à régler » mais que François Hollande et Angela Merkel avaient fait une forte pression sur les négociateurs pour qu’ils trouvent « très rapidement » un accord entre eux avant d’en trouver un avec la Grèce. « Les négociateurs doivent rester en contact étroit entre eux et naturellement également avec le gouvernement grec », a indiqué la chancellerie.Dimanche soir, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, avait eu au téléphone Angela Merkel et François Hollande durant une heure. Un échange téléphonique qualifié de « constructif » par le porte-parole d’Angela Merkel. Les trois dirigeants s’étaient déjà longuement parlé le jeudi. Lundi soir, Alexis Tsipras n’a pas été associé aux discussions.Depuis plusieurs jours, le Fonds monétaire international semble plus intransigeant que les institutions européennes. Le FMI, qui a déjà prêté des sommes records à la Grèce (32 milliards d’euros depuis cinq ans), veut absolument éviter de créer un précédent avec Athènes en traitant le pays avec plus d’indulgence que d’autres.1,6 milliard d’euros à rembourser en juinDans un entretien accordé vendredi 29 mai au Frankfurter Allgemeine Zeitung, Christine Lagarde n’avait pas exclu une sortie de la Grèce de la zone euro, même si elle est ensuite revenue sur ses propos. Lors de la réunion des ministres des finances du G7, les 28 et 29 mai, les Européens, notamment le ministre français Michel Sapin, avaient « totalement exclu » que le FMI ne négociât pas aux côtés des institutions européennes. Mais un proche du dossier reconnaissait que « le FMI n’était pas dans la même logique et n’avait ni le même calendrier ni les mêmes procédures ».Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Côté calendrier, la Grèce doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI en juin en quatre tranches, dont 300 millions dès le 5 juin. Par ailleurs, Angela Merkel, qui préside le G7 les 7 et 8 juin à Ellmau, en Bavière, ne souhaite pas que le dossier grec perturbe « son » G7.Le gouvernement grec, lui, souffle le chaud et le froid. La semaine dernière, Yanis Varoufakis, ministre des finances grec, avait affirmé que la Grèce rembourserait ses créanciers dans les temps, « puisqu’il y aura un accord d’ici au 5 juin ». En revanche, dans une tribune publiée ce week-end par le journal Le Monde, le premier ministre, Alexis Tsipras, estimait que la Grèce avait pris les engagements que les créanciers attendaient d’elle. Et que c’était leur intransigeance qui empêchait la négociation en cours de s’achever.Lire aussi la tribune :Alexis Tsipras : « Non à une zone euro à deux vitesses »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.06.2015 à 23h48 • Mis à jour le02.06.2015 à 00h16 Le ministère sud-coréen de la santé a annoncé mardi 2 mai que deux personnes atteintes du coronavirus MERS étaient mortes dans le pays, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap.Une femme âgée de 58 ans, décédée tard lundi soir de déficience respiratoire aiguë a été testée positive au coronavirus MERS, a indiqué l'agence qui précise qu'il s'agit du premier cas mortel confirmé de cette épidémie en Corée du Sud. La seconde victime est un homme âgé de 71 ans, dont l'agence affirme qu'il a été testé positif le 28 mai, mais sans préciser la date du décès.Plus de 20 pays — dont l'Arabie saoudite, premier foyer d'infection — ont été touchés par ce virus pour lequel il n'existe ni vaccin, ni traitement. Selon l'agence Yonhap le nombre de cas confirmés de coronavirus MERS en Corée du Sud a grimpé à 25 mardi.Appele à une mobilisation « tous azimuts »La veille la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a reproché aux autorités sanitaires leurs « insuffisances » dans la gestion de l'épidémie appelant à une mobilisation « tous azimuts » des services compétents pour faire face à la crise.En Corée du Sud le premier cas avéré de coronavirus MERS, un virus plus mortel mais moins contagieux que celui du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), qui avait fait près de 800 morts dans le monde en 2003, avait été constaté le 20 mai. Selon le ministère de la santé, 682 personnes ont été exposées directement ou indirectement au virus. Elles ont été placées en quarantaine ou en observation.Les infections sont imputées à un homme de 68 ans diagnostiqué deux semaines après son retour d'un séjour au Moyen-Orient au cours duquel il a passé deux jours en Arabie saoudite, pays qui a enregistré plus de 400 cas mortels depuis 2012. Les autorités sud-coréennes sont accusées d'avoir tardé à prendre des mesures pour identifier les porteurs potentiels après le diagnostic du premier infecté. Elles sont aussi critiquées pour n'avoir pas empêché un porteur probable de se rendre en Chine.Cet homme de 44 ans, dont le père était porteur du virus, avait passé outre les consignes de prudence et pris l'avion pour Hong Kong et la Chine continentale avant d'être déclaré contaminé vendredi. L'homme se trouve sous quarantaine dans la ville chinoise de Huizhou. La presse chinoise a rapporté qu'au moins 77 personnes avaient été en contact en Chine avec cet homme et que 64 d'entre elles avaient été placées en quarantaine. Stéphane Lauer (New York, correspondant) La Cour suprême des Etats-Unis a tranché, lundi 1er juin, en faveur d’une musulmane, que le distributeur de vêtements Abercrombie & Fitch avait refusé d’embaucher comme vendeuse sous le prétexte qu’elle portait le hijab, le voile islamique. La décision a été rendue à une très forte majorité de huit voix contre une.L’affaire remonte en 2008, lorsque Samantha Elauf se présente à un entretien d’embauche à Tulsa (Oklahoma) avec un foulard noir sur la tête, sans toutefois préciser qu’elle le portait pour des raisons religieuses. Sa candidature est dans un premier temps acceptée, puis refusée par le supérieur hiérarchique du recruteur. Celui-ci considère en effet que porter le voile « viole » le code vestimentaire qu’Abercrombie & Fitch impose à ses employés. Le groupe définit le style de ses vêtements comme « décontracté », un « look bon chic bon genre », emblématique de la jeunesse universitaire de la côte est des Etats-Unis.Soutenue notamment par l’Agence fédérale pour l’égalité devant l’emploi (EEOC), Samantha Elauf, s’estimant discriminée, avait attaqué l’entreprise et avait obtenu en première instance 20 000 dollars de dommages et intérêts, avant d’être déboutée en appel. La cour avait en effet estimé que la loi fédérale de 1964 sur les droits civiques, qui interdit la discrimination en matière d’emploi fondée sur la race, la religion, la couleur, le sexe ou l’origine nationale ne s’appliquait pas en l’espèce, car la jeune femme n’avait pas fait de demande explicite d’aménagement du règlement intérieur d’Abercrombie en fonction de sa confession, qu’elle n’a invoqué à aucun moment lors de l’entretien.Application stricte de la loi sur les droits civiquesMais la Cour suprême a estimé que ne pas demander cet aménagement ne constituait pas une raison suffisante pour que la loi sur les droits civiques ne s’applique pas. Le juge Antonin Scalia affirme ainsi que l’employeur « soupçonnait au moins » que la jeune femme portait un foulard pour des raisons religieuses. « Cela suffit », a-t-il déclaré. Le 25 février, lors de l’audience, Abercrombie, soutenu par la Chambre de commerce et d’autres lobbies des entreprises, avait fait valoir qu’il serait dangereux d’obliger les employeurs à se renseigner sur la religion d’un candidat à l’embauche, dans le but d’éviter d’être taxé de discrimination. En vain.La majorité des juges ont donc conclu qu’Abercrombie s’était rendu coupable de discrimination « lorsqu’il a intentionnellement refusé d’embaucher Samantha Elauf à cause de son hijab, après avoir conclu correctement qu’Elauf portait le hijab pour des raisons religieuses ». Le juge Clarence Thomas, le seul dissident à la décision, a, au contraire, estimé que « la simple application d’une politique neutre » ne doit pas être considérée comme une discrimination.Lire aussi :Les États-Unis confrontés à leur tour à la question du port du voileStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Le groupe pétrolier Total a confirmé, mercredi 24 juin, le « transfert » au russe Gazprom des 25 % qu’il possédait dans le projet gazier géant de Chtokman, en mer de Barents (Arctique russe), confirmant une information du quotidien russe Vedomosti. Le développement de ce champ situé à 600 kilomètres de Mourmansk, et par 350 mètres de fond, avait été gelé en 2013, le groupe russe et la compagnie française n’ayant pas trouvé l’équilibre économique pour ce projet comportant d’énormes défis technologiques et financiers.Sanctions économiquesVedomosti indique que c’est au cours du Forum économique de Saint-Pétersbourg, mi-juin, que les patrons des deux compagnies, Alexeï Miller et Patrick Pouyanné, se sont entendus sur cette opération. Le retrait de Total s’explique essentiellement par les sanctions économiques infligées à la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne, selon le journal. Il est désormais impossible de financer des projets en dollars.De plus, le schéma technique de développement de ce gisement – l’un des plus importants au monde avec ses 3 800 milliards de mètres cubes – « ne donnait pas une rentabilité acceptable », indique le document de référence de Total. Chtokman s’était traduit, en 2014, par l’inscription dans ses comptes d’une dépréciation de 350 millions de dollars (313 millions d’euros).La compagnie française suit ainsi les traces du norvégien Statoil (24 %), qui avait jeté l’éponge en 2012. La société Shtokman development AG, chargée du développement et de l’exploitation du gisement, est désormais contrôlée à 100 % par Gazprom, sans qu’il existe de projet clair de développement de ce gigantesque champ.Rentabilité aléatoireTotal n’a pourtant pas définitivement renoncé à un projet où il était entré en 2007. Il a confirmé, mercredi 24 juin, son « intérêt pour coopérer davantage sur le projet s’il devait entrer en phase active ». Il prévoyait, à l’origine, un bateau extrayant le gaz au large, dans une mer traversée par d’énormes icebergs, et son transfert par gazoduc sous-marin jusqu’à une usine de liquéfaction située près de Mourmansk.Une fois liquéfiée, une grande partie de ce gaz devait être acheminée vers les Etats-Unis. Mais ce marché s’est fermé au début de la décennie 2010 quand les Américains sont devenus autosuffisants grâce aux gaz de schiste, rendant la rentabilité encore plus aléatoire.Total se concentre désormais sur le projet Yamal LNG, un projet d’extraction et de production de gaz liquéfié dans le grand Nord, mais à terre cette fois. Le géant français partage l’effort d’investissement de 27 milliards de dollars avec le groupe privé russe Novatek et le pétrolier chinois CNPC.Lire aussi :Climat : l’industrie du gaz s’invite dans le débatTouché par l’interdiction de financer en dollars, les promoteurs de Yamal LNG se sont tournés vers d’autres devises. « La partie financement avance bien, on a maintenant les agences de crédit européennes qui sont dans les derniers « rounds » de négociations. Ca va permettre de stabiliser la tranche de financement en euro », a indiqué M. Pouyanné, le 29 mai, en marge de l’assemblée générale de Total. Quant aux fonds des banques chinoises, a-t-il ajouté, « on sera autour de 10 à 15 milliards de dollars ». Il pense disposer des fonds « avant la fin de l’année ».Lire aussi :Shell de nouveau autorisé à forer en ArctiqueJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.06.2015 à 16h30 • Mis à jour le24.06.2015 à 16h55 « Quatorze personnes ont été tuées, et au moins 24, blessées », dans un attentat-suicide à une centaine de kilomètres au nord-est de Bagdad, dans la province de Diyala, mené mardi 23 juin contre un rassemblement de chefs tribaux sunnites, a déclaré un capitaine de la police.Le kamikaze a déclenché sa charge lors d’un « rassemblement de notables et personnalités, appartenant pour la plupart à la tribu Al-Nida », a ajouté l’officier. Un colonel de l’armée irakienne a précisé qu’Al-Nida, une importante tribu sunnite de la province de Diyala, avait aidé les forces gouvernementales à repousser les combattants du groupe Etat islamique hors de sa région.Bagdad avait annoncé en janvier que les forces irakiennes avaient « libéré » Diyala, dont une partie importante était tombée aux mains des djihadistes lors de leur offensive fulgurante lancée en juin 2014. Ces derniers continuent néanmoins d’y mener des attaques isolées.Lire aussi :Etats-Unis, Irak et Iran s’accusent d’avoir échoué dans la lutte contre l’Etat islamiqueProgression des forces kurdes vers RakkaL’attaque, revendiquée par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) dans un communiqué publié en ligne, a eu lieu alors que l’EI peine à conquérir la capitale irakienne depuis plusieurs mois et que les Etats-Unis ont décidé de dépêcher 450 conseillers militaires supplémentaires pour former les troupes irakiennes.En Irak, plus de trois millions de personnes ont été déplacées depuis début 2014, en raison des violences liées à la présence de l’Etat islamique (EI), a indiqué mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Elles ont essentiellement rejoint le Kurdistan irakien, la région de Bagdad et le sud du pays.A plus de 600 kilomètres à l’ouest, les forces kurdes des unités de protection du peuple (YPG) et des brigades rebelles, soutenues par les frappes de la coalition internationale, progressent vers Rakka, la capitale politique de l’EI en Syrie.Lire aussi :L’Etat islamique tremble pour Rakka, sa capitale en Syrie 24.06.2015 à 15h59 • Mis à jour le24.06.2015 à 18h59 Au lendemain de « scènes de chaos totalement inacceptables », selon les mots de David Cameron, le premier ministre britannique a insisté, mercredi 24 juin, sur la nécessité de travailler de façon plus étroite avec la France sur la question des migrants qui cherchent à traverser la Manche. Mardi, des migrants ont profité d’une action des marins de MyFerryLink, filiale d’Eurotunnel, en grève, qui a provoqué une suspension du trafic dans le tunnel sous la Manche, pour tenter de monter dans des camions à l’arrêt. Ces images ont circulé en boucle sur les écrans de télévision britanniques.Devant la Chambre des communes, M. Cameron a tenté d’apaiser les tensions entre la France et la Grande-Bretagne. « Nous devons travailler de façon très étroite avec les Français, a déclaré le premier ministre. Il est vain de tenter de se rejeter la faute l’un sur l’autre. C’est un partenariat solide et nous devrions le conserver en l’état. »Lire aussi :Grève des marins de MyFerryLink : le trafic des Eurostar de nouveau normalEnviron 3 000 migrants se trouvent à Calais, en France, dans l’espoir de réussir à gagner l’Angleterre, selon le dernier décompte de la préfecture du Pas-de-Calais. Natacha Bouchart, sénatrice-maire (Les Républicains) de Calais, a jugé insuffisante la contribution de la Grande-Bretagne à la sécurité du port et prône une réforme de la politique sociale du pays, qui en fait un pôle d’attraction pour les migrants.Davantage de personnel et de clôturesM. Cameron a rappelé que Londres a déjà investi 12 millions de livres (17 millions d’euros) dans le renforcement des mesures de sécurité frontalières, et assuré qu’il était prêt à « faire davantage ». Le gouvernement britannique envisage notamment de déployer plus de personnel ainsi que des équipes cynophiles du côté français de la frontière. Une réflexion est également en cours sur la mise en place de clôtures autour du port de Calais, de l’Eurostar et de l’entrée du tunnel.En outre, M. Cameron a insisté sur la nécessité de s’attaquer aux sources de l’immigration clandestine. Pour ce faire, le gouvernement britannique a annoncé la mise en place d’un groupe de travail composé d’environ 90 fonctionnaires, issus entre autres de la police des frontières et de la magistrature, pour lutter contre les réseaux criminels de passeurs de migrants en mer Méditerranée. Ce groupe sera en partie sis en Sicile et à La Haye avec Europol, l’agence européenne de lutte contre la criminalité organisée, et des effectifs présents au Royaume-Uni pourront être déployés en fonction des besoins. Cette force aura notamment pour mission de réunir des « renseignements » pour combattre les passeurs et identifier les « flux financiers » qui nourrissent le trafic, a précisé le secrétaire d’Etat à l’immigration.Lire aussi :Un radeau de la Méduse contemporain  Stéphane Lauer (New York, correspondant) Le trou d’air qu’a connu l’économie américaine au premier trimestre a été moins prononcé que ce qui avait été annoncé dans un premier temps. Le Produit Intérieur Brut (PIB) n’a finalement reculé que de 0,2 %, a annoncé, mercredi 24 juin, le département du commerce. Cette troisième estimation, qui sera à nouveau ajustée en juillet, est sensiblement meilleure que la précédente, qui avait évalué la baisse à 0,7 %.Si l’économie américaine a mieux résisté que prévu, c’est avant tout grâce à la consommation, qui constitue 70 % de l’activité économique aux Etats-Unis. Les dépenses des ménages ont ainsi progressé de 2,1 % entre janvier et mars, soit 0,3 point de mieux que la précédente estimation. Celles-ci se sont principalement portées sur l’alimentation et les services dans les transports.L’investissement des entreprises décrocheLes dépenses dans la construction résidentielle ont été également révisées à la hausse. La progression s’est établie à 6,5 %, contre 5 % annoncés précédemment. Enfin les entreprises ont stocké plus que ce qui avait été estimé dans un premier temps. Les stocks ont contribué à hauteur de 0,45 point au PIB.En revanche, l’investissement des entreprises a décroché de 2 %. Il s’agit du plus mauvais chiffre depuis 2009. De même, les exportations ont chuté de 5,9 %. Même si le chiffre est supérieur aux -7,6 % annoncés précédemment par le département du commerce, la statistique indique que l’économie américaine subit de plein fouet la forte hausse du dollar, qui renchérit la production locale au profit des biens fabriqués en Europe ou en Asie. Ainsi, les importations ont fait un bon spectaculaire de 7,1 %, très au-dessus des 5,6 % annoncés dans un premier temps. Le déficit de la balance commerciale a pesé négativement sur le PIB, à hauteur de 1,9 point. Du jamais vu depuis 1985. Enfin, les dépenses du gouvernement ont baissé de 0,6 %.Le PIB ne devrait progresser que de 1,8 % à 2 %L’hiver particulièrement rigoureux et la grève des dockers dans les ports de côte Ouest expliquent une large part de la faiblesse de l’économie américaine au premier trimestre. La présidente de la Réserve fédérale (Fed), Janet Yellen, a ainsi estimé lors d’une conférence de presse la semaine dernière qu’une « partie de cette faiblesse est vraisemblablement le résultat de facteurs transitoires », ajoutant qu’« en dépit d’un premier trimestre faible, les fondamentaux de la dépense des ménages semble favorables et le sentiment des consommateurs reste solide ».La Fed a malgré tout révisé à la baisse ses anticipations de croissance pour 2015 : le PIB ne devrait progresser que de 1,8 % à 2 %. Des anticipations modestes, qui ne devraient toutefois pas dissuader la banque centrale de relever prochainement ses taux. « L’amélioration des perspectives économiques, la pression croissante sur les salaires et les ventes sur le marché obligataire renforcent notre opinion que la Fed va relever ses taux une première fois en septembre, et de nouveau avant la fin de 2015 », estime Joseph Lake, économiste chez The Economist Intelligence Unit.Lire aussi :La hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis doit attendre encore un peuStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.06.2015 à 14h59 L’Australie a annoncé mercredi 24 juin son adhésion en tant que membre fondateur à la nouvelle Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII), créée à l’initiative de Pékin. La contribution du pays, sur cinq ans, sera de 930 millions de dollars australiens (638 millions d’euros).Cinquante-sept pays se sont portés candidats pour rejoindre la BAII, qui sera opérationnelle avant la fin de l’année et aura son siège à Pékin, en dépit des réticences des Etats-Unis et du Japon. La nouvelle structure, qui sera dotée d’un capital de 100 milliards de dollars, doit contribuer à financer des travaux d’infrastructures en Asie, où les investissements font cruellement défaut. « Le manque de financements en matière d’infrastructures est estimé à environ 8 000 milliards de dollars dans la région asiatique pendant la décennie actuelle. La BAII fait partie de la solution pour combler ce manque », affirment les ministres australiens pour expliquer leur participation.Washington et Tokyo s’inquiètent de la gouvernance de la BAII et de son positionnement vis-à-vis de structures similaires, comme la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement (BAD) sur lesquelles ces deux pays ont beaucoup de poids. Les Etats-Unis et le Japon sont réservés quant à la transparence de cette banque géante et au risque que la Chine l’utilise pour ses propres intérêts géopolitiques et économiques. 24.06.2015 à 14h09 • Mis à jour le24.06.2015 à 15h12 C’est une première en Chine. Les autorités de Pékin ont avancé mercredi 24 juin une évaluation chiffrée du coût économique et humain de la consommation de drogue dans le pays.Liu Yuejin, le vice-ministre de la sécurité publique, a déclaré que le « coût économique direct de la consommation de drogue dans l’ensemble du pays atteint 500 milliards de yuans [72 milliards d’euros] par an ». Le ministre a également annoncé que la Chine comptait 14 millions de toxicomanes et que 49 000 consommateurs de stupéfiants sont morts en 2014.A titre de comparaison, en 2011, la France – pays d’une population de 66,3 millions d’habitants, soit environ vingt fois plus petite que la Chine – a compté 388 morts liées à la prise régulière de substances illicites, soit plus de 126 fois moins que la Chine.Hausse des « nouvelles drogues »Le rapport annuel publié par les autorités chinoises relève que la consommation de drogues synthétiques a pour la première fois dépassé celle de l’héroïne l’an dernier. A la fin de 2014, le pays comptait 1,2 million d’usagers de méthamphétamine, une drogue de synthèse stimulante et très addictive, soit une hausse de 41 % en un an.Lire aussi : Les « nouvelles drogues » deviennent un problème de santé publique mondial La Chine, considérée comme « l’une des principales sources d’approvisionnement en nouvelles substances psychoactives », est l’un des pays les plus touchés, avec les Etats-Unis, par les « nouvelles drogues », ou drogues de synthèses, avait rapporté, dans son rapport de 2014, l’Organe international de contrôle de stupéfiants (OICS), rattaché aux Nations unies.Pékin renforce les contrôlesLe gouvernement a récemment durci la répression contre la toxicomanie, pratique qui se développe au sein de la classe moyenne urbaine de plus en plus aisée. L’OICS avait noté que la Chine avait « utilisé la législation nationale pour renforcer les contrôles sur la fabrication, l’importation et la vente de précurseurs ».Pékin a notamment procédé à des arrestations spectaculaires, comme celle de Jaycee Chan, fils de la star des films de kung-fu Jackie Chan. Jaycee Chan a été libéré de prison en février dernier, après y avoir passé six mois. David Revault d'Allonnes et Alexandre Lemarié Une impression de déjà-vu. « Il s’agit de faits inacceptables qui ont déjà donné lieu à des mises au point entre les Etats-Unis et la France », a protesté l’Elysée dans un communiqué, mercredi 24 juin au matin, après de nouvelles révélations sur des interceptions téléphoniques ayant visé trois présidents français, dont François Hollande. La réaction est tombée à l’issue d’un conseil de défense regroupant, autour du chef de l’Etat, les ministres concernés et les patrons des services de renseignement. Les engagements américains « doivent être rappelés et strictement respectés ». « La France, qui a encore renforcé son dispositif de contrôle et de protection, ne tolérera aucun agissement mettant en cause sa sécurité et la protection de ses intérêts », poursuit le communiqué.Lire aussi :Comment la NSA a espionné trois présidents françaisLe conseil de défense avait été précédé par un point dans le bureau présidentiel avec le premier ministre, Manuel Valls, et ses plus proches conseillers, le directeur de cabinet Thierry Lataste, le secrétaire général, Jean-Pierre Jouyet, le conseiller diplomatique Jacques Audibert, le général Benoît Puga, chef d’état-major particulier, et le conseiller en communication Gaspard Gantzer. A l’issue du conseil ont été décidées deux démarches entre services de renseignement d’une part et diplomates de l’autre. Le directeur de la DGSE, Bernard Bajolet, et le nouveau coordinateur du renseignement, Didier Le Bret, se rendront aux Etats-Unis dans les prochains jours. Laurent Fabius devait convoquer l’ambassadrice des Etats-Unis en France, Jane D. Hartley, mercredi en fin d’après midi.« Comme dans un vieux couple »C’est la troisième fois depuis mai 2012 que l’exécutif formule de telles protestations. « Ceci n’est évidemment pas admissible entre alliés », avait tempêté le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, dès juillet 2013. Puis, en octobre 2013, après de nouvelles révélations concernant l’écoute à grande échelle de trente-cinq hauts dirigeants européens, l’ambassadeur des Etats-Unis en France avait été convoqué au Quai d’Orsay. « Je vous écoute », avait alors dit Charles Rivkin en s’asseyant face à Alexandre Ziegler, le directeur de cabinet de M. Fabius. « C’est bien le problème », lui avait répliqué M. Ziegler…Sur l’espionnage dont il aurait potentiellement été la cible directe, en revanche, l’exécutif s’était toujours montré extrêmement discret. « Je n’ai pas d’information », avait ainsi évacué le chef de l’Etat, le 25 octobre 2013, en marge d’un conseil européen. Les contacts entre diplomates et services de renseignement consécutifs à cet épisode avaient cependant abouti, à l’occasion de la visite d’Etat de François Hollande à Barack Obama à Washington en 2014, à l’« engagement américain de ne pas écouter de façon ciblée les dirigeants français », rappelle un proche du chef de l’Etat.En pleine célébration du voyage de L’Hermione, « qui rappelle que nous avons toujours été alliés avec les Américains depuis la guerre d’Indépendance », commente un diplomate, la protestation officielle devrait être parfaitement ritualisée. « C’est comme dans un couple, quand tu apprends que tu as été trompé mais que tu es encore amoureux, poursuit cette source. Il va y avoir une scénarisation de notre mauvaise humeur. On va froncer les sourcils, rappeler que c’est inacceptable, et obtenir toutes les assurances politiques. Mais de toutes façons, on les avait déjà… »« C’est vraiment déloyal et inamical »Les mêmes protestations, au mot près, ont été formulées par l’opposition. Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, lui aussi visé durant son quinquennat par des écoutes ciblées, on a vivement condamné l’espionnage américain. Dans la soirée de mardi, l’ancien chef de l’Etat a dénoncé, selon son entourage, « des méthodes inacceptables en règle générale et plus particulièrement entre alliés ». Lire aussi :« La vie politique française est l’objet d’une attention constante des Etats-Unis »Même tonalité chez les conseillers de l’Elysée ayant officié sous son mandat. « C’est vraiment déloyal et inamical (…) Il y a là une rupture du pacte de confiance », s’est indigné mercredi, sur RTL, l’ex-secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, dont le numéro de téléphone figurait sur une liste de l’Agence nationale de sécurité américaine (National Security Agency, NSA). Le député Pierre Lellouche, qui a lui-même été espionné en tant que secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur (2010-2012), juge à son tour « intolérables » les méthodes de la NSA. Pour lui, c’est « un comportement indigne et lamentable entre nations démocratiques ». « C’est très choquant. Cette affaire est scandaleuse », a renchéri l’ex-ministre François Baroin, sur RMC.« La présidence des Etats-Unis devrait s’exprimer sur ce sujet (…) Il faut que les Etats-Unis s’engagent, preuve à l’appui, à ne plus pratiquer de cette façon à l’égard de leurs alliés », a estimé M. Guéant, pressant le pouvoir de « réagir à l’égard des Etats-Unis », en exprimant « son indignation » et en préconisant de « dire que ça ne se fait pas entre alliés proches ». Pour M. Lellouche, le pire serait d’en rester là : « Il faut une réaction. Cela doit nous amener à une explication de texte franche et virile avec nos alliés. La France doit demander aux Etats-Unis que ces agissements s’arrêtent. » « Il faut encadrer ces pratiques, avec un accord de bonne conduite entre alliés », propose-t-il, en jugeant nécessaire que « Barack Obama prenne la parole pour s’expliquer ».« Il faut améliorer la sécurité des communications »Certains jugent urgent de se protéger de toute tentative d’espionnage. « Cela prouve qu’il faut améliorer la sécurité des communications », estime Frédéric Péchenard, proche de M. Sarkozy et ex-directeur de la police nationale. « Nos services de renseignement doivent prendre des mesures techniques pour faire en sorte que les conversations du président de la République, du premier ministre et des membres du gouvernement ne soient plus écoutées. » « Cela doit nous amener à prendre davantage de précautions lors de nos communications, abonde M. Lellouche. On peut par exemple empêcher l’usage des téléphones portables dans certains lieux stratégiques pour éviter d’être espionné. »Au-delà, l’exécutif relativise néanmoins le caractère hautement confidentiel des conversations interceptées par les services américains, recensées dans une note de mai 2012 faisant état d’une réunion confidentielle sur le scénario – déjà – d’un « Grexit » et d’une rencontre de François Hollande avec des dirigeants du SPD allemand. « Les conversations écoutées n’ont aucun intérêt. Ce sont toujours des sujets annexes. Il n’y a jamais eu de fuites concernant la sécurité et la défense nationales », rappelle un conseiller ministériel.Les membres de l’exécutif, président, ministres et conseillers, ont toujours assuré faire preuve de la plus extrême prudence lors de leurs échanges dans les enceintes diplomatiques, Conseil européen compris, ou dans les représentations françaises à l’étranger, mais également dans toutes leurs conversations téléphoniques, théoriquement sécurisées sous l’égide du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. « Il importe de toujours chercher à se protéger, sans angélisme », note un collaborateur du chef de l’Etat, qui précise : « Si j’ai quelque chose d’important à dire au président, je vais dans son bureau. »Alexandre LemariéJournaliste en charge du suivi de l'UMPSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDavid Revault d'AllonnesGrand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste Raphaëlle Besse Desmoulières et Yves Bordenave Dans un entretien au Monde, Jean-Luc Mélenchon, député européen du Parti de gauche, estime que « les créanciers de la Grèce céderont ». « Nous allons nécessairement gagner sur l’essentiel », déclare le candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012.Estimez-vous qu’Alexis Tsipras, le premier ministre grec, puisse encore imposer ses vues face aux créanciers de son pays sans se renier ?Jean-Luc Mélenchon : J’ai confiance en lui ! Je connais aussi la dureté de ce qu’il affronte. La dette grecque a cessé depuis longtemps d’être une question financière : elle est exclusivement politique. Il s’agit de prouver qu’on ne peut désobéir aux libéraux. Mais si, par les violences de la Banque centrale, le système bancaire grec s’effondre, si la Grèce est mise en banqueroute, les Français devront payer 40 milliards d’euros et les Allemands 60 milliards. C’est inenvisageable. Si on trouve l’accord technique qui permet d’effacer la dette grecque par des mécanismes de rééchelonnement, tout le monde s’épargnera cette épreuve absurde. La responsabilité intégrale du danger repose sur Merkel et Schäuble [la chancelière et le ministre des finances allemands], qui ont parié sur la tension et l’inertie de Hollande. Damien Leloup et Martin Untersinger On avait un petit peu oublié WikiLeaks. Après ses coups d’éclat de 2010, lorsqu’il avait dévoilé les dessous de l’armée et de la diplomatie américaines, le site fondé et dirigé par Julian Assange avait continué de publier des documents, mais ne terrorisait plus les chancelleries du monde entier.Jusqu’à il y a quelques jours, les dernières publications du site étaient en effet loin d’être à la hauteur de ses exploits passés : il s’agissait notamment de l’intégralité des courriels piratés, fin 2014, sur les serveurs de Sony Pictures. Des documents déjà semi-publics – mais difficiles à trouver, et encore plus à explorer – que WikiLeaks a réorganisés et mis en ordre pour faciliter leur recherche. Le site a également publié, à plusieurs reprises, des brouillons de divers accords internationaux : souvent provisoires et parcellaires, ces documents n’ont guère attiré l’attention des médias.Lire aussi :WikiLeaks publie 276 000 nouveaux documents de Sony« Saudi Cables »Mais il y a quelques jours, le site de l’activiste australien publiait les « Saudi Cables », une série de pièces montrant la manière dont le régime de Riyad utilise sa fortune pour faire taire les critiques, y compris à l’étranger. L’organisation a mis la main sur plus d’un demi-million de lettres, de courriers électroniques et de câbles rédigés par le ministère des affaires étrangères saoudien ou ses représentants à l’étranger.Lire aussi :Les « Saudi Cables » révèlent comment Riyad achète l’élite libanaiseDe cette mine, dont l’origine n’est pas connue, WikiLeaks n’a pour l’instant révélé qu’une petite partie, composée de 70 000 documents, en partenariat avec le quotidien libanais Al-Akhbar, l’un des organes de la presse arabe les plus hostiles à la monarchie saoudienne. L’ensemble donne un aperçu de la manière dont Riyad s’est acheté un réseau d’obligés au pays du Cèdre, mais aussi dans tout le monde arabe et musulman.Cette publication a amorcé le retour de WikiLeaks sur la scène médiatique. En publiant, mardi 23 juin, des extraits de rapports internes de la NSA américaine, montrant qu’au moins trois présidents français avaient été placés sous surveillance, le site de Julian Assange a réalisé un nouveau « coup » majeur.Pas tant en raison de la portée internationale de ces révélations – après les informations d’Edward Snowden sur les écoutes pratiquées contre la chancelière allemande, Angela Merkel, la surprise est mesurée –, mais en raison de leur nature. Les extraits publiés proviennent en effet de rapports dits « gamma » de la NSA – soit des rapports plus classifiés que les documents jusqu’ici révélés par M. Snowden.Lire aussi :Comment la NSA a espionné trois présidents françaisD’où proviennent-ils ? Mystère. Le site a relancé, en mai, son système permettant à des informateurs anonymes de lui envoyer des documents sécurisés. Ce dernier avait été interrompu en 2010, lorsque certains membres de WikiLeaks l’avaient quitté avec pertes et fracas. C’est peut-être par ce moyen que le site s’est procuré les documents qu’il publie aujourd’hui. WikiLeaks s’est toujours targué d’avoir mis en place un système d’envoi de documents inviolable, y compris par les membres de WikiLeaks eux-mêmes, et affirme être dans l’impossibilité de connaître la source d’une fuite. Si tant est que cette dernière soit passée par le système sécurisé mis en place par le site.WikiLeaks était brièvement revenu sur le devant de la scène à l’été 2013, en venant en aide à Edward Snowden, l’ancien sous-traitant de la NSA, qui venait alors de révéler son nom, son visage, et son rôle au monde entier. Coincé dans l’aéroport de Moscou après l’annulation de son passeport, il avait à ses côtés Sarah Harrison, une juriste dépêchée par WikiLeaks pour tenter de le faire sortir de Hongkong, où il avait rencontré les journalistes Glenn Greenwald et Laura Poitras. Mais WikiLeaks était ensuite largement resté en retrait lors des multiples révélations basées sur les documents d’Edward Snowden, alors qu’ils portaient sur son cœur de métier, la surveillance électronique.Lire aussi :Edward Snowden se félicite des « victoires » permises par ses révélationsReclus à LondresReste que la situation personnelle de Julian Assange est toujours peu confortable. Le fondateur de WikiLeaks vit reclus dans l’ambassade d’Equateur au Royaume-Uni depuis le 19 juin 2012, sans possibilité de sortie dans un futur proche. La justice suédoise souhaite toujours l’entendre, pour l’instant en tant que témoin, pour répondre d’accusations de viol et d’agression sexuelle. Julian Assange nie, et affirme être victime d’un complot organisé par les Etats-Unis. Il refuse de se rendre en Suède pour répondre aux questions des enquêteurs, affirmant qu’il risque une extradition vers les Etats-Unis, où il pourrait être déféré devant la justice, et a proposé à plusieurs reprises de répondre aux questions des enquêteurs par visioconférence. Ces derniers ont refusé, arguant que M. Assange s’était enfui de Suède alors qu’il savait pertinemment que les enquêteurs étaient à sa recherche. La Cour suprême suédoise a rejeté le 11 mai sa demande d’annuler le mandat d’arrêt qui le vise.Lire aussi :La Cour suprême de Suède rejette l’appel de Julian AssangeL’autre incertitude porte sur les fonds dont dispose encore WikiLeaks, qui a multiplié ces derniers mois les appels aux dons. Il y a un mois, l’organisation avait, pour la première fois, promis de l’argent contre des documents : le site a « mis à prix » le contenu de l’accord de libre-échange transpacifique TPP, négocié en secret, et promet 100 000 dollars (89 000 euros) à quiconque lui en transmettra le contenu. Pour financer cette récompense, le site avait demandé des dons – ce mercredi 24 juin, seuls les trois quarts de la somme ont été collectés. Surfant sur la vague des révélations françaises, WikiLeaks a déjà lancé un nouvel appel à la solidarité.Lire aussi :Payer les lanceurs d’alerte, la nouvelle stratégie de WikiLeaksMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) La décision risque de faire l’objet d’une vive controverse lors du Conseil européen des 25 et 26 juin à Bruxelles, censé examiner les dernières propositions de Bruxelles en faveur d’une répartition plus solidaire des demandeurs d’asile qui affluent vers les Vingt-Huit. Le gouvernement de Viktor Orban a décidé mardi 23 juin de suspendre l’accueil des migrants passés par son territoire pour déposer une demande d’asile dans l’Union européenne.La Commission européenne, qui a bien précisé qu’elle avait été informée de cette initiative par les voisins de la Hongrie, a aussitôt réagi et a demandé à Budapest « une clarification immédiate sur la nature et l’étendue (du) problème technique » invoqué pour justifier la suspension du règlement.« La barque est pleine, nous avons dépassé les limites de nos capacités d’accueil des réfugiés », a expliqué le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltan Kovacs, lors d’une rencontre avec des journalistes à Vienne, mardi. Les accords - dits de « Dublin III » - dénoncés de manière unilatérale par Budapest prévoient qu’un pays peut renvoyer un demandeur d’asile dans l’Etat par lequel il est passé pour entrer dans l’UE. Budapest redoute, au deuxième semestre, le reflux massif de milliers de personnes qui seraient rejetées par l’Allemagne, où elles ont déposé ces derniers mois une demande d’asile, après avoir transité par la Hongrie.« L’Autriche ne peut pas tolérer cela »La suspension décidée par le gouvernement Orban est « inacceptable » et aura des conséquences, a réagi mercredi l’Autriche, voisine de la Hongrie. « L’Autriche ne peut pas tolérer cela », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sebastian Kurz à son homologue hongrois Peter Szijjarto, le mettant en garde contre des « effets négatifs ».La décision de suspendre cette convention intervient moins d’une semaine après celle de construire sur la frontière séparant la Hongrie de la Serbie, dans le sud du pays, une clôture de sécurité de quatre mètres de haut et 175 kilomètres de large. Budapest espère qu’elle va diminuer drastiquement le flot de réfugiés, comme cela a été le cas à la frontière grecque et à la frontière bulgare. Il est exclu que la police des frontières puisse tirer sur ceux qui escaladeraient malgré tout cet obstacle, a précisé M. Kovacs.L’opinion internationale s’est focalisée sur le drame des migrants en Méditerranée. Mais le problème est tout aussi préoccupant sur les voies terrestres, où opèrent aussi des réseaux organisés de trafic d’êtres humains. A elle seule, la Hongrie a déjà enregistré quelque 60 000 demandeurs d’asile en 2015, contre 43 000 pour toute l’année 2014, et quelques milliers les années précédentes. Actuellement, d’après les chiffres de l’organisme européen Frontex, entre 700 et 800 personnes pénètrent chaque jour de façon illégale dans le pays et se rendent aux gardes-frontière, qui relèvent leur identité ainsi que leurs empreintes digitales. Elles poursuivent ensuite, en général au bout de 24 heures, leur route vers l’Autriche et l’Allemagne.*Budapest refuse le principe de quotas contraignantsLa Hongrie n’a guère plus de 2 500 places dans ses centres d’accueil, mais envisage d’augmenter cette capacité, aujourd’hui totalement saturée. Alors que jusqu’en mars beaucoup de ces migrants étaient originaires du Kosovo, la majorité provient désormais d’Afghanistan, du Pakistan, de Syrie et du continent africain. Vérifier s’il s’agit de gens qui couraient un danger dans le pays où ils se trouvaient, est une tâche impossible, estiment les autorités hongroises, qui constatent que la Grèce, plus au sud, ne joue pas le jeu alors qu’elle est en fait la véritable « porte d’entrée » du continent. Budapest a aussi reçu des informations selon lesquelles la Macédoine a payé des billets de transport aux migrants, afin qu’ils gagnent plus vite la Serbie, puis la Hongrie.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2t9kzk"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2t9kzk", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Depuis des semaines, Budapest refuse le principe de quotas contraignants de répartition des demandeurs d’asile entre pays de l’UE, tels que proposés par la Commission européenne ce printemps. « Des quotas volontaires pourraient fonctionner », déclare M. Kovacs. Mais le gouvernement de Viktor Orban s’est aussi retrouvé sous le feu des critiques pour avoir lancé, en mai, une « consultation nationale » appuyée sur un questionnaire et des affiches dont de nombreuses ONG, et les Nations unies, déplorent le caractère tendancieux, car elles assimilent les migrants à un danger pour la sécurité nationale. Selon le porte-parole, environ 10 % des électeurs ont renvoyé ce questionnaire. Et 80 % d’entre eux réclament des mesures plus énergiques contre les migrants illégaux.Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.06.2015 à 17h01 • Mis à jour le10.06.2015 à 18h43 | Alain Salles Le scandale des écoutes rebondit en Pologne et provoque une véritable déflagration politique. La première ministre Ewa Kopacz a annoncé mercredi 10 juin la démission de six ministres, ou secrétaires d’Etat, et celle du président du Parlement, Radoslaw Sikorski, tous cités dans une affaire retentissante d’écoutes illégales. A la fin d’une conférence de presse, Mme Kopacz a demandé « pardon » aux Polonais. Elle avait annulé un déplacement à Bruxelles alors que le pays est en pleine tempête politique, deux jours après que l’homme d’affaires et militant politique Zbigniew Stonoga a publié sur sa page Facebook l’ensemble du dossier judiciaire sur les enregistrements, à leur insu, de plusieurs personnalités proches du parti au pouvoir, Plate-forme civique (PO, centre droit).Les 2 500 pages de l’enquête ont été postées sur Internet, lundi 8 juin, et le parquet a reconnu que les documents publiés étaient authentiques. L’homme d’affaires a été brièvement arrêté, mardi soir, pour violation du secret de l’instruction. Il reste sous contrôle policier et n’est pas autorisé à quitter le pays. Les documents montrent des procès-verbaux, des photographies, mais aussi les coordonnées de certains enquêteurs.Le président du Parlement, et ancien ministre des affaires étrangères, Radoslaw Sikorski avait estimé auparavant que ces fuites « démolissaient les institutions de l’Etat ». « C’est dévastateur pour le système basique de nos institutions », expliquait Jacek Cichocki, membre du cabinet de la première ministre Ewa Kopacz, avant d’être lui même contraint de démissionner.L’affaire a démarré en juin 2014, quand un hebdomadaire a rendu publiques plusieurs conversations dans des salons privés de deux restaurants de Varsovie. On y entendait un ancien ministre de l’économie discuter avec le président de la Banque de Pologne pour savoir si une dévaluation serait favorable à la PO pour les élections, ou le ministre des affaires étrangères de l’époque, Radoslaw Sikorski, critiquer les Etats-Unis.Langage ordurierSi elles ne révèlent guère de secrets d’Etat, c’est le ton de ces conversations au langage parfois ordurier et surtout l’impression de connivences entre personnes du même parti et du même monde, qui ont fait le plus de dégâts sur l’image du gouvernement et du parti de Donald Tusk, ancien premier ministre et aujourd’hui président du Conseil européen. C’est l’une des raisons de la défaite du président sortant, Bronislaw Komorowski, le 24 mai, face au candidat conservateur du parti d’opposition Droit et justice (PiS), Andrzej Duda.L’origine de ces écoutes, réalisées avec la complicité de certains membres du personnel des restaurants concernés, fait l’objet de plusieurs enquêtes. Certains y ont vu l’ombre de Moscou, d’autres des règlements de comptes plus triviaux. « Le bureau du procureur enquête sur les activités criminelles d’une bande organisée qui a essayé d’influencer le gouvernement et peut-être pire », a expliqué M. Sikorski. Il espère que le parquet « punira ceux qui sont coupables d’enregistrements et de publications illégales de données obtenues de façon criminelle ».L’homme au centre de ce nouveau scandale explique qu’il a trouvé par hasard les dossiers sur des serveurs internet chinois. Zbigniew Stonoga est un blogueur, qui a mené un combat populaire contre le fisc polonais. Il a été proche du Congrès de la Nouvelle droite, l’ancien parti d’extrême droite de Janusz Korwin-Mikke.Galvanisé par sa victoire surprise à l’élection présidentielle, le PiS espère emporter les élections législatives prévues à l’automne. La relance du scandale des écoutes risque d’affaiblir encore le parti au pouvoir PO. Le PiS a demandé mardi l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur ces fuites.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) L’opposante birmane et prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi est arrivée mercredi 10 juin à Pékin pour sa première visite en Chine, qui s’achèvera dimanche. Sa visite était attendue, son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) ayant envoyé plusieurs délégations en Chine en 2013. Pour certains, cet accueil s’explique par la frustration des dirigeants chinois envers le gouvernement birman et sa gestion chaotique du conflit avec la guérilla Kokang, en raison des incursions aériennes et des tirs d’obus de l’armée birmane en territoire chinois malgré les avertissements de Pékin. Pour Yun Sun, chercheuse associée du programme Asie de l’Est au Stimson Center, un think tank spécialisé dans les questions de sécurité globale basé à Washington, Aung San Suu Kyi « a besoin de montrer qu’elle est capable de travailler avec la Chine ».Comment interpréter la visite d’Aung San Suu Kyi ? Est-ce une manière pour Pékin de « punir » l’actuel gouvernement birman après les récentes tensions entre les deux pays ?Cela supposerait qu’Aung San Suu Kyi adopte une politique radicalement différente vis-à-vis des minorités ethniques à la frontière, ce qui reste à voir. Même sans prendre en compte l’instabilité à la frontière, la Chine et Aung San Suu Kyi ont suffisamment de bonnes raisons pour établir un contact direct et participer à une rencontre. Aung San Suu Kyi a besoin de montrer qu’elle est capable de travailler avec la Chine, et la Chine, en anticipation d’une victoire de la LND aux élections en fin d’année, a aussi besoin de construire une bonne relation avec elle.Quels sont les avantages pour Pékin d’organiser une rencontre au plus haut niveau, c’est-à-dire avec le président Xi Jinping ou le premier ministre Li Keqiang ?Etant une des personnalités politiques les plus influentes aujourd’hui dans son pays, Aung San Suu Kyi aura un rôle important à jouer dans les relations futures entre la Chine et le Myanmar [nom officiel de la Birmanie]. Cette seule raison légitime l’intérêt que Pékin affiche pour l’accueillir. La visite d’Aung San Suu Kyi sera médiatisée et est destinée à montrer que les deux côtés sont capables d’une bonne entente et de travailler ensemble.Aung San Suu Kyi n’est-elle pas considérée par la Chine comme une icône délicate, dans un pays où un autre prix Nobel de la paix, le dissident Liu Xiaobo, purge une longue peine de prison, tandis que sa femme est retenue prisonnière à son domicile ?Je suppose que pour que cette visite se concrétise, la Chine et Aung San Suu Kyi sont parvenues à un consensus sur les questions politiquement sensibles. Je ne pense pas qu’Aung San Suu Kyi va beaucoup s’exprimer sur les affaires de politique intérieure chinoise, y compris les questions de Liu Xiaobo et du dalaï-lama, tous deux lauréats comme elle du Prix Nobel de la paix. Si elle veut avoir la stature politique que les gens attendent d’elle, elle va sans doute traiter ces questions de manière très prudente.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.06.2015 à 11h26 • Mis à jour le10.06.2015 à 16h05 Au moins trois hommes ont tenté d’attaquer le site touristique de Karnak, à Louxor, dans le sud de l’Egypte, mercredi 10 juin. L’assaut a blessé deux civils et deux policiers. Aucun touriste n’a été touché.Les versions diffèrent quant à la façon dont les terroristes sont parvenus à rejoindre le vaste parking qui fait face au temple de Karnak, l’un des plus célèbres sites de l’Egypte pharaonique. Il apparait toutefois désormais comme certain que c’est au poste de contrôle de ce parking que les événements se sont déroulés. Dans la matinée, trois hommes s’y sont présentés, en voiture, mais « un policier en civil, suspicieux, les a forcés à s'arrêter », explique le ministère du tourisme dans un communiqué. L'un des assaillants s'est « échappé du véhicule et a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui ».La police a alors ouvert le feu sur deux autres hommes, dont au moins un était muni d’un fusil d’assaut. L’un a été tué ; l’autre est grièvement blessé à la tête. Le policier qui a arrêté le véhicule a lui été légèrement blessé, tout comme un de ses collègues et deux civils égyptiens. Les touristes qui se trouvaient dans le temple y ont été immédiatement consignés par la police, qui a sécurisé les lieux. Le ministère de l’intérieur égyptien n’évoquait cependant pas d’attentat-suicide dans son premier communiqué.Les cibles des attentats étaient jusqu’à présent des policiersC’est la deuxième fois que Louxor est visé par un attentat : en 1997, 62 personnes, dont 58 touristes étrangers, avaient été tuées au temple d’Hatchepsout par des militants du groupe islamiste armé Gama’a Al-Islamiya.L’Egypte est le théâtre de violences quasi quotidiennes depuis que le président Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, a été renversé par l’armée, en juillet 2013, les attaques islamistes répondant à la répression des forces de sécurité. Mais, jusqu’alors, les cibles de ces attaques étaient exclusivement les forces de sécurité, en dehors d’un attentat-suicide ayant tué trois touristes sud-coréens et le chauffeur de leur bus en février 2014 au poste-frontière de Taba, dans le Sinaï.Lire aussi : En Egypte, les étrangers ne sont plus épargnés par la violence Simon Roger (Bonn (Allemagne), envoyé spécial) A quarante-huit heures de la fin de la rencontre multilatérale de Bonn, on ne se fait plus guère d’illusions sur l’issue de cette session. Réunis depuis le 1er juin dans le spacieux World Conference Center aménagé le long du Rhin, les 196 membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) devraient se quitter, jeudi 11 juin au soir, sans avoir enregistré de progrès significatifs. Ces dix journées de tractations ont pour objectif de clarifier et d’alléger le texte conclu en février à Genève, un document de 136 pages dans sa version française, qui compile les demandes les plus diverses et les plus contradictoires des pays, et doit servir de socle au texte de négociations présenté en fin d’année à Paris en ouverture de la 21e conférence mondiale sur le climat (COP21).Mais cette étape décisive sur le chemin d’un accord universel pour contenir le réchauffement sous le seuil des 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle se résume pour l’instant à une occasion manquée. « J’espérais avoir un document consolidé, un texte expurgé de certaines options, et entrer dans la phase substantielle de discussions, confie Kamal Djemaoui, membre de la délégation algérienne. Nous n’en sommes pas là. Les négociations n’ont pas encore démarré. »Bataille sémantique« Chaque rendez-vous doit constituer un pas supplémentaire vers l’accord », avait pourtant prévenu Laurent Fabius, invité à lancer les négociations de Bonn en qualité de futur président de la COP21. Pas plus que le ministre des affaires étrangères, l’ambassadrice française chargée des négociations sur le changement climatique, Laurence Tubiana, n’a été entendue, en dépit de ses appels à « accélérer » la cadence pour « ne pas avoir de surprise à Paris ». Après une semaine de débats marquée par trois lectures successives de la somme de 136 pages, le document n’avait perdu que 5 % de son volume initial, déploraient plusieurs ONG, dépitées par la vigueur des discussions pour maintenir une virgule, respecter un paragraphe, confirmer une option entre crochets.Car cette bataille sémantique dissimule une autre lutte, politique celle-là, sur la perception du changement climatique et les moyens d’y faire face. Dans le chapitre consacré par exemple au financement, le texte liste six options, six visions du monde. L’une d’elles propose que tous les pays « en mesure de le faire fournissent des moyens de financer l’action climatique » ; une autre attribue cette responsabilité à « tous les pays développés » ; une troisième introduit la notion d’« appui financier aux parties qui ont besoin d’être soutenues ». Face à de telles divergences idéologiques, la synthèse s’avère un exercice complexe.Désignés pour superviser les négociations, Ahmed Djoghlaf et Daniel Reifsnyder ont su jusqu’à présent éviter les faux pasLa grogne sur la lenteur des négociations a pris suffisamment d’ampleur pour que plusieurs pays s’en fassent l’écho. « Il est urgent de faire plus de progrès substantiels et d’avancer à un rythme plus soutenu, a insisté, lundi 8 juin en assemblée, l’ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko, représentante du Groupe des 77 (qui compte en réalité 137 pays en Amérique latine, en Afrique et en Asie). S’exprimant au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires, le Maldivien Amjad Abdulla, rejoint par d’autres délégations, a pressé les « cochairs », les deux « coprésidents » des débats, de sortir de leur réserve.« On leur a clairement demandé de prendre le taureau par les cornes et on leur a donné un mandat pour réduire le texte, confirme Alden Meyer, de l’Union of Concerned Scientists. Pour cet expert du climat et de l’énergie basé à Washington, la paire formée par l’Algérien Ahmed Djoghlaf et l’Américain Daniel Reifsnyder a des atouts suffisants pour y parvenir : « Ils disposent d’un capital confiance auprès des négociateurs, ils connaissent parfaitement la mécanique de l’ONU, ils consultent en permanence. » « Vétérans » de la diplomatie multilatéraleDésignés en décembre 2014 pour superviser ce marathon de négociations jusqu’à la COP21, les deux hommes, qui se qualifient volontiers de « vétérans » de la diplomatie multilatérale, ont su jusqu’à présent éviter les faux pas. Soucieux de ne pas rater leur entrée en scène en février à Genève, ils avaient testé quelques jours plus tôt auprès de plusieurs pays la note d’intention élaborée pour la première session 2015 de la Convention-cadre sur les changements climatiques. Dans un même effort d’anticipation, ils avaient plaidé, et obtenu, du secrétariat de la CCNUCC, que soient intégrées deux sessions additionnelles, entre Bonn et Paris, pour multiplier les temps de débats et les chances de parvenir à un accord en décembre. Les voici aujourd’hui appelés à la rescousse pour dégripper la « machine » climat.« La coprésidence n’est pas prévue dans le règlement de nos organes subsidiaires, mais, pour ce processus, il a été décidé d’avoir deux coprésidents, explique Ahmed Djoghlaf. Dan représente les pays développés. Moi, je suis nommé par les pays en voie de développement. Le partenariat Nord/Sud que nous incarnons est crucial, car la question du changement climatique ne pourra se régler qu’avec un monde rassemblé. » « Sur ce sujet, il y a encore beaucoup de suspicion, de crainte, de doute, avance Dan Reifsnyder. Il faut définir un processus clair, honnête et sans surprise. » Pour convertir le texte de 136 pages en un texte négociable, les deux médiateurs devraient proposer de scinder le document en deux : un corpus destiné à l’accord juridique engageant les pays pour quinze-vingt ans dès la fin de la COP21 et un ensemble de décisions d’application plus longues à mettre en œuvre. Ce travail de longue haleine, tout juste entamé à Bonn, devrait déboucher sur un document de travail fin juillet, à l’issue des réunions au niveau ministériel prévues à Paris. « On avance étape par étape, mais on arrivera à l’heure à Paris », veut croire Ahmed Djoghlaf.Simon Roger (Bonn (Allemagne), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.06.2015 à 08h52 • Mis à jour le10.06.2015 à 09h59 L’administration Obama envisage la création d’une nouvelle base militaire en Irak, dans la province d’Al-Anbar, et l’envoi de centaines de soldats supplémentaires pour entraîner et conseiller les forces irakiennes qui luttent contre l’organisation terroriste Etat islamique (EI), ont annoncé mardi 9 juin des responsables américains.Tirant les leçons de la perte de Ramadi, chef-lieu de la province sunnite d’Al-Anbar, les Etats-Unis veulent parvenir à former plus de troupes irakiennes, et notamment des sunnites. « Nous avons déterminé qu’il serait mieux de former plus » de combattants irakiens face à l’EI, a indiqué le colonel Steven Warren, porte-parole du Pentagone. « Nous travaillons maintenant à une stratégie pour y arriver. »« Nous voulons voir plus de sunnites » se présenter à l’entraînement par les Américains et par leurs alliés, et « nous avons pressé le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, d’aider à trouver une solution », a-t-il également souligné.Le porte-parole a reconnu qu’une éventuelle accélération de l’effort de formation nécessiterait sans doute une augmentation du nombre de militaires américains en Irak. Ils sont actuellement environ 3 000 sur place.Selon des responsables de la défense américains, plusieurs centaines de soldats américains supplémentaires pourraient devoir être déployés. « Ce serait très limité », à « moins d’un millier d’hommes » en plus, a avancé l’un d’entre eux.S’inspirer de l’expérience de 2006Washington insiste particulièrement sur la nécessité de former des membres des tribus sunnites. Jusqu’à présent, le gouvernement de Bagdad, à majorité chiite, a contrôlé l’entraînement des groupes sunnites, mais l’administration américaine a exprimé sa frustration quant à l’insuffisance des résultats.Les Etats-Unis veulent notamment s’inspirer de l’expérience de 2006, lorsqu’ils avaient réussi à mobiliser des tribus sunnites contre Al-Qaida, qui mettait à feu et à sang la province d’Al-Anbar, expliquent les responsables américains.Au total, les Etats-Unis et leurs partenaires de la coalition ont déjà dispensé une formation militaire de base à près de 8 920 militaires irakiens, et 2 601 sont en cours de formation.Lire aussi :L’Irak au bord d’un « désastre humanitaire » 10.06.2015 à 07h54 • Mis à jour le10.06.2015 à 15h03 | Anne Michel Le secteur bancaire mondial a vécu de nombreuses crises économiques et financières, depuis le krach de 1929. Mais a-t-il connu pareille restructuration que celle engagée depuis 2012, après la crise financière des subprimes (crédits immobiliers à risques américains) et celle de l’euro ?De part et d’autre de l’Atlantique, l’actualité est rythmée, depuis plusieurs semaines, par des vagues de suppressions d’emplois, notamment dans les grandes banques européennes. En 2014, ce sont les licenciements à Wall Street qui avaient fait la Une.S’il est trop tôt pour un bilan, les réductions d’effectifs dévoilées par HSBC, mardi 9 juin (25 000 emplois supprimés d’ici à 2017, auxquels devraient s’ajouter 25 000 autres déjà annoncés, liés à la vente de filiales au Brésil et en Turquie), et celles escomptées à la Deutsche Bank, qui promet un plan d’économies de 4,7 milliards d’euros, viennent alourdir une addition déjà spectaculaire.Lire :La banque HSBC s’apprête à supprimer près de 50 000 emplois dans le mondeLourd tributEnsemble, selon des données compilées par l’agence Reuters, les plus grandes banques d’Europe et des Etats-Unis (18 uropéennes et 6 Américaines) ont supprimé 59 000 emplois en 2014 : 21 500 emplois pour les premières et 37 500 pour les secondes. Si l’on y ajoute les coupes claires de 2013, le chiffre grimpe à 160 000… Ce qui représente, pour marquer les esprits, l’équivalent, en France, de la population de la ville d’Annecy.De son côté, l’agence Bloomberg a comptabilisé les pertes d’emplois enregistrées dans le secteur bancaire américain depuis cinq ans. Et selon son comptage, les six plus grandes banques de Wall Street (JP Morgan, Goldman Sachs, Morgan Stanley, Wells Fargo, Citigroup et Bank of America) ont détruit près de 80 000 emplois sur cette période – dont 4 000 depuis le début de l’année. Ce sont les salariés de Bank of America qui ont payé le plus lourd tribut à ces restructurations.A la différence des vagues de licenciements passées, qui étaient conjoncturelles et qui ont pour partie été effacées ensuite par de nouvelles créations de postes, ces nouvelles réductions d’effectifs procèdent d’une adaptation structurelle des banques aux nouvelles règles bancaires édictées après les crises de 2007-2009 et de 2010-2011.De fait, l’environnement bancaire a changé. D’une part, les règles prudentielles (de fonds propres, de liquidités…) ont été durcies, afin de sécuriser le système bancaire. Les banques ont été contraintes de s’adapter, en réduisant la voilure dans les métiers les plus risqués, et désormais les plus coûteux, notamment dans la banque d’investissement. Cela a nui à l’emploi.Scandales financiers de grande ampleurD’autre part, ces crises ont servi de révélateur pour les banques qui avaient cédé à la course au gigantisme, pendant les années d’euphorie financière, et qui avaient laissé filer leurs systèmes de contrôles, en même temps que leurs bilans bancaires. Leur taille, qui avait porté leur croissance, est devenue un handicap…Plusieurs d’entre elles, à l’exemple de HSBC, se sont retrouvées prises dans des scandales financiers de grande ampleur, tels les récentes affaires de manipulation de taux ou de blanchiment d’argent issu du trafic de drogue ou de la fraude fiscale (l’affaire SwissLeaks, révélée par Le Monde en février, en partenariat avec le Consortium international pour le journalisme d'investigation (ICIJ)).In fine, ces suppressions d’emplois, qui devraient se poursuivre cette année encore, tout particulièrement en Europe, témoignent d’une chose : l’âge d’or des banques semble bel et bien révolu.Anne MichelJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.06.2015 à 06h44 • Mis à jour le10.06.2015 à 13h35 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Les derniers malades de diphtérie recensés en Espagne remontaient à 1987. Alors que l’on pensait la maladie éradiquée, un cas a été détecté le 1er juin, à Olot, en Catalogne. Il s’agit d’un enfant de 6 ans non vacciné, hospitalisé depuis à l’hôpital Vall d’Hebron de Barcelone, dans un état critique.Lundi 8 juin, les analyses réalisées sur cinquante-sept personnes de son entourage ont révélé que huit autres enfants avec lesquels il a été en contact portent eux aussi la bactérie de la diphtérie. Mais vaccinés convenablement, ces derniers n’ont pas développé de symptômes. Des antibiotiques leur ont été administrés, et il leur a été conseillé de rester chez eux durant quelques jours afin d’éviter de contaminer les quelque 3 % de personnes non vaccinées de la région d’Olot, selon les estimations du gouvernement catalan.Les parents du petit garçon de 6 ans qui, placé sous assistance respiratoire et cardiaque, lutte entre la vie et la mort, sont effondrés. Adeptes de la médecine alternative, ils ont délibérément décidé de ne pas le faire vacciner. Aujourd’hui, ils déclarent à la presse espagnole qu’ils se sentent « trompés » par les groupes antivaccination qui les ont convaincus du bien-fondé de leur cause sans leur expliquer les dangers encourus. En Espagne, la vaccination est inscrite au calendrier des bilans de santé pédiatriques, mais les médecins ne peuvent pas obliger les parents qui s’y refusent.Deux ou trois millions de décès par an évitésAlors que les services de santé suivent de près l’entourage des huit nouveaux cas détectés, le 8 juin, afin de contrôler tous les porteurs, sains ou non, de la bactérie, mais aussi de déterminer l’origine de la contamination, la polémique fait rage en Espagne.Dans la presse, les tribunes de médecins, épidémiologistes, représentants des sociétés de pédiatrie rappellent que la vaccination évite chaque année entre deux et trois millions de décès, selon l’Organisation mondiale de la santé et que, selon l’Unicef, 1,5 million d’enfants pourraient être sauvés par un simple vaccin dans les pays pauvres. D’autres parents opposés à la vaccination relatent des cas de complication, de maladie grave, voire de décès qu’ils attribuent aux vaccins. « Il existe un discours dangereux que propagent certaines personnes irresponsables dans notre pays, en Espagne, contre la vaccination », a alerté le ministre de la santé, Alfonso Alonso, le 3 juin.Ce mouvement n’est pas aussi développé qu’aux Etats-Unis, où plus d’une centaine de cas de rougeole se sont déclarés dans quatorze Etats en début d’année après un épisode de contagion qui a débuté dans un parc d’attractions. De plus en plus de parents y refusent de vacciner leurs enfants, par méfiance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique, par inquiétude concernant de possibles effets secondaires ou sous l’influence d’une étude de 1998 – dont le caractère frauduleux est apparu par la suite – qui associait la vaccination au développement de l’autisme. En France également, où la vaccination pour la rougeole est la plus faible en Europe (89 %), l’Institut de veille sanitaire vient d’alerter sur la recrudescence de la maladie.Parents radicalisés en AndalousieL’Espagne n’échappe pas à ce mouvement. Le quotidien El Pais rapporte le cas symptomatique d’une école du quartier de l’Albaicin, à Grenade, en Andalousie. En 2010, un juge avait dû émettre pour la première fois une injonction pour forcer des dizaines de parents d’élèves à vacciner leurs enfants. Sous l’influence d’un groupe de parents radicalisés, le taux de vaccination était descendu tellement bas dans l’établissement qu’il n’existait plus d’« immunité de groupe », la protection relative dont bénéficient les enfants non vaccinés grâce au fort taux de vaccination de l’ensemble. Une cinquantaine de cas de rougeole s’étaient ainsi déclarés.Mais le cas actuel est plus inquiétant. La diphtérie est une maladie respiratoire grave, qui peut provoquer des dommages au cœur et au cerveau et s’avère mortelle dans 5 % à 10 % des cas. Les premiers symptômes s’apparentent à ceux d’une angine : malaise général, maux de tête, douleur lors de la déglutition et fièvre. Des symptômes que le petit garçon d’Olot a présentés le 25 mai lors de sa première visite médicale et le 27, lors de la seconde. Ce n’est que le 30 mai que la diphtérie a été diagnostiquée.Pris au dépourvu, les pouvoirs publics espagnols ont dû chercher un traitement de toute urgence. Celui-ci a été trouvé en Russie qui a envoyé, par valise diplomatique, une antitoxine diphtérique, la maladie sévissant encore dans les pays de l’ex-Union soviétique. Les autorités espagnoles écartent tout risque d’épidémie, en rappelant que le taux de vaccination avoisine les 95 % de la population. Mais le gouvernement catalan a demandé aux centres aérés et camps de vacances de vérifier les carnets de santé des enfants.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Les aéroports américains sont-ils sûrs ? Deux rapports successifs tendent à prouver que non. Le dernier en date, publié lundi 9 juin par l’Office of Inspector General (OIG) (une émanation du ministère de l’intérieu raméricain), révèle que les procédures de contrôle des employés habilités à pénétrer dans les zones sécurisées des aéroports sont défaillantes. La Transportation Security Administration (TSA), responsable du contrôle des passagers et des bagages, a ainsi accordé un badge d’accès à soixante-treize personnes susceptibles d’avoir des « liens avec le terrorisme ».Cette faille, reconnue par la TSA elle-même s’explique par le manque de coordination entre services. « La TSA n’a pas identifié ces individus au travers de ses opérations de contrôle, parce qu’elle n’est pas autorisée à recevoir toutes les listes liées au terrorisme », explique le rapport. La TSA n’a pas accès à la « No Fly List » du FBI, qui répertorie les personnes interdites de prendre un avion au départ ou à destination des Etats-Unis. L’organisme a donc fait confiance au mode de recrutement des aéroports, sans pouvoir vérifier que les employés représentaient un risque.Des employés se sont rendus en SyrieL’adjointe du directeur de la sécurité de l’aéroport de Minneapolis Saint Paul, Becky Roering, citée par l’AFP, détaille que d’anciens employés « badgés » se sont rendus en Syrie pour rejoindre l’organisation Etat islamique. Le rapport évoque également des failles au niveau du « preCheck », le système de coupe-file accordé à certains passagers censés être triés sur le volet. Or, visiblement, ces passe-droits sont distribués à l’emporte-pièce, comme « des bonbons de Halloween pour faire passer les passagers le plus vite possible », dénonce John Roth, le responsable de l’OIG.Ce système payant concerne environ un million de passagers, qui voyagent fréquemment et qui sont sélectionnés du fait du peu de risques potentiels qu’ils représentent. Mais 7,2 millions sont choisis de façon aléatoire afin de gagner du temps dans les contrôles. Selon M. Roth, un repris de justice, lié à une organisation extrémiste, avait été sélectionné par ce système et s’était retrouvé en zone de sécurité, malgré l’alerte donnée par un employé de la TSA, qui l’avait bien identifié.Par ailleurs, l’OIG pointe le fait que « des milliers de données concernant les employés chargés des contrôles sont incomplètes ou inexactes, comme une initiale à la place d’un prénom ou un numéro de sécurité sociale [le principal moyen d’identification aux Etats-Unis] manquant », souligne le contrôleur, qui évoque également des disparitions de badges récurrentes.Faux explosif non détecté« Sans une information complète et fiable, la TSA risque d’accréditer et de fournir un accès aux zones sécurisées des aéroports à des employés qui peuvent potentiellement nuire au système de transport aérien national », insiste le rapport, qui fait un certain nombre de recommandations, à commencer par une meilleure coordination pour que la TSA ait enfin accès aux fichiers terroristes.Cet audit est publié quelques jours après un autre rapport qui révélait que les systèmes de contrôle en vigueur avaient été incapables de détecter 95 % des fausses bombes ou armes (67 sur 70) qui avaient été placées dans des bagages pour les besoins de l’enquête et qui ont réussi à pénétrer en zone dite « sécurisée ». Dans un cas, un faux explosif en plastic, placé dans le dos d’un « passager » n’avait pas été détecté, malgré la palpation d’un agent de sécurité. « Nous prenons très au sérieux ces résultats dans le cadre de nos efforts constants pour tester, mesurer et améliorer nos moyens techniques face à l’évolution des menaces », avait déclaré Jeh Johnson, le ministre de l’intérieur, indiquant qu’il avait demandé une remise à plat des procédures de contrôle.Ce document, révélé par la chaîne ABC a abouti à la mise à pied de l’administrateur par intérim de la TSA. Cet organisme est régulièrement contesté par un certain nombre de parlementaires qui critiquent la pauvreté des prestations par rapport aux 7 milliards de dollars (6,2 milliards d’euros) de budget qui lui sont alloués chaque année par le gouvernement.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.06.2015 à 15h17 • Mis à jour le21.06.2015 à 15h49 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Dur réveil ce dimanche 21 juin pour les dizaines de milliers de personnes qui ont défilé samedi dans les rues de Londres contre l’austérité. Le ministre des finances, George Osborne, signe dans le Sunday Times une tribune où il confirme qu’il procédera bien à 12 milliards de livres (16,8 milliards d’euros) de coupes dans le budget qui doit être annoncé début juillet. Samedi après-midi, une imposante manifestation a parcouru les grandes artères de la capitale entre la Banque d’Angleterre, au cœur de la City, et le Parlement, en passant par Downing Street, aux cris de « Non à la guerre contre les pauvres ! », « Non aux coupes budgétaires ! », « Stoppons l’austérité maintenant » et « Dehors les Tories ! ». Un peu plus d’un mois après la victoire du premier ministre conservateur David Cameron, le peuple de gauche a voulu se rappeler au bon souvenir d’un gouvernement tout puissant face au Parti travailliste hébété par sa défaite et ses querelles de succession. M. Cameron, qui se targue d’avoir réduit à 5,5 % le taux de chômage et porté la croissance à 2,8 % en 2014, entend poursuivre la politique drastique de réduction des dépenses publiées qu’il a mise en œuvre depuis 2010.Des coupes encore flouesLe défilé, très coloré et plutôt joyeux, n’était pas organisé par le Labour, mais par le groupe « People’s assembly » et surtout par les syndicats. Curieusement, les manifestants ne faisaient aucunement référence à la situation en Grèce ou aux politiques d’austérité menées dans d’autres pays européens. D’autres défilés ont eu lieu simultanément à Liverpool et Glasgow marquant selon les organisateurs « le début d’une campagne de protestation, de grèves, d’actions directes et de désobéissance civile à travers le pays ». A Londres, les marcheurs, plutôt jeunes dans l’ensemble, ont dénoncé les menaces sur le système national de santé (NHS) public, sur l’éducation, ainsi que la montée de la pauvreté et des expulsions locatives liées à la réduction des prestations sociales. « Réduisez les dépenses militaires, pas les prestations sociales », « Défions la loi des Tories », proclamaient les pancartes. Des manifestants appelaient à « faire payer les banquiers, pas le peuple ». « Payez vos impôts ! », hurlaient-ils en passant devant les cafés Starbucks.Pas question d’écouter la rue, répond en substance George Osborne dans sa tribune du Sunday Times. Cosigné par le ministre du travail et des retraites, Iain Duncan Smith, ce texte confirme la volonté du gouvernement britannique de réduire les dépenses sociales de 12 milliards de livres sur un budget annuel de 220 milliards de livres. Ces 12 milliards de coupes faisaient partie du programme électoral du Parti conservateur, mais chacun pensait, avant les élections, que les Tories en modéreraient l’ampleur pour les rendre acceptables aux yeux des Libéraux-démocrates. La débâcle de ces derniers et le succès inattendu de M. Cameron lui laissent les mains libres, même si des voix se sont multipliées, ces dernières semaines, pour dénoncer les conséquences sociales d’une telle austérité.Lire aussi :David Cameron, les ambiguïtés d’une victoire surpriseLa nature précise des coupes n’est pas connue. Les aides au logement et les réductions d’impôts liés au nombre d’enfants devraient figurer parmi les premières visées, ciblant de fait les familles à bas revenus.« Assurer que le travail paie »Se réclamant du mandat donné par les électeurs, les deux ministres qualifient certaines prestations sociales de « largesses financées par la dette » et affirment qu’ils ne cesseront de combattre « la culture néfaste de la dépendance aux allocations », arguant qu’« une décennie » au moins sera nécessaire pour parvenir à un budget social « sain ».Ils ne cachent pas leur philosophie : la réduction des aides sociales est destinée à « assurer que le travail paie ». Largement entamée depuis le retour des conservateurs au pouvoir en 2010, la baisse des prestations sociales, s’ajoutant au regain de l’économie et aux pressions des agences pour l’emploi pour faire accepter les emplois existants, a effectivement déjà conduit des centaines de milliers de salariés britanniques à accepter des salaires très bas et des contrats précaires, tel que les « zero hour » ne garantissant aucun horaire de travail.Lire aussi :La Grande-Bretagne, royaume des travailleurs pauvresGeorge Osborne confirme aussi la décision de baisser de 26 000 à 23 000 livres (de 36 300 à 32 100 euros) le plafond annuel de prestations, toutes comprises, que peut percevoir un foyer, une mesure destinée elle aussi à inciter à la reprise d’emploi. Il compte aussi supprimer toute aide au logement pour les moins de 25 ans et réduire les crédits d’impôts accordés aux couples avec deux enfants. Le tout-puissant ministre des finances, qui rêve de succéder à M. Cameron en 2020, se paie même le luxe de faire la leçon aux travaillistes. Le Labour, en dépit de sa défaite, semble persévérer dans ses errements en matière d’aides sociales, écrit en substance le chancelier de l’Echiquier. Il appelle les dirigeants du Labour à « soutenir les prochaines économies que nous devons réaliser pour rendre notre système social plus juste et plus abordable ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le premier ministre grec Alexis Tsipras multiplie ces dernières heures les réunions au palais Maximou (l’équivalent de Matignon) afin de peaufiner ses propositions aux créanciers du pays avant l’Eurogroupe et le sommet européen de lundi 22 juin.Après avoir discuté longuement, samedi, avec son équipe de négociateurs, il a convoqué dimanche à 11 heures son conseil des ministres afin de leur présenter les pistes de compromis.Au début du mois, les Grecs estimaient le déficit total du budget, pour 2015, à environ 1,1 % du PIB, soit 1,995 milliard d’euros, alors que la Commission assurait qu’« entre leurs calculs et les nôtres, il demeure un fossé de 2 milliards d’euros ».Lire notre reportage :A Athènes, « ce n'est pas vraiment la panique » face au risque de crise bancaire« Aujourd’hui nous sommes d’accord sur le gap de 2015, mais nous avons toujours une différence de 450 millions d’euros pour 2016 », a affirmé samedi matin le ministre d’Etat Alekos Flambouraris, un proche d’Alexis Tsipras, sur la chaîne privée grecque Méga. Et pour combler cet écart, Athènes doit arriver lundi à l’Eurogroupe prévu à 12 h 30 avec une liste précise de mesures. Le bras droit d’Alexis Tsipras, Nikos Pappas, et le chef des négociateurs grecs, Euclide Tsakalotos, se sont envolés dès samedi pour Bruxelles. Ils devraient rencontrer dimanche des représentants des créanciers afin d’avancer sur cette liste. M. Tsipras a présenté les propositions grecques lors d’entretiens téléphoniques avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le président de la Commision européenne, Jean-Claude Junker, et le président français, François Hollande.Augmentation des impôtsSelon des informations ayant fuité dans la presse grecque ce week-end, ces mesures tourneraient toujours autour d’une augmentation des revenus fiscaux, via d’abord un changement du régime de la TVA pouvant rapporter en l’état jusqu’à 1,4 milliard d’euros supplémentaires par an, mais aussi autour d’une hausse des impôts sur les entreprises réalisant un bénéfice supérieur à 500 000 euros (la semaine dernière, le plafond de la proposition grecque était fixé à 1 million d’euros de bénéfices).Athènes propose encore de réduire drastiquement ses dépenses militaires et se dit prêt à changer le régime des départs en préretraite dès 2016, sans période transitoire comme elle souhaitait initialement le faire. Sur ce dernier point, cela permettrait d’économiser 200 000 euros supplémentaires l’année prochaine.Si le gouvernement se refuse toujours à supprimer la prime aux faibles retraites (EKAS) ou à opérer des coupes horizontales sur l’ensemble des pensions, l’idée de diminuer les retraites complémentaires supérieures à 1 500 euros par mois serait sur la table.Athènes pour une renégociation de la dette publiqueLe gouvernement grec entend lundi insister pour qu’un processus « accompagné d’un calendrier précis » de la renégociation de la dette publique soit inscrit dans l’accord à venir, si accord il y a.Un « plan grec pour la dette », diffusé tout au long du week-end par la presse nationale, reprenait en partie les propositions déjà formulées il y a quelques mois par le ministre des finances Yanis Varoufakis, à savoir une indexation des taux de remboursement sur le taux de croissance du PIB, ainsi que la suppression de 50 % de la valeur nominale des obligations détenues par le Mécanisme européen de stabilité (141 milliards d’euros à ce jour).En cas d’échec des négociations, plusieurs ministres du gouvernement ont évoqué ces derniers jours le recours à des élections anticipées ou au référendum. « Dans tous les cas nous devrons alors consulter le peuple grec », prévenait samedi Alekos Flambouraris.Lire notre éditorial :Un « Grexit » serait un terrible échec pour l’EuropeAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.06.2015 à 04h53 • Mis à jour le21.06.2015 à 14h16 Alors que le gouvernement Tsipras est réuni en conseil des ministres, dimanche 21 juin, à la veille d’un sommet crucial à Bruxelles, Athènes hausse le ton.Le ministre d’Etat grec Nikos Pappas, un des responsables des négociations avec les créanciers d’Athènes, a déclaré dimanche, dans une interview au journal Ethnos, espérer trouver « une solution sans la participation du Fonds monétaire international ».Ce proche du premier ministre Alexis Tsipras reproche à l’institution de Washington un « agenda unilatéral et pas du tout européen ».Le FMI, qui fournit, aux côtés de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne une aide financière à la Grèce, a été appelé à la rescousse du pays en 2009. Ce programme d’aide du FMI arrive à échéance en mars 2016. La restructuration de la dette due au FMI est l’un des trois axes – avec l’échange des obligations grecques et un programme de développement économique – d’un accord avec les créanciers de la Grèce souhaité par le gouvernement Tsipras.La Grèce interpelle Angela MerkelLe ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, a quant à lui interpellé Angela Merkel en estimant qu’« un choix décisif » attendait la chancelière allemande lundi, lors du sommet européen où la Grèce doit émettre de nouvelles propositions pour décrocher un accord et éviter le défaut de paiement.Lire notre éditorial :Un « Grexit » serait un terrible échec pour l’EuropeM. Varoufakis appelle la dirigeante allemande, en première ligne dans les négociations, à prendre ses responsabilités. Mme Merkel peut « entrer dans un accord honorable avec un gouvernement qui a refusé le “programme de sauvetage” et aspire à une solution négociée. Ou bien céder aux sirènes de son gouvernement, qui l’encouragent à jeter par-dessus bord le seul gouvernement grec qui est fidèle à ses principes et qui peut mener le peuple grec sur le chemin de la réforme », écrit-il dans une tribune à paraître dimanche 21 juin dans le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.« Quelques concessions » encore possiblesLe gouvernement d’Alexis Tsipras estime avoir déjà fait de nombreuses concessions et présenté un catalogue cohérent de réduction des dépenses, hausse des recettes et réformes structurelles, mais un proche du premier ministre n’a pas exclu samedi de nouveaux ajustements.Lire notre reportage :A Athènes, « ce n'est pas vraiment la panique » face au risque de crise bancaire« Nous allons tenter de compléter notre proposition pour nous rapprocher d’une solution », a déclaré sur la chaîne Mega le ministre d’Etat Alekos Flambouraris. « Quelques concessions » sont encore possibles si deux conditions « indispensables » sont acceptées par les créanciers : « un assouplissement budgétaire » et une restructuration de la dette. Parmi les ajustements évoqués : accélérer la suppression des préretraites en appliquant cette décision dès 2016 et non pas progressivement.Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a sommé vendredi la Grèce de vite s’entendre avec ses créanciers UE et FMI, faute de quoi elle ira « droit vers le défaut de paiement ». La Maison Blanche a également appelé à trouver d’urgence un compromis.Lire aussi :Pressions de l’Europe sur la Grèce avant un nouveau « sommet de la dernière chance »« Les risques sont d’une ampleur inconnue »Même tonalité chez le ministre français des finances, Michel Sapin, qui dans le Journal du dimanche qualifie de « zone inconnue » les conséquences d’un défaut de la Grèce et de sa sortie de la zone euro. « Les risques sont d’une ampleur inconnue. Donc il faut éviter ce scénario », insiste M. Sapin.Alexis Tsipras et les dirigeants des 18 autres pays de la zone euro doivent se retrouver lundi lors d’un sommet exceptionnel à Bruxelles pour tenter de trouver un accord et éviter un défaut de paiement à la Grèce fin juin.Sans accord sur une série d’économies budgétaires, la Grèce à court d’argent ne touchera pas une tranche de prêts vitale de 7,2 milliards d’euros et risque de ne pouvoir honorer un remboursement de quelque 1,5 milliard d’euros au FMI le 30 juin. En Allemagne, en Italie et en France, la cause du gouvernement grec a rassemblé quelques milliers de personnes samedi lors de manifestations qui étaient également organisées en soutien avec les migrants en Europe. Un rassemblement contre l’austérité est prévu dimanche à Athènes.Lire le reportage :A Paris, plusieurs milliers de manifestants défilent contre les « diktats » européens en Grèce 21.06.2015 à 00h06 • Mis à jour le21.06.2015 à 13h35 Un journaliste vedette d’Al-Jazira était toujours en détention, dimanche 21 juin à Berlin, après avoir été arrêté par la police à l’aéroport sur demande de l’Egypte.Ahmed Mansour fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par l’Egypte qui l’accuse de plusieurs crimes qu’il aurait commis sur la place Tahrir, au Caire, épicentre de la révolution.Le journaliste de 52 ans avait été condamné par contumace en 2014 par la justice égyptienne « à quinze ans de prison » pour avoir « torturé un avocat en 2011 sur la place Tahrir » : des « accusations absurdes qu’il a rejetées », a souligné la chaîne Al-Jazira. Cette dernière a demandé samedi soir la libération immédiate du journaliste, « un des plus respectés du monde arabe ».M. Mansour devait comparaître devant le juge qui pourrait décider dès dimanche de le maintenir en détention et de lancer la procédure d’extradition ou de le libérer, selon les autorités berlinoises. « Le bureau du procureur de Berlin examine la demande d’assistance légale » de l’Egypte, a précisé un porte-parole.La chaîne accusée de soutenir les islamistesCette arrestation intervient alors que les relations entre Al-Jazira et l’Egypte sont déjà exécrables. Trois journalistes de la chaîne qatarie avaient déjà été arrêtés en 2013, détenus pendant plusieurs mois et jugés lors d’un procès expéditif. Le Caire reprochait alors à Al-Jazira – et au Qatar – de soutenir la confrérie islamiste des Frères musulmans de Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte mais destitué et arrêté par l’armée le 3 juillet 2013.Le mandat d’arrêt liste « plusieurs délits » reprochés au journaliste, a ajouté la police allemande, sans être en mesure de préciser lesquels.Accusé de « viol, d’enlèvement et de vol »Le journaliste a confié à sa chaîne qu’il doit comparaître devant un juge dans les prochaines heures. « L’audience peut être levée immédiatement selon mes avocats si le juge est convaincu que toutes les charges sont fausses », a précisé M. Mansour.« La question reste maintenant de savoir comment le gouvernement allemand et Interpol sont devenus des outils dans la main du régime sanglant issu du coup d’Etat en Egypte mené par le terroriste Abdel Fattah Al-Sissi », le général actuellement à la tête du gouvernement égyptien, s’est indigné M. Mansour sur Twitter. 20.06.2015 à 22h09 • Mis à jour le20.06.2015 à 22h44 A l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, Philippe Leclerc, représentant en France du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a appelé Paris à améliorer les conditions permettant l'accueil des réfugiés. « La France doit prendre sa part, sa juste part pour une admission digne des réfugiés, en particulier les Syriens », a-t-il ainsi déclaré lors de la présentation à Lyon du rapport annuel de l'association Forum-Réfugiés-Cosi sur l'asile en France et en Europe.M. Leclerc pour le HCR a toutefois accordé un satisfecit à la France pour son projet de réforme du droit d'asile présentée mercredi et dont le vote n'est pas attendu avant fin juillet. « Nous sommes en faveur d'une réforme qui fasse la promotion d'une procédure de droit d'asile efficace et juste », a-t-il déclaré. Il a souhaité que la France puisse « enfin rejouer son rôle de protection des populations réfugiées » en octroyant les budgets nécessaires « à la mise en oeuvre des objectifs contenus dans la loi ».Lire aussi :Le plan timide du gouvernement face au drame des migrants« Proportionnellement à sa population, la France accueille beaucoup moins que la Suède, l'Italie ou l'Allemagne (...) la France prend sa part mais pas assez », a estimé Jean-François Ploquin, directeur général de l'association humanitaire basée à Lyon. Les puissances européennes cherchent depuis plusieurs semaines à s’unir pour établir une stratégie de régulation de l’afflux migratoire qui touche l’Europe depuis le début de l’année et peinent à s’accorder sur la répartition de l’accueil des demandeurs d’asile.Lire aussi :France, Italie et Allemagne cherchent un consensus sur la répartition des migrantsExplosion des demandes des Syriens, Soudanais et UkrainiensDepuis 2012, la France a accordé 3 450 visas à des réfugiés syriens, dont près de 500 en 2014, selon des chiffres du ministère de l'intérieur. Quelles que soient les nationalités, un total de 45 454 dossiers de première demande d'asile ont été enregistrés en 2014 par les services de l'État, 2,2 % de moins qu'en 2013. « Le nombre de premières demandes est à un niveau constaté au début des années 2000 (47 291 en 2001), loin des records de certaines années (61 422 en 1989 ; 52 204 en 2003 », relève Forum-Réfugiés dans son rapport.Lire aussi :A la frontière franco-italienne, l’incessant va-et-vient des migrants refoulésEn dépit d'une baisse de 4,6 %, soit 3 782 personnes, les ressortissants de République démocratique du Congo restent les premiers demandeurs d'asile en France, suivis par les Chinois, selon les données de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) reprises dans le rapport. Les Syriens (+ 136 %, soit 2 072 personnes) et les Soudanais (+139,4 %, soit 1 793) enregistrent une très forte hausse du nombre de demandes d'asile entre 2013 et 2014, de même que les Ukrainiens dont les dossiers ont explosé en un an (de 84 à 1 009, soit une hausse de 1 101,2 %).Lire aussi : De l'Erythrée à la France, trois migrants racontent leur parcours du combattant 20.06.2015 à 18h47 • Mis à jour le20.06.2015 à 18h48 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Au lendemain de la tuerie de Charleston, la Cour suprême américaine a rendu un arrêt, jeudi 18 juin, auquel la polémique sur la présence du drapeau confédéré devant le capitole de Columbia, la capitale de la Caroline du Sud, a donné une brûlante actualité. Trois mois auparavant, la plus haute instance juridique des États-Unis s’était en effet penchée sur le différend qui opposait l’association des Fils des anciens combattants confédérés, fondée en 1896, aux autorités du Texas.Ces dernières s’opposaient à ce que les membres de l’association ajoutent à leur plaque minéralogique leur emblème, en l’occurrence les couleurs des États esclavagistes et sécessionnistes de la guerre civile américaine. Cette pratique d’ajouter un court message sur les plaques d’immatriculation est courante aux États-Unis, moyennement le versement d’une petite somme d’argent et un feu vert du service concerné de l’Etat.Lui préférer un simple autocollantLes plaignants, qui avaient obtenu qu’une Cour d’appel invalide l’interdiction initiale, considéraient que le refus préalable du Motor Vehicles Department du Texas, souverain en la matière, relevait d’une atteinte à leurs droits constitutionnels. Ils estimaient que le drapeau confédéré appartient à l’histoire américaine, même s’il reste considéré par des associations noires comme un rappel des souffrances liées à l’esclavage et à la discrimination en vigueur pendant plus d’un siècle après la défaite des États sudistes.Les autorités du Texas considéraient, au contraire, que la délivrance d’une autorisation préalable, transformait le symbole en une parole de l’Etat, une voie sur laquelle elles n’entendaient pas s’engager. Elles soutenaient que les automobilistes concernés pouvaient tout aussi bien afficher leurs convictions par le biais d’un simple autocollant apposé sur le pare-chocs de leur engin, et que la plaque d’immatriculation, du fait de son sceau officiel, prétendait à un statut différent.C’est cette dernière lecture qui a été retenue par les quatre juges nommés par des présidents démocrates, rejoints exceptionnellement par le juge Clarence Thomas. Nommé en 1991 par George H.W. Bush, il est actuellement le seul juge afro-américain de la Cour suprême.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.06.2015 à 17h01 • Mis à jour le21.06.2015 à 09h44 Plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre l’austérité à Londres, samedi 20 juin. A l’appel d’une coalition de quarante organisations (syndicats, partis politiques, associations), elles ont défilé contre le nouveau train de privatisation et d'austérité annoncé par le gouvernement Cameron.Slogans à Londres: "Non aux coupes budgétaires dans les services publics". Le défilé passe devant Downing Street. http://t.co/pIkiDmb7pL— canalbernard (@Philippe Bernard)require(["twitter/widgets"]);Il s’agit du premier rassemblement populaire d'ampleur que doit affronter le gouvernement de David Cameron depuis sa victoire aux législatives du 7 mai. Ce dernier a prévu 18 milliards d'euros de coupes dans les budgets des ministères et 17 milliards supplémentaires dans les aides sociales au cours des deux années à venir.Lire aussi :Royaume-Uni : cinq années d’austérité pour un bilan mitigéCette manifestation marque « le début d'une campagne de protestation, de grèves, d'actions directes et de désobéissance civile à travers le pays. Nous n'aurons pas de répit avant que la cure d'austérité infligée au pays ne soit de l'histoire ancienne », a déclaré Sam Fairbairn, un responsable du groupe People's Assembly, à l'origine du rassemblement. « L'austérité ne marche pas », « Non aux coupes budgétaires » ou « Dehors les Tories », pouvait-on lire sur les pancartes des participants qui défilaient entre le siège de la Banque d'Angleterre, au cœur du quartier d'affaires de la City, et le Parlement de Westminster.Dans le cortège, les manifestants antinucléaire côtoyaient des syndicalistes, de simples citoyens mais aussi des personnalités comme le comédien activiste Russell Brand ou la chanteuse Charlotte Church.With Cathy from PCS "no to austerity" let's have a beautiful day of community action @pcs_union http://t.co/S6loPcyeFp— rustyrockets (@Russell Brand)require(["twitter/widgets"]); 20.06.2015 à 10h52 • Mis à jour le20.06.2015 à 17h26 L’impensable pourrait arriver. Si lundi 22 juin au soir ou mardi 23 juin aucun accord n’est trouvé au Conseil de la zone euro, un désolant et redoutable processus de « Grexit » risque de s’enclencher. Ce scénario que seuls les plus à droite des conservateurs ou les plus anti-européens sur l’échiquier politique imaginaient est en train de se matérialiser. « Nous devons tout faire pour que les discussions puissent aboutir à un compromis, a affirmé François Hollande, vendredi 19 juin, à Bratislava, mais à un compromis fondé sur les règles européennes. » Mais d’Eurogroupes en Conseils européens dont il ne sort rien, le bras de fer avec Athènes, depuis cinq mois, a provoqué de telles animosités qu’on ne voit plus quelle dynamique politique permettrait d’espérer un accord.Lire aussi :Pressions de l’Europe sur la Grèce avant un nouveau « sommet de la dernière chance »Qui pourrait tirer bénéfice d’un défaut de paiement de l’Etat grec débouchant sur le « Grexit », la sortie de la zone euro ? Certains analystes et économistes assurent qu’il ne ferait pas courir de risque systémique à la zone euro, écartant une contagion sur les obligations souveraines espagnoles, portugaises, belges, italiennes ou françaises. Les investisseurs internationaux font la part des choses en se fiant à l’existence de l’union bancaire et du Mécanisme européen de stabilité. D’autres jugent qu’il vaudrait mieux une purge douloureuse mais rapide, estimant que la Grèce ne parviendra pas avant longtemps à se passer de l’aide internationale, qu’elle n’est pas prête à assainir son économie et qu’elle va rester à la charge des Européens.La fin d’une certaine idée de la solidarité européenneLa vérité est que personne ne sait comment réagiront les marchés financiers quand le processus, inédit et sans doute long, du « Grexit » commencera à être enclenché. Ce qui est sûr, c’est qu’il abîmera un peu plus encore l’image et les fondements du projet européen. Quelle que soit la manière dont les chefs d’Etat justifieront leur position vis-à-vis du gouvernement d’Alexis Tsipras, on retiendra, selon les avis, que la zone euro a rejeté l’un des siens ou que l’un des siens s’est mis hors du jeu européen. Un terrible échec – dont les premiers à souffrir seront les Grecs eux-mêmes, déjà durement touchés par la crise.Lire aussi :Quel est l’état des banques grecques ?L’idée que l’adhésion à l’euro est irréversible serait du même coup très sérieusement écornée. Comment alors expliquer politiquement aux Européens qui en doutent – et ils sont nombreux – que l’euro est une monnaie qui vaut des sacrifices et qu’ils ont intérêt à continuer d’y adhérer ? Comment continuer à convaincre les investisseurs internationaux que l’euro est une devise d’avenir ?L’effet politique du « Grexit » ne serait pas moins dommageable. Pour des dirigeants européens qui ont bataillé pendant des mois, en 2010 et 2012, pour sauver la Grèce au prix de centaines de milliards d’euros, et qui lâcheraient prise aujourd’hui pour des sommes nettement moins importantes, l’image qu’ils donneraient serait celle d’une inconséquence politique et, avec elle, la fin d’une certaine idée de la solidarité européenne. L’impact en Grèce serait plus important encore. Portés par leur incontestable légitimité électorale, les dirigeants de Syriza ont choisi une forme d’intransigeance, repoussant des réformes impopulaires mais indispensables. Le prix politique et social serait considérable. La Grèce sombrerait dans l’inconnu alors qu’elle a tant besoin de réformes pour préserver son avenir.Lire le reportage :A Athènes, « ce n'est pas vraiment la panique » face au risque de crise bancaire 25.06.2015 à 17h41 Le ministre des affaires étrangères palestinien, Riad Al-Maliki, a déposé une première série de documents à la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, aux Pays-Bas, jeudi 25 juin . Ils portent sur la colonisation israélienne en Cisjordanie, sur l’offensive contre Gaza et sur le sort des prisonniers palestiniens. Membre de l’institution depuis le 1er avril, la Palestine souhaite, avec ces informations, contribuer à l’examen préliminaire de possibles crimes commis par des dirigeants israéliens depuis le 13 juin 2014.#Palestine has just submitted its 1 files to @IntlCrimCourt on settlements, Gaza and prisoners #JusticeForPalestine http://t.co/GeEXjH6gxr— nadplo (@Palestine PLO - NAD)require(["twitter/widgets"]);« Ce dossier met l’accent sur le contexte dans lequel des attaques généralisées et systématiques sont continuellement perpétrées par les dirigeants et les agents israéliens contre le peuple palestinien, a précisé dans un communiqué l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Dans l’ensemble, il confirme que le fait que personne ne soit tenu pour responsable de ces crimes conduit à leur répétition. »Les documents incluent notamment des statistiques sur les colonies, sur les prisonniers palestiniens ainsi que sur les offensives israéliennes menées contre Gaza à l’été 2014.Lire aussi :« Les Palestiniens placent beaucoup d’espoir dans la CPI »La procédure pourrait durer des annéesCette démarche palestinienne auprès de la CPI est engagée trois jours après que l’ONU a publié un rapport affirmant que l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens, qui se sont affrontés à l’été 2014 dans la bande de Gaza, ont commis des violations importantes du droit humanitaire international, susceptibles d’être qualifiées de « crimes de guerre ». Israël a réagi en dénonçant la « partialité » de la commission de l’ONU à l’origine du rapport.La signature par la Palestine du statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, a ouvert la voie à d’éventuelles poursuites contre des dirigeants israéliens pour crimes de guerre. La Cour a ouvert à la mi-janvier un examen préliminaire de la situation en Palestine. Si elle estime, à l’issue de cet examen, que les faits prouvant que des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ont bien été commis sont suffisants, la procureuse, Fatou Bensouda, pourra alors ordonner l’ouverture d’une enquête. Une décision qui pourrait ne pas être prise avant des années.Lire : Face à l'offensive diplomatique des Palestiniens, Israël promet une réponse « plus dure et globale »    25.06.2015 à 16h57 | Aude Lasjaunias A l’occasion d’une tournée en Europe et aux Etats-Unis, le Tchèque Vit Jedlicka, président autoproclamé de la micronation du Liberland a fait escale à Paris. Objectif annoncé : faire de sa république un Etat à part entière. Pas si simple, estime Stéphane-Bertin Hoffmann, auteur de La Reconnaissance des micronations ou l’utopie confrontée au droit (Editions Lulu.com, 2010).Qu’est-ce qu’une micronation ? N’importe qui peut-il en proclamer une ?Il y a généralement une confusion entre le concept « d’Etat » et celui de « nation », qui est sans doute liée au fait que les termes sont utilisés de manière interchangeable en langue anglaise. Ils renvoient pourtant à des idées très différentes. Le premier a un ancrage juridique : sa définition a été donnée dans un ensemble de textes de droit international, notamment la convention de Montevideo de 1933. Cette dernière fixe quatre critères : un territoire délimité sur lequel vit une population administrée par un gouvernement capable de nouer des relations diplomatiques avec d’autres Etats officiels.La nation relève pour sa part de la philosophie politique. Deux écoles de pensée en ont donné les contours. Celle dite allemande présente ce concept de manière « objective » : une communauté qui partage la même langue, la même culture, dans certains cas la même religion ; bref, un socle commun. L’autre vision, qui date du XIXe siècle environ et qualifiée de française propose une acception plus subjective de la chose. Une nation est le témoignage d’une volonté de vivre ensemble, d’une communauté de destin.Ces entités que l’on présente comme des micronations relèvent généralement de cette seconde définition. Elle n’a pas de valeur contraignante tant que personne d’autre que ses « membres » ne la reconnaît en tant que telle, lui confère aussi ce statut. A ce titre, si une nation peut être formée très facilement, ça n’est pas la même chose que de créer un Etat.Le Liberland a été proclamée sur un territoire considéré juridiquement comme terra nullius. Cette dimension peut-elle avoir une incidence sur sa reconnaissance par d’autres Etats ?Ce concept de droit international, qui signifie « territoire sans maître », se réfère aux terres qui n’appartiennent officiellement à aucun état, qui ne sont administrées par aucune autorité spécifique. Le différend frontalier entre la Serbie et la Croatie date d’une vingtaine d’années environ, au moment de l’éclatement de la Yougoslavie. Logiquement, l’un de ces deux Etats aurait dû obtenir ce territoire. Dans ce cas, le concept de « terre neutre » serait sans doute plus approprié que celui de terra nullius. On peut imaginer que son statut n’a pas encore été défini.Mais dans tous les cas, même s’si qu’il s’agit d’un « territoire sans maître », cette situation n’autorise pas une entité tierce à venir en prendre possession. Il n’y a pas d’acquisition possible de souveraineté sur ce territoire, et a fortiori pas à l’initiative d’un particulier. L’acquisition d’un territoire, pour être reconnue juridiquement comme telle, ne peut être réalisée que par une puissance étatique établie.De mon point de vue, il y a peu de chance que le Liberland accède à une reconnaissance. D’autres micronations ont en revanche d’ores et déjà soutenu cette initiative. Ce qui paraît logique d’ailleurs, elles nourrissent l’espoir de bénéficier de son potentiel crédit sur la scène internationale. Par ailleurs, quelques groupes politiques ultralibéraux ou libertariens aussi ont témoigné de leur appui. Mais l’idéologie sous-jacente à la création du Liberland sert là aussi leur propos.Y a-t-il eu des cas de reconnaissance de micronations ou de territoires contestés ?A la fin des années 2000, la Russie, le Venezuela et le Nicaragua ont officiellement reconnu les territoires géorgiens de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Il y a de multiples exemples d’entités séparatistes dont la souveraineté est reconnue par d’autres pays pour des raisons politiques. La reconnaissance est avant tout déclarative. Elle n’intervient que si les Etats y trouvent un intérêt. Il n’y a pas d’obligation de passer par les Nations unies.Je ne pense pas que l’on va assister à un tel phénomène dans le cas du Liberland. La démarche manque un peu de sérieux : on est face à un petit groupe de personnes qui ne contrôle pas réellement son territoire et dont la population n’est de facto pas permanente.Comment expliquer l’engouement populaire et médiatique observé pour le Liberland ?Il y a eu d’autres créations de micronations qui ont aussi attiré beaucoup d’attention. Pour n’en mentionner que deux : la principauté de Sealand – sur ancienne plate-forme de la marine anglaise en mer du Nord – et la principauté de Hutt River, près de Perth sur la côte ouest de l’Australie.Lire aussi en édition abonnés : Michael Bates, prince de "sam suffit"L’une comme l’autre soulevait des questionnements juridiques intéressants. Pour le Liberland, l’engouement est sans doute lié à la tournée européenne et américaine de son président, mais aussi à cette assise idéologique ultralibérale qui lui a apporté le soutien de groupes politiques établis.Aude LasjauniasJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.06.2015 à 12h07 • Mis à jour le25.06.2015 à 18h22 | Jean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial) Rarement un Conseil européen aura été aussi attendu et incertain. Jeudi 25 et vendredi 26 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) se retrouvent à Bruxelles pour discuter officiellement d’immigration, du référendum promis par David Cameron pour maintenir, ou non, son pays dans l’Union européenne, de l’avenir de la zone euro, de défense et du numérique. Mais il est quasiment certain que l’actualité grecque va également s’inviter à la table des dirigeants européens, faute d’accord à ce stade entre Alexis Tsipras et ses créanciers. Tour d’horizon d’un conseil explosif.La bataille des migrantsLa discussion doit être abordée en ouverture du conseil, à 16 heures, jeudi, et elle pourrait durer jusque tard dans la soirée. Les dirigeants européens doivent en effet tenter de trouver une réponse commune à la vague de migrants frappant à leurs portes via la Méditerranée, ou les Balkans. Jusqu’ici, chaque Etat a eu tendance à jouer sa propre partition, quitte à se renvoyer les migrants dans des conditions peu glorieuses.En réaction à la multiplication des drames en Méditerranée, la Commission européenne a proposé en mai d’introduire des quotas contraignants de répartition entre les différents pays de l’UE de 40 000 demandeurs d’asile recueillis par la Grèce et l’Italie. Cette proposition est inédite. Jusqu’ici, la règle est que le premier pays d’entrée des migrants doit être celui qui étudie la demande d’asile. Selon la Commission, les demandeurs l’asile seraient répartis dans toute l’UE dès qu’ils ont posé le pied sur le territoire européen pour que leur demande soit examinée.Si les chefs d’Etat et de gouvernement se disent majoritairement d’accord avec un tel principe, ils ont le plus grand mal à s’entendre sur les modalités pratiques. Pologne et Hongrie en tête, les pays d’Europe centrale ne veulent pas entendre parler de quotas contraignants fixés par Bruxelles. De leur côté, les grands pays d’Europe de l’Ouest contestent la « clef de répartition » proposée par la Commission, calculée selon plusieurs critères comme la population, la situation économique ou les efforts déjà accomplis. Pour ne rien arranger, la France repousse, depuis quelques jours à Vintimille, les réfugiés passés par l’Italie.Résultat : le projet de conclusions du conseil, consulté par Le Monde mercredi 24 juin, évoque un simple « accord » à donner sur le principe de la relocalisation – non obligatoire – de 40 000 demandeurs d’asile en deux ans. Les détails de cette mesure ne seront pas tranchés avant juillet. En revanche, les dirigeants européens comptent bien demander à l’agence européenne Frontex de s’impliquer davantage dans l’expulsion des migrants économiques dès qu’ils ont mis le pied sur le territoire européen. Autant de propositions à la fois nettement plus dures et moins ambitieuses que celles avancées par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Lire aussi :L’Europe se déchire sur le sort des migrantsPremiers tours de table sur le BrexitC’est normalement au cours du dîner que David Cameron, le premier ministre britannique réélu confortablement en mai, doit détailler ses projets d’organisation d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. M. Cameron a promis lors de sa campagne d’organiser ce référendum d’ici à la fin 2017, en essayant auparavant d’obtenir un aménagement des traités, et des législations en vigueur, pour accorder plus d’autonomie à son pays. Pour l’instant, M. Cameron s’est bien gardé de détailler ses prétentions exactes.Selon plusieurs sources diplomatiques, il devrait continuer à entretenir le flou jeudi soir, se contentant d’une brève intervention. Il attendrait surtout que le processus soit officiellement lancé par le Conseil européen et le calendrier, détaillé. Dans un étonnant retournement de situation, il semble même désormais attendre que les chefs d’Etat européens lui fassent des propositions d’aménagement des règles de l’Union européenne. Les discussions de fonds sur ce sujet devraient donc être renvoyées à un prochain Conseil européen.Lire aussi :David Cameron contre le reste de l’EuropeRéfléchir à l’avenir de la zone euroEntre deux discussions sur l’Europe de la défense et le développement d’un marché numérique commun, les leaders européens devraient débattre vendredi matin du futur des institutions européennes, dans le but d’approfondir l’Union monétaire, après plus de cinq ans de crise des dettes. Ils ont notamment sur la table un rapport remis lundi 22 juin par les présidents des cinq institutions européennes les plus importantes (Jean-Claude Juncker, pour la commission, Donald Tusk, pour Conseil européen, Martin Schulz, à la tête du Parlement européen, Mario Draghi, pour la Banque centrale européenne, et Jeroen Dijsselbloem, pour l’Eurogroupe). Lire aussi :En pleine crise grecque, Bruxelles prône un renforcement de l’EurozoneCeux-ci réclament un renforcement de la zone euro pour éviter que la faillite d’un Etat, comme celle de la Grèce, puisse se reproduire. Ils souhaitent notamment faire converger davantage les politiques budgétaires, économiques et sociales. En raison de l’actualité ultra-prioritaire de la crise grecque, il semble toutefois peut probable que les chefs d’Etat et de gouvernement se lancent dans de longs débats sur l’avenir des institutions européennes. Ils devraient donc se contenter de suggérer d’approfondir ces réflexions dans les prochains mois.Trouver une solution d’urgence pour la GrèceOfficiellement, la situation grecque n’était pas à l’ordre du jour du Conseil européen. Mais les ministres des finances de la zone euro ont tenu jeudi après-midi une nouvelle réunion de l’Eurogroupe pour tenter de s’entendre sur le déblocage, contre des réformes, des 7,2 milliards d’euros d’aides nécessaires à la Grèce pour rembourser le FMI le 30 juin. Cette réunion a été suspendue jeudi en fin d’après-midi, les ministres des finances convenant de se retrouver samedi.La date-limite pour tomber d’accord est dimanche, les Parlements grecs et allemands devant approuver les mesures avant lundi soir. Les Grecs et les institutions représentant les créanciers (BCE, Commission et FMI) ne sont pas encore d’accord sur les mesures à adopter. Le principal différent réside dans le calendrier du vote des différentes mesures, Athènes et les créanciers s’étant globalement entendus pour augmenter la TVA et limiter les préretraites. Il s’agit aussi de savoir dans quelle mesure la question d’une éventuelle restructuration de la dette apparaitra dans le texte final.Si le sujet est suspendu à ce nouvel Eurogroupe, il est quasi-certain que les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro vont aussi en parler en marge du sommet. Ce sera probablement à ce niveau, entre Angela Merkel et Alexis Tsipras, que se décidera l’avenir de la Grèce dans la zone euro.Lire aussi :Nouvelle journée de négociations au forceps sur la GrèceJean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 09h51 • Mis à jour le25.06.2015 à 16h20 | Pierre Breteau, Mathilde Damgé, Samuel Laurent et Alexandre Pouchard Le site WikiLeaks, avec Libération et Mediapart, a révélé mardi 23 juin que trois présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ont été régulièrement et directement espionnés par les Etats-Unis, avec la mise sur écoute de leurs téléphones ainsi que de ceux de membres du gouvernement et de la haute administration. La publication de ces informations surnommées « FrenchLeaks » ont entraîné l'organisation d'un conseil de défense à l'Elysée, mercredi matin, et la convocation au Quai d'Orsay de l'ambassadrice américaine à Paris.Ces nouvelles « fuites » de documents confidentiels issus de l'agence nationale de sécurité américaine (NSA) seront-elles suivies d'effets ? Les opérations de ce genre, souvent réalisées par des collaborations internationales entre médias, se multiplient depuis quelques années. Passage en revue des précédentes révélations massives.Juin 1971 : « Pentagon papers », aux origines du « leak »Octobre 2006 : naissance de WikiLeaksMai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniquesAvril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en IrakOctobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en AfghanistanNovembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaineJanvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »Novembre 2014 : les « Sony Leaks »Les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks » Juin 1971 : « Pentagon papers », aux origines du « leak »En 1971, un analyste de la RAND Corporation qui travaille pour l'Etat, Daniel Ellsberg, communique au New York Times des extraits des 7 000 pages d'un rapport top-secret (en anglais) du département à la défense américain consacré aux relations entre le Vietnam et les Etats-Unis.Ces documents, connus depuis sous le nom de « Pentagon papers » (en anglais), étaient au départ une étude commandée par le secrétaire à la défense du président Johnson, Robert McNamara. Tout au long des 48 volumes de l'étude, les auteurs militaires et civils décrivent l'implication – aussi bien politique que militaire – des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam de 1945 à 1967.Qu'apprend-on ?Les « papers » révèlent entre autres que le gouvernement américain a délibérément provoqué une escalade du conflit, bien avant l'engagement officiel des armées US en 1965, en bombardant d'abord le Nord-Vietnam puis secrètement le Laos. Le New York Times suggère que dès l'année 1964 – avant la présidentielle de novembre – le président Johnson avait impliqué les forces armées dans une escalade programmée, alors qu'il avait affirmé l'inverse lors de la campagne.Quelles conséquences ?Sortis pendant la présidence de Richard Nixon, les « Pentagon papers » ont eu des conséquences assez faibles sur le gouvernement alors en place – même si la presse a révélé que la publication a rendu Nixon fou de rage : « Mettons ces fils de pute en prison », avait-il demandé à son conseiller Henry Kissinger.En revanche, l'affaire prise en charge par la Cour suprême des Etats-Unis donne raison à la presse (en anglais) sur la publication des documents top-secrets. Les actions initiées par le procureur général Mitchell – l'équivalent américain du garde des sceaux – contre Daniel Ellsberg se terminent en 1973 – en plein scandale du Watergate – avec la levée de toutes les charges à l'endroit de l'ancien analyste. Octobre 2006 : naissance de WikiLeaksAu milieu des années 2000, une communauté de militants, autour notamment de Julian Assange, crée WikiLeaks, un site qui veut servir de plateforme mondiale, permettant à qui le souhaite d'y dévoiler des documents confidentiels.Qu'apprend-on ?Dès son lancement fin 2006, WikiLeaks publie des révélations embarrassantes, sur la corruption d'un ancien leader kenyan, mais aussi sur le fait que les Etats-Unis soustraient certains détenus de Guantanamo à la vue de la Croix-Rouge.En 2008, WikiLeaks publie des documents évoquant des activités illégales de la Banque Suisse, ce qui lui vaut un procès et sa suspension temporaire. La même année, les courriels de Sarah Palin, co-candidate républicaine avec John McCain à la présidence, sont publiés sur la plateforme. L'année suivante, WikiLeaks révèle encore des séries de documents, atour d'un scandale pétrolier au Pérou, ou sur les banques d'Islande.Quelles conséquences ?Dès cette époque, WikiLeaks suscite la méfiance des autorités de nombreux pays. Certaines de ses révélations, notamment sur la mauvaise gestion des banques islandaises, ont des conséquences concrètes. Mais le sujet deviendra bien plus important l'année suivante avec les « cable leaks ». Mai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniquesEn juillet 2008, une taupe (dont on apprendra plus tard qu'elle agit par réaction contre le train de vie des parlementaires alors que les soldats vivent dans des conditions beaucoup plus difficiles) s'empare d'un CD-ROM contenant le détail des notes de frais des députés et le vend au journal le plus offrant. Le Daily Telegraph débourse 150 000 livres sterling pour obtenir le précieux support informatique et en fait un feuilleton à rebondissements, publiant des extraits de notes de frais toujours plus scandaleuses. Ce sera le début d'un scandale politique aboutissant à la démission de plusieurs députés et membres du gouvernement de Gordon Brown.Qu'apprend-on ?Les députés s'en donnent à cœur joie quand il s'agit de se faire rembourser les dépenses les plus farfelues : les factures dévoilées par les médias forment une véritable liste à la Prévert. Maison pour canards, nettoyage de douves, achats de films pornographiques et de barres chocolatées...Quelles conséquences ?Les notes de frais sont publiées dans leur intégralité sur le site du Parlement (mais certains éléments jugés sensibles, dont les adresses, ont été floutés). Une instance indépendante est également mise en place, l'Independent Parliamentary Standards Authority (Ipsa), mais elle a depuis été généreusement critiquée pour son inefficacité et son coût. Avril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en IrakC'est la vidéo qui va révéler WikiLeaks au grand public. Rendue publique en avril 2010, cet enregistrement pris depuis un hélicoptère Apache de l'armée américaine montre comment une dizaine de personnes, dont deux salariés de l'agence de presse Reuters, sont tuées car les militaires ont confondu un appareil photo avec un lance-grenade.Qu'apprend-on ?WikiLeaks publie une vidéo datant de 2007, où l'on voit une frappe aérienne américaine tuer par erreur deux journalistes de l'agence Reuters, puis une famille irakienne venue tenter d'aider, ce qui peut constituer un crime de guerre.A l'époque, l'armée américaine avait indiqué que les victimes avaient été tuées lors de combats avec des insurgés. La vidéo démontre le mensonge.Quelles conséquences ?L'armée américaine avait minimisé sa responsabilité dans la mort des journalistes, estimant, après enquête, que les pilotes avaient respecté les « règles d'engagement ». Même si les pilotes de l'hélicoptère Apache ne seront au final pas inquiétés, la vidéo contribue à lever le voile sur les bavures de l'armée américaine en Irak. Elle est obligée de s'expliquer.Autre conséquence : la « taupe » qui a envoyé cette vidéo à WikiLeaks, le soldat Manning, s'était confiée à un hacker qui l'avait ensuite dénoncé car les documents qui ont fuité « auraient pu coûter des vies directement ou indirectement ». Octobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en AfghanistanDébut 2010, le site publie, toujours grâce au soldat Manning, les « war logs », une série de documents de l'armée américaine autour de la guerre en Afghanistan et en Irak de 2004 à 2009. La fuite est conséquente et très embarrassante pour l'armée américaine, mais aussi pour la Maison Blanche : on peut y lire que les talibans gagnent du terrain en Afghanistan, mais les rapports routiniers montrent les bavures quotidiennes d'une armée en campagne.Qu'apprend-on ?Ces « war logs » détaillent plus de 100 000 morts en Irak, principalement civiles (plus de 66 000) mais également combattantes (24 000) ou encore des bavures au sein de la coalition internationales (près de 4 000). Mais ils montrent également les ratages réguliers d'une armée d'occupation : un sourd-muet abattu à un checkpoint pour ne pas avoir entendu un ordre (21 mars 2007) ou des bombardements de civils dûs à de mauvais renseignements. Les rapports montrent que dans ces bavures, l'autorité militaire cherche systématiquement à masquer sa responsabilité.Quelles conséquences ?La principale réaction des Etats-Unis a été, et continue d'être, de dénoncer la publication de ces documents, affirmant qu'ils portaient atteinte à l'effort de guerre. Le FBI a ainsi ouvert une enquête pour atteinte à la sécurité nationale contre WikiLeaks et son fondateur, Julian Assange. La NSA a par ailleurs demandé à ce que l'association soit classée comme « agent étranger malveillant », ce qui permettrait de la surveiller plus activement sans restriction, notamment concernant ses liens avec des citoyens américains. Novembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaineEn 2010, WikiLeaks change de méthode, et collabore avec plusieurs médias mondiaux pour publier le « Cablegate » : 250 000 messages confidentiels envoyés par les ambassades américaines à Washington.Qu’apprend-on ?Alors que les précédentes révélations de WikiLeaks n'avaient pas provoqué de répercussions majeures, le « Cablegate » fait l'effet d'une bombe. On peut en effet y lire la « vision du monde » de Washington au travers des propos, parfois durs, de ses ambassadeurs. L'administration américaine est dans l'embarras, et réagit en s'en prenant fortement à WikiLeaks. Mais des détracteurs du site estiment également que la diplomatie a besoin du secret, et qu'il est dommageable que ces câbles diplomatiques soient ainsi publiés.Quelles conséquences ?Le site est l'objet d'une énorme pression de la part des autorités américaines : Amazon, son hébergeur, décide de ne plus accueillir WikiLeaks sur ses serveurs, sans décision de justice à l'appui. Idem pour le prestataire de noms de domaine du site. WikiLeaks fait appel à la solidarité mondiale pour créer des « sites miroirs » hébergés un peu partout dans le monde. Janvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »En janvier 2014, c'est la Chine et ses riches élites qui sont visées par une « fuite » massive. Une vaste enquête est publiée par le consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ), en collaboration avec de nombreux journaux, dont Le Monde en France.Qu'apprend-on ?L'enquête révèle que plus de 20 000 clients de Chine ou de Hongkong sont liés à des compagnies offshore dans des paradis fiscaux. Parmi eux, de nombreux responsables du tout-puissant Parti communiste chinois (PCC) et leurs proches, comme Deng Jiagui, beau-frère du président Xi Jinping, ou encore Wen Jiabao, premier ministre de 2003 à 2013.Quelles conséquences ?Aussitôt après ces révélations, de nombreux sites de journaux impliqués dans les « ChinaLeaks », dont LeMonde.fr, ont été bloqués en Chine. Mais les accusations n'ont pas donné lieu à quelque poursuite que ce soit. Novembre 2014 : les « Sony Leaks »Le novembre 2014, Sony Pictures Entertainment (SPE), filiale américaine du groupe japonais, est victime d'un piratage massif de ses courriels et de ses documents internes. Dans la foulée, cinq films pas encore sortis et distribués par la société font leur apparition sur des sites pirates.Cinq mois plus tard, en avril 2015, WikiLeaks publie 30 000 documents et 173 000 courriels ainsi qu'une application en ligne pour chercher parmi toutes ces données. Le site justifie la publication de ces données par l'intérêt de voir « les rouages internes d'une entreprise multinationale influente ».Qu'apprend-on ?Ce « leak » donne des informations sur les visées stratégiques du groupe. On y apprend aussi des choses plus triviales comme le fait que les employés de SPE s'énervent de voir Adam Sandler à l'écran. On y trouve également des commentaires à l'endroit de l'égo d'Angelina Jolie ou sur la mise sur pied du biopic sur Steve Jobs.Quelles conséquences ?Première conséquence, la vice-présidente de SPE, Amy Pascal, a démissionné après la révélation d'un sous-entendu raciste à propos de Barack Obama dans un échange de courriels. Parmi les révélations du « leak », on trouve la fiche d'identité de Spider-Man qui selon l'accord entre SPE et Marvel doit être blanc, hétérosexuel, ne pas fumer, boire peu, etc.Dans ces courriels, on découvre également que des actrices comme Amy Adams ou Jennifer Lawrence ont droit à un pourcentage inférieur à celui de leurs collègues masculins sur les bénéfices du film American Bluff (ou American Hustle en anglais). Ces révélations ont alimenté un débat sur l'égalité des salaires entre hommes et femmes aux Etats-Unis.Au rayon des surprises, les courriels révèlent que l'acteur et réalisateur Ben Affleck a fait censurer un documentaire consacré à l'esclavage dans lequel les auteurs révélaient qu'un de ses ancêtres avait eu des esclaves.A la suite de ces attaques, les Etats-Unis – qui soupçonnent la Corée du Nord – ont annoncé de nouvelles sanctions économiques contre le régime de Kim Jong-Un, particulièrement dix personnalités et trois institutions. 2013-2015 : les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks »Dans tous les cas, le principe est le même : rendre publics les mécanismes d'évasion fiscale dont profitent des individus et des entreprises.« OffshoreLeaks » en avril 2013. Dans l'ordre, les premières révélations sur les paradis fiscaux prennent forme grâce aux informations mises en commun par plusieurs datajournalistes et journalistes spécialisés réunis dans le cadre de l'ICIJ (le Consortium indépendant des journalistes d'investigation). Ce dernier a reçu près de 2,5 millions de documents (courriers électroniques, copies de papiers d'identités, lettres) par l'intermédiaire d'anciens salariés de deux entreprises de services financiers offshore.« Luxleaks » en novembre 2014. L'ICIJ est à nouveau à l'œuvre dans le scandale « LuxLeaks », qui a publié des accords fiscaux confidentiels provenant du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC) mais aussi d'autres sociétés d'audits et de cabinets d'avocats au Luxembourg, en novembre 2014.« SwissLeaks » en février 2015. « SwissLeaks » est le dernier volet en date des enquêtes sur l'évasion fiscale européenne par l'ICIJ. Il se base sur les archives numérisées dérobées chez HSBC Private Bank par Hervé Falciani, ancien employé de la banque.Qu'apprend-on ?BNP Paribas et Crédit Agricole ont aidé à la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux dans les années 1990 et 2000. Des noms connus s'égrènent : Rothschild, Ricci, le roi du Maroc… Dans le cas de « LuxLeaks » , l'affaire a mis en lumière les centaines de « tax rulings », ces décisions anticipées conclues au Luxembourg lorsque Jean-Claude Juncker, l'actuel président de la Commission, était premier ministre, et qui permettent aux multinationales de quasiment échapper à l'impôt. Avec « SwissLeaks », on apprend que 180,6 milliards d'euros auraient transité, à Genève, par les comptes HSBC de plus de 100 000 clients et de 20 000 sociétés offshore, entre novembre 2006 et mars 2007.Quelles conséquences ?La base de données d'« Offshore Leaks » sera ouverte au public, ouvrant la voie à d'autres révélations. Le patron d'une grande banque néerlandaise démissionne. Dans l'Hexagone, la sphère politique prendra acte de la pression publique et commencera à intensifier sa lutte contre la fraude fiscale.Avec « LuxLeaks », sous la pression de Bruxelles, Amazon va désormais déclarer ses revenus par pays et non dans son siège fiscal européen, le Luxembourg.Conséquence plus dommageable pour la liberté d'expression, le Français Edouard Perrin, qui a révélé le scandale « LuxLeaks », a été inculpé le 23 avril au Luxembourg, notamment pour « vol domestique » et « blanchiment ». Cette mise en examen est la troisième au Luxembourg, après celle d'un ancien collaborateur du cabinet d'audit PwC, Antoine Deltour, en décembre 2014, et d'un autre employé de PwC en janvier, d'où proviennent une grande partie des documents du LuxLeaks.Avec « SwissLeaks », l'enquête contre HSBC en France s'est accélérée : sa filiale suisse, HSBC Private Bank, a été mise en examen pour « complicité de blanchiment aggravé de fraude fiscale » et « complicité de démarchage illégal ». Au Royaume-Uni, les députés ont ouvert une enquête sur les pratiques d'HSBC. Au Brésil, une enquête a été ouverte par la justice. La banque négocie dans les autres pays (Suisse et Belgique). Elle a aussi fermé des comptes de non résidents à Jersey, une première.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 05h57 • Mis à jour le25.06.2015 à 08h32 Une organisation de défense des droits des femmes au Honduras a dénoncé mercredi 24 juin une « épidémie » de meurtres de femmes dans le pays, leur nombre ayant presque quadruplé entre 2005 et 2013.Selon le Centre des droits des femmes, le taux de morts violentes, pour les femmes, a atteint 12 pour 100 000 habitants en 2014, dépassant le seuil de l’épidémie fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) — 8,8 morts pour 100 000 — , « ce qui conduit à considérer ces meurtres comme une épidémie », a expliqué Claudia Herrmannsdorfer, porte-parole de l'ONG.Ces déclarations surviennent trois semaines après une mobilisation géante en Argentine pour dénoncer une série de féminicides dans le pays. Une indignation partagée par d'autres pays d'Amérique latine, avec des manifestations également organisées début juin au Chili, en Uruguay et au Mexique.Lire :Féminicides : pourquoi les Argentins manifestentHausse de 263 % entre 2005 et 2013Au Honduras, les cas de meurtres de femmes ont grimpé « de manière alarmante », avec une hausse de 263 % entre 2005 et 2013, selon le Centre des droits des femmes. En 2013, 636 femmes ont été tuées, soit une toutes les 14 heures, un chiffre qui a baissé légèrement en 2014 (526). Entre janvier et mai 2015, déjà 152 féminicides ont été recensés.Selon Claudia Herrmannsdorfer le gouvernement du Honduras s'est engagé depuis 20 ans à combattre les crimes machistes, mais « il y a un manque de coordination entre les huit organisations chargées des enquêtes », donc 94 % des meurtres restent impunis.La majorité d'entre eux « sont attribués au fait que les femmes (victimes) étaient impliquées dans des activités du crime organisé et pour cela on n'enquête pas, mais il faudrait le faire ».Le Honduras, qui souffre de la mainmise des bandes criminelles, détient le triste record mondial d'homicides, avec 90 meurtres pour 100 000 habitants en 2012, selon l'ONU. 25.06.2015 à 04h20 • Mis à jour le25.06.2015 à 09h26 Le drapeau confédéré ne flottera plus au-dessus du Parlement de l’Alabama. La bannière rouge, blanc et bleu aux treize étoiles blanches, symbole controversé du passé esclavagiste des Etats-Unis, a été abaissée mercredi 24 juin par des employés municipaux.Lire :La tuerie de Charleston ranime le débat sur le drapeau confédéré aux Etats-UnisLa polémique autour de ce drapeau a été relancée après la fusillade, le 17 juin, qui a fait neuf morts dans l’Emanuel African Methodist Episcopal Church, église emblématique de la communauté noire en Caroline du Sud, commise par un homme blanc de 21 ans qui apparaît sur plusieurs photos brandissant le drapeau confédéré. Depuis, de nombreuses entreprises américaines ont annoncé qu’elles allaient cesser de vendre des produits arborant ce drapeau.Initiatives similaires réclaméesLundi, la gouverneuse de Caroline du Sud avait également demandé de retirer le drapeau confédéré qui flotte devant le Parlement local. Déplorant un « symbole qui divise », la républicaine Nikki Haley avait en effet estimé que « cent cinquante ans après la fin de la guerre de sécession, le temps est venu » de retirer le drapeau, « même s’il fait partie de notre histoire ». Plusieurs réactions dans ce sens ont suivi.Dans le Mississippi, seul Etat américain dont le drapeau contient la bannière confédérée, dans le coin supérieur gauche, plus de 50 000 personnes ont signé une pétition pour demander de la retirer, avec le soutien de plusieurs élus conservateurs. « Après réflexion et prière, je pense maintenant que le drapeau devra être mis dans un musée et remplacé par un autre qui unira davantage les habitants du Mississippi », a affirmé le sénateur républicain Roger Wicker.Ce descendant de soldat confédéré a ajouté qu’il ne considérait pas le drapeau comme offensant. « Mais il apparaît de plus en plus clairement que beaucoup de mes concitoyens pensent différemment et que le drapeau donne de plus en plus une fausse impression de notre Etat aux autres », a-t-il expliqué. Thad Cochran, sénateur républicain du même Etat, s’est lui aussi prononcé en faveur d’un « nouveau drapeau », parce que « nous devons chercher l’unité et pas la division dans les symboles de notre Etat ».Enfin, le démocrate Terry McAuliffe, gouverneur de Virginie, avait annoncé mardi qu’il allait interdire le drapeau sur les plaques d’immatriculation des voitures.A Columbia, capitale de la Caroline du Sud, le corps du pasteur Clementa Pinckney, tué lors de la fusillade du 17 juin, a été exposé mercredi au Parlement. Les funérailles des victimes commenceront jeudi. Vendredi, le président Barack Obama prononcera l’éloge funèbre du pasteur.Lire aussi :La Cour suprême américaine contre le drapeau confédéré sur les plaques d’immatriculation 15.06.2015 à 17h07 • Mis à jour le15.06.2015 à 17h44 | David Revault d'Allonnes (Alger, envoyé spécial) « Une amitié exigeante ». C’est ainsi que François Hollande a qualifié la relation franco-algérienne, en posant lundi 15 juin, en début d’après-midi, le pied sur le tarmac de l’aéroport Houari Boumedienne. Ce deuxième déplacement du président à Alger, après la visite d’Etat en grande pompe de décembre 2012, devait être essentiellement consacré aux partenariats économiques et au développement des relations d’affaires entre les deux pays. Il a cependant été rattrapé par le dossier du terrorisme, après le double attentat suicide meurtrier commis à N’Djamena, lundi, et l’élimination présumée – pas encore confirmée – en Libye par une frappe américaine du djihadiste le plus recherché de tout le Sahel, Mokhtar Belmokhtar.Lire aussi :Mokhtar Belmokhtar visé par une frappe américaine en LibyeCar les « sujets graves », en l’occurrence la lutte contre le djihadisme, se sont d’emblée imposés dans la visite présidentielle. « La sécurité, c’est la lutte contre le terrorisme, et je veux aussi souligner le combat commun contre cet ennemi terrible, implacable, auquel nous avons porté des coups et encore récemment, ces dernières heures », a expliqué le chef de l’Etat, qui a exprimé sa « gratitude envers les autorités algériennes » pour leur action après l’enlèvement et l’assassinat du Français Hervé Gourdel, en septembre 2014 en Kabylie.Lire aussi :Entre la France et l’Algérie, une relation au beau fixe« Relation d’extrême confiance »Quelques instants après son arrivée à Alger, il a déposé une gerbe au pied du monument aux martyrs de la guerre d’Algérie, sur une hauteur de la ville. Accompagné du président du conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, il a ensuite joui quelques instants de la vue panoramique s’y offrant sur la baie d’Alger, reconnaissant « la casbah » ou « le port », souvenirs de l’époque où il fut stagiaire de l’ENA à l’ambassade de France d’Alger... et se fendant de commentaires extrêmement positifs sur son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika. « Avec le président Bouteflika, nous avons établi une relation d’extrême confiance. Ses conseils, sa vision du monde sont particulièrement précieux », a-t-il flatté.« Par rapport à ce que nous vivons, la sécurité dans le Sahel, la Libye, nous avons besoin d’avoir un travail en commun », a-t-il ajouté. M. Hollande a également évoqué le « travail économique » entre l’Algérie et la France. « Vous savez combien nos populations sont liées. L’histoire doit nous permettre d’aller beaucoup plus loin dans les relations », a-t-il expliqué, estimant que « nous avons déjà réalisé beaucoup ».A en croire le président, cette deuxième visite permettrait également de fluidifier, selon le terme diplomatique en vigueur, les relations franco-algériennes. « On simplifie les choses. Chaque visite de chef d’Etat, de chef de gouvernement, de chef de parlement, permet de faire en sorte que ce soit plus simple », a-t-il expliqué. La visite algéroise de M. Hollande doit se poursuivre par un entretien avec le premier ministre Abdelmalek Sellal, puis avec le président Abdelaziz Bouteflika.David Revault d'Allonnes (Alger, envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.06.2015 à 16h59 • Mis à jour le15.06.2015 à 17h11 | Claire Guélaud Les tenants de la théorie du « ruissellement », selon laquelle les revenus des plus riches contribueraient à l’activité économique générale, ont du souci à se faire : des économistes du Fonds monétaire international (FMI) contestent ouvertement cette approche. Et surtout, dans une étude sur les causes et les conséquences des inégalités, présentée lundi 15 juin, ils prouvent l’existence d’une relation inversement proportionnelle entre les revenus détenus par les 20 % les plus aisés et la croissance.Lorsque la part de gâteau des 20 % les plus aisés s’accroît de 1 %, le produit intérieur brut (PIB) progresse moins (- 0,08 point) dans les cinq années qui suivent. Cela laisse penser que les avantages des plus riches ne ruissellent pas vers le bas. En revanche, une augmentation du même montant de la part des revenus détenue par les 20 % les plus pauvres est associée à une croissance plus forte de 0,38 point.Cette corrélation positive entre parts de revenus et croissance vaut aussi pour la classe moyenne. Les auteurs de ce travail, qui n’engage pas officiellement le FMI, en tirent la conclusion que les dirigeants politiques doivent faire porter leurs efforts sur les plus pauvres et sur la classe moyenne pour réduire les inégalités.L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) était parvenue aux mêmes conclusions en 2014. L’étude du FMI est toutefois plus large puisqu’elle porte sur un échantillon d’une centaine de pays : économies avancées, émergents et pays en développement.Lire aussi :On n’en a pas fini avec les inégalitésLien entre assouplissement du marché du travail et inégalitésSes auteurs font observer que la globalisation financière et les progrès technologiques sont associés, partout, à une augmentation de la part des revenus détenue par les 10 % les plus riches, désormais neuf fois plus importante que celle détenue par les 10 % les plus pauvres.Ces effets ont été amplifiés par la crise. Dans les pays émergents et en développement, toutefois, l’augmentation des inégalités s’explique d’abord par le fait que les classes moyennes supérieures ont rejoint les classes supérieures, comme en Chine et en Afrique du sud.Autre découverte intéressante : l’assouplissement du marché du travail va de pair avec une inégalité croissante et avec l’enrichissement des 10 % les plus aisés. Les auteurs en concluent que la flexibilité du marché du travail bénéfice aux riches et réduit le pouvoir de négociation des travailleurs pauvres.Une autre étude du FMI, prochainement publiée, montre que, dans les économies avancées, le décrochage du salaire minimum par rapport au salaire médian va de pair avec une hausse des inégalités et que la diminution du taux de syndicalisation est fortement corrélée à la hausse des revenus des plus riches.En l’absence d’effets de ruissellement, les auteurs plaident logiquement pour une fiscalité plus redistributive, via des impôts sur la richesse et la propriété, et plus progressive sur les revenus.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Une polémique sur l’efficacité du dispositif de lutte contre la radicalisation des jeunes musulmans et sur le rôle des mosquées s’est développée après l’annonce, lundi 15 juin, de la mort en Irak de Talha Asmal, un jeune Britannique de 17 ans lors d’une attaque-suicide perpétrée par l’Etat islamique (EI). Présenté par les médias comme le plus jeune kamikaze britannique, Talha Asmal a été reconnu par ses parents sur des photos diffusées sur un compte Twitter lié à l’EI.Le jeune homme, dont le nom de guerre, « Abou Youssouf Al-Britani », rappelait l’origine britannique, a été identifié par l’EI comme l’un des quatre conducteurs de voitures piégées lancées, samedi, contre des positions de l’armée irakienne à Hadjaj, au nord de Bagdad. Ces attentats, perpétrés par des kamikazes allemand, anglais, koweïtien et palestinien selon l’EI, ont fait 11 morts au sein des forces armées irakiennes.Non confirmée officiellement, la mort de Talha Asmal suscite une émotion considérable à Dewsbury (West Yorkshire, nord de l’Angleterre), ville où avait vécu Mohammed Sidique Khan, le cerveau des attentats de Londres qui avait fait 52 morts en 2005. Les parents du jeune homme le présentent comme « un adolescent aimant, gentil, prévenant et affable » et se disent « anéantis et le cœur brisé par la tragédie innommable » de sa mort.L’une des photos diffusées par l’EI montre Talha Asmal, barbu et souriant, posant près d’un 4×4, levant l’index, signe de reconnaissance des militants de l’organisation. Il avait quitté sa famille le 31 mars avec son ami et voisin Hassan Munshi pour gagner la Syrie via la Turquie.« Plan de lutte plus énergique »Sa famille accuse les dirigeants de l’EI, « trop lâches pour faire eux-mêmes leur sale boulot », d’avoir profité de « son innocence et de sa vulnérabilité » pour l’envoyer à la mort. La directrice de l’établissement scolaire qu’il fréquentait a décrit le jeune kamikaze comme « un adolescent ordinaire » et « un élève consciencieux qui n’avait jamais attiré l’attention sur lui ».Qari Asim, l’imam de la mosquée Makkah Masjid de Dewsbury, estime que les responsables de l’EI se comportent comme « des prédateurs sexuels » qui « ciblent des jeunes vulnérables et leur lavent le cerveau ». Il affirme que « la radicalisation n’a pas lieu dans les mosquées » mais sur les réseaux sociaux. « Nous avons échoué, ajoute Farouk Younous, imam de la mosquée Zakaria, à la BBC. Pas seulement les familles, mais le conseil municipal, la police, le quartier… »Yvette Cooper, ministre de l’intérieur du cabinet fantôme travailliste, a accusé le gouvernement Cameron d’avoir « totalement échoué » à traiter le problème et réclamé « un plan de lutte plus énergique basé sur l’action locale ». Mais Lord Carlile, ancien contrôleur indépendant des lois sur le terrorisme, a critiqué cette approche et réclamé des mesures permettant l’accès aux données de communication, afin de prévenir la radicalisation islamique.Ancien député labour de Dewsbury, Chahid Malik a, lui, mis en cause les mosquées elles-mêmes, les appelant à « confronter franchement cette idéologie démoniaque ». « Les moquées doivent enseigner aux enfants ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas dans l’idéologie de l’Etat islamique, a-t-il déclaré. L’itinéraire et la mort de Talha Asmal doivent sonner l’alarme. »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Les actions de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, pendant l’opération « Bordure protectrice » de l’été 2014, ont été « légitimes » et « légales ». C’est elle qui l’affirme. A l’approche de la publication d’un rapport de la commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui s’annonce très critique, l’Etat hébreu a choisi de rendre public sa propre version des événements, dimanche 14 juin. Sans surprise, elle disculpe les forces armées des accusations d’usage disproportionné de la force et met en accusation le Hamas pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le Mouvement de la résistance islamique, qui dirige le territoire depuis 2007, a lancé au total près de 4 500 roquettes pendant l’opération, dont 4 000 ont visé des zones d’habitation civiles.Ce rapport « est particulièrement important parce que l’Etat d’Israël se trouve sous une attaque sans précédent de délégitimation », a réagi le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, dimanche, estimant que ses conclusions démontraient que l’armée avait respecté le droit humanitaire international. « Qui veut savoir la vérité » doit lire cette somme de plusieurs centaines de pages, a assuré le chef du gouvernement. La dimension à la fois juridique et politique du texte est importante, car Israël doit se défendre sur plusieurs fronts. Sa réputation sur la scène internationale est très entamée, alors que les appels au boycottage se multiplient pour dénoncer l’occupation.En outre, la responsabilité pénale de ses dirigeants pourrait être mise en cause. L’Autorité palestinienne a saisi la Cour pénale internationale (CPI), dont elle est officiellement devenue membre le 1er avril, sur des allégations de crimes de guerre commis par l’armée israélienne à Gaza.L’opération « Bordure protectrice » a duré 51 joursLe rapport revient sur les origines du conflit. Le 7 juillet 2014, l’aviation israélienne a débuté les bombardements sur la bande de Gaza, visant officiellement les infrastructures terroristes, en réponse à l’intensification des tirs de roquettes. Le 17 juillet a débuté l’opération terrestre à l’intérieur de la bande, dans la zone frontalière, après l’échec de tentatives de cessez-le-feu. Les soldats se sont retirés le 5 août, après avoir détruit 32 tunnels d’attaque vers Israël, dont 14 étaient achevés. Un cessez-le-feu a finalement été conclu le 26 août. L’opération Bordure protectrice a duré cinquante et un jours. Dans de nombreuses circonstances, les combattants du Hamas se sont déguisés en civils palestiniens et même en soldats israéliens, assurent les auteurs du rapport. Comme les hauts gradés l’avaient affirmé au cours de l’été, il est aussi rappelé que ces combattants ont utilisé des bâtiments civils comme bases de tir ou de refuge. Des munitions ont été entreposées dans des écoles, des tunnels creusés au milieu de zones d’habitation. Le rapport rappelle que la Banque d’Israël a chiffré à 3,5 milliards de shekels (812 millions d’euros) l’ampleur des dégâts infligés côté israélien, auxquels s’ajoute le traumatisme psychologique pour 38 % des enfants vivant à proximité de la bande de Gaza, en raison des roquettes et des alertes quotidiennes.Lire aussi :La dérive morale de l’armée israélienne à GazaLe rapport tente aussi de répondre aux accusations sur l’effacement assumé de la distinction entre civils et combattants, en violation des Conventions de Genève. Des accusations formulées par de nombreuses ONG mais aussi par ses propres soldats, qui ont témoigné anonymement auprès de Breaking the Silence, une association d’anciens combattants. « Quand le combat est confiné à un environnement urbain – et particulièrement dans une zone densément peuplée –, les dommages aux civils et aux structures civiles peuvent être inévitables », reconnaît le rapport, tout en précisant qu’Israël respectait scrupuleusement le droit humanitaire international.Le texte met en exergue les procédures par lesquelles l’armée israélienne enquête sur les allégations de crimes ou de graves manquements déontologiques. Au total, le MAG, le bureau du procureur général militaire, a ouvert 13 enquêtes criminelles sans attendre de vérifications préliminaires. A celles-ci s’ajoutent sept autres enquêtes, diligentées après ce processus de vérification. Une nouvelle fois, la responsabilité de l’ennemi serait engagée exclusivement. Selon le rapport, le Hamas aurait forcé des civils à demeurer dans des zones civiles, pour servir de bouclier humain, ne pouvant donc répondre aux alertes préventives de l’armée.Lire aussi :« J’ai visé des cibles civiles, parfois juste pour le plaisir »« Cette exploitation d’environnements civils – qui souvent constituait des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité – a posé des défis significatifs, en termes opérationnels, juridiques et éthiques, aux forces armées » souligne le rapport. Selon les estimations de l’armée, au moins 44 % des victimes palestiniennes (2 125 morts) ont été identifiés comme étant membres de la branche armée du Hamas ou d’autres organisations, comme le Jihad islamique. Israël se félicite donc du très faible nombre de victimes civiles, au vu des conditions extrêmement difficiles sur le terrain, dans cet affrontement de type asymétrique. « Ce qui a pu souvent apparaître à des parties extérieures comme des dommages indiscriminés causés aux civils ou à des objectifs purement civils était en réalité des attaques légitimes contre des cibles militaires qui n’avaient de civile que l’apparence, alors qu’elles s’inscrivaient en réalité dans les opérations militaires de ces organisations terroristes », est-il écrit.Publication imminente du rapport de l’ONUEntre Israël et les Nations unies, la tension monte. Il y a quelques jours, Makarim Wibisono, le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les Territoires, n’a pas été autorisé par les autorités à se rendre en Israël et dans les territoires palestiniens pour rédiger un rapport, qui doit être présenté lors de l’Assemblée générale des Nations unies fin septembre. Mais c’est surtout la publication imminente du rapport de la commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui suscite l’émoi, côté israélien.Dès sa formation après la guerre, Israël a accusé la commission de partialité et d’hostilité à son encontre. Le professeur de droit canadien William Schabas, qui la présidait, a été contraint à la démission début février : il a été établi qu’il avait conseillé ponctuellement l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP). Les Israéliens ont utilisé ce conflit d’intérêt pour considérer par avance le rapport de la commission comme nul et non avenu. « Cette organisation a adopté plus de décisions contre Israël que contre la Syrie, l’Iran et la Corée du Nord réunis », a affirmé, dimanche, M. Nétanyahou.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est l’un des trois points de blocage entre Athènes et ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne), et il pourrait bien tomber. A en croire la liste des propositions présentées, dimanche 14 juin, par l’équipe de négociateurs grecs à Bruxelles – et rejetées par les créanciers –, le gouvernement grec accepte les objectifs d’excédent primaire (solde positif entre les recettes et les dépenses avant paiement des intérêts de la dette) fixés par les créanciers : 1 % du PIB en 2015 et 2 % en 2016, selon le document qui a été diffusée lundi 15 juin par le quotidien grec Kathimerini.Dans sa précédente proposition, en début de semaine dernière, Athènes proposait un excédent primaire de 0,75 % pour 2015. Mais, au-delà de ce compromis sur le chiffre, qui semble désormais acquis, des dissensions persistent sur les moyens d'y parvenir.« Un fossé de 2 milliards d’euros ».Un désaccord est toujours présent sur la façon de combler le « trou » fiscal annoncé en 2016. Les Grecs l’estiment à environ 1,1 % du PIB, soit 1,995 milliard d’euros, alors qu’un proche des négociations côté créanciers assure qu’« entre leurs calculs et les nôtres, il demeure un fossé de 2 milliards d’euros ».Lire aussi :Les négociations entre la Grèce et ses créanciers tournent court, à nouveauLes Grecs proposent entre autres :Trois taux de TVA à 6 %, 13 % et 23 %. De quoi faire rentrer 1,4 milliard d’euros supplémentaires dans les caisses de l’Etat chaque année. Mais en maintenant l’électricité à 13 % et non à 23 %, comme l’exigent les créanciers.Contribution extraordinaire de 12 % pour les entreprises ayant un bénéfice supérieur à 1 million d’euros et hausse de 26 à 29 % de l’impôt sur les bénéfices des sociétés.Hausse de l’impôt sur la solidarité à hauteur de 220 millions en 2015 et 250 en 2016 mais en augmentant notamment la participation des revenus supérieurs à 100 000 euros par an.Une baisse des dépenses militaires de 200 millions d’euros en 2016Limitation des préretraites pour l’année 2016 permettant d’économiser 71 millions d’euros.Le gouvernement grec propose aussi d’accentuer la lutte contre le trafic de faux carburants ou contre la fraude fiscale et veut exiger des médias télévisuels grecs le paiement de leurs licences d’exploitation (340 millions pour 2015), ce qui n’avait jusqu’ici jamais été demandé. Au final plusieurs dizaines de mesures permettant de faire rentrer 1,995 milliard d’euros supplémentaires en 2015.« Nos propositions ont été rejetées alors qu’elles permettent totalement de faire face au     « trou » fiscal de 2015 », affirme une source gouvernementale grecque. « La volonté de nos créanciers d’insister sur de nouvelles coupes dans les retraites est totalement idéologique et nous ne pouvons pas l’accepter ». Selon le premier ministre de la gauche radicale, Alexis Tsipras, cette insistance « sert un dessein politique. Nous allons attendre patiemment que les créanciers accèdent au réalisme ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.06.2015 à 10h24 • Mis à jour le15.06.2015 à 10h39 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Après avoir cru sauver les meubles lors des élections régionales du 31 mai en remportant ou conservant 5 des 7 régions mises en jeu, la gauche a nettement perdu au second tour des élections municipales organisé, dimanche 14 juin, dans 72 communes dont 12 chefs-lieux de province. Elle cède à la droite Arezzo (Toscane), Matera (Pouilles), qui sera capitale européenne de la culture en 2019, et surtout Venise, qu’elle administrait depuis vingt ans. Le candidat de droite Luigi Brugnaro l’emporte avec 53,2 % des voix. « Ce n’est pas ma défaite », a commenté à chaud Matteo Renzi, chef du gouvernement et premier secrétaire du Parti démocrate (PD).Le président du conseil a à la fois raison et tort. Raison, parce qu’il n’est pour rien dans le scandale qui a frappé la ville en juin 2014, lorsque, à la suite de la mise au jour d’un vaste système de corruption en marge des travaux de la digue géante (le projet MOSE), le maire, Giorgio Orsoni, avait dû démissionner, laissant les rênes de la ville à un commissaire nommé par l’Etat. Raison, encore, parce que le candidat du PD, l’ancien juge antiterroriste... 15.06.2015 à 02h45 • Mis à jour le15.06.2015 à 07h31 Le ministère de la justice israélien a annoncé dimanche 14 juin qu’il clôturait l’enquête criminelle sur l’officier de police vu en train de molester un soldat d’origine éthiopienne sans raison apparente. La vidéo de la scène avait provoqué la colère de la communauté juive éthiopienne et déclenché une série de manifestations contre le racisme en Israël.Le procureur général, Yehuda Weinstein, a décidé de suivre une recommandation du service des affaires internes de la police, en cessant la procédure à l’encontre de l’officier et en transférant le dossier à la police, qui doit examiner des mesures « disciplinaires », a précisé le ministère.La clôture de l’enquête a choqué la communauté juive d’origine éthiopienne, qui s’est engagée à se mobilier à nouveau. Cette décision est « scandaleuse » et « honteuse », a réagi l’ancienne élue Pnina-Tamano Shata, qui avait pris part aux manifestations. « Nous n’avons d’autre choix que de continuer le combat pour nos droits », a-t-elle écrit sur sa page Facebook.Appels à éradiquer le racismeLors des précédentes manifestations, des heurts sans précédent avaient mis les juifs israéliens d’origine éthiopienne aux prises avec les forces de police à Tel-Aviv et à Jérusalem, poussant les dirigeants israéliens au plus haut niveau à appeler à éradiquer le racisme.Lire :Les raisons du malaise de la communauté éthiopienne d’IsraëlM. Weinstein a expliqué que l’examen de la vidéo avait montré que le soldat Pakada avait été le premier à avoir recours à la violence en repoussant l’officier de police qui lui barrait le passage. « L’officier a utilisé la force pour éloigner le soldat », indique un communiqué du procureur général, précisant que l’arrestation du soldat par l’officier de police, limogé peu après l’incident, s’était déroulée « convenablement ». Le procureur a précisé avoir également clos l’enquête pour violences visant le soldat d’origine éthiopienne. Les juifs d’Ethiopie affirment être en butte à la discrimination et subir des brimades de la part des policiers. Leur communauté regroupe 135 500 personnes, dont plus de 50 000 sont nées dans le pays. Elle descend de communautés d’Afrique coupées des autres juifs pendant des siècles, et que les autorités religieuses d’Israël ont tardivement reconnues comme membres de la foi juive. La plupart des juifs éthiopiens sont arrivés en Israël à la faveur de deux ponts aériens organisés de manière secrète en 1984 et 1991. 14.06.2015 à 13h34 • Mis à jour le14.06.2015 à 13h41 L'armée israélienne a ouvert une enquête après la diffusion d'une vidéo montrant sept soldats frapper un Palestinien à terre dans le camp de réfugiés de Jalazoun, en Cisjordanie occupée, ont indiqué, dimanche 14 juin, des sources militaires.La vidéo tournée lors d'une manifestation vendredi à Jalazoun, près de Ramallah, montre un Palestinien en venir aux mains avec deux soldats israéliens, avant de se retrouver entouré et maîtrisé par sept soldats, dont un lui assène un coup de crosse sur la tête, ce qui le fait tomber. Un des soldats lui assène ensuite plusieurs coups de genou au visage alors que le Palestinien est à terre. Il est ensuite emmené par les soldats.Selon l'armée, cet incident s'est produit en marge d'une manifestation « violente de plusieurs dizaines » de Palestiniens qui ont lancé des pierres vers des soldats israéliens. Un officier a été légèrement blessé par un de ces projectiles.« La conduite de ces soldats n'est apparemment pas conforme à celle qu'on attend de soldats israéliens, a ajouté l'armée. Les soldats impliqués vont être traduits devant le commandement de leur régiment dimanche pour déterminer si des mesures disciplinaires doivent être prises à leur encontre », a-t-on ajouté de même source.Un Palestinien renversé par une jeep israéliennePar ailleurs, une jeep de l'armée israélienne a renversé et tué un Palestinien dimanche en Cisjordanie dans des circonstances qui prêtent à débat. L'incident s'est produit dans le village de Qafr Malik lors d'une intervention militaire contre des activistes présumés.D'après une porte-parole de l'armée israélienne, le Palestinien a été accidentellement heurté par le véhicule après avoir lancé un cocktail Molotov dans sa direction. « Le conducteur a pris peur et a fait une embardée, renversant cet homme », a-t-elle dit.La mort du jeune homme aurait provoqué des affrontements entre les soldats israéliens et des jeunes Palestiniens. Ces affrontements, dit l'armée israélienne, étaient déjà en cours lorsque l'accident a eu lieu. Philippe Ridet (Rome, correspondant) Elections, acte II. Après les scrutins du 31 mai dans sept régions et plus de 1 000 communes, les bureaux électoraux se sont rouverts, dimanche 14 juin, pour le deuxième tour dans 72 villes dont douze chefs-lieux de province. Mais une seule retient l’attention : Venise, où s’affrontent, pour la gauche, l’ancien juge Felice Casson (38 % des suffrages au premier tour) et Liugi Brugnaro, un entrepreneur propriétaire de l’équipe de basket locale. Eliminé, le Mouvement 5 Étoiles (11 %) joue les arbitres de ce duel incertain. Le parti de Beppe Grillo n’a, comme à son habitude, dicté aucune consigne de vote en expliquant que les électeurs n’étaient pas des moutons.Pour le Parti démocrate (PD) et le premier ministre, Matteo Renzi, ce scrutin est un nouveau test politique. Le 31 mai, il a remporté la Campanie mais perdu la Ligurie. Le président du Conseil, qui rêvait d’un 7-0, a dû se contenter d’un 5-2. Mais le véritable enseignement de ces élections régionales marquées par une forte abstention (50 %), reste l’effondrement (en termes de voix) du Parti démocrate (25 %, contre 41 %, un an plus tôt aux élections européennes), la tenue du Mouvement 5 Étoiles, qui reste la deuxième formation d’Italie, et la remontée de la Ligue du Nord, qui a surfé sur la vague du rejet de l’immigration et de l’Europe.Lire aussi :En Italie, première alerte électorale pour Matteo RenziUn « test moral »Mais Venise est aussi un « test moral ». Au printemps 2014, le conseil municipal, guidé par le maire de gauche, Giorgio Orsini, était dissous à la suite de la découverte d’un réseau de corruption, mêlant entrepreneurs et politiques, en marge des travaux de construction de la digue géante (projet Mose). Depuis, l’administration de la cité des Doges a été confiée à un représentant de l’Etat. S’il parvient à conserver la ville en confiant cette fois sa destinée à un ancien juge réputé incorruptible, le Parti démocrate aura démontré qu’il est capable de se renouveler et conserve malgré tout son image de « parti des honnêtes gens ». Venise resterait alors une des rares enclaves de gauche dans une région, la Vénétie, dominée par la Ligue du Nord.Mais d’autres événements sont venus troubler la réputation du PD. A Rome, cette fois, où là encore des hommes politiques, de tous bords, et des entrepreneurs sont aux arrêts pour corruption. Même si les faits concernent l’ancien maire de droite, Gianni Alemanno, ils fragilisent l’actuel premier élu, Ignazio Marino (gauche). Les appels à sa démission se multiplient, comme celui lancé par l’hebdomadaire L’Espresso, afin que de nouvelles élections permettent à M. Marino de retrouver sa légitimité et lui donnent les moyens de « faire le ménage » dans son équipe et son administration. Une opération moralement souhaitable, mais politiquement risquée.Si l’enquête, toujours en cours, devait conclure à des « infiltrations de type mafieux » dans les rouages de la Ville éternelle, celle-ci, comme à Venise, pourrait être placée provisoirement sous administration préfectorale.Lire aussi :Les élections régionales en Italie soulignent les fractures au sein des partisPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.06.2015 à 09h32 • Mis à jour le14.06.2015 à 12h27 Le Royaume-Uni a été contraint d'évacuer des espions de certains pays après que la Russie et la Chine eurent accédé à la masse de documents ultra-secrets emportés par l'ancien consultant américain Edward Snowden, rapporte le Sunday Times.Des responsables du gouvernement et des services de renseignement ont déclaré au journal que des agents avaient dû être retirés de pays hostiles après que la Russie eut été en mesure de décrypter plus d'un million de dossiers. « Le fait que nos modes d'opération sont connus a fait cesser notre collecte d'informations essentielles », a déclaré au Sunday Times une source à Downing Street, les services du premier ministre, David Cameron.« La Russie et la Chine ont accès aux matériaux de Snowden »D'autres sources gouvernementales citées par le journal ont affirmé que la Chine avait, elle aussi, accès aux documents qui révèlent les techniques de renseignement du Royaume-Uni et des Etats-Unis, ce qui suscite la crainte que leurs espions aient pu être identifiés.Edward Snowden, ancien consultant de la CIA et de l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine, s'est réfugié en Russie après avoir transmis à la presse une énorme quantité de documents secrets, afin de dévoiler l'étendue des programmes américains de surveillance électronique et de protéger les libertés individuelles. Snowden a affirmé qu'aucun service de renseignement ne pourrait décrypter les documents qu'il a emportés avec lui.Lire aussi :Edward Snowden se félicite des « victoires » permises par ses révélationsMais une source du renseignement a déclaré au Sunday Times : « Nous savons que la Russie et la Chine ont accès aux matériaux de Snowden et qu'elles les étudieront pendant des années, recherchant des indices pour identifier des cibles potentielles. »Lire aussi :Etats-Unis : la bataille contre les abus de la NSA relancée au Congrès 14.06.2015 à 02h02 Un Sud-Coréen a été hospitalisé d’urgence, samedi 13 juin à Bratislava, soupçonné d’être contaminé par le coronavirus MERS, a indiqué l’hôpital universitaire de la capitale slovaque.Lire notre décryptage : Que sait-on sur le MERS-Coronavirus ?« C’est un ressortissant de la Corée du Sud âgé de 38 ans. Il souffre de diarrhée, de fièvre et de lésions de la peau », a précisé la porte-parole de l’établissement Petra Stano Matasovska, précisant que les résultats d’une analyse du sang du malade pourraient être connus dimanche dans la soirée. Quatorze décès dus à ce coronavirus MERS, contre lequel il n’existe aucun traitement, ont été enregistrés récemment en Corée du Sud.Les résultats connus dans les 24 heuresSelon les médias slovaques, l’homme est employé d’un sous-traitant de l’usine automobile sud-coréenne KIA basée à Zilina, dans le nord du pays. Il est arrivé de son pays le 3 juin, toujours selon la presse de Bratislava. « Pour l’instant il ne s’agit que d’un soupçon. Des prélèvements du sang du malade seront envoyés encore cette nuit à un laboratoire spécialisé à Prague », a aussi indiqué Mme Matasovska.De son côté, le porte-parole du ministère slovaque de la santé, Peter Bubla, a confirmé que les résultats de l’analyse seraient connus « dans les 24 heures à venir ». « Le patient a été transporté à l’hôpital universitaire dans une ambulance accompagnée par la police. Il est actuellement placé dans une unité spéciale, isolée des autres patients », a aussi indiqué la porte-parole. Des mesures de précaution ont été prises à l’hôpital de Zilina où l’homme avait été admis dans un premier temps, selon le chef des services sanitaires de la région de Zilina, Martin Kapasny.En Corée du Sud, au total, 138 personnes ont été infectées par ce virus depuis le premier diagnostic réalisé le 20 mai sur un homme revenant d’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe. Il n’existe aucun vaccin ou traitement pour ce virus, qui présente un taux de mortalité d’environ 35 %, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En Arabie saoudite, plus de 950 personnes ont été contaminées depuis 2012 et 412 sont décédées. 13.06.2015 à 21h43 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Lors de son premier grand discours de campagne prononcé à New York, samedi 13 juin, Hillary Clinton a eu cette formule : « la démocratie ne peut pas être seulement au service des milliardaires et des entreprises ». Elle faisait écho à sa manière à l’engagement de deux hommes contre le poids sans cesse grandissant de l’argent dans les campagnes électorales américaines. Une inflation qui a bénéficié aux candidats des deux grandes formations politiques américaines. Lors des élections de mi-mandat, en novembre 2014, une élection sénatoriale en Caroline du Nord, a ainsi dépassé pour la première fois la somme de cent millions de dollars.Le premier de ces deux hommes, Lawrence Lessig, un éminent professeur à la faculté de droit de Harvard a multiplié depuis 2007 les marches de protestation dans le pays. Le second, Douglas Hughes, un postier de Floride, a spectaculairement posé son gyrocoptère sur les pelouses du Congrès, en avril, pour remettre aux élus une missive consacrée au même sujet.« Inscription automatique sur les liste électorales »Devant ses militants, samedi, Mme Clinton, souvent critiquée pour sa capacité à collecter des fonds, a fait part de sa volonté d’opposer « si nécessaire » un amendement constitutionnel à l’arrêt de la Cour suprême américaine de 2010 (Citizens United v. Federal Election Commission) supprimant dans les faits les plafonds pour le financement des campagnes électorales. Une gageure compte tenu de la mainmise du Parti républicain sur le Congrès, souverain ces dernières décennies en matière de modification de la Constitution.Mme Clinton a également repris un thème qu’elle a déjà développé au cours des semaines précédentes et qui fait écho à une préoccupation énoncée par le président démocrate Barack Obama lors de son discours sur l’état de l’Union, au début de l’année : la multiplication des obstacles au vote dans les États dirigés par le Parti républicain. Ces obstacles visent un électorat modeste, souvent afro-américain, qui est considéré comme acquis au Parti démocrate. « Nous avons besoin de juges à La Cour suprême qui protège le droit des citoyens à voter plutôt que le droit des entreprises à acheter des élections ». La candidate à l’investiture démocrate propose donc « l’inscription automatique sur les listes électorales, ainsi que l’extension du vote anticipé ».Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Cette fois, la campagne de Hillary Clinton est véritablement lancée. La candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine de 2016, qui avait jusque-là enchaîné les réunions en petits comités, pour prendre le pouls de son électorat, a tenu, samedi 13 juin, son premier meeting à New York.Plus de 5 000 personnes étaient réunies sur la pointe sud de Roosevelt Island, cette petite bande de terre située au milieu de l’East River, coincée entre Manhattan et le Queens, dans le parc des Quatre Libertés. Un lieu symbolique pour la candidate démocrate : ces quatre libertés sont celles qu’avait invoquées Franklin D. Roosevelt dans son discours sur l’Etat de l’Union en 1941 – liberté d’expression, de religion, liberté de s’affranchir de la misère et de la peur.C’est dans ces racines du parti démocrate, que Mme Clinton a choisi de puiser son inspiration pour son discours. Dans un complet bleu vif, la candidate démocrate a pris pendant plus d’une heure des accents protecteurs vis-à-vis des plus faibles pour dessiner l’Amérique qu’elle se destine à diriger. Affirmant se situer dans le sillage non seulement de Roosevelt, mais aussi de son mari, Bill Clinton et de Barak Obama, elle a rappelé que « la prospérité réelle et durable doit être construite par tous et partagée par tous », ajoutant : « Les Américains ne peuvent réussir sans que vous réussissiez, a-t-elle lancé à la foule. C’est pourquoi je suis candidate à la présidence des États-Unis ». Elle en a profité pour brocarder la vision passéiste des soi-disant « nouvelles voix » du Parti Républicain, qui « chantent toujours la même veille chanson, dont le titre est « Yesterday ». Ils croient à hier », a-t-elle ironisé.Casser son image de « millionnaire »Mais Hillary Clinton a expliqué que ses convictions ne s’étaient pas uniquement affirmées à travers les références politiques, mais aussi grâce à ce que sa mère lui avait enseigné : que « tout le monde a besoin qu’on lui donne sa chance ». Pour casser son image de « millionnaire » et de professionnelle de la politique, elle n’a pas hésité à faire référence à cette mère, abandonnée par ses parents et qui a commencé comme bonne dès 14 ans au moment de la Grande Dépression. « C’est parce que des gens ont cru en elle, qu’elle a crue en moi », a insisté Mme Clinton, appelant à une société plus solidaire.« Je me présente pour que l’économie fonctionne avec vous tous », a-t-elle proclamé, citant pêle-mêle « les routiers, qui conduisent pendant des heures, les ouvriers et les serveurs qui restent debout toute la journée, les infirmières qui travaillent toute la nuit, les agriculteurs, qui nous nourrissent, les patrons de PME, qui prennent des risques, afin que personne ne soit exclu ». Elle a insisté sur le fait que « La prospérité ne peut pas seulement concerner les patrons d’entreprise et les dirigeants de fonds spéculatifs », rappelant que les 25 responsables de hedges funds les plus riches gagnaient autant que tous les enseignants de maternelles aux États-Unis. « Mon but est de faire croître l’économie américaine, tout en la rendant plus équitable. Est-ce que c’est possible ? » « Oui « a-t-elle répondu en écho à la foule qui avait anticipé. « Si je ne pensais pas que c’était possible, je ne serais pas là ». Pour cela, elle promet d’inciter les entreprises à investir aux États-Unis, d’augmenter les budgets de recherche, d’investir dans les infrastructures, tout en se battant pour augmenter le salaire minimum. La croissance, elle, devra être tirée par la lutte contre le changement climatique, qui va « créer des millions d’emplois » et qui va permettre aux États-Unis de devenir « la superpuissance des énergies propres du XXIe siècle ».La candidate démocrate a également martelé que cette recherche de solidarité ne doit pas concerner uniquement l’économie, mais aussi la société dans son ensemble, appelant à la fin des discriminations contre les homosexuels et les transgenres. Il faut également que l’Amérique « investisse dans son actif le plus précieux » : sa jeunesse. Mme Clinton veut notamment que chaque petit américain puisse accéder à la maternelle. « Les cinq premières années de vos vies déterminent 80 % de ce que vous deviendrez plus tard », a-t-elle souligné en demandant à ce que « les enseignants reçoivent tous le respect qu’ils méritent ».« Je serai la présidente la plus jeune de l’histoire des États-Unis »La candidate démocrate a enfin appelé à une politique familiale plus ambitieuse, permettant un meilleur équilibre avec la vie professionnelle. Elle a promis par ailleurs la généralisation de congés maladie et l’égalité salariale homme/femme.En se posant comme une « battante », prête à prendre à bras-le-corps le combat pour l’égalité, Hillary Clinton a voulu gommer son image de femme éloignée des préoccupations des Américains. Bill de Blasio, le très progressiste maire de New York était d’ailleurs le grand absent du meeting. Ancien proche collaborateur de Mme Clinton, il n’a toujours pas officiellement soutenu la candidate, attendant que son programme prenne des accents plus sociaux.Toujours est-il que samedi, Mme Clinton a évité un certain nombre de sujets qui fâchent. Elle a à peine évoqué la réforme du système de santé portée par Barack Obama. Les traités de libre-échange en cours de discussion et qui ont valu vendredi une cinglante défaite politique au président en place de la part de son propre camp n’ont pas été abordés, tout comme le très contesté projet d’oléoduc Key Stone.Quant à ceux qui s’inquiètent de ses 69 ans pour se présenter, elle leur a répondu en plaisantant : « Je ne suis peut-être pas la candidate la plus jeune dans cette élection, mais je serai la présidente la plus jeune de l’histoire des États-Unis », ajoutant qu’elle n’avait pas peur de se faire des cheveux blancs, étant donné qu’elle les teint depuis quatre ans. Mais d’ici novembre 2016, son parcours pour y parvenir sera certainement semé d’embûches.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.06.2015 à 12h48 • Mis à jour le13.06.2015 à 13h12 | Maryline Baumard Bhan n’y comprend rien. Le jeune Soudanais a débarqué vendredi 12 juin au soir à Paris avec comme adresse le camp de La Chapelle. « Un ami, passé là il y a quelques semaines m’avait donné les indications. En y arrivant, j’ai vu qu’il n’y avait rien, personne qui campait. Ça ne ressemblait pas à ce dont il m’avait parlé. Heureusement, quelqu’un m’a accompagné ici », explique-t-il en montrant le jardin d’Eole, un espace vert aménagé juste derrière le métro Chapelle dans le 19e arrondissement.Bhan, 21 ans, anglais parfait, est assis à deux mètres d’un assemblage de bâches dépareillées. Sous cet abri collectif, juste à côté du Grand Parquet (un espace pour les petits spectacles) rue d’Aubervilliers, dorment une dizaine de ses compagnons d’infortune. « J’ai trouvé un matelas, un morceau de couverture et j’ai pu dormir », confie-t-il d’une voix encore mal réveillée, mal assurée dans ce lieu nouveau pour lui.Il est tôt, mais le petit-déjeuner est servi. « Des riverains ont apporté des pains, du café, du thé », commente Yann, un jeune homme le cheveu et le teint clair, venu les soutenir. Arrivé là à 5 heures du matin, il observe et aide. Il dit être juste là de « façon citoyenne », hors de toute appartenance à un parti politique. Yann a vécu avec eux l’épisode de la nuit de jeudi à vendredi, lorsqu’une caserne de pompier désaffectée a été investie quelques heures. Il rêve de pouvoir créer un squat afin que les migrants s’y installent.Une centaine, essentiellement issus du Soudan et d’ErythréeComme tous les samedis matins, le quartier s’éveille doucement. Rien à voir avec l’agitation populaire du lieu en plein après-midi. Là, on part faire les courses et sur l’esplanade investie par les campeurs, des joggeurs passent, qui vont prolonger leurs foulées dans le jardin conçu par le paysagiste multiprimé Michel Corajoud. Un espace ouvert en 2007, beau pour les yeux et pensé pour la vie collective du quartier. « Ici on est au calme. Pourvu que ça dure », insiste Ahmed, Soudanais aussi, qui dit avoir été brièvement hébergé par la mairie de Paris avant de revenir là, « avec les autres ». En parlant, Ahmed jette un œil un peu plus loin, au camion de police qui veille ; histoire de s’assurer que rien ne bouge. Ils sont une centaine, essentiellement des jeunes hommes originaires du Soudan et d’Erythrée, à se lever doucement. Les capuches sont rabattues sur les crânes, le regard est interrogatif. Des poches de jeans, dépasse souvent une brosse à dent. Ahmed et Dean terminent d’ailleurs leur toilette succincte, pieds nus devant une des petites fontaines du lieu.En face, une école occupée par les parents espère bien profiter du passage des journalistes pour faire valoir ses demandes. « Urgent, classes pour nos enfants », indique l’affiche qui barre le mur de façade. Pour l’heure, chacun reste sur son combat.Blocages à la frontière entre l’Italie et la FranceBhan, lui, est songeur. Peu bavard. L’Angleterre, la France, ou ailleurs ? La question est là, bien présente pour lui à cette étape de son voyage entamé il y a un an. « Je viens de passer un an en Libye. Là je m’étais dit que j’allais aller en Grande-Bretagne parce que mon copain y est déjà. Maintenant j’hésite. Je ne sais plus trop. Qui donne le plus l’asile aux gens comme moi victimes de la guerre ?, interroge-t-il. Je ne parle pas le français mais bien l’anglais, c’était une des raisons de mon choix initial. Mais je ne suis plus sûr de rien. »Le garçon n’arrive pas à se projeter ; à s’imaginer un avenir. « Là je viens d’arriver en Europe. Il y a cinq jours mon bateau était escorté dans le port de Catane. Après, ça s’est précipité. Ça va vite l’Europe », commente cet ex-étudiant en management. « On a d’abord été emmenés dans un camp dont j’ignore l’emplacement. On y a été transportés en bus depuis Catane. J’avais fait la traversée seul, mais là, je me suis rapproché de plusieurs autres Soudanais. On a quitté le camp, de peur qu’ils nous prennent les empreintes et qu’on soit obligés de rester en Italie. Après, on a repris un bateau pour remonter. Du sud de l’Italie, j’ai pris le train jusqu’à Rome. Puis de Rome à Vintimille. Là, ça a été un peu compliqué », ajoute-t-il. Depuis quelques semaines, en effet, des renforts de police ont été envoyés à la frontière entre l’Italie et la France pour empêcher les passages. Ces premiers renforts ont même été enrichis d’un escadron supplémentaire en milieu de semaine. Depuis cette date, des policiers empêchent par ailleurs les Africains arrivés jusqu’à Nice de monter dans des trains pour Paris. Qu’ils soient ou non munis de billets. « Moi j’ai réussi à passer en France. Je ne vous dirai pas comment car je ne veux pas que ceux qui viennent après moi et qui feront comme moi soient pris. Mais on est malins, nous les Africains ! » sourit Bhan. À Nice, il est passé avant les interdictions de monter dans le train. En revanche il a été arrêté dans une ville qu’il croit être Toulon. « Là, les policiers m’ont dit de quitter la France sous deux jours », rapporte-t-il.Depuis qu’il est à Paris, Bhan a réussi à appeler sa famille. « Tout le monde chez moi est resté au Sud-Soudan, à Juba. Il fallait que je leur dise que ça allait et que j’étais en France », rappelle-t-il. Entre le Soudan et ici, il y a eu la Libye. « J’ai travaillé dur là-bas. J’ai fait plein de petits jobs différents. Notamment beaucoup de vente, c’est parce que je parle anglais que j’ai fait du management à l’université. Mais ces derniers mois, à Tripoli, c’est vraiment devenu impossible à cause de l’insécurité. Je me suis fait tout voler plusieurs fois. Surtout mon téléphone », regrette le jeune homme venu sans bagages. Ce séjour en terre libyenne lui a tout de même permis d’économiser les 1 200 dinars nécessaires pour la Méditerranée. La traversée, avec la faim, la soif, la peur et l’entassement « à 500 sur le bateau » n’est pas son sujet du jour… Sa vraie question désormais c’est « Où aller ? Où est-ce que je m’installerai le plus facilement pour refaire ma vie », répète-t-il. Réponse pour lui sous quelques mois.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florence Evin Vendredi 12 juin, à deux heures du matin, la vieille ville de Sana’a, capitale du Yémen, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, en 1986, a été touchée par un bombardement. «Plusieurs habitations et bâtiments historiques ont été détruits», indique l’Unesco. Le complexe de maisons traditionnelles du quartier d’Al-Qasimi, qui jouxte un jardin urbain (Miqshama), près du canal de Sailah, figure parmi les destructions. Selon Saba, l’agence de presse yéménite, ce raid aérien saoudien a fait six morts et de nombreux blessés.« Je suis profondément affectée par les pertes en vies humaines et les dommages causés à l’un des plus anciens joyaux du paysage urbain islamique, indique Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco. Je suis choquée par les images de ces magnifiques maisons-tours aux nombreux étages et aux jardins paisibles en ruine. Cette destruction va encore détériorer la situation humanitaire. Aussi, j’appelle une nouvelle fois toutes les parties à respecter et protéger le patrimoine culturel au Yémen. Ce patrimoine porte en lui l’âme du peuple yéménite. C’est un symbole de son histoire millénaire en matière de connaissance, qui appartient à l’humanité toute entière », a-t-elle ajouté. Depuis la fin mars, l’Arabie saoudite bombarde les rebelles houthis chiites présentés par Riyad comme des soutiens de l’Iran, où qu’ils soient. Sans se soucier de la valeur historique, patrimoniale et millénaire des sites visés. Début juin, c’est le barrage de Marib, l’ancienne capitale de la légendaire reine de Saba, datant du premier millénaire avant notre ère -le plus grand barrage de l’antiquité déployé sur 600 mètres, dont les vannes sont fortifiées sur 100 mètres de long et 20 mètres de haut, qui était bombardé; une destruction qui faisait suite à celle du musée de Dhamar et ses quelque 12000 pièces archéologiques. La forteresse médiévale d’Al-Qahira surplombant Taez, la troisème ville du pays, a été bombardée comme le palais de Wadhi Dhar, situé au sud de Sanaa.Maisons-tours exceptionnellesLa capitale Sana’a n’est pas épargnée. Depuis le début du conflit, plusieurs habitations se sont effondrées dans les explosions. Selon l’Unesco, mardi 9 juin, le complexe historique d’Al-Owrdhi, datant de l’ère ottomane, situé à l’extérieur des murs de la vieille ville, a été sérieusement endommagé. « Les bâtiments résidentiels historiques, les monuments, musées, sites archéologiques et lieux de culte n’ont pas été épargnés. La valeur historique de ces sites a subi des dégâts irréparables quand elle n’a pas été totalement détruite » , précise l’organisation onusienne.Lire aussi :Au Yémen, les frappes aériennes saoudiennes endommagent un patrimoine millénaireSana’a, qui est habitée depuis plus de 2500 ans, témoigne de la richesse et de la beauté de la civilisation islamique : les maisons-tours, souvent d’une dizaine d’étages, en pisé ou en briques cuites, décorées de frises géométriques en blanc de chaux sont typiques au Yémen. Serrés les uns aux autres, ces gratte-ciel de terre, propriétés d’une seule famille - le dernier étage étant le lieu de réunion des hommes- sont époustouflants.Aux premiers siècles de notre ère, Sana’a est le carrefour des routes du commerce terrestre vers la Mésopotamie et la Méditerranée, notamment celui de l’encens, très prisé à Rome, qui fait sa fortune. Durant les premières années de l’Hégire, aux VIIe et VIIIe siècles, dans le sillage de la prédication de Mahomet, la cité est un centre important de la propagation de l’islam. Sa grande mosquée, avec celles de Médine et de La Mecque en Arabie saoudite, seraient les tout premiers lieux de culte islamique édifiés. Avec ses 106 mosquées, ses 11 hamams et ses 6500 maisons datant d’avant le onzième siècle, Sanaa demeure un témoignage unique, par son ampleur et son homogénéité, remarquablement conservé de cette architecture monumentale de brique, souvent cuite au soleil. D’autant que les reconstructions du seizième siècle sous les Ottomans ont respecté les traditions médiévales.Florence EvinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.06.2015 à 08h27 • Mis à jour le13.06.2015 à 11h21 Lire aussi :Pourquoi Hillary Clinton fait campagne à gaucheHillary Clinton, candidate à l'investiture démocrate, organise, samedi 13 juin, à Roosevelt Island, à New York, son premier grand meeting de campagne avec l'intention de se poser en championne de la défense des Américains moyens et l'ambition d'expliquer pourquoi elle souhaite devenir la première femme à diriger les Etats-Unis.Devant plusieurs milliers de sympathisants, l'ancienne secrétaire d'Etat devrait tenter de modifier l’image qu’a le public de son action, avec, notamment, la diffusion d’un nouveau clip de campagne, intitulé « Fighter » la présentant comme une combattante, depuis 40 ans au service des Américains.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#l_GYGsIpP54"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "l_GYGsIpP54", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Ce meeting en plein air marque une accélération dans la campagne de l'ex-première dame qui, pour l'instant, a surtout participé à des réunions en petit comité, avec des participants sélectionnés, notamment dans les Etats qui seront les premiers appelés à voter lors des primaires tels que l'Iowa.Sa stratégie est de s'adresser désormais à un public plus large et de faire mentir les critiques qui soutiennent qu'elle est avant tout une représentante de l'élite politique connaissant mal le quotidien des électeurs. Son message devrait se concentrer sur l'idée simple que les efforts accomplis par les Américains moyens pour aider les Etats-Unis à traverser la période de récession doivent être récompensés maintenant que l'économie repart.« Les gens vont se rendre compte du programme progressiste qu'elle souhaite pour l'Amérique », a commenté Jennifer Palmieri, chargée de la communication de campagne de Hillary Clinton, dans un entretien à Politico.Elle profitera de l'occasion pour définir les contours de son programme sur différentes questions économiques et sur une éventuelle réforme de Wall Street, un sujet sur lequel l'attendent ses adversaires libéraux à l'investiture dans le camp démocrate. Philippe Ridet (Rome, correspondant) Secrétaire fédéral du parti anti-euro et anti-immigration de la Ligue du Nord, député européen et allié au Front national au Parlement européen, Matteo Salvini prône la sortie de l’Italie de la zone euro. Pourtant, il ne soutient pas le premier ministre grec, Alexis Tsipras, qui a décidé d’un référendum, le 5 juillet, sur le plan d’aides à la Grèce.Vous êtes allé en Ecosse pour soutenir l’indépendance. Êtes-vous prêt à vous rendre à Athènes pour soutenir le « non » au référendum que le gouvernement grec organise ?Ce sont deux choses différentes. En Ecosse c’est l’avenir d’une nation qui était en jeu. En Grèce, ce sont les choix trompeurs du passé qui sont en cause. On ne décide pas d’organiser une consultation populaire avec les banques fermées, et l’eau jusqu’au cou.Pourtant, M. Tsipras rejette le modèle européen que vous combattez également…Je suis contre cette Europe, contre ces politiques assassines. Mais, si j’avais été à la place de Tsipras, je n’aurais pas attendu si longtemps avant de décider une consultation. Il n’a jamais mis en cause la monnaie unique, au nom d’une certaine idéologie de gauche.Vous êtes en faveur du « non », mais vous ne soutenez pas TsiprasOui, c’est comme ça. Tsipras est de gauche, même si je lui reconnais le mérite de remettre en cause les politiques européennes.Comment voyez-vous l’avenir de la Grèce ?J’espère avant tout que les Grecs retrouveront du travail et cesseront de payer pour les mauvaises politiques qui leur ont été imposées.Comment réagissez-vous en voyant les files d’attentes devant les banques en Grèce ? Est-ce que vous voulez pour l’Italie en la faisant sortir de la zone euro ?Il ne faut pas tout confondre : les queues devant les banques et la panique ne sont pas la conséquence de l’imminence du référendum mais de la politique que l’Europe a eue envers la Grèce au cours de ces dernières années.C’est pourtant ce qu’il risque de se passer si vous accédez au pouvoir.Je n’ai jamais pensé qu’un pays pouvait sortir de l’euro tout seul. C’est tous ensemble que nous devons claquer la porte.Il va vous falloir du temps pour convaincre tout le monde…Tous les pays finissent par changer d’avis.Matteo Renzi ne s’est pas exprimé depuis l’annonce du référendum grec. Pourquoi selon vous ?Je n’en sais rien. Au moins, comme ça, il ne dit pas de bêtises.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Angela Merkel n’avait plus eu recours à sa phrase fétiche depuis plusieurs semaines. Lundi, elle l’a répétée à trois reprises : « Si l’euro échoue, l’Europe échoue » a-t-elle dit. D’abord devant 600 invités réunis lundi matin à l’occasion des 70 ans de la CDU, puis lors de la conférence tenue dans l’après-midi aux côtés de Sigmar Gabriel (président du parti social-démocrate) à l’issue d’une réunion de crise tenue avec les dirigeants de la majorité mais aussi de l’opposition.Lire aussi :Pour Angela Merkel, c’est aux Grecs de trouver le moyen de sortir de la criseLes deux dirigeants ont tenu à mettre les Grecs en garde, tout en prenant soin de ne pas insulter l’avenir. La mise en garde : le référendum de dimanche est décisif pour le maintien de la Grèce dans la zone euro. Sigmar Gabriel, le vice-chancelier, a même été plus clair qu’Angela Merkel. Selon lui, la question posée est « oui ou non au maintien dans la zone euro ». Une formule qu’Angela Merkel, qui connaît la sensibilité des Grecs – un peuple qu’elle a qualifié de « fier » – a pris soin de ne pas employer.« Solidarité et efforts vont de pair »L’avenir : quelle que soit l’issue du référendum, les responsables européens sont prêts à « négocier ». Mais pas avant. « Une négociation avant le référendum n’a pas de sens » a indiqué dans la matinée Volker Kauder, président du groupe CDU au Bundestag. A Berlin, on dit qu’Angela Merkel n’était déjà pas favorable au sommet extraordinaire convoqué lundi 22 juin par Donald Tusk et qui, de fait, n’a pas servi à grand-chose. Elle est donc très « prudente » face à l’organisation d’un nouveau sommet européen cette semaine. Si elle veut bien négocier, l’Allemagne n’est pas prête à céder grand-chose. « La position ne changera pas : solidarité et efforts vont de pair », a indiqué Angela Merkel, qui a déploré que « la volonté de compromis [n’était] pas du côté grec » et que, dans une négociation, « personne ne peut obtenir 100 % ».Lire aussi :Pour Juncker, « un non des Grecs au référendum serait un non à l’Europe »Sigmar Gabriel a eu des mots très durs contre le gouvernement grec, estimant qu’Alexis Tsipras veut « politiquement, idéologiquement une autre zone euro ». Il a estimé que les Européens avaient déjà fait des propositions « généreuses » à la Grèce. Pas question d’aide « sans condition », a affirmé le vice-chancelier. A lire entre les lignes, il semble donc que l’Allemagne considère que l’Union européenne a davantage à perdre en faisant des concessions importantes à Athènes, pour maintenir la Grèce dans la zone euro, qu’à se montrer ferme face à M.Tsipras.Pas de voyage à Athènes pour Angela MerkelUn « Grexit » (la possibilité que la Grèce quitte l’Eurozone) ne serait donc pas forcément une catastrophe pour la zone euro. Sigmar Gabriel l’a d’ailleurs dit : « La zone euro demande plus d’engagements à ses membres et non pas moins d’engagements ». Pas question donc de céder face à Alexis Tsipras. Maintenant que le référendum est lancé, les Allemands espèrent manifestement que le oui va l’emporter, ce qui contraindrait Alexis Tsipras à démissionner.Mais, mieux que quiconque, Angela Merkel sait qu’elle n’a surtout pas intérêt à le dire ni même à le sous-entendre, car cela aurait un effet contre-productif. Interrogée sur un éventuel voyage à Athènes cette semaine, Angela Merkel a reconnu que, grâce aux « moyens de communication modernes », cela ne lui paraissait pas « utile ».Lire aussi :Comment la Grèce et la zone euro font face à l’urgenceFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.06.2015 à 16h25 Israël a donné, lundi 29 juin, son accord à la construction d'une « barrière de sécurité » de 30 kilomètres le long de sa frontière avec la Jordanie, le quatrième « mur » érigé par l'Etat hébreu pour empêcher l'entrée de migrants clandestins ou d'assaillants sur son sol.« Le cabinet restreint de sécurité a accepté la proposition du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, de lancer la construction » de cette barrière « le long de la frontière orientale d'Israël » près d'Eilat, qui fait face à Aqaba, côté jordanien, relate un communiqué du bureau de M. Nétanyahou.Lire l'analyse :En Israël, encore une occasion ratée ?« Empêcher l'entrée de migrants illégaux et de différents mouvements terroristes »L'Etat hébreu a informé le royaume hachémite de ce projet d'ériger une barrière, sur le sol israélien, précise le communiqué, qui assure que « la barrière n'empiétera, d'aucune manière, sur la souveraineté de la Jordanie et sur ses intérêts nationaux ».Cette « barrière » est dans le prolongement de celle érigée à la frontière avec l'Egypte pour « empêcher l'entrée de migrants illégaux et de différents mouvements terroristes en Israël », a expliqué le premier ministre israélien devant un comité parlementaire lundi.Lire aussi :En Israël, le déni des clandestins « infiltrés »Israël a également installé une barrière de fils barbelés le long de la ligne de démarcation sur le plateau du Golan, dont il occupe une partie, pour tenter d'éviter un débordement de la guerre civile qui fait rage depuis plus de quatre ans en Syrie.Israël est aussi à l’origine de la construction du mur de béton qui s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres et enserre la Cisjordanie occupée, qu'il découpe également pour séparer les colonies israéliennes des zones dont la gestion est laissée aux Palestiniens. 16.06.2015 à 17h19 • Mis à jour le16.06.2015 à 17h22 Vladimir Poutine a annoncé mardi 16 juin que la Russie allait renforcer son arsenal nucléaire avec le déploiement de plus de 40 nouveaux missiles intercontinentaux d’ici à la fin de l’année. Ils devraient être « capables de déjouer les systèmes de défense antimissile les plus sophistiqués », a précisé le président russe ; à l’occasion du Salon militaire Armée 2015.Cette annonce a été faite sur fond d’aggravation des tensions entre la Russie et les Etats-Unis, dont les projets de déploiement d’armes lourdes en Europe dévoilés par le New York Times ont provoqué la colère de Moscou. Le Pentagone prévoit d’entreposer des armes lourdes, notamment des chars de combat, en Europe de l’Est et dans les pays baltes – Lituanie, Estonie et Lettonie. Ces derniers craignent de devenir la cible de la Russie à l’activité aérienne et navale accrue dans la région.Lire aussi :Les Etats-Unis pourraient installer des armes lourdes en Europe de l’Est« Encourager la peur »« Les Etats-Unis encouragent soigneusement la peur de la Russie chez leurs alliés européens afin de tirer avantage de ce moment difficile et d’étendre davantage leur présence militaire et donc leur influence en Europe », avait dénoncé lundi soir le ministère des affaires étrangères russe dans un communiqué. Moscou espère que « le bon sens l’emportera et [que] l’on réussira à empêcher que la situation en Europe ne dégénère en une nouvelle confrontation militaire qui pourrait avoir des conséquences dangereuses », avait souligné le ministère.Si la proposition du Pentagone est acceptée par l’exécutif américain, les Etats-Unis entreposeront pour la première fois des armes lourdes dans ces pays qui ont adhéré à l’OTAN et qui, avant la chute du mur de Berlin, appartenaient à la sphère d’influence de l’Union soviétique. Washington explique vouloir ainsi rassurer les pays baltes et d’autres pays d’Europe de l’Est, qui sont très inquiets depuis l’annexion de la Crimée et le déclenchement du conflit en Ukraine, où des séparatistes prorusses contestent l’autorité de Kiev. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d’armer les séparatistes et d’avoir déployé des troupes régulières pour les aider ; ce que Moscou dément farouchement. Le conflit a fait plus de 6 400 morts depuis avril 2014. Madjid Zerrouky En tuant Nasser Al-Wahishi, 38 ans, grâce à une frappe de drone dans le sud-est du Yémen, les Etats-Unis ont fait d’une pierre deux coups : se débarrassant, d’abord, du chef de la plus dangereuses des franchises du réseau Al-Qaida – sa branche yéménite –, mais aussi de l’un de leurs derniers plus « vieux ennemis », dont ils avaient, en octobre 2014, mis la tête à prix 10 millions de dollars (8,9 millions d’euros). Un « privilège » qu’il partageait avec un certain Abou Bakr Al-Baghdadi, le « calife » de l’Etat islamique (EI).En août 2013, des interceptions de communications entre le Yéménite et l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri, émir d’Al-Qaida central, avaient suffi pour contraindre Washington à fermer 21 ambassades à travers le monde, pour ce que le président de la commission à la sécurité intérieure de la Chambre des représentants qualifia alors d’« une des menaces les plus crédibles et les plus précises que j’aie vues depuis le 11 septembre 2011 ». Voici pour la capacité de nuisance.Plus que le chef de la filiale yéménite d’Al-Qaida, Nasser Al-Wahishi était surtout l’un des héritiers du « père fondateur » du réseau terroriste, Oussama Ben Laden. A la fin des années 1990, « Abou Bachir » – son nom de guerre à l’époque – avait eu la charge l’un des camps d’entraînement du réseau dans les fermes de Tarnak, près de Kandahar, en Afghanistan.Il devient un homme de confiance de Ben Laden, voire son « secrétaire particulier » : « Il passait souvent ses matinées dans son bureau [du chef d’Al-Qaida] dans les mois précédents le 11 septembre 2001 », selon l’ancien garde du corps – repenti – de Ben Laden, le Yéménite Nasser Al-Bahri.La mythique « bande des 23 »Cette année 2001, alors que Washington intervient et pourchasse le réseau en Afghanistan, il accompagne le chef dans sa fuite : « Au cours de ce voyage vers les grottes de Tora Bora, où il a fait face à douze jours de bombardements américains, Ben Laden n’était entouré que d’un nombre limité de fidèles afin de minimiser le risque d’être repéré », raconte Al-Bahri. Une « épopée » que n’a pas manqué de rappeler AQPA dans son éloge funèbre de dix minutes mis en ligne mardi 16 juin.Intercepté en Iran en 2002, alors qu’il cherchait sans doute à rallier le Yémen, il est extradé et livré aux autorités yéménites. Une période qui va marquer un tournant décisif dans la vie de l’organisation dans la péninsule Arabique. En 2006, Al-Wahishi prend la tête de la mythique « bande des 23 » : le 3 février, 23 membres d’Al-Qaida emmenés par Nasser Al-Wahishi s’évadent dans des conditions rocambolesques de la prison de haute sécurité de Sanaa. Un événement fondateur qui marque la montée en puissance du réseau auquel ils vont fournir ses principaux dirigeants.Lire aussi : L'inexorable essor d'Al-Qaida dans la péninsule ArabiquePendant trois ans, Al-Qaida multiplie les coups d’éclat dans le pays : assassinat de touristes espagnols en juillet 2007, de touristes belges en 2008, attentat à la voiture piégée contre l’ambassade des Etats-Unis à Sanaa en septembre de la même année, attaques d’installations pétrolières, embuscades contre l’armée…Le numéro deux « théorique » d’Al-QaidaEn janvier 2009, Nasser Al-Wahishi annonce officiellement la création d’une nouvelle franchise Al-Qaida dans la péninsule Arabique, fusion des branches yéménite et saoudienne du mouvement. Un nombre conséquent de Saoudiens s’étant réfugiés au Yémen, traqués depuis 2004 par le royaume wahhabite suite à des attaques contre des étrangers. Al-Wahishi désigne ses ennemis : outre les autorités yéménites et saoudiennes, « inféodées à Washington », les Etats-Unis, « occupants de l’Irak », sont des cibles prioritaires : AQPA s’inscrit d’emblée dans le djihad global, avec le Yémen comme base arrière.Nasser Al-Wahishi prendra plusieurs fois la plume pour rappeler ces nouveaux objectifs dans Sada Al-Malahim (« L’Echo des épopées »), la revue de l’organisation. Il sera adoubé par Ayman Al-Zawahiri après la mort de Ben Laden, devenant le numéro deux « théorique » d’Al-Qaida.Disciplinés et aguerris, les membres du réseau tentent des opérations d’envergure : son artificier, le Saoudien Ibrahim Hassan Al-Asiri, conçoit l’attentat manqué d’Omar Farouk Abdulmutallab contre un vol Amsterdam-Détroit le jour de Noël 2009 – quand il ne met pas au point des cartouches d’imprimante piégées qu’il expédie à des synagogues de Chicago. Son idéologue, Anwar Al-Awlaki (tué en 2011 par un drone américain), fonde le magazine en ligne Inspire, vade-mecum en anglais du loup solitaire occidental – qui avait mis à prix la tête du dessinateur Charb –, et téléguide à distance le médecin militaire Malik Nadal Hassan, auteur de la tuerie sur la base militaire de Fort Hood, au Texas (13 morts en novembre 2009).Lire aussi : Ibrahim Hassan Al-Asiri, expert des explosifs et des poisons d’Al-Qaida au YémenLire aussi : « Inspire », la bible du djihadiste solitaireEn 2011, dans le sillage des révolutions arabes, AQPA profite de la faiblesse de l’Etat yéménite et du chaos qui s’y étend après le départ d’Ali Abdallah Saleh, en novembre 2011, pour étendre son influence dans l’est du pays. Elle tente même, bien avant l’EI, une expérience d’« ancrage territorial » dans les régions de Chabwa et d’Abyane jusqu’à l’été 2012 avant d’y renoncer, affaiblie par les opérations terrestres lancées par le président élu Mansour Hadi avec l’aide opérationnelle des Etats-Unis. Washington, qui multiplie les frappes de drones, élimine plusieurs hauts responsables d’AQPA, mais Nasser Al-Wahishi reste introuvable.Lire aussi :Les mille résurrections d’AQPAL’offensive des miliciens d’Ansar Allah – « houtistes » –, un groupe zaïdite (une branche dissidente du chiisme), qui ont expulsé Hadi Mansour de son palais présidentiel en janvier et l’offensive aérienne saoudienne contre ces mêmes houtistes, fin mars, permet à AQPA de regagner du terrain en soufflant sur les braises des tensions confessionnelles.Mi-avril, AQPA s’empare sans combattre du chef-lieu de la province du Hadramaout et cinquième ville du Yémen, Moukalla, avec l’aide de tribus sunnites locales. C’est la première cité d’importance à tomber dans le giron de l’organisation djihadiste. Et c’est dans cette même ville que Nasser Al-Wahishi vient d’être tué par une frappe américaine.Kassim Al-Rimi, nommé à la tête d’AQPAEn dépit du conflit et de la perte d’une base qu’ils utilisaient près d’Aden, le grand port du sud occupé en partie par les houtistes, les attaques de drone américaines se sont poursuivies ces dernières semaines. Début mai, Nasser Al-Ansi, qui avait revendiqué au nom d’AQPA l’attaque contre Charlie Hebdo, était tué dans un raid.Le successeur d’Al-Wahishi a été prestement nommé lors d’une réunion de hauts dirigeants du réseau – « malgré des conditions sécuritaires difficiles », d’après AQPA. Il s’agit de Kassim Al-Rimi, le chef militaire du groupe, dont la tête est mise à prix à 5 millions de dollars par les Etats-Unis. Le 3 février 2006, Al-Rimi faisait partie avec Al-Wahishi des 23 cadres d’Al-Qaida qui se sont évadés de la prison de Sanaa en février 2006.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maxime Vaudano, Alexandre Pouchard et Pierre Breteau La présidente du Front national, Marine Le Pen, a annoncé mardi 16 juin être parvenue à former un groupe au Parlement européen avec d’autres formations nationalistes et europhobes.Une nouvelle étape dans un feuilleton débuté en mai 2014 lors des élections européennes et jalonné de rebondissements.Acte I : le bon score du FN aux élections européennesLe soir du 25 mai 2014, Marine Le Pen claironne que le Front national est « le premier parti de France ». La formation d’extrême droite vient d’arriver en tête aux élections européennes avec près de 25 % des voix et 23 élus, devant l’UMP (20 élus) et le PS (13), sur les 74 sièges que compte la France.Découvrir : Qui sont les 74 nouveaux eurodéputés français ?Il manque alors deux élus au Front national pour qu’il atteigne le seuil permettant de former un groupe au Parlement européen (25 élus). D’autres formations nationalistes ont réalisé des poussées en Europe, comme le parti europhobe britannique UKIP (24 élus), la Ligue du Nord en Italie (5), le Parti pour la liberté néerlandais (PVV, 3 élus) ou encore le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, 4 élus).Acte II : les frontistes doublésUn temps courtisés par Marine Le Pen, le UKIP britannique et son chef Nigel Farage refusent de faire alliance avec le FN, dont ils estiment que l’antisémitisme reste « inscrit dans l’ADN ». Rassemblant les Italiens du mouvement 5 étoiles de Bepe Grillo et une transfuge du FN (Joëlle Bergeron), M. Farage double sa rivale française et parvient en juin 2014 à constituer un groupe europhobe plus modéré : l’Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD).Les quatre alliés du FN (la Ligue du Nord, le PVV, le FPÖ et le Vlaams Belang belge) ne suffisent pas pour créer un second groupe europhobe autour de Marine Le Pen, qui doit compter des membres dans au moins sept pays.Quelles conditions pour former un groupe au Parlement européen ?Le règlement du Parlement européen propose aux députés de « s'organiser en groupes par affinités politiques ». Dans le cas où les membres du groupe nient avoir des des affinités, le Parlement peut apprécier si le groupe a été constitué selon la règle.Chaque groupe doit avoir au moins 25 membres de plusieurs nationalités différentes, et « est composé de députés élus dans au moins un quart des Etats membres », soit sept pays, indique le règlement du Parlement.Acte III : la revanche manquéeEn octobre 2014, l’alliance hétéroclite de Nigel Farage vole en éclat avec le départ de l’écologiste lettone Iveta Grigule pour rejoindre six mois plus tard le groupe libéral de l’Alliance des démocrates et libéraux pour l’Europe. Puisque le groupe ne rassemble que les députés élus dans six pays, le groupe ELDD est obligé de se dissoudre. Marine Le Pen y voit l’opportunité de récupérer certains de ses anciens membres pour constituer enfin son groupe.Mais Nigel Farage l’emporte encore face à la Française, en ralliant quelques jours plus tard le député polonais d’extrême droite Robert Iwaszkiewicz, issu du Congrès de la nouvelle droite (KNP, aux positions négationnistes), ce qui lui permet de reconstituer le groupe ELDD et de couper de nouveau l’herbe sous le pied du FN.Acte IV : le FN rallie des élus et constitue un groupe, sans Jean-Marie Le PenNouveau revirement le 16 juin 2015 : le Front national dépose une demande de constitution de groupe auprès de la présidence du Parlement européen. Selon les informations du Monde, Marine Le Pen a réussi à convaincre deux élus du parti polonais KNP et une élue britannique, Janice Atkinson, exclue du UKIP en mars après que son assistant a été accusé de fausses factures.Avec ces trois eurodéputés de plus, le parti d’extrême droite français a désormais assez d’élus (36) et surtout suffisamment de nationalités représentées (7) pour constituer son groupe. Baptisé « Europe des nations et des libertés », il sera coprésidé par Marine Le Pen et le néerlandais Marcel de Graaff, issu du Part de la liberté de son allié Geert Wilders.Dans ce groupe ne siégeront toutefois ni l’ancien président du FN, Jean-Marie Le Pen, ni l’eurodéputé Bruno Gollnisch, dont les propos racistes et polémiques ont pu heurter des alliés européens potentiels du parti.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.06.2015 à 15h03 • Mis à jour le16.06.2015 à 16h15 | Amandine Réaux Sortir de Schengen était l’un des thèmes de campagne du Front national lors des élections européennes de mai 2014. Il n’est pas le seul : alors que l’accord de libre circulation des personnes vient de fêter ses 30 ans, les critiques se font aussi entendre dans le reste de la classe politique française, notamment à droite.Marine Le Pen revendique une sortie pure et simple, arguant que l’absence de contrôle aux frontières internes favorise l’immigration clandestine. Une proposition qui s’accompagne d’une volonté de sortir de la zone euro et d’une critique généralisée de l’Union européenne.Les Républicains, quant à eux, n’affichent pas de ligne claire, même si les raisons sont identiques : l’afflux de migrants en Méditerranée. Christian Estrosi veut « réformer Schengen, quitte à en sortir », alors que Nicolas Sarkozy appelle à un Schengen II, avec la possibilité de suspendre le traité pour une durée indéterminée dans le cas où les contrôles aux frontières d’un des pays membres sont « défaillants ».« Il faut suspendre immédiatement Schengen I et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu’après avoir préalablement adopté une même politique d’immigration. »François Fillon, quant à lui, est opposé à une sortie, dont la France n’aurait pas les moyens (cf. encadré).D’où vient cet accord ?Signé le 14 juin 1985 par cinq membres fondateurs de la Communauté économique européenne (Allemagne de l’Ouest, France, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), l’accord, qui supprime les barrières douanières et permet une circulation facilitée entre les frontières, prend le nom d’une petite commune du Luxembourg, à proximité de la frontière avec la France et l’Allemagne. La suppression des contrôles aux frontières communes doit s’accompagner d’un renforcement de la surveillance des frontières extérieures. La mesure entre en vigueur dix ans plus tard, le 26 mars 1995.L’espace Schengen est présenté comme le processus logique de l’intégration européenne, après la mise en place d’un marché commun dans le cadre de la Communauté économique européenne (CEE) en 1957, puis la réalisation de l’Union douanière en 1968.Lorsqu’en 2011, le Danemark a voulu rétablir le contrôle à ses frontières, le président du Parlement européen de l’époque, le Polonais Jerzy Buzek, a déclaré :« Nous ne devons pas détruire l’espace Schengen (…), la liberté de circulation est probablement l’aspect de l’UE le plus apprécié des Européens. »L’agence Frontex est chargée de la sécurité et des frontières extérieures de l’Union européenne. Depuis 2008, la mission de cet organisme est d’aider les Etats à contrôler leurs frontières, mais son budget est limité (85 millions d’euros par an).L’agence opère surtout dans le cadre de ses différentes missions, comme EPN-Hermès et Extension 2011 après les révolutions en Tunisie et en Libye. Mais chaque Etat membre reste responsable de la partie de frontière qui se trouve sur son territoire.Qui est concerné par l’accord ?En trente ans, Schengen concerne désormais près de 420 millions d’habitants dans 26 pays membres. Tous les Etats de l’Union européenne ont adhéré à l’espace Schengen, à l’exception du Royaume-Uni et de l’Irlande, qui n’ont pas signé la convention, et de la Roumanie, la Bulgarie, la Croatie et Chypre, qui ont signé la convention, mais où les accords ne sont pas encore appliqués. En outre, quatre pays non-membres de l’Union européenne appartiennent à cet espace : la Suisse, le Lichtenstein, la Norvège et l’Islande.Dans cette zone, on compte 1,25 milliard de trajets annuels. Au total, onze millions de personnes ont profité des accords de Schengen depuis leur signature pour vivre ou travailler dans un autre pays.Mais l’accord ne concerne pas que les pays membres. Une personne d’un pays tiers peut, sous certaines conditions, circuler dans l’espace Schengen pendant une période maximale de trois mois. Pour certains pays, il est nécessaire de se procurer un visa Schengen, une vignette unique, d’un coût de 60 euros (35 pour un enfant de moins de 12 ans, gratuit avant 6 ans), qui permet de voyager dans toute la zone comme touriste ou pour des raisons professionnelles. En 2014, plus de 16 millions de visas Schengen ont été délivrés.Comment fonctionne-t-il ?La suppression des contrôles et de l’attente aux frontières a rendu l’espace Schengen populaire. Bénéfique pour le tourisme et les affaires, il « favorise le dynamisme économique régional et culturel en Europe, et plus particulièrement dans les zones frontalières », selon un document publié sur le site de l’Union européenne. Par exemple, on estime que les exportations de la France vers l’Espagne ont augmenté de 4,8 milliards d’euros annuels.Le traité permet également un renforcement de la coopération entre les forces de police des Etats membres pour rechercher des suspects, lutter contre le terrorisme, la criminalité organisée, le trafic d’êtres humains et l’immigration clandestine.En cas de situation exceptionnelle, le contrôle aux frontières peut être rétabli, si le pays estime que l’ordre public, la sécurité ou la santé publique sont menacés. C’est le cas de l’Allemagne actuellement, qui suspend depuis mardi 26 mai et jusqu’au lundi 15 juin la libre circulation en raison du sommet du G7 en Bavière, afin d’empêcher d’éventuels manifestants violents de se rendre sur les lieux.Le rétablissement des contrôles aux frontières peut être maintenu pendant six mois et prolongé de six mois supplémentaires.Quel est le problème aujourd’hui ?Selon les détracteurs de Schengen aujourd’hui, au Front national comme chez Les Républicains, le problème n’est pas la zone de libre circulation en elle-même, mais les frontières extérieures. La pression des demandeurs d’asile est forte, et certains pays, comme la Grèce, n’ont pas les moyens d’assurer le contrôle des frontières. Les arrivées de migrants ont bondi : + 870 % entre avril 2014 et avril 2015.Le FN veut donc rétablir les frontières, avec des postes douaniers et des contrôles accrus. Les Républicains, eux, proposent plutôt de renégocier l’accord afin d’avoir des garanties plus importantes de la part des pays signataires quant aux contrôles dans leur propre espace.La gauche, officiellement, n’a pas pour projet de réformer ou de sortir de Schengen. Néanmoins, la gestion de migrants aboutit de facto à parfois s’arranger avec l’accord. Ainsi, bien que Paris se défende d’avoir suspendu l’application du traité (ce qu’un Etat signataire peut faire dans certaines circonstances), depuis quelques jours, des douaniers français refoulent les migrants à la frontière avec l’Italie.Lire aussi :Méditerranée : plus de 5 000 migrants secourus depuis vendrediEst-ce possible de sortir de Schengen ?Les Républicains et le Front national évoquent une sortie de Schengen, mais aucun des deux partis n’a communiqué sur son financement si un tel scénario se produisait.Légalement tout d’abord, les traités ne prévoient ni qu’un Etat membre soit exclu ni qu’il sorte de lui-même. Réformer ou sortir de Schengen nécessiterait un accord à l’unanimité de ses 26 membres.Economiquement, il est impossible de chiffrer une sortie de l’espace Schengen. Mais il faudrait rétablir les contrôles à la personne, et donc augmenter les effectifs de la police aux frontières. Par ailleurs, le tourisme pourrait être affecté. Les personnes originaires d’un pays tiers seraient dans l’obligation de se procurer un visa spécifique pour la France, en plus du Visa Schengen.D’ailleurs, les Français eux-mêmes seraient pénalisés ; ils devraient se procurer un passeport pour circuler à l’étranger. Ajoutons que, selon une enquête Eurobaromètre de novembre 2012, 62 % des participants considèrent que la libre circulation est le résultat le plus positif des quelque 60 ans d’intégration européenne.Amandine RéauxJournaliste au Monde 16.06.2015 à 13h37 • Mis à jour le16.06.2015 à 15h35 Un Allemand de 65 ans est mort samedi 6 juin dans un hôpital d’Ostercappeln (ouest), d’une maladie des poumons à la suite d’une infection par le MERS coronavirus (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) qu’il avait contracté en février lors d’un voyage dans la péninsule Arabique, ont annoncé mardi 16 juin les autorités médicales allemandes.Les quelque 200 personnes avec lesquelles il avait été en contact ont subi des tests et aucune n’a été contaminée, a précisé le ministère régional de la santé de Basse-Saxe.Le sexagénaire était revenu en février d'un séjour aux Emirats arabes unis. C'est là qu'il a « probablement » contracté ce virus, en visitant un marché aux animaux où il a vraisemblablement été en contact avec des dromadaires, connus pour être porteurs du MERS, selon le ministère.Une urgence de santé publique ?Deux autres patients, en provenance du Qatar et des Emirats arabes unis et déclarés infectés par le syndrome en 2012 et 2013, ont été traités en Allemagne, selon l’institut Robert-Koch, établissement fédéral responsable du contrôle et de la lutte contre les maladies. L’un d’entre eux est mort des suites de son infection. Le coronavirus a donc fait deux victimes en Allemagne.Lire aussi :Le MERS coronavirus continue de tuer en Corée du SudLa péninsule arabique constitue le principal foyer de la maladie, avec plus de 950 personnes contaminées et 412 décès depuis 2012 en Arabie Saoudite. L'épidémie a également fait 19 morts en Corée du Sud, depuis qu'un premier patient a été diagnostiqué porteur du virus dans ce pays le 20 mai à son retour d'un voyage en Arabie saoudite.L'Organisation mondiale de la santé a convoqué mardi son comité d'urgence afin de déterminer si cette maladie « constitue une urgence de santé publique de portée internationale », selon un porte-parole. Les résultats de cette réunion devraient être connus mercredi. Hélène Sallon A Paris, mardi 2 juin, le premier ministre irakien Haider Al-Abadi a présenté un plan de reconquête de la province d’Al-Anbar faisant la part belle à la mobilisation des forces sunnites. Un projet qui a été salué comme un « bon plan, militairement et politiquement » par le secrétaire d’Etat américain adjoint Antony Blinken.Face aux exhortations de la coalition internationale contre l’Etat islamique (EI) à mettre en œuvre une politique de réconciliation et d’inclusion envers la communauté sunnite, marginalisée en Irak, M. Abadi a défendu son bilan : 5 000 combattants sunnites intégrés aux unités de la mobilisation populaire et des réformes en débat. Mais il peine encore à convaincre la communauté sunnite.Jamal Al-Dhari, l’un des dirigeants sunnites de la tribu Zoba – l’une des branches de la grande confédération tribale des Chammar – et fondateur de l’organisation Peace Ambassadors for Iraq (PAFI), de passage à Paris, a plaidé devant la presse pour une véritable réconciliation politique entre chiites et sunnites.Quelle est la situation en Irak aujourd’hui ?Il y a un réel problème avec deux projets idéologiques en confrontation : le projet de l’Etat islamique et celui, plus ancien, porté par l’Iran et les milices chiites.Quand le projet islamique djihadiste est apparu en Afghanistan dans les années 1980, aucun Irakien n’y participait. Les Irakiens combattaient le guide de la révolution islamique en Iran, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, dont l’idéologie ne s’est développée en Irak que plus tardivement. Le djihadisme n’est apparu dans le pays qu’après 2003 et la guerre idéologique lancée par le président américain George W. Bush sans l’aval des Nations unies. Bush a amené cette idéologie en Irak en marginalisant la communauté sunnite et en ne faisant rien pour sécuriser les frontières et empêcher l’afflux de djihadistes étrangers. Al-Qaida est apparu avec à sa tête Abou Moussab Al-Zarkaoui, qui n’est pas irakien.Après 2006, les tribus sunnites ont défendu l’Irak en combattant Al-Qaida. George W. Bush nous avait promis de trouver une solution pour améliorer le système politique mais il n’a pas tenu ses promesses. La situation a empiré. En 2013, l’Etat islamique est apparu. Les sunnites sont descendus dans les rues et ont fait des sit-in pour demander à être traités comme des humains. Nous avons des dizaines de milliers d’hommes et de femmes en prison. Le premier ministre d’alors, Nouri Al-Maliki, ne s’est pas préoccupé d’eux. Il les a au contraire attaqués, tués et mis en prison. Au lieu de poursuivre Maliki, la communauté internationale l’a soutenu. Pendant ce temps-là, on a évolué vers la proclamation du califat de l’Etat islamique en Irak. On voit bien que les choses vont de mal en pis dans le pays et que le traitement préconisé est mauvais.Quel est l’ancrage de l’Etat islamique au sein de la communauté sunnite ?L’Etat islamique s’est développé sur la souffrance des gens. Récemment, il a réussi à prendre rapidement la province d’Al-Anbar et les populations qui ont fui vers la capitale Bagdad n’ont pas été autorisées à entrer. Elles doivent dormir dans les rues. Logiquement, ces gens-là retournent vers Daech. Si l’on veut se débarrasser des terroristes, on ne doit pas leur offrir ces milliers de combattants potentiels. Les exactions des milices chiites envers la population sunnite ajoutent à cela. Les attaques de la coalition poussent aussi les populations dans les bras de Daech : elles viennent en appui des milices chiites qui ensuite brûlent et pillent les biens des sunnites. Les 2 000 missiles antichars livrés lundi par le président américain Barack Obama sont allés directement aux milices.Or, la conférence de Paris [réunie le 2 juin 2015] ne s’est pas intéressée à cette souffrance de la population sunnite, mais seulement à l’EI. On ne peut pas détruire l’EI sans inclure le peuple irakien dans le processus. Nous nous débarrasserons peut-être de Daech, mais un groupe encore plus sophistiqué apparaîtra ensuite.Qu’en est-il des réformes promises par le gouvernement Abadi en faveur d’une meilleure intégration de la communauté sunnite ?M. Abadi a été soutenu par la communauté internationale et les sunnites l’ont rejoint sur la base d’un accord pour libérer les prisonniers et réviser les lois préjudiciables aux sunnites. Nous n’avons pas vu de changement depuis. M. Abadi n’a jamais libéré de prisonniers et il ne le fera pas. Au contraire, il a passé une nouvelle loi qui fixe un délai de six mois avant la libération d’un condamné ayant purgé sa peine. M. Abadi ne contrôle rien. Ce sont les milices chiites, l’ancien premier ministre Maliki et l’Iran qui contrôlent tout. Le problème, ce n’est pas lui mais le système.Certains représentants sunnites, comme le conseil provincial, ont pourtant appelé les milices chiites à l’aide dans la province d’Al-Anbar ?Oui, la même chose est arrivée à Tikrit où le conseil provincial a demandé l’aide des milices chiites. Mais une fois les milices entrées, le conseil lui-même est parti et les habitants de Tikrit ne sont toujours pas rentrés chez eux. Ces représentants politiques sunnites n’ont pas de pouvoir. Ils ne cherchent que leur profit personnel. Les populations sunnites peuvent chasser Daech elles-mêmes.Appelez-vous à ce que la coalition arme directement les forces sunnites ?Le Congrès américain s’est prononcé en ce sens. Ce soutien est souhaitable si seulement il y a une solution politique, car le problème, ce n’est pas les armes, qui ne manquent pas en Irak. Ce qui manque, c’est la volonté. Les sunnites ne veulent pas se battre. Ils l’ont fait en 2006, ils ne vont pas essayer une seconde fois.Quelle solution politique préconisez-vous ?Nous avons besoin d’une véritable réconciliation et de changer les lois. Les gens doivent s’asseoir ensemble pour trouver une solution réelle. Seulement après cela, nous pourrons nous débarrasser de Daech. Le problème, c’est que l’EI utilise les sunnites, qui sont prisonniers de l’organisation. Beaucoup de chiites sont également contre ce qui se passe actuellement en Irak car ils sont nombreux à être tués chaque jour. Nous avons besoin d’un soutien international pour parvenir à une réconciliation entre sunnites et chiites.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.06.2015 à 12h52 • Mis à jour le03.06.2015 à 13h25 Le Conseil de sécurité des Nations unies a appuyé, mardi 2 juin, l’appel du secrétaire général Ban Ki-moon à l’instauration d’une nouvelle pause humanitaire au Yémen. Le pays est engagé dans un conflit qui oppose les forces gouvernementales, soutenues par une coalition menée par l’Arabie saoudite, à la rébellion chiite houthiste, appuyée par l’Iran. Selon l’ONU, les combats ont déjà fait près de 2 000 morts et poussé plus de 545 000 personnes à fuir leur foyer. En mai, une trêve de cinq jours a permis aux organisations humanitaires d’acheminer de l’aide aux populations civiles.Les quinze membres du Conseil de sécurité ont aussi demandé à ce que des pourparlers de paix se tiennent le plus rapidement possible. Ils se sont dit « profondément déçus » que les discussions prévues à Genève la semaine dernière aient été reportées, en raison de « conditions préalables » posées par les belligérants.Lire aussi :Refusons la méthode de Riyad et ouvrons un dialogue avec toutes les composantes yéménitesRaids intensifs sur la capitale SanaaDe nouvelles consultations pourraient être organisées autour du 10 juin à Genève. Le gouvernement yéménite souhaite qu’elles portent sur la mise en œuvre de la résolution 2216, adoptée en avril par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ce texte avait imposé des sanctions aux Houthis et à leurs alliés et les avait sommés de se retirer des territoires conquis depuis l’année dernière, y compris de la capitale Sanaa.En vue de cette conférence de paix, les Etats-Unis ont engagé des contacts diplomatiques avec ces rebelles. Anne Patterson, la haute diplomate américaine pour le Proche-Orient, a rencontré à Oman différentes parties impliquées dans le conflit, « dont des représentants des Houthis », pour les convaincre de participer aux discussions, a indiqué mardi 2 juin le département d’Etat.Lire aussi :La guerre au Yémen ravive le malaise des chiites d’Arabie SaouditeLes raids de la coalition arabe sous commandement saoudien se poursuivaient mercredi 3 juin à travers le pays. La capitale Sanaa a été secouée par des dizaines d’explosions, dans la nuit et tôt le matin. Les avions de la coalition ont notamment visé le complexe militaire du 22-Mai, tenu par les rebelles chiites et transformé en dépôt d’armes et de munitions. Des habitants des quartiers voisins se sont dits terrifiés par l’intensité des frappes qui ont tué trois personnes. lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ruazd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ruazd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 03.06.2015 à 09h46 • Mis à jour le03.06.2015 à 11h40 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Avec 14 survivants à ce stade pour 458 passagers et membres d’équipage comptabilisés au départ, le naufrage de l’« Etoile d’orient », qui a chaviré lundi 1er juin au soir sur le fleuve Bleu (Yangzi jiang) après avoir été touché par une tornade, risque d’être l’une des plus grosses catastrophes fluviales que la Chine ait connue. Seulement 18 corps ont été retrouvés à ce stade. Une femme de 65 ans a été récupérée saine et sauve mardi.Les recherches, a confirmé un porte-parole de l’Administration du fleuve Chang jiang (Le grand fleuve, autre nom du Yangzi en chinois), se poursuivent désormais jusqu’à 150 km en aval de la catastrophe et seront portées à 220 km. Selon l’AFP, les journalistes étrangers n’ont pas pu s’approcher à moins de deux kilomètres du site des opérations, seuls les médias officiels y ayant accès. Selon les images récentes diffusées par ceux-ci, la coque du navire retourné a désormais été tirée vers le rivage du fleuve, les plongeurs explorant l’intérieur du bateau à la recherche d’éventuels survivants et de cadavres.Des opérations de sauvetage difficilesLe bateau, qui reliait Nankin à Chongqing, a chaviré à Jianli, en amont de Wuhan. Les rares survivants interrogés par les médias chinois ont raconté que le bateau, qui faisait 76,5 mètres de long, a basculé en quelques minutes : Zhang Hui, l’un des guides du tour-opérateur qui avait affrété le navire pour ses clients, a déclaré à l’agence Chine nouvelle que la tempête avait fait pencher « l’Etoile d’Orient » à près de 45° vers 21 heures. La pluie battante à tribord a commencé à s’infiltrer dans les cabines. Les passagers ont alors apporté la literie et les postes de télévision dans la salle à manger du bateau pour éviter qu’ils ne soient trop mouillés. M. Zhang, qui ne sait pas nager, se souvient ensuite avoir eu 30 secondes pour s’emparer d’un gilet de sauvetage avant d’être emporté par les flots. Il a fini par être poussé vers le rivage où il s’est accroché à des roseaux.Si le bateau n’était pas en surcapacité (il peut contenir 534 passagers), il avait été conçu pour naviguer sur un fleuve et sa portance était limitée en raison de sa hauteur, son centre de gravité étant élevé : il était doté de trois ponts, pour un tirant d’eau de 2,5 mètres selon la presse chinoise, qui ne précise pas si c’est en charge. Les données radar laissent penser que des vents de 117 kilomètres par heure ont été enregistrés à ce moment dans la zone. Plusieurs questions ont également été soulevées à ce stade sur une manœuvre, un demi-tour, effectué selon les données GPS recueillies juste avant que le navire ait chaviré, peut-être pour éviter la tornade.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2sf70z"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2sf70z", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.06.2015 à 06h38 • Mis à jour le03.06.2015 à 14h26 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce et l’Eurozone vivent à nouveau des jours cruciaux, alors que mercredi 3 juin, les créanciers du pays, – Fonds monétaire international, Commission européenne et Banque centrale européenne – étaient censés finaliser une proposition commune d’accord destinée à Athènes. Elle devait être remise en main propre le soir même par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, au premier ministre Alexis Tsipras. Un rendez-vous, confirmé mercredi en milieu de journée par M. Juncker lui-même, et auquel pourraient aussi assister, selon certaine ssources, Jeroen Dijsselbloem, le patron de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), ainsi que des représentants du FMI et de la BCE. Une réunion des experts de l’Eurogroupe – un euro working group – devait aussi avoir lieu par téléphone dans la journée.Lire aussi :Les créanciers de la Grèce lui soumettent un projet d’accordCette proposition doit porter sur une série de réformes (des retraites, du droit du travail, de la TVA) que le gouvernement grec est censé mettre sur les rails en échange de prêts restant à verser par les créanciers (environ 7,2 milliards d’euros), dans le cadre du deuxième plan d’aide activé en 2012. Rien de précis n’avait filtré, mercredi. Selon nos informations, les créanciers pourraient proposer au gouvernement Tsipras, en contrepartie de cette liste de réformes, de solliciter une nouvelle prolongation du deuxième plan d’aide, qui doit normalement se terminer le 30 juin (il a déjà été prolongé deux fois…). Prolongation d’au moins trois mois, pour pouvoir commencer une nouvelle négociation, portant, cette fois, sur la restructuration de la dette grecque.Des haies ont certes été franchies ces derniers jours, avec la forte impulsion politique donnée par le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel pour pousser les parties à un accord, lors d’une rencontre au sommet, lundi, à Berlin. « Nous sommes confiants dans les chances d’un accord parce qu’il y a un travail franco-allemand extrêmement intense sur le sujet de la Grèce, les derniers jours l’ont montré et les prochains jours le montreront », a déclaré mercredi Emmanuel Macron, le ministre français de l’économie, après un entretien avec son homologue allemand Sigmar Gabriel.Mais pour qu’Athènes s’entende avec ses créanciers, que l’argent soit versé, et surtout qu’on en finisse avec cette incertitude politique délétère pour les finances et l’économie grecques (retombée en récession au deuxième trimestre), il reste encore pas mal de chemin à parcourir.Lire aussi :Le rôle à part du FMI dans la crise grecqueEffet boule de neigeIl y a encore cette échéance de remboursement d’Athènes au FMI, (300 millions dus au 5 juin) qui pourrait poser problème. Le gouvernement Tsipras a répété ces derniers jours qu’il paierait. Mais, mercredi, le porte-parole des parlementaires du parti Syriza au pouvoir, Nikos Filis, menaçait de ne pas le faire, « s’il n’y a aucune perspective d’accord d’ici vendredi ou lundi ». Un non paiement serait un premier pas vers un défaut grec, il pourrait entraîner un mouvement de panique des déposants grecs et, par un malheureux effet boule de neige, conduire rapidement à une insolvabilité des banques hellènes.Autre difficulté, dans les jours qui viennent : essentiellement politique, pour M. Tsipras. Il va devoir convaincre sa majorité parlementaire d’avaliser l’accord. Son parti de la gauche radicale, Syriza, n’a remporté qu’une majorité relative aux élections du 25 janvier (qui ont permis son accession au pouvoir), et ne peut compter que sur 149 sièges sur les 300 que compte le Parlement. Pas de quoi atteindre la majorité (151) et Tsipras s’est donc allié avec le parti des Grecs indépendants (ANEL), soit 13 voix supplémentaires. ANEL s’est jusqu’ici révélé un partenaire plutôt discipliné. On ne peut pas en dire autant des membres de Syriza…Ces dernières semaines, les divisions se sont renforcées au sein du parti. Certains de ses membres n’hésitent plus à menacer de ne pas voter l’accord. Ils reprochent à Tsipras ses concessions par rapport à son programme de campagne anti-austérité, qui prévoyait l’arrêt des privatisations ou se refusait à toute réforme du système des retraites. Autant de points sur lesquels M. Tsipras a reculé.Appels à la discipline de parti« Si les compromis exigés sont plus que ce qu’un parti de gauche radicale peut accepter, alors il y a un problème », affirme Loukas Axelos, un membre historique du parti. Lors de la réunion du comité directeur de Syriza, le 24 mai, M. Axelos a déposé une motion de censure contre la stratégie de négociation de Tsipras. Inquiet, ce dernier multiplie les appels à la discipline de parti. Le premier ministre fait un pari : personne chez Syriza ne voudra provoquer la chute du premier gouvernement de gauche de l’histoire récente de la Grèce, ou aller contre une opinion majoritairement opposée à la sortie de l’euro que ne manquerait pas d’engendrer l’échec des négociations avec les créanciers.Mardi 2 juin, le porte-parole de Syriza, Nikos Filis, a proposé de recourir aux élections en cas d’échec du vote au Parlement. Même son de cloche pour le ministre du travail Panos Skourletis : « Si l’accord proposé par les créanciers n’était pas honorable, alors le peuple devra être consulté ». Alexis Tsipras a lui même évoqué à plusieurs reprises l’idée d’un référendum en cas d’échec des négociations, afin de se faire clarifier par le peuple grec les contours de son mandat.Côté créanciers, l’accord, s’il est obtenu avec Tsipras, ne passera pas non plus comme une lettre à la poste. Il doit d’abord être validé en Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro). Puis par certains Parlements nationaux (l’Allemagne, peut-être la Finlande, les Pays-Bas). Et là, tout dépendra des contours de l’accord : s’il s’agit juste d’acter la liste des réformes avec les 7,2 milliards déjà « fléchés » pour Athènes, le Bundestag et les autres hémicycles ne devraient pas faire trop de problèmes.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais s’il est question d’une nouvelle extension du deuxième plan d’aide, voire, s’il est proposé, que les 10,9 milliards d’euros mis de côté il y a quelques années par les Européens pour assurer la recapitalisation éventuelle des banques grecques soient utilisés pour payer les remboursements dus par Athènes à la BCE cet été (plus de 7 milliards), l’aval du Bundestag devrait être plus difficile à obtenir…Lire aussi :Grèce : l’ex-députée socialiste Elena Panaritis renonce au FMI@Adea_GuillotAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 03h39 • Mis à jour le03.06.2015 à 09h26 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Depuis la conquête de l’Ouest, les Etats-Unis ont une solide culture de la récompense pour retrouver « mort ou vif » un hors-la-loi. Rappelez-vous ces affiches placardées dans les westerns avec le mot « Wanted! » (« recherché »). Le pays est en train de renouer avec cette tradition. Cette fois, ce n’est pas un homme qui est recherché, mais un traité.Le site WikiLeaks offre 100 000 dollars (89 700 euros) à qui lui fournira une copie de l’accord de partenariat transpacifique (TPP), en cours de négociation, qui veut libéraliser les échanges entre une douzaine d’Etats situés sur les deux rives du Pacifique (dont le Japon, les Etats-Unis et le Mexique). « L’heure de la transparence a sonné pour le TPP. Stop aux secrets. Stop aux excuses », a appelé Julian Assange, cofondateur de WikiLeaks, qui s’était notamment illustré en révélant des milliers de documents relatifs aux modes opératoires de l’armée américaine en Irak.« Cet accord contient 29 chapitres, dont 26 restent secrets, explique WikiLeaks, qui en a déjà révélé trois. Il couvre 40 % du PIB mondial, et il s’agit du plus grand accord du genre dans l’histoire. Le traité vise à créer un nouveau régime juridique international qui permettra aux sociétés transnationales de contourner les tribunaux nationaux, de se soustraire à la protection de l’environnement, de contrôler Internet pour le compte des fournisseurs de contenus et de limiter la disponibilité des médicaments génériques abordables. »Les négociations sur ce traité, menées dans la plus grande confidentialité, sont de plus en plus contestées aux Etats-Unis, notamment par une partie des démocrates, de nombreux syndicats et associations, qui contestent leur caractère antidémocratique et redoutent des conséquences sur l’emploi, les normes sanitaires et l’environnement.En quelques heures, Julian Assange avait déjà recueilli un quart de la somme proposée grâce à une opération de financement participatif sur Internet. Reste à savoir si la récompense offerte sera suffisamment attrayante pour inciter un lanceur d’alerte à divulguer ce que WikiLeaks appelle « America’s most wanted secret », « le secret le plus recherché d’Amérique ».Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 00h45 • Mis à jour le03.06.2015 à 10h44 Un islamiste présumé de 26 ans, sous surveillance du FBI, a été abattu mardi 2 juin à Boston, dans le nord-est des Etats-Unis, après avoir menacé des agents fédéraux avec un couteau.Usaama Rahim a été tué devant une pharmacie de Boston après avoir refusé d'obtempérer à plusieurs injonctions de lâcher son couteau de type poignard militaire, a rapporté le commissaire de police de la ville lors d'une conférence de presse. Il était recherché par les autorités fédérales pour des « informations relatives au terrorisme », a indiqué le commissaire William Evans, refusant toutefois de confirmer des informations selon lesquelles le jeune homme se serait radicalisé en Syrie.« Nous pensons que c'était une menace », a déclaré M. Evans, « nous le surveillions depuis longtemps. » Selon le commissaire, les policiers l'ont approché mardi pour l'interroger et non pour l'arrêter. Ils n'avaient pas de mandat d'arrêt mais une vidéo montre le suspect « s'approchant » alors que les policiers s'en allaient : « Leurs vies étaient en danger quand ces deux agents ont tiré », a poursuivi le patron de la police de Boston.Un suspect sous surveillanceUsaama Rahim a été abattu de deux balles, l'une au torse et l'autre à l'abdomen, a-t-il précisé. Mais le frère du suspect, Ibrahim Rahim, imam et éducateur islamique, a expliqué que son jeune frère avait été abattu de trois balles dans le dos alors qu'il attendait le bus pour se rendre au travail. Sur son compte Twitter, il a demandé aux médias de patienter et de respecter le deuil de la famille. « Une fois que nous aurons fait notre deuil, nous ferons une déclaration familiale », a-t-il tweeté.D'après les médias américains, le jeune homme était originaire du Moyen-Orient, sans plus de précision. Son grand frère est diplômé de l'université de Médine en Arabie saoudite. Vincent Lisi, agent spécial du FBI à Boston, a précisé aux journalistes que le suspect était sous surveillance permanente des polices de Boston, du Massachusetts et de la force de coalition antiterroriste. « Nous le considérions comme armé et dangereux », a-t-il déclaré. Il s'est refusé à préciser « quels étaient ses plans » ou à confirmer une éventuelle enquête terroriste mais a écarté tout danger pour la sécurité publique. Martin Untersinger et Damien Leloup Par 67 voix contre 32, le Sénat américain a adopté, mardi 2 juin, le « USA Freedom Act », un projet de loi qui instaurera une limitation des pouvoirs de surveillance de la NSA, l’Agence nationale de sécurité américaine, en contrepartie d’une prolongation de certaines dispositions du Patriot Act. Dans la foulée, le président Barack Obama a promulgué le texte. Le Patriot Act, adopté aux Etats-Unis après les attentats du 11 Septembre, octroie de très larges pouvoirs aux organismes de lutte contre le terrorisme – et a notamment servi de justification à la NSA pour mettre en place de vastes systèmes de surveillance du Web et des réseaux téléphoniques, y compris aux Etats-Unis.En raison d’un délai technique, la NSA ne peut d’ores et déjà plus collecter les métadonnées téléphoniques (les informations entourant un appel ou un SMS : destinataire, heure d’appel, géolocalisation…) des Américains depuis le 1er juin. Le texte adopté par le Sénat – qui avait été largement voté par le Chambre des représentants – la privera définitivement de cette capacité, sauf pour les enquêtes qui ont débuté avant ce lundi.Lire aussi : La NSA contrainte de suspendre la collecte des données téléphoniques des AméricainsQue prévoit le texte précisément ?Le gouvernement se fondait sur la section 215 du Patriot Act pour demander, et obtenir, de la part d’un tribunal secret dit « FISA » un mandat obligeant les opérateurs de téléphonie à leur fournir l’intégralité des métadonnées téléphoniques de leurs clients américains.Récemment, un tribunal avait jugé que la section 215, qui vient d’expirer cette nuit, n’était pas une base légale suffisante pour une telle demande. Le USA Freedom Act met fin à cette collecte massive, automatique et indiscriminée. A la place, les métadonnées resteraient stockées chez les opérateurs téléphoniques et les autorités pourraient demander à y avoir accès au coup par coup.Les autorités conserveront la possibilité de se faire fournir des métadonnées en temps réel, mais selon des « critères spécifiques » (« specific selection term ») liés au terrorisme, visant des individus, des comptes ou des terminaux uniques. Les autorités devront pour cela justifier d’un lien « raisonnable et détaillé » avec le terrorisme (sauf en cas d’urgence).La loi prévoit également une petite réforme de la FISA Court, notamment en lui permettant de nommer cinq personnes extérieures pour l’aider, si besoin uniquement, à se prononcer sur des interprétations nouvelles de la loi. La défense n’est pas représentée dans cette cour de justice. Le directeur du renseignement doit se prononcer sur l’éventuelle déclassification de toute décision contenant une interprétation nouvelle de la loi, notamment le « critère spécifique ».Qui soutient cette réforme, qui s’y oppose ?Elle est soutenue par une partie des opposants à la surveillance, la NSA et la Maison Blanche – ces deux dernières estimant qu’il s’agit d’une porte de sortie honorable pour préserver certaines capacités de surveillance de la NSA.Certaines organisations en pointe dans la contestation de la surveillance mise en place par la NSA, comme l’ACLU (American Civil Liberties Union) ou l’EFF (Electronic Frontier Foundation), étaient opposées au texte, le jugeant trop timide. Dans les deux chambres du Parlement, certaines des voix contre ce texte sont venues des rangs des opposants à la surveillance. Le texte a divisé au sein du parti républicain : certains élus s’y opposaient vivement au nom de la lutte contre le terrorisme, d’autres considéraient qu’il s’agit d’un compromis acceptable.Parmi les opposants au texte, certains estiment que loin de mettre fin à la surveillance de masse, ce texte fait entrer dans la loi une pratique récemment jugée illégale, tout en l’accompagnant d’un nombre insuffisant de garde-fous. Ils craignent notamment que les « critères spécifiques » soient très larges et aboutissent de facto à une collecte de masse.Que changera le texte pour la surveillance du Web, et la surveillance hors des Etats-Unis ?Rien. Le texte mentionne spécifiquement les métadonnées téléphoniques. Surtout, il ne concerne que la collecte d’informations aux Etats-Unis : le Freedom Act ne changera strictement rien à la surveillance pratiquée par la NSA à l’étranger avec l’aide de ses partenaires anglais, australiens, néo-zélandais et canadiens.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.06.2015 à 13h29 • Mis à jour le07.06.2015 à 13h34 | Yves-Michel Riols (Elmau (Allemagne), envoyé spécial) et Frédéric Lemaître (Elmau (Allemagne), envoyé spécial) Le président russe, Vladimir Poutine, n’est pas présent au sommet du G7 mais c’est bien lui qui va dominer l’ordre du jour. Dès l’ouverture de cette rencontre, dimanche 7 juin, en Allemagne, le président américain, Barack Obama, a ouvertement dénoncé « l’agression russe en Ukraine », lors d’une visite dans le village de Krün, en Bavière, en compagnie de la chancelière, Angela Merkel.Au pied des Alpes, dans un décor de carte postale, M. Obama a clairement fait comprendre que l’aggravation de la situation en Ukraine, où les séparatistes prorusses ont repris les combats dans la région de Donetsk, serait l’une des questions prioritaires abordées au G7, dont la Russie a été exclue l’année dernière après l’annexion de la province ukrainienne de Crimée, en mars 2014.Les pays du G7 (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Canada, Italie, Japon et Allemagne) ont visiblement coordonné leur message de soutien à l’Ukraine pour afficher un front uni face à Moscou. Avant d’arriver en Bavière, les premiers ministres japonais et canadien ont fait escale, samedi, à Kiev pour s’entretenir avec le président ukrainien Petro Porochenko.Peu de temps après l’intervention de Barack Obama, dimanche en fin de matinée, les Européens ont pris le relais. Lors d’une conférence de presse commune, au château d’Elmau, où se déroule pendant deux jours le sommet du G7, les présidents de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, et du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, se sont montrés très fermes vis-à-vis du Kremlin. Evoquant les valeurs qui unissent les pays du G7, M. Tusk a souligné que la Russie ne serait pas réintégrée au sein de ce club des grands pays industrialisés, « tant qu’elle se comporte de façon agressive vis-à-vis de l’Ukraine et d’autres pays ».M. Tusk a qualifié la récente reprise des combats dans l’est de l’Ukraine de la « plus grave violation » du cessez-le-feu depuis la signature des accords de Minsk, en février. « Si quelqu’un veut commencer un débat sur le régime des sanctions [contre la Russie], il ne peut être question que d’un durcissement », a d’emblée souligné Donald Tusk, alors que l’Union européenne doit se prononcer d’ici à quelques semaines sur la prolongation des sanctions adoptées contre Moscou.Lire aussi :En Allemagne, un G7 minutieusement préparé par Angela MerkelLe débat sur la Grèce : « politique et moral »Autre sujet abordé d’entrée : la Grèce. Avant même le début officiel des discussions, Jean-Claude Juncker s’est montré très sévère à l’égard du premier ministre grec, Alexis Tsipras. Une attitude qui marque un net durcissement : jusqu’à présent, Jean-Claude Juncker était même perçu comme trop conciliant avec Alexis Tsipras par certains Européens, notamment des conservateurs allemands. Mercredi 3 juin, Jean-Claude Juncker a présenté à Alexis Tsipras un plan élaboré par les créanciers d’Athènes mais, de retour en Grèce, le premier ministre grec a vivement critiqué ce plan, ce qui a poussé samedi Jean-Claude Juncker à ne pas le prendre au téléphone. A Elmau, Jean-Claude Juncker a déclaré : « Tsipras a dit que c’était une offre définitive, il sait que c’est faux. Il a dit que c’est mon projet, il sait que c’est faux. »M. Juncker dit avoir également abordé le sujet de la question délicate de la réforme des retraites en Grèce : « Je lui ai donné des informations dont il n’a pas fait état devant le Parlement grec. » Il a confirmé qu’Alexis Tsipras devrait à nouveau rencontrer les responsables européens, notamment Angela Merkel et François Hollande, en marge du sommet « UE-Caraïbes » qui se tient mercredi 10 juin à Bruxelles.De son côté, Donald Tusk, président du Conseil européen, a déclaré qu’il fallait cesser de considérer que les débiteurs avaient par principe un comportement « moral » et que les créanciers étaient « immoraux ». Le débat sur la Grèce « n’est pas que financier. Il est aussi politique et moral », a-t-il dit.Bien que ni la Grèce ni l’Ukraine ne soient officiellement à l’ordre du jour du sommet, les dirigeants du G7 devraient évoquer ces sujets lors de leur tour d’horizon de l’actualité économique et politique ce dimanche.Yves-Michel Riols (Elmau (Allemagne), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Elmau (Allemagne), envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.06.2015 à 06h36 • Mis à jour le07.06.2015 à 09h36 Nouvelle flambée de violence au Mexique. A la veille d'un scrutin législatif et local dimanche 7 juin, des affrontements entre membres de milices d'autodéfense ont fait samedi au moins dix morts dans le sud du pays, a annoncé la commission des droits de l'Homme de l'Etat du Guerrero.Le président de la commission des droits de l'Homme de cet Etat, Ramon Navarrete, a indiqué que des membres de son agence avait dénombré dix corps, et qu'ils vérifiaient la possibilité que trois autres personnes aient été tuées. « Nous attendons le décompte total des victimes », a-t-il précisé aux journalistes. Huit corps, dont l'un sur les lieux de la fusillade, les sept autres devant des habitations proches, ont été vus par un journaliste de l'AFP à Xolapa, dans l'Etat du Guerrero.Dispute pour le contrôle d’un territoireL'affrontement a eu lieu entre factions rivales « d'une même milice d'autodéfense », baptisée Front Uni Pour la Sécurité et le Développement de l'Etat de Guerrero (FUSDEG), a indiqué dans un communiqué le gouvernement de l'Etat de Guerrero.La fusillade aurait éclaté « vraisemblablement pour une dispute autour du contrôle d'un territoire », selon la même source. Les échanges de tirs se sont produits dans une maison qui servait de poste de commandement à l'entrée de ce village d'environ 500 habitants, situé au nord d'Acapulco. Pas lié aux électionsLes milices d'autodéfense sont autorisées dans les communautés indigènes de l'Etat du Guerrero où elles peuvent assurer l'ordre public. La fusillade s'est déroulée malgré le déploiement de militaires et policiers dans les Etats de Guerrero et Oaxaca pour assurer le bon déroulement des élections.L'affrontement ne serait toutefois pas lié à la tenue ce dimanche des élections législatives et locales, au cours desquelles 500 députés, neuf gouverneurs et 900 conseils municipaux seront élus.Le FUSDEG est un groupe d'autodéfense constitué il y a deux ans par des civils exaspérés par les vols, enlèvements et extorsions que leur faisaient subir des groupes criminels. Le Guerrero est l'un des Etats les plus violents du pays. Différents cartels de narcotrafiquants se disputent le contrôle des routes de la drogue tandis que des milices d'autodéfense tentent de protéger les communautés.Lire (édition abonnés) :Les Mexicains se rendent aux urnes en pleine guerre des cartels  Marie Jégo (Istanbul, correspondante)   Les élections législatives de dimanche 7 juin sont déterminantes pour l’avenir du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, 61 ans, aux manettes du pays depuis douze ans. Elu en août 2014 à cette fonction essentiellement honorifique en Turquie, M. Erdogan rappelle souvent qu’il parle « au nom du peuple ». Se sentant investi d’une mission, il veut faire basculer le pays d’un système parlementaire vers un régime présidentiel fort.Si son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) rafle les deux tiers (367) des 550 sièges de députés au Parlement, il pourra modifier la Constitution et élargir ses pouvoirs. Avec 330 sièges, la convocation d’un référendum sera possible. A 229 sièges, il devra dire adieu à son projet d’hyper-présidence. Baisse de popularitéL’AKP, qui a remporté haut la main tous les scrutins depuis 2002, est assuré de rester le premier parti de Turquie. Mais sa popularité n’est plus ce qu’elle était. Selon les derniers sondages, les islamo-conservateurs sont crédités de 40 à 42 % des intentions de vote, un sérieux recul par rapport aux 49 % obtenus aux législatives de 2011.Selon une enquête publiée en mars par l’institut de sondages Gezici, 77 % des Turcs sont hostiles au régime présidentiel. Les électeurs de l’AKP ne sont pas les derniers, 64 % d’entre eux se disent opposés au projet caressé par leur chef. Plus largement, 72 % des personnes interrogées mettent en avant sa fibre autoritaire pour justifier leurs craintes.Une petite formation, le Parti démocratique du peuple (HDP, gauche, pro-kurde) pourrait faire perdre à l’AKP la majorité absolue au Parlement. Lors des élections précédentes, les islamo-conservateurs avaient bénéficié des deux tiers des voix de l’électorat kurde au sud-est du pays. La montée en popularité du HDP risque de changer la donne. Pour jouer les trouble-fête à l’Assemblée, le HDP doit franchir le seuil de 10 % des suffrages. En cas d’échec, toutes les voix recueillies par ce parti iront à l’AKP, selon le système proportionnel en vigueur en Turquie.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.06.2015 à 01h11 • Mis à jour le07.06.2015 à 05h07 | Cécile Chambraud (Sarajevo, envoyée spéciale) Un voyage contre les risques de guerre, un voyage comme « une prière de paix ». La visite du pape François à Sarajevo, samedi 6 juin, a été tout entière placée sous ce thème, évoqué avec des accents d’urgence tout au long d’une journée dans la capitale de la Bosnie-Herzégovine, meurtrie par le conflit de 1992 à 1995. Le pontife a repris, dans son homélie, l’idée, régulièrement exprimée, qu’a lieu aujourd’hui « une espèce de troisième guerre mondiale livrée par morceaux ». Il a ajouté, samedi, que l’on percevait désormais un « climat de guerre ».Dans un stade empli d’une foule catholique jeune et joyeuse venue participer à la messe, François a dénoncé ceux qui « veulent créer et alimenter délibérément ce climat, en particulier ceux qui cherchent la confrontation entre les différentes cultures et civilisations, et aussi ceux qui spéculent avec les guerres pour vendre des armes » tout en tenant parfois des discours de paix. « Plus jamais la guerre ! », a lancé Jorge Mario Bergoglio, comme Jean-Paul II l’avait fait en ce même lieu en 1997, dans une ville qui aujourd’hui encore se souvient. Vingt ans après les accords de Dayton, des immeubles de Sarajevo portent encore l’empreinte des affrontements qui ont opposé forces serbes et bosniaques lors du démembrement de l’ex-Yougoslavie et de grands cimetières parsèment la ville.Retrouver la mémoire pour faire la paixLes stigmates de la guerre marquent plus encore les hommes. Deux prêtres et une religieuse ont témoigné dans la cathédrale des violences qu’ils ont endurées pendant le conflit. La voix brisée, Zvonimir Matijevic, prêtre du diocèse de Banja Luka, a raconté les tortures qui ont manqué de lui ôter la vie dans sa région majoritairement orthodoxe. A la fin de son témoignage, François s’est profondément incliné devant lui et lui a demandé de le bénir. Au moment de leur répondre, le pape a renoncé au discours préparé pour improviser. « N’oubliez pas leur histoire, mais pour en faire la paix, pas pour vous venger. Il faut retrouver la mémoire pour faire la paix », a-t-il recommandé aux prêtres et religieux rassemblés.Que ce processus de pacification n’ait pas été conduit à son terme, les représentants des principaux cultes l’ont reconnu lors d’une rencontre avec le pape. Pour le cardinal archevêque de Sarajevo, Vinko Puljié, « il reste encore beaucoup de blessures à guérir pour retrouver la confiance les uns envers les autres ». « Encore aujourd’hui nous parlons [de la guerre] comme si elle s’était achevée hier », a convenu l’évêque orthodoxe Vladika Grigorije, tandis que Husein Kavazovic, le grand mufti de Bosnie, a plaidé pour la « réconciliation de notre monde inquiet et divisé ». Devant les autorités politiques du pays, le pape a demandé « de nouvelles mesures pour renforcer la confiance et créer des occasions pour que croissent la compréhension et le respect mutuel » et l’égalité de tous les citoyens devant la loi, « indépendamment de leur origine ethnique, religieuse ou géographique ». La concorde entre ces communautés, a-t-il plaidé, a valeur d’exemple ailleurs : « Elle témoigne devant le monde que la collaboration entre les différents groupes ethniques et religieux pour le bien commun est possible, qu’un pluralisme de cultures et de traditions peut exister ».« Humanité commune »Où mieux que dans ce fragile assemblage où les clivages religieux se superposent aux clivages nationaux — Bosniaques musulmans, Serbes orthodoxes et Croates catholiques — le pape pouvait-il plaider pour le dialogue interreligieux ? C’est bien là l’un des thèmes marqueurs du pontificat de ce pape. En deux ans, il l’a placé au cœur de ses voyages en Terre Sainte (mai 2014), en Albanie (septembre 2014), en Turquie (novembre 2014), au Sri Lanka (janvier 2015). « Le dialogue interreligieux, a-t-il dit devant des responsables de différentes confessions, ici comme ailleurs dans le monde, est une condition indispensable pour la paix, et pour cette raison c’est un devoir pour tous les croyants. » Il a insisté sur le fait qu’il « ne peut se limiter (…) aux responsables des communautés religieuses, mais doit s’étendre le plus possible à tous les croyants ». A cette condition, Sarajevo peut redevenir un lieu « où la diversité ne représente pas une menace mais une richesse », « témoigner qu’il est possible de vivre ensemble, dans la différence mais dans l’humanité commune ».C’est vers les jeunes que le pape argentin s’est tourné pour évoquer l’avenir : « Vous êtes la première génération d’après guerre, a-t-il lancé lors d’une rencontre avec certains d’entre eux. Vous voulez être un “nous” pour ne pas détruire le pays. C’est la vocation de votre génération. »Dans le stade où elles attendaient l’arrivée de « papa Franjo », Janja et Helena, deux volontaires originaires de la petite ville de Neum — seul accès bosnien à l’Adriatique — nées juste après la guerre, avouaient qu’elles ont besoin de « l’espoir » que représente pour elles la venue du chef de l’Église catholique. Elles sont aujourd’hui étudiantes mais elles ne savent pas si elles pourront trouver un emploi le moment venu. Contrairement à beaucoup de leurs contemporains, Janja et Helena n’ont pas l’intention de s’expatrier. Mais elles reconnaissent qu’ajoutée aux relations entre communautés, où il y a selon elles « des progrès à faire », la situation économique dégradée pousse beaucoup de Croates à quitter le pays. Par rapport à l’avant-guerre, leur nombre — et donc celui des catholiques — a été divisé par deux (400 000 contre 800 000). « Nous constatons, chaque jour, que nous sommes de moins en moins nombreux », a déploré le cardinal Vinko Puljic, en particulier à cause du départ de nombreux jeunes.Cécile Chambraud (Sarajevo, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon « La situation humanitaire en Irak est proche de la catastrophe », avertit Philippe Heffinck, représentant du Fonds des Nations unies pour l’enfance – Unicef en Irak. Les combats qui opposent les forces irakiennes à l’Etat islamique (EI) autour de Ramadi, dans la province de l’Anbar, ont accentué la crise humanitaire que traverse l’Irak depuis la prise de Mossoul, le 10 juin 2014. Les quelque 150 000 habitants qui ont fui les combats dans la ville et dans les environs sont venus grossir les rangs des déplacés. Plus de 2,3 millions d’Irakiens sont aujourd’hui déplacés à l’intérieur du pays ou réfugiés à l’étranger. « On s’attend à un million supplémentaire de déplacés principalement depuis les provinces de l’Anbar, Salaheddine et Diyala », prédit M. Heffinck.Les retours dans les zones libérées se font au compte-gouttes. Les déplacés, pour la plupart installés dans des camps ou dans des logements de fortune, sous des températures qui atteignent désormais 45 °C certains jours, manquent de tout : nourriture, eau, produits d’hygiène. L’assistance humanitaire a été réduite face à la baisse du budget des agences des Nations unies, qui s’ajoute à la crise financière à laquelle font face les autorités irakiennes. Leurs ressources financières ont été amputées par la chute des revenus du pétrole. Les autorités de Bagdad sont confrontées à la difficulté de payer les salaires des fonctionnaires et aux énormes dépenses engendrées par la guerre. Le FMI a donné, vendredi, son vert à un plan d’aide de 833 millions de dollars qui doit maintenant être approuvé, en juillet, par les Etats membres de l’institution.Quatre cent quarante millions d’euros nécessairesJeudi 4 juin, les Nations unies ont lancé devant le Parlement européen, à Bruxelles, un appel pour rassembler 500 millions de dollars (440 millions d’euros) d’aide humanitaire pour le plan de réponse humanitaire pour l’Irak pour les six mois à venir. Plus de 8 millions de personnes ont besoin d’aide vitale – abris, nourriture, eau –, et ce nombre pourrait atteindre les 10 millions d’ici à la fin de l’année, selon l’ONU, qui décrit « des exécutions de masse, des viols systématiques et des actes de violence effroyables » commis contre la population par les djihadistes. Quatre millions quatre cent mille personnes souffrent de pénurie alimentaire dans des zones agricoles traditionnelles, notamment dans plusieurs régions céréalières passées sous le contrôle de l’EI.« C’est le minimum, les besoins de survie. C’est moins de la moitié du précédent appel de 2,2 milliards de dollars », pointe M. Heffinck. « Les partenaires humanitaires ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour aider la population, mais plus de 50 % de l’opération sera fermée ou réduite si nous ne recevons immédiatement de l’argent », a souligné Lise Grande, coordinatrice aux Nations unies de l’aide humanitaire pour l’Irak. La Commission européenne a annoncé le déblocage de 25 millions d’euros d’aide supplémentaire, portant à 63 millions d’euros sa contribution pour 2015.« Le manque de fonds est tellement grave que 77 cliniques près du front ont été obligées de fermer, et que les rations alimentaires ont été réduites pour plus d’un million de personnes », affirme l’ONU. « Trois millions d’enfants ne vont plus à l’école alors que l’accès à l’école primaire était généralisé avant la guerre. Or l’école est la meilleure stratégie de protection contre le travail des enfants et les abus », pointe M. Heffinck de l’Unicef. De nombreux enfants, traumatisés par la guerre, ont besoin d’assistance. « Si la bataille de Mossoul éclate, il faudra un appel spécial pour Mossoul », prédit le responsable de l’Unicef.Guerre de l’eauLa situation humanitaire pourrait encore s’aggraver pour les populations de l’Anbar avec la guerre de l’eau qu’a engagée l’Etat islamique. Mercredi 3 juin, le groupe a partiellement fermé les vannes d’un barrage sur l’Euphrate. L’opération vise à faire baisser les eaux du fleuve et à leur offrir une plus grande liberté de mouvement pour attaquer les forces gouvernementales sur la rive sud dans la région de Ramadi. A terme, elle menace de priver d’eau les provinces méridionales de l’Irak, où le niveau de l’eau a baissé de façon inquiétante.« Daech [acronyme arabe de l’EI] mène désormais une sale guerre de l’eau, a dénoncé Sabah Karhout, le chef du conseil provincial d’Al-Anbar. Couper l’eau est le pire crime qu’il puisse commettre. Cela va forcer les enfants, les femmes et les personnes âgées à fuir, ce qui lui permettra de lancer des attaques. »Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon Dans les décombres de l’immeuble qui s’est effondré sous la charge d’un baril d’explosifs, jeudi 4 juin à Hayyan, dans la campagne d’Alep, dans le nord-ouest de la Syrie, le père de la famille Hayek a vu toute l’horreur de la guerre. Le corps de son fils de 5 ans, Youssef, gisant sans vie, prisonnier entre un pan de béton et le reste du baril, maculé de sang et de poussière. Sur les images insoutenables filmées après le bombardement, le père du petit Youssef s’effondre de douleur, soutenu par des voisins. L’attaque a ravi l’ensemble de sa famille : son épouse, ses cinq enfants et deux des grands-parents.L’armée du président Bachar Al-Assad a intensifié, au cours des derniers jours, sa campagne de bombardements aux barils d’explosifs contre les régions tenues par l’opposition, faisant des dizaines de victimes dans la seule région d’Alep. Jeudi 4 juin, six personnes ont été tuées dans un autre largage de barils explosifs par les hélicoptères de l’armée syrienne à Deir Jamal, au nord d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le 31 mai avait été la journée la plus meurtrière de l’année avec 80 personnes tuées par des barils d’explosifs dans la province d’Alep.Dans une interview à la chaîne de télévision France 2, le 20 avril, le président Bachar Al-Assad avait une nouvelle fois nié l’existence de ces armements ainsi que le recours aux armes chimiques comme le chlore. « Que sont des barils d’explosifs ? », avait-il demandé, d’un air faussement naïf, au journaliste. La responsabilité du régime dans le largage de ces armes dévastatrices et aveugles est pourtant clairement établie, selon les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, ainsi que les organisations des droits de l’homme. L’armée syrienne est la seule à disposer d’hélicoptères permettant de les larguer.Ces bombes à la trajectoire imprévisible peuvent mettre à terre un immeuble entier. Non guidées, hautement explosives, elles sont fabriquées à peu de frais à partir de gros barils d’huile, de cylindres à gaz ou de réservoirs d’eau, vidés de leur contenu et remplis de puissants explosifs ainsi que de ferraille pour renforcer l’effet de fragmentation.Onze mille morts sous les barilsCette nouvelle vague de bombardements aux barils d’explosifs a été condamnée par le Conseil de sécurité des Nations unies, vendredi 5 juin. Dans un communiqué, le conseil dénonce « les attaques menées sans discernement, dont les bombardements aux barils d’explosifs, qui auraient été utilisés à grande échelle ces derniers jours ». La Russie, alliée du régime de Bachar Al-Assad, a rejoint les 14 autres pays du Conseil de sécurité pour condamner « toutes les violences contre des civils, des infrastructures civiles, y compris médicales ».La veille, le directeur des opérations humanitaires de l’ONU John Ging a estimé à 3 600 le nombre de personnes tuées par ce type d’armement dans la seule province d’Alep depuis le début du conflit en Syrie, en mars 2011, qui a causé la mort de plus de 220 000 personnes. Les barils d’explosifs, dont l’usage a été systématisé par le régime dès 2012, ont fait plus de 11 000 morts dans l’ensemble du pays, selon l’organisation Amnesty international, laquelle, dans un rapport publié le 5 mai, a qualifié le bombardement indiscriminé de la province d’Alep par les forces gouvernementales syriennes de « crimes contre l’humanité ». Les photographies prises dans la ville montrent une population vivant sous terre pour échapper à la menace constante de ces bombes.Les barils d’explosifs sont également utilisés de façon systématique contre les zones rebelles d’autres provinces comme Idlib (Nord) ou Deraa (Sud-Ouest). « Chaque jour ensoleillé est un jour endeuillé », témoignait au Monde en mars Jihad Al-Sbeih, chef des unités de la Défense civile syrienne (DCS) de la province de Deraa. « La coalition internationale, qui peut détecter les mouvements aériens [pourrait au moins] nous avertir quand un avion se dirige vers nous pour qu’on ait le temps de mettre les populations à l’abri », suggérait-il.Lire aussi :En Syrie, les « casques blancs » risquent leur vieLa Coalition nationale syrienne (CNS), principale force de l’opposition, s’est à nouveau indignée, jeudi, de l’inaction de la communauté internationale. « Sans l’immunité accordée par la Russie et la Chine et le honteux et injustifié silence international, Assad n’aurait pas pu massacrer les enfants syriens depuis maintenant plus de quatre ans. Le peuple syrien a perdu tout espoir d’une action morale et juste de la Russie ou de la Chine, mais sa plus grande déception vient des pays amis censés soutenir la liberté et les droits humains et qui ont préféré garder le silence et jouer les observateurs », regrette la CNS dans un communiqué. Elle réclame des armes antiaériennes pour combattre les avions de guerre de l’armée syrienne.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)   Incertaine jusqu’au tout dernier moment, la deuxième Gay Pride de l’histoire ukrainienne s’est tenue, samedi 6 juin à Kiev. Elle s’est achevée dans la violence.Les organisateurs de la « marche de l’égalité » avaient multiplié les précautions, et tenu secret jusqu’au dernier instant le lieu du rassemblement. Environ 200 personnes – plus que lors de l’édition 2013 – y ont participé, marchant quelques centaines de mètres le long des rives du Dniepr, dans le quartier excentré d’Obolon, protégées par un déploiement policier extrêmement imposant.Plusieurs diplomates européens étaient présents, ainsi que deux députés du parti du président, Petro Porochenko. En plus des drapeaux arc-en-ciel et des pancartes réclamant « l’égalité », quelques tambours avaient été sortis pour tenter de donner à l’événement un air festif, malgré les insultes et les menaces lancées par des contre-manifestants d’extrême droite. Comme en réponse au slogan nationaliste « L’Ukraine au-dessus de tout », les marcheurs ont scandé « Les droits de l’homme au-dessus de tout ».Des groupes d’extrême droite interpellésSeul incident notable pendant le défilé, un policier a été atteint par une bombe artisanale, laissant derrière lui une large flaque de sang. Mais les organisateurs avaient apparemment négligé un point : le moment de la dispersion du rassemblement. Celui-ci s’est vite mué en une course-poursuite effrénée entre policiers, contre-manifestants masqués et décidés à en découdre, et manifestants pris au piège dans le dédale des cours du quartier. On a pu voir des groupes de manifestants apeurés tenter d’arrêter des véhicules en pleine rue pour échapper aux coups, d’autres essayer d’échapper discrètement à la nasse.Une trentaine de membres de groupes d’extrême droite ont été interpellés, parfois violemment. Plusieurs blessés ont été emmenés à l’hôpital, dont au moins deux membres des forces de l’ordre.Les groupes d’extrême droite avaient très ouvertement fait part de leur intention d’empêcher la tenue du défilé. Dmitro Iaroch, dirigeant du parti ultranationaliste Pravy Sektor, avait notamment expliqué que malgré la mobilisation de nombre de ses membres sur le front, son groupe et d’autres groupes seraient bien présents. « Les représentants du mouvement politique et militaire Pravy Sektor seront obligés d’empêcher la réalisation de ces projets destructeurs des valeurs familiales, de la morale et de l’image traditionnelle des êtres humains », écrivait-il sur Facebook.« Tout ça sert les ennemis du pays, expliquait avant le début de la marche un jeune homme au look de skinhead mais venu, assurait-il, en « simple voisin ». « Comment vont réagir les gens des régions du Sud et de l’Est, où il y a encore des tensions, en voyant cette horreur ? L’Ukraine est un pays traditionaliste, et on veut nous pousser dans les bras de l’Europe décadente. » « Les autorités font le minimum »Avant de faire l’essentiel pour que les violences restent limitées, les autorités avaient de leur côté tout fait pour décourager les organisateurs. Vitali Klitschko, l’ancien boxeur devenu maire de Kiev, a laissé planer jusqu’au dernier jour la menace d’une interdiction, et sans cesse repoussé les réunions consacrées à la sécurité de l’événement. Il a aussi exhorté les organisateurs à reporter la marche « en raison de la guerre qui continue dans l’est de l’Ukraine ». En 2014, il la qualifiait d’« événement de divertissement ».C’est finalement le président Porochenko qui a paru trancher, vendredi lors d’une conférence de presse. Précisant que lui-même ne participerait pas à l’événement, le président a estimé qu’il ne voyait « aucune raison d’y faire obstruction, s’agissant d’un droit constitutionnel de chaque citoyen ukrainien ».Lire aussi notre entretien (abonnés) :Petro Porochenko : « Les accords de Minsk sont notre seule solution »Une interdiction paraissait également difficile à assumer vis-à-vis des partenaires européens de l’Ukraine. La garantie d’un traitement équitable des personnes homosexuelles sur leur lieu de travail fait par exemple partie des mesures réclamées par l’UE à Kiev avant de lui accorder un régime d’exemption de visa. Mais la loi antidiscrimination votée par le Parlement en 2014 ne fait aucune mention de l’orientation sexuelle.« Les autorités font le minimum, regrettait dans le défilé Anna Chariguina, un membre du Forum LGBT. Nous aussi, nous étions sur Maïdan, nous espérions que la démocratisation s’accompagnerait de plus de tolérance. Mais le climat est encore menaçant pour ceux d’entre nous qui osent afficher ouvertement leur sexualité. La guerre a radicalisé les esprits et mis sous le tapis ces sujets-là. »Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Simon Roger Les îles Fidji ont déjà communiqué leurs résultats, le Burkina Faso démarre ses travaux, l’Inde ou Taïwan entreront plus tard dans la discussion et Phenix, en Arizona, fermera la marche dans la nuit de samedi à dimanche. L’Eurovision aurait-il soudainement changé d’échelle ? Cette consultation-là est bien plus large et ses résultats seront certainement plus éclairants sur l’état de l’opinion mondiale qu’un concours de chanson. Pendant plus de vingt-quatre heures se déroule un vaste débat citoyen planétaire sur le climat et l’énergie (World Wide Views on Climate and Energy) pour permettre à la société « réelle » de se prononcer sur les enjeux de la COP 21, la 21e conférence des Nations unies sur le climat programmée en décembre à Paris.Sur les 195 Etats engagés dans les négociations onusiennes, 78 sont inscrits à l’initiative co-organisée samedi 6 juin par le Danish Board of Technology Foundation (DBT), la Commission nationale du débat public (CNDP), l’agence de conseil Missions publiques et le secrétariat de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC). La manifestation, d’un coût total estimé à 3 millions d’euros, a reçu notamment une subvention du ministère de l’écologie et l’aide financière des régions françaises impliquées dans l’événement.10 000 participants à travers le mondeEn additionnant les 13 débats prévus en France et quelques autres pays où seront aussi démultipliés les débats, ce sont près de 100 assemblées, réunissant chacune un panel de 100 citoyens, qui vont livrer leur point de vue sur les grands thèmes retenus par les organisateurs : l’urgence à agir pour le climat, les instruments de la lutte contre le réchauffement climatique, le processus de négociations onusien, les enjeux d’un accord à Paris, l’équité et le partage des efforts entre pays industrialisés et pays en voie de développement. Les quelque 10 000 participants vont tous répondre au même protocole. La compilation des résultats alimentera ensuite une étude comparative sur les 78 pays invités à s’exprimer sur l’enjeu climatique. « Il s’agit pour les participants de réfléchir aux décisions qu’ils prendraient s’ils étaient à Paris lors des négociations », précise Yves Mathieu, le directeur de Missions publique, qui avait participé en 2013 au débat national sur la loi de transition énergétique française.Un an plus tôt, un débat – planétaire, celui-là – était consacré à la biodiversité. Mais l’édition citoyenne de 2012 avait accueilli seulement 24 pays, celle de 2015 en rassemble trois fois plus. « C’est la diversité des territoires concernés et des profils représentés qui va faire la qualité du débat sur le climat », assure Yves Mathieu, qui ne cache sa fierté d’avoir contribué à « porter la discussion dans des pays comme le Burundi, l’Afghanistan ou le Népal ». Première expérience à CopenhagueLa genèse de cette opération remonte à la fin des années 2000 et trouve son inspiration au Danemark. Le Danish Board of Technology réfléchit depuis plusieurs années à la question de la mobilisation citoyenne et de son intégration dans le processus de décision politique. La tenue à Copenhague de la 16e conférence mondiale sur le climat (COP 15) offre l’occasion d’imaginer une grande arène mondiale. « Après avoir travaillé sur le plan national, puis à l’échelon de la commission européenne, les négociations de la COP 16 constituaient un cadre de travail intéressant, explique Bjorn Bedsted, du DBT. Dans une COP, on trouve les pays membres de l’ONU, des experts, des industriels, des ONG… Tout le monde cherche sa place mais, jusqu’à présent, il n’existait pas de réel mécanisme de dialogue entre tous ces acteurs. Nous avons essayé de combler ce fossé. »Sans verser dans le militantisme, le DBT et ses partenaires cherchent à nouer un dialogue durable entre les citoyens et les décideurs convoqués en décembre à Paris. « En 2009, le débat s’était monté sans relation avec la CCNUCC. En 2012, il avait été précédé d’une prise de contact avec l’ONU. Cette fois, les Nations unies, qui cherchaient une démarche pour sensibiliser le grand public, ont eu besoin de cinq minutes pour se décider à nous apporter leur soutien », sourit Bjorn Bedsted. Cinq minutes pour convaincre l’ONU ! Plusieurs mois en revanche ont été nécessaires pour monter une opération de cette envergure. Dans chaque pays participant, il a fallu désigner des animateurs, déterminer une logistique, dégager des moyens financiers et, évidemment, composer un panel le plus représentatif possible de la population nationale. Au Burkina Faso, qui participe pour la première fois à un débat planétaire, la coordinatrice Gifty Narh Guiella s’interrogeait mi-avril sur le défi que constituait le recrutement de 100 citoyens dans un pays qui compte une soixante d’ethnies.Vendredi 5 juin, elle était plus sereine. « Les institutions locales, les étudiants de plusieurs universités et Internet nous ont facilité le travail. On a plus de 100 panélistes et on a dû en refuser 400 ! Le groupe, qui pourra répondre aux questions en dioula, en mooré ou en français, est impatient de débuter la discussion et de suivre les résultats des autres débats, confie Gifty Guiella. Comme beaucoup de pays d’Afrique, le Burkina Faso est confronté au changement climatique, les saisons sont déréglées, l’agriculture est affectée par les longues périodes de sécheresse. Les gens sont très concernés, mais souvent rebutés par le jargon technique des négociations sur le climat. »« Six mois pour faire campagne »En Mauritanie, les organisateurs ont diffusé l’information par des ateliers de lecture pour ne pas exclure du débat le public analphabète et proposent à certains panélistes de réagir grâce à un téléphone portable. Au-delà du tour de force logistique que représente une telle opération dans des pays vulnérables, c’est la vocation démocratique de la consultation qui fédère les volontaires.Au Pakistan, qui découvre lui aussi l’événement, le climat est un sujet sensible. « Entre les épisodes d’inondations qui ravagent le pays, les millions de personnes déplacées, nous sommes très concernés par le changement climatique, confirme Shakeel Ahmad Ramay, de l’Institut politique du développement durable d’Islamabad. Ce débat va montrer ce que veulent les citoyens pakistanais, et ceux du monde entier. Ensuite, il nous restera six mois pour faire campagne et disséminer nos messages avant la COP 21 ». Car le 6 juin n’est pas un point d’arrivée, mais le début d’un chemin qui fera étape le 10 juin à Bonn, où se déroulent les négociations officielles de la CCNUCC, début juillet à Lyon pour le sommet des territoires, le 30 septembre à Paris à l’occasion d’une grande mobilisation, avant de rejoindre la COP 21. « Si à Paris les exigences économiques l’emportent, les décideurs sauront qu’ils ont agi à l’encontre des populations du monde entier », prévient Gifty Narh Guiella.Suivez les résultats pays par paysSimon RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.06.2015 à 10h16 • Mis à jour le07.06.2015 à 04h22 | Yves-Michel Riols (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial) et Frédéric Lemaître (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial) Ce proche d’Angela Merkel ne se berce pas d’illusions. « Ce qu’il faut attendre du G7 ? De bien belles photos », dit-il, tout sourire. De fait, à quelques heures du sommet des sept pays les plus riches (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Italie et Japon) qui se tient les 7 et 8 juin à Elmau, dans le sud de l’Allemagne, les attentes sont faibles. En témoigne le « silence frappant » ces dernières semaines de la part des participants. Un signe qui ne trompe pas, selon Jan Techau, directeur Europe de la Fondation Carnegie. Une des raisons est que « le G7 n’est plus un mécanisme pertinent pour résoudre des problèmes », observe-t-il. « Son poids a diminué parce que le poids des pays qui le composent a, lui aussi, diminué. » De façon significative, les opposants au G7, qui ont commencé à faire entendre leurs voix, jeudi 4 juin, à Munich, dénoncent moins ce sommet des « maîtres du monde » comme auparavant, que le TTIP, l’accord de libre-échange que négocient actuellement les Etats-Unis et l’Union européenne.Pourtant, fidèle à sa réputation, Angela Merkel a minutieusement préparé « son » G7, rendant visite ces derniers mois à ses six homologues. A Elmau aussi, tout est planifié depuis des semaines. Les quinze pages du communiqué final sont quasiment bouclées, mais l’Ukraine et la Grèce pourraient à nouveau perturber le bel ordonnancement prévu. Les discussions entre Athènes et ses créanciers sont « plus près que jamais d’un accord », selon le premier ministre grec, Alexis Tsipras, mais de nombreux responsables politiques ne cachent pas leur scepticisme depuis l’annonce, jeudi soir, par Athènes de sa volonté de différer à la fin juin plusieurs versements au FMI.Lire :Athènes décide de retarder ses remboursements au FMIPour l’Ukraine, s’il faut s’attendre à une réprobation de la nouvelle escalade sur le terrain et à une réaffirmation du maintien des sanctions contre la Russie, toute la question sera de savoir où sera mis le curseur des condamnations. A la veille de la rencontre en Bavière, la France et l’Allemagne cherchent à atténuer la portée de la reprise des combats dans la région de Donetsk.« Préserver l’unité transatlantique face à Moscou »Reste à savoir comment les Américains réagiront face à cette retenue européenne, alors qu’ils se sont souvent irrités mezzo voce de la tendance du couple franco-allemand à traiter sur un pied d’égalité l’agresseur et l’agressé dans le conflit ukrainien. Toutefois, si Washington avait exprimé des réserves sur l’accord de Minsk, estimant qu’il ne faisait pas suffisamment pression sur le président Vladimir Poutine, les divergences avec les Européens se sont atténuées, estime Derek Chollet, ancien conseiller du président Obama, aujourd’hui expert au German Marshall Fund, un centre de réflexion. « Il y a un an, les Etats-Unis étaient sceptiques sur la capacité des Européens à adopter des sanctions contre la Russie et à s’y tenir, dit-il. Aujourd’hui, la priorité d’Obama sera de préserver l’unité transatlantique face à Moscou. »Dans un entretien accordé à trois journaux dont Le Monde, le président ukrainien Petro Porochenko insiste sur la « vertu » des accords de Minsk : « Depuis la mi-février, il n’y a pas eu d’offensive majeure. Mais il n’y a pas non plus de cessez-le-feu. Malgré cela, nous n’avons pas le choix : ces accords constituent notre seule solution. »Lire aussi (édition abonnés) :Petro Porochenko : « Les accords de Minsk sont notre seule solution »« Le poids du G7 a diminué parce que le poids des pays qui le composent a, lui aussi, diminué », estime Jan Techau, de la Fondation CarnegieL’autre grand sujet du sommet, choisi cette fois par Angela Merkel, est le climat. Lors du premier G7 qu’elle avait présidé, en 2007, la chancelière avait obtenu du président américain George W. Bush qu’il reconnaisse la réalité du changement climatique et son origine humaine. Pour ses compatriotes, elle est devenue la « chancelière du climat ». Une image que sa décision prise après la catastrophe de Fukushima, en 2011, de sortir du nucléaire civil n’a pu que renforcer. Mais le pari est loin d’être gagné et la sortie du nucléaire se traduit aussi en Allemagne par un essor du charbon, très polluant. Pour regagner une crédibilité quelque peu mise à mal sur ce terrain, Mme Merkel fait de la réussite de la conférence de Paris sur le climat, la COP 21, un enjeu personnel. Avec François Hollande, elle va plaider à Elmau pour que le G7 s’engage le plus précisément possible sur les objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre et sur les engagements financiers pour aider les pays du Sud à s’adapter au changement climatique.Lire aussi :Laurent Fabius : « Le financement est un point clé pour un accord sur le climat »Un enjeu international qui se double d’un enjeu national pour la chancelière, qui ne désespère pas de gouverner avec les Verts après 2017. De même, ce n’est pas un hasard si Angela Merkel a souhaité que ce G7 se penche également sur la résistance aux antibiotiques et la qualité du travail, notamment dans l’industrie textile des pays pauvres. Ce sont deux thèmes qui tiennent à cœur à ses électeurs, et lui permettent de peaufiner son image d’une chancelière proche des petites gens.Yves-Michel Riols (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Qui veut la peau des accords de Minsk ? Kiev et Moscou s’accusent mutuellement de vouloir rompre le cessez-le-feu signé le 12 février, dans la capitale biélorusse, en présence des présidents russe et ukrainien et sous l’égide du chef de l’état français et de la chancelière allemande. A peine quatre mois plus tard, ces accords, déjà ténus et plusieurs fois battus en brèche, paraissent moribonds après les violents combats survenus dans la nuit du 2 au 3 juin dans l’est de l’Ukraine entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes qui ont provoqué la mort d’au moins 28 personnes.Lire aussi :Reprise des combats dans l'est de l'UkraineLes armes lourdes, en principe retirées d’une ligne de front définie, ont refait surface. L’offensive déclenchée dans les localités de Mariinka et Krasnohorivka, non loin de Donetsk, par un millier de rebelles, selon Kiev, a semble-t-il tourné à leur désavantage. Et les regards sont tournés vers Moscou. Dès jeudi, le ministre des affaires russes, Serguei Lavrov, évoquait des accords de Minsk « menacés de voler en éclats », tandis que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, enchaînait : « Les violations sont évidentes (…). Les représentants de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] devraient tirer les conclusions et identifier clairement qui est responsable. »Invité sur le plateau d’une chaîne de télévision russe, Viatcheslav Nikonov, député de Russie unie, le parti du gouvernement, est allé plus loin : « Je n’exclus pas, si Minsk 2 est enterré, que la Russie, dans ce cas, renonce au préambule de ces accords », a-t-il déclaré. Cette partie du texte garantit l’intégralité territoriale de l’Ukraine.En clouant au pilori les accords de Minsk, la Russie, qui a toujours nié farouchement l’implication de son armée dans le conflit, tente de faire porter la responsabilité de l’échec des tentatives de paix sur Kiev, tout en laissant planer une menace quant à ses réelles intentions. Devant son parlement, le président Petro Porochenko a ainsi estimé que l’Ukraine devait faire face « une gigantesque menace » de la part de son voisin, tout en citant de nouveau le chiffre de 9 000 militaires russes présents sur le territoire. Pour preuve, il a affirmé un peu plus tard qu’un soldat russe se trouvait parmi la douzaine de combattants capturés lors de la bataille de Mariinka, Vendredi. M. Peskov a répondu que la présence d’un « citoyen russe là-bas », si elle était confirmée, ne devait pas être confondue avec un membre de l’armée.« Un grand bluff »La nervosité est cependant bien montée d’un cran à Moscou lorsque, mercredi, volontairement ou maladroitement, la présidente du Conseil de la fédération de Russie, Valentina Matvienko, a évoqué la convocation de la Chambre haute du Parlement en session extraordinaire et demandé à ses membres « de ne pas s’éloigner ». Sa tentative de rétropédalage quelques heures plus tard sur une « annonce tout à fait normale » dans un cadre législatif n’a convaincu personne, d’autant qu’interrogé sur le sujet, le porte-parole du Kremlin s’est contenté de souligner qu’une telle convocation relève des prérogatives du président Poutine, selon la Constitution. « C’est son droit », a-t-il éludé.« Moscou fait tout son possible pour donner l’impression de vouloir rompre les accords de Minsk, mais c’est un grand bluff car Poutine n’a rien d’autre et si le conflit paraissait s’apaiser, cela donnerait une victoire aux Occidentaux », juge le politique indépendant Dmitri Orechkine. « Cela distrait la population russe des problèmes sociaux et pour cela, il est obligé de maintenir tout le monde sous tension », ajoute-t-il. Cette flambée de violence dans le Donbass peut être aussi pour Vladimir Poutine un moyen de peser sur le sommet du G7, qui doit s’ouvrir dimanche 7 juin, ce club des pays industrialisés dont il a été exclu depuis l’annexion de la Crimée en 2014.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.06.2015 à 05h29 • Mis à jour le06.06.2015 à 05h48 Plusieurs mobilisations historiques ont eu lieu cette semaine en Argentine et chez ses voisins, contre les violences envers les femmes après une série de crimes qui ont profondément choqué le pays. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi à Buenos Aires, devant le Parlement, d’autres manifestations ont eu lieu dans le reste du pays, ainsi qu’au Chili, en Uruguay et au Mexique.Si les femmes — certaines victimes de la violence machiste, les autres par solidarité — étaient majoritaires, les hommes étaient aussi présents en nombre, certains parce qu’ils avaient perdu une fille.Trois féminicides qui ont scandalisé l’ArgentineA l’origine de la manifestation, trois féminicides particulièrement choquants. Celui de Chiara Paez, 14 ans, tuée puis enterrée dans le jardin de la maison familiale par son ex-petit ami de 16 ans, aidé par des proches. Celui d’une institutrice de maternelle égorgée par son ex-mari devant ses élèves et enfin celui d’une femme, criblée de balles par son ex-compagnon éconduit alors qu’elle se trouvait à la terrasse d’un café.Chiara Páez tenía apenas 14 años, cuando fue asesinada a golpes por su novio. #NiUnaMenos #VzlaApoya http://t.co/TFHJKm8W6Z— proyectomujeres (@Proyecto M)require(["twitter/widgets"]);La présidente Cristina Kirchner et la star du football Lionel Messi ont apporté leur soutien à la mobilisation. La première a pointé du doigt d’autres formes de violence, comme le harcèlement de rue ou les émissions télévisées. « Ce n’est pas juste le problème de la justice ou de la police. Nous sommes confrontés à une culture qui anéantit le féminin », a-t-elle écrit sur Twitter.No es sólo un problema judicial o policial. Estamos ante una cultura devastadora de lo femenino.— CFKArgentina (@Cristina Kirchner)require(["twitter/widgets"]);« Les féminicides, ça suffit. De Barcelone, nous nous joignons à tous les Argentins pour crier bien fort #NiUnaMenos (#Pasunedemoins) », a écrit Lionel Messi sur son compte Facebook.Le précédent de 2012Un mouvement similaire, bien que d’une ampleur bien moins importante, a eu lieu en septembre 2012 en Argentine, après qu’une série de meurtres et violences faites aux femmes a bouleversé le pays.Trois femmes avaient été tuées par balle par leur mari ou leur ancien compagnon en une journée : deux d’entre elles à Cordoba (dans le centre du pays) et l’autre à La Plata, capitale de la province de Buenos Aires. Deux jours avant cela, à Benavidez, dans la banlieue de Buenos Aires, un jeune de 23 ans avait assassiné à l’arme blanche sa belle-fille âgée de six ans, la grand-mère de son ancienne compagne, ainsi que son ancienne belle-sœur, âgée de 15 ans.La même année, le cas de Natalia Riquelme, qui avait diffusé une vidéo où on la voit se faire frapper par son mari devant leur petite fille à Bahia Blanca (dans le sud), avait également particulièrement marqué les esprits. Elle avait décidé de se filmer après avoir porté plainte, en vain, à 15 reprises contre son mari pour violences.Des chiffres alarmantsIl n’existe pas de statistiques d’État, bien que la loi l’exige, mais si l’on en croit les ONG, un féminicide est commis toutes les 31 heures en Argentine. Tuées parce qu’elles sont tombées enceintes, poignardées par jalousie, assassinées après un divorce, selon Casa del encuentro (« Maison de la rencontre »), l’ONG porte-drapeau du mouvement de mercredi, 277 féminicides ont été commis en 2014. Entre 2010 et 2012, 53 femmes sont mortes brûlées vives.Les homicides de jeunes filles ou de femmes dont parlent les médias argentins ne représentent qu’une infime portion de tous les féminicides perpétrés dans le pays, « dans une société malade de paradigmes machistes où la femme est encore une “chose à dominer” », dénonce Fabiana Tuñez, directrice de Casa del Encuentro. Le crime de « féminicide », l’homicide aggravé d’une femme ou d’un transsexuel, a été inscrit dans le code pénal argentin en 2012 comme circonstance aggravante d’un homicide. Alors que l’homicide est puni de 12 à 25 ans de prison, la peine encourue est élevée à la perpétuité en cas de féminicide.Des revendications globales« Nous demandons l’application d’un plan national pour éradiquer la violence de genre : cela passe entre autres par l’élaboration de statistiques officielles, ou par une réforme éducative qui inclurait l’enseignement de la thématique de la violence de genre. Il reste encore beaucoup à faire pour démanteler la culture machiste dans notre pays », détaille Fabiana Tuñez.Pour Maria Elena Cornide, cheffe d’entreprise de 36 ans interrogée mercredi, ces manifestations sont « le réveil social, contre l’injustice, les salaires plus bas pour les femmes. Et les violences familiales ne sont pas le seul fléau dont elles souffrent ».Un mouvement qui s’étend au-delà de l’ArgentineLa situation est encore plus alarmante au Mexique, en Amérique centrale, au Brésil ou en Colombie.A Santiago du Chili, une centaine de personnes brandissaient mercredi des pancartes disant « En deuil et en colère », alors qu’un rassemblement a également eu lieu à Mexico.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2sndoy"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2sndoy", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.10.2015 à 17h30 • Mis à jour le27.10.2015 à 17h33 Pour la deuxième fois depuis le début du mois d’octobre, un hôpital géré par l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a été touché par des frappes aériennes sur un terrain de conflit. Après l’hôpital de Kunduz, en Afghanistan, le 3 octobre par l’armée américaine, c’est un établissement situé dans le nord du Yémen qui a été atteint, cette fois par des raids de la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite.L’ONG a fait savoir que son hôpital de Saada, dans le district de Hidane, avait été touché à plusieurs reprises, lundi 26 octobre dans la soirée, alors que des patients et du personnel se trouvaient à l’intérieur. Les installations ont été détruites et deux membres de l’équipe de MSF ont été légèrement blessés. Selon Hassan Boucenine, directeur de MSF au Yémen, il n’y a aucune victime :« Par chance, la première frappe a touché le bloc opératoire alors qu’il était vide et que nos équipes s’affairaient dans la salle des urgences. [Elles] ont eu le temps de se mettre à l’abri avant qu’un autre missile ne touche l’aile de la maternité. » Lire aussi :Centre MSF de Kunduz en Afghanistan : histoire d’une bavure« Crime de guerre »Comme dans l’événement afghan, MSF, par la voix de Hassan Boucenine, dénonce un « crime de guerre » :« C’était peut-être une erreur, mais le fait est qu’il s’agit d’un crime de guerre. Il n’y a aucune justification à viser un hôpital. Nous avons fourni [à la coalition arabe] toutes nos coordonnées GPS il y a deux semaines environ. »Le 3 octobre, les frappes sur les installations de MSF à Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan, avaient fait trente morts, dont au moins treize employés de l’ONG. Barack Obama, le président des Etats-Unis, a présenté des excuses, mais l’organisation continue de réclamer l’ouverture d’une enquête indépendante.Au Yémen, la coalition arabe mise en place par Riyad mène depuis le 26 mars des opérations aériennes contre les miliciens chiites houthistes afin de rétablir au pouvoir le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Depuis septembre 2014, les houthistes contrôlent Sanaa, la capitale, et sont appuyés par des éléments de l’armée fidèles à l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, soutenus par l’Iran.Au cours des dernières quarante-huit heures, au moins onze civils ont été tués dans des quartiers résidentiels de Taëz, dans le sud-est du pays, bombardés intensément par les rebelles houthistes, selon une source médicale. Le conflit yéménite a déjà fait plus de cinq mille six cents morts, dont un grand nombre de civils.Lire aussi :Sept mois de guerre au Yémen, 5 000 morts et un peu d’espoir Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le tribunal de l’Union européenne, à Luxembourg, a décidé d’annuler les sanctions visant, depuis mars 2014, les fonds d’Andrey Portnov, un conseiller du président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch. Le Conseil européen avait décidé de bloquer les avoirs de M. Portnov en raison du lancement à son encontre, par les nouvelles autorités de Kiev, d’une enquête pénale sur des détournements de fonds publics et leur transfert hors d’Ukraine. Il avait demandé à la justice européenne l’annulation de son inscription sur la liste des sanctions. Le tribunal lui a donné raison, estimant que la base de l’accusation portée contre lui (une lettre du 3 mars 2014 du procureur général d’Ukraine) était insuffisante. Les juges luxembourgeois ont estimé que les éventuelles responsabilités de M. Portnov n’étaient pas établies. Le Conseil avait d’ailleurs décidé lui-même de radier l’intéressé de sa liste des sanctions en mars 2015.Décision du Conseil désavouéeUne quinzaine d’autres recours ont été introduits par des responsables ukrainiens – et une dizaine par des Russes – suite aux décisions du Conseil en réponse à la crise ukrainienne et à l’annexion de la Crimée par la Russie. Des sociétés russes réclament également l’annulation des mesures qui les visent.Contraint à la rapidité pour éviter que les personnes concernées anticipent les sanctions qui pourraient les viser, le Conseil est régulièrement désavoué par les juges de Luxembourg. Lesquels déplorent que les sources utilisées soient parfois peu fiables, impossibles à identifier, ou inexistantes.Des décisions du Conseil ont été cassées dans divers autres dossiers liés à la lutte contre le terrorisme ou, récemment, à la Biélorussie. Le tribunal a notamment annulé une décision du Conseil visant le propriétaire et les sociétés détenant le club de football du Dynamo Minsk.Concernant l’Ukraine, les juges de Luxembourg devraient rendre une série de décisions avant la fin de l’année. Elles pourraient être favorables à plusieurs requérants : les premières listes de sanctions ont parfois été décidées sur la base d’informations insuffisamment étayées.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.10.2015 à 14h38 • Mis à jour le27.10.2015 à 15h44 Pedro Passos Coelho, le premier ministre portugais de centre droit, a présenté, mardi 27 octobre, à Anibal Cavaco Silva, le chef de l’Etat, son nouveau gouvernement minoritaire, en reconduisant aux postes-clés les principaux poids lourds de l’exécutif sortant. Ce nouveau gouvernement entrera en fonctions vendredi, selon un communiqué de la présidence de la République.Parmi les seize ministres retenus par M. Passos Coelho, la moitié appartenait déjà au gouvernement précédent, dont le vice-premier ministre, Paulo Portas, la ministre des finances, Maria Luis Albuquerque, et le ministre des affaires étrangères, Rui Machete. Luis Miguel Morais Leitao, ancien secrétaire d’Etat adjoint de Paulo Portas, a été promu ministre de l’économie, en remplacement d’Antonio Pires de Lima.La gauche veut faire tomber le gouvernementLe premier ministre sortant a été reconduit le 22 octobre par Anibal Cavaco Silva. Mais la gauche, majoritaire au Parlement, a annoncé son intention de faire tomber le gouvernement constitué dès la présentation de son programme, qui doit être faite au plus tard dix jours après sa prise de fonctions.Lire aussi :Le président portugais nomme un premier ministre sans majorité« Nous sommes en mesure de former un gouvernement disposant d’un soutien majoritaire au Parlement », avait déclaré Antonio Costa, chef de l’opposition socialiste, appuyé par plusieurs formations de gauche. La gauche a obtenu aux élections législatives au début d’octobre 122 sièges sur 230. Charlotte Bozonnet Négociations en Libye, accord d’Alger au Mali, crise syrienne… En visite à Paris lundi 26 octobre, le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, livre son analyse des crises régionales et du rôle joué par son pays dans ce contexte.Un accord inter-libyen peut-il encore être obtenu ?Ramtane Lamamra Je l’espère. Bernardino Leon, avec le soutien de beaucoup de bonnes volontés dans la région et dans le monde, a travaillé à ce plan, le résultat d’un effort qui s’est étendu sur une année. Ce plan n’est sans doute pas parfait, mais c’est une manière de mettre les Libyens ensemble. C’est ensuite à eux qu’appartient de trouver une solution permettant de faire franchir à leur pays ce cap difficile. Nous avons signé avec une dizaine d’autres parties – pays arabes, européens, Etats-Unis, UE – un communiqué appelant les Libyens à accepter ce projet d’accord. Derrière cet appel, il y a pour tous la claire perception du danger qui réside dans l’absence d’accord.Qu’est-ce qui bloque ?Les égoïsmes, les incertitudes, les frustrations, mais ces sentiments doivent pouvoir laisser la place à un sentiment plus fort : le patriotisme. Sauver la Libye, voilà la boussole qui doit guider les uns et les autres. Je ne veux faire la leçon à personne mais l’heure est grave. Et les Libyens ont cette possibilité de se retrouver pour construire l’avenir.Quel a été le rôle de l’Algérie dans le processus de discussions ?Il a été essentiel. L’Algérie a parlé à toutes les parties à l’exception des groupes terroristes. L’Algérie a une capacité d’écoute et de rassemblement. Des Libyens de toutes régions, de toutes conditions, de toutes obédiences politiques sont venus en Algérie, souvent discrètement, parfois officiellement. L’Algérie ne s’ingère pas dans leurs affaires intérieures, elle veut être partie prenante à la solution. Ce message est compris de toutes les forces libyennes.Si ces négociations n’aboutissent pas…Nous ne voulons pas minimiser les demandes de tel ou tel groupe. Nous disons simplement que toutes les demandes, si légitimes soient-elles, ne peuvent pas être satisfaites dans une période de tensions, d’absence de l’Etat, où le terrorisme et le crime organisé en profitent pour s’enraciner, aux dépens de la stabilité de la Libye, de son voisinage et de la communauté internationale. Même si le mandat de M. Leon devait se terminer sans qu’il y ait un accord définitif, nous souhaitons qu’il n’y ait pas de vide, que l’effort puisse être poursuivi et intensifié, peut-être sous une autre forme mais toujours avec les Nations unies au centre. Nous en avons parlé longuement avec le président Hollande, avec Laurent Fabius, et nous sommes sur la même longueur d’onde.Mali, Libye, Tunisie : de ces trois pays en difficulté, lequel vous inquiète le plus ?La situation libyenne, surtout si l’absence d’accord devait persister. Elle est dangereuse pour le peuple libyen, et pour son voisinage – la Tunisie, l’Egypte, le Soudan, le Tchad, le Niger et l’Algérie. J’aime à dire que l’Algérie est exportateur de paix, de stabilité et de sécurité. Nous faisons des efforts colossaux pour limiter sinon éliminer tout risque terroriste en territoire algérien. Mais la sanctuarisation d’un territoire est quasiment impossible.Et au Mali ?Au Mali, nous avons un accord. La visite d’Etat du président « IBK » à Paris la semaine dernière, la conférence qui a eu lieu à l’OCDE montrent que l’accord commence à porter ses fruits. Evidemment, il y a des défis : une économie criminelle s’est installée dans le nord du Mali, dont les tenants, alliés à des groupes terroristes, feront tout pour que cet accord ne soit pas appliqué. Mais le fait que les parties signataires du nord du Mali qui étaient en confrontation ouverte – la coordination des mouvements de l’Azawad et la plate-forme – soient arrivées [début octobre] à un accord est un progrès important. Ça contribue à créer une atmosphère favorable à la mise en œuvre de l’accord d’Alger.Depuis le début des révolutions arabes en 2011, comment voyez-vous votre rôle dans la région ?Qu’il y ait un besoin de réformes profondes au sein de nombreuses sociétés arabes, cela est une donnée acceptée. Que ce genre de transformations puisse épouser les caractéristiques locales, cela tombe sous le sens. Mais lorsque ces aspirations à la réforme sont instrumentalisées par des forces politiques ayant un agenda particulier, comme la mouvance salafiste, et lorsqu’elles sont mises à profit par des intérêts étrangers, c’est là que les problèmes se posent. La manière dont la situation a été gérée en Libye [en 2011] par la communauté internationale, dont le régime précédent a été abattu, n’a pas favorisé les efforts de ceux, y compris l’Union africaine, qui s’employaient à promouvoir une transition inclusive et pacifique. Cela devrait inspirer la réflexion des uns et des autres au moment où il y a beaucoup de discussions sur la tragédie syrienne. Nous devons éviter de refaire les erreurs du passé.Soutenez-vous l’initiative du président russe, Vladimir Poutine, sur le dossier syrien ?Nous soutenons une transition inclusive et nous souhaitons qu’il y ait une solution politique issue d’un dialogue entre Syriens. Beaucoup de leaders dans le monde se disent aujourd’hui favorables à une solution pacifique en Syrie et nous nous en réjouissons.Estimez-vous que M. Poutine est celui ayant le plus de cartes en main pour pousser cette solution ?Cela semble être le cas.Face aux menaces croissantes, le principe de non-intervention armée de l’Algérie en dehors de ses frontières est-il tenable ?C’est un principe bien établi et respecté par l’Algérie. Cela ne signifie pas que l’Algérie n’a pas d’autres moyens d’action que de déployer des unités militaires de combat à l’extérieur de ses frontières. L’Algérie a un réseau d’amitiés et elle coordonne son action tant au niveau de la diplomatie que de ses services de sécurité.La sécurité nationale de l’Algérie est servie par l’armée nationale populaire, qui est mobilisée au prix d’un effort gigantesque de déploiement tout au long de nos frontières, mais aussi par ses relations suivies avec un certain nombre de pays amis.Vous rappeliez votre opposition à l’intervention étrangère en Libye en 2011. Estimez-vous que votre voix est aujourd’hui davantage écoutée ?J’en suis persuadé. L’Algérie est un pays qui n’a pas seulement vécu le terrorisme mais l’a défait par ses propres moyens. Aujourd’hui, l’Algérie est mieux écoutée et souvent plus suivie.Vous parlez de « terrorisme résiduel » en Algérie, n’est-ce pas sous-estimer la menace ?Nous avons perdu trop de vies humaines pour nous permettre de sous-estimer la menace terroriste. Il fut un temps où beaucoup de personnes sortaient de leur maison le matin sans savoir s’ils y rentreraient. Le terrorisme constituait alors une menace à la sécurité à la sécurité nationale. Il peut aujourd’hui y avoir des incidents terroristes, même graves, mais cela reste limité dans l’espace, dans le temps et dans l’impact que cela peut avoir sur la vie de la nation.Les présidents algérien et français saluent « un partenariat d’exception » entre nos deux pays. Comment se traduit-il sur le plan sécuritaire ?Ce partenariat d’exception est multidimensionnel, bâti sur la qualité du dialogue politique. Jamais nous ne nous sommes autant vus, jamais nous ne nous sommes parlé de façon aussi approfondie. L’économie a sa part. Il y a beaucoup de projets de partenariats qui se mettent en place. Sur le plan sécuritaire, nous avons des contacts fréquents, des visites, du ministre de la défense M. Le Drian, des chefs d’état-major. Des projets de coopération militaire existent dans le domaine de la formation, de l’échange d’expérience. Une commission militaire mixte fonctionne entre les deux pays. C’est un partenariat complet.Lire aussi :A Tripoli, l’impuissance du camp modéréCharlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Beuve-Méry En Tunisie depuis dimanche, les académiciens ont dévoilé à 13 heures à Tunis, mardi 27 octobre, leur troisième et dernière sélection en vue du prix Goncourt 2015, qui sera décerné le 3 novembre chez Drouant.La liste passe de huit à quatre titres concourant pour la plus prestigieuse récompense littéraire de la saison : grosse surprise, 2084, de Boualem Sansal, pourtant parmi les favoris, n’a pas été gardé dans cette ultime sélection établie par les dix membres de l’académie présidée par Bernard Pivot.Les quatre finalistesNathalie Azoulai pour Titus n’aimait pas Bérénice (POL)Mathias Enard pour Boussole (Actes Sud)Hédi Kaddour pour Les Prépondérants (Gallimard)Tobie Nathan pour Ce pays qui te ressemble (Stock)Le 15 septembre, les académiciens avaient annoncé leur volonté de se rendre en Tunisie pour leur troisième délibération. Symboliquement, c’est le musée du Bardo de Tunis, frappé en mars par un attentat qui a fait 22 morts, qui a été choisi par les Goncourt pour dévoiler leur liste finale.« Aujourd’hui, à Tunis, dans un pays qui a été la victime de deux attentats abominables [Bardo et Sousse en juin] en début d’année, nous sommes venus dire : “Tenez-bon, on est avec vous”», a expliqué le président du jury, Bernard Pivot. « Nous allons dans une salle du musée pour voter — c’est un acte démocratique, le vote — et nous annonçons les quatre derniers candidats. (...) Je crois que c’est important, même si c’est symbolique », a-t-il ajouté.Lire aussi :Angot, Enard et Liberati sur la liste du prix GoncourtAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.10.2015 à 13h20 • Mis à jour le27.10.2015 à 14h54 | Benoît Vitkine Parmi les pays d’Europe occidentale, la France s’illustre par une extrême frilosité vis-à-vis de l’accueil des migrants, alors que les arrivées récentes et importantes ne la concernent pas au premier chef. Tel est le principal enseignement d’une vaste enquête menée par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) dans sept pays européens – France, Pays-Bas, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne et Danemark – pour le compte de la Fondation Jean-Jaurès et de la Fondation européenne d’études progressistes, et dont Le Monde publie les résultats.Lire aussi :Plus de 700 000 migrants ont traversé la Méditerranée cette année selon l’ONUL’accueil n’est pas vu comme un « devoir »Les Français sont ainsi les plus nombreux (46 %, autant que les Britanniques) à rejeter l’idée selon laquelle « c’est le devoir de notre pays que d’accueillir des migrants qui fuient la guerre et la misère ». Ils sont 39 % en Espagne, 36 % en Italie et seulement 21 % en Allemagne, pays qui apparaît tout au long de l’étude particulièrement ouvert à l’accueil. Les Français sont aussi 63 % à considérer que « notre pays compte déjà beaucoup d’étrangers ou de personnes d’origine étrangère et accueillir des immigrés supplémentaires n’est pas possible », soit autant que les Italiens et les Néerlandais. À titre de comparaison, 48 % des Espagnols et 33 % des Allemands partagent cette opinion. Lire aussi :« En France, l’extrême droite a réussi à imposer l’idée d’une immigration invasive »Priorité aux contrôles aux frontières plutôt qu’à l’aide au développementUn autre indicateur illustre encore plus fortement cette frilosité française. Les sondés français sont les seuls à préconiser, comme première solution à la crise actuelle, un renforcement des contrôles aux frontières (30 %), alors que dans l’ensemble des pays étudiés, les opinions plébiscitent plutôt « l’aide au développement et à la stabilisation des pays du sud de la Méditerranée afin de fixer les populations sur place ». Cette dernière solution est choisie par seulement 29 % des Français. Les opinions européennes sont en revanche beaucoup plus divisées sur la question d’une répartition des migrants entre les différents pays de l’Union. Cette solution, adoptée à Bruxelles en septembre pour un premier contingent de 160 000 demandeurs d’asile, n’est acceptée que par 48 % des Néerlandais, 46 % des Français et 44 % des Britanniques. De façon guère surprenante, l’Allemagne, premier objectif des réfugiés en Europe, et l’Italie, première porte d’entrée dans l’UE avec la Grèce, plébiscitent cette option à respectivement 79 % et 77 %. Des doutes sur les effets économiquesPour la Fondation Jean-Jaurès, c’est moins un impératif moral qui détermine les positionnements vis-à-vis de l’accueil que des considérations économiques. Tous les pays, hormis l’Allemagne, doutent de leur capacité financière à accueillir les migrants et sont sceptiques sur les bénéfices d’un tel accueil en termes de croissance économique. 78 % des Italiens, 73 % des Français et 64 % des Espagnols estiment que leur pays n’a pas les ressources pour accueillir des migrants, contre 31 % des Allemands.Ceux-ci sont également 55 % à voir dans l’accueil des migrants une « opportunité » pour l’économie, contre 25 % des Français. Un consensus se dégage en revanche au niveau européen sur l’idée d’un risque d’« appel d’air » en cas d’accueil des migrants « en nombre important ». Cette crainte concerne entre 69 % et 80 % des personnes interrogées. Autre inquiétude largement partagée d’un bout à l’autre du continent, entre 64 % (en Allemagne) et 85 % (aux Pays-Bas) des Européens pensent que « parmi les très nombreux migrants qui arrivent actuellement en Europe se trouvent également des terroristes potentiels ». Une opinion allemande qui s’est mise à douterL’Allemagne se distingue par ses positions particulièrement favorables à l’accueil des migrants. Mais le sondage confirme le doute qui envahit peu à peu l’opinion allemande. Lors d’une première enquête, réalisée du 16 au 22 septembre, 79 % d’entre eux étaient favorables à l’accueil de réfugiés en Allemagne. Trois semaines plus tard (du 12 au 14 octobre), dans une deuxième enquête, ils sont un peu moins nombreux : 75 %.Lorsque l’on entre dans le détail, l’évolution est encore plus nette. Fin septembre, 69 % des Allemands jugeaient que leur pays avait les moyens d’accueillir ces réfugiés. 55 % pensaient même que c’est une opportunité à saisir. Mi-octobre, chacun de ces deux indicateurs a perdu dix points.72 % des Allemands souhaitent en septembre que les migrants repartent dans leur pays quand la situation le permettra. Trois semaines plus tard, ils sont 80 % à l’espérer. Et le pourcentage de ceux qui pensent qu’« il y a déjà beaucoup d’étrangers en Allemagne » est passé de 33 % à 44 % entre les deux enquêtes. Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésDe gros clivages droite-gaucheAu-delà des différences nationales, la prégnance, voire la réactivation des clivages traditionnels droite-gauche est l’autre grande conclusion qui s’impose à la lecture des résultats de cette enquête. On observe en moyenne un écart de 30 à 40 points sur la question de l’accueil et de la répartition entre sympathisants de gauche et de droite.En France, les réponses « favorable » atteignent 70 % chez les sympathisants de gauche, contre 29 % chez ceux de droite. L’Allemagne, dirigée par un gouvernement de coalition, se distingue ici encore avec un écart de seulement 18 points. Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.10.2015 à 12h02 • Mis à jour le27.10.2015 à 18h07 Une fuite rocambolesque, nouveau rebondissement dans l’affaire « Air Cocaïne ». Les deux pilotes français, Pascal Fauret et Bruno Odos, condamnés à vingt ans de détention, se sont échappés de République dominicaine et ont rejoint la France ce week-end, dans des circonstances qui restent encore à déterminer.Avec eux, deux autres Français avaient été condamnés le 14 août à la même peine par le tribunal de Saint-Domingue : le passager Nicolas Pisapia et l’apporteur d’affaires Alain Castany, restés en République dominicaine ; et quatre Dominicains à cinq à dix ans de prison.Lire :« Air Cocaïne » : quatre Français condamnés à vingt ans de prisonComment se sont-ils enfuis ?Selon une source proche du dossier contactée par Le Monde, les deux pilotes ont quitté la République dominicaine autour du week-end des 17 et 18 octobre, à bord d’une petite embarcation, avant d’être pris en charge par une plus grande embarcation. Ils ont passé plusieurs jours en mer puis ont gagné les Antilles et ont pris un vol commercial pour la métropole, munis de deux passeports à leur nom.BFM-TV a publié une image présentée comme une preuve de leur fuite en bateau, sur laquelle les deux pilotes figurent en tenue de plage, gilet de sauvetage sur les épaules. Avec eux à bord est présente une personne au visage flouté, téléphone en main.Selon la chaîne, les deux hommes ont « bénéficié du soutien de leurs amis militaires et marins », ce sont eux qui les ont emmenés en bateau vers une île française, avant qu’ils prennent l’avion pour la métropole. Selon une source proche du dossier, des commandos de marines et des agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) seraient impliqués dans cette opération. « Des Dominicains et des agents de l’Etat français ont participé à cette exfiltration, sans avoir reçu de feu vert officiel de leurs Etats respectifs », précise cette source au Monde.Un hélicoptère avait été réservé au nom de l’eurodéputé (Front national) Aymeric Chauprade, pour faire diversion, toujours selon une source proche du dossier. Les deux Français ne sont jamais montés à bord.Les deux pilotes vont-ils être entendus par la justice française ?Me Jean Reinhart a confirmé que ses deux clients, dont l’un réside dans le Rhône et l’autre en Isère, sont auprès de leur famille « dans la région lyonnaise et autour », et assure qu’ils vont s’en remettre à la justice.« Ils ont quitté le territoire d’un pays dont la justice n’existe pas. Ils ne cherchent pas à fuir la justice, d’ailleurs la première chose qui a été faite à leur retour a été d’écrire à la juge d’instruction » chargée de l’enquête française sur cette affaire à Marseille « pour le lui signaler ».« Leur avocat a pris contact avec la juge d’instruction », a confirmé le parquet de Marseille. « Des décisions sont en gestation, je m’exprimerai quand elles seront prises », a ajouté Brice Robin, le procureur de la République de Marseille. Cette affaire fait également l’objet d’une vaste enquête en France, où une dizaine de personnes sont mises en examen, dont les deux pilotes qui ont fui la République dominicaine.Le pilote Pascal Fauret a tenu une conférence mardi après-midi au cabinet du célèbre avocat Me Dupont-Moretti. La République dominicaine a confirmé qu’elle allait demander l’arrestation des pilotes rentrés en France.La France et la République dominicaine ont signé une convention d’extradition en 2000 et une convention de transfèrement de détenus en 2009. Toutefois, la France n’a pas pour habitude d’extrader ses ressortissants en dehors de l’Union européenne.Le Quai d’Orsay assure que la décision des pilotes « est un acte individuel dans lequel l’Etat n’est nullement impliqué ». Un porte-parole précise que les services consulaires sur place continuaient à assister les deux ressortissants qui demeurent en République dominicaine, « dans l’attente de leur procès en appel ».Quel va être le sort réservé aux deux Français encore sur place ?La fuite des pilotes suscite toutefois d’importantes inquiétudes pour l’entourage des deux autres Français arrêtés avec eux et toujours interdits de quitter le territoire dominicain. Joint par i-Télé, Nicolas Pisapia a dit avoir « appris [la fuite] comme tout le monde par la presse et la télé ». « Je me concentre sur l’appel avec mes avocats. Je reste présent en République dominicaine pour combattre. Il est à craindre que les autorités dominicaines décident de m’incarcérer à nouveau. »« Je crains qu’au vu des événements récents les obligations de mon client ne se durcissent jusqu’à un éventuel retour à l’incarcération. Il existe aujourd’hui un risque de vengeance judiciaire de la part du système judiciaire dominicain après le camouflet que lui ont infligé les deux pilotes », a renchéri l’avocat de Nicolas Pisapia. « J’attends donc un soutien diplomatique à l’égard d’un ressortissant français qui se trouve aujourd’hui dans un extrême péril », a-t-il ajouté.Selon Sergio Coronado, député Europe Ecologie-Les Verts, qui suit le dossier de près, Alain Castany a eu un grave accident il y a deux semaines et risque l’amputation. « J’avais essayé d’œuvrer pour qu’il puisse rentrer en France le temps des soins. Cela risque d’être compromis. Je ne vois pas comment, désormais, la justice dominicaine pourra faire preuve de mansuétude. »L’affaire remonte à la nuit du 19 au 20 mars 2013, quand la police dominicaine, renseignée notamment par les Etats-Unis, avait intercepté sur le tarmac de l’aéroport de Punta Cana un Falcon-50 avec vingt-six valises contenant 680 kilogrammes de cocaïne à son bord. Les quatre Français, qui ont effectué quinze mois de détention provisoire dans un quartier de haute sécurité, avaient comparu libres à leur procès. Ils avaient ensuite été remis en liberté dans l’attente de l’examen de leur appel, mais avaient toutefois interdiction de quitter la République dominicaine. Lucie Soullier (avec Adea Guillot et Elisa Perrigueur) Pour connaître l’histoire d’Asma, il aura fallu trois personnes et un téléphone. Asma a 18 ans. Son fils, Zakaria, est né en Syrie il y a à peine deux mois. Ils ont tenté de traverser la mer Egée, depuis une plage turque, mais le bateau pneumatique s’est renversé à quelques mètres de la côte. Elle raconte sa mésaventure en arabe, la bouche collée au téléphone que lui tient son compagnon. Une application installée sur l’appareil permet de traduire sa voix en turc. Ne manque plus qu’à trouver un Turc anglophone pour enfin comprendre son récit. Un exemple parmi des dizaines, témoignant de la difficulté d’accéder aux récits des femmes migrantes.Que pense de son odyssée cette jeune Afghane de 17 ans, croisée à Subotica en Serbie, mariée depuis trois mois et partie sur les routes avec son nouveau mari depuis 50 jours ? Et cette mère Somalienne, sauvée de la mère Egée par les gardes-côtes turcs ? Ou encore cette Erythréenne d’une vingtaine d’années, vivant au milieu de la jungle de Calais ? Pour les journalistes du Monde partis à la rencontre des migrants depuis quelques mois, la question reste souvent sans réponse. Parce que — moins scolarisées dans leur pays d’origine — peu d’entre elles parlent anglais, parce qu’elles ont peur de raconter, et parce que leurs récits passent par un filtre, celui d’une association, d’un mari ou d’un frère. « Les femmes sont plus difficiles à approcher, même pour moi », confie Faustine Douillard, la coordinatrice de France Terre d’asile à Calais.Derrière les blessures des enfantsPour les atteindre et connaître leur histoire, à Izmir, en Turquie, une assistante sociale a trouvé des médiateurs de choix : leurs enfants. Dans le centre de Varyant, un quartier défavorisé de la ville balnéaire turque, Mehtap Alisan organise des ateliers mère-enfant, destinés aux Turques comme aux migrantes, Syriennes la plupart du temps. Arrivée d’Alep il y a deux ans, Jumen y vient avec plaisir, pour « apprendre le turc, et moins s’ennuyer à la maison », explique-t-elle en regardant son fils fabriquer une chenille en papier. Ici, les maris trop pris par leur travail ne passent que rarement. Et l’environnement féminin délie les langues. Le lieu ne propose pas de cours de turc à proprement parler, mais un mélange des cultures qui permet de socialiser. « Comment on dit ‘regardez-moi’[en arabe] ? » Même Mme Alisan apprend quelques rudiments d’arabe au contact des souvent très jeunes mamans.Quelques rues plus loin, l’ASAM (Association de solidarité avec les demandeurs d’asile et les migrants) donne des conseils juridiques et médicaux aux réfugiés. Là encore, les enfants sont une fenêtre pour approcher les femmes. « Elles viennent souvent parce qu’elles sont inquiètes pour leurs enfants, précise la psychologue, Şule Üzümcü. Parce qu’ils crient la nuit ou qu’ils font pipi au lit alors qu’ils ont passé l’âge. » Et en creusant, la psychologue découvre les blessures des mères. La guerre, évidemment. Six mois après avoir quitté Alep, Kadriye raconte qu’elle courbe encore l’échine lorsqu’elle entend passer un avion. Mais aussi les violences subies sur la route. Mme Üzümcü a entendu « mille histoires ici. Mais après, on fait ce qu’elles veulent. Si elles veulent porter plainte, on les emmène. Sinon ça reste entre nous. » Secret professionnel.Cette approche fonctionne avec les migrantes qui s’installent quelque temps en Turquie. Pas pour les Syriennes de Basmane, le quartier d’Izmir où se regroupent les candidats à la traversée vers la Grèce. Sur ce carrefour, elles restent à peine quelques jours, le temps de trouver un passeur et de prendre la mer. Ces femmes n’ont pas de contact avec les travailleurs sociaux du quartier.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiésAccoucher sur la route« Ici, les femmes viennent surtout lorsqu’elles sont enceintes, » explique Sibel Yilmaz Sagliner, assistante sociale. Et il faut batailler pour qu’elles puissent accéder à des soins médicaux, même si la Turquie les prend mieux en charge. Il y a deux ans, les réfugiés n’avaient aucune couverture de santé, l’assistante sociale les amenait donc elle-même chez les médecins qui acceptaient de les soigner gratuitement. Elle avait dressé une liste des bons samaritains. Désormais, les réfugiés enregistrés peuvent aller à la maternité gratuitement. « Mais les médicaments sont chers », soupire Hanen, une Syrienne installée en Turquie depuis un an. Et l’accès aux hôpitaux n’est pas le même dans tous les pays traversés.Or, de la Turquie à Calais, les femmes enceintes ou serrant de très jeunes enfants, nés pendant le voyage, sont de plus en plus nombreuses sur les routes migratoires. Une impression que viennent confirmer les chiffres de Christophe Boulierac, porte-parole de l’Unicef : parmi les 3 000 migrants qui transitaient chaque jour par la Macédoine début septembre, un tiers était des femmes et des enfants. Contre 10 % en juin. « Autre détail important, mais ce n’est pas un détail, ajoute M. Boulierac, environ 12 % des femmes sont enceintes. »Une augmentation qui a également frappé Alexandra Krause de la branche de Skopje de l’UNHCR, à la frontière macédonienne. « Probablement parce qu’elles savent que la frontière est ouverte [la Macédoine a fermé puis réouvert sa frontière entre le 21 et 23 août, médiatisant ainsi son ouverture] et qu’il est possible de prendre le train assez rapidement. » Alors qu’auparavant, les hommes partaient souvent en premier, rejoints par femmes et enfants lorsqu’ils étaient installés, le voyage se fait désormais en famille. Notamment dans la communauté syrienne. A Calais, Faustine Douillard de France Terre d’Asile avoue même moins s’inquiéter pour une Syrienne arrivant seule que pour d’autres nationalités. « On sait que la communauté syrienne, plus nombreuse, va jouer un rôle protecteur. Les Erythréennes, elles, sont souvent plus isolées. »Viols et violencesPour celles qui avancent seules sur la route, tout est plus risqué. Pour assurer leur sécurité, certaines se regroupent, souvent par région d’origine. D’autres se mettent sous la protection d’un homme, plus ou moins bienveillant. A Athènes, une jeune Afghane de 19 ans racontait ainsi avoir acheté sa protection en épousant sur la route le chef du groupe afghan qui les encadrait. L’union avec cet homme de 50 ans, lui-même déjà marié deux fois, avait arrêté les tentatives de viols par ses camarades de marche, des paysans afghans ultra-conservateurs.Comme les hommes, les femmes font face à la violence des autres migrants, des passeurs… Voire des autorités. Mais, outre les coups et les humiliations, des témoins racontent ce qu’un rapport de Human Rights Watch (HRW), publié le 21 septembre, nomme des « gender specific violences », des violences spécifiques envers les femmes. Soit des agressions sexuelles, allant du harcèlement au viol.Une mère de famille syrienne rencontrée à son arrivée en France nous a ainsi confié ainsi avoir été témoin de viols de jeunes filles à l’intérieur du camp de Gazi Baba, en Macédoine. Avec force détails, elle a porté de graves accusations contre la police macédonienne qui selon elle réclamait des faveurs sexuelles contre de l’eau ou du pain. Un témoignage recoupé par une jeune femme du même groupe, qui raconte avoir été harcelée puis épargnée en prétendant être enceinte et déjà mariée.Ces témoignages sont corroborés par le rapport de Human Rights Watch, qui dénonce les violences policières envers les migrants en Macédoine :« Un ancien gardien a dit qu’au moins deux policiers du centre de détention [de Gazi Baba] s’étaient vantés d’avoir eu des relations sexuelles avec des détenues.« Ils m’ont dit ‘Si tu veux le faire, on peut arranger ça pour toi’. Ils ne se cachaient pas. Ils en étaient même fiers. »Extrait du rapport de Human Right WatchLire aussi :La Macédoine, nouveau purgatoire des migrants« Aucun moyen de les protéger »Depuis juillet, le camp-prison de Gazi Baba – aux conditions d’accueil « inhumaines et dégradantes » selon Amnesty international – a été fermé et vidé pour quelques mois, le temps d’être rénové. Quant aux accusations de violences par la police macédonienne, « aucune plainte n’a été déposée devant l’unité de contrôle interne au camp, ni devant le procureur général, la Croix rouge ou toute autre organisation internationale qui était en contact avec les personnes placées à Gazi Baba », a déclaré le porte-parole du ministère de l’intérieur, Ivo Kotevski. Dans une lettre publiée en réponse au rapport de HRW, le ministère ajoute que dans les 12 derniers mois de fonctionnement du camp, des mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre de cinq policiers au total. L’un d’eux a été suspendu de son poste. Le ministère a également appelé HRW à lui transmettre tous les témoignages incriminant ses forces de police, afin de mener les investigations nécessaires.Reste qu’il n’est pas toujours simple pour les migrantes de raconter les violences qu’elles endurent avant de se sentir à l’abri, protégées par un toit et des papiers. A Calais, environ 200 femmes trouvent refuge chaque nuit dans le centre Jules Ferry. Mais d’autres, aussi nombreuses, sont refusées par manque de place. « L’Etat a annoncé un renforcement de la capacité d’hébergement, mais c’est long à se mettre en place », s’impatiente Vincent de Coninck, du Secours catholique calaisien.Chaque nuit – à la fermeture des portes du centre Jules Ferry, ouvert également aux hommes la journée – près de 200 migrantes doivent donc se faire une place au milieu des 4 000 hommes du bidonville. Entre les soupçons de prostitution et les violences qu’elle observe, Faustine Douillard de France Terre d’Asile se sent impuissante. « On peut leur dire de porter plainte, mais on n’a aucun moyen de les protéger ensuite. »Pour Vincent de Coninck, « ces femmes sont tout bonnement laissées en danger. » Abandonnées au milieu de la jungle. Comme cette jeune Eyrthréenne de 25 ans, dont des soignants racontaient l’histoire dans une tribune publiée le 7 octobre sur LeMonde.fr :« Elle avait passé la nuit dehors et paniquait à l’idée d’en passer une seconde, car des hommes avaient voulu l’emmener de force dans leur tente. Nous avons appelé le centre Jules-Ferry. Qui l’a inscrite en position 56 sur la liste d’attente. Nous nous sommes vus lui donner un duvet et lui trouver un petit coin dans la tente d’une autre Erythréenne. Le lendemain, on l’a trouvée en pleurs. On saura seulement que le mari de l’autre femme était revenu ivre dans la nuit. Elle gardera pour elle les détails. Et nous notre honte de ne pas l’avoir mise à l’abri. »Lire aussi :Dans la « jungle » de Calais : « Médicalement, ce que nous avons vu est inacceptable »Or, la seule solution pour les protéger, insiste Faustine Douillard, est justement là : la mise à l’abri. Et surtout, il faut « arrêter de laisser se développer des camps bidonvilles qui laissent la mainmise aux passeurs et aux trafics en tous genres ».Une option qui ne semble pas être celle prise par les autorités. La préfecture du Pas-de-Calais a en effet annoncé fin août que les femmes ne pourront désormais pas rester plus de trois mois dans le centre, sauf si elles demandent l’asile en France. Un « chantage à l’asile » que le délégué du Secours catholique juge dangereux : « On les pousse à prendre des risques pour passer en moins de trois mois, alors que traverser la frontière est de plus en plus difficile. » Et pour celles qui ne veulent pas rester en France mais ne parviennent pas à atteindre l’Angleterre en moins de trois mois ? M. de Coninck donne rendez-vous fin novembre pour connaître la réponse. « On verra s’ils les mettent dehors. »Lucie Soullier (avec Adea Guillot et Elisa Perrigueur)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Bastien Bonnefous (Amman (Jordanie), envoyé spécial) Le bébé dort dans les bras de sa mère. A ses côtés, sa grande sœur joue avec son serre-tête sous le regard du père. Cette famille syrienne patiente depuis plus d’une heure, comme des dizaines d’autres, dans la salle d’accueil du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), situé dans les quartiers nord d’Amman, en Jordanie. Ils attendent que leur numéro d’appel inscrit sur un bout de papier, clignote sur un des panneaux installés au-dessus des guichets individuels. Dans un coin de la grande pièce, on aperçoit une petite aire de jeux où des enfants jouent avec des legos, où d’autres dessinent avec des feutres sur de grandes feuilles blanches.Tous les matins, du dimanche au jeudi, des centaines de réfugiés syriens se pressent devant cette ancienne école reconvertie depuis juillet 2013 en centre d’enregistrement. La Jordanie et ses 6 millions d’habitants accueillent plus d’un million de réfugiés sur son sol, dans leur grande majorité d’Irak et de Syrie. Un afflux qui pose de nombreux problèmes au pays, notamment en matière d’accès à l’emploi, au logement et à l’éducation. On est ici à moins de 200 km de Damas et en moyenne, près de 1 500 personnes se présentent chaque jour pour se faire recenser dans ce centre du HCR.« Je suis le premier ministre de la France »Pour la plupart, ce sont des familles qui ont fui la guerre dans leur pays. Comme celle du bébé et de la fillette au serre-tête, qui a quitté son village près de Homs il y a deux ans. Leurs parents sont là ce matin pour faire enregistrer leur nouveau-né. Accompagné du directeur du centre et entouré par les caméras, Manuel Valls se penche vers eux en arrivant. « Bonjour, je suis le premier ministre de la France », leur dit-il.Le chef du gouvernement, en Jordanie depuis dimanche, est venu visiter ce centre du HCR à l’occasion de sa tournée dans le Moyen-Orient, pour voir la situation sur le terrain, mais aussi pour envoyer un message à l’opinion publique française. « Si nous ne voulons pas que les réfugiés affluent vers l’Europe, il faut aider des centres d’accueil comme celui-ci en Jordanie, mais aussi au Liban ou en Turquie », explique-t-il. Pendant près d’une heure, Manuel Valls va circuler parmi la cinquantaine de box en préfabriqué installés dans les différents bâtiments de l’ancienne école, et où sont reçus les réfugiés pour un entretien individuel.Dans l’un d’entre eux, il fait la connaissance d’une autre famille : le père, la mère et leurs quatre enfants, trois petits garçons et une fillette. Tous les six sont assis contre le mur. L’un des garçons arbore sur sa tête une petite crête de cheveux sculptée par le gel, la coiffure à la mode parmi tous les footballeurs du monde. Ils sont arrivés en Jordanie en 2011, peu après le début de la guerre syrienne. « Ça va à l’école les enfants ? leur demande Manuel Valls. Vous avez de beaux sourires, vous êtes le plus bel avenir possible, travaillez bien à l’école. » « Ils sont tout pour nous, on est parti pour eux », lui répond en arabe leur mère. « Madame, monsieur, sachez que la communauté internationale et la Jordanie font tout leur possible pour que la guerre s’arrête », ajoute le premier ministre. « Que Dieu vous entende… », lâche le père d’une voix fatiguée.Bastien Bonnefous (Amman (Jordanie), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante) et Paulo A. Paranagua La présidente brésilienne Dilma Rousseff le qualifie de « coup d’Etat démocratique ». Un paradoxe pour désigner la procédure d’« impeachment », ou mise en accusation, procédure pourtant prévue par la Constitution brésilienne, qui conduirait à l’éloigner du pouvoir. Huée par la rue après avoir été réélue en octobre 2014 avec 51,5 % des voix, la survie politique de Dilma Rousseff semble, de fait, chaque jour plus précaire. Piètre oratrice, mauvaise tacticienne, gestionnaire contestée, celle qui fut victime de tortures sous la dictature militaire (1964-1985) a perdu le soutien de l’aile gauche de sa formation, le Parti des travailleurs (PT, gauche) depuis la mise en place d’une politique de rigueur.Son impopularité record et le scandale de corruption qui secoue la coalition gouvernementale désignent Dilma Rousseff comme une candidate à l’impeachment, même si elle n’est pas personnellement impliquée dans les malversations. Le Brésil est déjà passé par là en 1992, écartant de la présidence Fernando Collor, convaincu, lui, de corruption.Pourtant, si le processus de destitution de Dilma Rousseff, évoqué chaque jour par la presse, pourrait commencer le mardi 13 octobre, lors de l’examen d’une demande d’impeachment par le président de la Chambre des députés, la question est trop complexe pour être expédiée.Une faute avérée. Chaque citoyen brésilien peut déposer auprès de la Chambre des députés une demande d’impeachment. Mais, pour que celle-ci ait une chance d’aboutir, il faut qu’elle témoigne d’un délit dont se serait rendu coupable le chef d’Etat. A ce jour, Dilma Rousseff est suspectée d’irrégularités sur la présentation de son budget 2014.Un an avant l’élection présidentielle, elle a eu recours à une acrobatie financière appelée « dribble fiscal » consistant à faire financer des dépenses sociales par des banques afin de décaler dans le temps les débits inscrits sur les comptes publics.La Cour des comptes a jugé le procédé contraire à la loi. Mme Rousseff n’est pas la seule à avoir eu recours à ce maquillage, mais ses prédécesseurs se seraient montrés plus mesurés. Cette faute peut-elle suffire à la faire tomber ? Les avocats se penchent sur la question.Le lancement de la procédure. C’est sur le bureau d’Eduardo Cunha, président de la Chambre des députés, que sont déposées toutes les demandes de destitution. A lui de les examiner avant de les rejeter, de les juger recevables… ou de les laisser traîner. M. Cunha, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), principal allié du PT au sein de la coalition gouvernementale, a reçu près d’une vingtaine de demandes et en a classé sans suite plus d’une dizaine.S’il a procédé ainsi, ce n’est pas pour protéger Dilma Rousseff, qu’il désigne comme son ennemie, mais pour préserver sa propre carrière. Accusé d’avoir participé au réseau de corruption de Petrobras et des entreprises du bâtiment et travaux publics (BTP), l’homme est au plus mal depuis la transmission par la justice suisse de données concernant des comptes secrets dont lui et sa femme auraient été bénéficiaires.Jusqu’ici, malgré les révélations de plus en plus précises, M. Cunha refuse de démissionner. Ainsi, lancer ou non une procédure d’impeachment est vu par certains analystes comme une monnaie d’échange qu’il utiliserait vis-à-vis du gouvernement en suggérant « attention ou je fais un malheur ».Mardi 13 octobre, le président de la Chambre basse devait examiner une demande d’impeachment hautement symbolique : celle formulée par Helio Bicudo, éminent juriste qui fut parmi les fondateurs du PT. Si la demande était rejetée par M. Cunha, cela laisse aux députés la possibilité de faire appel de cette décision. A condition de trouver une majorité simple d’élus présents dans l’hémicycle, la procédure de destitution serait enclenchée.Des mois d’attente. Une fois avalisée par le président de la Chambre (ou suite au recours de la part de députés sur une requête repoussée), la demande d’impeachment fait l’objet d’un long parcours de plusieurs mois sans garantie de succès. Il est d’abord nécessaire qu’une majorité des deux tiers des députés (342) approuvent la demande.Pour atteindre ce score, il faudrait que la faute ou la pression de la rue soit assez forte pour pousser les derniers élus fidèles à Dilma Rousseff à lâcher la chef de l’Etat. Ces conditions sont-elles réunies ? Sans doute pas.Une fois la procédure lancée, une commission d’enquête est mise en place. Celle-ci doit se prononcer sur la pertinence des accusations. Pendant qu’elle enquête, la présidente est suspendue pendant cent quatre-vingts jours, remplacée par son vice-président, Michel Temer (PMDB).Si la commission estime que la présidente s’est rendue coupable d’une faute grave, elle soumet un réquisitoire au Sénat qui, sous l’autorité de la Cour suprême, sera juge. En cas de condamnation par plus de 54 sénateurs, la présidente est destituée et inéligible pour huit ans, remplacée par son vice-président.Un vice-président lui aussi inquiété. Le suppléant de Mme Rousseff en cas d’impeachment, Michel Temer, est une alternative bancale. Ce dernier est lui aussi menacé par une procédure qui pourrait l’éloigner du pouvoir. Le Tribunal supérieur électoral mène une enquête visant à scruter la régularité du financement de la dernière campagne présidentielle suspectant d’y dénicher, ici ou là, l’argent des malversations à Petrobras.Toutefois, en cas d’infraction, Dilma Rousseff emmènerait dans sa chute son coéquipier Temer, obligeant à convoquer de nouvelles élections. L’hypothèse d’une mise en cause conjointe des deux têtes de l’exécutif aurait l’inconvénient de porter au pouvoir le suivant dans la ligne de succession, qui n’est personne d’autre que le sulfureux et imprévisible président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha.Ce dernier devrait convoquer une nouvelle élection présidentielle dans un délai de trois mois. Le vainqueur du scrutin compléterait le mandat de Dilma Rousseff et aurait le droit de se représenter.L’inconnue d’une élection anticipée. En pleine récession, le scrutin pourrait précipiter un chaos encore plus inextricable. La candidature de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, dont le capital électoral n’a pas disparu, pourrait sauver la mise du PT, ce qui n’arrange pas l’opposition. D’autant que les ambitions présidentielles divisent les opposants.Au Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, opposition), le leadership d’Aecio Neves, candidat malheureux en 2014, est disputé par Geraldo Alckmin, gouverneur du puissant Etat de Sao Paulo. L’écologiste Marina Silva, qui avait remporté 22 millions de voix au premier tour, vient d’obtenir la reconnaissance légale de sa formation, le Réseau durabilité. Sans oublier le PMDB, le parti qui dispose du plus grand nombre d’élus à travers le pays, qui pourrait lancer une candidature indépendante.En somme, une élection avant la date prévue, 2018, pourrait aboutir à l’inverse du but recherché par les opposants, avec un PT requinqué par le retour de Lula, dont le charisme auprès de l’électorat populaire n’a pas d’égal.Une lente saignée. Si l’impeachment est long et compliqué et une élection anticipée imprévisible, qu’est-ce qui reste ? Soit une crise prolongée, pour faire « saigner » Dilma Rousseff, le PT et Lula jusqu’en 2018 et éviter ainsi la victoire de ce dernier, soit une pression maximale, pour pousser la présidente à la démission au profit du vice-président Michel Temer. Jeter l’éponge ne fait pas partie du caractère de Mme Rousseff.Cela suppose en tout cas une modification du rapport de forces politiques et l’émergence d’une nouvelle majorité présidentielle. En d’autres termes, un basculement en bloc du PMDB vers l’opposition, au-delà de la fronde du « bas clergé », un renversement d’alliances et sans doute un accord avec le PSDB pour restaurer la gouvernance.Pour l’instant, le PMDB et le PSDB sont partagés. Le PMDB hésite entre les prébendes actuelles et les bénéfices éventuels d’un retournement. Le PSDB est divisé sur le coût politique et institutionnel de l’opération. Et personne n’est pressé de prendre le gouvernail alors que la crise économique s’aggrave.La boîte à surprises des affaires. Les scénarios politiques sont suspendus à l’épée de Damoclès d’un petit juge de province, Sergio Moro, nouveau héros des Brésiliens, qui mène l’enquête sur le scandale Petrobras-BTP. Tous les partis politiques ont peur d’être éclaboussés, aussi bien la coalition gouvernementale que l’opposition.Le rythme des inculpations et révélations est imprévisible. Outre les comptes d’Eduardo Cunha, les autorités suisses auraient transmis à la justice brésilienne les informations concernant une centaine de comptes bancaires liés à l’investigation en cours. De quoi priver de sommeil les mauvaises consciences de Brasilia… et ravir les amateurs de feuilletons.Paulo A. ParanaguaJournaliste au MondeClaire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Paul Benkimoun Un an et demi après que le premier cas d’Ebola a été détecté en Guinée en mars 2014, l’épidémie d’une ampleur sans précédent, qui a ravagé trois pays d’Afrique de l’Ouest, n’a jamais été aussi près de s’achever. Il est encore trop tôt pour l’affirmer, car il faut attendre le délai de quarante-deux jours (deux fois la durée maximale d’incubation) sans nouveau cas pour le déclarer. Mais l’annonce, mercredi 7 octobre, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qu’« aucun cas confirmé de maladie à virus Ebola n’a été notifié au cours de la semaine se terminant le 4 octobre » attise l’espoir.Le sujet reste néanmoins à l’agenda des dirigeants politiques. Lundi 12 octobre, la Commission européenne et la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne organisent, pendant trois jours, une conférence pour analyser l’impact de l’épidémie d’Ebola sur la sécurité sanitaire européenne et améliorer la réponse des Etats membres aux situations d’urgence.Où en est la progression de l’épidémie ?C’est la première fois qu’une semaine s’écoule sans aucun nouveau cas confirmé d’Ebola, depuis que l’épidémie a officiellement été constatée en mars 2014 – le premier cas, celui du « patient zéro », remontant à décembre 2013. Les derniers cas recensés sont survenus en Guinée : deux dans la préfecture de Conakry dans la semaine du 14 au 20 septembre, et quatre dans celle de Forecariah, les 26 et 27 septembre.Au total, selon le dernier bilan de l’OMS, 28 421 cas (confirmés, probables ou suspectés) ont été signalés pour les trois pays les plus affectés : Guinée (3 804 cas), Liberia (10 672 cas) et Sierra Leone (13 945 cas). Ils ont entraîné 11 297 décès : 2 534 morts en Guinée, 4 808 morts au Liberia et 3 955 en Sierra Leone. Trente-six autres cas, dont quinze mortels, sont survenus dans sept autres pays : Espagne, Etats-Unis, Italie, Mali, Nigeria, Royaume-Uni et Sénégal. Parmi les personnes touchées par l’épidémie, 881 membres du personnel soignant ont été infectés en Guinée, Liberia et Sierra Leone et 513 ont succombé à Ebola.L’OMS précise qu’en Guinée 509 personnes ayant été en contact avec un individu infecté au cours des vingt et un jours écoulés (ce qui correspond à la durée maximale d’incubation de la maladie) continuent d’être suivies afin de savoir si le virus leur a été transmis. De plus, 290 autres personnes en contact avec un malade ont été identifiées mais n’ont pu être retrouvées. En Sierra Leone, la semaine qui s’est achevée le 4 octobre était la troisième consécutive au cours de laquelle aucun cas n’a été notifié. Toutes les personnes en contact avec un malade ont terminé leur période d’observation de vingt et un jours, mais deux contacts à haut risque n’ont pu être retrouvés. Enfin, le Liberia a été déclaré débarrassé de la transmission du virus Ebola le 3 septembre, à l’issue d’une période de quarante-deux jours sans cas. Néanmoins, des tests sanguins sont réalisés à travers le pays afin de détecter une éventuelle circulation du virus.Lire aussi :L’OMS annonce la disparition du virus Ebola au LiberiaL’existence, en Guinée, surtout, mais aussi en Sierra Leone, de personnes ayant récemment été en contact avec une chaîne de transmission active d’Ebola, mais qui ont échappé à la surveillance, fait dire à l’OMS qu’il « persiste un risque à court terme de futurs cas ».Que deviennent les survivants d’Ebola ?La Guinée compte 1 261 survivants de l’épidémie. La coordination nationale de lutte contre la maladie a tenu un atelier du 5 au 7 octobre à Kindia afin de répondre à cet enjeu, notamment la stigmatisation dont ils ont été victimes et leurs besoins, aussi bien psychologiques que socio-économiques.La Sierra Leone, elle, compte plus de 4 000 survivants, dont un peu moins de 1 600 enfants. Un programme spécifique a été mis en place par le gouvernement afin de leur apporter à la fois le soutien sanitaire et psychosocial ainsi que des moyens d’existence.Au Liberia, les survivants sont environ 1 200. Ils font l’objet d’une approche dite « intégrée », développée en partenariat avec la Croix-Rouge, Médecins sans frontières (MSF), Médecins du monde, l’Unicef et d’autres organisations. Quatre établissements hospitaliers de Monrovia et du comté de Bomi (au nord de la capitale) consacrent une aile aux soins pour les survivants.Le cas de réactivation du virus chez une infirmière britannique est-il préoccupant ?Ce cas n’est pas encore élucidé et soulève des questions. Pauline Cafferkey, une infirmière écossaise qui avait contracté le virus Ebola fin décembre 2014, alors qu’elle travaillait en Sierra Leone avec l’ONG Save the children, avait pu guérir de la maladie après un mois d’hospitalisation au Royal Free Hospital à Londres, centre de référence pour Ebola. Elle avait repris son activité à Glasgow.Lire aussi :Réactivation du virus Ebola chez une infirmière britanniqueDans la soirée de mardi 6 octobre, elle s’est présentée aux urgences de l’hôpital universitaire Queen Elizabeth de Glasgow, car elle ne se sentait pas bien et y a été admise dans l’unité des maladies infectieuses parce qu’elle présentait des signes d’infection généralisée. Le lendemain, un examen par PCR (amplification génique) se révélait positif pour le virus Ebola. Les examens pratiqués pour rechercher des bactéries ont été négatifs. Vendredi 9 octobre, présentant des signes de défaillance de différents organes, elle a été transférée au Royal Free Hospital de Londres en raison de ce qui pouvait être une complication tardive inhabituelle de l’infection contractée en Sierra Leone. Elle y est toujours hospitalisée.Les autorités sanitaires britanniques estiment que le risque que l’infirmière ait infecté une autre personne est très faible. La phase contagieuse est en effet celle où les personnes présentent des signes cliniques de la maladie, et la transmission du virus se produit par le biais des fluides corporels et non lors d’un contact furtif. Par précaution, elles ont néanmoins entrepris d’identifier et de surveiller les quelques personnes qui avaient été en contact proche avec l’infirmière.L’hypothèse envisagée est celle d’une persistance du virus Ebola dans l’organisme de la soignante et d’une réactivation pour des raisons inconnues (éventuellement une banale infection virale respiratoire, comme il en existe en automne), mais elle n’est pas encore démontrée. Cette éventualité est à rapprocher d’un cas de persistance du virus six mois après la guérison chez un homme au Liberia et de quelques décès mal expliqués chez des personnes ayant initialement survécu à Ebola.Les essais vaccinaux se poursuivent-ils ?L’essai « Ebola ça suffit ! » a été lancé en Guinée le 23 mars, sous l’égide de l’OMS. Il utilise le vaccin rVSV-ZEBOV développé par Merck, le Wellcome Trust et les gouvernements norvégien et canadien, en collaboration avec MSF et la London School of Hygiene and Tropical Medicine. Il reprend la stratégie de vaccination « en ceinture » de l’entourage chaque fois qu’un cas est détecté, qui avait été mise en œuvre avec succès contre la variole. Dans un premier temps, les volontaires ont reçu le vaccin rVSV-ZEBOV soit immédiatement, soit après un délai de dix jours (durée moyenne d’incubation).Au mois de juillet, les premiers résultats sur plus de 7 000 participants ont montré une différence significative : pas de cas chez les personnes vaccinées immédiatement, et seize cas chez celles ayant eu une vaccination différée. De plus, l’efficacité globale du vaccin parmi le groupe de population vivant autour des cas infectés, mêlant personnes vaccinées ou non, éligibles à la vaccination ou non, a été de 76 %. Depuis, les responsables de l’essai ont pratiqué la vaccination sans délai, jusqu’aux derniers cas enregistrés fin septembre. L’essai a également été étendu à la Sierra Leone.Lire aussi :Ebola : résultats encourageants pour un vaccinTrès peu de données sont disponibles à ce jour sur les deux autres vaccins expérimentaux, celui du laboratoire GSK et celui de Johnson & Johnson. S’il ne sera pas possible de poursuivre un essai évaluant la protection contre Ebola une fois qu’il n’y aura plus de cas, il est en revanche prévu de mener un essai comparant la réponse immunitaire, ainsi que sa durée, induite par chacun des trois vaccins, ce qui n’a pas été réalisé jusque-là.Les leçons de l’épidémie ont-elles été tirées ?Les retards de l’OMS, et notamment le fait qu’elle n’ait déclaré que le 8 août 2014 qu’il s’agissait d’une « urgence de santé publique de portée internationale », ont conduit à une critique en règle et à un réexamen des procédures de déclenchement des alertes sanitaires.L’OMS a également décidé la mise sur pied d’une force d’intervention internationale. Elle s’est également attelée à aider les pays les plus menacés par une prochaine épidémie – en raison de leur proximité géographique, de l’ampleur des échanges commerciaux et des mouvements de population – à renforcer leur système de santé et leurs capacités de riposte. L’avenir dira si toutes les leçons ont été tirées, y compris celle de l’importance de la mobilisation internationale, en particulier sur le plan financier.Paul BenkimounJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 08h34 • Mis à jour le12.10.2015 à 09h26 Le président américain Barack Obama ne pense pas que Donald Trump, aujourd’hui en tête dans les sondages dans le camp républicain, lui succédera en janvier 2017 à la Maison Blanche. « Je laisse aux parieurs le soin de le dire. Je ne pense pas qu’il sera président des Etats-Unis », estime M. Obama dans un entretien diffusé dimanche dans l’émission « 60 Minutes » sur CBS.Interrogé sur le magnat de l’immobilier, Barack Obama précise :« Il sait comment attirer l’attention. Il est le personnage typique de télé-réalité […]. A ce stade encore très peu avancé de la campagne, ce n’est pas surprenant qu’il fasse l’objet de beaucoup d’attention. […] Je pense qu’il exploite quelque chose de réel au sein du parti républicain : il y a un véritable sentiment anti-immigrants chez une part importante des républicains qui votent à la primaire. »Le président démocrate a dénoncé à de nombreuses reprises ces dernières semaines, sans toutefois le nommer, les propos du milliardaire républicain sur ce thème. « Diriger ne consiste pas à souffler sur les flammes de l’intolérance puis à prendre un air surpris lorsqu’un feu se déclare », a-t-il lancé cette semaine.Lire aussi :Ces Américains qui s’enflamment pour Donald TrumpBilan de ses deux mandatsM. Obama, qui a été élu en 2008 puis réélu en 2012, regrette-t-il de ne pouvoir briguer un troisième mandat ? « Je pense que c’est sain et que c’est très bon pour notre démocratie », répond-il, jugeant qu’il est salutaire d’avoir « une nouvelle perspective, de nouvelles idées, et un autre type de discussion avec le peuple américain ».Evoquant les quinze mois qui le séparent de son départ de la Maison Blanche, M. Obama parle d’un sentiment « doux-amer ». « Je suis très fier de ce que nous avons accompli et j’aimerais bien pouvoir faire plus. Mais quand arrivera la fin de mon mandat, je pense que ce sera le bon moment pour moi de partir. »Enfin, interrogé sur l’hypothèse imaginaire d’une troisième candidature (le 22e amendement de la Constitution des Etats-Unis fixe à deux la limite du nombre de mandats que peut exercer le président des Etats-Unis), s’il avait la possibilité de se présenter et d’entrer dans la course à la Maison Blanche, Barack Obama pense qu’il serait réélu. 12.10.2015 à 00h20 • Mis à jour le12.10.2015 à 16h51 Cinq membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), un contractant civil Français, deux soldats britanniques et deux soldats américains, sont morts dimanche 11 octobre dans le crash accidentel d’un hélicoptère à Kaboul, en Afghanistan. Selon le communiqué de la coalition, cinq personnes ont également été blessées.L’hélicoptère britannique s’est écrasé lors de son atterrissage à Kaboul, au quartier général de la coalition de l’OTAN, qui offre un soutien aérien à l’armée afghane. « Une enquête a été ouverte mais nous pouvons confirmer qu’il s’agit d’un accident et non du résultat d’une attaque d’insurgés », a souligné le ministère de la défense britannique.456 militaires tués depuis 2001L’OTAN ne dispose plus de forces armées au sol en Afghanistan, elle s’y cantonne depuis la fin de sa mission à des opérations de soutien et de formation. Elle dirige cependant la coalition aérienne à l’origine de la contre-offensive visant les talibans dans le pays.Ces morts portent à 456 le nombre des personnels militaires britanniques tués en Afghanistan depuis que la Grande-Bretagne s’est associée à l’invasion de l’Afghanistan menée par les Etats-Unis en octobre 2001. Dimanche, un convoi britannique a par ailleurs été attaqué dans le centre de Kaboul, blessant trois civils afghans mais sans faire de victime britannique. Benoît Vitkine (Minsk, Biélorussie, envoyé spécial) La présidente du bureau de vote numéro 74 de la ville de Tchist baisse la voix comme si elle confiait un grave secret : « Ici, on vote beaucoup pour Alexandre Loukachenko. » Pour Ianina Ivanovna Matiouchonok, 67 ans, ancienne enseignante, rien d’étonnant à cela : Tchist, 6 200 habitants, plantée dans la campagne à une cinquantaine de kilomètres de Minsk, n’est rien de moins à ses yeux qu’une « petite Suisse ».A en croire le résultat du scrutin, diffusé dans la nuit de dimanche 11 à lundi 12 octobre, c’est toute la Biélorussie qui a voté massivement pour Alexandre Loukachenko, réélu pour un cinquième mandat à la tête de l’Etat avec 83,49 % des voix, contre sa principale opposante, Tatiana Korotkevitch, qui a obtenu 4,42 % des voix. La participation a été également extrêmement élevée, atteignant près de 87 %, selon la commission électorale centrale, citant des résultats préliminaires qui doivent encore être confirmés. Ces chiffres sont sujets à caution. Depuis que M. Loukachenko a pris le pouvoir, il y a vingt et un ans, tous les scrutins organisés dans le pays ont été entachés de soupçons de fraude. Ses citoyens y sont privés des droits civils les plus élémentaires – liberté d’expression, d’association, de rassemblement… – et l’opposition politique y est réprimée ou réduite au rang de sparring-partner d’un pouvoir en quête de légitimité sur la scène internationale.Lire aussi :En Biélorussie, un scrutin pour renouer avec l’Union européenneMais il serait réducteur de considérer ces chiffres sous le seul prisme de la fraude et de la répression. Une grande partie de la société biélorusse se reconnaît dans le modèle paternaliste promu par l’inamovible président. Tchist en est un exemple parlant.Un parfum d’Union soviétique« Regardez autour de vous, vous comprendrez vous-même », reprend Mme Matiouchonok, énumérant les avantages du lieu : les routes bien asphaltées, les trottoirs propres, les habitations de bonne qualité, l’école, l’hôpital, les deux jardins d’enfants équipés d’une piscine… « Nous sommes très reconnaissants à l’Etat », résume Anatoly Petsouchik, le chef du conseil du village, présent dans le bureau de vote en tant qu’observateur « indépendant ».Le bureau de vote numéro 74 est lui-même installé dans le bâtiment flambant neuf de la maison de la culture, inaugurée il y a cinq ans. A côté, on dresse un buffet, et un orchestre se prépare à accueillir les électeurs en musique. Comme au temps de l’URSS, l’élection doit être une fête… C’est d’ailleurs un parfum d’Union soviétique que l’on respire à Tchist. Des investissements massifs de l’Etat, une grosse entreprise qui régule l’ensemble de la vie sociale, et pour les habitants le sentiment rassurant que la vie s’est arrêtée, que leur pays a échappé au chaos de la transition post-soviétique. C’est l’esprit de kolkhoze que « vend » à son peuple M. Loukachenko, lui-même ancien directeur d’une ferme collective.Le modèle se fissureSeulement, le modèle se fissure. L’industrie biélorusse, vieillissante et étatisée, est de moins en moins compétitive, victime de la concurrence de la Russie. L’économie nationale dans son ensemble est entièrement dépendante du grand voisin, qui achète la loyauté de Minsk à coups de subventions et de crédits. Or, cette année, Moscou n’a pas versé les crédits habituels, à la fois parce que l’économie russe est elle-même en mauvais état, mais aussi en signe de mécontentement vis-à-vis des positions de M. Loukachenko dans la crise ukrainienne.Dans le cas de Tchist, c’est l’usine de Zaboudova qui souffre. Créé à l’époque soviétique, modernisé dans les années 1990, ce grand combinat produisant des matériaux de construction emploie près de 2 000 personnes. Impossible d’obtenir des chiffres précis, mais depuis plusieurs mois, l’usine tourne au ralenti.Alexandre, 32 ans, qui refuse de donner son nom de famille, fait partie des moins malchanceux. Il travaille comme contremaître au sein de la section bois de l’usine, et son salaire de 4,5 millions de roubles biélorusses (230 euros) a été seulement gelé, pas diminué. Mais l’inflation touche le pays (18 % en 2014, sans doute autant en 2015), et sa femme, Irina, explique devoir faire des sacrifices sur les sorties ou les achats de vêtements de ses deux enfants.« Notre voix importe peu »D’autres ouvriers, notamment ceux de la section ciment, ont dû subir des périodes de chômage technique. Certaines semaines, ils ne travaillent que trois ou quatre jours, recevant donc un salaire amputé. Dans ces cas-là, l’usine se débrouille pour verser l’équivalent du minimum légal de subsistance – 80 euros. Ces restrictions montrent la gravité de la crise : « D’habitude, les périodes préélectorales s’accompagnent de hausses des salaires et des pensions », rappelle, à Minsk, l’économiste Alexandre Tchoubrik, de l’Institut pour les privatisations et le management.Alexandre et Irina n’ont pas encore fait leur choix. Selon eux, « il est temps pour Loukachenko de partir à la retraite », mais ils n’osent pas encore sauter le pas et voter pour l’opposante Tatiana Korotkevitch, qui a précisément axé sa campagne sur les questions économiques, évitant de critiquer trop frontalement le pouvoir. Celui-ci l’a laissée faire : engagé dans une entreprise de rapprochement avec l’Union européenne, Alexandre Loukachenko avait besoin de cette opposante pas trop radicale pour légitimer le scrutin, alors que les opposants historiques avaient, eux, appelé à boycotter le vote. « De toute façon, notre voix importe peu, conclut Alexandre, fataliste. Je ne suis même pas sûr que les bulletins soient comptés… »Lire aussi :Minsk, capitale improbable des négociations entre l’Ukraine et la RussieNatalia, 45 ans, est elle aussi inquiète des difficultés économiques. « On commence à se demander combien de temps nous pourrons maintenir ce modèle », explique la directrice du jardin d’enfants. Mais elle aussi est reconnaissante au « Batka » Loukachenko, le « petit père » : Natalia est arrivée en 1997 de la région contaminée de Gomel, non loin de Tchernobyl. A l’époque, Tchist a mis 500 logements gratuitement à la disposition des réfugiés.C’est surtout la situation en Ukraine qui a balayé ses derniers doutes. Nombre de Biélorusses ont été effrayés par la révolution et la guerre dans le pays voisin. Alexandre Loukachenko s’est posé en rempart contre le désordre. Ce sont ces messages qui ont convaincu Natalia de voter pour le président. « Avec lui, au moins, nous avons la paix et la stabilité. »Benoît Vitkine (Minsk, Biélorussie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Le bus est arrêté près du rond-point, à l’entrée du quartier arabe de Jabal Moukaber. Toutes ses portes sont ouvertes. On aperçoit à l’intérieur des bris de verre, du sang pas encore séché. Les blessés ont été évacués. Un cadavre gît encore à l’intérieur. Autour du bus, aucun cordon de sécurité sérieux n’a été établi. Les policiers en civil et en uniforme vont et viennent, les sirènes succédent aux sirènes, les photographes professionnels ou amateurs se bousculent. Sur le bas-côté, des habitants observent et commentent la scène du crime, effarés, en colère. Mardi 13 octobre, une attaque au couteau et au pistolet menée par deux Palestiniens vient de causer la mort, dans le quartier juif d’Armon Hanatziv à Jérusalem-Est, de deux personnes embarquées à bord du bus de la ligne 78. Une dizaine de blessés a été rapidement évacuée. L’un des deux auteurs a été tué ; le second, blessé par balles par la police.Quasiment au même moment, un Palestinien, également originaire du quartier de Jabal Moukaber, menait une attaque à la voiture-bélier puis au couteau, dans un quartier ultraorthodoxe de Jérusalem-Ouest, tuant un Israélien et en blessant plusieurs autres à un arrêt de bus. Le terroriste était employé par la compagnie de téléphone Bezeq et avait la nationalité israélienne.Deux autres assaillants de Jérusalem-Est ont conduit des attaques au couteau dans la ville de Raanana, au nord-est de Tel-Aviv. A Kiryat Ata, près de la ville de Haïfa, un juif israélien en a poignardé un autre devant un magasin Ikea, en le prenant pour un Arabe, selon la police. « Il faut empêcher les Arabes de sortir ! »Il s’agit de la journée la plus sanglante de ce nouveau cycle de violences, initié par l’assassinat par balles de deux colons israéliens en Cisjordanie, près de Naplouse, le 1er octobre. Auparavant, pendant plusieurs semaines, les heurts s’étaient mutlipliés sur l’esplanade des Mosquées (le mont du Temple pour les juifs) entre soldats israéliens et émeutiers palestiniens, défendant la mosquée Al-Aqsa contre les visites en groupe de juifs extrémistes prétendant venir prier sur le site.Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, s’est rendu sur les lieux de l’attaque du bus. Il a été pris à partie par une poignée de juifs israéliens, très remontés, tel Ethan R., 49 ans. Propriétaire d’une station essence, il allait déposer de l’argent à la banque lorsque l’attaque a eu lieu. « Il faut fermer le village, lance-t-il, en montrant d’un coup de menton le quartier de Jabal Moukaber, juste en face, d’où provenaient les deux terroristes. Il faut empêcher les Arabes de sortir et de venir ici ! » Non loin de lui, un grand garçon roux reste silencieux. Il vit juste au-dessus de la scène du crime et s’appelle Meni Numberg. Cet étudiant en informatique de 25 ans, qui travaille à mi-temps dans un hôpital, voudrait aussi que « le gouvernement adopte des sanctions plus dures contre les terroristes. Ils ne veulent pas vivre, mais nous tuer. C’est dans leurs mosquées qu’on leur inculque ça.» Pour autant, il ne croit pas que la fermeture des quartiers arabes de Jérusalem-Est baissera la violence.Cette mesure exceptionnelle et hautement symbolique, réclamée par le maire, est aujourd’hui évoquée par les autorités. Les quartiers arabes, dont les habitants paient des impôts à la municipalité de Jérusalem, sont négligés depuis bien longtemps. Selon un rapport publié en mai par l’Association pour les droits civiques en Israël (ACRI), 75 % des résidents arabes de Jérusalem-Est vivent sous le seuil de pauvreté. Ils sont 300 000, soit 37 % de la population totale de la ville. Selon ce rapport, seuls 64 % des ménages sont correctement connectés aux réseaux d’eau de la ville. En termes de poste, de ramassage des poubelles ou de sécurité, les habitants ne bénéficient pas des mêmes droits que ceux du reste de la ville.Isoler le virus de la violencePour l’heure, il n’est pas question de services municipaux ou de développement, face à la recrudescence des attaques. Dans l’urgence, à grands renforts de réservistes et de redéploiement des troupes, les autorités prétendent isoler le virus de la violence palestinienne et ses porteurs, à défaut de s’interroger sur sa nature et ses origines. Le chef de l’opposition travailliste, Isaac Herzog, se dit favorable à la fermeture des quartiers arabes, mais aussi des lieux de frictions comme l’esplanade des Mosquées.Le ministre de l’éducation Naftali Bennett, chef du parti extrémiste Le Foyer juif, veut appliquer cette mesure à toute la Cisjordanie. Il souhaite aussi que les destructions des maisons soient décidées pour tout agresseur palestinien, pas seulement les assassins. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a réuni une nouvelle fois son conseil de sécurité. Le point de passage d’Erez, au nord de la bande de Gaza, a déjà été fermé. De nouvelles mesures sécuritaires doivent être annoncées, alors qu’un grand rassemblement de colons israéliens mardi soir sous les fenêtres de la résidence de M.Nétanyahou, a été annulé en raison de ces nouvelles attaques.Usage disproportionné de la forceDu côté des dirigeants palestiniens, l’accent n’est plus mis sur le nécessaire retour au calme. Confrontés à un engrenage populaire dont ils ne contrôlent ni la vitesse, ni la nature, les cadres vieillissants de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP) ou du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, évitent de s’aliéner la jeunesse. Mardi, à Ramallah, le négociateur en chef de l’Autorité palestinienne et numéro deux de l’OLP, Saeb Erekat, a reçu un groupe de journalistes à Ramallah. « Nous avons tous les droits de nous défendre », a-t-il expliqué, citant « les exécutions sur le terrain, les punitions collectives comme les démolitions de maisons, le nettoyage ethnique, les plans de confiscations, l’apartheid, les routes et les bus stérilisés, les violences de colons. »M. Erekat a mis l’accent sur « les exécutions » dont auraient été victimes plusieurs auteurs palestiniens d’agressions au couteau, réelles ou présumées. Plusieurs cas, documentées en vidéos amateurs, indiquent que les forces de l’ordre israéliennes ont fait usage de leurs armes sans chercher à simplement neutraliser les assaillants. M. Erekat demande par conséquent la mise en place d’une enquête internationale indépendante pour étudier les circonstances de ces morts et l’usage disproportionné de la force. « Les officiels israéliens remercient souvent les forces de sécurité, mais ne révisent aucun cas, ni les procédures de tir, s’alarme Shawan Jabarin, directeur de l’ONG palestinienne Al-Haq et vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH). Ça laisse à penser qu’il existe une politique derrière, même non écrite. Que les tirs sont faits pour tuer. »Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 12h10 | Yves Eudes Quelques jours après l’annulation par la cour de justice de l’UE de l’accord Safe Harbor, qui permet à près de 4 500 sociétés américaines de transférer aux Etats-Unis les données personnelles de leurs clients européens dans des conditions privilégiées, le département du commerce américain a annoncé qu’il allait continuer à l’administrer comme si de rien n’était. Il va même poursuivre le traitement des dossiers des nouvelles sociétés qui souhaitent bénéficier de l’accord.Cela dit, selon plusieurs cabinets juridiques interrogés par les médias anglo-saxons, il ne s’agirait pas d’un geste de défi, mais de bonne volonté. Depuis un an et demi et les révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage de masse pratiqué par la NSA américaine, les Etats-Unis et la Commission européenne mènent des négociations discrètes pour réformer et renforcer le Safe Harbor. Malgré la décision de la justice européenne, et l’opposition de nombreux eurodéputés, les Etats-Unis souhaitent que ces discussions se poursuivent et aboutissent à un accord.Lire aussi :« La surveillance de masse » des Etats-Unis a été condamnéeD’autres instruments juridiquesPar ailleurs, dans une interview accordée au magazine français L’Usine digitale, Stephen Deadman, l’un des hauts responsables juridiques de Facebook, réaffirme qu’en réalité l’annulation de l’accord Safe Harbor n’aura pas de conséquences majeures à court terme sur le fonctionnement de sa société en Europe. En effet, le Safe Harbor n’est qu’un instrument juridique parmi d’autres : les sociétés désireuses de transférer des données personnelles vers les Etats-Unis peuvent aussi signer des contrats ad hoc, contenant des clauses contractuelles type et contrôlés par les agences européennes de protection des données. Ce mécanisme est lourd et complexe pour les entreprises petites et moyennes, mais il est tout à fait à la portée des géants américains de l’Internet, qui l’utilisent déjà dans différents pays.En revanche, depuis la décision de la CJUE invalidant Safe Harbor, les géants de l’Internet comme Facebook qui ont installé leurs filiales en Irlande, sont, en théorie, à la merci d’une décision de l’agence de protection des données irlandaise. A noter que Facebook possède déjà un data center en Suède, qu’il s’apprête à agrandir, et va bientôt en construire un en Irlande.Lire aussi :Les entreprises réclament du temps pour s’adapter à la mort du « Safe Harbor »Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.10.2015 à 11h41 • Mis à jour le13.10.2015 à 13h41 | Maxime Vaudano Le projet d’accord de libre-échange transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis, désigné par les acronymes Tafta et TTIP, fêtera en 2016 ses trois ans. Et s’il est encore loin d’être conclu, il suscite une opposition grandissante.1. De quoi s’agit-il ?2. Pourquoi le traité transatlantique fait-il peur ?3. Où en est-on ?4. Le Tafta peut-il voir le jour ?1. De quoi s’agit-il ?Le Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) est un projet de zone de libre-échange lancé début 2013 par Barack Obama et les dirigeants de l’Union européenne, José Manuel Barroso et Herman Von Rompuy, avec le soutien des 27 Etats-membres européens (qui sont maintenant 28).L’objectif est de libéraliser au maximum le commerce entre les deux rives de l’Atlantique, en :réduisant les droits de douane ;réduisant les « barrières réglementaires », c’est-à-dire les différences de réglementations qui empêchent l’Europe et les Etats-Unis de s’échanger tous leurs produits et services, et qui génèrent des coûts supplémentaires ;Deux exemples de barrières règlementairesAux Etats-Unis, les feux arrières d’une voiture doivent obligatoirement être couleur ambré, tandis qu’ils doivent être blancs en Europe – ce qui oblige les constructeurs à produire deux modèles différents selon le marché de destination. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire qu’il serait plus judicieux d’harmoniser ces réglementations.En Europe, beaucoup d’Etats refusent, au nom du principe de précaution, d’autoriser la culture d’organismes génétiquement modifiées (OGM), alors que les Américains sont beaucoup plus souples pour les mettre sur le marché, et les interdire a posteriori en cas de problème. Qui a raison ?Le TTIP, surnommé Tafta (Transatlantic Free Trade agreement) par ses détracteurs, n’est pas sorti de nulle part : plusieurs instances de dialogue transatlantiques lui ont ouvert la voie depuis la fin de la Guerre froide ; mais surtout, il s’inscrit dans la course aux mégazones de libre-échange lancée au milieu des années 2000, quand les principales puissances ont pris acte de l’enlisement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a échoué à libéraliser le commerce mondial à cause d’intérêts trop divergents entre ses quelque 160 membres.Ainsi, les Etats-Unis viennent de conclure un partenariat transpacifique avec 11 Etats du pourtour pacifique. La Chine négocie de son côté un Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) avec l’Inde et 14 autres pays asiatiques, tandis que les 54 membres de l’Union africaine discutent depuis cette année d’une Continental Free Trade Area (CFTA). Le tout dans une logique de confrontation de grands blocs économiques régionaux.2. Pourquoi le traité transatlantique fait-il peur ?Le poulet au chloreLa première vague des critiques contre le Tafta/TTIP, médiatisée à l’occasion des élections européennes de 2014, portait sur le risque de voir débouler sur le marché européen des poulets lavés au chlore, des bœufs nourris aux hormones et des OGM. De nombreux industriels américains aimeraient en effet voir ces produits, largement proscrits pour l’instant par la réglementation européenne, traverser l’Atlantique à la faveur de l’« harmonisation des réglementations » promise par le traité transatlantique. Mais ce sujet est si politiquement sensible que les dirigeants européens ont promis que cette « ligne rouge » ne serait pas franchie, et que les réglementations sanitaires européennes resteraient inchangées. Il faut pour l’instant les croire sur parole, car les négociations ne sont pas terminées, mais on les imagine mal renier leur engagement et l’assumer devant l’opinion publique le jour où l’accord sera rendu public.Les tribunaux arbitrauxAujourd’hui, l’essentiel des critiques s’est reporté vers un chapitre précis du futur TTIP, consacré au règlement des différends. Créé dans les années 1950 et présent dans l’immense majorité des accords commerciaux, ce système, baptisé Investor-State Dispute Settlement (ISDS), instaure une justice parallèle pour appliquer le contenu de l’accord, avec des arbitres privés au lieu de juges publics.Problème : à cause de la trop grande marge de manœuvre conférée à ces arbitres, et à de potentiels conflits d’intérêts, l’ISDS s’est transformée, au cours des dernières années, en arme à la disposition des multinationales pour attaquer les réglementations des Etats, sur la santé, l’environnement ou le social.Lire le décryptage sur les mythes et réalités sur les tribunaux d’arbitrage privés du traité transatlantique Sensible aux critiques, la Commission européenne a, sous l’impulsion franco-allemande, présenté en septembre 2015 un ambitieux projet de réforme de l’ISDS. Si elle prend en compte la plupart des failles pointées par les experts, cette réforme n’a pas rassuré les sceptiques, qui s’opposent au principe même d’une justice parallèle unilatérale, où seules les entreprises peuvent attaquer les Etats, et pas l’inverse.La coopération réglementaireAutre sujet moins visible, mais qui pourrait rapidement s’imposer à l’agenda : la question de la convergence réglementaire. Les négociateurs du Tafta/TTIP entendent en effet créer un Conseil de coopération réglementaire, chargé de faire vivre l’accord après sa signature en poursuivant l’effort d’harmonisation des réglementations de part et d’autre de l’Atlantique.Pour ses détracteurs, il s’agit d’un cheval de Troie qui permettra à quelques technocrates de détruire les réglementations européennes et américaines derrière des portes closes, une fois que le traité sera signé et que l’opinion publique regardera ailleurs. Tous les sujets sensibles, comme le poulet au chlore et les OGM, pourraient ainsi être évacués du corps du traité transatlantique pour revenir quelques années plus tard par cette porte dérobée.A l’inverse, les négociateurs assurent qu’il s’agira simplement d’une instance consultative, chargée de faire dialoguer Américains et Européens en amont de chaque nouvelle grande réglementation, afin de limiter au maximum les risques de divergence.S’il est acquis que ce Conseil n’aura aucun pouvoir législatif et ne pourra se substituer aux Parlements, une instance consultative est tout de même susceptible d’avoir une influence considérable. En retardant les procédures, en maîtrisant l’information et en faisant intervenir au moment adéquat les bons lobbys, il pourrait être tenté de saborder les tentatives de réglementation ambitieuses. Mais seul le texte final du traité nous permettra de nous faire une idée.Les services publicsLe TTIP se place dans la droite ligne de la politique libérale menée par la Commission européenne depuis plusieurs décennies, hostile aux monopoles publics et favorable à la libre concurrence dans le maximum de secteurs. C’est pourquoi les anti-Tafta craignent qu’il détruise les services publics européens en démembrant tous les monopoles publics.La Commission européenne tente de les rassurer en promettant d’exclure les services publics du champ de la libéralisation… sans définir clairement ce qu’elle entend par « service public ». De nombreux accords similaires au traité transatlantique ont en effet tendance à « saucissonner » les services publics, en protégeant les services de santé… tout en ouvrant les services dentaires, d’accouchement ou d’infirmerie à la concurrence.Or, si auparavant l’Europe détaillait très exhaustivement les secteurs qu’elle acceptait de libéraliser sur une « liste positive », elle a adopté depuis un an le principe américain de « liste négative ». Cette différence technique est potentiellement lourde de conséquences, car si l’Europe « oublie » (volontairement ou non) de souligner un secteur à protéger (comme l’éducation primaire, par exemple), il tombera automatiquement dans le champ de la libre concurrence… et rien ne permettra de revenir en arrière.Des effets économiques difficiles à anticiperLa principale étude économique brandie par la Commission européenne pour vanter les effets potentiels du traité transatlantique prédit un gain pour l’économie européenne de 119 milliards d’euros… d’ici 2027. Un impact très modeste, si on le ramène à un rythme annuel.Sans compter que ladite étude, financée par la Commission, a été largement critiquée pour ne prendre en compte que les effets bénéfiques du futur traité, sans se préoccuper des destructions de valeur. Dénonçant des « hypothèses irréalistes » et des méthodes « inadéquates », un chercheur italien prédit dans une autre étude un recul du PIB, des exportations et de l’emploi en Europe.La réalité est que les effets varieront largement selon les secteurs. Les services européens pourraient largement bénéficier de l’ouverture des marchés publics américains ; à l’inverse, les agriculteurs européens pourraient être frappés de plein fouet par la concurrence de l’agriculture industrielle américaine, bien moins chère, avec l’augmentation probable des quotas d’importation.Lire aussi :Libre-échange : des effets difficiles à mesurer sur l’emploi3. Où en est-on ?Dix cycles de négociations ont déjà eu lieu entre la Commission européenne et le département du commerce américain depuis le lancement officiel des discussions, à l’été 2013. D’après ce qui filtre de ces rencontres à huis clos entre fonctionnaires, peu de chapitres de l’accord ont réellement avancé, en raison de blocages politiques persistants sur les principaux dossiers. Initialement programmée pour la fin 2015, la conclusion des négociations n’aura pas lieu avant 2016, voire 2017.En parallèle, les lignes ont beaucoup bougé au niveau politique.Sous la pression d’une opinion publique toujours plus sceptique, la nouvelle Commission européenne de Jean-Claude Juncker, installée fin 2014, a adopté un discours plus accommodant avec les anti-Tafta, promettant notamment davantage de transparence dans les discussions. Si de nombreux documents sont désormais disponibles en ligne, y compris le mandat de négociation, les vrais textes de concertation restent largement secrets, réservés à quelques eurodéputés triés sur le volet et aux chancelleries européennes. La commissaire au commerce Cecilia Malmström a même durci les règles d’accès à ces dossiers sensibles, en cantonnant leur consultation à des salles de lecture ultra-sécurisées pour limiter le risque de fuites.En France, le gouvernement a également considérablement changé de discours. Secrétaire d’Etat au commerce extérieur depuis l’automne 2014, Matthias Fekl a récemment menacé de stopper les négociations si la Commission européenne ne répondait pas à ses exigences. S’il reste favorable au TTIP, le gouvernement français prévient qu’il ne le signera que sous certaines conditions – et notamment une réforme radicale des tribunaux d’arbitrage.4. Le Tafta peut-il voir le jour ?Une issue positive dépendra de la capacité des Etats-Unis et de l’Union européenne à s’entendre sur les sujets les plus sensibles. Washington refuse par exemple pour l’instant d’ouvrir ses marchés publics (aujourd’hui largement réservés aux entreprises américaines) ou de réformer les tribunaux d’arbitrage ISDS, tandis que Bruxelles reste inflexible sur la régulation de son secteur financier et sur la protection de ses indications géographiques protégées (comme les appellations Champagne ou Normandie).Même si un accord est conclu, il devra encore passer plusieurs étapes de validation.Côté européen, il devra être ratifié par :les 28 gouvernements européens (or, le gouvernement d’Alexis Tspiras en Grèce a prévenu qu’il ne « ratifierait jamais l’accord ») ;le Parlement européen, où, outre les groupes clairement anti-Tafta (la gauche radicale, les écologistes et l’extrême-droite), de nombreux élus restent dubitatifs face au tour pris par les négociations (chez les sociaux-démocrates, mais aussi au centre et à droite). Or, le Parlement européen a montré en 2012 qu’il n’était pas une simple chambre d’enregistrement en rejetant le traité anti-contrefaçon ACTA à l’issue d’une intense campagne de la société civile ;les Vingt-Huit Etats européens, qui peuvent le faire par un référendum ou un vote du Parlement.Or, la pression de l’opinion publique sur les responsables politiques européens s’accentue chaque jour un peu plus. Samedi 10 octobre, quelques jours après avoir remis une pétition de 3 millions de signatures contre le Tafta, les anti-traité transatlantique ont réuni entre 150 000 et 250 000 manifestants à Berlin – l’une des manifestations les plus importantes des dernières années en Allemagne, en pointe dans l’opposition au Tafta.La ratification prochaine de l’accord CETA entre l’Europe et le Canada – petit cousin du traité transatlantique, conclu en 2014, qui nourrit les mêmes critiques –, devrait faire office à cet égard de répétition générale en 2016, nous éclairant sur la réalité des rapports de force en Europe.Côté américain, la ratification du TTIP risque aussi de ne pas passer comme une lettre à la poste. Si Barack Obama a obtenu l’été dernier une victoire en faisant passer au Congrès une loi facilitant la ratification de tels accords, il ne sera probablement plus à la Maison Blanche quand le traité transatlantique sera conclu.Or, son (sa) successeur(e) sera sans doute moins allant(e) que lui. Hillary Clinton, la favorite des sondages côté démocrate, s’est montée très critique vis-à-vis du traité transpacifique et, par extension, de son cousin transatlantique. Son rival côté républicain, Donald Trump, est encore plus offensif contre ce type d’accord.Suivez toute l'actualité du Tafta/TTIP sur notre blog "La bataille transatlantique"Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 08h50 | Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) L’accord sur le Partenariat transpacifique, annoncé le lundi 5 octobre, est sans précédent par son ampleur, puisque les douze pays y prenant part comptent 800 millions d’habitants et produisent environ deux cinquièmes du produit intérieur brut (PIB) mondial.L’aboutissement de cette négociation, épine dorsale de la politique commerciale américaine depuis déjà plusieurs années, représente sans conteste un succès politique et diplomatique pour Barack Obama. Mais que change-t-il pour les relations commerciales internationales, et quelles sont les conséquences potentielles pour l’Union européenne ?Il faut d’abord remettre cette annonce dans son contexte. Beaucoup des parties prenantes sont déjà liées par des accords commerciaux, à commencer par l’Alena [accord de libre-échange nord-américain signé en 1994 entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique], ce qui diminue d’autant la portée réelle des concessions octroyées. Ensuite, les Etats-Unis ont claironné pendant des années qu’ils établissaient « l’étalon-or » des accords commerciaux du XXIe siècle, mais les derniers mois ont vu se succéder les crispations à propos des droits de douanes sur les importations de bœuf au Japon et d’automobile aux Etats-Unis, ou sur les contingents tarifaires appliqués par la Canada sur leurs importations de lait.Rien là de bien nouveau. La dimension politique évidente de l’accord, utilisé par les Etats-Unis pour s’efforcer de contenir la puissance commerciale chinoise, n’est pas plus innovante, ni exemplaire. Il n’en reste pas moins que cet accord peut bouleverser durablement le paysage des politiques commerciales, pour deux raisons, liées à ses acteurs et à ses règles.IncitatifMême si beaucoup a été dit sur le déclin de la puissance américaine, les Etats-Unis restent le leader de l’économie mondiale. Qu’ils signent ainsi un accord de grande envergure, qui plus est incluant un partenaire aussi important que le Japon, ne manquera pas de susciter des réactions significatives de ses partenaires. La Chine, en particulier, y trouvera sans doute une incitation à accélérer les différentes négociations commerciales auxquelles elle prend part.Comme le passé récent l’a bien montré, rien n’incite autant un pays à conclure des accords commerciaux que les accords conclus par ses concurrents.Lire aussi :Le Partenariat transpacifique, précurseur d’une nouvelle génération de méga-traités commerciaux ?La seconde raison est liée aux règles. Même si les marchandages d’accès au marché ont été au cœur des négociations récentes, l’accord conclu serait contraignant sur différents points. Du moins à en juger par les comptes rendus, puisque le texte de l’accord n’est pas encore disponible, ce qui illustre au passage le déficit de transparence de ces négociations.Certaines de ces règles restent dans une logique de marchandage, voire d’accaparement de rentes. C’est en particulier le cas de celles concernant la période d’exclusivité des données sur les médicaments dits « biotechnologiques », sur lesquels les partenaires des Etats-Unis ont heureusement tenu bon face aux pressions éhontées des laboratoires américains, qui essayaient d’imposer des règles controversées aux Etats-Unis mêmes.« Plan de cohérence » au VietnamOn peut également citer les disciplines sur les entreprises d’Etat ou les marchés publics. D’autres sont d’une nature différente, portant notamment sur le droit du travail ou la défense de l’environnement. Peut-être plus significative encore est la volonté affichée de rendre ces règles effectivement opposables.L’instauration d’un mécanisme de règlement des différends efficace, calqué sur celui de l’Organisation mondiale du commerce (un pays ne respectant pas ses engagements pourrait se voir retirer par ses partenaires le bénéfice d’avantages que lui procure l’accord, même s’il s’agit d’un domaine différent), fait déjà partie de différents accords bilatéraux, mais l’échelle du Partenariat transpacifique est susceptible de lui donner une dimension nouvelle.Lire aussi :Libre-échange : douze pays, dont les Etats-Unis, signent un accord historiqueDans le cas du Vietnam, il est en outre assorti d’un « plan de cohérence » (« consistency plan »), par lequel le Vietnam s’engage sur l’existence d’un salaire minimum et sur la liberté syndicale, en acceptant que les Etats-Unis puissent ne pas le faire bénéficier des libéralisations prévues, voire lui appliquer des représailles commerciales, s’il ne tenait pas ses engagements.La portée réelle de ces dispositions ne sera connue que lorsque le détail en sera dévoilé, et surtout lorsque le recul permettra d’observer leur mise en pratique. Mais le principe en lui-même représente un changement de nature, donnant une dimension nouvelle à la menace que les accords régionaux représentent pour le système commercial multilatéral.Sprint improbableDes conséquences bénéfiques en termes de gouvernance sont possibles, mais le risque de balkanisation du commerce mondial s’en trouve sensiblement aggravé. Quelles leçons l’Union européenne doit-elle en tirer ? En faisant peser la menace d’une concurrence accrue sur les exportateurs européens et en dédramatisant les conséquences d’un échec pour les Etats-Unis, cet accord renforce la position de ces derniers dans la négociation transatlantique.Faut-il pour autant accélérer la négociation en cours, comme plusieurs voix l’ont suggéré ces derniers jours ? À mon sens, ce serait une erreur. Les enjeux du Partenariat transatlantique sont trop grands pour être expédiés à la hâte, or c’est la seule option possible désormais : les responsables américains seront encore très occupés à essayer de faire ratifier le Partenariat transpacifique au cours de prochains mois, et la campagne présidentielle va bientôt faire peser une chape de plomb sur les positions politiques américaines dans les négociations. Vouloir conclure sous l’administration Obama serait se condamner à un sprint improbable, dont le résultat ne pourrait être qu’un accord bâclé, qui a peu de chances d’être favorable pour les Européens.La portée du Partenariat transpacifique, dans un monde marqué par le fractionnement international des chaînes de valeur, est difficile à anticiper. Mais il concerne pour l’essentiel des marchés assez distants, les concessions commerciales qu’il accorde sont pour la plupart d’une ampleur limitée, et les périodes de transition sont très longues pour les produits les plus sensibles. En outre, les engagements concernant les aspects réglementaires ne semblent pas avoir une grande portée.La dégradation de la position concurrentielle des exportateurs européens devrait donc rester limitée. D’autant que l’Union européenne a déjà un accord avec deux des partenaires impliqués et négocie avec sept autres. Face à l’onde de choc du Partenariat transpacifique, l’Union européenne ne doit pas céder à la précipitation mais prendre le temps d’en tirer les enseignements et de poursuivre ses propres objectifs de politique commerciale, dont la reformulation est en cours.Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) 13.10.2015 à 05h11 • Mis à jour le13.10.2015 à 07h35 Quinze défenseurs du drapeau confédéré, symbole du Sud esclavagiste remis en cause aux Etats-Unis, ont été inculpés, a annoncé lundi 12 octobre un procureur de l’Etat de Géorgie, après une confrontation avec l’assistance, en majorité noire, d’une fête en plein air dans une banlieue d’Atlanta, en juillet. Ils sont poursuivis pour « menaces terroristes » et pour avoir violé la législation antigang de l’Etat. De telles poursuites paraissent constituer une première dans le sud profond des Etats-Unis.Elles font suite au débat sur la signification du drapeau confédéré qui avait émergé après le massacre, en juin, de neuf Noirs dans une église emblématique de Charleston en Caroline du Sud. Le tueur, Dylann Roof, arborait les couleurs confédérées sur plusieurs photos publiées sur les réseaux sociaux, comme un emblème de l’idéologie « white suprematist », un héritage revendiqué de racisme et d’esclavage. La Caroline du Sud et plusieurs autres Etats avaient décidé de retirer ce drapeau de leur Parlement, provoquant les protestations de ceux qui y voient un héritage historique.Lire aussi :Après le massacre de Charleston, le rejet du drapeau des confédérésLes inculpés de Géorgie sont « associés » à un groupe dénommé Respectez le drapeau, selon le procureur du comté de Douglas, Brian Fortner, un républicain blanc élu l’an dernier dans un quartier mixte. Ils avaient paradé dans cette banlieue d’Atlanta à bord d’imposants pick-up décorés d’une multitude de drapeaux confédérés et américains, un peu plus d’un mois après la tuerie de Charleston. Une vidéo amatrice reprise par plusieurs médias américains montre le groupe passer devant plusieurs personnes attroupées en bord de rue. On entend l’une d’elles dire : « On fête l’anniversaire d’un enfant ici ! » Des participants ont déclaré que les trouble-fêtes les avaient menacés et avaient brandi des armes. 13.10.2015 à 01h53 • Mis à jour le13.10.2015 à 12h53 L’administration autonome kurde établie dans le nord de la Syrie s’est rendue coupable de déplacements forcés de population et de destructions de maisons ; ce qui constitue des crimes de guerre, affirme Amnesty International dans un rapport publié mardi 13 octobre. L’organisation non gouvernementale (ONG) a enquêté dans 14 villes et villages des régions de Kobané et d’Hassaké. Elle dit avoir interrogé 37 personnes ayant souffert de ces violences.Cette administration autonome s’est mise en place lorsque l’armée syrienne s’est retirée ou repliée dans ses bases de la quasi-totalité de cette partie à majorité kurde du pays, en 2012, l’année qui a suivi le début du conflit syrien. Les forces de sécurité kurdes syriennes, les Yekîneyên Parastina Gel (YPG – « unités de protection du peuple ») y combattent actuellement l’organisation djihadiste Etat islamique (EI). Ces forces, comme l’administration à laquelle elles répondent, sont une émanation syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc. Elles ont chassé ou forcé au silence toute autre force kurde locale durant la guerre.Lire aussi :Dans le Kurdistan syrien, Tal Abyad veut oublier l’EISelon Amnesty, les destructions observées ne sont pas le résultat des combats contre les djihadistes, mais d’une « campagne délibérée et coordonnée de punition collective des habitants de villages auparavant contrôlés par l’EI ou soupçonnés d’abriter des partisans de l’EI ». D’après des images satellite examinées par l’ONG sise à Londres, le village d’Housseiniya (nord-est) a ainsi été détruit à 94 % entre juin 2014 et juin 2015. Les combattants kurdes syriens « nous ont sortis de nos maisons et ont commencé à les brûler, ils ont apporté des bulldozers, ils ont détruit les maisons les unes après les autres jusqu’à ce que le village entier y passe », affirme un habitant d’Housseiniya cité par Amnesty.« En détruisant délibérément les maisons de populations civiles, et dans certains cas en rasant et en brûlant des villages entiers, ainsi qu’en déplaçant des habitants sans but militaire justifiable, l’administration autonome abuse de son pouvoir et bafoue le droit humanitaire international », explique Lama Fakih, une responsable d’Amnesty International. Déjà montrées du doigt pour ces agissements, les forces kurdes syriennes répondent régulièrement que ces accusations portent sur des « cas isolés ».Renversements d’alliancesPorte-parole des YPG, Redur Xelil a déploré une « accusation fausse, tout simplement. » Amnesty cite toutefois Ciwan Ibrahim, chef de la force kurde baptisée « asayish », qui reconnaît des cas de déplacements forcés. Il les qualifie cependant d’« incidents isolés » et affirme que les habitants concernés ont été déplacés pour leur propre sécurité. Les YPG ont par le passé déjà démenti les accusations en provenance de la Turquie, selon lesquelles ses combattants expulsent les civils arabes et turkmènes des zones qu’ils contrôlent, notamment dans la ville de Tal Abyad.Lire aussi :Le Kurdistan irakien s’enfonce dans la crise politiqueLes YPG sont apparus depuis un an comme le relais le plus efficace au sol, de la campagne aérienne des Etats-Unis et de leurs alliés contre les djihadistes de l’EI en Syrie. Cela malgré le fait que leur branche mère, le PKK, demeure considérée comme une organisation terroriste aux Etats-Unis et en Europe ; et malgré les liens maintenus par les YPG avec le régime syrien, toujours présent dans les régions kurdes. Ce statut d’allié américain a été fragilisé depuis l’été, avec la conclusion d’une nouvelle alliance entre les Etats-Unis et la Turquie, membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, qui mène actuellement une guerre contre le PKK et refuse de voir une province kurde autonome syrienne se constituer à sa frontière. Cette alliance prévoit la formation d’une « zone sécurisée » pour les rebelles non kurdes en bordure du territoire contrôlé par les YPG, à la frontière turque. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne, qui a convoqué pour dimanche 25 octobre après-midi, à Bruxelles, un mini-sommet extraordinaire sur la « route des Balkans », empruntée par des milliers de demandeurs d’asile, veut agir très vite. Et éviter qu’après la Hongrie d’autres Etats (Slovénie, Croatie, Macédoine, etc.) érigent des murs à leurs frontières, ce qui aggraverait le chaos.Dans un document, que Le Monde a pu consulter, version provisoire d’un texte qu’il espère voir approuver par les chefs d’Etat et de gouvernement, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, prône une action « collective et concrète ». Il évoque différentes pistes. Parmi celles-ci le déploiement immédiat d’un contingent de 400 gardes-frontières en Slovénie, un pays qui a officiellement demandé l’aide de Bruxelles, jeudi.Le président de la Commission propose aussi l’établissement d’une ligne téléphonique directe, un « téléphone rouge » entre les dirigeants de tous les pays concernés pour qu’ils puissent se tenir informés en temps réel des mouvements de réfugiés et mieux anticiper ceux-ci. La Slovénie a, par exemple, beaucoup reproché à ses voisins croates d’avoir redirigé en masse les réfugiés vers son territoire au cours des derniers jours. La Commission veut aussi que les pays s’engagent à enregistrer tous les réfugiés pour que s’organise un minimum de contrôle sur les mouvements massifs de personnes.Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansUne action plus vigoureuse aux frontières La grande crainte à Bruxelles, mais aussi à Berlin – la chancelière Angela Merkel a beaucoup poussé à la tenue de cette réunion – est que la situation dégénère et que des violences se produisent entre les forces de sécurité et des réfugiés. Divers experts redoutent aussi que la détérioration des conditions climatiques entraîne des décès le long d’itinéraires dont le tracé change d’un jour à l’autre.Le brouillon des conclusions à adopter dimanche – et qui sera débattu jusqu’à la dernière minute entre les « sherpas » des Etats membres, de la Serbie et de la Macédoine – évoque encore une intervention humanitaire, par le biais du Mécanisme de protection civile, une aide financière à négocier avec des institutions, dont la Banque européenne d’investissement.Il promet une coopération pratique pour faciliter les réadmissions des déboutés du droit d’asile par les pays tiers. Il mentionne une action plus ferme contre les « mouvements secondaires », à savoir le passage de réfugiés et de migrants d’un pays à l’autre. Une action plus vigoureuse – réclamée par une majorité de pays, désormais – est également promise : en mer, ainsi qu’aux frontières gréco-macédonienne, gréco-albanaise, en Croatie, etc.Le texte stipule encore qu’un demandeur d’asile qui refuserait d’accomplir les formalités en vue d’obtenir une protection internationale pourrait se voir refuser l’entrée dans le pays concerné.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Mécanisme permanent de relocalisationPar son initiative, la Commission veut faire retomber la tension entre les pays concernés : la fermeture des frontières hongroises ou les polémiques entre la Slovénie et la Croatie inquiètent les diplomates. D’où ce rendez-vous inédit, pris « en concertation » avec Angela Merkel, l’Allemagne étant la destination finale de la plupart des réfugiés.Dans l’entourage du président Juncker, on dément que ce rendez-vous sera aussi l’occasion de relancer un débat sur l’espace Schengen ou sur une réforme du règlement de Dublin, qui oblige le pays de première arrivée à gérer le dossier d’un demandeur d’asile.Angela Merkel souhaite en tout cas que ce règlement soit rapidement revu : l’opinion publique allemande commence à douter que le pays arrive à surmonter la crise actuelle et s’inquiète du manque de solidarité de ses partenaires dans le partage des réfugiés.En mettant en présence les dirigeants d’une bonne partie des Etats concernés, M. Juncker se montre prêt à l’aider. Et à réenclencher la discussion sur un mécanisme permanent de relocalisation. « Les yeux dans les yeux, il leur sera plus difficile de fuir leurs responsabilités ou d’accepter des engagements qu’ils ne tiendraient pas », commente un haut responsable bruxellois.Ce ne serait pourtant pas la première fois, comme l’a montré l’épisode précédent du partage promis de 160 000 réfugiés, très loin d’être concrétisé aujourd’hui.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.10.2015 à 10h17 | Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante) L’élection présidentielle du dimanche 25 octobre en Argentine mettra fin à douze ans de gouvernement du couple Kirchner, Nestor (2003-2007), puis Cristina (2007-2015). La Constitution ne permettait pas à Mme Kirchner de briguer un troisième mandat consécutif. Le scrutin s’annonce serré. Parmi les trois principaux candidats, s’affrontent deux péronistes : le candidat officiel, Daniel Scioli, pour le Front pour la victoire (FPV) et Sergio Massa pour Unis pour une nouvelle alternative (UNA), critique du kirchnérisme. Le troisième en lice est Mauricio Macri, le maire de droite de Buenos Aires, à la tête de la coalition Proposition républicaine (PRO).M. Scioli est donné favori. Il pourrait gagner dès le premier tour selon certains sondages, alors que d’autres prédisent un ballottage avec M. Macri.Le système électoral argentin indique qu’un candidat est élu au premier tour s’il récolte 45 % des voix, voire seulement 40 % à condition de devancer son poursuivant de 10 points.A noter que les épouses des trois candidats ont joué un rôle important pendant la campagne, apparaissant aux côtés de leur mari dans les émissions de télévision, accordant des interviews, donnant leur opinion sur la situation du pays, le programme de leur époux et jusqu’à des détails de leur vie privée.Lire aussi :La mort du procureur Nisman, l’affaire qui pèse sur la présidentielle argentineDaniel Scioli (58 ans) Il est le gouverneur péroniste de la province de Buenos Aires, le principal bastion électoral du pays. Il a été désigné comme candidat pour lui succéder par Cristina Kirchner malgré une méfiance réciproque. Mme Kirchner lui a imposé comme candidat à la vice-présidence, Carlos Zannini, l’homme de confiance des Kirchner depuis trente ans.M. Scioli se présente comme « la continuité » tout en se montrant ambigu vis-à-vis de l’héritage des Kirchner. « Nous allons soutenir ce qui doit être soutenu et changer ce qu’il faut changer. Je vais gouverner à ma façon », a-t-il précisé.Dans une économie en berne, il a promis de relancer les investissements étrangers. Il s’est engagé à lutter contre l’insécurité et le narcotrafic. Il a évité de se prononcer sur l’inflation ou la relation avec la justice face aux scandales de corruption. Il a refusé de participer au débat télévisé, organisé le 4 octobre, entre les candidats à la présidence.Ancien champion de motonautiste, il a perdu son bras droit, sectionné par l’hélice d’un bateau. Homme d’affaires, il a été le patron de l’entreprise suédoise Electrolux. Il a fait son entrée en politique, en 1989, de la main de Carlos Menem (1989-1999), l’ancien président péroniste converti au libéralisme. Ce qui ne l’a pas empêché de devenir le vice-président de Nestor Kirchner, qui se définissait comme « l’anti-Menem ».Il compte avec le puissant appareil du parti péroniste, le soutien de la majorité des gouverneurs des provinces et plusieurs organisations syndicales.Lire aussi :A La Matanza, dans l’Argentine profonde, le péronisme reste incontournableMauricio Macri (56 ans) Cet ingénieur de formation est le fils d’un des plus riches entrepreneurs du pays. Il a été le président du club populaire de football Boca Juniors. Il a fondé le parti de droite « Engagement pour le changement », qui fait partie, depuis 2005, de la coalition Proposition républicaine, qui a fait une alliance électorale avec l’Union civique radicale (UCR), le parti le plus ancien du pays.Député pour Buenos Aires, il a été élu chef du gouvernement de la capitale, en 2007, avec 62 % des voix, faisant campagne sur l’insécurité et promettant d’augmenter le nombre de policiers et leurs salaires.Il s’est engagé à maintenir les plans sociaux mis en place par les Kirchner pour aider les plus démunis, ainsi que les nationalisations de la compagnie pétrolière argentine YPF, de la compagnie d’aviation Aerolineas Argentinas et du système de pensions.Il s’est, en revanche, engagé à libérer le contrôle des changes et à attirer les investissements étrangers. Il s’est entouré pendant la campagne de femmes, Gabriela Michetti, candidate à la vice-présidence et Maria Eugenia Vidal qui brigue le poste de gouverneur de la province de Buenos Aires.Il prétend transposer les succès de sa gestion dans la capitale dans tout le pays.Sergio Massa (43 ans) Avocat, M. Massa est député, après avoir été, par deux fois, élu maire de la riche localité de Tigre dans la province de Buenos Aires. Il a été fugacement le chef de cabinet de la présidente Cristina Kirchner, entre 2008 et 2009, avant de passer dans l’opposition avec la création du Front rénovateur.Il est devenu populaire en 2014 en freinant une réforme pénale. Il a fait de la lutte contre l’insécurité son cheval de bataille et a promis d’alourdir les peines de prison contre les délinquants.Il s’est également engagé à en finir avec la corruption et le narcotrafic. Il se vante d’avoir une équipe économique « qui a fait ses preuves au combat », avec en particulier Roberto Lavagna, ancien ministre de l’économie de Nestor Kirchner, considéré comme l’artisan de la récupération du pays après la grave crise de 2001/2002 mais limogé par la suite.M. Massa est le candidat qui a fait le plus de propositions : augmentation des retraites et des salaires, réforme de l’éducation et des impôts.Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.10.2015 à 02h56 • Mis à jour le23.10.2015 à 17h44 La côte Pacifique du Mexique se prépare, vendredi 23 octobre, à l’arrivée de l’ouragan Patricia, classé en catégorie 5, soit la catégorie maximale. Le centre de surveillance des ouragans à Miami juge cet ouragan « potentiellement catastrophique » et a mis en garde contre « de grandes vagues destructrices » lorsqu’il atteindra la côte :« Des changements d’intensité sont possibles dans la journée, mais Patricia devrait rester un ouragan de catégorie 5 extrêmement dangereux en touchant terre. On peut s’attendre à des inondations côtières importantes autour du point où l’ouragan touchera terre. »Patricia devrait toucher la côte mexicaine d’ici vendredi soir entre l’important port de Manzanillo et la très chic station balnéaire de Puerto Vallarta, à l’ouest de Guadalajara. Situé vendredi matin à 250 km au sud de Manzanillo, le cyclone se dirigeait vers le nord-ouest à une vitesse de plus de 15 km/h en générant des rafales de vent atteignant 295 km/h.« Soulever des voitures »L’état d’alerte a été décrété dans une douzaine de villes dans les Etats de Jalisco, Colima et Guerrero. Patricia devrait apporter des précipitations de 15 à plus de 30 cm, voire 76 cm par endroits, entre jeudi et samedi, soit l’équivalent en trois jours de 40 % des pluies annuelles dans la région. Plusieurs commerces avaient déjà fermé leurs portes vendredi, tandis que la pluie commençait à tomber. Des habitants, après avoir fait des provisions, se calfeutraient chez eux, en protégeant notamment leurs fenêtres avec des planches de bois. D’autres, tout comme des touristes en vacances à Puerto Vallarta, tentaient de quitter la région avant l’arrivée de l’ouragan.Pour Roberto Ramirez, le directeur de la Commission nationale de l’eau du Mexique, qui comprend le service météorologique du pays, Patricia sera suffisamment puissant pour « soulever des voitures, détruire les maisons qui ne sont pas solidement construites et emporter les personnes qui seront à l’extérieur ». Comparable au typhon HaiyanLes autorités ont mobilisé les services d’urgence et ordonné la fermeture d’écoles dans les Etats concernés. Selon le gouvernement, 1 800 abris, où pourront être hébergées quelque 260 000 personnes, sont disponibles.Les Etats-Unis ont appelé leurs ressortissants se trouvant dans ces régions du Mexique à ne pas aller sur les plages ou en mer, alors que plusieurs vols ont été retardés. Le cyclone pourrait aussi affecter l’Etat américain du Texas.Initialement classée tempête tropicale, Patricia a été requalifiée en ouragan jeudi par le centre de surveillance des ouragans à Miami. Il s’agit selon cet organisme de l’ouragan le plus puissant jamais enregistré dans le nord du Pacifique. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), basée à Genève, il est désormais comparable en intensité au typhon Haiyan, qui a fait 7 350 morts il y a deux ans aux Philippines.Lire aussi :L’ouragan Patricia, point d’orgue d’une année record pour les cyclones tropicaux dans le Pacifique Hélène Sallon (Le Caire, envoyée spéciale) Deux jours avant le début des élections législatives égyptiennes, jeudi 15 octobre, Amr Mekki, candidat individuel du parti salafiste Al-Nour dans la circonscription d’Al-Raml, affichait un optimisme mesuré. Dans cette circonscription, « la plus difficile d’Alexandrie et du Delta occidental », 68 candidats individuels concouraient pour quatre sièges et le suffrage de 700 000 électeurs issus de toutes les franges de la société.Face aux candidats « qui ont l’argent » ou les « relais de l’ancien Parti national démocrate » (PND de l’ex-président Hosni Moubarak, dissous en 2011), le responsable des affaires étrangères d’Al-Nour voulait croire que la « proximité du parti avec la population » et « leurs résultats, les lois qu’ils ont fait voter dans le dernier Parlement », suspendu en 2012, pourraient payer.Recevant au siège de sa société informatique, dans un costume seyant et la longue barbe bien taillée, le chef d’entreprise de 41 ans met un soin particulier à gommer l’étiquette « religieuse » de son parti pour faire mentir la « campagne de diffamation » du groupe « Non aux partis religieux » qui a visé à les faire interdire du scrutin législatif, qui se tient du 17 octobre au 2 décembre. Al-Nour a gagné tous les recours intentés contre lui devant la Haute Commission électorale (HCE) mais, le vote des électeurs a été, lui, sans appel.Selon les résultats de la première phase publiés jeudi 22 octobre par la HCE, la liste salafiste a perdu dans la seule circonscription où elle se présentait, celle du Delta occidental du Nil, face à la coalition pro-Sissi et anti-islamiste Pour l’amour de l’Egypte. Sur les 160 candidats salafistes qui se sont présentés aux sièges individuels à pouvoir dans quatorze provinces, seuls 25 restent en lice pour le second tour.Le candidat Mekki n’a pas passé le premier tour mais il se voit offrir une seconde chance. La HCE a annulé l’élection dans sa circonscription d’Al-Raml car un candidat qu’elle avait disqualifié a concouru et même remporté 60 % des suffrages. Dans la première phase du scrutin, qui a enregistré un taux de participation de 26,56 % selon la HCE, la liste Pour l’Amour de l’Egypte a remporté les 60 sièges au scrutin de liste dès le premier tour et quatre candidats individuels ont été élus. Un second tour aura lieu pour 218 sièges individuels, les 28 et 29 octobre.Réunion urgente du partiC’est un sérieux revers pour les salafistes d’Al-Nour, qui avaient remporté 22 % des sièges du Parlement élu en 2012, arrivant en deuxième position derrière les Frères musulmans (43 %), juste un an après la création de leur parti. L’échec est d’autant plus retentissant qu’il survient dans le bastion traditionnel de la Dawa salafiyya, le mouvement religieux dont ils sont issus, et en l’absence de toute concurrence dans le camp islamiste. La confrérie des Frères musulmans a été classée organisation terroriste après la destitution du président Mohamed Morsi par l’armée, à l’été 2013, et ses responsables ont tous été emprisonnés ou ont pris la fuite. Le secrétaire général d’Al-Nour, Younes Makhyoun, a convoqué une réunion urgente du parti, jeudi 22 octobre, pour tirer les leçons de cette première phase du scrutin.Le parti salafiste a pâti du sentiment anti-islamiste prédominant dans la rue égyptienne depuis l’expérience des Frères musulmans au pouvoir. Son échec est une victoire pour le groupe « Non aux partis religieux », dont la campagne a été très relayée dans les médias. « La défaite d’Al-Nour est une défaite humiliante pour le mouvement de l’islam politique dans son entier. La vague anti-islam politique en Egypte a atteint son sommet », s’est félicité le porte-parole du groupe, Mohammed Othman, devant des journalistes à Alexandrie. Il a promis d’obtenir la dissolution du parti salafiste sur la base de l’article 74 de la Constitution, qui interdit les partis politiques à base religieuse.« C’est une campagne de diffamation, pleine de mensonges, alimentée par des médias qui sont en connivence avec des hommes d’affaires et des partis. Ceux qui connaissent le parti Nour savent que nous n’utilisons pas la religion à des fins électorales », se défendait, avant le vote, le candidat Mekki.« Il y a une bataille féroce contre le parti Nour qui est un parti légitime et constitutionnel, et non un parti religieux. Notre référence est l’article deux de la Constitution, qui fait de la loi islamique – la charia – la source de toute législation. Un parti qui ne prendrait pas cet article pour base ne serait pas constitutionnel. Au regard de la Constitution, le parti Nour est donc le meilleur candidat ».Lire aussi :En Egypte, le parti « révolutionnaire » Al-Dostour n’a pas participé aux électionsAlignement sur l’armée et le président SissiDans son programme, Al-Nour a sciemment occulté toute référence à la religion et choisi le slogan « Clarté et ambition ». Lors des distributions de tracts, ses membres ont oublié l’interdit religieux sur la musique, poussant les baffles à fond pour attirer les potentiels électeurs. Ils ne sont toutefois pas allés jusqu’à montrer le visage de leurs candidates, toutes en niqab. Conformément aux exigences imposées par les quotas, ils ont également présenté des candidats chrétiens. « Nous pouvons représenter tous les Egyptiens », se targue Amr Mekki, fustigeant l’appel lancé par le pope copte Tawadros II aux candidats chrétiens à se retirer de leur liste. Soucieux de ne pas reproduire les erreurs des Frères, le parti salafiste a choisi de faire profil bas et multiplié les louanges au président Sissi.« Nous avons décidé de retirer des listes et des candidats pour faire de la place aux autres et préserver la fabrique nationale après la révolution, qui a extrêmement polarisé la société. »Le parti Al-Nour paie également le prix de son alignement sur l’armée et le président Sissi dans leur lutte contre la confrérie des Frères musulmans dès l’été 2013. Il s’est aliéné une partie de sa base et la plupart des sympathisants islamistes, qui représenteraient encore environ 20 % de la population, selon les experts. D’autres se sont tout bonnement désintéressés du processus politique face à la répression anti-Frères. Depuis son exil, Assem Abdel-Meged, un responsable de la Gamaa Islamiyya, un mouvement islamiste proche des Frères musulmans, a dit espérer que « la défaite entraîne l’effondrement d’Al-Nour et de ses traîtres ». Amr Mekki défend le choix de son parti :« Nous n’avons pas perdu des voix en nous rangeant contre les Frères musulmans, nous en avons gagné beaucoup. Cela ne doit pas se traduire forcément dans les urnes. »Lire aussi :Egypte : Sameh Seif Al-Yazal, la tête d’affiche pro-SissiHélène Sallon (Le Caire, envoyée spéciale)Moyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.10.2015 à 16h51 • Mis à jour le22.10.2015 à 18h35 Un nouveau cycle de négociations des accords de libre-échange Europe-Etats-Unis a débuté le 19 octobre, toujours dans le secret. Le volet « arbitrage » pourrait être revu.Effet de la pétition contre le grand marché transatlantique récoltant 3 millions de signatures en un an ? De la multiplication des déclarations de collectivités territoriales contre les projets d’accords de libre-échange avec les Etats-Unis et le Canada - Transatlantic Free Trade Agreement/Tafta (appelé aussi Transatlantic Trade and Investment Partnership/TTIP) et Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) ? Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée du commerce international, tente de vendre une version édulcorée du mécanisme de règlement des différends investisseurs-Etats prévu dans le Tafta.Lire aussi :Traité transatlantique: une harmonie encore à trouverIl faut dire que le projet initial est inadmissible : permettre à des entreprises transnationales de poursuivre des États devant des arbitres internationaux – avocats d’affaires pour la plupart, choisis par les parties - pour obtenir des compensations au cas où ne seraient pas satisfaites leurs « attentes légitimes » a quelque chose d’ahurissant et de choquant.Motifs baroquesQue ce scandaleux mécanisme existe et prospère déjà ailleurs ne le justifie en rien, bien au contraire : des indemnisations colossales ont été octroyées pour des motifs baroques à des entreprises transnationales qui n’ont pas admis que l’Argentine ait fixé un prix maximal d’accès à l’eau et à l’énergie (pour la bagatelle de 600 millions de dollars à la faveur d’entreprises telles que Aguas de Barcelona, CMS Energy ou Vivendi), que l’Equateur ait nationalisé son industrie pétrolière (1,8 milliard de dollars de compensation pour Occidental Petroleum).Des demandes extravagantes visant à punir des choix politiques sont en cours d’examen (Vattenfall réclamant à l’Allemagne plus de 3 milliards de dollars parce que ce pays a décidé de sortir du nucléaire et que cette entreprise y possède deux centrales ; Véolia poursuivant l’Egypte qui a osé faire passer son salaire minimum de 41 à 71 euros par mois). Les exemples abondent des compensations punitives brandies contre les États, leurs choix politiques et leurs réglementations protectrices des populations.Les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possibleFace aux critiques, la commissaire européenne Cecilia Malmström propose de doter ce système d’arbitrage de quelques caractéristiques destinées à lui donner l’apparence d’une juridiction. Et qu’il soit pour cela assorti d’un mécanisme d’appel, que les « arrêts soient rendus par des juges hautement qualifiés nommés par les pouvoirs publics », qu’une « définition précise » de la capacité des entreprises à saisir l’organe d’arbitrage soit établie et que le droit des États de réglementer soit inscrit dans les accords.Mais les aménagements proposés ne purgent pas le système de son vice fondamental, qui consiste à conforter une catégorie de « super-justiciables » profitant d’un droit et de dispositifs de règlement des litiges spécifiquement dédiés à leurs objectifs propres. L’idée maîtresse est toujours la même : les entreprises ne doivent pas plus avoir à assumer les conséquences des changements politiques – découleraient-ils de choix démocratiques – qu’elles ne doivent tenir compte des contingences territoriales.Nul ne peut choisir son jugeDans ce projet, présenté à tort par la Commission européenne comme le symbole de sa résistance aux Etats-Unis, les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possible. Seules les entreprises auront ainsi le choix de porter leur demande soit devant une juridiction nationale soit devant un organe arbitral.La responsabilité des entités publiques restera analysée à l’aune du traité de libre-échange, explicitement conçu pour favoriser les firmes transnationales, en retenant des notions aussi floues et extensives que le respect des « attentes légitimes », « l’expropriation partielle » ou le « traitement juste et équitable », inconnues des droits nationaux. Il demeure in fine l’opportunité offerte à des entreprises privées de remettre en cause, sur le terrain judiciaire, des décisions démocratiques prises par les gouvernements.À cette procédure anti-démocratique a posteriori le traité ajoute le mécanisme a priori de la coopération réglementaire. Il s’agit d’instituer une consultation préalable obligatoire des lobbies industriels transnationaux très en amont dans le processus législatif : un véritable droit de veto donné aux multinationales avant toute délibération de la loi.Magistrats, juristes, citoyens et citoyennes, nous rappelons que dans un état de droit, nul ne peut choisir son juge ni le droit qui lui est applicable, que l’égalité de tous devant la loi est une garantie fondamentale de la démocratie et que celle-ci ne saurait admettre de privilège de juridiction. Un état de droit démocratique ne saurait consentir, non plus, à ce que certains, fussent-ils des entreprises transnationales, ne se voient accorder le privilège d’être déliés du droit commun s’imposant à tous pour bénéficier d’un système normatif entièrement tourné vers la satisfaction de leurs intérêts.Frédéric Viale (Économiste, membre du conseil d’administration d’Attac) et Marion Lagaillarde (Juge, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature) Hélène Sallon (Bagdad, envoyée spéciale) Le président irakien, Fouad Massoum, s’est entretenu avec Le Monde sur la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), les réformes mises en œuvre pour l’inclusion de la communauté sunnite et les appels à des réformes politiques en Irak.Lire aussi :La tentation russe de BagdadL’Irak a annoncé la création d’un centre de coopération dans le domaine du renseignement avec la Syrie, l’Iran et la Russie. Quelle est la nature de cette coopération ?Il existe une coopération sécuritaire très forte entre l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Russie, mais ce n’est pas une coalition. La coopération avec la Syrie existait déjà. Elle ne doit pas être analysée comme un soutien à la politique et au régime de Bachar Al-Assad. Nos deux pays affrontent Daech [acronyme arabe de l’EI] et ses membres se déplacent entre nos deux pays. Nous défendons nos intérêts : le plus dangereux pour l’Irak serait que Daech contrôle toute la Syrie. L’Iran nous apporte un soutien matériel et humanitaire depuis que Daech a pris Mossoul et le mont Sinjar, en juin 2014. Il est par ailleurs tout à fait normal de coopérer avec la Russie, car des milliers de citoyens russes ont rejoint Daech. Le plus important est que cette coopération ne se fasse pas au détriment de celle avec la coalition internationale.Le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, s’est dit favorable à des frappes russes en Irak. Une demande a-t-elle été faite en ce sens ?Il n’y a pas d’accord concernant des frappes russes en Irak et ce n’est pas envisagé pour le moment. Si cela avait lieu, et j’insiste sur le si, il faudrait que la coalition internationale soit mise au courant afin qu’il y ait une coordination. Nous souhaitons entretenir de bonnes relations avec tous les pays et ne donner aucune préférence à l’un sur l’autre.Quel bilan tirez-vous de la lutte contre l’EI en Irak ?Un grand changement est survenu depuis l’offensive de Daech, il y a plus d’un an. Si certains Irakiens pensaient au départ que Daech s’attaquait seulement à une élite et à une partie du peuple irakien, aujourd’hui, ils ont pris conscience que Daech est un danger pour tous : yézidis, chrétiens, chiites, mais aussi sunnites. Cette prise de conscience est importante politiquement et opérationnellement. Plus qu’une réconciliation politique au sein de l’Etat, il faut désormais travailler à une réconciliation sociale au sein des tribus sunnites, entre ceux qui ont accepté Daech, voire y ont adhéré, et la majorité qui s’y est opposée et l’a combattu.Les trois chefs de l’exécutif – présidence, premier ministre, Parlement – vont présenter un décret sur la réconciliation qui met en exergue la citoyenneté irakienne. Un comité préparatoire constitué de notables locaux et de représentants politiques va être établi. Il faudra plusieurs mois avant d’obtenir des résultats. Cette mission requiert un travail assidu et davantage de tolérance envers ceux qui ont été du côté de Daech.La France fait de l’inclusion des sunnites la clé de la reconquête des zones sunnites aux mains de l’EI. Qu’en est-il des réformes promises à l’automne 2014 ?Pour libérer l’Anbar, il faut que les jeunes sunnites participent aux combats au coude à coude avec l’armée irakienne comme combattants civils ou en intégrant l’armée. Des discussions sont en cours au Parlement sur la création d’une garde nationale. Un compromis a été trouvé pour qu’elle soit rattachée au commandant général des forces armées, le premier ministre. Un accord a par ailleurs été trouvé pour réviser la loi de débaasification (la loi d’exclusion politique des membres du parti Baas de l’ancien président Saddam Hussein). Les sunnites demandent une amnistie générale pour les prisonniers politiques mais, il faut étudier les dossiers au cas par cas car il y a des personnes poursuivies pour leur rôle sous le régime de Saddam Hussein.Comment expliquer les blocages dans la mise en œuvre de ces réformes ?Il y a des blocages au Parlement du fait de différends entre blocs politiques. Les blocs parlementaires sont basés sur des appartenances confessionnelles ou ethniques – sunnite, chiite, kurde –- et chacun défend ses intérêts propres. Je soutiens les manifestations qui ont lieu actuellement en Irak. C’est un pas vers la véritable citoyenneté.Les manifestants demandent la fin du système de répartition ethnique et confessionnelle des postes politiques. Vous y êtes donc favorable ?La Constitution irakienne de 2005 a cherché à réaliser un équilibre entre communautés au pouvoir pour que cesse la marginalisation de certains qui prévalait sous l’ancien régime. Cette répartition reste une nécessité tant que les blocs parlementaires seront constitués sur une appartenance ethnique ou confessionnelle. Le jour où ils seront fondés sur l’appartenance politique, nous n’aurons plus besoin de ce système.Les réformes annoncées par le premier ministre sont jugées insuffisantes par les manifestants et certaines, comme la suppression des trois postes de vice-président, ne sont pas entrées en vigueur…Ces réformes ne sont pas suffisantes mais, c’est un premier pas. Il faut enquêter sur la corruption et identifier ceux qui ont détourné l’argent public. Concernant la suppression des trois postes de vice-président, un recours a été présenté devant la Cour fédérale. Nous attendons sa décision. Le gouvernement a présenté un projet de loi au Parlement pour supprimer ces postes, qui doit maintenant être débattu et voté.Où en est la coopération entre la France et l’Irak ?Les relations entre les deux pays sont très bonnes. La diplomatie irakienne doit renforcer sa coopération militaire avec la France. Nous allons demander à la France de participer à la reconstruction du pays. Nous devons, pour notre part, faciliter l’environnement d’investissement pour les entreprises françaises en Irak. Le gouvernement doit utiliser leur savoir-faire, notamment dans le domaine de la sécurité ou des infrastructures.La situation économique en Irak s’est dégradée. Allez-vous solliciter l’aide de la communauté internationale ?Nous sommes en phase de consultation pour organiser une conférence pour l’Irak début 2016. Nous avons besoin d’un soutien international accru. Il faut que les entreprises étrangères acceptent de travailler avec des paiements différés.Hélène Sallon (Bagdad, envoyée spéciale)Moyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.10.2015 à 15h55 • Mis à jour le11.10.2015 à 16h32 Le camp d’entraînement du groupe Etat islamique visé dans la nuit de jeudi à vendredi par des avions de chasse français en Syrie abritait des combattants « français et francophones », a-t-on indiqué dimanche 11 octobre au ministère français de la défense, confirmant une information du Journal du dimanche (JDD).Selon le JDD, il y avait « plusieurs Français », ainsi que d’autres « jihadistes francophones parmi la centaine de combattants qui s’entraînaient dans ce camp », installé sur au moins une vingtaine d’hectares à cinq kilomètres au sud-ouest de Raqa.Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, avait déclaré vendredi que les objectifs avaient été atteints. « Tout a été détruit », selon la source citée par l’hebdomadaire du dimanche.« Nous avons ciblé un camp d’entraînement dans lequel se trouvaient des combattants étrangers de Daech formés pour venir nous attaquer en France », a assuré cette source à l’Agence France-Presse, en rappelant la notion de légitime défense sur laquelle repose l’intervention française en Syrie.« Ce sont les [combattants étrangers] que nous avons visés, pas les Français en particulier », a-t-on ajouté de même source. Cette présence de combattants étrangers avait été identifiée par le renseignement français, à travers notamment des interrogatoires de djihadistes liés à la Syrie, a-t-on poursuivi.Lire aussi :Syrie : la France frappe l’Etat islamique pour la deuxième foisLes centres d’entraînement visésC’est la deuxième fois que des chasseurs Rafale français ont visé un centre d’entraînement de l’EI dans la région de Raqa (est de la Syrie), après une première frappe le 27 septembre.« Nous savons qu’il y a en Syrie, en particulier dans les environs de Raqa, des centres d’entraînement de combattants étrangers dont la mission n’est pas d’aller combattre pour Daech sur le Levant, mais de venir en France, en Europe pour commettre des attentats », avait alors souligné M. Le Drian.Rappelant que « l’ennemi de la France, c’est Daech », le ministre avait en revanche accusé la Russie de frapper à « 80-90 % » des objectifs autres que l’EI pour protéger le régime de Damas.Lire aussi :Frappes en Syrie : une opération militaire menée « en coordination », selon l’Elysée 11.10.2015 à 11h05 • Mis à jour le11.10.2015 à 14h13 Angela Merkel continue de pâtir de ses prises de position sur la crise des migrants. La CDU (Union chrétienne-démocrate), son parti, a reculé de deux points selon le dernier sondage publié, dimanche 11 octobre, par le quotidien Bild, sur les intentions de vote des Allemands. Si elle reste nettement en tête, jamais ce parti n’avait été aussi bas depuis les dernières élections des députés en septembre 2013.Les Allemands interrogés sont désormais plus nombreux (48 %) à critiquer la politique généreuse de la chancelière à l’égard des réfugiés, qu’à la soutenir (39 %). Cette situation bénéficie à deux formations politiques réclamant plus de fermeté de la part de Berlin face aux migrants : le parti populiste Alternative pour l’Allemagne (AFD) et le parti libéral FDP. Ils progressent eux chacun d’un point à respectivement 5 et 6 % des intentions, selon le sondage.Lire aussi :Réfugiés : Angela Merkel de plus en plus isolée en AllemagneRupture avec la CSUL’attitude de la chancelière qui se refuse à mener une politique d’accueil plus restrictive, quand l’Allemagne s’attend à accueillir quelque 800 000 migrants en 2015, divise sa propre formation politique. La CSU (Union chrétienne-sociale), membre de la CDU en Bavière, en première ligne pour l’accueil des migrants en provenance d’Autriche, s’en prend frontalement à la chancelière. Son président, Horst Seehofer, a dénoncé durant le week-end une « capitulation de l’Etat » allemand face au refus de Mme Merkel de fermer hermétiquement les 3 000 km de frontières allemandes aux migrants. Il a aussi agité la menace d’une plainte devant la Cour constitutionnelle allemande contre le gouvernement à Berlin – dont son parti est pourtant membre –, coupable à ses yeux d’entraver le bon fonctionnement des Etats régionaux débordés par l’afflux des réfugiés. La Bavière (sud) est la région accueillant le plus grand nombre de réfugiés en provenance de l’Auriche voisine.Le président du SPD, Sigmar Gabriel, également vice-chancelier, s’en est, lui, vivement pris au parti bavarois ce week-end : « Il n’y pas de pont-levis que nous pouvons lever » en Allemagne pour empêcher l’afflux de migrants, et « la CSU elle-même ne va pas envoyer des soldats marcher baïonnette au canon vers la frontière », a-t-il déclaré dans une interview.Lire aussi :La CSU bavaroise vent debout contre Angela Merkel 11.10.2015 à 08h23 • Mis à jour le11.10.2015 à 14h02 Aucun bilan n’a encore été annoncé, dimanche 11 octobre, après un attentat-suicide des talibans intervenu dans le centre de Kaboul (Afghanistan) visant un convoi de l’OTAN. Selon la police afghane, un kamikaze s’est fait exploser « dans le secteur de Joy Shir ». La déflagration qui a suivi a projeté une épaisse colonne de fumée dans le ciel de la capitale afghane. Un responsable de l’OTAN à Kaboul a confirmé cet attentat, sans donner plus de détails.Un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a indiqué que son groupe était responsable de l’attaque. Selon lui, l’explosion a touché « deux » véhicules de l’Alliance atlantique. « Tous ceux qui étaient à bord sont morts », a-t-il affirmé. Les talibans sont toutefois connus pour exagérer les bilans de leurs opérations.L’OTAN ne dispose plus de forces armées au sol en Afghanistan, elle s’y cantonne depuis la fin de sa mission à des opérations de soutien et de formation. Elle dirige cependant la coalition aérienne à l’origine de la contre-offensive visant les talibans dans le pays.Lire aussi :Face aux talibans, l’OTAN réfléchit à son niveau d’engagement en AfghanistanLire aussi :Afghanistan : Kunduz, une bataille stratégiqueL’armée afghane, bénéficiant d’un soutien aérien de la coalition de l’OTAN, a lancé une vaste contre-offensive pour reprendre Kunduz à l’occasion de laquelle les Etats-Unis ont reconnu avoir commis une bavure. L’un de leurs avions a bombardé, dans la nuit du 2 au 3 octobre, un hôpital de Médecins sans frontières, faisant au moins 22 morts. Washington a annoncé, samedi, son intention d’indemniser les victimes et d’aider à la reconstruction de l’hôpital détruit.Lire aussi :Le bombardement de l’hôpital de Kunduz est-il un crime de guerre ?Mais Kunduz n’était peut-être pas le seul objectif des talibans, qui ont aussi étendu leurs opérations aux provinces du Badakhshan, de Baghlan et de Takhar. 11.10.2015 à 06h03 • Mis à jour le11.10.2015 à 17h50 La Turquie, frappée par l’attentat le plus meurtrier de son histoire, commence dimanche 11 octobre à enterrer les victimes des explosions qui ont fait au moins 95 morts dans une manifestation pour la paix organisée par l’opposition prokurde à trois semaines des élections législatives anticipées. Alors que débutaient les trois jours de deuil national décrétés par le gouvernement, les premières obsèques des militants de l’opposition qui ont péri dans cet attentat non revendiqué doivent se dérouler dans la journée.Une manifestation en hommage aux victimesDes milliers de personnes se sont réunies dimanche dans les rues d’Ankara pour rendre hommage aux victimes du double attentat suicide.Réunis à l’appel des syndicats, ONG et partis politiques proches de la gauche et de la cause kurde qui avaient appelé au rassemblement pour la paix de la veille, les manifestants ont dénoncé la responsabilité du gouvernement, aux cris de « Erdogan meurtrier » et « gouvernement démission ».Les élections législatives maintenuesLa Turquie maintient ses élections législatives prévues pour le 1er novembre malgré l’attentat, a annoncé dimanche un responsable gouvernemental. « En raison des risques accrus, la sécurité aux meetings électoraux, qui a déjà été augmentée, sera encore renforcée. L’élection se tiendra en toute sécurité. »Au moins 95 morts et 246 blessésSelon un communiqué des services du premier ministre, Ahmet Davutoglu, le bilan s’élevait samedi en fin de soirée à 95 morts et 246 blessés, dont 48 se trouvaient toujours en soins intensifs dans les hôpitaux d’Ankara.Le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde, gauche), formation qui avait appelé à la manifestation, a assuré quant à lui dans la nuit sur son compte Twitter avoir établi un bilan de 128 morts.Our Central Crisis Coordination, in cooperation with TMA and UHSW Crisis Coordination has verified that 128 people lost their lives.— HDPenglish (@HDP English)require(["twitter/widgets"]);Deux violentes explosions ont secoué samedi matin les alentours de la gare centrale d’Ankara, où des milliers de militants venus de toute la Turquie à l’appel de plusieurs syndicats, d’ONG et partis de gauche se rassemblaient pour dénoncer la reprise du conflit entre Ankara et les rebelles kurdes. Les déflagrations ont transformé l’esplanade, jonchée de corps sans vie, en scène de guerre et provoqué la panique dans la foule. Selon le gouvernement islamo-conservateur turc, cet attentat a été « perpétré par deux kamikazes ». En l’absence de revendication, le chef du gouvernement a pointé du doigt trois mouvements susceptibles, selon lui, d’en être l’auteur : le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le groupe Etat islamique (EI) et le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) d’extrême gauche.Lire aussi :L’attentat d’Ankara commis très probablement par deux kamikazesLe HDP met en cause le gouvernement Après l’attentat, la police a tiré des coups de feu en l’air pour disperser des manifestants en colère qui dénonçaient l’absence de mesures de sécurité autour de leur rassemblement, aux cris de « policiers assassins ».De son côté, le HDP a explicitement mis en cause le pouvoir. « Nous sommes confrontés à un Etat meurtrier qui s’est transformé en mafia », a déclaré le chef de file du parti, Selahattin Demirtas. A Istanbul et dans plusieurs villes du sud-est du pays, des milliers de personnes ont manifesté contre le gouvernement. « Erdogan meurtrier », « la paix l’emportera » et « AKP assassin ! », scandaient les protestataires, accusant le président et son mouvement AKP (Parti de la justice et du développement) d’être responsables de la violence. Des manifestations prokurdes similaires se sont déroulées en Europe, notamment en France, en Allemagne ou en Suisse.Lire l'éclairage :L’attentat d’Ankara jette une ombre sur les prochaines législatives en TurquieImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-561a85ab5176f'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 9\r\n \r\n \r\nUn homme porte une pancarte sur laquelle est inscrite l'inscription \"Pas de condol\u00e9ances pour Erdogan, c'est lui le coupable\" lors d'un rassembleement \u00e0 Hambourg, en Allemagne.\r\nCr\u00e9dits : DANIEL BOCKWOLDT \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un homme porte une pancarte sur laquelle est inscrite l'inscription \"Pas de condol\u00e9ances pour Erdogan, c'est lui le coupable\" lors d'un rassembleement \u00e0 Hambourg, en Allemagne.","source":"DANIEL BOCKWOLDT \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 9\r\n \r\n \r\nUne banni\u00e8re est brandie par des manifestants \u00e0 Mannheim, en Allemagne. \"Le gouvernement de l'AKP et l'Etat islamique massacrent le Kurdistan main dans la main\" peut-on y lire.\r\nCr\u00e9dits : RENÉ PRIEBE \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une banni\u00e8re est brandie par des manifestants \u00e0 Mannheim, en Allemagne. \"Le gouvernement de l'AKP et l'Etat islamique massacrent le Kurdistan main dans la main\" peut-on y lire.","source":"REN\u00c9 PRIEBE \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 9\r\n \r\n \r\nQuelque 10 000 personnes ont d\u00e9nonc\u00e9 samedi soir \u00e0 Istanbul la responsabilit\u00e9 du gouvernement dans le double attentat meurtrier d'Ankara. 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Des d\u00e9fil\u00e9s ont \u00e9galement parcouru les rues de Marseille et de Strasbourg.\r\nCr\u00e9dits : MEHDI FEDOUACH \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une manifestation a \u00e9galement eu lieu \u00e0 Bordeaux. 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Cette dernière attaque, qui avait fait 32 morts, avait été imputée par le gouvernement à l’Etat islamique, mais celui-ci ne l’a jamais revendiqué.La Turquie, Etat membre de l’OTAN, vit en alerte renforcée depuis que le président, Recep Tayyip Erdogan, après l’attentat de Suruç, a déclenché un « combat synchronisé contre le terrorisme », contre l’organisation Etat islamique en Syrie et contre des bases arrière du PKK dans le nord de l’Irak, s’exposant à un double front.Cependant, ce samedi, les rebelles du PKK, qui ont multiplié depuis près de trois mois les attaques contre les forces de sécurité turques, ont annoncé la suspension de leurs activités à trois semaines des élections législatives. « Tenant compte des appels venus de Turquie et de l’étranger, notre mouvement a décrété une période d’inactivité pour nos forces de guérilla, sauf si nos militants et nos forces de guérilla étaient attaqués », a fait savoir l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), l’organisation qui chapeaute les mouvements rebelles kurdes.« Nous ne ferons rien qui puisse empêcher une élection équitable. »La presse progouvernementale a vite accusé l’opposition kurde. Le quotidien Sabah, notamment, a suggéré que le PKK pourrait être à l’origine de l’attentat de samedi. Mais selon les rebelles, « ce massacre doit être compris comme une conspiration du gouvernement AKP pour rester au pouvoir ». Lors du scrutin législatif du 7 juin, l’AKP a perdu la majorité absolue qu’il détenait depuis treize ans au parlement, notamment en raison du bon score réalisé par le HDP. Après l’échec des négociations pour la formation d’un gouvernement de coalition, M. Erdogan a convoqué des élections législatives anticipées pour le 1er novembre. 11.10.2015 à 01h11 • Mis à jour le11.10.2015 à 02h31 Après avoir reconnu leur responsabilité dans le bombardement de l’hôpital de Médecins sans frontières à Kunduz en Afghanistan, les Etats-Unis ont annoncé samedi 10 octobre qu’ils verseraient des indemnités aux victimes.L’armée américaine « va travailler avec ceux qui ont été touchés » par cette frappe aérienne – qui a tué il y a une semaine au moins 22 personnes –  « pour déterminer les paiements appropriés », et pourra aussi verser de l’argent pour  « reconstruire l’hôpital », selon un communiqué du ministère américain de la défense.Un bilan qui pourrait s’alourdirPlus tôt dans la semaine, le chef des forces américaines en Afghanistan, le général John Campbell, a admis que l’armée américaine avait bombardé « par erreur » l’hôpital de Médecins sans frontières à Kunduz. Les autorités américaines n’ont cependant toujours pas précisé pourquoi le bombardement n’avait pas été stoppé après les premiers messages d’alerte de MSF dans la nuit du 3 au 4 octobre. Le lendemain, le président américain Barack Obama a présenté ses excuses à MSF.Le bombardement a fait au moins 22 morts, dont 12 parmi le personnel soignant de Médecins sans frontières. MSF, qui a retiré la totalité de son personnel de l’établissement au lendemain de la frappe, était jeudi toujours sans nouvelles de neuf patients et de 24 employés.Lire aussi :Pour Médecins sans frontières, « la guerre doit s’arrêter à l’entrée de l’hôpital »MSF demande une enquête indépendanteTrois enquêtes – une américaine, une afghane et une de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) – sont en cours mais l’ONG rappelle que ces trois autorités sont parties prenantes et continue à demander une enquête internationale indépendante sur ce bombardement, qu’elle a qualifié de « crime de guerre ».MSF réclame que l’enquête soit menée par la Commission d’enquête internationale humanitaire, créée officiellement en 1991 dans le cadre des conventions de Genève. Pour que la Commission puisse se saisir d’un dossier, au moins un des 76 Etats l’ayant reconnue doit demander l’ouverture d’une enquête. 10.10.2015 à 18h53 • Mis à jour le10.10.2015 à 22h04 | Bastien Bonnefous (Le Caire, envoyé spécial) Une poignée de mains pour des navires de guerre. A peine arrivé au Caire pour la première étape de sa tournée dans le Moyen-Orient, Manuel Valls a finalisé le contrat commercial définitif de l’achat par l’Egypte des deux navires Mistral qui n’ont pas été livrés à la Russie en raison de la crise ukrainienne. Samedi 10 octobre en fin d’après-midi, le premier ministre a annoncé la signature de l’accord lors d’une conférence de presse au Caire avec son homologue égyptien Chérif Ismaïl, après avoir été reçu pour un tête-à-tête et un déjeuner par le président maréchal Abdel Fattah al-Sissi, et avant une visite privée de l’église copte du quartier de Mar Guirguis.« C’est un très grand motif de satisfaction (…) et la preuve de la densité, de la confiance de notre coopération que nous allons prolonger car nous avons besoin d’une Egypte forte », a commenté M. Valls, accompagné au Caire par le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, et la députée socialiste Elisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale.Lire aussi :La France solde l’affaire des MistralLe premier ministre n’a pas voulu donner de détail concernant le montant du contrat, qui s’élève selon nos informations entre 910 et 950 millions d’euros, en grande partie financés par l’Arabie saoudite. Mais cet accord entre la DNCS française (Direction des constructions navales services) et la marine égyptienne témoigne quoi qu’il en soit de la coopération particulièrement active au plan militaire entre la France et l’Egypte, après l’achat en février 2015 par Le Caire de 24 avions de chasse Rafale ainsi que d’une frégate multi-missions Fremm et des missiles de courte et moyenne portée.L’entourage de M. Valls reconnaît un « contexte très porteur » et des relations commerciales « exceptionnelles » avec l’Egypte, depuis la prise de pouvoir du président Sissi en mai 2014. Annoncé le 23 septembre par François Hollande après une visite du chef de l’Etat français en Egypte un mois plus tôt, l’achat des navires Mistral, bâtiments de projection et de commandement ultra-sophistiqués, a été finalisé ces derniers jours entre les deux pays.Les représentants d’une vingtaine d’entreprises françaises sont aussi du voyage en Egypte avec Manuel Valls. Le Caire est notamment intéressé par la poursuite de l’extension et l’aménagement de son métro, ainsi que par des satellites de communication. « Nous investissons en Egypte plus de 6 milliards d’euros », a précisé le premier ministre.La lutte contre le terrorisme plutôt que les droits de l’hommeImpossible de savoir si lors de ses entretiens avec les autorités égyptiennes, M. Valls a parlé de la situation des droits de l’homme en Egypte, un pays dirigé d’une main de fer par le maréchal Sissi.Lire aussi :Remboursement des Mistral : la bataille des chiffres continuePubliquement, le premier ministre a préféré évoquer la lutte contre le terrorisme, quelques heures à peine après un attentat meurtrier dans le centre-ville d’Ankara, en Turquie. « L’Egypte est un partenaire central et indispensable pour traiter les problèmes de terrorisme », a-t-il expliqué, ajoutant que « la France croit en l’Egypte, en sa stabilité et en son développement, notamment démocratique ». En tête à tête, MM. Valls et Sissi ont longuement parlé de la situation syrienne et le nouveau contexte créé par l’intervention de la Russie, s’accordant sur la priorité donnée à la lutte contre Daech.Au cours de sa tournée moyen-orientale qui doit le conduire après l’Egypte en Jordanie et en Arabie saoudite, M. Valls compte passer en revue les différents conflits régionaux ou les fortes tensions qui ont repris depuis plusieurs semaines entre Israéliens et Palestiniens.Côté business, le régime saoudien est également intéressé par des équipements militaires français, alors que M. Valls est attendu lundi soir au dîner de gala organisé à Riyad par le Forum économique franco-saoudien auquel participent plusieurs grandes firmes hexagonales. Ce voyage quasi présidentiel de quatre jours, aux thématiques diplomatiques et commerciales très régaliennes, est le plus long à l’étranger pour le premier ministre depuis son arrivée à Matignon en avril 2014.Lire aussi :Ventes d’armes : la stratégie gagnante de la FranceBastien Bonnefous (Le Caire, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Pons (Pyongyang, envoyé spécial) Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-561938743957c'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nLa parade militaire organis\u00e9e \u00e0 Pyongyang samedi 10 octobre \u00e0 l'occasion du 70e anniversaire du parti pourrait \u00eatre l'une des plus imposantes d\u00e9monstrations de force de l'histoire du pays.\r\nCr\u00e9dits : Wong Maye-E \/ AP\r\n \r\n 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d’autres, en arrière-plan, représentaient les emblèmes du parti du travail (la faucille, le marteau et le pinceau, symbole des intellectuels) se détachant en jaune sur ce fond rouge. Près d’un quart de la population de la capitale (2,4 millions) avait été mobilisé pour l’événement, défilant ou ovationnant le jeune dirigeant Kim Jong Un en hurlant « Mansé ! Mansé ! » (Dix mille vies !). A sa gauche, sur le balcon du pavillon de style traditionnel dominant la place, se trouvait Liu Yunshan, membre du comité permanent du bureau politique du parti communiste chinois, l’une des figures les plus importantes à Pékin et la plus haute personnalité étrangère à assister à la parade. Aucun représentant russe ou cubain n’était présent. La célébration, le 10 octobre, du 70e anniversaire de la fondation du parti du travail a été l’une des plus spectaculaires manifestations de masse et de ferveur patriotique du régime. Retardée en raison des intempéries, la cérémonie a commencé en milieu de journée et se termina à la nuit tombée par une océanique marche au flambeau de quarante-cinq minutes réunissant cent mille lycéens en chemise blanche et cravate rouge sous une pluie battante.Bataillons défilant au pas de l’oie, nuées de drapeaux rouges, pièces d’artillerie, blindés, missiles mobiles de moyenne et longue portée sur leur rampe de lancement et drones bleu ciel de fabrication locale se sont succédé dans une démonstration de force et de fierté nationale.« Notre armée est devenue invincible »La République populaire démocratique de Corée (RPDC) s’est autoproclamée puissance nucléaire en 2013, à la suite de son troisième essai atomique. Elle a annoncé en septembre son intention de développer « en quantité et en qualité » sa production nucléaire et d’envoyer dans l’espace un lanceur de satellite (de technologie analogue à celle d’un missile de longue portée) suscitant des mises en garde des Etats-Unis et de leurs alliés comme de la Chine. Dans son discours de la tribune — le second depuis son arrivée au pouvoir en 2011 —, Kim Jong Un a déclaré « notre armée est devenue invincible et peut défier n’importe quel ennemi », ajoutant, non sans bravade, « le monde doit se préparer à voir comment le peuple coréen construit sa puissance ».Au cours de ses entretiens, le représentant chinois, M. Liu, aurait insisté auprès de ses interlocuteurs sur la nécessité d’une reprise des négociations à Six (Chine, deux Corées, États-Unis, Japon et Russie) au sujet de la dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) qui sont suspendues depuis 2009.Le 70e anniversaire de la fondation du parti-État a été l’occasion de souligner la continuité du pouvoir et, par conséquent, la légitimité de Kim Jong Un, descendant direct de la génération guérilla contre l’occupant japonais que commémore inlassablement le régime. Des monceaux de fleurs avaient été déposés devant les statues et portraits de Kim Il Sung et de Kim Jong Il, qui avait succédé à son père en 1994. La réplique des deux fameuses statues de bronze de l’esplanade Mansudae érigée sur un char a clôturé la parade, suivi de vagues humaines en liesse agitant fébrilement des fleurs artificielles et scandant le nom du dirigeant le visage tourné vers la tribune où celui-ci les saluait de la main.Depuis des semaines, la population, des étudiants et les « brigades de chocs » des soldats-bâtisseurs, dont on apercevait par endroits les baraquements de fortune, avaient pomponné la ville, construisant, réparant, repeignant, astiquant tandis que les participants à la cérémonie se préparaient sans relâche, dormant parfois sur place dans des couvertures, pour tenir leur rôle dans cette grande mise en scène du régime par lui-même.Philippe Pons (Pyongyang, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.10.2015 à 16h16 | Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Deux jeunes journalistes citoyens syriens, engagés dans la lutte contre l’Etat islamique (EI) ont été retrouvés décapités, vendredi 30 octobre, dans l’appartement qu’ils occupaient à Urfa, dans le sud de la Turquie.Ibrahim Abdel-Qader, âgé d’à peine 20 ans, était l’un des membres fondateurs du réseau Raqqa Is Being Slaughtered Silently (« Raqqa se fait massacrer en silence », RBSS), qui rassemble des informateurs secrets sur la vie à Raqqa, la capitale de l’Etat islamique en Syrie. Le jeune homme collaborait aussi avec Eye on the Homeland, un autre collectif, spécialisé dans la contre-propagande anti-EI. La seconde victime, Farès Hamadi, œuvrait également pour cette organisation.Les deux militants coordonnaient depuis Urfa à la mise en ligne de vidéos et de photos, prises par leurs contacts clandestins, à l’intérieur de Raqqa. Ces documents exclusifs, captés au téléphone portable, au prix de risques énormes, dépeignent non seulement les exactions perpétrées par les membres de l’EI, mais aussi le quotidien de la ville, fait de privations de nourriture, de pénuries d’électricité et de bombardements, très loin du « paradis panislamiste » promu par les propagandistes de l’EI. « Une cible importante pour Daech »Selon Abu Ibrahim Al-Raqqawi, le pseudonyme d’un autre membre de RBSS, les deux activistes ont d’abord été tués par balle avant d’être égorgés. Si aucune revendication formelle n’est pour l’instant apparue, les partisans de l’EI sur les réseaux sociaux se sont bruyamment félicités de leur exécution.Selon un conseiller politique de l’Armée syrienne libre, la branche modérée de l’insurrection syrienne, joint par téléphone à Urfa, la responsabilité de l’Etat islamique dans cette opération ne fait aucun doute. « Ibrahim était une cible importante pour Daech [l’acronyme arabe de l’EI], dit-il. Il avait reçu des menaces de leur part. Il avait disparu de la circulation pendant longtemps. Des rumeurs le disaient en Allemagne. Mais quand il est réapparu il y a un mois, on a compris que, pendant toute cette période, il s’était caché. »Le jeune homme a probablement été incité à sortir de la clandestinité par l’amélioration de la situation sécuritaire à Urfa. Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière syrienne, la ville a servi de 2014 au début de l’année 2015 de lieu de transit à des recrues djihadistes et de base arrière à certains des combattants de l’EI. La présence de ces extrémistes, à peine dissimulée, entretenait un climat de tension dans la ville.« La situation à Urfa s’est améliorée après que les Kurdes, au mois de juin, ont délogé Daech de Tel Abyad, une ville sur la frontière », explique le conseiller de l’ASL, qui a requis l’anonymat. « Ces derniers temps, la ville semblait parfaitement sûre. Le fait que les tueurs de l’EI aient pu frapper à l’intérieur de la ville sans être arrêtés est extrêmement choquant. »Raqqa, bientôt visé ?De nombreux Syriens, affiliés de près ou de loin à « Raqqa se fait massacre en silence », ont payé de leur vie leur engagement anti-EI. C’est notamment le cas de Bashir Abduladhim Al-Saado et Faisal Hussain al-Habib, deux jeunes habitants de Raqqa, dont l’exécution d’une balle dans la tête, à bout portant, a été diffusée sur Internet, au mois de juillet. Mais jusque-là, l’organisation djihadiste n’avait jamais réussi à abattre l’un des ces adversaires médiatiques au-delà des frontières de la Syrie.En réaction à cette opération, l’organisation Reporters sans frontières a publié un communiqué exhortant « les autorités turques à tout mettre en œuvre pour traduire en justice les assassins (…). Ankara se doit d’assurer la sécurité des journalistes réfugiés sur son sol. »La mort de deux activistes survient alors que la probabilité d’une offensive contre Raqqa s’accroît. Abu Issa, chef de la Brigade des révolutionnaires de Raqqa, un groupe armé allié aux troupes kurdes du YPG, a appelé la population de la région à se préparer à une attaque contre le fief de l’EI.Le déploiement dans le nord de la Syrie de Forces spéciales américaines, annoncé vendredi 30 octobre par la Maison Blanche, laisse aussi penser que cette offensive approche.Lire aussi :Les Etats-Unis envoient des forces spéciales en SyrieBenjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.10.2015 à 02h20 Vendredi 30 octobre, 22 candidats à l’exil ont encore péri en Mer Egée et 35 sont portés disparus au large de l’Espagne. Le même jour, l’Allemagne et l’Autriche ont décidé de limiter l’arrivée des migrants à cinq points de leur frontière commune pour mieux contrôler leur afflux.Cette restriction du passage à la frontière germano-autrichienne, principale porte d’entrée des réfugiés sur le territoire allemand et ultime étape du périple de la plupart des réfugiés fuyant la guerre ou la pauvreté, prend effet « immédiatement », selon une porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur à l’Agence France Presse.Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésVienne organise depuis des semaines le transport de milliers de personnes vers la Bavière le long des quelque 800 kilomètres de frontière, d’autres viennent par leurs propres moyens à travers bois, formant par endroits des files d’hommes, de femmes et d’enfants épuisés. Les autorités bavaroises ont assuré ne plus pouvoir contenir ce flux.L’Autriche accusée de conduire des migrants de nuit à la frontière« Nous souhaitons parvenir à un processus ordonné », a expliqué le ministère allemand de l’intérieur, deux jours après que Berlin eut reproché aux Autrichiens de conduire des migrants à la frontière de nuit et sans prévenir la police allemande.En milieu de semaine, Berlin avait déjà annoncé qu’il prolongerait une nouvelle fois ses « contrôles temporaires » aux frontières, mis en place depuis le 13 septembre pour freiner l’afflux des migrants. Ils pourraient être prolongés jusqu’en février. Selon des statistiques officielles, l’Allemagne a déjà recensé 577 000 demandeurs d’asile depuis le début de l’année.Le premire ministre grec Alexis Tsipras a réclamé de l’UE « une condamnation officielle des choix (de certains États membres) d’ériger des murs et des barrières et de fermer les frontières », plaidant en faveur de l’ouverture de canaux légaux vers l’Europe pour les réfugiés.Malgré l’arrivée du mauvais temps et la fermeture en cours des frontières européennes, des centaines de personnes continuent pourtant chaque jour de risquer leur vie, bravant le froid et les vents violents.56 noyés en trois jours en mer EgéeAu moins 22 migrants, dont 17 enfants, ont péri vendredi en mer Egée, portant à 56 en trois jours le nombre des personnes qui se sont noyées entre la Grèce et la Turquie, tandis que la sinistre collecte des corps de précédents naufrages se poursuivait, en particulier à Lesbos.Au large de l’île grecque de Kalymnos, les corps de 19 personnes, dont huit enfants et trois nourrissons, ont été retrouvés dans la matinée après le chavirage dans la nuit de leur bateau chargé d’environ 150 personnes. Une femme, un enfant et un bébé, se sont aussi noyées près de Rhodes, et trois personnes sont toujours recherchées.Par ailleurs, quatre enfants syriens âgés d’un à quatre ans ont été repêchés morts dans les eaux turques par les garde-côtes, qui ont sauvé 19 passagers eux aussi en route pour Lesbos, selon l’agence de presse Dogan.Alexis Tsipras s’est ému vendredi devant le Parlement de cette « tragédie humanitaire », qui est une « honte » pour l’Europe.Lire aussi :En deux jours, 27 migrants sont morts en mer entre la Turquie et la GrèceUn autre drame au large des côtes du sud de l’Espagne s’est déroulé jeudi, dont le bilan pourrait s’élever à 39 morts. Tandis que quinze personnes ont été secourues et quatre hommes retrouvés sans vie, les secours en mer ont abandonné vendredi soir les recherches pour retrouver 35 migrants se trouvant sur l’embarcation qui ont disparu en mer.Plans européens de répartition à la traîneDe son côté, l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a annoncé vendredi avoir mis à jour « son plan pour répondre au flux des migrants en Méditerranée » prévoyant un budget de « 780 millions de dollars » (708 millions d’euros) d’ici à décembre 2016.Depuis le début de l’année, le nombre des arrivées par la mer en Grèce a atteint 580 125 selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR), sur un total de 723 221 personnes parvenues en Europe par la Méditerranée. En Italie, elles étaient 140 200. Plus de la moitié sont des Syriens (53%), 18% des Afghans et 6% des Irakiens, selon le HCR.Alors que les plans européens de répartition de la prise en charge sont censés porter sur deux ans sur 160 000 réfugiés, seuls une centaine de ces migrants ont jusque-là été envoyés d’Italie dans le reste de l’UE, a précisé Adrian Edwards, un porte-parole du HCR. 30.10.2015 à 22h00 Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé, vendredi 30 octobre au soir, à l’issue de discussions avec les dirigeants des principaux partis, qu’ils étaient parvenus à un accord de principe pour défendre ensemble « l’unité » de l’Espagne face à la fièvre indépendantiste en Catalogne.Lire notre décryptage :Pourquoi la Catalogne veut-elle son indépendance ?« Nous sommes tous d’accord, la majorité (des partis), sur l’essentiel », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Madrid, assurant que tous défendaient « l’unité de l’Espagne, la souveraineté nationale, l’égalité en termes de droits et de devoirs de tous les Espagnols, le respect des lois ».Rajoy veut reprendre la mainLe conservateur Mariano Rajoy multiplie les réunions pour sortir de l’impasse en Catalogne et reprendre la main, alors qu’il est accusé d’immobilisme face aux indépendantistes, décidés à lancer le processus de séparation dès le mois de novembre au Parlement régional.Vendredi, Mariano Rajoy s’est entretenu avec Albert Rivera, le chef de Ciudadanos, un parti libéral né en Catalogne justement pour défendre le maintien de la région en Espagne. Il a aussi reçu à la Moncloa, siège de la présidence du gouvernement, Pablo Iglesias, sa première réunion avec le chef de Podemos (gauche radicale) depuis la création du parti, en janvier 2014. Il avait aussi, mercredi, rencontré le leader socialiste Pedro Sanchez.« Débats stériles »M. Rivera a dit lui avoir soumis une proposition de « pacte », tandis que M. Iglesias s’est prononcé contre « les fronts antisécession », auxquels il préfère le « dialogue ». « Nous avons tous compris la gravité du défi et je remercie mes interlocuteurs pour leur bonne disposition » en la matière a déclaré M. Rajoy, précisant qu’il avait demandé aux principales formations en compétition pour les législatives du 20 décembre d’éviter des « débats stériles » sur ces sujets.Les indépendantistes catalans, majoritaires au Parlement régional depuis les élections du 27 septembre, mais n’ayant que 48 % des suffrages, veulent une séparation d’avec l’Espagne dès 2017. 30.10.2015 à 17h02 • Mis à jour le31.10.2015 à 11h42 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Le 1er novembre, les électeurs turcs se rendront aux urnes pour la deuxième fois en cinq mois. Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) espère retrouver sa majorité parlementaire perdue lors des législatives de juin. Après le scrutin, le premier ministre Ahmet Davutoglu avait échoué à former une coalition, de nouvelles élections avaient été convoquées.Pour l’AKP, le scrutin de juin fut une grande déconvenue. Pour la première fois en treize ans de pouvoir, le parti fondé par Recep Tayyip Erdogan obtenait 41% des voix (258 députés sur 550), bien loin des scores prodigieux des années précédentes (45,6% aux municipales de mars 2014 ; 49,9% aux législatives de novembre 2011).Fort de 13 % des suffrages, le petit Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro-kurde) avait volé la victoire aux islamo-conservateurs. Par le passé, les régions kurdophones du sud-est du pays avaient toujours été des réservoirs de voix pour l’AKP. En juin, tout a basculé.Objectif irréalisableCette nouvelle donne a douché les espoirs de l’homme fort de Turquie, avide d’instaurer un régime présidentiel à la mesure de ses ambitions. Premier président élu au suffrage universel en août 2014, M. Erdogan rêvait d’un pouvoir aussi étendu que son nouveau palais à Ankara, d’une superficie de 200 000 mètres carrés.Pour le numéro un turc, la « répétition » du scrutin ne peut que lui être favorable. Il a d’ailleurs prié les électeurs de lui donner « 400 députés », de quoi réaliser le changement de Constitution tant espéré. C’est faisable si l’AKP a 367 des 550 sièges du Parlement. Avec 330, il est possible de convoquer un référendum. Pour gouverner seul, il faut à l’AKP 276 députés.Lire aussi :Recep Tayyip Erdogan ou la dérive autoritaire du président turcCet objectif apparaît aujourd’hui irréalisable. Les résultats ont peu de chance de varier à cinq mois d’écart. D’ailleurs, les principaux instituts de sondage (Gezici, Metropoll, Sonar, Konda) dessinent pour le 1er novembre un score quasiment identique à celui de juin.Un sondage, publié jeudi 29 octobre par Metropoll, attribue à l’AKP 43,3 % des intentions de vote, soit 2,5 points de plus qu’en juin. Un autre sondage, publié le même jour et réalisé par l’institut A&G Research, donne au « parti de l’ampoule » (le surnom de l’AKP) 47 % des suffrages, mais il est le seul à être aussi optimiste.Avec 43 % des voix, l’AKP se retrouverait dans la même situation qu’en juin, obligé de composer avec l’un des trois partis de l’opposition parlementaire pour former une coalition. Selon une étude réalisée par la fondation Carnegie, le scénario le plus vraisemblable serait que l’AKP et le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le vieux parti d’Atatürk s’entendent pour former un gouvernement. Pressés d’en finir avec l’incertitude politique et l’économie qui chancelle, les hommes d’affaires misent sur cet attelage.Vers une troisième électionComme tout les oppose, les deux partis risquent de former une coalition bancale. Le CHP réclame pour sa part une enquête sur les accusations de corruption révélées en 2013 dans l’entourage de M. Erdogan, ce que ce dernier ne saurait accepter. A terme, la coalition pourrait craquer, ouvrant la porte à de nouvelles élections.« Erdogan semble avoir peu d’enthousiasme pour cette formule. Il jouit encore d’une position hégémonique au sein du parti quand bien même, en tant que président, il devrait être politiquement neutre. Une coalition pourra émerger si Erdogan peut être convaincu qu’une nouvelle élection sera néfaste au pays et à ses ambitions politiques personelles », écrit Sinan Ulgen, co-auteur de l’étude publiée par Carnegie.L’idée d’une troisième élection fait son chemin. « Si le résultat est semblable à celui du 7 juin, je crains qu’on envisage une nouvelle élection. Voilà pourquoi il est important qu’un seul parti gouverne », a déclaré récemment Mehmet Ali Sahin, vice-président et député de l’AKP. En attendant, l’AKP a largement abusé de sa position dominante pendant la campagne. En octobre, la chaîne publique TRT a accordé vingt-neuf heures de diffusion à M. Erdogan et trente heures à son parti l’AKP. Le CHP a eut droit à cinq heures, contre une heure et dix minutes pour le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et dix-huit minutes pour le HDP.Lire aussi :Turquie : l’histoire d’un naufrageMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.10.2015 à 15h27 • Mis à jour le30.10.2015 à 15h46 Service « Débats »Incapables de former un gouvernement stable depuis les élections législatives du 7 juin, les Turcs sont de nouveaux appelés aux urnes le 1er novembre pour renouveler leur Assemblée nationale. Contrarié par le vote des électeurs qui l’ont privé d’une majorité absolue au Parlement, le président Recep Tayyip Erdogan a montré qu’il était prêt à tout pour monopoliser le pouvoir, réformer la Constitution et imposer un régime présidentiel.Car au lieu d’apparaître comme un arbitre au-dessus de la mêlée, le leader de l’AKP, à la tête du pays depuis 2002, a multiplié les provocations et mis les Turcs sous pression, prenant le risque d’abîmer au passage le processus démocratique en Turquie et de bloquer la vie politique en rejetant toute idée de gouvernement de coalition.L’avenir suspendu à trois défisPour sortir de cette impasse, ce qui se joue actuellement à Ankara n’est rien d’autre que l’avenir de la démocratie, suspendu à trois défis.Le premier défi est institutionnel. Les Turcs donneront-ils cette fois-ci une majorité absolue à M. Erdogan ? Rien n’est moins sûr. La société turque a changé en une génération. Les classes moyennes se sont enrichies et les Turcs sont ouverts à la mondialisation. Or, au moment où les citoyens turcs semblent se libérer de la domination paternaliste imposée par M. Erdogan, ce dernier se prend pour le successeur du dernier sultan ottoman et entend cadenasser le pays à tous les échelons du corps social.Le deuxième défi est politique. Singularité turque, la Constitution a fixé à 10 % le seuil d’entrée au Parlement. M. Erdogan n’a toujours pas digéré le fait que le Parti démocratique des peuples (gauche et prokurde) l’ait déjà franchi une première fois en juin. Il n’est pas le seul, les élites turques ont du mal à accepter l’idée de partager le pouvoir.Dans son histoire, impériale ou républicaine, la Turquie a toujours considéré que le pouvoir politique relevait du domaine réservé des élites turques centralisatrices. Il est arrivé dans l’histoire qu’un individu issu d’une minorité nationale ou religieuse non musulmane occupe des places prestigieuses dans l’appareil d’Etat.Métastases de la guerre en Syrie et en IrakMais le fait d’entrer en force au Parlement en tant que groupe constitué – en l’occurrence en tant que parti de la gauche démocratique prokurde – représente pour la nouvelle « Sublime Porte » une sorte de crime de lèse-turcité. Peu d’observateurs en Turquie ou à l’étranger relèvent cette pratique arbitraire et antidémocratique proprement turque.Enfin, le dernier défi est stratégique et soulève de graves questions pour le développement économique de la Turquie en toute sécurité : quelle que soit l’issue du scrutin, rien ne dit que les fractures ouvertes entre le régime et le PKK, mais aussi les tensions entre Ankara et les djihadistes de Daech, qui multiplie les attentats sur le sol turc, se refermeront. D’autant que les métastases de la guerre en Syrie et en Irak peuvent à tout moment ronger le territoire turc et la stabilité du régime. Ce qui ne sera pas sans effet sur la position de la Turquie par rapport à ces conflits périphériques, ni sans incidence sur le processus d’adhésion – déjà bien compromis – d’Ankara à l’Union européenne.En juin, les électeurs ont dit non à l’ambition ultraprésidentielle de M. Erdogan. En véritable ingénieur du rapport de force, il a riposté en bloquant la vie des institutions républicaines. Le 1er novembre, les électeurs peuvent sortir le pays de l’impasse, satisfaire ou non le projet de leur président et se réveiller au lendemain du scrutin dans une Turquie au bord de l’implosion.A lire sur le sujet:- La gauche démocratique est la cible du « système Erdogan », par Hamit Bozarslan, historien, sociologue, directeur d’études à l’EHESS. Au-delà des Kurdes, le président turc s’en prend à tout ce que la société civile compte de libertés et de pluralisme- Arrêtons tout cynisme dans les relations entre Bruxelles et Ankara, par Anne-Marie Le Gloannec, directrice de recherche au CERI, Sciences Po. On ne peut pas relancer les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne sans tenir compte de l’autoritarisme de M. Erdogan- Monsieur le Président, les Turcs ne veulent pas de votre culte du « Baba », par Elif Shafak, écrivaine turque et politologue. Dominée par la peur et les désillusions, la société turque doit se délivrer du carcan et de la tyrannie paternaliste imposés par Recep Tayyip Erdogan.- Pour une coalition gouvernementale!, par Ali Kazancigil, politologue et codirecteur de la revue de géopolitique « Anatoli ». Les Turcs ne veulent pas donner tous les pouvoirs à M. Erdogan. Il sera contraint au compromisService Débats Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Les anniversaires les plus tristes permettent un moment d’introspection. Il y a vingt ans, le premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, était assassiné par un extrémiste juif. Les cérémonies officielles se sont multipliées cette semaine à sa mémoire. Un grand rassemblement aura lieu samedi soir, 31 octobre, à Tel-Aviv, sur la place qui porte dorénavant son nom, en présence notamment de l’ancien président américain Bill Clinton. Mais cet anniversaire a été aussi l’occasion de nouvelles escarmouches entre la gauche et la droite. Dans un entretien au Monde, le leader travailliste Isaac Herzog, qui a conduit l’Union sioniste lors des législatives de mars, s’explique sur la difficulté à distinguer la gauche israélienne de la droite au pouvoir.Comment l’assassinat a-t-il changé la gauche ?Isaac Herzog Cet événement a d’abord bouleversé le pays et provoqué un grand tournant dans la politique. Ce n’est pas seulement l’assassinat qui a conduit à l’affaiblissement de la gauche, mais les circonstances historiques. Le terrorisme et les attentats-suicides dans les années 1990 et au début des années 2000 ont influencé de façon dramatique la psyché nationale. Mais, d’un autre côté, cela a conforté l’héritage de Rabin. Paradoxalement, après lui, tous les leaders ont été forcés d’aller dans le sens d’arrangements avec les Palestiniens. Tous ceux qui s’étaient opposés à la politique de Rabin l’ont adoptée. Benjamin Nétanyahou, Ehoud Barak avec les négociations de Camp David, Ariel Sharon et le retrait unilatéral dramatique de la bande de Gaza, Ehoud Olmert qui est allé aussi loin que possible avec Mahmoud Abbas... D’une certaine façon, ils sont tous allés dans le sens d’une solution à deux Etats, malgré le fait que, dans l’opinion publique, elle avait perdu substantiellement du soutien avec la vague de terreur.Mais on a l’impression que le « camp de la paix » ne s’est jamais remis de la mort de Rabin...La gauche a été affaiblie politiquement. Elle n’a pas réussi à s’en remettre. Depuis Barak [1999-2001], elle n’a pas réussi à former un gouvernement. Seuls des leaders de la droite et du centre ont été premiers ministres. J’en ai été proche lors des dernières élections, en mars. Je dirige le deuxième plus grand bloc dans la politique israélienne. Il y avait un désir de remplacer Nétanyahou et il existe une frustration croissante due à ses politiques. Néanmoins, l’état d’esprit de la population quand il s’agit de terrorisme, d’assassinats et de coups de couteau penche naturellement davantage vers la droite et le nationalisme. Dans ces circonstances, je persiste dans mes positions : nous devons aller vers une séparation d’avec les Palestiniens.Certes, mais sur des sujets majeurs comme le terrorisme, le dossier nucléaire iranien ou bien le mouvement BDS, appelant au boycottage d’Israël à cause de l’occupation, il est souvent difficile de distinguer vos positions de celles de la droite. Pourquoi ?Parce que nous y croyons ! Quand il s’agit de sécurité nationale, je ne serai jamais dans l’opposition aux citoyens israéliens. Je pense que l’accord sur le nucléaire iranien est très problématique et que Rabin aurait été d’accord. Je pense que le mouvement BDS est une menace existentielle pour notre légitimité et notre juste cause dans ce monde. Je veux m’assurer que notre nation a un Etat indépendant qui est la destination du peuple juif, à côté d’un Etat palestinien qui est la destination du peuple palestinien. J’ai aussi clairement fait comprendre à mon parti et à nos supporters qu’il fallait que nous allions vers le centre, car nous n’emporterons jamais la confiance des Israéliens si nous ne touchons pas leur cœur en matière de sécurité. Depuis des années, la droite nous accuse d’être des traîtres et d’avoir laissé tomber les questions de sécurité.Au cours d’un échange de tribunes avec le célèbre journaliste du Haaretz, Gideon Levy, il y a quelques semaines, vous avez écrit que l’affrontement politique actuel en Israël opposait les pragmatiques aux messianistes. C’est-à-dire ?Le messianisme commence quand les gens introduisent les questions religieuses dans le conflit et croient dans le « Grand Israël » [de la mer Méditerranée au fleuve Jourdain]. Ils disent que si les choses restent en l’état, on surmontera tout et on sera victorieux. Le pragmatisme a toujours été la mission des hommes d’Etat travaillistes, depuis Ben Gourion jusqu’à Yitzhak Rabin et Shimon Pérès. C’est notre « raison d’être » [en français]. Nous débattions déjà de ce pragmatisme avec Menachem Begin [premier ministre 1977-1983]. Le pragmatisme signifie qu’on ne peut continuer comme cela à jamais, sans aller vers la paix.Au cours des dernières législatives, en mars, vous avez été à la tête d’un camp qui s’est appelé Union sioniste. Le sionisme, ça veut dire quoi aujourd’hui ?Le sionisme pragmatique des pères fondateurs était toujours inclusif. Le vrai débat avec la droite est : jusqu’où doit aller le sionisme ? Tous les citoyens doivent avoir les mêmes droits dans notre pays. Il faut préserver une justice indépendante et les valeurs démocratiques, qui reposent sur la justice sociale. Le sionisme messianique, lui, dit que tout découle des croyances religieuses, au mépris des autres personnes vivant sur cette terre.Quand Rabin a été assassiné, il y avait 140 000 colons en Cisjordanie. Ils sont 350 000 à présent, et avec de puissants relais politiques...Il existe une proposition de règlement pacifique entre Israéliens et Palestiniens avec échange de territoires. Elle reste valable. C’est la proposition Clinton de 2000. Elle concerne 80 % des colons. C’est donc encore faisable, on peut y arriver. Il faut essayer, encore et encore. Je crois qu’il existe une occasion en or, sur la base d’un concept régional. Il y a des pays dans la région qui partagent nos intérêts et nos défis, comme la lutte contre le terrorisme, l’Iran, l’Etat islamique, et qui veulent favoriser un accord entre nous et les Palestiniens. Il pourrait s’agir d’un moteur essentiel pour changer l’atmosphère dans la région.Croyez-vous Benyamin Nétanyahou lorsqu’il affirme vouloir préserver le statu quo au sujet de l’accès à l’Esplanade des mosquées (mont du Temple pour les juifs) ?Ça n’a rien à voir avec la croyance. Israël a toujours voulu, sans équivoque, préserver le statu quo sur le mont du Temple, et ce gouvernement aussi. D’énormes mensonges sont diffusés par les affiliés des Frères musulmans en Israël et ailleurs, sur ce sujet, qui a toujours fait couler le sang. Je crois dans le droit de chacun à pratiquer sa religion. Je crois aussi dans la prudence, basée sur des décisions religieuses [rabbiniques] au sujet des visites des juifs sur le mont du Temple.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.10.2015 à 14h16 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le sujet est complexe, mais il est crucial pour l’économie grecque. Vendredi 30 octobre, le projet de loi encadrant la recapitalisation des quatre principales banques grecques – la Banque nationale de Grèce (BNG), la banque du Pirée, Alpha et Eurobank – a enfin été déposé au parlement hellène. Il devrait être adopté en procédure d’urgence d’ici à dimanche soir, au lendemain de la publication des résultats des « stress tests » de la Banque centrale européenne (BCE) évaluant les besoins en argent frais de ces établissements.Pour Athènes, l’enjeu est de taille : permettre aux banques grecques, très fragiles, de fonctionner à nouveau normalement.Lire aussi (édition abonnés) :En Grèce, Alexis Tsipras coincé entre Bruxelles et la rueDans quel état sont les banques grecques ? Elles sont le talon d’Achille de l’économie hellène. « Elles ne remplissent plus leur mission, à savoir financer les entreprises et les ménages », résume Nikolaos Georgikopoulos, économiste à la Stern Business School de l’université de New York. Il y a un an, elles allaient pourtant mieux. Les « tests de résistance » de novembre 2014 de la BCE avaient révélé qu’elles étaient à peu près solides. Il faut dire que, depuis 2009, elles ont été recapitalisées sous différentes formes à hauteur de 56 milliards d’euros, selon les calculs de M. Georgikopoulos. Le Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF) a notamment injecté 25 milliards d’euros.Depuis, les troubles politiques qui ont suivi l’élection d’Alexis Tsipras au poste de premier ministre, en janvier 2015, et les craintes de la sortie du pays de la zone euro ont nui aux quatre principaux établissements nationaux. La fuite des dépôts s’est accélérée – plus de 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) ont quitté le pays depuis 2010. En raison du retour de la récession, le nombre de prêts non performants aux entreprises et ménages, qui ne seront probablement jamais remboursés, a explosé. De 35 % fin 2014, leur taux frôlerait aujourd’hui les 45 %, selon une source bancaire.Résultat : aujourd’hui, personne n’est capable de dire ce que valent exactement les banques grecques, qui survivent grâce aux aides d’urgence de la BCE, les « emergency liquidity assistance ».Que révéleront les stress tests de la BCE ?Pour déterminer l’état de santé réel de ces établissements et quels sont leurs besoins en argent frais, le superviseur bancaire unique, logé au sein de la BCE, a lancé dès cet été une nouvelle série de tests de résistance. Le résultat de ce check-up sera rendu public samedi 31 octobre au matin. Cet été, les besoins de recapitalisation étaient estimés entre 10 et 25 milliards d’euros. En début de semaine, des sources bancaires, à la fois grecques et européennes, assuraient que « les besoins seraient au final moins élevés que prévu, certainement en dessous du seuil de 20 milliards d’euros ».Lire aussi :L’Eurogroupe s’apprête à débloquer un nouveau prêt à la GrèceComment seront recapitalisés les établissements ?Quels que soient les montants annoncés par la BCE, le gouvernement grec espère faire passer avant dimanche soir le projet de loi qui permettra de mettre en œuvre la recapitalisation.Annoncé à maintes reprises et systématiquement repoussé depuis plus de trois semaines, ce texte a fait l’objet d’âpres négociations avec les représentants des créanciers du pays.Il s’agit en effet de déterminer d’où proviendra l’argent qui renflouera les banques. A priori, 10 milliards d’euros seront mis à la disposition du Fonds hellénique de stabilité financière, qui renforcerait ainsi sa participation dans les établissements. « Le HFSF fournira toute aide publique qui s’avérera nécessaire », a déclaré une autre source bancaire à l’agence Reuters, mardi. Les banques feront également appel aux investisseurs privés, par le biais d’une levée de capitaux sur les marchés qui pourrait commencer dès le 2 novembre.Si cela ne suffit pas, 15 milliards d’euros supplémentaires, provenant du nouveau plan d’aide (86 milliards d’euros) accordé au pays cet été, pourraient être débloqués. Mais uniquement quand les créanciers d’Athènes auront terminé leur première évaluation des mesures de rigueur adoptées par le gouvernement ces dernières semaines. Ce qui ne devrait pas intervenir avant courant novembre.Alexis Tsipras a bien tenté d’obtenir que la recapitalisation soit séparée de cette évaluation. Mais il s’est vu opposer un refus catégorique des créanciers.Pourquoi le gouvernement grec est-il si pressé ?Pour le gouvernement Tsipras, il y a urgence. La Grèce, comme la BCE, a en effet intérêt à ce que la recapitalisation soit bouclée au plus vite. Si elle a lieu aujourd’hui, le pays est en effet libre de décider comment renflouer ses établissements. En revanche, si elle a lieu après le 31 décembre, la directive européenne sur le redressement et la résolution des crises bancaires s’appliquera pleinement. Or, celle-ci prévoit la possibilité d’un « bail-in », c’est-à-dire une participation forcée des gros déposants (plus de 100 000 euros) au sauvetage de leur banque, comme ce fut le cas à Chypre en 2013. Les gros déposants étaient alors, pour la plupart, des Russes aisés.Mais dans le cas grec, les gros déposants sont des PME déjà exsangues. Une telle mesure serait donc particulièrement pénalisante. « Voilà pourquoi nous ferons tout pour que la recapitalisation intervienne avant décembre : un bail-in serait un désastre pour le pays », confie une source bancaire.Lire aussi :Athènes va présenter un nouveau budget d’austéritéAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.10.2015 à 17h02 • Mis à jour le30.10.2015 à 18h43 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Le 1er novembre, les électeurs turcs se rendront aux urnes pour la deuxième fois en cinq mois. Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) espère retrouver sa majorité parlementaire perdue lors des législatives de juin. Après le scrutin, le premier ministre Ahmet Davutoglu avait échoué à former une coalition, de nouvelles élections avaient été convoquées.Pour l’AKP, le scrutin de juin fut une grande déconvenue. Pour la première fois en treize ans de pouvoir, le parti fondé par Recep Tayyip Erdogan obtenait 41% des voix (258 députés sur 550), bien loin des scores prodigieux des années précédentes (45,6% aux municipales de mars 2014 ; 49,9% aux législatives de novembre 2011).Fort de 13 % des suffrages, le petit Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro-kurde) avait volé la victoire aux islamo-conservateurs. Par le passé, les régions kurdophones du sud-est du pays avaient toujours été des réservoirs de voix pour l’AKP. En juin, tout a basculé.Objectif irréalisableCette nouvelle donne a douché les espoirs de l’homme fort de Turquie, avide d’instaurer un régime présidentiel à la mesure de ses ambitions. Premier président élu au suffrage universel en août 2014, M. Erdogan rêvait d’un pouvoir aussi étendu que son nouveau palais à Ankara, d’une superficie de 200 000 mètres carrés.Pour le numéro un turc, la « répétition » du scrutin ne peut que lui être favorable. Il a d’ailleurs prié les électeurs de lui donner « 400 députés », de quoi réaliser le changement de Constitution tant espéré. C’est faisable si l’AKP a 367 des 550 sièges du Parlement. Avec 330, il est possible de convoquer un référendum. Pour gouverner seul, il faut à l’AKP 276 députés.Lire aussi :Recep Tayyip Erdogan ou la dérive autoritaire du président turcCet objectif apparaît aujourd’hui irréalisable. Les résultats ont peu de chance de varier à cinq mois d’écart. D’ailleurs, les principaux instituts de sondage (Gezici, Metropoll, Sonar, Konda) dessinent pour le 1er novembre un score quasiment identique à celui de juin.Un sondage, publié jeudi 29 octobre par Metropoll, attribue à l’AKP 43,3 % des intentions de vote, soit 2,5 points de plus qu’en juin. Un autre sondage, publié le même jour et réalisé par l’institut A&G Research, donne au « parti de l’ampoule » (le surnom de l’AKP) 47 % des suffrages, mais il est le seul à être aussi optimiste.Avec 43 % des voix, l’AKP se retrouverait dans la même situation qu’en juin, obligé de composer avec l’un des trois partis de l’opposition parlementaire pour former une coalition. Selon une étude réalisée par la fondation Carnegie, le scénario le plus vraisemblable serait que l’AKP et le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le vieux parti d’Atatürk s’entendent pour former un gouvernement. Pressés d’en finir avec l’incertitude politique et l’économie qui chancelle, les hommes d’affaires misent sur cet attelage.Vers une troisième électionComme tout les oppose, les deux partis risquent de former une coalition bancale. Le CHP réclame pour sa part une enquête sur les accusations de corruption révélées en 2013 dans l’entourage de M. Erdogan, ce que ce dernier ne saurait accepter. A terme, la coalition pourrait craquer, ouvrant la porte à de nouvelles élections.« Erdogan semble avoir peu d’enthousiasme pour cette formule. Il jouit encore d’une position hégémonique au sein du parti quand bien même, en tant que président, il devrait être politiquement neutre. Une coalition pourra émerger si Erdogan peut être convaincu qu’une nouvelle élection sera néfaste au pays et à ses ambitions politiques personelles », écrit Sinan Ulgen, co-auteur de l’étude publiée par Carnegie.L’idée d’une troisième élection fait son chemin. « Si le résultat est semblable à celui du 7 juin, je crains qu’on envisage une nouvelle élection. Voilà pourquoi il est important qu’un seul parti gouverne », a déclaré récemment Mehmet Ali Sahin, vice-président et député de l’AKP. En attendant, l’AKP a largement abusé de sa position dominante pendant la campagne. En octobre, la chaîne publique TRT a accordé vingt-neuf heures de diffusion à M. Erdogan et trente heures à son parti l’AKP. Le CHP a eut droit à cinq heures, contre une heure et dix minutes pour le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et dix-huit minutes pour le HDP.Lire aussi :Turquie : l’histoire d’un naufrageMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.10.2015 à 15h27 • Mis à jour le30.10.2015 à 15h46 Service « Débats »Incapables de former un gouvernement stable depuis les élections législatives du 7 juin, les Turcs sont de nouveaux appelés aux urnes le 1er novembre pour renouveler leur Assemblée nationale. Contrarié par le vote des électeurs qui l’ont privé d’une majorité absolue au Parlement, le président Recep Tayyip Erdogan a montré qu’il était prêt à tout pour monopoliser le pouvoir, réformer la Constitution et imposer un régime présidentiel.Car au lieu d’apparaître comme un arbitre au-dessus de la mêlée, le leader de l’AKP, à la tête du pays depuis 2002, a multiplié les provocations et mis les Turcs sous pression, prenant le risque d’abîmer au passage le processus démocratique en Turquie et de bloquer la vie politique en rejetant toute idée de gouvernement de coalition.L’avenir suspendu à trois défisPour sortir de cette impasse, ce qui se joue actuellement à Ankara n’est rien d’autre que l’avenir de la démocratie, suspendu à trois défis.Le premier défi est institutionnel. Les Turcs donneront-ils cette fois-ci une majorité absolue à M. Erdogan ? Rien n’est moins sûr. La société turque a changé en une génération. Les classes moyennes se sont enrichies et les Turcs sont ouverts à la mondialisation. Or, au moment où les citoyens turcs semblent se libérer de la domination paternaliste imposée par M. Erdogan, ce dernier se prend pour le successeur du dernier sultan ottoman et entend cadenasser le pays à tous les échelons du corps social.Le deuxième défi est politique. Singularité turque, la Constitution a fixé à 10 % le seuil d’entrée au Parlement. M. Erdogan n’a toujours pas digéré le fait que le Parti démocratique des peuples (gauche et prokurde) l’ait déjà franchi une première fois en juin. Il n’est pas le seul, les élites turques ont du mal à accepter l’idée de partager le pouvoir.Dans son histoire, impériale ou républicaine, la Turquie a toujours considéré que le pouvoir politique relevait du domaine réservé des élites turques centralisatrices. Il est arrivé dans l’histoire qu’un individu issu d’une minorité nationale ou religieuse non musulmane occupe des places prestigieuses dans l’appareil d’Etat.Métastases de la guerre en Syrie et en IrakMais le fait d’entrer en force au Parlement en tant que groupe constitué – en l’occurrence en tant que parti de la gauche démocratique prokurde – représente pour la nouvelle « Sublime Porte » une sorte de crime de lèse-turcité. Peu d’observateurs en Turquie ou à l’étranger relèvent cette pratique arbitraire et antidémocratique proprement turque.Enfin, le dernier défi est stratégique et soulève de graves questions pour le développement économique de la Turquie en toute sécurité : quelle que soit l’issue du scrutin, rien ne dit que les fractures ouvertes entre le régime et le PKK, mais aussi les tensions entre Ankara et les djihadistes de Daech, qui multiplie les attentats sur le sol turc, se refermeront. D’autant que les métastases de la guerre en Syrie et en Irak peuvent à tout moment ronger le territoire turc et la stabilité du régime. Ce qui ne sera pas sans effet sur la position de la Turquie par rapport à ces conflits périphériques, ni sans incidence sur le processus d’adhésion – déjà bien compromis – d’Ankara à l’Union européenne.En juin, les électeurs ont dit non à l’ambition ultraprésidentielle de M. Erdogan. En véritable ingénieur du rapport de force, il a riposté en bloquant la vie des institutions républicaines. Le 1er novembre, les électeurs peuvent sortir le pays de l’impasse, satisfaire ou non le projet de leur président et se réveiller au lendemain du scrutin dans une Turquie au bord de l’implosion.A lire sur le sujet:- La gauche démocratique est la cible du « système Erdogan », par Hamit Bozarslan, historien, sociologue, directeur d’études à l’EHESS. Au-delà des Kurdes, le président turc s’en prend à tout ce que la société civile compte de libertés et de pluralisme- Arrêtons tout cynisme dans les relations entre Bruxelles et Ankara, par Anne-Marie Le Gloannec, directrice de recherche au CERI, Sciences Po. On ne peut pas relancer les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne sans tenir compte de l’autoritarisme de M. Erdogan- Monsieur le Président, les Turcs ne veulent pas de votre culte du « Baba », par Elif Shafak, écrivaine turque et politologue. Dominée par la peur et les désillusions, la société turque doit se délivrer du carcan et de la tyrannie paternaliste imposés par Recep Tayyip Erdogan.- Pour une coalition gouvernementale!, par Ali Kazancigil, politologue et codirecteur de la revue de géopolitique « Anatoli ». Les Turcs ne veulent pas donner tous les pouvoirs à M. Erdogan. Il sera contraint au compromisService Débats Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Les anniversaires les plus tristes permettent un moment d’introspection. Il y a vingt ans, le premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, était assassiné par un extrémiste juif. Les cérémonies officielles se sont multipliées cette semaine à sa mémoire. Un grand rassemblement aura lieu samedi soir, 31 octobre, à Tel-Aviv, sur la place qui porte dorénavant son nom, en présence notamment de l’ancien président américain Bill Clinton. Mais cet anniversaire a été aussi l’occasion de nouvelles escarmouches entre la gauche et la droite. Dans un entretien au Monde, le leader travailliste Isaac Herzog, qui a conduit l’Union sioniste lors des législatives de mars, s’explique sur la difficulté à distinguer la gauche israélienne de la droite au pouvoir.Comment l’assassinat a-t-il changé la gauche ?Isaac Herzog Cet événement a d’abord bouleversé le pays et provoqué un grand tournant dans la politique. Ce n’est pas seulement l’assassinat qui a conduit à l’affaiblissement de la gauche, mais les circonstances historiques. Le terrorisme et les attentats-suicides dans les années 1990 et au début des années 2000 ont influencé de façon dramatique la psyché nationale. Mais, d’un autre côté, cela a conforté l’héritage de Rabin. Paradoxalement, après lui, tous les leaders ont été forcés d’aller dans le sens d’arrangements avec les Palestiniens. Tous ceux qui s’étaient opposés à la politique de Rabin l’ont adoptée. Benjamin Nétanyahou, Ehoud Barak avec les négociations de Camp David, Ariel Sharon et le retrait unilatéral dramatique de la bande de Gaza, Ehoud Olmert qui est allé aussi loin que possible avec Mahmoud Abbas... D’une certaine façon, ils sont tous allés dans le sens d’une solution à deux Etats, malgré le fait que, dans l’opinion publique, elle avait perdu substantiellement du soutien avec la vague de terreur.Mais on a l’impression que le « camp de la paix » ne s’est jamais remis de la mort de Rabin...La gauche a été affaiblie politiquement. Elle n’a pas réussi à s’en remettre. Depuis Barak [1999-2001], elle n’a pas réussi à former un gouvernement. Seuls des leaders de la droite et du centre ont été premiers ministres. J’en ai été proche lors des dernières élections, en mars. Je dirige le deuxième plus grand bloc dans la politique israélienne. Il y avait un désir de remplacer Nétanyahou et il existe une frustration croissante due à ses politiques. Néanmoins, l’état d’esprit de la population quand il s’agit de terrorisme, d’assassinats et de coups de couteau penche naturellement davantage vers la droite et le nationalisme. Dans ces circonstances, je persiste dans mes positions : nous devons aller vers une séparation d’avec les Palestiniens.Certes, mais sur des sujets majeurs comme le terrorisme, le dossier nucléaire iranien ou bien le mouvement BDS, appelant au boycottage d’Israël à cause de l’occupation, il est souvent difficile de distinguer vos positions de celles de la droite. Pourquoi ?Parce que nous y croyons ! Quand il s’agit de sécurité nationale, je ne serai jamais dans l’opposition aux citoyens israéliens. Je pense que l’accord sur le nucléaire iranien est très problématique et que Rabin aurait été d’accord. Je pense que le mouvement BDS est une menace existentielle pour notre légitimité et notre juste cause dans ce monde. Je veux m’assurer que notre nation a un Etat indépendant qui est la destination du peuple juif, à côté d’un Etat palestinien qui est la destination du peuple palestinien. J’ai aussi clairement fait comprendre à mon parti et à nos supporters qu’il fallait que nous allions vers le centre, car nous n’emporterons jamais la confiance des Israéliens si nous ne touchons pas leur cœur en matière de sécurité. Depuis des années, la droite nous accuse d’être des traîtres et d’avoir laissé tomber les questions de sécurité.Au cours d’un échange de tribunes avec le célèbre journaliste du Haaretz, Gideon Levy, il y a quelques semaines, vous avez écrit que l’affrontement politique actuel en Israël opposait les pragmatiques aux messianistes. C’est-à-dire ?Le messianisme commence quand les gens introduisent les questions religieuses dans le conflit et croient dans le « Grand Israël » [de la mer Méditerranée au fleuve Jourdain]. Ils disent que si les choses restent en l’état, on surmontera tout et on sera victorieux. Le pragmatisme a toujours été la mission des hommes d’Etat travaillistes, depuis Ben Gourion jusqu’à Yitzhak Rabin et Shimon Pérès. C’est notre « raison d’être » [en français]. Nous débattions déjà de ce pragmatisme avec Menachem Begin [premier ministre 1977-1983]. Le pragmatisme signifie qu’on ne peut continuer comme cela à jamais, sans aller vers la paix.Au cours des dernières législatives, en mars, vous avez été à la tête d’un camp qui s’est appelé Union sioniste. Le sionisme, ça veut dire quoi aujourd’hui ?Le sionisme pragmatique des pères fondateurs était toujours inclusif. Le vrai débat avec la droite est : jusqu’où doit aller le sionisme ? Tous les citoyens doivent avoir les mêmes droits dans notre pays. Il faut préserver une justice indépendante et les valeurs démocratiques, qui reposent sur la justice sociale. Le sionisme messianique, lui, dit que tout découle des croyances religieuses, au mépris des autres personnes vivant sur cette terre.Quand Rabin a été assassiné, il y avait 140 000 colons en Cisjordanie. Ils sont 350 000 à présent, et avec de puissants relais politiques...Il existe une proposition de règlement pacifique entre Israéliens et Palestiniens avec échange de territoires. Elle reste valable. C’est la proposition Clinton de 2000. Elle concerne 80 % des colons. C’est donc encore faisable, on peut y arriver. Il faut essayer, encore et encore. Je crois qu’il existe une occasion en or, sur la base d’un concept régional. Il y a des pays dans la région qui partagent nos intérêts et nos défis, comme la lutte contre le terrorisme, l’Iran, l’Etat islamique, et qui veulent favoriser un accord entre nous et les Palestiniens. Il pourrait s’agir d’un moteur essentiel pour changer l’atmosphère dans la région.Croyez-vous Benyamin Nétanyahou lorsqu’il affirme vouloir préserver le statu quo au sujet de l’accès à l’Esplanade des mosquées (mont du Temple pour les juifs) ?Ça n’a rien à voir avec la croyance. Israël a toujours voulu, sans équivoque, préserver le statu quo sur le mont du Temple, et ce gouvernement aussi. D’énormes mensonges sont diffusés par les affiliés des Frères musulmans en Israël et ailleurs, sur ce sujet, qui a toujours fait couler le sang. Je crois dans le droit de chacun à pratiquer sa religion. Je crois aussi dans la prudence, basée sur des décisions religieuses [rabbiniques] au sujet des visites des juifs sur le mont du Temple.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.10.2015 à 14h16 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le sujet est complexe, mais il est crucial pour l’économie grecque. Vendredi 30 octobre, le projet de loi encadrant la recapitalisation des quatre principales banques grecques – la Banque nationale de Grèce (BNG), la banque du Pirée, Alpha et Eurobank – a enfin été déposé au parlement hellène. Il devrait être adopté en procédure d’urgence d’ici à dimanche soir, au lendemain de la publication des résultats des « stress tests » de la Banque centrale européenne (BCE) évaluant les besoins en argent frais de ces établissements.Pour Athènes, l’enjeu est de taille : permettre aux banques grecques, très fragiles, de fonctionner à nouveau normalement.Lire aussi (édition abonnés) :En Grèce, Alexis Tsipras coincé entre Bruxelles et la rueDans quel état sont les banques grecques ? Elles sont le talon d’Achille de l’économie hellène. « Elles ne remplissent plus leur mission, à savoir financer les entreprises et les ménages », résume Nikolaos Georgikopoulos, économiste à la Stern Business School de l’université de New York. Il y a un an, elles allaient pourtant mieux. Les « tests de résistance » de novembre 2014 de la BCE avaient révélé qu’elles étaient à peu près solides. Il faut dire que, depuis 2009, elles ont été recapitalisées sous différentes formes à hauteur de 56 milliards d’euros, selon les calculs de M. Georgikopoulos. Le Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF) a notamment injecté 25 milliards d’euros.Depuis, les troubles politiques qui ont suivi l’élection d’Alexis Tsipras au poste de premier ministre, en janvier 2015, et les craintes de la sortie du pays de la zone euro ont nui aux quatre principaux établissements nationaux. La fuite des dépôts s’est accélérée – plus de 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) ont quitté le pays depuis 2010. En raison du retour de la récession, le nombre de prêts non performants aux entreprises et ménages, qui ne seront probablement jamais remboursés, a explosé. De 35 % fin 2014, leur taux frôlerait aujourd’hui les 45 %, selon une source bancaire.Résultat : aujourd’hui, personne n’est capable de dire ce que valent exactement les banques grecques, qui survivent grâce aux aides d’urgence de la BCE, les « emergency liquidity assistance ».Que révéleront les stress tests de la BCE ?Pour déterminer l’état de santé réel de ces établissements et quels sont leurs besoins en argent frais, le superviseur bancaire unique, logé au sein de la BCE, a lancé dès cet été une nouvelle série de tests de résistance. Le résultat de ce check-up sera rendu public samedi 31 octobre au matin. Cet été, les besoins de recapitalisation étaient estimés entre 10 et 25 milliards d’euros. En début de semaine, des sources bancaires, à la fois grecques et européennes, assuraient que « les besoins seraient au final moins élevés que prévu, certainement en dessous du seuil de 20 milliards d’euros ».Lire aussi :L’Eurogroupe s’apprête à débloquer un nouveau prêt à la GrèceComment seront recapitalisés les établissements ?Quels que soient les montants annoncés par la BCE, le gouvernement grec espère faire passer avant dimanche soir le projet de loi qui permettra de mettre en œuvre la recapitalisation.Annoncé à maintes reprises et systématiquement repoussé depuis plus de trois semaines, ce texte a fait l’objet d’âpres négociations avec les représentants des créanciers du pays.Il s’agit en effet de déterminer d’où proviendra l’argent qui renflouera les banques. A priori, 10 milliards d’euros seront mis à la disposition du Fonds hellénique de stabilité financière, qui renforcerait ainsi sa participation dans les établissements. « Le HFSF fournira toute aide publique qui s’avérera nécessaire », a déclaré une autre source bancaire à l’agence Reuters, mardi. Les banques feront également appel aux investisseurs privés, par le biais d’une levée de capitaux sur les marchés qui pourrait commencer dès le 2 novembre.Si cela ne suffit pas, 15 milliards d’euros supplémentaires, provenant du nouveau plan d’aide (86 milliards d’euros) accordé au pays cet été, pourraient être débloqués. Mais uniquement quand les créanciers d’Athènes auront terminé leur première évaluation des mesures de rigueur adoptées par le gouvernement ces dernières semaines. Ce qui ne devrait pas intervenir avant courant novembre.Alexis Tsipras a bien tenté d’obtenir que la recapitalisation soit séparée de cette évaluation. Mais il s’est vu opposer un refus catégorique des créanciers.Pourquoi le gouvernement grec est-il si pressé ?Pour le gouvernement Tsipras, il y a urgence. La Grèce, comme la BCE, a en effet intérêt à ce que la recapitalisation soit bouclée au plus vite. Si elle a lieu aujourd’hui, le pays est en effet libre de décider comment renflouer ses établissements. En revanche, si elle a lieu après le 31 décembre, la directive européenne sur le redressement et la résolution des crises bancaires s’appliquera pleinement. Or, celle-ci prévoit la possibilité d’un « bail-in », c’est-à-dire une participation forcée des gros déposants (plus de 100 000 euros) au sauvetage de leur banque, comme ce fut le cas à Chypre en 2013. Les gros déposants étaient alors, pour la plupart, des Russes aisés.Mais dans le cas grec, les gros déposants sont des PME déjà exsangues. Une telle mesure serait donc particulièrement pénalisante. « Voilà pourquoi nous ferons tout pour que la recapitalisation intervienne avant décembre : un bail-in serait un désastre pour le pays », confie une source bancaire.Lire aussi :Athènes va présenter un nouveau budget d’austéritéAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.10.2015 à 10h04 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Ne mangez pas de poisson si le camion poubelle ne passe que dans trois jours : c’est le conseil que la ministre belge Fadila Laanan a délivré, lundi 26 octobre, lors d’un entretien accordé à TéléBruxelles. Un message qui a beaucoup amusé les journalistes et les réseaux sociaux – un peu moins les poissonniers – au cours des derniers jours. Tentant de justifier une réforme qui se traduira essentiellement par un seul ramassage hebdomadaire des ordures ménagères dans la capitale de l’Europe, la mandataire PS, ministre de la propreté publique dans le gouvernement régional de Bruxelles, a expliqué dans cette interview qui fera date que ses administrés avaient désormais intérêt à adapter leurs menus en fonction du calendrier des collectes.Il n’en fallait pas plus pour provoquer un bel d’éclat de rire, la naissance du hashtag #poissongate et un tonnerre de protestations contre cette intrusion jugée inacceptable dans la sphère culinaire privée. D’autant que la ministre, dont la haute ambition serait de promouvoir le « consommer autrement », s’est également piquée de délivrer ses conseils quant à la gestion… des couches-culottes usagées. Avec l’excellente recommandation de les enfermer dans des sacs de congélation en attendant le passage hebdomadaire des éboueurs.« Esprits grincheux »Mme Laanan n’avait pas laissé un souvenir impérissable dans sa précédente fonction de ministre de la culture, sauf peut-être lors d’une apparition dans une vidéo qui la montrait dialoguant avec un ours en peluche pour la présentation de ses vœux de Nouvel An. Elle avait, à l’époque, qualifié ses détracteurs d’« esprits grincheux ». Elle a déploré, après l’épisode poissonnier, les « caricatures faciles ».Le problème serait, en effet, sérieux et – comme d’habitude, puisqu’il est sérieux et désagréable – imputable à l’Europe : c’est elle qui obligera, à terme, les Etats membres à recycler 50 % au moins de leurs déchets ménagers, indique le ministère. Les Bruxellois, qui placent déjà leurs déchets non recyclables dans des sacs blancs, les papiers dans des jaunes et les plastiques dans des bleus devront, à l’avenir, stocker les produits organiques dans des sacs orange. Il va, en tout cas, leur falloir de grands balcons ou des caves bien ventilées pour conserver une semaine durant leurs poubelles. On ignore si le ramassage hebdomadaire résulte d’un autre diktat européen mais il sera, en tout cas, la nouvelle règle fixée par Mme Laanan.Auréolée de son rôle de capitale européenne, Bruxelles se pique souvent d’être une grande métropole, sans vouloir en assumer toutes les contraintes. Propreté douteuse des lieux publics, trottoirs dangereux à force de pavés manquants, transports publics insuffisants, chantiers en pagaille : ceux qui habitent, travaillent ou passent dans la capitale belge apprennent vite à découvrir ses lacunes. Et le sens de l’humour de ses ministres.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.10.2015 à 06h49 • Mis à jour le30.10.2015 à 09h09 La Cour permanente d’arbitrage de La Haye s’est déclarée jeudi 29 octobre compétente pour statuer sur certaines revendications territoriales présentées par les Philippines contre la Chine au sujet de zones disputées de mer de Chine méridionale. Un revers pour Pékin sur le terrain judiciaire, le tribunal ayant rejeté les arguments chinois selon lesquels le conflit porte en réalité sur sa souveraineté territoriale. La Chine a boycotté la procédure et dénie toute autorité à la Cour dans ce dossier.Pékin revendique la souveraineté de la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, rejetant les revendications du Vietnam, des Philippines, de Taiwan, de Malaisie et du sultanat de Bruneï sur certaines parties.La Cour permanente d’arbitrage de La Haye a conclu qu’elle était compétente pour juger des revendications de Manille au regard de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, précisant que la décision de la Chine de ne pas participer aux audiences « ne prive pas le tribunal de sa juridiction ».Mauvaise semaine pour la ChineC’est une mauvaise semaine pour la Chine alors que, mardi, les Etats-Unis ont envoyé le destroyer lance-missiles USS Lassen croiser à moins de 12 milles d’îlots artificiels que Pékin a construit sur des récifs de l’archipel des Spratleys, en mer de Chine méridionale. La patrouille du Lassen a alors provoqué la colère de Pékin.L’archipel des Spratleys fait l’objet de revendications de la Chine mais aussi de pays voisins, dont les Philippines, alliées de Washington, le Vietnam, la Malaisie et Brunei. Depuis, le chef de la marine chinoise et son homologue américain se sont entretenus par vidéoconférence jeudi : une discussion « très productive » selon le Pentagone.Lire aussi :Un navire américain dans les îles Spratleys, revendiquées par la ChineLes Etats-Unis ont salué cette décision de la Cour de La Haye en expliquant souhaiter un règlement pacifique de cette controverse par la voie diplomatique ou par l’intermédiaire d’institutions internationales comme une cour d’arbitrage. Le département d’Etat a rappelé que, conformément à la Convention de l’ONU sur le droit de la mer, toute décision de la Cour engagerait juridiquement les Philippines et la Chine.Les deux pays comptent en effet parmi les 117 membres de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, qui a été créée en 1899 pour favoriser le règlement pacifique de conflits entre Etats, organisations et personnes privées. La date des prochaines audiences sur la question, qui se tiendront à huis clos, n’a pas été fixée.Lire aussi :La marine, instrument de l’ambition planétaire de la Chine Jean-Pierre Stroobants (Strasbourg, envoyé spécial) La haute représentante pour la politique extérieure de l’Union européenne, Federica Mogherini, sera à Vienne, vendredi 30 octobre, pour l’ébauche d’une négociation internationale sur la Syrie. L’Iran y participera pour la première fois. Mme Mogherini a accordé, mercredi matin, un entretien au Monde et au Guardian, au Parlement de Strasbourg.Lire aussi :Où en sont les négociations diplomatiques sur la SyrieQu’attendez-vous de ces discussions ?L’important est que tous les acteurs régionaux concernés, ainsi que la communauté internationale soient présents pour évoquer la transition politique. L’Union européenne possède le canal de discussion le plus utile avec l’Iran après l’accord sur le nucléaire conclu en juillet et elle peut donc contribuer à ce que cet acteur important soit partie prenante.Quelle est votre position sur le rôle à conférer, ou non, au président syrien, Bachar Al-Assad ?Ma position est celle du Conseil. J’ai été chargée de travailler avec tous les acteurs concernés – l’envoyé spécial des Nations unies (ONU), les Etats-Unis, la Russie, l’Iran, l’Arabie saoudite, les pays du Golfe, l’Egypte – pour tenter d’amorcer le processus de transition politique. Cela signifie, selon moi, que nous devons garantir une démarche inclusive, avec des représentants du régime, comme cela a toujours été le cas dans la démarche de l’ONU, le cadre auquel nous nous référons.« L’accord sur l’Iran nous a incontestablement permis d’accroître notre rôle »L’Arabie saoudite acceptera-t-elle de collaborer avec l’Iran ?Nous y travaillons. Je mesure la difficulté, mais rassembler tous les acteurs concernés pour agir dans le même sens est la seule issue. Les dernières années de la guerre en Syrie l’ont démontré. Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer l’influence que peut avoir cette démarche pour l’architecture sécuritaire de toute la région. Je ne dis pas que nous reproduirons la même formule partout mais elle pourra être utile pour d’autres crises de cette région qui est d’une grande importance sur le plan stratégique. L’accord sur l’Iran peut avoir des conséquences positives pour les relations dans toute la région.L’Union européenne peut-elle réellement jouer un rôle pour une solution syrienne ?La conclusion de l’accord sur l’Iran nous a incontestablement permis d’accroître notre rôle parce que nous sommes chargés de la coordination et de l’application du texte. Des semaines de négociation ont permis de créer une forme de compréhension et de confiance mutuelles avec l’Iran, mais aussi avec d’autres pays du Golfe. Et puis la proximité, non seulement géographique mais aussi culturelle des Européens avec la région, est évidemment importante. Nous sommes logiquement focalisés sur la crise des réfugiés et sur la Syrie, mais nous ne perdons pas de vue que le problème est bien plus vaste : si nous résolvions demain la crise syrienne, les réfugiés de ce pays rentreraient chez eux, mais les flux venant d’autres pays ne s’arrêteraient pas.En réalité, l’Iran n’a pas encore totalement avalisé l’accord de Genève… Quand viendra le jour de la mise en œuvre de ce texte ?Il est possible qu’il survienne avant la fin de l’année, mais je ne fixe pas de date pour éviter que l’on y voie un « problème » s’il devait arriver un peu plus tard.Comment voyez-vous le rôle actuel de la Russie ? Demande-t-elle des concessions européennes concernant Bachar Al-Assad en promettant des concessions sur l’Ukraine ?Pas du tout. Il n’y a pas de marchandage, pas de lien. Je crois d’abord qu’après l’accord iranien, la Russie veut démontrer qu’elle peut jouer un rôle sur d’autres plans. Elle accroît son action militaire, pour laquelle elle se coordonne davantage avec les Etats-Unis. Nous continuons toutefois à insister pour que ses frappes soient concentrées sur les groupes terroristes. A ce propos, la Russie a d’ailleurs aussi intérêt à agir compte tenu de la forte présence de combattants russes dans ces organisations. Leur retour en Russie pourrait menacer sa sécurité.Par ailleurs, je crois que les dirigeants russes sont conscients que s’ils ne collaborent pas à un processus de transition, ils risquent d’être piégés dans un scénario où la communauté musulmane de Russie, majoritairement sunnite, reprocherait à ses dirigeants d’avoir pris fait et cause pour des chiites.Lire aussi :Syrie : comment la Russie a redistribué les cartesLa Russie bombarde-t-elle réellement les positions de l’Etat islamique ?Nous voyons une augmentation des actions visant l’EI ainsi que celles des autres organisations que l’ONU définit comme terroristes.Jean-Pierre Stroobants (Strasbourg, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.10.2015 à 17h24 Juan Manuel Santos, le président de la Colombie, a proposé, mercredi 28 octobre lors d’une allocution télévisée dans son palais présidentiel, une trêve bilatérale avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), « à partir du 1er janvier » 2016.Dans le cadre des pourparlers de paix menés depuis près de trois ans entre son gouvernement et les FARC afin de mettre fin à plus de cinquante ans de conflit armé, M. Santos a proposé un « cessez-le-feu bilatéral et qui fasse l’objet d’un contrôle international ». Les deux parties se sont engagées à signer un accord définitif de paix d’ici au 23 mars 2016.Lire aussi :En Colombie, les guérilleros grisonnants des FARC négocientUn cessez-le-feu unilatéral en juilletLes FARC ont annoncé le 20 juillet un cessez-le-feu unilatéral dans le cadre des négociations de paix, délocalisées à Cuba. Plus importante guérilla du pays, elle compte sept mille combattants, selon des chiffres officiels.Cinq jours après le début de cette trêve unilatérale, le gouvernement colombien avait ordonné la suspension des bombardements contre la guérilla afin de favoriser le processus de paix, sans toutefois suspendre ses actions au sol. A l’époque, les deux parties s’étaient engagées dans un processus de « désescalade » du conflit, avec un cessez-le-feu bilatéral pour objectif.Lire aussi :En Colombie, des élections dans un climat plus serein 28.10.2015 à 11h33 • Mis à jour le28.10.2015 à 13h48 Editorial. Alassane Ouattara aura finalement remporté son pari : se faire élire pour un second mandat, dès le premier tour, le 25 octobre, de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Il avait annoncé « un coup K.-O. ». Le président sortant l’a fait.En Afrique, une victoire au premier tour n’est pas nécessairement un bon signe démocratique. Surtout avec un score « à la soviétique » de 83,6 %, tel que celui obtenu par Alassane Ouattara. Dans la Guinée voisine, la victoire au premier tour d’Alpha Condé, il y a peu, soulève ainsi de nombreuses interrogations quant à la transparence du scrutin. Sans parler des tripatouillages constitutionnels au Burundi, qui provoquèrent des violences ou de celles que l’on pourrait voir au Congo-Brazzaville, les présidents en place de ces deux pays ayant pour objectif d’obtenir à tout prix leur reconduction. Sans oublier, non plus, ces présidents à vie qui réduisent leur opposition au silence par la force ou grâce à des systèmes politiques viciés, comme au Tchad ou au Cameroun.Rien de cela en Côte d’Ivoire. La réélection au premier tour du chef de l’Etat sortant intervient à l’issue d’un vote apaisé, reconnu, endossé par les observateurs sur place et l’ensemble de la communauté diplomatique internationale. Même si la logistique ne fut pas sans reproche le jour du vote. Mais l’on passe beaucoup de choses au président Ouattara, et personne n’insistera sur les manquements de ce scrutin. Fort de son score et d’un taux de participation honorable (près de 55 %), le président sort crédibilisé de ce scrutin. Il faut se rappeler, en effet, que la seule élection réellement pluraliste organisée en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance fut celle de 2010 ; or elle se termina dans un bain de sang et une quasi-guerre civile.Lire aussi :Alassane Ouattara face aux défis de son second mandatEst-ce pour autant une véritable élection de sortie de crise ? Car l’autre gagnant de ce vote est le camp des pro-Gbagbo, l’ancien chef de l’Etat, qui dort aujourd’hui dans une prison de La Haye dans l’attente de son procès pour crimes contre l’humanité commis lors des violences, post-électorales justement, de 2010. Les radicaux du Front populaire ivoirien (FPI) aux yeux desquels c’est « Gbagbo ou rien » avaient appelé au boycott du scrutin. Il est difficile d’évaluer leur poids exact dans l’électorat, mais ils ne manqueront pas de s’attribuer les 46 % d’abstentionnistes. Et le fait est qu’ils représentent, jusqu’à présent, une part non négligeable de l’opinion publique, en rupture totale avec le pouvoir en place.Ils incarnent le premier défi qu’Alassane Ouattara va désormais devoir relever : réconcilier le monde politique ivoirien, ce qu’il s’est refusé à faire durant son premier mandat, tout comme les pro-Gbagbo d’ailleurs. Cela doit passer, notamment, par la justice. Une justice qui ne soit pas seulement celle des vainqueurs par les armes de 2010, mais qui soit également capable de s’intéresser aux exactions commises, à cette époque, par les amis de M. Ouattara.L’autre défi du prochain quinquennat est économique. La « locomotive d’Afrique de l’Ouest » est repartie sur de bons rails. Mais la population ne profite pas encore des fruits de la croissance retrouvée et attend que cette richesse soit mieux redistribuée. Sans quoi le risque est grand d’alimenter les frustrations, en particulier celles d’une jeunesse désœuvrée. Un nouveau mandat ne sera donc pas de trop. Mais Alassane Ouattara a dorénavant les cartes en main pour répondre à toutes ces attentes. 28.10.2015 à 11h14 • Mis à jour le28.10.2015 à 20h58 | Elise Vincent Les deux pilotes français Pascal Fauret et Bruno Odos ont choisi de fuir la justice dominicaine, ils vont toutefois devoir répondre aux questions de la justice française. En pratique, la France « n’extrade pas » ses ressortissants en dehors de l’Union européenne, comme l’a rappelé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, mercredi 28 octobre. Mais « il n’y aura pas d’impunité », indique-t-on à l’Elysée.Lire aussi :Le point sur l’affaire « Air Cocaïne » en cinq questionsLe trafic de cocaïne pour lequel les deux pilotes ont été condamnés à vingt ans de prison, en août, à Saint-Domingue, fait aussi l’objet d’investigations en France. Petit point sur l’état d’avancement de cette enquête.Quand et pourquoi une enquête a-t-elle été ouverte en France ?L’enquête française a été ouverte en mars 2013, dans la foulée de l’interception du Falcon 50 que les deux pilotes français s’apprêtaient à faire décoller de l’aéroport de Punta Cana avec 680 kg de cocaïne à bord. Elle a été confiée à la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille.La juge d’instruction chargée de l’enquête travaille toutefois sur un trafic plus vaste encore que celui sur lequel s’est penchée la justice dominicaine. Il concerne une dizaine de vols transatlantiques au départ de Punta Cana ou de Quito en Equateur.Qui cette enquête vise-t-elle ?Une dizaine de personnes sont actuellement mises en examen pour importation de stupéfiants en bande organisée et association de malfaiteurs.Dans ce volet français de l’affaire dite « Air Cocaïne », on retrouve les principaux protagonistes du dossier dominicain – dont les deux pilotes – mais aussi un douanier français basé dans le Var ou encore les responsables d’une société de location d’avions, la Société nouvelle trans hélicoptère service (SNTHS).Dès leur retour en France, les deux pilotes ont fait savoir par leurs avocats qu’ils se tenaient à la disposition de la juge d’instruction Christine Saunier-Ruellan.Lire aussi :« Air Cocaïne » : un des deux pilotes explique les raisons de sa fuiteLa figure centrale de cette enquête française s’appelle Franck Colin. L’homme est soupçonné d’être l’organisateur du trafic pour le compte de trafiquants espagnols. Il est le seul de tous les mis en examen toujours en détention provisoire en France.Ces investigations ont incidemment fait apparaître le nom de Nicolas Sarkozy. La juge d’instruction a en effet découvert que la société SNTHS avait transporté l’ancien président de la République, entre décembre 2012 et février 2013.Mais ce volet du dossier a finalement été jugé sans lien avec le trafic de stupéfiant et a été confié aux magistrats du pôle financier, à Paris. Ceux-ci enquêtent sur un possible abus de bien social au préjudice de Lov Group, une société fondée par Stéphane Courbit, ami de M. Sarkozy, à qui les vols ont été facturés.Comment l’enquête française s’articule-t-elle avec l’affaire jugée en République domicaine ?Si les pilotes français étaient condamnés lors de leur procès en appel, même en leur absence, en République dominicaine, avant que l’enquête ne soit bouclée à Marseille, la situation pourrait être embarrassante pour la justice française : le droit international interdit de juger deux fois quelqu’un pour des faits identiques.Les pilotes pourraient alors échapper à des poursuites en France, sauf à identifier de nouveaux éléments à leur reprocher.La fuite des pilotes à la « une » de la presse dominicaine« La fuite » : le titre en gros caractères occupe la première page du Listin Diario, le doyen des quotidiens dominicains. En dessous, la photo de Pascal Fauret et Bruno Odos, les deux pilotes condamnés à vingt de prison à Saint-Domingue pour trafic de drogue, en gilets de sauvetage, à bord d’une embarcation. Leur équipée rocambolesque fait la « une » de tous les quotidiens de Saint-Domingue.« Des politiciens français ont incité les pilotes à fuir la justice de République dominicaine », titre en première page le quotidien gratuit El Dia. Dans son éditorial, le journal souligne que les deux pilotes « ont bénéficié depuis plusieurs mois d’étranges appuis officiels et politiques en France ». « Lorsqu’ils ont été condamnés, les autorités françaises ont qualifié la sentence d’excessive et n’ont cessé d’appuyer ces citoyens accusés de narcotrafic, une activité qui remplit de sang et de douleur nos sociétés », dénonce l’éditorialiste d’El Dia. « Le gouvernement de la France a une magnifique occasion de montrer qu’il n’appuie pas cette fuite ni les actions criminelles dont sont accusés ces citoyens français… Sa responsabilité est de les arrêter et de les renvoyer en République dominicaine pour affronter la justice », conclut El Dia, qui se demande « si les pays développés livrent réellement une lutte sincère contre le narcotrafic ».Plusieurs journaux s’intéressent au rôle de l’eurodéputé (Front national) Aymeric Chauprade, dont le quotidien Hoy rappelle qu’il a donné plusieurs conférences sur la géopolitique à Funglode, la fondation de l’ancien président dominicain Leonel Fernandez. Ils reprennent les déclarations du Quai d’Orsay affirmant que la France n’est pas impliquée dans l’exfiltration des deux pilotes.Elise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel C’est une bonne nouvelle pour l’exécutif. Dans une étude publiée mercredi 28 octobre, l’Insee montre que l’écart entre la France et l’Allemagne en matière de coût du travail, un critère souvent avancé pour justifier les différences de performance entre les deux pays, s’est resserré. Et le phénomène s’est même accentué ces derniers mois.Combien coûte le travail en France ? L’indice du coût du travail dans l’industrie a progressé de 1,1 % dans l’Hexagone entre 2012 et fin 2014, contre 2,1 % dans la zone euro et 3,2 % en Allemagne. Entre 2000 et 2012, l’évolution était inverse : le coût du travail progressait plus vite chez nous qu’outre-Rhin.Si l’on s’en tient à la seule industrie manufacturière, le coût horaire de la main-d’œuvre au deuxième trimestre 2015 est désormais inférieur à Paris (37,50 euros) qu’à Berlin (39,50 euros), selon les chiffres compilés par Coe-Rexecode. « La stratégie suivie par le gouvernement pour regagner du terrain en la matière porte ses fruits, souligne Gilles Moec, économiste chez Bank of America Merrill Lynch. L’écart entre nos deux pays se resserre, même si le coût du travail ne peut être le seul critère à prendre en compte. »Si l’on prend également en compte les services marchands, l’Allemagne reste en revanche en tête, avec un coût horaire de la main-d’œuvre de 33,90 euros, contre 36,30 euros en France.Lire aussi (édition abonnés) :Le conseil des patrons allemands à la France : encore un effort, Herr MacronPourquoi cette amélioration ?La principale raison de cette évolution est à chercher du côté du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Entré en vigueur en 2013, ce crédit d’impôt porte sur les salariés dont la rémunération n’excède pas 2,5 fois le Smic. Selon l’Insee, il a contribué à améliorer le taux de marge des sociétés financières de 0,9 point en 2014. Mais il a aussi permis de modérer l’évolution du coût du travail.L’étude montre ainsi que le coût du travail français s’est nettement tassé lorsque le CICE a été introduit, au premier trimestre 2013. Puis une nouvelle fois début 2014, lorsque son taux a été relevé de 4 % à 6 %. L’institut conclut donc que le dispositif a bien atteint son objectif.Lire aussi :« Le CICE a atteint son rythme de croisière »Où en sont les autres pays de la zone euro ?L’étude révèle également que la convergence des coûts horaires du travail observée avant la crise entre les pays de la zone euro est désormais terminée. « Dans l’industrie, les coûts ne se rapprochent plus depuis 2008, explique l’Insee. Dans les services marchands, la convergence s’était déjà interrompue dès 2004, après une période de rattrapage pourtant très dynamique entre 1996 et 2004. »En cause : les politiques de rigueur salariale mises en œuvre dans les pays du sud de la zone euro, en particulier en Grèce, en Espagne et au Portugal, ainsi que l’envolée du chômage observée dans ces pays.Lire aussi :Le CICE, un dispositif entré dans les mœurs des entreprisesMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 09h15 • Mis à jour le28.10.2015 à 16h14 La police turque a pris, mercredi 28 octobre, le contrôle de la régie des télévisions Bugün TV et Kanaltürk à Istanbul, dont le groupe fait l’objet d’une mise sous tutelle controversée à la veille des législatives.L’intervention s’est faite en direct. Devant les caméras, les forces de l’ordre ont pénétré dans le siège des deux chaînes, propriété du groupe Koza-Ipek – considéré comme proche de Fethullah Gülen, ennemi politique du président Recep Tayyip Erdogan – en dispersant les salariés qui le protégeaient avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau, selon les images retransmises en direct par Bugün TV sur son site Internet.Lire :Erdogan le despote et la presse turque« Propagande »Des policiers et un des nouveaux administrateurs du groupe nommés par la justice ont investi la régie des deux télévisions et en ont pris le contrôle, malgré l’opposition d’un de ses rédacteurs en chef. « Quel est votre titre ? Ici, c’est ma chaîne », a lancé Tarik Toros. Des affrontements ont éclaté devant le bâtiment entre les manifestants, dont des députés de l’opposition, et la police. Plusieurs personnes ont été arrêtées, a rapporté la chaîne de télévision privée NTV.Polisten canlı yayında muhabirlerimize müdahale! Kameraların kablosunu kestiler...https://t.co/I1M9xmawbh https://t.co/kM38UCnuIV— BugunTV (@Bugün TV)require(["twitter/widgets"]);UTANÇ GÖRÜNTÜLERİ! YAYINIMIZ TÜM DÜNYANIN GÖZÜ ÖNÜNDE KESİLMEYE ÇALIŞILIYOR— BugunTV (@Bugün TV)require(["twitter/widgets"]);Elections législatives dimancheLa justice turque a décidé lundi de mettre sous tutelle la holding Koza-Ipek, accusée selon un procureur d’Ankara de « financer », « recruter » et « faire de la propagande » pour le compte de l’imam Fethullah Gülen, qui dirige des Etats-Unis un influent réseau d’ONG, médias et entreprises qualifié par les autorités d’« organisation terroriste ».Ancien allié du président Erdogan, M. Gülen est devenu son « ennemi public no 1 » depuis le scandale de corruption qui a visé des proches de l’homme fort du pays et des membres de son gouvernement à la fin de 2013.La décision de la justice turque a été violemment dénoncée par l’opposition comme une atteinte à la liberté de la presse, à la veille des élections législatives anticipées qui se déroulent dimanche en Turquie. La Turquie pointe à la 149e place, sur 180, au classement mondial de la liberté de la presse établi le mois dernier par l’ONG Reporters sans frontières, derrière la Birmanie (144e) et devant la Russie (152e).L’Union européenne préoccupéeL’Union européenne (UE) a fait part mercredi de sa « préoccupation » à la suite de la prise d’assaut. « La situation concernant la holding Koza-Ipek est inquiétante et nous continuons à la suivre de près », a réagi Catherine Ray, porte-parole pour les affaires étrangères de l’UE, lors d’un point presse à Bruxelles.« Comme tout pays qui négocie son adhésion [à l’UE], la Turquie doit s’assurer qu’elle respecte les droits de l’homme, y compris la liberté d’expression, conformément à la Convention européenne des droits de l’homme », a-t-elle ajouté.Lire aussi :L’attentat d’Ankara jette une ombre sur les prochaines législatives en Turquie 28.10.2015 à 07h47 • Mis à jour le28.10.2015 à 08h37 Nicolas Sarkozy était attendu à Moscou, mercredi 28 octobre dans l’après-midi, pour une visite qui suscitait des doutes au sein de la majorité. Alors que l’ancien président doit rencontrer Vladimir Poutine jeudi, le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, a ironisé au micro de France Info : « Il y a une forme de fascination de la droite française pour le régime autoritaire de M. Poutine, donc ça peut expliquer le déplacement », disait-il. M. Le Roux y voyait cependant « de l’utilité ». Auprès de l’Agence France-Presse, il a assuré qu’il serait « attentif à savoir ce qui a pu être dit et la façon dont la politique de la France, menée au nom de la France, a pu être défendue ».Selon Thierry Mariani, député des Français de l’étranger interrogé par France Info, M. Sarkozy part à Moscou avec « un message particulier, qui est à mon avis que l’Europe doit entretenir le dialogue avec la Russie ; que la France, au sein de l’Europe, a un rôle particulier à jouer et qu’à mon avis ce rôle elle ne le joue plus depuis bien longtemps… On est totalement alignés sur la position américaine ». M. Sarkozy sera notamment accompagné des anciens ministres Rachida Dati, aujourd’hui députée européenne, Christian Jacob, président des députés LR, Gérard Longuet, sénateur, et Pierre Lellouche, député et délégué aux affaires internationales du parti.Moins de fermeté contre PoutineLa rencontre de M. Sarkozy avec M. Poutine intervient alors que le président des Républicains a dénoncé à plusieurs reprises ces derniers mois la politique de fermeté de François Hollande et des Occidentaux à l’égard de Moscou, notamment sur l’Ukraine, en évoquant « la grave erreur qui fut celle de créer les conditions d’une nouvelle guerre froide avec la Russie ». Dans sa famille politique, nombreux sont ceux qui ont plaidé depuis le début de l’année pour qu’on « [tende] la main à Poutine », notamment en levant certaines des sanctions qui frappent son pays.Lire aussi :A l’UMP, la tentation de MoscouAprès la question ukrainienne c’est aujourd’hui sa position sur la Syrie qui place Moscou sous le feu des projecteurs depuis le lancement de sa campagne de bombardements, critiquée par la France et les Etats-Unis. La Russie est accusée de ne pas viser uniquement, comme elle l’affirme, le groupe Etat islamique, mais aussi et surtout l’opposition à Bachar Al-Assad, allié de M. Poutine. Une ONG installée à Londres a par ailleurs affirmé, la semaine dernière, que des civils ont également été tués par un tir russe ayant touché un hôpital de campagne dans la province d’Idlib (nord-ouest), ce que Moscou a démenti.Lire la tribune :Syrie : comment la Russie a redistribué les cartes Hélène Sallon Le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est s’entretenu mercredi 28 octobre au téléphone avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Un dialogue qui fait suite à un dîner de travail, mardi soir, au cours duquel le chef de la diplomatie a réuni ses partenaires européens et moyen-orientaux. Durant cette réunion, la France et ses alliés ont défini une position : négocier dans les prochains pourparlers un « calendrier précis » de départ du président syrien Bachar al-Assad.Alors qu’une nouvelle dynamique a été enclenchée par Washington et Moscou pour trouver une solution politique à la crise syrienne, Paris tente de revenir dans le jeu. « Comme il y a une intensification des discussions, qui est positive, l’idée est de réunir les principaux partenaires engagés avec la France dans le règlement de la crise syrienne afin de clarifier certains points avant la poursuite des discussions », précise une source diplomatique.L’Iran va participer aux négociationsConviés au second round des négociations à Vienne, en Autriche, le 30 octobre, la France et ses partenaires vont défendre leur position face à l’Iran, qui participera pour la première fois à des pourparlers sur la Syrie avec l’aval de son rival saoudien. Téhéran a été invitée, notamment par la Russie et les Etats-Unis. « Nous avons reçu l’invitation et il a été décidé que le ministre des affaires étrangères [ Mohammad Javad Zarif ] participerait aux pourparlers », a déclaré la porte-parole du ministère, Marzieh Afkham, citée par la télévision d’Etat. En France, une réunion pour clarifier les paramètres d’une transitionLors du dîner de travail en France, qui a réuni les ministres des affaires étrangères d’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis, de Jordanie, du Qatar, de Turquie et d’Italie, ainsi que le secrétaire d’Etat adjoint américain, Tony Blinken, et des représentants de la diplomatie allemande et britannique, les alliés ont défini une position commune. Un communiqué de Laurent Fabius, publié mercredi, précise :« Nous nous sommes concertés sur les modalités d’une transition politique garantissant le départ de Bachar al-Assad dans un calendrier précis. »« L’idée est de clarifier les paramètres d’une transition politique, suivant les principes adoptés à Genève en 2012 ; la lutte contre le terrorisme ; et la protection des populations civiles », précise par ailleurs une source diplomatique. Evoqué vendredi par M. Fabius, le projet de résolution aux Nations unies pour faire interdire en Syrie le largage de barils d’explosifs sur les populations civiles est « dans la première phase des consultations. Mais, la question est renvoyée à Sergueï Lavrov (le ministre des affaires étrangères russe). Peut-il garantir l’arrêt des bombardements ? Désormais la Russie est co-responsable », précise une source diplomatique.La France, l’un des pays les plus intransigeants face au régime de Damas, n’avait pas été conviée à Vienne, en Autriche, le 23 octobre, pour les premiers pourparlers entre la Russie, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Turquie. La réunion a été jugée « constructive et productive » par John Kerry, tandis que Sergueï Lavrov s’est félicité d’« une compréhension plus juste » de la situation en Syrie par les Occidentaux. A Paris, le constat est plus réservé. « On constate tous que dans les contacts que nous avons avec la Russie, il n’y a pas de stratégie de sortie qui soit développée », relève-t-on au Quai d’Orsay. Pour la réunion élargie du 30 octobre, l’objectif est de définir le « cadre multilatéral nécessaire à une transition fructueuse en Syrie qui permette la formation d’un exécutif dont Bachar Al-Assad ne serait pas le chef », a martelé John Kirby, le porte parole du département d’Etat américain.Le sort d’Assad en questionLe sort du président syrien constitue toujours le principal point d’achoppement entre les deux camps. « Parmi les partenaires occidentaux et orientaux, nous sommes tous d’accord pour dire que Bachar Al-Assad ne doit pas faire partie de la transition car il ne peut pas réconcilier autour de lui le peuple syrien, donc lutter efficacement contre l’Etat islamique », explique une source diplomatique. La Russie insiste sur la nécessité de maintenir Bachar Al-Assad dans ses fonctions jusqu’à la fin d’une période de transition permettant l’émergence d’un nouveau pouvoir et appelle à ce que des élections soient organisées pour laisser le peuple syrien décider du sort de son dirigeant. Cette position, également soutenue par l’Iran, est catégoriquement rejetée par les rebelles syriens et jugée irréalisable par leurs soutiens étrangers.Lire :A Moscou, Bachar Al-Assad et Vladimir Poutine affichent leur unitéL’intervention militaire russe en soutien au régime Assad, fin septembre, a quelque peu infléchi les positions respectives. « Que ce soit les pays du Golfe ou la Turquie, tout le monde a désespéré des Etats-Unis. Ils cherchent un terrain d’entente avec les Russes. Ils partiront du plan proposé par les Russes et chercheront à l’amender quant à la durée du maintien de Bachar Al-Assad au pouvoir, la fusion des forces de sécurité syriennes,... », estime Bassma Kodmani, directrice du think tank Arab reform initiative. Washington a également admis que le calendrier est négociable. Pour Moscou, le maintien du dictateur syrien pourrait ne pas être une exigence finale. « Malgré ce qu’ils disent, je crois que les Russes ne voient pas Assad dans l’avenir de la Syrie », a estimé mardi le chef de la CIA, John Brennan, jugeant que Moscou cherche avant tout à aller vers un « processus politique protégeant ses intérêts » dans le pays. Le vice-ministre des affaires étrangères iranien, Hossein Amir Abdollahian, a, pour sa part, déclaré que Téhéran « ne travaille pas à maintenir Assad au pouvoir pour toujours ».La solution diplomatique pourrait s’imposerTous s’en remettent désormais à la Russie, considérée comme la seule à disposer des leviers pour amener le régime syrien à la table des négociations. « Les Russes doivent assumer la responsabilité de leur intervention et montrer qu’ils sont à la hauteur du dossier », estime une source diplomatique. Moscou multiplie les entretiens avec les acteurs du dossier. Mercredi à 14 heures, le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, doit s’entretenir avec Laurent Fabius. A Paris, l’idée de prendre pour base un plan formulé par la Russie est exclue. « On doit formuler ensemble des pistes convergentes, indique une source diplomatique. Il revient aux Russes de démontrer qu’ils sont réellement prêts à une solution politique. On pense qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit, on espère que les Russes en ont pris conscience également. »Lire aussi :Syrie : l’offensive diplomatique de MoscouCette conclusion pourrait s’imposer peu à peu à l’administration russe, un mois après le début de l’intervention en Syrie. « Les Russes craignent que l’intervention ne se transforme en bourbier, en nouvel Afghanistan. En trois semaines, 150 millions de dollars ont été dépensés rien que pour du hardware. Vu l’état de l’économie russe et le maintien des sanctions, Moscou ne peut pas soutenir cet effort sur le long terme », estime une source diplomatique. L’intervention russe a permis de redonner l’avantage aux forces loyalistes, selon les estimations du chef d’état-major des forces armées américaines, le général Joseph Dunford. Cela est permis par un soutien militaire accru de l’Iran, qui inquiète Paris.« Tensions » entre Damas et MoscouLa reconquête des territoires perdus par le régime est toutefois plus lente qu’espérée. « Il y a des tensions entre Damas et Moscou car les Russes comprennent qu’ils ont surestimé les capacités du régime à reprendre le dessus militairement et à nettoyer les poches de résistance », poursuit la source diplomatique. L’opposition armée syrienne oppose une âpre résistance aux forces loyalistes, grâce à un soutien accru en armement des pays alliés. Lors d’un entretien téléphonique mardi, le président américain Barack Obama et le roi Salman d’Arabie saoudite se sont mis d’accord pour accroître leur aide à l’opposition syrienne modérée.Une intensification de l’intervention américaine en Syrie et en Irak est évoquée. « Nous prévoyons d’intensifier notre campagne aérienne, y compris avec des appareils supplémentaires de la coalition et des Etats-Unis, pour cibler l’Etat islamique avec des frappes plus nombreuses et plus fortes », a déclaré mardi le ministre de la défense, Ashton Carter, devant la commission des forces armées du Sénat. De nouvelles actions du type de celle menée par les forces spéciales avec les forces kurdes irakiennes à Hawija, le 22 octobre, où un soldat américain a trouvé la mort, ne sont pas exclues. M. Carter a précisé que les Etats-Unis se concentreraient désormais sur « trois R » : Rakka (le fief de l’EI en Syrie), Ramadi (capitale de la province sunnite irakienne de l’Anbar), et raids.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 04h32 • Mis à jour le28.10.2015 à 19h20 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Un magnat de l’immobilier contre un neurochirurgien, voilà à quoi se résume pour l’instant la course à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2016. Il s’agit pour ces deux hommes de leur première incursion en politique contrairement à l’ancienne responsable de Hewlett-Packard, Carly Fiorina, qui avait échoué pour un poste au Sénat en Californie, en 2010.Cette polarisation qui a déjà conduit à l’abandon de celui qui faisait figure de favori de l’électorat conservateur en février, le gouverneur du Wisconsin Scott Walker, inquiète de plus en plus la direction du Parti républicain. Cette dernière juge les deux hommes inéligibles face à la favorite démocrate, Hillary Clinton, qui a fait l’étalage de son expérience de femme d’Etat lors du premier débat démocrate, le 13 octobre, et à l’occasion de son audition le 22 octobre par une commission d’enquête de la Chambre des représentants consacrée à l’attaque meurtrière du poste diplomatique américain à Benghazi.Les deux outsiders obtiennent des scores variables, en termes d’intentions de vote, selon les enquêtes d’opinion: #container_1445998796485{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1445998796485{ height:500px; } #container_1445998796485 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1445998796485 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1445998796485 .subtitre{ display:block; }Baromètre Fox News(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Une seule a donné pour l’instant M. Carson en tête, celle de CBS réalisée conjointement avec le New York Times: #container_1445998425221{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1445998425221{ height:500px; } #container_1445998425221 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1445998425221 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1445998425221 .subtitre{ display:block; }Baromètre CBS New York Times(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1445998425221", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.nytimes.com/interactive/2015/10/27/us/politics/document-poll.html", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#35c21f","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"CBS News New York Times ", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Intentions de vote (en %)" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:true, startOnTick:true, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["juillet","septembre","octobre"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:-45 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Donald Trump", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 24 ], [ "", 27 ], [ "", 22 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Ben Carson", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 6 ], [ "", 23 ], [ "", 26 ] ], "color": "#FFc832" }, { "name": "Jeb Bush", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 13 ], [ "", 6 ], [ "", 7 ] ], "color": "#ff3232" }, { "name": "Mike Huckabee", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 8 ], [ "", 6 ], [ "", 4 ] ], "color": "#35c21f" }, { "name": "Marco Rubio", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 6 ], [ "", 6 ], [ "", 8 ] ], "color": "#28beaa" }, { "name": "Ted Cruz", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 6 ], [ "", 5 ], [ "", 4 ] ], "color": "#285a82" }, { "name": "Carly Fiorina", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 4 ], [ "", 7 ] ], "color": "#821400" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Toutes confirment cependant l’écart par rapport aux candidats plus classiques, qu’il s’agisse de l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, 62 ans, issu d’une dynastie politique américaine prestigieuse, ou de Marco Rubio, 44 ans, sénateur du même Etat, que son parcours de fils d’émigrés cubains rapproche d’un Barack Obama.M. Carson, 64 ans, et M. Trump, 69 ans, profitent du climat insurrectionnel qui sévit au sein d’un Parti républicain miné par les divisions. Les électeurs conservateurs, exécédés par l’impuissance manifestée par leurs représentants au Congrès, disent désormais préférer majoritairement une personnalité dépourvue d’expérience politique pour exercer la fonction de président.Désormais en concurrence directe, les deux hommes jouent cependant sur des registres très différents : M. Trump bénéficie de son image de chef d’entreprise énergique alors que M. Carson profite d’une réputation d’intégrité morale liée en grande partie à ses très fortes convictions religieuses : #container_1445996955477{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1445996955477{ height:500px; } #container_1445996955477 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1445996955477 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1445996955477 .subtitre{ display:block; }Le patron contre l'homme de convictions(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1445996955477", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://abcnews.go.com/Politics/donald-trump-leads-expectations-shows-strength-attributes-poll/story?id=34599211", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window); #container_1445997977183{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1445997977183{ height:500px; } #container_1445997977183 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1445997977183 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1445997977183 .subtitre{ display:block; }L'atout de l'imageBen Carson bénéficie d'une forte cote de sympathie au sein de l'électorat républicain(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1445997977183", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.langerresearch.com/wp-content/uploads/1172a3TheGOPContest.pdf", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Pour l’instant, au niveau des Etats, M. Carson mène dans l’Iowa. Il est cependant distancé en Caroline du Sud et encore plus nettement dans le New Hampshire. Ces trois Etats sont les premiers à se prononcer dans la course à l’investiture.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Une fois de plus, ceux qui attendaient Apple au tournant en sont pour leurs frais. Même si, trimestre après trimestre, la barre est de plus en plus haute pour maintenir ses taux de croissance stratosphériques, le groupe de Cupertino (Californie) a réussi, mardi 27 octobre, à dépasser les anticipations des analystes en termes de bénéfices et de chiffre d’affaires.Lire aussi :Apple dévoile deux nouveaux iPhone et l’iPad Pro lors de sa « keynote » à San FranciscoLe fabricant de l’iPhone a publié au titre du quatrième trimestre de son exercice fiscal clos le 26 septembre un bénéfice net de 11,1 milliards de dollars (10 milliards d’euros), en hausse de 31 % par rapport à la même période de l’année précédente. Sur l’ensemble de son exercice, c’est un bénéfice de 53,4 milliards de dollars qu’affiche la firme à la pomme.Côté ventes, les performances sont tout aussi impressionnantes. Apple a réalisé au quatrième trimestre de son exercice un chiffre d’affaires de 51,5 milliards (46,6 milliards d’euros), soit un bond de 22 %. Des résultats qui ont permis au groupe d’amasser une trésorerie pléthorique de 205,7 milliards de dollars (186,4 milliards d’euros), en hausse de 33 % en un an, alors que ses pratiques d’optimisation fiscale sont de plus en plus contestées.Les ventes d’iPad déçoiventSi l’argent continue de couler à flot chez Apple, deux petites déceptions sont toutefois venues nuancer ce tableau impressionnant. D’abord, les ventes d’iPhone, qui représentent 63 % du chiffre d’affaires et un pourcentage encore plus important du bénéficedu groupe, sont légèrement en dessous de ce que prévoyaient les analystes. Apple a ainsi vendu 48 millions de smartphones. C’est 8,7 millions de plus qu’au cours du quatrième trimestre de l’exercice précédent, mais le marché s’attendait à légèrement mieux (48,72 millions d’unités).Point positif, néanmoins, Apple gagne des parts de marché : sur la période trimestrielle considérée, 30 % des acheteurs d’iPhone étaient des clients d’Android, le système d’exploitation de Google, un « record », selon Tim Cook, le PDG du géant californien.Moins stratégiques, les ventes d’iPad n’ont pas été à la hauteur des attentes, avec 9,9 millions d’unités vendues, soit 1 million de moins qu’au trimestre précédent. Pour le septième trimestre d’affilée, les ventes de tablettes chutent. Ce reflux s’explique notamment par le lancement il y a un an de l’iPhone 6 Plus, un smartphone doté d’un grand écran, qui vient cannibaliser les ventes de l’iPad.Mais plus que par le passé, M. Cook était attendu sur l’avenir, notamment sur les prévisions pour les mois d’octobre à décembre, une période cruciale, rythmée par la saison des fêtes. « Nous sommes assez confiants sur notre croissance », a-t-il affirmé. Le PDG table sur des ventes comprises entre 75,5 milliards et 77,5 milliards de dollars. Wall Street, qui s’attendait à un minimum de 77 milliards de dollars, a de quoi rester sur sa fin.La Chine, deuxième marché du groupeM. Cook a toutefois souligné, au cours d’une conférence avec les analystes, que cette croissance devait être jugée à l’aune de l’impact de la hausse du dollar sur ses comptes. Entre juillet et septembre, les effets de change lui ont ainsi coûté 8 points de croissance en termes de chiffre d’affaires. Ce phénomène continuera à jouer sur la fin de l’année, a affirmé le PDG. « Il est question de savoir si nous allons réaliser une croissance à un chiffre ou deux », a-t-il insisté, laissant entendre que dans le contexte monétaire actuel, cette incertitude restait un luxe. D’autant que la marge brute, la part du chiffre d’affaires, une fois retranchés les coûts de fabrication, devrait se maintenir aux alentours de 40 %, un niveau très confortable.Lire aussi :Apple Music débarque en Chine dans un marché habitué à la gratuitéPour nourrir la croissance, Apple mise sur le lancement de nouveaux produits. « Nous entrons dans la période des fêtes avec notre meilleure gamme de produits », a affirmé M. Cook. Il s’agit d’abord des nouvelles versions de l’iPhone 6, commercialisées depuis la fin septembre, même si le saut technologique par rapport à l’ancienne version peut laisser sceptique. Un nouvel iPad doté d’un grand écran a également été annoncé, tandis que les livraisons de l’Apple TV devraient commencer cette semaine. Quant à l’Apple Watch, la montre connectée, le groupe est resté très discret sur ses performances. Les ventes sont noyées au milieu de celles de l’iPod, de l’Apple TV et de Beats, son service de streaming musical. Un ensemble d’activités qui a réalisé un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars, en hausse de 61 %.L’autre préoccupation des analystes porte sur la croissance d’Apple en Chine. Les chiffres publiés mardi sont plutôt de nature à rassurer. Le pays est désormais le deuxième marché du groupe, représentant 24 % des ventes, derrière les Etats-Unis. Les ventes d’iPhone ont quasiment doublé en un an. Toutefois, c’est 700 000 de moins qu’au cours du trimestre précédent. Les premiers effets du ralentissement de l’économie chinoise ? « Pour le moment, on ne peut pas vraiment dire que l’on ressent une différence », a assuré M. Cook. Mais qu’il s’agisse de la Chine ou de l’iPhone en général, chaque trimestre qui passe rend le rythme de croissance de plus en plus compliqué à tenir.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard C’est officiel : depuis vendredi 9 octobre, le Kosovo est un pays sûr. Le conseil d’administration de l’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a en effet décrété d’inscrire ce pays des Balkans comme « POS », ou pays d’origine sûr. Une liste de seize nations où le Kosovo côtoie dorénavant, entre autres, l’Albanie, la Serbie, l’Inde, la Mongolie ou le Bénin.Singulière géographie, qui décide de la vitesse à laquelle sont traités les dossiers des demandeurs d’asile. Autrement dit, les Kosovars bénéficieront désormais d’une instruction plus courte, resserrée sur quinze jours. S’ils font appel de la décision rendue, un juge unique se penchera sur leur dossier, alors qu’ils auraient bénéficié du regard de trois juges sans cette inscription.Au deuxième rang des demandeurs d’asileDemandée par le ministère de l’intérieur, cette mesure ressemble fort à un alignement sur l’Allemagne puisque cette dernière a fait savoir, courant septembre, qu’elle s’apprêtait à prendre la même mesure pour le Kosovo et l’Albanie.Le signal politique est double. D’une part, cet ajout acte la marche vers l’élaboration d’une liste des pays sûrs commune en Europe, premiers balbutiements d’une hypothétique harmonisation des approches nationales de l’asile.D’autre part, il donne un signal politique sur l’immigration économique en France, à l’heure où l’installation des réfugiés syriens domine le débat et n’est estimé « soutenable » par le gouvernement que si les migrants économiques sont plus souvent reconduits.Les Kosovars, qui s’inscrivent au deuxième rang des demandeurs d’asile en France sur les neuf premiers mois de 2015, contre le troisième rang en 2014, n’ont obtenu le statut que dans 6,6 % des cas l’an dernier. Leur classement en pays sûr risque de renforcer encore l’idée qu’ils sont en quête d’un emploi plus que d’une protection lorsqu’ils viennent en France, ou en Allemagne.Cette inscription du Kosovo avait déjà été votée par le conseil d’administration de l’Ofpra en décembre 2013. Mais Amnesty International France et plusieurs associations avaient demandé au Conseil d’Etat d’annuler cette décision et obtenu gain de cause.Lire aussi :L’Union européenne a reçu plus de 213 000 demandes d’asile d’avril à juin #container_14425702306{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14425702306{ height:500px; } #container_14425702306 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14425702306 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14425702306 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14425702306 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Demandes d'asile par pays au deuxième trimestre 2015Source : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14425702306", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","Hongrie","Autriche","Italie","France","Suède","Royaume-Uni","Pays-Bas","Bulgarie","Espagne"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 80935 ], [ "", 32675 ], [ "", 17395 ], [ "", 14895 ], [ "", 14685 ], [ "", 14295 ], [ "", 7470 ], [ "", 6270 ], [ "", 4050 ], [ "", 3675 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Les réserves du Conseil d’EtatLa juridiction administrative avait alors estimé qu’en dépit d’évolutions positives du petit pays « l’instabilité du contexte politique et social dans cet Etat dont les institutions sont encore largement dépendantes du soutien des organisations et missions internationales » ne permettait pas cette inscription.Le Conseil d’Etat avait aussi souligné « les violences auxquelles restent exposées certaines catégories de sa population, sans garantie de pouvoir trouver auprès des autorités publiques une protection suffisante. »En revanche, le Conseil avait estimé légales les inscriptions de la république d’Albanie et de la Géorgie. Comme, par ailleurs, la Tanzanie vient d’être retirée de la liste, qui comprend désormais 16 pays.Lire aussi :Au Kosovo, la désillusion face à la tutelle européenneMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Impossible de ne pas y penser. La remise du prix Nobel de la paix aux parrains du dialogue national tunisien souligne combien l’absence ou l’insuffisance de concertation entre forces politiques a précipité l’échec des autres expériences révolutionnaires arabes. Le Quartet de la société civile tunisienne, composé du syndicat UGTT, du patronat, de la Ligue des droits de l’homme et de l’ordre des avocats, a su obliger les islamistes d’Ennahda et leurs opposants à s’entendre pour sortir d’un blocage institutionnel, qui menaçait de plonger le pays dans le chaos. En Egypte, en Libye, au Yémen et en Syrie, au contraire, l’immaturité des forces politiques, toutes tendances comprises, et leur incapacité à bâtir un compromis, ont grandement contribué à l’impasse que ces pays du « printemps arabes » traversent, qu’il s’agisse de guerre civile ou de dictature.En Egypte, aussitôt après la victoire à la présidentielle de l’islamiste Mohamed Morsi, en juin 2012, la quasi-totalité des partis ont refusé de participer au nouvel exécutif dirigé par les Frères musulmans. Cette défiance a été nourrie en partie par les maladresses du nouvel élu, qui au lieu de profiter de son mandat populaire pour s’élever au-dessus des partis, a laissé la confrérie s’ingérer dans les affaires de la présidence. Mais cette situation à fronts renversés a aussi été voulue par certains éléments de l’opposition dite « libérale », décidée à faire chuter au plus vite le nouveau raïs. Ce cocktail très explosif a débouché sur la manifestation géante du 30 juin 2013, mélange de ras-le-bol anti- « barbus » authentique et d’instrumentalisation par les « foulouls », le surnom des pontes de l’ancien régime. Trois jours plus tard, le général Abdel Fattah Al-Sissi, plébiscité par la foule, arrêtait Mohamed Morsi et s’emparait du pouvoir, tout en lançant une répression tous azimuts contre les islamistes. Le pays est prisonnier depuis d’un cycle de violences, notamment dans le Sinaï, où les djihadistes de l’Etat islamique prospèrent. En Libye, contrairement à l’Egypte, ce sont les « libéraux » qui sont sortis vainqueurs des législatives post-Kadhafi, en juillet 2012. Mais un climat de méfiance s’est très vite installé entre eux et le camp islamiste, rejoint par de nombreux députés indépendants, sur fond de prolifération des milices et de rivalités entre Benghazi, Misrata et Zintan, les villes phares de la révolution. L’antagonisme s’est accru après le vote d’une loi d’épuration en 2013, soutenue par les islamistes, désireux de se tailler une place dans le nouvel appareil d’Etat et des révolutionnaires jusqu’auboutistes, hantés par la peur de la contre-révolution. Le texte a été fatal à des dizaines d’ex-fonctionnaires du régime Kadhafi et plusieurs figures du bloc libéral, qui avait pourtant participé au soulèvement. La crise a finalement éclaté en juin 2014, quand, incapables de s’accorder sur les résultats des législatives, les deux camps ont fini par former deux gouvernements concurrents : l’un implanté à Tripoli, pro-islamiste, avec le soutien des miliciens de Misrata et l’autre basé à Tobrouk, dans l’est, avec l’appui des miliciens de Zintan. Les négociations, sous le patronage de l’envoyé spécial des Nations unies, l’Espagnol Bernardino Leon, n’ont pour l’instant produit aucun résultat. Une situation dont profite l’Etat Islamique, qui se développe à partir de Syrte. Le Yémen aurait pu suivre la voie tunisienne. Un dialogue national s’est déroulé dans ce pays, entre mars 2013 et janvier 2014. Ce processus était destiné à poursuivre la transition entamée par l’élection à la présidence, en février 2012, d’Abed Rabbo Mansour Hadi, en remplacement d’Ali Abdallah Saleh, contesté par les révolutionnaires de Sanaa. Toutes les forces politiques ont initialement participé aux séances de discussions, menées sous l’égide de l’envoyé spécial de l’ONU, Jamal Benomar. Mais très vite, en raison d’assassinats politiques et de la tournure prise par les négociations, les représentants des houthistes, un mouvement d’obédience zaïdite (une déclinaison du chiisme), pro-iranien, basé dans l’extrême nord du pays, se sont retirés du dialogue. En désaccord avec le dessin des régions contenu dans le projet de système fédéral sur lequel s’est conclu le processus, ces rebelles sont passés à l’offensive à l’automne 2014, en s’emparant de Sanaa. Après qu’ils ont renversé le président Hadi en janvier puis attaqué Aden, en mars, l’Arabie saoudite s’est décidée à intervenir militairement, au côté du gouvernement légitime. Les combats ont fait au moins 5 000 morts depuis cette date, sans vainqueur net, sinon les djihadistes d’Al-Qaida et de l’EI, qui profitent du chaos pour s’étendre. En Syrie, le président Bachar Al-Assad a interdit tout dialogue véritable, dès les premiers jours du soulèvement, en qualifiant tous ses adversaires de « terroristes ». La fuite en avant du régime dans la répression a obligé les révolutionnaires à s’armer, ce qui a précipité le pays dans la guerre civile. En janvier et en février 2014, à Genève, sous la pression des Etats-Unis et de la Russie, représentants du régime et de l’opposition ont siégé face-à-face, pendant deux semaines. Mais ces discussions, baptisées « Genève 2 », n’ont pas dépassé le stade du dialogue de sourds, les émissaires de Bachar Al-Assad refusant d’envisager la mise à l’écart de ce dernier. Depuis, hormis quelques négociations à l’échelle locale, en vue d’un cessez-le-feu dans une ville ou un village, le dialogue syro-syrien est au point mort. Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.10.2015 à 14h06 • Mis à jour le09.10.2015 à 16h37 Les Etats-Unis vont réexaminer le bien-fondé du programme mis en œuvre pour soutenir les rebelles syriens, qui a été confronté à de nombreuses difficultés dès son lancement, selon le secrétaire à la défense Ashton Carter. Le président américain Barack Obama devrait acter cette décision dans un discours qu’il prononcera dans la journée du vendredi 9 octobre.Selon le New York Times, l’administration américaine va en réalité annoncer un changement drastique de ce programme de 500 millions de dollars, lancé au début de l’année, et dont le but avoué était de former des forces de combat au sol issues des rangs des groupes syriens modérés capables d’appuyer les frappes de la coalition mise en place par les Etats-Unis pour lutter contre l’Etat islamique.Fin des sites d’entraînement en Jordanie ou au QatarSelon le New York Times, les Américains renonceraient à constituer de nouvelles brigades de combattants pour se concentrer sur la formation et l’équipement de groupes arabes et kurdes existants et déjà en combat contre l’Etat islamique. Les Etats-Unis devraient fermer les sites d’entraînement en Jordanie, au Qatar, en Arabie saoudite ou aux Emirats arabes unis et les remplacer par un nouveau centre, plus petit, en Turquie.Ce programme, lancé en début d’année, a fait l’objet de virulentes critiques. Le 16 septembre, le chef militaire des forces américaines au Moyen-Orient, le général Lloyd Austin, auditionné par la commission des forces armées du Sénat, avait été obligé de reconnaître que Washington ne parvenait pas à constituer une force militaire syrienne crédible contre le groupe Etat islamique (EI). Les déboires de la « Division 30 »Officiellement, seuls 54 combattants avaient été formés à la mi-septembre sur les 5 000 prévus la première année du programme, et la plupart d’entre eux ont été attaqués, en juillet, par un groupe lié à Al-Qaida dès leur arrivée en Syrie. Ceux qui n’ont pas été tués ou capturés ont pris la fuite : ils sont quatre ou cinq. Le Pentagone n’a jamais été en mesure de donner un chiffre crédible.Lire aussi :La déroute de la « Division 30 » syrienne, formée par WashingtonUne centaine de combattants seulement sont actuellement en cours de formation, selon les chiffres fournis lors de cette audition au Sénat par la sous-secrétaire à la défense, Christine Wormuth. « C’est une blague », avait commenté la sénatrice républicaine Kelly Ayotte. « Un échec total », avait renchéri son collègue républicain Jeff Sessions.Le Pentagone avait déjà annoncé, le 30 septembre, une « pause » dans l’acheminement des recrues vers les centres d’entraînement de Turquie et de Jordanie. L’armée américaine a, en outre, reconnu que certains de ces combattants avaient remis fin septembre une partie de leur équipement et munitions au Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida. Il s’agissait d’obtenir leur passage dans une zone contrôlée par celui-ci.Lire aussi :Syrie : comprendre qui soutient qui en deux clics 09.10.2015 à 09h49 • Mis à jour le09.10.2015 à 10h29 La liste des candidats au prix Nobel de la paix est tenue secrète, laissant le champ libre à toutes les spéculations, jusqu’à l’annonce du comité Nobel, vendredi 9 octobre à 11 heures. 273 noms ont été proposés en 2015. Parmi lesquels ceux de la chancelière allemande Angela Merkel, du pape François ou du médecin Denis Mukwege, qui soigne les femmes violées dans l’est de la République démocratique du Congo, sont favoris. Les autres possibles lauréats offrent une vision des enjeux diplomatiques de l’année écoulée.La solidarité envers les migrants La question des réfugiés agite et divise l’Europe confrontée à la plus grave crise migratoire depuis la fin de la seconde guerre mondiale. C’est à ce titre qu’Angela Merkel, la chancelière allemande, également saluée pour son rôle dans la crise ukrainienne, pourrait être récompensée. Egalement dans la course, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le prêtre érythréen Mussie Zerai et Giusi Nicolini, la maire de l’île italienne Lampedusa, sont cités par les experts ou les bookmakers.Lire aussi :Merkel dans la course au prix Nobel de la paixLe recul de l’armement atomique Soixante-dix ans après Hiroshima, Nobeliana, un collectif d’historiens spécialistes du Nobel, a fait de Setsuko Thurlow et Sumiteru Taniguchi, survivants des premiers bombardements nucléaires de l’histoire, ses favoris. Selon eux, les deux octogénaires, devenus des pourfendeurs de ces armes de destruction massive, pourraient partager le prix avec la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN).Lors des anniversaires décennaux des bombardements qui avaient fait 214 000 en 1945, le comité Nobel semble avoir pris l’habitude de récompenser les efforts contre les usages militaires de l’atome. La dernière fois, en 2005, il avait récompensé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et son directeur, Mohamed El-Baradei. Plus controversés, John Kerry, chef de la diplomatie américaine, et Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, qui ont dévoilé en juillet un accord-clé visant à empêcher l’Iran de se doter de la bombe, sont aussi cités comme nobélisables. Un tel choix ne manquerait cependant pas d’être attaqué, à la lumière de la situation au Moyen-Orient.La liberté d’expression Le comité norvégien pourrait choisir l’année 2015 pour sacrer une figure de la liberté d’expression, attaquée frontalement cette année à Paris et à Copenhague. Les noms du Danois Flemming Rose, qui avait publié les caricatures de Mahomet dans le journal Jyllands-Posten en 2005, du blogueur saoudien Raef Badaoui, condamné à être emprisonné et fouetté, et du lanceur d’alerte Edward Snowden, sont évoqués.Et aussi les candidats en Colombie, en Russie, au Congo…Parmi les autres candidatures, on retrouve des habitués, comme le pape François, pour son engagement pour la justice sociale et l’environnement. Mais aussi le médecin Denis Mukwege, qui soigne les femmes violées dans l’est de la République démocratique du Congo et a obtenu le prix Sakharov 2014, décerné par le Parlement européen pour saluer la défense des droits de l’homme. Juan Manuel Santos, le président de la Colombie, et Timoleon Jimenez, le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), pourraient être récompensés pour avoir franchi une étape décisive en septembre, en s’engageant à signer un accord de paix avant mars 2016.Les opposants russes sont cités à chaque édition du prix Nobel. Pour leur indépendance à l’égard de Vladimir Poutine, les militantes Svetlana Gannouchkina et Lioudmila Alexeeva, les ONG Memorial et Agora ou encore le journal Novaïa Gazeta auraient leur place à la cérémonie à Oslo. 09.10.2015 à 07h59 • Mis à jour le09.10.2015 à 11h20 | Claire Guélaud (Lima, Pérou, envoyée spéciale) La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, ont donné, jeudi 8 octobre, le coup d’envoi officiel des assemblées annuelles de leurs institutions, en Amérique latine pour la première fois depuis quarante-neuf ans et dans un contexte de croissance affaiblie et de lutte contre le dérèglement climatique.Entre le ralentissement économique général et les difficultés grandissantes des pays émergents, l’ambiance est plutôt sombre, à l’image du ciel plombé de la capitale péruvienne, Lima. Mais, comme à son habitude, Mme Lagarde a refusé de céder au pessimisme, tandis que M. Kim a redit que 2015 serait à marquer d’une pierre blanche : la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (avec moins de 1,25 dollar par jour, soit 1,10 euro) doit tomber cette année sous la barre des 10 %, probablement autour de 9,6 %. Une première.Lire aussi :Le FMI s’inquiète du surendettement dans les pays émergents« Si nous restons confiants dans notre capacité à mettre un terme à l’extrême pauvreté d’ici à 2030, la dernière partie de ce programme sera très difficile à mettre en œuvre parce que nous sommes entrés dans une période de croissance faible, de fin du super-cycle des matières premières, de hausse attendue des taux d’intérêt américains et de sorties continues des capitaux des pays émergents », a toutefois ajouté l’Américain, médecin de formation. Cette réalité économique risque de compliquer la tâche de la Banque mondiale. L’institution devrait être davantage sollicitée pour aider les pays les plus en difficulté et/ou ceux qui accueillent massivement des réfugiés (Liban, Jordanie, Turquie, etc.) et pour lutter davantage contre le dérèglement climatique : toute la question est de savoir si elle disposera de capitaux suffisants pour mener à bien l’ensemble de ses missions.Lire aussi :L’extrême pauvreté tombe sous les 10 % de la population mondiale en 2015Accroître les financements climatA peine arrivé à Lima, le ministre français des finances, Michel Sapin, a formulé le vœu, jeudi, que les organismes multilatéraux et le secteur privé accroissent leurs financements climat. « L’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] a établi que près de 62 milliards de dollars ont été mobilisés en 2014 pour aider les pays du Sud, sur un objectif de 100 milliards par an d’ici à 2020. Ce chiffre n’est pas décevant. Il montre qu’un effort est fait et qu’il en reste un, accessible, à faire », a estimé M. Sapin. Le ministre a fait observer que la Banque mondiale, tout en soutenant la dynamique de la COP21, n’avait pas révisé à la hausse la part de ses financements climat (20 %). Pour faire bonne mesure, il a également jugé que la Banque européenne d’investissement (BEI) pouvait faire plus. La France, qui accueille la COP21 à Paris à partir du 30 novembre, espère bien engranger de nouveaux financements à Lima.Lire aussi :L’OCDE évalue à 62 milliards de dollars les financements climatDe son côté, la directrice générale du FMI a assuré qu’il existait « un scénario de sortie possible vers un renforcement de nos économies et vers un redressement de la croissance potentielle ». Elle a regretté que les prescriptions du Fonds ne soient « pas toujours appliquées ni entendues », et défendu la nécessité de soutenir la demande, de prendre des mesures en faveur de la stabilité financière et d’engager des réformes structurelles. Par ailleurs, alors que les prévisions de croissance du FMI pour le Pérou, basses, ont beaucoup fait jaser à Lima, Mme Lagarde a cherché à mettre du baume au cœur des Péruviens, qui se sont décarcassés pour accueillir les assemblées annuelles, en précisant qu’elle « espérait se tromper ».Interrogée, enfin, sur l’éventualité d’un deuxième mandat à la tête du FMI – le premier prend fin en juillet 2016 –, la Française a reconnu qu’elle y réfléchissait mais a rappelé que la décision ne lui appartenait pas. « J’ai fait du mieux que j’ai pu », a confié Mme Lagarde, qui semble avoir vraiment pris ses distances avec la politique française. Rien ni personne ne semble devoir s’opposer à ce deuxième mandat, ni dans les économies avancées ni dans les pays émergents, qui ne semblent pas encore prêts à s’accorder sur le nom d’une personnalité issue de leurs rangs.Claire Guélaud (Lima, Pérou, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.10.2015 à 20h33 • Mis à jour le08.10.2015 à 20h56 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) L’OTAN « ne quittera pas » l’Afghanistan mais n’a rien décidé quant au niveau de sa présence dans le pays pour 2016 et les années suivantes, a indiqué le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, à l’issue d’une réunion des ministres de la défense, jeudi 8 octobre au soir.La récente attaque des talibans sur la ville de Kunduz et le bombardement, par l’aviation américaine, d’un hôpital de Médecins sans frontières ont relancé les questions sur la situation exacte du pays au plan sécuritaire ainsi que sur l’état de préparation des forces de sécurité afghane dans leur lutte contre les talibans.L’OTAN a mis un terme, à la fin 2014, à ses missions de combat pour passer à une phase de formation, de « partenariat » et de « soutien » à l’armée afghane. « Nous resterons présents », a indiqué M. Stoltenberg en affirmant que l’organisation prendrait des décisions à la fin de l’année sur son degré d’engagement, « sur la base d’une évaluation au plan militaire ». Plusieurs pays ont prôné la « flexibilité », a indiqué le secrétaire général.11 000 soldats déployés dans le paysQuelque 11 000 hommes – et 2 000 soldats américains – restent actuellement déployés dans le pays, pour la mission « Soutien résolu ». Ils sont stationnés à Kaboul et dans quatre villes de province. Leur nombre est censé être ramené à 8 000 à partir de mai 2016 et ils seraient concentrés dans la capitale.Malgré les discours rassurants tenus au cours des dernières années, les missions de formation et d’entraînement menées tant en Irak qu’en Afghanistan par l’OTAN n’ont pas atteint tous leurs objectifs. « Nous avons beaucoup investi et le résultat n’est pas toujours satisfaisant », résume un diplomate européen de l’alliance.Même si l’OTAN a « projeté de la stabilité », selon la formule employée par ses dirigeants, elle est amenée à s’interroger sur sa capacité exacte à assumer le rôle de « constructeur de capacités civiles » qu’elle s’est assignée au cours des dernières années. Notamment parce que la plupart de ses Etats membres sont de moins en moins enclins à conduire de telles missions.Lire aussi :Face à la présence russe en Syrie, l’OTAN évoque « une escalade inquiétante »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.10.2015 à 17h09 • Mis à jour le09.10.2015 à 09h29 | Jules Grandin et Madjid Zerrouky La campagne russe en Syrie s’est intensifiée et inquiète les pays de l’OTAN, après le tir de missiles de croisière depuis la mer Caspienne, le 7 octobre. Retour en carte sur la première grande opération militaire du Kremlin loin de ses frontières depuis la chute de l’Union soviétique. Depuis la fin du printemps, c’est une mini-armée russe d’au moins 5 000 hommes qui a été déployée en Syrie en un temps record. Avec ses avions, ses missiles, sa logistique… La carte ci-dessous indique les principaux lieux où cette force armée s’est installée, les lieux que ses bombardiers attaquent, et la façon dont elle est ravitaillée.Comment avons-nous procédéPour reconstituer ce déploiement, outre des informations obtenues par les journalistes du « Monde », nous avons croisé des sources syriennes (rébellion comme régime), les données de l’institut de recherche américain ISW, du collectif d’investigation Bliingcat, du site d’observation maritime Bosphore Naval News, le suivi du trafic aérien en temps réel disponible sur le site Flightradar, ainsi que les communiqués et images diffusés par le ministère de la défense russe.  Dans les airs les – au moins – 36 avions de combat déployés sur la base aérienne de Jbel, au sud de Lattaquié, sont en charge des frappes aériennes menées contre les forces rebelles de l’Armée syrienne libre et des groupes djihadistes dans le nord-ouest du pays (essentiellement). Si une dizaine de ces avions (les Soukhoï Su-30 et Su-34) font partie de ce que l’aviation russe compte de plus récent, les autres (Soukhoï Su-24 et Su-25), même modernisés, ont 25 ans d’âge en moyenne. Au rythme actuel des frappes russes, il paraît peu probable qu’ils puissent supporter cette cadence au-delà de deux-trois mois avant d’être cloués au sol pour maintenance (ou d’être remplacés). Les déclarations du président de la commission des affaires étrangères du Parlement russe, estimant à trois à quatre mois la durée des opérations de Moscou en Syrie, intègrent sans doute cette contrainte. Pour ravitailler ses troupes et acheminer matériels et munitions, l’aviation russe a par ailleurs mis en place un pont aérien depuis sa grande base logistique de Mozdok (en Ossétie du Nord), survolant les espaces iranien et irakien pour atteindre la Syrie. Sur terre outre les pilotes, les mécaniciens, la logistique, la défense aérienne… les quelque 5 000 hommes déployés par Moscou – selon des informations obtenues par Le Monde – s’appuient essentiellement sur l’infanterie de marine (la 810e brigade de la mer Noire), et l’artillerie (une quinzaine d’obusiers et des lance-roquettes multiples). Si ces moyens sont trop limités pour être utilisés directement contre les opposants syriens pour reconquérir du terrain – Moscou comptant de toute façon sur les troupes gouvernementales et iraniennes –, le dispositif est assez dissuasif pour contrer toute velléité d’attaque rebelle contre les bases russes. Des unités plus spécialisées (forces spéciales) sont cependant sans doute employées directement sur la ligne de front, au moins pour guider les frappes aériennes. Des hélicoptères (Mi-24) et un usage présumé de l’artillerie russe (lance-roquettes Smerch) ont en outre été détectés par d’Armée syrienne libre dans le nord de la province de Hama, les 7 octobre et 8 octobre, en soutien à une offensive gouvernementale.Sur mer le tir spectaculaire de 26 missiles de croisière par 3 à 4 bâtiments de la flotte russe de la mer Caspienne, a mis en lumière le rôle de la marine russe dans les opérations en Syrie. Mais le message, politique, était plus destiné aux pays de l’OTAN qu’aux rebelles syriens proprement dit. L’emploi de missiles de croisière navals de longue portée, armement neuf et coûteux, est discutable au regard des cibles, facilement atteignables par les avions de Lattaquié. Au-delà, les activités navales sont surtout destinées, d’une part, à ravitailler les garnisons des régions alaouites de Lattaquié et de Tartous (la base navale utilisée par les Russes) via un « pont » maritime mis en place à partir des ports de Sébastopol et Novorossiysk (sur la mer Noire). Et d’autre part à établir un « cordon sanitaire » au large des côtes syriennes, dont la flotte russe contrôle l’accès au moyen d’un groupe naval mené par les croiseurs Moskva et Smetlivy. Le premier disposant de missiles antiaériens de longue portée S-300 venant compléter au moins deux batteries de missiles sol-air de courte portée Pantsir S-1 installés sur la base aérienne de Lattaquié.Lire aussi :Moscou teste de nouveaux missiles en SyrieLire aussi :En Syrie, une semaine de frappes aériennes russesJules GrandinCartographie // Infographie // InteractivitéSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMadjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) François Hollande et Angela Merkel doivent s’exprimer conjointement mercredi 7 octobre devant le Parlement européen, à Strasbourg. Une première pour un chef d’État français et un chancelier allemand depuis 1989. Après un discours de 15 minutes pour chacun d’entre eux, les deux dirigeants devaient écouter les responsables des groupes politiques puis répondre à ceux-ci brièvement. C’est Martin Schulz, président du Parlement européen, qui est à l’origine de cette intervention conjointe exceptionnelle. Les deux dirigeants lui avaient donné leur accord lors d’une rencontre à Strasbourg le 31 janvier. A l’époque, il s’agissait surtout de défendre les libertés publiques, trois semaines après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher à Paris. Aujourd’hui, François Hollande et Angela Merkel veulent mettre l’accent sur l’Europe comme « communauté de valeurs ».Si leur intervention conjointe est bien entendu également destinée à mettre en avant la dynamique du moteur franco-allemand, les deux pays ne sont pas toujours, loin, s’en faut, sur la même longueur d’ondes. Petite revue des dossiers du moment.Paris pris de court par Berlin sur les réfugiésOfficiellement, les deux pays sont sur la même ligne. Depuis des mois, le ministre français de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, n’a de cesse de s’afficher aux côtés de Thomas de Maizière, son homologue allemand. En fait, la France a longtemps été hostile à la politique de quotas proposée par l’Union européenne et soutenue par l’Allemagne, qui y voit un moyen de limiter le nombre de réfugiés qu’elle accueille, en partageant cette responsabilité avec ses voisins. Même si l’Allemagne n’a jamais critiqué publiquement le peu d’empressement de Paris de recevoir des réfugiés, elle constate que son voisin, volontiers donneur de leçons en matière de droits de l’homme, en accueille beaucoup moins qu’elle. Pas de consensus sur l’approfondissement de l’union monétaireEn juillet, François Hollande avait évoqué une « avant-garde » au sein de l’Union européenne, avec un gouvernement de la zone euro doté d’un budget spécifique et d’un Parlement. Pour le moment, Angela Merkel s’en tient à la contribution que François Hollande et elle-même avaient envoyée le 23 mai à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Les deux dirigeants ont alors proposé que la zone euro se dote d’un programme dans « quatre domaines d’action, qui devraient être développés dans le cadre des traités actuels dans les prochaines années » : la politique économique, la convergence économique, fiscale et sociale, la stabilité financière et les investissements, et la gouvernance de l’union monétaire. Un document qui semblait également adressé à David Cameron. Le premier ministre britannique souhaite en effet obtenir de ses partenaires une révision des traités, non pas pour renforcer l’Union européenne, mais au contraire pour renforcer les prérogatives des Etats. Avec ce document, Angela Merkel et François Hollande tentent d’avoir une position commune face au premier ministre britannique, même si les responsables politiques allemands semblent davantage craindre un « Brexit » que leurs homologues français.Accord pour éviter la sortie de la Grèce de la zone euroAprès l’élection d’Alexis Tsipras en janvier, Angela Merkel et François Hollande ont très vite joué une partition commune face au premier ministre grec. En Allemagne, alors que des voix de plus en plus nombreuses, dont celle du ministre des finances Wolfgang Schäuble, se prononçaient en faveur d’un « Grexit » au moins temporaire, Angela Merkel a compris que c’était une ligne rouge pour François Hollande et que, par conséquent, elle n’entendait pas la franchir.Impatience allemande sur les déficitssi Berlin a vu d’un bon œil les promotions de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron durant l’année 2014, l’Allemagne s’inquiète toujours du manque d’allant de la France pour les réformes structurelles. La récente proposition du commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Pierre Moscovici de prendre en compte le coût de l’accueil des réfugiés dans le calcul des déficits publics de certains pays a été vu à Berlin comme une nouvelle tentative de Paris de ne pas se soumettre à la discipline européenne.Front commun sur l’Ukraine face à la Russie, divergences d’approche sur la Syrie L’Ukraine est sans doute le dossier qui a le plus contribué à rapprocher le président socialiste de la chancelière conservatrice. Berlin ne voulait pas se trouver seul face à Moscou pour tenter de régler ce conflit. Par ailleurs, Paris entendait être associé pour asseoir son statut de grande puissance. La négociation des accords de Minsk en février 2015 a été l’occasion pour le président et la chancelière de travailler très étroitement ensemble.Sur la Syrie, la France et l’Allemagne n’ont pas tout à fait le même point de vue sur l’avenir du président syrien. François Hollande fait partie des « durs » qui pensent que celui-ci doit partir pour permettre de trouver une solution à la guerre civile. Angela Merkel juge qu’il faut parler avec tous les interlocuteurs et qu’Assad fait partie de la solution. De même, l’Allemagne semblait ces derniers jours moins critique à l’égard de l’intervention russe en Syrie que d’autres pays occidentaux, notamment la France.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.10.2015 à 16h57 • Mis à jour le06.10.2015 à 17h48 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Aider la Turquie à gérer les flux massifs de réfugiés et prévenir, du même coup, les « mouvements migratoires incontrôlés » : c’est le but du plan d’action que l’Union européenne entend faire accepter à Ankara. Evoqué lundi soir, entre Recep Tayyip Erdogan et les responsables des institutions européennes, il a été dévoilé mardi par la Commission.Le président turc a accepté le principe de discussions sur ce document qui n’est, à ce stade, qu’une ébauche reprenant les promesses mutuelles de l’UE et de son pays. Il va être négocié à Ankara, avec l’objectif de soumettre des conclusions éventuelles aux chefs d’Etat et de gouvernement, qui se réuniront en sommet les 15 et 16 octobre à Bruxelles.L’Union réitère d’abord sa promesse d’un milliard d’euros à verser à la Turquie pour l’aide humanitaire, sanitaire et psychologique aux Syriens et aux Irakiens présents sur son territoire, ainsi que pour faciliter leur intégration. Elle espère aussi améliorer les conditions de vie dans les pays voisins, afin d’agir sur les causes qui poussent les demandeurs d’asile au départ. Des fonds supplémentaires pourraient encore être trouvés, venant s’ajouter au budget total de 4,2 milliards alloué aux pays de la région. A titre de comparaison, M. Erdogan affirme que son pays a déjà consacré près de 7 milliards d’euros à l’accueil des réfugiés.Programmes de « réinstallation »La Commission promet également de relancer les programmes dits de « réinstallation », qui assureraient une répartition ordonnée et sécurisée des personnes reconnues officiellement comme réfugiés. Le texte n’évoque toutefois aucun nombre précis de bénéficiaires, pour éviter d’autres polémiques et d’autres divisions entre Européens.Bruxelles espère encore lancer auprès des réfugiés présents en Turquie des programmes d’information sur les risques liés à un exode. Elle tentera également de dialoguer avec le Pakistan, l’Iran, l’Afghanistan, le Bangladesh et l’Irak pour prévenir les migrations irrégulières et lutter contre les réseaux de trafiquants. Elle entend aussi soutenir des opérations de retour conjointes pour les migrants irréguliers, avec une plus grande implication de l’agence Frontex.L’offre faite à Ankara mentionne, en échange d’une bonne collaboration, une relance du dialogue sur la libéralisation des visas et rappelle que l’ensemble se place dans le cadre des discussions sur le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, même si celui-ci est au point mort et que plusieurs capitales n’entendent absolument pas qu’il aboutisse. Quels sont, en corollaire, les engagements des autorités turques ? Elles accepteraient désormais d’enregistrer les migrants et de leur délivrer les documents appropriés. Le texte n’indique pas de quelle manière cet enregistrement se ferait. Jusqu’ici, la Turquie a, en tout cas, refusé l’installation sur son territoire de « hot spots » -ou centre d’identification et de tri des migrants- pilotés par la Commission européenne.Les personnes en demande de protection auraient également un meilleur accès au marché du travail et aux services publics nationaux, dont le système éducatif. Six nouveaux centres d’accueil seraient construits, avec l’aide financière de l’Union.Ankara s’engagerait aussi à renforcer ses capacités d’interception en haute mer et à accepter le retour de clandestins passés par le territoire turc avant de gagner la Grèce, la Bulgarie ou la Roumanie. Elle durcirait les conditions de l’octroi d’un visa aux personnes originaires de pays qui pourraient être « la source de migrations irrégulières ». Les autorités promettent encore une meilleure coopération et un meilleur échange d’informations avec les pays de l’Union.La négociation sur la traduction dans les faits de ce projet doit démarrer rapidement entre officiels européens et turcs. Elle s’annonce complexe, sauf si elle se limite à des engagements qui ne seront pas plus suivis d’effets que d’autres projets du « plan pour la migration » qui n’a pas fini de diviser les Vingt-Huit.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Martin Untersinger et Damien LeloupLa justice européenne a invalidé, mardi 6 octobre, l’accord « Safe Harbor » qui encadrait le transfert de données personnelles de l’Union européenne vers les Etats-Unis.En quoi consiste Safe Harbor et que dit la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ?En Français « sphère de sécurité », le « Safe Harbor » est une décision de la Commission européenne, datant de 2000, qui affirme que le transfert de données personnelles d’Europe vers les Etats-Unis est possible car ce pays présente des garanties suffisantes pour la protection de la vie privée.Très controversé, cet accord a notamment été mis à mal par les révélations d’Edward Snowden, en 2013, sur les programmes de surveillance de masse de la NSA. Les adversaires du Safe Harbor, dont Max Schrems, un Autrichien qui a déposé plusieurs plaintes contre Facebook, estimaient que ces révélations montraient que les données personnelles des Européens n’étaient en fait pas protégées lorsqu’elles étaient stockées aux Etats-Unis.Dans son arrêt rendu mardi, la CJUE estime que le Safe Harbor n’est pas conforme au droit européen, pour plusieurs raisons détaillées sur une trentaine de pages. La Cour a notamment estimé que les recours possibles pour les citoyens européens estimant leurs droits malmenés étaient beaucoup trop faibles. Elle juge également que les programmes de surveillance de masse des Etats-Unis sont incompatibles avec une protection adéquate des droits des citoyens européens.Cela veut-il dire que Facebook ne peut plus fonctionner en Europe, ou va devoir stocker les données des citoyens européens en Europe ?Non : l’arrêt invalide un accord très générique. Facebook peut continuer à fonctionner comme il le faisait jusqu’à aujourd’hui, mais l’entreprise – tout comme Google ou tout autre entreprise qui stocke des données de citoyens européens aux Etats-Unis – ne peut plus s’abriter, en cas de procédure, derrière le fait qu’elle fait partie du Safe Harbor et que ses flux de données entre l’Europe et l’Amérique sont présumés légaux.Facebook affirme en fait ne pas s’appuyer uniquement sur le Safe Harbor, mais « sur d’autres méthodes recommandées par l’Union européenne pour transférer légalement des données de l’Europe vers les Etats-Unis ».Il existe en effet d’autres normes de transfert de données, comme par exemple les « clauses contractuelles type »  ou les « règles internes d’entreprise »  (dans le cas de transfert de données entre filiales), le Safe Harbor étant le cadre juridique simplifié et « par défaut ». Certaines entreprises du numérique utilisent déjà ces cadres juridiques alternatifs.La Commission craint d’ailleurs que la décision de la CJUE ne favorise la multiplication de contrats spécifiques établis entre des entreprises et des pays européens, au détriment d’un cadre générique européen. Frans Timmermans, le vice-président de la Commission, a d’ailleurs annoncé que des « lignes directrices » à destination des autorités de protection des données seraient publiées afin d’éviter un « patchwork avec des décisions nationales ».Par ailleurs, sans aller jusqu’à ces procédures juridiques, la loi européenne – plus spécifiquement l’article 26 de la directive de 1995 sur la protection des données personnelles – prévoit qu’un transfert vers un pays tiers peut être autorisé dans plusieurs cas. Par exemple, pour assurer la bonne exécution du contrat commercial (dans le cas d’une réservation d’hôtel par exemple, où les coordonnées du client sont nécessaires) ou lorsque intervient le consentement explicite de l’internaute à ce que ses données soient transférées.Le Safe Harbor va-t-il être renégocié ?La renégociation de cet accord était déjà en cours avant l’arrêt de la Cour. Malgré l’expiration de plusieurs dates butoirs, les négociateurs ont récemment affirmé qu’ils faisaient des progrès dans les discussions. Mais il sera difficile d’obtenir rapidement un accord qui puisse satisfaire les exigences de la CJUE : cette dernière rappelle dans son arrêt que, pour obtenir un régime de ce type, un pays doit faire la preuve qu’il offre des garanties de protection de la vie privée comparables à celles en vigueur au sein de l’UE.Cela signifie qu’il faudrait des changements majeurs dans le droit américain pour qu’un nouvel accord ne soit pas, à son tour, invalidé par la Cour.Que se passe-t-il dans l’immédiat ?Plus de 4 000 entreprises étaient soumises à l’accord Safe Harbor. Nombre d’entre elles, particulièrement les plus petites, se retrouvent brusquement, au moins jusqu’à l’adoption d’un nouvel accord Safe Harbor, dans un vide juridique.Les grands acteurs du Web, eux, sont dans l’attente. L’annulation du Safe Harbor semble les avoir pris de court. Dans un communiqué, l’association professionnelle Digital Europe, qui regroupe tous les grands acteurs du secteur (d’Apple à Toshiba en passant par Google, à l’exception de Facebook), « demande de toute urgence à la Commission européenne et au gouvernement américain de conclure leurs négociations pour parvenir à un nouvel accord “Safe Harbor” aussi vite que possible ».« Nous demandons également à la Commission européenne d’expliquer immédiatement aux entreprises qui fonctionnaient sous le régime du Safe Harbor comment elles doivent opérer pour maintenir leurs activités essentielles durant ce vide juridique », poursuit l’association.Facebook a, de son côté, estimé également qu’il « fallait impérativement que les gouvernements européens et américain donnent des méthodes légales pour le transfert des données et règlent toutes les questions de sécurité nationale ».Quelles seront les conséquences plus larges de cette décision ?Si l’arrêt de la CJUE ne porte que sur le Safe Harbor, il dénonce avec des mots très durs les programmes de surveillance de masse de la NSA américaine, présentés comme incompatibles avec les droits fondamentaux garantis par le droit européen.Le jugement pourrait aussi influencer deux dossiers européens brûlants dont les négociations arrivent dans leur dernière ligne droite : l’accord « parapluie » sur l’échange de données personnelles pour la coopération policière, entre Europe et Etats-Unis, et le projet de règlement sur les données personnelles.La commissaire européenne à la justice, Vera Jourova, a indiqué que l’arrêt de la Cour confortait la position de la Commission, notamment sur la nécessité d’avoir « des garde-fous solides » en matière de protection des données.Lire le portrait :Max Schrems, le « gardien » des données personnelles qui fait trembler les géants du Web //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Ils ont chanté et dansé, en famille, les enfants hissés sur les épaules. Ils ont repris des chants religieux et applaudi les orateurs. Ils avaient tous à la bouche les mots les plus sévères possibles, les plus tristement imagés, contre les Palestiniens. Les colons israéliens (400000 au total) ont fait une démonstration de force et d’unité, lundi 5 octobre dans la soirée, devant la résidence de Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem. Encadrés par un dispositif policier impressionnant, les habitants de « Judée-Samarie », arrivés par bus de Cisjordanie, avaient deux demandes à adresser au chef du gouvernement : une répression plus sévère et la poursuite des constructions, partout, dans les territoires sous occupation.Trois ministres, Zeev Elkin, Yariv Levin et Haim Katz, étaient présents, en soutien des colons, qui ont joué un rôle important dans le succès du Likoud aux élections législatives de mars. Benyamin Nétanyahou a reçu longuement l’un de leurs représentants, Yossi Dagan. « Pour le moment, on n’est pas parvenu à un accord, explique une proche du président du conseil régional de Samarie. En matière de construction, il y a trop de restrictions bureaucratiques, il faut les lever. Pour bâtir une maison ou un balcon, il faut une autorisation du ministère de la sécurité ou de la défense. » Dans l’esprit des colons, les nouvelles constructions ne sont pas conçues seulement comme un développement urbain naturel, sur une terre donnée par Dieu. Elles doivent aussi représenter une punition pour les Palestiniens en raison des derniers attentats.Lire les dernières informations :Israël-Palestine : Mahmoud Abbas affirme « ne pas vouloir d’escalade »Le paradoxe de NétanyahouPour l’heure, Benyamin Nétanyahou se concentre sur la flambée de violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui se poursuivaient mardi, notamment à l’entrée de Ramallah, au poste de Kalandia, et à Bethléem. Arrimé à une majorité d’un seul siège à la Knesset, dépendant beaucoup des ultranationalistes, « Bibi » ne veut pas pour autant basculer dans les bras de l’extrême droite. Les Etats-Unis et l’Union européenne restent très attentifs à tout encouragement politique ou administratif à la colonisation, sans envisager toutefois de réelles sanctions contre l’Etat hébreu. La Jordanie et l’Egypte, pays alliés sur le plan sécuritaire, sont aussi attentifs. Le chef du gouvernement joue donc la partition qu’il maîtrise traditionnellement le mieux, celle de la rhétorique guerrière et de la gestion du conflit. Elle ne va pas de soi, car la détérioration de la situation est évidente, avec quatre Israéliens tués depuis le 1er octobre. La politique sécuritaire de M. Nétanyahou lui vaut de nombreuses critiques, à droite comme dans l’opposition travailliste, en raison de son manque d’efficacité. Tel est le paradoxe de M. Nétanyahou : souvent perçu comme un idéologue extrémiste par ses critiques à l’étranger, il est attaqué, au sein de son propre camp, pour ses contorsions et son manque de détermination. La réunion de son conseil de sécurité, qui s’est prolongée mardi jusqu’au milieu de la nuit, a été houleuse, selon la presse israélienne.Le premier ministre a refusé, par exemple, de suivre l’appel de son ministre de l’éducation, Naftali Bennett, qui veut mettre à nouveau derrière les barreaux les dizaines de prisonniers palestiniens relâchés ces dernières années (par exemple pour la libération du soldat Gilad Shalit). En revanche, M. Nétanyahou veut accélérer les punitions symboliques, à l’efficacité douteuse. Les maisons de deux terroristes, passés à l’acte en 2014, ont été détruites. D’autres devraient suivre.Le gouvernement va aussi s’en prendre à la branche nord du Mouvement islamique, organisation qui a fait de la défense de la mosquée Al-Aqsa son étendard. Les autorités l’accusent d’incitations répétées à la violence sur l’esplanade des Mosquées (mont du Temple). Dans le passé, l’interdiction du Mouvement islamique avait été évoquée, puis abandonnée. Enfin, à l’occasion d’un déplacement mardi au quartier général de la brigade de Samarie, M.Nétanyahou a annoncé l’installation de caméras de surveillance dans les airs et au sol, le long des grands axes routiers en Cisjordanie. Il a en même temps appelé les leaders des « communautés », soit des colonies, à « agir de façon responsable et à être précis ». C’est-à-dire, à ne pas le critiquer.« Il n’y a pas de limites dans les actions de nos forces de sécurité »Lundi, en début de soirée, peu avant le début du concert des colons, les autorités ont annoncé l’arrestation de cinq membres d’une cellule du Hamas, sise à Naplouse, soupçonnés d’être les auteurs de l’assassinat d’un couple de colons, le 1er octobre, sur une route au nord de la Cisjordanie. Des centaines de policiers supplémentaires ont été déployés à Jérusalem, outre les quatre bataillons de l’armée en Cisjordanie, qui affrontent les jeunes émeutiers, usant de balles réelles et en caoutchouc. Deux jeunes Palestiniens ont déjà été tués. Selon l’enquête préliminaire de l’armée, la mort de Abed Rahman Abdallah, 13 ans, près de Bethléem, atteint par une balle de calibre 22, n’était pas « intentionnelle ». Une bavure, qui ne change rien à la détermination générale. « Les policiers pénètrent en profondeur dans les quartiers arabes, ce qui n’a pas été fait dans le passé, a expliqué lundi M.Nétanyahou dans un communiqué martial. Nous ne sommes pas décidés à accorder une immunité aux émeutiers, aux provocateurs ou aux terroristes, où que ce soit. Par conséquent, il n’y a pas de limites dans les actions de nos forces de sécurité. » Lundi dans la soirée, Mahmoud Abbas a réuni son propre conseil de sécurité. Il lui a donné pour instruction, selon l’agence palestinienne Ma’an, de ne pas offrir de prétexte aux Israéliens pour une escalade. Le président de l’Autorité palestinienne n’a pas condamné les dernières violences, ni les émeutes qui mobilisent de nombreux jeunes mineurs ou tout juste majeurs. Ce regain de violences spontanées n’est pas pour déplaire à certains cadres politiques, sans parler des groupes armés, qui sont exaspérés par l’absence de résultats concrets de la stratégie de l’Autorité palestinienne, sur le plan international.« Pas d’escalade »Affaibli, perçu par beaucoup de Palestiniens comme un collaborateur des Israéliens en raison de la coordination sécuritaire entre services, Mahmoud Abbas marche sur un fil ténu. Mardi après-midi, le vieux dirigeant a réuni le comité exécutif de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP). Un communiqué interminable a été publié à son issue. On y apprend notamment que le comité « adresse ses condoléances aux familles des martyrs et souhaite un prompt rétablissement aux héros blessés. » Le comité appelle aussi toutes les factions à surmonter leurs différences et à présenter un front uni, en se réunissant dès que possible au sein du Conseil national palestinien, le parlement de l’OLP. « Toutes nos instructions à nos agences de sécurité, à nos factions et à notre jeunesse ont été que nous ne voulons pas d’escalade », a déclaré M.Abbas, selonla presse palestinienne. Mais peut-on tenir la jeunesse ? Quant aux policiers, on les observe à plusieurs centaines de mètres des émeutiers. Ils ne semblent guère pressés de s’interposer pour éviter l’affrontement.Comme Benyamin Nétanyahou, Mahmoud Abbas est accusé par sa base de mollesse et de compromis trop fréquents, sans rien obtenir en retour. Voilà pourquoi, pour l’heure, il a préféré ne pas éclaircir ses intentions politiques, après son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, la semaine passée. A New York, Mahmoud Abbas avait déclaré que l’Autorité palestinienne ne se sentait plus engagée par les accords d’Oslo (1993) signés avec les Israéliens, dès lors que ces derniers ne les avaient jamais respectés. Nouvelle menace sans conséquence, ou tournant stratégique ? Le flou demeure complet. Pour l’heure, le comité politique du comité exécutif a été saisi, pour examiner la mise en musique des déclarations de M.Abbas.Lire aussi l'éditorial :Israël-Palestine : vers une nouvelle intifada ?Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Sallon L’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué, lundi 5 octobre, une rare attaque à Zoubayr, à quinze kilomètres de la capitale de la province chiite de Bassora, dans le sud de l’Irak. « Au moins dix personnes ont été tuées à Zoubayr et 24 blessées », a indiqué Jabbar Al-Saadi, membre du Conseil provincial. L’attaque a eu lieu dans le marché Souk Al-Hallaquine. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, l’EI a affirmé que « l’armée du califat a réussi à faire exploser une voiture piégée garée au milieu d’un rassemblement de rafidha » près de Bassora. L’EI utilise le terme péjoratif de « rafidha » pour désigner les musulmans chiites.Depuis la conquête éclair de vastes pans du territoire irakien par l’Etat islamique (EI) en juin 2014, la province de Bassora, à 600 kilomètres au sud de Bagdad, ainsi que les provinces majoritairement chiites du sud et du centre du pays, ont été relativement épargnées par les attentats. Le groupe djihadiste sunnite dispose de peu d’accès et de partisans dans ces régions quasi-exclusivement chiites. Ses attaques se sont concentrées autour de Jourf Al-Sakhar, à 60 kilomètres au sud de Bagdad, conquise en juin 2014 avant d’être libérée en octobre 2014 par les forces irakiennes. Les derniers attentats à Bassora et dans les provinces du sud du pays remontent à 2012-2013.« Failles sécuritaires »« L’attaque au véhicule piégé du 4 octobre indique que l’EI pourrait chercher à exploiter les failles sécuritaires dans la province de Bassora et précipiter le déploiement de membres de la sécurité de Bassora pour focaliser l’attention des forces de sécurité irakiennes sur la province et fomenter des troubles », analyse l’Institute for the Study of War, un think-tank américain. Depuis le printemps, la ville de Bassora est secouée par une vague de contestation contre la mauvaise gestion du gouverneur de la province. Le délabrement des infrastructures et des services publics dans la capitale provinciale, premier port et premier producteur de pétrole du pays, alimentent la colère, sur fond d’accusations de corruption. Cette contestation a gagné les principales villes du pays, notamment la capitale Bagdad, au fil d’un été marqué par une vague de chaleur sans précédent, alors que les coupures d’électricité sont monnaie courante. Par cette attaque, le groupe djihadiste prouve à nouveau sa capacité à frapper loin des territoires qu’il contrôle dans le nord et l’ouest du pays, au cœur des provinces chiites. Cela pose un nouveau défi pour les autorités irakiennes alors qu’approchent les fêtes de mouharram, premier mois du calendrier musulman. Pour les cérémonies chiites de l’Achoura, le 24 octobre, des centaines de milliers de fidèles sont attendus dans la ville sainte de Kerbala, où se trouve le mausolée de l’imam Hussein, petit-fils de Mahomet, dont les pélerins commémorent le martyre à la bataille de Kerbala, acte fondateur de l’islam chiite, en 680. En 2014, aucun attentat n’était venu perturber les commémorations. Une partie des forces de sécurité de la province, mobilisées dans les régions du nord et de l’ouest du pays pour mener la bataille contre l’EI et sécuriser la capitale, pourrait être redéployée dans le sud du pays.Lundi, deux autres attentats ont secoué le pays. Au nord de Bagdad, une zone régulièrement visée par les attaques djihadistes, 35 personnes ont péri et 74 ont été blessées dans une attaque à la voiture piégée sur un marché de la localité de Khalès, selon la police. Dans la localité de Hosseiniyah, à quelque 20 km au nord de la capitale irakienne, l’explosion d’une voiture piégée a tué cinq personnes et blessé 17, a indiqué un colonel de la police. Selon des chiffres fournis jeudi par la mission de l’ONU en Irak, « 717 Irakiens ont été tués et 1 216 blessés dans des actes de terrorisme et de violence en septembre 2015 », dont 257 morts pour la seule province de Bagdad.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.10.2015 à 12h55 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Madrid ne renouvellera pas ses contrats d’audit avec les agences de notation américaines Fitch et Standard & Poor’s. La décision est intervenue après la diffusion, par la radio espagnole Cadena Ser, d’une réunion téléphonique tendue. Dans l’enregistrement audio diffusé en boucle, lundi 5 octobre, on entend les auditeurs de Standard & Poor’s interroger les responsables du département économique de la mairie de Madrid, administrée depuis juin par une « plateforme citoyenne » soutenue par le parti anti-austérité Podemos.L’un d’eux demande, « par curiosité », si la subvention attribuée à l’école de formation de toreros va être supprimée. Les responsables municipaux, sceptiques, répondent qu’ils ne voient pas en quoi cela affecte la qualification de la dette. D’un montant de 61 000 euros annuels, cette subvention représente une goutte d’eau par rapport aux 5,9 milliards d’euros de dette municipale (au 31 décembre 2014), mais a généré une vive polémique ces dernières semaines.Lire aussi :En Espagne, la gauche radicale veut mettre à mort les corridasVérifier la légitimité de la detteLes représentants des agences de notation paraissent surtout irrités par la décision de la mairie de réaliser son propre audit interne de la dette. Annoncé fin août, cet audit a pour but, selon Madrid, de « vérifier si la dette a été contractée dans un cadre légal » par l’administration précédente, de droite.« Nous espérons que cela n’aura pas de répercussions sur les engagements financiers de la mairie », conclut l’auditeur. L’agence de notation a déjà manifesté sa désapprobation quant à cet audit interne. En septembre, Standard & Poor’s avait ainsi décidé de maintenir la dette de la mairie à BBB/A-2 (moyenne) tout en abaissant ses perspectives de « stables » à « négatives ». La raison : la crainte que cet audit ne conduise la mairie à déclarer une partie de la dette illégitime et à décider de ne pas la payer.« Nous espérons qu’il n’y a pas eu d’arnaque », rétorque, crispée, la responsable municipale, exprimant sa méfiance envers la gestion financière de l’ancienne administration.« De quoi faire réfléchir »Après la diffusion de cet enregistrement, la Ville a décidé de mettre fin aux contrats qu’elle signe chaque année depuis 2002 avec les agences de notation Fitch et Standard & Poor’s. Elle a expliqué sa décision par sa « volonté ferme d’amplifier les économies dans les domaines qui ne bénéficient pas directement aux citoyens ». Le montant des audits de sa dette s’élève à près de 110 000 euros par an. Or la municipalité a jugé cette dépense « superflue » car elle s’est engagée à ne pas contracter de nouvelles dettes. Certains économistes ont cependant averti du risque de voir bondir les taux d’intérêts lors des refinancements de sa dette.Alors que le parti de centre droit Ciudadanos s’est inquiété d’une résiliation des contrats qui risque, selon lui, de « faire fuir les investisseurs », le porte-parole de la mairie, Luis Cueto, a ironisé sur les agences de notation : « Le fait qu’elles aient dit, quelques jours avant la faillite de Lehman Brothers, que la solvabilité de la banque était irréprochable a de quoi faire réfléchir. »Lire aussi :Les régions espagnoles ne sont pas sorties de la criseSandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.10.2015 à 12h03 • Mis à jour le06.10.2015 à 14h50 | Philippe Bernard (Manchester, envoyé spécial) Jeremy Corbyn fait tout ce qu’il peut pour gacher la fête des conservateurs qui tiennent leur congrès du 4 au 7 octobre à Manchester. Dimanche, 60 000 personnes ont manifesté contre l’austérité au moment même où s’ouvrait le grand conclave des tories qui, au gouvernement, mettent en œuvre de drastiques coupes budgétaires. Des militants de gauche, d’associations de chômeurs ou de handicapés sont postés en permanence à l’entrée du palais des congrès – où sont réunis les tories – et conspuent ceux qui y pénètrent.Lundi soir, le nouveau chef de file du Parti travailliste a trouvé mieux pour réunir ses fidèles : la cathédrale de Manchester. L’imposant édifice n’était pas assez vaste pour accueillir les centaines de personnes, dont beaucoup de jeunes, venues acclamer le député de 66 ans, représentant de l’aile gauche du Labour porté à la tête du parti en septembre de façon totalement inattendue. Les conservateurs ? « Ils veulent nous ramener au XIXe, voire au XVIIIe siècle. Nous, nous faisons le choix de ne pas accepter une société qui contraint certains à vivre dans l’extrême pauvreté, a-t-il lancé devant une foule de partisans électrisés. Nous remettons en cause l’idée que l’austérité est une nécessité économique, alors qu’elle est un choix politique fait par ceux qui veulent voir un fossé grandissant entre les riches et les pauvres. »Le meeting, prévu de longue date, était organisé par le syndicat Communication Workers Union (CWU), pour la défense des services postaux. Mais l’élection de M. Corbyn à la tête du Labour lui a donné une dimension nouvelle. Des centaines de personnes n’ont pu pénétrer à l’intérieur de la cathédrale et le chef de file travailliste a dû répéter une deuxième fois son discours pour une audience massée autour de l’édifice. Entassée sur des chaises normalement consacrées à la prière, la foule a applaudi à tout rompre les représentants des syndicats et du collectif The People’s Assembly Against Austerity, organisateur de la manifestation de dimanche. L’évêque de Manchester, David Walker, lui-même engagé dans la lutte contre l’austérité au nom de la défense des pauvres, avait ouvert grand les portes de sa cathédrale. Dimanche, il avait organisé une veillée de prière aux chandelles après le défilé.Lundi, Jeremy Corbyn, interrompu sans cesse par des applaudissements, a tenu le rôle du prêcheur devant des fans enthousiastes. Il a rappelé l’opposition du Labour à la privatisation de Royal Mail (le service postal historique) et exigé du gouvernement qu’il renonce à vendre les 15 % du capital restant encore la propriété de l’Etat. Selon lui, les Britanniques ont « été sérieusement arnaqués » lorsque le gouvernement a vendu en juin la moitié de sa participation dans le groupe postal, les actions de Royal Mail ayant été bradées. A quelques encablures de là, le Parti conservateur, majoritaire, débat de la manière d’accroître la concurrence dans le secteur privé « pour le bénéfice des consommateurs ». Lundi, George Osborne, le puissant ministre des finances et héritier probable du premier ministre David Cameron, s’est targué de lancer « la plus grande opération de privatisation depuis vingt ans » en annonçant la vente des parts de la Lloyds Bank appartenant à l’Etat depuis son renflouement avec des fonds publics. M. Osborne a justifié sa politique de réduction des aides sociales, qui risque d’amputer le pouvoir d’achat des plus pauvres, en mettant en avant l’instauration d’un « salaire minimum vital » qui devrait inciter à augmenter les salaires.« Nous avons créé un nouveau centre politique, autour de la responsabilité budgétaire [la lutte contre le déficit budgétaire], des aides sociales réduites, de services publics réformés et un soutien aux entreprises », s’est-il félicité. Sans citer le nom de Jeremy Corbyn, il a tendu la main aux électeurs du Labour censés être déstabilisés par les positions très à gauche de leur nouveau chef de file. Nous, les conservateurs, a-t-il proclamé, « nous sommes maintenant le parti du travail, le seul vrai parti Labour (« We’re now the party of work, the only true party of labour »). « Certains veulent tout casser, a-t-il conclu. Nous sommes les bâtisseurs ».Philippe Bernard (Manchester, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.10.2015 à 11h12 Le 8 octobre à Lima, les travaux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) concernant le rapport sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert des bénéfices (« BEPS » [Base Erosion and Profit Shifting]) seront remis aux ministres des finances du G20.« [Ces mesures] mèneront à un monde où toutes les corporations paient leur juste part d’impôts comme de bons citoyens du monde », s’enthousiasmait Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE, lors de la présentation initiale de ce rapport.Lire aussi :62 pays s’accordent pour lutter contre l’évasion fiscale des multinationalesCes dernières décennies ont vu l’OCDE et les États lutter contre les phénomènes de double imposition, facilitant les échanges économiques internationaux, initiant ainsi une forte vague de croissance mondiale. Mais dans sa volonté d’empêcher deux États de compter le même revenu dans leur base de prélèvement – l’un imposant le revenu sortant, l’autre celui entrant sur son territoire – ou bien qu’un État n’impose une seconde fois un revenu déjà imposé dans l’État de provenance, l’OCDE aurait de façon involontaire créé les « interstices permettant la double non-taxation » des investisseurs et des entreprises.Vaste machine médiatique et législativeEn effet, les récentes publications anxiogènes sur les pratiques fiscales de certaines entreprises multinationales et les abus des systèmes fiscaux de certains États décrits avec souvent bien peu de rigueur comme des « paradis fiscaux » ont contribué à mettre en marche une vaste machine médiatique et législative visant à remettre de l’ordre dans les mécanismes fiscaux internationaux.Lire aussi :Fiscalité : Bruxelles avance à petits pasEn parallèle, la crise de la dette rappelle avec douleur aux gouvernements la nécessité d’augmenter leurs recettes et ce, malgré le ralentissement économique que nous connaissons. Cette double urgence médiatique et politique a amené le G20 à se saisir de la question et à conduire d’ambitieux travaux sur le sujet avec l’OCDE dont l’objectif est de produire rapidement des recommandations finales efficaces en concertation avec l’ensemble des parties prenantes.Malgré le ton alarmiste des débats gravitant autour de ce rapport, il faut rappeler que l’harmonisation des politiques fiscales de ces quelque vingt dernières années, visant à lutter contre les doubles impositions, a eu un effet positif considérable sur la capacité de nombreux États à attirer les investisseurs, en éliminant les redondances fiscales.Dès lors, bien plus mobiles, les capitaux des entreprises européennes ont pu se déployer plus aisément sur de nouveaux marchés, tandis que nos pays ont su attirer les investisseurs étrangers en limitant les incertitudes concernant la capacité à tirer profit de leurs investissements sans être doublement imposés.Contraintes mises en place de façon brutaleAinsi, si des abus ont pu – et peuvent – se produire, il conviendrait au législateur de garder à l’esprit les résultats positifs de ces politiques d’harmonisation fiscale au niveau macroéconomique. Ce rapport BEPS de l’OCDE a - et continuera d’avoir - un impact significatif sur le système fiscal international, augmentant les exigences en matière de substance et de déclarations pour les contribuables, mais également en matière d’échange d’informations.Il convient d’ajouter que l’agressivité des administrations fiscales risque d’être accrue, notamment en matière de prix de transfert, domaine régissant la fixation du prix des services rendus entre sociétés liées.De plus, autrefois concentrée sur la fluidification des échanges internationaux à travers les conventions fiscales, la fiscalité internationale menée par l’OCDE, semble aujourd’hui faire un virage à 180 degrés en souhaitant maintenant éviter tout phénomène de double non-imposition.Dans un contexte de croissance molle, ce changement de cap n’est pas sans soulever des problématiques opérationnelles pouvant ainsi obérer le développement des échanges internationaux par l’apparition de fortes contraintes mises en place de façon brutale.Inquiétante translation vers le champ de la moralePar ailleurs, la question de la souveraineté des États en matière d’impôt mérite d’être soulevée. Quelle pourrait être la marge de manœuvre de chaque État dans un monde où les bases de prélèvements semblent maintenant s’établir au niveau supra national ?Dans un tel monde où la base imposable serait standardisée dans tous les États, la variable d’ajustement va alors se déplacer vers le taux d’imposition faisant de la diminution de ce dernier une arme de l’attractivité fiscale des États. Ce phénomène renforcera ainsi la concurrence entre les États pour devenir le standard comportemental dans l’arène de la fiscalité internationale étatique. Enfin, un dernier phénomène est à observer : la moralisation du droit fiscal.Le droit fiscal est, en principe, l’application du budget voté par l’assemblée compétente selon les règles du droit budgétaire. Il s’agit donc d’une matière appartenant au champ législatif. Maintenant que la notion de « bons citoyens du monde » semble avoir une place prépondérante dans l’application des règles fiscales, une inquiétante translation de la fiscalité du champ législatif vers le champ de la morale est à craindre.Ce glissement risque de n’apporter d’autres effets que de l’insécurité juridique, un accroissement exponentiel des contentieux fiscaux et une défiance toujours plus grande face à l’impôt de la part des contribuables, lesquels restent, jusqu’à preuve du contraire, de « bons citoyens du monde ».Guilhèm Becvort (Tax Associate – Atoz Luxembourg, membre du réseau Taxand) Jean-Michel Bezat Le risque d’une « cyberattaque sérieuse » sur les installations nucléaires « s’accroît » et leurs opérateurs n’y sont pas suffisamment préparés, révèle un rapport publié lundi 5 octobre par le prestigieux think tank britannique Chatham House. Les exploitants seraient même dans « une culture du déni » de ces risques, soulignent les trois auteurs de ce document de 40 pages (consultable sur chathamhouse.org). Leur travail est le fruit d’entretiens réalisés avec trente responsables (industriels, hauts fonctionnaires, spécialistes de cybersécurité, qui ont tous requis l’anonymat pour eux comme pour leur employeur), d’une étude de la littérature dans ce domaine et des tables rondes d’experts. L’enquête, qui a duré dix-huit mois, a porté sur sept pays exploitant des réacteurs nucléaires (Etats-Unis, Canada, France, Allemagne, Japon, Royaume-Uni, Ukraine).Le risque grandit avec la numérisation croissante de l’industrie nucléaire, offrant de nouvelles cibles pour quatre types d’« attaquants », selon le rapport : des « hacktivistes » antinucléaires, le crime organisé – qui peut monnayer son intrusion dans le système d’une centrale –, des Etats et services secrets, ou des groupes terroristes – au premier rang desquels Chatham House cite le groupe Etat islamique. « De nombreuses centrales sont connectées à des réseaux extérieurs, et il existe différentes voies par lesquelles un acteur malveillant peut exploiter ces dépendances pour entraîner un incident de sécurité », indiquent les auteurs. A les lire, on constate qu’une petite partie seulement des incidents est répertoriée et fait l’objet d’une communication publique.Lire aussi :La France doit investir davantage dans la cybersécuritéEn outre, un manque de vigilance dans la chaîne d’approvisionnement de composants informatiques est un risque supplémentaire d’intrusion dans le système que les Russes, par exemple, essaient de réduire au maximum, note le rapport. Enfin, le facteur humain peut peser lourd : manque de formation, mauvaise communication entre ingénieurs et personnels de sécurité freinant la mise en œuvre des procédures clés de cybersécurité par le personnel, manque d’anticipation qui peut faire qu’une centrale ne se rende compte d’une attaque informatique qu’une fois celle-ci enclenchée.L’exemple de l’Iran montre, selon le rapport, qu’on n’est pas dans la science-fiction. En 2010, le programme nucléaire de la République islamique avait été attaqué par un virus, Stuxnet, fruit d’un programme lancé en 2007 par les Etats-Unis, alliés avec Israël. Cette attaque avait gravement perturbé l’activité des centrifugeuses – et même détruit 1 000 d’entre elles – du centre d’enrichissement de l’uranium de Natanz. Il avait retardé la mise en service de la centrale électrique de Bouchehr construite par Rosatom.Lire aussi :Espionnage des négociations sur le nucléaire iranien : la Suisse et l’Autriche enquêtentAu même moment, le géant de l’atome russe avait aussi vu l’une de ses centrales en Russie attaquée par Stuxnet, selon Eugène Kaspersky, fondateur du Kaspersky Lab, l’un des spécialistes mondiaux de la cybersécurité.Le virus Stuxnet a été introduit au moyen d’un périphérique USB. Selon Chatham House, cette attaque est devenue une référence dans le monde des cybercriminels et leur a même permis d’améliorer leur technique. « Une fois l’existence de Stuxnet connue, les pirates à travers le monde se sont inspirés de son fonctionnement et ont incorporé certaines de ses fonctionnalités à leurs propres logiciels à visée malveillante », révèlent les auteurs.Données publiées sur TwitterDans cette cyber-guerre, précisent les auteurs du rapport, il y a un risque de « représailles », et donc de dangereuse « escalade dans les hostilités ». En décembre 2014, le groupe public d’électricité sud-coréen KHNP a été victime d’une attaque, sans que les hackers n’atteignent le « cœur technologique » des centrales au point de rendre leur exploitation dangereuse. L’opération avait été revendiquée depuis Hawaï par un groupe antinucléaire. Les hackers avaient eu accès à des données internes, publiées sur Twitter, mais cette opération n’avait pas affecté le fonctionnement des trois réacteurs visés. D’autres exemples sont cités, notamment des virus introduits dans la centrale lituanienne d’Ignalina et trois centrales américaines dans les années 1990-2000.La communauté nucléaire commence à s’en inquiéter. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a réuni à Vienne, début juin, 650 experts de 92 pays pour une conférence internationale sur la sécurité informatique dans le monde nucléaire. Une première, réalisée en collaboration avec les policiers d’Interpol. « Les cyberattaques ou les tentatives de cyberattaques sont désormais une occurrence quotidienne », avait alors prévenu Yukiya Amano, le directeur général de l’AIEA. Il constatait que « les terroristes et autres criminels sont à la tête de réseaux internationaux et sont susceptibles de frapper partout ». L’industrie nucléaire « n’est pas une exception ». En 2014, avait-il ajouté, « il y a eu des cas d’attaques aléatoires de programmes malveillants contre des centrales nucléaires et d’installations prises pour cible spécifiquement ». La coopération internationale commence à se mettre en place et à se renforcer.Lire aussi :L’AIEA, acteur-clé en cas d’accord sur le nucléaire iranienJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Grèce sera à nouveau au menu de la réunion des ministres des finances de la zone euro, qui se retrouvent à Luxembourg lundi 5 octobre. Cet Eurogroupe devrait en effet valider une nouvelle liste de réformes que le gouvernement grec doit faire voter au Parlement. Après celles de mi-juillet, de fin juillet et de fin août, cette nouvelle liste de mesures doit ouvrir la voie au déblocage d’un nouveau prêt dans le cadre du troisième plan d’aide au pays (86 milliards d’euros) consenti, cet été, par l’Union européenne, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international.Le montant en discussion, lundi ? A priori, 2 milliards d’euros, qui s’ajouteront aux 23 milliards d’ores et déjà versés depuis fin août.La liste des réformes à mettre en place (augmentation de la fiscalité, modernisation de l’administration, ouverture de pans entiers de l’économie à la concurrence), avait été établie cet été au moment de la signature du troisième plan d’aide.Mais elle a été ajustée - en fait, raccourcie - ces derniers jours, pour tenir compte du mois de septembre, en grande partie perdu à Athènes en raison de l’organisation des élections législatives qui ont vu revenir au pouvoir le premier ministre Alexis Tsipras.Lire aussi :La Grèce s’apprête à détailler ses nouvelles mesures d’austéritéAmbiance plus sereineRestera encore à verser 1 milliard d’euros de prêts dans le cadre de la première tranche de 26 milliards négociée fin août. Ce versement est lié à une liste de réformes supplémentaire qui devra être validée dans les semaines qui viennent.Euclide Tsakalotos, le ministre des finances grecs (reconduit à son poste, fin septembre, par le premier ministre, Alexis Tsipras, après l’avoir occupé entre début juillet et fin août), fera le déplacement à Luxembourg. La discussion devrait se passer dans une ambiance sereine.Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLe contraste avec les six premiers mois de l’année, qui ont vu Athènes et ses créanciers se déchirer, est saisissant. Maintenant que M. Tsipras a accepté les conditions des créanciers du pays, les uns et les autres discutent « entre gentlemen ». Et M. Tsakalotos est très apprécié à Bruxelles pour son pragmatisme, ses compétences et ses convictions européennes.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.10.2015 à 13h54 • Mis à jour le04.10.2015 à 17h51 Au lendemain du bombardement de ses installations, MSF annonce, dimanche 4 octobre, avoir fermé son centre de soins de Kunduz. « L’hôpital de MSF n’est plus en état de fonctionner. Les patients qui se trouvent dans un état critique ont été transférés vers d’autres établissements médicaux. Plus aucun employé de MSF ne travaille dans l’hôpital », a déclaré Kate Stegeman, porte-parole de l’ONG en Afghanistan. « A l’heure actuelle, je ne peux pas vous dire si le centre de traumatologie de Kunduz rouvrira ou pas », a-t-elle ajouté. Elle a précisé que certains membres de l’équipe médicale de MSF travaillent dans deux autres hôpitaux de la ville.Lire aussi :Ce que l’on sait du bombardement de l’hôpital de MSF en AfghanistanLa fermeture du centre de soins de MSF est un coup terrible pour la population civile de Kunduz prise dans les combats entre l’armée afghane et les rebelles talibans pour le contrôle de cette grande ville du nord afghan. C’est en effet le seul établissement capable de soigner les blessures de guerre les plus graves dans le nord-est de l’Afghanistan.Crime de guerreDans la nuit de vendredi à samedi, le bâtiment principal du complexe de MSF a été la cible de frappes répétées « pendant près d’une heure » après que l’ONG a averti les armées afghane et américaine que son établissement avait été touché par de premiers tirs. Selon un dernier bilan, 22 personnes sont mortes dans le bombardement, dont 12 employés de l’ONG. L’attaque a aussi fait plusieurs dizaines de blessés. Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans l’hôpital.Barack Obama a présenté ses « plus profondes condoléances », mais il a dit attendre les résultats de l’enquête « avant de porter un jugement définitif sur les circonstances de cette tragédie ».Cette frappe aérienne pourrait relever du « crime de guerre » si elle était jugée « délibérée par la justice », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein. Le secrétaire américain à la défense, Ashton Carter, a d’ailleurs indiqué qu’une « enquête exhaustive » était en cours.MSF assure avoir transmis préventivement les coordonnées GPS de son hôpital à « toutes les parties » du conflit, et « notamment à Kaboul et Washington ». Selon un responsable américain, l’enquête va porter sur le rôle joué par un avion américain AC-130, un appareil dérivé de l’avion de transport C-130 équipé de plusieurs canons pour mener des opérations d’appui au sol. L’opération visait sans doute « des terroristes armés qui ont attaqué l’hôpital de MSF et l’ont utilisé en tant que base pour attaquer les forces afghanes et les civils », selon le ministère afghan de la défense.Lire aussi :Le nouveau leader des talibans voit dans la prise avortée de Kunduz une « victoire symbolique » 04.10.2015 à 07h57 • Mis à jour le04.10.2015 à 17h14 La police israélienne a annoncé dimanche 4 octobre l’interdiction pendant deux jours de l’accès à la vieille ville de Jérusalem aux Palestiniens de Jérusalem-Est à la suite de deux attaques qui ont coûté la vie à deux Israéliens et dont les auteurs ont été tués.Cette mesure exceptionnelle concerne l’immense majorité des Palestiniens de Jérusalem-Est annexée qui ne vivent pas dans la vieille ville. Durant deux jours, seuls les Israéliens, les résidents, les touristes, les propriétaires de commerce et les élèves pourront y pénétrer, a précisé la police. En revanche les Arabes israéliens pourront y aller.Par ailleurs, l’accès à l’esplanade des Mosquées pour les musulmans autorisés à entrer dans la vieille ville est limité aux hommes de plus de 50 ans, a ajouté la porte-parole. Cette mesure est régulièrement utilisée dans les périodes de tension.Fortes tensions autour de l’esplanade des MosquéesCes mesures interviennent après une série d’attaques sur fond de fortes tensions autour de l’esplanade des Mosquées, et deux jours après le meurtre d’un couple d’Israéliens près d’une colonie de peuplement juive de Cisjordanie occupée. La première a été revendiquée par le groupe Jihad islamique.Lire aussi :Vives tensions après plusieurs agressions à JérusalemLe Croissant-Rouge palestinien indique, dimanche, que 77 Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens en 24 heures. « Il y a eu 18 blessés par balles réelles et 59 autres par des balles en caoutchouc » au cours des dernières 24 heures, a indiqué la porte-parole du Croissant-Rouge Errab Foqaha. Elle a ajouté que 139 Palestiniens avaient été traités après avoir inhalé du gaz lacrymogène et six autres après avoir été battus par des soldats ou des colons israéliens, qui ont, depuis samedi, multiplié les exactions dans des villages palestiniens de Cisjordanie. 04.10.2015 à 00h54 Prenant le contrepied des Occidentaux qui accusent Moscou de ne pas concentrer ses attaques aériennes sur l’Etat islamique, le ministre égyptien des affaires étrangères Sameh Choukry a félicité, samedi 3 octobre, la stratégie russe qui devrait selon lui permettre d’enrayer la propagation du terrorisme et contribuer à porter un coup fatal à l’EI.L’armée russe a entamé mercredi une campagne de bombardements aériens mais ses cibles sont essentiellement situées dans des zones tenues par des mouvements rebelles autres que l’Etat islamique (EI) qu’elle assure pourtant viser, ce qui a valu à Moscou de vives critiques de la part des puissances occidentales.Lire aussi :Obama critique des frappes russes en Syrie « contre-productives »« L’arrivée de la Russie, compte tenu de son potentiel et de ses capacités, va, nous le pensons, avoir pour effet de contenir et éradiquer le terrorisme en Syrie », a déclaré Sameh Choukry dans un entretien accordé à une chaîne de télévision.L’Egypte s’est jusque là efforcée de ne pas soutenir publiquement Bachar Al-Assad pour ne pas froisser l’un de ses principaux alliés, l’Arabie saoudite, qui juge que le chef d’Etat syrien doit quitter le pouvoir. Les propos du ministre égyptien viennent cependant témoigner du réchauffement des relations entre Le Caire et Moscou. En août, le président Abdel Fattah al Sissi s’est rendu en Russie pour rencontrer son homologue russe. Les deux hommes ont alors lancé un appel en faveur de la formation d’une coalition contre le terrorisme au Moyen Orient. 03.10.2015 à 17h55 • Mis à jour le03.10.2015 à 21h02 | Xavier Eutrope La vidéo se lance. Des lettres dorées font irruption sur un fond étoilé. Des cuivres résonnent en chœur, une supernova de synthèse explose, le titre du podcast apparaît : « getting Doug with high », un jeu de mot sur « se défoncer avec Doug ». Le présentateur apparaît avec de grosses lunettes noires sur le bout du nez. Doug Benson, comique de stand-up connu pour son amour du cannabis et sa cinéphilie, explique pourquoi il a annulé ses dernières émissions. Il n’est pas au mieux de sa forme depuis quelques jours. De bonnes grosses quintes de toux lui ont fait peur et il ne désirait pas donner une image négative de la consommation de marijuana « et de toutes les bonnes choses qu’elle apporte ». Pas d’invité cette fois-ci, lui qui accueille d’ordinaire des comiques, des acteurs ou des producteurs. On a pu y voir par le passé Aubrey Plaza (Parks and Rec, Scott Pilgrim), Cheech and Chong (figures cultes des films sur la drogue), l’acteur comique Jack Black ou encore les deux interprètes de la série télé Broad City. Des gens qui ont souvent pour habitude de fumer.Après avoir présenté ses invités aux spectateurs, fait rapidement le tour de leur actualité et quelques blagues, une sonnerie retentit. C’est le « tea time » des fumeurs de cannabis : chacun des invités s’empare d’un des ustensiles pour consommer du cannabis posé sur la table devant eux. De temps en temps, le présentateur propose à ses invités d’essayer le produit qu’une marque « amie », productrice d’herbe ou de matériel pour fumer, leur a prêté.Doug Benson est aussi le réalisateur de Super High Me, documentaire de 2007 qui reprenait, en l’inversant, le principe lancé par Morgan Spurlock dans Super Size Me. On y voyait le comédien fumer régulièrement du cannabis et procéder à des tests médicaux afin de tenter de prouver l’innocuité des produits qu’il consommait.Il a aussi organisé une série de spectacles en 2010 en faveur de nouvelles régulations en Californie qui auraient pu élargir le cadre légal de consommation de la substance. Aux États-Unis, à ce jour, la question du cadre légal de la consommation de cannabis n’est pas tranchée au niveau fédéral et chaque Etat dispose de sa propre juridiction. Plusieurs États ont d’ailleurs récemment légalisé la consommation de cette drogue. Des comptes de plus en plus populairesLa chaîne de Benson comptabilise plus de 350 000 abonnés et ses vidéos ont été vues près de 30 millions de fois. Pas grand-chose, quand on les compare aux 38 millions d’abonnés de PewDiePie, le roi des YouTubeurs spécialisé dans le jeu vidéo. Mais de plus en plus d’utilisateurs de YouTube mettent en ligne des vidéos dans lesquelles ils parlent du cannabis – ou en fument. Aux côtés de productions très professionnelles comme le show de Doug Benson, on retrouve beaucoup d’autres productions plus intimistes et moins formelles. La demande est forte : les recherches sur Google pour des vidéos liées à la marijuana ont régulièrement augmenté ces dernières années.Larry Jones est l’un de ces YouTubeurs. Âgé de 19 ans, ce résident de la Caroline du Nord est le créateur de la chaîne THCTemple. « C’est le nom de notre église » explique-t-il, « et j’en suis le pasteur ». Une « église » qui prêche notamment la tolérance, comme il l’explique dans ses vidéos, et qui vise à « changer le monde et à l’améliorer, de telle sorte que les gens qui me regardent aient envie de faire la même chose ».Larry a avant tout été spectateur de ces vidéos avant d’en produire lui-même. Après s’être renseigné sur Internet et avoir lu un bon nombre d’articles et d’études, il a décidé de voir à quoi ressemblaient les fumeurs moyens. « Bien entendu, il y avait le cas typique du gars qui ne fait pas grand-chose et qui fume dans sa cave », raconte-t-il, « mais la plupart du temps j’ai vu des gens intelligents qui fumaient et me faisaient voir la vie d’une manière différente ». Lui-même aimerait faire changer la perception que les gens ont des fumeurs de cannabis. Les titres de ses vidéos sont tous très explicites et annoncent les thèmes qui seront abordés.Larry n’a jamais eu d’ennuis avec la police. « Non, je n’ai jamais été poursuivi. Pourquoi le serais-je ? On ne fait rien d’illégal ici ». Il est vrai que la Caroline du Nord n’est pas l’état américain le plus sévère pour ce qui est de la consommation de cannabis. Seul l’Etat est autorisé à cultiver des plans, il est illégal d’en transporter et la vente constitue un délit. Mais la possession de moins de 45 grammes y est considérée comme un délit mineur. Dans les informations à propos de sa chaîne, on trouve cependant l’étrange avertissement suivant :« Cette chaîne existe à des fins de divertissement uniquement. Les personnes dans les vidéos publiées ici sont des acteurs rémunérés. Il s’agit d’une émission purement fictive et d’événements écrits à l’avance. Il n’y a jamais eu et n’y aura jamais d’activités illégales montrées sur cette chaîne. »Testeurs, amateurs, businessmen…Lancée il y a moins d’un an, THCTemple comptabilise près de 50 000 abonnés et ses vidéos ont été vues presque 2,7 millions de fois. Ces vidéos ne rapportent pas beaucoup d’argent à leur auteur. Larry a mis un bouton de donation sur son profil :« Je touche de l’argent des publicités mais ça ne représente que 4 à 10 dollars par vidéo. Depuis que j’ai mis le bouton pour les dons, en revanche, j’ai gagné près de 300 dollars. »Ils sont nombreux à se lancer dans l’aventure, aussi bien des garçons que des filles, des « spécialistes » pointus ou juste de simples adeptes. Certains, comme d’Arcy, un Canadien de 21 ans, à l’origine de la chaîne METLAKush420, promeuvent des produits qui leur sont envoyés et qu’ils apprécient. On trouve même des entreprises qui sautent sur l’occasion pour parler directement de leur produit, comme 420 Science, qui vend de nombreux ustensiles liés à la conservation du cannabis et à sa consommation.Flou juridiqueQuelle est la position de YouTube vis-à-vis de ces contenus dans lesquels des individus parlent de drogue et en consomment ?Les règles internes de YouTube, les mêmes pour le monde entier, interdisent la diffusion de vidéos qui incitent à « la consommation de drogues dures » – quasi inexistantes sur la plateforme. Le site peut faire exception pour les vidéos dont « l’objectif premier […] est éducatif, documentaire, scientifique ou artistique (EDSA), et dont les images permettent d’illustrer le contenu ». Mais chez YouTube, on précise ne faire aucune différence entre les différentes drogues : les vidéos qui font l’apologie de la substance ou montrent des utilisateurs en consommer seront systématiquement supprimées en cas de signalement par un internaute. Tous les YouTubeurs spécialisés dans le cannabis poursuivent donc leurs activités sous la menace permanente d’une suppression.En France, la situation est plus simple qu’aux États-Unis : l’apologie de la consommation de drogues est interdite. YouTube n’a pourtant pas l’obligation de surveiller préventivement les contenus qu’il héberge. « Selon la loi du 21 juin 2004 statuant entre autres sur la responsabilité de l’hébergeur sur Internet, YouTube n’est pas responsable des vidéos qui sont mises sur la plateforme », rappelle Alex Litzler, qui enseigne le droit à la faculté de Nanterre. Pour que l’hébergeur soit incriminé, il faut qu’il ait connaissance du contenu, qu’il en ait donc été notifié via un signalement, que la vidéo soit clairement illicite, et qu’enfin la plateforme ne retire pas la vidéo dans un délai raisonnable. Le fait que les vidéos liées à l’héroïne ou à la cocaïne soient très peu présentes sur YouTube n’indique pas nécessairement que la plateforme est plus souple concernant les vidéos sur le cannabis, estime Alex Litzler :« Les utilisateurs de YouTube signalent probablement moins les contenus liés au cannabis parce qu’ils sont moins choqués par ce type d’usage. Moins de signalements, cela se traduit par moins de retraits. »Pour les citoyens français qui décideraient de mettre en ligne de telles vidéos, les peines peuvent être très sévères. « On tombe sous le coup d’une infraction à l’article L 3421-1 du code de santé public, qui interdit tout ce qui est provocation à l’utilisation de stupéfiants. Les peines encourues sont de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende », explique Alex Litzler. Aucun utilisateur français de YouTube ne semble d’ailleurs s’être lancé dans la diffusion de vidéos sur le cannabis, mais Larry, de THCTemple, assure avoir des spectateurs depuis l’Hexagone. « Le plus gros de mon public vient des États-Unis ou du Royaume-Uni et du Canada, mais je sais qu’il y a quelques Français qui me regardent et qui aiment ce que je fais ».Xavier EutropeJournaliste au Monde Cécile Chambraud A deux jours de l’ouverture à Rome du synode de l’Eglise catholique sur la famille, un prêtre polonais donne à la question de l’homosexualité toute sa visibilité, alors qu’elle semblait avoir tendance à passer au second plan des débats. Le père Krysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’ex-Saint-Office, organisme romain chargé de veiller à la cohérence de la doctrine), a révélé être homosexuel et avoir un compagnon, samedi 3 octobre, afin que, sans « attendre encore cinquante ans », « l’Eglise ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ».Lire aussi :Le pape ouvre les travaux du synode sur la familleDans des entretiens publiés par le quotidien italien Il Corriere della Sera et l’édition polonaise de Newsweek, ce collaborateur de la curie romaine mesure le risque de son coming out. « Je sais que l’Eglise me verra comme quelqu’un qui n’a pas su remplir son devoir [de chasteté], qui s’est perdu et qui plus est non pas avec une femme mais avec un homme ! », dit-il. « Je le fais pour moi, pour ma communauté, pour l’Eglise », ajoute-t-il.Par cet acte spectaculaire, le père Charamsa veut pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels. « Réveille-toi, Eglise, lance-t-il, cesse de persécuter les innocents. Je ne veux vraiment pas détruire l’Eglise, je veux l’aider, et surtout je veux aider ceux qu’elle persécute. Mon coming out doit être un appel au synode pour que l’Eglise arrête ses actions paranoïaques à l’égard des minorités sexuelles », ajoute-t-il.Un geste « très grave » et « irresponsable » pour le VaticanLe Vatican n’a pas tardé à sanctionner l’homme d’Eglise, jugeant ce coming out « très grave et irresponsable » à la veille de l’ouverture du synode. « Evidemment, Mgr Charamsa ne pourra plus continuer à assurer ses fonctions précédentes auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi », ajoute le Vatican dans un communiqué. L’Eglise catholique précise que son statut de prêtre, qu’il pourra difficilement conserver après avoir reconnu vivre en couple avec son partenaire, sera discuté par les supérieurs hiérarchiques de son diocèse.L’accueil des homosexuels est l’une des questions posée aux évêques catholiques réunis en Synode pendant trois semaines à Rome. La doctrine considère les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » et prône l’abstinence aux gays. Elle refuse a fortiori le mariage entre personnes de même sexe. « Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille. Chacun, et même les gays, les lesbiennes et les transsexuels, porte dans son cœur un désir d’amour et de famille », affirme le prêtre polonais. « Le clergé, ajoute M. Charamsa dans l’édition polonaise de Newsweek, est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. »Alors que 360 prélats commenceront à débattre lundi des différentes questions relatives à la famille, des représentants d’organisations de catholiques homosexuels de près de quarante pays étaient réunis depuis jeudi à Rome pour s’organiser en réseau international baptisé « Global Network of Rainbow Catholics » (GNRC, réseau mondial des catholiques arc-en-ciel).Ces derniers jours, le pape François a semblé émettre des signaux contradictoires sur la question. Lors de son voyage aux Etats-Unis, il a rencontré Kim Davis, l’égérie des opposants au mariage gay, mais aussi un ami homosexuel et son compagnon. Dans l’avion qui le ramenait du Brésil peu après son élection en 2013, François avait déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? »Lire aussi :Le discours engagé du pape face aux élus américainsCécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jacques Follorou Vers deux heures du matin, samedi 3  octobre, l’hôpital de Médecins sans frontières (MSF) a été bombardé dans la ville de Kunduz, principale ville du nord-est de l’Afghanistan, en proie, depuis lundi, à de violents combats entre talibans et forces afghanes.« Plusieurs frappes ont touché nos bâtiments dans la nuit, nous comptons, pour l’instant trois morts et une trentaine de disparus mais la situation est chaotique, nos personnels afghans et internationaux travaillent dans l’hôpital et y vivent pour la plupart à cause des combats qui ont régné dans la ville depuis lundi », a indiqué, samedi, au Monde, un responsable de MSF à Kaboul.Lire aussi :Afghanistan : Kunduz, une bataille stratégiqueMSF a immédiatement demandé des comptes à l’OTAN à ­Kaboul, exigeant de connaître les conditions dans lesquelles un tel événement a pu se produire. Le colonel Brian Tribus, porte-parole de la mission de l’Alliance atlantique en Afghanistan, a déclaré, de son côté, que « la frappe qui a touché l’hôpital de MSF visait des personnes qui menaçaient les forces de la coalition, elle pourrait avoir causé des dommages collatéraux dans un centre médical qui se trouvait à proximité », avant d’ajouter qu’« une enquête a été ouverte ».La veille de ce bombardement, alors que des communiqués de victoire des militaires afghans revendiquaient la reprise de Kunduz des mains des talibans, des responsables de l’hôpital de Médecins sans frontières, situé au cœur de la cité, indiquaient au Monde que des coups de feu résonnaient encore aux abords même de l’établissement.« Morts sur le bord de la route »« La ligne de front est encore très mouvante, souvent très proche de notre hôpital, c’est pourquoi nos équipes n’en sortent pas », expliquait alors Renzo Fricke, coordonnateur des opérations MSF en Afghanistan. « A cause de l’insécurité qui règne encore, nous craignons que beaucoup de patients n’aient pas pu atteindre l’hôpital et soient morts sur le bord de la route », dit-il, ajoutant que « faute de pouvoir atterrir à Kunduz, nous commençons à manquer de matériel de chirurgie et de sang ».Dans ce seul hôpital, depuis le début des combats, lundi, près de 350 personnes ont été soignées, dont 59 enfants. Jeudi après-midi et vendredi, le nombre de blessés était reparti à la hausse. Les populations civiles commencent à manquer d’eau potable et la pénurie d’alimentation se fait sentir alors que les prix des biens et des denrées augmentent.Lire aussi :Les talibans afghans conquièrent leur première grande villeSur les 300  000 habitants que compte la ville, seule une dizaine de milliers de personnes étaient parvenues à fuir les combats de Kunduz depuis lundi.Vendredi, dans la soirée, le général Murad Ali Murad, chef d’état-major adjoint de l’armée afghane, concédait que les talibans afghans qui connaissaient la ville et la région avaient fui mais qu’il en restait dans la ville, surtout des étrangers, cachés dans des maisons et des bâtiments, confirmant ainsi les dires de MSF.L’un des porte-parole des talibans a assuré que le retrait de la ville obéissait à une stratégie ­concertée qui consistait à laisser entrer les troupes régulières pour ensuite les harceler. Le nouveau chef des talibans afghans, le mollah Mansour, successeur du mollah Omar, interrogé, vendredi, par l’agence Associated Press, a indiqué que son mouvement cherchait ainsi à ne pas faire de victimes civiles à la différence des forces gouvernementales, accusées d’ouvrir le feu sans se soucier de savoir s’il s’agit de talibans ou de populations innocentes. Il a enfin assuré que l’opération de Kunduz n’était que la première d’une ­longue série pour « reconquérir notre terre ».La ville prise en douze heures par les talibansLes troupes afghanes n’ont pu engager la reprise de Kunduz qu’avec le soutien aérien des Américains qui n’avaient effectué jusque-là que cinq frappes, selon les déclarations de l’OTAN à Kaboul. Mais la prise éclair de la ville en douze heures par les talibans, la fuite de l’armée régulière face à des insurgés « deux à trois fois moins nombreux », selon les estimations les plus fiables, ainsi que les menaces qui pèsent sur des régions entières du pays, traduisent la faiblesse de la position du gouvernement de Kaboul. Au point de créer un malaise palpable dans les chancelleries occidentales.Vendredi, depuis New York, où il assistait à l’Assemblée générale de l’ONU, le chef de l’exécutif du pays, Abdullah Abdullah, a formulé ce malaise  : « La crise de Kunduz démontre que les troupes étrangères doivent rester en Afghanistan. »Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Bezat L’Europe reste l’horizon indépassable de Gazprom. Au cours des deux dernières années, marquées par la crise ukrainienne, la Russie avait fait croire qu’elle pouvait pénaliser le Vieux Continent en se tournant vers l’Asie. En 2014, deux décisions majeures avaient illustré cette réorientation politico-économique : la signature d’un contrat gazier de 360 milliards d’euros entre Gazprom et le pétrolier chinois CNPC ; et l’arrêt brutal, décidé par Vladimir Poutine, du projet de gazoduc South Stream traversant l’Europe, au profit du Turkish Stream transitant par la Turquie. Le président russe répondait aux sanctions occidentales décrétées après l’annexion de la Crimée, mais aussi aux poursuites des autorités antitrust de Bruxelles contre le groupe gazier accusé d’abus de position dominante en Europe de l’Est. Dans les deux cas, Gazprom était au centre du jeu.Est-ce parce qu’ils font l’amère expérience de la dureté en affaires de leurs « amis » chinois et turcs ? Depuis quelques semaines, le Kremlin et les dirigeants de Gazprom sont plus conciliants avec les Européens. Ils viennent de trouver un accord sur le prix du gaz vendu à l’Ukraine et semblent disposés à des concessions avec les pays-clients d’Europe de l’Est. Le groupe russe a signé un pacte d’actionnaires avec les allemands E.ON et BASF, l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et le français Engie pour doubler le gazoduc Nord Stream acheminant du gaz russe vers Allemagne en passant sous la Baltique. Dans la foulée, Gazprom a conclu avec BASF un échange d’actifs (bloqué depuis 2013) resserrant ses liens avec le numéro un mondial de la chimie.Train de la libéralisationC’est de la « real » économie. On a oublié que Gazprom n’est pas que le bras armé du Kremlin, mais aussi une société cotée à Moscou pesant 124 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un géant qui, pour ne pas perdre de parts de marché, doit prendre en marche le train de la libéralisation du secteur de l’énergie en assouplissant les contrats à long terme signés avec ses clients européens. Une entreprise également dans le viseur de Bruxelles depuis des lustres. Ce n’est pas un hasard si, en septembre, sa filiale export a pour la première fois vendu un peu de son gaz aux enchères. Une révolution pour le conglomérat issu du ministère soviétique du gaz !Lire aussi :Gazprom espère un accord amiable avec BruxellesC’est la preuve, une fois de plus, que l’Europe reste un débouché vital pour le gaz russe, surtout depuis que la production de gaz de schiste aux Etats-Unis lui a fermé l’accès au marché américain. « La sécurité gazière est meilleure qu’on ne le proclame souvent et place l’Union européenne dans une position favorable pour discuter avec la Russie, son principal fournisseur » (30 % de ses importations), souligne Claude Mandil, ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie. Tous les différends ne sont pas aplanis, bien sûr. Mais tout se passe comme si – pour l’heure, du moins – les dirigeants européens et russes ne voulaient pas en rajouter dans une situation politique tendue.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial) Ministre des finances du Portugal, Maria Luis Albuquerque est prudente. En campagne pour les élections législatives du dimanche 4 octobre sur la place ensoleillée de la petite ville tranquille de Palmela, dans la lointaine banlieue sud de Lisbonne, la ministre du gouvernement qui a appliqué la plus grande cure d’austérité de l’histoire du pays fait profil bas. En cette fin d’après-midi, elle rentre timidement dans les commerces, où il n’y a de toute façon plus grand monde pour l’accueillir, elle et son cortège de militants de la coalition de centre droit, au pouvoir depuis 2011, au Portugal.Pas d’affiches. « On a remarqué que cela n’est plus efficace. » Pas de slogan, ni de véritable programme. « Tous les détails sont dans le programme de stabilité que nous avons envoyé à Bruxelles au printemps. » L’essentiel est de marteler ce message : « Tous les indicateurs montrent que la situation va mieux. La baisse du chômage est claire, beaucoup de gens ont senti la reprise », affirme Mme Albuquerque. Les deux partis (PSD, centre droit, et CDS, chrétien-démocrate) qu’elle représente espèrent bien l’emporter à nouveau, en s’appuyant sur la petite reprise de l’économie portugaise et la sortie de la tutelle internationale, obtenue en 2014.Alors que la gauche pourrait être majoritaire en voix, une alliance entre les partis qui la composent semble exclueElle assure que les électeurs ne lui tiennent pas rigueur des mesures d’austérité spectaculaires décidées en 2011 en échange d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), quand le pays était au bord de la faillite. Coupes dans les salaires des fonctionnaires, hausse du temps de travail, suppressions de jours fériés, baisse des retraites, le cocktail a pourtant été amer dans un pays qui connaissait déjà de graves difficultés. « Je rencontre beaucoup de gens qui disent que c’était difficile mais que cela était inévitable », assure dans un anglais parfait le numéro deux du gouvernement, qui utilise volontiers le cas grec comme repoussoir : « Cela a été un exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire. Nos retraités s’en sont rendu compte quand ils ont vu les images de leurs homologues grecs faire la queue devant leur banque fermée. »La campagne des conservateurs n’est pas toujours tranquille. Quelques jours plus tôt, lors d’une visite au marché de la ville populaire et communiste de Setubal, Maria Luis Albuquerque s’est fait siffler et traiter de « voleuse » par des électeurs en colère. Si les derniers sondages donnent la coalition de droite victorieuse avec 38 % des voix contre 32 % à ses adversaires socialistes, le score des conservateurs devrait fortement reculer par rapport aux 50,4 % des suffrages obtenus en 2011. Résultat : même en cas de victoire, il sera très difficile pour le premier ministre actuel, le très libéral Pedro Passos Coelho, de conserver sa majorité absolue au Parlement.Plus fatalistes que révoltésMais la droite peut compter sur les divisions de la gauche. Après avoir longtemps dominé dans les sondages, le candidat du Parti socialiste, Antonio Costa, vit une fin de campagne plus difficile. « En disant que l’économie portugaise récupère et qu’avec les socialistes ce sera le retour de la faillite la coalition de centre droit envoie un message politique qui lui pose problème », constate Antonio Costa Pinto, politologue à l’université de Lisbonne. Ancien maire de la capitale, M. Costa promet d’en finir progressivement avec l’austérité et de lutter contre la précarité, véritable fléau d’un marché du travail portugais renaissant. Mais tout en respectant le cadre budgétaire européen. Pour rassurer l’électorat centriste, le candidat s’est adjoint les services d’un économiste issu de la Banque du Portugal, Mario Centeno. Celui-ci a construit un « modèle économique » prévoyant des baisses de charges patronales et salariales, compensées notamment par la création de droits de succession, ou un système pénalisant les entreprises employant trop de contrats courts. Le but : redistribuer du pouvoir d’achat tout en faisant baisser le « coût » du travail. « Mais cette proposition est beaucoup trop complexe », se lamente sur le terrain une députée socialiste en campagne, qui préférerait que l’on dise plus simplement qu’il faut voter socialiste pour en finir avec l’austérité.Plus fatalistes que révoltés face à l’austérité, les Portugais n’oublient pas non plus que les socialistes ont été les premiers à décider des baisses de pensions de retraite lorsqu’ils étaient au pouvoir entre 2005 et 2011. Pour ne rien arranger, le premier ministre d’alors, José Socrates, est sous le coup d’une enquête pour corruption, l’autre fléau portugais. Après dix mois de détention provisoire, il a été mis en liberté surveillée début septembre. « Antonio Costa était son ministre de la justice et de l’intérieur, ils ont été proches », rappelle le journaliste Rui Gustavo, qui a travaillé sur cette affaire à l’hebdomadaire L’Expresso. Même si M. Costa s’est officiellement distancié de son ancien allié, « c’est sûr que cela va avoir un impact sur les électeurs », tranche le journaliste, qui s’interroge. « Allez-vous voter pour un parti qui a été capable de placer un tel profil à sa tête ? » De son côté, l’extrême gauche eurosceptique pourrait récolter près de 20 % des voix. Si le très traditionnel Parti communiste et le Bloc de gauche, une coalition anti-austérité, n’ont jamais percé autant que Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce, ils sont en position de jouer les trouble-fête, en grappillant des voix cruciales aux socialistes. Alors que la gauche pourrait être majoritaire dimanche soir, une alliance entre tous les partis qui la composent semble exclue, tant le clivage est profond sur l’appartenance à la zone euro. Quel que soit le vainqueur, le prochain gouvernement portugais risque donc d’être minoritaire. De quoi promettre des lendemains instables dans un pays dont l’économie reste très fragile.Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.10.2015 à 09h45 • Mis à jour le03.10.2015 à 09h56 Un Japonais a été tué par balle, samedi au Bangladesh, rapporte la police, cinq jours après la mort d’un Italien, dont le meurtre a été revendiqué par les djihadistes de l’Etat islamique. Pour le gouvernement, la revendication n’est pas crédible, et l’assassinat est considéré comme un « incident isolé ».Hoshi Kunio, qui était âgé de 65 ans, a été pris pour cible par des inconnus à Kownia, 335 kilomètres au nord de la capitale.Les ambassades occidentales ont invité leur personnel à limiter leurs déplacements après la mort lundi de Cesare Tavella, un Italien employé par une organisation humanitaire, tué dans les mêmes circonstances à Dacca.Les agressions d’étrangers sont rares au Bangladesh malgré la multiplication des violences liées à l’extrémisme islamiste. Quatre blogueurs hostiles à l’islam radical, dont un Américain d’origine bangladaise, ont été tués au cours de l’année écoulée. 03.10.2015 à 09h23 • Mis à jour le03.10.2015 à 09h35 La Russie a lancé de nouveaux raids dans la nuit de vendredi à samedi sur des positions du groupe Etat islamique (EI) près de Rakka, fief de l’organisation djihadiste dans le nord-est de la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui n’a pas donné de précisions sur les objectifs visés.L’EI contrôle totalement la province de Rakka, dont le chef-lieu du même nom est considéré comme la « capitale » du groupe djihadiste.Jeudi, l’aviation russe avait pour la première fois visé la province de Rakka depuis le début de ses frappes en Syrie un jour plus tôt.L’Occident et les pays arabes critiquent la stratégie russe en Syrie, disant soupçonner Moscou de concentrer ses attaques non sur l’EI mais sur les opposants au régime considérés comme des modérés par les Etats-Unis et leurs alliés. Jules Grandin et Madjid Zerrouky La campagne russe en Syrie s’est intensifiée et inquiète les pays de l’OTAN, après le tir de missiles de croisière depuis la mer Caspienne, le 7 octobre. Retour en carte sur la première grande opération militaire du Kremlin loin de ses frontières depuis la chute de l’Union soviétique. Depuis la fin du printemps, c’est une mini-armée russe d’au moins 5 000 hommes qui a été déployée en Syrie en un temps record. Avec ses avions, ses missiles, sa logistique… La carte ci-dessous indique les principaux lieux où cette force armée s’est installée, les lieux que ses bombardiers attaquent, et la façon dont elle est ravitaillée.Comment avons-nous procédéPour reconstituer ce déploiement, outre des informations obtenues par les journalistes du « Monde », nous avons croisé des sources syriennes (rébellion comme régime), les données de l’institut de recherche américain ISW, du collectif d’investigation Bliingcat, du site d’observation maritime Bosphore Naval News, le suivi du trafic aérien en temps réel disponible sur le site Flightradar, ainsi que les communiqués et images diffusés par le ministère de la défense russe.  Dans les airs les – au moins – 36 avions de combat déployés sur la base aérienne de Jbel, au sud de Lattaquié, sont en charge des frappes aériennes menées contre les forces rebelles de l’Armée syrienne libre et des groupes djihadistes dans le nord-ouest du pays (essentiellement). Si une dizaine de ces avions (les Soukhoï Su-30 et Su-34) font partie de ce que l’aviation russe compte de plus récent, les autres (Soukhoï Su-24 et Su-25), même modernisés, ont 25 ans d’âge en moyenne. Au rythme actuel des frappes russes, il paraît peu probable qu’ils puissent supporter cette cadence au-delà de deux-trois mois avant d’être cloués au sol pour maintenance (ou d’être remplacés). Les déclarations du président de la commission des affaires étrangères du Parlement russe, estimant à trois à quatre mois la durée des opérations de Moscou en Syrie, intègrent sans doute cette contrainte. Pour ravitailler ses troupes et acheminer matériels et munitions, l’aviation russe a par ailleurs mis en place un pont aérien depuis sa grande base logistique de Mozdok (en Ossétie du Nord), survolant les espaces iranien et irakien pour atteindre la Syrie. Sur terre outre les pilotes, les mécaniciens, la logistique, la défense aérienne… les quelque 5 000 hommes déployés par Moscou – selon des informations obtenues par Le Monde – s’appuient essentiellement sur l’infanterie de marine (la 810e brigade de la mer Noire), et l’artillerie (une quinzaine d’obusiers et des lance-roquettes multiples). Si ces moyens sont trop limités pour être utilisés directement contre les opposants syriens pour reconquérir du terrain – Moscou comptant de toute façon sur les troupes gouvernementales et iraniennes –, le dispositif est assez dissuasif pour contrer toute velléité d’attaque rebelle contre les bases russes. Des unités plus spécialisées (forces spéciales) sont cependant sans doute employées directement sur la ligne de front, au moins pour guider les frappes aériennes. Des hélicoptères (Mi-24) et un usage présumé de l’artillerie russe (lance-roquettes Smerch) ont en outre été détectés par d’Armée syrienne libre dans le nord de la province de Hama, les 7 octobre et 8 octobre, en soutien à une offensive gouvernementale.Sur mer le tir spectaculaire de 26 missiles de croisière par 3 à 4 bâtiments de la flotte russe de la mer Caspienne, a mis en lumière le rôle de la marine russe dans les opérations en Syrie. Mais le message, politique, était plus destiné aux pays de l’OTAN qu’aux rebelles syriens proprement dit. L’emploi de missiles de croisière navals de longue portée, armement neuf et coûteux, est discutable au regard des cibles, facilement atteignables par les avions de Lattaquié. Au-delà, les activités navales sont surtout destinées, d’une part, à ravitailler les garnisons des régions alaouites de Lattaquié et de Tartous (la base navale utilisée par les Russes) via un « pont » maritime mis en place à partir des ports de Sébastopol et Novorossiysk (sur la mer Noire). Et d’autre part à établir un « cordon sanitaire » au large des côtes syriennes, dont la flotte russe contrôle l’accès au moyen d’un groupe naval mené par les croiseurs Moskva et Smetlivy. Le premier disposant de missiles antiaériens de longue portée S-300 venant compléter au moins deux batteries de missiles sol-air de courte portée Pantsir S-1 installés sur la base aérienne de Lattaquié.Lire aussi :Moscou teste de nouveaux missiles en SyrieLire aussi :En Syrie, une semaine de frappes aériennes russesJules GrandinCartographie // Infographie // InteractivitéSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMadjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.10.2015 à 14h02 • Mis à jour le08.10.2015 à 15h07 Ridha Charfeddine, un député de Nidaa Tounès, première force politique de Tunisie, affirme avoir été victime d’une tentative d’assassinat par arme à feu à Sousse.« Alors que je me rendais à mon travail [en voiture], un véhicule sur la route a tiré sept ou huit balles sur moi », a précisé le député dans une déclaration à la radio privée Jawhara FM.« Je n’ai pu voir que le tireur assis sur le siège arrière de ce véhicule », a ajouté à la radio M. Charfeddine, qui est également président de l’Etoile sportive du Sahel, un club de football de première division. « C’est un miracle que je sois encore vivant », a encore dit le député.La Tunisie déjà secouée en 2013Le ministère de l’intérieur n’a pas réagi à cet incident. La tentative d’assassinat ciblant Ridha Charfeddine a été confirmée par la télévision nationale et par tous les médias locaux.En 2013, le 6 février et le 25 juillet, la Tunisie avait été secouée par l’assassinat des opposants de gauche Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, tués par balles devant leur domicile.Ces deux meurtres avaient été attribués par les autorités à la mouvance djihadiste. En décembre, des extrémistes liés au groupe extrémiste Etat islamique (EI) avaient revendiqué l’assassinat de ces deux opposants.Lire aussi :La Tunisie frappée au cœur par le djihadisme 08.10.2015 à 12h08 « Les retours sont toujours durs, c’est comme ça », mais « ceux qui n’ont pas besoin de protection doivent quitter l’Europe », a insisté le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière, jeudi 8 octobre. Une manière de mettre une nouvelle fois dos à dos migrants économiques et réfugiés politiques. Lors d’une réunion avec leurs homologues de l’Union européenne à Luxembourg, plusieurs ministres ont ainsi exprimé leur souhait de voir l’UE muscler sa politique de retours des migrants en situation illégale.La Commission européenne a présenté un plan d’action aux États membres sur la façon d’améliorer les politiques de retour, et les ministres de l’intérieur devraient adopter un texte promettant « d’en faire plus ». « Des taux de retour plus élevés devraient dissuader l’immigration clandestine », estiment-ils dans ce texte.« Nous pouvons accepter et soutenir les gens qui ont besoin d’une protection, seulement si ceux qui n’en ont pas besoin ne viennent pas ou sont renvoyés rapidement », a expliqué Thomas de Maizière. Même son de cloche côté britannique : « Il faut casser le lien entre le fait de faire ce voyage dangereux vers l’Europe et pouvoir rester en Europe », a plaidé la ministre de l’intérieur, Theresa May. « C’est la raison pour laquelle la Grande-Bretagne a toujours argué qu’il faut renvoyer les migrants dans leur pays d’origine, c’est la raison pour laquelle il faut réprimer ceux qui abusent de notre système d’asile », a-t-elle martelé.Coopération avec les pays d’origineAlors que Berlin devrait accueillir au moins 800 000 demandeurs d’asile cette année, le gouvernement britannique conservateur a toujours adopté une ligne très dure sur l’immigration, et ne participe pas à la répartition au sein de l’UE de réfugiés arrivés en Grèce et en Italie. Londres a en revanche promis d’accueillir dans les années à venir 20 000 réfugiés syriens provenant directement des camps de l’ONU dans des pays voisins de la Syrie.Le ministre luxembourgeois de l’intérieur, Jean Asselborn, a estimé qu’il fallait « tout faire dans les prochaines semaines et prochains mois (…) pour qu’on puisse concrétiser les retours », alors qu’aujourd’hui, seuls 40 % des ordres de quitter le territoire intimés à des clandestins en Europe sont effectivement suivis d’effet.Il a rappelé que les 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE tenteraient d’améliorer la coopération sur ce sujet avec les pays africains d’où les migrants économiques sont en grande partie originaires, lors d’un sommet à Malte en novembre.Lire aussi :Hollande et Merkel appellent à « plus d’Europe » face à la crise des migrants Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Otan) La version officielle est que « l’OTAN n’est pas directement impliquée en Syrie » mais doit s’en soucier, compte tenu notamment des menaces qui pèsent sur la Turquie. La vérité, c’est que les ministres de la défense de l’Alliance, réunis à Bruxelles jeudi 8 octobre, devaient longuement parler du conflit, et singulièrement du nouveau rôle qu’y joue la Russie.« Nous assistons à une escalade inquiétante », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, évoquant les récentes frappes russes. « La Russie rend encore plus dangereuse une situation déjà très grave », renchérissait le ministre britannique, Michael Fallon. Moscou « s’enferre dans son isolement », critiquait dans l’après-midi le secrétaire américain Ashton Carter, et elle en paiera les conséquences selon lui: « La Russie souffrira de pertes humaines en Syrie ». Les responsables de l’OTAN ont, en tout cas, déclaré qu’ils étaient prêts à envoyer des troupes en Turquie en cas de dégradation de la situation, l’organisation étant « capable et prête » à défendre « tous ses alliés » solidairement.La réunion de jeudi visait initialement à jeter les bases du prochain sommet de l’organisation, qui se tiendra à Varsovie en 2016. Un sujet qui concerne d’ailleurs directement la relation avec Moscou : les pays d’Europe centrale et orientale, moins préoccupés par ce qui se déroule sur le flanc sud que par leur propre sécurité après l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine, aimeraient que ce sommet désigne sans ambiguïté la Russie comme l’ennemi principal – voire unique.M. Stoltenberg, a déposé un document qui évoque l’adaptation militaire, politique et institutionnelle de son organisation. Il prône une approche plus nuancée, basée sur la dissuasion, et tempère l’idée d’une présence permanente de l’OTAN dans les pays proches de la Russie. Il rejoint ainsi la position de l’Allemagne, qui entend éviter une escalade militaire, et celle de la France, qui insiste sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec la Russie et réfute toute remise en cause de l’acte fondateur de la relation OTAN-Russie. Signé en 1997, il écartait l’idée d’un déploiement permanent de forces otaniennes dans les pays de l’est de l’Europe.Protection renforcéeCes derniers voient toutefois leur protection renforcée. La surveillance aérienne y est augmentée et six structures (NATO Force Intégration Units), comptant chacune une soixante de membres, y ont déjà été installées. Deux autres seront bientôt établies en Hongrie et en Slovaquie. Le principe d’un « plan de déploiement rapide » (RAP) a été adopté ainsi que le lancement d’une « force de haute réactivité » (VJTF) qui serait mobilisable en quelques jours et susceptible d’intervenir sur le territoire de l’Alliance, ou hors de celui-ci. Il reste à traduire tous ces projets dans les faits.Certaines capitales jugent tout aussi nécessaire de reprendre langue avec Moscou à propos du système de défense antimissile de l’Alliance, dont la couverture augmente progressivement. Selon elles, il faut répéter aux autorités russes qu’il n’est pas dirigé contre leur pays – il serait d’ailleurs incapable d’intercepter des missiles russes – mais vise notamment à protéger le territoire européen contre d’éventuelles menaces iraniennes.Les ministres devaient, enfin, tenter de déterminer si, en s’impliquant fortement en Syrie, la Russie ne vise qu’à soutenir le régime ou si elle entend ainsi prendre pied dans toute la zone méditerranéenne. L’OTAN va, en tout cas, y renforcer ses moyens de surveillance et de renseignement. Et trois pays (la France, l’Espagne et l’Italie) insistent pour que l’augmentation de la réactivité et des capacités de déploiement concernent également cette région.Les discussions de jeudi devaient évoquer la double stratégie à mettre au point (vis-à-vis de la Russie et vis-à-vis de la zone méditerranéenne) mais surtout à déterminer si l’Alliance pouvait être active sur plusieurs théâtres en même temps. Jusqu’ici, la réponse reste incertaine.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Otan)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La version officielle est que « l’OTAN n’est pas directement impliquée en Syrie » mais doit s’en soucier, compte tenu notamment des menaces qui pèsent sur la Turquie. La vérité, c’est que les ministres de la défense de l’Alliance, réunis à Bruxelles jeudi 8 octobre, devaient longuement parler du conflit, et singulièrement du nouveau rôle qu’y joue la Russie.« Nous assistons à une escalade inquiétante », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, évoquant les récentes frappes russes. « La Russie rend encore plus dangereuse une situation déjà très grave », renchérissait le ministre britannique, Michael Fallon. Moscou « s’enferre dans son isolement », critiquait dans l’après-midi le secrétaire américain Ashton Carter, et elle en paiera les conséquences selon lui: « La Russie souffrira de pertes humaines en Syrie ». Les responsables de l’OTAN ont, en tout cas, déclaré qu’ils étaient prêts à envoyer des troupes en Turquie en cas de dégradation de la situation, l’organisation étant « capable et prête » à défendre « tous ses alliés » solidairement.Lire aussi :En Syrie, le régime à l’offensive sous couverture aérienne russeLa réunion de jeudi visait initialement à jeter les bases du prochain sommet de l’organisation, qui se tiendra à Varsovie en 2016. Un sujet qui concerne d’ailleurs directement la relation avec Moscou : les pays d’Europe centrale et orientale, moins préoccupés par ce qui se déroule sur le flanc sud que par leur propre sécurité après l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine, aimeraient que ce sommet désigne sans ambiguïté la Russie comme l’ennemi principal – voire unique.M. Stoltenberg, a déposé un document qui évoque l’adaptation militaire, politique et institutionnelle de son organisation. Il prône une approche plus nuancée, basée sur la dissuasion, et tempère l’idée d’une présence permanente de l’OTAN dans les pays proches de la Russie. Il rejoint ainsi la position de l’Allemagne, qui entend éviter une escalade militaire, et celle de la France, qui insiste sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec la Russie et réfute toute remise en cause de l’acte fondateur de la relation OTAN-Russie. Signé en 1997, il écartait l’idée d’un déploiement permanent de forces otaniennes dans les pays de l’est de l’Europe.Protection renforcéeCes derniers voient toutefois leur protection renforcée. La surveillance aérienne y est augmentée et six structures (NATO Force Intégration Units), comptant chacune une soixante de membres, y ont déjà été installées. Deux autres seront bientôt établies en Hongrie et en Slovaquie. Le principe d’un « plan de déploiement rapide » (RAP) a été adopté ainsi que le lancement d’une « force de haute réactivité » (VJTF) qui serait mobilisable en quelques jours et susceptible d’intervenir sur le territoire de l’Alliance, ou hors de celui-ci. Il reste à traduire tous ces projets dans les faits.Certaines capitales jugent tout aussi nécessaire de reprendre langue avec Moscou à propos du système de défense antimissile de l’Alliance, dont la couverture augmente progressivement. Selon elles, il faut répéter aux autorités russes qu’il n’est pas dirigé contre leur pays – il serait d’ailleurs incapable d’intercepter des missiles russes – mais vise notamment à protéger le territoire européen contre d’éventuelles menaces iraniennes.Les ministres devaient, enfin, tenter de déterminer si, en s’impliquant fortement en Syrie, la Russie ne vise qu’à soutenir le régime ou si elle entend ainsi prendre pied dans toute la zone méditerranéenne. L’OTAN va, en tout cas, y renforcer ses moyens de surveillance et de renseignement. Et trois pays (la France, l’Espagne et l’Italie) insistent pour que l’augmentation de la réactivité et des capacités de déploiement concernent également cette région.Lire aussi :Le point sur l’intervention militaire russe en SyrieLes discussions de jeudi étaient censées évoquer la double stratégie à mettre au point (vis-à-vis de la Russie et vis-à-vis de la zone méditerranéenne) mais surtout à déterminer si l’Alliance pouvait être active sur plusieurs théâtres en même temps. Jusqu’ici, la réponse reste incertaine.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.10.2015 à 06h22 • Mis à jour le08.10.2015 à 08h49 Barack Obama a appelé depuis le Bureau ovale mercredi 7 octobre la présidente internationale de Médecins sans Frontières (MSF), Joanne Liu, pour « s’excuser et présenter ses condoléances » après le bombardement par l’armée américaine samedi d’un hôpital de l’ONG à Kunduz, en Afghanistan, qui a fait 22 morts.Le porte-parole de la présidence, Josh Earnest, qui rendait compte de cet appel, est cependant resté évasif sur la demande par MSF d’une enquête internationale indépendante sur ce bombardement, qualifié de crime de guerre par l’ONG. Cette dernière assure ne pas faire confiance à l’enquête diligentée par le Pentagone et à celles annoncées par l’OTAN et l’armée afghane, qu’elle juge parties prenantes. M. Earnest s’est borné à assurer que l’enquête confiée à l’armée américaine aboutirait à un récit « transparent, complet et objectif ».Lire aussi :Kunduz : une « erreur » américaine, questions sur la décision de bombarderLe général John Campbell, commandant des 13 000 soldats étrangers encore déployés en Afghanistan, doit témoigner jeudi devant une commission de la Chambre des représentants. Devant la commission des forces armées du Sénat, il avait expliqué mardi que la frappe américaine avait été demandée par les Afghans et souligné une erreur de décision dans la chaîne de commandement américaine. M. Obama a également exprimé ses regrets, mercredi, au cours d’une conversation avec son homologue afghan, Ashraf Ghani.« Cela n’a pas été uniquement une attaque contre notre hôpital. Cela a été une attaque contre les conventions de Genève. Nous ne saurions le tolérer », a affirmé Mme Liu. MSF demande que l’enquête soit menée par la Commission d’enquête internationale humanitaire, créée officiellement en 1991 dans le cadre des conventions de Genève. Pour que la Commission puisse se saisir d’un dossier, au moins un des 76 Etats l’ayant reconnue doit demander l’ouverture d’une enquête.Lire aussi :Le bombardement de l’hôpital de Kunduz est-il un crime de guerre ? 01.10.2015 à 16h40 • Mis à jour le01.10.2015 à 17h02 Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) prévoit désormais que 700 000 migrants chercheront refuge en Europe cette année en traversant la Méditerranée, et qu’ils seront au moins aussi nombreux en 2016.Dans un rapport appelant à des financements supplémentaires diffusé jeudi 1er octobre, le HCR double ainsi le nombre de migrants attendus cette année par rapport au dernier appel, qui tablait fin août sur 350 000 arrivées en 2015.Selon les derniers chiffres de l’agence onusienne, il y a donc eu, depuis le 1er janvier :520 957 arrivées par la Méditerranée enregistrées,parmi lesquelles 387 520 en Grèce et 131 000 en Italie,18 % d’entre eux sont des enfants, 13 % des femmes.Dans le même temps, plus de 2 800 hommes, femmes et enfants sont morts cette année en tentant cette traversée pour rejoindre l’Europe – contre 3 500 sur toute l’année 2014. Parmi ceux qui réussissent à atteindre les îles grecques de la mer Egée, près des trois quarts sont des Syriens, selon un bilan établi à la mi-septembre par l’Organisation internationale pour la migration.Enfin, d’après l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen, Frontex, cette crise est bel et bien historique, si l’on compare les 500 000 hommes, femmes et enfants dénombrés aux frontières de l’UE au cours des huit premiers mois de l’année aux 280 000 personnes sur l’ensemble de 2014.Lire aussi :Un nombre record de réfugiés et de migrants aux frontières de l’EuropeUn budget qui monte en flècheDans le rapport de l’UNHCR sur son « initiative spéciale méditerranéenne », un plan pour une réponse d’urgence à cet afflux de migrants, l’agence demande pour ses opérations dans la zone 70 millions d’euros supplémentaires à sa demande initiale, pour la période de juin 2015 à décembre 2016. Le budget total qu’il cherche à recueillir pour cette opération s’élève désormais à 128 millions de dollars.Avec ce plan le HCR se fixe trois objectifs :« Sauver des vies et répondre aux besoins humanitaires dans les points de transit, de première arrivée, de destination » ; « renforcer les systèmes de protection en augmentant les capacités dans la Corne de l’Afrique, l’Afrique du Nord et en Europe » ; « renforcer la disponibilité de sécurité et de solutions dans les régions où les réfugiés trouvent pour la première fois la sécurité. »Le HCR cherche ainsi à améliorer l’accueil de ces personnes non seulement en Europe, mais aussi dans les premiers pays dans lesquels ils arrivent après avoir fui leur pays d’origine.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLes exilés syriens fuient la précarité et l’insécuritéLe HCR explique cet afflux soudain de migrants, qui fuient les persécutions et les guerres notamment en Syrie et en Irak, par la précarisation des réfugiés dans les camps qui les accueillent dans les pays frontaliers. « L’assistance alimentaire destinée aux réfugiés, au Liban ou en Jordanie, a été quasiment arrêtée  : faute de financement, le Programme alimentaire mondial (PAM) a interrompu 90 % de ses programmes », expliquait ainsi au Monde Philippe Leclerc, représentant en France du HCR, à la mi-septembre.Lire l'entretien :« Les murs et les barbelés ne servent à rien »Dans un article diffusé à la fin de septembre, le HCR avançait aussi plusieurs facteurs à cette crise migratoire, citant en premier lieu le désespoir des Syriens – 4 millions d’entre eux s’étant exilés dans les pays limitrophes –, alors que leur pays subit une cinquième année de guerre meurtrière, sans perspective rapide d’apaisement. Ils font face, explique l’agence onusienne, à de grandes difficultés pour subvenir aux besoins de leur famille en exil : un coût de vie élevé au Liban ou en Egypte, des économies qui se sont envolées après des années d’exil, des interdictions d’intégrer légalement le marché du travail…A cela s’ajoutent des programmes régionaux d’aide aux réfugiés en panne de financement ou éprouvant des difficultés à renouveler leur visa pour résider dans ces pays. La scolarisation des enfants est aussi un problème de taille en Jordanie, en Egypte, au Liban ou en Irak alors que « l’éducation porte une grande valeur pour les Syriens qui bénéficiaient d’écoles gratuites et obligatoires chez eux avant la guerre ». Enfin, ils se sentent en insécurité, notamment en Irak, pays en proie aux assauts de l’Etat islamique.Lire le décryptage :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiés Marine Forestier Pour son premier déplacement officiel en Jamaïque, mardi 29 et mercredi 30 septembre, le premier ministre britannique, David Cameron, a ignoré les demandes d’excuses adressées au Royaume-Uni pour son rôle historique dans la traite négrière, malgré la pression exercée par plusieurs leaders caribéens.La Jamaïque a été une colonie britannique jusqu’en 1962. L’île fait partie de la Caribbean Community and Common Market (Caricom) qui regroupe quinze pays des Caraïbes, tous étant d’anciennes colonies des puissances européennes. La Caricom a annoncé en 2013 sa volonté d’obtenir des réparations pour les siècles d’esclavage, sans préciser de montant particulier.Lire aussi :Le Code Noir, une monstruosité qui mérite de l’histoire et non de l’idéologieEn 2004, note The Guardian, une coalition de groupes rastafaris en Jamaïque avait estimé que les pays européens devraient payer 129 milliards de dollars pour réinstaller 500 000 rastafaris en Afrique.Des liens ancestraux avec l’esclavage ?En amont de ce déplacement, le premier en quatorze ans d’un premier ministre britannique, la présidente de la commission des réparations de la Caricom, Hilary Beckles a publié une lettre dans le Jamaica Observer adressée à David Cameron. Il lui demandait de faire amende honorable, soulignant ses propres liens ancestraux avec la traite.« Vous êtes un petit-fils du sol jamaïcain, privilégié et enrichi par l’asservissement de nos ancêtres par les vôtres. […] Vous êtes, Monsieur, un produit prisé de cette terre et des bénéfices tirés de l’aubaine par votre famille et dont vous avez hérité. »Lire aussi :Esclavage : les errements de François Hollande sur la question des réparationsLa première ministre jamaïcaine Portia Simpson Miller a indiqué avoir soulevé la question des réparations lors d’une réunion formelle avec David Cameron, « sous les auspices de la communauté caribéenne », tout en étant consciente des « sensibilités évidentes ».La question de la responsabilité britannique esquivéeUn appel resté lettre morte pour le premier ministre britannique, qui a appelé la Caraïbe à « aller de l’avant », dans son discours devant le Parlement jamaïcain, sans faire mention du rôle actif du Royaume-Uni dans la traite.« L’esclavage est abominable dans toutes ses formes. Il n’a aucune place dans une société civilisée, et le Royaume-Uni est fier d’avoir montré la voie de son abolition. Que la Caraïbe ait émergé de cette longue et obscure ombre témoigne de la résilience et de l’esprit de ses habitants. Je reconnais que ces blessures sont très profondes. Mais j’espère, comme des amis qui ont vécu tellement de choses ensemble dans les temps les plus sombres, que nous pouvons aller de l’avant à partir de ce douloureux héritage et continuer à construire pour l’avenir. »David Cameron a insisté sur sa volonté de bâtir le futur, et a annoncé à Kingston un paquet financier d’aide d’environ 455 millions de dollars (plus de 400 millions d’euros) afin d’investir dans des infrastructures en Jamaïque, tels que des ports, ponts, routes et un projet de gestion des déchets. Cent quatre-vingts millions de dollars (environ 160 millions d’euros) seront également fournis pour améliorer l’accès aux soins et impulser la croissance économique, faisant du Royaume-Uni, selon son premier ministre, le plus important donateur bilatéral dans la région.Selon The Guardian, en 2006 Tony Blair avait exprimé sa « profonde tristesse » pour l’esclavage, sans admettre la culpabilité historique du Royaume-Uni.Marine ForestierJournaliste au Monde Martin Untersinger Avez-vous reçu, à l’été 2011, un faux courriel vous demandant de vous acquitter d’une contravention pour excès de vitesse à New York ? Si oui, cela vous fait un point commun avec Hillary Clinton.L’ancienne secrétaire d’Etat américaine est plongée depuis plusieurs mois dans une grave polémique pour avoir utilisé, alors qu’elle dirigeait le puissant ministère américain des affaires étrangères, une adresse e-mail personnelle, fonctionnant depuis un serveur situé dans la maison de l’un de ses employés. Le tout géré, jusqu’en 2013, par un seul membre de son entourage (non sans bugs).Lire aussi :Hillary Clinton piégée par ses courriers indésirablesLa loi américaine oblige tout fonctionnaire à utiliser une adresse officielle : toutes ses correspondances doivent pouvoir, sauf rares exceptions, être consultées par tout citoyen qui le désire. Mais les derniers courriels de cette boîte personnelle, rendus publics le  30 septembre par le département d’Etat américain, montrent que l’utilisation de sa propre adresse pose aussi de graves questions en matière de sécurité.Cinq messages piégésLa boîte personnelle utilisée par Me Clinton a en effet reçu, le 5 août 2011, cinq messages identiques. Ces derniers semblaient provenir de l’administration de la ville de New York, et mentionnaient un excès de vitesse survenu le 5 juillet à 7 h 25 du matin. Le courriel précisait qu’il convenait d’imprimer le document en pièce jointe et de le renvoyer pour s’acquitter de l’amende. Ce message était un faux grossier, et la pièce jointe comportait un programme qui infectait l’ordinateur si elle était ouverte. Même si rien n’indique que Hillary Clinton soit tombée dans le piège, on imagine les dégâts qu’il aurait pu causer, même si elle explique, depuis le début de l’affaire, n’avoir jamais fait transiter de documents classifiés par ce compte. Au site Politico, un porte-parole a expliqué qu’il « n’y a[vait] aucune preuve que le système ait été compromis ».Cependant, Hillary Clinton n’était pas directement visée. Des chercheurs en sécurité informatique avaient repéré qu’une vague de courriels, identiques à ceux reçus par Hillary Clinton, avait été envoyée durant l’été 2011, à des centaines d’internautes dans le monde entier. A l’intérieur, un virus bien connu, peu sophistiqué. Une newsletter de la ville de New York se faisait d’ailleurs, en 2011, l’écho de cette vague de faux messages.Une attaque classiqueLes attaques informatiques utilisant l’« hameçonnage » (« phishing »), ces courriels apparemment anodins mais qui contiennent, par exemple, un virus informatique, touchent quotidiennement entreprises, particuliers… et donc secrétaires d’Etat.La plupart des grandes entreprises et administrations tentent de les supprimer avant qu’ils ne parviennent à leurs salariés, pas toujours efficacement. Mais lorsqu’on utilise son propre serveur, c’est-à-dire sans passer par les services d’une grande entreprise ou d’un grand service de messagerie, se protéger devient plus compliqué. Il est donc déconseillé de recourir à cette solution lorsqu’on est un haut fonctionnaire à responsabilité, et tout particulièrement lorsque, comme Hillary Clinton, on dirige la plus puissante diplomatie du monde.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicolas Truong La crise des réfugiés fracture nos sociétés. La question des migrants déplace les lignes de démarcation intellectuelle et politique. Elle fait tanguer l’Europe et ne cesse de la renvoyer à son passé. A ces populations juives, arméniennes ou bosniaques qui fuyaient guerres, massacres et persécutions.Mais aussi, de manière récurrente, à l’image de Jean-Paul Sartre et de Raymond Aron, les meilleurs ennemis de la pensée réunis par le jeune philosophe André Glucksmann, le 16 juin 1979, à l’Elysée, pour le comité « Un bateau pour le Vietnam ». C’était il y a trente-six ans. C’était il y a cent ans. Car l’époque a changé, constatent l’écrivain Pascal Bruckner et l’humanitaire Rony Brauman, invités par Le Monde à confronter leurs points de vue.Lire aussi :Comment sortir de la crise des réfugiés ?Hier, certes la France était prospère, mais ses intellectuels ex-révolutionnaires se sentaient « en dette » à l’égard de ces rescapés, passés du joug du colonialisme à celui du communisme, explique Pascal Bruckner. Alors qu’aujourd’hui l’histoire du Moyen-Orient semble « nous dépasser ». Sans doute aussi parce que « c’est le capitalisme qui est aujourd’hui révolutionnaire », avance Rony Brauman. Les spécialistes des questions migratoires ou du droit d’asile ne sont pas silencieux, mais leurs voix portent moins, car « l’intellectuel est passé à droite », poursuit le romancier.D’où l’importance d’échanger longuement sur des questions qui font appel autant au cœur qu’à la raison. D’autant que Pascal Bruckner et Rony Brauman se connaissent depuis longtemps. Au moins depuis Le Sanglot de l’homme blanc (Seuil, 1983), l’ouvrage de Pascal Bruckner, véritable pavé dans la mare du tiers-mondisme et de la « haine de soi » des Occidentaux vis-à-vis du monde postcolonial.Loin d’irriter Rony Brauman, alors président de Médecins sans frontières (il dirigera l’ONG de 1982 à 1994), cet essai « enlevé et éclairant », reconnaît-il encore aujourd’hui, résonne avec sa critique du « dolorisme » ou la « démagogie compassionnelle » qui envahit l’action et la réflexion humanitaire (Penser dans l’urgence, Seuil, 2006).Désaccords francs, mais cordiauxLes deux hommes se rencontrent, sympathisent et se retrouvent bien des années plus tard côte à côte, lors du soutien à la Bosnie dans les années 1990. « C’était mes années BHL », se souvient Rony Brauman. Mais l’interventionnisme des années 2000 les sépare. En 2003, Pascal Bruckner soutient la guerre en Irak lancée par les Etats-Unis et devient trois ans plus tard l’un des piliers de la revue Le Meilleur des mondes, qui abrite des intellectuels néoconservateurs français et paraît de 2006 à 2008. Rony Brauman, lui, ferraille contre le « néocolonialisme victimaire » des apôtres du « droit d’ingérence » en Irak comme en Libye.Depuis, leurs désaccords sont francs, mais cordiaux. D’autant que la complexité des enjeux internationaux a rebattu les cartes, relégué le prêt-à-penser du côté de son obsolescence programmée, jusqu’à donner l’impression d’une inversion des positions : « instruit par les leçons irakiennes et libyennes », Pascal Bruckner était opposé à une intervention contre Bachar Al-Assad en 2013, alors que Rony Brauman était au contraire favorable à une opération militaire en Syrie, dès lors que la ligne rouge de l’arme chimique était franchie.De la critique de « la laïcité de combat » à la française (Rony Brauman) à celle des intellectuels qui jouent les « idiots utiles de l’islamisme » (Pascal Bruckner), une controverse destinée à sortir du piège de l’idéologie.Nicolas TruongResponsable des pages Idées-DébatsSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.10.2015 à 10h38 • Mis à jour le01.10.2015 à 12h09 | Philippe Jacqué Un scandale Volkswagen ? Quel scandale ? En septembre, le groupe allemand n’a pas du tout souffert de l’affaire du logiciel truqueur, qui n’a éclaté il est vrai que le 18 du mois aux Etats-Unis. En France, les ventes du constructeur ont bondi de 12,8 %, selon les données publiées jeudi 1er octobre par le Comité des constructeurs français d’automobiles, pour un marché en progression de 9 % au mois de septembre.Pour l’instant, toutes les marques commercialisées par le géant allemand profitent de l’embellie du marché national. Audi (+ 6,3 %), VW (+ 12,1 %), mais aussi Seat (+ 21,2 %) et Skoda (+ 28,1 %) progressent. Leur dynamique commerciale est bien plus forte que celle des constructeurs tricolores. Au mois de septembre, Renault (+ 5,8 %) a connu un meilleur mois que PSA (+ 3,9 %), bien loin de leur concurrent germanique.Renault progresseSur neuf mois, si les immatriculations rebondissent au niveau français de 5,4 %, celles des constructeurs nationaux augmentent bien plus modestement de 2,6 %, tandis que Volkswagen affiche une croissance de 4,6 %. Renault, porté par le renouveau de sa gamme, progresse de 4,7 % sur les trois premiers trimestres. Dacia, sa marque à bas coûts qui soutenait le groupe en 2014, est en plus grande difficulté, en retrait de 6 % depuis le début de l’année.PSA bénéficie pour sa part toujours de la bonne tenue de Peugeot. Les véhicules du « Lion » sont toujours aussi demandés (6,7 % de croissance) alors que Citroën (– 1,3 %) et DS (– 11,3 %) connaissent une année bien plus compliquée avec un renouvellement de l’offre qui tarde encore à produire ses effets.Du côté des constructeurs étrangers, BMW (+ 20,2 %), Hyundai (+ 18,4 %) et Mercedes (+ 11,7 %) se distinguent depuis le début de l’année, après il faut le dire une année 2014 particulièrement médiocre. Ford, Nissan et Toyota progressent au rythme du marché.Lire aussi :La France demande des comptes à VolkswagenEn septembre, la part de marché du diesel dans les ventes est tombée à 55 %, un niveau particulièrement bas. Et depuis le début de l’année, la part de marché de cette motorisation est en moyenne de 58 % des véhicules vendus, contre 64 % en 2014 et 73 % en 2012, son plus haut niveau historique. Alors que les constructeurs s’attendaient à voir passer la part de marché à 50 % à l’horizon 2020, ce taux pourrait être atteint bien plus tôt.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 08h59 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h19 Le Royaume-Uni a décidé mardi 29 septembre d’interdire aux détenus de fumer dans les prisons. Huit centres sont concernés : quatre au Pays de Galles, qui devront respecter l’interdiction dès le mois de janvier, et quatre prisons en Angleterre à partir de mars 2016.Cette annonce fait suite à la décision en mars de la Haute Cour de justice, qui a tranché en faveur de l’application de la législation antitabac britannique, en vigueur depuis 2007, à la suite de la requête d’un détenu qui se plaignait des conséquences pour sa santé.80 % des détenus britanniques sont fumeursLe ministre britannique des prisons Andrew Selous a expliqué, dans un courrier adressé au président de la Commission parlementaire de la justice, que l’interdiction serait introduite par phases progressives, en raison notamment de la forte proportion de fumeurs parmi les détenus et de « la particularité des lieux ».Au Royaume-Uni, 80 % des détenus fument, selon des chiffres officiels, ce qui laisse craindre que des émeutes puissent avoir lieu s’ils n’ont plus le droit de le faire, comme le souligne Vice, publiant le témoignage d’un ancien prisonnier :« En prison, les cigarettes sont un moyen de passer le temps. Elles ont un rôle social, servent en quelque sorte à clore chaque chapitre sans histoire de la journée. C’est également une monnaie de choix dans un monde sans argent – tout le monde sait que t’es plein aux as quand tu as une boîte à chaussures remplie de tabac sous ton lit. Tu peux échanger quelques clopes avec un des cuisiniers contre un peu de poivre, une pochette d’Amber Leaf [marque britannique de tabac à rouler] contre un bout de hasch, de l’héroïne ou ce qui te fait kiffer. »Pour Mark Leech, éditeur du Manuel sur les prisons interrogé par le Telegraph, « des temps difficiles s’annoncent ».« Les prisons sont remplies de personnes présentant des troubles mentaux, ayant un comportement impulsif et qui peuvent se montrer violentes. »Des premières mesures d’accompagnement ont été mises en place, comme la distribution de cigarettes électroniques. Les détenus désireux d’arrêter de fumer ont également reçu un soutien. La directrice de l’association caritative Frances Crook, interviewée par la BBC, souligne la relation émotionnelle des prisonniers au tabac, et demande qu’ils bénéficient d’une aide plus soutenue, avec des patchs de nicotine gratuits par exemple ou un accès facilité à des activités ou de l’exercice physique.Le personnel des prisons respire trop de fumée de cigaretteL’association de défense des prisonniers Prison Reform Trust regrette cependant qu’il ne soit pas permis aux détenus de fumer dans les espaces extérieurs. « Si on leur refuse ça, il faut leur apporter un soutien plus approprié » et « surveiller davantage les signes de détresse » de leur part, plaide Peter Dawson, directeur adjoint de l’association.La décision du gouvernement coïncide avec la publication des résultats d’une étude sur la qualité de l’air dans six prisons britanniques, révélant que les membres du personnel des centres de détention passaient environ 1/6e de leur temps de travail à respirer de manière passive des volumes de fumée supérieurs aux limites conseillées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), note The Guardian.Fumer dans les prisons est déjà interdit au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Australie, où cette décision a provoqué une émeute à Melbourne en juillet. Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Une série d’explosions de colis piégés a provoqué la mort d’au moins 7 personnes dans une localité de la région autonome du Guangxi, dans le sud de la Chine, mercredi 30 septembre, la veille de la fête nationale chinoise. Cinquante et une personnes ont été blessées, selon l’agence Chine nouvelle. Les 18 explosions répertoriées, dont la dernière a eu lieu jeudi matin à 8 heures (heure locale), ont touché des cibles variées, telles qu’un hôpital, une prison, une gare, le dortoir d’un centre d’élevage, un supermarché et un marché, le siège du gouvernement local ainsi qu’un centre de prévention des maladies infectieuses, laissant penser qu’elles se sont produites au hasard de la distribution du courrier. Quelques-unes d’entre elles ont provoqué des dégâts importants, comme l’effondrement d’une partie d’un immeuble, dont les images ont été largement diffusées par la presse chinoise et sur les réseaux sociaux.Les habitants ont été très vite appelés à ne pas ouvrir les colis qui leur parvenaient, même ceux qui leur étaient destinés. Soixante colis suspects ont par ailleurs été interceptés par la police locale et doivent être examinés par des spécialistes. La plupart des explosions ont eu lieu à Dapu, chef-lieu du district rural de Liucheng, près de la ville de Liuzhou, la deuxième agglomération du Guangxi. Les médias officiels ont annoncé mercredi qu’un suspect, dénommé Wei et âgé de 33 ans, avait été « identifié ». Selon le site d’informations Boxun, basé aux Etats-Unis, celui-ci aurait été victime par le passé d’une « démolition forcée » et a également fait un séjour en camp de rééducation par le travail.« Attentats du ressentiment »Rien ne permet à ce stade de confirmer la piste d’un « pétitionnaire » en colère ou d’un acte de malveillance gratuit : les médias chinois ont, selon le bureau Asie du Comité de protection des journalistes, reçu l’instruction de « ne diffuser que des photos prises de loin », de « s’en tenir aux sources faisant autorité comme l’agence Chine nouvelle », de « ne pas se livrer à des reportages », de « ne pas compiler les informations des réseaux sociaux », ou encore de « ne pas lancer d’édition spéciale ni de couverture en direct ». Le portail Sina a ainsi fermé la rubrique d’informations en direct consacrées aux explosions. Ces instructions aux médias, tenues secrètes mais qui fuitent souvent sur Internet, sont typiques en Chine et sont d’autant plus strictes que les événements ont eu lieu la veille de l’anniversaire du jour de la fondation de la République populaire, le 1er octobre.Le pays est largement familier de ces « attentats du ressentiment », provoqués par des individus victimes d’injustices et n’ayant pas pu obtenir réparation malgré leur recours au système traditionnel hérité de l’empire des « lettres et visites », ce circuit kafkaïen des doléances portées devant l’administration. Les « pétitionnaires » – dont les plaintes prennent la forme de piles de documents et de lettres, souvent sans valeur juridique – continuent en outre d’être régulièrement l’objet de mesures de rétorsion par les autorités locales dont ils dépendent, malgré la dénonciation de ces abus par la presse chinoise. Certains se suicident, d’autres se livrent à des actes destructeurs ciblant des lieux symboliques du pouvoir, d’autres encore commettent des attentats meurtriers.En novembre 2013, un homme avait ainsi provoqué une série d’explosions devant le siège du Parti communiste chinois à Taiyuan, la capitale du Shanxi, faisant un mort. En juin 2013, 47 personnes avaient trouvé la mort après qu’un homme s’était immolé par le feu avec des bidons d’essence dans un bus. Il était en conflit avec la police locale en raison d’une erreur sur ses papiers d’identité, qui ne lui avait pas permis d’obtenir des allocations. Plus d’une centaine de personnes ont trouvé la mort en 2001 à Shijiazhuang dans une série d’explosions attribuées à un homme qui aurait cherché à se venger de son ex-femme. Cette version officielle avait été mise en doute.Dans le passé, des écoles chinoises ont été le théâtre d’assassinats aveugles d’enfants, qui avaient donné lieu à une floraison d’interprétations sur le degré choquant de frustration meurtrière dans lequel certains individus s’enfermaient en Chine.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphanie Le Bars (correspondance à Washington) Mais à quoi joue le pape François ? L’annonce dans la presse américaine, mercredi 30 septembre, de sa rencontre secrète avec l’égérie des opposants les plus radicaux au mariage homosexuel aux Etats-Unis a brouillé le message qu’il semblait avoir délivré tout au long de son séjour sur place. Les quelques minutes qu’il a passées jeudi 24 septembre à Washington, avec Kim Davis, une greffière du Kentucky, brièvement emprisonnée au début du mois pour avoir obstinément refusé de délivrer des certificats de mariage aux couples homosexuels, n’ont été ni démenties ni commentées par le Vatican. Mais ce soutien de poids à la frange la plus ultra des chrétiens conservateurs américains, donne en tout cas une dimension politique à un séjour aux Etats-Unis que le pape avait qualifié de purement « pastoral ».Si l’opposition du pape au mariage gay ne fait aucun doute, son choix de conforter une fonctionnaire controversée et désavouée même par une partie du camp conservateur, ne semble pas cadrer avec ses propos d’ouverture, appelant à une Eglise catholique plus inclusive, engagée « dans la construction d’une société tolérante », ainsi qu’il l’a déclaré à la Maison Blanche. Une position qu’il a réitérée tout au long de son voyage aux Etats-Unis, où il a paru éviter avec soin de prendre partie dans « la guerre culturelle » que la hiérarchie catholique sur place, et plus largement les mouvements chrétiens évangéliques – Mme Davis est elle-même chrétienne apostolique –, alimentent au nom de la liberté religieuse.Position ambiguëParticulièrement attendu à ce propos, François s’était appliqué à une défense large et globale de ce principe, sans citer d’exemples précis. Il avait notamment dénoncé « un monde où diverses formes de tyrannie moderne cherchent à supprimer la liberté religieuse, ou bien cherchent à la réduire à une sous-culture sans droit d’expression dans la sphère publique, ou encore cherchent à utiliser la religion comme prétexte à la haine et à la brutalité ». Il avait certes rendu une visite surprise à des religieuses, au centre d’une bataille juridique contre le système de santé américain, dit Obamacare, qui oblige les employeurs – y compris leur congrégation – à participer au financement des moyens de contraception de leurs salariés. Mais, parallèlement, il avait aussi loué le travail d’autres congrégations religieuses américaines, réputées elles bien plus libérales sur ces sujets.C’est dans l’avion qui le ramenait à Rome qu’il a été le plus explicite sur le fond, tout en restant ambigu sur la réalité de sa rencontre avec Kim Davis. « L’objection de conscience est un droit », a-t-il répondu à un journaliste qui lui demandait de réagir expressément au cas d’un(e) fonctionnaire qui refuserait de délivrer des certificats de mariage à des couples homosexuels. « Je n’ai pas en mémoire tous les cas d’objection de conscience », a étonnamment éludé le pape, qui a tout de même insisté sur le fait que « dans chaque institution judiciaire, doit exister un droit de conscience ».Prisée par les conservateurs, cette initiative du pape a déstabilisé le camp progressiste. Et il n’est pas sûr que ce genre de non-dits contribue à pacifier les débats lors du synode sur la famille, qui s’ouvre lundi 5 octobre à Rome et qui s’annonce tendu.Stéphanie Le Bars (correspondance à Washington)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 16h54 • Mis à jour le05.10.2015 à 18h52 Le raid aérien qui a frappé l’hôpital de Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz, en Afghanistan, n’a pas été mené à la demande de l’armée américaine, selon l’enquête en cours menée par les Etats-Unis.Le bombardement américain qui a coûté la vie à douze membres de l’ONG et à dix patients dans la nuit du 3 octobre a eu lieu « à la demande » des forces afghanes, a affirmé le général américain John Campbell, chef de la mission de l’OTAN en Afghanistan. « Le récit [donné par Washington] sur l’attaque change sans cesse », s’est de son côté indigné le directeur général de MSF, Christopher Stokes, qui condamne les « contradictions » de ce récit.Lire la synthèse :Ce que l’on sait du bombardement de l’hôpital de MSF en AfghanistanPourquoi les Américains sont-ils intervenus ?Déclarant être sous le feu de talibans, les forces afghanes « ont demandé un soutien aérien aux forces américaines », qui ont déclenché une frappe aérienne, a déclaré le général Campbell, sans préciser quelle autorité avait autorisé l’avion à ouvrir le feu.« Si des erreurs ont été commises nous les reconnaîtrons. Ceux qui en sont responsables devront rendre des comptes, et nous prendrons des mesures pour éviter qu’elles se reproduisent. »Le général Campbell n’a pas précisé non plus si l’hôpital avait été ciblé par erreur ou non, ajoutant que l’enquête militaire était toujours en cours.Comment les Afghans justifient-ils le raid aérien ?Dimanche, le ministère de la défense afghan avait déclaré que des combattants talibans se trouvaient dans l’établissement et s’en servaient comme base « pour attaquer les forces afghanes et les civils ». MSF nie que ses locaux aient ainsi été utilisés par les insurgés.Est-ce un crime de guerre ?Le général Campbell n’a pas expliqué pourquoi l’hôpital avait été ciblé, alors que MSF avait communiqué ses coordonnées aux autorités afghanes et américaines, ni pourquoi le bombardement n’a pu être stoppé après les premiers messages d’alerte de MSF. L’enquête devra répondre « à toutes ces questions », a-t-il promis.Dans la nuit de vendredi à samedi, MSF avait en effet averti les armées afghane et américaine que le bâtiment principal de son complexe avait été touché par de premiers tirs. Les deux forces disposaient déjà des coordonnées GPS du bâtiment, transmises de façon préventive par MSF, mais les bombardements s’étaient pourtant poursuivis « pendant près d’une heure », selon l’ONG.Meinie Nicolai, présidente de MSF, a déclaré que « cette attaque odieuse constitue une violation grave du droit humanitaire international ». Pour l’organisation non gouvernementale, s’il était établi que les autorités afghanes et l’armée américaine avaient délibérément visé ces combattants dans son hôpital, un crime de guerre serait avéré.Le haut-commissaire des Nations unies aux droits humains, Zeid Ra’ad Al-Hussein, a également affirmé que ces frappes aériennes américaines pourraient relever du « crime de guerre » si elles étaient qualifiées de « délibérées par la justice ». MSF a réclamé qu’une enquête « exhaustive et transparente » soit confiée à un « organisme international indépendant », qualifiant d’« insuffisante » l’enquête américaine annoncée par le président Barack Obama.Lire aussi :Afghanistan : MSF dénonce un possible crime de guerre après le bombardement de son hôpital à Kunduz 05.10.2015 à 15h55 • Mis à jour le05.10.2015 à 17h15 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Le Partenariat transpacifique (TPP) a accouché d’un accord de principe, lundi 5 octobre, mais ce ne fut pas sans mal. Les représentants des douze pays concernés (Etats-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande) n’ont réussi à trouver un compromis qu’à l’issue d’une réunion marathon de plus de cinq jours, qui s’est déroulée à Atlanta (Etats-Unis).Il s’agit de l’aboutissement de discussions entamées en 2008, qui ouvre la porte à l’un des plus importants traités de libre-échange jamais signé. L’accord de principe doit maintenant être ratifié par les parlements de chacun des pays.Couper la poire en deuxLe suspense a été prolongé jusqu’à lundi matin en raison, notamment, d’un différend sur la question de la protection des brevets dans le domaine des médicaments biotechnologiques. L’Australie, mais aussi le Chili et le Pérou, s’opposaient fermement à la protection dont jouissent les entreprises américaines du secteur. Celles-ci disposent de douze ans avant qu’un concurrent puisse copier le médicament et le vendre meilleur marché. Une durée qui n’est que de cinq ans dans d’autres pays.Il était donc question de couper la poire en deux en allongeant le délai à huit ans. Cette disposition était également très contestée par les organisations non gouvernementales, qui considèrent que cela va conduire à renchérir le prix des médicaments.Autre pomme de discorde qui a dû être résolue : l’ouverture du marché des produits laitiers canadien, japonais et américain aux importations en provenance de Nouvelle-Zélande et d’Australie.Enfin, les négociateurs ont dû surmonter les réticences canadiennes et mexicaines sur une plus grande ouverture du marché nord-américain dans le secteur des pièces détachées automobiles. Un domaine qui profiterait en priorité aux constructeurs japonais.Suppression de 18 000 droits de douaneL’enjeu du TPP est multiple. D’abord, en harmonisant les normes et en abaissant les droits de douane, il est censé doper les échanges commerciaux entre les douze pays de part et d’autre du Pacifique. Ceux-ci représentent environ les deux cinquièmes du commerce mondial. Concernant les normes, le traité tend à aligner sur les standards occidentaux la notion de propriété intellectuelle. Il est question aussi de la reconnaissance d’un Internet ouvert, y compris au Vietnam, où le régime communiste s’y opposait jusqu’à présent. Tout un volet du traité concerne enfin l’interdiction des trafics d’animaux sauvages et certains abus environnementaux.L’accord prévoit en outre la disparition de 18 000 droits de douane auxquels étaient assujetties les exportations américaines en direction de ses onze partenaires dans des secteurs aussi divers que l’industrie mécanique, les technologies de l’information, la chimie ou les produits agricoles. Par ailleurs, un chapitre est consacré à l’élévation des normes en termes de droit du travail dans des pays comme le Vietnam, la Malaisie et Brunei.Contrebalancer l’influence chinoiseSur le plan diplomatique, pour les Etats-Unis, le TPP est l’aboutissement de la stratégie dite du « pivot », qui consiste à resserrer les liens commerciaux avec les pays de l’Asie-Pacifique pour contrebalancer l’influence grandissante de la Chine. De ce point de vue, c’est un succès pour Barack Obama, qui n’a pas compté ses efforts auprès de ses partenaires commerciaux pour parvenir à un accord.Lire (en édition abonnés) : Les Etats-Unis et le Vietnam se rapprochent face à PékinEnfin, cet accord est susceptible de créer une dynamique pour accélérer les négociations du Traité transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis (TTIP). Celles-ci, qui n’ont débuté qu’en 2013, avancent à pas comptés, les Etats-Unis étant concentrés jusqu’à présent sur la réussite du TPP.Pour ce dernier, le processus n’est toutefois pas encore achevé. Concernant les Etats-Unis, il doit passer l’obstacle d’un vote par le Congrès. Celui-ci devrait être facilité par la procédure du « Trade Promotion Authority » ou « Fast Track ». Adopté cet été par le Congrès, ce processus permet aux parlementaires américains de voter le texte en bloc, évitant ainsi une longue procédure d’adoption, article par article. Barack Obama n’avait obtenu le feu vert pour déclencher cette procédure que grâce au soutien des Républicains, traditionnellement favorables au libre-échange, le camp démocrate du président étant plus dispersé sur la question.Va débuter maintenant une période de décryptage des détails de l’accord de principe trouvé lundi, avec le risque que les parlementaires américains trouvent le verre à moitié plein, alors que les Etats-Unis entrent en période électorale.A propos du TTIP entre l’Europe et les Etats-Unis, lire aussi : Pourquoi il faut s’intéresser au traité transatlantiqueStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) La liaison Moscou-Lattaquié est établie. Tandis que des reporters russes, envoyés spéciaux de plusieurs médias, ont envoyé leurs premières images de la base de Lattaquié – un fief du clan Assad situé sur la côte ouest syrienne investi par le récent déploiement militaire russe –, montrant des Soukhoï SU-25 en train d’atterrir de retour de mission après avoir largué leurs bombes sur des cibles « terroristes », la télévision russe braque tous ses projecteurs sur cette région du Moyen-Orient. Bulletin météo compris.La chaîne d’information continue Rossia 24 ne se contente ainsi plus de consacrer une bonne partie de ses journaux télévisés au nouvel engagement russe hors de ses frontières – plus d’une soixantaine d’opérations aériennes ont été menées en l’espace de cinq jours. Samedi 3 octobre, Rossia 24 y a ajouté un bulletin météo de 3’11 sur... la Syrie. Après un petit résumé des dernières frappes étayées par les photos et les vidéos rendues publiques du ministère de la défense russe, la charmante présentatrice moulée dans une robe rouge développe et livre des prévisions pour tout le mois d’octobre, « un bon mois pour les vols ».Bien que les tempêtes de sable soient récurrentes dans la région et aient déjà causé de nombreux problèmes à l’aviation américaine, notamment en Irak, les conditions sont favorables, assure-t-elle. « Température moyenne, 21°C, maximale 37°C, pluviométrie 7 mm, vitesse maximale du vent, 15 mètres/seconde... » « Lundi [5 octobre], des nuages à Damas... », enchaîne la présentatrice, mais rien de grave, s’empresse-t-elle d’ajouter. Le succès de opérations aériennes lancées par Moscou, indispensable au président Poutine qui n’a cessé de dénoncer le manque d’efficacité de la coalition internationale menée contre l’Etat islamique (EI) sous l’égide des Etats-Unis, passe aussi par là. Par une bonne météo.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 13h14 Des vents violents et de fortes pluies dus au passage du typhon Mujigae ont fait au moins six morts et des centaines de blessés dans le sud de la Chine, sur la province du Guangdong, selon un bilan publié lundi 5 octobre par la presse chinoise.#Guangdong: immagini del #tifone #Mujigae. http://t.co/3PYpLZfQsW— CinaNews (@Cina News)require(["twitter/widgets"]);Des dizaines de vols ont été annulés, plusieurs milliers de personnes ont été évacuées, la circulation de certains trains à grande vitesse a été suspendue et plus de 60 000 bateaux de pêche ont été renvoyés au port, rapporte la télévision d’Etat. Le réseau électrique a été mis à terre le long de la côte, laissant de vastes zones privées d’électricité, d’eau et de télécommunications.Video:Typhoon Mujigae, the 22nd typhoon this year, landed on South China's Guangdong Province on Sunday http://t.co/pNHmYsl1HS— XHNews (@China Xinhua News)require(["twitter/widgets"]);Les images tournées par les chaînes de télévision montrent des arbres coupés en deux, un bâtiment en construction arraché du sol tel un jouet, une grue tombée d’une tour en construction.La tempête devrait perdre de sa vigueur en se dirigeant vers le nord-ouest. Les autorités n’excluent pas des inondations et des glissements de terrain dans la province du Yunnan (sud-ouest). Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Réunis mardi 6 octobre à Luxembourg, les ministres des finances de l’Union européenne (Ecofin) discuteront des budgets prévisionnels des États pour 2016, sachant que ceux-ci doivent être soumis au plus tard le 15 octobre à la Commission européenne.Cette dernière, en tant que gardienne des traités, va devoir vérifier, tout au long de l’année 2015-2016, que ces budgets sont en ligne avec le pacte de stabilité et de croissance, qui fixe notamment comme objectif des déficits publics inférieurs à 3 % des produits intérieurs bruts (PIB) des États.L’année dernière, la France, deuxième économie de la zone euro, a été dans l’œil du cyclone, avec un budget 2014 et 2015 largement hors des clous, malgré les engagements réitérés de Paris. Cette année, comme elle a obtenu un délai de deux ans pour revenir sous la barre des 3 % (en 2017, donc), le sujet est bien moins conflictuel.Lire aussi :Budget : Bruxelles ne relâche pas la pression sur la FranceUn débat pourrait cependant s’instaurer entre ministres concernant le coût de la crise des migrants. Lors du dernier Ecofin, fin septembre, l’Autriche et l’Italie avaient ainsi suggéré que cette crise puisse être considérée comme une « circonstance exceptionnelle », permettant d’introduire une dose de flexibilité dans le pacte de stabilité, pour prendre en compte le coût d’accueil des réfugiés dans les pays de l’Union. La Commission a été mandatée pour étudier cette éventualité.Lire aussi :L’UE mobilise 1 milliard d’euros pour les réfugiésDu cas par casMais déjà, les « orthodoxes » à Bruxelles ou Berlin, tiquent. Très attachés au respect du pacte, ils rechignent à accepter ces flexibilités supplémentaires qui pourraient servir de cheval de Troie à d’autres. La France demande depuis longtemps que soit mieux prises en compte ses dépenses militaires, par exemple.« Si un pays dépasse de 0,1 ou de 0,2 point de pourcentage l’objectif de 3 % de déficit, en raison de la crise des migrants, évidemment, on prendra sa situation en considération, mais ce sera du cas par cas », veut croire une source européenne proche de l’Eurogroupe.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 09h28 • Mis à jour le05.10.2015 à 18h38 La violation de l’espace aérien turc par des avions de combat russes au cours du week-end des 3 et 4 octobre, près de la frontière syrienne, a suscité de nombreuses réactions, craintives ou hostiles, quelques jours après le début de la campagne de bombardements en Syrie de l’armée russe.Dans un premier temps, l’ambassadeur de Russie en Turquie a été convoqué par les autorités, qui lui ont fait part de leur « violente protestation », selon le ministère de l’intérieur. Ankara a aussi demandé à Moscou d’« éviter une répétition d’un tel incident » et a fait savoir que, le cas échéant, « la Fédération de Russie serait considérée responsable de tout événement non voulu ».Réunion d’urgence à l’OTANLes mots les plus durs sont venus des Occidentaux, qui critiquent depuis près d’une semaine l’intervention militaire russe en Syrie. L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), à laquelle appartient la Turquie, a qualifié d’« inacceptables » les violations de l’espace aérien turc par des avions de combat russes. « Les actions de la Russie » en Syrie « ne contribuent pas à la sécurité et à la stabilité de la région », a déclaré son secrétaire général, Jens Stoltenberg, qui a convoqué une réunion d’urgence lundi soir pour évoquer « les implications potentielles des dangereuses actions militaires menées par la Fédérations de Russie dans et autour de la Syrie. »Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a dit ses craintes de voir des avions russes abattus si de telles situations venaient à se répéter.« C’est précisément le genre de choses contre lesquelles nous avons mis en garde » , a ajouté M. Kerry. Les Etats-Unis, qui doutent que la violation de l’espace aérien turc soit due à une erreur, tentent, depuis le début du mois, d’éviter que des incidents impliquant son armée ou l’armée russe se produisent en Syrie alors que Moscou bombarde les opposants à Bachar Al-Assad. Des frappes qui viennent s’ajouter à celles de la coalition d’une soixantaine de pays enmenée par les Etats-Unis.Lire la synthèse :Au bout d’un an, quel est le bilan de la coalition internationale contre l’EI ?« Des risques de confrontation mondiale »Le régime islamo-conservateur turc s’oppose à la participation de la Russie à la guerre en Syrie. Dimanche, le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré que la campagne de bombardements russe en Syrie était « inacceptable » et a estimé que Moscou commettait « une grave erreur ». Ankara propose depuis plusieurs mois la création d’une zone d’exclusion aérienne à sa frontière avec la Syrie. Lundi, le vice-ministre russe des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov a rappelé que son pays était « contre cela ».La Turquie, alliée de la coalition internationale qui procède à des frappes contre l’organisation Etat islamique, et la Russie s’opposent depuis le début du conflit en Syrie, en 2011. Ankara demande le départ de Bachar Al-Assad, qui bénéficie du soutien indéfectible de Moscou.Interrogé sur le conflit syrien, le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, a déclaré sur Europe 1, qu’« il y a des risques de confrontation mondiale ».« Quand vous voyez que ce conflit, qui était une guerre civile, devient une guerre régionale, avec implication de puissances internationales, les risques sont graves. Et le risque le plus effrayant, c’est le risque que le conflit soit totalement religieux (…), avec d’un côté les populations sunnites et leurs alliés, de l’autre les populations chiites et leurs alliés. C’est une conflagration qui risque d’être extrêmement dangereuse. Nous, la France, nous recherchons la paix et la sécurité. »Lire sur Les Décodeurs :Syrie : comprendre qui soutient qui en deux clics 05.10.2015 à 06h49 • Mis à jour le05.10.2015 à 14h11 | Cécile Chambraud A la veille de l’ouverture des débats entre les 360 participants du synode des évêques sur la famille, le pape François a rappelé les bornes dans lesquelles ils doivent se tenir. Lors de son homélie de la messe d’ouverture de cette seconde étape de la grande réflexion ouverte par l’Eglise catholique sur la question de la famille, dimanche 4 octobre, dans la basilique Saint-Pierre, Jorge Bergoglio a décrit avec insistance les caractéristiques du mariage selon la doctrine catholique : « L’unité et l’indissolubilité du lien conjugal » entre un homme et une femme. La réflexion engagée dans l’Eglise catholique ne vise pas à discuter de cela, a signifié le pontife, mais à déterminer comment l’institution peut avoir ses « portes ouvertes pour accueillir quiconque frappe pour demander aide et soutien », fût-il divorcé, concubin, homosexuel.Depuis deux ans, les controverses sur ces sujets sont brûlantes entre partisans et adversaires d’un assouplissement de la « politique » d’accueil de l’Eglise. Ce nouveau synode promettait donc d’être aussi animé que le précédent, il y a un an. La veille de la messe d’ouverture, le coming out d’un prêtre polonais est venu accentuer ce climat de tension. Krzysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (organisme romain chargé de veiller au respect et à la cohérence de la doctrine), a révélé être homosexuel et avoir un compagnon, qu’il a d’ailleurs présenté à la presse un peu plus tard dans la journée.Lire aussi :Le pape ouvre les travaux du synode sur la famillePar cet acte spectaculaire, le père Charamsa veut pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels et à « comprendre que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ». Mêlant deux questions distinctes (l’homosexualité et le célibat des prêtres), il a eu des mots très durs pour dénoncer ce qu’il a qualifié d’« homophobie institutionnalisée de l’Eglise ». « Je demande pardon pour toutes ces années où j’ai souffert en silence devant la paranoïa, l’homophobie, la haine et le refus des homosexuels, présents au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est le cœur de l’homophobie dans l’Eglise », a-t-il déclaré.Une démarche « offensive et irresponsable »Le Vatican n’a pas tardé à sanctionner ce collaborateur. « Une démarche aussi retentissante à la veille de l’ouverture du synode est offensive et irresponsable, a déclaré son porte-parole, le père Federico Lombardi. De fait, elle tend à opérer une pression médiatique sur l’assemblée synodale. » Le père Charamsa a aussitôt été relevé de ses fonctions auprès du Saint-Siège.L’accueil des homosexuels est l’une des questions posées aux évêques catholiques réunis pendant trois semaines à Rome. La doctrine considère les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » et prône l’abstinence aux gays. Elle refuse a fortiori le mariage entre personnes de même sexe. « Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille. Chacun, et même les gays, les lesbiennes et les transsexuels, porte dans son cœur un désir d’amour et de famille », affirme le prêtre polonais. « Le clergé, ajoute M. Charamsa dans l’édition polonaise de Newsweek, est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. » Dans l’avion qui le ramenait du Brésil, peu après son élection, en 2013, le pape François avait déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? »Un autre sujet de désaccord entre les évêques, tel que cela était ressorti du synode d’octobre 2014, concerne les divorcés remariés civilement, aujourd’hui en principe privés de l’accès aux sacrements. Les 360 prélats ont jusqu’au 24 octobre pour en débattre, date à laquelle ils se prononceront sur le rapport qu’aura rédigé une commission de dix d’entre eux, choisis par le pape.Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial) Après quatre ans de gouvernement relativement stable, la situation politique s’annonce nettement plus compliquée au Portugal. A l’issue des élections législatives organisées dimanche 4 octobre, aucun des quatre principaux candidats n’a en effet vraiment voulu reconnaître sa défaite, cherchant à se laisser la possibilité de participer au futur gouvernement. De quoi fragiliser ce pays qui sort à peine de la crise après la sévère cure d’austérité décidée en 2011 en échange d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du FMI.Pedro Passos Coelho, le premier ministre sortant de centre droit, qui avait fait voter toutes ces mesures, espérait bien bénéficier du retour timide de la croissance pour rester en place. S’il est arrivé en tête avec une coalition regroupant son parti – le PSD – et les chrétiens-démocrates du CDS, il est toutefois loin de la majorité absolue obtenue lors des législatives de 2011. Selon des résultats quasi définitifs, les deux partis obtiennent 38,6 % des voix, contre 50,4 % en 2011. Avec 104 députés élus, ils sont bien loin des 116 requis pour gouverner seuls.Lire aussi :Au Portugal, des élections sous le signe de la crise« L’alliance de droite a gagné ce soir », a toutefois proclamé M. Passos Coelho devant les caméras, affichant sa volonté de former un gouvernement, même s’il a reconnu que « la majorité claire » qu’il avait espérée « n’y était pas ». S’il veut rester en place, M. Passos Coelho devra s’entendre pour que le Parti socialiste (PS) ne lui barre pas la route. Celui-ci est arrivé second dimanche, avec 32,4 % des voix et 85 sièges. Mais un élément perturbe la stratégie du premier ministre sortant : les forces de gauche sont majoritaires dans le nouveau parlement.Percée historique du « Bloc de gauche » Arrivé troisième, le « Bloc de gauche », un parti anti-austérité apparenté à Syriza, a en effet réalisé une percée historique avec 10,2 % des voix (contre 5,2 % en 2011). Derrière, les écologistes communistes obtiennent 8,3 % des suffrages, en hausse par rapport à 2011. A eux trois, les partis de gauche obtiennent donc au moins 121 sièges et 50,9 % des voix. De quoi renverser un gouvernement de droite minoritaire. Mais surtout potentiellement former une majorité alternative.Interrogé dimanche soir, le leader du PS Antonio Costa s’est bien gardé de donner sa préférence entre soutenir la droite et s’allier avec l’extrême gauche. « Le PS va se réunir mardi et évaluer les résultats électoraux. La majorité des Portugais a voté pour un changement de politique, mais ce n’est pas encore une majorité de gouvernement », a-t-il seulement expliqué. Il a promis que « le PS ne fera pas obstacle », ni ne constituera « de majorité négative », tout en disant que « le bloc de droite a perdu sa majorité » et « qu’il ne peut pas continuer à gouverner comme si rien ne s’était passé ».Une position volontairement ambiguë qui lui permet de rester au centre du jeu. Malgré des appels à la démission de certains cadres du parti, M. Costa a d’ailleurs refusé de la présenter. Il a juste admis que « le PS n’avait pas rempli ses objectifs électoraux ». Parti leader dans les sondages, l’ancien maire de Lisbonne a pourtant connu une campagne difficile. En hésitant entre faire campagne au centre et la faire à gauche, il a perdu des voix des deux côtés. Peu avant le scrutin, il a déclaré qu’il ne voterait pas un budget de droite, ce qui l’empêche de soutenir désormais un gouvernement minoritaire de M. Passos Coelho.« Les élections ont laissé le pays dans une impasse »Mais gouverner en alliance avec les deux partis d’extrême gauche serait, de l’autre côté, un véritable bouleversement politique. Jusqu’ici, les clivages étaient trop forts entre les convictions pro-euro des socialistes qui soutiennent globalement la réduction des déficits publics, et une extrême gauche nettement plus sceptique sur la monnaie unique. « Le PS a été le punching-ball des communistes pendant la campagne. Ils nous ont attaqués plus que la droite », n’oublie pas Antonio Serzedelo, un retraité venu soutenir Antonio Costa. Pour autant, « il faut négocier avec eux et avec le Bloc de gauche. Ils sont comme Syriza. Il faut juste qu’ils ne demandent pas la sortie de l’OTAN et de l’euro », assume-t-il, à l’unisson de nombre de militants socialistes présents dans la salle, dimanche soir. Les dirigeants du parti sont, eux, nettement plus sceptiques. « Je ne vois pas comment ce serait possible de gouverner avec eux », lâche un membre de l’équipe d’Antonio Costa.Lire aussi :Blasés, les Portugais se prononcent sur l’austéritéSentant le danger venir, la coalition de droite a insisté de son côté pour mettre en avant l’autre majorité qui est sortie des urnes dimanche, celle pro-euro. « La grande partie du Parlement est composée de partis qui ne rejettent pas les plans internationaux, les partis de la gauche de la gauche ne sont pas dans la situation de la Grèce ou de l’Espagne. On ne peut pas transformer une défaite dans les urnes en une sorte de victoire », a expliqué Paulo Portas, le leader du CDS. « Les Portugais ont élu à 70 % un Parlement qui est prêt à respecter les règles européennes », a insisté Pedro Passos Coelho. Et de se dire prêt à faire des « compromis » avec le Parti socialiste.La Constitution portugaise est très floue sur les possibilités qu’a désormais le président de la République, Anibal Cavaco Silva (PSD). Le texte précise seulement qu’il doit « prendre en compte les résultats électoraux ». Et quoi qu’il arrive, les Portugais ne pourront pas être rappelés aux urnes avant juin 2016, la Constitution interdisant la dissolution du Parlement dans les six mois précédant ou suivant l’élection présidentielle, qui est prévue en janvier. « Les élections de dimanche ont laissé le pays dans une impasse », notait dans son éditorial le quotidien Publico, lundi matin. Et personne ne sait si le Portugal, encore convalescent, peut se permettre que cela dure trop longtemps.Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien LeloupDes milliers de tirs de missiles et de morts, sur une demi-douzaine de théâtres d’opération… Le programme d’assassinats ciblés mené par les Etats-Unis en Afghanistan ou au Yémen, dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme, est vaste — et très secret. L’enquête du site The Intercept, « The Drone Papers », lève le voile sur de nombreux aspects inconnus de ce programme, et confirme des informations déjà connues, à l’heure où la France commence elle aussi à procéder à des frappes ciblées en Syrie avec l’aide des services de renseignements américains.Lire notre enquête :Syrie : Salim Benghalem, la cible des frappes françaises à Rakka 1) Jusqu’à neuf personnes tuées sur dix n’étaient pas viséesPremier constat issu des documents de l’armée américaine : l’inefficacité du caractère « ciblé » des assassinats par drones. Dans une analyse détaillée des résultats de l’opération Haymaker, dans le nord de l’Afghanistan, les rapports de l’armée montrent que le nombre de « jackpots » — mort de la personne visée par une attaque — est faible : en février 2013, l’opération compte 35 « jackpots », à comparer aux 200 « EKIA » — ennemis tués au combat — pour la même période.L’armée américaine désigne sous ce terme les personnes tuées qu’elle identifie comme étant des insurgés ou soldats ennemis qui n’étaient pas directement visés — pour établir ce classement, l’armée se fie à ses propres sources, images filmées par des drones notamment. Une comptabilité qui tend à sous-estimer le nombre de victimes civiles, estime The Intercept. Sur une période de cinq mois en Afghanistan, le site conclut que neuf personnes tuées sur dix n’étaient pas les cibles des frappes.The Intercept cite également une étude réalisée par l’universitaire Larry Lewis, qui a analysé les résultats des opérations américaines en Afghanistan sur plusieurs années. Selon ses calculs, les frappes réalisées par drones dans la région ont été beaucoup plus meurtrières pour les civils que les bombardements de l’aviation : il aboutit à la conclusion que les drones tuent en moyenne dix fois plus de civils que les avions américains. Un différentiel qui s’explique en partie par le faible niveau de qualité des informations sur lesquelles se basent les frappes par drones. 2) L’ordre de tuer est validé par le président des Etats-Unis Pour déterminer qui peut être la cible d’une frappe par drone, l’armée américaine suit une chaîne de commandement complexe, et dont certains aspects ne sont pas détaillés dans les documents publiés par The Intercept.Elle démarre par la constitution d’un « dossier », appelé « Baseball Card », qui établit un profil de la personne, les raisons pour lesquelles son assassinat est demandé, et qui suit ensuite un processus de validation en sept étapes. En moyenne, il faut deux mois pour obtenir l’ensemble des validations nécessaires ; débute alors une période de soixante jours durant lesquels la frappe est autorisée.Dans la dernière scène du documentaire Citizen Four consacré aux révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden, Glen Greenwald, le fondateur de The Intercept, laissait déjà entendre qu’il avait en sa possession des documents secrets sur le programme de drones américains, transmis au journaliste par un autre lanceur d’alerte. Dans le film, on le voit dessiner une pyramide sur un morceau de papier et la montrer à Edward Snowden en disant « ça va jusqu’au président » — le schéma apparaissant brièvement à l’écran ressemblait fortement à celui publié ce jeudi par The Intercept. 3) Les assassinats ciblés se basent essentiellement sur le renseignement électronique Les « Baseball Cards » et les dossiers compilés par les forces américaines se basent largement sur des sources de renseignement électronique — programmes de surveillance de masse de la NSA et écoutes, explique The Intercept. Les drones eux-mêmes sont utilisés pour collecter une grande quantité de données : qu’il s’agisse de drones armés ou d’observation, la plupart des engins utilisés par l’armée américaine disposent d’une antenne-relais, ce qui leur permet de trianguler la position d’un téléphone portable avec une précision importante.Selon une source anonyme citée par The Intercept, le système « se base sur des machines très puissantes, capables de collecter une quantité invraisemblable de données », mais « comporte à de nombreux niveaux des risques d’erreurs d’analyse et d’attribution ». Toujours selon le même témoignage, « il est étonnant de voir le nombre de cas dans lesquels un sélecteur [un identifiant unique] est attribué à la mauvaise personne. Et ce n’est que plusieurs semaines ou mois après que vous vous rendez compte que la personne que vous suivez n’est pas votre cible, parce que vous suivez en réalité le téléphone de sa mère. » 4) Les critères pour figurer sur la « kill list » sont vaguesOfficiellement, la politique des Etats-Unis est de ne tirer pour tuer que dans les cas où la cible « présente un risque continu et imminent pour la sécurité d’Américains ». Les documents publiés par The Intercept montrent cependant qu’un seul critère est analysé pour déterminer si une personne peut figurer ou non sur la liste des cibles potentielles : le fait de « présenter une menace pour les soldats américains ou les intérêts américains ».Ce critère, particulièrement vague, n’a par ailleurs que peu de sens dans certaines régions du globe où l’armée américaine procède à des frappes ciblées par drones — au Yémen, par exemple, la présence américaine est quasiment inexistante. Les frappes de drones ont pourtant tué 490 personnes dans le pays, selon les propres chiffres de l’armée. 5) « Capturer ou tuer » est devenu « tuer »Les campagnes ciblées de l’armée américaine sont appelées « Capture / kill » — capturer ou tuer. Mais dans le cas des frappes de drones, « le terme est trompeur — “capturer” s’écrit sans majuscule, nous ne capturons plus jamais personne », a reconnu le lieutenant-général Michael Flynn, ancien chef de l’agence de renseignement de l’armée.Ce choix de privilégier les frappes mortelles par drone aux opérations de capture, plus risquées, a aussi des conséquences sur le type d’informations recueillies : sans interrogatoires, l’armée utilise de plus en plus le renseignement électronique au détriment du renseignement humain, pourtant considéré comme indispensable. 6) « L’exploitation et l’analyse » sont les parents pauvres des campagnes de dronesLa doctrine de l’armée américaine en matière de terrorisme est résumée par un acronyme : FFFEA. Find, fix, finish, exploitation and analysis — « trouver, régler, achever, exploiter et analyser ». Mais les documents montrent que la dernière partie du processus n’existe quasiment pas dans les frappes de drones, notamment en Afrique de l’Est et au Yémen.Dans la plupart des cas, après une frappe mortelle, il n’y a pas de soldats sur place qui peuvent récupérer des documents, des ordinateurs ou des téléphones portables, ou interroger les survivants. Ce qui conduit à des « voies sans issue » en matière de renseignement. 7) Les frappes de drones contribuent à renforcer les adversaires des Etats-UnisEn raison du manque de précision des frappes, et des erreurs de renseignement qui conduisent à cibler les « mauvaises » personnes, les campagnes de drones contribuent à renforcer les adversaires des Etats-Unis, estime The Intercept. Le site mentionne notamment l’exemple de Haji Matin, tué par une frappe en 2012 : ce négociant en bois avait été dénoncé par des rivaux commerciaux comme militant taliban. L’armée américaine avait alors bombardé sa maison, tuant plusieurs membres de sa famille… et transformant ce notable en leader local des militants anti-américains. 8) Le nombre de frappes a été démultiplié sous les présidences ObamaAvant l’entrée en fonction de Barack Obama, une seule frappe de drone avait eu lieu au Yémen, en 2002. En 2012, une frappe avait lieu tous les six jours sur le territoire du pays. En août 2015, ces frappes avaient tué 490 personnes.Un ancien responsable du renseignement du président américain explique que c’était « le choix politique le plus avantageux : coût faible, pas de victimes américaines, et ça donne l’apparence de la sévérité. C’est bien perçu aux Etats-Unis, et ça n’est impopulaire qu’à l’étranger. Les dégâts de cette politique pour les intérêts américains ne sont visibles qu’à long terme. » 9) La distance et « l’effet paille » réduisent grandement l’efficacité des dronesMalgré leur technologie avancée, et l’impression qu’ils donnent de pouvoir intervenir n’importe où et n’importe quand, les drones ne seront malgré tout pas efficaces dans toutes les situations. Pour parvenir à identifier, suivre et ouvrir le feu sur un suspect, il faut maintenir un contact visuel pendant une longue période de temps. Or, dans certaines zones, et notamment au Yémen, la longue distance que doivent parcourir les drones rend cette couverture permanente très difficile à maintenir, les aéronefs passant souvent plus de temps de vol à se rendre à leur position qu’en « action » proprement dite.Par ailleurs, les opérateurs de drones sont victimes d’un « effet paille » — la zone de vision des caméras est limitée, ce qui conduit à des difficultés pour suivre les « suspects » et augmente les risques d’erreur d’identification. 10) L’armée américaine a multiplié ses bases en Afrique pour soutenir son programme de dronesPour réduire les distances que doivent couvrir les drones, le commandement américain a discrètement multiplié ses bases, notamment en Afrique. Ces bases secrètes complètent le dispositif mis en place par l’U.S. Africa Command, dont la base principale est hébergée au camp Lemonnier, un ancien avant-poste de la Légion étrangère française. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.10.2015 à 11h08 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Même si la photographie générale de la solidité des banques américaines au troisième trimestre reste assez flatteuse, avec plus de 22 milliards de dollars (plus de 19 milliards d’euros) de profits pour les cinq principaux établissements (JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Goldman Sachs et Citigroup, Morgan Stanley ne publiant ses résultats que la semaine du 19 octobre), la période a été néanmoins agitée et révélatrice des mutations qui sont à l’œuvre dans le secteur.Lire aussi :La rentabilité des banques américaines se dégradePremier enseignement, les banques affirment que les activités spéculatives dans le courtage ont subi de plein fouet la volatilité des marchés financiers. Cette instabilité, qui a atteint son paroxysme lors du krach boursier du 24 août, est alimentée par les incertitudes sur la croissance mondiale et les atermoiements de la Réserve fédérale (Fed) pour relever ses taux d’intérêt. Fort logiquement, l’établissement le plus exposé à ces activités de trading, Goldman Sachs (GS), a été le plus affecté. Le bénéfice net de la banque d’affaires a ainsi plongé de 36,4 % à 1,43 milliard de dollars. Pour la première fois depuis quatre ans, la star de Wall Street fait moins bien que ce qu’anticipaient les analystes, tandis que son chiffre d’affaires est passé pour la première fois depuis deux ans sous la barre des 7 milliards (à 6,86 milliards en baisse de 18 %). En cause, son activité de courtage, qui a chuté de 15 %. « Nous avons connu des niveaux d’activité plus bas et un déclin du prix des actifs », s’est justifié Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs.Le courtage dans le domaine des obligations, des devises, des taux d’intérêt et des matières premières, ce que l’on appelle dans le jargon le FICC, a ainsi décroché de 33 % chez GS. Alors que la plupart de ses rivaux, à commencer par Morgan Stanley, ont replié la voilure sur les activités spéculatives, sous la pression de la nouvelle régulation financière, GS a été moins prompt à réduire ses positions s’exposant à une baisse d’activité dans ce domaine. Alors qu’en 2009, en pleine crise financière, le FICC représentait encore 50 % de ses revenus, cette part est tombée à 25 % en 2014 et pourrait encore baisser sur l’année 2015.« Quelque chose d’assez sain »Goldman Sachs n’a pas été la seule victime du mouvement. JP Morgan a subi une sanction équivalente avec une chute de 15 % de ses opérations de trading. « Nous avons ressenti l’impact d’un environnement mondial compliqué », a expliqué Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase. Certes la banque a vu son bénéfice net bondir de plus de 22 % à 6,27 milliards de dollars, mais ce résultat doit beaucoup à un encaissement d’impôts différés d’un montant de 2,2 milliards.Simplement un mauvais moment à passer ? Pas vraiment selon Gregori Volokhine, président de Meeschaert Capital Markets, à New York. « La volatilité a bon dos, explique-t-il. Ces banques, sous la pression de la loi Dodd Frank, ont été obligées de beaucoup diminuer les fonds propres qu’elles consacrent à ces activités spéculatives. Il n’y a pas vraiment de raison à court terme que les volumes de ces fonds propres repartent à la hausse. »En fait, il semblerait que ces résultats du troisième trimestre reflètent une certaine normalisation du secteur vers un modèle moins spéculatif auquel les banques vont devoir s’habituer. « Ce déclin des activités de trading, qui finalement n’apportent pas grand-chose à l’économie réelle, est d’ailleurs quelque chose d’assez sain », ajoute M. Volokhine.Reste qu’il faut maintenant trouver de nouveaux de relais de croissance. La bonne nouvelle, c’est la bonne progression des prêts, qui eux profitent aux ménages et aux entreprises. Mais la décision de la Fed de maintenir ses taux proches de zéro pèse sur la rentabilité de cette activité.Aucune fatalitéLe cas de Wells Fargo est symptomatique. La première banque de dépôts et premier fournisseur de prêts aux États-Unis a réalisé un bénéfice net en légère hausse de 1,22 % à 5,8 milliards de dollars. Mais si le groupe a vu ses volumes de crédit augmenter, la rentabilité de cette activité, elle, s’est dégradée. Sa marge d’intérêt nette, c’est-à-dire la différence entre le loyer de l’argent qu’elle demande à ses clients et son propre coût de financement est tombé à 2,96 % contre 3,06 %. La banque n’avait plus connu un niveau de rentabilité aussi bas depuis 1990.Toutefois, il n’y a pas de fatalité. La faiblesse des taux a également entraîné une baisse du chiffre d’affaires de l’activité banque de détail de JPMorgan Chase de 4 % mais, en revanche, le groupe a mieux résisté en termes de rentabilité : sa profitabilité a progressé de 4 % au troisième trimestre par rapport à la même période de 2014.Le relèvement des taux d’intérêt aux États-Unis va donc se révéler crucial dans la construction du nouveau modèle économique des banques américaines. Bank of America a ainsi expliqué qu’un relèvement d’un point de base du loyer de l’argent aux États-Unis améliorerait mécaniquement de 4,5 milliards de dollars son chiffre d’affaires et de 3 milliards son résultat net.Course contre la montreLe problème est qu’au regard du ralentissement mondial et de son impact sur l’économie américaine, l’imminence d’une remontée des taux de la part de la Fed reste très incertaine. « C’est un vrai défi pour les banques américaines, insiste M. Volokhine. Entre une inflation très faible et des taux qui pourraient rester bas plus longtemps que prévu, elles pourraient être confrontées à une impossibilité de générer de la croissance organique. On assiste vraiment à la fin d’un âge d’or, il faut que les investisseurs se mettent dans la tête que l’on ne va pas retrouver les taux de rentabilité d’avant 2008. »Face à ce changement de modèle, les banques américaines sont engagées dans une course contre la montre, qui consiste à réduire leurs dépenses plus vite que ne s’érode leur chiffre d’affaires. Ces efforts sont particulièrement spectaculaires chez Citigroup. La baisse de 18 % de ses coûts au troisième trimestre a permis au groupe d’enregistrer un bénéfice net en progression de 51 % à 4,3 milliards d’euros. Bank of America réduit également la voilure. Ses effectifs sont tombés à 215 000 personnes, contre 300 000 en 2009. Mais jusqu’à quand ce malthusianisme pourra faire office de stratégie ?Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jacques Follorou Une semaine après l’annonce par le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, du bombardement, dans la nuit du 8 au 9 octobre, d’un camp de l’Etat islamique près de Rakka, en Syrie, la version officielle livrée par les autorités françaises résiste de moins en moins à l’examen de certains faits nouveaux.D’après le ministère de la défense, ce centre d’entraînement constituait une menace pour la France et l’Europe et hébergeait des « combattants étrangers, dont probablement des Français et des francophones ». Il assurait cependant ne pas connaître l’identité des personnes visées. Selon nos informations, l’ensemble de l’opération a pourtant été, en grande partie, pensée autour d’un Français, Salim Benghalem, 35 ans, originaire de Cachan (Val-de-Marne), présenté par les services de renseignements comme « le responsable de l’accueil des Français et des francophones au sein de l’Etat islamique ».Connu de la justice française, qui le recherche pour des activités terroristes, sa localisation et son identification doivent beaucoup au travail préalable des agences de renseignements américaines, qui ont transmis leurs éléments à l’armée française. Au mois de septembre 2014, le département d’Etat américain avait même inscrit son nom sur la liste noire des organisations et individus considérés comme les plus dangereux en matière de terrorisme. Pour les Américains, ses fonctions de « bourreau » de l’Etat islamique en faisaient une figure montante.De fait, Salim Benghalem était en passe de prendre, pour le compte de l’Etat islamique, une dimension similaire à celle occupée chez Al-Qaida par Moez Garsallaoui, un belgo-tunisien, tué, en octobre 2012, par une frappe de drone américain au Pakistan. Selon le parquet antiterroriste, à Paris, Garsalloui coordonnait depuis 2008 les filières djihadistes européennes, puis il avait eu pour fonction d’accueillir les prétendants francophones au djihad.Lire aussi le portrait :Salim Benghalem serait chargé de la gestion des recrues francophonesLe sort de Benghalem incertainPlusieurs lieux ont été identifiés dans la zone de Rakka pour pouvoir atteindre Salim Benghalem. Celui qui a été touché le 8 octobre était un bâtiment dans lequel transitaient ou résidaient les combattants francophones à Rakka. Selon les détails recueillis par Le Monde, cette habitation était entourée d’un espace de terrain réduit clos par un mur. Etait-ce suffisant pour abriter un camp d’entraînement comme l’affirment les autorités françaises pour justifier leur décision de bombarder ce lieu ? Le premier ministre, Manuel Valls, s’est refusé, comme son ministre de la défense, à fournir des détails.L’armée française aurait également disposé de l’identité de deux autres citoyens français, proches de Benghalem. Un grand nombre d’étrangers transitant dans le bâtiment ciblé demeurent inconnus des services de renseignement. Beaucoup de ces francophones, notamment des Belges, des Français et des bi-nationaux originaires d’Afrique du ord, ont en effet échappé à la vigilance des services de police de leur pays avant de rejoindre la Syrie.Lundi 12 octobre, le ministère de la défense assurait n’avoir « aucun élément précis relatif à ce bombardement ». Vendredi soir, aucune source n’avait permis de connaître le sort de Salim Benghalem et de ses deux proches visés dans cette frappe. Pourtant, les autorités disposeraient, selon nos informations, d’une connaissance beaucoup plus précise qu’elles ne l’admettent des résultats de cette frappe, tant pour le nombre de morts que pour l’identité des victimes.Cette affaire crée un précédent dans le droit français. La France savait qui elle allait tuer dans cette frappe. Salim Benghalem, mis en cause dans plusieurs procédures judiciaires à Paris, et faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international, pourrait, si sa mort est confirmée, avoir été victime, selon certaines ONG comme Human Rights Watch, d’une forme « d’exécution extrajudiciaire ».« Exécution extrajudiciaire »La France a justifié son intervention par la « légitime défense collective » prévue à l’article 51 de la Charte des Nations unies. L’assistance demandée à Paris émane des seules autorités irakiennes pour combattre l’Etat islamique. Il y a un an, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, s’opposait, avec succès, à l’extension des frappes en Syrie souhaitée par le ministère de la défense, estimant qu’elles « n’avaient pas de bases légales ». Les conditions auraient-elles désormais changé ?Le Royaume-Uni, qui a revendiqué, début septembre, la mort de deux ressortissants britanniques dans une frappe en Syrie, a également argué de l’article 51 pour justifier ces frappes mais en précisant, dans son cas, qu’il s’agissait de « légitime défense individuelle ». David Cameron a assuré que le procureur général avait reconnu la légalité de cette action, puis il a fait soumettre au Conseil de sécurité de l’ONU les détails des attentats planifiés par ces deux hommes.La France, elle, s’est contentée d’indiquer que les personnes visées étaient entraînées pour frapper le sol français et européen, sans plus de précision. Pour alléguer d’une « légitime défense individuelle », elle devrait fournir la preuve d’une agression imminente, ce qu’elle n’a pas fait. Salim Benghalem accueillait et formait les nouveaux venus francophones. Constituaient-ils une « menace imminente » ?Interrogé vendredi, le directeur du Comité contre le terrorisme à l’ONU, Jean-Paul Laborde, a indiqué au Monde que « si cette frappe a vraiment touché un camp d’entraînement, cela aura sauvé des vies ». Questionné sur l’utilisation de l’article 51, il ajoute : « S’abriter derrière cet article pour mener cette frappe pose un problème juridique qui n’est pas réglé ; ce sont des Etats qui peuvent arguer de cet article au titre de la légitime défense collective quand un autre Etat les attaque. Or, la frappe a visé une organisation terroriste, pas un Etat. »Lire aussi :Salim Benghalem, le petit bandit français devenu geôlier de l’Etat islamiqueJacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.10.2015 à 08h47 • Mis à jour le17.10.2015 à 14h06 Le cycle des violences continue en Israël, samedi 17 octobre, avec la mort de deux Palestiniens et d’une Palestinienne, tués en Cisjordanie et à Jérusalem-Est après avoir tenté sans succès de poignarder des Israéliens, ont indiqué l’armée et la police israéliennes.La première attaque s’est produite en Cisjordanie occupée près de l’enclave juive du centre de Hébron où 500 colons israéliens vivent sous protection de l’armée. Un Palestinien âgé de 18 ans a tenté de poignarder l’un d’entre eux avec un couteau. Ce dernier l’a tué par balles pour se défendre et n’a pas été blessé, a indiqué l’armée. Les forces de sécurité palestiniennes ont confirmé la mort de l’assaillant, identifié comme Fadel Al-Kawatsmi.Un autre Palestinien a été tué après avoir tenté de poignarder un soldat israélien lors d’un contrôle d’identité dans le quartier d’Armon Hanetsiv, à Jérusalem-Est, selon la police. L’assaillant, dont l’identité n’a pas été communiquée, a immédiatement été tué par des militaires.Peu après, une deuxième attaque a eu lieu dans la vieille ville d’Hébron. Une Palestinienne s’est approchée d’un poste des gardes-frontières israéliens dans l’enclave juive du centre de la ville et a tenté de poignarder une soldate, la blessant légèrement à la main. La soldate lui a tiré dessus et l’a tuée.« Vendredi de la révolution »La journée de vendredi avait été déjà marquée par une flambée de violences avec l’attaque, dès l’aube, du tombeau de Joseph, site sacré du judaïsme à Naplouse, et de nouveaux heurts entre Palestiniens et soldats israéliens. Des groupes palestiniens avaient appelé à un « vendredi de la révolution » en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.Lire :Journée sous haute tension en Cisjordanie et à GazaLa Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville, annexée et occupée par Israël, sont en proie depuis le 1er octobre à des violences qui ont réveillé le spectre d’une nouvelle intifada. La bande de Gaza a été entraînée dans la spirale le 9 octobre.Les violences ont fait trente-neuf morts, dont plusieurs auteurs d’attaque, et des centaines de blessés côté palestinien, et sept morts et des dizaines de blessés côté israélien.Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’est dit de nouveau prêt à rencontrer le président palestinien, Mahmoud Abbas, tout en lui reprochant d’encourager la violence. 16.10.2015 à 23h02 • Mis à jour le17.10.2015 à 02h31 Un homme armé a abattu vendredi 16 octobre cinq personnes et en a blessé neuf autres, qui participaient à une réunion de prière de la communauté chiite dans le quartier de Saihat à Qatif, dans l’est de l’Arabie saoudite, au deuxième jour de la fête religieuse de l’Achoura. L’homme a été abattu par la police. Un groupe se revendiquant de l’organisation Etat islamique a revendiqué l’attaque.« Un homme a commencé à tirer de manière aléatoire sur les personnes qui assistaient au sermon » a confié à l’AFP Ali Al-Bahrani, un témoin. Des habitants ont raconté à l’agence Reuters que l’assaillant s’était approché de la salle de prière à bord d’un taxi qui a été arrêté à un point de contrôle gardé par des volontaires. La police est alors arrivée et une fusillade s’est déclenchée.Des groupes de volontaires sont régulièrement chargés d’assurer la protection de lieux saints dans la Province de l’est, région d’Arabie saoudite majoritairement peuplée par des chiites. Un attentat suicide visant une mosquée fréquentée par des membres locaux des services de sécurité dans le sud-ouest du pays avait coûté la vie à 15 personnes au mois d’août. Deux autres attaques à la bombe contre deux mosquées chiites avaient provoqué la mort de 25 fidèles en mai. Elles ont été revendiquées par l’EI, qui considère les chiites comme des hérétiques.Lire aussi :La mère d’un jeune Saoudien condamné à mort en appelle à Barack Obama 16.10.2015 à 22h01 • Mis à jour le17.10.2015 à 16h47 Après la Croatie puis la Slovénie, le flux de migrants s’est redirigé vers l’Autriche, samedi 17 octobre, après la fermeture par la Hongrie de sa frontière avec son voisin croate, par où plus de 170 000 personnes ont transité en un mois.Après être arrivés en Croatie samedi matin, les migrants ont été réacheminés, comme prévu, vers la Slovénie, où ils n’ont passé que quelques heures. Un premier groupe de 100 personnes est ensuite arrivé en Autriche dans l’après-midi. Ils auront alors la possibilité de déposer une demande d’asile ou de continuer leur route vers l’Allemagne, la destination de choix de la majorité d’entre eux.L’Autriche avait anticipé ces arrivées et a renforcé la présence des forces de l’ordre à sa frontière. Au poste-frontière de Spielfeld, des tentes chauffées ont été érigées par la Croix-Rouge pour accueillir jusqu’à 1 500 personnes en transit. Zagreb, Ljubljana et Vienne consentent à accorder aux migrants un corridor de fait jusqu’à l’Allemagne aussi longtemps que Berlin maintiendra sa politique accommodante à l’égard des réfugiés.Lire aussi notre reportage :La Croatie, cul-de-sac des candidats à l’asile dans l’Union européenne« Stricts contrôles »En Hongrie, « les postes-frontières officiels continueront à fonctionner, mais avec de stricts contrôles » empêchant le passage de migrants non munis de visa, a annoncé le ministre des affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto. En pratique, le pays active des « zones de transit », comme à sa frontière serbe, où les migrants pourront déposer une demande d’asile sans pénétrer formellement dans le pays, et d’où ils pourront être refoulés en quelques minutes.Sur le front diplomatique, la Turquie a jeté un froid, vendredi. Dans la nuit de jeudi à vendredi, à l’issue d’un sommet des dirigeants européens à Bruxelles, la Commission européenne avait fait part de son « optimisme » en annonçant un accord avec Ankara pour endiguer les flux migratoires. Mais le ministre des affaires étrangères turc, Feridun Sinirlioglu, a douché l’enthousiasme bruxellois. « Ce n’est pas définitif [...]. C’est un projet sur lequel nous travaillons », a-t-il déclaré, qualifiant notamment d’« inacceptable » l’aide financière proposée par l’UE.La Turquie veut être considérée comme « sûre »Face aux exigences de Bruxelles – accueillir davantage de réfugiés, renforcer la surveillance des frontières –, le plan d’action prévoit la relance des discussions sur la candidature de la Turquie à l’UE, un accès facilité aux visas pour les citoyens turcs et une aide financière. C’est sur ce dernier point que la Turquie a tapé du poing sur la table, précisant avoir besoin d’au moins trois milliards d’euros pour la première année. Les chefs d’Etat et de gouvernements s’étaient contentés jeudi d’évoquer « de nouveaux financements, substantiels et concrets », sans fixer de montant.Lire aussi :Crise des réfugiés : l’UE contrainte de s’appuyer sur la TurquieLa Commission est prête à mobiliser une partie de ce montant sur le budget de l’UE, mais son président, Jean-Claude Juncker, a clairement signifié aux Etats membres qu’ils allaient devoir mettre la main au portefeuille. Si l’UE insiste, c’est que la voie maritime entre la Turquie et les îles grecques est devenu l’accès le plus emprunté chaque jour par les migrants cherchant à rejoindre l’UE. Angela Merkel s’est montrée ouverte vendredi à une concession à la Turquie, qui souhaite être considérée comme un « pays sûr » par les Européens. La chancelière allemande est attendue dimanche à Istanbul pour discuter de la crise migratoire.Samedi matin, douze migrants sont morts noyés lorsque leur embarcation a fait naufrage dans les eaux turques alors qu’ils tentaient de rejoindre la Grèce, a rapporté l’agence de presse turque Anatolie. Les gardes-côtes ont réussi à sauver 25 autres passagers du bateau qui ont appelé à l’aide grâce à leurs téléphones portables, selon les médias turcs. data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" Précedent1/10SuivantA Röszke, le 15 septembre.LOULOU D'AKI POUR LE MONDE› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']); Camille Bordenet Quand la connexion Skype parvient enfin à s’établir entre Paris et Maarat Al-Nouman (dans la province d’Idlib, en Syrie), on sait que le temps est désormais compté et précieux. Les traits tirés mais souriant, le docteur Zouhair Lahna, 49 ans, apparaît à l’écran, éclairé par une faible ampoule qu’il lui faudra éteindre vite pour économiser l’électricité. En cette soirée d’octobre, le chirurgien obstétricien d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) sort d’une longue journée passée au bloc opératoire avec ses confrères syriens.Idlib, Maarat, Alep… Cela fait trois semaines que le docteur Lahna sillonne le nord-ouest de la Syrie pour soigner des patients, opérer les civils blessés et former de jeunes praticiens. Il se rend partout où l’on a besoin de lui. Un engagement bénévole sous l’égide de l’Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM), un réseau d’associations médicales internationales ayant des équipes sur place.Dans les sous-sols de ce qu’il reste des hôpitaux de fortune ou des cliniques éventrés, il tente de sauver des vies, sans relâche. Il mange et dort sur place, aussi. « Avec les équipes soignantes, on vit dans un huis clos », raconte-t-il. Dans ces zones dont la plupart des localités sont tenues par les rebelles, les risques sont grands d’être la cible de bombardements du régime, mais où aller de toute façon ? Depuis quelques semaines, ce sont désormais les frappes russes, de plus en plus fréquentes, qui inquiètent. Comme les habitants, le docteur Lahna scrute le ciel et se tient informé de l’évolution de la situation via l’application de messages instantanés Whatsapp.Lire aussi :En Syrie, une semaine de frappes aériennes russes« Le système sanitaire syrien s’est effondré »Sur place, le personnel médical et le matériel manquent et il faut composer avec les fréquentes coupures d’eau et d’électricité. « Il est arrivé qu’on finisse des opérations à la lumière des téléphones portables », dit-il. Il soupire :« En quatre ans et demi de guerre, le système sanitaire syrien s’est effondré. Le pays a fait un bond de 70 ans en arrière »Les médecins syriens qui n’ont pas été tués se sont, pour la plupart, exilés. Ceux qui choisissent de rester se font de plus en plus rares. Quant aux grandes organisations internationales telles que Médecins sans frontières, leur capacité à mener des activités médicales directes dans le pays n’a jamais été aussi limitée, du fait de la dangerosité du terrain, y compris pour les structures et le personnel de santé.Lire : MSF : "Soigner en Syrie est devenu un acte de guerre"« A Alep — deuxième ville du pays, au nord — il ne reste plus qu’un ophtalmologue, une gynécologue et deux réanimateurs pour 300 000 habitants », témoigne Zouhair Lahna. Celle qui a été tristement rebaptisée par ses habitants « la ville des barils » abrite de véritables quartiers fantômes où écoles, université et hôpitaux ont été rayés de la carte. « Tous ceux qui avaient les moyens de financer un départ sont partis. Ceux qui sont encore là sont les pauvres et les faibles. Ou ceux qui sont restés par idéal. »C’est pour ces courageux que le chirurgien franco-marocain a accepté de revenir en Syrie pour sa quatrième mission depuis le début de la guerre en 2011. Il avait réalisé la première aux côtés d’un autre médecin français, le professeur Raphaël Pitti, qui vient régulièrement former les soignants syriens à la médecine de guerre. Formations en obstétrique d’urgenceL’épuisement se fait parfois sentir, jamais le désespoir. « Car malgré les morts et les blessés, la vie prend le dessus », dit le docteur Lahna en évoquant les naissances qu’il a données depuis son arrivée. Le courage des civils et des soignants qu’il rencontre permet d’oublier ces conditions ubuesques. Des « héros » dont il voudrait pouvoir raconter chaque histoire. Il évoque au moins celle du docteur Farida, la dernière gynécologue restée à Alep, qui enchaîne jusqu’à 100 consultations par jour. Il y a aussi tous ces jeunes médecins, la trentaine à peine, qui ont choisi de rester quand ils auraient pu fuir. La plupart n’avaient pas terminé leurs études quand la guerre a éclaté, certains sont à peine formés, tous ont dû apprendre sur le tas.Quand il n’opère pas, M. Lahna dispense des formations en obstétrique d’urgence à des groupes de sages-femmes. « Il faut qu’elles puissent remplacer les médecins qui manquent et soient en mesure de réaliser seules une césarienne, n’importe où. » Lui-même se retrouve souvent obligé de faire appel à ses souvenirs de médecine générale pour réaliser des opérations qui dépassent sa spécialité. Vendredi dernier, une fillette qui avait été très grièvement blessée au bassin par un obus tombé sur sa maison a pu être sauvée. L’intervention a duré cinq heures. « Je n’avais jamais réalisé une opération de cette complexité », reconnaît le chirurgien.Terrain le plus difficileCela fait pourtant quinze ans qu’il pratique la médecine humanitaire dans des zones de conflit. Mais la Syrie est, de loin, le terrain le plus dangereux et le plus difficile qu’il ait connu. Plus difficile encore que Gaza sous les bombardements israéliens l’été dernier. « Ici, le danger est partout. Et le fait d’être un humanitaire n’assure en rien des conditions de sécurité », explique le médecin.Après l’opération de la fillette, il a pourtant décidé de prolonger son séjour de deux semaines. « J’ai moi aussi une fille de cet âge… », confie-t-il, sans plus s’épancher. Sur ses quatre enfants, seuls les deux plus grands savent que leur père est en Syrie. Et comprennent le sens qu’il met dans cet engagement. « La médecine est ma seule arme. Et je me sens plus utile ici aux côtés de mes confrères syriens qu’en France, notamment parce que j’ai l’avantage de parler arabe », explique-t-il. Le docteur Lahna ne fait part de sa colère qu’une fois, à l’évocation de l’inertie des dirigeants internationaux :« Le conflit en Syrie est la plus grave crise de notre époque. Quand prendront-ils les décisions nécessaires pour y mettre vraiment fin ? Comment espérer endiguer la crise migratoire si on ne s’occupe pas du problème à la source ? »Lire aussi :L’Union européenne reste divisée sur l’intervention russe en SyrieAprès un court répit et quelques heures de sommeil chez un collègue, le chirurgien devrait reprendre la route pour sa prochaine destination, si les conditions de sécurité le permettent. Les patients qui l’attendent sont nombreux, mais les déplacements très dangereux.Quand il rentrera en France, M. Lahna reprendra ses remplacements à la clinique-hôpital de La Roseraie, à Aubervilliers. Il poursuivra aussi son projet de centre médico-social gratuit pour les réfugiés, de l’autre côté de la Méditerranée, à Casablanca. Jusqu’à un prochain départ pour la Syrie.Camille BordenetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nathalie Guibert Lors du raid français sur Rakka en Syrie, le 8 octobre, ses Mirage 2000 se sont tenus à proximité, juste derrière la frontière avec l’Irak, tandis que les Rafale venus d’Abou Dhabi frappaient l’Etat islamique. La base aérienne jordanienne Prince-Hassan, située à 115 km au nord-est d’Amman, est devenue un point nodal de l’opération « Chammal » en Irak et en Syrie. Les équipages des six chasseurs français qui y sont déployés depuis décembre 2014, avec le renfort d’un avion de surveillance, sont même « en suractivité », selon des sources parlementaires.Dans les rangs français, la base ne doit être citée officiellement que sous son nom de code « H5 », ou BAP, pour « base aérienne projetée », au prétexte de ne pas froisser les autorités jordaniennes. Le site, avec ses 230 personnels français, est fermé aux reporters. Il est seulement rendu accessible lors des visites encadrées des autorités officielles, comme ce fut le cas avec le premier ministre Manuel Valls, lundi 12 octobre.Cependant, deux députés, Marie Recalde (socialiste) et Alain Marty (Les Républicains), en mission sur place du 18 au 21 septembre, ont rapporté des éléments précis à l’occasion de l’audition, le 7 octobre, par la commission de la défense du nouveau chef d’état-major de l’armée de l’air, le général André Lanata, dont le compte rendu vient d’être mis en ligne.« Aucune zone sûre en cas d’éjection des équipages »Les élus, qui saluent l’engagement des personnels, mettent le doigt sur une forte préoccupation : « Le sujet majeur est la fonction de sauvetage », a indiqué M. Marty. « Compte tenu des théâtres d’engagement, il n’existe en effet aucune zone sûre en cas d’éjection des équipages. Or les Mirage 2000 étant monoréacteurs, la crainte d’une panne compromettant le vol est en permanence présente à l’esprit. » Le sort terrible subi par Maaz Al-Kassasbeh, le pilote du F16 jordanien tombé à Rakka qui avait été brûlé vif dans une cage en décembre 2014 à des fins de propagande par l’Etat islamique, n’est pas oublié.« J’ai bien conscience de la situation tactique et des dangers inhérents au survol d’une zone hostile, a répondu le général Lanata. C’est la raison pour laquelle nous accordons une attention particulière à la capacité de sauvetage en zone hostile, qui est aujourd’hui principalement assurée par les Américains sur les théâtres syrien et irakien. Nous sommes en effet parfaitement conscients des conséquences humaines et politiques de l’éventuelle capture d’un équipage ».L’activité de la BAP « est permanente et soutenue, et la mission particulièrement exigeante », a relaté Mme Récalde. « Deux patrouilles de deux avions sont effectuées six jours sur sept, poursuit-elle. Le “no fly day” étant consacré au maintien en condition opérationnelle [la maintenance]. Les équipages réalisent ainsi vingt-quatre sorties par semaine. » Chaque avion effectue soixante-douze heures de vol hebdomadaires – en comparaison, c’est vingt et une heures dans les missions en France. « La base doit, en outre, être en mesure d’offrir pendant une semaine une capacité “surge”, qui suppose la mobilisation de deux avions supplémentaires, soit l’intégralité de la flotte présente », a précisé la députée.Températures extrêmes et tempêtes de sableLes avions français de la base Prince-Hassan comptent pour 500 des 1 100 opérations de Chammal, et la grande majorité des objectifs détruits (300 sur 350). La quasi-totalité des sorties des Mirage 2000 sont des missions d’appui des troupes au sol (5 % seulement étant des frappes sur dossiers d’objectifs préparés). Avec des températures extrêmes – 58 degrés au mois d’août –, des tempêtes de sable, la vétusté des installations américaines de cette base qui date de 1969, les conditions sont « particulièrement sévères », soulignent les deux députés.Depuis la Jordanie, les pilotes français ne mènent pas de vols conjoints avec leurs camarades jordaniens ou américains qui partagent le site, bien que la coordination soit totale avec ces deux pays dans la coalition déployée en Irak. Mais, en août, un exercice conjoint de « force protection » a réuni les soldats des trois pays sur la base pour tester la réaction collective face « à une agression éventuelle » des installations. Une petite information glissée dans le dernier magazine interne de l’armée de l’air.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.10.2015 à 13h10 • Mis à jour le16.10.2015 à 15h59 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La visite devait être rapide, quelques heures à peine, mais hautement symbolique. Accompagné de responsables européens, le ministre grec en charge des questions migratoires, Iannis Mouzalas, se rendait vendredi 16 octobre sur l’île de Lesbos, en mer Egée, pour ouvrir le premier « hot spot » grec.Min de la migration grec vient d' ouvrir lepremier hotspot grec a Lesbos.mais manque de moyens et de personnel. http://t.co/dJgCKt8hpc— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Installé à quelques kilomètres seulement du port de Mytilène, la principale ville de l’île, perdu au milieu de nulle part, parmi les champs d’oliviers, le centre de Moria – des centaines de préfabriqués et containers blancs, aux portes fermées, cachés derrière de hauts barbelés – assurait depuis deux ans déjà l’enregistrement (nom, origine, recueil des empreintes digitales) d’une partie de la vague de migrants débarquant sur l’île.Viendra désormais s’ajouter une mission de tri afin d’identifier les réfugiés susceptibles de recevoir l’asile politique en Europe (Syriens, Irakiens, Erythréens) et les autres qui, s’ils sont considérés comme de « simples  » migrants économiques, seront possiblement renvoyés dans leurs pays d’origine.D’ici la fin du mois de novembre, d’autres centres de tri seront ouverts sur les îles de Kos, Samos, Chios et Léros. D’autres devraient suivre sur le continent et un quartier général à Athènes, en charge de coordonner l’action de l’ensemble, sera mis en place au port du Pirée.Une mise en place difficileLes partenaires européens ont été très clairs avec les autorités grecques : le système de relocalisation – ce processus décidé les 14 et 22 septembre dernier pour répartir dans l’ensemble des pays de l’Union européenne près de 120 000 réfugiés reconnus – fonctionnera seulement quand les « hot spots » seront opérationnels.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?La collaboration entre le ministre Mouzalas et l’Europe a beau se passer plutôt bien, leur mise en place ne va pas sans poser de réels problèmes. « L’UE veut aller vite et oblige le gouvernement grec à ouvrir ces hot spots en un temps record pour des raisons de communication qui lui sont propres mais totalement détachées des réalités du terrain », s’énerve une source gouvernementale.« Où loger les réfugiés pendant la procédure ? Comment les nourrir ? Les habiller ? Les chauffer alors que l’hiver arrive ? », s’interroge une bénévole de Lesbos, en première ligne pour trouver des habits secs ou des tentes aux milliers de migrants qui débarquent désormais quotidiennement sur l’île, en provenance des côtes turques. « Où seront logés ensuite les candidats à l’asile pendant l’examen de leur dossier, qui peut prendre de plusieurs semaines à plusieurs mois ? Et puis que deviendront les autres, ceux qui au terme de ce tri voulu par l’Europe ne seront même pas reconnus comme éligibles à l’asile ? Comment la Grèce va-t-elle les renvoyer chez eux ? Par avion ? En bateau vers la Turquie ? ».Selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 445 180 personnes sont arrivées en Grèce entre le 1er janvier et le 9 octobre. Plus de 2 millions de Syriens se trouvent dans des camps en Turquie, 1,6 million au Liban et 600 000 en Jordanie. Autant de candidats potentiels à l’exil vers l’Europe.Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligneDes « hot spots » en Turquie ?« L’Europe doit aider massivement la Grèce », a insisté le haut-commissaire pour les réfugiés Antonio Guterres, lors d’une visite en Grèce les 11 et 12 octobre. Il a réclamé notamment « un assouplissement des critères bureaucratiques et technocratiques » qui ralentissent l’absorption par la Grèce des fonds européens pourtant officiellement mis à sa disposition. « Près de 450 millions d’euros doivent nous être transférés, ce n’est déjà pas beaucoup face à l’ampleur de la tâche mais, en plus, pour arriver à débloquer cet argent il faut des semaines de bureaucratie européenne, or nous avons besoin de l’argent maintenant si l’on veut pouvoir tenir le rythme qu’ils exigent de nous pour les hot spots », reconnaît une source gouvernementale.Au-delà de l’argent, les autorités nationales doivent aussi recevoir l’appui de diverses agences européennes : Europol (coopération policière), Eurojust (coopération judiciaire), Frontex (gestion des frontières extérieures) et Easo, le Bureau européen d’appui en matière d’asile.Lire aussi :Crise des réfugiés : l’UE contrainte de s’appuyer sur la TurquieDes renforts humains et un nouveau matériel d’identification permettant d’accélérer la prise d’empreintes digitales sont bien arrivés au centre de Moria à Lesbos mais pas en nombre suffisant pour éteindre la polémique sur l’île, comme dans toute la Grèce, qui refuse de se transformer en vaste camp de rétention de migrants à la périphérie de l’Europe.A son arrivée au Conseil européen du jeudi 15 octobre à Bruxelles, le premier ministre grec Alexis Tsipras a plaidé pour que les « hot spots » soient mis en place en amont en Turquie plutôt qu’en Grèce, afin d’éviter les traversées qui mettent chaque jour en danger la vie de milliers de réfugiés. Jeudi, sept personnes dont trois enfants et un nourrisson ont péri dans un nouveau naufrage au large de Lesbos.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.10.2015 à 11h52 • Mis à jour le16.10.2015 à 11h54 Un véhicule blindé de l’armée américaine est entré de force, jeudi 15 octobre, dans l’hôpital de Médecins sans frontières (MSF) bombardé il y a deux semaines par les Américains. Le véhicule a défoncé le portail, apparemment sans savoir que des cadres de MSF, dont son directeur en Afghanistan, Guilhem Molinie, se trouvaient sur place.La délégation américaine a négocié avec l’équipe de l’organisation non gouvernementale (ONG), affirmant qu’elle était autorisée à venir dans l’hôpital dans le cadre de l’enquête conjointe américano-afghane menée sur le bombardement meurtrier du 3 octobre. Les soldats américains ont finalement été autorisés à entrer, mais sans leurs armes, dans le bâtiment en partie détruit et rendu inopérant par le bombardement.Possibilité de détruire des preuvesUne porte-parole de l’ONG a confirmé cette intrusion américaine, survenue, selon elle, « en dépit d’un accord (…) stipulant que MSF devait être informée avant chaque nouvelle étape de la procédure [de l’enquête américano-afghane] impliquant le personnel ou les actifs de l’ONG ».« Leur intrusion non annoncée et de force a endommagé le complexe, détruit de possibles preuves et généré du stress et de la peur chez l’équipe de MSF »,.MSF a réclamé une enquête indépendante sur le bombardement de son hôpital de Kunduz, le seul capable de faire de la chirurgie d’urgence dans cette région du Nord afghan, qui a tué au moins 14 de ses employés et 10 patients. Neuf autres personnes sont toujours portées disparues à la suite de cette attaque qui a suscité de nombreuses réactions à travers le monde.Lire aussi :Centre MSF de Kunduz en Afghanistan : histoire d’une bavure 22.10.2015 à 16h51 Un nouveau cycle de négociations des accords de libre-échange Europe-Etats-Unis a débuté le 19 octobre, toujours dans le secret. Le volet « arbitrage » pourrait être revu.Effet de la pétition contre le grand marché transatlantique récoltant 3 millions de signatures en un an ? De la multiplication des déclarations de collectivités territoriales contre les projets d’accords de libre-échange avec les Etats-Unis et le Canada - Transatlantic Free Trade Agreement/Tafta (appelé aussi Transatlantic Trade and Investment Partnership/TTIP) et Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) ? Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée du commerce international, tente de vendre une version édulcorée du mécanisme de règlement des différends investisseurs-Etats prévu dans le Tafta.Lire aussi :Traité transatlantique: une harmonie encore à trouverIl faut dire que le projet initial est inadmissible : permettre à des entreprises transnationales de poursuivre des États devant des arbitres internationaux – avocats d’affaires pour la plupart, choisis par les parties - pour obtenir des compensations au cas où ne seraient pas satisfaites leurs « attentes légitimes » a quelque chose d’ahurissant et de choquant.Motifs baroquesQue ce scandaleux mécanisme existe et prospère déjà ailleurs ne le justifie en rien, bien au contraire : des indemnisations colossales ont été octroyées pour des motifs baroques à des entreprises transnationales qui n’ont pas admis que l’Argentine ait fixé un prix maximal d’accès à l’eau et à l’énergie (pour la bagatelle de 600 millions de dollars à la faveur d’entreprises telles que Aguas de Barcelona, CMS Energy ou Vivendi), que l’Equateur ait nationalisé son industrie pétrolière (1,8 milliard de dollars de compensation pour Occidental Petroleum).Des demandes extravagantes visant à punir des choix politiques sont en cours d’examen (Vattenfall réclamant à l’Allemagne plus de 3 milliards de dollars parce que ce pays a décidé de sortir du nucléaire et que cette entreprise y possède deux centrales ; Véolia poursuivant l’Egypte qui a osé faire passer son salaire minimum de 41 à 71 euros par mois). Les exemples abondent des compensations punitives brandies contre les États, leurs choix politiques et leurs réglementations protectrices des populations.Les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possibleFace aux critiques, la commissaire européenne Cecilia Malmström propose de doter ce système d’arbitrage de quelques caractéristiques destinées à lui donner l’apparence d’une juridiction. Et qu’il soit pour cela assorti d’un mécanisme d’appel, que les « arrêts soient rendus par des juges hautement qualifiés nommés par les pouvoirs publics », qu’une « définition précise » de la capacité des entreprises à saisir l’organe d’arbitrage soit établie et que le droit des États de réglementer soit inscrit dans les accords.Mais les aménagements proposés ne purgent pas le système de son vice fondamental, qui consiste à conforter une catégorie de « super-justiciables » profitant d’un droit et de dispositifs de règlement des litiges spécifiquement dédiés à leurs objectifs propres. L’idée maîtresse est toujours la même : les entreprises ne doivent pas plus avoir à assumer les conséquences des changements politiques – découleraient-ils de choix démocratiques – qu’elles ne doivent tenir compte des contingences territoriales.Nul ne peut choisir son jugeDans ce projet, présenté à tort par la Commission européenne comme le symbole de sa résistance aux Etats-Unis, les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possible. Seules les entreprises auront ainsi le choix de porter leur demande soit devant une juridiction nationale soit devant un organe arbitral.La responsabilité des entités publiques restera analysée à l’aune du traité de libre-échange, explicitement conçu pour favoriser les firmes transnationales, en retenant des notions aussi floues et extensives que le respect des « attentes légitimes », « l’expropriation partielle » ou le « traitement juste et équitable », inconnues des droits nationaux. Il demeure in fine l’opportunité offerte à des entreprises privées de remettre en cause, sur le terrain judiciaire, des décisions démocratiques prises par les gouvernements.À cette procédure anti-démocratique a posteriori le traité ajoute le mécanisme a priori de la coopération réglementaire. Il s’agit d’instituer une consultation préalable obligatoire des lobbies industriels transnationaux très en amont dans le processus législatif : un véritable droit de veto donné aux multinationales avant toute délibération de la loi.Magistrats, juristes, citoyens et citoyennes, nous rappelons que dans un état de droit, nul ne peut choisir son juge ni le droit qui lui est applicable, que l’égalité de tous devant la loi est une garantie fondamentale de la démocratie et que celle-ci ne saurait admettre de privilège de juridiction. Un état de droit démocratique ne saurait consentir, non plus, à ce que certains, fussent-ils des entreprises transnationales, ne se voient accorder le privilège d’être déliés du droit commun s’imposant à tous pour bénéficier d’un système normatif entièrement tourné vers la satisfaction de leurs intérêts.Frédéric Viale (Économiste, membre du conseil d’administration d’Attac) et Marion Lagaillarde (Juge, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature) Hélène Sallon (Bagdad, envoyée spéciale) Le président irakien, Fouad Massoum, s’est entretenu avec Le Monde sur la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), les réformes mises en œuvre pour l’inclusion de la communauté sunnite et les appels à des réformes politiques en Irak.Lire aussi :La tentation russe de BagdadL’Irak a annoncé la création d’un centre de coopération dans le domaine du renseignement avec la Syrie, l’Iran et la Russie. Quelle est la nature de cette coopération ?Il existe une coopération sécuritaire très forte entre l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Russie, mais ce n’est pas une coalition. La coopération avec la Syrie existait déjà. Elle ne doit pas être analysée comme un soutien à la politique et au régime de Bachar Al-Assad. Nos deux pays affrontent Daech [acronyme arabe de l’EI] et ses membres se déplacent entre nos deux pays. Nous défendons nos intérêts : le plus dangereux pour l’Irak serait que Daech contrôle toute la Syrie. L’Iran nous apporte un soutien matériel et humanitaire depuis que Daech a pris Mossoul et le mont Sinjar, en juin 2014. Il est par ailleurs tout à fait normal de coopérer avec la Russie, car des milliers de citoyens russes ont rejoint Daech. Le plus important est que cette coopération ne se fasse pas au détriment de celle avec la coalition internationale.Le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, s’est dit favorable à des frappes russes en Irak. Une demande a-t-elle été faite en ce sens ?Il n’y a pas d’accord concernant des frappes russes en Irak et ce n’est pas envisagé pour le moment. Si cela avait lieu, et j’insiste sur le si, il faudrait que la coalition internationale soit mise au courant afin qu’il y ait une coordination. Nous souhaitons entretenir de bonnes relations avec tous les pays et ne donner aucune préférence à l’un sur l’autre.Quel bilan tirez-vous de la lutte contre l’EI en Irak ?Un grand changement est survenu depuis l’offensive de Daech, il y a plus d’un an. Si certains Irakiens pensaient au départ que Daech s’attaquait seulement à une élite et à une partie du peuple irakien, aujourd’hui, ils ont pris conscience que Daech est un danger pour tous : yézidis, chrétiens, chiites, mais aussi sunnites. Cette prise de conscience est importante politiquement et opérationnellement. Plus qu’une réconciliation politique au sein de l’Etat, il faut désormais travailler à une réconciliation sociale au sein des tribus sunnites, entre ceux qui ont accepté Daech, voire y ont adhéré, et la majorité qui s’y est opposée et l’a combattu.Les trois chefs de l’exécutif – présidence, premier ministre, Parlement – vont présenter un décret sur la réconciliation qui met en exergue la citoyenneté irakienne. Un comité préparatoire constitué de notables locaux et de représentants politiques va être établi. Il faudra plusieurs mois avant d’obtenir des résultats. Cette mission requiert un travail assidu et davantage de tolérance envers ceux qui ont été du côté de Daech.La France fait de l’inclusion des sunnites la clé de la reconquête des zones sunnites aux mains de l’EI. Qu’en est-il des réformes promises à l’automne 2014 ?Pour libérer l’Anbar, il faut que les jeunes sunnites participent aux combats au coude à coude avec l’armée irakienne comme combattants civils ou en intégrant l’armée. Des discussions sont en cours au Parlement sur la création d’une garde nationale. Un compromis a été trouvé pour qu’elle soit rattachée au commandant général des forces armées, le premier ministre. Un accord a par ailleurs été trouvé pour réviser la loi de débaasification (la loi d’exclusion politique des membres du parti Baas de l’ancien président Saddam Hussein). Les sunnites demandent une amnistie générale pour les prisonniers politiques mais, il faut étudier les dossiers au cas par cas car il y a des personnes poursuivies pour leur rôle sous le régime de Saddam Hussein.Comment expliquer les blocages dans la mise en œuvre de ces réformes ?Il y a des blocages au Parlement du fait de différends entre blocs politiques. Les blocs parlementaires sont basés sur des appartenances confessionnelles ou ethniques – sunnite, chiite, kurde –- et chacun défend ses intérêts propres. Je soutiens les manifestations qui ont lieu actuellement en Irak. C’est un pas vers la véritable citoyenneté.Les manifestants demandent la fin du système de répartition ethnique et confessionnelle des postes politiques. Vous y êtes donc favorable ?La Constitution irakienne de 2005 a cherché à réaliser un équilibre entre communautés au pouvoir pour que cesse la marginalisation de certains qui prévalait sous l’ancien régime. Cette répartition reste une nécessité tant que les blocs parlementaires seront constitués sur une appartenance ethnique ou confessionnelle. Le jour où ils seront fondés sur l’appartenance politique, nous n’aurons plus besoin de ce système.Les réformes annoncées par le premier ministre sont jugées insuffisantes par les manifestants et certaines, comme la suppression des trois postes de vice-président, ne sont pas entrées en vigueur…Ces réformes ne sont pas suffisantes mais, c’est un premier pas. Il faut enquêter sur la corruption et identifier ceux qui ont détourné l’argent public. Concernant la suppression des trois postes de vice-président, un recours a été présenté devant la Cour fédérale. Nous attendons sa décision. Le gouvernement a présenté un projet de loi au Parlement pour supprimer ces postes, qui doit maintenant être débattu et voté.Où en est la coopération entre la France et l’Irak ?Les relations entre les deux pays sont très bonnes. La diplomatie irakienne doit renforcer sa coopération militaire avec la France. Nous allons demander à la France de participer à la reconstruction du pays. Nous devons, pour notre part, faciliter l’environnement d’investissement pour les entreprises françaises en Irak. Le gouvernement doit utiliser leur savoir-faire, notamment dans le domaine de la sécurité ou des infrastructures.La situation économique en Irak s’est dégradée. Allez-vous solliciter l’aide de la communauté internationale ?Nous sommes en phase de consultation pour organiser une conférence pour l’Irak début 2016. Nous avons besoin d’un soutien international accru. Il faut que les entreprises étrangères acceptent de travailler avec des paiements différés.Hélène Sallon (Bagdad, envoyée spéciale)Moyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.10.2015 à 16h25 • Mis à jour le22.10.2015 à 16h27 | Audrey Tonnelier Une fois de plus, Mario Draghi a « fait le job ». Le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui s’exprimait à l’issue d’une réunion du conseil des gouverneurs de l’institut monétaire, à Malte, a assuré qu’il avait « la volonté et la capacité d’agir, si nécessaire », pour continuer à soutenir l’économie en zone euro et contrer la menace déflationniste sur le Vieux Continent.Outre un taux directeur très bas (0,05 %), la BCE agit pour l’heure en rachetant massivement des actifs sur les marchés, dettes publiques et privées notamment. Elle injecte ainsi chaque mois quelque 60 milliards d’euros dans l’économie.Objectif : relancer le crédit et l’activité à travers un nouveau recul des taux. En augmentant la quantité d’euros en circulation, la BCE espère aussi faire baisser le cours de la monnaie unique face au dollar, favorisant au passage les exportateurs européens.Pourquoi cet enthousiasme ?Dans la foulée du discours de M. Draghi, les Bourses européennes grimpaient de plus de 2 %. L’euro reculait légèrement, à 1,11 dollar, tandis que les rendements des principaux emprunts d’Etats de la zone euro – qui évoluent en sens inverse de la demande – se détendaient.Pourquoi cet enthousiasme ? Comment attendu, M. Draghi a ouvert a voie a un renforcement de son action. La BCE va « réexaminer » sa politique monétaire lors de sa prochaine réunion du conseil des gouverneurs, prévue le 3 décembre, a-t-il indiqué. Les observateurs y voient le prélude à une extension de ses rachats (dits « quantitative easing », « assouplissement quantitatif ») de 60 milliards à 80 milliards d’euros par mois.Il a également reconnu qu’une « nouvelle baisse du taux de dépôt marginal a été discutée » par le Conseil. Ce taux correspond à la rémunération que les banques reçoivent lorsqu’elles placent leurs fonds pour vingt-quatre heures dans les coffres de la BCE. Il est à l’heure actuelle négatif, à – 0,20 % ; ce qui signifie que les banques payent pour ce dépôt, une mesure qui doit les inciter à utiliser leurs réserves pour faire circuler l’argent dans l’économie.Cela sera nécessaire, estime la BCE. M. Draghi a notamment souligné le fait que l’inflation allait rester « très faible à court terme », notamment en raison de la faiblesse des prix du pétrole. Les prix ont encore reculé de 0,1 % en septembre, alors que l’institut a un objectif « proche de 2 % » en la matière. La préoccupation est de taille : stimuler les prix est un moyen d’accélérer le désendettement des Etats, des entreprises et des ménages, mais aussi de faire baisser le coût d’accès au crédit pour relancer l’économie, surtout quand les taux sont déjà au tapis.« Reprise cyclique » Face à la multiplication des critiques sur l’efficacité de sa politique monétaire, M. Draghi s’est voulu offensif. « [Notre position] n’est pas “attendons et voyons”, mais “travaillons et évaluons” » , a répété l’Italien à deux reprises. Il a rappelé les bienfaits de l’action menée jusqu’à présent, qui a permis une hausse des prêts bancaires dans les pays d’Europe du Sud et un rebond de la consommation.S’il a une fois de plus évoqué la nécessité de « réformes structurelles » et de « politiques fiscales » adaptées pour ranimer l’économie, M. Draghi a également défendu son bilan. Il a assuré que même sans cette impulsion des Etats « il n’y a pas de doute sur l’efficacité de la politique monétaire ».« Mais notre soutien permet d’enclencher une reprise cyclique. Il faut désormais relancer l’économie de façon structurelle », a insisté M. Draghi, appelant une fois de plus les Etats membres à prendre leurs responsabilités en menant des politiques (réformes, plans d’investissements…) à même de faire reculer le chômage et de dynamiser la croissance.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves Eudes Qui a piraté la messagerie AOL personnelle de John Brennan, le directeur de la CIA ? L’action a été revendiquée par un petit groupe de hackers qui se fait appeler « Crackas with Attitude (CWA) ».En argot américain, un « cracker », ou « cracka », est un petit Blanc traditionnel du sud des Etats-Unis. Le nom CWA est une référence au célèbre groupe de rap de Los Angeles Niggas With Attitude (NWA), « nègres arrogants », ou « provocants ».Narguer les Etats-UnisPour s’exprimer publiquement, Cracka, le leader apparent des CWA, se sert de Twitter. Il signe aussi ses messages@phphax (« piratage de php », un langage de programmation de pages web), et a choisi pour devise la chahada (profession de foi musulmane), transcrite en caractères latins sur son compte : « La il laha il Allah, Muhammad a rasool Allah » (il n’y a pas de Dieu en dehors d’Allah, et Mohamed est son prophète).#FreePalestine— phphax (@cracka)require(["twitter/widgets"]);Le 11 octobre, il annonce son piratage en affichant sur Twitter une photo de John Brennan, avec pour légende « LOL@CIA ». Puis il publie quelques documents confidentiels trouvés dans des pièces jointes des e-mails personnels du patron de la CIA – qui, apparemment, les avait envoyés depuis sa boîte professionnelle vers sa boîte personnelle.Peu après, Cracka téléphone au New York Post pour revendiquer son action. Il se présente comme un adolescent américain, affirme qu’il n’est pas d’origine musulmane, et explique qu’il veut soutenir la Palestine et protester contre la politique étrangère de son pays. Il prétend qu’il espionne et harcèle John Brennan depuis le mois d’août, et qu’un jour, il l’a appelé au téléphone pour le narguer et l’informer qu’il possédait son numéro de sécurité sociale.Sarcasmes et dérisionAprès avoir signé publiquement son exploit, Cracka/phphax continue à tweeter. Il s’attend à être arrêté, et essaie de le prendre avec humour :« Hé la Russie, si tu lis ça, je me demande si tu pourrais nous aider à trouver un endroit où habiter ? » « Quand je ne serai plus là, sachez juste que je voulais la paix, la liberté et la justice pour les autres peuples. #Libérez la Palestine, #Libérez Gaza »« Si ce compte s’arrête, c’est que les losers de la CIA m’ont trouvé et qu’ils sont en train de me torturer, avec leurs méthodes stupides pour détruire la pensée des gens. » « Quand je serai arrêté, je demanderai à John Brennan s’il utilise toujours AOL – mort de rire ».« C’est quoi ces gyrophares ? »what are those flashing lights— phphax (@cracka)require(["twitter/widgets"]);Il discute aussi avec ses partisans et ses détracteurs, toujours sur le ton de la dérision et du sarcasme, en maniant l’argot des ados américains.Ruse et ingénierie socialeLe 21 octobre, Cracka contacte cette fois le magazine Wired, pour expliquer plus en détail comment il a réussi son piratage. Il explique qu’il travaille en équipe avec deux copains, et qu’il a surtout utilisé une méthode très classique « d’ingénierie sociale » – qui consiste à se faire passer pour quelqu’un d’autre en utilisant des informations récoltées en ligne – tout en restant évasif sur certaines étapes importantes.Tout d’abord, il trouve le numéro de téléphone mobile de John Brennan, qui est abonné chez Verizon. Puis il appelle les services de Verizon en se faisant passer pour un technicien de la compagnie, grâce à un faux code d’identification interne, et prétend une panne de serveurs l’empêchant d’accéder à la base de données. Il obtient ainsi différents renseignements personnels sur John Brennan, y compris le code de son téléphone portable, les quatre derniers chiffres de sa carte bancaire, et son adresse mail chez AOL. Il contacte ensuite AOL en se faisant passer cette fois pour le titulaire du compte, et demande à changer de mot de passe. Dès lors, il peut accéder au compte à volonté, tandis que John Brennan se retrouve exclu de sa propre boîte.Peu après, le patron de la CIA réussit à son tour à changer son mot de passe, mais les CWA le piratent à nouveau. Cet aller-retour a lieu trois fois de suite.« Salut, c’est CWA »Toujours selon Wired, le hacker aurait à nouveau appelé John Brennan au téléphone, via un service de téléphonie sur Internet :– Salut, c’est CWA…– Que voulez-vous ? – Deux trillions de dollars, haha, non, c’est une blague.– Combien voulez-vous, en vrai ? – Nous voulons juste que la Palestine soit libérée, et que vous arrêtiez de tuer des innocents. »Le compte AOL de John Brennan est désormais fermé. Le 21 octobre, l’organisation WikiLeaks annonce que CWA lui a envoyé les documents subtilisés au patron de la CIA, et qu’elle va les publier par lots, au cours des prochains jours.Par ailleurs, Cracka affirme qu’il a aussi piraté le compte mail personnel de Jeh Johnson, patron du département fédéral de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security). Les publications de documents secrets devraient se poursuivre.Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste Perrine Mouterde Qui pour sauver le premier ministre israélien ? Mardi 20 octobre, à la veille d’une visite officielle en Allemagne, Benyamin Nétanyahou affirmait que le grand mufti de Jérusalem avait inspiré pendant la seconde guerre mondiale l’idée de la « solution finale » à Adolf Hitler, lors d’une rencontre à Berlin. Réagissant à cette déclaration, une large partie de la presse israélienne dénonce un « mensonge flagrant ».Aucun historien sérieux ne peut confirmer les propos du premier ministre, insistent plusieurs quotidiens, qui citent notamment l’historienne en chef de Yad Vashem, le mémorial de la Shoah de Jérusalem. Hitler avait annoncé sa volonté d’annihiler les juifs plusieurs années avant sa rencontre avec le mufti de Jérusalem, en 1941, rappellent-ils. Et si Haj Amin Al-Husseini était bien un partisan zélé de Hitler, qui mit sur pied des divisions SS musulmanes, composées essentiellement de Bosniaques, il ne fut pas l’inventeur de la « solution finale ». Ce que résume l’éditorialiste Noah Klieger, lui-même survivant de l’Holocauste, sur le site du quotidien Yedioth Aharonoth :« Comment le premier ministre peut-il prétendre que Haj Amin Al-Husseini est celui qui a suggéré à Hitler de brûler les juifs alors qu’au moment de leur rencontre près d’un million d’entre eux avaient déjà été massacrés et anéantis en Allemagne et en Europe ? »Lire aussi :Nétanyahou fait du grand mufti de Jérusalem l’inspirateur de la « solution finale »Un autre fait est souligné par la presse : le père de Benyamin Nétanyahou était un éminent historien. Ce qui ne rend son mensonge que plus grave, d’autant que « Bibi [Nétanyahou] ne cesse de se targuer de son approche historique » des événements, note le quotidien de gauche Haaretz.Faire porter l’uniforme SS aux PalestiniensMais alors, pourquoi ce mensonge ? Noah Klieger dit « ne pas comprendre » les motivations de cette « erreur diabolique, ridicule, méprisable », faite à la veille d’une visite officielle à Berlin.« Qu’essayait-il d’accomplir exactement ? De prouver aux Allemands que les Arabes avaient toujours voulu détruire les juifs, avant même l’occupation ? Y a-t-il des intellectuels ou des responsables politiques en Allemagne qui ne sont pas au courant de cela et du fait qu’il y a actuellement une vague de terreur contre les juifs ? Est-ce pour cela qu’il profère des mensonges historiques ? C’est étrange, très étrange. »Pour Haaretz, les raisons de cette « gaffe embarrassante » du premier ministre sont bien plus limpides. Le quotidien y voit un « effort maladroit et cynique de réécrire et de déformer l’histoire de la seconde guerre mondiale dans le cadre d’une propagande transparente, visant à associer Mahmoud Abbas à la vision du monde nazie du mufti de Jérusalem. »Un autre éditorialiste du quotidien renchérit :« La haine des Palestiniens [de Nétanyahou] et sa frustration face à leur refus de succomber à sa brutalité sont devenues une obsession telle que même Hitler, l’archétype du mal et de la haine des juifs, joue les seconds violons derrière Mahmoud Abbas et ses prédécesseurs palestiniens. »Un point de vue également partagé par l’historien et ancien ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi, qui dénonce sur le site francophone i24 les « bas-fonds » atteints par Benyamin Nétanyahou.« Comment rendre compte d’une telle prostitution de la Shoah ? Quel est le cheminement d’une pensée capable d’y aboutir ? C’est simple, hélas ! Dans la camisole de force politique où il se débat, Bibi [Nétanyahou] fait feu de tout bois. Hier, pour prévenir l’accord nucléaire avec Téhéran, les Iraniens étaient accusés d’être les nouveaux nazis. Aujourd’hui, dans les affres des attaques au couteau qui mettent à mal le mythe de l’unité de Jérusalem, c’est le tour des Palestiniens d’endosser l’uniforme SS, celui de Mahmoud Abbas de prendre la place du grand mufti. »Lire aussi :Israël-Palestine : Ban Ki-moon n’est « pas optimiste » après ses entretiens« Un cadeau inespéré aux négationnistes »Quelques voix tentent, malgré tout, de défendre les propos du premier ministre. A la veille d’une visite symbolique en Allemagne, le premier ministre a essayé de dresser un parallèle entre les attaques du mufti de Jérusalem contre les juifs en 1920 et l’incitation des Palestiniens aujourd’hui, qui accusent Israël de menacer le statu quo régissant l’esplanade des Mosquées, écrit le Jerusalem Post dans un éditorial. Qui conclut qu’Israël ne peut compter sur personne, et pas même sur l’Allemagne, pour se « protéger ».Un contributeur du Times of Israel remercie aussi Benyamin Nétanyahou pour sa « leçon d’histoire ». Selon lui, le premier ministre a eu le mérite de rappeler au monde que ceux qui rejetaient, à l’époque, l’établissement d’un Etat juif portent aussi une part de responsabilité dans l’Holocauste.Mais pour l’essentiel de la presse, l’impact de ces déclarations est incertain. « A qui ce message était-il destiné ? », s’interroge Haaretz : « Il y a beaucoup de compassion dans le monde pour les Palestiniens, considérés comme les victimes. Mais même ceux qui ne sont pas solidaires des Palestiniens ne les considèrent pas comme l’incarnation du mal nazi. »Ces déclarations sont vues, surtout, comme « un cadeau inespéré aux négationnistes de tout poil ». Une « perversion de la vérité historique » qui « ouvre la voie à toutes sortes de théories folles et dangereuses. »Perrine MouterdeJournaliste au Monde 22.10.2015 à 11h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Quand le président chinois est venu mardi 20 octobre s’exprimer devant les deux chambres du Parlement britannique, un honneur relativement rare, il s’est contenté du strict minimum. Son discours a duré un petit quart d’heure, et il s’en est tenu à quelques platitudes et à une citation de William Shakespeare.Mercredi en revanche, Xi Jinping était nettement plus dans son élément. Sous les ors de Mansion House, la résidence du lord-maire de la City, il s’exprimait devant deux cents hommes d’affaires triés sur le volet. Face à cette marée de costumes bleu marine – à peine égayée de quelques taches rouges et roses des tailleurs des rares femmes présentes – il s’est lancé dans un grand panorama de l’économie mondiale pendant près d’une demi-heure. Dans la salle, l’ambiance oscillait entre le révérencieux et l’obséquieux.Lire aussi :Xi Jinping accueilli comme un roi chez les BritanniquesLe Parlement ou le portefeuille : le choix est fait. La réception à Mansion House était le point d’orgue de la visite d’Etat du président chinois, qui continue jusqu’à jeudi. Et le Royaume-Uni a déroulé le plus rouge des tapis à son hôte. « Nous voulons être l’économie européenne la plus ouverte aux investissements chinois », avait promis en septembre le chancelier de l’Echiquier, George Osborne, lors d’une visite préparatoire en Chine. Les Britanniques veulent l’argent chinois et ils le font savoir.Cette attitude s’est concrétisée mardi par la signature d’une série d’accords commerciaux totalisant presque 40 milliards de livres (55 milliards d’euros). La moitié vient de la construction des centrales nucléaires EPR, qui seront financées conjointement par EDF et CGN, une société chinoise.Lire aussi :Le grand pari chinois d’EDFUn autre gros accord concerne le secteur pétrolier : BP va fournir en gaz liquéfié le producteur d’électricité Huadian, pour un total de 9 milliards d’euros (sur vingt ans).« C’est bon pour la Chine »Legoland a aussi annoncé qu’il allait ouvrir un parc d’attractions près de Shanghaï, les navires de croisière de Carnival vont se lancer sur le marché chinois et Rolls-Royce a obtenu une grosse commande de moteurs.David Cameron ne cachait pas sa satisfaction. « C’est bon pour la Chine, et bon pour le Royaume-Uni. » Mais essayez de dire ça aux ouvriers des aciéries de Tata dans le nord de l’Angleterre ! Le sidérurgiste a annoncé mardi la suppression de 1 200 emplois. La semaine précédente, une autre aciérie dans une ville voisine avait définitivement mis la clé sous la porte. En cause : un afflux d’acier à bas coût venant de Chine. Avec le ralentissement économique de l’empire du Milieu, ses usines se retrouvent en surcapacité, provoquant un effondrement des prix.Lire aussi :Le moteur chinois tourne au ralentiMais si le gouvernement britannique s’est démené pour décrocher les contrats chinois, il n’a absolument pas réagi à la crise sidérurgique. « Osborne préfère la Chine à nos industries », accusait, amer, le panneau d’un manifestant britannique.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves Eudes La numéro 2 de l’organisation WikiLeaks, la Britannique Sarah Harisson, 33 ans, a reçu le 19 octobre le prestigieux prix « Willy Brandt pour le courage politique », décerné chaque année par le Parti social-démocrate allemand (SPD).Outre ses travaux pour Wikileaks, Sarah Harrison se rend célèbre en juin 2013 quand elle rejoint à Hong-Kong l’ancien agent secret américain Edward Snowden, qui vient de livrer à des journalistes américains des documents secrets de la NSA. Elle aide Snowden à quitter Hongkong en urgence pour échapper à une extradition vers les Etats-Unis, puis reste avec lui plusieurs mois à Moscou, où il est réfugié. Fin 2013, elle s’installe à Berlin, craignant d’être arrêtée si elle rentre chez elle au Royaume-Uni.En 2014, Sarah Harisson participe à la création de la « Fondation Courage », qui a pour mission d’aider les lanceurs d’alerte à survivre et à se défendre quand ils sont persécutés par leur gouvernement après avoir dénoncé un scandale. Elle est aujourd’hui la directrice de cette fondation.« Osons plus de démocratie »Dans son discours de remerciement prononcé à Berlin le 19 octobre devant les dirigeants du SPD, Sarah Harrison a évoqué le sort d’Edward Snowden, et aussi de Julian Assange, le chef de Wikileaks, réfugié dans l’ambassade d’Equateur à Londres pour échapper à une extradition vers la Suède, et peut-être vers les Etats-Unis.Tout en exprimant sa gratitude envers l’Allemagne qui l’a accueillie, elle n’a pas hésité à critiquer le SPD qui n’a rien fait pour aider les deux hommes à bénéficier de l’asile politique en Allemagne. Elle a réitéré cette demande en leur nom. Elle a aussi regretté que les élus du SPD aient récemment voté des lois permettant une plus grande surveillance de l’Internet et une pénalisation de la publication de documents secrets.Elle a rappelé que contrairement à Julian Assange, l’ancien chancelier allemand Willy Brandt avait bénéficié de l’asile politique (en Norvège puis en Suède) pour échapper aux persécutions du régime nazi. Elle a repris à son compte la célèbre phrase de Willy Brandt : « osons plus de démocratie ».Lire aussi :WikiLeaks publie des e-mails personnels du chef de la CIAYves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.10.2015 à 09h45 • Mis à jour le22.10.2015 à 13h50 Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a exigé « la fin de toute la violence », jeudi 22 octobre à Berlin, lors de sa rencontre avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, après trois semaines de violences entre Palestiniens et Israéliens.« Il est absolument crucial de mettre fin à toutes les incitations, de mettre un terme à toute la violence et de trouver une voie qui permette de construire potentiellement un processus plus large, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »Au cours du week-end, M. Kerry s’entretiendra également avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Amman, en Jordanie. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a rencontré les responsables israélien et palestinien et a déclaré mercredi au Conseil de sécurité qu’il n’était « pas optimiste ». Il s’est dit particulièrement inquiet des incitations à la violence des deux côtés et du « désespoir » de la jeunesse palestinienne.Attaque au couteau jeudi matinLes attaques au couteau sont devenues presque quotidiennes en Israël depuis le début du mois d’octobre, installant un climat de psychose. Encore jeudi, un Israélien de 25 ans a été blessé à coups de couteau près d’une station de bus de la ville de Bet Shemesh, à l’ouest de Jérusalem. L’un des deux agresseurs a été abattu par la police, tandis que l’autre a été blessé et neutraliséLes heurts quotidiens entre lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, les agressions permanentes entre Palestiniens et colons, et la vague d’attentats au couteau contre des Israéliens ont fait quarante-neuf morts palestiniens (dont plusieurs auteurs d’attaque), un mort arabe israélien d’une part, et huit morts Israéliens d’autre part, depuis le 1er octobre.Tués « par erreur »La police israélienne a également annoncé jeudi que, la vieille, un soldat israélien avait tué un homme juif qu’il suspectait d’être un « terroriste » palestinien. La victime aurait refusé de présenter ses papiers d’identité et se serait disputée avec les soldats avant de tenter de se saisir de leurs armes, selon le porte-parole de la police. L’un d’entre eux aurait alors tiré sur l’homme, qui est mort de ses blessures. Certains médias israéliens affirment que la personne prise pour cible aurait demandé aux soldats de présenter leur papier d’identité d’abord.Au moins deux autres cas de personnes tuées « par erreur » ont été signalés depuis le début du conflit. Face aux attaques isolées et répétées, Israël a pris une série de mesures : des barrages ont été installés à Jérusalem, un nouveau mur érigé et des soldats déployés dans la ville.Lire : Pourquoi l’esplanade des Mosquées à Jérusalem est au cœur des tensions 21.10.2015 à 18h34 • Mis à jour le21.10.2015 à 20h54 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Difficile d’être déraisonnable lorsqu’on a été vice-président de la première puissance mondiale pendant sept ans et sénateur des Etats-Unis pendant trente-six ans. Que valait la promesse d’être le plus vieux des candidats, et le plus vieux de tous les présidents des Etats-Unis au début de leur premier mandat ? Et pourquoi prendre le risque de conclure une carrière exemplaire par une défaite ?Ces questions, Joseph Robinette Biden les a ressassées des jours et des semaines durant mais a fini par trancher contre le risque, le danger et l’incertain en annonçant, mercredi 21 octobre, qu’il ne se présenterait pas à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2016.En présence de Barack Obama et de sa femme devant la Maison Blanche, il a dit que le deuil de son fils, mort cette année d’un cancer à 46 ans, avait pesé dans sa décision de ne pas se présenter :« Malheureusement, j’estime que nous ne disposons pas du temps nécessaire pour monter une candidature et remporter l’investiture. »« N’est-ce pas une saloperie, je veux dire, une vice-présidence ? »Washington a longtemps cru que le vice-président ménageait le suspense par coquetterie, pour ne pas être passé par pertes et profit avant même la fin du second mandat de Barack Obama. Ses hésitations ravivaient l’intérêt pour l’occupant d’une fonction dont le caractère ingrat a été renforcé par la concentration du pouvoir pratiquée par le président. Avant d’être choisi, M. Biden l’avait d’ailleurs résumé par une blague : l’histoire des deux frères, celui qui part en mer, celui qui devient vice-président… et dont on n’entend plus jamais parler, pas plus l’un que l’autre.Sept ans plus tard, en octobre 2014, il lâchait un de ces « bidenismes » qui ont fait sa réputation, pas nécessairement celle recherchée. Il lui avait échappé à Harvard, interrogé par un étudiant qui s’était présenté comme vice-président de l’association du lieu. « N’est-ce pas une saloperie, je veux dire, une vice-présidence ? », avait-il grincé avant d’assurer, bien sûr, qu’il plaisantait et qu’accepter la proposition qui lui avait été faite avait été, bien entendu, la meilleure décision de sa vie.Ah, les gaffes de « Joe »… Elles ont fait l’objet de multiples tentatives de compilation et attiré sur leur auteur l’ironie mordante en même temps que la sympathie évidente d’une bonne partie de la presse, reconnaissante devant tant de candeur ou d’inventivité involontaire. Il ne peut être fondamentalement mauvais, l’homme qui peut assurer :« Je n’ai jamais été intéressé par la fonction de maire, c’est un vrai boulot, voilà pourquoi je me suis fait élire trente-six ans au Sénat. »Ou bien :« Le problème numéro un de la classe moyenne, comme le dit Barack, c’est le mot de trois lettres, les jobs, J-O-B-S. »Ou encore :« Les gars, j’ai connu huit présidents, dont trois intimement. »Blessures familiales et refus d’une dynastie La magnanimité dont a souvent bénéficié le vice-président ne tient pas qu’à ce travers ou à des états de service impeccables. Elle renvoie aussi à une vie couturée d’épreuves personnelles. C’est dans la chapelle d’un hôpital que Joe Biden avait prêté serment, en décembre 1972, quelques semaines seulement après avoir été élu sénateur du Delaware, à 30 ans. Il y veillait sur ses deux fils, Beau et Hunter, blessés dans un accident de voiture qui avait coûté la vie à sa femme Neilia et à leur fille Naomi. Et c’est ce fils aîné que le vice-président a porté en terre en mai, terrassé par un cancer, à 46 ans.Beau Biden incarnait tout ce qu’un père peut espérer d’un fils. « Il était bien meilleur que moi, bien meilleur », a assuré le vice-président à Stephen Colbert, animateur vedette du Late Show de la chaîne CBS, dont la famille avait été également décimée par un accident d’avion.Passé par les mêmes établissements scolaire et universitaire que son père en Pennsylvanie, l’Etat d’origine de cette famille modeste de souche irlandaise, et à Syracuse, dans l’Etat de New York, Beau Biden était juriste, comme le vice-président. Il avait été élu procureur general du Delaware, et servi en Irak comme major de la garde national du même Etat. Après la démission de son père du Sénat, consécutive à son élection à la vice-présidence, Beau Biden s’était refusé à lui succéder. Trop dynastique. Démocrate et catholique, comme son père, il préparait sa campagne pour le poste de gouverneur du Delaware lorsqu’une tumeur du cerveau interrompit brutalement son envol.Au début d’août, la chroniqueuse du New York Times Maureen Dowd rapportait une scène poignante parmi les derniers instants de ce fils foudroyé, implorant son père de se porter candidat à l’investiture démocrate. Un élément de nature à tourmenter le vice-président et à le faire hésiter plus longtemps que l’échéance qu’il s’était fixée : la fin de l’été.Au début de septembre, le vice-président avait longuement décrit à l’animateur Stephen Colbert, sur CBS, la nouvelle épreuve qui le frappait, s’attirant le respect de tout un pays. A l’époque, la confession avait d’ailleurs convaincu que Joe Biden n’était pas prêt au choc d’une campagne, avec ce qu’elle comporte de chasse à l’homme et de pugilat, ce qu’il a répété mercredi.Joe Biden incarne tout ce que Hillary Clinton n’est pas Un homme qui s’est donné tout entier à la politique depuis plus de quarante ans est le mieux placé pour saisir les occasions de cette course à la présidence. L’investiture qui semblait promise à Hillary Clinton est devenue un peu plus disputée au fur et à mesure que les révélations s’accumulaient sur l’usage d’une adresse et d’un serveur personnel lors de son passage à Foggy Bottom, siège du département d’Etat. Ces révélations ont effacé des années de travail opiniâtre de l’ancienne First Lady pour nettoyer son image des scories liées aux aspects les plus controversés des deux mandats de son mari, Bill Clinton, et à sa campagne ratée de 2008. Et le sénateur indépendant Bernie Sanders, qui brigue lui aussi cette investiture, défend sans doute des positions trop « gauchistes », à l’aune de la politique américaine, pour faire figure de solution de rechange.M. Biden incarne tout ce que Mme Clinton n’est pas en matière de campagne électorale. Un marathonien du contact, rassurant, accessible et direct, quoique piètre collecteur de fonds. Un expert aguerri par six campagnes sénatoriales, deux primaires présidentielles et une réélection à la Maison Blanche, capable de dominer au cours des traditionnels débats opposant les candidats à la vice-présidence des quadragénaires républicains aussi peu commodes que l’ancienne gouverneuse de l’Alaska Sarah Palin et que l’expert des questions budgétaires Paul Ryan, élu du Wisconsin.Fils d’un vendeur de voitures, il avait bataillé victorieusement, enfant, contre le bégaiement. Après avoir renversé à la surprise générale un sénateur républicain en 1972, épaulé par sa meilleure conseillère politique, sa sœur, il s’était jeté dans le travail parlementaire sans négliger sa famille, recomposée après un second mariage. Il ralliait chaque soir sa ville de Wilmington par le dernier Amtrak, train dont la légende veut que le conducteur s’accommode parfois des horaires pour pouvoir embarquer son plus fidèle passager. Une première campagne à l’investiture en 1988 avait été torpillée par le plagiat à répétition (révélé par la même Maureen Dowd) d’un extrait de discours du travailliste britannique Neil Kinnock. Elle n’avait pas mis un terme à son ascension au Sénat, où il allait présider successivement la commission chargée de la justice (celle qui supervise notamment les nominations à la Cour suprême), puis la prestigieuse commission des affaires étrangères.Contrairement à ses appréhensions initiales, le « vice-président next door » a tiré le plus grand profit de ses sept années passées au côté de Barack Obama, pendant lesquelles il a pu entretenir l’un des meilleurs carnets d’adresses de politique étrangère de Washington. Certes, il n’a pas pesé autant qu’il l’aurait souhaité sur ces dossiers qui constituent l’un de ses sujets d’expertise. On sait qu’il avait ainsi conseillé au président de retarder l’assaut donné contre le bâtiment qui abritait Oussama Ben Laden, en 2011. De même, sa science du Congrès n’a pas permis de remédier à l’incapacité de M. Obama d’établir des liens avec l’aile modérée du camp républicain avant que les démocrates perdent le contrôle de la Chambre des représentants puis celui du Sénat. Mais sa loyauté n’a jamais été prise en défaut, alors que le dernier vice-président démocrate avant lui, Al Gore, avait donné l’impression de préparer avant tout sa propre candidature parallèlement à la présidence de Bill Clinton, dès les premiers jours passés à Pennsylvania Avenue. L’« homo politicus » qu’est le vice-président a cependant l’âge de ses artères. Celle d’une Amérique de baby-boomers, une génération à laquelle il appartient de justesse, étant né en 1942. Une Amérique de « cols bleus«  et de syndicats, celle de la Rust Belt, la « ceinture de rouille » qui prend en écharpe les vieux Etats industriels du Nord-Est. Une Amérique dépassée par la mondialisation et les délocalisations. Une Amérique déstabilisée aujourd’hui par une transition énergétique qui pousse les mineurs de Virginie-Occidentale, ancien bastion démocrate, dans les bras des républicains, comme la « guerre culturelle », du mariage gay à l’avortement, a achevé de convertir le vieux Sud démocrate en terre républicaine.Dans l’Amérique de Joe Biden, le Ted le plus célèbre du Congrès était un Kennedy, du Massachusetts, un démocrate champion des deals avec l’autre bord. C’est aujourd’hui un sénateur du Texas au verbe incendiaire, Ted Cruz, également candidat à l’investiture républicaine. Celui-là ne compte pas le succès politique en compromis passés mais en batailles à sommes nulles qui ne couronnent qu’un vainqueur.Cette Amérique qui gronde et vitupère n’a que faire de la nostalgie qu’aurait pu incarner Joe Biden. Ses adversaires n’auront pas à dénigrer un homme du passé. Lui aura tout le temps d’apprécier en connaisseur la prochaine mêlée présidentielle : son dernier train pour Wilmington partira le 20 janvier 2017.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.10.2015 à 15h46 • Mis à jour le26.10.2015 à 17h53 | Hélène Sallon Naguib Sawiris, fils aîné d’une grande famille d’entrepreneurs coptes, est à la tête d’un empire dans les télécommunications (Orascom Telecom) et les médias (les chaînes ONTV, Ten et le quotidien Al-Masry Al-Youm en Egypte et, depuis peu, Euronews en France).Le multimilliardaire de 61 ans, troisième fortune d’Egypte, a fondé après la révolution du 25 janvier 2011 le Parti des Egyptiens libres pour défendre les valeurs libérales et laïques contre la montée des Frères musulmans. Au terme du premier tour de la première phase des élections législatives, qui se tiennent du 17 octobre au 2 décembre en Egypte, son parti part grand favori. Cinq de ses membres ont été élus sur la liste de la coalition électorale « Pour l’amour de l’Egypte » et 65 candidats individuels sont en lice pour le second tour, qui se tient du 27 au 29 octobre. 118 autres concourront dans la seconde phase du scrutin, fin novembre.Comment expliquez-vous le faible taux de participation (26,5 %) dans la première phase du scrutin ?Naguib Sawiris La participation a été meilleure qu’au cours d’élections avant la révolution. Elle est toujours faible quand il n’y a pas d’enjeu. La population égyptienne se mobilise seulement quand il y a un danger. Les gens sont relax aujourd’hui. Mais de nombreux jeunes sont désappointés de voir le système prendre la voie de l’ancien régime de Hosni Moubarak, déçus des attaques portées contre les révolutionnaires et des rumeurs sur les interférences des services de sécurité dans l’élection. C’est aussi une raison importante. D’autres ont juste été paresseux.Votre parti a été critiqué parce qu’il présente des candidats issus de l’élite locale et des personnalités de l’ancien Parti national démocratique (PND) de Hosni Moubarak, dissous en 2011...Il ne faut pas généraliser. Le système en Egypte est tribal. A Sohag, d’où vient ma famille, les députés élus durant les cinquante dernières années sont issus des cinq à dix mêmes grandes familles. Ils étaient nassériens sous Nasser, PND sous Moubarak... Si vous essayez de présenter des candidats qui ne sont pas de ces tribus, vous perdez. C’est pareil pour les anciennes figures du PND. On ne trouve pas les candidats sur la Lune. Sur les 500 à 600 responsables du PND, tous n’étaient pas corrompus, peut-être seulement 20 %. Ce ne sont pas dans ces 20 % qu’on est allé chercher nos candidats. On a bien enquêté sur eux, sur leur réputation, sur leur casier judiciaire.Vous avez critiqué la formation de « Pour l’amour de l’Egypte », une coalition électorale réunissant les principaux partis, et pourtant vous y participez... Nous ne voulons pas entrer en collision avec le régime, car la situation en Egypte est très fragile. L’extrême gauche, en boycottant, se met hors jeu et perd toute voix au chapitre. Nous voulons être entendus et conseiller le régime. Ils nous voulaient vraiment sur leur liste, car ça leur donne de la crédibilité et les aide à gagner. Les résultats montreront que nous ne sommes pas comme eux. Cette liste n’a aucune importance pour nous.Sameh Seif Al-Yazzal, son rapporteur général, a dit qu’il entendait former une majorité au futur Parlement avec les membres de cette liste et des candidats individuels....Je lui dis bonne chance ! Nos membres sont au Parti des Egyptiens libres. Leur loyauté va au parti et non à la coalition.Entendez-vous faire contrepoids à l’exécutif au sein du Parlement ?Nous ne sommes pas là pour jouer l’avocat ou l’opposant du régime. Nous avons un programme : lutter contre la pauvreté, redresser l’économie et améliorer les services de santé et d’éducation. Le peuple comprendra vite que nous sommes un parti raisonnable, rationnel et qui est loyal au peuple, non au régime. Nous nous battons pour des valeurs libérales et laïques, pour le marché libre sur le modèle du capitalisme social allemand.Lire aussi :En Egypte, l’ascension politique de Naguib SawirisVous avez souvent critiqué les choix du gouvernement en matière économique. Pourquoi ?L’Egypte n’est pas un pays pauvre. Il a été appauvri par une mauvaise gestion. Le gouvernement n’a pas pris les décisions difficiles. Nous avons besoin de personnes fortes. Le gouvernement fait un pas puis s’arrête, gèle tout et oublie l’étape d’après.On doit laisser le marché opérer librement. Les subventions bénéficient aux 90 millions d’Egyptiens et non aux 25 % qui vivent sous le seuil de pauvreté, comme cela devrait être le cas. Un gars comme moi qui roule en Mercedes paie son essence et son pain à un prix subventionné comme quelqu’un qui vit dans un bidonville. Vous trouvez ça normal ?On doit couper les subventions et donner, sur le modèle brésilien, des salaires mensuels aux personnes pauvres afin qu’ils puissent acheter des téléviseurs, du matériel électroménager. Toute l’économie en bénéficiera, car ils feront travailler les entreprises.Certains membres de partis révolutionnaires disent espérer que vous puissiez relayer leurs revendications au sein du Parlement. Etes-vous prêt à cela ?On peut soutenir la liberté d’expression, les droits démocratiques, un changement de la loi sur les manifestations. Nous pouvons être la voix de ces personnes à une condition : qu’il n’y ait pas de grèves qui paralysent le pays, pas d’anarchistes, ni de combats qui ne soient pas constructifs. Nous allons nous battre pour les jeunes qui sont en prison, la liberté d’expression et de la presse, et l’Etat de droit.D’autres disent que les médias dont vous êtes propriétaires ne leur offrent plus d’espace d’expression...Nous offrons encore un espace dans nos journaux. Un présentateur télé a vu son contrat se terminer, mais c’était pour des raisons commerciales. Les gens sont fatigués de la révolution et veulent des nouvelles positives. De nombreux présentateurs ont eux-mêmes opéré un virage du fait de leur haine des Frères musulmans. Certains subissent des pressions de la part d’autres médias qui les présentent comme une cinquième colonne ou des opposants au président.Le combat contre les Frères musulmans a été au centre de la création de votre parti en 2011. Pourquoi ?J’ai eu conscience que des fascistes religieux étaient en train de voler le pays, profitant du vide laissé par la révolution du 25 janvier. On savait qu’ils allaient prendre le pouvoir. On a voulu aider les voix libérales laïques à rester en vie. Ils se sont attaqués à nous, ont voulu éliminer nos voix.Ne pensez-vous pas qu’ils paient un prix fort dans la répression exercée par le pouvoir ?Ils sont envoyés en prison parce qu’ils sont accusés d’avoir lancé des bombes, brûlé des églises et tué des officiers de police, pas parce qu’ils sont membres des Frères musulmans. Beaucoup ne sont pas en prison.Que pensez-vous du score réalisé par les salafistes du parti Al-Nour, avec qui vous avez eu de nombreuses passes d’armes pendant la campagne ?La peur agitée d’une victoire des salafistes a été une farce. Ils ont totalement perdu. Seuls quelques-uns de leurs candidats iront au second tour. Les votes ne se reporteront pas sur eux, mais sur nous. La semaine dernière, ils ont essayé d’engager une bataille contre moi. Leur porte-parole, Nader Bakkar, m’a attaqué dans la presse. J’ai préféré ne pas répondre par médias interposés, mais le poursuivre pour diffamation devant les tribunaux.Etes-vous optimiste quant à la démocratisation progressive de la vie politique égyptienne ?Cela prend du temps. Nous n’avions pas de véritable arène politique sous Moubarak. Tout était manipulé. C’est une nouvelle expérience. Les jeunes ont vu comment ça fonctionnait. On a des dizaines de jeunes avec nous qui construisent le futur. On en a poussé beaucoup à être candidats, même en sachant qu’ils allaient perdre. Ils engrangent de l’expérience. Je leur conseille de ne pas rompre le lien avec les électeurs après le scrutin.Lire aussi :En Egypte, le parti salafiste subit un revers aux législativesHélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.10.2015 à 10h57 • Mis à jour le26.10.2015 à 17h59 data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="Des habitants d'Islamabad attendent dans une rue, après le tremblement de terre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Des patients d'un hôpital de Jammu, en Inde, ont été conduits à l'extérieur par mesure de sécurité. A New Delhi, le tremblement de terre a été ressenti plus violemment que lors du séisme qui avait été fortement frappé le Népal en avril."Lire aussi : Au Népal, trois jours après le séisme" data-slide-title="" data-slide-description="A Jammu, dans le nord de l'Inde. Au cours de la longue secousse — près d’une minute —, les habitants sont sortis dans la rue et le métro a arrêté de circuler. Mais aucun dégât majeur n’a pour le moment été constaté dans la ville, hormis quelques fissures." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Peshawar, au Pakistan. Le chef des urgences d’un hôpital gouvernemental de la ville a compté plus de 100 blessés." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="La magnitude du séisme s'élève à 7,5 selon l’Institut américain de géologie (USGS)." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Aux urgences d'un hôpital de Peshawar." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Peshawar." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Un homme porte un jeune garçon blessé pendant le séisme, à Peshawar." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Le mur d'enceinte d'un fort militaire de Peshawar s'est effondré après la secousse." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Kohat, au Pakistan." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Kohat." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Dans le quartier historique de Kaboul." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Peshawar." data-slide-item-lie="" Précedent1/13SuivantDes habitants d'Islamabad attendent dans une rue, après le tremblement de terre.FAROOQ NAEEM / AFP› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']);Peshawar, New Delhi, Islamabad, Kaboul… Un violent séisme de magnitude 7,5 a secoué l’Asie du Sud, lundi 26 octobre. Selon l’Institut de géologie des Etats-Unis (United States Geological Survey, USGS), son épicentre se situait dans le nord-est de l’Afghanistan. Les premières informations laissent à penser que le nord du Pakistan fait partie des zones les plus touchées. Dans l’ensemble de la région, au moins 215 personnes ont été tuées.Plus de 150 morts au PakistanAu Pakistan, au moins 152 personnes ont été tuées, selon les chiffres fournis par les autorités locales et provinciales. L’armée a ajouté que plus de 950 personnes avaient été blessées.« Nous espérons que le nombre de victimes ne sera pas aussi important qu’en 2005 », a déclaré un responsable de l’Autorité de gestion des catastrophes naturelles du Pakistan. Le 8 octobre 2005, un séisme de magnitude 7,6, dont l’épicentre était proche de celui de lundi, avait fait plus de 75 000 morts et détruit les foyers de trois millions et demi de personnes.Afghanistan : 33 morts, électricité coupée à KaboulEn Afghanistan, le bilan atteint 63 morts, dont 30 dans le Kunar, dans l’est, où 1 500 maisons ont été détruites ; neuf dans le Badakchan, province très reculée où se trouvait l’épicentre du séisme ; 10 dans la province orientale de Nangarhar et deux dans la province de Baghlan. A Taloqan, dans le nord, douze écolières ont été tuées dans une bousculade alors qu’elles tentaient de fuir leur établissement qui menaçait de s’effondrer.Les autorités ont averti que ce bilan était susceptible d’augmenter, les informations n’arrivant qu’au compte-gouttes en raison d’une coupure des communications. L’accès aux zones sinistrées est d’autant plus difficile que la province voisine du Badakchan est montagneuse et les hameaux sont touchés souvent isolés. Les combats entre rebelles talibans et troupes gouvernementales rendent en outre la situation sécuritaire très instable.A Kaboul, la capitale située à 250 kilomètres de l’épicentre, l’électricité a été presque totalement coupée.Inde : pas de dégâts majeursA New Delhi, le tremblement de terre a été ressenti plus violemment que lors du séisme qui avait été fortement frappé le Népal en avril. Au cours de la longue secousse – près d’une minute –, les habitants sont sortis dans la rue et le métro s’est arrêté. Mais, hormis quelques fissures, aucun dégât majeur n’a été constaté. 26.10.2015 à 09h44 • Mis à jour le26.10.2015 à 11h58 | Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante) Le candidat de droite, Mauricio Macri, est arrivé au coude-à-coude avec le péroniste Daniel Scioli, au premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 25 octobre. Avec 34,5 % des voix, M. Macri talonne M. Scioli, le favori des sondages, qui a remporté 36,6 % des suffrages. Un demi-million de voix les sépare. Un second tour aura lieu le 22 novembre.« Nous allons construire l’Argentine dont nous rêvons », a scandé M. Macri, ancien maire anti-péroniste de Buenos Aires, tout au long de sa campagne. Lors de l’élection de gouverneur dans la province de Buenos Aires, fief historique du péronisme, la jeune candidate de droite, Maria Eugenia Vidal, l’a emporté sur le péroniste Anibal Fernandez, ancien chef de cabinet de la présidente sortante, Cristina Kirchner. Mme Vidal, qui sillonnait depuis des mois la plus importante province du pays, est une des révélations de ce scrutin.M. Fernandez a été montré du doigt comme « le père de la défaite » dans le bunker de M. Scioli, où les militants ne pouvaient contenir leurs larmes. À la veille de l’élection, M. Fernandez avait été soupçonné de liens avec le narcotrafic, ce qu’il avait démenti. M. Macri a également remporté une victoire emblématique dans la province pauvre de Jujuy (nord), bastion péroniste, où son allié radical, Gerardo Morales, a été élu gouverneur, face au kirchnériste Eduardo Fellner.Annonce des résultats repoussée Ce scrutin est un immense revers pour Cristina Kirchner, qui entendait conserver son emprise sur le pays en désignant M. Scioli comme son dauphin, malgré une méfiance réciproque, et qui avait parié sur M. Fernandez, un de ses plus farouches partisans. Autre souci pour la présidente : la bonne élection du péroniste dissident Sergio Massa, qui est arrivé en troisième position (21,14 % des voix). Il s’est imposé comme le représentant d’une nouvelle force politique et pèsera sur le second tour de la présidentielle.Dimanche, une page de l’histoire argentine a été tournée, quel que soit le vainqueur le 22 novembre, après douze ans des Kirchner au pouvoir, Nestor (2003-2007), puis son épouse, Cristina (2007-2015).La présidente ne s’est pas montrée dimanche soir. Le gouvernement a repoussé pendant plus de six heures l’annonce des résultats officiels. « Honte nationale », disaient les réseaux sociaux.Avant l’annonce des résultats, M. Scioli, gouverneur de la province de Buenos Aires, était apparu, optimiste, avec un discours défendant le « modèle » actuel, flanqué du candidat à la vice-présidence, Carlos Zannini, homme de confiance des Kirchner depuis trente ans.Pendant toute sa campagne, M. Scioli a tenu un discours ambigu, se présentant comme le candidat de la « continuité », tout en promettant « des changements ». Cherchant à concilier l’héritage controversé des Kirchner et ses aspirations à gouverner « à sa manière », il n’a pas réussi à s’imposer comme une figure forte, capable de rassembler les péronistes, divisés sur les Kirchner.Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.10.2015 à 06h10 • Mis à jour le26.10.2015 à 10h20 | Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) et Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Quand les militants du parti conservateur polonais Droit et justice s’étaient réunis, le 25 mai, pour fêter la victoire surprise de leur candidat à la présidentielle, Andrzej Duda, la foule s’était mise à scander : « Beata, Beata ». Ils acclamaient une figure discrète, députée et trésorière du parti, qui venait de diriger cette campagne victorieuse. Personne n’imaginait alors que Beata Szydlo eût des chances, quelques mois plus tard, de devenir première ministre.Cinq mois plus tard, dimanche 25 octobre, quand les mêmes militants rassemblés au siège du PiS ont appris le résultat des élections législatives, ils ont crié : « Jaroslaw, Jaroslaw ». Et le président du parti, Jaroslaw Kaczynski, a pris longuement la parole. Quand est venu le tour de Beata Szydlo, elle a aussitôt félicité « Jaroslaw » pour la victoire.Lire nos informations :Pologne : la droite conservatrice remporte les élections législativesC’est le tout-puissant président du parti qui l’a choisie pour mener cette bataille. Elle avait le profil idéal pour affronter la première ministre de la Plateforme civique, Ewa Kopacz, qui devait elle-même son poste à Donald Tusk, devenu président du Conseil européen. Elle a employé les mêmes méthodes que pendant la campagne présidentielle : sillonner la Pologne à l’écoute des déçus du miracle économique, présenter un visage modéré à ceux qui ne votent pas spontanément PiS, tout en rassurant l’électorat traditionnel. Mission accomplie.Rien ne prédisposait cette figure relativement peu connue de la scène politique polonaise à occuper une telle position. Beata Szydlo est née en 1963 dans une famille de mineurs du sud de la Pologne, tout près d’Oswiecim (Auschwitz), région qu’elle continue de défendre activement alors que le gouvernement d’Ewa Kopacz avait annoncé un plan de restructuration qui prévoit la fermeture de plusieurs mines.Après des études d’ethnographie à l’université Jagellon de Cracovie, elle travaille au musée d’histoire de la ville. Au département du folklore, elle s’est notamment occupée du concours annuel des crèches de Noël. La religion n’est jamais loin pour les membres du PiS : Beata Szydlo a deux grands fils dont l’un est en quatrième année de séminaire.Une modérée à l’écart des plateaux de télévision La probable future première ministre s’engage en politique comme conseillère départementale, puis à 35 ans, en 1998, elle est élue maire de Brzeszcze, sa ville natale. Elle le restera jusqu’en 2005, quand elle devient députée. Elle reste longtemps en retrait, loin des échauffourées politiques et des caméras. En 2010, elle devient vice-présidente du parti.A la commission des finances du Parlement, elle est une députée assez respectée par les élus de la PO, car elle fait partie des modérés de PiS. Pendant la campagne, elle a évité la surenchère sur la question des réfugiés – contrairement à MM. Kaczynski et Duda – tout comme les théories du complot sur le crash de Smolensk, qui coûta la vie en 2010 au président Lech Kaczynski, frère de Jaroslaw. Cela ne l’empêche pas d’être très loyale envers le président du parti. Un clip de campagne de ses opposants de la Plateforme civique se moquait d’elle, la montrant en train de répéter sans arrêt « le président a toujours raison ».Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au MondeAlain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Israël a lancé une vaste opération militaire et policière dans le nord de la Cisjordanie pour appréhender les meurtriers d’un couple de colons israéliens, tués, jeudi 1er octobre, non loin de Naplouse. La voiture d’Eitam et Naama Henkin, habitants de Neria, a été visée par balles jeudi soir, alors qu’ils rentraient chez eux. Leurs quatre enfants se trouvaient à l’arrière du véhicule. Selon les enquêteurs, les assaillants auraient ouvert le feu à un virage, près du village palestinien de Beit Fourik. Puis l’un d’eux serait sorti de la voiture pour vérifier si les adultes étaient morts, avant de prendre la fuite en direction d’un village palestinien.Des milliers de personnes, parmi lesquelles le président israélien, Reuven Rivlin, ont assisté vendredi matin aux funérailles des victimes. « Nous sommes confrontés à une vague de terreur, a dit Reuven Rivlin devant l’assistance, composée essentiellement de colons. Vous êtes en première ligne, et vous en payez le prix. » Le 19, puis le 29 juin, des attaques similaires contre des colons, par arme à feu et en voiture, avaient eu lieu en Cisjordanie, près de Dolev et de Shvut Rachel. Deux personnes avaient été tuées et plusieurs autres blessées. Après la première attaque, Naama Henkin avait écrit au président israélien, a-t-il déclaré lors des funérailles. « Je vous ai répondu, a-t-il lancé. Je vous ai dit que cette terre est à nous dans sa totalité, et sous notre souveraineté, il est de notre responsabilité d’assurer sa sécurité et celle de nos citoyens. »Quatre bataillons déployés dans le nord de la CisjordaniePendant ce temps, quatre bataillons israéliens ont été déployés dans le nord de la Cisjordanie, pour rechercher les auteurs de l’attaque et prévenir des actes de vengeance de la part des colons contre des villageois palestiniens.Une grande tension règne actuellement dans les territoires palestiniens et à Jérusalem-Est, où des affrontements quasi quotidiens ont lieu depuis plusieurs semaines sur l’esplanade des Mosquées (Mont du Temple), devant la mosquée Al-Aqsa, entre la police et de jeunes émeutiers palestiniens. Ces derniers veulent empêcher les extrémistes juifs de visiter le lieu saint et d’y prier, ce qui leur est interdit. À ces affrontements, s’ajoute une recrudescence des jets de pierre sur les routes empruntées par les colons, qui ont conduit le gouvernement à promouvoir un durcissement des peines encourues. Les brigades Abdel Qader Al-Husseini, affiliées aux brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, une faction armée proche du Fatah, ont revendiqué l’attaque meurtrière de jeudi, sans que cela puisse être vérifié. Dans la bande de Gaza, le Hamas a loué ses auteurs et appelé à d’autres actions de cette nature. En déplacement à New York, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a mis en cause le silence de l’Autorité palestinienne et ses « incitations à la violence », l’accusant de propager des « mensonges » au sujet de l’esplanade des Mosquées. Il a rappelé qu’après l’attaque contre une famille palestinienne dans le village de Douma, le 31 juillet, lors de laquelle trois personnes dont un bébé avaient péri dans un incendie criminel, il avait, de même que tous les dirigeants israéliens, condamné « immédiatement et avec force » l’attentat. Personne, depuis, n’a été officiellement inculpé.Les membres extrémistes du gouvernement ont réagi quelques minutes à peine après l’annonce de l’attaque. Le ministre de l’agriculture, Uri Ariel, y a vu une « conséquence de la litanie de mensonges » de Mahmoud Abbas à l’ONU. La ministre adjointe des affaires étrangères Tzipi Hotovely, présente à New York, a estimé que « ce genre d’incident est une preuve supplémentaire que les Palestiniens ne veulent pas la paix, mais la haine ». Comme le rapporte la presse israélienne, la ministre réclame par ailleurs la « liberté de culte » sur l’esplanade des Mosquées. Lire aussi :Israël durcit son arsenal législatif à l’encontre des lanceurs de pierresPiotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Paris (Washington, correspondant) Une anecdote suffit à illustrer l’impuissance de l’administration Obama sur la question des armes à feu, ravivée par la fusillade de Roseburg (Oregon), le 1er octobre. Le 13 février, le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (BATFE) avait ouvert une consultation publique à propos de la révision éventuelle du statut d’une munition susceptible de perforer les gilets pare-balles de la police, la M855.Ce type de munition est théoriquement interdit d’usage depuis une loi votée en 1986, mais une exemption la rend possible dans « un cadre sportif ». Le 17 février, la National Rifle Association (NRA) mobilisait ses adhérents et actionnait le levier du Congrès. Le 9 mars, une majorité de sénateurs et de représentants, démocrates comme républicains, adressait une missive au directeur du BATFE, Byron Todd Jones, pour le mettre en garde contre les conséquences d’une initiative outrepassant, selon eux, ses pouvoirs.Dans leur courrier, les élus insistaient sur le fait que la M855 est la plus répandue des munitions utilisées pour une arme qui compte parmi les plus populaires aux Etats-Unis, le fusil AR-15 – un observateur non averti classerait immanquablement celle-ci dans la catégorie des armes de guerre. Ils ajoutaient que le deuxième amendement de la Constitution américaine, qui protège le droit de tout citoyen à posséder une arme, s’étendait également aux balles utilisées pour celle-ci. Le lendemain, Byron Todd Jones rendait les armes et repoussait sine die la révision. Le BATFE précisait avoir reçu en quelques semaines plus de 80 000 commentaires, dont la grande majorité était résolument hostile à toute modification.Lire aussi :La « triste routine » des fusillades aux Etats-UnisDes démocrates s’opposent aussi à tout contrôleC’est la NRA que le président a mise en cause jeudi, responsable selon lui d’entretenir « l’idée selon laquelle la violence par les armes serait d’une nature différente, que notre liberté et notre Constitution nous empêchent de légiférer, même modestement, sur la façon dont nous utilisons ces armes ». Une attaque immédiatement dénoncée comme « gauchiste » par les forums conservateurs.Mais cette accusation ne rend pas compte de la complexité de la carte électorale lorsqu’il s’agit de ce sujet. Un contrôle plus sévère de la vente des armes à feu peut être défendu par des républicains, comme les cas suivants le prouvent :L’une des lois liées au contrôle des armes a été défendue par un ancien conseiller de Ronald Reagan, James Brady, grièvement blessé lors de l’attentat qui avait visé le président républicain.L’ancien maire républicain de New York – aujourd’hui indépendant –, l’homme d’affaires Michael Bloomberg, est également très engagé dans cette lutte.Mais ce sont parfois des démocrates qui s’opposent à tout contrôle :Le candidat à l’investiture démocrate considéré comme le plus à gauche, Bernie Sanders, s’est signalé plusieurs fois au Sénat, où il siège comme indépendant, par des votes contre toute tentative de durcissement de la législation.Si les démocrates sont effectivement moins attachés que les républicains à une défense intraitable du droit à posséder une arme, c’est bien l’opposition de quinze d’entre eux qui avait mis fin en avril 2013 à la tentative la plus significative de l’administration Obama pour encadrer les armes à feu. Cette initiative faisait suite à la tuerie de Sandy Hook, en décembre 2012.Le contrôle par le Parti républicain des deux chambres du Congrès depuis janvier interdit jusqu’à nouvel ordre la moindre réforme sur le sujet, aussi timide soit-elle. La NRA fait d’ailleurs porter l’essentiel de ses efforts sur les Etats, plaidant inlassablement contre toute forme d’examen des antécédents des acheteurs d’armes, pour l’extension des autorisations des ports d’armes dans des lieux publics, comme en a attesté le feu vert du gouverneur républicain du Texas en juin pour les établissements universitaires, et contre toute limitation visant les armes semi-automatiques ciblées après Sandy Hook.Cette bataille au niveau des Etats n’est pas toujours à sens unique. Elle s’était ainsi traduite dans l’Oregon, en mai, par l’adoption de contrôles des antécédents (judiciaires ou psychologiques) pour les acheteurs d’armes. Cet Etat de la Côte ouest, réputé très libéral au sens anglo-saxon du terme, est, il est vrai, gouverné par une démocrate, Kate Brown, qui a exclu jeudi toute réforme en urgence. Une nette majorité d’Etats (31 sur 50) est cependant contrôlée par les républicains.Lire aussi :Quatre graphiques pour comprendre l’ampleur des tueries de masse aux Etats-UnisGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Garric et Pierre Le Hir Après des années de blocage et de manœuvres en coulisses, les pays anti et pro-OGM dévoilent leur jeu en Europe. Seize Etats membres de l’Union ont demandé, ces dernières semaines, l’interdiction de cultiver des organismes génétiquement modifiés (OGM) sur leur territoire. La France, l’Allemagne, la Bulgarie, Chypre, la Lettonie, la Grèce, la Croatie, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, les Pays-Bas, la Lituanie, l’Italie et le Danemark ont déjà formulé cette demande auprès de la Commission européenne, ainsi que le Royaume-Uni au nom de l’Ecosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord, et la Belgique pour la Wallonie. La Slovénie pourrait leur emboîter le pas, avant samedi 3 octobre, date-butoir fixée par la nouvelle directive européenne sur le sujet, entrée en vigueur en avril.Le nouveau texte, qui visait à sortir de l’impasse dans laquelle se trouvait l’Europe vis-à-vis de ce dossier brûlant, laisse le choix aux Etats membres d’autoriser ou d’interdire la culture des OGM sur leur territoire, et ce, en amont de la procédure d’autorisation menée par la Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).Lire : La culture des OGM facilitée dans l’Union européenneNeuf dossiers de maïs OGM en attente d’une autorisationJusqu’à présent, les Etats « anti-OGM » ne pouvaient interdire les cultures transgéniques sur leur territoire qu’après leur autorisation à l’échelle européenne, en prenant des clauses de sauvegarde ou des mesures d’urgence pour des motifs environnementaux et sanitaires. Une procédure très fragile juridiquement : la France a, par exemple, été attaquée à trois reprises sur ses moratoires – le dernier pourvoi introduit par les industriels étant toujours examiné par le Conseil d’Etat.Avec la nouvelle directive, les Etats qui souhaitent bannir des OGM doivent en faire la demande auprès des semenciers, sous la houlette de la Commission, afin d’être retirés du périmètre de culture. C’est ce que la France a fait le 17 septembre, en transposant dans le droit français la directive européenne. Paris a ainsi demandé à exclure de son territoire les 9 dossiers d’OGM en attente d’autorisation au niveau européen : le MON810 de Monsanto (deux demandes, pour son autorisation et son renouvellement), le TC1507 de Pioneer, proposé par la Commission en 2013 sous la pression d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, ainsi que six autres maïs de Monsanto, Pioneer et Syngenta. Les entreprises de biotechnologie ont maintenant trente jours pour donner leur réponse (ou s’abstenir, ce qui est considéré comme une approbation).En cas d’opposition de ces dernières, la France, à l’image des autres gouvernements européens, pourra interdire les plantes sur son sol en invoquant différents motifs, notamment de politique agricole, d’aménagement du territoire ou des conséquences socio-économiques.Lire : OGM : tout comprendre au nouveau cadre européenAccélérer la mise en culture de semences« Le nouveau texte simplifie la procédure pour interdire les OGM. Reste à voir si elle fonctionne, notamment la phase de négociations entre les Etats et les semenciers, prévient Pauline Verrière, juriste à l’association Inf’OGM. On peut également craindre des recours devant l’Organisation mondiale du commerce, cette dernière pouvant sanctionner des décisions politiques basées sur des arguments socio-économiques et non scientifiques. Surtout, il existe un risque de multiplication des dossiers d’autorisation au niveau européen. » Car l’objectif de la nouvelle directive était, en laissant la liberté à chaque Etat de se prononcer pour son territoire, d’empêcher les blocages au niveau communautaire. Ceux-ci ont conduit à ce qu’un seul OGM soit actuellement cultivé en Europe : le maïs MON810. Cette semence est plantée presque exclusivement en Espagne, avec 132 000 hectares en 2014, ainsi qu’un peu au Portugal (8 500 ha). En 2015, les surfaces de MON810 ont considérablement diminué dans les trois autres pays qui le cultivent : en République tchèque (997 ha), en Slovaquie (105 ha) et en Roumanie (2,5 ha), selon les comptes d’Inf’OGM.La nouvelle législation va donc certainement accélérer la mise en culture de semences transgéniques sur le sol européen. Le porte-parole santé et environnement de la Commission précise ainsi que la latitude laissée aux Etats membres de s’opposer à ces cultures « ne change rien aux avis scientifiques de l’EFSA, selon lesquels les OGM ne présentent pas de risque pour l’environnement et la santé ».« Décision démocratique »Pour l’heure, les ONG se félicitent de la volonté d’une majorité de pays européens de prohiber la culture des OGM sur leur sol. « C’est un mouvement de masse, à la fois politique et citoyen, qui montre qu’un nombre croissant d’Etats membres ne font pas confiance aux évaluations conduites par l’Union européenne et prennent des mesures, à juste titre, pour protéger leur agriculture et leur alimentation », estime Anaïs Pourest, de Greenpeace France. Les pays et régions qui ont d’ores et déjà signifié leur intention d’interdire les cultures transgéniques « représentent 65 % de la population de l’UE et 66 % de ses terres arables », souligne-t-elle.« Il n’y a jamais eu un signal aussi clair que les cultures génétiquement modifiées, et les entreprises qui les produisent, ne sont pas bienvenues en Europe », renchérit Mute Schimpf, des Amis de la Terre Europe, dans un communiqué. Elle ajoute : « La décision démocratique des pays de bannir les cultures OGM doit être respectée par l’industrie des biotechnologies. » Reste que le dossier des OGM en Europe est loin d’être clos. En particulier, la question des « zones tampons » à mettre en place pour éviter des contaminations frontalières, entre un pays ouvert aux cultures transgéniques et son voisin les refusant, n’est toujours pas réglée. Quant à la révision des procédures d’évaluation et d’autorisation, réclamée depuis des années par les ministres européens de l’environnement, elle est toujours en suspens.Audrey GarricChef adjointe du service Planète/Sciences du MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPierre Le HirJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.10.2015 à 12h20 • Mis à jour le02.10.2015 à 13h45 | Emeline Cazi Le même rituel se répète tous les jours à la même heure. Un peu avant 15 heures, dans une salle borgne du rez-de-chaussée de la Cour nationale du droit d’asile à Montreuil (Seine-Saint-Denis), des agents de la Cour accrochent une à une dizaine de feuilles A4 sous de grands panneaux vitrés.A l’entrée de la salle, des gardiens bloquent l’accès aux dizaines de personnes qui attendent dans le hall, parfois depuis le matin, et scrutent sans pouvoir encore lire ces feuilles de résultats. Ibrahim dort mal depuis une semaine, « à cause du stress ». Des milliers de bacheliers vivent à peu près la même scène chaque année. A cette différence près qu’ici, à Montreuil, des vies sont en jeu.Une seule question intéresse le tribunal : ces personnes sont-elles réellement en danger ?Voilà trois semaines, le 17 septembre, plus d’une centaine d’hommes et de femmes, parfois accompagnés de leurs enfants, sont venues expliquer au juge les raisons de leur arrivée en France, leur vie devenue un enfer dans leur pays, les persécutions, la maison incendiée, les terres volées, les nuits en prison. Le viol parfois, la torture.Le tribunal s’attarde rarement sur le récit du long périple qui les a menés jusqu’ici. Une seule question l’intéresse : ces personnes sont-elles réellement en danger ? La France doit-elle leur accorder l’asile ?Ibrahim Diallo a fui la Guinée-Conakry en 2013, il n’avait pas 20 ans. Son père était mort quatre ans plus tôt alors qu’il manifestait contre la junte militaire au pouvoir. Ibrahim Diallo, était, depuis, considéré comme un opposant et ne vivait plus sereinement. Arrêté le 23 mai 2013, il a été emprisonné. Son oncle a versé plus de 4 millions de francs guinéens (environ 441 euros de l’époque) à l’un des geôliers pour le libérer.Une femme hurle de joieQuelques semaines plus tard, il a trouvé un passeur pour aider son neveu à gagner la France grâce à un passeport d’emprunt. Pas de barque donc, mais une arrivée en avion à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle à Paris, quelques vêtements et un acte de naissance pour seul bagage, et, depuis, la vie dans un foyer de demandeurs d’asile à Achères, dans les Yvelines.L’affichage est terminé. 15 h 01, une femme en gilet orange hurle de joie, lève les bras. « Madame, silence ! Calmez-vous. Comprenez que d’autres n’apprennent pas la même nouvelle que vous », explique un agent de sécurité.Quelques copains sont venus accompagner Ibrahim Diallo. Eux ne sont pas encore passés devant le juge. « Statut de réfugié », lisent-ils sur le panneau. « Ils ont donné, hein, ils ont donné ? », interroge le jeune homme, fou de joie, qui aussitôt appelle ses « assistants » (sociaux) et son avocat. « Ma famille, maintenant, c’est vous, c’est la France. Merci, merci ! »Cléance, 23 ans, a grandi en République démocratique du Congo. Il y a trois semaines quand nous l’avions rencontrée, elle racontait les journées de prison dans un container par 40 degrés, le viol qui a suivi la diffusion d’un reportage de la chaîne congolaise RTGA dans lequel elle dénonçait les agissements de hauts dignitaires du régime : ils déversaient notamment leurs déchets dans le fleuve, là où les plus pauvres de Kinshasa se baignent et lavent leur linge.En 2014, la Cour nationale du droit d’asile a examiné près de 40 000 dossiers. Seuls 15 % des demandeurs ont obtenu une protectionL’agent de l’office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), n’a pas cru à son histoire. Les magistrats, si. Ils viennent de lui accorder la protection subsidiaire, qui l’autorise à rester au moins un an en France.Sur le panneau d’en face, c’est bon pour Habibou aussi. « Réfugié ». Il arrive de Mauritanie. Lui aussi, nous l’avions rencontré début septembre. A la fin des années 1980, les ethnies arabes ont déporté les noirs au Sénégal, de l’autre côté du fleuve. Près de vingt après, Habibou a voulu rentrer récupérer les terres familiales, la maison et ses bêtes. Il n’a pas pu rester, chassé à nouveau par les Arabes. La France lui a accordé une protection de dix ans.Sur les 127 dossiers examinés jeudi 17 septembre, seuls 13 demandeurs ont obtenu le statut de réfugiés et 14 la protection subsidiaire. Une petite centaine de personnes est désormais officiellement en situation irrégulière en France. Sans ressource.Lire aussi :La France a repris les expulsions de migrants vers le SoudanLes époux Sivalingam – également rencontrés début septembre – persécutés par le gouvernement sri-lankais, parce que nés et grandis dans le nord du pays, région des Tigres de libération de l’Eelam tamoul, n’ont pas eu la chance d’Ibrahim, Cléance et Habibou. Roza, Asroudin, et leurs cinq enfants, qui avaient fui la Tchétchénie, pas davantage.Les résultats varient d’un juge à l’autreA la fin de l’audience, Roza avait fondu en larmes en s’adressant à la présidente « comprenez ma souffrance. J’ai passé ma vie dans les guerres. Je ne souhaite pas la même vie pour mes enfants. Toutes les mères me comprendront. On ne vous oblige pas à nous délivrer le statut de réfugié. Mais vous avez le pouvoir de nous aider ». Aujourd’hui, ils n’ont pas de papier, et ne peuvent officiellement plus vivre en France.En 2014, la Cour nationale du droit d’asile a examiné près de 40 000 dossiers. Seuls 15 % des demandeurs ont obtenu une protection. Les résultats varient d’un juge à l’autre. Le 17 septembre, mieux valait passer devant la 17e chambre : cinq demandeurs ont obtenu le statut de réfugié. Le tribunal de la 7e chambre a, lui, rejeté les douze dossiers qu’il a examiné ce jour-là.Les avocats dénoncent cette grande loterie. Anicet Le Pors, juge de l’asile à la Cour nationale du droit d’asile pendant quatorze ans, avait fait comparer les taux d’admission en fonction des présidents. Les taux variaient considérablement d’un juge à l’autre  : entre le plus sévère et le moins sévère, le rapport était de 1 à 30.« Si on ­retirait les 10 % de dossiers situés aux “extrêmes ”, comme c’est la règle en statistique, le rapport était de 1 à 3. Aujourd’hui, je crois que la fourchette s’est quand même un peu resserrée », explique Anicet Le Pors.Lorsqu’on l’avait rencontré il y a trois semaines, Ibrahim voulait retourner au collège. Dans ses rêves les plus fous, il aimerait suivre une formation de chauffeur-livreur. « Mais ce sont mes assistants [sociaux] qui décident. C’est eux qui savent. »Ibrahim n’a pas de famille en France. Guère plus en Guinée. Ses assistants sociaux, son avocat, et quelques connaissances du foyer sont à présent ses seuls repères.Lire aussi :A Cergy, les bénévoles face aux angoisses des migrantsEmeline CaziJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pierre Le Hir A quelques semaines de l’ouverture de la conférence mondiale sur le climat (COP 21) à Paris, le gouvernement multiplie les signaux pour le moins contradictoires avec la volonté d’« exemplarité » affichée par la France. Mercredi 30 septembre, le projet de loi de finances de 2016 entérinait une baisse du budget du ministère de l’écologie, en même temps que de l’aide au développement. La veille, le Journal officiel publiait cinq arrêtés qui, cosignés le 21 septembre par les ministres de l’écologie, Ségolène Royal, et de l’économie, Emmanuel Macron, accordent trois permis exclusifs de recherches d’hydrocarbures liquides ou gazeux et en prolongent deux autres.Lire aussi :Aide publique au développement, des paroles et des actesLes trois premiers permis, dits de Champfolie (Seine-et-Marne), Herbsheim (Bas-Rhin) et Estheria (Marne), sont respectivement octroyés aux sociétés Vermilion, Bluebach Ressources et Lundin International. Les deux prolongations, dites de Bleue Lorraine (Moselle) et de Juan de Nova (Terres australes et antarctiques françaises), sont au bénéfice de groupements formés, l’un par European Gas et Heritage Petroleum, l’autre par South Atlantic Petroleum et Marex Petroleum.Hydrocarbures conventionnelsSur le papier, il s’agit de la recherche de pétrole et de gaz conventionnels. A l’exclusion, donc, des huiles et gaz de schiste, dont la seule technique d’extraction aujourd’hui disponible, la fracturation hydraulique, a été bannie en France par la loi du 13 juillet 2011, en raison de ses dangers pour l’environnement. La filiale française du groupe canadien Vermilion assure ainsi, dans les documents transmis au ministère de l’écologie, qu’elle « n’aura pas recours à la fracturation hydraulique ».Ségolène Royal, qui, en octobre 2014, avait mis son veto à des forages dans le parc naturel régional du Luberon, a du reste réaffirmé à plusieurs reprises que « les gaz de schiste ne sont plus d’actualité » et qu’« il n’y aura pas d’investigation sur le gaz de schiste ».Lire aussi : Ségolène Royal refuse les forages dans le parc du LuberonLes anti-gaz de schiste n’en suspectent pas moins les pétroliers de se « positionner dans la perspective d’une révision future de la loi française ». Certaines de leurs demandes avaient été déposées avant l’interdiction de la fracturation hydraulique et visaient donc l’ensemble des hydrocarbures, conventionnels ou non.Discours sans lendemainEn tout état de cause, une vingtaine d’ONG, d’associations et de collectifs (dont 350.org, Agir pour l’environnement, les Amis de la Terre, Attac, la Confédération paysanne, la FSU ou le Réseau Action-Climat) demande « que le gouvernement annule les permis qu’il vient de délivrer et mette fin à la prospection pétrolière, gazière et charbonnière sur le territoire. Pour que les discours sur l’urgence climatique ne restent plus sans lendemain ».Maxime Combes, du mouvement altermondialiste Attac, rappelle qu’en juillet, le président François Hollande lui-même, dans son allocution d’ouverture du Sommet des consciences pour le climat, avait déclaré : « Un accord pour le climat signifie renoncer à utiliser 80 % des ressources d’énergie fossiles facilement accessibles dont nous disposons encore. »« Que valent donc les promesses de François Hollande et des négociateurs d’obtenir un “accord historique”  à Paris et de “tout faire” pour rester en deçà des 2 °C [de réchauffement], si c’est pour entretenir cette fuite en avant extractiviste ?", questionnent aujourd’hui les associations.Derniers permisInterrogée par Le Monde, Mme Royal fait valoir que les permis délivrés concernent « des zones où il y a déjà des forages », si bien qu’ils n’ont pas d’impact sur de nouveaux territoires, et que, dans le même temps, « quatre autres permis ont été refusés ». La décision a fait l’objet d’un « arbitrage interministériel au niveau de Matignon », précise-t-elle : « Bercy voulait donner tous les permis, j’ai obtenu d’en bloquer quatre. »« Sauf erreur de ma part, ajoute la ministre, c’est la première fois que des demandes sont rejetées. C’est une avancée et une première étape ». Et d’annoncer : « Sous réserve d’un inventaire complet, je pense que ce sont les derniers permis qui seront accordés. » Dont acte.Lire l'enquête : A la recherche du pétrole de schiste du Bassin parisienPierre Le HirJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs Un campus américain a une nouvelle fois été victime de la folie meurtrière d’un forcené. Le massacre s’est produit jeudi 1er octobre à Roseberg, dans l’Oregon. Le tueur, un homme de 26 ans, a eu le temps de passer dans plusieurs salles de cours pour abattre ses victimes. Bilan : au moins 9 morts et 7 blessés.Lire aussi :La « triste routine » des fusillades aux Etats-UnisC’est la troisième fois cette année que les Etats-Unis connaissent un massacre d’une telle ampleur : des fusillades de masse avec plusieurs morts. En juin, un homme avait tué neuf personnes dans une église de Caroline du Sud. En mars, un campus californien était victime d’un forcené, qui tuait sept personnes.Depuis l’élection de Barack Obama, en 2008, les Etats-Unis ont connu au moins vingt cas de fusillades, en ne comptant que celles du même type que l’Oregon, perpétrées par des forcenés souhaitant causer un massacre. #container_14437757917{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14437757917{ height:500px; } #container_14437757917 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14437757917 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14437757917 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14437757917 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Nombre de tués dans les principales tueries de masse aux Etats-Unis depuis 2008Ne figurent que les principales fusillades(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = ["Campus universitaire, Roseburg, Oregon","Eglise , Charleston, South Carolina","Campus universitaire, Isla 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moins 177 personnes ont été tuées, dont une bonne part d’enfants et de jeunes étudiants. A six reprises, ce sont des universités qui ont été frappées, et à une occasion, la tuerie de Newton en 2012, une école primaire avait été visée (20 écoliers morts). #container_14437778760{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14437778760{ height:500px; } #container_14437778760 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14437778760 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14437778760 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14437778760 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Lieux des principales tueries de masse aux Etats-UnisDe 2008 à 2015, sur vingt cas (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}S’il est toujours difficile d’établir les motivations des tueurs, la folie semble la plus fréquemment en cause, loin devant toute revendication terroriste. On note également, parmi les tueurs, une proportion importante d’anciens militaires : cinq sur les vingt cas. #container_14437777160{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14437777160{ height:500px; } #container_14437777160 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14437777160 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14437777160 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14437777160 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Profil des auteurs des principales tueries aux Etats-Unis(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); 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Cette carte, basée sur les données récoltées par montre quels États comptent le plus de victimes. La Californie arrive en tête, suivie de l’Illinois, de la Floride et du Texas.Les DécodeursJournaliste au Monde 02.10.2015 à 09h42 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h00 Un campement d’une cinquantaine de migrants, en majorité syriens, installés porte de Saint-Ouen, à proximité du périphérique parisien, a été évacué dans le calme, vendredi 2 octobre au matin.La situation faisait « courir des risques importants aux occupants du site, tant en termes de sécurité routière qu’en termes sanitaires », avait justifié la préfecture de police de Paris dans son arrêté d’évacuation pris jeudi. Les autorités précisaient également que « plusieurs cas de gale » y avaient été repérés.Lire aussi :La porte de Saint-Ouen, escale de misère pour les réfugiés syriensLes occupants du site, qui vivaient dans une vingtaine de tentes, ont rassemblé leurs affaires dans le calme avant de monter dans des bus, les enfants enveloppés dans des couvertures de survie. Ils doivent dans un premier temps être conduits à l’hôpital Bichat, situé juste à côté de la porte de Saint-Ouen, et dans une structure de Médecins du monde pour déterminer s’ils sont porteurs de la gale, maladie très contagieuse, a confié un représentant de la Mairie de Paris.Après quoi, ils pourront se doucher et changer de vêtements, puis ils seront logés dans un centre hôtelier pour une semaine, « le temps pour les services sociaux d’évaluer leur situation » et « pour déterminer quels sont leurs besoins ». « Ensuite ils intégreront un logement adapté », a ajouté ce représentant sans plus de précision.Toujours 500 personnes au lycée Jean-QuarréDans la capitale, deux campements avaient été évacués à la mi-septembre. Au total, plus de 2 200 migrants se sont vu proposer un hébergement, selon les autorités.Les évacuations, en juin, du camp installé près de la gare d’Austerlitz, puis de celui de la halle Pajol, dans le 18e arrondissement de la capitale, avaient signé une première prise de conscience dans l’opinion publique de la situation des migrants en France.Quelque 500 personnes occupent toujours le lycée désaffecté Jean-Quarré, dans le nord-est de Paris, un lieu « inadapté » à l’hébergement, selon la Ville de Paris, notamment en raison de « problèmes d’hygiène » et de « faits de violence et d’insécurité [qui] ont été constatés ». Vendredi dernier, le tribunal administratif de Paris leur a donné un mois pour quitter les lieux.Lire nos explications :Quelles initiatives pour aider les migrants en France ? 02.10.2015 à 06h44 | Jean-Baptiste Chastand Les Portugais vont-ils réélire leur premier ministre de droite malgré quatre années d’austérité ? C’est fortement probable, si l’on en croit les sondages publiés jeudi 1er octobre, à trois jours des législatives, prévues dimanche. Avec environ 38 % des intentions de vote, le très libéral Pedro Passos Coelho pourrait parvenir à rester premier ministre, en battant son adversaire socialiste Antonio Costa, crédité d’environ 32 % des voix. La droite ne serait toutefois pas en mesure de conserver la majorité absolue qu’elle avait obtenue en 2011 alors que le pays était au bord de la faillite.S’ils se confirment dimanche, ces sondages étonnent à plusieurs titres. D’abord parce qu’Antonio Costa, 54 ans, ancien maire de Lisbonne, était parti favori après sa victoire aux primaires socialistes, en septembre 2014. En promettant d’adoucir les mesures d’austérité et de combattre la précarité, tout en s’engageant à respecter le cadre budgétaire européen, sa campagne avait tout pour séduire la gauche, sans inquiéter le centre.Timide reprise de l’économieMais Pedro Passos Coelho, 51 ans, a réussi à renverser la tendance dans les sondages en s’appuyant sur la petite reprise de l’économie portugaise. Après avoir été saignée par les mesures d’austérité décidées en 2011 en échange d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, celle-ci connaît en effet un léger rebond depuis 2014. La croissance est timidement repartie, le pays est sorti du plan d’aide international et le chômage a reculé fortement. Les socialistes défendent que ces indicateurs sont trompeurs en raison de l’émigration massive des Portugais ces dernières années, mais la droite leur rétorque que s’ils reviennent au pouvoir, le pays risque à nouveau la faillite.De quoi perturber des électeurs portugais, plus fatalistes que révoltés depuis l’échec des grandes manifestations anti-austérité de 2012. Les deux grands camps devraient ainsi récolter ensemble deux tiers des voix, empêchant toute véritable percée des partis contestataires. L’extrême droite portugaise est inexistante, et l’extrême gauche eurosceptique est divisée entre un parti communiste resté très traditionnel et un parti contestataire (le Bloc de gauche) qui n’a jamais vraiment percé. Même si ces deux partis pourraient récolter chacun près de 10 % des voix, ils restent loin des niveaux de Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce.@jbchastandchastand@lemonde.frJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 22h01 Deux Israéliens ont été tués jeudi 1er octobre au soir par des tirs palestiniens qui ont touché leur véhicule près de Naplouse, en Cisjordanie occupée.Quatre enfants à bord de la voiture ont été blessés légèrement dans l’attaque, qui a eu lieu entre les colonies israéliennes d’Itamar et d’Eilon Moré, selon une source de sécurité israélienne. Les enfants, dont les parents sont les deux victimes, ont été évacués vers un hôpital. Les forces de sécurité israéliennes ont bouclé le secteur et l’armée a lancé une opération pour retrouver le tireur.« Le temps des discussions [avec les Palestiniens] est terminé », a déclaré après cette attaque le ministre israélien de l’éducation, Naftali Bennett, ajoutant qu’« il est temps d’agir ». « Un peuple dont les dirigeants soutiennent le meurtre n’aura jamais d’Etat », a-t-il encore déclaré.Cet incident survient quelques heures après le discours du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, devant l’Assemblée générale de l’ONU, où il a affirmé que son pays était prêt à « reprendre immédiatement » les négociations de paix avec les Palestiniens « sans aucune condition préalable ».Lire aussi :A l’ONU, Nétanyahou se dit prêt à reprendre immédiatement les négociations avec les Palestiniens 01.10.2015 à 20h19 Invité à son tour à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé jeudi 1er octobre que son pays était prêt à « reprendre immédiatement » les négociations de paix avec les Palestiniens « sans aucune condition préalable ».« Malheureusement, le président [palestinien Mahmoud] Abbas n’est pas disposé à le faire, j’espère qu’il ne va changer d’avis », a ajouté M. Nétanyahou. « Je reste attaché à la vision de deux Etats pour deux peuples », a affirmé le premier ministre, évoquant « un Etat palestinien démilitarisé [qui] reconnaîtrait un Etat juif ».Lire aussi :A l’ONU, Abbas veut ranimer l’intérêt international pour la question palestinienneCes déclarations font écho au discours de Mahmoud Abbas qui avait affirmé la veille, lui aussi devant les Nations unies, ne plus se considérer comme lié par les accords avec Israël puisque l’Etat hébreu ne les respectait pas. M. Abbas avait notamment dénoncé la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie.Israël veut que « les Palestiniens ne s’éloignent pas de la paix »« Comment Israël peut-il faire la paix avec un partenaire palestinien qui refuse même de s’asseoir à la même table de négociation ? », s’est interrogé jeudi M. Nétanyahou en souhaitant que « l’Autorité palestinienne respecte ses engagements (…) et que les Palestiniens ne s’éloignent pas de la paix » :« Président Abbas, je sais que ce n’est pas facile, que c’est dur, mais nous devons à nos peuples de continuer à essayer. »Il a aussi demandé à M. Abbas d’« arrêter de répandre des mensonges sur les intentions d’Israël » à propos de l’esplanade des Mosquées à Jerusalem, théâtre d’affrontements récents :« Israël s’est pleinement engagé à respecter le statu quo. (…) Israël respectera toujours les lieux saints de tous. »Le premier ministre israélien a exigé de M. Abbas qu’il « dénonce les actions des militants islamistes qui introduisent des explosifs dans la mosquée Al-Aqsa et veulent empêcher juifs et chrétiens de visiter les lieux saints. (…) C’est là qu’est la vraie menace contre les lieux saints ».Des échauffourées sporadiques avaient éclaté mardi aux abords de l’esplanade des Mosquées, des Palestiniens tentant de perturber les visites de juifs, nombreux dans la vieille ville de Jérusalem en raison des célébrations de la fête de Soukkot. Les Palestiniens craignent que la recrudescence des visites de juifs sur l’esplanade soit un pas de plus vers une prise de contrôle du troisième lieu saint de l’islam. Le site, sacré également pour les juifs, est situé dans la vieille ville à Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël, donc au cœur du conflit israélo-palestinien. Nathaniel Herzberg Mieux qu’un armistice, une paix des braves. Dans un article paru jeudi 1er octobre dans la revue Science, l’équipe de géoscience de l’université de Berkeley propose de mettre un terme à l’une des controverses les plus tenaces du monde scientifique : la cause de la disparition des dinosaures. Voilà quatre décennies que les scientifiques se déchirent pour expliquer la crise biologique majeure qui élimina les trois quarts de la faune terrestre et marine, et marqua la transition entre le crétacé et le tertiaire.Faut-il y voir l’effet de la chute d’une météorite, il y a 66 millions d’années, au large du Mexique ? Ou plutôt de l’exceptionnel volcanisme qui sévit à la même époque au Deccan, dans l’ouest du territoire actuel de l’Inde ? Au terme d’une fine étude géologique et de nouvelles datations des laves, les chercheurs californiens invitent à considérer les deux phénomènes comme « un seul événement ». Les grands sauriens auraient péri de ce que Berkeley nomme, usant de la métaphore pugilistique, un puissant « droite-gauche ».« Smoking gun »C’est à la fin des années 1970 que Luis Alvarez, déjà Prix Nobel de physique en 1968, et son fils Walter, songent à doser l’iridium dans la couche dite K-T (la limite crétacé-tertiaire). Presque totalement dépourvue de fossiles, cette strate géologique, retrouvée partout sur la Terre, témoigne de l’extinction massive survenue à l’époque. Ils découvrent que l’iridium, très rare à la surface du globe, se trouve en abondance dans la couche K-T. Or, ce métal est l’une des signatures des objets célestes. Les deux chercheurs de Berkeley avancent donc l’hypothèse de la chute d’un astéroïde. Leur théorie se trouve renforcée quinze ans plus tard, lorsque des mesures de gravimétrie permettent de découvrir, au large de la péninsule du Yucatan (Mexique), près du petit port de Chicxulub, un gigantesque cratère de météorite. L’objet de quelque 10 km de diamètre aurait laissé un « trou » de 200 kilomètres de large, dissimulé par des centaines de mètres de sédiments.Le « smoking gun » découvert, l’explication devenait limpide : l’impact de l’astéroïde avait projeté dans l’atmosphère une quantité phénoménale de poussière. L’épais nuage avait durablement privé la planète de lumière, tuant d’abord les plantes et planctons. Puis l’essentiel de la faune.Sauf qu’en 1986, une nouvelle théorie surgit. Portée par le Français Vincent Courtillot, elle pointe un nouveau coupable : les trapps du Deccan. Ces énormes formations basaltiques de l’ouest de l’Inde recouvrent, sur un kilomètre d’épaisseur, un territoire grand comme la France (500 000 km2). Et encore : les deux tiers ont été avalés par l’érosion. Or, l’âge de ces couches de lave, entre 65 et 70 millions d’années, semble bel et bien coïncider avec la crise biologique. Tout comme les précédents: les quatre autres extinctions massives sont toutes attribuées à une activité volcanique exceptionnelle. Quant au mécanisme, il paraît là encore cohérent. Les immenses coulées magmatiques auraient rempli l’atmosphère d’aérosols sulfurés, de quoi plonger la Terre dans un durable hiver.Alors, volcans ou météorites ? Depuis vingt ans, Capulets et Montaigus des géosciences se rendaient coups pour coups. Trop lente, étalée sur plusieurs millions d’années, l’activité volcanique ne pouvait à elle seule avoir refroidi la planète, disaient les uns. Trop précoce, la météorite aurait dû tuer les dinosaures 300 000 ans plus tôt, répliquaient les autres. Sitôt avancés, les arguments étaient corrigés. Ainsi les « volcanos » affinaient leur séquence et établissaient la brutalité de certains phénomènes magmatiques. Quant aux « astéros », ils ramenaient le décalage à… 32 000 ans, une broutille à l’échelle géologique. Les combattants semblaient infatigables. Analyses chimiques, études géologiques, modélisations, datations : chaque congrès international leur offrait l’occasion de ferrailler, au point de lasser une partie de la communauté scientifique.Onde sismique phénoménaleFaut-il y voir les raisons de la main tendue par Paul Renne et Mark Richards, deux figures de Berkeley ? Leur équipe est allée étudier la formation des fameux trapps. Comme les Français avant eux, ils ont mis en évidence trois époques. Les deux premières, marquées par des écoulements assez réguliers. La troisième, caractérisée par un débit moyen deux fois plus élevé, mais surtout beaucoup plus saccadé, chaque « saccade » projetant dans l’atmosphère une quantité considérable de sulfure d’oxygène.Or, la datation à l’argon, qu’ils sont parvenus, pour la première fois, à réaliser est édifiante : le changement de régime volcanique serait intervenu moins de 50 000 ans après la chute de la météorite à Chicxulub. Un hasard ? Mark Richards le juge presque impossible. « Deux événements sur un si bref laps de temps, ça peut être une coïncidence. Mais trois, à savoir, la météorite, le nouveau régime du Deccan et l’extinction massive, ça nous paraît très peu probable. Disons moins d’une chance sur 100. » « Il faut désormais considérer que les deux phénomènes ont contribué, ensemble, à la crise biologique », renchérit Paul Renne.Un diagnostic que veut bien partager Frédéric Fluteau, professeur à l’Institut de physique du globe de Paris, cosignataire des derniers articles des « volcanos ». « Leur nouvelle datation est d’une précision impressionnante, salue-t-il. On a désormais deux phénomènes qui se déroulent en même temps, avec la même signature et les mêmes conséquences : cela devient difficile de nous départager. J’ai de sérieuses réserves en revanche sur le mécanisme qu’ils proposent. » Pour les Américains, la météorite aurait non seulement projeté son fameux nuage, mais aussi provoqué une phénoménale onde sismique. « L’équivalent d’un tremblement de terre de magnitude 11 », assure Paul Renne. De quoi fragiliser la lithosphère de l’autre côté du globe ? Mark Richards en est persuadé. « Le système volcanique était déjà très actif, et il a continué longtemps après l’impact », interdisant tout retour en arrière, concède le chercheur. Deux criminels, donc. « Mais l’impact a manifestement eu des conséquences sur le régime volcanique », ajoute-t-il. Autrement dit, un commanditaire ? « On va encore pouvoir discuter », sourit Frédéric Fluteau.Nathaniel HerzbergJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guélaud Les Argentins sont appelés à désigner, dimanche 25 octobre, le successeur de Cristina Fernandez de Kirchner, dont le deuxième mandat de présidente, placé sous le signe de difficultés économiques et financières croissantes, touche à sa fin.Longtemps absente des débats électoraux, l’économie y a fait récemment son retour. Les difficultés économiques et financières du pays s’aggravent et l’horizon est assombri par le ralentissement chinois et par la baisse du prix des matières premières.Lire aussi :Argentine : qui sont les candidats à la présidentielle et leurs programmesLa dégringolade de la croissanceLa deuxième moitié des années Kirchner a été assombrie par la diminution de la croissance, passée de 8,7 % en moyenne entre 2003 et 2007 à moins de 4 % par la suite. Pour 2014, le Fonds monétaire international parle de récession (–1,7 %), alors que le ministre argentin de l’économie, Axel Kicillof, retient une modeste croissance de + 0,5 %. Si leur différend persiste pour 2015 et 2016, personne ne conteste l’importance du ralentissement économique actuel.Le ralentissement chinois et la baisse du prix des matières premières pèsent sur le secteur agroalimentaire argentin. Principal pourvoyeur de devises, ce dernier est aussi pénalisé – comme l’industrie, peu compétitive – par la surévaluation du peso.Lire aussi :L’Argentine à la recherche de sa croissance perdueDes réserves de change grignotéesLes prochains mois seront difficiles. Les réserves de change de l’Argentine, qui n’a plus accès aux marchés des capitaux depuis son défaut souverain en 2001, sont tombées officiellement de 52 milliards de dollars en juillet 2011 à 32,5 milliards de dollars (29,5 milliards d’euros). Mais un rapport de Morgan Stanley, cité le 9 octobre par Emerging Markets, les évalue plutôt à « 10-12 milliards ».Pour se procurer des devises, le gouvernement a alourdi les « retenciones », ces taxes sur les exportations qui atteignent 35 % sur le soja. Il a limité, parfois interdit les importations, et ressuscité le troc.De lourdes échéances Début octobre, le gouvernement a remboursé 5,9 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros) d’obligations. Il en aura autant à sortir en 2016. Mais le pays n’a plus d’argent. Alejandro Vanoli, le gouverneur de la banque centrale, a bouclé à Lima, au Pérou, en marge des assemblées d’octobre du FMI et de la Banque mondiale, un prêt de 2 milliards avec la People’s Bank of China.Lire aussi (édition abonnés) :En Argentine, le crépuscule des années KirchnerUne inflation très élevéeL’inflation élevée, enfin, complique la vie des Argentins. La hausse des prix a accéléré à 12,3 % en 2004 et en 2005. Elle serait de 25 % aujourd’hui. À défaut de la maîtriser par le contrôle des prix, le gouvernement manipule les statistiques, ruine la crédibilité du pays et provoque des fuites de capitaux.La course aux dollarsFace à l’inflation qui dilue les dettes mais complique la vie des Argentins, la course au dollar se généralise. Il y a trois à quatre taux de change dans le pays. « Le premier, aligné sur le dollar, est comme une star. On en rêve sans y avoir jamais accès », ironise M. Echagüe d’Allianz. Les autres sont des dollars « bleus » échangés sur un marché parallèle, qui a presque pignon sur rue, à raison de 16 pesos pour 1 dollar, au lieu de 10 pour 1 au taux officiel.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.10.2015 à 13h19 • Mis à jour le24.10.2015 à 13h59 Un bâtiment destiné à accueillir une soixantaine de demandeurs d’asile en Suède a été ravagé par un incendie possiblement volontaire vendredi 23 octobre dans la soirée, a indiqué la police.Dans un communiqué, les forces de l’ordre ont fait savoir que les pompiers avaient éteint un feu qui avait déjà presque entièrement détruit cette bâtisse encore inhabitée, à Eskilstuna, à environ 90 km à l’ouest de Stockholm. Les premiers éléments recueillis sur place ont amené la police à ouvrir une enquête pour incendie volontaire.Une dizaine d’incendies criminels en 2015Ce n’est pas le premier centre pour réfugiés à être incendié en Suède. Une dizaine d’autres ont subi le même sort depuis le début de l’année. Mais la police n’a fait état d’aucune arrestation dans ces affaires.La Suède est l’un des pays d’Europe qui attirent le plus de réfugiés. Elle prévoit entre 140 000 et 190 000 demandes d’asile cette année, pour une population de 9,8 millions d’habitants.Mais une partie des électeurs sont hostiles à cette immigration, comme en témoigne la popularité des Démocrates de Suède (extrême droite), qui appellent à fermer les frontières du pays.Jeudi, un jeune homme de 21 ans aux idées d’extrême droite a tué deux personnes et en a blessé grièvement deux autres lors d’une attaque au sabre dans une école d’un quartier à majorité immigrée de Trollhättan, dans le sud-ouest de la Suède.Lire aussi :Suède : l’auteur de l’attaque au sabre animé par des « motivations racistes » Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) La Pologne a de très fortes chances de changer de majorité, dimanche 25 octobre, lors des élections législatives. Les sondages donnent entre 32 et 39,5 % de voix pour le parti conservateur Droit et Justice (PIS) et entre 22 et 26 % pour la Plate-forme civique (PO), aux commandes du pays depuis huit ans. C’est la lassitude du parti régnant et son usure du pouvoir qui rendent probable ce changement de majorité. La première ministre, Ewa Kopacz, qui a succédé il y a un an à Donald Tusk, devenu président du Conseil européen, à Bruxelles, a mené une campagne solitaire, dominée par les attaques contre son principal adversaire plutôt que par la défense d’un bilan qui est loin d’être négligeable. Dans un environnement difficile au niveau européen, la croissance n’a cessé de progresser, et le chômage a diminué pour passer cette année sous la barre des 10 %. PO n’a pas su non plus imposer pendant la campagne de nouvelles têtes chargées d’incarner le renouveau du parti. Comble de malchance, la secrétaire d’Etat à la justice a été limogée vendredi après avoir été verbalisée pour conduite en état d’ivresse. L’ambiance était plutôt morose vendredi lors du dernier meeting de PO, même si Ewa Kopacz a assuré : « PIS n’a pas gagné. »Lire aussi :En Pologne, l’usure de la droite libéraleAu PIS, de nouveaux visages Pendant des années, la vie politique polonaise a été dominée par le duel entre Donald Tusk et Jaroslaw Kaczynski, le président du PIS, premier ministre en 2006 et en 2007, et frère jumeau de l’ancien président Lech Kaczynski, mort dans la catastrophe aérienne de Smolensk en 2010. Le chef du PIS ne s’est pas présenté à l’élection présidentielle, quand le président sortant Bronislaw Komorowski était ultrafavori. C’est un presque inconnu, Andreszj Duda, qui a été le candidat de PIS, et élu à la présidence de la République, le 25 mai. PIS, qui était dominé par l’image — repoussante pour des électeurs modérés — de M. Kaczynski, a montré qu’il pouvait incarner le changement avec de nouveaux visages. Il a réitéré l’expérience en proposant à une députée quinquagénaire, Beata Szydlo, qui venait de diriger avec succès la campagne de M. Duda, d’être en première ligne pour conduire les législatives.Notre portrait :Andrzej Duda « l’inconnu », nouveau président polonaisCe parti qui était considéré comme celui d’un seul homme (ou de deux frères) est désormais représenté par une femme, efficace et plutôt modérée dans son discours. Elle a mené une campagne de terrain, est apparue à l’écoute des gens et de leurs préoccupations, a multiplié les promesses, mais s’est bien gardée, tout comme M. Duda auparavant, d’entrer dans les obsessions du président du parti et de ses plus proches affidés, notamment les théories du complot autour de la catastrophe de Smolensk. Le passage au pouvoir de M. Kaczynski — qui a laissé de mauvais souvenirs à Bruxelles — a été marqué par une campagne contre la corruption efficace mais aux méthodes contestées. Le chef de la lutte anticorruption a été condamné pour abus de pouvoir. Le quotidien Gazeta Wyborcza a symbolisé cette inquiétude en titrant vendredi sur « la démocratie », menacée selon la rédaction en cas de retour au pouvoir de PIS.Après avoir été très discret, M. Kaczynski a refait surface publiquement ces dernières semaines, enchaînant les meetings électoraux et les déclarations à l’emporte-pièce sur les « risques épidémiologiques » que provoqueraient les quelque 7 000 migrants que le gouvernement s’est engagé à accepter dans le cadre du plan de répartition européen de réfugiés.Lire notre analyse :Pologne : la fin du bon élève européen ?Quel parti pourrait s’allier à PIS ? Si la victoire de PIS semble assurée, sa capacité à obtenir une majorité est plus incertaine. Cela dépendra de l’ampleur de sa victoire mais aussi du nombre de partis qui entreront au Parlement. Or, selon les sondages, compte tenu de la marge d’erreur, le Parlement pourrait être composé de trois ou de sept partis. La plupart sont à la limite du seuil qui permet d’être qualifié dans le cadre de ce scrutin proportionnel (5 % pour un parti, 8 % pour une coalition).Les listes du chanteur Pawel Kukiz semblent bien placées, avec un score situé entre 7,5 et 12,5 % des voix, selon les instituts de sondage. Le rocker de 52 ans avait créé la surprise en obtenant plus de 20 % des suffrages lors du premier tour de la présidentielle. Nationaliste et populiste, il peut constituer une force d’appoint à PIS.Le Parti paysan était le partenaire de coalition de la Plate-forme civique. Ce parti clientéliste, bien implanté dans les campagnes, a l’habitude d’être au gouvernement quelle que soit la majorité. Il entretient cependant des rapports difficiles avec PIS. Il oscille dans les sondages entre 5 et 7 %.Le Parti libéral de Riszard Petru est crédité du même score. Il regroupe principalement des déçus de la Plate-forme civique, qui considèrent que Donald Tusk a renoncé à son libéralisme pour mener une politique économique trop centriste. Il est incompatible avec PIS, qui est très conservateur sur les sujets de société, comme les religions et les mœurs, mais étatiste en matière d’économie.Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartieA l’extrême droite, Janusz Korwin-Mikke n’est pas sûr de rentrer au Parlement, selon les sondages qui le placent légèrement en dessous du seuil des 5 %. Cet excentrique de la politique polonaise, qui fait le baisemain aux femmes, homophobe, libéral, prorusse et nostalgique de Hitler, avait été refusé par Marine Le Pen dans son groupe d’extrême droite au Parlement européen.Enfin, la gauche polonaise lutte aussi pour son maintien au Parlement. Elle se présente sous la forme d’une coalition entre le parti social-démocrate, né des ruines du parti communiste polonais, du mouvement de Janusz Palikot et des Verts. Mais le système électoral fixe à 8 % la barre d’entrée au Parlement pour les coalitions. La liste de Barbara Nowacka est dans la limite haute, entre 8 et 9 %. Elle doit affronter la concurrence d’un petit parti de gauche radicale, Razem (« Ensemble »), qui a fait une très bonne prestation lors du débat télévisé. Il est largement sous la barre des 5 %, mais apparaît comme un parti antisystème qui séduit les jeunes de gauche, tout comme ceux de droite sont attirés par Koukiz ou Korwin-Mikke.Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.10.2015 à 11h44 • Mis à jour le24.10.2015 à 15h45 Un Palestinien qui avait tenté de poignarder un garde a été tué samedi 24 octobre par des tirs israéliens, a indiqué la police israélienne. Le garde, employé d’une compagnie privée, était posté à un check-point entre le nord de la Cisjordanie occupée et Israël. L’identité de l’assaillant n’a pas été révélée. Depuis le début du mois d’octobre, cinquante-deux Palestiniens ont été tués dans des circonstances comparables.La veille, des affrontements avaient eu lieu à Gaza et en Cisjordanie entre Palestiniens et soldats israéliens, faisant plusieurs dizaines de blessés. Des mouvements palestiniens avaient appelé à une « journée de la colère », et, pour la première fois depuis des semaines, Israël avait levé les restrictions d’accès à l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem. Ce lieu cristallise les tensions entre Palestiniens et Israéliens, les premiers accusant les seconds de vouloir modifier le statu quo en vigueur depuis 1967.Lire nos explications :Les attaques au couteau ne cessent pas en IsraëlSamedi, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a rencontré, à Amman, le président palestinien, Mahmoud Abbas, puis le roi de Jordanie, Abdallah II. A l’issue de cet entretien, M. Kerry a annoncé un accord entre la Jordanie et Israël sur de nouvelles mesures régissant l’esplanade des Mosquées. Elles devraient être annoncées samedi soir par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.Vendredi, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait plaidé « avec force » pour une rencontre directe entre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. « En dépit de la colère et de la polarisation, il est encore temps de s’écarter du précipice », avait-il avancé.Lire aussi :Israéliens et Palestiniens dans le piège du religieux Frédéric Saliba (Mexico, correspondance) « Aucun ouragan de cette magnitude n’a jamais touché la côte pacifique mexicaine », a alerté, vendredi 23 octobre, le président Enrique Peña Nieto, quelques heures avant que des vents de plus de 300 km/h frappent la côte ouest du Mexique. Depuis, les autorités tentent d’éviter un bilan humain et matériel dévastateur.Baptisé « Patricia », cet ouragan de catégorie 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson, a touché terre, vendredi, dans l’Etat du Jalisco (Ouest), près du port de Manzanillo et de la station balnéaire de Puerto Vallarta. Routes endommagées, voitures empilées, arbres arrachés… La force du cyclone a aussi affecté les côtes des Etats voisins de Nayarit, de Colima et du Michoacan, déclarés, avec le Jalisco, en alerte maximale.L’œil du cyclone a atteint 10 km de diamètre, provoquant des vents de 325 km/h, avec des rafales de 380 km/h et des vagues de plus de 4 m de hauteur. Une puissance supérieure à celle du typhon Haiyan, dont les vents de 315 km/h avaient fait, le 8 novembre 2013, plus de 6 000 morts aux Philippines. Vendredi soir, M. Peña Nieto a annoncé une absence de victimes pour l’instant et des dommages inférieurs à ceux prévus, sans donner de chiffre.Impact du réchauffementEn touchant terre, Patricia a perdu en intensité. Roberto Ramirez, le directeur de la commission de l’eau mexicaine, a néanmoins précisé que « la force de l’ouragan est telle qu’il pourrait traverser les montagnes du centre du pays pour terminer sa course au nord-est du Mexique ». Samedi en milieu de journée, l’ouragan a été rétrogradé en tempête tropicale, a annoncé le Centre national des ouragans des Etats-Unis. Les vents les plus forts avaient baissé d’intensité à 80 km/h et devaient continuer à perdre de la puissance à mesure que la tempête s’engouffre à l’intérieur du Mexique, où les dégâts ont été moins importants que prévu en dépit de fortes pluies sur le nord-ouest du pays.Pour éviter une catastrophe humaine, 50  000 habitants ont été évacués des côtes du Jalisco, de Nayarit et de Colima. Le gouvernement a aussi annoncé le déplacement de 15  000 touristes par voie terrestre de la ville de Puerto Vallarta à celle de Guadalajara, dans le Jalisco. Sans compter les 11  000 militaires et policiers mobilisés pour acheminer les sans-abri dans 1 782 refuges, habilités à accueillir 258  000 personnes. Les ports, les aéroports et les écoles ont été fermés dans les zones les plus exposées.Les autorités ont été surprises par l’ampleur du phénomène météorologique. Initialement classée tempête tropicale, Patricia a été requalifiée, jeudi, en ouragan par le centre américain de surveillance de Miami (NHC), avant d’atteindre en dix heures la catégorie 5. Selon le NHC, le cyclone s’est formé dans les eaux anormalement chaudes, en raison du phénomène El Niño.L’impact du réchauffement climatique est aussi pointé du doigt par un rapport de l’Administration nationale océanique et atmosphérique des Etats-Unis, publié en septembre. Ce dernier a annoncé « une intensification du nombre des ouragans de catégorie 4 et 5 », alors que la saison des ­cyclones tropicaux ne devrait s’achever qu’en novembre.Lire aussi :Mexique : l’ouragan Patricia en six questionsFrédéric Saliba (Mexico, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Caroit (Port-au-Prince, envoyé spécial) Près de trente ans après la chute de la dictature des Duvalier, la transition d’Haïti vers la démocratie reste chancelante. Les élections présidentielle, législatives et municipales de dimanche 25 octobre en sont une nouvelle illustration. Face aux craintes de violences et à l’apathie d’une grande partie des 5,8 millions d’électeurs, la communauté internationale a multiplié les appels au calme et à la participation.L’ONU, dont des casques bleus participent aux côtés de la police haïtienne à la sécurité du scrutin, l’Union européenne et l’Organisation des Etats américains ont exhorté les partis et les électeurs à se conduire de manière pacifique et à faire preuve de patience, de sérénité et de tolérance. Alors qu’une partie de l’opposition a appelé à boycotter la consultation, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, s’est rendu à Port-au-Prince le 6 octobre pour inciter les Haïtiens à voter nombreux et sans violence.Pléthore de candidatsLe premier tour des élections législatives, organisé le 9 août avec quatre ans de retard, a été marqué par une série d’incidents violents, par de nombreuses irrégularités et des fraudes qui ont conduit le conseil électoral à annuler le scrutin dans près de 25 % des circonscriptions. Trois organisations de la société civile, qui ont déployé quinze cents observateurs dans tout le pays, ont qualifié le premier tour de « fiasco électoral ».« La police n’a pas un comportement neutre », affirme Pierre Espérance, porte-parole de ces organisations. « La brigade d’opération et d’intervention départementale (BOID), directement rattachée au palais présidentiel, est un instrument politique aux mains du pouvoir », dénonce cet infatigable défenseur des droits humains. Selon lui, cette unité créée en juin s’est rendue coupable d’exécutions sommaires lors de violents incidents qui ont fait une quinzaine de morts à la fin de la semaine dernière dans l’immense bidonville de Cité Soleil. Il l’accuse aussi de multiples exactions dans la commune de l’Arcahaie, une zone touristique en ébullition à la suite d’un redécoupage territorial contesté par la population.La pléthore de candidats, cinquante-quatre pour l’élection présidentielle, et de partis, plus de cent cinquante, a contribué à entretenir la confusion. La campagne s’est animée au cours des derniers jours. Des caravanes aux couleurs des principaux prétendants ont sillonné la capitale. Les partisans de Jude Célestin, vêtus de vert et de jaune, semblaient les plus nombreux. En tête selon plusieurs sondages, cet ancien dauphin de l’ex-président René Préval avait été exclu du second tour de l’élection présidentielle de 2010 sur intervention des Etats-Unis alors qu’il était arrivé en deuxième position. Qualifié à sa place, le chanteur Michel Martelly avait été élu au deuxième tour, avec une faible participation, de 22,5 %. Jude Célestin vient d’obtenir l’appui du célèbre chanteur Wyclef Jean, fondateur du groupe de hip-hop The Fugees, qui avait soutenu la candidature de Michel Martelly en 2010.Producteur de bananesLe rose domine les meetings de Jovenel Moïse, le poulain de M. Martelly. Le chef de l’Etat appuie ouvertement ce producteur de bananes, qui se présente comme « un petit paysan qui a réussi » et promet de relancer l’agriculture. Peu disert sur ses bailleurs de fonds, « des amis du secteur privé », il se déplace en hélicoptère et bénéficie des ressources de l’appareil d’Etat. « Martelly veut imposer son successeur par n’importe quel moyen », dit Pierre Espérance.Maryse Narcisse, médecin portant les couleurs de Fanmi Lavalas (Famille Lavalas), figure aussi dans le peloton de tête aux côtés de Moïse Jean-Charles, un ancien sénateur dissident de cette famille politique et farouche opposant au président Martelly. Figure tutélaire de Fanmi Lavalas, l’ancien président Jean-Bertrand Aristide est sorti vendredi de sa retraite pour accompagner Maryse Narcisse à Cité Soleil, un de ses bastions.Lors du premier tour des législatives, le taux de participation n’avait atteint que 18 %. « Nos experts pensent que ce taux va augmenter, l’élection présidentielle attire davantage d’électeurs », espère Sandra Honoré, qui dirige la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah). La légitimité des futures autorités et leurs chances de faire avancer Haïti sur la voie de la « stabilisation démocratique » et du développement dépendront largement du taux de participation, de la sécurité et de l’équité du scrutin.Jean-Michel Caroit (Port-au-Prince, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.10.2015 à 01h42 • Mis à jour le24.10.2015 à 10h44 L’ouragan Patricia, considéré comme l’un des plus puissants et potentiellement dévastateurs de l’histoire récente, a frappé vendredi 23 octobre en fin de journée la côte pacifique du Mexique avec des vents de 265 km/h. Cependant, c’est une zone relativement peu peuplée qui a d’abord été touchée, et les dégâts causés par les pluies torrentielles et les rafales semblent « moins importants » que prévu, a annoncé vendredi soir le président mexicain, Enrique Peña Nieto.L’ouragan a rapidement baissé d’intensité en touchant terre, a précisé le Centre national des ouragans (NHC) américain, qui l’a ramené dans la soirée de la catégorie 5, la plus élevée, à la catégorie 4 et a estimé qu’il devrait se transformer en simple tempête tropicale d’ici à samedi matin.Lire aussi :Mexique : l’ouragan Patricia en six questionsL’œil de l’ouragan a touché terre à Emiliano Zapata, dans l’Etat de Jalisco, non loin du port de Manzanillo, à 18 h 15, heure locale (1 h 15 GMT). L’arrivée de l’ouragan sur la côte n’a pas provoqué de « marée de tempête », qui peut, comme lors du typhon Haiyan aux Philippines, causer d’importants dégâts. Une heure après l’arrivée de l’ouragan, les autorités se montraient soulagées, sans vouloir toutefois « crier victoire », et rapportaient des inondations et des glissements de terrain.L’ouragan est passé suffisamment loin de Manzanillo (85 km) pour l’épargner des vents les plus violents. Patricia doit continuer sa trajectoire en passant par une zone montagneuse parsemée de villages isolés.Risque de crues et de coulées de bouePeu après, le NHC informait sur Twitter que l’ouragan se déplaçait maintenant à l’intérieur des terres. Le risque sur la côte décroît, mais des vents violents devraient persister dans la matinée de samedi. De plus, selon NHC, des pluies très importantes pourraient causer crues et coulées de boue dans les Etats de Nayarit, du Jalisco, de Colima, du Michoacan et du Guerrero dans la journée.Key messages from NHC for Hurricane Patricia at 10 pm CDT Friday Oct 23rd. #Patricia https://t.co/Oy8uof9ldM https://t.co/0ZLKk7gTLc— NHC_Pacific (@NHC E. Pacific Ops)require(["twitter/widgets"]);Circulation rouverte dans l’Etat de ColimaLa police fédérale annonçait quant à elle à 21 h 30 sur Twitter que la circulation était rouverte dans l’Etat de Colima après le passage de l’ouragan, rapportant des glissements de terrain mineurs.Quelques heures avant d’atteindre la côte mexicaine, les vents de l’ouragan enregistrés avaient atteint le chiffre record de 325 km/h, avant de redescendre à 305 km/h.Patricia made landfall at 615 p.m. CDT (2315 UTC) along the coast of Mexico near Cuixmala. https://t.co/Oy8uof9ldM https://t.co/0nSnPZXFXz— NHC_Pacific (@NHC E. Pacific Ops)require(["twitter/widgets"]);Les autorités ont évacué 50 000 habitants des côtes de Jalisco, de Nayarit et de Colima et plus de 15 000 touristes ont été déplacés de Puerto Vallarta à Guadalajara, dans le Jalisco. Tous les vols de et à destination de la station balnéaire ont été suspendus et l’ordre d’évacuation des hôtels situés en bord de mer a été diffusé par haut-parleurs. Les rues étaient totalement désertes lorsque l’ouragan a atteint la région. Les Etats-Unis ont appelé leurs ressortissants se trouvant dans ces régions du Mexique à ne pas aller sur les plages ou en mer.L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a estimé vendredi que le cyclone était comparable en intensité au typhon Haiyan, qui avait fait plus de 6 300 morts il y a deux ans aux Philippines.Lire aussi :Le Mexique attend l’arrivée de l’ouragan Patricia, « le plus important jamais enregistré » 23.10.2015 à 22h53 Des milliers de Palestiniens ont prié, vendredi 23 octobre, sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, ouverte par Israël sans restriction pour la première fois depuis des semaines. Des heurts ont toutefois fait plus de 80 blessés en Cisjordanie et à Gaza. Israël et les territoires palestiniens sont en proie à une spirale de violences qui a fait, depuis le début du mois, une cinquantaine de victimes.L’esplanade des Mosquées ouverteEnviron 25 000 musulmans ont participé à la grande prière hebdomadaire alors qu’ils ne sont habituellement que 10 à 15 000 à y participer, selon le cheikh Azzam Al-Khatib, chef de la fondation islamique qui administre le lieu. En ouvrant l’esplanade sans restriction d’âge pour la première fois depuis trois semaines, les autorités israéliennes ont semblé vouloir faire un geste d’apaisement. Ce lieu cristallise les tensions entre Palestiniens et Israéliens, les Palestiniens accusant les autorités israéliennes de vouloir modifier le statu quo en vigueur depuis 1967.Des affrontements violentsA Gaza, des jeunes lanceurs de pierres ont affronté les soldats israéliens près de la barrière de sécurité qui enferme ce territoire. Ces derniers ont riposté par des tirs qui ont fait 65 blessés, dont trois journalistes et quatre secouristes, selon des sources médicales palestiniennes. En Cisjordanie, des heurts violents ont également opposé des Palestiniens à l’armée israélienne, notamment près de Hébron. Vingt Palestiniens ont été blessés par des tirs.Une Israélienne et ses deux filles ont aussi été blessées en Cisjordanie lorsque leur véhicule a essuyé un jet de cocktail Molotov, et un soldat israélien a été légèrement blessé en Cisjordanie dans une nouvelle attaque à l’arme blanche de la part de Palestiniens isolés.Les mouvements palestiniens avaient appelé à une « journée de la colère ». Une rencontre Nétanyahou-Abbas ?Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a plaidé « fortement » vendredi pour une rencontre directe entre le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. « En dépit de la colère et de la polarisation, il est encore temps de s’écarter du précipice », a-t-il insisté.Réuni à Vienne, le quartette – Russie, Etats-Unis, Union européenne, ONU –, médiateur dans le conflit israélo-palestinien, a appelé Israël à coopérer avec la Jordanie pour « le maintien du statu quo » sur l’esplanade des Mosquées.Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, doit, lui, rencontrer samedi à Amman Mahmoud Abbas et le roi Abdallah II de Jordanie.Lire aussi :Israéliens et Palestiniens dans le piège du religieux 23.10.2015 à 18h37 • Mis à jour le23.10.2015 à 19h09 | Nicolas Chapuis Une standing ovation du Parlement hellène, et en guise de cadeau une médaille en or frappé du profil du stratège Périclès, dont le nom signifie littéralement « entouré par la gloire ». François Hollande a pu mesurer la sienne auprès des députés grecs de Syriza, vendredi 23 octobre. Dans un pays qui a vu naître de grands orateurs, le discours du chef de l’Etat français n’aura pas réinventé le métier. Mais cet accueil positif en dit long sur l’évolution politique de la Grèce ces derniers mois et sur cette majorité de gauche radicale contrainte de voir en M. Hollande son meilleur ami sur la scène européenne.« François a été une des personnes qui m’ont convaincu que je me devais d’accepter un compromis difficile », explique Alexis Tsipras, le premier ministre grec, lors d’une conférence de presse commune entre les deux dirigeants. La position de la France, qui voulait à tout prix éviter la sortie de la Grèce de la zone euro, a été déterminante dans la signature d’un accord, le 13 juillet, qui a débloqué un plan de soutien en faveur d’Athènes en échange d’un programme de réformes drastiques.Lire aussi :Tsipras et Hollande, histoire d’un mariage de raison« La question du “Grexit” est derrière nous »Pas de bain de foule au programme de François Hollande, dont la popularité dans les rues d’Athènes n’est pas assurée. Du reste, la météo tumultueuse aurait compromis toute velléité de sortie publique. Mais le chef de l’Etat a eu droit à une série d’honneurs : discours à la Vouli (le Parlement grec), déjeuner à l’Acropole, remise d’un titre de « docteur honoris causa » de l’université d’Athènes dans la lignée des présidents du Conseil Léon Gambetta, Georges Clemenceau, ou encore du député Jean Zay… A chaque arrêt, François Hollande défend son idée de l’Union européenne, et veut voir dans le maintien de la Grèce dans la zone euro la preuve que la « solidarité » en est la principale valeur. « Sans la Grèce, l’Europe ne serait plus l’Europe et la zone euro aurait perdu de sa légitimité en perdant son intégrité », explique-t-il. La poussée des extrêmes – « ceux qui veulent se retirer de tout, qui considèrent l’autre comme un suspect, qui veulent ériger des murs » – est très présente dans son discours, alors que 18 représentants du parti néonazi Aube dorée siègent à la Vouli. « La démocratie c’est s’adresser à l’intelligence des citoyens plutôt que s’adresser à ses peurs », lance-t-il à l’assemblée.Pour lui, le plan européen de maintien de la Grèce dans la zone euro, conçu dans la douleur, est davantage qu’un simple accord économique :« C’est le sort de la Grèce mais aussi d’une conception de l’Europe qui s’est joué : il s’agissait de savoir si nous portions encore un projet plus grand que nous, si nous partagions ensemble une communauté de destins, et pas seulement des règles de discipline. »Comme il l’avait déjà fait lors de son intervention du 14 juillet, François Hollande salue devant le Parlement grec « le courage » d’Alexis Tsipras et de sa majorité : « Vous avez accepté le compromis, c’est-à-dire l’esprit européen. » Le chef de l’Etat français appelle chacun à dépasser la crise de cet été : « La question du “Grexit” est derrière nous, le double engagement est passé, il est irrévocable, et chacun aura à cœur de le respecter. »Partenariats stratégiques Pour lui, la mise en œuvre des réformes grecques doit se traduire par une réflexion européenne sur le service de la dette grecque avec un rééchelonnement des intérêts. A travers sa visite, le chef de l’Etat, accompagné d’entrepreneurs, veut également défendre l’idée que la Grèce a besoin des investissements européens pour retrouver de la croissance. Le ministre des finances Michel Sapin et son homologue Euclide Tsakalotos ont d’ailleurs signé un accord pour des partenariats stratégiques entre les deux pays afin que la France aide la Grèce dans la reconstruction de son système de santé, la mise en place de sa décentralisation, ou encore la gestion des fonds structurels.A plusieurs reprises, François Hollande évoque le difficile pari qui attend la Grèce dans les mois à venir, à savoir la préservation de « sa cohésion sociale » malgré la mise en place des réformes structurelles. Alexis Tsipras avait dénoncé quelques minutes plus tôt « les politiques néolibérales extrêmes qui dépassent les exigences de juillet et ont pour objectif de faire échouer le programme grec » :« La Grèce a signé un accord qu’elle doit honorer mais ce n’était pas un accord de soumission totale. »La Grèce en première ligne Comme pour souligner l’importance du respect de la souveraineté de la Grèce, le premier ministre met dans la balance le rôle que joue son pays dans la gestion de la crise des réfugiés. « La Grèce va se révéler en pays pilier de la stabilité de cette zone géographique et en facteur fondamental de la résolution de toutes ces crises », lance-t-il, englobant tout à la fois la Syrie et l’afflux de migrants.Avec 500 000 personnes qui ont déjà transité par son territoire, Athènes se retrouve en première ligne dans cette crise. « Avec les réfugiés, Tsipras a un atout dans sa manche, analyse un diplomate français. Il dit globalement : “Si vous m’emmerdez, je vous en envoie des bateaux entiers.” » Le chef de l’Etat français mesure le rôle qu’Athènes va être amené à jouer dans les mois qui viennent et salue l’attitude d’ouverture de son hôte. « La Grèce c’est notre frontière, c’est la pointe avancée de l’Europe et les Grecs ont fait face à cet afflux et l’ont fait avec dignité », explique-t-il. Il promet dans le même temps de défendre la mise en place d’un financement européen, afin que les pays d’accueil ne supportent pas toute la charge de la crise. Une aide réclamée par Athènes, en témoignage de cette « solidarité » européenne, chère à François Hollande.Lire aussi :Migrants : le premier « hot spot » grec ouvre sur l’île de LesbosNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne, qui a convoqué pour dimanche 25 octobre après-midi, à Bruxelles, un mini-sommet extraordinaire sur la « route des Balkans », empruntée par des milliers de demandeurs d’asile, veut agir très vite. Et éviter qu’après la Hongrie d’autres Etats (Slovénie, Croatie, Macédoine, etc.) érigent des murs à leurs frontières, ce qui aggraverait le chaos.Dans un document, que Le Monde a pu consulter, version provisoire d’un texte qu’il espère voir approuver par les chefs d’Etat et de gouvernement, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, prône une action « collective et concrète ». Il évoque différentes pistes. Parmi celles-ci le déploiement immédiat d’un contingent de 400 gardes-frontières en Slovénie, un pays qui a officiellement demandé l’aide de Bruxelles, jeudi.Le président de la Commission propose aussi l’établissement d’une ligne téléphonique directe, un « téléphone rouge » entre les dirigeants de tous les pays concernés pour qu’ils puissent se tenir informés en temps réel des mouvements de réfugiés et mieux anticiper ceux-ci. La Slovénie a, par exemple, beaucoup reproché à ses voisins croates d’avoir redirigé en masse les réfugiés vers son territoire au cours des derniers jours. La Commission veut aussi que les pays s’engagent à enregistrer tous les réfugiés pour que s’organise un minimum de contrôle sur les mouvements massifs de personnes.Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansUne action plus vigoureuse aux frontières La grande crainte à Bruxelles, mais aussi à Berlin – la chancelière Angela Merkel a beaucoup poussé à la tenue de cette réunion – est que la situation dégénère et que des violences se produisent entre les forces de sécurité et des réfugiés. Divers experts redoutent aussi que la détérioration des conditions climatiques entraîne des décès le long d’itinéraires dont le tracé change d’un jour à l’autre.Le brouillon des conclusions à adopter dimanche – et qui sera débattu jusqu’à la dernière minute entre les « sherpas » des Etats membres, de la Serbie et de la Macédoine – évoque encore une intervention humanitaire, par le biais du Mécanisme de protection civile, une aide financière à négocier avec des institutions, dont la Banque européenne d’investissement.Il promet une coopération pratique pour faciliter les réadmissions des déboutés du droit d’asile par les pays tiers. Il mentionne une action plus ferme contre les « mouvements secondaires », à savoir le passage de réfugiés et de migrants d’un pays à l’autre. Une action plus vigoureuse – réclamée par une majorité de pays, désormais – est également promise : en mer, ainsi qu’aux frontières gréco-macédonienne, gréco-albanaise, en Croatie, etc.Le texte stipule encore qu’un demandeur d’asile qui refuserait d’accomplir les formalités en vue d’obtenir une protection internationale pourrait se voir refuser l’entrée dans le pays concerné.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Mécanisme permanent de relocalisation Par son initiative, la Commission veut faire retomber la tension entre les pays concernés : la fermeture des frontières hongroises ou les polémiques entre la Slovénie et la Croatie inquiètent les diplomates. D’où ce rendez-vous inédit, pris « en concertation » avec Angela Merkel, l’Allemagne étant la destination finale de la plupart des réfugiés.Dans l’entourage du président Juncker, on dément que ce rendez-vous sera aussi l’occasion de relancer un débat sur l’espace Schengen ou sur une réforme du règlement de Dublin, qui oblige le pays de première arrivée à gérer le dossier d’un demandeur d’asile.Angela Merkel souhaite en tout cas que ce règlement soit rapidement revu : l’opinion publique allemande commence à douter que le pays arrive à surmonter la crise actuelle et s’inquiète du manque de solidarité de ses partenaires dans le partage des réfugiés.En mettant en présence les dirigeants d’une bonne partie des Etats concernés, M. Juncker se montre prêt à l’aider. Et à réenclencher la discussion sur un mécanisme permanent de relocalisation. « Les yeux dans les yeux, il leur sera plus difficile de fuir leurs responsabilités ou d’accepter des engagements qu’ils ne tiendraient pas », commente un haut responsable bruxellois.Ce ne serait pourtant pas la première fois, comme l’a montré l’épisode précédent du partage promis de 160 000 réfugiés, très loin d’être concrétisé aujourd’hui.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Pons (Pyongyang, envoyé spécial) Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-561938743957c'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nLa parade militaire organis\u00e9e \u00e0 Pyongyang samedi 10 octobre \u00e0 l'occasion du 70e anniversaire du parti pourrait \u00eatre l'une des plus imposantes d\u00e9monstrations de force de l'histoire du pays.\r\nCr\u00e9dits : Wong Maye-E \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La parade militaire organis\u00e9e \u00e0 Pyongyang samedi 10 octobre \u00e0 l'occasion du 70e anniversaire du parti pourrait \u00eatre l'une des plus imposantes d\u00e9monstrations de force de l'histoire du pays.","source":"Wong Maye-E \/ AP","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/asie-pacifique\/portfolio\/2015\/10\/10\/spectaculaire-parade-militaire-a-pyongyang_4787012_3216.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nVague apr\u00e8s vague, des milliers de 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Près d’un quart de la population de la capitale (2,4 millions) avait été mobilisé pour l’événement, défilant ou ovationnant le jeune dirigeant Kim Jong Un en hurlant « Mansé ! Mansé ! » (Dix mille vies !). A sa gauche, sur le balcon du pavillon de style traditionnel dominant la place, se trouvait Liu Yunshan, membre du comité permanent du bureau politique du parti communiste chinois, l’une des figures les plus importantes à Pékin et la plus haute personnalité étrangère à assister à la parade. Aucun représentant russe ou cubain n’était présent. La célébration, le 10 octobre, du 70e anniversaire de la fondation du parti du travail a été l’une des plus spectaculaires manifestations de masse et de ferveur patriotique du régime. Retardée en raison des intempéries, la cérémonie a commencé en milieu de journée et se termina à la nuit tombée par une océanique marche au flambeau de quarante-cinq minutes réunissant cent mille lycéens en chemise blanche et cravate rouge sous une pluie battante.Bataillons défilant au pas de l’oie, nuées de drapeaux rouges, pièces d’artillerie, blindés, missiles mobiles de moyenne et longue portée sur leur rampe de lancement et drones bleu ciel de fabrication locale se sont succédé dans une démonstration de force et de fierté nationale.« Notre armée est devenue invincible »La République populaire démocratique de Corée (RPDC) s’est autoproclamée puissance nucléaire en 2013, à la suite de son troisième essai atomique. Elle a annoncé en septembre son intention de développer « en quantité et en qualité » sa production nucléaire et d’envoyer dans l’espace un lanceur de satellite (de technologie analogue à celle d’un missile de longue portée) suscitant des mises en garde des Etats-Unis et de leurs alliés comme de la Chine. Dans son discours de la tribune — le second depuis son arrivée au pouvoir en 2011 —, Kim Jong Un a déclaré « notre armée est devenue invincible et peut défier n’importe quel ennemi », ajoutant, non sans bravade, « le monde doit se préparer à voir comment le peuple coréen construit sa puissance ».Au cours de ses entretiens, le représentant chinois, M. Liu, aurait insisté auprès de ses interlocuteurs sur la nécessité d’une reprise des négociations à Six (Chine, deux Corées, États-Unis, Japon et Russie) au sujet de la dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) qui sont suspendues depuis 2009.Le 70e anniversaire de la fondation du parti-État a été l’occasion de souligner la continuité du pouvoir et, par conséquent, la légitimité de Kim Jong Un, descendant direct de la génération guérilla contre l’occupant japonais que commémore inlassablement le régime. Des monceaux de fleurs avaient été déposés devant les statues et portraits de Kim Il Sung et de Kim Jong Il, qui avait succédé à son père en 1994. La réplique des deux fameuses statues de bronze de l’esplanade Mansudae érigée sur un char a clôturé la parade, suivi de vagues humaines en liesse agitant fébrilement des fleurs artificielles et scandant le nom du dirigeant le visage tourné vers la tribune où celui-ci les saluait de la main.Depuis des semaines, la population, des étudiants et les « brigades de chocs » des soldats-bâtisseurs, dont on apercevait par endroits les baraquements de fortune, avaient pomponné la ville, construisant, réparant, repeignant, astiquant tandis que les participants à la cérémonie se préparaient sans relâche, dormant parfois sur place dans des couvertures, pour tenir leur rôle dans cette grande mise en scène du régime par lui-même.Philippe Pons (Pyongyang, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.10.2015 à 15h47 • Mis à jour le10.10.2015 à 15h54 Neuf personnes ont trouvé la mort dans l’incendie d’une aire d’accueil de caravanes et mobile homes dans le sud de Dublin, samedi 10 octobre, selon le chef de la police irlandaise Diarmuid O’Sullivan. Plusieurs enfants, dont un bébé de 6 mois, seraient parmi les victimes, selon The Irish Times.Units from D'laire, D'brook & Nutgrove are dealing with a serious fire in Carrickmines. 6 units/3 ambs on scene along with @AmbulanceNAS— DubFireBrigade (@Dublin Fire Brigade)require(["twitter/widgets"]);Les membres d’une famille irlandaise de gens du voyage auraient été tués dans l’incendie, sans que cette information n’ait été confirmée officiellement. Plusieurs autres personnes, intoxiquées par les fumées, ont été transportées à l’hôpital. Une enquête a été ouverte par la police pour déterminer les causes de l’incendie qui s’est déclenché à Carrickmines, dans la banlieue sud de Dublin.Le président irlandais Michael D. Higgins a qualifié l’incendie d’« horrible tragédie ». « Mes pensées vont en ce moment vers les familles et les amis de ceux qui ont perdu la vie et de ceux qui ont été blessés », a-t-il ajouté. Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Plusieurs syndicats de gauche – KESK (fonction publique), DISK– ainsi que l’association des médecins (TTB) et le parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro kurde) avaient appelé à manifester, samedi 10 octobre, contre la reprise des hostilités entre les forces turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) au sud est du pays. Quelques minutes avant le départ du cortège, une bombe a explosé sur le lieu où les militants du HDP étaient rassemblés, faisant au moins 86 morts et 186 blessés, selon le ministre de la santé, Mehmet Muezzinoglu. La Turquie a décrété trois jours de deuil national après ces attaques meurtrières.Lire aussi :L’attentat d’Ankara commis très probablement par deux kamikazes Il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit de l’action d’un kamikaze ou d’une bombe placée dans le cortège mais les billes d’acier retrouvées sur le théâtre du crime attestent de l’intention de faire un maximum de victimes. Cet attentat ressemble en tout cas trait pour trait à celui qui s’était produit à Diyarbakir le 5 juin, au beau milieu d’un rassemblement du HDP, deux jours avant la tenue des élections législatives. Deux bombes avaient explosé coup sur coup, l’une à proximité d’un transformateur électrique, l’autre dans une poubelle, faisant quatre morts et quatre cents blessés.Deux jours plus tard, le 7 juin, le HDP remportait 13 % des voix aux législatives, faisant perdre au Parti de la Justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan la mainmise qu’il exerçait depuis 2002 sur le pays. Meurtri par ce revers, M. Erdogan a convoqué de nouvelles élections, prévues pour le 1er novembre, après l’échec de son premier ministre Ahmet Davutoglu à former un gouvernement de coalition.Une période de turbulences sans précédentL’AKP compte sur ce nouveau scrutin pour récupérer sa majorité parlementaire mais les principaux instituts de sondages disent qu’il n’en sera rien. Les islamo-conservateurs sont crédités de 38 à 40% des voix (contre 41% le 7 juin). Sa stratégie pré-électorale consiste à évincer à tout prix le HDP, accusé de collusion avec les « terroristes du PKK », et à gagner les faveurs de l’électorat ultra nationaliste.Le HDP, ses militants, ses journalistes sont dans l’œil du cyclone. Chaque jour, ses responsables sont interpellés, ses bureaux sont attaqués. Le chef du parti, Selahattin Demirtas, qualifié de « terroriste » par le chef de l’Etat, ne fait plus aucune apparition sur les grandes chaînes publiques, hormis celles de l’opposition, qui viennent d’être contraintes à la fermeture sans aucune raison. Il y a deux jours, Garo Palayan, député du HDP, avait exprimé ses craintes de voir les élections législatives du 1er novembre annulées. Cette éventualité est devenue plus tangible depuis le double attentat d’Ankara.La Turquie est entrée dans une période de turbulences comparable à celles qui prévalaient jadis à la veille des coups d’état militaires (1960, 1971, 1980). La presse pro-gouvernementale, la seule autorisée à parler, n’a pas hésité à donner une interprétation fallacieuse des attentats de samedi matin à Ankara.« Tirer profit des morts »Le quotidien Sabah écrivait ainsi en une de son site quelques heures après la double explosion : « Comme à Diyarbakir, Demirtas est entrain de tirer profit des morts ». « L’attentat de Diyarbakir avait donné deux points de plus au HDP », dit le sous-titre. Les sites des quotidiens de la même veine, Yeni Safak et Yeni Akit ne disent pas autre chose. Yeni Akit a reproduit le logo du parti HDP, soit un olivier avec ses feuilles dont le tronc est représenté par deux mains jointes, mais des grenades ont été dessinées à la place des feuilles, pour mieux convaincre ses lecteurs que les militants pro-kurdes sont les instigateurs de l’attentat qui les a directement visés.« Cet attentat nous fait très mal. Notre population paye le prix fort. Nous assistons au même scénario que ce qui s’est passé à Diyarbakir à la veille des élections du 7 juin. Nous avons vu à qui cela avait profité. La nation ne doit pas se laisser aller à un tel scénario », a déclaré Bülent Turan, député AKP de Canakkale au journal Yeni Akit.Le lynchage a refait son apparitionDe leur côté les médias d’opposition sont condamnés au silence. Sept chaînes de télévision connues pour leurs critiques envers le gouvernement ont brusquement été interdites d’émettre vendredi 9 octobre. Le lynchage a refait son apparition. Ahmet Hakan, journaliste de Hürriyet de CNN Türk, a ainsi été passé à tabac devant chez lui le 1er octobre au soir par quatre nervis dont trois étaient des militants de l’AKP. Peu de temps auparavant, la rédaction de Hürriyet avait été attaquée à coups de pierres par une foule en colère emmenée par un député de l’AKP, Abdulrahim Boynukalin, qui avait alors appelé ses fans à agresser physiquement le journalistes Ahmet Hakan.Vendredi 9 octobre, le rédacteur en chef du quotidien Zaman, Bülent Kenes a été arrêté. Il est accusé d’« insulte au président ». Près de 300 journalistes et blogueurs ont été soumis à ce chef d’accusation depuis 2014. L’article 299 du code pénal (insulte au président), qui a eut tôt fait de remplacer le 301 (insulte à la nation turque), supprimé en 2008 pour se conformer aux critères européens, est utilisé quotidiennement contre les journalistes et les blogueurs.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.10.2015 à 12h29 • Mis à jour le10.10.2015 à 12h30 La Guardia Civil espagnole a annoncé samedi 10 octobre avoir secouru 523 migrants africains en Méditerranée, au large des côtes libyennes, avec les garde-côtes italiens. « Le bateau Rio Segura, du service maritime de la Guardia Civil et qui a participé à l’opération Triton en 2015, a sauvé 325 immigrés qui se trouvaient dans différents bateaux dans une zone à environ 25 milles de Tripoli », indique un communiqué. « En même temps, un autre navire des garde-côtes italiens, Nave Corsi, qui participe à la même opération, a demandé le transfert vers le navire de la Guardia Civil de 198 personnes supplémentaires qui avaient été secourues ».Les personnes secourues sont 376 hommes, 125 femmes et 22 enfants, a détaillé la police espagnole, précisant que « certains d’entre eux ont des blessures et la gale, et sont soignés par l’infirmier de bord ». « Parmi les personnes sauvées par les deux bateaux il y a des ressortissants du Nigeria, de Gambie, du Sénégal, de Libye, de Côte d’Ivoire, de Guinée-Bissau et de Guinée Equatoriale ». 10.10.2015 à 10h37 | Sébastien Hervieu (envoyé spécial dans la région de Tuléar (Madagascar)) La chaleur et les années pèsent sur son frêle corps à la peau plissée. Accroupi, presque prostré, entre quelques épis de maïs mal en point de son carré de terre, Rebokane Mahatsanga ne sait plus trop quel âge il a. « Je crois que je vais bientôt avoir 100 ans », glisse-t-il, les yeux mi-clos. Ici, les anniversaires ne se fêtent pas vraiment, « plutôt un truc de l’ex-colonisateur français », nous dit-on. Alors à quoi bon compter si méticuleusement ?A une poignée de kilomètres au sud de Toleara (Tuléar), dans le village de Bekoake dépourvu d’eau courante et d’électricité, ce petit paysan ne retrouvera pas non plus l’année, 2013, ni le nom du cyclone tropical Haruna. Mais sa mémoire a retenu l’essentiel : ce matin-là, il n’avait « jamais vu ça ». « La vague d’eau est arrivée et a détruit toutes les cultures et les maisons, explique dans un dialecte local le vieil homme. J’ai dû me réfugier en haut d’un talus, et attendre jusqu’au soir que le niveau redescende. »En ce mois de février, il y a deux ans, le passage d’Haruna tue vingt-six personnes dans la région. Plusieurs dizaines de milliers d’habitants perdent leur toit, souvent de simples cases à la structure en bois et aux murs en paille ou boue séchée. Des puits, seuls accès à l’eau potable dans certains villages, sont contaminés, provoquant des épidémies dans la population.« Dragon »Un tiers de la sixième ville de Madagascar (250 000 habitants), située à l’extrémité sud-ouest de la fameuse route nationale 7, à 900 km de la capitale, se retrouve sous les eaux. En cause, la digue protégeant du fleuve Fiherenana qui a cédé à quelques dizaines de mètres de la parcelle de Rebokane Mahatsanga. Le cultivateur sait ce qu’il s’est passé : « Il y a un dragon qui s’est allongé dessus, et elle a craqué. » A l’écoute autour de l’aîné, certains villageois acquiescent, d’autres, plus jeunes, sourient. Posée entre le canal du Mozambique et le large de l’océan Indien, la Grande Île est le terminus des cyclones et tempêtes tropicales qui naissent sur la façade ouest de l’Australie. Dix-sept des vingt-deux régions du pays sont classées à haut risque cyclonique. Avec le réchauffement climatique, ces perturbations venteuses ne sont pas plus fréquentes selon les météorologistes – trois en moyenne chaque année –, mais plus intenses. Auparavant, des cyclones avec des rafales de 80 km/heure ne survenaient que tous les dix ans. Depuis 2005, ils réapparaissent tous les deux ans.« Nous avons réparé la digue qui était vétuste mais, en cas de nouvel Haruna, je ne serai pas très serein, car nous avons fait avec les moyens que nous avions, c’est-à-dire pas grand-chose », confie, dans son bureau, à Toleara, Lydore Solondraza, directeur de l’administration générale et territoriale de la région Atsimo-Andrefana. Exercices de simulationSous le portrait officiel du président malgache, Hery Rajaonarimampianina, élu démocratiquement début 2014, après cinq années d’instabilité politique à la suite d’un coup d’Etat, le haut fonctionnaire hésite à en dire plus. « Nous sommes un peu délaissés par le pouvoir central, vous savez, nous sommes loin de Tana [Antananarivo, la capitale] », finit-il par lâcher.Le responsable a réussi à obtenir un Zodiac, un seul, et l’installation en 2014 de trois capteurs en amont du fleuve. « En cas de montée des eaux, je reçois automatiquement un SMS, et je lance aussitôt les opérations de prévention. » En début d’année, la tempête tropicale Fundi qui a balayé la région de Toleara a encore fait 5 morts.La Croix-Rouge locale essaie tant bien que mal de pallier les insuffisances de l’Etat. « Nous faisons des exercices de simulation dans 36 villages et 6 communes de la région, et nous allons construire dix abris anticycloniques collectifs », liste Lucianno Rafalimonona dans une gargote, un verre de jus de papaye à la main. Comment juge-t-il l’efficacité des autorités ? Le secouriste ne prononcera pas le mot corruption. Simplement : « Parfois, nous ne savons pas trop où va l’argent… »L’équation climatique de Madagascar est un casse-tête. L’Etat est l’un des plus pauvres de la planète, mais il a été classé comme le troisième pays au monde le plus exposé aux risques climatiques extrêmes. De quoi entraver un peu plus son développement.Microcosme« Nos émissions de gaz à effet de serre sont marginales à l’échelle mondiale, nous sommes même un puits de carbone avec nos forêts, mais nous devons affronter les effets néfastes des actions des pays pollueurs, qui ne veulent toutefois pas nous aider », constate, amer, Hery Rakotondravony, directeur du Bureau national de coordination des changements climatiques à Madagascar. La Grande Île a émis en 2013, 2,1 millions de tonnes de CO2. Une goutte d’eau comparé aux pays industrialisés comme la France et ses 344 millions de tonnes de CO2 rejettées dans l’atmosphère.Le négociateur malgache se rendra à Paris en fin d’année pour la conférence des Nations unies sur le climat (COP21). Il y présentera une facture de 42 milliards de dollars (38 milliards d’euros), presque quatre fois le produit intérieur brut annuel de Madagascar, pour que le pays africain parvienne à s’adapter et atténuer les effets du changement climatique.C’est à partir des années 1950 que le réchauffement a commencé dans la partie sud de Madagascar ; des années 1970 pour la partie nord. Ecartelée entre excès et rareté d’eau, entre bande côtière et arrière-pays, la région de Toleara représente un microcosme de la variété des dangers climatiques qui menacent le pays. A commencer par ces pluies qui ne tombent plus comme avant. « Avant, la saison des pluies commençait vers la fin octobre et allait jusqu’en mars, mais ces derniers temps elle se concentre de plus en plus de janvier à février, constate Razafisoa Ratalata, chef traditionnel du village d’Ambiky. Nous ne savons plus quand planter ou ensemencer, il est difficile d’anticiper pour gérer au mieux la récolte. » Selon les cultures, le décalage du calendrier est de un à presque trois mois.« Stopper cette sédimentation »Ces pluies sont aussi plus intenses, augmentant ainsi les risques d’inondations. Le responsable local marche sur une digue en terre, près de l’embouchure du fleuve Onilahy. A droite, des rizières aux pousses verdoyantes, à gauche, du baiboa, mélange d’alluvions et de terre, charrié par le cours d’eau quand il déborde.Il s’arrête à l’ombre d’un arbre. « Notre communauté l’a construite en 2008 grâce à de l’argent de la Banque mondiale, le but était de stopper cette sédimentation qui croît à cause de la déforestation et l’érosion en amont du fleuve, ce qui empêche ensuite de cultiver, raconte ce père de cinq enfants. L’eau peut passer par-dessus la digue, mais au moins le sable et tout le reste est bloqué. » En 2013, Haruna avait plongé l’endroit sous 1,50 mètre d’eau.C’est l’un des joyaux de la riche biodiversité malgache qui est aussi menacé d’asphyxie. Au nord de Toleara, 120 hectares de mangrove s’étirent sur sept kilomètres. La pirogue zigzague entre les pieds des palétuviers. Une fois descendue de l’embarcation, Lara Danhaive gribouille un schéma avec des flèches. « Le fleuve Fiherenana charrie les sédiments jusqu’ici, mais il y a aussi le vent du large qui pousse les dunes vers la mangrove et menace de l’étouffer », explique la responsable de l’organisation non gouvernementale belge Honko.En hauteur, des sisals apparaissent sur une colline de sable qui se déverse en partie au pied de la mangrove. « Nous en plantons un maximum pour tenter de fixer les dunes », précise la jeune femme.Pour réparer les dégâts de la déforestation longtemps pratiquée par les habitants en quête de bois de construction et de charbon de bois, la petite équipe a également replanté 24 hectares de mangrove depuis 2008.Récif corallien fragilisé« Avec tous ces sédiments que charrie le fleuve – sans compter les cyclones dévastateurs –, le récif corallien est également fragilisé, prévient Lara Danhaive, biologiste de formation. L’eau trouble, ainsi que la montée du niveau de la mer, empêche le récif de recevoir suffisamment de lumière du jour pour se développer. » Au large de la cité balnéaire s’étend le troisième récif le plus long du monde, sur près d’une vingtaine de kilomètres. « Le réchauffement de l’océan menace de blanchir les coraux de Toleara, et en même temps cette évolution peut permettre au contraire de développer celui de l’extrême sud du pays qui souffre d’eaux trop froides », fait remarquer Paubert Mahatante, de l’Institut halieutique et des sciences marines de Toleara.L’universitaire, qui est en train d’achever une thèse sur l’adaptation au changement climatique dans la région, lance toutefois une mise en garde. « Aujourd’hui, la tendance est de conclure que tout ce qui se passe est lié au changement climatique. Mais attention, prévient-il, si c’est souvent un facteur aggravant, ce n’est pas toujours la cause principale. »Ces pêcheurs traditionnels de poulpes, mollusques et crustacés, rencontrés les pieds dans l’eau à proximité du village de Botsibotsiky, sont pointés du doigt. Dans le seau de Nente Mahay, de gros coquillages ressemblant à des bernard-l’hermite, qu’il est allé décrocher du récif à 4 mètres sous l’eau avec son masque et son tuba. « L’endroit se dégrade, confirme le garçon de 18 ans, des pêcheurs retournent les pierres et tapent dessus avec des pieux pour trouver des coquillages, mais ceux-ci ne peuvent alors plus se reproduire. » Que faut-il faire ? « Une campagne de sensibilisation a été réalisée, mais les gens, de plus en plus nombreux ici, ont faim. »« Ailleurs, dans le monde, ils essaient de dompter la nature. Ici, nous n’en avons pas les moyens »Assis à une terrasse à Toleara, Paubert Mahatante rouvre son ordinateur : « Vous voyez cette courbe ? Depuis une trentaine d’années, avec le changement climatique, le vent a tendance à devenir de plus en plus permanent, ce qui affecte le littoral », constate-il.A une heure de 4 × 4 au sud de Toleara, les habitants de la presqu’île de Sarodrano, village de pêcheurs construit sur le sable et bordé par une eau turquoise, peuvent en témoigner. Assise à l’ombre d’un séchoir en bois à algues, Vierge, qui n’a pas de nom de famille, doit avoir plus de 70 ans.« Dans ma famille, nous sommes trois à avoir dû reconstruire nos maisons à un autre endroit à cause du sable qui les envahissait. » Sur le toit de son logement fait de plaques de tôles, elle a posé des grosses pierres pour éviter les mauvaises surprises. Mais le sable s’accumule de nouveau tout autour de sa fragile demeure.A quelques centaines de mètres, Andrea Baccaredda Boy a, lui, dû déplacer son restaurant il y a deux ans, malgré une construction sur pilotis. Devant un plat d’aiguillettes, cet Italien préfère prendre la chose avec philosophie : « Ailleurs, dans le monde, ils essaient de dompter la nature. Ici, nous n’en avons pas les moyens. »Région la plus sèche du pays, le Grand Sud de Madagascar va avoir de plus en plus chaud. Une hausse de 1,6 à 2,6 °C d’ici au milieu de siècle est annoncée. Surtout, les périodes de sécheresse vont s’allonger, alors que 30 % à 60 % de la population locale souffre déjà régulièrement du kere, « la faim » en langue locale.« Le bon Dieu n’est pas content »Il faut rouler longtemps sur une piste poussiéreuse et cabossée, passer à côté de tombeaux funéraires donnant l’impression que les gens sont plus riches morts que vivants pour enfin atteindre le village d’Ampotake, de 280 âmes. Le vaste réservoir communautaire en bords en terre est vide. Ici, il ne tombe en moyenne que 500 millimètres d’eau par an.La saison des pluies n’arrivera que d’ici quelques semaines, mais Kireta Madiotsara est inquiet. Ce paysan emmène le visiteur voir son champ de manioc d’à peine un demi-hectare. A un quart d’heure à pied, la terre est rouge, les feuilles du tubercule sont rares. « Il y a de moins en moins de pluies régulières, j’ai peur de perdre ma récolte », se désole celui qui remplit quatre charrettes à zébus de manioc les bonnes années.Pourquoi pleut-il moins ? « Les gens ne respectent plus les tabous et les traditions : les femmes mettent désormais des shorts au lieu des jupes, les hommes se percent les oreilles, le bon Dieu n’est pas content », conclut Kireta Madiotsara, 20 ans, qui n’a pu aller à l’école que deux ans et qui sèche sur le nom de l’actuel président du pays.Les villageois s’adaptent. Ils stockent précieusement de l’eau dans un trou creusé dans un baobab pour éviter qu’elle s’évapore. En ce mois d’octobre, où la saison sèche se termine, la température approche les 40 °C. La coopération allemande a aussi apporté il y a trois ans une citerne pour mieux récupérer l’eau, désormais à l’abri des excréments du bétail.Devant chez Arleta, la cinquantaine, neuf chèvres, une poule et un bidon en métal de 200 litres d’eau, acheté dans un village voisin. Avec la hausse de la demande, le prix ne cesse d’augmenter. Désormais 7 000 ariarys, soit presque deux euros. « Quand ça va très mal, nous mangeons des racines pour faire la soudure avec la prochaine récolte, mais je ne déménagerai pas, c’est ici le village de mes ancêtres », insiste la mère de quatorze enfants. Lors des famines, le Programme alimentaire mondial (PAM) livre un sac de riz par foyer par mois.« Les habitants vendent de plus en plus leur bétail et leurs biens, ils piochent trop dans les ressources de la nature »A Betioky, chef-lieu de district et ville d’arrêt des taxis-brousse, Monjes Randrianantenaina interrompt sa sieste du début d’après-midi pour sortir un grand cahier. « Depuis 1933, les pluies ont baissé de 27 % à 33 % dans les environs, lit le météorologiste local, et, pendant l’année, les courbes sont de plus en plus irrégulières. »Alors que trois quarts de la population vivent de l’agriculture, il craint les conséquences de ce changement climatique : « Les habitants vendent de plus en plus leur bétail et leurs biens, ils piochent trop dans les ressources de la nature et certains d’entre eux migrent, ce qui crée des conflits avec d’autres communautés. » Souvent en ordre dispersé, des ONG internationales mettent en avant des solutions dans la région : creuser davantage de puits, augmenter les rendements des cultures avec une gestion durable de la terre, utiliser des semences qui résistent mieux à la sécheresse, développer des sources de revenus alternatifs à l’agriculture.A Antananarivo, deux jeunes Malgaches s’enthousiasment au siège du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes. Devant un ordinateur portable, ils tracent du doigt des lignes sur la carte de Google Earth. « Nous pourrions dévier ce cours d’eau pour le faire venir ici grâce à la dénivellation ou construire un pipeline de quelques centaines de kilomètres jusque-là, imagine Sitraka Ranveliarivao. Il nous faudrait juste un peu d’argent, mais ce serait vite rentabilisé, et cela changerait tellement la vie des gens ! »Sébastien Hervieu (envoyé spécial dans la région de Tuléar (Madagascar))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.10.2015 à 09h06 • Mis à jour le10.10.2015 à 14h12 | Martin Untersinger La présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et du « G29 », le groupement européen des autorités de protection des données personnelles, réagit à l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne qui a invalidé l’accord « Safe Harbor ».Lire notre décryptage :Les conséquences de l’invalidation de l’accord « Safe Harbor » sur les données personnellesL’occasion également de revenir sur le projet du gouvernement de fusionner la CNIL avec la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), dans le cadre de la loi numérique.Etes-vous favorable au projet du gouvernement de fusionner la CNIL et la CADA ?Réfléchir à un rapprochement entre nos deux institutions me paraît parfaitement légitime. Dans les textes, dans les recours que nous examinons, il y a une convergence autour de la gouvernance de la donnée. Pour autant, désosser ces deux institutions, remettre à plat immédiatement leur composition, leurs missions, leurs procédures est un travail considérable qui, aujourd’hui, me paraît déraisonnable. D’autant plus que nous avons le projet de règlement européen sur les données qui va aboutir d’ici la fin de l’année et qui va conduire à une réécriture de la loi CNIL.Lire aussi :Le gouvernement veut fusionner la CNIL et la CADAPour vous, insérer cette réforme dans la loi numérique, qui sera examinée en 2016, est une mauvaise idée ?Cela dépend de ce qu’il y a dedans. Il faut faire les choses au bon moment. Je suggère une solution en deux temps : à court-terme, on peut adosser les deux institutions, en mettant en place un mécanisme de participation croisée entre les deux autorités.La justice européenne a invalidé, mardi, l’accord Safe Harbor sur les données personnelles. Que vont faire les autorités européennes de protection des données ?Il existe des outils alternatifs au Safe Harbor. Il est légitime de se demander si les arguments de la Cour s’y appliquent. Nous allons analyser les conséquences sur les autres outils légaux de transfert pour mesurer l’impact de la décision de la Cour. Ce que souhaitent les entreprises c’est d’avoir une lisibilité, une cohérence du dispositif européen. Nous voulons donc leur offrir une réponse coordonnée.Justement, que doivent faire les entreprises qui avaient recours au Safe Harbor ?Il ne faut pas nous précipiter en recommandant des outils. Ce serait ennuyeux si dans un mois et demi ces outils souffrent des mêmes vices que le Safe Harbor. Il faut nous donner du temps pour établir une réponse robuste. Dès que nous aboutirons à une conclusion solide, on la communiquera.Cela signifie donc que certaines entreprises transfèrent des données d’Européens de manière illégale ?Elles prennent un risque. Sachant que le Safe Harbor est invalide, et qu’il n’a pas été procédé à une évaluation de la solidité des autres outils, il y a non pas un vide juridique, mais une question juridique sur la base légale de ces transferts.Qu’est-ce que la décision implique quant au rôle des autorités de protection des données ?La décision de la Cour donne effectivement la possibilité aux autorités de protection des données de réexaminer les transferts de données. La Cour a confié un rôle renouvelé aux autorités de protection des données, elle les a remis dans le jeu aux côtés de la Commission.Cela signifie-t-il que les internautes pourront saisir la CNIL pour empêcher que leurs données partent aux Etats-Unis ?Il faut être prudent. Les internautes ont certainement des attentes ambivalentes et n’ont pas non plus envie que les services qui leur sont offerts s’interrompent. Notre métier c’est de faire que les données des Européens soient protégées : aujourd’hui, il faut regarder si la protection apportée par les outils alternatifs au Safe Harbor est satisfaisante. La réponse n’est pas seulement dans ces outils : la Cour a pointé le système de surveillance de masse des Etats-Unis.Est-ce qu’au final ce n’est pas surtout la politique américaine qui est sanctionnée par la CJUE ?La Cour n’a pas invalidé le Safe Harbor à cause du contenu de ce dernier, mais à cause de la législation américaine. Il y a des éléments du droit américain qui n’ont pas été pris en compte par Commission et qui rendent le Safe Harbor invalide. La faiblesse juridique, aux Etats-Unis, c’est la possibilité de la surveillance de masse, le manque de contrôle par une autorité indépendante, la difficulté de former un recours… C’est ça qui motive l’arrêt de la CJUE. Compte tenu de ce que dit la Cour, la responsabilité est dans les mains des gouvernements, américain et européens.Vous faites ici référence à la renégociation du Safe Harbor, antérieure à la décision de la Cour. Comment un simple accord peut prendre en compte les remarques de la justice et donner des garanties sur les pratiques de surveillance des Etats-Unis ?L’arrêt n’invalide pas les renégociations. On peut adjoindre un volet complémentaire qui répondrait aux observations de la Cour. Aujourd’hui, la Commission est en position de demander aux Etats-Unis quelles garanties ils peuvent accorder aux citoyens européens. Il n’est pas illégitime de leur demander ça.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.10.2015 à 05h48 Le groupe Etat islamique (EI) a pris position vendredi 9 octobre à la lisière d’Alep, deuxième ville de Syrie, grâce à une percée éclair contre les rangs des rebelles déboussolés par les frappes russes qui les visent principalement. De son côté, le Pentagone a annoncé dans la soirée que la Russie et les Etats-Unis étaient prêts à reprendre des discussions sur la sûreté de l’espace aérien en Syrie, où les deux pays sont engagés dans des opérations militaires distinctes.« Le ministère (américain) de la défense a reçu une réponse formelle du ministère russe de la défense à qui il avait formulé une proposition pour garantir la sûreté des opérations aériennes en Syrie », a annoncé le porte-parole Peter Cook précisant que « des négociations pourraient avoir lieu dès ce week-end ».Cette problématique de sûreté de l’espace aérien est apparue avec l’entrée de la Russie dans le conflit syrien le 30 septembre. Les Etats-Unis sont eux à la tête d’une coalition antidjihadistes qui mène des bombardements en Syrie depuis septembre 2014.Avancée de l’EI, qui profite des frappes russes sur les rebellesDans ce conflit complexe impliquant une multitude d’acteurs, les raids de Moscou ciblent pour le moment principalement les groupes rebelles hostiles au régime et le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida, et seulement marginalement l’EI. L’intervention de Moscou est critiquée par l’Occident qui l’accuse de vouloir secourir son allié Bachar Al-Assad plutôt que de combattre les djihadistes.Lire aussi :Syrie : dans les airs, sur terre ou sur mer, le dispositif militaire russe en carteProfitant des frappes russes sur les rebelles, l’EI a avancé rapidement en direction d’Alep, sans être visé par les raids, après avoir chassé des groupes insurgés rivaux de localités au nord de cette ville, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Dans un communiqué, l’EI a affirmé avoir « pris le contrôle de vastes régions au nord d’Alep » et être « aux portes d’Alep ».L’ancienne capitale économique de Syrie est divisée depuis juillet 2012 entre des secteurs ouest aux mains du régime et est sous contrôle de plusieurs groupes insurgés, dont le Front Al-Nosra, ses alliés islamistes et des rebelles locaux. Jusqu’à présent, ces derniers sont maîtres de la plus grande partie de la province d’Alep alors que l’EI n’est présent que dans le nord et le régime contrôle dans l’est une route clé reliant Alep à Homs.Quant à l’armée du régime, forte des bombardements russes, mais aussi de l’appui crucial du Hezbollah libanais au sol, elle a lancé mercredi une vaste offensive pour reprendre le territoire perdu, avançant dans des secteurs des provinces de Hama (centre) et de Lattaquié (ouest). Le Kremlin a assuré que l’opération russe « se poursuivra tout au long de l’offensive des forces syriennes ».Lire aussi :La Syrie cherche à profiter sur le terrain du soutien de l’aviation russeEviter les incidents entre les aviations des deux paysAu lendemain des premières frappes russes, de hauts responsables civils et militaires américains s’étaient déjà entretenus par vidéoconférence avec leurs homologues russes sur les moyens d’éviter des incidents entre les aviations des deux pays. Il avait évoqué des questions comme les fréquences radio qu’utiliseraient les avions pour communiquer « en cas de détresse », ou encore de la langue à utiliser pendant des échanges d’appareil à appareil. Les Américains utilisent le mot « deconfliction » pour qualifier ce type d’échanges. Ce terme peut se traduire en français par le fait que les parties prenantes à un conflit communiquent et échangent des informations pour éviter des incidents entre leurs aéronefs qui interviennent sur un même théâtre d’opération.Le Pentagone avait ensuite critiqué Moscou, affirmant que la Russie ne répondait pas assez rapidement aux propositions formulées par Washington à la suite de ces premiers échanges. 09.10.2015 à 20h43 | Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) « Cette résolution n’est qu’une petite partie de la solution face à un immense problème », a reconnu l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft, qui s’exprimait à l’issue du vote de ce texte qui, à 14 voix et une abstention, autorise l’Union européenne à lancer la phase 2 de l’opération « Sophia » et à faire usage de la force pour arraisonner en haute mer des navires de migrants venus de Libye et qui cherchent à gagner l’Europe.Six bateaux de guerre européens (italiens, français, allemand, britannique et espagnol) ont désormais un cadre légal pendant un an pour inspecter, saisir et détruire les navires qu’ils soupçonneraient être utilisés par des trafiquants. Ils devront pour cela s’efforcer d’obtenir l’autorisation des pays dont les navires battent pavillon. Les passeurs seront arrêtés et jugés en Italie. Les migrants seront secourus et transportés eux aussi jusqu’à la péninsule italienne, où leurs demandes d’asile seront examinées. La résolution enjoint aux pays membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) de traiter les migrants « avec humanité et dignité ».Lire sur Les Décodeurs :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle dans le mondeDébat sur le chapitre 7« Cette crise migratoire est le plus grand défi de notre génération », a résumé l’ambassadeur britannique. Cinq cent mille migrants et réfugiés ont gagné l’Europe depuis le début de l’année et 3 000 d’entre eux se sont noyés en tentant de rejoindre les côtes de la Grèce ou de l’Italie ; ce qui en fait la plus grave crise migratoire depuis la seconde guerre mondiale. « Le Conseil ne saurait rester une voix silencieuse dans le contexte dramatique que connaît actuellement la Méditerranée », a insisté François Delattre, l’ambassadeur français qui coparrainait cette résolution.Elle était en discussion depuis le mois de juin et avait été gelée à plusieurs reprises devant la réticence des Russes et des trois membres africains du conseil - Tchad, Nigeria, Angola - à autoriser une résolution sous chapitre 7 qui permet l’usage de la force. Ils invoquaient aussi le respect de la souveraineté nationale. Ces oppositions ont été levées grâce à une lettre des autorités libyennes de Tobrouk, reconnues par la communauté internationale, et qui ont assuré le conseil de sécurité de leur soutien pour cette opération en haute mer.Les Russes ont fini par accepter de voter cette résolution sous chapitre 7, car le contenu du texte définit de manière précise les circonstances dans lesquelles le recours à la force est autorisé pour faire face à la résistance des trafiquants. Seul le Venezuela a jugé que le plan antipasseur européen « était disproportionné et établissait un précédent dangereux » et a préféré s’abstenir.Lire le décryptage :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?En attente d’un accord en LibyeUne troisième phase pourrait maintenant permettre d’étendre cette opération militaire aux eaux territoriales et aux côtes libyennes avec une présence au sol, mais il faudrait pour cela l’accord d’un gouvernement libyen unifié.Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’envoyé spécial des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, a annoncé que la sixième mouture de son accord de paix avait été acceptée par les deux gouvernements rivaux libyens.Les noms des membres du futur gouvernement d’union nationale sont encore en discussion, mais la perspective d’une sortie de crise politique en Libye pourrait accélérer le lancement de cette phase plus opérationnelle du plan antipasseurs européen.Lire aussi :L’impossible sortie du vide politique libyenMarie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde Marine Forestier Kashturi Munirathinam, une Indienne qui travaillait en tant que domestique en Arabie saoudite, s’est fait couper la main par son employeur alors qu’elle tentait de s’enfuir de la maison où elle subissait de mauvais traitements. L’affaire a provoqué un début de crise diplomatique entre les deux pays, d’autant que les incidents de ce type sont loin d’être inhabituels en Arabie saoudite.L’Inde, par le biais de sa ministre des affaires étrangères Sushma Swaraj, s’est formellement plainte auprès des autorités saoudiennes, rapporte The Telegraph. Sur Twitter, la ministre a dénoncé un acte « inacceptable ».« Nous sommes très perturbés par la manière brutale dont a été traitée une femme indienne en Arabie saoudite. Nous avons pris contact avec les autorités saoudiennes. »Chopping of hand of Indian lady - We are very much disturbed over the brutal manner in which Indian lady has been treated in Saudi Arabia.— SushmaSwaraj (@Sushma Swaraj)require(["twitter/widgets"]);« Ne pas avoir été payée et être torturée »Agée d’une cinquantaine d’années, Kashturi Munirathinam était arrivée en Arabie saoudite il y a trois mois pour occuper un emploi de femme de ménage, d’abord dans la ville de Dammam, dans l’est, puis dans la capitale Riyad, pour un salaire d’environ 200 euros par mois, raconte The Guardian.Selon sa sœur, interrogée par The Indian Express, elle se plaignait « de ne pas avoir été payée et d’être torturée ». Son employeur lui a tranché la main « quand elle essayait de s’enfuir de la maison en descendant du balcon ». « On nous a dit que l’accident avait eu lieu dans la soirée du 29 septembre (...) Des voisins l’ont amené à l’hôpital. Des représentants de l’ambassade d’Inde […] ont dit qu’elle souffrait d’une blessure à la colonne vertébrale qu’elle s’est faite en tombant du balcon. »La BBC rapporte les propos du fils de la victime, qui affirme que dès que sa mère « a été embauchée dans cette famille au mois de juillet, rien n’allait ». « Elle n’était même pas autorisée à nous téléphoner, on ne lui donnait pas de nourriture correcte et elle était forcée de travailler de longues heures. »L’Inde demande justice pour sa ressortissanteUn porte-parole du ministère indien des affaires étrangères a assuré que l’Inde continuerait de demander justice pour sa ressortissante :« Notre ambassade à Riyad a évoqué le problème avec le bureau des affaires étrangères saoudien et a demandé une action stricte et le châtiment sévère du parrain [ou sponsor, l’employeur de la domestique]. Nous avons exigé qu’une enquête pour tentative d’assassinat soit ouverte contre lui. »Les autorités saoudiennes n’ont pas encore répondu publiquement aux demandes de l’Inde. L’indignation soulevée pour cet acte brutal fait écho au scandale d’un diplomate saoudien accusé de multiples viols et abus sur deux employées de maison népalaises et qui avait pu quitter l’Inde grâce à son immunité diplomatique.Les conditions des domestiques dans les pays du Golfe sont régulièrement dénoncées par les associations de défense des droits de l’homme. Un rapport publié par Amnesty International en avril 2014 sur les employées de maison au Qatar faisait état de nombreux cas de tortures, mauvais traitements et de violences sexuelles par les employeurs.La monarchie saoudienne est l’une des plus dures au monde. Le régime s’est montré intraitable avec le blogueur et militant Raif Badawi, en prison depuis 2012. Riyad a aussi prévu de décapiter puis de crucifier en place publique le jeune opposant chiite Ali Mohammed Al-Nimr, accusé d’avoir participé en 2012 à une manifestation contre le régime dans la région majoritairement chiite de Qatif, lorsqu’il était âgé de 17 ans. Autant de faits qui ont rendu la nomination du pays à la tête du « groupe consultatif » du Conseil des droits de l’homme des Nations unies extrêmement problématique.Lire aussi :La promotion de l’Arabie saoudite au Conseil des droits de l’homme fait débatMarine ForestierJournaliste au Monde Maryline Baumard C’est officiel : depuis vendredi 9 octobre, le Kosovo est un pays sûr. Le conseil d’administration de l’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a en effet décrété d’inscrire ce pays des Balkans comme « POS », ou pays d’origine sûr. Une liste de seize nations où le Kosovo côtoie dorénavant, entre autres, l’Albanie, la Serbie, l’Inde, la Mongolie ou le Bénin.Singulière géographie, qui décide de la vitesse à laquelle sont traités les dossiers des demandeurs d’asile. Autrement dit, les Kosovars bénéficieront désormais d’une instruction plus courte, resserrée sur quinze jours. S’ils font appel de la décision rendue, un juge unique se penchera sur leur dossier, alors qu’ils auraient bénéficié du regard de trois juges sans cette inscription.Au deuxième rang des demandeurs d’asileDemandée par le ministère de l’intérieur, cette mesure ressemble fort à un alignement sur l’Allemagne puisque cette dernière a fait savoir, courant septembre, qu’elle s’apprêtait à prendre la même mesure pour le Kosovo et l’Albanie.Le signal politique est double. D’une part, cet ajout acte la marche vers l’élaboration d’une liste des pays sûrs commune en Europe, premiers balbutiements d’une hypothétique harmonisation des approches nationales de l’asile.D’autre part, il donne un signal politique sur l’immigration économique en France, à l’heure où l’installation des réfugiés syriens domine le débat et n’est estimé « soutenable » par le gouvernement que si les migrants économiques sont plus souvent reconduits.Les Kosovars, qui s’inscrivent au deuxième rang des demandeurs d’asile en France sur les neuf premiers mois de 2015, contre le troisième rang en 2014, n’ont obtenu le statut que dans 6,6 % des cas l’an dernier. Leur classement en pays sûr risque de renforcer encore l’idée qu’ils sont en quête d’un emploi plus que d’une protection lorsqu’ils viennent en France, ou en Allemagne.Cette inscription du Kosovo avait déjà été votée par le conseil d’administration de l’Ofpra en décembre 2013. Mais Amnesty International France et plusieurs associations avaient demandé au Conseil d’Etat d’annuler cette décision et obtenu gain de cause.Lire aussi :L’Union européenne a reçu plus de 213 000 demandes d’asile d’avril à juin #container_14425702306{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14425702306{ height:500px; } #container_14425702306 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14425702306 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14425702306 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14425702306 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Demandes d'asile par pays au deuxième trimestre 2015Source : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14425702306", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","Hongrie","Autriche","Italie","France","Suède","Royaume-Uni","Pays-Bas","Bulgarie","Espagne"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 80935 ], [ "", 32675 ], [ "", 17395 ], [ "", 14895 ], [ "", 14685 ], [ "", 14295 ], [ "", 7470 ], [ "", 6270 ], [ "", 4050 ], [ "", 3675 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Comme, par ailleurs, la Tanzanie vient d’être retirée de la liste, qui comprend désormais 16 pays.Lire aussi :Au Kosovo, la désillusion face à la tutelle européenneMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Impossible de ne pas y penser. La remise du prix Nobel de la paix aux parrains du dialogue national tunisien souligne combien l’absence ou l’insuffisance de concertation entre forces politiques a précipité l’échec des autres expériences révolutionnaires arabes. Le Quartet de la société civile tunisienne, composé du syndicat UGTT, du patronat, de la Ligue des droits de l’homme et de l’ordre des avocats, a su obliger les islamistes d’Ennahda et leurs opposants à s’entendre pour sortir d’un blocage institutionnel, qui menaçait de plonger le pays dans le chaos. En Egypte, en Libye, au Yémen et en Syrie, au contraire, l’immaturité des forces politiques, toutes tendances comprises, et leur incapacité à bâtir un compromis, ont grandement contribué à l’impasse que ces pays du « printemps arabes » traversent, qu’il s’agisse de guerre civile ou de dictature.En Egypte, aussitôt après la victoire à la présidentielle de l’islamiste Mohamed Morsi, en juin 2012, la quasi-totalité des partis ont refusé de participer au nouvel exécutif dirigé par les Frères musulmans. Cette défiance a été nourrie en partie par les maladresses du nouvel élu, qui au lieu de profiter de son mandat populaire pour s’élever au-dessus des partis, a laissé la confrérie s’ingérer dans les affaires de la présidence. Mais cette situation à fronts renversés a aussi été voulue par certains éléments de l’opposition dite « libérale », décidée à faire chuter au plus vite le nouveau raïs. Ce cocktail très explosif a débouché sur la manifestation géante du 30 juin 2013, mélange de ras-le-bol anti- « barbus » authentique et d’instrumentalisation par les « foulouls », le surnom des pontes de l’ancien régime. Trois jours plus tard, le général Abdel Fattah Al-Sissi, plébiscité par la foule, arrêtait Mohamed Morsi et s’emparait du pouvoir, tout en lançant une répression tous azimuts contre les islamistes. Le pays est prisonnier depuis d’un cycle de violences, notamment dans le Sinaï, où les djihadistes de l’Etat islamique prospèrent. En Libye, contrairement à l’Egypte, ce sont les « libéraux » qui sont sortis vainqueurs des législatives post-Kadhafi, en juillet 2012. Mais un climat de méfiance s’est très vite installé entre eux et le camp islamiste, rejoint par de nombreux députés indépendants, sur fond de prolifération des milices et de rivalités entre Benghazi, Misrata et Zintan, les villes phares de la révolution. L’antagonisme s’est accru après le vote d’une loi d’épuration en 2013, soutenue par les islamistes, désireux de se tailler une place dans le nouvel appareil d’Etat et des révolutionnaires jusqu’auboutistes, hantés par la peur de la contre-révolution. Le texte a été fatal à des dizaines d’ex-fonctionnaires du régime Kadhafi et plusieurs figures du bloc libéral, qui avait pourtant participé au soulèvement. La crise a finalement éclaté en juin 2014, quand, incapables de s’accorder sur les résultats des législatives, les deux camps ont fini par former deux gouvernements concurrents : l’un implanté à Tripoli, pro-islamiste, avec le soutien des miliciens de Misrata et l’autre basé à Tobrouk, dans l’est, avec l’appui des miliciens de Zintan. Les négociations, sous le patronage de l’envoyé spécial des Nations unies, l’Espagnol Bernardino Leon, n’ont pour l’instant produit aucun résultat. Une situation dont profite l’Etat Islamique, qui se développe à partir de Syrte. Le Yémen aurait pu suivre la voie tunisienne. Un dialogue national s’est déroulé dans ce pays, entre mars 2013 et janvier 2014. Ce processus était destiné à poursuivre la transition entamée par l’élection à la présidence, en février 2012, d’Abed Rabbo Mansour Hadi, en remplacement d’Ali Abdallah Saleh, contesté par les révolutionnaires de Sanaa. Toutes les forces politiques ont initialement participé aux séances de discussions, menées sous l’égide de l’envoyé spécial de l’ONU, Jamal Benomar. Mais très vite, en raison d’assassinats politiques et de la tournure prise par les négociations, les représentants des houthistes, un mouvement d’obédience zaïdite (une déclinaison du chiisme), pro-iranien, basé dans l’extrême nord du pays, se sont retirés du dialogue. En désaccord avec le dessin des régions contenu dans le projet de système fédéral sur lequel s’est conclu le processus, ces rebelles sont passés à l’offensive à l’automne 2014, en s’emparant de Sanaa. Après qu’ils ont renversé le président Hadi en janvier puis attaqué Aden, en mars, l’Arabie saoudite s’est décidée à intervenir militairement, au côté du gouvernement légitime. Les combats ont fait au moins 5 000 morts depuis cette date, sans vainqueur net, sinon les djihadistes d’Al-Qaida et de l’EI, qui profitent du chaos pour s’étendre. En Syrie, le président Bachar Al-Assad a interdit tout dialogue véritable, dès les premiers jours du soulèvement, en qualifiant tous ses adversaires de « terroristes ». La fuite en avant du régime dans la répression a obligé les révolutionnaires à s’armer, ce qui a précipité le pays dans la guerre civile. En janvier et en février 2014, à Genève, sous la pression des Etats-Unis et de la Russie, représentants du régime et de l’opposition ont siégé face-à-face, pendant deux semaines. Mais ces discussions, baptisées « Genève 2 », n’ont pas dépassé le stade du dialogue de sourds, les émissaires de Bachar Al-Assad refusant d’envisager la mise à l’écart de ce dernier. Depuis, hormis quelques négociations à l’échelle locale, en vue d’un cessez-le-feu dans une ville ou un village, le dialogue syro-syrien est au point mort. Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 16h53 • Mis à jour le21.10.2015 à 17h27 | Jean-Michel Bezat et Eric Albert (Londres, correspondance) L’accord aura finalement été conclu dimanche soir, tout juste vingt-quatre heures avant l’arrivée du président chinois Xi Jinping à Londres. « A temps ! », sourit Vincent de Rivaz, le patron d’EDF Energy, filiale du groupe français au Royaume-Uni. Après des années d’âpres négociations, EDF a finalement signé, mercredi 21 octobre, un accord prévoyant une coentreprise avec son partenaire historique, la China General Nuclear Power Corporation (CGN) : elle construira deux réacteurs EPR (troisième génération) à Hinkley Point (sud-ouest de l’Angleterre), qui n’entreront en service qu’en 2025. Une signature en grande pompe par les patrons des deux groupes, Jean-Bernard Lévy et He Yu, sous les ors de Mansion House, au cœur de la City. Et en présence du premier ministre britannique, David Cameron, et du président chinois, Xi Jinping.Lire aussi :EDF s’allie aux chinois pour construire une centrale nucléaire au Royaume-Uni« C’est “la” bonne nouvelle qu’attendait la filière française », souligne M. Lévy, qui rappelle que ce sont les premiers réacteurs vendus en Occident depuis la catastrophe de Fukushima en mars 2011. Areva (îlot nucléaire), Alstom (turbo-alternateur) et Bouygues (génie civil) notamment participeront à un chantier largement ouvert aux entreprises britanniques et aux équipementiers chinois. EDF financera 66,5 % du projet et CGN 33,5 %, pour 18 milliards de livres (24,5 milliards d’euros), hors coûts de financement. Dans un second temps, explique M. Lévy, des investisseurs seront sollicités pour faire redescendre la part d’EDF à 51 %. Après d’ultimes mises en forme juridiques, le groupe prendra sa décision d’investissement « dans quelques semaines ».Un réacteur adapté aux pays émergentsSi l’accord est un soulagement évident pour ses dirigeants, c’est aussi un énorme pari. L’électricien français a besoin des capitaux chinois pour financer Hinkley Point, puis les deux EPR de Sizewell (est), dont il prendra en charge 80 % des coûts. Mais il offre en échange à CGN la possibilité d’introduire sa technologie au Royaume-Uni, et plus largement en Occident. Le « Hualong 1 » (« Dragon »), réacteur de troisième génération 100 % chinois, doit en effet être construit à Bradwell, au nord-est de Londres, au cours de la prochaine décennie. Le financement sera inversé : 66,5 % pour CGN et 33,5 % pour EDF, qui s’est engagé à aider son partenaire à le faire certifier par l’autorité de sûreté nucléaire britannique.M. de Rivaz estime que ce n’est là que le début d’une coopération plus fructueuse. L’objectif est de faire de ce « UK Hualong » la tête de série d’un réacteur destiné à être vendu à travers le monde par la coentreprise CGN-EDF. « Nous posséderons des droits de propriété industrielle sur le Hualong adapté pour le Royaume-Uni », réacteur dont un premier exemplaire est par ailleurs en construction sur le sol chinois. « C’est une opportunité de le développer, pour ensuite l’exporter. »Pour M. Lévy, ce réacteur est complémentaire de l’EPR. Celui-ci a surtout vocation à remplacer le parc français de 58 réacteurs qui fermeront progressivement entre 2030 et 2050. Le réseau de lignes à haute tension de RTE est, en effet, dimensionné pour recevoir sa forte puissance (1 650 MW). Le « Hualong 1 » (1 000 MW) permet à EDF de disposer d’une autre offre pour la plupart des pays émergents, qui privilégient ces réacteurs de moyenne puissance. « C’est une bonne chose pour nous d’avoir plusieurs modèles », souligne M. de Rivaz.Relents post-coloniauxMais dans cette gamme de puissance, la France a un autre modèle à proposer : l’Atmea (1 100 MW). Conçu et developpé par Areva et le conglomérat japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI), il devrait être acheté à quatre exemplaires par la Turquie, son premier client. « On a plusieurs fers au feu », reconnaît M. Lévy, rappelant que l’Atmea a déjà été certifié par l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), alors que le « gendarme » du nucléaire britannique mettra des années à valider le Hualong 1. Il n’est donc pas question, pour l’heure, de choisir entre les Chinois et les Japonais.M. Lévy s’irrite des relents post-coloniaux qui soutendraient l’inquiétude entourant le nucléaire chinois. « Arrêtons de considérer les Chinois comme des petits garçons ! Ce sont de grands experts, qui construisent actuellement la moitié des centrales nucléaires au monde », tranche-t-il. C’est dans l’empire du Milieu que seront construites la moitié des centrales atomiques d’ici à 2040, prévoit l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En se liant ainsi à la filière chinoise, le patron d’EDF estime que son entreprise a plus à y gagner qu’à y perdre.Lire aussi :Faut-il avoir peur d’une centrale nucléaire chinoise au Royaume-Uni ?En trente ans, les ingénieurs chinois se sont émancipés de la tutelle technologique française. Un processus inévitable, même s’il a été plus rapide que certains ne le prévoyaient. EDF ne met-il pas le pied à l’étrier à un de ses plus redoutables concurrents ? « Au contraire, réplique M. de Rivaz, nous créons ensemble une nouvelle technologie, un nouveau produit. Nous nous lançons dans une joint-venture commune. » Depuis plusieurs années, les dirigeants d’EDF jugent qu’ils n’ont pas d’autre choix que de s’allier à des partenaires chinois. Sans être sûr que cette nouvelle page de la coopération nucléaire, où les rôles sont rééquilibrés voire inversés, sera gagnante-gagnante pour la filière française.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jérôme Debras (Avocat au barreau de Paris et Solicitor)) Les principes dits du « Safe Harbor » (« sphère de sécurité ») permettaient le transfert de données personnelles vers des pays non européens dès lors qu’un niveau de protection adéquat était proposé par l’entité destinataire des données personnelles.Jusqu’à son invalidation par l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 6 octobre 2015, le dispositif avait vocation à garantir la protection de données personnelles à l’occasion de transferts internationaux, notamment vers les Etats-Unis d’Amérique, puisque les sociétés adhérentes au Safe Harbor s’engageaient à respecter un certain nombre d’obligations en matière de traitement des données personnelles.Lire aussi :Le trompe-l’œil de la fin du « Safe Harbor »La décision de la Commission européenne créant ce cadre juridique en 2000 avait permis d’éviter de nuire au développement de ce qui est devenu l’économie numérique. Le mouvement d’internationalisation des traitements de données personnelles s’est poursuivi à mesure que la dématérialisation des services et du développement de nouveaux outils comme les réseaux sociaux le permettait.La fin d’un cadre de protection ineffectifNéanmoins, le Safe Harbor ne permettait pas en pratique une protection effective des données personnelles conforme au standard européen : de nombreux transferts internationaux de données pouvaient être conformes au principe du Safe Harbor sans pour autant être conformes aux principes du droit des états membres de l’Union européenne et des États membres du conseil de l’Europe.Des sociétés étrangères agissant conformément aux Safe Harbor ont ainsi été ouvertement condamnées par les autorités de contrôle des États membres de l’Union européenne pour le traitement des données personnelles auquel elles procédaient en Europe.Lire aussi :Nos données nous appartiennentEn France, une décision de la Commission informatique et libertés (Cnil) du 3 janvier 2014 a prononcé une sanction pécuniaire de 150 000 euros à l’encontre de Google pour violation de la loi informatique et libertés. L’agence espagnole de la protection des données personnelles (AEPD) avait précédemment condamné Google au paiement d’une sanction de 900 000 euros.Promotion du standard européen de protection des droitsLa période post Safe Harbor qui s’ouvre constitue donc une opportunité de progrès en faveur d’un respect effectif du standard européen de protection des droits des individus sur les données personnelles les concernant.Les autorités nationales seront dorénavant clairement fondées à poursuivre les sociétés étrangères pour non-respect du standard européen de protection des données personnelles correspondant aux exigences les plus élevées au monde.Lire aussi :Les vrais garants de la protection de nos donnéesLe problème essentiel des bases de données personnelles numériques tient à la facilité avec lesquelles elles sont copiées et circulent dans une économie des services internet mondialisés. Ainsi cette situation requiert de fait le respect du standard de protection le plus élevé, sauf à créer des murailles entre des bases de données distinctes par continent, étanches les unes avec les autres. Cette option rendrait possible un respect de règles différentes selon les continents, mais rétablirait les frontières techniques qu’Internet avait de fait aboli.Le cadre juridique de référence ne peut en réalité être que celui du respect du droit européen imposant aux opérateurs étrangers une protection conforme à laquelle ils s’engageraient par contrat vis-à-vis des citoyens et consommateurs européens.Une voie ouverte à des accords adaptés à chaque situationLa garde des sceaux Christine Taubira a déclaré qu’il y a nécessité à agir « vite » afin de s’accorder sur un cadre juridique de substitution. Néanmoins, le succès d’une renégociation d’un accord de substitution offrant un standard de protection suffisant est très incertain. En effet, un tel régime de protection équivalent imposerait une législation « équivalente » dans les États tiers alors qu’elle est insuffisante, voire inexistante.La négociation de contrats spécifiques, notamment selon des formes déjà utilisées (« clauses contractuelles types » ou « binding corporate rules ») est en mesure d’apporter une réponse appropriée à chaque situation, en fonction des services concernés et des finalités des traitements en cause. Le souci d’opérateurs économiques responsables à l’égard du respect des droits des individus étant moteur de la bonne fin des négociations.L’arrêt de la Cour européenne de justice enclenche donc un processus salutaire de nature à renforcer la protection des droits fondamentaux des citoyens de l’Union européenne, tout en offrant aux entreprises concernées une opportunité d’autorégulation par le contrat, en conformité avec les dispositifs impératifs de protection des données personnelles.Jérôme Debras (Avocat au barreau de Paris et Solicitor))Journaliste au Monde 21.10.2015 à 14h18 • Mis à jour le21.10.2015 à 15h40 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) A quelques jours de la clôture du synode consacré à la famille (samedi 24 octobre) et un peu plus d’un mois de l’ouverture du Jubilé de la miséricorde (le 8 décembre), le journal Il Quotidiano Nazionale a publié, dans son édition du 21 octobre, une nouvelle alarmante sur la santé du pape François, 79 ans. Il souffrirait d’une tumeur guérissable au cerveau ne nécessitant pas d’intervention.« Il y a quelques mois, écrivent les journalistes Tommaso Strambi et Francesco de Victoriis, sans donner plus de précisions, au-dessus de Barbaricina, aux portes de Pise (Toscane) un hélicoptère est apparu à l’improviste. Ceux qui l’ont vu se souviennent d’avoir aperçu les armes du Vatican sur son flanc. » L’engin a ensuite atterri sur l’héliport de la clinique San Rossore. Toutefois, le pape n’était pas à bord.En revanche, le neurochirurgien Takanori Fukushima, professeur des universités de médecine de Duke et West Virginia (Etats-Unis), ainsi que quelques autres personnes y sont montés. Direction la cité du Vatican. « Malgré la réserve qui est la marque du plus petit Etat du monde, quelque chose de cette visite a filtré au travers des colonnes du Bernin », écrivent encore les journalistes sans citer leurs sources.Démenti « attendu » du Vatican La nouvelle a été jugée suffisamment importante pour être démentie avant même que le quotidien ne soit en kiosque, au milieu de la nuit de mardi à mercredi, par le père Lombardi, chef de la salle de presse du Vatican. « Le pape, a-t-il dit, assume comme toujours son activité très intense. La diffusion de nouvelles infondées est irresponsable. » Selon le Vatican, un seul vol de l’hélicoptère du pape a eu lieu en Toscane afin d’effectuer des repérages au-dessus de Florence et de Prato, où François doit se rendre en novembre.Mardi matin, l’agence de presse ANSA a apporté de nouveaux éléments à ce mystère en expliquant que le transfert du professeur Fukushima à Rome avait eu lieu en janvier, période pendant laquelle ce spécialiste des tumeurs était en Italie.Le directeur d’Il Quotidiano Nazionale, Andrea Cangini, qui défend la véracité de ses informations, explique que le démenti du Vatican « était attendu » : « Nous avons effectué toutes les vérifications nécessaires. Nous nous sommes sérieusement interrogés sur l’opportunité de publier ou pas cette information. Nous avons conclu que ce qui vaut pour un chef d’Etat vaut aussi pour le pape. Le droit à la protection de la vie privée n’est pas moins important que le droit du public à être informé. »Il Quotidiano Nazionale, diffusé à 270 000 exemplaires, appartient au groupe Poligrafici. Il publie les informations nationales de trois journaux locaux : Il Resto del Carlino (Bologne), La Nazione (Florence) et Il Giorno (Milan).Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.10.2015 à 12h20 Les djihadistes de l’Etat islamique (EI) ne sont pas les seuls à détruire le patrimoine antique de la Syrie, rapporte une étude américaine publiée mercredi 21 octobre dans le journal Near Eastern Archaeology. Au-delà de l’EI, les destructions et pillages sont « un problème dû à la guerre ». Le régime syrien lui-même, mais aussi des groupes d’opposition, commet de nombreuses destructions sur ces sites archéologiques, explique le document rédigé par un spécialiste d’archéologie du Moyen-Orient et qui s’appuie sur l’analyse de données satellites de 1 300 sites sur les 8 000 environ que compte la Syrie.L’attention des médias « a conduit à une croyance répandue que le groupe EI est le principal coupable de pillages », indique Jesse Casana, professeur associé à l’université de Dartmouth, dans le nord-est des Etats-Unis. « Mais en utilisant les images satellites, nos études démontrent que les pillages sont en fait très communs à travers la Syrie. »Selon les données récoltées, environ 26 % des sites ont été pillés dans les régions tenues par les Kurdes ou d’autres groupes d’opposition. Pour ce qui est des sites endommagés, environ 21,4 % l’ont été dans les régions sous contrôle du groupe EI et 16,5 % dans les zones tenues par le régime. Toutefois, l’EI, contrairement aux autres parties, se livre, lui, à des destructions majeures : ainsi, 42,7 % des dégradations opérées par l’EI peuvent être qualifiées de massives, contre 22,9 % dans les zones tenues par le régime, 14,3 % chez les groupes d’opposition et 9,4 % dans les sites sous contrôle kurde. « Le groupe EI est terrible, atroce, dit encore M. Casana à l’AFP. D’un autre côté des pillages sont constatés à une large échelle dans beaucoup d’autres sites à travers la Syrie. »Palmyre également pillée par le régimeL’EI s’est livré à des actes de destruction dans de nombreux sites antiques en Syrie et en Irak, notamment dans le prestigieux sanctuaire syrien de Palmyre, tombé aux mains des djihadistes au mois de mai. Le groupe a notamment fait exploser l’arc de triomphe ainsi que les temples de Bêl et Baalshamin, joyaux de cette ville phare de l’Empire romain classée au patrimoine mondial de l’humanité.Lire nos explications :Pourra-t-on reconstruire Palmyre après les destructions de l’Etat islamique ?Jesse Casana précise que cette cité avait d’abord été pillée par les militaires du régime : les dégradations ont commencé en 2012 après que l’armée eut pris possession de la ville, et les dégradations les plus importantes ont été constatées dans la partie du site administrée par le gouvernement, sans parler de celles commises par le régime qui n’ont pas été rapportées.Lire aussi :« L’Etat islamique à Palmyre, c’est l’Etat islamique dans la cour du Louvre »« Je pense qu’il est important de savoir ce qui se passe au cours de ce conflit. Je voulais vraiment faire quelque chose. J’ai longtemps travaillé en Syrie, je connais plein de gens là-bas… En utilisant les images satellites au moins on ne peut pas m’accuser de faire de la propagande », affirme M. Casana. Il avait travaillé sur différents sites archéologiques en Syrie avant la guerre qui a débuté en 2011. Il s’est lancé sur ce projet de répertorier les pillages il y a environ un an, grâce à une bourse du département d’Etat. Il souhaite à présent élargir ses travaux à d’autres sites en Syrie et dans le nord de l’Irak. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Benoît Vitkine L’Europe n’en a pas fini avec la crise des réfugiés. La crainte d’une fermeture de toutes les frontières européennes, un temps calme sur la mer Egée, ainsi que, selon les Nations unies, l’offensive de l’armée syrienne, appuyée par l’Iran et par la Russie, contribuent à un nouvel afflux. D’après l’ONU, environ 35 000 personnes ont fui notamment la région d’Alep ces derniers jours.Du 16 au 18 octobre, près de 28 000 personnes sont arrivées sur les côtes grecques, souligne l’Organisation internationale pour les migrations. Sur les 643 000 migrants qui ont rejoint le territoire de l’UE par la mer depuis le début de l’année, plus de 500 000 sont arrivés en Grèce, selon des chiffres publiés mardi 20 octobre par l’ONU. C’est plus que lors du pic de l’été, qui avait forcé les Etats européens à prendre des premières mesures.Sur la route des Balkans, empruntée par les réfugiés qui veulent gagner l’Autriche, la Suède et, surtout, l’Allemagne, la situation s’est encore compliquée. La fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie, le 16 octobre, un mois après celle de la frontière avec la Serbie, a provoqué un effet domino similaire à celui observé durant l’été.La Slovénie est désormais en première ligne. Selon un communiqué du gouvernement, le pays a accueilli 19 500 personnes depuis vendredi – dont 5 % de malades. La plupart des demandeurs d’asile évitaient les postes-frontières officiels saturés et se débattaient dans le froid et la pluie.Situation « sous contrôle »Les autorités slovènes, qui en appellent au soutien de l’UE, affirmaient, mardi soir, avoir la situation « sous contrôle » et démentaient la fermeture de leur frontière, même si le ministre de l’intérieur l’avait évoquée. Les pouvoirs d’intervention de l’armée, actuellement limités à une assistance logistique, ont été accrus. Le premier ministre centriste, Miro Cerar, a assuré que « cela ne signifie pas un état d’urgence ». Mais, a-t-il souligné, « il est illusoire d’attendre d’un pays de 2 millions d’habitants qu’il puisse arrêter, gérer et résoudre ce que des pays beaucoup plus grands n’ont pas réussi à faire ».Au moins 12 100 migrants se trouveraient dans le même temps en Serbie, et 10 000 en Macédoine. Une nouvelle perspective se dessine : l’ouverture d’une route partant de la Grèce vers les côtes dalmates, via l’Albanie et le Monténégro.La situation inquiète fortement les responsables européens à peine remis de leurs discussions houleuses sur le partage de 160 000 réfugiés et espérant, au moins, le soutien de la Turquie. Des négociations sont en cours pour éviter que cette dernière ne laisse partir vers l’Union « ses » 2 millions de réfugiés syriens en échange d’une aide de 3 milliards d’euros, de la promesse d’une reprise des négociations d’adhésion et d’une libéralisation des visas pour certains citoyens.Les autorités de l’Union tentent aussi d’amener Ankara à accepter des accords de réadmission. La clause d’un accord de 2013 conclu avec Bruxelles et visant au renvoi à la Turquie de ressortissants non turcs devrait s’appliquer avant la date prévue (2017) et des accords semblables, conclus entre la Turquie et la Grèce, ainsi qu’entre la Turquie et la Bulgarie, devraient enfin produire leurs effets.C’est du moins l’espoir de la Commission européenne. Qui en a un autre : que les plans de répartition de réfugiés qu’elle a difficilement fait accepter fonctionnent. Or, aujourd’hui, un élément clé du dispositif est remis en question : les « hot spots ». Ces centres d’enregistrement et d’identification sont confrontés aux réticences des réfugiés. « Si cela continue, tout ce que nous avons fait n’aura servi à rien et le système s’effondrera », explique au Monde un responsable de haut rang.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Pays « de première ligne » Destinés à aider les pays dits « de première ligne », les « hot spots » centralisent l’action de diverses agences européennes (Frontex, Eurojust, Europol, Bureau d’asile) et sont censés accélérer les procédures d’asile. L’un d’eux fonctionne à Lampedusa, en Italie, l’autre à Mytilène, en Grèce. Trois autres centres doivent ouvrir en Italie, quatre en Grèce.Problème : en Grèce, où ont désormais lieu la plupart des arrivées, de très nombreux demandeurs refusent de se soumettre aux procédures conduisant à l’obtention du statut de réfugié. Ils redoutent de devoir rester dans ce pays ou d’être relocalisés dans un Etat où ils ne veulent pas se rendre. Le Luxembourg, par exemple, peine à trouver la… cinquantaine de réfugiés qu’il a accepté d’héberger. L’immense majorité des Syriens, Erythréens ou Irakiens veut se rendre en Allemagne ou en Suède. Ils sont conscients que, de toute façon, seulement 70 000 d’entre eux feront l’objet d’une répartition, alors qu’ils sont sept fois plus à avoir accosté sur les côtes helléniques. Ils préfèrent donc tenter leur chance en embarquant pour le Pirée depuis les îles grecques, puis en empruntant la route des Balkans.Leur refus de demander la protection internationale empêche l’accord politique conclu entre les Etats d’être appliqué et rend illusoire toute idée d’un mécanisme permanent de relocalisation. « Il faut leur faire passer le message que, grâce à la relocalisation, ils pourront recommencer une nouvelle vie et que c’est seulement par le biais d’une demande d’asile qu’ils y parviendront », explique le ministre luxembourgeois Jean Asselborn, actuel président du conseil des affaires étrangères. De nombreux réfugiés savent toutefois qu’ils seront privés des droits liés à leur statut (logement décent, éducation pour leurs enfants, aides sociales…) s’ils refusent le pays qui leur est désigné. Mais ils préfèrent tenter d’obtenir ces droits dans le pays de leur choix. A condition, désormais, d’y arriver.Un sommet consacré à la question des migrants le 25 octobreUn sommet consacré à la question des migrants, en présence des chefs d’Etat ou de gouvernement d’Autriche, de Bulgarie, de Croatie, de Macédoine, d’Allemagne, de Grèce, de Hongrie, de Roumanie, de Serbie et de Slovénie, ainsi que de la Commission européenne aura lieu dimanche 25 octobre.« Etant donné la situation d’urgence que connaissent les pays situés sur l’itinéraire des migrants à travers les Balkans, il importe de coopérer beaucoup plus, d’avoir davantage de consultations approfondies, et des mesures d’action immédiate », Jean-Claude JUncker, président de la Commission.  Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) A la veille de sa visite officielle en Allemagne, Benyamin Nétanyahou a mis en cause, mardi 20 octobre, l’influence qu’aurait exercée le mufti de Jérusalem sur Hitler, pour le persuader de mener l’extermination des juifs européens, pendant la seconde guerre mondiale. Le premier ministre s’exprimait devant le 37e Congrès sioniste mondial, à Jérusalem. Choisissant de passer en revue « les dix grands mensonges » auxquels est confronté Israël, M. Nétanyahou s’est arrêté sur l’instrumentalisation des lieux saints par les Palestiniens pour mener des attaques contre les juifs, à commencer par la mosquée Al-Aqsa, au cœur du cycle de violences actuel.A cette occasion, il a revisité l’histoire de la Shoah, en présentant le mufti de Jérusalem, Haj Amin Al-Husseini, comme une source d’inspiration de Hitler. « Il s’est envolé vers Berlin, a expliqué M. Nétanyahou. Hitler ne voulait pas à l’époque exterminer les juifs, il voulait expulser les juifs. Et Haj Amin Al-Husseini est allé voir Hitler en disant : “Si vous les expulsez, ils viendront tous ici.” “Que dois-je faire d’eux ?”, demanda-t-il. Il a répondu : “Brûlez-les.” »Lire les dernières informations :De Cisjordanie, Ban Ki-moon appelle à la fin de l’occupation israélienne« Dangereuse distorsion historique »Ce dialogue imaginaire qui aurait eu lieu le 28 novembre 1941 lors de la rencontre, tout à fait réelle, entre Hitler et le mufti, a déclenché un incendie sur les réseaux sociaux. Il a obligé les responsables politiques à intervenir dans le débat, tandis que les historiens étaient invités à se prononcer sur la validité de cette thèse. Yitzhak Herzog, le chef des travaillistes, a réagi mercredi sur sa page Facebook en évoquant « une dangereuse distorsion historique ». « Je demande à Nétanyahou de la corriger immédiatement car elle minimise la Shoah, le nazisme et… le rôle de Hitler dans le désastre terrible de notre peuple ».Mais la réaction la plus tranchante fut celle de Zehava Galon, la cheffe du parti de gauche Meretz : « Peut-être que les 33 771 juifs assassinés à Babi Yar en septembre 1941 – deux mois avant la rencontre entre le mufti et Hitler – devraient être exhumés et mis au courant que les nazis ne voulaient pas les détruire. » Quant à Saëb Erakat, le secrétaire général de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), il a affirmé que « Nétanyahou déteste tant les Palestiniens qu’il est prêt à absoudre Hitler pour le meurtre de six millions de juifs ». M. Erakat a aussi souligné la participation de milliers de Palestiniens dans les rangs des Alliés.« Peut-être que les 33 771 juifs assassinés à Babi Yar en septembre 1941 devraient être exhumés et mis au courant que les nazis ne voulaient pas les détruire », a ironisé Zehava Galon, la cheffe du parti de gauche MeretzMoshe Yaalon, le ministre de la défense, a semblé prendre ses distances avec les propos du chef du gouvernement. « Bien entendu, a-t-il dit, Haj Amin Al-Husseini n’a pas inventé “la solution finale à la question juive”. L’histoire montre clairement que Hitler en est à l’origine. Haj Amin Al-Husseini l’a rejoint. » Interrogé par le site d’information Ynet, la professeure Dina Porat, historienne en chef de Yad Vashem, a réfuté l’analyse développée par M. Nétanyahou. « On ne peut pas dire que c’est le mufti qui a donné à Hitler l’idée de tuer ou de brûler les juifs, a-t-elle expliqué. C’est faux. Leur rencontre a eu lieu après une série d’événements qui allaient dans ce sens. » Des collègues de Dina Porat abondent en ce sens. « Al-Husseini a soutenu l’extermination des juifs, il a essayé d’empêcher le sauvetage des juifs, il a recruté des Arabes pour les SS, explique pour sa part l’historien Meir Litvak, de l’université de Tel-Aviv. C’était une personne abominable, mais cela ne doit pas minimiser l’ampleur de la culpabilité de Hitler. » PressionChercheur à l’université Bar-Ilan, au Centre Menachem-Begin pour l’étude des mouvements de résistance, Edy Cohen ne partage pas ce point de vue et se dit « d’accord » avec le premier ministre, au-delà de tout débat politique partisan. « Nétanyahou a résumé ce que le mufti voulait accomplir, dit-il au Monde. Je pense que Hitler et le mufti se sont inspirés mutuellement. On ne peut pas dire qui voulait le plus tuer les juifs. Par contre, il faut souligner que la “solution finale” n’a débuté qu’après sa visite à Berlin. » Selon Edy Cohen, M. Nétanyahou a eu raison de rappeler le rôle du mufti dans les incitations à la violence. « C’est lui qui a inventé l’idée selon laquelle la mosquée Al-Aqsa était en péril. Il voulait l’aide du monde arabe, de l’argent et des armes, mais ces pays ont hésité. Or le mufti était très intelligent. Il a dit que les juifs voulaient détruire Al-Aqsa pour y construire un troisième temple. Il a été le premier à les accuser de ça. »Ce n’est pas la première fois que Benyamin Nétanyahou fait du mufti de Jérusalem la source d’inspiration du régime nazi pour l’extermination des juifs. Dans un discours prononcé en janvier 2012 devant la Knesset (le Parlement israélien), M. Nétanyahou disait déjà ceci : « Haj Amin Al-Husseini fut l’un des architectes de la “solution finale”. Il s’était rendu à Berlin. Il avait fait pression et imploré Hitler (…) et le persuada plus que quiconque de conduire la “solution finale”. Ne pas laisser les juifs partir de peur qu’ils ne viennent ici, mais les annihiler, les brûler. »Juste avant de prendre l’avion pour Berlin, mercredi, le premier ministre a tenté de limiter les dégâts causés par ses propos de la veille. « Je n’avais pas l’intention d’absoudre Hitler de sa responsabilité dans la destruction diabolique de la communauté juive européenne. Hitler était responsable de la solution finale pour l’extermination de six millions de juifs. Il a pris la décision. » Mais, selon Benyamin Nétanyahou, il serait « absurde d’ignorer le rôle joué par le mufti Haj Amin Al-Husseini. » Il a expliqué que son intention était de « montrer que les aïeux de la nation palestinienne, sans pays et sans la soi-disant “occupation”, sans territoire et sans colonie, aspiraient déjà à inciter systématiquement à l’extermination des juifs. »Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La candidate à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle américaine de 2016 joue, jeudi 22 octobre, un moment important de sa campagne. Hillary Clinton doit en effet se présenter devant une commission d’enquête ad hoc de la Chambre des représentants dans une affaire qui ne cesse d’empoisonner sa marche vers la Maison blanche. Cette audition vise à tirer au clair les conséquences de l’utilisation d’une adresse électronique personnelle lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine, qui la met en porte-à-faux au regard des règles sur la sécurité des Etats-Unis.Pourtant, les présages semblent bon pour Hilary Clinton, qui a accumulé les bonnes nouvelles ces derniers jours. La dernière en date : un sondage réalisé pour NBC News et le Wall Street Journal, paru le 20 octobre, indique qu’elle a pris le large face à ses principaux adversaires démocrates dans la course à l’investiture du parti. Parmi les votants à la primaire, 49 % la soutiennent contre seulement 29 % pour Bernie Sanders, le sénateur du Vermont, en nette baisse depuis le dernier débat démocrate, et 15 % pour Joe Biden, le vice-président des États-Unis, qui ne s’est toujours pas déclaré candidat.Lire aussi :Hillary Clinton domine la course démocrateLes autres bonnes nouvelles sont venues paradoxalement du camp d’en face. Le sénateur républicain de Californie, Kevin McCarthy, a en effet laissé entendre le 29 septembre que la création de la commission spéciale, chargée au départ d’examiner les circonstances de la mort de l’ambassadeur américain en Libye à Benghazi, en 2012, avait en fait pour objectif de mettre en difficulté la candidate Clinton. Le 15 octobre, Le représentant républicain de l’Etat de New York, Richard Hanna, enfonçait le clou en déclarant : « Ce n’est peut-être pas politiquement correct, mais je pense qu’une grande partie de cette enquête a été conçue dans le but de s’en prendre à un individu : Hillary Clinton », confirmant ainsi les soupçons formulés par les démocrates, qui pensent que cette affaire ne vise qu’à déstabiliser leur championne.Lire aussi :Hillary Clinton piégée par ses courriers indésirablesL’extrême lenteur de la commission d’enquêteDans le même temps, le doute s’installe sur l’efficacité de la dite commission, qui enquête maintenant depuis 17 mois, une durée plus longue que celle qui avait été nécessaire dans l’affaire du Watergate. Ainsi, selon des documents révélés par le New York Times, sur les douze interviews qui avaient été initialement planifiées avec des représentants des services du renseignement, du ministère de la défense ou de la Maison blanche, une seule a été menée à bien jusqu’à présent et aucune des neuf auditions publiques programmées n’a eu lieu.Par ailleurs, la commission n’a pas hésité à ajouter sur sa liste de témoins pas moins de 18 collaborateurs de Mme Clinton du temps où elle était secrétaire d’Etat, et suggéré qu’elle s’intéressait plus à ses courriels qu’aux circonstances proprement dites de l’attentat de Benghazi. Des soupçons étayés par un ancien collaborateur à cette commission, Bradley Podliska, un officier de l’armée de l’air, qui a été exclu des travaux en juin.Depuis son départ, ce dernier a fait une série de révélations sur certains dysfonctionnements d’une structure qui a déjà coûté plus de 4,5 millions de dollars. Ainsi, le système électronique censé exploiter les 50 000 pages de documents amassés par la commission n’est toujours pas au point, obligeant les membres à se débrouiller comme ils peuvent pour retrouver les pièces les plus importantes. Pendant des mois, ils ont tenté de récupérer certains documents auprès de l’administration Obama sans pouvoir se consacrer à l’enquête sur l’attentat lui-même.Les travaux de la commission se prolongeant, ses membres ont même fini par créer un club d’œnologie, baptisé « Le vin du mercredi », dans lequel on devisait autour de verres marqués d’un logo « Glacial Pace » (lenteur incroyable), en référence au rythme des travaux. Plusieurs membres républicains ont également créé un petit cercle où ils échangeaient leurs commentaires sur tel ou tel revolver dans la perspective d’un futur achat. Mais après le 2 mars et la révélation par le New York Times de l’affaire de la messagerie de Mme Clinton, la commission aurait retrouvé un « nouvel entrain » selon M. Podliska.Lire aussi :Hillary Clinton, une favorite déstabiliséeLes « fichus e-mails »Autant d’éléments qui ont placé sur la défensive Trey Gowdy, le président de la commission, qui affirme depuis des mois que des messages envoyés par Mme Clinton contenaient le nom d’une source de la CIA en Libye. Depuis le ton monte avec Elijah Cummings, le leader démocrate au sein de la structure. Ce dernier lui a répondu il y a quelques jours dans une lettre que ces éléments n’étaient pas classés secret défense, accusant M. Gowdy de « discréditer l’enquête » et de « saper l’intégrité de la commission ».Par ailleurs, Trey Gowdy répète à qui veut l’entendre que son sujet d’enquête est bien l’attentat de Benghazi et non pas la correspondance de la candidate, indiquant qu’il avait dit « à [ses] propres collègues républicains et amis : “Arrêtez de parler de choses dont vous ne savez rien.” Et à moins que vous ne soyez dans la commission, vous n’avez aucune idée de ce que nous avons fait, pourquoi nous l’avons fait et quels nouveaux faits nous avons trouvés. »Même si ces derniers jours Mme Clinton a marqué des points, elle sait qu’elle devra jouer serré jeudi devant une commission qui ne lui fera pas de cadeau. La candidate n’a pas fini de composer avec ces « fichus e-mails », comme les avait qualifiés Bernie Sanders lors du dernier débat démocrate télévisé du 13 octobre.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Tenue soigneusement secrète, la venue de Bachar Al-Assad à Moscou n’a été révélée que mercredi matin 21 octobre au matin, par le porte-parole du Kremlin. « Hier soir, le président de la République arabe syrienne Bachar Al-Assad est venu en visite de travail à Moscou », a annoncé Dmitri Peskov, en précisant que le dirigeant syrien s’était entretenu avec Vladimir Poutine.« Naturellement, les questions ont porté sur la lutte contre les groupes extrémistes terroristes, sur la poursuite des actions offensives des forces armées syriennes ».Cette visite spectaculaire de Bachar Al-Assad, dont c’est le premier déplacement à l’étranger depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, s’est faite à la demande du Kremlin, trois semaines après le début de l’intervention militaire russe, dont les frappes aériennes sur le territoire syrien s’accroissent tous les jours. Mardi soir, le ministère russe annonçait encore 55 sorties de ses avions de combat contre 60 « objectifs ». Accueillant le représentant d’un « pays ami », le chef de l’Etat russe était entouré de son ministre de la défense, Sergueï Choïgou, du premier ministre Dmitri Medevedev et de Nikolaï Patrouchev, ex-patron du FSB (service secret) et secrétaire du Conseil de sécurité de Russie. « Merci d’avoir répondu à notre demande de venir malgré la situation dramatique dans votre pays », a souligné Vladimir Poutine, selon le compte rendu publié sur le site du Kremlin.Les deux hommes ne s’étaient pas rencontrés physiquement depuis 2006, à Moscou. La réunion, mardi soir à Moscou, n’est que la troisième du genre depuis leur accession au pouvoir, en 2000.« Endoctrinement » « Le terrorisme international essaie de prendre sous contrôle de grands territoires, de déstabiliser la région ce qui préoccupe beaucoup de pays, et nous aussi, a insisté le président russe, en qualifiant de « regrettable » la présence, parmi les combattants de l’Etat islamique de « ressortissants de l’ex-URSS dont le nombre est estimé au minimum à 4 000 ». « Nous ne pouvons pas permettre que cette expérience militaire et cet endoctrinement idéologique réapparaissent sur le territoire de Russie », a-t-il ajouté.Le but de cette rencontre était-il d’affirmer encore un peu plus le soutien russe au dirigeant syrien ? Le « règlement politique à long terme » a bien été évoqué, M. Poutine estimant qu’il ne pouvait se faire qu’avec « la participation de toutes les forces politiques, ethniques et religieuses », mais en fin de compte, a-t-il répété, « le mot de la fin doit rester au peuple syrien ». « Nous sommes prêts à fournir de l’aide, non seulement dans le combat contre la lutte terroriste, mais aussi dans le processus politique. Bien sûr, en relation avec d’autres puissances mondiales et avec les pays de la région intéressés à une solution pacifique du conflit », a encore souligné le chef du Kremlin.Tout en remerciant chaleureusement son hôte, Bachar Al-Assad a exprimé sa « reconnaissance » à la Russie pour son aide en faveur, a-t-il dit, de la Syrie, de « son unité et de son indépendance. Le plus important, c’est que tout cela se fait dans le cadre de la législation internationale ». Le dirigeant syrien a poursuivi en saluant « les pas politiques effectués par la Fédération de Russie depuis le début de la crise qui n’ont pas permis au ­terrorisme de se développer selon un scénario beaucoup plus tragique (…). Chacun comprend que les actions militaires supposent ensuite des étapes politiques ». Ces étapes n’ont fait l’objet d’aucune précision, Bachar Al-Assad s’étant contenté de souligner que « le terrorisme est un obstacle réel sur le chemin du règlement politique ».Après le retour de Bachar Al-Assad à Damas, l’activité diplomatique s’est poursuivie : M. Poutine s’est entretenu au téléphone avec le roi d’Arabie saoudite, mercredi. Une nouvelle réunion est prévue vendredi, à Vienne, entre Sergueï Lavrov et John Kerry, et leurs homologues saoudien et turc. François Hollande, lui, a dit vouloir « croire » que M. Poutine avait convaincu le président syrien « d’engager au plus tôt la transition politique et de quitter la place le plus rapidement possible ».« Risque d’incident aérien » Au cours de cette journée de mardi, un accord a par ailleurs été signé entre la défense russe et Washington pour prévenir tout incident aérien. Quelques heures plus tôt, Moscou multipliait sur le site du ministère de la défense les alarmes sur la présence trop importante à ses yeux d’avions menant des opérations dans le ciel syrien. « Ce protocole d’accord est à présent entré en vigueur », a déclaré Peter Cook, porte-parole du Pentagone, pour « éviter de manière efficace tout risque d’incident aérien entre nos équipages et les équipages russes ». Selon M. Cook, le document signé insiste sur le professionnalisme dont doivent faire preuve les pilotes, conseille l’utilisation de certaines fréquences radio communes et préconise la création d’une ligne de communication secondaire au sol. Cependant, s’est-il empressé d’ajouter, l’accord ne constitue pas le point de départ d’une plus ample coopération entre Etats-Unis et Russie en Syrie  :« Il n’y a pas de zones de coopération, de partage d’informations ou d’informations sur des cibles. Nous continuons à penser que la stratégie de la Russie en Syrie est contre-productive et son soutien au président Bachar Al-Assad ne va faire qu’empirer la guerre civile ».Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Près d’un an après les révélations « Luxleaks », qui mettaient au jour l’existence de nombreux accords fiscaux très avantageux entre le fisc du Luxembourg et les multinationales, la Commission européenne a rendu public, mercredi 21 octobre, ses premières condamnations contre cette pratique abusive des « rulings ».Lire aussi :« LuxLeaks » : voyage au paradis des multinationalesDans le collimateur de Bruxelles, le groupe Starbucks et une filiale de Fiat (Fiat Finance and Trade, la banque interne du constructeur), épinglés pour avoir passé des accords jugés illégaux au regard du droit européen de la concurrence, avec l’administration néerlandaise dans le cas de la chaîne de cafés américaine, et luxembourgeoise, pour le groupe italien.Les amendes s’élèvent à plusieurs dizaines de millions d’euros pour chacune des deux sociétésLes services de la Commissaire européenne à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, ont soumis mercredi pour approbation au collège de la Commission les amendes qu’à l’issue de longs mois d’enquête ils ont fini par établir dans ces deux cas. Chacune des sociétés est sommée de rembourser 20 à 30 millions d’euros.La procédure menée par Bruxelles concerne les « aides d’Etat illégales ». Fiat et Starbucks ont, selon la Commission, bénéficié d’avantages sélectifs nuisant à la concurrence de la part du Luxembourg et des Pays-Bas. En conséquence, ils sont censés verser leurs amendes directement aux Etats (et pas à la Commission, comme dans le cas d’un abus de position dominante).Dossiers très techniquesCes montants équivalent à une sorte de redressement fiscal : ce sont les sommes, majorées d’un taux d’intérêt, que ces groupes auraient dû payer s’ils avaient été soumis au même taux d’imposition que d’autres dans une situation comparable.Qu’est-il reproché, dans les détails, à Starbucks ? D’après les documents intermédiaires rendus publics en novembre 2014, Bruxelles concentrait son enquête sur l’accord signé en 2008 entre les Pays-Bas et une entité néerlandaise du groupe, Starbucks Manufacturing BV. Le pays validait un « prix de transfert » (prix facturé pour les échanges entre filiales) avec d’autres entités de Starbucks, notamment une en Suisse, que Bruxelles soupçonnait d’être trop élevé afin de réduire la base fiscale de Starbucks Manufacturing.Lire aussi :Optimisation fiscale : l’Europe impose plus de transparenceConcernant Fiat, là aussi selon un document rendu public en novembre 2014, la Commission relevait que la banque interne du groupe avait signé en 2012 un accord fiscal avec le Grand-Duché qui déterminait une base imposable fixe pour la société, quel que soit son développement ultérieur.Ces deux cas sont instruits formellement depuis juin 2014, mais n’aboutissent que maintenant, car ils sont très techniques, et la nature abusive des rulings n’est pas aisée à démontrer. Le ruling ou « rescrit fiscal » étant lui-même parfaitement légal, la Commission doit prouver, pour le dénoncer, qu’il introduit un avantage par rapport à d’autres entreprises. Elle est aussi tributaire du zèle avec lequel les administrations visées envoient les documents requis.Un signal fortUne troisième enquête a été ouverte en juin 2014 visant le géant américain Apple en Irlande, dont il ne devait pas être question mercredi. Outre le temps d’instruction des dossiers, qui peut expliquer ce décalage, Mme Vestager a jusqu’à présent été très habile dans sa communication, évitant d’en faire « trop » avec un pays (notamment les Etats-Unis), pour échapper aux critiques sur une soi-disant « politisation » des dossiers de concurrence.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnelEn plus de ces trois cas, deux autres enquêtes formelles tout aussi sensibles concernant des rulings ont été lancées par Bruxelles. L’une, en octobre 2014, portant sur des accords entre Amazon et le Luxembourg, et l’autre, en février 2015, au sujet des abattements fiscaux proposés par la Belgique aux multinationales étrangères.Lire aussi :Optimisation fiscale : la Belgique en accusationMercredi, la Commission, qui jusqu’à présent ne s’était jamais penchée sur ce type de contrats, envoie un signal fort. Les cadeaux fiscaux permettant à des sociétés d’échapper quasiment à l’impôt ne sont plus tolérés. Ses décisions concernant Fiat et Starbucks interviennent alors que le commissaire à l’économie, Pierre Moscovici, a obtenu, début octobre, un accord politique pour que les rulings soient transmis automatiquement et obligatoirement entre administrations fiscales des vingt-huit pays de l’Union.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnel. Elle passe déjà pour l’un des commissaires majeurs de Bruxelles après avoir choisi d’adopter depuis sa prise de fonctions, en novembre 2014, une approche beaucoup plus musclée que son prédécesseur, Joaquin Almunia. Outre les cas d’aides illégales concernant les rulings, elle a ainsi décidé d’envoyer des actes d’accusation formels contre Google et Gazprom pour abus de position dominante. Ces deux géants risquent des amendes de plusieurs milliards d’euros chacun.Lire aussi :Amazon cède face à Bruxelles sur la fiscalitéCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.10.2015 à 15h59 Le ton monte entre la France et Israël. L’Etat hébreu a accusé Paris de « récompenser le terrorisme » dimanche 18 octobre, après que la France a annoncé son intention de proposer au Conseil de sécurité des Nations unies une déclaration en faveur d’une présence internationale sur la très sensible esplanade des Mosquées à Jérusalem.« En reprenant à son compte les fausses accusations lancées par les dirigeants palestiniens sur le changement du statu quo sur le mont du Temple [le nom donné par les juifs à l’esplanade des Mosquées], le texte proposé par la France récompense le terrorisme que les Palestiniens ont initié », a affirmé dans un communiqué le ministère israélien des affaires étrangères, qui reproche à la France de rester silencieuse « sur les causes réelles de la vague d’attaques au couteau perpétrées par des Palestiniens, à savoir les incitations à la violence contre Israël et son peuple ».Soutien des Américains à IsraëlTroisième lieu saint de l’islam, également révérée par les juifs, l’esplanade des Mosquées est régie par des règles (dites le « statu quo ») qui autorisent les juifs à s’y rendre à certaines heures mais leur interdit d’y prier. Les musulmans peuvent y prier à toute heure mais sont régulièrement soumis aux restrictions de la part d’Israël qui en contrôle l’accès. Les Palestiniens accusent Israël de vouloir modifier le statu quo, ce dont le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou s’est toujours défendu, s’en disant le meilleur garant.Lire aussi :Israël autorise le bouclage de Jérusalem-EstLe ministre du tourisme Yariv Levine, membre du Likoud, le parti de droite du premier ministre, a affirmé à la radio publique qu’Israël « a obtenu le soutien des Américains pour bloquer l’initiative française. Nous n’accepterons pas une remise en cause de la souveraineté d’Israël sur Jérusalem réunifiée ».L’esplanade des Mosquées se trouve à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville Sainte qu’Israël occupe depuis 1967 malgré les condamnations des Nations unies. Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)  A la veille de la publication des chiffres de la croissance chinoise au troisième trimestre qui devraient tomber en deçà de l’objectif d’une progression de 7 % du PIB, le président Xi Jinping a reconnu avoir des « inquiétudes ». Le chef d’état chinois, dans un entretien écrit accordé à l’agence Reuters en amont de sa visite au Royaume-Uni, explique « travailler dur » pour y répondre.M. Xi se veut toutefois rassurant et fait valoir qu’ayant dépassé les 10 000 milliards de dollars, la masse de l’économie chinoise augmente annuellement de la taille de celle d’un pays de taille moyenne. De son côté, le premier ministre, Li Keqiang, a reconnu samedi qu’atteindre 7 % de croissance n’est « pas facile ».Lire aussi :Entre course à la croissance et défi climatique, où en est la Chine ?Une compétitivité écornéePremier exportateur mondial, la Chine souffre de la hausse des salaires de ses ouvriers, pourtant nécessaire pour faire d’eux des consommateurs. Il faut pour palier à cette perte de compétitivité-prix face à des pays à bas revenus, d’Asie du Sud-Est par exemple, développer le secteur des services et progresser dans des industries à plus forte valeur ajoutée — Pékin souhaite par exemple profiter du passage de Xi Jinping à Londres et Manchester pour faire la promotion de centrales nucléaires chinoises.Etre au premier rang des exportateurs expose par ailleurs lourdement le pays aux risques externes. Comme le relève le président Xi :« En tant qu’économie liée de près aux marchés internationaux, la Chine ne peut pas rester indemne à la performance terne de l’économie mondiale »Une transition délicateLa deuxième économie de la planète est dans une phase de rééquilibrage délicate. Le modèle reposant sur les investissements colossaux de l’état dans les infrastructures (routes, nouveaux quartiers, ports, voies ferrées, etc…) a permis une ascension spectaculaire depuis les débuts de la politique dite de « réforme et d’ouverture » initiée par Deng Xiaoping au tournant des années 80, mais il a vécu.La nécessité pour les collectivités locales de sans cesse investir davantage pour tirer la croissance s’est traduite par une expansion de leur endettement. La République populaire étant depuis devenue un pays à revenus intermédiaires, c’est le moteur de la consommation des ménages qui doit progressivement prendre le relais.Or, après une phase de confiance sans limite, s’est ouverte une période d’interrogations, notamment sur la capacité même du régime à réformer pour que le secteur étatique cède de l’espace.Une volatilité symptomatiqueCes questionnements sont source de volatilité. L’exemple du marché boursier est révélateur : l’indice de Shanghaï a gagné un peu plus de 150 % sur l’année courant jusqu’au 12 juin et ce malgré une croissance morose à l’échelle chinoise, avant une spectaculaire dégringolade. L’ascension se fondait précisément sur une confiance aveugle en le pouvoir de Xi Jinping d’adapter le système pour maintenir le rythme, un dogme aujourd’hui remis en question.Ces à coups sont à leur tour source d’une difficulté nouvelle, car ils incitent l’état à recourir précisément aux méthodes dont il promet de se départir. Le gouvernement a par exemple menacé d’enquête les traders qui parieraient sur la baisse des cours et a investi massivement pour stabiliser l’indice alors que le même Xi Jinping s’est engagé à laisser le marché jouer un rôle « décisif ».Lire aussi :Les nuages s’accumulent sur la croissance mondialeHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.10.2015 à 18h38 • Mis à jour le18.10.2015 à 16h52 Henriette Reker, candidate à la mairie de Cologne, a été poignardée, samedi 17 octobre, sur un marché où elle faisait campagne. La femme politique se trouvait sur un stand d’informations de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti d’Angela Merkel qui la soutient pour l’élection, quand elle a été attaquée par un homme qui l’a grièvement blessée au cou.Mme Reker, 58 ans, souffre de « blessures sérieuses », mais son état est satisfaisant, a annoncé l’hôpital où elle a été admise. Selon les médecins qui l’ont soignée, elle ne devrait pas souffrir de séquelles et devrait pouvoir assurer les fonctions de maire, si elle est élue à ce poste dimanche.Ancien membre d’un parti d’extrême droiteL’agresseur, interpellé juste après les faits, est un Allemand de 44 ans, chômeur de longue durée. Une première expertise psychiatrique a déterminé qu’il « n’y a pas d’indications permettant d’exclure [s]a responsabilité pénale ». Les autorités veulent par ailleurs le poursuivre pour tentative de quatre meurtres, le suspect ayant blessé, outre la candidate Henriette Reker, trois autres personnes avant d’être arrêté.Samedi, la police a indiqué que le suspect avait « dit qu’il avait commis cet acte avec une motivation raciste ». Selon le quotidien régional Kölner Stadtanzeiger, l’agresseur a ainsi déclaré aux enquêteurs que « Recker et Merkel nous inondent d’étrangers et de réfugiés ».Si la police a déclaré qu’il n’était « pas actif politiquement », l’hebdomadaire Spiegel écrit sur son site que l’homme, originaire de Bonn, était membre au début des années 1990 d’un parti d’extrême droite allemand interdit depuis. Selon les enquêteurs, il n’avait plus de contact avec cette mouvance mais aurait été repéré pour ses commentaires xénophobes sur divers forums sur Internet.Lire :Rencontre avec un dirigeant néonazi allemandMme Reker est notamment chargée de l’accueil des réfugiés à la ville de Cologne. Soutenue par la CDU, les libéraux du FDP mais aussi les Verts, elle est l’une des prétendantes les plus sérieuses à la mairie de la quatrième ville d’Allemagne (980 000 habitants) à l’élection.« Stupeur » de MerkelAngela Merkel a « exprimé sa stupeur » et condamné cet acte, tandis que le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, s’est déclaré « profondément choqué » par cette attaque « effroyable et lâche ». Dans la soirée, des responsables politiques régionaux de tous bords et des habitants de Cologne ont formé une chaîne humaine « contre la violence » devant l’hôtel de ville.L’Allemagne attend cette année quelque 800 000 demandeurs d’asile, un record historique. Mais la politique d’ouverture aux réfugiés de la chancelière suscite de vives critiques de toutes parts, y compris dans ses propres rangs. Mme Merkel se rendait dimanche en Turquie, deux jours après l’annonce d’un accord entre ce pays et l’Union européenne sur les migrants.Lire aussi :Réfugiés : Angela Merkel de plus en plus isolée en Allemagne Damien LeloupDes milliers de tirs de missiles et de morts, sur une demi-douzaine de théâtres d’opération… Le programme d’assassinats ciblés mené par les Etats-Unis en Afghanistan ou au Yémen, dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme, est vaste — et très secret. L’enquête du site The Intercept, « The Drone Papers », lève le voile sur de nombreux aspects inconnus de ce programme, et confirme des informations déjà connues, à l’heure où la France commence elle aussi à procéder à des frappes ciblées en Syrie avec l’aide des services de renseignements américains.Lire notre enquête :Syrie : Salim Benghalem, la cible des frappes françaises à Rakka 1) Jusqu’à neuf personnes tuées sur dix n’étaient pas viséesPremier constat issu des documents de l’armée américaine : l’inefficacité du caractère « ciblé » des assassinats par drones. Dans une analyse détaillée des résultats de l’opération Haymaker, dans le nord de l’Afghanistan, les rapports de l’armée montrent que le nombre de « jackpots » — mort de la personne visée par une attaque — est faible : en février 2013, l’opération compte 35 « jackpots », à comparer aux 200 « EKIA » — ennemis tués au combat — pour la même période.L’armée américaine désigne sous ce terme les personnes tuées qu’elle identifie comme étant des insurgés ou soldats ennemis qui n’étaient pas directement visés — pour établir ce classement, l’armée se fie à ses propres sources, images filmées par des drones notamment. Une comptabilité qui tend à sous-estimer le nombre de victimes civiles, estime The Intercept. Sur une période de cinq mois en Afghanistan, le site conclut que neuf personnes tuées sur dix n’étaient pas les cibles des frappes.The Intercept cite également une étude réalisée par l’universitaire Larry Lewis, qui a analysé les résultats des opérations américaines en Afghanistan sur plusieurs années. Selon ses calculs, les frappes réalisées par drones dans la région ont été beaucoup plus meurtrières pour les civils que les bombardements de l’aviation : il aboutit à la conclusion que les drones tuent en moyenne dix fois plus de civils que les avions américains. Un différentiel qui s’explique en partie par le faible niveau de qualité des informations sur lesquelles se basent les frappes par drones. 2) L’ordre de tuer est validé par le président des Etats-Unis Pour déterminer qui peut être la cible d’une frappe par drone, l’armée américaine suit une chaîne de commandement complexe, et dont certains aspects ne sont pas détaillés dans les documents publiés par The Intercept.Elle démarre par la constitution d’un « dossier », appelé « Baseball Card », qui établit un profil de la personne, les raisons pour lesquelles son assassinat est demandé, et qui suit ensuite un processus de validation en sept étapes. En moyenne, il faut deux mois pour obtenir l’ensemble des validations nécessaires ; débute alors une période de soixante jours durant lesquels la frappe est autorisée.Dans la dernière scène du documentaire Citizen Four consacré aux révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden, Glen Greenwald, le fondateur de The Intercept, laissait déjà entendre qu’il avait en sa possession des documents secrets sur le programme de drones américains, transmis au journaliste par un autre lanceur d’alerte. Dans le film, on le voit dessiner une pyramide sur un morceau de papier et la montrer à Edward Snowden en disant « ça va jusqu’au président » — le schéma apparaissant brièvement à l’écran ressemblait fortement à celui publié ce jeudi par The Intercept. 3) Les assassinats ciblés se basent essentiellement sur le renseignement électronique Les « Baseball Cards » et les dossiers compilés par les forces américaines se basent largement sur des sources de renseignement électronique — programmes de surveillance de masse de la NSA et écoutes, explique The Intercept. Les drones eux-mêmes sont utilisés pour collecter une grande quantité de données : qu’il s’agisse de drones armés ou d’observation, la plupart des engins utilisés par l’armée américaine disposent d’une antenne-relais, ce qui leur permet de trianguler la position d’un téléphone portable avec une précision importante.Selon une source anonyme citée par The Intercept, le système « se base sur des machines très puissantes, capables de collecter une quantité invraisemblable de données », mais « comporte à de nombreux niveaux des risques d’erreurs d’analyse et d’attribution ». Toujours selon le même témoignage, « il est étonnant de voir le nombre de cas dans lesquels un sélecteur [un identifiant unique] est attribué à la mauvaise personne. Et ce n’est que plusieurs semaines ou mois après que vous vous rendez compte que la personne que vous suivez n’est pas votre cible, parce que vous suivez en réalité le téléphone de sa mère. » 4) Les critères pour figurer sur la « kill list » sont vaguesOfficiellement, la politique des Etats-Unis est de ne tirer pour tuer que dans les cas où la cible « présente un risque continu et imminent pour la sécurité d’Américains ». Les documents publiés par The Intercept montrent cependant qu’un seul critère est analysé pour déterminer si une personne peut figurer ou non sur la liste des cibles potentielles : le fait de « présenter une menace pour les soldats américains ou les intérêts américains ».Ce critère, particulièrement vague, n’a par ailleurs que peu de sens dans certaines régions du globe où l’armée américaine procède à des frappes ciblées par drones — au Yémen, par exemple, la présence américaine est quasiment inexistante. Les frappes de drones ont pourtant tué 490 personnes dans le pays, selon les propres chiffres de l’armée. 5) « Capturer ou tuer » est devenu « tuer »Les campagnes ciblées de l’armée américaine sont appelées « Capture / kill » — capturer ou tuer, avec, historiquement, une préférence pour la capture. Mais dans le cas des frappes de drones, « le terme capturer/tuer est trompeur — “capturer” s’écrit désormais sans majuscule, nous ne capturons plus jamais personne », a reconnu le lieutenant-général Michael Flynn, ancien chef de l’agence de renseignement de l’armée.Ce choix de privilégier les frappes mortelles par drone aux opérations de capture, plus risquées, a aussi des conséquences sur le type d’informations recueillies : sans interrogatoires, l’armée utilise de plus en plus le renseignement électronique au détriment du renseignement humain, pourtant considéré comme indispensable. 6) « L’exploitation et l’analyse » sont les parents pauvres des campagnes de dronesLa doctrine de l’armée américaine en matière de terrorisme est résumée par un acronyme : FFFEA. Find, fix, finish, exploitation and analysis — « trouver, régler, achever, exploiter et analyser ». Mais les documents montrent que la dernière partie du processus n’existe quasiment pas dans les frappes de drones, notamment en Afrique de l’Est et au Yémen.Dans la plupart des cas, après une frappe mortelle, il n’y a pas de soldats sur place qui peuvent récupérer des documents, des ordinateurs ou des téléphones portables, ou interroger les survivants. Ce qui conduit à des « voies sans issue » en matière de renseignement. 7) Les frappes de drones contribuent à renforcer les adversaires des Etats-UnisEn raison du manque de précision des frappes, et des erreurs de renseignement qui conduisent à cibler les « mauvaises » personnes, les campagnes de drones contribuent à renforcer les adversaires des Etats-Unis, estime The Intercept. Le site mentionne notamment l’exemple de Haji Matin, tué par une frappe en 2012 : ce négociant en bois avait été dénoncé par des rivaux commerciaux comme militant taliban. L’armée américaine avait alors bombardé sa maison, tuant plusieurs membres de sa famille… et transformant ce notable en leader local des militants anti-américains. 8) Le nombre de frappes a été démultiplié sous les présidences ObamaAvant l’entrée en fonction de Barack Obama, une seule frappe de drone avait eu lieu au Yémen, en 2002. En 2012, une frappe avait lieu tous les six jours sur le territoire du pays. En août 2015, ces frappes avaient tué 490 personnes.Un ancien responsable du renseignement du président américain explique que c’était « le choix politique le plus avantageux : coût faible, pas de victimes américaines, et ça donne l’apparence de la sévérité. C’est bien perçu aux Etats-Unis, et ça n’est impopulaire qu’à l’étranger. Les dégâts de cette politique pour les intérêts américains ne sont visibles qu’à long terme. » 9) La distance et « l’effet paille » réduisent grandement l’efficacité des dronesMalgré leur technologie avancée, et l’impression qu’ils donnent de pouvoir intervenir n’importe où et n’importe quand, les drones ne seront malgré tout pas efficaces dans toutes les situations. Pour parvenir à identifier, suivre et ouvrir le feu sur un suspect, il faut maintenir un contact visuel pendant une longue période de temps. Or, dans certaines zones, et notamment au Yémen, la longue distance que doivent parcourir les drones rend cette couverture permanente très difficile à maintenir, les aéronefs passant souvent plus de temps de vol à se rendre à leur position qu’en « action » proprement dite.Par ailleurs, les opérateurs de drones sont victimes d’un « effet paille » — la zone de vision des caméras est limitée, ce qui conduit à des difficultés pour suivre les « suspects » et augmente les risques d’erreur d’identification. 10) L’armée américaine a multiplié ses bases en Afrique pour soutenir son programme de dronesPour réduire les distances que doivent couvrir les drones, le commandement américain a discrètement multiplié ses bases, notamment en Afrique. Ces bases secrètes complètent le dispositif mis en place par l’U.S. Africa Command, dont la base principale est hébergée au camp Lemonnier, un ancien avant-poste de la Légion étrangère française. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.10.2015 à 11h08 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Même si la photographie générale de la solidité des banques américaines au troisième trimestre reste assez flatteuse, avec plus de 22 milliards de dollars (plus de 19 milliards d’euros) de profits pour les cinq principaux établissements (JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Goldman Sachs et Citigroup, Morgan Stanley ne publiant ses résultats que la semaine du 19 octobre), la période a été néanmoins agitée et révélatrice des mutations qui sont à l’œuvre dans le secteur.Lire aussi :La rentabilité des banques américaines se dégradePremier enseignement, les banques affirment que les activités spéculatives dans le courtage ont subi de plein fouet la volatilité des marchés financiers. Cette instabilité, qui a atteint son paroxysme lors du krach boursier du 24 août, est alimentée par les incertitudes sur la croissance mondiale et les atermoiements de la Réserve fédérale (Fed) pour relever ses taux d’intérêt. Fort logiquement, l’établissement le plus exposé à ces activités de trading, Goldman Sachs (GS), a été le plus affecté. Le bénéfice net de la banque d’affaires a ainsi plongé de 36,4 % à 1,43 milliard de dollars. Pour la première fois depuis quatre ans, la star de Wall Street fait moins bien que ce qu’anticipaient les analystes, tandis que son chiffre d’affaires est passé pour la première fois depuis deux ans sous la barre des 7 milliards (à 6,86 milliards en baisse de 18 %). En cause, son activité de courtage, qui a chuté de 15 %. « Nous avons connu des niveaux d’activité plus bas et un déclin du prix des actifs », s’est justifié Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs.Le courtage dans le domaine des obligations, des devises, des taux d’intérêt et des matières premières, ce que l’on appelle dans le jargon le FICC, a ainsi décroché de 33 % chez GS. Alors que la plupart de ses rivaux, à commencer par Morgan Stanley, ont replié la voilure sur les activités spéculatives, sous la pression de la nouvelle régulation financière, GS a été moins prompt à réduire ses positions s’exposant à une baisse d’activité dans ce domaine. Alors qu’en 2009, en pleine crise financière, le FICC représentait encore 50 % de ses revenus, cette part est tombée à 25 % en 2014 et pourrait encore baisser sur l’année 2015.« Quelque chose d’assez sain »Goldman Sachs n’a pas été la seule victime du mouvement. JP Morgan a subi une sanction équivalente avec une chute de 15 % de ses opérations de trading. « Nous avons ressenti l’impact d’un environnement mondial compliqué », a expliqué Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase. Certes la banque a vu son bénéfice net bondir de plus de 22 % à 6,27 milliards de dollars, mais ce résultat doit beaucoup à un encaissement d’impôts différés d’un montant de 2,2 milliards.Simplement un mauvais moment à passer ? Pas vraiment selon Gregori Volokhine, président de Meeschaert Capital Markets, à New York. « La volatilité a bon dos, explique-t-il. Ces banques, sous la pression de la loi Dodd Frank, ont été obligées de beaucoup diminuer les fonds propres qu’elles consacrent à ces activités spéculatives. Il n’y a pas vraiment de raison à court terme que les volumes de ces fonds propres repartent à la hausse. »En fait, il semblerait que ces résultats du troisième trimestre reflètent une certaine normalisation du secteur vers un modèle moins spéculatif auquel les banques vont devoir s’habituer. « Ce déclin des activités de trading, qui finalement n’apportent pas grand-chose à l’économie réelle, est d’ailleurs quelque chose d’assez sain », ajoute M. Volokhine.Reste qu’il faut maintenant trouver de nouveaux de relais de croissance. La bonne nouvelle, c’est la bonne progression des prêts, qui eux profitent aux ménages et aux entreprises. Mais la décision de la Fed de maintenir ses taux proches de zéro pèse sur la rentabilité de cette activité.Aucune fatalitéLe cas de Wells Fargo est symptomatique. La première banque de dépôts et premier fournisseur de prêts aux États-Unis a réalisé un bénéfice net en légère hausse de 1,22 % à 5,8 milliards de dollars. Mais si le groupe a vu ses volumes de crédit augmenter, la rentabilité de cette activité, elle, s’est dégradée. Sa marge d’intérêt nette, c’est-à-dire la différence entre le loyer de l’argent qu’elle demande à ses clients et son propre coût de financement est tombé à 2,96 % contre 3,06 %. La banque n’avait plus connu un niveau de rentabilité aussi bas depuis 1990.Toutefois, il n’y a pas de fatalité. La faiblesse des taux a également entraîné une baisse du chiffre d’affaires de l’activité banque de détail de JPMorgan Chase de 4 % mais, en revanche, le groupe a mieux résisté en termes de rentabilité : sa profitabilité a progressé de 4 % au troisième trimestre par rapport à la même période de 2014.Le relèvement des taux d’intérêt aux États-Unis va donc se révéler crucial dans la construction du nouveau modèle économique des banques américaines. Bank of America a ainsi expliqué qu’un relèvement d’un point de base du loyer de l’argent aux États-Unis améliorerait mécaniquement de 4,5 milliards de dollars son chiffre d’affaires et de 3 milliards son résultat net.Course contre la montreLe problème est qu’au regard du ralentissement mondial et de son impact sur l’économie américaine, l’imminence d’une remontée des taux de la part de la Fed reste très incertaine. « C’est un vrai défi pour les banques américaines, insiste M. Volokhine. Entre une inflation très faible et des taux qui pourraient rester bas plus longtemps que prévu, elles pourraient être confrontées à une impossibilité de générer de la croissance organique. On assiste vraiment à la fin d’un âge d’or, il faut que les investisseurs se mettent dans la tête que l’on ne va pas retrouver les taux de rentabilité d’avant 2008. »Face à ce changement de modèle, les banques américaines sont engagées dans une course contre la montre, qui consiste à réduire leurs dépenses plus vite que ne s’érode leur chiffre d’affaires. Ces efforts sont particulièrement spectaculaires chez Citigroup. La baisse de 18 % de ses coûts au troisième trimestre a permis au groupe d’enregistrer un bénéfice net en progression de 51 % à 4,3 milliards d’euros. Bank of America réduit également la voilure. Ses effectifs sont tombés à 215 000 personnes, contre 300 000 en 2009. Mais jusqu’à quand ce malthusianisme pourra faire office de stratégie ?Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jacques Follorou Une semaine après l’annonce par le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, du bombardement, dans la nuit du 8 au 9 octobre, d’un camp de l’Etat islamique près de Rakka, en Syrie, la version officielle livrée par les autorités françaises résiste de moins en moins à l’examen de certains faits nouveaux.D’après le ministère de la défense, ce centre d’entraînement constituait une menace pour la France et l’Europe et hébergeait des « combattants étrangers, dont probablement des Français et des francophones ». Il assurait cependant ne pas connaître l’identité des personnes visées. Selon nos informations, l’ensemble de l’opération a pourtant été, en grande partie, pensé autour d’un Français, Salim Benghalem, 35 ans, originaire de Cachan (Val-de-Marne), présenté par les services de renseignement comme « le responsable de l’accueil des Français et des francophones au sein de l’Etat islamique ».Connu de la justice française, qui le recherche pour des activités terroristes, sa localisation et son identification doivent beaucoup au travail préalable des agences de renseignement américaines, qui ont transmis leurs éléments à l’armée française. Au mois de septembre 2014, le département d’Etat américain avait même inscrit son nom sur la liste noire des organisations et individus considérés comme les plus dangereux en matière de terrorisme. Pour les Américains, ses fonctions de « bourreau » de l’Etat islamique en faisaient une figure montante.De fait, Salim Benghalem était en passe de prendre, pour le compte de l’Etat islamique, une dimension similaire à celle occupée chez Al-Qaida par Moez Garsallaoui, un belgo-tunisien, tué, en octobre 2012, par une frappe de drone américain au Pakistan. Selon le parquet antiterroriste, à Paris, Garsalloui coordonnait depuis 2008 les filières djihadistes européennes, puis il avait eu pour fonction d’accueillir les prétendants francophones au djihad.Lire aussi le portrait :Salim Benghalem serait chargé de la gestion des recrues francophonesLe sort de Benghalem incertainPlusieurs lieux ont été identifiés dans la zone de Rakka pour pouvoir atteindre Salim Benghalem. Celui qui a été touché le 8 octobre était un bâtiment dans lequel transitaient ou résidaient les combattants francophones à Rakka. Selon les détails recueillis par Le Monde, cette habitation était entourée d’un espace de terrain réduit, clos par un mur. Etait-ce suffisant pour abriter un camp d’entraînement comme l’affirment les autorités françaises pour justifier leur décision de bombarder ce lieu ? Le premier ministre, Manuel Valls, s’est refusé, comme son ministre de la défense, à fournir des détails.L’armée française aurait également disposé de l’identité de deux autres citoyens français, proches de Benghalem. Un grand nombre d’étrangers transitant dans le bâtiment ciblé demeurent inconnus des services de renseignement. Beaucoup de ces francophones, notamment des Belges, des Français et des binationaux originaires d’Afrique du Nord, ont, en effet, échappé à la vigilance des services de police de leur pays avant de rejoindre la Syrie.Lundi 12 octobre, le ministère de la défense assurait n’avoir « aucun élément précis relatif à ce bombardement ». Vendredi soir, aucune source n’avait permis de connaître le sort de Salim Benghalem et de ses deux proches visés dans cette frappe. Pourtant, les autorités disposeraient, selon nos informations, d’une connaissance beaucoup plus précise qu’elles ne l’admettent des résultats de cette frappe, tant pour le nombre de morts que pour l’identité des victimes.Cette affaire crée un précédent dans le droit français. La France savait qui elle allait tuer dans cette frappe. Salim Benghalem, mis en cause dans plusieurs procédures judiciaires à Paris, et faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international, pourrait, si sa mort est confirmée, avoir été victime, selon certaines ONG comme Human Rights Watch, d’une forme d’« exécution extrajudiciaire ».« Exécution extrajudiciaire »La France a justifié son intervention par la « légitime défense collective » prévue à l’article 51 de la Charte des Nations unies. L’assistance demandée à Paris émane des seules autorités irakiennes pour combattre l’Etat islamique. Il y a un an, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, s’opposait, avec succès, à l’extension des frappes en Syrie souhaitée par le ministère de la défense, estimant qu’elles « n’avaient pas de bases légales ». Les conditions auraient-elles désormais changé ?Le Royaume-Uni, qui a revendiqué, au début de septembre, la mort de deux ressortissants britanniques dans une frappe en Syrie, a également argué de l’article 51 pour justifier ces frappes, mais en précisant, dans son cas, qu’il s’agissait de « légitime défense individuelle ». David Cameron a assuré que le procureur général avait reconnu la légalité de cette action, puis il a fait soumettre au Conseil de sécurité de l’ONU les détails des attentats planifiés par ces deux hommes.La France, elle, s’est contentée d’indiquer que les personnes visées étaient entraînées pour frapper le sol français et européen, sans plus de précision. Pour alléguer d’une « légitime défense individuelle », elle devrait fournir la preuve d’une agression imminente, ce qu’elle n’a pas fait. Salim Benghalem accueillait et formait les nouveaux venus francophones. Constituaient-ils une « menace imminente » ?Interrogé vendredi, le directeur du Comité contre le terrorisme à l’ONU, Jean-Paul Laborde, a indiqué au Monde que « si cette frappe a vraiment touché un camp d’entraînement, cela aura sauvé des vies ». Questionné sur l’utilisation de l’article 51, il ajoute : « S’abriter derrière cet article pour mener cette frappe pose un problème juridique qui n’est pas réglé ; ce sont des Etats qui peuvent arguer de cet article au titre de la légitime défense collective quand un autre Etat les attaque. Or, la frappe a visé une organisation terroriste, pas un Etat. »Lire aussi :Salim Benghalem, le petit bandit français devenu geôlier de l’Etat islamiqueJacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.10.2015 à 08h47 • Mis à jour le17.10.2015 à 21h21 Le cycle des violences continue en Israël, samedi 17 octobre, avec la mort de trois Palestiniens et d’une Palestinienne, tués en Cisjordanie et à Jérusalem-Est après avoir tenté sans succès de poignarder des Israéliens, ont indiqué l’armée et la police israéliennes.La première attaque s’est produite en Cisjordanie occupée près de l’enclave juive du centre de Hébron où 500 colons israéliens vivent sous protection de l’armée. Un Palestinien âgé de 18 ans a tenté de poignarder l’un d’entre eux avec un couteau. Ce dernier l’a tué par balles pour se défendre et n’a pas été blessé, a indiqué l’armée. Les forces de sécurité palestiniennes ont confirmé la mort de l’assaillant, identifié comme Fadel Al-Kawatsmi.Un autre Palestinien a été tué après avoir tenté de poignarder un soldat israélien lors d’un contrôle d’identité dans le quartier d’Armon Hanetsiv, à Jérusalem-Est, selon la police. L’assaillant, dont l’identité n’a pas été communiquée, a immédiatement été tué par des militaires.Des Palestiniens blessés dans des heurtsPeu après, une deuxième attaque a eu lieu dans la vieille ville d’Hébron. Une Palestinienne âgée de 16 ans selon plusieurs médias s’est approchée d’un poste des gardes-frontières israéliens dans l’enclave juive du centre de la ville et a tenté de poignarder une soldate, la blessant légèrement à la main. La soldate lui a tiré dessus et l’a tuée.Samedi soir, un Palestinien a été tué après avoir tenté de poignarder des gardes-frontières au barrage de Qalandiya, au nord de Jérusalem, en Cisjordanie. L’homme a d’abord été blessé alors qu’il avait tenté, en vain, de poignarder un garde-frontière. Il a été tué après s’en être pris à un deuxième garde-frontière qui tentait de le désarmer.Dans la soirée, un Palestinien de 16 ans a par ailleurs attaqué un soldat israélien à Hébron et l’a blessé, a indiqué l’armée. L’assaillant a été touché par balles mais aucune autre précision n’a été donnée sur son état. Des heurts ont par ailleurs opposé soldats israéliens et jeunes lanceurs de pierres à Hébron. Onze Palestiniens ont été blessés par des tirs de balles en caoutchouc ou réelles de l’armée israélienne, selon les services de secours palestiniens. Plusieurs rues du centre-ville étaient jonchées de pierres, de détritus et de restes de pneus brûlés. Dans la bande de Gaza, au moins quatre civils palestiniens ont été blessés par balles par l’armée israélienne, a indiqué le porte-parole du ministère de la Santé palestinien Achraf al-Qoudra.« Vendredi de la révolution »La journée de vendredi avait été déjà marquée par une flambée de violences avec l’attaque, dès l’aube, du tombeau de Joseph, site sacré du judaïsme à Naplouse, et de nouveaux heurts entre Palestiniens et soldats israéliens. Des groupes palestiniens avaient appelé à un « vendredi de la révolution » en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.Lire :Journée sous haute tension en Cisjordanie et à GazaLa Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville, annexée et occupée par Israël, sont en proie depuis le 1er octobre à des violences qui ont réveillé le spectre d’une nouvelle intifada. La bande de Gaza a été entraînée dans la spirale le 9 octobre.Les violences ont fait trente-neuf morts, dont plusieurs auteurs d’attaque, et des centaines de blessés côté palestinien, et sept morts et des dizaines de blessés côté israélien.Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’est dit de nouveau prêt à rencontrer le président palestinien, Mahmoud Abbas, tout en lui reprochant d’encourager la violence. 16.10.2015 à 23h02 • Mis à jour le18.10.2015 à 09h15 Un homme armé a abattu, vendredi 16 octobre, cinq personnes et en a blessé neuf autres, qui participaient à une réunion de prière de la communauté chiite dans le quartier de Saihat à Qatif, dans l’est de l’Arabie saoudite, au deuxième jour de la fête religieuse de l’Achoura. L’homme a été abattu par la police. Un groupe se revendiquant de l’organisation Etat islamique a revendiqué l’attaque.« Un homme a commencé à tirer de manière aléatoire sur les personnes qui assistaient au sermon », a confié à l’AFP Ali Al-Bahrani, un témoin. Des habitants ont raconté à l’agence de presse Reuters que l’assaillant s’était approché de la salle de prières à bord d’un taxi qui a été arrêté à un point de contrôle gardé par des volontaires. La police est alors arrivée et une fusillade s’est déclenchée.Des groupes de volontaires sont régulièrement chargés d’assurer la protection de lieux saints dans la province de l’Est, région d’Arabie saoudite majoritairement peuplée par des chiites. Un attentat-suicide visant une mosquée fréquentée par des membres locaux des services de sécurité dans le sud-ouest du pays avait coûté la vie à 15 personnes au mois d’août. Deux autres attaques à la bombe contre deux mosquées chiites avaient provoqué la mort de 25 fidèles en mai. Elles ont été revendiquées par l’EI, qui considère les chiites comme des hérétiques.Lire aussi :La mère d’un jeune Saoudien condamné à mort en appelle à Barack Obama 16.10.2015 à 22h01 • Mis à jour le17.10.2015 à 16h47 Après la Croatie puis la Slovénie, le flux de migrants s’est redirigé vers l’Autriche, samedi 17 octobre, après la fermeture par la Hongrie de sa frontière avec son voisin croate, par où plus de 170 000 personnes ont transité en un mois.Après être arrivés en Croatie samedi matin, les migrants ont été réacheminés, comme prévu, vers la Slovénie, où ils n’ont passé que quelques heures. Un premier groupe de 100 personnes est ensuite arrivé en Autriche dans l’après-midi. Ils auront alors la possibilité de déposer une demande d’asile ou de continuer leur route vers l’Allemagne, la destination de choix de la majorité d’entre eux.L’Autriche avait anticipé ces arrivées et a renforcé la présence des forces de l’ordre à sa frontière. Au poste-frontière de Spielfeld, des tentes chauffées ont été érigées par la Croix-Rouge pour accueillir jusqu’à 1 500 personnes en transit. Zagreb, Ljubljana et Vienne consentent à accorder aux migrants un corridor de fait jusqu’à l’Allemagne aussi longtemps que Berlin maintiendra sa politique accommodante à l’égard des réfugiés.Lire aussi notre reportage :La Croatie, cul-de-sac des candidats à l’asile dans l’Union européenne« Stricts contrôles »En Hongrie, « les postes-frontières officiels continueront à fonctionner, mais avec de stricts contrôles » empêchant le passage de migrants non munis de visa, a annoncé le ministre des affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto. En pratique, le pays active des « zones de transit », comme à sa frontière serbe, où les migrants pourront déposer une demande d’asile sans pénétrer formellement dans le pays, et d’où ils pourront être refoulés en quelques minutes.Sur le front diplomatique, la Turquie a jeté un froid, vendredi. Dans la nuit de jeudi à vendredi, à l’issue d’un sommet des dirigeants européens à Bruxelles, la Commission européenne avait fait part de son « optimisme » en annonçant un accord avec Ankara pour endiguer les flux migratoires. Mais le ministre des affaires étrangères turc, Feridun Sinirlioglu, a douché l’enthousiasme bruxellois. « Ce n’est pas définitif [...]. C’est un projet sur lequel nous travaillons », a-t-il déclaré, qualifiant notamment d’« inacceptable » l’aide financière proposée par l’UE.La Turquie veut être considérée comme « sûre »Face aux exigences de Bruxelles – accueillir davantage de réfugiés, renforcer la surveillance des frontières –, le plan d’action prévoit la relance des discussions sur la candidature de la Turquie à l’UE, un accès facilité aux visas pour les citoyens turcs et une aide financière. C’est sur ce dernier point que la Turquie a tapé du poing sur la table, précisant avoir besoin d’au moins trois milliards d’euros pour la première année. Les chefs d’Etat et de gouvernements s’étaient contentés jeudi d’évoquer « de nouveaux financements, substantiels et concrets », sans fixer de montant.Lire aussi :Crise des réfugiés : l’UE contrainte de s’appuyer sur la TurquieLa Commission est prête à mobiliser une partie de ce montant sur le budget de l’UE, mais son président, Jean-Claude Juncker, a clairement signifié aux Etats membres qu’ils allaient devoir mettre la main au portefeuille. Si l’UE insiste, c’est que la voie maritime entre la Turquie et les îles grecques est devenu l’accès le plus emprunté chaque jour par les migrants cherchant à rejoindre l’UE. Angela Merkel s’est montrée ouverte vendredi à une concession à la Turquie, qui souhaite être considérée comme un « pays sûr » par les Européens. La chancelière allemande est attendue dimanche à Istanbul pour discuter de la crise migratoire.Samedi matin, douze migrants sont morts noyés lorsque leur embarcation a fait naufrage dans les eaux turques alors qu’ils tentaient de rejoindre la Grèce, a rapporté l’agence de presse turque Anatolie. Les gardes-côtes ont réussi à sauver 25 autres passagers du bateau qui ont appelé à l’aide grâce à leurs téléphones portables, selon les médias turcs. data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="A Röszke, le 15 septembre." data-slide-item-lie="" Précedent1/10SuivantA Röszke, le 15 septembre.LOULOU D'AKI POUR LE MONDE› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']); 20.10.2015 à 14h21 • Mis à jour le20.10.2015 à 14h26 Après les accusations erronées de Moscou sur un incident dans l’espace aérien français, l’ambassadeur russe à Paris a été convoqué, a annoncé mardi 20 octobre le ministère des affaires étrangères français. Alexandre Orlov a été reçu par le secrétaire général du Quai d’Orsay, qui lui a confirmé « qu’aucun avion militaire français n’avait été impliqué dans un incident avec un avion russe ». Moscou avait déjà présenté ses excuses à la France, lundi, pour ce malentendu.L’incident diplomatique entre les deux pays avait commencé quand la Russie avait convoqué lundi, « toutes affaires cessantes », Jean-Maurice Ripert, l’ambassadeur de France à Moscou.Les Russes affirmaient qu’un « avion de chasse de l’armée de l’air française » s’était « dangereusement » approché d’un avion de ligne transportant Sergueï Narichkine, président de la chambre basse du Parlement russe, alors qu’il se trouvait dans l’espace aérien français.Le Quai d’Orsay avait aussitôt démenti et après plusieurs heures de confusion, la Suisse avait affirmé que l’appareil évoqué par Moscou était un avion de chasse suisse F-18 et qu’il s’agissait d’un contrôle de routine dans le cadre d’une procédure normale, dans l’espace aérien suisse. Le ministère français des affaires étrangères avait « déploré » la convocation à tort de son ambassadeur. 20.10.2015 à 11h42 • Mis à jour le20.10.2015 à 12h52 Dans l’urgence, des milliers d’employés se sont relayés quotidiennement pour enrayer les conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi, survenu le 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon. Pour la première fois, le gouvernement a reconnu que la leucémie d’un des artisans de cette opération de sécurisation était due aux radiations supportées sur le site, a annoncé mardi 20 octobre le ministère de la santé.Par le passé, plusieurs dossiers d’ex-ouvriers avaient été écartés par les services de l’Etat. Mais « ce cas remplit les conditions », a expliqué un fonctionnaire du ministère, précisant que trois autres étaient en cours d’examen. L’ex-ouvrier avait une trentaine d’années lorsqu’il a travaillé, d’octobre 2012 à décembre 2013, à la centrale Fukushima Daiichi. Il avait aussi passé plusieurs autres mois auparavant sur un site nucléaire différent.Lire aussi :Le Japon relance un deuxième réacteur nucléaire dans une relative indifférenceDes travailleurs par milliersLes cancers de treize travailleurs du nucléaire japonais avaient déjà été attribués à une exposition aux radiations sur d’autres sites par le passé, mais c’est le premier cas officiellement relié à Fukushima, le pire accident atomique depuis celui de Tchernobyl, en Ukraine, en 1986.Lire aussi :Fukushima : une première commune totalement évacuée de nouveau habitableTrois des six réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi étaient entrés en fusion quelques heures après le raz-de-marée meurtrier qui a ravagé la côte nord-est de l’archipel en 2011. Des explosions d’hydrogène s’étaient produites, détruisant des bâtiments du site, et de très importantes quantités d’éléments radioactifs s’étaient échappées.Par millier, les travailleurs se sont évertués, dans des conditions de sécurité réévaluées, à reprendre le contrôle des installations, à mettre en place des moyens d’urgence afin d’arroser et refroidir les réacteurs, à retirer des détritus contaminés, tentant de gérer les centaines de milliers de tonnes d’eau radioactive et préparant le démantèlement. Plusieurs ont développé des cancers. Jusque-là, officiellement, aucun n’était mort en raison de son exposition aux radiations après la catastrophe. Le Japon a, depuis, relancé son activité nucléaire. Philippe Escande La petite bourgade de Bridgewater, sur la côte du Somerset, dans le sud-ouest de l’Angleterre, s’enorgueillit d’organiser l’un des plus célèbres carnavals du monde. Célèbre, elle le sera bientôt pour avoir été le théâtre d’un autre événement, celui du débarquement chinois sur la scène mondiale du nucléaire civil. Et c’est un français, le plus réputé au monde dans ce domaine, qui lui ouvre la porte. Un nouveau concurrent pour un nouveau marché, c’est le dilemme auquel n’a pu échapper EDF.Lire aussi :EDF s’allie aux chinois pour construire une centrale nucléaire au Royaume-UniL’accord qui devrait être annoncé mercredi 21 octobre scelle l’ancrage britannique du français, qui construira en Angleterre quatre réacteurs nucléaires EPR. Et il aidera par la même occasion son partenaire chinois CGN à installer une centrale de sa propre technologie. Offrant ainsi à l’empire du Milieu une vitrine exceptionnelle de son savoir-faire technologique.L’énergie nucléaire est considérée, avec la construction aéronautique, l’automobile et le ferroviaire, comme l’un des sommets de l’excellence industrielle. Par la complexité des technologies mises en œuvre, mais aussi par l’exigence de sécurité qui lui est imposée. Une étape qui marque pour la Chine la fin du rattrapage technologique et le début d’une nouvelle ère. Tout comme le Japon y était parvenu au cours des années 1980, et la Corée au début des années 2000.EDF, premier exploitant mondial de réacteurs nucléaires, n’avait pas vraiment d’autre choix que d’inviter Pékin à sa table. Sa stratégie internationale lui est indispensable, et elle passe par Hinkley Point. D’abord parce qu’elle est supposée préparer son avenir en diversifiant ses sources de revenus, à l’heure où la concurrence rogne ses perspectives de développement en France. Mais aussi car elle lui permet de préparer, sur le plan technologique, la modernisation prochaine de son parc français.Trouver des poches profondesUn simple coup d’œil aux déboires de son chantier de Flamanville permet de mesurer l’urgence d’une amélioration du savoir faire dans ce domaine. L’avenir de l’EPR, et par la même occasion, des ambitions nucléaires d’EDF, se joue donc à Hinkley Point.Car l’EPR est aussi la source de bien des malheurs français. Trop grosse, trop complexe, trop tardive, la technologie française portée par Areva s’est embourbée dans la toundra finlandaise, chantier cauchemardesque au prix toujours revu à la hausse. Appelé au secours de son meilleur ennemi, EDF voit désormais ses finances se tendre à grande vitesse. La dette explose et des ventes d’actifs sont programmées.D’où l’obligation de trouver des poches profondes. Les pays du Golfe ayant décliné, restait l’allié chinois et ses milliers de milliards de dollars qu’il ne peut rapatrier au pays, sous peine de voir la valeur de sa monnaie s’envoler. Alors, il achète son expansion internationale et sa place de grande nation technologique. Quitte à arriver bien tard sur un marché déjà très concurrentiel et sans croissance.Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.10.2015 à 08h45 • Mis à jour le20.10.2015 à 14h58 | Anne Pélouas (Montréal, correspondance) Justin Trudeau savait que la tâche de rebâtir le Parti libéral du Canada (PLC, centre) et de le conduire à la victoire le 19 octobre ne serait pas facile. Dès 2012, il l’exprimait ainsi : « J’ai compris que nous aurions à attirer des passagers, à construire le train pendant qu’il roule, sans oublier de poser les rails. » La métaphore résume bien aujourd’hui l’ascension de ce jeune loup de la politique canadienne qui a remis son parti en marche, le menant à 43 ans à sa gare de destination : Ottawa, siège du gouvernement fédéral. Ayant remporté la majorité absolue des sièges de députés à la Chambre des communes, Justin Trudeau formera le prochain gouvernement canadien, mettant fin à plus de neuf années de domination des conservateurs (PCC) de Stephen Harper.Lire aussi :Au Canada, les libéraux de Justin Trudeau en têteLe PLC avait été relégué au rang de tiers parti en 2011, après avoir perdu le pouvoir à Ottawa en 2006 derrière le Nouveau parti démocratique (NPD, social-démocrate) et le PCC. M. Trudeau, qui n’avait pas laissé de souvenirs marquants de 2008 à 2012 comme député d’une circonscription de Montréal, faisait alors figure de bouée de sauvetage.Bête politique toute en finesseIl faudra attendre la course à la « chefferie » du Parti libéral, en 2012, pour prendre la mesure de cette bête politique toute en finesse, d’un optimisme communicatif, qui rappelle aux Canadiens : « Nous sommes des rêveurs, des innovateurs, des bâtisseurs » qui doivent profiter de leurs forces, dont celle de l’« extrême diversité culturelle ». On disait encore pourtant ce « beau gosse » inexpérimenté, au discours plutôt « creux » mais la longue campagne électorale qu’il vient de mener tambour battant, avec conviction, a galvanisé ses sympathisants et changé son image.Marié et père – heureux – de trois jeunes enfants, l’homme aime à se mêler à la foule et se présenter devant les caméras en famille. Cette image de représentant-type des jeunes couples avec enfants de la classe moyenne, qu’il a savamment courtisés en leur promettant des baisses d’impôts, lui colle à la peau. Il a aussi réussi à incarner l’espoir, en captant l’attention des électeurs auxquels il promettait un « vrai changement », un « meilleur gouvernement », s’ils acceptaient de « mettre fin à la décennie Harper ».« L’image du père »Même s’il tente depuis longtemps de se débarrasser de l’image du père, il y parvient difficilement, alors qu’il s’apprête à devenir premier ministre du Canada, trente ans après le dernier mandat de Pierre Elliott Trudeau, figure flamboyante de la politique canadienne des années 1970 à 1980.Presque aussi charmeur que son père, ayant le même bon goût vestimentaire, il a aussi les mêmes valeurs libérales. Passionné de boxe, il s’est révélé un adversaire de taille dans les débats électoraux télévisés. Il a surtout su réveiller en quelques semaines la « Trudeaumania », se présentant tantôt en complet-veston cravate dans ses rencontres avec des hommes d’affaires, tantôt en jeans dans les amphithéâtres universitaires, dans les cafés ou dans la rue, où il sait séduire, de la côte Pacifique aux provinces de l’Atlantique.Il s’exprime avec chaleur et sans artifice, même s’il aime parfois citer cette phrase de Goethe : « Ne faites pas de trop petits rêves car ils n’ont pas le pouvoir de faire avancer l’humanité. »Humaniste, pragmatique dans l’âme, l’ancien moniteur de snowboard et enseignant en mathématiques et français à Vancouver, a réussi l’impossible : empêcher le conservateur Stephen Harper de battre un record de longévité à la tête d’un gouvernement fédéral, et doubler le néodémocrate du NPD Tom Mulcair par la gauche, en promettant d’alourdir le fardeau fiscal des plus riches et d’alléger celui de la classe moyenne.Lire aussi :Stephen Harper, l’homme providentiel de la droite canadienneAnne Pélouas (Montréal, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.10.2015 à 06h46 • Mis à jour le20.10.2015 à 12h31 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Lundi 19 octobre, ils étaient plus de 15 000 dans les rues de Dresde (en Saxe, dans l’Est) pour célébrer le premier anniversaire de Pegida. Même si les contre-manifestants, avec lesquels de brefs heurts ont éclaté, étaient presque aussi nombreux, ce mouvement des « patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » est devenu le symbole d’une Allemagne populiste qui, tous les lundis, manifeste pour exprimer sa crainte d’être « envahie » par les immigrés et surtout sa méfiance à l’égard des élites, notamment politiques. « Environ un tiers des participants (…) laissent percevoir des motivations et des attitudes empreintes d’islamophobie. La majorité exerce une critique fondamentale à l’égard de la politique, des médias et de la façon dont fonctionne la démocratie », résument trois chercheurs en sciences politiques dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le 19 octobre.Ovations pour Orban, Poutine, Le Pen…Avec le nouveau parti populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD), auquel le lie une grande proximité intellectuelle, Pegida occupe un espace resté longtemps vide entre la CDU-CSU (centre droit) et les groupuscules néonazis. Le lundi, à Dresde, certains dressent désormais la potence pour les « traîtres » : la chancelière Angela Merkel et Sigmar Gabriel, vice-chancelier et président du Parti social-démocrate (SPD). En revanche, on fait applaudir le premier ministre hongrois, Viktor Orban, le président russe, Vladimir Poutine, la présidente du Front national, Marine Le Pen, et on a eu comme invité au printemps Geert Wilders, le dirigeant d’extrême droite néerlandais.L’AfD est crédité dans les sondages d’environ 7 % des voix, suffisamment pour être représenté dans le prochain Bundestag. Le succès de ces deux mouvements est d’autant plus remarquable que chacun d’eux a connu une crise existentielle. Pour être apparu en janvier sur Facebook grimé en Adolf Hitler, le fondateur de Pegida, Lutz Bachmann, repris de justice, a dû un temps se faire discret. Pendant plusieurs mois, le mouvement qui, à l’hiver 2014, avait attiré jusqu’à 25 000 manifestants, avait semblé sur le déclin. Cela n’a pourtant pas empêché sa candidate aux élections municipales de Dresde, Tatjana Festerling, également militante de l’AfD, de recueillir 9,6 % des voix en avril. L’AfD, créé en 2013 pour combattre l’euro, n’a pas profité de la crise grecque. Son fondateur, Bernd Lucke, a même claqué la porte du parti cet été, mis en minorité par Frauke Petry, encore plus à droite, et qui fait de la lutte contre l’accueil des réfugiés son cheval de bataille.Montée d’organisations conservatricesDans le même temps, les actes de violence se sont multipliés à l’encontre des réfugiés et de leurs foyers, notamment dans l’est de l’Allemagne. A la suite des menaces physiques ou verbales reçues, plusieurs élus locaux ont démissionné. Samedi, un sympathisant d’extrême droite a même poignardé à Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) la responsable chargée des réfugiés à la mairie qui, le lendemain, se présentait comme candidate aux élections municipales et a été élue. Faut-il faire un lien entre cette montée de la violence et Pegida ? Les partis traditionnels l’affirment. « Les paroles hostiles aux étrangers ont préparé le terrain », déclare Katrin Göring-Eckhardt, coprésidente des Verts au Bundestag.A des degrés divers, tous les partis représentés à l’Assemblée parlementaire sont concernés par la montée en puissance de l’AfD et de Pegida. Les sondages montrent que l’AfD profite actuellement de l’érosion de la cote de popularité d’Angela Merkel, notamment dans l’ancienne Allemagne de l’Est et en Bavière.Par ailleurs, leur discours radical semble avoir libéré la parole de militants conservateurs. C’est en Saxe que, pour la première fois, Angela Merkel a été confrontée, mercredi 14 octobre, à des électeurs de la CDU qui demandaient sa démission. Die Linke, le parti de la gauche radicale, très implanté dans l’Est, chez les milieux modestes, a lui aussi tout à redouter de la montée de ces organisations. Pour ne pas se couper d’une partie de leur électorat, les dirigeants de Die Linke sont d’ailleurs très prudents dans leur soutien aux réfugiés. Le SPD affronte le même dilemme. Dès 2012, une étude réalisée par la fondation Friedrich-Ebert, proche du SPD, concluait que, de tous les partis, ce sont les électeurs proches du SPD, à l’ouest, qui étaient les plus sensibles aux thèses d’extrême droite. En janvier, Sigmar Gabriel, président du SPD, n’avait d’ailleurs pas hésité à se rendre « à titre personnel » à Dresde discuter avec les sympathisants de Pegida. Entre la politique de la main tendue à des Allemands dont « il faut comprendre les peurs » et la dénonciation de dérapages extrémistes, les partis traditionnels hésitent encore.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.10.2015 à 02h45 • Mis à jour le20.10.2015 à 09h05 Trente-cinq mille personnes ont été déplacées par les combats de ces derniers jours près de la grande ville d’Alep, dans le nord-ouest de la Syrie, a rapporté lundi 19 octobre le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Ce sont des habitants de Hader et de Zerbeh, dans les faubourgs sud-ouest de la ville, qui ont fui les combats.« De nombreux habitants ont été hébergés dans des familles ou ont été installés dans des camps de fortune près de Kafer Naha et d’Orem al Koubra, dans des zones rurales à l’ouest de la ville. »L’armée gouvernementale, aidée au sol par des renforts iraniens et du Hezbollah libanais, et dans les airs par l’aviation russe, a lancé vendredi une vaste offensive terrestre au sud d’Alep, ouvrant un nouveau front dans son entreprise de reconquête de l’ouest du pays. L’offensive loyaliste vise à reprendre le contrôle de secteurs situés à quelques kilomètres au sud d’Alep, près de l’autoroute qui conduit à Damas. Plusieurs villages ont déjà été repris. La télévision nationale syrienne a rapporté que l’armée s’était emparée lundi de la ville d’Al Sabekiya, au sud d’Alep, infligeant de lourdes pertes aux insurgés. L’armée syrienne, malgré trois semaines de frappes intenses russes et l’aide de ses alliés, n’a cependant pas réussi à inverser le rapport de force en sa faveur.Lire aussi :L’Iran envoie des troupes au sol pour appuyer l’offensive russeLes forces gouvernementales et leurs alliés cherchent également à progresser vers l’est d’Alep, en direction de l’aéroport militaire de Koueires, afin de rompre le siège de cette base par des djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI). L’EI contrôle plusieurs secteurs de la province, notamment au nord d’Alep. L’OSDH (Observatoire syrien des droits de l’homme) a encore fait état de plusieurs raids de l’aviation russe lundi au sud de la ville.Les rebelles ont reçu des missiles anticharsCôté rebelles, ceux qui combattent l’armée syrienne et ses alliés au sud d’Alep ont annoncé ce lundi avoir reçu durant le week-end de nouveaux missiles antichars TOW, de fabrication américaine, fournis par des pays hostiles au président Bachar Al-Assad. Plusieurs groupes rebelles considérés comme « modérés » par Washington et ses alliés reçoivent des armes via la Turquie.« Nous avons reçu des armes et des munitions en plus grande quantité qu’auparavant, notamment des obus de mortier, des lance-roquettes et des missiles antichars », a déclaré Issa Al-Tourkmani, l’un des commandants du groupe Sultan Mourad, qui fait partie de l’Armée syrienne libre (ASL). « Nous avons reçu de nouveaux missiles TOW ces derniers jours et maintenant nous sommes bien approvisionnés. »Lire aussi :Syrie : dans les airs, sur terre ou sur mer, le dispositif militaire russe en carte Hélène Sallon (envoyée spéciale au Caire) Dans l’école Gamal-Abdel-Nasser de la rue Sarwa, à Dokki, les électeurs arrivent au compte-gouttes. Ce quartier aisé de la circonscription de Gizeh, près de la capitale, Le Caire, fait partie des quatorze provinces qui élisent leurs députés dans la première phase des élections législatives égyptiennes, les 18 et 19 octobre.Dans le bureau n° 156 réservé aux hommes, seuls 210 électeurs sur les 1 266 sont venus voter à la mi-journée, lundi 19 octobre. « Le taux de participation est faible. La plupart des électeurs sont des hommes de plus de cinquante ans », précise la conseillère Amal Abdel Azim. Dans le bureau voisin, Naama Lotfi tire le même constat : seules 200 des 1 267 personnes inscrites sur ses listes sont venues voter. Elle pense atteindre 300 électeurs à la clôture des bureaux de vote, à 21 heures.Ces tendances confirment les estimations à l’échelle nationale. Selon le premier ministre, Chérif Ismaïl, le taux de participation s’est élevé à 15-16 % lors de la première journée de vote. La demi-journée de congés accordée aux employés étatiques, lundi, et la menace agitée par le gouvernement d’une amende de 500 livres égyptiennes (environ 55 euros) pour les abstentionnistes n’ont pas suffi à booster la participation.Lire aussi :En Egypte, des législatives sur mesure pour le président SissiLes Frères musulmans absents du scrutin Ceux qui sont venus, comme Ahmed Regeb, un directeur de société informatique de 55 ans, mettent en avant un « acte patriotique ». « Je me devais de voter pour mon pays. Si je ne vote pas, des gens que je n’aime pas vont s’exprimer à ma place, les Frères musulmans ou d’autres comme eux, les salafistes d’Al-Nour », explique-t-il, s’essuyant le doigt, souillé par l’encre rose. Les Frères musulmans, chassés du pouvoir par l’armée en juillet 2013 et classés organisation terroriste, sont les grands absents du scrutin. « J’ai voté pour des gens qui ne sont pas de cette tendance et dont je sais qu’ils œuvreront pour le bien du pays. Je les ai vus à la télévision », explique-t-il.Son vote s’est porté sur le général Mohammed Ali et le journaliste Ali Abdel Rahim pour les candidats individuels. Ce dernier est devenu célèbre en Egypte avec son émission « Black Box » où il s’attaque régulièrement aux Frères musulmans et à leurs soutiens. Au scrutin de liste, il a choisi la coalition « Pour l’amour de l’Egypte », considérée comme proche du président Abdel Fattah Al-Sissi. « J’attends d’eux qu’ils soutiennent le président car si la majorité est contre lui, il ne sera pas capable de faire quoi que ce soit », justifie-t-il. Il n’a pas d’attentes particulières sur la future législature, si ce n’est de redresser l’économie du pays. « On vote davantage par peur de ce qui peut arriver de mal que parce qu’on a des attentes. »Lire aussi :Egypte : Sameh Seif Al-Yazal, la tête d’affiche pro-Sissi« L’Egypte n’est pas prête pour la démocratie » Dans le bâtiment mitoyen, qui abrite un bureau mixte, la participation est quasi identique. Environ 300 électeurs sur les 1 830 inscrits se sont présentés dans le bureau de Mohammed Hassan, selon le décompte établi lundi à la mi-journée. Mona Said Abdel-Alim, une ingénieure agronome de 64 ans, a choisi Ahmed Moqtada Mansour, avocat et fils du président du club de football de Zamalek, affilié au Parti des Egyptiens libres, et le journaliste Ali Abdel Rahim. « Je veux un homme bien comme député et quelqu’un qui entende nos demandes de justice sociale et d’améliorations des services publics pour les pauvres. Quelqu’un qui soutienne le président Sissi. Je veux de l’amour », explique-t-elle.La coalition « Pour l’amour de l’Egypte » a eu son vote au scrutin de liste car « elle aime l’Egypte et veut servir le pays ». Un choix presque en tout point similaire à celui de May Arcadi, une employée marketing de 25 ans. « J’aimerais qu’ils nous mènent sur le chemin de l’égalité et de la démocratie mais ça n’arrivera pas. L’Egypte n’est pas prête pour la démocratie. Je veux simplement que les Frères musulmans ne reprennent pas le pouvoir », dit la jeune femme.Bassem Said Abdel Halim, un chauffeur de 26 ans, l’un des rares jeunes à venir voter en cette mi-journée attribue la faible participation des gens de son âge à « la paresse ». « Le pays a besoin de tous les jeunes pour participer à sa construction et à sa défense. » Certains électeurs mettent leur abstention davantage sur le compte de l’absence de véritable choix. Allah Eddin, un homme d’affaires de 48 ans, n’a pas envie de voter « pour des gens qui n’ont pour seul programme que de soutenir le régime. Le président Sissi et le gouvernement ont fait des choix économiques qui nous mènent droit dans le mur. La livre égyptienne se déprécie jour après jour. Le gouvernement est en train de limiter les importations, ce qui affecte directement nos affaires. »Il n’avait pas voté pour le candidat Sissi à la présidentielle de mai 2014, mais pour l’ancien ministre des affaires étrangères, Amr Moussa. Aujourd’hui, il exclut de donner son vote à des hommes d’affaires comme Naguib Sawiris et son parti des Egyptiens libres, même s’ils défendent une politique libérale proche de sa vision politique. « Ils étaient déjà là sous le régime du président Hosni Moubarak et ont été mouillés dans des tas d’affaires. »« Il faut reconstruire le pays » Dans le quartier plus populaire d’Imbaba, il n’y a pas plus d’affluence aux bureaux de vote, lundi en fin d’après-midi. Dans l’école de la rue Soudan, 140 des 1 412 femmes inscrites dans le bureau de Hossam El-Badawi sont venues voter sur les deux jours. Hagga Fatma, une femme au foyer de 60 ans, semble un peu perdue quand on lui tend le bordereau comportant les noms des 48 candidats individuels et celui des quatre listes de partis politiques. « Ce sont des gens d’Imbaba ? », demande-t-elle au responsable du bureau, qui coupe court en l’invitant à passer derrière l’isoloir.A la sortie du bureau, la vieille dame ne se souvient déjà plus des noms des candidats qu’elle a choisis et à peine du nom de la liste qu’elle a cochée, celle qui comporte le mot « amour ». « J’ai choisi un professeur d’université et une femme dont j’ai vu la publicité avant de venir. Ils sont éduqués et vont nous prémunir des démons des Frères musulmans. Il faut qu’ils travaillent au développement du pays et à améliorer la situation des jeunes. Beaucoup de sang a été versé, il faut reconstruire le pays. Le président est un homme respectable, honnête et qui veut faire l’unité », explique-t-elle.Dans le bureau voisin, réservé aux hommes, Ahmed Mohammed Saleh, un responsable de sécurité de 48 ans, sait en revanche exactement ce qu’il veut. « J’ai choisi des gens que je connais, qui vivent dans le quartier, à qui je peux parler et demander des comptes. Ce ne sont pas des gens connus au niveau national, 90 % des gens connus sont des voleurs. Au niveau national, il faut juguler la hausse des prix et développer des projets qui vont renforcer le pays. Au niveau local, il faut réparer les infrastructures, en faisant appel à des mécènes voire même aux contributions de la population. »Quelques minutes plus tard, se présente Ahmed Faouzi Ahmed, un étudiant de 20 ans, qui vote pour la première fois. « Je suis venu pour l’expérience. Je suis heureux d’avoir voté et exprimé mon opinion », dit-il. Après avoir lu les programmes sur Internet et consulté son père, son choix s’est porté sur des candidats connus dans le quartier, qui ont promis de lutter contre le chômage et les dysfonctionnements des services.« Elections spectacles » Assis dans un café près du bureau de vote, Saad tue le temps autour d’un thé avec son ami, Bilal. Il trouve juste « inutile » de parcourir les cinquante mètres qui le sépare de l’école. « Après ce qui est arrivé pendant la révolution, je ne pense pas que quoi que ce soit changera et certainement pas grâce à mon vote. Beaucoup de mes amis sont morts pendant la révolution du 25 janvier [2011]. La corruption continue tout autant que l’oppression du ministère de l’intérieur. De plus en plus de gens vivent sous le seuil de pauvreté. Les gens dépriment et pendant ce temps, les médias nous disent que tout va bien. » Dans le quartier, le constat qu’il dresse de la situation en Egypte est assez partagé.Au volant de son taxi, Mohamed, un jeune homme de 31 ans revenu il y a deux ans d’Arabie saoudite où il travaillait comme ingénieur, s’emporte dès qu’on prononce le mot « élection ». « Les gens du Parti national démocratique [le PND de l’ancien président Hosni Moubarak, dissous en 2011] reviennent sous un autre visage. Il n’y a personne qui me ressemble parmi ces candidats », dit-il. Haussant progressivement la voix, l’homme poursuit dans un débit intarissable d’acrimonies :« Ils nous parlent de progrès et du canal de Suez mais les prix augmentent et le budget de l’Etat se réduit dangereusement. Où sont les milliards de dollars donnés par le Golfe ? Si vous dites que vous n’aimez pas Sissi, on vous dit que vous êtes des Frères musulmans. Il n’y a plus de liberté d’expression. Ceux qui soutiennent le régime actuel le font pour leurs propres intérêts. C’est un régime menteur, corrompu et qui tue sa population. Ce sont des élections spectacle, pour donner l’illusion aux gens qu’ils vivent en démocratie. »Hélène Sallon (envoyée spéciale au Caire)Moyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.10.2015 à 11h27 • Mis à jour le25.10.2015 à 16h59 | Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial) Ahmed Bikes est syrien, kurde et polonais. Il est venu en Pologne pendant le communisme, quand les relations entre le régime Assad (père) et l’URSS et ses pays satellites étaient au beau fixe. Il est arrivé en 1985 pour étudier le cinéma à Lodz. Il a circulé entre la Pologne, Berlin-Est et Paris, où il a obtenu l’asile politique en 1988, « grâce au soutien de Danielle Mitterrand aux Kurdes », se souvient-il avec émotion. il est aujourd’hui citoyen polonais, propriétaire de plusieurs bars et restaurant à Czestochowa, dans le sud de la Pologne. Il est marié à une Polonaise. Son fils fait des études pour être pilote de ligne. Il parle parfaitement polonais et il emploie environ 80 personnes. On peut difficilement être plus intégré. A lui seul, il est un démenti de la peur de l’autre qu’on prête aux Polonais.Depuis la fin de l’été et la crise des réfugiés, il a pourtant découvert une autre Pologne. Pendant la campagne pour les élections législatives et sénatoriales dimanche 25 octobre, la droite polonaise s’est lancée dans une surenchère contre les réfugiés. A commencer par le parti qui a de grandes chances de revenir au pouvoir, Droit et justice (ou PiS – pour Prawo i Sprawiedliwość). Son tout-puissant président, Jaroslaw Kaczynski, a parlé du « choléra qui sévit déjà sur les îles grecques, de dysenterie à Vienne et de toutes sortes de parasites qui chez ces gens peuvent ne pas être dangereux mais qui peuvent l’être pour les populations locales ».Surenchère verbale« Voulez-vous qu’on ne soit plus les maîtres dans notre propre pays ? Les Polonais ne le veulent pas et le PiS ne le veut pas non plus », a lancé M. Kaczynski, qui a également parlé des territoires où régnerait la charia en France et en Suède. La candidate du PiS au poste de premier ministre, Beata Szydlo, qui adopte un ton modéré pendant la campagne, s’est contentée de parler de la « peur » des Polonais lors des débats télévisés. Mais le président, Andrzej Duda, a suivi les leçons de son mentor sur l’accueil des migrants après la décision du gouvernement polonais de ne pas s’opposer aux mesures de répartition des réfugiés dans l’Union européenne, qui prévoit l’accueil de quelque 7 000 personnes en Pologne, pays de 38 millions d’habitants. « Si le gouvernement est d’accord, il devrait pouvoir dire s’il est prêt à faire face à toutes les circonstances, c’est-à-dire si les Polonais sont bien protégés contre des risques épidémiologiques », a déclaré le président Duda, une semaine avant les élections.Lors du débat télévisé avec l’ensemble des partis, le candidat populiste Pawel Kukiz expliquait qu’il ne fallait pas « parler de réfugiés mais de migrants économiques » en se demandant s’il fallait vraiment « accueillir des terroristes ». Le chef de l’extrême droite, Janusz Korwin-Mikke, qui avait fait scandale en expliquant qu’Hitler n’était pas au courant des camps d’extermination et avait fait un salut nazi au Parlement européen, a ironisé sur les « camps de concentration » que voudrait construire l’Europe pour accueillir les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?« Les réfugiés sont virtuels en Pologne »« Je ne pensais pas qu’il y avait autant de gens racistes », explique Ahmed Bikes dans un de ses restaurants de Czestochowa, après avoir regardé le débat. Il met la violence de ces discours sur le compte de la campagne électorale, mais les réactions de son entourage l’ont choqué. « Moi, je n’ai jamais eu de problèmes. Mais j’ai dû supprimer plusieurs amis Facebook quand j’ai lu leurs commentaires. Ce sont des gens que je connaissais bien parfois. Ils m’ont demandé pourquoi je les avais supprimés. Ils me disaient : “Oui mais toi, ce n’est pas pareil.” Une de mes employés expliquait que les migrants venaient prendre nos bénéfices sociaux. Je lui ai quand même expliqué que c’était un ancien migrant qui lui payait son salaire tous les mois ! »Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartie Il comprend quand même les Polonais, « qui n’ont pas eu de passé colonial et ne sont pas habitués aux étrangers », et trouve même que « Merkel a exagéré en voulant accueillir tous les migrants ». Mais en même temps, explique-t-il, « la Pologne a besoin de migrants. les Syriens peuvent faire d’excellents médecins pour les hôpitaux ». La Pologne a un des plus faibles taux de fécondité d’Europe (1,3 enfant par femme). Elle a aussi le taux le plus bas de population immigrée (0,3 %, au début de 2014, même si cela a augmenté avec plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens). « Les réfugiés sont virtuels en Pologne. C’est pour cela qu’on peut dire n’importe quoi politiquement sur eux », souligne Jaroslaw Kuisz, rédacteur en chef du site Kultura Liberalna. Il s’étonne aussi de voir que le parti au pouvoir, Plate-forme civique, n’a pas cherché à mettre en avant la position ouverte de l’épiscopat polonais, qui a relayé les appels du pape François pour l’accueil des réfugiés, contre le PiS, pourtant toujours prêt à rappeler son attachement aux valeurs de l’Eglise.Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Assise sur la place Rabin, à Tel-Aviv, Tal Yaffe, 42 ans, fait courir ses doigts sur son smartphone. Brune aux longs cheveux ondulés, cette ancienne musicienne ayant ensuite été patronne de cafés, a décidé de démarrer une nouvelle vie, « qui a du sens », en suivant une formation d’enseignant. On la retrouve juste avant une marche organisée samedi 24 octobre, à l’appel de l’organisation La Paix maintenant, qui a rassemblé plusieurs milliers de sympathisants de la gauche israélienne, défilant pour la paix avec les Palestiniens.Tal Yaffe hésite un peu avant de parler. « Je ne veux pas, comme beaucoup de personnes de l’extérieur, rabaisser ce qui se passe en Israël. Il ne faut pas être naïf et croire que des choses ayant marché ailleurs fonctionneraient ici. » Puis elle se lance, jusqu’à s’émouvoir elle-même.« Ça fait des années que je ne suis pas venue à une manifestation pour la paix. Là, j’ai senti qu’il était important de se faire entendre. Des gens ordinaires, avec une vie, des espoirs, des rêves, doivent peser ensemble. Il y a un sentiment de désespoir, de fatalité générale. Comme s’il fallait qu’il y ait toujours de la haine, des assassinats, des guerres. Comme si les Arabes devaient à jamais vouloir nous tuer, et nous, nous battre pour survivre. Je n’y crois pas. Même si ça semble trop compliqué pour les gens actuellement au pouvoir, je pense qu’il y a une autre voie. Un juif polonais, dont on ne connaît pas le nom, a écrit un jour : “Je crois dans le soleil même quand il ne brille pas, je crois dans l’amour même quand je ne le sens pas, je crois en Dieu même quand il est silencieux.” Voilà, j’en suis là. »« Il n’y a aucune justice dans la haine et le meurtre »« Quand j’étais jeune, les choses étaient claires. J’étais de gauche. Aujourd’hui, je ne sais plus quoi dire. Il y a comme un miroir avec deux profils qui ne disent pas la vérité mais pensent la détenir. La peur nous renferme. Mais quelque chose va commencer à émerger de notre côté.« Bien sûr que je ne comprends pas et n’excuse pas les attaques au couteau. Il faudrait être fou ! Il n’y a aucune justice dans la haine et le meurtre. Si vous êtes désespérés, hurlez, mais ne tuez pas. Je ne sais pas comment leurs dirigeants peuvent vivre avec le fait d’envoyer des enfants à la mort. C’est comme une infection. Les mots précèdent les actions, même s’ils peuvent toujours dire qu’ils n’ont rien fait, eux. Vous devez comprendre une chose. Le monde n’a pas montré beaucoup d’amour à l’égard du peuple juif. C’est un des plus petits pays au monde, et c’est tout ce qu’on a. Mais on n’est pas venu ici pour être des conquérants, des vainqueurs. Ce n’est pas le rôle des juifs dans le monde. On a été jetés hors de ce pays il y a deux mille ans. Les Arabes sont restés là ensuite, et on ne peut l’ignorer. Il y a un peuple palestinien. La réalité est tellement compliquée. « A cause des attaques, je ne vais plus au supermarché, je me fais livrer. Il y a deux jours, je suis allée à Jérusalem pour voir mes parents. J’ai pris la voiture, il était hors de question de prendre le bus ou le train. J’ai quand même eu peur sur la route. Je garde tout le temps les yeux ouverts. Quand je sors mon chien, je me dis : “Comprendra-t-il, s’il arrive quelque chose, qu’il faut soudain courir très vite ?” Je sors le moins possible, je regarde partout. En arrivant ici pour la manifestation, je me suis dit, mince, il y a beaucoup de monde, c’est le lieu parfait pour une attaque. Mon frère est chauffeur de taxi. Ça aussi, ça fait peur. Mes parents sont revenus de l’étranger la semaine passée. Ils ont raté un vol et sont restés bloqués quatre heures à Istanbul. J’étais terrifiée. »« J’ai quitté Jérusalem pour Tel-Aviv en 1995, quand Rabin est mort et que les bus explosaient [pendant la seconde Intifada]. C’était trop pour moi. Je ne supportais plus d’avoir peur tout le temps. Ce qu’on était, ce qu’on pensait il y a vingt ans n’est plus pertinent. On était naïfs. Ils veulent vraiment nous tuer, de tout leur cœur, ces terroristes. La violence vous fait croire que la peur contrôle le monde. J’espère que la lumière sera plus grande que l’ombre. »Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.10.2015 à 07h14 • Mis à jour le25.10.2015 à 16h33 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex est désormais au cœur du dispositif de la politique d’asile : elle doit organiser la difficile procédure d’enregistrement des demandeurs mais aussi participer plus activement à la politique de retour. Le tout avec des moyens qui ont été promis mais se font encore attendre.Suivez le sommet en direct avec notre journalisteTweets de @c_ducourtieux!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Le Français Fabrice Leggeri est le directeur exécutif de Frontex. Rencontre avant le mini-sommet européen de Bruxelles qui, dimanche 25 octobre, doit évoquer des mesures d’urgence pour aider les Etats des Balkans, confrontés à une grave crise après la fermeture des frontières de la Hongrie.Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansA quoi peut vraiment servir ce sommet « opérationnel », convoqué à la hâte par la Commission ?Nous affrontons une situation évidemment exceptionnelle : entre la mi-septembre et la mi-octobre, par exemple, 200 000 personnes sont passées par la Croatie ; ce qui a, bien sûr, eu des conséquences pour les pays voisins. Cela dit, si on entend traiter le problème à la source, c’est en Grèce qu’il faut le faire : il convient de faire fonctionner l’enregistrement dans les « hot spots » [lieux de regroupement des migrants] à installer dans ce pays – comme en Italie – et permettre ainsi les relocalisations décidées par le Conseil. On ne réglera pas le problème des Balkans si l’on ne régule pas ces flux.Les moyens promis à Frontex sont à la hausse, mais concrètement où en êtes-vous ?J’ai lancé le plus vaste appel à contributions de notre histoire, soit 775 gardes-frontières. Dont 600 pour l’enregistrement en Grèce et une centaine pour les frontières terrestres – dont la Croatie. Nous en sommes actuellement à 300 personnes environ et, même si c’est encore insuffisant, c’est déjà un record pour les mises à disposition. Certains responsables évoquent un risque d’effondrement du système mis en place parce que l’enregistrement dans les « hot spots » ne fonctionne pas…La situation est différente en Italie et en Grèce : relative stabilisation des flux dans le premier cas, multiplication par dix dans le deuxième, avec une grande majorité de réfugiés syriens et d’Irakiens. Le « hot spot » qui doit être mis en place par les autorités nationales, aidées par les agences européennes, est un lieu de débarquement et d’accueil, où différentes agences européennes traitent les flux, avec les autorités nationales. Frontex procède à un premier examen pour déterminer d’abord la nationalité, puis à une audition pour établir le profil de la personne, la route qu’elle a suivie, etc. L’agence peut aussi recueillir des informations sur des groupes criminels organisés, qu’elle va transmettre à la police et à Europol. Le Bureau d’asile européen prend ensuite le relais, aide les autorités locales et met en route le processus de relocalisation.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Mais ces « hot spots » ont-ils vocation à devenir des lieux de rétention ?Une partie des personnes auditionnées et enregistrées n’est pas éligible à l’asile. Il s’agit donc d’étrangers en situation irrégulière qui doivent être renvoyés vers un pays d’origine. La question est de savoir où les mettre alors qu’elles ont notamment droit à un appel. En clair, on a besoin de centres de rétention.Des responsables soulignent que la très grande majorité des demandeurs d’asile refuse en fait l’enregistrement, parce que ces personnes craignent de se retrouver dans un pays où elles ne veulent pas se rendre…Je suis chargé de faire fonctionner les « hot spots ». Nous sommes mieux outillés qu’auparavant et je crois que les autorités grecques ont compris l’enjeu. Nous testons, par ailleurs, une technologie nouvelle, déployable dans toutes nos opérations. Cela dit, j’ai effectivement constaté, à Lesbos, que 100 Syriens ont demandé l’asile depuis le 1er janvier 2015 alors que 120 000 personnes au moins sont arrivées sur cette île. Elles sont, c’est vrai, transférées ensuite sur le continent où elles peuvent accomplir les formalités, mais il est clair que nous devons arriver à ce que tous les vrais demandeurs d’asile fassent les démarches nécessaires pour obtenir une protection. A défaut, on n’arrivera pas, non plus, à renvoyer les autres.Lire aussi :Migrants : le premier « hot spot » grec ouvre sur l’île de LesbosFrontex est-elle réellement outillée, désormais, pour mener à bien cette politique de retour ?L’agence a déjà une compétence dans ce domaine, surtout logistique : c’est le soutien à des vols conjoints quand deux Etats au moins se mettent d’accord pour lancer une opération. Nous en organiserons une soixantaine cette année. Désormais, nous allons aussi faciliter la préparation de ces vols de retour, avec les documents de voyage qui sont indispensables. Jean-Claude Juncker affirme que la crise actuelle peut durer dix ans. C’est votre avis également ?Je ne prévois pas de décrue avant 2020 et la fin de mon mandat en tout cas. Et j’espère qu’à la faveur de cette crise, les Européens comprendront qu’il faut aller vers une intégration plus forte pour traiter la question des flux migratoires, plus large que la gestion des frontières, même si celle-ci est également cruciale. Le défi va perdurer, parce que les causes ne sont pas traitées. Elles sont géostratégiques, économiques, démographiques, liées au respect de l’état de droit, etc. Pour ce qui est de ma mission spécifique, je peux dire qu’une gestion plus forte des frontières extérieures est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de l’espace Schengen. Rappelons d’ailleurs que Frontex a été créé pour être est le corrélat de la libre circulation.Faut-il créer rapidement un corps de gardes-frontières européens ?J’insiste sur une gestion intégrée de nos frontières et j’attends impatiemment le projet de la Commission et la décision du Conseil, en décembre.Lire le reportage :La frontière croato-slovène, nouvel abcès de la route des migrantsJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.10.2015 à 02h55 • Mis à jour le25.10.2015 à 02h56 Des milliers de personnes rassemblés à l’appel de l’opposition monténégrine devant le Parlement à Podgorica ont réclamé la démission du premier ministre, Milo Djukanovic, samedi 24 octobre. Des heurts ont eu lieu avec la police anti-émeutes pour la troisième fois en une semaine, qui ont fait quinze blessés parmi les policiers et 24 parmi les manifestants selon le ministre de l’intérieur.M. Djukanovic, 53 ans, est demeuré au pouvoir presque sans discontinuité depuis 1991. L’opposition de droite demande sa démission avant les prochaines législatives, prévues pour début 2016, et la formation d’un gouvernement de transition chargé d’organiser des élections anticipées « libres et honnêtes ».M. Djukanovic a rejeté ces appels et a proposé de convoquer des élections anticipées après un sommet de l’OTAN prévu en décembre prochain, au cours duquel le Monténégro devrait être invité à entrer dans l’Alliance atlantique. Le premier ministre a accusé l’opposition de tenter d’empêcher l’entrée du pays dans l’OTAN, à laquelle elle est hostile. Il s’est dit convaincu que la Russie, dont les relations avec l’OTAN sont particulièrement tendues depuis la crise en Ukraine, était derrière ces manifestations.Lire l'entretien avec M. Djukanovic :« Les dangers qui entourent l’Europe se renforceront tant que la question des Balkans n’aura pas été réglée »Face à face de plus en plus tenduLa semaine dernière, la police a dispersé au gaz lacrymogène quelques dizaines de protestataires qui campaient depuis trois semaines devant le Parlement pour réclamer la démission de M. Djukanovic. Depuis, les faces à faces entre opposants et forces de l’ordre se sont tendus. Samedi, jusqu’à 6 000 personnes, selon la police, ont scandé « Milo voleur ! » et « Il est fini ! » à l’appel du principal parti de l’opposition, le Front démocratique. Plusieurs centaines de policiers anti-émeutes avaient été déployés aux alentours du bâtiment.« Jamais dans l’OTAN », proclamait une pancarte tenue par un manifestant samedi. Mais d’autres protestataires ont minimisé cette question. Le rassemblement ne porte « pas sur l’OTAN ou sur la Russie, mais sur la pauvreté » dont souffre la population, a déclaré l’un d’eux.Les manifestants auraient lancé des bombes incendiaires et des pétards sur les policiers, tentant de rompre le barrage et d’entrer dans l’édifice. Le parlementaire Andrija Mandic, l’un des organisateurs du rassemblement, a été interpellé. Des policiers et des manifestants, dont certains étaient masqués et avaient un comportement violent, se sont affrontés durant une heure en plusieurs endroits dans la soirée, selon le gouvernement. Dans la nuit des véhicules blindés patrouillaient dans Podgorica. 24.10.2015 à 22h46 • Mis à jour le25.10.2015 à 14h33 | Jean-Baptiste Chastand (Kljuc Brdovecki, Croatie, envoyé spécial) En distribuant des verres d’eau aux migrants qui traversent son village, Alan (qui n’a pas voulu donner son nom de famille) rigole : « Il y a deux jours j’ai dit aux gens du village voisin que Kljuc Brdovecki était devenu le centre du monde. » Qui aurait cru que ce petit village croate situé juste avant la frontière slovène allait voir subitement passer des milliers de migrants par jour ? Personne, pas même le doyen du village, qui se glisse dans la discussion pour rappeler qu’il a en pourtant vu d’autres : « Ici, les partisans ont assassiné des Oustachis dans les champs en 1945. Et dans les années 90 tout le village a accueilli des réfugiés de Bosnie. »Kluj Brdovecki et sa jumelle slovène, Rigonce, sont devenus le nouvel abcès de la route des Balkans, dérivée ici depuis que Viktor Orban, le premier ministre hongrois, a décidé de fermer totalement sa clôture anti-migrants avec la Croatie, samedi 17 octobre. Un mois après avoir bloqué la section à la frontière serbe. Dès lundi, les premiers migrants sont amenés en Slovénie dans la plus grande confusion par les autorités croates qui comptent désormais sur ce petit pays alpin de 2 millions d’habitants, pour les emmener en Autriche. Plus de 60 000 migrants sont entrés dans le pays en une semaine. Alors que cette arrivée était prévisible, le chaos s’installe à la frontière et la tension monte entre les deux pays.A la frontière slovène-croate, les migrants arrivent toujours par milliers https://t.co/GGymr1vF20— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);De vieux conflits autour du tracé frontalierMercredi, sous la pluie, des migrants traversent à la nage la petite rivière glaciale qui marque la frontière. Ces images font le tour du monde. La Slovénie accuse depuis les policiers croates de les avoir délibérément envoyés dans l’eau. Des accusations retournées par le gouvernement croate, qui a reproché aux Slovènes de manquer d’humanité en annonçant le déploiement de l’armée. Même si le soleil est revenu et la tension a baissé, cet épisode reste dans les têtes des deux côtés de la frontière, où les vieux conflits autour d’un tracé toujours contesté ne sont pas difficiles à ranimer. « Les Slovènes racontent n’importe quoi, ce sont eux qui n’ont pas empêché les migrants d’aller dans le fleuve », peste Alan. « Les Croates nous envoient les migrants pour se venger », grogne en face un Slovène venu voir de ses propres yeux le flot d’arrivées des réfugiés.Lire aussi :Dépassée par l’afflux de migrants, la Slovénie demande l’aide de l’UELes migrants continuent d’être conduits par train entier, jour et nuit, depuis la Serbie. Huit mille devaient encore passer ici pour la seule journée de samedi. Mais, sur le terrain, les polices des deux pays semblent désormais se coordonner pour réguler les arrivées. Les migrants doivent descendre du train côté croate, marcher 2 kilomètres jusqu’en Slovénie, attendre, puis marcher à nouveau vers plusieurs camps successifs, qui sont autant de moyens de réguler le flux, avant d’être enregistrés officiellement, puis d’embarquer dans des trains ou dans des bus pour l’Autriche. Samedi soir, près de 40 000 migrants avaient ainsi quitté la Slovénie pour l’Allemagne.« Les policiers nous interdisent de monter dans les voitures »Même s’il fait très froid la nuit, les réfugiés semblent par ailleurs désormais disposer de nourriture et de couvertures en quantité suffisante. « Maintenant, c’est beaucoup mieux organisé, la situation est sous contrôle et le travail entre les ONG mieux coordonné. Les réfugiés peuvent voir des médecins s’ils le souhaitent », témoigne Mario Belovic, journaliste pour le quotidien Delo, qui a décidé de poser des congés toute la semaine pour venir distribuer de la nourriture et de l’eau aux migrants. Un camp avec des tentes chauffées et des matelas est même en cours de construction et devrait être terminé dans les tout prochains jours.les enregistrements se font dans cette ancienne fabrique de vêtements, mais un centre chauffé est en construction https://t.co/uoZf16kmQ2— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);Malgré cette organisation, il faut toujours plusieurs heures pour passer toutes ces étapes, les autorités slovènes enregistrant tous les migrants. En pleine campagne, les migrants marchent d’un camp à l’autre encadrés par des CRS et des policiers à cheval. Les femmes, les enfants et les personnes âgées ont souvent du mal à suivre. Mustafa, un Irakien de 35 ans qui avance très lentement avec sa mère, âgée de 58 ans, qui éprouve le plus grand mal à marcher, assure qu’il ne regrette rien. « Elle a beaucoup de palpitations cardiaques et c’est difficile, mais la situation est tellement plus dure en Irak », explique cet orthopédiste qui compte sur ces économies pour lui payer dès que possible un taxi. « Le problème est que les policiers nous interdisent de monter dans les voitures. »Des matchs de foot ont dû être suspendus ce week-end faute de forces de l’ordre disponiblesAutour d’eux, des dizaines de villageois viennent observer la situation et se demandent combien de temps cela peut-il bien durer. « Au moins des mois », pense Anka, qui habite la première maison côté slovène et qui vient chaque soir apporter des vêtements en famille. Même si elle les aide volontiers, cette assistante sociale de 42 ans ne sait pas trop encore quoi penser de tous ces migrants. « L’autre jour, je n’ai même pas pu aller au travail car ils étaient trop nombreux et je suis un peu inquiète pour mes trois enfants », observe-t-elle. D’autres ne cachent pas leur hostilité envers ces réfugiés très majoritairement musulmans. Tous se demandent si l’hiver et la neige vont ralentir les arrivées.Pour rassurer la population, des centaines de militaires et de policiers ont été déployés. Mais le gouvernement slovène assure ne pas avoir les moyens de continuer comme ça longtemps. Des matchs de foot ont dû être suspendus ce week-end faute de forces de l’ordre disponibles, et la Slovénie assure dépenser 770 000 euros par jour. Le gouvernement espère bien obtenir de l’aide de l’Europe dimanche 25 octobre, lors du sommet extraordinaire sur les migrants organisé à Bruxelles. Pour autant, personne ne croit que le pays serait prêt à fermer la frontière avec une clôture, comme l’a pourtant laissé entendre le premier ministre slovène. « Ce serait impossible, il y a 600 kilomètres de frontière, dont des parties en montagne, on aura jamais assez de policiers pour la surveiller », explique Mario Belovic.Jean-Baptiste Chastand (Kljuc Brdovecki, Croatie, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Chambraud (Rome, envoyée spéciale) Au terme de deux ans de débats intenses, les divorcés remariés pourraient voir leur place réévaluée dans l’Eglise catholique. C’est la principale ouverture du rapport final sur la famille adopté, samedi 24 octobre, par le synode des évêques après trois semaines de travaux à Rome. Ces trois semaines ont été marquées par des antagonismes sur certains sujets mais aussi par la volonté du plus grand nombre des prélats de ne pas aboutir à un constat de division.Lire aussi :Le pape est-il progressiste?Une commission de dix membres nommée par le pape était chargée de rédiger ce rapport final à partir du texte initial et des amendements votés dans le cadre de groupes de travail qui ont travaillé depuis le 5 octobre. Elle a dû trouver des formulations suffisamment ouvertes pour les partisans d’un meilleur accueil dans l’Eglise des familles « irrégulières » aux yeux de la doctrine, sans pour autant s’attirer une minorité de blocage de la part des évêques pour qui ce serait aller contre la doctrine.L’étroitesse de la majorité recueillie par certains paragraphes montre à quel point la passe était étroite. Globalement, le synode a ouvert des portes aux évêques et aux prêtres désireux d’accorder une participation plus grande à la vie de l’Eglise aux divorcés remariés. Les trois paragraphes qui leur sont consacrés sont ceux qui ont obtenu la majorité la plus étroite (une majorité qualifiée des 2/3 était nécessaire pour l’adoption de chaque paragraphe). L’un d’entre eux n’a été adopté que par une voix d’avance. Ces paragraphes n’établissent pas explicitement que certains divorcés remariés pourront à nouveau communier. Mais ils ouvrent des pistes qui pourraient permettre de parvenir à ce résultat en s’en remettant au discernement individuel des prêtres.Lire aussi :Le pape face aux divergences du synode sur la familleQuasiment aucune ouverture en faveur des homosexuelsEn revanche, quasiment aucune ouverture n’a été faite en faveur des homosexuels. Sur ce chapitre, « certains pourront être déçus », avait averti, le matin même, le cardinal autrichien Christoph Schonborn, archevêque de Vienne. De fait, le texte n’y fait allusion que dans un paragraphe surtout consacré aux familles « qui vivent l’expérience d’avoir en leur sein une personne avec une tendance homosexuelle » et au rejet de la qualification de « mariage » pour les unions entre personnes de même sexe. De ce point de vue, l’opposition radicale d’une bonne partie de l’épiscopat africain à toute ouverture envers les gays a bloqué toute évolution. « Ce synode n’était pas vraiment d’humeur à discuter de cette question », a constaté Johan Bonny, l’évêque d’Anvers, qui s’est exprimé avant le synode en faveur de la reconnaissance des homosexuels par l’Eglise.Lire aussi :Synode sur la famille : trois cardinaux incontournables dans les discussionsCe texte est maintenant entre les mains du pape François, qui a assisté aux travaux et qui peut maintenant, s’il le souhaite, publier sa propre parole sur la famille. Le synode lui demande même de le faire. Ce synode « signifie avoir cherché à ouvrir les horizons pour dépasser (...) toute fermeture de perspective », a affirmé le pape dans son discours de cloture.Cécile Chambraud (Rome, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guélaud Les Argentins sont appelés à désigner, dimanche 25 octobre, le successeur de Cristina Fernandez de Kirchner, dont le deuxième mandat de présidente, placé sous le signe de difficultés économiques et financières croissantes, touche à sa fin.Longtemps absente des débats électoraux, l’économie y a fait récemment son retour. Les difficultés économiques et financières du pays s’aggravent et l’horizon est assombri par le ralentissement chinois et par la baisse du prix des matières premières.Lire aussi :Argentine : qui sont les candidats à la présidentielle et leurs programmesLa dégringolade de la croissanceLa deuxième moitié des années Kirchner a été assombrie par la diminution de la croissance, passée de 8,7 % en moyenne entre 2003 et 2007 à moins de 4 % par la suite. Pour 2014, le Fonds monétaire international parle de récession (–1,7 %), alors que le ministre argentin de l’économie, Axel Kicillof, retient une modeste croissance de + 0,5 %. Si leur différend persiste pour 2015 et 2016, personne ne conteste l’importance du ralentissement économique actuel.Le ralentissement chinois et la baisse du prix des matières premières pèsent sur le secteur agroalimentaire argentin. Principal pourvoyeur de devises, ce dernier est aussi pénalisé – comme l’industrie, peu compétitive – par la surévaluation du peso.Lire aussi :L’Argentine à la recherche de sa croissance perdueDes réserves de change grignotéesLes prochains mois seront difficiles. Les réserves de change de l’Argentine, qui n’a plus accès aux marchés des capitaux depuis son défaut souverain en 2001, sont tombées officiellement de 52 milliards de dollars en juillet 2011 à 32,5 milliards de dollars (29,5 milliards d’euros). Mais un rapport de Morgan Stanley, cité le 9 octobre par Emerging Markets, les évalue plutôt à « 10-12 milliards ».Pour se procurer des devises, le gouvernement a alourdi les « retenciones », ces taxes sur les exportations qui atteignent 35 % sur le soja. Il a limité, parfois interdit les importations, et ressuscité le troc.De lourdes échéances Début octobre, le gouvernement a remboursé 5,9 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros) d’obligations. Il en aura autant à sortir en 2016. Mais le pays n’a plus d’argent. Alejandro Vanoli, le gouverneur de la banque centrale, a bouclé à Lima, au Pérou, en marge des assemblées d’octobre du FMI et de la Banque mondiale, un prêt de 2 milliards avec la People’s Bank of China.Lire aussi (édition abonnés) :En Argentine, le crépuscule des années KirchnerUne inflation très élevéeL’inflation élevée, enfin, complique la vie des Argentins. La hausse des prix a accéléré à 12,3 % en 2004 et en 2005. Elle serait de 25 % aujourd’hui. À défaut de la maîtriser par le contrôle des prix, le gouvernement manipule les statistiques, ruine la crédibilité du pays et provoque des fuites de capitaux.La course aux dollarsFace à l’inflation qui dilue les dettes mais complique la vie des Argentins, la course au dollar se généralise. Il y a trois à quatre taux de change dans le pays. « Le premier, aligné sur le dollar, est comme une star. On en rêve sans y avoir jamais accès », ironise M. Echagüe d’Allianz. Les autres sont des dollars « bleus » échangés sur un marché parallèle, qui a presque pignon sur rue, à raison de 16 pesos pour 1 dollar, au lieu de 10 pour 1 au taux officiel.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.10.2015 à 13h19 • Mis à jour le24.10.2015 à 13h59 Un bâtiment destiné à accueillir une soixantaine de demandeurs d’asile en Suède a été ravagé par un incendie possiblement volontaire vendredi 23 octobre dans la soirée, a indiqué la police.Dans un communiqué, les forces de l’ordre ont fait savoir que les pompiers avaient éteint un feu qui avait déjà presque entièrement détruit cette bâtisse encore inhabitée, à Eskilstuna, à environ 90 km à l’ouest de Stockholm. Les premiers éléments recueillis sur place ont amené la police à ouvrir une enquête pour incendie volontaire.Une dizaine d’incendies criminels en 2015Ce n’est pas le premier centre pour réfugiés à être incendié en Suède. Une dizaine d’autres ont subi le même sort depuis le début de l’année. Mais la police n’a fait état d’aucune arrestation dans ces affaires.La Suède est l’un des pays d’Europe qui attirent le plus de réfugiés. Elle prévoit entre 140 000 et 190 000 demandes d’asile cette année, pour une population de 9,8 millions d’habitants.Mais une partie des électeurs sont hostiles à cette immigration, comme en témoigne la popularité des Démocrates de Suède (extrême droite), qui appellent à fermer les frontières du pays.Jeudi, un jeune homme de 21 ans aux idées d’extrême droite a tué deux personnes et en a blessé grièvement deux autres lors d’une attaque au sabre dans une école d’un quartier à majorité immigrée de Trollhättan, dans le sud-ouest de la Suède.Lire aussi :Suède : l’auteur de l’attaque au sabre animé par des « motivations racistes » Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) La Pologne a de très fortes chances de changer de majorité, dimanche 25 octobre, lors des élections législatives. Les sondages donnent entre 32 et 39,5 % de voix pour le parti conservateur Droit et justice (PiS) et entre 22 % et 26 % pour la Plate-forme civique (PO), aux commandes du pays depuis huit ans. C’est la lassitude du parti régnant et son usure du pouvoir qui rendent probable ce changement de majorité. La première ministre, Ewa Kopacz, qui a succédé il y a un an à Donald Tusk, devenu président du Conseil européen, à Bruxelles, a mené une campagne solitaire, dominée par les attaques contre son principal adversaire plutôt que par la défense d’un bilan qui est loin d’être négligeable. Dans un environnement difficile au niveau européen, la croissance n’a cessé de progresser, et le chômage a diminué pour passer cette année sous la barre des 10 %. PO n’a pas su non plus imposer pendant la campagne de nouvelles têtes chargées d’incarner le renouveau du parti. Comble de malchance, la secrétaire d’Etat à la justice a été limogée vendredi après avoir été verbalisée pour conduite en état d’ivresse. L’ambiance était plutôt morose vendredi lors du dernier meeting de PO, même si Ewa Kopacz a assuré : « PiS n’a pas gagné. »Lire aussi :Election en Pologne : l’usure de la droite libéraleAu PiS, de nouveaux visages Pendant des années, la vie politique polonaise a été dominée par le duel entre Donald Tusk et Jaroslaw Kaczynski, le président du PiS, premier ministre en 2006 et en 2007, et frère jumeau de l’ancien président Lech Kaczynski, mort dans la catastrophe aérienne de Smolensk en 2010. Le chef du PiS ne s’est pas présenté à l’élection présidentielle, quand le président sortant Bronislaw Komorowski était ultrafavori. C’est un presque inconnu, Andrzej Duda, qui a été le candidat de PiS, et élu à la présidence de la République, le 25 mai. PiS, qui était dominé par l’image — repoussante pour des électeurs modérés — de M. Kaczynski, a montré qu’il pouvait incarner le changement avec de nouveaux visages. Il a réitéré l’expérience en proposant à une députée quinquagénaire, Beata Szydlo, qui venait de diriger avec succès la campagne de M. Duda, d’être en première ligne pour conduire les législatives.Notre portrait :Andrzej Duda « l’inconnu », nouveau président polonaisCe parti qui était considéré comme celui d’un seul homme (ou de deux frères) est désormais représenté par une femme, efficace et plutôt modérée dans son discours. Elle a mené une campagne de terrain, est apparue à l’écoute des gens et de leurs préoccupations, a multiplié les promesses, mais s’est bien gardée, tout comme M. Duda auparavant, d’entrer dans les obsessions du président du parti et de ses plus proches affidés, notamment les théories du complot autour de la catastrophe de Smolensk. Le passage au pouvoir de M. Kaczynski — qui a laissé de mauvais souvenirs à Bruxelles — a été marqué par une campagne contre la corruption efficace mais aux méthodes contestées. Le chef de la lutte anticorruption a été condamné pour abus de pouvoir. Le quotidien Gazeta Wyborcza a symbolisé cette inquiétude en titrant vendredi sur « la démocratie », menacée selon la rédaction en cas de retour au pouvoir de PiS.Après avoir été très discret, M. Kaczynski a refait surface publiquement ces dernières semaines, enchaînant les meetings électoraux et les déclarations à l’emporte-pièce sur les « risques épidémiologiques » que provoqueraient les quelque 7 000 migrants que le gouvernement s’est engagé à accepter dans le cadre du plan de répartition européen de réfugiés.Lire notre analyse :Pologne : la fin du bon élève européen ?Quel parti pourrait s’allier à PiS ? Si la victoire de PiS semble assurée, sa capacité à obtenir une majorité est plus incertaine. Cela dépendra de l’ampleur de sa victoire mais aussi du nombre de partis qui entreront au Parlement. Or, selon les sondages, compte tenu de la marge d’erreur, le Parlement pourrait être composé de trois ou de sept partis. La plupart sont à la limite du seuil qui permet d’être qualifié dans le cadre de ce scrutin proportionnel (5 % pour un parti, 8 % pour une coalition).Les listes du chanteur Pawel Kukiz semblent bien placées, avec un score situé entre 7,5 et 12,5 % des voix, selon les instituts de sondage. Le rocker de 52 ans avait créé la surprise en obtenant plus de 20 % des suffrages lors du premier tour de la présidentielle. Nationaliste et populiste, il peut constituer une force d’appoint à PiS.Le Parti paysan était le partenaire de coalition de la Plate-forme civique. Ce parti clientéliste, bien implanté dans les campagnes, a l’habitude d’être au gouvernement quelle que soit la majorité. Il entretient cependant des rapports difficiles avec PiS. Il oscille dans les sondages entre 5 % et 7 %.Le Parti libéral de Ryszard Petru est crédité du même score. Il regroupe principalement des déçus de la Plate-forme civique, qui considèrent que Donald Tusk a renoncé à son libéralisme pour mener une politique économique trop centriste. Il est incompatible avec PiS, qui est très conservateur sur les sujets de société, comme les religions et les mœurs, mais étatiste en matière d’économie.Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartieA l’extrême droite, Janusz Korwin-Mikke n’est pas sûr de rentrer au Parlement, selon les sondages qui le placent légèrement en dessous du seuil des 5 %. Cet excentrique de la politique polonaise, qui fait le baisemain aux femmes, homophobe, libéral, prorusse et nostalgique de Hitler, avait été refusé par Marine Le Pen dans son groupe d’extrême droite au Parlement européen.Enfin, la gauche polonaise lutte aussi pour son maintien au Parlement. Elle se présente sous la forme d’une coalition entre le parti social-démocrate, né des ruines du parti communiste polonais, du mouvement de Janusz Palikot et des Verts. Mais le système électoral fixe à 8 % la barre d’entrée au Parlement pour les coalitions. La liste de Barbara Nowacka est dans la limite haute, entre 8 et 9 %. Elle doit affronter la concurrence d’un petit parti de gauche radicale, Razem (« Ensemble »), qui a fait une très bonne prestation lors du débat télévisé. Il est largement sous la barre des 5 %, mais apparaît comme un parti antisystème qui séduit les jeunes de gauche, tout comme ceux de droite sont attirés par Kukiz ou Korwin-Mikke.Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nathalie Guibert La France a envoyé ses pilotes de chasse dans le ciel syrien pour bombarder l’Etat islamique (EI). Ces frappes ciblées ont été décidées par le président de la République, François Hollande, sans la couverture de l’ONU, dont Paris avait pris soin de se prévaloir dans toutes ses opérations ­extérieures récentes. La légitimité de l’action contre la « menace terroriste » en est-elle ­affectée ? Qu’en sera-t-il demain, sachant que les bombes visent, selon l’exécutif, « tous ceux qui préparent des attentats contre la France », ce qui inclut des citoyens français ?En Irak, les choses sont relativement simples. En 2014, la coalition internationale anti-Daech à laquelle s’est jointe la France s’est montée sous le commandement des Etats-Unis, après un appel à l’aide des autorités de Bagdad. Les résolutions de l’ONU définissent en outre l’EI comme une organisation terroriste menaçant la paix et la sécurité internationale. Mais en Syrie, où se battent désormais les puissances occidentales, les pays sunnites de la région, la Russie, l’Iran et des milices de toutes natures, les choses sont plus compliquées : des trois cadres légaux possibles – une demande du pays, une résolution du Conseil de sécurité autorisant la force ou une application du principe de légitime défense –, aucun ne s’est imposé avec clarté.La Russie invoque le premier argument – elle dit être entrée dans la guerre à la demande de l’Etat syrien –, mais la France ne peut entrer dans un tel cadre puisqu’elle réclame le départ du président Bachar Al-Assad, responsable, selon elle, du chaos actuel. Le deuxième argument, la résolution onusienne, est inatteignable en raison du veto russe attendu. Il ne reste donc que la légitime défense, qu’il n’est utile d’invoquer que lorsque les deux autres conditions ne sont pas réunies. Individuelle ou collective, elle est l’instrument exceptionnel prévu à l’article 51 de la Charte des Nations unies pour déroger à la règle commune de non-recours à la force dans les relations internationales.Une opération inéditeC’est dans ce cadre, face à l’hydre Daech, qu’un glissement de la doctrine des interventions extérieures françaises a justifié les frappes ciblées. En Libye, au Mali et en Centrafrique, Paris s’était drapé dans une résolution onusienne pour envoyer ses forces. « La France a toujours prôné le cadre multilatéral de l’ONU, souligne Anne-Sophie Traversac, maître de conférences à l’université Panthéon-Assas-Paris-II et membre de l’Association française de droit de la sécurité et de la défense. L’intervention en Syrie est inédite et insolite tant les arguments juridiques et politiques ont évolué. Nous avons en Syrie plusieurs justifications nationales pour intervenir sur un même sol, en dehors de toute décision au sein du Conseil de sécurité. »La doctrine française épousait jusqu’alors la jurisprudence de la Cour internationale de justice : la légitime défense collective ne s’applique qu’en cas d’agression imputée à un Etat. « La France accepte, maintenant, qu’elle s’applique face à un groupe armé », précise un juriste du ministère de la défense. La décision se rapproche de la position américaine : après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient invoqué la légitime défense face aux groupes liés à Al-Qaida où qu’ils soient dans le monde – ce qui, en théorie au moins, pouvait aller jusqu’à traquer ces « terroristes » dans les banlieues françaises. La France avait certes accepté, en 2001, de rejoindre l’action militaire américaine en Afghanistan, mais c’était parce que le gouvernement afghan soutenait les talibans – ce terrorisme s’appuyait donc sur un Etat.En 2015, la situation est tout autre : Daech ne s’agrège pas à l’Etat syrien. Pour justifier leur position, les juristes du Quai d’Orsay et de la Défense invoquent le caractère inédit de l’Etat islamique. « Nous prenons simplement en compte une réalité nouvelle, exceptionnelle », souligne un spécialiste du ministère des affaires étrangères, qui ne voit aucune situation comparable dans les interventions passées. « Il ne s’agit pas de reprendre le discours de Daech, qui affirme être un Etat, mais cette organisation a un tel contrôle territorial, des moyens militaires et des ressources financières si importantes que la menace ressemble à celle que ferait peser un Etat », précise le juriste de la Défense. Argument subsidiaire pour agir : Damas n’a plus prise sur son propre territoire.Les subtilités du Quai d’Orsay et de la DéfenseUne autre subtilité – ou ambiguïté – entoure la position française. Selon les juristes du Quai d’Orsay et de la Défense, le cadre légal est la légitime défense collective – l’Irak a invoqué l’article 51 contre Daech et ce cadre demeure puisqu’il s’agit d’un même conflit trouvant son extension en Syrie. Mais le discours politique, lui, invoque avec force la légitime défense individuelle, insistant sur la menace directe que fait peser l’EI sur le territoire national. « La France a décidé de frapper Daech au nom de la légitime défense puisque Daech prépare depuis la Syrie des attentats contre la France », a ainsi rappelé le 11 octobre le premier ministre, Manuel Valls. En Syrie et en Irak, 520 Français combattent ou ont combattu, et 137 sont déjà morts, avait-il justifié ­devant l’Assemblée nationale le 24 septembre.Pour invoquer la légitime défense individuelle, le cadre onusien impose que l’agression soit « en cours » ou « imminente », ce qui implique de produire des preuves. Le Royaume-Uni de David Cameron l’a fait pour justifier les frappes ponctuelles de ses drones en Syrie, en août, contre deux ressortissants britanniques. Cette notion « est politiquement plus parlante pour le public français, mais juridiquement plus fragile car elle implique de la préemption, donc la démonstration d’une menace imminente », résume Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, enseignant à Sciences Po et membre de l’Institut international de droit humanitaire. Par souci de cohérence, la France invoquera-t-elle demain le cadre de la légitime défense individuelle ? Pour l’heure, elle n’en a pas besoin, estiment les experts gouvernementaux. Et il est plus commode, pour des raisons opérationnelles, de ne pas avoir à documenter chaque frappe.« Savoir qui est son ennemi »Face à l’ennemi, désigné exclusivement comme « Daech », la France assure ne pas pratiquer de légitime défense « préventive » – en clair, elle ne fait pas de chasse à l’homme. L’armée vise uniquement « des camps d’entraînement, de la logistique », répète le ministre de la défense. Dans sa « guerre globale contre le terrorisme », George W. Bush était, lui, passé de l’action préemptive à l’action préventive. Appuyée sur des « listes noires », la guerre commençait contre Al-Qaida, débordait sur le cercle des soutiens du groupe dans le monde (jusqu’aux citoyens américains), puis sur un troisième, celui des organisations terroristes mondialisées. Un objectif globalisant, avec des moyens sans limite, sans justification formelle devant la communauté internationale. Dans la guerre au terrorisme, « répondre à la question de savoir qui est son ennemi n’est en aucun cas une affaire théorique ou philosophique, rappelle Boaz Ganor, expert du centre de droit international de l’US Naval War College. La moindre variation dans la réponse dicte des politiques, des stratégies et des pratiques différentes. »Depuis que la Russie frappe aussi en Syrie, la discussion s’est déplacée vers la conduite des hostilités et le choix des cibles. Le sujet devient l’application du droit de la guerre. Une fois admis que la situation en Syrie relève du conflit armé, les principes sont clairs : l’usage de la force doit être justifié, proportionné et discriminé. Tout combattant peut être ciblé, sa nationalité ne faisant pas partie de ce qui peut le protéger. « Dans le cadre d’un conflit armé où nous sommes parties, il n’y a pas de glissement de la doctrine française vers une politique d’élimination ciblée à l’américaine », affirme M. Jeangène Vilmer. La précision des frappes et des munitions utilisées (de l’ordre de quelques mètres) est devenue un argument protecteur des armées : il est plus facile de limiter les dommages collatéraux avec des armes guidées à partir d’objectifs militaires préparés en amont.Quid des Français qui combattent en Syrie ?Reste la question des cibles légitimes : les combattants. Les jeunes Européens partis dans l’idée d’un engagement humanitaire, voire romantique, en Syrie, peuvent-ils être visés avec les autres ? Le CICR défend une ­doctrine restrictive, exigeant une participation directe aux hostilités et une fonction continue de combat. « Toute la question est d’interpréter cette notion de participation ­directe, qui a donné lieu à des dizaines d’ouvrages », souligne M. Jeangène Vilmer. La France dit qu’être membre d’une katiba ­djihadiste suffit à définir un combattant, le fonctionnement de ces groupes démontrant, comme cela fut éprouvé en Afghanistan, que leurs membres peuvent avoir une occupation le jour – berger, commerçant – et prendre les armes la nuit.L’Elysée s’en remet à l’« identification positive » des combattants réalisée par l’état-major sur la base du renseignement militaire. Mais il peut se tromper. « Dans ce type de conflit armé non international, on est davantage dans la “zone grise” que dans un conflit inter­étatique », admet-on à la Défense. « La France dit intervenir parce qu’elle doit la sécurité à ses ­citoyens. Mais c’est une chose d’invoquer notre défense, c’en est une autre de toucher nos propres ressortissants sur un sol étranger », ajoute Anne-Sophie Traversac. Le hiatus entre le ­cadre légal choisi et le discours politique ­comporte, à terme, un risque. Selon cette universitaire, « la question juridique pourra ­rejaillir ultérieurement ». Quand s’exprimera le légitime besoin d’explication des familles des combattants tués.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Naulot (Ancien membre du Collège de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF)) Depuis vingt ans, l’Europe construit de grandes cathédrales, mais elle refuse parfois de s’interroger sur leur utilité réelle quelques années après !Au cours des années 1990, dans une période où la créativité financière battait son plein, l’Europe a ainsi créé deux outils, chacun d’une extraordinaire complexité : la pondération des risques bancaires et le marché du carbone.Proposée en juin 2004 par le Comité de Bâle et validée en 2006 par la Commission européenne, la pondération des risques a constitué une vraie révolution dans l’allocation des financements par les banques.Selon l’Institut de l’économie pour le climat, la contribution du marché de carbone européen à la lutte contre le réchauffement climatique est comprise entre zéro et 10 % depuis sa créationCette réforme permet en effet aux banques, pour le calcul des ratios réglementaires de fonds propres, de déclarer des financements inférieurs aux montants réellement prêtés lorsque les emprunteurs sont jugés financièrement solides. Une boîte noire qui a révolutionné la distribution du crédit. De très nombreuses critiques ont été émises mais le système semble inébranlable tant les experts restent attachés à un outil dans lequel l’Union européenne a beaucoup investi.Le marché des quotas de carbone instauré en 2005 est un autre exemple emblématique de cette imagination financière débordante, sur un sujet encore plus important, la lutte contre le réchauffement climatique. Pour réduire les émissions de carbone des grands sites industriels en Europe, Bruxelles a décidé en 2002 de créer un marché d’une complexité infinie dont les caractéristiques sont inédites : l’offre est planifiée sur une quinzaine d’années (le plafond des émissions de carbone), la demande est nécessairement variable (en fonction de la conjoncture, de la météo, du prix des énergies fossiles) et le prix de marché (celui du carbone) doit impérativement se situer à un niveau élevé et stable.Un message envoyé aux industriels calamiteuxEn 2010, le rapport Prada avait tenté de qualifier ce marché totalement atypique en évoquant un « marché réglementaire »… Presque un oxymore ! Selon l’Institut de l’économie pour le climat, la contribution du marché de carbone européen à la lutte contre le réchauffement climatique est comprise entre zéro et 10 % depuis sa création. Le prix du carbone est inférieur à 8 euros la tonne depuis 2012 alors qu’un prix minimum de 30 euros serait nécessaire pour freiner l’exploitation des centrales à charbon les plus polluantes.Face à ce fiasco, les Anglais ont décidé en 2013 d’ajouter une taxe carbone au prix du marché européen. Actuellement, le prix appliqué aux producteurs d’électricité est ainsi de 32 euros et non de 8 euros. Faut-il que le marché soit malade pour que les Anglais décident d’abandonner le marché au profit d’une taxe ! Pour remédier à ces dysfonctionnements, la Commission européenne a certes décidé de créer à partir de 2019 une réserve de stabilité afin d’y loger une partie des quotas excédentaires mais les surplus resteront considérables.Pourquoi la Commission européenne ne propose-t-elle pas, comme les Anglais, de créer un prix plancher applicable dès maintenant ?L’inertie de la Commission est inexplicable. Pourquoi ne propose-t-elle pas d’annuler des quotas au lieu de les reporter ? Pourquoi ne propose-t-elle pas, comme les Anglais, de créer un prix plancher applicable dès maintenant ? Le message envoyé aux industriels est pour le moment calamiteux.Le 7 octobre à Lima, au cours de l’assemblée générale du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, Christine Lagarde a fait une déclaration qui a surpris par sa franchise à quelques semaines de la COP21 : « C’est le bon moment pour introduire des taxes carbone. […]. Je sais que beaucoup de gens préféreraient les systèmes d’échanges de quotas d’émissions mais nous pensons que la taxation du carbone est une bien meilleure solution ».Hommage lui soit rendu ! Écoutant ce sage conseil, les dirigeants européens devraient s’engager, dès maintenant, en faveur d’une taxe carbone applicable à partir de 2020, dans l’hypothèse où d’ici là le prix du carbone ne se stabiliserait pas au-dessus de 30 euros. La défiance à l’égard de l’Europe se combattra plus efficacement par la reconnaissance des erreurs commises que par la dénonciation constante des populismes.Jean-Michel Naulot (Ancien membre du Collège de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF)) 15.10.2015 à 08h10 • Mis à jour le15.10.2015 à 10h08 | Alain Ayong Le Kama (Professeur d’économie à l’Université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, président de l’Association française des économistes de l’environnement et des ressources naturelles) Au-delà de la nécessaire efficacité des mesures qui seront retenues lors de la COP21 pour véritablement lutter contre le changement climatique, il faudrait d’abord garantir un minimum d’acceptabilité de celles-ci par les différentes parties prenantes.Une des clés de cette acceptabilité - et donc de la réussite de la COP21 - est le traitement qui sera réservé aux pays dits « vulnérables », et aux pays africains en particulier… Si les mesures proposées ne vont pas dans le sens d’une réduction des injustices qu’ils subissent en matière de capacité d’adaptation au changement climatique, aucun accord ne pourra être obtenu.Il est en effet connu que l’Afrique, notamment, souffrira davantage des effets du changement climatique, quels que soient les efforts qu’elle entreprendra en matière d’adaptation, alors que sa contribution aux émissions de gaz à effet de serre est inférieure à 4 % du total mondial. Le principe de responsabilité commune, mais différenciée, a été retenu pour tenir compte ce différentiel, de ces injustices, dans le degré d’adaptation, et donc de résilience, des pays face au risque de changement climatique. Mais sera-t-il suffisant pour permettre d’aboutir à un consensus à Paris ?« Responsabilité historique » du NordEt plus généralement, dans une perspective de long terme, permettra-t-il de réduire les injustices climatiques ?Voilà ce qui me semble être les deux questions centrales à se poser avant la COP21. Il est important de souligner que ces inégalités/injustices climatiques sont certes engendrées par l’évolution actuelle du climat, mais que celle-ci résulte principalement des choix d’orientations politiques passés des pays riches en matière de lutte contre le changement climatique.Les pays vulnérables, ainsi que les ONG qui les soutiennent, imputent ainsi au Nord une certaine « responsabilité historique » dans l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle, au milieu du XIXe siècle. Ces pays réclament donc un certain droit à réparation et à compensation, dont on ne pourra pas faire fi lors des négociations à venir…Les mesures qui seront proposées devront pleinement intégrer cette dimension, indispensable pour leur admissibilité, et donc pour l’efficacité à terme de la lutte contre le changement. Le principe de responsabilité commune, mais différenciée, qui s’inscrit dans l’esprit des « grands principes de justice distributive » provenant de la philosophie morale et politique, même s’il semble de « bon sens », sera très difficile à mettre en œuvre dans la pratique.La 8e édition des Jéco de Lyon Les Journées de l’économie (Jéco) ont lieu cette année du 13 au 15 octobre, à Lyon.Au programme : environ 40 conférences et plus de 200 personnalités réunies pour échanger et partager leurs analyses autour du thème « Qu’attendons-nous… pour agir ? ».L’objectif de ces journées est de rendre accessible l’analyse économique au plus grand nombre.Elles sont organisées chaque année depuis 2008 par la Fondation pour l’université de Lyon sous la direction de Pascal Le Merrer, professeur d’économie internationale à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, avec le soutien de l’ensemble des universités, des grandes écoles lyonnaises, des collectivités et organisations professionnelles locales et de plusieurs entreprises.Au fil des ans, les JECO sont devenues le lieu et le moment où se croisent les différentes institutions et associations qui animent l’enseignement, la recherche et le débat économique en France.Entrée libre. Inscriptions obligatoires sur www.journeeseconomie.org.Toute la question est donc de savoir comment ce principe sera-t-il « mis en musique », comment prendra-t-il en compte les nécessaires compensations des injustices climatiques… Bref, comment sa mise œuvre sera-t-elle appréhendée par les pays du Sud ?La COP21 représente une étape cruciale dans notre capacité collective à organiser la lutte contre le changement climatique. Et, une des clés de sa réussite, sera le dosage que nous arriverons à proposer entre l’efficacité des mesures et leur capacité à être acceptée.Car si l’on recherche une efficacité immédiate, en raison de l’urgence, et par la mise en œuvre de mécanismes et d’instruments très sophistiqués, mais susceptibles d’être rejetés par les pays Sud, nous risquerons de pénaliser encore plus durement notre capacité à lutter efficacement à moyen et long termes.Alain Ayong Le Kama (Professeur d’économie à l’Université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, président de l’Association française des économistes de l’environnement et des ressources naturelles) Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le point sera évoqué en deux lignes, au chapitre des sujets « divers », dans les conclusions, avec l’annonce d’une discussion plus approfondie à la mi-décembre. La renégociation de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne en vue du futur référendum britannique sur l’appartenance à l’UE devrait occuper peu de place lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens, jeudi 15 octobre, à Bruxelles. Le premier ministre britannique David Cameron est cependant très attendu par ses pairs, qui ne cachent pas leur impatience - et un peu leur inquiétude aussi.Le dirigeant conservateur n’a pas encore mis officiellement ses cartes - la liste de ses revendications - sur la table et ses homologues trouvent le temps long. « Nous attendons ; nous n’avons, nous, rien à demander ; nous sommes l’arme au pied «, commente un diplomate. Qui ironise : « Une Europe qui fonctionne mieux et assure la croissance ? Nous sommes pour ! »L’échéance de décembre, difficilement tenableA Strasbourg, mercredi, Jean-Claude Juncker a confirmé que les discussions menées jusqu’ici n’avaient pas permis de progrès considérables. Or, « il faut être deux pour danser le tango », a noté le président de la commission européenne.L’agenda et le cadre de la renégociation à haut risque entre Londres et Bruxelles - les Britanniques pourraient choisir le « Brexit » si M. Cameron échoue à faire aboutir ses demandes - avaient pourtant été tracés, lors du sommet européen du 25 juin, dans la foulée de la victoire de M. Cameron aux législatives. Oui, les partenaires de Londres comprenaient son souci de vouloir renégocier un accord. Oui, ils étaient prêts à faire preuve de bonne volonté, car aucun ne veut d’une sortie des Britanniques. Mais l’échéance de décembre paraît désormais difficilement tenable. Ce sera sans doute pour le conseil de mars 2016, pronostiquent certains.Lire aussi :Cameron pose ses conditions pour éviter le « Brexit »Une liste de desiderataLes Européens veulent une liste de desiderata, « exhaustive, précise, pour ne pas multiplier les allers-retours », précisent plusieurs diplomates. « On ne peut pas se contenter des discours de Cameron ou George Osborne [le chancelier de l’échiquier]. Aucun des diplomates britanniques que nous rencontrons n’a de mandat pour négocier », regrette un expert. Les discussions bilatérales ont toutefois commencé.Les experts ont exploré les implications, surtout juridiques, des thèmes soulevés par les Britanniques : supposent-ils un changement de la législation européenne, voire des traités ? Peu de chose a filtré mais les revendications britanniques sont connues : les techniciens planchent sur la directive « travailleurs détachés », sur le rôle des parlements nationaux - M. Cameron voudrait qu’ils soient dotés d’un droit de veto sur les textes européens -, sur les questions de compétitivité. « Les techniciens nous disent qu’ils sont allés au bout du travail d’exploration. Maintenant, il leur faut vraiment du concret », explique un expert.« Les États membres doivent être patients. Du jour où Cameron enverra sa liste, elle fuitera et chaque capitale ira de ses remarques et de ses revendications, souligne un diplomate proche des discussions avec Londres. Quand le plan sera sur la table, ce ne sera pas le début, mais presque la dernière ligne droite des discussions ». Lire aussi :En Grande-Bretagne, lancement d’une campagne contre le « Brexit »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Après le transport de personnes, Uber s’attaque à la livraison de repas. La société de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) a lancé, mercredi 14 octobre, une nouvelle offre à Paris, baptisée UberEats. Le service consiste à se faire livrer en moins de dix minutes un plat, au moyen de son smartphone, grâce à la même application que pour commander une VTC.UberEats a été lancé il y a environ un an aux Etats-Unis. D’abord en test à Los Angeles, le concept est disponible depuis le printemps à New York et Chicago. Il est aujourd’hui déployé dans une dizaine de villes. Ce projet cadre avec l’ambition d’Uber de devenir un « réseau logistique urbain ». « Dans un monde où la technologie vous permet de commander en cinq minutes une voiture pour faire un trajet, imaginez tous les autres biens et services que l’on pourrait obtenir rapidement et sûrement à l’aide d’une seule touche », promettait Travis Kalanick, le fondateur d’Uber, lors du cinquième anniversaire de la société, en juin. Cette dernière en a désormais les moyens avec ses 200 000 chauffeurs qui sillonnent les villes américaines. C’est deux fois plus que le spécialiste de la logistique UPS.« Une arme anti-Amazon »UberEats avait été lancé initialement sous le nom d’UberFresh avant de prendre un nom plus générique, mieux adapté à une offre qui reste assez sommaire. Salades, sandwichs, burritos : au regard de la promesse en termes de délai, le client ne doit pas s’attendre à de la grande cuisine. D’ailleurs, si le service s’est rapidement développé aux Etats-Unis, c’est parce qu’il surfe sur la tradition de la « lunch box », ce panier-repas que l’on consomme au moment du déjeuner à son bureau, devant son écran d’ordinateur. UberEats n’est ainsi accessible que dans les quartiers d’affaires : dans le sud de Manhattan ou bien dans le Financial District de San Francisco. A Paris, ne sont concernés que les 8e, 1er, 2e arrondissements et une partie du 9e. Aux Etats-Unis, le prix du repas varie entre 8 et 12 dollars (de 7 à 10,50 euros environ), auquel il faut ajouter 3 dollars (2,60 euros) de frais de livraison. Elle est assurée par un chauffeur d’Uber, payé 12 dollars de l’heure, plus 2 dollars par livraison (1,70 euro). Pour gagner du temps, il n’est pas question qu’il monte des étages pour vous livrer le repas. Le client est invité à surveiller l’arrivée de la voiture grâce à son smartphone avant de descendre récupérer sa commande.Evidemment, ces tarifs ne vont pas réellement doper la rentabilité du groupe. L’intérêt est ailleurs. Le créneau du déjeuner est en effet considéré comme une période creuse pour le transport de personnes. UberEats offre la possibilité à ses chauffeurs de gagner un revenu complémentaire grâce aux livraisons de repas.L’autre objectif consiste à augmenter la fréquence d’utilisation de l’application. « Le but ultime d’Uber est d’en faire un service quotidien quasi incontournable pour l’utilisateur. De ce point de vue, UberEats est une étape », explique un expert marketing du secteur à New York qui souhaite conserver l’anonymat. UberRush, un service de livraison d’objets le jour même, lancé à New York en 2014, participe de la même logique. « La stratégie d’Uber consiste à se mettre au cœur de l’écosystème des distributeurs et des restaurateurs pour devenir l’arme anti-Amazon », affirme-t-il. Pour le moment, Uber peine à nouer des partenariats avec les distributeurs. Apple et Starbucks ont ainsi préféré faire affaire avec son concurrent, Postmates. Toutefois, le domaine de la livraison s’annonce prometteur pour Uber : le marché est immense et beaucoup moins régulé que celui des taxis.Lire aussi :Uber baisse ses tarifs de 20 % à ParisStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.10.2015 à 00h19 • Mis à jour le15.10.2015 à 00h23 Le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a approuvé mercredi 14 octobre la levée de l’immunité parlementaire de l’un des siens : le Hongrois Bela Kovacs, membre du parti d’extrême droite Jobbik, soupçonné d’être un espion au service de la Russie. Ce vote doit permettre à la justice hongroise d’ouvrir une enquête.M. Kovacs, 54 ans, qui a beaucoup voyagé à Moscou, rencontrerait régulièrement et secrètement des diplomates russes. La Russie a développé un goût de plus en plus visible, depuis son invasion de la Crimée et sa guerre dans l’est de l’Ukraine, pour les partis d’extrême-droite européens, qu’elle tente d’instrumentaliser pour peser sur le parlement européen et l’opinion dans les pays de l’Union.M. Kovacs nie ces allégations, qui ont été pour la première fois publiées par un journal progouvernemental l’an dernier peu avant les élections européennes du mois de mai. Depuis la victoire du parti de droite Fidesz donnant au premier ministre, Viktor Oban, un second mandat en 2014, le parti Jobbik est devenu le deuxième parti le plus important du pays. M. Kovacs risque deux à huit ans de prison, s’il était reconnu coupable. 14.10.2015 à 17h59 « Les attaques délibérées contre des civils ne peuvent pas être justifiées », s’insurge Amnesty International. Face à cette escalade de violence qui ne cesse de s’amplifier dans les Territoires palestiniens occupés et en Israël depuis le 1er octobre, l’organisation a d’autre part sommé les autorités israéliennes, dans un rapport du 8 octobre, de mettre un terme à l’usage excessif de la force et aux homicides illégaux de Palestiniens par les forces israéliennes.La nouvelle flambée de violences a fait, en deux semaines, sept morts parmi les Israéliens et une trentaine chez les Palestiniens, dont plusieurs auteurs d’attentats commis pour la plupart à l’arme blanche. Selon un rapport du 11 octobre du Croissant-Rouge palestinien, leurs équipes ont fourni des services médicaux d’urgence à environ 1 152 Palestiniens depuis le 3 octobre, dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem.La manière dont les forces israéliennes ont neutralisé certains des auteurs de la vague des attaques au couteau a fait réagir les dirigeants palestiniens. « Nous avons tous le droit de nous défendre », a expliqué, mardi 13 octobre, le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine, Saeb Erekat, citant « les exécutions sur le terrain, les punitions collectives comme les démolitions de maisons, le nettoyage ethnique, les plans de confiscations, l’apartheid, les routes et les bus stérilisés, les violences de colons ».Saeb Erakat a également annoncé la saisine de la Cour pénale internationale à ce sujet, en parlant « d’exécutions extrajudiciaires ». « La CPI ne jugeant pas des Etats mais des personnes, nous en imputerons l’entière responsabilité au premier ministre, Benyamin Nétanyahou, à son ministre de la défense, Moshé Yaalon, et aux forces de sécurité israéliennes », a-t-il ajouté.Quelles consignes sont données aux forces israéliennes ?M. Nétanyahou, est de son côté confronté à deux problèmes : la multiplication des attaques palestiniennes et la pression de l’extrême droite israélienne. Si le protocole officiel « vous ne tirez que sur quelqu’un qui constitue une menace » existe, il n’est pas toujours facile de définir à partir de quel moment un suspect est une menace ou dans quelles circonstances le policier est en droit de tirer sur lui.Dans certains cas, la menace est claire. Dans d’autres, le policier se retrouve confronté à ce qu’Amichaï Cohen, chercheur à l’Institut israélien pour la démocratie, décrit au Times d’Israël, comme « la zone grise » : « Quand quelqu’un qui vient de poignarder quelqu’un a un couteau à la main, crie en menaçant d’attaquer – dans ce cas, est-il une menace ? »Plusieurs cas semblent indiquer que les forces de l’ordre israéliennes ont fait usage de leurs armes sans chercher à simplement neutraliser les assaillants. « Les officiels israéliens remercient souvent les forces de sécurité, mais ne révisent aucun cas les procédures de tir, s’alarme Shawan Jabarin, directeur de l’ONG palestinienne Al-Haq et vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme. Ça laisse à penser qu’il existe une politique derrière, même non écrite, que les tirs sont faits pour tuer. »Comment interpréter les vidéos des agressions ?Accompagnés du mot d’ordre « L’intifada est lancée », des vidéos de Palestiniens poignardant des Israéliens, des appels à manifester et des images faisant l’apologie des attentats-suicides en arabe se propagent sur les réseaux sociaux. Les vidéos d’attaques sont mises en ligne, postées et partagées sur Twitter et Facebook, quelques minutes seulement après l’acte. Chaque jour, de jeunes Palestiniens sont prêts à perdre la vie en « martyrs » pour apporter leur contribution à la vague.Mais, si ces images apportent des explications sur un événement, elles sont à prendre avec beaucoup de précautions. « Vous devez être très prudent lorsque vous tirez des conclusions juridiques fondées sur une vidéo spécifique, filmée d’un point de vue spécifique », explique Amichaï Cohen.Samedi 10 octobre, la vidéo de la mort de Fadi Alloun, un jeune Palestinien de 19 ans abattu après avoir blessé au couteau un passant israélien selon la police – une version contestée par les Palestiniens – a été vue près de 100 000 fois. Dans cette vidéo, il est en effet difficile de savoir si ce jeune constituait une menace.Selon les informations rapportées par les médias israéliens, le jeune a été abattu alors qu’il refusait de lâcher son couteau. Or, dans cette vidéo, Fadi Alloun ne semble pas tenir de couteau.A Afoula, une Arabe israélienne a été cernée, vendredi 9 octobre, par au moins six policiers armés à une station de bus. La vidéo a circulé en boucle sur les réseaux sociaux. Sur les images, la femme ne bouge pas, tient peut-être un couteau, se fait tirer dessus. Elle aurait été sérieusement touchée par balle. Dans cette vidéo encore, la femme encerclée par les policiers ne semble présenter aucune menace. Comment justifier alors la fusillade qui a suivi ?Après une nouvelle journée de violences particulièrement sanglante, de plus en plus d’Israéliens ont décidé mercredi de s’armer et l’exécutif israélien a autorisé la police à boucler les quartiers arabes de Jérusalem-Est ou à y imposer un couvre-feu. Une mesure exceptionnelle et symbolique qui vise 300 000 habitants, soit 37 % de la population de la Ville sainte. Eric Albert (Londres, correspondance) A la Chambre des communes, lors des questions hebdomadaires au parlement, David Cameron a brandi avec un plaisir non dissimulé les nouveaux chiffres du chômage, mercredi 14 octobre. « Ces chiffres sont extrêmement bons, s’est vanté le premier ministre britannique. Il y a 140 000 personnes supplémentaires au travail [par rapport à trois mois plus tôt], le taux d’emploi est à son plus haut niveau historique, le chômage est en baisse, y compris pour les jeunes et pour le chômage de long terme. »Le taux de chômage en août a effectivement baissé à 5,4 %. C’est au plus bas depuis mai 2008, avant le gros de la crise financière, et loin du pic de 8,5 % atteint en 2011. Tous les secteurs de l’économie recrutent, particulièrement les services professionnels et techniques, qui ont créé près de 100 000 emplois en un an. Austérité oblige, seul le secteur public continue à débaucher : 46 000 emplois y ont été perdus sur un an.Lire aussi :Les ambiguïtés de la reprise britanniqueTaux d’emploi recordLa chute du chômage n’est pas un tour de passe-passe statistique, dans lequel les sans-emploi auraient été simplement changés de catégorie. Preuve en est, le taux d’emploi atteint de son côté un record absolu, à 73,6 % (au plus haut depuis la création de cette série statistique en 1971). C’est presque 10 points de plus qu’en France.Cet indéniable dynamisme du marché du travail s’est longtemps expliqué par deux facteurs : le développement du travail précaire, et des salaires en baisse. En d’autres termes, si les Britanniques ont un emploi, celui-ci est souvent mal payé et dans des conditions difficiles : auto-entreprenariat plus ou moins forcé, contrats à zéro-heure, paiements à la commission… Ces deux phénomènes, s’ils demeurent toujours très réels, commencent pourtant à s’estomper.Les autoentrepreneurs, qui avaient fourni les deux-tiers des nouveaux emplois au pire de la crise, ne se développent plus. Sur les douze derniers mois, leur nombre s’est stabilisé autour de 4,5 millions, tandis que le travail salarié a augmenté de 441 000 employés (sur 26,4 millions d’individus). Le nombre de personnes qui ont un temps partiel parce qu’ils ne trouvent pas de temps plein recule également. « La sécurité de l’emploi s’améliore », se félicite Nika Skero, économiste au Centre for Economic and Business Research.Hausse des prix attendueQuant aux salaires, ils ont progressé de 2,9 % en valeur réelle sur les douze derniers mois. Il ne s’agit cependant que d’un rattrapage. Selon la Resolution Foundation, les salaires moyens demeurent 6 % en dessous de leur pic de 2009, après avoir connu une période de recul sans précédent. « La progression des salaires demeure lente », souligne Simon Wells, économiste à HSBC.De plus, l’augmentation du pouvoir d’achat devrait ralentir, selon Nika Skero. Actuellement, les salariés britanniques profitent de la déflation (prix en baisse de 0,1 % en septembre), qui améliore leur pouvoir d’achat. Mais les économistes prédisent une hausse des prix dans les mois à venir.Lire aussi :Le Royaume-Uni coupe les aides sociales et augmente le salaire minimumEnfin, même avec le récent rattrapage, le Royaume-Uni reste l’un des pays où le nombre de bas salaires est le plus élevé d’Europe. Des statistiques publiées lundi soulignaient que près du quart des Britanniques gagnent moins que le « salaire de vie » (« living wage »), le minimum pour avoir un niveau de vie décent.Lire aussi :Au Royaume-Uni, le travail précaire s’ancre plus fortementEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.10.2015 à 16h05 • Mis à jour le14.10.2015 à 16h16 | Eric Albert (Londres, correspondance) A la Chambre des communes, lors des questions hebdomadaires au parlement, David Cameron a brandi avec un plaisir non dissimulé les nouveaux chiffres du chômage, mercredi 14 octobre. « Ces chiffres sont extrêmement bons, s’est vanté le premier ministre britannique. Il y a 140 000 personnes supplémentaires au travail [par rapport à trois mois plus tôt], le taux d’emploi est à son plus haut niveau historique, le chômage est en baisse, y compris pour les jeunes et pour le chômage de long terme. »Le taux de chômage en août a effectivement baissé à 5,4 %. C’est au plus bas depuis mai 2008, avant le gros de la crise financière, et loin du pic de 8,5 % atteint en 2011. Tous les secteurs de l’économie recrutent, particulièrement les services professionnels et techniques, qui ont créé près de 100 000 emplois en un an. Austérité oblige, seul le secteur public continue à débaucher : 46 000 emplois y ont été perdus sur un an.Lire aussi :Les ambiguïtés de la reprise britanniqueTaux d’emploi recordLa chute du chômage n’est pas un tour de passe-passe statistique, dans lequel les sans-emploi auraient été simplement changés de catégorie. Preuve en est, le taux d’emploi atteint de son côté un record absolu, à 73,6 % (au plus haut depuis la création de cette série statistique en 1971). C’est presque 10 points de plus qu’en France.Cet indéniable dynamisme du marché du travail s’est longtemps expliqué par deux facteurs : le développement du travail précaire, et des salaires en baisse. En d’autres termes, si les Britanniques ont un emploi, celui-ci est souvent mal payé et dans des conditions difficiles : auto-entreprenariat plus ou moins forcé, contrats à zéro-heure, paiements à la commission… Ces deux phénomènes, s’ils demeurent toujours très réels, commencent pourtant à s’estomper.Les autoentrepreneurs, qui avaient fourni les deux-tiers des nouveaux emplois au pire de la crise, ne se développent plus. Sur les douze derniers mois, leur nombre s’est stabilisé autour de 4,5 millions, tandis que le travail salarié a augmenté de 441 000 employés (sur 26,4 millions d’individus). Le nombre de personnes qui ont un temps partiel parce qu’ils ne trouvent pas de temps plein recule également. « La sécurité de l’emploi s’améliore », se félicite Nika Skero, économiste au Centre for Economic and Business Research.Hausse des prix attendueQuant aux salaires, ils ont progressé de 2,9 % en valeur réelle sur les douze derniers mois. Il ne s’agit cependant que d’un rattrapage. Selon la Resolution Foundation, les salaires moyens demeurent 6 % en dessous de leur pic de 2009, après avoir connu une période de recul sans précédent. « La progression des salaires demeure lente », souligne Simon Wells, économiste à HSBC.De plus, l’augmentation du pouvoir d’achat devrait ralentir, selon Nika Skero. Actuellement, les salariés britanniques profitent de la déflation (prix en baisse de 0,1 % en septembre), qui améliore leur pouvoir d’achat. Mais les économistes prédisent une hausse des prix dans les mois à venir.Lire aussi :Le Royaume-Uni coupe les aides sociales et augmente le salaire minimumEnfin, même avec le récent rattrapage, le Royaume-Uni reste l’un des pays où le nombre de bas salaires est le plus élevé d’Europe. Des statistiques publiées lundi soulignaient que près du quart des Britanniques gagnent moins que le « salaire de vie » (« living wage »), le minimum pour avoir un niveau de vie décent.Lire aussi :Au Royaume-Uni, le travail précaire s’ancre plus fortementEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Escande Nos deux capitaines voient l’horizon industriel de la France s’éclaircir. En déplacement à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le mardi 13 octobre, le président François Hollande s’est félicité du très bon cap suivi par les chantiers navals dont le carnet de commandes est rempli jusqu’en 2020.Des paquebots bien sûr, mais aussi de beaux vaisseaux militaires, comme les deux Mistral accostés non loin de là. En dépit de l’annulation de leur livraison à la Russie, le président s’est montré confiant quant à la conclusion de nouveaux partenariats avec Moscou pour la vente d’autres navires. Les Mistral refusés aux Russes ont quant à eux trouvé preneur auprès du nouvel ami égyptien, aujourd’hui considéré comme plus présentable que le pays de Vladimir Poutine.A 6 000 kilomètres de Saint-Nazaire, Manuel Valls s’est rengorgé en annonçant « dix milliards de contrats ! » à l’issue de sa visite en Arabie saoudite. Parmi les engagements évoqués, des trains, des métros, et bien sûr encore des armes. Des patrouilleurs, dans un premier temps, et dans un second des moyens antimissiles et des satellites.Le poids de l’Arabie saouditeLes milliards pleuvent sur l’industrie d’armement française. Les commandes à l’exportation pourraient cette année dépasser les 18 milliards d’euros. Ce serait alors plus que la Chine ou la Russie, et une nouvelle formidable pour le commerce extérieur. La France touche les dividendes économiques d’une politique volontariste en soutien d’une filière qui emploie 165 000 personnes réparties dans 4 000 entreprises.Nous voilà loin du 5 juin 1981, quand François Mitterrand, tout nouveau président, faisait désarmer les avions pour montrer sa réticence vis-à-vis de ce commerce particulier. Ce faisant, au-delà de toute considération morale, la stratégie française n’est pas sans risques.Le premier est celui de sa dépendance vis-à-vis de quelques clients, au premier rang desquels l’Arabie saoudite et ses voisins du golfe Arabo-Persique. La France profite du désamour de la région envers le traditionnel partenaire américain. Le royaume des Saoud a été, en 2014, le premier client étranger de l’industrie d’armement française. Et cela sans compter ses coups de pouce ou financements directs à ses alliés libanais, voire égyptiens.Le second risque découle du premier. Est-ce l’industrie d’armement qui est au service d’une politique étrangère ou l’inverse ? L’argument économique l’emportera-t-il sur le souci d’un rapprochement avec l’Iran, ennemi juré du clan sunnite ? Avec, là encore, des retombées économiques non négligeables. Et pas seulement avec l’Iran. Pour vendre ses Rafale au Qatar, la France a autorisé Qatar Airways à ouvrir des lignes vers Lyon et Nice pour mieux concurrencer Air France sur les lignes vers l’Asie. On connaît la suite. Comme le pilotage en eau trouble, l’art de la vente d’armes demande un certain cynisme, mais aussi pas mal de discernement.Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves Eudes Le cas d’Edward Snowden, réfugié en Russie depuis deux ans, a été évoqué lors du premier débat télévisé qui a opposé, mardi 13 octobre, les cinq candidats à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine de 2016. Peu enclins à la clémence, la plupart ont rappelé que le lanceur d’alerte avait violé la loi.La candidate en tête des sondages, Hillary Clinton, a adopté une ligne dure à l’encontre de l’ancien employé de la NSA, l’agence de sécurité nationale américaine. « Il aurait pu obtenir la protection accordée aux lanceurs d’alerte. Il aurait pu dénoncer le problème qu’il a dénoncé, et je pense que la réponse aurait été positive, a estimé l’ancienne secrétaire d’Etat (ministre des affaires étrangères) de Barack Obama. Il a volé des informations très importantes, qui sont malheureusement tombées entre de mauvaises mains, et donc je ne pense pas qu’il devrait rentrer aux Etats-Unis sans en subir les conséquences. »Lire aussi :Hillary Clinton domine le premier débat démocrateTrès critique dans le passé à l’égard du programme de surveillance de masse de la NSA, Bernie Sanders, sénateur du Vermont, qui représente l’aile gauche du parti démocrate, s’est montré plus indulgent à l’égard d’Edward Snowden, à l’origine des révélations sur le vaste programme de surveillance téléphonique mis en place par la NSA. « Je pense que Snowden a joué un rôle très important dans l’éducation du peuple américain, sur la façon dont nos libertés civiles et nos droits constitutionnels sont attaqués, a-t-il rappelé. Il a violé la loi et, pour cela, il devrait être puni. Mais en décidant de sa peine, il faudrait tenir compte du fait qu’il nous a éduqués. »« Les lanceurs d’alerte ne s’enfuient pas en Russie »A l’inverse, Martin O’Malley, ancien gouverneur de l’Etat du Maryland, par ailleurs très libéral sur les sujets de société, s’est voulu plus intransigeant encore que Mme Clinton : « Snowden a mis en danger la vie de nombreux Américains. Il a violé la loi. Les lanceurs d’alerte ne s’enfuient pas en Russie pour essayer d’obtenir la protection [du président russe Vladimir] Poutine. »Seul à préconiser le pardon pour Edward Snowden, Lincoln Chafee, ancien sénateur puis gouverneur du Rhode Island, a souhaité qu’il puisse rentrer aux Etats-Unis. « Moi, je le ramènerai au pays. Le gouvernement américain a agi de façon illégale et cela a été confirmé par la justice fédérale. » Malheureusement pour Edward Snowden, lors des derniers sondages d’opinion, Lincoln Chafee a recueilli à peine 1 % des intentions de vote des électeurs démocrates.Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.10.2015 à 07h06 • Mis à jour le14.10.2015 à 08h00 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Au moment même où la France se targuait, mardi 13 octobre, de la signature de nouveaux contrats, y compris d’armement, avec l’Arabie saoudite, le gouvernement britannique s’est trouvé contraint, sous la pression de l’opinion, de se retirer d’un appel d’offres visant la formation de gardiens de prison dans ce pays. Le contrat, d’un montant de 5,9 millions de livres sterling (7,9 millions d’euros), est modeste comparé aux recettes engrangées par les ventes d’armes de Londres à Riyad (4 milliards de livres soit 5,3 milliards d’euros). Mais ce recul traduit un net changement de ton dans les relations excellentes qu’entretient le premier ministre David Cameron avec le royaume saoudien, premier partenaire commercial du Royaume-Uni au Moyen-Orient et fournisseur de renseignements réputés décisifs en matière de lutte contre le terrorisme.L’émotion suscitée par le sort de Karl Andree, un ressortissant britannique de 77 ans résidant en Arabie Saoudite depuis 25 ans, apparaît comme l’une des explications de ce repositionnement. Le septuagénaire a été condamné à un an de prison – peine qu’il a purgée - et à 350 coups de fouet pour avoir transporté des bouteilles de vin artisanal dans sa voiture, alors que la possession d’alcool est strictement prohibée. La révélation par le tabloïd The Sun du calvaire de l’expatrié, « malade trois fois d’un cancer et asthmatique », a contraint M. Cameron à annoncer, mardi, qu’il allait « faire part » par écrit « de sa préoccupation » aux autorités de Riyad.Un autre coup de projecteur sur la situation des droits de l’homme dans le royaume saoudien et l’ambiguïté des relations entre Londres et Riyad a été donné par Jeremy Corbyn, le nouveau chef du parti travailliste. A la veille de l’ouverture du congrès du Labour, le 26 septembre, M. Corbyn avait enjoint David Cameron de « dénoncer le marché destiné à fournir des services au système pénitentiaire saoudien ». Ce système, avait insisté le leader de gauche dans son premier grand discours, est celui-là même qui prépare l’exécution par décapitation et crucifixion de Ali Mohammed Al-Nimr, un jeune homme de vingt ans condamné à mort pour avoir participé à des manifestations.Vive controverse au sein du gouvernement« David Cameron s’est couvert de honte au point de devoir inverser sa position, a commenté M. Corbyn après l’annonce du retrait du contrat pénitentiaire. Nous devrions adresser au monde le message que le Royaume-Uni est un modèle en matière de droits de l’homme. Ce contrat (…) aurait terni sa réputation ».Lire aussi :A Riyad, Manuel Valls discret sur la question des droits de l’hommeOfficiellement, la volte-face de M. Cameron n’a rien à voir avec ce lourd contexte. « Ce sont des questions différentes », a insisté le porte-parole du premier ministre. Mais le Times rapporte que l’affaire du contrat pénitentiaire suscitait depuis plusieurs mois une vive controverse au sein du gouvernement. Tandis que le nouveau ministre de la justice Michael Gove plaidait pour le dénoncer, affirmant que le Royaume-Uni ne pouvait aider un régime qui recourt à des peines telles que la pendaison, la lapidation ou la crucifixion, son collègue du Foreign office, Philip Hammond, l’accusait de « naïveté », mettant en avant « les intérêts plus larges du gouvernement britannique ». David Cameron, qui a longtemps soutenu M. Hammond, a fini par sacrifier le petit contrat pénitentiaire.M. Gove, à qui il est revenu d’annoncer l’arbitrage favorable à sa cause, mardi devant la chambre des Communes, s’en est tiré par une contorsion rhétorique. Insistant sur le nécessaire équilibre entre la promotion des droits de l’homme et la sécurité, il a affirmé que « la coopération avec l’Arabie Saoudite avait permis de sauver des vies britanniques », faisant allusion à des attentats déjoués grâce aux renseignements fournis par Riyad. Ainsi, parce que « la sûreté et la sécurité sont les premiers des droits de l’homme », a-t-il conclu, le Royaume-Uni « va continuer la nécessaire coopération sécuritaire avec le gouvernement saoudien (…) ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Paris (Washington, correspondant) Les lois de la gravitation politique se sont imposées lors du premier débat de la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2016. Ce débat n’a pas échappé en effet à la plus expérimentée des cinq candidats, Hillary Clinton, placée par la vertu des intentions de vote en sa faveur au centre de la scène du grand hôtel de Las Vegas (Nevada) qui accueillait l’événement. L’ancienne First lady, qui s’était prêtée à cet exercice plus de vingt fois lors de sa première campagne, en 2008, a fait preuve de beaucoup d’aisance et d’autorité sur la plupart des sujets abordés.Lire aussi :Hillary Clinton, une favorite déstabiliséeParmi les quatre autres candidats présents à ses côtés, Jim Webb, Lincoln Chafee, Martin O’Malley et Bernie Sanders, seul ce dernier, sénateur indépendant du Vermont, a pu rivaliser avec l’ancienne secrétaire d’Etat. Mais M. Sanders s’en est tenu à son registre qui consiste à attaquer avec une fougue qui lui vaut un véritable succès populaire « le capitalisme vorace » incarné par Wall Street, dont « la fraude est le business model ». Le doyen des courses à l’investiture démocrate et républicaine, âgé de 74 ans, s’est révélé un adversaire moins coriace que ne l’avait été Barack Obama huit ans plus tôt.« Nous ne sommes pas au Danemark »Sa description idyllique de la social-démocratie scandinave, dont il se revendique, lui a valu une réplique immédiate de Mme Clinton : « Nous ne sommes pas au Danemark, j’adore le Danemark, mais nous sommes aux États-Unis. » Face aux hésitations du sénateur sur le Moyen-Orient, la réplique de la favorite n’a pas tardé : « La diplomatie n’est pas la recherche de la solution parfaite, c’est trouver un équilibre entre différents risques. » Et Mme Clinton a aussi mis en difficulté le sénateur en rappelant certains de ses votes passés contre un plus grand contrôle des armes à feu.La favorite démocrate s’était préparée aux questions portant sur son usage d’une adresse électronique personnelle lors de son passage au département d’Etat. Cette controverse, qui sera au cœur de son audition par une commission du Congrès le 20 octobre, l’a fragilisée auprès de l’opinion publique américaine, même si elle dénonce une instrumentalisation par le Parti républicain. M. Sanders aurait pu en profiter pour la mettre en difficulté, mais il s’y est volontairement refusé, laissant au contraire échapper son exaspération vis-à-vis d’un sujet qui détourne selon lui l’attention des vrais maux de la société américaine, comme l’intéressée venait de l’affirmer. « Le peuple américain en a ras le bol de vos fichus emails », a tonné le sénateur, s’attirant aussitôt les remerciements et une poignée de mains de Mme Clinton qui n’en espérait sans doute pas tant.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.10.2015 à 19h41 • Mis à jour le13.10.2015 à 19h47 Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a admis mardi 13 octobre de probables « fautes » du pouvoir dans l’attentat-suicide qui a tué quatre-vingt-dix-sept personnes samedi dans le centre d’Ankara. Il a également annoncé avoir ordonné une enquête spéciale sur d’éventuels dysfonctionnements au sein de l’Etat.« Il a dû sans conteste y avoir une faute, une défaillance à un certain moment. De quelle importance ? Ce sera clair après l’enquête », a affirmé M. Erdogan devant la presse.Lire aussi :Après l’attentat d’Ankara, la Turquie au bord du gouffreLes renseignements obtenus par la Turquie indiquent que le double attentat « trouve son origine en Syrie », a ajouté le président islamo-conservateur. Les autorités turques avaient déjà désigné l’organisation Etat islamique comme « suspect numéro un » de cette attaque, tout en démentant toute défaillance des services de sécurité.L’Etat islamique « suspect numéro un »Confronté, samedi 10 octobre, à l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire de la Turquie moderne, le gouvernement avait réagi en accusant les victimes, en interdisant aux médias de couvrir l’attentat et en bloquant l’accès aux réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter. Quelques heures après la double explosion, une circulaire signée du vice-premier ministre, Yalçin Akdogan, était envoyée au conseil supérieur de l’audiovisuel (RTUK), interdisant aux radios et aux télévisions de couvrir l’attentat, sans que personne en tienne compte.Lire aussi :« Les attentats d’Ankara vont sans doute désenclaver la question kurde » Julia Pascual C’est une photographie de la France et de ses flux migratoires qui va à l’encontre des fantasmes d’invasion rebattus par la droite nationaliste et identitaire. Mardi 13 octobre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié deux études qui rendent compte d’un pays où les mobilités sont de plus en plus importantes mais ne concernent que partiellement les immigrés. La part de la population immigrée augmente par ailleurs, mais de façon modérée. Une mobilité de plus en plus importanteL’Insee révèle tout d’abord que le solde migratoire de la France est en forte baisse. Il s’établit à + 33 000 personnes en 2013, contre + 112 000 en 2006. « Bien qu’il paraisse faible, ce solde migratoire recouvre des flux beaucoup plus importants », souligne Marie Reynaud, responsable des études démographiques et sociales à l’Insee. En outre, il renvoie aux déplacements de deux catégories de personnes : celles qui sont nées en France et celles qui sont immigrées (minime, le solde des personnes nées françaises à l’étranger s’établit à + 13 000 en 2013).Concernant les personnes immigrées, leur solde migratoire s’élève à + 140 000 en 2013. Il est largement positif même ce chiffre accuse un léger recul puisqu’il était de + 164 000 en 2006. C’est-à-dire que « le nombre d’entrées d’immigrés a progressé, mais à un rythme plus faible que leurs sorties du territoire », souligne l’Insee. Un fait qui mérite d’être mis en exergue, d’après Marie Reynaud : « L’augmentation des sorties des personnes immigrées est nouvelle. Elle passe de 29 000 personnes en 2006 à 95 000 personnes en 2013. On relie ça à de la mobilité professionnelle de courte durée. »Davantage de Français partent à l’étrangerA côté de ces personnes immigrées, les déplacements des personnes nées en France connaissent une évolution similaire puisque leurs « départs vers l’étranger (…) se sont amplifiés depuis 2006, alors que leurs retours, moins nombreux, ont peu varié sur la période », analyse l’Insee. Si l’on regarde dans le détail, on note qu’« en 2013, près de 197 000 personnes nées en France ont quitté le territoire, soit 59 000 de plus qu’au cours de l’année 2006. Parallèlement, les retours des personnes nées en France sont stables, autour de 78 000 personnes. »A l’arrivée, le solde migratoire de cette catégorie est négatif, estimé à – 120 000 personnes en 2013 contre – 60 000 en 2006. Un constat qui ne saurait traduire une fuite massive des cerveaux à l’étranger, autre chiffon rouge régulièrement agité par les déclinistes : « Davantage de Français partent à l’étranger mais ce n’est pas très massif, rapporté aux 58,2 millions de personnes nées en France et vivant en France », relativise Marie Reynaud. Si l’on s’attarde sur le profil de ces personnes, on constate que, pour l’année 2013, « 80 % des départs à l’étranger de personnes nées en France surviennent entre 18 et 29 ans, âges d’études ou de début d’activité », précise l’Insee. Fin 2013, la présence française à l’étranger était estimée à un peu moins de 3 millions et demi de personnes.Cette « augmentation des flux migratoires n’est pas spécifique à la France », souligne enfin l’Insee, qui rappelle que le solde migratoire de l’ensemble de l’Union européenne s’élève en 2013 à 575 000 personnes (3,4 millions d’entrées et 2,8 millions de sorties), soit 594 000 de moins qu’en 2006. « La situation diffère selon les pays : par exemple, le solde migratoire de l’Allemagne augmente fortement ; à l’inverse, celui de l’Espagne devient négatif. »Une augmentation modérée de la population immigréeEn dehors de l’analyse de ces déplacements, qui donne à voir une mobilité accrue des personnes, l’Insee dessine un portrait à grands traits de la population française. Et nous apprend que la France comptait, au 1er janvier 2014, 65,8 millions d’habitants hors Mayotte, soit 2,6 millions de personnes de plus par rapport à 2006, c’est-à-dire « un accroissement de 0,5 % par an en moyenne ».Parmi ces résidents, la France compte 8,9 % de population immigrée, soit 0,8 point de plus qu’en 2006. Ce qui renvoie à une augmentation « modérée », jauge Marie Reynaud, équivalant à « 700 000 personnes en plus » en l’espace de huit ans. En détaillant ce chiffre, l’Insee nous apprend qu’« 1,6 million d’immigrés sont arrivés en France, 500 000 en sont repartis et 400 000 sont décédés en France ».L’institut entend par immigrée toute « personne née de nationalité étrangère à l’étranger et résidant en France ». Sachant que « certains immigrés ont pu devenir français par acquisition, les autres restant étrangers ».6,4 % de la population résidant en France est de nationalité étrangèreSi l’on s’en tient aux étrangers (personnes qui résident en France et ne possèdent pas la nationalité française), la France compte 500 000 étrangers en plus entre 2006 et 2014. Au passage, l’Insee relève que le nombre d’acquisitions de nationalité française s’est réduit sur la période, « passant de 147 000 en 2006 à 97 000 en 2013 ». Au total, au sein de la population résidant en France, 61,6 millions de personnes ont la nationalité française et 4,2 millions ont une nationalité étrangère, soit 6,4 % de la population. Parmi ces dernières, 0,6 million sont nées en France et 3,6 millions sont nées à l’étranger.Contrairement à certaines idées reçues, la progression de la population résidant en France est donc « essentiellement portée par le solde naturel », nous renseigne l’Insee. Ce solde s’élève à + 2,2 millions de personnes sur les huit dernières années, c’est-à-dire qu’il y a eu 6,5 millions de naissances pour 4,3 millions de décès. Le solde migratoire est moindre, qui s’établit à + 400 000 personnes sur huit ans. Il ne contribue qu’à hauteur de 16 % de l’augmentation de la population. Si l’on regarde dans le détail, on observe qu’entre début 2006 et début 2014, pour 2,5 millions d’entrées sur le territoire (qui peuvent être des retours), il y a eu 2,1 millions de sorties du territoire.Lire aussi :Quatre graphiques qui démentent des idées reçues sur l’immigrationJulia PascualJournaliste au Monde 19.10.2015 à 16h52 Le typhon Koppu a traversé, lundi 19 octobre, le nord de l’archipel des Philippines, déversant des trombes d’eau et faisant d’importants dégâts.Un bilan provisoire de 16 mortsArrivé dimanche matin sur les Philippines, le typhon a déjà provoqué 16 morts, dont 7 dans le naufrage d’un ferry, selon un premier bilan provisoire qui devrait s’alourdir. Il a également contraint plus de 60 000 personnes à quitter leur logement.Initialement accompagné de vents soufflant en rafales de 210 km/h, le typhon a entraîné des pluies torrentielles sur trois chaînes de montagne. Le ruissellement a inondé les vastes plaines rizicoles, submergeant des dizaines de villages.Deuxième typhon le plus puissant de l’année aux Philippines Lundi, le typhon se trouvait au-dessus de la côte nord-ouest de Luzon, presque en mer de Chine méridionale, et les rafales diminuaient à 150 km/h. Koppu, qui est le deuxième typhon le plus puissant à frapper l’archipel cette année, se déplace désormais vers l’est.Koppu devrait quitter la région de Luzon, où habitent la moitié des 100 millions de Philippins, mercredi au plus tôt. Entre-temps, l’armée, le gouvernement et des volontaires tentaient de venir en aide aux habitants des villages inondés. La capitale, Manille, ne devrait pas être touchée, mais les régions méridionales de l’archipel pourraient connaître des vents violents et de fortes pluies dans les prochains jours.Le changement climatique responsable ? Les Philippines subissent régulièrement des intempéries meurtrières, avec en moyenne une vingtaine de typhons chaque année. L’archipel aux 1 700 îles est souvent la première masse terrestre d’importance que rencontrent les typhons qui se forment dans l’océan Pacifique et les scientifiques estiment que la virulence des tempêtes de ces dernières années est imputable au changement climatique. 19.10.2015 à 12h08 • Mis à jour le19.10.2015 à 15h12 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Paris « récompense le terrorisme palestinien ». C’est avec un agacement prévisible qu’Israël a réagi à l’initiative diplomatique française visant à déployer des observateurs internationaux sur l’esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs), à Jérusalem-Est. Paris a proposé un projet de déclaration en ce sens au Conseil de sécurité de l’ONU, qui devrait l’examiner le 22 octobre, afin d’épauler le Waqf, l’organisme religieux jordanien gérant le lieu.L’ambassadeur de France à Tel-Aviv, Patrick Maisonnave, a été reçu au ministère des affaires étrangères, lundi 19 octobre. Au cours de cet entretien, « Israël a transmis son opposition résolue à la proposition française de placer des observateurs sur le mont du Temple », a indiqué le porte-parole du ministère, Emmanuel Nahshon.Dimanche, Benyamin Nétanyahou s’était exprimé sur l’initiative de Paris en prélude au conseil des ministres : « Israël rejette la proposition française au Conseil de sécurité, car elle n’inclut aucun rappel de l’incitation à la violence et au terrorisme de la part des Palestiniens, et elle appelle à l’internationalisation du mont du Temple. » Les officiels israéliens soulignent que ce sont les Palestiniens qui s’en prennent aux sites religieux, comme le démontre l’incendie volontaire dans le Tombeau de Joseph, près de Naplouse, le 16 octobre. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, abonde. « Les Palestiniens veulent chasser Israël hors des lieux saints. C’est une démarche religieuse et nationale. Il s’agit une nouvelle fois de remplacer des négociations bilatérales par une initiaitve unilatérale. C’est fort dommage que la France soit tombée dans le piège. » Paris est la seule capitale occidentale à tenter de faire bouger les lignes sur le dossier israélo-palestinien, relégué au second rang des préoccupations. Mais son initative précédente, l’idée d’une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU définissant un calendrier contraignant pour de nouvelles négociations, avait déjà été accueillie de façon glaciale par l’Etat juif. Les Etats-Unis avaient aussi exprimé leur opposition, en coulisses, en raison de la priorité accordée au dossier du nucléaire iranien.La simple déclaration que propose la France, assez improvisée et sans garantie de soutien américain, n’aurait pas de valeur juridique contraignante. Mais elle témoignerait d’une volonté : ne pas laisser la situation s’envenimer davantage. Depuis le 1er octobre, 41 Palestiniens (dont plusieurs auteurs d’attaques au couteau) et sept Israéliens ont été tués. Dimanche soir, dans la ville de Beer Sheva (sud), un Palestinien a attaqué une station de bus, tuant un soldat et faisant huit blessés. Autre victime, qui a succombé à ses blessures : un réfugié d’Erythrée, pris pour un terroriste, visé par des gardesde sécurité puis piétiné par des passants, comme le montre une vidéo amateur.« Liberté de culte »John Kerry doit rencontrer mercredi M. Nétanyahou à Berlin, puis sans doute Mahmoud Abbas en Jordanie. L’actuel pic de violences a été précédé par des semaines d’affrontements sur l’esplanade des Mosquées entre les forces israéliennes et des émeutiers palestiniens retranchés dans la mosquée Al-Aqsa. Les Palestiniens accusent Israël de remettre en question le statu quo en vertu duquel seuls les musulmans peuvent y prier. Les autres, touristes et juifs, doivent observer des horaires et des jours précis pour visiter l’esplanade. Selon le gouvernement, 12 000 juifs s’y sont rendus en 2014. Ces groupes, surtout composés de nationalistes et d’ultrareligieux, parfois accompagnés de députés ou même de ministres, revendiquent la « liberté de culte » pour tous. Ce qui impliquerait bien une remise en cause du statu quo.Or la mosquée Al-Aqsa est, pour les Palestiniens, plus qu’un simple lieu de culte : c’est une référence cardinale de l’identité palestinienne. Elle a motivé de nombreux agresseurs au couteau, ces dernières semaines. La visite d’Ariel Sharon, alors à la tête du Likoud, en septembre 2000, avait déclenché la deuxième Intifada. Conscient du caractère explosif de ce lieu, le premier ministre israélien a judicieusement demandé la semaine dernière à ses ministres et aux députés de ne plus s’y rendre, pour le moment.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Pélouas (Montréal, correspondance) Le 19 octobre, 26,4 millions de Canadiens éliront les députés « fédéraux » (338 au total) de la Chambre des communes, selon un scrutin uninominal à un tour. Monarchie constitutionnelle, dont le souverain est la reine Elizabeth II, le Canada a pour chef de l’exécutif un premier ministre, qui est normalement le chef du parti ayant obtenu la majorité lors des élections législatives.Les conservateurs, qui ont pris le pouvoir à Ottawa en 2006 et formé un gouvernement à deux reprises depuis, briguent un quatrième mandat. Leur chef, l’actuel premier ministre Stephen Harper, a déclenché le 2 août la plus longue campagne électorale de l’histoire canadienne : soixante-dix-huit jours. Ce qui ne semble pas avoir réduit l’ardeur des Canadiens, dont le taux de participation au vote par anticipation a atteint un record, en hausse de 71 % par rapport à 2011.Une campagne qui impose les libéraux face aux démocratesSelon les derniers sondages, le Parti libéral du Canada (PLC, centre) est passé de la troisième à la première place dans les intentions de vote avec 38 % des voix, contre le Parti conservateur du Canada (PCC) crédité de 30 % et le Nouveau Parti démocratique (NPD, social-démocrate), avec 22 % des voix.La campagne a été désastreuse pour le NPD, parti largement gagnant au départ, mais dont les appuis se sont effrités en deux mois, tandis que le PLC grimpait et que son jeune chef Justin Trudeau gagnait en popularité. Le chef du NPD, Tom Mulcair, a notamment été très critiqué pour sa prise de position en faveur du port du niqab pour aller voter, tandis que M. Harper a été accusé par certains de manque de compassion pour l’accueil de réfugiés syriens. Les derniers jours de la campagne se sont concentrés en Ontario, dans la grande région de Toronto, où les électeurs sont très courtisés par les chefs libéral et conservateur. De leur vote dépend, selon les politologues, la formation d’un gouvernement majoritaire ou minoritaire.Lire aussi :Au Canada, Stephen Harper pourrait perdre sa majoritéL’économie et l’état des finances publiques figurent largement au premier rang des préoccupations des Canadiens, selon un sondage réalisé début octobre. Les politiques sociales et la gouvernance du pays arrivent en deuxième position, devançant la sécurité nationale et la place du Canada dans le monde.Les quatre principaux candidats en liceStephen Harper, 56 ans, est un élu de Calgary en Alberta. Il a mené les conservateurs au pouvoir en 2006, puis 2008 et 2011. Il a profondément modifié l’image du Canada, l’engageant comme allié de l’OTAN en Afghanistan et en Libye, puis dans la lutte au groupe Etat islamique en Syrie et en Irak. Après avoir renié le Protocole de Kyoto, M. Harper a mis les freins à un engagement sérieux du Canada dans la lutte aux changements climatiques, ne voulant pas porter ombrage à la florissante industrie des sables bitumineux de l’ouest du pays.Lire aussi :Stephen Harper, l’homme providentiel de la droite canadienneJustin Trudeau, 43 ans, est le fils d’un des hommes politiques les plus illustres du pays, l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau. Il a été élu député libéral en 2008 à Montréal. En 2013, il prend la tête du Parti libéral du Canada, plutôt moribond depuis sa défaite de 2008. S’il n’a pas tellement brillé par ses idées depuis 2008, la campagne électorale semble l’avoir galvanisé. Il a su bien expliquer son programme et incarner une image de renouveau en politique.Tom Mulcair, 60 ans, a débuté sa carrière politique sur la scène québécoise, occupant notamment le poste de ministre libéral de l’environnement avant de se lancer en politique fédérale sous les couleurs du Nouveau Parti démocratique. Nommé chef du parti en 2011, il devient cette année-là chef de l’opposition officielle à Ottawa, après un raz-de-marée électoral au Québec.Gilles Duceppe, 68 ans, figure de proue du mouvement indépendantiste québécois à Ottawa pendant vingt ans, il a dirigé le Bloc québécois (défenseur des intérêts du Québec à Ottawa) de 1997 à 2011. Le parti, qui ne présente des candidats qu’au Québec, s’est effondré en 2011, emporté par une vague néodémocrate. Après s’être éclipsé de la scène politique, M. Duceppe a repris la tête du Bloc québécois en juin, espérant que les électeurs québécois lui feront de nouveau confiance.Les programmes des trois principaux partisLe conservateur Stephen Harper a deux mantras : renforcer l’économie et la sécurité nationale. S’appuyant sur son bilan économique, il refuse d’augmenter le fardeau fiscal des Canadiens et les taxes à la consommation. Il promet l’équilibre budgétaire, une baisse de l’impôt des PME et des investissements de 84 milliards de dollars canadiens (57,2 milliards d’euros) sur dix ans dans les infrastructures. Ardent défenseur de la lutte contre le terrorisme « djihadiste » sur le plan international, il veut maintenir au Canada la ligne dure envers les criminels et un strict contrôle des entrées d’immigrants et de réfugiés.Lire aussi :Au Canada, le vote autochtone pourrait nuire aux conservateursLe libéral Justin Trudeau veut donner un coup de pouce aux familles et à la classe moyenne, à qui il promet des baisses d’impôts, alors que ceux des plus riches augmenteraient. Il investirait massivement dans les infrastructures pour relancer l’économie, avec un déficit public pour les trois prochaines années. Il prône une politique plus ouverte en faveur de l’accueil de réfugiés.Le néodémocrate Tom Mulcair se présente comme un social-démocrate. Il promet des aides à la classe moyenne, le déficit zéro après un exercice, une baisse de l’impôt des PME et une hausse pour les grandes entreprises, ainsi qu’un programme d’infrastructures de 2,8 milliards de dollars canadiens. Il se prononce pour l’arrêt de la participation canadienne aux bombardements en Syrie.Anne Pélouas (Montréal, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.10.2015 à 06h49 • Mis à jour le19.10.2015 à 10h54 | Simon Roger (Reykjavik et Bonn (Allemagne), envoyé spécial) François Hollande méditant, seul, au pied du glacier Solheimajökull, menacé de disparition ; François Hollande, un pain de glace entre les mains, preuve ruisselante du réchauffement à l’œuvre ; François Hollande à la tribune d’Arctic Circle, un cycle de conférences rassemblant 40 pays autour du Grand Nord circumpolaire. Vendredi 16 octobre, en déplacement officiel en Islande, le président français a enchaîné les photos et soigné son image de grand témoin du dérèglement climatique. Il était accompagné pour cette visite express de la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, de son envoyé spécial pour la protection de la planète, Nicolas Hulot, et du climatologue Hervé Le Treut. A six semaines de la conférence de Paris (COP21, du 30 novembre au 11 décembre), le président a promis à son homologue islandais, Olafur Ragnar Grimsson : « Nous allons tout faire pour que nous puissions trouver à Paris un accord ambitieux sur le climat. »Le temps est désormais compté : il ne reste plus que cinq jours aux Etats pour trouver un texte d’accord universel permettant de contenir le réchauffement planétaire sous la barre des 2 °C et éviter les impacts dramatiques pour la planète. Les négociateurs devaient se retrouver, lundi 19 octobre, à Bonn, en Allemagne, pour une ultime session de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Plus question cette fois de photo-symbole, les discussions vont être serrées entre les 195 Etats membres de la CCNUCC.« Notre idée, c’est que le maximum de questions puissent être traitées avant même le début de la COP », a rappelé depuis Paris le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, attendu mardi à Bonn.Les pays disposent depuis début octobre d’un brouillon d’accord, ramené de 80 à 20 pages sous la plume des coprésidents des débats. Un travail de synthèse nécessaire mais risqué face aux requêtes divergentes entre pays industrialisés, puissances émergentes et pays en voie de développement. Cinq questions clés devraient orienter les débats.Lire aussi :Tout comprendre aux négociations climatiquesLes contributions nationales Au 19 octobre, 149 pays, représentant près de 90 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont publié leur « contribution nationale », leurs objectifs de réduction de leurs émissions à l’horizon 2030. Les efforts présentés sont encore insuffisants : si ces engagements étaient intégralement mis en œuvre, ils mettraient la planète sur une hausse des températures d’environ 3 °C. Par ailleurs, plusieurs pays manquent toujours à l’appel, notamment de gros producteurs de pétrole : l’Arabie saoudite, l’Iran, Oman, le Qatar, le Koweït, le Nigeria et le Venezuela. Le texte des coprésidents prévoit la mise en place d’un registre des contributions et d’un mécanisme de révision tous les cinq ans, mais ne précise pas si ces engagements seront relevés dans le temps. Il ne donne pas d’indication non plus sur les étapes intermédiaires.Lire aussi :COP21 : malgré des efforts, les engagements des Etats restent insuffisantsLe financement Nord-Sud En 2009 à Copenhague, les pays riches s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars (88 milliards d’euros) par an d’ici à 2020 pour aider les pays en voie de développement à faire face au dérèglement climatique. Depuis, ce sujet est devenu le mètre étalon de la sincérité des pays du Nord. Dans le rapport rendu public le 7 octobre à Lima, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évalue à 61,8 milliards de dollars la somme des financements climat Nord-Sud engagés en 2014. Les banques de développement ont promis de faire un effort supplémentaire de 15 milliards de dollars par an, auxquels s’ajoutent les 10 milliards alloués au Fonds vert (entre 2015 et 2018), les contributions publiques annoncées par l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France ainsi qu’une plus grande implication du secteur privé. « Les pays récipiendaires vont-ils valider la méthodologie, et donc le chiffre de l’OCDE ? C’est l’un des grands enjeux des négociations de Bonn », analyse Pascal Canfin, ancien ministre du développement, aujourd’hui conseiller climat pour le cercle de réflexion World Resources Institute.Lire aussi :Les vrais-faux chiffres des financements climatLes stratégies d’adaptation C’est une autre ligne de front aux implications financières déterminantes. La lutte contre le réchauffement requiert à la fois des mesures d’atténuation, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, et des stratégies d’adaptation, lorsque le dérèglement climatique a déjà produit ses effets. Or les investissements se portent très majoritairement vers l’atténuation, où les opérations sont faciles à monter, au détriment de l’adaptation, clé de voûte de l’action climatique pour les pays vulnérables d’Afrique ou d’Asie. Le rapport de l’OCDE estime à 16 % la part d’adaptation des financements climat Nord-Sud. « S’il doit y avoir un seul indicateur financier dans l’accord de Paris, il doit être sur l’adaptation, avance Pascal Canfin. La COP21 est aussi un enjeu de solidarité internationale. »Voir nos grands formats sur les effets du changement climatique : Portraits d’un monde ébranlé par le changement climatiqueLes objectifs de long terme Autre enjeu des négociations : fixer un cap pour la planète. Pour les scientifiques, le défi est clair. Il faut parvenir à zéro émission nette de carbone d’ici à la fin du siècle. Pour les chefs d’Etat et de gouvernement, l’affaire est plus complexe. Si certains pays envisagent une transition radicale jusqu’à atteindre 100 % d’énergies renouvelables, la Russie, le Canada ou la Turquie ne comptent pas renoncer à leurs énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). La décarbonation de leur économie n’est pas à l’ordre du jour, même à long terme.La forme juridique de l’accord Selon les textes de la CCNUCC, l’accord de Paris pourrait prendre la forme d’« un protocole, un autre instrument juridique ou un accord avec force de loi sous la Convention ». Mais le précédent de Kyoto, protocole signé mais non ratifié par les Etats-Unis, réduit le champ des possibles, notamment pour l’administration américaine, qui doit faire face à un Congrès hostile sur les questions climatiques. En cas de non-respect des engagements, il est illusoire d’envisager des sanctions. Un mécanisme de transparence et d’évaluation des bonnes pratiques semble en revanche possible.Simon Roger (Reykjavik et Bonn (Allemagne), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.10.2015 à 16h33 Sanafi Al-Nasr, le chef du groupe Khorasan, un réseau proche de la mouvance Al-Qaida, a été tué par une frappe aérienne de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis dans le nord-ouest de la Syrie, a affirmé le Pentagone dimanche 18 octobre.Le porte-parole du département américain de la défense, Peter Cook, a précisé dans un communiqué :« Le 15 octobre, les forces de la coalition ont mené une frappe (...) qui a coûté la vie à Sanafi al-Nasr, citoyen saoudien et numéro 1 du réseau de combattants issus d’Al-Qaida parfois appelé “groupe Khorasan”. »Sanafi Al-Nasr avait notamment mis en place des itinéraires pour permettre aux djihadistes de se rendre du Pakistan en Syrie via la Turquie. Il jouait également un rôle important dans le financement de Khorasan, ajoute le Pentagone.Intenses efforts de WashingtonEn juillet dernier, les Etats-Unis avaient annoncé la mort de son prédecesseur, Mouhsin Al-Fadhli, tué par une frappe aérienne alors qu’il circulait près de Sarmada, également dans le nord-ouest de la Syrie.Lire aussi :Le chef du groupe Khorasan tué par une frappe américaine en SyrieDepuis le lancement de la campagne aérienne en Syrie, à l’automne 2014, Washington a déployé d’intenses efforts pour décapiter ce mouvement, accusé de fomenter « des attaques contre les Etats-Unis et leurs alliés ». Le réseau serait composé d’anciens membres d’Al-Qaida en Afghanistan et au Pakistan, partis combattre en Syrie. Certains experts estiment qu’ils font partie du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida. 18.10.2015 à 07h08 • Mis à jour le18.10.2015 à 21h07 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)  A la veille de la publication des chiffres de la croissance chinoise au troisième trimestre, qui ne devraient pas atteindre l’objectif d’une progression de 7 % du PIB, le président Xi Jinping a reconnu avoir des « inquiétudes » sur l’économie chinoise. Le chef d’Etat chinois, dans un entretien écrit accordé à l’agence Reuters en amont de sa visite au Royaume-Uni, explique « travailler dur » pour y répondre.M. Xi se veut toutefois rassurant et fait valoir qu’ayant dépassé les 10 000 milliards de dollars, le PIB chinois connaît une augmentation annuelle du niveau de l’économie d’un pays de taille moyenne. De son côté, le premier ministre, Li Keqiang, a reconnu samedi qu’atteindre 7 % de croissance n’est « pas facile ».Lire aussi :Entre course à la croissance et défi climatique, où en est la Chine ?Une compétitivité écornéePremier exportateur mondial, la Chine souffre de la hausse des salaires de ses ouvriers, pourtant nécessaire pour faire d’eux des consommateurs. Il faut pour pallier cette perte de compétitivité-prix face à des pays à bas revenus, d’Asie du Sud-Est par exemple, développer le secteur des services et progresser dans des industries à plus forte valeur ajoutée — Pékin souhaite par exemple profiter du passage de Xi Jinping à Londres et Manchester pour faire la promotion de centrales nucléaires chinoises.Etre au premier rang des exportateurs expose par ailleurs lourdement le pays aux risques externes. Comme le relève le président chinois :« En tant qu’économie liée de près aux marchés internationaux, la Chine ne peut pas rester indemne à la performance terne de l’économie mondiale »Une transition délicateLa deuxième économie de la planète est dans une phase de rééquilibrage délicate. Le modèle reposant sur les investissements colossaux de l’Etat dans les infrastructures (routes, nouveaux quartiers, ports, voies ferrées, etc.) a permis une ascension spectaculaire depuis les débuts de la politique dite de « réforme et d’ouverture » initiée par Deng Xiaoping au tournant des années 80, mais il a vécu.La nécessité pour les collectivités locales d’investir sans cesse davantage pour tirer la croissance s’est traduite par une expansion de leur endettement. La République populaire étant depuis devenue un pays à revenus intermédiaires, c’est le moteur de la consommation des ménages qui doit progressivement prendre le relais.Or, après une phase de confiance sans limite, s’est ouverte une période d’interrogations, notamment sur la capacité même du régime à réformer pour que le secteur étatique cède de l’espace.Une volatilité symptomatiqueCes questionnements sont source de volatilité. L’exemple du marché boursier est révélateur : l’indice de Shanghaï a gagné un peu plus de 150 % sur l’année courant jusqu’au 12 juin et ce malgré une croissance morose à l’échelle chinoise, avant une spectaculaire dégringolade. L’ascension se fondait précisément sur une confiance aveugle dans la capacité de Xi Jinping à adapter le système pour maintenir le rythme, un dogme aujourd’hui remis en question.Ces à coups sont à leur tour source d’une difficulté nouvelle, car ils incitent l’Etat à recourir précisément aux méthodes dont il promet de se départir. Le gouvernement a par exemple menacé d’enquête les traders qui parieraient sur la baisse des cours et a investi massivement pour stabiliser l’indice alors que le même Xi Jinping s’est engagé à laisser le marché jouer un rôle « décisif ».Lire aussi :Les nuages s’accumulent sur la croissance mondialeHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.10.2015 à 18h38 • Mis à jour le18.10.2015 à 16h52 Henriette Reker, candidate à la mairie de Cologne, a été poignardée, samedi 17 octobre, sur un marché où elle faisait campagne. La femme politique se trouvait sur un stand d’informations de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti d’Angela Merkel qui la soutient pour l’élection, quand elle a été attaquée par un homme qui l’a grièvement blessée au cou.Mme Reker, 58 ans, souffre de « blessures sérieuses », mais son état est satisfaisant, a annoncé l’hôpital où elle a été admise. Selon les médecins qui l’ont soignée, elle ne devrait pas souffrir de séquelles et devrait pouvoir assurer les fonctions de maire, si elle est élue à ce poste dimanche.Ancien membre d’un parti d’extrême droiteL’agresseur, interpellé juste après les faits, est un Allemand de 44 ans, chômeur de longue durée. Une première expertise psychiatrique a déterminé qu’il « n’y a pas d’indications permettant d’exclure [s]a responsabilité pénale ». Les autorités veulent par ailleurs le poursuivre pour tentative de quatre meurtres, le suspect ayant blessé, outre la candidate Henriette Reker, trois autres personnes avant d’être arrêté.Samedi, la police a indiqué que le suspect avait « dit qu’il avait commis cet acte avec une motivation raciste ». Selon le quotidien régional Kölner Stadtanzeiger, l’agresseur a ainsi déclaré aux enquêteurs que « Recker et Merkel nous inondent d’étrangers et de réfugiés ».Si la police a déclaré qu’il n’était « pas actif politiquement », l’hebdomadaire Spiegel écrit sur son site que l’homme, originaire de Bonn, était membre au début des années 1990 d’un parti d’extrême droite allemand interdit depuis. Selon les enquêteurs, il n’avait plus de contact avec cette mouvance mais aurait été repéré pour ses commentaires xénophobes sur divers forums sur Internet.Lire :Rencontre avec un dirigeant néonazi allemandMme Reker est notamment chargée de l’accueil des réfugiés à la ville de Cologne. Soutenue par la CDU, les libéraux du FDP mais aussi les Verts, elle est l’une des prétendantes les plus sérieuses à la mairie de la quatrième ville d’Allemagne (980 000 habitants) à l’élection.« Stupeur » de MerkelAngela Merkel a « exprimé sa stupeur » et condamné cet acte, tandis que le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, s’est déclaré « profondément choqué » par cette attaque « effroyable et lâche ». Dans la soirée, des responsables politiques régionaux de tous bords et des habitants de Cologne ont formé une chaîne humaine « contre la violence » devant l’hôtel de ville.L’Allemagne attend cette année quelque 800 000 demandeurs d’asile, un record historique. Mais la politique d’ouverture aux réfugiés de la chancelière suscite de vives critiques de toutes parts, y compris dans ses propres rangs. Mme Merkel se rendait dimanche en Turquie, deux jours après l’annonce d’un accord entre ce pays et l’Union européenne sur les migrants.Lire aussi :Réfugiés : Angela Merkel de plus en plus isolée en Allemagne Damien LeloupDes milliers de tirs de missiles et de morts, sur une demi-douzaine de théâtres d’opération… Le programme d’assassinats ciblés mené par les Etats-Unis en Afghanistan ou au Yémen, dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme, est vaste — et très secret. L’enquête du site The Intercept, « The Drone Papers », lève le voile sur de nombreux aspects inconnus de ce programme, et confirme des informations déjà connues, à l’heure où la France commence elle aussi à procéder à des frappes ciblées en Syrie avec l’aide des services de renseignements américains.Lire notre enquête :Syrie : Salim Benghalem, la cible des frappes françaises à Rakka 1) Jusqu’à neuf personnes tuées sur dix n’étaient pas viséesPremier constat issu des documents de l’armée américaine : l’inefficacité du caractère « ciblé » des assassinats par drones. Dans une analyse détaillée des résultats de l’opération Haymaker, dans le nord de l’Afghanistan, les rapports de l’armée montrent que le nombre de « jackpots » — mort de la personne visée par une attaque — est faible : en février 2013, l’opération compte 35 « jackpots », à comparer aux 200 « EKIA » — ennemis tués au combat — pour la même période.L’armée américaine désigne sous ce terme les personnes tuées qu’elle identifie comme étant des insurgés ou soldats ennemis qui n’étaient pas directement visés — pour établir ce classement, l’armée se fie à ses propres sources, images filmées par des drones notamment. Une comptabilité qui tend à sous-estimer le nombre de victimes civiles, estime The Intercept. Sur une période de cinq mois en Afghanistan, le site conclut que neuf personnes tuées sur dix n’étaient pas les cibles des frappes.The Intercept cite également une étude réalisée par l’universitaire Larry Lewis, qui a analysé les résultats des opérations américaines en Afghanistan sur plusieurs années. Selon ses calculs, les frappes réalisées par drones dans la région ont été beaucoup plus meurtrières pour les civils que les bombardements de l’aviation : il aboutit à la conclusion que les drones tuent en moyenne dix fois plus de civils que les avions américains. Un différentiel qui s’explique en partie par le faible niveau de qualité des informations sur lesquelles se basent les frappes par drones. 2) L’ordre de tuer est validé par le président des Etats-Unis Pour déterminer qui peut être la cible d’une frappe par drone, l’armée américaine suit une chaîne de commandement complexe, et dont certains aspects ne sont pas détaillés dans les documents publiés par The Intercept.Elle démarre par la constitution d’un « dossier », appelé « Baseball Card », qui établit un profil de la personne, les raisons pour lesquelles son assassinat est demandé, et qui suit ensuite un processus de validation en sept étapes. En moyenne, il faut deux mois pour obtenir l’ensemble des validations nécessaires ; débute alors une période de soixante jours durant lesquels la frappe est autorisée.Dans la dernière scène du documentaire Citizen Four consacré aux révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden, Glen Greenwald, le fondateur de The Intercept, laissait déjà entendre qu’il avait en sa possession des documents secrets sur le programme de drones américains, transmis au journaliste par un autre lanceur d’alerte. Dans le film, on le voit dessiner une pyramide sur un morceau de papier et la montrer à Edward Snowden en disant « ça va jusqu’au président » — le schéma apparaissant brièvement à l’écran ressemblait fortement à celui publié ce jeudi par The Intercept. 3) Les assassinats ciblés se basent essentiellement sur le renseignement électronique Les « Baseball Cards » et les dossiers compilés par les forces américaines se basent largement sur des sources de renseignement électronique — programmes de surveillance de masse de la NSA et écoutes, explique The Intercept. Les drones eux-mêmes sont utilisés pour collecter une grande quantité de données : qu’il s’agisse de drones armés ou d’observation, la plupart des engins utilisés par l’armée américaine disposent d’une antenne-relais, ce qui leur permet de trianguler la position d’un téléphone portable avec une précision importante.Selon une source anonyme citée par The Intercept, le système « se base sur des machines très puissantes, capables de collecter une quantité invraisemblable de données », mais « comporte à de nombreux niveaux des risques d’erreurs d’analyse et d’attribution ». Toujours selon le même témoignage, « il est étonnant de voir le nombre de cas dans lesquels un sélecteur [un identifiant unique] est attribué à la mauvaise personne. Et ce n’est que plusieurs semaines ou mois après que vous vous rendez compte que la personne que vous suivez n’est pas votre cible, parce que vous suivez en réalité le téléphone de sa mère. » 4) Les critères pour figurer sur la « kill list » sont vaguesOfficiellement, la politique des Etats-Unis est de ne tirer pour tuer que dans les cas où la cible « présente un risque continu et imminent pour la sécurité d’Américains ». Les documents publiés par The Intercept montrent cependant qu’un seul critère est analysé pour déterminer si une personne peut figurer ou non sur la liste des cibles potentielles : le fait de « présenter une menace pour les soldats américains ou les intérêts américains ».Ce critère, particulièrement vague, n’a par ailleurs que peu de sens dans certaines régions du globe où l’armée américaine procède à des frappes ciblées par drones — au Yémen, par exemple, la présence américaine est quasiment inexistante. Les frappes de drones ont pourtant tué 490 personnes dans le pays, selon les propres chiffres de l’armée. 5) « Capturer ou tuer » est devenu « tuer »Les campagnes ciblées de l’armée américaine sont appelées « Capture / kill » — capturer ou tuer, avec, historiquement, une préférence pour la capture. Mais dans le cas des frappes de drones, « le terme capturer/tuer est trompeur — “capturer” s’écrit désormais sans majuscule, nous ne capturons plus jamais personne », a reconnu le lieutenant-général Michael Flynn, ancien chef de l’agence de renseignement de l’armée.Ce choix de privilégier les frappes mortelles par drone aux opérations de capture, plus risquées, a aussi des conséquences sur le type d’informations recueillies : sans interrogatoires, l’armée utilise de plus en plus le renseignement électronique au détriment du renseignement humain, pourtant considéré comme indispensable. 6) « L’exploitation et l’analyse » sont les parents pauvres des campagnes de dronesLa doctrine de l’armée américaine en matière de terrorisme est résumée par un acronyme : FFFEA. Find, fix, finish, exploitation and analysis — « trouver, régler, achever, exploiter et analyser ». Mais les documents montrent que la dernière partie du processus n’existe quasiment pas dans les frappes de drones, notamment en Afrique de l’Est et au Yémen.Dans la plupart des cas, après une frappe mortelle, il n’y a pas de soldats sur place qui peuvent récupérer des documents, des ordinateurs ou des téléphones portables, ou interroger les survivants. Ce qui conduit à des « voies sans issue » en matière de renseignement. 7) Les frappes de drones contribuent à renforcer les adversaires des Etats-UnisEn raison du manque de précision des frappes, et des erreurs de renseignement qui conduisent à cibler les « mauvaises » personnes, les campagnes de drones contribuent à renforcer les adversaires des Etats-Unis, estime The Intercept. Le site mentionne notamment l’exemple de Haji Matin, tué par une frappe en 2012 : ce négociant en bois avait été dénoncé par des rivaux commerciaux comme militant taliban. L’armée américaine avait alors bombardé sa maison, tuant plusieurs membres de sa famille… et transformant ce notable en leader local des militants anti-américains. 8) Le nombre de frappes a été démultiplié sous les présidences ObamaAvant l’entrée en fonction de Barack Obama, une seule frappe de drone avait eu lieu au Yémen, en 2002. En 2012, une frappe avait lieu tous les six jours sur le territoire du pays. En août 2015, ces frappes avaient tué 490 personnes.Un ancien responsable du renseignement du président américain explique que c’était « le choix politique le plus avantageux : coût faible, pas de victimes américaines, et ça donne l’apparence de la sévérité. C’est bien perçu aux Etats-Unis, et ça n’est impopulaire qu’à l’étranger. Les dégâts de cette politique pour les intérêts américains ne sont visibles qu’à long terme. » 9) La distance et « l’effet paille » réduisent grandement l’efficacité des dronesMalgré leur technologie avancée, et l’impression qu’ils donnent de pouvoir intervenir n’importe où et n’importe quand, les drones ne seront malgré tout pas efficaces dans toutes les situations. Pour parvenir à identifier, suivre et ouvrir le feu sur un suspect, il faut maintenir un contact visuel pendant une longue période de temps. Or, dans certaines zones, et notamment au Yémen, la longue distance que doivent parcourir les drones rend cette couverture permanente très difficile à maintenir, les aéronefs passant souvent plus de temps de vol à se rendre à leur position qu’en « action » proprement dite.Par ailleurs, les opérateurs de drones sont victimes d’un « effet paille » — la zone de vision des caméras est limitée, ce qui conduit à des difficultés pour suivre les « suspects » et augmente les risques d’erreur d’identification. 10) L’armée américaine a multiplié ses bases en Afrique pour soutenir son programme de dronesPour réduire les distances que doivent couvrir les drones, le commandement américain a discrètement multiplié ses bases, notamment en Afrique. Ces bases secrètes complètent le dispositif mis en place par l’U.S. Africa Command, dont la base principale est hébergée au camp Lemonnier, un ancien avant-poste de la Légion étrangère française. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 16h20 • Mis à jour le29.10.2015 à 17h38 | Alexandre Pouchard La Chine a annoncé, jeudi 29 octobre, la fin officielle de la politique de l’enfant unique. Cette dernière avait été instaurée en 1979 et n’autorisait qu’un seul enfant par couple, sauf exception pour certaines minorités par exemple.La politique avait déjà été assouplie en 2002 (possibilité d’« acheter » le droit à un deuxième enfant) puis, surtout, en 2013 avec l’autorisation d’avoir deux enfants si l’un des parents était lui-même enfant unique. Désormais, tous les Chinois seront autorisés à avoir deux enfants.La politique de l’enfant unique paraît avoir atteint son objectif : la natalité en Chine a drastiquement chuté en trente-cinq ans, passant de 33 naissances pour 1 000 habitants en 1970 à 12 en 2013, selon les données de la Banque mondiale. #container_14461179809{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14461179809{ height:500px; } #container_14461179809 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14461179809 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14461179809 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14461179809 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La politique de l'enfant unique a drastiquement fait chuter la natalité en ChineSource : Banque mondialerequire(['//s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/115448/highcharts-4.1.9.js','highcharts-standalone'], function() { //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14461179809", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ‰", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ‰", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Taux de naissance pour 1 000 habitants", "color": "#0386c3", "data": [ [ 82800000, 33.43 ], [ 31618800000, 30.65 ], [ 63154800000, 29.77 ], [ 94777200000, 27.93 ], [ 126313200000, 24.82 ], [ 157849200000, 23.01 ], [ 189385200000, 19.91 ], [ 221007600000, 18.93 ], [ 252543600000, 18.25 ], [ 284079600000, 17.82 ], [ 315615600000, 18.21 ], [ 347238000000, 20.91 ], [ 378774000000, 22.28 ], [ 410310000000, 20.19 ], [ 441846000000, 19.9 ], [ 473468400000, 21.04 ], [ 505004400000, 22.43 ], [ 536540400000, 23.33 ], [ 568076400000, 22.37 ], [ 599698800000, 21.58 ], [ 631234800000, 21.06 ], [ 662770800000, 19.68 ], [ 694306800000, 18.27 ], [ 725929200000, 18.09 ], [ 757465200000, 17.7 ], [ 789001200000, 17.12 ], [ 820537200000, 16.98 ], [ 852159600000, 16.57 ], [ 883695600000, 15.64 ], [ 915231600000, 14.64 ], [ 946767600000, 14.03 ], [ 978390000000, 13.38 ], [ 1009926000000, 12.86 ], [ 1041462000000, 12.41 ], [ 1072998000000, 12.29 ], [ 1104620400000, 12.4 ], [ 1136156400000, 12.09 ], [ 1167692400000, 12.1 ], [ 1199228400000, 12.14 ], [ 1230850800000, 12.13 ], [ 1262386800000, 11.9 ], [ 1293922800000, 11.93 ], [ 1325458800000, 12.1 ], [ 1357081200000, 12.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " ‰", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", },\u25CF {series.name}: {point.y}', hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, }}) function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} } }});Logiquement, cette baisse de la natalité a fortement ralenti le taux de croissance de la population chinoise, passé de 2,76 % en 1970 à 0,51 % en 2014. #container_14461184558{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14461184558{ height:500px; } #container_14461184558 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14461184558 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14461184558 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14461184558 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La croissance de la population de la Chine a chuté de 80 % en 35 ansSource : Banque mondialerequire(['//s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/115448/highcharts-4.1.9.js','highcharts-standalone'], function() { //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14461184558", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Croissance de la population ", "color": "#0386c3", "data": [ [ 82800000, 2.76167556645304 ], [ 31618800000, 2.74691554961857 ], [ 63154800000, 2.45735692952286 ], [ 94777200000, 2.28339536396383 ], [ 126313200000, 2.06595501335632 ], [ 157849200000, 1.76639178162482 ], [ 189385200000, 1.54733797287665 ], [ 221007600000, 1.36277947570678 ], [ 252543600000, 1.33818233834084 ], [ 284079600000, 1.33392795351687 ], [ 315615600000, 1.25422105193987 ], [ 347238000000, 1.28095234429252 ], [ 378774000000, 1.47267476016581 ], [ 410310000000, 1.4449496950092 ], [ 441846000000, 1.31206876113779 ], [ 473468400000, 1.36169911825369 ], [ 505004400000, 1.48739892914903 ], [ 536540400000, 1.6036050865576 ], [ 568076400000, 1.61007108578698 ], [ 599698800000, 1.53316999599862 ], [ 631234800000, 1.46730321087928 ], [ 662770800000, 1.36443400840349 ], [ 694306800000, 1.2255362283362 ], [ 725929200000, 1.14961943083465 ], [ 757465200000, 1.13026063215591 ], [ 789001200000, 1.08650915088974 ], [ 820537200000, 1.04814151412165 ], [ 852159600000, 1.02345002419879 ], [ 883695600000, 0.959550406298151 ], [ 915231600000, 0.865851392993279 ], [ 946767600000, 0.787956592953992 ], [ 978390000000, 0.726380637838525 ], [ 1009926000000, 0.669999567758626 ], [ 1041462000000, 0.622860936133583 ], [ 1072998000000, 0.593932815112141 ], [ 1104620400000, 0.588124989556992 ], [ 1136156400000, 0.558374367373002 ], [ 1167692400000, 0.522271866392275 ], [ 1199228400000, 0.51238693163744 ], [ 1230850800000, 0.497381400884935 ], [ 1262386800000, 0.482959688678361 ], [ 1293922800000, 0.47915045424996 ], [ 1325458800000, 0.487231117971201 ], [ 1357081200000, 0.49370963351136 ], [ 1388617200000, 0.506311591779847 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", },\u25CF {series.name}: {point.y}', hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, }}) function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} } }});48 %Conséquence collatérale de cette politique : la part des femmes dans la population a peu à peu diminué, pour atteindre 48,48 % en 2014, soit 106 hommes pour 100 femmes. Le chiffre est encore plus impressionnant au sein de la génération née en 2010, où l’on comptait près de 118 naissances de garçons pour 100 naissances de filles, notamment à cause d’avortements sélectifs.Ce déficit de filles s’explique par l’état de la société chinoise au sein de laquelle « les femmes sont socialement dévalorisées » et où les familles préfèrent généralement avoir des fils, notait la démographe Isabelle Attané dans Chinoises au XXIe siècle, paru en 2012. Autre signe de cette préférence masculine, la mortalité infantile des filles atteint ainsi 26,8 ‰ sur la période 2005-2010, contre 18 ‰ pour les garçons.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves Eudes Le Parlement européen a voté, jeuid 29 octobre, une résolution de 50 articles, condamnant à nouveau la surveillance des citoyens européens par les services secrets européens et américains. L’assemblée se dit déçue par le manque de volonté politique des Etats membres pour s’attaquer sérieusement à ce problème, et « préoccupée par les lois récentes de certains Etats membres qui étendent les capacités de surveillance des agences de renseignement », notamment la France et le Royaume-Uni.Par ailleurs, elle se félicite de la récente décision de la Cour de justice de l’Union européenne invalidant le Safe Harbor – l’accord qui facilitait le transfert de données personnelles vers les Etats-Unis –, et invite la Commission européenne à proposer un projet de remplacement avant la fin 2015.Lire aussi :Les Etats-Unis continueront de gérer les inscriptions au Safe Harbor malgré son annulationEn revanche, elle regrette que la Commission européenne n’ait pas suspendu un autre accord d’échanges de données personnelles, le Terrorism Finance Tracking Program (TFTP), qui permet aux Etats-Unis de surveiller les flux financiers européens afin de détecter le financement du terrorisme, et qui n’offre aucune garantie sur l’utilisation réelle de ces données par les Américains.Le Parlement a également adopté, par 285 voix contre 281, un amendement recommandant aux Etats membres de protéger Edward Snowden, l’ancien espion américain qui a dévoilé en 2013 les programmes de surveillance de la NSA, et qui vit désormais en Russie pour échapper à la justice de son pays.Le texte invite les Etats membres à « cesser toute action judiciaire contre Edward Snowden et à lui accorder leur protection, et donc d’empêcher qu’il soit extradé ou livré à des pays tiers, en reconnaissance de son statut de lanceur d’alerte et de défenseur des droits humains internationaux ». L’amendement avait été introduit par l’eurodéputé vert allemand Jan Philip Albrecht qui, dans un communiqué, semble lui-même étonné qu’il ait été adopté.Extraordinary. Reports appear to be true. — Snowden (@Edward Snowden)require(["twitter/widgets"]);Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) L’euphorie qu’avait connue l’économie américaine au deuxième trimestre aura été de courte durée. La croissance du produit intérieur brut (PIB) de la première puissance mondiale est retombée à 1,5 % entre juillet et septembre (0,37 % en croissance acquise), selon la première estimation publiée jeudi 29 octobre par le département américain du commerce. Il s’agit d’un net ralentissement, après les 3,9 % enregistrés lors des trois mois précédents. Après la publication décevante des chiffres de l’emploi en septembre, ce nouvel accès de faiblesse ne fait qu’ajouter à l’embarras de la Réserve fédérale (Fed) devant une éventuelle hausse des taux d’intérêt dès le mois de décembre, comme elle l’avait envisagé dans un premier temps.Toutefois, le principal moteur de l’économie américaine, la consommation – qui compte pour 70 % de l’activité –, continue à tourner raisonnablement. Les dépenses des ménages ont progressé de 3,2 % en rythme annuel. C’est certes moins que les 3,6 % enregistrés au deuxième trimestre, mais suffisant pour contribuer à hauteur de 2,2 points de pourcentage de croissance du PIB. Cette bonne tenue de la consommation est à mettre à l’actif de la hausse des revenus des Américains, qui, après impôts, ont augmenté de 3,5 % en rythme annuel.Lire aussi :« L’économie reprend, mais les gens ne le ressentent pas encore »Le chômage au plus basLes ménages continuent également à profiter de la faiblesse du prix de l’essence. Du fait du faible niveau de taxes, la baisse des prix du baril de pétrole se répercute quasi mécaniquement à la pompe, offrant aux consommateurs un surplus de pouvoir d’achat. Le gallon d’essence tourne actuellement autour de 2,20 dollars (2 euros), soit un dollar de moins qu’il y a un an. Toutefois, cette marge de manœuvre n’est pas entièrement dépensée, comme le montre la remontée du taux d’épargne (+0,1 point, à 4,7 %).La consommation est aussi soutenue par un marché de l’emploi dynamique. Les demandes d’inscription au chômage ont ainsi atteint leur plus bas niveau depuis quarante-deux ans, selon les derniers chiffres du département du travail publié également jeudi. Même si cet indicateur est à prendre avec des pincettes pour juger de la solidité du marché du travail, il indique néanmoins que l’environnement reste favorable à l’emploi.En revanche, la baisse des stocks des entreprises ont pesé sur la croissance du troisième trimestre. Celles-ci ont levé le pied à la veille de la saison des fêtes, ce qui a coûté 1,4 point de PIB à l’économie américaine. Cette chute peut avoir deux origines : la confiance relative des entreprises dans la progression de l’activité au quatrième trimestre, qui déstockent pour éviter la surproduction, et/ou l’impact de la baisse des prix des matières premières, qui fait diminuer la valeur des stocks.Les importations en nette décrueAutre point négatif, les exportations, qui ont sérieusement ralenti. Cela est dû à la récente hausse du dollar, qui rend plus cher les produits fabriqués aux Etats-Unis. Conséquence : elles ne progressent plus que de 1,9 %, contre 5,1 % au deuxième trimestre. Quant aux importations, elles connaissent, elles aussi, une nette décrue, passant de 3 % à 1,8 %. Toutefois, le commerce extérieur a un impact neutre sur la croissance du dernier trimestre.Le contexte d’investissement reste irrégulier. Les dépenses des entreprises n’ont progressé que modestement entre juillet et septembre, au rythme de 2,1 %, soit deux fois moins qu’au trimestre précédent. Les investissements dans la construction baissent, la recherche et développement ralentit, tandis que les dépenses en matériel ont accéléré depuis le printemps.Ce tableau contrasté doit être affiné lors des prochaines estimations (il y en aura trois au total), mais donne peu de grain à moudre à la Fed pour une hausse des taux – la première depuis 2006.Lire aussi :Les grandes entreprises américaines commencent à ralentirStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard Le 20 octobre 2014, le PDG de Total, Christophe de Margerie, mourait dans un accident d’avion sur le tarmac de l’aéroport de Vnoukovo, à Moscou. Au moment du décollage, l’appareil avait heurté un chasse-neige sur la piste, tuant également trois membres d’équipage. Diffusée quelques jours après l’accident, une « information » revient avec insistance un an après les faits : la mort du patron du groupe pétrolier français aurait été commanditée par la CIA.Les services secrets américains auraient ainsi voulu « faire taire » Christophe de Margerie, qui venait de se prononcer contre les sanctions occidentales lors d’une réunion avec le premier ministre russe, Dmitri Medvedev.Quelqu’un a dit que quelqu’un aurait évoqué l’éventualité d’un complotComme souvent dans ce genre de cas, les sites qui relaient cette rumeur, en français comme en anglais, mentionnent des sources floues mais prises comme avérées :« Le quotidien américain, Wall Street Journal, a rapporté qu’en Russie, la télévision d’Etat a rapporté que le PDG de Total, Christophe de la Margerie, était, farouchement, opposé aux sanctions des Etats-Unis et de l’Union européenne contre Moscou, et que la CIA avait programmé sa mort, pour le faire taire. »L’article en question du Wall Street Journal est une chronique (et donc un article d’opinion plus que factuel) de Stephen Fidler, chef du bureau du journal américain à Bruxelles. Publiée le 23 octobre 2014, elle analyse la différence de traitements médiatiques, et plus largement de visions du monde, entre Russes et Occidentaux. C’est là qu’est évoqué le passage ensuite repris pour alimenter la rumeur :« Quand le patron de Total, Christophe de Margerie, a été tué (…), cela ressemblait à un accident. Les téléspectateurs russes ont eu une tout autre version. Selon une grande chaîne russe, l’hypothèse d’un complot par la CIA pourrait ne pas être exclue. Après tout, M. de Margerie était opposé aux sanctions occidentales contre Moscou et Washington aurait voulu le faire taire. Cette histoire n’a pas été relayée par un nationaliste un peu fou mais par un présentateur.Cela illustre une tendance de plus en plus évidente : Russes et Occidentaux se parlent sans se comprendre. Ce n’est pas seulement une différence d’opinions à propos d’un même événement, mais ils ne croient pas aux mêmes faits. C’est comme “deux personnes dans une pièce plongée dans le noir”, comme l’a dit un Américain après une conférence avec experts russes et occidentaux. »Un glissement progressif vers la « certitude »Le scénario d’un complot par la CIA est donc ici mentionné comme une thèse absurde, le journaliste américain s’étonnant qu’elle émane d’un présentateur, a priori plus sensible aux faits, plutôt que d’un militant cherchant à atteindre un objectif politique. Mais le simple fait de mentionner les trois lettres C, I, A, a visiblement transformé la chronique en article de référence pour nombre de sites friands des thèses complotistes.Nous ne sommes pas parvenus à retrouver cet instant où le présentateur d’une chaîne russe aurait évoqué ce complot. Quoi qu’il en soit, il est intéressant de constater l’évolution du niveau de « certitude » au fur et à mesure des reprises :Selon l’article du Wall Street Journal, la chaîne russe aurait dit que « l’hypothèse d’un complot pourrait ne pas être exclue ».Selon l’hebdomadaire britannique The Week, « une chaîne russe voit un complot de la CIA derrière l’accident d’avion ». La source est la chronique du Wall Street Journal, mais le conditionnel a ici disparu.Le site WikiStrike, spécialiste des thèses farfelues et complotistes, assure que « selon les Russes, le PDG de Total aurait été assassiné par la CIA ». Le conditionnel est ici présent, mais ce n’est plus « une chaîne russe » mais bien « les Russes » – sous-entendu, l’Etat. Une variante au présent : « La Russie révèle que le PDG de Total a été assassiné par la CIA ».Une étape supplémentaire est franchie avec le site « Stopmensonges.com » [sic], selon lequel « la Russie classifie comme assasinat [sic] par la CIA la mort PDG de Total ».Six personnes mises en examen dans l’enquête Un an après les faits, l’accident demeure la thèse retenue par les enquêteurs. Cinq personnes ont été inculpées, dont le chef des travaux de déneigement, le chef d’escale de l’aéroport, des contrôleurs aériens et surtout le conducteur du chasse-neige, Vladimir Martynenko, qui a passé onze mois en prison avant d’être libéré le 21 septembre dans l’attente de son procès, selon les médias russes.Interrogé par le site Lenta.ru, M. Martynenko reconnaît être « coupable d’avoir roulé sans autorisation sur la piste d’envol » mais invoque les mauvaises conditions météorologiques le jour de l’accident. « Je ne savais pas où je me trouvais », affirme-t-il.Quoi qu’il en soit, aucun élément ne vient étayer la thèse d’un supposé complot visant le patron de Total.Le mari de l’une des victimes, une hôtesse qui se trouvait à bord du jet, a toutefois émis des doutes sur la thèse officielle, s’interrogeant sur le nombre de chasse-neige (« il y avait trois déneigeuses, alors qu’il ne neigeait pas », assure-t-il) et sur la version du conducteur (« cela fait dix ans qu’il travaille sur cet aéroport, (…) il sait très bien qu’on ne traverse pas une piste sans l’autorisation de son convoyeur ou de la tour de contrôle »).Sans toutefois émettre d’hypothèses infondées, il a demandé à ce que « la justice russe et française essaient de [lui] apporter des réponses ».Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) La Deutsche Bank, première banque allemande, s’apprête à opérer l’une des plus grosses restructurations de son histoire. Selon un communiqué paru jeudi 29 octobre, l’établissement a annoncé une suppression de 9 000 emplois, soit près de 10 % de ses effectifs, ainsi qu’une forte réduction des activités dans des secteurs non prioritaires. La banque va ainsi se retirer de dix pays.L’objectif pour la Deutsche Bank est d’économiser 3,8 milliards d’euros, dont les deux tiers d’ici à la fin 2016. Plus tôt dans la matinée, jeudi, la banque avait rendu publique une perte de 6 milliards d’euros pour le troisième trimestre 2015, la plus lourde de son histoire. Ces résultats étaient attendus : début octobre, le PDG de la banque, John Cryan, avait annoncé une très forte dépréciation d’actifs et une possible suppression des dividendes, ce qui a été confirmé jeudi. Les actionnaires ne seront rémunérés ni en 2015 ni en 2016, a annoncé la DB.Lire aussi (édition abonnés) :Deutsche Bank fait le grand ménage dans ses comptesPourquoi la Deutsche Bank opère-t-elle une restructuration si massive ?La Deutsche Bank est, depuis la fin de la crise financière de 2008-2009, en proie à de graves difficultés. Il y a d’abord le changement du paysage bancaire mondial, soumis à davantage de régulation, notamment sur les activités de banque d’investissement, ce qui réduit les possibilités de gain pour tous les établissements bancaires.Il y a ensuite le comportement de la DB elle-même. La banque allemande a fortement développé sa banque d’investissement dans les années 2000, jusqu’à se hisser au niveau des plus grandes américaines. Mais la crise financière a montré le revers de cette ascension : de nombreuses activités de banque d’investissement ont été réalisées au mépris des lois. La banque est aujourd’hui impliquée dans plus de 6 000 litiges. Elle s’est acquittée au printemps d’une amende record de 2,5 milliards d’euros auprès des autorités américaines dans le scandale du Libor, et a provisionné début octobre 1,2 milliard d’euros pour faire face aux risques judiciaires à venir.Lire aussi (édition abonnés) :Banques : la facture pour « mauvaise conduite » s’alourditPourquoi la banque a-t-elle tant tardé à se restructurer ?Josef Ackermann, l’artisan de la croissance internationale de la DB, a quitté son poste en 2012 au terme de son mandat. Il a été remplacé au poste de PDG par un duo de dirigeants : Anshu Jain, ancien directeur du département d’investissement à Londres, et Jürgen Fitschen, garant de l’ancrage allemand de l’établissement. Les deux dirigeants ont promis un changement culturel et une série de restructurations de la banque.Mais ces annonces ont été peu efficaces. Faible rentabilité, cours de l’action au plus bas, avis défavorable des autorités de régulation bancaire : autant de griefs qui ont provoqué la colère des actionnaires, qui ont sanctionné les deux dirigeants par un vote très défavorable lors de l’assemblée générale de mai 2015.Que penser de la restructuration en cours ?John Cryan a été appelé à la tête de l’établissement cet été, à la suite de la démission d’Anshu Jain. C’est quelqu’un qui vient de l’exérieur, sans aucun réseau dans la banque. Le banquier britannique a passé de longues années chez UBS, dont il a apuré le bilan après la crise financière. Il doit faire la même chose à la tête de la banque allemande.Il a engagé une série de réformes massives : après avoir opéré, début octobre, une dépréciation massive de 5,8 milliards d’euros, il a annoncé, le 18 octobre, un vaste programme de réorganisation du haut management. Plusieurs têtes sont tombées, dont quelques-uns des fidèles d’Anshu Jain.Jeudi, il a fait connaître le troisième volet de réformes, la réduction des coûts. Il dispose pour cela du soutien des actionnaires. Selon la presse allemande, il envisage de quitter la banque une fois sa mission achevée, ce qui laisse penser qu’il ne reculera devant aucune réforme, fût-elle douloureuse.Lire aussi (édition abonnés) :La Deustche Bank veut faire table rase de son passéCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 29.10.2015 à 10h28 • Mis à jour le29.10.2015 à 15h36 | Jean-Baptiste Chastand Des migrants enfermés qui dorment à même le sol sans matelas. Des couvertures en nombre insuffisant pour se tenir au chaud, des vêtements et des bouteilles en plastique brûlés pour se réchauffer un peu. Les conditions de vie dans le camp slovène de Brezice, à la frontière avec la Croatie, sont « inhumaines », selon la photographe française Anne A-R, qui a pu y pénétrer mardi 27 octobre au soir. Choquée, elle a envoyé ses images au Monde.Principal lieu d’accueil des migrants en Slovénie, ce camp est situé à une dizaine de kilomètres de la frontière croate, d’où arrivent les réfugiés en route pour l’Autriche. Plusieurs milliers de réfugiés y étaient jusqu’à mercredi enfermés en permanence, en attendant d’être enregistrés par la police. Depuis, les migrants sont orientés dans un nouveau camp, à Dobova.(function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return; js = d.createElement(s); js.id = id; js.src = "//connect.facebook.net/en_US/sdk.js#xfbml=1&version=v2.3"; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs);}(document, 'script', 'facebook-jssdk'));DOBOVA 28.10. 2015. - This is what happens when you keep too many people on a small, overcrowded place without food, water or even toliets (there are 2 toliets for 400 people outside of the tents in Dobova 1 - this footage is from Dobova 2 where tension is building up and could lead to another disaster). Thank you, brave man, for sending this footage. We'll protect your identity and we hope for all the best for you and your family. #openbordersEDIT: After we published this video, government officials have visited Dobova 2 camp - reminding us it's good to put some pressure on authorities from time to time. Hope things will get better now. :)EDIT2: It is confirmed: officials are not alowing independent volunteers to the camp anymore. Unofficially: Refugees that participated in a fight are locked up in one tent since the morning. Our sources tell us this group was allowed to use the toilets only once during entire day. We are trying to negotiate something.Posted by Are You Syrious on Wednesday, October 28, 2015Même si celui-ci est mieux équipé, des affrontements avec les forces de l’ordre y ont été filmés par les bénévoles présents sur place. Comme à Brezice, la police slovène en interdit l’accès à la presse et les migrants n’ont pas le droit d’en sortir, sauf pour monter dans les bus à destination de l’Autriche. Selon les bénévoles, les migrants sont toutefois désomais amenés directement en train à Dobova et n’ont plus à marcher au milieu des champs.Plusieurs centaines de migrants étaient cependant encore retenus mercredi soir à Brezice, dans l’attente d’un bus.« De la fumée toxique partout » Anne A-R, qui mène un projet artistique baptisé « I am with them » sur les migrants, a pu prendre des images dans ce camp installé près d’un commissariat en cachant son appareil et en se réclamant de l’Unicef, qui finance son projet. « Les migrants sont parqués dans un enclos qui est un terrain vague derrière le commissariat. Il n’y a pas assez d’eau ni de nourriture. Mardi, il a fallu attendre 23 heures pour que des couvertures soient distribuées », assure-t-elle. Après avoir marché sous escorte policière depuis la frontière, « les migrants restent ici au moins vingt-quatre heures, sans tente ».Ses images montrent des hommes, des femmes et des enfants tentant de dormir à même le sol. Certains ont allumé des feux pour se réchauffer un peu. « Ils brûlent des vêtements et du plastique, du coup, il y a de la fumée toxique partout. »Voir le portfolio : Dans la « jungle » de CalaisLe camp a subi un violent incendie la semaine précédente. Mardi soir, un enfant s’est brûlé avec du plastique fondu, selon la photographe. Il aurait été à peine soigné par les infirmières de la Croix-Rouge présentes en marge de l’enclos. « Les volontaires n’ont pas le droit d’entrer dans l’enclos ou de distribuer de la nourriture quand ils le veulent. En fait, ils n’ont le droit de rien faire à part aider au regroupement des familles séparées », assure Anne A-R. Comme à Dobova, le camp est constamment sous surveillance de policiers antiémeutes et de militaires. Des cas de gale ont été signalés par des médias croates.« Ahuris d’être là » Depuis lundi 19 octobre, la Slovénie fait face à l’arrivée massive de migrants qui souhaitent rejoindre l’Allemagne. Ce petit pays des Balkans de 2 millions d’habitants a fait les frais de la fermeture de la clôture installée à la frontière entre la Croatie et la Hongrie, le 17 octobre. En dix jours, le pays a accueilli près de 95 000 migrants. Le premier ministre slovène, Miro Cerar, a rapidement expliqué que les autorités étaient débordées. S’il a appelé à l’aide les autres pays européens, le gouvernement slovène a assuré, lundi 26 octobre, qu’il faisait tout pour gérer les arrivées « de manière sûre et humaine ».Lire :La frontière croato-slovène, nouvel abcès de la route des migrantsSur la route des Balkans, les camps slovènes sont pourtant les seuls à être complètement fermés et interdit d’accès aux journalistes. « Cet enfermement et le contrôle de l’accès des volontaires rendent les conditions de vie des migrants encore plus difficiles, estime Anne A-R, qui assure n’avoir pas vu de conditions aussi difficiles depuis le début de son périple, en Grèce. Il y a un état de tension, j’ai vu des gens se battre pour une couverture. Mais dans l’ensemble, les réfugiés sont résignés et épuisés, comme ahuris d’être là ». La plupart sont surtout pressés de quitter au plus vite ce pays pour rejoindre l’Autriche.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Denis Cosnard C’est une perte aussi profonde que les creux de la mer du Nord en pleine tempête. Shell, le champion européen du pétrole, a annoncé, jeudi 29 octobre, un déficit net de 7,4 milliards de dollars, soit 6,8 milliards d’euros, au titre du troisième trimestre. Il s’agit de la perte la plus massive essuyée par le groupe anglo-néerlandais depuis plus de dix ans. Un an plus tôt, Shell avait, au contraire, dégagé un solide profit de 4,4 milliards de dollars.Cette contre-performance est emblématique des difficultés dans lesquelles se débat toute l’industrie pétrolière. Pendant des années, la montée des cours de l’or noir a permis à ce secteur d’engranger des bénéfices plantureux et incité les compagnies à lancer des projets toujours plus audacieux et coûteux pour extraire cette matière première en voie de raréfaction. Aujourd’hui, le retournement de tendance est violent.Lire aussi :Les pétroliers se préparent à une déprime prolongée de l’or noirEn un an, le prix du brut a été divisé par deux. Les grands projets ne sont plus rentables, et les ex-maîtres du monde peinent à gagner de l’argent. Le bénéfice trimestriel de Total a chuté de 69 %, celui de BP a quasiment disparu.Pendant des mois, les industriels sont largement restés dans le déni. Ils misaient sur une remontée plus ou moins rapide des cours et ne voulaient pas remettre en question les projets dans lesquels ils avaient commencé à investir des milliards. A présent, tous reconnaissent que la situation a changé. La faiblesse des cours « pourrait durer plusieurs années », a reconnu la direction de Shell en août.Elle en tire les conséquences dans les comptes du trimestre. Les résultats de l’exploration et de la production, la branche maîtresse, ont été amputés par des charges et provisions de 8,2 milliards de dollars. C’est en quelque sorte la facture des Années folles. Ce montant doit couvrir le coût des restructurations à venir dans ce secteur, celui des licenciements inéluctables, et des dépréciations d’actifs.Lire aussi :Confronté à la chute du prix du pétrole, Shell va supprimer 6 500 emploisPour 2,3 milliards de dollars, il correspond ainsi à une révision à la baisse des gisements de Shell dans le gaz de schiste aux Etats-Unis.Persévérer n’a plus de sensL’abandon de deux projets majeurs revient aussi très cher à Shell. Le groupe a décidé, fin septembre, de cesser toute exploration au large de l’Alaska. La compagnie comptait pourtant beaucoup sur cette zone pour assurer sa croissance. Elle y avait investi 7 milliards de dollars. Mais sans grand succès. Aux cours actuels, persévérer n’avait plus de sens, d’autant que ces forages étaient violemment contestés par les écologistes. Prix de cette douloureuse révision stratégique : 2,6 milliards de dollars.Mardi, Shell a également renoncé à un énorme projet visant à exploiter les sables bitumineux à Carmon Creek, dans l’ouest du Canada. La production devait débuter en 2019. Il n’en est plus question. A la clé, une charge de 2 milliards de dollars.La chute des prix n’a pas fait que des malheureux au sein du groupe. Les activités dans la chimie et le raffinage ont, au contraire, bénéficié d’une matière première moins chère. Mais cela n’a pas suffi à compenser les déboires de l’exploration-production, même si cette branche a commencé à réduire ses coûts et augmenté ses volumes d’hydrocarbures.Malgré cette perte trimestrielle record, Shell affiche encore, sur l’ensemble des neuf premiers mois de l’année, un bénéfice de 1 milliard de dollars. C’est toutefois 93 % de moins qu’un an auparavant. Et les mauvaises nouvelles ne sont sans doute pas terminées. Les mesures déjà prises pour faire de Shell un groupe « plus concentré et plus compétitif » ne constituent que des « premiers pas », a glissé la direction jeudi.Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.10.2015 à 06h23 • Mis à jour le29.10.2015 à 10h07 | Hélène Sallon L’Iran, le plus proche allié du régime du président Bachar Al-Assad, participera pour la première fois à des pourparlers sur une transition politique en Syrie. A la demande de la Russie, la République islamique a été conviée à la réunion qui rassemblera une douzaine de délégations étrangères à Vienne, en Autriche, vendredi 30 octobre. « Nous avons examiné l’invitation, et il a été décidé que le ministre des affaires étrangères [Mohammad Javad Zarif] participerait aux pourparlers », a déclaré Marzieh Afkham, la porte-parole de la diplomatie iranienne, citée par la télévision d’Etat.Les acteurs des négociations reconnaissent désormais qu’aucune solution politique ne sera trouvée sans Téhéran. L’Iran avait été écarté des pourparlers à Genève 1 en juin 2012, puis à Genève 2 en 2014, sous la pression des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite. Les Etats-Unis, qui désapprouvent les « activités déstabilisatrices » de l’Iran en Syrie, ont « toujours reconnu qu’à un moment donné des négociations, pour aller vers une transition politique, il faudra converser et dialoguer avec l’Iran », a clarifié John Kirby, le porte-parole du secrétaire d’Etat américain. L’Arabie saoudite, grand rival de l’Iran en Syrie et dans la région, a également donné son aval, avec l’idée de tester le « sérieux » de l’Iran et de la Russie sur un règlement du conflit, a fait savoir Adel Al-Joubeir, son ministre des affaires étrangères.A Paris, la participation de Téhéran est vue comme un signal positif pour la recherche d’une solution politique. « Cela indique que les Russes sont pris au piège de leur propre intervention en Syrie et sont dans la logique de trouver rapidement la voie d’un processus politique. L’Iran est intégré dans la dynamique du fait de son alliance au sol avec la Russie », déclare une source diplomatique.Lire aussi :Où en sont les négociations diplomatiques sur la SyrieUn engagement de plus en plus assumé L’engagement politique et militaire de la République islamique auprès du régime de Bachar Al-Assad l’a rendue incontournable sur le dossier. Depuis le soulèvement en Syrie, le 15 mars 2011, la République islamique s’est rangée aux côtés de son allié chiite à Damas, le clan alaouite des Al-Assad. De technologies de surveillance de l’Internet et des manifestations, ce soutien a évolué avec la militarisation du conflit en 2012. L’Iran a poussé son allié chiite libanais du Hezbollah à se joindre aux combats, aux côtés de ses conseillers de la force d’élite Al-Qods des gardiens de la révolution. Avec la mobilisation de milices chiites irakiennes, afghanes et pakistanaises, l’ensemble des forces pro-iraniennes en Syrie est estimé entre quinze mille et vingt mille hommes par les experts.Sur le modèle des pasdarans, l’Iran a également réorganisé les milices du régime Al-Assad, les chabiha, et les comités populaires en une force de cent mille à cent cinquante mille combattants sous le nom de Forces de défense nationale (FDN), une force de substitution à l’armée régulière syrienne, en pleine déliquescence. L’engagement iranien s’est aussi traduit par des milliards de dollars d’aides pour soutenir une économie de plus en plus vacillante, ainsi qu’une présence de plus en plus marquée des acteurs iraniens sur le marché syrien, qui a accru la dépendance de Damas vis-à-vis de son patron chiite. « Téhéran semble utiliser le même manuel qui lui a permis de renforcer son influence sur l’Irak au cours de la dernière décennie », analyse Michael Eisenstadt, directeur du programme sécuritaire du Washington Institute.Dès le printemps, l’Iran a déployé de nouvelles troupes pour renforcer le régime syrien, plus que jamais menacé par les assauts des forces de l’opposition. La mort de plusieurs Iraniens dans les combats en Syrie, dont une dizaine de pasdarans, en octobre, témoigne de l’engagement de plus en plus marqué et assumé de la République islamique. Ce soutien au sol est incontournable pour la Russie, qui a lancé le 30 septembre une intense campagne de frappes aériennes contre les groupes armés rebelles, dont l’Etat islamique. Cette coordination est rendue d’autant plus indispensable, malgré des intérêts parfois divergents entre Russes et Iraniens, que Moscou ne peut compter sur l’armée syrienne.Lire aussi :L’Iran envoie des troupes au sol pour appuyer l’offensive russeCraintes de l’opposition syrienneLa participation de l’Iran aux discussions sur la Syrie suscite des craintes chez les opposants au régime. L’interventionnisme iranien en Syrie est vu comme l’une des causes de la poursuite de la guerre, qui a fait plus de deux cent cinquante mille morts en cinq ans, et de l’apparition de nouveaux conflits confessionnels dans la région mettant aux prises l’Iran et son rival sunnite saoudien. « La présence de l’Iran va compliquer les discussions de Vienne parce qu’il s’y présentera avec un projet visant à préserver Al-Assad », a déclaré Hicham Marwa, le vice-président de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui regroupe plusieurs mouvements de l’opposition à Bachar Al-Assad, mardi soir sur la chaîne de télévision Al-Arabia.La survie du régime syrien est considérée par Téhéran comme participant directement de la défense de ses intérêts et de la préservation de l’axe chiite, qui inclut le Hezbollah libanais. « La sécurité nationale de la Syrie et de l’Iran sont intrinsèquement liées. Cette réalité est la philosophie de notre présence en Syrie », a dit avec force Hossein Salami, sous-commandant en chef du Corps des gardiens de la Révolution islamique d’Iran (CGRI). Le régime Al-Assad est devenu la « ligne de front de la résistance » contre les Etats-Unis et Israël, a-t-il ajouté. Toute la question est de savoir si Bachar Al-Assad est lui-même jugé irremplaçable par Téhéran ou si une solution de rechange satisfaisante pourrait être envisageable. Hossein Amir Abdollahian, le vice-ministre des affaires étrangères iranien, a assuré que l’Iran « ne travaille pas à maintenir Al-Assad au pouvoir pour toujours ».Lire aussi :Pour l’UE, « rassembler tous les acteurs, même l’Iran, est la seule issue à la crise syrienne »« Téhéran sait que l’inclination de la Syrie à jouer le satellite de l’Iran est ténue. Il craint que si Bachar part, l’équilibre du régime – son clan et ses employés pivot – va disparaître. Personne ne doit s’attendre à ce que l’Iran accepte de négocier la survie politique d’une personne jugée vitale pour ses intérêts de politique étrangère », analyse Frédéric C. Hof, du laboratoire d’idées américain Carnegie. L’ancien diplomate américain estime que l’Iran pourrait, à la marge, forcer son vassal à cesser de recourir aux pires atrocités au nom de sa survie politique.D’autres espèrent que l’Iran fasse preuve d’un certain pragmatisme, comme il l’a fait en septembre en concluant un cessez-le-feu de six mois dans les localités syriennes de Zabadani, Foua et Kefraya, après de longues négociations avec les membres de l’Armée de la conquête, une coalition de rebelles menée par le Front Al-Nosra – branche syrienne d’Al-Qaida – et le groupe salafiste Ahrar Al-Cham. L’ouverture à Vienne d’un espace de discussion entre Téhéran et Riyad est vue comme un pas positif sur la voie d’un apaisement entre les deux puissances rivales. L’influence croissante de la Russie sur le régime de Damas pourrait également permettre de limiter celle de l’Iran en Syrie, avec l’espoir que l’armée régulière se voie renforcée au détriment des milices chiites pro-iraniennes. Finalement, certains experts veulent espérer qu’une victoire du clan modéré mené par le président Hassan Rohani aux élections législatives de février 2016 puisse favoriser la reprise en main du dossier syrien, aujourd’hui contrôlé par les pasdarans.Lire aussi :Syrie : l’offensive diplomatique de MoscouHélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Camille Bordenet Quand la connexion Skype parvient enfin à s’établir entre Paris et Maarat Al-Nouman (dans la province d’Idlib, en Syrie), on sait que le temps est désormais compté et précieux. Les traits tirés mais souriant, le docteur Zouhair Lahna, 49 ans, apparaît à l’écran, éclairé par une faible ampoule qu’il lui faudra éteindre vite pour économiser l’électricité. En cette soirée d’octobre, le chirurgien obstétricien d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) sort d’une longue journée passée au bloc opératoire avec ses confrères syriens.Idlib, Maarat, Alep… Cela fait trois semaines que le docteur Lahna sillonne le nord-ouest de la Syrie pour soigner des patients, opérer les civils blessés et former de jeunes praticiens. Il se rend partout où l’on a besoin de lui. Un engagement bénévole sous l’égide de l’Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM), un réseau d’associations médicales internationales ayant des équipes sur place.Dans les sous-sols de ce qu’il reste des hôpitaux de fortune ou des cliniques éventrés, il tente de sauver des vies, sans relâche. Il mange et dort sur place, aussi. « Avec les équipes soignantes, on vit dans un huis clos », raconte-t-il. Dans ces zones dont la plupart des localités sont tenues par les rebelles, les risques sont grands d’être la cible de bombardements du régime, mais où aller de toute façon ? Depuis quelques semaines, ce sont désormais les frappes russes, de plus en plus fréquentes, qui inquiètent. Comme les habitants, le docteur Lahna scrute le ciel et se tient informé de l’évolution de la situation via l’application de messages instantanés Whatsapp.Lire aussi :En Syrie, une semaine de frappes aériennes russes« Le système sanitaire syrien s’est effondré »Sur place, le personnel médical et le matériel manquent et il faut composer avec les fréquentes coupures d’eau et d’électricité. « Il est arrivé qu’on finisse des opérations à la lumière des téléphones portables », dit-il. Il soupire :« En quatre ans et demi de guerre, le système sanitaire syrien s’est effondré. Le pays a fait un bond de 70 ans en arrière »Les médecins syriens qui n’ont pas été tués se sont, pour la plupart, exilés. Ceux qui choisissent de rester se font de plus en plus rares. Quant aux grandes organisations internationales telles que Médecins sans frontières, leur capacité à mener des activités médicales directes dans le pays n’a jamais été aussi limitée, du fait de la dangerosité du terrain, y compris pour les structures et le personnel de santé.Lire : MSF : "Soigner en Syrie est devenu un acte de guerre"« A Alep — deuxième ville du pays, au nord — il ne reste plus qu’un ophtalmologue, une gynécologue et deux réanimateurs pour 300 000 habitants », témoigne Zouhair Lahna. Celle qui a été tristement rebaptisée par ses habitants « la ville des barils » abrite de véritables quartiers fantômes où écoles, université et hôpitaux ont été rayés de la carte. « Tous ceux qui avaient les moyens de financer un départ sont partis. Ceux qui sont encore là sont les pauvres et les faibles. Ou ceux qui sont restés par idéal. »C’est pour ces courageux que le chirurgien franco-marocain a accepté de revenir en Syrie pour sa quatrième mission depuis le début de la guerre en 2011. Il avait réalisé la première aux côtés d’un autre médecin français, le professeur Raphaël Pitti, qui vient régulièrement former les soignants syriens à la médecine de guerre. Formations en obstétrique d’urgenceL’épuisement se fait parfois sentir, jamais le désespoir. « Car malgré les morts et les blessés, la vie prend le dessus », dit le docteur Lahna en évoquant les naissances qu’il a données depuis son arrivée. Le courage des civils et des soignants qu’il rencontre permet d’oublier ces conditions ubuesques. Des « héros » dont il voudrait pouvoir raconter chaque histoire. Il évoque au moins celle du docteur Farida, la dernière gynécologue restée à Alep, qui enchaîne jusqu’à 100 consultations par jour. Il y a aussi tous ces jeunes médecins, la trentaine à peine, qui ont choisi de rester quand ils auraient pu fuir. La plupart n’avaient pas terminé leurs études quand la guerre a éclaté, certains sont à peine formés, tous ont dû apprendre sur le tas.Quand il n’opère pas, M. Lahna dispense des formations en obstétrique d’urgence à des groupes de sages-femmes. « Il faut qu’elles puissent remplacer les médecins qui manquent et soient en mesure de réaliser seules une césarienne, n’importe où. » Lui-même se retrouve souvent obligé de faire appel à ses souvenirs de médecine générale pour réaliser des opérations qui dépassent sa spécialité. Vendredi dernier, une fillette qui avait été très grièvement blessée au bassin par un obus tombé sur sa maison a pu être sauvée. L’intervention a duré cinq heures. « Je n’avais jamais réalisé une opération de cette complexité », reconnaît le chirurgien.Terrain le plus difficileCela fait pourtant quinze ans qu’il pratique la médecine humanitaire dans des zones de conflit. Mais la Syrie est, de loin, le terrain le plus dangereux et le plus difficile qu’il ait connu. Plus difficile encore que Gaza sous les bombardements israéliens l’été dernier. « Ici, le danger est partout. Et le fait d’être un humanitaire n’assure en rien des conditions de sécurité », explique le médecin.Après l’opération de la fillette, il a pourtant décidé de prolonger son séjour de deux semaines. « J’ai moi aussi une fille de cet âge… », confie-t-il, sans plus s’épancher. Sur ses quatre enfants, seuls les deux plus grands savent que leur père est en Syrie. Et comprennent le sens qu’il met dans cet engagement. « La médecine est ma seule arme. Et je me sens plus utile ici aux côtés de mes confrères syriens qu’en France, notamment parce que j’ai l’avantage de parler arabe », explique-t-il. Le docteur Lahna ne fait part de sa colère qu’une fois, à l’évocation de l’inertie des dirigeants internationaux :« Le conflit en Syrie est la plus grave crise de notre époque. Quand prendront-ils les décisions nécessaires pour y mettre vraiment fin ? Comment espérer endiguer la crise migratoire si on ne s’occupe pas du problème à la source ? »Lire aussi :L’Union européenne reste divisée sur l’intervention russe en SyrieAprès un court répit et quelques heures de sommeil chez un collègue, le chirurgien devrait reprendre la route pour sa prochaine destination, si les conditions de sécurité le permettent. Les patients qui l’attendent sont nombreux, mais les déplacements très dangereux.Quand il rentrera en France, M. Lahna reprendra ses remplacements à la clinique-hôpital de La Roseraie, à Aubervilliers. Il poursuivra aussi son projet de centre médico-social gratuit pour les réfugiés, de l’autre côté de la Méditerranée, à Casablanca. Jusqu’à un prochain départ pour la Syrie.Camille BordenetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nathalie Guibert Lors du raid français sur Rakka en Syrie, le 8 octobre, ses Mirage 2000 se sont tenus à proximité, juste derrière la frontière avec l’Irak, tandis que les Rafale venus d’Abou Dhabi frappaient l’Etat islamique. La base aérienne jordanienne Prince-Hassan, située à 115 km au nord-est d’Amman, est devenue un point nodal de l’opération « Chammal » en Irak et en Syrie. Les équipages des six chasseurs français qui y sont déployés depuis décembre 2014, avec le renfort d’un avion de surveillance, sont même « en suractivité », selon des sources parlementaires.Dans les rangs français, la base ne doit être citée officiellement que sous son nom de code « H5 », ou BAP, pour « base aérienne projetée », au prétexte de ne pas froisser les autorités jordaniennes. Le site, avec ses 230 personnels français, est fermé aux reporters. Il est seulement rendu accessible lors des visites encadrées des autorités officielles, comme ce fut le cas avec le premier ministre Manuel Valls, lundi 12 octobre.Cependant, deux députés, Marie Recalde (socialiste) et Alain Marty (Les Républicains), en mission sur place du 18 au 21 septembre, ont rapporté des éléments précis à l’occasion de l’audition, le 7 octobre, par la commission de la défense du nouveau chef d’état-major de l’armée de l’air, le général André Lanata, dont le compte rendu vient d’être mis en ligne.« Aucune zone sûre en cas d’éjection des équipages »Les élus, qui saluent l’engagement des personnels, mettent le doigt sur une forte préoccupation : « Le sujet majeur est la fonction de sauvetage », a indiqué M. Marty. « Compte tenu des théâtres d’engagement, il n’existe en effet aucune zone sûre en cas d’éjection des équipages. Or les Mirage 2000 étant monoréacteurs, la crainte d’une panne compromettant le vol est en permanence présente à l’esprit. » Le sort terrible subi par Maaz Al-Kassasbeh, le pilote du F16 jordanien tombé à Rakka qui avait été brûlé vif dans une cage en décembre 2014 à des fins de propagande par l’Etat islamique, n’est pas oublié.« J’ai bien conscience de la situation tactique et des dangers inhérents au survol d’une zone hostile, a répondu le général Lanata. C’est la raison pour laquelle nous accordons une attention particulière à la capacité de sauvetage en zone hostile, qui est aujourd’hui principalement assurée par les Américains sur les théâtres syrien et irakien. Nous sommes en effet parfaitement conscients des conséquences humaines et politiques de l’éventuelle capture d’un équipage ».L’activité de la BAP « est permanente et soutenue, et la mission particulièrement exigeante », a relaté Mme Récalde. « Deux patrouilles de deux avions sont effectuées six jours sur sept, poursuit-elle. Le “no fly day” étant consacré au maintien en condition opérationnelle [la maintenance]. Les équipages réalisent ainsi vingt-quatre sorties par semaine. » Chaque avion effectue soixante-douze heures de vol hebdomadaires – en comparaison, c’est vingt et une heures dans les missions en France. « La base doit, en outre, être en mesure d’offrir pendant une semaine une capacité “surge”, qui suppose la mobilisation de deux avions supplémentaires, soit l’intégralité de la flotte présente », a précisé la députée.Températures extrêmes et tempêtes de sableLes avions français de la base Prince-Hassan comptent pour 500 des 1 100 opérations de Chammal, et la grande majorité des objectifs détruits (300 sur 350). La quasi-totalité des sorties des Mirage 2000 sont des missions d’appui des troupes au sol (5 % seulement étant des frappes sur dossiers d’objectifs préparés). Avec des températures extrêmes – 58 degrés au mois d’août –, des tempêtes de sable, la vétusté des installations américaines de cette base qui date de 1969, les conditions sont « particulièrement sévères », soulignent les deux députés.Depuis la Jordanie, les pilotes français ne mènent pas de vols conjoints avec leurs camarades jordaniens ou américains qui partagent le site, bien que la coordination soit totale avec ces deux pays dans la coalition déployée en Irak. Mais, en août, un exercice conjoint de « force protection » a réuni les soldats des trois pays sur la base pour tester la réaction collective face « à une agression éventuelle » des installations. Une petite information glissée dans le dernier magazine interne de l’armée de l’air.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.10.2015 à 13h10 • Mis à jour le16.10.2015 à 15h59 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La visite devait être rapide, quelques heures à peine, mais hautement symbolique. Accompagné de responsables européens, le ministre grec en charge des questions migratoires, Iannis Mouzalas, se rendait vendredi 16 octobre sur l’île de Lesbos, en mer Egée, pour ouvrir le premier « hot spot » grec.Min de la migration grec vient d' ouvrir lepremier hotspot grec a Lesbos.mais manque de moyens et de personnel. http://t.co/dJgCKt8hpc— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Installé à quelques kilomètres seulement du port de Mytilène, la principale ville de l’île, perdu au milieu de nulle part, parmi les champs d’oliviers, le centre de Moria – des centaines de préfabriqués et containers blancs, aux portes fermées, cachés derrière de hauts barbelés – assurait depuis deux ans déjà l’enregistrement (nom, origine, recueil des empreintes digitales) d’une partie de la vague de migrants débarquant sur l’île.Viendra désormais s’ajouter une mission de tri afin d’identifier les réfugiés susceptibles de recevoir l’asile politique en Europe (Syriens, Irakiens, Erythréens) et les autres qui, s’ils sont considérés comme de « simples  » migrants économiques, seront possiblement renvoyés dans leurs pays d’origine.D’ici la fin du mois de novembre, d’autres centres de tri seront ouverts sur les îles de Kos, Samos, Chios et Léros. D’autres devraient suivre sur le continent et un quartier général à Athènes, en charge de coordonner l’action de l’ensemble, sera mis en place au port du Pirée.Une mise en place difficileLes partenaires européens ont été très clairs avec les autorités grecques : le système de relocalisation – ce processus décidé les 14 et 22 septembre dernier pour répartir dans l’ensemble des pays de l’Union européenne près de 120 000 réfugiés reconnus – fonctionnera seulement quand les « hot spots » seront opérationnels.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?La collaboration entre le ministre Mouzalas et l’Europe a beau se passer plutôt bien, leur mise en place ne va pas sans poser de réels problèmes. « L’UE veut aller vite et oblige le gouvernement grec à ouvrir ces hot spots en un temps record pour des raisons de communication qui lui sont propres mais totalement détachées des réalités du terrain », s’énerve une source gouvernementale.« Où loger les réfugiés pendant la procédure ? Comment les nourrir ? Les habiller ? Les chauffer alors que l’hiver arrive ? », s’interroge une bénévole de Lesbos, en première ligne pour trouver des habits secs ou des tentes aux milliers de migrants qui débarquent désormais quotidiennement sur l’île, en provenance des côtes turques. « Où seront logés ensuite les candidats à l’asile pendant l’examen de leur dossier, qui peut prendre de plusieurs semaines à plusieurs mois ? Et puis que deviendront les autres, ceux qui au terme de ce tri voulu par l’Europe ne seront même pas reconnus comme éligibles à l’asile ? Comment la Grèce va-t-elle les renvoyer chez eux ? Par avion ? En bateau vers la Turquie ? ».Selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 445 180 personnes sont arrivées en Grèce entre le 1er janvier et le 9 octobre. Plus de 2 millions de Syriens se trouvent dans des camps en Turquie, 1,6 million au Liban et 600 000 en Jordanie. Autant de candidats potentiels à l’exil vers l’Europe.Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligneDes « hot spots » en Turquie ?« L’Europe doit aider massivement la Grèce », a insisté le haut-commissaire pour les réfugiés Antonio Guterres, lors d’une visite en Grèce les 11 et 12 octobre. Il a réclamé notamment « un assouplissement des critères bureaucratiques et technocratiques » qui ralentissent l’absorption par la Grèce des fonds européens pourtant officiellement mis à sa disposition. « Près de 450 millions d’euros doivent nous être transférés, ce n’est déjà pas beaucoup face à l’ampleur de la tâche mais, en plus, pour arriver à débloquer cet argent il faut des semaines de bureaucratie européenne, or nous avons besoin de l’argent maintenant si l’on veut pouvoir tenir le rythme qu’ils exigent de nous pour les hot spots », reconnaît une source gouvernementale.Au-delà de l’argent, les autorités nationales doivent aussi recevoir l’appui de diverses agences européennes : Europol (coopération policière), Eurojust (coopération judiciaire), Frontex (gestion des frontières extérieures) et Easo, le Bureau européen d’appui en matière d’asile.Lire aussi :Crise des réfugiés : l’UE contrainte de s’appuyer sur la TurquieDes renforts humains et un nouveau matériel d’identification permettant d’accélérer la prise d’empreintes digitales sont bien arrivés au centre de Moria à Lesbos mais pas en nombre suffisant pour éteindre la polémique sur l’île, comme dans toute la Grèce, qui refuse de se transformer en vaste camp de rétention de migrants à la périphérie de l’Europe.A son arrivée au Conseil européen du jeudi 15 octobre à Bruxelles, le premier ministre grec Alexis Tsipras a plaidé pour que les « hot spots » soient mis en place en amont en Turquie plutôt qu’en Grèce, afin d’éviter les traversées qui mettent chaque jour en danger la vie de milliers de réfugiés. Jeudi, sept personnes dont trois enfants et un nourrisson ont péri dans un nouveau naufrage au large de Lesbos.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.10.2015 à 11h52 • Mis à jour le16.10.2015 à 11h54 Un véhicule blindé de l’armée américaine est entré de force, jeudi 15 octobre, dans l’hôpital de Médecins sans frontières (MSF) bombardé il y a deux semaines par les Américains. Le véhicule a défoncé le portail, apparemment sans savoir que des cadres de MSF, dont son directeur en Afghanistan, Guilhem Molinie, se trouvaient sur place.La délégation américaine a négocié avec l’équipe de l’organisation non gouvernementale (ONG), affirmant qu’elle était autorisée à venir dans l’hôpital dans le cadre de l’enquête conjointe américano-afghane menée sur le bombardement meurtrier du 3 octobre. Les soldats américains ont finalement été autorisés à entrer, mais sans leurs armes, dans le bâtiment en partie détruit et rendu inopérant par le bombardement.Possibilité de détruire des preuvesUne porte-parole de l’ONG a confirmé cette intrusion américaine, survenue, selon elle, « en dépit d’un accord (…) stipulant que MSF devait être informée avant chaque nouvelle étape de la procédure [de l’enquête américano-afghane] impliquant le personnel ou les actifs de l’ONG ».« Leur intrusion non annoncée et de force a endommagé le complexe, détruit de possibles preuves et généré du stress et de la peur chez l’équipe de MSF »,.MSF a réclamé une enquête indépendante sur le bombardement de son hôpital de Kunduz, le seul capable de faire de la chirurgie d’urgence dans cette région du Nord afghan, qui a tué au moins 14 de ses employés et 10 patients. Neuf autres personnes sont toujours portées disparues à la suite de cette attaque qui a suscité de nombreuses réactions à travers le monde.Lire aussi :Centre MSF de Kunduz en Afghanistan : histoire d’une bavure 16.10.2015 à 08h12 • Mis à jour le16.10.2015 à 18h55 La journée de vendredi 16 octobre a été marquée par une nouvelle flambée de violences avec l’attaque, dès l’aube, du tombeau de Joseph, site sacré du judaïsme, et de nouveaux heurts entre Palestiniens et soldats israéliens, alors que des groupes palestiniens ont appelé à un « vendredi de la révolution » en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.La Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville, annexée et occupée par Israël, sont en proie depuis le 1er octobre à des violences qui ont réveillé le spectre d’une nouvelle intifada. La bande de Gaza a été entraînée dans la spirale le 9 octobre.Le tombeau de Joseph attaquéAvant l’aube, le tombeau de Joseph, ancien lieu de pèlerinage juif à Naplouse, devenu un point d’appui pour la colonisation, a été la cible de cocktails Molotov et incendié, causant d’importants dégâts. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déploré un acte « irresponsable », condamnant pour la première fois les attaques de Palestiniens. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi « fermement condamné cet acte répréhensible ».Pour les juifs, le tombeau abrite la dépouille de Joseph, l’un des douze fils de Jacob, vendu par ses frères et conduit en Egypte, d’où son corps a été rapporté, selon la tradition biblique. Le site, où les Palestiniens affirment que se trouve la tombe d’un cheikh local, a été le théâtre d’affrontements meurtriers par le passé, notamment lors de la deuxième Intifada, entre 2000 et 2005.Joseph's Tomb, Nablus, attacked and set afire by #Palestinians; fire put out, by Palestinian authority, http://t.co/55BaKXOAg7— sfrantzman (@Seth Frantzman)require(["twitter/widgets"]);Restrictions sur l’esplanade des MosquéesL’appel à manifester pour le « vendredi de la révolution » a été lancé après que la police israélienne a annoncé, jeudi, que, comme la semaine précédente, pour parer à tout débordement, seuls les hommes de plus de 40 ans seraient autorisés à se rendre pour la prière du vendredi sur l’esplanade des Mosquées.Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’est dit de nouveau prêt à rencontrer le président palestinien, Mahmoud Abbas, tout en lui reprochant d’encourager la violence.Un soldat israélien poignardé et deux Palestiniens tuésQuatre Palestiniens ont été tués vendredi. L’un, qui se faisait passer pour un journaliste, a été abattu après avoir poignardé et sérieusement blessé un soldat israélien en Cisjordanie occupée. Un autre a été atteint par des tirs israéliens lors de heurts près de Naplouse, et deux autres ont subi le même sort dans la bande de Gaza alors qu’ils manifestaient avec des centaines de personnes près de la barrière qui isole Israël de l’enclave palestinienne.Depuis le 1er octobre, les violences ont fait trente-sept morts, dont plusieurs auteurs d’attaque, et des centaines de blessés côté palestinien, et sept morts et des dizaines de blessés, côté israélien.Washington embarrassé par la situationDepuis la reprise des violences, l’administration américaine s’est bornée à multiplier les condamnations des actes de terrorisme visant les Israéliens et les appels au calme, qui doit être ramené « aussi vite que possible », selon le secrétaire d’Etat, John Kerry.Une retenue relative qui s’explique en partie par les mauvaises relations qu’entretiennent Barack Obama et Benyamin Nétanyahou, alors que Washington est traditionnellement plus proche des autorités israéliennes que du camp palestinien.M. Nétanyahou s’est montré très critique par le passé à l’encontre de John Kerry, qui s’était investi en vain dans une relance du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens après sa nomination au département d’Etat, en janvier 2013, avant de reconnaître l’échec de ses efforts un an plus tard, en avril.Cet échec suivait celui essuyé par M. Obama au cours de son premier mandat. Confronté aux mêmes protagonistes et à la même défiance, M. Obama avait arraché à M. Nétanyahou en 2009 un gel partiel et temporaire de la colonisation israélienne, qui n’avait pas permis pour autant une reprise des discussions sur le sort des territoires palestiniens.Réunion d’urgence du Conseil de sécuritéLe Conseil de sécurité des Nations unies devait tenir vendredi une réunion d’urgence sur les violences. Demandée par la Jordanie, seul membre arabe du Conseil, elle devait commencer à 11 heures à New York (17 heures en France).Le groupe des pays arabes à l’ONU avait chargé la Jordanie de cette démarche à l’issue d’une réunion jeudi après-midi. Des diplomates ont dit qu’aucune résolution n’était envisagée pour l’instant, mais qu’il pourrait y avoir une tentative visant à ce que le Conseil publie une déclaration exhortant les deux parties à contenir les violences.Lire aussi :Israël autorise le bouclage de Jérusalem-Est Cécile Chambraud Cette fois, ils se sont organisés. Les évêques africains sont arrivés à Rome munis d’un vade-mecum et d’une stratégie de groupe. Pas question pour eux de sortir du synode, organisé par l’Eglise catholique pour réévaluer son discours sur la famille, du 5 au 25 octobre, avec le sentiment d’avoir reçu un camouflet, comme il y a un an. En octobre 2014, à l’issue d’une première réunion, leurs représentants avaient dénoncé des débats entièrement centrés sur les problématiques « occidentales » que seraient les divorcés-remariés, les couples non mariés et l’homosexualité. Il n’en serait pas de même, s’étaient-ils promis, lors de la session finale.Ils accusent les pays occidentaux de vouloir imposer aux sociétés africaines leurs conceptions sur le contrôle des naissances et l’homosexualité à travers les conditions posées à l’octroi de programmes d’aide au développement.« Colonialisme idéologique »Ils ont résumé cela par le concept de « nouvelle colonisation idéologique » qui menacerait de « détruire la famille africaine ». « Quand on oblige les uns et les autres à adopter des lois abortives, le gender, l’homosexualité, l’euthanasie comme condition pour accéder à des fonds de développement… Nous essayons de respecter la vision des autres. Alors, qu’on nous respecte ! », a ainsi plaidé, mercredi 14 octobre, le cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou (Burkina Faso).Leur refus de faire évoluer l’attitude de l’Eglise catholique sur ces sujets les classe dans le camp du statu quo, dont ils sont devenus une composante essentielle. Lors de l’ouverture du synode en 2014, le pape François avait mesuré à quel point ce discours était ancré chez les évêques africains et devait être pris en compte à Rome. Par la suite, il a repris dans ses discours une partie de leur vocabulaire. « Il y a un colonialisme idéologique qui cherche à détruire la famille », avait-il ainsi affirmé lors de son voyage aux Philippines, en janvier. Depuis, la formule est souvent revenue dans sa bouche.Dans les réunions de travail du synode, certains propos font parfois tiquer. Le cardinal guinéen Robert Sarah, l’un des principaux membres de la curie romaine en tant que préfet de la congrégation pour le culte divin, a mis sur le même plan « l’idéologie du genre et l’Etat islamique », tous deux partageant « la même origine démoniaque ». « Ce que le nazisme et le communisme étaient au XXe siècle, l’homosexualité occidentale et les idéologies abortives et le fanatisme islamique le sont aujourd’hui », a-t-il ajouté, dénonçant « deux bêtes de l’Apocalypse : d’une part, l’idolâtrie de la liberté occidentale ; de l’autre, le fondamentalisme islamique ». Tous les évêques africains n’ont pas cette virulence.Compter avec l’AfriqueLors des travaux du synode, les Africains sont dispersés dans les groupes constitués par langue de travail. Mais ils se retrouvent de manière informelle tous les deux ou trois jours. Ils sont munis chacun d’un volume du livre publié en septembre par le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam), après plusieurs mois de concertation, et qui récapitule leurs points d’accord. Onze d’entre eux, dont le cardinal Sarah, ont publié par ailleurs un ouvrage collectif intitulé L’Afrique, nouvelle patrie du Christ. Contribution de pasteurs africains au synode consacré à la famille. Le cardinal Sarah avait déjà refusé toute ouverture en direction des familles « irrégulières » dans un précédent livre d’entretiens intitulé Dieu ou rien.Aujourd’hui, le cardinal Wilfried Fox Napier, archevêque de Durban (Afrique du Sud), est l’un des présidents délégués du synode. Dans les débats, les représentants des églises africaines poussent leurs préoccupations. Charles Palmer-Buckle, archevêque d’Accra (Ghana), a ainsi relevé que le rapport introductif au synode, « semblait avoir été rédigé par quelqu’un à qui il semblait manquer la perspective africaine ». Les prélats africains s’efforcent donc d’y remédier. La famille étendue, le « mariage par étapes » (coutumier, civil puis religieux), ou encore les problèmes posés par la polygamie – peut-on par exemple baptiser un polygame ? – sont mis en avant. Pour autant, les représentants africains sont très méfiants à l’égard d’une piste envisagée par plusieurs « pères synodaux », consistant à confier à des conférences régionales ou nationales le soin de répondre à certaines questions pastorales. « L’Eglise est la même partout. Tout ce qui concerne l’Eglise en Europe la concerne aussi en Afrique, et inversement », a mis en garde Mgr Palmer-Buckle.Le pape François n’est pas un familier de l’Afrique. Il s’y rendra pour la première fois en novembre (Kenya, Ouganda, Centrafrique). Mais, pendant cette réunion à Rome, les prélats de ce continent auront tout fait pour convaincre le pontife d’origine sud-américaine qu’il faudra à l’avenir compter avec l’Afrique, « le continent qui croît le plus vite dans l’Eglise catholique », selon l’archevêque d’Accra.Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.10.2015 à 03h55 • Mis à jour le16.10.2015 à 08h53 Un Afghan a été abattu par des gardes-frontières bulgares, jeudi 15 octobre au soir, alors qu’il tentait d’entrer illégalement en Bulgarie depuis la Turquie. Le drame, qui coïncide avec l’adoption à Bruxelles d’un « plan d’action commun » entre l’UE et la Turquie pour endiguer les flux migratoires, est le premier cas connu de tir mortel de forces de l’ordre depuis le début de la crise qui a vu affluer des centaines de milliers de migrants en Europe.Lire aussi :Migrants : un accord conclu à Bruxelles avec la TurquieLa victime faisait partie d’un groupe d’une cinquantaine de migrants, âgés de 20 à 30 ans, qui tentaient de se frayer un passage dans le secteur de Sredets, dans le sud-est du pays, selon le ministère de l’intérieur. Selon un haut responsable du ministère de l’intérieur, une balle tirée par une patrouille sans intention de toucher les migrants a « rebondi, blessant à la nuque » l’un d’eux, qui a succombé à ses blessures sur la route de l’hôpital vers 22 heures (21 heures à Paris).Le premier ministre, Boïko Borissov, a quitté d’urgence jeudi soir le sommet de Bruxelles sur les migrations. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a déclaré avoir été informé de l’incident par M. Borissov avant son départ. Membre de l’Union européenne mais pas de l’espace Schengen de libre circulation, la Bulgarie reste en marge du principal flux de migration vers l’Europe occidentale qui passe par la Grèce, la Macédoine et la Serbie.Le pays a, cependant, vu transiter plusieurs dizaines de milliers de migrants depuis le début de l’année, selon les estimations. Sofia a fait ériger une clôture de 30 kilomètres sur une section de la frontière avec la Turquie et a mobilisé quelque 2 000 policiers, ainsi que des militaires, aux frontières. A la différence de la Grèce, les migrants qui pénètrent en Bulgarie y sont soumis à une procédure d’enregistrement et doivent en principe attendre plusieurs mois avant d’obtenir un statut de réfugié leur permettant de voyager en Europe sans s’y installer.Lire aussi :En Tunisie, les rêves brisés des recalés de la mer 16.10.2015 à 00h20 • Mis à jour le16.10.2015 à 09h02 L’opposant vénézuélien Manuel Rosales a été arrêté jeudi 15 octobre à l’aéroport de Maracaibo, dans l’ouest du pays, à son retour après six ans d’exil, a annoncé le ministère public. Cet ancien leader de l’opposition sociale-démocrate, candidat à la présidence de la République en 2006 contre Hugo Chavez, avait annoncé son retour du Pérou la semaine dernière, deux ans après la mort du leader. Le parquet avait prévenu qu’il serait arrêté dès son atterrissage.Quelques heures auparavant, il tweetait sa joie de revoir « la terre qui [l’avait] vu naître ».Después de 6 años, hoy vuelvo a pisar la tierra que me vio nacer. ¡Que viva el Zulia. Que viva Venezuela! http://t.co/j2CW8mIV4W— manuelrosalesg (@Manuel Rosales)require(["twitter/widgets"]);Puis, vers 16 h 30 (23 heures à Paris), il postait une vidéo sur son profil Periscope, une application de vidéo en direct, dans laquelle il ironisait sur le dispositif militaire et policier présent sur le tarmac. « Ils devraient plutôt déployer ces forces pour lutter contre la délinquance, l’insécurité », disait-il.M. Rosales, 62 ans, fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour corruption. Il avait quitté le pays en avril 2009, après une campagne violente pour la mairie de Maracaibo, capitale pétrolière de l’Etat de Zulia, le plus riche et le plus peuplé du Venezuela (2 millions d’électeurs, sur un total de 16 millions). M. Rosales avait été le gouverneur de Zulia puis le maire de Maracaibo, poste que tient désormais sa femme, Evelyn Trejo, depuis 2010. En perte de vitesse, leader par défaut d’une opposition divisée, il avait concentré durant cette campagne les attaques du camp Chavez.Lire : Le leader de l'opposition brigue la capitale du pétrole vénézuélienLe président l’accusait alors de vouloir l’assassiner. « Un porc de son espèce doit être en prison. Il est pire que le Don Corleone du Parrain (le film de Francis Ford Coppola) », assurait M. Chavez, mort en 2013, qui envisageait de mettre en œuvre « un plan militaire » à Maracaibo, au cas où M. Rosales l’emporterait. Les deux hommes se détestaient. Le chef de l’Etat n’avait jamais pardonné à M. Rosales d’avoir signé sa destitution lors d’un putsch manqué, en avril 2002.La justice avait lancé une enquête contre M. Rosales sur des soupçons d’enrichissement personnel durant ses mandats à Zulia en pleine campagne. Ce dernier était parti en exil alors qu’il devait comparaître à une audience où il risquait une peine de prison et une interdiction de quitter le pays. Il a expliqué rentrer aujourd’hui pour « aider à construire la victoire du 6 décembre », date des prochaines élections législatives. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement réuni, jeudi 15 octobre à Bruxelles, devait se concentrer sur les relations avec la Turquie, dans l’espoir qu’elle coopère davantage dans la gestion des vagues de réfugiés.L’autre volet des discussions devait concerner ce qui est devenu l’autre priorité des Européens : un meilleur contrôle des frontières extérieures de l’Union, pour empêcher l’entrée de ceux qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié.Dans ce cadre, la France a déposé un document qui propose de doter rapidement l’agence Frontex de moyens financiers et humains supplémentaires, afin de préserver l’avenir de l’espace Schengen. Alors que la Commission et son président, Jean-Claude Juncker, ont promis une initiative « avant la fin de l’année », Paris suggère un plan par étapes en vue de la création d’un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes européens.Lire aussi :Migrants : l’UE accélère sa lutte contre les passeurs dans la MéditerranéeUn effort financier annuel demandé à chaque EtatChaque Etat mettrait une réserve annuelle à disposition de l’organisation. L’ampleur de l’effort demandé à un pays serait déterminée par une série de critères, dont la part de surveillance des frontières extérieures de l’UE qu’il assume déjà.Pour préserver la souveraineté des Etats, on préciserait que, « sauf défaillance avérée », ce sont eux qui formuleraient une demande pour obtenir l’appui européen. Une « étude de faisabilité » de la Commission suggérait, en revanche, le possible lancement d’opérations sans l’avis des capitales.A plus long terme, la réserve pourrait devenir un corps européen, sous l’autorité de Frontex, préconise le document français. C’est le Conseil qui déciderait du déploiement, sur proposition de l’agence européenne des frontières et de la Commission.Cette dernière évoque aussi la création d’une « force de réaction rapide » susceptible d’être déployée en vingt-quatre ou quarante-huit heures. Ou encore la mise en place d’un « Bureau des retours », qui hâterait et organiserait le rapatriement des déboutés du droit d’asile.Urgence en Italie et en GrèceLa France souligne, d’autre part, la nécessité de moderniser les procédures de contrôle des voyageurs, avec l’aide des nouvelles technologies (identification biométrique, calcul automatique des durées de séjour, etc.) afin de bâtir un système dit de « frontières intelligentes ».La discussion a lieu dans un contexte où Frontex espère au moins disposer des moyens qui lui ont été promis pour aider la Grèce et l’Italie à traiter les dossiers des demandeurs d’asile qui continuent d’arriver dans ces pays dits « de première ligne ». Environ 710 000 personnes – dont 450 000 en Grèce – ont gagné le territoire européen depuis le début de l’année, selon les calculs – parfois contestés – de Frontex. Près de 1 000 fonctionnaires devaient être affectés à l’agence et au Bureau d’asile européen (EASO) par les Etats ; un peu plus d’une centaine seulement ont été effectivement mobilisés jusqu’ici.La France promet de fournir rapidement un contingent, mais souligne que les difficultés viennent de Frontex qui, de son côté, dit avoir de la peine à évaluer précisément les demandes de Rome et Athènes.Lire aussi :Une nuit avec les gardes-côtes turcs, sauveteurs de migrants au large de BodrumJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Xavier Eutrope La vidéo se lance. Des lettres dorées font irruption sur un fond étoilé. Des cuivres résonnent en chœur, une supernova de synthèse explose, le titre du podcast apparaît : « getting Doug with high », un jeu de mot sur « se défoncer avec Doug ». Le présentateur apparaît avec de grosses lunettes noires sur le bout du nez. Doug Benson, comique de stand-up connu pour son amour du cannabis et sa cinéphilie, explique pourquoi il a annulé ses dernières émissions. Il n’est pas au mieux de sa forme depuis quelques jours. De bonnes grosses quintes de toux lui ont fait peur et il ne désirait pas donner une image négative de la consommation de marijuana « et de toutes les bonnes choses qu’elle apporte ». Pas d’invité cette fois-ci, lui qui accueille d’ordinaire des comiques, des acteurs ou des producteurs. On a pu y voir par le passé Aubrey Plaza (Parks and Rec, Scott Pilgrim), Cheech and Chong (figures cultes des films sur la drogue), l’acteur comique Jack Black ou encore les deux interprètes de la série télé Broad City. Des gens qui ont souvent pour habitude de fumer.Après avoir présenté ses invités aux spectateurs, fait rapidement le tour de leur actualité et quelques blagues, une sonnerie retentit. C’est le « tea time » des fumeurs de cannabis : chacun des invités s’empare d’un des ustensiles pour consommer du cannabis posé sur la table devant eux. De temps en temps, le présentateur propose à ses invités d’essayer le produit qu’une marque « amie », productrice d’herbe ou de matériel pour fumer, leur a prêté.Doug Benson est aussi le réalisateur de Super High Me, documentaire de 2007 qui reprenait, en l’inversant, le principe lancé par Morgan Spurlock dans Super Size Me. On y voyait le comédien fumer régulièrement du cannabis et procéder à des tests médicaux afin de tenter de prouver l’innocuité des produits qu’il consommait.Il a aussi organisé une série de spectacles en 2010 en faveur de nouvelles régulations en Californie qui auraient pu élargir le cadre légal de consommation de la substance. Aux États-Unis, à ce jour, la question du cadre légal de la consommation de cannabis n’est pas tranchée au niveau fédéral et chaque Etat dispose de sa propre juridiction. Plusieurs États ont d’ailleurs récemment légalisé la consommation de cette drogue. Des comptes de plus en plus populairesLa chaîne de Benson comptabilise plus de 350 000 abonnés et ses vidéos ont été vues près de 30 millions de fois. Pas grand-chose, quand on les compare aux 38 millions d’abonnés de PewDiePie, le roi des YouTubeurs spécialisé dans le jeu vidéo. Mais de plus en plus d’utilisateurs de YouTube mettent en ligne des vidéos dans lesquelles ils parlent du cannabis – ou en fument. Aux côtés de productions très professionnelles comme le show de Doug Benson, on retrouve beaucoup d’autres productions plus intimistes et moins formelles. La demande est forte : les recherches sur Google pour des vidéos liées à la marijuana ont régulièrement augmenté ces dernières années.Larry Jones est l’un de ces YouTubeurs. Âgé de 19 ans, ce résident de la Caroline du Nord est le créateur de la chaîne THCTemple. « C’est le nom de notre église » explique-t-il, « et j’en suis le pasteur ». Une « église » qui prêche notamment la tolérance, comme il l’explique dans ses vidéos, et qui vise à « changer le monde et à l’améliorer, de telle sorte que les gens qui me regardent aient envie de faire la même chose ».Larry a avant tout été spectateur de ces vidéos avant d’en produire lui-même. Après s’être renseigné sur Internet et avoir lu un bon nombre d’articles et d’études, il a décidé de voir à quoi ressemblaient les fumeurs moyens. « Bien entendu, il y avait le cas typique du gars qui ne fait pas grand-chose et qui fume dans sa cave », raconte-t-il, « mais la plupart du temps j’ai vu des gens intelligents qui fumaient et me faisaient voir la vie d’une manière différente ». Lui-même aimerait faire changer la perception que les gens ont des fumeurs de cannabis. Les titres de ses vidéos sont tous très explicites et annoncent les thèmes qui seront abordés.Larry n’a jamais eu d’ennuis avec la police. « Non, je n’ai jamais été poursuivi. Pourquoi le serais-je ? On ne fait rien d’illégal ici ». Il est vrai que la Caroline du Nord n’est pas l’état américain le plus sévère pour ce qui est de la consommation de cannabis. Seul l’Etat est autorisé à cultiver des plans, il est illégal d’en transporter et la vente constitue un délit. Mais la possession de moins de 45 grammes y est considérée comme un délit mineur. Dans les informations à propos de sa chaîne, on trouve cependant l’étrange avertissement suivant :« Cette chaîne existe à des fins de divertissement uniquement. Les personnes dans les vidéos publiées ici sont des acteurs rémunérés. Il s’agit d’une émission purement fictive et d’événements écrits à l’avance. Il n’y a jamais eu et n’y aura jamais d’activités illégales montrées sur cette chaîne. »Testeurs, amateurs, businessmen…Lancée il y a moins d’un an, THCTemple comptabilise près de 50 000 abonnés et ses vidéos ont été vues presque 2,7 millions de fois. Ces vidéos ne rapportent pas beaucoup d’argent à leur auteur. Larry a mis un bouton de donation sur son profil :« Je touche de l’argent des publicités mais ça ne représente que 4 à 10 dollars par vidéo. Depuis que j’ai mis le bouton pour les dons, en revanche, j’ai gagné près de 300 dollars. »Ils sont nombreux à se lancer dans l’aventure, aussi bien des garçons que des filles, des « spécialistes » pointus ou juste de simples adeptes. Certains, comme d’Arcy, un Canadien de 21 ans, à l’origine de la chaîne METLAKush420, promeuvent des produits qui leur sont envoyés et qu’ils apprécient. On trouve même des entreprises qui sautent sur l’occasion pour parler directement de leur produit, comme 420 Science, qui vend de nombreux ustensiles liés à la conservation du cannabis et à sa consommation.Flou juridiqueQuelle est la position de YouTube vis-à-vis de ces contenus dans lesquels des individus parlent de drogue et en consomment ?Les règles internes de YouTube, les mêmes pour le monde entier, interdisent la diffusion de vidéos qui incitent à « la consommation de drogues dures » – quasi inexistantes sur la plateforme. Le site peut faire exception pour les vidéos dont « l’objectif premier […] est éducatif, documentaire, scientifique ou artistique (EDSA), et dont les images permettent d’illustrer le contenu ». Mais chez YouTube, on précise ne faire aucune différence entre les différentes drogues : les vidéos qui font l’apologie de la substance ou montrent des utilisateurs en consommer seront systématiquement supprimées en cas de signalement par un internaute. Tous les YouTubeurs spécialisés dans le cannabis poursuivent donc leurs activités sous la menace permanente d’une suppression.En France, la situation est plus simple qu’aux États-Unis : l’apologie de la consommation de drogues est interdite. YouTube n’a pourtant pas l’obligation de surveiller préventivement les contenus qu’il héberge. « Selon la loi du 21 juin 2004 statuant entre autres sur la responsabilité de l’hébergeur sur Internet, YouTube n’est pas responsable des vidéos qui sont mises sur la plateforme », rappelle Alex Litzler, qui enseigne le droit à la faculté de Nanterre. Pour que l’hébergeur soit incriminé, il faut qu’il ait connaissance du contenu, qu’il en ait donc été notifié via un signalement, que la vidéo soit clairement illicite, et qu’enfin la plateforme ne retire pas la vidéo dans un délai raisonnable. Le fait que les vidéos liées à l’héroïne ou à la cocaïne soient très peu présentes sur YouTube n’indique pas nécessairement que la plateforme est plus souple concernant les vidéos sur le cannabis, estime Alex Litzler :« Les utilisateurs de YouTube signalent probablement moins les contenus liés au cannabis parce qu’ils sont moins choqués par ce type d’usage. Moins de signalements, cela se traduit par moins de retraits. »Pour les citoyens français qui décideraient de mettre en ligne de telles vidéos, les peines peuvent être très sévères. « On tombe sous le coup d’une infraction à l’article L 3421-1 du code de santé public, qui interdit tout ce qui est provocation à l’utilisation de stupéfiants. Les peines encourues sont de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende », explique Alex Litzler. Aucun utilisateur français de YouTube ne semble d’ailleurs s’être lancé dans la diffusion de vidéos sur le cannabis, mais Larry, de THCTemple, assure avoir des spectateurs depuis l’Hexagone. « Le plus gros de mon public vient des États-Unis ou du Royaume-Uni et du Canada, mais je sais qu’il y a quelques Français qui me regardent et qui aiment ce que je fais ».Xavier EutropeJournaliste au Monde Cécile Chambraud A deux jours de l’ouverture à Rome du synode de l’Eglise catholique sur la famille, un prêtre polonais donne à la question de l’homosexualité toute sa visibilité, alors qu’elle semblait avoir tendance à passer au second plan des débats. Le père Krysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’ex-Saint-Office, organisme romain chargé de veiller à la cohérence de la doctrine), a révélé être homosexuel et avoir un compagnon, samedi 3 octobre, afin que, sans « attendre encore cinquante ans », « l’Eglise ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ».Lire aussi :Le pape ouvre les travaux du synode sur la familleDans des entretiens publiés par le quotidien italien Il Corriere della Sera et l’édition polonaise de Newsweek, ce collaborateur de la curie romaine mesure le risque de son coming out. « Je sais que l’Eglise me verra comme quelqu’un qui n’a pas su remplir son devoir [de chasteté], qui s’est perdu et qui plus est non pas avec une femme mais avec un homme ! », dit-il. « Je le fais pour moi, pour ma communauté, pour l’Eglise », ajoute-t-il.Par cet acte spectaculaire, le père Charamsa veut pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels. « Réveille-toi, Eglise, lance-t-il, cesse de persécuter les innocents. Je ne veux vraiment pas détruire l’Eglise, je veux l’aider, et surtout je veux aider ceux qu’elle persécute. Mon coming out doit être un appel au synode pour que l’Eglise arrête ses actions paranoïaques à l’égard des minorités sexuelles », ajoute-t-il.Un geste « très grave » et « irresponsable » pour le VaticanLe Vatican n’a pas tardé à sanctionner l’homme d’Eglise, jugeant ce coming out « très grave et irresponsable » à la veille de l’ouverture du synode. « Evidemment, Mgr Charamsa ne pourra plus continuer à assurer ses fonctions précédentes auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi », ajoute le Vatican dans un communiqué. L’Eglise catholique précise que son statut de prêtre, qu’il pourra difficilement conserver après avoir reconnu vivre en couple avec son partenaire, sera discuté par les supérieurs hiérarchiques de son diocèse.L’accueil des homosexuels est l’une des questions posée aux évêques catholiques réunis en Synode pendant trois semaines à Rome. La doctrine considère les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » et prône l’abstinence aux gays. Elle refuse a fortiori le mariage entre personnes de même sexe. « Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille. Chacun, et même les gays, les lesbiennes et les transsexuels, porte dans son cœur un désir d’amour et de famille », affirme le prêtre polonais. « Le clergé, ajoute M. Charamsa dans l’édition polonaise de Newsweek, est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. »Alors que 360 prélats commenceront à débattre lundi des différentes questions relatives à la famille, des représentants d’organisations de catholiques homosexuels de près de quarante pays étaient réunis depuis jeudi à Rome pour s’organiser en réseau international baptisé « Global Network of Rainbow Catholics » (GNRC, réseau mondial des catholiques arc-en-ciel).Ces derniers jours, le pape François a semblé émettre des signaux contradictoires sur la question. Lors de son voyage aux Etats-Unis, il a rencontré Kim Davis, l’égérie des opposants au mariage gay, mais aussi un ami homosexuel et son compagnon. Dans l’avion qui le ramenait du Brésil peu après son élection en 2013, François avait déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? »Lire aussi :Le discours engagé du pape face aux élus américainsCécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jacques Follorou Vers deux heures du matin, samedi 3  octobre, l’hôpital de Médecins sans frontières (MSF) a été bombardé dans la ville de Kunduz, principale ville du nord-est de l’Afghanistan, en proie, depuis lundi, à de violents combats entre talibans et forces afghanes.« Plusieurs frappes ont touché nos bâtiments dans la nuit, nous comptons, pour l’instant trois morts et une trentaine de disparus mais la situation est chaotique, nos personnels afghans et internationaux travaillent dans l’hôpital et y vivent pour la plupart à cause des combats qui ont régné dans la ville depuis lundi », a indiqué, samedi, au Monde, un responsable de MSF à Kaboul.Lire aussi :Afghanistan : Kunduz, une bataille stratégiqueMSF a immédiatement demandé des comptes à l’OTAN à ­Kaboul, exigeant de connaître les conditions dans lesquelles un tel événement a pu se produire. Le colonel Brian Tribus, porte-parole de la mission de l’Alliance atlantique en Afghanistan, a déclaré, de son côté, que « la frappe qui a touché l’hôpital de MSF visait des personnes qui menaçaient les forces de la coalition, elle pourrait avoir causé des dommages collatéraux dans un centre médical qui se trouvait à proximité », avant d’ajouter qu’« une enquête a été ouverte ».La veille de ce bombardement, alors que des communiqués de victoire des militaires afghans revendiquaient la reprise de Kunduz des mains des talibans, des responsables de l’hôpital de Médecins sans frontières, situé au cœur de la cité, indiquaient au Monde que des coups de feu résonnaient encore aux abords même de l’établissement.« Morts sur le bord de la route »« La ligne de front est encore très mouvante, souvent très proche de notre hôpital, c’est pourquoi nos équipes n’en sortent pas », expliquait alors Renzo Fricke, coordonnateur des opérations MSF en Afghanistan. « A cause de l’insécurité qui règne encore, nous craignons que beaucoup de patients n’aient pas pu atteindre l’hôpital et soient morts sur le bord de la route », dit-il, ajoutant que « faute de pouvoir atterrir à Kunduz, nous commençons à manquer de matériel de chirurgie et de sang ».Dans ce seul hôpital, depuis le début des combats, lundi, près de 350 personnes ont été soignées, dont 59 enfants. Jeudi après-midi et vendredi, le nombre de blessés était reparti à la hausse. Les populations civiles commencent à manquer d’eau potable et la pénurie d’alimentation se fait sentir alors que les prix des biens et des denrées augmentent.Lire aussi :Les talibans afghans conquièrent leur première grande villeSur les 300  000 habitants que compte la ville, seule une dizaine de milliers de personnes étaient parvenues à fuir les combats de Kunduz depuis lundi.Vendredi, dans la soirée, le général Murad Ali Murad, chef d’état-major adjoint de l’armée afghane, concédait que les talibans afghans qui connaissaient la ville et la région avaient fui mais qu’il en restait dans la ville, surtout des étrangers, cachés dans des maisons et des bâtiments, confirmant ainsi les dires de MSF.L’un des porte-parole des talibans a assuré que le retrait de la ville obéissait à une stratégie ­concertée qui consistait à laisser entrer les troupes régulières pour ensuite les harceler. Le nouveau chef des talibans afghans, le mollah Mansour, successeur du mollah Omar, interrogé, vendredi, par l’agence Associated Press, a indiqué que son mouvement cherchait ainsi à ne pas faire de victimes civiles à la différence des forces gouvernementales, accusées d’ouvrir le feu sans se soucier de savoir s’il s’agit de talibans ou de populations innocentes. Il a enfin assuré que l’opération de Kunduz n’était que la première d’une ­longue série pour « reconquérir notre terre ».La ville prise en douze heures par les talibansLes troupes afghanes n’ont pu engager la reprise de Kunduz qu’avec le soutien aérien des Américains qui n’avaient effectué jusque-là que cinq frappes, selon les déclarations de l’OTAN à Kaboul. Mais la prise éclair de la ville en douze heures par les talibans, la fuite de l’armée régulière face à des insurgés « deux à trois fois moins nombreux », selon les estimations les plus fiables, ainsi que les menaces qui pèsent sur des régions entières du pays, traduisent la faiblesse de la position du gouvernement de Kaboul. Au point de créer un malaise palpable dans les chancelleries occidentales.Vendredi, depuis New York, où il assistait à l’Assemblée générale de l’ONU, le chef de l’exécutif du pays, Abdullah Abdullah, a formulé ce malaise  : « La crise de Kunduz démontre que les troupes étrangères doivent rester en Afghanistan. »Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Bezat L’Europe reste l’horizon indépassable de Gazprom. Au cours des deux dernières années, marquées par la crise ukrainienne, la Russie avait fait croire qu’elle pouvait pénaliser le Vieux Continent en se tournant vers l’Asie. En 2014, deux décisions majeures avaient illustré cette réorientation politico-économique : la signature d’un contrat gazier de 360 milliards d’euros entre Gazprom et le pétrolier chinois CNPC ; et l’arrêt brutal, décidé par Vladimir Poutine, du projet de gazoduc South Stream traversant l’Europe, au profit du Turkish Stream transitant par la Turquie. Le président russe répondait aux sanctions occidentales décrétées après l’annexion de la Crimée, mais aussi aux poursuites des autorités antitrust de Bruxelles contre le groupe gazier accusé d’abus de position dominante en Europe de l’Est. Dans les deux cas, Gazprom était au centre du jeu.Est-ce parce qu’ils font l’amère expérience de la dureté en affaires de leurs « amis » chinois et turcs ? Depuis quelques semaines, le Kremlin et les dirigeants de Gazprom sont plus conciliants avec les Européens. Ils viennent de trouver un accord sur le prix du gaz vendu à l’Ukraine et semblent disposés à des concessions avec les pays-clients d’Europe de l’Est. Le groupe russe a signé un pacte d’actionnaires avec les allemands E.ON et BASF, l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et le français Engie pour doubler le gazoduc Nord Stream acheminant du gaz russe vers Allemagne en passant sous la Baltique. Dans la foulée, Gazprom a conclu avec BASF un échange d’actifs (bloqué depuis 2013) resserrant ses liens avec le numéro un mondial de la chimie.Train de la libéralisationC’est de la « real » économie. On a oublié que Gazprom n’est pas que le bras armé du Kremlin, mais aussi une société cotée à Moscou pesant 124 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un géant qui, pour ne pas perdre de parts de marché, doit prendre en marche le train de la libéralisation du secteur de l’énergie en assouplissant les contrats à long terme signés avec ses clients européens. Une entreprise également dans le viseur de Bruxelles depuis des lustres. Ce n’est pas un hasard si, en septembre, sa filiale export a pour la première fois vendu un peu de son gaz aux enchères. Une révolution pour le conglomérat issu du ministère soviétique du gaz !Lire aussi :Gazprom espère un accord amiable avec BruxellesC’est la preuve, une fois de plus, que l’Europe reste un débouché vital pour le gaz russe, surtout depuis que la production de gaz de schiste aux Etats-Unis lui a fermé l’accès au marché américain. « La sécurité gazière est meilleure qu’on ne le proclame souvent et place l’Union européenne dans une position favorable pour discuter avec la Russie, son principal fournisseur » (30 % de ses importations), souligne Claude Mandil, ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie. Tous les différends ne sont pas aplanis, bien sûr. Mais tout se passe comme si – pour l’heure, du moins – les dirigeants européens et russes ne voulaient pas en rajouter dans une situation politique tendue.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial) Ministre des finances du Portugal, Maria Luis Albuquerque est prudente. En campagne pour les élections législatives du dimanche 4 octobre sur la place ensoleillée de la petite ville tranquille de Palmela, dans la lointaine banlieue sud de Lisbonne, la ministre du gouvernement qui a appliqué la plus grande cure d’austérité de l’histoire du pays fait profil bas. En cette fin d’après-midi, elle rentre timidement dans les commerces, où il n’y a de toute façon plus grand monde pour l’accueillir, elle et son cortège de militants de la coalition de centre droit, au pouvoir depuis 2011, au Portugal.Pas d’affiches. « On a remarqué que cela n’est plus efficace. » Pas de slogan, ni de véritable programme. « Tous les détails sont dans le programme de stabilité que nous avons envoyé à Bruxelles au printemps. » L’essentiel est de marteler ce message : « Tous les indicateurs montrent que la situation va mieux. La baisse du chômage est claire, beaucoup de gens ont senti la reprise », affirme Mme Albuquerque. Les deux partis (PSD, centre droit, et CDS, chrétien-démocrate) qu’elle représente espèrent bien l’emporter à nouveau, en s’appuyant sur la petite reprise de l’économie portugaise et la sortie de la tutelle internationale, obtenue en 2014.Alors que la gauche pourrait être majoritaire en voix, une alliance entre les partis qui la composent semble exclueElle assure que les électeurs ne lui tiennent pas rigueur des mesures d’austérité spectaculaires décidées en 2011 en échange d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), quand le pays était au bord de la faillite. Coupes dans les salaires des fonctionnaires, hausse du temps de travail, suppressions de jours fériés, baisse des retraites, le cocktail a pourtant été amer dans un pays qui connaissait déjà de graves difficultés. « Je rencontre beaucoup de gens qui disent que c’était difficile mais que cela était inévitable », assure dans un anglais parfait le numéro deux du gouvernement, qui utilise volontiers le cas grec comme repoussoir : « Cela a été un exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire. Nos retraités s’en sont rendu compte quand ils ont vu les images de leurs homologues grecs faire la queue devant leur banque fermée. »La campagne des conservateurs n’est pas toujours tranquille. Quelques jours plus tôt, lors d’une visite au marché de la ville populaire et communiste de Setubal, Maria Luis Albuquerque s’est fait siffler et traiter de « voleuse » par des électeurs en colère. Si les derniers sondages donnent la coalition de droite victorieuse avec 38 % des voix contre 32 % à ses adversaires socialistes, le score des conservateurs devrait fortement reculer par rapport aux 50,4 % des suffrages obtenus en 2011. Résultat : même en cas de victoire, il sera très difficile pour le premier ministre actuel, le très libéral Pedro Passos Coelho, de conserver sa majorité absolue au Parlement.Plus fatalistes que révoltésMais la droite peut compter sur les divisions de la gauche. Après avoir longtemps dominé dans les sondages, le candidat du Parti socialiste, Antonio Costa, vit une fin de campagne plus difficile. « En disant que l’économie portugaise récupère et qu’avec les socialistes ce sera le retour de la faillite la coalition de centre droit envoie un message politique qui lui pose problème », constate Antonio Costa Pinto, politologue à l’université de Lisbonne. Ancien maire de la capitale, M. Costa promet d’en finir progressivement avec l’austérité et de lutter contre la précarité, véritable fléau d’un marché du travail portugais renaissant. Mais tout en respectant le cadre budgétaire européen. Pour rassurer l’électorat centriste, le candidat s’est adjoint les services d’un économiste issu de la Banque du Portugal, Mario Centeno. Celui-ci a construit un « modèle économique » prévoyant des baisses de charges patronales et salariales, compensées notamment par la création de droits de succession, ou un système pénalisant les entreprises employant trop de contrats courts. Le but : redistribuer du pouvoir d’achat tout en faisant baisser le « coût » du travail. « Mais cette proposition est beaucoup trop complexe », se lamente sur le terrain une députée socialiste en campagne, qui préférerait que l’on dise plus simplement qu’il faut voter socialiste pour en finir avec l’austérité.Plus fatalistes que révoltés face à l’austérité, les Portugais n’oublient pas non plus que les socialistes ont été les premiers à décider des baisses de pensions de retraite lorsqu’ils étaient au pouvoir entre 2005 et 2011. Pour ne rien arranger, le premier ministre d’alors, José Socrates, est sous le coup d’une enquête pour corruption, l’autre fléau portugais. Après dix mois de détention provisoire, il a été mis en liberté surveillée début septembre. « Antonio Costa était son ministre de la justice et de l’intérieur, ils ont été proches », rappelle le journaliste Rui Gustavo, qui a travaillé sur cette affaire à l’hebdomadaire L’Expresso. Même si M. Costa s’est officiellement distancié de son ancien allié, « c’est sûr que cela va avoir un impact sur les électeurs », tranche le journaliste, qui s’interroge. « Allez-vous voter pour un parti qui a été capable de placer un tel profil à sa tête ? » De son côté, l’extrême gauche eurosceptique pourrait récolter près de 20 % des voix. Si le très traditionnel Parti communiste et le Bloc de gauche, une coalition anti-austérité, n’ont jamais percé autant que Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce, ils sont en position de jouer les trouble-fête, en grappillant des voix cruciales aux socialistes. Alors que la gauche pourrait être majoritaire dimanche soir, une alliance entre tous les partis qui la composent semble exclue, tant le clivage est profond sur l’appartenance à la zone euro. Quel que soit le vainqueur, le prochain gouvernement portugais risque donc d’être minoritaire. De quoi promettre des lendemains instables dans un pays dont l’économie reste très fragile.Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.10.2015 à 09h45 • Mis à jour le03.10.2015 à 09h56 Un Japonais a été tué par balle, samedi au Bangladesh, rapporte la police, cinq jours après la mort d’un Italien, dont le meurtre a été revendiqué par les djihadistes de l’Etat islamique. Pour le gouvernement, la revendication n’est pas crédible, et l’assassinat est considéré comme un « incident isolé ».Hoshi Kunio, qui était âgé de 65 ans, a été pris pour cible par des inconnus à Kownia, 335 kilomètres au nord de la capitale.Les ambassades occidentales ont invité leur personnel à limiter leurs déplacements après la mort lundi de Cesare Tavella, un Italien employé par une organisation humanitaire, tué dans les mêmes circonstances à Dacca.Les agressions d’étrangers sont rares au Bangladesh malgré la multiplication des violences liées à l’extrémisme islamiste. Quatre blogueurs hostiles à l’islam radical, dont un Américain d’origine bangladaise, ont été tués au cours de l’année écoulée. 03.10.2015 à 09h23 • Mis à jour le03.10.2015 à 09h35 La Russie a lancé de nouveaux raids dans la nuit de vendredi à samedi sur des positions du groupe Etat islamique (EI) près de Rakka, fief de l’organisation djihadiste dans le nord-est de la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui n’a pas donné de précisions sur les objectifs visés.L’EI contrôle totalement la province de Rakka, dont le chef-lieu du même nom est considéré comme la « capitale » du groupe djihadiste.Jeudi, l’aviation russe avait pour la première fois visé la province de Rakka depuis le début de ses frappes en Syrie un jour plus tôt.L’Occident et les pays arabes critiquent la stratégie russe en Syrie, disant soupçonner Moscou de concentrer ses attaques non sur l’EI mais sur les opposants au régime considérés comme des modérés par les Etats-Unis et leurs alliés. 03.10.2015 à 07h15 • Mis à jour le03.10.2015 à 18h36 Au moins dix-neuf personnes, dont neuf employés de Médecins sans frontières (MSF), ont été tués et une trentaine de personnes grièvement blessées dans le bombardement de l’hôpital de l’ONG dans la ville afghane de Kunduz.Lire aussi :Afghanistan : un centre de Médecins sans frontières bombardé à KunduzAu moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, y étaient présents, a précisé MSF samedi 3 octobre.Surgery activities underway today in the aftermath of the bombing of our #Kunduz hospital http://t.co/Zf6bQHQfTY http://t.co/Th50AxB1XD— MSF (@MSF International)require(["twitter/widgets"]);MSF dit avoir prévenu l’armée américaineLes forces américaines ont mené une attaque aérienne sur la ville samedi à 2 h 15, a confirmé le colonel Brian Tribus, porte-parole de l’OTAN. La frappe visait des « personnes qui menaçaient les forces de la coalition », a-t-il indiqué. « La frappe a peut-être provoqué un dommage collatéral sur un bâtiment médical situé non loin de là », a-t-il ajouté, précisant qu’une enquête était en cours.MSF dit avoir signalé la position de l’établissement à toutes les parties. Pourtant, l’hôpital a continué à être bombardé « pendant plus de trente minutes » après que l’ONG a averti les armées américaine et afghane que son établissement avait été touché par une première frappe dans la nuit, a assuré MSF samedi. MSF exige que « toute la lumière soit faite rapidement » sur cette attaque dans laquelle au moins neuf de ses employés ont été tués et qui pourrait être due à un raid américain.Un mur du bâtiment principal s’est effondré et un incendie s’est déclaré dans trois pièces, a rapporté Saad Mukhtar, directeur des services de santé publique à Kunduz, qui s’est rendu sur place. « Les combats se poursuivent, nous avons donc dû partir », a-t-il ajouté.Le centre de soins de MSF a apporté une aide cruciale à la population civile depuis lundi et la prise de Kunduz par les talibans, puis la contre-offensive des forces de sécurité afghanes. C’est le seul hôpital dans cette région du nord de l’Afghanistan capable de traiter des grands blessés. « Nous sommes profondément choqués par cette attaque », a expliqué Dr Bart Janssens, directeur des opérations de l’ONG. « Entre lundi 28 septembre et jeudi 1er octobre, les équipes médicales de MSF ont pris en charge 296 blessés, y compris 64 enfants. Soixante-quatorze patients sont arrivés dans un état critique. La majorité des patients avaient des blessures par balle, et les chirurgiens ont effectué 90 opérations pour prendre en charge des blessures graves au niveau de l’abdomen, des membres et de la tête », écrivait, jeudi 1er octobre, MSF sur son site. Kunduz, verrou stratégique du nord de l’Afghanistan, a été cette semaine le théâtre d’âpres combats entre les talibans et les forces de sécurité afghanes, qui ont repris le contrôle de la ville jeudi.En Afghanistan, les bombardements de l’OTAN font l’objet d’une forte controverse quant à leur utilité et aux « dommages collatéraux » qu’elles engendrent. En juillet, 10 soldats afghans avaient ainsi été tués par erreur dans un raid américain contre le barrage qu’ils tenaient dans la province orientale de Logar.Lire aussi :Afghanistan : Kunduz, une bataille stratégique 03.10.2015 à 03h44 • Mis à jour le03.10.2015 à 10h25 Au moins 30 personnes sont mortes et des centaines d’autres sont portées disparues, vendredi 2 octobre, au Guatemala à la suite d’un glissement de terrain qui a enseveli des dizaines de maisons dans la municipalité de Santa Catarina Pinula, un village situé à une quinzaine de kilomètres de Guatemala, la capitale du pays, annoncent les secours. La recherche de survivants devait reprendre samedi matin.Des pluies abondantes ont formé des coulées de boues et de roches, provoquant l’un des pires glissements de terrain dans l’histoire du Guatemala. Lors d’une conférence de presse, le directeur de la Conred, l’agence guatémaltèque de gestion des catastrophes, a déclaré que jusqu’à 600 personnes étaient portées disparues. Environ 125 maisons ont été touchées par le glissement de terrain survenu dans la nuit de jeudi à vendredi à 15 kilomètres à l’est de la capitale, dans la municipalité de Santa Catarina Pinula.Des centaines de personnes sont venues prêter main-forte aux autorités pour fouiller les décombres et extraire les survivants des amas de boue tandis que le gouvernement cherchait des solutions pour ceux qui sont retrouvés privés de logement.Les opérations de secours, menées par plus de 500 pompiers, soldats et policiers, ont été suspendues vendredi soir « par mesure de sécurité » et reprendront samedi à 6 heures, heure locale (14 heures, heure française).Secteur jugé « hautement vulnérable »Le Guatemala a été touché ces derniers jours par de fortes pluies et le glissement de terrain a surpris les habitants à la nuit tombée, dans un secteur qui avait été identifié comme hautement vulnérable en raison de sa localisation au fond d’une vallée et à proximité d’une rivière. Il avait été recommandé à plusieurs reprises de transférer les habitants vers un autre secteur, précisément en raison du risque de glissement de terrain. Un des derniers rapports, émis par la Conred en novembre dernier estimait que des mesures devaient êtres prises « de manière immédiate » pour éviter une catastrophe.« Nous sommes un pays magnifique, mais malheureusement nous sommes très vulnérables à ce genre de catastrophes », a déclaré lors d’une conférence de presse le président Alejandro Maldonado.« Le travail des secours est rendu très difficile par le terrain accidenté, c’est presque comme s’il s’agissait d’une montagne », a indiqué un secouriste, peu avant d’extirper un homme en vie des décombres. Plusieurs personnes ont rapporté avoir reçu des SMS de leurs proches ensevelis. 02.10.2015 à 22h17 • Mis à jour le03.10.2015 à 13h10 | Benoît Vitkine La feuille de route des accords de Minsk ne s’achèvera pas, comme cela était prévu, avant la fin de l’année 2015. La mise en œuvre complète de ces accords signés en février et devant amener la paix en Ukraine « va prendre plus de temps », a reconnu François Hollande, vendredi 2 octobre, à l’issue d’une réunion à l’Elysée avec ses homologues russe, ukrainien et allemand.Aucune nouvelle échéance n’a été fixée, mais les quatre dirigeants se sont accordés sur les prochaines étapes du processus. Première avancée, les élections que les séparatistes prorusses du Donbass comptaient organiser le 18 octobre de façon unilatérale sur les territoires qu’ils contrôlent « ne pourront pas se tenir », a assuré M. Hollande. La tenue d’un tel scrutin, alors que le texte de Minsk prévoit que ces élections locales doivent se tenir en conformité avec la législation ukrainienne, aurait signé l’arrêt de mort de Minsk.A la place, une loi électorale devra être élaborée en concertation avec les rebelles puis votée au Parlement ukrainien, pour permettre que ce scrutin soit « incontestable » selon le mot du président français. Il y a quelques jours, un diplomate français concédait que ces élections ne pourraient pas « être dignes d’un canton suisse, mais devraient être à peu près au cordeau ». Risque ainsi de se poser la question de la candidature de représentants des partis politiques ukrainiens sur des territoires contrôlés par les groupes armés rebelles.Lire aussi :Comment Poutine est revenu au centre du jeu diplomatiqueUn « statut spécial » pour les régions séparatistesLe scrutin devra se tenir dans un délai de 90 jours suivant l’adoption de la loi électorale, et être reconnu par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). A partir de là devra entrer en vigueur un « statut spécial » pour les régions sous contrôle séparatiste. Autrement dit, une autonomie large mais dont les contours restent à définir. C’est la principale concession demandée à la partie ukrainienne : accélérer la mise en place de cette réforme constitutionnelle qui suscite une forte opposition à Kiev.« Une fois que nous aurons eu les élections, il faudra encore prendre du temps pour arriver à la dernière étape de Minsk », a reconnu François Hollande. Cette dernière partie est la plus sensible, et demande une implication sans faille de la Russie. Il s’agit du retrait des groupes armés illégaux opérant dans le Donbass et du retour à la partie ukrainienne de la frontière russo-ukrainienne. « Chaque participant veut l’application de Minsk, aussi bien Porochenko que Poutine », a estimé le président français, qui s’est refusé à faire tout lien entre l’apparente bonne volonté actuellement affichée par M. Poutine et sa nouvelle implication sur le front syrien. Il a toutefois reconnu qu’il n’existait pas de « garantie » que les dernières étapes du processus seront menées à bien.Kiev « prudemment optimiste »Le président ukrainien, Petro Porochenko, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse distincte, s’est dit « prudemment optimiste » quant au succès du processus, pendant que le porte-parole du Kremlin se contentait de faire état de « discussions sérieuses ».Les quatre dirigeants ont également adopté une dernière mesure pour renforcer le cessez-le-feu sur le terrain, dont la dernière mouture, annoncée le 1er septembre, est presque intégralement respectée par les belligérants. Il s’agit du retrait de la ligne de front des armes d’un calibre inférieur à 100 mm, lequel doit débuter ce samedi à minuit et être appliqué dans un délai de 41 jours. Une mesure similaire concernant les armes lourdes, décidée en février, n’est que partiellement appliquée sur le terrain.Lire aussi :A la « frontière » entre les deux Ukraine, blocus et contrebandeBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.10.2015 à 21h23 Un arsenal impressionnant. L’auteur de la fusillade dans l’Oregon – qui a fait neuf morts et sept blessés – possédait treize armes, ont annoncé, vendredi 2 octobre, les autorités américaines. Six d’entre elles « ont été retrouvées sur le campus » de l’université Umpqua où la fusillade a éclaté, tandis que sept autres « ont été retrouvées au domicile du tireur », a précisé, lors d’une conférence de presse, Celinez Nunez, de l’agence fédérale chargée de la lutte contre le trafic des armes à feu (ATF).Elle a précisé que toutes les armes avaient été acquises légalement. En plus de ces armes, l’ATF a retrouvé « un gilet pare-balles posé près d’un fusil sur le campus », ainsi que « cinq chargeurs » et « des munitions supplémentaires », a poursuivi Celinez Nunez.Lire aussi :La « triste routine » des fusillades aux Etats-UnisDes motivations encore flouesSi elle communique sur le nombre d’armes, la police refuse toujours d’évoquer le nom du tireur, de peur de le « glorifier » et d’inspirer de nouvelles tueries, selon le shérif John Hanlin, présent à la même conférence de presse. Mais les médias américains l’ont déjà identifié comme étant Chris Harper Mercer, un jeune homme de 26 ans dont les motivations dans cette tuerie sont encore floues. Selon le New York Times qui cite des officiers de police, le tireur était en possession de trois armes à feu, dont un fusil. Il est mort lors d’une confrontation avec la police sur le campus.Quelques heures après le drame, le président américain, Barack Obama, a plaidé une nouvelle fois pour un contrôle plus strict des armes à feu. Lors d’une longue intervention, au cours de laquelle il n’a pas caché sa frustration et sa colère, M. Obama a mis en cause « l’inaction » politique imposée par la majorité républicaine du Congrès, opposée à toute évolution sur ce sujet. « Permettre ces fusillades est un choix politique », a-t-il aussi dénoncé.Lire aussi :Quatre graphiques pour comprendre l’ampleur des tueries de masse aux Etats-Unis 07.10.2015 à 17h18 • Mis à jour le07.10.2015 à 18h26 C’est sans surprise la crise migratoire qui a lieu en Europe qui a dominé l’essentiel des discours de François Hollande et d’Angela Merkel devant le Parlement européen. Vingt-six ans après François Mitterrand et Helmut Kohl, un chef de l’Etat français et un chancelier allemand se sont exprimés conjointement, mercredi 7 octobre, à Strasbourg. Devant les députés, les deux dirigeants ont lancé un appel à davantage de « solidarité » et à « plus d’Europe ». Ils n’ont toutefois fait aucune annonce concrète.M. Hollande, qui a pris la parole le premier, a estimé que l’Europe avait « tardé » à mesurer l’ampleur des « tragédies » au Moyen-Orient et en Afrique, et à comprendre que ces drames auraient aussi des conséquences pour elle. Il a appelé à un renforcement des accords de Schengen, qui doivent être réformés pour mieux protéger les frontières extérieures de l’Union européenne.Le président français a aussi mis en garde contre « une guerre totale » si l’Europe n’agissait pas en Syrie et dans la région, où une coalition internationale, emmenée par les Etats-Unis, et la Russie mènent des frappes militaires  :« Nous devons construire en Syrie, avec tous ceux qui peuvent y contribuer, un avenir politique qui donne à la population syrienne une autre alternative que Bachar Al-Assad ou Daech [acronyme arabe du groupe Etat islamique]. »Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiés« Nous devons assumer de façon responsable l’attrait de l’Europe »Angela Merkel a affirmé que le traité de Dublin, qui prévoit qu’un réfugié dépose sa demande d’asile dans le premier pays européen dans lequel il est entré, est « obsolète ».« Je plaide en faveur d’une nouvelle procédure » pour répartir avec « équité » les demandeurs d’asile entre pays européens, a ajouté la chancelière, actuellement confrontée dans son pays à un afflux de centaines de milliers de migrants.« Nous devons assumer de façon responsable l’attrait de l’Europe. Les chances sont beaucoup plus importantes que les risques. »D’après le dernier rapport du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), 700 000 migrants auront traversé la Méditerranée en 2015 pour trouver refuge en Europe. L’Allemagne à elle seule s’attend à enregistrer 800 000 à un million de demandes d’asile sur l’ensemble de l’année. Un recensement du ministère de l’intérieur allemand a d’ailleurs montré que plus de 577 000 personnes désireuses d’obtenir l’asile avaient déjà été dénombrées entre janvier et septembre, dont plus du tiers en provenance de Syrie.Lire aussi :Crise des migrants : pour Angela Merkel, le traité de Dublin est « obsolète »Face aux multiples crises auxquelles est confrontée l’Europe — celle des migrants mais aussi la crise ukrainienne, le réchauffement climatique ou la gouvernance de la zone euro —, M. Hollande et Mme Merkel ont tour à tour condamné la montée des nationalismes.« Le nationalisme, c’est la guerre », a lancé le président français, reprenant une formule employée par François Mitterrand en 1995 devant le Parlement européen. « Le souverainisme, c’est le déclinisme », a-t-il ajouté.#Hollande a fait applaudir Mitterrand par la droite européenne— sallesleMonde (@AlainSalles)require(["twitter/widgets"]);« Le débat n’est pas entre plus d’Europe et moins d’Europe, mais entre l’affirmation de l’Europe et la fin de l’Europe (…). Il y a une tentation de repli national chaque fois qu’il y a une épreuve. Rien n’est pourtant plus vain que de chercher à se sauver seul, à se dérober, à s’abriter quand des événements majeurs se produisent dans le monde entier. »La chancelière allemande a elle aussi appelé à « plus d’Europe », jugeant « l’Etat nation » incapable de relever les défis :« Se cloisonner, se fermer à l’époque de l’Internet, c’est une illusion. Aucun problème ne serait résolu. Au contraire, des problèmes supplémentaires bien plus graves verraient le jour. »Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ? Cécile Hennion L’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a, mercredi 7 octobre, à Genève, de nouveau qualifié de « crime de guerre » le bombardement dans la nuit du 3 au 4 octobre de son hôpital de Kunduz (Afghanistan), qui a fait 22 morts parmi les patients et le personnel soignant. Que recouvre cette accusation, et quelles peuvent être ses conséquences ?Qu’est-ce qu’un crime de guerre ?Le Statut de la Cour pénale internationale (CPI) définit les crimes de guerre comme des « violations graves des lois et coutumes applicables aux conflits armés internationaux ». Notion a priori subjective, la « gravité » des violations est reconnue, dans la pratique, lorsque ces violations impliquent des morts, des blessés, des destructions ou des prises illégales de biens.Un autre élément entre en compte pour évaluer la « gravité » : si la violation contrevient aux « valeurs importantes ». Les exemples donnés dans cette catégorie par le droit international humanitaire (DIH) coutumier sont, entre autres, la mutilation de cadavres, le fait de faire subir des traitements humiliants à des personnes ou encore l’enrôlement dans les forces armées d’enfants âgés de moins de 15 ans.Les crimes de guerre peuvent consister en des actes ou en des omissions (comme le fait de ne pas fournir de nourriture ou des soins médicaux nécessaires aux personnes qui se trouvent aux mains de l’adversaire). Si ces actes ou omissions sont « généralisés » et « systématiques », on peut alors parler alors de « crimes contre l’humanité ».Cette définition peut-elle s’appliquer à la destruction de l’hôpital de Kunduz ?Les autorités américaines risquent de contester une telle accusation, même si celle-ci paraît assez bien établie dans le cas de l’hôpital de MSF. Parmi la longue liste des crimes de guerre recensés par le DIH figurent en effet « le fait d’attaquer le personnel sanitaire ou religieux, les unités sanitaires ou les moyens de transports sanitaires » ; « le fait de soumettre à une attaque la population civile ou des personnes civiles ne participant pas directement aux hostilités ». Le cas du bâtiment de l’hôpital de Kunduz, bombardé pendant près d’une heure, en partie détruit et incendié, avec un bilan de 22 morts et 37 blessés parmi les médecins et les patients de l’établissement, pourrait donc entrer dans la catégorie des crimes de guerre. Même à considérer une situation hypothétique (et démentie par Médecins sans frontières) selon laquelle des combattants auraient utilisé l’hôpital pour se réfugier, voire comme base de lancement d’attaques, le DIH considère clairement comme un crime de guerre « le fait de lancer une attaque en sachant qu’elle causera incidemment des pertes en vies humaines ou des blessures parmi la population civile ou des dommages aux biens de caractère civil qui seraient manifestement excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu ».Les attaques dirigées contre le personnel humanitaire, qui se sont multipliées de façon inquiétante lors des derniers conflits, sont également considérées comme un crime de guerre par le DIH.Qui sont les responsables ?Différentes enquêtes ont été annoncées par les autorités américaines, afghanes, et par l’OTAN. Le général John Campbell, chef des forces américaines et de l’OTAN en Afghanistan, a d’ores et déjà affirmé au Sénat, mardi 6 octobre, que « la chaîne de commandement américain » avait failli en ordonnant le bombardement de l’hôpital à la demande des Afghans. Il a même parlé d’« erreur ».Mais MSF réclame – en vain à ce stade – une véritable enquête internationale, indépendante, puisque les responsabilités de nombreux acteurs – OTAN, armée américaine, autorités et armée afghanes – peuvent s’entremêler dans ce genre de cas. La présidente de l’ONG, Joanne Liu, a exigé, mercredi, la création d’une « commission internationale humanitaire pour établir les faits », indiquant « ne pas faire confiance à une enquête militaire interne ». Par ailleurs – et dans la tragédie de Kunduz il pourrait s’agir d’un point essentiel –, le droit international a introduit dans sa définition de crime de guerre l’« élément psychologique ». La jurisprudence internationale a en effet indiqué que les crimes de guerre sont des violations qui sont commises « avec intention », c’est-à-dire avec « l’intention de provoquer le résultat criminel » ou avec « négligence coupable ou imprudence ». C’est pourquoi le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a estimé que si cette frappe était reconnue comme délibérée, elle pourrait « constituer un crime de guerre ».Lire aussi :Kunduz : une « erreur » américaine, questions sur la décision de bombarderCécile HennionJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.10.2015 à 16h19 • Mis à jour le07.10.2015 à 17h08 | Philippe Bernard (Manchester, envoyé spécial) Deux minutes dans un discours de plus d’une heure. Alors que l’avenir du Royaume-uni dans l’Union européenne est l’un des sujets les plus brûlants et les plus débattus du congrès de son parti, David Cameron n’y a consacré que quelques paragraphes dans l’adresse solennelle qui, mercredi 7 octobre, a clos, comme c’est la tradition, la grand-messe des conservateurs réunis à Manchester. Quatre mois après sa large victoire aux législatives, le premier ministre a consacré toute son énergie à unifier les tories autour de valeurs nationales – « sécurité, stabilité, opportunités » – et à tendre la main aux électeurs du Labour qui seraient déstabilisés par le positionnement très à gauche et « dangereux » selon lui, de Jeremy Corbyn, le nouveau chef de file de l’opposition.Mais, alors que M. Cameron s’est engagé de son propre chef dans une négociation incertaine qui pourrait aboutir à une sortie de l’Union européenne après le référendum qu’il a promis, il a choisi de faire profil bas sur un dossier qui divise gravement les tories. Dans son discours entièrement tendu vers la construction d’une « plus Grande-Bretagne », il n’a présenté l’UE que comme un outil à mettre au service de la grandeur du pays. « Croyez-moi, je n’ai pas d’attachement romantique envers l’Union européenne et ses institutions. Seules deux choses m’intéressent : la prospérité de la Grande-Bretagne et son influence ». Le premier ministre a promis aux militants qu’il allait « se battre dur dans [la] renégociation [qu’il souhaite mener avant le référendum], afin que nous puissions obtenir un meilleur arrangement et le meilleur des deux mondes [la souveraineté nationale et le marché commun] ».L’Europe « trop tyrannique »Dans l’Europe, les Britanniques ne sont intéressés que par les opportunités commerciales, pas par le projet politique : « Quand nous sommes entrés dans l’Union européenne [en 1973], on nous a dit qu’il s’agissait d’entrer dans un marché commun, a-t-il lancé devant une assistance conquise. Je le dis très clairement : la Grande-Bretagne n’est pas intéressée par une “Union toujours plus étroite” [une clause incluse dans le traité de Rome de 1957] et j’y veillerai personnellement ». Alors que les eurosceptiques, voire les europhobes tiennent le haut du pavé au congrès de Manchester en dépit d’une consigne de silence du parti et du gouvernement, David Cameron leur a concédé que « l’Europe [était] trop grosse, trop tyrannique, trop interventionniste ». Mais le premier ministre a renvoyé dos à dos ceux qui « veulent faire avec » l’Europe telle qu’elle est, et ceux qui souhaitent « s’en aller purement et simplement ». Et il a fait l’éloge d’un Royaume-Uni ayant su rester dans l’Union tout en défendant bec et ongles ses intérêts nationaux.« Cauchemar »« La Grande-Bretagne est ainsi : nous ne fuyons pas les batailles. Nous nous y impliquons. Nous traitons les problèmes. C’est ainsi que nous avons conservé nos postes-frontières, (…) que nous avons gardé la livre sterling (…), que nous avons obtenu des rabais, que nous avons échappé aux renflouements financiers [de la Grèce, etc.] », a-t-il mis en avant.Bien qu’emporté par un élan patriotique, M. Cameron a pris soin de mentionner quelques actions positives de l’Europe, mais pour en attribuer le mérite au Royaume-Uni : « Qui a amené l’Europe à ouvrir des négociations commerciales avec les Etats-Unis ? Qui a conduit l’Europe à sanctionner l’Iran ? (…) C’est nous. La Grande-Bretagne. Nous l’avons fait ». Certes, il s’agit d’abord d’un discours de congrès destiné à flatter conjointement les oreilles des deux tendances qui s’affrontent au sein des tories : celle qui se prépare à « vendre » à l’opinion les concessions qu’aura obtenues le premier ministre pour « rester dans une Europe réformée », et celle qui met en avant l’avenir lumineux du pays, débarrassé du « cauchemar » de l’UE et ouvert aux grands vents prometteurs du commerce mondial. De longs mois séparent encore le Royaume-Uni du référendum sur le « Brexit » (« British exit » ou sortie de l’UE) dont la perspective semble s’éloigner, et devrait plutôt avoir lieu à la fin 2016 ou en 2017. L’âpreté du discours de Manchester donne un avant-goût du débat qui attend les Britanniques et David Cameron.Lire aussi :Le prêche anti-austérité de Jeremy Corbyn dans la cathédrale de ManchesterPhilippe Bernard (Manchester, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.10.2015 à 11h48 • Mis à jour le07.10.2015 à 15h13 | Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) Soucieux de donner un nouvel élan à sa politique, le premier ministre japonais a remanié son gouvernement, pour la première fois depuis les législatives de décembre 2014. La nouvelle équipe, dévoilée par le bien informé quotidien économique Nihon Keizai, a été présentée le 7 octobre. Elle ne compte guère de changements importants.Conformément aux attentes, M. Abe a conservé, selon un proche, « la colonne vertébrale » de ses 18 ministres. Son vice-premier ministre et ministre des finances Taro Aso reste en place, tout comme Fumio Kishida à la diplomatie. Akira Amari conserve son poste à la revitalisation économique. Il bénéficie notamment du succès de son action pour la conclusion d’un accord le 5 octobre sur le Partenariat transpacifique, une vaste zone de libre-échange incluant 12 pays du pourtour du Pacifique, dont les Etats-Unis. Ce projet était une priorité de M. Abe.Le puissant Yoshihide Suga, qui maintient la discipline gouvernementale et contrôle sa communication, est maintenu au poste de secrétaire général et de porte-parole. Le parti Komei, membre de la coalition au pouvoir avec le Parti libéral-démocrate, le PLD de M. Abe, garde le portefeuille des transports.Le fiasco du stade nationalConformément au vœu de M. Abe, le gouvernement inclut... 07.10.2015 à 10h35 • Mis à jour le07.10.2015 à 17h36 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Shlomo Avineri, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem et ancien directeur général du ministère des affaires étrangères, estime qu’il est trop tôt pour parler à ce stade d’une nouvelle Intifada.Il existe un débat sémantique, dans la presse israélienne, sur la façon dont il faudrait qualifier les émeutes actuelles en Cisjordanie et les dernières attaques commises par des Palestiniens. Que pensez-vous de l’expression « troisième Intifada » ?Je n’aime pas ces discussions. Personne ne sait exactement comment les choses vont tourner, les prochains jours seront décisifs, en fonction de la façon dont Nétanyahou et Abbas vont naviguer. Abbas ne veut pas de détérioration [de la situation], il en a parlé publiquement mardi. Mais la semaine passée, il avait tenu un discours plutôt agressif devant l’ONU, qui a pu être perçu par certains comme un encouragement. Il doit naviguer entre l’option diplomatique et non violente, et d’autre part la crainte d’être dépassé par le Hamas. Nétanyahou, lui, est critiqué pour ne pas assurer la sécurité, ce qui est grave pour lui. Il a bâti sa réputation sur l’idée d’être « M. Antiterrorisme ».Il est aussi sous la pression des colons. Ils ont organisé un rassemblement sous ses fenêtres, lundi…Il n’y a pas que les colons ! Plusieurs ministres se sont aussi exprimés devant eux, dont des membres du Likoud [la formation du premier ministre] et du Foyer juif, le parti de Naftali Bennett [le ministre de l’éducation, extrême droite]. Nétanyahou n’est pas un modéré, c’est un nationaliste radical. Mais il doit combiner son idéologie avec son rôle officiel. Comme premier ministre, il doit conduire son pays dans le monde. Les ministres, eux, n’ont pas cette responsabilité. Ils appellent à construire une nouvelle colonie en réponse à l’assassinat de deux Israéliens, il y a quelques jours dans le nord de la Cisjordanie. Ils veulent le pousser vers une position plus radicale. C’est aussi ce que fait le Hamas avec Abou Mazen [surnom de Mahmoud Abbas]. Le parallèle est très intéressant.Lire aussi :Jérusalem et la Cisjordanie au bord de l’embrasementC’est-à-dire ?Voici la nouveauté : dans une situation très critique, les deux dirigeants, Abbas et Nétanyahou, ne veulent pas pousser vers plus de violences, mais ils sont sous la pression de leur base. La deuxième Intifada avait été clairement stimulée par Arafat, c’était sa politique. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas avec Abbas. Du côté israélien, le gouvernement a 61 sièges à la Knesset, une majorité d’un seul député. Nétanyahou dépend donc des élus des colons, au Likoud et chez Bennett. Le gouvernement paraît plutôt stable, il est le plus à droite de l’histoire, mais pour la première fois, un premier ministre du Likoud se trouve sous la pression de son aile droite. La droite a gagné trois élections de suite. L’Iran et le terrorisme palestinien aident ce camp. Quand des Israéliens sont tués en Cisjordanie, même s’il n’y en a que deux ou trois, très loin des niveaux de la deuxième Intifada quand les bus explosaient, ça consolide ses positions. La narration alternative proposée par l’opposition, un retour aux négociations, est faible et ne marchera pas. Voyez-vous plus de bonne volonté du côté palestinien ?Abbas veut obtenir un Etat palestinien sans négocier avec Israël. Il n’y parviendra pas. Il peut causer beaucoup de dégâts, nous isoler. Il peut obtenir une visibilité internationale, recueillir de nouveaux soutiens. Mais il n’existe aucune autre voie pour obtenir un Etat, dont je soutiens l’idée, qu’en discutant avec Israël.Les émeutiers palestiniens parlent peu de cette perspective politique. En revanche, ils évoquent tous le sort de la mosquée Al-Aqsa, accusant le gouvernement israélien de vouloir modifier les règles d’accès…Pendant longtemps, les juifs ne pouvaient pas se rendre sur le mont du Temple [esplanade des Mosquées] par groupes entiers. Or, il y a eu une décision de laisser entrer ces groupes, par 200 ou 300 personnes, parmi lesquels se trouvent des membres du gouvernement. Les règles changent, surtout sous ce gouvernement. Il existe une différence notoire entre permettre 20 à 30 juifs de s’y rendre pendant une demi-heure ou à 700 pendant les fêtes juives. Le fait de savoir s’ils y prient ou pas [la prière leur est interdite] est une question pour moi purement métaphysique. Ce qui compte, ce sont les chiffres. Pendant longtemps, on considérait que le mont du Temple était la zone la plus sensible qui soit, qu’il fallait faire très attention. Il y avait aussi un consensus rabbinique sur le fait que les juifs ne devaient pas se rendre sur le mont du Temple, car on ne savait pas bien où se trouvait le lieu sacré. Seul un petit groupe de nationalistes laïcs se battait pour ce droit. Mais ces dernières années, un certain nombre de rabbins ont changé leur position, créant une nouvelle situation.Il semble que la communauté internationale, si cette expression a un sens, se désintéresse du conflit israélo-palestinien…Attendez, les Etats-Unis et la Russie sont au bord d’une confrontation militaire en Syrie, à cause de la stupidité américaine ! Le président américain a créé un vide en Syrie, après ne pas avoir fait ce qu’il avait annoncé, au moment de l’utilisation d’armes chimiques. Le vide a été rempli. Les Européens, eux, sont surtout préoccupés par les migrants. Mais vous savez, si un jour, cent personnes périssent dans le conflit israélo-palestinien, l’intérêt de la communauté internationale sera renouvelé…Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.10.2015 à 09h36 • Mis à jour le07.10.2015 à 10h07 John Ashe, ancien président de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), a été interpellé, mardi 6 octobre, par les autorités américaines, qui l’accusent d’avoir accepté plus de 1,3 million de dollars (1,15 million d’euros) de pots-de-vin en contrepartie de son aide à la réalisation de projets immobiliers.Les autorités fédérales américaines ont mis au jour un système qui devait profiter à plusieurs hommes d’affaires d’origine chinoise. Ces derniers comptaient sur John Ashe pour faciliter la concrétisation d’un projet de centre de conférence sponsorisé par l’ONU, à Macao, dans le sud de la Chine, au budget de « plusieurs milliards de dollars », ainsi que des projets immobiliers à Antigua-et-Barbuda.« Une plate-forme de profit »Au centre du dispositif : John Ashe, 61 ans, ambassadeur d’Antigua-et-Barbuda auprès des Nations unies, qui a été président de la 68e session de l’Assemblée générale de l’ONU, entre septembre 2013 et septembre 2014. Il est accusé d’avoir accepté, entre 2011 et 2014, plus de 1,3 million de dollars d’un groupe de cinq personnes, selon Preet Bharara, le procureur fédéral de Manhattan (district sud de New York). John Ashe « s’est vendu lui, ainsi que l’organisation dont il avait la charge », a affirmé M. Bharara dans un communiqué, dénonçant un projet qui visait à faire de l’ONU « une plate-forme de profit ». Lors de sa conférence de presse, M. Bharara a aussi fait savoir que les enquêteurs n’en avaient pas terminé de leurs investigations et cherchaient encore à déterminer si « la corruption [était] une pratique courante aux Nations unies ».Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, s’est dit « choqué et profondément troublé » par ces accusations qui « portent au cœur de l’intégrité des Nations unies ». 07.10.2015 à 08h47 • Mis à jour le07.10.2015 à 17h13 Près d’une semaine après le début des bombardements de l’armée russe en Syrie, Moscou continue de pousser ses pions, annonçant que l’intervention militaire, censée détruire des cibles de l’organisation Etat islamique (EI), a aussi pour but de préparer une offensive terrestre de l’armée de Bachar Al-Assad. Critiquée pour avoir bombardé des groupes rebelles, dont certains financés et entraînés par les Etats-Unis, la Russie a clairement déclaré, par la voix de son président, Vladimir Poutine, que la campagne militaire allait s’intensifier pour permettre à l’armée syrienne de préparer une offensive terrestre. Dans la foulée, une source militaire syrienne citée par l’AFP annonçait une offensive dans la province de Hama, un secteur occupé par un groupe de forces de l’opposition, dont des rebelles modérés et islamistes.Moscou aurait détruit cent douze cibles djihadistes depuis le 30 septembre, a affirmé Vladimir Poutine. Des bâtiments de la marine croisant en mer Caspienne ont aussi tiré vingt-six missiles, selon Moscou. Mais des doutes subsistent, notamment chez les Occidentaux, sur les véritables cibles des Russes.L’aviation russe a en effet beaucoup plus tendance à frapper l’opposition et des groupes armés autres que l’EI que les troupes du « califat islamique » proprement dit. Les premiers représentent une menace réelle pour un régime aux abois, quand le second reste un danger plus lointain. Les troupes de l’Etat islamique restent globalement tenues à l’écart de la « Syrie utile » encore aux mains de Bachar Al-Assad : l’axe et les villes de Damas et de Homs, et la région côtière alaouite, fief du régime.Lire aussi :En Syrie, une semaine de frappes aériennes russesLes Etats-Unis démentent toute « coordination » avec la RussieMercredi 7 octobre dans la matinée, la Russie a évoqué la possibilité de mettre en place une coordination de ses frappes en Syrie avec celles de la coalition internationale, d’une soixantaine de pays, emmenée par les Etats-Unis. Selon le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère de la défense, des « détails techniques » seraient même discutés avec des experts du Pentagone ce jour même.Une information démentie par le secrétaire à la défense américain, Ashton Carter, qui en a profité pour critiquer à nouveau la stratégie militaire russe, qualifiée d’« erreur fondamentale ».« J’ai déjà dit que nous pensions que la Russie avait une mauvaise stratégie. Ils continuent à frapper des cibles qui ne sont pas de l’EI. En dépit de ce que disent les Russes, nous n’avons pas accepté de coopérer avec la Russie tant qu’ils poursuivront leur stratégie erronée et frapperont ces cibles. »La France dément avoir soutenu une « unification » syrienneAutre déclaration russe rapidement démentie dans la journée, celle de Vladimir Poutine, qui a assuré que François Hollande lui avait proposé l’idée d’« unifier les efforts » des forces de Bachar Al-Assad et de l’Armée syrienne libre (ASL) lors du récent sommet consacré à l’Ukraine.Une information vigoureusement démentie par l’entourage de M. Hollande :« Le président de la République a parlé de la nécessaire présence de l’opposition syrienne autour d’une éventuelle table de négociation. Le reste n’est pas une idée française. »Le chef militaire d’un groupe de rebelles, interrogé sous couvert de l’anonymat par l’agence de presse Reuters, a également souligné qu’il était illogique de laisser entendre que l’ASL puisse coopérer avec les forces gouvernementales.La France a répété à plusieurs reprises qu’une transition politique, impliquant un départ du président Assad, devait avoir lieu en Syrie avant que soit envisagée une éventuelle association entre les rebelles et les forces gouvernementales pour combattre l’EI. La Russie estime que le gouvernement doit être un élément central dans le combat international contre les djihadistes.Une possible intervention russe en Irak ?Les autorités irakiennes ont laissé entendre qu’elles pourraient demander à Moscou de mener des frappes aériennes contre l’EI sur leur territoire, a indiqué Hakim Al-Zamili, le président chiite de la commission de la défense du Parlement irakien, et allié de l’imam chiite irakien Moktada Sadr.« Nous cherchons à voir la Russie jouer un plus grand rôle [dans notre pays], oui, assurément, un rôle plus grand que les Etats-Unis. »La création à Bagdad d’une cellule de coordination en matière de renseignement et de sécurité entre l’Irak, la Russie, l’Iran et la Syrie contre la menace du groupe djihadiste a été annoncée à la fin de septembre par les autorités irakiennes.C’est ce nouveau centre de commandement qui conduira dans un proche avenir la guerre contre l’EI. La détermination de Washington dans ce conflit est mise en cause par l’exécutif et les milices chiites soutenues par l’Iran.Lire aussi :Syrie : comprendre qui soutient qui en deux clics 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 16h53 • Mis à jour le12.11.2015 à 17h01 L’Union européenne a approuvé mercredi la mise en œuvre de l’étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les Territoires occupés. Une décision qui provoque la colère d’Israël, qui craint un boycott plus général.Quels sont les produits concernés ?Il s’agit d’étiqueter les exportations en provenances des colonies israéliennes situées dans les Territoires occupés, c’est-à-dire les zones géographiques annexées par Israël après la guerre de 1967 : le plateau du Golan, la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est.La mesure concerne essentiellement des produits agricoles : fruits et légumes, vin, miel, huile d’olive, œufs, dattes, vin, volaille... La grande majorité des exportations industrielles des colonies consiste en composants ou pièces détachées ensuite intégrés dans des produits finis, ce qui rend leur traçabilité difficile. Les cosmétiques de la mer Morte sont aussi visés. Comment vont être étiquetés les produits ?Selon les indications données par la Commission, la mention du pays d’origine devra prendre en compte l’intitulé sous lequel les territoires sont le plus communément connus. L’indication « colonie israélienne » devra être précisée, entre parenthèses par exemple.La mention pourrait donc être formulée ainsi : « Produit de Cisjordanie (colonie israélienne) ». Si le produit vient de Palestine mais pas d’une colonie, la mention pourrait être la suivante : « Produit de Cisjordanie (produit palestinien) ».La formulation est laissée à l’appréciation des Etats membres, qui sont chargés d’appliquer et de faire respecter la législation européenne sur la protection des consommateurs.Quel va être l’impact économique ?L’UE est formelle, la directive européenne n’affectera pas le volume des échanges avec Israël. L’Etat hébreu n’a pas vraiment à s’alarmer pour sa balance commerciale, conviennent les experts. Les produits concernés représentent « moins de 1 % » du total des échanges commerciaux entre l’Europe et Israël, soit 154 millions d’euros en 2014, selon des chiffres de la Commission. Mais l’ambassadeur israélien avait pour sa part évalué les produits visés à « 2 à 3 % » des exportations israéliennes vers l’UE, soit une valeur de 200 millions de dollars (187 millions d’euros) chaque année.Pour les Palestiniens, en revanche, l’impact économique de cette mesure n’est pas encore connu. Le New York Times rappelle que 25 000 Palestiniens travaillent légalement pour des entreprises israéliennes implantées dans les Territoires occupés, et sont payés 3 à 4 fois plus que les salaires pratiqués dans des entreprises palestiniennes.Lire aussi : Israël face à la menace montante du boycottagePourquoi l’UE évoque-t-elle une mesure « technique » et non « politique » ?L’adoption officialisée mercredi n’est pas une nouvelle réglementation. Elle vient préciser la règle existante en matière de protection des consommateurs et d’obligations de la mention du pays d’origine sur un produit, souligne l’exécutif européen. Or l’Union européenne suit le droit international et reconnaît les frontières d’Israël telles qu’elles étaient établies avant la guerre de juin 1967.Indiquer qu’un produit issu des colonies situées sur ces territoires est fabriqué en Israël serait donc « incorrect et trompeur », selon la législation en vigueur, est-il indiqué dans la notice indicative à paraître au Journal officiel de l’UE jeudi. Pour le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis, il s’agit donc d’une « question technique, pas une prise de position politique ».Depuis 2012, plusieurs Etats membres, tout comme le Parlement européen ou des représentants de la société civile avaient demandé des clarifications à la Commission sur le sujet. Trois Etats membres de l’UE avaient déjà publié des recommandations nationales, sur la base du volontariat, pour différencier l’origine entre Israël et les Territoires occupés : le Royaume-Uni en 2009, le Danemark en 2013 et la Belgique en 2014.Pourquoi Israël s’insurge-t-elle contre cette décision ?Acte antijuif, pratique rappelant celles des nazis… Les dirigeants israéliens n’ont pas eu de mots assez durs pour dénoncer cette décision de l’UE. L’assimilation entre étiquetage et boycott est une constante de la part des officiels israéliens. Plus largement, les Israéliens craignent la différenciation entre les colonies et l’Etat d’Israël.Lire aussi :L’étiquetage par l’UE des produits fabriqués dans les colonies provoque la fureur d’Israël« Il est étrange, voire agaçant, de voir que l’UE choisit de faire deux poids deux mesures à l’égard d’Israël, alors qu’il y a plus de 200 autres contentieux territoriaux dans le reste du monde », a-t-il ajouté. Les Israéliens mentionnent en particulier le cas du Sahara occidental, dont le Maroc a pris le contrôle en 1975 et qui ne fait pas l’objet du même traitement par l’UE. Laure Belot C’est en Suisse que le chercheur Charles Heller entend parler pour la première fois de l’expérience africaine Ushahidi. Nous sommes en 2011 et sur la scène d’un colloque humanitaire, ce spécialiste des migrations découvre la carte de Nairobi qui a permis aux habitants de la capitale kényane de pointer, en ligne et en urgence, les rues à éviter lors des émeutes postélectorales de 2007. Charles Heller voit, dans cette approche cartographique, une piste pour alerter sur la détresse des migrants.Quatre ans plus tard, Watchthemed est pleinement opérationnel. Dès la page d’accueil, une carte de la Méditerranée permet, d’un coup d’œil, d’identifier les multiples lieux où des bateaux en difficulté ont été localisés : des couleurs différencient les situations de détresse, les interceptions de bateaux, les disparitions de migrants constatées. Au bas de l’écran, des rapports saisissants décrivent ces moments d’urgence qui ne cessent de se multiplier et font actuellement la « une » des médias. Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosC’est à l’aide d’une centaine de bénévoles situés dans 10 pays que ce suivi des eaux méditerranéennes est devenu possible. « Ces volontaires se relaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pour répondre à un numéro d’urgence affiché sur la plate-forme », explique le chercheur qui a lancé ce projet avec son collègue Lorenzo Pezzani rencontré à l’université londonienne Goldsmiths. « Les migrants, sur les bateaux, sont habituellement équipés d’un téléphone portable inclus dans le “kit” qui leur a été vendu par le passeur. » Pendant des années, « c’est le numéro privé d’un prêtre d’origine érythréenne, le père Mussie Zeraï, que les réfugiés se passaient de bouche à oreilles », poursuit Charles Heller. « Cet homme devait gérer seul ces appels à l’aide. Nous sommes proches de lui et notre plateau téléphonique permet désormais de mutualiser les efforts et de le soulager. Parfois, nous recevons jusqu’à une dizaine d’appels dans la journée. » Concrètement, chaque bénévole a été formé pour aider le migrant à trouver la boussole incluse dans son téléphone. La position géographique obtenue est alors transmise aux autorités dont dépend la zone maritime concernée afin que les secours s’organisent. Le bénévole se charge, ensuite, d’écrire le récit de l’appel et de l’éventuel sauvetage afin de le publier en ligne : ainsi, le 5 novembre, onze différentes alertes de détresse provenant de la zone de la mer Egée, près des îles grecques de Samos, Cos, Lesbos et Ro. Ou encore le 6, celui d’un bateau avec 50 occupants se dirigeant vers les Canaries.Un outil de lobbying humanitaireCe dispositif est-t-il efficace ? « Le numéro d’urgence est devenu une alarme incontournable. Les gardes-côtes prennent très au sérieux nos appels mais il y a parfois des tensions », reconnaît le chercheur. « Pour un bateau trop proche de la Libye, nous avons un jour essuyé un refus d’intervention des gardes-côtes italiens, qui renvoyaient sur leurs homologues libyens, qui nous le savons, n’interviennent pas. » Finalement, après négociation, les secours italiens se sont organisés.Lire aussi :Migrants : record mensuel de 218 000 arrivées via la Méditerranée en octobreL’objet de cette démarche n’est pas uniquement de visualiser les cas d’urgence, insiste Charles Heller, « il s’agit aussi de donner un outil de travail aux chercheurs et aux associations ». La plate-forme, conçue comme un outil de lobbying humanitaire, associe plusieurs organisations non gouvernementales telles que la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et Migreurop. « Nous récoltons des informations précises afin d’interpeller juridiquement les autorités qui laissent ces situations se développer. » Il s’agit, poursuit le chercheur « de les mettre face à leurs responsabilités alors que les morts se multiplient aux frontières maritimes de l’Union européenne ». Episodes de la sérieLire aussi :Ushahidi, une technologie africaine qui a conquis la planèteLire aussi :Une carte pour recenser les violences civiles au BurundiLire aussi :L’invention kényane qui a aidé les secours après le séisme au Népal A paraître :vendredi 13 novembre : lutter contre la violence faite aux femmes en Inde ;lundi 16 novembre : surveiller l’élection présidentielle au Kenya, en Tanzanie et en Zambie ;mardi 17 novembre : lutter contre la fraude électorale en Colombie ;mercredi 18 novembre : porter la voix des habitants d’un bidonville au Kenya ;jeudi 19 novembre : endiguer la violence électorale au Nigeria ;vendredi 20 novembre : améliorer la vie urbaine en Irlande ;lundi 23 novembre : imaginer la ville du futur partout dans le monde.Laure BelotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 12h43 • Mis à jour le12.11.2015 à 13h02 La police italienne a annoncé, jeudi 12 novembre, une opération contre un réseau djihadiste établi dans plusieurs pays européens et qui prévoyait de recruter des aspirants djihadistes pour les envoyer à l’étranger, de commettre des attentats, y compris des attentats-suicides, pour essayer de faire libérer son chef, un prédicateur fondamentaliste irakien détenu en Norvège. Le commandant Giovanni Governale, un des responsables de l’enquête, a déclaré :« L’importance de cette opération est d’avoir démantelé une cellule intégrée qui comprenait, outre l’Italie, le Royaume-Uni, la Norvège, la Finlande, la Suisse et l’Allemagne. »Les mandats d’arrêt concernent dix-sept personnes, seize Kurdes et un Kosovar. Six membres du réseau ont été arrêtés en Italie, quatre au Royaume-Uni, trois en Norvège, tandis que plusieurs sont partis se battre en Irak et en Syrie, selon les enquêteurs.Ce groupe était dirigé par Najmuddin Ahmad Faraj, dit « mollah Krekar », qui avait déjà cofondé un groupe islamiste nommé Ansar al-Islam, qu’il dit ne plus contrôler. L’homme figure sur la liste des personnes et organisations terroristes des Etats-Unis et de l’ONU.En Norvège, Najmuddin Ahmad Faraj a été condamné à de nombreuses reprises pour appel au meurtre, et récemment à dix-huit mois de prison pour avoir applaudi publiquement les assassinats des journalistes et collaborateurs de Charlie Hebdo. Il reste sous le coup d’un arrêté d’expulsion, qui n’a toujours pas été exécuté en l’absence de garanties sur son sort en Irak, où il risque la peine de mort.Selon le site Politico, l’opération nommée « Jweb », préparée pendant cinq ans, a été coordonnée par Eurojust, une « unité européenne de coopération judiciaire contre le crime organisé ». Elle est partie d’une enquête sur Jarchive.info, un site djihadiste. Selon les enquêteurs italiens, le réseau se développait surtout « sur Internet à travers des procédures “noires”, des plates-formes peu connues que nous avons réussi à pénétrer ». Jean-Michel Bezat E.ON paye très cher la faiblesse persistante des prix de l’électricité, au plus bas depuis douze ans, et la transition énergétique (Energiewende) lancée par la chancelière Angela Merkel au début de la décennie. Le groupe d’énergie allemand a annoncé, mercredi 11 novembre, une perte de 7 milliards d’euros – la plus lourde depuis sa création en 2000 – due à 8,3 milliards de dépréciations d’actifs sur la période de juillet à septembre.Une annonce attendue qui n’a pas ébranlé l’action d’E.ON, qui a même pris près de 4 % à la Bourse de Francfort. Le groupe de Düsseldorf avait prévenu en septembre qu’il allait inscrire au bilan l’argent perdu dans ses centrales au charbon et au gaz. Les analystes s’attendent en 2015 à une perte supérieure à celle de 2014 (3,2 milliards d’euros).Grand nettoyageLe patron d’E.ON, Johannes Teyssen, n’avait pas le choix : il devait faire ce grand nettoyage avant la scission du groupe annoncée fin 2014 et effective début 2016. Le nouvel E.ON (40 000 salariés) ne se consacrera plus qu’aux activités « propres » (solaire, éolien, réseaux électriques, services d’efficacité énergétique) et à l’exploitation des réacteurs nucléaires. Tous les autres moyens de production fortement émetteurs de CO2, ses centrales au gaz et au charbon durement concurrencées par des énergies renouvelables gorgées de subventions, seront cantonnés au sein d’Uniper (20 000 personnes). L’année 2015 a été consacrée à cette restructuration et M. Teyssen estime qu’après le big bang « les employés savent où ils vont travailler ».La crise de l’énergie dure depuis plus de cinq ans en Europe, mais aucun des grands groupes du secteur n’a pris des mesures aussi radicales qu’E.ON pour s’y adapter. Il est vrai que, contrairement à EDF, Engie ou l’italien Enel, le géant allemand a subi de plein fouet la sortie du nucléaire programmée pour 2022 par Mme Merkel après la catastrophe de Fukushima. Même arrêtées, ses centrales continueront à peser sur ses comptes puisque le gouvernement l’a mis en demeure, comme les autres exploitants allemands (RWE, EnBW, Vattenfall), d’assumer les coûts de démantèlement des dix-sept réacteurs, provisionnés à hauteur de 38 milliards (16,6 milliards pour E.ON). Une provision jugée insuffisante par certains experts.Lire aussi :Les géants allemands de l’énergie en crise profondeIl faut mesurer la restructuration radicale d’E.ON à l’aune des ambitions énergétiques affichées par Berlin : 80 % d’énergies renouvelables en 2050 et une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. L’Energiewende est « le projet d’infrastructure le plus important de l’après-guerre », souligne la Fondation Heinrich Böll, proche des écologistes. Malgré son coût exorbitant (y compris en termes de rejet de carbone à court terme), ses partisans ne doutent pas que l’Allemagne est sur la bonne voie. La purge d’E.ON est peut-être la promesse de succès futurs.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 10h10 • Mis à jour le12.11.2015 à 10h13 A Calais, la nuit de mercredi à jeudi 12 novembre a été calme aux alentours de la « jungle », sans affrontement entre migrants et policiers. « Le dispositif conséquent sera maintenu pour assurer durablement ce retour au calme », a indiqué Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’intérieur.Cette nuit confirme la tendance amorcée la veille. Même si quelques heurts ont eu lieu mardi soir aux abords du bidonville, le ministère a qualifié la nuit de « bien plus calme » que les deux précédentes.« Il faut prendre le résultat de la nuit écoulée avec beaucoup d’humilité. On a vu qu’avec une présence policière très forte, à des endroits stratégiques, on évitait que des incidents se reproduisent ».Des heurts depuis plusieurs nuitsDurant trois nuits, des heurts ont éclaté entre migrants et forces de l’ordre à Calais. Ceux qui attendent, parfois depuis des mois, dans la « jungle » espèrent rejoindre le Royaume-Uni.Ces affrontements sont le résultat, selon la police, de tentatives inédites par des groupes de migrants de bloquer la circulation sur la rocade portuaire en y jetant divers objets. Dans l’embouteillage créé, ils tentent de monter à bord de camions qui s’apprêtent à embarquer sur des ferries pour l’Angleterre. Selon le ministère de l’intérieur, il n’y a eu dans la nuit de mardi à mercredi aucune tentative de monter dans des camions, contrairement aux nuits précédentes.Après avoir atteint 6 000 au début d’octobre, le nombre des migrants regroupés dans la « jungle », est retombé à environ 4 500, selon les derniers chiffres du ministère de l’intérieur, lundi 9 novembre. Sollicités par les pouvoirs publics et par des associations, un millier d’entre eux ont accepté de s’éloigner de Calais, souvent de plusieurs centaines de kilomètres, pour être hébergés provisoirement dans des « camps de répit » offrant des installations en dur, au lieu de vivre sous des tentes dans le froid et l’humidité.Lire le décryptage :Migrants : la poudrière de Calais Jean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial) Après avoir signé un plan, longuement négocié, avec les pays africains pour une meilleure gestion des questions migratoires, les dirigeants européens, réunis entre eux à La Valette (Malte), ont annoncé jeudi 12 novembre le lancement d’un fonds d’aide à l’Afrique doté de 1,8 milliard d’euros. Chacun des Etats membres est invité à le compléter pour doubler la mise. Pour l’heure, les promesses de contributions n’ont atteint qu’un total de quelque 78,2 millions d’euros.A l’issue de ce court sommet, François Hollande a annoncé jeudi après-midi, lors d’une conférence de presse, qu’un « Conseil européen sera organisé avec la Turquie pour prendre des engagements » et améliorer la collaboration sur la crise migratoire. « Nous avons besoin de la Turquie, elle accueille beaucoup de réfugiés », a-t-il poursuivi, en précisant que ce sommet UE-Turquie « pourrait se tenir à la fin du mois de novembre ou au début du mois de décembre ».« Faire le point sur les mesures déjà adoptées » : c’est devenu le leitmotiv des réunions européennes depuis des semaines et c’était encore le cas à Malte pour ce sommet convoqué par Donald Tusk, le président du Conseil, critiqué pour son manque d’implication sur la question au printemps.Beaucoup des « mesures adoptées » peinent à se mettre en place, tandis que la Suède a décidé mercredi de réinstaurer – en principe pour une dizaine de jours – des contrôles à ses frontières, que le Danemark annonce un nouveau renforcement de ceux-ci et que la Slovénie a dû se résoudre à installer des barbelés à ses frontières avec la Croatie, sans toutefois la fermer totalement. L’Allemagne évoque quant à elle – après la Suède – un éventuel appel à la relocalisation, dans d’autres pays européens, de milliers de réfugiés syriens installés chez elle. A La Valette, mercredi, la chancelière Angela Merkel a prôné la solidarité avec l’Afrique, mais insisté, aussi, sur la nécessaire « responsabilité » de ses interlocuteurs dans la gestion des migrants.Si le plan proposé aux pays africains suscite, à l’évidence, un certain scepticisme quant à son efficacité et au réel degré d’engagement des deux parties (les Européens tergiversent sur son financement, les Africains ont peu d’enthousiasme pour la politique de réadmission exigée d’eux), l’accord à conclure avec Ankara sème également le doute.Lire les dernières informations :L’Europe cherche à fermer la route des migrants d’Afrique et de Turquie« Trop de promesses » à AnkaraEspérant en tout cas limiter le flux ininterrompu des demandeurs d’asile passant d’Asie mineure vers les îles grecques, les Vingt-Huit tenteront de se mettre d’accord avant que certains d’entre eux rencontrent le président Recep Tayyip Erdogan lors du sommet du G20, à Antalya (Turquie), dimanche. MM. Juncker et Tusk débattront avec lui le lendemain.Le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, devait faire le bilan, jeudi après-midi, de ses dernières entrevues avec les dirigeants turcs. Certaines capitales ne cachent par leurs critiques à l’égard de la Commission de Bruxelles, accusée de faire « trop de promesses » à Ankara. D’autres ne croient pas à la volonté d’aboutir de M. Erdogan mais s’inquiètent, en même temps, de l’avenir des plus de 2 millions de réfugiés syriens présents en Turquie.Les Européens ont proposé à M. Erdogan de relancer le processus d’adhésion à l’Union mais un rapport d’évaluation des réformes menées dans son pays s’est montré sévère, mardi, pour son manque de respect des libertés publiques et des médias, tout en s’inquiétant de la répression exercée contre la minorité kurde.Les Vingt-Huit se sont aussi mis d’accord sur une libéralisation des visas, sans cacher leur crainte que celle-ci dérive rapidement. Ils ont ensuite promis 1 milliard d’euros, puis 3 milliards, pour financer la politique d’aide de la Turquie aux réfugiés. Sans indiquer comment ce montant serait atteint.Aide bilatérale britanno-turquePour hâter le processus de négociation, Mme Merkel, appuyée par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, évoque la nécessité d’un sommet conjoint Union européenne-Turquie. Il pourrait se tenir dès le 22 novembre, à Bruxelles. « Il reste à savoir à quoi il servira », nuançait un diplomate avant la réunion, sceptique quant à la volonté d’aboutir de M. Erdogan, auquel seraient demandées des contreparties claires en échange d’une aide financière massive. Adepte du cavalier seul dans ce domaine également, le premier ministre britannique, David Cameron a, en tout cas, annoncé que son pays fournirait à Ankara une aide bilatérale de 184 millions d’euros sur deux ans.M. Juncker a, en tout cas, voulu placer les dirigeants européens devant leurs responsabilités. Il a déposé sur la table des négociations un projet visant à rassembler les 3 milliards d’euros promis à Ankara pour les années 2016 et 2017. Cinq cents millions seraient prélevés sur le budget européen pour alimenter ce « Turkey Refugee Grant Facility ». Les Etats membres fourniraient le reste de la contribution, soit 2,5 milliards d’euros. Un « quota » par pays établit la contribution de la France à 386,5 millions, celle de l’Allemagne, à 534,3 millions. « Il s’agit de donner une base légale à un accord politique de principe », explique l’entourage de M. Juncker. Sa proposition devrait, à coup sûr, susciter de nouvelles discussions entre Européens avant le sommet avec M. Erdogan.Occultées par l’enjeu turc, les divergences entre Européens figuraient d’ailleurs aussi au menu des débats de jeudi. Le plan de relocalisation des 160 000 réfugiés piétine, alors que 800 000 demandeurs d’asile sont arrivés en Europe depuis le 1er janvier, selon les derniers chiffres de l’Office international des migrations. Moins de 100 000 places ont été offertes par les Etats membres et quelques dizaines de personnes seulement ont, jusqu’ici, été effectivement réinstallées.Martin Schulz, le président du Parlement européen, a souligné devant les chefs d’Etat que les promesses de renforcer les effectifs de Frontex et du Bureau d’asile européen n’ont été qu’à moitié respectées. Par ailleurs, a-t-il ajouté, si les premiers vols acheminant des réfugiés vers leur pays de relocalisation ne sont pas rapidement suivis « de dizaines d’autres dans les prochains jours » la situation deviendra ingérable.Le nombre croissant de réfugiés, en Suède et en Allemagne notamment, ainsi que le rétablissement des frontières, posent une autre question, en filigrane de toutes les discussions actuelles : celle de l’avenir de l’espace européen sans passeport de Schengen. « Nous ne pourrons pas tarder à l’évoquer », commentait, mercredi soir, un ministre.Le lendemain M. Tusk renchérissait : « Pour sauver Schengen, une course contre la montre est engagée et nous sommes déterminés à la gagner. Cela veut dire qu’il faut renforcer les contrôles aux frontières extérieures, coopérer avec les pays d’origine et de transit, réinstaller les réfugiés. Et faire le tout en même temps ».La Commission doit, en tout cas, reformuler sa proposition de création d’un corps de garde-frontières et garde-côtes. Ce dossier-là aussi traîne, comme s’il n’était pas vraiment prioritaire.Lire aussi la tribune :Migrations : un cadre juridique à revoirJean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 06h27 • Mis à jour le12.11.2015 à 13h35 | Hélène Sallon Un mois et demi après le début de l’intervention russe en Syrie, les forces loyales au président Bachar Al-Assad ont remporté leur première victoire significative. Mardi 10 novembre, elles sont entrées dans l’aéroport de Koueires, à l’est d’Alep, brisant le siège imposé à leurs troupes par l’Etat islamique (EI) depuis janvier 2014. Cette percée sert le récit façonné par la Russie d’une guerre contre les djihadistes. Mais, aux yeux de l’opposition syrienne et de ses soutiens, cette victoire symbolique ne saurait masquer la réalité : les frappes russes – plus de 2 000 – ont principalement visé les forces modérées qui menacent la survie du régime Assad et lui ont permis de relancer l’offensive dans les territoires perdus au cours des derniers mois, avec des résultats encore peu tangibles.Le président russe, Vladimir Poutine, a reconnu, le 11 octobre à la télévision russe, que son intervention visait à « stabiliser l’autorité légitime » d’Assad et à « créer les conditions pour un compromis politique ». « Quand les autorités russes disent que leur intervention est dirigée contre l’EI et les djihadistes, il y a une part de propagande, mais aussi la vision que Bachar Al-Assad est le dirigeant le plus crédible en Syrie et que, pour battre l’EI, il faut le soutenir. L’argument des Occidentaux et des pays du Golfe est inverse : Assad n’a plus de légitimité, il divise la population et la pousse dans les bras de l’EI », analyse Aron Lund, responsable du site Syria in Crisis pour le centre Carnegie.Pas de percée majeureDepuis la base aérienne de... 12.11.2015 à 01h21 • Mis à jour le12.11.2015 à 10h51 Deux proches du président vénézuélien, Nicolas Maduro, ont été interpellés par les autorités américaines, qui les soupçonnent d’avoir voulu acheminer 800 kg de cocaïne aux Etats-Unis, a révélé mercredi 11 novembre le Wall Street Journal. Efrain Antonio Campo Flores, 29 ans, s’est présenté aux autorités comme le beau-fils de l’épouse de M. Maduro, Cilia Flores. Francisco Flores de Freitas a affirmé être son neveu.Les deux hommes ont été interpellés à Port-au-Prince (Haïti) et devaient être présentés jeudi à un juge fédéral à New York, toujours selon le site du quotidien. En octobre, ils avaient contacté un intermédiaire au Honduras pour acheminer la cocaïne de l’aéroport d’une petite île de ce pays, Roatán. Cet intermédiaire se trouvait être un informateur de l’agence de lutte contre le trafic de drogue (DEA) états-unienne, qui a pu filmer et enregistrer leur entrevue. Lors d’un rendez-vous au Venezuela, les deux hommes avaient apporté un kilo de cocaïne pour témoigner de la qualité de leur marchandise.Lire aussi :La ruine économique du Venezuela, une « humiliation nationale »En septembre, un tribunal de Floride a inculpé l’ancien responsable du renseignement financier vénézuélien Pedro Luis Martin, également pour trafic de drogue. Selon le Wall Street Journal, les autorités antidrogue américaines considèrent le Venezuela comme une plaque tournante du trafic, un relais pour la marchandise venue essentiellement de Colombie. Le quotidien avait assuré, il y a plusieurs mois, que la DEA enquêtait sur des personnalités politiques de premier plan, notamment Diosdado Cabello, le président du Parlement vénézuélien et numéro deux du parti socialiste.La séquence est dommageable pour le président socialiste, Nicolas Maduro, qui fait l’objet d’une plainte pour crime contre l’humanité, déposée mardi devant la Cour pénale internationale (CPI) par des opposants. Le document évoque des attaques « systématiques » visant à affaiblir « toute source de dissidence ou de simple critique du gouvernement ». Le coordinateur du parti d’opposition Volonté populaire a parlé d’« assassinats, de tortures, d’emprisonnements illégaux, de persécutions » et de « traitements inhumains ». Nicolas Maduro fait face également à la perspective d’une défaite électorale du parti socialiste, donné battu dans les sondages à l’issue du scrutin législatif du 6 décembre.Lire aussi :Au Venezuela, l’armée accroît son emprise sur l’Etat 11.11.2015 à 21h15 • Mis à jour le12.11.2015 à 06h50 Le ministre de l’intérieur suédois, Anders Ygeman, a annoncé, mercredi 11 novembre, que la Suède allait instaurer, dès jeudi, des contrôles à ses frontières pour une durée de dix jours. M. Ygeman, lors d’une conférence de presse, a expliqué cette décision par la forte arrivée de migrants dans son pays :« Il y a un nombre record de réfugiés qui arrivent en Suède. L’Office des migrations est sous forte pression […] et la police estime qu’il existe une menace contre l’ordre public. »« L’accueil des réfugiés doit se faire avec ordre et rigueur », a justifié le premier ministre Stefan Löfven depuis La Valette, sur l’île de Malte, où il participe au sommet des dirigeants européens et africains sur la crise migratoire. D’après le ministre de l’intérieur, des centaines voire des milliers de migrants sans abri et des enfants non accompagnés disparaissent dans la nature faute d’être pris en charge.Lire aussi :L’UE sur tous les fronts des migrationsQuatre-vingt mille migrants depuis le mois de septembreAux côtés de M. Ygeman, le directeur de la communication de l’Office des migrations, Mikael Hvinlund, a rappelé que quatre-vingt mille migrants étaient arrivés dans le pays depuis le mois de septembre, presque autant que pour l’ensemble de l’année 2014.La Suède, pays de l’Union européenne accueillant le plus grand nombre de réfugiés rapportés à sa population (10 millions), s’attend à en accueillir jusqu’à cent quatre-vingt-dix mille au total en 2015. Soit le double du record atteint au début des années 1990.M. Hvinlund a justifié ainsi le rétablissement provisoire des frontières :« Les gens sont obligés de dormir sous des tentes, dans les bureaux de l’office ou dans des centres d’évacuation. Nous ne remplissons plus notre mission qui est d’offrir un toit à chacun […]. Le rétablissement [des contrôles aux frontières] peut nous y aider. »Lire aussi :Crise des migrants : la Slovénie limite à son tour l’accès à sa frontière avec la Croatie Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Deux Israéliens ont été tués, vendredi 13 novembre, au sud d’Hébron, en Cisjordanie. La voiture de la famille Litman circulait dans les collines près de la colonie d’Otiel lorsqu’un ou deux tireurs ont ouvert le feu. Le père et son fils, âgé de 18 ans, ont été tués. Deux autres passagers ont été légèrement blessés, tandis que plusieurs jeunes filles, choquées, ont été prises en charge par les secours d’urgence. Selon les médias israéliens, la famille se rendait dans une autre colonie, Meitar, chez un de ses membres. Elle semble avoir été victime d’une attaque préméditée, dont les auteurs ont pris la fuite.Très rapidement, les forces israéliennes se sont mises à leur poursuite, fermant les routes d’accès, encerclant plusieurs villages arabes à proximité. « Nous trouverons ces misérables meurtriers et nous les poursuivrons dans la pleine mesure de la loi, comme nous l’avons fait dans le passé », a réagi le premier ministre, Benyamin Nétanyahou.Raid à l’hôpital d’HébronCette attaque à l’arme à feu, près d’Otiel, est intervenue au lendemain d’une opération spectaculaire des forces israéliennes dans un hôpital d’Hébron. Une vingtaine de policiers infiltrés et déguisés y avaient fait irruption pour interpeller un homme, considéré comme un sympathisant du Hamas et tenu pour responsable d’une attaque contre un colon. Il avait lui-même été blessé par balle par sa victime. Au cours de ce raid, le cousin du suspect a été abattu par les policiers israéliens. Des heurts ont éclaté entre jeunes d’Hébron et militaires, vendredi. Un Palestinien a été tué et plusieurs autres blessés.Lire aussi :Un hôpital d’Hébron, cible d’une opération meurtrière des services israéliensLe cycle actuel de violences a débuté le 1er octobre avec une attaque similiaire, au sud de Naplouse. Un couple de colons, Eitam et Naama Henkin, était mort dans le mitraillage de leur voiture, devant quatre de leurs enfants, assis à l’arrière. Quatre jours plus tard, le Shin Beth avait annoncé l’arrestation de cinq membres d’une cellule du Hamas, tenue pour responsable de cette attaque. L’un d’eux avait été interpellé par des policiers infiltrés au cours d’un raid dans un hôpital de Naplouse. Depuis cet attentat, les attaques anti-israéliennes (à l’arme blanche pour la plupart), les heurts entre émeutiers palestiniens et soldats, ainsi que les violences entre Palestiniens et colons israéliens avaient fait 80 morts côté palestinien – dont un Arabe-Israélien – et 12 côté israélien.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.11.2015 à 15h49 Par Serge Michailof « Plus jamais ça ! », c’est ce que nous nous sommes dit il y a 70 ans, voyant l’Europe en sang et en cendres, face à notre impuissance collective à empêcher l’irréparable. « Plus jamais ça ! », c’est aussi ce que nous avons ressenti un instant en voyant le corps sans vie du petit Aylan, sacrifié par une guerre qu’il n’a pas voulu et une Europe qui n’a pas voulu de lui. Plus de 108 enfants, deux Aylan chaque jour d’après Libération, ont depuis trouvé la mort en Méditerranée, la frontière la plus dangereuse du monde, tandis que plus de quatre millions de civils ont déjà dû fuir le conflit en Syrie et trouver refuge dans les pays voisins.À quelques centaines de kilomètres des côtes syriennes, les nations les plus riches du monde se réuniront les 15 et 16 novembre pour le sommet du G20 dans la station balnéaire turque d’Antalya. La Turquie, qui préside le sommet, a annoncé que la crise des réfugiés serait à l’ordre du jour. En prenant l’avion pour Antalya, les chefs d’Etat et de gouvernement européens devraient se tenir prêts à répondre à la plus grave crise humanitaire depuis la seconde guerre mondiale et se souvenir qu’après la guerre, l’Europe aussi a eu besoin de soutien pour pouvoir se reconstruire.Face au constat d’échec d’un modèle d’asile d’après-guerre tombé en panne alors que seulement 12 % des réfugiés syriens ont pris le chemin de l’exil en Europe, il est temps d’agir selon un nouveau paradigme et d’investir pour offrir aux réfugiés l’autonomie et les opportunités qui leur permettront de subvenir à leurs besoins. Plutôt que de rester enlisés dans une réponse d’urgence sous-financée, les membres du G20 devraient s’accorder sur un plan de rétablissement pour le Liban, la Jordanie et la Turquie qui fasse coïncider les intérêts des pays d’accueil avec les besoins des réfugiés.Le premier impératif est de permettre l’insertion des réfugiés dans le marché du travail et l’économie formelle. Les jeunes sont surreprésentés parmi les réfugiés dans les pays voisins de la Syrie, et la jeunesse syrienne est très éduquée, avec un taux d’alphabétisation à 95 % tandis que 25 % fréquentaient l’université avant la guerre. Malgré le formidable potentiel de capital humain et financier que représentent les réfugiés pour les pays d’accueil – la croissance libanaise à 2,5 % a été stimulée par la consommation des Syriens qui y ont trouvé refuge – ces derniers refusent de les laisser accéder légalement à l’emploi, les condamnant à la dépendance ou la clandestinité, se privant ainsi d’importantes recettes fiscales.Cumulant à eux seuls plus de 85 % de la richesse mondiale, les membres du G20 ont largement les moyens de fournir les incitations financières et l’aide au développement pour encourager le Liban, la Jordanie et la Turquie à intégrer les réfugiés qu’ils accueillent dans l’économie formelle. Il est pour cela nécessaire de permettre à des entreprises internationales et syriennes, d’employer légalement des réfugiés qui pour beaucoup représentent une main-d’œuvre qualifiée, voire étaient entrepreneurs dans leur pays avant la guerre. Si accueillir un réfugié dans le camp jordanien de Zaatari engendre un coût de plus de 10 000 de dollars, l’ONU estime que les 2500 petits commerces de vélos tenus par des Syriens dans le camp génèrent près de 14 millions de dollars par mois.Lors du sommet du G20 à Antalya, la France et l’Allemagne, dont le couple a été le moteur historique de la construction européenne après la guerre, peuvent mettre en avant le fonds d’affectation spéciale Madad lancé par l’Union Européenne pour répondre à la crise syrienne, tout comme le fonds fiduciaire de rétablissement pour la Syrie (Syria Recovery Trust Fund) dont la Turquie est également le pays hôte pour le siège opérationnel. La France et l’Union Européenne doivent saisir le sommet de ce week-end pour convaincre les membres du G20 d’utiliser les outils financiers et ressources économiques dont ils disposent pour activer le levier de développement et de stabilisation que représente l’intégration des réfugiés aux économies du Levant.Comme l’Europe il y a presque soixante-dix ans, les pays voisins de la Syrie voient leur dynamisme économique ravagé par la guerre toute proche. Ils font face à un taux de chômage qui augmente dangereusement, des infrastructures dysfonctionnelles car dépassées et un nombre de réfugiés en explosion. Un plan pour aider ces pays à faire face à cette situation dramatique et à préserver une stabilité fragile, aiderait une région en difficulté croissante et revigorerait l’engagement de la communauté internationale pour ne pas fermer les yeux sur le besoin d’un processus politique pour sortir du conflit en Syrie. Les réfugiés syriens ne sont pas le problème, ils sont la solution et l’avenir de leur pays : Investir aujourd’hui pour leur permettre de s’en sortir est le meilleur moyen de préparer cet avenir en attendant que les bombes finissent par se taire en Syrie.Serge Michailof est chercheur associé à l’IRIS, spécialiste des pays dit « fragiles » et des problèmes de reconstruction dans les pays affectés par des conflits. Il a été directeur exécutif chargé des opérations de l’Agence française de développement et directeur opérationnel de la Banque Mondial. Gaëlle Picut Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a publié, lundi 9 novembre, un rapport consacré aux réformes du marché du travail dans dix pays européens depuis 2008. Il met en avant le fait que la crise a exacerbé les déséquilibres du marché du travail existants, mais « a pu aussi cristalliser un certain nombre de défis communs auxquels sont confrontés aujourd’hui l’ensemble des pays européens ». Les deux principaux enjeux communs concernent l’éloignement d’une partie grandissante des jeunes du marché de l’emploi et l’augmentation du chômage de longue durée.Le taux de chômage des jeunes au sein de l’Union européenne est ainsi passé de 15,5 % en 2007 à 22,2 % en 2014, soit une hausse de 6,7 points en sept ans. En Italie et au Portugal, la situation est encore plus préoccupante puisque les taux atteignent respectivement 42,7 % et 34,8 %.« Dernier arrivé, dernier parti »Les jeunes ont souvent servis de variable d’ajustement et ont été victimes de la logique « dernier arrivé, premier parti », sans oublier la faiblesse des embauches. Par ailleurs, la crise immobilière a provoqué un effondrement du secteur du BTP qui recrute habituellement beaucoup de jeunes parmi les moins qualifiés. Par exemple, en Espagne, le secteur de la construction représentait 12,7 % des emplois fin 2007 pour 5,3 % début 2014. Autre élément préoccupant, le taux de jeunes ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation a augmenté entre 2007 et 2014, passant de 14,4 % à 16,6 % (avec un pic à 17,7 % en 2013).Quant au chômage de longue durée, il prend des proportions importantes dans plusieurs pays européens. En Espagne, il est passé de 20,4 % en 2007 à 52,8 % en 2014 ; en Irlande, de 30 % à 59,2 % sur la même période. Et il augmente même en Suède de 8 points, et passe de 13 à 21% entre 2008 et 2010. Cette évolution pèse immanquablement sur l’employabilité des demandeurs d’emploi. A ces deux tendances lourdes s’ajoutent des déséquilibres plus ou moins développés selon les pays. C’est le cas du temps partiel subi qui augmente de façon significative dans certains pays. Ainsi en Italie, fin 2014, 63,4 % des salariés en situation de temps partiel déclaraient vouloir travailler davantage (sachant que la part de salariés en situation de temps partiel entre 2007 et 2014 est passée de 13,4 % à 18,1 %).Autre tendance : le taux de transition à trois ans d’un contrat temporaire vers un contrat indéterminé a fortement chuté dans la plupart des dix pays européens étudiés. Parallèlement, la diversification des formes de travail atypiques s’est maintenue, soit sous forme d’emplois salariés (mini-jobs en Allemagne, contrat zéro heures en Grande-Bretagne) soit sous forme de travail indépendant non salarié (recibo verdes au Portugal ou para subordini en Italie).Or ces formes de travail sont « préoccupantes », selon le COE, car elles n’accordent souvent que des droits sociaux restreints et peuvent alimenter le risque de pauvreté, même si « les systèmes de redistribution et de solidarité informels peuvent plus ou moins atténuer cette appauvrissement » précise le rapport.L’emploi informel renforcéPar ailleurs, la crise a renforcé l’emploi informel. Le rapport du COE ne s’étend pas longuement sur ce phénomène. Il rappelle toutefois que « les conséquences sont lourdes : préjudices pour les droits des travailleurs, distorsion de concurrence entre employeurs, phénomène d’évasion fiscale et sociale, affaiblissement de la soutenabilité des finances sociales ».Le COE rappelle que si certains pays (Royaume-Uni, Allemagne Suède) ont retrouvé leur taux d’emploi d’avant la crise, d’autres restent dans une situation durablement dégradée (Italie, Espagne, Portugal). Enfin dans une situation intermédiaire, qui se rapproche du niveau d’emploi d’avant-crise sans encore l’atteindre, se retrouvent le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche et l’Irlande.Gaëlle PicutJournaliste au Monde 13.11.2015 à 12h16 • Mis à jour le13.11.2015 à 12h24 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) L’usage de la torture reste « très répandu » en Chine, malgré un certain nombre de réformes censées encadrer la détention et l’interrogation des suspects, a révélé Amnesty International (AI) dans un nouveau rapport intitulé No End in Sight et publié le 11 novembre. Face à un Etat policier plus puissant que jamais, ces réformes ont « peu fait pour changer la pratique tenace consistant à extorquer des “aveux” par la force », souligne l’organisation de défense des droits de l’homme. « Les tentatives d’avocats de la défense de dénoncer des cas de torture ou d’enquêter sur ceux-ci continuent à être systématiquement contrecarrées par la police, le parquet et les tribunaux. » Surtout, les avocats qui tentent de le faire se retrouvent eux-mêmes victimes de représailles, souvent sous forme de tortures, détaille le rapport.Les chercheurs d’AI se sont appuyés sur les témoignages de 37 avocats chinois rencontrés entre juin et septembre 2015. Dix d’entre eux ont déclaré avoir subi des tortures et des mauvais traitements aux mains de policiers dans la pratique de leur profession entre 2010 et 2015, période qui a vu l’entrée en vigueur de tout un train de réformes censées renforcer la protection des suspects.« Les règles de procédures sont légalement court-circuitées »Certaines, toutefois, semblent avoir manifestement été choisies pour permettre à la police de disposer d’une plus grande marge de manœuvre dans leur quête de preuves : c’est le cas en 2013 de la « résidence surveillée dans un lieu désigné ».... Romain Geoffroy La décision de l’Union européenne, mercredi 11 novembre, d’étiqueter les produits israéliens issus des territoires palestiniens occupés a provoqué la colère d’Israël. Le gouvernement de droite de Benyamin Nétanyahou craint que la mesure européenne ne « soutienne et encourage » le mouvement international Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) contre l’Etat hébreu.Lire aussi :Comprendre l’étiquetage des produits fabriqués dans les colonies israéliennesQui est à l’origine de ce mouvement ?En 2005, des militants propalestiniens lancent à travers le monde un appel au « boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre Israël ». Le mouvement, inspiré du boycott de l’Afrique du Sud dans les années 1980 et appelé « BDS », s’oppose à l’occupation israélienne par des appels répétés au boycott de compagnies israéliennes et étrangères opérant dans les colonies israéliennes ou dans les territoires occupés.En France, où le mouvement s’est lancé en 2009 après la guerre de Gaza, on compte une cinquantaine d’associations et d’organisations signataires, parmi lesquelles l’Association France Palestine solidarité (AFPS), le Parti de gauche, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ou encore ATTAC.Quelles sont ses revendications ?Dans une interview donnée au Monde en juillet, le cofondateur du mouvement, Omar Barghouti, évoquait « trois exigences fondées sur le droit international » : - « La fin de l’occupation israélienne de 1967, ce qui inclut le démantèlement des colonies de Cisjordanie et la destruction du mur » ;- « La fin du système israélien de discrimination juridique à l’égard des citoyens palestiniens d’Israël, système qui correspond aux critères de l’apartheid tels que définis par l’ONU » ;- « L’autorisation pour les réfugiés palestiniens, chassés de force en 1948 et en 1967, de regagner leur domicile ou leur région d’origine, dans le cadre des résolutions de l’ONU sur ce point. »Lire aussi :Omar Barghouti : « Face à Israël, la France est hypocrite »Boycott, désinvestissement, sanctionsLe mouvement mène dans de nombreux pays (Royaume-Uni, Etats-Unis, Belgique, Allemagne, etc.) des actions d’appels aux boycotts commerciaux, universitaires ou culturels pour faire pression sur Israël. Il assure ne pas viser « des personnes ou des groupes en raison de leur origine ou de leur religion juive, ni leurs entreprises ou leurs produits » mais bien « la politique coloniale d’occupation israélienne et ses partisans ».Comme l’indique son nom, le mouvement BDS veut agir sur trois volets.Le boycott : le mouvement veut pousser les consommateurs à ne pas acheter de produits manufacturés en Israël ou dans les colonies.Le désinvestissement : l’organisation mène des actions de lobbying auprès des gouvernements, des institutions et des entreprises pour qu’elles cessent d’investir ou de coopérer économiquement avec l’Etat hébreux. BDS a notamment joué un rôle dans la décision de Veolia de vendre presque toutes ses activités en Israël ou plus récemment dans la décision d’Orange de rompre son partenariat avec l’entreprise israélienne de télécommunications Partner, présente dans les colonies israéliennes.Les sanctions : c’est-à-dire essentiellement la remise en cause des accords économiques de l’Union européenne avec Israël, BDS demandant à l’UE de sanctionner Israël au vu de ses violations du droit international.De longues batailles juridiquesEn France, le mouvement fait l’objet depuis 2010 de poursuites systématiques. En février 2010, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la justice, fait parvenir une circulaire aux procureurs visant les «  appels au boycott de produits israéliens  » et recommandait aux parquets d’apporter «  une réponse ferme  ».Le 20 octobre, la Cour de cassation a confirmé la condamnation par la cour d’appel de Colmar de 14 militants de BDS à 28 000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles, ainsi qu’à une amende de 1 000 euros avec sursis pour chacun des militants. Il leur est reproché d’avoir participé à une manifestation dans un magasin Carrefour à Illzach (Haut-Rhin), « appelant au boycott des produits en provenance d’Israël ». Pour la haute juridiction française, le délit de «  provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée  » est bien constitué.Ces arrêts de la Cour de cassation font de la France l’un des rares pays du monde, et la seule démocratie, où l’appel au boycott par un mouvement associatif ou citoyen pour critiquer la politique d’un Etat tiers est interdit. Plusieurs militants pro palestiniens soulèvent d’ailleurs le fait que tous les appels au boycott ne soient pas traités de la même manière : les appels au boycott contre l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid, contre la Birmanie du temps de la junte ou même contre le Mexique au moment de l’affaire Florence Cassez n’ont jamais fait l’objet de poursuites.Le BDS réfléchit actuellement à porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme où il souhaiterait invoquer l’article 10 de la convention européenne des droits de l’homme sur la liberté d’expression.Inquiétudes du gouvernement israélienL’impact du BDS sur le plan économique est encore difficilement mesurable. Mais chaque nouvelle campagne ciblant un grand groupe étranger, un supermarché, un annonceur ou un opérateur pour les inciter à ne plus investir en Israël fait connaître un peu plus le mouvement.L’importance réelle du BDS est toujours débattue. « Ça ressemble à un tsunami politique, mais, en réalité, ses militants sont actifs dans pas plus de dix ou douze endroits dans le monde, la plupart en Europe », soulignait au Monde l’expert Eran Shayshon, qui a beaucoup travaillé sur le BDS au sein du Reut Institute, à Tel-Aviv.Lire aussi :Israël face à la menace montante du boycottageTout cela n’empêche pas le gouvernement israélien de s’inquiéter de la montée du mouvement. M. Nétanyahou a récemment dénoncé une « campagne internationale pour noircir la réputation d’Israël ». Pour lui, ceux qui soutiennent le BDS mettent en cause jusqu’à l’existence de l’Etat hébreu.Comment le mouvement a-t-il accueilli la décision européenne ?Les produits concernés par la nouvelle décision européenne d’étiqueter les produits fabriqués dans les colonies représentent « moins de 1 % » du total des échanges commerciaux entre l’UE et Israël, soit 154 millions d’euros en 2014, selon des chiffres de la Commission. L’ambassadeur israélien avait pour sa part évalué les produits visés à « 2 % à 3 % » des exportations israéliennes vers l’UE, soit une valeur à 200 millions de dollars (187 millions d’euros) chaque année.Le Comité national palestinien pour le BDS s’est tout de même réjoui de la décision « qui montre que les gouvernements européens réagissent à l’opinion publique, aux campagnes de la société civile comme à l’intransigeance israélienne ».Mahmoud Nawajaa, le coordinateur général du BDS palestinien, a cependant nuancé ses propos : « Mettre en place quelques étiquettes sur un petit nombre de produits israéliens n’est pas une réponse à la mesure des crimes de guerre israéliens continus. » Même constat pour Imen Habib, animatrice du BDS en France, pour qui cette décision est insuffisante : « Ce que nous demandons c’est l’interdiction pure et simple de ces produits par l’UE. Etiqueter ces produits, c’est légitimer des produits fabriqués dans des territoires occupés considérés comme illégaux aux yeux du droit international. »Romain GeoffroyJournaliste au Monde Jean-Michel Bezat Il y a, à Paris, de mauvais et de bons « marchands de sommeil ». Ceux qui louent des gourbis hors de prix aux plus pauvres, souvent immigrés ; et ceux qui proposent des chambres cosy aux touristes toujours plus nombreux dans la capitale, comme Airbnb. Les premiers sont dans le collimateur de la maire socialiste, Anne Hidalgo, qui réclame au gouvernement un durcissement des sanctions ; le second suscite l’intérêt gêné des pouvoirs publics, conscients que le site de location entre particuliers draine de nouveaux visiteurs, mais inquiets de l’émergence d’une « économie grise », et attentifs aux critiques des hôteliers et des restaurateurs hurlant à la « concurrence déloyale ».La plate-forme américaine, créée fin 2008 à San Francisco et valorisée plus de 25 milliards de dollars (23,2 milliards d’euros), ne cesse de montrer patte blanche. A la veille de ses « rencontres d’hôtes  » venus du monde entier, jeudi 12 et vendredi 13 novembre à Paris, Airbnb s’est engagé à plus de transparence. A vérifier, par exemple, que son activité se limite aux courts séjours et qu’elle n’assèche pas le marché des locations de plus longue durée. Désormais, l’entreprise collecte aussi la taxe de séjour de 0,83 euro par jour et par personne. Mais elle souligne en même temps tout le bien qu’elle fait à notre économie.Airbnb a publié, jeudi, une étude du cabinet de conseil économique Asterès qui, selon elle, confirme les vertus de l’activité d’Airbnb en France, où le site compte 200 000 logements (dont 60 000 à Paris). Retenez ces chiffres : 2,5 milliards d’euros de retombées directes et indirectes d’Airbnb sur l’économie entre septembre 2014 et août 2015, partagés entre les recettes réalisées par les hôtes (à raison de 1 970 euros par an en moyenne pour 26 nuitées) et les dépenses des voyageurs ; et 13 300 emplois générés par la présence des touristes dans l’Hexagone.Paris, première « ville Airbnb »A Airbnb qui dit s’inscrire dans une « économie du partage », l’hôtellerie réplique qu’il s’agit tout bonnement d’une « industrialisation » de la location, mortifère pour un secteur déjà fragilisé par des plates-formes de réservation en ligne captant une partie de ses marges. Il est également vrai que le combat ne se joue pas toujours à la loyale. Et que certains hôtes « oublient » parfois de déclarer en mairie la location d’une partie de leur résidence principale ou la proposent pour plusieurs mois à des salariés en mission, et non à de vrais touristes.Les pouvoirs publics semblent jouer un double jeu, dépassés par un phénomène qui a explosé depuis 2012. Brian Chesky, le patron-fondateur d’Airbnb, a ses entrées à la Mairie de Paris, finalement assez fière que la capitale soit devenue la première « ville Airbnb » au monde. Et le gouvernement ne perd pas de vue l’objectif fixé par Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, de 100 millions de touristes en 2020 (contre 85 millions en 2015). N’en déplaise aux hôteliers, Airbnb participe à la croissance de l’offre touristique en France.Lire aussi :Airbnb : Paris veut éviter le syndrome de « Barceloneta »Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jacques Follorou La démocratie allemande pourrait-elle servir d’exemple au Parlement français en matière de contrôle des services secrets ? Le travail des différentes instances parlementaires du Bundestag sur les services de renseignements allemands (BND) vient de donner lieu à de nouvelles révélations sur les dérives en matière d’espionnage. Mercredi 11 novembre, la station de radio allemande RBB (Radio Berlin Brandebourg) indiquait que le BND avait surveillé le diplomate allemand Hansjörg Haber alors que la Constitution allemande interdit l’espionnage des citoyens allemands.Cette radio précisait également que Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, et des membres de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du FBI américain et de sociétés aux Etats-Unis, figuraient également parmi les cibles. Jeudi, à Malte, en marge d’un sommet sur les migrations, François Hollande a demandé « que toutes les informations soient communiquées, parce qu’on ne peut pas comprendre qu’il puisse y avoir ce type de pratiques entre alliés ». Avant d’ajouter : « Je sais que la chancelière [Angela Merkel] fera tout pour nous dire exactement les circonstances qui ont été celles [qui ont conduit à] écouter un ministre de la République française. »La RBB ne fournit aucune indication sur l’origine de ses sources. En guise de détails, la radio berlinoise se contente d’évoquer une liste de 900 pages de « sélecteurs » (numéros de téléphone, courriels, adresses IP) utilisés par le BND et à laquelle ont eu accès des députés allemands, membres de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les opérations de surveillance.« La question qui se pose, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA »Selon un membre du Bundestag travaillant sur les questions de renseignement, joint par Le Monde, ces nouveaux éléments seraient extraits de documents recueillis par la commission d’enquête parlementaire créée après les révélations de l’ex-consultant de l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA), Edward Snowden. Ces informations seraient également entre les mains de la délégation parlementaire au renseignement du Bundestag, chargée de suivre le fonctionnement des services secrets et qui devait se réunir vendredi.Au printemps, la presse allemande s’était déjà fait l’écho d’écoutes pratiquées par le BND de pays alliés, dont la France, sans l’aval du gouvernement. Paris était resté discret. Mais Bernard Bajolet, à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s’était rendu à Berlin pour obtenir des explications auprès de son homologue du BND. Selon nos informations, il avait troqué le silence officiel contre l’obtention d’informations, portant notamment sur les dessous de la coopération entre le BND et la NSA.« La question qui se pose, relève un responsable de la communauté française du renseignement interrogé par Le Monde, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA. » En effet, des documents, également exhumés par la commission d’enquête parlementaire créée sur les activités de la NSA, et auxquels Le Monde a eu accès, ont montré, en juin, que le BND avait agi pour le compte de la NSA et espionné, notamment, la France, au moins de 2005 à 2008, par l’intermédiaire du groupe de télécommunications Deutsche Telekom.« Rien d’illégal »Les autorités allemandes, accusées de complicité d’espionnage avec la NSA, entre 2005 et 2015, des intérêts économiques et politiques européens, avaient affirmé qu’il était impossible de connaître l’identité des cibles visées. Ces documents de Deutsche Telekom, détenus par la commission d’enquête parlementaire allemande sur les activités de la NSA et révélés par le député Vert autrichien Peter Pilz, attestaient, au contraire, que les grands opérateurs nationaux de télécom européens disposaient des moyens d’identifier les personnes ou entreprises espionnées.A partir de 2005, l’ensemble du trafic intercepté a été renvoyé vers le centre d’interceptions, installé en Bavière, à Bad Aibling. Sur cette base, les opérateurs allemands travaillent aux côtés d’employés de la NSA dans le cadre du JSA (Joint Signal Activity). Interrogé par la commission d’enquête du Bundestag, le directeur du BND, Gerhard Schindler, a indiqué, le 21 mai, qu’il n’y avait rien d’illégal à cela tant que cette collecte ne concernait pas des intérêts allemands.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.11.2015 à 10h32 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Le casse de la Lufthansa du 11 décembre 1978, au cours duquel 5 millions de dollars en liquide et 1 million en bijoux s’étaient volatilisés d’un coffre de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy (JFK), risque de ne jamais être élucidé. Vincent Asaro, l’un des principaux accusés de ce vol évoqué dans le film de Martin Scorsese Les Affranchis, a été acquitté, jeudi 12 novembre, par la cour fédérale de Brooklyn, à New York.A l’annonce du verdict, Asaro, pull col en V et chemise ouverte, a levé à trois reprises le poing en signe de victoire. « Libre ! », s’est-il écrié, les mains en l’air, à sa sortie du tribunal. Pour les procureurs, c’est une cuisante défaite. A 80 ans, le street boss présumé, dont le père et le grand-père appartenaient au clan des Bonanno, l’une des cinq familles new-yorkaises liées à Cosa Nostra, a fait un joli pied de nez à la justice. Les procureurs qui, ces dernières années, avaient réussi à faire condamner des parrains comme John Gotti, le chef de la famille Gambino, ou encore Vincent Gigante, dit « the Chin » (le menton), se sont, cette fois, cassé les dents sur Asaro, arrêté en janvier 2014 après un triple pontage.Les charges étaient pourtant lourdes. Il répondait de nombreux crimes, perpétrés sur une période de quarante-cinq ans, de 1968 à 2013, dont le fameux casse de JFK, le plus important jamais commis aux Etats-Unis. De quoi l’envoyer pour ce qui lui reste à vivre derrière les barreaux. Mais Vincent Asaro, malgré la multitude de témoins appelés à la barre par l’accusation, ne s’était pas laissé impressionner, continuant de plaider non coupable. A l’issue de deux jours de délibérations, le jury lui a donné raison.L’accusation a eu beau affirmer qu’Asaro « était né dans cette vie » de mafieux, qu’il avait « complètement embrassé » cette carrière, que sa fidélité aux Bonanno était aussi indéfectible que le tatouage dessiné sur son bras était indélébile – « la mort plutôt que le déshonneur » –, bref qu’il était un affranchi, un vrai, rien n’y a fait.« Ce sont des gens méprisables »Ce sont justement peut-être les témoins qui ont fait pencher la balance en faveur de l’octogénaire. « Ce sont des gens méprisables », avait lancé son avocate, Elizabeth Macedonio, lors de sa plaidoirie finale, « des menteurs invétérés ». A commencer par Gaspare Valenti, son cousin, qui, lassé des traîtrises d’Asaro à son endroit, avait fini par coopérer avec le FBI à partir de 2008. La défense s’est servie de la crédibilité douteuse du témoin pour contrer l’accusation.Celle-ci lui reprochait notamment le meurtre, en 1969, d’un indic, Paul Katz. Vincent Asaro avait été arrêté en compagnie de James Burke, un mafieux plus connu sous le nom de « Jimmy the Gent », alors qu’ils devaient récupérer un butin dans un entrepôt du quartier new-yorkais du Queens appartenant à Katz. Valenti affirme que c’est à partir de ce moment qu’ils avaient soupçonné l’homme d’être une balance. Il a raconté lors du procès comment ils s’étaient débarrassés de Katz en l’étranglant avec une chaîne avant d’enfouir son corps dans le sous-sol d’une maison que le père de Valenti était en train de construire dans le Queens. Mais le cadavre ne fut jamais retrouvé. Tout comme le butin du casse de la Lufthansa, d’ailleurs, qui aurait à l’époque rendu Asaro « euphorique », selon le témoignage de Valenti.Peu après le vol, la police était convaincue que le cerveau de l’opération était Burke, qui, lui, appartenait au clan Lucchese, une autre famille de la mafia new-yorkaise dont la destinée est racontée dans le film de Martin Scorcese Les Affranchis. « Jimmy the Gent » était soupçonné d’avoir fait disparaître une dizaine de témoins gênants. Arrêté quelques années plus tard dans le cadre d’une autre affaire, il mourra d’un cancer, au fond de sa cellule, en 1996.L’arrestation d’Asaro constituait sans doute l’ultime chance de résoudre l’énigme de la Lufthansa. Mais les récits sujets à caution de Valenti n’ont visiblement pas été suffisants pour convaincre du jury. Celui-ci a permis finalement à l’octogénaire de pouvoir passer Thanksgiving en famille avant de lancer une dernière plaisanterie à son avocat, à la sortie du tribunal, alors qu’il s’engouffrait dans une voiture qui l’attendait : « Sam, ne les laisse pas voir le corps qu’il y a dans le coffre. »Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.11.2015 à 06h52 • Mis à jour le13.11.2015 à 09h33 Sa victoire était acquise depuis plusieurs jours, avant même l’annonce des résultats officiels qui a finalement eu lieu vendredi 13 novembre : le parti de l’opposante historique Aung San Suu Kyi a officiellement passé la barre lui permettant d’être majoritaire au sein du Parlement, ouvrant la voie à un changement politique inédit en Birmanie.D’après les derniers résultats communiqués par la commission électorale, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) a remporté 348 sièges et sera donc majoritaire, malgré la présence d’un quart de députés militaires non élus.L’ampleur de la victoire a surpris, y compris les responsables de la LND. « Nous pensions gagner avec près environ 60 % des voix, alors qu’on est en réalité plus près des 80 % », a noté le porte-parole du Nyan Win, citée par le The Straits Times. En dépit de la lenteur de la diffusion des résultats officiels, le régime sortant avait promis de « transférer le pouvoir pacifiquement ». Aung San Suu Kyi, sûre de sa victoire, avait appelé à des pourparlers trois des principaux dirigeants – le général Min Aung Hlaing, le président Thein Sein et l’influent président du Parlement, Shwe Mann – afin d’envisager l’avenir du pays. Le général Min Aung Hlaing avait d’ailleurs publiquement « félicité » l’opposante, annonçant déjà qu’elle avait emporté la « majorité » au Parlement.Aung San Suu Kyi avait aussi été félicitée pour sa victoire par des responsables politiques étrangers, notamment le président des Etats-Unis Barack Obama et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui a cependant prévenu qu’il restait « beaucoup de travail » pour faire de la Birmanie une démocratie.Lire l'analyse :Les inconnues de la nouvelle Birmanie « démocratique »Des négociations politiques à venir Malgré la victoire de son parti, Aung San Suu Kyi ne pourra pas devenir présidente en raison d’une Constitution taillée sur mesure contre elle par la junte, qui interdit à toute personne ayant des enfants étrangers de se présenter – les siens sont de nationalité britannique. Elle a déjà prévenu qu’elle choisirait un candidat placé sous son autorité.«  Le prochain président devra comprendre parfaitement qu’il n’aura aucune autorité et devra se plier aux décisions prises par le parti . »Elle devra également composer avec le pouvoir politique militaire, qui reste fort. En Birmanie, certains postes clés sont toujours nommés par le général Min Aung-Hlaing, comme les ministères de l’intérieur et de la défense, ou encore le ministère des frontières.Lors des dernières élections nationales jugées libres, en 1990, la junte avait laissé la LND concourir et gagner. Mais les résultats n’avaient pas été reconnus. Après des décennies de pouvoir militaire puis de domination des héritiers de la junte depuis les réformes lancées en 2011, une victoire de la LND représente une révolution complète et inédite pour la scène politique birmane. Gilles Paris (Washington, correspondant) et Simon Roger A moins de trois semaines de la conférence des Nations unies sur le climat (COP21), John Kerry refroidit l’optimisme de la France. Dans un entretien au Financial Times, jeudi 12 novembre, le secrétaire d’Etat américain a indiqué que l’accord de Paris « ne sera certainement pas un traité ». « Il n’y aura pas d’objectifs de réduction [des émissions de gaz à effet de serre] juridiquement contraignants, comme cela avait été le cas à Kyoto. »Les propos du secrétaire d’Etat – dans la droite ligne d’une position maintes fois affirmée par le deuxième pays le plus émetteur après la Chine – n’ont pas suscité la controverse à Washington mais ont froissé les autorités françaises qui assureront la présidence de la COP à partir du 30 novembre. L’accord attendu à Paris pour contenir le réchauffement sous le seuil des 2 °C sera « contraignant ou il n’y aura pas d’accord », a réagi François Hollande depuis La Valette (Malte), où il participait à un sommet sur la crise migratoire. « J’ai eu mon ami Kerry hier, a commenté, jeudi, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius. On peut discuter de la nature juridique de l’accord (…) en revanche, le fait qu’un certain nombre de dispositions doivent avoir un effet pratique est une évidence. » Le futur président de la COP21 a peu goûté la formulation de son homologue qui « aurait pu être plus heureuse ».Washington tient à éviter la dénomination de traitéLe débat ravivé par M. Kerry renvoie à une double interrogation, sur la forme juridique et sur le niveau de contraintes de l’accord qu’espèrent sceller à Paris les 195 pays de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). En 2011, à Durban, en Afrique du Sud, mandat a été donné aux négociateurs de signer un accord universel sur le climat à l’horizon 2015. Mais le document de Durban ne donne pas d’indication sur la forme juridique de cet accord. Il précise seulement que le texte devra être « un protocole, un autre instrument juridique ou un accord avec force de loi ».Lire aussi :Tout comprendre aux négociations climatiquesWashington tient à éviter la forme du traité pour s’épargner une épreuve de force incertaine avec le Congrès. Un traité est obligatoirement soumis au Sénat et doit être approuvé par une majorité des deux tiers avant d’entrer en vigueur. Or les républicains en ont pris le contrôle en 2014 après avoir consolidé leur majorité à la Chambre des représentants. Barack Obama n’a aucune chance de recueillir leur assentiment sur le climat. Le Parti républicain a critiqué les engagements américains de réduction de gaz à effet de serre, en estimant qu’ils allaient pénaliser l’économie nationale. De nombreux candidats à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016 défendent des positions climatosceptiques, comme Donald Trump, ou militent pour l’exploitation des énergies fossiles américaines, qu’il s’agisse du charbon, du gaz ou du pétrole.Les Etats-Unis ne semblent pas prêts non plus à accepter un protocole. L’expérience du protocole de Kyoto a montré ses limites. Adopté en 1997 et entré en vigueur en 2005, il imposait pour la première fois des réductions d’émissions aux pays développés et prévoyait un mécanisme d’« observance » susceptible d’infliger des sanctions aux pays ne respectant pas leurs engagements. En théorie seulement, puisque Washington n’a jamais ratifié le protocole de Kyoto. Adopté par l’administration Clinton alors au pouvoir, sa ratification avait été retoquée par le gouvernement de son successeur républicain, George W. Bush. « Accord hybride »Pour franchir l’obstacle, M. Obama pourrait privilégier la voie de l’executive agreement, une forme de décret présidentiel. En cas d’échec, l’accord de Paris se résumerait à une simple déclaration internationale, vidée de toute substance juridique.« Les Etats-Unis soutiennent le principe d’un accord partiellement juridiquement contraignant », a expliqué à la presse un haut responsable américain, le 10 novembre, à l’issue de la pré-COP qui réunissait à Paris les ministres de quelque 70 pays de la CCNUCC. Un « accord hybride », prévoyant des contraintes sur le suivi des promesses faites par les pays, mais pas sur les objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre.« La contrainte, ce sera l’obligation de transparence et l’effet de réputation », a rappelé de son côté Laurence Tubiana, la principale négociatrice pour la France. A défaut de sanctions – comme il en existe au Conseil de sécurité de l’ONU ou à l’Organisation mondiale du commerce, qui dispose d’un organe de règlement des différends –, les pays mettront à profit l’état des lieux prévu tous les cinq ans pour juger de leur sincérité respective à lutter contre le réchauffement climatique. « Ce mécanisme de suivi de la bonne application des accords existe déjà dans la convention d’Aarhus sur l’accès aux informations environnementales, par exemple, rappelle le juriste Laurent Neyret. Cela assure une certaine vigilance. »Les Etats-Unis ne font pas mystère de leur volonté d’aboutir à un accord à Paris. Le 10 novembre, lors d’un déplacement à la base militaire et à la Old Dominion University de Norfolk, M. Kerry avait insisté sur ses engagements en faveur de l’environnement dès le début de sa carrière politique, dans le Massachusetts, et sur les conséquences déjà perceptibles sur la place de la montée des eaux.Lire aussi :Le legs climatique de Barack ObamaM. Kerry, qui avait annoncé à cette occasion la création d’un groupe de travail visant à intégrer les conséquences du réchauffement climatique dans la définition des objectifs stratégiques américains, avait évoqué l’enjeu que représente la conférence de Paris. « Je ne vous dirai pas qu’un accord global permettra à coup sûr de supprimer les menaces posées par le réchauffement climatique, mais la vérité est que nous ne les éliminerons pas sans un accord à Paris », avait-il dit.Simon RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Bruno Philip (Rangoun, envoyé spécial) La victoire du parti d’Aung San Suu Kyi aux élections législatives du dimanche 8 novembre a beau être écrasante, il reste à déterminer vers quelle sorte de démocratie se dirige ce pays si singulier, qui ne « ressemble à rien d’autre », comme disait Rudyard Kipling. L’écrivain britannique, même s’il ne passa que quelques jours en Birmanie en 1890, était né à Bombay, connaissait son Asie et, même si ce fut de prime abord la beauté des Birmanes qui le charma et lui inspira son célèbre poème Mandalay, il comprit rapidement que ce pays charnière entre Inde, Chine et Siam était bien différent.En termes contemporains, on pourrait dire de la Birmanie qu’elle est la nation de l’imprévisible. Qu’attendre d’ailleurs d’un pays où l’on roule à droite avec le volant placé à droite comme dans les pays où l’on roule à gauche ? Nul doute que la déroute que vient de subir la formation politique du pouvoir, de l’armée et du président Thein Sein, le Parti de l’union solidaire et du développement (USDP), vient de montrer l’immense attachement à la démocratie et à la liberté de la plupart des quelque trente millions d’électeurs birmans qui se sont rendus aux urnes le 8 novembre. Ainsi que leur vénération d’Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix 1991, pour laquelle le raz de marée en faveur de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), est une belle revanche contre ces généraux qui ont monopolisé le pouvoir durant un demi-siècle. Le président américain Barack Obama a félicité à la fois l’opposante et le président sortant Thein Sein, la première pour ses « efforts et sacrifices constants », le deuxième pour avoir mené des « réformes courageuses ».La Birmanie a une terrible et tragique histoire derrière elle : en 1962, le chef d’état-major des armées, Ne Win, fomente le premier coup d’Etat. Le général est un homme étrange, fantasque, cruel et capricieux qui lance son pays sur la « voie birmane du socialisme ». Une voie qui, comme le pays, ne ressemble à rien d’autre. La Birmanie roule sur cette route, puis s’enfonce dans la pauvreté et la répression. Le tyran se fait soigner à Vienne pour troubles mentaux, tire au revolver dans son miroir pour délivrer son image qu’il croit kidnappée par les nat, les « esprits ». Il se baigne dans le sang de dauphins pour se fortifier et, une nuit, il est aperçu sur un pont, habillé, marchant en arrière pour conjurer le sort, ainsi que le lui avait conseillé son astrologue.Mis à l’écart après le mouvement prodémocratique de 1988, écrasé par l’armée – cette répression a sans doute fait des milliers de morts –, Ne Win est remplacé par d’autres généraux. S’ils ne sont pas fous, ils sont tout aussi cruels et superstitieux. Ils ne lâcheront leur emprise qu’en 2011, date de l’autodissolution de la junte. Parce que ce sont ces mêmes militaires qui ont formé l’actuel gouvernement et entendaient diriger le pays vers la voie d’une « démocratie disciplinée », l’armée ne va renoncer ni à ses prérogatives, ni à son obsession de la « stabilité nationale », ni à son contrôle sur les ministères-clés du prochain gouvernement.« Réconciliation nationale » Dans le système en place, 25 % des sièges des deux chambres du Parlement sont réservés à des officiers. Le chef d’état-major des armées, le général Min Aung-Hlaing, qui s’est déclaré prêt jeudi 12 novembre à coopérer avec Aung San Suu Kyi, continuera à nommer les détenteurs de portefeuilles névralgiques : défense, intérieur et ministère des frontières. Ce dernier est important de par sa fonction stratégique et parce que, dans les confins frontaliers dont il s’occupe, vivent les turbulentes minorités ethniques (30 % de la population).Le 15 octobre, un cessez-le-feu national a été signé entre le gouvernement et huit groupes séparatistes armés des ethnies. Mais treize autres guérillas ont été les grandes absentes de ce compromis historique, alors que les combats continuent entre l’armée et les maquisards dans plusieurs Etats. Au lendemain du scrutin, hélicoptères et artillerie ont bombardé des régions tenues par une guérilla de l’ethnie Shan, où 6 000 villageois ont fui les combats depuis octobre. Cette nouvelle Birmanie « démocratique » va donc faire face à de nombreuses inconnues. Comme vient de le dire au New York Times l’écrivain et expert Thant Myint-U – petit fils de U Thant, l’ancien secrétaire général des Nations unies qui fut, en 1961, le premier non-Européen à occuper cette fonction –, « ce scrutin était simplement une élection pour une place dans un gouvernement dont le pouvoir sera partagé avec l’armée »…La « Lady » fait preuve d’une bonne volonté certaine. Elle a écrit jeudi au chef des armées, proposant de le rencontrer « à la date qui lui conviendra » au nom de la « réconciliation nationale ». Mais on ne sait pas quel poste va occuper Aung San Suu Kyi. En vertu d’un article de la Constitution, elle ne peut pas devenir chef de l’Etat car elle a été mariée à un étranger. D’ici à mars 2016, avant que les deux nouvelles chambres du Parlement – et donc les militaires qui y siègent – élisent un nouveau président, la NLD va devoir choisir un candidat dans le parti. Mais il sera vraisemblablement un inaugurateur de chrysanthèmes façon IVe République française…« Le prochain président devra comprendre parfaitement qu’il n’aura aucune autorité et devra se plier aux décisions prises par le parti », a également affirmé la « Lady ». Ainsi parle Aung San Suu Kyi la victorieuse. Mais si elle a gagné, reste à savoir de quoi sa victoire est le nom.Bruno Philip (Rangoun, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.11.2015 à 12h35 • Mis à jour le23.11.2015 à 12h36 | Catherine Quignon Mohammed Jamad a fait le choix des pays du Golfe il y a déjà six ans. Après un BTS en électrotechnique et une licence commerciale, le jeune homme de 25 ans se voit proposer en 2009 un poste de commercial au Moyen-Orient. Avec sa femme et sa petite fille, Mohammed décide alors de faire le grand saut.Le jeune homme enchaîne un autre contrat avant de trouver son poste actuel, conseiller en ventes aux Emirats arabes unis pour le compte d’une entreprise pétrolière américaine. « Je suis parti pour des raisons économiques, mais aussi parce que j’étais assuré de trouver au Moyen-Orient un environnement plus accommodant qu’en France en matière de religion, explique-t-il. Ici, si je m’absente lors d’un dîner d’affaires pour faire ma prière, cela ne choque personne. En France, on vous colle une étiquette, même si je comprends aussi qu’il y ait des amalgames. »Mohammed Jamad est loin d’être le seul jeune diplômé français à s’être installé dans un pays musulman pour des raisons religieuses. Le phénomène a d’ailleurs un nom dans l’islam : la hijrah, l’émigration en terre musulmane. En l’absence de chiffres officiels sur ce sujet, difficile d’estimer l’ampleur du phénomène. Mais la tendance est réelle, au vu du nombre de forums et d’associations qui y sont consacrés sur le Net.Partisans d’un islam « orthodoxe »« Dans le cadre de mon activité, je rencontre assez souvent des jeunes diplômés qui ne veulent pas faire le compromis de la religion lorsqu’ils se lancent sur le marché du travail, notamment les femmes qui portent le voile », indique Abdelillah Talbioui, coach et fondateur du site changedecarriere.com. Dans un sondage lancé en février 2015 par le site islamique Katibin, qui a recueilli plus de 3 000 réponses, 47 % des répondants déclarent envisager la hijrah.« On voit de plus en plus de jeunes musulmans français qui viennent ici trouver du travail », confirme Mohammed Jamad. Les partisans d’un islam « orthodoxe » cherchent dans les pays du Golfe et du Maghreb un environnement plus favorable à leurs pratiques religieuses. « Par rapport aux pays anglo-saxons, qui sont très ouverts sur le fait religieux, les pays musulmans offrent encore plus de facilités d’accès : il y a plus de mosquées, le week-end tombe les vendredis et samedis… », détaille Abdelillah Talbioui.Au-delà de la recherche d’un cadre de vie islamique, les motivations des candidats au départ sont souvent plurielles : trouver de meilleures opportunités d’emploi, fuir la discrimination… « Ici, la double culture est considérée comme un atout, fait valoir Mohammed Jamad. Les postes proposés sont aussi plus intéressants du point de vue des responsabilités et du salaire : on peut gagner trois à quatre fois plus qu’en France. »L’eldorado islamique pas toujours au rendez-vousQuelle que soit la pratique religieuse des jeunes exilés musulmans, un point commun les unit : le désir de se fondre dans la masse et de fuir le climat tendu en France. « Le Golfe est la destination privilégiée des plus diplômés, ceux qui n’arrivent pas forcément à vendre leurs qualifications en France du fait de la discrimination ou de l’interprétation de la laïcité à la française, détaille Abdelillah Talbioui. Le Maghreb attire tous types de profils et généralement les musulmans français qui y ont des racines familiales, ce qui facilite leur embauche ou l’entrepreneuriat. »Mais l’eldorado islamique n’est pas toujours au rendez-vous. « J’ai beaucoup de connaissances venues avec l’espoir de trouver du travail et qui sont reparties au bout de trois ou quatre mois en ayant dépensé toutes leurs économies », avertit Mohammed Jamad. Au Moyen-Orient, la vie est chère et la concurrence rude avec des travailleurs venus des pays asiatiques. « Dans les pays du Golfe, l’anglais est indispensable et les profils peu qualifiés ont peu de chances de trouver du travail, prévient Abdelillah Talbioui. Par ailleurs, quand on se retrouve sans emploi, on n’a pas d’autre choix que de retourner dans son pays d’origine. »« Ici, il n’y a pas de Sécurité sociale ou de retraite », enchérit Mohammed Jamad. Bien qu’il n’ait pas l’intention de rentrer en France, le jeune homme garde une pointe de nostalgie : « Comme je viens de Grenoble, mes montagnes me manquent. »Catherine QuignonJournaliste au Monde Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre britannique, David Cameron, a apporté, lundi 23 novembre lors d’une visite à Paris, un soutien explicite à la France dans sa politique de frappes contre l’Etat islamique en Syrie et affiché sa volonté de voir le Royaume-Uni faire de même. « Je soutiens fermement l’action entreprise par le président Hollande pour frapper l’Etat islamique en Syrie », a déclaré M. Cameron lors d’une déclaration avec François Hollande à l’Elysée. Il a ajouté avoir la « ferme conviction que la Grande-Bretagne doit en faire de même » et précisé qu’il interviendrait devant son Parlement cette semaine pour présenter « notre stratégie d’ensemble ».Suivez la situation en direct sur notre siteSi David Cameron et François Hollande n’ont guère d’atomes crochus, l’« entente cordiale » est donc de rigueur depuis les attentats de Paris qui ont profondément ému les Britanniques et déclenché un étonnant déferlement de francophilie. Le premier ministre britannique est allé avec le président français se recueillir devant le Bataclan, lundi. L’entretien qui a suivi à l’Elysée marque une étape importante dans la stratégie de François Hollande de coordonner la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) et dans la volonté de David Cameron de convaincre l’opinion et les députés britanniques de la nécessité d’étendre à la Syrie des frappes contre l’EI jusqu’à présent limitées à l’Irak.Échaudé par la cinglante rebuffade du Parlement en août 2013, le premier ministre répétait qu’il ne solliciterait un nouveau vote à Westminster que s’il avait la certitude d’obtenir une majorité. Début novembre, l’avis négatif de la commission des affaires étrangères des Communes s’ajoutant à l’élection du pacifiste Jeremy Corbyn à la tête du Labour avait semblé sceller le renoncement de M. Cameron.Frappes avant Noël ?Les attentats parisiens du 13 novembre ont diamétralement changé la donne. Le premier ministre fait assaut de solidarité avec la France et pousse les feux pour que les Tornado de la Royal Air Force participent avant Noël aux frappes contre l’EI en Syrie. Le Royaume-Uni doit se comporter « comme Churchill, et non comme Chamberlain », tel est le message que M. Cameron entend désormais faire passer. « Nous ne pouvons laisser à d’autres la charge et les risques de protéger notre pays », écrit-il, lundi, dans le Telegraph. Dès jeudi 26 novembre, il s’adressera aux Communes en réplique à la commission des affaires étrangères. M. Cameron mettra en avant à la fois la précision des armes britanniques et la nécessité pour Londres de se tenir aux côtés de Paris et de Washington pour être pris au sérieux. « La Grande-Bretagne n’a jamais été un pays qui reste sur la touche », a appuyé George Osborne, dimanche à la BBC. Le numéro deux du gouvernement a mis en garde les députés : un vote négatif serait « un coup de publicité » pour l’EI et adresserait « un terrible message sur le rôle de la Grande-Bretagne dans le monde ».Vendredi 20 novembre, une semaine après les attentats, David Cameron avait été prompt à se féliciter du vote de l’ONU, à l’initiative de la France, en faveur d’une résolution autorisant « toutes les mesures nécessaires » pour lutter contre l’EI. Ce vote, auquel s’est jointe la Russie, « montre incontestablement l’ampleur du soutien international pour faire davantage en Syrie », avait-il commenté.M. Cameron, outre la volonté de « tenir son rang » et de répondre à l’angoisse générée dans la population par la tuerie parisienne, devait annoncer lundi l’augmentation des dépenses militaires de 12 milliards de livres (16,5 milliards d’euros). Le Royaume-Uni sera « la seule grande puissance à dépenser 2 % de son PIB pour la défense », se targue-t-il dans le Telegraph. L’annonce de l’envoi par la France du porte-avions Charles-de-Gaulle a souligné le fait que le Royaume-Uni ne possède plus, pour le moment, un tel vaisseau. Les événements parisiens nourrissent aussi une polémique sur la réduction des effectifs de police induite par la politique d’austérité.Diviser l’oppositionMais l’affaire syrienne est aussi une occasion pour M. Cameron de diviser l’opposition et d’ébranler un peu plus son leader, Jeremy Corbyn, qu’il compare à Chamberlain, le premier ministre qui a plié devant Hitler. Une vingtaine de députés conservateurs sont réputés hostiles à des frappes en Syrie et le premier ministre a besoin du renfort d’au moins autant d’élus travaillistes. Or, au sein de ces derniers, la rébellion fait rage contre les positions de Jeremy Corbyn, au point que le vote sur la Syrie menace son autorité.Longtemps président de la plate-forme Stop the War, M. Corbyn a mis en garde samedi contre une « intervention extérieure » en Syrie. « L’expérience de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye a convaincu beaucoup de nos concitoyens que l’enthousiasme de l’élite pour des interventions militaires sans fin n’a fait que multiplier les menaces contre nous, tout en semant la mort et la déstabilisation », a-t-il déclaré, faisant allusion au traumatisme causé par les mensonges de Tony Blair pour justifier l’intervention en Irak en 2003.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Les maladresses de M. Corbyn, qui a critiqué le poids médiatique accordé aux attentats de Paris par rapport à ceux de Beyrouth et tergiversé sur l’armement des policiers, ont semé le trouble dans son propre entourage. Lui qui a voté 500 fois contre les positions de son parti depuis 1997 répète que la discipline du parti doit jouer lors du vote sur la Syrie. Dimanche, sous la pression des députés partisans d’une intervention, son plus fidèle allié, John McDonnell, a tourné casaque et s’est prononcé pour la liberté de vote. Ce repositionnement ne peut qu’encourager David Cameron à solliciter un vote avant la suspension de la session parlementaire, le 17 décembre. Dans les heures suivantes, les Tornado pourraient décoller vers la Syrie.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 05h29 • Mis à jour le23.11.2015 à 08h39 La justice de la République dominicaine a annoncé dimanche 22 novembre avoir émis un mandat d’arrêt international contre trois Français dans l’affaire « Air Cocaïne » : le député européen Aymeric Chauprade, le criminologue et spécialiste de la sûreté aérienne, Christophe Naudin et l’assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen et de M. Chauprade à Strasbourg, Pierre Malinowski. Ces trois hommes sont recherchés pour leur participation présumée à l’évasion fin octobre de deux pilotes français, Pascal Fauret et Bruno Odos, condamnés en République dominicaine dans cette affaire.Bruno Odos a déclaré début novembre à ses juges d’instruction marseillais que M. Chauprade, qui a quitté le Front national à la suite de cette affaire, avait accompagné M. Naudin lorsque celui-ci avait proposé aux deux pilotes un plan de fuite, après quinze mois de détention puis dix-sept mois d’assignation à résidence.Lire aussi :« Air cocaïne » : qui est Aymeric Chauprade ?Les deux pilotes, anciens militaires reconvertis dans l’aviation d’affaires, ont été incarcérés à Marseille début novembre après quelques jours de liberté, à leur retour de République dominicaine. La justice française leur reproche trois vols transatlantiques destinés à acheminer de la cocaïne depuis les Caraïbes, dont le dernier, le 19 mars 2013, s’apprêtait à rapporter quelque 700 kg à l’aéroport de La Mole, à Saint-Tropez (Var).Lire aussi :« Air cocaïne » : des détails sur la fuite des deux pilotes 23.11.2015 à 00h23 • Mis à jour le23.11.2015 à 08h48 Le libéral Mauricio Macri a remporté dimanche 22 novembre le second tour de la présidentielle argentine, menant la droite au pouvoir pour la première fois depuis douze ans. Son rival, Daniel Scioli, soutenu par la présidente sortante, Cristina Kirchner, a reconnu la victoire de son opposant, qui a obtenu 52,11 % des voix après le dépouillement de 91 % des bulletins.Lire aussi :L’Argentine s’apprête à tourner la page du kirchnérismeA 56 ans, le maire de Buenos Aires a battu celui qui était pourtant le favori du scrutin avant le premier tour de l’élection. Candidat de Cambiemos (« changeons »), Mauricio Macri est à la tête d’une large coalition allant des radicaux de feu le président Raul Alfonsin (centre gauche) à la droite conservatrice. Chouchou des milieux d’affaires, il a aussi été soutenu par à peu près tous les Argentins qui voulaient, provisoirement ou durablement, en finir avec le kirchnérisme. Cet ancien président du club de football de Boca Juniors, le plus prestigieux d’Argentine, promet en effet une rupture avec la politique économique protectionniste menée par les gouvernements de Nestor (2003-2007) puis Cristina Kirchner.Economie au bord de la récessionCristina Kirchner, à la tête de la troisième économie d’Amérique latine depuis 2007 après avoir succédé à son mari, ne pouvait briguer un troisième mandat d’affilée, selon la Constitution. M. Scioli, candidat de la coalition gouvernementale au pouvoir, se présentait comme le défenseur des plus démunis.Peu après l’annonce de sa victoire, M. Macri a promis « un changement d’époque », « sans revanche ni règlements de comptes ». Le nouveau président, qui prendra ses fonctions le 10 décembre, aura pour principale mission de redresser l’économie, au bord de la récession, après dix ans de forte croissance. Sans majorité à la chambre des députés, ni au Sénat, Mauricio Macri devra tisser des alliances pour gouverner l’Argentine, avec une opposition péroniste détenant la majorité absolue au Sénat et une majorité relative de députés.Lire aussi :En Argentine, le crépuscule des années Kirchner 22.11.2015 à 18h58 Une jeune Israélienne a succombé à ses blessures, dimanche 22 novembre, après avoir été poignardée par un Palestinien à un carrefour près du bloc de colonies du Gush Etzion, en Cisjordanie. L’auteur de l’attaque a été abattu par des forces israéliennes présentes sur place.Deux autres Palestiniens ont par ailleurs été tués en Cisjordanie quand les forces de sécurité et des civils israéliens sont intervenus pour les empêcher de mener des attaques, selon la police israélienne. Au sud de Naplouse, une adolescente de 16 ans, accusée d’avoir tenté de poignarder un Israélien, a été écrasée par un colon juif à bord d’un véhicule avant d’être tuée par des soldats ayant ouvert le feu. Des responsables des services de sécurité palestiniens ont confirmé la mort de cette Palestinienne.Un « terrorisme individuel »A l’intersection de la colonie israélienne de Kfar Adoumim, toujours en Cisjordanie, un chauffeur de taxi palestinien a tenté de foncer sur des civils. « Il n’a pas réussi et est sorti de la voiture avec un couteau et a tenté de poignarder [des Israéliens], a indiqué la police israélienne. Un civil a ouvert le feu sur le terroriste qui est mort de ses blessures. »Samedi, quatre Israéliens ont été blessés, dont l’un grièvement, dans une attaque au couteau à Kiryat Gat, dans le sud d’Israël. Depuis le 1er octobre, les attaques ou tentatives d’attaques à l’arme blanche, les affrontements entre jeunes Palestiniens et soldats israéliens ainsi que les violences entre colons israéliens et habitants palestiniens ont fait 89 morts côté palestinien – dont un Arabe israélien – et 16 côté israélien, ainsi qu’un Américain et un Erythréen, selon un décompte de l’AFP.« Nous sommes confrontés à un terrorisme individuel, a déclaré dimanche le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Ce n’est pas un terrorisme d’organisations, c’est un terrorisme individuel, principalement encouragé par les réseaux sociaux. » Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, doit commencer cette semaine une tournée au Proche-Orient consacrée aux moyens de « faire cesser la violence ». 22.11.2015 à 15h45 • Mis à jour le23.11.2015 à 15h10 Dix jours après les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis, François Hollande entame lundi 23 novembre une série de rencontres diplomatiques afin de mettre en place une coalition unique contre l’Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie.Suivez la situation en direct sur notre siteLundi 23 : entretien avec David CameronLe premier ministre britannique, reçu à l’Elysée lundi matin, s’est rendu au Bataclan aux côtés de François Hollande pour rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre.President Hollande and I stood shoulder to shoulder outside the Bataclan Cafe in Paris. https://t.co/prDbxIFy5u— David_Cameron (@David Cameron)require(["twitter/widgets"]);La semaine est décisive pour M. Cameron, qui cherche à obtenir l’approbation de son Parlement pour participer aux bombardements menés par les Etats-Unis, la France et séparément par la Russie, sur les bastions de l’EI en Syrie — le Royaume-Uni participe déjà aux bombardements de la coalition menée par les Etats-Unis en Irak.Samedi, M. Cameron a estimé que la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant tous les pays à se joindre à la lutte contre l’EI, adoptée vendredi à l’unanimité sur proposition de la France, marquait un « moment important » et renforçait sa position. Le leader de l’opposition, le travailliste Jeremy Corbyn, s’est dit prêt à étudier les propositions du gouvernement.Mardi 24 : à Washington pour rencontrer Barack ObamaFrançois Hollande l’a dit lors de son discours devant le Congrès réuni à Versailles : il entend désormais œuvrer à une « coalition unique » contre l’Etat islamique, avec Moscou et Washington. C’est à cette fin qu’il se rend mardi à la Maison Blanche. « Détruire [l’EI] n’est pas seulement un objectif réaliste, c’est une tâche que nous allons mener jusqu’au bout », a dit Barack Obama, qui a confirmé qu’il se rendrait à Paris en décembre pour la conférence sur le climat (COP 21).Mercredi 25 : « dîner informel » avec Angela MerkelLe président français et la chancelière allemande doivent s’entretenir lors d’un dîner informel qui se tiendra à Paris. Samedi, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, a évoqué une « initiative franco-allemande » en réponse aux attentats du 13 novembre. Avec son homologue Sigmar Gabriel, il compte adresser une lettre à M. Hollande et à Mme Merkel, qui contiendra des propositions en vue de recréer de la solidarité européenne sur les questions des réfugiés et de la sécurité.Jeudi 26 : à Moscou pour rencontrer Vladimir PoutineLes relations entre la France et la Russie ont changé depuis les attentats en France. M. Hollande fait désormais de la lutte contre l’EI sa priorité en Syrie, et non plus le départ de Bachar Al-Assad. Vladimir Poutine, dont l’armée est présente en Syrie pour soutenir le régime de Bachar Al-Assad, a demandé mardi à ses navires de guerre d’entrer en « contact direct » avec le porte-avions Charles-de-Gaulle, qui sera engagé dès lundi contre l’EI, et de travailler avec les Français « comme avec des alliés ». L’armée russe a jusqu’ici peu bombardé l’EI, et beaucoup plus d’autres groupes djihadistes locaux et les forces rebelles modérées de l’opposition au régime. Cependant, M. Poutine a fini par reconnaître cette semaine que l’écrasement d’un avion de ligne russe en Egypte, revendiqué par l’EI, était bien un attentat, et a promis de « trouver et de punir les criminels ». Lire aussi :Le tournant russe de François HollandeAvant de s’envoler pour Moscou, le chef de l’Etat s’entretiendra à l’Elysée avec le président du conseil italien, Matteo Renzi. Les responsables italiens font preuve de modération depuis les attentats du 13 novembre, et M. Renzi se refuse, par exemple, à employer le mot de « guerre » contre l’EI. De la même façon, son ministre des affaires étrangères ramène la demande d’aide exprimée par Paris à l’Union européenne à un « soutien politique ».Lire aussi :Matteo Renzi en chef de file rassurant d’une Italie qui « rejette la guerre »Vendredi 27 : réunion du Commonwealth à MalteM. Hollande doit mener à Malte un deuxième front, celui de la conférence sur le climat qui doit commencer le 30 novembre à Paris. M. Hollande compte convaincre notamment de l’urgence climatique quelques pays récalcitrants, comme le Canada.Lire aussi :Diplomatie : la voie étroite vers une coalition unie contre l’EI 11.11.2015 à 17h12 • Mis à jour le11.11.2015 à 17h17 A ce jour, l’épave de l’avion de la Malaysia Airlines qui a disparu en mars 2014 n’a toujours pas été localisée. A partir de 2017, une telle situation ne devrait plus se produire.Un accord mondial a été trouvé lors de la Conférence mondiale des radiocommunications pour permettre le suivi satellitaire en temps réel des vols civils sur toute la planète, a annoncé l’ONU mercredi 11 novembre. Actuellement, la surveillance n’est pas assurée sur 70 % de la surface terrestre, notamment au-dessus des océans, des déserts et des montagnes.Des fréquences radioélectriques vont être attribuées pour la transmission de signaux dits « ADS-B » des avions vers l’espace. L’information sera ensuite renvoyée automatiquement aux stations terrestres chargées du contrôle aérien via des satellites. François Rancy, directeur des radiocommunications à l’institution spécialisée des Nations unies pour les technologies de l’information et de la communication (UIT) :« La transmission des signaux ADS-B est ainsi étendue au-delà de la visibilité directe, ce qui permettra de repérer la position des aéronefs munis de dispositifs ADS-B partout dans le monde, y compris au-dessus des zones océaniques et polaires et d’autres zones isolées. »L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), une agence de l’ONU, devra mettre en œuvre la mesure avec les compagnies aériennes, notamment pour expliquer les avions, afin d’assurer son lancement en 2017. Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Informer les consommateurs européens : cette motivation, avancée par Bruxelles, n’a convaincu personne parmi les officiels israéliens. La décision de l’UE, annoncée mercredi 11 novembre, d’étiqueter les produits israéliens fabriqués dans les territoires palestiniens occupés a provoqué un concert de réactions outragées parmi les dirigeants de l’Etat hébreu. La vice-ministre des affaires étrangères Tzipi Hotovely a annoncé qu’Israël suspendrait une série de discussions en cours avec l’UE concernant le Moyen Orient.Ce ne sont pas ses conséquences économiques que les autorités israéliennes redoutent. Selon eux, cette forme de sanction déguisée donne une légitimité et du souffle au mouvement international BDS (boycottage-désinvestissement-sanctions), qui appelle à punir Israël pour la poursuite de l’occupation.Une « étape exceptionnelle et discriminatoire »La notice interprétative – qui n’est donc pas une nouvelle législation – adoptée par la Commission européenne prévoit l’étiquetage des produits fabriqués dans les colonies en Cisjordanie, à Jérusalem-Est ainsi que sur le plateau du Golan, occupés par Israël depuis 1967.Il s’agit avant tout de fruits et légumes, de miel, d’huile d’olive et de vin. Selon la Commission, cela ne présagerait en rien d’un boycottage pur et simple des produits israéliens fabriqués dans les colonies, dont l’existence est pourtant illégale au regard du droit international.La réaction des autorités israéliennes a été instantanée. Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a déclaré que l’UE « devrait avoir honte ». Selon le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, « l’étiquetage renforcera les éléments radicaux qui soutiennent le boycottage d’Israël et dénient à Israël le droit d’exister ».Le diplomate considère qu’il est « cynique et sans fondement » d’arguer qu’il s’agit d’une simple mesure technique et non politique. Il évoque dans un communiqué une « étape exceptionnelle et discriminatoire », ainsi qu’une approche reposant sur « deux poids, deux mesures, tout en passant sous silence le fait qu’il existe 200 autres conflits territoriaux dans le monde, dont certains au sein de l’UE ou sur le pas de sa porte. » L’étiquetage « récompense le terrorisme » L’ambassadeur de l’UE en Israël, Lars Faaborg-Andersen, a été convoqué pour une remontrance officielle. Le ministre de la défense, Moshe Yaalon, estime que l’étiquetage « récompense le terrorisme ». Sa collègue en charge de la justice, Ayelet Shaked, le considère comme étant « anti-israélien et antijuif ». Lors d’une visite en Grande-Bretagne, le 10 septembre, M. Nétanyahou avait adopté une rhétorique similaire. « Nous avons la mémoire historique de ce qui s’est passé lorsque l’Europe a étiqueté les produits juifs », avait-il déclaré, peu après un vote massif du Parlement européen en faveur de l’étiquetage.La décision de la Commission est tout sauf une surprise pour Israël. Le sujet était à l’étude depuis plusieurs années, mais il avait été mis de côté à la demande des Etats-Unis, entre août 2013 et avril 2014, lorsque le secrétaire d’Etat John Kerry avait tenté une nouvelle médiation entre Israéliens et Palestiniens. Le dossier est revenu dans l’actualité à la demande de 16 des 28 ministres des affaires étrangères de l’UE, qui ont adressé en avril une lettre officielle en ce sens à Federica Mogherini, la haute-représentante pour la politique étrangère.Abraham Bell, professeur de droit à l’université de Bar-Ilan, estime que l’étiquetage prôné par la Commission est « malhonnête et illégal ». Il souligne notamment que :« Cette information obligatoire n’est pas imposée à d’autres territoires considérés par l’UE comme occupés. Je pense notamment au Sahara occidental, occupé par le Maroc. Du poisson en est exporté vers l’Europe. A plusieurs reprises, la Commission européenne a dit qu’il n’y avait rien d’obligatoire à étiqueter les produits provenant de là. »Selon Abraham Bell, Israël pourrait se tourner vers l’Organisation mondiale du commerce (OMC), « même si la procédure peut prendre du temps », pour contester la décision européenne.Une étiquette « Made in Europe »David Simha, président de la Chambre de commerce et d’industrie israélo-palestinienne, regrette également la décision de l’UE, qu’il considère comme une « perte de temps ». Il souligne, comme tous les spécialistes, que l’impact sur l’économie israélienne sera très limité. Selon la Commission, les produits concernés représentent « moins de 1 % » du total des échanges commerciaux entre l’UE et Israël, qui s’élèvent à 30 milliards d’euros en 2014 (dont 13 milliards exportés vers l’UE). Pour David Simha :« Cela aura par contre des conséquences pour l’économie palestinienne et les milliers de Palestiniens qui travaillent dans les usines et les exploitations des colonies. S’il n’y a plus de commandes, ils devront être licenciés. »Pour sa part, l’ancien ambassadeur israélien aux Etats-Unis, Michael Oren, devenu député sur la liste du parti Kulanu (centre droit), a proposé l’instauration d’une étiquette « Made in Europe », pour que les consommateurs n’achètent pas de produits provenant de pays « encourageant l’antisémitisme ». Pendant ce temps, la Knesset a adopté en première lecture un texte controversé, proposé par le Foyer juif (extrême droite), interdisant l’entrée sur le territoire national à toute personne promouvant le boycottage d’Israël. On est encore loin de son adoption définitive, mais cette proposition illustre le caractère épidermique des réactions, au sein de la majorité de la classe politique, à toute contestation extérieure de l’occupation israélienne. Seul le Meretz (gauche) a approuvé l’étiquetage décidé par l’UE.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.11.2015 à 11h40 • Mis à jour le11.11.2015 à 15h51 La Commission européenne a demandé, mercredi 11 novembre, aux 28 Etats membres de mettre en œuvre l’étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, selon un communiqué officiel.La décision controversée, reportée à plusieurs reprises et à laquelle s’oppose vivement Israël, a été adoptée lors d’une réunion du collège des commissaires européens à Bruxelles. Aujourd’hui les produits des colonies israéliennes – tous illégaux au regard du droit international – sont étiquetés comme fabriqués en Israël. La provenance précise devra donc désormais être indiquée sur l’étiquette des produits.L’Union européenne considère qu’il s’agit avant tout d’une mesure « technique » visant à informer les consommateurs européens et non d’une décision « politique » comme l’affirme le gouvernement israélien.Possibles répercussions « sur les relations entre Israël et l’UE »L’argument n’a visiblement pas convaincu : le premier ministre Benjamin Netanyhou a ainsi déclaré que l’UE « devrait avoir honte » de sa décision. Le porte-parole des affaires étrangères israélien a immédiatement condamné l’annonce et convoqué le représentant de l’UE en Israël.Lire les réactions en Israël :L’étiquetage par l’UE des produits fabriqués dans les colonies provoque la fureur d’IsraëlIl s’est ému du « deux poids, deux mesures » pratiqué selon lui par l’Union européenne alors qu’il y a plus de 200 querelles territoriales dans le monde et qu’Israël est actuellement confronté à une « vague de terrorisme ».« L’étiquetage des produits ne fait pas avancer le processus politique entre Israël et les Palestiniens, au contraire. L’étiquetage renforcera les éléments radicaux qui soutiennent le boycott d’Israël et dénient à Israël le droit d’exister. »Cette mesure « pourrait avoir des répercussions sur les relations entre Israël et l’Union européenne », a-t-il ajouté. Le pays avait déjà averti mardi qu’une telle décision aurait des « implications politiques ».« Les produits issus d’un crime de guerre doivent être interdits, pas seulement étiquetés »Les produits concernés représentent « moins de 1 % » du total des échanges commerciaux entre l’UE et Israël, soit 154 millions d’euros en 2014, selon des chiffres de la Commission. Mais l’ambassadeur israélien avait pour sa part évalué les produits visés à « 2 % à 3 % » des exportations israéliennes vers l’UE, soit une valeur à 200 millions de dollars (187 millions d’euros) chaque année.Mais plus que son impact commercial, le gouvernement de droite de Benyamin Nétanyahou craint que la mesure européenne ne « soutienne et encourage » le mouvement international BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) contre l’Etat hébreu, qui monte en puissance.L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a salué une mesure positive, mais « insuffisante ».« Les produits issus d’un crime de guerre doivent être interdits, pas seulement étiquetés. »Le coordinateur général du Comité national palestinien de BDS, Mahmoud Nawajaa, s’est également félicité de la décision :« Elle montre que les gouvernements européens réagissent à l’opinion publique, aux campagnes de la société civile comme à l’intransigeance israélienne, et deviennent plus enclins à engager certaines actions élémentaires contre les violations par Israël du droit international. »Une annonce qu’il a toutefois nuancée, rappelant que « mettre en place quelques étiquettes sur un petit nombre de produits israéliens n’est pas une réponse à la mesure des crimes de guerre israéliens continus ».Lire aussi :Israël face à la menace montante du boycottage Eric Albert (Londres, correspondance) Le coût économique d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) est au cœur du référendum organisé par le premier ministre conservateur David Cameron. Pourtant, personne ne semble en mesure de l’évaluer. Un récent rapport d’Open Europe, un think tank eurosceptique, liste les différentes études réalisées : celles-ci concluent, au pire, qu’un Brexit coûterait au Royaume-Uni cinq points de PIB, au mieux, qu’il lui rapporterait six points.Si elles divergent sur leurs conclusions, les études sont en revanche d’accord sur les domaines qui seraient impactés. Le premier est le commerce. Le Royaume-Uni réalise 45 % de ses exportations dans l’UE. En cas de Brexit, les conséquences dépendraient de ce que le pays pourrait alors négocier comme accès au marché unique.Sans accord, les règles de l’Organisation mondiale du commerce s’appliqueraient : de nombreux produits britanniques devraient s’acquitter de tarifs douaniers. C’est improbable. Après tout, le Royaume-Uni enregistre un important déficit commercial avec l’UE, et les vingt-huit auraient beaucoup à y perdre aussi. « Croyez-vous que l’Allemagne va renoncer à exporter ses voitures ici ? », interroge régulièrement Nigel Farage, le leader du parti europhobe UKIP.Le Royaume-Uni pourrait alors se retrouver dans la situation de la Norvège, qui n’est pas dans l’Union mais contribue au budget européen et en respecte les régulations, en échange d’un accès au marché unique. Ou dans une situation suisse, où l’accès au marché unique est négocié secteur par secteur.Far West capitalistiqueSortir de l’UE pourrait cependant permettre à Londres de conclure des accords de libre-échange avec d’autres pays, alors que le pays est aujourd’hui obligé de passer par Bruxelles. Les eurosceptiques s’agacent par exemple de ne pas avoir d’accord avec la Chine, alors que l’Islande en a un.L’autre grand impact d’un Brexit concernerait la régulation. En sortant de l’UE, le pays serait « libéré » du poids des nombreuses règles bruxelloises, selon les eurosceptiques. Faux, répliquent leurs opposants, qui pensent que la plupart des règles (environnementales, de sécurité, etc.) resteraient en place, les Britanniques refusant de se retrouver dans un Far West capitaliste.« Le Royaume-Uni pourrait prospérer hors de l’Union européenne, ce n’est pas la question. La question est de savoir si nous serions plus prospères en dehors qu’en dedans ? », a résumé M. Cameron. Les économistes étant incapables de trancher, les Britanniques devront y répondre eux-mêmes.Lire aussi :Les patrons anglais disent « no » au « Brexit »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.11.2015 à 10h42 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h33 Les résultats des élections législatives en Birmanie ne sont encore que partiels, mais la victoire historique de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) est déjà acquise. Le chef de l’armée birmane, le général Min Aung Hlaing, a d’ailleurs publiquement « félicité », mercredi 11 novembre, l’opposante Aung San Suu Kyi pour avoir remporté la « majorité » au Parlement.Un peu plus tôt dans la journée, Aung San Suu Kyi a appelé à des pourparlers trois des principaux dirigeants afin d’envisager l’avenir du pays. « Les citoyens ont exprimé leur volonté lors des élections », a-t-elle écrit dans une lettre adressée au général Min Aung Hlaing, au président Thein Sein et à l’influent président du Parlement, Shwe Mann.Une initiative prise alors que les soupçons se multiplient en raison de la lenteur possiblement délibérée de la commission électorale, dans un pays où l’administration reste largement dominée par des fonctionnaires au passé militaire. Mais le régime sortant a promis pour la première fois mercredi de « transférer le pouvoir pacifiquement ».On ignore encore le score définitif de la LND, mais elle a remporté 56 des 61 sièges de la chambre basse du Parlement, selon des résultats publiés mercredi, ce qui signifie que le parti d’Aung San Suu Kyi a gagné 90 % des sièges dans les deux chambres. Certains résultats montrent par ailleurs que la LND domine même dans des régions considérées comme des bastions du Parti de la solidarité et du développement de l’union (USDP), comme la région du delta de l’Irrawaddy.Lire aussi :En Birmanie, les ex-militaires surpris par l’ampleur de leur défaiteUn pas vers l’alternanceUne alternance historique est donc théoriquement en marche. « Nous avons perdu. Nous devons maintenant trouver les raisons de notre défaite », concédait lundi le président intérimaire de l’USDP, Htay Oo. Mais les partisans d’Aung San Suu Kyi s’inquiètent de ce que peut être la réponse de l’armée à une déroute annoncée dans les urnes.Lors des dernières élections nationales jugées libres, en 1990, la junte avait laissé la LND concourir et gagner. Mais les résultats n’avaient pas été reconnus. Après des décennies de pouvoir militaire, puis de domination des héritiers de la junte depuis les réformes lancées en 2011, une victoire de la LND représenterait une révolution complète et inédite pour la scène politique birmane.La LND laisse donc pour l’heure au gouvernement post-junte le temps de « digérer la nouvelle », sans mettre d’huile sur le feu, dans ce pays d’Asie du Sud-Est, où « faire perdre la face » à son adversaire en fanfaronnant est considéré comme une erreur stratégique. D’où l’extrême prudence avec laquelle manœuvre jusqu’ici Aung San Suu Kyi, évitant les apparitions publiques et faisant démonter l’écran géant et les haut-parleurs devant le siège de son parti.Le président Thein Sein, général de la junte qui s’est dissoute en 2011, a répondu mercredi à la lettre d’Aung San Suu Kyi et a offert à l’opposante « une rencontre bilatérale quand le processus électoral sera achevé », selon un message diffusé par le ministre de l’information, Ye Htut, sur Facebook. Jean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial), Christophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce devait être un moment politique fort, de discussions entre responsables africains et européens pour trouver des solutions concrètes afin de limiter le flux de migrants vers l’Europe. Le sommet de La Valette, mercredi 11 et jeudi 12 novembre, risque toutefois d’être éclipsé par le conseil informel des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE), programmé dans la foulée, jeudi après-midi. Et notamment par la Turquie, qui sera au cœur de ce rendez-vous.Lorsque le projet de sommet est né, en avril, l’émotion était à son comble après les naufrages, en Méditerranée, de navires emplis de réfugiés. Elle a laissé la place à l’inquiétude, voire à un vent de panique, alors que le flux ne s’est pas tari (750 000 arrivées en Europe depuis janvier, de 600 000 à 700 00 attendues pour les quatre prochains mois selon l’ONU). Les demandeurs d’asile syriens – et aussi africains désormais – empruntent davantage la route des Balkans mais, depuis janvier, quelque 140 000 personnes ont aussi navigué entre la Libye et l’Italie.Une vague de migrants chassant l’autre, les dirigeants européens se focalisent aujourd’hui sur la Turquie. La Commission européenne s’est engagée, en octobre, dans une négociation incertaine pour convaincre Ankara de garder les 2 millions de réfugiés syriens sur son territoire, ou du moins de freiner leur arrivée en Europe. Les dirigeants européens sont « un peu perdus, ne savent pas trop où en est la discussion », relève un diplomate européen. Le numéro deux de la Commission, Frans Timmermans, devait se rendre à nouveau en Turquie, mercredi, et Jean-Claude Juncker, le président de l’institution, faire un rapport dans la foulée aux leaders européens à La Valette.Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésCritiques Le « plan d’action » négocié avec la Turquie proposait au président Erdogan 3 milliards d’euros, une libéralisation de la délivrance de visas et une accélération du processus d’adhésion à l’UE. C’est Berlin – et la Commission européenne – qui pousse le plus au dialogue. L’Allemagne est, avec la Suède, le pays d’Europe le plus débordé par les arrivées de réfugiés – plus d’un million y sont attendus en 2015. Or, la stratégie d’accueil de la chancelière Angela Merkel suscite de plus en plus de critiques dans son pays, au sein même de sa famille politique.Mme Merkel et M. Juncker voudraient que les Etats membres s’engagent fermement, à La Valette, à mettre sur la table la somme demandée par M. Erdogan. Ils souhaitent aussi un sommet exceptionnel UE-Turquie pour entériner l’accord, selon des sources diplomatiques bruxelloises. Cette stratégie ne fait pas l’unanimité en Europe. « Négocier alors que l’Europe est en position de faiblesse n’est pas la meilleure approche. On ne peut pas faire reposer toute notre stratégie de résolution de la crise sur une discussion avec les dirigeants turcs », souligne un diplomate.Les interlocuteurs africains voient d’un mauvais œil l’attention accordée prioritairement à la TurquieLes interlocuteurs africains, eux, déjà irrités par cette focalisation sur la « route des Balkans » voient d’un mauvais œil l’attention accordée prioritairement à la Turquie. « Le plan d’action européen est ambitieux, mais il ne faudrait pas que l’urgence en Syrie escamote l’ampleur du problème migratoire en Afrique. Lutter contre l’émigration est avant tout une question de développement, pas seulement humanitaire ou sécuritaire. Il faut donc agir sur le long terme », confie un responsable ouest-africain.« La misère, les guerres, le changement climatique mais surtout le manque d’espoir sont autant de motivations pour quitter son pays ».Certains diplomates de l’Union estiment que ce serait en effet une erreur de négliger cette question, même si elle semble moins d’actualité. Les causes profondes poussant au départ demeurent, alors que nombre de pays africains ne parviennent pas à contenir leur pression démographique.« Si la multiplication des naufrages en Méditerranée et donc la mort ne dissuadent pas les candidats au départ, ce ne sont pas les murs ou frontières artificielles érigés en Europe qui y parviendront ».Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Retours forcés Un Fonds d’affectation spéciale (ou « Trust Fund »), doté de 1,8 milliard d’euros, sera officiellement créé à Malte. Il sera destiné à soutenir financièrement les efforts des pays africains confrontés à la migration. Le texte final, débattu jusqu’à la dernière minute, repose sur une sorte de donnant-donnant.Aux pays africains, la garantie d’un soutien à l’emploi, à l’éducation, à l’investissement, à la lutte contre la radicalisation, et à l’instauration de règles pour une bonne gouvernance. Ils pourraient aussi bénéficier de l’ouverture de canaux de migration légale pour des travailleurs saisonniers, des étudiants, des chercheurs ou des employés de groupes internationaux. « Si ces projets sont menés à bout, ils constituent une opportunité pour l’Afrique, dont les pays ont la charge de 80 % des réfugiés ou des migrants du continent », rappelle Ozonnia Ojielo, directeur régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).En échange, les Européens demandent un contrôle accru sur les frontières et une lutte plus efficace contre les réseaux de trafiquants. Ils demandent surtout à leurs interlocuteurs de faciliter le retour de migrants irréguliers. Une vingtaine d’accords de réadmission bilatéraux ont été signés à ce jour, qui donnent des résultats variables. En 2014, plus de 250 000 injonctions de quitter le territoire européen ont été prononcées, seulement 161 000 rapatriements ont été effectués – dont 40 % étaient volontaires.Les négociations avant l’ouverture du sommet confirmaient les réticences de certains dirigeants africains face au principe des retours forcés. Ils soulignent, notamment, les difficultés d’identifier précisément certains migrants et leur pays d’origine. L’idée de créer des « centres d’accueil et de réception » – « des camps », selon certains – dans les pays africains de transit devrait, elle, être écartée.Ces centres auraient dû « informer » les candidats à l’exil des procédures, des difficultés et des dangers qui les attendent. « Le sujet n’est pas mûr et plutôt que d’imposer la mesure, il faut en discuter, en association avec l’ONU », explique une source diplomatique. Sur tous les fronts de l’immigration, l’UE a bien du mal à trouver des solutions.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosJean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterChristophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.11.2015 à 06h38 • Mis à jour le11.11.2015 à 10h06 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Huit candidats à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016 étaient présents à Milwaukee (Wisconsin), mardi 10 novembre, pour le débat opposant les principaux prétendants. Deux de moins que lors des trois premières épreuves, mais tout donne à penser que cette course à élimination, qui en comporte officiellement toujours quinze, risque de s’éterniser jusqu’aux premiers votes, dans l’Iowa puis le New Hamsphire. En réduisant le nombre de débats par rapport à 2012 (qui avait ainsi vu les candidats débattre à trois reprises en novembre), le Parti républicain a limité les risques de naufrage comparables à celui de Rick Perry, alors gouverneur du Texas, qui s’était montré incapable de citer les trois agences fédérales qu’il se proposait de supprimer.Après le débat houleux organisé en octobre par la chaîne CNBC, deux candidats étaient particulièrement attendus mardi par les modérateurs de Fox News. Le premier, le neurochirurgien Ben Carson, parce qu’il avait été confronté les jours précédents à une série d’articles parus dans la presse mettant en cause ses récits d’épisodes marquants de sa vie. Le second, l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, a été éreinté par les critiques à la suite de premières prestations très peu convaincantes. L’un et l’autre se sont montrés un peu plus à leur avantage – retardant sans doute, pour le second, la perspective d’un effondrement imminent de sa campagne – sans pour autant s’imposer face à leurs rivaux.« Valeurs américaines »M. Carson domine pour l’instant dans les intentions de vote en compagnie du magnat de l’immobilier Donald Trump, le phénomène des premiers mois de la campagne républicaine, plus discret mardi. Parallèlement, une course de l’ombre mobilise leurs adversaires élus ou anciens élus, et qui marginalise la seule femme du groupe, Carly Fiorina, ancienne responsable de Hewlett-Packard, pourtant habile débatteuse.Cette course qui combine tactique et stratégie oppose notamment les deux sénateurs quadragénaires Marco Rubio (Floride) et Ted Cruz (Texas). Le premier vise ouvertement la place de candidat de compromis, en concurrence avec le gouverneur de l’Ohio, John Kasich et M. Bush. Il met constamment en avant son incarnation d’une nouvelle génération politique, à l’opposé du « passé » représenté par la favorite démocrate Hillary Clinton. M. Rubio a bénéficié des débuts laborieux de M. Bush qui ont déjà détourné à son profit des donateurs républicains importants comme le milliardaire Paul Singer. M. Cruz, attentif à l’humeur quasi-insurrectionnelle d’une partie de la base républicaine, qui soutient pour l’instant les outsiders Carson et Trump, mise tout au contraire sur un positionnement plus droitier, rodé au Sénat.De cette différence d’analyse ont découlé les multiples affrontements qui ont émaillé un débat centré sur l’économie qui aurait dû rassembler autour de l’orthodoxie républicaine prônant le moins d’Etat, la dérégulation et des baisses d’impôts massives, promesses d’une croissance mirobolante et salvatrice. Ce fut notamment le cas sur l’immigration, John Kasich et Jeb Bush attaquant vivement le plan d’expulsion de 11 millions de clandestins défendu par Donald Trump et par Ted Cruz. « C’est stupide », a assuré le premier. « Contraire aux valeurs américaines », a affirmé le second. « Si on devient le Parti de l’amnistie, nous perdrons », a averti à l’inverse M. Cruz alors que M. Rubio, qui a changé d’opinion sur le sujet, gardait prudemment le silence. Gardien du temple du conservatisme fiscal, le libertarien Rand Paul, sénateur du Kentucky, s’est amusé à pointer dans le programme du sénateur de Floride les entorses à la doxa de l’équilibre budgétaire mettant en question ses convictions.Le « gangster » PoutineAlors que la politique énergétique a été rapidement évacuée, le même cas de figure s’est répété à propos du système bancaire. M. Cruz, qui avait auparavant stigmatisé un code des impôts comptant « plus de mots que la Bible et sans aucune de ses qualités », s’est engagé avec vigueur à ne pas soutenir les grandes banques américaines en cas de nouvelle bourrasque, contrairement à M. Kasich. Ces lignes de fractures se sont également étendues à la politique étrangère, notamment sur l’opportunité de créer des zones d’exclusion aérienne en Syrie. Elles ont été considérées notamment avec méfiance par M. Paul, soucieux du coût des interventions américaines. Il en a été de même au sujet des relations à entretenir avec le président russe Vladimir Poutine, qualifié de « gangster » par M. Rubio et que Mme Fiorina refuserait de rencontrer si elle était élue à la Maison Blanche, alors que M. Trump se félicitait au contraire de l’engagement officiel russe contre l’Etat islamique.Deux débats supplémentaires sont prévus avant la première prise de contact avec la réalité électorale, le 1er février, dans l’Iowa. « Nous n’avons pas besoin d’un diviseur en chef, ni d’un agitateur en chef, mais d’un commandant en chef », a plaidé M. Bush dans les derniers instants de la discussion de mardi. Pour le malheur du Parti républicain à cet instant de la course à l’investiture, il compte toujours ces trois profils dans ses rangs.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Les suppliques récurrentes de Tim Clark, le PDG d’Emirates, n’y changeront rien. Airbus n’est pas encore décidé à se lancer dans la mise au point d’un A380 Neo, une version plus économe en carburant et capable de transporter plus de passagers que son actuel « superjumbo ». Loin s’en faut ! « Il n’y a pas urgence », a déclaré, lundi 9 novembre, Fabrice Brégier, le PDG d’Airbus, dans le cadre du salon de l’aéronautique de Dubaï. Selon lui, le groupe a « encore beaucoup d’A380 à livrer à Emirates ».La compagnie de Dubaï, premier client de l’A380 avec près de la moitié des commandes de cet appareil, devrait recevoir, selon M. Brégier, « 16 à 17 superjumbo cette année ». Emirates compte déjà une flotte de 75 A380 sur les 140 qu’elle a commandés.En fait, ni Airbus ni les compagnies aériennes ne semblent pressés de développer ou d’acquérir un A380 Neo. La faute à la baisse des prix des carburants. « Le prix actuel du pétrole rend l’A380 encore plus économique », a reconnu le patron d’Airbus. En clair, avec un Neo, le gain réalisé sur la consommation de kérosène ne serait pas significatif. « En version bi-classes, business et economy, l’A380 peut transporter 615 passagers. Dès lors que l’on arrive à remplir cet avion, il est de loin le plus compétitif au monde », s’est-il félicité.Lire aussi (édition abonnés) :La Russie se sent pousser des ailes sur le marché de l’aéronautique civileCap des 1 000 commandesIl n’empêche, un A380 remotorisé et éventuellement agrandi (« streched ») est bien dans les cartons. « Techniquement, nous avons la solution » pour lancer le programme, a signalé M. Brégier. En pratique, Airbus veut garnir son carnet de commandes avant de se lancer dans cette aventure dispendieuse. Il nous faut « un “business case” justifié », un chiffre d’affaires garanti, s’est-il écrié. Car développer ce nouveau type d’appareil coûte cher : de 1,5 à 2 milliards de dollars. In fine, « l’A380 Neo attendra », a conclu le PDG.La priorité de l’avionneur européen est « de faire la promotion de cet avion » qui a du mal à trouver preneur. En 2015, Airbus n’a enregistré aucune nouvelle commande d’A380. Mais M. Brégier se veut optimiste : « Je pense que nous aurons une nouvelle commande avant la fin de l’année. Ce prochain client ne serait pas une compagnie du Golfe », a-t-il glissé, préférant garder le mystère sur l’identité de l’acheteur.Avant même la fin du salon de Dubaï, le patron d’Airbus a déjà laissé entendre que 2015 ne connaîtra pas de records de ventes. Avec « 899 commandes fermes, 2015 sera une année de consolidation », a-t-il pointé. A l’en croire, « le cap des 1 000 commandes est atteignable ». Pour l’avenir, M. Brégier ne se veut « pas inquiet », car Airbus a « 6 750 avions en carnet de commandes ».Lire aussi :EasyJet : 20 ans de course contre la montreGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.11.2015 à 14h36 • Mis à jour le09.11.2015 à 16h40 L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a refusé, lundi 9 novembre, d’accorder le statut de membre permanent au Kosovo.L’ancienne province serbe, qui a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008, n’a pas réussi à obtenir le vote favorable d’au moins deux tiers des Etats membres. Sur les 142 votants, 92 ont voté pour, 50 contre. Il fallait 95 votes favorables pour intégrer l’Unesco.La Russie et la Serbie, notamment, s’opposaient fermement à ce vote et avaient tenté de le faire repousser, car une issue positive aurait pu être interprétée comme une potentielle reconnaissance politique. Le président serbe, Tomislav Nikolic, s’est d’ailleurs réjoui d’une « victoire juste et morale acquise dans des conditions presque impossibles ».Pour comprendre le contexte avant ce vote :La candidature du Kosovo à l’Unesco rouvre les plaies balkaniques 09.11.2015 à 11h20 • Mis à jour le09.11.2015 à 15h29 Les pirates qui se sont introduits dans le compte e-mail du patron de la CIA ont revendiqué un nouveau piratage. Ils affirment, depuis le 6 novembre, avoir accès à un portail interne du FBI contenant de nombreuses informations sur les activités des forces de l’ordre américaines.Sans être plus précis quant à leur modus operandi, ils ont expliqué au site spécialisé Wired, capture d’écran à l’appui, être en mesure d’accéder à un système de messagerie instantanée interne, à l’historique des arrestations effectuées par le FBI ou au système de partage d’informations sur des forcenés. Au-delà de ce « simple » portail, une vingtaine d’outils internes pourraient aussi être aux mains des pirates.Selon Wired, les pirates peuvent ainsi avoir accès à des informations sensibles, comme des arrestations qui n’ont pas été encore rendues publiques. Ce type d’arrestation peut d’ailleurs concerner les pirates informatiques, qui sont parfois appréhendés par les forces de l’ordre et incités à travailler ensuite pour eux, sous couverture.Lire aussi :Qui est « Cracka », l’auteur du piratage de la boîte mail du directeur de la CIA ?Les pirates semblent avoir utilisé leur accès à ce portail interne pour se procurer une liste de plusieurs milliers de noms et numéros de téléphone d’employés des forces de l’ordre américaines, qu’ils ont posté sur Internet.Il y a quelques jours, les mêmes pirates avaient affirmé avoir pris le contrôle de la boîte e-mail du directeur adjoint du FBI, sans que l’agence ne confirme l’information ou que l’on sache si cela a permis aux pirates de pénétrer dans le portail ultérieurement.Contacté par Wired, l’un des pirates – Cracka – a évoqué dans un anglais approximatif ses motivations, sensiblement identiques à celles qui l’avaient poussé à pirater le patron de la CIA :« Je ne suis pas là pour faire du tort à des innocents, seulement au gouvernement. Je ne fais pas ça pour la gloire, mais pour un message, et c’est tout. Je veux que les gens sachent que je fais ça pour la Palestine. » Claire Guélaud Les grandes institutions économiques broient du noir. Du Fonds monétaire international, (FMI) et de la Banque mondiale, en octobre, à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), aujourd’hui, tous trois ont révisé à la baisse leurs scénarios de croissance, en raison des difficultés des pays émergents et d’une reprise globalement poussive dans les économies avancées. Toutes tablent sur une amélioration en 2016 et en 2017, mais aucune n’a vraiment l’air d’y croire !Les prévisions de l’OCDE, présentées lundi 9 novembre, ne font pas exception à la règle. Les experts du château de la Muette – le siège de l’organisation à Paris – ont légèrement revu à la baisse leurs hypothèses de croissance pour le monde, à + 2,9 % en 2015 (– 0,1 point par rapport à septembre) et à + 3,3 % en 2016 (– 0,3 point). En 2017, la barre des + 4 % ne serait pas franchie (+ 3,6 %). Dans les économies avancées, la reprise resterait laborieuse (+ 2 % en 2015, + 2,2 % en 2016 et + 2,3 % en 2017), tandis que les pays émergents et en développement verraient leur croissance ramenée de 4,7 % en 2014 à 3,7 % en 2015. Une chute importante qui freine l’ensemble de l’économie mondiale. L’amélioration attendue ensuite (+ 4,2 % en 2016 et + 4,6 % en 2017) est loin d’être « assurée », en raison notamment de la montée des risques macroéconomiques et des vulnérabilités financières de ces pays.Lire aussi (édition abonnés) :Le Nobel d’économie Angus Deaton fustige les statistiques indiennesMontée du protectionnismePlus encore que ces difficultés, ce sont la stagnation et le ralentissement marqué du commerce mondial, dont la progression est tombée de 3,4 % à 2 % cette année, qui inquiètent l’OCDE. Dans un éditorial consacré au souffle mauvais du commerce international (« Trade Winds Blowing No Good ? »), l’économiste en chef de l’organisation, l’Américaine Catherine Mann, qualifie de « profondément inquiétants » les chiffres des échanges en 2015, parmi les plus mauvais des cinquante dernières années. La croissance va généralement de pair avec un commerce robuste, souligne-t-elle, et les niveaux de progression du commerce enregistrés en 2015 étaient synonymes, autrefois, de récession mondiale.Le ralentissement du commerce mondial (– 1,4 point de croissance sur un an) s’explique pour un tiers par la baisse du volume des importations des émergents – elle a coûté 0,4 point de croissance à la zone OCDE – et pour un autre tiers par la réduction de la demande de la Chine, ainsi que par son changement de modèle économique (plus de consommation et moins d’investissement, plus de services et moins d’industrie).L’OCDE souligne aussi l’ampleur de la chute des importations en provenance du Brésil (– 10 %) et de la Russie (– 20 %), dont le produit intérieur brut (PIB) se contracterait respectivement de 3,1 % et 4 % en 2015. Ces deux grands pays ne sortiraient pas de récession avant 2017. L’institution mentionne également la montée du protectionnisme dans de nombreux pays.Conditionné à l’économie chinoiseMalgré ces constats préoccupants, l’OCDE parie sur une « modeste reprise » de la croissance et du commerce dans les deux prochaines années, notamment sur fond de relâchement des contraintes pesant sur les pays producteurs de matières premières. Les émergents, prévient-elle toutefois, restent une source d’inquiétude majeure. « Un ralentissement plus marqué de la demande chinoise pourrait saper la confiance des marchés et les perspectives de croissance de nombreuses économies, y compris les économies avancées », soulignent les auteurs des « Perspectives économiques ». Selon eux, une baisse de 2 points de la demande chinoise en 2016 et en 2017, conjuguée à la montée des tensions financières, pourrait coûter plus d’un demi-point de croissance par an à l’économie mondiale.Les importations chinoises en chuteLes dernières statistiques de la balance commerciale chinoise, rendues publiques dimanche 8 novembre, révèlent, pour le huitième mois d’affilée, une dégradation des échanges en raison de la faiblesse de la demande intérieure et extérieure. Selon les douanes, les exportations ont baissé de 6,9 % en octobre sur un an, tandis que les importations ont reculé de 18,8 %. La balance commerciale affiche un excédent record de 61,64 milliards de dollars (57,39 milliards d’euros). La chute des importations traduit la faiblesse persistante de la demande chinoise et relance les spéculations sur l’état réel de l’économie.Le scénario de reprise dans les pays émergents hors Chine est conditionné à un atterrissage et à une transformation en douceur de l’économie chinoise, à la stabilité des prix des matières premières et des taux de change et à une confiance retrouvée qui rend possibles des politiques plus accommodantes. Mais il suffirait qu’une seule de ces conditions vienne à manquer pour que la croissance y soit à nouveau plus faible que prévu.Dans les pays avancés, les Etats-Unis se portent bien et leur croissance devrait rester solide, même si les salaires n’ont pas encore accéléré, ce qui pèsera à terme sur le dynamisme de leur économie. La zone euro, elle, continuerait à se redresser laborieusement. Moins, toutefois, que le Japon. Les politiques monétaires divergeraient en 2015 avec la hausse à venir des taux d’intérêt américains et la nécessaire poursuite d’une politique accommodante ailleurs.Lire aussi (édition abonnés) :Les grandes entreprises américaines commencent à ralentirClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Charlotte Bozonnet Cette fois, l’attaque n’est pas venue d’opposants affichés, mais de personnalités réputées favorables au chef de l’Etat. Dans une lettre datée du 1er novembre, mais rendue publique vendredi 6 novembre, dix-neuf personnalités algériennes demandent à rencontrer Abdelaziz Bouteflika afin de lui faire part de leur inquiétude face à « l’extrême gravité de la situation ».L’initiative, inédite, n’est pas passée inaperçue dans un pays en proie aux incertitudes autour de la succession d’Abdelaziz Bouteflika et à une dégradation de la situation économique. Parmi les signataires figurent notamment Khalida Toumi, ex-ministre de la culture, la députée trotskiste Louisa Hanoune, mais aussi des figures de la lutte pour l’indépendance, dont la sénatrice Zohra Drif-Bitat. Des personnalités qui ont soutenu le quatrième mandat du président en 2014 ou ne s’y sont pas opposées.« Nous estimons qu’il est de notre devoir de patriotes algériens d’attirer votre attention sur la dégradation du climat général dans notre pays », affirment les dix-neuf signataires, qui mettent l’accent sur « la déliquescence des institutions de l’Etat », « la substitution d’un fonctionnement parallèle, obscur, illégal et illégitime au fonctionnement institutionnel légal », « la grave dégradation de la situation économique et sociale » et « l’abandon des cadres algériens livrés à l’arbitraire ».Si le ton est respectueux – à aucun moment Abdelaziz Bouteflika, très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, n’est mis en cause –, l’idée sous-jacente est que le chef de l’Etat serait tenu à l’écart du pouvoir par une partie de son entourage. Le rôle de Saïd, frère cadet du président, est régulièrement montré du doigt. « Je connais très bien le président et je doute que certaines décisions soient de sa propre initiative », a ainsi affirmé l’ex-ministre Khalida Toumi. Les signataires ont expliqué avoir décidé de rendre leur lettre publique pour s’assurer que M. Bouteflika en aurait bien connaissance.« Dilution du pouvoir »« Une façon polie de poser la question de sa capacité à remplir ses obligations, ce que l’opposition dit depuis très longtemps », estime l’ancien ministre, aujourd’hui opposant, Abdelaziz Rahabi. Pourquoi diffuser une telle lettre maintenant ? « Il y a aujourd’hui une impression de dilution du pouvoir, avec l’émergence d’un patronat, les changements au sein des services de renseignement, les arrestations de généraux… Or, c’est une classe politique qui est habituée à des équilibres entre l’armée, les services de renseignement et la présidence. »L’initiative intervient dans un contexte de profonds remaniements opérés dans l’ombre, notamment la mise à la retraite du puissant chef des services de renseignement (DRS), le général « Toufik », et la « restructuration » du DRS. Elle s’est accompagnée de la mise à l’écart ou de l’arrestation de plusieurs généraux, dont Hocine Benhadid, incarcéré après une interview critique à la télévision. S’y ajoutent des inquiétudes croissantes sur le plan économique alors que le pays a perdu plus de la moitié de ses revenus pétroliers en raison de la chute des prix du brut. « Les signes d’une accélération de fin de règne, chaotique, pas claire, avec ses jeux de pouvoirs illisibles », estime M. Rahabi.« Bouteflika va-t-il répondre ? », titrait le quotidien El Watan au lendemain de la demande d’audience des « dix-neuf ». Le secrétaire général du Front de libération national (FLN), Amar Saadani, et Ahmed Ouyahia, chef du Rassemblement national démocratique (RND, autre parti de la majorité présidentielle), également directeur de cabinet du président, y ont opposé une fin de non-recevoir. « Mis à part le peuple, personne, et je dis bien personne, n’a le droit d’auditionner le président Bouteflika », a commenté M. Saadani.Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’étonnante bonne entente qui règne, depuis fin août, entre Athènes et ses créanciers (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Union européenne) serait-elle déjà en passe de disparaître ? La réunion des 19 ministres des finances de l’eurozone, lundi 9 novembre à Bruxelles, était à cet égard un bon test.Les deux parties n’ont pas réussi à s’accorder sur le déboursement d’une tranche de prêts de 2 milliards d’euros, dans le cadre du troisième plan d’aide au pays – qui prévoit un total de 86 milliards d’euros, a indiqué le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.« Les deux milliards seront seulement déboursés lorsque les institutions donneront leur feu vert et déclareront que toutes les mesures qui ont été convenues ont été appliquées. Ce n’est toujours pas le cas. »Les tractations achoppaient, avant même la réunion, sur une poignée de réformes sur les dizaines qu’Athènes s’est engagée à mettre sur les rails en échange de l’aide. Nombre de mesures ont déjà été avalisées en un temps record par le Parlement grec, mais le gouvernement d’Alexis Tsipras, le leader de la gauche radicale, refusait ces derniers jours de céder aux propositions de ses créanciers concernant le paiement des arriérés fiscaux et les saisies des résidences principales.Sur le premier point, les créanciers jugent que la loi grecque est trop généreuse et veulent qu’elle soit révisée. Les créanciers souhaitent ainsi que les Grecs qui ont d’importants arriérés fiscaux soient exclus immédiatement de la possibilité de les rembourser en 100 fois, alors qu’Athènes plaide pour un délai de trente jours. Une révision de la loi qui ne ciblerait que les personnes en grande détresse financière, vivant autour du seuil de pauvreté.Pour ce qui est des saisies immobilières, les créanciers proposent que ne soient protégés que les foyers gagnant au plus 1 100 euros net par mois pour quatre personnes. Alors que le gouvernement Tsipras plaide pour un revenu plafond à environ 2 000 euros par mois.Lire aussi :En Grèce, « le système en place était un cocktail de fraude et de corruption »Un mois de perduLes Grecs disent vouloir faire un test de ces discussions sur les saisies. « Nous sommes pleins de bonne volonté, mais il faut que les créanciers comprennent qu’on ne peut pas mettre en place des réformes qui pourraient déstabiliser notre société. Le programme d’aide ne fonctionnera pas de cette manière », expliquait, dimanche, une source grecque proche des négociateurs. « Athènes s’est engagé [lors du sommet sur les Balkans de fin octobre] à proposer en urgence 50 000 places d’accueil pour les réfugiés. Impossible d’exproprier des familles pendant que l’on reloge des migrants. Cela sera instrumentalisé par le parti d’extrême droite, Aube dorée », met en garde cette source.L’entourage de M. Tsipras a fait savoir, dimanche soir, que le premier ministre avait abordé ces sujets lors d’entretiens téléphoniques avec le président François Hollande, la chancelière Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Le ministre des finances français, Michel Sapin, a jugé lundi qu’un accord était « parfaitement possible ». Il a estimé qu’il ne fallait cependant pas « exiger de la Grèce plus que ce qui existe » dans les pays créanciers.Ces tensions risquent de compromettre le succès de la première « revue », l’examen sur place, par les créanciers, des premières réformes devant être adoptées dans le cadre du troisième plan d’aide. A la fin de l’été, à Bruxelles, on espérait qu’elle pourrait commencer mi-octobre. Mais la campagne des élections parlementaires, à Athènes, a fait perdre un mois à tout le monde. Dimanche, elle devait toujours débuter lundi 9 novembre, dans la foulée de l’Eurogroupe.Or, le début de la renégociation de l’énorme dette du pays – un gros enjeu politique pour M. Tsipras – est conditionné au succès de cette revue. Tout comme la recapitalisation des banques grecques. La BCE a évalué récemment leurs besoins à un peu plus de 14 milliards d’euros.Lire aussi :En Grèce, les banques entament leur recapitalisationLa crise des migrants a changé la donneMême si les relations se tendent, on est très loin du degré de tension qui régnait entre M. Tsipras, ses équipes et leurs créanciers, jusqu’à la mi-juillet, quand le pays, en quasi-faillite, risquait d’être poussé hors de la zone euro. Une certaine confiance s’est installée, grâce notamment à l’engagement, au sérieux et aux convictions européennes du ministre grec des finances, Euclide Tsakalotos, et de son adjoint, George Chouliarakis. Deux hommes très appréciés à Bruxelles.Par ailleurs, Athènes est dans une bien meilleure position de négociation. Les 2 milliards d’euros toujours attendus des créanciers, elle n’en a pas un besoin crucial, les caisses de l’Etat n’étant plus complètement vides comme au printemps et au début de l’été. Aucune échéance de remboursement conséquente à la BCE ou au FMI ne sont, en outre, à prévoir dans les mois qui viennent.Mais, surtout, la crise des migrants change – beaucoup – la donne entre Athènes et ses partenaires. A Bruxelles ou à Berlin, tous les esprits et l’essentiel du capital politique des dirigeants y sont désormais consacrés. « En juillet, quand l’option du “Grexit” était sur la table, ceux qui la soutenaient disaient que les arguments géopolitiques avancés pour plaider un maintien de la Grèce dans la zone euro n’étaient qu’un prétexte. Désormais, plus personne ne conteste que la Grèce, première porte d’entrée des réfugiés en Europe, a une importance géopolitique majeure », explique une source européenne proche des créanciers.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 04h35 • Mis à jour le09.11.2015 à 07h57 Au lendemain de la mort d’un homme qui avait tenté de s’enfuir, le centre de rétention pour demandeurs d’asile de Christmas Island, situé dans l’océan Indien, est le théâtre, lundi 9 novembre, d’une émeute que peinent à contenir les autorités australiennes. Elles ont ainsi confirmé que « les gardes se sont retirés des bâtiments, pour des raisons de sécurité », alors que plusieurs incendies ont été signalés dans le centre.Le ministère de l’immigration a rapporté « des troubles importants » étaient en cours dans le centre, situé à quelque 1 600 kilomètres des côtes australiennes et à 350 kilomètres au sud de l’île indonésienne de Java. Les groupes de défense des réfugiés assurent que des barrières et des murs du centre ont été détruits.L’émeute a éclaté à la suite de la mort d’un homme qui avait tenté de fuir le centre samedi et dont le corps a été retrouvé le lendemain, au pied des falaises de l’île. La cause de sa mort n’est pas encore connue. Selon le communiqué du ministère, « une manifestation pacifique d’un groupe de détenus iraniens a commencé après la fuite, et la mort en dehors du centre, d’un détenu dimanche (…), mais d’autres détenus ont profité de la situation pour lancer une émeute et tout casser. »Politique d’asile très restrictiveLes médias néo-zélandais rapportent que l’homme retrouvé mort dimanche était un Kurde iranien, nommé Fazel Chegeni. « Comme beaucoup d’autres, Fazel souffrait des effets d’une longue détention arbitraire », accuse Ian Rintoul, porte-parole d’un groupe de défense des réfugiés cité dans le quotidien australien Sydney Morning Herald. Il voit dans cette émeute « une explosion de colère face à la mort anonyme et à la brutalité qu’ils subissent chaque jour ». Selon la BBC, Fazel Chegeni aurait expliqué à ses codétenus « ne plus supporter la détention » et avoir seulement « besoin d’aller dehors ».Selon la sénatrice écologiste Sarah Hanson-Young, le centre est en état de « chaos ». « J’ai parlé avec des personnes enfermées dans le centre, ils disent que la situation est très troublée et qu’il y a plusieurs incendies sur les lieux », précise à la BBC, affirmant craindre pour la sécurité de certains détenus.Lire aussi :L’Australie cherche à endiguer l’immigration illégaleL’Australie a mis en œuvre ces dernières années une politique d’immigration très stricte critiquée avec véhémence par les organisations de défense des droits de l’homme. Les bateaux de clandestins sont systématiquement refoulés par la marine australienne. Ceux qui parviennent néanmoins à gagner les rives sont placés dans des camps de rétention sur l’île de Christmas, mais aussi l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée ou sur l’île de Nauru, dans l’océan Pacifique. Même si leur demande d’asile est jugée légitime, Canberra ne les autorise pas à s’installer en Australie.Le mois dernier, des organisations australiennes de médecins ont de nouveau fait part de leur malaise face à la détention de mineurs dans les centres de rétention pour migrants, estimant que ces enfants, une fois soignés en Australie, ne devraient pas y retourner.Lire aussi :Le pas de deux de l’Australie face aux réfugiés Jean-Baptiste Chastand L’opposition de droite conservatrice est arrivée en tête des élections législatives croates organisées dimanche 8 novembre. La coalition menée par l’Union démocratique croate (HDZ) devait obtenir 59 sièges selon des projections calculées à partir de 99,5 % des suffrages dépouillés. Elle arriverait tout juste devant la coalition de gauche menée par l’actuel premier ministre, le social-démocrate Zoran Milanovic, créditée de 56 sièges. « Cette victoire nous met en position d’endosser la responsabilité de diriger le pays », a défendu le président du HDZ, Tomislav Karamarko.Pour gouverner, il faudra toutefois qu’il s’entende avec des petits partis. La majorité au Sabor, le Parlement croate, est en effet de 76 sièges. Il devrait se tourner en priorité vers le parti arrivé troisième, Most (« Le Pont »). Ce parti, fondé en 2012, regroupe des élus locaux sans étiquette, mais plutôt proches du centre droit. En obtenant 19 sièges, il a fait une percée surprise en réclamant notamment une baisse des dépenses publiques et une meilleure gestion de l’Etat.« Le Pont » en arbitreIl n’est pas exclu que Zoran Milanovic, qui n’a pas reconnu sa défaite, essaye aussi de se maintenir au pouvoir en cherchant à obtenir le soutien du Most. « Nous ne pouvons pas fonctionner seuls et nous avons besoin de partenaires », a-t-il déclaré. Le chef de Most, Bezo Petro, maire d’une petite commune du sud du pays, a cependant assuré, lors de la campagne, qu’il ne comptait soutenir aucun des deux camps. « Nous tiendrons parole. Nous n’allons pas intégrer de coalition », a-t-il de nouveau promis dimanche soir, ouvrant une période d’incertitude.Premier ministre depuis 2011, Zoran Milanovic avait espéré profiter de la petite reprise de l’économie croate et de sa bonne gestion de l’arrivée de centaines de milliers de migrants dans le pays. Mi-septembre, la Croatie avait décidé d’ouvrir ses portes aux migrants après la construction par la Hongrie d’une clôture tout le long de sa frontière avec la Serbie. En un mois et demi, plus de 300 000 d’entre eux ont traversé le pays pour rejoindre la Slovénie puis l’Allemagne.Dans un pays où le souvenir de la guerre des Balkans est encore très vivace, la population s’est montrée largement favorable à cette politique. Après l’avoir critiqué et plaidé pour un renforcement des contrôles à la frontière, Tomislav Karamarko avait d’ailleurs cessé de parler de ce sujet pendant la campagne. Sa victoire pourrait toutefois amener la Croatie à durcir cette politique d’accueil, alors que le voisin slovène évoque depuis plusieurs jours son intention d’installer lui aussi une clôture à sa frontière.Ministre de l’intérieur de 2008 à 2011 sous le gouvernement d’Ivo Sanader, M. Karamarko est suspecté d’avoir été un agent des services secrets yougoslaves, avant de cofonder le HDZ en 1989. Relativement peu à l’aise devant les caméras, il a été moqué pendant la campagne pour sa faible maîtrise de l’anglais lors d’une rencontre filmée avec la chancelière allemande, Angela Merkel. Il a mené une campagne conservatrice, se plaçant dans la filiation directe de l’ancien leader de l’indépendance, le très nationaliste Franjo Tudjman. Défenseur des « valeurs chrétiennes » de la Croatie, M. Karamarko, 59 ans, est opposé au mariage gay. Pendant la campagne, il s’en est également pris aux médias et à certaines ONG accusées d’être « proyougoslaves » – ce qui n’est pas un compliment dans le pays.« Risque d’Orbanisation »Issue du même parti, la présidente de la République, Kolinda Grabar-Kitarovic, avait plaidé ces dernières semaines pour un rapprochement avec le groupe de Visegrad, cette alliance entre la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque, qui s’est fortement opposé à l’accueil des migrants. « Avec le HDZ, il y a un risque d’“orbanisation” de la Croatie », explique Nenad Zakosek, politologue à l’université de Zagreb et actif au sein de Gong, une autre ONG active dans les droits de l’homme. « Mais le HDZ reste très proeuropéen et très proche de Merkel, relativise-t-il. L’Allemagne est importante pour la Croatie, et le HDZ est beaucoup plus proaméricain qu’Orban. » La proximité de ce dernier avec la Russie pose en effet problème dans un pays qui s’est battu contre la Serbie, allié historique de Moscou.Ce sont surtout les sujets économiques qui ont dominé la campagne, alors que la Croatie sort de six années de récession. Le pays, un des plus pauvres de l’Union européenne, affiche toujours un chômage de 16,2 %, et même de 40 % pour les jeunes. L’adhésion à l’UE, intervenue en 2013, n’a, pour l’instant, pas vraiment eu d’effet sur l’économie croate. Pour soutenir les petites entreprises, M. Karamarko a notamment promis de réduire la TVA.Pour gouverner, le parti Most sera quoi qu’il arrive incontournable même si les deux camps pourraient être tentés d’aller chercher le soutien de plus petits partis. Aucun d’entre eux n’obtient toutefois plus de quatre sièges, à l’image de l’Alliance démocratique de Slavonie et Baranya, un parti nationaliste fondé par un criminel de guerre, Branimir Glavas. Réélu député dans sa circonscription d’Osijek, à la frontière serbe, celui-ci a plusieurs fois répété lors de la campagne qu’il était prêt à soutenir le prochain gouvernement. Crédité de deux sièges seulement, il recule fortement par rapport aux six sièges obtenus en 2011. Ses meetings protégés par des gardes vêtus d’un uniforme noir n’ont visiblement pas plu aux Croates.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.11.2015 à 16h49 • Mis à jour le06.11.2015 à 17h22 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Cette fois, un grand pas a été franchi dans la direction d’un relèvement des taux d’intérêt aux Etats-Unis dès le mois de décembre. Le rebond enregistré en octobre sur le marché de l’emploi constitue en effet un signal clair pour que la Réserve fédérale (Fed) décide d’un resserrement monétaire. L’économie américaine a ainsi créé 271 000 emplois le mois dernier, a annoncé, vendredi 6 novembre, le département du travail. Le taux de chômage est tombé à 5 %, soit 0,1 point de moins qu’en septembre. La Fed considère que l’économie est en situation de plein emploi lorsque le taux de sans-emploi de 4,9 % est atteint.Après trois mois décevants au cours desquels le nombre de créations d’emploi était en moyenne de 187 000, le marché du travail est donc reparti nettement de l’avant, alors que le consensus des économistes tablait sur un peu plus de 180 000 créations. Mieux : les salaires ont connu une légère embellie, avec une progression de 2,5 % sur un an, supérieure à la moyenne de 2 % qui était jusqu’à présent constatée.Lire aussi :Etats-Unis  : la Fed coincée par la faiblesse de l’emploi« L’issue la plus probable »« Une hausse des taux d’intérêt apparaît désormais comme l’issue la plus probable, estiment les analystes de Capital Economics. Indépendamment de la date exacte de la première hausse des taux, nous croyons toujours qu’il y aura, l’an prochain, une amélioration plus forte que prévu de la croissance des salaires et de l’inflation. Ce qui forcera la Fed à être plus agressive dans le resserrement de sa politique qu’elle ne le projette actuellement », soulignent-ils.Les traders sur les marchés à terme estiment à 70 % la probabilité d’une hausse des taux dès le mois de décembre, alors que celle-ci n’était que de 58 % avant la publication des chiffres de l’emploi. A ceux-ci se sont ajoutées les dernières déclarations de la présidente de la Fed, Janet Yellen, qui, lors d’une audition devant le Congrès américain cette semaine, a évoqué une « possibilité réelle » d’un relèvement des taux en décembre. « Si les prochaines données vont dans le sens des attentes [d’une amélioration] », a-t-elle ajouté.Les données publiées vendredi vont clairement dans ce sens. Parmi les secteurs qui ont le plus recruté, on retrouve les services aux entreprises, avec 78 000 créations d’emploi, la santé (45 000), la distribution (44 000) et la restauration (42 000). En revanche, le secteur de l’énergie et de l’extraction minière a encore perdu 5 000 emplois, portant le nombre de destructions de postes à 109 000 depuis le pic de décembre 2014. Plus globalement, la situation dans l’industrie est restée stable sur le front de l’emploi.Salaires horaires au plus hautLorsque l’on prend en compte les personnes qui ont abandonné leurs recherches et celles qui occupent un travail à temps partiel, mais qui voudraient un poste à plein temps, le chômage s’établit à 9,8 %, soit son plus bas niveau depuis mai 2008. Toutefois, il reste largement supérieur à ce qu’il était dans les phases précédentes de reprise.En revanche, le nombre de chômeurs de longue durée, lui, ne bouge pas, à 2,1 millions de personnes, ce qui représente 26,8 % de la totalité des chômeurs américains. Un taux stable depuis le mois de juin. Le point noir reste le taux de participation de la population au marché du travail, c’est-à-dire le nombre de personnes en âge de travailler qui ont un emploi ou qui en cherchent effectivement un. Celui-ci affiche une nouvelle fois un recul de 0,2 point, à 62,4 %, un plancher qui n’avait plus été atteint depuis les années 1970.Malgré ce bémol Joseph Lake, économiste chez The Economist Intelligence Unit, souligne que « l’économie américaine a créé plus d’emplois en octobre qu’aucun autre mois cette année, les salaires horaires sont les plus élevés depuis 2009 et le taux de chômage est tombé à 5 %. C’est un contexte idéal pour rassurer la Fed sur le fait que le ralentissement sur le marché du travail entre août et septembre était transitoire, explique-t-il. Cela signifie que la première hausse des taux depuis neuf ans va presque certainement se produire en décembre. »Lire aussi :Fed, une insupportable attenteStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.11.2015 à 15h57 | Lucie Soullier Près de 150 employés de Médecins sans frontières (MSF) s’activent autour d’une centaine de blessés, lorsqu’un avion américain survole l’hôpital de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan. Il est entre 2 heures et 2 h 8 du matin et les bombardements commencent, dimanche 3 octobre. Le calme ne reviendra qu’une heure plus tard, entre 3 heures et 3 h 13.Du moins dans le ciel, car au sol, le chaos domine. Les médecins épargnés tentent de soigner les blessés – confrères, civils ou combattants – qui courent vers les bâtiments administratifs, moins touchés par les frappes. Les patients les plus gravement atteints se succèdent sur une table de bureau et une de cuisine, transformées en tables d’opération improvisées.Le rapport de MSF dévoilé jeudi 5 novembre est aussi précis que les souvenirs des survivants le permettent. Dans l’attaque menée par un avion américain, 30 personnes sont mortes, dont 13 employés de MSF.Lire aussi :Hôpital de MSF bombardé : le bilan monte à 30 mortsLes images satellites jointes au rapport montrent l’étendue des dégâts.La BBC a de son côté pu entrer dans le bâtiment principal, et filmer ce qu’il en restait après le passage de l’AC-130 américain.En détruisant le seul hôpital capable de traiter les blessures de guerre les plus graves dans la région, le bombardement a porté un coup très rude à la population civile prise dans les combats.Une attaque que les Etats-Unis et les autorités afghanes ont tenté de justifier par des versions changeantes et contradictoires, que le rapport de MSF démonte une par une.Des frappes pour venir en appui des troupes au sol ? Première explication donnée par les Etats-Unis : protéger ses soldats au sol. Après avoir minimisé les frappes en évoquant des « dommages collatéraux », le colonel Brian Tribus, porte-parole de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) à Kaboul, déclarait ainsi le 3 octobre qu’elles étaient en réalité destinées à venir en appui de soldats américains au sol. Une version appuyée par le secrétaire à la défense américain, Ashton Carter, selon qui « des forces américaines se trouvaient à proximité de l’hôpital et sous le feu ennemi ».Le rapport de MSF vient contredire cette version, assurant notamment qu’« il n’y avait pas de combats à partir ou à proximité directe du centre traumatologique de Kunduz au moment des frappes aériennes ». Il n’y avait donc « aucune raison concevable que l’hôpital ait dû être ciblé », insiste Vox.Le général John Campbell, chef des forces américaines et de l’OTAN en Afghanistan, avait finalement reconnu le 6 octobre que les frappes n’avaient pas été déclenchées pour venir en aide à des soldats de l’OTAN en danger au sol. Mais il avait alors reporté la responsabilité de la décision sur les autorités afghanes.Lire aussi :Les Etats-Unis rejettent la responsabilité de la bavure de Kunduz sur les AfghansL’hôpital, une base talibane ?Seconde hypothèse, celle des autorités afghanes cette fois, l’hôpital aurait été utilisé comme une base talibane, ce qui justifierait les frappes. Le ministère afghan de la défense et le gouverneur de la province de Kunduz ont ainsi affirmé le 7 octobre que le bombardement avait été délibéré : des talibans auraient attaqué des soldats afghans depuis l’hôpital, ce que MSF dément.Certes, souligne l’organisation non gouvernementale (ONG) dans son rapport, des talibans étaient présents dans le centre au moment de l’attaque. Mais parmi les blessés. Des combattants blessés appartenant aux deux parties du conflit en cours à Kunduz, ainsi que des femmes et des enfants, figuraient parmi les 105 patients. MSF recense notamment près de 20 talibans blessés, dont deux soupçonnés d’être des haut gradés.« Depuis mercredi, MSF était au courant que deux des talibans blessés semblaient avoir un grade supérieur. Cela a été supposé pour plusieurs raisons : ils avaient été amenés à l’hôpital par plusieurs combattants et des enquêtes régulières étaient faites sur leur état de santé, dans le but d’accélérer les traitements et de les faire sortir rapidement. »En revanche, l’hôpital n’était en aucun cas une base talibane. Les armes étaient ainsi interdites dans son enceinte et « le personnel de l’hôpital contrôlait complètement les bâtiments avant et pendant les frappes aériennes », souligne Joanne Liu, présidente internationale de MSF dans une lettre publiée sur le site Internet de l’organisation.« Pas un seul membre de l’équipe de MSF n’a rapporté la présence de combattants armés ou de combats à l’intérieur ou depuis l’enceinte de l’hôpital avant ou pendant les frappes aériennes », précise le rapport.Or le simple fait de soigner des talibans ne peut pas être une justification aux frappes aériennes, poursuit Christopher Stokes, directeur général de MSF. « Selon le droit international humanitaire, les combattants blessés sont des patients, ils ne peuvent pas être attaqués et doivent être traités sans discrimination. Le personnel médical ne devrait jamais être puni ou attaqué pour avoir fourni des soins à des combattants blessés. » Erreur ou crime de guerre ?Dernier revirement américain, le commandant des forces américaines et de l’OTAN en Afghanistan, John Campbell, a admis finalement le 6 octobre, devant le Sénat, qu’il s’agissait « d’une erreur ». Quelques jours plus tard, précise Newsweek, il ajoute que « plusieurs civils innocents ont été accidentellement frappés » dans des frappes aériennes destinées à « éliminer une menace talibane ».Lire aussi :Centre MSF de Kunduz en Afghanistan : histoire d’une bavureMais MSF a bien du mal à considérer l’attaque comme une erreur ou un accident au regard des témoignages et des preuves recueillis.Ainsi, souligne le rapport, les frappes ont ciblé plusieurs fois et de façon précise le bâtiment principal de l’hôpital, épargnant relativement les autres. Or l’enceinte détruite correspond exactement aux coordonnées GPS transmises par MSF aux deux parties du conflit, afin qu’il soit considéré comme une zone humanitaire protégée.En outre, ajoute le rapport, deux drapeaux de MSF avaient été déployés sur le toit de l’hôpital, en plus de ceux existant à l’entrée du centre de traumatologie, et le centre était l’un des seuls disposant de l’électricité la nuit de l’attaque, faisant de lui le mieux éclairé de la ville, selon le New York Times.Ces éléments laissent d’autant plus supposer que l’hôpital a été spécifiquement ciblé que des tirs — « probablement depuis l’avion » — ont également visé le personnel de MSF et les blessés en train de fuir. « De l’intérieur de l’hôpital, on voit bien que cette attaque a été menée dans le but de tuer et de détruire », conclut Christopher Stokes.Lire aussi :Le bombardement de l’hôpital de Kunduz est-il un crime de guerre ?Selon The Atlantic, le Pentagone a reçu le rapport de MSF et son porte-parole a affirmé que les Etats-Unis allaient continuer de travailler avec l’ONG afin de conclure les investigations et d’indemniser les victimes.MSF demande de son côté une enquête indépendante sur ce qu’elle considère comme « un crime de guerre ».« Nous avons besoin d’un engagement clair sur le fait que fournir des soins médicaux ne fera jamais de nous une cible. Nous avons besoin de savoir si les règles de la guerre sont encore valables. »Lucie SoullierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.11.2015 à 15h32 Le gouvernement britannique a reconnu pour la première fois que les services de renseignement intérieur du MI5 avaient collecté, depuis 2005 et jusqu’à aujourd’hui, de vastes quantités de données sur les appels téléphoniques passés dans et en dehors du Royaume-Uni.L’existence de ce programme de surveillance secret était devenue apparente depuis la publication des documents du lanceur d’alerte Edward Snowden, qui mettaient en évidence l’existence d’un gigantesque programme mondial de surveillance du Web, mené par la NSA américaine avec l’appui de ses proches alliés, britanniques notamment.L’existence du programme a été confirmée dans un document annexe au projet de loi sur la surveillance présenté mercredi par la ministre de l’intérieur, Theresa May, qui prévoit de légaliser la majeure partie des activités paralégales des services de renseignement. Le texte prévoit aussi que la police et les services de renseignement puissent accéder sans mandat à la liste des sites Web consultés par un internaute pendant un an, sur simple demande auprès de son fournisseur d’accès à Internet.Lire aussi :Le gouvernement britannique présente un gigantesque projet de loi sur la surveillance  Cécile Hennion Il s’agit là d’un outil de terreur aussi ancien en Syrie que le règne de la dynastie des Assad. Longtemps, les « disparitions forcées » y ont été aussi répandues qu’illégales. Entre 1980 et 2000, sous le gouvernement d’Hafez Al-Assad, père de l’actuel président, 17 000 personnes, pour la plupart des membres des Frères musulmans ou des partis de gauche, des communistes, ainsi que des Palestiniens, ont ainsi « disparu » après avoir été emprisonnées au secret, selon des chiffres rappelés par Amnesty International dans son rapport intitulé « Entre la prison et la tombe, les disparitions forcées en Syrie », publié jeudi 5 novembre.Ce phénomène a également accompagné l’occupation syrienne (1976-2005) au Liban, où aujourd’hui encore des centaines de familles continuent de militer, à travers d’organisations telles que Missing, dans l’espoir de connaître le sort de leurs « disparus ». En Syrie, Moustafa Khalifé, qui disparut douze ans, dans les geôles du régime, accusé – bien qu’il soit chrétien grec-catholique – d’appartenir aux Frères musulmans, a raconté cette forme de terreur dans La Coquille, (Sindbad-Actes Sud, 2007). L’irrationnel, le désespoir et la mort y sont inscrits à chaque page. Un jour, le prisonnier entend le chef de cellule parler avec le « tasseur », chargé de « tasser » les détenus dans des pièces trop étroites : « Le chef s’est levé d’un bond et a parlé longuement avec le garde. Quand il est revenu, il a dit au “tasseur” en chuchotant : – Il y a de grosses fournées qui arrivent de province… Nos collègues vont être transférés à la prison du désert. Aujourd’hui ou demain. Le “tasseur” s’est étonné : – Bon sang ! Ils veulent coffrer tout le monde ? Y aura bientôt plus personnes dehors… »Une stratégie systématiqueCe que met en lumière le rapport d’Amnesty International est d’une tout autre dimension. Ces disparitions forcées sont en effet devenues une « stratégie » du régime, une forme d’attaque « systématique » à l’encontre des populations civiles, selon des proportions encore difficiles à mesurer mais que l’on peut qualifier de « démesurées ». Depuis le début du soulèvement syrien, en mars 2011 et jusqu’au mois d’août 2015, pas moins de 65 116 noms d’individus soumis à ces disparitions forcées ont été documentés et vérifiés, parmi lesquels 58 148 civils. Amnesty International précise qu’il s’agit là « d’estimations basses ».« Nous avons pris connaissance de l’existence de hangars ou d’écoles transformés en camps de concentration où règnent la torture et la famine organisée »Dans son documentaire « Disparus, la guerre invisible de Syrie », la réalisatrice Sophie Nivelle-Cardinale avance quant à elle le chiffre effarant de 200 000 disparus. « Les associations syriennes ont comptabilisé plus de 600 000 Syriens détenus depuis 2011 et nous savons que c’est lors de ces détentions que ces gens disparaissent, dit-elle. En enquêtant auprès d’ONG syriennes et des familles de disparus, en interrogeant d’anciens responsables sécuritaires syriens qui ont fait défection, nous sommes arrivés à cette estimation. Outre les lieux connus de détention, nous avons pris connaissance de l’existence de hangars ou d’écoles transformés en camps de concentration où règnent la torture et la famine organisée. »Depuis la défection, en 2013, de « César », une recrue de la police militaire chargée de photographier les cadavres de prisonniers, il est possible de parler d’un crime systématique et organisé avec une rigueur toute administrative. Grâce aux photos qu’il est parvenu à exfiltrer du pays, on sait aussi que ces disparitions forcées ne prennent souvent fin qu’avec la mort du disparu, sans que les familles n’en soient pour autant informées. Les 55 000 clichés de corps dûment numérotés représentent, selon les experts qui les ont étudiés, environ 11 000 corps photographiés dans deux morgues entre 2011 et 2013. La « machine de mort syrienne » a été également documenté dans l’ouvrage de Garance Le Caisne, L’Affaire César, paru chez Stock en 2015. L’auteur y indique, entre autres, que l’un de ces centres de torture et de mort n’est situé qu’à un jet de pierre du palais présidentiel de Bachar Al-Assad, à Damas.Le marché noir des « intermédiaires »Selon Amnesty International, 90 % de ces détenus sont des jeunes hommes, le reste étant des femmes (4 %) et des enfants (6 %). Depuis 2011, les cibles prioritaires du régime ont été, dans l’ordre chronologique : les manifestants pacifiques suivis, quelques mois plus tard, par les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et blogueurs, et enfin, les médecins et personnels médical et humanitaire. Les exemples fournis dans le rapport illustrent les ravages que provoquent ces disparitions dans leurs familles et cercles proches.Le 9 mars 2013, des agents des renseignements militaires ont arrêté Abdel Rahman Yassin dans sa maison située en banlieue de Damas. Le lendemain, ils vinrent s’emparer de bijoux, de l’argent et de la voiture familiale. Le jour suivant, les agents revinrent encore et arrêtèrent son épouse Rania, sa secrétaire (elle était dentiste), ainsi que leurs six enfants âgés à l’époque, de 14 à 2 ans. Tous sont encore portés disparus. Nul ne sait ce qui a motivé leur arrestation.Ceux qui osent venir s’enquérir du sort de leurs disparus disparaissent parfois à leur tour. Les familles redoutent alors d’en parler, s’enferment dans le désarroi et la peur. Les conséquences sont tragiques : exclusion sociale, dommages psychologiques et ruine financière. Avec la multiplication des disparitions, a émergé un marché noir aussi odieux que florissant. Les familles s’endettent auprès des autorités ou d’« intermédiaires » dans l’espoir d’obtenir des informations, ne serait-ce que la certitude que le disparu est mort. Salam, le père d’un jeune disparu, explique avoir versé l’équivalent de 3 000 dollars à un intermédiaire qui avait promis de lui dire « un seul mot : “mort” ou “vivant” ? »« Crime contre l’himanité »Dans la famille Durgham de la ville de Palmyre, trois fils ont disparu. Mohamed, manifestant de la première heure, a été arrêté le 27 février 2012 par des hommes en uniforme des services de renseignements de l’armée de l’air. Son frère Naïm a été arrêté chez lui, le 10 mars 2012, après avoir été battu devant sa famille. Le troisième, Assaad, a été arrêté près de chez lui, le 23 mars 2012. Khaled, seul de la fratrie à être encore libre, vit exilé en Turquie. Ses recherches pour retrouver traces de ses frères lui ont coûté 150 000 dollars, payés aux « intermédiaires » censés être suffisamment proches de l’Etat pour obtenir des informations. Jusqu’ici en vain, plus personne n’a entendu parler d’eux.L’ampleur et le caractère systématique de ces disparitions forcées en font, selon Amnesty International et selon le droit international, un « crime contre l’humanité ». Il est probable, selon l’organisation, que le nombre de disparus soit en réalité bien plus élevé : « L’ampleur exacte du phénomène des disparitions forcées en Syrie ne pourra être comprise, si l’on y parvient jamais, qu’après la fin du conflit », relève le rapport.Cécile HennionJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Pouchard et Maxime Vaudano Bien que membre de l’espace Schengen, la France va rétablir des contrôles à ses frontières pendant un mois. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé vendredi 6 novembre cette mesure exceptionnelle et temporaire, liée à la tenue de la COP21, la conférence de l’ONU sur le climat, organisée à Paris du 30 novembre au 11 décembre.Le ministère de l’intérieur a précisé à l’AFP que les contrôles seraient rétablis du 13 novembre au 13 décembre. Cette mesure, sans lien avec la crise des migrants, selon le ministre de l’intérieur, ne constitue pas une suspension des accords de Schengen, a affirmé M. Cazeneuve sur RMC et BFM-TV :« Pendant un mois, nous allons établir des contrôles aux frontières, ce qui n’est pas du tout une suspension de Schengen (…) qui prévoit, dans un de ses articles la possibilité pour des Etats de le faire dans des circonstances particulières qui correspondent à la COP21. »Les accords de Schengen permettent de fait de rétablir les contrôles aux frontières dans des cas précis.1. En quoi consistent les accords de Schengen ?Conclus en 1985 par la France, l’Allemagne de l’Ouest et le Benelux, les accords de Schengen visaient à supprimer progressivement les contrôles aux frontières communes et à instaurer un régime de libre circulation des personnes. Inauguré en 1995, l’espace Schengen regroupe aujourd’hui 22 des 28 Etats de l’Union européenne, ainsi que quatre pays extérieurs : l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein. Concrètement, il supprime tout contrôle des frontières terrestres, maritimes ou aériennes entre deux pays appartenant à cet espace. 2. Les pays européens ont-ils le droit de rétablir des contrôles à leurs frontières ?Oui. Une clause de sauvegarde intégrée à l’article 2.2 de la convention de Schengen autorise les Etats à rétablir provisoirement des contrôles aux frontières dans des circonstances exceptionnelles.Le code frontières Schengen de 2006 en précise les contours : il autorise le rétablissement des contrôles en cas de « menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure » (pour six mois maximum) ou pour faire face à des événements imprévus (cinq jours maximum), ce après consultation des autres Etats du groupe Schengen. Une réforme des règles réclamée par le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, et Silvio Berlusconi, alors président du conseil italien, a étendu en 2013 la possibilité de rétablir les frontières jusqu’à vingt-quatre mois, dans des « circonstances exceptionnelles », notamment une défaillance grave du contrôle des frontières extérieures.Par ailleurs, l’article 78 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) permet des « mesures provisoires » dans le cas où « un ou plusieurs Etats membres se trouvent dans une situation d’urgence caractérisée par un afflux soudain de ressortissants de pays tiers ». 3. Dans quelles circonstances des frontières nationales ont-elles été rétablies ?La clause de sauvegarde prévue par Schengen est appliquée régulièrement mais se cantonne généralement à l’accueil d’événements internationaux : des réunions de la Banque centrale européenne à Barcelone, le G20 de Cannes, l’Euro 2012 de football ou la visite du président américain Barack Obama en Estonie ont ainsi donné lieu ces dernières années à un rétablissement des contrôles pour quelques jours. Il peut aussi s’agir de menaces imminentes de terrorisme, comme la France l’a fait après les attentats de 1995.Ces derniers mois, en revanche, des pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Hongrie ont invoqué le TFUE pour rétablir les contrôles à leurs frontières avec la crise des migrants. La France avait elle aussi mis en place une telle mesure en 2011 lors du « Printemps arabe », qui avait entraîné l’arrivée de milliers de migrants en Europe. 4. Comment les frontières européennes sont-elles contrôlées ?Chaque Etat ayant une frontière avec un pays non-membre de l’espace Schengen (comme la Hongrie avec la Serbie, par exemple) se doit de contrôler les entrées. L’Union européenne s’est dotée d’une base de données commune, baptisée « SIS » (pour système d’information Schengen), permettant d’identifier les individus pénétrant sur le territoire européen et de distinguer les arrivants interdits de séjour ou bien ceux recherchés. La coopération opérationnelle pour la surveillance des frontières est théoriquement assurée par l’agence européenne Frontex.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pierre Lepidi (Freetown (Sierra Leone), envoyé spécial) Coupé du monde. « Avant la crise Ebola, il y avait en moyenne quarante-huit avions qui atterrissaient chaque semaine sur l’aéroport de Freetown. Au plus fort de l’épidémie, il n’y en avait plus que cinq », se souvient Mark Reading, directeur de Terra Nova Solutions, une société de services spécialisée dans la logistique. De septembre 2014 à juin 2015, les grandes compagnies – à l’exception de Brussels Airlines et Royal Air Maroc – ont suspendu leurs vols à destination de la Sierra Leone. « Tout le monde avait peur. Les expatriés, souvent employés dans des compagnies internationales, sont rentrés chez eux. Seuls des travailleurs indépendants sont restés », explique Mark Reading, qui évalue les pertes de sa société, créée six mois avant le début de l’épidémie, à 50 %.Lire aussi :La Sierra Leone chante « Ebola bye bye »La crise s’est déclarée au moment où ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, parti économiquement de très loin après une guerre civile qui a fait 120 000 morts entre 1991 et 2002, était enfin sur la bonne voie. En 2013, il affichait même une croissance de 11,3 %, à faire rêver n’importe quel chef d’Etat européen. Même si elle restait très faible, l’espérance de vie (46 ans) avait augmenté de huit années en seulement une décennie. « Ebola est arrivé au pire moment, celui où les investisseurs avaient confiance parce que tous les indices économiques étaient au vert et le pays politiquement stable, souligne Moses Sichei, conseiller économique au Programme des Nations unies pour le développement. Le virus a eu un impact sur tous les secteurs d’activité. » Le PIB de l’année 2015 devrait connaître une chute abyssale de 21,5 %.L’agriculture (riz, manioc, patates douces…), qui représente environ la moitié des ressources, a été gravement endommagée car les récoltes n’ont pu se faire à temps, notamment à cause d’une mesure de précaution interdisant tout regroupement de plus de quatre personnes. S’en est suivi une inflation qui devrait atteindre 10 % fin 2015.Le secteur minier touché« Le secteur des mines est aussi gravement touché, parce qu’à la crise Ebola se sont ajoutés le ralentissement économique mondial et la baisse du prix des matières premières », analyse David Tinel, responsable des investissements au département infrastructure Afrique au sein de la Société financière internationale, membre du groupe Banque mondiale. Faute de main-d’œuvre, les exportations d’or ont été divisées par trois au cours du premier semestre, celles de diamants par deux.Reste le tourisme. Avec ses longues plages de sable blanc, ses forêts préservées et sa population chaleureuse, la Sierra Leone, devenue un pays sûr, a un réel potentiel. Mais personne ne s’y est aventuré depuis un an et demi. A Freetown, le long de la plage de Lumley, de nombreux hôtels et chambres d’hôtes ont provisoirement fermé au plus fort de l’épidémie, à cause de l’interdiction d’ouvrir tout commerce à partir de 18 heures. Certains ont proposé à leurs employés de travailler à mi-temps contre un salaire réduit de moitié. « Il faudra du temps et des efforts pour faire revenir les visiteurs européens, si nombreux dans les années 1980 », concède Yassin Kargbo, directeur général du département du tourisme.Pierre Lepidi (Freetown (Sierra Leone), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Julie Clarini et Benoît Vitkine En décernant, le mois dernier, le prix Nobel de littérature à la Biélorusse Svetlana Alexievitch, l’Académie suédoise récompensait une œuvre qui explore les traces laissées dans les consciences par les grandes catastrophes du siècle soviétique (seconde guerre mondiale, guerre en Afghanistan, Tchernobyl, éclatement de l’URSS).Lire aussi :Le prix Nobel de littérature attribué à la Biélorusse Svetlana Alexievitch« Le Monde » a rencontré l’écrivaine lors de son passage à Paris. Voici quelques extraits de cet entretien, au cours duquel, très critique sur la politique menée par Vladimir Poutine, elle dépeint la nostalgie de l’époque soviétique qui prévaut en Russie, les déceptions de la transition démocratique et le renouveau nationaliste imposé par le président russe.Vous parlez du « monde russe ». C’est aussi l’expression qu’utilise Vladimir Poutine pour désigner l’espace russophone hors des frontières de la Russie, envers lequel il aurait une responsabilité. Vous, écrivaine biélorusse de langue russe, vous reconnaissez-vous dans ce concept ?J’ai trois racines : des racines ukrainiennes, des racines biélorusses et la culture russe. Sans la culture et la philosophie russes, je ne serais pas ce que je suis, et je n’aurais pas écrit La Supplication. Mon « monde russe » est très différent de celui de Poutine, c’est celui de Chostakovitch, Dostoïevski, Tchekhov, Rostropovitch, Herzen… Quant au monde russe auquel j’aspire, il passe par un soutien accru à l’Ukraine de la part des Occidentaux.La réussite de l’Ukraine, sa transformation, serait le meilleur argument contre les discours de Poutine. J’ai toujours considéré que la guerre dans le Donbass était une agression militaire contre l’Ukraine, une occupation. Il n’y a aucun doute sur le fait que, sans Poutine, il n’y aurait aucune guerre civile sur ce territoire. On pourrait amener cinq camions de kalachnikovs en Biélorussie et le même scénario se produirait : on trouve toujours des gens prêts à tirer.Le cas de la Crimée est plus compliqué. Je connais des gens qui, en entendant la nouvelle du rattachement, ont pleuré de joie. Mais, pour savoir ce que pense réellement la population, il faudrait des élections libres. Là, les Russes sont simplement arrivés et se sont emparés du territoire.Existe-t-il un « poutinisme », une idéologie poutinienne ?En 1991, le peuple s’est réveillé dans un pays nouveau et incompréhensible. Et il s’est tu. Puis, quand les usines ont fermé, quand les gens n’ont plus eu à manger que des pommes de terre, ils se sont mis à détester les « merdocrates libéraux ».Après vingt ans de silence, Poutine est arrivé : « Nos seuls amis, ce sont l’armée et la flotte », a-t-il dit. Et tout l’argent du pétrole et du gaz est parti pour l’armée. Il n’a pas dit que l’on devait être fiers d’une quelconque démocratie, il a seulement parlé de la Grande Russie, du respect qui lui était dû…Cette idéologie poutinienne produit-elle déjà un effet sur l’homme russe ?Oui. Je ne reconnais pas les gens, j’ai perdu certains de mes amis. On n’a pas fait assez attention aux premiers symptômes, à tous ces films qui passent à la télé sur la Tcheka [l’ancienne police politique], sur Staline… On essaie même de justifier l’action de Beria [chef du NKVD, successeur de la Tcheka, de 1938 à 1953].A Perm, un musée consacré aux victimes de la répression a été transformé en « musée des travailleurs du goulag », c’est-à-dire des gardiens ! Tout ne vient pas du haut, de Poutine ; certaines initiatives viennent d’en bas, du peuple.Les jeunes m’étonnent particulièrement. Ils conduisent de belles voitures, portent de beaux costumes, mais ils restent des esclaves. Cette génération de l’après-1990 soutient fortement Poutine, elle reprend ses discours sur l’humiliation, sur le besoin d’un leader fort. Nous, on imaginait que des gens différents apparaîtraient, des gens libres.Cette mentalité tient beaucoup à ce que leur racontent leurs parents sur la santé gratuite, l’éducation, l’ascenseur social soviétique… Peut-être qu’il faut attendre encore. Ou bien peut-être faut-il d’abord, pour que disparaisse cette mentalité d’esclave, que ceux d’en haut changent…Pendant l’époque soviétique, vous sentiez-vous appartenir à la société communiste ? Partagez-vous la nostalgie de vos personnages, de vos héros, pour l’esprit de sacrifice, l’altruisme, le mépris de l’argent ?Je me sentais déjà à la marge, mais c’était le seul monde que je connaissais. Les gens étaient doubles, à l’époque. Ils étaient prêts à faire la queue pour acheter des recueils de poèmes d’Anna Akhmatova. Mais c’étaient les mêmes qui écrivaient des dénonciations, qui étaient surveillants dans les camps.On aimerait que le mal soit une chose simple : Beria, Staline… Mais le mal est quelque chose de plus diffus, d’éparpillé en chacun de nous. C’est pour cela que j’écris, pas pour étaler un catalogue d’horreurs, pour accabler les lecteurs, mais pour que chacun cherche en lui-même sa part d’humanité et apprenne à la préserver. Ce sont des choix de chaque instant : on te dit d’aller à une manifestation de soutien à Poutine, pose-toi des questions !Lire l'intégralité de l'interview :Svetlana Alexievitch : « La liberté, c’est un travail long et pénible »Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJulie ClariniJournaliste au Monde 06.11.2015 à 07h02 • Mis à jour le06.11.2015 à 14h30 | Jean-Baptiste Jacquin Il n’y a plus aucun doute possible : le simple appel à boycotter des produits israéliens est totalement illégal en France. Et sévèrement puni. Deux arrêts de la Cour de cassation du 20 octobre, passés inaperçus en dehors des réseaux militants et des juristes spécialisés, font de la France l’un des rares pays du monde, et la seule démocratie, où l’appel au boycott par un mouvement associatif ou citoyen pour critiquer la politique d’un Etat tiers est interdit.Concrètement, la Cour de cassation a confirmé la condamnation par la cour d’appel de Colmar de 14 militants du mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) à 28 000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles et chacun à une amende de 1 000 euros avec sursis. Il leur est reproché d’avoir, le 26 septembre  2009 pour les uns et le 22 mai  2010 pour les autres, participé à une manifestation dans un magasin Carrefour à Illzach, près de Mulhouse (Haut-Rhin), «  appelant au boycott des produits en provenance d’Israël  ». Ils portaient des tee-shirts avec le slogan «  Palestine vivra, boycott Israël  » et distribuaient des tracts aux clients sur lesquels était écrit   : «  Acheter les produits importés d’Israël, c’est légitimer les crimes à Gaza, c’est approuver la politique menée par le gouvernement israélien.  »Il n’a été relevé aucune dégradation, aucune entrave au fonctionnement du magasin (qui n’a pas porté plainte) ni aucun propos antisémite. Le mouvement BDS déploie sa stratégie dans de nombreux pays (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Belgique, Allemagne, etc.) au moyen d’appels aux boycotts commerciaux, universitaires ou culturels pour faire pression sur Israël.Lire aussi :Le boycott d’Israël torpille la paixPour la haute juridiction française, cela est néanmoins constitutif du délit de «  provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée  » (article 24 alinéa 8 de la loi sur la presse).Seuls les embargos sont légauxLa campagne BDS lancée par des militants propalestiniens en 2005 à travers le monde fait l’objet depuis 2010 de poursuites systématiques dans l’Hexagone. Une circulaire aux procureurs datant de février 2010 – Michèle Alliot-Marie était alors ministre de la justice – visait spécifiquement les «  appels au boycott de produits israéliens  » et recommandait aux parquets d’apporter «  une réponse ferme  ».Mais les tribunaux et cours d’appel ont hésité et divergé, entre annulations de poursuites, relaxes au nom de la «  liberté d’expression  » et condamnations au titre de la «  provocation à la discrimination  ». Désormais, l’interprétation de la Cour de cassation s’impose à tous. Seuls les boycotts décidés par l’Etat, à savoir les embargos, sont légaux.«  C’est une grande régression  », s’offusque Antoine Comte, l’avocat de BDS, qui se dit « déterminé à porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme  ». Il compte invoquer l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme sur la liberté d’expression. La Cour de Strasbourg ne devrait pas trancher avant deux ou trois ans. M. Comte insiste sur le fait que la loi de 1972 introduisant ce délit de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence «  était destinée à protéger les individus contre le racisme  ».La France est isolée sur cette voieGlenn Greenwald, le journaliste américain connu pour avoir publié les révélations d’Edward Snowden sur les programmes de surveillance des Etats-Unis, a vertement réagi sur son site (The Intercept) à la décision du 20 octobre. Il raille la «  France, autoproclamé pays de la liberté, qui fait de vous un criminel  » pour être allé dans un supermarché vêtu d’un tee-shirt appelant à boycotter d’Israël.Pour Pascal Markowicz, avocat, membre du comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), la Cour de cassation «  se contente d’appliquer la loi  ». Si la France est isolée sur cette voie, «  c’est que beaucoup de pays n’ont pas de lois aussi poussées en matière de lutte contre les discriminations », analyse-t-il. « Le problème est que derrière BDS il n’y a pas que la volonté de critiquer un Etat ou de défendre une cause. » Certaines actions du BDS ont parfois donné lieu à des propos antisémites.Le cas français «  pose problème  » en revanche à Patricia Vendramin, coauteure d’un livre d’analyse sur les pratiques du boycott (Le Boycott, Ingrid Nyström et Patricia Vendramin, Presses de Sciences Po, 144 p., 13  euros). Directrice d’un centre de recherche en sociologie et sciences politiques à l’université de Louvain-la-Neuve, elle constate qu’en France «  tous les appels au boycott ne sont pas traités de la même manière  ». Les appels au boycott contre l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid, contre la Birmanie du temps de la junte ou même le Mexique au moment de l’affaire Florence Cassez n’ont jamais fait l’objet de poursuites.«  Liberté de choix  »«  La décision de la Cour de cassation est totalement contraire à ce mouvement de fond de la société civile où les consommateurs se mobilisent sur des questions d’éthique  », dénonce Ghislain Poissonnier, un magistrat qui soutient le mouvement BDS. « Perçu à certains moments comme l’arme des pauvres, le boycott trouve aujourd’hui toute sa place dans l’univers des activistes contemporains », soulignent Mmes Nyström et Vendramin en conclusion de leur ouvrage. Sauf en France.Dans leur arrêt, les juges constatent que cet appel au boycott discrimine «  à raison de l’origine et de l’appartenance nationale des producteurs et des distributeurs israéliens  ». Ils concluent que la liberté d’expression peut être soumise à « des restrictions ou sanctions qui constituent (…) des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la défense de l’ordre et à la protection des droits d’autrui  ».Une interprétation que conteste Jean-Christophe Duhamel, ingénieur en recherche en droit à l’université de Lille-II. «  Le droit d’autrui est respecté puisque l’appel au boycott est un appel au consommateur à exercer sa liberté de choix. Il ne s’agit pas d’une action qui, par exemple, empêcherait la livraison de produits israéliens dans le magasin, et cela n’entrave en rien la liberté économique du producteur israélien. »Cette «  défense de l’ordre et de la protection des droits d’autrui  » invoquée par la Cour de cassation fait craindre à M. Poissonnier «  des conséquences en chaîne pour la liberté d’expression ». Et d’interroger  : «  Les droits de producteurs étrangers doivent-ils prédominer sur une liberté politique ? Où est la limite ?  »Lire aussi :Israël face à la menace montante du boycottageJean-Baptiste JacquinJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.11.2015 à 22h42 • Mis à jour le06.11.2015 à 16h13 Un barrage minier s’est rompu jeudi 5 novembre à Mariana, une ville de l’Etat de Minas Gerais , dans le sud-est du Brésil. L’accident a provoqué une gigantesque coulée de boue qui a englouti plusieurs habitations dans une commune voisine. Selon les pompiers, au moins 17 personnes sont mortes et plus de 50 ont été blessés. « Le nombre de disparus va dépasser les 40 », a déclaré un commandant de la ville voisine du village sinistré, qui participait aux secours.Des images d’hélicoptère, diffusées par la télévision Globo, montrent des maisons englouties jusqu’au toit par une boue rouge et épaisse, sans qu’on sache si elles étaient occupées au moment du sinistre. Le village tout entier a été inondé et l’on voyait des habitants réfugiés sur les hauteurs.« Nous avons survolé toute la zone. Toutes les voies d’accès ont été obstruées par la coulée de déchets miniers », a déclaré à l’AFP un membre de la police militaire de Mariana. Coulée de boues toxiquesL’accident s’est produit vers 16 h 20 (18 h 20 GMT), entre les villes historiques coloniales d’Ouro Preto et Mariana.  Le syndicaliste Ronaldo Bento a déclaré à la presse locale que le barrage de Fundao, où travaillent 25 personnes, retenait des « boues toxiques de déchets minéraux, dangereuses pour l’environnement, sur une superficie équivalent à 10 stades de football ». Pour une raison encore inconnue, le barrage à cédé, libérant une impressionnante coulée de boue toxique « qui s’est répandue sur deux kilomètres » à l’intérieur d’une vallée, a précisé M. Bento.Celle-ci a atteint la localité de Bento Rodrigues, peuplée d’environ 600 habitants, en majorité des employés de la compagnie minière, qui ont été appelés à évacuer d’urgence le village. On voyait certains réfugiés sur les collines environnantes.Coentreprise détenue à parts égales par le géant minier brésilien Vale et l’Australienne BHP Billiton, la compagnie minière Samarco, propriétaire du site où s’est produit l’accident, n’a pas à ce stade confirmé l’existence de victimes.L’Etat de Minas Gérais est le coeur minier du Brésil depuis le XVIe siècle. L’exploitation de l’or a été remplacée depuis par l’extraction de nombreux minerais et de pierres semi-précieuses. 05.11.2015 à 18h55 Un ancien détenu français de Guantanamo, Mourad Benchellali, a été renvoyé en France, jeudi 5 novembre, après avoir été détenu deux jours au Canada. M. Benchellali avait été interpellé mercredi, à l’aéroport de Toronto, où il devait participer à une conférence.Mourad Benchellali a dit s’être vu imposer « une tenue orange ». « C’était très choquant pour moi. Cela m’a replongé dans mon passé de Guantanamo », a dit le Français de 33 ans, qui avait été détenu de 2002 à 2005 dans le camp où les Américains ont incarcéré des personnes capturées dans la zone pakistano-afghane.En juin, Mourad Benchellali avait déjà été interdit d’embarquer sur un vol entre sa ville d’origine, Lyon, et Montréal. Il s’était alors dit étonné d’apprendre que son nom figurait sur la liste des passagers interdits de vol aux Etats-Unis. 04.11.2015 à 17h42 • Mis à jour le04.11.2015 à 18h08 Un Palestinien de 22 ans a été abattu par les forces israéliennes, mercredi 4 novembre, après une attaque à la voiture bélier, au nord de Hébron, en Cisjordanie. Deux gardes-frontières ont été blessés. L’un d’eux est très gravement blessé, un deuxième légèrement, selon la police israélienne.L’attaque s’est produite à Halhul sur un important axe routier qui traverse la Cisjordanie du nord au sud, dans un secteur secoué récemment par de nombreux actes de violences.Lire aussi :Internet, l’autre champ de bataille israélo-palestinien79 morts depuis le 1er octobreLes violences sont quotidiennes entre Israéliens et Palestiniens. Lundi, un Palestinien a été tué et quatre Israéliens blessés lors de plusieurs attaques au couteau.Depuis le 1er octobre, les violences ont fait 70 morts parmi les Palestiniens et neuf parmi les Israéliens. La moitié des Palestiniens tués l’a été en commettant ou tentant de commettre des attentats, pour la très grande majorité au couteau, contre des soldats, policiers ou civils israéliens.Les attaques ont débuté dans la vieille ville de Jérusalem, où se trouve la très sensible esplanade des Mosquées. Mais depuis quelques jours, Hébron et ses environs sont le théâtre d’affrontements quotidiens entre jeunes Palestiniens et forces israéliennes, et d’attaques au couteau ou à la voiture bélier contre des soldats ou des colons israéliens.Lire aussi :En Israël, « la population, quand il s’agit de terrorisme, penche vers le nationalisme » ReutersUn avion-cargo russe s’est écrasé au Soudan du Sud, mercredi 4 novembre, quelques centaines de mètres après avoir décollé de l’aéroport de Juba, la capitale. Selon une radio locale, il y aurait une quarantaine de morts, des passagers de l’avion et au sol. Sur la vingtaine de personnes que transportait l’appareil, seules deux ont survécu. Afrique du Sud : crise oblige, l’industrie minière contrainte de se réorganiser *RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / RUSSIA'S EMERGENCY MINISTRY" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS * Pourquoi le Sinaï est-il devenu un refuge pour cellules djihadistes ? Pourquoi le conflit au Sahara occidental dure-t-il depuis 40 ans ? Pierre Breteau et Elvire Camus La ministre de la santé, Marisol Touraine, a annoncé, mercredi 4 novembre, la levée de l’interdiction pour les homosexuels de donner leur sang en France. S’il s’agit indéniablement d’une avancée, cette réforme ne met pas un terme à la discrimination, en fonction de l’orientation sexuelle, face au don du sang.A partir du printemps 2016, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes pourront être donneurs, mais à condition de ne pas avoir eu de rapports avec un partenaire, protégé ou non, au cours des douze derniers mois précédant le don. La France s’aligne ainsi sur la régulation du Royaume-Uni, de l’Australie ou encore de la Finlande.Marisol Touraine a toutefois ouvert la porte à une évolution de ces conditions :« S’il n’y a pas de risques, les règles qui s’appliquent aux homosexuels seront rapprochées des règles générales l’année qui suit. »Certains pays, comme les Etats-Unis, continuent d’interdire le don du sang aux homosexuels en se basant sur une plus forte présence statistique du VIH dans cette population, tandis que d’autres conditionnent la possibilité de donner à un comportement sexuel à risque, peu importe l’orientation sexuelle du donneur.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElvire CamusJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.11.2015 à 15h23 Deux soldats turcs ont été tués, mercredi 4 novembre, lors d’affrontements avec les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans le sud-est, à majorité kurde, de la Turquie. Ces morts sont les premières enregistrées, côté turc, depuis la victoire aux élections législatives de dimanche du parti du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, qui a durci le ton envers les Kurdes.« Il n’y aura pas de pause (…) les opérations continueront de manière déterminée contre l’organisation terroriste à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie », a insisté, mercredi, M. Erdogan. Dans son premier discours après les élections législatives, le président turc s’est engagé à poursuivre la lutte contre les insurgés kurdes du PKK jusqu’à ce qu’ils déposent les armes ou que le dernier d’entre eux soit « liquidé ».Lire aussi :En Turquie, Erdogan retrouve les moyens de poursuivre sa dérive autoritaireQuatre Kurdes tués par la policeAprès une accalmie juste avant le scrutin, les affrontements entre l’armée et le PKK ont repris de plus belle depuis trois jours, écartant à court terme tout espoir de cessez-le-feu et de poursuite des pourparlers de paix suspendus depuis la fin de juillet.Dès le lendemain des élections, l’aviation turque a pilonné les positions du PKK dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie et dans le nord de l’Irak. En début de semaine, quatre rebelles kurdes ont été tués par les forces de sécurité turques.La police turque a par ailleurs interpellé 22 personnes lors de raids menés contre la branche jeunesse du PKK à Istanbul et dans la province d’Adana (sud).Lire aussi :En Turquie, les maigres espoirs des Kurdes de Diyarbakir Philippe Escande Sale temps pour les ingénieurs. Alors que la tricherie Volkswagen gagne chaque jour en ampleur, à l’autre bout de la planète une autre entreprise automobile est en train de s’effondrer. Ce mercredi 4 septembre, le fabricant japonais d’airbag Takata s’est écroulé de 20 % en Bourse après la défection de son plus gros client, Honda.Le constructeur automobile affirme que son fournisseur a manipulé les données de test de ses produits. Voilà qui rappelle étrangement l’affaire allemande. D’autant que dans les deux cas, ce sont les autorités américaines qui ont dévoilé le pot aux roses. En mai 2015, elles avaient mis en lumière la présence d’airbag défectueux susceptible d’exploser à la tête du conducteur ou du passager au moindre petit choc, projetant des morceaux de plastique ou d’acier, parfois mortels.Lire aussi :Airbags défectueux : Honda évalue l’addition à plus de 300 millions d’eurosCes deux désastres mettent en lumière la supériorité des contrôles américains sur ceux des Européens ou des Japonais qui auraient pu détecter eux aussi de tels défauts majeurs, mais qui n’ont rien vu. Au passage, ils révèlent également une bizarrerie de l’arsenal judiciaire américain.Alors que les airbags japonais « explosifs » ont causé la mort d’au moins sept personnes et fait plus de cent blessés, le total des amendes qui seront infligées au fabricant se monte à un maximum de 200 millions de dollars (183,15 millions d’euros). De son coté Volkswagen risque, lui, une pénalité de 18 milliards de dollars pour avoir triché sur les taux d’émission de ses moteurs, ce qui pour l’instant n’a tué personne. Étonnante hiérarchie.Jusqu’à présent les constructeurs automobiles, japonais et américains avaient plutôt joué la solidarité avec Takata. Les déclarations de Honda changent la donne. D’autres grands constructeurs pourraient suivre son exemple. Interrogé ce mercredi pour savoir si la survie de la société était en jeu, le président de l’entreprise a reconnu « qu’il y avait un risque ». En effet.Pronostics vitaux engagésVoilà donc deux entreprises dont le pronostic vital est engagé pour avoir non seulement mis en circulation des produits dangereux ou non conformes, mais surtout pour avoir sciemment caché l’ampleur du scandale. Les premiers incidents sur des airbags défectueux remontent à 2004 et les premiers doutes émis sur la sincérité des tests de Volkswagen datent également de plusieurs années. On minimise et on continue, en klaxonnant !Lire aussi :Le scandale Volkswagen concerne aussi les émissions de dioxyde de carboneIl serait peut-être donc temps de se rappeler que l’éthique, si elle est avant tout une affaire d’homme, peut être mise en échec par des comportements d’entreprise.Takata et Volkswagen ont poussé leurs ingénieurs à la faute, alors que leur rigueur scientifique et leur sens moral personnel auraient du les conduire à un moment donné à dire non. Évidemment de telles attitudes sont courantes sous toutes les latitudes. C’est pour cela qu’il est urgent de renforcer l’indépendance et l’efficacité des autorités de contrôle partout dans le monde.Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.11.2015 à 10h53 • Mis à jour le04.11.2015 à 11h04 Le président des Maldives, Abdulla Yameen, a décrété, mercredi 4 novembre, l’état d’urgence, octroyant aux forces de sécurité de larges pouvoirs avant une manifestation antigouvernementale.Cette décision a été prise deux jours avant un rassemblement prévu par le Parti démocratique des Maldives (PDM), le principal parti d’opposition dont le chef Mohamed Nasheed est en prison au terme d’un procès expéditif et inéquitable, selon l’ONU.« Le président Yameen a déclaré l’état d’urgence pour assurer la sécurité de tous les citoyens », a déclaré son porte-parole Muaz Ali sur Twitter. La manifestation de l’opposition a pour objectif de faire pression sur le président afin qu’il libère Mohamed Nasheed.A la fin de septembre, une explosion s’est produite sur le yacht transportant le président. Sa femme et deux autres personnes ont été blessées dans l’incident, dont le chef de l’Etat est sorti indemne. Le FBI américain a jugé qu’il n’y avait aucune preuve que l’explosion ait été provoquée par une bombe.Mais les autorités considèrent que le président Yameen était visé et son vice-président Ahmed Adeeb, accusé d’avoir manigancé son assassinat, a été arrêté.Cette semaine, l’armée de l’archipel de 340 000 habitants, a annoncé avoir désamorcé une bombe télécommandée retrouvée près de la résidence présidentielle.L’état d’urgence, entré en vigueur mercredi pour une période de trente jours, signifie que plusieurs dispositions prévues par la Constitution sont suspendues, d’après des sources officielles. Par exemple, les députés ne pourront plus lancer de procédure de destitution à l’encontre du chef de l’Etat tandis que les forces de sécurité auront plus de facilités pour arrêter les gens.Lire aussi :Les Maldives s’enfoncent dans la crise politique Corine Lesnes (San Francisco, correspondante) L’investissement a payé. La compagnie Airbnb qui avait dépensé 8 millions de dollars en publicités pour combattre un encadrement plus strict de la location de logements à court terme dans son fief de San Francisco peut crier victoire. A une large majorité (plus de 55 %), les électeurs de la ville ont rejeté la « proposition F » qui visait à limiter les locations entre particuliers à 75 nuits par an, que les logeurs soient ou non présents sur place (contre 90 actuellement).Lire aussi :Airbnb : Paris veut éviter le syndrome de « Barceloneta »Fleuron de « l’économie de partage », l’ex-start up aujourd’hui valorisée à plus de 25 milliards de dollars, a fait la démonstration de son poids politique dans une ville divisée par les inégalités et les conséquences sociales du boom de la high-tech. Le maire démocrate Edwin Mah Lee, grand défenseur d’une industrie qui, souligne-t-il, a contribué à ramener le taux de chômage à 3,2 %, a été facilement réélu. Il avait soutenu Airbnb au contraire de l’une des figures nationales du parti, la sénatrice Dianne Feinstein. « Essayons d’assurer la prospérité à tous », a-t-il lancé après sa victoire.La campagne d’HalloweenLe débat a été vif entre ceux qui rendent Airbnb responsable de la pénurie de logements abordables dans la ville, les propriétaires qui préfèrent la rentabilité supérieure apportée par les locations aux touristes, et les résidents qui utilisent les plateformes de location pour essayer d’arrondir leurs fins de mois en proposant leur chambre d’amis. Lundi, à la veille du scrutin, une vingtaine de défenseurs des sans-abri avaient brièvement occupé le siège de la compagnie, sur Brannan Street, avant d’aller distribuer des sandwichs aux « homeless » nombreux dans ce quartier surplombé par l’autoroute.La plateforme de location avait recruté Chris Lehane, un ancien chargé de communication de Bill Clinton, après avoir réussi à enrôler en août l’ex conseiller économique de Barack Obama, Gene Sperling, pour une étude qui avait conclu qu’Airbnb œuvre de fait à combattre la paupérisation de la classe moyenne (elle a versé 12 millions de dollars d’impôts à la ville en 2014). Pendant le week-end d’Halloween, des bénévoles ont frappé à 236 000 portes et contacté 226 000 électeurs par téléphone en les mettant en garde contre le spectacle d’horreur qui les attendait si la « proposition F » était adoptée : non seulement les voisins surveilleraient les invités de leurs voisins, mais ils pourraient les poursuivre et toucher des compensations.4 000 dollars pour un deux piècesLe référendum sur la proposition F n’était qu’une des questions posées aux électeurs de San Francisco. Sept des 11 initiatives soumises au vote portaient directement ou indirectement sur la high-tech. La « proposition I » demandait aux électeurs d’interdire pour 18 mois les projets de développement dans le quartier latino de Mission, menacé par la gentrification. Elle a été rejetée. La « proposition A », qui prévoyait un emprunt de 310 millions pour financer des logements sociaux et empêcher les expulsions de locataires installés de longue date, mais chassés par l’augmentation des loyers (4 000 dollars en moyenne pour un deux pièces), a été adoptée.Lire aussi :Airbnb et les frontières de l’économie collaborativeLes opposants à Airbnb, une coalition d’activistes, de syndicats d’employés de l’hôtellerie, et de petits propriétaires, ont reconnu leur défaite tout en assurant que leurs actions commencent à porter. Bousculé par les critiques, le maire a renforcé à l’été les effectifs du service municipal de supervision des locations à court terme. Pour l’instant seuls 730 logeurs (pour quelque 9 000 offres d’appartements) se sont enregistrés auprès de la municipalité, malgré l’obligation qui existe depuis un an. Jusqu’ici Airbnb s’est refusée à écarter les contrevenants et à collaborer avec la mairie, au nom du respect de la confidentialité due aux usagers de la plateforme. Sa victoire de mardi ne risque pas de la pousser au compromis mais, à un an de l’élection générale de 2016 aux Etats-Unis, le débat sur la bulle technologique et « l’économie de partage » ne fait que commencer.Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.11.2015 à 06h42 • Mis à jour le04.11.2015 à 15h07 La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, brûle encore plus de charbon que ce qu’elle ne disait : au moins 17 % de plus par an, selon de nouvelles données gouvernementales publiées récemment. D’après le New York Times, cette révision à la hausse des chiffres officiels signifie que la Chine a produit près d’un milliard de tonnes de plus de dioxyde de carbone par an par rapport aux calculs initiaux, soit plus que ce que l’économie allemande émet chaque année à partir de combustibles fossiles.Les nouvelles données, qui sont apparues récemment dans un annuaire des statistiques de l’énergie publié sans fanfare par l’agence statistique de la Chine, montrent que la consommation de houille a été sous-estimée depuis 2000 et que le décalage s’est accentué au cours des dernières années.Les révisions ont été fondées sur un recensement de l’économie en 2013 qui a révélé les lacunes dans la collecte des données, en particulier des petites entreprises et des usines. Illustrant l’ampleur de la révision, les nouveaux chiffres ajoutent environ 600 millions de tonnes à la consommation de charbon de la Chine en 2012, un montant équivalent à plus de 70 % de la quantité totale de ce combustible utilisée chaque année par les Etats-Unis.Lire aussi :La Chine, arbitre des négociations climatiques« Les dirigeants nationaux vont prendre cela plus au sérieux »Cette annonce pose un défi au gouvernement chinois pour limiter le réchauffement climatique. Elle va surtout compliquer les négociations sur le climat qui auront lieu à Paris, ce mois-ci.Le gouvernement chinois a promis de stopper la croissance de ses émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030. Le respect de ce délai et la réduction de la dépendance de la Chine au charbon seront « plus compliqués que prévu », a annoncé Yang Fuqiang, un ancien fonctionnaire de l’énergie en Chine qui conseille désormais le Natural Resources Defense Council. « Cela aura un impact important, parce que la Chine a brûlé beaucoup plus de charbon que nous croyions », a déclaré M. Yang.« Il se trouve que ce fut un émetteur encore plus grand que nous ne l’imaginions. Cela contribue à expliquer pourquoi la qualité de l’air de la Chine est si pauvre. Les dirigeants nationaux vont prendre cela plus au sérieux ».Le Bureau national des statistiques a jusqu’à présent refusé de commenter ces données embarrassantes au moment où Pékin s’est dit près à « parvenir à un accord ambitieux et juridiquement contraignant » à la conférence mondiale sur le climat (COP21) réunie au Bourget (Seine-Saint -Denis) du 30 novembre au 11 décembre. Selon les experts, le comptage officiel des tonnes de charbon n’est pas en cohérence avec les statistiques des fédérations industrielles chinoises (mines, sidérurgie...).Dans les années 1990 déjà, dans le seul secteur du charbon, de nombreux exploitants de petites mines peu productives et dangereuses, théoriquement fermées sur ordre du gouvernement, continuaient à les exploiter en toute illégalité, faussant ainsi les statistiques officielles de production. D’une manière générale, les données économiques fournies par Pékin sont régulièrement critiquées pour leur manque de fiabilité.Les erreurs de comptage qui viennent d’être décelées portent, certes, davantage sur l’usage industriel et domestique de la houille que sur son utilisation dans la production d’électricité. Mais en Chine, 80% du courant sort encore des centrales thermiques au charbon. « Ce pays représente à lui seul un tiers de la production électrique mondiale ayant recours à ce combustible », note Jean-Marc Jancovici, spécialiste de l’énergie et du climat, auteur de Dormez tranquilles jusqu’en 2100 (Odile Jacob, novembre 2015, 19,90 euros).Contrairement à une idée reçue, constate M. Jancovici, la houille est l’énergie qui a connu l’essor le plus important au cours des dernières années, en raison de forts investissements dans les mines et les centrales. Sa consommation a presque doublé en quinze ans, passant de 4,7 milliards de tonnes en 2000 à 8,2 milliards de tonnes en 2014. Et la Chine en est un des principaux responsables. Lire aussi :Les plus pauvres émettent 2 000 fois moins de gaz à effet de serre que les plus riches 03.11.2015 à 18h56 • Mis à jour le03.11.2015 à 19h05 | Marie Charrel Le sujet est ultrasensible, car il concerne l’institution économique la plus puissante de la zone euro. D’après le Financial Times du 3 novembre, plusieurs dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) ont rencontré des banquiers et financiers quelques jours – voire quelques heures – avant des décisions monétaires déterminantes.Les journalistes du quotidien britannique ont obtenu l’agenda sur un an de six membres de l’institution en appliquant le « droit d’accès aux documents européens », prévu par les traités communautaires. En d’autres termes : ils ont envoyé leur demande à la BCE, qui l’a acceptée, jugeant qu’elle n’avait rien à cacher.On découvre dans ces agendas qu’Yves Mersch, membre du directoire de l’institut de Francfort, a rencontré des cadres de la banque UBS deux jours avant la réunion monétaire du 4 septembre 2014, où la BCE avait annoncé une baisse surprise de son taux directeur, ramené à 0,05 %. Le matin même, le Français Benoît Cœuré, également membre du directoire, avait rencontré un banquier de BNP Paribas.Ce n’est pas tout : Vitor Constâncio, le vice-président de la BCE, et Peter Praet, son chef économiste, ont quant à eux rencontré le hedge fund londonien Algebris le 23 juin dernier. Soit au plus fort de la crise grecque, où l’institution décidait, chaque jour, si elle devait maintenir ou non ses aides d’urgence (« Emergency liquidity assistance », ou ELA) aux banques hellènes. Faut-il s’en offusquer ?Pas forcément. Les dirigeants de l’institution sont, il est vrai, censés respecter une période de silence une semaine avant les réunions du conseil des gouverneurs. Pendant celle-ci, ils doivent se garder de s’exprimer publiquement, et dans les médias, sur la politique monétaire à venir.Pas d’informations confidentiellesMais il ne leur est pas interdit de rencontrer des financiers avant les décisions clés. À condition qu’ils ne leur dévoilent pas d’informations confidentielles concernant les décisions à venir sur la politique monétaire. Comme par exemple, une future hausse ou baisse des taux. « Pour le reste, Il ne faut pas oublier que les banques et les marchés sont le principal canal par lequel la politique monétaire se transmet à l’économie », rappelle Grégory Claeys, économiste et chercheur spécialiste du sujet au think tank Bruegel. « Il est donc important que la BCE rencontre ces acteurs pour leur expliquer ses mesures, qui sont de plus en plus complexes, mais aussi pour prendre le pouls des marchés ». Exemple : c’est après avoir discuté avec des banquiers que le président de l’institution Mario Draghi aurait annoncé, le 26 juillet 2012, qu’il ferait « tout ce qu’il faut » (« whatever it takes » en anglais) pour sauver l’euro – une célèbre phrase qui, selon les experts, a mis un terme à la fièvre qui s’était emparée des marchés. Les financiers lui auraient en effet confié qu’ils considéraient désormais que la monnaie unique n’existait virtuellement plus. Et qu’ils l’intégraient dans leurs calculs. M. Draghi comprit alors qu’il devait alors agir sans attendre pour éteindre la spéculation.Mais alors, quel est le problème ? La suspicion que ce genre de rencontres soulèvent inévitablement. « La BCE doit être au-dessus de tout soupçon », explique M. Claeys. « Pour conserver sa crédibilité, elle ne doit jamais donner le sentiment d’être trop proche du lobby bancaire ou de favoriser un acteur financier en particulier ». Naturellement, la BCE affirme qu’aucune information sensible n’a été échangée lors des rencontres entre M. Coeuré, Mersch, Constâncio et les banquiers. Mais comment en être certain, puisque le contenu de ces discussions reste privé ?Cas exceptionnelD’autant qu’en la matière, il y a un malheureux précédent. Le 18 mai dernier, lors d’une conférence à Londres réunissant des dirigeants de fonds spéculatifs, M. Coeuré avait ainsi indiqué que la BCE s’apprêtait à augmenter le volume de ses achats d’actifs sur les marchés. A sa décharge, le Français était sincèrement convaincu que le contenu de son discours était publié sur internet au moment même où il parlait, comme l’exige dans ce cas les règles de l’institution. L’ennui, c’est que le discours en question n’avait été publié que le lendemain matin. « Une erreur de procédure », avait expliqué l’institution, soulignant qu’il s’agissait là d’un cas exceptionnel.Pour éviter ce genre de problème et surtout, limiter que les risques de suspicion, d’autres banques centrales ont adopté des règles plus strictes. « C’est notamment le cas de la Fed, qui a publié des régulations détaillées et complètes sur la communication extérieure de ses membres », remarque Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG. Ou encore de la Banque d’Angleterre, qui interdit aux membres de son comité de politique monétaire tout contact avec les médias et les autres acteurs extérieurs trois jours avant les réunions clés.La BCE devrait-elle en faire de même, afin d’éviter toute ambiguïté ? Certains experts estiment que oui. D’autres jugent qu’une telle mesure serait inutile. « Il est excessif de fantasmer sur le bénéfice que les banques pourraient tirer d’informations privilégiées sur la politique monétaire qui leur seraient livrées accidentellement », explique M. Dor. « Avec les nouvelles régulations financières, tirer profit de telles informations serait en effet jugé comme un délit d’initié. L’institution coupable risquerait même de perdre son accréditation. Désormais, plus aucune banque d’affaires ne prendrait un tel risque ».Dans tous les cas, la BCE ne se montre pas insensible aux critiques dont elle fait l’objet - que celles-ci soit justifiées ou non. À partir de février 2016, elle publiera en effet sur son site internet l’agenda de ses dirigeants sur les trois derniers mois. « Nous prenons la transparence très au sérieux », assure-t-on dans la maison. Qui en fait ici la preuve…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) Les élections législatives du dimanche 8 novembre, le premier scrutin libre depuis un quart de siècle, se sont déroulées dans le contexte inédit, parfois paradoxal et toujours évolutif de la Birmanie post-dictatoriale : en 2011, au terme de presque soixante ans de régime militaire, les officiers supérieurs de la junte ont retiré leurs uniformes et formé un gouvernement « quasi civil ». Les dernières élections libres ont eu lieu en 1990 et les résultats ignorés par la junte militaire. Qui se présentait ? data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="Les élections législatives du dimanche 8 novembre en Birmanie marquent le tournant démocratique pour le pays. Ici, une femme birmane présente son doigt marqué à l'encre pour attester qu'elle a voté, à Dala, en périphérie de Rangoun." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Des femmes cherchent leur nom sur le registre des électeurs devant le bureau de vote de Dala, dans le sud de la Birmanie." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les électeurs birmans font la queue devant un bureau de vote de Rangoun, la capitale économique de la Birmanie. Quelque 30 millions de Birmans étaient appelés aux urnes." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Des bénévoles guident les électeurs dans le bureau de vote de Dala. La plupart des Birmans se rendaient aux urnes pour la première fois de leur vie. Le pays a connu une série de dictatures militaires depuis 1962." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="La dissidente emblématique Aung San Suu Kyi, à la tête de la Ligue nationale pour la démocratie, s'est rendue aux urnes pour la deuxième fois de sa vie, à 70 ans." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Le général Thein Sein, qui dirige le pays, met son bulletin dans l'urne. La junte reste protégée par la Constitution qui lui réserve un quart des sièges au Parlement." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Des bénévoles participent au dépouillement et au décompte des votes à Rangoun, la première ville de Birmanie." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="La police encadre le dépouillement des votes par des électeurs bénévoles pour les premières élections libres depuis vingt-cinq ans. Le commandant en chef de l’armée, Min Aung Hlaing, a assuré dimanche que l'issue du scrutin, pour lequel le parti d'opposition NLD est largement favori, serait respecté." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les partisans de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) se sont rassemblés pour suivre les premiers résultats, affichés sur un écran géant devant le siège de la NLD à Rangoun." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Le scrutin a été accueilli avec espoir et excitation. Les précédentes élections libres, remportées par la Ligue nationale pour la démocratie en 1990, n'avaient pas été reconnues." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les supporteurs de la Ligue nationale pour la démocratie attendent les résultats du scrutin législatif sous la pluie." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les premiers résultats des élections législatives birmanes confirment la victoire de la Ligue nationale pour la démocratie, le partie de l'opposante Aung San Suu Kyi. Ils sont accueillis avec des démonstrations de joie à la hauteur des attentes qui reposent sur ce scrutin historique." data-slide-item-lie="" Précedent1/12SuivantLes élections législatives du dimanche 8 novembre en Birmanie marquent le tournant démocratique pour le pays. Ici, une femme birmane présente son doigt marqué à l'encre pour attester qu'elle a voté, à Dala, en périphérie de Rangoun.Amanda Mustard / AP› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']);6 000 candidats se présentaient sur la liste de 91 partis. Les élections sont destinées à renouveler la chambre basse (l’assemblée nationale), la chambre haute (sénat) ainsi que les assemblées des sept « états » et des sept « régions » du Myanmar, (actuel nom de Birmanie). Les Etats désignent les zones peuplées en majorité par les minorités ethniques, qui représentent 30 % d’une population globale de 53 millions. Les régions sont les zones habitées principalement par les Bamars, l’ethnie principale.Les deux chambres totalisent 664 sièges, mais seuls 498 sont en lice, 166 étant d’office réservés à des militaires non élus. En mars 2016, les deux nouvelles chambres et les représentants de l’armée au Parlement choisiront chacun un vice-président ; puis voteront pour élire parmi les trois personnalités désignées un nouveau chef de l’Etat.Les partis en compétition sont souvent formés de fraîche date et représentent fréquemment plus des individus et des groupes que des programmes politiques. Un phénomène particulièrement frappant chez les ethnies minoritaires. Entre autres exemples, trois partis se sont formés chez les Kachin, une minorité du nord du pays, dont l’Etat est par ailleurs le théâtre d’un conflit entre l’armée régulière et les combattants séparatistes de l’Armée de l’indépendance kachin (KIA). Chez les Karen, où les séparatistes de l’Union nationale karen » (KNU) ont signé, le 15 octobre, un accord de paix réunissant huit des vingt et une guérillas du pays, cinq partis se présentent. Chez une autre minorité voisine, les Karenni, trois partis sont en lice…La Ligue nationale pour la démocratie (NLD), la formation de l’ex dissidente et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, est donnée victorieuse au terme de ce mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour, qui favorise les grands partis.Le principal concurrent de la NLD est le parti au pouvoir, soutenu par l’armée et dont le chef de l’Etat Thein Sein est le président : le Parti de l’Union pour la solidarité et le développement (USDP). Aux dernières élections de 2010, largement truquées et boycottées par la NLD à un moment où Aung San Suu Kyi était encore en résidence surveillée, l’USDP avait raflé une écrasante majorité des sièges dans les deux chambres. L’un des pays les plus pauvres du mondeDepuis 2011 et la formation de l’actuel gouvernement, la Birmanie a évolué, politiquement et économiquement, tout en restant un pays sous surveillance au plan des droits de l’homme et l’un des plus pauvres du monde au plan socio-économique.Il y a encore cinq ans, la Birmanie était encore très isolée du monde extérieur. La situation a considérablement évolué. Grâce à une sensible libéralisation économique, la croissance a spectaculairement grimpé, avec un taux de 7,75 % en 2014. Le nombre de voitures a augmenté de 42 % depuis 2009. L’internet est désormais accessible dans toutes les moyennes et grandes villes, quoique les vitesses de connexions restent encore assez faibles. Seulement 2 % de la population y a accès. Le nombre d’utilisateurs de téléphones portables a été multiplié par quinze en six ans. Avec une population qui vit encore à 70 % dans les campagnes, la « République de l’Union de Myanmar » reste à la traîne de ses voisins : le revenu par tête est de 1 270 dollars par an (comparé par exemple avec la Thaïlande, 5 370 dollars) et derrière le Laos (1 670). 69 % de la population continue d’utiliser du bois pour cuire leurs aliments. Des tensions politiques et religieusesSur le plan politique, l’ouverture décrétée par les anciens généraux en 2011, a été, au début, aussi spectaculaire que soudaine, faisant penser aux observateurs qu’elle dépassait la « feuille de route » de la junte désireuse de lancer le pays sur la voie d’une ébauche de « démocratie disciplinée » : libération des prisonniers politiques, création de syndicats libres, fin de la censure préalable avant publication. Il y avait 1 673 prisonniers de conscience en 2011. Il y en aurait encore aujourd’hui environ 115. Mais depuis quelques temps, le pouvoir s’est crispé et les ouvertures initiales de la « glasnost » birmane ont fini par marquer le pas. Etudiants protestataires, journalistes et activistes ont été arrêtés et/ou condamnés. Une nouvelle loi sur les publications menace journalistes et propriétaires de journaux.Les tensions entre la majorité bouddhiste et la minorité musulmane (4 % de la population) se sont exacerbées, attisées par des moines bouddhistes radicaux. En 2012, des émeutes ont éclaté dans l’Etat de l’Arakan entre les bouddhistes et la minorité musulmane des Rohingyas. 160 personnes ont été tuées dans cet état durant deux séries de violences, en juin et novembre de cette année-là. Comment la junte va-t-elle réagir à la probable victoire de la NLD ? Ces élections peuvent marquer un tournant historique : la victoire annoncée de la NLD pourrait tourner la page sur une histoire tumultueuse et non démocratique, commencée en 1962 avec le coup d’Etat du général Ne Win et prolongée en 1988 par un putsch interne après de très violentes manifestations étudiantes et populaires en 1988.La façon dont le gouvernement « post dictature » et l’armée vont réagir face à cette probable victoire de la NLD est l’une des grandes inconnues de ce scrutin. Cependant, en raison de 25 % de sièges réservés à l’armée au parlement, la marge de manœuvre de tout nouveau parti au pouvoir restera étroite. La NLD doit en effet obtenir 67 % des sièges pour dégager une majorité parlementaire. De plus, un amendement de la Constitution l’empêche de devenir chef de l’Etat parce qu’elle a été mariée à un Britannique avec lequel elle a eu deux enfants.Lire aussi :Birmanie : la « Lady » Aung San Suu Kyi aux portes du pouvoirBruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.11.2015 à 17h05 • Mis à jour le08.11.2015 à 17h37 Les femmes ne peuvent pas être juges en Iran et aucune n’a été autorisée à se présenter à l’élection présidentielle depuis la révolution de 1979. Mais elles peuvent être députées ou ministres, et le président modéré Hassan Rohani s’est engagé à leur donner plus de place. Si assez peu d’avancées ont été constatées depuis l’élection de celui-ci, en 2013, Téhéran vient de nommer Marzieh Afkham ambassadrice en Malaisie. La seule autre ambassadrice d’Iran avant elle était Mehrangiz Dolatshahi, en poste au Danemark dans les années 1970, avant l’instauration de la République islamique.A 50 ans, cette diplomate de carrière depuis près de trente ans, était porte-parole du ministère des affaires étrangères iraniennes depuis deux ans et déjà la première femme à occuper ce poste. Sa mutation avait été annoncée par les agences de presse iraniennes en avril, sans être confirmée. Pendant la cérémonie de passation de pouvoir à Téhéran dimanche, Mohammad Javad Zarif, ministre des affaires étrangères, a ironisé : « Choisir Afkham comme ambassadrice a pris quelques minutes, mais choisir son successeur a pris quatre mois », selon les propos rapportés par l’agence officielle IRNA. Marzieh Afkham sera remplacée à ce poste par un homme, Jaber Ansari.« L’occasion de faire avancer » la société iranienneElle « a accompli avec succès sa mission pendant plus de deux ans », a affirmé M. Zarif. « Elle a réussi à agir avec dignité, courage et une vision particulière » dans une période où la diplomatie iranienne était particulièrement regardée « par l’opinion publique ».Marzieh Afkham a de son côté salué « le courage d’une telle décision, la confiance placée dans les femmes en leur donnant des responsabilités et l’occasion de faire avancer » la société iranienne.Malgré un statut plus enviable que dans d’autres pays de la région, les Iraniennes font face à des lois qui les désavantagent sur le plan du mariage, du divorce ou de l’héritage. Après son élection, Hassan Rohani avait demandé à ses ministres de nommer des femmes à des postes importants et avait auparavant affirmé que « la discrimination ne serait pas tolérée » dans son gouvernement. Il a lui-même nommé trois femmes sur onze vice-présidents. Rien d’exceptionnel pourtant : son prédécesseur ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad avait nommé en 2009 la première femme ministre de la République islamique, chargée de la santé. 08.11.2015 à 11h13 • Mis à jour le08.11.2015 à 11h13 C’est une rencontre historique dont on ne peut que se féliciter. Ma Ying-jeou et Xi Jinping, les dirigeants des « deux Chines », sœurs ennemies devenues partenaires commerciales, se sont vus pour la première fois, samedi 7 novembre, à Singapour, en terrain neutre. Le détroit de Formose reste l’une des zones les plus militarisées du globe – 1 600 missiles chinois sont braqués sur Taïwan –, où sont présentes les deux grandes puissances mondiales, la Chine et les Etats-Unis, soutien militaire de l’île. Cette poignée de main symbolique est l’aboutissement d’un processus graduel de normalisation depuis 2008. Ce rapprochement sera bien le legs politique du président Ma Ying-jeou, qui achèvera en mai 2016 son second et dernier mandat.Pour la majorité des Taïwanais, très attachés au statu quo – ni réunification, ni indépendance, ni recours à la force, – cette rencontre est jugée de manière positive. Mais peu espèrent qu’elle apporte une solution à un isolement international de Taïwan, reconnu par seulement vingt-deux pays, qui rogne les ailes de ses ressortissants et l’exclut des instances internationales. Dans une Chine en pleine ébullition politique, l’existence de Taïwan reste un casus belli pour les nationalo-communistes chinois, mais fascine, comme modèle de démocratie, les franges éduquées et les milieux libéraux.Lire aussi :Opposées depuis 1949, la Chine et Taïwan se retrouvent « en famille »Car, vestiges de la guerre froide, les deux Chines sont au cœur d’un champ de bataille bien actuel : entre la démocratie jeune et vibrante qu’est Taïwan et une dictature, la Chine communiste, en pleine expansion militaire et qui, sous Xi Jinping, flirte avec les démons du maoïsme.Or, le sommet de Singapour reste le bébé de deux partis politiques – le Kouomintang (KMT) et le Parti communiste chinois (PCC) –, ces frères ennemis dont le sanguinaire affrontement plongea la Chine dans une longue guerre civile. S’il est louable que leurs représentants se parlent, ce pas de deux met en scène un PCC tyrannique et un ancien parti unique, le KMT, qui a du mal à couper le cordon ombilical avec le continent.Alliance de circonstanceSurtout, c’est une alliance de circonstances dirigée contre l’expérience « indépendantiste », c’est-à-dire l’alternance politique incarnée par l’autre grande formation taïwanaise, le Parti démocrate progressiste (DPP), dont la présence au pouvoir entre 2000 à 2008 exacerba les tensions avec la Chine communiste. Car Taïwan et ses vingt-trois millions de citoyens se sont réapproprié une histoire et une identité qui vont au-delà de la base de repli que fut l’île pour Tchang Kaï-chek et ses deux millions de Chinois nationalistes en 1949. Au plus haut dans les sondages, le DPP pourrait de nouveau remporter la présidence – mais aussi les législatives, que le KMT n’a jamais perdues. A deux mois du double scrutin de janvier 2016 à Taïwan, cet enjeu relativise le sommet de Singapour et lui redonne la dimension d’une manœuvre politicienne. Yves Eudes Le 6 novembre, un mois après l’annulation par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de l’accord Safe Harbor, la Commission européenne a officiellement demandé aux Etats-Unis de faire rapidement une proposition concrète de remplacement. Le Safe Harbor permettait aux entreprises installées en Europe de transférer facilement vers les Etats-Unis les données personnelles de leurs clients, alors même que les lois américaines ne fournissent pas les protections adéquates au regard du droit européen.Lire aussi :La justice européenne invalide le très controversé Safe Harbor, un accord sur les données personnellesVera Jourova, commissaire européenne à la justice et aux droits de consommateurs, résume ainsi la nouvelle situation : « C’est au tour des Etats-Unis de revenir vers nous avec leurs réponses. » Elle devrait se rendre à Washington prochainement pour accélérer les négociations en cours, et « discuter de cette question au niveau politique le plus élevé ». De son côté, le vice-président de la commission Andrus Ansip, chargé du marché numérique unique, a affirmé que l’Europe avait besoin d’un nouvel accord « dans les trois mois ». Cela dit, il ne serait réellement stabilisé qu’après avoir été testé devant la CJUE à l’occasion d’une nouvelle affaire.Lire aussi :Les entreprises réclament du temps pour s’adapter à la mort du « Safe Harbor »En attendant la signature d’un éventuel Safe Harbor 2, la commission recommande aux entreprises d’utiliser d’autres instruments juridiques, plus complexes et plus contraignants.La situation est d’autant plus complexe que, depuis l’annulation de Safe Harbor, chaque Etat membre de l’Union peut à nouveau juger de la validité d’un accord de transfert de données entre son territoire et celui des Etats-Unis – ce qui pourrait entraîner un certain délitement du front uni européen.Juridiquement, la solution la plus satisfaisante serait que les Etats-Unis changent leur législation pour offrir plus de protection aux données personnelles des Européens, mais politiquement cette voie serait longue et ardue.Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.11.2015 à 09h14 | Frédéric Saliba (Mexico, correspondance) C’est par des cris de joie mais aussi de colère que des dizaines de Mexicains ont accueilli, mercredi 4 novembre, l’autorisation du premier club de culture de la marijuana, accordée par la Cour suprême du Mexique. Au cœur de la capitale, devant la plus haute instance juridique du pays, les manifestants brandissaient des pancartes pour ou contre la sentence au milieu d’effluves d’herbe brûlée. Cette décision historique entrouvre la voie d’une légalisation de la marijuana dans un pays victime de la violence des cartels.Quatre des cinq juges de la première chambre de la Cour suprême ont voté en faveur du recours constitutionnel déposé par la Société mexicaine d’autoconsommation responsable et tolérante (SMART). Depuis mercredi, ce « cannabis-club » est autorisé à planter, récolter, transporter et fumer, de la marijuana à des fins « récréatives » et « non lucratives ». « Notre décision est basée sur le droit au libre développement de la personne », a expliqué le juge Arturo Zaldivar, auteur du projet de sentence.Echec de la lutte contre le narcotraficLa marijuana n’est pas légalisée pour autant. L’autorisation s’applique uniquement aux quatre plaignants. Ces membres du SMART – deux avocats, un comptable et un militant du secteur social – assurent ne pas fumer de marijuana. « Notre but est d’ouvrir un débat national face à l’échec de la lutte contre la violence du narcotrafic », a justifié l’un d’eux, Juan Francisco Torres. La guerre des cartels contre le gouvernement a fait 100 000 morts et 25 000 disparus depuis neuf ans.« Je respecte la décision de justice », a réagi le président mexicain, Enrique Peña Nieto, qui s’est déclaré contre la légalisation des stupéfiants. Il s’est dit « ouvert au débat » tout en rappelant qu’elle « ne remet pas en cause le combat contre le crime organisé ». Depuis, les réactions d’intellectuels, d’artistes, d’experts ou de militants associatifs, pleuvent dans les médias. « La marijuana affecte le développement moteur et psychologique des jeunes », a fustigé Consuelo Mendoza, présidente de l’association des parents. Et le dessinateur de presse, Rafael Barajas, alias El Fisgón, de rétorquer dans le quotidien La Jornada : « Si la légalisation avait existé avant, nous n’aurions pas eu autant de violence », en soulignant que le cannabis est légal dans quatre États américains et en Uruguay.Seuls 23 % des Mexicains favorables à la légalisationLa polémique gronde au Mexique, gros producteur de marijuana. Seuls 23 % des Mexicains sont favorables à une légalisation de la consommation récréative, selon un sondage de l’institut Parametria. Mais la décision marque un précédent : si quatre autres jugements de la Cour suprême sont similaires, la consommation sera légalisée dans tout le pays. Une avalanche de recours pourrait s’abattre sur les hauts magistrats. Le juge Zaldivar appelle plutôt à « un débat parlementaire démocratique », renvoyant la balle dans le camp des législateurs.Neuf sénateurs du PRD ont déposé un projet de loi visant à autoriser l’usage « ludique » et « médical » de la marijuana. De son côté, John Kirby, porte-parole du Département d’Etat américain, a déclaré que Washington respecte la décision de la Cour suprême mexicaine tout en soulignant l’importance de la coopération entre le Mexique et les Etats-Unis dans la lutte contre le narcotrafic.À Mexico, où la loi locale autorise la possession de cinq grammes de marijuana, le maire, Miguel Angel Mancera, milite pour une légalisation de la consommation du cannabis à des fins thérapeutiques. Selon Parametria, cette proposition est soutenue par 80 % des Mexicains.Frédéric Saliba (Mexico, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.11.2015 à 04h54 Les importations chinoises ont reculé en octobre de 16 % sur un an, à 833,14 milliards de yuans, selon des données officielles publiées dimanche 8 novembre qui confirment le ralentissement de la demande au sein de la deuxième économie mondiale.Comme c’est le cas depuis juillet, les exportations ont chuté elles de 3,6 % au mois d’octobre, à 1 230 milliards de yuans dans un contexte de morosité de la demande internationale, ont annoncé les douanes chinoises. La balance commerciale s’est appréciée de 40,2 %, à 393,22 milliards de yuans.Lire aussi :Quand la Chine ralentit 08.11.2015 à 00h20 Neuf victimes de l’incendie dans une discothèque de Bucarest ont succombé à leurs blessures, portant le bilan de cet accident, samedi 7 novembre, à 41 morts. Malgré la chute mercredi du gouvernement du social-démocrate Victor Ponta, des milliers de Roumains ont de nouveau manifesté contre leur classe politique jugée corrompue et jugée responsable de la tragédie.Une centaine de personnes, surtout des jeunes, sont toujours hospitalisées, huit jours après le drame, dont une quarantaine se trouvent dans un état « grave et critique ». Des transferts sont en cours vers des hôpitaux de Belgique, d’Autriche, des Pays-Bas.L’incendie s’était déclaré lors d’un show pyrotechnique au cours d’un concert de hard rock. Les premiers éléments de l’enquête ont montré de nombreux manquements aux règles de sécurité, notamment une seule porte ouverte, pas de sorties de secours et des matériaux inflammables utilisés pour l’isolation acoustique. Les trois patrons de la boîte de nuit Colectiv, accusés d’homicide involontaire et en détention provisoire depuis mardi, n’avaient en outre pas les autorisations requises pour accueillir des concerts, et encore moins des spectacles pyrotechniques.« Le Parlement doit démissionner »Cristian Popescu Piedone, le maire du 4e arrondissement de Bucarest où était située la discothèque, a lui aussi été arrêté et placé en détention provisoire pour trente jours samedi soir pour abus de fonction. L’accident a provoqué un mouvement de protestation sans précédent dans le pays. Le premier ministre Victor Ponta, sous pression depuis des mois en raison de ses déboires avec la justice, a démissionné mercredi.Lire aussi :En Roumanie, Victor Ponta chassé par la rueSamedi, environ 3 000 Roumains selon les autorités, surtout des jeunes, sont descendus dans les rues de Bucarest pour le cinquième soir d’affilée afin d’exiger un changement profond de la société roumaine. « Roumanie, réveille-toi ! », « Colectiv ! », ont scandé les manifestants réunis sur la place de l’université, haut lieu de la révolution populaire contre le régime du dictateur Nicolae Ceausescu en 1989. Des centaines d’autres ont manifesté dans d’autres grandes villes du pays, notamment Cluj, Sibiu (nord) et Timisoara (ouest).Ils étaient toutefois nettement moins nombreux que la veille, quand quelque 15 000 personnes au total avaient manifesté dans le pays. « Nous souhaitons un gouvernement de technocrates et le changement de toute la classe politique, de tout le système » a déclaré à l’AFP Petru Acon, représentant de l’Union nationale des étudiants. « Le Parlement doit démissionner, le gouvernement l’a déjà fait. Mais on ne veut pas d’élections anticipées avec ces mêmes partis et avec ce même système », a ajouté Mircea Radea, historien rencontré samedi soir lors de la manifestation à Bucarest.Le chef de l’Etat conservateur Klaus Iohannis a entamé jeudi des discussions avec les différents partis parlementaires, mais aussi – chose inédite dans le pays – avec des représentants de la société civile et des manifestants, pour trouver un nouvel exécutif. Les consultations doivent reprendre en début de semaine prochaine. Nicolas Truong Ce sont les vigies ou des mouchards de la démocratie, les sauveteurs ou les dénonciateurs de nos sociétés numérisées. Edward Snowden, Julien Assange ou Irène Frachon : ces noms figurent désormais au panthéon de la citoyenneté numérique, au firmament de la désobéissance civique.Exilé à Moscou, le premier est un ancien employé de la CIA qui a rendu publique une partie du programme de surveillance de masse de la NSA, l’Agence nationale de la sécurité américaine dont il était l’un des consultants. Réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres, le deuxième est le fondateur de WikiLeaks, site de divulgation d’informations secrètes, célèbre pour avoir rendu publics des câbles confidentiels de la diplomatie américaine. Pneumologue au CHU de Brest, la troisième a contribué à mettre au jour le scandale du Mediator, ce médicament commercialisé par les laboratoires Servier, parfois utilisé comme un coupe-faim, et qui aurait provoqué la mort d’au moins 500 malades.Tyrannie de transparencePour leurs partisans, ces lanceurs d’alerte auraient même métamorphosé les luttes pour l’émancipation du côté de l’individualité et de l’anonymat (L’Art de la révolte, Geoffroy de Lagasnerie, Fayard, 220 pages, 17 euros).Pour les autres, ils seraient propagandistes « soft » de la tyrannie de transparence généralisée. Mais comment distinguer le bon grain de l’ivraie, le sauveur du délateur ? Et puis, le combat des lanceurs d’alerte a-t-il été efficace ?Car un an après Luxleaks, la révélation d’accords secrets passés par plus de trois cents multinationales basées au Luxembourg afin d’échapper à l’impôt et ses faibles retombées, la question mérite d’être posée. D’où l’envie de renouveler un dialogue commencé il y a un an lors des 17es Rendez-vous de l’Histoire de Blois entre l’avocat William Bourdon et l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine, que Le Monde a organisé.Crise de la représentation politiqueEt les oppositions ne manquent pas. Pour William Bourdon, les lanceurs sont les Antigone de notre temps car « ils choisissent de faire prévaloir leur conscience sur le devoir d’obéissance », alors qu’Hubert Védrine refuse de comparer ces figures contemporaines aux héros du XXe siècle, tels De Gaulle ou Mandela.Pour l’avocat, le secret des sources fait du journaliste « un lanceur d’alerte institutionnel » alors que l’ancien diplomate avait considéré les médias qui avaient collaboré avec WikiLeaks en 2010 comme « complices de recel ». Ainsi c’est à « l’injonction d’une transparence immédiateté, totale et absolue » que le président de l’Institut François-Mitterrand entend résister lorsqu’il défend le maintien de « certains secrets », alors que le président de l’association Sherpa, s’il reconnaît « une part incompressible de secrets d’Etat », exige une autorité indépendante qui accueillerait les lanceurs d’alerte les plus menacés. Des rapprochements s’opèrent également.Ainsi les lanceurs d’alerte apparaissent-ils à tous deux comme le symptôme d’une crise de la représentation politique. Ainsi faut-il rompre avec le romantisme d’une figure qui peut apparaître aussi bien au camp de l’émancipation qu’à celui de la réaction. Un dialogue destiné donc à mesurer la portée de nos modernes vigies.A lire sur le sujet:- A quoi servent les lanceurs d’alerte, entretien avec William Bourdon et Hubert Védrine (propos recueilllis par Nicolas Truong).Nicolas TruongResponsable des pages Idées-DébatsSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.11.2015 à 21h06 • Mis à jour le08.11.2015 à 11h36 L’ancien président d’Israël Yitzhak Navon est mort à l’âge de 94 ans dans sa maison de Jérusalem, a annoncé sa famille samedi 7 novembre, dans un communiqué.Cinquième président de l’Etat hébreu (1978-1993), Navon, homme d’Etat, diplomate et écrivain est né en 1921 à Jérusalem. Issu d’une famille séfarade – avec un père exilé d’Espagne et arrivé à Jérusalem à partir de la Turquie et une mère originaire du Maroc –, Navon a assumé plusieurs postes diplomatiques après la création d’Israël en 1948.Il a dirigé le département de culture au sein du ministère de l’éducation de 1968 à 1978 puis a été élu au Parlement (Knesset) sur la liste du parti travailliste.Le président israélien Reuven Rivlin a rendu hommage à Navon, le qualifiant d’« homme noble venu du peuple et que le peuple a aimé et apprécié ». Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a, lui, exprimé son « vif chagrin », se disant « impressionné par la profondeur de son éducation et par son ouverture aux gens ». 07.11.2015 à 17h28 La grève du personnel de cabine de la Lufthansa s’est poursuivie samedi 7 novembre dans les aéroports de Francfort et Düsseldorf, avec 520 vols courts et moyen-courriers annulés et environ 58 000 passagers affectés, selon la compagnie aérienne allemande. Les vols longue distance ont été maintenus, à l’exception d’une liaison Düsseldorf-Newark (New Jersey).Environ 1 600 chambres d’hôtel ont été réservées par le groupe pour la nuit de vendredi à samedi, principalement à Francfort, afin d’héberger ses passagers en déroute, tandis qu’une cinquantaine de voyageurs ont dû passer la nuit en zone de transit, faute de visa les autorisant à entrer sur le territoire allemand, a précisé une porte-parole de la compagnie. Les aéroports de Francfort et Düsseldorf, respectivement numéro un et numéro trois en Allemagne, sont touchés par une grève d’une durée de 17 heures, de 6 heures à 23 heures.Il s’agit du deuxième jour d’une grève prévue pour durer jusqu’au 13 novembre – avec des pauses –, puisque le syndicat du personnel de cabine UFO a annoncé sa suspension dimanche, « la plupart des voyages ayant un caractère privé ce jour-là ».Les négociations entre le transporteur aérien et les délégués du personnel navigant, entamées en décembre 2013, portent sur des questions de salaire, mais aussi sur la protection contre les licenciements ou encore les retraites et les départs en préretraites, définis par conventions collectives. Allan Kaval (Diyarbakir (Turquie), envoyé spécial) Dans le quartier de Sur, le centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes en longeant dimanche 1er novembre les parois par endroit criblées de balles de leurs maisons et de leurs commerces.Témoignages de la violence des combats qui ont opposé ici les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de police, du 10 au 12 octobre, les impacts de balles voisinent avec des graffitis à la gloire de la guérilla kurde et d’autres, moins fréquents, laissés par les forces de police lors des affrontements. L’un d’entre eux écrit à la peinture noire sur toute la longueur d’une maison abandonnée par ses habitants après les combats prévient la population de ce quartier populaire largement acquis au mouvement kurde : « Nous vous ferons sentir la force turque, le pouvoir de Dieu est infini. » Lire aussi le factuel :Législatives en Turquie : vers une majorité absolue pour Erdogan ?« Je n’attends plus rien »L’atmosphère est lourde autour de l’école primaire Yavuz Sultan Selim, où les habitants du quartier sont appelés à voter. Elham Cosanak, étudiant à l’université de Diyarbakir et habitant de Sur, ne fonde plus beaucoup d’espoir dans les élections législatives anticipées qui se tiennent aujourd’hui dans toute la Turquie : « Ces nouvelles élections n’ont pas de sens pour moi, je n’attends plus rien de la démocratie turque. » Après les élections législatives du 7 juin, le Parti de la justice et du développement (AKP), formation islamiste et conservatrice au pouvoir depuis 2002, n’est pas parvenu à recueillir les suffrages nécessaires pour gouverner seul le pays, affecté par la percée historique du Parti démocratique des peuples (HDP) dans le sud-est du pays. Franchissant avec 13,3 % des voix le barrage constitutionnel de 10 % qui conditionne l’entrée des partis politiques au Parlement turc, le HDP transformait le mouvement kurde en un acteur politique légitime tout en remettant en cause l’hégémonie de l’AKP sur les institutions du pays.Lire aussi le cadrage :Législatives turques : Erdogan peut-il espérer gouverner seul ?Dans le contexte de crise politique liée à l’échec des tentatives de formation d’une coalition gouvernementale et à l’organisation de nouvelles élections, la reprise des affrontements entre les forces de sécurité turques et le PKK ont porté la Turquie au bord du chaos, tandis que les attentats attribués à l’Etat islamique contre des manifestants d’opposition à Ankara le 10 octobre achevait de faire plonger le pays dans un climat de peur et de violence.« Tout a changé depuis le 7 juin. Nous étions remplis d’attentes, d’espérances, nous attendions la paix et la naissance d’une Turquie unie et démocratique, aujourd’hui tout cela appartient au passé », regrette Ilham.Police et intimidationAu bureau de vote de l’école Yavuz Sultan Selim, on constate une nette baisse de la participation à la mi-journée. « A cause des violences qui ont lieu, les gens ont peur de venir voter à Sur, ils craignent que le vote dégénère à nouveau », analyse Mehmet, un assesseur.Dans la cour de récréation de l’école, un véhicule blindé des forces spéciales de la police, celles-là même qui ont affronté la jeunesse du quartier et les militants armés du PKK en octobre dans les rues voisines a pris position. Six policiers armés de fusils d’assauts sont en faction, une mitrailleuse est posée sur le sol à proximité des enfants qui jouent au football en attendant leurs parents. « Je ressens de la haine quand je vois ces hommes dans notre école. Ils nous tuent et ils viennent ici pour empêcher les gens de voter », déplore Emine, une mère de famille du quartier. Ces policiers lourdement armés ont tenté d’empêcher le photographe du Monde de prendre des clichés en lui faisant savoir que le quartier de Sur était une « zone terroriste ». Pour Feleknaz Ucan, ancienne membre turco-allemande du Parlement européen, aujourd’hui députée HDP, la présence des forces spéciales dans l’enceinte des écoles de ce quartier sensible en ce dimanche d’élection est une grave atteinte au bon déroulement du scrutin : « Il ne peut pas y avoir de vote démocratique quand des hommes armés sont présents près des bureaux de vote. C’est une mesure d’intimidation de la part du pouvoir. » Si certains électeurs s’en accommodent pour des « raisons de sécurité », leur déploiement dans les rues de Sur ajoute à la polarisation qui caractérise le scrutin et à un climat de tension palpable dans d’autres quartiers populaires de la ville.« Sous pression »Depuis le siège du parti où une dizaine de policiers ont pris leurs quartiers dans la salle de réunion, le directeur du centre de coordination électorale de l’AKP, Mehmet Ihsan Aytekin, dénonce quant à lui les pressions que subissent les volontaires affiliés à l’AKP présents dans les bureaux de vote, forcés de fermer les yeux devant les irrégularités, qu’il accuse les assesseurs appartenant au HDP de commettre pour gonfler le score de leurs partis : « Nous voulons participer à cette élection démocratiquement mais en face de nous se trouvent une organisation terroriste qui nous empêche de travailler normalement. » Dans l’école Turgut Özal du quartier de Sehitlik, un assesseur dépêché par l’AKP, visiblement apeuré, a cependant pu confirmer au Monde les pressions qui s’exerçaient sur lui avant de mettre fin à notre entretien, des membres du HDP nous invitant à quitter les lieux. data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="Dans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Dans le bureau de vote de l’école Yavuz Sultan Selim, on constate une nette baisse de la participation à la mi-journée. « A cause des violences qui ont lieu, les gens ont peur de venir voter à Sur, ils craignent que le vote dégénère à nouveau », analyse Mehmet, un assesseur." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les forces spéciales de police lourdement armées dans un des lycées qui accueillent les bureau de vote : « Pas de photos ici, c'est une zone terroriste. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Pour Feleknaz Ucan, ancienne membre turco-allemande du Parlement européen, aujourd’hui députée HDP, la présence des forces spéciales dans l’enceinte des écoles de ce quartier sensible en ce dimanche d’élection est un grave atteinte au bon déroulement du scrutin." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Portraits de Mustapha Kemal, dit « Ataturk », fondateur de la Turquie moderne et républicaine (1881-1938)." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les électeurs se rendent aux urnes en longeant les parois par endroit criblées de balles des maisons et des commerces." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les impacts de balles témoignent de la violence des combats qui ont opposés ici du 10 au 12 octobre les militants urbains du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de police." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Au QG de l'AKP, le Parti de la justice et du développement, la formation islamo-conservatrice du président Recep Tayyip Erdogan Erdogan" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Seul au pouvoir depuis treize ans, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, espère prendre sa revanche sur le scrutin du 7 juin – ici au quartier général de l'AKP." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Après quarante-cinq jours de pourparlers avec les autres partis présents au Parlement, le premier ministre turc, Ahmet Davoutoglu (ici son portrait au QG de l'AKP), avait échoué à former une coalition après les élections de juin. Un nouveau scrutin législatif a donc été convoqué pour le 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Idris Baluken (ici au QG de l'AKP), candidat du HDP à Diyarbakir en appelle au pouvoir en place à Ankara : « L’AKP doit respecter la volonté du peuple, sinon les violences vont reprendre et nous courons le risque d’une guerre. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" Précedent1/13SuivantDans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre.©Emilien Urbano / ©Emilien Urbano/MYOP› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']);Dans un quartier plus cossu de la ville nouvelle — où la participation à la mi-journée était jugée équivalente à celle du dernier scrutin par les membres du bureau de vote établi dans l’école de Yenisehir et l’atmosphère moins tendue qu’ailleurs — les craintes devant l’avenir incertain qui s’ouvre pour la Turquie sont les mêmes. « Nous sommes sous pression. La dernière élection s’est très bien passée. J’ai toujours l’espoir que la paix arrive enfin en Turquie mais je ne fais pas confiance à ce gouvernement, j’ai peur de ce qui pourrait se passer après les élections, » explique Hamdiye Aktas, comptable à Diyarbakir. Au même moment au-dessus de la ville, le vacarme de deux avions de chasse au décollage depuis la base aérienne militaire de Diyarbakir se fait entendre.Egalement venu voter à Yenisehr, Idris Baluken, candidat du HDP à Diyarbakir en appelle au pouvoir en place à Ankara : « L’AKP doit respecter la volonté du peuple, sinon les violences vont reprendre et nous courons le risque d’une guerre. Je souhaite que nous recueillions encore plus de vote aujourd’hui que lors de la dernière élection. Nous allons faire comprendre à ce gouvernement que la logique de guerre n’est pas possible et c’est à nous [l’opposition] que reviendra la tâche de construire un gouvernement démocratique en Turquie. »Lire aussi le portrait :Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip Erdogan, ou la dérive autoritaire du président turcFirhat, étudiant venu voter à l’école de Yenisehir est pessimiste : « J’ai peur qu’une grande guerre éclate dans les villes de Turquie car ce gouvernement peut tout faire pour se maintenir au pouvoir. Je pense déjà à émigrer vers l’Europe si c’est le cas. » Tandis que l’après-midi avance, dans l’attente des résultats qui seront officiellement déclarés à 21 heures, Diyarbakir avance vers l’inconnu dans un concert de klaxons et de slogans émaillé de rares tirs d’armes automatiques.Résultat en baisse pour le HDP dans un bureau de vote de Baglar, bastion du mouvement kurde à #Diyarbakir #Turquie— allankaval (@Allan Kaval)require(["twitter/widgets"]);Allan Kaval (Diyarbakir (Turquie), envoyé spécial)Journaliste au Monde Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) La paix, la tolérance, la démocratie. Des dizaines de milliers de personnes se sont réunies samedi 31 octobre sur la place Rabin, à Tel Aviv, pour célébrer ces grands principes. Ceux-ci ne fondent pas un programme politique mais rappellent les bases d’une décence commune, alors qu’Israël est frappé par une nouvelle vague de violences, depuis début octobre, éloignant encore plus un règlement négocié du conflit avec les Palestiniens. La soirée était dédiée à la mémoire de l’ancien premier ministre travailliste Yitzhak Rabin, assassiné il y a 20 ans par un extrémiste juif en ce même endroit. Le contraste était saisissant entre la foule adolescente, composée notamment des membres de nombreuses organisations de jeunesse, et les intervenants à la tribune. Aux uns l’insouciance, les rires et les smartphones en surchauffe. Aux autres, la gravité des jours privés de lumière.L’invité vedette de la soirée était l’ancien président américain Bill Clinton. Rendant une nouvelle fois hommage à son « ami » Rabin, il a semblé, en creux et de façon polie, adresser des messages au premier ministre actuel, Benyamin Nétanyahou. « Rabin pensait qu’il devenait plus humain en reconnaissant l’humanité des autres », a souligné Bill Clinton, qui a rappelé le grand principe suivi par Rabin : « nous combattrons la terreur comme s’il n’y avait pas de négociations, et nous négocierons comme s’il n’y avait pas de terreur. » L’ancien président américain a appelé la foule à écrire « le dernier chapitre » de la quête de paix avec les Palestiniens entreprise par Yitzhak Rabin. Barack Obama a aussi été de la soirée, par le truchement d’une vidéo retransmise sur grand écran. « La paix est nécessaire si les deux parties sont prêtes à faire des compromis et à prendre des risques pour la seule solution véritable, deux Etats pour deux peuples », a dit M. Obama.Lire aussi :Vingt ans après, la droite rend un hommage sélectif à Yitzhak RabinAilet Litan, 31 ans, a fait le déplacement à Tel Aviv exprès pour l’occasion. Originaire de Kinneret, au bord du lac de Tibériade, elle travaille dans une ferme produisant des mangues. Ailet vote toujours à gauche mais elle se désespère des travaillistes, qui « font la même chose que la droite en l’appelant autrement. » La jeune femme n’idéalise pas Rabin, qu’elle n’a pas connu adulte. « Il n’a pas toujours été progressiste mais il l’est devenu, et c’est ça qu’on retient », dit-elle. Ailet Litan sait que le rassemblement de samedi ne se voulait pas partisan. Mais elle tenait à le rejoindre « parce que le niveau de racisme et de violence dans la société est devenu insupportable. » « savoir qui est juif et à quel point on est juif »Ce constat alarmiste était partagé par d’innombrables personnes présentes. Le réalisateur et journaliste Rino Tzror, maître de cérémonie aux cheveux blancs en bataille et à la voix profonde, a mis en garde contre la division de la société qui serait à l’œuvre. « Ce n’est plus une mise en garde, dit-il. Nous avons mis en garde depuis des années. C’est à présent une réalité. Vingt ans après le meurtre, nous sommes en face du plus grand des dangers pour Israël : une guerre des tribus, une guerre des camps, une guerre des secteurs, une guerre des opinions, une guerre des croyances pour savoir qui est juif et à quel point on est juif, à qui on adresse ses prières et ce en quoi on croit… chaque personne embarque dans son propre djihad. »Lire aussi :En Israël, « la population, quand il s’agit de terrorisme, penche vers le nationalisme »Le président Réouven Rivlin, bien que membre du Likoud, a été applaudi lors de sa prestation, effectuée derrière une vitre blindée comme les autres intervenants. Il a été récemment visé par des menaces postées sur Facebook par le frère de l’assassin de Rabin, Hagaï Amir, libéré en 2012 après plus de 16 ans de prison pour sa participation au crime. Ce dernier, qui souhaitait que Dieu fasse « disparaître de la surface de la terre » le président Rivlin, a été arrêté le 27 octobre.Défenseur ardent de la tolérance et des droits des minorités, tout en étant opposé à la création d’un Etat palestinien, le chef de l’Etat a parlé à la tribune des ravages de la peur dans la société. « Deux décennies sont passées, et nous restons concentrés sur les blessures du passé, et pas assez sur la construction du futur… Nous sommes trop focalisés sur la peur, et pas assez sur l’espoir. La démocratie israélienne est assez solide, et nous sommes assez courageux et forts, pour ouvrir en grand les portes d’Israël, pour que tous les groupes parmi nous puissent jouer un rôle égal dans la définition du caractère et de l’avenir de l’Etat d’Israël. » Le président Rivlin semblait ainsi appeler au respect des droits de la minorité arabe, qui compose près de 20 % de la population israélienne.Lire aussi :Israël : vingt ans après l’assassinat de Rabin, l’impossible deuilPiotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.11.2015 à 01h13 • Mis à jour le01.11.2015 à 01h18 Entre 50 000 et 60 000 Israéliens ont commémoré samedi 31 octobre au soir le 20e anniversaire de l’assassinat de l’ex-premier ministre travailliste Yitzhak Rabin, tué en 1995 par un extrémiste juif, Yigal Amir.Lire aussi :Israël : vingt ans après l’assassinat de Rabin, l’impossible deuilLors de cet anniversaire, alors que Palestiniens et Israéliens sont pris dans une nouvelle spirale de violences, Bill Clinton, présent à la commémoration, et Barack Obama ont plaidé, le second dans une allocution retransmise par vidéo, pour que les Israéliens fassent le choix de « la paix ».Les orateurs sur scène parlent derrière une vitre par balles. Le président Rivlin applaudi. Il est vs un Etat palest. Ms c'est un hommage.— piosmo (@piotr smolar)require(["twitter/widgets"]);M. Clinton avait parrainé, en 1993 à la Maison Blanche, la signature des premiers accords entre Israël représenté par Yitzhak Rabin et son ministre des affaires étrangères, Shimon Peres, et l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) dirigée à l’époque par Yasser Arafat secondé par Mahmoud Abbas, actuel président palestinien. Deux ans plus tard, l’assassin d’Yitzhak Rabin avait clairement expliqué qu’il voulait, en l’éliminant, saboter tout accord avec les Palestiniens.Lire aussi :En Israël, « la population, quand il s’agit de terrorisme, penche vers le nationalisme »Vingt ans plus tard, le processus de paix est à l’arrêt et les violences ont fait un nouveau mort samedi : un jeune Palestinien abattu pour avoir projeté d’attaquer des soldats israéliens, selon l’armée israélienne.Depuis le début du mois, ces violences – des attaques menées par des Palestiniens isolés à l’arme blanche majoritairement ou des heurts entre lanceurs de pierres palestiniens lassés de l’occupation israélienne et des soldats israéliens – ont fait 67 morts parmi les Palestiniens, dont un Arabe Israélien, et neuf parmi les Israéliens.Lire aussi :Vingt ans après, la droite rend un hommage sélectif à Yitzhak Rabin Gilles Paris (Washington, correspondant) La scène est d’autant plus brutale qu’elle se passe dans la salle de classe d’une école de la capitale de la Caroline du Sud, Columbia. Un policier blanc affecté au lycée Spring Valley, une pratique répandue aux Etats-Unis, arrache brutalement de son siège une collégienne afro-américaine et la traîne au sol. La scène capturée par les téléphones portables des autres élèves est rapidement partagée sur les réseaux sociaux. Les médias s’en emparent.Le policier incriminé, Ben Fields, qui est intervenu à la demande d’un professeur du fait du comportement de la jeune fille, est immédiatement suspendu. Vingt-quatre heures plus tard, mercredi 28 octobre, au terme d’une rapide enquête, il est renvoyé de son unité pour des méthodes jugées « inacceptables » par son supérieur hiérarchique.La peur d’être filmé ?Cet enchaînement des faits est presque devenu banal compte tenu de l’omniprésence des téléphones portables, capables de saisir la moindre image. Il commence cependant à inquiéter les plus hauts responsables américains chargés du maintien de l’ordre, qui établissent désormais un parallèle entre la multiplication des vidéos témoignant de brutalité et la résurgence de la criminalité, notamment les homicides, enregistrée depuis une dizaine de mois dans les grandes agglomérations américaines.Lors d’un discours prononcé le 23 octobre à l’école de droit de l’université de Chicago, le directeur du FBI, James Comey, a posé le problème sous forme d’une question : « Aujourd’hui, dans le monde de YouTube, les officiers de police ne sont-ils pas devenus réticents à sortir de leurs voitures et faire ce qu’il faut contre le crime ? »Pour James Comey, qui a rapporté la confidence que lui aurait faite un officier déplorant la sensibilité des élus aux vidéos devenues « virales », la réponse ne fait pas l’ombre d’un doute : « incident après incident, vidéo après vidéo », pour échapper à ce qu’ils considèrent comme des tribunaux populaires instantanés, les policiers américains auraient tendance à éviter les contacts et donc à se tenir en retrait, facilitant un regain d’activités criminelles.La Maison Blanche n’a guère tardé pour contredire le directeur du FBI et défendre un examen citoyen des pratiques policières. Le porte-parole du président Barack Obama, Josh Earnest, a estimé le 26 octobre que rien ne corroborait pour l’heure cette explication de la hausse de la criminalité.La police sait aussi danserM. Comey n’avait cependant pas parlé par hasard. Le 27 octobre, M. Obama prenait la parole devant les patrons de police américains rassemblés également à Chicago. Assurant que les actions conformes au droit des policiers devaient devenir également « virales », le président des Etats-Unis a d’ailleurs mis en avant, dans un souci d’apaisement, une histoire également capturée par une caméra dans l’Alabama, en 2014. Appelé après le vol de trois œufs dans une épicerie par une Afro-Américaine, un officier de police blanc avait pris le temps d’entendre la chapardeuse expliquer son geste : nourrir un petit-fils. Au lieu de l’interpeller, il était entré à son tour dans l’épicerie pour lui acheter une demi-douzaine d’œufs.Par chance pour M. Obama, un autre enregistrement a rapidement rivalisé avec l’incident de Caroline du sud, cette fois-ci au profit de la police. Au moment même où il prenait la parole à Chicago, une patrouille était appelée en renfort pour mettre fin à des échauffourées opposant des adolescents afro-américains près du stade de l’équipe de base-ball de la capitale fédérale, les Nationals.Les adolescents ont été invités à quitter les lieux mais une jeune fille s’est plantée dans un geste de défi devant une policière blanche en faisant jouer sur son téléphone le tube du rappeur Silento, Watch me, qui sert de base musicale à un style de danse devenu populaire en 2013, la Nae Nae.La policière aurait pu opter pour l’autorité, mais elle a choisi au contraire de prendre l’adolescence à son propre jeu en la défiant dans un concours totalement improvisé de déhanchements rythmés. Si la jeune fille gagnait, elle aurait le droit de rester. Si elle perdait, elle devrait obéir. La confrontation a duré deux minutes et les deux participantes ont été déclarées vainqueures ex aequo avant que chacun reparte dans le calme.(function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return; js = d.createElement(s); js.id = id; js.src = "//connect.facebook.net/fr_FR/sdk.js#xfbml=1&version=v2.3"; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs);}(document, 'script', 'facebook-jssdk'));So basically I was trynna get to this girl but the police told me to go home so we made this deal if i win u leave but if u win I step andddddd she step 󾰴✌🏽️Posté par Adore Liyah sur mardi 27 octobre 2015La réaction de la policière, qui a refusé par la suite d’accorder des entretiens, a été immédiatement saluée par sa supérieure hiérarchique. Puis par le président des Etats-Unis en personne sur son compte Twitter.Who knew community policing could involve the Nae Nae? Great example of police having fun while keeping us safe: https://t.co/ZGeTDm6OYw— POTUS (@President Obama)require(["twitter/widgets"]);Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.10.2015 à 17h36 • Mis à jour le31.10.2015 à 17h45 Au moins 70 personnes ont été tuées et 550 blessées vendredi dans l’attaque contre un marché de Douma, bastion rebelle à l’est de Damas, a annoncé Médecins sans Frontières (MSF) samedi 31 octobre.L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) avait la veille fait état de 59 personnes tuées, dont cinq enfants, par des tirs de roquettes et par l’aviation du régime.« C’était un bombardement extrêmement violent. Les blessures sont pires que tout ce que nous avons pu voir par le passé », a déclaré le directeur d’un hôpital voisin soutenu par MSF, cité dans par l’organisation. « Nous avons dû procéder à de nombreuses amputations (...). Nous avons fait de notre mieux, mais le nombre de personnes grièvement blessées est bien au-delà de ce à quoi nous pouvons faire face avec nos moyens limités ».Le traitement des blessés a été d’autant plus difficile que « l’hôpital de fortune le plus proche avait été bombardé la veille » jeudi, tuant quinze personnes, a ajouté MSF, d’après qui 250 des 550 blessés ont dû être opérés. « La dévastation provoquée par la frappe aérienne initiale sur le marché a été exacerbée par d’autres tirs sur les équipes de secours qui soignaient les blessés », a poursuivi l’organisation.Fief rebelleDouma est un fief rebelle situé dans la Ghouta orientale, à l’est de Damas. La ville a de nouveau été visée samedi par des raids de l’aviation du régime de Bachar Al-Assad, selon l’OSDH, qui a fait état de deux tués.L’attaque contre le marché est survenue alors que les principaux acteurs diplomatiques du dossier syrien étaient réunis à Vienne pour des pourparlers en vue d’un règlement politique du conflit qui fait rage depuis plus de quatre ans.Lire aussi :A Vienne, le sort du président Assad divise les puissancesLe même jour, 32 personnes, dont 12 enfants, ont été tuées dans des raids aériens contre la ville septentrionale d’Alep, a rapporté l’OSDH, une organisation basée à Londres mais qui dispose d’un vaste réseau de sources à travers la Syrie. Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Deux jeunes journalistes syriens, engagés dans la lutte contre l’Etat islamique (EI) ont été retrouvés décapités, vendredi 30 octobre, dans l’appartement qu’ils occupaient à Urfa, dans le sud de la Turquie.Ibrahim Abdel-Qader, âgé d’à peine 20 ans, était l’un des membres fondateurs du réseau Raqqa is Being Slaughtered Silently (« Rakka se fait massacrer en silence », RBSS), qui rassemble des informateurs secrets sur la vie à Rakka, la capitale de l’Etat islamique en Syrie. Le jeune homme collaborait aussi avec Eye on the Homeland, un autre collectif, spécialisé dans la contre-propagande anti-EI. La seconde victime, Farès Hamadi, œuvrait également pour cette organisation.Les deux militants coordonnaient depuis Urfa la mise en ligne de vidéos et de photos, prises par leurs contacts clandestins, à l’intérieur de Rakka. Ces documents exclusifs, captés à l’aide d’un téléphone portable, au prix de risques énormes, dépeignent non seulement les exactions perpétrées par les membres de l’EI, mais aussi le quotidien de la ville, fait de privation de nourriture, de pénurie d’électricité et de bombardements, très loin du « paradis panislamiste » promu par les propagandistes de l’EI. « Une cible importante pour Daech »Selon Abou Ibrahim Al-Raqqawi, le pseudonyme d’un autre membre de RBSS, les deux activistes ont d’abord été tués par balle avant d’être égorgés. Si aucune revendication formelle n’est pour l’instant apparue, les partisans de l’EI sur les réseaux sociaux se sont bruyamment félicités de leur exécution.Selon un conseiller politique de l’Armée syrienne libre, la branche modérée de l’insurrection syrienne, joint par téléphone à Urfa, la responsabilité de l’Etat islamique dans cette opération ne fait aucun doute. « Ibrahim était une cible importante pour Daech [l’acronyme arabe de l’EI], dit-il. Il avait reçu des menaces de leur part. Il avait disparu de la circulation pendant longtemps. Des rumeurs le disaient en Allemagne. Mais quand il est réapparu il y a un mois, on a compris que, pendant toute cette période, il s’était caché. »Le jeune homme a probablement été incité à sortir de la clandestinité par l’amélioration de la situation sécuritaire à Urfa. Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière syrienne, la ville a servi, de 2014 au début de l’année 2015, de lieu de transit à des recrues djihadistes et de base arrière à certains des combattants de l’EI. La présence de ces extrémistes, à peine dissimulée, entretenait un climat de tension dans la ville.« La situation à Urfa s’est améliorée après que les Kurdes, au mois de juin, ont délogé Daech de Tal Abyad, une ville sur la frontière », explique le conseiller de l’ASL, qui a requis l’anonymat. « Ces derniers temps, la ville semblait parfaitement sûre. Le fait que les tueurs de l’EI aient pu frapper à l’intérieur de la ville sans être arrêtés est extrêmement choquant. »Rakka, bientôt visé ?De nombreux Syriens, affiliés de près ou de loin à RBSS, ont payé de leur vie leur engagement anti-EI. C’est notamment le cas de Bashir Abduladhim Al-Saado et Faisal Hussain Al-Habib, deux jeunes habitants de Rakka, dont l’exécution d’une balle dans la tête, à bout portant, avait été diffusée sur Internet, au mois de juillet. Mais jusque-là l’organisation djihadiste n’avait jamais réussi à abattre l’un de ses adversaires médiatiques au-delà des frontières de la Syrie.En réaction à cette opération, l’organisation Reporters sans frontières a publié un communiqué exhortant « les autorités turques à tout mettre en œuvre pour traduire en justice les assassins (…). Ankara se doit d’assurer la sécurité des journalistes réfugiés sur son sol. »La mort de deux activistes survient alors que la probabilité d’une offensive contre Rakka s’accroît. Abou Issa, chef de la Brigade des révolutionnaires de Rakka, un groupe armé allié aux troupes kurdes des YPG, a appelé la population de la région à se préparer à une attaque contre le fief de l’EI.Le déploiement dans le nord de la Syrie de forces spéciales américaines, annoncé vendredi 30 octobre par la Maison Blanche, laisse aussi penser que cette offensive approche.Lire aussi :Les Etats-Unis envoient des forces spéciales en SyrieBenjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.10.2015 à 02h20 Vendredi 30 octobre, 22 candidats à l’exil ont encore péri en Mer Egée et 35 sont portés disparus au large de l’Espagne. Le même jour, l’Allemagne et l’Autriche ont décidé de limiter l’arrivée des migrants à cinq points de leur frontière commune pour mieux contrôler leur afflux.Cette restriction du passage à la frontière germano-autrichienne, principale porte d’entrée des réfugiés sur le territoire allemand et ultime étape du périple de la plupart des réfugiés fuyant la guerre ou la pauvreté, prend effet « immédiatement », selon une porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur à l’Agence France Presse.Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésVienne organise depuis des semaines le transport de milliers de personnes vers la Bavière le long des quelque 800 kilomètres de frontière, d’autres viennent par leurs propres moyens à travers bois, formant par endroits des files d’hommes, de femmes et d’enfants épuisés. Les autorités bavaroises ont assuré ne plus pouvoir contenir ce flux.L’Autriche accusée de conduire des migrants de nuit à la frontière« Nous souhaitons parvenir à un processus ordonné », a expliqué le ministère allemand de l’intérieur, deux jours après que Berlin eut reproché aux Autrichiens de conduire des migrants à la frontière de nuit et sans prévenir la police allemande.En milieu de semaine, Berlin avait déjà annoncé qu’il prolongerait une nouvelle fois ses « contrôles temporaires » aux frontières, mis en place depuis le 13 septembre pour freiner l’afflux des migrants. Ils pourraient être prolongés jusqu’en février. Selon des statistiques officielles, l’Allemagne a déjà recensé 577 000 demandeurs d’asile depuis le début de l’année.Le premire ministre grec Alexis Tsipras a réclamé de l’UE « une condamnation officielle des choix (de certains États membres) d’ériger des murs et des barrières et de fermer les frontières », plaidant en faveur de l’ouverture de canaux légaux vers l’Europe pour les réfugiés.Malgré l’arrivée du mauvais temps et la fermeture en cours des frontières européennes, des centaines de personnes continuent pourtant chaque jour de risquer leur vie, bravant le froid et les vents violents.56 noyés en trois jours en mer EgéeAu moins 22 migrants, dont 17 enfants, ont péri vendredi en mer Egée, portant à 56 en trois jours le nombre des personnes qui se sont noyées entre la Grèce et la Turquie, tandis que la sinistre collecte des corps de précédents naufrages se poursuivait, en particulier à Lesbos.Au large de l’île grecque de Kalymnos, les corps de 19 personnes, dont huit enfants et trois nourrissons, ont été retrouvés dans la matinée après le chavirage dans la nuit de leur bateau chargé d’environ 150 personnes. Une femme, un enfant et un bébé, se sont aussi noyées près de Rhodes, et trois personnes sont toujours recherchées.Par ailleurs, quatre enfants syriens âgés d’un à quatre ans ont été repêchés morts dans les eaux turques par les garde-côtes, qui ont sauvé 19 passagers eux aussi en route pour Lesbos, selon l’agence de presse Dogan.Alexis Tsipras s’est ému vendredi devant le Parlement de cette « tragédie humanitaire », qui est une « honte » pour l’Europe.Lire aussi :En deux jours, 27 migrants sont morts en mer entre la Turquie et la GrèceUn autre drame au large des côtes du sud de l’Espagne s’est déroulé jeudi, dont le bilan pourrait s’élever à 39 morts. Tandis que quinze personnes ont été secourues et quatre hommes retrouvés sans vie, les secours en mer ont abandonné vendredi soir les recherches pour retrouver 35 migrants se trouvant sur l’embarcation qui ont disparu en mer.Plans européens de répartition à la traîneDe son côté, l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a annoncé vendredi avoir mis à jour « son plan pour répondre au flux des migrants en Méditerranée » prévoyant un budget de « 780 millions de dollars » (708 millions d’euros) d’ici à décembre 2016.Depuis le début de l’année, le nombre des arrivées par la mer en Grèce a atteint 580 125 selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR), sur un total de 723 221 personnes parvenues en Europe par la Méditerranée. En Italie, elles étaient 140 200. Plus de la moitié sont des Syriens (53%), 18% des Afghans et 6% des Irakiens, selon le HCR.Alors que les plans européens de répartition de la prise en charge sont censés porter sur deux ans sur 160 000 réfugiés, seuls une centaine de ces migrants ont jusque-là été envoyés d’Italie dans le reste de l’UE, a précisé Adrian Edwards, un porte-parole du HCR. 30.10.2015 à 22h00 Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé, vendredi 30 octobre au soir, à l’issue de discussions avec les dirigeants des principaux partis, qu’ils étaient parvenus à un accord de principe pour défendre ensemble « l’unité » de l’Espagne face à la fièvre indépendantiste en Catalogne.Lire notre décryptage :Pourquoi la Catalogne veut-elle son indépendance ?« Nous sommes tous d’accord, la majorité (des partis), sur l’essentiel », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Madrid, assurant que tous défendaient « l’unité de l’Espagne, la souveraineté nationale, l’égalité en termes de droits et de devoirs de tous les Espagnols, le respect des lois ».Rajoy veut reprendre la mainLe conservateur Mariano Rajoy multiplie les réunions pour sortir de l’impasse en Catalogne et reprendre la main, alors qu’il est accusé d’immobilisme face aux indépendantistes, décidés à lancer le processus de séparation dès le mois de novembre au Parlement régional.Vendredi, Mariano Rajoy s’est entretenu avec Albert Rivera, le chef de Ciudadanos, un parti libéral né en Catalogne justement pour défendre le maintien de la région en Espagne. Il a aussi reçu à la Moncloa, siège de la présidence du gouvernement, Pablo Iglesias, sa première réunion avec le chef de Podemos (gauche radicale) depuis la création du parti, en janvier 2014. Il avait aussi, mercredi, rencontré le leader socialiste Pedro Sanchez.« Débats stériles »M. Rivera a dit lui avoir soumis une proposition de « pacte », tandis que M. Iglesias s’est prononcé contre « les fronts antisécession », auxquels il préfère le « dialogue ». « Nous avons tous compris la gravité du défi et je remercie mes interlocuteurs pour leur bonne disposition » en la matière a déclaré M. Rajoy, précisant qu’il avait demandé aux principales formations en compétition pour les législatives du 20 décembre d’éviter des « débats stériles » sur ces sujets.Les indépendantistes catalans, majoritaires au Parlement régional depuis les élections du 27 septembre, mais n’ayant que 48 % des suffrages, veulent une séparation d’avec l’Espagne dès 2017. 05.11.2015 à 14h14 • Mis à jour le05.11.2015 à 16h19 Pour la première fois depuis la désignation du mollah Mansour à la tête des talibans afghans, une faction dissidente s’est formellement choisi un chef, le mollah Rassoul, fragilisant l’éventuelle reprise de pourparlers de paix.Le choix du mollah Mohammed Rassoul, gouverneur de la province de Nimroz sous le régime taliban (1996-2001) et proche du mollah Omar, a été acté lors d’une cérémonie organisée dans le district rural de Bakwa, dans la province instable de Farah, dans le sud-ouest de l’Afghanistan.Le mollah Rassoul, qui aurait entre 45 et 50 ans, entend bénéficier de la grogne de certains cadres du mouvement taliban qui se sont indignés de la nomination, trop précipitée à leur goût, du mollah Akhtar Mansour comme successeur du mollah Omar cet été après l’annonce de la mort de ce dernier.Influence difficile à estimerIl reste cependant encore difficile d’évaluer le poids actuel du mollah Rassoul et de ses partisans dans la mouvance talibane. « Le mollah Mansour n’est pas l’“émir des croyants” [titre porté par le mollah Omar]. C’est l’émir des gloutons, l’émir de ceux qui bradent l’islam et le pays pour une poignée de dollars », s’est exclamé en pachtou le mollah Rassoul lors de cette cérémonie filmée par un journaliste de l’AFP mardi 3 novembre. « Nous ne l’acceptons pas [comme chef] et il n’est pas notre émir », a-t-il poursuivi lors d’une harangue lancée à plusieurs dizaines de combattants. La nomination du mollah Rassoul « complique la tâche du gouvernement afghan » pour l’avenir des négociations de paix avec les talibans, car il pourrait attirer « des partisans d’une ligne dure », estime Wahid Mujhda, analyste et ancien cadre du régime taliban.Un premier cycle de pourparlers de paix directs entre les talibans et le gouvernement de Kaboul s’est tenu en juillet au Pakistan, sans toutefois déboucher sur une quelconque annonce. Un deuxième cycle a été reporté sine die après l’annonce de la mort du mollah Omar. 05.11.2015 à 10h43 « L’ignorance coûte plus cher que l’éducation » ou « Le désespoir est la nouvelle norme », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les quelques milliers d’étudiants qui ont manifesté, mercredi 4 novembre à Londres, pour réclamer la gratuité des études et un recul du gouvernement sur son projet de transformer les bourses universitaires en prêts.Le défilé, parti de l’University of London, a dégénéré en fin de parcours. Il y eu de violents affrontements devant le ministère de l’intérieur, contre lequel un petit groupe a lancé de la peinture. Certains manifestants ont aussi essayé de pénétrer dans le ministère des entreprises, de l’innovation et des compétences (BIS), lançant des œufs et des bombes fumigènes sur les forces de l’ordre, selon un communiqué de la police. Plusieurs arrestations ont eu lieu. « L’éducation n’est pas une marchandise »La manifestation a reçu le soutien de John McDonnell, chargé des questions économiques au Labour, le principal parti d’opposition au gouvernement, dirigé par le conservateur David Cameron. «  Votre génération a été trahie par ce gouvernement qui a augmenté les frais de scolarité » , a-t-il déclaré, ajoutant :  « Vous devez vous y opposer et je suis ici par solidarité. L’éducation est un don d’une génération à une autre, et pas une marchandise qu’on achète et qu’on vend », a-t-il également dit, déclenchant des applaudissements dans les rangs étudiants.Les droits universitaires ont triplé (passant de 3 000 à 9 000 livres pour chaque année de la licence) quelques mois après l’arrivée au pouvoir, en 2010, de David Cameron, réélu en mai pour un deuxième mandat. Dans le cadre de sa politique de réduction du déficit, l’exécutif a annoncé qu’à compter de la rentrée 2016, les bourses, jugées « trop coûteuses », seront remplacées par des prêts.Cette mesure « va cribler de dettes les millions d’étudiants les plus pauvres », a déclaré Callum Cant, un responsable du Mouvement national contre les frais de scolarité et les coupes budgétaires, à l’origine de la manifestation.Déjà en mars, des centaines d’étudiants avaient manifesté devant la London School of Economics (LSE), dans la City, pour réclamer la gratuité des études. Philippe Ridet (Rome, correspondant) « Le monde du milieu », cette zone grise où se mêlaient les intérêts de responsables politiques, de fonctionnaires municipaux, d’entrepreneurs et de criminels, remonte à la lumière. Jeudi 5 novembre, s’ouvre devant le tribunal de Rome le procès de 46 personnes impliquées dans l’affaire « Mafia capitale », soupçonnées d’avoir truqué les marchés publics de la ville dans le domaine du ramassage des ordures, de l’entretien des espaces verts ou encore de l’accueil des migrants, et d’avoir infiltré l’administration de la mairie pour parvenir à leurs fins.Puis, magistrats et prévenus rejoindront la prison de Rebibbia où les attend déjà une salle d’audience sécurisée à la mesure de ce procès exceptionnel, qui se déroulera jusqu’au mois de juillet. Toutefois, les cerveaux de l’affaire, Massimo Carminati, dit « le noir » en raison de son passé militant dans un groupuscule fasciste au cours des années 1970 et 1980, et Salvatore Buzzi, dit « le rouge », à cause de son activité dans les coopératives sociales de réinsertion au service de Rome, seront physiquement absents. Le premier est placé en isolement à Parme ; le second à Nuoro, en Sardaigne. Ils témoigneront par vidéo.Lire aussi :Mafia Capitale, saison II, dans la Ville éternellePoing américain et gant de velours« Carminati-Buzzi » : presque une raison sociale. Carminati – également affilié au grand banditisme au sein de « la bande de la Magliana » (un quartier de Rome) – se chargeait de convaincre les récalcitrants qu’il convoquait à son QG, une station-service dans un quartier tranquille de la Ville éternelle, pour les faire tabasser par ses sbires. Buzzi, qui, après un séjour en prison pour meurtre, était devenu une icône de la réinsertion réussie, entreprenait les politiques de tous bords et les fonctionnaires qu’il avait su persuader de la sincérité de sa rédemption. L’alliance du poing américain et du gant de velours connaîtra son apogée lors du mandat de Gianni Alemanno, maire de la ville de 2008 à 2013, venu lui aussi de l’extrême droite.La première tâche des juges sera de déterminer si le système mis en place par le duo relève d’une organisation de type mafieux, alliant infiltration, contrôle du territoire et violence, ou s’il s’apparente à une entreprise criminelle classique. Les magistrats instructeurs ont considéré qu’il s’agit bel et bien « d’une mafia originale et autochtone ». Les juges devront ensuite tenter d’établir l’étendue des dégâts. Une seconde vague d’arrestations, en juin, a conduit 44 autres suspects sous les verrous ou en résidence surveillée. Ils disposent aussi d’une liste de 101 personnes, actuellement libres, ayant eu des contacts avec Carminati et Buzzi.Mais derrière ce procès, c’est la réputation de la capitale de la quatrième puissance économique européenne qui est en jeu. L’impact du scandale a été tel qu’il semble avoir emporté avec lui une part de l’identité de la ville jusqu’alors liée à la « dolce vita ». En témoigne le succès du film Suburra, de Stefano Sollima, sorti sur les écrans italiens il y a quelques jours. Il met en scène la collusion entre des petits malfrats, des Roms enrichis et un ancien activiste d’extrême droite, pour faire main basse sur le Lido d’Ostie afin de le transformer en Las Vegas méditerranéen, le tout sur fond de démission de Benoît XVI. Les Romains semblent acquiescer à cette vision glauque et outrée de leur ville présentée comme la Palerme ou la Naples des films de Francesco Rosi, il y a quarante ans.Un préfet de Milan à Rome« Mafia capitale » a également ébranlé tous les pouvoirs, y compris celui d’Ignazio Marino, le successeur de M. Alemanno, qui n’y était pour rien. Réputé honnête mais sans autorité sur son administration, ce chirurgien de gauche a finalement été lâché par le premier ministre Matteo Renzi. Le Vatican, quand il pouvait encore passer pour un exemple de vertu, a aussi pris part à la curée. De l’autre côté du Tibre, on daubait l’élu « incapable » et on s’inquiétait des retards dans la préparation du jubilé de l’Année sainte qui, dès le 8 décembre, devrait attirer des millions de pèlerins supplémentaires. Un véritable « crash test » pour une ville au bord de l’asphyxie.M. Marino a fini par donner sa démission et a été remplacé, dimanche, par un préfet venu de Milan, Francesco Tronca. Il gérera les affaires courantes jusqu’à de nouvelles élections, au printemps 2016. Milan ? La cité rivale, promue au rang de modèle civique depuis le succès de l’Expo 2015, après avoir été le symbole de la corruption il y a vingt ans ? Les Romains s’étranglent de rage. C’est aussi l’un des enjeux de ce procès : leur rendre leur fierté et restaurer l’image ruinée de Rome.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.11.2015 à 03h44 • Mis à jour le05.11.2015 à 08h35 Après Bruno Odos, interrogé mardi par les juges d’instruction marseillais, c’était au tour du deuxième pilote mis en cause dans l’affaire dite « Air cocaïne » de faire face à la justice française. Mercredi 4 novembre, Pascal Fauret a dû répondre aux questions des juges sur son implication dans ce scandale de trafic international de drogue et sa fuite de République dominicaine.Le pilote a été placé jeudi en détention provisoire par les juges d’instruction chargés du dossier à Marseille après une quinzaine d’heures d’interrogatoire. Pascal Fauret a donc rejoint son collègue Bruno Odos, incarcéré mardi, à la prison des Baumettes à Marseille. En sortant de la comparution, l’avocat du pilote, Me Jean Reinhart, a déploré que les explications et les réponses « limpides » de son client n’aient pas infléchi la décision des juges, évoquant « une décision inique » et un appel prochain.Lire aussi :« Air cocaïne » : où en est l’enquête ouverte en France ?Premières audiences en FranceIl s’agissait des premières auditions des pilotes par les juges d’instruction Christine Saunier-Ruellan, Guillaume Cotelle et Christophe Perruaux, depuis que les deux hommes ont fui la République dominicaine, où ils avaient été condamnés à vingt ans de prison. Les deux pilotes avaient révélé leur fuite et leur retour en France, lundi 26 octobre. Ils avaient en réalité quitté clandestinement l’île des Caraïbes depuis une semaine environ dans des circonstances qui restent encore floues.La justice les soupçonne, ainsi que deux autres Français, Nicolas Pisapia et Alain Castany, condamnés comme eux en République dominicaine, où ils se trouvent toujours, d’avoir importé de la cocaïne en France dans les valises chargées dans un jet privé. Les deux pilotes, arrêtés en mars 2013 en République dominicaine, se trouvaient en effet aux commandes d’un avion où étaient entassées des valises contenant 680 kg de cocaïne. Les deux hommes sont visés depuis leur fuite par un mandat d’arrêt international, mais Paris a écarté l’hypothèse d’une extradition.Lire aussi :Le point sur l’affaire « Air cocaïne » en cinq questionsLe FN prend ses distancesOutre les faits de trafic, l’affaire a pris une tournure politique depuis la révélation d’une demande de géolocalisation concernant Nicolas Sarkozy, qui s’en est ému mardi. Le nom de l’ancien président de la République était en effet apparu dans l’enquête car il avait utilisé entre décembre 2012 et février 2013 la société aérienne mise en cause dans l’affaire, Société nouvelle trans hélicoptère service (SNTHS), pour plusieurs vols privés.Finalement, cette partie de l’affaire, sans lien avec le trafic de stupéfiants, a été confiée à des juges financiers à Paris qui enquêtent sur un possible abus de bien social au préjudice de Lov Group, la société de l’ami de Nicolas Sarkozy Stéphane Courbit, société à laquelle les vols ont été facturés.Lire aussi :« Air cocaïne » : Sarkozy dénonce la géolocalisation de son téléphone par la justiceQuant au Front national, il a pris mercredi ses distances avec cette affaire, alors que deux membres du parti d’extrême droite, le député européen Aymeric Chauprade et son assistant parlementaire, ont participé à la fuite des deux pilotes. « Le Front national n’est rien allé faire dans cette galère du tout. Ce sont des personnes, des individus. M. Chauprade l’a fait dans sa vie privée. Il est responsable de ses actes », a assuré sur France Info Florian Philippot, l’un des vice-présidents du FN. Gilles Paris (Washington, correspondant) Le président Barack Obama décidera du sort de l’oléoduc Keystone XL avant son départ de la Maison Blanche, le 20 janvier 2017. En indiquant mercredi 4 novembre qu’il avait rejeté la demande de pause dans le processus de validation adressée lundi par la compagnie TransCanada, le département d’Etat a témoigné de la volonté de l’administration américaine de trancher dans les prochaines semaines, ou les prochains mois.TransCanada, qui défend le projet de nouveau raccordement des champs de sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta au golfe du Mexique, le poumon pétrochimique américain, avait pris tout le monde de court en demandant aux autorités américaines d’« interrompre l’étude de la demande de permis présidentiel » déposée en 2008. L’obtention de ce permis est indispensable compte tenu du caractère transfrontalier de l’oléoduc. M. Obama attend pour se prononcer les conclusions d’une étude du département d’Etat examinant son utilité pour les intérêts américains.Tous les candidats républicains favorables à Keystone XLKeystone XL fait l’objet depuis des années d’une sourde bataille entre les protecteurs de l’environnement, qui rappellent que l’extraction coûteuse de ce type de pétrole est extrêmement polluante, et ceux qui mettent en avant ses retombées économiques pour les États-Unis. La décision de la compagnie canadienne était sans doute tactique. Une pause de plusieurs mois visait sans doute à éviter un refus, tout en misant sur une alternance plus favorable à ses intérêts à la Maison Blanche après l’élection de 2016.En février, M. Obama, a déjà opposé son veto à un texte voté par le Congrès dominé par les républicains autorisant sa construction. Après avoir longtemps tergiversé, la favorite de la course à l’investiture démocrate, Hillary Clinton, a finalement exprimé son opposition à Keystone XL, tout comme ses rivaux Bernie Sanders et Martin O’Maley. Au contraire, tous les candidats républicains le défendent sans nuances. L’initiative surprise de TransCanada est intervenue après la défaite du premier ministre canadien sortant, le conservateur Stephen Harper, qui s’était beaucoup mobilisé en faveur du projet. Son successeur, le libéral Justin Trudeau, intronisé mercredi, a exprimé un soutien plus mesuré à Keystone XL.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.11.2015 à 20h26 Un étudiant a poignardé, mercredi 4 novembre, cinq personnes sur le campus d’une université du centre de la Californie, avant d’être abattu par la police. L’auteur de l’attaque est un étudiant, a confirmé l’université.« Toutes les victimes sont conscientes », deux ont été transportées à l’hôpital et les trois autres soignées sur le campus, a ajouté l’université. Le campus a été fermé pour la journée et tous les cours annulés.Lire aussi :Quatre graphiques pour comprendre l’ampleur des tueries de masse aux Etats-Unis 04.11.2015 à 17h42 • Mis à jour le04.11.2015 à 18h08 Un Palestinien de 22 ans a été abattu par les forces israéliennes, mercredi 4 novembre, après une attaque à la voiture bélier, au nord de Hébron, en Cisjordanie. Deux gardes-frontières ont été blessés. L’un d’eux est très gravement blessé, un deuxième légèrement, selon la police israélienne.L’attaque s’est produite à Halhul sur un important axe routier qui traverse la Cisjordanie du nord au sud, dans un secteur secoué récemment par de nombreux actes de violences.Lire aussi :Internet, l’autre champ de bataille israélo-palestinien79 morts depuis le 1er octobreLes violences sont quotidiennes entre Israéliens et Palestiniens. Lundi, un Palestinien a été tué et quatre Israéliens blessés lors de plusieurs attaques au couteau.Depuis le 1er octobre, les violences ont fait 70 morts parmi les Palestiniens et neuf parmi les Israéliens. La moitié des Palestiniens tués l’a été en commettant ou tentant de commettre des attentats, pour la très grande majorité au couteau, contre des soldats, policiers ou civils israéliens.Les attaques ont débuté dans la vieille ville de Jérusalem, où se trouve la très sensible esplanade des Mosquées. Mais depuis quelques jours, Hébron et ses environs sont le théâtre d’affrontements quotidiens entre jeunes Palestiniens et forces israéliennes, et d’attaques au couteau ou à la voiture bélier contre des soldats ou des colons israéliens.Lire aussi :En Israël, « la population, quand il s’agit de terrorisme, penche vers le nationalisme » Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le Français Pierre Moscovici, ex-ministre des finances du gouvernement Ayrault, aujourd’hui commissaire européen en charge de l’économie, explique au Monde que l’Union européenne (UE), dans son ensemble, est solidaire de la France, et est résolue à l’aider.Le président Hollande a dit lors du Congrès que la France est en guerre. N’est-ce pas exagéré ? Qu’en pensent nos partenaires européens ? L’expression du président de la République devant le Congrès français était à la hauteur de l’émotion ressentie par l’ensemble de nos concitoyens. Et malgré quelques réserves qui se sont exprimées, on a senti une forme d’union nationale naître autour du chef de l’Etat, comme c’est normal dans ces moments tragiques, ce qui n’entrave en rien la perspective de futurs débats électoraux nationaux. Je n’ai pas à commenter ses propos, ils correspondent à ce que ressentent, à ce que vivent les Français, tout simplement.Je peux ajouter que la France n’est pas seule. L’Union européenne est à ses côtés, à la fois sur ses demandes de solidarité sur le plan sécuritaire et militaire, sur le plan politique également et sur celui de l’appréciation de l’impact des mesures à prendre en matière de finances publiques. Au G20 d’Antalya (Turquie), des déclarations très fortes ont aussi été faites dans la lutte contre le terrorisme, en particulier au sujet de son financement. Ses racines doivent être combattues avec beaucoup de force.Pensez-vous que la Commission, garante du respect du pacte de stabilité et de croissance, pourrait prendre en considération les dépenses militaires et de sécurité françaises ?Il est parfaitement compréhensible que la priorité des priorités pour la France comme pour l’Europe d’ailleurs, soit la protection et la sécurité des citoyens. Le président de la République a parlé d’un pacte de sécurité, ce pacte doit être pris en compte par les Européens, l’attitude de la Commission sera compréhensive. Il faudra certes apprécier l’impact des mesures annoncées lundi sur les finances publiques de la France, mais nous le ferons de manière constructive.Lire aussi :Postes supplémentaires de policiers et de gendarmes : le détails des annonces de HollandeCe mardi, j’ai formulé l’opinion de la Commission sur l’avant-projet de budget français pour 2016, qui est globalement en conformité avec les règles du pacte de stabilité et de croissance. Bien évidemment, cette opinion ne prend pas en compte les mesures à venir. Nous réévaluerons les possibles incidences budgétaires en temps voulu. Il est trop tôt pour spéculer maintenant sur la façon dont cela va se répercuter sur la trajectoire budgétaire de la France. Mais je n’ai pas de raison de penser que celle-ci soit spectaculairement modifiée.Et les règles du pacte de stabilité n’empêchent pas les gouvernements de décider de leurs priorités. Je ne vois pas d’opposition entre les enjeux de sécurité et la garantie de finances publiques saines. Les règles du pacte de stabilité ne doivent pas être vues comme rigides et stupides. Elles sont intelligentes et flexibles. Le pacte de sécurité voulu par François Hollande n’est à mes yeux pas incompatible avec le pacte de stabilité et de croissance.Suite aux attentats de janvier, le gouvernement français était arrivé à Bruxelles avec des demandes précises : contrôle systématique aux frontières extérieures de l’UE pour les ressortissants européens revenant de Syrie, l’établissement rapide d’un PNR (données passager des compagnies aériennes). Rien de tout cela n’a été adopté : la machine européenne n’est-elle pas trop lente ?Il faut tirer des leçons de tout cela sur le fonctionnement de la prise de décision en Europe. J’ai été pendant plus de 20 ans un responsable politique français, je connais bien le fonctionnement de l’ensemble des institutions ici – le Conseil, le Parlement européen et le Berlaymont [où se trouve le siège de la commission]. Je pense que la remise en cause doit être valable pour tous. C’est à la Commission de faire des propositions. Qu’il s’agisse des problèmes de sécurité, de la question des réfugiés, il y a eu ici, à la Commission, des réponses fortes. Il importe aussi que les Etats membres s’en saisissent. Ce n’est pas le moment de se renvoyer la balle des causes ou des responsabilités, de pointer les insuffisances de l’Europe. Nous devons tous être côte à côte, prendre des décisions plus rapides, plus fortes.La crise économique, qui n’est pas entièrement derrière nous, en tout cas qui continue à marquer nos sociétés par la faible croissance et le chômage, laisse petit à petit place à une reprise dont je souhaiterais qu’elle soit plus forte. Nous avons à faire face maintenant à d’autres défis, sans précédent, qui menacent notre vivre ensemble, remettent en cause l’identité européenne. La crise écologique, que la conférence des Nations unies pour le climat (COP21) va affronter, avec succès, je le crois ; Il est important qu’elle se tienne, à Paris. Mais aussi la crise des réfugiés et du terrorisme. Sur tous ces sujets-là nous avons besoin de plus d’Europe, de plus d’actions communes.Ne craignez-vous pas que le débat sur les migrants se durcisse encore ?lI ne faut pas tout confondre comme l’ont dit beaucoup de leaders au G20, dont le président américain, M. Obama, et la chancelière allemande, Mme Merkel. Les réfugiés sont les premières victimes du terrorisme, des victimes indirectes qui fuient les exactions de ceux qui viennent frapper nos territoires, comme l’a dit Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Il faut éviter les amalgames qui vont nourrir les populismes et le repli sur soi, sources du déclin de nos différents pays.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Alors que pour François Hollande, la réponse de la France aux attentats consiste à mener une « guerre » contre l’Etat islamique, Angela Merkel a une tout autre réponse : certes, l’Allemagne va « tout faire pour mener ensemble la lutte contre les terroristes » mais, a-t-elle ajouté, samedi matin, en tant que « citoyens », nous avons une « réponse claire » : « Nous vivons de la compassion, de l’amour du prochain, de la joie de faire partie d’une communauté. » Difficile de trouver deux registres lexicaux plus différents.Depuis dimanche, les dirigeants allemands évitent soigneusement d’employer le terme de « guerre ». A l’exception du président de la République, Joachim Gauck, qui a évoqué « les victimes d’une nouvelle sorte de guerre », les dirigeants allemands font le grand écart entre soutenir la France et ne pas se déclarer en guerre.L’expression est d’autant plus taboue en Allemagne qu’elle a des conséquences juridiques importantes, puisque le commandement des armées passe, en cas de conflit armé, du ministre de la défense à la chancellerie.Quant à l’expression « guerre totale » employée par Nicolas Sarkozy, elle renvoie pour tout Allemand à la formule datant de 1943, de Joseph Goebbels, ministre de la propagande d’Adolf Hitler, et n’est même pas concevable dans un cadre démocratique.Lire aussi :Après les attentats, Paris sollicite l’assistance de ses voisinsHostilité de l’opinionDe plus, jusqu’ici, Angela Merkel s’est montrée très réservée sur les engagements extérieurs de la Bundeswehr. Contrairement au président de la République, au ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier (SPD), et à la ministre de la défense, Ursula von der Leyen (CDU), la chancelière n’a pas pris part au débat, début 2014, sur le supposé grand retour de l’Allemagne sur la scène internationale. Ou, si retour il y a, il ne faut surtout pas penser qu’il va essentiellement concerner un rôle accru de la Bundeswehr à l’étranger.Deux arguments expliquent la réserve de la chancelière : l’hostilité de l’opinion allemande face à ce type d’intervention, et surtout la conviction qu’aucune intervention militaire ne résout à elle seule un conflit. Les situations de la Libye et de l’Afghanistan le prouvent. C’est la position actuelle de l’Allemagne sur la Syrie : ce conflit nécessite l’engagement de toutes les parties – Bachar Al-Assad fait donc, comme Moscou, partie de la solution – et il ne pourra pas être résolu par le seul recours à la force.Eviter de trop s’engagerCe mardi, à Bruxelles, lors du conseil européen de la défense, il était frappant de voir comment Ursula von der Leyen était physiquement proche de son collègue français Jean-Yves Le Drian – impossible de ne pas penser à la photo montrant Angela Merkel s’appuyant sur l’épaule de François Hollande après les attaques de janvier – tout en évitant de trop s’engager aux côtés de la France.L’Allemagne propose à ce stade de ne renforcer sa présence qu’au Mali, où elle compte 200 instructeurs, mais seulement neuf soldats dans le cadre d’une mission de l’ONU (Minusma) exposée à un certain danger.Si nul ne croit, en Allemagne, que la France peut vaincre seule l’Etat islamique, une partie de la presse juge cependant que le gouvernement allemand pourrait l’aider davantage qu’il s’apprête à le faire. « L’EI doit aussi être combattu militairement », affirme ainsi le quotidien Süddeutsche Zeitung ce mardi.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) L’Italie a-t-elle perdu l’occasion de mettre, du moins temporairement, hors d’état de nuire l’imam fondamentaliste franco-syrien de Molenbeek (Belgique), Bassam Ayachi, soupçonné d’avoir endoctriné certains des tueurs du 13 novembre à Paris et leurs complices ? C’est ce que révèle le quotidien La Repubblica dans son édition du 17 novembre.L’homme, âgé alors de 62 ans et possédant la double nationalité française et syrienne, a été arrêté le 11 novembre 2008 à Bari, alors qu’il se trouvait à bord d’un camping-car en compagnie du Franco-algérien Raphaël Gendron, de trois Syriens et d’un Palestinien.Dans leur véhicule, les carabiniers retrouvent des textes se référant à Al-Qaïda ainsi que du matériel de propagande islamiste. M. Ayachi et M. Gendron sont accusés d’avoir mis sur pied une filière d’immigration clandestine et emprisonnés.Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteProjets d’attentatsLes carabiniers concentrent leur attention sur l’imam. Selon les bases de données, il serait le responsable d’un centre islamique, rue Manchester, à Molenbeek.Etabli au début des années 1990 dans ce quartier de Bruxelles, où vit une forte communauté musulmane, il y était connu pour ses prises de position radicales et était l’inspirateur du Centre islamique belge (CIB), soupçonné par les autorités belges d’avoir cherché à embrigader de jeunes musulmans.Oncle d’un Tunisien décédé dans un attentat-suicide, il avait été arrêté à Bruxelles, en 1997, pour trafic de faux papiers afin de soutenir des combattants en Bosnie.Grâce à des micro-espions cachés dans la prison de Bari, les enquêteurs découvrent également par la suite que M. Gendron et M. Ayachi évoquent des projets d’attentats en Italie, en Angleterre et à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle. Leur inculpation s’alourdit alors d’une incrimination pour « participation à une entreprise terroriste ».Pas de preuvesLe 4 juin 2011, la cour d’assises de Bari condamne les deux hommes à huit ans de prison. Mais, un an plus tard, ils sont libres. La cour d’appel les relaxe au motif qu’il n’existait pas de preuves d’un projet d’attentat sur le territoire italien. La Cour de cassation annule ce verdict et le procès revient en appel. M. Ayachi et M. Gendron sont de nouveau relaxés en avril 2012. Mais ils sont déjà loin.Raphaël Gendron est mort en Syrie dans les rangs de l’Etat islamique en avril 2013. Bassam Ayachi a pris lui aussi la route de la Syrie, avant de revenir en Belgique un an après, et de repartir de nouveau rejoindre les soldats du Djihad malgré son âge. Il a perdu un bras dans un attentat en février 2015.Lire aussi :La Belgique au cœur des réseaux djihadistesPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nathalie Guibert et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) L’intention du président François Hollande d’invoquer l’article 42.7 du Traité de Lisbonne sur la solidarité européenne en cas d’agression d’un de ses membres a pris de court les institutions bruxelloises, lundi 16 novembre. A Paris, on assure que les grands responsables européens ont été prévenus. Mais l’étonnement a été grand parmi les sources parlementaires dans les commissions de la défense et même au ministère, pas préparés à cette initiative présidentielle. « C’est une grande surprise, admettait l’une d’elles, plus personne ne fait référence depuis longtemps au Traité de Lisbonne. »Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian devait formellement demander mardi un soutien à ses pairs, lors d’un conseil européen des ministres de la défense, en évoquant cet article, pensé après les attentats de Madrid en 2004, qui énonce que les pays de l’Union européenne s’engagent à apporter de l’aide à celui des leurs qui fait l’objet d’une attaque : « Au cas où un Etat membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres Etats membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. Cela n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains Etats membres », dit le texte. L’article précise cependant que c’est l’OTAN, l’alliance militaire, qui « reste le fondement de la défense collective et l’instance de sa mise en œuvre » pour les Européens.« De l’aide concrète au-delà des belles déclarations »Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, a annoncé en amont de ce conseil mardi que « l’UE par la voix de tous les Etats membres, a exprimé unanimement son plus fort soutien et sa disposition à apporter l’assistance requise ». Cette aide ne nécessite pas de décision formelle de l’UE et devrait être négociée au cas-par-cas de façon bilatérale entre Paris et les autres Etats-membres. « L’ennemi n’est pas un ennemi de la France, c’est un ennemi de l’Europe », a déclaré le président Hollande devant le Congrès. Jean-Yves Le Drian a lui salué « un acte politique de grande ampleur ». Plusieurs pays à l’image de l’Allemagne et du Royaume-Uni restent toutefois prudents sur l’emploi du mot guerre. « Merkel ne veut pas devenir chancelière de guerre », assure le Spiegel.Les autorités françaises ont agi avec rapidité « pour bien marquer la nature de ce qui s’est déroulé », souligne un diplomate à Bruxelles. L’invocation du 42.7 est à la fois un symbole, une sorte de geste solennel, et la réitération d’une demande d’assistance qui pourrait prendre différentes formes : assistance logistique, aide dans le domaine du renseignement, ou soutien à des opérations militaires que la France regrette de ne pas avoir obtenu de façon plus franche de ses partenaires depuis ses interventions en Libye en 2011, au Mali en 2013, en Irak en 2014. Paris réclame « de l’aide concrète au-delà des belles déclarations » sur le front anti-Daech et sur les théâtres africains pour soulager l’armée française. Les demandes portent sur des avions ravitailleurs et de transport.« L’ennemi n’est pas un ennemi de la France, c’est un ennemi de l’Europe », a déclaré François HollandeLe président n’a pas évoqué une autre clause de solidarité européenne, l’article 222 du Traité, prévoyant que l’Union « mobilise tous les instruments, y compris militaires, mis à sa disposition » pour protéger les institutions et les populations. L’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord n’était pas non plus sur la table. Il énonce que si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque, chaque pays membre « considérera cet acte de violence comme une attaque armée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures nécessaires ».Washington l’a invoqué après les attentats du 11-Septembre pour intervenir en Afghanistan. M. Hollande n’a pas abordé cette option avec son homologue américain Obama qui assure le leadership de l’action militaire internationale en Irak et en Syrie. « Nous n’en avons pas besoin », explique un officiel dans l’entourage de M. le Drian. Le faire aurait un double inconvénient : multiplier les coalitions, et, surtout, empêcher toute action conjointe contre l’Etat islamique avec Vladimir Poutine, qui, dans ses discours, assure que l’OTAN est la menace principale pour la Russie.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Laure Stephan (Beyrouth, correspondance) Pour le ministre de l’intérieur libanais, Nohad Machnouk, le double attentat-suicide revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI), qui a tué 44 personnes, jeudi 12 novembre, dans un quartier populaire de la Dahyé, la banlieue sud de Beyrouth, appartient à un « complot machiavélique pour mettre à feu et à sang le Liban ». Alors que le choc suscité par cette attaque terroriste reste vif, les services de sécurité ont arrêté onze hommes, syriens et libanais, en lien avec les attentats de Bourj El-Barajneh. Dans ce faubourg meurtri, comme dans le reste de la Dahyé, la majorité des habitants sont musulmans chiites et voient dans le Hezbollah leur représentant et protecteur au Liban.Selon les services de sécurité, la cellule syro-libanaise a fomenté les explosions, pour lesquelles cinq kamikazes avaient été recrutés. L’un des membres de ce réseau était sur le point de commettre un attentat-suicide à Tripoli, dans le nord. Un autre, qui recevait ses ordres d’un « émir » de l’EI en Syrie, a planifié les frappes. Un autre encore a financé l’entreprise terroriste.Lire aussi :Sous la pression, l’Etat islamique frappe tous azimutsLes révélations faites M. Machnouk, dimanche 15 novembre, font froid dans le dos : le carnage aurait pu être bien plus sanglant, car les deux kamikazes qui ont actionné leurs charges à quelques minutes d’intervalle, jeudi, voulaient à l’origine se faire exploser à l’hôpital Al-Rassoul Al-Aazam, tout proche. Ils n’ont pas pu avancer vers cet établissement de santé géré par le Hezbollah, barricadé. Les services de sécurité du parti chiite armé, qui combat dans le camp pro-Assad en Syrie, y sont sur le qui-vive depuis la série d’attentats revendiqués par des groupes extrémistes contre la Dahyé, entre l’été 2013 et le début de l’année 2014.Le ministre s’est montré pessimiste : l’attentat de Bourj El-Barajneh « ne sera pas le dernier » au LibanL’enquête, qui se poursuit, a aussi permis d’identifier le triangle autour duquel, au Liban, agissait la cellule : la ville de Tripoli ; le quartier d’Achrafiyé, en plein cœur de Beyrouth ; et le camp palestinien de Bourj El-Barajneh, attenant au faubourg frappé par les explosions.Coopération avec le HezbollahNohad Machnouk s’est félicité de la célérité des services de renseignements – qui ont aussi reçu des informations du Hezbollah – pour identifier la cellule terroriste. Depuis 2014, ces services, malgré leurs rivalités politiques, ont intensifié leur coordination. Mais le ministre s’est montré pessimiste : l’attentat de Bourj El-Barajneh « ne sera pas le dernier » au Liban. « C’est peut-être une formule un peu brutale, mais les Libanais doivent être conscients de l’ampleur de la menace terroriste dans le pays, dit la politologue Fadia Kiwan. Le Liban n’est pas un îlot protégé dans la région. » Depuis des mois, les arrestations d’individus suspectés de liens avec des groupes djihadistes se succèdent.Dès samedi, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait donné un avant-goût de l’enquête. Il avait ainsi mis en garde contre tout acte de représailles contre des Syriens (le Liban abrite plus d’un million de réfugiés) et contre le risque de violences internes. M. Nasrallah a aussi exhorté les responsables des camps palestiniens et les réfugiés syriens à « collaborer » pour empêcher que des kamikazes s’infiltrent parmi eux.Ses appels à l’unité se mêlent à ceux des autres responsables politiques depuis le double attentat-suicide. « Cette attaque montre, à ceux qui l’affirmaient avant, qu’on ne peut plus attribuer à la seule intervention du Hezbollah en Syrie la présence du danger djihadiste, estime Fadia Kiwan. Mais c’est aussi une gifle pour le Hezbollah, qui, s’il ne peut pas faire marche arrière, sent qu’il s’est lancé en Syrie dans une aventure qui le dépasse. » Le « parti de Dieu » a promis d’intensifier ses combats contre le groupe Etat islamique en Syrie.Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Laurent Borredon, Simon Piel et Benoît Vitkine Les investigations sur les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis le 13 novembre se concentraient, mardi 17 novembre, sur l’organisation des attaques, le nombre précis d’auteurs et la localisation de celui ou de ceux toujours en fuite.Suivre la situation en direct sur LeMonde.frCombien de terroristes y avait-il et qui étaient-ils ? A ce jour, cinq terroristes, des Français, ont été identifiés par les enquêteurs : quatre kamikazes – Samy Amimour (28 ans), Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans), qui participaient à l’attaque du Bataclan, Bilal Hadfi (20 ans), qui a fait sauter sa ceinture d’explosif près du stade de France, et Brahim Abdeslam (31 ans), qui en a fait de même au Comptoir Voltaire –, et Salah Abdeslam (26 ans), en fuite.Trois des membres du commando sont toujours en cours d’identification. Il s’agit de l’un des hommes ayant participé à l’attaque du Bataclan, mort lors de l’assaut de la police à l’étage de la salle de concert, et de deux des kamikazes du Stade de France dont celui qui a été retrouvé porteur d’un passeport syrien.Les enquêteurs restent confiants concernant l’identification des derniers kamikazes. Malgré l’état des corps, les visages sont reconnaissables et les services spécialisés effectuent de nombreuses comparaisons photographiques, parallèlement aux recherches ADN en cours.Toutefois, les enquêteurs s’interrogent sur la possibilité qu’un deuxième homme ayant participé aux attentats soit en fuite. Selon de nombreux témoignages recueillis par la police, la Seat qui a convoyé les auteurs des tirs sur les terrasses des cafés des 10e et 11e arrondissements comptait trois passagers. Parmi eux, les deux frères Brahim et Salah Abdeslam et donc, possiblement, un troisième homme non identifié.Le véhicule a été retrouvé à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dimanche. Trois kalachnikovs et des chargeurs avaient été abandonnés à l’intérieur.Neuf personnes de la famille d’Omar Ismaïl Mostefaï et de Samy Amimour étaient également toujours en garde à vue dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). La garde à vue de la sœur de Samy Amimour, 15 ans, n’avait pu être prolongée lundi en raison de son jeune âge.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Quels ont été les lieux de séjour des terroristes ? Selon les informations du Monde, les enquêteurs ont identifié deux appartements qui ont servi de points de chute aux auteurs des attentats.Le premier, à Bobigny, perquisitionné dans la nuit de dimanche à lundi, avait été loué par Brahim Abdeslam via le site Homelidays pour une période courant du 10 au 17 novembre. Le propriétaire a expliqué aux enquêteurs avoir rencontré trois des hommes qui auraient occupé le logement, le mardi précédant les attentats. Ils se sont présentés comme des membres d’une société de sécurité belge.Des téléphones encore dans leur emballage ont été retrouvés sur place mais aucune arme. Des analyses d’empreintes relevées sur place étaient toujours en cours, mardi matin.Le deuxième appartement est connu des enquêteurs depuis dimanche et se situe dans le Val-de-Marne, à Alfortville, dans une résidence hôtelière.Salah Abdeslam était toujours en fuite, mardi matin. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, émis par la justice belge. C’est lui qui a loué la Polo noire repérée au Bataclan. Il aurait peut-être participé aux fusillades dans les 10e et 11e arrondissements. Son arrestation avait été annoncée à tort par la presse après une opération de la police belge à Molenbeek.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : un Français « très probablement » identifié dans une revendication de l’EIQue sait-on des appuis des terroristes en Belgique ? En Belgique, deux hommes interpellés samedi ont été placés sous mandat d’arrêt, lundi 16 novembre, pour « attentat terroriste ». Il s’agit des deux Belges qui sont venus chercher Salah Abdeslam à Paris, dans la nuit de vendredi à samedi, à sa demande.Hamza Attou et Mohamed Amri ont maintenu, lors de leurs auditions, qu’ils ignoraient le rôle de Salah Abdeslam dans les attentats qui venaient de toucher Paris et Saint-Denis. Ce dont les enquêteurs doutent fortement. Ils soupçonnent notamment Mohamed Amri d’avoir pu jouer un rôle dans la confection des explosifs.Les trois hommes avaient été contrôlés, peu après 9 heures, à hauteur d’un péage près de Cambrai (Nord). Mohamed Amri était au volant. Les gendarmes ont passé les trois hommes dans les fichiers français, sans résultat. Puis ils ont vérifié le Système d’information Schengen (SIS), dans lequel chaque pays européen peut inscrire des personnes recherchées ou sous surveillance. C’est le cas de Salah Abdeslam, inscrit pour la Belgique, mais uniquement pour des faits de droit commun.Les gendarmes laissent repartir les trois hommes, et indiquent aux Belges le passage de Salah Abdeslam. Quelques instants plus tard, lorsque les enquêteurs français s’aperçoivent que ce dernier a loué la Polo noire, la traque est lancée.Le troisième frère Abdeslam, Mohamed, a été relâché lundi par la police belge. Employé à la mairie de Molenbeek depuis une dizaine d’années, « charmant » selon sa cheffe de service, il avait été membre du cabinet de l’ancien maire PS, Philippe Moureaux, grande figure de la vie locale.Mohamed Abdeslam, interrogé par les médias, a assuré ignorer tout du projet de ses frères : « Non, nous ne savions pas. Ni nous, ni notre famille. Ce sont de grands garçons, ils sont majeurs. On ne va pas leur demander leur emploi du temps à chaque fois qu’ils quittent leur domicile. » avant d’ajouter : « Nous sommes touchés par ce qu’il s’est passé. Nous avons appris ça comme beaucoup d’entre vous. Et nous ne pensions à aucun moment que l’un de mes frères était lié à ces attentats. »L’enquête en France et en AllemagneAu moins sept personnes ont été arretées, mardi, aux alentours d’Aix-la-Chapelle, dans une région frontalière des Pays-Bas et de la Belgique, selon la police locale. Mais il n’y avait aucun lien avec les attentats, et elles ont donc été relâchées.En France, 286 perquisitions ont eu lieu depuis dimanche, selon le ministère de l’intérieur, dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur. Elles ne sont pas liées à l’enquête sur les attaques meurtrières de vendredi, mais concernent la mouvance islamiste radicale en générale. La plupart des perquisitions ont eu lieu en Ile-de-France, où 16 personnes ont été interpellées et 6 armes saisies, selon la préfecture de police de Paris. La veille, 23 personnes avaient déjà été interpellées dans toute la France.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : qui est Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé ?Simon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteLaurent BorredonJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter service international L’aviation française a bombardé des positions de l’Etat islamique (EI) à Rakka, dans la nuit de lundi 16 à mardi 17 novembre, pour la deuxième fois en deux jours, dans le nord de la Syrie. Un centre de commandement et un centre d’entraînement ont été détruits, a annoncé le ministère de la défense de la France dans un communiqué.Le raid était « constitué de dix avions de chasse – Rafale et Mirage 2000 – qui ont été engagés à partir des Emirats arabes unis et de la Jordanie » et ont largué 16 bombes, précise le communiqué. Vingt-quatre heures plus tôt, une mission d’un format comparable – 10 avions larguant 20 bombes – avait été menée, déjà contre un poste de commandement et un centre d’entraînement présumés de l’EI, tous détruits.« Les deux objectifs ont été frappés et détruits simultanément », précise le ministère de la défense. « Conduit en coordination avec les forces américaines, le raid visait des sites identifiés lors de missions de reconnaissance préalablement réalisées par la France », ajoute le texte, ce qui confirme l’intensification de la coopération en termes de renseignement sur des cibles potentielles entre Paris et Washington depuis les attentats du 13 novembre.Suivre en direct les derniers événements sur LeMonde.frCoordination avec le « Charles-de-Gaulle »La Russie a également tiré des missiles de croisières contre des cibles non précisées à Rakka, « capitale » de l’EI en Syrie, selon des sources du ministère de la défense de la France obtenues par Le Monde. Ces engins, dont le nombre n’a pas été précisé, ont survolé la Turquie après avoir été tirés probablement de la mer Caspienne et par des bombardiers à long rayon d’action. Le ministère de la défense russe a confirmé dans la journée l’emploi de son aviation stratégique dans ces frappes.#SYRIA Today Russian long-range aviation performed massive airstrike on terrorist facilities https://t.co/JJqgkTt0h0 https://t.co/jbxd1zVyDi— mod_russia (@Минобороны России)require(["twitter/widgets"]);Dans la foulée, les villes d’Alep et d’Idlib ont également été touchées par des missiles de croisière russes, selon le ministère de la défense. Au cours des quarante-huit derniers jours, soit depuis le début des frappes russes, le 30 septembre, l’armée de l’air a effectué 2 300 « sorties » en Syrie.L’Elysée et le Kremlin se sont mis d’accord pour une « coordination des efforts » dans la guerre en cours. Vladimir Poutine a ainsi ordonné à ses navires déployés en mer Méditerranée d’entrer en « contact direct » avec le porte-avions Charles-de-Gaulle et de « coopérer avec les alliés » français. Le porte-avions partira jeudi pour les eaux de la Méditerranée orientale. Quant à François Hollande, il rencontrera son homologue russe le 26 novembre à Moscou, après une réunion le 24 avec Barack Obama à Washington dans le but de construire la « grande et unique » coalition qu’il souhaite mettre sur pied.Lire aussi :Sur la Syrie, François Hollande change de priorité« Agir sans délai » Moscou avait déjà tiré 26 missiles de croisière de type Kalibr, concurrents des Tomahawk américains, de quatre navires de la flotte russe de la mer Caspienne le 7 octobre. Onze cibles en Syrie avaient été visées, dont des usines de production d’obus et d’explosifs, des postes de commandement, des dépôts de munitions, de combustible et d’armes, ainsi que des camps d’entraînement appartenant à des groupes rebelles syriens et aussi à des mouvements classés terroristes, dont l’EI. Quatre de ces missiles de croisière seraient tombés à l’époque en Iran par erreur, selon des sources américaines anonymes.La Russie s’est vu reprocher jusqu’à présent de concentrer l’essentiel de ses efforts contre la rébellion syrienne s’opposant à Bachar Al-Assad et non contre l’EI  : 80 % des bombardements russes, depuis le début de l’intervention de Moscou, auraient visé les rebelles, selon le Pentagone. Mais le bombardement russe de mardi matin n’est pas le premier visant Rakka et l’EI.Alors même que la Russie visait Rakka, M. Poutine annonçait lui aussi « l’intensification » de ses frappes en Syrie, après la confirmation, par les services secrets russes, que le crash de l’A321 de la compagnie russe Metrojet dans le désert du Sinaï le 31 octobre, qui a coûté la vie à 224 personnes, relève bien d’un acte terroriste. Selon Alexandre Bortnikov, chef du Service fédéral de sécurité russe (FSB), « une bombe artisanale d’une puissance de 1 kilogramme de TNT a été déclenchée pendant le vol, après quoi l’avion s’est brisé en l’air en plusieurs morceaux, ce qui explique la grande distance des éléments du fuselage retrouvés ».En réaction, M. Poutine a déclaré que « tous ceux qui essaient d’aider les criminels doivent savoir qu’ils subiront les conséquences ». « L’assassinat des nôtres dans le Sinaï est un crime des plus sanglants en nombre de victimes. (…) Nous devons agir sans délai et connaître tous les responsables par leur nom. Nous allons les chercher partout où ils peuvent se cacher, nous les trouverons partout dans le monde et nous les punirons. »service internationalJournaliste au Monde Yves Eudes Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, divers responsables politiques conservateurs invoquent les attentats du 13 novembre pour réclamer un renforcement des lois autorisant la surveillance des réseaux de communication électronique. Ainsi, Jeb Bush, fils et frère des anciens présidents George Bush et George W. Bush, et lui-même candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de 2016, réclame la restauration pleine et entière des pouvoirs de la NSA en matière de surveillance électronique.Ces derniers ont été récemment restreints par le Congrès, à la suite des révélations d’Edward Snowden. Lors d’une interview accordée le 16 novembre à la chaîne de télévision MSNBC, Jeb Bush a déclaré, en se référant aux attentats de Paris : « Nous devons rétablir le programme de collecte des métadonnées, qui doit expirer dans quelques mois. C’était un instrument utile pour notre sécurité et pour la protection de nos libertés civiques. Le moment est venu de réévaluer notre politique face à ce type de menace. »D’autres responsables politiques en profitent pour accuser l’ancien espion américain Edward Snowden d’avoir aidé les terroristes quand il a dévoilé en 2013 les programmes secrets de surveillance de la NSA américaine et du CGHQ britannique. Le directeur de la CIA, John Brennan, estime que d’autres attentats sont sans doute en préparation contre des pays occidentaux. Mais, selon lui, il est devenu plus difficile de les déjouer, car les groupes militants ont amélioré la sécurité de leurs communications à la suite de « révélations non autorisées ».En Grande-Bretagne, le maire de Londres, Boris Johnson, très influent au sein du Parti conservateur, a déclaré dans un article publié par le quotidien Daily Telegraph : « Pour certains, le lanceur d’alerte Edward Snowden est un héros – pas pour moi. Il est tout à fait clair que ses révélations ont permis aux pires gens vivant sur cette planète d’apprendre à éviter de se faire prendre. Quand l’affaire des massacres de Paris sera élucidée, j’aimerais comprendre comment tant d’agents clandestins ont pu comploter et attaquer différents lieux, sans que leurs discussions électroniques soient interceptées par la police. Je veux que ces gens soient efficacement espionnés, ou surveillés. Et je parie que vous aussi, vous voulez la même chose. »Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.11.2015 à 06h58 • Mis à jour le17.11.2015 à 16h21 | Emeline Cazi Ils ont attendu l’évacuation des derniers blessés vers les hôpitaux, puis, couverts de leur combinaison blanche et de leurs surchaussures, ils se sont avancés dans ce que leurs collègues du Raid et de la brigade d’intervention (BRI) avaient déjà rebaptisé « l’enfer de Dante ». Il est plus d’une heure du matin, vendredi soir, au Bataclan. Dans la salle de concert, l’odeur de mort et la vue des corps sont insoutenables. Les techniciens de la police scientifique, rodés pourtant aux scènes les plus macabres, n’ont jamais rien vu de tel. Pas même les équipes parties en Thaïlande pour le tsunami, en 2004. Quelque quatre-vingts personnes ont été tuées par les terroristes. Avec un soin extrême, trente policiers scientifiques en binôme avec un officier de police judiciaire commencent leur travail de relevé. Il durera toute la nuit pour ne s’achever que le samedi, en début de soirée.Rien n’a été déplacé depuis le départ des secouristes et des troupes d’élite. Chaque cm² de la salle est susceptible de déceler un indice qui permettra de conduire aux commanditaires ou à d’éventuels complices. Les lieux sont quadrillés. Chaque fonctionnaire se voit attribuer un carré. Le travail d’identification des victimes est mené de concert. La plupart seront vite reconnues. Mais plus de trois jours après les attaques, certains corps sont toujours sans famille.Des conditions hors normesLa tâche est fastidieuse. Toute la difficulté est « d’arriver à conjuguer la grande attente des enquêteurs, avec une volumétrie hors norme, sans remettre en cause la rigueur de la procédure », explique Frédéric Dupuch, le directeur de l’Institut national de police scientifique (INPS). La rapidité de l’enquête et les conditions exceptionnelles dans lesquelles elle est menée ne doivent pas occulter le fait qu’un procès se tiendra dans quelques années. « Il ne s’agirait pas qu’un avocat ou un expert remette en cause la procédure quand tout le monde aura oublié les conditions hors normes dans lesquelles se sont déroulés les relevés. »Le même souci de précision guide les équipes envoyées rue de Charonne, au stade de France, ou devant le Petit Cambodge et le Carillon. Au total, une centaine de techniciens de police scientifique ont été rappelés en urgence. Certains arrivent de Lyon. Chaque indice prélevé est aussitôt placé sous scellé et envoyé aux laboratoires pour analyse.L’identification des kamikazes est en revanche, elle, plus difficile. Trois jours après les événements, deux d’entre eux, sont toujours d’illustres inconnus. Les terroristes n’ont bien souvent pas de papier sur eux. Leur corps n’est plus que chair dispersée. L’identification d’Ismaël Omar Mostefaï a été rendue possible grâce à un bout de doigt. Pour d’autres, une seule goutte de sang, des traces papillaires peuvent suffire à faire parler un ADN, mais pour confronter ces indices au profil des 3,5 millions de personnes enregistrées sur le fichier des empreintes digitales ou à celui des 2,5 millions de personnes listées sur celui des empreintes génétiques, encore faut-il qu’ils aient été mis en cause dans une enquête judiciaire.Près de 500 prélèvements déjà analysésLes corps des victimes ont tous été transférés à l’institut médico-légal de Paris où des médecins se relaient depuis samedi pour pratiquer des autopsies. Les techniciens qui les épaulent assistent à trois ou quatre opérations par jour quand d’ordinaire ils n’en subissent qu’une, ou deux, grand maximum, par semaine. C’est lourd, très lourd. Mais déterminer la manière dont la balle est entrée dans le corps sera un élément de plus pour aider les enquêteurs à reconstituer le fil des événements.Les légistes de l’institut reçoivent aussi les familles qui viennent reconnaître un père, une mère, un enfant, un fiancé, une amie. La plupart des victimes avaient des papiers d’identité sur elles ou étaient physiquement identifiables. Pour celles dont le visage aurait été déformé par des tirs, il peut être demandé à la famille d’apporter un peigne, une brosse pour pouvoir comparer l’ADN à celui du corps. Ce n’est qu’une fois toutes ces opérations médico-légales terminées que les corps seront rendus aux familles.Plus de trois jours après les attaques, il restait encore une poignée de personnes à identifier. Contrairement à un crash d’avion ou à un accident de car, la police n’a pas la liste des fans des Eagles of Death Metal qui devaient se rendre au concert, vendredi soir.En attendant que les dernières familles se manifestent, les enveloppes de scellés et les sacs plastiques s’amoncellent sur les paillasses des laboratoires de Paris et d’Ecully, dans le Rhône. Près de 500 prélèvements ont déjà été analysés. C’est gigantesque. A titre de comparaison, 1 900 prélèvements ont été analysés après les attentats de Charlie, mais sur plusieurs semaines. « Et ceci n’est que l’avant-garde de ce qu’on va recevoir dans les semaines à venir », prévient Frédéric Dupuch, le patron de l’INPS. Chaque nouvelle perquisition produit son nouveau lot de pièces à conviction et d’indices susceptibles de remonter la piste d’éventuels complices.Emeline CaziJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.11.2015 à 22h06 • Mis à jour le17.11.2015 à 11h58 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Vladimir Poutine jubile. Sa ligne politique, estime-t-il, est confortée. Devant le Congrès réuni à Versailles, lundi 16 novembre, trois jours après les attentats revendiqués par l’Etat islamique (EI) qui ont ensanglanté Paris, François Hollande a annoncé qu’il souhaitait parvenir à « une grande et unique coalition » contre l’EI en Syrie, jugée « indispensable » par le chef du Kremlin. Au même moment, ou presque, le président russe, qui s’exprimait à l’issue du sommet du G20 à Antalya, en Turquie, revendiquait en effet devant la presse la paternité de l’initiative : « J’en ai parlé lors de la session de l’ONU consacrée à ses 70 ans. J’ai parlé exactement de cela et les événements tragiques qui ont suivi [à Paris] ont confirmé que nous avions eu raison. »Tandis que la télévision russe Rossia 24 diffusait son intervention, M. Hollande est apparu dans une incrustation de l’écran, en direct de Versailles, comme en écho aux propos de M. Poutine. « Je rencontrerai dans les prochains jours le président Obama et le président Poutine pour unir nos forces et atteindre un résultat qui, pour l’instant, est encore renvoyé à trop longtemps », a annoncé le chef de l’Etat français.« La France faisait partie des pays qui ont adopté une position très dure envers le sort du président Assad personnellement. Nous avons entendu tout le temps de nos amis français que le règlement de la question du départ du président Assad devait être une condition préalable pour des changements politiques », commentait pour sa part M. Poutine, assénant dans la foulée : « Est-ce que cela a protégé Paris contre l’attentat terroriste ? Non. »Rencontre avec le roi SalmanLe principe d’une rencontre bilatérale est acquis, sans précision de date ou de lieu toutefois pour l’instant. Et bien que les divergences persistent, notamment sur les cibles des raids aériens russes et le sort du dirigeant syrien, l’inflexion du président français a été soulignée à Moscou.A Antalya, le président russe a cherché à pousser plus loin son avantage. Alors qu’il avait été accueilli froidement par les dirigeants du G20, lors du précédent sommet en novembre 2014, les images de ses multiples rencontres bilatérales, notamment avec le roi Salman d’Arabie saoudite, ont été largement diffusées. « J’ai donné des exemples, basés sur nos renseignements, du financement de l’Etat islamique par des individus, a souligné le président russe. Nous avons établi que ce financement provient de 40 pays, y compris de certains pays membres du G20. J’ai aussi montré à nos partenaires de nombreuses photos satellites qui montrent très clairement l’ampleur du trafic illégal de pétrole [de l’EI]. »A contrario, a-t-il fait valoir, ces « informations » ne sont pas partagées par les Occidentaux. « Ils ont peur de nous donner des informations sur les territoires que nous ne devons pas frapper, par crainte qu’ils ne deviennent l’endroit exact de nos futures frappes et que nous allions les trahir. Il est évident que ce point de vue est basé sur leur propre conception de la décence humaine », a ironisé le chef du Kremlin. Mais « il est vraiment difficile de nous critiquer », a-t-il souligné, en assurant que « le contact » avec l’opposition syrienne « sur le terrain » avait été établi. A Moscou, toutefois, le vice-ministre des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a rencontré lundi Kadri Djamil, qui représente le Front populaire pour le changement et la libération, l’une des composantes de l’opposition syrienne tolérée par Damas. La « grande coalition » a encore des étapes à franchir.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Pas d’inflexion dans la politique migratoire : dans son discours devant le Congrès réuni à Versailles, lundi 16 novembre, le président François Hollande n’a pas remis en cause l’accueil de 30 000 réfugiés annoncé début septembre. Trois jours après les attentats qui ont fait 129 morts et plus de 350 blessés à Paris et Saint-Denis, le chef de l’Etat a rappelé au contraire que ceux qui fuient la Syrie ou l’Irak sont aussi des victimes de l’Etat islamique (EI).Un soulagement pour les militants d’une France terre d’asile, qui redoutaient une marche arrière de la politique française – déjà très timide et tardivement engagée – après l’annonce par la Place Beauvau de la découverte d’un passeport syrien près d’un kamikaze qui s’était fait exploser près du Stade de France. Les enquêteurs ont confirmé que les empreintes du terroriste étaient celles d’un homme entré en Europe par l’île grecque de Leros, le 3 octobre, au milieu du flux de migrants. Depuis plusieurs mois, certains s’inquiétaient que des terroristes n’infiltrent ces entrées massives en Europe. Elles auraient pu entraîner un pas en arrière de la France. D’autant que l’opinion publique n’a pas suivi l’engagement du gouvernement.Risque d’infiltrationsBien au contraire. M. Hollande a rappelé dans son allocution, citant la Syrie et l’Irak, que « les habitants de ces pays-là, notamment ceux des territoires contrôlés par Daech [acronyme arabe de l’EI] sont martyrisés et fuient ». « Ils sont les victimes de ce même terrorisme », a-t-il ajouté. Preuve que l’amalgame entre réfugié et terroriste n’avait pas lieu d’être et que ces derniers devaient trouver la main de l’Europe tendue vers eux. « Voilà pourquoi il est vital, a-t-il souligné, que l’Europe accueille dans la dignité ceux qui relèvent du droit d’asile mais renvoie dans leur pays ceux qui n’en relèvent pas. Si l’Europe ne contrôle pas ses frontières extérieures, ce qui n’est pas le cas encore aujourd’hui, c’est le retour aux frontières nationales, quand ce ne sont pas les murs, les barbelés qui sont annoncés. » Et c’est aussi le risque d’infiltrations sur le territoire français. Il faut, a rappelé le chef de l’Etat, « éviter que viennent sur notre territoire, comme ce fut le cas vendredi, des combattants ».Difficile de ne pas lire aussi en filigrane de ce discours un plaidoyer pour le renforcement des pouvoirs de Frontex et la mise en place rapide et effective des « hotspots », ces lieux de tri entre réfugiés et migrants économiques, qui sont en train de voir le jour aux points majeurs d’entrée sur le continent européen.Cette approche commune ne résoudra pourtant pas tout, a rappelé François Hollande, « ce sont des Français qui ont tué vendredi d’autres Français ».Suivez les événements en directMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.11.2015 à 18h58 Une jeune Israélienne a succombé à ses blessures, dimanche 22 novembre, après avoir été poignardée par un Palestinien à un carrefour près du bloc de colonies du Gush Etzion, en Cisjordanie. L’auteur de l’attaque a été abattu par des forces israéliennes présentes sur place.Deux autres Palestiniens ont par ailleurs été tués en Cisjordanie quand les forces de sécurité et des civils israéliens sont intervenus pour les empêcher de mener des attaques, selon la police israélienne. Au sud de Naplouse, une adolescente de 16 ans, accusée d’avoir tenté de poignarder un Israélien, a été écrasée par un colon juif à bord d’un véhicule avant d’être tuée par des soldats ayant ouvert le feu. Des responsables des services de sécurité palestiniens ont confirmé la mort de cette Palestinienne.Un « terrorisme individuel »A l’intersection de la colonie israélienne de Kfar Adoumim, toujours en Cisjordanie, un chauffeur de taxi palestinien a tenté de foncer sur des civils. « Il n’a pas réussi et est sorti de la voiture avec un couteau et a tenté de poignarder [des Israéliens], a indiqué la police israélienne. Un civil a ouvert le feu sur le terroriste qui est mort de ses blessures. »Samedi, quatre Israéliens ont été blessés, dont l’un grièvement, dans une attaque au couteau à Kiryat Gat, dans le sud d’Israël. Depuis le 1er octobre, les attaques ou tentatives d’attaques à l’arme blanche, les affrontements entre jeunes Palestiniens et soldats israéliens ainsi que les violences entre colons israéliens et habitants palestiniens ont fait 89 morts côté palestinien – dont un Arabe israélien – et 16 côté israélien, ainsi qu’un Américain et un Erythréen, selon un décompte de l’AFP.« Nous sommes confrontés à un terrorisme individuel, a déclaré dimanche le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Ce n’est pas un terrorisme d’organisations, c’est un terrorisme individuel, principalement encouragé par les réseaux sociaux. » Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, doit commencer cette semaine une tournée au Proche-Orient consacrée aux moyens de « faire cesser la violence ». 22.11.2015 à 15h45 • Mis à jour le22.11.2015 à 15h49 Dix jours après les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis, François Hollande entame lundi 23 novembre une série de rencontres diplomatiques dans le but avoué de mettre en place une coalition unique contre l’Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie.Lire aussi :Diplomatie : la voie étroite vers une coalition unie contre l’EILundi 23 : entretien avec David CameronLe premier ministre britannique est reçu à l’Elysée lundi matin, où il doit discuter de la coopération de leurs deux pays pour lutter contre les djihadistes. La semaine est décisive pour M. Cameron, qui cherche à obtenir l’approbation de son Parlement pour participer aux bombardements menés par les Etats-Unis, la France et la Russie sur les bastions de l’EI en Syrie – le Royaume-Uni participe déjà aux bombardements de la coalition en Irak.Samedi, M. Cameron a estimé que la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant tous les pays à se joindre à la lutte contre l’EI, adoptée vendredi à l’unanimité, marquait un « moment important » et renforçait sa position. Le leader de l’opposition, le travailliste Jeremy Corbyn, s’est dit prêt à étudier les propositions du gouvernement.Mardi 24 : à Washington pour rencontrer Barack ObamaFrançois Hollande l’a dit lors de son discours devant le Congrès réuni à Versailles : il entend désormais œuvrer à une « coalition unique » contre l’Etat islamique, avec Moscou et Washington. C’est dans ce but qu’il se rend mardi à la Maison Blanche. « Détruire [l’EI] n’est pas seulement un objectif réaliste, c’est une tâche que nous allons mener jusqu’au bout », a dit Barack Obama, qui a confirmé qu’il ferait bien le déplacement à Paris en décembre pour la conférence sur le climat.Mercredi 25 : « dîner informel » avec Angela MerkelLe président français et la chancelière allemande doivent s’entretenir lors d’un dîner informel qui se tiendra à Paris. Samedi, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, a évoqué une « initiative franco-allemande » en réponse aux attentats du 13 novembre. Avec son homologue Sigmar Gabriel, il compte adresser une lettre à M. Hollande et Mme Merkel qui contiendra des propositions en vue de recréer de la solidarité européenne sur les questions des réfugiés et de la sécurité.Jeudi 26 : à Moscou pour rencontrer Vladimir PoutineLes relations entre la France et la Russie ont changé depuis les attentats. Jeudi, le chef de l’Etat français doit rencontrer le président russe pour discuter des modalités de la « coalition unique » qu’il souhaite voir émerger avec Moscou et Washington. De son côté, Vladimir Poutine a demandé mardi à ses navires de guerre d’entrer en « contact direct » avec le porte-avions Charles-de-Gaulle, qui va être engagé dès lundi contre l’EI, et de travailler avec les Français « comme avec des alliés ». M. Poutine, qui a fini par reconnaître cette semaine que le crash d’un avion de ligne russe était bien un attentat, a promis de « trouver et de punir les criminels ». Lire aussi :Le tournant russe de François HollandeVendredi 27 : réunion du Commonwealth à MalteM. Hollande doit mener à Malte un deuxième front, celui de la conférence sur le climat qui doit commencer le 30 novembre à Paris. M. Hollande compte convaincre notamment de l’urgence climatique quelques pays récalcitrants, comme le Canada. 22.11.2015 à 12h48 • Mis à jour le22.11.2015 à 17h51 « Une destruction de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique, EI] passe obligatoirement à un moment donné par une présence au sol. Ça ne veut pas forcément dire une présence française au sol », a affirmé le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian.Interrogé dans « Le Grand Rendez-Vous » Europe1-i-Télé-Le Monde sur la possibilité d’envoyer des forces spéciales françaises, le ministre a répondu que la France « n’a [vait] pas envisagé cette hypothèse ».« Aujourd’hui, parce qu’il y a eu des frappes de la coalition et une attaque au sol des Kurdes, Sinjar est redevenue libre. Ça montre qu’il faut du temps, des frappes, et des forces au sol. »Le « Charles-de-Gaulle » opérationnel dès lundiLe porte-avions français Charles-de-Gaulle, déployé en Méditerranée orientale, pourra engager dès lundi ses chasseurs contre l’EI en Syrie, a précisé M. Le Drian.« Il sera en mesure, avec les avions de chasse qui sont à bord, complétés par les avions de chasse qui sont à proximité et qui ont déjà frappé sur le territoire de l’Etat islamique, d’agir à partir de demain. »Pour rappel : l’armée française va disposer dans la région des 26 chasseurs embarqués sur le porte-avions – 18 Rafale et 8 Super-Etendard – en plus des 12 appareils stationnés aux Emirats arabes unis (six Rafale) et en Jordanie (six Mirage 2000).Parmi les cibles, il faut frapper « Mossoul [en Irak] où se trouvent les lieux de décision politique [de l’EI] et Rakka [en Syrie] où se trouvent les centres de formation des “foreign fighters”, c’est-à-dire les combattants destinés à agir à l’extérieur », a souligné M. Le Drian.« Il faut frapper ces deux villes, comme il faut frapper (…) les capacités de ressources qu’a l’Etat islamique, c’est-à-dire les lieux de pétrole, les champs pétrolifères. »La France a multiplié les bombardements en Syrie depuis une semaine, visant des djihadistes francophones et 6 centres de commandement ou camps d’entraînement. Si l’armée ne coordonne pas encore ses frappes et l’identification de ses cibles avec les forces russes, qui défendent le régime de Bachar Al-Assad, elle estime avoir « le même ennemi, Daech », selon le chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers, dans un entretien au Journal du dimanche. La Russie a jusqu’ici limité ses opérations contre l’EI, et frappé en priorité des groupes rebelles jugés plus menaçants pour le régime.En cas d’élection aux régionales, Le Drian restera ministre « autant que nécessaire »Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, qui est candidat à la présidence de la région Bretagne, a déclaré dimanche 22 novembre qu’il resterait au gouvernement « tant que le président de la République jugera que c’est nécessaire », y compris, donc, s’il est élu.En octobre, Jean-Yves Le Drian avait assuré que la règle du non-cumul s’appliquerait à lui mais, a-t-il plaidé dimanche, les attentats du 13 novembre ont créé une « situation exceptionnelle ». « Si je suis élu (…) président de la région Bretagne, avec mon équipe pendant cette période de transition, cette période intérimaire, on gérera avec les compétences de mes vice-présidents », a déclaré le ministre.M. Le Drian, qui a annoncé qu’il ne ferait pas campagne avant les élections des 6 et 13 décembre, se dit à la fois « candidat » aux régionales et « totalement concentré sur la mission que [m’ont] confiée le président de la République et le premier ministre, sur la défense de notre pays ». Ce scénario a été vivement dénoncé par ses adversaires aux régionales.Quant aux 27 autres Etats-membres de l’UE, ils ont promis d’apporter différents types d’aide à la France, après l’invocation de l’article 42-7 des traités européens, prévoyant une clause de solidarité en cas d’agression. Enfin, le ministre est revenu sur la possibilité d’une attaque chimique ou bactériologique, évoquée par Manuel Valls, précisant qu’elle faisait « partie des risques » que court la France mais que « toutes les précautions [étaient] prises » pour l’éviter.Lire aussi :Le risque d’attaques chimiques, « réel mais très faible » 22.11.2015 à 07h45 • Mis à jour le22.11.2015 à 12h09 Un glissement de terrain survenu samedi 21 novembre dans une mine de jade en Birmanie a fait au moins 97 morts, selon un communiqué officiel diffusé dimanche. « Nous ne trouvons que des morts » dans la montagne de pierres éboulées, a déclaré à l’Agence France-Presse Nilar Myint, responsable de l’administration de la région, alors que le bilan risque de s’alourdir.L’accident est survenu dans la région isolée de Hpakant, à la frontière de la Chine, une montagne de remblais s’est effondrée sur des dizaines de cabanes de fortune dans lesquelles dormaient des habitants vivant de la recherche de morceaux de jade restés non exploités.Un des plus gros producteurs de jade du mondeRien que ces derniers mois, des dizaines d’habitants tentant de trouver du jade laissé par les pelleteuses des grosses compagnies minières sont morts dans des éboulements, selon les ONG.Ces drames de la pauvreté sont parfois mentionnés dans la presse locale, sans que rien change dans la vie de ces légions de mineurs illégaux, tentant leur chance dans les mines à la nuit tombée alors que la Birmanie est un des plus gros producteurs de jade au monde, destiné notamment à la Chine voisine.Malgré les réformes, le plus grand secret continue d’entourer ce marché du jade, qui reste la chasse gardée des vieilles élites ayant bâti leur fortune à l’époque de la junte autodissoute en 2011. La population est confrontée à une extraction intensive par les grandes compagnies minières, sans mesures de sécurité ni protection de l’environnement.Lire aussi :Les inconnues de la nouvelle Birmanie « démocratique » 22.11.2015 à 06h00 • Mis à jour le22.11.2015 à 17h24 Les autorités de la république de Crimée ont annoncé, dans la nuit de samedi à dimanche 22 novembre, avoir instauré l’état d’urgence, peu après une coupure totale de l’électricité venant d’Ukraine. Des sources ukrainiennes ont affirmé que ces coupures étaient dues à un sabotage de lignes à haute tension, sans indiquer qui pourrait en être responsable. Sur les 2 millions d’habitants de la région, 1,6 million sont privés de courant.La péninsule de Crimée, auparavant république autonome d’Ukraine, a été envahie par l’armée russe en mars 2014, peu après le renversement à Kiev du président prorusse Viktor Ianoukovitch.Un référendum orchestré par les autorités d’occupation a préludé à son rattachement unilatéral à la Fédération de Russie, le même mois. Ce rattachement est dénoncé par l’Ukraine et a valu à la Russie des sanctions internationales, toujours en place.Lire aussi :Comment Vladimir Poutine a « commencé le travail » en Crimée Quatre lignes à haute tension depuis l’UkraineSelon l’agence de presse russe TASS, l’électricité en provenance d’Ukraine alimente normalement la péninsule de Crimée par quatre lignes à haute tension. Deux de ces lignes ont été sabotées dans la nuit de jeudi à vendredi, selon l’agence de presse ukrainienne UNIAN.La compagnie énergétique d’Etat ukrainienne, Ukrenergo, a publié des photos d’un pylône électrique abattu et d’un autre endommagé. Selon elle, la nature des dégâts évoque un sabotage avec un possible « usage d’engins explosifs ». Selon l’agence russe RIA Novosti, ce sabotage a eu lieu dans la région de Kherson, au nord de la Crimée, en territoire ukrainien.Les deux lignes à haute tension restantes semblent avoir été elles aussi mises hors service par une explosion. Le premier vice-premier ministre de la république de Crimée, Mikhaïl Sheremet, cité par l’agence TASS, a déclaré que la péninsule ne pouvait fournir elle-même que la moitié de ses besoins en électricité.A la suite de la coupure, « les générateurs de la république de Crimée ont été mis en marche. A 1 h 20, les villes de Simféropol, Ialta et Saki sont partiellement connectées », a indiqué le ministère des situations d’urgence. Les hôpitaux et d’autres établissements sensibles sont alimentés en électricité par des générateurs, a précisé le ministère.Lire aussi :La Crimée à l’heure de Moscou Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un chat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : Quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : Quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : N’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : Est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : L’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Approche ultra-orthodoxeIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur. A l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteCes sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré. M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’oppositionChef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un chat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation djihadiste Etat islamique ?Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Camille Grand. Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrien Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Camille Grand. Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France s’engage en Syrie.Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);Camille Grand. L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Camille Grand. Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Camille Grand. Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bashar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Camille Grand. Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Camille Grand. Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Camille Grand. Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation.Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daesh repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Camille Grand. Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobane. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Cela commence à s’entendre. Alors que deux journalistes, ressortissants italiens, sont jugés depuis le 24 novembre pour « vol et divulgation d’informations confidentielles » devant le tribunal du Vatican – dont la législation ne contient aucun article sur la liberté de la presse –, ni le premier ministre, Matteo Renzi, ni le Président de la république, Sergio Mattarella, ni aucun ministre n’ont émis à cette heure la plus petite protestation.Les deux journalistes, Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi sont poursuivis pour avoir révélé, dans deux livres sortis le même jour (Chemin de croix, éd. Flammarion, et Avarizia, éd. Feltrinelli), les dessous pas très nets des finances en « quasi-faillite » du plus petit Etat du monde. Des informations obtenues par des sources internes au Saint-Siège, et non démenties.Lire aussi :Le Saint-Siège secoué par un nouveau « VatiLeaks »Mercredi matin, au lendemain de la première audience, Gianluigi Nuzzi a envoyé un SMS ainsi rédigé au chef du gouvernement : « Président, le silence de tout le gouvernement sur un procès attenté à deux journalistes italiens dans un Etat étranger est surprenant ». « J’ai peut-être été arrogant, explique-t-il au Monde, mais j’ai senti que je devais le faire ». Aucune réponse ne lui était parvenue mercredi. « Ici, ce n’est pas comme en France, nous avait-il expliqué lors d’un précédent entretien. L’Etat n’est pas véritablement laïque. Nous avons le Vatican dans notre ADN. » Dans un article publié par le quotidien La Stampa, Luigi La Spina trace un parallèle, « douteux » précise-t-il, avec la situation de deux fusiliers marins retenus depuis 2012 en Inde pour meurtre, et pour lesquels tous les gouvernements se sont démenés afin d’obtenir leur libération. « Pourtant, écrit-il, le sort de deux journalistes devrait alerter le gouvernement. » Cet appel aussi est resté vain, comme si personne au sein des institutions de la République italienne n’avait le courage de demander ne serait-ce qu’une explication pour ne pas froisser le Saint-Siège.Lire aussi :Au Vatican, « le pape lui-même est vu comme un intrus »À ce jour, seuls les associations de journalistes, ou les directeurs de grands médias ont affiché leur solidarité avec leurs confrères poursuivis comme s’il ne s’agissait que d’une affaire interne à la profession. Mais à leur protestation s’ajoutent désormais celles des avocats italiens. En effet, Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi n’ont pu se faire assister par leurs défenseurs de confiance. Ils ont été contraints d’en choisir un parmi la petite liste des avocats autorisés à plaider devant les juridictions ecclésiastiques. Précision : ces derniers doivent être rigoureusement catholiques et de bonne réputation. Pour autant, ils n’ont pu avoir accès au dossier de leurs clients qu’à la veille de la première audience. « Nous avons épluché les pièces jusqu’à deux heures du matin », écrit Emiliano Fittipaldi dans le quotidien La Repubblica, où il tient la chronique de son procès. On peut aussi lire dans son compte rendu ce petit aparté entre l’auteur de Avarizia et un de ses rares confrères accrédités, pendant une interruption d’audience : « Alors que je m’étonnais que, ici, les droits de la défense n’étaient pas respectés, un vaticaniste m’a remis en place : “Tu te trompes Fittipaldi, c’est un procès NORMALISSIMO !” Peut-être, mais je peux lire cependant un peu d’inquiétude sur le visage de mon avocat, habitué à ferrailler avec les juges de la Rote romaine pour faire annuler des mariages et défendre les auteurs de larcins dans le supermarché du Vatican. Cette fois, il s’agit d’une situation inouïe. »Le procès reprendra lundi au rythme de deux audiences par jour s’il le faut. Tout doit être terminé quand commencera, le 8 décembre, le jubilé de la Miséricorde afin de ne pas brouiller le message du pape François. « Je me dis que si la justice italienne était aussi expéditive, écrit encore Emiliano Fittipaldi, il y aurait moins de procédures enlisées. Mais à tout prendre, je me demande si je ne la préfère pas encore à celle du Vatican. » Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi encourent une peine de quatre à huit ans de prison.Lire aussi :« Vatileaks » : 5 personnes inculpées par la justice du VaticanPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.11.2015 à 11h54 • Mis à jour le02.11.2015 à 12h29 | Philippe Escande Lovée dans un coude du Yangzi, cernée de montagnes et hérissée de gratte-ciel, Chongqing est à l’image de la Chine : une mégapole qui a grandi trop vite. Trente millions d’habitants s’affairent dans une atmosphère brumeuse et polluée. C’est là que vient d’atterrir le président François Hollande pour une visite officielle, placée sous le signe de la lutte contre le réchauffement climatique.Lire aussi :Climat : François Hollande se félicite du soutien de PékinPerdue à près de 2 000 kilomètres à l’ouest de Shanghaï, Chongqing symbolise à la fois l’ambition et les limites du modèle chinois. Et la volonté du pays d’en changer. Une mutation regardée avec inquiétude par le monde entier. Car il n’y a pas qu’en matière d’émissions de CO2 que le sort de Chine se confond avec celui de la planète.En matière économique aussi, le pays est devenu « systémique », comme disent les économistes. L’empire du Milieu ne représente, certes, que 15 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, mais il concentre 45 % de sa croissance. C’est pourquoi les signes de ralentissement qui se multiplient depuis le printemps ont un impact planétaire.Le PIB chinois est composé à 50 % par de l’investissement. Or, moins d’investissement signifie moins de matériaux et de machines pour construire des immeubles, des routes ou faire tourner des usines. Pour nombre de matières premières, comme le fer ou le cuivre, le pays pèse près de la moitié du commerce mondial.Un pays drogué aux investissementsLe ralentissement actuel, dû essentiellement à l’éclatement de la bulle immobilière et aux surcapacités industrielles, a provoqué l’effondrement des cours de pratiquement tous les minerais, mais aussi la chute des ventes de tous les biens d’équipements, des bulldozers géants de Caterpillar aux machines-outils allemandes.C’est une catastrophe pour les pays émergents puisque ce coup d’arrêt se double de la baisse continue de la valeur de la devise chinoise, qui accélère la chute de leur propre monnaie et la fuite des investisseurs.Le problème est que petite forme de la deuxième économie de la planète n’est pas uniquement conjoncturelle. Elle donne le signal d’un changement profond de modèle. Aujourd’hui, la Chine investit énormément, 50 % de son PIB, contre 15 % pour les Etats-Unis ou 17 % pour le Brésil, et la consommation de ses ménages est trop faible, inférieure à 40 % du PIB, contre près de 70 % en Amérique.Pas facile. Le pays est drogué aux investissements, notamment aux plans de relance qui lui ont permis de passer au travers de la crise financière de 2008. Pour rééquilibrer son économie, la Chine doit réduire sa croissance et diminuer la part de l’investissement, sans casser la machine à emplois, qui lui assure sa stabilité sociale. C’est l’obsession du pouvoir à Pékin. Un casse-tête dont la résolution conditionne largement le retour à meilleure fortune de l’économie mondiale.Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) En début d’après-midi, lundi 2 novembre, Vladimir Poutine est sorti brièvement du silence qu’il avait jusqu’ici observé. « C’est une immense tragédie », a-t-il déclaré de sa résidence de Novo Ogarevo, non loin de Moscou, en marge d’une réunion avec le ministre des transports, Maxime Sokolov, responsable de l’enquête sur le crash de l’avion russe dans le Sinaï.Devant une « pareille tragédie et dans de telles heures, il est très important de sentir l’épaule d’un proche, l’empathie de tout le pays au sujet de cette terrible catastrophe, a ajouté le président russe. Tout doit être fait pour élucider ce qui s’est passé, et pour que l’on réagisse de manière appropriée ».Le chef du Kremlin ne s’est pas avancé plus sur les raisons du crash de l’Airbus A321 de la compagnie charter Kogalimavia, qui devait relier, samedi, la station balnéaire de Charm el-Cheikh, en Egypte, à la deuxième plus grande ville de Russie. Les corps de 144 passagers ont commencé à être rapatriés et sont arrivés très tôt, lundi, à Saint-Pétersbourg. Quelques instants plus tôt, dans la soirée, plusieurs centaines de personnes se sont réunies spontanément devant le célèbre musée de l’Ermitage, munies de bougies et de ballons pour rendre hommage aux 224 victimes de la plus grande catastrophe aérienne pour la Russie.En dehors de l’annonce d’un jour de deuil national, décrété pour la journée de dimanche, durant lequel les drapeaux ont été mis en berne, le Kremlin n’avait jusqu’ici fait aucun commentaire, au point que ce silence a suscité parfois des commentaires peu amènes sur les réseaux sociaux. En vingt-cinq ans, jamais un tel accident n’avait touché la Russie. Depuis 1991, date de la chute de l’URSS, 167 accidents aériens, y compris d’hélicoptère, ont été recensés, dont 41 faisant au moins un mort. Au total, selon le site airdisaster.ru, les catastrophes aériennes ont provoqué la mort de 1 752 personnes. La disparition brutale de 217 personnes, dont 17 enfants, et de 7 membres d’équipage dans le terrible accident survenu samedi est bien la pire. Aucune hypothèse, celle d’un incident technique ou d’un attentat, n’est, pour l’heure, écartée. « Il est trop tôt pour tirer des conclusions », ont souligné à plusieurs reprises les autorités russes.De son côté, un responsable de la compagnie aérienne russe Metrojet, Alexandre Smirnov, a affirmé lundi que la « seule cause possible du crash [était] une action extérieure ». Nous excluons une défaillance technique ou une erreur de pilotage », a-t-il ajouté, assurant que « l’avion était en excellent état technique », malgré des rumeurs sur le délabrement de certains appareils de la flotte à bas coût. « L’avion était incontrôlable, il ne volait pas mais tombait, et le passage d’une situation de vol à une situation de chute s’explique apparemment par le fait que l’avion a subi un dégât important de sa structure. »Des corps, dont celui d’une fillette, ont été retrouvés à 8 kilomètres du principal point d’impact de l’appareil avec le solArrivé à Charm El-Cheikh à 5 h 30 du matin le 30 octobre, le vol 9268 de la compagnie Kogalymavia, sous pavillon Metrojet, a très vite embarqué ses passagers, et a redécollé à 5 h 58. Moins de vingt-trois minutes plus tard, l’avion disparaissait des écrans radars alors qu’il volait à 30 000 pieds (9 144 mètres). La carcasse de l’appareil a été retrouvée peu après dans le nord du désert du Sinaï, sans aucun survivant. Sur place, les enquêteurs ont eu tôt fait de dresser un premier constat : l’Airbus A321 n’a tenté aucun atterrissage en catastrophe, il s’est disloqué en vol. « Les fragments se sont éparpillés sur une grande surface d’environ 20 kilomètres carrés », a affirmé au Caire Viktor Sorotchenko, le directeur du Comité intergouvernemental d’aviation (MAK), autorité de contrôle créée en 1991 qui réunit onze pays de l’ex-URSS, arrivé très vite sur les lieux. Cette dislocation a eu lieu « à haute altitude », a de son côté précisé à la télévision russe le directeur de l’agence russe chargée du transport aérien, Alexandre Neradko, s’exprimant d’Egypte.Lire aussi :L’Airbus de la Metrojet s’est désintégré en volDes corps, dont celui d’une fillette, ont été retrouvés à 8 kilomètres du principal point d’impact de l’appareil avec le sol, après que la zone de recherches a été élargie à 15 kilomètres. Tout indique donc que le charter s’est désintégré en l’air, bien avant de heurter le sol. Dimanche soir, la télévision russe a diffusé des images prises par des drones du lieu du drame. On y voit des morceaux noircis de la carlingue dans un périmètre assez large. Réunis par les secours égyptiens, des valises et des bagages des passagers paraissent étrangement intacts. Les deux boîtes noires ont été retrouvées et doivent être analysées. Mais, dès samedi, un communiqué d’une branche égyptienne de l’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué sur l’un de ses comptes Twitter un attentat. « Les soldats du califat ont réussi à provoquer le crash d’un avion russe en Egypte, dans la région du Sinaï… »Province du Sinaï de l’Etat islamiqueCette revendication a été minimisée par les autorités aussi bien russes qu’égyptiennes. La Russie, qui mène depuis un mois des frappes aériennes en Syrie contre l’EI et d’autres groupes de combattants, a pourtant été à plusieurs reprises, ces derniers temps, la cible de menaces. Encore récemment, le chef d’Al-Qaida, l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri, a appelé, dans un message sonore, les mouvements djihadistes à s’unir pour combattre l’Occident et la Russie en Syrie et en Irak, selon l’agence Reuters. Et la zone dans laquelle a été retrouvé l’avion parti de Charm El-Cheikh correspond bien au territoire où est implanté le groupe Ansar Beit Al-Makdis, rallié à l’EI sous le nom de « Province du Sinaï » depuis novembre 2014. Mais il semble peu probable, cependant, que l’avion, à l’altitude où il volait, ait pu être touché par un missile. Selon Charles Lister, expert en mouvements djihadistes, affilié au centre Brookings à Doha, le missile antiaérien le plus puissant dont dispose l’EI est un Manpads d’une portée maximale de 10 000 pieds (3 kilomètres). Reste l’hypothèse d’une bombe placée à l’intérieur de l’appareil ou d’un grave incident technique. Des perquisitions et des inspections ont été entreprises en Russie au siège de la compagnie Kogalymavia, qui n’a cependant pas interrompu son activité. Dans un entretien à la radio Kommersant FM, dimanche, Viktor Gorbatchev, le directeur général de l’aviation civile, a indiqué que les conditions climatiques, selon le centre météorologique russe, étaient bonnes et que la visibilité était alors de 10 kilomètres. Sur la même antenne, Magomed Tolboïev, pilote d’essai et président honoraire du MAK, a souligné qu’il avait du mal à croire à un manque d’entretien technique de l’appareil. Même avec une panne de moteur, l’avion aurait pu continuer à voler, a-t-il affirmé, ou l’équipage aurait contacté les services terrestres : « Cela montre qu’un imprévu s’est produit à bord de l’avion. » Contrairement à ce qui avait été annoncé par les services de sécurité égyptiens dans un premier temps, le pilote n’aurait en effet émis aucune alerte. Lundi, après Air France, Lufthansa et Emirates, la compagnie russe Oural Airlines a annoncé qu’elle suspendait également ses vols au-dessus du territoire du Sinaï.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.11.2015 à 09h20 • Mis à jour le02.11.2015 à 16h16 Un Palestinien a été tué par l’armée israélienne en Cisjordanie après avoir tenté de poignarder un soldat israélien, lundi 2 novembre. Un deuxième Palestinien, que la police israélienne a qualifié de complice de l’agression, a été arrêté.Selon un communiqué de l’armée, une patrouille s’est approchée de deux Palestiniens dans une station-service proche d’un point de contrôle entre Israël et le territoire occupé lorsque l’un d’entre eux s’en est pris à un militaire avant d’être mortellement blessé par balle. Aucun soldat israélien n’a été blessé, selon le quotidien Haaretz.Lire aussi :En Israël, vivre avec la peur des attaques au couteauTrois Israéliens blessés au couteauEn milieu de journée, trois Israéliens ont été blessés dans une nouvelle attaque au couteau, au sud de Tel-Aviv. Le suspect, un Palestinien originaire de Hébron, a poignardé un civil dans la rue, a continué son chemin et en a agressé un deuxième. Il est ensuite entré dans un magasin, où il a poignardé une troisième personne, a rapporté la police israélienne.D’après le quotidien Haaretz, une des victimes, un homme de 40 ans, est blessée grièvement après avoir été poignardée au torse. Les deux autres personnes touchées, une femme de 80 ans et un homme de 20 ans, sont plus légérement blessées. La police israélienne a dit que le suspect était actuellement en garde à vue.Heurts dans une universitéA Abu Dis, près de Jérusalem, des gardes-frontières israéliens ont forcé, lundi, les portes de l’université Al-Quds pour affronter des étudiants palestiniens retranchés à l’intérieur et qui leur jetaient des pierres.Cette intrusion des forces israéliennes est l’une des toutes premières dans une université palestinienne depuis le récent regain de violences dans la région. Les étudiants sont à la pointe de la mobilisation des jeunes ces dernières semaines.Depuis le 1er octobre, les violences ont fait 69 morts parmi les Palestiniens et neuf parmi les Israéliens. La moitié des Palestiniens tués l’a été en commettant ou tentant de commettre des attentats, pour la très grande majorité au couteau, contre des soldats, policiers ou civils israéliens.Les attaques ont débuté dans la vieille ville de Jérusalem, où se trouve la très sensible esplanade des Mosquées, mais la tension s’est déplacée ces derniers jours vers le secteur de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. Le point de passage de Jalama, situé au nord de Jenin, a été le théâtre de deux attaques ces deux dernières semaines.Lire aussi :En Israël, « la population, quand il s’agit de terrorisme, penche vers le nationalisme » Daniel Psenny Magazine, à 22 h 40 sur Canal+ Enquête sur les relations – notamment financières – entre le Kremlin et le FN.Il fut un temps où le Parti communiste français (PCF) était la seule force politique française accusée d’être « l’œil de Moscou ». Mais, la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, a rebattu les cartes géostratégiques et politiques. Ce sont désormais les partis d’extrême droite émergents à travers toute l’Europe qui intéressent les dirigeants du Kremlin. Jugé « infréquentable » par les Européens, Vladimir Poutine s’est choisi de nouveaux alliés qu’il entretient pour être ses relais en Europe.Parmi eux, se retrouve toute la fine fleur de l’extrême droite européenne qui, face à la montée de l’islamisme, voit dans le président de la Fédération de Russie le seul homme capable de sauver l’Europe « blanche et chrétienne ». En contrepartie, Moscou n’hésite pas à aider financièrement tous ces partis politiques, dont le Front national qui, pour son allégeance envers Moscou, aurait reçu 11 millions d’euros par le biais de prêts bancaires comme l’a révélé, en 2014, le site Mediapart.Echanges de bons procédés C’est ce que nous montre Raphaël Tresanini dans son enquête sur les dessous de cette alliance qui sera diffusée dans le cadre du magazine « Spécial investigation » sur Canal +. Malgré le refus de Marine Le Pen de répondre à ses questions, le journaliste retrace avec précision les différentes étapes du rapprochement entre le Front national et les amis politiques de Vladimir Poutine.Une histoire qui a démarré en 2011 lorsque, contre toute attente, l’actuelle présidente du Front national vanta, dans le quotidien moscovite Kommersant, les mérites de l’ancien chef du KGB devenu président de la Russie : « Je ne cache pas que, dans une certaine mesure, j’admire Vladimir Poutine », déclarait-elle. De son côté, Jean-Marie Le Pen, que le journaliste a filmé clandestinement à Moscou où il rencontre – valise en main – la garde rapprochée de Poutine, exprime lui aussi son « admiration » pour ce dernier qui, selon lui, est « une chance pour la paix dans le monde ».Depuis, les échanges de bons procédés se sont succédé entre le Front national et le Kremlin qui envoie ses dignitaires dans les meetings du FN (comme lors du congrès du parti en novembre 2014 à Lyon). De son côté, Marine Le Pen, qualifiée par les hommes du Kremlin comme « la meilleure propagandiste de Russie », est régulièrement invitée sur les plateaux des télévisions russes inféodées au pouvoir. Ses proches, comme le député européen Aymeric Chauprade, rencontrent souvent de très riches industriels aux profils sulfureux dépendants de Vladimir Poutine, comme l’oligarque Konstantin Malofeev, interdit de sol par l’Union européenne.Inquiétude chez certains élusAu cours de son enquête, le journaliste revient aussi longuement sur cette réunion « privée » qui eut lieu à Vienne, en Autriche, le 31 mai 2014, réunissant la plupart des dirigeants de l’extrême droite européenne sur le thème de « L’avenir des valeurs fondamentales de la civilisation chrétienne en Europe ». Aux côtés de partis néonazis et populistes, le Front national était représenté par Aymeric Chauprade et Marion Maréchal-Le Pen, qui, malgré le témoignage d’un des participants, nie s’y être rendue.Reste que, comme le montre Raphaël Tresanini, certains élus frontistes commencent à s’inquiéter de cette dépendance de leur parti vis-à-vis du Kremlin. Ils y voient le risque d’être, un jour, phagocytés par un Poutine tout-puissant. Mais, pour le moment, cela n’a pas l’air d’effrayer les dirigeants du Front national.« Front national, l’œil de Moscou », de Raphaël Tresanini (Fr., 2015, 52 min). Lundi 2, à 22 h 40, sur Canal+.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Envoyé spécial à Pékin) et Simon Roger (Envoyé spécial à Chongqing) C’est la dernière étape du tour du monde présidentiel sur le climat, et l’une des plus importantes. A un mois de la conférence des Nations unies (COP21), dont la France assurera la présidence, François Hollande est arrivé lundi 2 novembre en Chine pour une visite officielle de deux jours.Dans une déclaration commune, Pékin s’est engagé auprès de la France sur le principe d’« un accord juridiquement contraignant » à la conférence de Paris, accompagné de mécanismes de suivi des engagements attendus. Ces derniers feront en outre l’objet d’une « revue complète tous les cinq ans », indique la déclaration faite devant la presse par François Hollande et par le président chinois, Xi Jinping. Pour le président français, cette annonce constitue un « pas majeur » vers un accord à Paris.Le bilan des contributions nationales réalisé par les Nations unies, rendu public le 30 octobre, met en évidence la nécessité de trouver un mécanisme commun de révision pour se rapprocher de l’objectif des 2 °C, encore éloigné.Notre journaliste suit la visite de François Hollande en Chine :Tweets de @sim_roger!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Depuis le début de 2015, les « destinations climat » se sont multipliées pour le chef de l’Etat : Philippines, îles du Pacifique, Caraïbes, Afrique subsaharienne, Islande. « La préparation de la COP m’a conduit à parcourir le monde dans ce qu’il a de plus éclatant, mais aussi dans ce qu’il a de plus vulnérable, de plus fragile et de plus inquiétant », confiait-il à la mi-octobre à Reykjavik, lors d’un forum réunissant les acteurs de l’Arctique. Après la Chine, François Hollande s’envolera le 3 novembre au soir pour la Corée du Sud, avant de regagner Paris, le 4 au matin.Lire aussi :Tout comprendre aux négociations climatiquesRôle clé de la ChineCe déplacement en Asie, dont la date avait été arrêtée avant l’été, s’imposait au pays hôte de la COP21 tant la Chine pèse dans le dossier du réchauffement climatique. Par son statut de premier émetteur mondial de gaz à effet de serre (25 % du total des émissions) depuis 2006, devant les Etats-Unis. Par son rôle clé, aussi, dans le processus de négociations multilatérales instauré par la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).Associé au groupe dit « G77 », une coalition de cent trente-trois pays qui compte tous les pays en développement, Pékin peut entraîner dans sa roue beaucoup d’Etats réticents à signer à Paris un accord destiné à maintenir le réchauffement sous la barre des 2 °C mais dont les contours sont encore flous. La France constate que la Chine bénéficie de leviers précieux car elle tient certains pays à « rênes courtes » : elle est un marché, donc aussi un interlocuteur politique incontournable pour les émergents, et dispose d’une large palette d’outils tels que la nouvelle Banque asiatique d’investissement en infrastructures ou la banque des Brics. « L’appui des Chinois est essentiel » pour « parvenir à un accord global et ambitieux », a résumé, lundi 2 novembre, François Hollande à son arrivée à Chongqing.Carte bilatéraleMontrée du doigt pendant la conférence de Copenhague, en 2009, comme l’un des principaux freins à toute avancée majeure des négociations, la Chine, confrontée à des revendications environnementales croissantes de sa société civile, joue désormais le jeu du multilatéralisme. Elle ne délaisse pas pour autant la carte bilatérale, loin de là. Sur la thématique climatique, elle a signé ces derniers mois plusieurs déclarations bilatérales avec l’Union européenne, l’Inde et le Brésil.Mais c’est aux sommets avec les Etats-Unis qu’elle a réservé ses annonces majeures. En novembre 2014, à l’issue d’une visite de Barack Obama à Pékin, elle s’engageait à ce que ces émissions aient cessé d’augmenter en 2030 ou avant. Cette année, c’est lors du passage du président Xi Jinping à Washington, à la fin de septembre, que la République populaire s’est prononcée pour la création d’un marché national de crédits carbone d’ici à 2017. Ces annonces entre les deux géants sont utiles en politique intérieure, car Xi Jinping ambitionne de traiter d’égal à égal avec les Etats-Unis, renforçant au passage son aura.Quant à la France, elle avait reçu un premier signal favorable en juin, puisque le premier ministre, Li Keqiang, avait profité de sa visite dans l’Hexagone pour annoncer, de Paris, la contribution chinoise à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.Visite de l’OuestAvant de se rendre à Pékin, François Hollande avait commencé sa visite par Chongqing, accompagné d’un aréopage de ministres, de parlementaires et de chefs d’entreprise — une délégation de près de quatre-vingts personnes. Dans cette ville au rang de province de 9 millions d’habitants (33 millions avec les campagnes qui y sont rattachées administrativement), dopée par l’afflux de migrants, le président français devait visiter une usine sino-française de traitement des eaux usées. L’Ouest chinois demeure une réserve de croissance et un terrain que le pouvoir central entend mettre davantage en valeur, notamment par la « nouvelle route de la soie », axe majeur de la diplomatie du président Xi Jinping.Ces échanges bilatéraux devraient déboucher également sur une série d’accords dans le secteur de la croissance verte, à Pékin — Areva s’apprêterait par exemple à ouvrir son capital au chinois CNNC — puis à Séoul, où François Hollande fait halte le 4 novembre, à l’occasion notamment des années croisées France-Corée 2015-2016.Harold Thibault (Envoyé spécial à Pékin)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSimon Roger (Envoyé spécial à Chongqing)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.11.2015 à 04h28 L’opérateur américain de téléphonie mobile, Sprint, a annoncé dimanche 1er novembre un objectif de réduction de ses coûts de l’ordre de 2 à 2,5 milliards de dollars sur l’exercice 2016. Il exposera mardi un plan de réductions des effectifs. Le groupe, qui a récemment perdu sa troisième place aux Etats-Unis au profit de T-Mobile, emploie 31.000 salariés pour un budget annuel de 26 milliards de dollars. Au deuxième trimestre, Sprint, contrôlé par le japonais Softbank, a affiché une perte de 20 millions de dollars.Lire aussi :SoftBank : Une question d’inspiration 02.11.2015 à 01h25 • Mis à jour le02.11.2015 à 09h05 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Contre toute attente, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a remporté les élections législatives de dimanche 1er novembre en Turquie, regagnant la majorité parlementaire perdue lors du précédent scrutin du 7 juin. Les principaux instituts de sondage, prompts à prédire à l’AKP un score médiocre (entre 37 et 43 %) se sont fourvoyés.Gratifiée de 49,3 % des suffrages, la formation du président Recep Tayyip Erdogan enverra 316 députés au parlement (sur 550), assez pour gouverner seule, trop peu, en revanche, pour modifier la Constitution dans le sens du régime présidentiel fort voulu par le chef de l’Etat. Ce résultat est un triomphe pour M. Erdogan, dont le parti récupère, en un tournemain, les 3 millions de voix qui lui avaient échappé en juin. « Aujourd’hui est un jour de victoire pour la démocratie », a déclaré le premier ministre sortant et chef de l’AKP, Ahmet Davutoglu, depuis sa ville natale de Konya au centre de l’Anatolie, où il s’est recueilli sur le tombeau du poète soufi Jalal Ud Din Rumi (1207-1273), adepte de la tolérance. « Aujourd’hui, il n’y a pas de perdants, que des gagnants », a-t-il précisé à l’adresse de ses rivaux.Le parti kurde se maintient in extremisSelon des résultats quasiment définitifs, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) arrive en deuxième position avec 25,4 % des voix, un résultat semblable à celui de juin (25 %). Les deux grands perdants du scrutin sont le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et le parti de la Démocratie des peuples (HDP, gauche prokurde) qui cèdent respectivement 4 et 3 points par rapport à leur score de juin. Doté de 10,4 % des suffrages, le HDP a franchi in extremis le seuil nécessaire pour être représenté au parlement avec 56 députés.Son score a été inférieur à celui de juin dans toutes les villes du sud-est à majorité kurde, à l’exception d’une seule ville, Sirnak. Dénonçant « une élection ni équitable, ni juste », le coprésident du parti prokurde Selahattin Demirtas a rappelé qu’il avait préféré renoncer aux rassemblements électoraux après le double attentat suicide perpétré contre des manifestants pacifiques, dont beaucoup de militants du HDP, à Ankara le 10 octobre, qui a fait 102 morts.Lire aussi :Elections turques : à Diyarbakir, la majorité kurde dénonce des intimidationsAlors que la campagne électorale était inexistante dans la rue, l’AKP a tiré parti de sa position au pouvoir en multipliant les apparitions à la télévision. Rien qu’en octobre, M. Erdogan a bénéficié de 29 heures de temps d’antenne sur la chaîne TRT, et de 30 heures pour son parti, contre cinq heures pour le CHP, une heure et dix minutes pour le MHP, dix-huit minutes pour le HDP.La reprise des affrontements avec le PKKEntre le 7 juin et le 1er novembre, le HDP a perdu un million de voix, celles des conservateurs. Les rigoristes religieux et les chefs de clans qui s’étaient laissés séduire par le discours novateur et pacifiste du HDP en juin, ont décidé, cinq mois plus tard, de revenir vers l’AKP, pour lequel ils avaient toujours voté par le passé.La reprise des affrontements entre les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) et les forces turques, n’est sans doute pas étrangère à ce choix. En revendiquant l’assassinat de deux policiers turcs à Ceylanpinar (frontière turco-syrienne), le 22 juillet, le PKK a mis le feu aux poudres. Au moment où le HDP gagnait en légitimité, fort de son bon score (13 %) aux législatives de juin, la rébellion kurde tombait dans le piège tendu par l’AKP, celui du recours à la violence. La rhétorique du tandem au pouvoir – le président Erdogan et son premier ministre, Ahmet Davutoglu –, prompt à présenter le HDP comme une succursale du PKK, a fait le reste.Un discours de menaces et de terreurDeuxième bon point pour M. Erdogan : la chasse lancée sur les terres des nationalistes du MHP s’est révélée payante. En déclarant « la guerre jusqu’au bout » contre les rebelles kurdes, en bombardant leurs positions en Turquie et dans le nord de l’Irak, le président turc s’est acquis la sympathie de la droite nationaliste, farouchement opposée à toute concession envers la minorité kurde. Son discours de chef à poigne, capable de mener une guerre « synchronisée » contre l’organisation Etat islamique (EI) et contre le PKK, a flatté l’imaginaire de la droite nationaliste.Enfin, le retour en grâce des islamo-conservateurs prouve que les discours de menace distillés par le président et son premier ministre ont été compris. Après l’attentat de Daglica perpétré le 6 septembre par le PKK contre un convoi de soldats turcs (16 morts), les locaux du quotidien Hürriyet ont été attaqués à deux reprises par une foule déchaînée, emmenée par le député de l’AKP Abdurahim Boynukalin. La foule reprochait au journal d’avoir rapporté que Recep Tayyip Erdogan avait déclaré : « Ça ne se serait pas passé ainsi si vous m’aviez donné 400 députés ».Lire aussi :Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip Erdogan, ou la dérive autoritaire du président turcEntre le 8 et le 9 septembre, des équipées punitives ont eu lieu de nuit dans plusieurs villes de Turquie contre les bureaux du HDP. Dans la foulée, des centaines de commerces tenus par des Kurdes ont été ravagés, parfois même incendiés. Dans le quartier stambouliote de Besiktas, des manifestants scandaient : « Nous ne voulons pas d’opérations militaires [contre les rebelles du PKK], nous voulons des massacres. »Récemment, lors d’une tournée électorale à Van (Est), le premier ministre, Ahmet Davutoglu, a mis en garde contre « le retour des Renault 12 blanches », le type de voitures utilisées par les escadrons de la mort à la fin des années 1990 pour enlever et faire disparaître les Kurdes soupçonnés de sympathies envers le PKK. « Les forces du mal savent que si l’AKP faiblit, les bandes terroristes regagneront en puissance, et le processus de règlement du problème kurde va se terminer. Et les crimes non élucidés recommenceront… », a-t -il menacé. Son message a été entendu.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.11.2015 à 16h27 • Mis à jour le24.11.2015 à 18h51 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) C’est une conséquence de la destruction d’un chasseur russe par deux F-16 turcs, mardi 24 novembre au matin en Syrie : le sort des Turkmènes, qui auraient récupéré l’un des deux pilotes russes victimes de l’accident (l’autre est mort), risque de représenter une nouvelle pomme de discorde entre Ankara et Moscou en marge de la guerre en Syrie. La question devait s’imposer au menu des discussions initialement prévues, mercredi à Ankara, entre les autorités turques et Sergueï Lavrov, mais le chef de la diplomatie russe a annulé sa visite suite au crash.Une minorité ralliée à l’opposition à Bachar Al-AssadLes Turkmènes sont issus d’un peuple turcophone descendant des nomades Oghouzes (VIIIe siècle) qui a pris racine au Turkménistan, l’Etat le plus fermé au monde, en Asie centrale ex-soviétique, et a essaimé en Iran, en Afghanistan, en Irak et en Syrie où ils seraient plus de trois millions.Installés de longue date à Alep, Homs, Rakka et au nord de Lattaquié, les Turkmènes syriens ont toujours vécu en bonne entente avec les populations arabes et kurdes. Mal aimés du régime de Hafez Al-Assad, le défunt père de l’actuel tyran de Damas qui les stigmatisait pour leurs liens avec la Turquie, ils ont résisté des années durant à sa politique d’assimilation arabe. Quand les hostilités ont commencé sur le sol syrien en 2011, les Turkmènes se sont ralliés aux forces anti-Damas. Ils se battent plutôt aux côté de l’Armée syrienne libre, même si certains ont rallié l’Etat islamique, à Rakka.Des rebelles ciblés par les bombardements russesL’entrée de la Russie dans le conflit, le 30 septembre, a entraîné des bombardements sur les villages turkmènes situés au nord de Lattaquié, non loin de la frontière avec la région turque du Hatay.La Russie, persuadée que tous les groupes rebelles opposés au régime de Damas sont des terroristes, a envoyé ses bombardiers pilonner une cinquantaine de villages turkmènes, en appui d’une offensive au sol menée par l’armée de M. Assad et à laquelle les combattants turkmènes tentent de résister.Le 20 novembre, les bombardements aveugles de l’aviation russe (dépourvue de la technologie dont disposent les Français et les Américains) ont causé la mort de 78 civils turkmènes.Sous protection de la TurquieLa Turquie, qui se pose en défenseur de ses « frères » turcophones, a convoqué le jour même l’ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, exigeant « l’arrêt immédiat » des opérations. Dans la foulée, le premier ministre islamo-conservateur turc, Ahmet Davutoglu, a rappelé « la sensibilité » traditionnelle de son pays à l’égard de la minorité turkmène installée dans cette zone vallonnée et boisée du nord de la Syrie.Ces derniers jours, des milliers de civils turkmènes qui fuyaient les bombardements ont trouvé refuge en Turquie. Selon Ercan Topaca, le gouverneur de la région du Hatay, frontalière avec la Syrie, « environ 1 500 de nos frères et sœurs turkmènes » ont franchi la frontière. Ils ont été installés dans un camp de tentes.Un risque d’escalade entre Moscou et AnkaraDécrit par Vladimir Poutine comme « un coup de poignard dans le dos », la destruction du Sukhoï-24 par deux F-16 turcs – après dix sommations, selon l’armée turque – n’est pas un incident isolé. Elle s’inscrit dans un contexte de tensions graduelles apparues ces derniers mois entre Ankara et Moscou, dont les positions sont à l’opposé l’une de l’autre sur le dossier syrien. Ankara souhaite ardemment le départ de Bachar Al-Assad que Moscou soutient à bout de bras.Jusque-là, les « deux ennemis héréditaires » avaient toujours réussi à mettre leurs divergences politiques de côté. Ni les guerres en Tchétchénie (1994-1996 ; 1999-2004), ni l’annexion de la Crimée en mars 2014, pourtant préjudiciable aux « frères » Tatares turcophones de la péninsule, n’avaient porté ombrage à la relation russo-turque, en plein essor commercial et gazier (60 % du gaz consommé en Turquie sont russes).Depuis peu, le ton a changé. Le 6 octobre, après trois violations de son espace aérien par les chasseurs russes, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait mis en garde : « Si la Russie perd un ami comme la Turquie avec laquelle elle a nombre de coopérations, alors elle perdra beaucoup. La Russie doit le savoir. » « Nous ne pouvons rester les bras croisés », avait-il prévenu au sujet des violations de l’espace aérien au-dessus du Hatay.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Le visage contracté, Vladimir Poutine a réagi, mardi 24 novembre, après qu’un avion russe de type SU-24 a été abattu quelques heures plus tôt dans la matinée par deux F-16 turcs. « C’est un événement qui sort de la lutte contre le terrorisme, a-t-il déclaré lors d’une rencontre prévue avec le roi de Jordanie, Abdallah II, à Sotchi, dans le sud de la Russie. Ce qui s’est passé aujourd’hui est un coup qui nous a été donné dans le dos par ceux qui soutiennent le terrorisme. Je ne peux pas le nommer autrement. » Cet incident, a averti le président russe, « aura de sérieuses conséquences sur les relations russo-turques ». Un peu plus tard, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a annulé sa visite à Ankara prévue initialement pour mercredi 25 novembre.Les deux pilotes du SU-24 sont parvenus à s’éjecter, mais l’un d’eux est mort et le second est porté disparu. Ce sont les premières victimes militaires russes depuis le début des frappes aériennes lancées par Moscou le 30 septembre.« Notre avion a été abattu par un missile air-air au-dessus du territoire syrien », a poursuivi M. Poutine, en contredisant la version d’Ankara, qui a affirmé que l’appareil avait violé son espace aérien : « Il est tombé à 4 kilomètres sur le territoire syrien, alors qu’il volait à une altitude de 6 000 mètres et à une distance d’un kilomètre de la frontière, a insisté le président russe. En aucun cas nos avions ne menaçaient l’Etat turc, ils menaient une opération contre l’Etat islamique [EI] dans la région de Lattaquié où la majorité des combattants proviennent de Russie […]. Ils exécutaient des frappes préventives sur ceux qui peuvent à tout moment rentrer en Russie, et qui peuvent être considérés comme des terroristes internationaux. » Dans cette région, la présence de l’EI n’est pourtant pas avérée.Réunion exceptionnelle de l’OTAN« Cela fait un moment que nous avons constaté un flux de pétrole à partir des territoires vers la Turquie », a également mis en avant M. Poutine. Tandis qu’une réunion exceptionnelle de l’OTAN, dont fait partie la Turquie, était convoquée, le chef du Kremlin a fustigé l’Alliance atlantique, considérée, en Russie, comme une organisation sous tutelle américaine.« Nous avons signé un accord avec les Américains de prévention des collisions dans les airs et les Turcs sont dans la même coalition […] et à la place de prendre des contacts immédiats avec nous, le côté turc s’est adressé à ses partenaires pour discuter de cet événement comme si nous avions nous-mêmes abattu un avion et non l’inverse. [...] Si [les terroristes] ont l’argent de la vente du pétrole et la défense armée de certains, alors il devient évident pourquoi ils se comportent si hardiment, pourquoi ils commettent des actes terroristes dans le monde entier, y compris au cœur de l’Europe. Nous allons analyser attentivement ce qui est arrivé [...]. Veut-on mettre l’OTAN au service de l’Etat islamique ? »«  Aujourd’hui […], un avion du groupe aérien russe SU-24 s’est écrasé  », avait indiqué le matin même le ministère de la défense russe, Sergueï Choïgou, tout en soutenant que l’avion «  survolait le territoire syrien  » et qu’il avait été abattu «  par un tir probablement venu du sol  ». Le ministère se disait alors en mesure de prouver que l’appareil survolait la Syrie.Lire aussi :L’aviation russe intensifie ses frappes en SyrieD’après l’état-major de l’armée turque, « un avion de chasse d’origine inconnue » qui survolait l’espace aérien turc a été averti à dix reprises avant d’être abattu et de s’écraser côté syrien. Très vite, mardi matin, les chaînes de télévision NTV et CNN-Türk ont diffusé les premières images de la chute d’un avion militaire en flamme qui finit par exploser derrière une colline proche de la frontière turque. Sur ces vidéos, on aperçoit deux pilotes s’éjectant du cockpit. Immédiatement après, le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, qui s’est entretenu avec son chef d’état-major, le général Hulusi Akar, et son ministre des affaires étrangères, Feridun Sinirlioglu, a décidé de saisir l’OTAN.Tension entre les deux paysDepuis le début de l’intervention militaire russe aux côtés du régime du président syrien, Bachar Al-Assad, fin septembre, les incidents de frontière se sont multipliés entre Ankara et Moscou. Le 3  octobre, des chasseurs turcs avaient déjà intercepté un avion russe engagé en Syrie qui avait violé leur espace aérien et l’avaient forcé à faire demi-tour. Moscou avait alors mis en cause les «  mauvaises conditions météo  ». Puis, le 16  octobre, un drone de fabrication russe qui avait pénétré dans le ciel turc avait été détruit. La tension entre les deux pays, qui s’opposent dans la lutte contre l’EI et sur le maintien au pouvoir de M. Assad, s’était encore accrue ces derniers jours, après une série de bombardements russes qui ont, selon Ankara, visé des villages habités par la minorité turcophone de Syrie. Le 20 novembre, l’ambassadeur russe avait été convoqué à Ankara pour une mise en garde contre les « sérieuses conséquences  » de cette opération.Un des deux pilotes russes aurait atterri dans la région du djebel turkmène, dans le nord de la Syrie, à la frontière avec la province turque du Hatay. Les hélicoptères envoyés par les Russes pour récupérer les pilotes ont essuyé des tirs de la part des rebelles turkmènes, contraignant l’un d’eux à se poser en urgence dans la province de Lattaquié. Le ressentiment de la population turkmène est grand envers les Russes et l’armée régulière syrienne car leurs villages sont la cible de bombardements aveugles qui ont fait de nombreuses victimes parmi les civils turkmènes.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) Le retour de la récession pousse le Japon à adopter de nouvelles mesures de relance. Le ministre de la revitalisation économique, Akira Amari, devait dévoiler, mardi 24 novembre, les grandes lignes d’un « plan d’urgence pour une économie forte pouvant donner de l’espoir ».Lire aussi :Shinzo Abe en quête d’un nouvel élan pour les « abenomics »Réaffirmant l’ambition du premier ministre Shinzo Abe de porter le produit intérieur brut (PIB) à 600 000 milliards de yens (4 588 milliards d’euros) d’ici à cinq ans et de sortir l’archipel de quinze ans de déflation, ce projet est axé sur la relance de la consommation et l’investissement des entreprises. Il sera inclus au plan, présenté le 26 novembre, pour « une société promouvant la participation active des 100 millions de citoyens ».Ce projet prévoit une hausse de 3 % du salaire minimum. Variable selon les départements, cette rémunération s’établissait en moyenne à 780 yens (6 euros) de l’heure en 2014.Des efforts attendus en contrepartieLe gouvernement souhaite également prolonger l’accès à l’assurance chômage au-delà de 65 ans, pour encourager les personnes plus âgées à continuer de travailler. Une enveloppe de 30 000 yens (229 euros) est également prévue pour chacune des 10 millions de personnes touchant une petite retraite.Ces mesures doivent soutenir la consommation, qui génère 60 % du PIB. La hausse des rémunérations, de 2,59 %, observée en 2015 dans les grandes entreprises, reste insuffisante pour cela.Autre axe du projet : pousser les entreprises à investir au Japon. Les investissements dans l’Archipel ont reculé de 4,8 % entre avril et juin en glissement annuel et de 5 % entre juillet et septembre. Cette baisse a contribué au recul du PIB au cours de ces deux trimestres et participé à la 5e période de récession en sept ans de la troisième économie mondiale.Le gouvernement va faciliter les procédures pour inciter les PME à investir. La promesse formulée le 12 novembre par M. Abe de faire passer l’impôt sur les entreprises sous les 30 % dès l’exercice commençant en avril 2016, contre 32,11 % aujourd’hui, semble maintenue, malgré les réserves du ministre des finances, Taro Aso, qui, confronté à une dette à 240 % du PIB, veut de nouvelles sources de revenus avant de décider des baisses d’impôts.En contrepartie, des efforts sont attendus des compagnies, dont les profits atteignent des records grâce au yen faible. « Il est essentiel de lier les gains des entreprises aux investissements et aux augmentations de salaires », estime M. Abe.Limites des « Abenomics »Ces annonces peinent à masquer les limites atteintes par les « Abenomics », ces initiatives prises par le premier ministre pour redresser l’économie nippone. Les analystes déplorent l’absence de mesures pour améliorer la compétitivité et assouplir les règles du marché du travail, très attendues dans le cadre de la troisième « flèche » des Abenomics, les réformes structurelles. La hausse du salaire minimum est considérée comme une simple mesure de soutien à court terme.Dans le même temps, soulignait le 17 novembre Yoshimitsu Kobayashi, le président de la Keizai Doyukai, l’une des fédérations patronales nippones, « une part importante des investissements des entreprises se font à l’étranger. Les dirigeants réfléchissent à dix ou vingt ans ». La demande au Japon, où la population diminue, n’offre pas les mêmes perspectives qu’ailleurs. Et les investisseurs étrangers poussent dans ce sens. « Les activités à l’étranger sont le moteur de la croissance », déclarait fin octobre Eikoh Harada, le président de Benesse, une entreprise du secteur de l’éducation. Le propriétaire de la marque Berlitz prévoit d’investir 200 milliards de yens (1,5 milliard d’euros) sur cinq ans, essentiellement hors du Japon.Les décisions prises auraient également un objectif électoral, selon ses détracteurs. Shinzo Abe table sur une victoire lors des sénatoriales de juillet 2016, qui lui permettrait de conforter son ambition de rester au pouvoir jusqu’en 2018, voire de mener à bien des projets comme la révision de la Constitution.Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves-Michel Riols François Hollande est arrivé aux Etats-Unis, mardi 24 novembre dans l’après-midi, pour une rencontre avec le président Barack Obama, destinée à accentuer la mobilisation contre l’Etat islamique (EI). La veille, M. Hollande a reçu le soutien du premier ministre britannique, David Cameron, accueilli à l’Elysée.Suivez la situation en direct sur notre siteLa partie s’annonce plus compliquée pour le président français à Washington puis, ensuite, à Moscou, jeudi. Avec Barack Obama, les relations ont toujours été tendues sur la Syrie, depuis le revirement d’août 2013, lorsque la Maison Blanche a renoncé à frapper le régime de Bachar Al-Assad qui venait pourtant de franchir une « ligne rouge » édictée par M. Obama en utilisant des armes chimiques contre sa population.Lire aussi :François Hollande en quête d’une grande coalition contre l’EIM. Hollande, dit-on dans son entourage, se déplace à Washington pour « rendre la coopération la plus opérationnelle possible ». La France, souligne-t-on à l’Elysée, veut inciter les Etats-Unis à « être plus allants » dans la lutte contre l’EI dans au moins trois domaines : une intensification des frappes contre le mouvement djihadiste, un renforcement du soutien aux forces anti-Assad non alliées à l’EI et un durcissement du contrôle des flux financiers qui alimentent le trésor de guerre des islamistes. Mais cette visite se veut avant tout un « affichage politique » visant à mettre en scène une unité franco-américaine sur la question centrale du départ, à terme, du président Bachar Al-Assad, essentielle pour enrôler les forces rebelles syriennes dans la lutte contre l’EI. Or, le rapprochement opéré par François Hollande avec Moscou, principal soutien du régime syrien avec l’Iran, suscite des interrogations à Washington.Ambitions revues à la baisseA Moscou, jeudi, les ambitions seront plus modestes. Même si la France a amorcé un virage en faisant de la lutte contre l’EI sa « priorité », les termes d’une collaboration avec la Russie demeurent incertains, tant Moscou continue de soutenir envers et contre tout le régime de Damas. Une solidarité que le président russe, Vladimir Poutine, a réitérée, lundi à Téhéran, aux côtés du Guide suprême iranien, Ali Khamenei. « Personne ne peut et ne doit imposer de l’extérieur au peuple syrien des formes quelconques de gouvernance de leur Etat ou dire qui doit le diriger », a insisté M. Poutine.Visuel interactif : Syrie : les ennemis de mes ennemis...La rencontre, jeudi, entre MM. Hollande et Poutine aura pour objet « de vérifier dans quelle mesure la coopération peut s’accroître », dit-on prudemment à l’Elysée. Les ambitions sont, semble-t-il, revues à la baisse depuis que M. Hollande a appelé, le 16 novembre, à la formation d’une « coalition unique » pour combattre l’EI. « Il vaut mieux parler de coordination plutôt que de coalition », assure-t-on désormais à l’Elysée, où l’on réfute l’idée selon laquelle la France a assoupli sa position pour faciliter une coopération avec la Russie. « On n’adopte pas Bachar et on ne laisse pas tomber l’Ukraine », relève avec agacement un proche du président Hollande.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.11.2015 à 00h35 • Mis à jour le24.11.2015 à 13h38 Le département d’Etat américain appelle ses ressortissants à éviter les attroupements et les festivités collectives mais aussi à prêter une oreille attentive dans les foules pour prévenir la menace terroriste. Les Etats-Unis ont lancé lundi 23 novembre une alerte mondiale sur les risques de voyager pour leurs ressortissants partout dans le monde en raison d’une hausse des « menaces terroristes ». Après les récents attentats, notamment en France et au Mali, le communiqué américain invoque « des informations actuelles laissant penser que l’EI [l’Etat islamique], Al-Qaida, Boko Haram et d’autres groupes terroristes continuent de planifier des attaques terroristes dans de multiples régions ». Il évoque « le recours à des armes conventionnelles ou non conventionnelles et pouvant viser des intérêts publics ou privés ».Suivez la situation en direct sur notre siteLe ministère américain des affaires étrangères émet très fréquemment des notices d’alertes, pays par pays, pour ses ressortissants installés ou voyageant à l’étranger, mais celle-ci est mondiale et revêt une dimension particulière compte tenu de la multiplication des attentats ces dernières semaines.Les épisodes précédents d’alertes lancées à l’échelle mondiale, cités par CNN, datent de décembre 2014, d’août 2013, de septembre et mai 2011. Ces recommandations sont initialement valables quatre-vingt-dix jours et peuvent être prolongées le cas échéant. En l’occurrence, ce niveau d’alerte est prévu jusqu’au 24 février 2016. Une « mise en garde attentat », correspondant à un degré moindre de menace, avait été prononcée en juillet.Lire aussi :Beyrouth, Madrid, Tel-Aviv… l’expérience de ces autres villes frappées par le terrorismeL’alerte généralisée est lancée au début de la semaine de Thanksgiving, fête traditionnelle qui sera célébrée jeudi et à l’occasion de laquelle des millions d’Américains se déplacent. Le département d’Etat ne déconseille pas de voyager mais encourage à faire preuve d’une vigilance accrue, notamment dans les lieux publics ou les transports en commun.Combattants étrangers de retour de Syrie et d’IrakLa diplomatie américaine met en garde contre d’éventuelles « attaques terroristes à mesure que des membres de l’EI reviennent de Syrie et d’Irak », en allusion aux combattants étrangers revenus dans leurs pays d’origine après s’être battus dans les rangs de l’organisation djihadiste. Le département d’Etat redoute également des actes isolés inspirés des attentats récents.« Des extrémistes ont pris pour cible des événements sportifs, des théâtres, des marchés en plein air ou des services aériens », rappelle le département d’Etat, sans faire directement référence aux attentats du 13 novembre à Paris et au Stade de France revendiqués par l’Etat islamique. Mais il rappelle que des attaques islamistes ont eu lieu en France, au Nigeria, au Danemark, en Turquie et au Mali sur l’année écoulée.Dimanche, le président Obama a appelé la planète à rester forte face aux menaces djihadistes, demandant aux gens de ne pas céder à la panique et à leurs dirigeants de se rendre, comme lui, à la conférence sur le climat de Paris qui débute à la fin du mois. François Hollande rencontre mardi le président américain dans le cadre d’une semaine diplomatique intense durant laquelle il souhaite convaincre les grandes puissances d’intensifier et d’unir leur lutte contre l’organisation djihadiste Etat islamique, responsable notamment des attaques du 13 novembre. Washington est actuellement en première ligne de la coalition internationale contre l’EI.Lire aussi :Les visites compliquées de François Hollande à Washington et Moscou 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Baptiste Chastand Seize ans après sa création, le Bloc de gauche, un parti anti-austérité portugais lié à Syriza, a décidé de soutenir les socialistes pour renverser, mardi 10 novembre, le gouvernement de droite. Conclue également avec le Parti communiste, cette alliance est une première dans un pays où la gauche a jusqu’ici toujours été divisée.Fernando Rosas, professeur d’histoire à l’université nouvelle de Lisbonne et membre fondateur du Bloc de gauche, est un des idéologues du parti. Il explique ce qui a poussé sa formation, traditionnellement très critique vis-à-vis du Parti socialiste portugais, (PSP) à opérer ce tournant et à soutenir Antonio Costa pour qu’il forme un gouvernement.Comment expliquez-vous que la gauche portugaise, divisée depuis quarante ans, ait réussi à s’entendre ?Les législatives du 4 octobre ont permis aux socialistes, aux communistes et au Bloc de gauche d’obtenir une majorité très claire pour prôner une alternative à la politique d’austérité aveugle menée par le gouvernement de droite sortant. Le Bloc de gauche et le Parti communiste ont récolté ensemble près d’un million de voix à la gauche de la gauche. C’est sans précédent, et cela montrait que l’électorat voulait un véritable changement.La pression de notre base a été très forte : il fallait profiter de cette opportunité historique de gauche. L’accord n’est pas un programme du Bloc de gauche, on a fait des compromis et ce sera un gouvernement socialiste auquel nous ne participerons pas. Mais il est très précis, après avoir été très minutieusement négocié.Que prévoit-il ?Il vise surtout à revenir sur les coupes dans les salaires ou les retraites décidées ces dernières années. Il va certes augmenter les dépenses, mais en permettant une hausse de la consommation, et donc une augmentation des recettes fiscales. Il prévoit aussi une plus grande justice fiscale en taxant les grandes fortunes et la spéculation financière. En clair, il va permettre d’améliorer la vie des gens les plus pauvres, ceux qui ont été les plus touchés par la crise.Mais vous avez rénoncé à demander une renégociation de la dette et un changement des traités budgétaires européens…Nous n’avons pas renoncé, mais nous n’en avons pas fait une condition pour négocier le programme, c’est vrai. Il est toutefois prévu qu’une commission soit mise en place pour discuter de la dette. Et nous allons continuer à nous battre pour une amélioration des règles des traités. Mais on n’en a pas fait une condition, car cet accord permet d’abord des mesures très concrètes et très urgentes pour améliorer la vie des gens. C’est une opportunité unique après quatre ans de gouvernement de droite néoliberale et très radicale, qui ont fait beaucoup de mal au pays et provoqué le basculement de 800 000 votes de la droite pour la gauche. Le président de la République, qui est de droite, ne semble pas prêt à nommer le chef de file socialiste Antonio Costa comme premier ministre…Il est très hostile à cette option, mais la Constitution empêche d’appeler à de nouvelles élections avant juin. Il pourrait maintenir un gouvernement technique de droite jusque-là. Mais ce gouvernement n’aura pas de budget et ne pourra pas gouverner contre la majorité parlementaire. Ce serait la catastrophe. Je ne vois pas comment le président pourrait choisir cette voie.Comment expliquez-vous que le Parti communiste portugais, que vous qualifiiez vous-même de « sectaire », accepte désormais de s’allier avec vous et le Parti socialiste ?Il s’agit en effet d’un changement historique. Il y a eu une forte pression des milieux syndicaux sur le Parti communiste pour signer un accord, et notamment de la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP), le syndicat contrôlé par le parti. Les fédérations des professeurs et des transports publics voulaient un accord, car cela va permettre d’annuler les coupes dans les salaires et des retraites. L’accord permet surtout revenir sur les projets du gouvernement de droite qui aurait pu mettre en danger les centrales syndicales en restreignant la concertation collective au profit de la négociation individuelle.Pour vous, l’échec d’Alexis Tsipras à changer les règles budgétaires en Europe a-t-il joué ?La situation en Grèce était différente. Nous, nous n’allons pas gouverner, c’est le Parti socialiste qui va gouverner. Et Tsipras a dû accepter ces règles dans des conditions pires que nous.Qu’est-ce qui vous empêche encore de gouverner ?Ne pas rentrer au gouvernement nous permet d’être clairs. Il y a encore des divergences sur les questions européennes. Mais l’avenir permettra peut-être d’avancer sur cette question.Le Parti socialiste portugais a toujours été pro-européen et soutenu la rigueur budgétaire. A-t-il changé ?Il y a eu un changement qui a été bien interprété par la direction actuelle du parti. Cette question ne se posait d’ailleurs pas qu’à lui mais à tous les partis socialistes au niveau européen. Regardez le Parti travailliste britannique… ou le PSOE espagnol, qui est prêt à s’allier avec Podemos. Les partis socialistes européens sont devant un choix face à l’austérité : la soutenir ou retourner à des positions sociales-démocrates plus traditionnelles. Et nous avons aujourd’hui un programme social-démocrate.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Il faudra attendre 2020 pour voir le marché pétrolier se rééquilibrer et le baril revenir à 80 dollars (74 euros), soit environ 30 dollars au-dessus de son cours actuel. C’est l’une des principales conclusions du rapport 2015 (World Energy Outlook) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) présenté à Londres, mardi 10 novembre, par son nouveau directeur exécutif, Fatih Birol. Ses experts n’excluent pas, pour autant, le scénario d’un accès de faiblesse durable des prix qui continueraient à évoluer autour de 50 dollars le baril jusqu’à la fin de la décennie.L’agence, qui dépend de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), reconnaît qu’une longue période de prix bas bénéficierait aux consommateurs. En revanche, elle risque d’entraîner des inquiétudes sur la sécurité énergétique en augmentant la dépendance vis-à-vis d’un nombre restreint de producteurs à bas coûts, comme l’Arabie saoudite. Et si les prix bas dissuadent les compagnies pétrolières de relancer leurs investissements, la pénurie d’or noir pourrait entraîner un brusque rebond des prix, indique M. Birol.Lire aussi :Le pétrole restera bon marché pour longtempsEn novembre 2014, les douze membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avaient décidé de laisser les vannes grandes ouvertes. Les pétromonarchies du Golfe arabo-persique entendaient ainsi, par la baisse des cours, déstabiliser les producteurs américains d’huiles de schiste, dont les coûts d’extraction sont beaucoup plus élevés. Ils escomptaient ainsi conserver leurs parts de marché.Rôle central dans le monde pétrolierCette politique imposée par l’Arabie saoudite commence à porter ses fruits, et le cartel ne devrait pas la modifier lors de sa prochaine réunion, le 4 décembre, à Vienne. La production des Etat-Unis a en effet atteint un pic en juin (9,6 millions) et la baisse a été de 450 000 barils par jour depuis.Si l’effondrement des prix depuis son record de juin 2014 (115 dollars) a touché tous les pays du cartel, surtout les plus fragiles (Venezuela, Nigeria, Algérie, Libye, etc.), leur remontée bénéficiera à ceux qui, comme l’Irak et l’Iran, sont capables de pomper davantage de brut, analyse l’agence.L’AIE considère que l’OPEP continuera à jouer un rôle central dans le monde pétrolier. Sa part de marché va s’accroître d’ici à 2020 pour atteindre 41 %, alors que celle des autres pays (Russie, Norvège, Etats-Unis, etc.) stagnera dans les cinq prochaines années. Cette part devrait grimper à 44 % en 2025, soit 2 % de plus que les prévisions faites par l’AIE en 2014.Pour l’heure, l’offre est très supérieure à la demande. Mais dans les gisements arrivés à maturité (mer du Nord, Moyen Orient, golfe du Mexique, etc.), la production recule naturellement de plus de 5 % par an. Pour maintenir la production à son niveau actuel de 92 millions de barils par jour, estime M. Birol, les compagnies devront investir 630 milliards de dollars (589 milliards d’euros) chaque année dans l’exploration et la production.« Sérieux défis »Elles ont réduit ces investissements de 20 % en 2015 et la baisse se poursuivra en 2016. Deux années consécutives de réduction, « c’est du jamais vu depuis vingt-cinq ans », a souligné M. Birol. Une fois les prix stabilisés autour de 80 dollars le baril, la production américaine de shale oil devrait repartir au cours de la prochaine décennie et atteindre 5 millions de barils par jour.L’AIE n’hésite pas à se projeter en 2040, même si l’exercice est aléatoire. Avec 49,2 millions de barils par jour, l’OPEP assurerait presque la moitié de la production mondiale de pétrole. Les pays d’Asie seraient alors dangereusement dépendants de leurs fournisseurs du Moyen Orient, notamment les Saoudiens, les Iraniens et les Irakiens, mais aussi les Vénézuéliens.L’avenir n’est pourtant pas écrit, nuance l’AIE. Car certains pays à fortes ressources en hydrocarbures font aussi face à des « sérieux défis ». L’instabilité politique et le manque de sécurité risquent, selon elle, de dissuader les investisseurs internationaux. En attendant, prévient M. Birol, « ce n’est surtout pas le moment de se relâcher ». Cette période de prix bas doit être mise à profit, selon lui, pour « renforcer notre capacité à affronter les futures menaces pesant sur notre sécurité énergétique ». Lire aussi :Vallourec : pétrole meurtrierJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Le Parlement catalan a voté lundi 9 novembre, une résolution qui marque « le début du processus de création de la République catalane » et entend rompre avec le Tribunal constitutionnel et les lois espagnoles.Depuis les deux brèves déclarations d’indépendance de la Catalogne en 1931 et 1934, jamais le défi indépendantiste n’avait été si loin. Arrivé en terre inconnue, il semble impossible de prédire jusqu’où il ira.Il est difficilement imaginable que les indépendantistes, qui ont obtenu la majorité absolue en sièges (72 sur 135) mais pas en voix (47,8 %) lors des élections régionales du 27 septembre, parviennent à suivre leur feuille de route vers la sécession sans que Madrid n’intervienne, d’une façon ou d’une autre, pour faire respecter la Constitution espagnole et défendre « l’unité indissoluble de la nation espagnole » que proclame l’article 2.Lire sur Les Décodeurs :Pourquoi la Catalogne veut-elle son indépendance ?Mais il est difficile d’imaginer que les tensions entre Madrid et Barcelone puissent s’éteindre d’elles-mêmes, alors que près de deux millions de Catalans ont voté pour des partis indépendantistes.Les discussions entre Madrid et Barcelone étant rompues depuis plus d’un an, on assiste à un dialogue de sourds. Les indépendantistes catalans attendent du gouvernement espagnol qu’il réagisse avec force afin d’obtenir la médiation de la communauté internationale.Pour sortir de cette impasse, la tenue, tôt ou tard, d’un véritable référendum d’indépendance semble inéluctable. Mais pour le moment, le calendrier espagnol prévoit d’autres échéances qui pourraient être décisives pour l’avenir du processus indépendantiste catalan.Mardi 10 novembre Artur Mas se soumet à un premier vote d’investiture pour former le gouvernement régional. Il a besoin de la majorité absolue des voix au parlement catalan. Il est très improbable qu’il l’obtienne, car la Candidature d’unité populaire (CUP), petit parti séparatiste d’extrême gauche anticapitaliste, lui reproche les affaires de corruption qui touche son parti et sa politique d’austérité.Mercredi 11 novembre Mariano Rajoy a convoqué un conseil des ministres extraordinaire qui doit déposer un recours auprès du Tribunal constitutionnel contre la résolution indépendantiste. Celle-ci devrait être suspendue dès le lendemain, jeudi 12 novembre. Mais il est peu probable que les indépendantistes respectent la suspension émanant de l’organe juridique qu’ils viennent de défier. En cas de rébellion, le Tribunal constitutionnel peut suspendre les élus de leurs fonctions. Mais s’ils n’admettent pas la sanction, Madrid serait bien en mal de la faire appliquer par la force. Envoyer la police arrêter des élus, même insoumis, est une image que le gouvernement cherchera à tout prix à éviter.Jeudi 12 novembre Artur Mas se soumet à un deuxième vote d’investiture. Cette fois, une majorité simple de vote en faveur lui suffit. Il ne lui manque que deux voix. S’il n’a pas obtenu l’investiture avant le 9 janvier, il devra convoquer de nouvelles élections.10 décembre Selon la résolution votée le 9 novembre, le parlement catalan s’engage à adopter « dans un délai maximal de trente jours » les lois qui lui permettent de se doter d’une Constitution, d’une sécurité sociale et d’un Trésor public propres. Madrid devrait bloquer de telles initiatives, mais la désobéissance est possible. En dernier recours, le gouvernement pourrait demander la suspension de l’autonomie catalane et prendre le contrôle des institutions régionales.20 décembre Élections législatives. La Catalogne sera au cœur de la campagne électorale. Pour le Parti populaire, associé au nationalisme espagnol, ou le parti Ciudadanos, de centre droit et antinationaliste, le défi indépendantiste est presque une aubaine. Leur discours est clair : ils se posent en défenseurs de l’unité de l’Espagne.Si une alliance PP-Ciudadanos est formée après les élections, comme le laissent augurer les sondages, la tension avec la Catalogne pourrait encore monter d’un cran.Pour le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), considéré plus conciliant avec les nationalistes, le débat catalan est incommodant. La position longtemps défendue par sa branche catalane, le Parti socialiste catalan (PSC), en faveur d’un référendum sur l’indépendance tout en défendant le maintien en Espagne, lui a été néfaste. Depuis, il l’a abandonnée et prône une réforme de la Constitution vers un modèle davantage fédéral. Le parti de la gauche anti-austérité Podemos est le plus embarrassé par ce thème de campagne. Il défend actuellement l’ancienne position du PSC : en faveur d’un référendum pour laisser les Catalans décider.Les partis indépendantistes catalans, Convergence démocratique de Catalogne (CDC, droite nationaliste), le parti d’Artur Mas, et la Gauche républicaine indépendantiste (ERC), ne se présenteront pas sous une liste commune pour ces élections, comme ils l’ont fait le 27 septembre, ce qui permettra de mesurer les forces de chacune.9 janvier Si à cette date, Artur Mas n’a pas obtenu l’investiture de la Chambre, il devra convoquer de nouvelles élections régionales. Le résultat qu’aura obtenu CDC aux législatives du 20 décembre pourrait alors changer la feuille de route du parti d’Artur Mas. Si, éclaboussé par les affaires de corruption, doublé sur sa gauche par ERC, abandonné par les nationalistes modérés, CDC subit une forte chute électorale, il n’est pas impossible qu’il abandonne la voie sécessionniste.Printemps 2017 Si les indépendantistes suivent leur feuille de route, ils devraient à cette date organiser un référendum sur la Constitution de la République catalane qu’ils auront rédigée. Il est peu probable que la tension dure jusque-là.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.11.2015 à 17h03 • Mis à jour le10.11.2015 à 17h53 Le président roumain, Klaus Iohannis, a désigné au poste de premier ministre, mardi 10 novembre, l’ancien commissaire européen à l’agriculture Dacian Ciolos, à la suite de la démission de Victor Ponta, après le drame de l’incendie d’une discothèque de Bucarest à la fin d’octobre. M. Iohannis a déclaré :« Nous avons besoin d’un premier ministre indépendant, ou technocrate comme on dit, d’une personne intègre, qui n’a pas été impliquée dans des scandales et qui a démontré être capable de gérer des situations compliquées. »Un mouvement citoyen s’est déclenché à la suite de cet incendie — dont le dernier bilan est désormais de 46 morts et 15 blessés grave — qui a mis en lumière des manquements à la réglementation et une vaste affaire de corruption des autorités locales.Ancien étudiant en FranceCommissaire à l’agriculture entre 2010 et 2014, M. Ciolos, 46 ans, est depuis juillet le conseiller pour la sécurité alimentaire de l’actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Entre 2007 et 2008, il fut ministre de l’agriculture, sans étiquette, dans le gouvernement roumain de centre droit.Ingénieur horticole et agronomie de formation, M. Ciolos a fait une partie de ses études en France, à Rennes puis à Montpellier, où il a rencontré son épouse française. Il est également proche de l’eurodéputé français Michel Barnier (LR), ancien commissaire européen. 10.11.2015 à 15h45 Par Renaud EgreteauLes partisans de « La Dame » jubilent. Au fil des heures, des figures emblématiques de l’ancien régime militaire, dissous en 2011, reconnaissent leur défaite électorale face aux candidats de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND). Parmi eux, Thura Shwe Mann, actuel président de la chambre basse du parlement, et Htay Oo, un ancien ministre de la junte.Toutefois, malgré un scrutin qui fut certainement le plus libre que la Birmanie ait connu depuis 1960, l’intervention politique des militaires reste ancrée dans les institutions du pays et demeurera un élément clé de sa future gouvernance, quels que soient les résultats électoraux à venir. Rappelons-le, l’armée birmane dispose de 388 représentants parlementaires répartis dans les deux chambres du parlement national et dans les quatorze assemblées provinciales. La Constitution de 2008 l’impose. Mépris et suspicion Par cette présence au sein de l’organe législatif du régime hybride qui s’est substitué à la junte en 2011, l’armée entend garder un œil sur l’une des institutions phare de la transition en cours. Surtout si elle s’avère outrageusement dominée par le parti d’Aung San Suu Kyi. Le dogme militaire n’a longtemps affiché que mépris et suspicion envers les affaires parlementaires. Dès les premières années de son indépendance, obtenue en 1948, la jeune république birmane était sombrée dans l’instabilité et le factionnalisme, alors que la guerre civile s’installait. Des balbutiements postcoloniaux du parlementarisme, l’armée n’a retenu que les plaies causées par le clientélisme, la fragmentation de l’espace politique et la corruption des élites législatives.À l’origine de l’intervention politique des militaires birmans dans les années 1950, se dressent donc deux mythes fondateurs. Le premier est articulé autour de ce péril perpétuel que poseraient politiciens et bureaucrates, rongés par leur propension à l’égotisme, au factionnalisme et à la dissidence. Tout ce qu’une hiérarchie militaire peut abhorrer. Le second mythe est le produit des menaces chroniques à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Birmanie qu’une constellation de forces, armées ou civiles, ethniques ou étrangères, poserait à la nation. La poursuite de la guerre civile, malgré la récente négociation par le président Thein Sein d’un cessez-le-feu se voulant inclusif, en atteste.La très grande majorité des cadres de l’armée adhère férocement à cette vision dogmatique qui pose ainsi, depuis la première prise du pouvoir par le général Ne Win en 1958, les forces armées en gardienne engagée des institutions de l’état. Parce que les militaires jugent les civils incapables de maintenir la cohésion de la nation face aux dangers de l’intérieur et aux assauts idéologiques et culturels de tout ce qui est contemplé comme « étranger », l’armée continue de se persuader de son indispensabilité. Conviction personnelle ou narcissismeQue cela soit la LND, qu’ils considèrent comme une force fondamentalement populiste qui se désagrégera lorsqu’Aung San Suu Kyi ne sera plus là, ou les partis se fondant sur un socle farouchement identitaire, les militaires estiment que seule l’armée sera à même d’arbitrer une scène politique qui s’annonce des plus confuses dans les années à venir du fait de la démocratisation en cours.Cette méfiance sans cesse distillée envers le pouvoir civil a aussi conduit l’armée à s’appuyer sur ses propres réseaux de loyauté. Tentaculaires, ils ont été savamment constitués au fil de générations d’officiers, d’active ou en retraite, systématiquement parachutés dans les ministères et autres grands corps de l’état. Les académies militaires ont produit tant d’officiers depuis le coup d’état de 1988 que nombre d’entre eux sont incités par leur hiérarchie à quitter le service de façon anticipée pour être reconvertis en dociles bureaucrates. D’autres entrent en politique, par ambition comme par obligation.Il est commun à toute société prétorienne de chercher à recaser dans la vie publique les anciens cadres d’une armée omnipotente. Dans de nombreux cas – Fidel Ramos aux Philippines, B. S. Yudhoyono en Indonésie – ces anciens généraux ont été des éléments moteurs de la démocratisation de régimes post-militaires, autant par conviction personnelle que par narcissisme. Dans d’autres, les officiers reconvertis en apprenti-législateurs ou administrateurs, mais demeurant parfaitement loyaux envers l’institution qui les a nourris, ont constitué une épée de Damoclès sur les fragiles institutions d’un état qui peinait à sortir de la militarisation. C’est le cas en Birmanie.Les faits de dissidence au sein du corps des officiers birmans sont extrêmement rares. Les dernières défections massives d’anciens généraux et colonels datent de 1988. Le loyalisme quasi inaltérable que l’on observe parmi les élites militaires – officiers retraités compris – est certainement l’un des phénomènes les plus saisissants du paysage prétorien qu’offre la Birmanie. À constater la façon dont les jeunes cadets birmans continuent d’être initiés et socialisés dans les académies militaires, il est peu probable que ces nouvelles générations ne conçoivent dans les années à venir l’idée même d’une armée apolitique, non-interventionniste, et sous contrôle civil.Surtout, les inévitables déceptions post-électorales, la persistance des conflits interethniques (dont l’armée est partie prenante), la résurgence du radicalisme religieux, ainsi que les promesses de revenus mirifiques pour une nation riche en ressources naturelles tant convoitées par le monde extérieur depuis que les sanctions internationales ont été levées, font que la Birmanie doit faire face à trop de défis fondamentaux en même temps pour espérer que ses militaires rentrent promptement dans leurs casernes et n’y demeurent que de simples observateurs de l’évolution de leur pays. Renaud Egreteau est chercheur au think tank Woodrow Wilson Center (Washington DC). 10.11.2015 à 13h42 • Mis à jour le10.11.2015 à 14h06 L’armée égyptienne a relâché mardi 10 novembre le journaliste d’investigation et défenseur des droits de l’homme Hossam Bahgat, au lendemain de l’appel de l’Organisation des Nations unies à le libérer. Il était menacé d’une inculpation pour « publication de fausses informations portant atteinte aux intérêts nationaux », et avait été placé en détention pour quatre jours.Alors que l’organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty International avait dénoncé « un nouveau clou enfoncé dans le cercueil de la liberté d’expression en Egypte », de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer l’arrestation de M. Bahgat. Militant par la plume au sein d’organisations de défense des droits de l’homme depuis le début des années 2000, Hossam Bahgat est devenu l’une des figures indépendantes les plus en vue en Egypte. Agé de 36 ans, il a milité tour à tour contre les violations des droits de l’homme commises sous le régime de l’ancien président, Hosni Moubarak, puis pendant la révolution par le Conseil suprême des forces armées (CSFA, 2011-2012) et les Frères musulmans, ainsi que par les nouvelles autorités du président Abdel Fattah Al-Sissi après l’été 2013. Ses activités lui ont valu, sous les différents régimes, d’être la cible récurrente d’attaques et de campagnes de dénigrement dans la presse.Lire aussi :L’arrestation du journaliste Hossam Bahgat, « un coup porté à la liberté d’expression » en EgypteTravail « courageux et sans relâche »En 2002, M. Bahgat a fondé l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), devenue la plus importante association de défense des droits de l’homme en Egypte. En 2011, il a reçu, pour son travail « courageux et sans relâche » en matière de droits humains, le prix Alison Des Forges, de l’ONG Human Rights Watch (HRW).En 2014, Hossam Bahgat a commencé à écrire pour le journal électronique indépendant égyptien Mada Masr. Il y a publié une série d’enquêtes, notamment sur la politique antiterroriste, qui révèle que les généraux du CSFA ont libéré des figures djihadistes, ou la corruption. Sa dernière enquête, publiée en octobre, revient sur la condamnation, devant un tribunal militaire à la fin d’août, de 26 officiers accusés d’avoir conspiré avec les Frères musulmans pour « renverser le régime ». Cet article pourrait être à l’origine des poursuites qui ont été engagées contre M. Bahgat par la justice militaire.Depuis l’été 2013, l’Egypte a renforcé son arsenal antiterroriste, étendant notamment la juridiction des tribunaux militaires pour les atteintes aux intérêts nationaux – une catégorie jugée floue par les experts. Cet été, une nouvelle loi a été décrétée qui prévoit notamment une amende très lourde pour les journalistes et les médias, y compris étrangers, qui rapportent des informations contredisant les communiqués et bilans officiels en cas d’attentats ou d’attaques. Les militants des droits de l’homme relèvent par ailleurs de nombreuses violations commises par les forces de sécurité, à l’instar de disparitions forcées ou de tortures et mauvais traitements en détention et dans les commissariats. Bruno Philip (Rangoun, envoyé spécial) Avant même que soient connus les résultats finaux des élections législatives birmanes, le chef du parti au pouvoir, créé par des militaires de l’ancien régime militaire, a fait, lundi 9 novembre, cette stupéfiante déclaration : « Nous avons perdu. Nous devons maintenant trouver les raisons de notre défaite », a reconnu Htay Oo, président en exercice du Parti de la solidarité et du développement de l’union (USDP).Surprenant aveu de la part de la voix officielle d’un gouvernement post-dictatorial, dont on ne sait pas encore quelle sera la réaction – ainsi que celle de l’armée – après la proclamation définitive des résultats. « Une victoire trop écrasante pourrait presque s’avérer inquiétante au sens où une perte de face totale n’est jamais une bonne chose en Asie », avançait dans l’après-midi un diplomate.La déculottée de l’USDP, qui pourrait inaugurer une nouvelle ère en Birmanie, est en train de s’avérer plus cuisante encore que redoutée par les actuels gouvernants même si tout le monde prévoyait une victoire sans conteste du parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD). Mardi matin, les résultats de 54 sièges, sur les 498 en lice dans les deux chambres du Parlement, avaient été annoncés. Le parti de la « Lady » en a remporté 49. A Rangoun, la capitale économique du pays, le parti a gagné 43 des 45 sièges, a affirmé Win Htein, l’un des responsables de la NLD. Aung San Suu Kyi a d’ailleurs indiqué à la BBC que son parti avait remporté environ 75 % des sièges en lice.Victoire auprès des minorités ethniquesDans la région du delta du grand fleuve Irrawaddy, considérée comme un bastion de l’USDP, le parti des militaires a perdu tous ses sièges, y compris celui de son président Htay Oo. Quant aux ministres de l’actuel gouvernement, essentiellement d’anciens officiers, ils seraient vaincus dans leur écrasante majorité. Ainsi que leurs affidés, hommes d’affaires-députés déjà enrichis par les trafics au temps de la dictature, puis au sein du nouveau cabinet « civil » formé après l’autodissolution de la junte, au printemps 2011.La NLD loin d’être toujours populaire chez les minorités ethniques, a, semble-t-il, avancé ses pions dans les Etats où elles vivent. Dans l’Etat Chin, sur la frontière indienne, une candidate d’un parti local a perdu contre son concurrent de la NLD. Les minorités et leurs représentants, qui représentent 30 % de la population, reprochent souvent à Aung San Suu Kyi de ne pas les avoir suffisamment soutenus. Si les succès de la NLD en territoire « ethnique » se confirmaient, cela voudrait dire que le parti de la « Dame » a réussi à réunir autour de lui une proportion significative de membres des minorités, dont le vote exprimerait un fort rejet des héritiers de l’ex-régime militaire. Devant le siège de la NLD, des centaines de ses partisans ont fêté bruyamment, lundi, leur victoire, bravant les dernières pluies torrentielles de la fin de mousson. Là, c’était le rouge qui dominait. Rouge comme la couleur du parti, zébré d’un paon doré, l’un des animaux emblématiques de la Birmanie. Des tee-shirts de même couleur, avec la mention « on a gagné » étaient distribués.Fraudes ponctuellesLes élections se sont déroulées dans le calme. Les observateurs birmans et étrangers, notamment ceux de l’Union européenne, venus surveiller le déroulement du scrutin dans les bureaux de vote, n’ont pas eu connaissance d’irrégularités significatives qui auraient pu être la marque d’un plan d’ensemble de manipulation électorale. Quelques tentatives de fraudes locales et ponctuelles ont malgré tout été signalées, selon le site Internet The Irrawaddy : à Pathein, dans le delta du fleuve du même nom, on aurait proposé à des villageois des prêts équivalents à une centaine d’euros, une somme qu’ils n’auraient pas à rembourser s’ils votaient pour l’USDP… Dans l’Etat kachin, dans le nord du pays, on aurait fait voter les morts, affirme une candidate du Front national pour la démocratie (NDF), l’un des 91 partis en lice.Lire aussi :Raz-de-marée pour la « Lady » en BirmanieDeux réactions sont venues, lundi, illustrer la portée internationale du basculement politique historique en cours : « En dépit de déficiences structurelles et systémiques, a observé le responsable de la presse de la Maison Blanche, Josh Earnest, ce vote représente un pas important sur la voie du processus démocratique. » Côté chinois, un quotidien qui est l’une des voix du Parti communiste, le Global Times a mis en garde la Birmanie contre un rapprochement trop significatif avec les Etats-Unis en cette période de changement : une telle décision « serait stupide car elle mettrait en péril (…) les ressources [que la Birmanie] obtiendrait grâce aux politiques amicales de la Chine ». Car, ajoute la voix de l’impérial voisin, « la Chine a été magnanime et bonne sur le plan stratégique ».Bruno Philip (Rangoun, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.11.2015 à 16h03 | Philippe Ricard (Montreux, envoyé spécial) Miguel Angel Moratinos a été ministre des affaires étrangères espagnol de 2004 à 2010, dans le gouvernement du socialiste José Luis Zapatero. Il revient sur l’impact des attentats de Paris, en marge de la World Policy Conference, organisée à Montreux, et consacrée aux grands enjeux géopolitiques du moment.Lire aussi :Beyrouth, Madrid, Tel-Aviv… l’expérience de ces autres villes frappées par le terrorismeLe Monde : L’Europe peut-elle être en guerre contre l’Etat islamique comme le dit François Hollande pour le compte de la France après les attentats de Paris ?Miguel Angel Moratinos : Se déclarer « en guerre » contre Daech donne une forme de légitimité à ses actions. Des actions militaires sont sans aucun doute nécessaires pour vaincre cette organisation. Mais je crois que l’on doit donner une autre terminologie à ce qui doit être absolument entrepris pour éradiquer la menace.Le langage guerrier donne satisfaction aux thèses de Daech, qui se targue déjà d’être un Etat doté d’une armée, alors que ce sont avant tout des terroristes qui nous imposent leur agenda.Lire aussi :« Nous devons admettre que Daech fonctionne comme un Etat »L’escalade, sur le plan militaire, est-elle souhaitable ou craignez-vous qu’elle n’amplifie les représailles de l’EI ?Désormais, il faut aller jusqu’à la défaite de l’Etat islamique. Il ne s’agit plus de s’arrêter en route. Il ne faut pas reculer. Mais il faut accompagner les actions militaires par des initiatives diplomatiques. Il faut avancer sur la transition politique en Syrie, mais aussi progresser sur des conflits plus anciens, à commencer par le processus de paix entre Palestine et Israël.Lors des attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, j’étais au côté du dirigeant palestinien Yasser Arafat et j’ai tout de suite estimé que ces événements allaient changer l’équilibre du monde. C’est la même chose depuis les attentats de Paris, qui risquent d’avoir des effets énormes pour l’ensemble de l’Europe et pour nos relations avec le monde arabe.Lire aussi :De l’usage de la « guerre » en politiqueCroyez-vous que la « grande coalition » désormais prônée par la France pour lutter contre l’EI soit possible, en particulier entre les Etats-Unis et la Russie ?Après les attaques de Paris, il n’existe plus d’excuse pour considérer que la stratégie doit être collective. Les circonstances exigent une action commune des pays les plus importants dans le cadre d’une résolution des Nations unies. Les Etats-Unis ont certes amorcé ces dernières années un mouvement de retrait dans la région, tandis que les Russes sont décidés à y défendre leurs intérêts.Mais le jeu des grandes puissances est primordial pour constituer un front commun. L’Europe ne doit pas non plus être absente : voilà un siècle, ce sont les Français et les Britanniques qui ont redessiné la carte de la région. La première des priorités est de vaincre Daech, mais sans oublier le contexte de la guerre civile en Syrie. Un cessez-le-feu doit être négocié dans ce pays. C’est indispensable et urgent, avant, à terme, de mettre en place une transition politique.Lire aussi :La France et la Russie conviennent d’une « coopération » militaire « plus étroite »Le sort du dirigeant syrien, Bachar Al-Assad, est-il toujours aussi central ?Le problème n’est pas de savoir si Bachar Al-Assad doit rester ou pas. Jusqu’ici, les uns et les autres, on a multiplié les préconditions et les lignes rouges pour ne rien décider. Celles-ci sont difficiles à tenir, et n’ont fait que retarder les choses. Entretemps, la guerre se prolonge depuis plus de quatre ans.Lire aussi :L’ONU autorise « toutes les mesures » contre l’Etat islamiqueLe pays est détruit, et l’Etat islamique contrôle une partie de son territoire. Au lieu de continuer à perdre du temps, il nous faut dégager une solution politique dans le cadre d’une transition menée par les Syriens. Les négociations de Vienne vont dans ce sens. Elles peuvent amener quelque chose, en particulier parce que l’Iran y participe.Lire aussi :Origine, puissance, financement : les clefs pour comprendre l’Etat islamiqueEst-ce judicieux de la part de François Hollande de recourir à la clause d’assistance mutuelle prévue dans les traités européens (article 42.7) ?Oui, c’est une très bonne idée. Elle s’inscrit dans l’esprit fondateur de l’Union européenne, puisqu’il s’agit d’afficher notre solidarité. Un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement européens devrait être convoqué.Cela peut permettre aussi de raffermir la mobilisation des Européens, sans brandir l’éventualité d’un recours à l’OTAN afin de ne pas casser le dialogue naissant avec les Russes…Lire aussi :La France peut-elle contraindre les pays européens à lui porter assistance ?Mais rien n’existe pour concrétiser cette assistance au niveau européen ?C’est l’occasion de construire une Europe de la défense, ou de créer une agence européenne de renseignement. Ce n’est pas le moment de se replier sur soi, derrière nos frontières nationales, car la menace concerne tout le monde. L’espace Schengen doit ainsi demeurer un élément clef, le pendant naturel du marché unique, afin de favoriser la libre circulation des personnes.Il ne faut pas oublier que ce sont des Français, et pas des étrangers non européens, qui ont pour la plupart commis les attaques de Paris. Cela n’aurait pas de sens de sacrifier ce dispositif en raison de la menace terroriste. Il est donc nécessaire de renforcer les contrôles aux frontières extérieures, mais on ne peut pas renoncer à Schengen. Il doit être préservé tout en étant adapté.Lire aussi :L’UE veut renforcer les contrôles sur l’entrée et la libre circulation sur son territoirePhilippe Ricard (Montreux, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Intérim (Stockholm, correspondance) A Boliden, une petite localité du Grand Nord suédois, la police a arrêté, jeudi 19 novembre au soir, un homme soupçonné de préparer des attaques terroristes. Cette arrestation intervient alors que le ton se durcit avec le voisin danois sur la question des migrants et le contrôle aux frontières.La veille, les services de sécurité suédois (Sapo) ont relevé le niveau de la menace terroriste de trois à quatre sur une échelle de cinq, une première dans le royaume. Les trois chefs des différents services ont expliqué, lors d’une conférence de presse, qu’il était très probable que des personnes aient l’intention et la capacité de mener des attaques d’envergure sur l’ensemble du territoire.Lire aussi :Les Européens ne se sentent pas en guerrePeu après la conférence de presse, une photo de mauvaise qualité a été publiée par les médias, montrant un jeune homme souriant, presque hilare : Moder Mothanna Magid, âgé d’une vingtaine d’années et originaire d’Irak. Les services de renseignement ont déclaré qu’il avait des liens étroits avec l’Etat islamique, et aurait combattu en Syrie. Le tabloïd Expressen a également indiqué qu’il aurait voyagé depuis l’Irak via la Turquie puis vers l’Allemagne et serait enfin parvenu en Suède. C’est dans un centre de demandeurs d’asile, à 800 kilomètres de Stockholm, qu’a eu lieu l’arrestation. La police a aussi inspecté l’établissement dans lequel Magid aurait vécu plusieurs semaines et a interpellé plusieurs personnes, soupçonnées d’être des complices.« Conséquences de la politique suivie »Si l’arrestation a été coordonnée avec les services de renseignements danois et norvégien, Stockholm a reproché à Copenhague son manque de vigilance. « Le Danemark devrait naturellement prendre sa responsabilité en se souciant de la situation des réfugiés et de la sécurité en Europe », a déclaré vendredi le ministre de l’immigration suédois, Morgan Johansson, avant d’ajouter : « Comme la Suède et l’Allemagne l’ont fait, le Danemark devrait aussi mettre en œuvre des contrôles à ses frontières. »« Le Danemark devrait naturellement prendre sa responsabilité en se souciant de la situation des réfugiés et de la sécurité en Europe »Quelque 600 migrants sont arrivés du Danemark dans la ville suédoise de Malmö, en seulement trois heures, jeudi. Lorsque la Suède a annoncé la reprise de ses contrôles temporaires aux frontières le 12 novembre, le Danemark a clairement indiqué qu’il ne ferait pas de même. « Je peux comprendre la déclaration des Suédois parce que maintenant ils voient les conséquences de la politique suivie, a expliqué vendredi le porte-parole du parti libéral au pouvoir, Jakob Ellemann-Jensen. Bien sûr, il serait plus facile et plus pratique pour les Suédois si nous mettions en place des contrôles aux frontières du Danemark, car ces milliers de personnes que la Suède a attirées à travers sa politique d’immigration resteraient au Danemark. »Le Danemark, un pays de 5,6 millions d’habitants, estime qu’il recevra 20 000 réfugiés d’ici à la fin de l’année. En Suède, les prévisions concernant les réfugiés ne cessent d’être revues à la hausse, avec plus de 190 000 nouveaux arrivants en 2015 pour une population de 9,8 millions. Or, après avoir soutenu sans ciller l’accueil des migrants, c’est désormais un mea culpa auquel semble se livrer le premier ministre suédois social-démocrate, Stefan Löfven. Jeudi, il a déclaré solennellement : « Nous avons été naïfs. »Lire aussi :Durcissement du débat européen sur les réfugiésIntérim (Stockholm, correspondance) Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le centre de crise du ministère de l’intérieur belge a décidé, dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 novembre, de faire passer à son degré maximal (soit 4 sur une échelle de 4) le niveau d’alerte terroriste pour la région Bruxelles-Capitale. Cela correspond à une menace « sérieuse et imminente » d’attentat. Le reste du pays reste au degré d’alerte 3.Le premier ministre, Charles Michel, a pris la décision de relever dans la nuit le niveau de menace « suite à des informations d’un risque d’attentat similaire à Paris ». Les cibles potentielles seraient des centres commerciaux, les transports en commun et les grands événements rassemblant des foules.« Il s’agissait donc d’une menace d’attentat commis à plusieurs endroits par plusieurs individus ».A suivre sur notre direct : Bruxelles placée en état d’alerte maximale pour une menace « imminente »Près de 1 000 soldats lourdement armés patrouillaient les rues de la ville, où siègent l’OTAN et les institutions européennes. Le conseil régional de sécurité, rassemblant les bourgmestres de la région de Bruxelles-Capitale, a précisé les mesures qui resteront en vigueur jusqu’à dimanche à la mi-journée :Les habitants sont invités à éviter les lieux de rassemblement comme les salles de concert, les aéroports, les gares, les centres commerciaux. De nombreux spectacles ont été annulés ;Le métro restera fermé jusqu’à dimanche à 15 heures. La gare de Bruxelles-Schuman l’a été samedi depuis midi. Des bus circulent ainsi que quelques tramways ;Tous les grands centres commerciaux sont fermés depuis midi. Les contrôles sont renforcés dans tous ces endroits ;Les marchés ont été annulés, ainsi que toutes les activités prévues dans les bâtiments publics ;Le traditionnel cortège pour l’arrivée de la Saint-Nicolas à Vilvorde, dans la grande banlieue de la ville, est supprimé.Samedi matin, de nombreux quartiers étaient quadrillés par la police et les unités spéciales tandis que des militaires continuaient de surveiller des bâtiments officiels et des lieux réputés « sensibles ». La Ligue de football semblait, elle, vouloir maintenir les rencontres prévues dans les divisions supérieures.La mesure prise dans la nuit résulte d’une analyse « très spécifique » de l’Office central de l’analyse de la menace. Le conseil national de sécurité, regroupant les différents services de sécurité sous l’autorité du premier ministre, devait se réunir samedi pour examiner des mesures complémentaires.Trois suspects arrêtés Le niveau 4 n’a été instauré qu’à deux reprises : en 2014, pour tous les lieux fréquentés par la communauté juive, après l’attentat contre le Musée juif, au cœur de Bruxelles, et en 2007 lorsqu’une cellule radicale aurait préparé un projet d’évasion de Nizar Trabelsi, un terroriste d’Al-Qaida, arrêté dans la capitale deux jours après les attentats du 11 septembre 2001.Trois suspects qui seraient liés aux attentats de Paris ont été arrêtés en Belgique au cours des derniers jours.Deux d’entre eux, Hamza Attou et Mohamed Amri, ont convoyé Abdeslam Salah, qui a participé aux attentats de vendredi 13 à Paris, et dont le frère Brahim s’est fait exploser près de la place de la République. La police multiplie les opérations pour tenter de retrouver ce Français de Molenbeek.Le troisième suspect, un Marocain de Jette, a été mis en examen vendredi. Il aurait aidé Abdeslam Salah durant sa fuite. Une arme chargée et du sang ont été retrouvés dans sa voiture. Un message parvenu sur son téléphone portable indiquait que « le juif n’est pas là », selon le quotidien La Dernière Heure.Au cours de l’une de ses opérations de recherche, la police a intercepté un jeune habitant de Molenbeek. Agé de 15 ans, il envisageait de se rendre en Syrie. Il avait déjà tenté de gagner la Bulgarie et avait été appréhendé à deux reprises.Un appel du parquet a entraîné sa mise en détention dans un centre de protection de la jeunesse, vendredi, après qu’un premier juge l’a libéré. Une décision qui avait provoqué la colère du ministre de l’intérieur, Jan Jambon.Une information sur une menace imminente d’attentat serait aussi parvenue aux services de sécurité par les enquêtes sur l’entourage d’Hasna Aït Boulahcen, la cousine du djihadiste belge Abdelhamid Abaaoud. Des proches de celle-ci vivant en Région flamande seraient partis pour la France, pour une raison encore inconnue.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.11.2015 à 07h55 • Mis à jour le21.11.2015 à 16h35 | Jean-Philippe Rémy (Johannesburg, correspondant régional) Tout concorde : le calendrier, la cible, le déroulement. L’attaque contre le Radisson Blu de Bamako, avant même sa conclusion, avait rempli son cahier des charges. Frapper, dans un grand hôtel, des expatriés de nombreuses nationalités, des hommes d’affaires, l’élite locale malienne, des équipages de compagnies aériennes, le tout en plein centre de la capitale d’un pays, le Mali, où se mène une part importante de la guerre de la France contre les réseaux djihadistes de la région Sahel-Sahara.Lire aussi :Mali : l’état d’urgence après l’attaque sanglante contre un hôtel de BamakoLe tout dans un périmètre bien protégé – en théorie –, en raison des nombreuses alertes attentats des mois et années écoulées. Faire ainsi la démonstration de la vulnérabilité de la capitale. L’attentat de Bamako a été conçu pour atteindre la dimension tragique et reconnaissable des « grands attentats », qui attirent l’attention du monde et bousculent les sensibilités, comme l’ont été ceux commis en France, le vendredi 13 novembre.La différence est criante avec l’attaque, en août, d’un hôtel à Sévaré, dans le centre du pays, visant des contractuels de la mission des Nations unies (Minusma) puis l’attaque de camps de casques bleus, et d’autres encore qui s’égrènent au fil des mois et font de la Minusma la mission avec les plus fortes pertes humaines de la planète.Les treize morts de Sévaré n’avaient pas la force d’impact de l’assaut sur le Radisson Blu, qui a attiré l’attention mondiale, même si, à la différence des attentats de Paris une semaine plus tôt, il ne peut être attribué à l’Etat islamique (EI).Mokhtar Belmokhtar « le borgne » La revendication a eu lieu dans l’après-midi, alors que la prise d’otage n’était pas terminée. Elle émanait du groupe Al-Mourabitoune, dont le chef est le chef djihadiste le plus célèbre de la bande saharienne, Mokhtar Belmokhtar. Le « borgne », responsable de multiples enlèvements et attaques (dont celles d’In Amenas, en Algérie, en 2013), a été la cible d’un tir américain en juin à Ajdabiya, dans le « croissant pétrolier » en Libye, au bord de la Méditerranée. Il semble qu’il ait survécu.La création d’Al-Mourabitoune a été annoncée en août 2013, sur la base de la fusion des Signataires par le sang, la formation de Mokhtar Belmokhtar à l’époque, issue d’une scission d’avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), avec d’autres composantes djihadistes, regroupées dans le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest). Une mouvance dont la place forte était encore Gao, quelques mois plus tôt, d’où les forces françaises de l’opération Serval, appuyés par des forces spéciales maliennes, l’avaient chassé.A l’époque, joint au téléphone par Associated Press, le porte-parole de Mokhtar Belmokhtar expliquait pourquoi le chef d’Al-Mourabitoune avait pris ses distances avec AQMI pour créer sa propre formation, tout en conservant des liens très forts avec la branche centrale de l’organisation : « Il nous est plus facile d’opérer sur le terrain en ayant quitté formellement ce groupe [AQMI], qui demeure lié à l’appellation « Maghreb ». Nous voulons élargir notre zone d’opérations à travers tout le Sahara, allant du Niger au Tchad, y compris au Burkina Faso. »Lire aussi :« Les groupes islamistes ont l’obsession de déstabiliser l’Etat malien »Depuis, de nombreux lieutenants ou alliés de Belmokhtar ont été tués, surtout par la France. « Il est indiscutable qu’Al-Mourabitoune est affaibli », note Mathieu Pellerin, chercheur associé à l’IFRI (Institut français des relations internationales). Pour autant, note le spécialiste de la région, « pour la deuxième fois, Al-Mourabitoune frappe en plein cœur de Bamako et démontre surtout sa capacité à frapper l’hôtel le plus fréquenté par les Occidentaux. »« Pour la deuxième fois, Al-Mourabitoune frappe en plein cœur de Bamako et démontre surtout sa capacité à frapper l’hôtel le plus fréquenté par les Occidentaux »Dernier attentat en marsLa précédente attaque à Bamako revendiquée par Al-Mourabitoune avait visé en mars 2015 La Terrasse, un restaurant-boîte de nuit de plein air. L’attaque de l’hôtel Byblos à Sévaré, quant à elle, avait été revendiquée à la fois par le groupe de Belmokhtar et par Ansar Eddine, celui d’Iyad Ag Ghali. Fait important, l’auteur du communiqué de Ansar Eddine était Souleymane Mohammed Kennen. Un homme proche du groupe Al-Mourabitoune, puisqu’il avait fait partie de la katiba de Belmokhtar en 2012, mais aussi d’un responsable du dernier né de la galaxie djihadiste opérant au Mali, le Front de libération du Macina (FLM).Il y a quelques mois, Mohamed Dicko, originaire de Niafunké (vers le centre), avait annoncé la création de ce FLM, supposé représenter, pour le Sud du pays, ce qu’Ansar Eddine était pour le Nord : une branche locale, bien implantée, capable d’exécuter des opérations ou, à tout le moins, « d’incarner » sur place une organisation comme Al-Qaida.Derrière le FLM se profile Iyad Ag Ghali, ex-figure des mouvements armés touareg, ex-diplomate bon vivant, notable frustré du clan touareg des Ifoghas, dont il aurait voulu devenir le chef, devenu un des piliers de la tendance djihadiste dans le Nord du Mali. Il est chef d’un groupe qui a d’abord navigué entre la mouvance indépendantiste et le djihadisme. Deux de ses fidèles lieutenants sont les dirigeants influents du HCUA (Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad), assis à la table des négociations parmi la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad), qui regroupe les mouvements associés au processus de paix opposés au camp du pouvoir central.Acheter la paix au MaliOr, le 20 juin, à Alger, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a finalement signé un accord de paix avec Bamako ouvrant la porte à un retour à la normale de la moitié Nord du pays, qui vit en état de scission depuis 2012. Mais de cette normalisation, Iyad Ag Ghali ne veut pas. Alors qu’il se trouve, selon les moments, quelque part entre la Libye, la frontière algérienne et peut-être dans les environs, dans l’Adrar des Ifoghas, de sa ville d’Abeïbara, il a fait diffuser un message il y a quelques jours pour appeler à s’opposer à cette perspective de paix.En dépit de l’apparente complexité des réseaux de groupes djihadistes dans la région, des regroupements peuvent être faits. « Al-Qaida, c’est ce qu’ils sont. Techniquement, ce sont des franchises avec des réseaux, et des messagers qui circulent sans utiliser de moyens de communication. Les noms différents sont aussi des tactiques pour brouiller les pistes », analyse Jacob Zenn, spécialiste des groupes terroristes du Sahel pour la fondation Jamestown.La complexité des groupes de cette région est donc le reflet de certaines divisions, mais aussi de l’autonomie indispensable des formations djihadistes, depuis que l’opération Serval, en 2013, les a privés de leur sanctuaire au Nord Mali. Mais parfois, cela va plus loin. Ainsi, une petite aile dissidente de Al-Mourabitoune dirigée par Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, a tenté, le 13 mai, une allégeance à l’Etat islamique. Très vite, « le borgne » a contredit Al-Sahraoui, réaffirmant ses liens avec Al-Qaida. Depuis, des factions rivales au sein d’Al-Mourabitoune ont connu plusieurs échauffourées. La France est peut-être « l’ennemie », mais entre les affiliés à Al-Qaida et l’Etat islamique, ce n’est pas l’union sacrée.Lire aussi :Au Mali, les djihadistes multiplient les attaques Jean-Philippe Rémy (Johannesburg, correspondant régional)Correspondant régional Afrique, JohannesburgSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Angela Bolis Depuis les attentats du 13 novembre, beaucoup de lecteurs ont demandé, dans notre live, si les assaillants avaient pu prendre des drogues avant de commettre un tel massacre.Certains témoignages ont semblé aller dans ce sens : ainsi celui, dans Le Figaro, d’un homme qui a vu le visage de deux hommes impliqués dans les attentats alors qu’ils se garaient devant lui, tout près du Bataclan : « On aurait cru des morts-vivants, comme s’ils étaient drogués. » Ou celui de rescapés du Bataclan, les décrivant riant « d’un rire adolescent » alors qu’ils humiliaient une de leurs victimes. Et finalement cette information du Point, selon laquelle des seringues auraient été retrouvées dans une chambre d’hôtel louée à Alfortville, dans le Val-de-Marne.Cette information a depuis été démentie par des sources judiciaires au Monde, ainsi qu’à L’Express. Pour le moment, rien ne permet d’affirmer que les terroristes se soient drogués avant de passer à l’acte. Des analyses toxicologiques sont en cours dans les laboratoires de la police scientifique à Lyon.Conviction et exaltation plutôt que des stupéfiantsScott Atran, anthropologue au Centre national de la recherche scientifique et à l’université du Michigan, a mené des recherches sur le terrain en Irak, où il a interviewé des combattants de l’Etat islamique (EI) capturés par des Kurdes. Il s’est aussi entretenu en Jordanie avec des combattants d’Al-Nosra venant de Syrie, et avec d’anciens recruteurs de l’EI. Or, assure-t-il, « je n’ai jamais été témoin [de l’usage de drogues chez ces djihadistes], ni en Europe ni au Moyen-Orient ».« Je pense que la consommation de drogues attribuée aux combattants de l’EI découle, en partie, du désir de ne pas vouloir considérer l’aspect moral et la sincérité de l’engagement de ces gens », dit-il. En outre, précise-t-il, l’interprétation de la loi islamique que donne l’EI interdit l’usage de drogues.Même écho du côté de David Thomson, journaliste à RFI et spécialiste du djihadisme, qui a expliqué le 16 novembre sur France Inter que, malgré les nombreuses rumeurs sur le sujet, « pour l’instant, avec tous les entretiens que j’ai pu mener de gens qui sont là-bas et de gens qui en sont revenus, […] personne n’a pu me confirmer que c’était vrai ». Pour lui, les djihadistes n’ont nul besoin de se droguer pour commettre leurs actes, étant suffisamment portés par leurs convictions et leur exaltation. Le journaliste a en revanche rapporté des témoignages sur « un abus d’antidouleurs » distribués par l’EI, et utilisés comme stupéfiants.La Syrie, consommatrice et exportatriceIl existerait néanmoins un précédent d’usage de drogues lors d’attentats islamistes : d’après le Daily Mail, l’auteur de la tuerie de Sousse, en Tunisie, qui avait fait 38 morts fin juin, avait pris « certaines drogues avant son attaque – la même drogue que l’EI donne à des gens qui font des attentats terroristes ». Il pourrait donc s’agir du Captagon, un médicament à base d’amphétamine souvent cité comme circulant sur le théâtre du conflit syrien.En mai par exemple, un reportage d’Arte montrait un trafiquant de cette drogue dans la vallée de la Bekaa au Liban, qui affirme en vendre, depuis le début de la guerre, à des villageois de l’autre côté de la frontière syrienne. D’après lui, ils la revendraient eux-mêmes au front Al-Nosra, au groupe EI, à l’Armée syrienne libre.En parallèle, les saisies de Captagon se multiplient. Dernière en date, le 20 novembre : près de 11 millions de pilules ont été saisies par la police turque, près de la frontière syrienne. Selon un rapport de l’Organisation mondiale des douanes datant de 2013, ces saisies sont passées d’environ 4 tonnes en 2012 à plus de 11 tonnes en 2013. En tête des pays concernés : l’Arabie saoudite, le Liban, la Jordanie, le Yémen ou encore Bahreïn.Peu à peu, il semble que la production et la consommation de cette drogue aient aussi gagné la Syrie. Facile à produire et très rentable, une pilule s’y vendrait entre 5 et 20 dollars, selon une enquête de Reuters. « La Syrie est devenue un exportateur et un consommateur majeur d’amphétamines, à mesure que les traumatismes de la violente guerre civile alimentent la demande, et que l’effondrement de l’ordre laisse le champ libre aux fabriquants », explique l’agence de presse. Cette drogue, en plus de générer « des centaines de millions de dollars », viendrait en aide aux combattants – ceux du camp rebelle et ceux du régime s’accusant mutuellement d’en faire usage.Le Captagon, « drogue de la guerre syrienne »Le Captagon, d’abord utilisé comme médicament, a eu une autorisation de mise sur le marché en France en 1964, abrogée en 2001. Il traitait notamment la narcolepsie, l’hyperactivité et la dépression. Il a été banni dans de nombreux pays dans les années 1980, surtout à cause de son caractère addictif, selon Reuters. Sa molécule active, la fénéthylline, est un dérivé amphétaminique.Ce psychostimulant, absorbé par voie orale ou à l’aide d’une seringue, a des effets proches de la cocaïne ou de l’ecstasy. Il augmente la sécrétion de la dopamine au niveau du cerveau, augmente aussi l’adrénaline, la pression artérielle, et accélère le rythme cardiaque. Selon Henri-Jean Aubin, chef de département de psychiatrie et d’addictologie de l’Hôpital Paul-Brousse et professeur à l’université Paris-Sud, il entraîne :« Une hausse de la confiance en soi, une hausse de l’optimisme, une sensation de toute-puissance, qui peut aider à une conduite de prise de risque. C’est aussi un antifatigue, très énergisant, et un coupe-faim. Il augmente l’attention, accélère la pensée, et les réflexes. Il est euphorisant. […] Sa prise peut avoir du sens pour un combat qui peut être long, mais ponctuel. Car si on en consomme trop souvent, un phénomène de tolérance fait qu’on ne ressent plus ces effets. A long terme, il peut entraîner des troubles dépressifs, des épuisements, favoriser les psychoses et les états délirants. »Dans un documentaire de la BBC, nommé La Drogue de la guerre syrienne, des témoins relatent : « Quand j’ai pris du Captagon, il n’y avait plus de peur. » « Tu ne peux pas dormir, ou même fermer les yeux. » « J’avais l’impression de posséder le monde entier, comme si j’avais un pouvoir que personne d’autre n’avait. »Angela BolisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Pouchard Il y a eu l’avant et l’après-13 novembre. Ce qui nous (pré) occupait avant et dans la journée de ce vendredi funeste semble désormais loin, emporté par la tragédie des 130 vies perdues et par le tourbillon des événements de la semaine qui a suivi. Retour sur l’essentiel à retenir de l’actualité de ces derniers jours.Le recueillement.Après une journée de stupeur, samedi, de nombreux rassemblements spontanés d’hommage aux victimes ont eu lieu dimanche en France, notamment sur les lieux des attaques à Paris (où des pétards ont provoqué des mouvements de panique) mais également partout dans le monde. Lundi, une minute de silence a été observée à midi dans tout le pays et ailleurs en Europe. Il faudra plusieurs jours de travail à la police scientifique pour que toutes les personnes tuées dans les attentats soient identifiées.Lire :Milko, Marie, Salah, Elodie… les victimes des attentats du 13 novembreL’enquête progresse.Parallèlement, quatre des sept terroristes morts sur les lieux des attaques ont rapidement été identifiés. Considéré comme un suspect clé, Salah Abdeslam, le frère de l’un des kamikazes, est toujours recherché. Il a été contrôlé à la frontière franco-belge le 14 novembre mais n’a pas été arrêté car il n’avait alors été ni identifié ni fiché. Mais les enquêteurs ont aussi identifié l’instigateur présumé de ces attaques (qui aurait également joué un rôle dans des attentats déjoués cette année) : Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge de 28 ans qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique en 2013. Plusieurs informations ont mené les forces de l’ordre vers un appartement situé dans le centre de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), contre lequel elles ont mené un long et violent assaut mercredi matin, tirant plus de 5 000 munitions.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’assaut à Saint-Denis raconté par le patron du RAIDBilan : 3 personnes tuées, dont Abelhamid Abaaoud, révéleront plus tard les analyses, et sa cousine Hasna Aït Boulahcen. Huit personnes ont également été interpellées. La lutte s’intensifie en Syrie. Après la revendication des attentats par l’Etat islamique (EI) samedi matin (notamment par la voix d’un Français, Fabien Clain), la France a réagi en intensifiant ses bombardements sur l’organisation djihadiste à partir de dimanche, en coordination avec les Etats-Unis puis avec la Russie. Paris prône désormais la constitution d’une grande et unique coalition contre l’EI. Outre des centres de commandement et d’entraînement, des réserves de pétrole, particulièrement stratégiques pour l’Etat islamique, auraient été visées. Par ailleurs, l’organisation terroriste a annoncé cette semaine l’exécution de deux otages, un Chinois et un Norvégien.Lire aussi :Esclavage, rançons, pétrole, pillage… Comment l’Etat islamique se financeMesures sécuritaires en France.Pour donner « tous les moyens nécessaires » aux forces de l’ordre et prévenir de nouvelles attaques, l’exécutif a annoncé une série de mesures sécuritaires. Dès la soirée du 13 novembre, François Hollande a annoncé l’instauration de l’état d’urgence dans tout le pays. Le projet de loi le prolongeant de trois mois, jusqu’en février 2016, a été adopté par un vote de l’Assemblée nationale, jeudi, puis du Sénat vendredi. Concrètement, cela signifie que des perquisitions administratives (sans l’autorisation d’un juge) peuvent être menées, que des individus peuvent être assignés à résidence et que des manifestations peuvent être interdites pour des motifs plus larges (sans que cela soit systématique). Pour des raisons de sécurité, la grande marche pour le climat, prévue le 29 novembre à la veille de l’ouverture de la COP21, a été annulée, de même que la Fête des lumières, à Lyon, qui réunit plusieurs millions de personnes chaque année autour du 8 décembre.Lire aussi :Pour les juristes, l’état d’urgence est « un moindre mal »Lors des votes sur la prolongation de l’état d’urgence, le Parlement a affiché son unité, déjà manifestée lors de sa réunion en Congrès, dans l’urgence, lundi à Versailles. François Hollande, ovationné par les deux Chambres, a notamment annoncé la création de milliers de postes de sécurité – expliquant que « le pacte de sécurité l’emport [ait] sur le pacte de stabilité [budgétaire européen] » – et fait part de son souhait de modifier la Constitution, jugeant que l’article 16, qui accorde des pouvoirs d’exception au chef de l’Etat en cas de péril imminent, d’insurrection armée ou d’attaque étrangère, et l’article 36, qui organise l’état de siège, n’étaient « plus adaptés à la situation que nous rencontrons ». Le chef de l’Etat souhaite également pouvoir déchoir de la nationalité française des personnes nées en France condamnées pour terrorisme (quand elles ont une autre nationalité). Cette unité a toutefois vacillé pendant le « triste spectacle » donné par une séance de questions au gouvernement très mouvementée, mardi à l’Assemblée nationale.Lire aussi :Fiche S, déchéance de nationalité, expulsions : 11 propositions « sécuritaires » passées au cribleArrestations au Liban après le double attentat-suicide. Le 12 novembre, la veille des attentats à Paris et Saint-Denis, la capitale du Liban, Beyrouth, avait été endeuillée par un double attentat-suicide, lui aussi revendiqué par l’Etat islamique, qui a tué 44 personnes. Les services de sécurité ont annoncé 11 arrestations cette semaine en lien avec l’attaque, dont des membres d’une cellule syro-libanaise qui fomentait d’autres attentats imminents.Moscou admet que le crash au Sinaï était bien un attentat.Deux semaines auparavant, déjà, l’Etat islamique avait revendiqué l’explosion d’un avion de ligne russe dans le nord du Sinaï, le 31 octobre, causant la mort de 224 personnes. La Russie a officiellement reconnu lundi que le crash était bien un attentat. L’EI a présenté une image de ce qu’il affirme être à l’origine de l’explosion de l’appareil : une canette de soda contenant une bombe.Lire l'analyse :Sous la pression, l’Etat islamique frappe tous azimutsPrise d’otages à Bamako.Plusieurs hommes armés ont attaqué vendredi matin l’hôtel Radisson Blu de Bamako, au Mali. Les forces spéciales ont rapidement lancé un assaut. Au terme de la prise d’otages, près de 150 personnes retenues ont été libérées. Cette attaque a été revendiquée par le groupe du chef djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, lié à Al-Qaida. L’attaque a fait 21 morts, dont 2 terroristes, a annoncé le président malien, dans la nuit de vendredi à samedi. Dans le reste de l’actu… TGV. C’est une vitesse excessive (243 km/h) et un freinage trop tardif qui ont causé le déraillement d’un TGV d’essai samedi en Alsace, provoquant la mort de 11 personnes et en blessant 42 autres. La SNCF a annoncé qu’elle allait revoir ses procédures d’essai. Grèce. Athènes et ses créanciers ont trouvé mardi un accord pour le déblocage de 12 milliards d’euros, dans le cadre du troisième plan d’aide accordé en juillet. SNCM. L’entrepreneur Patrick Rocca a été choisi vendredi par le tribunal de commerce de Marseille pour reprendre la compagnie maritime SNCM (Société nationale Corse Méditerranée), en grave difficulté financière. Football. Quatre jours après sa victoire (2-0) face à l’Allemagne au Stade de France, l’équipe de France s’est inclinée mardi en Angleterre (1-0), après l’hommage émouvant d’un stade de Wembley qui a entonné La Marseillaise à l’unisson. Il s’agissait d’un match amical alors que les dernières places pour l’Euro 2016 en France étaient attribuées (à la Suède et à l’Ukraine). Rugby. Le rugbyman néo-zélandais Jonah Lomu, ancienne star des All Blacks, est mort mercredi à l’âge de 40 ans. Athlétisme. La Russie a été officiellement suspendue provisoirement de toute compétition d’athlétisme par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), le 13 novembre, après une enquête accablante sur le dopage généralisé dans les équipes russes.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pascale Robert-Diard (Sens, envoyée spéciale) Il fait froid, il pleut, les rues sont désertes et, derrière les rideaux, les écrans de télévision baignent les appartements d’une lueur bleutée. Image banale d’une petite ville, un soir de novembre. De temps à autre, une silhouette furtive apparaît aux fenêtres, semblant observer le ballet dérisoire de deux véhicules de police suivis de ceux des journalistes venus rendre compte en direct de cette première nationale : le couvre-feu décrété vendredi 20 novembre par le préfet de l’Yonne, Jean-Christophe Moraud, sur un quartier de Sens, les Champs-Plaisants, en application de l’état d’urgence.Lire aussi :L’état d’urgence prolongé pour une durée de 3 moisLa décision préfectorale a été prise dans la foulée d’une perquisition intervenue dans la nuit de jeudi à vendredi, au cours de laquelle des armes et des faux papiers ont été saisis dans un appartement de la cité, tandis qu’un couple était interpellé – il a été relâché dans la soirée. Elle prévoit l’interdiction de toute circulation de piétons et de voitures entre 22 heures et 6 heures du matin jusqu’à lundi, dans ce quartier aux immeubles fraîchement rénovés que bordent boulevards et rues baptisés aux grands noms de la République, Clemenceau, de Lattre de Tassigny, Eluard ou Poincaré.D’ordinaire, Hamed Zina ferme son bar à 23 heures. Ce vendredi, vers 21 h 30, les habitués l’aident à rentrer les tables en plastique blanc installées sous l’auvent. Les parties de cartes ont été écourtées pour respecter le couvre-feu. A l’autre bout du petit centre commercial, le bar où se retrouvent les plus jeunes pour jouer au billard baisse aussi son rideau. Plus loin, les dernières voitures quittent le parking du McDonald’s. Le concert de reggae prévu à la MJC vendredi et la « soirée festive » que devait animer samedi l’orchestre Soleil du Maghreb ont été annulés.« Démarche ultrasécuritaire »Dans l’après-midi, le standard de la mairie de Sens a reçu plus d’une centaine d’appels. « Certains habitants croyaient qu’ils allaient devoir rester cloîtrés chez eux pendant trois jours », raconte la maire et députée, Marie-Louise Fort (Les Républicains), qui rentre tout juste d’Auxerre, où le préfet avait organisé une réunion des maires du département. « On vit une période exceptionnelle, je suis inquiète, comme tout un chacun. Si je ne l’étais pas, je n’aurais pas voté l’état d’urgence, explique-t-elle. On peut tout craindre, à l’heure actuelle, et les gens ont besoin d’être rassurés. Ils ne nous reprocheront pas un trop-plein de sécurité mais plutôt un manque. » Sa ville, rappelle-t-elle, est le premier arrêt sur la ligne qui part de la gare de Paris-Bercy. Trois mille « navetteurs » – l’expression consacrée pour désigner les Sénonais qui travaillent dans la capitale – l’empruntent chaque jour. La ville souffre, selon la maire, d’« une délinquance plus proche de celle de la région parisienne que des autres villes de province ».Elue d’un département où le FN réalise depuis 2012 des résultats spectaculaires, Marie-Louise Fort assume une « démarche ultrasécuritaire ». L’installation imminente de 48 caméras de vidéosurveillance dans les rues de la ville et le recrutement de « quatre à cinq » policiers municipaux faisaient vendredi la « une » de la page locale de L’Yonne républicaine. Lire aussi :Etat d’urgence : « une marge de manœuvre bien trop large est offerte aux autorités »Barbe poivre et sel, lunettes sur le front, Hamed Zina semble prendre avec philosophie la décision du préfet : « C’est normal, quelque part, s’ils ont trouvé des armes. Mais on est abasourdis. Ici, c’est vraiment un quartier bon vivant. » Les clients acquiescent. La plupart ont appris le couvre-feu à la sortie de la prière du vendredi, où l’imam a évoqué les attentats et dénoncé ceux qui prétendent les avoir commis au nom de l’islam. « Nous aussi, on en a marre, on subit et il va encore falloir qu’on se justifie », murmure Hassan en relisant sur son téléphone portable l’arrêté préfectoral qui donne à ce quartier où il vit depuis trente-sept ans une brusque notoriété dont il aurait aimé se passer.Pascale Robert-Diard (Sens, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)  L’horaire est symbolique. Une semaine précisément après les attentats de Paris et de Saint-Denis, à l’heure où les commandos terroristes procédaient à leurs macabres équipées, les Français ont fait voter à l’unanimité aux Nations unies une résolution autorisant « toutes les mesures nécessaires » pour lutter contre l’organisation Etat islamique (EI), qualifiée de « menace mondiale et sans précédent contre la paix et la sécurité internationales » par le Conseil de sécurité de l’ONU.La France espère ainsi donner une impulsion majeure à la lutte contre le terrorisme en offrant « un cadre légal et politique pour l’action internationale en vue d’éradiquer Daech [acronyme arabe de l’EI] dans ses sanctuaires en Syrie et en Irak », selon l’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre. « C’est un texte très fort politiquement d’un pays qui vient d’être frappé par le terrorisme », a-t-il insisté.« C’est un texte très fort politiquement d’un pays qui vient d’être frappé par le terrorisme »Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé qu’il importait maintenant « que tous les Etats s’engagent concrètement dans ce combat, qu’il s’agisse de l’action militaire, de la recherche de solutions politiques ou de la lutte contre le financement du terrorisme ». Le texte appelle également à redoubler d’efforts pour empêcher l’afflux de combattants djihadistes en Irak et en Syrie, et à coordonner les initiatives pour stopper les actes terroristes de l’EI et des groupes associés à Al-Qaida.Concrètement, la résolution 2249 ne donne pas d’autorisation légale à agir militairement en Syrie et en Irak, puisqu’elle n’est pas placée sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies qui prévoit l’usage de la force. Mais le langage employé dans le texte, qui stipule que « toutes les mesures nécessaires » sont permises pour combattre l’EI, laisse la place à l’interprétation, selon les diplomates français.« Ampleur du soutien international »« Le vote d’aujourd’hui, a réagi le premier ministre britannique, David Cameron, montre au-delà du doute l’ampleur du soutien international pour faire davantage en Syrie et pour une action décisive afin d’éradiquer l’EI. » M. Cameron cherche à obtenir des députés britanniques l’autorisation d’étendre à la Syrie l’action des avions britanniques. Un diplomate onusien estime « qu’il est fort probable de voir de nouveaux pays rejoindre la coalition militaire. Les campagnes de bombardements devraient aussi s’intensifier dans les zones tenues par Daech car les pays se sentiront beaucoup plus libres de frapper ». « Le texte français a créé beaucoup de confusion. Il semble autoriser une action militaire contre l’EI sans soutenir explicitement les précédents appels de la Russie à une coalition internationale unique et coordonnée en Syrie », analyse Richard Gowan, expert au Conseil européen des relations étrangères. La situation n’est pas sans rappeler la résolution 1973 qui avait autorisé l’intervention militaire en Libye en 2011. Elle avait ulcéré les Russes, qui avaient eu le sentiment de s’être fait leurrer par les Occidentaux. Ces derniers avaient donné une interprétation plus large au mandat donné par l’ONU, précipitant la chute du dictateur libyen, Mouammar Khadafi.La Russie, alliée du régime syrien, a voté en faveur de la résolution française – et avec l’accord direct du président Vladimir Poutine. Une inflexion notable dans la position de Moscou, qui a bloqué une grande partie des initiatives sur la Syrie depuis quatre ans. A sa demande, une référence à la Charte de l’ONU a été ajoutée pour encadrer la résolution. « Les Russes considèrent que c’est l’assurance de voir la souveraineté de la Syrie respectée, alors que les Français assurent qu’elle engage au contraire à agir… », explicite un diplomate onusien, qui parle d’une « ambiguïté constructive ».Coalition élargieL’ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, a affirmé que la Russie continuerait d’insister pour que son propre texte, qu’elle a fait circuler le 19 novembre, soit adopté « à bref délai ». Il plaide pour une coalition élargie contre l’EI qui associerait Bachar Al-Assad. Une demande inacceptable pour Londres, Paris et Washington, qui souhaitent un départ rapide du président syrien dans le cadre d’une transition politique pour régler le conflit.Les Français ont préféré laisser de côté l’épineuse question du sort de Bachar Al-Assad, assurant « ne pas vouloir se substituer aux pourparlers de Vienne [pour un règlement politique de la crise syrienne] et toucher au cœur des négociations, qui est la transition politique ». « C’est une concession claire à la Russie », estime Richard Gowan. Mais la « coalition unique » contre l’EI, appelée de ses vœux par le président François Hollande, le 16 novembre, devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, continue de buter sur ce point essentiel.Le président syrien s’est d’ailleurs mêlé au débat. Dans un entretien à la chaîne de télévision italienne RAI, il a assuré que les élections prévues, lors de la dernière réunion de Vienne, le 14 novembre, étaient inenvisageables tant que des régions entières de la Syrie restaient aux mains « des terroristes ». Il a aussi accusé les Occidentaux d’être les principaux responsables de la naissance de l’organisation djihadiste de l’EI, qu’ils entendent aujourd’hui détruire « par tous les moyens ».    Suivez notre live sur la situation après les attentats du 13 novembreMarie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde 20.11.2015 à 14h56 • Mis à jour le20.11.2015 à 14h58 Par Nadia MarzoukiOn a beaucoup parlé de tragédie pour décrire l’effroi et la tristesse provoqués par les attaques du vendredi 13 novembre. Or de nombreux commentateurs se sont empressés d’inventer une autre tragédie, toute rhétorique, en se demandant : pourquoi pleure-t-on les morts de Paris plus que ceux de Beyrouth ? De l’écrivain britannique Tariq Ali à la philosophe américaine Judith Butler, des Rolling Stones aux fans d’Angelina Jolie, sans parler de l’avalanche de commentaires à vif postés sur les réseaux sociaux, on n’en finit plus de s’indigner, depuis samedi, de la couverture médiatique jugée asymétrique des deux attaques. L’émoi disproportionné des médias refléterait l’insularité de l’Occident, son aveuglement, voire son mépris à l’égard du reste du monde.Un blogueur noir américain va jusqu’à soutenir que « le deuil global est fondé sur le présupposé selon lequel Paris est une ville blanche » et que « Paris, comme symbole, représente le monde blanc occidental qui méconnaît sa vulnérabilité ». Mais ces appels à l’égalisation des réactions de chagrin sont-ils vraiment pertinents ? Tout d’abord, il n’est pas exact que les attaques terroristes en Afrique et au Moyen-Orient aient été négligées. Comme l’a montré le journaliste Martin Belam, les grands quotidiens et principales chaînes de télévision ont largement couvert les attaques au Liban. La campagne « Bring Back Our Girls » avait fait le tour du monde. Les marques de solidarité internationales après les attaques du Musée du Bardo et de Sousse, en Tunisie, ont été remarquables.Deux poids, deux mesures ?Ensuite, quand bien même un plus grand nombre de signes ou de « soundbites » aurait été consacré aux attaques de Paris, est-ce nécessairement la preuve d’une intention cohérente de hiérarchiser les souffrances et les peuples ? Comme l’a noté Brian Phillips pour le Washington Post, les journalistes sont sensibles au facteur de nouveauté. Or une attaque à Paris est plus inédite qu’une attaque à Beyrouth. Une majorité d’Européens et d’Américains du Nord sont déjà allés à Paris, qui est une des premières destinations touristiques mondiales, ou ont un proche qui y est allé. Prendre acte de ce fait ne signifie pas que l’on considère qu’une ville a plus de valeur que l’autre. C’est, d’ailleurs, ce qu’ont compris de nombreux citoyens et activistes du monde arabe, en exprimant chaleureusement leur soutien et leur solidarité aux Français.Mais, surtout, dans quelle mesure la compétition lacrymale à laquelle nous sommes conviés nous aidera-t-elle efficacement à comprendre la complexité des défis auxquels nous devons faire face, et à agir politiquement ? Ironiquement, l’indignation face au deuil prétendument plus fort pour Paris que pour Beyrouth reproduit en miroir celle des activistes antimusulmans opposés à la construction d’un centre islamique à Ground Zero en 2010 ou même celle des « charlistes » à l’encontre des musulmans incapables de rire devant une caricature du prophète. « Comment ne pouvez-vous pas comprendre qu’une mosquée à Ground Zero nous offense ? » ou « Comment pouvez-vous avoir si peu d’humour ? » sont, au fond, des énoncés équivalents à « Comment pouvez-vous pleurer autant pour Paris et si peu pour Beyrouth ? ».A chaque fois, c’est l’expression, ou, pire encore, le ressenti, de l’émotion adéquate qui devient le critère du vivre-ensemble et de l’appartenance à la communauté politique, et la base sur laquelle on exclura ceux qui ne « ressentent » pas comme il faut. Outre que cette propension à conditionner la citoyenneté au (res) sentiment est très dangereuse pour l’avenir de la démocratie, elle conduit au remplacement de la politique par la casuistique. Au lieu de réfléchir aux conditions politiques pour mettre fin au conflit en Syrie, pour combattre l’islamophobie et l’exclusion sociale, pour garantir la sécurité des Français sans les priver de liberté, va-t-on s’épuiser à comptabiliser le nombre approprié de mots et de « soundbites » dédiés à la couverture de chaque massacre ?Et à partir de combien de morts très exactement sera-t-il légitime de s’indigner ? Dois-je m’insurger de ce que la décapitation d’un jeune berger tunisien de 14 ans par un djihadiste le 13 novembre à Sidi Bouzid n’ait pas été déplorée autant que l’exécution de 50 Libanais le 12 novembre ? Comme l’a montré la philosophe Bonnie Honig, les adeptes d’une politique de la lamentation, fondée sur une logique purement compassionnelle, glissent souvent vers la lamentation du politique. Or plus que jamais la réflexion et la décision politiques sont nécessaires. Les Libanais, les Tunisiens, les Syriens ont certes besoin de la fonction « Etes-vous en sécurité » sur Facebook. Mais, avant tout, ils ont besoin de sécurité. Or, ce que ne comprennent pas ceux qui posent le problème en termes de « Paris ou Beyrouth », de « eux et nous », c’est que la sécurité et la liberté des citoyens du monde arabe, d’Europe et d’Amérique sont complètement interdépendantes.Qui plus est, n’est-il pas prétentieux et orientaliste de dépeindre les citoyens du monde arabe seulement comme des victimes des attentats et du manque d’empathie de l’Occident ? Les citoyens du monde arabe n’ont pas besoin de la pitié de l’Occident pour s’affirmer comme acteurs souverains de leur avenir. Le compassionnalisme bien pensant exprime au fond une forme de narcissisme et de paternalisme telle qu’encore une fois on parle plus de « nous » et de « nos » sentiments que des autres et de l’hybridation croissante de nos destins collectifs.Nadia Marzouki, est politiste, chargée de recherche au CNRS (Centre Raymond-Aron, Paris) Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Fichage des passagers aériens, renforcement de la réglementation sur les armes à feu, contrôles renforcés aux frontières de l’Union européenne… A Bruxelles, vendredi 20 novembre, lors de la réunion extraordinaire des ministres européens de l’intérieur et de la justice, Paris a finalement obtenu de ses partenaires européens et des institutions de l’UE, ce que ceux-ci avaient refusé suite aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en début d’année.« Notre pays a été entendu », s’est félicité le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, à l’issue de la réunion. « Il faut sortir des atermoiements, des promesses sans lendemain et des lenteurs, sinon l’Europe se perdra », a toutefois prévenu M. Cazeneuve. Tout l’enjeu maintenant est de savoir si les Européens iront au-delà de ces engagements publics, s’ils les mettront vraiment en application.Mise en place d’un fichier des passagers des compagnies aériennesLes Européens se sont engagés à accélérer de manière décisive la mise en place du fameux « PNR » (« Passenger name record »), c’est-à-dire la communication aux services de police et de renseignement par les compagnies aériennes de leurs données passagers, pour tous les vols qui arrivent en Europe et qui en partent.Cela fait sept à huit ans que les Etats et les parlementaires européens tergiversaient. Par manque de volonté politique pour les premiers (« Il n’y a que l’Espagne, la France, le Royaume-Uni et la Belgique, qui poussaient », déplorait cette semaine un diplomate). Par souci de préserver la protection des données privées, pour les seconds.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériensLe Parlement européen a fini par céder, en juillet, acceptant de valider une mouture du PNR, qui était, ces dernières semaines, en négociation avec le Conseil européen et la Commission européenne. Ces discussions devraient aboutir avant fin 2015.Mais pour l’instant, le texte ne convient pas aux autorités françaises. Ces dernières militent pour que les compagnies aériennes communiquent également les informations sur les vols intérieurs à l’Union, et pour que les données personnelles des passagers puissent être conservées un an, et non un mois comme le demande encore le Parlement européen. « Aucun citoyen européen ne comprendrait qu’on continue à faire obstacle à cette disposition », a estimé M. Cazeneuve, vendredi.Durcissement de la législation sur les armes à feuAutre demande de la France, qui a obtenu un soutien clair à Bruxelles vendredi : un durcissement de la législation européenne sur les armes à feu.La Commission, qui travaillait depuis quelques mois sur un renforcement des règles, mais ne prévoyait pas d’aboutir avant le milieu d’année prochaine, a rendu sa copie dès mercredi 18 novembre. Elle propose une modernisation de la directive « armes à feu » qui date d’il y a presque 25 ans (1991), pour tenter de juguler le marché illégal des armes de guerre. En effet, dans certains pays de l’Union, le commerce des armes n’est guère plus réglementé que celui des objets du quotidien.Paris espère notamment que ce texte va harmoniser la notion de « démilitarisation » des armes, pour éviter qu’une arme rendue inopérante en France puisse être remise en état de marche ou transformée en fusil d’assaut, en achetant quelques pièces détachées de l’autre côté de la frontière, en Belgique. Le conseil des ministres à Bruxelles a dit, vendredi, qu’il allait démarrer « immédiatement » le travail sur la proposition de la Commission.Contrôle systématisé aux frontières extérieures de l’UnionParis réclamait depuis longtemps ce contrôle systématisé aux frontières extérieures de l’Union, y compris pour les ressortissants européens entrant dans l’espace Schengen. Pour l’instant, seuls les citoyens non européens sont systématiquement contrôlés.Paris exige non seulement un contrôle de la pièce d’identité (ce qui est en général le cas), mais aussi une consultation des bases de données nationales et européennes, celles du SIS (« Système d’information Schengen ») et d’Interpol, qui comprennent – théoriquement – une notification des combattants étrangers ainsi que des mandats d’arrêts européens.Mettre en place ce contrôle systématisé nécessite toutefois un changement du « code Schengen ». Concrètement, il faut que la Commission européenne fasse une proposition législative pour changer l’article 7.2 de ce code. Bruxelles s’y est engagée d’ici la fin de cette année. Cette proposition devra ensuite être examinée, puis validée, par le Conseil et le Parlement européen. Cela risque de prendre des mois.Et là encore, au-delà de l’accord politique à 28, ce qui va compter, c’est le caractère opérationnel ou pas de cette décision. Pour que ce contrôle systématique fonctionne, il faut notamment que les postes-frontières, en Grèce, en Hongrie, en Italie, dans les pays de « première » entrée (par voiture, avion, etc.), soient équipés de terminaux pour consulter la base SIS.« Cela n’a rien d’évident, en Grèce par exemple, où il y a des milliers de postes-frontières à équiper, cela va coûter beaucoup d’argent », souligne un diplomate européen.Autre problème : tous les pays ne « renseignent » pas la base Schengen de la même manière, et en temps réel. Certains le font systématiquement (c’est ce que prétendent les Belges), d’autres beaucoup moins. Il y aurait cinq ou six pays qui ne renseignent ou n’utilisent jamais la base SIS.Lire aussi :Double menace pour l’espace SchengenCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter François Hollande s’est exprimé vendredi 20 novembre au sujet de la prise d’otages dans l’hôtel Radisson de Bamako, capitale du Mali. Le président de la République a confirmé que l’assaut était en cours et assuré « que la France était disponible pour apporter (…) le soutien nécessaire ». Les informations tombent pour l’heure au compte-gouttes : « 140 clients et 30 employés » étaient présents dans l’hôtel au moment où a commencé l’attaque, et au moins trois otages ont été tués, selon le ministère de la sécurité du Mali. Lire aussi :En direct : au moins trois otages tués dans une attaque contre un hôtel de Bamako Le président du Mali sur les terroristes : « Ils ont décidé de rompre avec l'humanité » Dix heures de prise d’otages à Bamako en images Mali : les premières images de la prise d’otages à Bamako 20.11.2015 à 11h22 • Mis à jour le20.11.2015 à 11h35 | Angela Bolis, Nathalie Guibert et Nicolas Chapuis - @ManuelValls : "Il peut y avoir le risque d'armes chimiques ou bactériologiques" https://t.co/w5RglMQNgW #DirectAN— LCPan (@LCP)require(["twitter/widgets"]);Au risque d’ajouter au climat d’anxiété qui règne depuis les attentats du 13 novembre, le premier ministre Manuel Valls a évoqué, jeudi 19 novembre au détour du discours sur la prolongation de l’état d’urgence à l’Assemblée nationale, le spectre d’une attaque terroriste chimique ou biologique. « Nous sommes en guerre », a-t-il souligné, évoquant de nouveaux « modes opératoires, façons de frapper, de tuer ». « Il ne faut aujourd’hui rien exclure et je le dis avec toutes les précautions qui s’imposent, mais nous le savons et nous l’avons à l’esprit, il peut y avoir aussi le risque d’armes chimiques et bactériologiques. »Pourquoi Manuel Valls a-t-il fait cette déclaration ?Matignon a assuré au Monde que ces propos ne faisaient suite à aucune « nouvelle information sur l’état de la menace, juste à un constat réaliste ». « Les spécialistes du Proche-Orient savent que Daech cherche et utilise des armes chimiques. Ne pas envisager cette hypothèse serait une faute », a précisé Matignon.Pour l’état-major, aucune alerte n’est à signaler et aucune mesure particulière prévue. Mais, note-t-on au ministère de la défense, « certains tabous étant tombés » avec les derniers attentats – premiers kamikazes, dont une femme, en France – « tout est possible ».Interrogé au JT de France 2, M. Valls a de nouveau précisé ses propos jeudi soir, évoquant un risque « extrêmement limité », sans « indice » particulier.Hasard du calendrier, le risque a été rappelé le 15 novembre, lors de la publication d’un arrêté qui permet à la pharmacie centrale des armées d’approvisionner en grande quantité les SAMU en sulfate d’atropine – et ce en vue de la COP21, la grande conférence des Nations unies sur le climat à Paris.Lire aussi :Valls dramatise encore plus sa communicationCe produit jusque-là réservé aux militaires est un remède contre les neurotoxiques de la famille des organophosporés, dont fait partie le gaz sarin, utilisé comme arme chimique sur le théâtre syrien.Le sarin – un gaz inodore, incolore et très volatil, considéré depuis 1991 par les Nations unies comme une arme de destruction massive – attaque le système nerveux après inhalation ou simple contact. Il cause, notamment, des vomissements, diarrhées, convulsions musculaires, douleurs aux yeux et à la tête, paralysie, et peut provoquer un arrêt respiratoire en quelques minutes si la dose est importante.Lire aussi :L’armée appelée à la rescousse pour fournir des antidotes aux gaz toxiquesQue sait-on de la capacité de l’Etat islamique à utiliser des armes chimiques ?Parmi les armes prohibées, on sait que l’Etat islamique (EI) possède, au moins, du gaz moutarde. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé son usage le 21 août à Marea, dans le nord de la Syrie. Selon des militants sur place, plus de cinquante obus de mortier avaient été lancés ce jour-là sur la ville par l’EI.Ce gaz, également nommé Ypérite, provoque de sévères brûlures chimiques et des détresses respiratoires, et tue lorsqu’il est utilisé en très grande quantité. C’est la substance qu’a utilisé le régime de Sadam Hussein en 1988 contre les Kurdes du nord de l’Irak, lors du massacre de Halabja en 1988, qui a fait environ 5 000 morts.En Irak, les peshmergas kurdes ont aussi accusé l’EI à plusieurs reprises – en décembre 2014, en mars, en août – d’attaques avec des obus chimiques. Depuis 2013, le stock d’armes chimiques du régime syrien « a été détruit à 98 % », notait Ahmet Üzümcü, le directeur général de l’OIAC, en avril. Mais « compte tenu de la propension des terroristes à exploiter les vulnérabilités du système global de sécurité, la menace des armes chimiques doit être une préoccupation pour tous les Etats ».Au plan international, les armes chimiques ont été interdites aux lendemains de la première guerre mondiale, première « guerre chimique », lors du protocole de Genève de 1925. Une interdiction renforcée en 1993 par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, que l’OIAC est chargé de faire respecter.Lire aussi (en abonnés) :L’Etat islamique expérimente la guerre chimique contre les KurdesL’Etat islamique est-il en capacité de procéder à des attaques chimiques hors de son territoire ?Pour Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), « la menace » d’utilisation d’armes chimiques sur des territoires extérieurs à la Syrie et à l’Irak « est réelle, mais elle reste très faible, compte tenu des barrières techniques et logistiques pour détenir ces produits en grande quantité, et pour les déplacer sur des milliers de kilomètres ».Toutefois, selon M. Lepick, « ce serait tout à fait dans la ligne de terreur de Daesh [l’EI] de s’intéresser à ce type d’armes qui, même en cas d’attentat raté, a un impact psychologique énorme ».Une attaque au chlore, peu mortelle mais pouvant causer de nombreux blessés, reste en tout cas plus aisée à mener. Les gaz de chlore, des toxiques respiratoires, sont « des produits chimiques industriels très communs », relève Patrice Binder, ancien médecin général inspecteur du service de santé des armées.Du côté des risques biologiques, « des agents pathogènes, comme celui de la maladie du charbon [responsable de cinq morts après l’envoi d’enveloppes contaminées en septembre 2011 aux Etats-Unis], le bacille de la peste, ou le virus de la variole, sont très surveillés. Mais ils pourraient, avec surtout d’autres agents plus accessibles, être aussi à leur portée », estime-t-il.Lire aussi le décryptage : az moutarde, sarin ou VX : des armes chimiques interditesComment la France est-elle préparée à d’éventuelles attaques chimiques et/ou biologiques ?La menace a été intégrée au plan Vigipirate après les attentats au sarin dans le métro de Tokyo en 1995. Le dispositif « Piratox », comprend des volets prévention, urgence et judiciaire face à une attaque chimique, et « Biotox », est dédié au biologique.Ces plans s’appuient surnotamment sur « un réseau de laboratoires spécialisés en microbiologie et chimie, qui s’entraîne une fois par an sur ce type de risques, et peut être mobilisé en cas d’alerte », ajoute le médecin général Binder, qui a présidé le comité scientifique du réseau national des laboratoires Biotox-Piratox depuis sa création, en 2004 jusqu’en 2014.Hasard du calendrier encore, un Comité national consultatif pour la biosécurité (CNCB), qui sera chargé de donner des avis scientifiques sur les risques de certaines recherches en microbiologie, doit être officiellement installé par le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale la semaine prochaine.Nicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAngela BolisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.11.2015 à 11h59 • Mis à jour le18.11.2015 à 17h45 Editorial du « Monde » Quelle rapidité ! A peine le président François Hollande avait-il annoncé, lundi 16 novembre devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, son intention de former une coalition internationale contre l’Etat islamique (EI) – impliquant par là un rapprochement avec Moscou –, que la Russie, à son tour, changeait de pied pour s’inscrire dans cette nouvelle configuration.Moscou a commencé par reconnaître officiellement ce que tout le monde savait, mais que le président Poutine refusait de dire à ses propres concitoyens : l’avion de ligne russe qui avait explosé en vol au-dessus de l’Egypte le 31 octobre, provoquant la mort des 224 personnes à bord, a bien été la cible d’un attentat. Cet attentat avait été revendiqué par l’EI. Désormais, Moscou, comme Paris, peut arguer de la légitime défense pour agir militairement contre l’EI en Syrie.Puis, le chef du Kremlin a donné l’instruction aux forces armées russes de se coordonner « en tant qu’alliées » avec les forces françaises sur le théâtre de guerre syrien. Enfin, loin du Moyen-Orient mais sur un sujet crucial pour les relations russo-occidentales, la Russie a offert de restructurer, sous conditions, la dette de 3 milliards de dollars de l’Ukraine, dont elle exigeait jusqu’ici le remboursement le 6 décembre.Lire aussi :Pour Poutine, la France est devenue une alliée en SyriePas d’angélismeCet été, déjà, la Russie a pris tout le monde de court et s’est imposée comme un acteur incontournable dans la crise syrienne. Le président Hollande, qui avait refusé de livrer les deux navires de guerre Mistral vendus par Nicolas Sarkozy à la Russie, se méfiait des desseins russes au Moyen-Orient, tout comme les Etats-Unis. Mais les attentats du 13 novembre ont changé la donne. Coopérer avec la Russie contre l’Etat islamique, plutôt que de rivaliser, offre à la France de meilleures chances de combattre efficacement cet ennemi maintenant clairement identifié comme la priorité : M. Hollande s’est rendu à la raison et aux arguments de ceux qui plaidaient pour ce tournant – et pas seulement parmi les idolâtres français de M. Poutine.Ce réalisme est justifié. Il ne doit pas, cependant, faire la part belle à l’angélisme. Si la Russie a subitement intensifié, mardi, ses frappes contre l’EI, cela ne fait pas oublier que 80 % des bombardements russes ont, depuis septembre, selon le Pentagone, visé les forces rebelles modérées de l’opposition à Bachar Al-Assad. La raison profonde pour laquelle la Russie est intervenue en Syrie est le désir de Vladimir Poutine d’imposer le retour de son pays dans le jeu des grandes puissances, un rôle qu’il a savouré lundi au sommet du G20 d’Antalya. Il voulait aussi empêcher l’effondrement de la Syrie, afin d’y préserver les intérêts russes. Tous ses récents discours le montrent : M. Poutine reste un dirigeant figé dans une logique de confrontation avec un Occident qu’il accuse d’avoir trompé la Russie à la fin de la guerre froide.Le sort du président syrien, qui a tant divisé Russes et Occidentaux, sera au menu des discussions au sein de cette « grande coalition », si elle prend forme. On découvrira que les Russes ne tiennent pas plus que cela à ce dirigeant qu’ils considèrent comme un vassal, et qui peut être interchangeable. Mais il appartient aux Occidentaux, dans le donnant-donnant qui va s’engager avec Moscou, de ne pas sacrifier en contrepartie du soutien russe contre l’EI les principes qui les unissent et qui ont fondé leur soutien à l’Ukraine. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) « Ils ne montraient pas de signe d’une possible menace. » C’est ce qu’a indiqué, mercredi 18 novembre, le parquet fédéral belge à propos des deux frères Abdeslam, Brahim et Salah. L’un s’est fait exploser à Paris vendredi 13 novembre et l’autre est toujours recherché. La police belge avait interrogé les deux frères Abdeslam avant les attentats.Brahim « a essayé d’aller en Syrie mais il n’a réussi à aller qu’en Turquie », a déclaré le porte-parole du parquet Eric Van der Sypt, confirmant des propos au site Politico. « Il a été interrogé à son retour, et son frère aussi », a ajouté M. Van der Sypt, en parlant de Salah. Il n’a pas précisé de dates concernant ces interrogatoires.Brahim n’a pas été poursuivi à son retour de Turquie car « nous n’avions pas de preuve qu’il participait aux activités d’un groupe terroriste », a aussi expliqué le porte-parole du parquet.« Nous savions qu’ils étaient radicalisés et qu’ils pourraient se rendre en Syrie (mais) ils ne montraient pas de signe d’une possible menace », a poursuivi le magistrat. « Même si nous les avions signalés à la France, je doute qu’on aurait pu les arrêter », a-t-il ajouté, confirmant ainsi que les deux frères n’avaient pas été signalés aux services de renseignement français.« Se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés »Les services de l’antiterrorisme belges ont-ils commis des erreurs et auraient-ils pu prévenir les attentats de Paris ? « Nous ne disons pas qu’ils savaient que les auteurs qui vivaient à Molenbeek-Saint-Jean étaient de dangereux extrémistes. Mais s’ils savaient, il faut se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés », indique Stefaan Van Hecke, député du parti écologiste flamand Groen.Le Comité R, un organe de contrôle qui surveille les services au nom du Parlement et du gouvernement, a ouvert spontanément une enquête sur le fonctionnement de la Sûreté de l’Etat et du service général du renseignement et de la sécurité (la sûreté militaire). Des députés demandent que le Comité P, qui contrôle la police, se voie confier une mission similaire : des informations sur la radicalisation sont également en possession des polices locales, de la police fédérale et des douanesLire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Ces investigations viseraient à déterminer les renseignements dont disposaient exactement les différents organes chargés de la sécurité, et s’ils les ont échangées entre eux et avec les services étrangers. C’est l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace qui doit analyser et évaluer ces informations. Il y a quelques semaines, son directeur, un ancien procureur, a démissionné de cette structure critiquée. Le Comité R lui reprochait notamment d’avoir transformé son service en une structure de renseignement concurrente.Lire aussi :Qui est Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé des attentats ciblé par le RAID à Saint-Denis ?Attitude consensuelle de l’oppositionLes commentaires et les insinuations de responsables français sur les possibles lacunes des services belges n’ont pas suscité de réactions officielles. Le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, a renvoyé la balle vers Paris en soulignant que Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Belgique à Bruxelles, en mai 2014, était passé à travers les mailles de la surveillance française.S’il y a eu d’autres failles en France, il pourrait toutefois y en avoir eu en Belgique, notamment parce qu’il est avéré que la police connaissait des membres des attentats de Paris installés à Bruxelles. L’ancien maire de Molenbeek, le socialiste Philippe Moureaux, a souligné « l’échec » des services de renseignement. « Vous comprendrez bien que si les Belges ne nous préviennent pas, on ne peut rien faire », confiait, lundi 16 novembre, une source policière française à l’AFP.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Un débat parlementaire devait avoir lieu jeudi 19 novembre. Le premier ministre, Charles Michel, qui a bénéficié jusqu’ici de l’attitude consensuelle de l’opposition, devrait annoncer de nouvelles mesures. La menace dans le pays est passée au niveau 3 (sur une échelle de 4), et quelque 300 militaires supplémentaires sont mobilisés pour la surveillance des gares, des aéroports et des bâtiments officiels.Après l’attentat contre le Musée juif et le démantèlement d’une cellule terroriste à Verviers, en janvier, le gouvernement avait annoncé une série de décisions. Une bonne partie d’entre elles n’est pas concrétisée et le cadre de la Sûreté de l’Etat est privé de 150 agents, sur les 750 que celle-ci devrait compter.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs Ce qu’on sait : L’opérationDans le cadre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre, un assaut a été donné à partir de 4 h 20 mercredi 18 novembre, dans un appartement situé rue Corbillon et sur le boulevard Carnot, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au nord de Paris. L’opération, menée par le RAID et la BRI, et impliquant 110 policiers au total, s’est terminée peu après 11 h 45.Suivez la situation en direct dans notre live La cibleLes enquêteurs recherchaient Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge de 28 ans qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique (EI) au début de l’année 2013, et qui pourrait être le coordinateur des attaques visant Paris et Saint-Denis. Début octobre, il avait alors été visé lors des frappes françaises menées sur Rakka, en Syrie, la capitale de l’Etat islamique.On ignore s’il était présent à Saint-Denis.Lire aussi :Qui est Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé des attentats ciblé par le RAID à Saint-Denis ?Le bilan« Tous les terroristes sont neutralisés », a annoncé le porte-parole du gouvernement. Deux terroristes sont morts dans l’assaut, de source policière : une femme, retranchée dans l’appartement, qui a activé son gilet explosif, et un homme dont on ignore l’identité, touché par des projectiles et des grenades.Cinq policiers du RAID ont subi des blessures légères, selon la police nationale. Une chienne d’assaut a également été tuée lors de l’opération.Sept personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue : six hommes et une femme, dont on ne connaît pas l’identité. Selon nos informations, il ne s’agit ni d’Abdelhamid Abaaoud ni de Salah Abdeslam, principal suspect recherché après les attentats. Selon le procureur de Paris, François Molins, l’un d’entre eux serait la personne qui a fourni l’appartement.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Les origines de l’opérationUn téléphone, retrouvé dans une poubelle à proximité du Bataclan et utilisé par les terroristes vendredi, aurait orienté les enquêteurs. L’exploitation de l’appareil a « permis d’obtenir des éléments qui pouvaient laisser penser que le dénommé Abaaoud était susceptible de se retrouver dans un appartement conspiratif à Saint-Denis », selon le procureur de Paris.Il contenait un SMS, envoyé à 21 h 42, juste avant l’attaque de la salle de spectacle, disant « On est parti on commence ». La recherche de géolocalisation aurait mené à un point de chute du commando dans un appartement de résidence hôtelière loué au nom de Salah Abdeslam, Alfortville (Val-de-Marne). Le propriétaire du téléphone y était passé avant les attaques de vendredi.Le logement d’Alfortville a été perquisitionné par les enquêteurs, de même qu’un deuxième site, un pavillon de Bobigny (Seine-Saint-Denis), loué par Brahim Abdeslam, du 10 au 17 novembre.Lire aussi :A Saint-Denis, l’assaut contre les terroristesLes conséquences à Saint-DenisLes transports en commun ont été perturbés par l’assaut. Le trafic des lignes 5 et 13 du métro a été interrompu après la découverte d’un colis suspect, ainsi que plusieurs lignes de bus. De nombreux bâtiments publics sont restés fermés mercredi à Saint-Denis (crèches, écoles…). Retrouvez la liste sur le site de la mairie de Saint-Denis. Lire aussi :Attentats du 13 novembre : « une ambiance de guerre » à Saint-Denis Les interrogationsLe sort d’AbaaoudAucun élément ne confirme que la cible de l’opération, Abdelhamid Abaaoud, était bien présent mercredi 18 novembre sur le lieu de l’assaut de Saint-Denis. Le procureur n’a pas indiqué s’il faisait partie des personnes tuées. Selon nos informations, il ne se trouve pas parmi les sept personnes interpellées.La localisation de Salah AbdeslamSalah Abdeslam est en fuite depuis les attentats de vendredi. Il avait été incarcéré en 2010 avec Abdelhamid Abaaoud en Belgique pour braquage. Son frère Brahim Abdeslam s’est fait exploser dans un bar boulevard Voltaire.Les deux Belges qui sont venus le chercher à Paris ont été placés sous mandat d’arrêt, lundi 16 novembre, pour « attentat terroriste » par la justice belge.L’identification des derniers terroristesMercredi, toutes les gardes à vue de membres de l’entourage familial d’Ismaël Omar Mostefai et de Samy Amimour, deux des assaillants du Bataclan, ont été levées.Le troisième assaillant de la salle de spectacle, tué à l’étage lors de l’assaut de la BRI, est toujours en cours d’identification, tout comme l’un des kamikazes du Stade de France.Un appel à témoins a été lancé mardi soir, pour identifier un autre membre du commando de Saint-Denis. Un passeport syrien avait été retrouvé près de son corps. Le document, qui lui a servi à entrer en Europe via la Grèce, est un faux, mais la photo correspond bien au terroriste qui s’est fait tuer lors de l’attentat.Les DécodeursJournaliste au Monde Florence Evin « A la barbarie des terroristes, nous devons opposer l’invincible humanité de la culture… La culture, voilà pourquoi la France se bat aujourd’hui. » François Hollande, à la tribune de l’Unesco, mardi 17 novembre, s’est engagé, mesures à l’appui, devant les délégués de 195 états membres, réunis dans la capitale française pour la conférence générale de l’organisation onusienne, à protéger le patrimoine de l’humanité face aux conflits armés.Prévue depuis quinze jours, l’intervention présidentielle à la tribune de l’Unesco a été maintenue, précise l’Elysée, car elle « prend son sens » à la lueur des évènements . Après l’attaque meurtrière du Bataclan, cette prise de position sur la culture – un mot qui n’avait été prononcé que deux fois par le président lors du Congrès, lundi, à Versailles – tombe à pic.« L’Unesco a choisi d’installer son siège à Paris pour la promotion de la diversité des cultures , rappelle François Hollande. La France est un pays ouvert et le demeurera. Ouvert à tous les arts, à toutes les musiques, à toutes les créations, à tous les publics... Nous ne renoncerons à rien. Paris demeurera la ville des théâtres, des cinémas, des musées, du spectacle vivant. » Dans la foulée, le président de la République rompt le lourd silence de l’Etat sur la destruction du patrimoine syrien, celui de l’antique Palmyre. En septembre, les djihadistes de L’Etat islamique (EI) ont fait exploser les deux temples principaux de la « Perle du désert », après avoir tué l’historien syrien Khaled al Asaad, 82 ans, qui avait œuvré, sa vie durant, à la sauvegarde de ce joyau du Proche Orient .« Les destructions de monuments et de sites archéologiques en Syrie et en Irak ont soulevé une émotion considérable, affirme le président. Et aujourd’hui, je pense à la ville de Palmyre, où l’ancien conservateur a préféré rester, alors qu’il savait le sort qui l’attendait. Il a été décapité par les bourreaux de Daesh, qui ont eux-mêmes commis l’irréparable sur le site. ». En Italie, les drapeaux des musées avaient été mis en berne. Pas en France, ce qui avait provoqué l’indignation des scientifiques, archéologues, conservateurs.Cinquante propositionsFrançois Hollande l’assure, « la préservation du patrimoine de l’humanité est une grande cause, et nous devons coordonner tous nos efforts, mutualiser tous nos moyens pour assurer cette préservation de la mémoire  ». Et d’évoquer ces sites classés de l’Unesco qui sont « des cibles de choix pour ceux qui veulent annihiler la mémoire des peuples ». Dans son élan, le président parle des Bouddhas de Bâmiyân (détruits en Afghanistan), des temples d’Angkor (Cambodge), oubliant que ces derniers n’ont pas été saccagés par les Khmers rouges mais au contraire épargnés.Cette tribune de l’Unesco était, pour le président, l’occasion de dévoiler l’essentiel des cinquante propositions préconisées par la France pour la protection du patrimoine en situation de conflit. Mesures concrètes résultant d’une mission confiée à Jean-Luc Martinez, président du Louvre, le 18 mars , lors d’une visite par M. Hollande du département des antiquités orientales de l’établissement public, le jour même de l’attentat contre le musée du Bardo à Tunis. Trois priorités émergent du rapport de M. Martinez remis à l’Elysée le 9 novembre. En tête, la lutte contre les trafics des biens culturels. « L’organisation terroriste Daesh délivre des permis de fouilles, prévient M. Hollande, prélève des taxes sur des œuvres qui vont ensuite alimenter le marché noir mondial, transitant par des ports francs qui sont des havres pour le recel et le blanchiment, y compris en Europe. »Le contrôle douanier sur l’importation des biens culturels existe déjà. Ajouter au droit français les résolutions du Conseil de sécurité interdisant transport, transit, commerce illégal d’oeuvres d’art, comme le préconise le rapport, ne changera rien. « Il faut harmoniser les législations à l’intérieur même de l’Europe », insiste Jean-Luc Martinez.M. Hollande veut aussi instaurer un droit d’asile pour les œuvres menacées par les terroristes. En les prenant en charge, transport inclus, il s’agirait d’offrir « un asile pour les musées qui souhaiteraient mettre leurs collections à l’abri ». L’Irak, en guerre depuis vingt ans, a été pris de court. En Syrie, Maamoun Abdulkarim, directeur des antiquités, a réussi, lui, à protéger des milliers d’objets, même à Palmyre, où 400 sculptures ont pu être exfiltrées avant l’arrivée de Daesh.Les fouilles sauvages à échelle industrielle font des dégâts irréversibles. Les œuvres exhumées, non documentées, sont écoulées sur le marché illicite. M. Martinez propose d’établir un statut pour les objets saisis dans l’attente d’être rendus à leur pays d’origine, une fois la paix rétablie.Conserver la mémoire des sites, tel est enfin l’objectif visé. Un colossal travail de documentation est à lancer pour réunir les archives, les numériser, dresser une cartographie des sites, reconstituer en 3D les monuments disparus. Un fonds de dotation international pourrait être créé sous l’égide de l’Unesco, suggère M. Hollande. Face à l’urgence de la situation, une somme de bonnes intentions.Florence EvinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Denis Cosnard et Stéphane Lauer (New York, correspondant) C’est une opération comme Air Liquide en signe une par siècle. Le champion français des gaz industriels a annoncé, mardi 17 novembre, l’achat de son concurrent américain Airgas pour 13,4 milliards de dollars (12,5 milliards d’euros), dont 2,8 milliards de dette. Cette acquisition devrait augmenter de près d’un tiers la taille d’Air Liquide, dont le chiffre d’affaires annuel passera à plus de 19 milliards d’euros.Longtemps numéro un mondial de l’oxygène, de l’hydrogène, de l’argon, de l’azote et autres gaz, le groupe devrait ainsi retrouver la première place qu’il avait perdue, à la fin des années 2000, au profit de l’Allemand Linde. Celui-ci réalise un chiffre d’affaires de l’ordre de 17 milliards d’euros.Déjà numéro un en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, Air Liquide devrait grâce à cette fusion devenir également leader aux Etats-Unis, le premier marché au monde. Une région d’autant plus stratégique que les bas prix de l’énergie, grâce aux gisements de gaz de schiste, incitent les clients industriels à y investir, notamment dans la chimie et le raffinage. C’est le même calcul qu’avait fait Linde en 2012, en mettant la main sur l’américain Lincare, pour 3,8 milliards de dollars.Pour convaincre Airgas de passer sous pavillon français, Air Liquide a dû payer le prix fort Mais pour convaincre Airgas de passer sous pavillon français, Air Liquide a dû payer le prix fort. L’américain, qui réalise la quasi-totalité de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, est une société relativement jeune. Créée en 1982, elle a son siège à Radnor (Pennsylvanie) et emploie 17 000 salariés. Peter McCausland, son fondateur toujours aux manettes, a fait grandir l’entreprise à coup d’acquisitions, plus de 450 au total.En 2010, Airgas s’était déjà retrouvé une première fois dans le rôle de la cible. Profitant d’un moment de faiblesse du groupe, lié à la crise économique, son concurrent américain Air Products avait lancé une OPA hostile, offrant jusqu’à 5,9 milliards de dollars (70 dollars par action). M. McCausland avait alors bataillé contre cette « tentative opportuniste de reprendre la société à un prix bradé ». Il était parvenu à la faire échouer en mettant en place une « pilule empoisonnée », un mécanisme anti-OPA auquel un tribunal du Delaware a donné sa bénédiction. Cette décision fait encore jurisprudence.Selon le projet approuvé à l’unanimité par le conseil d’administration d’Airgas, Air Liquide va payer 143 dollars par action en cashM. McCausland, qui détient lui-même près de 10 % du capital, a eu raison d’attendre. Après cette OPA, Airgas est reparti de l’avant, et s’il abandonne aujourd’hui son indépendance, c’est à un prix deux fois plus élevé. Selon le projet approuvé à l’unanimité par le conseil d’administration d’Airgas, Air Liquide va payer 143 dollars par action en cash.C’est 35 % de plus que le cours d’Airgas lundi à Wall Street, et 51 % de plus que la moyenne du cours durant le mois ayant précédé l’annonce. Celle-ci a pris les investisseurs par surprise : lundi encore, les analystes de Jefferies expliquaient pourquoi il était improbable qu’Airgas accepte une quelconque offre d’achat. Mais en coulisses, M. McCausland avait entamé des discussions avec plusieurs acquéreurs potentiels, et fait monter les enchères.L’offre d’Air Liquide intervient à une période où Airgas est en position un peu fragile. Ces derniers mois, le groupe a été pénalisé par la force du dollar, le fléchissement de la croissance mondiale et surtout le plongeon des cours du pétrole, qui a contraint les producteurs d’hydrocarbures à tailler massivement dans leurs investissements. Si bien que la croissance d’Airgas est retombée à zéro. « Il est difficile de savoir si nous avons touché le fond, si nous l’approchons, ou s’il faut se préparer à une nouvelle détérioration », avouait M. McCausland fin octobre.Les Etats-Unis constituent « un marché résilient offrant des opportunités de croissance dans la durée, et les bonnes affaires ne sont jamais bon marché » Benoît Potier, le PDG d’Air Liquide, voit plus loin que cette faiblesse passagère. Les Etats-Unis constituent « un marché résilient offrant des opportunités de croissance dans la durée, et les bonnes affaires ne sont jamais bon marché », juge-t-il. Il compte financer cet achat grâce à une augmentation de capital de 3 à 4 milliards d’euros et un appel au marché obligataire.Malgré la prime offerte, le groupe français estime que l’opération améliorera son bénéfice par action dès la première année de la mise en œuvre de la fusion. Air Liquide prévoit ainsi 300 millions de dollars de synergies.Reste à convaincre les autorités américaines de la concurrence. Airgas est le leader du gaz en bouteille aux Etats-Unis, avec environ 25 % du marché. Air Liquide étant déjà bien implanté outre-Atlantique, le rapprochement pourrait inciter les autorités à demander certaines cessions pour éviter la constitution d’une position trop dominante.Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benoît Vitkine (Molenbeek (Belgique) - envoyé spécial) Chaque jour depuis les attentats de Paris, le vendredi 13 novembre, et plus encore depuis que l’enquête s’est focalisée sur sa commune de Molenbeek, en Belgique, l’imam Abdel Hassani se demande ce qu’il va pouvoir dire aux fidèles ce vendredi à l’heure du sermon. Pour l’heure, il n’a en tête que les grandes lignes : que des « égarés » ont tué des innocents ; que l’islam réprouve de tels actes ; et que la lutte contre le terrorisme concerne aussi Molenbeek.Ce dernier point n’est guère une nouveauté : la liste des affaires de terrorisme dans lesquelles apparaît le nom de cette commune de 100 000 habitants, l’une des dix-neuf que compte la ville de Bruxelles, est impressionnante. Parmi les plus connues, l’assassinat du commandant Massoud en Afghanistan (9 septembre 2001), les attentats de Madrid en 2004, la tuerie du Musée juif de Bruxelles (mai 2014), la cellule de Verviers démantelée lors d’un assaut policier mortel (janvier 2015), l’attaque avortée dans un Thalys Bruxelles-Paris (août 2015). Jusqu’aux attaques de Paris, dont plusieurs exécutants ainsi que le commanditaire présumé étaient originaires de la commune ou y ont séjourné.Il n’en fallait pas plus pour que resurgissent les surnoms de « nid djihadiste » ou de « Molenbeekistan », régulièrement associés à ce quartier pauvre à forte population immigrée, qui a fourni un tiers des quelque 150 djihadistes originaires de Bruxelles partis ces dernières années en Syrie.« Des messages forts et clairs » « Les gens d’ici n’ont pas besoin de tels slogans, s’offusque l’imam Hassani, mais il faut des messages forts et clairs. » Sa mosquée, rue des Etangs Noirs, est l’une des quatre de la commune reconnues par l’Etat, qui participe ainsi à leur financement. Molenbeek en compte 18 autres. A en croire M. Hassani, toutes ne délivreront pas vendredi un message aussi « clair » que le sien. « Certains imams souligneront que la France mène une politique étrangère mauvaise. D’autres se contenteront de lectures sacrées, figés dans leurs écrits et leurs dogmes. Il faut connaître la société dans laquelle on vit pour être capable de lui parler, insiste l’imam. Moi je suis ici depuis 40 ans, et j’ai travaillé pendant 34 ans dans les supermarchés Delhaize. »C’est l’une des particularités de l’islam belge, poussée à l’extrême à Molenbeek. Nombre d’imams sont formés en Arabie saoudite, beaucoup d’autres sont envoyés par les pays d’origine des populations immigrées. On parle ainsi, comme en écho au modèle communautaire belge dans lequel domine la grille de lecture Wallons-Flamands, de mosquées « marocaines », « turques », « pakistanaises », « somaliennes »…Une action souterraineDans les ruelles de Molenbeek, les mosquées ou les centres culturels sont légion. Un simple statut d’association suffit pour ouvrir une structure. Certaines, signalées par une simple affichette, gardent porte close, sans doute rebutées par l’afflux dans la commune de journalistes du monde entier. Dans une autre, on ne parle que ourdou. Au 26 de la rue des Osiers, un imam accueillant et à la longue barbe rousse explique, tout en rejetant fermement les discours djihadistes, que « l’actualité n’a pas à pénétrer dans la mosquée ».De l’avis des experts, les mosquées belges, même celles où l’on prêche un islam radical, ont cessé depuis le milieu des années 2000 d’être des lieux de recrutement ou d’appels au djihad. La surveillance est devenue trop importante et l’action des djihadistes s’est déplacée, se faisant plus souterraine. On évoque des salles de sport, des associations de tous ordres – dix-sept « points de radicalisation », selon une source sécuritaire qui souligne toutefois leur caractère « mouvant ». Sans compter les radicalisations sur Internet de jeunes n’ayant jamais pénétré dans une mosquée. Mais selon Johan Leman, le directeur du Foyer, une association travaillant auprès de la jeunesse, « c’est par cette façon de prêcher le “bien” et le “mal”, le “eux” et le “nous”, que commence la radicalisation. Les recruteurs parlent le même langage binaire. »« Islam belge » « En vingt ans, le quartier a changé, assure le patron de la librairie Alitera, où l’on vend aussi bien des livres sacrés que profanes. Les femmes sont de plus en plus voilées, et cela devient honteux pour les hommes de ne pas aller à la mosquée. Molenbeek est devenu un désert culturel et la mairie a encouragé ce mouvement en soutenant en priorité les actions et les associations à caractère religieux. »Depuis que les projecteurs sont à nouveau braqués sur Molenbeek, un homme est particulièrement pointé du doigt : Philippe Moureaux, bourgmestre de la commune entre 1992 et 2012. Selon ses détracteurs, l’édile socialiste aurait en quelque sorte acheté la paix sociale en laissant le champ libre aux autorités religieuses. « Il y a eu un partage du pouvoir de fait entre la commune et les mosquées », confirme l’expert Claude Moniquet, ancien journaliste et ancien des services secrets français installé à Bruxelles. L’ancien bourgmestre assure de son côté avoir réussi à « établir un lien de confiance avec la communauté musulmane ».« Moureaux a eu peur de renforcer l’islamophobie en s’attaquant à ces questions, estime Sarah Turine, échevine (adjointe) de la jeunesse au sein de la nouvelle équipe communale. Et pendant ce temps, il n’a insisté que sur les questions économiques, expliquant que les choses s’amélioreraient le jour où il y aurait des emplois. » Mme Turine, qui prône elle aussi la constitution d’un « islam belge » moins dépendant de l’étranger, estime toutefois que le quartier est aujourd’hui moins replié sur lui-même qu’il ne l’était il y a encore dix ans, époque où, explique-t-elle, l’alcool était banni des bars et des magasins.Un « petit Manchester » frappé par la désindustrialisation L’élue écologiste insiste elle aussi sur le « facteur socio-économique » propre à Molenbeek. La commune, toute proche du centre-ville de Bruxelles et qui a conservé un urbanisme à visage humain, ne ressemble guère aux quartiers relégués des grandes métropoles françaises. Mais la désindustrialisation a frappé de plein fouet celle que l’on surnommait le « petit Manchester ». Dans les quartiers est, le taux de chômage atteint près de 60 %. Les difficultés se cumulent : ghettoïsation ethnique, avec certains quartiers maghrébins à 80 %, trafics de drogue, discriminations à l’embauche, décrochages scolaires…Le cocktail molenbeekois est là : des frustrations sociales et identitaires se développant sur un terreau de plus en plus religieux et rigoriste. La commune a encore du mal à regarder cette réalité en face. La plupart des habitants interrogés refusent de croire aux révélations en cascade sur la présence de cellules djihadistes, ou veulent y voir des éléments « extérieurs » : à l’islam, au quartier, à la Belgique…Cette réaction n’est pas uniquement de déni. Elle répond à une réalité. Molenbeek n’est pas seulement un foyer de radicalisation, la ville s’est aussi imposée comme une base arrière pour des cellules étrangères, françaises en premier lieu. « Ici, on peut facilement échapper à la police », résume Mehdi, 18 ans, sur les lieux de l’une des interventions menées lundi 16 novembre par les forces de sécurité. « L’Etat islamique a intégré cette donne depuis longtemps, résume le travailleur social Johan Leman. Pour eux, Anvers appartient aux Pays-Bas et Bruxelles à la France. Ils ont communautarisé la Belgique encore mieux que les Belges eux-mêmes. »Lire aussi :Pour les Belges, les frères Abdeslam ne constituaient pas « une possible menace »Benoît Vitkine (Molenbeek (Belgique) - envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.11.2015 à 19h53 • Mis à jour le18.11.2015 à 10h39 | William Audureau Trois jours après les attaques meurtrières qui ont fait 129 morts et 352 blessés à Paris et Saint-Denis, François Hollande a prononcé, le 16 novembre devant le Congrès, un discours aux tonalités martiales et à l’orientation politique sécuritaire. Celui-ci n’est pas sans rappeler celui qu’avait tenu le président américain George W. Bush, le 20 septembre, devant le Congrès américain, un peu plus d’une semaine après les attaques du 11 septembre qui avaient coûté la vie à 2 985 personnes.Le pays « en guerre »Sur la forme, le discours de François Hollande est fait d’un même moule patriotique que ceux de George W. Bush à l’époque, jusque dans son analyse des mobiles terroristes. L’« armée djihadiste qui nous combat parce que la France est un pays de liberté, parce que nous sommes la patrie des droits de l’homme » fait ainsi écho aux terroristes qui avaient « attaqué l’Amérique parce que nous sommes la maison et les défenseurs de la liberté ».Un même ton belliqueux rapproche le discours des présidents français et américain. Le 20 septembre 2001, ce dernier avait employé quatorze fois le terme « guerre », et la formule « nous sommes en guerre contre la terreur » avait fait date. Plus de 14 ans plus tard, le même mot est revenu treize fois dans la bouche du président français, pour qui la France « est en guerre ».Des discours accompagnés de faits : le 20 septembre 2001, George W. Bush annonçait qu’il avait mobilisé son armée, et le 7 octobre, moins d’un mois après les attentats du 11-septembre, les forces américaines et britanniques bombardaient l’Afghanistan. François Hollande, à la veille de son discours, a pour sa part déjà ordonné le bombardement de camps militaires de l’Etat islamique à Rakka, en Syrie, et un nouveau raid a eu lieu le lundi 16 novembre dans la nuit.Lire aussi :La France bombarde le fief de l’Etat islamique en SyrieAppel à la solidarité internationaleDans les deux discours, les dirigeants des puissances attaquées en appellent à la solidarité internationale, mais le ton adopté n’est pas le même. Le président américain n’hésite à pas à employer le ton de la menace : « Nous poursuivrons les nations qui fournissent de l’aide ou de la protection au terrorisme. Chaque nation, dans chaque région, a maintenant une décision à prendre. Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes. »François Hollande cherche, lui, davantage à convaincre de la nécessité de cette réaction internationale : « Depuis le début de l’année, l’armée terroriste de Daech [l’acronyme arabe de l’Etat islamique] a notamment frappé à Paris, au Danemark, en Tunisie, en Egypte, au Liban, au Koweït, en Arabie saoudite, en Turquie, en Libye. Elle massacre chaque jour et opprime des populations. C’est la raison pour laquelle la nécessité de détruire Daech constitue un sujet qui concerne toute la communauté internationale. J’ai donc demandé au Conseil de sécurité de se réunir dans les meilleurs délais pour adopter une résolution marquant cette volonté commune de lutter contre le terrorisme. »Lire aussi :Après les attentats, Paris sollicite l’assistance de ses voisinsLe président français est par ailleurs contraint par les circonstances à réviser sa position par rapport à la Russie dans le dossier syrien. « En Syrie, nous cherchons inlassablement une solution politique dans laquelle Bachar [Al-Assad, le président syrien] ne peut constituer l’issue. Mais notre ennemi en Syrie, c’est Daech », a avancé pour la première fois le président français, tout en appelant à une coalition intégrant la Russie.Réforme de l’antiterrorismeSur le plan intérieur, le discours tenu par le président français marque un virage sécuritaire, comme celui de Bush en 2001. Difficile pour autant de le comparer au Patriot Act : cette loi antiterroriste d’envergure, qui a marqué l’Amérique post 11-Septembre, n’existe pas encore lorsque le président américain prend la parole le 20 du mois.Mais le discours de George W. Bush annonce déjà un vaste chantier législatif aux fins de lutte contre le terrorisme, comportant notamment la création d’un Bureau de la Sécurité Intérieure. « Nous allons mettre nos forces en commun pour renforcer nos capacités de renseignement pour connaître les plans des terroristes avant qu’ils n’agissent, et les trouver avant qu’ils ne frappent », prévenait alors George W. Bush sans davantage de détails.A l’inverse des Etats-Unis, le cadre de la lutte contre le terrorisme a déjà été largement réformé en France, notamment par deux lois sur le terrorisme et une loi sur le renseignement. Les mesures annoncées par François Hollande « compléteront » donc l’arsenal déjà disponible, au lieu de le chambouler.Lire aussi :Sur les nouveaux moyens de l’antiterrorisme, Hollande est resté vagueTout en annonçant plusieurs mesures de renforcement de la sécurité, comme l’embauche d’officiers de police et de gendarmerie, ou la déchéance de nationalité pour des personnes nées françaises, François Hollande a tenu à marquer son attachement au respect de l’Etat de droit, dans un contexte où la loi de renseignement a été très critiquée par la presse pour son caractère liberticide.« Le gouvernement, dans un esprit d’unité nationale, va saisir le Conseil d’Etat pour vérifier la conformité des propositions sur la surveillance des personnes fichées “S”. Cet avis sera rendu public et j’en tirerai toutes les conclusions nécessaires », a-t-il ainsi prévenu, affichant ici une précaution qui n’apparaît nulle part dans la rhétorique bushiste. Il a également évoqué la fin de l’état d’urgence au-delà de sa prorogation exceptionnelle de trois mois en cas d’accord de l’Assemblée.Réforme de la Constitution contre Patriot ActEnfin, François Hollande a ouvert un autre chantier, celui de la réforme de la Constitution, et notamment des articles 16 et 36, qui définissent les conditions du recours aux pleins pouvoirs présidentiels et l’état de siège, pour y ajouter l’état d’urgence.Lire aussi :Etat d’urgence et article 16 : pourquoi Hollande veut-il réviser la Constitution ?« J’estime en conscience que nous devons faire évoluer notre Constitution pour permettre aux pouvoirs publics d’agir, conformément à l’Etat de droit, contre le terrorisme de guerre. […] Nous sommes en guerre. Mais cette guerre d’un autre type face à un adversaire nouveau appelle un régime constitutionnel permettant de gérer l’état de crise. » Une manière de donner au gouvernement plus de pouvoir, tout en restant dans un cadre contrôlé.Lire : Le Patriot Act, une législation d'exception au bilan très mitigéAux Etats-Unis, le Patriot Act a été institué le 26 octobre 2001 sous la forme d’un texte de 132 pages renforçant notamment le pouvoir des agences de renseignement et de lutte contre le crime de l’Etat fédéral américain. Elle a permis l’émission de 200 000 fiches de consultation de données d’usagers de télécommunications, et surtout servi dans la lutte contre le trafic de drogue. Prolongée en 2005 puis pérennisée en 2006, cette loi d’exception n’a jamais été abrogée, malgré les nombreuses critiques quant à sa constitutionnalité et son caractère liberticide. François Hollande, lui, a assuré vouloir « éradiquer, dans le respect de nos valeurs, le terrorisme. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le Français Pierre Moscovici, ex-ministre des finances du gouvernement Ayrault, aujourd’hui commissaire européen en charge de l’économie, explique au Monde que l’Union européenne (UE), dans son ensemble, est solidaire de la France, et est résolue à l’aider.Le président Hollande a dit lors du Congrès que la France est en guerre. N’est-ce pas exagéré ? Qu’en pensent nos partenaires européens ? L’expression du président de la République devant le Congrès français était à la hauteur de l’émotion ressentie par l’ensemble de nos concitoyens. Et malgré quelques réserves qui se sont exprimées, on a senti une forme d’union nationale naître autour du chef de l’Etat, comme c’est normal dans ces moments tragiques, ce qui n’entrave en rien la perspective de futurs débats électoraux nationaux. Je n’ai pas à commenter ses propos, ils correspondent à ce que ressentent, à ce que vivent les Français, tout simplement.Je peux ajouter que la France n’est pas seule. L’Union européenne est à ses côtés, à la fois sur ses demandes de solidarité sur le plan sécuritaire et militaire, sur le plan politique également et sur celui de l’appréciation de l’impact des mesures à prendre en matière de finances publiques. Au G20 d’Antalya (Turquie), des déclarations très fortes ont aussi été faites dans la lutte contre le terrorisme, en particulier au sujet de son financement. Ses racines doivent être combattues avec beaucoup de force.Pensez-vous que la Commission, garante du respect du pacte de stabilité et de croissance, pourrait prendre en considération les dépenses militaires et de sécurité françaises ?Il est parfaitement compréhensible que la priorité des priorités pour la France comme pour l’Europe d’ailleurs, soit la protection et la sécurité des citoyens. Le président de la République a parlé d’un pacte de sécurité, ce pacte doit être pris en compte par les Européens, l’attitude de la Commission sera compréhensive. Il faudra certes apprécier l’impact des mesures annoncées lundi sur les finances publiques de la France, mais nous le ferons de manière constructive.Lire aussi :Postes supplémentaires de policiers et de gendarmes : le détails des annonces de HollandeCe mardi, j’ai formulé l’opinion de la Commission sur l’avant-projet de budget français pour 2016, qui est globalement en conformité avec les règles du pacte de stabilité et de croissance. Bien évidemment, cette opinion ne prend pas en compte les mesures à venir. Nous réévaluerons les possibles incidences budgétaires en temps voulu. Il est trop tôt pour spéculer maintenant sur la façon dont cela va se répercuter sur la trajectoire budgétaire de la France. Mais je n’ai pas de raison de penser que celle-ci soit spectaculairement modifiée.Et les règles du pacte de stabilité n’empêchent pas les gouvernements de décider de leurs priorités. Je ne vois pas d’opposition entre les enjeux de sécurité et la garantie de finances publiques saines. Les règles du pacte de stabilité ne doivent pas être vues comme rigides et stupides. Elles sont intelligentes et flexibles. Le pacte de sécurité voulu par François Hollande n’est à mes yeux pas incompatible avec le pacte de stabilité et de croissance.Suite aux attentats de janvier, le gouvernement français était arrivé à Bruxelles avec des demandes précises : contrôle systématique aux frontières extérieures de l’UE pour les ressortissants européens revenant de Syrie, l’établissement rapide d’un PNR (données passager des compagnies aériennes). Rien de tout cela n’a été adopté : la machine européenne n’est-elle pas trop lente ?Il faut tirer des leçons de tout cela sur le fonctionnement de la prise de décision en Europe. J’ai été pendant plus de 20 ans un responsable politique français, je connais bien le fonctionnement de l’ensemble des institutions ici – le Conseil, le Parlement européen et le Berlaymont [où se trouve le siège de la commission]. Je pense que la remise en cause doit être valable pour tous. C’est à la Commission de faire des propositions. Qu’il s’agisse des problèmes de sécurité, de la question des réfugiés, il y a eu ici, à la Commission, des réponses fortes. Il importe aussi que les Etats membres s’en saisissent. Ce n’est pas le moment de se renvoyer la balle des causes ou des responsabilités, de pointer les insuffisances de l’Europe. Nous devons tous être côte à côte, prendre des décisions plus rapides, plus fortes.La crise économique, qui n’est pas entièrement derrière nous, en tout cas qui continue à marquer nos sociétés par la faible croissance et le chômage, laisse petit à petit place à une reprise dont je souhaiterais qu’elle soit plus forte. Nous avons à faire face maintenant à d’autres défis, sans précédent, qui menacent notre vivre ensemble, remettent en cause l’identité européenne. La crise écologique, que la conférence des Nations unies pour le climat (COP21) va affronter, avec succès, je le crois ; Il est important qu’elle se tienne, à Paris. Mais aussi la crise des réfugiés et du terrorisme. Sur tous ces sujets-là nous avons besoin de plus d’Europe, de plus d’actions communes.Ne craignez-vous pas que le débat sur les migrants se durcisse encore ?lI ne faut pas tout confondre comme l’ont dit beaucoup de leaders au G20, dont le président américain, M. Obama, et la chancelière allemande, Mme Merkel. Les réfugiés sont les premières victimes du terrorisme, des victimes indirectes qui fuient les exactions de ceux qui viennent frapper nos territoires, comme l’a dit Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Il faut éviter les amalgames qui vont nourrir les populismes et le repli sur soi, sources du déclin de nos différents pays.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Sallon La simultanéité des attaques et le mode opératoire du commando terroriste qui a fait au moins 129 morts à Paris, le 13 novembre, laissaient peu de doute. La revendication par l’Etat islamique (EI), moins de douze heures plus tard, par un communiqué en plusieurs langues et une vidéo, amplement relayés sur les réseaux sociaux djihadistes, a confirmé l’implication du groupe dans ce que le président français, François Hollande, a qualifié d’« acte de guerre qui a été préparé, organisé, planifié à l’extérieur avec des complices à l’intérieur ».Suivez la situation en direct dans notre liveAprès la mort de ressortissants russes dans le crash d’un avion en Egypte, les attentats en Turquie et au Liban, l’EI a voulu frapper au cœur de Paris, présentée comme la « capitale des abominations et de la perversion, qui porte la bannière des croisés ».Le choix des cibles et des mots – un stade où se trouvait « l’imbécile » François Hollande, une salle de spectacle réunissant « des centaines d’idolâtres dans une fête de la perversité », des cafés – fait de cette guerre contre les « croisés » une guerre de civilisation.« Vous ne vivrez pas en paix »« C’est un discours opportuniste, estime Romain Caillet, spécialiste des mouvements djihadistes. C’est une sorte de bonus pour eux que d’attaquer des lieux jugés pervertis. Leur but premier est de cibler des Français, pas un mode de vie. La terminologie est employée pour insulter l’adversaire. » Le choix du Stade de France tranche même, poursuit-il, avec la logique de l’organisation, qui cherche à épargner les musulmans pour mieux les opposer à leurs concitoyens et les enrôler.Les frappes contre les musulmans du « califat » autoproclamé d’Abou Bakr Al-Baghdadi, l’insulte faite au prophète Mahomet, et le combat contre l’islam, sont autant de raisons invoquées pour justifier cette première attaque d’ampleur contre la France. « Aussi longtemps que vous nous bombarderez, vous ne vivrez pas en paix », promet un djihadiste, dans une vidéo diffusée samedi. L’armée française a combattu les islamistes au Mali et soutient l’action africaine contre la secte nigériane Boko Haram. Elle a mené près de 300 frappes contre l’EI en Irak depuis septembre 2014, puis en Syrie dès octobre 2015.« Il y a beaucoup de francophones français ou belges dans les rangs de l’EI. Cela explique la plus grande éventualité d’un attentat sur le sol français », analyse M. Caillet. Selon les autorités, près de 1 000 Français ou résidents en France « sont connus pour être allés en Syrie ou en Irak », dont 588 qui y sont toujours, 142 qui y sont morts et 247 qui sont partis. Nombre d’entre eux animent les réseaux de propagande et de recrutement de l’organisation, d’où ils appellent à attaquer leur pays d’origine. Comme Salim Benghalem, présenté comme le responsable de l’accueil des Français et des francophones à Rakka, en Syrie, visée par des frappes françaises en octobre.« Méchants et sales Français »Le passage du djihad local et de la construction du « califat » au djihad global par l’EI, sur le modèle de son concurrent Al-Qaida, remonte, selon Romain Caillet, au début des frappes occidentales en Syrie et en Irak. En septembre 2014, Abou Mohammed Al-Adnani, son porte-parole, avait menacé : « Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen, en particulier les méchants et sales Français, (…) alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière. » La France, la Belgique, le Canada, l’Australie ou les touristes en Tunisie ont depuis été ciblés par des terroristes se revendiquant de l’EI.La détermination de la France et de ses alliés à intensifier leur intervention fait espérer, dans les rangs de l’EI, que se réalise la prophétie islamique du triomphe de l’armée des musulmans dans la cité syrienne de Dabiq, où flotte depuis août 2014 le drapeau noir, face à une horde d’infidèles. Mais, alors que la coalition internationale refuse d’envoyer des forces au sol, et que les revers de l’EI se multiplient en Irak et en Syrie, le groupe pourrait accroître ses attaques à l’étranger. « On arrive avec notre armée pour conquérir la France », a menacé, lundi, l’EI dans une nouvelle vidéo, dans laquelle résonne l’appel d’Adnani : « Paris avant Rome et avant l’Andalousie ».Lire aussi :L’éternel retour des « pionniers » du djihadHélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Alors que pour François Hollande la réponse de la France aux attentats consiste à mener une « guerre » contre l’Etat islamique (EI), Angela Merkel a une tout autre réponse : certes, l’Allemagne va « tout faire pour mener ensemble la lutte contre les terroristes », mais, a-t-elle ajouté samedi matin, en tant que « citoyens », nous avons une « réponse claire » : « Nous vivons de la compassion, de l’amour du prochain, de la joie de faire partie d’une communauté. » Difficile de trouver deux registres lexicaux plus différents.Depuis dimanche, les dirigeants allemands évitent soigneusement d’employer le terme de « guerre ». A l’exception de Joachim Gauck, le président de la République, qui a évoqué « les victimes d’une nouvelle sorte de guerre », les responsables politiques allemands font le grand écart entre soutenir la France et ne pas se déclarer en guerre. Mardi, Mme Merkel, qui a présidé un sommet sur l’intégration à la chancellerie, a évoqué les attentats mais pas les propos de François Hollande. Quant à Sigmar Gabriel, président du Parti social-démocrate et vice-chancelier, il a déclaré mardi : « Nous voyons que l’EI mène une guerre contre le monde libre, mais, malgré tout, si nous commençons à parler de guerre, c’est un premier succès pour l’EI, parce que plus notre société a peur, y compris de la guerre, plus le terrorisme a de succès à faire valoir. » Une différence de taille avec le discours de M. Hollande.L’expression est d’autant plus taboue en Allemagne qu’elle a des conséquences juridiques importantes, puisque le commandement des armées passe, en cas de conflit armé, du ministre de la défense à la chancellerie.Quant à l’expression « guerre totale », employée par Nicolas Sarkozy, elle renvoie pour tout Allemand à la formule, datant de 1943, de Joseph Goebbels, ministre de la propagande d’Adolf Hitler, et n’est même pas concevable dans un cadre démocratique.Lire aussi :Après les attentats, Paris sollicite l’assistance de ses voisinsHostilité de l’opinionDe plus, jusqu’ici, Mme Merkel s’est montrée très réservée sur les engagements extérieurs de la Bundeswehr. Contrairement au président de la République, à Frank-Walter Steinmeier, au ministre des affaires étrangères (SPD), et à Ursula von der Leyen, la ministre de la défense (CDU), la chancelière n’a pas pris part au débat, au début de 2014, sur le supposé grand retour de l’Allemagne sur la scène internationale. Ou, si retour il y a, il ne faut surtout pas penser qu’il va essentiellement concerner un rôle accru de la Bundeswehr à l’étranger.Deux arguments expliquent la réserve de la chancelière : l’hostilité de l’opinion allemande face à ce type d’intervention, et surtout la conviction qu’aucune intervention militaire ne résout à elle seule un conflit. Les situations de la Libye et de l’Afghanistan le prouvent. C’est la position actuelle de l’Allemagne sur la Syrie : ce conflit nécessite l’engagement de toutes les parties – Bachar Al-Assad fait donc, comme Moscou, partie de la solution –, et il ne pourra pas être résolu par le seul recours à la force.Eviter de trop s’engagerMardi, à Bruxelles, lors du conseil européen de la défense, il était frappant de voir comment Mme von der Leyen était physiquement proche de Jean-Yves Le Drian, son homologue français – impossible de ne pas penser à la photographie montrant Mme Merkel s’appuyant sur l’épaule de M. Hollande après les attaques de janvier – tout en évitant de trop s’engager au côté de la France.L’Allemagne propose à ce stade de ne renforcer sa présence qu’au Mali, où elle compte deux cents instructeurs mais seulement neuf soldats dans le cadre de la mission des Nations unies dans le pays (Minusma) exposée à un certain danger. Mardi, Mme von der Leyen a fait valoir que la France « n’avait fait aucune demande concrète ».Si nul ne croit en Allemagne que la France peut vaincre seule l’EI, une partie de la presse juge cependant que le gouvernement allemand pourrait l’aider davantage qu’il s’apprête à le faire. « L’EI doit aussi être combattu militairement », affirme ainsi le quotidien Süddeutsche Zeitung mardi.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.11.2015 à 14h56 • Mis à jour le20.11.2015 à 14h58 Par Nadia MarzoukiOn a beaucoup parlé de tragédie pour décrire l’effroi et la tristesse provoqués par les attaques du vendredi 13 novembre. Or de nombreux commentateurs se sont empressés d’inventer une autre tragédie, toute rhétorique, en se demandant : pourquoi pleure-t-on les morts de Paris plus que ceux de Beyrouth ? De l’écrivain britannique Tariq Ali à la philosophe américaine Judith Butler, des Rolling Stones aux fans d’Angelina Jolie, sans parler de l’avalanche de commentaires à vif postés sur les réseaux sociaux, on n’en finit plus de s’indigner, depuis samedi, de la couverture médiatique jugée asymétrique des deux attaques. L’émoi disproportionné des médias refléterait l’insularité de l’Occident, son aveuglement, voire son mépris à l’égard du reste du monde.Un blogueur noir américain va jusqu’à soutenir que « le deuil global est fondé sur le présupposé selon lequel Paris est une ville blanche » et que « Paris, comme symbole, représente le monde blanc occidental qui méconnaît sa vulnérabilité ». Mais ces appels à l’égalisation des réactions de chagrin sont-ils vraiment pertinents ? Tout d’abord, il n’est pas exact que les attaques terroristes en Afrique et au Moyen-Orient aient été négligées. Comme l’a montré le journaliste Martin Belam, les grands quotidiens et principales chaînes de télévision ont largement couvert les attaques au Liban. La campagne « Bring Back Our Girls » avait fait le tour du monde. Les marques de solidarité internationales après les attaques du Musée du Bardo et de Sousse, en Tunisie, ont été remarquables.Deux poids, deux mesures ?Ensuite, quand bien même un plus grand nombre de signes ou de « soundbites » aurait été consacré aux attaques de Paris, est-ce nécessairement la preuve d’une intention cohérente de hiérarchiser les souffrances et les peuples ? Comme l’a noté Brian Phillips pour le Washington Post, les journalistes sont sensibles au facteur de nouveauté. Or une attaque à Paris est plus inédite qu’une attaque à Beyrouth. Une majorité d’Européens et d’Américains du Nord sont déjà allés à Paris, qui est une des premières destinations touristiques mondiales, ou ont un proche qui y est allé. Prendre acte de ce fait ne signifie pas que l’on considère qu’une ville a plus de valeur que l’autre. C’est, d’ailleurs, ce qu’ont compris de nombreux citoyens et activistes du monde arabe, en exprimant chaleureusement leur soutien et leur solidarité aux Français.Mais, surtout, dans quelle mesure la compétition lacrymale à laquelle nous sommes conviés nous aidera-t-elle efficacement à comprendre la complexité des défis auxquels nous devons faire face, et à agir politiquement ? Ironiquement, l’indignation face au deuil prétendument plus fort pour Paris que pour Beyrouth reproduit en miroir celle des activistes antimusulmans opposés à la construction d’un centre islamique à Ground Zero en 2010 ou même celle des « charlistes » à l’encontre des musulmans incapables de rire devant une caricature du prophète. « Comment ne pouvez-vous pas comprendre qu’une mosquée à Ground Zero nous offense ? » ou « Comment pouvez-vous avoir si peu d’humour ? » sont, au fond, des énoncés équivalents à « Comment pouvez-vous pleurer autant pour Paris et si peu pour Beyrouth ? ».A chaque fois, c’est l’expression, ou, pire encore, le ressenti, de l’émotion adéquate qui devient le critère du vivre-ensemble et de l’appartenance à la communauté politique, et la base sur laquelle on exclura ceux qui ne « ressentent » pas comme il faut. Outre que cette propension à conditionner la citoyenneté au (res) sentiment est très dangereuse pour l’avenir de la démocratie, elle conduit au remplacement de la politique par la casuistique. Au lieu de réfléchir aux conditions politiques pour mettre fin au conflit en Syrie, pour combattre l’islamophobie et l’exclusion sociale, pour garantir la sécurité des Français sans les priver de liberté, va-t-on s’épuiser à comptabiliser le nombre approprié de mots et de « soundbites » dédiés à la couverture de chaque massacre ?Et à partir de combien de morts très exactement sera-t-il légitime de s’indigner ? Dois-je m’insurger de ce que la décapitation d’un jeune berger tunisien de 14 ans par un djihadiste le 13 novembre à Sidi Bouzid n’ait pas été déplorée autant que l’exécution de 50 Libanais le 12 novembre ? Comme l’a montré la philosophe Bonnie Honig, les adeptes d’une politique de la lamentation, fondée sur une logique purement compassionnelle, glissent souvent vers la lamentation du politique. Or plus que jamais la réflexion et la décision politiques sont nécessaires. Les Libanais, les Tunisiens, les Syriens ont certes besoin de la fonction « Etes-vous en sécurité » sur Facebook. Mais, avant tout, ils ont besoin de sécurité. Or, ce que ne comprennent pas ceux qui posent le problème en termes de « Paris ou Beyrouth », de « eux et nous », c’est que la sécurité et la liberté des citoyens du monde arabe, d’Europe et d’Amérique sont complètement interdépendantes.Qui plus est, n’est-il pas prétentieux et orientaliste de dépeindre les citoyens du monde arabe seulement comme des victimes des attentats et du manque d’empathie de l’Occident ? Les citoyens du monde arabe n’ont pas besoin de la pitié de l’Occident pour s’affirmer comme acteurs souverains de leur avenir. Le compassionnalisme bien pensant exprime au fond une forme de narcissisme et de paternalisme telle qu’encore une fois on parle plus de « nous » et de « nos » sentiments que des autres et de l’hybridation croissante de nos destins collectifs.Nadia Marzouki, est politiste, chargée de recherche au CNRS (Centre Raymond-Aron, Paris) Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Fichage des passagers aériens, renforcement de la réglementation sur les armes à feu, contrôles renforcés aux frontières de l’Union européenne… A Bruxelles, vendredi 20 novembre, lors de la réunion extraordinaire des ministres européens de l’intérieur et de la justice, Paris a finalement obtenu de ses partenaires européens et des institutions de l’UE, ce que ceux-ci avaient refusé suite aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en début d’année.« Notre pays a été entendu », s’est félicité le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, à l’issue de la réunion. « Il faut sortir des atermoiements, des promesses sans lendemain et des lenteurs, sinon l’Europe se perdra », a toutefois prévenu M. Cazeneuve. Tout l’enjeu maintenant est de savoir si les Européens iront au-delà de ces engagements publics, s’ils les mettront vraiment en application.Mise en place d’un fichier des passagers des compagnies aériennesLes Européens se sont engagés à accélérer de manière décisive la mise en place du fameux « PNR » (« Passenger name record »), c’est-à-dire la communication aux services de police et de renseignement par les compagnies aériennes de leurs données passagers, pour tous les vols qui arrivent en Europe et qui en partent.Cela fait sept à huit ans que les Etats et les parlementaires européens tergiversaient. Par manque de volonté politique pour les premiers (« Il n’y a que l’Espagne, la France, le Royaume-Uni et la Belgique, qui poussaient », déplorait cette semaine un diplomate). Par souci de préserver la protection des données privées, pour les seconds.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériensLe Parlement européen a fini par céder, en juillet, acceptant de valider une mouture du PNR, qui était, ces dernières semaines, en négociation avec le Conseil européen et la Commission européenne. Ces discussions devraient aboutir avant fin 2015.Mais pour l’instant, le texte ne convient pas aux autorités françaises. Ces dernières militent pour que les compagnies aériennes communiquent également les informations sur les vols intérieurs à l’Union, et pour que les données personnelles des passagers puissent être conservées un an, et non un mois comme le demande encore le Parlement européen. « Aucun citoyen européen ne comprendrait qu’on continue à faire obstacle à cette disposition », a estimé M. Cazeneuve, vendredi.Durcissement de la législation sur les armes à feuAutre demande de la France, qui a obtenu un soutien clair à Bruxelles vendredi : un durcissement de la législation européenne sur les armes à feu.La Commission, qui travaillait depuis quelques mois sur un renforcement des règles, mais ne prévoyait pas d’aboutir avant le milieu d’année prochaine, a rendu sa copie dès mercredi 18 novembre. Elle propose une modernisation de la directive « armes à feu » qui date d’il y a presque 25 ans (1991), pour tenter de juguler le marché illégal des armes de guerre. En effet, dans certains pays de l’Union, le commerce des armes n’est guère plus réglementé que celui des objets du quotidien.Paris espère notamment que ce texte va harmoniser la notion de « démilitarisation » des armes, pour éviter qu’une arme rendue inopérante en France puisse être remise en état de marche ou transformée en fusil d’assaut, en achetant quelques pièces détachées de l’autre côté de la frontière, en Belgique. Le conseil des ministres à Bruxelles a dit, vendredi, qu’il allait démarrer « immédiatement » le travail sur la proposition de la Commission.Contrôle systématisé aux frontières extérieures de l’UnionParis réclamait depuis longtemps ce contrôle systématisé aux frontières extérieures de l’Union, y compris pour les ressortissants européens entrant dans l’espace Schengen. Pour l’instant, seuls les citoyens non européens sont systématiquement contrôlés.Paris exige non seulement un contrôle de la pièce d’identité (ce qui est en général le cas), mais aussi une consultation des bases de données nationales et européennes, celles du SIS (« Système d’information Schengen ») et d’Interpol, qui comprennent – théoriquement – une notification des combattants étrangers ainsi que des mandats d’arrêts européens.Mettre en place ce contrôle systématisé nécessite toutefois un changement du « code Schengen ». Concrètement, il faut que la Commission européenne fasse une proposition législative pour changer l’article 7.2 de ce code. Bruxelles s’y est engagée d’ici la fin de cette année. Cette proposition devra ensuite être examinée, puis validée, par le Conseil et le Parlement européen. Cela risque de prendre des mois.Et là encore, au-delà de l’accord politique à 28, ce qui va compter, c’est le caractère opérationnel ou pas de cette décision. Pour que ce contrôle systématique fonctionne, il faut notamment que les postes-frontières, en Grèce, en Hongrie, en Italie, dans les pays de « première » entrée (par voiture, avion, etc.), soient équipés de terminaux pour consulter la base SIS.« Cela n’a rien d’évident, en Grèce par exemple, où il y a des milliers de postes-frontières à équiper, cela va coûter beaucoup d’argent », souligne un diplomate européen.Autre problème : tous les pays ne « renseignent » pas la base Schengen de la même manière, et en temps réel. Certains le font systématiquement (c’est ce que prétendent les Belges), d’autres beaucoup moins. Il y aurait cinq ou six pays qui ne renseignent ou n’utilisent jamais la base SIS.Lire aussi :Double menace pour l’espace SchengenCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter François Hollande s’est exprimé vendredi 20 novembre au sujet de la prise d’otages dans l’hôtel Radisson de Bamako, capitale du Mali. Le président de la République a confirmé que l’assaut était en cours et assuré « que la France était disponible pour apporter (…) le soutien nécessaire ». Les informations tombent pour l’heure au compte-gouttes : « 140 clients et 30 employés » étaient présents dans l’hôtel au moment où a commencé l’attaque, et au moins trois otages ont été tués, selon le ministère de la sécurité du Mali. Lire aussi :En direct : au moins trois otages tués dans une attaque contre un hôtel de Bamako Mali : les premières images de la prise d’otages à Bamako Success story : Tayo Oviosu, fondateur de la première plate-forme nigériane de paiement par mobile Prise d’otages au Mali : témoignage d’une journaliste sur place 20.11.2015 à 11h22 • Mis à jour le20.11.2015 à 11h35 | Angela Bolis, Nathalie Guibert et Nicolas Chapuis - @ManuelValls : "Il peut y avoir le risque d'armes chimiques ou bactériologiques" https://t.co/w5RglMQNgW #DirectAN— LCPan (@LCP)require(["twitter/widgets"]);Au risque d’ajouter au climat d’anxiété qui règne depuis les attentats du 13 novembre, le premier ministre Manuel Valls a évoqué, jeudi 19 novembre au détour du discours sur la prolongation de l’état d’urgence à l’Assemblée nationale, le spectre d’une attaque terroriste chimique ou biologique. « Nous sommes en guerre », a-t-il souligné, évoquant de nouveaux « modes opératoires, façons de frapper, de tuer ». « Il ne faut aujourd’hui rien exclure et je le dis avec toutes les précautions qui s’imposent, mais nous le savons et nous l’avons à l’esprit, il peut y avoir aussi le risque d’armes chimiques et bactériologiques. »Pourquoi Manuel Valls a-t-il fait cette déclaration ?Matignon a assuré au Monde que ces propos ne faisaient suite à aucune « nouvelle information sur l’état de la menace, juste à un constat réaliste ». « Les spécialistes du Proche-Orient savent que Daech cherche et utilise des armes chimiques. Ne pas envisager cette hypothèse serait une faute », a précisé Matignon.Pour l’état-major, aucune alerte n’est à signaler et aucune mesure particulière prévue. Mais, note-t-on au ministère de la défense, « certains tabous étant tombés » avec les derniers attentats – premiers kamikazes, dont une femme, en France – « tout est possible ».Interrogé au JT de France 2, M. Valls a de nouveau précisé ses propos jeudi soir, évoquant un risque « extrêmement limité », sans « indice » particulier.Hasard du calendrier, le risque a été rappelé le 15 novembre, lors de la publication d’un arrêté qui permet à la pharmacie centrale des armées d’approvisionner en grande quantité les SAMU en sulfate d’atropine – et ce en vue de la COP21, la grande conférence des Nations unies sur le climat à Paris.Lire aussi :Valls dramatise encore plus sa communicationCe produit jusque-là réservé aux militaires est un remède contre les neurotoxiques de la famille des organophosporés, dont fait partie le gaz sarin, utilisé comme arme chimique sur le théâtre syrien.Le sarin – un gaz inodore, incolore et très volatil, considéré depuis 1991 par les Nations unies comme une arme de destruction massive – attaque le système nerveux après inhalation ou simple contact. Il cause, notamment, des vomissements, diarrhées, convulsions musculaires, douleurs aux yeux et à la tête, paralysie, et peut provoquer un arrêt respiratoire en quelques minutes si la dose est importante.Lire aussi :L’armée appelée à la rescousse pour fournir des antidotes aux gaz toxiquesQue sait-on de la capacité de l’Etat islamique à utiliser des armes chimiques ?Parmi les armes prohibées, on sait que l’Etat islamique (EI) possède, au moins, du gaz moutarde. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé son usage le 21 août à Marea, dans le nord de la Syrie. Selon des militants sur place, plus de cinquante obus de mortier avaient été lancés ce jour-là sur la ville par l’EI.Ce gaz, également nommé Ypérite, provoque de sévères brûlures chimiques et des détresses respiratoires, et tue lorsqu’il est utilisé en très grande quantité. C’est la substance qu’a utilisé le régime de Sadam Hussein en 1988 contre les Kurdes du nord de l’Irak, lors du massacre de Halabja en 1988, qui a fait environ 5 000 morts.En Irak, les peshmergas kurdes ont aussi accusé l’EI à plusieurs reprises – en décembre 2014, en mars, en août – d’attaques avec des obus chimiques. Depuis 2013, le stock d’armes chimiques du régime syrien « a été détruit à 98 % », notait Ahmet Üzümcü, le directeur général de l’OIAC, en avril. Mais « compte tenu de la propension des terroristes à exploiter les vulnérabilités du système global de sécurité, la menace des armes chimiques doit être une préoccupation pour tous les Etats ».Au plan international, les armes chimiques ont été interdites aux lendemains de la première guerre mondiale, première « guerre chimique », lors du protocole de Genève de 1925. Une interdiction renforcée en 1993 par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, que l’OIAC est chargé de faire respecter.Lire aussi (en abonnés) :L’Etat islamique expérimente la guerre chimique contre les KurdesL’Etat islamique est-il en capacité de procéder à des attaques chimiques hors de son territoire ?Pour Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), « la menace » d’utilisation d’armes chimiques sur des territoires extérieurs à la Syrie et à l’Irak « est réelle, mais elle reste très faible, compte tenu des barrières techniques et logistiques pour détenir ces produits en grande quantité, et pour les déplacer sur des milliers de kilomètres ».Toutefois, selon M. Lepick, « ce serait tout à fait dans la ligne de terreur de Daesh [l’EI] de s’intéresser à ce type d’armes qui, même en cas d’attentat raté, a un impact psychologique énorme ».Une attaque au chlore, peu mortelle mais pouvant causer de nombreux blessés, reste en tout cas plus aisée à mener. Les gaz de chlore, des toxiques respiratoires, sont « des produits chimiques industriels très communs », relève Patrice Binder, ancien médecin général inspecteur du service de santé des armées.Du côté des risques biologiques, « des agents pathogènes, comme celui de la maladie du charbon [responsable de cinq morts après l’envoi d’enveloppes contaminées en septembre 2011 aux Etats-Unis], le bacille de la peste, ou le virus de la variole, sont très surveillés. Mais ils pourraient, avec surtout d’autres agents plus accessibles, être aussi à leur portée », estime-t-il.Lire aussi le décryptage : az moutarde, sarin ou VX : des armes chimiques interditesComment la France est-elle préparée à d’éventuelles attaques chimiques et/ou biologiques ?La menace a été intégrée au plan Vigipirate après les attentats au sarin dans le métro de Tokyo en 1995. Le dispositif « Piratox », comprend des volets prévention, urgence et judiciaire face à une attaque chimique, et « Biotox », est dédié au biologique.Ces plans s’appuient surnotamment sur « un réseau de laboratoires spécialisés en microbiologie et chimie, qui s’entraîne une fois par an sur ce type de risques, et peut être mobilisé en cas d’alerte », ajoute le médecin général Binder, qui a présidé le comité scientifique du réseau national des laboratoires Biotox-Piratox depuis sa création, en 2004 jusqu’en 2014.Hasard du calendrier encore, un Comité national consultatif pour la biosécurité (CNCB), qui sera chargé de donner des avis scientifiques sur les risques de certaines recherches en microbiologie, doit être officiellement installé par le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale la semaine prochaine.Nicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAngela BolisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Laurent Borredon et Simon Piel L’enquête de la section antiterroriste de la police judiciaire parisienne, de la sous-direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire (SDAT) et de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avance à grand pas.Suivez notre live sur la situation après les attentats du 13 novembreUne troisième personne tuée dans l’assaut de Saint-DenisAlors qu’on avait jusque-là confirmation de la mort de deux personnes lors de l’assaut donné dans l’appartement de Saint-Denis où se trouvait Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats du 13 novembre, le parquet informe vendredi 20 novembre que ce sont « trois personnes [qui] ont été tuées au cours de l’assaut du RAID, dont [Abdelhamid] Abaaoud ». Le corps de femme retrouvé dans les décombres a été identifié, selon le parquet, comme étant celui de Hasna Aït Boulahcen, cousine d’Abdelhamid Abaaoud. Un sac à main contenant un passeport à son nom avait été retrouvé dans l’appartement. La tête retrouvée par la police scientifique correspond finalement à celle d’un homme.Qui sont les individus impliqués dans les attentats du 13 novembre ?Comment est-on remonté jusqu’à Abaaoud ? Selon une source proche de l’enquête, c’est la géolocalisation du téléphone d’Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud, qui a permis de confirmer le premier renseignement obtenu lundi après-midi selon lequel elle se trouvait à Saint-Denis avec son cousin. Un témoin est ensuite venu confirmer cette hypothèse. A la veille de la visite du roi du Maroc en France, plusieurs médias ont assuré que ce sont les services marocains qui avaient mis la police française sur la piste de l’appartement de Saint-Denis. Des informations démenties de sources judiciaires et policières françaises, qui tout au plus expliquent que les services du royaume chérifien ont transmis a posteriori des précisions sur les personnes interpellées dans l’appartement.C’est bien un renseignement de police judiciaire, l’exploitation de la téléphonie et des réquisitions bancaires qui ont mis les enquêteurs sur la piste de Saint-Denis. Toutefois, il n’est pas exclu que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a pu bénéficier de renseignements transmis par des services de renseignements étrangers qu’elle aurait ensuite fournis aux enquêteurs français. Chronologie des interpellations et perquisitions en Ile-de-France depuis le 13 novembreLe parcours d’Abdelhamid Abaaoud se préciseLes tribulations d’Abdelhamid Abaaoud dans la capitale française et sa proche banlieue entre vendredi et mercredi se précisent. Une caméra de vidéosurveillance de la RATP l’a filmé sur la ligne 9 vendredi 13 novembre, à 22 h 14, entrant à la station Croix-de-Chavaux, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Des images qui tendent à corroborer l’idée que celui qui se faisait appeler Abou Omar était dans la Seat convoyant le commando qui a tiré sur les terrasses de café du 10e et du 11e arrondissement. La voiture avait été retrouvée dans la nuit de samedi à dimanche, rue Edouard-Vaillant, à Montreuil. Des éléments de téléphonie en cours d’exploitations pourraient venir confirmer cette hypothèse.Lire aussi :Traque, mesures sécuritaires en UE et vote au Sénat : les informations du jourSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterLaurent BorredonJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicolas Bourcier Illustration des tensions croissantes autour de la question des réfugiés, une journaliste de CNN, Elise Labott, a été suspendue pour deux semaines pour avoir critiqué, dans un tweet, un vote à la Chambre des représentants. Dans les minutes qui ont suivi l’adoption par les députés à une très large majorité (289 contre 137), jeudi 19 novembre, d’un projet de loi durcissant les conditions d’accueil des réfugiés syriens et irakiens sur le sol américain, Elise Labott a écrit sur son compte : « La Chambre adopte une loi qui pourrait limiter [l’afflux de] réfugiés syriens. La Statue de la Liberté courbe la tête angoissée. »House passes bill that could limit Syrian refugees. Statue of Liberty bows head in anguish @CNNPolitics https://t.co/5RvZwVftgD— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Ce vote s’est fait avec le soutien d’un cinquième des élus démocrates, malgré l’opposition de la Maison Blanche au dispositif. Le président Barack Obama avait fait savoir qu’il utiliserait son veto si le projet de loi devait être adopté par le Sénat.Depuis le début du conflit syrien, en 2011, les Etats-Unis ont accueilli 1 682 réfugiés, selon le chiffre du département d’Etat.Lire aussi : Après Paris, Donald Trump joue la carte de l’islamophobieErik Wemple du Washington Post, qui a révélé l’histoire du tweet dans un article publié un peu plus tard dans la journée, insiste sur le fait que la question des réfugiés est devenue hautement partisane et que CNN avait suivi le vote de la Chambre d’une manière « très neutre ».M. Wemple rappelle qu’Elise Labott n’est pas éditorialiste ou commentatrice, « ce qui signifie qu’elle est tenue de respecter le principe de neutralité de la chaîne ». Il précise que les principaux concurrents de CNN, Fox et MSNBC News, « deux chaînes partisanes », obligent la chaîne d’Atlanta à une couverture rigoureuse, dans une contexte « d’impératifs économiques ».Dans un message publié vendredi matin, Elise Labott est revenue sur son précédent tweet : « J’ai eu tort d’éditorialiser. Mon tweet était inaproprié et irrespectueux. Je présente mes sincères excuses. »Everyone, It was wrong of me to editorialize. My tweet was inappropriate and disrespectful. I sincerely apologize.— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Nicolas BourcierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elise Vincent Le Monde a pu consulter une fiche de synthèse des services de renseignement belges, concernant le parcours d’Abdelhamid Abaaoud. Ce document, d’une vingtaine de pages, est daté du mois d’avril. Il reprend point par point, de façon chronologique, jusqu’en février, l’itinéraire connu de l’organisateur présumé des attentats du 13 novembre, à Paris, identifié jeudi 19 novembre par les enquêteurs, au lendemain de l’assaut policier mené contre un appartement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Un itinéraire à l’évidence composé de nombreux trous, que les services belges ne cherchent pas à cacher.Suivez notre live sur la situation après les attentats du 13 novembreQu’apprend-on sur la personnalité d’Abaaoud ?Les services belges ont rassemblé quelques éléments de personnalité qu’on ignorait encore, dans cette fiche de synthèse. On y apprend qu’Abdelhamid Abaaoud est né à Anderlecht, le 8 avril 1987, et qu’il est l’aîné d’une famille nombreuse de six enfants. Il a la double nationalité belge et marocaine. Avant son premier départ pour la Syrie, au début de 2013, il était célibataire et vivait seul.La fiche retrace l’évolution de ses pseudonymes : Abou Omar en mai, Abou Omar Soussi en juillet 2014, puis Abou Omar Al-Baljiki, à partir de février 2015. Son adresse électronique quasi certaine a aussi été identifiée. Le document retrace notamment tous les numéros de téléphone connus du djihadiste. Le dernier date de mai 2013, et il est turc.Comment Abaaoud entre-t-il dans le champ des radars des services belges ? Abdelhamid Abaaoud a commencé à connaître des ennuis judiciaires en 2002 et a multiplié les séjours en prison entre 2006 et 2012, « mais jamais pour plus de trois mois », précise la note. Dans la famille Abaaoud, il est le seul à avoir des démêlés avec la justice avec son frère Yassine, pour des petits faits de délinquance.D’après la fiche, tout a réellement commencé pour Abdelhamid Abaaoud à la suite d’une note déclassifiée de la sûreté de l’Etat en date de février 2013. Celle-ci concerne le départ simultané vers la Syrie de sept jeunes gens.Rapidement, les enquêteurs découvrent une page Facebook où ils communiquent, intitulée : « La katiba al-muhajireen » (la katiba des immigrés). Et, très vite, ils mettent au jour la toile de leurs amitiés.En parallèle, les enquêteurs commencent à creuser l’entourage d’Abdelhamid Abaaoud. D’après son père, auditionné en février 2014, la radicalisation de son fils a démarré très vite après sa sortie, en septembre 2012, de l’établissement pénitentiaire de Forest. A cette époque, il se met à porter la barbe, arrête de fréquenter ses amis du quartier.Qu’apprend-on sur le parcours d’Abaaoud et ses voyages en Syrie ?Le parcours en tant que tel d’Abdelhamid Abaaoud est rempli d’inconnues. Interrogé au début de 2014, son frère Yassine pense qu’il a effectué un court séjour en Egypte avant de se rendre en Syrie. Chapitrée par grandes dates-clés, la fiche des services belges s’arrête ensuite sur la période de mars 2013. Abdelhamid Abaaoud est cette fois repéré par hasard, lors d’écoutes téléphoniques, sur le téléphone turc d’un interlocuteur situé à la frontière turco-syrienne. Abdelhamid Abaaoud souhaite alors que ce jeune homme fasse l’intermédiaire avec son frère Yassine, resté en Belgique, et l’incite à lui envoyer de l’argent pour lui et pour « Allah ». Un mois plus tard, en avril 2013, le jeune interlocuteur est lui-même de retour en Belgique.Lire aussi :Le gouvernement belge rejette les critiques de la France contre ses servicesSans qu’il n’y ait d’explications, la fiche des services belges bascule immédiatement au mois de septembre 2013 : Abdelhamid Abaaoud est alors considéré comme étant de retour en Belgique. « On sait très peu de chose sur [ses] faits et gestes jusqu’à ce qu’il revienne sur le territoire belge », concède la fiche, mais les renseignements dont elle fait état sont les suivants : « De source policière, il a été aperçu à la fin du mois de septembre en train de se promener dans Molenbeek-Saint-Jean. » Il était accompagné d’un homme qui est parti ensuite combattre en Syrie.Les notes passent au 20 janvier 2014 : Abdelhamid Abaaoud est cette fois contrôlé à l’aéroport de Cologne, en Allemagne, direction Istanbul. « Il est resté très discret et ne réapparaît sur notre radar » qu’à ce moment-là, rapporte la fiche de synthèse belge. Il est identifié en compagnie de son petit frère mineur, Younes, âgé seulement de 13 ans, et d’un autre jeune homme d’origine malienne, qui mourra plus tard en Syrie. Abdelhamid Abaaoud a en fait emmené Younes, à la sortie de l’école, à l’insu de ses parents. Rien ne les empêchera de s’envoler.C’est vers le mois de juin 2014 que le père d’Abdelhamid Abaaoud situe le dernier contact téléphonique avec son fils. Ce jour-là, Omar Abaaoud tente d’obtenir de parler avec le plus jeune des frères, Younes. Il ne l’a plus eu au téléphone depuis deux mois et s’inquiète. Mais il n’aura plus jamais de nouvelles. Omar Abaaoud pense alors que les deux frères n’étaient plus ensemble en Syrie à ce moment-là.A partir de quand les services belges considèrent-ils Abaaoud comme un suspect dangereux ?C’est à partir de février 2014 qu’Abdelhamid Abaaoud est considéré par les services de renseignements comme un incontestable « moudjahid de l’Etat islamique ». Ces derniers s’appuient particulièrement une vidéo, diffusée sur le site de BFM-TV, dans laquelle il apparaît tout sourire, au volant d’un pick-up qui traîne plusieurs cadavres de « mécréants », selon les mots d’Abaaoud.Selon la fiche de synthèse, ce n’est qu’en août 2014 que des mandats d’arrêt belges et internationaux sont formellement émis contre Abdelhamid Abaaoud. Le feuilleton s’arrête finalement en février 2015, quand les services belges tombent sur l’entretien d’Abdelhamid Abaaoud dans le magazine de l’Etat islamique, Dabiq.C’est sur l’une des photos de l’article que les enquêteurs reconnaissent deux jeunes gens soupçonnés de prévoir un attentat sur le sol belge. Ceux-ci sont tués à Verviers lors d’une intervention des forces de l’ordre belges, en janvier 2015, très peu de temps après les tueries à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. Les deux mois qui courent avant la publication de la fiche de synthèse, en avril 2015, ne sont pas documentés.Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) L’unité des pays occidentaux, en particulier la solidarité de la Russie affichée au lendemain des attentats de Paris, dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) a connu son premier accroc, jeudi 19 novembre, aux Nations unies. La France et la Russie ont présenté deux projets de résolution distincts au Conseil de sécurité sur la lutte contre l’organisation djihadiste. Si Paris et Moscou refusent d’y voir « une compétition » – les textes concordent sur de nombreux points –, la « coalition unique » contre l’EI, appelée de ses vœux par François Hollande, le 16 novembre, devant le Parlement réuni en Congrès à Versaille, continue de buter sur un point essentiel : le sort du président syrien, Bachar Al-Assad.Le texte russe est une version remaniée du projet déjà présenté par Moscou en septembre. Il plaide pour une coalition élargie contre l’EI qui associerait M. Assad. « Nous sommes prêts à une coopération pratique avec les pays de la coalition (…) qui, bien sûr, respecteraient la souveraineté de la Syrie et les prérogatives du gouvernement syrien », a assuré, depuis Moscou, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.La réponse de Barack Obama, en déplacement à Manille, a été immédiate : il a répété que la guerre en Syrie ne pouvait s’achever sans le départ de M. Assad. Une position partagée par les Britanniques qui ont estimé, par la voix de leur représentant à l’ONU, Matthew Rycroft, « que le texte russe qui légitime le président syrien n’était pas acceptable ».« Menace sans précédent »Bachar Al-Assad s’est également mêlé au débat. Dans un entretien à la chaîne de télévision italienne RAI, il a assuré que les élections prévues, lors de dernière réunion de Vienne, le 14 novembre, étaient inenvisageables tant que des régions entières de la Syrie restaient aux mains « des terroristes ». La mise au point, à Vienne, d’un calendrier de transition en Syrie, étalé sur dix-huit mois et clos par des élections, avait été considérée comme un geste de bonne volonté de Moscou.Paris a préféré laisser de côté l’épineuse question du sort du président syrien. « Court, fort et centré » sur la menace de l’EI, le texte présenté par Paris est une réponse à « la menace exceptionnelle et sans précédent que représente Daech pour l’ensemble de la communauté internationale [et] exige une réponse forte, unie et sans ambiguïté du Conseil de sécurité », a estimé François Delattre, le représentant français à l’ONU.La France espère voir son projet de résolution voté très rapidement, peut-être dès ce vendredi, une semaine exactement après les attentats de Paris et Saint-Denis. Le texte appelle « les Etats membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour combattre Daech ». Une résolution essentiellement politique mais qui « pourrait encourager des pays qui souhaitent un soutien de l’ONU avant de rejoindre les forces de la coalition à s’engager », estime un membre du Conseil. Ce texte pourrait aider le premier ministre britannique, David Cameron, qui cherche à obtenir l’aval de la Chambre des communes pour rejoindre la coalition.Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde Nathalie Guibert En quelles mauvaises mains va-t-elle tomber ? Une bombe française tirée ces derniers jours à Rakka n’a pas explosé. L’affaire a attiré l’attention jeudi 18 novembre, bien plus que le bilan, encore flou, des frappes françaises des derniers jours contre l’organisation Etat islamique (EI) à Rakka. Dans le fief syrien de l’organisation djihadiste, l’état-major des armées dénombre « trois raids, 60 bombes tirées, 36 objectifs détruits » en soixante-douze heures. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, la seule source à avoir donné un premier bilan provisoire, elles auraient fait au moins 33 morts parmi les djihadistes.Selon l’expression consacrée en pareil cas – « nous avons un certain nombre d’informations qui nous laissent penser que » –, l’état-major a annoncé craindre une manipulation prochaine de l’EI. Assurant ne pas vouloir entrer dans le jeu de la propagande de l’organisation terroriste mais s’en tenir à de l’information, il laisse entendre que des combattants de l’organisation sont en train de récupérer des morceaux de l’engin. « Nous craignons qu’ils l’exploitent à notre détriment, et mettent en scène un dommage collatéral en prenant un morceau avec le marquage OTAN français », explique le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’état-major.Dysfonctionnement habituelIl s’agit d’une bombe classique de la classe des 250 kg, une GBU-12 à guidée laser comportant 87 kg d’explosifs, l’une des moins massives de celles que tirent les avions de chasse. L’armée française sait grâce aux drones anglo-américains de la coalition qu’elle est bien tombée sur sa cible désignée, et qu’elle n’a pas explosé. Elle a peu de risques de le faire maintenant qu’elle est fichée au sol, la fusée comportant l’explosif primaire étant en miettes et l’explosif secondaire – la bombe elle-même – restant stable.Environ 3 % des bombes tirées depuis le début de l’opération « Chammal » n’auraient pas explosé, un taux de dysfonctionnement habituel, voire inférieur à d’autres opérations, selon l’armée. Pour un jour dans la guerre, ces quelques pour cents perdus parmi les milliers de tonnes d’explosifs meurtriers qui s’abattent sur les Syriens ont semblé peser lourd.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) C’est un étrange jeu du chat et de la souris auquel sont en train de se livrer le groupe Pfizer et le gouvernement américain. Alors que le département du Trésor a annoncé, jeudi 19 novembre, de nouvelles mesures pour empêcher les entreprises américaines de racheter des concurrents étrangers uniquement dans un but de défiscalisation, le laboratoire pharmaceutique est en train d’élaborer une stratégie d’évitement de ces nouvelles contraintes en… se faisant racheter par l’entreprise qu’il convoite, Allergan.Lire aussi :Pfizer prêt à casser sa tirelire pour acquérir AllerganDepuis plusieurs années, de nombreuses entreprises américaines utilisent la technique de l’« inversion » pour alléger leur impôt. Celle-ci consiste à racheter une entreprise située dans un pays où la pression fiscale est moindre qu’aux Etats-Unis pour y transférer son siège social, une fois l’opération bouclée.Depuis les années 1980, plus d’une cinquantaine d’entreprises ont utilisé cette ficelle pour payer moins de taxes. Dernier candidat en date : Pfizer, qui a entamé des discussions avec Allergan, dont le siège social se trouve en Irlande, où l’impôt sur les sociétés n’est que de 12,5 %, contre 35 % aux Etats-Unis (33 % en France). Le PDG du groupe ne s’en est jamais caché, se plaignant encore récemment d’être obligé de se battre avec ses concurrents « avec une main attachée dans le dos » du fait d’un taux d’imposition trop élevé.Fleuron de l’industrie américaineIl y a un an le gouvernement américain avait déjà pris un premier train de mesures pour endiguer le phénomène, mais celles-ci n’ont visiblement pas dissuadé Pfizer de tenter sa chance. Cette nouvelle initiative, qui menace de voir partir à l’étranger un fleuron de l’industrie américaine, a incité jeudi le département du Trésor à durcir encore la réglementation. « C’est de la responsabilité du Trésor de protéger la base fiscale américaine », a expliqué Jack Lew, le secrétaire au Trésor, en présentant les nouvelles mesures, qui sont censées « réduire les avantages de l’inversion et de rendre ces transactions plus difficiles à réaliser ».Jusqu’à présent, une entreprise américaine n’est autorisée à réaliser une inversion que si ses actionnaires ne détiennent pas plus de 80 % du nouvel ensemble, une fois la fusion achevée. Cette règle pouvait toutefois être contournée en faisait grossir artificiellement la proie pour aboutir à une dilution plus forte des actionnaires du groupe américain (ce que l’on appelle le « stuffing »). Les nouvelles mesures ont pour but d’empêcher de tels montages. Elles doivent également permettre de limiter la possibilité de choisir tel ou tel pays au gré des politiques fiscales.« Nous saluons les efforts du Trésor pour freiner les inversions », a déclaré le sénateur de l’Oregon, Ron Wyden, le leader démocrate au sein de la commission des finances du Sénat, qui appelle à une réforme fiscale urgente. « Si nous voulons protéger la puissance économique des Etats-Unis et créer des emplois, ce doit être une priorité absolue pour tous les législateurs dans l’année à venir. »Vers une fusion géante avec Allergan ?Le problème, c’est que Pfizer a bien compris qu’une véritable course contre la montre était engagée. Alors qu’il convoite Allergan, pour constituer le premier laboratoire pharmaceutique mondial à l’issue d’une fusion géante évaluée à plus de 140 milliards de dollars, le groupe américain envisagerait désormais de se faire racheter par sa proie, selon des sources citées par le Wall Street Journal.Cette initiative permettrait de contourner le dispositif gouvernemental anti-inversion. A l’arrivée, les actionnaires d’Allergan se retrouveraient à la tête de 40 % à 45 % du capital, ce qui rendrait l’opération tout à fait légale au regard de la nouvelle réglementation. Le tour de passe-passe est d’autant plus malin que le gouvernement américain a annoncé que ses mesures seraient rétroactives à compter du 22 septembre 2014. Même si M. Lew n’a cité à aucun moment le nom de Pfizer, il est évident que le rapprochement avec Allergan est directement la cible des nouvelles mesures.Rien ne dit que les discussions entre les deux groupes vont aboutir. Ce qui est certain en revanche, c’est que les dissensions entre républicains et démocrates sur le sujet font en attendant le jeu des multinationales. La plupart des candidats à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2016 plaident pour un abaissement généralisé de l’impôt sur les sociétés. Ils souhaitent également accorder une ristourne aux multinationales qui accepteraient de rapatrier leur trésorerie logée à l’étranger. Tant que cet argent ne revient pas aux Etats-Unis, il reste non imposable. Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a tenté de trouver un compromis avec les démocrates sur la réduction qui serait accordée dans les deux cas, jusque-là sans succès.Alors que la réunion des chefs d’Etat du G20 a adopté elle aussi des mesures pour limiter l’optimisation fiscale des multinationales, celles-ci semblent faire preuve d’une inventivité toujours plus grande pour s’adapter aux changements réglementaires que les politiques tentent de leur imposer.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.11.2015 à 18h30 • Mis à jour le19.11.2015 à 22h27 Au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées, jeudi 19 novembre, dans deux attaques menées d’abord à Tel-Aviv puis en Cisjordanie occupée, près de colonies au sud de Bethléem.A Tel-Aviv, deux hommes ont été tués dans une attaque au couteau dont l’auteur palestinien a été blessé et arrêté. Un Israélien d’une vingtaine d’années est mort sur place. Un autre homme d’une cinquantaine d’années a succombé à ses blessures.Terrible journée en Israël: cinq morts dans 2 attaques palestiniennes: à Tel Aviv et dans le bloc de colonies du Gush Etzion, en Cisjordanie— piosmo (@piotr smolar)require(["twitter/widgets"]);La deuxième attaque s’est produite près du bloc de colonies du Goush Etzion, théâtre fréquent d’attaques de la part de Palestiniens. Un des morts au moins est israélien, a dit la police israélienne. Plusieurs personnes ont été blessées quand les assaillants ont pris la fuite après avoir ouvert le feu et foncé avec leur voiture sur un groupe de piétons, a dit l’armée. Un Américain fait partie de ces victimes, a indiqué un porte-parole de la diplomatie américaine.Lire :En Israël, solidarité et premières critiques contre les services français Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Une fois n’est pas coutume : le dîner informel entre Angela Merkel et François Hollande, mercredi 25 novembre à l’Elysée, est précédé d’une série de déclarations de la part de leurs ministres, pas toujours coordonnées avec celles des deux dirigeants. La chancelière allemande et le président français, quant à eux, chercheront à rapprocher une nouvelle fois leurs vues sur la lutte contre le terrorisme, la crise des migrants ainsi que, dans une moindre mesure, les négociations climatiques à quatre jours de l’ouverture de la COP21. Mais en réalité, face aux défis du moment, chacun poursuit des priorités différentes : l’accueil des réfugiés pour la première  ; la guerre contre le terrorisme pour le second.La cohésion entre la France et l’Allemagne est mise à rude épreuve par la succession des crises. En prélude au dîner au sommet, Manuel Valls a d’ailleurs appelé à ce que l’Europe ferme ses portes aux migrants. «  L’Europe doit dire qu’elle ne peut plus accueillir autant de migrants, ce n’est pas possible  », a martelé le premier ministre lors d’une rencontre avec la presse européenne. « Le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne est essentiel pour son futur. Si nous ne le faisons pas, alors les peuples vont dire  : ça suffit, l’Europe  !  », a-t-il ajouté, dans des propos qui marquent un durcissement de la position française, déjà réputée pour son extrême réserve à l’égard des migrants.Négocier des contingents de réfugiésOr, ce que Berlin souhaite, c’est plutôt de négocier avec la Turquie des « contingents » de réfugiés syriens qui pourraient venir « légalement » en Europe – donc sans avoir à payer des passeurs – et qui seraient ensuite répartis dans l’Union européenne. Un des objectifs avoués est de diminuer le nombre de réfugiés en Allemagne, même si Angela Merkel refuse de fixer une « limite ». A Paris, l’Elysée reconnaît que l’Allemagne, la Suède et l’Autriche sont au maximum de leurs capacités et confirme que l’objectif est bien de parvenir à réduire les flux de réfugiés. Mais la position de l’entourage du président français semble moins catégorique que celle de Matignon.Lire aussi :Angela Merkel revient sur sa politique d’ouverture aux réfugiésPar ailleurs, la ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, a confirmé que son pays s’apprêtait à envoyer au Mali jusqu’à 650 soldats, afin de participer à la lutte contre les mouvements djihadistes  dans cette partie de l’Afrique. Après l’attentat de Bamako, vendredi 20 novembre, cet engagement est une façon d’alléger l’implication de la France dans la région, à l’heure où celle-ci veut concentrer ses efforts sur la lutte contre l’organisation Etat islamique. Actuellement, seuls une dizaine de soldats allemands participent à cette mission.Divergence de vues sur la SyrieL’Allemagne pourrait-elle également s’engager davantage aux côtés de la France en Syrie ? Officiellement rien n’est exclu, à part l’envoi de troupes au sol. Mais, alors que la France met en avant « la guerre » contre l’EI, Angela Merkel rappelle – elle l’a encore fait ce mercredi matin au Bundestag – que la solution en Syrie est d’abord « politique ». Une différence d’approche avec l’Elysée qui n’est pas que sémantique, même si la chancelière devrait affirmer ce soir sa pleine solidarité avec la France dans l’épreuve, onze jours après les attentats de Paris.Lire aussi :Angela Merkel refuse de se voir en cheffe de guerreC’est pour éviter que le fossé se creuse davantage entre les deux pays que le vice-chancelier allemand, chef du parti social-démocrate, et ministre de l’économie Sigmar Gabriel, et son homologue français, Emmanuel Macron, ont proposé mardi de lancer un fonds de dix milliards d’euros sur trois ans afin de… lutter contre le terrorisme et d’aider les réfugiés. Une façon habile de lier les deux sujets et de favoriser les convergences entre les deux pays.«  Il y a un risque politique que nos peuples et nos gouvernements traitent ces sujets séparément  », a expliqué Emmanuel Macron pour justifier cette proposition-surprise . Les deux ministres, qui s’étaient vus à Paris le 20 novembre, ont émis cette suggestion à Berlin, à l’occasion d’une rencontre annuelle du BDA, le patronat allemand.Cette initiative «  est une contribution au débat  », a commenté sobrement l’Elysée. En Allemagne, l’entourage d’Angela Merkel la juge « intéressante », surtout si ce fonds sert également à aider les voisins de la Syrie qui hébergent de nombreux réfugiés. A commencer par la Turquie.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Un attentat au cœur de Tunis a visé un bus de la garde présidentielle mardi 24 novembre. Treize personnes ont été tuées et vingt blessées, dont trois grièvement. L’état d’urgence, levé le mois dernier, a de nouveau été décrété pour une durée de trente jours. Cet attentat est-il différent des autres ? Comment les Tunisiens vivent-ils la situation ? Le point avec Frédéric Bobin, correspondant du Monde sur place. Attentat en Tunisie : le président a décrété l’état d’urgence Libye : au moins 6 morts dans un attentat à l’est de Tripoli L'explosion d’un bus de la garde présidentielle fait au moins 12 morts à Tunis Ban Ki-moon (Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies) Depuis bientôt neuf ans que je suis Secrétaire général de l’ONU, mes voyages m’ont mené sur les lignes de front du changement climatique, et m’ont permis de m’entretenir à maintes reprises avec des dirigeants mondiaux, des hommes et femmes d’affaires et des citoyens au sujet de l’urgence d’une réaction mondiale. Pourquoi cette question est-elle si chère à mon cœur ? Tout d’abord parce qu’en tant que grand-père, je souhaite que mes petits-enfants puissent profiter de la beauté et de la générosité d’une planète en bonne santé, et qu’en tant qu’être humain, je suis peiné de constater que les inondations, les périodes de sécheresse et les incendies se multiplient, que les nations insulaires vont être rayées de la carte et que d’innombrables espèces sont vouées à disparaître.Comme nous l’ont rappelé sa sainteté le pape François et d’autres chefs religieux, nous avons le devoir moral de nous montrer solidaires des pauvres et des plus vulnérables qui, bien qu’ils n’aient que très peu contribué aux changements climatiques, sont les premières victimes de leurs effets. Ensuite, parce qu’en tant que Secrétaire général, j’ai fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité, conscient qu’aucun pays du monde ne peut relever seul un tel défi. Les changements climatiques n’ont pas de nationalité : les émissions, d’où qu’elles proviennent, aggravent le problème partout dans le monde, et menacent les moyens de subsistance et la vie de tous.Limiter la hausse de la température à 3° d’ici la fin du siècleLa stabilité économique et la sécurité des nations sont elles aussi menacées. Nous ne pouvons lutter contre ce phénomène, mondial par nature, que par une action collective coordonnée par l’Organisation des Nations Unies. Les négociations ont été lentes et fastidieuses, mais elles ont porté leurs fruits. En réponse à l’appel lancé par l’ONU, plus de 166 pays, collectivement responsables de plus de 90 % des rejets dans l’atmosphère, se sont dotés de plans nationaux de lutte contre les changements climatiques, assortis de cibles claires. Si ces plans sont menés à bien, ils permettront de ralentir l’augmentation des émissions et de limiter la hausse de la température mondiale à environ 3 degrés Celsius d’ici à la fin du siècle, selon les prévisions.C’est un progrès considérable, mais insuffisant. Il nous faut à présent aller plus loin, et plus vite, pour réduire les émissions mondiales de manière à maintenir la hausse des températures en dessous de la barre des 2 degrés Celsius, tout en aidant les pays à s’adapter aux conséquences inévitables des changements climatiques, auxquelles nous devons d’ores et déjà faire face. Plus vite nous agirons, plus les bénéfices seront, pour nous tous, importants : plus de stabilité et de sécurité, une croissance économique plus forte et plus durable, une meilleure résistance aux chocs, un air et une eau plus purs, une santé améliorée. Nous n’y parviendrons pas du jour au lendemain.La conférence de Paris sur les changements climatiques n’est pas la ligne d’arrivée, mais la ligne de départ de notre ambitieuse course contre les changements climatiques. Elle doit marquer un tournant décisif vers un monde moins pollué et moins vulnérable face aux changements climatiques. Partout dans le monde, le mouvement s’accélère. Les villes, les entreprises, les investisseurs, les chefs religieux et les citoyens agissent pour réduire les émissions et renforcer la résilience. Il incombe désormais aux gouvernements de conclure à Paris un accord substantiel et contraignant, qui pose clairement les jalons pour une action mondiale plus ambitieuse. Il faudra, pour ce faire, que les dirigeants donnent aux négociateurs des orientations claires. Je pense que ce sera le cas.À Paris, malgré les attentatsLes dirigeants des pays du G20, qui se sont réunis ce mois-ci à Antalya, en Turquie, se sont montrés très déterminés à agir. Et plus de 120 chefs d’État et de gouvernement ont confirmé qu’ils seraient présents à Paris, malgré les préoccupations que suscitent les conditions de sécurité depuis les attentats. Pour porter des fruits, l’accord de Paris devra, à mon sens, répondre aux quatre critères suivants : s’inscrire dans la durée, être souple, reposer sur la solidarité et être crédible. Premièrement, il doit offrir un plan à long terme qui permette de maintenir en-deçà de deçà de 2 degrés la hausse de la température planétaire, et ne laisser aucun doute sur le fait qu’une transformation de l’économie mondiale fondée sur le passage à des modes de fonctionnement sobres en carbone est inévitable, bénéfique, et déjà en cours. Deuxièmement, il doit être suffisamment souple pour ne pas devoir être constamment renégocié au gré de l’évolution de l’économie mondiale. Et il doit refléter un juste équilibre entre le rôle moteur des pays développés et les responsabilités croissantes des pays en développement.Troisièmement, il doit reposer sur la solidarité, c’est-à-dire, notamment, prévoir des transferts de fonds et de technologies aux pays en développement. Les pays développés doivent tenir l’engagement qu’ils ont pris de dégager 100 milliards de dollars par an, d’ici à 2020, pour les mesures d’adaptation aux changements climatiques et de réduction des effets de ces changements. Quatrièmement, il doit prévoir des mesures crédibles pour parer aux effets de plus en plus marqués des changements climatiques. Il doit instituer des cycles quinquennaux pour que les États soient amenés à évaluer régulièrement leurs plans d’action et à les renforcer en fonction des dernières données scientifiques. Et il doit établir des mécanismes transparents et robustes de suivi et de mesure des progrès, ainsi que de communication de l’information s’y rapportant.L’ONU est prête à aider les pays à appliquer un tel accord. Un accord substantiel sera le garant d’un présent et d’un avenir meilleurs. Il nous aidera à éliminer la pauvreté. À assainir l’atmosphère et à protéger les océans. À améliorer la santé publique. À créer des emplois et à promouvoir l’innovation dans le respect de l’environnement. Et il nous aidera à nous rapprocher plus vite de tous les objectifs de développement durable. C’est pourquoi l’action climatique me tient tant à cœur. Mon message aux dirigeants des pays du monde est simple : le succès de la Conférence de Paris dépend de vous. Faites preuve de bon sens, soyez ouverts au compromis et recherchez le consensus. Il est temps de regarder au-delà des horizons nationaux et de faire passer l’intérêt commun avant tout. Les habitants de la planète, et les générations à venir, comptent sur vous : ayez la hauteur de vues et le courage nécessaires pour saisir ce moment historique.Ban Ki-Moon est Secrétaire général de l’ONU.Ban Ki-moon (Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies) 25.11.2015 à 10h47 • Mis à jour le25.11.2015 à 16h45 | William Audureau Mercredi 18 novembre, dans une déclaration d’une rare détermination, Manuel Valls a ouvertement associé le salafisme, la mouvance la plus rigoriste de l’islam, aux attentats du 13 novembre. « Oui, nous avons un ennemi, et il faut le nommer, c’est l’islamisme radical. Et un des éléments de l’islamisme radical, c’est le salafisme », a argué le premier ministre. Une déclaration qui prête aux amalgames, la majorité des salafistes ne se reconnaissant pas dans le djihadisme, dont le nom réel, pour ce qui est de la version importée en France, est le takfirisme.Quelle est la différence entre salafisme et takfirisme ?Le takfirisme est une sous-branche du salafisme. Cette famille religieuse issue du sunnisme (la principale branche de l’islam) prône une pratique rigoriste de la religion musulmane, proche de ses premiers fidèles (le terme salaf désigne, en arabe, les « ancêtres », en l’occurrence les premiers compagnons du Prophète).Le salafisme est en forte progression en France (on parle de 90 mosquées d’obédience salafiste en France, sur 2 500 recensées, soit le double d’il y a cinq ans, et le nombre de fidèles se situerait entre 15 000 et 20 000, selon les estimations des spécialistes).Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceNéanmoins, la plupart des salafistes appartiennent à ce que l’on appelle la branche quiétiste. Ils sont pacifistes et ne cherchent pas à changer la loi, même s’ils n’en reconnaissent pas la légitimité.Obéissance à la loi islamique (charia), refus de la mixité homme-femme et port du niqab (voile intégral) ou de l’abaya (manteau noir couvrant le corps) pour les femmes sont quelques-unes des caractéristiques communes au salafisme quiétiste et au takfirisme.C’est à la minorité dans la minorité que l’on se réfère quand on parle d’islam radical djihadiste, c’est-à-dire à la fois fondamentaliste, non légaliste et violent. Cette mouvance, le takfirisme, se distingue par son appel aux armes, son idéologie messianique et sa propension à jeter l’anathème (takfir, en arabe) contre les autres musulmans.Quelles sont les caractéristiques du takfirisme ?Une idéalisation du retour à un islam pur. Les takfiris se réclament d’un islam ultra-orthodoxe dont les lois primeraient sur celles des pays laïques. Seule prévaut la charia, ou du moins une interprétation partielle et orientée des règles édictées dans le Coran.Une prophétie, celle de l’avènement d’un nouveau califat et d’une apocalypse née d’une nouvelle guerre entre croisés et musulmans sur leur terre sainte. Cette prophétie millénariste est autoréalisatrice : toute la stratégie takfirie vis-à-vis de l’Occident consiste à provoquer son entrée en guerre et ainsi à légitimer le califat.L’appel perpétuel aux armes. Idéologie ultra-violente, le takfirisme ne distingue pas soldats et civils : seuls existent deux mondes, le dar al-Islam (la terre islamique, le califat) et le dar al-Harb (la terre en guerre, ou à conquérir). Le takfiri se décrit volontiers comme un « lion » (la métaphore date au moins de la fin des années 1990) et la communication des organisations takfiristes, comme Al-Qaida ou l’Etat islamique, repose sur la diffusion d’exécutions sanglantes, l’esthétisation de la guerre et l’intimidation des ennemis. Le concept historique de dar al-Sulh (la terre de la trêve, de la cohabitation) est écarté de la pensée takfirie.Une hostilité aux autres branches de l’islam. Le takfirisme n’a pas pour seules cibles les chrétiens et les juifs. Il s’en prend également aux chiites et aux soufistes, perçus comme des musulmans déviants. L’idéologie takfirie autorise également à prendre les armes contre d’autres musulmans sunnites si ceux-ci refusent la hijra (l’émigration en terre islamique) ou ne se soumettent pas à une certaine interprétation de la charia.Le culte du martyr. Le takfirisme idéalise la mort sacrificielle de celui qui s’est fondu parmi l’ennemi. Appelé inghimasi (« l’infiltré »), il porte une ceinture d’explosif sur lui et combat jusqu’à (se donner) la mort, « en martyr ». Comme le relève Rue89, les djihadistes évitent la référence au suicide, celui-ci étant interdit dans l’islam.D’où vient le takfirisme ?La naissance à proprement dite du takfirisme, en tant que schisme au sein du salafisme, est tardive : elle se produit dans les années 1970 dans les geôles égyptiennes, lorsque des Frères musulmans radicaux créent un mouvement violent et transnational, la Communauté des musulmans (Jamaat al-Muslimeen), surnommé Takfir wal-Hijra (« anathème et retrait »).Si le takfirisme a un père spirituel, il s’appelle Saïd Qotb (1906-1966). Ce militant des Frères musulmans est celui qui théorise lors d’un séjour en prison l’obligation du djihad armé contre les pouvoirs installés, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, marquant un schisme au sein du salafisme.C’est à lui que l’on doit l’idée que « le passage à la violence radicale peut être une obligation religieuse pour lutter contre l’autorité politique quand cette dernière a perdu ses racines musulmanes », résume le chercheur Philippe Migaux, spécialiste des conflits asymétriques, dans Histoire du terrorisme (Fayard).Son idéologie s’est construite par strates à partir d’une relecture partielle et orientée de plusieurs théologiens musulmans historiques radicaux, et notamment Ibn Tamiyya (1263-1328), un théologien syrien hanbalite radical, qui dans le contexte historique particulier des croisades, avait théorisé l’appel à la guerre sainte contre les non-musulmans. « Grâce à ses prêches violents et simplistes, [il avait] rencontré un véritable succès auprès des classes marginales et des populations les moins instruites dans la religion musulmane. La situation n’a finalement guère évolué en six siècles », ironise Philippe Migaux.Quelle est l’implantation du takfirisme en France ?Le takfirisme a été importé en France au milieu des années 1990, par l’intermédiaire de ses partisans algériens, en particulier le Groupe islamique armé (GIA). Il se retrouve depuis dans toutes les filières djihadistes, souvent de manière revendiquée, qu’il s’agisse de celle du Front Al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaida) qui diffuse des vidéos d’embrigadement via son canal 19HH, ou des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, les auteurs des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier, à Paris, tous les trois embrigadés au contact d’une des figures historiques du takfirisme en France, Djamel Beghal.Lire aussi :Djamel Beghal, maître à penser du terrorismeCombien sont-ils aujourd’hui ? Il n’existe pas de chiffre sur le nombre de takfiris en France. Les Français radicalisés seraient entre 3 800 et 11 000, mais faute de distinction entre salafiste et takfiris, de nombreux musulmans ultra-orthodoxes sont fichés « radicalisés » sans pour autant adhérer à l’idéologie takfirie.Y a-t-il des passerelles entre salafisme et takfirisme ?Le salafisme peut être aussi perçu comme un sas, une digue, et un opposant au takfirisme.Un sas, parce que l’ultra-orthodoxisme salafiste offre un terreau idéologique idéal pour une radicalisation de ses fidèles, et c’est souvent dans les cercles salafistes que les recruteurs takfiris opèrent. Certains imams sont par ailleurs suspectés de double jeu, d’autant que la pratique de la taqiya (ruse, dissimulation) fait partie de l’arsenal takfiri.Mais le salafisme est également une digue : mouvement fondamentaliste le plus porté sur l’analyse littérale du Coran, il est le seul à pouvoir déstabiliser les takfiris sur le terrain qu’ils revendiquent, celui de la religion, en leur opposant d’autres clés de lecture du Coran.Lire aussi :Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihilisteEnfin, les salafistes de France s’estiment souvent victimes plus que complices du takfirisme : outre que ce mouvement sectaire et violent est perçu comme une déviance de l’islam, il suscite des réactions islamophobes qui frappent en premier lieu les fondamentalistes quiétistes, à la religiosité plus visible. Pourtant, les salafistes se sont régulièrement opposés aux takfiris – y compris militairement, comme au Pakistan dans les années 1980, et ces derniers jours, ils étaient nombreux sur les réseaux sociaux, y compris parmi les plus radicaux, à dénoncer les attentats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.11.2015 à 10h40 • Mis à jour le25.11.2015 à 15h44 | Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) A nouveau, ces ambulances aux sirènes hurlantes fonçant vers les hôpitaux. Une fois encore, ces policiers en armes, nerveux, qui barrent le passage derrière des barrières de sécurité tandis que s’enfièvrent les spéculations sur le nombre de victimes. C’est sous une froide pluie d’automne que Tunis a renoué, mardi 24 novembre, avec l’atmosphère viciée des attentats.En lisière de l’avenue Mohammed-V, la plus vaste et longue artère de la capitale tunisienne, un bus de la garde présidentielle a été déchiqueté en fin d’après-midi par une explosion de nature « terroriste », selon les autorités. Le bilan provisoire mercredi matin s’établissait à treize morts et vingt blessés – la plupart étant des membres de cette unité sécuritaire. Le bus a pris feu sous la violence de l’explosion. Interrogé en fin de soirée, le porte-parole de la présidence, Moez Sinaoui, n’était d’abord pas en mesure de préciser si un kamikaze était impliqué dans l’attaque. « Selon les premiers détails, l’attaquant portait un sac dans le dos. Il s’est fait sauter en montant à bord du bus, avec des explosifs militaires », a ensuite précisé mercredi matin un responsable de la sécurité présidentielle.Il s’agit de la seconde attaque terroriste la plus sanglante perpétrée au cœur de la capitale après l’assaut djihadiste du 18 mars contre le Musée du Bardo qui avait fait vingt-deux morts (dont vingt et un touristes étrangers). Mais c’est la première qui vise sur une pareille échelle des forces de l’ordre. L’attentat n’avait toujours pas été revendiqué mercredi en début de matinée. L’organisation Etat islamique (EI) avait proclamé sa responsabilité dans l’attaque du Musée du Bardo, ainsi que dans l’assaut (trente-huit touristes étrangers tués), le 26 juin, contre la station balnéaire de Port El-Kantaoui, près de Sousse.Etat d’urgenceLa première réaction des autorités tunisiennes a été de décréter l’état d’urgence pour une durée de trente jours, ainsi qu’un couvre-feu sur le Grand Tunis, de 21 heures à 5 heures du matin, a annoncé le président de la République, Beji Caïd Essebsi. L’état d’urgence avait déjà été instauré début juillet, dans la foulée de l’attentat de Sousse, avant d’être levé trois mois plus tard à la lumière d’une amélioration relative de la situation sécuritaire dans le pays. Les forces de sécurité tunisiennes n’en demeuraient pas moins sur les dents au vu d’une menace qui n’avait pas disparu. Les mesures de protection avaient notamment été renforcées autour du ministère de l’intérieur, avenue Habib-Bourguiba, non loin du lieu de l’attentat de mardi.C’est un nouveau coup dur pour la jeune démocratie tunisienne, qui fait figure d’exception dans le monde arabo-musulman. Près de cinq ans après le début du soulèvement des « printemps arabes », le petit pays d’Afrique du Nord (11 millions d’habitants) continue d’être le chantier d’une expérience démocratique fragile, tâtonnante, parfois marquée de reculs, mais suffisamment tenace pour que le prix Nobel de la paix 2015 lui ait été attribué.Depuis les années 2012-2013, ce « modèle tunisien » doit faire face à la cristallisation d’une menace terroriste issue de l’émergence d’un mouvement salafiste radical dans la foulée de la « révolution du jasmin »Depuis les années 2012-2013, ce « modèle tunisien » doit faire face à la cristallisation d’une menace terroriste issue de l’émergence d’un mouvement salafiste radical dans la foulée de la « révolution du jasmin ». Des groupes djihadistes ont ainsi fait leur apparition dans les massifs montagneux du centre-ouest (les monts Chaambi, Semmama et Selloum) à proximité de la frontière algérienne. Les forces de l’ordre y sont régulièrement prises pour cible, notamment autour de la ville de Kasserine.Ces premiers noyaux insurgés revendiquaient leurs liens avec le groupe Okba Ibn Nafaa, affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Au début de l’année, l’influence de l’EI a commencé à se faire sentir sur cette galaxie djihadiste, en liaison notamment avec l’instabilité dans laquelle s’est trouvée plongée la Libye voisine. Ainsi est apparu le groupe Ajnad Al-Khilafa (« soldat du califat »), des dissidents d’Okba Ibn Nafaa qui ont prêté allégeance à EI.Influence grandissante de l’EILes assauts du Musée du Bardo, puis de Sousse, ont confirmé cette influence grandissante de la filière EI. Selon les autorités de Tunis, les auteurs de ces deux attaques, tous de nationalité tunisienne, avaient été formés dans des camps en Libye. Plus récemment, l’EI a revendiqué la décapitation, le 13 novembre, d’un jeune berger âgé de 16 ans, Mabrouk Soltani, près de Sidi Bouzid (centre) sous le prétexte qu’il aurait été un « informateur » des autorités.Ce défi terroriste qui menace la Tunisie inquiète vivement ses partenaires occidentaux. Ainsi, la coopération s’est-elle renforcée avec la France, qui a annoncé en octobre un quadruplement de son aide militaire à Tunis (passant de 2,5 millions à 10 millions d’euros par an) pour 2016 et 2017. Les Etats-Unis, qui ont accordé à la Tunisie le titre d’« allié majeur non membre de l’OTAN » (sixième pays arabe à bénéficier de ce statut), ont annoncé pour leur part un doublement de leur aide militaire, laquelle passerait à 88,5 millions d’euros en 2016. Le « modèle » tunisien, jugé exemplaire dans cette région du monde, doit impérativement survivre aux yeux des capitales occidentales.Frédéric Bobin (Tunis, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.11.2015 à 06h50 • Mis à jour le25.11.2015 à 18h08 Bruxelles reprend peu à peu une vie normale, mercredi 25 novembre, malgré le maintien de l’alerte terroriste à son niveau maximal (niveau 4, activé en cas de « menace sérieuse et imminente »).Près de la moitié des stations de métro était à nouveau accessible.Les écoles et universités ont rouvert leurs portes. Une circulaire a précisé les mesures de sécurité à appliquer dans les établissements scolaires : accueil des enfants à la grille par des personnes capables d’identifier leurs accompagnateurs ; limitation des rassemblements devant l’école ; fermeture des accès à l’établissement pendant les cours et création de « safe rooms », salles où « tant les professeurs que les élèves pourraient se protéger en cas d’incident ».La ville a également annoncé la réouverture des lieux et centres culturels dont elle a la tutelle. Les grands musées fédéraux devaient cependant rester fermés et tous les concerts et événements sportifs du week-end ont été annulés.Suivez la situation en direct sur notre siteLe premier ministre belge, Charles Michel, justifiait lundi le maintien de l’alerte maximale par une menace toujours « sérieuse et imminente ». Le niveau d’alerte doit, en théorie, être réévalué lundi 30 novembre. Près de trois cents policiers supplémentaires ont été mobilisés pour la protection des écoles bruxelloises, et deux cents militaires ont été affectés à la sécurisation du métro.Lire aussi :La Belgique dans le doute face à la menace terroristeTrois personnes mises en examen La police fédérale a émis, mardi 24 novembre, un mandat d’arrêt international et européen à l’encontre de Mohamed Abrini, filmé en compagnie de Salah Abdelsam dans une station-service deux jours avant les attentats. Mohamed Abrini, Belgo-Marocain de 30 ans, décrit par les autorités belges comme « dangereux et probablement armé », était alors au volant de la Clio utilisée lors des attaques à Paris, et qui a été retrouvée la semaine dernière dans le 18e arrondissement.Depuis ce week-end, les autorités belges ont mené des dizaines de perquisitions, qui ont abouti à la mise en examen de trois personnes pour « attentat terroriste ».Hamza Attou et Mohammed Amri sont soupçonnés d’avoir emmené en voiture Salah Abdeslam de Paris à Bruxelles le 13 novembre.Lazez A., un Marocain de 39 ans vivant en Belgique, est également soupçonné d’avoir participé à la fuite : des traces de sang et des armes de poing ont été retrouvées dans sa voiture.Deux autres personnes sont emprisonnées, sans que le parquet ait précisé ce qui leur était reproché. Parmi eux, Ali O., un Français de 31 ans habitant à Molenbeek, la commune bruxelloise d’où viennent les frères Abdeslam et Abaaoud. Hélène Sallon C’est par une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de vendredi à Paris, qui ont fait au moins 129 morts, qu’a débutée la réunion pour un règlement politique en Syrie à Vienne, samedi 14 novembre. L’attaque revendiquée par l’Etat islamique (EI) a bouleversé l’agenda de ces discussions, qui se sont déroulées dans un climat beaucoup plus apaisé que la première réunion organisée dans la capitale autrichienne, le 30 octobre. Les principaux acteurs régionaux et internationaux du conflit en Syrie, qui a fait plus de 250 000 victimes et des millions de réfugiés depuis 2011, ont annoncé une feuille de route pour une transition politique, qui prévoit un calendrier précis, mais ne résout pas la question du sort du président syrien, Bachar Al-Assad, principal point de discorde.Les dix-sept pays participants, ainsi que l’Union européenne et les Nations unies, « ont affirmé leur soutien à un cessez-le-feu et à un processus mené par les Syriens pour établir d’ici six mois (…) un calendrier pour rédiger une nouvelle Constitution », selon le communiqué final. « Des élections libres et équitables auraient lieu conformément à cette nouvelle Constitution d’ici dix-huit mois ». Ils se sont entendus sur « la nécessité de réunir le gouvernement syrien et des représentants de l’opposition pour des négociations formelles, sous les auspices de l’ONU, dès que possible, avec l’objectif du 1er janvier ». Une réunion est prévue « dans environ un mois » pour faire le point sur les avancées.« Un processus peut définitivement commencer » sur la résolution de la question syrienne, s’est félicitée la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qualifiant la réunion de « très bonne ». « Ça a encore l’air utopique, mais nous avons toutes les puissances autour de la table », a pour sa part commenté le ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier.« Une liste commune de groupes terroristes »Ce processus de transition politique est placé sous l’égide des Nations unies. L’équipe réunie autour de l’émissaire onusien pour la Syrie, Staffan de Mistura, est chargée d’obtenir un cessez-le-feu entre les forces du régime et de l’opposition syrienne. Cela suppose au préalable que soient définies la liste des groupes syriens devant être qualifiés de « terroristes » et celle des groupes considérés comme appartenant à l’opposition. La Jordanie sera chargée de « coordonner une liste commune de groupes terroristes » sous l’égide du Conseil de sécurité, à partir des propositions des différents participants, a expliqué le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov.La question divise les acteurs du conflit. Seuls l’Etat islamique et le Front Nosra, lié à Al-Qaïda, figurent actuellement sur la liste terroriste des Nations unies. Le régime Assad, soutenu par l’Iran et la Russie, qualifie de « terroristes » tous les groupes de l’opposition. Moscou se dit prêt à coopérer avec certains groupes modérés, soutenus par les Etats-Unis et des pays de la région, tout en continuant à les viser dans ses bombardements. Le débat devrait notamment se cristalliser autour de groupes salafistes, à l’instar de Ahrar Al-Cham et Jaich Al-Islam, soutenus par les pays du Golfe et la Turquie. Les pays arabes sunnites ont pour leur part appelé à placer sur cette liste des milices chiites soutenues par l’Iran, à l’instar du Hezbollah libanais qui figure déjà sur la liste terroriste de l’Union européenne et du département d’Etat américain.« Des divergences sur ce qu’il doit advenir de Bachar al-Assad »Le sort de Bachar Al-Assad n’a toujours pas été tranché à Vienne. « Nous avons toujours des divergences concernant ce qu’il doit advenir de Bachar Al-Assad », a admis le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, à l’issue de la réunion. Les Occidentaux, la Turquie et des pays arabes sunnites, Arabie saoudite en tête, exigeaient que le texte prévoit un calendrier pour sa mise à l’écart. Cette demande a été rejetée par la Russie et l’Iran. « Nous avons insisté sur le fait que seule la personne de Bachar Al-Assad pouvait décider de se représenter ou pas aux élections et seul le peuple syrien pouvait décider de voter ou pas pour lui », a souligné dimanche le vice-ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, à la télévision d’Etat.Lire aussi :Iran, Etats-Unis, Russie... Les positions qui s’opposent sur la résolution de la guerre en Syrie« Bachar Al-Assad doit partir, dans le cadre de la transition en Syrie mais nous reconnaissons que s’il y a une transition il pourrait y participer », a concédé le ministre britannique des affaires étrangères Philip Hammond. Les pays opposés à son maintien temporisent et misent sur l’embourbement de l’intervention russe en soutien au président syrien. « La transition politique permettra de montrer que le maintien de Bachar Al-Assad n’est pas possible. Les rebelles modérés n’accepteront le cessez-le-feu que si une perspective de changement est proposée », a explicité une source diplomatique occidentale. « Les Russes commencent à se rendre compte que leur position est coûteuse autant financièrement qu’humainement. Le crash de l’avion russe en Egypte confirme que leur alignement avec les chiites en font la cible d’un djihad sunnite », ajoute cette source.Lire aussi :Après la réunion de Vienne, les désaccords sur le sort de Bachar Al-Assad persistentCoordination internationale dans la lutte contre DaechUn consensus s’est en revanche dessiné sur la nécessité d’« accentuer la coordination internationale dans la lutte contre Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] », après les attaques qui se sont produites à Paris. « Quand il y a un événement comme celui-là, le plus grave en Europe depuis quarante ans, il faut prendre des mesures. (…) Il faut être déterminés, continuer notre action et la renforcer », selon les mots du ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius. Il a critiqué les déclarations du président Bachar Al-Assad, qui « semble presque justifier les attentats en France ». Ce dernier a lié les attentats en France à la situation en Syrie et estimé que la politique française au Moyen-Orient a contribué à « l’expansion du terrorisme. »Malgré le souhait commun exprimé à Vienne d’accroître la lutte contre le terrorisme, aucune décision n’a été prise en ce sens. « Cela se discute entre pays ou services de renseignement. Les services de renseignement doivent travailler ensemble, prendre des initiatives communes sur les frappes et améliorer la coordination sur les groupes indéterminés. Avec les Russes notamment », a commenté une source diplomatique occidentale.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.11.2015 à 06h57 • Mis à jour le15.11.2015 à 09h26 Une fosse commune qui contiendrait probablement les corps de dizaines de femmes yézidies exécutées par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a été découverte près de Sinjar, dans le nord de l’Irak, ont indiqué des responsables samedi 14 novembre. La veille, les forces kurdes appuyées par des bombardements de la coalition internationale ont repris la ville à l’Etat islamique.Lors de son offensive en août 2014 contre Sinjar, l’EI avait exécuté de nombreux yézidis. Des centaines de femmes yézidies avaient été vendues aux djihadistes ou réduites à l’état d’esclave sexuelle, selon Amnesty International. Selon les Nations unies, les membres de la communauté religieuse yézidie ont été victimes de persécutions susceptibles de relever du génocide, de la part des djihadistes. Lors de la prise de la ville par l’EI, des dizaines de milliers de yézidis s’étaient réfugiés sur les monts Sinjar, où ils ont passé des semaines sans eau ni nourriture, par une chaleur accablante.Lire le reportage :Les noces barbares de DaechAidés par des combattants yézidis et les raids de la coalition, des milliers de combattants kurdes ont lancé l’offensive pour reprendre Sinjar jeudi. La prise de cette ville coupe une route stratégique de communication utilisée par les djihadistes qui relie Mossoul, fief de l’EI en Irak, aux territoires contrôlés par ce groupe en Syrie. Cette route permettait aux djihadistes de faire circuler matériel et hommes entre les deux pays où ils contrôlent de vastes territoires.Lire le reportage :Les Kurdes reprennent Sinjar à l’Etat islamique Gilles Paris (Washington, correspondant) Le deuxième débat opposant les candidats à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2016 a débuté par un long silence, samedi 14 novembre à Des Moines (Iowa). À l’invitation du modérateur de la chaîne CBS qui l’organisait, les trois prétendants que compte désormais cette course se sont recueillis en hommage aux victimes des attentats de Paris. Un sujet sur lequel l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton n’a pas eu trop de mal à faire valoir son expérience par rapport à Bernie Sanders, sénateur indépendant souvent présenté comme pacifiste, en dépit de ses dénégations (il a approuvé la guerre en Afghanistan), et de l’ancien gouverneur de l’Etat du Maryland Martin O’Malley.Lire aussi :Les attentats de Paris font irruption dans la campagne américaine« Les prières ne suffisent pas », a assuré la favorite en termes d’intentions de vote. « Nous devons être résolus pour unir le monde et détruire l’idéologie djihadiste radicale qui anime des organisations » comme l’Etat islamique, « un groupe terroriste brutal, barbare, sans pitié, qui ne peut pas être endigué, mais qui doit être détruit (…) Cela ne peut pas être un combat américain, bien que le leadership américain soit essentiel » , a ajouté Mme Clinton, qui a rappelé que dans cette élection, « il ne s’agit pas seulement d’élire un président, mais de choisir aussi un commandant en chef ».Invasion de l’Irak à l’origine de la crise, selon Bernie SandersDu fait de son statut, l’ancienne secrétaire d’Etat s’est retrouvée régulièrement sous le feu des critiques de son principal adversaire, M. Sanders. Ce dernier l’a attaquée une nouvelle fois pour son vote en faveur de l’invasion de l’Irak, en 2002, une invasion à l’origine selon lui de la crise actuelle, tout comme pour sa dépendance supposée vis-à-vis de ses donateurs dont certains sont des grands noms de la finance et vilipendés par le sénateur, contempteur de l’influence de Wall Street sur la politique américaine. M. Sanders a reçu sur ce point le soutien de M. O’Malley, très distancé dans les intentions de vote, mais qui espère tirer profit du retrait de deux candidats, Jim Webb et Lincoln Chafee, comme de la non-candidature du vice-président Joe Biden, annoncée en octobre.Face à ces attaques et aux programmes très généreux de ses adversaires en matière de santé et d’éducation, Mme Clinton a opposé sa capacité « à faire les choses », slogan qu’elle martèle à chacun de ses déplacements de campagne. Un instant en difficulté du fait du trouble causé par la controverse sur son usage d’une adresse électronique et d’un serveur privé pendant son passage au département d’Etat, de janvier 2009 à janvier 2013, Mme Clinton a redressé la situation en octobre et dispose à nouveau d’une large marge d’avance sur ses rivaux, au niveau national comme dans les premiers États à se prononcer, à l’exception du New Hampshire.Lire aussi :Hillary Clinton domine la course démocrateGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Les attentats de Paris ont fait irruption dans les courses à l’investiture démocrate et républicaine, samedi 14 novembre. Après les prières et le recueillement, la veille, le temps est venu de la polémique et des critiques contre la faiblesse supposée de l’administration Obama. « Il faut agir », a martelé John Kasich, gouverneur de l’Ohio. En meeting à Beaumont (Texas), le candidat républicain Donald Trump a réitéré ses critiques contre la législation française sur les armes à feu. « Si les victimes avaient été armées, la situation aurait été très, très différente », a-t-il assuré, un argument déjà avancé lors des attentats de janvier.Lire aussi :Pour Obama, les attaques de Paris frappent « toute l’humanité »« Insensé » d’accueillir des réfugiés syriensComme le gouverneur Bobby Jindal ou le sénateur du Kentucky Rand Paul, le magnat de l’immobilier a jugé qu’il serait « insensé » pour les États-Unis, à la suite des événements de Paris, d’accueillir des réfugiés syriens. Leur nombre a été jusqu’à présent extrêmement réduit (moins de 2 000) compte tenu de la longueur des procédures d’admission et pour raison de sécurité.La tonalité a été très différente lors du débat opposant à Des Moines (Iowa), les trois seuls candidats à l’investiture démocrate, qui a débuté par une minute de silence en hommage aux victimes. Le sénateur Bernie Sanders et l’ancien gouverneur du Maryland Martin O’Malley ont ainsi défendu l’accueil d’un plus grand nombre de réfugiés syriens parce que « les États-Unis doivent prendre leur part » dans cette crise. « Les prières ne suffisent pas », a assuré l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton, grande favorite de cette série de scrutins qui débutera le 1er février. Pour elle, l’Etat islamique « ne peut pas être endigué, il doit être détruit ».Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves-Michel Riols et Marie Jégo (Envoyés spéciaux à Antalya (Turquie)) L’onde de choc des attentats à Paris a déjà submergé la réunion du G20 qui doit s’ouvrir, dimanche 15 novembre, à Antalya (Turquie), située à seulement 600 kilomètres de la Syrie. A la veille de cette rencontre, qui rassemblera les dirigeants des principales grandes puissances de la planète, les organisateurs envisageaient plusieurs options, dont une minute de silence à l’ouverture du sommet pour rendre hommage aux victimes du terrorisme dans la capitale française.Dès samedi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a donné le ton. « Nous en sommes désormais à un point où les mots ne sont d’aucun secours dans la lutte contre le terrorisme. Nous en sommes maintenant à un stade où [la lutte] doit être une priorité », a-t-il déclaré. Les premiers dirigeants arrivés sur place, dont le Chinois Xi Jinping, la Brésilienne Dilma Rouseff et le roi Salmane d’Arabie saoudite, ont été conviés, samedi soir, à un dîner informel, dont rien n’a filtré.L’arrivée de la délégation saoudienne n’est pas passée inaperçue, avec la réservation de plus de cinq cents chambres dans le plus luxueux hôtel d’Antalya, un cortège d’une soixantaine de berlines blindées, suivies de 16 camions affectés au transport des effets personnels du souverain.La France représentée par Laurent FabiusLes présidents américain et russe, Barack Obama et Vladimir Poutine, ainsi que la chancelière allemande, Angela Merkel, sont attendus dimanche dans la matinée. Quant à François Hollande, il sera représenté par Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, accompagné de Michel Sapin, le ministre des finances.A Antalya, une station balnéaire sur la Méditerranée, prisée des touristes russes, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été déployées, transformant le site du G20 en fortin, survolé par des hélicoptères et quadrillé par douze mille policiers. La marine turque patrouille au large des côtes, de même qu’un porte-avion de l’US Navy. A l’approche de cette réunion, les forces spéciales turques avaient pris les devants en procédant à plusieurs arrestations dans les milieux islamistes d’Antalya.La Turquie est confrontée au problème des cellules dormantes de l’organisation Etat islamique (EI) sur son territoire, impliquées, selon les autorités, dans les deux attentats commis par des kamikazes qui ont récemment ébranlé le pays, le 10 octobre à Ankara (cent deux morts) et auparavant à Suruc, à la frontière avec la Syrie, le 20 juillet (trente-quatre morts).Si la question du terrorisme promet d’éclipser tous les autres sujets initialement inscrits à l’agenda (régulation financière, climat, crise des migrants), il y a de fortes chances que chacun profite de l’occasion pour mettre en avant sa stratégie concernant la crise syrienne et sa vision de la lutte contre l’EI. Le président Erdogan a été le premier à monter au créneau. Vendredi soir, juste après les attentats meurtriers à Paris, il a répété qu’il fallait « abandonner l’idée qu’il y a des bons et des mauvais terroristes », ayant ainsi à l’esprit les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre les forces régulières d’Ankara.La question kurde, motif de frictionLe président turc a également remis sur le devant de la scène son idée récurrente d’une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie, qu’il présente comme un refuge pour les Syriens déplacés. Or, cette option est écartée par les Occidentaux, persuadés qu’elle n’est pas viable sans l’envoi de troupes au sol. Pour la Turquie, l’enjeu est essentiel. Elle y voit le moyen de bloquer la mise en place, le long de la frontière turque, d’une large zone contrôlée par les milices kurdes de Syrie liées au PKK. Un scénario inacceptable pour Ankara.Ce sujet est un sérieux motif de friction entre la Turquie et les Etats-Unis, qui soutiennent les forces kurdes de Syrie, en première ligne dans le combat contre l’EI sur le terrain. Nul ne doute que cette question sera au cœur de l’entretien prévu, dimanche, entre le président Erdogan et son homologue américain, Barack Obama.Les divergences sur la Syrie risquent également de s’étaler à Antalya entre pro et anti-Assad. Les propos du président russe, Vladimir Poutine, principal allié du régime de Bachar Al-Assad, seront scrutés de près, de même que ceux du roi Salman d’Arabie saoudite, bailleur de fonds des combattants islamistes en lutte contre le pouvoir de Damas. Au-delà de la condamnation unanime des attentats à Paris, les dirigeants présents au G20 d’Antalya vont avoir du mal à afficher un consensus sur la Syrie.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteMarie Jégo (Envoyés spéciaux à Antalya (Turquie))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.11.2015 à 03h03 • Mis à jour le15.11.2015 à 03h25 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) New York témoigne de sa solidarité avec Paris. En présence du maire de la ville, deux à trois mille personnes se sont rassemblées samedi 14 novembre, en début d’après-midi, à Washington Square, dans le sud de Manhattan, pour rendre hommage aux victimes des attentats de la veille en France.Le maire de New York Bill de Blasio s’est joint à la foule en compagnie de François Delattre, l’ambassadeur de France auprès des Nations Unies et Bertrand Lortholary, le consul de France à New York. « Cette ville connaît cette douleur », a souligné M. de Blasio, en référence aux attentats du 11 septembre 2001 à New York. « Nous savons que Paris va la surmonter. Mon conseil [aux parisiens] est de rester forts et de continuer, autant que possible, à vivre comme d’habitude, comme une preuve de notre détermination à protéger notre style de vie ».« La seule réponse au terrorisme est de rester résolu, de ne pas laisser les terroristes changer ce que nous sommes. Nous devons refuser d’être terrorisés, a lancé le maire. Nous ne changerons pas notre démocratie. Nous ne changerons pas nos valeurs ».M. Delattre s’est dit impressionné par les milliers de messages de solidarité qu’il a reçus en quelques heures. « Nos amis américains ont exprimé en masse leur compassion, mais aussi leur détermination à rester unis face à cette horreur, a-t-il expliqué, se disant frappé par « la comparaison permanente avec les attentats du 11 septembre ».« Résonnance avec le 11-Septembre »Un rassemblement similaire s’était déroulé au même endroit, il y a tout juste dix mois, dans la foulée des attentats de Charlie Hebdo. Mais cette fois, la foule était plus dense et contrairement au mois de janvier, de nombreux Américains étaient présents. Parmi eux, Jordan Freisleben, qui travaille depuis cinq ans à New York pour une multinationale. « La pensée philosophique française, la qualité de vie qui existe dans ce pays ont eu énormément d’influence sur ma vie et mes études ici aux États-Unis, explique-t-elle. Aujourd’hui, je voulais témoigner ma proximité avec ces valeurs ». Comme l’explique Nora, trentenaire aux cheveux courts : « la résonance avec le 11-Septembre est tellement évidente, qu’il fallait être présent. Le choc est le même ».« C’était important de montrer notre solidarité par rapport à ce qui s’est passé, note Sannie, une jeune Danoise. Je suis vraiment impressionnée par le nombre de gens qui sont venus cet après-midi. Nous avons eu une attaque de moindre importance cette année au Danemark, mais je crois que ça peut se produire n’importe où. C’est ça qui est effrayant. »« La Marseillaise » au Metropolitan OperaParmi les Français, Sophie Gousset, étudiante, ne peut retenir ses larmes. Elle est sans nouvelle de deux amis qui se trouvaient au Bataclan la veille. Navin, un Réunionnais, à New York depuis un an, est lui aussi submergé par l’émotion, alors que la foule entonne une nouvelle marseillaise. « Ca fait chaud au cœur de se retrouver avec d’autres Français, alors qu’on est loin et que l’on se sent impuissant ». Son ami Nicolas, en vacances à New York pour quelques jours, a dû remettre à plus tard la visite de la ville. « On avait le sentiment, plusieurs mois après Charlie, qu’on était revenu à quelque chose de normal, et puis là tout bascule à nouveau », se lamente-t-il.En ce samedi, « New York is Paris », comme l’annonçait sur Facebook Vincent Merle, un jeune étudiant en design de 19 ans, qui avait pris l’initiative de ce rassemblement quelques heures auparavant. « Quelque part, cela redonne confiance », affirme-t-il, visiblement surpris par le succès de l’événement. Quelques instants plus tard, au Metropolitan Opera, en ouverture de la représentation de Tosca de Puccini, avec Placido Domingo, le chœur et l’orchestre entonnaient La Marseillaise.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.11.2015 à 19h09 • Mis à jour le14.11.2015 à 21h44 | Service Europe Certains pays et partis politiques européens n’ont pas tardé à faire l’amalgame entre les attentats de Paris et la crise des migrants. Le nouveau ministre des affaires européennes polonais, Konrad Szymanski, en a profité pour expliquer que le parti conservateur Droit et Justice (PIS) allait revenir sur la décision du gouvernement libéral sortant d’accueillir environ 7 500 réfugiés dans le cadre du plan européen de répartition.« Après les événements tragiques de Paris, la Pologne ne voit pas de possibilité politique d’exécuter la décision de relocalisation de réfugiés », a écrit M. Szymanski, sur un site Internet conservateur. « Les attentats de Paris se sont produits dans le contexte direct de la crise migratoire et des bombardements français des positions de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] », explique cet ancien eurodéputé, considéré comme un modéré du PIS, qui fustige « la faiblesse de l’Europe ». Il a toutefois nuancé ses propos dans l’après-midi : « La Pologne accueillera des réfugiés s’il y a des garanties de sécurité, et ces dernières sont mises en question après les attentats de Paris. »Le nouveau ministre des affaires étrangères, Witold Waszczykowski, ne s’embarrasse pas de nuances : « Nous devons atteindre la communauté musulmane, qui hait ce continent et qui veut le détruire. Nous devons aussi contrer les mouvements politiques de gauche qui considèrent qu’il faut sans cesse ouvrir nos frontières » a-t-il déclaré dans un entretien à la radio.« Paris a tout changé »En Allemagne, les attentats de Paris ont immédiatement relancé les débats qui animent la droite autour de l’accueil de migrants dans le pays. « L’époque de l’immigration incontrôlée et illégale ne peut pas continuer ainsi. Paris a tout changé », a affirmé le ministre des finances bavarois, Markus Söder (CSU), à l’hebdomadaire Die Welt am Sonntag. « On doit immédiatement clarifier qui vient dans notre pays, qui le traverse et s’y installe. Les règles de droit qui ne sont plus appliquées depuis plusieurs semaines doivent l’être à nouveau », a posté sur Facebook, Horst Seehofer, le ministre-président (CSU) de la Bavière.Allié à la CDU d’Angela Merkel, la CSU critique depuis plusieurs semaines la politique d’accueil et d’ouverture pratiquée par la chancelière. La CSU voudrait notamment instaurer un quota maximum de réfugiés chaque année. Le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a critiqué ces propos, en demandant à ce « que personne ne fasse le lien de manière précipitée avec la politique d’immigration ». Les sociaux-démocrates du SPD ont également appelé à éviter ce lien. « En tant qu’Etat de droit, en tant qu’Etat libre, nous sommes toujours vulnérables. Malgré cela nous voulons rester un pays et une société ouverts », a expliqué le leader du SPD, Sigmar Gabriel.A la pointe de la lutte contre l’accueil de réfugiés, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a appelé à la retenue et à « partager la douleur » de ceux qui ont été frappés. Il a décrété un jour de deuil national dimanche, et le congrès du parti au pouvoir, le Fidesz, prévu le même jour, a été annulé. Le ministre des affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto, a quand même répété que « l’Europe doit changer son attitude ». La Hongrie a en effet incarné avec constance au sein de l’Union une ligne radicalement opposée à celle, jugée trop généreuse, de la chancelière allemande, Angela Merkel. En janvier, M. Orban n’avait pas hésité à établir, après les attentats contre Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher, un lien entre migrants musulmans et risques terroristes.Les réactions sont également très prudentes en République tchèque, qui s’oppose à la politique européenne de répartition des réfugiés. La plupart des journaux mettent en garde contre la confusion et un déchaînement de haine envers les musulmans.Vif débat en GrèceEn Grèce, principale porte d’entrée des migrants, le débat est vif entre ceux qui veulent lier les attaques à l’arrivée de milliers d’entre eux en Europe et ceux qui rappellent que la grande majorité des réfugiés sont les premiers à fuir ce terrorisme. Le gouvernement a reconnu, samedi, que le passeport syrien retrouvé près du Stade de France correspondait à une personne arrivée au début d’octobre sur l’île de Leros. Rien n’indique pour l’heure qu’il s’agisse de la pièce d’identité d’un des assaillants. « L’attaque islamiste terroriste de Paris est une menace directe pour la Grèce, où entrent chaque jour et sans contrôle des djihadistes criminels à cause de la politique traîtresse d’ouverture des frontières de ce gouvernement », a aussitôt déclaré le parti néonazi Aube dorée.Le premier ministre, Alexis Tsipras, en appelle à la raison : « Nous avons la responsabilité d’apporter des solutions à la question migratoire, au drame des réfugiés qui mettent leur vie en danger en mer en essayant d’échapper à ces mêmes terroristes. Les terroristes auront gagné s’ils transforment l’Europe en une Europe forteresse au sein de laquelle vivraient des peuples pétris d’effroi. »Service EuropeJournaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) La Belgique a décidé de porter le niveau d’alerte à son maximum pour les événements réunissant des foules importantes, tels que les rencontres sportives ou les manifestations officielles, où l’armée pourra être déployée en renfort des forces de police, a annoncé samedi 14 novembre au soir le gouvernement belge, après la révélation des liens probables entre le royaume et les attentats qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis vendredi soir.Le matin, cette instance s’était réunie et avait décidé de ne pas augmenter le niveau de la menace. Mais c’était avant les révélations sur la probable présence d’au moins une des personnes arrêtées à Paris, vendredi soir, et la possible fuite d’une deuxième équipe de tireurs vers la Belgique. Les terroristes auraient utilisé une, voire deux voitures immatriculées en Belgique, comme un témoin l’avait indiqué au Monde. Dans une voiture, un ticket de parking émis à Molenbeek a été retrouvé.Suivez notre live sur la situation à ParisL’une des personnes appréhendées samedi, un Français vivant à Molenbeek, apparemment inconnu des services de renseignement, aurait loué la Polo Volkswagen retrouvée près du Bataclan. Son frère serait l’une des deux autres personnes appréhendées en Belgique. Il serait le propriétaire de la Golf Volkswagen dans laquelle circulaient les trois hommes au moment de leur interpellation. Ils auraient, par hasard, été contrôlés à Cambrai dans la nuit de vendredi à samedi et autorisés à poursuivre leur chemin.Foyer de l’islamisme radicalLes trois personnes arrêtées samedi seraient toutes françaises et domiciliées à Molenbeek, foyer de l’islamisme radical en Belgique, où des perquisitions ont été menées samedi en fin d’après-midi. Le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, a fait savoir qu’il s’occuperait « personnellement » de la municipalité, en soulignant l’échec des opérations de déradicalisation qui y auraient été menées jusqu’ici. « Je veux nettoyer Molenbeek », a expliqué le ministre sur la chaîne de télévision flamande VTM.Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Belgique, en mai 2014 à Bruxelles, a séjourné dans la commune. L’enquête qui a suivi l’assaut contre une cellule terroriste à Verviers, en janvier dernier, a également conduit vers cette municipalité. Et Ayoub El-Khazzani, l’auteur de la tentative d’attentat dans un train Thalys, en août dernier, y a également séjourné.Deux Belges parmi les victimes des attaques de ParisLe ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, a de son côté fait savoir à la RTBF que deux Belges figuraient parmi les victimes des attentats de Paris. Il s’agirait de deux Liégeois qui habitaient à proximité du Bataclan. Le ministre n’a, lui non plus, pas voulu réagir à l’information selon laquelle une voiture des terroristes portait une plaque belge.Les services de sécurité ont été invités à une vigilance accrue, notamment aux frontières et dans les aéroports. Et le premier ministre a conseillé à ses concitoyens de ne pas se rendre à Paris actuellement.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Au terminal 2 de l’aéroport Charles-de-Gaulle, le plus grand calme régnait samedi 14 novembre, au lendemain des attentats qui ont endeuillé Paris. Pourtant, les attaques terroristes ont des conséquences indirectes sur le fonctionnement du terminal. Une file interminable de passagers en partance s’étire dans le hall de l’aérogare. « En raison de la réintroduction du contrôle aux frontières, tous les passagers doivent passer par le contrôle des passeports, et l’aéroport n’est pas dimensionné pour cela », explique Christophe Lamartinie, chef d’escale de la Lufthansa à Roissy. Les passagers, comme ce groupe de Chinois en transit pour l’Allemagne, doivent prendre leur mal en patience. « Une à deux heures de queue car, en plus, les vols ont été retardés à cause des mesures de sécurité renforcées », ajoute Corine, employée au comptoir de la compagnie grecque Agean.Suivez notre live sur la situation à ParisS’il n’y a pas de ruée visible des touristes pour fuir Paris, les candidats au départ ne manquent pourtant pas. « Ce matin, une dizaine de passagers américains qui venaient tout juste de débarquer d’un vol en provenance des Etats-Unis ont voulu repartir chez eux dès leur arrivée à Paris », raconte Peggy, hôtesse au comptoir de la compagnie aérienne américaine United Airlines. Quelques-uns ont appris les attentats à leur atterrissage, « les autres ont reçu un mail de leur patron pendant le vol pour annoncer l’annulation de leur mission et leur ordonner de rentrer » au plus vite, ajoute-t-elle.Mouvement de massePour ces passagers pressés, United a assoupli ses pratiques tarifaires. « Comme c’est une situation spéciale, nous ne faisons pas payer le changement de billets », précise Peggy. Toutefois, ces demandes resteraient exceptionnelles. Elle n’a noté « aucune annulation de vol, ni en provenance des Etats-Unis ni au départ de Paris ». La grande compagnie asiatique Singapore Airlines n’a pas non plus « constaté de mouvement de masse de touristes qui veulent repartir ». « Pas plus que d’habitude ! » Toutefois, tempère son antenne parisienne, les attentats « sont arrivés un vendredi soir alors que [ses] bureaux étaient fermés ». En pratique, avec les vols du soir vers l’Asie, il pourrait y avoir un éventuel afflux de touristes. Mais les « passagers ne se déplacent plus » ou peu jusque dans les aéroports pour modifier leurs vols, explique M. Lamartinie. « Ils téléphonent aux centres d’appels ou passent par Internet », signale le chef d’escale qui ajoute que, pour l’occasion, Lufthansa a choisi, elle aussi, d’appliquer une « politique de goodwill » : à l’instar de sa rivale United, elle ne fait pas non plus payer les changements de vol.Retours précipitésA Roissy, Turkish Airlines est la seule compagnie aérienne à admettre un rush de passagers qui veulent abréger leur séjour en France. Depuis ce matin, « il y en a pas mal, 15 % à 20 % de plus, qui sont venus changer leur billet » pour rentrer avant la date prévue, constate Ylmaz, au comptoir de la compagnie turque. A l’en croire, les candidats au départ sont encore plus nombreux « par Internet ou via les call center ». Selon lui, environ 40 % de passagers supplémentaires par rapport à un jour ordinaire se sont connectés samedi ou ont pris leur téléphone pour changer de vol.Ces retours précipités pourraient être de plus en plus nombreux dans les jours à venir. « Les gens sont en panique, se désole Ylmaz. Des touristes arrivés vendredi pour un week-end de trois jours voulaient déjà repartir chez eux samedi. » Paradoxalement, les policiers semblent moins visibles ques les jours précédents à Roissy. « On voit moins de militaires du dispositif Vigipirate que d’habitude », s’étonne Bastien à l’enregistrement de Turkish Airlines. « On ne les voit plus du tout », renchérit son collègue José. Les policiers étaient pourtant bien là. Engoncés dans de lourds gilets pare-balles, ils barraient les accès du terminal, le temps de neutraliser un « colis suspect ».Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attaques à Paris : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Des perquisitions étaient en cours à Molenbeek-Saint-Jean, une des municipalités de la Région de Bruxelles, samedi 14 novembre, en fin d’après-midi, et quatre hommes ont été arrêtés, selon nos informations.L’opération est liée à l’enquête sur le volet parisien des attaques de vendredi soir à Paris et à Saint-Denis. Selon une source policière en France, les enquêteurs ont bon espoir d’avoir remonté le fil d’une deuxième équipe de tireurs, qui serait parvenue à s’enfuir vers la Belgique, dans la nuit de vendredi à samedi.Les policiers français ont découvert, non loin du lieu des fusillades, une voiture dotée de plaques belges, ayant pu servir aux terroristes. Dès vendredi soir, un témoin avait indiqué au Monde qu’une voiture utilisée par l’un des tireurs de la rue Bichat portait une plaque minéralogique belge. Dans la voiture, un ticket de parking émis à Molenbeek a été retrouvé.Un quotidien belge, La Dernière Heure, affirme samedi soir que trois des auteurs des attentats de Paris étaient originaires de Molenbeek-Saint-Jean. Les descentes de police visaient, selon le journal, à retrouver des éléments sur les trois terroristes présumés dans les logements qu’ils occupaient.Foyer de l’islamisme radicalMolenbeek est, depuis de longues années plusieurs années, l’un des foyers de l’islamisme radical et plusieurs jeunes ont quitté la commune pour rejoindre les zones de combat syriennes. Les assassins du commandant Ahmed Shah Massoud, opposant au régime des talibans, y avaient fréquenté une mosquée radicale. Et, tout récemment, le tireur du Thalys, neutralisé avant qu’il ait et le temps de mettre ses projets à exécution, y avait résidé.Ces informations n’ont pas été évoquées par le premier ministre Charles Michel, qui réunissait un conseil de sécurité samedi matin. Elles auraient toutefois été discutées avec les services de sécurité.Le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders a indiqué de son côté, à la RTBF, que deux Belges figuraient parmi les victimes des attentats de Paris. Il s’agirait de deux Liégeois qui habitaient à proximité du Bataclan. Le ministre n’a, lui non plus, pas voulu réagir à l’information selon laquelle une voiture des terroristes portait une plaque belge.Pas de réaction officielle non plus du ministre de l’intérieur, Jan Jambon. Il a seulement précisé que les autorités judiciaires belges travaillaient en liaison avec leurs homologues français. Il a, en revanche, déclaré que le niveau de la menace terroriste dans le pays ne serait pas relevé pour le moment.La police se livrera cependant à des contrôles renforcés, notamment lors du match amical de football entre les équipes nationales belge et espagnole, mardi 17 novembre, à Bruxelles. Les services de sécurité ont été invités à une vigilance accrue, notamment aux frontières et dans les aéroports. Et le premier ministre a conseillé à ses concitoyens de ne pas se rendre à Paris actuellement.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Au terminal 2 de l’aéroport Charles-de-Gaulle, le plus grand calme régnait samedi 14 novembre, au lendemain des attentats qui ont endeuillé Paris. Pourtant, les attaques terroristes ont des conséquences indirectes sur le fonctionnement du terminal. Une file interminable de passagers en partance s’étire dans le hall de l’aérogare. « En raison de la réintroduction du contrôle aux frontières, tous les passagers doivent passer par le contrôle des passeports, et l’aéroport n’est pas dimensionné pour cela », explique Christophe Lamartinie, chef d’escale de la Lufthansa à Roissy. Les passagers, comme ce groupe de Chinois en transit pour l’Allemagne, doivent prendre leur mal en patience. « Une à deux heures de queue car, en plus, les vols ont été retardés à cause des mesures de sécurité renforcées », ajoute Corine, employée au comptoir de la compagnie grecque Agean.Suivez notre live sur la situation à ParisS’il n’y a pas de ruée visible des touristes pour fuir Paris, les candidats au départ ne manquent pourtant pas. « Ce matin, une dizaine de passagers américains qui venaient tout juste de débarquer d’un vol en provenance des Etats-Unis ont voulu repartir chez eux dès leur arrivée à Paris », raconte Peggy, hôtesse au comptoir de la compagnie aérienne américaine United Airlines. Quelques-uns ont appris les attentats à leur atterrissage, « les autres ont reçu un mail de leur patron pendant le vol pour annoncer l’annulation de leur mission et leur ordonner de rentrer » au plus vite, ajoute-t-elle.Mouvement de massePour ces passagers pressés, United a assoupli ses pratiques tarifaires. « Comme c’est une situation spéciale, nous ne faisons pas payer le changement de billets », précise Peggy. Toutefois, ces demandes resteraient exceptionnelles. Elle n’a noté « aucune annulation de vol, ni en provenance des Etats-Unis ni au départ de Paris ». La grande compagnie asiatique Singapore Airlines n’a pas non plus « constaté de mouvement de masse de touristes qui veulent repartir ». « Pas plus que d’habitude ! » Toutefois, tempère son antenne parisienne, les attentats « sont arrivés un vendredi soir alors que [ses] bureaux étaient fermés ». En pratique, avec les vols du soir vers l’Asie, il pourrait y avoir un éventuel afflux de touristes. Mais les « passagers ne se déplacent plus » ou peu jusque dans les aéroports pour modifier leurs vols, explique M. Lamartinie. « Ils téléphonent aux centres d’appels ou passent par Internet », signale le chef d’escale qui ajoute que, pour l’occasion, Lufthansa a choisi, elle aussi, d’appliquer une « politique de goodwill » : à l’instar de sa rivale United, elle ne fait pas non plus payer les changements de vol.Retours précipitésA Roissy, Turkish Airlines est la seule compagnie aérienne à admettre un rush de passagers qui veulent abréger leur séjour en France. Depuis ce matin, « il y en a pas mal, 15 % à 20 % de plus, qui sont venus changer leur billet » pour rentrer avant la date prévue, constate Ylmaz, au comptoir de la compagnie turque. A l’en croire, les candidats au départ sont encore plus nombreux « par Internet ou via les call center ». Selon lui, environ 40 % de passagers supplémentaires par rapport à un jour ordinaire se sont connectés samedi ou ont pris leur téléphone pour changer de vol.Ces retours précipités pourraient être de plus en plus nombreux dans les jours à venir. « Les gens sont en panique, se désole Ylmaz. Des touristes arrivés vendredi pour un week-end de trois jours voulaient déjà repartir chez eux samedi. » Paradoxalement, les policiers semblent moins visibles ques les jours précédents à Roissy. « On voit moins de militaires du dispositif Vigipirate que d’habitude », s’étonne Bastien à l’enregistrement de Turkish Airlines. « On ne les voit plus du tout », renchérit son collègue José. Les policiers étaient pourtant bien là. Engoncés dans de lourds gilets pare-balles, ils barraient les accès du terminal, le temps de neutraliser un « colis suspect ».Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques à Paris : ce que l’on saitLire aussi :Attaques à Paris : « J’ai senti comme un pétard qui explosait dans mon bras »Lire aussi :Attaques à Paris : les questions que vous nous posezLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.11.2015 à 11h40 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un fond noir, une goutte de sang qui perle et ce titre : « Je suis Paris ». La « une » du quotidien Il Tempo, samedi 14 novembre, donne le « la » à toute la presse qui se partage entre la stupeur, le chagrin et la colère comme en atteste le titre de Libero : « Salauds d’islamistes ». Le quotidien évoque, dans un article de première page, une attaque « au cœur du modèle multiculturel français ». « Depuis cette nuit, écrit Massimo Nava du Corriere della Sera, nous savons ce qu’est une guerre au cœur d’une grande ville. Depuis cette nuit, on sait qu’on peut mourir à Paris, comme à Bagdad, Beyrouth ou Tripoli. L’Europe revit en direct la tragédie du 11-Septembre. »« La liberté est plus forte que la barbarie »« La France est encore une fois sous les tirs du djihad, analyse, Renzo Guolo, pour La Repubblica. Mais, cette fois, il ne s’agit pas de la rédaction d’un journal ou d’un supermarché casher, symbole de l’hostilité des islamistes radicaux, mais de bars, de salles de concert, des considérés par les fanatiques comme des lieux de perdition. » « L’Europe est le nouveau front de la guerre en Syrie », commente Maurizio Molinari pour La Stampa.Suivez notre live sur la situation à ParisDans une intervention solennelle samedi matin prononcée dans l’enceinte du Palais Chigi, le président du conseil, Matteo Renzi, a annoncé qu’une réunion d’urgence aurait lieu en fin de matinée au siège du ministère de l’intérieur afin de relever le niveau d’alerte et de sécurité. « Les terroristes ont touché la France, mais également l’Europe en plein cœur », a-t-il dit. Il a également assuré que, « comme tous les Italiens, je suis sûr que les terroristes ne gagneront jamais. La liberté est plus forte que la barbarie ». Cette bataille, a-t-il prévenu, « durera des mois, voire des années ».L’Italie, cible du djihad ? En début de semaine, deux événements se sont déroulés qui accréditent cette hypothèse. Un juif orthodoxe a été poignardé au visage par un inconnu dans une rue de Milan. La police italienne a procédé à l’arrestation de membres, résidant dans la Péninsule, d’un groupe d’islamistes radicaux dirigés depuis la Norvège. La proximité du début de l’année sainte (à partir du 8 décembre) met en alerte les services italiens. Plusieurs millions de pèlerins sont attendus dans les rues de Rome à cette occasion.Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques à Paris : ce que l’on saitLire aussi :Attaques à Paris : « J’ai senti comme un pétard qui explosait dans mon bras »Lire aussi :Attaques à Paris : les questions que vous nous posezLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nathalie Guibert et Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Durant toute la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre, les sympathisants de l’Etat Islamique (EI) ont bruyamment célébré sur les réseaux sociaux le carnage perpétré dans les rues de Paris et de Saint-Denis sous le hashtag #Parisbrûle. Mais l’organisation en tant que telle n’a pas prononcé un mot, n’a pas émis le moindre communiqué de revendication. C’est vers elle pourtant que se tournent tous les regards au lendemain de l’attaque terroriste la plus meurtrière que la France ait jamais endurée. Parce que le mode opératoire rappelle la déjà sanglante équipée des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, les auteurs de l’attaque contre Charlie Hebdo et le supermarché casher de la porte de Vincennes, au mois de janvier. Mais plus profondément, parce que la France, pour de multiples facteurs, qui tiennent à sa sociologie, ses valeurs et sa relation passée et présente au Proche-Orient, constitue une cible rêvée, quasi exemplaire, pour l’organisation djihadiste.Lire : Suivez notre live sur la situationLa raison la plus apparente tient à l’engagement de Paris dans la coalition anti-EI conduite par les Etats-Unis. Si la France ne s’est mise à bombarder les positions des extrémistes en Syrie que sur le tard, en septembre de cette année, elle fut l’un des premiers partenaires de l’offensive américaine, en décidant, dès septembre 2014, de bombarder des cibles en Irak. Le dispositif de cette double opération, baptisée « Chammal », comprend 700 militaires, avec 12 avions de chasse basés aux Emirats arabes unis et en Jordanie. L’Elysée a annoncé le doublement de ce potentiel, avec l’envoi dans le golfe Persique, le 18 novembre, du porte-avions Charles-de-Gaulle.Politique anti-Assad intransigeanteL’engagement français comprend aussi une centaine de conseillers et des forces spéciales, qui sont déployées en Irak, auprès des peshmergas kurdes à Erbil et au sein de la sixième division d’infanterie à Bagdad. Vendredi 13 novembre, les Kurdes, appuyés par l’aviation américaine, ont d’ailleurs réussi à bouter les djihadistes hors de la ville de Sinjar, à l’ouest de Mossoul. Une victoire importante, susceptible de faciliter l’offensive attendue contre Rakka, la « capitale » syrienne de l’EI, mais que les tueries de Paris ont complètement éclipsée.Au total, en un an, avec 280 frappes en Irak, la France a contribué à 4 % des bombardements de la coalition. L’essentiel de sa contribution consiste en des vols de reconnaissance. La priorité de l’état-major demeure l’engagement contre les « groupes armés terroristes » au Sahel, qui mobilise 3 500 soldats.Mais l’extension à la Syrie du domaine d’intervention des Rafale et des Mirage français a radicalisé le face-à-face entre Paris et les djihadistes. Justifiée au nom de la « légitime défense », elle intègre une traque des recrues françaises de l’EI, qui menacent de revenir en France commettre des attentats. Comme l’a révélé Le Monde, le deuxième des trois raids anti-EI réalisés à ce jour par l’aviation tricolore en Syrie, dans la nuit du 8 au 9 octobre, contre un camp d’entraînement de Rakka, visait entre autres un ressortissant hexagonal. Très précisément, Salim Benghalem, un trentenaire de Cachan (Val-de-Marne) qui, aux dires des services de renseignement, officie comme « responsable de l’accueil des Français et des francophones au sein de l’Etat islamique ».Paris, gardien honni du « temple Sykes-Picot » Paradoxalement, la France, pays le plus exposé en Europe à cette confrontation, est aussi, de toutes les puissances occidentales engagées au Proche-Orient, le plus prosunnite et le plus favorable à l’opposition syrienne. Si l’on en croit les témoignages des rescapés du Bataclan, les assaillants de la salle de spectacle parisienne ont justifié leur action par « ce que fait la France en Syrie ». Or depuis le début de la crise dans ce pays, en 2011, celle-ci n’a pas dévié d’une politique anti-Assad intransigeante. En sus de l’aide fournie aux rebelles et de son opposition, sur la scène diplomatique, à toute solution qui ne prévoirait pas une mise sur la touche du tyran syrien, Paris fut, en août 2013, le plus chaud partisan de frappes contre Damas, en représailles à l’attaque chimique menée quelques jours plus tôt contre la Ghouta, la banlieue de la capitale syrienne.L’interdiction du voile intégral dans l’espace public nourrit un ressentiment fondateur chez les extrémistesSi ce positionnement n’émeut pas l’organisation au drapeau noir, qui prétend pourtant défendre l’honneur sunnite face aux menées de l’Iran dans la région, c’est parce que Bachar Al-Assad est un adversaire négligeable – voire même utile, dans la mesure où il combat ses rivaux sunnites – par rapport à son but ultime, la restauration d’un empire islamique perdu. Et à ce titre, la France fait encore une fois figure d’ennemi privilégié. Dans la logorrhée djihadiste, Paris est le gardien honni du « temple Sykes-Picot ». Cet accord secret, signé en 1916, a acté le démantèlement de l’empire ottoman et le partage de ses dépouilles entre Paris et Londres, sous la forme d’Etats aux frontières arbitrairement dessinées. En tant qu’ancienne puissance coloniale, défenseur de l’intégrité du Liban, un Etat créé, là encore, par ses soins, en soutien aux minorités chrétiennes du Levant, et allié de l’Etat d’Israël, la France est ce pays que les djihadistes aiment haïr, presque autant que les Etats-Unis.A cela s’ajoute un ensemble de valeurs, au premier rang desquelles la laïcité, qui heurte de front le credo des extrémistes. Pour beaucoup d’entre eux, l’interdiction du voile islamique intégral dans l’espace public nourrit un ressentiment fondateur, qui a conditionné leur relation à la France. La présence, au sein de sa population, d’une importante communauté musulmane constitue un ultime aimant pour les djihadistes. Le sentiment de relégation sociale qu’éprouve une partie de ses membres leur offre une porte d’entrée rêvée, un terreau potentiellement fertile. Comme en Irak et au Liban, où il vise principalement les chiites, pour les dresser contre les sunnites, l’Etat islamique joue, avec un plaisir pervers, sur les fractures sociales et identitaires françaises.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteBenjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les Décodeurs  Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques à Paris : ce que l’on saitLire aussi :Attaques à Paris : « J’ai senti comme un pétard qui explosait dans mon bras »Lire aussi :Attaques à Paris : les questions que vous nous posezLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Les DécodeursJournaliste au Monde Jacques Follorou C’est une première en France en matière d’attentat. Plusieurs kamikazes se sont fait exploser, dans la soirée du vendredi 13 novembre, au terme d’assauts meurtriers menés aux abords du Stade de France, à Saint-Denis, et dans cinq lieux à Paris, rue de la Fontaine-au-Roi, rue Bichat, boulevard Voltaire, rue de Charonne et dans la salle de spectacle du Bataclan, après la prise en otage du public. Ces attaques, dites « complexes », au regard de modus operandi en plusieurs étapes, sont inspirées d’une forme de violence ayant cours depuis plusieurs années dans des zones de conflit telles que l’Afghanistan, l’Irak ou la ­Syrie, où règne une forme de ­violence dont la France se croyait jusqu’alors protégée.L’attaque « complexe » type, telle qu’elle est mise en application en Asie du Sud ou au Proche-Orient par des groupes insurgés, cumule plusieurs actions afin de dérouter les futures victimes en associant très souvent le commando suicide et l’assaut arme à la main. Lors de montages plus ambitieux, elle peut combiner plusieurs attaques simultanées contre un même lieu ou contre des endroits distincts. Les cibles sont minutieusement choisies pour le symbole qu’elles incarnent, mais les personnes qui s’y trouvent sont souvent tuées au hasard et pour leur seule présence dans ces lieux. Le but est de faire le maximum de victimes et de frapper les esprits par la peur.La police scientifique a rapidement pu identifier les corps des kamikazes coupés en deux au niveau des ceintures d’explosifsSelon les premiers éléments de l’enquête de flagrance conduite par le parquet, notamment sur les quatre assaillants qui ont pénétré dans les locaux du Bataclan, ces derniers portaient des ceintures d’explosifs en entrant dans l’établissement. Ils ne les ont déclenchées que lors de l’assaut des forces de l’ordre. Seul un des quatre assaillants ne parviendra pas à se faire sauter. Il a été tué par les hommes de la brigade de recherche et d’intervention lors de l’assaut.Auparavant, ces quatre hommes se sont appliqués à tuer leurs victimes par balles au moyen d’armes automatiques, en tirant soit sur les gens à terre, soit sur ceux qui tentaient de fuir. « Leur intention était clairement de mourir en martyr », analyse un enquêteur mobilisé tout au long de la nuit sur les lieux du drame.Comme sur des scènes de crime identiques en Irak ou en Afghanistan, la police scientifique a rapidement pu identifier les corps des kamikazes coupés en deux au niveau des ceintures d’explosifs. Un constat similaire a pu être fait aux abords du Stade de France concernant l’un des corps des ­assaillants.Les assaillants se déplaçaientL’autre nouveauté de ce type d’attaque sur le sol français porte, selon certains magistrats anti­terroristes parisiens, sur la simultanéité des attaques qui a permis aux autorités, très vite dans la soirée, de considérer qu’elles étaient confrontées à une attaque terroriste de grande ampleur et dont on pouvait craindre le pire. La panique et la confusion sont grandement accrues lorsque les lieux d’attaque sont ainsi démultipliés. Le manque d’information a été d’autant plus grand que plusieurs assaillants se déplaçaient pour semer la terreur et ne se contentaient pas de viser un seul endroit.Les services de renseignement avaient, en théorie, envisagé un tel scénario. « Lorsque j’étais à la tête de la Direction centrale du renseignement intérieur, nous avions envisagé ce type d’attaque contre des gares, des stades ou des salles de spectacle », rapporte au Monde Bernard Squarcini, qui a dirigé le service de 2008 à 2012. « Il ne s’agit pas d’un acte aveugle, cette attaque complexe s’inscrit dans un contexte politique particulier, celui de la COP21 qui doit se tenir dans deux semaines. »L’histoire contemporaine des attentats commis sur le sol français reflète un lent glissement vers cette forme d’attentat propre à des pays où sévissent des ­guerres asymétriques entre des puissances technologiques et des opposants dépourvus de moyens et sacrifiant leur vie pour provoquer le maximum de dégâts humains. Mais le mouvement s’est accéléré depuis le début du conflit syrien en 2011, la France craignant, comme d’autres grandes démocraties occidentales, le moment où des djihadistes ayant combattu dans ce pays reviennent en Europe pour y commettre des attentats.Violence inéditeComme un signe avant-coureur, la proximité entre les frères Saïd et Chérif Kouachi, les deux auteurs de l’attaque, le 7 janvier, contre les locaux de Charlie Hebdo, à Paris, et Amedy Coulibaly, qui a mené, seul, celle contre une épicerie cacher, a pu laisser penser qu’une forme de concertation aurait pu exister en amont. L’enquête ne l’a pas démontré formellement à ce jour. Mais les liens sont avérés. Entre 2010 et ce début d’année 2015, sur le seul territoire français, les frères Kouachi et leurs amis de la filière dite des « Buttes-Chaumont » (19e arrondissement de Paris) poursuivaient leur radicalisation, achetaient des armes et entretenaient des contacts avec des proches ayant choisi de combattre en ­Syrie ou en Tunisie dans les rangs djihadistes.L’année précédente, le 24 mai 2014, Mehdi Nemmouche, revenant de Syrie via la Thaïlande et l’Allemagne, assassinait quatre personnes au Musée juif de Belgique, à Bruxelles. Agissant seul, il présentait certaines similitudes avec Mohamed Merah, auteur, deux ans plus tôt, des tueries des 11, 15 et 19 mars 2012 à Toulouse et à Montauban. Le premier avait été geôlier en Syrie dans les prisons de l’Etat islamique. Le second avait tenté l’aventure djihadiste en Afghanistan et dans les zones tribales pakistanaises, avant de revenir en France. Leur évolution ne s’était pas faite sans les encouragements et le soutien d’un entourage islamiste radical, mais leurs actions restaient individuelles.Ce type d’attaque associe très souvent le commando-suicide et l’assaut arme à la mainLes attentats à la bombe artisanale de l’été 1995 et 1996, commis dans les transports parisiens, montraient un mode opératoire propre ressemblant à une signature. Unité de lieu, choix d’une heure de forte affluence, utilisation d’une bouteille de gaz et de clous. Cette campagne d’attentats avait été commanditée par les émirs algériens du GIA associés à des petites mains françaises, natives de la région lyonnaise.Ce terrorisme restait cependant circonscrit à certains réseaux connus des services de renseignement et a pris fin dès que leur ­démantèlement a été rendu possible. Il n’avait, en rien, le caractère massif des vagues djihadistes qui irriguent la Syrie et qui ont fini par submerger les filets antiterroristes et importer sur le sol français une forme de violence inédite.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.11.2015 à 07h50 • Mis à jour le14.11.2015 à 12h17 | Laurent Borredon « Nous sommes plus proches du prochain attentat que du dernier », affirmait, à la fin d’octobre, un haut responsable policier, à l’unisson de tous les spécialistes. Il ne prenait pas beaucoup de risques, mais n’imaginait sans doute pas une attaque de l’ampleur de celle qui a touché, dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre, Paris et Saint-Denis.Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques à Paris : ce que l’on saitDepuis les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, à Paris, les 7 et 9 janvier, le dispositif antiterroriste a été largement remodelé : loi renseignement en juin, état-major opérationnel de prévention du terrorisme (EMOPT) placé directement auprès du ministre de l’intérieur en juillet. Mais, face à la détermination de l’Etat islamique et à l’imprévisibilité de certains islamistes radicalisés, aucun policier ni responsable du ministère de l’intérieur n’a jamais cru au « risque zéro ».« Chaque jour, nous procédons à la mise hors d’état de nuire d’individus désireux de frapper notre pays. La fragilité psychologique, voire psychiatrique, de certains d’entre eux facilite le passage à l’acte. Et il peut y avoir des gens qui passent à travers les mailles du filet. C’est pourquoi nous les resserrons davantage en confortant nos services », assurait le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, dans L’Express, le 1er juillet.Depuis janvier, dans cinq dossiers terroristes, les mis en examen ont reconnu un projet de frapper la France, dont des salles de concert. Dernier cas en date, à Toulon, il y a quelques jours.« Moyens humains supplémentaires »Les nouveaux attentats de Paris se sont produits un peu plus d’un mois après l’entrée en vigueur de plusieurs mesures phares de la loi sur le renseignement, notamment l’autorisation de nombreuses techniques spéciales d’enquête pour les services : sonorisation des lieux privés, surveillance informatique en temps réel, etc.Il est donc encore beaucoup trop tôt pour juger de leur efficacité – ou de leur inefficacité – dans la détection et le suivi des terroristes présumés. Quelques heures avant les attentats, une source judiciaire prévenait encore : « Nous n’avons pas assez de recul sur la loi renseignement, il faudra attendre quelques mois. »De même, les créations de postes annoncées par Manuel Valls après les attentats de janvier – 1 400 à l’intérieur, 950 à la justice, 250 à la défense – ne sont pas encore effectives. Elles le seront d’ici à la fin du quinquennat. Côté intérieur, M. Cazeneuve a précisé la répartition devant les députés, le 29 octobre :« Cinq cents postes supplémentaires au sein de la DGSI [direction générale de la sécurité intérieure] sur la période – ce qui porte à 1 000 le nombre de postes créés dans cette direction d’ici à la fin du quinquennat ; 500 postes au sein du service central du renseignement territorial (SCRT) ; 100 postes au sein de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) ; 106 postes au sein de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) ; 60 postes au sein de la police de l’air et des frontières (PAF) (…) ; enfin, 40 emplois au sein du service de la protection des personnalités (SDLP). »« Cela permettra à nos services, qui étaient à la peine, de disposer de moyens humains supplémentaires pour faire face au risque terroriste », a-t-il ajouté.Des services « à la peine »En interne, tous les responsables reconnaissent donc que les services sont toujours « à la peine », pour reprendre l’expression du ministre, face à l’afflux de dossiers à traiter. « La DGSI suit spécifiquement ce que nous appelons le “haut du spectre”, c’est-à-dire les individus les plus dangereux », a assuré M. Cazeneuve à Libération, le 12 novembre. Mais le haut du spectre, dans le contexte actuel, est large. Plus de 1 500 personnes sont aujourd’hui impliquées dans des filières du djihad en Syrie ou en Irak, et donc suivies judiciairement ou administrativement. La section judiciaire seule de la DGSI traite 169 dossiers, qui correspondent à 370 interpellations. Et le fichier des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), créé en mars et classé secret défense, compte plus de 11 000 noms.La DGSI est donc débordée. A Roissy, par exemple, où elle doit traiter les retours de Syrie, ses agents sont exclusivement mobilisés par leurs tâches judiciaires – c’est-à-dire le traitement du haut du spectre, les djihadistes de retour dont le cas est jugé immédiatement « judiciarisable ». Ailleurs, les difficultés sont les mêmes, et la rapidité de transmission de l’information en souffre. « En général, quand ils préviennent qu’un de leurs “clients” à l’intention de filer en Syrie, on s’aperçoit qu’il y est déjà », explique un policier d’un autre service.Car, et c’est la grande différence avec l’avant-Charlie, et encore plus avec l’avant-Merah, la circulation de l’information entre les services fonctionne désormais. Entre la DGSI et le renseignement territorial (ex-RG), d’abord. Ce dernier service, chargé du « renseignement de proximité », a été considérablement renforcé depuis 2012, de 1 900 à 2 200 personnes. Même les gendarmes sont aujourd’hui davantage intégrés au circuit – une nécessité, alors qu’un certain nombre de personnes suivies sont également présentes en zones rurales, par volonté de discrétion.Concurrence entre servicesEn revanche, l’état-major opérationnel de prévention du terrorisme (EMOPT) laisse les policiers sceptiques. Le ministre de l’intérieur avait découvert, dans les heures qui ont suivi l’attentat à Charlie Hebdo, la forte capacité des différents services de renseignement et de police judiciaire au mieux à s’ignorer, au pire à se nuire. Conséquence : des ratés au démarrage de l’enquête, des fuites d’information désordonnées… Désireux de remettre les choses en ordre, il avait obligé chaque service à s’asseoir autour de la même table, dans la salle du « fumoir », place Beauvau, sous son autorité directe. Ce moment, dont l’importance est relativisée par bon nombre de hauts responsables policiers, n’en est pas moins devenu un élément-clé de la mythologie cazeneuvienne.Pour perpétuer cet esprit et garder le contrôle, le ministre a donc souhaité créer un état-major permanent placé sous sa tutelle directe – au risque de s’exposer politiquement en cas d’échec. Une douzaine des fonctionnaires de la DGSI, du SCRT, de la DRPP, de la PJ, de la gendarmerie travaillent sous l’autorité d’un préfet. « Sur les 4 000 individus suivis pour radicalisation ou terrorisme, il ne doit plus y avoir de loupé. Nous devons savoir, sur chaque suspect, ce qui a été fait à son sujet dans le passé et quel service travaille désormais sur lui », précisait-on, en juillet, Place Beauvau.Le problème, c’est que ce n’est pas la première fois qu’une structure de « coordination » et « d’échange d’informations » est créée. Il y a déjà l’unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), chargée « de la coordination opérationnelle des services appelés à lutter contre le terrorisme » depuis 1984. Et puis il y a les mesures post-Merah prises par Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur : une multiplication de « cellules de coordination ». Tout ce petit monde doit désormais cohabiter – et le risque que la concurrence entre services se mue en concurrence entre coordinateurs est réel…Une « double menace »Dans un entretien à Paris Match particulièrement sombre, l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic s’alarmait, le 30 septembre :« J’ai acquis la conviction que les hommes de Daech [Etat islamique] ont l’ambition et les moyens de nous atteindre beaucoup plus durement en organisant des actions d’ampleur, incomparables à celles menées jusqu’ici. Je le dis en tant que technicien : les jours les plus sombres sont devant nous. La vraie guerre que l’EI entend porter sur notre sol n’a pas encore commencé. »Prophétique, le magistrat, aujourd’hui en poste à Lille, continuait :« La France est, de fait, confrontée à une double menace. Celle du déferlement de ce que j’appelle les “scuds” humains du djihad individuel, ces hommes qui passent à l’action sans grande formation ni préparation, agissant seuls, avec plus ou moins de réussite, comme on a pu le voir ces derniers temps. Et celle, sans commune mesure, que je redoute : des actions d’envergure que prépare sans aucun doute l’EI, comme celles menées par Al-Qaida, qui se sont soldées parfois par des carnages effroyables. »Rien n’aura donc pu empêcher la réalisation de cette sinistre prédiction.Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques à Paris : ce que l’on saitLire aussi :Attaques à Paris : « J’ai senti comme un pétard qui explosait dans mon bras »Lire aussi :Attaques à Paris : les questions que vous nous posezLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Laurent BorredonJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.11.2015 à 13h31 • Mis à jour le19.11.2015 à 16h45 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre belge, Charles Michel, a rejeté, jeudi matin, les accusations à peine voilées de la France contre son pays pour son inefficacité présumée dans la détection des terroristes qui ont commis les massacres de Paris. « Je n’accepte pas les critiques qui ont visé à dénigrer nos services de renseignement belges » a déclaré le chef du gouvernement lors d’une réunion extraordinaire de la chambre des députés consacrée aux attentats.Dans le même temps, la police belge procédait à sept nouvelles perquisitions à Molenbeek, et dans d’autres communes bruxelloises. Une personne a été arrêtée, d’après le parquet fédéral belge, dans le cadre d’une enquête ouverte au début de l’année sur Bilal Hadfi, l’un des kamikazes du Stade de France, le 13 novembre.Actions « exécutées par des cellules franco-belges »« Dès la nuit de vendredi à samedi, les autorités judiciaires belges et françaises ont travaillé main dans la main et, à Saint-Denis, un attentat a été empêché notamment grâce aux informations fournies par les services belges », a poursuivi le premier ministre.Il avait commencé son intervention en nuançant les propos de François Hollande sur des actions « décidées en Syrie, préparées en Belgique, exécutées en France » pour dire plutôt qu’elles avaient été « décidées en Syrie et exécutées par des cellules franco-belges ».M. Michel a voulu remercier les enquêteurs belges et souligner que son pays avait arrêté et condamné 160 personnes pour des faits de terrorisme au cours des derniers mois. « Des attentats ont été déjoués, des vies ont été sauvées », a-t-il répété.EnquêteDes questions continuent cependant de se poser quant à d’éventuels dysfonctionnements de services qui connaissaient une partie des auteurs des attentats mais ne les ont pas arrêtés à temps. « Comment ont-ils pu leur échapper ? », interroge Meryame Kitir, chef de l’opposition socialiste flamande.Lire aussi :Les failles de la lutte antiterroristeLe ton était toutefois à l’union nationale jeudi matin. Les discours ont témoigné d’un soutien, assez rare, de toute l’assemblée à l’action du gouvernement. Le « Comité R », qui chapeaute et contrôle les services de renseignement, a lancé une enquête qui satisfait tous les groupes. Il devra toutefois déposer son rapport rapidement, dans deux mois au maximum, demande Laurette Onkelinx, ancien ministre de la justice et chef du groupe socialiste.M. Michel a annoncé un budget supplémentaire de 400 millions d’euros pour la lutte contre le terrorisme. Son plan d’action s’articule autour de quatre axes : le renforcement des moyens humains et techniques des services de police et de renseignement, « l’éradication » des appels à la haine, un meilleur ciblage des individus potentiellement dangereux et une action au niveau international.Fichier des combattants étrangersLe gouvernement devrait adopter une loi sur la fermeture des sites radicaux sur le Web et entend faire fermer des mosquées. Il veut aussi enquêter sur le financement de certaines d’entre elles et mieux contrôler les imams. Une commission parlementaire spéciale pour la lutte contre le terrorisme sera créée.Un fichier des combattants étrangers devrait être établi – « enfin ! », ajoutent certaines sources – et les combattants rentrant de Syrie seraient d’office incarcérés avant, pour certains, d’être libérés à titre probatoire, un bracelet électronique au poignet.La Belgique va aussi mettre au point son propre fichier des données passagers (PNR), en espérant qu’il sera un jour incorporé dans un dispositif véritablement européen, en cours de négociation. Au plan judiciaire, on note des réformes importantes : la garde à vue pourra être portée de vingt-quatre à soixante-douze heures dans des affaires de terrorisme et les perquisitions pourront être menées vingt-quatre heures sur vingt-quatre.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériensM. Michel prône encore un contrôle strict aux frontières extérieures de l’espace Schengen, sous peine, dit-il, de voir celui-ci s’effondrer. Il dit enfin la « totale détermination » de son pays à combattre Daech et réclame « une large coalition internationale » agissant « si possible » dans le cadre d’un mandat de l’ONU.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.11.2015 à 10h47 • Mis à jour le19.11.2015 à 14h18 « Il est plus que jamais nécessaire que l’Europe adopte le texte sur le PNR (…) c’est une condition de notre sécurité collective. » A l’Assemblée nationale, jeudi 19 novembre, lors de la présentation du projet de loi prolongeant l’état d’urgence, Manuel Valls a insisté sur la nécessité que revêt à ses yeux le PNR, le Passenger Name Record.La Commission européenne promet quant à elle, comme le Conseil européen, une accélération des discussions sur le PNR, pour un accord avant la fin de l’année.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériensA quoi servirait le PNR ?Acronyme de « Passenger Name Record », « registre des noms de passagers », le PNR est un projet de vaste fichier recensant l’identité de tous les passagers des avions circulant, entrant ou sortant de l’espace européen. Les données seraient conservées durant cinq ans.Le projet prévoit que les services de renseignement européens puissent accéder à ce vaste fichier, mais donnerait également accès à ces données à certains pays alliés, au premier chef les Etats-Unis.D’où vient ce projet ?Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient exigé que les Européens leur communiquent les données personnelles des passagers des vols transatlantiques, et les intègrent dans leur propre base de données de passagers.Après une longue bataille diplomatique et juridique, les Etats-Unis finissent par l’emporter : en avril 2012, le Parlement européen ratifie l’accord PNR euro-américain, grâce aux voix des socialistes et du PPE (centre-droit). Les libéraux, les verts, et la gauche radicale votent contre, estimant que les garanties de protection des données de citoyens européens sont largement insuffisantes.Forts de ce premier succès, plusieurs Etats membres, dont la France, demandent alors à la Commission européenne de préparer un projet de PNR européen. Or, cette fois, la commission parlementaire « Libé » (libertés civiles, justice et affaires intérieures), au sein de laquelle les verts et les libéraux sont très actifs, réussit à bloquer le projet, et demande à la cour européenne de justice de statuer sur sa conformité avec la convention européenne des droits de l’homme.Le scandale des programmes de surveillance de masse de la NSA américaine, révélés par Edward Snowden, était venu renforcer le camp des opposants.Où en est-il aujourd’hui ?Après les attentats de janvier 2015, la France avait relancé le projet PNR. Au lendemain des attaques, Bernard Cazeneuve estimait déjà qu’un tel accord était « indispensable ».En juillet, la commission des libertés civiles du Parlement européen a finalement adopté un projet de la Commission dont la première version date de… 2011. Mais les eurodéputés établissent aujourd’hui un parallèle entre ce projet et celui sur la protection des données, qui concerne essentiellement la collecte d’informations par les entreprises : la durée de conservation des données sur les passagers (identité, itinéraire, mode de paiement…) et leur protection restent autant de points d’achoppement.Plus de la moitié des Etats européens se sont dotés d’un PNR national. Le problème, c’est que ces fichiers ne sont pas interconnectés, ce qui limite leur efficacité face à des réseaux criminels transnationaux.Lire aussi :Les ratés de la coordination antiterroriste en EuropeLa réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur, convoquée vendredi 20 novembre à Bruxelles, à la demande de Paris, doit, selon les Français, atteindre plusieurs objectifs : des progrès rapides sur le PNR, un meilleur contrôle des armes à feu et la systématisation des contrôles aux frontières extérieures de l’Union pour les Européens rentrant dans l’espace Schengen.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériens Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) A la suite de la tuerie au siège de Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher, en janvier, Bruxelles avait vivement réagi déjà, disant sa volonté d’agir. La Commission avait promis de réactiver une proposition de directive PNR (Passenger Name Record, fichier des données des passagers aériens) et de renforcer la coopération avec les géants du Web pour faire la chasse aux sites djihadistes. Finalement, rien ou presque n’a bougé.Cette fois, la Commission promet, comme le Conseil, une accélération des discussions sur le PNR, pour un accord avant la fin de l’année. Le projet de directive a finalement été approuvé cet été par la commission des libertés du Parlement, qui l’avait longtemps bloqué. Mais cette version finalisée est en retrait par rapport au souhait de plusieurs Etats, dont la France.Lire aussi :Lutte contre le terrorisme : qu’est-ce que le PNR, le fichier sur les passagers aériens ?Au Parlement européen, les deux principaux partis de l’hémicycle, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates ont échangé des propos très acides sur le PNR. « Un PNR européen aurait dû être mis en place depuis 2011. Combien d’autres tragédies faudra-t-il pour convaincre les sociaux-démocrates et libéraux du Parlement européen d’agir ? », a demandé Alain Lamassoure, du PPE, lors d’un point presse à Bruxelles.« Utiliser la tragédie pour vouloir gagner des voix par le mensonge est, humainement, parfaitement méprisable. Nous serons contraints de continuer de travailler avec le groupe PPE sur ce dossier, seul moyen de dégager une majorité, mais ils doivent savoir que leur cynisme nous révulse », a répondu le groupe social-démocrate dans un communiqué.« Ce n’est pas un instrument magique, mais c’est un instrument important de traçabilité des personnes suspectes », rappelle, pour sa part, dans un entretien au « Monde », Arnaud Danjean, eurodéputé conservateur (Les Républicains), spécialiste des questions internationales et de défense.« Quand on voit aujourd’hui qu’un des principaux instigateurs des attentats de Paris a pu se balader entre la Syrie, la Belgique et la France, pendant des mois voire des années, ce PNR aurait pu nous être utile ! », insiste-t-il.Sourde oreilleLa réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur, convoquée vendredi 20 novembre à Bruxelles, à la demande de Paris, doit, selon les Français, atteindre plusieurs objectifs : des progrès rapides sur le PNR, un meilleur contrôle des armes à feu et la systématisation des contrôles aux frontières extérieures de l’Union pour les Européens rentrant dans l’espace Schengen. Mais, sur ce dernier point, la Commission, très réticente dès qu’on parle de « changer » Schengen, semble vouloir faire la sourde oreille.Bruxelles espère relancer le projet d’un système de « contrôle intelligent » aux frontières ou la création d’un centre de contre-terrorisme européen. Le collège de la Commission a par ailleurs adopté mercredi une série de propositions législatives pour renforcer le contrôle des armes et interdire la détention de certaines armes semi-automatiques. Les registres nationaux seraient interconnectés, et le refus d’octroi d’armes à certains individus communiqué entre Etats membres.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mathilde Damgé Mercredi 18 novembre, le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé la création d’une commission spéciale chargée de combattre le financement du terrorisme dans le cadre du renforcement de la lutte contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI).Cette annonce fait suite aux conclusions de l’enquête sur la destruction en vol le 31 octobre au-dessus du Sinaï d’un avion charter russe qui effectuait la liaison entre Charm El-Cheikh, en Egypte, et Saint-Pétersbourg, destruction qui serait le résultat de l’explosion d’une bombe.Dimanche, après les attentats ayant endeuillé la région parisienne, la France a demandé, par l’entremise de son ministre des finances, Michel Sapin, lors du G20 en Turquie, « des décisions concrètes en matière de lutte contre le financement du terrorisme ».L’heure semble donc être à l’action. Selon plusieurs études, l’EI aurait la main sur des actifs dont le montant est estimé à 2 000 milliards de dollars (1 800 milliards d’euros), chiffre qui intègre notamment la valorisation des richesses globales des zones qu’il contrôle dont les ressources pétrolières et gazières. Il peut également revendiquer des revenus annuels de 2,9 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros). A titre de comparaison, le budget des talibans par exemple est évalué entre 53 millions et 320 millions de dollars, et celui du Hezbollah entre 160 millions et 363 millions de dollars.Quelles sont les sources principales de financement du groupe terroriste ?Les chiffres sont donnés en dollars américains pour faciliter les comparaisons (entre les chiffres eux-mêmes et entre les différentes sources compulsées).L’esclavage et les rançonsL’esclavage concerne surtout les minorités (yézidis, shabaks, chrétiens assyriens… quand ils ne peuvent pas payer la taxe spéciale qui leur est infligée) et tout particulièrement les femmes.Selon la liste qu’a diffusée une employée de l’Organisation des nations unies, les sommes demandées vont de 40 dollars à 165 dollars, dans un ordre proportionnellement inverse à l’âge.Le groupe terroriste se finance aussi avec les rançons extorquées aux proches des otages, aux gouvernements (même s’ils s’en défendent) et aux sociétés d’assurance, des rançons dont les revenus équivaudraient jusqu’à 10 millions de dollars par mois, selon certaines évaluations.Les « taxes » localesSur les territoires qu’il contrôle, l’EI pratique l’extorsion et impose des taxes aux populations locales. Tout particulièrement les fonctionnaires encore payés par les autorités de Bagdad, en Irak, et de Damas, en Syrie (taxés à 50 %), ce qui génère 300 millions de dollars par an. Une taxe de 5 % serait en outre prélevée sur tous les salaires des zones où l’EI est établi.Il diversifie ses revenus en taxant systématiquement tout passage (camions, convois humains) aux frontières qu’il contrôle ; la banque de crédit de Rakka est chargée de collecter 20 dollars tous les deux mois auprès des commerçants ; il s’attribue en outre les fruits des cultures des plaines à l’est d’Alep (coton, céréales…). Selon le rapport du service de recherche du Congrès américain, même les élèves sont taxés (chaque mois, 22 dollars en primaire, 43 en secondaire, 65 à l’université).L’Etat islamique d’Irak, avant d’être Etat islamique en Irak et au Levant, prélève depuis plusieurs années 8 millions de dollars par mois dans la seule région de Mossoul.Le pétroleUne dizaine de champs de pétrole seraient aux mains de l’EI. Cet « or noir », qui représenterait 44 000 barils par jour en Syrie et 4 000 en Irak, est revendu à prix cassés.A 30 dollars le baril (il est à 45 sur les marchés financiers), cela constitue une manne d’environ 1,4 million de dollars par jour, soit plus de 500 millions de dollars par an.Une enquête du Financial Times publiée en octobre a montré comment l’EI parvenait à maintenir une chaîne de production en dépit du contexte politique et d’installations vieillissantes. Les raffineurs viennent se fournir auprès des puits contrôlés par l’EI, les camions-citernes formant des queues longues de 6 kilomètres. Le pétrole est ensuite vendu localement ou en Turquie.Autres ressources, le gaz, les mines de phosphate et les usines de ciment (dont une appartenant à l’entreprise française Lafarge) offrent des débouchés financiers supplémentaires.Le pillage des banquesA Mossoul, l’un de ses principaux fiefs en Irak, l’EI s’est aussi accaparé les ressources de la banque centrale en juin 2014. Ces ressources représentaient environ 500 milliards de dinars irakiens, soit 450 millions de dollars. L’organisation aurait également dérobé les ressources en or des autres banques des régions qu’elle contrôle.Les œuvres d’artLes amateurs d’objets archéologiques, qui dans le monde entier achètent des pièces pillées en Syrie et en Irak, « participent au financement du groupe Etat islamique et donc du terrorisme », a assuré vendredi 13 novembre à Paris le directeur général des Antiquités et des musées de Syrie, Maamoun Abdulkarim.Selon des calculs du Wall Street Journal, la vente d’antiquités et d’œuvres d’art en provenance de ces régions procurerait environ 100 millions de dollars par an à l’EI.Mardi, François Hollande a annoncé des mesures contre le trafic d’œuvres d’art massivement pratiqué par l’EI pour financer ses opérations terroristes.« En ce moment même, l’organisation terroriste Daech délivre des permis de fouille, prélève des taxes sur les biens qui vont ensuite alimenter le marché noir mondial, transitant par des ports francs qui sont des havres pour le recel et le blanchiment, y compris en Europe. »Face à ces pratiques, la France va instaurer un « droit d’asile » pour les œuvres d’art menacées provenant en particulier de Syrie et d’Irak. Cette disposition figurera dans la loi « liberté de la création » que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, doit faire voter au Parlement.Le blanchimentLes transactions bancaires signalées dans le cadre de la loi antiblanchiment des Etats-Unis ont produit cette année un nombre croissant d’alertes relatives à des transactions financières pouvant impliquer l’EI.Mardi, les banques américaines ont annoncé qu’elles épluchaient leurs transactions à la recherche de liens éventuels avec des suspects des attentats du 13 novembre. Selon Gerald Roberts Jr, qui dirige la section Opérations de financement du terrorisme du FBI, à l’occasion d’une conférence de l’American Bankers Association :« Certaines des meilleures informations dont nous disposons sur les réseaux actifs d’EI (…) viennent de chez vous. »Le financement extérieurLes services de renseignement irakiens ont récemment récupéré 160 clés USB dans la cache d’un cadre du mouvement, clés renfermant notamment des informations inédites sur l’état des comptes.Pour le premier ministre irakien, la situation est claire : « Nous tenons [l’Arabie saoudite] responsable des aides financière et morale que les groupes [insurgés] reçoivent », a déclaré mardi Nouri Al-Maliki.En France, les autorités n’accusent pas directement des pays tiers mais posent la question de financements privés issus de certains pays. Manuel Valls, à la veille de sa rencontre avec le premier ministre du Qatar, mardi, déclarait :« Le pouvoir en Arabie saoudite comme au Qatar lutte contre Daech, ça, c’est incontestable et je n’ai pas de raison de douter aujourd’hui de l’engagement de ces deux gouvernements. Reste la question de l’ensemble de ces financements [à propos d’éventuels financements privés du terrorisme dans ces pays]. Nous ne pourrions accepter aucun élément qui participe du financement de ce terrorisme contre nous. »Par ailleurs, l’organisation devenant une « franchise », les djihadistes eux-mêmes peuvent fournir de l’argent à l’organisation : provenant de 110 pays différents (Tunisie et Arabie saoudite en tête), les multiples têtes de l’EI sont autant de relais d’un financement organisé à l’échelle mondiale.Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.11.2015 à 21h15 • Mis à jour le19.11.2015 à 12h13 | Luc Leroux (Marseille, correspondant) Une jeune femme musulmane voilée a été agressée, mardi 17 novembre, en plein centre-ville de Marseille, et, le lendemain, un professeur d’histoire d’une école juive portant une kippa a été frappé et blessé avec un couteau dans les quartiers nord de la ville. Le chef de l’Etat François Hollande a appelé jeudi à une réaction « impitoyable » après ces deux agressions.Les auteurs de ces deux agressions n’ont pas été interpellés, mais les services d’enquête disposent d’images vidéo montrant deux jeunes hommes en scooter à proximité des lieux de l’agression du professeur de l’école juive. Ils ont été rejoints par un troisième qui a filmé l’agression sur son portable.Lire aussi :Menaces d’attentat : de faux SMS affolent Toulouse, Lyon et Toulon« On va d’abord t’amocher, on te tuera après », s’est entendu dire l’enseignant du centre Yavné, le plus important des seize établissements scolaires juifs de Marseille. Agé de 56 ans, l’homme a été abordé par deux jeunes en scooter qui lui ont montré, l’un une photo de Mohamed Merah sur son portable, l’autre un T-shirt à l’effigie de Daech sous son blouson.Frappée au visage, la victime a été tailladée aux jambes et aux bras, mais ses blessures sont peu profondes et l’enseignant a quitté les urgences de l’hôpital Laveran après les premiers soins. « Il va bien, autant qu’on puisse aller bien après une telle agression », a précisé Michèle Teboul, présidente du CRIF Marseille-Provence. Ses enfants l’ont retrouvé en état de choc, assis sur le trottoir devant son domicile.Les agresseurs ont été mis en fuite par l’arrivée de très nombreuses patrouilles de police sur les lieux de l’agression, le quartier Saint-Just, dans le 13e arrondissement de Marseille.« Il n’y a pas de psychose »La veille, au métro Castellane, en plein cœur de Marseille, une jeune femme portant le voile mais le visage dégagé avait été agressée par un homme dissimulant son visage sous une capuche. « Tout ça, c’est de votre faute, c’est à cause de vous ce qui est arrivé », a-t-il lancé à la jeune femme en lui arrachant son voile. Celle-ci n’a eu que le temps de répondre : « Je n’ai rien à voir là-dedans » avant d’être frappée. L’agresseur, âgé d’une vingtaine d’années, a alors tenté de lui porter des coups de cutter. Les images vidéo montrent que l’agresseur a suivi pendant un moment la jeune musulmane.« Pris isolément, ces actes islamophobe et antisémite sont odieux et ignobles, mais, précise Laurent Nunez, préfet de police, ces agressions préoccupantes, traitées par les services d’enquête de façon équilibrée, interviennent cependant dans le contexte général d’une ville calme. Il n’y a pas de psychose à Marseille et assez peu de provocations. »« Environnement hostile »Jointe mercredi soir par le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, la présidente du CRIF confie toutefois son inquiétude. Le 24 octobre, à proximité du commissariat situé sur la Canebière, un rabbin et un petit groupe d’amis se rendant à la grande synagogue avaient été agressés par un passant porteur d’un couteau. Trois personnes avaient été blessées. Les victimes, certaines ensanglantées, avaient poursuivi leur chemin jusqu’à la synagogue où elles avaient été secourues.« Des gens étaient à la terrasse des cafés et ne les ont pas aidés, déplore Mme Teboul. Ils ont senti un environnement tellement hostile qu’ils ont pensé ne trouver de salut qu’à la synagogue. » L’auteur, connu des services de police, a été placé en détention et sera jugé le 9 décembre. Une expertise psychiatrique a été réclamée par la justice.Luc Leroux (Marseille, correspondant)Journaliste au Monde 18.11.2015 à 17h47 • Mis à jour le18.11.2015 à 18h06 L’Etat islamique (EI) a annoncé l’exécution de deux otages – un Chinois et un Norvégien –, deux mois après avoir réclamé une rançon pour leur libération, selon la dernière édition du magazine de propagande de l’organisation djihadiste publiée sur Internet mercredi 18 novembre.Dans son numéro 12, le magazine Dabiq publie les photos des corps des deux otages présumés au visage ensanglanté, frappées d’un grand bandeau jaune sur lequel est écrit : « Exécutés après avoir été abandonnés par les nations et les organisations infidèles. »Lire aussi :Un Chinois et un Norvégien détenus par l’EISous le titre « Le sort de deux prisonniers », il montre l’image de deux hommes les yeux bandés puis la tête ensanglantée, visiblement tués par balle. Le 10 septembre, l’EI avait annoncé pour la première fois détenir ces deux otages, sans préciser quand et où ils avaient été enlevés.La Norvège avait exclu de payer une rançonLe groupe djihadiste s’était, sur deux pages de son magazine, adressé à toute personne « qui voudrait payer une rançon pour la libération et le transfert » des deux hommes « à vendre », dont la photo était publiée.La Norvège avait alors confirmé l’enlèvement d’Ole Johan Grimsgaard-Ofstad, un de ses ressortissants, peu après son arrivée en Syrie, à la fin de janvier, mais avait exclu de payer une rançon.Agé de 48 ans, le Norvégien, affilié à l’Université norvégienne de sciences et de technologie, à Trondheim (dans l’ouest de la Norvège), avait annoncé le 24 janvier sur Facebook être arrivé à Idlib (dans le nord-ouest de la Syrie). On ignorait les raisons de sa présence là-bas. La Chine avait elle aussi admis qu’un de ses ressortissants était probablement aux mains de l’EI.L’otage chinois avait été présenté par l’EI comme étant Fan Jinghui, un consultant de 50 ans. L’EI, qui utilise les images de ses exactions comme élément de propagande, a par le passé diffusé des vidéos montrant la décapitation de plusieurs otages, notamment occidentaux, soigneusement mise en scène par les bourreaux. 18.11.2015 à 10h06 • Mis à jour le18.11.2015 à 15h39 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) « Ils ne montraient pas de signe d’une possible menace. » C’est ce qu’a indiqué, mercredi 18 novembre, le parquet fédéral belge à propos des deux frères Abdeslam, Brahim et Salah. L’un s’est fait exploser à Paris vendredi 13 novembre et l’autre est toujours recherché. La police belge avait interrogé les deux frères Abdeslam avant les attentats.Brahim « a essayé d’aller en Syrie mais il n’a réussi à aller qu’en Turquie », a déclaré le porte-parole du parquet Eric Van der Sypt, confirmant des propos au site Politico. « Il a été interrogé à son retour, et son frère aussi », a ajouté M. Van der Sypt, en parlant de Salah. Il n’a pas précisé de dates concernant ces interrogatoires.Brahim n’a pas été poursuivi à son retour de Turquie car « nous n’avions pas de preuve qu’il participait aux activités d’un groupe terroriste », a aussi expliqué le porte-parole du parquet.« Nous savions qu’ils étaient radicalisés et qu’ils pourraient se rendre en Syrie (mais) ils ne montraient pas de signe d’une possible menace », a poursuivi le magistrat. « Même si nous les avions signalés à la France, je doute qu’on aurait pu les arrêter », a-t-il ajouté, confirmant ainsi que les deux frères n’avaient pas été signalés aux services de renseignement français.« Se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés »Les services de l’antiterrorisme belges ont-ils commis des erreurs et auraient-ils pu prévenir les attentats de Paris ? « Nous ne disons pas qu’ils savaient que les auteurs qui vivaient à Molenbeek-Saint-Jean étaient de dangereux extrémistes. Mais s’ils savaient, il faut se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés », indique Stefaan Van Hecke, député du parti écologiste flamand Groen.Le Comité R, un organe de contrôle qui surveille les services au nom du Parlement et du gouvernement, a ouvert spontanément une enquête sur le fonctionnement de la Sûreté de l’Etat et du service général du renseignement et de la sécurité (la sûreté militaire). Des députés demandent que le Comité P, qui contrôle la police, se voie confier une mission similaire : des informations sur la radicalisation sont également en possession des polices locales, de la police fédérale et des douanesLire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Ces investigations viseraient à déterminer les renseignements dont disposaient exactement les différents organes chargés de la sécurité, et s’ils les ont échangées entre eux et avec les services étrangers. C’est l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace qui doit analyser et évaluer ces informations. Il y a quelques semaines, son directeur, un ancien procureur, a démissionné de cette structure critiquée. Le Comité R lui reprochait notamment d’avoir transformé son service en une structure de renseignement concurrente.Lire aussi :Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats tué à Saint-DenisAttitude consensuelle de l’oppositionLes commentaires et les insinuations de responsables français sur les possibles lacunes des services belges n’ont pas suscité de réactions officielles. Le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, a renvoyé la balle vers Paris en soulignant que Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Belgique à Bruxelles, en mai 2014, était passé à travers les mailles de la surveillance française.S’il y a eu d’autres failles en France, il pourrait toutefois y en avoir eu en Belgique, notamment parce qu’il est avéré que la police connaissait des membres des attentats de Paris installés à Bruxelles. L’ancien maire de Molenbeek, le socialiste Philippe Moureaux, a souligné « l’échec » des services de renseignement. « Vous comprendrez bien que si les Belges ne nous préviennent pas, on ne peut rien faire », confiait, lundi 16 novembre, une source policière française à l’AFP.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Un débat parlementaire devait avoir lieu jeudi 19 novembre. Le premier ministre, Charles Michel, qui a bénéficié jusqu’ici de l’attitude consensuelle de l’opposition, devrait annoncer de nouvelles mesures. La menace dans le pays est passée au niveau 3 (sur une échelle de 4), et quelque 300 militaires supplémentaires sont mobilisés pour la surveillance des gares, des aéroports et des bâtiments officiels.Après l’attentat contre le Musée juif et le démantèlement d’une cellule terroriste à Verviers, en janvier, le gouvernement avait annoncé une série de décisions. Une bonne partie d’entre elles n’est pas concrétisée et le cadre de la Sûreté de l’Etat est privé de 150 agents, sur les 750 que celle-ci devrait compter.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier et Manon Rescan Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La France doit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »Etienne : quelle est la réalité du soutien saoudien aux milices djihadistes qui sévissent dans le monde entier du Mali à la Syrie ? On parle beaucoup de son rapport ambigu avec ceux-ci, et pour autant elle coopère avec les Occidentaux dont elle partage certains objectifs (chute de Khadafi, d’Al-Assad…). Peut-on y voir une lutte d’influence au sein du monde musulman, dans laquelle nous ne serions que des pions ?Sophie Bessis. Avant de répondre directement à cette question, il faut faire un historique de l’exportation par l’Arabie, depuis une quarantaine d’années, de son islam, qui est l’islam sunnite wahhabite. En effet, l’Arabie saoudite pratique, sous la dynastie des Saoud, la forme d’islam la plus rigoriste, la plus sectaire et la plus obscurantiste des différentes écoles de l’islam sunnite. Pendant longtemps, d’ailleurs, le wahhabisme a été considéré par le reste de l’islam sunnite comme une secte.Le début de la puissance de l’Arabie saoudite commence avec la découverte de son pétrole, et cette puissance augmente considérablement à partir du début des années 1970 avec le premier choc pétrolier en 1973 et le second en 1979. L’Arabie saoudite se retrouve alors à la tête d’une fortune considérable qu’elle va mettre au service de la propagation de l’islam wahhabite à travers le monde musulman.Cette tendance s’accentue à partir de la révolution islamique iranienne de 1979. Dès lors, l’Arabie saoudite emploie tous les moyens possibles pour contrer la montée en puissance de l’influence de l’Iran dans le monde musulman. 1979 est également une autre date, celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Et l’on assiste, à partir de cette année-là, à un renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour combattre les Soviétiques en Afghanistan et l’influence iranienne au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a dès lors massivement financé et soutenu les mouvements antisoviétiques les plus radicaux en Afghanistan, à commencer par Oussama Ben Laden qui a, avec d’autres, mené le djihad antisoviétique, également soutenu et financé par les Etats-Unis.Au total, l’Arabie saoudite a dépensé des dizaines de milliards de dollars dans l’ensemble du monde musulman pour construire des mosquées, former des imams, financer des écoles coraniques enseignant cette forme particulière d’islam. Avec cette force de frappe financière considérable, elle a pu faire progressivement de ce qui était une secte ultraminoritaire dans le monde musulman la forme dominante de l’islam sunnite aujourd’hui.Depuis 1979 au moins, l’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds des mouvements extrémistes sunnites, armés ou non. Par la suite, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe, avec des modalités différentes, ont financé des mouvements extrémistes, armés ou non, dans l’ensemble du monde musulman.François : quels sont les éléments financiers, diplomatiques, stratégiques… qui justifient nos liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite ?La fortune de l’Arabie saoudite a pour cause première l’addiction des économies occidentales aux hydrocarbures. Depuis 1945, les Etats-Unis ont fait du royaume saoudien leur allié principal dans la région. Les pays européens ont fait de même. Avec les réserves d’hydrocarbures les plus importantes de la planète, l’Arabie saoudite est un acteur primordial du marché pétrolier mondial.Ayant accumulé, surtout depuis 1973, un immense pactole, l’Arabie saoudite, ainsi que de petits émirats comme le Qatar, sont devenus des acheteurs très importants de l’industrie des pays occidentaux et ont investi une partie de leurs fonds souverains dans de nombreuses sociétés occidentales stratégiques. Enfin, la France est devenue en 2015 le deuxième exportateur mondial d’armement grâce à ses ventes aux monarchies pétrolières. L’Arabie saoudite en 2015 a en outre financé l’achat par l’Egypte des 24 avions Rafale et des deux navires que Paris n’avait pas pu vendre à Moscou en raison de la guerre en Ukraine.Mo : n’est-ce pas une erreur de mettre le Qatar et l’Arabie saoudite sur le même plan, alors que la seconde semble porter une responsabilité plus grande que la première ?L’Arabie saoudite et le Qatar présentent effectivement des différences non négligeables, de taille d’abord. La première est un pays vaste peuplé de 30 millions d’habitants dont environ 25 % d’étrangers. Le Qatar est une toute petite principauté essentiellement peuplée d’étrangers, le nombre de Qataris s’élevant à 300 000 personnes. Mais le Qatar est extrêmement riche du fait de ses réserves quasiment inépuisables de gaz. Il a par ailleurs construit un fonds souverain extrêmement puissant qui a investi dans de très nombreuses entreprises occidentales.Le Qatar et l’Arabie saoudite ont en commun d’être les deux seuls pays musulmans à avoir comme religion officielle le wahhabisme. Pour autant, ils n’ont pas toujours les mêmes stratégies. Depuis 1995, le Qatar tente d’avoir une influence internationale bien plus importante que ses dimensions : diplomatie médiatique avec la chaîne de télévision Al-Jazira, diplomatie financière grâce à son fonds souverain. Le Qatar a essentiellement privilégié tous les mouvements appartenant à la galaxie des Frères musulmans.L’Arabie saoudite a en revanche davantage soutenu les mouvements se réclamant de la mouvance salafiste. Quelles que soient leurs différences, ces deux pays ont été dans le monde arabe les principaux soutiens des mouvements fondamentalistes musulmans. On sait le rôle que l’un et l’autre ont joué dans le passage de la contestation syrienne en 2011 à la rébellion armée.Dominique : est-il réaliste de penser que la France peut vraiment avoir un impact si elle est seule à revoir sa diplomatie avec l’Arabie ? Il faudrait au minimum une résolution européenne.De toute façon, la France n’a pour l’instant aucune intention de revoir les relations privilégiées qu’elle entretient avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ses diplomates et ses responsables s’évertuent à dégager ces deux pays dans l’expansion du djihadisme. Et la dépendance financière française vis-à-vis d’eux reste extrêmement importante. Sur ce chapitre, la faiblesse de la France est de brandir, quand elle est attaquée sur son sol, les valeurs universelles des droits humains, mais c’est d’avoir comme allié dans la région des Etats qui en sont les plus grands violateurs dans le monde.La France doit comprendre que son discours auprès des peuples du Maghreb et du Moyen-Orient demeurera inaudible tant que sa diplomatie restera aussi éloignée de son discours. Quant à l’Europe, politiquement, elle n’existe pas. Les positions divergentes des pays européens sur la constitution d’une grande coalition anti-Daech, qui existe d’ailleurs déjà, l’ont montré une nouvelle fois.Lire aussi :Nos alliés les SaoudMarie : l’Arabie saoudite empêche-t-elle le développement de la démocratie et de la laïcité dans le monde arabe ? Si oui, comment ?Bien entendu, l’action de l’Arabie saoudite est un obstacle de taille à la sécularisation dans le monde arabe. Le financement massif par ce royaume d’une prédication extrémiste dotée de moyens considérables a ralenti, voire stoppé dans certains pays les tendances à la sécularisation qui se développaient depuis les indépendances. Il faut citer les cas des pays du Maghreb, de l’Egypte notamment, où la prédication d’imams importés de la péninsule Arabique ou formés dans les écoles saoudiennes ont renforcé les tendances les plus conservatrices au sein de l’opinion de ces pays.Les chaînes satellitaires des monarchies du Golfe jouent également un rôle très important dans le formatage des opinions du monde arabe. Or, cette propagande considère que toute entreprise de sécularisation relève de l’athéisme ; elle propage une version que l’on peut qualifier d’obscurantiste du message coranique.Il est donc clair que le rôle joué par les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite en particulier a été un important facteur de régression et de ralentissement du processus de sécurisation à l’œuvre dans le monde arabe.Enora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. William Audureau Vendredi 20 novembre, Xavier Bertrand invitait « l’imam Google » et les géants du Web à « se sentir mobilisés » dans la lutte contre la propagande djihadiste en ligne. « Un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur Internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser », a estimé le candidat aux régionales en Nord – Pas-de-Calais – Picardie.Le Monde a souhaité mettre à l’épreuve les propos de Xavier Bertrand : en tapant par exemple « se convertir à l’islam » sur Google, sur quel genre de site tombe-t-on ?Des portails neutres... officiellementIls s’appellent IslamdeFrance.fr, IslamReligion.com, GuideMusulman.com, Sajidine.com ou encore IslamHouse.com. Ce sont, hors vidéos, les cinq sites les mieux référencés sur Google. Premier constat, leur nom est générique, donne une vision a priori ouverte et neutre de l’islam, ce que souligne Sadijine.com, qui sur la page « Qui sommes-nous ? » revendique :« Nous tenons à rappeler que le site Sajidine ne se prétend d’aucune tendance et n’entend favoriser aucune d’entre elles. Il appelle et se réclame d’un Islam simple, clair et net. Sans étiquette ni accessoire dans notre statut de musulman. »Guidemusulman.com se présente d’ailleurs comme un annuaire d’adresses pratiques pour les musulmans, des restaurants halal aux mosquées, mais aussi un code promo pour Conforama. « Nous ne donnons pas de “fatwas” [avis juridiques] ni d’avis religieux d’une quelconque manière que ce soit », prévient-il en dépit de sa page de conseil de conversion.Tout juste se présente-t-il comme un site tenu par « des musulmans sunnites » – soit la branche majoritaire de l’islam. Il renvoie cependant, en matière de conseils religieux, vers un autre site très conservateur.Lire : Quelle différence entre sunnites et chiites ?Une approche ultraorthodoxe de l’islamA l’exception d’IslamdeFrance.com, ces différents portails renvoient en effet à une approche dogmatique et ultra-orthodoxe de l’islam. Celle du salafisme, un courant rigoriste fondé sur une interprétation littérale du Coran, en pleine expansion en France depuis quinze ans, notamment chez la seconde génération de fils d’immigrés et les convertis.Lire aussi :L’inquiétante expansion du salafisme en FranceSur Sajidine.com, prétendument neutre, la rubrique des questions-réponses révèle ainsi une lecture ultrarigoriste de l’islam : il y est déconseillé de se marier avec une chrétienne, ni avec une musulmane s’écartant d’une approche littéraliste du Coran (« des hérésies »), ne portant pas le hijab, ou même exerçant une profession.Sur IslamReligion.com, un service de conversation en ligne permet d’échanger avec un « conseiller du site ». Interrogé par Le Monde sur la branche de l’islam de laquelle se revendique le site, notre interlocuteur botte en touche.Sur un ton prophétique et menaçant, il évoque d’abord « 73 [groupes religieux] dont 72 iront en enfer et un seul au paradis. Ce groupe rassemblera les fidèles à la sunna [le dogme et les pratiques édictées par le prophète Mahomet] ». Puis devant notre insistance : « Nous sommes des sunnites, simplement. » Ce n’est qu’au bout de trente minutes d’échanges que le conseiller admettra son obédience salafiste, et précisera que les autres courants « ne sont pas faux ». Un réseau tissé depuis l’Arabie saouditeSi certains noms de domaine ont été déposés à Roubaix, siège du géant du Net français OVH, un coup d’œil aux mentions légales en bas de page permet toutefois d’apprendre que derrière son nom passe-partout, IslamReligion.com appartient par exemple au réseau du bureau du prêche de Riyad, en Arabie saoudite.Le royaume abrite deux des lieux cultes de l’islam, Médine et La Mecque, et est surtout le berceau du wahhabisme, une vision puritaine de l’interprétation du Coran. La monarchie en soutient la diffusion, à travers la formation d’imams et le financement de campagnes de prosélytisme en ligne, dont elle tient un décompte annuel.IslamHouse est le plus clair sur ses origines : l’article « Comment se convertir à l’Islam » est explicitement présenté comme ayant été « publié par le bureau de prêche de Ryad ». Il s’agit de l’un des rares sites à assumer sa filiation avec l’Etat saoudien. Opposition à l’idéologie djihadisteEn revanche, ces sites vantant un islam rigoriste condamnent fermement sa déviance djihadiste. « L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme », corrobore Islam-guide. « Tuer des gens, faire s’exploser, tuer des femmes et des enfants, et dire que l’on est salafi ? Non, c’est un assassin, c’est un criminel. […] Cela n’a rien à voir avec le djihad, ce sont des ignorants et des malades », explique Sadjidine.com.Le salafiste est en effet majoritairement quiétiste et opposé à l’idéologie djihadiste, le takfirisme.Lire aussi :Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirismePar ailleurs, le site apparaissant en premier dans les résultats de recherche de Google, islamdefrance.fr, est de loin le plus libéral. Aux personnes envisageant une conversion, il conseille avant tout la réflexion et la pondération : « C’est une partie de notre vie tout entière que l’on risque de changer en adhérant à l’islam. Toute précipitation dans la conversion est donc à proscrire. » William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Manon Rescan et Enora Ollivier Dans un tchat sur Le Monde. fr, Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions sur le thème suivant : la réplique militaire est-elle une réponse adaptée à l’organisation Etat islamique [EI] ?KMatt : la réponse militaire attaque l’EI sur le territoire qu’il contrôle et c’est une situation délicate… Leur influence s’étend plus loin que leur territoire. En effet, comment lutter contre les idées extrémistes proférées en France qui ont amené certains Français à commettre les actes barbares du 13 novembre 2015 ?Camille Grand : la réponse militaire n’est évidemment pas la seule réponse nécessaire et ne saurait être suffisante. Pour lutter contre des organisations comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], un travail politique et diplomatique est indispensable, de même qu’une lutte contre les phénomènes de radicalisation dans nos sociétés ou au Moyen-Orient.Hélène : je voudrais savoir dans quelle mesure le président avait le droit et la légitimité de frapper la Syrie sans consulter le peuple ni même le Parlement ? Est-ce pour lui donner ce droit que l’état d’urgence a été « proclamé » ?En droit français, le président de la République peut décider seul d’une opération militaire, même si, depuis la réforme de la Constitution, le Parlement doit se prononcer pour approuver ces opérations. C’est ce qui a été fait dans le cadre de l’opération « Chammal » et des frappes en Irak et en Syrie. La France a justifié cette opération sur deux fondements : la demande du gouvernement irakien, et la légitime défense face à la menace terroriste.Ameson : ne pensez-vous pas que les destructions d’habitations et les morts de civils innocents ne vont pas pousser une petite partie de la population syrienne à se rallier à l’Etat islamique ? Comment est perçue l’arrivée des forces françaises et russes par les citoyens syriens ?La question des « dommages collatéraux » touchant la population civile doit être prise très au sérieux. Cela explique en particulier le caractère très contraint des frappes menées par la coalition occidentale en Irak et en Syrie, qui cherche à éviter le plus possible les pertes civiles, à la différence des frappes russes en Syrie qui semblent beaucoup plus « indiscriminées ». En tout état de cause et afin d’éviter un rapprochement entre la population civile sunnite et Daech, il est important de rester très attentif à cette question des dommages collatéraux.Mike : je voudrais savoir quels sont les groupes, ethnies ou toutes formes d’opposition à l’EI qui seraient capables de reprendre les territoires de l’EI autour de Rakka avec l’approbation de la population locale. Apparemment les Kurdes ne sont pas une solution, donc qui doit-on soutenir au sol si on ne veut pas intervenir nous-mêmes ?Aujourd’hui, en Irak et en Syrie, de nombreux groupes combattent Daech au sol et constituent en quelque sorte les forces terrestres de la coalition contre Daech. Il s’agit, au nord, des forces kurdes, qui ont mené notamment les batailles dans le Sinjar, et, l’an dernier, à Kobané. Il s’agit également des groupes de l’opposition syrienne, qui sont souvent en première ligne face à Daech en Syrie.Il s’agit enfin, en Irak, des forces gouvernementales appuyées par les milices chiites, qui ont reconquis d’ores et déjà une partie du territoire irakien. En revanche, les forces fidèles à Bachar Al-Assad ne sont que ponctuellement engagées dans des combats avec Daech. Malheureusement, la coordination de toutes ces forces, qui ont souvent des objectifs antagonistes, reste très difficile, voire impossible.Claude G : qu’attend-on pour frapper l’EI au portefeuille, c’est-à-dire (puisque les circuits financiers semblent inattaquables) en mettant le feu à leurs puits de pétrole, comme ça a déjà été fait dans une autre guerre ?Il s’agit évidemment d’une priorité, une des particularités de Daech étant de disposer de ressources financières très importantes. Cette lutte peut prendre plusieurs formes. Une très militaire avec l’attaque des convois de camions-citernes qui exportent en particulier vers la Turquie le pétrole issu des champs pétroliers contrôlés par l’organisation. Ces frappes sont désormais, et depuis le 13 novembre, régulières et portent un coup sévère à l’une des principales ressources de Daech.D’autre part, dans la lutte contre les circuits financiers, les textes internationaux qui luttent contre le financement du terrorisme permettent en partie de limiter l’accès de Daech à ces circuits. Enfin, la lutte contre les trafics d’antiquités est une dernière priorité.Malheureusement, une part importante des ressources de Daech repose sur l’extorsion des populations sous son contrôle ; ce qui est le plus difficile à maîtriser aussi longtemps que l’organisation contrôlera des villes majeures, comme Mossoul ou Rakka.Yannick : pensez-vous qu’une intervention au sol est nécessaire ? Et dans quelles conditions ?Il est indiscutable que les guerres se gagnent au sol et qu’une campagne aérienne seule est insuffisante pour l’emporter. Dans ce cas d’espèce, on ne chassera Daech des grandes villes d’Irak et de Syrie qu’il contrôle qu’avec des forces terrestres.Aujourd’hui, ces forces terrestres existent. Il s’agit des acteurs locaux kurdes, de l’armée irakienne, des milices chiites et des groupes armés de l’opposition syrienne qui bénéficient tous à des degrés divers du soutien occidental en armes et en formation. Ils ont déjà rencontré de vrais succès tactiques et enrayé la progression de Daech au Levant.Pour aller plus loin, le renforcement et la coordination de ces forces sont indispensables. Je suis en revanche plus prudent à l’idée d’une intervention terrestre occidentale et ou russe, dans la mesure où elle risque de nourrir la propagande de l’Etat islamique sur les « croisés » qui envahissent le Moyen-Orient.Lecteur LMat : le fait de « se coaliser » avec la Russie, ne revient-il pas effectivement à « se coaliser » avec le régime de Bachar Al-Assad, responsable, rappelons-le, de plus de 200 000 morts sur les 250 000 depuis 2011 en Syrie ?Mener des opérations en commun avec la Russie pose effectivement un gros problème politique tout en présentant des avantages militaires. Jusqu’ici, l’intervention russe en Syrie a poursuivi des objectifs largement distincts de ceux de la coalition occidentale, puisque les frappes russes se sont concentrées sur l’opposition à Bachar Al-Assad jusqu’au 13 novembre.L’un des enjeux de la visite de François Hollande à Moscou est de tester la volonté russe de s’engager dans un travail en commun plus poussé, ce qui suppose deux conditions qui ne sont aujourd’hui pas remplies : d’une part, un accord politique minimal sur l’avenir de la Syrie et de Bachar Al-Assad, d’autre part, la définition d’objectifs militaires partagés faisant de la lutte contre Daech la priorité. Tout ceci est hélas loin d’être acquis. Guillaume S. : est-il envisageable de couper physiquement l’accès à Internet à l’Etat islamique dans les zones qu’il contrôle de façon à réduire considérablement sa propagande, la coordination d’attentats à l’étranger, sa logistique, etc. ?Une des forces de l’Etat islamique est sa maîtrise des outils de communication numériques, notamment des réseaux sociaux. Cette organisation est en effet à la fois capable de mener des cyberattaques et fait un usage très actif d’Internet pour sa propagande, son recrutement, etc.Il est possible, et sans doute déjà fait, d’attaquer ses cyberinfrastructures, mais l’agilité de l’organisation et sa capacité à reconstituer très rapidement des comptes fermés ou des sites bloqués rendent ce combat particulièrement difficile à remporter. Il est cependant nécessaire de continuer à le mener tous les jours.Amandine R. : les interventions militaires de 2001 en Afghanistan, de 2003 en Irak, de 2011 en Libye ont montré que non seulement elles ne résolvaient pas les questions de lutte contre le terrorisme (mais plutôt les attisaient sur le long terme) et par ailleurs laissaient les pays concernés dans des situations politiques inextricables, avec un impact durable, y compris sur le plan international. Comment imaginer que le scénario soit meilleur cette fois-ci ?Il est effectivement important de tirer les leçons des interventions passées, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès, mais je crois qu’il est important également de souligner que la non-action peut également avoir un coût important et qu’il est donc nécessaire de bien mesurer ce risque également quand on prend la décision d’intervenir militairement.Lire aussi :A Rakka, l’Etat islamique « se sert des civils comme boucliers humains »Sans intervention terrestre l'EI pourrait être amené à perdurer. Serons nous un jour contraint de dialoguer avec lui? #Penserle13Novembre— PenseesMoyennes (@PenséesMoyennes)require(["twitter/widgets"]);L’EI a une particularité, c’est que cette organisation ne souhaite pas le dialogue avec nous. Son projet politique d’essence radicale, voire totalitaire, est incompatible avec un règlement négocié de la crise.Il est en revanche important de maintenir un contact avec certaines tribus sunnites irakiennes ou syriennes qui sont aujourd’hui proches de Daech, voire alliées. Les détacher de l’EI est un objectif majeur pour la coalition.Pablo : j’entends des personnes dire, ici et là, qu’on ne devrait pas bombarder l’EI car c’est un prétexte pour eux de nous attaquer. Que leur répondre ?Malheureusement, les attaques terroristes de l’EI menacent ou affectent également des pays qui ne sont pas engagés dans des frappes. Il me semble donc possible d’affirmer que la campagne aérienne, menée par la France et une douzaine d’autres pays, contribue davantage à réduire le risque terroriste en s’attaquant au centre de commandement et aux camps de formation de Daech qu’à l’aggraver en nous désignant comme une cible.Je rappelle enfin que les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sont survenues avant que la France ne s’engage en Syrie.Elro : ne serait-il pas temps que l’Etat établisse une stratégie permettant d’aider à la stabilisation du Moyen-Orient plutôt que de donner des coups d’épée dans l’eau ?Une stratégie globale de stabilisation du Moyen-Orient est évidemment nécessaire pour compléter la riposte militaire. Celle-ci doit avoir des objectifs simples et clairs que je résumerai en trois points :Réduire au minimum l’emprise territoriale de Daech qui lui garantit ses ressources et lui permet de contrôler une part importante du territoire de l’Irak et de la Syrie ;Empêcher cette organisation de mener des offensives terrestres dans la région lui permettant de s’installer comme un acteur territorial incontournable ;Empêcher au maximum l’Etat islamique (EI) de monter des opérations terroristes complexes comme les attentats de Paris en frappant ses camps d’entraînement, ses centres de commandement et ses ressources financières.Ces objectifs, plus accessibles que la « destruction » de Daech, me semblent atteignables, sur le modèle de ce qui s’est passé avec Al-Qaida en Afghanistan, cette organisation étant désormais beaucoup moins efficace et donc attractive.Lire aussi :M. Hollande souhaiterait une coordination militaire directe avec Moscou sur le terrain syrienEnora OllivierJournaliste au MondeManon RescanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Les tensions restent vives autour du dossier Renault. Interrogé mercredi 25 novembre, à l’Assemblée nationale, au sujet de la participation de l’Etat dans l’entreprise, le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est voulu clair : « l’objectif de l’Etat en tant qu’actionnaire de long terme, c’est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise ».Pour l’instant, on ne peut pas dire que cet objectif de long terme soit couronné d’un franc succès. Les chiffres de production industrielle du cabinet IHS, dévoilés par Les Échos, en apportent une nouvelle preuve. La France, deuxième vendeur de voitures d’Europe, ne parvient pas à enrayer son déclin industriel. Et Renault, par ses délocalisations, en est largement responsable.Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.Virage raté du haut de gammeTrois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.Lire aussi :Renault : l’Etat monte au capital et ne veut pas être « actionnaire passif »Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Les Décodeurs La guerre du faux continue sur les réseaux. Plusieurs sites et pages Facebook relaient depuis quelques heures des images et des articles affirmant que les bombardements français en Syrie auraient fait des dizaines de victimes, et notamment des enfants.Parmi les clichés les plus fréquents, ce montage de trois images, particulièrement horribles, que nous avons floutées. Mais ces clichés sont tous datés de largement avant les premières frappes françaises en Syrie : le premier apparaît par exemple sur ce tweet de février 2014. (attention, image très choquante). Le second est visible sur ce tweet de juillet (là encore, l’image est très choquante). La troisième est visible sur ce forum dans un billet daté de juin .Les DécodeursJournaliste au Monde Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 06h41 • Mis à jour le26.11.2015 à 11h16 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.11.2015 à 16h04 • Mis à jour le16.11.2015 à 18h21 Quelques heures à peine après la fin des attaques qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre, quelques voix ont commencé à s’élever pour lier ces actes terroristes à la crise des migrants. La découverte d’un passeport syrien près du corps d’un des assaillants qui s’est fait exploser au Stade de France a notamment contribué à alimenter ces propos. Le sujet risque fort d’être relancé à l’occasion du débat qui aura lieu après le discours que François Hollande tient, lundi, devant les 925 parlementaires réunis en Congrès au château de Versailles.Suivez le Congrès sur le compte Twitter de notre journaliste : Tweets de @Bekouz!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Lire : Suivez les événements en directLa présidente du Front national (FN) a plaidé, dimanche soir, pour un rétablissement définitif des contrôles aux frontières, le parti d’extrême droite liant ces attentats à la crise des migrants qui secoue l’Europe depuis plusieurs mois. « Un certain nombre de terroristes se seraient glissés parmi les migrants », assure Marine Le Pen, qui a critiqué la « dissémination de ces migrants dans les villages et les villes de France ».« Des terroristes s’infiltrent »Le Parti de la France, groupuscule d’extrême droite, n’a pas manqué de réagir, dimanche sur son site Internet, en rappelant qu’ils étaient « les seuls à avoir fait l’amalgame, entre ce tsunami migratoire de jeunes hommes en âge de combattre et le terrorisme islamique » et que « le refus d’écouter les nationalistes a coûté la vie à 129 Français ».Le député et maire (Les Républicains) de Nice, Christian Estrosi, qui avait réclamé à l’Europe, à la mi-août sur France Info, des mesures de fermeté et avait estimé que « des terroristes s’infiltrent » parmi les migrants, a plaidé samedi pour que « des contrôles d’identité se mettent systématiquement en place dans les aéroports internationaux et nationaux quand les passagers sont à destination de l’aéroport Nice-Côte-d’Azur ».Réunis dimanche au siège du groupe Les Républicains avec les principales personnalités du parti, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont, de leur côté, exprimé leurs divergences sur « l’unité nationale », défendue par le maire de Bordeaux, le président du parti préférant parler de « solidarité » avec le gouvernement. Un proche de l’ancien chef d’Etat explique :« Pas question d’écouter sagement le pouvoir et de ne rien dire, en laissant penser qu’on serait d’accord sur tout. Ce n’est pas le cas, car on pense que les mesures nécessaires pour faire face à la menace terroriste n’ont pas été prises depuis janvier. Et sinon, cela alimentera une nouvelle fois le discours du FN sur l’UMPS. »Tensions au sein de l’Union européenneLes attentats de vendredi et la découverte d’un passeport syrien près du corps d’un des kamikazes ont relancé les tensions au sein de l’Union européenne sur la politique d’accueil des migrants, les partisans d’une ligne dure, notamment en Pologne et en Allemagne, estimant leurs craintes fondées.Lire aussi :Des responsables européens font le lien entre les attentats de Paris et les réfugiés« Paris a tout changé » et « le temps n’est plus à une immigration incontrôlée », a martelé dans la presse allemande Markus Söder, dont le parti conservateur catholique bavarois CSU critique depuis plusieurs semaines la politique de son alliée la chancelière Merkel à l’égard des réfugiés.Le mouvement islamophobe allemand Pegida a, pour sa part, jugé des attentats en Allemagne inéluctables « si l’on n’arrête pas l’avalanche des demandeurs d’asile, si l’on ne sécurise pas correctement les frontières ».Mais face à eux, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est intervenu dimanche pour défendre la ligne retenue jusqu’alors, assurant qu’« il n’y a pas lieu de revoir dans leur ensemble les politiques européennes en matière de réfugiés ».« Ceux qui ont perpétré les attentats sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l’inverse. »La chancelière Angela Merkel a, elle, plaidé dimanche, en marge du sommet du G20, pour une « répartition équitable » des migrants en Europe, et refusé tout amalgame entre les attentats de Paris et les « nombreux réfugiés innocents ».La ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, a également appelé à « la retenue devant les amalgames entre le terrorisme et les réfugiés ». Soren Seelow Il est encore trop tôt pour établir son degré de responsabilité dans les attentats qui ont fait au moins 129 morts à Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre. Mais les enquêteurs ont désormais une certitude : Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique (EI) au début de 2013, a participé d’une façon ou d’une autre à l’élaboration des attaques simultanées qui ont endeuillé la capitale française.Suivez notre live sur la situation à ParisIl est établi qu’Abdelhamid Abaaoud est un proche de l’un des auteurs présumés de l’attaque : Salah Abdeslam, actuellement en cavale et frère du kamikaze qui s’est fait exploser dans le bar Comptoir Voltaire (11e arrondissement) sans faire de mort. Les deux hommes ont été incarcérés ensemble en 2010 en Belgique pour des affaires de braquage.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Cible potentielle des frappes aériennes françaisesOr Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 28 ans originaire de Molenbeek-Saint-Jean, est une des figures les plus médiatiques du djihadisme belge en raison notamment de son activité sur les réseaux sociaux depuis 2013. Il est par ailleurs considéré depuis plusieurs mois par les services de renseignement français comme l’un des principaux architectes des projets d’attaques visant le sol français.Les enquêteurs le soupçonnent fortement, sans que son degré d’implication puisse être établi avec certitude, d’avoir joué un rôle dans l’attentat avorté contre une église de Villejuif, le 19 avril 2015, un projet déjoué d’attaque contre une salle de concert, dont l’auteur avait été interpellé le 11 août, et l’attaque du Thalys dix jours plus tard, le 21 août. Il était également en contact avec Mehdi Nemmouche, le tueur du Musée juif de Bruxelles du 24 mai 2014.Selon une source proche des services de renseignement, cet individu était considéré comme suffisamment dangereux pour que son nom ait circulé à la fin de septembre comme étant une des cibles potentielles des frappes aériennes françaises.Cerveau présumé d’un réseau démantelé en BelgiqueAbdelhamid Abaaoud, alias Abou Omar Al-Soussi, fait pour la première fois les gros titres de la presse quelques jours seulement après les attentats du 7 janvier contre Charlie Hebdo. Il est en effet considéré comme le cerveau d’un réseau démantelé le 15 janvier à Verviers, en Belgique, dont deux membres avaient été tués par les forces de police belges.Cette cellule projetait de passer à l’acte le 16 janvier et pouvait, selon les écoutes effectuées, compter sur l’appui d’une dizaine d’« étrangers ». Déjà à l’époque, les enquêteurs belges collaboraient étroitement avec divers services européens pour tenter de déterminer jusqu’où s’étendait ce réseau et creuser ses éventuelles ramifications avec la France.Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe 19 avril 2015, Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien, est interpellé après s’être tiré une balle dans la jambe. Il est soupçonné d’avoir assassiné une jeune femme à Villejuif et d’avoir projeté de mitrailler le matin même la sortie de messe d’une église dans la ville.En l’état actuel de l’enquête, Abdelhamid Abaaoud n’apparaît pas avec certitude comme un commanditaire de cette opération. Les enquêteurs le suspectent par contre fortement d’être impliqué dans le projet, explique au Monde une source policière.« Ils cherchent vraiment à frapper la France et l’Europe »Le 11 août, un djihadiste français, Reda Hame, est interpellé à son retour de Syrie. Il reconnaît en garde à vue s’être entraîné pendant six jours dans un camp de Rakka avant d’être missionné pour rentrer en Europe. Cette fois-ci, le nom d’Abdelhamid Abaaoud apparaît de façon explicite. Il est désigné comme le commanditaire qui aurait demandé à Reda Hame de passer par Prague, pour éviter d’être repéré, avant de frapper la France. Il aurait remis au jeune homme une clé USB contenant des logiciels de cryptage et 2 000 euros en lui demandant de viser une cible « facile », telle une « salle de concert », pour « faire un maximum de victimes ».Interrogé durant sa garde à vue sur l’existence d’autres projets d’attaques, Reda Hame avait prévenu les enquêteurs : « Tout ce que je peux vous dire, c’est que cela va arriver très bientôt. Là-bas, c’était une vraie usine, et ils cherchent vraiment à frapper la France et l’Europe. »Dix jours plus tard, un homme est maîtrisé dans un train Thalys alors qu’il s’apprête à faire usage d’une kalachnikov et d’un pistolet automatique Luger. Né à Tétouan, dans le nord du Maroc, le suspect, Ayoub El-Khazzani, avait séjourné quelque temps en Belgique avant de passer à l’acte. Comme dans le dossier de l’église de Villejuif, le nom d’Abdelhamid Abaaoud revient avec insistance sans que son degré d’implication puisse être établi avec certitude. L’assaillant du Thalys aurait été en lien avec une mouvance djihadiste belge proche d’Abdelhamid Abaaoud.L’analyse téléphonique a par ailleurs permis d’établir qu’Abdelhamid Abaaoud avait été en contact avec Mehdi Nemmouche en janvier 2014, quatre mois avant le quadruple assassinat du Musée juif de Belgique, à Bruxelles. Selon le journaliste spécialisé dans les mouvements djihadistes David Thomson, Abdelhamid Abaaoud a d’ailleurs fait partie du groupe de combattants auquel appartenait Mehdi Nemmouche.Des allers-retours entre la Syrie et la BelgiqueLe parcours d’Abdelhamid Abaaoud est une preuve édifiante des ratés des services de renseignement belges. Parti en Syrie au début de 2013, il serait rentré en Belgique à la fin de cette même année en passant par la Grèce pour repartir ensuite sans être inquiété par les autorités belges, explique une source proche du dossier. En mars 2014, il apparaît dans une vidéo de propagande de l’Etat islamique à bord d’un véhicule traînant des cadavres au sol.En février 2015, Abdelhamid Abaaoud s’était vanté dans le magazine de l’Etat islamique Dabiq de ses multiples allers-retours entre la Syrie et la Belgique. Selon David Thomson, il affirme avoir séjourné en Belgique jusqu’à l’attentat déjoué de Verviers, en janvier 2015, qui l’aurait incité à regagner la Syrie… sans être intercepté.La cellule de Verviers a échoué ms cette itw reste une illustration des failles sécuritaires en Belgique et en Europe http://t.co/pd5NBa310G— _DavidThomson (@David Thomson)require(["twitter/widgets"]);Soren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicolas Truong Les armes, le sang, les larmes. Mais comment, au cœur même du recueillement, tenter de penser l’événement ? En questionnant ce nouveau discours de la guerre qui se propage, depuis Paris, à l’échelle planétaire. Car « le terrorisme est la guerre de notre temps », explique l’historien Pascal Ory. Il a même franchi un cran : d’idéologique, le terrorisme est devenu « apocalyptique », explique le politologue Xavier Crettiez, et regarde désormais ses victimes « dans les yeux ».Notre pays comme notre monde est en effet en proie à une terreur postmoderne, qui mêle individualisme radical et fondamentalisme global. D’où la difficulté de mener un combat frontal contre un nomadisme djihadiste pratiqué par une jeunesse nihiliste, au moment même où la guerre classique fait place à des états de paniques militarisées, des assauts armés destinés à provoquer le chaos et à des opérations de police mondialisées.Mais « pour gagner la guerre en France, il faut gagner la paix au Moyen-Orient », remarque le sociologue Edgar Morin, qui rappelle que les forces occidentales sèment également la désolation sur le théâtre des opérations avec leurs drones, bombardements et leurs cohortes de dommages collatéraux. Pacifier la région ainsi que les banlieues européennes de l’islam radicalisé, donc. Mais aussi couper « l’interaction entre ici et là-bas » qui est la « marque de fabrique » de l’Etat islamique, précise le politologue Gilles Kepel.Intervenir au sol, « une folie »Attention cependant à ne pas intervenir au sol, prévient l’historien Jean-Pierre Filiu, ce serait selon lui « une folie » qui fabriquerait des soldats du djihad en série. Face à cette « guerre », la République française ne doit ni être munichoise ni renier les principes cardinaux de son Etat de droit, indique l’historien Jean-Noël Jeanneney, car c’est la seule manière de maintenir au plus haut son refus : « ils ne passeront pas ».La résistance doit être politique, stratégique, mais culturelle aussi. Car ce vendredi 13 novembre, les terroristes ont également tiré sur le Xe et le XIe arrondissement de la capitale, c’est-à-dire un « Paris-monde » désirable, où se côtoient jeunes perdants et gagnants de la mondialisation, barbus bobos et barbus dévots, mais où se fait jour aussi une « puissance de vie » devenue insupportable aux yeux de barbares pétris de ressentiments culturels et sociaux, explique l’écrivain Thomas Clerc.Face à cette tentative de division nationale, cette « guerre civile » à laquelle l’Etat islamique veut nous acculer, la première riposte civique réside dans l’affirmation de l’unité. Nous le devons aux vivants comme aux êtres qui ont disparu, qui sont tombés sous les balles de la barbarie. Car, comme disait le philosophe Walter Benjamin qui connaissait si bien les passages, cafés et lieux de flâneries parisiens, « si l’ennemi vainc, mêmes les morts ne seront pas en sécurité ».A lire sur le sujet:- Pour que cesse la lutte armée en France, il faut gagner la paix au Moyen-Orient, par Edgar Morin (philosophe et sociologue). Seule une pacification générale pourra venir à bout de la violence au Moyen-Orient et désormais la France. Intervenir militairement ne fera qu’aggraver le problème.- Prenons garde à un nouveau Munich!, par Jean-Noël Jeanneney (historien). En des circonstances aussi tragiques, évitons de sombrer dans des illusions réconfortantes, comme croire que jouer l’apaisement suffira à éteindre le conflit. Mais les restrictions de libertés ne devront être que provisoires.- Le terrorisme est la guerre de notre temps, par Pascal Ory (historien). La politique de la terreur menée par les djihadistes est le mode contemporain de la lutte armée, parce qu’il importe la violence militarisée des pays en conflit dans les territoires pacifiés.- Gilles Kepel : « L’Etat islamique cherche à déclencher une guerre civile ». C’est précisément parce que les djihadistes veulent faire vaciller la République que l’unité nationale est la réponse politique adéquate. Mais pour le politologue professeur à Sciences Po, « nous payons aujourd’hui le prix de la cécité de nos élites politiques ».- Ne tombons pas dans le piège tendu par Daech, par Jean-Pierre Filiu, historien. En Syrie, la France s’est efforcée de suivre une voie médiane, qui s’oppose à l’Etat islamique et à Bachar Al-Assad. Rompre avec cette orientation et déclarer la guerre créerait, à coup sûr, un nouvel Irak qui ferait le jeu des terroristes.- Sur les berges du canal Saint-Martin, la terreur s’invite là où Paris vivait en paix, par Thomas Clerc (écrivain). En frappant le 10e, les terroristes ont pris pour cible l’un des quartiers les plus fidèles à l’esprit de Paris, festif, bigarré et ouvert sur le monde.- Paris frappé par un terrorisme apocalyptique, par Xavier Crettiez, professeur de science politique, Université de Versailles- Saint Quentin, Sciences Po Saint-Germain-en Laye. Les attaques ne semblent pas guidées par des motivations politiques ou des choix stratégiques clairs. Un pas de plus a été franchi dans la terreur: exercer une violence sans aucune lisibilité.Nicolas TruongResponsable des pages Idées-DébatsSuivreAller sur la page de ce journaliste Allan Kaval (Erbil, correspondance) et Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) En l’espace de deux semaines, l’Etat islamique (EI) a réussi à détruire un avion russe en vol, ensanglanter un quartier chiite de Beyrouth et semer la terreur dans les rues de Paris. Trois crimes de masse, en quinze jours, contre trois pays différents. Ce tir groupé, hautement spectaculaire, réalisé au moment où son sanctuaire syro-irakien commence à s’effriter, atteste que l’organisation djihadiste change de dimension et de tactique.Pour compenser ses reculs à l’intérieur, conséquence des bombardements américains et des offensives kurdes, elle se projette de plus en plus vers l’extérieur. Cela constitue une inflexion de son credo fondateur qui privilégie la lutte contre « l’ennemi proche » – les chiites et les régimes arabes « impies » – dans le but de s’emparer d’un territoire et d’y restaurer le « califat » islamique. Une feuille de route mise en œuvre entre 2013 et 2014, avec l’éviction des rebelles anti-Assad du nord-est de la Syrie et la prise de deux grosses villes irakiennes, Fallouja et Mossoul, d’où le chef de l’EI, Abou Bakr Al-Baghdadi, s’est proclamé calife.En élargissant aujourd’hui son éventail de cibles, l’organisation se mondialise et se rapproche d’Al-Qaida, son concurrent, dont la lutte contre « l’ennemi lointain » – les Etats-Unis et autres pays « croisés » – constitue la marque de fabrique. « C’est un virage tactique, estime Fawaz Gerges, professeur de relations internationales à la London School of Economics et auteur d’une “Histoire de l’Etat islamique”, à paraître en février, en anglais (Princeton University Press). Daech [acronyme arabe de l’EI] doit se venger de ses ennemis pour préserver sa réputation d’invincibilité et continuer à attirer les jeunes sunnites qui forment sa base. Mais son objectif stratégique demeure la construction d’un califat. »Lire aussi :La presse internationale s’inquiète du changement de stratégie de l’EILa série noire commence le 31 octobreLe 26 juin, l’EI avait déjà frappé les esprits. Trois attaques, inspirées ou commanditées par lui, avaient été menées sur trois continents en l’espace de trois heures environ, sans que l’on puisse toutefois conclure à une coordination entre les différents assaillants : un homme décapité dans l’Isère en France, 38 touristes assassinés par un tireur solitaire sur une plage de Tunisie, et 26 fidèles assassinés dans un attentat-suicide contre une mosquée chiite au Koweït.Cette fois-ci, la séquence terroriste est moins resserrée, mais le bilan humain (presque 400 morts), le niveau de sophistication et la probabilité d’une planification centrale sont nettement plus élevés. La série noire commence le 31 octobre, avec l’explosion en vol de l’Airbus de la compagnie russe Metrojet, reliant Charm El-Cheikh à Saint-Pétersbourg. Les 224 passagers périssent dans cette tragédie, que la plupart des enquêteurs attribuent à une bombe placée à bord de l’appareil. C’est un saut qualitatif majeur pour la Province du Sinaï, la branche égyptienne de l’EI, qui, mis à part la décapitation d’un expatrié croate, n’avait jusque-là mené que des actions de guérilla contre l’armée régulière.Puis, le jeudi 12 novembre, deux kamikazes se font exploser dans une rue commerçante du quartier de Bourj El-Barajneh, à Beyrouth, peuplé principalement de chiites, la base sociale du Hezbollah, l’une des bêtes noires de l’EI. Quarante-quatre personnes sont tuées. Le mode opératoire et la cible ne sont pas nouveaux pour le Liban. Mais pour l’EI, c’est une première. Les précédents attentats-suicides anti-chiites dans le pays du Cèdre avaient été perpétrés par des épigones d’Al-Qaida, comme le Front Al-Nosra ou les Brigades Abdallah Azzam.Les progrès réalisés depuis la première action « à l’étranger » de l’EI – dans le Musée juif de Bruxelles, en mai 2014 – sont fulgurants.Dernier acte en date : le bain de sang de Paris. Trois équipes, au moins sept participants et six sites frappés, dont les abords du Stade de France, à Saint-Denis, où se trouvait le président de la République. Les progrès réalisés depuis la première action « à l’étranger » de l’EI – l’assassinat de quatre personnes dans le Musée juif de Bruxelles, en mai 2014, par le Français Mehdi Nemmouche – sont fulgurants.Sur la défensiveCe déchaînement de violences tous azimuts s’explique par le fait que, dans leur fief syro-irakien, les disciples d’Abou Bakr Al-Baghdadi sont sur la défensive. Le flanc nord du califat a été enfoncé par des forces à dominante kurde, soutenues par l’aviation américaine, qui ont repris Tal Abyad, un sas de ravitaillement sur la frontière avec la Turquie, puis ont avancé dans la région d’Hassaké et se sont emparées vendredi de Sinjar, une ville irakienne occupée par les djihadistes depuis l’été 2014. Cette dernière perte coupe l’axe reliant Mossoul à Rakka, les deux « capitales » de l’EI. Privé de sa capacité offensive par la surveillance aérienne américaine, l’EI riposte à l’étranger.Il s’expose, ce faisant, à des bombardements encore plus massifs. Mais le risque semble calculé. La capacité des forces kurdes à avancer plus au sud, dans des zones de peuplement arabe, comme Rakka, en Syrie, est limitée. Côté irakien, les carences de la coopération entre les peshmergas kurdes et les forces du gouvernement central, ainsi que la coloration chiite de ces dernières, empêchent la reconquête de Mossoul. Sans accompagnement sur le terrain, une intensification des frappes a peu de chance de produire des résultats décisifs. « Depuis août 2014, les Etats-Unis ont mené 8 000 bombardements en Irak et en Syrie, tué 15 000 combattants, et pourtant l’EI est toujours là, constate Fawaz Gerges. Selon les chiffres du renseignement américain, les djihadistes continuent à recevoir le renfort d’environ 700 volontaires étrangers chaque mois. »Les centres de pouvoir de l’EI sont donc, pour l’instant, préservés, et les territoires attenants sous contrôle. Ces espaces constituent une source de revenus et un outil permettant d’entretenir le projet idéologique du califat. « Le fait que Daech recoure de plus en plus à des attaques à l’étranger ne signifie pas qu’il a renoncé à bâtir son califat, insiste Hassan Hassan, analyste à Chatham House et co-auteur de l’Etat islamique : au cœur de l’armée de la terreur, avec Michael Weiss (Hugo Doc). Au contraire, les deux axes fonctionnent de pair et se renforcent l’un l’autre. »Lire aussi :La crainte d’un nouveau front ouvert au sud de la LibyeAllan Kaval (Erbil, correspondance)Journaliste au MondeBenjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Druelle (Slavonski Brod (Croatie)) et Jean-Baptiste Chastand Un des trois kamikazes de Saint-Denis a bien fait le même parcours que près de 500 000 migrants depuis le début de l’année. En quelques jours, début octobre, il a parcouru les près de 1 500 kilomètres qui séparent les îles grecques de l’Autriche, en empruntant la « route des Balkans », devenue la première voie d’immigration vers l’Europe. Selon les autorités françaises, les empreintes digitales de ce kamikaze correspondent en effet à celles du passeport retrouvé à ses côtés et qui a servi pour gagner l’Europe.Les autorités grecques ont révélé dimanche soir que ce passeport était au nom d’Ahmad Al-Mohammad, un Syrien né le 10 septembre 1990. Selon Christiane Taubira, la ministre de la justice, ce passeport était probablement un faux. Il n’est donc pas certain que le kamikaze était donc réellement Ahmad Al-Mohammad, ni syrien. Depuis le début de la vague migratoire, le processus d’enregistrement des migrants s’est industrialisé et accéléré, mais il reste sommaire et dure à peine quelques minutes, ce qui ne permet probablement pas de détecter les faux papiers.Lire aussi :Durcissement du débat européen sur les réfugiésArrivé en Grèce par l’île de Leros, le kamikaze a été enregistré dans le pays le 3 octobre. Selon le ministre grec de l’intérieur, le processus d’enregistrement a été conforme aux règles européennes, et l’homme a été autorisé à continuer son voyage, son nom n’apparaissant pas dans les fichiers criminels européens. Il est probablement monté dans un des ferries qui relient régulièrement les îles au continent en transportant chaque fois plusieurs milliers de migrants.Il a ensuite gagné la Macédoine, puis la Serbie, où il a été enregistré le 7 octobre et où une demande d’asile a également été déposée. Dès le lendemain, il est signalé à Opatovac, en Croatie. Dans ces deux pays, les services de sécurité ont expliqué que la personne n’était pas recherchée. Le ministre serbe des affaires sociales, Aleksandar Vulin, a déclaré dimanche que les contrôles aux frontières seraient renforcés, tout en soulignant qu’il n’était « pas facile de trouver un malade mental parmi 490 000 personnes », le nombre de migrants ayant traversé la Serbie depuis le début de la crise.« Ces gens sont fous »L’homme a ensuite probablement gagné la Hongrie, qui, à cette date, laissait encore les migrants passer librement sa frontière avec la Croatie, sans les enregistrer. La clôture antimigrants n’a été totalement fermée que le 16 octobre. Il aurait ensuite atteint l’Autriche. Le ministère de l’intérieur autrichien ne pouvait pas confirmer ce passage, mais la presse autrichienne rappelait que le pays, débordé, n’enregistrait pas tous les migrants à cette date.Le fait qu’un terroriste ait pu emprunter cette voie conforte les craintes autour de la présence de membres de l’organisation Etat islamique (EI) au sein des réfugiés, même si l’immense majorité des migrants arrivant de Syrie sont des civils qui fuient la guerre. 45 % des réfugiés passés par la Slovénie en octobre étaient des femmes ou des enfants. La route est désormais bien organisée, avec des bus et des trains. La seule étape dangereuse reste la traversée de la mer Egée vers la Grèce, où des migrants continuent régulièrement de perdre la vie.Les passeports syriens, vrais ou faux, sont devenus une denrée convoitée car ils donnent droit à l’asileDès samedi, la crainte de voir l’Europe se barricader un peu plus s’est en tout cas répandue parmi les réfugiés sur la route des Balkans. « C’est terrifiant. Ces gens sont fous, commente Arad, originaire d’Iran, dans le camp croate de Slavonski Brod où des centaines de migrants attendaient en files indiennes d’être fouillés puis enregistrés. Bien sûr cela va avoir des conséquences néfastes pour nous. Et je comprends les gens. Mais que puis-je y faire ? », lâche-t-il.Wasim, journaliste en Syrie, n’était lui pas surpris qu’un djihadiste puisse avoir voyagé parmi les migrants. « L’EI est partout. Le problème est qu’il n’y a pas de contrôle, affirme-t-il. De Grèce jusqu’ici, personne ne m’a demandé d’ouvrir mon sac. Certains se font faire de faux passeports syriens pour traverser, et le gouvernement grec ne les détecte pas. » La nationalité syrienne donnant quasi automatiquement le droit à l’asile, les passeports syriens, vrais ou faux, sont devenus une denrée convoitée sur la route des Balkans. En septembre, le journaliste néerlandais Harald Doornbos a démontré qu’il était possible d’acheter des papiers syriens pour l’équivalent de 750 euros.Julia Druelle (Slavonski Brod (Croatie))Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Tonnelier La psychologie des marchés financiers n’est pas celle des citoyens. Trois jours après les plus terribles attentats qu’ait connus la France, le CAC 40 a ouvert en légère baisse de 1,06 %, lundi 16 novembre au matin. Francfort perdait 0,93 %, Londres glissait de 0,61 %… Loin, très loin d’un séisme comparable à la monstruosité des attaques. Au sein du CAC 40, le groupe hôtelier Accor plongeait tout de même plus de 6 % lundi matin, suivi par les spécialistes du luxe LVMH (– 2 %) et Kering (– 1,5 %). Air France-KLM perdait plus de 5 %.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : ce que l’on ignore encore« Bien sûr, la réaction à court terme des marchés ne peut pas être positive pour les valeurs en lien avec la consommation et le tourisme [chaînes hôtelières, compagnies aériennes, luxe, distribution…]. Mais je ne crois pas à une chute durable. De plus, avec Internet et l’essor de groupes comme Amazon, on dispose aujourd’hui de canaux nouveaux permettant de continuer à consommer, même sans sortir de chez soi. Par ailleurs, on peut aussi avoir une réaction inverse, avec des personnes qui vont plutôt désépargner et consommer afin de se rendre la vie plus douce, dans un monde incertain », détaille Sylvain Goyon, responsable de la stratégie actions chez Natixis Global Research.Le 8 janvier dernier, au lendemain de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, le CAC 40 avait terminé en forte hausse de 3,59 %. A l’époque, les investisseurs pariaient – déjà – sur une action forte de la Banque centrale européenne (BCE) afin de soutenir l’économie du Vieux Continent. C’est ce qu’ils avaient pris en compte, davantage que les attentats français. « Seule une détérioration marquée de la situation en France, avec l’instauration d’une psychose qui se propagerait aux pays voisins, pourrait vraiment affecter la Bourse. Pour l’heure, on voit plutôt une population qui fait front, et cela est de nature à rassurer les investisseurs », indiquait alors un analyste au Monde.« Environnement très incertain »Les précédentes attaques terroristes ont pourtant souvent fait trébucher les indices boursiers. Le 11 mars 2004, les attentats dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait chuter la Bourse espagnole de plus de 2 %, et le CAC 40 de près de 3 %.Le 7 juillet 2005, les bombes placées dans le métro et dans un autobus londonien avaient provoqué un plongeon de plus de 3 % du Footsie britannique en séance, imité par les autres places européennes et par la livre sterling.« L’impact à moyen terme des attentats pourrait être davantage visible dans les perspectives d’investissement des entreprises, déjà poussives en France »Sans parler du 11 septembre 2001 : après l’effondrement des tours jumelles, Wall Street avait été fermée quatre jours, et il avait fallu la mobilisation des opérateurs financiers pour que le Dow Jones ne cède « que » 7 % à la réouverture des marchés, le 17 septembre.« Plutôt que sur la consommation, l’impact à moyen terme des attentats du 13 novembre pourrait être davantage visible dans les perspectives d’investissement des entreprises, déjà poussives en France. Les investisseurs risquent de reporter encore davantage leurs décisions d’investissement, dans un environnement très incertain » estime M. Goyon.Lire aussi :Comment les entreprises gèrent l’après-attentatAu-delà des conséquences économiques, les investisseurs devraient s’interroger également sur les implications géopolitiques, alors que la France a riposté dimanche en bombardant un fief du groupe Etat islamique en Syrie. «  La grande question est de savoir si nous assisterons à une escalade du conflit en Syrie et en Irak «, a indiqué à l’AFP Angus Nicholson, analyste au sein du courtier britannique IG, rappelant que le président François Hollande a parlé d’ « acte de guerre » au sujet des attentats.Les attaques interviennent toutefois dans un contexte de renforcement de l’action de la Banque centrale européenne (BCE). Les observateurs attendaient déjà un renforcement des mesures de rachats d’actifs (« QE ») de l’institution pour décembre. Il n’en devient que plus probable, ce qui devrait soutenir les marchés.Lire aussi :La France bombarde le fief de l’Etat islamique en SyrieAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) C’est un coup dur pour le premier ministre japonais, Shinzo Abe. L’économie nippone est de nouveau en récession. Le produit intérieur brut s’est contracté de 0,2 % au troisième trimestre, selon les données préliminaires dévoilées lundi 16 novembre par le gouvernement. Cette contraction fait suite à un repli équivalent enregistré au deuxième trimestre, actant techniquement le retour en récession de la troisième puissance économique mondiale.Afin de sortir le pays de ses difficultés, le gouvernement japonais compte beaucoup sur l’entrée en vigueur du Partenariat transpacifique (PTP). Cette vaste zone de libre-échange réunissant 12 pays du pourtour du Pacifique et générant 40 % du PIB mondial a fait l’objet d’un accord le 5 octobre qui doit maintenant être adopté par les parlements nationaux.La question du PTP a été abordé au sommet du G20 d’Antalya le 15 novembre et a occupé une part non négligeable des entretiens du premier ministre japonais, Shinzo Abe, avec ses homologues, notamment le président américain, Barack Obama. Il devrait à nouveau être au menu du Forum de coopération Asie-Pacifique (APEC) à Manille le 19 novembre.Rattraper le retardAu Japon, ce partenariat était une priorité des « abenomics », ces mesures économiques – plan de relance, assouplissement monétaire et réformes structurelles – prévues pour redynamiser une économie stagnante et la sortir de quinze années de déflation.L’accord sur le PTP a été salué par les milieux d’affaires. « Je suis convaincu que le PTP apportera un plus à l’économie japonaise », a déclaré le 25 octobre au Financial Times Sadayuki Sakakibara, le président du Keidanren, la principale fédération patronale nippone. « Il sera le pilier et la pierre angulaire de notre stratégie de croissance », ajoutait ce proche de M. Abe, avec qui il joue au golf.Pour le gouvernement, le PTP doit permettre d’atteindre l’objectif fixé début octobre par M. Abe d’un PIB nippon à 600 000 milliards de yens (4 540 milliards d’euros), contre 491 000 milliards de yens (3 715 milliards d’euros) à l’exercice clos à la fin mars 2015.Il doit ouvrir la voie à la conclusion d’autres accords de libre-échange, notamment avec la Chine et la Corée du Sud, voire avec l’Union européenne. Outre la dynamisation de son activité, l’archipel souhaite rattraper le retard pris sur le voisin sud-coréen. Trente-six pour cent du commerce de ce pays se fait dans le cadre d’accords de libre-échange, contre moins de 20 % pour l’archipel.Le PTP doit également faciliter les réformes de certains secteurs, notamment l’agriculture, qui génère 1,2 % du PIB national.Signer quoi qu’il arriveBeaucoup redoutent pourtant l’impact du PTP, et notamment l’arrivée de produits agricoles bon marché. Face à la menace, le ministère de l’agriculture devrait créer une assurance garantissant aux exploitants affectés par le PTP 80 % à 90 % de leurs revenus.Dans l’automobile, l’accord était attendu. « Pour nos entreprises, estime la JAMA (Japan Automobile Manufacturers Association), l’Association des constructeurs automobiles nippons, ces avancées vers la libéralisation du commerce sont clairement du gagnant-gagnant. » Or les taxes sur les véhicules japonais exportés aux Etats-Unis, actuellement à 2,5 %, ne seront abandonnées qu’après vingt-cinq ans. Le système de tarif préférentiel pour les modèles assemblés avec des pièces produites dans les pays du PTP déçoit également au Japon. La proportion des pièces à inclure a été fixée à 55 %. Tokyo espérait 30 %, car les constructeurs nippons s’approvisionnent dans des pays non membres du PTP, comme la Chine, la Corée du Sud ou la Thaïlande.Un fonctionnaire du ministère de l’agriculture laissait entendre en octobre à l’hebdomadaire Shukan Asahi que « la partie japonaise était prête à signer l’accord sur le PTP quoi qu’il arrive. Il s’agissait avant tout de détourner l’attention de la population au moment où l’échec des abenomics devient patent ».De fait, les abenomics n’ont pas réussi à recréer durablement de l’inflation ni à faire augmenter sensiblement les salaires, malgré les bénéfices record des entreprises. Et, reconnaît même M. Sakakibara, il reste une longue liste de mesures à prendre pour la « troisième flèche », les réformes structurelles.Lire aussi :Shinzo Abe en quête d’un nouvel élan pour les « abenomics »Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste William Audureau « L’Etat islamique se mondialise » (The Guardian), « Daech entame sa nouvelle stratégie d’attaques à l’extérieur » (El Pais), « le groupe terroriste veut porter le combat sur le territoire de tous les pays qui agissent en Syrie et en Irak » (Süddeutsch Zeitung). Pour la presse internationale, un même constat s’impose : les attaques coordonnées du vendredi 13 novembre à Paris et Saint-Denis, dont le dernier bilan provisoire s’élève à 129 morts et 352 blessés, marquent un tournant.« L’Etat islamique, également appelé EI, ISIS ou Daech, s’est pour la première fois lancé dans ce qui semble être une campagne d’attaques terroristes visant à infliger d’énormes pertes civiles dans des territoires éloignés, planifiées de manière centralisée, et forçant de nombreux officiels du contre-terrorisme aux Etats-Unis et en Europe à revoir ce qu’ils pensaient de l’organisation », détaille le New York Times.Les attentats de Paris « ravivent le spectre d’attaques planifiées, coordonnées et meurtrières », continue le quotidien new-yorkais. « Un mode opératoire qui rappelle celui d’Al-Qaïda dans les années 2000 », relève la BBC en référence aux attentats du 11-Septembre, de Madrid et de Londres.La presse internationale s’inquiète également de l’enchaînement de trois attentats revendiqués par l’EI ou l’une de ses branches : le crash d’un Airbus 321-200 exploité par la compagnie aérienne russe Metrojet dans le Sinaï égyptien, samedi 31 octobre, avec 217 passagers et sept membres d’équipage à son bord ; le double attentat à la bombe dans un quartier du sud de Beyrouth, qui a fait au moins 43 morts et 239 blessés, selon un dernier bilan officiel, vendredi 13 novembre, et les attentats à Paris.Lire aussi :Liban : deuil national après le pire attentat qu’ait connu Beyrouth depuis 1990« Si les attaques dans les trois pays ont été coordonnées, c’est que des planificateurs au centre de l’Etat islamique doivent être impliqués », poursuit le New York Times, tandis qu’El Pais évoque « la seconde étape [du développement de Daech, après la prise d’un territoire] : la création d’une branche destinée aux opérations extérieures ».Pour la BBC, ce changement de stratégie s’explique par la présence de plus en plus large des forces kurdes à la frontière entre Turquie et Syrie, bloquant ou en tout cas diminuant l’afflux de candidats au djihad. « Le résultat, c’est que les recruteurs en ligne encouragent de plus en plus ceux qui les suivent à rester et planifier des attentats dans leurs pays respectifs plutôt que d’entreprendre un voyage risqué vers la Syrie ».El Pais, citant l’expert international Rohan Gunaratna, voit plutôt une stratégie assumée, décelable dans la mise en scène des vidéos du groupe terroriste. « Nombre de ceux qui apparaissent dans les vidéos de l’EI sont masqués, parce qu’ils peuvent être envoyés en Occident. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Lemarié Le gouvernement n’a pas suffisamment renforcé le dispositif de sécurité français depuis les attentats de Charlie Hebdo, en janvier : tel est le point de vue dominant chez Les Républicains (LR) à la suite des attaques terroristes ayant eu lieu vendredi 13 novembre à Paris et à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les ténors du parti de droite ont partagé ce point de vue, dimanche midi, lors d’une réunion au siège parisien du parti à laquelle participaient notamment Alain Juppé, François Fillon, Gérard Larcher ou François Baroin. « Ça suffit, on a perdu dix mois. Depuis, on n’a pas pris la mesure de la menace », s’est notamment alarmé Bruno Le Maire.Partant de ce principe, Nicolas Sarkozy a justifié devant ses troupes les critiques qu’il formule contre la politique de son successeur, à la fois sur les plans intérieur et international. « L’unité dans le deuil, d’accord. Mais pas d’unité politique » avec le gouvernement, a lancé le président des Républicains lors d’une réunion des ténors de droite, au siège parisien du parti. Pour l’ancien chef de l’Etat, « il faut des actes pour protéger les Français et ne pas se contenter de l’union nationale », indique un de ses proches.Dans son esprit, le gouvernement n’a pas adapté les moyens nécessaires pour assurer la sécurité des Français depuis les attentats de janvier, en ne prenant pas de mesures pour restreindre la liberté de mouvement des djihadistes potentiels ou pour expulser les imams radicalisés. « Nous devons tirer les conséquences des failles et adapter notre dispositif » au niveau de la menace terroriste, a souligné M. Sarkozy, dimanche matin, à l’issue d’un entretien avec le président François Hollande à l’Elysée. « Le regard des Français sur l’action de Hollande n’est pas le même qu’en janvier car, cette fois, beaucoup se disent que l’on aurait pu déjouer la préparation de cette attaque très organisée », veut croire un sarkozyste.Lire aussi :Attaques de Paris : la droite réclame un renforcement des mesures de sécuritéDifférence d’approcheIllustration de la différence d’approche entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, qui insiste davantage sur la nécessaire union nationale à respecter : les deux rivaux pour la primaire présidentielle à droite ont affiché leurs divergences lors de la réunion des Républicains. Le premier a affirmé que son camp ne devait « plus parler d’unité nationale mais de solidarité » avec le gouvernement. Le second s’est opposé à cette idée, en assurant qu’il continuerait pour sa part à évoquer l’impératif d’« unité nationale ».Sur la politique extérieure, des points de consensus ont émergé : les dirigeants LR estiment nécessaire de coopérer avec Moscou pour vaincre l’Etat islamique (EI) et jugent prioritaire de l’éradiquer, avant de se soucier du sort du président syrien Bachar Al-Assad. Même Alain Juppé, qui était sur la ligne du gouvernement (ni EI ni Bachar), juge désormais que la priorité est d’« écraser Daech [acronyme arabe de l’EI] ».Chez LR, des divergences existent toutefois sur la réponse à apporter sur le terrain. Alain Juppé et François Fillon se sont opposés à l’idée formulée par Bruno Le Maire d’envoi de troupes françaises au sol en Syrie pour vaincre l’Etat islamique. M. Fillon plaide notamment pour la mobilisation de troupes locales et non françaises.Par ailleurs, la proposition du numéro trois LR, Laurent Wauquiez, de placer les 4 000 personnes vivant sur le territoire français fichées pour terrorisme dans des centres d’internement antiterroristes spécifiques a été rejetée. Nicolas Sarkozy a notamment mis en garde sur la création d’« un nouveau Guantanamo » à la française.A l’issue de la réunion, Les Républicains n’ont pas diffusé un texte résumant la position du parti. Ce sera le cas mardi soir, à l’issue du bureau politique. « Sarkozy n’a pas voulu de texte aujourd’hui car cela aurait mis en lumière les divergences de position en interne », explique un participant à la réunion.Alexandre LemariéJournaliste en charge du suivi de la droite et du centre SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) « Et nous ? » Ces deux mots tout simples résument la réaction de nombreux habitants du monde arabe, face à l’émotion planétaire suscitée par les tueries de Paris. Passé la stupeur et l’effroi, ressentis de façon quasi unanime, un sentiment d’amertume a très vite percé sur les réseaux sociaux au Proche-Orient. Au Liban par exemple, des commentaires, relayés sur la Toile des dizaines de milliers de fois, ont déploré le fait que l’attentat commis à Bourj El-Barajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth, qui a fait 43 morts jeudi 12 novembre, n’ait pas déclenché la même réprobation internationale que les attaques commises vingt-quatre heures plus tard à Paris. « A nous, on ne crée pas de bouton d’absence de danger sur Facebook », s’indigne le blogueur libanais Joey Ayoub en référence à la fonction activée par le réseau social, dans la foulée des fusillades, qui permet de signaler à ses amis que l’on est en sécurité. « On ne reçoit pas de déclarations de la part des hommes et des femmes les plus puissantes au monde », ajoute-t-il en allusion aux messages de solidarité envoyés par le président américain Barack Obama et de nombreux autres chefs d’Etat. « Mon corps n’intéresse pas le monde. La plupart d’entre nous continuent à être exclus des préoccupations dominantes du “monde”. » Contrairement à l’attaque de janvier contre Charlie Hebdo, qui avait suscité un certain malaise au sein de l’opinion publique arabe, en raison des très controversées caricatures de Mahomet publiées par le journal satirique, l’hécatombe de vendredi soir a été dénoncée sans arrière-pensées. Les tirs à l’aveuglette contre les terrasses de café, destinés à faire le maximum de victimes, sans la moindre distinction de religion, de sexe ou d’ethnie, ont suscité un rejet immédiat, même dans les cercles islamistes. Dans la bande de Gaza, par exemple, le Hamas, auteur d’attentats-suicides anti-israéliens dans les années 1990 et 2000, a stigmatisé des « actes d’agression et de barbarie » alors que le Jihad islamique, une autre formation armée palestinienne, a critiqué « un crime contre des innocents ». « Les gens ont beaucoup plus de facilité à exprimer leur solidarité et leur sympathie à l’égard des victimes que lors des attentats de janvier, analyse Yazan Al-Saadi, un journaliste syrien installé à Beyrouth. Mais à côté de la tristesse, il y a aussi de l’appréhension. Beaucoup de gens redoutent que ce carnage relance l’horrible et prétendue guerre contre le terrorisme. Et puis, il y a une forme de dépit face au relatif silence de l’Occident sur nos souffrances, en Syrie, en Palestine ou en Irak. N’y aurait-il des êtres humains qu’à Paris ? » Un autre blogueur libanais populaire, Blogbaladi, s’est lui aussi étonné que la fonction de « Contrôle d’absence de danger » (safety check, en anglais) de Facebook n’ait pas été ouverte après les attentats de Bourj El-Barajneh. « Ce pourrait être très utile pour Beyrouth et le monde arabe aussi. Au Liban, nous avons eu plus de 20 explosions et attaques depuis 2014 et au moins dix d’entre elles visaient des civils », écrit l’auteur, qui précise qu’après chaque attentat les réseaux téléphoniques ont tendance à saturer… en oubliant cependant que cela peut aussi être le cas pour les connexions 3G !L’accusation de deux poids, deux mesures faite à Facebook n’a pas tardé en tout cas à arriver aux oreilles de Mark Zuckerberg. Samedi 14 novembre, le fondateur et PDG de la compagnie a déclaré sur son propre compte avoir pris en compte ces critiques « légitimes ». Il a annoncé que la fonction « Safety check », inventée pour les situations de catastrophes naturelles, sera désormais disponible dans les cas de « désastres humains ». Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Sallon C’est par une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de vendredi à Paris, qui ont fait au moins 129 morts, qu’a débutée la réunion pour un règlement politique en Syrie à Vienne, samedi 14 novembre. L’attaque revendiquée par l’Etat islamique (EI) a bouleversé l’agenda de ces discussions, qui se sont déroulées dans un climat beaucoup plus apaisé que la première réunion organisée dans la capitale autrichienne, le 30 octobre. Les principaux acteurs régionaux et internationaux du conflit en Syrie, qui a fait plus de 250 000 victimes et des millions de réfugiés depuis 2011, ont annoncé une feuille de route pour une transition politique, qui prévoit un calendrier précis, mais ne résout pas la question du sort du président syrien, Bachar Al-Assad, principal point de discorde.Les dix-sept pays participants, ainsi que l’Union européenne et les Nations unies, « ont affirmé leur soutien à un cessez-le-feu et à un processus mené par les Syriens pour établir d’ici six mois (…) un calendrier pour rédiger une nouvelle Constitution », selon le communiqué final. « Des élections libres et équitables auraient lieu conformément à cette nouvelle Constitution d’ici dix-huit mois ». Ils se sont entendus sur « la nécessité de réunir le gouvernement syrien et des représentants de l’opposition pour des négociations formelles, sous les auspices de l’ONU, dès que possible, avec l’objectif du 1er janvier ». Une réunion est prévue « dans environ un mois » pour faire le point sur les avancées.« Un processus peut définitivement commencer » sur la résolution de la question syrienne, s’est félicitée la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qualifiant la réunion de « très bonne ». « Ça a encore l’air utopique, mais nous avons toutes les puissances autour de la table », a pour sa part commenté le ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier.« Une liste commune de groupes terroristes »Ce processus de transition politique est placé sous l’égide des Nations unies. L’équipe réunie autour de l’émissaire onusien pour la Syrie, Staffan de Mistura, est chargée d’obtenir un cessez-le-feu entre les forces du régime et de l’opposition syrienne. Cela suppose au préalable que soient définies la liste des groupes syriens devant être qualifiés de « terroristes » et celle des groupes considérés comme appartenant à l’opposition. La Jordanie sera chargée de « coordonner une liste commune de groupes terroristes » sous l’égide du Conseil de sécurité, à partir des propositions des différents participants, a expliqué le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov.La question divise les acteurs du conflit. Seuls l’Etat islamique et le Front Nosra, lié à Al-Qaïda, figurent actuellement sur la liste terroriste des Nations unies. Le régime Assad, soutenu par l’Iran et la Russie, qualifie de « terroristes » tous les groupes de l’opposition. Moscou se dit prêt à coopérer avec certains groupes modérés, soutenus par les Etats-Unis et des pays de la région, tout en continuant à les viser dans ses bombardements. Le débat devrait notamment se cristalliser autour de groupes salafistes, à l’instar de Ahrar Al-Cham et Jaich Al-Islam, soutenus par les pays du Golfe et la Turquie. Les pays arabes sunnites ont pour leur part appelé à placer sur cette liste des milices chiites soutenues par l’Iran, à l’instar du Hezbollah libanais qui figure déjà sur la liste terroriste de l’Union européenne et du département d’Etat américain.« Des divergences sur ce qu’il doit advenir de Bachar al-Assad »Le sort de Bachar Al-Assad n’a toujours pas été tranché à Vienne. « Nous avons toujours des divergences concernant ce qu’il doit advenir de Bachar Al-Assad », a admis le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, à l’issue de la réunion. Les Occidentaux, la Turquie et des pays arabes sunnites, Arabie saoudite en tête, exigeaient que le texte prévoit un calendrier pour sa mise à l’écart. Cette demande a été rejetée par la Russie et l’Iran. « Nous avons insisté sur le fait que seule la personne de Bachar Al-Assad pouvait décider de se représenter ou pas aux élections et seul le peuple syrien pouvait décider de voter ou pas pour lui », a souligné dimanche le vice-ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, à la télévision d’Etat.Lire aussi :Iran, Etats-Unis, Russie... Les positions qui s’opposent sur la résolution de la guerre en Syrie« Bachar Al-Assad doit partir, dans le cadre de la transition en Syrie mais nous reconnaissons que s’il y a une transition il pourrait y participer », a concédé le ministre britannique des affaires étrangères Philip Hammond. Les pays opposés à son maintien temporisent et misent sur l’embourbement de l’intervention russe en soutien au président syrien. « La transition politique permettra de montrer que le maintien de Bachar Al-Assad n’est pas possible. Les rebelles modérés n’accepteront le cessez-le-feu que si une perspective de changement est proposée », a explicité une source diplomatique occidentale. « Les Russes commencent à se rendre compte que leur position est coûteuse autant financièrement qu’humainement. Le crash de l’avion russe en Egypte confirme que leur alignement avec les chiites en font la cible d’un djihad sunnite », ajoute cette source.Lire aussi :Après la réunion de Vienne, les désaccords sur le sort de Bachar Al-Assad persistentCoordination internationale dans la lutte contre DaechUn consensus s’est en revanche dessiné sur la nécessité d’« accentuer la coordination internationale dans la lutte contre Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] », après les attaques qui se sont produites à Paris. « Quand il y a un événement comme celui-là, le plus grave en Europe depuis quarante ans, il faut prendre des mesures. (…) Il faut être déterminés, continuer notre action et la renforcer », selon les mots du ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius. Il a critiqué les déclarations du président Bachar Al-Assad, qui « semble presque justifier les attentats en France ». Ce dernier a lié les attentats en France à la situation en Syrie et estimé que la politique française au Moyen-Orient a contribué à « l’expansion du terrorisme. »Malgré le souhait commun exprimé à Vienne d’accroître la lutte contre le terrorisme, aucune décision n’a été prise en ce sens. « Cela se discute entre pays ou services de renseignement. Les services de renseignement doivent travailler ensemble, prendre des initiatives communes sur les frappes et améliorer la coordination sur les groupes indéterminés. Avec les Russes notamment », a commenté une source diplomatique occidentale.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 16h36 Trois militants kurdes ont été tués, mardi 3 novembre, dans le sud-est de la Turquie, lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Ce regain de violence intervient deux jours après la victoire du parti du président Recep Tayyip Erdogan, qui a durci son discours envers les Kurdes.Deux jeunes militants du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne, lors d’une opération de la police turque pour démanteler des barricades. La troisième victime est un jeune de 22 ans, tué dans la ville de Silvan, dont trois quartiers sont soumis depuis mardi matin à un strict couvre-feu.L’état-major de l’armée turque a également annoncé mardi avoir bombardé, la veille, des positions du PKK en Turquie et dans le nord de l’Irak.Lire aussi :En Turquie, les maigres espoirs des Kurdes de DiyarbakirDeux journalistes inculpés et écrouésMardi, un tribunal d’Istanbul a inculpé et écroué deux responsables du magazine d’opposition Nokta, « pour tentative de coup d’Etat », a indiqué l’un de ses journalistes.Ces deux journalistes avaient été arrêtés lundi par la police après que le dernier numéro du magazine avait présenté en « une » le triomphe du parti de M. Erdogan comme « le début de la guerre civile en Turquie ».Le succès de l’AKP, qui a retrouvé au parlement la majorité absolue qu’il avait perdue il y a cinq mois, a alimenté les craintes des rivaux du chef de l’Etat, qui redoutent qu’il n’en profite pour renforcer son pouvoir sur le pays. Après la victoire de M. Erdogan, le porte-parole du président des Etats-Unis Barack Obama avait fait part, lundi, de ses inquiétudes :« Nous sommes […] très préoccupés par le fait que des médias et des journalistes critiques envers le gouvernement aient fait l’objet de pressions et d’intimidations durant la campagne. »Les Etats-Unis avaient rejoint les critiques formulées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Dans un rapport conjoint avec le Conseil de l’Europe et le Parlement européen, l’OSCE a dénoncé, lundi, une campagne électorale « marquée par beaucoup trop de peur, et la peur est l’ennemie de la démocratie ». L’organisation a aussi regretté les « interventions dans l’autonomie éditoriale des médias » de la part du gouvernement islamo-conservateur du premier ministre, Ahmet Davutoglu.Lire aussi :En Turquie, Erdogan retrouve les moyens de poursuivre sa dérive autoritaire Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale) Dans la petite chambre de la famille Hasani, des Kosovars originaires de Mitrovica, les valises sont déjà prêtes. C’est comme si elles n’avaient jamais été défaites. « Retour à la case départ, constate, cynique, Besim, le père, 38 ans. On a tout sacrifié, on s’est endettés pour arriver jusqu’ici, et la seule chose que l’Allemagne trouve à nous offrir, c’est un billet d’avion retour ». Neuf mois après avoir quitté son pays pour l’Allemagne, la famille s’apprête à être rapatriée, comme le seront sans doute aussi les quelque 320 autres demandeurs d’asile originaires du Kosovo, d’Albanie ou du Monténégro qui vivent avec eux dans le centre d’Ingolstadt, en Bavière.Dans cette ancienne caserne militaire convertie en centre d’arrivée et de rapatriement, le rêve d’Allemagne prend fin pour ceux qui ne sont pas venus pour sauver leur vie, mais dans l’espoir d’en trouver une meilleure. « Ce centre vise à regrouper les demandeurs d’asile originaires des pays des Balkans qui n’ont presque aucune chance de rester », explique Maria Els, vice-présidente de la région de Haute-Bavière, en présentant les bâtiments. D’un côté, les logements des migrants, de l’autre, les bureaux administratifs. Toutes les autorités jouant un rôle dans la procédure sont présentes sur place : la région, l’Office fédéral de l’immigration et des réfugiés (BAMF), une antenne du tribunal administratif de Munich et la police, pour les expulsions. A leur arrivée, les migrants passent directement d’un bureau à l’autre pour la prise d’empreintes digitales, la visite médicale, l’enregistrement de la demande d’asile, l’entretien, puis l’éventuel recours. L’objectif : réaliser toute la procédure en l’espace de quatre à six semaines, contre plusieurs mois d’ordinaire.Accélérer les retoursCar c’est bien la vocation de ce centre spécialisé ouvert en septembre : accélérer les démarches pour renvoyer plus vite les migrants économiques originaires de « pays sûrs », qui n’obtiendront pas l’asile. Et envoyer un signal fort aux candidats de ces pays, à l’heure où l’Allemagne − qui s’attend à recevoir jusqu’à un million de demandes d’asile cette année − voudrait se consacrer à l’intégration des réfugiés fuyant les zones de conflit. « Nous pouvons accepter et soutenir les gens qui ont besoin d’une protection [les réfugiés] seulement si ceux qui n’en ont pas besoin ne viennent pas ou sont renvoyés rapidement », soulignait récemment le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière.Pour accélérer les expulsions, Berlin vient de durcir sa législation : l’Albanie, le Kosovo et le Monténégro ont été ajoutés à la liste des pays d’origine « sûre » (la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et la Macédoine l’étaient déjà) et les allocations en argent liquide perçues le temps que la demande soit examinée seront désormais remplacées, autant que possible, par des prestations en nature. Ces mesures devraient conduire au renvoi de « dizaines de milliers » de ressortissants des Balkans, selon le ministre de l’intérieur. Ces derniers représentent près de 40 % des demandes d’asile enregistrées dans le pays cette année, alors que leur chance de voir leur demande acceptée est inférieure à 1 %, selon les chiffres du BAMF. Les Albanais et les Kosovars, par exemple, s’inscrivent aux 2e et 3e rangs des demandeurs d’asile, juste derrière les Syriens. #container_14437073317{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14437073317{ height:500px; } #container_14437073317 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14437073317 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14437073317 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14437073317 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les 10 nationalités qui demandent et obtiennent le plus l'asile en AllemagneChiffres de janvier à septembre 2015, sur un total de 303 443 demandes d'asile.Source : Office fédéral allemand de l'immigration et des réfugiés (BAMF)require(['highcharts/4.1.9','highcharts-standalone'], function() { //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); 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Son épouse Lumturije et leurs deux enfants ont reçu une réponse négative, lui attend toujours. C’est sa deuxième demande d’asile en Allemagne. L’entretien de Lumturije a duré 40 minutes, à peine. Elle a bien senti que son cas était joué d’avance : « Ils m’ont presque coupée en me faisant comprendre que je n’avais pas ma place », raconte-t-elle. Sur le bureau de la fonctionnaire, il y avait une boîte de mouchoirs, mais Lumturije n’a pas voulu pleurer. Elle aurait pu s’inventer une histoire, prétendre des persécutions, ou même tenter de se faire passer pour Syrienne, certaines le font bien. Elle a préféré dire la vérité.« Les demandeurs d’asile que nous recevons ici sont pour la plupart très honnêtes : ils disent qu’ils sont là pour trouver du travail, faire des études ou offrir un meilleur avenir à leurs enfants », explique Herbert Binter, directeur du bureau du BAMF au centre. Dans ce cas, l’entretien est en effet plus court, puisque ces motivations ne les qualifient pas pour obtenir le statut de réfugié. Mais « l’accélération de la procédure ne veut pas dire que nous écourtons l’examen de la demande. Comme partout, nous respectons toutes les étapes, dans le respect du droit », assure M. Binter.Lumturije a fait appel mais « à quoi bon ? ». La réponse est restée la même. « Pour eux, on est les mauvais migrants. Si on est ici, c’est qu’il n’y a plus d’issue », estime-t-elle. Alors, comme beaucoup, elle a signé le formulaire pour un retour volontaire et accepté les billets d’avion. « C’était ça ou attendre que la police vienne nous chercher à 4 heures du matin pour nous expulser. On ne voulait pas que les enfants vivent ça. » Depuis l’ouverture du centre, 90 expulsions ont eu lieu et 220 retours volontaires ont été enregistrés. Pour leur retour, certaines familles peuvent solliciter des aides en plus du billet d’avion – argent liquide de départ par exemple –, au sein de programmes soutenus par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais les conditions sont très variables : les Hasani n’y étaient pas éligibles car ils sont arrivés après le 31 décembre 2014. Ils ne demanderont pas non plus d’aide à Pristina à leur arrivée : « le gouvernement kosovar n’a rien à nous offrir », croit savoir Besim.Les illusions perdues Au détour des longs couloirs du centre, l’espoir a laissé place à l’abattement. Et à l’amertume. C’en est fini de l’attente fébrile d’une réponse positive. Ici, on n’attend plus que la date de son départ, résigné. Demain soir, Lumturije et les enfants seront rentrés à Mitrovica. Besim les accompagnera à l’aéroport de Munich. Et ne tardera pas à les rejoindre, il ne se fait pas d’illusions. Il veut malgré tout encore croire qu’il finira par décrocher un permis de travail, un jour.Car qu’auront-ils à offrir à leurs enfants, de retour chez eux, sans argent ni travail ? Même avec plusieurs années d’études, un diplôme d’infirmier et trois langues parlées couramment, Besim n’a jamais trouvé d’emploi au Kosovo, où près de la moitié de la population est au chômage. Son voisin de pallier albanais, Gzim Ndou, non plus, malgré ses douze ans à l’école et son diplôme de policier. Les deux pères de famille pensaient qu’ils auraient plus de chance en Allemagne ; ils avaient entendu dire que le pays cherchait de la main-d’œuvre qualifiée et donnait l’asile facilement. Alors, les Hasani ont fait comme quelque 130 000 autres Kosovars partis sur les routes entre l’été 2014 et le mois de février.Lire aussi le reportage :Kosovo : l’appel de l’OuestA Mitrovica, une ville qui porte encore les stigmates de la guerre, divisée entre quartiers serbes et albanais, la famille retournera vivre chez les parents de Besim ; heureusement les enfants sont excités à l’idée de retrouver leurs grands-parents et leurs copains d’école. Lumturije, elle, s’inquiète beaucoup pour les 600 euros qu’il faudra rembourser à la famille au retour : le prix qu’a coûté le voyage. Les 400 euros mensuels d’allocations reçus en Allemagne ont beau dépasser un salaire kosovar, ils étaient à peine suffisants pour vivre, encore moins pour mettre de côté. Besim s’empresse de préciser : « Ce n’est pas pour toucher ces allocations qu’on est venus. » Cela le contrarie que certains Allemands voient les Kosovars comme des profiteurs qui demandent plusieurs fois l’asile pour percevoir les prestations sociales ou envoyer de l’argent à leur famille.Une porte ouverte à la violence Dans le centre-ville d’Ingolstadt, les sentiments sont mitigés sur ce « centre des Balkans », comme l’appellent certains habitants. Il y a ceux, nombreux, qui se portent bénévoles pour organiser rencontres et activités, témoigne Wolfgang Scheuer, adjoint au maire. Mais aussi les « Not welcome » (pas les bienvenus), venus taguer les bâtiments du centre. « Il faut nous comprendre : les communes d’Allemagne accueillent déjà des milliers de réfugiés. On ne peut pas en plus faire de la place pour ceux qui viennent juste chercher un travail », confie Kristin, une habitante.A l’heure où les incidents contre les foyers d’accueil se multiplient dans le pays, les associations de défense des migrants craignent que ces centres regroupant les réfugiés selon leur région d’origine n’ouvrent la porte à la violence et à une stigmatisation contraire à la promesse d’un examen individualisé des demandes d’asile. « Avant même de décider de la protection à accorder, les demandeurs d’asile sont divisés entre bons et mauvais réfugiés. Or cette division, basée uniquement sur le pays d’origine, préjuge de la décision qui sera prise sur le besoin avéré ou non d’une protection », dénonce Stephan Dünnwald, du Conseil pour les réfugiés de Bavière. Il déplore que ces centres, parce qu’isolés, privent leurs résidents de l’assistance des associations et de tout processus d’intégration. Et déscolarisent les enfants.La veille, les Hasani ont fait l’aller-retour à Munich pour aller chercher des vêtements d’hiver dans leur ancien foyer d’accueil. Il a fallu attendre plus de quatre heures : la famille a été appelée en dernier, après les Syriens, les Afghans et les Erythréens. Besim, pourtant, n’en veut à personne. Il sait bien que les Syriens sont prioritaires à l’accueil. « Chez eux, c’est la guerre, ils meurent tous les jours… » Il se souvient d’un temps où les Bosniaques et les Kosovars étaient les Syriens de l’Europe. « Aujourd’hui on ne fuit plus les bombes, mais nous aussi on tente de survivre. Notre guerre est psychologique : on se bat contre la misère, le chômage, la corruption, le crime organisé. » Ainsi Besim a-t-il bien du mal à comprendre comment son pays peut être considéré comme « sûr ». Il aimerait qu’on réfléchisse aux raisons qui poussent son peuple à s’exiler.Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 11h29 • Mis à jour le03.11.2015 à 13h33 Coups tordus et fuites de documents s’étalent à nouveau place Saint-Pierre. Un prêtre espagnol et une laïque italienne ont été arrêtés, samedi 31 octobre et dimanche 1er novembre, par la gendarmerie du Vatican, dans le cadre d’une enquête pour soustraction et divulgation d’informations et de documents confidentiels, a annoncé le Saint-Siège, lundi 2 novembre.A Rome, cette spectaculaire double arrestation a aussitôt fait resurgir le souvenir des VatiLeaks, tels qu’avaient été appelées, en 2012, les fuites, dans la presse, de documents confidentiels volés dans le bureau du pape par son majordome. Des faits qui avaient assombri les derniers mois du pontificat de Benoît XVI.Cette fois encore, les informations qui s’apprêtent à filtrer proviennent nécessairement du proche entourage du pape François. Elles sont publiées dans deux livres à paraître prochainement. L’un d’entre eux, Chemin de croix, de Gianluigi Nuzzi (Flammarion, 20 euros), paraîtra en France le 11 novembre. Le Monde en publie, en exclusivité, de larges extraits.Lire aussi :Les extraits de « Chemin de croix », de Gianluigi NuzziUn « Etat » à la dériveDans Chemin de Croix, le journaliste du Corriere della Sera, auteur de Sa Sainteté et Vatican SA dresse le tableau d’un Etat à la dérive, agité par un violent affrontement entre le pape, aidé d’une petite équipe d’ecclésiastiques et de laïques, et une administration vaticane jalouse de ses prérogatives, assise sur ses petits secrets et ses grands privilèges.Gianluigi Nuzzi détaille par le menu les innombrables petits arrangements qui sont l’ordinaire du plus petit Etat du monde, mettant notamment en lumière l’usage fait par les prélats de l’immense patrimoine immobilier du Vatican, l’incroyable gabegie du denier de Saint-Pierre, censé redistribuer aux pauvres l’argent des dons des fidèles, ainsi qu’une étrange affaire de cambriolage, à deux pas de la place Saint-Pierre.Impression générale d’impuissanceAu-delà de la description des dysfonctionnements de l’administration vaticane, c’est bien une impression générale d’impuissance qui se dégage du livre : quoi qu’il entreprenne, quelle que soit la volonté qu’il déploie, Jorge Bergoglio ne parviendrait pas à avoir prise sur elle. Ce n’est pas qu’elle lui résiste, mais plutôt qu’elle se dérobe.Impossible d’obtenir des comptabilités à jour ; impossible de connaître l’étendue du parc immobilier ni l’usage qui en est fait ; impossible de réformer un système des retraites qui menace ruine… Même la restructuration des activités économiques et financières, que l’on pensait bien avancées entre les mains du cardinal George Pell, semble s’être enlisée en cours de route.Lire aussi :François, les auditeurs financiers et la camarilla des soutanesLa réforme de la curie était pourtant la priorité du pape François, la mission qu’avaient assignée les cardinaux au successeur de Benoît XVI. A peine élu, l’ancien archevêque de Buenos Aires a créé des structures ad hoc pour mener cette réforme autant que pour se protéger de la curie. Il s’est entouré d’un conseil de huit, puis neuf cardinaux venus de tous les continents. Il a institué un secrétariat à l’économie et un conseil, chargés de contrôler le volet financier et économique, sans pour autant parvenir à reprendre en main la tentaculaire administration du Saint-Siège.Lire l'entretien avec Gianluigi Nuzzi :Au Vatican, « le pape lui-même est vu comme un intrus » Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) Le ciel de New Delhi a désormais deux ennemis : la pollution atmosphérique et la bureaucratie indienne. La nouvelle taxe écologique qui devait être prélevée sur les véhicules commerciaux aux péages de la capitale indienne à partir de dimanche 1er novembre sur décision de la Cour suprême n’a finalement pas vu le jour en raison d’un « couac » administratif. L’Etat de New Delhi confie la collecte des frais de péages à un sous-traitant qui a expliqué ne pas être en mesure de remplir sa tâche, faute de main-d’œuvre suffisante, de formation adéquate de son personnel et d’instructions claires émanant des autorités. Ce dernier avait également mis en garde les juges de la Cour suprême, à l’origine de cette mesure, contre la formation d’embouteillages aux entrées de la ville qui ne sont pas pourvues de péages. Mais la vraie raison se trouve sans doute ailleurs : le sous-traitant craint une baisse de ses recettes, alors qu’il reçoit de l’Etat de New Delhi une somme forfaitaire étalée sur cinq ans.Lire aussi :New Delhi asphyxiée par les microparticulesLes frais de péages à l’entrée de Delhi sont si bas que les véhicules de transport préfèrent économiser de l’argent en traversant ses grandes artères plutôt que contourner la ville. Les voies de contournement, toujours en chantier ou en projet, sont également insuffisantes. Ils sont près de 60 000 véhicules commerciaux à rentrer chaque soir dans Delhi, à partir de 20 heures, et près de la moitié des poids lourds ne font qu’y transiter. Or New Delhi est l’une des villes les plus polluées du monde, affichant le taux le plus élevé de particules fines PM2,5 selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). D’après le Centre pour la science et l’environnement (CSE), la circulation automobile à Delhi contribuerait au tiers de la pollution atmosphérique. Les poids lourds sont d’autant plus polluants que certains d’entre eux roulent avec un carburant frelaté.Lire aussi :Respecter les normes mondiales en matière de pollution de l’air sauverait des millions de vies« Migrants de la pollution »C’est sans compter la pollution sonore, dans un pays où le klaxon s’utilise à la place du clignotant. Il n’y a guère que les constructeurs automobiles pour se réjouir de la hausse de leurs ventes dans la capitale : près de 1 800 nouveaux véhicules y sont mis en circulation chaque jour et les normes d’émission sont parmi les plus laxistes au monde. A ce rythme-là, près de 32 000 habitants, atteints de cancers, de maladies cardiaques ou respiratoires, trouveront la mort prématurément d’ici à 2025. Les médecins recommandent déjà aux familles avec enfants de quitter Delhi s’ils le peuvent. « Si je suis arrivée dans la capitale comme migrante économique, aujourd’hui je suis obligée de réévaluer mes choix et envisager de repartir comme une migrante de la pollution », écrit Prachi Bhuchar sur le site d’informations Dailyo.Autant dire que la décision de la Cour suprême du 9 octobre était très attendue. La mesure ordonnée par les juges est censée être expérimentée pour une durée de quatre mois, et la taxe supplémentaire envisagée ne dépasse pas 18 euros. La collecte des nouveaux frais de péage devait être affectée à l’augmentation des infrastructures de transport public et à l’amélioration des voies de circulation empruntées par les piétons et les cyclistes. Une réunion avec tous les acteurs concernés va avoir lieu mercredi 4 novembre, avant une nouvelle audience prévue à la Cour suprême, le 16 novembre. En 2001, les autorités de Delhi avaient déjà échoué à faire respecter une mesure d’interdiction des poids lourds dans la mégapole.Des milliers de pétardsMême si la nouvelle taxe écologique est mise en place, le problème de la pollution à Delhi ne sera pas réglé pour autant. Les habitants de Delhi devront continuer à respirer les fumées toxiques des usines et centrales thermiques à charbon avoisinantes, celles des brûlis agricoles des environs, les poussières des chantiers de construction, et parfois l’incinération des ordures à ciel ouvert. Ce ne sont pas des filtres à air qui s’arracheront bientôt chez les commerçants des quartiers huppés de la capitale mais des masques à oxygène. Delhi va connaître des pics de pollution dans les jours qui viennent, lorsque des milliers de pétards et de feux d’artifice vont recouvrir la capitale d’une brume épaisse à l’occasion de Diwali – la fête des lumières. Des festivités héritées du temps où l’on célébrait l’arrivée de l’hiver, bien avant que la saison rende l’air de Delhi irrespirable. « Diwali est dans une semaine et je suis partagé entre amour et horreur, écrit Prachi Bhuchar, ne sachant plus si je dois retrouver ma fête préférée ou fuir. »Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.11.2015 à 08h01 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h16 Deux journalistes iraniens proches des réformateurs, Issa Saharkhiz et Ehsan Mazandarani, ont été arrêtés, selon l’agence de presse Ilna, proche des milieux réformateurs, qui n’a pas précisé la date et les raisons de leur arrestation.M. Saharkhiz avait été condamné en septembre 2010 à trois ans de prison puis libéré à l’issue de sa peine fin 2013. Il avait été condamné pour propagande contre le régime islamique et insulte au Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Il a été directeur des médias au ministère de la culture durant la présidence du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005). Ces derniers mois, il est intervenu régulièrement sur les chaînes en persan des radios BBC et Voix de l’Amérique (VOA) pour critiquer les dirigeants du pays, en particulier le Guide suprême.M. Mazandarani dirige le quotidien réformateur Farhikhteghan, qui appartient à l’université libre islamique, une grande institution privée. Il avait été arrêté en 2009 lors du mouvement de contestation contre la réélection de l’ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad pour action contre la sécurité nationale et contact avec des étrangers. Alain Beuve-Méry Les prix Goncourt se suivent et promettent de se ressembler. Pour succéder à la romancière Lydie Salvaire, lauréate surprise en 2014 pour Pas pleurer (Seuil), qui s’est vendu à 282 000 exemplaires, les jurés ont retenu quatre titres. Tous présentent pour caractéristique principale d’être à la fois très littéraires et haut de gamme. Il s’agit aussi de livres assez volumineux, qui demanderont aux lecteurs de la concentration pour y plonger.Les jeux sont très ouverts, cette année, surtout après l’élimination, lors de la dernière sélection, de 2084, de Boualem Sansal (Gallimard) qui faisait figure de favori, étant présent sur toutes les listes des grands prix d’automne.Une femme et trois hommes sont donc désormais en compétition pour le prix littéraire le plus couru de France, qui sera décerné mardi, à 13 heures, au restaurant Drouant, à Paris. Le secrétaire général Didier Decoin annoncera le nom du lauréat sur les marches de l’escalier menant au salon du premier étage, où les jurés délibèrent, juste à côté de leurs collègues du Renaudot.« Boussole » et « Les Prépondérants » se démarquentPrésentée comme outsider, Nathalie Azoulai, avec Titus n’aimait pas Bérénice (P.O.L, 320 p., 17,90 €), a écrit le seul roman qui ne traite pas de l’Orient, sauf à rappeler que Bérénice est une reine de Palestine. Mais c’est surtout l’apprentissage du jeune Jean Racine qui constitue la trame de cet ouvrage où le latin de l’Enéide est mis en valeur.Deuxième outsider, l’ethnopsychiatre Tobie Nathan devient romancier avec Ce pays qui te ressemble (Stock, 540 p., 22,50 €). Il décrit avec charme la capitale égyptienne, Le Caire, sa ville natale. Des portraits de femmes fortes et libres dominent cet ouvrage. Ce serait aussi le premier prix décerné à Stock, depuis… 1930.Mais c’est entre Boussole (Actes Sud, 400 p., 21,80 €) de Mathias Enard et Les Prépondérants (Gallimard, 464 p.) d’Hédi Kaddour que les jurés devraient trancher. Le premier a déjà reçu le Goncourt des lycéens, en 2010, pour Parle ­leur de batailles, de rois et d’éléphants (Actes Sud), le second, le Goncourt du premier roman en 2006, pour Waltenberg (Gallimard).Les Prépondérants, grand roman­-monde, se passe dans une petite ville du Maghreb, au début des années 1920, tandis que Boussole invite à suivre les souvenirs d’un musicologue viennois épris d’Orient. L’ambition littéraire est plus affirmée chez Mathias Enard ; le livre d’Hédi Kaddour apparaît plus grand public.Le jury du prix Goncourt, présidé par Bernard Pivot est, en un sens, invité à rejouer l’affrontement de 2013, quand Au revoir là-­haut (Albin Michel), de Pierre Lemaître, avait été préféré à Arden (Gallimard), un premier roman ambitieux de Frédéric Verger. A l’époque, la balance avait penché, au dernier tour de scrutin, en faveur du titre le plus populaire, au grand bonheur des libraires qui en ont vendu 519 000 exemplaires. Pas sûr cette fois­-ci que les jurés n’arbitrent pas dans le sens inverse.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Corine Lesnes (San Francisco, correspondante) Les électeurs de San Francisco se prononcent ce mardi sur le modèle Airbnb. Un scrutin dont la portée va bien au-delà de la Californie : sept ans après sa création, la plate-forme de location de logements temporaires est contestée jusque dans sa ville natale, la capitale de la révolution technologique.Lire aussi :Le référendum Airbnb sème la zizanie à San FranciscoLe scrutin prend la forme d’un référendum populaire : pour ou contre la « proposition F ». Celle-ci renforce la réglementation des locations temporaires. Elle interdit aux habitants de louer leur résidence plus de 75 nuits par an, qu’ils soient ou non présents sur place. Elle impose une déclaration trimestrielle des transactions effectuées. Et — c’est le point le plus contesté — elle autorise les habitants à réclamer des dommages et intérêts à leurs voisins pour non-respect de la loi, une provision qui a déjà semé la zizanie dans les quartiers.La proposition est soutenue par une coalition de militants de gauche, de syndicats, d’hôteliers et d’associations de quartiers. Ceux-ci accusent Airbnb d’inciter de fait à la conversion d’immeubles entiers en hôtels pour touristes, plus rentables que les locations à long terme, alors que le marché de l’immobilier a explosé à San Francisco (le loyer moyen d’un 2 pièces est maintenant de 4 000 dollars). Pour les supporters d’Airbnb, les locations privées permettent au contraire aux habitants de compenser la hausse des loyers en arrondissant leurs fins de mois. Le bénéfice moyen par logeur est estimé à 13 000 dollars par an.Artillerie lourdeAirbnb, qui prépare son entrée en Bourse, a besoin de montrer qu’elle a encore un fort potentiel de croissance. Elle a sorti l’artillerie lourde pour combattre la proposition F : 8 millions de dollars — la moitié de tout le budget de Google en lobbying fédéral en 2014 ! — alors que ses adversaires n’ont réuni que 300 000 dollars. Il est vrai que l’ex-start up a les moyens : elle est maintenant plus valorisée que la chaîne des hôtels Marriott. La campagne a monté en épingle le fait que les habitants seront de fait encouragés à espionner leurs voisins. Et que les logeurs devront déclarer s’ils dorment ou non chez eux quand ils louent. Les publicités montrent un planisphère où San Francisco est rangée à égalité avec les dictatures comme la Corée du Nord.La tactique de la peur (« la proposition F est plus effrayante qu’Halloween »), devrait réussir, si on en croit les sondages, et Airbnb l’emporter facilement. Mais ses opposants promettent d’y revenir en 2016. Pour eux, la plate-forme ne joue pas le jeu des institutions locales. D’une simple recherche dans sa banque de données, elle pourrait facilement débusquer les promoteurs qui mettent de multiples appartements sur le marché ou n’accepter que les logeurs inscrits auprès de la municipalité. Le débat de San Francisco a résonné dans tout le pays. Au-delà d’Airbnb, les Américains commencent à s’interroger sur « l’uberisation de l’économie » ou comme ils l’appellent plus volontiers, « l’économie à la demande » : quel est le prix pour la collectivité de l’enrichissement individuel procuré par les technologies ?Lire aussi :Bras de fer législatif entre  Airbnb et San FranciscoCorine Lesnes (San Francisco, correspondante)Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guy Dutheil et Dominique Gallois Airbus et Boeing ont désormais un concurrent. Lundi 2 novembre, le consortium chinois Comac a présenté au public le premier exemplaire du C919. Le moyen-courrier chinois a effectué ses premiers tours de roue sur le tarmac de l’aéroport de Shanghaï au sortir de la chaîne d’assemblage de Comac. Selon un professionnel sur place, l’avion présente « un niveau de finition élevé ».Le C919 est un appareil moyen-courrier qui veut, à terme, concurrencer l’Airbus A320 et le Boeing 737. Déjà en retard sur son planning initial, le futur avion ne devrait effectuer son vol inaugural qu’au cours du second semestre 2016, et non avant la fin de 2015, comme prévu au départ. De même, les premières livraisons aux compagnies clientes, qui étaient attendues en 2018, ne devraient pas avoir lieu avant 2020.Le premier avion de ligne chinois présenté au public n’est pas tout à fait l’appareil imaginé au lancement du programme, en 2009. A l’origine, Comac devait produire un C919 partiellement assemblé avec des matériaux composites pour alléger l’appareil. Un projet finalement abandonné. Le futur avion sera, comme ses concurrents produits par Airbus et Boeing, principalement constitué d’aluminium.Toutefois, indique un professionnel, « si le C919 ne présente pas de rupture technologique avec le 787 de Boeing ou l’A350 d’Airbus », les derniers-nés, il est d’une conception plus récente que ses rivaux l’A320 et le 737. Les coûts de développement du programme C919 sont évalués à 10 milliards d’euros. Pour séduire les futurs clients, les autorités chinoises ont déjà annoncé que leur moyen-courrier serait 10 % moins cher que la concurrence. Un A320 est facturé, prix catalogue, environ 100 millions de dollars l’exemplaire.Un moteur signé SafranPour être le premier moyen-courrier chinois, le C919 n’en est pas moins aussi très français. Le C919 fait la part belle au motoriste Safran, qui se frotte les mains. Les équipements fournis par le groupe dirigé par Philippe Petitcolin devraient représenter de 25 % à 30 % du prix de l’avion. Safran, en partenariat avec l’américain General Electric (GE), fournira principalement son tout nouveau moteur Leap pour propulser le C919. Un moteur beaucoup plus économe en carburant – environ 15 % de consommation en moins – que son devancier le CFM56 déjà produit par Safran et GE. « Ce sont les Chinois qui ont lancé le Leap en 2009 », rappelle Safran.Depuis, Airbus puis Boeing en ont équipé leurs nouveaux A320 et 737. Le Leap a déjà été commandé à plus de 9 000 exemplaires. Outre les moteurs, Safran fournit aussi la nacelle qui les enveloppe et les câblages électriques. Safran ne craint pas la concurrence : par contrat, le groupe français doit rester le seul motoriste occidental du C919.Lire aussi :Des Airbus de plus en plus « made in China »Avant même d’avoir effectué son premier vol, le C919 a déjà enregistré 517 commandes. En grande majorité auprès de compagnies aériennes chinoises. Toutefois, le futur avion a déjà mis un pied à l’international grâce à une commande d’une dizaine d’exemplaires passée par une compagnie aérienne thaïlandaise à l’occasion du Salon de l’aéronautique de Pékin, fin septembre.Cinq exemplaires en productionUn contrat qui illustre la puissance de la Chine dans sa région. Il est le signe aussi que des compagnies aériennes étrangères ont confiance dans le nouvel avion, qui doit encore obtenir sa certification par les autorités de l’aviation. Avant même d’avoir ce feu vert, Comac a déjà commencé à produire cinq exemplaires du C919, en plus de celui présenté lundi. Quatre serviront à tester le nouvel appareil.La Chine a de grandes ambitions avec son C919. L’objectif de Comac est de vendre environ 2 000 exemplaires de son nouveau monocouloir pour couvrir la moitié des besoins du marché chinois en avions moyen-courriers. Au cours des vingt prochaines années, la demande du marché chinois est évaluée à 6 330 nouveaux appareils, pour une valeur estimée à 950 milliards de dollars (861 milliards d’euros). Sur ce total, les monocouloirs se taillent la part du lion, avec 4 600 appareils, soit près des trois quarts des besoins en avions en Chine.Ce marché fait l’objet d’une vive concurrence entre l’A320 d’Airbus et le 737 de Boeing. Le duopole développe des stratégies différentes. Airbus a raflé 50 % du marché chinois grâce à une usine d’assemblage en fonctionnement depuis 2008 à Tianjin, près de Pékin. Boeing, qui se refusait depuis toujours à produire hors des Etats-Unis, a décidé en septembre d’installer, en association avec Comac, un centre pour aménager ses avions.Lire aussi :Aéronautique : la Chine à la conquête du cielDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) A Houston, au Texas, une querelle doit être vidée démocratiquement mardi 3 novembre. Comme dans de nombreuses villes et Etats américains, les électeurs sont appelés aux urnes pour participer à des référendums locaux. Ils se prononcent en l’occurrence sur la proposition 1, une mesure défendue par la maire démocrate de la ville, Annise Parker, qui vise à autoriser l’accès aux toilettes des femmes pour les hommes ayant changé de sexe. Votée initialement en conseil municipal, la disposition a été vivement combattue par des pasteurs et par les républicains. C’est la Cour suprême du Texas qui, saisie, a obligé la municipalité à soumettre cette proposition aux voix.Un débat enfiévré s’est développé autour de la mesure. Les opposants n’ont cessé de mettre en avant les risques d’agression que comporterait selon eux l’ouverture des toilettes féminines aux transgenres. Dans un clip vidéo réalisé par le Family Freedom Fund, ils font pleuvoir des billets de banque dans une cuvette de WC. Les parents qui s’opposeraient à ce qu’un homme entre dans les toilettes où se trouverait leur fille, par exemple, seraient en effet passibles selon eux d’une amende de 5 000 dollars.Mauvaise publicité pour les affairesPour Tony Perkins, le président de l’association liée à la vidéo, le Family Research Council Action, la proposition 1 constitue une attaque contre la liberté religieuse comparable à la légalisation du mariage gay. Il se trouve que la maire de Houston, quatrième ville des Etats-Unis, ne fait pas mystère de son homosexualité. Les militants favorables à la mesure, qui défendent de leur côté la tradition de tolérance de la plus grande agglomération du Lone Star State, ont notamment appelé à la rescousse l’une des étoiles montante du Parti démocrate, Julian Castro, ancien maire de San Antonio, et une figure historique de la ville, Welcome Wilson, un poids lourd de l’immobilier.L’éventualité d’une victoire du non inquiète en effet une partie des milieux d’affaires de la ville, soucieuse de la voir affublée d’une étiquette conservatrice. Comme le rappelle le Washington Post, la gouverneure républicaine de l’Arizona, Jan Brewer, avait mis en 2014 son veto à une loi permettant à des commerçants de ne pas servir des homosexuels au nom de cette même liberté religieuse. Elle redoutait en effet que cette contre-publicité fasse perdre à la capitale, Phoenix, l’attribution du Super Bowl 2015, la finale du championnat de football américain. Une finale que Houston souhaite justement accueillir en février.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) L’oléoduc Keystone XL attendra encore. La compagnie TransCanada qui défend le projet de raccordement des champs de sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta au golfe du Mexique, le poumon pétrochimique américain, a en effet indiqué lundi 2 novembre avoir demandé au département d’Etat américain « d’interrompre l’étude de la demande de permis présidentiel » déposé en 2008.L’obtention de ce permis, en souffrance côté américain, est indispensable compte tenu du caractère transfrontalier de l’oléoduc. Il fait l’objet depuis des années d’une sourde bataille entre les protecteurs de l’environnement, qui rappellent que l’extraction coûteuse de ce type de pétrole est extrêmement polluante, et ceux qui mettent en avant ses retombées économiques pour les États-Unis.Le tracé choisi déjà validé en janvierAlors qu’une bonne partie du nouvel oléoduc est déjà réalisée, TransCanada s’appuie sur les contestations auxquelles son tracé a donné lieu dans le Nebraska pour justifier cette suspension. En janvier, la Cour suprême de l’Etat a pourtant levé un obstacle juridique de taille en validant le tracé choisi par le gouverneur à l’intérieur de ses frontières, malgré les protestations des agriculteurs et des organisations de défense de l’environnement.La décision de la compagnie canadienne est sans doute dictée par la tactique plus que par le souci du droit. Elle espère éviter ainsi que l’administration démocrate sortante refuse le permis sur la base de l’examen en cours au département d’Etat ; elle mise probablement sur une alternance plus favorable à ses intérêts à la Maison Blanche après l’élection de 2016.En février, le président des États-Unis, Barack Obama, a déjà opposé son veto à un texte voté par le Congrès dominé par les républicains autorisant sa construction. Après avoir longtemps tergiversé, la favorite de la course à l’investiture démocrate, Hillary Clinton, a finalement exprimé son opposition à Keystone XL, tout comme ses rivaux Bernie Sanders et Martin O’Maley. Au contraire, tous les candidats républicains le défendent sans nuances. L’initiative surprise de TransCanada intervient au lendemain du départ du premier ministre canadien sortant Stephen Harper, battu aux élections législatives d’octobre, et qui s’était beaucoup mobilisé en faveur du projet.Lire aussi :Au Québec, la baleine blanche fait barrage à l’or noirGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Le taux de mortalité de la population blanche américaine la moins éduquée, âgée de 45 à 54 ans, a augmenté de façon inédite au cours de la dernière décennie, indique une étude publiée, lundi 2 novembre, par la National Academy of Sciences. La tendance est d’autant plus spectaculaire que, dans le même temps, ce taux continuait de baisser au sein des minorités noires et hispaniques. A l’origine du phénomène, une augmentation des suicides et des pathologies liées à la drogue et à l’alcool au sein de la population blanche. Cette étude est le fruit des travaux de deux économistes de l’université de Princeton (New Jersey) : Angus Deaton, qui vient de recevoir le prix 2015 de la Banque centrale de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, et Anne Case, qui est par ailleurs son épouse.Les deux universitaires sont arrivés à ces conclusions par hasard, alors qu’ils étudiaient la corrélation potentielle entre le sentiment de bonheur d’une population donnée et le taux de suicide. En passant en revue les statistiques de mortalité et de morbidité, ils se sont rendu compte que le taux de décès au sein de la population blanche n’ayant pas poursuivi d’études au-delà du lycée a augmenté entre 1999 et 2013 de 134 morts pour 100 000 individus. « Ce changement va à l’encontre de décennies de progrès en termes de mortalité et est propre aux Etats-Unis : aucun autre pays riche n’a connu un retournement similaire », indiquent les deux chercheurs. L’amélioration du taux de mortalité de la population blanche avait bien connu une pause dans les années 1960 avec notamment l’explosion de la consommation de tabac, mais « dans l’époque contemporaine, seul le sida a provoqué quelque chose de similaire », note M. Deaton.Insécurité économiqueMême si la tendance s’est inversée pour la population blanche, le taux de mortalité (415 pour 100 000) reste encore inférieur à celui constaté dans la population noire (581). En revanche, il est désormais très supérieur à celui de la population hispanique (262). Pour les populations blanches qui ont accédé à l’université, le taux de mortalité a tendance à baisser, alors qu’il augmente de 22 % lorsque les études n’ont pas été poursuivies au-delà du lycée. L’étude démontre très bien par ailleurs qu’il s’agit d’un phénomène générationnel. Ainsi, le taux de mortalité chez les Blancs non hispaniques âgés de 65 à 74 ans, lui, a continué de baisser de 2 % entre 1999 et 2013.L’explication de cette progression de la mortalité chez les 45-54 ans les moins éduqués est encore plus troublante que le phénomène lui-même. L’étude démontre ainsi qu’une telle augmentation ne peut pas trouver son origine dans une simple hausse du nombre de maladies cardiaques ou liées au diabète. Elle résulte non seulement d’un bond des suicides, mais aussi de la forte progression des pathologies liées à l’usage de la drogue et de l’alcool. Cette causalité rapportée à l’origine ethnique a connu un spectaculaire retournement au cours de la dernière décennie. Alors qu’en 1999, le taux de mortalité lié à l’alcool et à la drogue constaté au sein de la population noire était supérieur à celui enregistré chez les Blancs, en 2013 on constate exactement l’inverse.L’étude montre également, que contrairement aux plus jeunes et aux plus âgés, les 45-54 ans se plaignent beaucoup plus fréquemment qu’avant de douleurs. Entre 2011 et 2013, un tiers déclare souffrir ainsi de douleurs chroniques et un sur sept est sujet à la sciatique. Des symptômes qui suivent une courbe parallèle à l’augmentation de la mortalité.Montants futurs des retraitesDans le même temps, les maladies mentales et les demandes de pension d’invalidité n’ont cessé d’augmenter. L’explosion des pensions d’invalidité, qui ont bondi de 30 % pendant la crise, constitue l’un des facteurs explicatifs de la chute du taux de participation au marché de l’emploi, qui, aux Etats-Unis, est tombé à son plus bas niveau depuis les années 1970.Le facteur économique est d’ailleurs très présent dans l’étude d’Angus Deaton et Anne Case, qui évoquent notamment le fait que le fameux « rêve américain » est de plus en plus difficile à réaliser pour cette catégorie de la population. D’abord, ils constatent que les revenus des ménages où le chef de famille n’a pas poursuivi d’études au-delà du lycée a chuté de 19 % entre 1999 et 2013. « Bien que l’épidémie de suicides, d’overdoses et d’augmentations des douleurs ait commencé avant la crise financière, il est possible d’établir un lien avec l’insécurité économique », avancent les auteurs. « Après le ralentissement de la productivité dans les années 1970, et avec le creusement des inégalités de revenus, beaucoup de gens au sein de la génération du baby-boom ont été les premiers à constater que, vers la quarantaine, leur vie n’allait pas être meilleure que celle de leurs parents », ajoutent-ils.L’étude souligne également l’angoisse grandissante par rapport au niveau de retraite que cette population peut espérer toucher dans quelques années. « Les Etats-Unis se sont orientés principalement vers des systèmes de pension par capitalisation liés aux aléas des marchés boursiers, tandis qu’en Europe, le régime de retraite à prestations déterminées est encore la norme », indiquent les auteurs, qui soulignent que l’impact de cette « insécurité économique » liée aux montants futurs des retraites pourrait jouer un rôle dans cette inédite augmentation des taux de mortalité.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Paris (Washington, correspondant) Le professeur de droit Lawrence Lessig, militant opiniâtre d’une réforme du financement politique, a annoncé lundi 2 novembre son retrait de la course à l’investiture démocrate. M. Lessig s’était déclaré le 6 septembre pour profiter de la tribune offerte par une candidature. Faute d’obtenir assez d’intentions de vote, le professeur de droit n’était cependant pas parvenu à participer au premier débat opposant les cinq autres candidats à l’investiture, le 13 octobre. Lundi, il a mis en cause la modification des règles encadrant cette participation qui l’empêcherait selon lui de figurer au prochain débat prévu pour le 6 novembre, en Caroline du Sud.Lire le portrait : Lawrence Lessig, l’icône geek qui veut être candidat à la présidentielle américaineM. Lessig est le troisième candidat à renoncer à l’investiture démocrate. Il a été précédé dans cette démarche par Jim Webb, qui a décidé de se présenter comme indépendant, et par Lincoln Chafee, un ancien sénateur républicain de Rhode Island devenu démocrate. Seuls trois prétendants seront donc présents à Rock Hill vendredi : la favorite, Hillary Clinton, ancien secrétaire d’Etat démocrate et ancienne First lady, le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders, et l’ancien gouverneur démocrate du Maryland Martin O’Malley. A titre de comparaison, il reste encore quinze républicains candidats à l’investiture de leur parti même si l’un d’eux, Jim Gilmore, ancien gouverneur de Virginie, n’a pas non plus été invité aux trois premiers débats faute d’intentions de vote suffisantes.Lire aussi :Hillary Clinton domine la course démocratePour l’instant, la question du financement politique et le poids des lobbies, accentué par la suppression en 2010 des plafonds de campagne, sont mis en avant régulièrement par deux candidats. Le premier est M. Sanders, qui a d’ailleurs refusé de bénéficier du soutien d’un Comité d’action politique (PAC), et qui se repose principalement sur la générosité de petits donateurs. Le second est le plus tonitruant puisqu’il s’agit du magnat de l’immobilier Donald Trump, qui a lui aussi mis en cause la sujétion des candidats vis-à-vis des gros donateurs et qui assure vouloir autofinancer sa campagne.Lire aussi :Aux Etats-Unis, les républicains se déchirent en directGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.11.2015 à 18h49 • Mis à jour le03.11.2015 à 15h35 | Allan Kaval (Erbil, correspondance) Au lendemain du revers électoral subi par le Parti démocratique des peuples (HDP, lié au mouvement kurde), Diyarbakir, la grande ville du sud-est kurde de la Turquie, est dans l’expectative. Le HDP a vu son score chuter de 13 % à 10,7 % par rapport aux élections du 7 juin, qui n’avait pas permis de former un gouvernement majoritaire. Le parti et son électorat, qui reste dominant dans la plupart des régions kurdes, se trouvent dans une situation confuse.Lire aussi :Turquie : Les islamo-conservateurs reprennent la majorité absolue au ParlementPourtant, après l’émotion et la colère qui se sont brièvement manifestées à l’annonce des résultats et la déception ressentie par les électeurs du HDP, pointe l’idée que le pire a peut-être été évité. Quoique de justesse, le parti pro kurde est assuré d’entrer au Parlement grâce à la marge de quelques dixièmes de points qui lui permet de franchir le seuil requis pour y être représenté. data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="Dans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Dans le bureau de vote de l’école Yavuz Sultan Selim, on constate une nette baisse de la participation à la mi-journée. « A cause des violences qui ont lieu, les gens ont peur de venir voter à Sur, ils craignent que le vote dégénère à nouveau », analyse Mehmet, un assesseur." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les forces spéciales de police lourdement armées dans un des lycées qui accueillent les bureau de vote : « Pas de photos ici, c'est une zone terroriste. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Pour Feleknaz Ucan, ancienne membre turco-allemande du Parlement européen, aujourd’hui députée HDP, la présence des forces spéciales dans l’enceinte des écoles de ce quartier sensible en ce dimanche d’élection est un grave atteinte au bon déroulement du scrutin." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Portraits de Mustapha Kemal, dit « Ataturk », fondateur de la Turquie moderne et républicaine (1881-1938)." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les électeurs se rendent aux urnes en longeant les parois par endroit criblées de balles des maisons et des commerces." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les impacts de balles témoignent de la violence des combats qui ont opposés ici du 10 au 12 octobre les militants urbains du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de police." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Au QG de l'AKP, le Parti de la justice et du développement, la formation islamo-conservatrice du président Recep Tayyip Erdogan Erdogan" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Seul au pouvoir depuis treize ans, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, espère prendre sa revanche sur le scrutin du 7 juin – ici au quartier général de l'AKP." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Après quarante-cinq jours de pourparlers avec les autres partis présents au Parlement, le premier ministre turc, Ahmet Davoutoglu (ici son portrait au QG de l'AKP), avait échoué à former une coalition après les élections de juin. Un nouveau scrutin législatif a donc été convoqué pour le 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Idris Baluken (ici au QG de l'AKP), candidat du HDP à Diyarbakir en appelle au pouvoir en place à Ankara : « L’AKP doit respecter la volonté du peuple, sinon les violences vont reprendre et nous courons le risque d’une guerre. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" Précedent1/13SuivantDans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre.Emilien URBANO/MYOP POUR LE MONDE› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']);Rempart potentiel contre la mécanique du pire« Il est possible que les choses dégénèrent, étant donné la volonté affichée de l’AKP [le Parti de la justice et du développement, au pouvoir depuis 2002 et vainqueur du scrutin de dimanche] de détruire le mouvement kurde. Mais si le HDP avait échoué à dépasser le barrage des 10 %, il aurait été exclu des institutions turques et la situation aurait pu devenir incontrôlable », indique Nazmi Gür, parlementaire HDP et cadre dirigeant du parti, depuis la capitale Ankara.Pour certains électeurs du HDP à Diyarbakir, la large majorité obtenue par l’AKP le 1er novembre est perçue comme un rempart potentiel contre la mécanique du pire dans laquelle la Turquie a été emportée depuis les dernières élections, avec successivement la reprise des affrontements avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, branche armée du mouvement kurde) fin juillet, puis la transformation de plusieurs centres-villes du sud-est du pays en champs de bataille entre militants armés kurdes et forces de sécurité.« Aucune des deux forces ne peut venir à bout de l’autre »Habitant du quartier populaire de Baglar, coutumier des affrontements entre les mouvements de jeunesse du PKK et la police, Loqman, vingt ans, se montre relativement satisfait par l’issue du vote de dimanche : « Je suis Kurde, j’ai donc voté HDP. J’aurais souhaité que nous entrions au Parlement avec plus de représentants, mais je suis rassuré de voir que l’AKP pourra gouverner seul. Il aurait été impossible que les différents partis turcs forment une coalition et cela aurait été le chaos. » Dans un café fréquenté par les intellectuels proches du mouvement kurde, situé dans la vieille ville de Diyarbakir, Isak Bingöl, professeur de littérature qui se dit « extrêmement triste et en colère » suite à l’échec relatif du HDP, conserve toutefois une certaine mesure d’optimisme malgré sa perplexité face à l’avenir.A quelques rues de la mosquée Kursunlu, dont les environs furent le théâtre de violents affrontements entre de jeunes militants kurdes, encadrés par combattants du PKK, et les forces spéciales de la police turque, du 10 au 12 octobre, il espère un retour au dialogue avec le gouvernement : « L’AKP s’est renforcé en se débarrassant de ses rivaux politiques en Turquie, mais le mouvement kurde reste dominant dans le Sud-Est, il continue à définir la politique locale. Aucune de ses deux forces ne peut venir à bout de l’autre. J’espère donc que l’AKP va comprendre la signification des résultats d’hier et relancer le processus de paix avec le PKK. »« Deux voies se présentent devant nous » Pour Ömer Önem, coprésident de la branche du HDP à Diyarbakir, tout dépendra du gouvernement AKP qui sera prochainement formé à Ankara : « Deux voies se présentent devant nous. Si Recep Tayyip Erdogan poursuit sa politique de terreur et d’intimidation, continue à attaquer des civils innocents, à bombarder les bases du PKK au Kurdistan irakien et à faire pression sur le Rojava [le Kurdistan syrien autonome], les Kurdes de Turquie vont se soulever et ce sera la guerre civile. Si le nouveau gouvernement est responsable, il reviendra à la table des négociations avec le PKK, auquel cas, nous ferons tout notre possible pour que cette nouvelle tentative réussisse. » Pour ce cadre local du parti, la seule solution consisterait à permettre une reprise de contact avec le chef historique du mouvement kurde, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999. Acteur central du processus de paix lancé en 2013, Abdullah Öcalan est de nouveau isolé du mouvement kurde depuis le mois d’avril, les autorités ne lui ayant plus permis de recevoir ses avocats et les responsables du HDP avec qui il entretenait un dialogue.Le parti majoritaire en position de forceCependant, si le succès de l’AKP dimanche est partiellement imputable à une reconquête de l’électorat conservateur kurde, inquiet de la reprise des violences dans le sud-est, il tient également au ralliement d’une partie des électeurs nationalistes turcs. Aussi, la position de force acquise par le parti majoritaire pourrait-elle inciter le gouvernement à revoir ses exigences à la hausse vis-à-vis du PKK.C’est ce que redoute que Tahir Elçi, bâtonnier du barreau de Diyarbakir, très actif au sein de la société civile kurde et récemment arrêté et inculpé pour avoir dit publiquement que le PKK n’était pas une organisation terroriste : « Afin que le processus de paix reprenne, il est nécessaire que le PKK abandonne la lutte armée. Les résultats des élections ont montré que le mouvement kurde s’est trouvé affaibli par l’état de violence qui est apparu après les élections. » Dans plusieurs villes kurdes cependant, les affrontements entre les militants kurdes et les forces de sécurité ont donné l’occasion au PKK d’instaurer des poches insurrectionnelles dans les quartiers les plus défavorisés.A Cizre, ville de 130 000 habitants située près de la frontière syrienne, où les forces de sécurité turques sont lourdement intervenues contre les militants du PKK en septembre, plaçant la ville en état de siège et causant seize morts civiles, le mouvement armé kurde a déclaré l’autodétermination.Lire aussi :Turquie : à Cizre, les Kurdes prêts à la guerre contre ErdoganLe PKK se déclare prêt à affronter l’Etat turc Ayant envoyé des combattants expérimentés et lourdement armés pour encadrer une jeunesse militante locale, galvanisée par les succès des alliés du PKK face à l’Etat islamique dans les régions kurdes de Syrie, et qui aspirent à porter la lutte dans leurs villes, le PKK se déclare prêt à affronter l’Etat turc dans des combats de rues qui pourrait se révéler désastreux pour la population.Pour M. Elçi, qui est également l’auteur d’un rapport sur les exactions imputées aux forces de sécurité turques lors du siège de Cizre, il est nécessaire que l’organisation armée quitte les villes kurdes. « Je veux rester optimiste et compter sur l’esprit de responsabilité des uns et des autres mais l’Etat ne pourra pas accepter que le PKK contrôle militairement certains quartiers des villes kurdes. S’ils ne se retirent pas, nous allons vers des jours très sombres. » Entre espoirs ténus d’une reprise des négociations entre le gouvernement et risques encore présents d’escalade militaire dans l’arrière-pays, Diyarbakir, comme le reste des régions kurdes de Turquie, entre dans une nouvelle phase d’incertitude.Allan Kaval (Erbil, correspondance)Journaliste au Monde 07.11.2015 à 17h28 La grève du personnel de cabine de la Lufthansa s’est poursuivie samedi 7 novembre dans les aéroports de Francfort et Düsseldorf, avec 520 vols courts et moyen-courriers annulés et environ 58 000 passagers affectés, selon la compagnie aérienne allemande. Les vols longue distance ont été maintenus, à l’exception d’une liaison Düsseldorf-Newark (New Jersey).Environ 1 600 chambres d’hôtel ont été réservées par le groupe pour la nuit de vendredi à samedi, principalement à Francfort, afin d’héberger ses passagers en déroute, tandis qu’une cinquantaine de voyageurs ont dû passer la nuit en zone de transit, faute de visa les autorisant à entrer sur le territoire allemand, a précisé une porte-parole de la compagnie. Les aéroports de Francfort et Düsseldorf, respectivement numéro un et numéro trois en Allemagne, sont touchés par une grève d’une durée de 17 heures, de 6 heures à 23 heures.Il s’agit du deuxième jour d’une grève prévue pour durer jusqu’au 13 novembre – avec des pauses –, puisque le syndicat du personnel de cabine UFO a annoncé sa suspension dimanche, « la plupart des voyages ayant un caractère privé ce jour-là ».Les négociations entre le transporteur aérien et les délégués du personnel navigant, entamées en décembre 2013, portent sur des questions de salaire, mais aussi sur la protection contre les licenciements ou encore les retraites et les départs en préretraites, définis par conventions collectives. 07.11.2015 à 13h36 • Mis à jour le07.11.2015 à 13h45 Le premier ministre finlandais, centriste de 54 ans, Juha Sipilä, avait affirmé jeudi 5 novembre qu’il était « très probable » qu’il démissionne le lendemain, faute d’arriver à imposer ses projets. Cette menace lui a, semble-t-il, profité, puisque les négociations avec ses partenaires au sein de la coalition ont tourné en sa faveur. Le gouvernement, au pouvoir depuis seulement six mois, a annoncé samedi qu’il était sauvé : « Le gouvernement a trouvé un accord sur les principes directeurs de la réforme de la santé et de la protection sociale et sur le nombre de régions », a écrit l’exécutif dans un communiqué.Le système finlandais, fragmenté aujourd’hui en plus de 200 zones, sera regroupé en 18 régions, comme le souhaitait le parti de M. Sipilä, et non en cinq, comme le réclamaient les conservateurs, troisième formation du pays. Le chef de l’exécutif tenait fermement à cette réforme, casse-tête insoluble pour les gouvernements précédents. Il avait promis lors de son élection – qui avait aussi confirmé la percée du parti d’extrême droite les Vrais Finlandais, deuxième force du pays – de mettre fin à l’immobilisme et de sortir la Finlande de la crise économique.Lire aussi :Les centristes remportent les législatives en Finlande Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) C’est sous haute sécurité que l’hôtel Shangri-La à Singapour a accueilli samedi le président taïwanais, Ma Ying-jeou, et son homologue de Chine populaire, Xi Jinping, pour une rencontre historique au sommet entre les deux Chines ennemies, la « nationaliste » issue du régime en exil de Tchang Kaï-chek et la « communiste ». Le président taïwanais est arrivé de Taipei le matin même dans un avion rempli de journalistes, accompagné par des avions de chasse de l’armée taïwanaise. Le président chinois effectue, lui, depuis la veille, une visite officielle à Singapour.Avant de s’asseoir autour d’une grande table ornée de bouquets de fleurs multicolores, M. Ma, cravate bleue, et M. Xi, cravate rouge, se sont longuement serré la main sous les objectifs des caméras devant une cohue de journalistes, en tant respectivement que dirigeants de Taïwan et de Chine continentale – pour ne pas surseoir au principe « d’une seule chine, mais chacune avec son interprétation », selon lequel le rapprochement actuel a abouti, au terme d’une série de rencontres régulières depuis 2008. Pékin continue de considérer Taïwan comme une province renégate et a passé en 2005 une loi antisécession qui autorise le recours à la force pour la récupérer.Lire :Entre la Chine et Taïwan, une poignée de main historiqueCréation d’une « hotline »S’adressant à « Monsieur » Ma, Xi Jinping a insisté sur l’occasion historique que représentait leur rencontre, et rappelé que « les deux rives du détroit forment une même et unique famille, qu’aucune force ne peut séparer » – une phraséologie typique dans la bouche des dirigeants communistes. « L’histoire nous a laissés avec des conflits non résolus », a répondu le président Ma Ying-jeou, appelant à un « respect mutuel des valeurs et du mode de vie » de chaque entité. M. Ma a énuméré une série de points et appelé à la création d’une « hotline » entre les deux Chines. Les deux dirigeants et leurs délégations ont ensuite poursuivi les entretiens à huis clos.Seul le président taïwanais s’est livré à l’issue de l’entretien à l’exercice de la conférence de presse – la Chine ayant laissé s’exprimer son représentant pour les affaires taïwanaises Zhang Zhijun, qui s’est retrouvé sous le feu des critiques des journalistes taïwanais dont il esquivait les questions.Rayonnant, et visiblement content de son entretien avec le président chinois, Ma Ying-jeou a loué une « atmosphère très amicale » : « c’était très positif. J’ai trouvé Xi très pragmatique, flexible et franc dans nos discussions », a-t-il déclaré. Parmi les points mis en exergue devant les journalistes, le président taïwanais s’est félicité d’avoir pu mettre sur la table des questions primordiales pour Taïwan, comme la présence de missiles chinois dirigés contre l’île – M. Xi a botté en touche, répondant que les missiles ne ciblaient pas particulièrement Taïwan – ou encore les interférences de la Chine chaque fois que des Taïwanais veulent rejoindre des organisations internationales ou lorsque Taïwan cherche à prendre part à des activités régionales. Enfin, il a pu parler en détail du « consensus de 1992 » – la notion que les deux côtés reconnaissent « une seule Chine, mais avec des interprétations différentes ».« Ma Ying-jeou a gagné avec cette rencontre une posture internationale qu’il n’avait pas », analyse Stéphane Corcuff, de l’antenne à Taipei du Centre d’Études sur la Chine contemporaine (CEFC). « Et cette conférence de presse lui a permis de marquer un point pour le camp de Taïwan – alors que Xi Jinping, lui, n’en a pas donné. Il est très rare pour un président taïwanais de bénéficier d’une telle attention internationale. Et ça lui a permis de dire tout haut à la Chine des choses essentielles pour les Taïwanais, qu’il fallait que Pékin entende : la nécessité pour la Chine de respecter la dignité de Taïwan, le fait que la Chine bloque Taïpei dans les instances internationales, et même les missiles », poursuit le chercheur. « Quand au consensus de 1992, le point de vue du KMT sur ″une Chine, et deux interprétations″ progresse – la Chine ayant toujours eu du mal avec la deuxième partie de la proposition. Ce qui laisse penser que le ″statu quo″ a de beaux jours devant lui », ajoute M. Corcuff.Terrain neutre, qui se prévaut de bonnes relations avec les deux Chines, la cité-Etat de Singapour fut déjà le théâtre en 1993 des premières rencontres sino-taïwanaises depuis la guerre civile, alors entre deux associations semi-officielles créées pour l’occasion. Celles-ci établirent un cadre à l’ouverture de la Chine aux capitaux et aux ressortissants taïwanais, qui, accueillis en Chine depuis la fin des années 1980, contribuèrent pour une très large mesure au décollage économique chinois.Opportunités et menaceVingt-deux ans après, la Chine, deuxième puissance économique mondiale, est vue autant comme une terre d’opportunités pour les géants industriels taïwanais que comme une menace dans une île, Taïwan, qui proscrit les investissements chinois et contrôle au plus près l’afflux des « compatriotes » de Chine continentale. C’est pour desserrer cet étau que le président Ma Ying-jeou, chef de file du Kouomintang (KMT), a promu la signature avec la Chine en 2010 d’un accord de libre-échange – dont le deuxième volet, qui porte sur les services, reste bloqué depuis les protestations étudiantes massives de mars 2014. Car, en jouant la carte du rapprochement avec la Chine, M. Ma a aussi incarné un KMT accroché à la chimère d’une grande Chine et déconnecté des aspirations – ou des appréhensions – d’un nombre croissant de Taïwanais, comme l’a montré la débâcle du KMT aux municipales de 2014 et les scores abyssaux de ce parti dans les sondages pour la présidentielle et les législatives de janvier 2016.Ma Ying-jeou s’est engagé avec Pékin dans une danse que beaucoup voient avec suspicion, tant elle peut se révéler un marché de dupes. A Taipei, les réseaux sociaux se sont ainsi embrasés après avoir découvert que la télévision centrale chinoise CCTV avait « flouté » le drapeau de Taïwan que M. Ma portait au revers de son veston lors de sa conférence de presse du 5 novembre. « Les Taïwanais voient de plus en plus le resserrement des liens économiques avec la Chine comme une menace à l’égard de leur autonomie politique et culturelle », a noté dans une tribune du New York Times l’ancien leader de Tiananmen Wuer Kaixi, exilé à Taïwan, où il s’est porté candidat, en indépendant, aux prochaines élections législatives. M. Wuer voit dans le sommet Ma-Xi le triomphe d’une « politique du cynisme », par laquelle la Chine s’est imposée en intermédiaire dans le processus électoral taïwanais.Alors qu’une centaine de manifestants ont tenté en vain vendredi soir de prendre d’assaut le Parlement à Taipei, le sommet Xi et Ma a été dénoncé par l’opposition, notamment sa principale force, le Parti démocrate progressiste (DPP dans son acronyme anglais), comme une manipulation et un risque pour la démocratie en raison de son caractère soudain et de l’absence de supervision démocratique, une critique que Ma Ying-jeou a rejetée lors de la conférence de presse du 5 novembre, arguant qu’il œuvrait en toute transparence.Le DPP et sa candidate, Tsai Ing-wen, sont favoris pour les élections présidentielle et législatives de janvier 2016. Mme Tsai a rappelé vendredi dans un long communiqué que la rencontre devait se dérouler selon le triple principe du « respect mutuel », de la « transparence » et en dehors de toute « précondition ». « Nouer des liens pacifiques et stables avec la Chine ne devrait être soumis à aucune condition préalable », a-t-elle précisé sur sa page Facebook ce matin – une allusion à l’insistance du PCC et du KMT pour ne pas s’écarter du dogme de la Chine unique. Le DPP, qui mène une politique plus apaisée vis-à-vis de la Chine par rapport aux années de la présidence Chen Shui-bian (2000-2008), n’en est pas moins honni par la Chine pour ses positions « indépendantistes ».Lire aussi :A Séoul, les dirigeants chinois, japonais et sud-coréen affichent leur volonté de dialogueBrice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.11.2015 à 06h32 Certains détails du passé de Ben Carson, candidat à l’investure républicaine à la présidentielle américaine de 2016, ont été remis en cause par la presse vendredi 6 novembre. Ces questionnements pourraient nuire à la crédibilité de ce neurochirurgien noir à la retraite, sans expérience politique, qui dispute la primauté des sondages au magnat de l’immobilier Donald Trump : une course d’« outsiders » qui inquiète l’appareil du parti.Lire aussi :Trump vs Carson, le duel des « outsiders » républicainsLe site Politico a écrit que Ben Carson, 64 ans, avait laissé entendre à tort, dans plusieurs livres et lors de ses meetings, avoir reçu à 17 ans une bourse pouvant financer la totalité de ses études à l’académie militaire de West Point. Il aurait décliné cette offre pour s’engager dans sa passion de la médecine. En outre, Ben Carson a dû revenir sur des actes de violence qui ont caractérisé, dit-il, sa jeunesse pauvre à Détroit avant qu’il ne trouve une rédemption dans la Bible et le travail. CNN a contesté le récit qu’il en avait fait jusqu’ici.Dans son autobiographie, Ben Carson écrit que, adolescent, il avait essayé de poignarder un ami, appelé « Bob », précisant que la boucle de la ceinture de son camarade avait bloqué la lame. Il est depuis pressé de fournir l’identité de cet ami, dont les reporters de CNN n’ont pas trouvé trace.Lors d’une conférence de presse combative, M. Carson, qui a les faveurs de la frange évangélique de l’électorat républicain, a contesté avoir déformé les faits concernant la proposition de West Point. « On m’avait fait une offre », a-t-il souligné, ajoutant qu’il l’avait rejetée et qu’il n’avait pas soumis un formulaire pour être admis à l’école militaire. Ben Carson a accusé les médias de le prendre pour cible, se disant convaincu que ses partisans comprendraient vite qu’il était victime d’une « chasse aux sorcières ».Lire aussi :Aux Etats-Unis, les républicains se déchirent en direct 06.11.2015 à 23h55 • Mis à jour le07.11.2015 à 07h51 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Barack Obama a fini par trancher. En annonçant, vendredi 6 novembre, que les Etats-Unis rejetaient la demande de permis de la société TransCanada pour la construction d’un nouvel oléoduc reliant la province canadienne de l’Alberta au golfe du Mexique, le poumon pétrolier du pays, le président des Etats-Unis a mis un terme à des années de polémiques. Le projet Keystone XL nécessitait une autorisation présidentielle du fait de son caractère transfrontalier. D’une capacité d’environ 800 000 barils par jour, courant sur près de 1 900 kilomètres à travers le Montana, le Dakota du Sud et le Nebraska, il devait être raccordé à des tronçons déjà réalisés.Parmi toutes les explications fournies pour justifier sa décision, la plus convaincante a sans doute été la dernière avancée. « Approuver un tel projet aurait affaibli notre position de leader sur le climat », a assuré M. Obama. Le président a également annoncé à cette occasion qu’il sera bien présent à la conférence de Paris sur le climat (COP21) avec ses homologues, en décembre, « autour d’un plan ambitieux pour protéger la planète pendant que nous le pouvons encore ». De nombreux candidats à l’investiture républicaine, dont Marco Rubio et Ted Cruz, l’ont vivement critiqué, assurant qu’ils reviendront sur sa décision s’ils sont élus à la Maison Blanche en 2016.Lire aussi :Keystone XL : sept ans de tractations politiquesL’affaire Keystone XL commence dans une quasi-indifférence en septembre 2008. Une demande de permis est adressée par TransCanada à la Maison Blanche, quelque mois avant que M. Obama ne s’y installe. Le projet fait l’objet tout d’abord de divergences de vue feutrées entre le département d’Etat et l’Agence de protection de l’environnement avant de devenir un sujet de préoccupation pour les défenseurs de l’environnement. En juin 2011, un climatologue de la NASA engagé contre le réchauffement climatique, James Hansen, publie un article retentissant dans lequel il assure que l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta, plus polluante que la production conventionnelle, va rendre « impossible » une stabilisation du climat.Keystone devient un symboleDeux mois plus tard, des milliers d’opposants se massent pendant deux semaines devant la Maison Blanche (plus de 1 200 sont arrêtés). Des Prix Nobel prennent position contre le projet et chaque déplacement de M. Obama dans le pays est ponctué de manifestations. En novembre, pour tenter de calmer les esprits, les autorités américaines annoncent le lancement d’une étude d’impact approfondie. La mobilisation des opposants provoque celle des défenseurs du projet, longtemps silencieux. Le candidat républicain à la présidentielle de 2012, Mitt Romney, prend fait et cause pour Keystone XL. Après la réélection de M. Obama, le projet devient un sujet de contentieux récurrent entre le Parti républicain et le président, qui se retranche derrière l’étude en cours au département d’Etat pour éviter de se prononcer.Rejoints par les démocrates élus d’Etats concernés par l’exploitation pétrolière, les républicains devenus majoritaires au Sénat, en plus de la Chambre des représentants, finissent par adopter en février un projet de loi en faveur de la construction de l’oléoduc, promesse, selon eux, de la création de milliers d’emplois (pendant les deux années de construction). M. Obama le bloque par son veto. Les mois passent. Redoutant un rejet imminent, TransCanada demande à la surprise générale, le 2 novembre, une pause dans l’étude du département d’Etat. Le consortium a vu juste : le rejet de cette requête précède de quarante-huit heures seulement l’annonce du refus.Vendredi, M. Obama s’est étonné de la dimension symbolique prise par un projet qui n’était, selon lui, ni « l’occasion unique » pour l’économie américaine décrite par ses défenseurs, compte tenu des prix actuellement très bas du pétrole, ni « la voie rapide » pour un « désastre climatique ». Les Etats-Unis, qui consomment toujours plus de pétrole qu’ils n’en produisent, malgré la révolution des huiles de schiste, vont d’ailleurs continuer à importer massivement du pétrole du Canada, devenu en quelques années leur premier fournisseur, loin devant l’Arabie saoudite, le Mexique et le Venezuela. Le refus opposé à Keystone XL ne va pas en effet dissuader les pétroliers présents dans l’Alberta à produire. « Même avec un baril à environ 50 dollars, les installations en place restent rentables. Le prix est actuellement trop faible pour lancer de nouveaux projets, mais il faut plutôt avoir en tête un baril à 70 dollars à moyen et à long terme », estime un expert du secteur s’exprimant sous couvert d’anonymat compte tenu de la consigne de silence en vigueur dans son institution.L’alternance politique survenue en octobre au Canada a privé Keystone XL de son plus fervent défenseur, le premier ministre battu aux législatives, le conservateur Stephen Harper, qui l’avait placé au cœur de la relation bilatérale. Son successeur, le libéral Justin Trudeau, soutient cependant lui aussi l’exploitation des sables bitumineux. Selon l’expert du pétrole, l’alternative au refus du permis annoncée vendredi devrait passer par la modernisation du réseau américain existant, moins direct, et le recours au chemin de fer, plus lent, plus coûteux, et également risqué pour l’environnement. « Cela pourrait jouer pour environ 70 % de ce qui aurait transité par Keystone », assure-t-il.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Elvire Camus Barack Obama a finalement dit non. Sept ans après le lancement du Keystone XL, le président américain a décidé d’interdire la construction de l’oléoduc qui devait permettre d’acheminer chaque semaine des millions de barils de pétrole extraits des sables bitumineux du Canada vers les raffineries américaines du golfe du Mexique. A trois semaines de l’ouverture de la conférence de Paris sur le climat (COP21), sa décision, avant tout symbolique, intervient après des années de tractations politiques. Qu’est-ce que l’oléoduc Keystone XL ?Keystone XL (KXL) est un projet d’oléoduc géant entre le Canada et les Etats-Unis lancé en 2008 et porté par le consortium TransCanada. D’un coût de 5,3 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros) et d’une longueur de 1 900 kilomètres, dont 1 400 sur le territoire américain, il avait pour objectif d’acheminer 830 000 barils de brut par jour, extraits des sables bitumineux de l’Alberta, au Canada, vers les raffineries texanes du golfe du Mexique.Lire aussi :Keystone : Obama enterre un symbole du réchauffement climatiqueL’oléoduc Keystone existe déjà. Depuis 2010, il relie l’Alberta à des terminaux pétroliers dans l’Illinois. Le but de Keystone XL était de raccourcir de moitié le trajet de l’oléoduc actuel. La portion sud, entre les Etats américains du Nebraska et du Texas, fonctionne déjà. C’est la construction de la dernière partie, entre le Nebraska et le voisin canadien, qui faisait débat.L’idée de construire Keystone XL est née au début des années 2000. Avec l’augmentation des prix du brut, les compagnies pétrolières se sont intéressées aux sables bitumineux de l’Alberta. Lorsque la production de brut a augmenté, il a fallu trouver une solution pour l’acheminer (plus) rapidement vers des raffineries.Etant donné le caractère transfrontalier de l’oléoduc, l’approbation du département d’Etat américain était indispensable, ainsi que le feu vert du président, à qui revient le dernier mot. Ce processus nécessitait la réalisation de deux rapports : l’un sur l’impact du projet sur l’environnement (rendu en janvier 2014) et le second sur les conséquences du projet pour les intérêts américains (rendu en novembre 2015).Quels étaient les arguments pour ?Les soutiens du projet, en première ligne desquels les républicains et l’ancien gouvernement conservateur canadien, insistaient avant tout sur les retombées économiques de Keystone XL :En transportant 830 000 barils de brut par jour, Keystone XL aurait permis, selon eux, de réduire la dépendance énergétique américaine de 40 % envers le Venezuela et le Moyen-Orient ;Selon TransCanada, le projet aurait permis de créer 20 000 emplois américains et injecter 20 milliards de dollars dans l’économie américaine.Quels étaient les arguments contre ?Les opposants au projet, et notamment les défenseurs de l’environnement, le rejettent pour deux raisons principales :L’origine du pétrole qu’aurait transporté l’oléoduc. Les sables bitumineux de l’Alberta, ces poches de pétrole non conventionnel visqueux et lourd, mélangé à du sable et de l’argile, nécessitent une extraction énergivore et productrice d’un grand volume de gaz à effet de serre ;Le tracé initial. En ce qui concerne la portion entre l’Alberta, au Canada, et le Nebraska, aux Etats-Unis, les défenseurs de l’environnement mettaient en garde contre les risques de fuite de pétrole pour les réserves naturelles des Sandhills. Ils ont rappelé que l’oléoduc initial, Keystone, a connu une douzaine de fuites dès sa première année d’exploitation, dont près de 80 000 litres dans le Dakota du Nord. Depuis, TransCanada a revu sa copie et proposé un nouveau tracé présenté comme plus respectueux de l’environnement et qui évite cette zone. Les soutiens au projet ont par ailleurs fait valoir que le transport par oléoduc était plus sûr que par chemin de fer ou camions.Lire le reportage : En Alberta, l'or noir de la discordeAprès six ans de polémiques, il apparaît que l’impact, aussi bien économique qu’écologique, de Keystone XL, est plus limité que ce que les deux parties suggèrent.Qu’ont révélé sept ans de polémiques ?Pour ce qui est des conséquences sur l’environnement, l’examen du département d’Etat a rendu à la Maison Blanche en janvier 2014 rapporte que Keystone XL n’aurait probablement pas un impact « significatif » sur le réchauffement climatique, principalement car le pétrole qui vient de l’Alberta n’a pas besoin de Keystone XL pour arriver sur le marché. L’oléoduc permettra simplement de l’acheminer plus rapidement.Surtout, malgré le blocage de cet oléoduc en particulier, l’extraction de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta n’est pas suspendue. Les barils de brut sont acheminés vers les raffineries par train, ou par des oléoducs fraîchement construits mais qui ne cristallisent pas autant la polémique.Sur le plan économique, les opposants au projet relèvent que Keystone XL n’aura aucun impact sur l’autonomie énergétique des Etats-Unis car la majorité du pétrole acheminé vers les raffineries sera en réalité exportée vers l’Europe et l’Amérique latine. Barack Obama, en juillet 2013, avait quant à lui souligné que Keystone XL ne créerait que 50 emplois permanents.Pourquoi Obama a-t-il attendu sept ans pour trancher ?Tiraillé entre sa promesse de faire de la lutte contre le réchauffement climatique un axe essentiel de son second mandat et les éventuelles retombées économiques du projet, Barack Obama a surtout cherché à gagner du temps. En face, ses opposants républicains ont tenté de le pousser à prendre une décision, sans succès.En 2011, le Congrès américain a adopté une mesure obligeant la Maison Blanche à trancher avant février 2012. Barack Obama refuse alors le permis à TransCanada, mais sans pour autant fermer la porte au projet. Au lieu de cela, le président affirme que la date limite fixée par le Congrès aurait conduit à prendre une décision trop « précipitée ». Après le refus de Barack Obama, TransCanada propose un nouveau tracé présenté comme plus respectueux de l’environnement. En février 2015, le président américain oppose ensuite son veto à une loi votée au Congrès pour tenter à nouveau d’accélérer le processus.Le 5 novembre 2015, Barack Obama indique qu’il prendra une décision avant son départ de la Maison Blanche, le 20 janvier 2017. Deux jours avant, TransCanada avait demandé aux autorités américaines d’« interrompre l’étude de la demande de permis présidentiel ». A l’approche du terme du second mandat de Barack Obama, la compagnie canadienne visait sans doute à éviter un refus, tout en misant sur une alternance plus favorable à ses intérêts à la Maison Blanche après l’élection de 2016.Mais le gouvernement Obama a lui aussi utilisé le calendrier à son avantage : en avril 2014, le département d’Etat américain annonce qu’il suspend son examen du projet en raison d’un différent au Nebraska sur le tracé de l’oléoduc à travers l’Etat. Suite à cela, les soutiens et les opposants au projet dénoncent une manœuvre politique destinée à remettre sa décision finale à après les élections de mi-mandat.A cause du symbole qu’est devenu Keystone XL, en choisissant de rejeter l’oléoduc à quelques semaines du début de la COP21 et à la fin de son dernier mandat — il ne peut se représenter en 2017 — Barack Obama limite les risques politiques et envoie un signal fort aux écologistes. Ceux-ci n’ont pas manqué de saluer cette décision, à l’image de l’ancien vice-président Al Gore, très impliqué sur le dossier depuis des années :.@POTUS' decision to reject the Keystone Pipeline today is an inspiring step in #ClimateAction leading to #COP21!— algore (@Al Gore)require(["twitter/widgets"]);« La décision du président de rejeter l’oléoduc Keystone est une étape encourageante et un appel à l’action à l’approche de la #COP21 ! »Sans surprise, les républicains ont dénoncé avec force cette décision. « Il est de plus en plus clair que le président préfère apaiser […] des extrémistes que d’aider des dizaines de milliers d’Américains qui auraient pu bénéficier des bons emplois de Keystone », a réagi le chef de la majorité sénatoriale Mitch McConnell. « Lorsque je serai président, Keystone sera approuvé et nous mettrons fin aux politiques énergétiques d’un autre âge du président Obama », a de son côté déclaré le sénateur Marco Rubio, candidat républicain à la présidence.Elvire CamusJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 18h06 • Mis à jour le06.11.2015 à 20h37 Le président américain, Barack Obama, a décidé vendredi 6 novembre d’interdire la construction de l’oléoduc Keystone XL. Celui-ci visait à transporter le pétrole canadien des sables bitumineux de l’Alberta jusque dans le sud des Etats-Unis.Les démocrates appelaient le président américain à refuser le permis de construire pour protéger l’environnement. Keystone XL faisait l’objet depuis des années d’une sourde bataille entre les protecteurs de l’environnement et ceux qui mettent en avant ses retombées économiques pour les Etats-Unis.« Pas d’impact significatif sur l’économie »Au fil des ans, le dossier est devenu emblématique du fossé idéologique existant aux Etats-Unis entre démocrates et républicains sur l’énergie et l’environnement. « Le département d’Etat a décidé que le projet Keystone XL n’était pas dans l’intérêt national des Etats-Unis. Je suis d’accord avec cette décision », a déclaré M. Obama depuis la Maison Blanche, soulignant notamment que le projet n’aurait pas eu d’impact significatif sur l’économie américaine :« L’oléoduc ne ferait pas baisser le prix du carburant pour les consommateurs américains (…). Transporter du pétrole brut plus sale jusque dans notre pays ne renforce pas la sécurité énergétique des Etats-Unis. »Le candidat à la primaire républicaine, Jeb Bush, a aussitôt réagi sur Twitter, estimant que la décision d’Obama était « une attaque contre l’économie américaine et l’emploi » :The Obama Admin's politically motivated rejection of the Keystone XL Pipeline is a self-inflicted attack on the U.S. economy and jobs.— JebBush (@Jeb Bush)require(["twitter/widgets"]);« Il est de plus en plus clair que le président préfère apaiser (...) des extrémistes que d’aider des dizaines de milliers d’Américains qui auraient pu bénéficier des bons emplois de Keystone », a réagi le chef de la majorité sénatoriale, Mitch McConnell. « Lorsque je serai président, Keystone sera approuvé et nous mettrons fin aux politiques énergétiques d’un autre âge du président Obama », a de son côté déclaré le sénateur Marco Rubio, candidat républicain à la présidence.Le dossier était délicat pour la Maison Blanche, les autorités canadiennes avaient effectivement fait de l’oléoduc un sujet sensible de la relation bilatérale. Keystone était également soutenu par l’ensemble des élus républicains. Ces derniers avaient adopté un projet de loi en faveur du début des travaux, après leur prise de contrôle du Sénat à l’issue des élections de mi-mandat, mais M. Obama l’avait bloqué par un veto en février.Un projet lancé en 2008Le projet d’oléoduc géant entre le Canada et les Etats-Unis avait été lancé en 2008 et était porté par le consortium TransCanada. D’un coût de 5,3 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros), il avait pour objectif d’acheminer 830 000 barils par jour de brut vers les raffineries texanes du golfe du Mexique.Son tracé, d’une longueur d’environ 1 900 km, dont 1 400 sur le territoire américain, devait relier Hardisty (Alberta) à Steele City (Nebraska) avec des connexions vers d’autres pipelines existants ou en projet. Le but affiché était de raccourcir de moitié le trajet actuel de l’oléoduc Keystone, qui relie déjà depuis 2010 l’Alberta à des terminaux pétroliers dans l’Illinois. La portion sud, entre le Nebraska et le Texas, fonctionne déjà. A l’origine, TransCanada espérait un feu vert rapide de Barack Obama afin de mettre l’ensemble de l’oléoduc en service en 2015.Peu après l’annonce du rejet américain, l’action de TransCanada chutait de 5 % à la Bourse de New York. L’entreprise « examinera toutes ses options en réponse au refus du permis du Keystone XL », a assuré l’opérateur dans un communiqué après l’annonce de M. Obama. Parmi ces options, TransCanada va étudier « le dépôt d’une nouvelle demande pour obtenir le permis présidentiel [américain] » pour un oléoduc entre le Canada et les Etats-Unis.Lire aussi :L’administration Obama refuse de retarder l’examen du projet Keystone XL Stéphane Lauer (New York, correspondant) Cette fois, un grand pas a été fait dans la direction d’un relèvement des taux d’intérêt aux Etats-Unis dès le mois de décembre. Le rebond enregistré en octobre sur le marché de l’emploi constitue, en effet, un signal clair pour que la Réserve fédérale (Fed) décide d’un resserrement monétaire lors de sa prochaine réunion.Lire aussi :Etats-Unis  : la Fed coincée par la faiblesse de l’emploiL’économie américaine a créé 271 000 emplois le mois dernier, a annoncé, vendredi 6 novembre, le département du travail. Le taux de chômage est ainsi tombé à 5 %, soit 0,1 point de moins qu’en septembre. C’est le niveau le plus faible depuis avril 2008. Surtout, la Fed considère que l’économie est en situation de plein-emploi lorsqu’un taux de sans-emploi de 4,9 % est atteint.Après trois mois décevants au cours desquels le nombre de créations d’emploi était en moyenne de 187 000, le marché du travail est donc reparti nettement de l’avant en octobre. Mieux : le salaire horaire du secteur privé a connu une légère embellie, avec une progression de 2,5 % sur un an, supérieure à la moyenne de 2 % qui était jusqu’à présent constatée.Un plus bas niveau depuis mai 2008« Une hausse des taux d’intérêt apparaît désormais comme l’issue la plus probable », estime Paul Ashworth, le chef économiste de Capital Economics. « Ce n’est qu’un chiffre », a relativisé Charles Evans, le président de la Fed de Chicago, sur la chaîne CNBC, indiquant que l’accélération de la hausse des salaires et de l’inflation sont les indicateurs qui détermineront un éventuel resserrement monétaire.Les traders sur les marchés à terme estiment désormais à 70 % la probabilité d’une hausse des taux dès le mois de décembre, alors que celle-ci n’était que de 58 % avant la publication des chiffres de l’emploi du mois d’octobre. Ceux-ci s’ajoutent aux dernières déclarations de la présidente de la Fed, Janet Yellen, qui, lors d’une audition devant le Congrès américain, a évoqué une « possibilité réelle » d’un relèvement des taux en décembre.L’amélioration du marché de l’emploi est palpable quand on prend en compte une mesure plus large du chômage. Ce que le département du travail appelle dans son jargon le « U6 », c’est-à-dire le taux comprenant également les personnes qui ont abandonné leurs recherches et celles qui occupent un travail à temps partiel, mais qui voudraient un poste à plein temps. Le U6 est également en baisse.Pris sous cet angle, le chômage s’établit à 9,8 %, soit son plus bas niveau depuis mai 2008. Toutefois, il reste largement supérieur à ce qu’il était dans les phases précédentes de reprise. Octobre marque donc une étape importante du redressement du marché de l’emploi. Plus de 122 millions d’Américains ont un emploi à plein temps, un niveau désormais supérieur à ce qu’il était en décembre 2007 (121,6 millions), date du début officiel de la récession.AnomaliesL’embellie sur le front de l’emploi doit être relativisée, car, dans le même temps, la population globale a continué à augmenter. Ainsi, le taux de participation, c’est-à-dire le nombre de personnes en âge de travailler qui ont un emploi ou qui en cherchent effectivement un, continue de baisser. En octobre, le recul est encore de 0,2 point, à 62,4 %, un plancher qui n’avait plus été atteint depuis 1977.Ce qui est encore plus troublant, c’est l’évolution de l’emploi dans la catégorie des 25-54 ans. Alors que l’économie américaine a créé plus de 2 millions d’emplois en un an, cette catégorie fait du surplace, elle devrait pourtant constituer le principal moteur du marché du travail. Sur les douze derniers mois, le taux de participation des 25-54 ans est stable à 77 %, à comparer avec les 80 % de 2007. Les chiffres du mois d’octobre sont encore plus parlants. On s’aperçoit que l’essentiel des gains de créations d’emploi est capté par les plus de 55 ans. En données brutes (sans retrancher les destructions d’emplois), cette dernière tranche d’âge a gagné 378 000 emplois, alors que les 25-45 ans en ont perdu 35 000 !L’amélioration est donc bien là, mais elle cache de fortes disparités et des anomalies, qui indiquent que la crise a laissé des traces profondes. Comme le souligne le think tank The Hamilton Project, l’économie américaine a encore besoin de créer 2,9 millions de postes pour retrouver les niveaux d’emploi d’avant récession, compte tenu de l’accroissement de la population. Même si les statistiques d’octobre sont de nature à inciter la Fed à agir, l’idée que le plein-emploi serait atteint reste néanmoins toute relative.Lire aussi :Fed, une insupportable attenteStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.11.2015 à 15h57 | Lucie Soullier Près de 150 employés de Médecins sans frontières (MSF) s’activent autour d’une centaine de blessés, lorsqu’un avion américain survole l’hôpital de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan. Il est entre 2 heures et 2 h 8 du matin et les bombardements commencent, dimanche 3 octobre. Le calme ne reviendra qu’une heure plus tard, entre 3 heures et 3 h 13.Du moins dans le ciel, car au sol, le chaos domine. Les médecins épargnés tentent de soigner les blessés – confrères, civils ou combattants – qui courent vers les bâtiments administratifs, moins touchés par les frappes. Les patients les plus gravement atteints se succèdent sur une table de bureau et une de cuisine, transformées en tables d’opération improvisées.Le rapport de MSF dévoilé jeudi 5 novembre est aussi précis que les souvenirs des survivants le permettent. Dans l’attaque menée par un avion américain, 30 personnes sont mortes, dont 13 employés de MSF.Lire aussi :Hôpital de MSF bombardé : le bilan monte à 30 mortsLes images satellites jointes au rapport montrent l’étendue des dégâts.La BBC a de son côté pu entrer dans le bâtiment principal, et filmer ce qu’il en restait après le passage de l’AC-130 américain.En détruisant le seul hôpital capable de traiter les blessures de guerre les plus graves dans la région, le bombardement a porté un coup très rude à la population civile prise dans les combats.Une attaque que les Etats-Unis et les autorités afghanes ont tenté de justifier par des versions changeantes et contradictoires, que le rapport de MSF démonte une par une.Des frappes pour venir en appui des troupes au sol ? Première explication donnée par les Etats-Unis : protéger ses soldats au sol. Après avoir minimisé les frappes en évoquant des « dommages collatéraux », le colonel Brian Tribus, porte-parole de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) à Kaboul, déclarait ainsi le 3 octobre qu’elles étaient en réalité destinées à venir en appui de soldats américains au sol. Une version appuyée par le secrétaire à la défense américain, Ashton Carter, selon qui « des forces américaines se trouvaient à proximité de l’hôpital et sous le feu ennemi ».Le rapport de MSF vient contredire cette version, assurant notamment qu’« il n’y avait pas de combats à partir ou à proximité directe du centre traumatologique de Kunduz au moment des frappes aériennes ». Il n’y avait donc « aucune raison concevable que l’hôpital ait dû être ciblé », insiste Vox.Le général John Campbell, chef des forces américaines et de l’OTAN en Afghanistan, avait finalement reconnu le 6 octobre que les frappes n’avaient pas été déclenchées pour venir en aide à des soldats de l’OTAN en danger au sol. Mais il avait alors reporté la responsabilité de la décision sur les autorités afghanes.Lire aussi :Les Etats-Unis rejettent la responsabilité de la bavure de Kunduz sur les AfghansL’hôpital, une base talibane ?Seconde hypothèse, celle des autorités afghanes cette fois, l’hôpital aurait été utilisé comme une base talibane, ce qui justifierait les frappes. Le ministère afghan de la défense et le gouverneur de la province de Kunduz ont ainsi affirmé le 7 octobre que le bombardement avait été délibéré : des talibans auraient attaqué des soldats afghans depuis l’hôpital, ce que MSF dément.Certes, souligne l’organisation non gouvernementale (ONG) dans son rapport, des talibans étaient présents dans le centre au moment de l’attaque. Mais parmi les blessés. Des combattants blessés appartenant aux deux parties du conflit en cours à Kunduz, ainsi que des femmes et des enfants, figuraient parmi les 105 patients. MSF recense notamment près de 20 talibans blessés, dont deux soupçonnés d’être des haut gradés.« Depuis mercredi, MSF était au courant que deux des talibans blessés semblaient avoir un grade supérieur. Cela a été supposé pour plusieurs raisons : ils avaient été amenés à l’hôpital par plusieurs combattants et des enquêtes régulières étaient faites sur leur état de santé, dans le but d’accélérer les traitements et de les faire sortir rapidement. »En revanche, l’hôpital n’était en aucun cas une base talibane. Les armes étaient ainsi interdites dans son enceinte et « le personnel de l’hôpital contrôlait complètement les bâtiments avant et pendant les frappes aériennes », souligne Joanne Liu, présidente internationale de MSF dans une lettre publiée sur le site Internet de l’organisation.« Pas un seul membre de l’équipe de MSF n’a rapporté la présence de combattants armés ou de combats à l’intérieur ou depuis l’enceinte de l’hôpital avant ou pendant les frappes aériennes », précise le rapport.Or le simple fait de soigner des talibans ne peut pas être une justification aux frappes aériennes, poursuit Christopher Stokes, directeur général de MSF. « Selon le droit international humanitaire, les combattants blessés sont des patients, ils ne peuvent pas être attaqués et doivent être traités sans discrimination. Le personnel médical ne devrait jamais être puni ou attaqué pour avoir fourni des soins à des combattants blessés. » Erreur ou crime de guerre ?Dernier revirement américain, le commandant des forces américaines et de l’OTAN en Afghanistan, John Campbell, a admis finalement le 6 octobre, devant le Sénat, qu’il s’agissait « d’une erreur ». Quelques jours plus tard, précise Newsweek, il ajoute que « plusieurs civils innocents ont été accidentellement frappés » dans des frappes aériennes destinées à « éliminer une menace talibane ».Lire aussi :Centre MSF de Kunduz en Afghanistan : histoire d’une bavureMais MSF a bien du mal à considérer l’attaque comme une erreur ou un accident au regard des témoignages et des preuves recueillis.Ainsi, souligne le rapport, les frappes ont ciblé plusieurs fois et de façon précise le bâtiment principal de l’hôpital, épargnant relativement les autres. Or l’enceinte détruite correspond exactement aux coordonnées GPS transmises par MSF aux deux parties du conflit, afin qu’il soit considéré comme une zone humanitaire protégée.En outre, ajoute le rapport, deux drapeaux de MSF avaient été déployés sur le toit de l’hôpital, en plus de ceux existant à l’entrée du centre de traumatologie, et le centre était l’un des seuls disposant de l’électricité la nuit de l’attaque, faisant de lui le mieux éclairé de la ville, selon le New York Times.Ces éléments laissent d’autant plus supposer que l’hôpital a été spécifiquement ciblé que des tirs — « probablement depuis l’avion » — ont également visé le personnel de MSF et les blessés en train de fuir. « De l’intérieur de l’hôpital, on voit bien que cette attaque a été menée dans le but de tuer et de détruire », conclut Christopher Stokes.Lire aussi :Le bombardement de l’hôpital de Kunduz est-il un crime de guerre ?Selon The Atlantic, le Pentagone a reçu le rapport de MSF et son porte-parole a affirmé que les Etats-Unis allaient continuer de travailler avec l’ONG afin de conclure les investigations et d’indemniser les victimes.MSF demande de son côté une enquête indépendante sur ce qu’elle considère comme « un crime de guerre ».« Nous avons besoin d’un engagement clair sur le fait que fournir des soins médicaux ne fera jamais de nous une cible. Nous avons besoin de savoir si les règles de la guerre sont encore valables. »Lucie SoullierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Bastien Bonnefous et Yves-Michel Riols Le président François Hollande a précisé, dimanche 27 septembre, à New York, que l’aviation française avait mené, dimanche matin, des frappes contre un camp d’entraînement de l’Etat islamique (EI) proche de la localité de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, qui menaçait « la sécurité de notre pays ».Lire aussi :La France a mené ses premières frappes en SyrieSelon nos informations, de premières frappes auraient été lancées dès le 24 septembre – ce que démentent les autorités –, et auraient visé les environs de Rakka, la « capitale » autoproclamée de l’Etat islamique.« Légitime défense »Cette opération, conduite par six avions dont cinq Rafale, a précisé M. Hollande, visait à « protéger notre territoire » et à « agir en légitime défense ». Ce raid, qui s’est déroulé à 6 h 30, heure de Paris, selon une source diplomatique, a « atteint son objectif » en détruisant la « totalité du camp » d’entraînement, a affirmé M. Hollande lors d’une brève déclaration au siège de l’Organisation des Nations unies, à New York, à la veille de l’Assemblée générale des Nations unies, lundi, qui sera dominée par la crise syrienne.M. Hollande a souligné que « d’autres frappes pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines si nécessaire ». Toutefois, a-t-il insisté, seul un processus diplomatique peut offrir une perspective de sortie de crise en Syrie. Il a renouvelé la position défendue de longue date par la France en affirmant que « l’avenir de la Syrie ne peut pas passer par Bachar Al-Assad ».Lire aussi :5 questions sur les frappes françaises en Syrie« La France discute avec tous et n’écarte personne », a poursuivi M. Hollande, une allusion autant destinée à la Russie et à l’Iran, les principaux parrains du régime syrien, qu’aux cadres du pouvoir de Damas, que la France dit vouloir associer à d’éventuelles négociations, afin d’éviter un effondrement total de l’Etat syrien.Bastien BonnefousJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteYves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Pouchard L’Elysée a annoncé dimanche 27 septembre que l’armée française avait effectué ses premières frappes en Syrie contre l’Etat islamique.1. Quelles cibles sont visées ?François Hollande a précisé dimanche après-midi que les frappes avaient visé un camp d’entraînement de djihadistes près de Deir Ezzor, dans l’est de la Syrie. « Nos forces ont atteint leurs objectifs : le camp a été en totalité détruit », a ajouté le chef de l’Etat.Mais selon nos informations, de premières frappes auraient été lancées dès le 24 septembre – ce que démentent les autorités –, et auraient visé les environs de Rakka, la « capitale » autoproclamée de l’Etat islamique.M. Hollande a souligné dimanche que « d’autres frappes pourraient avoir lieu dans prochaines semaines si nécessaires ».Dans un entretien au Monde le 18 septembre, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, évoquait comme cibles prioritaires les « centres de formation des combattants étrangers » qui préparent ces derniers « non plus uniquement en vue de contribuer aux combats de Daech au Levant, mais pour intervenir en Europe, en France en particulier ».Lire aussi :La France attaquera des « centres de formation de combattants étrangers » en Syrie2. Quels moyens sont engagés ?Dans le cadre de l’opération Chammal, engagée en septembre 2014 contre l’Etat islamique et initialement cantonnée à l’Irak, la France a mobilisé six Mirage 2000 (positionnés en Jordanie), six avions Rafale et un avion de patrouille maritime Atlantique 2 (positionnés, eux, aux Emirats arabes unis).3. Quel cadre juridique ? Dans l’entretien accordé au Monde, Jean-Yves Le Drian a affirmé que « le cadre légal est l’article 51 de la charte des Nations unies qui porte sur la légitime défense ». Cet article précise qu’un Etat a le « droit naturel » de se défendre en cas « d’agression armée », jusqu’à ce que le Conseil de sécurité « ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales ».Il y a un an, Paris refusait d’intervenir en Syrie et estimait alors qu’aucun cadre juridique et politique ne pouvait légitimer une intervention. Les attaques en France commanditées depuis l’Irak et la Syrie lors de cette dernière année contribuent à accréditer la légitime défense : Sid Ahmed Ghlam à Villejuif, Yassin Salhi en Isère, Ayoub El-Khazzani dans le Thalys Amsterdam-Paris…Lire aussi :Le flot de volontaires étrangers vers l’Etat islamique ne tarit pasLa légitime défense est également le moyen invoqué par le Royaume-Uni dans le cadre de ses frappes contre l’Etat islamique et plus particulièrement contre des djihadistes britanniques.Lire aussi :Les frappes ciblées contre des djihadistes britanniques en Syrie sont-elles légales ?4. Que se passe-t-il si l’armée française tue un Français en Syrie ?Le ministre de la défense a éludé la question, affirmant que l’armée « ne cible personne en particulier ».« Nous combattons non des individus mais un groupe terroriste composé de ressortissants de différentes nationalités, dans le respect du droit international humanitaire. »5. Pourquoi la France frappe-t-elle maintenant la Syrie alors qu’elle s’y refusait il y a un an ?En s’engageant dans la coalition internationale contre l’Etat islamique en Irak, Paris avait alors expliqué qu’il mettait dans le même sac l’Etat islamique et le régime de Bachar Al-Assad, accusés de centaines de milliers de morts depuis le début de la guerre syrienne en mars 2011. Et pour la France, bombarder l’EI en Syrie ne pouvait servir que les intérêts du régime syrien.Mais depuis deux ans, « Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] a considérablement développé son emprise », a déclaré François Hollande le 7 septembre pour justifier le changement d’orientation de sa politique. Constatant la menace de plus en plus grande de djihadistes formés en Syrie pour frapper la France sur son territoire, les autorités ont fait volte-face. De plus, « le périmètre d’action des forces loyalistes à Bachar s’est réduit et aujourd’hui, frapper Daech ne signifie pas militairement favoriser Bachar », assurait Jean-Yves Le Drian le 18 septembre.Cela ne fait toutefois pas de Bachar Al-Assad un allié, s’emploie à expliquer le gouvernement. Jean-Yves Le Drian a assuré qu’il n’y avait « aucun » échange d’informations avec les Syriens et les Russes. Mais le nombre croissant d’Etats bombardant la région tenue par l’Etat islamique rend probable, à terme et de manière plus ou moins officielle, une certaine coordination entre les acteurs.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.09.2015 à 08h20 • Mis à jour le27.09.2015 à 15h32 | Nathalie Guibert L’armée française a mené de premières frappes en Syrie. Elles ont été annoncées officiellement par un communiqué de l’Elysée, dimanche 27 septembre au matin. François Hollande a ajouté dans l’après-midi que les frappes avaient visé un camp d’entraînement de djihadistes près de Deir Ezzor, dans l’est du pays.Le chef de l’Etat a donné ces précisions, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York :« Nos forces ont atteint leurs objectifs : le camp a été en totalité détruit. Six avions ont été utilisés, dont cinq Rafale. Les cibles ont pu être identifiées grâce à des vols de reconnaissance mais aussi grâce à la coalition qui nous a fourni également des informations. »Selon nos informations, des frappes auraient aussi eu lieu jeudi 24 septembre – ce que démentent formellement les autorités. Les cibles concernées se situeraient notamment à Rakka, la ville du centre du pays qui est considérée comme le fief de l’organisation Etat islamique (EI).Lire aussi :Sur la piste du fief de l’Etat islamique« Légitime défense »« Nous frappons Daech en Syrie car cette organisation terroriste prépare les attentats vers la France depuis la Syrie, depuis ces sanctuaires (...). Nous agissons donc en légitime défense », a déclaré dimanche le premier ministre Manuel Valls.Le président François Hollande avait annoncé le 7 septembre qu’après de premiers vols de reconnaissance en Syrie menés dès le lendemain, des frappes suivraient, justifiées par la légitime défense.L’armée frappera « tous ceux qui menacent la France », avait pour sa part averti le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, dans un entretien au Monde le 18 septembre. Mais si l’armée de l’air française est intégrée au commandement américain pour frapper en Irak, Paris insiste pour dire que les opérations en Syrie sont menées en autonomie. « Nous sommes intégrés à la sécurisation du ciel syrien faite par les Américains, mais nous avons notre liberté d’appréciation, de nos cibles de renseignement et de nos actions », a précisé M. Le Drian au Monde.Des centres d’entraînement visésSeront ainsi visés dans les semaines qui viennent les centres de commandement, les camps d’entraînement et la logistique de l’organisation terroriste ; ce que les militaires nomment les « centres de gravité » de l’adversaire. Selon la défense, il ne s’agira pas d’une « campagne de frappes massive », mais de coups ciblés.Lire l'entretien :La France attaquera des « centres de formation de combattants étrangers » en SyrieLe renseignement français, consolidé par une opération informatique du cybercommandement de l’état-major qui est remonté jusqu’au groupe, a identifié plusieurs cibles de l’EI à Rakka. Ces premières frappes pourraient avoir visé un QG depuis lequel seraient commandités de nombreux attentats visant l’Europe et la France en particulier.Américains, russes, syriens : ciel encombré au-dessus de RakkaL’intervention d’avions français dans cette zone n’est pas sans risques. Les troupes de Bachar Al-Assad, depuis peu, frappent elles aussi de nouveau les combattants de l’EI. En outre, la Russie a, ces derniers jours, renforcé ses moyens militaires en Syrie en soutien au régime, en y installant une trentaine d’avions de reconnaissance et d’attaque au sol, des Soukhoï 24 et 30. Le ciel de Rakka est donc potentiellement encombré.A Paris, les sources de la défense avaient dans un premier temps laissé entendre que l’armée de l’air n’interviendrait que dans des zones dans lesquelles les avions syriens ne volaient plus, ces derniers – et les défenses antiaériennes qui vont avec – ne pénétrant plus dans les régions situées à l’est du 38e parallèle. Or, à Deir ez-Zor comme à Rakka, l’armée de Bachar Al-Assad continue de bombarder l’EI.Cela confirme nos informations selon lesquelles la France s’est inscrite dans la nouvelle coordination établie entre les forces en présence, américaines et syriennes au premier chef, contre Daech. Les avions de chasse russes, mais aussi syriens, ne seront pas des cibles, à condition qu’ils ne commettent pas d’attaques contre les avions de la coalition anti-EI. M. Le Drian a assuré au Monde qu’il n’y avait « aucune » information réciproque avec les Russes et les Syriens.Quelque 200 frappes françaises en IrakQuelque 800 militaires français sont déployés dans l’opération Chammal depuis 2014. En Irak, elle recouvre des opérations aériennes au sein de la coalition internationale dirigée par les forces américaines, mais aussi des missions de conseil de l’armée irakienne à Bagdad, et des missions d’assistance armée aux peshmergas – les combattants kurdes. Une soixantaine de spécialistes sont insérés dans les états-majors de la coalition, à Tempa (Floride), au Koweït, à Bagdad, et surtout au quartier général des opérations aériennes d’Al-Udeid au Qatar. En Irak, la France a mené quelque 200 frappes, soit 5 % du total, depuis septembre 2014.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.09.2015 à 06h23 • Mis à jour le27.09.2015 à 06h25 Plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi 26 septembre à Mexico aux côtés des parents des 43 étudiants disparus pour marquer le premier anniversaire d’une tragédie qui a suscité une émotion internationale et porté un coup à la crédibilité du gouvernement Peña Nieto. « Ils les ont emmenés vivants, nous les voulons vivants ! » ont crié les participants à cette « marche de l’indignation », partie des abords de la résidence présidentielle de Los Pinos en direction de la place du Zocalo, dans le centre historique de Mexico.« Crime d’Etat », « Dehors Peña » (Nieto), pouvait-on lire sur certains panneaux brandis par les manifestants, qui défilaient sous la pluie derrière les parents des 43 disparus. « Nous sommes venus avec une soif de justice, il ne peut y avoir d’impunité. Derrière les 43, il y a des milliers de disparus », indiquait Sofia Rojas, une étudiante de l’Université nationale autonome de Mexico (UNAM). « J’espère que la pression produite avec les 43 va aider à trouver tous les autres », commentait Rómulo Hernández, un commerçant de 73 ans qui défilait avec un panneau sur lequel était écrit le nom de sa fille disparue en 2013.Lire aussi :Un an après, la disparition des 43 étudiants hante toujours le MexiqueLes parents de ces étudiants, venus de l’Etat du Guerrero (sud) déchiré par les violences, sont arrivés mercredi dans la capitale où ils ont mené une grève de la faim de 43 heures. Le président Enrique Peña Nieto a reçu ces familles pour la deuxième fois en un an pour leur dire que l’enquête se poursuivait. « Nous sommes du même côté », leur a-t-il déclaré. « Nous cherchons ensemble la vérité. »Les familles expriment leur déceptionLes élèves-enseignants de l’école d’Ayotzinapa ont disparu dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014 alors qu’ils se rendaient à Iguala (sud) pour s’emparer d’autobus et collecter de l’argent avant une manifestation dans la capitale. Ils ont alors été attaqués par des policiers municipaux d’Iguala qui ont tué trois d’entre eux avant de les livrer au cartel de la drogue Guerreros Unidos. Ce dernier les aurait tués avant de les incinérer dans une décharge, selon la version officielle.Les restes d’un étudiant ont pu être identifiés grâce à son ADN par un laboratoire autrichien et les autorités ont annoncé la semaine dernière avoir « possiblement » identifié les restes d’un deuxième disparu. Des responsables ont annoncé vendredi que 60 000 autres fragments d’os étaient actuellement examinés.Mais les parents ont toujours rejeté la version officielle et récemment un groupe d’experts indépendants de la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) a indiqué qu’il n’y avait pas de preuves que ces étudiants avaient été incinérés dans une décharge et demandé à ce que de nouvelles pistes soient explorées.Des manifestations se sont également déroulées dans d’autres villes du Mexique, notamment à Chilpancingo, la capitale du Guerrero. Quelques rassemblements ont également eu lieu en France, en Espagne, en Argentine et aux Etats-Unis.Le président a ordonné la création d’une unité spéciale chargée d’enquêter sur les nombreuses disparitions dans le pays, plus de 20 000 selon les chiffres officiels. Les parents, qui ont remis une liste de huit exigences, ont exprimé leur déception et se sont engagés à continuer à mettre la pression sur le gouvernement. Les familles exigent notamment des autorités judiciaires qu’une unité spéciale uniquement dédiée au cas des 43 étudiants soit constituée et placée sous supervision internationale. 27.09.2015 à 03h47 • Mis à jour le27.09.2015 à 03h57 L’Arabie saoudite a rejeté samedi 26 septembre au soir les critiques faites par son rival iranien qui avait demandé une enquête sur la bousculade survenue jeudi près de la Mecque, dans laquelle au moins 769 personnes sont mortes, dont plus de 130 Iraniens. « Je crois que les Iraniens auraient mieux à faire que d’exploiter politiquement une tragédie qui a touché des gens qui observaient leurs rites religieux les plus sacrés », a réagi le ministre des affaires étrangères saoudien Adel al-Jubeir, lors d’une rencontre avec son homologue américain John Kerry à New York.Les autorités saoudiennes ont promis une enquête « rapide et transparente » sur la tragédie la plus meurtrière depuis vingt-cinq ans à avoir endeuillé le grand pèlerinage de La Mecque dans le premier lieu saint de l’islam. Coïncidant avec l’Aïd el-Kébir, la fête musulmane du sacrifice, la bousculade était survenue lors du rituel de la lapidation des stèles de Satan, à Mina, où une cité de tentes blanches est établie à 5 kilomètres de La Mecque.Lire aussi :La Mecque : les raisons d’une bousculade meurtrièreEn marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le président iranien Hassan Rohani avait appelé samedi à une enquête détaillée. Auparavant, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait estimé qu’une« mauvaise gestion » des autorités saoudiennes était à l’origine de la bousculade et demandé à Riyad d’« accepter l’énorme responsabilité de cette catastrophe ». Un deuil de trois jours a commencé vendredi en Iran.Cette poussé de fièvre entre Ryad et Téhéran s’ajoutent aux tensions entre les deux rivaux régionaux, notamment à propos des conflits en Syrie et au Yémen et depuis la conclusion d’un accord sur le nucléaire entre l’Iran et les grandes puissances.Le président turc, l’islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, avait pris vendredi la défense de l’Arabie saoudite, estimant qu’il serait « erroné de montrer du doigt l’Arabie saoudite, qui fait son possible » pour que le pèlerinage ait lieu dans la paix.Lire aussi :Le hadj, une tradition musulmane régulièrement endeuillée Simon Roger (New York, envoyé spécial) Ce n’est qu’un « déjeuner informel » dans le gratte-ciel des Nations unies qui longe l’East River, mais c’est l’un des moments les plus attendus sur le dossier du climat, à deux mois de la conférence de Paris, la COP21. Organisé dimanche 27 septembre à l’initiative du secrétaire général, Ban Ki-moon, des présidents français et péruvien (le Pérou et la France assurant respectivement la présidence sortante et entrante de la COP), ce repas au sommet, en marge de la 70e assemblée générale onusienne, devrait rassembler une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement.Lire aussi :Les dix-sept objectifs de l’ONU pour une planète durableY sont attendus le Chinois Xi Jinping, le Sud-Africain Jacob Zuma, la Brésilienne Dilma Rousseff, le Bolivien Evo Morales, l’Egyptien Abdel Fatah Al-Sissi, le Turc Recep Tayyip Erdogan, les Européens Angela Merkel et David Cameron… ou encore Anote Tong, le président de la République des Kiribati. Autrement dit un échantillon représentatif des principaux blocs de la diplomatie mondiale sur le changement climatique : pays industrialisés, pays en développement, puissances émergentes fortement émettrices de gaz à effet de serre, petits Etats faiblement émetteurs mais très vulnérables à la hausse du thermomètre planétaire.Le panel est « de très haut niveau et d’excellente qualité », assure François Delattre, le chef de la mission permanente de la France auprès des Nations unies à New York passant un peu vite sur plusieurs absents de marque : Vladimir Poutine, représenté par son ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov ; Barack Obama et Narendra Modi, à la tête de deux pays parmi les plus émetteurs au monde de gaz à effet de serre.Accord sino-américainCosignataire vendredi 25 septembre d’une déclaration commune dans laquelle les Etats-Unis et la Chine précisent leurs engagements pour réduire leurs émissions et accélérer la transition vers une « économie bas carbone », Barack Obama estime avoir suffisamment œuvré dans ce dossier pour se permettre de faire l’impasse sur le déjeuner du 27. Le premier ministre Modi sera dimanche sur le sol américain, mais sur la côte ouest, en Californie, où il a décidé de parler de nouvelles technologies avec la communauté indienne de la Silicon Valley.Lire aussi :Pourquoi Pékin s’engage sur la limitation des gaz à effet de serre« Je ne doute pas de l’engagement du président Obama et de l’administration américaine, et le premier ministre indien est très sensibilisé aux enjeux du dérèglement climatique, a assuré le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, samedi à New York. Tous deux vont jouer un rôle important dans le succès espéré à Paris ».Entre la poire et le fromage, on parlera d’« ambition », c’est-à-dire des contours de l’accord qui devrait lier, à la mi-décembre à l’issue de la COP 21, les 195 pays de la convention cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pour maintenir le réchauffement sous le seuil des 2 °C. Dimanche à table, les chefs d’Etat et de gouvernement vont aborder aussi les « actions » que le Etats sont prêts à engager sans délai en matière de financement, d’accès aux énergies renouvelables, de transfert de technologies vers les pays du Sud.Annonce de la contribution française à l’aide aux pays du SudDans le froissement des serviettes et les bruits de vaisselle autour de la table dressée pour 30 personnes, on tendra particulièrement l’oreille en direction de François Hollande. Pays hôte de la prochaine COP, diplomatiquement influent et membre du club du G7, la France est très attendue sur le dossier du financement des 100 milliards de dollars par an, la somme que les pays du Nord se sont engagés, à la COP de Copenhague en 2009, à transférer vers les pays du Sud d’ici à 2020.La pression sur la délégation française est montée d’un cran avec la déclaration sino-américaine du 25 septembre, dans laquelle la Chine se risque pour la première fois à annoncer un effort financier chiffré de 3,1 milliards de dollars d’aide aux pays en développement dans la lutte contre le réchauffement.« L’important effort de la France sur les financements climat » est l’un des temps forts du déplacement de François Hollande du 26 au 28 septembre à l’ONU, confirme Laurent Fabius. L’annonce pourrait être faite à l’heure du café, après le fameux déjeuner, ou lors de son allocution dimanche après-midi au sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) ou encore pendant son discours à la tribune de l’assemblée générale, lundi midi.Au-delà du moment choisi, c’est l’ampleur de cet « effort » qui suscite les interrogations des partenaires de la France. Une enveloppe de 1,5 milliard à 2 milliards d’euros par an de financements additionnels pour le climat serait considérée comme un signal fort adressé aux autres grands bailleurs dans la dernière ligne droite précédant la COP 21… à condition de clarifier aussi la nature de ces fonds et leur affectation précise.Simon Roger (New York, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 19h17 | Charlotte Bozonnet //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']); //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Laïcité et liberté d’expression : des armes idéologiques ? Varoufakis face à Cohn-Bendit : « Il faut donner de la souveraineté au Parlement européen » Thomas Piketty : « C’est aux citoyens de faire pression sur leurs gouvernements »tous les articles de la thématique La rencontre s’annonçait superbe, et elle le fut. Corps des femmes, avenir des révolutions arabes, port du voile, lien entre dictature et islamisme : pendant une heure, ce samedi après-midi, la journaliste et militante américano-égyptienne, Mona Eltahawy, et le journaliste et écrivain algérien, Kamel Daoud, ont noué, devant une salle comble de l’Opéra Bastille, un passionnant dialogue sur la situation des femmes dans le monde arabe, samedi 26 septembre à l’occasion du Monde Festival.« Mona Eltahawy, vous dites des hommes au Moyen-Orient : ‘ils nous détestent’, a rappelé Christophe Ayad, chef du service international du Monde, en introduction, mais la question n’est-elle pas ‘pourquoi ils vous détestent’ ? ». Pour la journaliste, qui n’a de cesse de s’attaquer à la misogynie et à l’obsession du contrôle du corps et de la sexualité des femmes dans les sociétés arabes, il s’agit de « déconstruire ce triangle de l’oppression que représentent l’Etat, la rue et la maison. » Ces lieux où se perpétuent les clichés et les ressorts de l’oppression, pas seulement du fait des hommes. Mona Eltahawy le rappelle : « Les mères élèvent leurs enfants pour qu’ils survivent dans un environnement misogyne ». Kamel Daoud l’avoue : si lui a pu s’extraire de cet environnement, c’est grâce aux livres. « Il est nécessaire de dénoncer le sort fait aux femmes mais il faut aussi comprendre pourquoi on transforme les hommes en bourreaux. »Lire l'interview :Mona Eltahawy : « Femmes musulmanes, il faut briser la barrière de la honte »Interrogée sur le port du voile, Mona Eltahawy rappelle que les raisons pour lesquelles une femme se voile peuvent être extrêmement différentes. Sa mère le fait par respect, sa soeur, qui vit à New-York, pour dire « merde » aux islamophobes, raconte-t-elle. Elle-même a expérimenté le port du voile lorsqu’elle est arrivée en Arabie saoudite à l’âge de 15 ans, avant de l’enlever. Mais, quelles que soient ces raisons, « la vraie question est ailleurs », souligne la journaliste, « et c’est : pourquoi le corps des femmes devrait-il être la toile sur laquelle on écrit la politique et l’idéologie ? ».Le corps des femmes, ce qu’en fait la religion, « c’est le noeud gordien », a rappelé Kamel Daoud, qui parle d’un « profond problème philosophique ». Si la religion s’en prend ainsi au corps des femmes, c’est qu’il lui est insupportable : « On veut la réduire, la tuer car la femme est la preuve que le corps existe », souligne l’écrivain algérien. « Une femme n’est pas coupable de son corps. C’est à l’homme, celui qui lui fait face, de changer », rappelle-t-il, poursuivant : « le porno-islamisme, cette fixation sur le corps des femmes, ça arrive chez vous et vous êtes l’Occident ».« Il faut des citoyens, pas des croyants »Mona Eltahawy et Kamel Daoud déplorent la façon dont les débats sont souvent posés en Occident. De cette désastreuse façon de choisir entre dictatures et islamismes – une impasse – au port du voile. Un débat monopolisé par les racistes et l’extrême droite, sans que jamais les femmes musulmanes n’aient la parole, regrette la journaliste.Sur l’avenir des révolutions arabes, que beaucoup voudraient présenter comme un échec, Mona Eltahawy et Kamel Daoud répliquent par la marche de l’histoire. « La révolution, ce n’est pas un évènement Facebook qu’on peut liker. C’est un processus de long terme », souligne la journaliste américano-égyptienne. Kamel Daoud rappelle lui que « l’histoire est en marche » : « Ces révolutions n’ont été que des moitiés de révolutions. » (...) « Ça ne sert à rien de faire tomber un dictateur si on ne fait pas tomber le ciel. Il faut des citoyens, pas des croyants ».Ce combat contre l’obscurantisme, tous les deux le vivent au quotidien. Mona Eltahawy a été agressée par des militaires alors qu’elle couvrait la révolution égyptienne de la place Tahrir du 25 janvier 2011. Son premier ­livre, Foulards et hymens (Belfond), s’ouvrait par un vibrant appel à la désobéissance lancée aux femmes : « Soyez impudiques. Soyez rebelles, désobéissez et sachez que vous méritez d’être libres. » Kamel Daoud, chroniqueur au Quotidien d’Oran et auteur de Meursault, contre-enquête (Actes Sud), pour lequel il a reçu le prix Goncourt du premier roman 2015, a été visé par une fatwa de mort lancée par un mouvement salafiste algérien.Les femmes sont-elles l’avenir du monde arabe ? Oui, sans aucun, nous répondent ces deux esprits lumineux. « Quand les gens bougent, c’est une émeute, lorsque les femmes les rejoignent, cela devient une révolution », explique Kamel Daoud. Mona Eltahawy résume : « Sans égalité politique pour les femmes, nos révolutions échoueront ».Lire aussi :Kamel Daoud, une plume contre l’obscurantismeCharlotte Bozonnet Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) La journée du vendredi 25 septembre touchait à sa fin. Andrea Bernardi, vidéaste de l’Agence France-Presse (AFP), pensait sortir de Cisjordanie et repartir à Jérusalem lorsqu’un contact l’informa que des heurts opposaient des soldats israéliens à de jeunes Palestiniens, dans la localité de Beit Furik, près de Naplouse. Ces heurts faisaient suite aux funérailles d’un homme de 25 ans, tué une semaine plus tôt par l’armée après avoir, selon la version officielle, lancé un cocktail Molotov. Le vidéaste italien et son confrère photographe, Abbas Momani, décidèrent de se rendre sur place. Ils ne s’attendaient pas à devenir eux-mêmes les victimes de violences et d’abus de la part des soldats.« Nous avons laissé la voiture à l’intersection entre la route principale et celle conduisant vers le village, rapporte Andrea Bernardi. Nous avons d’abord croisé une voiture de la police aux frontières. J’ai montré mon accréditation israélienne, ils nous ont laissé passer sans problème, puis nous avons mis nos casques et nos gilets pare-balles avec le sigle presse. Nous avons avancé, et nous sommes arrivés à la hauteur d’une jeep de l’armée, puis d’une autre, 50 mètres plus loin, qui tirait du gaz lacrymogène contre les Palestiniens, à cent mètres de là. » Les minutes suivantes ont été entièrement documentées par un enregistrement vidéo, mis en ligne par une société de production locale, Palmedia.Mesures disciplinairesA plusieurs reprises, les soldats s’en sont pris aux deux journalistes, les invectivant, projetant à terre leur matériel, essayant de récupérer la carte mémoire de leurs appareils en fouillant les poches du photographe palestinien. Les deux hommes n’ont pas insisté, bien décidés à s’éloigner car la tension était grande. Lorsque Andrea Bernardi a voulu prendre une photo à l’aide de son téléphone de l’équipement endommagé, une jeep s’est approchée de lui, des soldats ont sauté à terre et l’ont plaqué au sol, en l’immobilisant avec un genou sur le dos. « Un soldat a pointé son arme sur moi. Ils ne m’avaient jamais demandé mon nom, ni un document d’identité avant cela. Ils ne m’ont pas arrêté. Ils avaient juste peur qu’on prenne des images des caméras qu’ils avaient détruites, en pensant peut-être à d’éventuelles sanctions. » Au total, les soldats ont détruit un appareil photo et une caméra, et confisqué un autre appareil et un téléphone.L’officier en charge de l’opération à Beit Furik a été suspendu, une première mesure « immédiate » dans l’attente d’autres « mesures disciplinaires » contre l’officier en question ou d’autres soldats, a annoncé le colonel Peter Lerner, porte-parole de l’armée, à l’AFP. « Les plus hauts niveaux de commandements ont été informés de l’incident », avait-il auparavant déclaré. L’Association de la presse étrangère (FPA), à Jérusalem, a dénoncé « l’attitude déplorable » des soldats israéliens contre deux journalistes clairement identifiés, les violences physiques et les dommages matériels causés. Elle a aussi souligné son inquiétude : « Si tout cela n’avait pas été capturé sur vidéo, il ne se serait rien passé. Des patrouilles de l’armée agissent trop souvent dans l’impunité et en violation, semble-t-il, des ordres, en contradiction directe avec l’idéal de haute moralité à laquelle l’armée israélienne prétend adhérer. »Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 11h34 • Mis à jour le27.09.2015 à 15h23 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) La Catalogne ne représente que 3,6 % du chiffre d’affaires du géant de la mode nuptiale Pronovias, contre 23,1 % pour le reste de l’Espagne. Le président de l’entreprise catalane, Alberto Palatchi, a décidé de le rappeler à ses employés avant les élections régionales du 27 septembre, où se présente une liste unitaire indépendantiste dont l’objectif est de faire sécession dans les dix-huit mois suivant le scrutin.Lire aussi :En Catalogne, les indépendantistes tentent un nouveau coup de forceBrisant le silence maintenu jusqu’à ces dernières semaines par la plupart des chefs d’entreprise catalans sur une hypothétique indépendance de la région espagnole, M. Palatchi a diffusé, lundi 21 septembre, un courrier interne expliquant que Pronovias est « difficilement viable (…) dans une Catalogne hors de l’Union européenne, hors de la zone euro, sans un système financier soutenu par la Banque centrale européenne et isolée en matière économique, politique et de sécurité ». Il a ajouté qu’en cas d’indépendance, l’entreprise se verrait obligée de « considérer toutes les options » pour garantir sa pérennité, laissant entendre qu’il pourrait délocaliser le siège du groupe.« Tensions maximales »Pronovias n’est pas la seule entreprise catalane à s’inquiéter d’une sécession. Le groupe pharmaceutique Almirall ou le producteur de vin pétillant cava Freixenet ont, eux aussi, exprimé leur inquiétude. Le monde de l’entreprise et des finances semble s’être réveillé après avoir laissé ces dernières années le champ libre aux indépendantistes.Peu encline à se prononcer sur des sujets politiques qui risqueraient de provoquer des tensions avec la région, gouvernée par les nationalistes, la principale organisation patronale catalane, Foment del Treball, a reconnu que « le processus sécessionniste [était] une source de tension et d’inquiétude maximales du point de vue économique et des entreprises » : la Catalogne génère 20 % du PIB espagnol mais l’Espagne représente 50 % des « exportations » catalanes.Lire aussi :Forte mobilisation des indépendantistes catalansLes indépendantistes assurent qu’une sécession apporterait 16 milliards d’euros à la région, un montant correspondant, selon leurs calculs, au « déficit fiscal », c’est-à-dire la différence entre les impôts prélevés en Catalogne et ce que la région reçoit en retour de Madrid. Mais le monde de l’entreprise prévient : une sécession aurait un impact sur leurs comptes de résultat et donc sur l’économie de la région. Hausse des coûts, risque de délocalisation, de baisse des investissements, et surtout de diminution du volume d’affaires remettent en cause ces calculs.« Relation toxique avec l’Espagne »« Nous avons attendu pour nous prononcer parce que nous ne pensions pas que le défi indépendantiste irait si loin, » explique Carlos Rivadulla, vice-président de l’association des Entrepreneurs de Catalogne, née il y a un an « pour donner la parole aux chefs d’entreprise qui pensent qu’il est très risqué de rompre l’unité de marché espagnol et créer de nouvelles barrières ». Son entreprise de produits de nettoyage écologique, Ecofrego, réalise 30 % de son activité en Catalogne et 40 % dans le reste de l’Espagne. « Pourquoi vend-on plus en Espagne qu’à l’étranger ? Parce que c’est plus facile et moins cher, dit-il, pragmatique. Pour exporter, il faut s’appuyer sur un distributeur, un conseiller fiscal, un avocat, obtenir de nouveaux permis sanitaires… »Tous les chefs d’entreprise ne sont pas pour autant opposés à l’indépendance. Le Cercle catalan des affaires (CCN) défend depuis 2008 la position de plus de 800 entreprises catalanes de toutes tailles, engagées en faveur de l’indépendance. « La relation toxique que nous avons avec l’Espagne entrave notre développement économique, assure son président, Albert Pont. Il n’est pas acceptable de voir que nous ne profitons pas des services que nous finançons avec nos impôts, que nous avons perdu 300 milliards d’euros en trente ans, l’équivalent de huit plans Marshall, à cause du “déficit fiscal” et que nous ne pouvons pas avoir les infrastructures dont nous avons besoin. » « Risques pour la stabilité financière »Persuadé que les entreprises catalanes gagneraient à se tourner vers des marchés plus porteurs que le marché espagnol, et que Bruxelles ne pourrait pas la priver des droits acquis au travers de son appartenance à l’Espagne, M. Pont regarde les élections avec « un grand optimisme ». Et les avertissements des pouvoirs financiers, qu’ils croient « manipulés », ne l’inquiètent pas.L’association espagnole de la banque et la Confédération espagnole de caisses d’épargne, qui regroupent les principaux établissements financiers du pays, dont les catalans La Caixa et Sabadell, ont en effet signé un communiqué conjoint, le 18 septembre, pour alerter des « risques pour la stabilité financière » d’une indépendance, qui supposerait « l’exclusion de l’Union européenne et de l’euro d’une partie de l’Espagne. » Elles affirment que l’« insécurité juridique » les obligerait à « reconsidérer leur stratégie d’implantation, avec le risque inhérent de réduction de l’offre bancaire, d’exclusion financière et d’enchérissement et de pénurie de crédit ».Le gouverneur de la banque d’Espagne, Luis Maria Linde, est allé plus loin, le 21 septembre, en évoquant dans le cas « improbable » d’une indépendance, la possibilité d’un contrôle des capitaux « comme cela s’est vu en Amérique latine ou en Grèce ». Ces déclarations ont provoqué la colère des indépendantistes, qui ont dénoncé une « stratégie de la peur ». Le président de la région, Artur Mas, est allé jusqu’à menacer en retour de ne pas payer la dette revenant à la Catalogne en cas d’indépendance.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.09.2015 à 04h26 • Mis à jour le26.09.2015 à 11h21 L’organisation Etat islamique (EI) accroît son influence en Afghanistan aux dépens des talibans, selon un rapport d’un comité d’experts de l’ONU publié vendredi 25 septembre. « Le nombre de groupes et d’individus qui font ouvertement allégeance à l’EI ou s’en déclarent proches continue d’augmenter dans plusieurs provinces d’Afghanistan », relève le rapport du comité Al-Qaida - talibans.Il cite des estimations des forces de sécurité afghanes selon lesquelles « environ 10 % des membres de l’insurrection active dominée par les talibans sont des sympathisants de l’EI ». Mais ce chiffre « n’est pas statique, car les ralliements changent pendant la saison des combats » en cours. « Il y a apparemment une expansion virale de la marque Etat islamique », explique le rapport, qui signale que des groupes peu ou prou liés à l’EI ont été signalés dans 25 provinces en Afghanistan par des sources gouvernementales afghanes.Les nouveaux ralliés sont en majorité des individus recrutés dans les groupes d’insurgés existants. Certains sont en désaccord avec la direction centrale des talibans et veulent afficher une identité distincte en se démarquant des talibans « traditionnels ». Ce mouvement a lieu alors que la direction des talibans connaît depuis le mois d’août d’importantes luttes internes, à la suite de l’annonce de la mort de son chef, le mollah Omar (en réalité mort depuis deux ans) et la nomination de son successeur.Lire aussi :Le mollah Mansour assoit son pouvoir sur le mouvement talibanUn noyau de cadres venus d’Irak et de SyrieParmi les ralliés à l’EI figurent aussi des sympathisants d’Al-Qaida et « un très petit nombre » de non-Afghans venus directement d’Irak et de Syrie, qui forment, selon le gouvernement, le noyau dur de l’EI dans le pays.Les groupes loyaux à l’EI combattent régulièrement les forces gouvernementales, mais il est rare qu’ils affrontent militairement les autres composantes de l’insurrection, soulignent les experts. Les djihadistes de l’EI ont pris pied en Afghanistan mais n’y contrôlent pas de vastes pans de territoire comme en Syrie et en Irak.Les talibans de leur côté, en lutte contre le gouvernement de Kaboul depuis 2001, réussissent certes à gagner du terrain, mais peinent face à des forces afghanes pourtant seules en première ligne depuis la fin de la mission de combat de l’OTAN en décembre dernier.Lire aussi :A Herat, le sentiment d’abandon des Hazaras 13.09.2015 à 16h14 Plus de cinquante-neuf millions de Russes votent, dimanche 13 septembre, pour élire leurs représentants régionaux dans le cadre d’un scrutin qui devrait confirmer l’emprise du parti pro-Kremlin Russie unie, puisque le parti d’Alexeï Navalny, principal opposant au pouvoir, a été quasi exclu des élections.Quarante-deux « sujets » de la Fédération de Russie – républiques, régions, territoires – doivent élire vingt et un gouverneurs, onze Parlements régionaux et vingt-trois administrations municipales, parfois simultanément.Les candidats doivent obtenir au moins 10 % des voix s’ils comptent participer aux élections législatives de 2016 sans avoir à présenter de dossier aux commissions électorales locales.Si le parti d’opposition libérale Iabloko a pu présenter mille cinq cents candidats à travers la Russie – mais un seul pour les élections de gouverneur –, Parnas n’a réussi à présenter que deux candidats à Kostroma, dans le centre du pays, les commissions électorales ayant refusé d’enregistrer les autres.« Les sales méthodes »Dirigé par Alexeï Navalny, l’opposant numéro un au Kremlin, et par Mikhaïl Kassianov, ancien premier ministre, le parti Parnas a en conséquence concentré tous ses efforts sur cette ville de deux cent soixante-dix mille habitants, située à 350 kilomètres au nord-est de Moscou.Mais sa campagne électorale y a été émaillée d’incidents : le candidat Ilia Iachine a été brièvement interpellé, tandis que le dirigeant de la section jeunesse de Parnas a été frappé lors d’un rassemblement. Les candidats du parti étaient accusés de servir les intérêts du gouvernement américain dans un reportage diffusé une semaine avant le scrutin par une chaîne de télévision locale, une accusation largement reprise par la population.Ilia Iachine, 32 ans, connu pour avoir été proche de l’opposant Boris Nemtsov, assassiné à la fin de février devant le Kremlin, confiait à l’Agence France-Presse qu’il était difficile de concentrer les débats sur le programme politique présenté par Parnas. « Dieu merci, la campagne électorale est finie. Nous l’avons menée de façon honnête, transparente et sans utiliser les sales méthodes qu’ont utilisées contre nous nos rivaux », a déclaré dimanche le second candidat de Parnas, Vladimir Andreïtchenko.Lire le reportage :A Kostroma, la périlleuse campagne électorale de l’opposition russeDes centaines de cas de fraudesIlia Iachine a néanmoins incité ses militants à ne pas baisser la garde, les appelant à surveiller le décompte des votes : « Vous connaissez la logique du gouvernement : l’important ce n’est pas le nombre de votes obtenus, mais la façon dont ils sont comptés », a-t-il dénoncé.Dimanche matin, l’ONG Golos, qui se donne pour mission de surveiller les élections en Russie, dénombrait déjà cinquante-six cas de fraudes à Kostroma et plus de mille à travers le pays.Tout comme le parti d’opposition libérale Iabloko, Parnas présentait peu de chances de remporter le scrutin : le parti au pouvoir Russie unie était crédité de 44 % des votes à Kostroma, contre 1 % pour les deux partis d’opposition, selon un sondage de l’institut VTSIOM publié lundi.Le taux d’abstention restait une des inconnues de ce scrutin peu suivi par les médias nationaux : en 2014, les élections régionales avaient réuni à peine 21 % des électeurs. 13.09.2015 à 01h06 • Mis à jour le13.09.2015 à 10h49 Munich, ville du sud de l’Allemagne, a vu arriver pour la seule journée de samedi 12 200 réfugiés, soit presque un record, a annoncé dimanche la police locale. « Compte tenu des chiffres enregistrés hier (samedi) il est tout à fait clair que sommes arrivés à l’extrême limite de nos capacités » pour prendre en charge les demandeurs d’asile qui affluent depuis les Balkans via la Hongrie puis l’Autriche, a déclaré un porte-parole de la direction de la police munichoise.Ce chiffre est proche à la fois d’une première estimation de « jusqu’à 13 000 » pour la journée complète donnée la veille par les autorités locales et du record en l’espace de 24 heures enregistré à Munich le 6 septembre après que le gouvernement allemand a décidé d’ouvrir en grand les portes du pays aux réfugiés fuyant guerres et persécutions, en particulier en Syrie.Le flux d’arrivée semblait s’être un peu ralenti aux premières heures de dimanche puisque vers 10 heures,la police avait dénombré « quelques centaines » d’arrivées, selon le porte-parole de la police munichoise. Mais la situation pourrait évoluer. « L’objectif aujourd’hui sera de continuer à transporter le plus grand nombre possible » de réfugiés vers des centres dans le reste du pays « afin de faire de la place (à Munich) pour les nouveaux arrivants », a-t-il précisé. La ville avait lancé un appel à l’aide samedi face à l’arrivée continue de milliers de réfugiés, pour lesquels il n’y a plus assez de lits et de places d’accueil. « Munich et la Bavière à elles seules ne peuvent pas surmonter ce grand défi », avait déclaré dans la soirée une porte-parole du district de Haute-Bavière.Lire notre reportage :Et l’Allemagne ouvrit ses portesDes casernes réquisitionnéesPoint d’entrée dans l’eldorado allemand des demandeurs d’asile fuyant guerres et persécutions en passant par les Balkans, la ville de Munich, débordée, n’exclut plus de devoir faire dormir les réfugiés dehors, protégés seulement par des couvertures isothermes, faute d’hébergements d’urgence en nombre suffisant. Une situation inédite en Allemagne, où huit cent mille demandeurs d’asile sont attendus cette année.« Il nous manque actuellement entre mille et cinq mille hébergements d’urgence », a souligné la porte-parole. Devant l’afflux de réfugiés, dont de nombreux Syriens, l’Allemagne a réquisitionné des casernes, installé des conteneurs d’habitation et monté des tentes. Si le flux en provenance d’Autriche et de Hongrie ne tarit pas dimanche, l’Allemagne accueillera un nombre de réfugiés, en particulier syriens, comparable voire supérieur à celui du week-end précédent, soit environ vingt mille, un record.Durant la nuit de samedi à dimanche quelques dizaines de demandeurs d’asile ont dû dormir dehors à même le sol sur des matelas isotherme et avec des couvertures, faute de place dans les centres, selon la radio-télévision publique bavaroise BR. Faute de place dans la ville les autorités locales envisagent de réquisitionner le stade olympique de la métropole, où ont eu lieu les JO d’été de 1972, pour des hébergements.Lire aussi :En Europe, de fortes disparités dans l’accueil des demandeurs d’asileDieter Reiter, le maire social-démocrate de Munich, s’est dit « très préoccupé par l’évolution de la situation ». « Nous ne savons plus comment faire avec les réfugiés », a-t-il déclaré. Munich se plaint du manque de soutien des autres régions allemandes face à l’afflux record. Toute prise en charge par d’autres régions de quelques centaines de réfugiés « nous aiderait à éviter le chaos », a-t-il dit à la gare.Les médias allemands évoquent la possibilité qu’un grand centre ferroviaire soit mis en place dans le nord de l’Allemagne pour désengorger le sud du pays. Il permettrait aux trains arrivant d’Autriche de poursuivre directement leur route vers le Nord sans passer par Munich. Mais le gouvernement n’a pas confirmé cette perspective.Lire aussi :Le nouveau visage de l’Allemagne d’Angela Merkel 12.09.2015 à 10h37 • Mis à jour le13.09.2015 à 12h42 | Julien Bouissou (Bhaktapur, envoyé spécial) Rabindra Puri tire lentement un bras d’un tas de gravats, puis un deuxième, et un troisième, jusqu’à ce qu’une statuette du dieu Shiva apparaisse. Il passe délicatement la main sur son visage recouvert de poussière, la pose sur une civière pour la transporter un peu plus loin, dans un abri fermé à clé. Comme d’autres rescapés en bois, la sculpture y sera numérotée, rangée, avant de retrouver sa demeure d’origine une fois reconstruite.Lire aussi :Au Népal, les nombreux obstacles qui entravent la distribution de l’aide humanitaireQuatre mois après le séisme qui a frappé le Népal, faisant près de 9 000 morts, des hommes aux visages protégés par des masques fouillent encore les décombres, à la recherche des mémoires enfouies. Celles des dynasties Malla ou Newar, par exemple, gravées dans les décors en bois, des encadrements de portes ou des linteaux richement sculptés. Près de 2 500 édifices religieux et historiques ont été endommagés ou détruits par le tremblement de terre, selon le dernier bilan du gouvernement népalais. « Leur destruction fut comme un coup au cœur, se rappelle Rabindra Puri, j’ai couru pour arrêter les bulldozers qui s’apprêtaient à démolir des vieilles demeures. » Cet architecte sait mieux que quiconque la valeur du patrimoine architecturale népalais. Il a fait de la restauration des vieilles demeures son métier, passe ses journées à tenter de comprendre les anciennes techniques de construction, leur bizarrerie aussi parfois, et les influences qu’ont laissées les uns et les autres sur le style architectural. Comme ces Français qui, en venant ici au XIXe siècle pour former l’armée royale, « élevèrent les hauteurs sous plafond et agrandirent les fenêtres », selon l’architecte. C’est toute cette histoire qui a été ensevelie ce samedi 25 avril.Méthodes traditionnelles de constructionRabindra Puri et ses équipes tentent de sauver dix maisons construites en briques rouges et en boiseries sculptées du quartier de Gachhen, à Bhaktapur, une ville fondée au XIIe siècle par le roi Ananda Deva Malla et classée au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. A eux seuls, ils ne peuvent pas tout, mais ils donnent au moins l’exemple. Toutes les demeures que l’architecte a construites ces dernières années, en suivant les méthodes traditionnelles de construction, sont encore debout : « Les maisons népalaises sont souples, c’est-à-dire que toutes les parties de la structure tiennent les unes aux autres, ce qui leur permet de résister aux secousses et de ne pas casser. » Les destructions n’ont pas été provoquées par le seul séisme mais aussi par l’utilisation de matériaux de construction de mauvaise qualité et le manque d’entretien des vieux bâtiments. Les minuscules 2 millions de dollars (1,76 million d’euros) de budget annuel du département archéologique népalais n’ont pas suffi pas à protéger le vaste patrimoine architectural. Ces destructions privent maintenant le pays d’une manne financière issue du tourisme, qui représentait 8 % de son PIB et employait plus de 500 000 Népalais. Les autorités ont donc décidé de rouvrir rapidement certains sites endommagés, mi-juin, avant même qu’ils soient rénovés, contre l’avis de l’Unesco qui a mis en garde contre « les risques d’effondrement ».Lire aussi :Les sites historiques de Katmandou ravagés par le séisme rouvrent leurs portesDevant l’ampleur de la reconstruction, l’artisanat traditionnel a de beaux jours devant lui. Prem Raz Zhakya est un maçon, au corps flottant dans une grande chemise, qui affiche un visage radieux. Dans la ville de Bagmati, réputée pour la qualité de ses artisans, il est le plus expérimenté. « J’ai commencé en gagnant 12 roupies par jour et je gagne aujourd’hui 1 000 roupies par jour », lance-t-il fièrement, dans un pays où le temps se compte en mesurant l’inflation, autant que les années. Il a aussi vu l’engouement pour le béton et les immeubles construits de plus en plus haut : « Je disais à mes clients que c’était dangereux, mais personne ne voulait m’écouter. »Pénurie de matériauxDésormais, Prem Raz Zhakya est chargé de former, avec l’aide du gouvernement, des jeunes artisans. Et il n’a pas de mal à trouver des candidats. Comme ces étudiants qui, le temps de la fermeture de leur université, choisissent d’apprendre un métier pour reconstruire leur maison ou gagner leur vie en travaillant sur des chantiers. La pénurie pourrait venir d’ailleurs. « Le manque de matériaux menace sérieusement nos efforts, met en garde le rapport d’audit sur les besoins après la catastrophe, publié par le gouvernement népalais, il y aura une énorme demande en bois (…). Il y aura aussi des problèmes pour s’approvisionner en briques spéciales nécessaires à la rénovation des monuments. » Enfin, les travaux de reconstruction ont un coût, estimé à 160 millions d’euros par le gouvernement. Or, sur les 4,1 milliards de dollars promis par la communauté internationale pour aider à la reconstruction du Népal, pas un cent n’a encore été dépensé.Lire aussi :Le patrimoine séculaire exceptionnel du Népal détruitIl n’y a pas que les maisons à reconstruire. Dans le temple Karya Binayak, qui se trouve à quelques kilomètres de Bagmati, Mahesh Shakya est un prêtre reconnu pour ses sculptures de bois. Il reçoit des commandes du monde entier par WhatsApp ou par mails, surtout pour des statues de Bouddha, sa spécialité. « Beaucoup d’idoles ont disparu. Le gouvernement ne pense qu’aux maisons, mais comment feront les gens pour prier s’il n’y a plus d’idoles ? » Or les maisons ne se fabriquent pas comme les statues de Shiva ou de Vishnou. « Il faut bien comprendre la nature de la divinité, ses attributs, sa signification spirituelle, avant de commencer le travail. Les divinités hindoues sont si nombreuses que si on rate un détail, un motif, le dieu en question sera pris pour un autre. » Il faut selon lui au moins un an de formation, avant de pouvoir sculpter « le sourire d’un Bouddha qui ne soit pas celui du rire mais de la béatitude ». Au mois d’août, le gouvernement a lancé un appel d’offres. « Mais c’est comme si la chapelle Sixtine avait passé un appel d’offres pour repeindre son plafond, c’est impossible ! Ce n’est pas le bas prix qui doit l’emporter, mais la qualité », enrage le prêtre sculpteur. Une pétition a été lancée pour demander au gouvernement d’annuler l’appel d’offres et de donner du temps et de l’argent aux sculpteurs du pays. Les siècles d’un patrimoine peuvent difficilement être reconstruits dans l’urgence.Julien Bouissou (Bhaktapur, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Selon Frank-Walter Steinmeier, ministre des affaires étrangères, l’Allemagne pourrait être confrontée à l’arrivée de 40 000 réfugiés ce week-end. Deux fois plus que le week-end précédent, qui constituait déjà un record. Ursula von der Leyen, ministre de la défense, a même mobilisé 4 000 soldats, « au cas où ».Lire aussi :Et l’Allemagne ouvrit ses portesDans ce contexte tendu, l’allié bavarois de la CDU d’Angela Merkel prend clairement ses distances avec la chancelière. Dans un entretien au Spiegel, Horst Seehofer, président de la CSU et ministre-président de Bavière, juge que la décision d’accueillir les réfugiés se trouvant en Hongrie est « une erreur qui va nous occuper encore longtemps » et ne voit « aucune possibilité de remettre le bouchon sur la bouteille ». M. Seehofer a également invité le premier ministre hongrois, Viktor Orban, en Bavière afin de « chercher une solution ».« L’Europe de l’Est a raison »Cette prise de position n’est qu’une demi-surprise. Hans-Peter Friedrich, un des dirigeants de la CSU et ministre de l’intérieur d’Angela Merkel de 2011 à 2013, avait jugé quelques heures plus tôt que l’accueil de très nombreux réfugiés constituait « une erreur de jugement sans précédent ». Pour lui, des terroristes s’infiltrent parmi les réfugiés.Par ailleurs, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, quotidien conservateur allemand, publie vendredi 11 septembre un éditorial intitulé « L’Europe de l’Est a raison ». Ce journal défend l’attitude des dirigeants hongrois, roumains et polonais hostiles aux quotas de réfugiés que cherche à imposer Angela Merkel. « Leur principal argument est que des quotas fixes et contraignants ne résolvent aucun problème tant que la frontière extérieure à l’espace Schengen n’est pas réellement fermée (…). Celui qui approuve des quotas contraignants tant que des migrants passent les frontières en toute liberté, celui-là signe un chèque en blanc », écrit le journal.Angela Merkel se trouve donc paradoxalement soutenue par les sociaux-démocrates et les Verts, mais critiquée par les conservateurs bavarois. Selon un sondage publié vendredi 11 septembre par la chaîne ARD, 61 % des Allemands ne voient pas les réfugiés comme une menace, mais la situation actuelle effraie 38 % d’entre eux.Lire aussi :« Angela Merkel suit l’opinion publique allemande, très favorable à l’accueil des réfugiés »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) Si la victoire électorale du parti au pouvoir à Singapour, vendredi 11 septembre, n’a rien d’étonnant, c’est l’ampleur de son succès qui constitue une surprise. Alors que nombre d’analystes prédisaient la poursuite d’un certain déclin du People’s Action Party (Parti d’action du peuple, PAP), la formation du premier ministre Lee Hsien Loong a gagné haut la main : 83 sièges sur 89 ! Une gifle pour le Worker’s Party (Parti des travailleurs, WP), la principale formation de l’opposition, qui prône l’extension des droits politiques dans un système de démocratie sous contrôle.En ces temps de relatif ralentissement de l’économie de l’un des pays les plus riches du monde, le résultat est significatif et ne va pas manquer de renforcer la légitimité du PAP, un parti au pouvoir depuis cinquante-six ans.Lire aussi :Nouvelle ère incertaine à Singapour2015 aura décidément été une année marquante pour Singapour : en août, la cité-Etat a fêté le cinquantième anniversaire de son indépendance et il y a six mois disparaissait son fondateur Lee Kuan Yew, mort à 91 ans.Son fils, l’actuel premier ministre Lee Hsien Loong, a eu la main heureuse en décidant d’avancer les élections législatives alors que son mandat aurait pu se prolonger jusqu’au début de 2017. Lors du scrutin de 2011, son parti avait marqué le pas en ne remportant que 60 % des voix contre près de 70 % vendredi.Mais le chef du gouvernement a su capitaliser sur la vague de sympathie suscitée par la disparition de son père, à la formidable réputation : selon l’institut de sondage BlackBox, 80 % des personnes interrogées se disaient satisfaites des performances du gouvernement en mars, le mois de la mort de Lee senior, contre 72 % un an auparavant.Engorgement démographiqueSingapour a beau incarner la quintessence du succès asiatique, le fameux modèle tant vanté par son père fondateur commence cependant à donner des signes de fatigue : en termes de production industrielle par habitant, l’île reste le numéro trois mondial derrière la Suisse et le Japon, mais la domination du PAP sur la vie politique est de plus en plus critiquée par une jeunesse parfois un peu lasse de la gestion musclée et paternaliste de ses gouvernants.Le long « règne » de Lee Kuan Yew (1959-1990) fut marqué par un pragmatisme parfois brutal faisant de lui une sorte de « dictateur bienveillant » qui emprisonnait ses adversaires, bannissait les syndicats et traduisait systématiquement en justice les journalistes critiquant son autoritarisme.Le gouvernement est aussi l’objet de critiques d’ordre socio-économiques : alors que 30 % des quelque 5 millions et demi de Singapouriens sont désormais des étrangers, la population « de souche » s’agace de l’engorgement démographique de cet Etat minuscule (le territoire national est d’à peine 700 km2), tout en s’inquiétant de voir une proportion significative d’emplois lui échapper. Paradoxe : la réussite singapourienne s’est aussi construite sur l’apport de travailleurs étrangers aux bas salaires.« La population a augmenté de 25 % en dix ans, surtout en raison d’un énorme afflux d’étrangers », constate l’économiste Manu Bhaskaran, directeur de Centennial Asia Advisors. « Il n’y a rien d’étonnant à ce que les Singapouriens s’en irritent, du fait de la densité de la population, de l’augmentation des loyers et d’une compétition accrue pour l’emploi et l’accès à de bonnes écoles pour leurs enfants. »Evolution du « modèle » économiqueLe pouvoir a compris la leçon : il a commencé depuis quelque temps à prendre des mesures destinées à ralentir l’arrivée d’étrangers tout en améliorant la couverture médicale pour la classe moyenne et les facilités d’accès à la propriété immobilière. Le gouvernement prône en outre une évolution du modèle économique en comptant sur le développement des biotechnologies et de la robotique dans le but de faire de l’île une plate-forme « high-tech » plus internationale. Mais les prévisions immédiates, en ces temps de récession, sont mitigées : la croissance en 2015 devrait osciller entre 2 % et 2,5 %, contre de 5 % à 10 % l’an durant la dernière décennie.Le succès du PAP traduit une réalité tangible : comme le dit le professeur de sciences politiques australien Michael Barr, le vote montre que « les Singapouriens ne se préoccupent pas trop des questions de liberté d’expression et de démocratie ». Les résultats du scrutin sont en effet la résultante de choix électoraux fondés sur la confiance dans la performance économique et l’amélioration de la qualité de vie plutôt que sur les perspectives de démocratisation du système.Lee Kuan Yew proclamait que « la poésie est un luxe que l’on ne peut pas se permettre ». Si l’on considère que la démocratie est une sorte de poésie, la formule reste peut-être d’actualité.Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.09.2015 à 05h05 • Mis à jour le12.09.2015 à 12h34 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’Europe passe décidément très vite d’une crise à l’autre. L’« agenda migrants » ayant désormais pris toute la place, la Grèce n’est quasiment plus un sujet. Lors de l’Eurogroupe du 12 septembre, à Luxembourg, les ministres des finances de la zone euro devaient se contenter d’un « point d’étape » sur la mise en place des réformes dans le pays, et sur les législatives prévues le 20 septembre.Il y a à peine un mois, lors de l’Eurogroupe du 14 août, qui avait validé le troisième plan d’aide à la Grèce (86 milliards d’euros), les grands argentiers de la zone euro mettaient encore en garde Athènes sur la nécessité de respecter, à la virgule près, les termes de leur « contrat » de prêt, de mettre en place une impressionnante liste de réformes, et ce dès septembre.Lire :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersDésormais, plus personne n’aborde officiellement ce calendrier très serré, ne s’inquiète, ni ne menace. Les ministres des finances de la zone euro sont « zen ». « Ils se disent qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à faire qu’attendre le résultat des élections », explique un proche des discussions. Ils semblent estimer que le risque politique est limité : « Tous les partis politiques ont voté pour le Memorandum of Understanding [le MOU, le contrat de prêts] cet été. Donc il n’y a pas de souci à se faire sur sa mise en œuvre », ajoute cette source.Visite de la « troïka » en octobreDe fait, Alexis Tsipras, l’ex-premier ministre et chef du parti de la gauche radicale Syriza, a fini par accepter toutes les conditions, même les plus dures, exigées par ses créanciers, à la mi-juillet, pour éviter un « Grexit ». Et maintenant, candidat à sa réélection, il défend ce MOU, qu’il a lui même signé. Les créanciers s’accommoderaient parfaitement d’un gouvernement « Tsipras 2 », avec, pourquoi pas, George Chouliarakis, l’actuel ministre des finances du gouvernement par intérim, qu’ils apprécient beaucoup. « Il est formidable », assure un participant à l’Eurogroupe, à propos de ce professeur d’économie aussi discret que son prédécesseur Yanis Varoufakis était flamboyant.Lire aussi :Un ministre des finances grec qui plaît enfin à BruxellesLe parti conservateur Nouvelle Démocratie, au coude-à-coude avec Syriza dans les sondages ? Il a aussi voté sans ambiguïté pour le MOU cet été. Tout comme le petit parti du centre To Potami, et le parti socialiste (Pasok). Les créanciers ont bien en tête le risque que, au soir du 20 septembre, aucun parti n’ait la majorité absolue, et que la formation d’un gouvernement de coalition prenne plusieurs semaines. Alors que la première « revue », vérification sur place par la « troïka » des créanciers de la mise en place effective des réformes, est prévue pour octobre.Cette perspective n’a pourtant pas l’air de les affoler. Il est vrai que le travail avance sur le front des banques hellènes. La BCE a commencé ses stress tests pour évaluer à quel niveau il s’agira de les recapitaliser. « Le but est d’en avoir fini avec les recapitalisations au plus tard mi-décembre », selon une source européenne.« Il n’y a plus d’urgence financière »Concernant l’énorme dette grecque (180 % du PIB environ), un autre sujet sensible, les choses avancent aussi. Bruxelles a promis à Athènes que s’ouvrirait une négociation sur un allégement de ses conditions de remboursement, une fois la « revue » terminée avec succès. De cette discussion, délicate, dépendra la participation ou pas du FMI au troisième plan d’aide à Athènes. Selon nos informations, des contacts informels ont déjà été pris entre les créanciers pour préparer le terrain.Lire aussi :Grèce : l’ultimatum du FMISi la « revue » prend du retard, le versement d’une tranche de 3 milliards d’euros de prêt due à Athènes devra aussi attendre ? Là encore, les créanciers ne perdent pas les pédales. Le 20 août, le pays a reçu 13 milliards d’euros pour faire face à ses remboursements les plus urgents. « Il n’y a plus d’urgence financière », soulignent plusieurs sources européennes. « Il vaudrait quand même mieux que le versement intervienne courant novembre, sinon on pourrait avoir des soucis », souligne cependant, plus prudent que les autres, un proche des discussions.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Paris (Washington, correspondant) Il est le premier des dix-sept candidats républicains à renoncer. Confronté à des difficultés financières qui l’avaient contraint à licencier une bonne partie de son équipe de campagne, notamment en Caroline du Sud, où ses soutiens travaillaient sans recevoir de compensation depuis le mois d’août, l’ancien gouverneur du Texas Rick Perry a annoncé vendredi 11 septembre à Saint Louis (Missouri) qu’il suspendait « sans regrets » sa candidature. La tonalité de son intervention n’a laissé aucun doute sur la nature définitive de cette suspension.M. Perry n’avait pourtant pas ménagé sa peine, multipliant depuis plus d’un an les déplacements dans l’Iowa, premier Etat à se prononcer, le 1er février. Ce travail de fond n’a pas payé. Dans la dernière moyenne des sondages pour l’investiture républicaine réalisée par le site RealClearPolitics, l’ancien gouverneur du Texas ne recueillait dans cet Etat que 0,8 % des intentions de vote, un nombre très inférieur à la marge d’erreur.Seconde tentativeGratifié de 4 % des intentions de vote au niveau national en juin dans le baromètre de CNN, puis de seulement 2 % en août, il n’avait pas obtenu assez de soutiens pour être comptabilisé dans la livraison de septembre, comme deux autres anciens gouverneurs également candidats, Jim Gilmore et George Pataki.La seconde tentative de M. Perry n’aura donc pas été plus heureuse que la première, il y a quatre ans. En tête des candidats républicains à l’été 2011, il s’était ensuite effondré. Son « oops » de novembre, lorsqu’il n’avait pas été capable de citer les trois agences fédérales qu’il se proposait de supprimer, lui avait valu une cruelle renommée. La cruauté, cette fois-ci, est venue de celui qui domine pour l’instant cette course républicaine, Donald Trump, qui avait estimé que M. Perry portait des lunettes « pour avoir l’air plus malin ».Lire :Les forces et les faiblesses de Donald Trump en six pointsGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Entre les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) et les prokurdes du parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche), la cohabitation aura été de courte durée. Mardi 22 septembre, les deux ministres prokurdes – Müslüm Dogan, ministre du développement, et Ali Haydar Konca, ministre de l’intégration européenne – ont profité d’une session du conseil des ministres pour présenter leurs démissions, aussitôt acceptées par le premier ministre Ahmet Davutoglu. Ils étaient les deux seuls ministres non AKP du gouvernement intérimaire formé le 28 août pour gérer les affaires courantes d’ici aux législatives du 1er novembre.« L’AKP mène une logique de guerre et de coup d’Etat », a dénoncé Ali Haydar Konca dans une déclaration lue à la presse mardi soir. « Le palais et le parti aux ordres du palais ont déclenché la guerre à cause du résultat des législatives du 7 juin », a-t-il ajouté. L’AKP a subi un revers lors de ce scrutin législatif avec la perte de sa majorité absolue au Parlement, du jamais vu en treize ans de son règne sans partage sur le pays. Alors que les voix kurdes s’exprimaient jusque-là en faveur des islamo-conservateurs, elles sont allées cette fois-ci au HDP, qui a obtenu 13 % des suffrages et 80 députés.Reprises des hotilités avec le PKKLe succès du HDP a compromis le rêve du président Recep Tayyip Erdogan de devenir l’« hyper »-président du pays, sans freins à son pouvoir. Pour ce faire, son parti doit compter 367 députés sur les bancs de l’Assemblée. Avec 258 parlementaires élus le 7 juin, il est loin du compte. M. Erdogan espère que la répétition du scrutin sera l’occasion pour les électeurs de corriger leur erreur. « Le 1er novembre approche. Nous attendons de vous un dernier effort. Je vous demande non pas 400 mais 550 députés, authentiques et nationaux. Vous comprenez ce que je veux dire ? » a-t-il lancé à ses partisans, rassemblés sous la bannière de la « lutte contre le terrorisme », dimanche 20 septembre à Yenikapi, un quartier d’Istanbul.Lire aussi :Manifestation monstre à Istanbul contre le « terrorisme » des rebelles kurdesLe ton est insistant. Mardi soir, dans une adresse aux électeurs sur la chaîne Kanal 7, le chef de l’Etat a réitéré : « Si vous voulez la confiance, si vous voulez la prospérité, il faut réfléchir pour qui nous allons voter. Vous savez ce que nous vivons depuis cinq mois… » Depuis la fin du mois de juillet, les hostilités ont repris entre l’armée turque et les rebelles du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie), anéantissant l’espoir de paix né des pourparlers lancés en 2012. Dans les régions majoritairement peuplées de Kurdes dans le Sud-Est du pays, les attentats et les représailles sont redevenus le lot quotidien. C’est comme si ces régions étaient revenues treize ans en arrière, à l’époque de la sale guerre des années 1990-2000, avec son cortège de morts (40 000 au total), d’exécutions sommaires (plus de 3 000), de villages détruits.« A la nuit tombée, les commerçants déroulent leurs rideaux de fer et les rues se vident. Nous vivons à nouveau dans l’angoisse. »« A la nuit tombée, les commerçants déroulent leurs rideaux de fer et les rues se vident. Nous vivons à nouveau dans l’angoisse », confie Ekrem Kaya, professeur d’anglais à Mardin, dans le sud-est de la Turquie, contacté par téléphone. Le PKK n’est pas en reste. Régulièrement, les convois des forces de l’ordre sautent sur des mines placées sur les routes par les rebelles avant leur passage. Selon les données officielles, 90 % des attaques les plus meurtrières se déroulent de cette façon. Le 7 septembre à Daglica (près de la frontière irakienne), 17 soldats ont été tués dans l’explosion de leurs véhicules.Les propos des deux ministres ont été désavoués par Numan Kurtulmus, le porte-parole du gouvernement, irrité par la virulence de leur charge. Les deux ministres ont ainsi accusé l’élite islamo-conservatrice de ne pas envoyer ses enfants au service militaire. Ces derniers « se font faire des dispenses médicales » ou « achètent leur défection » (une procédure légale sous certaines conditions en Turquie) alors que « les enfants des pauvres n’ont pas d’autre choix que de se sacrifier ».Les deux démissionnaires se sont décrits comme « écartés » de la prise de décision au gouvernement. Le 9 septembre, ils faisaient partie d’une délégation du HDP en route vers la ville de Cizre, à la frontière de la Syrie et de l’Irak, soumise pendant huit jours à un blocus total de la part des forces spéciales. 23 personnes ont alors trouvé la mort, dont plusieurs civils privés de soins, les ambulances étant empêchées de circuler. Après avoir marché des dizaines de kilomètres à pied, la délégation du HDP a été stoppée par un cordon de police. Il lui a fallu plusieurs jours pour pouvoir entrer dans Cizre dévastée.Lire aussi :La ville turque de Cizre, épicentre de la reprise des combats entre Ankara et les KurdesMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour son grand retour dans l’arène européenne, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, sera à nouveau l’objet d’une vive attention et de pressions, mercredi 23 septembre, lors du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement européens consacré à la crise migratoire.La Grèce est, avec l’Italie, l’une des principales portes d’entrée de réfugiés en Europe. Il lui est régulièrement reproché de ne pas faire assez pour garder ses frontières. Mais Athènes se défend d’être particulièrement laxiste.« Nous avons des dizaines d’îles face à la Turquie et des centaines de kilomètres de côtes à surveiller, explique un responsable au ministère, chargé de la politique migratoire. Les passeurs turcs nous envoient des dizaines de barques chaque jour par la mer. Une fois dans nos eaux, nous ne pouvons pas les renvoyer, le refoulement est interdit aux termes des conventions internationales, et il s’agit désormais à plus de quatre-vingt-dix pour cent de réfugiés demandant l’asile, pas de simples migrants économiques. Notre bataille n’est pas tant de les arrêter, ce que nous ne pouvons faire sans la collaboration de la Turquie, que de les accueillir décemment. »« Sortir définitivement du tout répressif »Alexis Tsipras a d’ailleurs nommé dans son nouveau gouvernement comme ministre délégué à la politique migratoire Yiannis Mouzalas, un gynécologue obstétricien très respecté en Grèce. Choisir un homme passé par Médecins du monde et connu pour être un bon gestionnaire des crises humanitaires symbolise l’orientation que le premier ministre souhaite donner à la politique migratoire de son pays.Lire aussi :Tsipras dévoile un nouveau gouvernement de fidèles« Il s’agit de sortir définitivement du tout répressif qui caractérisait l’action des précédents gouvernements conservateurs, précise une source ministérielle. Enfermer les réfugiés dans des camps pour qu’on ne les voie pas n’est pas la solution. Il s’agit aujourd’hui de leur permettre de traverser notre pays dans les meilleures conditions possible, car très peu souhaitent demander l’asile ici. » De fait, la majorité des quelque deux cent trente-cinq mille personnes arrivées en Grèce depuis le début de l’année en sont déjà reparties, via la Macédoine et la Serbie, puis la Hongrie, vers les pays de l’Europe du Nord réputés plus généreux et surtout mieux équipés, et plus prospères.« Nous devons aussi améliorer et accélérer nos procédures d’asile ici, en Grèce, car désormais, avec la politique des quotas, des milliers de réfugiés ayant obtenu l’asile sur notre sol pourront être accueillis dans d’autres pays européens », explique notre interlocuteur.Seulement 8 000 demandes d’asile déposéesLa Grèce va en effet bénéficier de plus de cinquante mille « relocalisations » supplémentaires de demandeurs d’asile provenant de son territoire vers d’autres pays de l’Union, selon la proposition de la Commission européenne, validée mardi 22 septembre à Bruxelles.Lire aussi :L’UE impose la répartition de 120 000 réfugiésPas facile cependant de convaincre les milliers de Syriens ou d’Afghans qui débarquent chaque jour sur les côtes grecques que leur rêve d’Allemagne ou de Suède peut désormais très bien commencer par un dépôt de demande d’asile en Grèce.« Ils ne nous croient pas lorsqu’on leur explique que les choses bougent en Europe et qu’ils n’ont plus forcément besoin de lancer leur famille sur la dangereuse route des Balkans », reconnaît une avocate bénévole qui conseille les réfugiés. Aujourd’hui, selon le HCR, seulement huit mille demandes ont été déposées au service d’asile grec.Mise en place de centres d’enregistrementAu-delà de la question des quotas qui a beaucoup divisé les Européens, l’autre grande idée, notamment soutenue par la France, est la mise en place de « hot spots » dans les pays d’entrée sur le territoire de l’Union. « Il s’agit de centres de recensement et d’enregistrement qui permettraient de séparer les demandeurs d’asile des migrants économiques », précise Grigoris Apostolou, le chef de liaison à Athènes de Frontex, l’agence européenne de gestion des frontières extérieures.Le 15 juillet, le commissaire européen à l’immigration, Dimitris Avramopoulos a envoyé aux Etats membres de l’Union européenne une feuille de route sur la création de ces centres en Italie et en Grèce. En Italie, quatre ports, Pozzallo, Porto Empedocle, Trapani et Lampedusa, dépendront d’un quartier général établi à Catane, en Sicile.« Un dispositif semblable devrait être mis en place en Grèce avec un QG au port du Pirée et des antennes dans les îles de la mer Egée, explique M. Apostolou. Mais nous attendons désormais les décisions du nouveau gouvernement, qui doit mettre à disposition des bâtiments pouvant accueillir ces opérations de screening. »Effort de solidarité de la part des autres paysPour Petros Mastakas, du haut-commissariat aux réfugiés, la mise en place de hot spots ne peut pas être décidée dans la panique, car la Grèce n’est pas équipée pour loger ces migrants le temps des opérations d’enregistrement. « Il n’y a pas de camps d’accueil, ni sur les îles, ni à Athènes, ni à Thessalonique. Comment la Grèce peut-elle financer la construction d’abris pour accueillir trois cent mille personnes ? Frontex va-t-elle donner des moyens ? Envoyer du personnel ? Rien n’est encore clair », assure M. Mastakas.« La seule chose claire, c’est qu’il s’agit à quatre-vingt-dix pour cent de réfugiés et pas de migrants économiques. Et même pour ces derniers, comment les renvoyer chez eux ? La Grèce en crise n’a pas les moyens de gérer seule cette situation. »C’est bien là le plaidoyer que devrait faire, mercredi soir à Bruxelles, Alexis Tsipras, qui demande un effort de solidarité de la part des autres pays de l’Union face à un phénomène qui dépasse largement la Grèce.Lire aussi :Allemagne : débat autour de l’impact économique de l’accueil des réfugiésAide européenne peu sollicitéeLes partenaires devraient, eux, assortir cette aide à la mise en place rapide de ces fameux hot spots. Certains pays, comme la Hongrie de Viktor Orban, n’hésitent pas à réclamer des mesures radicales. Imposer à Athènes un corps de gardes-frontières européens, même si des sources hongroises à Bruxelles reconnaissent que cela n’est pas très réaliste à court terme. Obtenir un accord à vingt-huit sur la formation d’un tel corps prendrait des années. Et la Commission répète sur tous les tons qu’il y va de la souveraineté de la Grèce et « qu’on ne peut pas imposer à un pays quelque chose qu’il n’a pas demandé ».Beaucoup à Bruxelles, en off, déplorent que la Grèce n’ait pas davantage sollicité l’aide européenne à laquelle elle peut prétendre. A la fin d’août, Athènes n’avait reçu que 30 millions d’euros de Bruxelles pour parer au flux de réfugiés, sur une enveloppe totale disponible de 470 millions d’euros.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.09.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.09.2015 à 18h47 C’est l’épilogue d’un feuilleton diplomatique qui dure depuis l’été 2014. Les deux Mistral dont la livraison à la Russie a été annulée en raison de la situation dans l’est de l’Ukraine seront finalement vendus à l’Egypte, a annoncé l’Elysée, mercredi 23 septembre.« Le président de la République s’est entretenu avec le président Sissi. Ils se sont accordés sur le principe et les modalités de l’acquisition par l’Egypte des deux bâtiments de projection et de commandement de classe Mistral. »Le montant de la transaction s’élève à environ 950 millions d’euros, selon l’entourage du ministre de la défense français, Jean-Yves le Drian. François Hollande a assuré pour sa part mercredi en fin de journée que « la France assurera [it] la livraison de ces bateaux sans rien perdre tout en faisant en sorte de protéger l’Egypte ». Selon les documents officiels présentés à l’Assemblée nationale, l’annulation du contrat précédent avec la Russie a en effet coûté 950 millions d’euros à la France.« C’est une grande satisfaction et la preuve que les déclarations du gouvernement n’étaient pas des paroles en l’air puisqu’elles se sont rapidement traduites par des actes », a réagi le maire PS de Saint-Nazaire, où ont été construits les deux navires.« Ce qui m’inquiétait, c’était un stationnement à Saint-Nazaire pendant une longue durée. Maintenant, on connaît leur destination finale. »Visite d’une délégation égyptienneDepuis quelques jours, le calendrier de la cession des deux navires s’accélérait, alors que Le Monde avait révélé dès le 7 août que l’Egypte et l’Arabie Saoudite étaient « prêtes à tout » pour racheter les bâtiments. Le Canada, l’Inde, et Singapour, avaient également exprimé un intérêt « sérieux » pour le rachat de ces deux navires.Vendredi, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la défense, avait affirmé que la vente devrait se concrétiser « dans les semaines qui viennent ». La veille, l’Assemblée nationale avait approuvé l’accord avec la Russie traduisant l’annulation de la vente de deux navires à Moscou en raison de son implication dans la crise ukrainienne.Mardi, le site LaTribune.fr écrivait qu’une délégation égyptienne de haut niveau se trouvait à Paris pour négocier l’achat de ces bâtiments. Elle a reçu mandat du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, pour négocier un contrat avec DCNS, chargé par Bercy de vendre les deux Mistral, poursuivait le site, ajoutant que la délégation égyptienne s’était même rendue à Saint-Nazaire. L’un des bâtiments pourrait être positionné en mer Rouge, et l’autre en mer Méditerranée, où la situation en Libye reste une préoccupation pour l’Egypte frontalière.Chantier jusqu’à janvierLa décision de vente des Mistral à la Russie remontait à 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Mais l’implication de Moscou dans la crise ukrainienne avait renforcé la pression internationale sur Paris, qui avait été incité à bloquer ce contrat.En vertu de l’accord conclu le 5 août entre Paris et Moscou après huit mois d’intenses négociations, le gouvernement français avait annoncé l’annulation du contrat, et le versement aux autorités russes d’une somme légèrement inférieure à 1 milliard d’euros, correspondant aux avances qui avaient été versées par la Russie pour l’acquisition des deux navires, dont le prix d’achat devait s’élever à 1,2 milliard.Mais l’addition finale inclut aussi les frais de gardiennage et de maintien en état opérationnel ainsi que les frais de démontage du matériel russe. Le démontage dans le port de Saint-Nazaire de ces matériels militaires russes intégrés aux deux navires devrait durer jusqu’en janvier.Lire aussi :Mistral russes : le temps des ardoises 23.09.2015 à 12h29 • Mis à jour le23.09.2015 à 14h56 | Jean-Michel Bezat Total doit s’adapter tous les six mois à la faiblesse persistante des prix du pétrole, qui oscillent entre 45 et 50 dollars après un éphémère redressement au printemps. Pour affronter cette chute des cours qui dure depuis juin 2014, lorsque le baril de brent valait encore 115 dollars, mais aussi pour préserver le niveau du dividende qu’ils versent à leurs actionnaires, les dirigeants du groupe pétrolier ont annoncé, mercredi 23 septembre 2015, une nette amplification de leur programme de réduction de coûts et une baisse plus importante que prévu de leurs investissements.Patrick Pouyanné, directeur général de Total, qui s’exprimait à Londres devant la communauté financière, a pour « objectif principal de sauvegarder le dividende ». « Nous allons certainement au moins le maintenir » au titre de 2015, a précisé son directeur financier, après l’avoir augmenté de 2,5 % (à 2,44 euros) pour l’exercice 2014.Patrick de La Chevardière, le directeur financier du groupe, a maintenu l’option d’un paiement en actions décidé en mai, ce qui permettrait à la compagnie de moins décaisser. « Patrick Pouyanné et moi ne voulons pas être les premiers à baisser le dividende », a-t-il averti.Pas de grand bond des prix attendu d’ici à fin 2016L’horizon ne se dégagera pas avant début 2017, prévient M. Pouyanné, en raison d’une surproduction d’environ deux millions de barils par jour et de fortes incertitudes sur la demande de brut liées au ralentissement de l’économie chinoise.Lire aussi :A qui profite la baisse du pétrole ?« Nous ne pouvons pas contrôler le prix du pétrole et du gaz, mais nous pouvons contrôler nos coûts, l’allocation de nos capitaux et la fiabilité de nos opérations », a-t-il souligné devant les analystes financiers.Car « d’ici à fin 2016, je serais surpris de voir un grand bond des prix », a-t-il ajouté, estimant que le groupe visait même l’équilibre de ses flux de trésorerie avec un baril à quelque 45 dollars en 2019.Le patron de Total envisage de couvrir le versement du dividende grâce au flux de trésorerie, même si le prix du baril ne dépasse pas 60 dollars en 2017.Baisse de plus de 5 milliards de dollars sur quatre ansPour accroître ses liquidités, le groupe avait déjà réduit son enveloppe d’investissements entre 23 et 24 milliards de dollars (20,6 et 21,5 milliards d’euros) en 2015. L’an prochain, il ne prévoit plus qu’un montant compris entre 20 et 21 milliards de dollars, et l’enveloppe sera comprise entre 17 et 19 milliards à partir de 2017.Cette baisse affectera alors la production, a reconnu M. de La Chevardière. La première entreprise française joue aussi sur la baisse de ses dépenses opérationnelles. M. Pouyanné affirme que Total a été « la première major à lancer un programme global de réduction des coûts ». Il l’a renforcé en février 2015, quand le baril était au plus bas. De 1,2 milliard en 2015, l’effort passera à 3 milliards en 2017, soit 50 % de plus que prévu.Pas d’augmentation des volumes « à tout prix »Le groupe se veut raisonnablement optimiste sur la production d’hydrocarbures en raison de la mise en service progressive, dans les prochaines années, de vingt « projets majeurs » dans le pétrole et le gaz, dont huit cette année.Mais il se refuse, selon M. Pouyanné, à « augmenter les volumes à tout prix » au prix d’investissements excessifs dans l’exploration-production, comme Total et ses concurrents l’ont fait au début de la décennie. En 2013, Total avait investi 28 milliards, un record historique pour la multinationale.À la baisse des investissements depuis près de deux ans se sont ajoutés des retards dans la mise en production de champs pétrolifères et gaziers en Australie, en Norvège et en Italie. Ils affecteront la production d’ici à 2017.Le groupe, qui pompe aujourd’hui un peu plus de 2,3 millions de barils équivalent pétrole par jour, escompte une production de 2,6 millions en 2017 – inférieure à l’objectif précédent de 2,8 millions. Si 2015 a été faste (+ 8 %), le rythme de progression devrait baisser à 6-7 % en moyenne par an sur 2014-2017 et à 5 % pour 2014-2019.Lire aussi :Total veut rejouer sa carte en IranJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.09.2015 à 11h32 • Mis à jour le23.09.2015 à 12h33 Editorial du « Monde » Depuis qu’il est revenu au pouvoir en 2010, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, sait très habilement jouer des faiblesses européennes. Il alterne provocations et reculs calculés, tout en avançant sur le principe efficace du « deux pas en avant, un pas en arrière ». Reprise en main de la justice et des médias, attaques sur les investissements européens en Hongrie, menace de rétablissement de la peine de mort. A chaque fois, M. Orban questionne les valeurs de l’Union européenne, même s’il finit par renoncer, comme dans le cas de la peine capitale.Avec la crise des réfugiés, le premier ministre hongrois multiplie diatribes et raccourcis à l’encontre de migrants qui menaceraient l’Europe chrétienne : « Ils nous submergent. Ils ne frappent pas à notre porte, ils l’enfoncent sur nous. » Le tout-puissant dirigeant hongrois ne se contente pas de paroles. Ses nouvelles lois criminalisent l’entrée illégale en Hongrie et le Parlement vient d’autoriser l’armée à utiliser des armes non létales contre des gens qui, pour une très large majorité, fuient un pays, leur pays, la Syrie, où ils sont la cible d’attaques de leur propre gouvernement : barils de TNT lancés depuis des hélicoptères, roquettes, obus de tous calibres.Lire aussi :Viktor Orban, le mauvais génie de l’EuropeLa Hongrie s’est trouvée dans une situation plus que difficile à sa frontière avec la Serbie, là où elle a érigé une barrière d’une centaine de kilomètres. Avant même les événements de ces dernières semaines, elle a dû absorber un flux de quelque 140 000 réfugiés – de Syrie, mais aussi d’Irak et d’Afghanistan. Il faut rapporter ce chiffre à sa population, quelque 10 millions d’habitants. C’est comme si la France avait dû accueillir plus de 800 000 réfugiés sur la même période – il est permis de penser que Paris aurait pris certaines mesures de protection. Budapest a besoin d’aide.Mais, avec ses homologues tchèque, slovaque et roumain, qui le surpassent dans la véhémence verbale contre les migrants, M.Orban a formé un front. Ceux-là ont voté, mardi 22 septembre à Bruxelles, contre la politique d’accueil et de répartition des réfugiés adoptée par une majorité de ministres de l’intérieur des Vingt-Huit de l’Union européenne.OutrancesUn quart de siècle après la chute du mur de Berlin, ce front de l’Est résonne étrangement, et, plus encore la petite musique ultranationaliste qui émane des propos de Viktor Orban. Il arrive à l’ancien jeune avocat libéral, qui a courageusement contribué à faire tomber le rideau de fer en 1989, de vanter les mérites des modes de gouvernement autoritaires, ceux de Moscou ou de Pékin. Il étendrait volontiers la clôture qui ferme la frontière avec la Serbie à d’autres pays de l’UE.Aucune de ses outrances ne suscite la réprobation du Parti populaire européen dont la formation de M. Orban, la Fidesz, est membre au Parlement européen. Pour ces pays du front de l’Est, l’UE semble se réduire à deux éléments : fonds structurels et grand marché. Tant pis pour le socle commun de valeurs humanistes et démocratiques censé former le pilier de l’intégration européenne.Confrontée à une vague migratoire comme le continent n’en a pas connu depuis 1945, l’UE n’aurait aucune action collective à entreprendre, aucune aide à apporter, enfin rien à faire, sinon se barricader. La « doctrine » Orban, celle de ce front de l’Est, c’est la négation du projet européen dans ce qu’il a de plus noble. Inquiétant en ce premier chapitre du XXIe siècle.Lire aussi :Les provocations de Viktor Orban gênent les conservateurs européens Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance) A presque 79 ans, le pape argentin n’a jamais posé le pied aux Etats-Unis. C’est peu dire que Jorge Bergoglio connaît mal ce pays chrétien, où les catholiques représentent encore 21 % de la population. Son tropisme sud-américain, ses réserves de fond sur le système capitaliste et le consumérisme ambiant, sa répugnance ancienne à entreprendre des voyages, sa faiblesse en anglais : les raisons ne manquent pas pour expliquer le désintérêt apparent de François pour ce pays.Lire aussi :Arrivée du pape François pour sa première visite aux Etats-UnisSon voyage de cinq jours à Washington, à New York et à Philadelphie, du mercredi 23 au dimanche 27 septembre, qui inclut un discours historique devant le Congrès américain et une intervention devant l’Assemblée générale des Nations unies, devrait lui donner l’occasion de parfaire ses connaissances.Pour l’accompagner sur le territoire mouvant des religions aux Etats-Unis, le pape pourra compter sur une poignée d’évêques. Des « Francis’ boys » au profil proche du sien, mais plutôt atypiques par rapport à une hiérarchie catholique américaine réputée plus conservatrice que les fidèles et, pour partie, en désaccord avec la tonalité nouvelle donnée par François à l’Eglise. Selon un récent sondage du Public Religion Research Institute, 80 % des catholiques américains pensent que le pape actuel est proche de leurs besoins et de leurs positions. Mais 60 % disent la même chose de leurs évêques.Le plus proche de François est sans conteste l’archevêque de Boston, Sean Patrick O’Malley. Ce capucin, qui ne dédaigne pas arpenter les pavés du Vatican en sandales et robe de bure, partage avec le pape jésuite le goût pour la simplicité. « Il paraît qu’ils se téléphonent au moins une fois par semaine », rapporte Thomas Reese, jésuite et analyste au National Catholic Reporter. François lui fait assez confiance pour l’avoir nommé dans le groupe des huit cardinaux chargés de réfléchir à la réforme de la curie. En le plaçant à la tête de la commission vaticane consacrée à la protection des mineurs, opérationnelle depuis mai, le pape a aussi reconnu le travail de pionnier mené par Mgr O’Malley en matière de lutte contre la pédophilie dans le clergé américain.Lire aussi :Le pape en visite aux Etats-Unis, où la population catholique est en perte de vitesseTonalité plus « miséricordieuse »Depuis les années 1990, les révélations d’une série de scandales ont durablement déstabilisé l’Eglise catholique dans le pays. Conscient des ravages causés par ces affaires, le pape a, quelques jours avant son arrivée aux Etats-Unis, pris soin de nommer un nouvel évêque à Kansas City, un diocèse traumatisé par un scandale de ce type. Le poste était vacant depuis avril, après le départ du très conservateur Robert Finn, contraint à la démission pour avoir couvert les agissements d’un de ses prêtres.Lire aussi :Etats-Unis : l’Eglise catholique éclaboussée par un nouveau scandale de pédophilieAu sein de l’épiscopat local, le pape prise aussi les prélats en phase avec la tonalité plus « miséricordieuse » qu’il a donnée à l’Eglise. Ainsi, le cardinal O’Malley s’est de longue date désolidarisé de ses confrères américains, prompts à excommunier les responsables politiques défendant le droit à l’avortement ou prêts à s’opposer frontalement à la réforme de santé du président Barack Obama, sous prétexte qu’elle inclut une couverture sociale pour la contraception et l’IVG.Cette même approche a valu à Donald Wuerl, l’archevêque de Washington, de remplacer le très conservateur Raymond Burke au sein de l’influente Congrégation pour les évêques, qui pèse à Rome sur la nomination des prélats à travers le monde. Une éviction qui confirme la volonté de François de poser son empreinte sur la nomination des futurs évêques, selon M. Reese. Il faut dire que le cardinal américain écarté était devenu un opposant « officiel » au pape. Lui reprochant notamment de ne pas mettre suffisamment l’accent sur la morale sexuelle, il a récemment déclaré que « l’Eglise sous François est comme un bateau sans gouvernail ».« L’Eglise sous François est comme un bateau sans gouvernail »Aux Etats-Unis comme ailleurs, le pape privilégie l’émergence de profils plus ouverts. Il en a fait la démonstration avec les nominations américaines de ces derniers mois. En installant Blase Cupich à la tête du diocèse de Chicago – le troisième plus grand du monde avec ses 2,2 millions de fidèles –, François a choisi un prélat réputé pour sa « tolérance », préoccupé par la « pauvreté » et qui, tout en étant naturellement dans la ligne de l’Eglise, ne paraît pas obsédé par l’avortement ou le mariage entre personnes du même sexe.Robert McElroy, nommé en mars à San Diego, est du même acabit. « Juger est un péché », a-t-il mis en garde, comme en écho au pape qui avait lancé au début de son pontificat : « Si une personne est gay, qui suis-je pour la juger ? » Lui aussi met en avant la miséricorde et le combat contre les inégalités. Inquiet de « la guerre culturelle » que l’Eglise catholique engage sur certains sujets avec le monde contemporain, il fait partie de ces prélats qui, comme le pape, ne seraient pas contre plus d’ouverture pour les divorcés remariés.François poussera-t-il en ce sens devant les évêques qu’il doit rencontrer dès son arrivée à Washington mercredi ? Il risque dans ce cas de heurter une partie de l’épiscopat américain. A l’instar de Mgr Charles Chaput, l’archevêque de Philadelphie, réputé fan de Benoît XVI. S’il se montre partisan d’une réforme de l’immigration plus généreuse pour les sans-papiers, cet Amérindien – le premier à devenir archevêque – fait néanmoins partie de ceux pour qui l’Eglise catholique aux Etats-Unis doit avant tout mettre l’accent sur la liberté religieuse, la lutte contre l’avortement et le mariage homosexuel. Une sorte d’antithèse du pape François, qui passera quarante-huit heures à ses côtés lors de la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie.« Welcome to the USA, Francisco »Barack Obama, devait accueillir mercredi 23 septembre pour la première fois à la Maison Blanche le pape François, autorité morale mais aussi allié politique pour le président américain. M. Obama, qui ne cache pas son admiration pour Jorge Bergoglio, compte sur son appui pour deux chantiers-clés à moins de cinq cents jours de la fin de son mandat : le rapprochement avec Cuba et la lutte contre le changement climatique. Fait rare, M. Obama, qui est de confession protestante, a accueilli lui-même mardi sur le tarmac ce pape argentin qui foulait pour la première fois de sa vie le sol des Etats-Unis. « Welcome to the USA [bienvenue aux Etats-Unis], Francisco », a scandé la foule réunie près de l’avion.Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.09.2015 à 11h14 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’arrestation, mardi 22 septembre, en France, de deux dirigeants présumés du groupe séparatiste basque ETA (Euskadi Ta Askatasuna) signerait son « acte de décès », selon le ministre de l’intérieur espagnol Jorge Fernandez Diaz. Pour le chef du gouvernement Mariano Rajoy, il ne reste plus à ETA qu’à annoncer sa « dissolution inconditionnelle. » Qui sont les deux membres d’ETA arrêtés ?Quatre ans après l’annonce de la « fin des activités armées » par le groupe terroriste, le 20 octobre 2011, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy estime que l’arrestation de David Pla, 40 ans, ancien dirigeant de l’organisation des jeunesses étarras Jarrai, et d’Iratxe Sorzabal, 44 ans, ancienne membre du commando Ibarla et représentante de la ligne dure d’ETA, marque la « décapitation » du groupe armé.Lire aussi :Deux membres du comité exécutif d’ETA arrêtés dans les Pyrénées-AtlantiquesL’ancien chef présumé de l’appareil international d’ETA, Ramuntxo Sagarzazu et Pantxo Florès, le propriétaire du gîte où étaient installés David Pla et Iratxe Sorzabal, ont également été arrêtés lors de l’opération.Cette arrestation signe-t-elle l’acte de décès d’ETA ?« Plus qu’un avis de décès, il s’agit d’un coup important contre ETA, estime Florencio Dominguez, journaliste spécialiste de l’organisation séparatiste basque et directeur de l’agence Vasco Press. Tant qu’il reste des membres, il peut toujours y en avoir deux qui prennent la relève, mais l’organisation est très affaiblie et chaque nouvelle arrestation porte un coup au moral d’ETA et à la possibilité d’obtenir l’ouverture d’une négociation. »Lire aussi :En Espagne, le groupe indépendantiste ETA « n’est plus une priorité »Bien qu’ayant renoncé aux armes, ETA n’a en effet pas abandonné l’idée de négocier avec Paris et Madrid sa dissolution en échange de bénéfices pour ses prisonniers, tel que leur rapprochement dans les centres pénitentiaires basques, ou le retour sans poursuites judiciaires des fugitifs.Mais le gouvernement espagnol, échaudé par les précédentes trêves rompues dans le sang, s’y refuse et poursuit les arrestations dans les rangs de l’ETA et de sa mouvance. Plus d’une centaine a eu lieu ces quatre dernières années.En juillet, ce sont les deux chefs présumés de l’appareil logistique, Joseba Íñaki Reta de Frutos, et Javier Goienetxea, qui avaient été arrêtés en France, à Ossès, dans les Pyrénées-Atlantiques. En mai, c’est une cache d’armes et d’explosifs dans une villa de Biarritz avait été neutralisée.Lire aussi :Deux cadres présumés d’ETA mis en examen en FranceMais selon le ministère de l’intérieur espagnol, l’opération de mardi est clé car elle suppose « l’élimination de la structure de direction chargée de gérer l’arsenal d’armes et d’explosifs dont dispose encore l’organisation terroriste. »Bien que les sources policières estiment à une trentaine le nombre d’étarras actifs en France, en Grande-Bretagne ou en Amérique latine, les structures militaires, logistique et à présent politique d’ETA, seraient anéanties.Ces arrestations signent-elles véritablement la fin définitive d’ETA ? Les experts soulignent que le groupe séparatiste, devenu « résiduel », n’a plus depuis longtemps les moyens matériels et humains de commettre d’attentats.Le seul dirigeant connu encore en fuite est Josu Ternera, qui, à 66 ans, se maintiendrait en marge d’ETA, et aucun autre membre, à l’extérieur des prisons, n’aurait l’autorité pour prendre la relève des étarras arrêtés mardi.Quelle est la stratégie suivie par le gouvernement espagnol vis-à-vis d’ETA ?À trois mois des élections législatives, l’exécutif espagnol entend, avec cette arrestation, menée par la garde civile en collaboration avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française, fermer un cycle. Ainsi en témoigne le nom donné à l’opération, « Pardines », du nom du premier garde civil assassiné en 1968 par ETA, José Antonio Pardines Arcay.Pour le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), la lutte contre ETA, qui mobilise toujours son aile droite, demeure une arme de campagne. Le retour dans les institutions de la gauche abertzale (« patriote »), avec le parti Sortu, héritier de Batasuna, l’ancienne vitrine politique d’ETA interdite en 2003, après avoir condamné dans ses statuts l’usage de la violence, a laissé un goût amer aux influentes associations de victimes qui exige au gouvernement de ne pas baisser la garde et ne rien céder.Cependant le gouvernement espagnol est confronté à un autre défi : la présence de plus de 450 étarras, dispersés dans les prisons espagnoles et françaises, qui n’ont pas renié le groupe terroriste et continuent de suivre les ordres de vétérans comme Mikel Antza, chef politique d’ETA entre 1993 et 2004 emprisonné en France.Ils continuent d’exercer une pression sur un secteur de la gauche abertzale qui exige leur amnistie, et sur leurs familles qui manifestent régulièrement pour leur rapprochement dans des prisons basques.Beaucoup se refusent à dissoudre l’organisation sans contrepartie et admettre que les quarante ans de terrorisme et plus de 800 morts n’ont servi à rien. C’est dans ce sens que l’ETA a refusé en mai l’offre du gouvernement basque de négocier son désarmement, critiquant dans un communiqué qu’il cherche à lui imposer « un schéma de vainqueurs et vaincus. » Incapable de reconnaître sa disparition, qui semble inéluctable.Lire aussi :Les aveux d’un repenti de l’ETASandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.09.2015 à 09h21 Un groupe d’entreprises chinoises a signé, mardi 22 septembre, des accords pour l’achat de 300 appareils de l’avionneur américain Boeing, a annoncé l’agence de presse officielle Chine nouvelle. C’est l’une des annonces de commandes simultanées les plus importantes enregistrées par le secteur aéronautique ces dernières années. Selon Le Quotidien du peuple, un autre journal officiel chinois, le loueur d’avions ICBC Leasing a notamment décidé d’acheter 30 moyen-courriers 737-800NG.En visite aux Etats-Unis pour une semaine, le président chinois, Xi Jinping, doit se rendre, mercredi 23 septembre, dans la principale usine du groupe dans la région de Seattle, avant de rencontrer le président américain, Barack Obama, à Washington.Première usine de Boeing en ChineBoeing a par ailleurs conclu « un accord de coopération » pour l’ouverture, en Chine, d’un centre de finition pour moyen-courriers B737, a également rapporté Chine nouvelle. Le groupe envisagerait de s’établir à Zhoushan, dans la province orientale du Zhejiang, selon le projet déposé auprès du gouvernement chinois.L’ouverture de cette usine, la première de ce type hors des Etats-Unis, constituerait un tournant stratégique pour l’avionneur américain. Le territoire chinois est un marché crucial que Boeing se partage avec son rival européen Airbus. Celui-ci dispose depuis 2008 d’une ligne d’assemblage pour moyen-courriers A320 à Tianjin, dans l’ouest, et se prépare à y ajouter un centre de finition – spécialisé dans l’aménagement intérieur des appareils – pour gros-porteurs A330.« Nous avons choisi un chemin différent pour répondre à la demande chinoise. Airbus a sa façon de faire, nous avons la nôtre. Il n’y en a pas une juste et l’autre mauvaise », avait déclaré à la fin d’août Randy Tinseth, le vice-président de Boeing. « Mais nous gardons toutes les options ouvertes pour l’avenir », avait-il aussitôt ajouté.La Chine aura besoin de 6 330 avions de ligne supplémentaires au cours des vingt années à venir, selon les prévisions de Boeing, pour une valeur marchande cumulée de 950 milliards de dollars.Lire aussi :A Seattle, Xi Jinping veut faire plier les géants américains des technologies Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) C’est l’espoir de François Hollande et d’Angela Merkel, mais il risque d’être impossible de dégager, lundi 14 septembre, un accord global sur le dossier des réfugiés lors du conseil extraordinaire des ministres européens de l’intérieur, convoqué par la présidence luxembourgeoise. Prévue depuis plusieurs semaines, cette rencontre se concentrera sur les dernières propositions formulées par la Commission de Bruxelles pour tenter d’affronter la crise des réfugiés, et notamment la proposition d’assurer une nouvelle répartition – en deux ans – de 120 000 personnes arrivées en Italie, en Hongrie et en Grèce. Avant l’été, la Commission avait tenté, en vain, d’imposer des quotas contraignants pour l’accueil de 40 000 réfugiés, syriens et érythréens. Un accord pour l’accueil de quelque 35 000 personnes, sur une base « volontaire », avait été difficilement trouvé.Les 28 ambassadeurs auprès de l’Union se sont réunis tout au long de la journée de jeudi et ils ont acté leurs désaccords. Une nouvelle réunion se tiendra en urgence, dimanche soir, avec l’espoir d’élaborer, quand même, quelques conclusions pour le conseil ministériel du lendemain.Carnet de routePour débloquer la situation, la présidence luxembourgeoise a élaboré un long document (7 chapitres, 62 points). Un « carnet de route » reprenant divers points du débat sur la migration, et pas seulement la question de la « relocalisation » des réfugiés. Une manière d’éviter le blocage et de mettre aussi sur la table la politique de retour pour les déboutés du droit d’asile, la nécessité d’un contrôle strict dans les pays du premier accueil avec l’aide de diverses agences européennes (les « hotspots »), la liste des pays d’origine présumés « sûrs » ou un plan d’aide aux pays africains.Même si les nombres de 40 000 et 120 000 réfugiés établis par la Commission sont très inférieurs à celui des demandeurs d’asile qui ont franchi les frontières de l’espace Schengen au cours des derniers mois, les responsables européens sont loin d’être unanimes face à la perspective d’un effort conjoint. Des pays d’Europe centrale et orientale, dont ceux du « groupe de Visegrad » (République tchèque, Slovaquie, Hongrie et, de façon plus nuancée, la Pologne) expriment toujours leurs critiques quant à l’idée d’une répartition obligatoire et d’un mécanisme permanent censé assurer un juste équilibre entre les Etats. La Hongrie, qui devrait pouvoir envoyer 54 000 personnes vers d’autres pays, semble même nier la présence d’autant de réfugiés sur son territoire…Divers responsables d’Europe de l’Est invoquent le « manque de tradition d’accueil » de leur pays, ce qui a le don d’énerver les Etats de la « vieille Europe »La Roumanie aimerait, elle, monnayer son acceptation contre une entrée dans l’espace Schengen. Elle lui est refusée depuis plusieurs années étant donné les carences de son appareil policier et judiciaire et des doutes quant à sa capacité à contrôler une frontière extérieure de l’Union. En coulisses, les Etats baltes confirment également leurs critiques du système envisagé. Divers responsables d’Europe centrale invoquent le « manque de tradition d’accueil » de leur pays, ce qui a le don d’énerver les Etats de la « vieille Europe » qui n’hésitent plus à leur rappeler publiquement les témoignages de la solidarité dont ils ont bénéficié au fil de leur histoire récente, dans le cadre de l’élargissement de l’Union européenne.Nouvelle réunion le 8 octobreUne réunion entre le groupe de Visegrad et les ministres allemand et luxembourgeois des affaires étrangères a lieu ce vendredi, à Prague, pour tenter de concilier les points de vue. Le but étant de dégager suffisamment la voie pour que les ministres de l’intérieur puissent, lundi, laisser entendre que le travail sur l’accueil des 160 000 réfugiés prévus se poursuit. Une autre réunion européenne est convoquée pour le 8 octobre, une semaine avant un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement. Le but étant d’éviter une autre foire d’empoigne à cette occasion.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.09.2015 à 14h32 | Hélène Sallon Le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) travaille avec plus de 1 000 partenaires locaux pour apporter une réponse à la crise syrienne, avec un budget de 418 millions de dollars (370 millions d’euros) pour l’année 2015. Ses actions recouvrent plusieurs secteurs (l’accès aux services et aux infrastructures de base, l’apport de moyens de subsistance, le renforcement de la cohésion sociale, le renforcement des capacités des autorités locales) et se déploient en Syrie ainsi que dans les pays hôtes limitrophes : Irak, Liban, Jordanie, Turquie et Egypte. Sima Bahous, directrice du bureau du PNUD pour les Etats arabes, de passage à Paris, mardi 8 septembre, a insisté sur la nécessité d’adopter une approche globale sur le long terme pour s’attaquer aux causes de cette crise, et non à ses seuls symptômes.Comment accueillez-vous les appels et engagements de la communauté internationale à accueillir davantage de migrants syriens ?Sima Bahous : Nous accueillons positivement l’initiative des gouvernements occidentaux. Elle arrive peut-être un peu tard. Les Nations unies ont alerté sur cette crise et le manque de financement de la communauté internationale il y a déjà un an. Seuls 37 % de notre appel à donations, lancé lors de la troisième conférence internationale sur la Syrie au Koweït, en mars, a été financé : 3,6 milliards de dollars sur les 8,4 milliards de dollars requis. La communauté internationale rencontre des contraintes financières sévères mais c’est, au final, une décision politique. Il ne faut pas se focaliser sur les seuls chiffres. La durée du conflit rend les réfugiés encore plus pauvres. Près d’un tiers des réfugiés vit sous le seuil de pauvreté en Jordanie, la moitié au Liban.Ce qui est positif aujourd’hui, c’est qu’il y a une nouvelle approche de la crise, la prise de conscience que nous ne pouvons pas seulement l’appréhender comme une crise de réfugiés et de déplacés mais qu’il faut adopter une approche globale sur le long terme. On est passé d’une action d’urgence, à court terme, à une action de développement, sur le long terme. Le secrétaire général des Nations unies a dit que nous avons l’obligation morale de regarder les symptômes, mais aussi les causes de cette crise. Cela veut dire qu’il faut à la fois répondre aux problèmes des réfugiés et des déplacés, mais aussi remédier à la situation en Syrie et en Irak, en travaillant au renforcement de la cohésion sociale.Comment cette approche se traduit-elle dans le travail du PNUD ?Nous œuvrons à améliorer les conditions de vie des réfugiés là où ils sont mais aussi à répondre aux causes de cette crise. Une solution politique risque de ne pas se réaliser demain, mais nous pouvons travailler sur d’autres aspects : la pauvreté, l’exclusion, le sentiment de ne pas être un citoyen à part entière, l’inclusion des jeunes, le chômage, tous ces facteurs qui sont une bombe à retardement. Nous avons lancé en 2014 à Tunis une action dédiée à la jeunesse, pour développer leur accès à l’emploi et à l’éducation.« Il faut préserver les régions qui sont encore stables et offrir aux Syriens la possibilité de rester vivre chez eux. C’est un défi »Nous nous battons pour maintenir des populations en Syrie, dans les zones sécurisées. Il faut préserver les régions qui sont encore stables et offrir aux Syriens la possibilité de rester vivre chez eux. C’est un défi. On travaille avec les jeunes, les femmes, pour les aider à rester où ils sont : réhabilitation, aide financière, infrastructures… La question de l’accès est un sérieux problème en Irak et en Syrie. L’Irak n’a pas le même problème en termes de volume de réfugiés que la Syrie mais il y a le problème des déplacés internes, dont 96 % sont au Kurdistan irakien. Il y a des endroits où on a aucun accès mais on apporte de l’aide par le biais des ONG locales.Il faut aider les réfugiés à s’intégrer dans les communautés hôtes. Les programmes doivent s’adresser autant aux réfugiés et aux déplacés qu’aux pays hôte. Les réfugiés sont le résultat d’un conflit, pas d’un tsunami, ce qui veut dire qu’il y a des questions délicates et complexes à prendre en compte. Même si la paix est signée en Syrie, ils ne reviendront pas immédiatement dans leur pays. Les pays hôtes s’inquiètent de devoir accueillir ces réfugiés à long terme. Il faut reconnaître le poids immense qu’assument les communautés hôtes limitrophes, le rôle historique qu’elles jouent. La communauté internationale, le PNUD, la Banque mondiale essaient d’identifier des actions pour les soutenir.Vous allez lancer le plan régional 2015-2016 pour les réfugiés et la résilience en réponse à la crise syrienne, en quoi consiste-t-il ?Les pays hôtes sont des pays à revenus moyens où il est facile de trouver des ressources et où l’on peut s’appuyer sur les structures municipales. L’idée est de s’appuyer sur les communautés existantes et les acteurs locaux. On prépare les populations du Liban ou de la Jordanie par exemple à cette crise et à celles qui suivront en renforçant les capacités locales. Nous voulons éviter un afflux majeur de réfugiés en travaillant sur la pauvreté, l’inclusion, la participation des femmes et des jeunes pour éviter de nouvelles crises à l’avenir. Ce programme regroupe 200 partenaires : cinq gouvernements (Egypte, Irak, Jordanie, Liban et Turquie), 22 agences des Nations unies et des partenaires locaux.Etes-vous optimistes sur votre capacité à gérer cette crise ?On doit être optimistes. C’est un problème qui doit être résolu. On doit continuer à travailler sur tous les aspects de cette crise. C’est la crise la plus grave depuis la seconde guerre mondiale. Quand elle a commencé, personne ne pensait que nous entrerions un jour dans sa cinquième année. On essaie de trouver de nouvelles façons d’y répondre.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 12h22 | Paulo A. Paranagua (Caracas et Los Teques, envoyé spécial) L’opposant Leopoldo Lopez, 44 ans, condamné à treize ans de prison jeudi 10 septembre à Caracas, est détenu dans une prison militaire depuis le 18 février 2014. Il est accusé d’être l’instigateur de violences qui avaient fait trois morts dans la capitale vénézuélienne le 12 février 2014, date qui marque l’extension des manifestations étudiantes à tout le Venezuela. Des enregistrements vidéo ont pourtant montré que ceux qui avaient tiré contre les manifestants, ce jour-là, étaient des agents de l’Etat.Lire aussi :Au Venezuela, l’opposant Leopoldo Lopez a été condamné à treize ans de prisonPour le président Nicolas Maduro, Leopoldo Lopez est un « putschiste » et un « fasciste ». Il est confiné dans un cachot, loin des autres détenus politiques de la prison de Ramo Verde, située à Los Teques, à 30 km de Caracas. Sur une colline voisine se trouve la prison de femmes. La nuit, on entend des voix féminines crier : « Leopoldo, on t’aime ! »Son épouse, Lilian Tintori, 37 ans, professeur de yoga, lui a organisé son emploi du temps, entre exercice physique, lectures et apprentissage du cuatro, instrument à cordes du folklore vénézuélien. « Nous n’avons jamais autant parlé », confiait-t-elle en 2014 sur la route menant à Ramo Verde. Leurs deux enfants, Manuela (5 ans) et Leopoldo Santiago (2 ans), rendent parfois visite à leur père. Une psychologue aide l’aînée à supporter la pression de ses petits camarades à l’école.Lorsque le couple s’est marié, Leopoldo avait prévenu sa compagne qu’elle épouserait aussi le Venezuela, à cause de son engagement. Lilian n’avait jamais envisagé d’avoir une activité militante. La voilà transformée en « messagère » du prisonnier, multipliant les prises de parole, avec une force jusqu’alors inconnue. Son mari est, lui aussi, un orateur fougueux. « Il adopte un langage populaire, il veut toucher les chavistes », explique Teodoro Petkoff, figure de la gauche vénézuélienne.Parenté avec Simon BolivarLeopoldo Lopez est pourtant né dans une famille traditionnelle. Parmi ses ancêtres, l’un avait des liens de parenté avec Simon Bolivar, le père de l’indépendance. Un autre a conduit la première mission diplomatique auprès de Napoléon Bonaparte. L’arrière-grand-père a vécu vingt-deux ans en exil, le grand-père dix-sept ans.« L’histoire et la politique sont des passions familiales », avoue le père, ancien haut fonctionnaire du président social-démocrate Carlos Andrés Perez. La mère, elle, a été la première femme à la vice-présidence de l’entreprise pétrolière d’Etat. Leur fils a fait ses études supérieures aux Etats-Unis. « Il avait rameuté les étudiants contre les bombardements en Irak », rappelle son père.Leopoldo Lopez a été maire de Chacao, municipalité résidentielle de Caracas (2000-2008). Son inspiration, il l’a cherchée dans des villes innovantes comme Medellin (Colombie) ou Curitiba (Brésil). Il a mis l’accent sur la sécurité, l’urbanisme et les transports.Leopoldo Lopez n’a pas choisi un slogan politique au moment de se livrer à la justice, mais une devise de marathonien : « Le premier qui se fatigue, perd »Cette expérience a servi aux militants de son parti, Volonté populaire (centre gauche), qui sont parvenus à enlever seize municipalités aux chavistes en décembre 2013. Deux de ces nouveaux maires ont été condamnés et déchus de leur mandat en mars, pour n’avoir pas empêché les protestations contre le pouvoir.En 2008, Leopoldo Lopez voulait briguer la mairie métropolitaine de Caracas. A en croire des sondages, sa popularité rivalisait dans la capitale avec celle du charismatique président Hugo Chavez (1999-2013). Utilisant un prétexte administratif, le pouvoir suspendit ses droits politiques jusqu’en 2014. La Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) trancha en 2011 en faveur de l’ancien maire. Mais le Venezuela refusa d’obtempérer et se retira de la CIDH.Invité en Europe par l’Internationale socialiste en 2010, Leopoldo Lopez tisse des liens avec d’anciens dissidents de l’Est. A Prague en 2013, il rencontre aussi la blogueuse cubaine Yoani Sanchez et l’ex-président du Costa Rica, Oscar Arias, Prix Nobel de la paix. L’ancien président socialiste du gouvernement espagnol Felipe Gonzalez a pris sa défense, a fait le voyage à Caracas, au mois de juin, mais n’a pas été autorisé à lui rendre visite à Ramo Verde.« Du bon côté de l’Histoire »En prison, Leopoldo Lopez a lu L’homme qui aimait les chiens, le roman du Cubain Leonardo Padura, qui met en scène Léon Trotski et son assassin. « Il m’a demandé une biographie de Trotski », raconte son père, qui ajoute : « Trotski était aussi dérangeant pour l’Union soviétique que mon fils pour ce gouvernement stalinien. » Beau gosse, sportif, Leopoldo Lopez n’a pas choisi un slogan politique au moment de se livrer à la justice devant une foule de partisans, mais une devise de marathonien : « Le premier qui se fatigue, perd. » Il participe à la traversée annuelle du fleuve Orénoque. Son père, son entraîneur, en tire une leçon : « Il ne faut pas nager contre le courant, il faut avancer en diagonale. »Leopoldo Lopez veut incarner le courage en politique. A croire que les Vénézuéliens, plongés en quelques décennies dans une société urbaine, cosmopolite, moderne, consumériste, prisent encore les valeurs rurales. Lors des tournées pour s’implanter en province, le dirigeant de Volonté populaire s’est lancé dans les tournois de toros coleados, consistant à attraper la bête par la queue et à la faire tomber. Résultat : il a été salué avec respect par les autorités chavistes locales.Depuis la prison, Leopoldo Lopez répète comme un mantra : « Nous sommes du bon côté de l’Histoire. » Nicolas Maduro, lui aussi, invoque « le sens de l’Histoire ». Lequel l’emportera, le volontarisme des opposants ou le messianisme des chavistes ?Paulo A. Paranagua (Caracas et Los Teques, envoyé spécial)Journaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les réfugiés sont pris au piège d’une « crise de la solidarité » entre les pays de l’Union européenne et c’est « une injustice monumentale », estime Michael Diedring, secrétaire général du Conseil européen pour les réfugiés et exilés (ECRE). Cette organisation basée à Bruxelles participe au projet Asylum Information Database (Aida), qui a élaboré un rapport très détaillé sur la situation de l’asile en Europe.Son étude, présentée jeudi 10 septembre dans la capitale belge, conclut au « manque de solidarité et de consistance » de la politique d’asile menée par les 18 pays – dont la France – entrant dans le champ de l’étude.Un nombre de demandes qui enfleAu total, 626 710 demandes d’asile ont été enregistrées en 2014 et plus de 300 000 durant le premier semestre de 2015. Un nombre qui devrait encore enfler, et peut-être durant plusieurs semaines, prévoient de nombreux experts. Or, les Etats continuent de polémiquer : le projet de la Commission européenne, qui a proposé, en mai, de répartir 40 000 demandeurs d’asile a suscité de nombreuses discussions.Elle vient de récidiver avec un projet concernant 120 000 réfugiés supplémentaires, actuellement présents en Grèce, en Hongrie et en Italie. Le résultat des discussions est loin d’être assuré et, pourtant, le problème est d’une toute autre ampleur, souligne l’ECRE : durant le premier semestre de 2015, 300 000 demandes ont été enregistrées, concentrées dans quatre pays seulement – l’Allemagne, la Hongrie, la France et l’Italie. Elles concernent majoritairement des Syriens, des Afghans et des Erythréens.Des réponses différentes selon les paysLe rapport met en évidence une autre carence de l’Europe : selon le pays où ils introduisent leur demande, les candidats à l’asile reçoivent des réponses très différentes. En Finlande et en Suède, 100 % des demandes introduites par des Erythréens ont été acceptées, pour 48 % en Grèce et 26 % en France. Les Syriens sont acceptés à hauteur de 96 % en France, 94 % en Allemagne, 64 % en Italie et 43 % en Slovaquie…Officiellement, l’UE fournit pourtant des garanties communes aux personnes en quête d’une protection internationale, ainsi que des procédures présumées équitables et efficaces. Une directive sur les normes minimales en matière d’octroi du statut de réfugié a été adoptée en 2005. Elle corrigeait des règles floues, assorties de diverses dérogations autorisant chaque Etat à faire comme bon lui semblait.La directive de 2005 révèle, à son tour, ses lacunes mais c’est toutefois l’absence de confiance mutuelle entre les pays qui empêche une véritable unification des procédures. La reconnaissance des demandes, les règles pour une bonne intégration ainsi que le droit au travail où à une série d’indemnités continuent de varier fortement d’un Etat à l’autre. Du coup, certains réclament désormais l’instauration d’une juridiction européenne spécialisée qui examinerait les demandes. Un projet qui, à l’évidence, n’est pas près de voir le jour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre britannique, David Cameron, s’est dit « gravement préoccupé », jeudi 10 septembre au soir, après l’annonce par le premier ministre d’Irlande du Nord, Peter Robinson, de sa démission. Un départ consécutif à la crise gouvernementale qu’a engendrée le débat autour de la réalité du démantèlement de l’Armée républicaine irlandaise (IRA). Cette mesure-clé de l’accord de paix de 1998 a mis fin à trente ans de violences entre les unionistes protestants — qui considèrent que l’Irlande du Nord doit être maintenue au sein du Royaume-Uni — et les républicains catholiques – qui veulent être intégrés à la république d’Irlande.Lire aussi :Le premier ministre d’Irlande du Nord annonce sa démissionPeter Robinson souhaitait que l’assemblée ajourne ses travaux ou que Londres suspende les institutions politiques de la région semi-autonome. Il n’a obtenu ni l’un — faute de majorité —, ni l’autre. Il estimait que l’institution parlementaire ne peut plus fonctionner depuis que George Hamilton, le chef de la police d’Irlande du Nord, a affirmé que des membres de l’IRA, censée être dissoute, étaient impliqués dans un meurtre.Le 13 août, un ancien militant de l’Armée républicaine, Kevin McGuigan, a été tué selon un mode opératoire rappelant les assassinats punitifs commis autrefois par l’IRA. Selon le chef de la police, une partie de l’organisation, qui avait annoncé en 2005 avoir définitivement déposé les armes, est « toujours largement en place », bien que ses activités soient liées au crime organisé et non au terrorisme.Pour les partis unionistes, l’IRA est toujours activeLe meurtre et le déni par le Sinn Fein, l’ancienne branche politique de l’IRA devenue parti parlementaire, de la survivance de cette dernière, avaient déjà causé le départ de l’assemblée, le 29 août, du petit Parti unioniste d’Ulster (UUP). Mais la crise s’est aggravée, mercredi 9 septembre, avec l’arrestation de trois hommes, dont Bobby Storey, président du Sinn Fein en Irlande du Nord, dans le cadre de l’enquête sur le même meurtre. La crise a alors atteint le Parti unioniste démocrate (DUP) du premier ministre. Pour les partis unionistes, l’assassinat de McGuigan est la preuve que, contrairement aux affirmations du Sinn Fein, l’IRA est toujours active.Lire aussi :Un meurtre attribué à l’IRA provoque une crise politique en Irlande du NordIl s’agit de l’une des crises politiques les plus graves depuis l’accord de paix de 1998. Elle pourrait déboucher sur une administration directe par Londres, avant d’éventuelles nouvelles élections. Mais Peter Robinson ne tient apparemment pas à aller jusque-là. S’il a démissionné, il a laissé en place sa ministre des finances, qui assumera l’intérim, le temps qu’une solution soit trouvée avec Londres, qui a lancé vendredi un appel au calme et au dialogue.« Je regrette que nous soyons dans cette situation », a commenté Theresa Villiers, ministre britannique chargée de l’Irlande du Nord, sur l’antenne de la BBC :« L’essentiel maintenant est d’essayer de trouver un moyen de rétablir des relations qui fonctionnent, de régler les problèmes liés aux groupes paramilitaires, de parvenir à une application de l’accord de Stormont House [sur les questions communautaires] et cela ne peut se faire que par des discussions entre partis. »Theresa Villiers a estimé que la création d’une autorité indépendante chargée de contrôler le déclassement des armes et le démantèlement des organisations paramilitaires constituait « l’idée la plus plausible ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 09h09 • Mis à jour le11.09.2015 à 09h44 C’est aux cris d’« In… inde… independència ! », que dès jeudi soir, des milliers d’hommes et de femmes de tous âges ont commencé à défiler, parmi les 485 000 Catalans inscrits à la « Diada », la « journée nationale de la Catalogne », qui se déroule vendredi 11 septembre à Barcelone.La manifestation, qui avait déjà rassemblé plus d’un million de personnes en 2012, selon la police, sera cette année particulièrement politisée et sécessionniste, avant le scrutin des régionales, le 27 septembre. Elle doit exprimer « la volonté sans équivoque d’obtenir un Parlement catalan de majorité indépendantiste », résume Jordi Sanchez, président de l’une des associations citoyennes qui l’organisent, l’Assemblée nationale catalane (ANC). « C’est la campagne de notre vie, le vote de notre vie ! », a insisté la tête de liste de Junts pel si (« Ensemble pour le oui »), l’ancien député européen écolo-communiste Raül Romeva, lors d’un meeting dans une université barcelonaise.Une interminable chaîne humaine devrait envahir en fin d’après-midi une artère du nord de la capitale catalane.« Notre force est dans les urnes »Le président du gouvernement de la Catalogne, l’indépendantiste Artur Mas (conservateur), a solennellement appelé jeudi soir les 5,5 millions d’électeurs catalans à décider le 27 septembre de « l’avenir politique » de leur « nation », en reprochant à Madrid d’avoir « ignoré » la « clameur pacifique » pour le droit à l’autodétermination de la région. « Notre force est dans les urnes, elle n’est pas ailleurs », a-t-il ensuite lancé en meeting, devant la foule des séparatistes convaincus.Pour la première fois, Mas et ses colistiers forment une large coalition indépendantiste, alliant son parti de centre droit et des formations de gauche. Ils présentent ce scrutin comme un plébiscite, pour ou contre leur projet de conduire la Catalogne vers la sécession, en dix-huit mois.Lire aussi :Les partis indépendantistes catalans feront liste commune pour les régionalesScrutin « historique »Depuis 2012, la région n’a eu de cesse de réclamer un référendum, sur le modèle des consultations sur la souveraineté du Québec (1980, 1995) et de l’Ecosse (2014), qui se soldèrent d’ailleurs par la victoire du « non ». Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy (conservateur), a maintes fois répondu qu’il n’accepterait jamais un tel référendum régional, faisant valoir qu’il revient aux Espagnols, tous ensemble, de se prononcer sur l’unité du pays. Après l’avoir ignoré ou minimisé, le Parti populaire (PP) qu’il dirige prend très au sérieux ce scrutin catalan qu’il juge « historique ».La Catalogne n’a pas reçu, depuis longtemps, autant de visites de ministres et de responsables politiques, portant la bonne parole dans cette région représentant 19 % du PIB de l’Espagne et responsable de 25 % des exportations, au cœur de la Méditerranée. Jeudi, à Barcelone, le ministre des affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, a surpris en ouvrant la porte à une réforme constitutionnelle donnant davantage d’autonomie à la Catalogne, notamment fiscale. Artur Mas a en tout cas déjà gagné en mettant la Catalogne au centre des débats, à trois mois des élections législatives de décembre.La « Diada » commencera symboliquement à 17 h 14, en référence au 11 septembre 1714, les nationalistes commémorant ainsi une défaite : la prise de Barcelone par les troupes franco-espagnoles du roi Philippe V. Mais bon nombre des habitants observeront avec inquiétude cette mobilisation, eux qui se sentent espagnols et catalans, et refusent que le pays soit un jour amputé de leur région, triangle de 32 000 km2 aux 7,5 millions d’habitants. 11.09.2015 à 04h15 • Mis à jour le11.09.2015 à 14h41 Des milliers de sauveteurs étaient mobilisés, vendredi 11 septembre au nord de Tokyo, pour venir en aide à des centaines d’habitants prisonniers des eaux et retrouver au moins vingt-six disparus après des pluies torrentielles, qui ont déjà provoqué la mort de trois personnes.La mobilisation était particulièrement intense à Joso, où la rivière qui traverse l’agglomération est sortie de son lit jeudi en emportant maisons et automobiles sur son passage.De fortes pluies continuaient de s’abattre vendredi plus au nord, menaçant d’aggraver la situation après le passage du typhon Etau qui a traversé le pays dans la semaine, entraînant des vents violents et des précipitations. Le Japon subit les pires pluies qu’il ait connues depuis des décennies, aggravées par le passage au large de l’archipel d’un autre typhon, Kilo. La mort de trois personnes a été confirmée, mais le bilan risque de s’alourdir. On était sans nouvelles d’au moins vingt-six personnes dans les régions inondées, dont deux enfants de 8 ans, selon des médias japonais.Jeudi, des images télévisées rappelant le tsunami de mars 2011 montraient des maisons entières emportées par le courant violent à Joso, tandis que des habitants juchés sur des toits et des balcons faisaient des gestes désespérés ou brandissaient des serviettes pour attirer l’attention des sauveteurs. Une zone de 32 kilomètres carrés comprenant 6 500 maisons, selon les médias, a été inondée lorsque la rivière Kinugawa a creusé une large et profond brèche dans sa rive. Le gouvernement a annoncé qu’environ 5 800 soldats, policiers et pompiers avaient été envoyés vendredi matin dans les zones inondées, où des sauveteurs avaient travaillé toute la nuit.Le temps était très beau vendredi à Joso et le niveau de l’eau, qui la veille montait jusqu’aux étages des maisons, avait fortement baissé. Vendredi midi, quelque 580 personnes attendaient encore d’être sauvées, selon la chaîne de télévision publique NHK. Plus de 100 000 personnes dans le pays ont reçu l’ordre de quitter leur domicile à la suite de ces pluies torrentielles.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55f2cc75a55c9'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 7\r\n \r\n \r\nA Oyama, les secours \u00e9vacuent jeudi les habitants bloqu\u00e9s par la mont\u00e9e des eaux apr\u00e8s le passage du typhon Etau.\r\nCr\u00e9dits : YOSHIKAZU TSUNO \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A Oyama, les secours \u00e9vacuent jeudi les habitants bloqu\u00e9s par la mont\u00e9e des eaux apr\u00e8s le passage du typhon Etau.","source":"YOSHIKAZU TSUNO \/ 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7\r\n \r\n \r\nLes eaux de la rivi\u00e8re Kinugawa ont emport\u00e9 les digues qui prot\u00e9geaient la petite ville de Joso, 60 km au nord-ouest de la capitale.\r\nCr\u00e9dits : YOSHIKAZU TSUNO \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les eaux de la rivi\u00e8re Kinugawa ont emport\u00e9 les digues qui prot\u00e9geaient la petite ville de Joso, 60 km au nord-ouest de la capitale.","source":"YOSHIKAZU TSUNO \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":7,"item_lie":null,"link":"\/asie-pacifique\/portfolio\/2015\/09\/10\/au-japon-des-dizaines-de-personnes-prisonnieres-de-la-montee-des-eaux_4751860_3216_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 7\r\n \r\n \r\nDes dizaines de personnes se sont r\u00e9fugi\u00e9es \u00e0 la mairie de Joso, petite ville de 65 000 habitants submerg\u00e9e par une gigantesque vague boueuse.\r\nCr\u00e9dits : Shizuo Kambayashi \/ AP\r\n 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jeudi 10 septembre – une victoire diplomatique symbolique dans la campagne pour faire reconnaître l’Etat palestinien.Une résolution demandant que les drapeaux des Etats non membres de l’ONU ayant statut d’observateur soient « hissés au siège et dans les bureaux des Nations unies après ceux des pays membres » a été adoptée par 119 voix pour, 8 contre et 45 abstentions sur les 193 pays membres de l’ONU. Seuls les Palestiniens et le Vatican ont le statut d’observateurs. Les Etats-Unis et Israël ont voté contre la résolution.L’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Samantha Power, a affirmé qu’« hisser le drapeau palestinien ne remplace pas des négociations [entre Israéliens et les Palestiniens] et ne rapprochera pas les deux parties de la paix ». « Aucun vote ne peut transformer un geste symbolique vide de sens en un Etat », a lancé l’ambassadeur israélien Ron Prosor.Processus de paix en panneLes Européens sont finalement allés au vote en ordre dispersé après des efforts pour trouver une position commune. La France a voté pour, de même que la Suède, mais l’Allemagne s’est abstenue, tout comme l’Autriche, la Finlande, les Pays-Bas ou Chypre.L’ambassadeur français François Delattre a fait valoir que « ce drapeau est un symbole fort, une lueur d’espoir » pour les Palestiniens au moment où le processus de paix est en panne et où Israël « poursuit une colonisation illégale » en Cisjordanie.Lire :L’Union européenne espère une relance du processus de paix au Proche-OrientL’ONU a désormais vingt jours pour se préparer à déployer le drapeau palestinien. Les Palestiniens espèrent qu’il sera hissé à l’occasion de la venue à New York à la fin de septembre de leur président, Mahmoud Abbas. Celui-ci doit participer à la session annuelle de l’Assemblée générale et à un sommet sur le développement durable. Il prononcera un discours devant l’Assemblée le 30 septembre. 10.09.2015 à 22h09 • Mis à jour le10.09.2015 à 22h16 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Accusés d’indifférence alors que des dizaines de milliers de réfugiés fuient le chaos syrien, les Etats-Unis mettaient surtout en avant jusqu’à présent l’aide massive apportée aux pays limitrophes. Le département d’Etat a ainsi fait valoir que les 4 milliards versés aux premiers pays d’accueil (Liban, Turquie, Jordanie) font de Washington le premier contributeur pour les camps de réfugiés.Mais la Maison Blanche a manifestement considéré jeudi 10 septembre qu’un effort supplémentaire était nécessaire en annonçant que les Etats-Unis allaient multiplier par cinq le nombre de Syriens admis sur le sol américain lors de la prochaine année fiscale qui débutera le 1er octobre. Pays traditionnel d’accueil, les Etats-Unis acceptent chaque année, depuis plus de dix ans, entre 70 000 et 80 000 réfugiés, toutes régions du monde confondues.Les réfugiés venant de l’Afrique du Nord, du Proche-Orient ou de la partie occidentale de l’Asie (Afghanistan, Pakistan) représentent près de la moitié de ces réfugiés (entre 33 000 et 35 000), avec un fort contingent irakien passé de 12 000 en 2012 à près de 20 000 deux ans plus tard. En revanche, les Syriens ont été très peu nombreux à trouver refuge aux Etats-Unis jusqu’à cette dernière année. #container_1441913194903{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1441913194903{ height:500px; } #container_1441913194903 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1441913194903 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1441913194903 .subtitre{ display:block; }Entre 2012 et 2014, les Etats-Unis ont accueilli beaucoup plus d'Irakiens que de SyriensSeuls 31 réfugiés syriens ont été admis en 2012 et 36 en 2013(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1441913194903", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"département d'Etat US", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["2012","2013","2014","Au 30 avril 2015","Estimations pour 2016"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:-45 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Irak", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 12000 ], [ "", 19500 ], [ "", 19700 ], [ "", null ], [ "", null ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Syrie", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 31 ], [ "", 36 ], [ "", 105 ], [ "", 650 ], [ "", 10000 ] ], "color": "#FFc832" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Le département d’Etat avait déjà annoncé en début de semaine que le nombre de Syriens allait passer de 1 800 pour l’année fiscale 2014-2015, qui s’achève à la fin du mois, à un chiffre qui pourrait aller jusqu’à 8 000. Le secrétaire d’Etat, John Kerry, avait confirmé mercredi 9 septembre cette hausse sans pour autant donner d’éléments chiffrés. Plus de 16 000 dossiers présentés par des Syriens ont été soumis aux Etats-Unis par le HCR depuis le début de l’année selon le département d’Etat, qui avait expliqué le très faible nombre de cas instruits par la lourdeur des procédures de sécurité appliquées pour ce pays.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.09.2015 à 21h00 • Mis à jour le11.09.2015 à 10h03 | Martin Untersinger Le Parlement européen a adopté, mardi 8 juillet, un texte non contraignant mais résolument engagé sur la question de la surveillance numérique. Le rapport de la députée Marietje Schaake (Pays-Bas, ALDE, centriste) dénonce les dérives des services de renseignement européens, se dit favorable au développement de la cryptographie et souhaiterait que les entreprises européennes vendent un peu moins de technologies permettant aux dictateurs de la planète de traquer leurs dissidents.Lire :Les eurodéputés veulent mieux encadrer l’exportation des technologies de surveillanceCe texte n’engage à rien, mais, par endroits, grave dans le marbre des prises de position très radicales sur des sujets polémiques. Et permet de constater les contradictions de certains partis.A Front renverséLe Front national, par exemple, s’est systématiquement opposé, en France, à tous les projets tendant à un encadrement plus strict d’Internet, de la loi de Hadopi sur le téléchargement illégal à la plus récente loi sur le renseignement. Concernant cette dernière, le parti d’extrême droite avait dénoncé le « 100 % flicage », la « trahison » de la République, et « l’Etat big brother ».On aurait pu penser que le texte adopté le 8 septembre trouverait grâce aux yeux des eurodéputés frontistes. Pas du tout : leur groupe à Strasbourg a voté contre ce rapport. Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen, eux, se sont abstenus. Ce contraste se retrouve dans les rangs socialistes. Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, se félicitait récemment que la toute récente loi sur le renseignement permette de s’introduire dans « le Dark Web, c’est-à-dire les communications cryptées ». Rien dans le texte récemment adopté ne porte sur le chiffrement mais le ministre rejoignait la ligne exprimée dans la presse américaine par le procureur de Paris, François Molins, qui déplorait que la protection des communications entrave de plus en plus, selon lui, les enquêtes.Lire aussi :Chiffrement des téléphones : le procureur de Paris rejoint la lutte contre Apple et GoogleRien de plus éloigné que le texte adopté par les parlementaires, qui préconisent de généraliser le chiffrement des données et de soutenir ceux qui développent des outils de protection contre la surveillance. Cela n’a pas empêché les eurodéputés socialistes français de voter en faveur du rapport.A l’inverse, les eurodéputés français issus de l’UMP ont voté en bloc contre le texte, en ligne avec leurs convictions sur la scène nationale (une très large majorité de députés de droite ont voté pour la loi sur le renseignement). Les quelques eurodéputés verts français ont eux aussi respecté les idées de leur parti — qui avait été en pointe dans la lutte contre la loi sur le renseignement — en approuvant le rapport.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 18h45 Le ministre de la défense israélien, Moshé Yaalon, a déclaré que certains des auteurs présumés de l’incendie dans lequel sont morts un couple de Palestiniens et leur bébé sont détenus mais n’ont pas encore été inculpés, ont rapporté plusieurs médias, dont le quotidien Haaretz, jeudi 10 septembre.C’est la première fois qu’un haut responsable reconnaît aussi clairement que des suspects de cet incendie, perpétré le 31 juillet et attribué à des extrémistes juifs, ont été identifiés et arrêtés. Ali Dawabsha, un bébé palestinien de 18 mois, est mort brûlé vif lorsque des individus masqués ont lancé des engins incendiaires à travers les fenêtres ouvertes de la maison familiale de Douma, en Cisjordanie occupée, selon les enquêteurs.Son père a succombé à ses blessures huit jours plus tard, tandis que la mère de l’enfant est morte lundi. La polémique a rebondi sur le fait que les autorités n’avaient toujours pas identifié publiquement les responsables plus d’un mois après l’attaque.« Les auteurs de l’attentat de Douma sont connus des services de sécurité israéliens et certains sont sous les verrous », a dit le ministre.« Nous n’avons pas déposé d’actes d’inculpation pour le moment pour ne pas dévoiler nos sources, mais nous poursuivons nos efforts pour les traduire en justice. Nous sommes convaincus que l’attentat a été perpétré par des juifs appartenant à un groupe très extrémiste… Les mesures prises jusqu’à présent, notamment les détentions administratives, visent à prévenir un nouvel attentat. »Le ministre n’a pas divulgué l’identité des suspects. Il est donc toujours impossible de dire si les trois extrémistes juifs actuellement en détention administrative – Meïr Ettinger, Mordechai Meyer et Eviatar Slonim – font partie de ces suspects.Dix personnes assignées à résidenceLors de l’interpellation de ces extrémistes, les services de sécurité se sont contentés publiquement de les associer à des organisations ou des actes terroristes, sans donner plus de précision. La détention administrative est un régime extrajudiciaire controversé permettant de détenir quelqu’un pendant une durée illimitée sans l’inculper, un traitement d’ordinaire réservé aux Palestiniens.Lire aussi :La détention administrative contestée en IsraëlDix autres personnes ont été assignées à résidence dans les semaines qui ont suivi l’incendie. Des inscriptions retrouvées à Douma et des témoignages ont immédiatement désigné comme responsables des extrémistes juifs, peut-être venus des colonies voisines.L’incendie criminel qui a coûté la vie au nourrisson a suscité colère et crainte en Cisjordanie où la cohabitation entre Palestiniens et colons reste très tendue, et une vive indignation à l’étranger. Il a remis en lumière les agissements violents des extrémistes juifs et ravivé l’accusation de complaisance de la part des autorités israéliennes.Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, avait toutefois qualifié l’acte de « terroriste », terme plus communément employé pour les agissements palestiniens. Il a assuré que tout était fait pour arrêter les auteurs. Sur les quatre personnes de la famille d’Ali Dawabsha, seul l’enfant de 4 ans, grièvement brûlé, a survécu.Lire aussi :Aux racines de l’extrémisme juif en Israël, une affaire de famille Claire Guélaud Il y a les effets de manche à la tribune de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et les choix budgétaires. Et les deux ne coïncident pas toujours. « Levons un doute. Ce n’est pas parce que nous allons faire davantage pour le climat que nous devons faire moins pour le développement », déclare dimanche 27 septembre à New York François Hollande. Dans la foulée, le président de la République annonce que « la France a décidé d’augmenter le niveau de son aide publique au développement (APD) pour dégager 4 milliards de plus à partir de 2020 ».La formulation est tarabiscotée. Elle aurait dû inciter les organisations non gouvernementales (ONG) à la prudence. Las ! Toutes à la joie d’obtenir enfin la confirmation officielle que les financements destinés au climat seront bien additionnels et ne se substitueront donc pas à d’autres contributions, les voilà qui parient sur une hausse des crédits de l’APD, pour la première fois depuis cinq ans.« Nous sommes abasourdis »Il n’en est rien. Le projet de loi de finances pour 2016, présenté mercredi 30 septembre à Paris, prévoit une ligne budgétaire de 2,6 milliards d’euros pour la mission contre 2,77 milliards en 2015. Soit une baisse de 170 millions d’euros, qui auraient pu, selon l’ONG One, « financer des traitements rétroviraux pour 500 000 personnes séropositives et des vaccins pour plus de 2 millions d’enfants ». « Nous sommes abasourdis. Le budget 2016 présenté par le gouvernement va complètement à l’encontre des annonces faites par le président de la République il y a encore à peine deux jours à New York », a déclaré mercredi Friederike Röder, directrice France de One. « New york n’aurait-il été qu’un écran de fumée ? On ne trouve aucune traduction des belles promesses du président de la République dans le projet de loi de finances 2016 », a renchéri Christian Reboul, responsable de plaidoyer Financement du développement à Oxfam France.L’Elysée se garde bien de rétorquer que les promesses de François Hollande ne courent qu’à partir de 2020, c’est-à-dire deux ans et demi après la fin de son premier quinquennat, et qu’elles pourraient en somme n’engager que son successeur… Dans l’immédiat, l’APD restera donc, en proportion du revenu national brut (RNB), très loin du seuil de 0,7 % que les pays développés membres des Nations Unies s’étaient engagés à respecter d’ici 2015, un engagement repoussé, depuis, à 2030. One, spécialisée dans la lutte contre l’extrême pauvreté, a calculé que les crédits de l’APD ont diminué de 21 % depuis 2011 et de manière continue sous la gauche. Un comble.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 16h06 Les talibans ont pris le contrôle, lundi 28 septembre, de la ville de Kunduz, déclenchant une contre-offensive des forces afghanes, soutenues par les forces américaines. Une « prise » qui constitue une nette victoire pour les insurgés et marque un tournant dans la guerre qu’ils mènent, depuis quatorze ans, contre les forces gouvernementales et étrangères.  Le succès le plus important des talibans depuis 2001La prise de Kunduz est un succès majeur pour les talibans. C’est la première fois, depuis la chute de leur régime, en 2001, qu’ils s’emparent d’une localité de cette taille et de cette importance. Capitale provinciale, cinquième ville d’Afghanistan, avec environ 300 000 habitants, Kunduz est un nœud stratégique du nord du pays qui permet de relier la capitale, Kaboul, au Tadjikistan voisin.Première ville clé à passer sous contrôle des talibans depuis une quinzaine d’années, Kunduz fut aussi le dernier bastion taliban de taille à tomber après l’intervention américaine, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Un assaut rapide, une contre-offensive difficileS’il n’a fallu que quelques heures aux talibans pour prendre le contrôle de Kunduz, lundi 28 septembre, la contre-offensive s’annonce autrement longue et laborieuse. Mercredi 30 septembre, les islamistes contrôlent encore la majeure partie de la ville.Les combats se sont rapprochés de l’aéroport, à moins de 10 kilomètres au sud du centre de la ville. C’est là que les forces afghanes se sont retranchées lundi lors de l’assaut, et de là qu’elles ont lancé, mardi, leur contre-attaque. Des milliers d’habitants y auraient aussi trouvé refuge.Les combattants talibans, dont le drapeau blanc flotte depuis lundi matin sur la place centrale de Kunduz, continuent à se déplacer librement à moto ou en voiture dans la ville en diffusant des chants par haut-parleurs.Si les forces afghanes ont annoncé avoir repris mardi le contrôle du siège de la police et de la prison, d’où des centaines de détenus ont été libérés par les insurgés, les talibans tiennent toujours des bâtiments gouvernementaux et militaires. Des institutions et des entreprises ont été pillées, dont la branche régionale des Nations unies, le bureau de l’agence de renseignement, deux stations de radio et des concessions automobiles.#UPDATE NATO troops reach Kunduz to support Afghan forces http://t.co/d3v8Dh4bP5 http://t.co/1mvuxk6S7s— AFP (@Agence France-Presse)require(["twitter/widgets"]);Devant l’assaut des talibans, une partie des quelque sept mille membres des forces de l’ordre de Kunduz a pris la fuite. Les autorités y ont dépêché des renforts, et près de cinq mille hommes, selon une source sécuritaire, seraient désormais sur place. L’arrivée de troupes supplémentaires, venues des provinces de Baghlan et de Kaboul, est toutefois ralentie par des attaques talibanes perpétrées le long des routes. Selon le New York Times, un millier de militaires seraient ainsi aux prises avec les insurgés dans la région de Baghlan. L’acheminement de médicaments est également perturbé.Les forces afghanes sont appuyées par l’armée américaine. Celle-ci, qui bombarde régulièrement des positions talibanes dans l’est du pays, a déjà mené au moins trois frappes aériennes sur les faubourgs et l’aéroport de Kunduz. Des forces de l’OTAN — des soldats britanniques, allemands et américains —, chargées d’assister et de conseiller les troupes afghanes, ont également, pour la première fois, pris part aux combats mercredi. Selon le colonel Brian Tribus, porte-parole de la coalition, ces militaires auraient agi en situation d’autodéfense :« Des conseillers des forces spéciales de la coalition, tout en conseillant et en assistant des éléments des forces afghanes de sécurité, se sont heurtés à une menace insurgée dans les environs de l’aéroport de Kunduz vers 1 heure, mercredi matin. »Selon les services de renseignement afghans, les frappes aériennes ont tué Mawlawi Salam, le responsable des talibans pour la province de Kunduz, ainsi que d’autres combattants. Un « revers » pour les AméricainsL’assaut des talibans sur Kunduz était prévisible. Depuis avril, ils avaient renforcé leurs positions dans la province et avaient déjà mené au moins un assaut dans les faubourgs de la ville. L’attaque de lundi a pourtant pris les troupes afghanes par surprise, traduisant un défaut de stratégie militaire mais aussi politique.Cette attaque souligne aussi l’ampleur des défis auxquels fait face l’armée afghane, en première ligne depuis la fin de la mission de l’OTAN, à la fin de 2014, pour tenter de combattre les talibans mais aussi l’organisation Etat islamique, dont la menace est croissante dans le pays. L’année 2015 est d’ores et déjà la plus meurtrière depuis 2001, l’insécurité ayant progressé et le nombre de victimes civiles explosé.Le départ des soldats américains a été présenté par le président Barack Obama, dans son discours sur l’état de la nation en janvier, comme un « pas en avant » :« Au lieu que des Américains patrouillent dans les vallées de l’Afghanistan, nous avons formé leurs forces de sécurité, qui ont maintenant pris l’initiative. »Environ dix mille soldats américains sont actuellement présents en Afghanistan, principalement pour former et conseiller leurs homologues afghans. En juin, Barack Obama avait annoncé que leur retrait complet — à l’exception de quelques centaines d’hommes — aurait lieu d’ici à la fin de 2016.La bataille de Kunduz peut-elle rebattre les cartes ? Le Pentagone a admis, mardi, que la prise de Kunduz constituait un « revers », et le général John Campbell, commandant de la mission « Resolute Support » en Afghanistan, doit justement témoigner le 6 octobre devant le Sénat américain pour discuter de l’avenir des forces engagées dans le pays. Il avait déjà mis en garde contre un retrait en fin d’année prochaine.  Les talibans renforcésLes débuts du « mandat » du mollah Akhtar Mansour à la tête du mouvement taliban, après l’annonce de la mort du mollah Omar, ont été compliqués par des divisions internes. La prise de Kunduz pourrait marquer un tournant et lui permettre d’asseoir son autorité. En s’emparant de cette ville stratégique, les talibans rompent avec leur stratégie de guérilla essentiellement rurale menée depuis quatorze ans à l’encontre des forces gouvernementales et étrangères.Lire aussi :Le mollah Mansour assoit son pouvoir sur le mouvement talibanA terme, les talibans, en sous-nombre face aux troupes gouvernementales, pourraient avoir du mal à conserver le contrôle des territoires conquis. Les troupes afghanes, appuyées par les forces américaines et de l’OTAN, devraient pouvoir reprendre Kunduz. Mais les talibans ont déjà prouvé, avec cet assaut, qu’ils n’étaient pas uniquement implantés dans les zones frontalières du Pakistan de l’est du pays mais aussi dans le nord. Qu’ils étaient suffisamment confiants dans leur capacité, aussi, pour défier le pouvoir dans une ville comme Kunduz.La prise de cette localité semble d’ailleurs s’inscrire dans une offensive plus vaste. Selon des responsables américains, les insurgés ont multiplié les assauts ces derniers jours contre des check-points militaires et des installations gouvernementales dans la province de Takhar, à l’est de Kunduz.Lire aussi :Les divisions du mouvement taliban aggravent la violence en Afghanistan Le président Ashraf Ghani affaibliLe président afghan, Ashraf Ghani, a assuré, mardi, que Kunduz serait reprise aux talibans et a essayé de justifier les difficultés auxquelles ses troupes font face :« Le problème est que notre ennemi utilise la population comme bouclier humain. Notre gouvernement est un gouvernement responsable, qui ne peut bombarder ses propres citoyens. »Cette victoire talibane, un an juste après la prise de fonction de M. Ghani, souligne toutefois l’incapacité de celui-ci à réaliser sa promesse de ramener la paix dans le pays. Confronté à une intensification des combats et à de profondes divisions politiques, Ashraf Ghani a jusqu’ici misé sur des négociations avec les talibans. Un pari risqué qui n’a pour l’instant pas porté ses fruits, les pourparlers ayant été suspendus sine die après l’annonce de la mort du mollah Omar.Ce nouveau revers devrait affaiblir encore un peu plus son autorité et amoindrir la confiance des Afghans en leur gouvernement. Il pourrait, en revanche, renouveler l’intérêt de la communauté internationale pour le pays, diminué depuis le retrait des troupes étrangères. Marine Forestier C’est une déception pour les ONG. Il y a deux jours, elles écoutaient le discours de François Hollande lors de l’Assemblée générale de l’ONU, affirmant que la France devait « montrer l’exemple » en matière d’aide publique au développement (APD). Le président de la République annonçait même une augmentation de l’enveloppe de cette aide. Aujourd’hui, elles doivent affronter le dur retour à la réalité : le gouvernement indique mercredi 30 septembre une baisse de ce budget de 170 millions d’euros.D’après les documents officiels du ministère des Finances, le projet de loi de finances 2016 présenté ce matin en conseil des ministres prévoit en effet une enveloppe de 2,60 milliards d’euros l’an prochain pour la mission « Aide publique au développement » contre 2,77 en 2015. Les crédits écologie seront quant à eux de 6,49 milliards, contre 6,59 milliards en 2015.Lire aussi :Justice, culture... qui sont les gagnants et les perdants du projet de budget 2016 ?Volte-face après l’annonce de François Hollande à l’ONUL’APD correspond à l’ensemble des dons et prêts accordés à conditions très favorables par des organismes publics aux pays pauvres ou en développement. En France c’est l’Agence française de développement qui est l’opérateur de ces financements.Lors de son discours le 27 septembre à l’Assemblée générale de l’ONU, lors de laquelle ont été adoptés 17 objectifs pour le développement durable, François Hollande a promis d’augmenter de 4 milliards d’euros l’aide publique au développement par an à partir de 2020. Il a également annoncé une hausse des financements de la France sur le climat de 2 milliards d’euros supplémentaires par an en 2020.Lire aussi :La France va augmenter ses financements climatÀ deux mois de l’organisation par la France de la 21e conférence mondiale sur le climat, dite COP 21 et qui doit aboutir à l’adoption d’un nouvel accord mondial de lutte contre le changement climatique, la nouvelle de cette réduction dans le projet de loi de finances 2016 déçoit les ONG.Cinquième année consécutive de baisse« L’atterrissage est brutal », commente Christian Reboul, responsable Financement du développement chez Oxfam interrogé par Le Monde.« On sort de l’Assemblée générale de l’ONU, où a été affichée une grande ambition : celle d’éradiquer la pauvreté dans les quinze prochaines années. François Hollande a pris à son compte cet engagement, mais on ne voit pas la traduction de ses annonces dans la présentation du projet de loi de finances par le gouvernement. C’est la 5e année consécutive de baisse de l’aide publique au développement. »En 2014, la France n’a consacré que 0,36 % de son produit national brut à l’APD, soit à peine la moitié de l’objectif de 0,70 % fixé par l’ONU et respecté par seulement cinq pays, le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni.« La coupe en 2016 est deux fois plus importante que celle de l’année précédente » souligne dans un communiqué l’ONG One, fondée par le chanteur Bono, leader du groupe U2. L’association estime que ces 170 millions d’euros « sont pourtant vitaux » : « Ils pourraient financer des traitements antirétroviraux pour 500 000 personnes séropositives et des vaccins pour plus de 2 millions d’enfants. »Lire aussi :Nous pouvons éclairer et nourrir l’Afrique !Marine ForestierJournaliste au Monde 30.09.2015 à 12h32 • Mis à jour le30.09.2015 à 14h42 Ahmad Al Faqi Al Mahdi, chef touareg d’Ansar Dine, un groupe islamiste radical malien lié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), soupçonné d’avoir dirigé la destruction en 2012 de mausolées à Tombouctou, a comparu, mercredi 30 septembre, devant la Cour pénale internationale à la Haye.Cette comparution dite « initiale » fait suite au transfèrement d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi, dans la nuit de vendredi à samedi 26 septembre, au centre de détention de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.Epaisse chevelure frisée, barbe, lunettes rectangulaires, le suspect, habillé d’un costume sombre, s’est adressé en arabe à la Cour. « Mon nom est Ahmad Al Faqi Al Mahdi, je suis de la tribu touareg Al-Ansar », a-t-il déclaré au juge qui lui demandait de s’identifier : « L’arabe est la langue que je comprends et que je parle. »Le juge Cuno Tarfusser a demandé au greffe de lire les crimes de guerre dont le suspect est accusé, avant de lui lire ses droits : « Vous êtes présumé innocent jusqu’à preuve du contraire. »La CPI pourrait également fixer mercredi la date de l’audience de confirmation des charges, étape de la procédure devant déterminer si le dossier du procureur est assez solide pour mener à un procès.Première comparution sur les exactions d’AQMIIl s’agit des premières poursuites de la CPI, entrée en fonction en 2003, pour des destructions d’édifices religieux et de monuments historiques. M. Al Faqi est par ailleurs le premier suspect arrêté dans l’enquête de la CPI ouverte au début de 2013 portant sur les exactions commises par les groupes djihadistes liés à Al-Qaida au Mali. En tant que chef présumé de la « hesbah », la brigade des mœurs, il a dirigé et participé à des attaques contre dix bâtiments consacrés à la religion et des monuments historiques dans la vieille ville de Tombouctou, inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité, affirme le mandat d’arrêt délivré à son encontre. L’accusation donne la liste de neuf mausolées et d’une des trois plus importantes mosquées de la ville, Sidi Yahia. L’Unesco avait placé Tombouctou sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité après la prise de la ville par les djihadistes, au printemps 2012.La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a résumé son rôle dans un communiqué« Membre zélé d’un groupe armé, (…) Ansar Dine, il a joué un rôle important et actif pour le fonctionnement de la structure mise en place pendant l’occupation de Tombouctou. » « Les attaques délibérées contre des monuments historiques et des bâtiments religieux sont des crimes graves. » « De telles attaques affectent l’humanité tout entière (…) Nous continuerons à souligner la gravité de tels crimes de guerre. » Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Pas une phrase, pas un mot. Dans son discours prononcé lundi 28 septembre à la tribune des Nations unies, Barack Obama n’a pas cité le conflit israélo-palestinien. Un choix qui témoigne à la fois des priorités du moment – la Syrie, l’organisation Etat islamique (EI) – et d’une lassitude générale devant une situation locale de plus en plus inextricable. Cet « oubli » du président a été noté par les deux parties qui ont sévèrement critiqué, ces derniers mois, le parrain américain, incontournable dans toutes les tentatives de médiation depuis les accords d’Oslo, il y a vingt-deux ans.Alors que des affrontements quotidiens opposent à Jérusalem, sur l’esplanade des Mosquées (Mont du temple pour les juifs), la police israélienne et de jeunes émeutiers, le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, doit s’exprimer mercredi à cette même tribune de l’assemblée générale de l’ONU, pour tirer les conséquences de l’impasse politique avec Israël. Pour la première fois, le drapeau palestinien sera hissé. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou prononcera lui aussi un discours jeudi. Ces dernières années, il avait concentré tout son propos sur la menace nucléaire iranienne.Lire aussi :Le drapeau de la Palestine pourra flotter devant le siège de l’ONUFaire monter les attentesLa dernière tentative de négociation, sous l’égide du secrétaire d’Etat américain John Kerry, a échoué en avril 2014. Depuis, le tableau s’est assombri au gré de plusieurs épisodes : une nouvelle guerre dans la bande de Gaza, la tentative de réconciliation infructueuse entre les frères ennemis du Hamas et du Fatah et enfin les élections israéliennes, qui ont confirmé la préférence des Israéliens pour une gestion sécuritaire du conflit. Benyamin Nétanyahou a été reconduit après avoir déclaré, à la veille du scrutin, qu’il n’imaginait pas la création d’un Etat palestinien. Revenu ensuite sur ces propos, il n’en reste pas moins à l’aise dans un statu-quo politique qui permet, sur le terrain, le grignotage des terres palestiniennes par les colons.Agé de 80 ans, Mahmoud Abbas dispose d’une marge de manœuvre très faible. Confronté à une grande impopularité, même si aucun leader alternatif ne s’impose réellement dans l’opinion palestinienne, le successeur de Yasser Arafat a promis de lâcher « une bombe » dans son discours à l’ONU. Depuis, au cours de plusieurs rencontres avec des diplomates occidentaux, notamment lors de son passage à Paris le 21 septembre 2015, il a tenu à rassurer ses interlocuteurs.Que va dire Mahmoud Abbas ? Les experts et les membres de la direction palestinienne ont évalué plusieurs hypothèses au cours des dernières semaines, en cherchant ainsi à faire monter les attentes. Certains ont évoqué un sabordage de l’AP, pour rendre les clés de la Cisjordanie à Israël et lui faire porter tout le poids de l’occupation. D’autres ont avancé, sans trop y croire, la fin de la coordination sécuritaire entre les services israéliens et palestiniens, clé du calme relatif qui règne dans les territoires. Outre ces idées, la direction palestinienne s’est déjà engagée sur la voie judiciaire, en adhérant à la Cour pénale internationale (CPI), dont les procédures sont longues. Elle a aussi recueilli des reconnaissances bilatérales par dizaines, qui ne changent rien à la réalité de la colonisation.Lire aussi :La Palestine devient le 123e membre de la Cour pénale internationaleSituation intenableLa possible création, à l’initiative de la France, d’un groupe de contact international pour soutenir les deux parties dans leurs efforts de paix, ne sera pas un gage suffisant à présenter devant son opinion publique. Ce groupe de contact réunirait les membres du Quartet (ONU, Etats-Unis, Union européenne et Russie), des pays européens comme le Royaume-Uni et l’Allemagne et les piliers de la Ligue arabe.Mahmoud Abbas dit régulièrement que la situation n’est pas tenable, que l’AP n’exerce qu’un simulacre d’autorité sur la Cisjordanie. Il n’en reste pas moins vrai que ce partisan endurci de la négociation et de la voie pacifique ne veut pas endosser la responsabilité de la rupture totale avec Israël, aux conséquences financières lourdes.Benyamin Nétanyahou, de son côté, dénonce les « incitations à la violence » de l’AP, sur l’esplanade des Mosquées comme ailleurs. Le premier ministre israélien se dit prêt à discuter sans délai ni conditions avec Mahmoud Abbas. Mais sa très faible majorité parlementaire à la Knesset et le profil de son gouvernement, dont plusieurs membres sont ouvertement hostiles à une solution à deux Etats, font douter de sa volonté réelle.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.09.2015 à 09h55 • Mis à jour le30.09.2015 à 09h57 Situation toujours bloquée à #Vintimille @RTLFrance #migrants http://t.co/46UMCaq3zg— Julien_Fautrat (@Julien Fautrat)require(["twitter/widgets"]);Le face-à-face se poursuit. D’un côté, quelques dizaines de migrants et des membres d’associations de soutien – au total moins d’une centaine de personnes. De l’autre, environ 200 membres des forces de l’ordre italiennes. Après l’évacuation d’un camp de migrants à Vintimille, à la frontière franco-italienne, mercredi 30 septembre, ses occupants se sont rassemblés sur des rochers au bord de l’eau, en menaçant de se jeter à l’eau.L’opération d’évacuation a démarré vers 6 heures, mercredi matin. Selon des journalistes présents sur place, des policiers et des carabiniers italiens en tenue antiémeute ont commencé à retourner les tentes des migrants installés dans ce camp à l’aide de bulldozers. Ils ont également réquisitionné une partie de leurs sacs et de leurs stocks de nourriture.Le tribunal d’Imperia, en Italie, a décidé cette évacuation pour « occupation illégale du domaine public » et « vol d’eau et d’électricité ».Lire le reportage :A Vintimille, guerre d’usure entre migrants et policiersLa police bloque désormais l'accès aux rochers où se trouvent #refugies #vintimille Stratégie de la soif ? http://t.co/PweMH3pnlW— RafAvelo (@raphael krafft)require(["twitter/widgets"]); 30.09.2015 à 08h32 | Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) C’est une décision que New Delhi attendait avec impatience. La Reserve Bank of India (RBI, banque centrale) a baissé, mardi 29 septembre, son taux d’intérêt directeur, pour la quatrième fois cette année. « Une reprise économique hésitante est en cours, qui est encore loin d’être robuste », a justifié le gouverneur de l’institution, Raghuram Rajan, dans sa déclaration de politique monétaire. L’institut monétaire justifie également sa décision par celle de la Réserve fédérale américaine (Fed), en septembre, de retarder la hausse de ses taux d’intérêt directeurs.L’analyse des indicateurs sur les fronts de l’inflation, du niveau de précipitations lors de la mousson, et de la conjoncture économique internationale a conduit à cette baisse des taux, plus importante que prévue. En effet, la RBI a réduit le loyer de l’argent d’un demi point à 6,75 % quand les marchés tablaient plutôt sur une baisse d’un quart de point.Le principal argument de la banque centrale indienne est donc à chercher du côté des prix. L’inflation a été contenue au-dessous du seuil jugé acceptable des 4 % en août, grâce notamment aux faibles cours du pétrole brut dont l’Inde est nette importatrice, et ne devrait pas dépasser les 6 % d’ici le mois de janvier. Le risque de la valse des étiquettes écarté, la RBI disposait donc d’une marge de manœuvre importante pour abaisser son taux d’intérêt directeur et espérer doper encore un peu plus la croissance de l’économie Indienne, encore fragile, qui demeure tout de même la plus élevée parmi les pays émergents. Le produit intérieur brut (PIB) indien a fléchi au deuxième trimestre à 7 % contre 7,5 % le trimestre précédent.Soulagement du gouvernementDans sa déclaration de politique monétaire, la banque centrale précise que « la croissance globale est plus modérée, particulièrement dans les économies de marché émergentes » et que « le commerce mondial s’est encore détérioré. » L’Inde espère donc compenser la baisse de ses exportations par une hausse de la demande domestique, via la baisse des taux d’intérêt. « Nous devons recommencer à investir. Les investissements des entreprises ont été faibles », a souligné M. Rajan.L’annonce de la baisse des taux a été accueillie avec soulagement par le gouvernement Indien. « Elle va accélérer les investissements et la croissance », a déclaré le ministre des finances, Arun Jaitley. A la mi-septembre, ce dernier avait exhorté le gouverneur de la banque centrale à baisser ses taux, au prétexte que « l’inflation était sous contrôle. » Il était même question que New Delhi mette en place un « comité monétaire », sous son autorité, pour superviser les activités de la banque centrale, menaçant par là même son indépendance, avant qu’il n’y renonce finalement.Désormais le gouvernement et la RBI partagent le même objectif : la relance de la croissance, avant la lutte contre l’inflation. Siddharth Nath Singh, l’un des dirigeants du Bharatiya Janta Party, le parti au pouvoir, estime que la baisse des taux d’intérêt va « aider les rêves de beaucoup de devenir propriétaires de leurs maisons » et favoriser la relance du secteur de l’immobilier. Les milieux d’affaire ont aussi salué cette décision et l’indice phare de la Bourse de Bombay, le Sensex, a terminé en hausse en fin de journée.La baisse des taux va enfin faciliter la tâche du premier ministre indien, Narendra Modi, qui tente de convaincre les grands groupes du pays d’augmenter leurs investissements, malgré leur niveau élevé d’endettement. Ce sont surtout les investissements étrangers qui ont augmenté en 2014, avec une hausse de près de 49 %.Lire aussi :L’Inde se rêve en dragon chinoisJulien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 06h31 • Mis à jour le30.09.2015 à 09h48 Une enquête préliminaire pour « crimes contre l’humanité » a été ouverte en France le 15 septembre, visant le régime du président Bachar Al-Assad, pour des exactions commises en Syrie entre 2011 et 2013. Après un signalement du Quai d’Orsay, le parquet de Paris a ouvert cette enquête, a confirmé à l’AFP une source proche du dossier. Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a expliqué cette démarche :« Face à ces crimes qui heurtent la conscience humaine, à cette bureaucratie de l’horreur, face à cette négation des valeurs d’humanité, il est de notre responsabilité d’agir contre l’impunité de ces assassins. »L’enquête se base notamment sur le témoignage de « César », un ex-photographe de la police militaire syrienne qui s’est enfui de Syrie en juillet 2013, en emportant 55 000 photographies effroyables de corps torturés, représentant environ 11 000 personnes tuées en détention.Ces clichés, auquel Le Monde a eu un accès exclusif, ont nourri le rapport, dévoilé le 20 janvier 2014 par la chaîne américaine CNN et le quotidien britannique The Guardian, qui accuse le régime syrien d’avoir torturé et tué « à l’échelle industrielle ».Voir notre portfolio : L'ONU expose l'horreur de la guerre en SyrieJusqu’à cinquante corps par jourLongtemps chargé de prendre en photo des scènes de crimes ou d’accident, « César » s’est vu affecter à une tout autre tâche après le début de la révolte syrienne, en mars 2011 : tirer le portrait des opposants, réels ou supposés, qui ont été torturés à mort ou froidement exécutés dans les geôles du régime.Un travail de recensement photographique aussi méticuleux que mortifère, une bureaucratie de la barbarie menée dans un double but : d’une part permettre aux autorités de délivrer un certificat de décès aux familles à la recherche d’un frère ou d’un père disparu, en mettant son trépas sur le compte d’un « problème respiratoire » ou d’une « attaque cardiaque » ; d’autre part, permettre aux tortionnaires de confirmer à leur hiérarchie que la sale besogne a bien été accomplie.A l’hôpital militaire où il est assigné, « César » reçoit jusqu’à cinquante corps par jour. Chacun d’eux nécessite quinze à trente minutes de travail, car quatre à cinq clichés sont requis pour constituer le dossier de décès. Le spectacle de la sauvagerie des services de sécurité syrien éprouve durement le photographe légiste. Il est mûr pour passer à la rébellion.L’exposé morbide effectué par le photographe militaire fait d’autant plus froid dans le dos que les 55 000 photos sont censées avoir été prises sur seulement deux sites : l’hôpital de Mezzeh et celui de Teshrin, toujours à Damas.Lire : Le récit de la défection de "César", photographe de la barbarie syrienneTravail sur la base de photographiesPour savoir si la justice française est compétente pour juger les responsables présumés de ces crimes, il faut qu’un Français ou un Franco-Syrien figure parmi les victimes, ce que s’attachent à savoir les gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCHGCG), précise Europe 1.Ils travailleront notamment à partir des photos accumulées pendant deux ans par cet homme se faisant appeler « César », qui fut photographe aux ordres du régime syrien avant d’être exfiltré de Syrie en juillet 2013. Il dit avoir travaillé dans une unité de documentation de la police militaire syrienne.Lire notre post de blog : En Syrie, les photos de César commencent à parlerL’annonce de cette enquête est faite alors que la crise syrienne est au centre de l’Assemblée générale des Nations unies. François Hollande avait affirmé à l’ONU qu’« on ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau », excluant ainsi Bachar Al-Assad d’une solution politique au conflit. Le président américain, Barack Obama, a insisté sur le départ du président syrien pour vaincre les djihadistes de l’Etat islamique (EI), alors que la Russie insiste pour le maintenir au pouvoir.Lire la synthèse :Au bout d’un an, quel est le bilan de la coalition internationale contre l’EI ? 28.09.2015 à 18h05 • Mis à jour le28.09.2015 à 18h11 | Les Décodeurs Burger King pourrait bien ne faire qu’une bouchée de Quick. Le groupe Bertrand, principal actionnaire de Burger King France a annoncé lundi 28 septembre son intention de racheter l’enseigne qui souffre de la concurrence féroce dans le secteur de la restauration rapide.1. Trois groupes qui dominent le monde du burgerAvec 93 milliards de dollars de chiffre d’affaires, l’américain McDonald’s, même s’il connaît des difficultés depuis quelques années, reste le géant incontesté du burger, loin devant ses concurrents.Burger King, également né aux Etats-Unis (même si son siège est désormais au Canada), arrive bien loin derrière son concurrent. 2. En France, le règne de McDonald’sDans l’Hexagone, McDonald’s écrase littéralement les autres acteurs du marché des fast-foods. Par le nombre de restaurants : 4 350, contre moins de 1 000 pour Quick et Burger King à eux deux. Le chiffre d’affaires français des trois groupes reflète également cette différence avec une domination encore plus marquée de McDonald’s. 3. Une stratégie de concentration dans un secteur difficileEn évoquant un rachat de Quick, Burger King pourrait tenter de revenir sur un marché français dont le groupe s’était extrait il y a une dizaine d’années. L’objectif : afficher une meilleure rentabilité. Si on rapporte le chiffre d’affaires de chaque groupe au nombre de restaurants qu’il possède en France, en effet, Burger King est le plus rentable, devant McDonald’s. Quick est bon dernier. Les DécodeursJournaliste au Monde 28.09.2015 à 16h39 • Mis à jour le28.09.2015 à 17h13 | Hélène Sallon Un an après ses premières frappes en Irak au sein de la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI), la France a annoncé en avoir mené de nouvelles en Syrie, dimanche 27 septembre. Selon le ministère de la défense, il ne s’agira pas d’une « campagne de frappes massive » mais de coups ciblés pour répondre à la menace croissante d’actions sur le territoire français de djihadistes formés en Syrie. En Syrie comme en Irak, où les forces françaises ont mené 5 % du total des frappes, l’intervention de la France reste à ce stade limitée.En un an, l’action de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis a permis de freiner l’expansion de l’organisation terroriste et de l’affaiblir, mais pas de la faire reculer de façon déterminante ni d’anéantir ses capacités offensives.De quels effectifs l’Etat islamique dispose-t-il ?L’EI regroupe aujourd’hui cent mille à cent vingt-cinq mille combattants en Syrie et en Irak, dont treize mille à quinze mille étrangers. Les djihadistes français seraient au nombre de huit cents, principalement en Syrie, et occupés à des tâches administratives, financières, médiatiques et au recrutement.Qui intervient en Irak ?Les Etats-Unis ont engagé, le 8 août 2014, une campagne de frappes en Irak à l’invitation des autorités de Bagdad.A la suite de la formation, en septembre 2014, d’une coalition internationale contre l’EI, comprenant soixante pays, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Australie, le Danemark et le Canada se sont joints à cette campagne. Qui intervient en Syrie ?Les forces américaines ont étendu leurs opérations à la Syrie le 23 septembre 2014, sans l’accord du président Bachar Al-Assad. Ces frappes ont visé l’EI, mais aussi Al-Khorasan, proche d’Al-Qaida.L’Arabie saoudite, la Jordanie, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Qatar ont mis un terme à leur participation en Syrie après la mise sur pied, à la fin de mars 2015, d’une coalition arabe sous bannière saoudienne contre les rebelles houthistes au Yémen.En avril, le Canada s’est joint à la campagne syrienne, suivi de la Turquie, qui cible pour sa part l’EI et les forces kurdes.La Grande-Bretagne a annoncé en septembre avoir mené des frappes ponctuelles contre des cibles présentant un danger immédiat pour ses intérêts.Quelle est la nature des interventions ? En 415 jours de campagne, 7 085 frappes ont été menées — 506 en Irak et 2 579 en Syrie —, selon un décompte établi le 24 septembre par le collectif indépendant Airwars.Les Etats-Unis ont mené 70 % de leurs frappes en Irak, jusqu’à présent au cœur de leur stratégie de lutte contre l’EI.Ces frappes, qui ont permis d’endiguer l’expansion de l’EI dans le nord du pays, autour de Sinjar et au Kurdistan irakien, ont été élargies aux provinces où les forces irakiennes combattent les djihadistes, au nord de Bagdad et à l’ouest, dans l’Anbar.Elles visent principalement les centres de commandement, les stocks de munitions, les chefs de l’EI et les convois d’armes et de combattants.Washington, qui a exclu l’envoi de forces au sol, dit vouloir s’appuyer, sur le terrain, sur les forces locales.Lire aussi :L’intervention militaire française en Syrie décryptée en 5 pointsQuels sont les appuis de la coalition internationale en Irak ?En Irak, la coalition internationale agit en appui aux peshmergas kurdes et aux forces gouvernementales irakiennes.« Les forces gouvernementales et leurs alliés — la mobilisation populaire (MP), les peshmergas, les tribus sunnites — se sont beaucoup affaiblis, car ils sont divisés sur des lignes politiques et confessionnelles », constate l’analyste irakien Hicham Al-Hachémi, spécialiste de l’EI.Les Etats-Unis ont déployé trois mille cinq cents conseillers, dont quatre cent cinquante formateurs et cent conseillers pour former les forces gouvernementales mises en déroute par l’EI en 2014 et les peshmergas kurdes. Seuls treize mille combattants ont été formés.Washington fait pression sur les autorités chiites de Bagdad pour former un nombre accru de combattants sunnites, considérés comme la clé de la reconquête des provinces sunnites, notamment de l’Anbar.La défiance des autorités et partis chiites envers la population sunnite, accusée de complicité avec l’EI, est un obstacle majeur.Le programme de formation américain lancé en mai dans l’Anbar n’a permis, à ce stade, de former que onze cents combattants sunnites, selon Hicham Al-Hachémi.Lire aussi : En Irak, la brigade des Lions victorieux d’AllahLes Etats-Unis entendent par ailleurs limiter la participation des milices chiites pro-iraniennes, majoritaires parmi les forces de la mobilisation populaire (MP), une force d’appoint progouvernementale de cent trente mille hommes, fer de lance sur le terrain.Invoquant la crainte d’exactions contre les populations sunnites et le refus d’une grande partie des clans sunnites de rallier des forces gouvernementales menées par les milices chiites, les forces de la coalition exigent, à quelques exceptions près, le retrait de ces milices comme préalable à toute intervention.Sur qui les Américains s’appuient-ils en Syrie ?En Syrie, le soutien américain aux forces rebelles s’est révélé très limité et tardif. Les Américains invoquent la fragmentation de l’opposition armée et la difficulté d’identifier des forces dites « modérées » sur le terrain.Après un programme de formation lancé en Jordanie pour les combattants du front sud syrien, Washington a commencé au printemps 2015 à former et à équiper des rebelles syriens en Turquie pour combattre l’EI.A la mi-septembre, le commandant des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom), le général Lloyd J. Austin, a reconnu que seuls quatre ou cinq combattants se trouvaient sur le terrain, rejoints par soixante-quinze autres hommes. Soit bien loin des objectifs fixés de quinze mille combattants formés en trois ans.Du fait des stricts critères de sécurité imposés par Washington, les volontaires manquent à l’appel. Ces combattants font l’objet de critiques au sein de la rébellion, voire d’attaques d’autres groupes armés, du fait de l’objectif qui leur a été fixé de combattre l’EI et non les forces du régime du président Bachar Al-Assad.Lire aussi :Syrie : des rebelles formés par les Etats-Unis ont remis des munitions à Al-QaidaQuel est le bilan global des interventions ?La coalition internationale affirme avoir tué plus de quinze mille combattants de l’Etat islamique depuis le début de la campagne aérienne. Selon Hicham Al-Hachémi, dix-neuf des quarante-trois grands chefs de l’EI ont été tués.« Ils sont remplacés, mais Daech [acronyme arabe de l’EI] ne dispose pas d’un important vivier de chefs historiques, avec une histoire djihadiste comparable aux chefs d’Al-Qaida », estime-t-il.Quelles sont les positions de l’EI en Irak ?En Irak, l’intervention de la coalition internationale a permis d’endiguer l’expansion de l’EI au Kurdistan irakien, dans la plaine de Mossoul et dans la région du Sinjar. Les djihadistes, qui se trouvaient à cent kilomètres au nord de Bagdad en juin 2014, ont été repoussés des provinces de Salaheddine et de Diyala.Mais, pour Hicham Al-Hachémi, les forces gouvernementales appuyées par la coalition internationale n’ont à ce jour pas remporté de « bataille décisive » contre l’EI.Depuis la libération de Tikrit, capitale de la province de Salaheddine, en avril 2015, les forces gouvernementales piétinent à Baiji, à deux cents kilomètres au nord de Bagdad, et dans la province sunnite de l’Anbar, dans l’Ouest, où elles ont enregistré en mai leur plus grand revers, avec la prise par l’EI de Ramadi.La bataille de Mossoul, dans le nord du pays, annoncée comme prioritaire en septembre 2014, a été reportée sine die.Quelle est la situation de l’EI en Syrie ?Dans le nord-est de la Syrie, les combattants kurdes des unités de protection du peuple (YPG) ont réussi, avec le soutien de la coalition internationale, à repousser les combattants de l’EI de Kobané, de Tal Abyad et de la frontière turque.Mais, de leur fief de Rakka, dans l’est du pays, les djihadistes ont poursuivi leur expansion vers Deir ez-Zor, plus à l’est, où ils assiègent les forces du régime, ainsi que dans la province d’Alep, jusqu’à la frontière turque, autour de Palmyre — conquise le 20 mai 2015 — et au sud-est de Damas.Cette expansion s’est faite au détriment des forces rebelles syriennes qui combattent à la fois le régime de Bachar Al-Assad et les djihadistes de l’EI.Des djihadistes étrangers continuent-ils à entrer en Irak et en Syrie ?L’intervention de la coalition internationale et les mesures prises récemment par la Turquie pour empêcher l’entrée de djihadistes étrangers par son territoire n’ont pas permis d’endiguer le flot de recrues. « Jusqu’à février 2015, entre cinq et dix nouvelles recrues étrangères rejoignaient chaque jour le mouvement », indique M. Hachémi.Les services américains estiment que près de trente mille djihadistes étrangers se sont rendus en Syrie et en Irak depuis 2011, la plupart pour rejoindre les rangs de l’EI, rapportait samedi 27 septembre le New York Times. L’EI continuerait ainsi de recruter une moyenne d’un millier de combattants étrangers par mois.Lire aussi :Le djihadiste français Salim Benghalem aurait été le geôlier des ex-otages en SyriePourquoi et comment la Russie intervient-elle en Syrie ?Craignant un effondrement du régime du président Assad, dont les forces ne contrôlent plus qu’un tiers du pays, autour de Damas, de Homs et du littoral, la Russie a déployé une trentaine d’avions de reconnaissance et d’attaque au sol, des Soukhoï 24 et 30.Elle pourrait procéder à des frappes, notamment contre le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, qui de la province d’Idlib (Nord-Ouest) menace le régime. Avec qui les Russes agissent-ils en Syrie ?Une cellule de coordination militaire avec les forces syriennes, iraniennes et les milices chiites irakiennes qui combattent en Syrie a été mise sur pied, selon le centre américain Institute for Study of War (ISW).Lire aussi :Poutine appelle à une alliance avec Assad contre l’Etat islamiqueLa Russie joue également un rôle accru en Irak. Dimanche 27 septembre, le premier ministre, Haidar Al-Abadi, a annoncé une coopération sécuritaire et en renseignement accrue entre la Syrie, la Russie, l’Iran et l’Irak.Selon l’ISW, citant des informations non confirmées, une cellule de coordination conjointe entre la Russie et l’Iran, qui inclurait des généraux russes, a été mise sur pied à Bagdad.Existe-t-il une coordination des actions entre les Russes et la coalition ?La Russie a exigé de la coalition internationale qu’elle coordonne avec elle et avec Damas ses frappes en Syrie. Cette coordination est de facto nécessaire. Les avions russes pourraient rapidement entrer en action en Syrie, et, depuis peu, les troupes de Bachar Al-Assad frappent de nouveau les combattants de l’EI autour de Deir ez-Zor et de Rakka.La coordination militaire sera au programme des discussions entre le président russe, Vladimir Poutine, et le président américain, Barack Obama, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies qui s’est ouverte lundi 28 septembre à New York.La coalition anti-Etat islamique pourrait-elle être étendue ?Les pays membres de la coalition contre l’organisation EI ont, à ce stade, refusé le principe d’une coalition intégrant le président Assad et l’Iran, comme le propose la Russie.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.09.2015 à 13h13 • Mis à jour le28.09.2015 à 16h53 | Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir) « Cette fois, on y est. » Dash et Kholio vont tenter la traversée. Depuis trois jours, les deux jeunes Syriens tournent en rond dans Izmir, en Turquie, dans l’attente d’un message du passeur qui doit les faire rejoindre la côte grecque. Mais ce soir est bien le leur. Ils ont rendez-vous jeudi 24 septembre à 22 heures. Dans trois heures.A 24 ans, Dash a quitté Damas il y a six jours. Six couchers de soleil en comptant celui qu’elle vient d’immortaliser en photo et d’envoyer à sa mère. « Elle adore. » Des touristes l’imitent sur la promenade Kordon. « C’est bizarre cette ville », observe Kholio devant une installation de plage pour l’été : un mini-tennis sur de la mauvaise pop turque. Un enfant s’arrête et lui tend une affiche en turc, où il explique qu’il est Syrien et qu’il a faim. Kholio lui tend 5 livres (1,5 euro). Etrange Izmir.Pour son dernier soir en Turquie, Dash ne voulait pas rester à Basmane, le quartier où se retrouvent les Syriens candidats au passage par la mer. Elle voulait « un endroit joli ». Elle voulait tenter d’oublier.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiésLa France ? « Déprimant »Tous deux énumèrent les bons points de leur odyssée. Leur passeur est le cousin d’une amie qui sera lui-même sur le bateau. « Ça ne peut pas être plus sûr », se rassure Dash. Et puis ils ne seront pas plus de quarante sur un bateau de 9 mètres, ajoute-t-elle. Comme un privilège. Kholio, lui, a vérifié : la mer est « ok ».Entre deux tables jonchées de pailles aussi fluos que leurs gilets de sauvetage, ils racontent la vie d’avant. Elle étudiait l’anglais à l’université de Damas. Lui, le droit. Ils ne sont pas en couple, Kholio et Dash ne s’aiment pas « dans ce sens-là » : il est le mari de sa sœur. « Ce qui fait d’elle ma belle-sœur, c’est bien ça ? » Et tellement plus. Quand l’épouse de Kholio aura son diplôme, elle aussi les rejoindra.Ensemble, Dash et Kholio ont participé à des manifestations pacifiques pour plus de libertés. Reçu les mêmes coups. « Je viens de dire “protester” à voix haute », se surprend-t-elle. En avril, sa mère a passé un mois en prison, dénoncée par un de ses collègues. Son forfait ? Avoir critiqué l’armée. Ils échangent un regard complice. « Tu ne peux pas imaginer le sentiment de pouvoir parler de tout ça dans la rue », confie-t-elle. Elle continue tout de même d’appeler Bachar Al-Assad « président ». On ne se libère pas si facilement. Kholio se souvient d’avoir vu la vidéo d’une femme refusant de serrer la main de Nicolas Sarkozy, en 2011. « Impensable en Syrie. » Lui aussi rêve d’une telle liberté, mais pas en France. Dash a entendu dire que c’était « déprimant ».Des selfies pour journal de bordLeur objectif, c’est l’Allemagne. « Mais d’abord, la Grèce », insiste Kholio. Au premier pied posé sur la plage de l’île de Chios, Dash sait qu’elle se sentira en sécurité pour la première fois depuis… « Depuis quand déjà ? », demande-t-elle à son compagnon de route. Le jour de leur départ de Damas, des soldats les ont arrêtés à la frontière. « Parce qu’on avait des sacs à dos. » Leur glisser quelques billets les a sauvés. Un de leurs amis a subi le même sort il y a quelques mois. Lui a fini en prison. Dans le téléphone de Kholio, sa photo porte un bandeau noir dans le coin gauche. Il est mort la semaine précédente dans les geôles syriennes.Dash fait glisser l’image pour passer aux suivantes. Celles des petites victoires. Car pour s’encourager, ils échangent des selfies avec leurs amis, eux aussi sur la route. Ici la liesse lors d’un débarquement à Kos, là un ami qui essaie son gilet de sauvetage. Une nouvelle vient de s’ajouter à leur collection : la plus précieuse, prise à la frontière allemande. Kholio sourit à nouveau et publie un cliché du restaurant dans la conversation qu’ils partagent avec leurs proches, sur le service de messagerie WhatsApp. « Notre journal de bord. »Dash attend le moment où elle pourra leur montrer l’Autriche. Elle a toujours rêvé de voir à quoi ça ressemblait. Peut-être même qu’ils pourraient y rester une journée ? « D’abord, la Grèce, je sais », soupire-t-elle presque, l’œil rivé sur son acolyte. Il porte un tee-shirt « Know your future » avec le poulpe de la Coupe du monde de football 2010. « Tu sais, celui qui devinait la fin du match. »Maintenant ou jamais« Il n’est que 20 h 30 ? » La journée n’en finit plus de s’étirer. Pour faire passer le temps, ils commandent leur premier repas sans hamburger à Izmir. « J’étais tellement contente en voyant Burger King », jubile Dash. En Syrie, aucun restaurant étranger n’est autorisé. Alors un jour, un ami a conduit jusqu’à la frontière libanaise pour leur ramener des menus de chez McDonald’s. « Quelle fête on a fait, se souvient-elle. Mais je préfère Burger King. »McDo ou Burger King : le débat au sujet de la junk food est finalement interrompu par la réalité. Il vaut mieux ne pas trop manger avant d’embarquer. Peu importe, ils n’ont pas vraiment faim. A cause de l’angoisse ? « Je vais mieux qu’il y a trois jours. Kholio m’a calmée. » Lui attend qu’elle s’absente quelques minutes pour partager ses craintes. « Je suis terrifié. Mais je ne veux pas lui montrer. » Elle n’est pas dupe. La nuit dernière, à chaque fois qu’elle se réveillait, elle le voyait à la fenêtre, une cigarette à la main.Alors pourquoi prendre le risque de passer par la mer ? « Par la frontière terrestre, c’est bloqué. Et si on attend plus longtemps, la mer sera trop mauvaise. » La fin de l’été les a donc décidés. C’est maintenant ou jamais.Trente minutes avant le départUne fois à Lesbos, leur programme est prêt. Récupérer auprès de la police le document qui leur permettra de voyager à l’intérieur de la Grèce ; prendre l’avion pour le point le plus au Nord ; puis remonter jusqu’en Allemagne, où vit légalement le frère de Dash, étudiant. « Il pourra venir nous chercher s’ils nous mettent dans un camp », assure Dash. Ensuite, elle fera venir sa mère et Kholio sa femme, par les voies légales espèrent-ils. Mais le jeune homme répète son mantra. « D’abord, la Grèce. »Plus que trente minutes avant le départ. Tout se bouscule. Dans la même seconde, Dash se demande si elle trouvera un coiffeur en Grèce qui l’aidera à arranger ses dreadlocks et si la carte SIM turque de leur téléphone fonctionnera. Lui vérifie ce qu’il a déjà vérifié mille fois : dans sa poche, le cordon de ses lunettes ; sur Internet, l’état de la mer. Ensemble, ils énumèrent : sifflet, boussole, deux barres de Snickers, des piles pour la lampe de poche, les passeports dans un sachet plastique… Et pour la chance ? Dash sourit. « Pour la chance, j’ai Kholio. »Vendredi, 16 heures. Aucune nouvelle depuis l’aube. Dash et Kholio attendaient encore sur la côte turque, retenus par les rondes trop pressantes des gardes-côtes.Samedi, 1 heure du matin. La nouvelle arrive par le frère de Dash, sur Facebook. « Ils viennent d’arriver ! C’est bon, ils sont en Grèce. » Une autre histoire peut commencer.Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Sa figure est indissociable de la montée en puissance de l’indépendantisme en Catalogne. Depuis son élection à la tête de la région, en 2010, Artur Mas a tour à tour impulsé, accompagné et mené le combat en faveur d’une Catalogne indépendante.Lire aussi :En Catalogne, l’amère victoire des indépendantistesEn cinq ans, le président du parti nationaliste de droite Convergence démocratique de Catalogne (CDC), fils spirituel de l’ancien président de la Généralité (gouvernement catalan) Jordi Pujol, s’est posé en défenseur intransigeant des droits du peuple catalan face à une Espagne intransigeante. Ce représentant de la bourgeoisie catalane n’est pourtant pas un indépendantiste de longue date. Personne ne se serait imaginé un jour le voir, lors d’un récent meeting, adresser « un bras d’honneur » aux chefs de file du PP, PSOE et Podemos, en visite à Barcelone.En 2002, ce nationaliste modéré qualifiait l’indépendance de « concept vieillot, démodé et oxydé » et se disait « favorable à une Espagne plurinationale, un Etat organisé sur quatre nations, Castille, Galice, Euskadi et Catalogne ». En 2009, alors que plusieurs villes et villages commençaient à organiser des « consultations populaires » sur l’indépendance, il se prononçait contre un référendum d’autodétermination car « cela mettrait en évidence le fait que la Catalogne veut être espagnole ».Lire aussi :En Catalogne, l’urgence d’une négociationSans lui, pourtant, les grandes manifestations de 2010 contre le Tribunal constitutionnel, qui venait de retoucher le nouveau statut d’autonomie catalan, et celles du 11 septembre 2012 en faveur d’un référendum seraient sans doute restées lettre morte. Certains l’accusent de les avoir attisées en se servant de la télévision publique régionale TV3 et d’associations culturelles amies. Lui affirme y avoir vu un appel du peuple auquel il se devait de donner une traduction politique. En 2012, fort de ce soutien de la rue, il est allé à Madrid demander un « pacte fiscal » qui lui permette de gérer les impôts prélevés en Catalogne, et d’effacer les 16 milliards d’euros partant selon lui chaque année au profit du reste de l’Espagne. L’entretien avec le président du gouvernement, Mariano Rajoy, fut bref et infructueux. Plongé alors dans la crise économique, Madrid n’avait ni les moyens ni l’envie d’ouvrir une autre crise, territoriale cette fois.Artur Mas ne l’entendit pas de cette façon et s’en retourna à Barcelone annoncer des élections anticipées fin 2012. Il entendait désormais ouvrir un « processus souverainiste » en commençant par exiger l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Sur les affiches électorales, bras grands ouverts devant une marée de senyeras (drapeaux catalans), il apparaissait en rassembleur du peuple, en « messie », diront ses opposants, qui commencent à critiquer un ego qu’il aurait surdimensionné.Virage de CiU Le résultat fut décevant : la coalition Convergence et Union (CiU) à laquelle il appartenait perdit une douzaine de sièges et dut s’unir aux adversaires politiques de toujours, les indépendantistes de la gauche républicaine (ERC), pour s’assurer l’investiture. Beaucoup d’électeurs n’avaient pas apprécié le virage de CiU jusque-là attaché à exiger plus d’autonomie mais toujours dans un cadre espagnol.Pourtant, de cette défaite il fit une victoire, et le « processus catalan » était lancé. Madrid s’opposa à la tenue d’un référendum et il dut se contenter d’un simulacre, une consultation organisée le 9 novembre 2014, sans valeur légale et que les anti-indépendantistes choisirent d’ignorer.Artur Mas défendit bec et ongles la formation d’une liste commune indépendantiste, malgré l’opposition initiale d’ERC qui ne voulait pas s’unir à un parti de droite associé à une politique d’austérité semblable à celle menée à Madrid. Mais M. Mas en fit la condition sine qua non pour convoquer de nouvelles élections anticipées à caractère « plébiscitaire ». En invitant les membres des grandes associations citoyennes à mener la liste Junts pel si (Ensemble pour le oui), il obtint finalement le soutien d’ERC. Au passage, quatrième sur la liste, il évitait de faire un bilan de sa législature et d’affronter seul la probable sanction des urnes face aux scandales de corruption qui touchent son parti.Aujourd’hui, le futur politique d’Artur Mas dépend d’un parti d’extrême gauche, anticapitaliste et europhobe, la Candidature d’unité populaire (CUP), qui demande une sécession immédiate et refuse de le voir investi à la tête de la région, et pourrait finalement lui imposer une retraite politique.Lire aussi :La Catalogne bientôt indépendante?Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le scandale Volkswagen pourrait donner du grain à moudre aux partisans du TTIP, le très controversé traité de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis, laborieusement négocié depuis juillet 2013 par la Commission européenne.Lire aussi :Fraude au diesel : Volkswagen avait été averti depuis longtempsDe fait, un des principaux arguments brandi par les « anti », c’est le risque de nivellement par le bas de la réglementation européenne en matière environnementale et de protection des consommateurs. Poulet au chlore, boeuf aux hormones, etc. Bruxelles a eu beau soigner sa communication, allumer des contrefeux, jurer sur tous les tons qu’il n’en serait pas question, que rien ne serait accepté qui abaisse les exigences européennes existantes, l’inquiétude persiste dans le grand public.Surtout en Allemagne, où les Verts sont en pointe dans le combat « anti-TTIP ». Alors même que – c’est le grand paradoxe de cette histoire –, les véritables négociations du TTIP n’ont pas encore vraiment commencé, les Américains étant encore trop occupés à boucler l’accord de partenariat transpacifique (TPP), jugé prioritaire à leurs yeux.Introduire plus de rationalitéQue révèle, cependant, l’affaire Volkswagen, au-delà des pratiques de tricherie à grande échelle du premier constructeur automobile allemand, qui a équipé des millions de véhicules d’un logiciel permettant de passer au travers des tests d’émissions de gaz polluants ? Que l’arsenal réglementaire européen en la matière est assez défaillant, pour ne pas dire plus. Que les exigences des Européens concernant les émissions polluantes des véhicules (notamment des oxydes d’azote, émis par le diesel), sont tout simplement moins dures que celles des Américains.Ce sont les Américains qui ont découvert le pot aux roses, alertés par une ONG berlinoise, certes, mais aussi grâce à la célérité de leur agence nationale de l’environnement (EPA). Elle a constaté que le constructeur allemand violait le « Clean Air Act », obligeant notamment toute personne désirant vendre une voiture aux Etats-Unis, à prouver que son véhicule a passé avec succès une batterie de tests d’émission et de conformité.Pour autant, cette affaire ne signifie pas qu’il faut négocier le TTIP les yeux fermés, faire confiance aveuglément aux Américains. Accepter, par exemple, que les contentieux futurs entre Etats et entreprises soient réglés par des tribunaux d’arbitrage largement dominés par des juges anglo-saxons, ou que les discussions continuent à se tenir dans une relavive opacité.Lire aussi :Les normes, des « barrières douanières déguisées »Mais le scandale VW pourrait permettre d’introduire un peu plus de rationalité et de bon sens dans le débat: non le TTIP n’est pas forcément mauvais en soi, cela n’a pas de sens de le rejeter en bloc. Par principe, par paresse, ou par calcul partisan.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.09.2015 à 07h53 • Mis à jour le28.09.2015 à 08h06 Moscou est à l’offensive depuis plusieurs semaines sur le dossier syrien, en renforçant considérablement sa présence militaire dans le fief du régime dans le nord-ouest de la Syrie et en multipliant les initiatives, y compris dans les pays limitrophes. Dimanche, l’Irak a ainsi annoncé avoir décidé, avec la Russie, l’Iran et la Syrie, de créer un centre de renseignement à Bagdad, pour lutter plus efficacement contre l’Etat islamique, qui contrôle une importante partie du territoire syrien et irakien.Bagdad voit dans la création de ce centre une chance pour l’aider à harmoniser la lutte contre l’EI, qui s’est emparé de larges pans du territoire depuis juin 2014. Cette commission se concentrera sur « la surveillance des mouvements terroristes » et « la réduction de leurs capacités », a déclaré Saad Al-Hadithi, porte-parole du gouvernement du premier ministre, Haider Al-Abadi.Sans évoquer ce nouveau centre, le président russe Vladimir Poutine, qui se trouve à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU, a déclaré à la chaîne américaine CBS qu’il cherchait à mettre en place avec les pays de la région un « cadre de coordination » afin de combattre l’EI. « Nous avons proposé de coopérer avec les pays de la région », a-t-il déclaré.Lire notre décryptage :Poutine appelle à une alliance avec Assad contre l’Etat islamiqueLes Etats-Unis surpris par l’offensive diplomatique russePris de court par l’offensive diplomatique russe, les Etats-Unis, qui sont à la tête d’une coalition internationale luttant contre l’EI en Irak affirment qu’il serait « irresponsable » de ne pas tenter la carte du dialogue avec le chef du Kremlin.Washington critique cependant la participation de la Syrie de Bachar Al-Assad dans ce projet de centre de coopération. Mais la stratégie du président Obama contre l’EI, fondée principalement sur des frappes aériennes, auxquelles la France participe, et le déploiement de formateurs et conseillers militaires, est critiquée pour ne pas avoir atteint les résultats escomptés.Lire sur Les Décodeurs :Le « Syria Express », un renforcement militaire russe de moins en moins discret Hélène Sallon Le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Shoukry, participait mardi 8 septembre à la conférence internationale sur les victimes de violences religieuses ou ethniques au Moyen-Orient à Paris. Dans un entretien au Monde, il revient sur la conférence et sur le rôle de l’Egypte dans les crises régionales.Quel bilan tirez-vous de la conférence ?Sameh Shoukry : L’Egypte est en première ligne de la lutte contre le terrorisme, que ce soit contre les Frères musulmans ou dans le nord-est du Sinaï, chez notre voisin libyen ou en Afrique. La menace n’est plus cantonnée à une région, elle vise jusqu’à la France, comme on l’a vu avec l’attaque contre Charlie Hebdo.La conférence de Paris s’est focalisée sur les composantes des sociétés du Moyen-Orient qui ne forment pas la majorité de la population. Nous ne voulons pas parler à leur sujet de minorités. Les chrétiens d’Egypte sont égyptiens et ont des droits égaux garantis par l’Etat en tant qu’Egyptiens. On ne doit pas faire de distinction car cela renforce la division au sein de l’Etat. Nous préférons parler de composantes de la société, dont certaines sont plus vulnérables, car ciblées par une idéologie qui vise à les exclure pour des raisons sociales ou religieuses.Les attaques terroristes visent tout le monde. La principale victime en est la population musulmane. Nous accueillons cette initiative franco-jordanienne, mais nous appelons à ce que le terrorisme soit appréhendé dans sa globalité. Il n’est pas le fait d’un seul groupe, comme Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], mais de ceux qui utilisent une idéologie à des fins politiques.Vous faites référence aux Frères musulmans, qui ont été déclarés « organisation terroriste » en Egypte en décembre 2013 ?Pas spécifiquement, mais il est vrai qu’ils sont pour nous comme le Front Al-Nosra ou Boko Haram. C’est la même base idéologique à laquelle les Frères musulmans ont eux-mêmes fait référence à plusieurs étapes de leur histoire. Nous devons traiter tous les terroristes et les islamistes radicaux de la même manière, dès lors qu’ils utilisent la violence et perpètrent des actes terroristes en visant la population de façon indiscriminée. Dans leurs actions, les Frères musulmans ont tué de nombreux policiers et d’innocents citoyens en Egypte. Il faut qu’il y ait une constance dans la position des pays occidentaux face aux différents groupes terroristes.« Le terrorisme n’est pas le fait d’un seul groupe, comme Daech, mais de ceux qui utilisent une idéologie à des fins politiques »Quelles mesures l’Egypte entend prendre dans le cadre du plan d’action annoncé à Paris, mardi 8 septembre ?L’Egypte fait un travail considérable avec ses institutions religieuses pour rectifier les conceptions faussées de l’islam véhiculées par les islamistes radicaux. Nos institutions montrent le vrai visage de l’islam pour que les terroristes ne recrutent pas davantage de combattants et de moyens. Il est certain qu’il faut un plus grand engagement des musulmans pour combattre cette conception faussée. C’est un travail constant qui passe par les réseaux sociaux ou les manuels d’enseignement.Allez-vous annoncer des mesures en faveur des réfugiés syriens ? L’Egypte accueille 130 000 réfugiés syriens, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés…Il y a bien plus de réfugiés que cela : de 200 000 à 300 000 Syriens, 300 000 Irakiens et en tout, plus de cinq millions de réfugiés en Egypte, notamment du Soudan du Sud et d’Afrique. Ils ont les mêmes droits que les Egyptiens, des aides alimentaires, l’éducation et l’accès à la santé gratuits… Ils ne sont pas « ghettoïsés ». Nous espérons qu’en Europe, le sort des réfugiés sera appréhendé conformément aux lois internationales. L’Egypte est aussi un point de transit, comme la Libye, pour les réfugiés. Nous faisons tout pour les dissuader de prendre la mer, mais nos ressources sont limitées. Nous avons demandé de l’aide de l’Italie, de la Grèce et de l’Europe. Nous avons reçu de l’assistance, mais il faut plus.L’Egypte a maintenu ses liens avec le régime de Bachar Al-Assad et a, sur le dossier syrien, une position différente des pays occidentaux ou de l’Arabie saoudite. Quelle solution préconisez-vous ?Nous ne personnalisons pas notre approche de ce conflit, mais considérons ses conséquences, notamment l’exode massif des populations. Nous soutenons une solution politique en ligne avec les principes de Genève I. Nous avons développé un plan d’action pour résoudre la crise, discutons avec nos partenaires en Europe, aux Etats-Unis et en Russie. L’issue de la crise est l’organisation d’élections libres et justes.Certaines sources évoquent l’intérêt de l’Egypte pour l’achat d’un ou des deux Mistral, dont la vente a été annulée avec la Russie. Confirmez-vous cet intérêt ?C’est une question nationale sensible. Nous avons avec la France une coopération sécuritaire forte. Nous avons des défis partagés et voulons y répondre par la solidarité et la coopération. La France reconnaît la nécessité d’une Egypte forte et stable pour la stabilité de la France et de la région. Je peux seulement vous confirmer que nous sommes intéressés à développer notre coopération sécuritaire.« Au sein de la coalition, nous assumons un rôle naval de protection du canal maritime de la mer Rouge et assumons des actions militaires côtières. Nous nous cantonnerons à ce rôle tant qu’il n’y aura pas de redistribution des efforts »L’Egypte est notamment engagée au sein de la coalition arabe sous bannière saoudienne au Yémen. Quelle est la nature de cet engagement et entendez-vous l’accroître ?Au sein de la coalition, nous assumons un rôle naval de protection du canal maritime de la mer Rouge et assumons des actions militaires côtières comme des frappes contre des éléments visant le gouvernement légitime yéménite. Nous nous cantonnerons à ce rôle tant qu’il n’y aura pas de redistribution des efforts au sein de la coalition.L’Egypte a effectué plusieurs frappes en Libye et soutient le gouvernement de Tobrouk. Prônez-vous une intervention militaire ?Nous soutenons les efforts de l’émissaire onusien Bernardino Leon. Nous insistons aujourd’hui pour que les avancées réalisées se concrétisent par une solution politique et la formation d’un gouvernement d’union nationale. La communauté internationale a eu assez de temps pour faire pression sur les acteurs qui sont restés hors du processus politique, dans le camp de Tripoli, et qui continuent à tenter de faire dérailler le processus politique. Une intervention dépendra d’une solution politique et d’un renforcement du gouvernement légitime de Tobrouk. Nous appelons la communauté internationale à lever l’embargo sur les armes et à mettre un terme à ce blocus envers le gouvernement légitime, qui fait face à des terroristes et radicaux.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicolas Truong Interpeller les opinions, réveiller les consciences, rompre le silence. Tel est le souci de ces « grandes voix » d’intellectuels européens que Le Monde publie aujourd’hui, alors qu’une journée spéciale consacrée aux réfugiés aura lieu sur son site, jeudi 10 septembre. Mais l’incantation ne vaut pas réflexion, et la morale n’est pas une politique. Pire, la posture moralisatrice serait même démobilisatrice.Le philosophe allemand Jürgen Habermas le confesse, les « bavardages » au sujet des « valeurs » l’exaspèrent. Car l’asile politique est d’abord un droit fondamental, avant d’être un devoir. Il doit donc être « respecté par la population dans son entier », poursuit ce grand représentant de l’École de Francfort, qui se réjouit du changement d’état d’esprit à l’égard des migrants en Allemagne, alors que le climat était encore tendu dans les années 1990.Respect des loisPhilosophe slovène, Slavoj Zizek dénonce quant à lui « l’hypocrisie » des libéraux de gauche qui « défendent l’idée de frontières grandes ouvertes », alors qu’« ils savent très bien qu’elle déclencherait une révolte populiste ». Non, il faut accueillir les migrants, en finir avec la politique des barbelés car « les migrations de vaste ampleur sont notre avenir », poursuit-il. Mais il faut exiger aussi des réfugiés, « en contrepartie », qu’ils respectent les lois et normes sociales en vigueur dans les États européens. Générosité et fermeté, donc.Responsabilité et initiative aussi, car une « conférence de consensus » à l’échelle européenne sur l’accueil des migrants s’impose, plaide Robert Badinter, ancien ministre de la justice, dans une tribune cosignée avec Louis Gallois, président de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale. En attendant, la France doit faire preuve de davantage de solidarité et, par exemple, simplifier « l’accès à l’autorisation de travail pour les demandeurs d’asile pendant le temps de la procédure ».Lire aussi :#Jourdemigrants : un jour en Europe avec les migrantsUne idée relie une partie de ces interventions : les réfugiés d’aujourd’hui réinventent, certes de façon tragique, l’utopie européenne. Car toutes ces familles et ces individus entassés dans des trains et des bateaux de fortune rêvent peut-être d’une Europe qui n’existe plus, prospère et tolérante. Ainsi, « face à cette détermination inexorable de masses humaines en marche, on ne peut prononcer que le mot de bienvenue », écrit Erri De Luca. Autant d’invitations destinées, une fois encore, à passer du réflexe à la réflexion.- Les réfugiés ravivent l’utopie européenne, par Slavoj Zizek. Face au populisme droitier comme à l’hypocrisie des libéraux de gauche qui veulent abolir toutes les frontières, une autre voie est possible pour accueillir les migrants, explique le philosophe.- Si l’Europe refuse l’asile aux migrants, elle les noie, par Erri de Luca. Les personnes qui arrivent en Europe ne sont pas des mendiants, ni des analphabètes. Ils ont un haut niveau d’instruction et ne cherchent pas de résidence, mais une halte, estime Erri de Luca, écrivain, traducteur et poète italien.- La France et l’Allemagne doivent rester à l’avant-poste, par Jürgen Habermas. Les réticences à l’égard des propositions justes du président François Hollande et de la chancelière Angela Merkel sont nombreuses. Mais, l’asile politique étant un droit fondamental, leur leadership en Europe doit être renforcé, estime le philosophe allemand.- Créons 20 000 places pour les demandeurs d’asile. Au-delà de l’organisation d’une conférence internationale sur les migrants, il est indigne pour la France de laisser vivre ces personnes dans des campements insalubres, s’insurgent Robert Badinter et Louis Gallois.À lire aussi :- En finir avec la peur des autres, par Jean-Christophe Dumont et Stefano Scarpetta. L’immigration a historiquement joué un rôle positif dans l’économie des pays d’accueil.- Utilisons les chiffres disponibles sur les migrants pour dissiper les fantasmes, par El Mouhoub Mouhoud. Pour l’économiste, et si la crise actuelle permettait enfin de débattre rationnellement des effets des migrations sur le marché de l’emploi et les budgets sociaux.Nicolas TruongResponsable des pages Idées-DébatsSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Strasbourg, envoyée spéciale) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Des propos graves, marqués par l’urgence et la profondeur des crises dans laquelle l’Union européenne (UE) est plongée : à Strasbourg, mercredi matin, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, a tenu son premier discours « sur l’état de l’Union », axé sur la solidarité et la responsabilité. La question des réfugiés l’a évidemment longuement occupé, mais il a également évoqué la situation de la Grèce, le risque d’un « Brexit » à la faveur du prochain référendum sur l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’UE ou encore l’enjeu des négociations climatiques, en vue de la conférence Cop 21.La crise des réfugiés. Le président de la Commission a évoqué les deux propositions législatives que la Commission a élaborées et qu’elle mettra sur la table du conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur, lundi 14 septembre. Elles concernent la relocalisation urgente de 120 000 réfugiés partout en Europe – en plus des 35 000 environ déjà actés en juillet – et un mécanisme de relocalisation permanent, activable en cas de crise, quand la pression migratoire devient « extrême » dans un ou plusieurs pays.Ce mécanisme de solidarité doit permettre d’affronter une crise « grave et qui sera longue » a dit M. Juncker. Certains pays pourront se soustraire à l’obligation d’accueil de demandeurs d’asile ou de réfugiés, à condition de payer une compensation financière (0,002 % de leur PIB). Une liste des « Etats sûrs » (Turquie, pays des Balkans occidentaux, etc.) sera établie pour permettre une simplification des procédures de reconduite aux frontières pour ceux auxquelles le droit d’asile sera refusé.Lire aussi :M. Juncker veut rendre systématiques les quotas d’accueil de réfugiés en Europe« Nous avons peut-être été trop faibles face à la crise libyenne, trop peu déterminés face à la crise en Syrie, a déclaré M. Juncker. J’invite à une offensive diplomatique européenne face à cette question. » Il a d’autre part martelé que « le système de Schengen ne sera pas aboli sous ma présidence, mais il faut renforcer Frontex, en faire un système de garde-côtes européen, ce sera de l’argent bien investi ». Il a également réclamé des budgets plus importants pour l’aide au développement et la coopération, alors que la plupart des Etats membres les rabotent.« Tout le monde doit participer à l’effort d’accueil », a souligné le président. Il a rappelé intentionnellement que l’Union a toujours été une terre d’accueil : pour les juifs, les Sintis, les réfugiés espagnols, les Hongrois, les Tchèques et les Polonais fuyant la répression communiste ou, plus récemment, les habitants de l’ex-Yougoslavie. Mais l’Europe a aussi été une terre d’exode : « Il y a plus de Murphy et de O’Neill aux Etats-Unis qu’en Irlande. » Il a aussi relativisé la pression migratoire actuelle, qui ne représente « que 0,11 % de l’ensemble des populations européennes » alors que le Liban, par exemple, accueille des réfugiés dont le nombre atteint 25 % de sa population.« Il faut en finir avec les reproches mutuels », a plaidé le président, dans une allusion aux polémiques entre les capitales quant à l’attitude à tenir. Il a souligné que 4 milliards d’euros ont été mobilisés par l’Union européenne pour l’aide humanitaire pour la Syrie et les communautés qui accueillent les exilés dans les Etats voisins. « Nous avons sauvé 122 000 vies en Méditerranée, en triplant la flotte de Frontex. »Soucieux de ne pas rajouter à la désunion, M. Juncker a tenu à dire que « la Pologne, les pays baltes peuvent compter sur nous » pour protéger leurs frontières extérieures si elles devaient être remises en cause. Une allusion à la crise avec la Russie à propos de l’Ukraine.Plan d’aide à la Grèce. M. Juncker a insisté pour que le nouveau plan d’aide à la Grèce, le troisième depuis 2010, soit respecté par le nouveau gouvernement. Il a insisté sur le fait qu’il faut continuer de consolider l’eurozone et promis, pour les semaines à venir, un système commun de garantie des dépôts bancaires. « On le fera certainement sous forme d’un système de réassurance, il faut une dose de sécurité supplémentaire pour les épargnants », a-t-il indiqué. « Je suis en faveur de l’institution d’un trésor européen, c’est une nécessité de chaque jour », a-t-il ajouté, rejoignant les propositions françaises. La zone euro devrait par ailleurs être mieux représentée dans les instances internationales, « par le président de l’Eurogroupe et lui seul, pour que l’Europe ne donne plus l’impression d’être une basse-cour ». « Brexit ». L’Europe a des principes – la libre-circulation des personnes notamment – auxquels il n’est pas question de déroger, a incité M. Juncker mais il faut trouver « un accord équitable » avec Londres. Le président se dit favorable à l’allégement des règles bureaucratiques bruxelloises et souligne que les efforts accomplis dans le domaine énergétique ou du commerce international sont dans la ligne des revendications de Londres.Ukraine. « Nous devons soutenir le président ukrainien, il a eu le courage d’agir. Ceux qui ont des doutes quant à notre soutien verront qu’ils ont tort », a déclaré l’ancien premier ministre du Luxembourg. L’aide aux réformes et à la lutte contre la corruption sera maintenue.Cop 21. L’Europe, absorbée par d’autres questions, déploie toutefois des efforts importants pour faire aboutir la future conférence climatique de Paris. Il convient de se soucier de ce dossier qui pourrait entraîner d’autres flux migratoires, souligne le président. L’UE ne pourra toutefois accepter un accord à tout prix, s’il n’est pas à la hauteur de l’enjeu.L’emploi. Le « triangle vertueux », rigueur budgétaire, investissements et réformes, reste indispensable et doit avoir un but essentiel : assurer un emploi aux Européens – notamment aux jeunes – alors que 23 millions de personnes en restent dépourvues.Jeudi, journée spéciale sur Le Monde.fr #jourdemigrantsJeudi, la rédaction du Monde se mobilise avec près de trente reporteurs, en France, en Europe, en Afrique. De la frontière tuniso-libyenne à la gare de Munich, en Hongrie, en Macédoine ou sur l’île grecque de Lesbos, à Paris, à Lyon, à Marseille ou à Toulouse, ils décriront une journée parmi d’autres dans la vie de migrants.Retrouvez ces histoires, ces témoignages et les décryptages de nos journalistes lors de cette journée spéciale, dès 8 heures, jeudi 10 septembre, sur le live du Monde.fr, où nous répondrons également à vos questions, et sur Twitter et sur Instagram, avec le mot-clé #Jourdemigrants.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Strasbourg, envoyée spéciale)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne-Aël Durand Alors que la France a lancé mardi 8 septembre un premier vol de reconnaissance en Syrie, le Royaume-Uni a surpris l’opinion publique en révélant qu’une première frappe menée par la Royal Air Force avait tué trois djihadistes, dont au moins deux Britanniques, le 21 août dans la région de Rakka, fief de l’Etat islamique.Deux des victimes, Ruhul Amin, 26 ans, et Reyaad Khan, 21 ans, étaient « des terroristes qui avaient prévu une série d’attaques dans les rues de notre pays », a justifié, mardi, le ministre britannique de la défense, Michael Fallon. Selon le Guardian, Reyaad Khan aurait fomenté des attentats visant des commémorations officielles, dont une en présence de la reine Elizabeth. « Nous n’hésiterons pas à mener une action similaire » contre d’autres ressortissants menaçant de perpétrer des attaques sur le territoire britannique, a déclaré M. Fallon.Plusieurs organisations de droits de l’homme et membres de l’opposition s’inquiètent de la légalité de ces frappes, alors qu’en septembre 2014, le Parlement n’avait pas approuvé une intervention militaire en Syrie, mais seulement en Irak, dans le cadre de la coalition internationale formée autour des Etats-Unis contre l’Etat islamique.La justification de l’« autodéfense »David Cameron précise que la frappe du 21 août ne se déroulait pas dans le cadre de la coalition mais constituait une mesure, ciblée, d’« autodéfense ». Le missile a visé une voiture transportant les suspects sur la base de renseignements des services secrets (MI6, MI5), sans causer de victimes civiles.David Cameron affirme aussi que le procureur général (son conseiller juridique) l’a assuré de la légalité de l’action – mais il refuse de rendre publiques les motivations de celui-ci. Le gouvernement s’appuie notamment sur l’article 51 de la charte des Nations unies, qui reconnaît le « droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales ».Selon le spécialiste des questions juridiques au Guardian, Joshua Rozenberg, l’attaque contre Reyaad Khan « entre dans le cadre de la loi britannique », puisqu’« en droit anglais, il n’est pas nécessaire d’attendre que l’agresseur tire le premier ». Il estime que la légitime défense était proportionnée, puisque la frappe n’a pas visé un village entier, mais seulement une voiture, où se trouvaient deux autres combattants de l’EI, qui savaient que Khan constituait une cible potentielle. Quant à l’approbation du Parlement, le chroniqueur rappelle qu’elle n’est qu’une « convention » et non pas une « obligation », quelle que soit la nationalité des cibles.« Exécution extrajudiciaire »Mais cette vision de l’attaque est loin de convaincre les associations de défense des droits de l’homme et les membres des partis d’opposition. Le député conservateur David Davis évoque d’ailleurs « une exécution extrajudiciaire » sans sommation. L’ancien procureur général, Dominic Grieve, a affirmé que cette action « extrême » menée par un gouvernement qui a décidé de tuer ses ressortissants à l’étranger pourrait être contestée en justice par les familles des victimes.Pour Philippe Sands, professeur de droit à l’University College de Londres, cité par la BBC, « la préparation d’un futur attentat depuis un endroit éloigné ne peut pas en droit justifier des mesures d’autodéfense : l’attaque doit être imminente et on doit en apporter la preuve ». C’est désormais ces preuves, ou du moins les justifications de la frappe, que demande l’opposition.C’est ce que confirme au Monde David Cumin, spécialiste du droit de la guerre, qui considère que les frappes menées s’apparentent à des opérations de police extraterritoriale face au terrorisme. Dans ce cas, « l’usage de la force létale en opération de police est limité à la légitime défense individuelle ou pour autrui au sens du code pénal. Ce n’est évidemment pas le cas pour ce genre de frappe à distance ! ». Se prévaloir de la « guerre au terrorisme » est une « rhétorique sans fondement juridique », estime le maître de conférence de Lyon-III. « L’action britannique n’est légale que si l’on excipe [exerce une exception en justice] du fait que l’Etat islamique se trouve à cheval en Irak et en Syrie, et qu’en quelque sorte, la RAF exerce un droit de suite en Syrie de ses frappes – licites – en Irak. »Kat Craig, directeur juridique de l’ONG Reprieve, s’inquiète du fait que le premier ministre s’est arrogé le « pouvoir secret de tuer n’importe qui dans le monde à n’importe quel moment ». Pour l’ONG Amnesty International, ce type de frappes rappelle les méthodes employées par la CIA qui a utilisé des drones pour exécuter des « terroristes présumés » au Pakistan. « Si nous laissons ces actions devenir la norme, nous pourrions voir des pays du monde entier exécuter depuis les airs ceux qu’ils perçoivent comme leurs ennemis, sur la base du secret et d’informations impossibles à contester », précise sa directrice dans un communiqué.Anne-Aël DurandJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.09.2015 à 11h06 • Mis à jour le09.09.2015 à 14h43 David Amsellem, docteur en géopolitique, spécialiste des enjeux énergétiquesDimanche 30 août, la compagnie italienne ENI annonçait la découverte, au large des côtes égyptiennes, du plus grand gisement de gaz naturel mis au jour ces dernières années dans le monde. Le gisement égyptien, baptisé Zhor, contiendrait 850 milliards de mètres cubes de gaz et détrônerait ainsi le champ gazier israélien Léviathan, découvert en 2010 par un consortium israélo-américain au large des côtes de l’État hébreu. Ce dernier faisait jusqu’alors figure du plus grand champ gazier de la Méditerranée avec ses presque 500 milliards de mètres cubes.Si ces données se confirment, le gisement égyptien modifierait le rapport de force énergétique régional favorable à Israël depuis quelques années. L’État hébreu était en effet parvenu à s’imposer dans le jeu gazier méditerranéen en devenant un exportateur potentiel pour un ensemble d’acteurs de la région, tous fortement consommateurs de gaz naturel. Or, l’énorme gisement égyptien pourrait bien contrarier les plans du consortium israélo-américain, mais pas forcément ceux d’Israël.Fin des exportations israéliennes dans la région ?Depuis plusieurs années, les deux principales compagnies du consortium israélo-américain (l’américain Noble et l’israélien Delek) envisagent d’exporter une partie du gaz qu’elles ont découvert au large des côtes israéliennes. Des contacts ont ainsi été noués avec la plupart des acteurs régionaux, débouchant sur des promesses de vente en janvier 2014 avec une entreprise palestinienne (4,75 milliards de m3 pendant 20 ans à partir de 2017), avec la Jordanie au mois de septembre de la même année (45 milliards de m3 pendant 15 ans à partir de 2018) et plus récemment avec l’Égypte, dans le cadre de négociations en cours (5 milliards dès 2015 pendant trois ans).Or, pour l’heure, aucun de ces contrats n’est encore effectif. Les vifs débats en Israël liés à la position monopolistique du consortium israélo-américain ont considérablement contribué à retarder la validation de l’accord avec l’Égypte ainsi qu’avec la compagnie palestinienne, laquelle a préféré annuler son contrat en mars 2015. L’accord avec la Jordanie fait quant à lui régulièrement l’objet de manifestations d’une partie de la population jordanienne hostile à la signature d’un contrat avec l’État hébreu. Dans ce contexte, Jordaniens et Palestiniens pourraient se détourner du gaz israélien au profit de l’égyptien. Quant à l’Égypte, dont la production actuelle peine à satisfaire la demande domestique, l’accord en cours avec Israël lui permettrait de s’approvisionner en gaz le temps que la production du gisement Zhor démarre.Mais qu’en sera-t-il après ? Le Caire a déjà fait savoir qu’il pourrait désormais satisfaire sa demande de gaz pour plusieurs décennies. Enfin, des États comme la Grèce, Chypre et même la Turquie, qui ont également manifesté un intérêt pour l’importation de gaz israélien ces dernières années, pourraient aussi revoir leur position soit pour des raisons politiques (dans le contexte actuel, l’opinion publique turque accepterait davantage un accord gazier avec l’Égypte qu’avec Israël) ou économique si l’Égypte décide de vendre à des prix plus attractifs qu’Israël. Les perspectives d’exportation pour le consortium israélo-américain semblent donc s’assombrir et avec elles, la promesse pour Israël de générer d’importantes recettes budgétaires.Néanmoins, le champ gazier égyptien pourrait être de bon augure pour la sécurité énergétique de l’État hébreu. Depuis la découverte de ses gisements offshore, Tel-Aviv a en effet favorisé une production locale alors que dans le même temps, le contrat d’importation de gaz égyptien signé en 2005 avec Le Caire a pris fin en 2012 sous la présidence de Mohammed Morsi, proche des Frères musulmans. Aussi, la part du gaz dans le mix électrique israélien, en constante augmentation depuis une décennie (41,7 % en 2014) n’est plus assurée que par les gisements israéliens. En cas d’accident ou d’attaque sur les plateformes d’extraction, c’est l’ensemble du secteur électrique qui serait affecté, et avec lui, une partie des dispositifs sécuritaires du pays qui fonctionnent à l’énergie électrique. Par conséquent, Israël aurait tout intérêt à multiplier ses sources d’approvisionnement en gaz naturel, et donc à importer de nouveau du gaz égyptien, pour assurer sa sécurité énergétique. L’arrivée de l’Égypte pourrait en outre favoriser la concurrence et ainsi influer à la baisse sur les prix pour la compagnie israélienne d’électricité (détenue en quasi-totalité par l’État) qui achète actuellement son gaz auprès du seul consortium israélo-américain. Ces dernières années, des hausses des prix de l’électricité avaient conduit à des manifestations d’une partie de la population israélienne.David Amsellem est l’auteur de La Guerre de l’énergie (Vendémiaire, 2011) Charlotte Bozonnet Du pain bénit pour le Palais royal. L’affaire impliquant les deux journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet, accusés d’avoir voulu faire chanter le roi du Maroc, est une aubaine pour un pouvoir marocain qui ne goûte guère les critiques sur sa gestion. Au-delà du fait divers, l’affaire jette un voile de suspicion sur ceux, journalistes notamment, qui enquêtent de façon indépendante sur le régime. Désormais, le Palais royal aura beau jeu de discréditer les critiques venues de l’étranger.Les éléments aujourd’hui connus sont accablants pour les deux journalistes. Aucun doute que des rencontres ont bien eu lieu, qu’un accord financier a été scellé entre l’émissaire du Palais, l’avocat Hicham Naciri, et les deux journalistes, et que la contrepartie était la non-publication d’un ouvrage critique sur le makhzen. L’enquête et l’affrontement des avocats porteront sur l’origine de la transaction : qui le premier a été à l’initiative du deal financier ? Les deux journalistes dénoncent un piège tendu par le Palais qui, lui, affirme n’avoir fait que répondre à la demande des accusés. Sur le plan judiciaire, la question est cruciale – les deux journalistes étant poursuivis pour extorsion de fonds et chantage –, mais sur le fond, il est secondaire : chantage ou pas, des journalistes ont été prêts à taire des informations contre de l’argent. Le mal est fait.Lire aussi :Eric Laurent et le roi du Maroc : « C’est une tentation, pas un chantage »L’affaire touche deux nerfs sensibles d’un pouvoir marocain qui, après des débuts encourageants, renâcle à s’ouvrir : la presse et l’image du régime à l’étranger. La presse marocaine d’abord. L’espoir d’une ouverture était apparu après l’arrivée en 1999 sur le trône de Mohammed VI, un roi jeune, moderne. Des journaux avaient alors vu le jour. Ce fut la grande époque du Journal hebdomadaire, créé en 1997 (sous Hassan II) et réputé pour son indépendance. Las, la vis s’est resserrée dès 2001 après les attentats du 11-Septembre, puis plus durement après ceux de 2003 à Casablanca. De pressions financières en ennuis judiciaires, nombre de journalistes indépendants ont cessé d’exercer ou sont allés vivre à l’étranger.Incessantes tracasseriesLa critique venue de l’étranger, ensuite : c’est la bête noire du système marocain, qui met un soin tout particulier à préserver sa réputation internationale. Le pouvoir met en avant l’image d’un pays stable, sûr et ouvert, doté d’une économie émergente, un pays en transition vers la démocratie, à rebours d’une région en plein chaos. Sur la liberté d’expression et d’association ou la politique migratoire, les autorités n’apprécient pas du tout les rapports d’organisations internationales qui peuvent mettre en cause certaines de ses pratiques. En matière de droits de l’homme, le royaume a signé plusieurs conventions internationales, mis sur pied un Conseil national, il a même organisé en 2014 le Forum mondial des droits de l’homme. Sans convaincre pour autant.Ceux qui contribuent à brouiller cette image sont mal vus. En particulier, les structures qui bénéficient d’un écho au-delà des frontières du royaume. La première d’entre elles, l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), principale association de défense des droits de l’homme du pays, fait l’objet depuis un an d’incessantes tracasseries. Près d’une centaine de ses activités ont été empêchées sous des prétextes divers. En 2011, l’AMDH avait soutenu le mouvement du 20 février et ses revendications pour plus de démocratie, dans le sillage des « printemps arabes ». Avec ses 93 sections locales implantées dans tout le pays, l’association est aussi une mine d’informations pour toutes les ONG internationales.Lire aussi :Maroc : qui est Hicham Naciri, l’homme qui a négocié avec les deux journalistes français ?Anicroches régulièresDans cette logique, la presse française, dont les relations avec le makhzen ont souvent été tumultueuses, cumule toutes les tares. La publication en 1990 du livre de Gilles Perrault, Notre ami le roi, qui révélait la face sombre du règne d’Hassan II, avait fait l’effet d’une bombe dans les relations franco-marocaines. Les anicroches sont régulières. En février, deux journalistes français ont été expulsés du pays au motif qu’ils n’avaient pas d’autorisation administrative de travail. Dans l’affaire Eric Laurent-Catherine Graciet, l’impact est d’autant plus dommageable que les deux auteurs avaient déjà publié un livre critique sur le roi et son entourage en 2012, Le Roi prédateur. Désormais, les journalistes, marocains ou français, qui voudront enquêter sur le makhzen seront confrontés à un diffus soupçon de malhonnêteté.L’affaire a, pour le Maroc, un parfum de revanche après l’année de brouille diplomatique qui l’a opposé à la France. Rabat avait décidé, en février 2014, d’interrompre sa coopération judiciaire avec Paris après que son chef du contre-espionnage, Abdellatif Hammouchi, eut été convoqué par la justice française, à cause de plusieurs plaintes pour torture déposées par des ONG françaises. L’affaire a provoqué l’ire des autorités marocaines et perturbé les relations bilatérales pendant un an, jusqu’à la signature d’un nouvel accord de coopération judiciaire, en février, clairement conçu pour éviter qu’une telle mésaventure ne se reproduise.Lire aussi :France-Maroc : comment les services secrets ont accentué la brouille, avant de la résoudreOfficiellement, le Palais n’a pas commenté l’affaire Laurent-Graciet. Il faut, pour mesurer sa satisfaction, lire la presse et les titres connus pour être proches du pouvoir. Depuis une semaine, les portraits des deux journalistes barrent la « une » de nombreux quotidiens du pays. « A l’hégémonie et l’emprise des médias occidentaux sur l’opinion publique et les décideurs au Maroc, la presse marocaine dit… basta ! », titrait en début de semaine le quotidien Aujourd’hui le Maroc.Lire aussi :Le Maroc entre stupeur et réjouissance devant « l’affaire des journalistes français »Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Impossible de pousser les murs. Une île est un territoire fermé aux ressources et aux capacités d’accueil limitées. Ces dernières semaines, des dizaines de milliers de réfugiés syriens, afghans ou érythréens ont débarqué à Lesbos, à quelques encablures seulement de la Turquie, et la situation devient explosive.Qu’ils arrivent au nord ou au sud de l’île, il leur faut rejoindre après plusieurs heures de marche sous un soleil de plomb le port principal – la ville de Mytilène – où ils doivent se faire identifier et enregistrer par la police avant d’espérer pouvoir rejoindre le continent. Un processus qui, devant le flux, prend désormais des jours et des jours.Lire aussi :Lesbos, l’île au bord du naufrageEt c’est là, dans cette ville de 30 000 habitants où s’entassent désormais près de 20 000 réfugiés, que se concentrent tous les problèmes d’un petit territoire confronté à une situation qui le dépasse largement. Plus de place dans les camps, plus de place dans les jardins publics, pas de toilettes, pas de douches, pas de poubelles… Seul l’élan instinctif de solidarité de nombreux habitants permet aujourd’hui à des familles entières de survivre, à l’abri de tentes de fortunes dressées en plein cœur de la ville.ExaspérationDepuis le 4 septembre, chaque soir, au moment où se profile à l’horizon le ferry pour le Pirée, la même scène, brutale, se répète. Dans un mouvement de foule impressionnant, des milliers d’hommes et de femmes tenant leurs enfants à bout de bras tentent de briser le cordon policier pour embarquer coûte que coûte. Tous veulent quitter l’enfer de Lesbos et continuer leur route vers le nord de l’Europe.Et la violence éclate. Celle de la police qui tente de contenir à coups de matraques ou de gaz lacrymogènes cette irrépressible vague. Celle des réfugiés entre eux qui s’affrontent pour une place dans le ferry. Et puis celle, plus récente, de certains habitants. En début de semaine, des jeunes ont lancé un cocktail Molotov sur la tente d’une famille syrienne avec enfants. Pas de victime heureusement, mais le premier signe d’une exaspération qui ne peut qu’aller en grandissant si l’Europe ne se mobilise pas rapidement pour venir en aide à Lesbos.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLe gouvernement grec tente bien de réagir. Mardi 8 septembre, trois gros navires ont été déroutés de leurs lignes habituelles pour évacuer plus de 6 000 réfugiés vers le continent. Et cet effort devrait se répéter quotidiennement jusqu’à la fin de la semaine, a promis le ministre chargé des questions migratoires, Yannis Mouzalas, qui reconnaît lui-même que Lesbos est « au bord de l’explosion » et en appelle à la solidarité européenne.Le président de la République, Prokopis Pavlopoulos, a invité mardi le président du Conseil européen, Donald Tusk, à venir constater la situation et a demandé la tenue d’un sommet européen exceptionnel alors que le commissaire à la migration, Dimitris Avramopoulos, annonçait le transfert immédiat de fonds européens pour aider la Grèce.Jeudi, journée spéciale sur Le Monde.fr #jourdemigrantsJeudi, la rédaction du Monde se mobilise avec près de trente reporteurs, en France, en Europe, en Afrique. De la frontière tuniso-libyenne à la gare de Munich, en Hongrie, en Macédoine ou sur l’île grecque de Lesbos, à Paris, à Lyon, à Marseille ou à Toulouse, ils décriront une journée parmi d’autres dans la vie de migrants.Retrouvez ces histoires, ces témoignages et les décryptages de nos journalistes lors de cette journée spéciale, dès 8 heures, jeudi 10 septembre, sur le live du Monde.fr, où nous répondrons également à vos questions, et sur Twitter et sur Instagram, avec le mot-clé #Jourdemigrants.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.09.2015 à 05h53 • Mis à jour le09.09.2015 à 16h05 Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a exhorté mercredi 9 septembre les Etats de l’Union Européenne à se répartir d’urgence l’accueil de 160 000 réfugiés, plaidant pour que le Vieux Continent fasse preuve de davantage « d’union ».« C’est 160 000 personnes que les Européens doivent prendre dans leurs bras (...) Ceci doit être fait de façon obligatoire. »Le chiffre de 160 000 réfugiés résulte de l’addition d’un précédent projet de répartition de 40 000 réfugiés arrivés sur le sol européen et d’une nouvelle proposition d’urgence d’accueillir 120 000 personnes se trouvant actuellement en Italie, en Grèce et en Hongrie.Comme prévu, ces quotas d’accueil placent l’Allemagne en première place (26,2 %, avec 31 443 réfugiés), suivie de la France (20 %, 24 031) et de l’Espagne (12,4 %, 14 931). #container_14416117412{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416117412{ height:500px; } #container_14416117412 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416117412 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416117412 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14416117412 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Migrants : les quotas proposés par la Commission européenneNombre de réfugiés à accueillir, en valeur absolue et rapporté au nombre d'habitants.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); 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Son porte-parole a aussi indiqué que l’Allemagne était « ouverte » à l’idée d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne au sujet de la crise migratoire.Lire notre reportage :Et l’Allemagne ouvrit ses portesLa veille, Berlin avait appelé ses partenaires européens à ouvrir plus grand leurs portes aux dizaines de milliers de réfugiés qui se pressent aux frontières du Vieux Continent. « Nous avons besoin d’un système ouvert de quotas pour la répartition obligatoire des personnes qui ont un droit à l’asile », prônait Angela Merkel, jugeant que plafonner à l’avance le nombre de migrants n’avait aucun sens.Le Royaume-Uni campe sur ses positionsDes sollicitations que ne goûte décidément pas David Cameron, le premier ministre britannique. S’il s’est engagé à accueillir 20 000 réfugiés en cinq ans au Royaume-Uni, il a répété mercredi qu’il ne voulait pas entendre parler de quotas de réfugiés, balayant ainsi les appels de l’opposition travailliste à participer au plan d’accueil proposé par la Commission européenne.Après avoir paru en retrait, la France accueillait mercredi, par « solidarité », un premier contingent de deux cents Syriens et Irakiens venus d’Allemagne. En tout, un millier devrait arriver d’ici à vendredi. Et au cours des deux prochaines années, le pays s’est dit prêt à ouvrir ses portes à 24 000 réfugiés.Lire aussi :Comment la France se prépare à accueillir les réfugiésL’Australie, quant à elle va accueillir 12 000 réfugiés supplémentaires, a annoncé mercredi son premier ministre, Tony Abbott. Enfin, la Maison Blanche, critiquée pour son manque de réactivité face à la crise des réfugiés syriens, a indiqué qu’elle envisageait de nouvelles mesures pour y répondre.Jeudi, journée spéciale sur Le Monde.fr #jourdemigrantsJeudi, la rédaction du Monde se mobilise avec près de trente reporteurs, en France, en Europe, en Afrique. De la frontière tuniso-libyenne à la gare de Munich, en Hongrie, en Macédoine ou sur l’île grecque de Lesbos, à Paris, à Lyon, à Marseille ou à Toulouse, ils décriront une journée parmi d’autres dans la vie de migrants.Retrouvez ces histoires, ces témoignages et les décryptages de nos journalistes lors de cette journée spéciale, dès 8 heures, jeudi 10 septembre, sur le live du Monde.fr, où nous répondrons également à vos questions, et sur Twitter et sur Instagram, avec le mot-clé #Jourdemigrants. 09.09.2015 à 03h19 • Mis à jour le09.09.2015 à 09h45 La population de la France métropolitaine atteindra 72 millions en 2050 pour 64,3 millions d’habitants en 2015, selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) publiée mercredi 9 septembre 2015. La barre des 60 millions avait été franchie en 2004 en France métropolitaine, qui comptait 42 millions d’habitants en 1950.L’espérance de vie à la naissance y est aujourd’hui de 85 ans pour les femmes et de 79 ans pour les hommes, contre respectivement 69 ans et 63 ans en 1950. L’indice de fécondité français en métropole est de 2 enfants par femme en 2015, stable depuis 2011. La fécondité moyenne dans le monde s’élève à 2,5 enfants par femme, contre le double en 1950, souligne l’étude. Le taux de natalité est de 12 pour 1 000 habitants en France métropolitaine.Lire notre décryptage : La France est la deuxième démographie la plus dynamique d'EuropeLe Royaume-Uni devant l’Allemagne en 2050Avec ses 72 millions d’habitants en 2050, la population de la France métropolitaine se rapprochera de celle de l’Allemagne, qui comptera alors 76 millions d’habitants, contre 81,1 millions mi-2015 ; ce qui en fait le pays de l’Union européenne le plus peuplé aujourd’hui. Mais, d’après ces projections, la population du Royaume-Uni dépassera en 2050 celle de l’Allemagne, avec 77 millions d’habitants outre-Manche (65,1 millions mi-2015).L’Europe comptait 742 millions d’habitants mi-2015, dont 509,6 millions au sein de l’Union européenne, pour une population mondiale estimée à 7,34 milliards. Les Européens seront 728 millions en 2050, d’après les projections de l’INED.A l’échelle mondiale, la population du continent africain pourrait quadrupler d’ici à un siècle, à 4,4 milliards d’habitants, tandis que l’Inde devrait voler à la Chine le titre de pays le plus peuplé du monde avant 2030. La population mondiale en 2015 est estimée autour de 7,3 milliards d’habitants et devrait continuer de croître jusqu’à atteindre « peut-être 11 milliards à la fin du XXIe siècle », selon les projections de l’INED.Plus d’un Terrien sur trois vivra en Afrique dans un siècle« Il est illusoire de croire que la population mondiale va diminuer, même s’il y a une baisse de la fécondité. La majorité des 10 milliards d’humains qui vivront en 2050 sont déjà nés et beaucoup sont en âge de procréer, explique Gilles Pison, auteur de cette étude bisannuelle de l’institut français. S’y ajouteront les nouveau-nés des prochaines années qui feront à leur tour des enfants. »Quant aux conflits, entraînant comme aujourd’hui un flux de réfugiés, « ils ont des conséquences transitoires, localement, mais leur impact est faible à l’échelle démographique. D’autant que l’on ignore combien de temps ces réfugiés vont rester » dans les pays d’accueil, souligne-t-il.« L’un des grands changements à venir est le formidable accroissement de la population de l’Afrique, qui pourrait presque quadrupler d’ici la fin du siècle », passant de 1,2 milliard d’habitants en 2015 à 4,4 milliards en 2100, ce malgré le sida, relève l'INED. Globalement, la population mondiale a été multipliée par sept au cours des deux derniers siècles, avec trois fois plus de naissances que de décès. 08.09.2015 à 20h34 • Mis à jour le08.09.2015 à 20h55 Longue de 2 219 km, la frontière venezuelo-colombienne continue d’attiser les tensions entre Bogota et Caracas. Victimes directes de la crise transfrontalière qui dure depuis trois semaines entre les deux pays, 20 000 Colombiens ont dû quitter, de gré ou de force, le Venezuela, fait savoir l’Organisation des Nations unies (ONU) mardi 8 septembre.Au 7 septembre, 18 619 personnes ont regagné la Colombie de crainte d’être expulsées, et 1 467 personnes parce qu’elles l’ont été, précise l’antenne locale du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, qui souligne que « les chiffres continuent d’augmenter ». La majorité des migrants colombiens se sont réfugiés à Cucuta, dans le département Norte de Santander, et 14 321 ont été inscrits comme sinistrés.Lire aussi :Chaos après la fermeture de la frontière entre le Venezuela et la ColombieEtat d’exceptionLa crise a débuté le 19 août, lorsque Nicolas Maduro, le président du Venezuela, a fermé une partie de la frontière et décrété l’état d’exception, à la suite d’une attaque contre des militaires vénézuéliens qu’il a attribuée à « des paramilitaires colombiens ».La tension s’est encore aggravée il y a une dizaine de jours, quand les deux pays ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs en consultation, sur fond de dénonciations de violations des droits de l’homme des Colombiens expulsés.Dans la nuit de lundi à mardi, M. Maduro a ordonné la fermeture d’un poste-frontière supplémentaire, dans le Nord, et le déploiement de 3 000 militaires dans ce secteur. Il s’était cependant dit prêt lundi à accepter la médiation du Brésil et de l’Argentine, tandis que Juan Manuel Santos, son homologue colombien, réitérait sa « disposition à [le] rencontrer ».La frontière entre les deux pays est une zone d’intense contrebande de carburants et de produits de première nécessité subventionnés par le régime socialiste de M. Maduro. 04.09.2015 à 17h30 • Mis à jour le04.09.2015 à 17h58 Un mur de barbelés de 175 km entre la Hongrie et la Serbie voisine, et maintenant une loi, votée vendredi 4 septembre, qui criminalise les passages illégaux de la frontière et augmente les pouvoirs de l’armée : le premier ministre hongrois, Viktor Orban, affiche avec une fermeté grandissante une politique anti-immigration sans complexe. En témoigne son entretien avec le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) publié jeudi 3 septembre, dans lequel il affirme que l’afflux des réfugiés en Europe, selon lui « musulmans dans leur majorité », constitue une menace pour l’identité chrétienne de l’Europe. Une position qui choque et détonne de plus en plus avec la volonté affichée des instances européennes, depuis la diffusion de l’image tragique du petit enfant syrien gisant mort sur une plage turque, de trouver une solution rapide à l’accueil des migrants.Pourtant, le discours actuel de Viktor Orban n’a pas de quoi surprendre. Il est dans la droite lignée de la tendance souverainiste et conservatrice qu’il a fait prendre à son gouvernement depuis qu’il est revenu au pouvoir en 2010. Cette apologie des « valeurs chrétiennes » de l’Europe mises en danger par l’arrivée de migrants de confession musulmane fait en effet un écho direct aux propos qu’il tenait en 2013 à Londres sur « le rôle des valeurs traditionnelles dans l’avenir de l’Europe ». A l’époque, le dirigeant hongrois soulignait déjà que « la démocratie, en Europe, repose sur la chrétienté ». Sans parler de l’image de lui et de sa famille priant dans son bureau diffusée peu de temps après sa prise de fonctions il y a cinq ans.Affiches et questionnaires anti-migrantsEn outre, depuis quelques mois, son gouvernement de droite dominé par le Fidesz (Union civique hongroise) distille les ferments d’une politique clairement tournée contre les étrangers. Une nouveauté en Hongrie, où le racisme est historiquement plus tourné contre les juifs et les Roms. Pour le premier ministre, l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier est devenu un argument servant son nouveau thème fétiche : les étrangers sont des profiteurs ou des terroristes en puissance.Début mai, le gouvernement a envoyé 8 millions de questionnaires aux citoyens hongrois comportant douze questions, dont celle-ci : « Etes-vous d’accord avec le fait que les migrants menacent l’existence et l’emploi des Hongrois ? » Cette campagne ouvertement hostile aux migrants s’est illustrée par des affiches officielles réclamant aux étrangers de ne pas « prendre le travail des Hongrois » ou de respecter la culture hongroise. Les étrangers, boucs émissaires parfaits pour détourner l’attention des électeurs de la corruption du pouvoir et de la chute de popularité du Fidesz face à l’extrême droite du Jobbik. Un parti qui avoue lui-même ne pas pouvoir, sur la question des migrants, doubler le gouvernement par la droite.De la lutte anticommuniste à la droite conservatriceLe parcours politique de Viktor Orban débute lorsque, jeune étudiant en droit aux cheveux longs, il avait été parmi les premiers à réclamer des élections libres et le retrait de l’Armée rouge dans un pays occupé par les troupes soviétiques. Il venait alors de fonder le Fidesz, un mouvement libéral, radical, alternatif et anticommuniste, et faisait figure de jeune espoir des pays de l’Est libérés du joug soviétique. Presque dix ans plus tard, en 1998, il était élu pour la première fois à la tête de la Hongrie, devenant à 35 ans le plus jeune premier ministre d’Europe. Mais, déjà, c’était l’heure de la désillusion pour ses amis libéraux : il était passé comme une comète du radicalisme à une droite conservatrice et populiste aux accents nationalistes.Depuis, le premier ministre (avec une interruption de huit ans entre 2002 et 2010 où il était dans l’opposition) prône le retour d’un Etat fort, en rupture avec le passé. D’entrée de jeu, Viktor Orban s’est fixé une méthode : l’urgence à agir pour prévenir l’effondrement du pays et pour restaurer la crédibilité de l’Etat, ébranlée par l’incompétence et le clientélisme effronté de la gauche postcommuniste qui a mené la Hongrie au bord de la faillite. Il engage une avalanche de réformes sur plusieurs fronts, et fait adopter dans le même mouvement, en 2011, une nouvelle Constitution – qui inscrit le principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat mais se réfère néanmoins à Dieu dès les premiers mots de son préambule.Economiquement à gauche mais culturellement à droite, Viktor Orban échappe aux clivages politiques traditionnels. Son vrai credo est le souverainisme. A peine reconduit pour un deuxième mandat consécutif en 2014, il a réclamé l’autonomie pour les minorités hongroises vivant dans les pays frontaliers, en particulier l’Ukraine. Une telle revendication place Viktor Orban directement dans le sillage de Moscou, qui réclame l’indépendance pour ses minorités à l’est du pays. D’ailleurs, l’homme fort de Budapest ne cache plus son admiration pour le « grand frère » du Kremlin et ses méthodes autoritaires. Il décrit aujourd’hui la Russie comme un partenaire d’avenir, tournant définitivement le dos à l’âge où il était un fier militant antisoviétique.Affaibli à sa droiteEn 2010, l’écrivain György Konrad le décrivait d’ailleurs déjà ainsi : « Orban, c’est Poutine en moins violent, et Berlusconi en moins capitaliste. C’est un étatiste qui veut diriger seul la politique, l’économie, les médias, tout. » Pour lui, le nouveau régime hongrois méritait sa propre définition : une « démocrature », entre démocratie et dictature. Mais en cinq ans, Viktor Orban s’est fait rattraper par l’extrême droite dans les urnes. Selon un sondage publié le 17 mars par Ipsos, le parti d’extrême droite Jobbik, si radical qu’il est jugé infréquentable par le Front national français comme par le FPÖ autrichien, serait aujourd’hui la deuxième force du pays, avec 18 % d’intentions de vote sur l’ensemble des électeurs, contre 21 % pour le Fidesz-KDNP.Lire aussi :L’étoile de Viktor Orban pâlit en HongrieViktor Orban se retrouve, en outre, de plus en plus isolé au niveau européen. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a vertement rétorqué à sa récente tribune dans la FAZ : « Je voudrais souligner que pour moi être chrétien en public, dans la vie sociale, signifie avoir un devoir envers ses frères dans le besoin ».Dans une interview donnée en 2012 au Monde, Viktor Orban regrettait déjà que les Européens réagissent mal à ses prises de position : « Nous avons parfois des difficultés car nous voyons que, lorsque nous défendons une approche plus traditionnelle des valeurs, comme le christianisme, la nation ou la famille, nous nous heurtons de temps en temps à des réactions hostiles. On nous dit alors que notre attitude n’est pas européenne. » C’est exactement la situation qu’on observe trois ans plus tard.Lire aussi :Le nouveau rideau de fer 04.09.2015 à 16h31 • Mis à jour le04.09.2015 à 17h31 | Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) Le chaos règne toujours en Hongrie dans la crise des réfugiés. Des centaines d’entre eux, abandonnant l’espoir d’un départ direct en train vers l’Allemagne, le trafic ferroviaire international étant interrompu depuis le jeudi 3 septembre, ont entrepris vendredi de gagner à pied la frontière autrichienne – située à environ 175 km – où les organismes de secours s’attendent à une nouvelle vague d’arrivées.Vendredi après-midi, la police hongroise n’entravait pas leur marche, mais elle a annoncé qu’elle ne les laisserait pas atteindre la frontière. La situation pourrait donc devenir très tendue en fin d’après-midi. Des volontaires hongrois ont décidé d’aider, y compris en les prenant dans leurs véhicules, les plus fragiles des réfugiés, notamment les vieillards et les enfants. En Autriche, quelque 2 000 personnes avaient souscrit vendredi matin sur le réseau social Facebook à une initiative citoyenne proposant de former un convoi de voitures particulières pour « chercher », à partir de dimanche, des milliers de migrants bloqués en Hongrie. Les chemins de fer autrichiens, l’ÖBB, ont envoyé plusieurs trains et du personnel à la frontière, à Hegyeshalom, pour recevoir et transporter les gens – s’ils arrivent de l’autre côté.Isolement des demandeurs d’asile récalcitrantsDe la gare de Keleti de Budapest, où campaient dans des conditions déplorables des milliers de personnes venues du Moyen-Orient, l’abcès s’est déplacé vers la petite gare de Bicske, à l’ouest de la capitale. La police hongroise y a attiré jeudi un convoi de demandeurs d’asile, pour les amener ensuite par bus dans un camp d’internement provisoire.Lire aussi :En Hongrie, la police tente de forcer des migrants à aller dans un camp de réfugiésMais vendredi en milieu de journée, quelque 500 réfugiés refusaient toujours de descendre des wagons arrêtés sur les voies, ou même de prendre l’eau et les provisions proposées par les policiers. L’attitude de la police hongroise, qui a isolé le convoi des demandeurs d’asile récalcitrants, empêchant tout contact avec les ONG et les médias étrangers présents sur place, est déconcertante. Car elle laisse aussi passer sans difficulté des réfugiés qui parviennent à Bicske avec les trains régionaux pour se diriger ensuite vers l’ouest du pays, rapporte un journaliste de la radio publique autrichienne. Quelque 300 personnes internées dans le camp de transit de Röszke, à la frontière avec la Serbie, se sont par ailleurs échappées vendredi matin de l’enceinte où elles étaient retenues. La police a repris une partie d’entre elles.Gardienne de l’espace Schengen, dont elle est la pointe la plus avancée sur la route des Balkans qu’empruntent les réfugiés, la Hongrie est tenue, en vertu des accords communautaires de l’Union européenne, d’enregistrer les empreintes digitales de tous les demandeurs d’asile qui parviennent sur son territoire. Mais l’attitude du premier ministre conservateur Viktor Orban, qui a mobilisé depuis des mois son opinion avec des accents xénophobes, a exacerbé les tensions.« Race européenne, blanche et chrétienne »Vendredi, le Parlement hongrois a renforcé sa législation anti-migrants. Proposée par le gouvernement, la nouvelle législation accroit notamment les possibilités de déploiement de l’armée aux frontières, rend l’immigration illégale et alourdit considérablement les peines pour les passeurs. Le fait de franchir ou endommager la clôture de barbelés sera considéré comme un délit et le franchissement illégal de la frontière sera passible d’une peine maximale de trois ans de prison.« Nous ne voulons pas que nos enfants vivent dans un califat européen », a ainsi déclaré Antal Rogan, le chef de la fraction parlementaire du Fidesz, le parti de M. Orban. Un autre proche du premier ministre, le polémiste Zsolt Bayer, a exigé que l’Europe soit « libérée de cette horreur, si besoin par les armes », traitant les réfugiés de « sauvages » et d’« animaux » qui menacent « la race européenne, blanche et chrétienne ».Pour la première fois depuis la chute du communisme, le trafic ferroviaire et routier est perturbé, pour des raisons politiques, entre la Hongrie et l’Autriche. Jeudi 3 septembre, il fallait prendre trois trains différents et compter neuf heures de trajet pour regagner Vienne au départ de Budapest, une situation qui s’est prolongée vendredi. Des policiers hongrois inspectent systématiquement les wagons de voyageurs, mais les contrôles sont aussi renforcés sur la route du côté autrichien. Quatre militants autrichiens qui voulaient prendre des réfugiés dans leur véhicule ont été interpellés à Budapest, soupçonnés d’être des passeurs. Ils ont été relâchés vendredi.Ironie de l’histoire, la locomotive du train dans lequel sont montés jeudi matin à Keleti les réfugiés attirés à Bicske portait des inscriptions commémorant le « pique-nique paneuropéen », organisé au printemps 1989 sur le rideau de fer par les autorités autrichiennes et hongroises de l’époque, qui avaient découpé à la cisaille un morceau de barbelés – un acte symbolique qui a précédé de quelques mois la chute du mur.La fracture est-ouest se manifeste aussi dans l’Eglise catholique. Alors que la Caritas se trouve en première ligne, en Autriche, pour accueillir les réfugiés et défendre le « droit d’asile », l’archevêque de Budapest, le cardinal Péter Erdö, est sorti de son long silence, cette semaine, pour désavouer ceux qui prennent le risque d’aider concrètement des migrants.Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.09.2015 à 16h13 • Mis à jour le04.09.2015 à 18h57 | Samuel Laurent Ils se disent « français de souche », invoquent la « résistance au Grand Remplacement » ou plus généralement à l’islam et à l’immigration. Sans être forcément encartés ou militants d’un parti, ils sont actifs sur Internet pour exprimer leurs idées, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur des sites « d’information alternative », qui forment ce qu’ils appellent la « réinfosphère ».De fdesouche à Dreuz en passant par Riposte laïque, cette « réacosphère », comme on la nomme parfois, se mobilise fortement depuis jeudi 3 septembre. Avec un objectif : tenter de contrecarrer la mobilisation qui naît en solidarité avec les réfugiés, et que la diffusion de la photo d’Aylan Kurdi, trois ans, mort noyé au large des côtes turques, semble avoir avivée. Tous les moyens sont bons pour y parvenir, y compris la manipulation.1. La tentation du complotDès l’apparition de la photo, de très nombreux comptes et sites ont agité le spectre de la « propagande ». Tout y passe : le fait que le nom de l’enfant soit rapidement connu (son père, qui a survécu au naufrage, a pu l’identifier), le fait que sur un cliché, on voit un sauveteur turc muni de ce qui pourrait être un appareil photo… Et même une erreur de légende du site franceinfo.fr. Même la position de l’enfant dans la mort semble suspecte à certains.Cette photo n'est pas naturelle.. le corps de cet enfant ne pouvait avoir été ainsi rejeté par la mer.Photo indécente. — adrenaline1001 (@Adrenaline ♈)require(["twitter/widgets"]);Tout y passe, jusqu’au fait que le père de l’enfant ait eu un gilet de sauvetage… Rapidement, cependant, même les plus militants devront changer de registre, et trouver d’autres arguments.2. Une fillette décapitée pour répondre à un enfant noyéC’est ainsi que vont apparaître, rapidement là encore, une série d’autres photos d’enfants morts. Plusieurs circuleront, dont l’une, particulièrement sordide, donne à voir le cadavre décapité d’une petite fille encore vêtue d’un tutu de danseuse – image présentée comme l’exemple de la sauvagerie de l’Etat islamique, accusé d’avoir décapité la fillette.Elle est très diffusée, toute la journée de jeudi, notamment en réponse aux appels à la mobilisation de certaines personnalités, avec pour propos de dénoncer un « deux poids, deux mesures » face à ces situations tragiques. Or, si l’EI s’est fait connaître par des actes d’une cruauté indicible, cette image ne peut pas lui être attribuée. On la retrouve en effet dès 2012, avant que l’Etat islamique ne s’implante en Syrie. Plusieurs sites de soutien aux rebelles syriens opposés à Bachar Al-Assad la publient le 17 septembre 2012, attribuant la mort de la fillette aux milices gouvernementales et non à l’EI. Si ce cliché est le plus diffusé, il n’est pas le seul. Par exemple, ce cliché d’un enfant supposément tué dans le Donbass par les forces ukrainiennes. Mais là encore, il s’agit d’une photo à qui ont fait dire quelque chose : l’image, de provenance indéterminée, se retrouve sur des dizaines de sites russes et sert de photo d’illustration, par exemple, pour un infanticide au nord du pays ou même pour des faits divers étrangers.3. Image contre image, religion contre religionDe manière générale, l’image est un outil de prédilection pour ces militants antimigrants, qui ne prennent que peu garde à vérifier leurs sources et cherchent bien souvent à faire un distinguo en fonction de la religion (supposée) des réfugiés et des victimes du conflit.@jeunefrancaise Emotion sélective! D'autres enfants tués sans les larmes du monde entier. CHRETIENS http://t.co/78CL3f1hNA— pierrepaillet (@PAILLET)require(["twitter/widgets"]);Ce cliché date de 2014, il provient de l’AFP, et figure des enfants victimes d’un raid aérien à Alep, en Syrie. Mais rien ne permet d’affirmer, comme le fait l’auteur du tweet, que ces enfants sont chrétiens.Enfant #Syrie-n mort.Quand @LaurentFabius et #Hollande livrent des armes aux islamistes et sèment le chaos. #Migrants http://t.co/1TUvvE4glZ— netchys (@Netchys ن)require(["twitter/widgets"]);Quant à ce message accusant l’Occident d’avoir livré des armes « aux islamistes », il montre en réalité les conséquences du largage de barils d’explosifs par le régime de Bachar Al-Assad, en novembre 2014… et non pas par Daech.Autre exemple : cette image très dure d’enfants dans une cage.Je ne reste pas insensible à çe pauvre enfant mortPaix à son âme — Dartagn87058511 (@1 monde de merde)require(["twitter/widgets"]);Mais là encore, l’image doit être remise dans son contexte : il s’agit en réalité d’un « happening » organisé par un activiste syrien pour dénoncer les violences contre les enfants, sans qu’il soit aucunement question de religion ou de minorités chrétiennes.4. Le mensonge de l’exigence de nourriture hallalAu-delà des images, tout est bon pour démontrer que les réfugiés en provenance de Syrie ou d’Irak présentent un « danger » pour l’Europe. Voilà quelques jours, les mêmes réseaux faisaient amplement circuler une information disant que des réfugiés auraient refusé de la nourriture car elle n’était pas hallal.Or, comme l’ont démontré plusieurs médias, dont Libé Désintox, cette information, basée sur une vidéo qui a circulé sur de nombreux réseaux complotistes est fausse : La Croix-Rouge explique que ces colis ne contenaient aucun aliment pouvant poser la question du hallal, et le refus des migrants est motivé par le fait qu’on les empêche de traverser.5. La fausse réaction de l’Emir qatariAutre faux grossier, cette déclaration attribuée à l’émir du Qatar, supposé avoir dit à propos de l’accueil des réfugiés « nous avons assez d’esclaves comme cela ». Là encore, la citation a circulé dans ces cerles militants, qui stigmatisent l’inaction des pays du Golfe persique. Et là encore, il s’agit d’une intox. Cette fois, toutefois, ce sont nos militants qui ont été intoxiqués : cette « citation » provient d’el-manchar, un site parodique algérien, sur le modèle du « Gorafi français ». Elle n’a donc rien de vrai.Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florence de Changy Alors que le président de la République devait recevoir vendredi 4 septembre à l’Elysée, les deux familles des quatre Français qui se trouvaient à bord du vol MH370 de Malaysia Airlines, le parquet de Paris a annoncé jeudi 3 septembre que le flaperon – l’aileron – de Boeing 777, découvert le 29 juillet sur une plage de l’île de La Réunion, « correspondait avec certitude à celui du vol MH370 ». Le Boeing 777-200 ER de la Malaysia Airlines a disparu alors qu’il assurait un vol entre Kuala Lumpur et Pékin, le 8 mars 2014. Il y avait 239 personnes à bord.Le parquet de Paris a fait cette annonce après le retour de la commission rogatoire du juge d’instruction en Espagne auprès de la société ADS-SAU, anciennement CASA, un sous-traitant de Boeing. L’entreprise avait fourni plusieurs pièces du flaperon dont les numéros ont été identifiés sur la pièce à l’aide d’un endoscope, avant qu’elle ne soit démontée.Selon le communiqué du parquet de Paris, « l’audition d’un technicien de la société ADS-SAU a permis d’associer formellement l’un des trois numéros relevés à l’intérieur du flaperon au numéro de série du flaperon du Boeing 777 du vol MH370 ». Le flaperon retrouvé avait perdu la plaque d’immatriculation qui aurait permis de l’identifier initialement, il fallut donc tenter de l’identifier par ses composants.Amerrissage plutôt que crashCe morceau de voilure est donc le premier, et pour le moment l’unique, débris de l’avion disparu des écrans radar au bout de quarante minutes de vol, entre le ciel malaisien et le ciel vietnamien. Depuis, les familles des victimes n’avaient eu aucune preuve tangible de la thèse officielle du crash dans l’océan Indien.Mercredi, les familles des quatre Français avaient été reçues par le juge antiterroriste chargé de l’enquête française, Alain Gaudino, et l’expert technique aéronautique missionné, François Grangier. Les familles lui ont demandé si la rumeur de traces d’explosifs sur l’aileron était fondée. En fait, les prélévements effectués à ce jour ne permettent pas de répondre à cette question, aurait affirmé l’expert. Il a en revanche estimé que la manière dont la pièce était « tordue » laissait penser à un amerrissage plutôt qu’à un crash, ce qui indiquerait que l’avion est resté sous contrôle jusqu’au bout.Dans le cas du crash de Germanwings, les plus gros débris faisaient environ 30 centimètres. Le flaperon, lui, mesure environ 2 mètres. Les experts avaient également confirmé que la date de fabrication du flaperon correspondait à celle de l’avion, construit en 2001 et livré à la Malaisie en 2002.DérivePar ailleurs, l’analyse bio-marine de la colonie de petits crustacés agrippés au flaperon, de la famille des anatifes, a appris deux choses aux enquêteurs. D’abord que la pièce de voilure de l’avion a séjourné « au moins un an » dans l’eau. Ensuite que le flaperon provient d’eaux tropicales ou tempérées, car ces crustacés ne survivent pas en dessous de 18 degrés. Les études de la flottabilité du flaperon ont, quant à elle, confirmé que le débris flottait légèrement en dessous de la surface de la mer.Ces observations vont permettre d’affiner le modèle de dérive parcourue par cet objet à travers l’océan Indien, alors même que la zone de recherches australiennes du MH370 vient d’être contestée par deux institutions spécialisées. Geomar, l’institut océanographique allemand, et Metron Scientific Solutions ont publié séparément deux études qui concluent toutes deux que les recherches sous-marines dirigées par l’Australie devraient se déplacer beaucoup plus au nord de l’endroit où elles ont lieu actuellement.Florence de ChangyJournaliste, corrrespondante à Hong KongSuivreAller sur la page de ce journaliste David Revault d'Allonnes et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) François Hollande et Angela Merkel ont envoyé une lettre commune aux autorités européennes, où ils détaillent leurs propositions concernant la crise des migrants, jeudi 3 septembre. Cette lettre, que Le Monde s’est procurée, est adressée aux présidents du Conseil européen et de la Commission ainsi qu’au premier ministre luxembourgeois, qui assure la présidence semestrielle de l’Union.Lire aussi :François Hollande rejoint Angela Merkel sur les quotas d’accueil de réfugiésLes dirigeants français et allemand adressent un message sans ambiguïté, également à destination de certains de leurs partenaires au sujet de l’afflux de migrants, « grand défi pour l’Europe ». En invoquant « la responsabilité de chaque Etat membre et la solidarité de tous », ils appellent à mettre en œuvre « intégralement et sans délai » les récents dispositifs adoptés par l’Union européenne (UE), comme la création de « hot spots », des centres où migrants économiques et demandeurs d’asile seraient distingués dès leur arrivée en Grèce et en Italie, et que les deux dirigeants veulent « pleinement opérationnels au plus tard avant la fin de l’année ».Ils demandent à la Commission d’« utiliser tous les moyens dont elle dispose » pour forcer les Etats à respecter les règles du droit d’asile, tant en matière d’étude des dossiers que d’hébergement, et proposent, « à terme », « un système d’asile européen unifié ». Mme Merkel et M. Hollande proposent par ailleurs plusieurs mesures « complémentaires », comme l’établissement d’une liste commune de pays d’origine « sûrs », dans laquelle entreraient les pays des Balkans.Mais le point le plus crucial du texte concerne les quotas de répartition entre les pays, auxquels Paris s’est longtemps opposé. Les mots ont été choisis avec soin. Il ne s’agit plus de « quotas » de « migrants », mais de « répartition » des « réfugiés », et celle-ci doit tout de même s’opérer « équitablement et dans un esprit de solidarité entre les Etats membres », par un « mécanisme permanent et obligatoire de relocalisation ».Lire aussi :Hollande et Merkel s’accordent sur des quotas contraignants d’accueil de migrants« Libre circulation »Angela Merkel et François Hollande prennent également la défense du traité Schengen de 1985, qui « garantit la libre circulation » au sein de l’UE. Il « permet aux Etats membres de mieux relever les défis auxquels ils sont confrontés », assurent les deux dirigeants, adressant ainsi un message clair à tous ceux qui proposent de revenir sur ce traité, à l’instar de Nicolas Sarkozy en France, ou qui le critiquent vivement, comme le premier ministre britannique, David Cameron.Le message s’adresse en priorité aux pays d’Europe centrale et orientale qui traînent toujours des pieds, mais aussi au premier ministre britannique, qui formule des exigences pour un meilleur fonctionnement de l’UE, mais qui a jusqu’ici dédaigné de participer à l’effort général pour aider les populations qui fuient la guerre en Syrie. Lors de la difficile négociation du mois de juin sur la répartition de quarante mille réfugiés, la diplomatie britannique ironisait : « Nous prendrons zéro réfugié et, si on nous le demande, nous prendrons le double ensuite », aurait déclaré un diplomate de haut rang, selon le Financial Times du jeudi 3 septembre.Les ministres de l’intérieur évoqueront tous ces dossiers à l’occasion d’un conseil qui les réunira le 14 septembre ; les chefs d’Etat et de gouvernement devraient s’en emparer lors de leur prochain sommet, à la mi-octobre. La photo du petit Aylan Kurdi, enfant de migrants syriens mort sur la plage de Bodrum, en Turquie, n’explique pas à elle seule cette mobilisation. Mais elle paraît avoir libéré des énergies jusque-là très contenues en vue d’affronter l’une des plus graves crises de l’Union. Lettre sur l'accueil des réfugiésDavid Revault d'AllonnesGrand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Intérim (Istanbul) La photo du fils cadet, dont le corps a été rejeté par la mer sur une plage des environs de Bodrum, en Turquie, a fait le tour du monde. Mais c’est une histoire tristement ordinaire après quatre années de guerre, que l’image a révélée : celle d’une famille syrienne, d’abord ballottée à l’intérieur du pays, puis contrainte à l’exil en Turquie, qui avait tenté un retour au pays avant de finalement prendre la route de l’Europe, dans l’espoir de rejoindre le Canada.La famille du petit Aylan, d’origine kurde, était native de Kobané, dans le nord de la Syrie, mais vivait depuis quelques années à Damas, où le père était barbier. Quelques mois après le début de la guerre civile syrienne, en 2011, le ménage prend la route d’Alep puis, fuyant à nouveau les combats qui s’intensifient, se réinstalle à Kobané. Lorsque les miliciens de l’organisation Etat islamique (EI) s’avancent vers cette cité, ils font partie des milliers de ressortissants syriens, essentiellement kurdes, qui traverseront à pied la frontière turque, située à quelques dizaines de mètres au nord de Kobané. Lorsque la ville est reprise par les forces kurdes au début de l’année, la famille Kurdi tente un retour après trois ans d’exil en Turquie, et revient à Kobané, selon un journaliste local interviewé par la presse turque.Les combats sporadiques qui éclatent en juin avec les forces de l’EI convainquent Abdullah et Rihana de repartir avec leurs deux enfants : Aylan, 3 ans, et Ghaleb, 5 ans. La famille Kurdi a été contrainte de prendre la route de la mer Egée après avoir essuyé un refus de sa demande d’asile de la part du Canada, a expliqué au National Post, un quotidien canadien, Tima Kurdi, la sœur d’Abdullah, qui a émigré à Vancouver il y a vingt ans et qui tentait d’organiser leur installation en Amérique du Nord. Un refus qui illustre la complexité de la situation des réfugiés en Turquie : puisqu’un visa n’est pas requis pour les ressortissants syriens, nombreux sont ceux qui arrivent dans ce pays voisin avec un simple statut de visiteur.« Mes deux enfants m’ont glissé des mains »Faute de statut de réfugié en bonne et due forme, le gouvernement canadien aurait rejeté la demande d’asile des Kurdi, en juin dernier. Les autorités canadiennes ont cependant contesté cette version, affirmant ne pas avoir reçu de dossier concernant cette famille. Sans visa pour le Canada, la famille a pris la route de l’Europe. Les Kurdi sont arrivés à Bodrum voilà un mois, le temps d’organiser leur traversée, d’emprunter de l’argent à des proches et de prendre contact avec des passeurs. « Nous avons payé à deux reprises », a expliqué le père à l’agence de presse turque Dogan après le drame. « La première fois, des garde-côtes nous ont interceptés et ramenés sur la rive turque. La seconde fois, les passeurs n’ont pas tenu parole et ne se sont pas présentés avec le bateau à l’heure du rendez-vous. » Abdullah Kurdi affirme avoir versé 4 000 euros pour le passage en Grèce des quatre membres de la famille.Après ces deux échecs, la famille Kurdi, en compagnie d’autres réfugiés, aurait organisé son départ en mer et pris place à bord d’un petit bateau de 5 mètres de longueur. « Peu de temps après le départ, l’eau a commencé à s’infiltrer, les gens ont paniqué, certains se sont levés, faisant chavirer le bateau », a expliqué Abdullah Kurdi aux policiers, selon le rapport qui a fuité dans la presse turque. « J’ai d’abord pu retenir ma femme, mais mes deux enfants m’ont glissé des mains. » Les corps d’Aylan, Ghaleb et celui de leur mère ont été transférés à Istanbul jeudi soir, accompagnés d’Abdullah Kurdi. Vendredi matin, les trois cercueils ont été enterrés, en présence de centaines de personnes.Farewell Alan, Ghalib and Rehana. Just burried. RIP. #AlanKurdi http://t.co/wBsQtExRzS— jenanmoussa (@Jenan Moussa)require(["twitter/widgets"]);Intérim (Istanbul) 04.09.2015 à 06h52 • Mis à jour le04.09.2015 à 17h21 La terrible photo du petit garçon syrien, Aylan Kurdi, mort noyé et retrouvé échoué sur une plage turque a-t-elle « réveillé les consciences », comme se le demandait la presse européenne jeudi 3 septembre ? S’il est bien trop tôt pour juger les actes, le cliché aura, quoi qu’il arrive, suscité de nombreuses réactions et poussé les politiques à prendre des engagements.Accueil de milliers de réfugiés supplémentaires, création de centres d’accueil, aide aux pays de transit… les dirigeants européens, et au-delà, ont rivalisé d’annonces destinées à enrayer le drame humain qui se déroule aux portes de l’Europe.Lire aussi l'éditorial du « Monde » :Réfugiés : une photo pour ouvrir les yeuxPrague et Bratislava proposent un couloir pour réfugiés vers l’AllemagneLa République tchèque et la Slovaquie ont proposé, vendredi 4 septembre, la mise en place d’un corridor ferroviaire pour faciliter le passage des réfugiés « syriens » entre la Hongrie et l’Allemagne, si Budapest et Berlin trouvent un accord sur cette question. « Nous laisserions passer ces trains sans contrôler davantage ces migrants, nous les accompagnerions seulement », a précisé le ministre tchéque de l’intérieur. Les deux Etats sont réticents à ouvrir leurs frontières et opposés aux quotas d’accueil.Lire aussi :En République tchèque et en Slovaquie, le rejet des migrants fait consensusLa France et l’Allemagne s’accordent sur des « quotas contraignants »Paris et Berlin ont lancé jeudi une initiative pour « organiser l’accueil des réfugiés et une répartition équitable en Europe » de ces personnes qui fuient principalement la Syrie en guerre. La chancelière allemande, Angela Merkel, a évoqué des « quotas contraignants », le président français, François Hollande, un « mécanisme permanent et obligatoire ». L’accord demande aussi d’« assurer le retour des migrants irréguliers dans leur pays d’origine » et d’aider « les pays d’origine et de transit ». Les ministres des affaires étrangères européens devaient se retrouver vendredi à Luxembourg autour de ce dossier.Au Royaume-Uni, le premier ministre pressé d’agirCritiqué pour son manque d’implication dans la crise, le premier ministre britannique, David Cameron, a réagi vendredi. Il a d’abord fait savoir que le Royaume-Uni était prêt à « en faire davantage » pour surmonter la crise des migrants en Europe et à accueillir « des milliers de réfugiés syriens supplémentaires », sans préciser toutefois le nombre. Puis il a promis 100 millions de livres (137 millions d’euros) d’aide supplémentaire pour la crise humanitaire en Syrie.En Espagne, création d’une commission pour accueillir plus de réfugiésAlors que le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a accepté en début de semaine d’augmenter la contribution du pays dans l’accueil des réfugiés, il a été décidé en conseil des ministres de créer une commission interministérielle chargée de coordonner les efforts entre les régions espagnoles et les villes. Depuis le début d’année, l’Espagne a accordé le statut de réfugié à 384 personnes sur les 5 947 qui ont demandé l’asile.En France, EELV veut accueillir « tout le monde », le PS créer des « villes solidaires », Les Républicains plus discretsLa scène politique intérieure n’est pas en reste pour presser la France d’agir. La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Emmanuelle Cosse, a ainsi purement et simplement plaidé, sur i-Télé, pour l’accueil de tous les réfugiés, appelant François Hollande à « aller plus loin ».Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a de son côté lancé un appel à la « constitution d’un réseau de villes solidaires » qui s’engageraient à accueillir des réfugiés afin de répondre « concrètement » aux drames humains. Plusieurs villes ont déjà apporté leur soutien, dont les maires de onze communes de Haute-Garonne. Dans un appel intitulé « Nous sommes prêts à accueillir » à l’initiative de Christophe Borgel, député socialiste du département, ces édiles locaux ont affirmé leur volonté de « réagir en êtres humains, en républicains ».Du côté des Républicains, il n’y a en revanche pas eu de prise de parole du chef de parti, Nicolas Sarkozy. Plusieurs membres du parti se sont toutefois exprimés, notamment Frédéric Lefebvre, député des Français de l’étranger, qui a réclamé « la mise en place par l’Europe sur les côtes libyennes de camps de réfugiés et de postes-frontières pour secourir les familles fuyant la guerre ».La Commission européenne réaffirme sa volonté de répartition équitable des réfugiésLa Commission européenne et son président, Jean-Claude Juncker, vont proposer un nouvel ensemble de mesures pour agir en urgence dans la crise des migrants. M. Juncker devrait évoquer, mercredi 9 septembre, à Strasbourg, l’accueil de 120 000 demandeurs d’asile supplémentaires arrivés en Grèce, en Italie mais aussi en Hongrie.Lire aussi :La Commission européenne propose l’accueil de 120 000 réfugiésL’ONU unies appelle à la répartition d’au moins 200 000 réfugiés dans l’Union européenne« C’est principalement une crise de réfugiés, pas seulement un phénomène migratoire », a prévenu le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR) dans un communiqué, vendredi 4 septembre. Il a appelé à un vaste programme de réinstallation « avec la participation obligatoire de tous les Etats membres de l’UE. » Le UNHCR estime qu’au moins 200 000 réfugiés doivent être répartis.Au Canada, la crise migratoire s’invite dans la campagne pour les législativesLoin de l’Europe, le Canada, où vivent des membres de la famille d’Aylan Kurdi, les responsables des partis politiques ont également promis d’accueillir plus de réfugiés. En première ligne, le Québec s’est dit prêt à accueillir « des centaines, voire des milliers » de réfugiés syriens, a déclaré le premier ministre de la province, Philippe Couillard, en appelant les partis politiques canadiens à se prononcer clairement sur la question.En date du 24 août, le Canada avait accueilli 1 074 des 10 000 réfugiés syriens qu’il s’est engagé en début d’année à recevoir sur trois ans, selon les données transmises jeudi par le ministère de l’immigration. 04.09.2015 à 00h41 • Mis à jour le04.09.2015 à 09h25 Les forces de l’ordre doivent être mieux entraînées et plus vigilantes afin d’éviter de répéter les erreurs commises lors des émeutes de Ferguson en 2014 aux Etats-Unis. En ayant recours à des chiens ou des blindés, la police de cette ville du Missouri n’a fait qu’amplifier les tensions après la mort de Michael Brown, un Noir de 18 ans tué par un policier blanc il y a un an, selon un rapport du ministère de la justice américain publié jeudi 3 septembre.Relevant que plus de 50 entités de maintien de l’ordre avaient été impliquées dans les opérations de sécurisation de la ville après la mort du jeune homme, le ministère dénonce dans son rapport de près de 200 pages, qui se concentre sur les dix-sept jours ayant suivi le drame, « un commandement incohérent » et une « communication lacunaire » entre les différents acteurs.Le ministère regrette par exemple que « la police de Ferguson n’ait établi pratiquement aucune relation de voisinage avec les résidents de Canfield Green Apartments, où Brown a été tué, ni avec la plus grosse partie de la communauté noire de Ferguson ». Chiens, gaz lacrymogènes et tireurs d’élite« L’utilisation de chiens pour canaliser la foule s’est révélée une stratégie inadéquate et inefficace », note encore le rapport, rappelant « les sentiments très forts » que suscitent les brigades canines dans un contexte de tensions raciales.Idem avec le recours parfois inapproprié aux gaz lacrymogènes, le déploiement de tireurs d’élite sur des véhicules blindés et la présence trop visible d’équipements militaires. Tout cela n’a fait qu’accroître le climat de peur et exacerber les tensions, selon le document.Ça n’est pas la première fois que le ministère de la justice américain critique les forces de l’ordre de Ferguson : une première enquête fédérale rendue publique au mois de mars avait dressé un portrait accablant de la police de la ville, accusée de racisme, de harcèlement contre les Noirs ou de brutalités gratuites.Lire :Démissions en série à Ferguson après un rapport du ministère de la justice américainLe chef de la police de Ferguson avait, entre autres, présenté sa démission quelques jours après la publication de ce premier rapport. Claire Guillot Nilufer Demir, 29 ans, travaille depuis douze ans pour l’agence turque DHA et elle est correspondante pour la région de Bodrum. Dans cette petite ville balnéaire et touristique plutôt chic, à l’Ouest de la Turquie, les réfugiés affluent, qui tentent la traversée vers l’île grecque de Kos, située à moins de cinq kilomètres. L’arrivée des réfugiés a changé le cours des choses – et son travail de photographe. La photographe turque ne s’attendait pas, cependant, à ce que sa photo d’un enfant syrien noyé, Aylan Kurdi, sur la plage, fasse le tour des réseaux sociaux et soit publiée par tous les grands journaux du monde. Nous l’avons jointe au téléphone, en Turquie.Lire aussi :Réfugiés : une photo pour ouvrir les yeuxOù se trouve la plage où a été trouvé le petit garçon ?La plage de Ali Hoca Burnu est une plage à l’écart de Bodrum. C’est un endroit d’où partent souvent les migrants, donc avec d’autres photographes, on y va chacun son tour pour voir ce qui se passe. Hier, c’était mon tour… Quand je suis arrivée le matin, vers 6 ou 7 heures, il y avait un groupe de Pakistanais. Je les ai rejoints et nous avons aperçu, un peu plus loin, quelque chose échoué sur la plage.En nous approchant, nous avons vu que c’était le corps d’un enfant. Il y avait d’autres corps, mais plus loin, à 100 ou 200 mètres. On a tout de suite vu qu’il était mort et qu’il n’y avait plus rien à faire.Avez-vous hésité à prendre cette photo ?J’ai été très choquée au départ, mais je me suis reprise très vite. Je me suis dit que je pouvais témoigner du drame que vivent ces gens. Il fallait que je prenne cette photo et je n’ai plus hésité. J’en ai même pris toute une série. J’étais triste car c’est le corps d’un enfant, mais ça aurait pu être le corps d’un adulte, et j’en ai photographié déjà plusieurs fois.L’homme qui tient l’enfant dans ses bras sur la photo est un gendarme, qui fait les premières constatations quand ce genre de choses arrive. Sur les premières images, on voit l’enfant tout seul, car le gendarme est arrivé quelques minutes après. Avez-vous eu conscience, au moment où vous l’avez prise, que c’était une photo si forte ?Non, pas du tout. Et aujourd’hui, j’ai un mélange de tristesse et de satisfaction… Je suis contente d’avoir pu montrer cette image à autant de gens, d’avoir témoigné, mais d’un autre côté, je préférerais que ce petit garçon soit encore en vie et que cette image ne fasse pas le tour du monde.Le retentissement de cette photo a été énorme, poussant François Hollande et Angela Merkel à faire des propositions à l’Union européenne sur l’accueil des réfugiés en Europe.Je n’aurais jamais cru qu’une photo puisse avoir de tels effets. J’aimerais vraiment qu’elle puisse aider à changer le cours des choses. Ces gens ont quitté un pays en guerre. Pour ma part, j’aimerais que tout le monde puisse vivre en paix chez soi, et que les gens ne soient pas forcés de fuir leur pays…Pourquoi cette photo, selon vous, a-t-elle pu autant émouvoir les gens, par rapport à toutes celles publiées avant sur le sujet ?Je ne sais pas. Peut-être que le monde, en fait, attendait une image qui puisse changer les choses, faire bouger. Peut-être que ma photo a été le déclic que le monde attendait. Et sans le faire exprès, j’y ai contribué, en étant au bon moment au bon endroit.TRADUCTION : Gül DüzyolClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon Cinquante-sept Etats, dont la Russie et la Chine, onze organisations internationales et des personnalités politiques et religieuses se sont réunis, mardi 8 septembre, à Paris, pour adopter un plan d’action en faveur des minorités persécutées au Proche-Orient par l’Etat islamique (EI). La conférence internationale, inaugurée par le président François Hollande, avait été annoncée lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies convoquée le 27 mars, par le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, pour exhorter la communauté internationale à inscrire la défense des minorités ethniques et religieuses au cœur de son intervention en Syrie et en Irak.Lire aussi :En Syrie, qui de l’EI ou du régime de Bachar Al-Assad a fait le plus de victimes ?Certaines réticences de pays de la région, dont l’Irak, qui refusaient la distinction faite entre communautés dans les violences commises par l’EI, ont été levées. Tous étaient représentés à Paris, à l’exception de la Syrie et de l’Iran. « Evidemment, on s’intéresse à toutes les victimes de Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique], certaines ne sont pas ciblées pour leur religion. Mais, certaines communautés sont menacées en tant que telles. Il y a une volonté d’éradiquer des groupes humains et une urgence à agir », justifie une source diplomatique.« Séparer la religion de l’Etat »A la tribune, Monseigneur Louis Sako, patriarche des chaldéens de Babylone, a tenu à parler pour les trois millions de déplacés irakiens et non uniquement des 120 000 chrétiens d’Irak, au nom de la lutte contre le sectarisme. « La présence des Etats et des chefs religieux de toutes confessions est une occasion très spéciale pour collaborer à la réconciliation politique et à la paix, a-t-il commenté au Monde. L’action internationale est efficace pour en finir avec Daech mais, sur le long terme, il faut détruire cette idéologie horrible et promouvoir une réconciliation, une citoyenneté égale pour tous les Irakiens, et séparer la religion de l’Etat. »La France s’est engagée à débloquer 25 millions d’euros pour alimenter un fonds d’urgence, notamment pour des actions de déminage, de logement et de coopération judiciaireLe plan d’action, finalisé sous la coprésidence de M. Fabius et de son homologue jordanien, Nasser Judeh, entend permettre le retour durable des personnes déplacées et réfugiées, mettre fin à l’impunité des crimes commis contre les populations pour leur appartenance ethnique ou religieuse, et promouvoir des politiques inclusives et respectueuses de la diversité culturelle. « Il y a une volonté de sortir de la logique de l’urgence et du réflexe de l’accueil, comme le souhaitent les communautés sur place », précise une source diplomatique, au lendemain de l’annonce par le président Hollande de l’accueil de 24 000 réfugiés en France. « C’est gentil et généreux d’accueillir cette masse de réfugiés mais c’est une solution provisoire », abonde Mgr Sako.Concernant le volet humanitaire, l’accent sera mis sur le déminage, la reconstruction, l’accès à la santé et à l’éducation, la relance des activités économiques et la formation des forces de police locale. Pour le volet judiciaire, « la France est favorable à une saisine du Conseil de sécurité, mais les Etats de la région n’ont pas adhéré au statut de Rome et la Russie a par le passé opposé son veto sur le dossier syrien, donc on regarde ce que l’on peut faire pour des saisines d’actions judiciaires nationales », précise une source diplomatique.Coopération judiciaireDes programmes de coopération judiciaire, notamment sur l’identification des preuves avec la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), et de sensibilisation des populations sur le terrain sont envisagés. Pour le volet politique, les actions visent à renforcer les capacités des autorités locales en matière de gouvernance, à soutenir la société civile et à offrir des bourses universitaires aux communautés persécutées.La France s’est engagée à débloquer 25 millions d’euros, dont 10 millions sur deux ans pour alimenter un fonds d’urgence, notamment pour des actions de déminage, de logement, de réhabilitation et de coopération judiciaire. Quinze millions supplémentaires seront apportés par l’Agence française de développement pour les camps de réfugiés et le soutien aux communautés hôtes au Liban, en Jordanie, en Irak et en Turquie. Une conférence de suivi devrait être organisée début 2016 en Espagne.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter François Bougon Livre du jourC’est un parcours extraordinaire qui force l’admiration. Fils de paysans pauvres de la province du Shandong, dans l’est de la Chine, Chen Guangcheng est devenu l’un des dissidents chinois les plus connus, en compagnie du Prix Nobel de la paix emprisonné, l’écrivain Liu Xiaobo, et de l’artiste provocateur Ai Weiwei. Dans L’Avocat aux pieds nus, il retrace son parcours ; sa naissance en pleine Révolution culturelle, en 1971, sa cécité dès l’âge de 5 mois après une forte fièvre et l’impossibilité pour sa mère de se rendre à l’hôpital faute d’argent, son engagement progressif pour la défense des droits, puis son coup d’éclat d’avril 2012 qui le place au centre de négociations entre les Etats-Unis et la Chine : l’évasion de son village natal de Dongshigu, où il était retenu prisonnier, puis, à 600 kilomètres de là, son arrivée à l’ambassade américaine à Pékin à l’issue d’une course-poursuite dans les rues de la capitale.Ce sont des pages dignes d’un film d’action – les droits ont d’ailleurs déjà été achetés par Hollywood. Mais elles montrent surtout une réalité composée de vexations, d’humiliations et de répression vécue par les défenseurs des droits. Chen Guangcheng appartient à ce courant de militants et d’avocats qui a été désigné sous le terme de « weiquan » (« défense des droits » en chinois).Un parcours singulierPrenant le pouvoir communiste au mot, ils ont cherché à obtenir le respect des nombreuses lois adoptées par le Parlement depuis la fin de l’ère maoïste. Si, sur le papier, elles laissaient croire à l’existence d’un Etat de droit, dans les faits, il faut le combat de personnalités comme Chen Guangcheng pour obtenir qu’elles soient respectées. Mais à quel prix… Son parcours est singulier, car son handicap ne lui a pas permis de suivre des études de droit. C’est sur le tas qu’il s’est formé, engagé très tôt dans la défense de ses droits avant d’être sollicité par ses voisins, d’où son surnom d’« avocat aux pieds nus », comme ces médecins formés sommairement pendant la Révolution culturelle pour soigner les paysans.Chen Guangcheng s’est fait connaître à partir de 2005 par sa dénonciation des abus provoqués par la politique de l’enfant unique. Les médias internationaux s’intéressent à lui, il devient célèbre avec ses lunettes noires, il est invité aux Etats-Unis. Les ennuis vont bientôt naître, car si cette renommée en fait un héros pour de nombreux Chinois, elle le place au rang des « ennemis » du Parti communiste chinois. Il vivra alors le sort de ceux qui ont osé se dresser contre le pouvoir. Condamné en 2006 pour « entrave à la circulation » et « destruction de bien public », il passera quatre ans en prison, puis deux ans en résidence surveillée chez lui. Il obtiendra finalement l’exil aux Etats-Unis avec sa famille. C’est désormais hors de sa terre natale qu’il poursuit son combat pour une Chine plus respectueuse des droits de l’homme.François BougonChef adjoint au service InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.09.2015 à 10h41 • Mis à jour le08.09.2015 à 11h26 | Christophe Châtelot (Dakar, envoyé spécial) Il était inutile de chercher une quelconque lueur de compassion dans le regard qu’Haoua Brahim Faradj lançait à l’accusé Hissène Habré. A quelques mètres d’elle, l’homme de 73 ans semblait pourtant à la peine. Il gigotait, se débattait vainement, étouffant presque entre les bras des trois molosses cagoulés qui l’immobilisaient, à moitié couchés sur lui pour le forcer à comparaître sagement devant ses juges. Un sentiment de malaise parcourut brièvement la salle d’audience.Mais cette lutte très inégale et relativement brève, c’était bien peu de chose pour Haoua Brahim Faradj. Pas de quoi émouvoir celle qui avait été arrêtée arbitrairement à l’âge de 13 ans par les sbires de l’ancien président tchadien, puis réduite pendant trois années à l’état d’esclave sexuelle pour des militaires. Haoua est une victime parmi des dizaines de milliers d’autres au nom desquelles Hissène Habré est jugé à Dakar pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de torture commis lorsqu’il régnait en maître sur le Tchad de 1982 à 1990. Lundi 7 septembre, il fallut en effet user de la force pour, tout d’abord, contraindre l’accusé de sortir de sa cellule et de se rendre au tribunal. Puis, c’est porté comme un colis par des gendarmes bodybuildés qu’il fut plaqué sur un fauteuil, face à ses juges, pour écouter la lecture des 190 pages de l’acte d’accusation.Le procès devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), un tribunal ad hoc constitué pour juger les actes commis lorsqu’il dirigeait le Tchad, avant son exil dakarois, avait été suspendu le 21 juillet, après seulement deux jours d’audience, en raison du refus de l’accusé d’y participer devant un tribunal qu’il qualifie d’« illégal et illégitime ».Lire aussi :Hissène Habré obtient la suspension de son procès jusqu’au 7 septembre« Dégagez ! Dégagez ! »Hissène Habré, qui avait déjà boudé l’instruction, avait alors ordonné à ses avocats de boycotter les audiences, obligeant le président des CAE à commettre d’office d’autres défenseurs chargés d’assister l’accusé. La chambre avait alors accordé aux nouveaux avocats un délai de quarante-cinq jours pour prendre connaissance du dossier. Ce qui était à la fois court pour maîtriser le résultat de quinze années d’instruction en Belgique puis au Tchad, et bien long car fort peu utile, sachant que l’accusé refuse de coopérer. « Nous sommes allés le voir à la prison, mais il a refusé de nous rencontrer », confie Mounir Ballal, l’un des trois avocats commis d’office. Et pour que les choses soient claires, les premiers mots d’Hissène Habré, lundi, furent à leur adresse. « Dégagez ! Dégagez ! » leur a-t-il lancé d’un air mauvais.Lire aussi :Les enjeux du procès d’Hissène HabréEnsuite, l’ancien guerrier du désert n’eut plus vraiment l’occasion de troubler l’audience. Ses quelques gesticulations furent rapidement maîtrisées par ses gardiens, ses injonctions, ses « taisez-vous ! » lancés au président des Chambres, le Burkinabé Gberdao Gustave Kam, se firent murmures, pour finalement s’éteindre, de guerre lasse. Une poignée de ses supporteurs, qui tentèrent de se faire entendre aux cris de « vive le président Habré », « vive le Tchad libre, à bas l’impérialisme », furent rapidement expulsés de la salle manu militari.Bientôt, il n’y eut plus face aux juges qu’une silhouette frêle enveloppée dans un boubou blanc, le visage à moitié caché par un turban et des lunettes de soleil, parfaitement immobile. Rien ne vint plus le troubler, extérieurement en tout cas.Pas même l’énumération par deux greffiers à la voix monocorde de toute la liste des abominations qu’on lui attribue, à lui, à son régime et à sa police politique – la sinistre Direction de la documentation et de la sécurité (DDS) : détention arbitraire dans des prisons parfois secrètes transformées en mouroirs, exécutions sommaires, vagues d’arrestations massives, tortures systématiques… « Avec Hissène Habré, même une mouche ne peut être écrasée sans son ordre », témoigne un ancien agent de la DDS cité dans le document. Une estimation évalue à 40 000 le nombre de victimes des années Habré.A la sortie de cette première audience de reprise, Haoua Brahim Faradj affichait sa satisfaction, celle d’avoir enfin aperçu le visage de celui qu’elle considère comme son tortionnaire, et surtout l’espoir que l’accusé ne pourra plus échapper à la confrontation avec ses victimes. « J’ai été soulagée quand j’ai vu qu’il a été amené comme un enfant. Aujourd’hui, il est diminué, s’est-elle félicitée. Je vais enfin pouvoir parler devant Habré. » Elle témoignera, comme des dizaines d’autres personnes, dans les prochaines semaines. Il est prévu que le procès s’achève à la fin du mois d’octobre.Christophe Châtelot (Dakar, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Maxime Vaudano François Hollande semble prêt à abandonner sa doctrine du « ni-ni », qui consistait jusqu’alors à ne pas intervenir sur le territoire syrien, pour ne favoriser ni le régime de Bachar Al-Assad ni l’Etat islamique (EI). Lundi 7 septembre, lors de sa sixième conférence de presse, le chef de l’Etat a annoncé le lancement de vols de reconnaissance en vue de prochaines frappes aériennes contre le groupe djihadiste, tout en rappelant son opposition au maintien du président syrien au pouvoir.Lire aussi :François Hollande ouvre la voie à des bombardements en Syrie contre l’Etat islamiqueCe changement de cap intervient alors que la crise des migrants ne cesse de s’aggraver, notamment en raison d’immenses flux de réfugiés en provenance de Syrie. La concomitance des deux événements ne doit pas occulter la responsabilité du régime de Bachar Al-Assad dans la crise syrienne, qui a fait en quatre ans plus de 240 000 morts et des millions de déplacés.Lire aussi :Si la Syrie était la France, 32,5 millions de personnes auraient été déplacées par le conflitAussi imparfaites soient-elles, toutes les sources qui recensent les victimes du conflit montrent que, quoique très meurtrier, l’EI en a fait beaucoup moins que les forces fidèles au régime.80 % de victimes des forces gouvernementalesLe Réseau syrien des droits de l’homme (RSDH) estime ainsi qu’entre août 2014 et août 2015, 80 % des victimes ont été tuées par les forces gouvernementales (armée régulière, milices locales et milices chiites étrangères alliées du régime), et 10 % par l’EI. La proportion reste assez similaire que l’on considère les civils ou les militaires tués. #container_14416298095{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416298095{ height:500px; } #container_14416298095 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416298095 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416298095 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14416298095 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Août 2014-Août 2015 : la répartition des victimes selon le RSDHSource : Réseau syrien des Droits de l'Homme(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Les chiffres du Violations Documentation Center in Syria (VDC) révèlent des proportions comparables : d’août 2014 à mai 2015, 7,4 % des morts documentés par l’organisation sont attribuables à l’EI. #container_14416337526{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416337526{ height:500px; } #container_14416337526 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416337526 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416337526 .subtitre{ display:block; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Bien entendu, l’impact de deux principales forces opposées en Syrie ne se résume pas au nombre de morts qu’elles ont provoqué en s’affrontant. En prenant possession de grandes parties du territoire syrien, l’EI a aussi poussé à l’exil de nombreux Syriens, qu’on retrouve aujourd’hui dans les pays limitrophes ou sur les routes de l’Europe. Mais ces chiffres suffisent à rappeler que Bachar Al-Assad n’est pas, comme certains veulent le faire croire, un rempart contre la violence pour la population syrienne.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.09.2015 à 08h39 • Mis à jour le08.09.2015 à 12h48 | Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) Shinzo Abe, le premier ministre japonais, a été reconduit, mardi 8 septembre, à la présidence du Parti libéral-démocrate, le PLD au pouvoir dans l’Archipel, une position qui lui permet de conserver la tête du gouvernement. Ce mardi correspondait au jour du dépôt des candidatures pour l’élection initialement prévue le 20 septembre, devant désigner le nouveau dirigeant du parti. Seul M. Abe s’est présenté. L’élection n’aura donc pas lieu.Les tentatives de contester son leadership ont été étouffées par la machine PLD. La dernière fut celle de la parlementaire Seiko Noda, qui n’a finalement pas réussi à réunir les 20 signatures d’élus nécessaires au dépôt de candidature.Dans une ultime tentative, menée lundi dans la soirée, elle a échoué à obtenir le soutien de la Kochi-Kai, l’une des factions du PLD, dirigée par le ministre des affaires étrangères, Fumio Kishida. La consigne passée lors d’une réunion à huis clos de cette faction aurait été de « rester unis » derrière le premier ministre.Parlementaire depuis 1993 – comme M. Abe –, ministre des postes en 1998 et considérée comme l’une des rares femmes pouvant prendre la tête du gouvernement, Mme Noda a gardé ses distances avec les prises de position nationalistes de celui qui est premier ministre depuis décembre 2012.Elle a critiqué la révision, en juillet 2014, de l’interprétation de l’article 9 de la Constitution – qui affirme le renoncement à la guerre –, permettant à l’Archipel de participer à des systèmes de défense collective.Limiter les débatsElle est également opposée aux projets de loi sur la sécurité nationale actuellement en discussion à la Chambre haute, qui devrait permettre au Japon d’envoyer des troupes combattre à l’étranger, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale. Le gouvernement pousse pour les faire adopter le 14 septembre.Lire aussi :Au Japon, Shinzo Abe en difficulté sur le front sécuritaireDans les rangs du PLD, on estime que les pressions exercées pour bloquer la candidature de Mme Noda avaient également pour but de limiter les débats sur ces textes qui restent impopulaires. Selon un sondage publié lundi par l’agence d’information JNN, 61 % des Japonais s’y opposent. Des manifestations contre ce texte se tiennent toutes les semaines devant le Parlement.Les prochaines législatives n’étant pas programmées avant 2018, M. Abe peut rester au pouvoir jusque-là et devenir l’un des premiers ministres qui sera resté le plus longtemps en poste depuis la guerre. Son grand-oncle, Eisaku Sato, détient le record de longévité – presque huit ans, de 1964 à 1972 – à la tête du gouvernement nippon. La faiblesse de l’opposition et la timidité des attaques des médias pourraient lui permettre de conserver son pouvoir.À moins que sa cote de popularité ne s’effondre. Elle a baissé en juillet sous les 40 %, avant de remonter en août. Mais elle reste sous les 50 %, en raison de la contestation des législations sécuritaires, mais surtout parce que les « Abenomics », l’ensemble des mesures destinées à relancer durablement l’économie japonaise (politique monétaire, plans de relance et réformes structurelles), tardent à donner des résultats probants.Possible remaniementLe produit intérieur brut (PIB) entre avril et juin a reculé de 1,2 % en glissement annuel, selon les données révisées, annoncées mardi. Les premières estimations rendues publiques le 17 août évoquaient un repli de 1,6 %.Lire aussi :L’économie japonaise victime d’une rechuteMalgré la baisse de 30 % du yen depuis la fin 2012, le doublement des profits des entreprises et la forte hausse de la Bourse, les investissements restent limités et les salaires ne décollent pas. De quoi mécontenter les Japonais, par ailleurs confrontés au retour l’inflation. En ce mois de septembre, ils doivent ainsi faire face à la hausse des prix de l’alimentation, conséquence du mauvais temps cet été.Conforté, M. Abe pourrait mener un remaniement de son gouvernement en octobre, pour préparer notamment les élections sénatoriales de juillet 2016. Dans cette perspective, estiment des économistes consultés par l’agence Reuters, il y a peu de chances qu’il se lance dans les très attendues – mais impopulaires – réformes structurelles, notamment de la sécurité sociale.Les initiatives attendues dans les mois qui viennent pourraient à nouveau inclure des mesures d’assouplissement monétaire et un plan de relance. De quoi alourdir un peu plus la dette d’un pays, qui atteint les 240 % du PIB.Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.09.2015 à 04h51 • Mis à jour le08.09.2015 à 07h38 La Corée du Nord et la Corée du Sud sont convenues, mardi 8 septembre, d’organiser en octobre une réunion des familles séparées par la guerre (1950-1953), a annoncé le ministère de l’unification sud-coréen.Cette rencontre, la deuxième en cinq ans, se tiendra du 20 au 26 octobre dans la station de montagne nord-coréenne de Kumgang, a ajouté le ministère, qui s’occupe des affaires intercoréennes.100 personnes sélectionnéesD’après la presse coréenne, Séoul souhaitait que cet événement soit organisé avant le 10 octobre, date du 70e anniversaire de la fondation du parti unique au pouvoir en Corée du Nord, de peur que Pyongyang ne s’empare de l’occasion pour commettre un acte provocateur susceptible de faire capoter la rencontre.Aux termes de l’accord conclu dans le village frontalier de Panmunjom, où fut signé le cessez-le-feu de 1953, 100 personnes seront sélectionnées de part et d’autre de la frontière pour prendre part à l’événement.Les discussions entre responsables de la Croix-Rouge des deux Etats rivaux avaient commencé lundi matin et se sont poursuivies durant la nuit. Elles sont le résultat d’un compromis conclu le 25 août pour mettre fin à une crise qui menaçait de précipiter les deux Corées dans un conflit armé.Lire aussi :Après trois semaines de vives tensions, les deux Corées signent un accord66 000 Sud-Coréens sur liste d’attenteDes millions de personnes ont été séparées par le conflit qui avait consacré la division de la péninsule Coréenne. Bon nombre d’entre elles sont mortes sans avoir pu revoir ou parler à leurs familles. Toute communication civile interfrontalière est interdite.Environ 66 000 Sud-Coréens, dont beaucoup d’octogénaires et de nonagénaires, sont sur liste d’attente pour participer à une éventuelle rencontre.Les réunions des familles avaient véritablement commencé après un sommet historique Nord-Sud en 2000. A l’origine, il y avait une rencontre par an mais les tensions qui surgissent régulièrement dans la péninsule avaient eu raison de ce rythme. Plusieurs réunions ont été annulées par la Corée du Nord à la dernière minute.Pyongyang a d’ores et déjà accusé Séoul de vouloir présenter l’accord du 25 août comme un recul nord-coréen, et prévenu qu’il serait jeté aux orties, y compris la clause sur la réunion des familles, si Séoul persistait à émettre des « remarques délirantes ». 08.09.2015 à 02h02 • Mis à jour le08.09.2015 à 07h54 Un « plan d’action » va être dévoilé mardi 8 septembre en faveur des minorités persécutées au Moyen-Orient par les djihadistes de l’Etat islamique (EI), à l’occasion d’une conférence internationale organisée à Paris, selon des sources diplomatiques.Cette conférence, qui sera ouverte par le président français François Hollande, avait été décidée en mars lors d’un débat consacré à ce sujet au Conseil de sécurité de l’ONU. La réunion, coprésidée par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius et par son homologue jordanien, Nasser Judeh, a pour but de tirer les conclusions « des discussions du printemps » et de « proposer une charte d’action », avait précisé M. Fabius.Lire aussi :La France appelle l’ONU à agir pour les minorités au Proche-Orient« Mettre fin à l’impunité »Le « plan d’action », dont les détails seront annoncés mardi après-midi, va prévoir dans ses grandes lignes de « préparer et faciliter le retour volontaire et durable des déplacés, promouvoir des solutions politiques respectueuses des droits de l’homme (…) et mettre fin à l’impunité de ceux qui ont commis des crimes contre les populations pour des raisons d’appartenance ethnique ou de conviction religieuse », a précisé le porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal.S’adressant le 27 mars au Conseil de sécurité, Laurent Fabius avait estimé que la communauté internationale devait tout faire pour permettre le retour chez elles des minorités du Moyen-Orient persécutées par les groupes extrémistes comme l’EI. Il avait évoqué le sort non seulement des chrétiens d’Orient mais aussi des yézidis du Kurdistan irakien ou les Kurdes de Kobané (Syrie). Il ne reste qu’environ 400 000 chrétiens en Irak, contre 1,4 million en 1987.Lire notre décryptage : Qui sont les chrétiens d'Irak ?L’opposition de MoscouLaurent Fabius avait proposé notamment la création d’un fonds d’aide au retour pour financer la reconstruction des habitations et des lieux de culte dans les régions reprises à l’EI. Une soixantaine d’Etats seront représentés mardi à Paris, dont tous les pays concernés et de nombreux Etats de la région, de même que les représentants de nombreuses ONG et de toutes les grandes agences de l’ONU.« Cette initiative servira à dire : ça suffit », a souligné le vice-secrétaire général des Nations unies, Jan Eliasson, lors d’un point-presse lundi au siège de l’Unesco. « Le monde doit réagir de manière plus déterminée », face à l’action de l’EI, a-t-il jugé. « En Irak, il est important de combiner des moyens militaires, qui sont sans aucun doute nécessaires, avec une stratégie politique », notamment de soutien au gouvernement et d’aide aux déplacés, a-t-il estimé.Quant à la Syrie, il faut selon lui « des efforts combinés » des membres du Conseil de sécurité de l’ONU et des pays de la région pour « mettre un terme à l’horreur ». « Pour l’instant, nous n’avons pas eu de résolution forte », a-t-il déploré. Moscou a opposé à plusieurs reprises son veto à des projets de résolution condamnant le pouvoir de Damas. 07.09.2015 à 19h32 • Mis à jour le08.09.2015 à 02h43 C’est la première fois qu’un pays européen tue l’un de ses ressortissants parti faire le djihad en Syrie. David Cameron, le premier ministre britannique, a révélé, lundi 7 septembre devant les députés de la Chambre des communes, que son pays avait mené une attaque aérienne en Syrie, le 21 août, pour tuer trois membres de l’Etat islamique (EI), dont deux Britanniques, Reyaad Kahn et Ruhul Amid .« C’étaient des combattants de l’EI, et je peux affirmer qu’il n’y a pas eu de victime civile », a ajouté M. Cameron, qui a pris soin de souligner que ces frappes n’entraient pas dans le cadre de la coalition internationale contre l’EI, mais avaient été effectuées à titre préventif, pour éviter des attentats. « Nous n’avions pas le choix », a déclaré le premier ministre, qui a précisé que ces hommes étaient en train de recruter et « de préparer des attaques barbares » contre l’Occident et le Royaume-Uni.Ruhul Amid, qui avait 26 ans, a grandi en Ecosse avant de venir vivre à Leicester, dans le centre de l’Angleterre. Reyaad Kahn avait lui 21 ans et était originaire du Pays de Galles. Tous deux sont apparus dans des vidéos de l’EI visant à recruter de nouveaux jeunes, posant avec des Kalachnikov.Une frappe approuvée par le procureur généralM. Cameron a assuré que la frappe avait été validée légalement par le procureur général au nom du droit à l’autodéfense et que le gouvernement se réservait le droit de prendre des actions sans approbation du Parlement quand les intérêts britanniques étaient menacés de manière imminente. M. Cameron a également confirmé qu’il allait tenter d’obtenir le feu vert des élus pour participer aux bombardements effectués par la coalition internationale contre l’EI en Syrie, lors d’un prochain débat parlementaire.Lire aussi :David Cameron veut que Londres intensifie sa lutte contre l’Etat islamique en SyrieEn septembre l’an dernier, il avait obtenu l’autorisation du Parlement pour que la Grande-Bretagne participe aux frappes de la coalition, mais seulement en Irak. Avec l’objectif toutefois d’élargir un jour cette mission à la Syrie.Cette ambition risque de se heurter à la probable élection du pacifiste Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste. Ce dernier a déclaré lundi matin sur la BBC que les frappes « créeraient plus de problèmes qu’elles n’en résoudraient ».Harriet Harman, actuelle leader du Parti travailliste, a demandé au gouvernement de rendre public l’acte légal autorisant la frappe. Interrogé par la BBC, l’ancien procureur général Dominic Grieve a déclaré que l’attaque était justifiable s’il y avait des preuves tangibles de la menace représentée par Reyaad Kahn. Mais il a également ajouté que la décision prise par le gouvernement pourrait être légalement débattue ou contestée. Nicolas Ropert (Ramla (Israël), envoyé spécial) Benyamin Nétanyahou a lancé, mardi 1er septembre, la rentrée scolaire israélienne dans une école primaire d’Ashkelon. Le premier ministre israélien a souhaité bonne chance aux nouveaux élèves. Entouré de petites mains qui agitaient des drapeaux israéliens, il a conseillé aux enfants de surtout briller « en mathématiques et en sciences ».Pas un mot cependant sur les 33 000 élèves privés de rentrée. Le chef du gouvernement, tout comme son ministre de l’éducation, Naftali Bennett, n’ont pas abordé le sujet qui fâche : la grève illimitée lancée depuis ce mardi par les établissements de la Custodie en Terre sainte. Derrière cette appellation se trouvent 47 écoles chrétiennes installées en Israël. Répartis entre la Galilée, le centre du pays et la côte, ces établissements catholiques, protestants et orthodoxes ont décidé d’un mouvement inédit.Lire aussi :Les écoles chrétiennes d’Israël se disent victimes d’étranglement financierDans un communiqué diffusé aux journalistes, le bureau des écoles chrétiennes en Israël pointe les subventions du gouvernement israélien en baisse de « 45 % par rapport à l’an dernier ». Aujourd’hui, une école primaire n’est soutenue qu’à hauteur de « 29 % par le ministère », relève le texte, qui insiste sur « cette discrimination qui doit cesser ». Ces coupes dans les budgets créent en effet « une inégalité de traitement entre l’enseignement juif et l’enseignement chrétien, qui accueille 33 000 élèves de confessions différentes », assène le Père Abdel Massih Fahem, qui dirige les écoles de la Custodie.Installé dans son bureau accolé à l’école Terra-Santa de Ramla, il ne mâche pas ses mots contre un gouvernement israélien qui « sacrifie », selon lui, l’éducation chrétienne, pourtant réputée pour sa qualité.Option « mûrement réfléchie »Les exigences des directeurs des écoles chrétiennes sont simples : être financées de la même manière que les écoles juives non publiques. En effet, les écoles privées ultraorthodoxes juives dépendent dans leur immense majorité à 100 % de l’argent public.Il n’en est pas de même pour les établissements chrétien,s qui sont pourtant reconnus par le gouvernement. « On nous a proposé de devenir des écoles publiques, mais nous avons refusé, car cela reviendrait à perdre l’usage de nos locaux qui pourraient être utilisés en dehors du temps scolaire », se défend l’homme d’Eglise, qui fait visiter son école sans que l’on puisse apercevoir le moindre enfant. Ni dans la cour ni dans les salles de classes. Le mouvement est suivi dans toutes les écoles chrétiennes du pays, sauf à Jérusalem, dont les écoles dépendent de l’Autorité palestinienne.Les professeurs ont été avertis lundi 31 juillet du déclenchement de la grève illimitée. Une option de dernier recours « mûrement réfléchie », précise le communiqué du bureau des écoles chrétiennes. Des discussions sont en cours entre le ministère de l’éducation et les responsables de ces écoles. Mais du côté des directeurs d’établissement, c’est un sentiment de ras-le-bol des promesses non tenues qui domine. Ils ont rencontré la semaine dernière le président israélien, Réouven Rivlin, qui leur a assuré une solution. Naftali Bennett a tenté jusqu’au bout d’empêcher ce mouvement de grève. Mais rien n’y a fait.« Impossible de payer davantage »« Nous ne céderons que quand le ministère de l’éducation nous aura donné raison », lance le Père Abdel. La baisse des financements publics menace l’éducation chrétienne en Israël. Selon les statistiques, les élèves de ces établissements sont à 60 % chrétiens. Les autres sont musulmans, druzes et même juifs. « Nos élèves viennent de la classe moyenne ou parfois de milieux pauvres. Pour beaucoup de familles, il serait impossible de payer davantage que ce que nous leur réclamons déjà chaque année », fait savoir le curé.« C’est peut-être un danger pour la scolarité des élèves, mais nous devons prendre ce risque. Nous sommes prêts à faire ces sacrifices. » Pour le moment, les parents semblent soutenir le mouvement. Avocat à Ramla, ancien élève de l’école Terra-Santa, Rami Saba suit de très près le dossier. Il défend le droit des chrétiens à apprendre dans des écoles qui leur ressemblent. « J’ai plusieurs de mes petits-cousins qui sont scolarisés à Terra-Santa. Dans la famille, nous pensons que la grève est une solution nécessaire, plaide cet Arabe israélien. C’est peut-être un danger pour la scolarité des élèves, mais nous devons prendre ce risque. Nous sommes prêts à faire ces sacrifices. »Il dit espérer beaucoup de la rencontre prévue mercredi 2 septembre à Rome entre le pape François et Réouven Rivlin. Et d’affirmer : « Ce pape est connu pour taper du poing sur la table. C’est ce qu’il faut faire. »Nicolas Ropert (Ramla (Israël), envoyé spécial) 01.09.2015 à 14h09 • Mis à jour le01.09.2015 à 15h00 Le directeur du centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, Mazen Darwich, devrait bien être amnisité par la justice de son pays, a appris Le Monde d’une source proche de l’ancien prisonnier. Détenu pendant trois ans et demi, il avait été remis en liberté le 10 août. La confirmation de son amnistie est attendue le 16 septembre.Militant en Syrie pour la liberté d’expression, Mazen Darwich, 41 ans, est un symbole pour les militants des manifestations pacifiques de 2011 contre le régime de Bachar Al-Assad. Il avait été arrêté le 16 février 2012 à Damas, onze mois après le début du conflit. Lui et deux de ses collègues, Hussein Gharir et Hani Al-Zitani, ont été accusés d’avoir fait l’« apologie du terrorisme ». Mazen Darwich n’a jamais été jugé, son procès ayant été reporté plus de vingt fois.200 000 détenus en Syrie« Ces journalistes et défenseurs des droits de l’homme, qui ne sont coupables d’aucun crime, ont payé un lourd tribut en passant plus de trois ans en prison pour des activités légitimes », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. L’organisation ajoute que le militant aurait dû bénéficier d’un décret signé en 2014 proclamant une amnistie pour certaines accusations contre des militants pacifiques. « L’application de l’amnistie de 2014 à leur cas est une bonne nouvelle, bien que trop tardive », a-t-il ajouté.Mazen Darwich a déjà remporté le prix Roland-Berger pour la dignité humaine en 2011, le prix Reporters sans frontières (RSF), en 2013, et le prix mondial de la liberté de la presse 2015, de l’Unesco.Plus de deux cent mille personnes sont toujours détenues dans des prisons et centres de détention du régime, selon l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme (OSDH). Près de treize mille détenus sont morts sous la torture depuis le début du conflit civil, en mars 2011. Samuel Laurent En 2014, le site ifweweresyrian proposait de rapporter les chiffres du conflit en Syrie à la population de divers pays du monde, afin de mieux mesurer l’ampleur des dommages causés par la guerre. Nous nous sommes inspirés de leur travail avec les derniers chiffres disponibles, rapportés à la population de notre pays. Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.09.2015 à 12h23 • Mis à jour le01.09.2015 à 13h21 | Adrien Le Gal La trêve aura été de courte durée. Après quelques semaines d’apaisement, le premier ministre cambodgien, Hun Sen, est reparti en guerre contre l’opposition. Le 15 août, il a fait arrêter un sénateur, l’accusant de « trahison ». Hong Sok Hour avait publié sur son compte Facebook une fausse copie d’un traité avec le Vietnam, vieux de trente-six ans, présenté comme très défavorable au Cambodge.L’objectif du sénateur ? Flatter le sentiment antivietnamien et rappeler que le gouvernement est l’héritier de celui installé par Hanoï en 1979, à la chute des Khmers rouges. Hong Sok Hour, qui a la double nationalité, cambodgienne et française, risque jusqu’à dix-sept ans de prison.Avec cette arrestation, le Parti du peuple cambodgien (PPC, au pouvoir) et l’opposition (aujourd’hui rassemblée au sein du Parti du sauvetage national du Cambodge, PSNC) semblent retrouver les rapports qui ont toujours été les leurs : féroce répression d’un côté, accusations de servir la cause vietnamienne de l’autre.Depuis le mois d’avril, pourtant, Hun Sen et son vieil adversaire, Sam Rainsy, s’étaient livrés à des scènes de réconciliation inédites. Eux qui ont passé leur vie politique à s’agonir d’injures faisaient subitement assaut d’amabilités, s’engageant dans une « culture de dialogue » – une formule répétée à l’envi. Point d’orgue de cette séquence, un selfie réunissant le chef de l’opposition et le premier ministre, dans un hôtel de Phnom Penh, lors d’un dîner entre les deux hommes et leur famille, le 11 juillet.More than a culture of dialogue, Prime minister Hun Sen n Opposition leader Sam Rainsy in selfie style pic.twitter.com/7935UiG6Vc— Ung Chamroeun (@roubroum) 12 Juillet 2015Opposants « stupides »La page de la crise postélectorale de 2013 semblait alors tournée. L’opposition, qui avait remporté, selon les résultats officiels, 55 députés sur 123 à l’Assemblée nationale (soit un gain de 26 sièges), cessait de revendiquer la victoire, en échange de quelques promesses : une réforme de la Commission électorale, une licence pour une chaîne de télévision et une organisation des élections de 2018 cinq mois avant la date prévue. Mais après avoir habilement agité la carotte, Hun Sen rappelle qu’il n’a pas oublié l’usage du bâton. Alors que des parlementaires d’opposition multiplient les critiques sur le tracé – toujours controversé – de la frontière avec le Vietnam, la justice condamne, le 21 juillet, onze militants du PSNC à des peines allant de sept à vingt ans de prison, pour avoir participé à une manifestation non autorisée. Trois jours plus tard, le Parlement adopte une loi encadrant strictement le travail des ONG.Le 3 août, Hun Sen indique que les élections de 2018 auront bien lieu à la date prévue initialement, se moquant de ses opposants, « stupides », selon lui, de s’être contentés d’un accord de principe. Quant au sénateur Hong Sok Hour, son arrestation a eu lieu avant même que son immunité parlementaire ne soit levée, les autorités estimant qu’il s’agissait d’un « flagrant délit ». « S’il n’y a pas de procédures claires, la culture de dialogue est vaine »« Neuf autres militants des droits de l’homme et partisans de l’opposition ont été arrêtés récemment pour des motifs fallacieux, comme la participation à une manifestation ou la diffusion d’un message antigouvernemental sur Facebook, ajoute Naly Pilorge, directrice de la Ligue cambodgienne des droits de l’homme. Le PPC et le PSNC invoquent la “culture de dialogue” pour trouver des solutions, mais il est difficile de voir comment elle fonctionne en pratique. » « Il s’agissait d’une stratégie du PPC pour réprimer l’opposition, estime Kem Ley, président de Grassroots Democracy, un petit parti fondé en juillet. S’il n’y a pas de procédures claires, la culture de dialogue est vaine. » Aptitude à rebondirPourtant, Sam Rainsy continue d’y croire, a mis en sourdine ses attaques sur la frontière et se concentre sur les élections de 2018. « Hun Sen sait qu’il y a de grandes chances qu’il perde ces élections, et avoir une bonne relation avec Sam Rainsy pourrait le mettre à l’abri de poursuites s’il n’est plus au pouvoir, estime Son Chhay, un député du PSNC. Sam Rainsy, lui, pense qu’il n’a aucune chance d’arriver au pouvoir si Hun Sen refuse de se retirer. »Une défaite du premier ministre, au pouvoir depuis 1985, est pourtant loin d’être acquise. Certes, le facteur démographique joue contre lui : l’argument selon lequel c’est le PPC qui a débarrassé le pays des Khmers rouges en 1979 ne porte pas auprès de la nouvelle génération d’électeurs. Mais Hun Sen a toujours montré son aptitude à rebondir. Lui qui a longtemps été accusé de protéger la minorité vietnamienne a ainsi fait procéder, ces derniers mois, à des expulsions d’immigrés illégaux.Et dans les rangs de l’opposition, si personne ne conteste ouvertement la stratégie de Sam Rainsy, la « culture de dialogue » alimente les frustrations. « Les éléments ultranationalistes y voient, peut-être à juste titre, une capitulation devant le premier ministre, analyse Sebastian Strangio, journaliste australien auteur de Hun Sen’s Cambodia (Yale University Press, 2014). En acceptant de ne plus agiter la question de la frontière, Sam Rainsy risque de creuser le fossé entre les modérés, partisans d’attendre patiemment jusqu’aux prochaines élections, et les radicaux, qui voient le Vietnam comme la source de tous les maux du Cambodge. »Lire aussi :« La stabilité du Cambodge de Hun Sen est bâtie sur du sable »Adrien Le GalEditeur au service internationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.09.2015 à 11h34 • Mis à jour le01.09.2015 à 11h58 Il y a bien eu « atteinte à la dignité ». La Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Italie, mardi 1er septembre, pour les conditions dans lesquelles des migrants tunisiens avaient été placés en rétention sur l’île de Lampedusa, avant d’être refoulés collectivement vers la Tunisie en 2011, durant les événements liés au printemps arabe.Les juges de Strasbourg, dont l’arrêt est susceptible d’appel sous trois mois devant la Grande Chambre de la CEDH, avaient été saisis par trois ressortissants tunisiens. Ayant fui la Tunisie par la mer en septembre 2011, ils avaient été escortés par les autorités italiennes jusqu’à un centre d’accueil à Contrada Imbriacola, sur l’île de Lampedusa, avant d’être expulsés avec un groupe de migrants vers la Tunise.Traitement inhumainTout en reconnaissant le caractère exceptionnel de la crise humanitaire à laquelle l’Italie était confrontée – près de 55 300 migrants avaient débarqué sur l’île de Lampedusa au moment des faits – la Cour a jugé que les conditions d’accueil dans ce centre constituaient un traitement inhumain ou dégradant : sanitaires et douches dénuées de portes, surpeuplement, couchage à même le sol et distribution limitée d’eau courante, interdiction de contact avec l’extérieur...Lire : Lampedusa, l'île où l'on ne "vient" pasSur le fond, la Cour a également jugé que la détention des requérants était « irrégulière. »« Dénuée de base légale, les raisons leur en sont restées inconnues et ils n’ont pas pu la contester ».Par ailleurs, la justice européenne estime que la pratique des expulsions collectives de migrants irréguliers violait la convention européenne des droits de l’homme. « Leurs décrets de refoulement ne faisant pas référence à leur situation personnelle », relève en effet la Cour.L’Italie devra verser à chacun des requérants 10 000 euros pour dommage moral, et conjointement 9 344,51 euros pour frais et dépens.  01.09.2015 à 11h12 • Mis à jour le01.09.2015 à 14h09 | Sandrine Morel (Melilla (Espagne), envoyée spéciale) Finis les assauts continus contre les clôtures, les images de migrants perchés sur des grilles, et le bruit infernal de l’hélicoptère en pleine nuit. Le calme semble régner dans l’enclave espagnole de Melilla, située au nord-est du Maroc. Depuis quatre mois, les triples grillages de six mètres de haut et 11,5 kilomètres de long n’ont connu aucune intrusion de migrants. La seule « tentative », le 3 août, a été déjouée avant même que les migrants ne s’approchent des barbelés. « Si nous ne faisons plus la “une” de la presse à cause du problème de l’immigration illégale, c’est qu’il n’y a plus de problème, a tranché, fin juillet, le président de Melilla, Juan José Imbroda. L’Espagne a fait du très bon travail. »Depuis le début de l’année, à peine une centaine de personnes sur les 3 700 qui ont essayé sont entrées à Melilla par les grillages. L’an dernier, 2 100 migrants avaient atteint leur but, sur les 19 000 à avoir tenté leur chance. Forte de ces résultats, la garde civile espagnole est même allée offrir son expertise à la Hongrie, lors de la récente construction d’un mur de barbelé à sa frontière avec la Serbie.Dans ses bureaux de Melilla, le colonel Ambrosio Martin Villaseñor, chef de la garde civile, refuse cependant de crier victoire : « C’est une partie d’échecs. Nous ne devons pas baisser la garde. A chaque complication que nous posons, les migrants cherchent des solutions. » Lire aussi notre enquête : Le journal d'un migrant à MelillaFlou juridiquePour déjouer les assauts des migrants, l’Espagne a renforcé matériellement, légalement et humainement le mur de fer qui sépare le Maroc de l’Espagne, l’un des points de passage entre l’Afrique et l’Europe. Depuis la vague de 2014, des renforts ont été dépêchés dans l’enclave d’à peine 12 km2 où œuvrent déjà 650 gardes civils.Une loi controversée dite « de sécurité citoyenne », entrée en vigueur au printemps, a donné un cadre légal au « rejet à la frontière » jusqu’alors pratiqué dans un certain flou juridique, afin de permettre aux gardes civils de refouler côté marocain, par de petites portes dans les grillages, les migrants qui viennent de poser le pied côté espagnol sans que ceux-ci puissent demander l’asile.Enfin, l’Espagne a implanté d’étroites mailles anti-escalade afin d’empêcher les migrants de s’agripper aux barrières, même si certains viennent à présent munis de crochets. A peine touchées, les grilles, dotées de senseurs et de caméras, déclenchent une alarme dans la salle de contrôle du siège de la garde civile. Les unités stationnées à proximité ne tardent pas longtemps à se poster côté espagnol, tandis que les forces de l’ordre communiquent à leurs homologues marocains le lieu de l’approche.Lire aussi :Fermer les frontières « n’arrête pas un migrant prêt à risquer sa vie »« Le tonnerre gronde ailleurs »Car aucune de ces mesures ne serait suffisante sans la coopération du Maroc. De l’autre côté des grillages espagnols, le royaume chérifien a fini d’installer en 2015 ses propres barbelés, a creusé un fossé et a posté de nombreuses patrouilles dans des tentes militaires, afin de les surveiller. Et surtout, il a démantelé les campements de fortune du mont Gourougou, où des centaines, voire des milliers, de migrants subsahariens attendaient leur heure pour franchir les portes de l’Europe, y revenant après chaque échec.« La police marocaine nous poursuit. Elle nous fatigue. Elle casse tout. Elle a détruit notre ghetto », raconte Abdullah Baldé, un Guinéen de 20 ans, devant les portes du Centre de séjour temporaire des immigrés (CETI) de Melilla. Abdullah assure qu’il est passé seul, à la quatrième tentative, il y a un mois, car « en groupe, on est vite repéré ».« On renvoie les migrants avec violence et on devrait s’en féliciter ?, s’indigne José Palazon, président de l’association d’aide à l’enfance Prodein. Lorsque le silence règne ici, le tonnerre gronde ailleurs. Ceux que l’on refoule ici vont ensuite tenter la traversée en mer. » Si l’Espagne est aujourd’hui loin d’être aussi exposée que la Grèce ou l’Italie, il fut un temps où elle connut, elle aussi, une grave crise migratoire.En 2006, un an après l’annonce de la régularisation de près de 400 000 sans-papiers par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, 39 000 personnes étaient parvenues à entrer illégalement dans le pays, en particulier via les îles Canaries, et beaucoup d’autres avaient disparu pendant la traversée. En 2014, à peine 300 migrants ont pris la mer pour rejoindre les Canaries.Le nombre de migrants a augmenté« La route atlantique s’est asséchée grâce à la coopération avec le Sénégal, la Mauritanie et le Mali et aux patrouilles conjointes sur terre, en mer et dans les airs », résume le colonel Villaseñor. Pour parvenir à couper cette voie, le gouvernement de M. Zapatero avait travaillé sur trois fronts : la surveillance avec l’aide de l’agence européenne Frontex, la coopération policière avec les pays d’origine et l’aide au développement en direction du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie en particulier.L’Espagne est-elle parvenue à couper à présent la voie de Melilla ? Rien n’est moins sûr. Car si les assauts des grillages ont cessé ces derniers mois, le nombre de migrants a augmenté. Alors que 5 300 entrées ont été recensées en 2014 (par le mur, mais aussi en bateau, à l’aide de faux documents ou cachés dans des véhicules), on en compte déjà 5 800 sur les huit premiers mois de l’année.La plupart rêve d’Allemagne, comme Mohammed Hamoud, 20 ans, qui discute sur le terrain vague qui borde le CETI avec d’autres compagnons d’infortune. Lui s’est d’abord rendu de Damas à Istanbul, d’où il a pris un avion pour la Mauritanie avant de louer une voiture pour parcourir les 3 000 km qui le séparaient encore de Melilla. « Aucun Syrien ne souhaite rester en Espagne. Ils savent qu’il y a beaucoup de chômage [22 % des actifs] et que les salaires sont bas », assure un policier du bureau d’asile. Le Maroc et l’Espagne ne sont que des étapes de plus dans leur long périple. Et Melilla les regarde à peine passer.Lire aussi :En Espagne, un migrant meurt asphyxié dans une valise, quatre autres se noient en MéditerranéeSandrine Morel (Melilla (Espagne), envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) Les enquêteurs thaïlandais ont ils, cette fois, appréhendé le responsable de l’attentat de Bangkok ? Le premier ministre et chef de la junte militaire, Prayuth Chan-ocha, a annoncé, mardi 1er septembre, qu’un « étranger » – désormais « principal suspect » de l’attentat qui a fait 20 morts le 17 août dans le centre de Bangkok – venait d’être arrêté à la frontière cambodgienne.Le porte-parole de la police thaïlandaise, le lieutenant-général Prawut Thavornsiri, a indiqué plus tard, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Bangkok en fin d’après midi, que la nationalité du suspect n’a pas encore pu être établie. Il a cependant précisé que l’individu s’exprimait en anglais, et qu’il était interrogé par la sécurité militaire – depuis le coup d’Etat de mai 2014, la justice thaïlandaise est sous le contrôle de l’armée.Les enquêteurs estiment qu’il ressemble à « l’homme à la chemise jaune » que les caméras de surveillance avaient filmé près du temple Erawan, lieu de l’explosion, le montrant en train de glisser discrètement un gros sac à dos sous un banc, quelque temps avant l’explosion. Il est « probablement » celui qui a placé la bombe dans un temple fréquenté par les touristes au centre de Bangkok, a indiqué un autre responsable policier.Passeport chinoisLa télévision Thai Rath a diffusé mardi soir un court reportage où l’on voit l’homme arrêté entouré de soldats : il a la tête penchée, les yeux dissimulés par des lunettes de soleil. L’air sombre, il reste silencieux sous sa casquette de base-ball noire. Il a par la suite été ramené à Bangkok en hélicoptère.Depuis le milieu de l’après-midi, des médias thaïs diffusent la photo du passeport qu’ils affirment être celui du suspect : c’est un passeport chinois au nom de Mieraili Yussufu, né en octobre 1989 au Xinjiang, une province située à l’ouest de la République populaire de Chine et berceau de la population ouïgoure, une minorité turcophone et musulmane.Si la nationalité du suspect se confirmait, cela relancerait la théorie selon laquelle les responsables de l’attentat seraient des Ouïgours, ou des terroristes agissant en leur nom. Ils auraient ainsi voulu frapper le pouvoir thaï qui avait, en juillet, renvoyé en Chine plus d’une centaine de migrants clandestins de cette ethnie réprimée par le régime de Pékin. Au minimum, les expulsés risquent d’être accusés en Chine d’« émigration illégale », voire pire si certains d’entre eux ont pu à leur retour être taxés de « séparatisme », à un moment où l’agitation antichinoise croît au Xinjiang et que s’aiguise la répression d’Etat, notamment dans le but de limiter la liberté religieuse de ces musulmans d’Asie centrale.Jusqu’à présent, la junte militaire tentait de minimiser la possibilité de la piste d’un groupe terroriste international, redoutant que sa décision d’expulser les Ouïgours ne soit vue comme la cause de l’attentat. L’explosion a tué 20 personnes, dont 14 étrangers, essentiellement des touristes chinois. Le but de l’attentat aurait été tout à la fois de frapper l’industrie touristique thaïlandaise et de tuer des Chinois…Lire aussi :L’imprévisible pétaudière thaïlandaiseCertains analystes ont évoqué la possibilité que les responsables de cet acte puissent être non pas une organisation islamiste désireuse de venger des musulmans, mais plutôt un groupe turc d’extrême droite défendant des Ouïgours au nom d’une philosophie panturque.Mandat d’arrêt contre une ThaïlandaiseUn premier suspect, âgé d’une trentaine d’années et porteur d’un faux passeport turc, avait été arrêté samedi dans un quartier où vivent de nombreux musulmans, en périphérie de Bangkok. Et en fin de semaine, les autorités avaient lancé un mandat d’arrêt contre une femme suspectée d’avoir partie liée avec les organisateurs du plus sanglant attentat jamais organisé à Bangkok : il s’agit d’une Thaïlandaise de 26 ans, de religion musulmane, nommée Wanna Suansan et dont une photo montre sa tête ceinte d’un hidjab, le foulard islamique. Dans un appartement loué à son nom à Bangkok, les policiers avaient retrouvé du matériel servant à assembler un engin explosif.Contactée par l’Agence France-Presse par téléphone, une femme du même nom, choquée d’apprendre que la police la recherchait, avait pourtant affirmé un peu plus tard habiter en Turquie dans la ville de Kayseri, située dans le centre de l’Anatolie, où elle réside avec son mari.La jeune femme, originaire de la province de Phang Nga, au sud de la Thaïlande et où vit une importante communauté musulmane, avait affirmé ne pas avoir mis les pieds depuis le mois de juin dans cet appartement qu’elle sous-louait à un ami de son mari et s’est dite prête à revenir en Thaïlande pour prouver sa bonne foi.La police a également diffusé dans l’après-midi de mardi les photos de trois autres suspects, contre lesquels des mandats d’arrêt ont été lancés pour « possession illégale d’explosifs ». L’un des deux est turc, l’autre pourrait être un Ouïgour de nationalité chinoise. Un dernier développement qui confirme l’existence d’un plus vaste réseau chargé de frapper au cœur de la capitale thaïlandaise.Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.09.2015 à 10h07 • Mis à jour le01.09.2015 à 10h45 Un kamikaze taliban s’est fait exploser mardi 1er septembre devant un édifice gouvernemental dans le nord-ouest du Pakistan, faisant au moins six morts et une trentaine de blessés, ont annoncé les autorités locales.L’attentat a été commis dans la ville de Jamrud, située dans la zone tribale de Khyber, où le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP) est très actif, et a perpétré des centaines d’attaques depuis sa formation en 2007. L’attaque a été revendiquée sur Twitter par le porte-parole des talibans.Lire : Le Pakistan et l’Afghanistan vont collaborer contre les talibansDes centaines d’attaques depuis 2007Les forces pakistanaises avaient lancé en juin 2014 une vaste opération contre les fiefs talibans au Waziristan du Nord, une zone tribale ayant servi de sanctuaire et de base arrière à de nombreux groupes djihadistes depuis plus d’une décennie. Ils avaient ensuite étendu leurs raids au secteur de Khyber.Le chef de la diplomatie pakistanaise, Sartaj Aziz, avait d’ailleurs soutenu lundi 31 août que le réseau Haqqani, importante branche des talibans afghans figurant sur la liste noire américaine des organisations terroristes, avait été presque totalement éradiqué du pays grâce à cette opération militaire.Lire aussi :Afghanistan : les talibans démentent la mort du chef du réseau d’insurgés HaqqaniLes talibans afghans concentrent leurs attaques contre les soldats de l’OTAN et les forces locales en Afghanistan, tandis que les talibans pakistanais ciblent les symboles du pouvoir au Pakistan. Les attentats perpétrés par ces mouvements font aussi un nombre important de victimes civiles. 01.09.2015 à 03h37 • Mis à jour le01.09.2015 à 08h06 Le président américain Barack Obama a lancé lundi 31 août une mise en garde à la communauté internationale sur le changement climatique : « Nous n’agissons pas assez vite. »« Le climat change plus rapidement que nos efforts pour y répondre », a déclaré M. Obama à Anchorage, en Alaska, lors d’une conférence internationale sur l’Arctique, à laquelle sont représentés les huit pays riverains de l’Arctique ainsi que les Etats concernés par le réchauffement climatique. « Aucune des nations représentées ici n’avance assez vite » alors que le changement climatique représente une « menace urgente et grandissante », selon le président américain.« Nous ne pouvons nier la science »« La science est de plus en plus précise et prouve que ce qui fut une menace lointaine est désormais une réalité », a-t-il poursuivi, évoquant « un défi qui définira les contours de ce siècle de manière plus spectaculaire que tout autre ». L’objectif de la communauté internationale est de limiter à 2 °C la hausse des températures pour éviter un emballement climatique.Le président américain a également profité de cette allocution dans un Etat qui se trouve en première ligne face au réchauffement pour dénoncer l’attitude de nombre d’élus républicains qui contestent la responsabilité humaine dans les changements en cours. « Nous pouvons avoir un débat légitime sur la façon de répondre à ce problème, nous ne pouvons nier la science », a-t-il lancé. « Ce n’est plus l’heure de plaider l’ignorance », a-t-il ajouté à l’attention des élus qui répondent qu’ils ne sont « pas scientifiques » lorsqu’ils sont interrogés sur le sujet. « Ceux qui veulent ignorer la science sont de plus en plus seuls, ils sont sur une île qui est en train de disparaître », a encore ajouté M. Obama.Sommet du double langageLa visite très médiatisée de Barack Obama en Alaska, qui doit prendre fin mercredi, est dénoncée comme le sommet du double langage par les associations écologistes, qui ne pardonnent pas au président d’avoir donné son feu vert aux forages pétroliers que compte entreprendre la compagnie anglo-néerlandaise Shell dans la mer des Tchouktches.Lire :Obama en Alaska pour convaincre les Américains du réchauffement climatiqueM. Obama réfute ces accusations, rappelant que Shell avait acquis son permis d’exploiter du temps de son prédécesseur, George W. Bush. Samedi 29 août dans son allocution hebdomadaire, le président américain a toutefois mis en avant son souci d’assurer l’indépendance énergétique des Etats-Unis en poursuivant l’exploitation du gaz et du pétrole domestiques, en attendant que les énergies renouvelables prennent le relais. 31.08.2015 à 23h47 • Mis à jour le01.09.2015 à 10h23 En pointe sur le dossier de la crise migratoire en Europe, la chancelière allemande Angela Merkel a souligné lundi 31 août que l’Union européenne (UE) devait « avancer » par la négociation dans sa résolution de la crise, sans quoi elle risquait de « casser » son lien fondamental avec les droits de l’homme.« Les droits civils universels ont été jusqu’à présent étroitement liés à l’Europe et à son histoire, en tant que principe fondateur de l’Union européenne », a-t-elle estimé lors d’une conférence de presse d’une heure et demie à Berlin.« Si l’Europe échoue dans la crise des réfugiés, ce lien avec les droits civils universels sera rompu, il sera détruit et ce ne sera pas l’Europe que nous nous représentons, ce ne sera plus l’Europe dont nous devons toujours aujourd’hui développer le mythe fondateur. »Mme Merkel a une nouvelle fois appelé à la mise en place de quotas d’accueil par pays européen pour les migrants qui arrivent en Europe, sur le modèle de la répartition fixée chaque année entre Etats-régions allemands. Une idée rejetée par de nombreux pays européens, notamment la France. « Si l’on n’arrive pas à une répartition équitable [des réfugiés en Europe] alors la question de [l’avenir de la zone de libre circulation] Schengen se posera. Nous ne voulons pas ça », a-t-elle dit.Lire :Crise des migrants : les drames se succèdent, sans réponse politique communePour une « direction commune »La chancelière a en revanche écarté l’idée, avancée lundi matin par la ministre autrichienne de l’intérieur, Johanna Mikl-Leitner, sur la chaîne allemande ZDF, de réduire les aides financières européennes à l’encontre des pays qui rechignent à accueillir plus de réfugiés. « Je ne veux pas sortir maintenant tous les instruments de torture. Nous voulons trouver une solution en bons camarades », a-t-elle répondu, appelant les Etats de l’UE à adopter « une direction aussi commune que possible ».Mais « si l’on commence à dire “je ne veux pas de musulmans” (…), ça ne peut pas être bon », a-t-elle dit, relevant que l’Europe s’est construite sur le principe de la « dignité de chaque être humain » et rappelant, notamment aux Allemands, que « l’islam fait bien sûr partie de l’Allemagne ».Lire aussi l'éditorial du « Monde » :Migrants et réfugiés : Europe, réveille-toi !La dirigeante allemande a par ailleurs jugé que l’Allemagne, qui s’attend à recevoir 800 000 demandes d’asile cette année, soit quatre fois plus qu’en 2014, était assez « forte » pour surmonter le défi que représente ce flux sans précédent de nouveaux arrivants. A l’heure ou Mme Merkel s’exprimait, des centaines de migrants tentaient de rejoindre l’Allemagne et l’Autriche par le train depuis la Hongrie. Après les avoir retenus, les autorités hongroises ont laissé partir des migrants qui avaient passé des jours dans des gares de Budapest transformées en camps de réfugiés improvisés.« Le monde voit en l’Allemagne comme une terre d’espoir et d’opportunités, et cela n’a pas toujours été le cas », a souligné la chancelière, assurant que l’économie du pays était « solide » et son marché du travail « robuste et même prêt à absorber » de la main-d’œuvre. A l’occasion d’une visite à Calais, lundi, en compagnie du premier ministre, Manuel Valls, le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, avait aussi reconnu que si « les chiffres d’arrivées sont importants », ils sont « tout à fait gérables pour un ensemble de 500 millions d’habitants ».Lire aussi :800 000 demandeurs d’asile attendus en Allemagne en 2015, un record« Devoir humanitaire »Mme Merkel a annoncé la présentation d’ici au 24 septembre d’un train de mesures complètes pour adapter la législation allemande à la situation, pour accélérer notamment le traitement des demandes d’asile, l’aide et le logement aux réfugiés. « L’exactitude allemande c’est super, mais là nous avons besoin de la flexibilité allemande », a-t-elle déclaré, promettant, sans donner de chiffres, que l’Etat fédéral ferait « plus » pour soutenir communes et régions. « On y arrivera », a martelé la chef du gouvernement.Enfin, Mme Merkel a une nouvelle fois promis que l’extrême droite ne bénéficierait d’aucune « tolérance », alors que les actes racistes se sont multipliés ces dernières semaines, tout en exprimant sa « fierté et sa gratitude » pour les « innombrables » personnes aidant les migrants en Allemagne.Interrogée sur le souhait de ses partenaires sociaux-démocrates d’adopter une grande loi sur l’immigration, elle a estimé que ce n’était « pas le plus urgent pour l’instant ». « Nous devons d’abord nous préoccuper de remplir notre devoir humanitaire », a-t-elle insisté. Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) En 2003, alors conseiller du ministre des affaires étrangères Dominique de Villepin, Bruno Le Maire avait contribué à l’opposition française contre une intervention militaire américaine en Irak. C’était dans une vie antérieure de diplomate. Aujourd’hui, futur candidat aux primaires à droite pour l’élection présidentielle, le voilà en visite en Israël, vendredi 4 septembre, pour plaider en faveur d’une opération terrestre en Syrie contre l’organisation Etat islamique (EI), qui ne fait pourtant guère l’unanimité dans son camp. La différence entre les deux époques ? Il y a douze ans, il ne voyait pas de « menace ». A présent, elle saute aux yeux du monde et entraîne l’afflux de réfugiés en Europe.Lire aussi :Etat islamique : la droite française divisée face à la stratégie à adopter« La politique internationale est affaire d’intérêts avant tout, reconnaît le député de l’Eure. Et le premier intérêt est celui de notre sécurité. » Pour l’ancien ministre, un « monde nouveau » émerge, « un siècle d’histoire se referme » avec l’effondrement d’Etats au Moyen-Orient et « la France doit passer à l’offensive ». Bruno Le Maire souhaite que Paris « obtienne une résolution aux Nations unies au titre du chapitre VII permettant de construire une coalition internationale pour mettre fin aux projets politiques de Daech [acronyme arabe de l’EI] ». Le temps presse, à l’écouter. La menace que fait planer l’Etat islamique sur le Liban représente « une ligne rouge absolue pour la République française ».Interrogé sur le calendrier politique américain, qui rend peu vraisemblable une participation de Washington à une opération terrestre à l’approche des primaires, Bruno Le Maire estime que la responsabilité d’une telle mission incomberait d’abord aux pays arabes et européens.L’ancien ministre considère que les « conditions politiques n’ont jamais été aussi favorables » à une intervention, citant l’évolution des positions turque et russe. Mais l’éventuel soutien de Moscou aurait un double prix : ne plus considérer la guerre en Ukraine comme « une priorité absolue » et cesser de réclamer la tête de Bachar Al-Assad. « Ne faisons pas d’Assad un préalable, explique Bruno Le Maire. Si on le fait, il y aura un veto de la Russie au Conseil de sécurité. (…) On ne peut pas déterminer par avance quel serait l’objectif politique [d’une intervention]. L’objectif stratégique est de défaire Daech. »Lire aussi :Paris étudie la possibilité de frappes en Syrie« Des schémas du passé »L’hypothèse d’une opération aérienne ou terrestre à laquelle participerait la France est loin de faire consensus au sein de la majorité comme du parti Les Républicains. « Il faut qu’on intervienne, a déclaré vendredi son directeur Frédéric Péchenard, proche de Nicolas Sarkozy. S’il faut l’aviation, on envoie l’aviation, s’il faut des troupes au sol, on envoie des troupes au sol. » En revanche, François Fillon et Alain Juppé ont tous deux exprimé leur opposition à l’idée d’une opération terrestre. « Certains réfléchissent avec des schémas du passé », lance Bruno Le Maire.Lire aussi :Sarkozy, une contre-diplomatie très politiqueSur la question des migrants, qui secoue et divise l’Union européenne, le député appelle à refuser « la politique de l’autruche qui consiste à nier le problème ou à le traiter seulement de façon humanitaire ». Selon lui, « l’Europe doit accueillir tous ceux qui sont menacés par l’islam radical ». Mais dans le même mouvement, il exprime deux réserves majeures. Il se dit opposé à l’idée d’une répartition par quotas des réfugiés, entre membres de l’UE. Par ailleurs, il insiste sur la distinction – bien difficile parfois à établir – entre les migrants fuyant des persécutions religieuses et politiques, et ceux mus par une motivation économique. Ces derniers devraient être reconduits hors de France dans les meilleurs délais, dit-il, en feignant d’ignorer le problème fréquent d’identification du pays d’origine. Bruno Le Maire souhaite que les demandes de droit d’asile soient examinées dans un délai maximum de « deux à trois mois, contre vingt-quatre aujourd’hui ». « S’il s’agit de réfugiés économiques, ils n’ont pas leur place en France », plaide-t-il, tout en se disant favorable à l’ouverture de centres d’accueil pour les réfugiés de Syrie ou d’Irak fuyant devant les djihadistes.Interrogé sur le faible élan de solidarité et d’empathie constaté en France par rapport à l’Allemagne à l’égard des réfugiés, Bruno Le Maire rejette la comparaison entre les deux pays. L’Allemagne a besoin de main-d’œuvre et jouit d’un très faible taux de chômage, dit-il, alors que la France doit aussi gérer l’immigration d’Afrique. « La pauvreté rend égoïste. La France est un pays en grande difficulté qui s’appauvrit. Les gens disent : on ne va pas pouvoir accueillir beaucoup de monde dans de bonnes conditions alors qu’on n’est même pas capable de traiter dignement beaucoup de Français. »A Jérusalem, Bruno Le Maire a rencontré le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Samedi, il doit aussi être reçu par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Mais le conflit israélo-palestinien lui semble bien secondaire par rapport à la menace djihadiste. Voilà pourquoi l’ancien diplomate estime « vouée à l’échec » l’initiative française, en vue d’une résolution à l’ONU fixant les paramètres d’une résolution du conflit. L’Elysée se serait, à ses yeux, trompé d’agenda et de priorité. Il ne s’agit plus, estime-t-il, de se focaliser sur un Etat palestinien hypothétique, mais de « repartir sur une base plus pragmatique donnant la possibilité aux Palestiniens d’avoir une vie digne, un métier, une bonne formation. » Il est peu probable que M. Nétanyahou trouve à redire à une telle approche.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves-Michel Riols et Nathalie Guibert La France n’exclut plus de mener des frappes en Syrie contre l’Etat islamique (EI). Selon les informations du Monde, l’exécutif étudie cette option, qui fait débat au sein même du gouvernement. Le sujet a été abordé lors d’un conseil restreint de défense réuni par le président François Hollande, vendredi 4 septembre au matin, sur la crise syrienne. Jusqu’à présent, cette éventualité était purement et simplement écartée. Paris limitait à l’Irak sa participation à la campagne aérienne menée contre l’EI, avec une place qualifiée par l’état-major « d’équipier » dans la coalition militaire dirigée par les Etats-Unis. En Syrie, la France fournit conseils et armes aux rebelles « modérés ».L’exode accéléré des Syriens, l’échec de la coalition à faire reculer l’EI, ou encore le renforcement possible de la présence militaire russe sur le terrain sont en train de bousculer la position française.Ces derniers jours, plusieurs responsables laissaient entendre que la conviction du chef de l’Etat était faite. « Il ne serait pas aberrant d’avoir de la continuité dans notre action, là où on équipe, on forme, on soutient par ailleurs des forces » contre l’EI, c’est-à-dire en Syrie, a expliqué au Monde une source de haut niveau. « La décision est prise », affirmait même un expert bien informé, sans que l’on sache à quelle échéance, dans les prochains mois, de premières missions de reconnaissance pourraient être menées en Syrie par les Mirage 2000 basés en Jordanie ou les Rafale d’Abou Dhabi intégrés aux plans américains.Lire aussi :Premiers raids aériens de la Turquie en Syrie avec la coalition« Neutraliser » Bachar Al-AssadM. Hollande doit préciser ses orientations lors de sa conférence de presse de rentrée, lundi 7 septembre. Pour la France, pays désigné comme une des cibles privilégiées des terroristes de l’EI, une action en Syrie relève de la cohérence, souligne-t-on à Paris.« Est-on en capacité de frapper efficacement ? Sans nul doute. De frapper sans dommages collatéraux ? C’est plus difficile », résume une source de haut niveau. Paris affiche une attitude prudente. La priorité pourrait être donnée à des vols de reconnaissance et de renseignement. Les avions français pourraient aussi se concentrer sur les territoires syriens totalement occupés par l’EI, visant ses centres de commandement et sa logistique.Lire aussi :La coalition anti-EI discrète sur les victimes civiles en Irak et en SyrieMais pour l’heure, diplomates et experts admettent qu’aucune perspective politique ne se dessine. Jusqu’à présent, les Occidentaux ont toujours invoqué la feuille de route édictée lors des conférences de Genève, en 2012 et 2014, qui veut que toute négociation en Syrie aboutisse à la formation par « consentement mutuel » d’un gouvernement de transition, « doté des pleins pouvoirs exécutifs », ce qui suppose que M. Assad n’y joue aucun rôle.Lors de la réunion des ambassadeurs à l’Elysée fin août, le chef de l’Etat a parlé de « neutraliser » Bachar Al-Assad. Décryptage élyséen : « Cela signifie faire en sorte qu’il ne soit pas un obstacle à la négociation. » Et non plus : s’en débarrasser au préalable. Laurent Fabius a précisé, le 28 août : « C’est la seule solution, s’il en est encore temps. Nous en discutons avec les Arabes, les Américains, les Russes, les Turcs, les Iraniens. » Le discours s’est nuancé. Les solutions sont toujours aussi lointaines.Lire l'intégralité de notre enquête (en édition abonnés) :François Hollande envisage de frapper l’Etat islamique en SyrieYves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.09.2015 à 18h30 • Mis à jour le04.09.2015 à 20h19 Les autorités cubaines ont annoncé, vendredi 4 septembre, qu’elles allaient permettre aux médecins ayant fait défection à l’étranger de revenir sans conditions, une mesure sans précédent pour cette catégorie professionnelle depuis l’avènement du régime castriste.A l’exception de certains opposants, les médecins et infirmiers exilés étaient les derniers à être frappés de restrictions au retour sur l’île. Ayant déserté lors de « missions internationales », ils pourront également retrouver un poste équivalent à leur dernière affectation dans le système de santé cubain, a annoncé le ministère de la santé dans un communiqué publié par les médias d’Etat.Depuis les années 1960, les médecins « déserteurs » étaient frappés d’une interdiction de retour, même pour des visites ponctuelles, qui pouvait varier de quelques années au bannissement à vie, selon les cas.La désertion, pratique courante à CubaCes nouvelles mesures concernent également les professionnels de santé qui ont émigré légalement depuis la réforme migratoire de 2013. Cette réforme avait assoupli les conditions de départ et de retour des Cubains, mais elle ne garantissait pas la réinsertion professionnelle des personnes concernées.Avant la réforme migratoire, les conditions de voyage des professionnels de santé, comme les universitaires et les sportifs, étaient strictement réglementées pour éviter la fuite de cerveaux et de talents.Lire aussi : Des footballeurs cubains désertent en pleine gold cupAucun chiffre officiel n’a jamais été publié par les autorités cubaines sur les défections des membres des missions médicales internationales, qui constituent la première source de revenus pour l’Etat cubain. A ce jour, environ 50 000 médecins et professionnels de santé déployés dans 68 pays, principalement au Brésil et au Venezuela, rapportent à l’Etat quelque 10 milliards de dollars annuels (9 milliards d’euros).Dans certains pays, comme Haïti et la Dominique actuellement, ces services ne sont pas facturés. Selon le ministère de la santé, Cuba présente, avec 85 000 médecins, le meilleur indice de couverture médicale du monde, avec 7,7 médecins pour 1 000 habitants, soit un médecin pour 130 personnes. Ce chiffre comprend toutefois les 25 000 médecins déployés à l’étranger ; ce qui réduit la présence médicale effective sur le territoire à 5,4 pour 1 000 habitants, selon le ministère.La décision du régime castriste survient après le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba cet été et la réouverture symbolique des ambassades respectives à La Havane et Washington. 04.09.2015 à 17h28 • Mis à jour le04.09.2015 à 18h06 Critiqué pour son manque d’implication dans la crise migratoire, le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé de nouveaux engagements du Royaume-Uni, vendredi 4 septembre. Comme pour nombre de ses homologues européens, ces décisions font suite à la publication de la photo du petit Aylan, l’enfant retrouvé mort sur une plage turque mercredi.Depuis Madrid, où il rencontrait le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, M. Cameron a ainsi annoncé que le Royaume-Uni allait débloquer 100 millions de livres (137 millions d’euros) d’aide supplémentaire pour la crise humanitaire en Syrie, portant ainsi à 1 milliard de livres (près de 1,4 milliard d’euros) la contribution britannique, la plus élevée de l’histoire du Royaume-Uni.Le premier ministre a ajouté que 60 millions de livres (82 millions d’euros) seraient destinés directement à aider les personnes en Syrie et que le reste irait aux pays voisins, comme la Turquie, le Liban et la Jordanie, qui comptent tous de nombreux camps d’accueil des réfugiés.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLe Royaume-Uni va accueillir plus de réfugiésPlus tôt à Lisbonne, David Cameron avait déjà pris l’engagement d’accueillir plus de migrants sur le territoire britannique.« Face à l’ampleur de la crise et à la souffrance des gens, je peux annoncer aujourd’hui que nous ferons davantage, en accueillant des milliers de réfugiés syriens supplémentaires. »M. Cameron n’a pas donné de chiffres précis. Une porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) évoquait toutefois 4 000 personnes supplémentaires.« S’il proposait d’accueillir 10 000 migrants syriens, cela placerait le Royaume-Uni au niveau d’autres pays européens qui ont pris les devants en offrant un havre à des réfugiés vulnérables », a de son côté réagi le responsable de l’organisation Oxfam, Mark Goldring.Le premier ministre britannique a insisté sur la nécessité de ne retenir que des personnes se trouvant dans des camps de réfugiés des Nations unies dans les pays voisins de la Syrie, afin de ne pas encourager de périlleuses traversées par la mer. En référence à la photo du petit Aylan, David Cameron a fait part de son émotion.« En tant que père et en tant qu’être humain, on ne peut qu’être bouleversé par ces terribles photos. Ces images resteront en nous tous pour très, très longtemps. »Lire aussi :Réfugiés : une photo pour ouvrir les yeux Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55ea27ad24670'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 17\r\n \r\n \r\nApr\u00e8s avoir pass\u00e9 plusieurs jours \u00e0 camper des les gares hongroises, des milliers de migrants se sont mis en marche vendredi 4 septembre en direction de la fronti\u00e8re autrichienne, situ\u00e9e \u00e0 quelque 175 kilom\u00e8tres de la capitale Budapest.\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Apr\u00e8s avoir pass\u00e9 plusieurs jours \u00e0 camper des les gares hongroises, des 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un transport en autocars vers l\u2019Autriche.\r\nCr\u00e9dits : LEONHARD FOEGER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Face \u00e0 la d\u00e9termination de ces hommes et de ces femmes, dont certains se d\u00e9placent aid\u00e9s de b\u00e9quilles, le gouvernement hongrois a annonc\u00e9 vendredi soir qu\u2019il allait mettre en place un transport en autocars vers l\u2019Autriche.","source":"LEONHARD FOEGER \/ REUTERS","index":10,"position":11,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_10.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 12 \/ 17\r\n \r\n \r\nLe gouvernement de Viktor Orban a toutefois pr\u00e9venu que sa \"priorit\u00e9\" \u00e9tait \"que le transport en Hongrie ne soit pas paralys\u00e9\".\r\nCr\u00e9dits : Thanassis Stavrakis \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le gouvernement de Viktor Orban a toutefois pr\u00e9venu que sa \"priorit\u00e9\" \u00e9tait \"que le transport en Hongrie ne soit pas paralys\u00e9\".","source":"Thanassis Stavrakis \/ AP","index":11,"position":12,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_11.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 13 \/ 17\r\n \r\n \r\nA la suite de cette initiative, l'Autriche et l'Allemagne se sont dit pr\u00eates \u00e0 recevoir les migrants de Hongrie.\r\nCr\u00e9dits : Thanassis Stavrakis \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A la suite de cette initiative, l'Autriche et l'Allemagne se sont dit 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new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Le chaos règne toujours en Hongrie dans la crise des réfugiés. Des centaines d’entre eux, abandonnant l’espoir d’un départ direct en train vers l’Allemagne, le trafic ferroviaire international étant interrompu depuis jeudi, ont entrepris vendredi 4 septembre de gagner à pied la frontière autrichienne – située à environ 175 km – où les organismes de secours s’attendent à une nouvelle vague d’arrivées.La police hongroise n’avait pas entravé leur marche au cours de la journée, mais elle avait annoncé qu’elle ne les laisserait pas atteindre la frontière.La nuit tombe mais les Migrants marchent encore. Infatigables. #migrantcrisis @RadioCanadaInfo http://t.co/7Vh1BIAZa0— belangerjf (@J-Francois Belanger)require(["twitter/widgets"]);Des volontaires hongrois ont décidé d’aider, y compris en les prenant dans leurs véhicules, les plus fragiles des réfugiés, notamment les vieillards et les enfants. En Autriche, quelque 2 000 personnes avaient souscrit vendredi matin sur le réseau social Facebook à une initiative citoyenne proposant de former un convoi de voitures particulières pour « chercher », à partir de dimanche, des milliers de migrants bloqués en Hongrie. Les chemins de fer autrichiens, l’ÖBB, ont envoyé plusieurs trains et du personnel à la frontière, à Hegyeshalom, pour recevoir et transporter les gens – s’ils arrivent de l’autre côté.Isolement des demandeurs d’asile récalcitrantsDe la gare de Keleti de Budapest, où campaient dans des conditions déplorables des milliers de personnes venues du Moyen-Orient, l’abcès s’est déplacé vers la petite gare de Bicske, à l’ouest de la capitale. La police hongroise y a attiré jeudi un convoi de demandeurs d’asile, pour les amener ensuite par bus dans un camp d’internement provisoire.Lire aussi :En Hongrie, la police tente de forcer des migrants à aller dans un camp de réfugiésMais vendredi en milieu de journée, quelque 500 réfugiés refusaient toujours de descendre des wagons arrêtés sur les voies, ou même de prendre l’eau et les provisions proposées par les policiers. L’attitude de la police hongroise, qui a isolé le convoi des demandeurs d’asile récalcitrants, empêchant tout contact avec les ONG et les médias étrangers présents sur place, est déconcertante. Car elle laisse aussi passer sans difficulté des réfugiés qui parviennent à Bicske avec les trains régionaux pour se diriger ensuite vers l’ouest du pays, rapporte un journaliste de la radio publique autrichienne. Quelque 300 personnes internées dans le camp de transit de Röszke, à la frontière avec la Serbie, se sont par ailleurs échappées vendredi matin de l’enceinte où elles étaient retenues. La police a repris une partie d’entre elles.Gardienne de l’espace Schengen, dont elle est la pointe la plus avancée sur la route des Balkans qu’empruntent les réfugiés, la Hongrie est tenue, en vertu des accords communautaires de l’Union européenne, d’enregistrer les empreintes digitales de tous les demandeurs d’asile qui parviennent sur son territoire. Mais l’attitude du premier ministre conservateur Viktor Orban, qui a mobilisé depuis des mois son opinion avec des accents xénophobes, a exacerbé les tensions.« Race européenne, blanche et chrétienne »Vendredi, le Parlement hongrois a renforcé sa législation anti-migrants. Proposée par le gouvernement, la nouvelle législation accroit notamment les possibilités de déploiement de l’armée aux frontières, rend l’immigration illégale et alourdit considérablement les peines pour les passeurs. Le fait de franchir ou endommager la clôture de barbelés sera considéré comme un délit et le franchissement illégal de la frontière sera passible d’une peine maximale de trois ans de prison.« Nous ne voulons pas que nos enfants vivent dans un califat européen », a ainsi déclaré Antal Rogan, le chef de la fraction parlementaire du Fidesz, le parti de M. Orban. Un autre proche du premier ministre, le polémiste Zsolt Bayer, a exigé que l’Europe soit « libérée de cette horreur, si besoin par les armes », traitant les réfugiés de « sauvages » et d’« animaux » qui menacent « la race européenne, blanche et chrétienne ».Lire aussi :Qui est Viktor Orban, le premier ministre qui veut arrêter les migrants en Hongrie ?Pour la première fois depuis la chute du communisme, le trafic ferroviaire et routier est perturbé, pour des raisons politiques, entre la Hongrie et l’Autriche. Jeudi 3 septembre, il fallait prendre trois trains différents et compter neuf heures de trajet pour regagner Vienne au départ de Budapest, une situation qui s’est prolongée vendredi. Des policiers hongrois inspectent systématiquement les wagons de voyageurs, mais les contrôles sont aussi renforcés sur la route du côté autrichien. Quatre militants autrichiens qui voulaient prendre des réfugiés dans leur véhicule ont été interpellés à Budapest, soupçonnés d’être des passeurs. Ils ont été relâchés vendredi.Ironie de l’histoire, la locomotive du train dans lequel sont montés jeudi matin à Keleti les réfugiés attirés à Bicske portait des inscriptions commémorant le « pique-nique paneuropéen », organisé au printemps 1989 sur le rideau de fer par les autorités autrichiennes et hongroises de l’époque, qui avaient découpé à la cisaille un morceau de barbelés – un acte symbolique qui a précédé de quelques mois la chute du mur.La fracture est-ouest se manifeste aussi dans l’Eglise catholique. Alors que la Caritas se trouve en première ligne, en Autriche, pour accueillir les réfugiés et défendre le « droit d’asile », l’archevêque de Budapest, le cardinal Péter Erdö, est sorti de son long silence, cette semaine, pour désavouer ceux qui prennent le risque d’aider concrètement des migrants.Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.09.2015 à 16h13 • Mis à jour le04.09.2015 à 19h39 | Samuel Laurent Ils se disent « français de souche », invoquent la « résistance au Grand Remplacement » ou plus généralement à l’islam et à l’immigration. Sans être forcément encartés ou militants d’un parti, ils sont actifs sur Internet pour exprimer leurs idées, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur des sites « d’information alternative », qui forment ce qu’ils appellent la « réinfosphère ».De fdesouche à Dreuz en passant par Riposte laïque, cette « réacosphère », comme on la nomme parfois, se mobilise fortement depuis jeudi 3 septembre. Avec un objectif : tenter de contrecarrer la mobilisation qui naît en solidarité avec les réfugiés, et que la diffusion de la photo d’Aylan Kurdi, trois ans, mort noyé au large des côtes turques, semble avoir avivée. Tous les moyens sont bons pour y parvenir, y compris la manipulation.1. La tentation du complotDès l’apparition de la photo, de très nombreux comptes et sites ont agité le spectre de la « propagande ». Tout y passe : le fait que le nom de l’enfant soit rapidement connu (son père, qui a survécu au naufrage, a pu l’identifier), le fait que sur un cliché, on voit un sauveteur turc muni de ce qui pourrait être un appareil photo… Et même une erreur de légende du site franceinfo.fr. Même la position de l’enfant dans la mort semble suspecte à certains.Cette photo n'est pas naturelle.. le corps de cet enfant ne pouvait avoir été ainsi rejeté par la mer.Photo indécente. — adrenaline1001 (@Adrenaline ♈)require(["twitter/widgets"]);Tout y passe, jusqu’au fait que le père de l’enfant ait eu un gilet de sauvetage… Rapidement, cependant, même les plus militants devront changer de registre, et trouver d’autres arguments.2. Une fillette décapitée pour répondre à un enfant noyéC’est ainsi que vont apparaître, rapidement là encore, une série d’autres photos d’enfants morts. Plusieurs circuleront, dont l’une, particulièrement sordide, donne à voir le cadavre décapité d’une petite fille encore vêtue d’un tutu de danseuse – image présentée comme l’exemple de la sauvagerie de l’Etat islamique, accusé d’avoir décapité la fillette.Elle est très diffusée, toute la journée de jeudi, notamment en réponse aux appels à la mobilisation de certaines personnalités, avec pour propos de dénoncer un « deux poids, deux mesures » face à ces situations tragiques. Or, si l’EI s’est fait connaître par des actes d’une cruauté indicible, cette image ne peut pas lui être attribuée. On la retrouve en effet dès 2012, avant que l’Etat islamique ne s’implante en Syrie. Plusieurs sites de soutien aux rebelles syriens opposés à Bachar Al-Assad la publient le 17 septembre 2012, attribuant la mort de la fillette aux milices gouvernementales et non à l’EI. Si ce cliché est le plus diffusé, il n’est pas le seul. Par exemple, ce cliché d’un enfant supposément tué dans le Donbass par les forces ukrainiennes. Mais là encore, il s’agit d’une photo à qui ont fait dire quelque chose : l’image, de provenance indéterminée, se retrouve sur des dizaines de sites russes et sert de photo d’illustration, par exemple, pour un infanticide au nord de la Russie, ou même pour des faits divers étrangers.3. Image contre image, religion contre religionDe manière générale, l’image est un outil de prédilection pour ces militants antimigrants, qui ne prennent que peu garde à vérifier leurs sources et cherchent bien souvent à faire un distinguo en fonction de la religion (supposée) des réfugiés et des victimes du conflit.@jeunefrancaise Emotion sélective! D'autres enfants tués sans les larmes du monde entier. CHRETIENS http://t.co/78CL3f1hNA— pierrepaillet (@PAILLET)require(["twitter/widgets"]);Ce cliché date de 2014, il provient de l’AFP, et figure des enfants victimes d’un raid aérien à Alep, en Syrie. Mais rien ne permet d’affirmer, comme le fait l’auteur du tweet, que ces enfants sont chrétiens.Enfant #Syrie-n mort.Quand @LaurentFabius et #Hollande livrent des armes aux islamistes et sèment le chaos. #Migrants http://t.co/1TUvvE4glZ— netchys (@Netchys ن)require(["twitter/widgets"]);Quant à ce message accusant l’Occident d’avoir livré des armes « aux islamistes », il montre en réalité les conséquences du largage de barils d’explosifs par le régime de Bachar Al-Assad, en novembre 2014… et non pas par Daech.Autre exemple : cette image très dure d’enfants dans une cage.Je ne reste pas insensible à çe pauvre enfant mortPaix à son âme — Dartagn87058511 (@1 monde de merde)require(["twitter/widgets"]);Mais là encore, l’image doit être remise dans son contexte : il s’agit en réalité d’un « happening » organisé par un activiste syrien pour dénoncer les violences contre les enfants, sans qu’il soit aucunement question de religion ou de minorités chrétiennes.4. Le mensonge de l’exigence de nourriture hallalAu-delà des images, tout est bon pour démontrer que les réfugiés en provenance de Syrie ou d’Irak présentent un « danger » pour l’Europe. Voilà quelques jours, les mêmes réseaux faisaient amplement circuler une information disant que des réfugiés auraient refusé de la nourriture car elle n’était pas hallal.Or, comme l’ont démontré plusieurs médias, dont Libé Désintox, cette information, basée sur une vidéo qui a circulé sur de nombreux réseaux complotistes est fausse : La Croix-Rouge explique que ces colis ne contenaient aucun aliment pouvant poser la question du hallal, et le refus des migrants est motivé par le fait qu’on les empêche de traverser.5. La fausse réaction de l’Emir qatariAutre faux grossier, cette déclaration attribuée à l’émir du Qatar, supposé avoir dit à propos de l’accueil des réfugiés « nous avons assez d’esclaves comme cela ». Là encore, la citation a circulé dans ces cerles militants, qui stigmatisent l’inaction des pays du Golfe persique. Et là encore, il s’agit d’une intox. Cette fois, toutefois, ce sont nos militants qui ont été intoxiqués : cette « citation » provient d’el-manchar, un site parodique algérien, sur le modèle du « Gorafi français ». Elle n’a donc rien de vrai.Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florence de Changy Alors que le président de la République devait recevoir vendredi 4 septembre à l’Elysée, les deux familles des quatre Français qui se trouvaient à bord du vol MH370 de Malaysia Airlines, le parquet de Paris a annoncé jeudi 3 septembre que le flaperon – l’aileron – de Boeing 777, découvert le 29 juillet sur une plage de l’île de La Réunion, « correspondait avec certitude à celui du vol MH370 ». Le Boeing 777-200 ER de la Malaysia Airlines a disparu alors qu’il assurait un vol entre Kuala Lumpur et Pékin, le 8 mars 2014. Il y avait 239 personnes à bord.Le parquet de Paris a fait cette annonce après le retour de la commission rogatoire du juge d’instruction en Espagne auprès de la société ADS-SAU, anciennement CASA, un sous-traitant de Boeing. L’entreprise avait fourni plusieurs pièces du flaperon dont les numéros ont été identifiés sur la pièce à l’aide d’un endoscope, avant qu’elle ne soit démontée.Selon le communiqué du parquet de Paris, « l’audition d’un technicien de la société ADS-SAU a permis d’associer formellement l’un des trois numéros relevés à l’intérieur du flaperon au numéro de série du flaperon du Boeing 777 du vol MH370 ». Le flaperon retrouvé avait perdu la plaque d’immatriculation qui aurait permis de l’identifier initialement, il fallut donc tenter de l’identifier par ses composants.Amerrissage plutôt que crashCe morceau de voilure est donc le premier, et pour le moment l’unique, débris de l’avion disparu des écrans radar au bout de quarante minutes de vol, entre le ciel malaisien et le ciel vietnamien. Depuis, les familles des victimes n’avaient eu aucune preuve tangible de la thèse officielle du crash dans l’océan Indien.Mercredi, les familles des quatre Français avaient été reçues par le juge antiterroriste chargé de l’enquête française, Alain Gaudino, et l’expert technique aéronautique missionné, François Grangier. Les familles lui ont demandé si la rumeur de traces d’explosifs sur l’aileron était fondée. En fait, les prélévements effectués à ce jour ne permettent pas de répondre à cette question, aurait affirmé l’expert. Il a en revanche estimé que la manière dont la pièce était « tordue » laissait penser à un amerrissage plutôt qu’à un crash, ce qui indiquerait que l’avion est resté sous contrôle jusqu’au bout.Dans le cas du crash de Germanwings, les plus gros débris faisaient environ 30 centimètres. Le flaperon, lui, mesure environ 2 mètres. Les experts avaient également confirmé que la date de fabrication du flaperon correspondait à celle de l’avion, construit en 2001 et livré à la Malaisie en 2002.DérivePar ailleurs, l’analyse bio-marine de la colonie de petits crustacés agrippés au flaperon, de la famille des anatifes, a appris deux choses aux enquêteurs. D’abord que la pièce de voilure de l’avion a séjourné « au moins un an » dans l’eau. Ensuite que le flaperon provient d’eaux tropicales ou tempérées, car ces crustacés ne survivent pas en dessous de 18 degrés. Les études de la flottabilité du flaperon ont, quant à elle, confirmé que le débris flottait légèrement en dessous de la surface de la mer.Ces observations vont permettre d’affiner le modèle de dérive parcourue par cet objet à travers l’océan Indien, alors même que la zone de recherches australiennes du MH370 vient d’être contestée par deux institutions spécialisées. Geomar, l’institut océanographique allemand, et Metron Scientific Solutions ont publié séparément deux études qui concluent toutes deux que les recherches sous-marines dirigées par l’Australie devraient se déplacer beaucoup plus au nord de l’endroit où elles ont lieu actuellement.Florence de ChangyJournaliste, corrrespondante à Hong KongSuivreAller sur la page de ce journaliste David Revault d'Allonnes et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) François Hollande et Angela Merkel ont envoyé une lettre commune aux autorités européennes, où ils détaillent leurs propositions concernant la crise des migrants, jeudi 3 septembre. Cette lettre, que Le Monde s’est procurée, est adressée aux présidents du Conseil européen et de la Commission ainsi qu’au premier ministre luxembourgeois, qui assure la présidence semestrielle de l’Union.Lire aussi :François Hollande rejoint Angela Merkel sur les quotas d’accueil de réfugiésLes dirigeants français et allemand adressent un message sans ambiguïté, également à destination de certains de leurs partenaires au sujet de l’afflux de migrants, « grand défi pour l’Europe ». En invoquant « la responsabilité de chaque Etat membre et la solidarité de tous », ils appellent à mettre en œuvre « intégralement et sans délai » les récents dispositifs adoptés par l’Union européenne (UE), comme la création de « hot spots », des centres où migrants économiques et demandeurs d’asile seraient distingués dès leur arrivée en Grèce et en Italie, et que les deux dirigeants veulent « pleinement opérationnels au plus tard avant la fin de l’année ».Ils demandent à la Commission d’« utiliser tous les moyens dont elle dispose » pour forcer les Etats à respecter les règles du droit d’asile, tant en matière d’étude des dossiers que d’hébergement, et proposent, « à terme », « un système d’asile européen unifié ». Mme Merkel et M. Hollande proposent par ailleurs plusieurs mesures « complémentaires », comme l’établissement d’une liste commune de pays d’origine « sûrs », dans laquelle entreraient les pays des Balkans.Mais le point le plus crucial du texte concerne les quotas de répartition entre les pays, auxquels Paris s’est longtemps opposé. Les mots ont été choisis avec soin. Il ne s’agit plus de « quotas » de « migrants », mais de « répartition » des « réfugiés », et celle-ci doit tout de même s’opérer « équitablement et dans un esprit de solidarité entre les Etats membres », par un « mécanisme permanent et obligatoire de relocalisation ».Lire aussi :Hollande et Merkel s’accordent sur des quotas contraignants d’accueil de migrants« Libre circulation »Angela Merkel et François Hollande prennent également la défense du traité Schengen de 1985, qui « garantit la libre circulation » au sein de l’UE. Il « permet aux Etats membres de mieux relever les défis auxquels ils sont confrontés », assurent les deux dirigeants, adressant ainsi un message clair à tous ceux qui proposent de revenir sur ce traité, à l’instar de Nicolas Sarkozy en France, ou qui le critiquent vivement, comme le premier ministre britannique, David Cameron.Le message s’adresse en priorité aux pays d’Europe centrale et orientale qui traînent toujours des pieds, mais aussi au premier ministre britannique, qui formule des exigences pour un meilleur fonctionnement de l’UE, mais qui a jusqu’ici dédaigné de participer à l’effort général pour aider les populations qui fuient la guerre en Syrie. Lors de la difficile négociation du mois de juin sur la répartition de quarante mille réfugiés, la diplomatie britannique ironisait : « Nous prendrons zéro réfugié et, si on nous le demande, nous prendrons le double ensuite », aurait déclaré un diplomate de haut rang, selon le Financial Times du jeudi 3 septembre.Les ministres de l’intérieur évoqueront tous ces dossiers à l’occasion d’un conseil qui les réunira le 14 septembre ; les chefs d’Etat et de gouvernement devraient s’en emparer lors de leur prochain sommet, à la mi-octobre. La photo du petit Aylan Kurdi, enfant de migrants syriens mort sur la plage de Bodrum, en Turquie, n’explique pas à elle seule cette mobilisation. Mais elle paraît avoir libéré des énergies jusque-là très contenues en vue d’affronter l’une des plus graves crises de l’Union. Lettre sur l'accueil des réfugiésDavid Revault d'AllonnesGrand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Intérim (Istanbul) La photo du fils cadet, dont le corps a été rejeté par la mer sur une plage des environs de Bodrum, en Turquie, a fait le tour du monde. Mais c’est une histoire tristement ordinaire après quatre années de guerre, que l’image a révélée : celle d’une famille syrienne, d’abord ballottée à l’intérieur du pays, puis contrainte à l’exil en Turquie, qui avait tenté un retour au pays avant de finalement prendre la route de l’Europe, dans l’espoir de rejoindre le Canada.La famille du petit Aylan, d’origine kurde, était native de Kobané, dans le nord de la Syrie, mais vivait depuis quelques années à Damas, où le père était barbier. Quelques mois après le début de la guerre civile syrienne, en 2011, le ménage prend la route d’Alep puis, fuyant à nouveau les combats qui s’intensifient, se réinstalle à Kobané. Lorsque les miliciens de l’organisation Etat islamique (EI) s’avancent vers cette cité, ils font partie des milliers de ressortissants syriens, essentiellement kurdes, qui traverseront à pied la frontière turque, située à quelques dizaines de mètres au nord de Kobané. Lorsque la ville est reprise par les forces kurdes au début de l’année, la famille Kurdi tente un retour après trois ans d’exil en Turquie, et revient à Kobané, selon un journaliste local interviewé par la presse turque.Les combats sporadiques qui éclatent en juin avec les forces de l’EI convainquent Abdullah et Rihana de repartir avec leurs deux enfants : Aylan, 3 ans, et Ghaleb, 5 ans. La famille Kurdi a été contrainte de prendre la route de la mer Egée après avoir essuyé un refus de sa demande d’asile de la part du Canada, a expliqué au National Post, un quotidien canadien, Tima Kurdi, la sœur d’Abdullah, qui a émigré à Vancouver il y a vingt ans et qui tentait d’organiser leur installation en Amérique du Nord. Un refus qui illustre la complexité de la situation des réfugiés en Turquie : puisqu’un visa n’est pas requis pour les ressortissants syriens, nombreux sont ceux qui arrivent dans ce pays voisin avec un simple statut de visiteur.« Mes deux enfants m’ont glissé des mains »Faute de statut de réfugié en bonne et due forme, le gouvernement canadien aurait rejeté la demande d’asile des Kurdi, en juin dernier. Les autorités canadiennes ont cependant contesté cette version, affirmant ne pas avoir reçu de dossier concernant cette famille. Sans visa pour le Canada, la famille a pris la route de l’Europe. Les Kurdi sont arrivés à Bodrum voilà un mois, le temps d’organiser leur traversée, d’emprunter de l’argent à des proches et de prendre contact avec des passeurs. « Nous avons payé à deux reprises », a expliqué le père à l’agence de presse turque Dogan après le drame. « La première fois, des garde-côtes nous ont interceptés et ramenés sur la rive turque. La seconde fois, les passeurs n’ont pas tenu parole et ne se sont pas présentés avec le bateau à l’heure du rendez-vous. » Abdullah Kurdi affirme avoir versé 4 000 euros pour le passage en Grèce des quatre membres de la famille.Après ces deux échecs, la famille Kurdi, en compagnie d’autres réfugiés, aurait organisé son départ en mer et pris place à bord d’un petit bateau de 5 mètres de longueur. « Peu de temps après le départ, l’eau a commencé à s’infiltrer, les gens ont paniqué, certains se sont levés, faisant chavirer le bateau », a expliqué Abdullah Kurdi aux policiers, selon le rapport qui a fuité dans la presse turque. « J’ai d’abord pu retenir ma femme, mais mes deux enfants m’ont glissé des mains. » Les corps d’Aylan, Ghaleb et celui de leur mère ont été transférés à Istanbul jeudi soir, accompagnés d’Abdullah Kurdi. Vendredi matin, les trois cercueils ont été enterrés, en présence de centaines de personnes.Farewell Alan, Ghalib and Rehana. Just burried. RIP. #AlanKurdi http://t.co/wBsQtExRzS— jenanmoussa (@Jenan Moussa)require(["twitter/widgets"]);Intérim (Istanbul) 17.09.2015 à 16h59 • Mis à jour le17.09.2015 à 17h38 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est le paradoxe de cette campagne électorale grecque. Alors que l’Europe entière ne parle que de la crise migratoire et des milliers de réfugiés qui campent à ses portes, la question est étonnamment anecdotique dans les débats en vue des législatives de dimanche 20 septembre. Et pourtant la Grèce est l’une des principales portes d’entrée de ces réfugiés. Jusqu’à 4 000 Syriens, Afghans ou Africains arrivent sur ses îles chaque jour.Lire aussi :Sur l’île grecque de Lesbos, 86 000 habitants et 20 000 réfugiésSans surprise, le parti néonazi Aube dorée est le plus offensif sur la question. Son slogan identitaire a toujours été « La Grèce appartient aux Grecs » et fonde aujourd’hui encore la base de sa stratégie électorale. Mais, empêtré dans un procès-fleuve visant quasiment l’ensemble de ses députés, l’Aube dorée a choisi de manière générale de faire profil bas. Ses diatribes sont peut-être nationalistes et anti-migrants, mais on ne les entend que peu dans la campagne.Ces dernières années, c’était surtout le parti conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND) qui se montrait offensif sur la question. Son ancien leader – et ex-premier ministre avant l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras en janvier 2015 – Antonis Samaras avait axé une partie de sa campagne de 2012 sur la « reconquête des villes grecques envahies de clandestins » et avait coutume de comparer « le nombre de chômeurs équivalents au nombre d’immigrés en situation illégale ». Une rhétorique qui chassait délibérément sur les terres de l’Aube dorée alors en pleine ascension.Aujourd’hui, la ND a un nouveau chef, Evangelos Meïmarakis. Or ce dernier a choisi dans cette campagne éclair – les élections ont été annoncées il y a moins d’un mois – de ne pas surfer sur cette thématique. Certes il évoque la question des réfugiés en parlant lui aussi d’« illégaux » , mais concentre ses attaques non pas tant sur les réfugiés eux-mêmes que sur le leader du parti de la gauche radicale, Alexis Tsipras. Accusant son gouvernement, aux affaires entre janvier et août, de n’avoir rien fait pour organiser ou endiguer le flux. « Le gouvernement Syriza a envoyé le message aux passeurs turcs que nos frontières n’étaient pas gardées, ouvrant ainsi les vannes », répète-t-il à chaque meeting.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle Démocratie« Comment nous rendre responsables de ce flux immense alors que c’est un phénomène visiblement global qui touche tous les pays européens », répond de son coté Alexis Tsipras. Après avoir lui aussi évité de placer la question migratoire au centre de ses discours, Syriza change un peu son fusil d’épaule ces tout derniers jours. Lors d’une réunion de quartier mercredi soir, la députée Syriza Vassiliki Katrivanou a longuement insisté sur la différence d’approche qu’un gouvernement de gauche avait de ce phénomène. « Nous sommes les mieux placés pour nous battre pour accueillir décemment et humainement ces réfugiés. Les précédents gouvernements de droite n’avaient qu’une approche répressive et tout l’argent disparaissait dans la construction de camps de rétention », affirme cette spécialiste des droits de l’homme, qui travaille depuis plus de 10 ans pour améliorer l’accueil des réfugiés en Grèce. Mme Katrivanou regrette un peu que « l’ensemble de la campagne soit creux et ne porte pas sur le fond, sur la politique migratoire comme ailleurs ».Campagne vidée de sa substanceDe fait, à droite comme à gauche, les débats portent davantage sur les personnes que sur les programmes. Chez Syriza, on dénonce l’appartenance de la ND à « cet ancien système corrompu et oligarchique qui a conduit le pays à la crise ». Et chez la ND, on pointe l’incohérence de Tsipras qui, après avoir longtemps fait campagne contre l’austérité, a ramené en Grèce un troisième plan introduisant trois nouvelles années d’austérité dans le pays. « Syriza tout comme Nouvelle Démocratie ont voté le 14 août dernier pour ce nouveau plan d’austérité, ce qui vide la campagne de sa substance principale puisque le cadre économique est fixé à l’avance » explique le politologue Georges Sefertzis.C’est donc à la marge, dans ce que Syriza appelle « les fenêtres de négociations restantes » que se joue la campagne. Chacun essayant de convaincre l’électorat qu’il sera le mieux placé pour limiter la casse. Syriza, en promettant de se battre pied à pied pour défendre en priorité les Grecs les plus vulnérables mais aussi réformer la Grèce, et la ND, en se posant en garant de la stabilité pour permettre aux entreprises grecques de retrouver le chemin de la croissance.Pour autant, aucun parti ne prend le risque de proposer des mesures précises et surtout chiffrées. « Ils ne veulent pas faire de nouvelles promesses qu’ils ne pourront pas tenir », souligne M. Sefertzis. Ce manque de substance explique, en partie, l’indifférence profonde des Grecs face à ce nouveau scrutin, après les législatives de janvier dernier, et un référendum sur le plan d’aide, en mai, très disputé. Selon les derniers sondages 15 % de l’électorat ne sait toujours pas pour qui, ni même s’il ira voter, dimanche. L’abstention pourrait atteindre un niveau record.Lire aussi :Grèce : sept candidats en quête de virginité politiqueAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Garric Les autorités chiliennes ont levé, jeudi 17 septembre, l’alerte au tsunami lancée la veille au soir après un violent séisme qui a frappé le centre du pays, à 230 km au nord de la capitale Santiago, et fait huit morts. Ce séisme de magnitude 8,3, le plus fort à l’échelle mondiale pour 2015, a provoqué l’évacuation massive d’un million de personnes. Raul Madariaga, sismologue et professeur à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, revient sur les puissants tremblements de terre que connaît le pays sud-américain.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55faec774f96d'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 7\r\n \r\n \r\nUn million de personnes ont \u00e9t\u00e9 \u00e9vacu\u00e9es en raison d'une alerte au tsunami d\u00e9clench\u00e9e apr\u00e8s un violent s\u00e9isme mercredi\u00a016\u00a0septembre au soir dans le centre du Chili, qui a fait au moins huit morts.\r\nCr\u00e9dits : Luis Hidalgo \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un million de personnes ont \u00e9t\u00e9 \u00e9vacu\u00e9es en raison d'une alerte au tsunami d\u00e9clench\u00e9e apr\u00e8s un violent s\u00e9isme mercredi\u00a016\u00a0septembre au soir dans le centre du Chili, qui a fait au moins huit morts.","source":"Luis Hidalgo \/ AP","index":0,"position":1,"total_count":7,"item_lie":null,"link":"\/planete\/portfolio\/2015\/09\/17\/le-chili-secoue-par-un-violent-seisme_4760428_3244.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 7\r\n \r\n \r\nLes autorit\u00e9s chiliennes ont lev\u00e9 jeudi sur l'ensemble du pays une alerte au tsunami lanc\u00e9e la veille. A Santiago, la capitale, qui compte 6,6\u00a0millions d'habitants, des milliers d'habitants ont d\u00e9ferl\u00e9 dans les rues.\r\nCr\u00e9dits : ESTEBAN ZUNIGA \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les autorit\u00e9s chiliennes ont lev\u00e9 jeudi sur l'ensemble du pays une alerte au tsunami lanc\u00e9e la veille. 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Le Chili est malheureusement habitué : il est situé sur la zone de contact entre la plaque tectonique de Nazca et la plaque sud-américaine – la première plongeant sous la seconde selon un mouvement de subduction. C’est le pays le plus sismique de la planète, devant le Japon. Le séisme le plus puissant enregistré dans le monde l’a été dans le sud du pays, en 1960 – d’une magnitude de 9,5, tuant plus de 5 000 personnes. En moyenne, le Chili connaît tous les dix ans un tremblement de terre de magnitude 8 et entre dix et vingt secousses de magnitude 7. Mais depuis quelques années, la sismicité du pays s’est accrue, à l’image de celle du globe – avec notamment les forts séismes de Sumatra (2004), Tohoku (2011) ou Bohol (2013).Ce tremblement de terre a donc provoqué beaucoup moins de dégâts humains et matériels que le dernier gros séisme de 2010, qui avait fait plus de 500 morts. Comment expliquer cette différence ?Il y a trois raisons majeures. Tout d’abord, le séisme de cette nuit a touché une région très peu habitée, plutôt désertique. Il n’est pas rare, dans cet endroit, de parcourir plus de 200 km sans trouver de station-service. Ensuite, le séisme de 2010 était de magnitude 8,8, soit une puissance dix fois supérieure à celle d’une secousse de magnitude 8,3. Enfin, en 2010, le Chili n’était pas du tout préparé à un tel tremblement de terre : les services sismologiques ont par exemple arrêté de fonctionner en raison des coupures d’électricité. Depuis, de nombreuses stations sismologiques ont été installées sur l’ensemble du territoire et elles peuvent toutes fonctionner avec une source d’énergie secondaire. Elles ont donc pu communiquer toutes les informations importantes.Les normes de constructions parasismiques, prévues par une loi de 1960, ont également été renforcées, notamment pour l’appui des ponts. Enfin, il y a une réelle prise de conscience de la population des risques encourus avec les tremblements de terre. C’est pourquoi les autorités ont réussi à évacuer rapidement un million de personnes, grâce aux sirènes, à des SMS envoyés aux habitants et aux médias. Malgré tout, il reste des risques, notamment dans le nord du pays, où l’urbanisation s’est faite très près des côtes, pour avoir accès à l’eau.Ce fort séisme, après celui de magnitude 8,2 en avril 2014 dans le nord du pays, peut-il accélérer la survenue d’un « big one » ? Il y a trois zones dangereuses dans le pays, susceptibles d’être touchées par un « big one » [du nom donné au séisme dévastateur qui devrait toucher la côte ouest des Etats-Unis dans les prochaines années] : le Nord, la région de Coquimbo, au centre-nord (que les Chiliens appellent le « Norte chico ») et le Centre-Sud. Après deux séismes en deux ans, à Coquimbo et Iquique, il est très improbable que le Chili soit touché par un « big one » dans les années qui viennent.Le Chili enregistre en effet deux « big one » par siècle, selon les statistiques que nous tenons depuis 1575 – après la conquête du pays par les Espagnols en 1541. Au XXIe siècle, pour l’instant, le pays a été touché par le séisme de 2010, qui a affecté les régions du Maule, de Santiago et de Valparaíso (centre). Avant celui de 1960, dans le sud du pays, le Chili avait connu un très fort tremblement de terre de magnitude 8,8 en 1922, dans la région du désert d’Atacama (nord-est).Mais nous manquons de données historiques pour améliorer nos prévisions. Le nord du Chili est par exemple resté désertique et inhabité jusqu’en 1860, quand des compagnies étrangères ont commencé à exploiter les nitrates, le cuivre et le lithium. On ne sait pas quand sont survenus les précédents grands séismes antérieurs à celui de 1877, qui avait affecté la région avec une magnitude de 8,8. Les experts ne sont pas d’accord pour prévoir la date de la prochaine très grande secousse à cet endroit. Les sismologues chiliens penchent pour une fréquence de trois à cinq cents ans.Audrey GarricChef adjointe du service Planète/Sciences du MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Sallon Mai 2015, Jaich Al-Fatah (« l’Armée de la conquête »), une coalition de forces rebelles syriennes, assiège les forces loyales au président Bachar Al-Assad à Jisr Al-Choughour, une ville dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. A l’image, la ville de 45 000 habitants apparaît. Les tirs d’artillerie résonnent au loin. La caméra fixe sur la pellicule les stigmates des combats : des immeubles détruits et des rues vidées de leurs habitants. Muni d’un masque de réalité virtuelle, d’une tablette ou d’une souris d’ordinateur, l’internaute peut s’immerger à 360° dans ce paysage de désolation et partager pendant quelques minutes le quotidien, devenu tristement ordinaire, des Syriens, quatre ans après le début du soulèvement, en mars 2011.Inédite, l’expérience est bluffante, troublante même. La technologie de réalité virtuelle permet de « se promener » dans le plan : regarder à gauche, au sol, ou derrière soi. Avec le casque, le ressenti est maximal. Sur tablette et sur ordinateur, via Youtube 360°, on peut aussi se promener dans l’image, la sensation d’immersion en moins. L’idée est née de la rencontre de l’agence Smart news, un collectif d’activistes syriens qui couvre depuis 2011 l’actualité du pays - en vidéo, photo et écrit- avec un réseau de soixante correspondants sur le terrain, et de l’agence française spécialisée dans la réalité virtuelle, Okio Studio, à Paris (IXe).Le matériel de tournage - un pied muni de six caméras disposées en quinconce - a été apporté au correspondant local via la frontière turque, située à vingt kilomètres de Jisr Al-Choughour, par des membres d’une association de soutien aux journalistes syriens (ASML). L’ASML a formé le journaliste à distance, par vidéo et par Skype. Une fois tournées et sorties de Syrie, les images ont été traitées bénévolement par Okio Studio, qui a également fourni la caméra. Le montage prend plus de temps qu’un film traditionnel : les séquences de chacune des vidéos doivent être assemblées pour composer l’aperçu à 360°.« Donner à voir et à ressentir le conflit syrien »Technologie mise à part, l’heure d’images qu’a rapportées le journaliste syrien à Jisr Al-Choughour, ici condensée en cinq minutes, est un témoignage rare du conflit et de son impact sur la population. A quelques exceptions près, les journalistes syriens sont les seuls à couvrir encore la situation sur le terrain, au risque de leur vie. Dans certaines zones libérées du régime, les correspondants de l’agence Smart news sont les seuls à avoir obtenu l’autorisation de travailler auprès des nouvelles autorités, à l’instar de Deir ez-Zor, une ville dans l’est de la Syrie où les forces loyales au président syrien sont assiégées par l’Etat islamique (EI).Les images rapportées de Jisr Al-Choughour montrent la ville à un moment charnière : d’abord en mai 2015, pendant l’offensive de l’Armée de la conquête, puis mi-juillet 2015, après la prise de la ville par cette coalition de rebelles syriens. Le drapeau noir du Front Al-Nosra, la franchise syrienne d’Al-Qaida, l’un des huit membres de l’Armée de la conquête, flotte sur la ville. La localité semble encore désespérément vide. Un membre des casques blancs syriens, la défense civile mise sur pied par les populations dans les zones libérées du régime Assad, témoigne à la caméra du travail de sauvetage et de déblaiement en cours sur un immeuble frappé par l’aviation du régime.Tout en écoutant son récit, on promène son regard sur les immeubles environnants. Un enfant descend le long du chemin. Il s’arrête, nous fixe. L’impression d’être là, face à lui, est réelle. On se prend alors à imaginer toutes les potentialités de cette technologie pour donner à voir et à ressentir le conflit syrien. Chamsy Sarkis de l’agence Smart news et Armand Hurault de l’ASML ont déjà en tête des dizaines d’autres idées de reportage en réalité virtuelle qu’ils veulent tourner en Syrie pour réveiller les consciences sur la réalité du conflit, qui ne fait plus que très rarement la une des médias. Des témoignages qui montrent les atrocités commises par le régime de Bachar Al-Assad contre sa population, que nombreux semblent aujourd’hui occulter face à la menace de l’Etat islamique (EI), ou qui fixent à jamais des sites du patrimoine historique syrien avant qu’ils ne soient la proie des djihadistes.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 12h30 • Mis à jour le17.09.2015 à 15h55 Fermeture des frontières en Hongrie, heurts en Serbie, contrôles accrus en Allemagne ou en Autriche, nouveaux itinéraires en Croatie... Malgré des parcours semés d’embûches, les migrants continuent d’affluer vers l’Europe occidentale, fuyant les conflits et la répression en Syrie, en Afghanistan et ailleurs, dans des proportions historiques : 500 000 hommes, femmes et enfants ont ainsi été dénombrés aux frontières de l’UE depuis le début de l’année, contre 280 000 en 2014, selon Frontex, l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen.Hongrie, heurts et barbelés à la frontière La situation s’est apaisée jeudi matin, à la frontière serbo-hongroise, après de violents affrontements entre migrants et forces de l’ordre – les premiers depuis que Budapest a verrouillé son côté de la frontière avec la Serbie. Environ 400 migrants étaient toujours présents au poste-frontière de Horgos 2- Röszke 2, après une nuit passée dans des tentes ou des sacs de couchage, sur l’asphalte ou dans les champs autour de la route.Mercredi, les forces de l’ordre ont utilisé des canons à eau et grenades lacrymogènes face aux migrants qui leur lançaient des pierres. Le gouvernement serbe a officiellement protesté contre l’usage de « gaz lacrymogènes sur son territoire » et a annoncé l’envoi de renforts policiers. Le premier ministre, Aleksandar Vucic, a condamné « ce comportement brutal de la police » et a exigé une réaction vigoureuse de la part de l’UE, tandis que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a jugé « inacceptable » ce traitement brutal des migrants. Les deux voies d’accès vers la Hongrie – principal pays de transit en Europe centrale avec plus de 200 000 passages depuis janvier – sont désormais bloquées par des panneaux métalliques rehaussés de fils de fer barbelés, qui remplacent le grillage que les migrants avaient réussi à arracher la veille. Pour contourner la Hongrie hostile, des migrants tentent désormais de transiter par la Croatie, plus accueillante.Lire le reportage :Le désespoir des migrants bloqués à la frontière hongroiseCroatie, la nouvelle voie vers l’Ouest Depuis la fermeture de la frontière hongroise, ce sont plus de 6 000 migrants qui sont arrivés en Croatie, selon le ministère de l’intérieur. Jeudi matin, entre 4 000 et 5 000 migrants se trouvaient à la gare de Tovarnik, proche de la frontière serbe, dans l’espoir de prendre un train pour la capitale Zagreb, selon un porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés, Jan Kapic. « Les trains arrivent mais ils ne peuvent pas prendre tous ces gens », a-t-il déclaré. Très tôt, un premier train est arrivé à Dugo Selo, près de la capitale croate, avec à son bord environ 800 personnes. Les migrants sont pour l’heure acheminés jusqu’à des centres d’accueil proches de Zagreb.Le pays s’attend à un afflux de plus de 20 000 migrants dans les deux semaines à venir, a déclaré la ministre croate de la santé. Le premier ministre croate Zoran Milanovic a, de son côté, lancé une mise en garde contre les capacités limitées d’accueil et d’enregistrement des migrants. Il a assuré que son pays était prêt à diriger les migrants « vers les destinations où ils souhaitent se rendre, l’Allemagne et la Scandinavie ». « Nous sommes prêts à accorder le droit d’asile à quelques milliers de migrants (...) mais nous ne sommes pas prêts pour des dizaines de milliers », a averti la chef de la diplomatie croate.Lire aussi :Bloqués aux portes de la Hongrie, les migrants tentent la CroatieL’Autriche rétablit les contrôles aux frontières Après la Croatie, ce sont la Slovénie voisine et l’Autriche qui risquent de voir transiter le flux de réfugiés après la fermeture de la frontière hongroise. Vienne a rétabli mercredi des contrôles à ses frontières, à l’instar de l’Allemagne, après avoir accepté durant une dizaine de jours de faciliter le passage des réfugiés cherchant à rejoindre l’Allemagne. La société de chemins de fer autrichienne OBB a annoncé mercredi matin la suspension du trafic entre la ville autrichienne de Salzbourg et l’Allemagne, dans les deux sens, à la demande des autorités allemandes.Les deux pays avaient de concert ouvert la semaine dernière leurs frontières à une vague de migrants arrivant par la Hongrie en provenance des Balkans, mais Berlin a depuis durci ses contrôles. Vienne et Berlin ont appelé les dirigeants européens à organiser un sommet sur la crise des migrants pour s’entendre sur une répartition contraignante de 120 000 réfugiés, et réclamé la mise en place de quotas d’accueil et de contrôles plus stricts aux frontières de l’UE.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?L’Allemagne, principale terre d’accueil, renforce les contrôles La police fédérale allemande rapporte pour sa part que le nombre de réfugiés arrivés mercredi en Allemagne a encore considérablement progressé, pour atteindre 9 100 personnes, pour la plupart venant d’Autriche. Il s’était élevé à près de 6 000 la veille.Après avoir suspendu la libre-circulation à travers sa frontière avec l’Autriche, l’Allemagne a renforcé ses contrôles à la frontière avec la France, dans le Bade-Wurtemberg, au niveau de l’Alsace. Mais les contrôles se répartissent surtout sur « l’axe principal » de la frontière avec l’Autriche, où des policiers sont désormais déployés de manière permanente et systématique. L’Allemagne estime devoir accueillir entre 800 000 et un million de demandeurs d’asile en 2015, un record en Europe.Lire l'analyse :L’Allemagne bouscule les règles de l’espace SchengenEn France, des migrants évacués pour être relogés La France a indiqué de son côté qu’elle « n’hésitera pas » à rétablir des contrôles temporaires aux frontières « si nécessaire ».A Paris, deux campements occupés dans des conditions insalubres par quelque 800 migrants – l’un installé depuis des mois près de la gare d’Austerlitz, l’autre devant le parvis de la mairie du XVIIIe arrondissement –, étaient évacués jeudi matin, et leurs occupants conduits vers des centres d’hébergement. Selon la mairie, chaque personne s’est vu proposer un hébergement d’un mois minimum.Dans son discours à l’Assemblée nationale ouvrant le débat sur l’accueil des réfugiés affluant en Europe, le premier ministre, Manuel Valls, a annoncé des moyens budgétaires et la création de 900 postes supplémentaires dans les forces de l’ordre, en particulier pour renforcer les contrôles aux frontières. 279 millions d’euros supplémentaires doivent être débloqués en 2016 pour financer l’accueil de réfugiés et de demandeurs d’asile en France, mais aussi celui des sans-domicile fixe. La France a promis de recevoir 24 000 réfugiés en deux ans, dont un millier en urgence pour soulager l’Allemagne.Lire aussi :Les Français restent partagés sur l’accueil des étrangersLe Danemark veut accueillir 1 000 réfugiésLe gouvernement du Danemark a annoncé jeudi que le pays accueillerait, sur la base du volontariat, 1 000 des 120 000 réfugiés que l’Union européenne veut répartir. Le premier ministre Lars Løkke Rasmussen a aussi débloqué l’équivalent d’environ 100 millions d’euros d’aide humanitaire dans les régions proches des zones de conflit, et de financements pour l’agence européenne Frontex.Le Parti populaire danois (anti-immigration), deuxième formation au Parlement, a déjà critiqué cette décision. Le Danemark avait annoncé il y a une semaine qu’il refuserait de faire partie d’un mécanisme de répartition contraignant, invoquant l’option de retrait dont il dispose sur les questions d’immigration et de droit d’asile. Mais selon un sondage de l’institut Voxmeter lundi, 78 % des Danois veulent intégrer ce mécanisme. La coalition de droite au pouvoir a pour objectif proclamé de rendre le Danemark moins attrayant pour les migrants – par exemple en diffusant, début septembre, des messages dans des journaux libanais pour prévenir que les règles entourant l’immigration s’étaient durcies. Nathalie Guibert Cinq frégates militaires de premier rang vont partir en Méditerranée au large des côtes libyennes avec l’objectif de s’opposer aux réseaux de passeurs qui précipitent des migrants sur des bateaux de fortune en direction de l’Europe. A l’issue de la conférence de « génération de forces » qui s’est tenue à Bruxelles mercredi 16 septembre, les Européens ont décidé de monter d’un cran leur engagement dans l’opération EUNAVFOR-Med : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni vont envoyer des navires de guerre supplémentaires, l’Italie maintenant sur zone son porte-aéronefs déjà en place.Lire aussi :Libye : l’UE lance l’opération européenne Eunavfor Med contre les réseaux de passeursCes moyens lourds – la frégate française Courbet qui devrait bientôt quitter Toulon avec un hélicoptère, sera appuyée en cas de besoin par des forces spéciales – permettent de concrétiser la « phase deux » de l’opération européenne. Après une phase de renseignement, il avait été décidé d’occuper la haute mer. La décision de principe a été prise le 14 septembre par les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne. Un Conseil européen doit avaliser officiellement cette étape début octobre. La dernière phase aura pour objectif de frapper les bateaux des passeurs, jusqu’à terre en Libye.Il s’agit pour les marins européens de se tenir prêts, car l’action de vive force n’est pas possible dans l’immédiat. En effet, les autorités libyennes reconnues par la communauté internationale se sont jusqu’alors opposées aux prolongements coercitifs de l’opération navale dans leurs eaux territoriales. Et en juin, le projet porté par les Européens d’une résolution sous chapitre VII, qui autorise l’usage de la force, n’avait pas pu être soumis au vote à l’ONU faute de consensus. La résolution permettrait aussi d’agir dans les eaux libyennes.Lire aussi :Pas d’accord à l’ONU sur l’opération navale contre les passeursDérouter, mais pas détruireLes frégates risquent donc bien de quitter leur port d’attache sans cadre légal pour agir efficacement. Dans les eaux internationales, elles ne pourront intervenir que dans le cadre de l’article 110 de la Convention de Montego Bay, qui permet de monter à bord de bateaux en cas de soupçon de piraterie ou de « transport d’esclaves ». Un droit de visite qui permet de dérouter, mais non de détruire les bateaux des passeurs.Une autre difficulté se présente. Les bateaux de migrants pourraient bien emprunter d’autres routes. Celles-ci se déplacent à l’est. Selon de toutes récentes informations, un transport de migrants est parti d’Egypte, du port d’Alexandrie. Par ailleurs, avec l’approche de l’hiver, les flux vont se tarir, comme le constatent chaque année les militaires qui croisent dans les eaux méditerranéennes.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Saliba (Mexico, correspondance) Nouveau rebondissement dans l’affaire des 43 disparus d’Iguala dans l’ouest du Mexique : Arely Gomez, ministre de la justice, a annoncé, mercredi 16 septembre, que les restes d’un deuxième étudiant, enlevé avec 42 autres camarades par des policiers véreux, ont été identifiés. Cette révélation semble confirmer la version officielle, alors qu’un rapport de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) met à mal l’enquête du gouvernement.Lire aussi :Le Mexique se déchire sur le sort de ses disparus« Les résultats scientifiques représentent un pas supplémentaire pour la confirmation des faits », a assuré Mme Gomez en référence à l’identification de l’ADN de Jhosivani Guerrero de La Cruz, 20 ans, par des experts autrichiens de renommée mondiale. Selon la version officielle, les 43 disparus auraient été attaqués, le 26 septembre 2014, par des policiers municipaux d’Iguala qui les auraient remis à des tueurs d’un cartel de la drogue. Ces derniers les auraient assassinés avant de brûler leurs corps sur un bûcher durant quatorze heures dans la déchetterie de la ville voisine de Cocula. Les restes humains auraient ensuite été broyés puis déposés dans des sacs-poubelles, jetés dans une rivière à proximité.La thèse de la crémation mise en douteDix-sept fragments osseux carbonisés, retrouvés par les autorités, avaient été confiés à l’Institut de médecine de l’université d’Innsbruck en Autriche. Mais jusqu’à présent, le laboratoire n’avait pu confirmer l’identité que d’un seul étudiant, Alexander Mora, 19 ans. Le 6 septembre, la publication du rapport du groupe interdisciplinaire d’experts indépendants mandaté par la CIDH a révélé une série de preuves falsifiées, d’omissions et de pistes d’investigation non explorées. Ces critiques avaient fait l’effet d’une bombe, alors que l’enquête avait conduit à l’arrestation de 110 suspects, dont le maire d’Iguala, élu du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), qui serait le commanditaire de l’attaque.Lire aussi :Au Mexique, un rapport accablant relance l’affaire des étudiants disparusLe rapport de la CIDH met en doute la crémation des 43 corps dans la décharge de Cocula. Selon lui, les traces de feu repérées dans la déchetterie ne correspondent « même pas à l’incinération d’un seul corps ». En outre, la CIDH recommande l’ouverture d’une enquête sur les militaires de la caserne d’Iguala qui ne seraient pas intervenus, alors qu’ils savaient que les étudiants étaient attaqués par les policiers municipaux.L’identification de l’ADN d’un autre disparu tombe à pic pour le gouvernement, qui maintient sa version officielle. Serait-ce l’épilogue d’une affaire qui a provoqué des manifestations massives dénonçant la collusion des autorités locales avec le crime organisé ? Pas si sûr. En février, l’Equipe argentine d’anthropologie médico-légale (EAAF), qui a mené des analyses indépendantes à la demande des familles, déclarait déjà son impossibilité de confirmer que les 17 restes humains ont bien été découverts dans la déchetterie de Cocula. L’EAFF avait alors déploré les failles de l’enquête officielle, pointées aussi du doigt par le récent rapport de la CIDH.Création d’une commission parlementaireLes familles des 43 disparus, qui dénoncent un « crime d’Etat », prévoyaient de rencontrer le président Enrique Peña Nieto, le 24 septembre. Ce dernier avait annulé le traditionnel dîner de gala, mardi 15 septembre, à l’occasion de la fête nationale, par respect pour les victimes d’un drame qui a bouleversé le Mexique et le monde.Mercredi, Mme Gomez a aussi annoncé la création d’un groupe d’experts, composé de médecins légistes et de généticiens. Elle a invité les membres de l’EAAF et les experts de la CIDH à y prendre part pour évaluer plus de 63 000 restes humains, collectés par les autorités. Ces fragments osseux devraient ensuite être envoyés à l’Institut d’Innsbruck pour une nouvelle tentative d’identification de l’ADN des disparus.La veille, une commission parlementaire a été créée pour suivre les avancées de l’enquête. En mémoire de l’attaque tragique contre les étudiants à Iguala, les députés de l’opposition proposent de faire du 26 septembre le jour national des disparitions forcées.Lire aussi :Au nom des disparus d’IgualaFrédéric Saliba (Mexico, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.09.2015 à 10h58 • Mis à jour le17.09.2015 à 12h28 | Matteo Maillard Vingt-six universités japonaises ont annoncé vouloir fermer leurs facultés de sciences humaines et sociales, ou du moins diminuer leur activité. Une décision qui fait suite à une lettre que le ministre de l’éducation, Hakubun Shimomura, a adressée le 8 juin aux présidents des 86 universités du pays, leur demandant « d’abolir ou de convertir ces départements pour favoriser des disciplines qui servent mieux les besoins de la société ».Sur les soixante universités publiques qui proposent des cours dans ces disciplines, incluant le droit et l’économie, dix-sept comptent cesser d’y recruter des étudiants, précise un sondage publié par le quotidien conservateur Yomiuri Shimbun, que cite le Time Higher Education.Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le conseil scientifique japonais a exprimé en août « sa profonde préoccupation concernant l’impact potentiellement grave qu’une telle directive administrative implique pour le futur des sciences humaines et sociales au Japon. »Une politique « anti-intellectuelle »Plusieurs universités, dont celles de Tokyo et Kyoto, considérées comme les plus prestigieuses du pays, ont annoncé qu’elles n’appliqueraient pas la mesure. Takamitsu Sawa, le président de l’université de Shiga, s’est pour sa part insurgé, dans une tribune au Japan Times, contre la posture « anti-intellectuelle » du gouvernement, qui continue « d’évaluer l’apprentissage académique et les sciences en termes utilitaires. »Selon lui, la politique du premier ministre Shinzo Abe fait écho à celle de son prédécesseur Nobusuke Kishi, qui, en 1960, avait voulu supprimer ces départements des universités publiques, afin qu’elles se concentrent sur les sciences naturelles et l’ingénierie. Dans le Japon impérial de la seconde guerre mondiale, déjà, une injustice permettait « aux étudiants de sciences naturelles et d’ingénierie d’être réformés, tandis que les étudiants en sciences humaines devaient servir dans l’armée », explique M. Sawa.Lire aussi :Shinzo Abe conforte sa mainmise sur le pouvoir au JaponIngérence du secteur privéCette réforme académique est une déclinaison des Abenomics, l’arsenal de mesures visant à redresser la croissance japonaise qu’a introduit Shinzo Abe. Une stratégie dont l’efficacité est critiquée, notamment par l’économiste Thomas Piketty, pour les inégalités qu’elle crée. Shinzo Abe a par ailleurs fixé aux universités un objectif très ambitieux : dix d’entre elles doivent figurer dans le classement des 100 meilleurs établissements d’ici dix ans – le pays n’en compte que deux pour l’instant.Lire aussi :Le Japon face à l’atonie de la consommation« Au Japon, les politiques concernant l’enseignement supérieur sont sous le contrôle du Conseil pour la compétitivité industrielle, qui est composé de neuf cabinets ministériels, sept dirigeants d’entreprises et deux représentants des universités, issus de l’ingénierie et de l’économie » explique M. Sawa dans sa tribune. La preuve selon lui qu’au Japon, « l’ingérence du secteur privé dans l’enseignement supérieur a toujours cours ».Matteo MaillardJournaliste au Monde Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) A l’instar de l’agence de notation Moody’s et Fitch il y a quelques mois, Standard & Poor’s (S&P) a dégradé, mercredi 16 septembre, d’un cran la note souveraine du Japon. Le pays voit ainsi son appréciation rétrogradée de AA– à A +, une note assortie d’une perspective stable. S’il s’agit du premier abaissement par S&P de la note du Japon depuis janvier 2011, cette décision n’inquiète pourtant pas le gouvernement, qui table sur une hausse des impôts pour compenser des dépenses publiques qu’il n’est guère enclin à réduire.Pourquoi Standard & Poor’s dégrade-t-elle la note du Japon ? La décision de l’agence américaine illustre une défiance grandissante dans les « Abenomics », cette politique mêlant assouplissement monétaire, plans de relance et réformes structurelles menée par le gouvernement du premier ministre japonais, Shinzo Abe, pour redresser la troisième économie mondiale. L’agence explique d’ailleurs :« La possibilité de voir la reprise japonaise suffisamment forte pour restaurer le soutien de l’économie à la solvabilité du pays ne cesse de s’affaiblir. Malgré les espoirs suscités au début, la stratégie de relance baptisée “Abenomics” ne devrait pas inverser cette tendance dans les deux ou trois prochaines années. »Entre avril et juin, le PIB nippon a reculé de 1,2 % en glissement annuel. L’indice des prix reste proche de zéro, loin de l’objectif de 2 % fixé par la Banque du Japon (BoJ), et la consommation ne s’améliore pas.Le 15 septembre, l’établissement central a décidé de maintenir la politique monétaire actuelle, considérant que l’économie « continu[ait] de se redresser modérément ». Il a toutefois admis l’impact du ralentissement des économies émergentes sur les exportations et les importations et n’exclut pas de nouvelles mesures pour soutenir l’activité.Lire aussi :L’économie japonaise victime d’une rechuteQuel est l’état de l’économie japonaise ?La gestion des finances publiques du gouvernement japonais n’a guère de quoi rassurer les agences de notation. La dette japonaise pourrait atteindre 247 % du PIB en 2016 selon les calculs du Fonds monétaire international (FMI). Les requêtes budgétaires pour l’exercice 2016, commençant le 1er avril, atteignent le niveau record de 102 400 milliards de yens (750 milliards d’euros). Et si les arbitrages ne sont pas connus, d’importantes élections sénatoriales sont prévues en juillet 2016. Il y a donc peu de chances que le gouvernement s’engage dans une baisse des dépenses publiques. En 2015, le déficit budgétaire était de 7,7 %.Les annonces formulées par le gouvernement en juin pour améliorer l’état des finances publiques – un mois après l’appel du FMI à des « actions drastiques » sur ce point – n’ont pas convaincu. Toujours déterminé à atteindre l’équilibre de la balance primaire (c’est-à-dire hors service de la dette) d’ici à l’exercice 2020, le gouvernement exclut néanmoins des baisses importantes des dépenses.Pour cause, il table sur les rentrées fiscales en hausse grâce à une croissance nominale à 3 % en moyenne au cours des cinq prochaines années. Une augmentation de 8 % à 10 % de la TVA en avril 2017 devrait également y contribuer. Or la précédente hausse de la TVA, de 5 % à 8 % en avril 2014, avait plongé l’archipel dans la récession, et les réformes structurelles – la troisième « flèche » des « Abenomics » après la politique monétaire et les plans de relance – se font toujours attendre.Dans le même temps, le vieillissement de la population et le lent recul des salaires font que les Japonais commencent à puiser dans leurs réserves. Le taux d’épargne a pour la première fois reculé de 1,3 % à l’exercice 2013 clos à la fin de mars 2014.Lire : Au Japon, Piketty pointe les inégalités accentuées par les « Abenomics »Quelles seront les conséquences de cette dégradation ?A court terme, la décision de S&P ne devrait pas poser de problème. Fitch Ratings a baissé en avril la note du Japon, tandis que Moody’s l’avait fait en décembre 2014 : le « triple A » acquis par l’archipel en 1971 appartient désormais à un lointain passé.Depuis 1998, date du premier abaissement de sa note, les dégradations successives n’ont jamais suscité de panique ni d’effondrement du marché ou de la monnaie. Et l’archipel n’a pas de problème pour emprunter, du moins pour l’instant. Le taux sur les emprunts à dix ans ne dépassait pas 0,367 % le 16 septembre 2015. L’indice Nikkei a commencé la séance du 17 en hausse de plus de 1 %.Il faut dire que la dette nippone est détenue à plus de 90 % par les Japonais eux-mêmes. Outre la BoJ et son programme massif d’acquisition d’actifs, les grandes banques et la poste japonaise financent l’achat des bons en puisant dans l’importante épargne de la population, dont le montant s’élève toujours à près de 1 400 000 milliards de yens (10 315 milliards d’euros), plus de deux fois et demi le PIB. Le Japon dispose également d’importantes réserves de change, à 1 244 milliards de dollars (1 100 milliards d’euros) à la fin d’août.Mais les capacités d’emprunt locales pourraient se tarir vers 2020. Le Japon devrait ensuite recourir aux investisseurs étrangers ; ce qui pourrait l’exposer à des pressions similaires à celles qui ont provoqué la crise grecque.Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Maurisse (Genève, correspondance) L’institution onusienne est sous le feu des critiques après avoir nommé l’Arabie saoudite à la tête d’une de ses commissions consultatives. A Genève, cela fait plusieurs jours que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a démarré sa 30e session de travail, la dernière de l’année. Mais ce n’est que lundi 21 septembre que cette institution hautement symbolique a fait parler d’elle, quand la nomination de l’Arabie saoudite à la tête de son « groupe consultatif » a été rendue publique.Comme l’a révélé l’ONG UN Watch, l’ambassadeur de Riyad auprès des Nations unies, Faisal Trad, présidera ce groupe. Au sein du Conseil des droits de l’homme, le « groupe consultatif » est chargé de sélectionner les rapporteurs en charge de thématiques précises comme les camps de travail en Corée du Nord ou les violences faites aux femmes.Ces travaux servent ensuite de base au Conseil des droits de l’homme pour émettre des recommandations. « C’est scandaleux que l’ONU choisisse un pays comme l’Arabie Saoudite pour présider ce groupe, estime Hillel Neuer, directeur exécutif d’UN Watch. Les pétrodollars et la politique l’emportent sur les droits de l’homme. »« Un coup à la crédibilité » du ConseilLa monarchie saoudienne est l’une des plus dures au monde. Jeudi, Riyad a prévu de décapiter puis de crucifier en place publique le jeune opposant chiite Ali Mohammed Al-Nimr. Le blogueur et militant Raif Badawi est quant à lui en prison depuis 2012. A Genève, Hillel Neuer dénonce une « mascarade et un coup de plus porté à la crédibilité » d’une institution qui représente l’autorité morale de l’ONU et dont l’Arabie saoudite est devenue membre en 2013.A l’époque, ni les Etats- Unis, ni l’Union européenne, ni la France, ne s’étaient opposés à cette nomination. La plupart des décisions du Conseil des droits de l’homme se prennent sans qu’un vote formel n’ait vraiment lieu. Les tractations et négociations ont donc lieu en amont et en coulisses. La nomination de Riyad à la tête du « groupe consultatif » était restée secrète depuis le mois de juin.L’opacité de ce fonctionnement n’est pas non plus pour servir la réputation d’un organe de plus en plus décrié. Au printemps dernier, l’Arabie saoudite, déjà, s’était portée candidate à la présidence du Conseil des droits de l’homme. Une polémique avait éclaté et la candidature avait été retirée.Dans les couloirs du Palais des Nations, à Genève, il se murmure que Riyad aurait obtenu la tête du « groupe consultatif » en guise de consolation. Reste que l’institution doit bien renouveler sa présidence (actuellement occupée par l’Allemand Joachim Rücker) d’ici la fin de l’année. C’est au tour du groupe asiatique de proposer un pays – d’où la tentative de l’Arabie saoudite, qui en fait partie. « A la place, le groupe asiatique proposerait la Mongolie, indique un expert du sujet, basé à Genève. Or, la Mongolie n’est pas encore membre du Conseil des droits de l’homme…»Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde Rémi Barroux L’actualité des centaines de milliers de réfugiés affluant aux frontières de l’Europe ne doit pas faire oublier les mouvements permanents de migration dans le monde. Dans son rapport annuel dressant les « perspectives des migrations internationales 2015 », rendu public mardi 22 septembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indique que les flux migratoires ont augmenté de 6 % en 2014, par rapport à 2013, soit 4,3 millions d’entrées au total dans les pays de l’OCDE – 34 pays aux économies développées, dont la plupart des nations européennes, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Mexique, le Chili ou encore la Corée.Lire aussi :L’Europe mieux armée pour faire face à cette crise migratoire inédite« La population née à l’étranger dans les pays de l’OCDE s’établissait à 117 millions de personnes en 2013, soit 35 millions et 40 % de plus qu’en 2000 », écrivent les auteurs du rapport. Après la crise des années 2007-2008 qui a ralenti en partie les migrations Sud-Nord pour des raisons économiques, la reprise est nette et les flux ont retrouvé leur niveau d’avant crise. Pour les économistes de l’OCDE, il faut y voir l’impact d’un « climat économique légèrement meilleur, combiné à des facteurs tels que l’évolution démographique et les crises géopolitiques ».L’Allemagne plus accueillanteL’Allemagne reste la destination européenne numéro un (2e derrière les Etats-Unis au niveau mondial), avec 468 800 entrées contre 259 800 pour la France en 2014 (4e rang derrière la Grande-Bretagne). Surtout, il faut noter qu’en sept ans, ces flux ont fortement augmenté outre-Rhin, puisqu’ils représentaient 232 900 personnes en 2007, soit plus du double en 2014, alors que la hausse est minime en France : 53 300 personnes en plus. « La migration vers l’Allemagne, sans compter la question des réfugiés, continue d’augmenter fortement, en raison notamment de la situation du marché du travail et, probablement, un contexte psychologique lié à son histoire », analyse Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à la direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales à l’OCDE. Pour autant, les politiques d’intégration et les législations ont évolué dans un certain nombre de pays. Les procédures de regroupement familial ont parfois été assouplies – les migrations familiales représentaient, en 2013, plus du tiers de toutes les entrées permanentes dans les pays de l’OCDE. De nouvelles réponses à la crise humanitaire dans la région méditerranéenne sont imaginées. Cependant, « la plupart des changements ont apporté des restrictions », note l’OCDE. Les pays sont plus sélectifs dans leur recherche de travailleurs qualifiés et des actions visant à renforcer les contrôles aux frontières, à encourager les retours volontaires et à lutter contre le travail illégal, ont été mises en œuvre.Traditionnel pays d’origine de migration économique, la Chine est en première place avec 557 000 migrants en 2013 (520 000 en 2007). Un nouvel immigré sur dix est Chinois. En deuxième position, la Roumanie a vu son nombre de départs fortement diminuer : 300 000 contre 557 000 en 2007. La Pologne voit aussi le nombre de ses migrants reculer, à 290 000 contre 339 000 voici huit ans.Forte hausse des demandes d’asileLes migrations pour raisons humanitaires et politiques ont fortement augmenté. Pour la seule année 2014, plus de 800 000 demandes d’asile ont été enregistrées soit, note l’OCDE, une hausse de 46 %, « un niveau jamais atteint depuis 1992 ». Et l’année 2015 devrait voir ce nombre en nette hausse. Les principaux pays de destination de cette migration sont l’Allemagne, les Etats-Unis, la Turquie, la Suède et l’Italie. La France n’arrive qu’en sixième position alors qu’elle a été longtemps l’un des trois pays principaux de destination.Si le rapport de l’OCDE n’étudie que les migrations à destination des pays membres, pour Jean-Christophe Dumont, elles ne représentent que la moitié des mouvements migratoires internationaux. On constate aussi une forte augmentation des flux sur le continent américain. Un rapport de l’Organisation des Etats américains (OEA), « Migrations internationales dans les Amériques », publié en août, fait état d’une augmentation de 5 % par an de ces migrations sur l’ensemble du continent entre 2011 et 2013 et même 17 % pour la seule Amérique latine et les Caraïbes. « Le nombre de migrants dans les Amériques est passé de 34 millions en 1990 à 61 millions en 2013 », écrivent les auteurs du rapport. Les Etats-Unis et le Canada, à eux seuls, en comptent 53 millions. Le mouvement est aussi fort dans les régions asiatiques, indique M. Dumont. Quant aux mouvements déterminés par les crises climatiques, il se fait d’abord à un niveau intranational et intrarégional.Quelles qu’en soient les raisons, les flux s’intensifient. En introduction au rapport de l’OCDE, les auteurs insistent sur la nécessité de communiquer sur la réalité de ces migrations, alors que les tensions augmentent au fur et à mesure de l’afflux des réfugiés aux portes de l’Europe. « Ne pas anticiper, ni communiquer sur les développements en cours risque fort d’être très préjudiciable à la confiance et, en fin de compte, sur la capacité à adapter si nécessaire, non seulement les mesures politiques d’urgence, mais aussi, plus généralement, les systèmes de gestion des migrations », écrivent les auteurs.Lire aussi :L’Union européenne pressée de trouver un accord sur la crise des migrantsRémi BarrouxJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Clara Wright Pour lutter contre le terrorisme, il faut permettre aux djihadistes déçus de s’exprimer. C’est ce que préconise un rapport publié le 18 septembre par le groupe de réflexion britannique The International Centre for the Study of Radicalisation and Political Violence (ICSR), spécialisé dans l’étude de la violence politique et de la radicalisation.L’intérêt de cette approche serait de dissuader les prétendants au départ et inciter les actuels combattants à quitter les rangs de l’organisation de l’Etat islamique (EI). Comment ? Par la diffusion des récits des militants désenchantés par leur séjour en Syrie ou en Irak. « Personne n’a plus de crédibilité pour défier le récit de l’EI et pour donner une impression réaliste du groupe et de la société totalitaire qu’il cherche à créer que les personnes qui l’ont expérimentée », explique l’étude.Dans l’enquête menée par l’ICSR, 58 témoignages sont cités : 21 viennent de Syrie, 9 d’Europe de l’ouest et d’Australie, 7 d’Asie… Ils révèlent tous « les contradictions » au sein de l’organisation djihadiste, qui tranchent avec l’image « d’unité » que cherche à diffuser l’EI.« Les injustices du quotidien »Par exemple, les dissensions internes à la communauté sunnite dérangent ces réfractaires. En Syrie, ceux qui se sont engagés pour renverser le régime de Bachar Al-Assad se retrouvent, en réalité, à combattre des groupes rebelles, sunnites eux aussi. C’est dans ce cas précis que la brutalité de l’EI leur saute aux yeux et les choque : les témoins rapportent des tueries d’innocents, de femmes et d’enfants, mais aussi de combattants par leurs propres chefs.Un constat qui pousse Peter Neumann, l’auteur du rapport, à conclure dans le quotidien britannique The Guardian : « Si vous voulez empêcher les personnes de rejoindre l’Etat islamique, inutile de montrer des photos de minorités ethniques ou religieuses en train d’être persécutées. » En effet, ces minorités ne sont jamais évoquées par les 58 témoins, alors que dans le monde occidental, leur survie est un enjeu majeur de la mobilisation anti-EI. La solution ? « Peut-être devriez-vous commencer par parler du fait que l’Etat islamique est en réalité mauvais envers les sunnites », suggère M. Neumann.Lire aussi :Jinan Badel, esclave de Daech : « Se taire, c’est être complice »L’enquête qu’il a menée révèle d’autres tensions au sein de l’organisation. Les ex-djihadistes se plaignent « d’injustice », « d’égoïsme » et de « corruption ». Ce discours rappelle celui de Sofiane, un Français ayant quitté la Syrie et dont le témoignage sur FranceTVinfo a été joint au panel. « Ce qui m’a saoulé, ce sont les injustices du quotidien », racontait-t-il. « Par exemple, quand tu cherches un appartement, on te met sur une liste d’attente. Et un émir local qui a plusieurs femmes, qui est connu, va directement obtenir une grande maison ! Alors qu’un jeune Français comme moi, qui a pourtant tout quitté dans son pays, on le fait dormir dans des trucs dégueulasses. » Les Syriens, eux, pensent le contraire : d’après l’étude, ils se sentent moins bien traités que les étrangers. Dans un cas comme dans l’autre, on est loin du rêve d’une société islamique idéale.Ni « action » ni « héroïsme »Enfin, les combattants de retour au pays souffrent de n’avoir trouvé ni « l’action », ni « l’héroïsme » qu’ils cherchaient. Quant aux étrangers, ils se sentent « exploités comme de la chair à canon », notamment pour perpétrer des attentats suicide. Autant de mots, d’images, de faits et de ressentis qui jettent un jour cru sur les failles de l’EI.Mais aujourd’hui, les « obstacles » à la défection et au témoignage sont trop nombreux, juge l’ICSR. Même sur un territoire échappant au contrôle de l’EI, ceux qui le quittent ont peur de ses représailles. Du côté des pays d’accueil, ils sont le plus souvent considérés comme « dangereux » et risquent de se retrouver poursuivis devant la justice à cause de leurs déclarations. L’ICSR appelle ainsi à applanir ces obstacles, à « aider à la réinstallation » des transfuges, loin d’amis éventuellement proches eux aussi de l’EI, et à « garantir la sécurité » des témoins potentiels, dont le nombre devrait augmenter dans les prochains mois. « Les transfuges provenant du prétendu Etat islamique sont un nouveau phénomène en pleine croissance », assure le rapport.Clara WrightJournaliste au Monde Maryline Baumard L’ampleur de la crise migratoire de 2015 n’est pas sa seule spécificité. Certes, les 800 000 à 1 million de demandes d’asile que l’Allemagne attend cette année correspondent à un afflux inédit depuis la seconde guerre mondiale. Mais le Vieux Continent avait déjà traité 630 000 dossiers lors du conflit entre la Bosnie et la Serbie en 1992, remet l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en perspective. Dans un numéro spécial de Migration Policy Debates, rendu public aujourd’hui, les chercheurs de l’organisation internationale analysent les originalités de la crise actuelle par rapport aux autres vagues migratoires qu’a connues le vieux continent.Lire aussi :L’Union européenne pressée de trouver un accord sur la crise des migrantsD’abord, et contrairement aux crises précédentes, et notamment à celle des Balkans à l’aube des années 1990, les arrivées massives en Europe se font par deux points d’entrée distincts, tous deux maritimes. L’OCDE rappelle ainsi que 330 000 personnes sont entrées par la mer depuis le début de l’année, 210 000 en Grèce, 120 000 en Italie.L’Italie, la Grèce et la Hongrie sont donc clairement en première ligne même si la plupart des migrants n’y demandent pas l’asile, mais traversent seulement pour rejoindre l’Allemagne et dans une moindre mesure la Suède, l’Autriche ou la Suisse. Sur la destination finale, rien n’a changé vraiment et les principales destinations sont les mêmes qu’au début des années 1990, observe l’OCDE. Part importante de diplômésL’Europe en revanche, elle, a évolué. Si elle a du mal à s’entendre sur une répartition, elle est mieux armée pour recevoir ces réfugiés que dans les années 1990. Ce qui ne signifie pas qu’ils sont bien accueillis partout et que tout aille de soi, mais l’organisation de ce dispositif a partout progressé, sous l’égide de l’Europe et de ces règlements.En revanche, la variété des profils de migrants complique l’octroi de l’asile. « Le pays d’origine, le profil et les motivations ne sont pas les mêmes chez tous les réfugiés », rappelle Jean-Christophe Dumont, responsable de la cellule migration à l’OCDE à Paris. En fait, plusieurs nationalités se mêlent dans les flux, avec des motifs d’exode différents. Les Syriens, qui sont très majoritaires dans les flux ces derniers mois présentent aussi un niveau d’éducation différent des autres publics. Ils sont mieux formés que la population venue de l’ex-Yougoslavie lors du flux précédent, observe l’OCDE. Parmi ceux qui étaient venus pour raisons humanitaires, entre 1988 et 1993, 15 % avaient un diplôme d’enseignement supérieur.« Parmi la vague actuelle de Syriens, la part de diplômés du supérieur semble plus importante » rappelle M. Dumont. Selon les statistiques suédoises, plus de 40 % des Syriens arrivés dans leur pays en 2014, ont au moins un niveau supérieur, contre 20 % des Afghans et 10 % des Erythréens. En Allemagne, le repérage du niveau scolaire est moins systématique mais parmi les réfugiés arrivés en 2014, 15 % auraient un diplôme d’enseignement supérieur, 16 % un niveau bac, 35 % un niveau de fin de collège, 21 % de fin de primaire et 11 % rien du tout. Chez les Syriens, 21 % de ceux qui sont arrivés de janvier 2013 à septembre 2 014 avaient fréquenté l’université, 22 % avaient un niveau de lycée, et 47 % un niveau collège ou primaire.« Adapter les outils d’intégration »Si la chancelière Angela Merkel a compris cet atout, l’intégration de ces publics ne s’improvise pas. Pas plus en Allemagne que dans les autres pays. La réussite de ce processus demande la mise en place de mesures adaptées qui tiennent compte du pays d’origine, du niveau scolaire de départ et de la situation familiale. « Il faut de plus en plus adapter les outils d’intégration », répètent les chercheurs de l’OCDE. Une mobilisation essentielle car « non seulement une intégration réussie a un impact positif sur l’économie mais en plus elle augmente les rentrées fiscales des États et est aussi un facteur de cohésion sociale ».« Plus vite un réfugié accède au monde du travail, mieux se fera son intégration sur le long terme »En guise de conseil aux Etats, l’OCDE rappelle que « plus vite un réfugié accède au monde du travail, mieux se fera son intégration sur le long terme ». Aussi recommande-t-elle de donner le plus tôt possible aux nouveaux venus des compétences de base en langue. De même, à l’heure où les maires sont priés en France de proposer des logements vides, l’organisation internationale rappelle qu’il est important de trouver le bon équilibre entre la création d’une concentration importante de ces nouveaux venus sur un même lieu, et leur isolement. Elle souligne aussi qu’il est primordial de les installer dans les villes qui offrent du travail et pas seulement des logements. « C’est évidemment une politique qui coûte cher mais les bénéfices s’en feront ressentir sur le marché du travail, ainsi qu’en matière de cohésion sociale sur les générations suivantes », rappelle Jean-Christophe Dumont.Les travaux récents menés sur l’éducation par l’OCDE montrent qu’il est aussi particulièrement important de vérifier que l’école dispose des ressources pour aider les enfants de migrants à apprendre la langue de leur pays d’accueil. Or, une autre spécificité du mouvement 2015 est le grand nombre de mineurs venus seuls. Ils étaient 24 000 en 2014 soit 4 % des demandeurs d’asile de l’UE. L’analyse des chercheurs suggère donc que les Etats réfléchissent à autre chose qu’une scolarisation classique, notamment pour ceux, nombreux, qui arrivent à 16 ou 17 ans.Lire aussi :La crise des réfugiés déchire la PologneMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Parvenir à un accord, absolument. Pour éviter un vote à la majorité qualifiée qui ajouterait encore à la désunion entre des pays membres qui se déchirent sur la crise des migrants. Et pour faire en sorte que le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, mercredi 23 septembre, ne tourne pas au pugilat. Tel devait être l’objet du conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur de l’Union européenne (UE), mardi 22 septembre à Bruxelles. Un conseil à haut risque, un de plus, huit jours après un autre qui s’était soldé par un échec.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?« J’espère qu’on ne causera pas davantage de dommages à l’Europe, il y a vraiment un risque qu’elle s’effondre », commentait, lundi soir, un diplomate. « Il faudra un miracle, mais nous y travaillons », murmurait une source proche de la présidence luxembourgeoise. Les ambassadeurs auprès de l’Union étaient encore en réunion, dans la matinée de mardi, pour tenter d’ébaucher des conclusions et permettre aux ministres de se prononcer sur un texte de la Commission européenne. Formulé le 9 septembre, le projet visait à répartir dans l’UE 120 000 demandeurs d’asile arrivés en Grèce, en Italie et en Hongrie. Sur une base obligatoire, en fonction d’une savante clé de répartition.Discussions explosives sur la répartition des réfugiésLa proposition de la Commission faisait suite à un projet de relocalisation pour 40 000 demandeurs d’asile, difficilement approuvé en juin et validé politiquement le 14 septembre seulement. Bruxelles évoquait aussi un système automatique de répartition pour le futur et une possibilité, pour les pays qui refuseraient des réfugiés, d’acquitter une sorte de pénalité financière. Ce dernier point ne sera pas évoqué mardi, tant il suscite la polémique. « On risquait d’accréditer l’idée qu’on peut payer pour ne pas accueillir et de créer un effet d’emballement. Cela aurait compliqué la situation des gouvernements prêts à accepter le plan de répartition », résume une source diplomatique.Lire aussi :Crise des migrants : les aides financières européennes au plus basAutre difficulté, de taille : le mécanisme des « 120 000 » est toujours refusé par la Slovaquie et la République tchèque. La proposition initiale de la Commission devait, dès lors, être en grande partie détricotée, mardi. A quelques heures de la réunion à Bruxelles, le premier ministre tchèque a confirmé que son pays refuse toujours les quotas obligatoires de réfugiés voulus par la Commission.Fléxibilités pour amadouer les détracteurs du projetDepuis quelques jours, les diplomates qui travaillaient à un accord ne parlaient plus que de « flexibilités » et planchaient sur un mécanisme complexe censé faire passer pour « obligatoires » des relocalisations qui pourraient, finalement, n’être que volontaires… Oubliée aussi, la « clé de répartition » qui aurait préfiguré un mécanisme permanent même si, à l’évidence, le flot des réfugiés est loin d’être tari.Pour le Luxembourg, qui assure la présidence tournante de l’UE, il s’agissait de tout faire pour conserver au moins le nombre, devenu symbolique, des 120 000 relocalisations de réfugiés (en deux ans…). « Si on n’y arrive pas, rien ne se fera. Je ne comprendrais pas qu’un pays puisse s’opposer à cela » expliquait, au Monde, lundi soir, le ministre des affaires étrangères, Jean Asselborn.Divers responsables convenaient qu’il fallait effectivement atteindre cet objectif pour éviter d’autres commentaires hostiles sur cette Europe qui n’arriverait même pas à s’entendre sur un nombre de plus en plus dérisoire face à la réalité de ce qui se déroule à ses frontières. On estime que de 4 000 à 6 000 personnes empruntent désormais quotidiennement la route des Balkans pour tenter de pénétrer dans l’UE.Rallier la Hongrie et apaiser le climatIl reste que, même pour annoncer un accord minimal sur les 120 000, les négociateurs devaient encore lever, mardi matin, un important blocage : le refus de la Hongrie de participer au mécanisme qui devait relocaliser 54 000 personnes présentes sur son territoire a compliqué un peu plus les négociations. Budapest refuse obstinément d’apparaître comme un pays « de première ligne », par où entrent les demandeurs d’asile et où ils doivent introduire leur requête, mais est toutefois prêt à accepter des migrants venus de Grèce et d’Italie.Le gouvernement veut éviter que des camps se forment sur son territoire et préfère soit bloquer les réfugiés devant les murs et les barbelés érigés à ses frontières avec la Serbie – et bientôt la Croatie –, soit les laisser transiter rapidement vers l’Autriche. Diverses hypothèses étaient sur la table : le « quota » hongrois serait octroyé à la Grèce, partagé entre la Grèce et l’Italie, ou serait présenté comme une « soupape » pouvant servir à d’autres Etats confrontés à une crise à l’avenir…Le renforcement des mesures répressives voté en Hongrie, avec le déploiement massif de policiers et de militaires désormais autorisés à utiliser leurs armes à feu, n’a suscité que peu de commentaires dans les institutions européennes. Elles ne veulent pas ajouter à la polémique, conscientes que les critiques du premier ministre, Viktor Orban, contre la Grèce, qui n’effectuerait pas les contrôles nécessaires à ses frontières, ou l’Allemagne, qui aurait créé un « appel d’air » pour les réfugiés, sont désormais partagées par d’autres capitales.Autre pays-clé pour une solution, la Pologne semblait, elle, décidée à accepter des réfugiés – et peut-être davantage que ce qui lui était demandé – mais sur une base volontaire. Sa position devait faciliter un éventuel accord. Varsovie demandait cependant à ne pas être placé dans une position impossible vis-à-vis de ses partenaires du groupe de Visegrad, au sein duquel la Hongrie et la Slovaquie adoptent une rhétorique anti-islam qui convainc aussi beaucoup de Polonais. Le PiS, parti conservateur donné favori pour les élections du 25 octobre dans le pays, adopte également ce discours. Ce qui complique la vie du gouvernement actuel et pourrait, en outre, conduire à un changement de position de la Pologne après ces élections.Lire aussi :La crise des réfugiés déchire la PologneJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cyril Bensimon (Ouagadougou, envoyé spécial) Est-ce le calme qui précède la tempête ou la libération ? Pas un bruit ne résonne dans le centre-ville désert de la capitale du Burkina Faso, mardi 22 septembre au matin. Le pouvoir de la junte, dirigée par le général Gilbert Diendéré, vacille alors que d’autres corps de l’armée se sont levés ­contre les putschistes. Sous les vivats de la foule, ces militaires loyaux aux autorités de transition ont convergé, lundi, vers la capitale en provenance des garnisons de Dédougou, Bobo Dioulasso, Fada Ngourma, Kaya et Ouahigouya. Certaines unités ont commencé à pénétrer dans la nuit à Ouagadougou sans rencontrer de résistance, tandis que le général Diendéré affirmait à l’AFP, mardi matin, qu’il comptait « faire partir » l’armée au plus vite.Suivez en direct la situation sur placeEn ces instants d’incertitudes, l’angoissante interrogation demeure : le sang va-t-il être versé pour obtenir la reddition du « Conseil national pour la démocratie » (CND) ? Toute la nuit de lundi à mardi, les deux camps ont négocié afin d’éviter un affrontement qui transformerait Ouagadougou en champ de bataille. Mardi matin, aucune solution ne semblait encore avoir été trouvée. « Nous voulons tout faire pour éviter des combats, d’autant que parmi la troupe certains commencent à montrer leur impatience », affirme Chérif Sy, le président du Parlement de transition.« Ils ne nous ont pas donné de réponses satisfaisantes pour expliquer leur action. On va les faire reculer. S’ils veulent la ­confrontation, ils l’auront », rétorque un capitaine du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’unité qui a perpétré le coup d’Etat du 17 septembre. Le rapport de forces demeure inconnu entre l’unité d’élite de l’armée burkinabée qui a pris le pouvoir par la force et les composantes qui lui sont opposées. Parmi ces dernières figurent notamment le régiment de para-commandos de Dédougou, en partie formé par les Américains, des unités blindées et des fantassins.Ambiance hystérique Malgré l’intense pression qui s’exerce sur lui et les hommes qui lui sont encore fidèles, le général Diendéré refuse encore de lâcher les rênes du pouvoir. Lundi, en milieu d’après-midi, dans une déclaration diffusée par la Radio-Télévision du Burkina, avant de présenter ses « excuses à la nation et à la communauté internationale », il s’est contenté de promettre une nouvelle fois de « remettre le pouvoir aux autorités civiles de transition à l’issue de l’accord définitif de sortie de crise sous l’égide de la ­Cédéao [la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest] », dont les présidents devaient se réunir mardi au Nigeria.Le schéma de sortie de crise ­proposé par les médiateurs ouest- africains, offrant notamment une amnistie aux auteurs du coup de force, a été rejeté par la population et les responsables politiques, dont le président de transition, Michel Kafando, qui a été exfiltré lundi soir par des militaires français de la villa où il était maintenu sous la surveillance des putschistes. Son premier ministre, Isaac Zida, a également recouvré la liberté avant l’aube.Lire aussi :Trois questions pour comprendre le coup d’Etat au Burkina FasoCrainte des représaillesOuagadougou a bruissé de rumeurs tout au long de la journée de lundi. Les 1 200 à 1 300 soldats de l’ancienne garde prétorienne de l’ex-président Blaise Compaoré « font massivement défection », prétendaient certains, « ils fuient cachés dans des coffres de voiture ».« Cela fait partie de la guerre de communication », rétorque un officier du RSP.L’ambiance est devenue peu à peu hystérique. Les foyers de ­contestation populaire qui s’étaient assoupis se sont réactivés. Des barrages se sont reformés. Ils sont autant tenus par des jeunes hommes à la conscience politique aiguisée que par des adolescents à l’haleine alcoolisée.Lorsque la rue galvanisée par l’arrivée des soldats de province a appris, trop tard, que le général Diendéré s’était rendu chez Mogho Naba, le roi des Mossis, l’ethnie majoritaire au Burkina Faso, des milliers de personnes se sont massées devant son palais. Il y avait là des envies de vengeance. « On demande à ce qu’il vienne pour qu’on puisse s’en occuper. Il n’a pas le droit de vivre. On lui souhaite la mort et l’enfer », crie Prosper, un manifestant. Les foules qui libèrent leur colère, aussi justifiée soit elle, ne sont jamais belles. Pour Chérif Sy, la principale difficulté pour convaincre les officiers et sous officiers putschistes de se rendre est la crainte des représailles.Saluant le passage d’un véhicule de la gendarmerie d’un « libérez-nous », Adama Compaoré, un employé de magasin, s’interrogeait lundi soir : « Comment Diendéré peut-il se comporter comme ça ? Faire un coup d’Etat et résister avec une unité contre l’ensemble de l’armée, c’est ridicule. Un sergent-chef, on aurait compris, mais pas un grand général. »Cyril Bensimon (Ouagadougou, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante) Le parti était en pleine réunion à Sao Paulo, réfléchissant à la bonne stratégie pour récupérer les électeurs déçus, quand la sentence est tombée. João Vaccari Neto, ancien trésorier du Parti des travailleurs (PT, gauche), formation au pouvoir au Brésil depuis 2003, a été condamné, lundi 21 septembre 2015, à quinze ans et quatre mois de prison pour corruption passive.L’homme, arrêté en avril 2015, est accusé d’avoir servi d’intermédiaire pour le versement de 4,26 millions de reais (954 000 euros) de pots-de-vin distribués au PT dans le cadre du scandale Petrobras. Cette affaire a révélé que, de 2004 à 2014, des sous-traitants du groupe pétrolier avaient formé un cartel afin de se répartir des marchés par la suite surfacturés à l’entreprise publique. Une pratique impliquant le versement de dessous de tables à des cadres de Petrobras et à des hommes politiques de tous bords mettant en cause des géants du Bâtiment et des travaux publics.Lire aussi :Comprendre le scandale Petrobras qui secoue le BrésilLundi, un ex-directeur du groupe pétrolier, Renato Duque, a été lui aussi condamné à vingt ans et huit mois de prison. Une lourde peine infligée par le juge Sergio Moro, devenu l’idole de Brésiliens écœurés par leurs élites.« Contamination de la sphère politique »Dans sa sentence qui vise également huit autres personnes, le juge écrit que le plus répréhensible est sans doute la « contamination de la sphère politique » par le crime, rapporte la Folha de Sao Paulo. Une attaque dirigée contre le PT, porte-voix des travailleurs et des plus pauvres, bien qu’il ne soit pas le seul parti en cause. Des dizaines d’élus sont également visés par les enquêteurs dans ce dossier, dont le président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, appartenant au Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), principal allié du PT.Mais la condamnation de l’ancien trésorier du PT, qui peut faire appel, renforce le discrédit dont souffre un parti usé par douze années de pouvoir. Après deux mandats du président Luiz Inacio Lula da Silva (à la tête du pays de 2003 à 2010) l’actuelle présidente, Dilma Rousseff, est accusée par les siens d’avoir trahi ses promesses et dénoncée par l’opposition pour sa gestion maladroite du pays affecté par une grave crise économique.« Des erreurs ont été commises, et elles sont en train d’être jugées. Elles sont en train d’être jugées pour la première fois de l’histoire du Brésil, parce que des erreurs comme celles-là ont déjà été commises dans le passé et sont restées impunies », a réagi Fernando Haddad, maire de Sao Paulo et membre du PT, interrogé par Le Monde. Le président du parti, Rui Falcao, a lui réaffirmé le caractère légal des dotations reçues par sa formation, considérant l’accusation de M. Vaccari comme une « erreur » fondée sur des délations sans preuve matérielle, et rappelant que l’ex-trésorier a construit son histoire « en défendant les travailleurs », cultivant la « simplicité et l’humilité ».Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) L’évocation du rachat par le grand groupe taïwanais spécialisé dans l’électronique Hon Hai Precision Industry, plus connu sous le nom de Foxconn, de la branche écrans à cristaux liquides (LCD) de Sharp nourrit les interrogations sur l’avenir de la fabrication de téléviseurs au Japon.Selon des sources citées le 21 septembre par le quotidien économique Nihon Keizai, les deux sociétés négocieraient depuis l’été. L’activité écrans à cristaux liquides de Sharp a dégagé 30,1 milliards de yens de profits opérationnels (22,3 milliards d’euros) pour des ventes à 90,1 milliards de yens à l’exercice clos à la fin de mars. Mais entre avril et juin l’activité est repassée dans le rouge, affichant une perte opérationnelle à 13,7 milliards de yens, en raison de ventes décevantes en Chine.Lire aussi :Sharp engage une restructuration de la dernière chanceL’accord avec Foxconn prévoirait également la cession des 38 % détenus par Sharp dans Sakai Display, propriété des deux géants. Le groupe taïwanais avait déjà approché Sharp en 2012 pour y investir. Le projet n’avait pas abouti en raison d’un désaccord sur le prix d’acquisition des parts du groupe nippon.Déclin sur la scène mondialeCette fois Apple, client de Foxconn et de Sharp pour les écrans de ses téléphones et de ses tablettes, pourrait contribuer financièrement à l’opération.Des négociations seraient également en cours avec Innovation Network Cooperation Japan (INCJ), un fonds public privé créé en 2009, réunissant 26 grands groupes, Toyota, tels que Sony ou encore Hitachi, et supervisé par le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) pour soutenir l’innovation dans l’électronique.Le METI pousserait depuis le début de l’année l’INCJ à soutenir Sharp, notamment pour que son savoir-faire reste au Japon. Le ministère pourrait appuyer un rapprochement entre le groupe d’Osaka (ouest) et Japan Display, une structure créée en 2012, réunissant les activités écrans LCD pour tablettes et smartphones de Sony, Toshiba et Hitachi, mais pas de Sharp, qui a refusé d’y participer. Or l’INCJ est actionnaire à 36 % de Japan Display.Plus généralement, ces développements illustrent le déclin de ces groupes sur la scène mondiale, en particulier sur le segment des téléviseurs ; une activité abandonnée par exemple par Hitachi en 2011.Les autres groupes nippons cherchent pourtant à conserver cette activité : les téléviseurs servent à la visibilité de la marque, voire de produits d’appel. Ainsi Sony a pu noter qu’une hausse des ventes de télévisions s’accompagne d’une augmentation de celles de produits audio.Le recours à la technologiePour parvenir à leurs fins, ils misent sur la technologie. Depuis le début de l’année, Panasonic, Sharp et Sony ont dévoilé de multiples modèles connectés utilisant la 4K, un marché dominé par les sud-coréens Samsung et LG, mais en pleine expansion. Il pourrait passer, selon le cabinet spécialisé DisplaySearch de 17 milliards de dollars en 2014 à 47,6 milliards de dollars en 2018.Sharp a présenté en janvier un téléviseur 8K, affichant une résolution 16 fois supérieure à celle de la haute définition.Au travers de sa gamme Bravia et de modèles utilisant le système d’exploitation Android, Sony, qui détient 7 % du marché mondial, s’accroche à une activité qui a été déficitaire pendant dix ans avant de renouer avec les bénéfices à l’exercice clos à la fin de mars. « Les téléviseurs sont l’âme de Sony, soulignait en juin Ichiro Takagi, le responsable de la branche équipements audio et vidéo. On ne peut continuer sans cette activité. » Pour autant, le groupe a vu les ventes de téléviseurs reculer de 17,6 % entre avril et juin.Avec 4 % du marché mondial, Panasonic réduit peu à peu ses positions sur ce créneau, au profit de l’électroménager blanc (réfrigérateurs, lave-linge…). Après sept années de pertes dans le domaine des téléviseurs, le groupe a cédé ses activités de développement d’écrans à Japan Display. Il doit néanmoins dévoiler en octobre un téléviseur de 65 pouces utilisant la technologie OLED (ou DELO), les diodes électroluminescentes organiques. Les écrans sont néanmoins fournis par le sud-coréen LG. Mais d’après l’entrepriseyp maintenir une activité dans la télévision aide à vendre de l’électroménager.Quant à Toshiba, le groupe a annoncé en janvier une refonte de son activité téléviseurs, déficitaire. Il a cessé ses activités de développement et de ventes dans l’ensemble des marchés extérieurs, confiant ses activités à des entreprises, notamment le taïwanais Compal, travaillant sous licence.Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance) Arrivant directement de Cuba, le pape François atterrit mardi soir 22 septembre 2015 aux Etats-Unis pour une première − et longue − visite diplomatique, politique et pastorale. Pour éviter tout problème de circulation, une partie des fonctionnaires de Washington, la capitale fédérale, ont été priés de rester travailler chez eux, mercredi 23 et jeudi 24 septembre. Philadelphie (Pennsylvanie), où le pape assistera ce week-end à la Rencontre mondiale des familles, se prépare tant bien que mal à accueillir plus d’un million de personnes.Contraints de sécuriser les multiples lieux visités par le pape dans ces deux villes et à New York − où il s’exprimera devant l’Assemblée générale des Nations unies −, les services fédéraux assurent faire face à une situation quasi inédite dans l’histoire des Etats-Unis. Côté politique et protocolaire, l’agenda du vice-président, le catholique Joe Biden, est calé sur celui des messes et des discours, tandis que, pour la première fois de son histoire, le Congrès américain s’apprête à recevoir un pape. François, lui, vient découvrir un pays chrétien qu’il ne connaît pas, où les catholiques représentent 21 % de la population, soit environ 51 millions de personnes.Une population catholique en perte de vitesseSelon une récente enquête du Pew Research Center, la population catholique est, avec celle des protestants traditionnels, celle qui a connu l’une des plus fortes baisses ces dernières années. Dans un pays où le nombre de personnes non affiliées à une confession augmente régulièrement, atteignant 23  % des adultes en 2014, la part des catholiques est passée de 24 % à 21 % entre 2007 et 2014, perdant entre 1 et 3 millions de fidèles.L’augmentation de la population hispanique avait permis ces dernières années le maintien des catholiques à la deuxième place derrière les protestants évangéliques (25 %), mais les latinos, à l’image de l’ensemble de la population américaine, changent désormais d’affiliation religieuse ou quittent toute religion. La popularité du pape − 70 % de la population américaine et 86 % des catholiques ont une bonne image de François − suffira-t-elle à inverser la tendance ?Une Eglise marquée par la pédophilieAprès des années rythmées par la succession de scandales de pédophilie dans le clergé américain, l’image de l’Eglise semble se redresser, y compris chez les catholiques. Trente-six pour cent d’entre eux pensent que l’institution se porte mieux qu’avant, contre seulement 17 % en 2013, peu avant l’élection de François. Depuis une vingtaine d’années, la révélation d’affaires d’abus sexuels et de leur dissimulation par la hiérarchie américaine et vaticane a valu à l’Eglise catholique aux Etats-Unis une vague de défiance. Cela l’a aussi amenée à être la première à travers le monde à prôner la « tolérance zéro » à partir du début des années 2000.De nombreux diocèses ont dû se déclarer en faillite pour pouvoir financer les compensations versées aux victimes, évaluées à plusieurs centaines de millions de dollars. Le processus n’est pas achevé et les associations de victimes demandent que le pape soit plus ferme encore dans la condamnation des faits, de leurs auteurs et, surtout, de ceux, dans la hiérarchie, qui les ont couverts.Des fidèles divisésLe Congrès, où le pape est attendu jeudi 24 septembre, compte 30 % d’élus catholiques, 69 républicains et 68 démocrates. En 2012, 50 % des catholiques ont voté pour le démocrate Barack Obama, 48 % pour son adversaire républicain, Mitt Romney. Ce clivage partisan se retrouve sur des thèmes chers à l’Eglise, qu’il s’agisse de la morale sexuelle (avortement, contraception, mariage gay…), de l’immigration ou plus récemment du climat.Contrairement au pape, qui en a fait le cœur de sa dernière encyclique, seuls 51 % des catholiques républicains sont convaincus de la réalité du réchauffement climatique et seulement 24 % pensent qu’il relève de l’activité humaine. Chez les catholiques démocrates, en revanche, les proportions sont bien plus élevées (85 % et 62 %) et même supérieures à la moyenne de la population (68 % et 45 %).Un épiscopat conservateurLes évêques américains comptent dans leurs rangs une large proportion de prélats conservateurs, aux vues souvent plus traditionnelles que leurs fidèles. En décalage avec le pape actuel, qui sans remettre en cause la doctrine, se montre moins insistant que ses prédécesseurs sur la morale sexuelle, eux sont souvent enclins à mettre en avant ces questions.Or, quand Rome et les évêques américains s’opposent avec force au mariage homosexuel, 66 % des catholiques américains jugent « acceptable » que des enfants soient élevés dans une famille homoparentale, selon un sondage du Pew Research Center, publié début septembre. Quarante-six pour cent estiment même que l’Eglise devrait reconnaître les unions homosexuelles. La visite du pape, qui s’achève par la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie pourrait être l’occasion d’aborder des sujets marquants, comme le sort des divorcés remariés ou l’accueil des familles non traditionnelles.Des sujets qui fâchentAu cours de ses 18 discours, dont 14 seront prononcés en espagnol, le pape ne manquera pas de dénoncer les excès du capitalisme, du consumérisme, le gaspillage ou les injustices sociales, criants aux Etats-Unis. Sur le climat ou l’immigration, il apparaîtra sans doute comme un soutien du camp démocrate. Reste à savoir la place qu’il octroiera à « la défense de la vie » (c’est-à-dire la lutte contre l’avortement) et à la liberté religieuse, chères aux républicains et qu’illustrent la bataille menée au Congrès contre le financement du Planning familial par des fonds fédéraux, ou le bref emprisonnement dans le Kentucky d’une fonctionnaire refusant de délivrer des certificats de mariage aux couples homosexuels.Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Paris (Washington, correspondant) « Harley », tel était le nom de code qu’il aurait aimé avoir auprès du « Secret service », chargé de la protection des plus hautes personnalités américaines, s’il avait été élu président en 2016, comme il l’avait indiqué le 16 septembre. Gouverneur du Wisconsin, l’Etat dans lequel est fabriquée la moto mythique, Scott Walker a calé lundi 21 septembre, après deux prestations peu convaincantes lors des deux débats organisés avec ses rivaux pour l’investiture républicaine. Ce conservateur de 47 ans élu à la tête de son Etat en 2010 avait fait figure, au printemps, de favori dans les intentions de vote sans dissiper les interrogations sur ses capacités et son niveau de préparation.Lire aussi :« Tous contre Trump », refrain du deuxième débat entre républicainsBombardé de « gotcha questions », ces questions pièges qui avaient causé mille tracas à la candidate républicaine à la vice-présidence, Sarah Palin, en 2008 (Que pense-t-il de la théorie de l’évolution ? Quelle est la confession de Barack Obama ?), Scott Walker s’en était souvent tenu à un mutisme tourné en ridicule par la presse. Il avait encore réaffirmé le 1er août qu’il ne pouvait pas se prononcer sur le christianisme du président, un mois après le poignant « Amazing grace » chanté par M. Obama lors de l’office religieux consacré aux victimes de la tuerie de Charleston.Garde-robe modestePendant des semaines, cette posture ne lui avait pas nui auprès de son public, celui qui se pressait à l’« Iowa Freedom Summit » organisé par le représentant républicain radical Steve King, ou bien au « Conservative Political Action Conference », un autre rassemblement de l’aile droite du Grand Old Party. Devant ces auditoires, il pouvait vanter la modestie de sa garde-robe et ses pulls achetés un dollar chez Kohl’s, un hard discounter. Être la cible de la presse libérale, de « Washington », était alors même un atout, tant la capitale est synonyme de fédéralisme intrusif, de fiscalité envahissante et de renoncement à ce qui est considéré comme les authentiques valeurs américaines, le « droit à la vie » (contre l’avortement) ou le mariage limité aux couples hétérosexuels.Fils d’un révérend baptiste, né en 1967 dans le Colorado, Scott Walker avait représenté le Wisconsin lors d’un rassemblement de scouts à Washington, en 1985. Un événement qui, selon ses dires, avait constitué le point de départ d’une carrière politique opiniâtre. Après avoir quitté l’université sans diplôme et travaillé un temps pour la Croix-Rouge américaine, Scott Walker a patiemment gravi les marches de la politique locale : représentant à l’Assemblée du Wisconsin en 1993, puis élu à la direction du comté de Milwaukee en 2002. C’est à ce poste qu’il a véritablement révélé ses convictions : réduction de la masse salariale et coupes claires dans les dépenses. Dans le droit fil de la politique adoptée une décennie plus tôt par le gouverneur républicain Tommy Thompson.Premier gouverneur à survivre à un vote de destitutionÉlu lors de la vague conservatrice qui avait privé le président Barack Obama du contrôle de la Chambre des Représentants, Scott Walker s’est fait connaître en étant le premier gouverneur à survivre en 2012 à un vote de destitution (« recall »). Le scrutin avait été organisé en riposte à l’offensive qu’il avait lancée contre les syndicats de la fonction publique de l’Etat. Cette longue et âpre guérilla marquée par le rassemblement devant le capitole de Madison de cent mille manifestants lui a permis de se bâtir un réseau de soutiens et de donateurs bien au-delà des frontières de son Etat, et à s’attirer notamment les bonnes grâces des frères milliardaires Charles et David Koch. La bataille avait contribué à sa réélection, en novembre 2014, ce qui lui avait fait se prévaloir de trois succès significatifs en quatre ans.Scott Walker avait consacré à son fait d’armes de 2012, socle de la candidature à l’investiture, un ouvrage intitulé crânement Unintimidated (« Pas intimidé »), dans lequel il se posait en héritier de Ronald Reagan, en référence à la victoire du « grand communicant » contre les syndicats de contrôleurs aériens, en 1981. Il avait estimé en février que sa capacité à s’opposer aux syndicats donnait une idée de sa compétence pour répondre au défi constitué par les djihadistes de l’Etat islamique. Une embardée sans conséquences à l’époque, qui annonçait à sa manière la sortie de route de septembre.Lire aussi :Les candidats à l’investiture républicaine se saisissent de la question de l’islamGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.09.2015 à 18h58 Le Parlement hongrois a adopté lundi 21 septembre une nouvelle législation renforçant les pouvoirs de la police et de l’armée à l’encontre des migrants. Le texte entérine la possibilité de déployer massivement des militaires aux frontières et autorise dans certaines conditions l’armée et la police à employer contre les migrants toute une batterie d’armes non létales (balles en caoutchouc, engins pyrotechniques, grenades lacrymogènes et fusils à filet).Lire aussi :Hongrie : une « atmosphère de guerre » contre les migrantsL’armée est également autorisée à procéder à des contrôles d’identité, et à procéder à la garde à vue de migrants. Le dispositif, qui prolonge une législation entrée en vigueur le 15 septembre, permet en outre à la police de perquisitionner tout domicile privé où des migrants sont soupçonnés de se trouver. Ces dispositions s’appliquent dans les zones où a été déclaré l’« état de crise due à une immigration massive », une mesure ad hoc mise en œuvre dans six départements limitrophes de la Serbie, la Croatie, la Slovénie et l’Autriche.Lire aussi :Pour les migrants, un no man’s land entre la Hongrie, la Slovénie, la Croatie et l’AutricheUn afflux de migrants en Autriche et en AllemagneLa Hongrie a vu transiter plus de 200 000 migrants depuis le début de l’année, qui dans leur très grande majorité ont poursuivi leur route vers l’ouest de l’Europe. En réponse, Budapest a fait ériger une clôture barbelée sur les 175 kilomètres de sa frontière avec la Serbie, et a entrepris de faire de même sur des segments de ses frontières avec la Roumanie et la Croatie.Lire aussi :Face à la crise des migrants, la difficile organisation des secours croatesCe week-end, la Hongrie a finalement décidé de convoyer directement vers l’Autriche les migrants arrivés de Croatie. Transportés en bus ou en train jusqu’à la ville frontalière hongroise de Hegyeshalom, plusieurs milliers d’entre eux ont ensuite rejoint à pied Nickelsdorf, côté autrichien. Dimanche, près de 10 700 migrants sont ainsi arrivés en Autriche, selon la police.Plusieurs milliers d’entre eux ont ensuite franchi la frontière allemande. Selon la police, 7 000 demandeurs d’asile sont arrivés ce week-end en Bavière (sud), point d’entrée en Allemagne depuis l’Autriche. Gerry Voitik, porte-parole de la Croix-Rouge autrichienne, a expliqué que quatre trains spéciaux étaient prévus lundi, alors qu’entre 5 000 et 6 000 migrants étaient attendus en Autriche pour l’ensemble de la journée, la plupart en provenance de Hongrie et « quelques centaines » de Slovénie.Les pays européens divisés sur les quotasLes pays européens ont des difficultés à s’entendre sur la réponse à apporter à l’arrivée de ces migrants. La Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Lettonie sont fermement opposés à une répartition contraignante des demandeurs d’asile, soutenue par la France et l’Allemagne. « Je crains un désaccord », a averti le président du Parlement européen Martin Schulz, qui a rencontré lundi François Hollande pour « faire le maximum » afin d’éviter « un approfondissement des désaccords et des clivages qui existent déjà ».La veille, le président français avait haussé le ton à l’égard des pays frileux qui refusent un système de quotas. « Aucun pays » européen « ne peut s’exonérer » de cette répartition « des réfugiés relevant du droit d’asile », a-t-il martelé, alors que l’UE s’est montrée incapable de s’entendre sur la répartition de 120 000 réfugiés, quand plus de 440 000 migrants ont déjà rallié l’Europe cette année.Les ministres de l’intérieur vont se réunir, mardi 22 septembre à Bruxelles, pour tenter de construire un consensus en vue du Conseil européen prévu mercredi. Outre la question épineuse de la répartition des migrants, les Européens devraient discuter d’autres mesures urgentes pour maîtriser la crise migratoire.M. Schulz a ainsi souhaité qu’un « maximum d’argent » soit mobilisé pour aider les trois pays qui accueillent près de 4 millions de réfugiés syriens sur leur territoire : la Jordanie, la Turquie et le Liban. Un autre objectif est de mettre rapidement en place des « hot spots » – des centres d’enregistrement associant autorités nationales et agences européennes – aux frontières de l’Union européenne.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ? Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) La journée du vendredi 25 septembre touchait à sa fin. Andrea Bernardi, vidéaste de l’Agence France-Presse (AFP), pensait sortir de Cisjordanie et repartir à Jérusalem lorsqu’un contact l’informa que des heurts opposaient des soldats israéliens à de jeunes Palestiniens, dans la localité de Beit Furik, près de Naplouse. Ces heurts faisaient suite aux funérailles d’un homme de 25 ans, tué une semaine plus tôt par l’armée après avoir, selon la version officielle, lancé un cocktail Molotov. Le vidéaste italien et son confrère photographe, Abbas Momani, décidèrent de se rendre sur place. Ils ne s’attendaient pas à devenir eux-mêmes les victimes de violences et d’abus de la part des soldats.« Nous avons laissé la voiture à l’intersection entre la route principale et celle conduisant vers le village, rapporte Andrea Bernardi. Nous avons d’abord croisé une voiture de la police aux frontières. J’ai montré mon accréditation israélienne, ils nous ont laissé passer sans problème, puis nous avons mis nos casques et nos gilets pare-balles avec le sigle presse. Nous avons avancé, et nous sommes arrivés à la hauteur d’une jeep de l’armée, puis d’une autre, 50 mètres plus loin, qui tirait du gaz lacrymogène contre les Palestiniens, à cent mètres de là. » Les minutes suivantes ont été entièrement documentées par un enregistrement vidéo, mis en ligne par une société de production locale, Palmedia.Mesures disciplinairesA plusieurs reprises, les soldats s’en sont pris aux deux journalistes, les invectivant, projetant à terre leur matériel, essayant de récupérer la carte mémoire de leurs appareils en fouillant les poches du photographe palestinien. Les deux hommes n’ont pas insisté, bien décidés à s’éloigner car la tension était grande. Lorsque Andrea Bernardi a voulu prendre une photo à l’aide de son téléphone de l’équipement endommagé, une jeep s’est approchée de lui, des soldats ont sauté à terre et l’ont plaqué au sol, en l’immobilisant avec un genou sur le dos. « Un soldat a pointé son arme sur moi. Ils ne m’avaient jamais demandé mon nom, ni un document d’identité avant cela. Ils ne m’ont pas arrêté. Ils avaient juste peur qu’on prenne des images des caméras qu’ils avaient détruites, en pensant peut-être à d’éventuelles sanctions. » Au total, les soldats ont détruit un appareil photo et une caméra, et confisqué un autre appareil et un téléphone.« Des mesures disciplinaires vont être prises », a annoncé à l’AFP le porte-parole de l’armée, le colonel Peter Lerner. « Les plus hauts niveaux de commandements ont été informés de l’incident », a-t-il ajouté. L’Association de la presse étrangère (FPA), à Jérusalem, a dénoncé « l’attitude déplorable » des soldats israéliens contre deux journalistes clairement identifiés, les violences physiques et les dommages matériels causés. Elle a aussi souligné son inquiétude : « Si tout cela n’avait pas été capturé sur vidéo, il ne se serait rien passé. Des patrouilles de l’armée agissent trop souvent dans l’impunité et en violation, semble-t-il, des ordres, en contradiction directe avec l’idéal de haute moralité à laquelle l’armée israélienne prétend adhérer. »Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 07h13 • Mis à jour le26.09.2015 à 12h25 La Russie et l’Ukraine, réunies à Bruxelles par l’Union européenne, ont fixé un protocole d’accord sur les livraisons de gaz russe à l’Ukraine, cet l’hiver, et à travers elle à l’Europe (15 % de l’approvisionnement de l’UE), vendredi 26 septembre au soir. Ces livraisons étaient suspendues depuis le 1er juillet.L’accord s’ouvrirait dès le 1er octobre et courrait jusqu’à la fin de mars 2016. Pour Bruxelles, il s’agit d’une « étape cruciale vers l’assurance que l’Ukraine ait des réserves de gaz suffisantes pour l’hiver à venir et pour qu’il n’y ait aucune menace pour un transit continu et fiable de la Russie vers l’UE ».La Russie et l’Ukraine étaient engagées dans un bras de fer sur le prix du gaz depuis l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux à Kiev au début de 2014. Après une première interruption des livraisons de plusieurs mois en 2014 puis un accord provisoire pour assurer du gaz à l’Ukraine pendant l’hiver, les livraisons avaient été de nouveau suspendues sur fond d’une guerre dans l’est de l’Ukraine, où combattent des troupes russes aux côtés de séparatistes locaux, qui a déjà fait 8 000 victimes. Les contacts s’étaient accélérés ces dernières semaines à l’approche de la saison froide, synonyme d’augmentation de la consommation en Ukraine et en Europe. L’Ukraine est dépendante du gaz russe pour moitié de sa consommation domestique.Un accord « acceptable » pour stabiliser l’UkraineL’Ukraine s’est engagée à « sécuriser le transport de gaz naturel via son territoire vers l’UE, notamment en ajoutant 2 milliards de mètres cubes de gaz » en octobre à ses réserves. Kiev a jugé « acceptable » l’accord conclu, qui contribuera, selon le ministre Vladimir Demtchychyne à la stabilisation économique de son pays. L’opération se fera entre l’opérateur gazier ukrainien Naftogaz et le russe Gazprom.L’Union européenne s’est engagée à faciliter le financement des achats ukrainiens, en particulier auprès d’institutions financières internationales comme la Banque mondiale ou le FMI, « mais ne fournit pas de financements supplémentaires », a souligné M. Sefcovic. Par ce biais, « au moins 500 millions de dollars devraient être disponibles d’ici la fin de l’année », selon le communiqué de la Commission.De son côté, la Russie a confirmé vendredi soir avoir baissé le prix du gaz vendu à l’Ukraine. Un décret qui détaille la formule déterminant les droits douaniers appliquée aux ventes de gaz russe a été publié. Elle revient, selon les agences russes, à une remise de 24,6 dollars pour 1 000 m3 par rapport au contrat en vigueur, et donc à un prix de 227,4 dollars pour 1 000 m3.Pour témoigner de sa bonne volonté, Gazprom ne met plus en avant la colossale dette gazière de l’Ukraine (4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon la Kremlin). Et le groupe russe renonce à une clause, dite « take or pay » qui prévoit l’achat et le paiement d’un volume minimal de gaz.Les prix sont « à un niveau comparable à celui appliqué aux pays voisins de l’UE », a indiqué le ministre russe de l’énergie, Alexandre Novak, évoquant un rabais « d’environ 20 dollars ». « Nous ne ménagerons pas nos efforts pour éviter tout problème », a-t-il assuré. 26.09.2015 à 02h14 • Mis à jour le26.09.2015 à 11h28 Des rebelles syriens formés par l’armée américaine ont remis une partie de leur équipement et munitions au Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, a reconnu vendredi 25 septembre le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom).Les rebelles ont remis « six pick-up et une partie de leurs munitions à un intermédiaire soupçonné d’appartenir au Front Al-Nosra, soit à peu près 25 % de leur équipement », apparemment « en échange de leur passage », a indiqué le Centcom dans un communiqué.Il pourrait s’agir d’un groupe de rebelles syriens entraînés en Turquie par les Etats-Unis pour combattre l’organisation Etat islamique (EI) dont l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) avait signalé le week-end dernier l’entrée en Syrie. Un précédent groupe de 54 hommes, les premières recrues ayant achevé leur formation, avait été décimé en août par Al-Nosra. Les Etats-Unis avaient dû modifier en urgence leurs règles d’engagement aérien en Syrie pour leur venir en aide.Manque cruel de recruesLa déroute de ce programme d’entraînement en Turquie et en Jordanie, dont l’armée américaine annonçait en février qu’il devait former 15 000 combattants de l’opposition « modérée », a été vertement critiquée par le Sénat à la mi-septembre.L’armée américaine s’est montrée extrêmement sélective pour éviter d’intégrer des éléments jugés proches des groupes djihadistes. Dans le même temps, elle a découragé les principaux groupes combattants de se porter candidats en interdisant à ses recrues de combattre le régime de Bachar Al-Assad. Ces dernières devaient lutter contre l’EI exclusivement, suivant la ligne d’engagement militaire choisie par l’administration Obama dans le pays. La plupart des rebelles s’y refusent, les forces soutenant le régime restant leur principal adversaire, et le plus meurtrier pour les populations civiles.Une centaine de combattants seulement sont actuellement en cours de formation, selon les chiffres fournis à la mi-septembre au Sénat par la sous-secrétaire à la défense, Christine Wormuth. Cependant, les Etats-Unis forment secrètement de longue date d’autres rebelles dans les pays voisins de la Syrie.Lire aussi :La déroute de la « Division 30 » syrienne, formée par Washington Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) Le drapeau du Vatican flotte sur le fronton des Nations Unies depuis à peine deux heures lorsque la Fiat 500 du pape François s’engage sur la rotonde qui mène au siège de l’ONU. C’est le quatrième pape de l’histoire à se rendre aux Nations Unies et il sait son discours très attendu alors que l’institution, qui célèbre son soixante-dixième anniversaire, est en perte de confiance, plombée par son incapacité à agir sur le dossier syrien.Le pape a donc adressé ses premiers mots à l’ensemble du personnel « la colonne vertébrale de l’organisation ». « Vous portez le souci de l’avenir de notre planète, et du genre de monde que nous allons laisser aux futures générations » leur a-t-il lancé alors que des « Papa, Papa » résonnaient dans le hall du palais de verre.Il s’est ensuite offert un bain de foule parmi 400 employés qui avaient gagné, lors d’une loterie, le droit de l’apercevoir. Il a pris place dans une petite voiturette de golf sur laquelle le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, l’accompagnait. Loin des oreilles de la presse, il a rencontré le président du conseil de sécurité pour le mois de septembre, l’ambassadeur russe Vitaly Tchurkin. Si rien n’a filtré de la rencontre entre les deux hommes, qui n’aurait duré que cinq minutes, le souverain pontife avait quelques sujets clés à aborder avec le Russe : les blocages au conseil de sécurité et l’implication russe dans les conflits syrien et ukrainien.Lire aussi :Le discours engagé du pape face aux élus américainsAppel à l’examen de conscienceAvec un quart d’heure d’avance sur le programme officiel, il a ensuite rejoint l’hémicycle de l’Assemblée générale où il a été accueilli par une ovation, les diplomates présents se levant d’un même élan. A la tribune, le pape était venu apporter un message de fermeté et il n’a pas hésité à donner un petit cours de morale politique en espagnol à l’aréopage de diplomates venu écouter un discours qui a duré près de 40 minutes.Les guerres en Syrie, Irak, Libye, Ukraine, Sud Soudan « doivent pousser a un examen de conscience de la part de ceux en charge de la conduite des affaires internationales » a-t-il lancé, dénonçant « les intérêts partisans » de la Realpolitik et une humanité en souffrance alors « qu’on ne fait que s’évertuer à énumérer des problèmes, des stratégies et des discussions » qui n’accouchent d’aucuns résultats.Jorge Bergoglio s’est aussi déclaré favorable à une réforme du conseil de sécurité pour « accorder à tous les peuples une participation et une incidence réelle et équitables dans les décisions ».Un plaidoyer pour la lutte contre le changement climatiqueMais le thème central, qui aura dominé l’ensemble de son discours, est la lutte contre le changement climatique alors que le sommet pour le développement durable s’ouvrait juste après son passage à la tribune de l’Assemblée générale. Depuis la publication en juin de son encyclique Laudato si (« Loué sois tu »), le pape n’a cessé de dénoncer les déclarations de bonnes intentions qui ne sont pas suivies d’effets et partagé son espérance de voir la conférence de Paris sur le climat qui se tient en décembre prochain, déboucher sur « des accords fondamentaux et efficaces. »Lire aussi :Les dix-sept objectifs de l’ONU pour une planète durableIl a par ailleurs plaidé pour la reconnaissance de l’existence « d’un véritable droit à l’environnement ». Car il y a urgence « la crise écologique peut mettre en péril l’existence même de l’humanité » pour le jésuite.Le pape de 78 ans n’a pas oublié de s’adresser aux plus démunis. Ses quelques remarques liées à la justice sociale et au caractère asphyxiant des organismes financiers qui mettent les plus pauvres « au rebut », ont été très applaudies. De même que sa diatribe contre le trafic de drogue, « une guerre qui n’est pas assez combattue et qui tue des millions de gens » a-t-il souligné.Mais la grande surprise de son discours, c’est une toute petite phrase en forme de rétropédalage où le pape François évoque la « colonisation idéologique » qui impose « des modèles de vie anormaux et irresponsables ». Une allusion implicite au débat en cours aux Etats-Unis sur la théorie du genre et au mariage homosexuel, qui a été légalisé à New York en Juin dernier. Une petite phrase qui a jeté le trouble dans l’enceinte de l’Assemblée Générale qui s’attendait certainement à un discours plus « politisé » encore et moins « moraliste ».Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde 25.09.2015 à 21h13 • Mis à jour le26.09.2015 à 08h13 | Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir) Derrière le comptoir de son hôtel, Mehmet loue des chambres aux réfugiés qui vont tenter d’atteindre la Grèce par la mer. La ville balnéaire d’Izmir, en Turquie, compte plus de 70 000 Syriens enregistrés. Au point que l’un de ses quartiers, Basmane, est devenu une véritable petite Syrie. Alors depuis son ouverture il y a deux ans, l’hôtel Kervansaray n’a pas désempli. La guerre dans le pays voisin avait déjà commencé, Mehmet savait que l’investissement serait vite rentabilisé. Dans ses 32 chambres, 90 % des lits sont occupés par des Syriens.« On gagne notre pain avec ces gens », convient-il. Il les écoute aussi, tente de les dissuader lorsque le temps est trop mauvais. Les voit revenir parfois, quand leur bateau s’est renversé assez près de la côte. Comme celui sur lequel a embarqué Asma, la veille. Dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 septembre, son bien le plus précieux lui a glissé des bras : son fils Zakaria, né il y a deux mois à Daraa, en Syrie. Leur pneumatique s’est renversé à 100 mètres des côtes turques. Asma et Zakaria ont pu rejoindre la rive. Evidemment, elle a eu peur. Mais elle réessaiera. « Pas d’autre choix. »Inutile de vous dire le bien le plus précieux d'Asma. Il est né en Syrie il y a deux mois. #Izmir #réfugiés http://t.co/mpJfwBlPDc— LucieSoullier (@Lucie Soullier)require(["twitter/widgets"]);« Je n’ai pas pu dormir pendant des jours après la photo du petit Aylan. On en voit tous les jours des petits comme lui », soupire Mehmet en inscrivant le numéro d’identification d’un nouveau client. Après deux avertissements cet été, il risque une amende de 400 livres pour avoir accepté des Syriens qui n’étaient pas enregistrés officiellement auprès des autorités. Mais il faut parfois quinze jours pour que la carte d’identification leur soit délivrée par Ankara et la plupart des migrants quittent la Turquie bien avant de l’obtenir. « Alors on fait quoi ? », soupire Mehmet, en tendant une clef à Yousef Alhariri, numéro 98824243964.Derrière lui, deux petites filles jouent avec un ballon gonflable. Dans un autre contexte, on pourrait croire à un moment innocent, mais pas ici. Car ces ballons sont utilisés par les candidats au passage pour y mettre à l’abri argent et téléphones, si jamais le canot se retournait.Kit de survieSifflet, mini-torche, étui étanche pour téléphone portable, ballon, gros rouleau de scotch... Dans les magasins du quartier, rien de plus facile que de se concocter un kit de sécurité avant d’embarquer. Sans compter les gilets de sauvetage, vendus entre 50 et 75 livres turques (entre 15 et 23 euros). Même montant pour une taille enfant. Le business est rentable. Un marchand de chaussures raconte ainsi qu’il vendait jusqu’à mille gilets par jour au plus fort de l’été.En ce moment, les piles se vident moins rapidement. Parce que les routes terrestres se sont ouvertes ? Non. Au contraire, le passage par Edirne, à la frontière avec la Bulgarie, s’est refermé. Puisque les autorités turques ont bloqué leur avancée, certains ont même fait demi-tour vers Izmir pour envisager la dernière option : le passage par la mer.Lire aussi :La Turquie a du mal à retenir les réfugiés venus de SyrieMais la météo et la mer sont capricieuses ces derniers jours, alors Basmane s’est un peu vidé. Car le quartier est davantage un carrefour qu’un lieu de vie. Les Syriens arrivent et repartent souvent en quelques jours, selon le nombre de tentatives nécessaires. Ils n’y viennent donc qu’au dernier moment, pour y trouver le passeur qui les emmènera vers Bodrum, Ayvalik, Kusadasi, Cesme... d’où ils embarqueront pour Kos, Lesbos, Samos, Chios. A chaque ville turque, son île grecque siamoise.Dash, elle, part ce soir, sans savoir où elle accostera. Une île favorite ? Lesbos, sans hésiter. « Il paraît que tu peux partir plus vite du camp », espère la jeune femme qui a fui Damas il y a moins d’une semaine. Pour beaucoup, les camps de réfugiés ne sont pas une option, même pour quelques jours. Dans la rue des hôtels, les fenêtres sont ornées d’affichettes « wifi ». Un atout commercial puisque beaucoup communiquent avec les passeurs par Whatsapp, un service de messagerie par Internet. Moulham ouvre l’application toutes les trente secondes. Sa maison a été bombardée à Damas. Un mois plus tard, le voilà assis sur les marches du perron d’un hôtel à 15 livres la nuit (moins de 5 euros), dans l’attente du message qui l’enverra à Cesme avec ce qu’il reste de sa famille. Pour s’y rendre, il prendra un taxi ou le minibus du passeur. Les instructions viendront en temps voulu : il n’est encore que 16 heures, et les départs se font à la nuit tombée. Comment a-t-il trouvé le numéro du passeur ? Par des proches qui ont déjà fait le voyage, explique Moulham.L’attente avant la merQuoi qu’il en soit, à Izmir, il est aussi aisé de trouver un passeur qu’un gilet de sauvetage. Ils finissent toujours par se découvrir, comme on aperçoit parfois la sangle d’un gilet sortir d’un sac poubelle – le moyen pour les réfugiés de ne pas être trahi en ville par un orange fluo si utile en mer. « Quand tu croises un passeur, tu le sais », affirme Moulham. Et l’on est bien obligé de l’admettre, devant un homme qui explique être arrivé il y a un an et demi. Sa femme a déjà atteint l’Allemagne. Quand la rejoindra-t-il ? Il est aussi vague que son eau de cologne est claire. Ici, personne n’est passeur. Et pourtant, impossible de ne pas les croiser, comme ce chauffeur de taxi qui a passé une année en prison. Passeur, lui ? « Oh, vous savez... » Il a prêté son téléphone à un client qui a appelé son passeur. Il l’a emmené à Cesme et a été arrêté. Maintenant, il fait attention. A-t-il cessé d’emmener des réfugiés vers les côtes ? Il sourit. Bien sûr que non, l’affaire est trop rentable. Peut-être même plus que les touristes.A Basmane, le quotidien des Syriens est fait de longues attentes. Avant d’avoir assez d’argent, de recevoir celui promis par un proche, avant que ne s’ouvrent les frontières ou que le passeur donne le feu vert. L’attente sur les marches des hôtels ; l’attente sur le perron de la mosquée qui s’est peuplé de matelas ; l’attente aux terrasses, prises d’assaut par les Syriens de passage. Venu d’Alep, Amar cuisine sa spécialité : des falafels. « Mais des syriens », ne confondez pas. « La nourriture leur manque, c’est pour ça qu’on a ouvert », explique-t-il en plongeant une dizaine de ses madeleines de Proust dans la friture. Chiffre d’affaire assuré. Pour les propriétaires des murs aussi, car quelques échopes plus loin, un épicier précise que c’est un Turc qui a ouvert, et que lui doit payer un loyer. Sans permis de travail, pas d’autre choix.Main d’œuvre à bas prixAbdulrahman travaille lui aussi illégalement. Du bazar de fruits et légumes où il passe quinze heures par jour, il ramène 30 livres (environ 10 euros) à sa famille installée près du chateau Kadifekale. Là-haut, une autre communauté syrienne s’affaire pour tenter d’organiser un semblant de vie. Entre peaux de mouton et robes satinées, pas de doute : « C’est Baïram », signale Abdulrahman. Soit la fête du grand Aïd en turc. Il est temps pour le trentenaire de rejoindre sa femme et sa petite fille née à Izmir, il y a onze mois. Mais aussi sa sœur, ses deux frères, sa mère et son père, éborgné par un éclat d’obus à Alep, « il y a si longtemps de ça ».Tous sont installés dans une maison qu’ils louent bien au-dessus des prix du marché, alors que les trois frères sont payés bien en-deça. A ce rythme là, difficile d’économiser pour atteindre les 1 000 à 1 300 dollars nécessaires au passage par la mer. Car même plus installés que leurs « chanceux » concitoyens d’en bas, ils n’ont pas plus envie de rester en Turquie. « Ici c’est travailler, dormir », soupire Mohammed Mohafik, le cadet. Du haut de ses 21 ans, il sait qu’il a amputé son avenir en quittant l’université. Il voudrait raconter la vie d’avant, mais son niveau d’anglais l’arrête. « Avant, je savais [parler anglais]. La guerre fait tout oublier. »Entre partir en Allemagne ou revenir en Syrie, le débat s’engage dans la famille. Ils finissent par trancher : ils reviendront le jour où le régime tombera. « Tu as déjà vu la Syrie ?, s’enquiert Adbdulrahman. C’était si beau avant la guerre. » Pourquoi ne pas attendre cela dans l’un des 25 camps turcs de l’ONU qui devraient bénéficier des nouvelles aides européennes ? Sur les 2,2 millions de réfugiés syriens enregistrés en Turquie, seuls 260 000 y vivent. Hors de question pour la famille d’y ajouter huit personnes. Parce que « trop de gens », parce qu’ici, « on peut gagner ce qu’on mange », parce qu’ici « on peut manger ce qu’on veut ». Et puis surtout, ajoute Mohammed Mohafik, du sourire triste de l’espoir perdu, « parce que le régime ne tombera pas. »Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 18h59 • Mis à jour le25.09.2015 à 19h05 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Les tensions internes au Parti républicain ont fini par emporter John Boehner, « speaker » (président) de la Chambre des représentants depuis 1990. Il a annoncé sa démission vendredi 25 septembre. Celle-ci entrera en vigueur à la fin du mois d’octobre. M. Boehner devrait également abandonner son poste de représentant de l’Ohio, occupé sans interruption depuis vingt-cinq ans.M. Boehner était confronté, depuis des mois, à une guérilla de l’aile droite du parti républicain, qui s’oppose aux compromis passés par le « speaker » avec le camp démocrate, notamment pour assurer le fonctionnement de l’Etat fédéral. Cette aile droite, minoritaire, représentée par le Freedom caucus, juge également que le leadership républicain de la Chambre ne défend pas assez les valeurs conservatrices.Assauts répétésM. Boehner avait su repousser les assauts de ses rivaux républicains en janvier 2013, puis à nouveau en janvier 2015, au lendemain de la victoire la plus large remportée par le Grand Old Party depuis 1928. En septembre, ces élus très idéologiques avaient encore essayé, en vain, de le renverser.Ce sentiment insurrectionnel alimente en partie le succès des outsiders candidats à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016, Donald Trump, Ben Carson, ou Carly Fiorina.Lire aussi :Donald Trump porté par les failles républicainesIl a été entretenu par l’impuissance du Parti républicain à supprimer, par exemple, la réforme de santé à laquelle le président Barack Obama a attaché son nom, à imposer la construction de l’oléoduc Keystone, ou à bloquer (avant la décision d’un juge fédéral) les décrets présidentiels pour faciliter la vie des migrants illégaux présents sur le sol américain.Il s’est focalisé, au cours de cet été, sur la question de l’avortement, après la diffusion, par une association hostile à l’interruption volontaire de grossesse, de films mettant en cause le planning familial. Ces films, qui font l’objet de controverses, accusent cette institution de se livrer au commerce de tissus humains prélevés sur des fœtus.Combat de tropAlors que les institutions fédérales seront à l’arrêt dès le 1er octobre si le budget pour l’année à venir n’est pas voté par le Congrès, l’aile droite du Parti républicain souhaite subordonner son vote à l’arrêt des subventions versées au planning familial, une position inacceptable par le Parti démocrate.Face à cette menace de « shutdown » (la « fermeture » du gouvernement), M. Boehner se rangeait plutôt dans le camp du chef de la majorité du Sénat, Mitch McConnell, qui estime que la bataille contre l’avortement ne doit pas remettre en cause la continuité de l’Etat fédéral.Ce combat a été celui de trop, manifestement, pour le « speaker » républicain. Ce catholique fervent, qui avait œuvré de longue date pour qu’un pape puisse s’exprimer devant le Congrès, a simplement attendu le lendemain de la visite historique de François, jeudi, pour faire part de sa décision. Volontiers émotif, M. Boehner n’avait pas pu cacher ses larmes à deux reprises en présence du pape.Lire aussi :Le discours engagé du pape face aux élus américainsMembre du « gang des Sept »Évincé par les rebelles de son parti, M. Boehner avait fait preuve lui-même d’indiscipline en arrivant au Congrès, en 1990, après avoir été élu dans le 8e district de l’Ohio, son Etat de naissance. Issu d’une famille modeste (il est le deuxième d’une fratrie de douze enfants), il était alors, à 41 ans, membre du « gang des Sept », un groupe de jeunes parlementaires scandalisés par la découverte des largesses financières que s’autorisait une partie des élus.Remarqué par le chef de la minorité républicaine, Newt Gingrich, il a travaillé activement à la rédaction du Contrat pour l’Amérique, la plate-forme conservatrice qui a accompagné la poussée électorale de 1994.John Boehner était alors devenu un responsable éminent du Grand Old Party, jusqu’à la chute de son mentor, à la suite de multiples controverses, en 1998. Réélu sans interruption dans l’Ohio, il s’est appuyé sur son travail de parlementaire pour retrouver une légitimité. Une œuvre de longue haleine couronnée en 2010 par son accession au poste de « speaker » grâce à la vague des Tea Parties, qui arrache aux démocrates le contrôle de la Chambre. Cette même vague ultra-conservatrice à l’origine, aujourd’hui, de sa démission.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.09.2015 à 17h13 • Mis à jour le26.09.2015 à 16h24 | Frédéric Saliba (Mexico, correspondance) C’est le visage fermé et les traits tirés que les parents des 43 disparus d’Iguala, dans l’ouest du Mexique, sont sortis de leur rencontre, jeudi 24 septembre, avec le président Enrique Peña Nieto (Parti révolutionnaire institutionnel, centre). « La lutte continue ! », a martelé Mario Gonzalez, père d’une des victimes, avant la manifestation prévue à Mexico pour commémorer l’enlèvement de ces élèves enseignants, le 26 septembre 2014, par des policiers véreux. Un anniversaire tendu, alors qu’une contre-enquête menée par des experts internationaux a fait voler en éclats la version officielle sur cette tragédie au retentissement mondial.Jeudi soir, sur le Zocalo, la place principale de la capitale, les parents des disparus poursuivaient leur grève de la faim de « 43 heures pour les 43 disparus », initiée la veille pour exiger la vérité sur le sort de leurs enfants. « Les autorités nous mentent depuis le début », peste Felipe de la Cruz, porte-parole des familles, qui campent sous une tente blanche montée devant la cathédrale de Mexico.L’enquête officielle a conclu que les disparus ont été attaqués par des policiers municipaux dans la ville d’Iguala puis remis à des tueurs d’un cartel de la drogue. Ces derniers les auraient exécutés avant de brûler leurs corps sur un bûcher dans la décharge du bourg voisin de Cocula. Longtemps, seuls les restes d’un étudiant, Alexander Mora, 19 ans, avaient été identifiés. Depuis presque un an, le gouvernement assure que le drame a impliqué uniquement le maire d’Iguala (du Parti de la révolution démocratique, gauche), des policiers municipaux et des délinquants locaux.Les militaires informés en temps réelMais les parents des disparus ont toujours rejeté cette version. Le 6 septembre, un groupe d’experts indépendants, mandaté par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), leur a donné raison. Son rapport affirme qu’il n’existe pas de « preuve » de la crémation des victimes dans la décharge de Cocula. Le rapport va plus loin, en citant les déclarations de deux agents des renseignements militaires auprès du ministère public.Lire aussi :Au Mexique, un rapport accablant relance l’affaire des étudiants disparusLe lieutenant Joel Galvez et le soldat Eduardo Mota reconnaissent avoir suivi les attaques des étudiants par les policiers d’Iguala, faisant 6 morts, une quarantaine de blessés et 43 disparus. Le tout sans intervenir. Pis, leurs supérieurs ont été informés en temps réel grâce au système de vidéosurveillance de la ville et de ses environs. Des soldats ont même patrouillé dans les rues d’Iguala sans porter assistance aux blessés. Les experts déplorent de ne pas avoir été autorisés à interroger les soldats du 27e bataillon d’infanterie, basé à Iguala.Le 16 septembre, la ministre de la justice, Arely Gomez, a annoncé l’identification des restes osseux d’un deuxième disparu, Jhosivani Guerrero, 20 ans. Le lendemain, les autorités révélaient l’arrestation du narcotrafiquant Gildardo Lopez Astudillo, alias « El Gil », suspecté d’être l’« auteur matériel » de la disparition et de la crémation des 43 élèves enseignants.Ces rebondissements, qui semblent appuyer la version officielle, suscitent la suspicion chez les parents des victimes, soutenus par les experts de l’Equipe argentine d’anthropologie médico-légale (EAAF). Ces derniers, qui ont mené des analyses indépendantes à la demande des familles, ont émis des doutes sur la fiabilité des tests ADN effectués sur les ossements attribués à Jhosivani Guerrero. Le gouvernement n’a pas encore révélé les déclarations d’« El Gil ». Mais les aveux d’autres accusés ont été obtenus sous la torture.Souci de conciliation« Les déficiences de l’enquête (…) exposent les manœuvres choquantes du gouvernement pour clore le dossier », dénonce Amnesty International. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, l’affaire « s’inscrit dans le cadre d’une crise nationale des droits humains » avec « plus de 26 500 disparus, dont près de la moitié sous le gouvernement actuel du président Enrique Peña Nieto ». De quoi raviver la colère des étudiants de l’Ecole normale d’Ayotzinapa, où étudiaient les disparus, dans l’Etat de Guerrero. Ces derniers jours, les élèves enseignants se sont affrontés aux forces de l’ordre et ont saccagé le bureau du procureur régional.C’est dans un souci de conciliation que M. Peña Nieto avait accepté de rencontrer, pour la deuxième fois, les parents des disparus. Après trois heures d’échanges avec eux, le président a assuré que l’enquête restera ouverte et que le mandat des experts de la CIDH au Mexique sera prolongé de six mois. Le chef de l’Etat a aussi annoncé la création d’un bureau spécial chargé de la recherche des milliers de disparus. En outre, il a mandaté son cabinet pour analyser les huit demandes émises par les familles, dont une nouvelle enquête sur les 43 disparus supervisée par des experts internationaux et la mise en examen des responsables de l’enquête initiale.« Comment avoir confiance en un gouvernement qui refuse de reconnaître un crime d’Etat ? », fustige Felipe de la Cruz. Le mot d’ordre de la manifestation de samedi reste : « Pas un disparu de plus, dehors Peña Nieto ! »Lire aussi :Au Mexique, les restes d’un deuxième étudiant disparu ont été identifiésFrédéric Saliba (Mexico, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Delcas (Bogota, correspondante) Les pourparlers de paix entre le président colombien, Juan Manuel Santos et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, extrême gauche), la dernière grande guérilla d’Amérique latine, sont très avancés après un accord, mercredi 23 septembre, sur la mise en place d’une juridiction compétente pour juger des crimes de guerre. Le chef des FARC, Rodrigo Londoño, alias Timoleón Jiménez ou « Timochenko », avait fait, mercredi, le voyage à La Havane pour une poignée de main historique avec Juan Manuel Santos, en présence de Raul Castro. Car c’est à Cuba que se tiennent depuis trois ans les négociations de paix.Lire aussi :La paix avec les FARC est désormais à portée de mainLa guérilla la plus vieille du mondeCe sont des guérilleros grisonnants qui négocient. Timochenko a 56 ans. Il en a passé près de quarante dans le maquis. Son prédécesseur Alfonso Cano a été tué par l’armée à l’âge de 63 ans, en 2011. Manuel Marulanda Velez, le fondateur des FARC, est, lui, mort de sa belle mort à 78 ans, en 2008.Les FARC ont été fondées par le Parti communiste colombien (PCC) en 1964, mais la guérilla puise ses origines dans « La Violencia », période de guerre civile en Colombie, dans les années 1950. Conservateurs et libéraux se disputaient alors à feu et à sang le pouvoir et les terres. Des milliers de paysans ont trouvé refuge dans les montagnes.Une fois la paix revenue, certains y sont restés pour tenter d’obtenir une réforme agraire. La révolution cubaine montrait la voie. « Je n’ai pas choisi la guerre, elle est venue me chercher », résumait Marulanda.Les FARC, qui se targuent d’être la plus vielle guérilla au monde, ont fait de leur longévité vertu, et de la géographie une arme. Deux fois grande comme la France, la Colombie est traversée de trois cordillères et de jungles impénétrables. De source militaire, les effectifs des FARC se montent aujourd’hui à 8 000 hommes en armes. Ceux de l’armée, à 500 000.Les guérilleros d’aujourd’hui sont souvent fils, petit-fils ou petites-filles de guérilleros. Près du tiers des combattants sont des femmes. Le maquis est devenu un mode de vie. Ancrées dans la misère du monde rural, les FARC continuent de se penser comme un mouvement d’autodéfense paysanne.Lire aussi :La Colombie trouve un accord avec les FARC sur une « désescalade du conflit »De nombreuses et vaines tentatives de paixAu début des années 1980, le pouvoir tente une première fois de négocier la réincorporation des guérilleros à la vie civile. Les élites locales, l’armée et la mafia naissante ne suivent pas. La Colombie est en train de devenir le premier producteur de cocaïne. Plus de 3 000 membres de l’Union patriotique, le front mené par les FARC et le PCC, seront assassinés. Comme seront tués des centaines de syndicalistes, de dirigeants paysans et de militants de gauche. Les chefs des FARC qui négocient à La Havane ne l’ont pas oublié.L’argent du narcotrafic va jeter de l’huile sur le feu du conflit. La guérilla, qui taxe les cultures de coca, s’enrichit et s’agrandit. Les milices paramilitaires d’extrême droite aussi. Enlèvements contre rançons, massacres de paysans, déplacements forcés à grande échelle : la confrontation s’intensifie. À la fin des années 1990, les FARC comptent 20 000 hommes en armes et sont en mesure d’infliger à l’armée d’humiliantes défaites, sans jamais toutefois menacer le pouvoir.Pour la population urbaine, désormais largement majoritaire, le conflit ne fait pas sens. Au tournant du XXIe siècle, une nouvelle tentative de paix négociée – la quatrième – se solde par un nouvel échec.Un mouvement affaibli par le conflitLes électeurs colombiens se laissent alors séduire par le discours sécuritaire d’Alvaro Uribe. De 2002 à 2010, ce président à poigne livre une guerre sans merci contre les FARC. Elle est largement financée par les États-Unis, qui ont inscrit les FARC sur la liste des organisations terroristes. Juan Manuel Santos est alors ministre de la défense. Sous la pression de l’armée, les guérilleros se replient loin des centres d’activités du pays.En 2010, devenu président, M. Santos fait volte-face. Affaiblies, les FARC acceptent la main tendue et s’assoient à la table des négociations en novembre 2012. Toutefois, la guérilla ne se sent pas vaincue militairement et entend négocier pied à pied sa reddition.Politique agraire, lutte contre le narcotrafic, participation en politique des guérilleros démobilisés et justice transitionnelle : quatre accords ont d’ores et déjà été annoncés. Les négociateurs doivent encore convenir des conditions de la démobilisation et de la réinsertion des combattants.Les négociations de paix sont loin de faire l’unanimité au sein de l’opinion publique. Une deuxième guérilla, l’Armée de libération nationale (ELN, castriste), plus faible que les FARC, est restée à l’écart des tractations, à attendre les résultats de La Havane.Plus de six millions de Colombiens (sur une population de 50 millions), essentiellement des paysans déplacés, se sont enregistrés auprès du département administratif créé pour gérer les programmes de restitution des terres et de réparation des victimes. Pour la première fois de leur longue histoire, les FARC semblent disposées à accepter leur responsabilité historique.Lire aussi :La Colombie cherche à faire oublier ses conflits armés et à attirer les investissementsMarie Delcas (Bogota, correspondante)Journaliste au Monde 02.09.2015 à 17h09 • Mis à jour le02.09.2015 à 17h42 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Le ciel bleu azur laisse deviner au loin les chaînes de montagne qui bordent l’ouest de Pékin. Place Tiananmen, les cyclistes, qui empruntent l’avenue de la Paix-Eternelle, bordant la Cité interdite, ne peuvent s’empêcher de mettre pied à terre quelques instants.Lire aussi :La Chine s’offre une parade à grand spectacle comme démonstration de forceMalgré les « circulez » des sentinelles, ils capturent un jour avant sur leur téléphone portable les rangées de tribunes prêtes pour le grand défilé militaire du jeudi 3 septembre. Recouvrant toute la zone piétonne sous la porte de la Paix-Céleste (Tiananmen en chinois), les centaines de sièges en plastique colorés font face à la gigantesque esplanade et à deux écrans géants, sur lesquels on distingue une image numérique de la Grande Muraille. Dans vingt-quatre heures, seules les personnalités invitées, triées sur le volet, dont trente chefs d’Etat et de gouvernement, auront accès au défilé. Les autres se contenteront de la télévision. Autant dire que tout a été préparé dans les moindres détails pour la « Victoire de la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et les forces fascistes » : des sentinelles sont postées au-dessus et en dessous de chacun des ponts et échangeurs des périphériques et des grandes avenues.Des régiments de policiers sont visibles dans le périmètre de la Cité interdite, dont les douves remplies d’eau ont été explorées par des plongeurs. Des véhicules des forces de l’ordre sont postés à tous les carrefours.Pékin, on ne badine pas avec la sécurité, des fouilles très poussées. http://t.co/zTtHRkCJSP— ZhangZhulin (@Zhulin Zhang)require(["twitter/widgets"]);La grande avenue commerçante de Wangfujing a bouclé ses grands magasins, et il est interdit d’y déambuler. Pas question de profiter de l’événement solennel pour faire du commerce : la rangée d’étals qui vend aux touristes toutes sortes de mets et d’insectes grillés à consommer dans des cornets à proximité de Wangfujing est déserte. Les Pékinois ont été soumis à une liste spectaculaire de règles et interdictions pour la parade, qui verra défiler d’est en ouest, sur l’avenue de la Paix-Eternelle, près de 12 000 soldats et un convoi d’engins porteurs de missiles et de véhicules blindés.Il est ainsi absolument interdit de faire voler dans le ciel des cerfs-volants, des modèles réduits d’avion, des drones, et même des pigeons – Pékin est connu pour ses pigeonniers et ses colombophiles assidus. Des centaines de restaurants, hôtels et commerce ont reçu l’ordre de fermer leurs portes – ainsi que toutes les écoles, dont le lycée français de Pékin.Les télévisions diffusent à l’envi des programmes comparant les différents uniformes des régiments chinois, ou explorant les subtilités du pas de l’oie. Le 3 septembre est devenu un nouveau jour de congé – et la majorité des employés de la capitale ont reçu l’obligation de se mettre en vacances.Pollution indésirablePrès de 20 stations de métros seront fermées de mercredi soir à jeudi soir, tandis que la plupart des rues du centre sont inaccessibles aux automobiles. Pour les habitants des immeubles proches de l’avenue, il est non seulement interdit de photographier le défilé, mais aussi de sortir sur le balcon et de… regarder par la fenêtre. Le ciel est lui aussi dégagé : 10 000 usines ont dû fermer dans les alentours de la capitale pour garantir des cieux libres de pollution.Avec l’arrestation ces dernières semaines de 197 personnes à l’origine de « rumeurs » au sujet de la Bourse, de l’explosion de Tianjin et de la parade militaire, Internet est sous étroit contrôle : gare à ceux qui répercutent le bon mot des dissidents en exil, comme quoi le défilé de demain célèbre « la victoire du fascisme ».Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.09.2015 à 15h29 • Mis à jour le02.09.2015 à 17h43 Les sanctions décrétées contre des personnalités ukrainiennes et russes pour leur implication dans le conflit ukrainien vont être prolongées, a-t-on appris de sources concordantes, mercredi 2 septembre. « Il y a un accord politique », a indiqué l’une de ces sources.Les ambassadeurs des vingt-huit Etats membres de l’Union européenne (UE) sont ainsi convenus de prolonger de six mois ces sanctions à l’encontre de cent cinquante personnes et de trente-sept entités, soit jusqu’au 15 mars 2016. Les sanctions consistent en un gel des avoirs et une interdiction de voyager dans l’UE. Après avoir été prolongées une première fois en janvier, elles couraient initialement jusqu’au 15 septembre.Kiev, l’OTAN, l’UE et Washington accusent la Russie d’envoyer des troupes et des armes aux rebelles séparatistes prorusses qui combattent l’armée ukrainienne dans le Donbass. Le conflit a fait plus de six mille huit cents morts en seize mois. Plus de six mois après la signature des accords de Minsk qui mettaient en place un cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine, les combats sont toujours intenses dans l’est du pays.Hommes politiques et hommes d’affaires impliquésDe son côté, Moscou a toujours démenti toute implication. Outre les chefs politiques et militaires des rebelles, plusieurs membres du gouvernement russe et des personnalités proches du président Vladimir Poutine figurent sur cette liste « noire » de l’UE. Arkady Bakhine et Anatoli Antonov, respectivement premier vice-ministre de la défense et vice-ministre de la défense, y ont été inscrits en février. Le riche homme d’affaires russe Arkady Rotenberg, présenté comme « une connaissance de longue date » de Vladimir Poutine, y figure aussi, tout comme plusieurs membres de la Douma, la chambre basse du Parlement russe.La Russie a riposté en rédigeant sa propre « liste noire » de personnalités européennes indésirables, interdites d’entrée sur son territoire. Quatre-vingt-neuf noms, dont ceux d’anciens chefs de gouvernement, de hauts responsables de la défense et de parlementaires critiques envers la politique de la Russie, y figurent. Pierre Breteau Ce sont plus de 4 millions de réfugiés syriens que le HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) a pris en charge depuis avril 2011 au Proche-Orient. En août 2015, la Turquie qui en accueillait le plus grand nombre, avec près de 2 millions de personnes – pour 74,9 millions d’habitants –, suivie par le Liban où se sont réfugiés 1,1 million de Syriens – pour seulement quatre fois plus d’habitants dans le pays.Si les Syriens ont commencé à affluer vers les pays limitrophes dès 2011, c’est en 2013 que leur nombre explose, passant de 133 000 à plus de 800 000 au Liban. Leur nombre a également doublé en Turquie et en Jordanie (à noter que ce pays a déjà connu un fort afflux de réfugiés : entre 450 000 et 500 000 Irakiens de 2006 à 2011).Lire aussi :Au Liban, le désespoir des réfugiés syriensPas de différence entre les statuts pour le HCRNotre carte, construite à partir des données du HCR, présente l’intégralité des personnes « réfugiées » au sens du HCR. En effet, si en Europe, les autorités utilisent volontiers le mot « migrants » pour définir les Syriens qui cherchent à se rendre sur le continent, le HCR ne fait quasiment aucune distinction.A lire : Les Syriens, premier contingent de réfugiés au mondeDepuis octobre 2013, le HCR reconnaît la quasi-totalité des Syriens qui quittent le pays d’emblée comme des réfugiés, qu’ils aient obtenu le statut ou non : les opposants, les activistes, les civils, les journalistes, les Kurdes, tous les groupes religieux sans exception. Les seules personnes à ne pas être considérées comme des réfugiés sont celles qui ont participé à des violences – attaques, viols, prises d’otage.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.09.2015 à 09h26 | Sylvie Brunel (Géographe et écrivain, professeur à Paris-Sorbonne) Les catastrophes naturelles ont toujours entraîné de profonds bouleversements politiques. L’éruption de ce volcan emblématique pour l’Equateur qu’est le Cotopaxi ne fait pas exception à la règle. Le réveil du plus haut volcan en activité au monde (près de 6 000 mètres d’altitude) offre en effet au président Rafael Correa une « merveilleuse opportunité », pour reprendre la formule employée par Condolezza Rice au moment du tsunami du 26 décembre 2004 en Indonésie, qui, sous couvert de secours humanitaires, permit au gouvernement américain de reprendre pied en Indonésie.La dérive autoritaire de ce président populiste, séduit par la méthode Chavez, est dénoncée non seulement par l’opposition équatorienne, qui lui reproche de vouloir modifier la Constitution du pays pour se maintenir au pouvoir après 2017, bien au-delà des deux mandats légaux, mais aussi par les communautés indiennes de la partie amazonienne du pays, qui se voient dépossédées de leurs terres communautaires pour les besoins de l’exploitation pétrolière.Afin de continuer à percevoir la rente du pétrole sur laquelle repose son clientélisme politique, le gouvernement équatorien déclasse en effet d’immenses réserves naturelles, héritage d’une politique de protection de la nature très ambitieuse puisque le quart du territoire national, exceptionnellement riche en biodiversité, est officiellement protégé.Mais l’effondrement des cours du pétrole compromet la perpétuation de la rente grâce à laquelle le gouvernement de Rafael Correa finance les politiques de redistribution et les grands travaux d’infrastructures qui lui valent le suffrage des classes populaires en permettant à la pauvreté de reculer. Pour se poursuivre, la « révolution citoyenne » se fonde donc sur une pression fiscale de plus en plus élevée, des nationalisations arbitraires et la taxation systématique du secteur productif et des classes moyennes et aisées.Cette fuite en avant intensifie l’ampleur de la contestation interne et dissuade les investisseurs potentiels. Le gouvernement équatorien répond à la montée du mécontentement en renforçant sa mainmise sur le pays, censurant les médias, intimidant les opposants, rognant sur les libertés fondamentales d’expression et d’association.Dérive autoritaireDans ce contexte, l’éruption du Cotopaxi vient servir à point nommé sa dérive autoritaire. A peine le volcan émet-il ses premières fumées que « l’état d’exception » est décrété dans le pays, le 15 août, donnant tout pouvoir à l’armée. Deux jours avant, les forces de l’ordre ont réprimé brutalement la manifestation pacifique des leaders indiens venus de la forêt amazonienne menacée par l’extraction pétrolière.L’éruption permet aujourd’hui au gouvernement de s’attaquer au cœur historique du pays, ce corridor andin très peuplé où s’étagent de fertiles pâturages d’altitude, les paramos, d’immenses haciendas pratiquant un élevage bovin modernisé, et toute une agriculture indienne de petites propriétés et de coopératives. Don du volcanisme, ce véritable jardin d’altitude approvisionne le pays en produits de qualité, mais il concurrence aussi l’approvisionnement en eau de la capitale, Quito, située au cœur de ce qu’Alexander von Humboldt appelait l’avenue des volcans.La densification rurale et les besoins d’irrigation – certains réseaux, très anciens, ont été construits par les Incas – conduisent à de fortes tensions entre citadins et ruraux, les premiers s’estimant prioritaires sur les seconds, mais aussi dans les campagnes, où on se bat parfois pour les terres et l’eau jusqu’au meurtre. La destruction des forêts d’altitude et la dégradation des paramos aggravent le recul des glaciers andins, déjà menacés par le changement climatique.Pour le pays, la question de la préservation de ces châteaux d’eau d’altitude est vitale. L’éruption volcanique a permis de légitimer l’évacuation de ces territoires convoités au nom de la sécurité. La deuxième étape risque de consister en une expropriation définitive de leurs habitants. Le gouvernement souhaite en effet bâtir dans ces montagnes un gigantesque réservoir qui sécuriserait Quito, au prix de l’ennoiement d’immenses superficies.Une aubaine pour QuitoDans ce contexte, une grande éruption du Cotopaxi fait figure pour le gouvernement de catastrophe utile. Au nom de l’urgence et du danger, elle suscite d’abord le déplacement autoritaire de tous ceux qui vivent à proximité du volcan, et justifie ensuite les mesures d’expropriation des grandes haciendas comme des terres paysannes, depuis longtemps à l’étude. Beaucoup murmurent en Equateur que le gouvernement attend l’éruption comme l’aubaine qui lui permettra de mettre à exécution un projet déjà ficelé.Pourtant, cette « formidable opportunité » risque de ne pas être sans conséquences : ennoyer de gigantesques superficies de paramos risque, au-delà des atteintes portées à un biotope exceptionnel, de menacer l’équilibre fragile du milieu humain andin, qui vit en étroite symbiose avec une nature âpre et difficile. Ce sont à la fois la culture originale des chagras, ces cow-boys des Andes, l’agriculture de jardin d’altitude des paramos et une partie de l’emploi qui seront compromis, accentuant l’exode rural dans un pays où la population est déjà très majoritairement urbaine.Ajoutons qu’une éruption volcanique d’envergure, en envoyant dans l’atmosphère des milliards de tonnes de fumée et de gaz à effet de serre, rendra dérisoires les gesticulations de la communauté internationale pour agir sur le changement climatique… La conférence de Paris risque ainsi de perdre toute signification si, comme cela a déjà eu lieu à maintes reprises par le passé, un « hiver volcanique » s’abat sur le monde pour plusieurs années.Comme toutes les grandes catastrophes naturelles, qui suscitent toujours des réactions en chaîne d’ampleur planétaire, il faut donc considérer l’éruption du Cotopaxi comme un phénomène majeur, non seulement pour l’Equateur, mais aussi pour le monde.Sylvie Brunel (Géographe et écrivain, professeur à Paris-Sorbonne) 02.09.2015 à 03h44 • Mis à jour le02.09.2015 à 14h40 « C’est le grand réveil de la population », s’est félicitée la militante indigène Rigoberta Menchu, qui a obtenu le prix Nobel de la paix 1992. La justice guatémaltèque a interdit mardi 1er septembre au président Otto Pérez de quitter le pays, quelques heures après la levée historique par le Parlement de son immunité, qui ouvre la voie à des poursuites pour corruption.Spontanément, des centaines d’habitants ont accouru devant le Parlement après ce vote historique à l’unanimité des 132 députés présents (sur 158 que compte l’assemblée). Aux sons de trompettes et de pétards, les manifestants ont ensuite rejoint la place centrale de la ville de Guatemala, où ils étaient plus d’un millier en début de soirée, malgré l’intense pluie tropicale.« Un non clair à la corruption »Otto Pérez, 64 ans, un général à la retraite, au pouvoir depuis 2012, est accusé par le parquet et une commission de l’ONU contre l’impunité (Cicig) d’avoir dirigé un système de corruption au sein des douanes, via lequel des fonctionnaires touchaient des pots-de-vin pour exonérer de taxes certaines importations. Son ancienne vice-présidente, Roxana Baldetti, est déjà en détention provisoire dans cette affaire. C’est la première fois dans l’histoire du Guatemala qu’un président perd sa protection judiciaire, ouvrant la voie à des poursuites à son encontre, pendant lesquelles il pourra rester à son poste sauf si un juge décrète son placement en détention provisoire. « Je peux vous le dire : je n’ai pas reçu un centime de cette structure frauduleuse », affirmait encore lundi Otto Pérez. La procureure générale, Thelma Aldana, a souligné que M. Pérez est désormais « un citoyen ordinaire pour le système judiciaire, même s’il continue d’exercer comme président ».Lire :Le président du Guatemala cerné par la justiceCette mesure intervient alors que le pays centraméricain vit un moment de mobilisation populaire sans précédent et à quelques jours seulement des élections générales prévues dimanche, auxquelles M. Pérez, en exercice jusqu’au 14 janvier 2016, ne se représente pas, la Constitution n’autorisant qu’un seul mandat. Des manifestations pacifiques sont organisées chaque semaine depuis avril, quand avait été révélé ce scandale de corruption. « Un réveil conscient, mais aussi un exemple de civisme », selon la militante Rigoberta Menchu.« Dès qu’a commencé la mobilisation sociale, la mobilisation populaire, il était clair qu’il n’y avait qu’un objectif : un non clair à la corruption. C’était un non au pillage du pays, des caisses de l’Etat qui a duré pendant de nombreuses années. »Refus de démissionnerA la mi-août, une précédente demande de levée d’immunité, avant les accusations du parquet et de la Cicig, avait échoué faute d’atteindre le nombre de votes nécessaires. Mais, face à la colère grandissante de la population, les parlementaires, nombreux à jouer leur siège lors des élections de dimanche, ont cette fois appuyé la procédure.Le président a toutefois déposé lundi un recours devant la Cour constitutionnelle pour bloquer la procédure. Son porte-parole a de nouveau nié mardi qu’il allait démissionner, malgré les nombreux appels en ce sens d’institutions publiques dont la Cour des comptes, ainsi que du patronat.Face à cette détermination, Rigoberta Menchu a fait part de ses craintes de voir le président « préparer des stratégies de choc, soit en utilisant le racisme, en essayant de confronter les paysans et les citadins (…), en incitant à la violence. »« J’appelle à la sagesse, j’appelle les Guatémaltèques à ne pas se laisser aller à la violence, qu’ils n’utilisent pas la confrontation. C’est ce que nous espérons le plus, passer cette journée du 6 septembre sans tache de sang. » 02.09.2015 à 02h27 • Mis à jour le02.09.2015 à 09h31 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Cette fois-ci, Uber n’a pas réussi à éviter l’obstacle. La société américaine de transport urbain va bien faire l’objet d’une action judiciaire en nom collectif (« class-action ») susceptible de remettre en question son modèle économique. Le juge fédéral du district nord de Californie, Edward Chen, a effet décidé, mardi 1er septembre, de valider l’initiative au nom des dizaines de milliers de chauffeurs de l’entreprise. Quatre d’entre eux, défendus par l’avocate Shannon Liss-Riordan, contestent leur statut de travailleur indépendant, estimant qu’ils sont assimilés à des salariés.Jusqu’à présent, les chauffeurs d’Uber et de ses concurrents, comme Lyft, sont des « travailleurs 109 », en référence au numéro du formulaire fiscal qu’ils doivent remplir pour se déclarer aux autorités. Ces contrats, extrêmement flexibles, dispensent Uber de leur fournir toute la batterie d’avantages qu’offre un statut classique de salarié. En tant que travailleurs indépendants, la société n’a pas à supporter dans ses coûts ni couverture sociale (cotisations chômage, santé), ni congés payés, contrairement aux sociétés de taxis.Uber avait contesté l’initiative, estimant que les plaignants n’étaient pas représentatifs de l’ensemble de ses chauffeurs, dont une bonne partie s’accommode très bien du statut de travailleur indépendant. En juillet, le groupe s’était appuyé sur le témoignage de quatre cents chauffeurs qui se disaient satisfaits de la flexibilité que leur procure ce statut. Uber entend désormais faire appel estimant que « les conducteurs inscrits sur la plate-forme utilisent Uber comme bon leur semble ».Lire :Uber tente d’éviter un procès qui pourrait remettre en cause son modèle économiqueChauffeurs pas si « libres »La décision du juge peut-être lourde de conséquence pour la start-up, désormais valorisée à 50 milliards de dollars (44,2 milliards d’euros). Depuis son lancement, il y a cinq ans, Uber a profité de ce statut pour proposer des services compétitifs face aux taxis traditionnels. Le groupe se présente comme un simple intermédiaire entre des clients et des chauffeurs qui sont, par exemple, libres de fixer leurs horaires. Uber n’a aucunement l’intention, et encore moins les moyens, de salarier les chauffeurs qui travaillent pour lui.L’action judiciaire en nom collectif n’est pas prise à la légère par Uber, qui sait que Shannon Liss-Riordan a déjà gagné un procès du même type face à Fedex, le spécialiste de la livraison de colis, une société qui fait aussi appel à des travailleurs indépendants. L’avocate pointe le fait qu’Uber agit comme une véritable entreprise de transport et non comme un simple intermédiaire. Les chauffeurs doivent ainsi suivre un certain nombre de standards sur leur tenue ou sur leur véhicule. En cas de manquement, l’entreprise peut mettre fin à leur contrat. Enfin, ils sont payés en fonction de la longueur de la course.C’est donc à un jury qu’il appartiendra de trancher ce débat et, d’une certaine façon, également de décider de l’avenir d’Uber.L’entreprise a voulu minimiser l’importance de la décision californienne dans un communiqué publié sur son site. Selon elle, un grand nombre de chauffeurs seraient exclus de l’action de groupe. Seuls quinze mille conducteurs pourraient y participer, contre les cent soixante mille annoncés, c’est-à-dire le nombre total de conducteurs ayant déjà utilisé l’application dans l’Etat de Californie.Lire aussi :Les nouveaux visages de l’économie collaborativeStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard C’est un discours récurrent. Loin de l’image de la famille de réfugiés fuyant la guerre, les migrants arrivant en Europe ne seraient que très majoritairement des hommes seuls ne fuyant que la misère. Après avoir affirmé, sur RMC début septembre, que cette proportion atteignait même 99 %, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a assuré, jeudi 24 septembre, et de nouveau sur RMC, qu’elle était de 75 %."Les institutions internationales disent qu'il y a 75% d'hommes parmi ces #migrants." #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);C’est partiellement vrai mais…69 %Selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 69 % des migrants ayant traversé la Méditerranée pour venir en Europe en 2015 étaient des hommes. Sur 100 personnes s’engageant dans ce périple, 13 étaient des femmes et 18 étaient des enfants. Pas 99 % ni 75 % comme l’affirme Marine Le Pen, donc, mais effectivement une majorité d’hommes.De plus, la proportion pourrait se rééquilibrer, selon d’autres comptages. Ainsi, en juin, les femmes et les enfants représentaient 10 % des migrants transitant par la Macédoine (route terrestre). Une proportion passée à un tiers en septembre, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).Presque parité dans les camps de réfugiés au Proche-OrientEn revanche, si l’on prend le problème à l’une des sources, à savoir la situation des réfugiés syriens au Proche-Orient, le constat est tout autre parmi les 4 millions de réfugiés syriens – 92 % sont actuellement dans trois pays voisins de la Syrie : la Turquie (1,9 million de personnes), le Liban (1,1 million) et la Jordanie (628 000).Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligne50,5 % de femmesDans les camps de réfugiés, les femmes sont légèrement majoritaires (50,5 %). Sans surprise, la tranche d’âge majoritaire est constituée par les 18-59 ans, où les femmes sont également majoritaires (23,9 % des femmes, 21,8 % des hommes). #container_14431066811{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431066811{ height:500px; } #container_14431066811 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431066811 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431066811 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431066811 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les femmes majoritaires dans les camps de réfugiés syriens au Proche-OrientRépartition des hommes et des femmes dans les camps de réfugiés en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Egypte.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431066811", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#ff3232","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Total","0-4 ans","5-11 ans","12-17 ans","18-59 ans","Plus de 60 ans"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Hommes ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 49.5 ], [ "", 9.1 ], [ "", 10.7 ], [ "", 6.5 ], [ "", 21.8 ], [ "", 1.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Femmes ", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 50.5 ], [ "", 8.6 ], [ "", 10.1 ], [ "", 6.1 ], [ "", 23.9 ], [ "", 1.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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C’est fauxC’est l’autre discours récurrent sur les migrants. Ceux fuyant la guerre ne représenteraient qu’une minorité."La réalité, c'est que la grande majorité de ces gens viennent pour des raisons économiques !" #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);Or, c’est faux. Selon les mêmes chiffres du HCR, les Syriens, venant donc d’un pays en proie à une guerre civile des plus violentes, ont représenté à eux seuls 54 % des migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015.La deuxième nationalité la plus représentée est constituée des Afghans, pays également en proie à une guerre civile (13 %), suivis des Erythréens, venant d’un Etat sous dictature totalitaire (7 %), puis des Irakiens, également en guerre (3 %), des Nigérians, dont le pays connaît des massacres réguliers par des groupes comme Boko Haram (3 %), la Somalie, pays à l’état de décomposition avancée (2 %) … #container_14431057371{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431057371{ height:500px; } #container_14431057371 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431057371 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431057371 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431057371 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les migrants viennent majoritairement de pays en guerreTop 10 des nationalités les plus présentes parmi les migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015. Elles représentent 90 % des arrivées maritimes.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431057371", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Afghanistan","Erythrée","Nigeria","Irak","Pakistan","Somalie","Soudan","Gambie","Bangladesh"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part des migrants ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 54 ], [ "", 13 ], [ "", 7 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye L’extrême droite française, vent debout contre l’accueil de réfugiés venant de Syrie, d’Irak ou de la corne de l’Afrique, a trouvé un bouc émissaire de choix dans la crise des migrants qui secoue l’Europe : l’Allemagne. Une manifestation « contre la déferlante migratoire » est organisée, jeudi 24 septembre, devant l’ambassade d’Allemagne, à Paris, à l’initiative du Siel (Souverainisme, indépendance et libertés), un petit parti allié au Front national.La formation de Marine Le Pen n’appelle pas elle-même à participer à ce rendez-vous, qui doit réunir, entre autres, l’écrivain Renaud Camus – théoricien du « grand remplacement » –, le groupuscule islamophobe Riposte laïque, l’Action française, ou encore la porte-parole du mouvement allemand anti immigrés Pegida. Il n’empêche, le FN n’est pas en reste sur le sujet.Depuis plusieurs semaines, Angela Merkel occupe une place de choix dans les discours de Marine Le Pen, au même titre que François Hollande ou Nicolas Sarkozy. La présidente du FN n’a de cesse de dénoncer le rôle moteur de la chancelière allemande dans la mise en place d’un système de répartition des migrants dans l’Union européenne, et critique la volonté de Mme Merkel d’accueillir 800 000 personnes dès 2015 sur son propre territoire.Lire aussi :La crise des migrants contraint les politiques français à clarifier leur discours« L’Europe à la schlague »« Sans doute l’Allemagne pense-t-elle à sa démographie moribonde, et sans doute cherche-t-elle encore à baisser les salaires et à continuer à recruter des esclaves via une immigration massive », a lancé Mme Le Pen lors du discours de clôture de l’université d’été de son parti, le 6 septembre, à Marseille. De son côté, Florian Philippot a pour sa part jugé que l’Allemagne « n’en finit plus de lancer ses diktats au visage de l’Europe : sur l’euro, les migrants ou le budget ».En manifestant son opposition à Angela Merkel, le Front national réactive un couplet déjà entonné au plus fort de la crise grecque, en juin : l’Allemagne, première économie du continent, ferait valoir ses vues à l’Europe au mépris des intérêts de ses partenaires. « C’est l’Europe à la schlague, dénonce Mme Le Pen, interrogée par Le Monde. En toutes circonstances et en tous domaines, l’Allemagne impose sa loi. »Lire aussi :Marine Le Pen rétropédale sur le « Grexit »« L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux »En s’en prenant à la chancelière, chef de file supposée de l’Union européenne, la présidente du FN tente d’endosser le rôle de première opposante à l’ordre européen tel qu’il existe aujourd’hui. Et de dénoncer par-là même l’action de François Hollande, renvoyé à une simple position d’« administrateur de province sous direction allemande ».« L’Allemagne nous considère comme un esclave car elle obtient ce qu’elle demande : Mme Merkel demande l’accueil de 800 000 migrants, François Hollande applaudit ; puis Mme Merkel rétablit les frontières, et François Hollande applaudit encore. L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux », juge Marine Le Pen.Un renversement d’alliances en faveur de la RussieCes critiques contre une supposée « Europe allemande » s’exprimaient déjà quand le premier ministre grec Alexis Tsipras tentait, avant l’été, d’obtenir un plan d’aide pour son pays sans contreparties trop sévères en terme d’austérité. Pendant la campagne présidentielle de 2012, déjà, le Front national s’en prenait à l’Allemagne pour son rôle dans le maintien d’un euro fort.Partisane d’un renversement d’alliances en faveur de la Russie et de relations bilatérales entre Etats, la fille de Jean-Marie Le Pen assure que si elle arrivait au pouvoir, elle ne ferait plus du couple franco-allemand un moteur des décisions en Europe. Finis les conseils des ministres communs, la visite à Berlin dès la prise de fonction... « Je traiterais l’Allemagne comme je traite les autres pays. Il n’y a pas d’objectif de tension ou d’hostilité, mais s’il faut en passer par là, on le fera », déclare la députée européenne.Lire aussi :Le monde vu du Front nationalOutre-Rhin, la présidente du Front national est perçue avec une certaine circonspection. L’entreprise de dédiabolisation du parti, qui consiste d’abord à le laver tout soupçon d’antisémitisme, ne convainc pas, le discours sur l’islam ou l’immigration n’ayant pas varié par rapport à l’époque de Jean-Marie Le Pen. Au lendemain des élections européennes, en mai 2014, Angela Merkel avait jugé « regrettable » les bons résultats des partis populistes en Europe. Son ministre de l’économie, Wolfgang Schäuble, avait quant à lui estimé que les Français avaient voté non « pas pour un parti de droite, mais pour un parti fasciste ». Pas de quoi réchauffer les relations entre le FN et le gouvernement allemand.Olivier Faye Madjid Zerrouky C’est un ballet étrange – parfois quotidien – auquel assistent les riverains du Bosphore, le détroit qui sépare la mer Noire de la Méditerranée : se faufilant au milieu du trafic maritime civil, des bâtiments de la flotte russe transitent vers le sud en direction des côtes syriennes, croisant leurs homologues qui rejoignent leurs ports d’attache en Crimée. Tous sont suivis comme leur ombre par la marine turque.#SyriaExpress turns Bosphorus into a Russian Navy expressway. Northbound Otrakovski passes next to southbound R109 http://t.co/vu4jcqxBr4— YorukIsik (@Yörük Işık)require(["twitter/widgets"]);Sarcastiquement baptisé « Syria Express » par les « spotters » (photographes passionnés), les blogueurs et les observateurs avertis, le nombre de bateaux arborant la croix de Saint-André transitant par le détroit s’est considérablement accru avec la montée en puissance de la présence militaire russe en Syrie, comme l’indiquent les passages compilés par le site turc Bosphorus Naval News.Direction plus que probable : le port syrien de Tartous dans l’ouest du pays, où la marine russe dispose de facilités de mouillage et d’installation de ravitaillement et de réparation depuis 1971. Une présence encore trahie dernièrement par les photos de marins russes publiés sur les réseaux sociaux.Lire aussi :La présence russe en Syrie trahie par les réseaux sociauxBâtiments de débarquement et de transport de troupes, de soutien logistique, navires espions… la traversée du détroit donne à voir une flotte de la mer Noire en surchauffe, qui semble avoir mobilisé tous ses moyens pour son déploiement en Méditerranée orientale : le 19 septembre, le vénérable Smetlivy, un destroyer entré en service depuis 1969, saluait ainsi dans un nuage de gaz d’échappement la population d’Istanbul.Kashin class destoyer of BSF Smetlivy on Bosphrous this morning. @IBallantyn @CavasShips @samlagrone http://t.co/QgJbwJN6tK— Saturn5_ (@Bosphorus Naval News)require(["twitter/widgets"]);Parmi les « réguliers » de la traversée, certains bâtiments laissent peu de doutes sur les intentions russes. Le Korolev, l’Azov ou le Novocherkassk, qui comptent 3 allers-retours chacun depuis le mois d’août, sont des navires de débarquement dédiés au soutien des troupes à terre. Selon des estimations américaines, 500 hommes de l’infanterie de marine seraient actuellement déployés dans les régions de Tartous et de Lattaquié (nord-ouest du pays et fief alaouite du régime), pour un total de 1 700 militaires russes, avance le quotidien moscovite Kommersant.Officiellement, du côté de Moscou, on se borne à parler de manœuvres militaires : « En septembre et en octobre, les forces navales russes mènent des exercices dans la partie orientale de la Méditerranée », a annoncé officiellement le ministère de la défense dans un communiqué, jeudi 24 septembre.Le graphique ci-dessous n’englobe que les mouvements de la flotte de la Mer noire ; des bâtiments venus de des mers Baltique ou du Nord accostent aussi régulièrement à Tartous. #container_14424797655{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14424797655{ height:500px; } #container_14424797655 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14424797655 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14424797655 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14424797655 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Bâtiments de la flotte russe de la mer Noire transitant vers la Méditerranée orientaleDu 1er août au 24 septembre 2015. Sens mer Noire-MéditerranéeSource : Bosphorus Naval News(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14424797655", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Bâtiments de débarquement/transport de troupes","Bâtiments de soutien","Bâtiments d'espionnage et d'interceptions électroniques","Destroyeur","Frégate","Corvette lance-missiles"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "nombre", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 15 ], [ "", 4 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Voir : une carte des positions russes en Syrie par l’Institut for the study of war (en anglais)Une base aérienne russe à LattaquiéAu ballet naval est venu s’ajouter un pont aérien de l’aviation russe vers l’autre point chaud du moment : l’aéroport Bassel-Al-Assad (du nom du grand frère de Bachar, mort en 1994), à 25 km au sud de la ville de Lattaquié.Ce qui n’était jusqu’ici qu’un aéroport de seconde zone, qui n’accueillait que quelques vols domestiques et abritait une poignée d’hélicoptères soviétiques antédiluviens, est en passe de devenir la rampe de lancement d’une présence militaire aérienne russe en soutien au régime syrien.Depuis le week-end dernier, 28 avions de combat russes y sont déployés (4 chasseurs Sukhoï 30, 12 bombardiers Sukhoï 24 et 12 avions d’appui au sol Sukhoï 25) – les deux derniers types reconstituant un « couple infernal » qui a fait ses preuves lors de campagnes russes dans le Caucase, notamment lors des guerres de Tchétchénie. A leurs côtés, des hélicoptères d’attaque Mil Mi-24 (Hind selon la classification de l’OTAN) et de transport de troupe Mi-8 (Hip), de l’artillerie et au moins 9 chars, selon un officiel américain interrogé par le New York Times. Un signal clair envoyé aux forces rebelles (parmi lesquelles les djihadistes du Front Al-Nosra), dont les premières lignes sont à peine à 20 km au nord-est de Lattaquié.Ces déclarations anonymes d’officiels américains ne font que corroborer un secret de Polichinelle : surtout depuis la publication d’images satellites publiées par l’entreprise AllSource Analysis en coopération avec l’institut de recherche Institute for the Study of War, qui ont retracé l’historique de l’aménagement de la base et du déploiement russe depuis la fin du printemps.New from @AllSourceA. Assad Airbase #Latakia. Possible new fuel dump, new logistics park, and 12 SU-25s+4 SU-30s. http://t.co/tuDFbJGASE— TheStudyofWar (@ISW)require(["twitter/widgets"]); Great coverage on our intelligence work with our partner @TheStudyofWar http://t.co/esEB7d1PtP #geoint #Russia http://t.co/Wdx7u4830o— AllSourceA (@AllSource Analysis)require(["twitter/widgets"]);L’ambassadeur syrien en Russie a fini par admettre, mercredi 23 septembre, que la Syrie accueillerait favorablement la construction d’une base militaire russe dans la ville de Lattaquié : « Si la Russie le souhaite, la Syrie saluerait une telle mesure parce qu’elle viserait à combattre le terrorisme sur notre sol », a déclaré Riad Haddad cité par l’agence russe Interfax.Le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, a jugé jeudi 24 septembre préoccupante le renforcement de la présence militaire russe en Syrie, faisant lui aussi état d’« un renforcement très significatif de la présence militaire russe dans le port de Tartous mais surtout dans la fondation d’un aéroport militaire au sud de Lattaquié avec la présence de plusieurs avions de chasse, d’hélicoptères de combat et de capacités de drone ».Le plan russe«  Nous soutenons le gouvernement de Syrie. Nous fournissons, et nous continuerons à [lui] fournir aide et assistance technique et militaire  », a martelé de son côté Vladimir Poutine la semaine passé. Le président russe propose ainsi une « sainte alliance » contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique, dans laquelle il réaffirme son soutien indéfectible à Bachar Al-Assad.Un plan qu’il devrait évoquer lors de son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, le 28 septembre. Et un plan inacceptable pour les Occidentaux et leurs alliés, qui lient la résolution du conflit au départ de Bachar Al-Assad. La présence militaire russe, ostensible, semble précéder ses manœuvres diplomatiques tout en constituant un soutien précieux pour l’allié syrien, militairement en grande difficulté.Lire aussi :Poutine appelle à une alliance avec Assad contre l’Etat islamiqueLire aussi :Syrie : le drôle de jeu de M. PoutineMadjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Terre d’asile obligée pour les réfugiés du conflit syrien, la Turquie est aussi désemparée que l’Union européenne face à l’exode de ses réfugiés. L’aide financière promise mercredi 23 septembre par les dirigeants européens – un milliard d’euros débloqués en urgence en faveur d’Ankara et des Etats des Balkans – est certainement bienvenue pour le gouvernement turc. Ce dernier assure avoir déjà consacré 6,6 milliards d’euros à l’accueil des réfugiés syriens depuis 2011. Mais rien ne dit que cette enveloppe suffira à maintenir sur place les candidats à l’asile.Lire aussi :Réfugiés : l’UE débloque plus d’un milliard d’eurosEn première ligne entre la Syrie et l’EuropeDepuis 2011, et le début de la crise syrienne, la Turquie a ouvert grand ses portes aux populations civiles victimes du conflit. A cet égard, les Turcs n’en reviennent pas de voir les Etats de l’Union européenne se chamailler pour l’accueil de 120 000 réfugiés syriens quand leur pays en héberge 2,2 millions. Mais cet élan d’hospitalité – une notion sacrée en Turquie – a ses limites. 260 000 personnes seulement vivent dans les 25 camps installés le long de la frontière turco-syrienne, décrits par les humanitaires comme des « cinq étoiles » – avec réseau wifi, des épiceries et des écoles où les cours sont dispensés en arabe. La majorité des réfugiés (environ 1,9 million) sont livrés à eux-mêmes dans les grandes villes du pays. Officiellement ils sont des « invités ». La Turquie leur offre une protection et non l’asile politique, susceptible d’être accordé uniquement aux… Européens de l’Ouest. Sans emploi, sans accès à l’éducation, parfois sans toit, des centaines de milliers de familles vivent un enfer.Perçue comme trop sensible, la question des réfugiés n’est un thème de campagne pour aucun des partis en lice avant les prochaines élections législatives, le 1er novembre. Pas question de troubler l’opinion publique, déjà assez éprouvée par ce fardeau. Les tensions ne sont pas rares surtout dans des villes comme Gaziantep, non loin de la frontière turco syrienne, où le prix des loyers est désormais plus élevé qu’à Istanbul.Conditions de vie précaires dans les grandes villesA Istanbul, où on estime à 350 000 le nombre de réfugiés, presque toutes les avenues sont envahies par des femmes qui mendient à même le sol, leurs nourrissons sur les genoux, tandis que les aînés, âgés parfois de 5 ans tout au plus, se faufilent pieds nus entre les voitures pour proposer à la vente mouchoirs et bouteilles d’eau. Les ateliers de confection emploient des « petites mains » âgées de dix à douze ans pour 300 livres turques (87 euros) mensuels. Evoqué un instant, l’octroi de permis de travail aux Syriens n’est plus de mise depuis que la Turquie est en plein marathon électoral, avec deux législatives en cinq mois. Selon le centre de recherches Xsights à Istanbul, auteur d’une étude récente sur les conditions de vie des réfugiés syriens en Turquie, 82 % éprouvent des difficultés à trouver du travail, 56 % se plaignent du manque d’accès aux services sociaux, 90 % trouvent les loyers trop chers.Lire aussi :« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriens« Le plus gros problème, c’était le travail. J’ai été pris à plusieurs reprises comme manœuvre sur des chantiers mais comme je n’étais pas déclaré, je touchais 800 livres tandis que mes collègues turcs recevaient bien plus, soit 2 000 livres », explique Mohammad Wajoukh, 50 ans, un Syrien de Damas, arrivé en Turquie en 2013 avec sa femme et leurs deux enfants. La famille s’est alors établie à Kahramanmaras, à quelques centaines de kilomètres de la frontière syrienne, avant de rejoindre Istanbul, et envisage de rejoindre la Grèce, si possible par la route.Toujours plus de candidats au départ vers l’Europe par la merLes patrouilles de gendarmes et de gardes-côtes ont beau avoir été renforcées, le flot des candidats au départ ne tarit pas, depuis la côte – Izmir, Bodrum, Marmaris, Datça, Canakkale – vers les îles grecques les plus proches. Les plus démunis embarquent à bord de canots pneumatiques, les plus aisés assurent leurs arrières, tels ces 70 Syriens arrivés récemment sur l’île de Rhodes (Grèce) à bord d’un bateau de bois long de plusieurs mètres, acheté collectivement. Selon Numan Kurtulmus, le porte-parole du gouvernement, les gardes-côtes turcs ont secouru 53 000 naufragés depuis le début de l’année tandis que 274 migrants ont perdu la vie lors de ces périlleuses traversées.La frontière terrestre avec la Grèce fermée Il faut compter aussi avec ceux qui affluent à Edirne, la dernière grande ville turque avant la frontière terrestre avec la Grèce et la Bulgarie. Près d’un millier ont été regroupés dans un stade non loin de la ville, les autorités essaient de les convaincre de faire demi-tour. Le premier ministre Ahmet Davutoglu a fait le déplacement, samedi 19 septembre, pour écouter leurs doléances. Il était temps car les réfugiés avaient, peu avant, réussi à bloquer une portion d’autoroute. « La voix de nos frères syriens a été entendue par le monde entier, ils doivent maintenant retourner à leur vie normale », a expliqué le chef du gouvernement sur son compte twitter, peu après la rencontre. Des centaines d’autres candidats au départ sont parqués depuis plusieurs jours à la gare routière de Bayrampasa à Istanbul, empêchés de monter dans les autobus en partance pour la Thrace, la partie européenne de la Turquie. Les plus déterminés sont partis à pied le long de la bande d’urgence de l’autoroute, où ils ont été refoulés par la police.Des restrictions de circulationsDans la gare de Bayrampasa, les compagnies de bus affichent aux guichets une circulaire ministérielle de 2012, stipulant que les billets sont vendus exclusivement aux titulaires du numéro qui figure sur la carte d’identité turque. Une directive interne du ministère de l’intérieur, datée du 29 août, prévoit même un renforcement des contrôles, de sorte que les réfugiés syriens ne puissent quitter sans permission les provinces de Turquie où ils ont été enregistrés. Ceux qui tentent de se rendre illégalement en Europe sont « une menace à l’ordre public » et « affectent l’image de la Turquie aux yeux du monde », explique le document dont l’agence Associated Press a pu se procurer une copie. Les contrôles visent avant tout les Syriens, soit plus de la moitié des quatre millions de réfugiés hébergés au total par la Turquie.Lire aussi :Vives tensions dans les Balkans autour des réfugiésMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand La clôture anti-migrants érigée par la Hongrie n’a pour l’instant aucun effet sur le flux de migrants tentant de rejoindre l’Europe par la « route des Balkans ». Au contraire, le nombre de réfugiés entrant sur le territoire hongrois a même atteint un nouveau record, mercredi 23 septembre, avec le passage de 10 046 personnes en une seule journée. La précédente journée record remontait au 14 septembre, la veille de la fermeture complète de la clôture entre la Hongrie et la Serbie, avec 9 380 entrées.Lire aussi :La Hongrie a connu un afflux record de réfugiés mercrediLa clôture érigée à la demande du premier ministre ultra-conservateur hongrois, Viktor Orban, n’a eu pour effet que de dériver le flux des migrants. Alors que ceux-ci rejoignaient jusqu’au 15 septembre directement Budapest depuis Belgrade, en longeant plus ou moins l’autoroute reliant les deux capitales, ceux-ci doivent désormais passer par la Croatie, plus à l’ouest. De la frontière avec la Serbie, ce pays les emmène ensuite par bus à la frontière hongroise.Voir aussi notre cartographie : La Hongrie, verrou sur la porte de l’EuropePour l’instant, la Hongrie accepte ensuite de les amener en Autriche. Seule la frontière serbo-hongroise est protégée par une clôture de quatre mètres. Le gouvernement hongrois a commencé à prolonger cette clôture vers la Croatie et a déjà déposé des rouleaux de barbelés, mais elle laisse encore les migrants rentrer par la petite ville de Beremend. De là, ils sont amenés en bus ou en train – sans même être enregistrés – vers le nord du pays et la frontière autrichienne. La Hongrie, qui a annoncé des mesures très dures contre les migrants comme des sanctions de trois ans de prison pour le franchissement de la clôture, a déclaré tolérer le passage des migrants « vulnérables ». En organisant ces convois par bus et par train, Viktor Orban cherche surtout à éviter un retour à la situation antérieure, lorsque des milliers de migrants dormaient devant les gares de Budapest, sous les yeux des habitants de la ville.Mauvais souvenirsL’arrivée massive de migrants en Croatie, pays qui était jusqu’ici à l’écart de la route des Balkans, suscite toutefois de nombreuses tensions avec son voisin serbe. Sept des huit points de passage entre les deux pays sont complètement fermés. Jugeant son pays débordé, le ministre de l’intérieur croate a annoncé jeudi qu’il allait fermer cet ultime point de passage à tous les véhicules serbes, alors que l’entrée des poids lourds est déjà bloquée depuis lundi. Cette mesure a été prise en représailles de la décision serbe de bloquer les camions et produits croate mercredi soir.« Il n’y aura ni guerre ni violence, tout va se passer dans le calme, mais ce n’est pas un comportement normal »Les deux pays – non membres de l’espace Schengen – sont libres d’appliquer de telles restrictions à leurs citoyens, mais ces décisions réveillent de mauvais souvenir dans une région qui reste marquée par la guerre des Balkans déclenchée par la déclaration d’indépendance de la Croatie en 1991. Jeudi matin, le ministre de la justice serbe a déclaré se sentir « brutalement attaqué » par la décision croate. « Il n’y aura ni guerre ni violence, tout va se passer dans le calme, mais ce n’est pas un comportement normal [de la part de la Serbie] », a toutefois voulu rassurer le premier ministre croate, Zoran Milanovic, depuis Bruxelles, mercredi soir.Selon les médias croates, Zagreb souhaiterait que la Serbie redirige au moins une partie du flux de réfugiés directement vers la Hongrie, via le poste frontière d’Horgos, sur l’autoroute Belgrade-Budapest. C’est à ce poste de frontière qu’ont eu lieu le 16 septembre des affrontements entre les migrants bloqués et la police hongroise. Depuis, les migrants ne passent plus par cet endroit et l’autoroute a même pu être rouverte dimanche. Il semble peu probable que la Hongrie, qui tient à montrer l’efficacité de sa clôture, autorise à nouveau les migrants à passer par là.Lire aussi :« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriensJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Delcas (Bogota, correspondante) La paix est-elle possible en Colombie, bientôt ? La paix après un demi-siècle de conflits armés ? Les Colombiens voulaient y croire mercredi 23 septembre au soir, après l’annonce d’un accord historique entre le gouvernement et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, extrême gauche). Il porte sur le sujet le plus sensible, la justice dite « transitionnelle », à mettre en place pour permettre la démobilisation des guérilleros.Négociations sous l’égide de Raul CastroLa poignée de main inédite entre le président colombien, Juan Manuel Santos, et le grand chef des FARC, Rodrigo Londoño, alias « Timochenko », sous le regard bienveillant du chef de l’Etat cubain, Raul Castro, justifiait l’optimisme. Les deux Colombiens avaient fait pour l’occasion le voyage à La Havane, où se tiennent depuis 2012 les laborieuses négociations de paix. Les tractations semblent désormais près du but. Mercredi, gouvernement et FARC ont en effet annoncé s’être donné un délai de six mois pour conclure l’accord définitif. Et soixante jours supplémentaires pour que les FARC commencent à déposer les armes, condition préalable à leur participation en politique. De source militaire, la dernière grande guérilla d’Amérique latine, essentiellement paysanne, compte encore quelque 8 000 hommes et femmes en armes. « La paix n’a jamais été aussi proche », a martelé M. Santos à La Havane. « Nous ferons tout ce qui est possible pour signer dans les prochains mois », a déclaré pour sa part « Timochenko ». « Le processus de paix est désormais irréversible », se sont réjouis en Colombie les partisans d’une paix négociée.Lire aussi :Colombie : le président suspend les frappes contre les FARCLes tractations progressent, les violences diminuentLes chiffres indiquent que, sur le terrain aussi, les choses ont changé : selon le Centre de ressources pour l’analyse des conflits, les deux derniers mois ont été les moins violents depuis quarante ans. Mais les sceptiques et les critiques restent nombreux. Quatre accords partiels avaient déjà été annoncés, concernant la politique agraire, la reconversion politique des FARC, la lutte contre le trafic de drogue et la création d’une commission de la vérité. Depuis plus d’un an, les négociations achoppaient sur la question des peines applicables aux guérilleros poursuivis par la justice. Les négociateurs se devaient de concilier les exigences de la paix et celles de la justice. « Aucun mouvement armé ne négocie pour finir en prison », rappelaient les chefs des FARC. Toutefois, les victimes de la guérilla et l’opinion publique exigeaient « une paix sans impunité ».Lire aussi :Les FARC déclarent un nouveau cessez-le-feu en ColombieDes possibilités d’amnistieL’accord annoncé mercredi à La Havane prévoit la création d’une juridiction spéciale pour la paix, compétente pour enquêter et juger les crimes commis durant le conflit par des guérilleros, des agents de l’Etat ou des hommes politiques. Les « délits politiques et connexes » seront très largement amnistiés, à l’exception des crimes contre l’humanité et des crimes atroces, tels que les prises d’otages, les disparitions et les déplacements forcés, ou les violences sexuelles. Ceux qui contribueront à la vérité et admettront leur responsabilité purgeront des peines de cinq à huit ans dans des « conditions spéciales de restriction de liberté ». En clair : ailleurs que dans une prison traditionnelle. Les autres seront condamnés à des peines de prison ferme, pouvant aller jusqu’à vingt ans.« La juridiction pour la paix a été pensée pour tous les combattants et non combattants impliqués dans le conflit, et pas seulement pour une des parties », a souligné « Timochenko ». Les militaires coupables de crimes et de graves violations des droits de l’homme – ils sont nombreux – pourront être jugés et condamnés, ainsi que les fonctionnaires et les civils liés aux milices paramilitaires. A Bogota, le procureur général, Eduardo Montealegre, a indiqué que plus de 15 000 guérilleros (dans le maquis ou en prison) pourraient bénéficier de l’amnistie prévue par l’accord de La Havane. Il a également annoncé que le parquet ne formulerait aucune nouvelle charge contre les dirigeants des FARC, afin de ne pas interférer avec les mécanismes de la nouvelle justice transitionnelle. A l’heure actuelle, le parquet enquête sur plus de 38 000 faits attribués aux FARC.Lire aussi :En Colombie, deux généraux mis en cause dans les exécutions de civilsUne avancée contestéeC’est justement un des reproches que formulent l’ancien président Alvaro Uribe, très proche des militaires : « Le gouvernement a accepté de mettre sur un pied d’égalité les forces armées et les terroristes », s’est-il indigné. « Ce n’est pas la paix qui est proche, c’est la capitulation devant les FARC », a tweeté M. Uribe, devenu sénateur.José Miguel Vivanco, directeur pour les Amériques de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, a, lui aussi, critiqué un accord « qui permettra aux responsables des pires abus de ne pas passer un seul jour en prison ». M. Vivanco considère que la formule de justice transitionnelle prévue ne passera pas l’examen de la Cour pénale internationale. Ce n’est pas l’avis de juristes colombiens, anciens présidents de la Cour constitutionnelle pour certains, qui ont collaboré à la rédaction de l’accord.Tout en se félicitant du chemin parcouru par les négociateurs, Raul Castro a prévenu que « d’énormes difficultés devaient encore être vaincues ». Personne n’en doute. Les conditions de la démobilisation des guérilleros n’ont pas été définies. Celles de la ratification de l’accord de paix final non plus. Le président Santos a toujours promis de le soumettre aux électeurs, lors d’un référendum. « Timochenko » a préféré citer le pape François qui, deux jours plus tôt à Cuba, avait déclaré à propos du conflit colombien : « Nous ne pouvons nous permettre un nouvel échec sur le chemin de la paix et de la réconciliation. »Lire aussi :Venezuela-Colombie, une frontière sous haute tension politiqueMarie Delcas (Bogota, correspondante)Journaliste au Monde Guy Dutheil Boeing a fini par céder. Contrairement à la politique qu’il a toujours poursuivie, le constructeur américain va implanter sa première usine hors des Etats-Unis. Il a confirmé, mercredi 23 septembre, à l’occasion de la visite officielle aux Etats-Unis du premier ministre chinois Xi Jinping, qu’il allait installer un centre de finition en Chine. Il aura fallu la plus grosse commande d’avions jamais signée par la Chine pour que Boeing accepte de faire une entorse à son historique « made in America ». Un contrat évalué à plus de 38 milliards de dollars (34 milliards d’euros), prix catalogue, pour 50 gros-porteurs long-courriers et 250 moyen-courriers 737. Justement, c’est la finition de la cabine et la peinture de ces 737 qui sera achevée dans l’usine chinoise.Avec ce centre, Boeing marche sur les traces d’Airbus. L’avionneur européen avait devancé son rival américain en installant, dès 2006, une usine d’assemblage de moyen-courriers A320 à Tianjin, dans la grande banlieue de Pékin. Une démarche longtemps moquée par Boeing. Jusqu’à présent, Airbus ne peut que se féliciter d’avoir pris cette initiative. Avant de poser le pied en Chine, l’avionneur européen était un nain sur le marché chinois : 4 % de part de marché en 1995 et 20 % en 2004. En 2015, tout a changé et Airbus fait jeu égal avec Boeing en Chine, où il a conquis 50 % du marché.L’initiative du constructeur de Seattle ne devrait pas être du goût de ses salariés américains, inquiets pour l’avenir de leurs emplois. Les syndicats avaient déjà froncé les sourcils lorsque le constructeur américain avait choisi d’installer, en 2009, une usine d’assemblage de son nouveau 787 en Caroline du Nord pour profiter d’une législation sociale bien plus favorable que dans l’Etat de Washington, berceau historique de Boeing.Flotte gigantesqueIl aura fallu l’arrivée d’un nouveau patron, Dennis Muilenburg, nommé directeur général en juin, pour que Boeing en termine avec près d’un siècle de production exclusivement américaine. Mais l’avionneur ne pouvait laisser Airbus faire cavalier seul, et pas seulement en Chine. Partout en Asie, Boeing encaisse les coups de boutoirs de son rival européen. Au Japon, en 2014 par exemple, Airbus a rompu le monopole de son concurrent en vendant notamment des A320 et des A350 à la compagnie All Nippon Airways.Mais ce sont surtout les commandes futures qui ont fait fléchir Boeing. Selon les prévisions annuelles, publiées en juillet, par l’américain et globalement confirmées par Airbus, l’Asie et particulièrement la Chine, auront besoin de plus de 14 300 moyen-courriers neufs dans les vingt ans à venir : l’A320 d’Airbus et le 737 de Boeing. Une flotte gigantesque nécessaire pour transporter notamment la nouvelle classe moyenne chinoise, avide de voyages.Lire aussi :Aéronautique : la Chine à la conquête du cielGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste بسمة (@Basma_) 24 Septembre 2015« Failles de sécurité »Près de 4 000 personnels de secours ont été dépêchés sur place par les autorités saoudiennes pour venir en aide aux victimes, d’après la chaîne de télévision américaine CNN. Au moins 220 ambulances sont également sur les lieux pour porter les premiers soins aux blessés et diriger le flot de pèlerins vers des routes alternatives. On ignore encore la nationalité des victimes, mais au moins 90 pèlerins iraniens ont été tués, selon le dernier bilan de Téhéran, dont un haut responsable a condamné les « failles de sécurité » du dispositif.Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Nayef, a ordonné l’ouverture d’une enquête a rapporté l’agence officielle SPA. Les conclusions de cette enquête devraient être soumises au roi Salmane, à qui « il reviendra de prendre les mesures appropriées » pour remédier aux conséquences de ce drame. Le ministre de la santé saoudien a promis de son côté une enquête « rapide et transparente » sur l’accident qu’il a, pour sa part, attribué à un manque de discipline des pèlerins.Cent mille policiers mobilisésL’Arabie saoudite a mobilisé 100 000 policiers pour le pèlerinage, où près de 1,4 million de fidèles sont venus cette année de l’étranger et des centaines de milliers de l’intérieur du royaume, d’après les autorités saoudiennes. La nouvelle tragédie est survenue malgré les importants travaux d’infrastructure réalisés ces dernières années par les autorités saoudiennes pour faciliter les mouvements des fidèles. Parmi les efforts engagés pour améliorer la sécurité à Jamarat, les trois piliers ont été agrandis et un large pont les contournant a été construit, afin de multiplier les points d’entrée et de sortie pour les pèlerins qui viennent accomplir le rite de lapidation.Lire : Le pèlerinage de La Mecque en chiffresCe nouveau drame vient s’ajouter à la tragédie qui avait déjà endeuillé le pays le 11 septembre, quelques jours avant le début du hadj, avec la chute d’une grue sur le chantier d’agrandissement de la grande mosquée de La Mecque qui avait fait 109 morts et plus de 400 blessés.Le surnombre de fidèles, qui accèdent au site par des tunnels et des voies suspendues, a provoqué par le passé des accidents. En 2006, plus de 360 pèlerins sont morts dans une bousculade. Un mouvement de foule similaire avait fait 244 morts et des centaines de blessés, déjà à Mina, en 2004. Le bilan le plus lourd remonte à 1990, quand 1 426 pèlerins sont morts dans un tunnel piéton bondé menant aux lieux sacrés de La Mecque.Lire aussi :Le hadj, une tradition musulmane régulièrement endeuilléeLe gouvernement français ouvre un numéro vertLe gouvernement, qui cherche à savoir si des Français figurent parmi les victimes de la bousculade meurtrière près de La Mecque, a ouvert jeudi 24 septembre un numéro vert (01-43-17-56-46) pour répondre aux questions des Français qui ont des proches en Arabie saoudite.Interrogé sur d’éventuelles victimes françaises, le Quai d’Orsay a indiqué ne pas être en mesure à ce stade de pouvoir le dire. Entre 25 000 et 30 000 Français effectuent le pèlerinage à La Mecque chaque année, selon le Quai d’Orsay. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) C’était le sommet dont personne ne voulait, sauf la chancelière Angela Merkel et le premier ministre hongrois Viktor Orban. Décidé en urgence, il aura au moins permis aux Européens de se reparler, mercredi 23 septembre, et de recoller les morceaux après le conseil des ministres de l’intérieur qui, la veille, avait vu quatre pays de l’Est se dissocier de leurs partenaires au sujet de l’accueil de 120 000 réfugiés. La Hongrie, la Roumanie, la République tchèque et la Slovaquie ont voté contre ce dispositif de répartition des réfugiés entre pays membres.Lire aussi :L’UE impose la répartition de 120 000 réfugiés« Les tensions n’ont pas disparu, mais ne se sont pas manifestées, aucun pays n’a dit vouloir se dégager de ses obligations », a commenté François Hollande. Tout au plus Angela Merkel a-t-elle eu un échange un peu vif avec le populiste M. Orban, qui a, selon une source proche des discussions, dénoncé « l’impérialisme moral » de la chancelière, lui reprochant d’avoir, fin août, appelé les dirigeants de l’Union européenne (UE) à l’humanité face aux populations fuyant la guerre en Syrie.L’urgence, désormais, pour les dirigeants européens, est de protéger les frontières extérieures de l’Union, de « contenir » le flux des migrants. « Il y a 8 millions de Syriens déplacés dans leur pays, 4 millions dans les pays voisins. Cela fait des millions de réfugiés potentiels susceptibles de gagner l’Europe, sans parler de l’Erythrée, de l’Afghanistan, etc. », a souligné, en préambule de la réunion, Donald Tusk, le président du Conseil européen.L’aide humanitaire annoncée mercredi vise notamment à « fixer » les réfugiés près de leur pays d’origine, en améliorant un peu leur quotidien. Les Etats membres se sont engagés à augmenter d’« au moins 1 milliard d’euros » leur aide aux pays voisins de la Syrie (Turquie, Jordanie, Liban). Ces fonds devraient aller aux agences des Nations unies et au Programme alimentaire mondial (PAM), dont les moyens ont été rabotés, ce qui a entraîné le départ de nombreux Syriens des camps de réfugiés. Selon la Commission européenne, 38 % seulement des fonds réclamés par les agences humanitaires pour aider les réfugiés syriens ont été versés jusqu’ici.Renforcement de FrontexAutre décision, maintes fois annoncée : le renforcement des moyens de l’agence de surveillance Frontex, qui devrait organiser des retours rapides (et « dignes », souligne M. Hollande) des déboutés du droit d’asile, alors qu’actuellement moins de 40 % d’entre eux quittent effectivement l’Europe. La Commission a annoncé que 1,3 million d’euros supplémentaires – à trouver dans le budget de l’Union – devraient aller à Frontex en 2015, ainsi qu’au Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) et à Europol.Lire aussi :L’Union européenne va aider davantage les agences de l’ONU venant en aide aux réfugiésLa France, elle, a de nouveau insisté sur la nécessité de faire fonctionner (dès novembre) les « hot spots ». La Commission persiste à appeler « équipes de soutien à la gestion de la migration » ces structures chargées de l’enregistrement, de l’orientation et du retour éventuel des déboutés du droit d’asile. Paris ajoute qu’il doit s’agir aussi de centres de rétention à établir en Grèce et Italie. La Hongrie refuse tout « hot spot », la Bulgarie en réclame un. Une évidente confusion règne quant à la mission exacte de ces structures. Les Européens l’ont tous reconnu mercredi soir : il faut lancer une « offensive diplomatique » vis-à-vis de la Turquie, sans laquelle la stratégie européenne d’endiguement des réfugiés ne fonctionnera pas. M. Tusk a déjà effectué une visite à Ankara début septembre, le pays sera convié à une réunion conjointe des ministres des affaires étrangères et de l’intérieur, à Luxembourg, au début du mois d’octobre.La question turque est toutefois très épineuse. Elle divise les Vingt-Huit, en désaccord sur le problème kurde, la démarche de préadhésion à l’Union ou l’éventuelle inscription du pays sur une liste des « Etats sûrs ». Et les dirigeants se font peu d’illusions. « Avant les élections du 1er novembre en Turquie, il sera difficile d’avancer sur quoi que ce soit », confiaient des diplomates européens, mercredi.Athènes sous pressionAu sujet des frontières, c’est la Grèce qui est dans le collimateur. Plusieurs capitales estiment que le manque de contrôle à la frontière gréco-turque, devenue première porte d’entrée des migrants en Europe, est l’un des problèmes urgents à résoudre. Athènes semblait d’autant plus sous pression, mercredi, qu’elle va bénéficier de plus de 50 000 « relocalisations » supplémentaires de réfugiés présents sur son territoire, grâce au mécanisme de relocalisation de 120 000 réfugiés agréé mardi.Beaucoup à Bruxelles soulignent les retards accumulés par les Grecs pour la mise en place des « hot spots ». Ils déplorent aussi que le pays n’ait pas davantage sollicité l’aide européenne à laquelle il peut prétendre pour financer l’accueil des milliers de réfugiés qui chaque jour désormais parviennent sur ses côtes.La Commission a d’ailleurs, mercredi, peu avant le sommet, officiellement lancé 40 procédures pour infraction au droit de l’Union en matière de droit d’asile, visant 19 pays (dont la France), mais pointant particulièrement les déficiences grecques. « C’est à la Grèce de faire une demande d’aide à l’Union, on ne peut rien lui imposer. On a fait passer le message à Alexis Tsipras », affirmaient plusieurs sources, mercredi.Lire aussi :La Commission européenne épingle 19 pays pour non-respect du droit d’asileCertains, comme la Hongrie, réclament des mesures radicales. Ils veulent imposer à Athènes un corps de gardes-frontières européens. Une option peu réaliste à court terme, même si la Commission a proposé de relancer, avant la fin de l’année, son projet de création d’un corps unifié de gardes-côtes.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance) Les apparences sont trompeuses. Avec sept candidats à l’élection présidentielle de 2016, issus de ses rangs, l’Eglise catholique n’a jamais été aussi bien représentée au plus haut niveau de la politique américaine. Six candidats républicains – dont deux convertis, venus du protestantisme et de l’hindouisme – et un démocrate sont sur les rangs.Au Congrès, où le pape est attendu, jeudi 24 septembre au matin, les 164 élus catholiques constituent la deuxième force religieuse derrière la majorité protestante et totalisent 30 % des sièges alors qu’ils ne composent que 21 % de la population américaine. Plus frappant encore, six des neuf juges de la Cour suprême américaine sont catholiques, les trois autres étant juifs. Enfin, le vice-président, Joe Biden, de même que le « speaker » républicain de la chambre des représentants, John Boehner, sont tous deux des fidèles de l’Eglise catholique.A première vue, avec de tels effectifs, la force de frappe du catholicisme devrait donc peser sans peine dans le débat public et les évolutions de la société américaine. On en est loin. « Dans ce pays, les catholiques sont extrêmement divisés, explique John Green, professeur en sciences politiques à l’université d’Akron (Ohio), spécialiste du lien entre politique et religion. Contrairement aux protestants qui sont mieux organisés et plus homogènes, avec d’un côté les Eglises blanches, conservatrices proches du camp républicain, et de l’autre les protestants noirs, plus en phase avec les démocrates ».Ces affiliations s’appliquent moins aisément aux catholiques, réputés pour être parmi les « swing voters » du paysage politique américain, tant leur vote oscille entre les deux camps traditionnels : en 2012, 50 % des catholiques ont voté pour le démocrate Barack Obama, 48 % pour son adversaire républicain, Mitt Romney. Et un tiers des électeurs catholiques passeraient d’un parti à l’autre selon les élections. Cela tient en partie à l’évolution du catholicisme et à l’histoire de l’immigration dans le pays. « Historiquement, les catholiques étaient plutôt démocrates, venus des milieux ouvriers, attachés au bien commun, en lien avec la doctrine sociale de l’Eglise, poursuit M.Green. Et puis au fil des générations, une partie d’entre eux sont devenus plus proches des conservateurs, sur les questions économiques ou environnementales. »« La politique avant la religion »Cette tendance, – quoique tempérée par l’émergence d’une importante minorité hispanique plutôt proche des démocrates, 75 % d’entre eux ont voté pour Obama en 2012 –, se lit désormais dans la représentation politique et institutionnelle. Pour la première fois, lors du renouvellement du Congrès en janvier, le nombre de républicains catholiques y a surpassé celui des démocrates (69 contre 68), alors qu’il y a moins de dix ans, les proportions étaient bien plus tranchées : 98 démocrates pour 37 républicains. A la Cour suprême, sur les six juges catholiques, seule l’une, nommée par Barack Obama, est démocrate. Quant à la hiérarchie catholique, elle est réputée plus homogène et conservatrice que les fidèles et prend régulièrement position sur des sujets proches des préoccupations républicaines : contraception, avortement, mariage homosexuel, liberté religieuse.Faire entendre une seule voix catholique, y compris sur des sujets éminemment consensuels chez les autres chrétiens comme la lutte contre l’avortement, ne coule donc pas de source. Même s’ils professent la même foi, les élus américains « font passer la politique avant la religion et ne parviennent pas à faire entendre une voix bipartisane », commente Thomas Reese, jésuite et analyste au National catholic reporter. Aussi, qu’il s’agisse d’immigration, de protection de l’environnement, de lutte contre la pauvreté ou contre les excès de la consommation, sujets mis en avant par le pape actuel, les positions des élus catholiques épousent avant tout celles de leur parti. « Cela constitue une grande différence avec les protestants qui font davantage coïncider leur foi avec leur engagement politique », estime M.Green.ContorsionCette attitude est particulièrement vraie sur le climat : ainsi, alors que le pape devrait mettre l’accent sur ce thème lors de ses prochaines interventions aux États-Unis, seuls 51 % des catholiques républicains sont convaincus de la réalité du réchauffement climatique et seulement 24 % pensent qu’il relève de l’activité humaine. Chez les catholiques démocrates, les proportions sont bien plus élevées (85 % et 62 %) et même supérieures à la moyenne de la population (68 % et 45 %). Symbole de ces crispations climatosceptiques dans le camp républicain, un élu catholique d’Arizona, Paul Gosar, a annoncé qu’il boycotterait le discours du pape devant le Congrès : convaincu que « le climat change depuis que Dieu a créé la Terre », il a dénoncé le positionnement « socialiste » du pape sur ce thème.Les divisions au sein de l’Eglise sont aussi accentuées par l’écart de vues entre les fidèles catholiques et la doctrine vaticane sur un certain nombre de sujets. Quand l’Église catholique se prononçait contre la guerre en Irak, les fidèles étaient plutôt pour. Quand Rome et les évêques américains s’opposent avec force au mariage homosexuel, 66 % des catholiques américains jugent « acceptable » que des enfants soient élevés dans une famille homoparentale, selon un sondage de Pew Research Center, publié début septembre ; une majorité (59 %) que l’on retrouve même chez les pratiquants qui vont à la messe toutes les semaines. Quant à la peine de mort, rejetée par le Vatican et les évêques, elle conserve les faveurs de 53 % des fidèles, une proportion qui monte à 63 % chez les catholiques blancs.Dans ce contexte, la venue de François devant le Congrès devrait donner lieu à d’intéressantes contorsions. Chacun entend en effet puiser dans les prises de position du pape celles qui correspondent à ses valeurs. Les républicains feront donc la sourde oreille sur le climat ou l’immigration, les démocrates sur la morale sexuelle et la famille. Les responsables du protocole espèrent que les applaudissements intempestifs des uns et des autres ne transformeront pas ce premier discours d’un pape devant le Congrès en un meeting politique.  Un premier jour sans tabousLors de sa première journée aux Etats-Unis, mercredi 23 septembre, le pape a mis l’accent sur l’immigration et le climat et demandé aux évêques américains de faire vivre une Eglise plus inclusive et de taire leurs « querelles ». Se présentant comme un « fils d’une famille d’immigrés » devant le président Barack Obama, le pape argentin d’origine italienne, a aussi rappelé aux évêques américains leur devoir « d’accueillir les immigrés sans peur ». Alors que ces sujets sont loin d’être consensuels parmi les catholiques américains, le pape a par ailleurs souligné sa volonté « de soutenir les institutions du mariage et de la famille en ce moment critique dans l’histoire de notre civilisation ». Mais il a aussi appelé les évêques à développer « une culture du dialogue » avec toutes les composantes de la société. Dans un pays marqué par un fort climatoscepticisme, François a loué les efforts de Barack Obama pour « la réduction de la pollution de l’air » et plaidé pour des mesures urgentes.Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Sallon et Marie Maurisse (Genève, correspondance) Ali Al-Nimr a pu passer un bref coup de fil à ses parents, mercredi 23 septembre. Juste le temps de leur dire qu’il était toujours en vie. Depuis que la justice saoudienne a rejeté, mi-septembre, l’appel de ce jeune homme de 20 ans, condamné à la peine de mort en mai 2014 pour avoir participé à des manifestations dans l’est du pays, sa famille craint que son exécution soit imminente. Il pourrait être décapité et crucifié. Il arrive, en effet, que pour les crimes considérés comme les plus graves, la justice saoudienne ordonne que le corps du supplicié, décapité au sabre par un bourreau en place publique, soit crucifié et exposé au public, jusqu’à ce que les chairs commencent à se décomposer. L’incertitude demeure sur le moment de l’exécution. « En Arabie saoudite, il n’y a pas d’annonce officielle sur la date d’exécution. Généralement, la famille n’est pas informée par avance », indique Zena Esia, de l’European-Saudi Organization for Human Rights (Esohr). Les proches ne l’apprennent souvent que lorsque les autorités leur intiment l’ordre de venir chercher la dépouille.Lire aussi :Arabie saoudite : défense des droits de l’homme le lundi, décapitation le jeudiLa sentence est particulièrement sévère, même au regard des standards du royaume wahhabite, où au moins 2 208 personnes ont été exécutées entre janvier 1985 et juin 2015, dont 134 pour la seule année 2015. Ce dernier chiffre représente un record dans les annales pénales saoudiennes. La sévérité et la cruauté du jugement à l’égard du jeune homme s’expliquent peut-être par le fait qu’Ali Al-Nimr, neveu du cheikh Nimr Baqer Al-Nimr, un dignitaire religieux alors à la tête du mouvement de contestation chiite, lui aussi condamné à mort le 15 octobre 2014, est considéré comme un opposant chiite. Le royaume, contesté par l’organisation sunnite de l’Etat islamique (EI), a subi, ces derniers mois, une vague d’attentats meurtriers contre la minorité chiite, concentrée dans l’est du pays. La fermeté extrême à l’égard d’Ali Al-Nimr est une manière de ne pas se laisser déborder par l’EI sur le terrain de l’« orthodoxie » sunnite.« Dans l’histoire récente de l’Arabie saoudite, personne n’a été condamné à la peine de mort pour militantisme politique », précise Zena Esia. Ali Al-Nimr avait 17 ans lorsqu’il a été arrêté à Qatif, dans l’est du pays, en février 2012, en marge de manifestations contre la famille royale des Saoud. Les manifestations étaient alors quasi quotidiennes dans les régions chiites de l’est du royaume, en écho au « printemps arabe ». Pour Mme Esia, « Ali a été spécifiquement visé. Il a été arrêté après la manifestation, le soir, de façon violente. Une voiture de police lui a roulé dessus ». « Rester silencieux n’est pas une option »Pendant son interrogatoire, Ali Al-Nimr a été soumis à des tortures, documentées par l’Esohr dans un rapport. « Il avait le nez enflé et des dents cassées. Il a été insulté et torturé. Il a signé des aveux, qui ne sont pas écrits de sa main », précise Zena Esia. Il a été déféré devant le tribunal pénal spécial de Djedda, qui a condamné plusieurs militants politiques, à l’instar du blogueur Raif Badaoui ou de son avocat, Walid Abou Al-Khair. Le 27 mai 2014, Ali Al-Nimr a été condamné à mort pour participation à des manifestations contre le gouvernement, attaque des forces de sécurité, possession d’une arme automatique et vol à main armée.Ali Al-Nimr n’a désormais pour seul recours que la mobilisation de la communauté internationale. « On ne peut pas prédire ce que fera l’Arabie saoudite, mais la pression internationale peut avoir un effet. Rester silencieux n’est de toute manière pas une option », estime Mme Esia. Mardi, des experts onusiens ont alerté sur le sort d’Ali Al-Nirm et appelé l’Arabie saoudite à surseoir à l’exécution. Depuis, la mobilisation pour sauver le jeune homme ne cesse de monter.« Toute sentence infligeant la peine de mort à des personnes mineures à l’époque du délit ainsi que son exécution sont incompatibles avec les obligations internationales de l’Arabie saoudite », a rappelé l’ONU. Depuis Bruxelles, mercredi, le président français, François Hollande, a demandé à l’Arabie saoudite de « renoncer à cette exécution au nom de ce principe essentiel que la peine de mort doit être abolie et les exécutions empêchées ». Une telle exécution gênerait considérablement M. Hollande, qui se présente comme le meilleur allié du royaume saoudien et qui mise sur cette relation pour doper les ventes d’armes françaises. Riyad participerait en effet, selon certaines sources, au financement du rachat des navires Mistral par son fidèle allié égyptien, annoncé mercredi.« Pétrodollars et politique l’emportent sur les droits de l’homme »L’affaire alimente les critiques adressées aux Nations unies depuis qu’elles ont rendue publique, le 21 septembre, la nomination de l’Arabie saoudite à la tête du « comité consultatif » du Conseil des droits de l’homme. Comme l’a révélé l’ONG UN Watch, l’ambassadeur de Riyad auprès des Nations unies, Fayçal Trad, présidera ce comité.Le « comité consultatif » est chargé de sélectionner les rapporteurs en charge de thématiques précises, dont les travaux servent de base au Conseil pour émettre des recommandations.« C’est scandaleux que l’ONU choisisse un pays comme l’Arabie saoudite pour présider ce groupe, estime Hillel Neuer, directeur exécutif d’UN Watch. Les pétrodollars et la politique l’emportent sur les droits de l’homme. » M. Neuer dénonce une « mascarade et un coup de plus porté à la crédibilité » d’une institution censée incarner l’autorité morale de l’ONU et dont l’Arabie saoudite est devenue membre en 2013.Au printemps 2015, Riyad a fait savoir son intérêt pour la présidence du Conseil, mais face à la polémique suscitée, a dû retirer sa candidature. Dans les couloirs du Palais des nations, à Genève, il se murmure que Riyad aurait obtenu la direction du « comité consultatif » en guise de consolation.Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au MondeHélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Il n’y aurait pas eu de crise des réfugiés sans crise en ­Syrie. Une grande partie de ceux qui ont tenté de rejoindre l’Europe par la mer Méditerranée depuis le début de l’année sont syriens. La plupart d’entre eux sont passés par la Turquie, un pays frontalier de leur patrie, avant d’entrer en Europe par la Grèce. Certains se sont contentés de transiter en Turquie, quelques jours, semaines ou mois, le temps de préparer la seconde partie de leur voyage. D’autres, en plus grand nombre, y vivaient depuis plusieurs années, quand ils ont décidé de se mettre en quête d’une nouvelle terre ­d’accueil.Lire aussi :L’Union européenne a reçu plus de 213 000 demandes d’asile d’avril à juinPour expliquer ce gigantesque exode, ils recourent à peu près tous aux mêmes mots : « On a perdu tout espoir. » Une formule qui recouvre une série de raisons, où se mêlent l’intensification du conflit, le moteur numéro un de leur fuite, mais aussi des facteurs plus conjoncturels, comme les restrictions croissantes imposées par les pays voisins de la Syrie, la campagne de conscription lancée par le régime de Bachar Al-Assad et l’épuisement de l’aide humanitaire. Revue de détails.1. L’exaspération du conflitIls ont tenu une, deux, voire trois années en Turquie, le regard rivé sur la Syrie, souvent distante d’une poignée de kilomètres. Mais à l’entrée dans la cinquième année du conflit, les réfugiés installés à Istanbul, dans les grandes villes d’Anatolie et dans les camps dispersés le long de la frontière ont intégré l’idée qu’ils ne reviendraient pas de sitôt dans leur pays. Après la période révolutionnaire, où tous les espoirs étaient permis, en 2011-2012, puis la phase de guerre civile, douloureuse mais inévitable selon beaucoup d’observateurs, la Syrie se dirige vers un scénario à la somalienne, basé sur une atomisation du territoire et une démultiplication du nombre d’acteurs armés.Le conflit est prisonnier d’une logique milicienne, à laquelle s’ajoute la guerre par procuration à laquelle se livrent le camp pro-iranien et le camp proaméricain. Impossible dans ce maelström d’entrevoir la moindre solution. Les barils explosifs déversés par l’armée syrienne sur la région d’Alep et les atrocités commises par l’Etat islamique (EI) dans cette zone continuent de projeter en Turquie des milliers de réfugiés, tout en dissuadant ceux qui s’y trouvent déjà de penser à une éventuelle réinstallation. Tant qu’à vivre en exil, se sont dits les Syriens, autant que ce soit dans un pays qui nous offre quelques perspectives d’avenir.2. Tension croissante en TurquieDe tous les pays riverains de la Syrie qui ont ouvert leurs portes aux réfugiés, la Turquie est paradoxalement celui qui a été le plus généreux avec eux. Les Syriens y jouissent d’un accès gratuit à l’éducation et aux soins de santé. Les camps, qui abritent 15 % des 2 millions de réfugiés enregistrés dans le pays, sont unanimement loués pour leur propreté et la qualité des services qui y sont dispensés. Mais dans les villes, où résident les classes moyennes syriennes, la situation s’est nettement détériorée. La hausse exponentielle des loyers et la difficulté de plus en plus grande à trouver un emploi ont fragilisé beaucoup de familles.Le niveau très médiocre des écoles ouvertes en Turquie par la Coalition nationale syrienne (CNS), la principale plate-forme de l’opposition, inquiète de nombreux parents, de même que l’influence exercée sur ces établissements par les Frères musulmans, la principale composante de la CNS. La reprise cet été des affrontements entre soldats turcs et militants kurdes a aussi alimenté le flot des départs.« Ces violences ont effrayé beaucoup de réfugiés, qui ont eu l’impression que le danger se rapprochait à nouveau d’eux », dit Saïd Eïdo, un militant des droits de l’homme. Autre facteur explicatif : l’annonce par les autorités turques, au début de l’année, de l’imminente fermeture de la frontière avec la Syrie. « Le risque que la Turquie devienne hors d’atteinte a déclenché un soudain afflux de réfugiés, explique une source onusienne. En quelques mois, un demi-million de Syriens sont arrivés, notamment de la zone d’Alep, sous le contrôle du régime. Beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui en Europe. » 3. Campagne de conscriptionUne partie des Syriens débarqués cet été en Europe provenaient aussi de Damas. Chaque jour, un bus rempli à ras bord relie la capitale syrienne au port de Tripoli, dans le nord du Liban. De là, les passagers embarquent sur un ferry qui les emmène sur la côte turque, marchepied vers les îles grecques. Si des Syriens choisissent de quitter Damas, le sanctuaire du régime Assad, réputé inexpugnable, c’est par lassitude face à une guerre interminable, qui les a ruinés, et par volonté d’échapper à l’abîme dans lequel le pays tout entier semble voué à glisser. Pour certains jeunes, en âge de servir dans l’armée, émigrer est aussi la meilleure façon d’échapper aux patrouilles de police qui font la chasse aux réfractaires : une grande campagne de conscription a été lancée fin 2014, dans le but de regarnir les rangs de l’armée, saignée par les pertes et les désertions.4. Aide humanitaire en baisseIl n’y a pas que les réfugiés qui sont épuisés par cinq ans de guerre. Les agences humanitaires le sont aussi. Le montant des coupons alimentaires distribués chaque mois par le programme alimentaire mondial (PAM) est passé de 40 dollars au début de la crise à environ 13 dollars aujourd’hui. Alors que les besoins n’ont cessé d’augmenter, le nombre de destinataires de cette aide a dû être réduit d’un tiers cette année, de 2,1 millions à 1,4 million. En cause : le sous-financement chronique des agences humanitaires. Au mois d’août, les Nations unies n’avaient reçu que 37 % des 4,5 milliards de dollars budgétés en 2015 pour venir en aide aux réfugiés syriens.Lire aussi :L’Union européenne va aider davantage les agences de l’ONU venant en aide aux réfugiésLes bénéficiaires de ces prestations ou ceux récemment rayés des listes de l’ONU étaient vraisemblablement minoritaires dans les bateaux gonflables qui s’échouaient cet été sur les plages grecques. Pour les plus pauvres des réfugiés, la somme de 3 000 dollars (2 700 euros) nécessaires pour entreprendre le voyage constitue un obstacle souvent rédhibitoire. Du moins pour l’instant. A force d’économiser et d’emprunter à leurs amis, ces Syriens sans le sou pourraient nourrir une deuxième vague d’émigration, au printemps 2016, une fois passés les grains de l’automne et de l’hiver, qui rendent la mer encore plus dangereuse qu’elle ne l’est aujourd’hui. Les dirigeants européens le savent : les 180 000 Syriens entrés sur le territoire de l’Union depuis janvier représentent moins de 5 % des réfugiés massés dans les pays voisins de la Syrie. Ceux qui sont restés suivent sur Facebook les tribulations de leurs amis qui sont partis, à l’affût de la filière la plus sûre et la moins onéreuse. « Si le phénomène des migrants a fait aussi vite boule de neige, c’est grâce aux informations que les réfugiés s’échangent sur les réseaux sociaux. Il y a un effet d’imitation », dit Abdelsalam ­Dallal, attablé à un café de Gaziantep, dans le sud de la Turquie. Cet ex-étudiant en littérature anglaise s’est juré de grimper lui aussi dans un dinghy s’il n’obtient pas une bourse d’études au Royaume-Uni. L’exode de cet été pourrait n’être que l’avant-goût d’une crise beaucoup plus large.Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Lemarié Dans un long entretien au Figaro, jeudi 10 septembre, Nicolas Sarkozy présente des propositions pour faire face à ce qu’il décrit comme une « pression migratoire » inédite « dans l’histoire de l’Europe ». Dans cet entretien, le président du parti Les Républicains (LR) réaffirme son « hostilité » aux quotas de réfugiés à répartir au sein de l’Union européenne. Pour lui, il convient d’abord de « refonder » Schengen et de mettre en place « une nouvelle politique d’immigration européenne ».Lire aussi les réactions :Valls à Sarkozy : « Le droit d’asile ne se découpe pas en tranches »Si elle aborde des questions de politique internationale, la sortie de M. Sarkozy ressemble à une opération de politique intérieure. En insistant sur le thème des « frontières » et en adoptant un discours de fermeté sur l’immigration, celui qui se pose en chef de l’opposition renoue avec le ton de sa campagne présidentielle de 2012, inspiré par Patrick Buisson, son ancien conseiller venu de l’extrême droite. Avec un objectif assumé : reconquérir les électeurs de droite passés au Front national dans l’optique de la primaire à droite, qui aura lieu en novembre 2016 en vue de l’élection présidentielle de 2017. D’autant que les derniers sondages le placent en deuxième position derrière Alain Juppé.Pour les séduire, M. Sarkozy reprend des thèmes traditionnels du FN et durcit son discours par rapport aux années précédentes. Il préconise notamment de supprimer l’aide médicale d’Etat (AME) accordée aux étrangers en situation irrégulière, alors qu’il disait ne pas vouloir « remettre en cause cette générosité française » lors de la campagne de 2012.Lire aussi :Réfugiés : Sarkozy veut refonder Schengen« Adaptation du droit du sol »De la même manière, il se dit pour la première fois favorable à une « adaptation du droit du sol », ce qu’il s’était toujours refusé à faire, déclarant même lors en 2012 : « Je suis pour le droit du sol. Nous le garderons (…). Le droit du sol, c’est la France. »Jugeant par ailleurs nécessaire de « réguler et réduire les flux migratoires », il plaide pour une réduction du nombre de bénéficiaires du regroupement familial. Et suggère la préférence nationale dans l’attribution des prestations sociales. Un discours qui résonne avec celui de Marine Le Pen, favorable à l’abrogation du droit du sol, à la suppression de l’aide médicale d’Etat pour les étrangers en situation irrégulière et à l’abolition des accords de libre circulation de Schengen.Lire aussi :Pour Marine Le Pen, « l’immigration est un fardeau »En dévoilant ses nouvelles positions, M. Sarkozy se démarque de la droite européenne, notamment de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du premier ministre britannique, David Cameron, qui se montrent plus ouverts sur l’accueil des réfugiés. S’il cherche à contenir la pression du FN, le président des Républicains cherche aussi à donner des gages à son électorat, de plus en plus réticent sur la question de l’immigration. Ainsi, 68 % des sympathisants de droite sont opposés à l’arrivée des réfugiés en France, selon un sondage Odoxa pour Paris-Match et i-Télé réalisé les 3 et 4 septembre.Alexandre LemariéJournaliste en charge du suivi de l'UMPSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 14h06 La Californie a abandonné son intention de réduire de moitié d’ici à 2030 la consommation d’essence dans le domaine du transport, après un intense lobbying de l’industrie pétrolière, rapporte la BBC jeudi 10 septembre. Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, voulait inclure cette proposition dans ses objectifs sur le climat.Le sénateur Kevin de Leon, favorable à cette réduction, a accusé les sociétés pétrolières d’utiliser « la tactique de la peur » pour contrer la proposition de l’Etat de Californie, le secteur s’alarmant de conséquences négatives pour l’économie.Le gouverneur, Jerry Brown, s’est dit « plus déterminé que jamais à mettre en place une politique qui prévoit de réduire les émissions de gaz carbonique et créer des emplois verts en Californie ».Les autorités promettent de continuer d’autres réformes dans le domaine du climat, comme celle de développer les énergies renouvelables pour produire de l’électricité. L’Etat californien utilise moitié moins d’énergie par habitant que le reste du pays. Les énergies renouvelables représentent 23 % de la production d’électricité et l’objectif est de parvenir à une proportion d’un tiers en 2020.Lire aussi :Brown le Vert Elisa Perrigueur (envoyée spéciale à Guevgueliya) Un pont étroit qui mène à la ville de Guevgueliya, en Macédoine. C’est sur cet édifice que plusieurs centaines de réfugiés, des Syriens, Afghans, Irakiens, sont restés bloqués, serrés, pendant plusieurs heures, jeudi 10 septembre.Comme chaque jour, dès l’aube, les réfugiés étaient arrivés au compte-gouttes dans le camp de Guevgueliya, venant de la Grèce, à 600 mètres. Sous la pluie battante, les migrants, trempés, pénétrant dans le pays par grappes de cinquante à cent personnes, se sont réfugiés sous les tentes des ONG. Epuisés après un long voyage, ils ne demandaient pourtant qu’à poursuivre leur périple vers la frontière serbe, à 171 kilomètres au nord. Mais ce jeudi, pour la première fois, le trafic des trains reliant le sud de la Macédoine à la Serbie était perturbé.« Ne poussez pas, pensez aux femmes et aux enfants »Affrétés par la Macédoine, il y avait jusqu’alors six trains par jour au minimum, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). « Il y a eu un train ce matin, le prochain devrait arriver à 17 heures », assurait un militaire macédonien, à la mi-journée. Aussi, plusieurs centaines de migrants ont-ils quitté le camp de réfugiés pour rejoindre le pont qui mène à la ville de Guevgueliya et aux quelques bus et taxis. Par petits groupes, les réfugiés ont convergé vers l’édifice. Les militaires macédoniens, munis de boucliers et de matraques, ont formé une ligne, tentant de contrôler le passage en fonction de l’arrivée des bus, environ un toutes les dix minutes.Les taxis, eux, filaient déjà tous vers la Serbie. « Les militaires sont dépassés, ils ne veulent surtout pas laisser entrer les migrants dans la ville, car ce serait incontrôlable, commentait un habitant vivant dans un des lotissements alentours et observant la scène. C’est la première fois que cela arrive, les migrants ne sont jamais allés plus loin que la gare. »La foule des réfugiés a grossi au fil des minutes. La file s’est allongée. Les migrants situés à l’avant du groupe se sont retrouvés compressés. « Ne poussez, pas, ne poussez pas, pensez aux femmes et aux enfants », s’égosillait un militaire dans un haut-parleur. Peu après, plusieurs membres d’ONG ont pris le micro pour s’adresser en arabe à la foule. « Calmez-vous, il y aura des bus pour tout le monde », hurlait une jeune femme blonde. Mais les personnes, désespérées et pressées, continuaient toutefois de pousser. Aucune parole n’apaisait cette foule à bout, éreintée. Malaises et cris de détresseDans un premier temps, les militaires ont tenté de faire passer femmes et enfants d’abord. A chaque brèche ouverte dans le cordon sécuritaire, la foule toutefois continuait de pousser, entraînant des corps-à-corps avec les militaires. Les enfants aux premiers rangs hurlaient. Des familles séparées, arrivées près des bus, s’époumonaient, enjoignant à leurs proches de les rejoindre. Plusieurs personnes, dont une femme âgée, ont fait des malaises. Les cris de détresse étaient toutefois tellement épars qu’il était difficile pour les militaires de savoir qui succombait réellement à un évanouissement. « Laissez-nous passer, nous ne voulons pas de bus, mais y aller à pied », criait un homme. « Laissez les gens passer, il y a des enfants », criaient d’autres. « Rangez-vous, mettez-vous près des bus », criait un militaire, matraque en main, aux personnes passées de l’autre côté, recherchant un proche.Au bout de plusieurs minutes de tensions, les autorités macédoniennes, débordées, ont fini par laisser passer l’ensemble du groupe. En quelques secondes, les personnes, entre précipitation et soulagement, ont déferlé vers les taxis et les bus pris d’assaut. D’autres ont rejoint les artères de la ville pour trouver un autre moyen de locomotion.Suivez notre journaliste en Macédoine :Tweets de @ElisaPerrigueur!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Alors que l’évacuation de l’île de Lesbos et de celles de la mer Egée, en Grèce, est en cours, les autorités macédoniennes attendent quelque vingt-trois mille personnes dans les trois à quatre prochains jours. Les réfugiés traversent en effet la Grèce, avant de rejoindre la Macédoine. La majorité d’entre eux veut ensuite poursuivre la « route des Balkans », transitant ensuite par la Serbie, la Hongrie, l’Autriche, pour rejoindre l’Allemagne. D’autres milliers de réfugiés sont attendus en Macédoine ce jeudi.Jeudi, journée spéciale sur Le Monde.fr #JourdemigrantsJeudi, la rédaction du Monde se mobilise avec près de trente reporteurs, en France, en Europe, en Afrique. De la frontière tuniso-libyenne à la gare de Munich, en Hongrie, en Macédoine ou sur l’île grecque de Lesbos, à Paris, à Lyon, à Marseille ou à Toulouse, ils décriront une journée parmi d’autres dans la vie de migrants.Retrouvez ces histoires, ces témoignages et les décryptages de nos journalistes lors de cette journée spéciale, dès 8 heures, jeudi 10 septembre, sur le live du Monde.fr, où nous répondrons également à vos questions, et sur Twitter et sur Instagram, avec le mot-clé #Jourdemigrants.Elisa Perrigueur (envoyée spéciale à Guevgueliya) 21.09.2015 à 15h26 • Mis à jour le21.09.2015 à 16h35 | Clément Martel (envoyé spécial en Croatie) « I don’t know. » Le ton est sans appel, et le chauffeur, moustache poivre et sel et lunettes noires, détourne son attention. Debout devant son bus, il attend avec ses collègues le groupe de cinquante-deux migrants arrivés à Tovarnik, petite bourgade croate posée le long de la frontière avec la Serbie, sans savoir encore où il va les convoyer. Les véhicules ont été affrétés en urgence par le gouvernement croate en réponse à la situation. Les chauffeurs, pas plus que les policiers ou les migrants eux-mêmes, ne savent à cette heure-là la destination de ce convoi.Lire aussi :En Croatie, l’itinéraire bis des migrants compromisDepuis que la Croatie est devenue l’itinéraire bis de la route des migrants, après que la Hongrie a fermé sa frontière avec la Serbie, les bonnes volontés sont légion dans le pays, mais l’information est rare. Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Babar Baloch peut en attester.A Beli Manastir, après avoir vu débarquer les migrants en nombre dans la nuit de jeudi à vendredi, l’organisation de l’ONU et les autres ONG chargées du camp de cette ville aux confins des frontières croate, serbe et hongroise ont mis les bouchées doubles. Objectif : pouvoir accueillir plusieurs milliers de migrants dès samedi, après que la « première vague » des réfugiés de Beli Manastir a franchi la frontière hongroise. Problème : ils ne sont jamais venus, et nul n’a prévenu les organisateurs du camp.Même son de cloche à Zagreb, où la Croix-Rouge croate a vu large pour s’assurer de faire face à la crise que rencontre le pays. Dans le sud de la capitale croate, plusieurs immenses hangars ont été investis et équipés de lits, douches, et tout ce qu’il faut pour assurer un maximum de confort aux réfugiés. Mais alors que la Croix-Rouge se préparait à accueillir quatre ou cinq mille réfugiés au cours du week-end, ils n’étaient que trente dimanche matin à avoir dormi sur place. Dans la grande majorité, des « échappés » du système, ayant préféré rejoindre la capitale par leurs propres moyens plutôt que d’attendre d’hypothétiques bus. Parmi eux, Ziyad Mardini, un Syrien de 24 ans, explique avoir fui Tovarnik, car « les conditions étaient trop horribles ». Il a préféré payer 500 euros pour faire conduire son petit groupe (six personnes) jusqu’à Zagreb.Pas de vue d’ensembleEn assumant de forcer la main à la Hongrie en raccompagnant les réfugiés de Tovarnik aux portes du pays voisin, la Croatie est parvenue à désengorger son territoire, comme le souhaitait le premier ministre, Zoran Milanovic, qui refusait que le pays ne devienne le « refuge des migrants ». Mais les décisions politiques ont souvent été prises à l’insu des personnes travaillant sur le terrain. Bénévoles et ONG semblent former une chaîne où chacun des maillons ignore tout des autres. Et sur le terrain, nul ne parvient à avoir de vue d’ensemble de la situation. Chacun pare au plus pressé. Face à l’urgence, la porte-parole de la Croix-Rouge croate, Katarina Zoric, confie ne pas savoir exactement le nombre de camps déployés par son organisation dans le pays.Dimanche, le ciel gris et bas crache une fine pluie sur le village de Tovarnik. Difficile de croire qu’il y a deux jours à peine, les migrants tentaient de s’y abriter du soleil par tous les moyens. Ils laissent derrière eux les tentes leur ayant servi d’abris le temps d’une nuit et plusieurs bénévoles quelque peu déroutés pliant bagages. « On nous a dit de ranger, je crois qu’ils vont fermer le camp », témoigne, perplexe, Isabelle Modigall de l’ONG Save the Children, alors que ses camarades démontent la tente qui leur a servi de centre dans le camp. Derrière elle, des bénévoles de plusieurs organisations non gouvernementales s’inquiètent pour les stocks de nourriture qu’ils ont acheminée vers Tovarnik au cours des derniers jours. « On ne nous dit rien », déplore une jeune femme venue de Zagreb prêter main-forte à la cuisine du camp improvisé.Nouveau camp en bord de DanubeOù ont été emmenés les migrants de Tovarnik ? La réponse arrivera plus tard dans l’après-midi, se propageant de bénévole en bénévole. Environ 4 000 d’entre eux ont été envoyés dans un camp temporaire à Opatovac, à 15 kilomètres plus au nord, sur les rives du Danube. Selon le ministre de l’intérieur croate, Ranko Ostojic, ce nouveau camp vise à offrir trente-six à quarante-huit heures de répit aux réfugiés avant qu’ils ne quittent le pays.#Refugees started entering Opatovac temporary settlement. They are being provided with medical care & registered. http://t.co/N1bvfA30UF— VladaRH (@Vlada R. Hrvatske)require(["twitter/widgets"]);A Tovarnik, dimanche, une trentaine de travailleurs en combinaison étanche travaillaient déjà à effacer les traces laissées par ce soudain afflux de population. Les pieds dans la gadoue et une pince à déchets à la main, Ruza Veselcic Sijakovic, la maire de ce village de 1 500 âmes, explique comment les habitants de Tovarnik et du village voisin se sont retroussé les manches pour « aider face à cette catastrophe humanitaire ». Avouant « prendre les jours les uns après les autres », elle déplore le manque de réponse rapide de Zagreb quand, submergé par les vagues de réfugiés, Tovarnik a appelé à l’aide.Dimanche soir, Zagreb comptabilisait 21 000 entrées sur son territoire en seulement cinq jours et en anticipait d’autres, des réfugiés continuant d’arriver de Grèce en Macédoine, puis en Serbie. En visite au nouveau camp d’Opatovac, le ministre de l’intérieur a expliqué lundi midi qu’il était compliqué de gérer l’arrivée de tant de personnes. S’attendant encore à au moins 2 000 migrants dans la journée à Tovarnik, il a appelé à ce que « le flux s’interrompe », répétant que « la Croatie ne [pouvait] gérer autant de migrants ».Clément Martel (envoyé spécial en Croatie)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard Avec le retour triomphal d’Alexis Tsipras à la tête du gouvernement après sa démission en août, le scrutin du dimanche 20 septembre a confirmé le passage en arrière-plan du paysage politique grec du parti socialiste Pasok, longtemps l’une des deux principales formations du pays. Le Mouvement socialiste panhellénique n’a obtenu que 6,3 % des suffrages exprimés, lui donnant 17 sièges à la Vouli, le Parlement grec.Certes, c’est mieux que lors des précédentes élections, en janvier, où le Pasok avait obtenu le pire score de son histoire, avec 4,7 % des suffrages et 13 sièges. Il s’agit malgré tout du deuxième plus mauvais résultat électoral du parti depuis la fin de la dictature et le retour de la démocratie, en 1974.Après avoir dirigé le pays entre 1993 et 2004, le Pasok était revenu au pouvoir en octobre 2009, avec la désignation de Georges Papandreou comme premier ministre. C’est ce dernier qui a découvert - et dévoilé officiellement - le maquillage des comptes publics auquel avait procédé les gouvernements précédents pour cacher l’ampleur réelle du déficit.Cette annonce avait jeté le discrédit sur les autorités grecques et fait paniquer les marchés financiers. Elle a été surtout le point de départ à la mise en place d’un premier plan d’aide financier aux pays, lourdement endetté, et à l’engagement de mesures drastiques d’assainissement budgétaire et de réformes.Le pays n’est toujours pas sorti de cette spirale. Et les conséquences électorales ont été désastreuses pour le Pasok. Le parti reste la principale victime de la recomposition du champ politique à l’œuvre en Grèce, même s’il a réussi son pari de se maintenir au Parlement. Il pourrait désormais choisir de soutenir le programme de Syriza, sans entrer au gouvernement. #container_14428294762{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14428294762{ height:500px; } #container_14428294762 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14428294762 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14428294762 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14428294762 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }En Grèce, la dégringolade du PASOK aux élections législativesLe Mouvement socialiste panhellénique a payé dans les urnes les années de rigueur depuis le début de la crise grecque.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Le parti des Grecs Indépendants (ANEL) a réussi son pari de se maintenir au Parlement alors que tous les pronostics le plaçaient en dehors. Avec 3,69 % des voix, contre 4,8 % en janvier, il perd certes trois sièges, mais fait tout de même entrer dix députés à la chambre. Et redevient ainsi quasi automatiquement l’allié de coalition du parti de la gauche radicale Syriza.Arrivé en tête avec 35,47 % des voix, soit 145 députés, Syriza n’a cependant pas atteint la majorité absolue. Il lui manque six députés pour arriver aux 151 sièges requis, sur les 300 que compte le Parlement.Les dix députés d’ANEL sont un cadeau inespéré. « Nous ne nous y attendions pas et cela nous évite d’avoir à rechercher des alliances ailleurs, plus difficiles », a déclaré, dimanche soir à l’annonce des résultats, Takis Pavlopoulos, conseiller Europe d’Alexis Tsipras.Les autres partis potentiellement susceptibles d’entrer dans une coalition, les socialistes du Pasok et les centristes de To Potami, étaient en effet très exigeants, à la fois sur le contenu du programme que Syriza souhaite mettre en œuvre, mais aussi sur les ministères qu’ils auraient souhaité obtenir en échange de leur soutien. « C’est un grand soulagement pour nous, car nous avons déjà testé la coalition avec l’ANEL et cela se passe bien », a précisé M. Pavlopoulos.Loyal et très disciplinéEntre janvier et août, ANEL a en effet été l’allié loyal et très discipliné de Syriza. Même lorsque le gouvernement a fait adopter une loi sur la naturalisation des enfants de migrants de deuxième génération, nés ou éduqués sur le sol grec, l’ANEL est resté relativement silencieux. Alors que pour ce parti nationaliste et populiste, connu pour ses positions hostiles à l’immigration, il s’agissait tout de même d’une grosse couleuvre à avaler.Syriza a promis d’avancer sur d’autres lois sociales du même genre. En mettant par exemple en place un pacte civil sur le modèle du PACS permettant aux homosexuels de bénéficier de certains droits aujourd’hui accordés aux couples mariés. Sur la gestion de la crise migratoire aussi, les équipes d’Alexis Tsipras ont la volonté d’imprimer un virage à gauche.Panos Kammenos, le leader d’ANEL, restera-t-il le fidèle partenaire silencieux maintenant que de ses dix députés dépend si clairement la stabilité gouvernementale ? Les prochaines heures donneront déjà une idée des arbitrages en cours dans l’affectation des ministères. ANEL devrait certainement obtenir de peser un peu plus que précédemment dans l’action gouvernementale.Lire aussi :Panos Kammenos, l’encombrant allié d’Alexis TsiprasAller au bout du mandat de quatre ansCe gouvernement de coalition peut commencer à travailler très rapidement, mais avec seulement 155 députés au total il ne bénéficie que d’une petite marge de quatre parlementaires lui garantissant la majorité au Parlement. Or, aujourd’hui, même si les leaders de Syriza se veulent rassurants sur la question, rien ne garantit totalement que des voix dissidentes ne se fassent pas de nouveau entendre à l’avenir.Aussi Alexis Tsipras n’exclut-il pas d’élargir ses collaborations. Pas sous la forme d’une participation directe au gouvernement mais à travers un soutien au cas par cas au parlement, sur la base du programme de politique générale qui sera présenté dans les prochains jours par le nouveau premier ministre.Dans un entretien téléphonique avec la présidente du Pasok, Foffie Yenimata, Alexis Tsipras aurait abordé cette question, en précisant, nous dit-on, qu’il était temps que la social-démocratie grecque s’allie à la gauche pour faire front à la droite.Alexis Tsipras l’affirme, il veut aller au bout de son mandat de quatre ans. Mais, pour durer, il devra certainement raffermir encore un peu sa majorité parlementaire.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le parti de la gauche radicale Syriza est arrivé en tête au scrutin du dimanche 20 septembre en Grèce. Avec 35,47 % des voix, il fait beaucoup mieux qu’annoncé par les sondages et fait entrer 145 députés au parlement. Les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND) suivent ensuite avec 28,09 % des voix et 75 députés.Première leçon de ce scrutin : les Grecs ont choisi de reconduire un gouvernement dominé par la gauche radicale. Mais l’autre enseignement, c’est la fragmentation du paysage politique. Huit formations politiques vont siéger au parlement. Un phénomène dont l’ampleur n’avait pas été annoncée non plus par les sondages.Aube dorée, un parti néonazi sous pression judiciaireEn récoltant 6,99 % des voix, Aube dorée reste la troisième force politique du pays. Le parti néonazi compte désormais 18 députés au parlement soit un de plus que lors des dernières élections législatives, en janvier 2015. Malgré ses déboires judiciaires, Aube dorée dispose donc désormais d’un électorat stable. Sensible à la fois à sa rhétorique antimigrants mais aussi à son discours antiaustérité. Aube dorée est désormais la principale force opposée au mémorandum au sein du Parlement.Aube dorée a été officiellement créée en 1992. Longtemps anecdotique, le parti a fait brutalement son entrée au Parlement dès 2012, avec 6,97 % des voix. Un choc pour la société grecque mais qui révèle, à l’époque, le désarroi des électeurs qui ne savent plus pour qui voter et qui favorisent les partis qu’ils jugent antisystème. Son discours se concentre sur les thématiques xénophobes, souverainistes et nationalistes. Son slogan principal : « La Grèce appartient aux Grecs. »Le 18 septembre 2013, un militant d’Aube dorée poignarde à mort un militant antifasciste de 34 ans, Pavlos Fyssas. Il est arrêté et reconnaît les faits. Ce sera le début d’une longue enquête qui aboutit finalement à la mise en examen de plus de 70 membres ou sympathisants de la formation, dont la quasi-majorité de ses 17 députés, pour participation ou direction d’organisation criminelle. Le procès est en cours.Les Grecs indépendants, survivants du scrutinTous les sondages les donnaient battus, poussés hors du Parlement. Avec 3,69 % des voix, ils réussissent pourtant à y faire entrer 10 députés. Les Grecs indépendants (ANEL) redeviennent ainsi le partenaire de coalition de Syriza. Alexis Tsipras ne pouvait rêver de meilleur scénario que de retravailler avec Panos Kammenos, le leader d’ANEL, qui s’est montré durant les sept mois du précédent gouvernement un allié loyal et discipliné. Fondé en 2012 par Panos Kammenos, un dissident de Nouvelle Démocratie, ANEL est un parti très nationaliste, attaché à l’orthodoxie et hostile aux migrants. Une rhétorique mise en veilleuse durant cette campagne express.L’Union populaire, antieuro et grande perdante L’Union populaire (ou LAE) est un mouvement politique, pas encore tout à fait officiellement un parti, lancé par des dissidents de Syriza, dont la fronde avait précipité les nouvelles élections. Créé il y a quelques semaines seulement, il est dirigé par Panagiotis Lafazanis, qui se fait désormais le chantre de la lutte contre l’austérité. Il incarne surtout une ligne antieuro, qui a de tout temps existé au sein de Syriza. Pour LAE, la Grèce doit sortir de la zone euro et retrouver une monnaie nationale.La formation n’a pas réussi à dépasser le seuil de 3 % des voix nécessaires pour entrer au Parlement. D’un côté, cette ligne antieuro effraie la majorité de l’électorat grec très attaché à l’euro et à l’Europe. De l’autre, beaucoup des déçus de Syriza qui pensaient voter LAE ont choisi au tout dernier moment le vote utile. C’est-à-dire de continuer à soutenir Syriza afin de faire avant tout barrage à la droite.Le Pasok, marginalisé depuis la crise, limite la cassePour mettre le plus de chances de son coté, le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok), laminé par la crise, s’est allié avec le petit parti de la Gauche démocrate (Dimar). Leur liste commune a récolté 6,28 % des voix, soit 17 députés au Parlement.Le Pasok est aujourd’hui dirigé par Fofi Gennimata, la fille de Georges Gennimata, plusieurs fois ministre tout au long des années 1980 et 1990. Le Pasok est né le 3 septembre 1974, deux mois après la chute du régime des colonels (1967-1974). Son fondateur, Andréas Papandréou, était le fils de Georges Papandréou, qui, à la tête d’Enosi Kentrou (Union du centre), avait gagné les élections de 1965. Après la dictature, Andréas Papandréou rejette cet héritage et fonde le Pasok qui prend la tête du pays en 1981. C’est le début d’un long règne qui va durer près de quatre décennies, interrompu par quelques incursions de ND. C’est me fils d’Andréas, Georges Papandréou, premier ministre en 2009, qui révèle l’état réel des finances grecques et entraîne le début de la crise.Avec ce score, le Pasok, qui reste la principale victime de la recomposition du champ politique à l’œuvre en Grèce, a réussi son pari de se maintenir au Parlement et pourrait désormais choisir de soutenir le programme de Syriza, sans entrer au gouvernement.Le Parti communiste de Grèce conserve son noyauLe Parti communiste de Grèce (KKE) a été fondé en 1918. Jusqu’en 1974, il fut un parti illégal et à ce titre nombre de ses militants ont été torturés en Grèce. Le KKE a joué un rôle important pendant la résistance contre les nazis et pendant la guerre civile qui a suivi la seconde guerre mondiale en Grèce. Jusqu’à très récemment et pendant la crise, le KKE a réussi à garder le noyau de ses électeurs presque entier, à 8 %. Il a remporté dimanche 5,55 % des voix et disposera donc de 15 députés dans le nouveau parlement.Revers pour To Potami, centriste et libéralTo Potami (« La Rivière ») est un parti centriste libéral, fondé en mars 2014 par Stavros Theodorakis, journaliste star de la chaîne télévisée Mega. Le parti a été créé avec l’ambition de se présenter aux élections européennes de 2014, et d’y incarner le centre proeuropéen de l’échiquier politique, dans un paysage fortement polarisé entre gauche et droite. Aux élections de janvier, To Potami avait rassemblé légèrement plus de 6 % des électeurs, se classant en quatrième position à quelques voix des néonazis d’Aube dorée. La formation espérait maintenir son score et se rêvait en partenaire de coalition. Finalement, elle n’a récolté que 4,09 % des voix et le nombre de ses députés tombe à 11.To Potami paie peut être ainsi le prix de sa confusion. Car sa plateforme idéologique part un peu dans toutes les directions. Même si ce parti concentre de vrais talents venus de la société civile, il n’arrive pas à toucher les couches populaires de l’électorat qui l’associe à un parti proche du monde des affaires.L’Union du centre, la percée d’une formation inclassableCela fait plus de 20 ans que Vassilis Leventis tente d’entrer au Parlement. Il connaît aujourd’hui son moment de gloire. Avec 3,43 % des voix, il fait entrer 9 députés au Parlement. Un score qui symbolise à lui tout seul l’éparpillement des voix lors du scrutin et prouve à quel point les Grecs sont déboussolés. M. Leventis est un personnage longtemps raillé par le personnel politique grec et par les Grecs eux-mêmes pour ses interminables diatribes enflammées lancées depuis sa chaîne de télévision Kanali 67 dans les années 1990. Il visait à faire revivre l’héritage de certaines grandes figures politiques du passé, telles que les premiers ministres Elefthérios Venizélos, Georges Papandréou et Alexandros Papanastasiou.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.09.2015 à 11h18 • Mis à jour le21.09.2015 à 13h36 | Paulo A. Paranagua Le pape François n’a pas résisté à la tentation de rendre visite à Fidel Castro, 89 ans, enfermé dans sa résidence médicalisée à Punto Cero, à La Havane, dimanche 20 septembre. Enfants et petits-enfants du père de la révolution cubaine étaient venus pour l’occasion, immortalisée par le photographe officiel. Le jésuite argentin et l’ancien élève des « jés’» ont évoqué leur dette commune à l’égard de la pédagogie exigeante de saint Ignace de Loyola.Pourtant, la révolution castriste a transformé le vénérable collège de Belen, lieu d’excellence fréquenté par le « Maximo Lider », en école militaire. Le catéchisme y a été remplacé par « l’athéisme scientifique », selon la version dogmatique des manuels soviétiques. Venu en pèlerin de la miséricorde, François apportait un cadeau inattendu : les sermons du Père Armando Llorente, mentor de Fidel, mort en exil à Miami, sans avoir eu l’occasion de revoir son ancien disciple, comme il en avait formulé publiquement le vœu.Lire aussi :Cuba : des catholiques croyants, peu pratiquantsDizaines d’arrestationsA La Havane, la nonciature apostolique avait invité deux figures de l’opposition, l’ancienne prisonnière politique Martha Beatriz Roque et la journaliste indépendante Miriam Leyva, à venir saluer François. Elles ont été interpellées par la sécurité de l’Etat, qui a empêché tout contact entre des dissidents et le pape.Ceux qui ont esquissé un geste ou crié « Liberté ! » sur le passage de la « papamobile » ont été immédiatement arrêtés par la garde rapprochée vaticane et par les policiers cubains. Des dizaines d’interpellations ont été dénoncées par les défenseurs des droits de l’homme, aussi bien à La Havane qu’en province. Le pape devait se rendre lundi à Holguin, un des foyers les plus anciens du christianisme dans l’île et région natale des frères Castro, puis à Santiago de Cuba avant de s’envoler pour les Etats-Unis mardi.Les Dames en blanc, les épouses et proches des prisonniers politiques, avaient demandé à rencontrer François pendant son séjour à Cuba. Une lettre ouverte portant de nombreuses signatures lui signalait le cas du graffeur Danilo Maldonado, dit « El Sexto », emprisonné depuis décembre 2014 pour « desacato » (irrévérence) à l’égard de Fidel et Raul Castro. L’artiste est enfermé dans une cellule d’isolement, après avoir commencé une grève de la faim.Lire aussi :Le pape François à Cuba, en faveur de la continuation du rapprochement avec les Etats-UnisPaulo A. ParanaguaJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La réaction des créanciers de la Grèce (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Union européenne), lundi 21 septembre, à la victoire d’Alexis Tsipras n’avait rien à voir avec celle qui fut la leur, fin janvier, quand le jeune leader de Syriza avait pour la première fois remporté les législatives. Pas d’affolement, juste une pointe d’inquiétude, et encore.Lire aussi :Grèce : Tsipras parvient à se débarrasser des frondeurs de Syriza« Tous les partis grecs, sauf les néonazis d’Aube Dorée et l’aile dissidente de Syriza, ont voté pour le mémorandum [le contrat listant les réformes en échange d’un prêt de 86 milliards d’euros], donc, pour les mois qui viennent, nous n’avons pas d’inquiétude », explique une source diplomatique, proche des créanciers. « Il ne faut pas être naïfs, il y aura sans doute des difficultés de mise en œuvre des réformes, parce qu’elles sont difficiles pour les Grecs, mais le mémorandum est sur les rails [il a été finalisé fin août] », ajoute cette source.A Bruxelles, certains espéraient depuis des mois que ces nouvelles élections à Athènes seraient l’occasion de faire entrer au gouvernement les socialistes du Pasok ou les centristes de To Potami. Pour en finir avec les populistes. Ce n’est finalement pas le cas et ils sont certainement déçus. Cependant, depuis que M. Tsipras a fait son virage à 180 degrés, mi-juillet, en acceptant, dos au mur, pour éviter le Grexit (une sortie de la Grèce de la zone euro), un accord avec les Européens qu’il n’avait de cesse de dénoncer depuis janvier, les créanciers lui font plutôt confiance.Qui va devenir ministre des finances ?Désormais, le sentiment général, c’est que M. Tsipras sera le mieux à même de mettre en place les réformes difficiles censées mettre fin à la corruption, à l’évasion fiscale, qui gangrènent l’Etat grec depuis des années. De fait, les partis traditionnels (Pasok, les conservateurs de Nouvelle Démocratie) ont contribué à entretenir ce « système » et n’ont pas mis en place de manière suffisamment satisfaisante les deux précédents mémorandum (2010 et 2012), estime-t-on à Bruxelles. L’ex-premier ministre conservateur, Antonis Samaras, avait ainsi pas mal exaspéré jusqu’aux membres de sa famille politique (le Parti populaire européen) en refusant de mettre en place les réformes qu’exigeaient de lui les créanciers, en 2014.Lire aussi :Pourquoi la Grèce peine à sortir la tête de l’eauLa question, désormais, est de savoir qui va devenir ministre des finances du gouvernement « Tsipras 2 ». La configuration idéale, à Bruxelles, ce serait de pouvoir à nouveau compter sur le ministre par intérim George Chouliarakis, ou sur son collègue Euclide Tsakalotos. Tous deux font partie des équipes de négociation grecque depuis février et ont été particulièrement appréciés, ces derniers mois, pour leur « pragmatisme », « leurs compétences » et leurs convictions proeuropéennes, selon plusieurs sources proches des créanciers. Rien à voir avec l’ex-ministre des finances de M. Tsipras jusqu’en début juillet, le flamboyant Yanis Varoufakis, qui avait été nommé pour « internationaliser » la cause grecque en attirant sur lui les caméras du monde entier. Mais qui s’était mis à dos les 18 autres ministres de la zone euro.Lire aussi :Des Grecs dépensiers ou malhonnêtes… le tour des idées reçues« La bonne nouvelle, avec cette coalition inchangée Syriza-ANEL, c’est qu’à priori, les équipes grecques avec lesquelles les créanciers discutent depuis des mois, les hauts fonctionnaires, les membres de l’Eurogroup working groupe [groupe de travail préparatoire aux Eurogroupes], ne devraient pas trop changer » souligne une source européenne.Pas question de décaler le début de la « revue »De fait, Grecs et Européens ont du pain sur la planche dans les semaines qui viennent. Le mémorandum prévoit des dizaines de mesures à faire passer d’ici fin octobre (poursuite des réformes dans l’administration fiscale, la modernisation de l’administration, etc.). Les Européens sont censés venir vérifier sur pièces à partir de mi-octobre, lors d’une première « revue » du programme d’aide grec. Du bon déroulement de cette revue dépend le versement d’une tranche de prêts de 3 milliards d’euros supplémentaire et le début des négociations pour alléger le fardeau de la dette grecque (plus de 180 % du PIB du pays).« Vu que depuis trois semaines, avec la campagne pour les législatives, pas grand-chose a bougé à Athènes, on va devoir, dans les jours qui viennent, redéfinir un calendrier d’avancement des réformes prioritaires » explique une source européenne. Pas question pour l’instant de décaler le début de la « revue ». « Mais elle pourrait se terminer plutôt en décembre ou fin novembre que fin octobre » suggérait une autre source bruxelloise il y a quelques jours.Des contacts ont déjà été pris de manière informelle entre la Commission européenne, la BCE et le Mécanisme européen de stabilité (MES, le fonds qui va prêter l’essentiel des 86 milliards d’euros à Athènes). « Par ailleurs, on va avoir plein de rendez-vous officiels, dans les semaines qui viennent, pour avancer le travail avec les Grecs », explique une source bruxelloise. Un Eurogroupe working groupe est de fait prévu cette semaine, il sera suivi par un Eurogroupe, lundi 5 octobre, et un G20 Finance, à Lima, le 8 octobre.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Paulo A. Paranagua Roberto Veiga a quitté son ancien bureau à l’église du Christ, à La Havane, pour un local du centre-ville. Le déménagement n’était pas anodin pour ce catholique avare de confidences personnelles. Sous sa direction, Espacio Laical, la revue des laïcs de l’archidiocèse de La Havane, était devenue le principal lieu de débats de la société cubaine et la seule publication indépendante tolérée et distribuée dans toute l’île. Roberto Veiga était parvenu à mettre à contribution des personnalités de l’exil et l’intelligentsia locale, à réunir des opposants et des réformateurs proches du pouvoir.Malgré son doigté pour éviter tout conflit avec le gouvernement, il a fini par jeter l’éponge en 2014, à la suite de pressions de la hiérarchie catholique, qui l’avait longtemps soutenu. Son remplaçant, Gustavo Andujar, estime qu’il avait poussé trop loin « l’indépendance éditoriale ». « Espacio Laical était devenue une revue de sciences sociales au lieu de proposer un regard à partir de la foi catholique, explique le nouveau directeur. L’Eglise n’a pas de modèle politique, juste sa doctrine sociale. La plaidoirie de l’ancienne équipe pour une opposition loyale était intéressante, mais pas pour une revue catholique. »Exercer une influence sur la politiqueEn 2007, la revue Vitral, publiée par le diocèse de Pinar del Rio, avait connu une crise similaire. Roberto Veiga a préféré tourner la page et créer un think tank, Cuba Posible, soutenu par les protestants du Centre chrétien de Cardenas (province de Matanzas).Dans le local de la Vieille Havane, aux murs fraîchement repeints, trône le portrait de Carlos Manuel de Cespedes (1936-2014), un dignitaire de l’Eglise cubaine, qui est resté un trait d’union entre castrisme et catholicisme, même aux pires moments de leur relation.En juillet, Cuba Posible a institué un prix Carlos Manuel de Cespedes, attribué « pour ses services à la nation » au castriste Silvio Rodriguez, star de la chanson cubaine, père de Silvito El Libre, figure du hip-hop contestataire.« Cuba Posible est un laboratoire d’idées, confie Roberto Veiga. Nous ne voulons pas être confinés aux abstractions, nous souhaitons exercer une influence sur la politique et sur le pays. »Le think tank prône une réforme de la loi d’associations, qui empêche jusqu’à présent toute organisation indépendante du parti unique, et la réforme de la loi électorale, qui n’accepte que les candidatures officielles. « Une nouvelle loi électorale est envisagée par le gouvernement, mais elle doit autoriser l’accès d’autres courants d’opinion », précise Roberto Veiga.FrémissementAux élections locales du 16 avril, deux candidats qui n’étaient pas adoubés par les autorités s’étaient présentés à La Havane. Dans un quartier de classe moyenne (Nuevo Vedado), comme dans un faubourg pauvre (Arroyo Naranjo), ces deux candidats ont obtenu un nombre de voix appréciable, même s’ils n’ont pas été élus.Ce frémissement inédit a suscité un débat électoral dans l’opposition, qui n’avait pas envisagé jusqu’alors de participer au moindre scrutin.À en croire Roberto Veiga, dans les cercles du pouvoir on envisagerait même une élection du président de la République au suffrage universel. Cela viserait à légitimer la succession de Raul Castro, 84 ans, à la fin de son mandat, en 2018. Son dauphin est d’ores et déjà désigné : le vice-président, Miguel Diaz-Canel, 55 ans.Roberto Veiga estime « opportune » son « élection directe, libre, secrète et compétitive ». Mais elle devrait s’accompagner d’une réforme du Parlement, jusqu’à présent simple chambre d’enregistrement.« L’opposition loyale, expression malheureuse, voire sinistre »Dmitri Prieto Samsonov, jeune intellectuel libertaire, avait participé aux débats d’Espacio Laical. A son avis, Cuba Posible est « une régression en termes de pluralisme » : « l’opposition loyale prônée par ses animateurs est une expression malheureuse, voire sinistre ». Et d’ajouter : « Roberto Veiga a subi la pression d’une hiérarchie catholique conservatrice, mais il est allé trouver refuge chez les protestants de Cardenas, eux-mêmes soumis au département d’affaires religieuses du comité central du Parti communiste [le parti unique]. »Roberto Veiga réplique que le centre de Cardenas est « œcuménique » et que Cuba Posible, financé par l’université d’Oslo (Norvège), n’est pas sous influence. Mais la polémique suscitée par l’expression « opposition loyale » n’est pas près de retomber.Roberto Veiga croit aux vertus du dialogue, ce qui exige, à ses yeux, « une logique de détente et non pas de confrontation » entre opposants et partisans du régime.« En 2018, avec le retrait annoncé de Raul Castro, nous allons connaître la relève de la direction historique de la révolution, souligne l’essayiste afro-cubain Victor Fowler, membre du directoire de Cuba Posible. Au même moment, la nouvelle économie mixte et privée atteindra sa vitesse de croisière et les Cubains seront soumis à une influence étrangère accrue à cause de l’essor du tourisme. Ces trois facteurs entreront en collision, à moins qu’un dialogue organisé à l’échelle nationale, dans un cadre beaucoup plus démocratique, ne parvienne à en amortir le choc. »L’Eglise reste faibleLes réformateurs catholiques, comme Roberto Veiga, marchent sur des œufs, alors que le mot « réforme » reste tabou. Le pouvoir justifie les changements au nom d’une simple « actualisation du modèle socialiste ». C’est un laïc, le démocrate-chrétien Oswaldo Paya (1952-2012), qui a lancé la principale initiative de l’opposition pacifique à ce jour, le Projet Varela, une pétition demandant un référendum sur les réformes, durement réprimée en 2003.Réduite à la portion congrue par le régime pendant des décennies, l’Eglise reste faible, pauvre en ressources matérielles et humaines. Cependant, le cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane, a facilité l’élargissement d’une centaine de prisonniers politiques en 2010. Et le pape François a eu un rôle apprécié dans le rapprochement entre Washington et La Havane.Les catholiques sauront-ils favoriser un troisième miracle, une transition pacifique vers la démocratie ?Paulo A. ParanaguaJournaliste au Monde Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce vote dimanche 20 septembre pour élire ses députés après un tout petit mois d’une campagne bien terne. Après le référendum du 5 juillet, pour ou contre l’austérité, et les législatives du 25 janvier, les Grecs ont un peu le tournis et se montrent assez indifférents et surtout très indécis. Selon les sondages, 15 % de l’électorat ne sait pas encore pour qui voter, ni même d’ailleurs s’il ira voter tout court.Le parti de la gauche radicale, Syriza, a déçu une partie de ses soutiens en signant, le 13 juillet, un nouveau plan d’aide, assorti d’une nouvelle cure d’économies et de réformes, après avoir, ces dernières années, axé tout son discours sur la lutte contre l’austérité. L’espoir est retombé et a amplifié la fragmentation du paysage politique. Selon les sondages, jusqu’à huit partis pourraient entrer dimanche au parlement !Peu d’enjeux de fondLa campagne, elle, a tourné un peu à vide. Il y a peu d’enjeux de fond dans ce scrutin. La gauche et la droite ayant toutes deux voté au Parlement en faveur du nouveau plan négocié avec les créanciers du pays, le cadre général de l’action économique des trois prochaines années est déjà fixé.Les partenaires européens sont d’ailleurs assez confiants. Ils savent que le plus gros est passé. Quel que soit son gouvernement, la Grèce s’est engagée à respecter les engagements pris dans le cadre de ce plan.Lire aussi :Crise grecque : Bruxelles reste « zen »C’est donc à la marge, sur ce que Syriza appelle « les fenêtres de négociations restantes », que les électeurs sont appelés à choisir. Et là, Syriza comme le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND) tentent de jouer la polarisation et d’exacerber leurs différences.Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, fait campagne sur sa capacité à se battre pour les intérêts des Grecs les plus vulnérables et affirme qu’il renégociera autant qu’il le peut le mémorandum adopté le 14 août au Parlement. Il tente de convaincre les électeurs de lui donner une seconde chance.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeContinuer à se poser en homme neufA défaut d’avoir réussi à mettre fin à l’austérité, il promet de réformer en profondeur la Grèce pour la débarrasser de la corruption et du clientélisme. Il entend s’en prendre à l’oligarchie financière pour mieux répartir l’effort de la crise.« L’espoir arrive », disait le slogan de Syriza en janvier. Aujourd’hui, avec « Débarrassons-nous du vieux système politique – conquérons notre avenir ! », il s’agit plutôt de jouer la carte antisystème.A tout juste 41 ans, M. Tsipras continue de se poser en homme neuf, aux mains propres et surtout sincères. Capable de reconnaître ses erreurs, de les dépasser et de continuer à se battre pour le peuple. L’antithèse, affirme-t-il, du leader conservateur, Evangelos Meïmerakis, 62 ans, un homme d’appareil longtemps secrétaire général de son parti.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle Démocratie« L’affaire Flambouraris »Mais dans cette tentative de poser Syriza comme un parti pur, loin des « magouilles » népotiques et clientélistes qui ont caractérisé quarante ans de vie publique grecque, Alexis Tsipras est gêné ces derniers jours par ce que l’on appelle désormais « l’affaire Flambouraris », du nom de l’un de ses plus proches collaborateurs, le ministre d’état Alekos Flambouraris.Ce dernier est accusé de ne s’être pas suffisamment détaché de son entreprise lors de sa prise de fonctions en tant que ministre d’état. Et ce alors que ladite entreprise a bénéficié d’un appel d’offres public. « Une tentative scandaleuse de nous renvoyer dos à dos avec la ND et le Pasok [parti social-démocrate], qui fonctionnent ainsi », dénonce-t-on à Syriza.« Cet appel d’offres a été accordé en toute transparence en novembre 2014 alors même que Syriza n’était encore qu’un parti d’opposition, affirme Alexis Tsipras, et M. Flambouraris a ensuite cédé ses parts de l’entreprise une fois que nous sommes arrivés au pouvoir. On ne peut tout de même pas reprocher à un homme d’avoir travaillé pour gagner sa vie. »A ND en tout cas, l’affaire est instrumentalisée. M. Meïmerakis ironise à chaque meeting sur cette gauche radicale venue tout changer et qui s’est convertie en moins de six mois à l’austérité et s’est rapprochée de cette oligarchie qu’elle dénonce.Des bonnes intentions non chiffréesCette campagne surprend par son manque de substance. Les programmes sont très peu fournis, de part et d’autre, constitués surtout de bonnes intentions non chiffrées et qui ne sont pas débattues. Aucun thème n’est sérieusement abordé par les deux partis de tête.Un axe anti-austérité existe encore cependant, représenté à gauche notamment par la toute nouvelle formation Union populaire (LEA), dissidente de Syriza. Son chef, Panagiotis Lafazanis continue de promettre aux Grecs la fin des mémorandums et propose le retour à la monnaie nationale comme l’unique voie de sortie de la crise. LEA pourrait dépasser les 3 % des voix et gagner ainsi son ticket pour le Parlement.Les néonazis d’Aube dorée aussi continuent de faire campagne contre les mémorandums. En tout, près de 15 % de l’électorat grec se dit prêt, selon les sondages, à suivre cette ligne anti-mémorandum. Ce qui n’est rien par rapport à janvier où le vote anti-austérité représentait plus de la moitié de l’électorat.Lire aussi :En Grèce, profil bas pour les néonazis d’Aube doréeLa possibilité d’une forte abstentionSeul le parti centriste To Potami (« la rivière ») a essayé, en vain, de lancer des thèmes un peu concrets dans cette campagne en proposant de discuter éducation, fiscalité ou santé. To Potami se présente comme la force réformiste du pays. Et de fait, le parti concentre pas mal de personnalités talentueuses venues de la vie civile.Mais son leader, Stavros Theodorakis, un ancien journaliste star de la télévision, reste assez peu populaire. Il est même franchement détesté à gauche. Au-delà du sentiment d’inéluctabilité de nombreux Grecs après la signature du nouveau plan d’austérité, cette campagne creuse, sans promesses et sans vision, pourrait déboucher sur une large abstention dimanche.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.09.2015 à 16h13 • Mis à jour le18.09.2015 à 16h16 La Commission européenne a récemment rendu publique sa position concernant les dispositions relatives aux investissements du futur traité transatlantique de libre-échange (ou TTIP).L’une des questions les plus épineuses du dossier, comme le rappelait Cecilia Malmström, la commissaire européenne au commerce, dans un entretien accordé il y a quelques semaines, porte sur la nature de la juridiction en charge de régler les litiges d’investissement entre investisseurs et Etats.Lire : Bruxelles présente sa version relookée des tribunaux d’arbitrage du TaftaDans son document rendu public le 16 septembre, la Commission européenne a proposé la création de deux cours permanentes, un tribunal de première instance composé de quinze juges et un tribunal d’appel composé de six juges. Les Etats-Unis, en revanche, semblent plutôt favorables à des tribunaux arbitraux nommés de manière ad hoc pour chaque nouvelle affaire.Les Américains se prévalent de leur expérience émanant de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), en vigueur depuis un peu plus de vingt ans, qui prévoit un mécanisme d’arbitrage. Il constitue à leurs yeux un exemple historique de réussite en matière de règlement des différends internationaux.Mais les Européens pourraient peut-être se tourner, eux aussi, vers le passé pour invoquer une réussite historique d’une dimension autrement plus marquante.En 2015 comme en 1907Un débat similaire a en effet eu lieu il y a un peu plus d’un siècle, lors de la deuxième Conférence de la Paix qui s’est tenue à la Haye en 1907. L’objectif de cette Conférence était, entre autres, de réformer le système d’arbitrage qui avait été précédemment esquissé lors de la première Conférence de la Paix (1899).Il s’agissait à l’époque de repenser un système arbitral permettant de régler les litiges entre Etats, alors que le débat actuel porte sur l’arbitrage opposant des investisseurs privés à des Etats. Néanmoins, les reproches faits à l’arbitrage en 1907 étaient très proches des critiques soulevées aujourd’hui en marge du TTIP.Et, ironie du sort, ces reproches avaient été exposés avec force par le représentant… des Etats-Unis. En 1907, les Etats-Unis soutenaient en effet, par le biais de leur représentant, que l’arbitrage entre Etats était trop coûteux et bloquait l’émergence d’une jurisprudence stable. Le représentant des Etats-Unis recommandait donc la création d’une cour permanente visant à remplacer les tribunaux arbitraux :« La Cour d’arbitrage n’a pas été appelée à connaître depuis 1899 que de quatre cas. Pourquoi ? Dans beaucoup de circonstances, des Puissances, divisées par des intérêts de minime importance, ne se sont pas présentées devant le Tribunal de La Haye à cause des dépenses que ce recours entraîne. Il est donc nécessaire de prendre des mesures pour que les dépenses de la Cour, y compris les traitements des juges, soient à la charge commune de toutes les Puissances signataires afin d’offrir aux litigants une Cour pour laquelle comme pour les litiges d’ordre national ils n’auraient rien à payer.D’autre part, l’absence de toute continuité de la Cour permanente à plusieurs points de vue a beaucoup amoindri sa force et son influence : chacune de ses réunions a été sans lien avec les autres, et ses rares arrêts, à la fois séparés par le temps et par la diversité de leurs objets, n’ont pas apporté grands progrès à la science du droit des gens. Il faut faire de la Cour actuelle une Cour réellement permanente aux sessions régulières et continues, réunissant régulièrement les mêmes juges, pénétrés du devoir et de la responsabilité de créer leur propre jurisprudence. »La résistance à une telle proposition fut forte et la recommandation visant la création d’une cour permanente n’a, dans un premier temps, pas dépassé le stade des vœux pieux. Mais cette recommandation a marqué un jalon important dans le processus menant à la création d’une Cour permanente de Justice internationale (CPJI), l’ancêtre de la Cour internationale de Justice (CIJ), après la première guerre mondiale.Que dire de la CPJI et de la CIJ avec le recul qu’offrent leurs nombreuses années d’existence ?Bilan méritoireNul ne peut nier la contribution décisive de ces deux cours au développement du droit international. Il n’est en revanche pas établi qu’elles aient permis de maîtriser les coûts liés au règlement des litiges interétatiques. De manière plus fondamentale, une question essentielle avait été omise du plaidoyer américain de 1907 (et devra être prise en compte par les négociateurs du TTIP) : celle de l’indépendance du juge (ou de l’arbitre) à l’égard du pouvoir politique et économique.À cet égard, le bilan des tribunaux arbitraux est méritoire : ces tribunaux n’ont pas hésité à condamner des Etats très puissants au cours des dernières années, faisant ainsi preuve d’une grande indépendance. Cette dernière garantit l’efficacité des recours que les cours permanentes – qu’elles soient étatiques ou internationales – peinent parfois à assurer face à des enjeux écrasants.Lire aussi la tribune :Arbitrage d’investissement : corriger les modalités de fonctionnement pour éviter les abusAu fond, tout dépend de la fonction que l’on souhaite insuffler au mécanisme de règlement des différends du TTIP, qu’il s’agisse de protéger les investisseurs, dire le droit, fonctionner à moindre coût, ou dépolitiser les différends en matière d’investissement. La distinction entre cour permanente et tribunaux arbitraux n’est donc pas une question technique pour juristes avertis. Il s’agit au contraire d’un choix important de société, que le débat public devra éclairer et orienter au cours des prochains mois.Florian Grisel (Chargé de recherche au CNRS et chargé de cours à King’s College London) et Thomas Schultz (Professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève et professeur associé à King’s College London) Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dimanche 20 septembre, les électeurs grecs sont de nouveau appelés aux urnes pour élire leurs députés. Ce scrutin, neuf mois à peine après le précédent, qui s’est tenu en janvier, se confirme une nouvelle fois l’explosion du champ politique. Après plus de trente-cinq ans de bipartisme presque parfait entre les socialistes du Pasok et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie, les sondages prévoient la possible entrée de près de huit formations au Parlement, dimanche. Pour cela, les partis doivent dépasser le seuil de 3 % des voix. Le parti de la gauche radicale Syriza et les conservateurs de Nouvelle Démocratie sont pour le moment au coude-à-coude, autour de 30 % des intentions de vote, selon les enquêtes d’opinion. Tour d’horizon des partis en lice.Syriza, la première force politique en difficulté Cette coalition de la gauche radicale est devenue le premier parti de Grèce depuis les élections européennes de mai 2014, sous la direction d’Alexis Tsipras. C’est un parti politique de gauche, officiellement fondé en 2004 mais qui concentre en fait de nombreuses formations politiques préexistantes (13 au total) allant des eurocommunistes aux écologistes en passant par des eurosceptiques et des socialistes. Alexis Tsipras, ancien président du mouvement le plus important de la coalition, Synaspismós, en est le président depuis le 4 octobre 2009.Rassemblant 4 % des électeurs avant la crise, la formation est devenue la première force politique de Grèce en capitalisant sur un discours anti-austérité très populaire dans un pays où la pauvreté a crû fortement depuis 2010. Le 25 janvier, Syriza a emporté les législatives et porté Alexis Tsipras au pouvoir. Après de difficiles négociations avec les créanciers européens, et le Fonds monétaire international, le premier ministre a finalement adopté un nouveau plan d’austérité entériné par le Parlement grec le 14 août.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeUn divorce intervient alors avec la frange la plus radicale du parti qui ne lui pardonne pas ses renoncements. Près d’une quarantaine de députés refusent de valider l’accord. Et 25 quittent le parti à la suite du dissident Panayiotis Lafazanis pour créer l’Union populaire. Syriza est aujourd’hui crédité de 30 % des voix dans les sondages.L’Union populaire, chantre de la ligne anti-euro L’Union populaire (ou LAE) est une formation politique, pas encore tout à fait officiellement un parti, lancée par des dissidents de Syriza. Créée il y a quelques semaines seulement, elle est dirigée par Panagiotis Lafazanis, qui se fait désormais le chantre de la lutte anti-austérité. Il incarne surtout une ligne anti-euro, qui avait de tout temps existé au sein de Syriza. Pour LAE, la Grèce doit sortir de la zone euro et retrouver une monnaie nationale. La formation pourrait passer le seuil de 3 % des voix et entrer au Parlement et, comble du paradoxe, devenir ainsi un parti d’opposition à Syriza.Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de Syriza lancent leur propre partiNouvelle Démocratie, survivante du bipartismeNouvelle Démocratie (ou ND), menée par Evangelos Meïmerakis, est un parti fondé par Konstantinos Karamanlis en 1974, deux mois après la chute de la dictature. Surnommé « le Vieux », Karamanlis a joué un rôle capital dans la vie politique grecque, pour lequel il a obtenu le titre honorifique d’ethnarchis (« chef de la nation »). Car c’est grâce à lui que la Grèce est véritablement entrée dans l’ère démocratique en mettant fin à la monarchie par référendum, en 1974. Il est aussi le fondateur d’une dynastie politique. Son neveu Kostas Karamanlis fut le dernier premier ministre avant le naufrage financier du pays entre 2004 et 2009.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle DémocratieND s’est pendant plus de trente ans partagé le pouvoir avec les socialistes du Pasok, obtenant régulièrement plus de 50 % des voix. Elle subit elle aussi le rejet d’une partie de l’électorat grec qui rend les grands partis traditionnels responsables de leur situation. Mais contrairement au Pasok qui s’est totalement effondré, ND continue de mobiliser entre 25 et 30 % des voix. La Grèce compte un peuple de droite solide. Les sondages placent aujourd’hui ND au coude-à-coude avec Syriza, avec près de 30 % des voix.Le Pasok, marginalisé depuis la crise Le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok) est aujourd’hui dirigé par Fofi Yenimata, la fille de Georges Yenimata, plusieurs fois ministre tout au long des années 1980 et 1990. Le Pasok est né le 3 septembre 1974, deux mois après la chute du régime des colonels. Son chef, Andréas Papandréou, était le fils de George Papandréou, qui, comme chef d’Enosi Kentrou (Union du centre) avait gagné les élections de 1965 en obtenant 53 % des voix. Après la dictature, Andréas Papandréou rejette cet héritage et fonde le Pasok. Le parti prend la tête du pays en 1981 ; le début d’un long règne qui va durer près de quatre décennies, parfois interrompu par quelques incursions de Nouvelle Démocratie.Lire aussi :La faillite de la classe politique grecqueFils d’Andréas, Georges Papandréou a été élu premier ministre en 2009. C’est lui qui, en révélant l’état réel des finances grec, a entraîné le début de la crise qui agite toujours le pays. Aujourd’hui le Pasok est totalement marginalisé et représente moins de 5 % des voix. C’est la principale victime de la recomposition du champ politique à l’œuvre en Grèce.Le Parti communiste de Grèce et son noyau solideLe Parti communiste de Grèce (ou Kommounistiko Komma Elladas, KKE) a été fondé en 1918. Jusqu’en 1974, il fut un parti illégal et à ce titre nombre de ses militants ont été torturés en Grèce. Le KKE a joué un rôle important pendant la résistance contre les nazis et pendant la guerre civile qui a suivi la seconde guerre mondiale en Grèce. Jusqu’à très récemment et pendant la crise, le KKE a réussi à garder le noyau de ses électeurs presque entier, à 8 %. Il est aujourd’hui à 6 % des intentions de vote.To Potami, centriste et libéral To Potami (« la rivière ») est un parti centriste libéral, fondé en mars 2014 par Stavros Theodorakis, journaliste star de la chaîne télévisée Mega. Le parti a été créé avec l’ambition de se présenter aux élections européennes de 2014, et d’y incarner le centre proeuropéen de l’échiquier politique, dans un paysage fortement polarisé entre gauche et droite.To Potami se caractérise par un positionnement à gauche sur les questions de société et à droite en matière d’économie. Aux élections de janvier, To Potami a rassemblé légèrement plus de 6 % des électeurs, se classant en quatrième position à quelques voix des néonazis d’Aube dorée. Aujourd’hui, la formation espère maintenir son score et se rêve en partenaire de coalition du prochain gouvernement si aucun des deux partis en tête n’arrive à obtenir de majorité absolue.Aube dorée, un parti néonazi sous pression judiciaire Parti politique néonazi, Aube dorée est officiellement créé en 1992. Longtemps anecdotique, le parti a fait brutalement son entrée au Parlement dès 2012, avec 6,97 % des voix. Un choc pour la société grecque mais qui révèle, à l’époque, le désarroi des électeurs qui ne savent plus pour qui voter et qui favorisent les partis qu’ils jugent antisystème. Son discours se concentre sur les thématiques xénophobes, souverainistes et nationalistes. Son slogan principal : « La Grèce appartient aux Grecs ».Lire aussi :En Grèce, profil bas pour les néonazis d’Aube doréeLe 18 septembre 2013, un militant d’Aube dorée poignarde à mort un militant antifasciste de 34 ans, Pávlos Fýssas. Il est arrêté et reconnaît les faits. Ce sera le début d’une longue enquête qui aboutit finalement à la mise en examen de plus de 70 membres ou sympathisants de la formation, dont la quasi-majorité de ses 17 députés, pour participation ou direction d’organisation criminelle. Le procès est en cours. Mais cela n’empêche pas le parti de se présenter au scrutin de dimanche. Il devrait se maintenir à plus de 7 % des voix.L’Union du centre, outsider politiqueFondée en 1992 et dirigée par Vassillis Leventis, l’Union du centre pourrait entrer pour la première fois, à la surprise générale, au Parlement. M. Leventis est un personnage longtemps raillé par le personnel politique grec et par les Grecs eux-mêmes pour ses interminables diatribes enflammées lancées depuis sa chaîne de télévision Kanali 67 dans les années 1990. Il visait à faire revivre l’héritage de certaines grandes figures politiques du passé, telles que les premiers ministres Elefthérios Venizélos, Georges Papandréou et Alexandros Papanastasiou. Dans les derniers sondages, M. Leventis flirte avec les 4 % d’intentions de vote. Une performance qui illustre parfaitement la fragmentation des voix lors du scrutin à venir.Les Grecs indépendants, partenaires disciplinés de Syriza Egalement nommé ANEL, ce parti souverainiste dirigé par Panos Kammenos aura sans doute du mal à se maintenir au Parlement dimanche. Les sondages le placent en dessous de la barre des 3 %. Il était pourtant dans le gouvernement Syriza, l’allié de coalition d’Alexis Tsipras, qui rêverait de pouvoir recommencer l’expérience avec ce partenaire discipliné et loyal.Fondé en 2012 par Panos Kammenos, un dissident de Nouvelle Démocratie, ANEL est un parti très nationaliste, attaché à l’orthodoxie et hostile aux migrants. Privé de ce soutien, Tsipras devrait se tourner vers le Pasok et To Potami pour tenter de former une coalition s’il arrive en tête dimanche.Lire aussi :Panos Kammenos, l’encombrant allié d’Alexis TsiprasAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Alain Salles En sept mois de gouvernement, il a déjà pris quelques années (et quelques kilos). Son sourire est désormais plus tendu et illumine moins son visage. Alexis Tsipras est à nouveau en campagne pour les élections législatives du dimanche 20 septembre, mais il a dû laisser en chemin une bonne partie des thèmes qui avaient fait son succès.« L’espoir » qu’incarnait l’arrivée de Syriza au pouvoir a disparu des affiches électorales. Le renouveau de la gauche européenne s’est enlisé dans les interminables et violentes négociations avec l’Union européenne. Et le grand combat contre l’austérité s’est achevé après la signature d’un troisième mémorandum avec les créanciers du pays.Lire aussi :Grèce : sept candidats en quête de virginité politiqueReste à Alexis Tsipras la carte de la jeunesse et l’opposition aux partis du passé… qui l’ont pourtant soutenu au moment de voter le mémorandum en août. Il essaie de convaincre les électeurs que son application sera moins douloureuse pour les plus pauvres avec un gouvernement Syriza. « Nous utiliserons chaque fenêtre possible pour alléger les effets de ce mémorandum », assure Yiannis Burnous, responsable des relations internationales du Syriza.Poignard dans le dosEtrange campagne qui ne mobilise pas les foules, où la peur d’une sortie de l’euro et le rejet du mémorandum, qui constituaient les deux axes des précédentes joutes électorales, ont presque disparu. Les deux principaux partis utilisent le même slogan : « Seulement en avant » pour Syriza et « La Grèce en avant » pour Nouvelle Démocratie. Seuls Unité populaire, le parti né de la scission de Syriza en août, le Parti communiste, ainsi que les néonazis d’Aube dorée, font du refus du mémorandum le thème de leur campagne, réunissant à peine 15 % des intentions de vote.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle DémocratieEn faisant le pari de nouvelles élections générales, Alexis Tsipras sortait du pire mois de son existence, après le référendum du 5 juillet rejetant les propositions de la Commission européenne, suivi, une semaine plus tard, de l’humiliation d’une nuit de négociations à Bruxelles, à l’issue de laquelle il était obligé de signer un accord imposant trois ans d’austérité supplémentaires à son pays. En opposition complète avec le discours et les promesses de Syriza depuis cinq ans.« Il n’a pas changé ! Il a des idées et de vraies convictions de gauche. Ne pensez pas qu’il va se transformer en centriste. »Alexis Tsipras, qui a toujours assumé la part de compromis intrinsèque à l’exercice du pouvoir, a poignardé dans le dos l’ancien dirigeant gauchiste qu’il était. Et qu’il voudrait être encore un peu. « Il n’a pas changé !, assure Yiannis Bournous. Il a des idées et de vraies convictions de gauche. Ne pensez pas qu’il va se transformer en centriste. » « Dans les quatre prochaines années, nous arriverons à imprimer notre marque, à montrer ce qu’un gouvernement de gauche peut faire pour l’intérêt général, pour la cohésion de la société, pour les plus vulnérables », affirme l’un de ses proches.Au sein de son parti, de nombreux membres sont partagés sur l’ampleur des concessions à réaliser. « C’est normal que des gens soient déçus par cet accord si éloigné de notre programme, et prennent leurs distances, explique M. Bournous, mais nous restons la meilleure chance pour ce pays. Le seul parti neuf. » « Alexis Tsipras a eu du mal à faire le deuil de la séparation avec ses anciens camarades de la Plate-forme de gauche. Il savait pourtant que le clash serait inévitable », explique le psychanalyste Stelios Stylianidis. Le parti souverainiste des Grecs indépendants (ANEL), qui a gouverné avec Syriza, s’en moque gentiment en montrant M. Tsipras avec un bras gauche en écharpe.« Il est divisé entre deux identités : le réaliste et le gauchiste », explique l’analyste politique Georges Sefertzis. Pour Stelios Stylianidis, « cette ambivalence, qui est perçue comme une forme de trahison de l’idéal révolutionnaire, est difficile à gérer. Il y a une sorte de clivage dans sa conscience ». « Il passe son temps à s’excuser d’avoir signé le mémorandum en demandant pardon au peuple grec, tout en s’engageant à le mettre en application », constate le psychanalyste.« Il a fait monter haut les attentes. L’atterrissage est brutal »« Alexis n’est pas un rêveur, souligne un de ses proches. C’est un pragmatique, qui écoute, a des convictions, mais sait s’adapter. Il comprend la notion d’intérêt supérieur. Et faire des concessions pour arriver à son but sur le long terme, c’est de l’intelligence politique, pas de la traîtrise comme certains veulent le faire croire. » A la fin de la campagne pour le référendum, Alexis Tsipras était en pleine euphorie. « Il a fait monter haut les attentes. L’atterrissage est brutal, explique le politologue Elias Nikolakopoulos. Mais il a clairement fait le choix du réalisme, même si ça lui a coûté personnellement. » Lire aussi :Les réfugiés, grands absents de la campagne en Grèce« On se salit les mains »« Réaliste, il fallait l’être, confirme un de ses proches. Nous ne voulons pas rester dans la position confortable du parti d’opposition éternellement pur mais jamais au pouvoir. Oui, on se salit les mains ; oui, on s’éloigne un peu de notre programme, mais nos convictions restent les mêmes. » « Alexis a surmonté sa profonde déception intime. Voter pour ce mémorandum n’a pas été facile pour lui non plus, mais il a la volonté d’inscrire son projet dans le temps », explique Antonis Markopoulos, coordinateur du bureau politique du Syriza.« Alexis s’est converti au réalisme politique, car c’était nécessaire. L’étranglement était complet à ce moment-là. Mais cela doit s’équilibrer avec des principes et une vision politique, un projet. Notre boulot à nous sera de le retenir pour qu’il ne bascule pas totalement », ajoute Vassiliki Katrivanou, une ancienne députée qui s’était abstenue lors du vote du mémorandum en août – « Un moment très dur », avoue-t-elle –, mais qui a finalement choisi de rester dans le parti. Cette militante des droits de l’homme, membre du « groupe des 53 », qui représente au sein de Syriza un courant plus à gauche que celui de M. Tsipras, a décidé de lui laisser « une seconde chance ».Pendant les sept mois au pouvoir de Syriza, l’efficacité gouvernementale n’a pas été toujours au rendez-vous. « S’ils gagnent les élections, il va falloir qu’ils gouvernent, ce qu’ils n’ont pas vraiment fait. Il va aussi falloir qu’ils cherchent de nouvelles alliances en s’ouvrant à d’autres personnalités », explique Elias Nikolakopoulos. Son partenaire de coalition, ANEL, n’est pas sûr de franchir la barre des 3 % nécessaires à l’entrée au Parlement. Tsipras risque de devoir s’allier avec le vieil ennemi du Pasok, symbole du clientélisme grec, mais très affaibli, ou avec les centristes de Potami, qui sont vus comme le diable par Syriza.Lire aussi :Sous les ruines de l’économie grecque, les jeunes pousses« Si Syriza gagne, il sera le troisième parti à appliquer le mémorandum, explique M. Sefertzis. Il devra assumer les conséquences des premières mesures d’austérité après les élections. Il est piégé politiquement. C’est pour cela qu’il est soutenu par une partie du système local et européen. » Bruxelles contemple le scrutin grec avec une certaine sérénité, et une victoire de M. Tsipras assurerait la plus large majorité à la mise en œuvre du mémorandum.Pour son dernier meeting, vendredi 18 septembre, Alexis Tsipras sera soutenu par Pablo Iglesias, le chef du parti de la gauche radicale espagnole Podemos. En janvier, les deux hommes étaient montés sur scène au son de First We Take Manhattan, Then We Take Berlin, de Leonard Cohen. Peut-être vont-ils changer de disque…Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.09.2015 à 17h59 Lire aussi :Cuba : des catholiques croyants, peu pratiquantsIls étaient des dizaines de milliers de fidèles à s’être réunis au cœur de La Havane, dimanche 20 septembre au matin. L’imposante place de la Révolution, où les Cubains fêtent le 1er Mai sous les immenses portraits des révolutionnaires Ernesto « Che » Guevara et Camilo Cienfuegos, s’est transformée en cathédrale à ciel ouvert. En visite pour trois jours à Cuba, le pape François a célébré une grande messe festive et chargée d’émotion. Dans la foule, certains avaient veillé toute la nuit pour être sûrs d’apercevoir le pape lors de cette messe, point d’orgue de son séjour dans l’île.« Le chrétien est toujours invité à laisser de côté ses aspirations, ses envies, ses désirs de toute-puissance, en voyant concrètement les plus fragiles. Il y a un service qui sert, mais nous devons nous prémunir contre l’autre service, contre la tentation du service qui se sert », a mis en garde le pape argentin au moment de son homélie. Il a martelé que « le service n’est jamais idéologique, mais sert les personnes », dans une critique franche du régime communiste cubain.Le premier pape latino-américain a aussi rendu hommage à « un peuple qui a le sens de la fête, de l’amitié, de la beauté ». « C’est un peuple qui a des blessures mais qui sait ouvrir les bras, qui marche avec espérance, parce que sa vocation a de la grandeur », a-t-il lancé à la foule, qui l’écoutait dans le recueillement.Lire aussi :Le pape François à Cuba, en faveur de la continuation du rapprochement avec les Etats-UnisRésister à la tentation de l’émigrationDans la soirée de dimanche, François devait échanger avec des jeunes Cubains et les encourager à résister à la tentation de l’émigration massive, malgré les difficultés. Il doit aussi rencontrer au palais présidentiel le chef du gouvernement Raul Castro, qui devrait le remercier pour son rôle de facilitateur dans le rapprochement en cours avec les Etats-Unis. Une entrevue avec son frère aîné Fidel, le vieux Lider Maximo, pourrait également être organisée.Dès son arrivée samedi à Cuba, le pape a donné un tour politique à son voyage apostolique, exhortant Washington et La Havane à « persévérer sur la voie de la réconciliation », qu’il a largement contribué à initier. Il a aussi réclamé davantage de liberté pour l’Eglise catholique cubaine.Mardi, l’évêque de Rome s’envolera pour les Etats-Unis où il rencontrera le président Barack Obama et s’adressera notamment au Congrès américain et à la tribune des Nations unies.Lire aussi :Le cardinal Jaime Ortega, le chef controversé de l’Eglise cubaine Alain Salles Membre de Syriza, ancienne députée, Réna Dourou est devenue en septembre 2014 la présidente de la région Attique, la plus importante de Grèce. Elle est devenue la première dirigeante de la gauche radicale à occuper des fonctions importantes, avant même la victoire d’Alexis Tsipras aux législatives du 25 janvier. Avant le scrutin très incertain du dimanche 20 septembre, elle explique dans un entretien au Monde comment Syriza a tenté de s’adapter aux réalités d’un pays aux abois.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeVous attendiez-vous à voir Alexis Tsipras signer le mémorandum qu’il avait combattu ? Cela vous a surpris ou déçu ?On ne s’attendait pas à une telle pugnacité de la part de nos créanciers, à cette pression extrême au cours des négociations qui ont abouti au compromis du 12 juillet, au Sommet européen de Bruxelles. Un parti politique doit être prêt à affronter le pire et le meilleur, sans broncher, en essayant de faire de son mieux pour surmonter les difficultés, et de mettre en place les bases d’une alternative. Ce n’est pas une question de surprise ou de déception mais plutôt une question de choix politique.On doit garder le cap vers la mise en place d’une politique qui puisse faire avancer notre économie tout en respectant l’orientation européenne du pays. Il faut que le message soit clair : on n’abandonne pas les valeurs européennes, on revendique les politiques européennes qui ont permis les bases de la cohésion sociale prônée par l’ancien président de la Commission, Jacques Delors.Et ce n’est pas un hasard si Delors a su mettre les points sur les « i », critiquant le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui : « Quand elle se penchera sur l’Europe des années 2010-2015, l’histoire portera un regard très sévère sur cette Union économique et monétaire tellement mal conçue qu’il a été question qu’un de ses membres la quitte », écrivait-il en juillet.Le gouvernement Tsipras a finalement fait peu de choses depuis janvier. Est-ce seulement à cause des négociations avec l’UE ?Malgré les pressions dont notre gouvernement faisait l’objet, nous avons réussi pas mal de choses. On a échelonné les sommes dues au fisc pour à peu près un million de citoyens, on a protégé le logement principal des familles contre les enchères, on a établi la carte de solidarité pour les ménages les plus démunis.Aujourd’hui le plus urgent est, primo, de gagner les élections, en réunissant une majorité absolue, pour pouvoir former un gouvernement stable et efficace. Secundo, mettre en place des mesures pour surmonter les conséquences néfastes du mémorandum. Face à Nouvelle Démocratie (ND) dont la politique repose sur les principes du passé, ceux exactement qui ont mené le pays au gouffre, à la crise économique et sociale, nous sommes les garants de la sortie de cette crise tout en protégeant les plus démunis et en remettant en marche l’économie sur des bases saines.Notre but, en tant que force politique responsable à la tête du pays, est de combattre de façon efficace la bureaucratie, la corruption, la gabegie des deniers publics. Cette lutte contre les maux récurrents de la vie politique et sociale grecque, est vitale pour garantir les droits des citoyens.Vous êtes depuis un an à la tête de la région Attique. Quelles sont les « recettes » d’une gestion Syriza ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?On s’efforce de changer le paradigme d’exercice du pouvoir dans la région Attique. Ce n’est pas facile. Car les « plis » de la bureaucratie, de l’opacité, d’une gestion inefficace ne se défont pas facilement. Cela fait des décennies que les choses marchent comme ça, sous la gestion de ND et du Pasok, qui utilisaient la fonction publique comme un bastion à des fins électoralistes. Mais pour nous, il s’agit d’un pari vital et on va le gagner, quel qu’en soit le coût politique.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le 5 juillet, les Grecs étaient invités à se prononcer, lors d’un référendum surprise, pour ou contre la proposition d’accord alors formulée par les créanciers du pays (Fonds monétaire international, Banque centrale et Commission européennes) au premier ministre de l’époque, Alexis Tsipras. Contredisant le pronostic d’un scrutin serré, le non l’avait emporté à une écrasante majorité de 62 % des suffrages. Un véritable plébiscite pour Alexis Tsipras et un vent d’espoir et de fierté pour les Grecs.Quelques jours plus tard, face au risque d’une sortie de la Grèce de la zone euro, M. Tsipras acceptait de signer un nouveau plan d’austérité, en contrepartie d’une nouvelle aide financière (86 milliards d’euros de prêt sur trois ans). Une déception pour beaucoup, qui s’est soldée par la démission du gouvernement Tsipras, le 20 août, et une division du parti de la gauche radicale Syriza, le lendemain.Quel sera l’impact de cette volte-face lors des élections législatives du dimanche 20 septembre ? Plusieurs Grecs retracent leur cheminement face à l’accélération politique de ces dernières semaines.Stavroula Zanopoulou, retraitée : « Au moins Tsipras essaie quelque chose de nouveau »Venant traditionnellement d’un milieu de droite, Stavroula Zanopoulou, 60 ans, a voté non au référendum. Elle était alors « en colère contre les Européens qui humiliaient » son pays. Son mari avait jusqu’alors toujours voté pour le parti conservateur mais lui aussi se disait prêt à donner sa voix à Tsipras. « Car lui au moins il se bat pour nous et pour que nous cessions de vivre sous perfusion d’argent prêté. »Aujourd’hui, Stavroula, qui travaillait dans une banque, a décidé de voter pour Syriza. « Au moins Tsipras essaie quelque chose de nouveau. Il a fait face dignement à des négociateurs européens inflexibles. A défaut d’avoir une Europe qui nous inspire, au moins on a un premier ministre qui pense à la Grèce d’abord. Et puis je le crois honnête et sincère. »Matina, professeure : « C’est blanc bonnet et bonnet blanc »Très méfiante envers les médias qu’elle traite de « vendus », Matina, 33 ans, avait à l’époque accepté du bout des lèvres de nous dire qu’elle allait voter non au référendum. « Le seul moyen que les choses s’arrangent dans ce pays pourri, où la même classe politique s’en met plein les poches alors que nous tirons la langue. »Toujours aussi méfiante, Matina précise ne pas « avoir été spécialement déçue par l’échec des négociations [avec les créanciers], car il n’y avait pas vraiment d’alternative ». Pour elle, ce sont les cinq années de gestion des précédents gouvernements qui ont mené à ce résultat. « Ce n’est pas un gouvernement d’à peine six mois qui a changé drastiquement le climat en Europe. »Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeSoutiendra-t-elle Syriza ? Matina refuse de le dire. Cette professeure des écoles n’a, à vrai dire, « pas encore décidé » pour qui elle votera, ni même si elle votera « tout court ». « Il me semble que c’est blanc bonnet et bonnet blanc maintenant. »Nicolina Ougranou, commerçante : « Je veux que cette parenthèse s’achève au plus vite »Très anxieuse en juillet, Nicolina Ougranou voulait voter oui. « Des deux mains ! Car seule l’Europe peut nous garantir un avenir de prospérité. Syriza joue avec le feu », déclarait-elle alors. Cette commerçante de 32 ans votera dimanche pour les conservateurs de Nouvelle Démocratie. « Ils sont les seuls à pouvoir garantir un semblant de stabilité économique dont nous avons désespérément besoin. Moi, je ne sais même plus pourquoi j’ouvre mon magasin le matin. Je ne gagne plus d’argent depuis des mois et j’ai dû cesser de payer mes charges. Je veux que cette parenthèse Syriza s’achève au plus vite. »Georges, chauffeur de métro : « Trop d’immigrés débarquent ici »Il était en juillet très remonté contre l’Europe. « Cette façon d’humilier les peuples, de ne pas respecter la démocratie… ça me dégoûte », déclarait Georges, un chauffeur de métro de 44 ans. Aujourd’hui, encore plus déçu par les revirements de Syriza, il s’apprête à voter pour le parti néonazi Aube dorée. « Eux au moins ils sont en dehors de ce système pourri. Et ce sont des patriotes qui mettront les intérêts de la Grèce avant ceux des puissances étrangères. » Leur racisme ? Leur violence ? « Tout cela est très grossi par les médias grecs qui sont de connivence avec l’establishment et puis de toute façon c’est vrai que trop d’immigrés débarquent ici. » Stavros Gazis, commerçant : « Tsipras ne pouvait pas faire autre chose »Dans son magasin de chaussures depuis trente ans, Stavros Gazis va voter Tsipras pour la deuxième fois. « Il est meilleur que les autres qui représentent les vieux partis, le vieux système. Il est plus neuf. » Cet ancien électeur du parti communiste, le KKE, a choisi Tsipras en janvier. Il a voté non au référendum du 5 juillet, mais n’en veut pas à Tsipras : « J’ai voté contre le mémorandum, pas contre l’euro. Tsipras ne pouvait pas faire autre chose. S’il ne signait pas le mémorandum, c’était le retour à la drachme. Et ce serait la catastrophe. Peut-être qu’au début de la crise en 2010, on aurait pu le faire mais maintenant on n’a plus de banques, on n’a plus rien. Le vrai problème de la Grèce, c’est la corruption et le clientélisme des vieux partis. En Europe on aurait besoin d’hommes politiques plus forts comme Kohl ou Mitterrand. »Sofia, employée : « Je choisirai au dernier moment »« Je ne sais toujours pas pour qui je vais voter. Je choisirai au dernier moment, mais je ne voterai pas Tsipras », explique Sofia, qui travaille dans un magasin de vêtements. En janvier, elle a voté KKE, le parti communiste. Elle a voté non au référendum, mais le revirement ne l’a pas surprise : « Je savais que ça ne changerait pas après. » Elle hésite aujourd’hui entre des petits partis de gauche ou Leventis, cet éternel candidat centriste, jamais pris au sérieux mais qui peut drainer une partie du vote protestataire ou nihiliste. Iannis Kakoulidis, avocat : « L’union des partis proeuropéens est la solution »Pour Iannis Kakoulidis, un avocat à la retraite, la solution devrait être évidente : « On a cinq partis qui ont approuvé le troisième mémorandum pour rester dans l’Europe. Ils pourraient s’entendre pour le mettre en œuvre efficacement, vu l’urgence de la situation. Mais ce n’est pas possible car nous sommes grecs. Nous aimons les difficultés et les conflits. Pourtant l’union des partis proeuropéens est la solution. » Dimanche, il votera pour le Pasok, auquel il est resté fidèle. Nikolaos Stamou, disquaire : « Punir les partis proeuropéens »« J’avais voté Syriza car j’en avais assez des mensonges du Pasok et de Nouvelle Démocratie. Et maintenant Tsipras continue la même politique et les mêmes mensonges », explique Nikolaos Stamou dans son magasin de disques. Il a voté non au référendum, « contre cette Europe-là, celle de l’austérité ». Il n’a pas encore arrêté sont choix pour dimanche, mais il veut « punir les partis proeuropéens », en votant KKE ou pour le parti de Lafazanis, Unité populaire, né de la scission de Syriza en août.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Chambraud A peine arrivé à Cuba, samedi 19 septembre en fin d’après-midi, le pape François s’est adressé à tous les Cubains, qu’ils vivent dans l’île ou qu’ils l’aient fuie, qu’ils soutiennent le régime castriste ou qu’ils le combattent. A sa descente d’avion, à l’aéroport de La Havane où l’a accueilli le président Raul Castro, Jorge Bergoglio a salué « tout le peuple cubain », y compris « toutes ces personnes que, pour divers motifs, [il] ne pourra pas rencontrer » – cela concerne notamment la dissidence – et « tous les Cubains dispersés à travers le monde ». Le pontife argentin a chargé Raul Castro de transmettre à son frère Fidel, qu’il pourrait rencontrer pendant son séjour, ses « sentiments de considération spéciale et de respect ». Cette visite de deux jours et demi intervient en plein processus de normalisation entre La Havane et Washington, en faveur duquel l’ancien archevêque de Buenos Aires a œuvré en 2014. Le pape a encouragé « les responsables politiques à continuer d’avancer » vers la réconciliation.Lire aussi :Le pape François à Cuba, en faveur de la continuation du rapprochement avec les Etats-UnisTroisième pape à se rendre dans l’île en dix-sept ans, François vient conforter une Eglise catholique à la fois affaiblie en termes de fidèles mais forte de relations jamais rompues, malgré les vicissitudes, avec le pouvoir castriste. Le pape ne vient pas pour mettre celui-ci en difficulté mais, dans son premier discours, il a tenu à citer les impératifs de « liberté », de « dignité de l’homme », de « réconciliation » et de « justice ». « Aujourd’hui, nous voulons renouveler ces liens de coopération et d’amitié pour que l’Eglise continue d’accompagner et d’encourager le peuple cubain dans ses espérances et dans ses préoccupations, dans la liberté ainsi que par les moyens et dans les conditions nécessaires », a-il déclaré. En effet, les « conditions » faites à l’Eglise par le pouvoir cubain restreignent aujourd’hui beaucoup sa capacité d’intervention dans le champ social, et le Vatican veut peser pour qu’elles s’améliorent. Sortant de son discours écrit, il a insisté sur l’importance de l’esprit de « réconciliation » dans « cette atmosphère de troisième guerre mondiale ».Lire aussi :L’Eglise catholique en quête de visibilitéFélicitations de Raul CastroAuparavant, Raul Castro avait accueilli le pape en portant à son crédit son encyclique sur le climat, publiée en juin, et son discours de Santa Cruz, en Bolivie, en juillet, dans lequel François avait attaqué très durement l’actuel système économique mondial. Il a mis en avant les revendications traditionnelles de La Havane, au premier rang desquelles la fin du « blocus », l’embargo économique américain, ou encore la rétrocession de la base militaire américaine de Guantanamo. La visite pastorale commencera véritablement dimanche matin, avec une première messe place de la Révolution, là même où Jean-Paul II (en 1998) et Benoît XVI (en 2012) en avaient eux aussi célébré. Puis François s’entretiendra dans l’après-midi avec Raul Castro, avant de rencontrer le clergé de La Havane dans la cathédrale et des jeunes dans le centre culturel catholique Felix-Varela, qui la jouxte. Le séjour du pape à Cuba se poursuivra ensuite par une étape à Holguin, lundi, et à Santiago, la principale ville de l’est de l’île.Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.09.2015 à 19h52 Une vaste opération impliquant des ONG, des garde-côtes italiens, des navires des douanes et des bateaux allemands, britanniques et croates a permis de secourir près de 4 500 hommes, femmes et enfants en mer Méditerranée, au large de la Libye, samedi 19 septembre. Les migrants étaient entassés sur une vingtaine d’embarcations. Ils ont été acheminés vers des ports dans le sud de l’Italie.Selon Médecins sans frontières, parmi les rescapés figurent des Érythréens, des Nigérians, des Somaliens, des Libyens, des Syriens et des Africains originaires de l’est du continent. Le corps d’une femme a été retrouvé dans une embarcation, mais aucun décès n’a été à déplorer pendant les opérations de sauvetage. La veille, une centaine de personnes avaient déjà été secourues au large de la Libye mais sept cadavres, dont celui d’un enfant, avaient également été repêchés.En Grèce, le corps d’une petite fille, noyée, a été retrouvé par les garde-côtes au large de l’île grecque de Lesbos, alors que treize autres personnes sont portées disparues. Onze personnes, qui effectuaient la traversée entre les côtes de la Turquie et Lesbos, ont pu être secourues et une autre a réussi à rejoindre la terre ferme à la nage.430 000 personnes ont tenté la traversée, 2 800 sont mortes Selon l’Organisation internationale pour la migration (OIM), près de 430 000 réfugiés et migrants ont traversé la Méditerranée cette année dont 309 000 sont arrivés en Grèce. Près des trois quarts des personnes arrivant dans les îles grecques de la mer Egée sont des Syriens. Dans le même temps, 2 800 hommes, femmes et enfants sont morts en tentant cette traversée.Pour Leonard Doyle, porte-parole de l’OIM, l’indécision politique qui règne parmi les Etats membres de l’UE pourrait aboutir à de nouveaux naufrages. Plus il faudra du temps à l’UE pour prendre des décisions politiques, plus il y aura de chaos, a-t-il indiqué.« La décision prise par plusieurs gouvernements de mettre en place des contrôles aux frontières aura un effet très dommageable. »Lire sur Les Décodeurs :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéos 19.09.2015 à 13h42 • Mis à jour le19.09.2015 à 13h59 Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, va partir, samedi 19 septembre, de Vienne pour se rendre à Téhéran afin d’y rencontrer des responsables iraniens et discuter des activités nucléaires de l’Iran. Les réunions avec « de hauts responsables iraniens » sont programmées pour dimanche, a précisé l’AIEA, et porteront sur « la clarification des questions en suspens passées et présentes concernant le programme nucléaire de l’Iran ».L’AIEA a demandé le 9 septembre à l’Iran de lever des « ambiguïtés » concernant ses activités nucléaires passées, dans le cadre d’un processus de vérification préalable à une levée des sanctions internationales frappant ce pays.Lire aussi :Nucléaire iranien : tout ce que vous devez savoir sur un accord historiqueL’agence onusienne et les grandes puissances cherchent à faire la lumière sur la « possible dimension militaire » du programme nucléaire iranien jusqu’en 2003 au moins. Téhéran a toujours nié les allégations en ce sens, affirmant que ces soupçons reposaient sur des documents trafiqués.Téhéran et les grandes puissances ont conclu le 14 juillet, à Vienne, un accord historique destiné à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien, en échange de cette levée des sanctions. Avant qu’elle ne puisse être mise en œuvre, l’AIEA doit toutefois rendre le 15 décembre un rapport destiné à lever toutes les zones d’ombre planant encore sur le dossier. 19.09.2015 à 11h06 • Mis à jour le19.09.2015 à 12h09 | Clément Martel (Beli Manastir, Croatie, envoyé spécial) Elle leur a tendu les bras pendant deux jours. Puis, submergée, la Croatie a voulu bloquer l’accès à son territoire aux nombreux migrants déroutés vers son sol à la suite de la fermeture de la frontière méridionale de la Hongrie. En vain. « Depuis que les points de passage avec la Serbie ont été coupés, toutes les heures, 200 nouveaux réfugiés arrivent à Tovarnik », expliquait, vendredi 18 septembre, Babar Baloch, porte-parole du Haut-Commissariat des Nation unies pour les réfugiés, le HCR. Beaucoup trop pour ce pays des Balkans qui estimait mercredi pouvoir accueillir 1 500 réfugiés par jour.Tovarnik, Aymen Ghalil y est passé. Comme l’immense majorité des migrants, ce Syrien de 27 ans a débouché dans ce village d’à peine 2 000 âmes après avoir franchi la frontière serbe à travers les champs de maïs. Parqué sur une route en plein soleil, il y a attendu une journée un train qui ne venait pas, avant de prendre place avec sa famille à bord d’un bus. Direction Zagreb, croyait-il, d’où ce mécanicien aéronautique comptait se rendre en Allemagne. Fausse route. Pour des raisons administratives, il a débarqué avec plusieurs milliers de ses compagnons à Beli Manastir, non loin de la frontière hongroise. Enervé par ce détour forcé, Aymen a tenté tout l’après-midi de convaincre des chauffeurs de taxi de l’emmener à Zagreb (à 300 kilomètres de là) et de déterminer les destinations des bus passant par ce coin reculé du pays. Car si la Croatie a pu lui sembler accueillante après les heurts violents à la frontière hongroise, elle avait tout de la terra incognita. Absent jusque-là de l’itinéraire migratoire, le pays n’est pas balisé comme les autres de la région par des groupes Facebook conseillant d’emprunter telle ou telle route.Au camp de #BeliManastir, dans le nord-ouest de la #Croatie, tout est prêt pour accueillir les #réfugie http://t.co/0O0aSTYfe8— martelclem (@Clément Martel)require(["twitter/widgets"]);A la différence de ses voisins hongrois et slovène, la Croatie ne fait pas partie de l’espace Schengen. Et, bien que membre à part entière de l’Union européenne depuis 2013, elle n’a pas à garantir – comme le traité l’exige – « la responsabilité du contrôle aux frontières de l’espace Schengen pour le compte des autres Etats de Schengen ». Une situation qui peut expliquer l’appel, mercredi, du premier ministre croate, Zoran Milanovic, à permettre le passage sans encombre des migrants sur son sol. Canalisé, le passage des réfugiés se fait sans encombre et ils deviennent rapidement le problème des pays en aval, sans que la Croatie n’ait à devenir l’un des centres d’accueil dont l’Europe veut se doter à ses frontières extérieures pour examiner les demandes d’asile (les hot spots). Mais deux éléments ont perturbé le plan croate, le manque de concertation et l’incroyable appel d’air créé par cette annonce. Pas plus que le premier ministre hongrois, Viktor Orban, n’a demandé à ses voisins la permission de fermer sa frontière avec la Serbie, la Croatie n’a coordonné ses efforts avec ses voisins au moment d’ouvrir ses portes. Et plus tard, lorsque Zagreb a rétropédalé après avoir recueilli en trois jours les 20 000 migrants que le pays pensait recevoir en deux semaines, M. Milanovic s’est mis à dos la Serbie et la Slovénie. La première ne voulant pas garder chez elle les réfugiés bloqués à la frontière croate, et la seconde refusant le rôle de domino suivant à être renversé par l’arrivée des migrants.Lire les derniers déroulements :Pour les migrants, un no man’s land entre la Hongrie, la Slovénie, la Croatie et l’AutricheIncroyable appel d’airPar ailleurs, si la Croatie ne s’est pas privée de critiquer la décision hongroise de barricader sa frontière face aux migrants, c’est par ce pays que les premiers migrants de la « via croatiana » ont quitté le pays. Vendredi soir, cinquante bus et un train ont franchi la frontière avec la Hongrie, dans le nord de la Croatie, les deux pays s’étant entendus pour laisser des « groupes de migrants vulnérables » poursuivre leur trajet vers l’Europe occidentale.Cet épisode a vidé Beli Manastir de ses réfugiés en un après-midi, mais pour peu de temps. Au cours de la nuit, une nouvelle vague de réfugiés est attendue dans la ville. Avant de passer, eux aussi, la frontière hongroise ? « Ce n’est pas un couloir » de migration, a proclamé la ministre croate des affaires étrangères, Vesna Pusic, mais une exception. Pour l’heure, la Croatie, itinéraire bis des migrants, reste un cul-de-sac.Clément Martel (Beli Manastir, Croatie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Ils sont bien sérieux au milieu de leurs livres, de leurs exercices de mathématiques et de théorie informatique. La plupart de leurs copains sont à la mer en attendant une reprise de la fac qui se fait attendre, mais Lefteris et Nikos ont choisi, eux, de se plonger dès à présent dans le programme de leur année d’université à venir. Et c’est ensemble, entre deux pauses-café et guitare, qu’ils révisent, enfermés dans l’appartement familial du quartier résidentiel de Metamorfosi, au nord d’Athènes.« Je suis étudiant en systèmes électroniques à la fac d’ingénieurs de l’université du Pirée, explique ainsi Lefteris Papageorgiou, 19 ans. Ma famille a fourni un effort considérable pour me permettre d’accéder à cette école et je me dois de réussir. » Ces deux frères veulent y croire, même s’ils savent que trouver un emploi s’annonce difficile en Grèce. « Il y a toujours plus de 50 % de chômage chez les jeunes. J’espère que d’ici à ce que j’aie terminé la fac, les choses iront mieux. Mais à ce rythme-là, on n’est pas près de s’en sortir ! », ironise Nikos.Les élections, une préoccupation secondaireLes élections législatives de dimanche ? Une préoccupation secondaire pour ces jeunes hommes si résolument occupés à se construire un avenir. Aux élections de janvier, Lefteris avait pourtant voté avec enthousiasme pour le parti de la gauche radicale Syriza. « Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir été trahi, d’avoir été trompé par quelqu’un à qui j’avais donné toute ma confiance », reconnaît-il, une lueur de colère dans les yeux. Lefteris n’ira peut-être pas voter dimanche. Il ne sait pas encore.Nikos, lui, n’avait déjà pas voté en janvier. « Personne pour me représenter, dit-il. La plupart de mes copains ont voté pour Syriza, mais moi, je pensais qu’il n’arriverait à rien parce qu’il promettait trop. Pour autant, je ne voulais pas voter non plus pour ceux qui nous ont menés à la catastrophe. Alors je me suis abstenu. Et je vais certainement faire pareil cette fois-ci. » En promettant d’en finir avec l’austérité, de bouter hors de Grèce la très détestée « troïka », mais aussi de préserver un système public d’éducation gratuit, un dernier point qui parle beaucoup aux jeunes en Grèce, le premier ministre, Alexis Tsipras, avait réussi à fédérer le vote de plus de 30 % des 18-34 ans. Selon un sondage paru il y a quelques jours dans le quotidien grec Ethnos, ils ne seraient plus que 18,6 % à le suivre.Lire aussi :En Grèce, un paysage politique bouleversé par la criseLe plus étonnant chez ces jeunes est la tristesse et la résignation qui traversent leurs regards. Comme si l’échec de Syriza à changer le système, en Grèce comme en Europe, avait éteint leurs rêves. « C’est exactement ce que je ressens, avoue Lefteris. Après ces cinq années très angoissantes, Syriza, c’était un espoir fort, qui s’est fracassé en moins de six mois. Que nous reste-t-il ? Vers qui nous tourner ? »Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalisme« Génération Grigoropoulos »Cette question, Andonis Papangelopoulos, 25 ans, étudiant en architecture, se l’est aussi posée le 13 juillet au petit matin, lorsque Alexis Tsipras a annoncé, après une très longue nuit de négociations à Bruxelles avec les créanciers, avoir signé un nouveau plan d’austérité. « J’ai ressenti une grande angoisse pour le jour d’après, explique ce jeune homme. Si Syriza ne peut pas donner une réponse claire et perd la bataille, qui va remplir le vide laissé par Syriza contre les politiques d’austérité ? Les nazis de l’Aube dorée ? Pourquoi la gauche a-t-elle gâché cette opportunité historique que l’on ne retrouvera peut-être jamais ? »Andonis était alors très actif dans le mouvement de jeunesse de Syriza. Il appartient à cette génération que l’on appelle la « génération Grigoropoulos », du nom de cet adolescent de 15 ans assassiné le 6 décembre 2008 par un policier. « J’avais 17 ans à l’époque et, comme presque tous les gens de mon âge, la mort d’Alexis nous a jetés dans la rue et a marqué le début de mon engagement en politique. » A l’époque, Syriza est dans l’opposition et se place aux côtés de cette jeunesse en colère. « M’engager pour Syriza était naturel et j’ai vraiment beaucoup donné. Je suis terriblement déçu par ce revirement. »Un temps, Andonis a pensé rentrer chez lui, se concentrer sur ses études et laisser tomber la politique. Et puis, fin août, Panagiotis Lafazanis, un dissident de Syriza, a créé un nouveau parti, l’Union populaire, qui reprend le flambeau de la lutte antiaustérité. « J’ai alors rejoint Lafazanis, non pas tant pour lui, mais parce que je crois qu’une véritable politique de gauche ne peut pas s’exprimer dans le cadre d’un mémorandum et de l’austérité. Je crois qu’on n’a pas le droit de se détourner de la politique. Parce que les autres, ceux qui sont à l’opposé de ce que je crois, eh bien eux, ils continuent. »« La gauche doit s’accrocher »Zoé Makrigianni, elle, a longuement hésité à prendre ses distances, comme nombre de jeunes militants de Syriza : « Finalement, je suis restée, parce que je pense que la gauche doit s’accrocher dans les situations difficiles et qu’il faut lutter de l’intérieur, même si on n’aime pas ce qui se passe. » Zoé se souvient du référendum du 5 juillet, sur les propositions des créanciers de la Grèce, comme d’un jour de fête.« Ce soir-là, nous avons été 62 % à dire non à l’austérité, non à l’humiliation, non au chantage, non aux forces conservatrices du pays qui voulaient nous imposer quoi penser. » Et pourtant, quelques jours plus tard, Alexis Tsipras cédait et signait un nouveau mémorandum. « Evidemment que ce moment a été très douloureux, mais avions-nous le choix ? J’ai beaucoup pleuré ce jour-là, mais j’ai aussi trouvé Alexis courageux et responsable. »Ces derniers jours, Alexis Tsipras en campagne s’est démené pour convaincre cette jeunesse désenchantée, tentée par l’abstention, de lui donner une seconde chance. « Ils n’ont rien compris une nouvelle fois, lance, fiévreux, Konstantinos, un tout jeune homme venu se renseigner au kiosque de campagne du groupuscule d’extrême gauche Antarsya. « En refusant de voter, on leur dit à tous : foutez le camp et laissez-nous le champ libre ! »Lire aussi :Sous les ruines de l’économie grecque, les jeunes poussesAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Paulo A. Paranagua Les téléspectateurs cubains n’avaient jamais vu ça : après deux heures d’entretien, le 1er septembre, le journaliste Amaury Pérez a embrassé l’anneau du cardinal Jaime Ortega, 78 ans, devant les caméras. La télévision d’Etat, la seule autorisée dans un pays où le parti unique dispose du monopole des médias, n’avait jamais accordé un tel traitement de faveur au chef local de l’Eglise catholique, alors que le pape François était attendu à La Havane le samedi 19 septembre.Lire aussi :Le pape François à Cuba, en faveur de la continuation du rapprochement avec les Etats-UnisComme souvent avec Mgr Ortega, la controverse s’est emparée des modalités et du contenu de cette interview, d’un côté comme de l’autre du détroit de Floride. La vieille génération de Cubano-Américains – « l’exil historique » – déteste l’actuel archevêque de La Havane, comme s’il avait commis un sacrilège en remplaçant le cardinal Manuel Arteaga, mort en 1963. Ce dernier avait fini réfugié dans une ambassade puis à la nonciature apostolique, à cause des persécutions contre les religieux. Le jeune Ortega lui-même, à peine ordonné prêtre en 1964, a connu les camps militaires de « rééducation » en 1966-1967.« Théologie de la réconciliation »Né le 18 octobre 1936 à Jagüey Grande, dans la province de Matanzas, Jaime Lucas Ortega y Alamino est le fils d’un commerçant et d’une ménagère. Francophone et francophile, il a été décoré de la Légion d’honneur par François Hollande lors de sa visite, le 11 mai. Ses habits de dignitaire ecclésiastique permettent de le repérer facilement dans les jardins de l’ambassade de France, où il est un habitué des 14-Juillet.C’est le pape polonais Jean Paul II qui l’a fait évêque, en province, à Pinar del Rio (1978), puis archevêque de La Havane (1981) et enfin cardinal (1994), le premier depuis la mort de Mgr Arteaga. Un an avant d’accéder au cardinalat, Jaime Ortega, le courageux archevêque de Santiago de Cuba, Pedro Meurice, et les autres évêques de l’île avaient signé une lettre pastorale, intitulée « L’amour espère tout », qui n’a guère été appréciée par le pouvoir et n’a jamais été diffusée par les médias officiels.Pourtant, après une phase de repli, l’Eglise cubaine avait opéré un tournant en adoptant une « théologie de la réconciliation », proposée au début des années 1980 par le prêtre français René David. Fidel Castro, à son tour, avait esquissé une ouverture dans ses entretiens sur la religion avec le Brésilien Frei Betto (1983), qui allaient mettre fin au dogme de « l’athéisme scientifique ».Le catholicisme cubain, fragilisé par la répression et par le syncrétisme religieux, allait effectuer un lent retour grâce au prudent leadership de Jaime Ortega et au soutien constant du Vatican et de l’Eglise des Etats-Unis. Trois papes auront visité Cuba, Jean Paul II (1998), Benoît XVI (2012) et aujourd’hui François, ce qui est énorme pour une île de 11 millions d’âmes et très peu de fidèles.Onctuosité et modérationA la demande de Raul Castro, le frère cadet et successeur de Fidel, le cardinal Ortega a joué le rôle de médiateur dans l’élargissement d’une centaine de prisonniers politiques, en 2010, joignant chacun d’entre eux au téléphone pour les persuader de quitter le pays. Cette libération conditionnelle a été critiquée par une partie de la dissidence et par des exilés radicaux, mais elle a replacé l’Eglise au centre du jeu.« Le cardinal a déclaré récemment qu’à Cuba il n’y avait pas de prisonniers politiques ni de société civile », déplore Berta Soler, porte-parole des Dames en blanc. Lors de son entretien télévisé, Mgr Ortega a poussé les euphémismes et les allusions à l’extrême, pour évoquer ce sujet tabou que sont les prisonniers politiques et leurs épouses (les Dames en blanc), réprimées tous les dimanches à la sortie de l’église Sainte-Rita, patronne des causes désespérées.L’onctuosité du cardinal Ortega, la modération qu’il affiche partout, ainsi que la pompe ecclésiastique contrastent avec la décontraction tropicale et l’austérité contrainte des Cubains. Lorsqu’il dit la messe à la cathédrale de La Havane, on compte plus de touristes que de paroissiens. « La controverse sur le chef de l’Eglise cubaine découle sans doute de l’attente excessive placée dans un médiateur extérieur, qui serait capable de régler les problèmes de l’île après un demi-siècle d’autoritarisme et d’économie sous perfusion, estime un diplomate occidental en poste à La Havane. Mais Cuba n’est pas la Pologne. »Lire aussi :La diplomatie discrète du Vatican et de l’Eglise catholique cubainePaulo A. ParanaguaJournaliste au Monde 25.09.2015 à 16h40 • Mis à jour le25.09.2015 à 17h50 | Marie Delcas (Bogota, correspondante) Les pourparlers de paix entre le président colombien, Juan Manuel Santos et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, extrême gauche), la dernière grande guérilla d’Amérique latine, sont très avancés après un accord, mercredi 23 septembre, sur la mise en place d’une juridiction compétente pour juger des crimes de guerre. Le chef des FARC, Rodrigo Londoño, alias Timoleón Jiménez ou « Timochenko », avait fait, mercredi, le voyage à La Havane pour une poignée de main historique avec Juan Manuel Santos, en présence de Raul Castro. Car c’est à Cuba que se tiennent depuis trois ans les négociations de paix.Lire aussi :La paix avec les FARC est désormais à portée de mainLa guérilla la plus vieille du mondeCe sont des guérilleros grisonnants qui négocient. Timochenko a 56 ans. Il en a passé près de quarante dans le maquis. Son prédécesseur Alfonso Cano a été tué par l’armée à l’âge de 63 ans, en 2011. Manuel Marulanda Velez, le fondateur des FARC, est, lui, mort de sa belle mort à 78 ans, en 2008.Les FARC ont été fondées par le Parti communiste colombien (PCC) en 1964, mais la guérilla puise ses origines dans « La Violencia », période de guerre civile en Colombie, dans les années 1950. Conservateurs et libéraux se disputaient alors à feu et à sang le pouvoir et les terres. Des milliers de paysans ont trouvé refuge dans les montagnes.Une fois la paix revenue, certains y sont restés pour tenter d’obtenir une réforme agraire. La révolution cubaine montrait la voie. « Je n’ai pas choisi la guerre, elle est venue me chercher », résumait Marulanda.Les FARC, qui se targuent d’être la plus vielle guérilla au monde, ont fait de leur longévité vertu, et de la géographie une arme. Deux fois grande comme la France, la Colombie est traversée de trois cordillères et de jungles impénétrables. De source militaire, les effectifs des FARC se montent aujourd’hui à 8 000 hommes en armes. Ceux de l’armée, à 500 000.Les guérilleros d’aujourd’hui sont souvent fils, petit-fils ou petites-filles de guérilleros. Près du tiers des combattants sont des femmes. Le maquis est devenu un mode de vie. Ancrées dans la misère du monde rural, les FARC continuent de se penser comme un mouvement d’autodéfense paysanne.Lire aussi :La Colombie trouve un accord avec les FARC sur une « désescalade du conflit »De nombreuses et vaines tentatives de paixAu début des années 1980, le pouvoir tente une première fois de négocier la réincorporation des guérilleros à la vie civile. Les élites locales, l’armée et la mafia naissante ne suivent pas. La Colombie est en train de devenir le premier producteur de cocaïne. Plus de 3 000 membres de l’Union patriotique, le front mené par les FARC et le PCC, seront assassinés. Comme seront tués des centaines de syndicalistes, de dirigeants paysans et de militants de gauche. Les chefs des FARC qui négocient à La Havane ne l’ont pas oublié.L’argent du narcotrafic va jeter de l’huile sur le feu du conflit. La guérilla, qui taxe les cultures de coca, s’enrichit et s’agrandit. Les milices paramilitaires d’extrême droite aussi. Enlèvements contre rançons, massacres de paysans, déplacements forcés à grande échelle : la confrontation s’intensifie. À la fin des années 1990, les FARC comptent 20 000 hommes en armes et sont en mesure d’infliger à l’armée d’humiliantes défaites, sans jamais toutefois menacer le pouvoir.Pour la population urbaine, désormais largement majoritaire, le conflit ne fait pas sens. Au tournant du XXIe siècle, une nouvelle tentative de paix négociée – la quatrième – se solde par un nouvel échec.Un mouvement affaibli par le conflitLes électeurs colombiens se laissent alors séduire par le discours sécuritaire d’Alvaro Uribe. De 2002 à 2010, ce président à poigne livre une guerre sans merci contre les FARC. Elle est largement financée par les États-Unis, qui ont inscrit les FARC sur la liste des organisations terroristes. Juan Manuel Santos est alors ministre de la défense. Sous la pression de l’armée, les guérilleros se replient loin des centres d’activités du pays.En 2010, devenu président, M. Santos fait volte-face. Affaiblies, les FARC acceptent la main tendue et s’assoient à la table des négociations en novembre 2012. Toutefois, la guérilla ne se sent pas vaincue militairement et entend négocier pied à pied sa reddition.Politique agraire, lutte contre le narcotrafic, participation en politique des guérilleros démobilisés et justice transitionnelle : quatre accords ont d’ores et déjà été annoncés. Les négociateurs doivent encore convenir des conditions de la démobilisation et de la réinsertion des combattants.Les négociations de paix sont loin de faire l’unanimité au sein de l’opinion publique. Une deuxième guérilla, l’Armée de libération nationale (ELN, castriste), plus faible que les FARC, est restée à l’écart des tractations, à attendre les résultats de La Havane.Plus de six millions de Colombiens (sur une population de 50 millions), essentiellement des paysans déplacés, se sont enregistrés auprès du département administratif créé pour gérer les programmes de restitution des terres et de réparation des victimes. Pour la première fois de leur longue histoire, les FARC semblent disposées à accepter leur responsabilité historique.Lire aussi :La Colombie cherche à faire oublier ses conflits armés et à attirer les investissementsMarie Delcas (Bogota, correspondante)Journaliste au Monde 25.09.2015 à 11h24 • Mis à jour le25.09.2015 à 14h51 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Les deux plus gros pollueurs de la planète font un pas de plus en faveur du climat. Les présidents chinois et américain, réunis à Washington, devraient annoncer, dans la journée du vendredi 25 septembre, une série de mesures permettant d’atteindre leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, selon la presse américaine, citant des sources au sein de l’administration Obama.En novembre 2014, lors d’une visite de Barack Obama à Pékin, la Chine s’était engagée à atteindre un pic de ses émissions de CO2 en 2030 ou avant, tandis que les Etats-Unis avaient de leur côté promis d’avoir réduit en 2025 leurs rejets carbonés de 26 % à 28 % par rapport aux niveaux de 2005.Par leurs annonces de vendredi, en discussion depuis le mois d’avril, les deux premières puissances de la planète devaient détailler les moyens de tenir ces objectifs. «  On voit les deux pays préciser les pas qu’ils franchiront et le faire de manière transparente  », s’est félicité un haut responsable de l’administration Obama auprès du Wall Street Journal.Quelles mesures la Chine veut-elle prendre ?La Chine devait notamment dévoiler son ambition de lancer un marché d’échange de crédits carbone à l’horizon 2017, une mesure qui nécessitera également l’adoption d’un plafond chiffré de ses émissions de gaz à effet de serre.La Chine devrait également, pour la première fois, s’engager à participer à un fonds de soutien aux pays les plus pauvres dans la lutte contre le changement climatique, une tâche que Pékin rejetait auparavant sur les épaules des pays riches occidentaux, évoquant leur responsabilité historique.Les officiels chinois devaient prendre un « engagement financier très substantiel ». De leur côté, les Etats-Unis se sont déjà engagés à verser trois milliards de dollars (2,7 milliards d’euros) au Fonds vert pour le climat de l’Organisation des Nations unies. Comment Pékin entend-il limiter les émissions de gaz à effet de serre ?La Chine observe de longue date le fonctionnement des marchés carbone, notamment aux Etats-Unis et en Europe, qui s’est dotée d’un système européen d’échange de quotas d’émission en 2005.Le mécanisme consiste à fixer une limite chiffrée d’émissions de gaz à effet de serre aux entreprises et à leur attribuer des crédits, sorte de droits à polluer, qu’elles peuvent ensuite s’échanger sur un marché.En 2012, le gouvernement central avait déjà exigé de sept villes et provinces parmi les plus dynamiques du pays, dont Pékin, Shanghaï, Chongqing ainsi que le Guangdong et le Hubei, de lancer leurs propres marchés et il était depuis clair qu’il s’agissait, en mettant ces expériences en concurrence, de s’essayer à ces mécanismes avant d’adopter un plan à l’échelle nationale.« Ces marchés se sont révélés un succès dans la mesure où ils ont fourni une perspective d’apprentissage », juge Jeff Huang, directeur pour la Chine d’Intercontinental Exchange, structure qui gère plusieurs marchés boursiers et carbone aux Etats-Unis et qui a conseillé des villes et provinces chinoises dans cet effort.Selon M. Huang, la puissante Commission nationale pour le développement et la réforme, grand ministère de l’industrie et de la planification, ne devrait pas retenir un modèle parmi les sept en particulier, mais plutôt faire la synthèse de ce qui a fonctionné.Quelles seront les entreprises concernées par les mesures ?Les industries les plus polluantes devraient être concernées par ce nouveau marché, notamment la métallurgie, la cimenterie, la papeterie et la production d’électricité au charbon, qui couvre encore les deux tiers des besoins chinois en énergie.Pour Ling Xiong, professeur au centre de recherche sur le changement climatique, l’énergie et l’environnement de Wuhan (centre), la Chine a conclu qu’il n’y avait pas de méthode plus efficace que l’incitation du marché pour respecter ses engagements en matière de lutte contre le changement climatique.« L’influence des marchés carbone est restreinte lorsqu’elle se limite aux sept villes et provinces pilotes, mais l’impact devrait être énorme lorsqu’ils seront généralisés à l’échelle nationale », juge M. Ling.Les engagements chinois sont-ils de nature à changer les discussions au niveau mondial ?L’engagement de la Chine devrait donner un coup d’accélérateur aux négociations climatiques qui progressent difficilement. Ni l’Inde ni le Brésil, acteurs-clés des discussions, n’ont encore dévoilé leurs ambitions.Seuls74 pays sur 195 ont remis à ce jour leur contribution nationale, c’est-à-dire leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et l’effort n’est pas suffisant  : l’ensemble des contributions ne permet pas de rester sous le seuil de 2 °C de réchauffement de la planète, limite au-delà de laquelle les risques de dérèglement climatiques sont considérables.Les négociateurs, qui se retrouveront à Bonn, du 19 au 23 octobre, lors d’une ultime session de discussions avant la conférence de Paris, en décembre, doivent tenter de débloquer d’autres points clés.La question de la nature juridique de l’accord, celle du financement de la lutte contre le changement climatique et de l’adaptation continuent d’opposer pays riches et pays pauvres.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) Les rencontres entre le premier ministre japonais, Shinzo Abe et le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda sont rares. Pour la première fois depuis le mois de juin, les deux hommes se sont entretenus dans l’après-midi du vendredi 25 septembre. Ils ont abordé la situation de l’économie nippone, dont les performances décevantes entretiennent les interrogations sur l’efficacité des « Abenomics », la politique initiée fin, 2012, par M. Abe pour sortir de la longue période déflation qu’avait connue le Japon et relancer l’économie. Cette politique est axée sur trois « flèches » : des plans de relance, une politique monétaire agressive et des réformes structurelles.Mais les derniers indicateurs apportent des signes inquiétants quant à l’état de la troisième économie mondiale. Le pays a ainsi renoué avec la baisse des prix : l’indice des prix à la consommation, publié vendredi, enregistre une baisse de 0,1 % en août par rapport à août 2014.Il s’agit du premier recul des prix depuis avril 2013, quand le tout nouveau gouverneur de la banque du Japon, Haruhiko Kuroda avait initié une drastique « politique d’assouplissement monétaire qualitatif et quantitatif » – c’est-à-dire injecté des masses de yens dans l’économie nipponne.Pourquoi les prix baissent-ils ?Après l’annonce de la réduction de l’indice des prix, vendredi, la BoJ et le gouvernement ont tenté de relativiser la portée de cette diminution de l’indice. « La chute des coûts de l’énergie tire à la baisse les prix à la consommation », a réagi Akira Amari, le ministre de l’économie.De fait, hors prix de l’énergie et des denrées périssables, l’inflation atteint + 0,8 %.Cela marque-t-il l’échec des Abenomics ?Au printemps 2013, M. Kuroda s’était engagé à atteindre 2 % de croissance du produit intérieur brut (PIB) en deux ans. Il n’y est jamais parvenu, en raison notamment de l’impact plus fort que prévu de la hausse de 5 % à 8 % de la TVA intervenue le 1er avril 2014.Aujourd’hui, les indicateurs de l’économie nippone restent inquiétants. Le PIB a reculé entre avril et juin de 1,2 % en glissement annuel et les analystes redoutent une nouvelle contraction entre juillet et septembre.Lire aussi :Japon : dernière chance pour les « abenomics »Le coup de frein de l’économie japonaise est-il durable ?Dans son rapport économique mensuel, dévoilé le 25 septembre, le gouvernement continue de considérer l’activité en « reprise modérée », mais il signale « certaines pesanteurs dans différents domaines ».Il déplore ainsi des exportations « plutôt faibles récemment ». En août, elles n’ont crû que de 3,1 %, contre 4 % attendus, en raison notamment de la baisse de 4,6 % en direction de la Chine, premier partenaire commercial du Japon. Le gouvernement s’inquiète également de la stagnation de la production industrielle.Dans le même temps, les incertitudes sur la croissance mondiale et la chute des marchés n’incitent pas les entreprises à augmenter les salaires. La consommation reste morose. Elle a reculé de 0,2 % en juillet sur un an.Le gouvernement envisage-t-il d’amplifier ses mesures de soutien ?Dans une intervention, le 24 septembre, marquant sa reconduction à la tête du Parti libéral démocrate, le PLD au pouvoir, M. Abe s’est engagé à faire « franchir une nouvelle étape aux Abenomics ». Il a promis de construire une économie solide, favoriser l’éducation des enfants et fournir des services sociaux de meilleure qualité pour s’occuper notamment des personnes âgées.Il s’est aussi engagé à porter le PIB japonais à 600 000 milliards de yens (4 462 milliards d’euros), soit 20 % de plus qu’actuellement. Restant flou sur les moyens d’y parvenir, il n’a pas convaincu.Dans ce contexte, les spéculations – renforcées par la rencontre entre MM. Abe et Kuroda – vont bon train quant à de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire. Celles-ci pourraient être décidées le 30 octobre, lors de la réunion du conseil des gouverneurs de la BoJ. Cette perspective a fait progresser, vendredi, l’indice Nikkei de 1,82 %, à 17 881,50 points.De même, de nouvelles mesures de relance budgétaire pourraient être initiées, même si le ministre des finances Taro Aso, plus enclin que M. Abe à freiner les dépenses d’un pays endetté à hauteur de 240 % du PIB, a exclu cette option.Lire aussi :L’économie japonaise victime d’une rechutePhilippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.09.2015 à 06h47 • Mis à jour le25.09.2015 à 11h24 | Stéphanie Le Bars et Gilles Paris (Washington, correspondant) Le pape François siégerait-il sur les bancs démocrates ou avec les républicains s’il était membre du Congrès américain ? Le discours prononcé pour la première fois par un pape devant les élus des Etats-Unis réunis en session spéciale, jeudi 24 septembre, plaide plutôt pour la première hypothèse, même si François, en bon invité, s’est aussi efforcé de ménager les formes.Lire aussi :François, un pape iconoclaste mais prudent« Moi aussi, je suis fils de ce grand continent », a commencé le pape, entre deux ovations. C’est justement en s’appuyant sur cette histoire commune que François, « fils d’immigrés », a longuement plaidé en faveur des migrants, alors que ce dossier a suscité une surenchère de propositions radicales dans les rangs républicains. « Traitons les autres avec la même passion et compassion avec lesquelles nous voulons être traités », a conseillé le pape.Le traditionnel appel à lutter contre les inégalités sociales a été accompagné de l’évocation d’un sujet considéré également avec réticence par les élus républicains : la lutte contre le réchauffement climatique. S’appuyant sur l’encyclique publiée en juin, Laudato si (« Loué sois-Tu »), François a rappelé avoir invité à « un effort courageux et responsable pour inverser les effets les plus graves de la détérioration environnementale causée par l’activité humaine ». Assis derrière lui en tant que président du Sénat, le démocrate Joe Biden a applaudi, au contraire de son voisin républicain, le président de la Chambre des représentants, John Boehner. Plaidoyer pour l’« abolition totale de la peine de mort »Les élus du Grand Old Party se sont montrés plus enthousiastes lorsque le pape a évoqué « notre responsabilité de protéger et de défendre la vie humaine à chaque étape de son développement ». Mais alors qu’ils s’attendaient sans doute à une critique de l’avortement, le pape a enchaîné en plaidant pour « l’abolition totale de la peine de mort », apportant son soutien aux évêques américains mobilisés sur ce sujet. « Une juste et nécessaire punition ne doit jamais exclure la dimension de l’espérance et l’objectif de la réhabilitation », a assuré François.Artisan de la normalisation critiquée par les républicains entre les Etats-Unis et Cuba, où il était en visite avant d’atterrir à Washington, le pape y a fait allusion en saluant « les efforts réalisés […] pour aider à surmonter les différences historiques liées à de déplorables épisodes du passé ». « C’est mon devoir de bâtir des ponts et d’aider tous les hommes et toutes les femmes à faire de même », a-t-il dit. « Lorsque des pays qui avaient été en désaccord reprennent le chemin du dialogue, un dialogue qui aurait pu avoir été interrompu pour des raisons les plus légitimes, de nouvelles opportunités s’offrent pour tous », a-t-il ajouté dans une évocation qui peut aussi concerner l’accord conclu avec l’Iran sur son programme nucléaire, et que le Vatican a saluée.Cette défense feutrée de son rôle de facilitateur a conduit François à une définition très politique du rôle d’un dirigeant. Le pape a assuré qu’« un bon dirigeant politique est quelqu’un qui, ayant à l’esprit les intérêts de tous, saisit le moment dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme ». Il n’est pas sûr que cet appel-là résonne longtemps dans un Congrès paralysé au contraire par la polarisation politique.Les thèmes développés jeudi avaient déjà été rodés la veille à la Maison Blanche, où M. Obama, qui partage les préoccupations du pape sur la pauvreté, l’environnement et l’immigration, leur avait fait bon accueil. Les deux hommes avaient défendu également la liberté religieuse, sans préciser ce qu’ils entendaient exactement par ce principe. Souvent compris comme une manière pour l’Eglise catholique de défendre les minorités chrétiennes à travers le monde, les conservateurs américains y voient davantage la possibilité pour tout citoyen de mettre en avant ses convictions religieuses pour refuser, par exemple, de servir un couple homosexuel ou de délivrer des moyens contraceptifs.Eviter le « langage belliqueux »A plusieurs reprises au cours de cette première journée, le pape avait évoqué les scandales de pédophilie, dont les révélations à répétition ont déstabilisé l’Eglise catholique aux Etats-Unis ces vingt dernières années. Alors que plusieurs évêques ont été démis de leurs fonctions pour avoir couvert de tels faits, François avait félicité l’épiscopat pour ses efforts « afin que de tels crimes ne se répètent plus jamais ». Les associations de victimes, qui demandent davantage de sévérité, ont rappelé que le Vatican et la hiérarchie catholique n’avaient agi que sous la menace de poursuites en justice.Le pape s’était également exprimé devant les évêques américains, les incitant à développer « une culture du dialogue et de la rencontre » avec toutes les composantes de la société et à faire vivre une Eglise plus inclusive. « Jésus ne nous donne pas une liste sélective de celui qui est digne ou pas de recevoir son message », avait-il dit. Alors que certains se montrent plus conservateurs que lui sur les questions de société, il les avait exhortés à éviter « le langage aigre et belliqueux de la division ». Dans le même esprit, jeudi soir à New York, la nouvelle étape de son voyage aux Etats-Unis, il a rendu un hommage vibrant à des religieuses critiquées sous le pontificat précédent pour leurs positions jugées trop libérales sur l’ordination des femmes, l’homosexualité et l’avortement.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteStéphanie Le BarsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 05h44 • Mis à jour le25.09.2015 à 08h45 Vladimir Poutine, qui souhaite remettre son allié Bachar Al-Assad au centre du jeu syrien, rencontrera Barack Obama, lundi 28 septembre à New York, une première depuis plus de deux ans. Il devait auparavant s’exprimer à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU. Dans une interview à la chaîne américaine CBS, dont des extraits ont été diffusés jeudi, le président russe soutient de nouveau que le seul moyen de mettre fin à la guerre en Syrie est de sauver le président syrien.« Il n’y a pas d’autre solution à la crise syrienne que de renforcer les structures gouvernementales et de les aider dans le combat contre le terrorisme », fait-il valoir, en allusion à l’organisation Etat islamique (EI), qui établit son pouvoir sur de vastes pans de l’est et du nord de la Syrie, ainsi que de l’autre côté de la frontière avec l’Irak. Moscou et Washington peuvent « trouver des domaines de coopération » si la Russie ne cherche pas simplement à défendre le président Assad, a estimé jeudi le secrétaire américain à la défense, Ashton Carter.Les présidents américain et russe n’ont pas eu d’entretien bilatéral depuis juin 2013 : les Etats-Unis le jugeaient impossible depuis l’annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie, en mars 2014, qui avait déclenché l’imposition d’une série de sanctions internationales. Le Kremlin considère ces dernières comme une tentative directe de pousser M. Poutine hors du pouvoir.Hausse brutale de la présence militaire russeDepuis plusieurs semaines, l’implication militaire croissante de la Russie en Syrie suscite l’inquiétude et la perplexité des Occidentaux. La Russie a encore annoncé jeudi de prochaines manœuvres militaires navales dans l’est de la Méditerranée. Manœuvres de « routine », dit Moscou, qui reconnaît cependant une « intensification de ses activités » sur le terrain syrien.Lire aussi :Le « Syria Express », un renforcement militaire russe de moins en moins discretMoscou déploie parallèlement d’intenses efforts diplomatiques depuis des mois pour presser la formation d’une coalition internationale contre l’EI, à laquelle serait associé le régime syrien. Le président syrien est officiellement mis au ban des pays arabes et occidentaux depuis le début de la répression des manifestations pacifiques en Syrie, en 2011, et de la guerre civile qui l’a suivie.Mais la stratégie russe contraint les Occidentaux, divisés et impuissants face à la tragédie syrienne, à tenter de s’accorder. Londres, Paris et l’OTAN ont exprimé leur « préoccupation » face au renforcement des capacités militaires russes en Syrie. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a réuni jeudi soir à Paris ses homologues britannique Philip Hammond, allemand Frank Walter Steinmeier et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini pour un dîner de travail consacré à la Syrie. « L’idée est de clarifier un peu les positions, de savoir ce que les uns et les autres entendent par une transition politique en Syrie, de faire émerger une position européenne commune avant l’Assemblée générale de l’ONU », a expliqué une source diplomatique française.Lire aussi :Poutine appelle à une alliance avec Assad contre l’Etat islamiqueRecul occidental sur une transition incluant Bachar Al-AssadLa veille, la chancelière allemande Angela Merkel avait estimé pour la première fois publiquement qu’il fallait parler avec Bachar Al-Assad pour résoudre la crise syrienne. « Il faut parler avec de nombreux acteurs, et cela implique Assad, mais il y en a d’autres », a dit Mme Merkel, citant également les alliés de Damas, la Russie et l’Iran.Farouche ennemi d’Assad, le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussi concédé que le président syrien pourrait faire partie d’une période de transition. « Bachar Al-Assad ne peut représenter l’avenir d’un peuple et d’un pays qu’il a martyrisés », a réitéré jeudi Laurent Fabius, qui cependant ne pose plus son départ comme préalable à une négociation politique.Washington et Londres non plus, depuis quelque temps : le secrétaire d’Etat américain John Kerry et son homologue Philip Hammond ont estimé mi-septembre qu’Assad devait partir mais que le calendrier était « négociable ».« Une erreur de lecture »Le président Barack Obama et le premier ministre David Cameron se sont parlé au téléphone jeudi et Downing Street a simplement rapporté qu’ils étaient « d’accord sur le fait que le nombre croissant de réfugiés fuyant [la Syrie] et la menace de l’EI mettaient en évidence la nécessité de progresser sur une transition politique pour mettre fin au conflit syrien ».« On est dans une telle impasse qu’on sent bien, côté occidental, de façon plus ou moins assumée, qu’il y a une volonté d’en sortir par tous les moyens, y compris par la réhabilitation d’Assad », note Myriam Benraad, chercheuse associée au Centre d’études et de recherches internationales (CERI-Sciences Po) à Paris.Mais pour elle comme pour de nombreux experts, réhabiliter Assad, principal responsable de la guerre syrienne, qui a fait plus de 240 000 morts, est une « erreur de lecture » et ne résoudra en rien les problèmes des réfugiés et de la menace terroriste auxquels fait face l’Europe. Damas, pour sa part, s’est félicité de ces évolutions, la conseillère d’Assad, Boussaïna Chaabane, allant jusqu’à estimer que « le climat international actuel se dirigeait vers la détente et vers la résolution de la crise en Syrie ».Lire aussi :Syrie : le drôle de jeu de M. Poutine 24.09.2015 à 21h17 Après la mort, le 13 septembre, d’Alexander Levlovitz, un Israélien de 65 ans qui aurait perdu le contrôle de sa voiture après qu’elle a été touchée par des jets de pierre, le premier ministre israélien a déclaré la guerre aux lanceurs de pierres. « Tous les moyens nécessaires » seront utilisés pour les combattre, avait insisté Benyamin Nétanyahou.Jeudi 24 septembre, le cabinet de sécurité israélien a approuvé un durcissement de la législation à leur encontre :« Le cabinet de sécurité a décidé d’autoriser les forces de l’ordre à tirer à balles réelles contre les lanceurs de pierres et de bouteilles incendiaires quand la vie d’une tierce personne est menacée, et plus uniquement quand un policier est menacé. »Le cabinet de sécurité a également décidé d’instaurer une ordonnance temporaire fixant une peine plancher de quatre ans pour les adultes reconnus coupables d’avoir lancé des pierres ou d’autres objets. Cette ordonnance restera en vigueur trois ans, bien que le procureur général Yehuda Weinstein eût recommandé qu’elle ne dure qu’une seule année. Celui-ci avait fait état, ces derniers jours, de son opposition à un durcissement législatif, qu’il n’estimait pas nécessaire. Le 21 juillet, la Knesset – le Parlement israélien – avait déjà voté un texte portant à vingt ans la peine maximale encourue.Les parents des mineurs ayant lancé des pierres seront, eux, punis de lourdes amendes. « Le cabinet veut changer la norme selon laquelle on peut jeter des objets létaux et meurtriers sans qu’il n’y ait de réaction », a déclaré Benyamin Nétanyahou à l’issue de la réunion du cabinet.Lire aussi :Israël : Nétanyahou veut renforcer la législation contre les lanceurs de pierre palestiniensUn Palestinien tué par des soldats israéliensJérusalem, dont la partie orientale et palestinienne est occupée et annexée par Israël, est le théâtre depuis des mois de violences entre Israéliens et Palestiniens. La semaine dernière, des heurts survenus durant trois jours consécutifs sur l’esplanade des Mosquées s’étaient ensuite étendus à différents quartiers de Jérusalem-Est.Alors que le cabinet de sécurité approuvait ce durcissement des règles à l’encontre des lanceurs de pierres, un Palestinien blessé par des tirs de soldats israéliens il y a une semaine a succombé à ses blessures, jeudi, dans un hôpital de Naplouse, en Cisjordanie, a rapporté sa famille. Ahmad Khatabteh, 25 ans, avait été blessé durant des affrontements avec l’armée israélienne à Beit Fourik, à l’est de Naplouse. Des heurts qui avaient fait 51 blessés palestiniens, dont sept par balles réelles.En début de semaine, deux Palestiniens avaient également été tués près de la ville d’Hébron, en Cisjordanie. Selon l’armée israélienne, Dia Al-Talameh, 21 ans, est mort en manipulant un engin explosif qu’il destinait à des soldats israéliens. Selon les services de sécurité palestiniens, ce jeune homme a en réalité été atteint par des tirs de soldats israéliens. Quelques heures plus tard, une femme avait été tuée par des tirs israéliens près d’un check point proche du centre-ville, avaient rapporté des témoins. Selon l’armée israélienne, la femme avait tenté de poignarder un soldat. Les militaires avaient alors ouvert le feu sur elle.Lire aussi :A Jérusalem-Est, tensions persistantes sur l’esplanade des Mosquées 15.09.2015 à 16h41 • Mis à jour le15.09.2015 à 18h13 | Jean-Baptiste Chastand (Röszke, Hongrie, envoyé spécial) Un indescriptible chaos régnait, mardi 15 septembre, à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, au lendemain de la décision de Budapest de fermer totalement sa frontière aux migrants. Effective depuis minuit, l’initiative a bloqué sur la route entre les deux pays plusieurs centaines de migrants qui essayaient de rejoindre au plus vite l’Allemagne en passant par la Hongrie. En colère, ceux-ci ont bloqué, mardi midi, l’autoroute reliant Belgrade à Budapest, qui était totalement fermée à la circulation.Devant les barricades de la police hongroise, les candidats à l’asile ont protesté en criant « Open, open, open », certains d’entre eux promettant même dans un acte de désespoir de mener une grève de la faim tant qu’ils ne pourraient pas passer. De l’autre côté, la police hongroise leur a demandé, en arabe, de se disperser. Sans succès, les migrants s’amassant le long des barricades, en plaçant les enfants devant au cas où les policiers et les militaires hongrois tenteraient de les disperser par la force.Lire aussi :La Hongrie veut construire une clôture antimigrants à sa frontière avec la RoumanieDans l’après-midi, pour décourager tout contournement de la frontière avec la Serbie, le gouvernement a annoncé son intention d’ériger une barrière similaire le long de la Roumanie. Les grillages s’étendraient « du point de jonction entre les frontières serbe, hongroise et roumaine sur une distance raisonnable », a déclaré le ministre hongrois des affaires étrangères, Peter Szijjarto, lors d’une conférence de presse à Budapest : cette mesure « est nécessaire étant donné que les passeurs pourraient changer leur route en raison de la clôture existante à la frontière serbo-hongroise », a-t-il expliqué.Conditions très particulièresAprès avoir marché 35 kilomètres le long de la clôture avec sa famille, John Ngoma, un congolais de 30 ans qui espère rejoindre la France, ne cachait pas son inquiétude. « Savez-vous ou on peut passer ? Est-ce qu’on peut demander l’asile en Hongrie », demande-t-il, un peu perdu, en se reposant dans un petit bosquet. « Opposant politique » en République démocratique du Congo, John Ngoma a réussi à obtenir un visa pour la Turquie, avant de tenter de rejoindre l’Europe par la Grèce et la route des Balkans. Bloqué devant la clôture, il hésite désormais à passer par un autre pays ou à déposer une demande d’asile en Hongrie.Alors qu’elles avaient pourtant annoncé la semaine dernière qu’elles y renonçaient, les autorités hongroises ont en effet officiellement installé mardi matin deux « zones de transit » à la frontière avec la Serbie, dont une tout près de l’autoroute de Röszke. Les migrants devraient être autorisés à y rentrer, mais dans des conditions très particulières : « Les personnes dans les zones de transit ne se trouveront pas sur le territoire hongrois d’un point de vue légal, mais comme dans une zone de transit d’aéroport », a expliqué le porte-parole du gouvernement hongrois lundi matin.Lire aussi :Afflux record de migrants en Hongrie avant la fermeture de sa frontière avec la SerbieÀ Röszke, cette « zone de transit » consiste en réalité en quelques containers accolés à la clôture. Une petite porte y donne accès. Elle s’ouvre de manière imprévisible. Derrière, trois policiers hongrois en masque acceptent de recevoir à chaque fois quelques migrants, alors que des dizaines se précipitent pour tenter de rentrer. Selon les ONG hongroises présentes sur places, les migrants doivent ensuite officiellement déposer leurs demandes d’asile en Hongrie, laisser leur empreinte digitale, et surtout prouver que la Serbie n’est pas un pays sûr pour eux, conformément à la nouvelle législation. Tous ceux qui ne remplissent pas ces conditions seront normalement immédiatement refoulés en Serbie.« On doit aussi être des humains »Pour décourager encore davantage les migrants, le gouvernement hongrois a annoncé, mardi, que soixante migrants avaient été arrêtés depuis lundi minuit en vertu de la nouvelle législation pénalisant de trois ans de prison ferme les migrants passant la clôture. Ces personnes « ont été arrêtées par la police alors qu’elles cisaillaient ou endommageaient la clôture (…) La police a ouvert une procédure pénale à leur encontre », a précisé un autre porte-parole du gouvernement, Gyorgy Bakondi. L’état d’urgence a été décrété dans les deux régions sud du pays, autorisant l’armée à contrôler les frontières, au côté de la police. Autant de mesures qui laissent peu d’espoirs aux migrants qui espéraient traverser la Hongrie.Parmi les migrants attendant une hypothétique ouverture de la frontière, Mohamed, un syrien, se démenait lui pour retrouver sa femme qui avait pu passer la clôture peu avant sa fermeture. « Nous étions un groupe de treize, nous avons creusé un trou sous la clôture, mais seuls onze ont pu passer avant que la police n’arrive », explique-t-il, particulièrement inquiet. Si lui compte tout faire pour passer, des dizaines d’autres migrants semblaient eux déjà chercher une autre voie pour parvenir en Europe, en se dispersant dans la campagne serbe à la recherche d’un taxi pouvant les amener plus loin.Mardi matin, le premier ministre ultra-conservateur hongrois Viktor Orban semblait de facto en passe de réussir son pari de barricader complètement son pays. « Le message que nous voulions faire passer est : “Ne venez pas, cette route ne vous mène pas à destination”. Selon nos données, les migrants ont compris ce message et les passeurs aussi », s’est ainsi félicité M. Bakondi. Venu assister à la fermeture de la frontière, l’ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány, a lui réclamé à Viktor Orban « de venir ici regarder les migrants dans les yeux pour comprendre leur misère. On doit respecter les obligations de Schengen mais on doit aussi être des humains », a-t-il expliqué, admettant toutefois que « deux tiers des Hongrois ne veulent pas accueillir les migrants ».Lire aussi :Hongrie : une « atmosphère de guerre » contre les migrantsJean-Baptiste Chastand (Röszke, Hongrie, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Sallon La région a été surnommée le « Tora Bora irakien », en référence à la zone montagneuse devenue la place-forte des Talibans pendant la bataille d’Afghanistan, lancée en réponse aux attaques perpétrées aux Etats-Unis le 11 septembre 2001. Cette vaste zone désertique à cheval sur la frontière irako-syrienne, de plus de 400 kilomètres de long entre Al-Baaj dans le nord de l’Irak et Routba près de la frontière jordanienne, est le cœur névralgique du territoire de l’organisation Etat islamique (EI). Faite de vallées encaissées traversées de rivières et de collines parsemées de caves, elle offre aux djihadistes un refuge quasi inaccessible.Lire aussi :L’inexorable progression de l’Etat islamiqueC’est dans cette zone stratégique, qui comprend les provinces autoproclamées de Ninive, Dijla, Ifrit et Al-Jazira en Irak, Abou Kamal et Deir ez-Zor en Syrie, et plus particulièrement dans la province irakienne de « Furhat », autour d’Al-Baaj, que le haut commandement de l’EI s’est établi. « Depuis le début de l’expansion de Daech [acronyme arabe de l’EI], la province de Furhat est son fief réel . C’est la province la plus importante pour lui car la région est bien protégée », indique l’analyste irakien, Hicham Al-Hachémi, spécialiste de l’EI.« Abou Bakr Al-Baghdadi et le haut commandement y vivent dans des endroits isolés, peu connus de tous », nous a indiqué M. Al-Hachémi, lors d’un passage à Paris. L’analyste irakien implanté à Bagdad se veut même plus précis et affirme que le calife autoproclamé de l’EI se trouve à Al-Baaj. Le chef de l’EI y serait en convalescence, selon l’expert, qui assure que ce dernier a été blessé dans une frappe de la coalition internationale, en mars 2015.Une région incontrôlableLe Pentagone, s’il avait confirmé au printemps une frappe sur Al-Baaj, a pourtant nié avoir ciblé une personnalité importante de l’EI. « Il est très difficile de retracer leurs trajets car ils sont protégés par plusieurs couches de sécurité et n’utilisent pas de moyens de communication modernes. Leurs femmes leur servent même de messagers », poursuit M. Hachémi. Al-Baghdadi aurait deux épouses. « Pendant sa convalescence, il est secondé par l’émir de l’EI pour la Syrie et l’Irak, Abou Alaa Al-Afari, originaire de Tal Afar », ajoute-t-il.Seuls les avions de la coalition balaient cette zone située à des centaines de kilomètres des lignes de front. « Depuis 2004 jusqu’à aujourd’hui, aucune puissance militaire n’a réussi à contrôler cette région », indique M. Al-Hachémi. Après l’invasion américaine de l’Irak en 2003 pour chasser le dictateur Saddam Hussein et la montée de l’insurrection d’Al-Qaida en Irak, « les Etats-Unis ont essayé de la contrôler et y ont perdu beaucoup de leurs soldats. Les tribus qui habitent cette région ont une longue histoire de contrebande, surtout d’armes, mais aussi de bétail, de vivres... Ce sont des combattants féroces que même le régime de Saddam Hussein a échoué à contrôler », poursuit-il.« Les combattants ont épousé les femmes de la région et vivent parmi la population de façon tout à fait normale »Quand l’EI est apparu dans la région, le 5 janvier 2014, ses combattants n’ont eu à tirer aucune balle. « Les gens les ont accueillis à bras ouverts. Les combattants ont épousé les femmes de la région et vivent parmi la population de façon tout à fait normale », indique M. Al-Hachémi. Lors d’un séjour effectué dans cette région en 2009, il avait observé au sein de la population des pratiques déjà proches de celles prônées par l’organisation djihadiste : le niqab pour les femmes, la barbe et le kamis pour les hommes, l’attribution des noms Oussama (du nom de Ben Laden, l’ancien chef d’Al-Qaida) ou Moussab (du nom d’Al-Zarkaoui, l’ancien chef d’Al-Qaida en Irak) aux nouveau-nés.Camps d’entraînementLa majorité de la population refuse de travailler pour le gouvernement et considère les chiites comme hérétiques. « Les jeunes des tribus locales se sont convertis au salafisme dans les années 1990. Sous l’influence d’associations saoudiennes, les cheikhs et imams se forment depuis en Arabie saoudite. Ils sont donc presque tous wahhabites », explique M. Al-Hachémi.Dans les années 2000, Al-Qaida en Irak y avait établi ses camps d’entraînements militaires et des centres islamiques. Aujourd’hui, la région abrite les centres de commandement de l’EI, et de nombreux stocks d’armes et de munitions. Des maisons d’hôte ont été établies pour recevoir les combattants étrangers. La province accueille surtout, selon l’expert, les centres de commandement des bataillons spéciaux, placés sous les ordres directs d’Al-Baghdadi.Ces cinq bataillons, composés respectivement de 350 à 500 hommes, sont divisés par nationalité et spécialité. L’unité combattante des Libyens est considérée comme la plus loyale. L’unité regroupant des ressortissants du Golfe et du Maghreb s’occupe de la protection des commandants. Les Européens de l’est et les Asiatiques assurent principalement la collecte du butin de guerre, des impôts et le transport des armes. Des Syriens sont chargés de la protection du fief de Rakka, en Syrie. La brigade de libération de Mossoul, composée à 80 % d’Irakiens, est le fer de lance de l’organisation. Elle combat aujourd’hui dans la province d’Hassaké, en Syrie.Depuis le début des frappes de la coalition en août 2014, 19 des 43 grands chefs de l’EI ont été tués.Depuis le début des frappes de la coalition en Irak puis en Syrie, en août 2014, 19 des 43 grands chefs de l’EI ont été tués, selon M. Al-Hachémi, qui poursuit : « Ils sont remplacés mais Daech ne dispose pas d’un important vivier de chefs historiques, avec une histoire djihadiste comparable aux chefs d’Al-Qaida. » L’EI regroupe aujourd’hui 100 à 125 000 combattants en Syrie et en Irak, dont 13 à 15 000 étrangers. « Jusqu’à février 2015, entre cinq et dix nouvelles recrues étrangères rejoignaient chaque jour le mouvement », indique-t-il. Les djihadistes français seraient au nombre de 800, principalement basés en Syrie et occupés à des tâches administratives, financières, médiatiques et au recrutement.Lire aussi :La coalition anti-EI discrète sur les victimes civiles en Irak et en SyrieHélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.09.2015 à 13h02 • Mis à jour le15.09.2015 à 13h03 La justice turque a ouvert une enquête pour « propagande terroriste » contre le puissant groupe de médias Dogan, propriétaire du quotidien Hürriyet et de la chaîne d’information CNN-Türk, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie, mardi 15 septembre.Le groupe est accusé d’avoir publié des images « non censurées » de soldats turcs tués lors de récents attentats commis par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et d’avoir au contraire flouté d’autres photos de combattants rebelles morts, a précisé Anatolie.Parmi les autres chefs d’accusation visant Dogan, l’agence Anatolie cite également le récent entretien d’une jeune militante qui a rejoint les rangs du PKK, diffusé sur CNN-Türk. Le siège de Hürriyet à Istanbul a été attaqué à deux reprises ces derniers jours par des partisans du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan. Les manifestants reprochaient au quotidien d’avoir déformé des propos du chef de l’Etat.Les médias turcs régulièrement intimidésDepuis son arrivée au pouvoir en 2003, M. Erdogan s’en est pris à plusieurs reprises au groupe de presse Dogan. A deux mois des élections législatives anticipées du 1er novembre, le chef de l’Etat est accusé par ses détracteurs de vouloir faire taire toute critique contre son régime. Il est également accusé d’exploiter les affrontements entre l’armée et le PKK pour remporter les élections législatives. M. Erdogan a vivement rejeté ces allégations.Lundi, le directeur de la publication du magazine Nokta a été interpellé et le siège du journal perquisitionné après la publication en première page de son dernier numéro d’un photomontage présentant M. Erdogan prenant un « selfie » devant le cercueil d’un soldat.La Turquie est régulièrement épinglée par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui reprochent à son gouvernement ses pressions récurrentes sur les journalistes. Début septembre, une importante opération de police avait eu lieu à Ankara dans les locaux appartenant au groupe de médias Ipek, critique envers le régime islamo-conservateur et réputé proche de Fethullah Gülen, ennemi juré du président Erdogan.Lire aussi :Erdogan le despote et la presse turque 15.09.2015 à 11h15 • Mis à jour le15.09.2015 à 12h03 | Caroline Taïx (Sydney, correspondance) La politique australienne est coutumière des coups de théâtre, et cette coutume vient une nouvelle fois d’être démontrée. En six heures, lundi 14 septembre, Tony Abbott a perdu la tête du Parti libéral et, en conséquence, du gouvernement, au profit de son ex-ministre des communications, Malcolm Turnbull, qui a mené un putsch surprise. Ce dernier devient le quatrième premier ministre australien en cinq ans.Les parlementaires libéraux ont préféré Malcolm Turnbull, qui passe pour un progressiste au sein du parti, à Tony Abbott, qui, en deux ans de pouvoir, a été un des premiers ministres australiens les plus conservateurs. Dans les sondages comme au sein de son parti, Tony Abbott était de plus en plus contesté. En février, il avait résisté à une première tentative de renversement. « C’est comme avoir frôlé la mort », confiait-il peu après, soulagé.Mais en huit mois, il n’a pas davantage réussi à convaincre. « Si M. Abbott reste premier ministre, nous savons ce qui arrivera. Il (…) sera remplacé [lors des prochaines élections] par M. Shorten », le leader de l’opposition travailliste, a déclaré lundi après-midi aux journalistes Malcolm Turnbull, pour justifier sa démarche. Les élections doivent avoir lieu avant janvier 2017.25è année de croissance d’affilée« Le premier ministre n’a pas été capable d’apporter le leadership économique dont notre nation a besoin », a critiqué M. Turnbull. C’est bien, en effet, sur son bilan économique que Tony Abbott a essuyé le plus de critiques. Si l’Australie entre dans sa 25e année de croissance d’affilée, elle souffre de la fin du boom minier. L’effondrement des prix du minerai de fer et du charbon, ses deux premiers produits d’exportation, pèse lourdement sur son économie.Tony Abbott n’a pas réussi à tenir ses promesses de campagne : le chômage et le déficit ont augmenté, alors que le taux de croissance et la valeur du dollar australien ont baissé. Après un premier budget marqué par des coupes impopulaires, il a réalisé des revirements politiques, y laissant encore une partie de sa crédibilité.Confronté à ce bilan, Tony Abbott a préféré botter en touche : « j’ai stoppé les bateaux » d’immigrés clandestins, « j’ai supprimé la taxe carbone », disait-il encore jeudi 10 septembre sur la chaîne publique ABC. Il a également finalisé un accord de libre-échange avec la Chine.Son style ne lui a pas non plus fait gagner de points. Ce monarchiste, fervent catholique, est connu au-delà de son pays pour ses gaffes et ses formules à l’emporte-pièce. Alors qu’il s’apprêtait à accueillir le G20 en novembre 2014, il promettait d’affronter physiquement le président russe Vladimir Poutine. Tony Abbott a également été accusé de gouverner seul, comme lorsqu’il a décidé en janvier, sans prévenir ses ministres, d’accorder le grade de chevalier dans l’ordre d’Australie au prince Philip, l’époux de la reine Elizabeth II. Une décision qui l’a fait passer pour un passéiste, déconnecté de la population.Sur la scène internationale, c’est la question du climat qui lui a valu le plus de critiques. Le changement climatique ? « Une connerie absolue », disait-il avant d’être élu. Il y a un an encore, à contre-courant, il vantait le charbon, « bon pour l’humanité ». Faut-il désormais s’attendre à un changement de position de l’Australie, l’un des premiers pollueurs de la planète par habitant, à moins de trois mois de la conférence de l’ONU sur le climat (COP21), qui se tiendra à Paris ? Malcolm Turnbull, qui fut ministre de l’environnement en 2007, a vivement défendu la taxe carbone en 2009, mais cela lui a coûté la présidence du Parti libéral, au profit de… Tony Abbott. « La politique sur le climat a été très bien conçue », a-t-il affirmé, à peine élu, lundi, expliquant qu’il ne la changerait pas. L’Australie va cependant probablement prendre de nouvelles orientations dans les mois à venir, avec ce premier ministre pro-républicain et favorable au mariage homosexuel. Cet ancien avocat et banquier d’affaires de 60 ans a souvent pris ses distances avec les décisions de Tony Abbott.Si Malcolm Turnbull a donné très peu d’indications sur son programme, il a promis de se concentrer sur l’économie et de travailler en équipe. Ses détracteurs au sein du parti lui reprochent de ne pas être assez conservateur. Dans l’opposition, il est accusé d’être déconnecté des Australiens, avec sa fortune estimée à plusieurs dizaines de millions de dollars, acquise grâce à ses investissements dans des start-up. « L’Australie n’a pas besoin d’un autre leader libéral arrogant. L’Australie a besoin de changer de gouvernement », a tweeté le chef de l’opposition, le travailliste Bill Shorten. Malcolm Turnbull devrait annoncer d’ici à la fin de la semaine le nouveau gouvernement.Caroline Taïx (Sydney, correspondance)Journaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière, a évoqué, mardi 15 septembre, la possibilité de réduire les fonds structurels versés par l’Union européenne (UE) aux pays qui rejettent l’idée de quotas de répartition des réfugiés, après un nouveau fiasco européen la veille sur les migrants. Les ministres de la justice et de l’intérieur de l’UE se sont quittés sans accord sur le partage équitable de 120 000 réfugiés, dans la soirée, à Bruxelles. «  Nous devons parler de moyens de pression  », a-t-il dit à la chaîne publique allemande ZDF. Les pays qui refusent la répartition par quotas «  sont souvent des pays qui reçoivent beaucoup de fonds structurels  ».«  Je trouve aussi juste (…) qu’ils reçoivent moins de moyens  », a poursuivi M. de Maizière sur ZDF.La menace du ministre est la première à être formulée de manière aussi claire même si, au cours des dernières semaines, divers responsables européens – et notamment la présidence luxembourgeoise de l’Union – ont voulu rappeler l’aide et la solidarité dont ont bénéficié les pays d’Europe centrale et orientale depuis la chute du mur de Berlin. Sans cacher son agacement devant leur attitude, la Commission s’est, elle efforcée de calmer le jeu, en évitant tout stigmatisation.Suivre notre live consacré à la crise des migrantsHostilité des ex-pays de l’EstLa République tchèque, la Slovaquie et la Roumanie ont campé fermement sur leur position de refus. La Pologne et la Lettonie n’ont à aucun moment caché leur scepticisme. Si elle s’est tue lors du dernier round de négociations – le plan de la Commission visait à lui venir en aide, en répartissant 54  000 réfugiés présents sur son sol –, la Hongrie reste, elle aussi, hostile.Excédé, le ministre Thomas de Maizière a menacé, dans la soirée, de recourir à un vote qui aurait permis à une majorité de se dégager, sans parler alors de couper les fonds structurels. Son homologue français, Bernard Cazeneuve, soulignait en vain que « chaque minute perdue, ce sont des morts supplémentaires ». D’autres insistaient sur les attentes de l’opinion publique. « Comment voulez-vous que j’aille expliquer ma décision devant mon Parlement ? », répliquait le ministre slovaque, l’un des pays les plus hostiles à l’accueil de Syriens, hormis quelques dizaines de chrétiens éventuellement.« Les uns et les autres ont passé trois heures à échanger des déclarations sur l’urgence de la situation et la nécessité de faire preuve de responsabilité. Au final, on n’a même pas évoqué la proposition de la Commission de relocaliser de manière permanente les réfugiés. Les pays ont bloqué sur le chiffre de 120  000, c’est tout », raconte une source européenne. «  Nous sommes déçus mais il est impossible de forcer des pays à accepter des demandeurs d’asile s’ils n’en veulent pas  », résumait une source de la Commission.Lire aussi :La Hongrie a fermé sa frontière aux migrantsProchain conseil le 8 octobreUn nouveau conseil ministériel aura lieu au plus tard le 8 octobre mais le pronostic est pessimiste : si un vote est organisé, comme l’autorisent les traités, à la majorité qualifié à cette occasion, il ne fera que confirmer les profondes divisions du continent. Et si les chefs d’Etat et de gouvernement, réunis en sommet, devaient s’emparer du dossier – comme le réclame notamment la Hongrie –, l’échec serait entériné  : leurs décisions doivent être adoptées par consensus.La Commission, comme la France, l’Allemagne et la présidence luxembourgeoise estiment que le travail va toutefois pouvoir commencer, au plan technique, pour aboutir à la relocalisation de 120 000 réfugiés. Avec la fixation d’une clé de répartition et l’examen des compensations financières à acquitter par un Etat qui refuserait son « quota ».La France et l’Allemagne ont presque tout tenté, lundi. Y compris les pressions sur leurs partenaires par médias interposés. A l’heure des journaux télévisés, MM. Cazeneuve et de Maizière ont détaillé devant la presse ce qui était, selon eux, « l’accord politique » conclu sur l’accueil des 120 000 réfugiés. En réalité, les pays d’Europe centrale et orientale restaient toujours opposés et l’ont fait savoir, ce qui a déclenché de fortes tensions, M. Cazeneuve les exhortant, en vain, d’être « à la hauteur de la situation ».Paris et Berlin avaient, dans la journée, tenté de les ­convaincre avec un texte « renforcé » insistant sur le contrôle strict des frontières, l’enregistrement rapide des demandes d’asile et une politique de retour plus efficace pour les migrants irréguliers. Ces points se retrouvent dans les conclusions du conseil mais n’ont pas suffi à emporter la décision des pays du « groupe de Visegrad » (République tchèque, Hongrie, Slovaquie, Pologne) et leurs alliés de circonstance, Roumanie et Lettonie.Lire aussi :L’Allemagne bouscule les règles de l’espace SchengenDes « hot spots » pour l’accueil en Italie et en GrèceLes « hot spots », structures chargées d’enregistrer et identifier les demandeurs d’asile, devraient être mis en place rapidement en Italie et en Grèce. Ils devraient distinguer plus rapidement les demandeurs d’asile des migrants « économiques  ». Les moyens de l’agence de surveillance Frontex devraient être augmentés pour assurer des retours accélérés des déboutés du droit d’asile. La répartition de quelque 40 000 réfugiés présents en Italie et en Grèce a, elle, été enfin avalisée (la décision avait été prise fin juin). Les ministres ont évoqué une aide financière accrue aux pays voisins de la Syrie.Dans les prochaines semaines, les Européens sont également censés plancher sur une liste des «  pays sûrs  », ce qui permettrait de renvoyer plus rapidement certains demandeurs d’asile et de ­désengorger les administrations nationales. Une autre question polémique avec, au cœur des discussions, la définition à donner de la Turquie.Enfin, la décision prise par l’Allemagne – rapidement imitée par d’autres pays – de rétablir des ­contrôles aux frontières a mis sur la table la question de l’avenir de la zone sans passeport de Schengen. Lundi, tout le monde voulait éviter le débat de fond, en parlant d’une «  décision temporaire  » et d’un retour rapide à la normale. «  Si nous échouons sur la question des réfugiés, ce sera l’éclatement de Schengen  », prophétisait toutefois une source diplomatique française.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Pour la troisième matinée consécutive, des affrontements ont eu lieu, mardi 15 septembre, sur l’esplanade des Mosquées (appelé « mont du Temple » par les juifs) à Jérusalem-Est entre Palestiniens et soldats israéliens.Quelques dizaines de jeunes s’étaient retranchés dès l’aube dans la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, pour empêcher la venue sur l’esplanade de groupes de visiteurs juifs. Ces visites ont lieu chaque année à l’occasion du Nouvel An juif, qui a débuté dimanche soir et s’achèvera mardi soir.Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes, essuyant des jets de pierre de la part de jeunes hommes masqués, dont beaucoup avaient passé la nuit dans la mosquée. Ils ont tenté d’empêcher la fermeture des portes du bâtiment, où ils avaient disposé des projectiles. De façon instantanée des vidéos tournées à l’intérieur de l’enceinte étaient diffusées sur les réseaux sociaux pour dénoncer la nouvelle « attaque » israélienne.Pour les Palestiniens, les visiteurs juifs commettent un sacrilège en priant sur l’esplanade. Ils estiment qu’Israël veut prendre le contrôle du lieu saint, vénéré dans les deux confessions. Pour les juifs, c’est là que se trouvait le second temple, détruit par les Romains. Les extrémistes religieux israéliens souhaitent non seulement obtenir le droit d’y prier, mais rêvent ouvertement de l’édification d’un nouveau temple, en lieu et place de la mosquée Al-Aqsa.« Maintenir le statu quo »Selon le statu quo en vigueur depuis des décennies, les juifs comme les touristes peuvent se rendre sur l’esplanade à certaines heures et certains jours précis. « Israël agira par tous les moyens pour maintenir le statu quo et l’ordre sur le mont du Temple », a assuré Benyamin Nétanyahou dans un communiqué. Mais les autorités palestiniennes et les pays arabes, toujours très sensibles quant au sort de la mosquée Al-Aqsa, ne semblent pas convaincus.Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence, a exhorté « le monde arabe et musulman, ainsi que la communauté internationale, à s’atteler immédiatement à faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses tentatives perpétuelles de “judaïser” la mosquée Al-Aqsa ». La Jordanie a vivement réagi, comme à l’accoutumée lorsque des incidents se produisent sur l’esplanade, dont elle assure la gestion à travers l’organisme appelé Waqf. Le roi Abdallah II a averti :« Toute nouvelle provocation à Jérusalem affectera la relation entre la Jordanie et Israël, et la Jordanie n’aura d’autre choix, malheureusement, que d’agir. »Pour l’Egypte, « il s’agit d’une escalade inacceptable visant les lieux saints de l’islam en territoire palestinien ». Enfin, mardi, le ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, Adel Al-Joubeir, a accusé « l’ennemi sioniste » d’essayer de « saisir » la mosquée Al-Aqsa.Du côté de Bruxelles, l’Union européenne (UE) a mis en garde mardi contre toute « provocation » et a réitéré son appel au miantien du statu quo sur le site. Pour une porte-parole de la Commission européenne, « l’escalade de la violence [sur le site] (…) constitue une incitation à la haine ».« Guerre contre les lanceurs de pierre »A l’approche des fêtes du Nouvel An juif – Roch Hachana –, les autorités avaient décidé de montrer leur détermination pour empêcher les incidents habituels sur l’esplanade. Le 9 septembre, Moshe Yaalon, le ministre de la défense d’Israël, a déclaré « illégal » le mouvement des mourabitoun – « sentinelles », en arabe –, un groupe de musulmans qui prétend défendre le lieu saint. « Ils mènent des actions dangereuses pour les touristes, les visiteurs et les pèlerins, ce qui mène à la violence », a expliqué le ministre.Benyamin Nétanyahou a annoncé, pendant Roch Hachana, qu’il présiderait mardi soir une réunion du conseil de sécurité consacrée à la « guerre contre les lanceurs de pierre ». Un homme de 64 ans est mort après avoir perdu dimanche le contrôle de son véhicule à Jérusalem.Selon la police, il aurait été visé par des jets. Le premier ministre a l’intention d’accélérer l’examen d’un projet de loi fixant des peines planchers pour ce délit. Le 21 juillet, la Knesset avait voté un texte portant à vingt ans la peine maximale prévue. Le président de la commission parlementaire pour la Constitution, la loi et la justice, Nissan Slomiansky, avait justifié cette sévérité, soutenue par plusieurs figures de l’opposition, par une référence à David terrassant Goliath : « Une pierre peut tuer. »Lire aussi :Nouvelles violences sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-EstPiotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nathalie Guibert Le gouvernement soumet, mardi 15 septembre, au Parlement une déclaration suivie d’un débat sur l’engagement des forces aériennes françaises en Syrie. Ce qui ne devrait pas susciter de difficultés politiques majeures. Mais des interrogations demeurent sur la pertinence du changement de cap qui a conduit le président François Hollande, le 7 septembre, à étendre l’intervention militaire française contre l’Etat islamique (EI). Jusque-là, l’opération « Chammal » restait cantonnée à l’Irak : on pensait à Paris que frapper l’EI en Syrie conforterait de facto le président Bachar Al-Assad.« Nous ne pouvons plus nous permettre que la Syrie, principal repaire de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique], demeure un angle mort de notre action », a déclaré le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, lundi 14 septembre à Strasbourg, lors de l’université d’été de la défense.Depuis une semaine, des missions de reconnaissance ont été confiées aux Rafale basés à Abou Dhabi. Elles pourront être prochainement suivies de frappes ciblées contre l’EI. Mais ces frappes ne changeront pas la donne sur le terrain syrien en proie au chaos, conviennent tous les experts. Car pour l’heure, le cadre fixé aux militaires est étroit : il s’agit d’être prêt à engager une riposte si, demain, un attentat visant le sol français est ordonné et préparé depuis les bastions de l’EI en Syrie. Les services de renseignement ont acquis la preuve que des jeunes y sont formés, lors de véritables stages, à la préparation d’actions terroristes contre la France.Récolter du renseignementDécidé après l’attaque ratée du Thalys en août, l’engagement français a un objectif politique national avant d’être militaire : démontrer aux Français que tout est fait dans la lutte contre la menace terroriste. Paris affirme que la résolution de la crise syrienne relève d’abord d’efforts politiques et diplomatiques.Huit cents militaires et six avions de chasse, sans moyens nouveaux, sont mobilisés contre « l’armée terroriste », Daech, et « sa dynamique funeste », selon les mots de M. Le Drian. En Syrie, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada étaient à ce jour les seuls pays occidentaux engagés dans des frappes contre l’Etat islamique. Les pays sunnites du Golfe et de la région, qui participaient aux opérations aériennes, ne bombardent plus depuis la mi-août ; ils ont déplacé tous leurs moyens au Yémen, assurent les sources militaires.L’armée française va d’abord récolter du renseignement, dont elle ne dispose pas aujourd’hui sur l’Etat islamique en Syrie, et qu’elle pourra échanger avec son homologue américaine. Ensuite, les frappes viseront des camps de l’EI, sur la base de « dossiers d’objectifs » préparés, et non les mouvements du groupe armé au gré de ses offensives.Donnée importante : il ne s’agit pas de frapper le Front Al-Nosra, lié à Al-Qaida. En outre, les experts assurent que les forces de Bachar Al-Assad ne sont pas une menace là où la France intervient. « Elles ne sont plus présentes à l’est, y compris à Rakka, et les avions de Bachar n’effectuent même plus de vols d’entraînement, résume une source informée. Nos Rafale n’ont trouvé aucune défense sol-air active. Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.09.2015 à 18h52 Un double attentat à la voiture piégée revendiqué par l’Etat islamique (EI) à Hassetché, une ville du nord-est de la Syrie, a fait au moins vingt-six morts et quatre-vingts blessés lundi 14 septembre, a fait savoir l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).Selon l’ONG, les explosions ont causé la mort de treize civils, dont deux enfants, six membres des services de sécurité kurdes et sept combattants d’une milice pro-régime. L’EI a déjà visé à plusieurs reprises Hassetché et la province du même nom, dont le contrôle est partagé entre les milices kurdes et les forces loyales au président Bachar Al-Assad.L’OSDH a précisé qu’une voiture piégée a explosé à un point de contrôle kurde dans le quartier Khashman, tuant dix civils et six combattants kurdes. La seconde attaque, dans le quartier Al-Mahata, visait apparemment un quartier général des Forces de la défense nationale (pro-régime) et a coûté la vie à sept membres de cette unité ainsi qu’à trois civils.Les médias officiels syriens ont confirmé ces attentats en faisant état de bilans provisoires de dix-huit ou vingt morts.L’EI chasséL’EI, qui contrôle toujours une grande partie des territoires environnants, de part et d’autre de la frontière syro-irakienne, était entré en juin dans Hassetché, prenant plusieurs quartiers de la ville, mais en a été chassé un mois plus tard à l’issue de combats impliquant les troupes du régime et les combattants kurdes.Au total, plus de deux cent quarante mille personnes sont mortes et des millions d’autres ont fui leur foyer depuis le début du conflit, en mars 2011, qui a été déclenché par la répression de manifestations antigouvernementales pacifiques, lesquelles ont dégénéré en révolte armée puis en guerre civile. 14.09.2015 à 17h38 • Mis à jour le14.09.2015 à 19h11 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La réunion du conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur, lundi 14 septembre à Bruxelles, a été précédée d’une tentative de conciliation pilotée par la France et l’Allemagne. Les ministres Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière ont débattu pendant plus d’une heure avec leurs homologues italien, grec et hongrois, ainsi qu’avec la présidence luxembourgeoise de l’Union et la Commission européenne.Il s’agissait de négocier une sortie de crise, une série de pays (Hongrie, Slovaquie, République tchèque, Roumanie) refusant d’accepter un plan de répartition de 120 000 réfugiés élaboré par Bruxelles avec le soutien de l’Allemagne et de la France. Ce projet comporte une série d’autres dispositions, dont la création de centres d’enregistrement et de tri des demandeurs d’asile dans les pays où ils arrivent (les « hot spots »), la mise au point d’une liste de « pays sûrs » et l’instauration éventuelle d’un mécanisme permanent de répartition des réfugiés. La Commission évoquait aussi un système, déjà très contesté, de pénalité financière pour les Etats qui refuseraient de participer à la répartition des réfugiés.Lire aussi :Accueil des réfugiés : face à « l’urgence », les divisions demeurentDes réunions des ambassadeurs auprès de l’Union, dimanche soir et lundi matin, n’avaient rien donné. Pas plus qu’une tentative de la présidence luxembourgeoise, avec à la clé un texte suffisamment vague pour n’inquiéter aucune délégation. Ou encore des coups de fils passés par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, aux dirigeants des quatre pays hostiles à un accord, ainsi qu’à ceux de la Lettonie. Lundi, les Européens se sont seulement mis d’accord sur l’accueil de 40 000 réfugiés, comme proposé au printemps par Bruxelles, loin des 120 000 désormais en discussion.Contrôles renforcésLa décision de l’Allemagne (rapidement imitée par la République tchèque, la Slovaquie et l’Autriche, sans doute bientôt par les Pays-Bas et la Belgique) de rétablir des contrôles à ses frontières rendait d’autant plus tendue l’ambiance de cette réunion extraordinaire. Officiellement, l’avenir de l’espace Schengen ne figurait toutefois pas au menu, déjà suffisamment dense, des discussions.Dans une déclaration commune, MM. Cazeneuve et Maizière ont voulu fixer leurs priorités avant la séance plénière. Ils ont insisté sur le fait qu’il ne pouvait y avoir de solution humanitaire « sans responsabilité ». « Le texte de la présidence luxembourgeoise est une bonne base, que nous voulons compléter pour éviter toute ambiguïté », a déclaré le ministre français.Paris et Berlin insistent sur la mise en place de contrôles renforcés aux frontières extérieures de l’Union et plaident pour l’efficacité des hot spots. Ceux-ci devraient distinguer rapidement réfugiés et migrants irréguliers et pourraient, selon certaines sources, se transformer en centres de rétention pour les clandestins en l’attente de leur renvoi.La France et l’Allemagne prônent aussi une aide urgente aux pays qui abritent de nombreux Syriens, dont la Turquie. Et ils insistent pour que tous les Etats de l’Union participent à la relocalisation à partir des hot spots. Avec l’espoir qu’un accord puisse, quand même, être conclu lundi soir, mêlant « la responsabilité et l’humanité ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Trente-six heures après avoir levé le couvre-feu établi sur la ville de Cizre, un fief du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) dans le sud-est du pays, les autorités turques l’ont réimposé « jusqu’à nouvel ordre », dimanche 13 septembre.Privés d’eau, d’électricité, de téléphone et de soins médicaux depuis le 4 septembre 2015, les habitants de Cizre ont profité d’un court répit pour se réapprovisionner et enterrer leurs morts, soit 21 personnes tuées lors des récents combats de rue avec l’armée, avant de se barricader à nouveau chez eux.Les combats entre l’armée et le PKK dans les régions du Sud-Est à majorité kurde ont repris de plus belle depuis la fin du mois de juillet, une fois rompus les pourparlers de paix entre Ankara et les rebelles kurdes.Depuis, il ne se passe pas un jour sans l’annonce d’un nouvel attentat du PKK contre les forces de l’ordre. Deux policiers ont péri lors d’une attaque à la voiture piégée survenue à Sirnak, dimanche 13 septembre. Le même jour, un autre policier a été tué à Silvan, non loin de Diyarbakir, lors d’une attaque à la roquette.Combats et tirs de roquettesSituée près des frontières irakienne et syrienne, la ville (120 000 habitants) est un bastion du Mouvement de la jeunesse patriotique révolutionnaire (YDG-H), un mouvement constitué de jeunes Kurdes du PKK, formés à la guérilla urbaine. Récemment, ces jeunes avaient creusé des tranchées dans certains quartiers de Cizre afin d’empêcher les soldats turcs d’y pénétrer.Avant l’imposition du couvre-feu, le 4 septembre, des affrontements violents avaient éclaté. Suite au blocus, plusieurs quartiers de la ville ont été réduits à l’état de ruine par les combats et les tirs de roquettes, donnant à la petite ville des allures « de Beyrouth », selon les rares témoins qui ont pu se faufiler en ville à la faveur de la levée du couvre-feu.La députée du Parti de la démocratie des peuples (HDP, prokurde, gauche) Sibel Yigitalp a ainsi diffusé les photographies de la dépouille d’une mère de famille de Cizre entourée de bouteilles d’eau glacée. Empêchées de transporter à la morgue ou au cimetière les corps de leurs proches tués dans les accrochages, les familles font l’impossible pour conserver les cadavres.Situation politique paradoxalePendant l’opération de nettoyage menée par les forces turques du 4 au 12 septembre, aucun journaliste n’a pu entrer dans Cizre. Une trentaine de députés du HDP, dont le coprésident du parti Selahattin Demirtas ont bien tenté de marcher vers la ville dès le 9 septembre. Ils ont du rebrousser chemin après avoir été stoppés par des cordons de police. Dans le groupe de marcheurs figuraient Ali Haydar Konca, ministre de l’intégration européenne, et Muslim Dogan, ministre du développement, inclus dans le gouvernement intérimaire nommé récemment afin de mener le pays vers de nouvelles élections législatives, prévues pour le 1er novembre.La situation est on ne peut plus paradoxale. Seul parti d’opposition ayant accepté de participer au gouvernement intérimaire dominé par les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir depuis 2002), le HDP détient deux portefeuilles mais il est régulièrement vilipendé par le président turc Recep Tayyip Erdogan pour sa collusion avec le PKK, tandis que son coprésident Selahattin Demirtas est sous le coup d’une double accusation de « terrorisme » et d’« insulte » au chef de l’Etat.Tout récemment, une nouvelle organisation pro gouvernementale baptisée « foyer ottoman » s’est livrée à des attaques sur les bureaux du HDP et sur des commerces tenus par des Kurdes dans plusieurs villes de Turquie. A Istanbul, à Ankara, à Alanya et à Kirsehir, des hordes de nervis ont lancé des opérations punitives tout en brandissant des drapeaux turcs et en chantant des slogans favorables à Recep Tayyip Erdogan.Erdogan renforcé au sein de l’AKPLa semaine dernière, les bureaux du quotidien Hürriyet à Istanbul ont été caillassés à deux reprises par une foule hostile chantant « Dieu est grand » et « Vive le président Erdogan ». Sur les réseaux sociaux, des partisans de l’AKP avaient appelé à brûler les locaux du journal d’opposition « tout comme le Madimak », un hôtel incendié en 1993 par des islamistes radicaux à Sivas (Anatolie) où 35 intellectuels laïcs réunis pour réciter des poèmes perdirent la vie.La rédaction d’Hürriyet était accusée d’avoir déformé les propos de M. Erdogan, prompt à déclarer à la télévision que la situation serait différente si les législatives du 7 juin avaient donné à l’AKP 400 députés au lieu de 258. « Si un parti avait obtenu 400 sièges aux élections et atteint le nombre requis au Parlement pour changer la Constitution, la situation serait différente », avait déclaré M. Erdogan.A la tête du groupe qui a attaqué Hürriyet se trouvait Abdurrahim Boynukalin, député de l’AKP et chef de son mouvement de jeunesse. Une initiative payante puisqu’il a été élu membre du comité exécutif du parti lors du congrès annuel de l’AKP à Ankara samedi 12 septembre. Intitulé « L’amour comme au premier jour », le 5e congrès de l’AKP a vu l’emprise du président Recep Tayyip Erdogan se renforcer. La majorité des 50 membres du comité exécutif du parti sont des fidèles du chef de l’Etat, parmi lesquels son beau-fils Berat Albayrak ainsi que son avocat Hayati Yazici. Les « pères » historiques de l’AKP, à l’instar de l’ancien président Abdullah Gül, qui s’est fait porter pâle le 12 septembre, ou de l’ex-vice premier ministre Bülent Arinc, apparaissent totalement marginalisés. « Au moment de sa fondation, l’AKP était le parti du “nous”. Il est désormais le parti du “moi” », a déclaré M. Arinc à la presse une fois le congrès achevé.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante) Plusieurs pays d’Amérique latine ont annoncé, au cours des derniers jours, qu’ils étaient prêts à accueillir des milliers de migrants fuyant les conflits au Moyen-Orient. Pourtant, la greffe a parfois du mal à prendre. C’est le cas en Uruguay, où des réfugiés syriens demandent de pouvoir quitter ce petit pays de 3,3 millions d’habitants pour gagner l’Europe.Cinq familles de Syriens – soit 42 personnes, dont une trentaine d’enfants – arrivées en octobre 2014, manifestaient au cœur de Montevideo depuis le 7 septembre, face au palais présidentiel. Leur campement coloré a surpris les habitants de la capitale uruguayenne. Ces réfugiés, assis sur leurs valises, ont exprimé leur désir de quitter l’Uruguay, où ils disent ne pas parvenir à s’intégrer, en raison notamment du coût élevé de la vie. « Nous n’avons pas fui la guerre pour mourir ici dans la pauvreté », déclarait Maher Al-Dis, 36 ans. « Nous voulons vivre avec [notre] identité et [nos] valeurs », renchérissait Maraa Al-Chibli, 55 ans, père de 15 enfants. « Les Uruguayens sont gentils, nous n’avons pas de problèmes avec les gens ni avec le gouvernement, précisait Ibrahim Al-Mohamed, mais tout est très cher, et j’ai peur de l’avenir, car il n’y a aucune opportunité pour nous dans ce pays. »« Cultures différentes »Ils ont finalement levé leur campement le 10 septembre au soir. Le président uruguayen, Tabaré Vazquez, leur a proposé « de choisir en toute liberté le pays où ils souhaitaient aller », précisant que son gouvernement « parlerait avec les autorités des pays choisis pour voir s’ils voulaient bien les accueillir ». Une des familles syriennes a tenté récemment de quitter l’Uruguay pour aller en Serbie, mais a été retenue deux semaines en Turquie, pour des problèmes de visas, et a finalement été renvoyée à Montevideo. M. Vazquez a rejeté les accusations selon lesquelles son gouvernement n’avait pas respecté les promesses d’aide financière à l’égard des réfugiés.Fuyant la guerre en Syrie, ces derniers proviennent de camps de réfugiés du Liban. Ils s’expriment par l’intermédiaire d’un traducteur car leur espagnol reste balbutiant, mis à part les enfants et les adolescents qui ont vite appris la langue. En Uruguay, pays aux fortes racines européennes, la communauté arabe est très réduite, et il n’y a aucune mosquée. « C’est une intégration complexe, difficile, ce sont deux cultures différentes », a reconnu le ministre des affaires étrangères, Rodolfo Nin Novoa.La décision de l’ancien président de gauche José « Pepe » Mujica (2010-2015) d’accueillir ces réfugiés avait provoqué une vive polémique, divisant l’opinion publique. Les détracteurs rappelaient que l’économie uruguayenne n’échappe pas à la récession et au chômage.L’Uruguay a été le premier pays d’Amérique latine à implanter un programme d’accueil, incluant une aide pour trouver du travail et un logement et une allocation pendant deux ans. Un programme qui devrait coûter à l’Uruguay de 2 à 2,4 millions d’euros. Les Uruguayens se demandent désormais si le président Vazquez reviendra sur l’offre, faite par son prédécesseur, d’accueillir, d’ici à la fin de l’année, sept nouvelles familles syriennes.Lire aussi :L’impossible réadaptation des anciens de Guantanamo en UruguayChristine Legrand (Buenos Aires, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil (Mobile (Alabama), envoyé spécial) Airbus s’est décidé à défier Boeing sur son terrain. L’avionneur européen inaugure, lundi 14 septembre, sa première usine d’assemblage aux Etats-Unis. Edifiée sur près de 215 000 mètres carrés, le long de l’aéroport de Mobile (Alabama), la toute nouvelle usine devrait assembler quatre Airbus A320 par mois dès 2018.Pour cette inauguration, tout l’état-major d’Airbus a fait le déplacement outre-Atlantique. Tom Enders, président de Groupe Airbus, a lui aussi rallié Mobile pour ne pas laisser à Fabrice Brégier, président d’Airbus, le plaisir de couper seul le ruban de la nouvelle usine.Il faut dire que, pour le groupe européen, l’investissement est d’importance. Avant que le premier A320 sorte de la chaîne d’assemblage, au printemps 2016, ce ne sont pas moins de 600 millions d’euros que l’avionneur aura consacrés à son aventure américaine.L’attrait de faibles chargesLe choix de Mobile n’est pas le fruit du hasard. Airbus avait déjà retenu le site en 2009 lorsqu’il avait répondu, sans succès, à l’appel d’offres lancé par le Pentagone pour la fourniture d’avions ravitailleurs. Pour le groupe européen, les atouts de l’Alabama sont nombreux. Cet Etat du sud des Etats-Unis est un site historique de l’aéronautique outre-Atlantique. On y construisait déjà des bombardiers pendant la seconde guerre mondiale. Outre ce savoir-faire, la ville possède aussi un port capable de réceptionner les tronçons d’avions venus de Hambourg (Allemagne) par bateau.Mais plus que les infrastructures, c’est la faiblesse des charges qui a emporté la décision. En Alabama, elles sont inférieures de 30 % à celles pratiquées en France ou en Allemagne. A lui seul, indique Airbus, « ce différentiel permet d’absorber le surcoût lié au transport depuis Hambourg ». Enfin, avec son implantation américaine, Airbus a toujours clamé qu’il voulait aussi profiter de « l’effet dollar ».En plus des bas salaires, c’est le drapeau américain qui a séduit Airbus. « Si nous n’avions cherché que des bas coûts salariaux, nous aurions installé l’usine au Mexique », a indiqué Fabrice Brégier. Maintenant qu’Airbus est implanté en Alabama, « cela signifie que nous sommes vraiment un constructeur américain », a reconnu le patron de l’avionneur européen. Un argument de poids pour s’imposer outre-Atlantique auprès des compagnies locales.Un marché local en forte progressionAvec l’Asie, le marché américain est un autre eldorado pour les groupes aéronautiques. Selon les prévisions, les compagnies locales, qui ont commencé de renouveler leur flotte vieillissante, auront besoin de 5 880 avions dont 4 730 appareils monocouloirs comme les A320 d’Airbus ou le 737 de Boeing, dans les vingt ans à venir. Un pactole évalué à 754 milliards de dollars (663 milliards d’euros) dont plus de 470 milliards de dollars pour les seuls A320 et Boeing 737.Airbus veut sa part de cette future manne. Et pourquoi pas la plus grosse. Pour l’heure, aux Etats-Unis, Boeing reste leader. Mais son rival se rapproche. Alors que l’avionneur européen ne détenait que 19 % de parts de marché outre-Atlantique, il y capte depuis deux ans 40 % des nouvelles commandes. L’objectif est d’atteindre 50 %, plus très loin des 54 % de parts de marché que détient Airbus sur le marché des monocouloirs dans le monde avec 11 452 appareils en commande ou déjà livrés.Le groupe européen dispose des armes pour y parvenir. Quinze compagnies américaines sont déjà ses clientes, notamment Delta Airlines et United Airlines. Le premier avion qui sortira des chaînes de Mobile est destiné à JetBlue, une importante compagnie low cost, et le deuxième à American Airlines.Participer à la montée en cadence de la production d’A320Autour de son usine américaine, Airbus veut recréer le même écosystème que celui qu’il a développé depuis sept ans en Chine à Tianjin, dans la grande banlieue de Pékin. Déjà, des équipementiers de premiers rang songent à s’installer à Mobile pour créer le « hub aéronautique » souhaité par l’avionneur européen. Le motoriste Safran devrait y installer sa filiale Messier-Bugatti-Dowty, qui produit des trains d’atterrissage et des systèmes de freinage.Selon Airbus, l’usine américaine ne pèsera pas sur l’emploi des sites du groupe en France et en Allemagne. Lancée avec 250 salariés, pour la plupart formés à Hambourg, elle devrait en compter un millier d’ici trois ans. De même, avec seulement quatre avions produits chaque mois en Alabama, Mobile ne pourra, à lui seul, alimenter le marché américain.En revanche, la nouvelle usine participera à la montée en cadence de la production d’A320. Selon le rythme impulsé par Airbus, 46 A320 devront sortir des chaînes chaque mois au début de 2016. Une première étape avant les 50 appareils assemblés mensuellement dès 2017. « Nous avons besoin de Mobile pour atteindre cette cadence de façon stable », a précisé M. Brégier.Pour aller au-delà et parvenir à un rythme mensuel de 60 avions, Airbus réfléchit à se doter d’une nouvelle ligne d’assemblage. Si la décision est prise, c’est à Hambourg qu’elle sera installée. Dans deux ans, vingt-cinq A320 sortiront chaque mois de l’usine allemande, contre quatre à Tianjin puis à Mobile et seulement dix-sept à Toulouse.Guy Dutheil (Mobile (Alabama), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Après les cris de victoire et les libations, le chaudron de Westminster. Jeremy Corbyn n’a guère eu le temps de savourer son élection triomphale, samedi 12 septembre, à la tête du Parti travailliste, avec 59,5 % des 422 000 adhérents et sympathisants du Labour. La consécration de ce député marginal, à l’origine simple candidat de témoignage de l’aile gauche du parti soutenu seulement par une quinzaine de députés (sur 232), constitue un séisme pour la vie politique britannique, à commencer par le Labour lui-même.La première tâche du nouveau patron du Parti travailliste consistait à former son cabinet fantôme, réplique du gouvernement en place capable de riposter sur tous les sujets. Jeremy Corbyn y est parvenu dans la soirée de dimanche, en dépit de l’hostilité de nombreux responsables du parti envers son opposition à la dissuasion nucléaire et à l’OTAN et ses prises de position en faveur des augmentations d’impôts et des renationalisations.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Alors que sept membres du cabinet fantôme sortant avaient rendu leur tablier, M. Corbyn a réussi à y inclure des personnalités centristes. Il a nommé à l’intérieur son concurrent malheureux, Andy Burnham, tout en réservant le poste clé des finances à John McDonnell, chef du Socialist Campaign Group, la minuscule aile gauche du Labour.Certains élus craignent pour leur réélection si la ligne radicale Corbyn n’est pas infléchie et la presse conservatrice spécule sur les tentations de putsch. « Corbyn déclenche la guerre civile au Labour », titrait dimanche le Sunday Times. « Le risque de coup d’Etat est zéro », a rétorqué à la BBC Tom Watson, le numéro deux du parti élu également samedi, aux positions plus modérées. Même si M. Corbyn dispose de peu de soutiens chez les élus Labour, son score sans appel assoit sa légitimité.Mais M. Watson, un ancien proche de Gordon Brown, n’a pas caché son désaccord total avec son coéquipier sur des points essentiels, comme l’arme nucléaire et l’adhésion à l’OTAN, appelant à « un débat dans le parti ». Alors que M. Corbyn n’exclut pas de faire campagne pour sortir de l’Union européenne en cas de référendum, son adjoint s’est déclaré certain que le Labour appellerait à voter pour que le Royaume-Uni y demeure. « J’espère, a-t-il déclaré, que nous pourrons convaincre les sceptiques à l’intérieur du parti. »Calendrier parlementaire serréAvant même de s’affirmer comme le chef de l’opposition à David Cameron, Jeremy Corbyn doit affronter l’hostilité affichée des artisans du New Labour de Tony Blair dont son élection sonne le glas. Parmi eux, l’ancien ministre Peter Mandelson l’accuse d’incarner « le retour au gauchisme du début des années 1980 », qui avait débouché sur l’ère Thatcher. « Pour gagner, ajoute-t-il dans le Sunday Times, un parti doit défendre des politiques que les gens considèrent comme pertinentes et réalisables », agitant le spectre, pour le Labour, de « disparaître silencieusement dans l’Histoire. »M. Corbyn dispose de peu de temps pour mettre en ordre de bataille le parti et affiner sa ligne, tant le calendrier parlementaire qui l’attend est serré.Dès lundi 14 septembre, le débat à Westminster sur le projet de loi destiné à limiter le droit de grève et à affaiblir les syndicats, le placera sur l’un de ses terrains de prédilection. Les syndicats, qui ont soutenu et financé sa campagne, auront en lui un porte-parole fidèle. Les députés Labour les plus modérés y étant hostiles, le texte ne devrait pas mettre à l’épreuve l’unité du parti. M. Corbyn et sa rhétorique radicale seront encore scrutés mercredi, jour de la séance télévisée des questions au premier ministre, rituelle passe d’armes entre le chef du gouvernement et celui de l’opposition. La réponse que fera cet antimonarchiste à une invitation de la reine sera également très attendue.Opposition de principe à la guerreLe moment de vérité pourrait venir dès octobre, si, comme c’est probable, David Cameron demande au Parlement d’autoriser des frappes aériennes en Syrie, approbation que les députés, notamment travaillistes, lui avaient refusée en 2013. « Je ne suis pas convaincu que des frappes aériennes en Syrie ne feraient rien de bon à part tuer de nombreux civils », a déclaré M. Corbyn pendant sa campagne. Son opposition de principe à la guerre pourrait diviser le Labour au moment où les conservateurs répètent qu’il constitue « une menace pour la sécurité du pays ».Mais, pour le nouveau leader travailliste que les tabloïds situent subtilement entre Lénine et Che Guevara, l’énorme défi viendra en 2016, lorsque le Parlement sera appelé à voter le renouvellement des crédits de l’arsenal atomique « Trident ». Une force de dissuasion nucléaire à laquelle le Labour souscrit sans ambiguïté, mais contre laquelle Jeremy Corbyn longtemps chef de la campagne « Stop the war », milite depuis toujours.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Après deux semaines d’euphorie durant lesquelles plusieurs dizaines de milliers de réfugiés ont été accueillis à bras ouverts, l’Allemagne prend soudainement peur. A ce rythme, ce ne sont plus 800 000 demandeurs d’asile qu’elle va devoir accueillir cette année, mais bien davantage.Berlin se trouve en effet pris en étau entre des réfugiés qui ne souhaitent pas se rendre dans un autre pays de l’Union européenne (UE) et des pays qui, de toute façon, ne veulent pas les recevoir. Une situation politiquement et logistiquement intenable. Dimanche 13 septembre, à l’issue d’une concertation avec Mme Merkel, mais aussi avec les principaux ministres sociaux-démocrates, Thomas de Maizière, le ministre (CDU) de l’intérieur, a donc annoncé le rétablissement de contrôles d’identité à la frontière avec l’Autriche, sans exclure que la mesure soit étendue à d’autres secteurs.Même si, juridiquement, les accords de Schengen sont respectés, la libre circulation à l’intérieur de cet espace est bel et bien remise en question. Seuls désormais seront admis en Allemagne ceux qui ont des papiers en règle. Mais qu’en sera-t-il, par exemple, des Syriens ou des Afghans ? Le ministre n’a pas été explicite. « Le but de cette mesure est de limiter l’afflux actuel vers l’Allemagne et de retrouver une procédure organisée des entrées », a-t-il reconnu. Une façon élégante de dire que le pays ne contrôlait plus grand-chose.Pression sur les pays d’accueilCe week-end, à la gare de Munich, où ont été accueillis plus de 13 000 réfugiés samedi et plusieurs milliers dimanche, la situation était très tendue. Prise également sous la pression de la CSU bavaroise et d’élus chrétiens-démocrates inquiets du chaos qui commence à s’instaurer dans certaines villes allemandes, la mesure annoncée dimanche est un message aux Européens.« L’Etat membre qui est responsable non seulement enregistre le demandeur d’asile, mais instruit également la procédure d’asile », a déclaré M. de Maizière. « Selon le droit européen en vigueur, l’Allemagne n’est pas responsable pour la plus grande partie de ceux qui demandent protection », a-t-il rappelé, en une menace voilée. Selon les accords de Dublin, ce sont en effet les pays par lesquels les réfugiés entrent dans l’UE qui sont responsables de ceux-ci.Mais l’Allemagne se heurte à une seconde difficulté : son image est tellement positive parmi les demandeurs d’asile – on y est bien accueilli, les prestations sociales sont élevées et il y a du travail pour tous – que les réfugiés ont rarement envie d’aller ailleurs. « Les demandeurs d’asile doivent aussi accepter qu’ils ne peuvent pas choisir le pays européen auquel ils demandent protection. Cela vaudra aussi quand il y aura un système européen de répartition », a précisé le ministre.Prise à la veille de la réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur, lundi 14 septembre, à Bruxelles, la décision allemande accroît la pression sur les premiers pays d’accueil des réfugiés (Grèce, Hongrie, Italie…), souvent accusés, à des degrés divers, de ne pas remplir leurs obligations en matière de contrôle et d’enregistrement des migrants. La situation reste tendue en Grèce, où un naufrage a fait 34 morts. La France a lancé, dimanche soir, un « rappel scrupuleux » au respect de ces règles et s’exprimera d’une seule voix avec l’Allemagne, a indiqué le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve.Lire aussi :La Hongrie renforce son arsenal juridique contre les réfugiésMême si Berlin a indiqué à de nombreuses reprises sa volonté de défendre les principes de l’espace sans passeport, sa décision – imitée par la République tchèque et la Slovaquie – renforce la position des partisans d’un rétablissement des contrôles aux frontières intérieures, voire d’un démantèlement de l’espace « de liberté, de sécurité et de justice » qu’incarne Schengen. Viktor Orban, le premier ministre hongrois, s’en est d’ailleurs félicité. Rétablir des contrôles est prévu par Schengen en cas d’événements exceptionnels, de « menaces graves » pour la sécurité, et de « défaillances graves aux frontières extérieures », susceptibles de remettre en cause l’équilibre global du système. Urgent plan de répartitionBerlin ne devrait guère avoir de difficultés à invoquer cette dernière condition, même si, en principe, la Commission européenne aurait dû préalablement donner son accord. Compte tenu de la situation, Bruxelles ne voulait pas, dimanche, ajouter à la division générale en insistant sur ses prérogatives…Lundi matin, le blocage semblait total, avant une nouvelle réunion des ambassadeurs des Vingt-Huit, censés dégager un compromis minimal sur un projet de conclusions. La Hongrie, la Slovaquie et la Roumanie continuaient de s’opposer à tout projet de répartition contraignante ou de mécanisme permanent pour la relocalisation des réfugiés.Issu d’une convention de 1985, institutionnalisé en 1997 et en vigueur depuis 2004, « Schengen » – du nom de la petite ville luxembourgeoise où fut signée la convention il y a trente ans – est une réalité tangible de la construction européenne pour quelque 400 millions de citoyens. D’où la crainte de la Commission que les événements actuels n’aboutissent à une remise en question plus générale de ses principes.Dimanche, Bruxelles s’est donc empressée de souligner, avec un évident embarras, que la décision allemande était sans doute compréhensible et compatible avec les règles de Schengen, mais qu’elle soulignait surtout « l’urgence » d’un plan de répartition européen des réfugiés. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a proposé une répartition de 120 000 personnes arrivées en Grèce, en Italie et en Hongrie. M. Juncker, qui défend bec et ongles l’approche « communautaire » du problème, va devoir faire preuve de beaucoup de force de conviction pour résister à la nouvelle vague de contestation de certaines capitales, à l’heure où la méfiance et les divisions de l’Europe remplacent les piliers de Schengen : la confiance et la solidarité.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.09.2015 à 03h16 • Mis à jour le14.09.2015 à 16h23 L’Allemagne, débordée par un afflux de réfugiés, a décidé de réintroduire « provisoirement » des contrôles à sa frontière avec l’Autriche. Berlin, qui attend près de 800 000 demandeurs d’asile en 2015, dit être arrivé aux limites de ses capacités d’accueil.L’épineuse question des quotas abordée à BruxellesSelon la Commission européenne, cette décision de l’Allemagne est la preuve qu’il est plus que jamais « urgent » pour les vingt-huit pays membres de l’Union européenne (UE) de se mettre d’accord sur un mécanisme de répartition des réfugiés.Prise à la veille de la réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur, qui se tient lundi 14 septembre à Bruxelles, la décision allemande accroît la pression sur les premiers pays d’accueil des réfugiés (Grèce, Hongrie, Italie…), souvent accusés, à des degrés divers, de ne pas remplir leurs obligations en matière de contrôle et d’enregistrement des migrants. Sera également examinée la proposition de la Commission de répartir de manière contraignante les 160 000 demandeurs d’asile, sur les 500 000 personnes entrées sur le sol européen en 2015.Cette répartition place l’Allemagne en première place (26,2 %, avec 31 443 réfugiés), suivie de la France (20 %, 24 031) et de l’Espagne (12,4 %, 14 931), mais plusieurs pays d’Europe de l’Est rejettent fermement cette idée.La Slovaquie et la République tchèque ont déjà averti qu’elles mettraient leur veto à la mise en place de quotas obligatoires de réfugiés. La Grande-Bretagne, qui s’est engagée à en accueillir 20 000 en cinq ans, ne veut pas non plus entendre parler de quotas. #container_14416117412{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416117412{ height:500px; } #container_14416117412 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416117412 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416117412 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14416117412 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Migrants : les quotas proposés par la Commission européenneNombre de réfugiés à accueillir, en valeur absolue et rapporté au nombre d’habitants.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Une version confirmée par l’Autriche, qui a déclaré n’avoir eu « connaissance d’aucun cas de personne refoulée d’Allemagne » depuis l’introduction des contrôles par Berlin.Après avoir remis en question, au moins temporairement, la libre circulation dans l’espace Schengen, Berlin entend en revenir à une stricte application des règles européennes : les demandes d’asile doivent être déposées dans le premier pays d’entrée dans l’UE.Le gouvernement allemand a également exhorté les autres pays membres de l’UE à faire preuve d’un peu plus de solidarité. « L’inaction européenne dans la crise des réfugiés » a conduit l’Allemagne « aux limites de ses capacités », a déclaré Sigmar Gabriel, le vice-chancelier, au quotidien allemand Tagesspiegel.L’Allemagne, économie la plus riche d’Europe, est l’une des destinations les plus prisées des migrants, qui, de Grèce, traversent les Balkans puis la Hongrie et l’Autriche pour rejoindre son territoire. M. Gabriel a estimé dans une lettre aux membres de son parti, le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), que le pays allait sans doute accueillir au total un million de réfugiés cette année, plutôt que les 800 000 des prévisions du ministère de l’intérieur, qui maintient ce chiffre.Lire nos explications :L’Allemagne bouscule les règles de l’espace SchengenLa France, comme l’Allemagne, veut que « l’Europe puisse faire respecter ses frontières »Confirmant que l’Allemagne et la France parleraient d’une même voix, François Hollande a annoncé que les deux pays seraient « extrêmement pressants » pour la mise en place de centres de contrôle aux lisières de l’UE, afin que « l’Europe puisse faire respecter ses frontières » :« C’est la condition pour que les réfugiés puissent être accueillis dignement et de manière maîtrisée. (…) Concrètement, cela veut dire des centres d’enregistrement en Grèce, en Italie, en Hongrie, pour éviter ce qui se produit aujourd’hui. »Consulter notre carte sur les positions des pays européens 19.09.2015 à 13h42 • Mis à jour le19.09.2015 à 13h59 Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, va partir, samedi 19 septembre, de Vienne pour se rendre à Téhéran afin d’y rencontrer des responsables iraniens et discuter des activités nucléaires de l’Iran. Les réunions avec « de hauts responsables iraniens » sont programmées pour dimanche, a précisé l’AIEA, et porteront sur « la clarification des questions en suspens passées et présentes concernant le programme nucléaire de l’Iran ».L’AIEA a demandé le 9 septembre à l’Iran de lever des « ambiguïtés » concernant ses activités nucléaires passées, dans le cadre d’un processus de vérification préalable à une levée des sanctions internationales frappant ce pays.Lire aussi :Nucléaire iranien : tout ce que vous devez savoir sur un accord historiqueL’agence onusienne et les grandes puissances cherchent à faire la lumière sur la « possible dimension militaire » du programme nucléaire iranien jusqu’en 2003 au moins. Téhéran a toujours nié les allégations en ce sens, affirmant que ces soupçons reposaient sur des documents trafiqués.Téhéran et les grandes puissances ont conclu le 14 juillet, à Vienne, un accord historique destiné à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien, en échange de cette levée des sanctions. Avant qu’elle ne puisse être mise en œuvre, l’AIEA doit toutefois rendre le 15 décembre un rapport destiné à lever toutes les zones d’ombre planant encore sur le dossier. 19.09.2015 à 11h06 • Mis à jour le19.09.2015 à 12h09 | Clément Martel (Beli Manastir, Croatie, envoyé spécial) Elle leur a tendu les bras pendant deux jours. Puis, submergée, la Croatie a voulu bloquer l’accès à son territoire aux nombreux migrants déroutés vers son sol à la suite de la fermeture de la frontière méridionale de la Hongrie. En vain. « Depuis que les points de passage avec la Serbie ont été coupés, toutes les heures, 200 nouveaux réfugiés arrivent à Tovarnik », expliquait, vendredi 18 septembre, Babar Baloch, porte-parole du Haut-Commissariat des Nation unies pour les réfugiés, le HCR. Beaucoup trop pour ce pays des Balkans qui estimait mercredi pouvoir accueillir 1 500 réfugiés par jour.Tovarnik, Aymen Ghalil y est passé. Comme l’immense majorité des migrants, ce Syrien de 27 ans a débouché dans ce village d’à peine 2 000 âmes après avoir franchi la frontière serbe à travers les champs de maïs. Parqué sur une route en plein soleil, il y a attendu une journée un train qui ne venait pas, avant de prendre place avec sa famille à bord d’un bus. Direction Zagreb, croyait-il, d’où ce mécanicien aéronautique comptait se rendre en Allemagne. Fausse route. Pour des raisons administratives, il a débarqué avec plusieurs milliers de ses compagnons à Beli Manastir, non loin de la frontière hongroise. Enervé par ce détour forcé, Aymen a tenté tout l’après-midi de convaincre des chauffeurs de taxi de l’emmener à Zagreb (à 300 kilomètres de là) et de déterminer les destinations des bus passant par ce coin reculé du pays. Car si la Croatie a pu lui sembler accueillante après les heurts violents à la frontière hongroise, elle avait tout de la terra incognita. Absent jusque-là de l’itinéraire migratoire, le pays n’est pas balisé comme les autres de la région par des groupes Facebook conseillant d’emprunter telle ou telle route.Au camp de #BeliManastir, dans le nord-ouest de la #Croatie, tout est prêt pour accueillir les #réfugie http://t.co/0O0aSTYfe8— martelclem (@Clément Martel)require(["twitter/widgets"]);A la différence de ses voisins hongrois et slovène, la Croatie ne fait pas partie de l’espace Schengen. Et, bien que membre à part entière de l’Union européenne depuis 2013, elle n’a pas à garantir – comme le traité l’exige – « la responsabilité du contrôle aux frontières de l’espace Schengen pour le compte des autres Etats de Schengen ». Une situation qui peut expliquer l’appel, mercredi, du premier ministre croate, Zoran Milanovic, à permettre le passage sans encombre des migrants sur son sol. Canalisé, le passage des réfugiés se fait sans encombre et ils deviennent rapidement le problème des pays en aval, sans que la Croatie n’ait à devenir l’un des centres d’accueil dont l’Europe veut se doter à ses frontières extérieures pour examiner les demandes d’asile (les hot spots). Mais deux éléments ont perturbé le plan croate, le manque de concertation et l’incroyable appel d’air créé par cette annonce. Pas plus que le premier ministre hongrois, Viktor Orban, n’a demandé à ses voisins la permission de fermer sa frontière avec la Serbie, la Croatie n’a coordonné ses efforts avec ses voisins au moment d’ouvrir ses portes. Et plus tard, lorsque Zagreb a rétropédalé après avoir recueilli en trois jours les 20 000 migrants que le pays pensait recevoir en deux semaines, M. Milanovic s’est mis à dos la Serbie et la Slovénie. La première ne voulant pas garder chez elle les réfugiés bloqués à la frontière croate, et la seconde refusant le rôle de domino suivant à être renversé par l’arrivée des migrants.Lire les derniers déroulements :Les migrants ballotés entre la Hongrie, la Croatie et la SlovénieIncroyable appel d’airPar ailleurs, si la Croatie ne s’est pas privée de critiquer la décision hongroise de barricader sa frontière face aux migrants, c’est par ce pays que les premiers migrants de la « via croatiana » ont quitté le pays. Vendredi soir, cinquante bus et un train ont franchi la frontière avec la Hongrie, dans le nord de la Croatie, les deux pays s’étant entendus pour laisser des « groupes de migrants vulnérables » poursuivre leur trajet vers l’Europe occidentale.Cet épisode a vidé Beli Manastir de ses réfugiés en un après-midi, mais pour peu de temps. Au cours de la nuit, une nouvelle vague de réfugiés est attendue dans la ville. Avant de passer, eux aussi, la frontière hongroise ? « Ce n’est pas un couloir » de migration, a proclamé la ministre croate des affaires étrangères, Vesna Pusic, mais une exception. Pour l’heure, la Croatie, itinéraire bis des migrants, reste un cul-de-sac.Clément Martel (Beli Manastir, Croatie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Chambraud Le pape François aime dire qu’il a vocation à bâtir des ponts là où s’élevaient des murs. C’est un pont aérien qu’il jettera entre Cuba et les Etats-Unis, mardi 22 septembre, lorsqu’il décollera de l’aéroport de Santiago de Cuba pour la base d’Andrews, près de Washington. Deux mois et demi après le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, jusqu’alors ennemis, ce trajet vaut autant qu’un discours.Il donne au voyage que le pontife argentin fera à Cuba (19 au 22 septembre) puis aux Etats-Unis (22 au 27 septembre), deux pays où Jorge Bergoglio se rend pour la première fois, une signification continentale. Il adresse aux Etats-Unis une exhortation : profiter du nouveau cours de sa politique envers Cuba pour « repenser leur responsabilité » à l’égard de l’ensemble de l’Amérique latine, selon une expression employée au Vatican, et pour développer la solidarité.C’est le coup de théâtre du 17 décembre 2014, lorsque les présidents américain, Barack Obama, et cubain, Raul Castro, avaient annoncé simultanément leur intention de renouer des relations, qui a conduit quelques mois plus tard le Vatican à faire précéder la visite de François aux Etats-Unis par une étape dans l’île. Les deux chefs d’Etat avaient remercié le chef de l’Eglise catholique de ses bons offices pendant les négociations.Le pape argentin avait en effet mis à profit sa parfaite connaissance de la situation régionale et les relations diplomatiques ininterrompues du Vatican avec l’Etat cubain depuis quatre-vingts ans pour jouer le rôle de facilitateur. Après Jean Paul II (1998), après Benoît XVI (2012), il sera le troisième pape en dix-sept ans à se rendre dans l’île. Mais le premier à pouvoir le faire dans un contexte d’optimisme.Lire aussi :Cuba, première étape symbolique du voyage du pape François en Amérique « Embrasser le peuple cubain »Le programme de la visite de deux jours et demi en atteste : le pape ne va pas à Cuba « pour susciter la controverse » avec les autorités. Il s’y rend d’abord, souligne-t-on au Vatican, dans un esprit pastoral, pour « embrasser le peuple cubain », pour célébrer en quelque sorte le début de la mise en œuvre du programme fixé en son temps par Jean Paul II. Lors de sa venue, le pape polonais avait appelé Cuba à « s’ouvrir au monde » et « le monde à s’ouvrir à Cuba ».En dehors de ses entretiens avec Raul Castro – qu’il a reçu en mai à Rome –, des messes qu’il célébrera à La Havane, Holguin et Santiago, des rencontres qu’il aura avec le clergé de l’île, des jeunes à La Havane et des familles à Santiago, ne figure à l’emploi du temps officiel de François aucune de ces rencontres auxquelles il attache tant de prix – et qui auront lieu aux Etats-Unis – avec des détenus, des sans-abri ou des déshérités. Ceux-ci sont pourtant innombrables dans ce pays à l’économie dévastée et où la misère se perçoit à chaque coin de rue.Il est encore moins prévu de contact avec des Dames en blanc, qui demandent la libération de leurs époux prisonniers politiques, ou encore avec des témoins des drames de l’exil. Il n’y a pas si longtemps, le détroit de Floride a servi de sépulture à des balseros, ces Cubains qui tentaient de gagner les Etats-Unis sur des embarcations dont toutes n’ont pas atteint leur destination.Pourtant, le thème des migrations figurera en bonne place dans la visite de François aux Etats-Unis. Il n’est cependant pas impossible que, comme il en est coutumier, le pape ajoute à cet agenda cubain une rencontre ou un geste imprévus qui témoignent de ces préoccupations. Un ajout en tout cas a été jugé « vraisemblable et prévisible » par Federico Lombardi, le porte-parole du Vatican, mardi 15 septembre, à savoir une rencontre entre le pape et Fidel Castro, l’ancien chef révolutionnaire qui avait été séduit par Jean Paul II.La prudence politique du programme pontifical à Cuba est le prolongement direct de la ligne suivie par l’Eglise cubaine depuis la révolution de 1959 : un dialogue discret avec le régime pour favoriser une libéralisation politique en douceur. Les papes successifs ont soutenu cette option. Ils ont condamné l’embargo économique imposé par les Etats-Unis. Benoît XVI l’avait qualifié d’« injuste et moralement inacceptable ». François ne devrait pas déroger à la tradition. Mais les encouragements en faveur de la mise en œuvre des libertés fondamentales pourraient être réservés à Raul Castro lors de leur entretien, dimanche après-midi. Le pape aura d’ailleurs sans doute plusieurs occasions de lui faire passer des messages : en sortant de sa rencontre avec François, à Rome, en mai, le président cubain avait déclaré qu’il se rendrait « à toutes les messes » qu’il célébrera dans l’île et que « si le pape continue à parler ainsi, un jour [il] recommencerai[t] à prier et retournerai[t] à l’Eglise catholique ». Lire aussi :Le cardinal Jaime Ortega, le chef controversé de l’Eglise cubaineL’Eglise cubaine comme force socialeL’Eglise locale a bénéficié de cette ligne de conduite dans la mesure où elle est demeurée la principale organisation non étatique tolérée, même si sa latitude d’action a connu des hauts et des bas. Bénéficiera-t-elle de la nouvelle configuration politique qui émergera peut-être de la fin de l’isolement de l’île ? Le pape argentin vient aussi pour épauler l’Eglise cubaine et la conforter comme force sociale avec laquelle le pouvoir devra compter.A La Havane, pendant la messe sur la place de la Révolution, cinq enfants recevront leur première communion des mains du pape, « signe d’espérance dans la croissance de l’Eglise », a précisé le père Lombardi.L’Eglise locale a bénéficié de cette ligne de conduite dans la mesure où elle est demeurée la principale organisation non étatique tolérée.Equateur, Bolivie et maintenant Cuba : en trois mois et deux voyages, le pape aura fait précéder son arrivée aux Etats-Unis par une visite chaleureuse à trois des pays du continent les plus éloignés politiquement et les plus critiques du géant nord-américain, et où sa propre vision des dégâts du système économique mondialisé trouve un écho tout particulier. Après avoir demandé un changement radical « de style de vie, de production et de consommation » dans l’encyclique Laudato si’ sur le climat, en juin, après avoir appelé à opposer « une résistance active au système idolâtrique qui exclut, dégrade et tue » et dénoncé « la tyrannie de l’idole argent », en juillet à Santa Cruz, en Bolivie, le pape s’emploiera ensuite, à partir de mardi, à convaincre les catholiques américains.Le voyage du pape à Cuba et aux Etats-UnisCubaLe pape François arrivera à La Havane samedi 19 septembre. Dimanche matin, il célébrera une messe sur la place de la Révolution, puis il s’entretiendra avec Raul Castro avant de rencontrer des jeunes au centre culturel catholique Felix Varela. Lundi, il se rendra à Holguin, avant de rejoindre Santiago, dans l’est de l’île, et son sanctuaire de la Vierge de la Charité du Cuivre.Etats-UnisLe pape s’entretiendra avec Barack Obama mercredi 23 septembre à la Maison Blanche avant de célébrer la messe de canonisation du franciscain Junipero Serra, évangélisateur de l’Ouest américain au XVIIIe siècle. Jeudi, François prononcera un discours devant le Congrès. Il rencontrera ensuite des sans-abris avant de s’envoler pour New York. Vendredi matin, il s’exprimera devant l’Assemblée générale des Nations unies puis participera à une rencontre interreligieuse au mémorial de Ground Zero. Dans l’après-midi, il rencontrera les enfants de familles immigrées dans une école catholique de Harlem et célébrera une messe au Madison square garden. Samedi et dimanche, il participera à la rencontre mondiale des familles, à Philadelphie, où il rendra aussi visite aux détenus de la prison Curran-Fromhold.Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Louis Imbert (avec Reuters) Le ministre de la défense américain a appelé son homologue russe, vendredi 18 septembre, pour évoquer la situation en Syrie, où la Russie a augmenté brutalement ces dernières semaines sa présence militaire en soutien au régime Assad, et où elle a dépêché récemment des chasseurs, selon les autorités américaines.Lire aussi :Poutine appelle à une alliance avec Assad contre l’Etat islamiqueWashington affirme que ce déploiement l’a poussé à reprendre ces discussions à haut niveau politique, qui avaient été rompues après l’invasion russe de la Crimée en mars 2014. Il s’agirait d’éviter toute interaction entre des avions russes et ceux de la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre l’organisation Etat islamique (EI), qui bombardent les djihadistes en Syrie. Une telle rencontre dans les airs risquerait de déclencher une escalade que ni l’un ni l’autre pays ne désire.Les avions américains évitent déjà dans cet espace aérien, depuis le début de leur intervention en septembre 2014, ceux de l’armée syrienne qui bombardent indistinctement cibles militaires et civiles, guidés par des opérateurs radars russes.Ces discussions au niveau ministériel reflétaient une rupture dans l’approche de l’administration Obama, qui semble avoir été prise de court par la montée en puissance russe. La semaine dernière, M. Obama condamnait encore une escalade russe « vouée à l’échec ».Voir : une carte des positions russes en Syrie par l’Institut for the study of war (en anglais)Une base russe majeure en développement à LattaquiéSelon les estimations des États-Unis, le déploiement russe en Syrie comprend, outre les chasseurs, des hélicoptères d’attaque Mil Mi-24 (Hind selon la classification de l’OTAN) et de transport de troupe Mi-8 (Hip), de l’artillerie ainsi que 500 hommes de l’infanterie de marine sur une base aérienne en développement rapide proche du port de Lattaquié, cœur du pays alaouite, la base démographique du régime Assad dont les rebelles s’approchent. Selon un responsable américain qui s’exprimait sous le sceau de l’anonymat, quatre chasseurs russes tactiques Soukhoï Su-27 ont été envoyés en Syrie. Un autre responsable américain a refusé de donner un chiffre mais a confirmé la présence de plusieurs avions.Ces discussions d’ordre militaire s’inscrivent dans un cadre diplomatique plus large, a signifié vendredi à Londres le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. « Le président pense qu’une conversation sur le plan militaire est un pas important (...), cela aidera à définir certaines de nos différentes options » a-t-il déclaré, en soulignant la nécessité de trouver un « terrain d’entente » avec la Russie afin de parvenir à un accord politique en Syrie et de mettre fin aux souffrances de la population.Le ministre de la défense américain a ainsi déclaré à son homologue russe, selon le Pentagone, que les futures consultations auraient lieu parallèlement avec « des discussions diplomatiques qui permettront une transition politique en Syrie ».Attentisme américain, agressivité russeLes Etats-Unis ont, au fil de cette guerre civile, mené une politique d’endiguement, soutenant des groupes d’opposition sans leur permettre de s’imposer, et condamnant le régime Assad tout en craignant les forces qui pourraient le remplacer.La Russie, allié qui se présente comme indéfectible du régime Assad, mène depuis la fin de l’été d’importants efforts diplomatiques pour rendre crédible son projet de coalition internationale contre l’EI, qui incluerait son allié syrien, en difficulté militaire depuis l’été. Dans le même temps, les chancelleries occidentales sondent Moscou pour savoir si la Russie serait prête à laisser s’engager un processus de transition politique en Syrie qui incluerait Bachar Al-Assad au départ et s’achèverait sans lui. Le président américain, Barack Obama, a longtemps soutenu que le départ de Bachar Al-Assad était un prérequis à toute négociation. Mais M. Kerry a récemment ouvert la possibilité, en une concession apparente à Moscou, que M. Assad reste au pouvoir à court terme.Le Kremlin n’a pour l’heure donné aucun signe public qu’il pourrait ainsi abandonner son allié, dont le régime héberge sa dernière présence militaire permanente dans la région. Vladimir Poutine doit prononcer un discours devant l’Assemblée générale des Nations unies le 28 septembre. En août, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité son soutien à un plan de paix préparé par l’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura.Lire aussi l'éditorial du "Monde" :Syrie : le drôle de jeu de M. PoutineLouis Imbert (avec Reuters)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.09.2015 à 22h53 • Mis à jour le18.09.2015 à 22h55 A deux jours des élections législatives anticipées en Grèce, provoquées par la démission, fin août, d’Alexis Tsipras de son poste de premier ministre, aucune tendance nette ne se dégageait dans les sondages pour désigner un favori, vendredi 18 septembre.Le leader de Syriza et son rival, Vangelis Meïmarakis, dirigeant de la droite conservatrice de Nouvelle Démocratie, sont toujours au coude à coude selon les dernières estimations. Sur les cinq sondages parus depuis jeudi, deux donnaient l’avantage au Syriza de M. Tsipras, dans une fourchette variant de 0,3 à 3,6 points, tandis que deux autres misaient sur la Nouvelle Démocratie (ND), avec des avances de 0,3 à 1,4 point. Un cinquième les mettait à égalité, chacun à 28 %. Avec des pourcentages variant selon ces sondages de 25 à 32 %, aucun des deux partis n’était crédité de décrocher la majorité absolue, autour de 37 %.Lire aussi :En Grèce, l’heure n’est plus aux débats pour ou contre les mesures d’austéritéTsipras veut un « message » pour l’EuropePour son dernier meeting de campagne, Alexis Tsipras avait donné rendez-vous à ses partisans vendredi soir sur la place Syntagma à Athènes, devenue emblématique des rassemblements de la gauche radicale, inhabituellement clairsemée selon nos reporters sur place.Ce n'est pas la grande foule au meeting de #Tsipras à Syntagma. Mais l'espoir est là dit-il http://t.co/mh5veR3fvL— sallesleMonde (@AlainSalles)require(["twitter/widgets"]);Meeting final de #Tsipras place Syntagma a Athenes.. vraiment pas trop de monde http://t.co/NBKpm2XZGI— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);M. Tsipras y a fait part de sa confiance, assurant que :« Syriza non seulement va gagner dimanche mais prendra le mandat pour former un gouvernement stable et fort lundi et faire avancer les réformes. »Rien n’est moins sûr, tant le scrutin s’annonce serré. Pour maximiser ses chances, l’ancien premier ministre a appelé l’électorat « à ne pas s’abstenir mais à voter pour la gauche, qui est le seul parti qui peut mieux négocier avec les créanciers la grande question de la dette publique ». M. Tsipras joue gros, confronté pour la première fois au verdict des urnes depuis la négociation du troisième plan d’aide accordé par la zone euro, en l’échange de promesse de réformes et de nouvelles mesures d’austérité très impopulaires, qu’il avait lui-même combattues pour se faire élire en janvier. Il a également appelé ses électeurs potentiels à regarder le « message » potentiel qu’une victoire de Syriza pourrait envoyer dans une Europe confrontée à de nombreux plans d’austérité. « Le message de notre victoire sera envoyé à Pablo (Iglesias) en Espagne (présent vendredi soir à Athènes), à (Gerry) Adams en Irlande et à un premier ministre progressiste au Portugal », a-t-il lancé.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeMeïmarakis promet « la stabilité et la sécurité »Jeudi, Vangelis Meïmarakis tenait lui aussi son dernier rassemblement de campagne. Il promet, lui, de « former une équipe nationale avec tous ceux qui veulent y participer », ce qu’a refusé d’envisager M. Tsipras à de nombreuses reprises.Relevant que « chaque voix comptait » pour un scrutin, M. Meïmarakis a demandé un « mandat fort pour quatre ans pour ramener le pays à la normalité ». Une victoire de la droite garantira « la stabilité et la sécurité » et mettra fin « à la dangereuse expérimentation de Syriza », a-t-il lancé, accusant la gauche radicale d’avoir « tiré le pays vers le chaos » et risqué une sortie de l’euro. Il a aussi durci son discours sur la crise migratoire, assurant que « les places athéniennes croulent sous le flux incontrôlé des migrants », car le Syriza « n’a pas gardé les frontières », a-t-il accusé, évoquant aussi une « hausse de la criminalité ». Mais il a promis une prise en charge des réfugiés correspondant à leur statut.Lire aussi :En Grèce, un paysage politique bouleversé par la crise Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) Echauffourées, coups bas, manifestations, pétitions, motions de censure… L’adoption par le Parlement japonais des lois controversées sur la sécurité nationale a clos des mois de débats tendus. Par 148 voix pour et 90 contre, la Diète a approuvé dans les premières heures de samedi 19 septembre (le vendredi 18 en France) des lois de défense qui permettraient l’envoi, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, de soldats dans un conflit à l’étranger.Lire l'éditorial du "Monde" :Le Japon sort de sa posture pacifisteLe gouvernement était déterminé à les faire passer avant le week-end, pour éviter l’intensification des manifestations d’opposants, alors que débute une semaine de congés au Japon. Les sondages montrent en effet que plus des deux tiers des Japonais – profondément attachés au pacifisme en vigueur depuis la guerre – restent hostiles à ces textes. Beaucoup craignent de voir le pays s’embarquer dans des conflits menés par les Etats-Unis à travers le monde. Ils citent la guerre en Irak, lancée par les Américains en 2003, avec l’appui de Tokyo. Cette hostilité explique la forte baisse de la cote de popularité de Shinzo Abe, tombée à 36 %, selon un sondage réalisé mi-septembre par le quotidien de centre gauche Asahi.Inconstitutionnel ?La mobilisation s’est intensifiée au fil des mois. D’importantes manifestations, devenues quasiment quotidiennes, ont mobilisé plusieurs dizaines de milliers de personnes, une ampleur rare dans l’archipel. De plus, depuis le 14 septembre, le Parlement est, malgré une imposante présence policière, assiégé par les manifestants.Lire aussi :La contestation monte au Japon contre le projet de réforme de la politique de défenseOutre la remise en cause du pacifisme, ces lois sont considérées comme contraires à la Constitution. « C’est le principal problème de ces textes », souligne Aki Okuda, l’un des dirigeants du Sealds (Action d’urgence étudiante pour une démocratie libérale), une organisation étudiante en pointe dans le mouvement d’opposition. « Si l’on accepte le principe de la démocratie parlementaire, il faut respecter la Constitution », ajoute-t-il. Plusieurs dizaines de spécialistes de droit constitutionnel se sont mobilisés pour critiquer ces projets. Le 14 septembre, 75 juges retraités sortis exceptionnellement de leur réserve ont ainsi présenté un texte qui considère ces projets comme allant « à l’encontre des principes de la démocratie ».Lire aussi :Japon : un pacifisme constitutionnel remis en questionPhilippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Le Centre culturel américain à Moscou est-il condamné ? Dans un communiqué cinglant rendu public mercredi 16 septembre, l’ambassadeur américain en Russie, John Tefft, dénonce « la décision unilatérale du gouvernement russe de fermer le Centre américain » après « plus de 22 ans de coopération ». Le Centre, formellement, ne fermera pas mais son directeur américain est désormais exclu de la gestion du site et pour M. Teffts, la partie russe a bien « l’intention de prendre le contrôle complet de toutes [ses] activités ».C’en est trop pour l’ambassadeur, qui rappelle l’arrêt brutal par les autorités russes, il y a tout juste un an, en septembre 2014, du plus vieux programme d’échange scolaire avec les Etats-Unis baptisé « FLEX ». Ces décisions, souligne-t-il, « posent la question de la volonté du gouvernement russe de maintenir les liens » entre les deux peuples, pourtant « conservés même pendant la guerre froide et à d’autres moments compliqués de l’histoire de nos deux pays ».« Le centre ne fermera pas »Situé au cœur de la capitale russe, dans la Bibliothèque nationale de littérature étrangère Margarita Roudomino, le Centre américain avait renouvelé le 1er septembre, comme à son habitude, l’agrément nécessaire pour une entrée en vigueur prévue un mois plus tard. « Tout était prêt », assure Will Stevens, porte-parole de l’ambassade. Quatre cents activités culturelles et éducatives y ont été organisées l’an passé dans le Centre et dix mille livres en langue anglaise sont à la disposition du public. Rien de subversif, « à part peut-être Cinquante nuances de Grey », glisse sous forme de boutade M. Stevens, en référence au best-seller érotique de la britannique E.L. James.Mais entretemps, les autorités russes ont semble-t-il révisé leur position. Plus question de confier sa direction à un Américain, ni même d’accepter le financement assuré jusqu’ici par les services de l’ambassade. « Le Centre ne fermera pas. Nous sommes prêts à garder tout le personnel, toute la surface occupée, et tous les programmes mais nous devons adapter nos relations avec la législation de la fédération de Russie », s’est défendu sur le site de la bibliothèque son directeur, Vadim Douda. « Les activités du Centre sont très recherchées par nos lecteurs, poursuivait-il, nous y sommes très attachés et pour cela nous espérons ne pas servir de monnaie d’échange dans la situation politique ».Série préoccupante de manifestations hostilesCe différend pourrait passer pour un petit accroc de plus dans la relation compliquée qu’entretiennent Moscou et Washington. Mais il s’inscrit en réalité dans une série préoccupante de manifestations hostiles qui ne cessent de se développer ces derniers mois. Depuis deux ans déjà, 29 « American Corners », ces petits espaces consacrés à la littérature anglophone créés dans les bibliothèques de plusieurs régions de Russie, ont disparu. Puis, en juillet, Kendrick White, un Américain recteur adjoint de l’université de Nijni-Novgorod, à l’est de Moscou, a été débarqué de son poste après avoir été victime d’un véritable lynchage médiatique par l’un des principaux propagandistes du pouvoir, Dmitri Kisselev, qui figure dans la liste des personnalités russes sujettes aux sanctions européennes. Marié à une Russe et père de deux enfants, M. White avait été convié à ce poste par l’opposant Boris Nemtsov, assassiné en février à Moscou, mais qui était à l’époque gouverneur de la région.Lire aussi :Russie : la stratégie du complot permanentRécemment encore, un autre recteur d’origine américaine, Edward Crawley, a adressé un courrier à ses collègues les informant que son contrat pour diriger l’Institut Skolkovo, situé dans la banlieue de Moscou et souvent comparé à la Sillicon Valley russe, ne serait pas renouvelé à son terme en décembre après cinq années d’exercice.La dégradation des relations bilatérales russo-américaines ne remonte pas au conflit en Ukraine. Débuté il y a un peu plus d’un an, ce dernier a sans doute contribué à aggraver les choses. Mais tous les indicateurs montrent que les premiers signes sont apparus après les grandes manifestations de la place Bolotnaïa, organisées par l’opposition en 2012 au Centre de Moscou, dans la foulée de la réélection pour un troisième mandat de Vladimir Poutine à la tête du pays. Ces manifestations ont été vues par le Kremlin comme une tentative de destabilisation orchestrée par les Etats-Unis, au même titre que le soulèvement ukrainien de Maidan. En russie, l’anti-américanisme a le vent en poupe.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Une « urne de la paix » offerte à l’ONU, la création d’une réserve de 8 000 hommes supplémentaires disponibles en permanence pour des missions de maintien de la paix et l’affectation d’un milliard de dollars à un nouveau fonds Chine-ONU « pour la paix et le développement » : le président chinois Xi Jinping a multiplié les gestes symboliques lundi lors de son premier discours devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York.Sans surprise, celui-ci s’est articulé autour du principe phare de la diplomatie chinoise, « l’émergence pacifique ». Les contributions chinoises à l’ONU en troupes et en personnel de police sont un axe important de sa politique étrangère : la Chine se targue ainsi d’être le premier pays contributeur parmi les cinq membres du Conseil de sécurité. Mais elle n’est, malgré une augmentation récente, que neuvième au classement des Etats membres d’août 2015 – avec 3 079 hommes – soit deux fois moins que l’Inde ou le Pakistan, et trois fois moins que le Bangladesh.Pas d’hégémonieM. Xi a d’abord rappelé la contribution « historique » de la Chine à la victoire contre le fascisme lors de la seconde guerre mondiale, puis s’est longuement épanché sur les « leçons de l’histoire » qu’il fallait tirer des « calamités passées ». Enfin, il a réaffirmé les intentions bienveillantes d’une Chine que son irrédentisme autour de territoires disputés dans les mers qui l’entourent a rendu quelque peu suspecte aux yeux de ses voisins : Pékin « ne cherchera pas l’hégémonie, l’expansion ou une sphère d’influence, quelle que soit l’évolution de la situation internationale et quelle que soit sa puissance », a-t-il déclaré. « Tous les pays sont égaux. Les plus gros, les plus forts et les plus riches ne doivent pas malmener les plus petits, les plus faibles et les plus pauvres », a poursuivi le numéro un chinois – une promesse déjà formulée par la diplomatie chinoise et plusieurs fois raillée dans le passé par certains pays asiatiques s’estimant bien « intimidés » par leur imposant voisin.Dans une critique voilée des prétentions américaines et plus généralement occidentales à imposer partout leur modèle de démocratie libérale, M. Xi a rappelé que les Nations unies permettaient à chaque pays de « choisir leur propre souveraineté et leur voie de développement » – deux arguments systématiquement mis en avant chaque fois que Pékin est épinglé sur les droits de l’homme. Il s’est félicité du « mouvement irrésistible vers un monde multipolaire » et en a appelé à « une coopération gagnant-gagnant » et une « communauté d’avenir partagé pour l’humanité ». Contrairement à ses homologues américain ou russe, le président chinois a évité toute accusation personnelle, ou référence directe dans son discours, à des pays ou des personnes existantes : Xi Jinping a essentiellement reproduit les éléments de langage traditionnels de la diplomatie chinoise maintes fois exposés en d’autres grandes occasions depuis son entrée en fonction en 2013. Comme le reste de ses prestations lors de la visite d’Etat qu’il vient d’achever aux Etats-Unis, M. Xi n’a pas été avare de belles paroles. Son discours est truffé des mots « démocratie », « justice », « équité », soulignant qu’elles étaient les « valeurs communes de l’humanité », autant de déclarations que relativise le bilan de la Chine en matière de respect des droits fondamentaux.L’allocution de M. Xi a développé tout au long de son discours l’axe central de la diplomatie chinoise, le principe de « l’émergence pacifique », l’idée que la Chine est déterminée à prendre la place qui lui revient parmi les grands pays sans pour autant provoquer de guerre avec les puissances établies. Pour bienveillant qu’il paraisse, ce concept est avant tout stratégique, et doit être mis en perspective : dans l’une des meilleures explorations récentes de l’« émergence pacifique », la chercheuse Yun Sun rappelle qu’il s’enracine dans la culture de l’art de la guerre – quand « l’excellence suprême consiste à gagner sans combattre », selon les préceptes de Sun Tzu. Enfin, non seulement « l’émergence pacifique » n’est pas contradictoire avec la création d’une armée forte, mais elle l’exige, ce qui explique la course aux armements sans complexe à laquelle se livre la Chine.« Coercition » économique et diplomatiqueDernière clé, l’émergence pacifique n’est en rien incompatible avec l’exercice de la « coercition » économique ou diplomatique. « Cette logique et le bilan de la Chine en la matière suggèrent que [celle-ci] privilégie comme stratégie la prévention de la guerre et le maintien de la paix en exhibant sa force [militaire], mais ils n’indiquent en rien que la Chine va moins recourir à la coercition. Ce qui ne répond peut-être pas à la question ultime de savoir si l’émergence de la Chine va être pacifique, mais les gens devraient avoir une compréhension plus nuancée des déclarations chinoises d’émergence pacifique et des défis que celle-ci présente », écrit Yun Sun.L’annonce de nouvelles contributions chinoises aux opérations de maintien de la paix sert également le « soft power » chinois et participe du traditionnel discours de solidarité Sud-Sud tenu par ses dirigeants. Selon les observateurs, envoyer ses troupes dans des zones de combat dans le cadre de l’ONU est aussi un moyen pour la Chine de combler leur déficit d’expérience – une carence maintes fois dénoncée depuis la reprise en main de l’armée chinoise par Xi Jinping.Et puis, il s’agit pour elle d’être présente sur le terrain, sans disposer de bases comme les Américains ou les Français, dans des régions où ses intérêts et le nombre de ses ressortissants en font un acteur incontournable, comme en Afrique. La contribution actuelle, et le renfort annoncé lundi par M. Xi, restent toutefois un effort plus que raisonnable en regard de la taille de l’économie chinoise et de son poids dans les économies locales. La Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.09.2015 à 15h26 • Mis à jour le29.09.2015 à 15h35 Guy Hermet, directeur de recherches émérite (CERI/Sciences Po Paris)Les euro-américains n’ont plus de projet vraisemblable contre l’État islamique et le dictateur assassin Bachar Al-Assad. Il ne leur reste qu’un discours hésitant dont on doute qu’ils puissent y croire : celui d’une transition démocratique à mettre en œuvre en Syrie, après éviction du clan Assad. En revanche, Vladimir Poutine a bien un plan contre l’État islamique, requérant par surcroît la participation de Bachar Al-Assad. Il semble en effet disposé à lancer, le 28 septembre à l’Assemblée générale de l’ONU, un appel au rassemblement général contre Daech, un rassemblement incluant le président syrien et son armée.Chère aux Occidentaux, la recette verbale de la transition démocratique est une vieille histoire périmée, celle d’une formule transformée de nos jours en vœu pieux qui ne s’est appliquée qu’à l’occasion du retour de l’Espagne à la démocratie, après 1975, puis au retour dans leurs casernes des militaires latino-américains au cours des quinze années suivantes. Que signifiait alors le terme de « transition » ? Il désignait un passage de l’autoritarisme à un gouvernement à tout le moins prédémocratique opéré dans des conditions spécialement favorables, dans l’attente d’élections déclarées correctes par les censeurs des vieilles démocraties.Vers la fin des « transitions démocratiques » ?Une démocratisation sans grandes violences, sans revanche, sans vainqueurs ni vaincus au moins dans l’immédiat, reposant sur une négociation ouverte ou dissimulée assortie d’un accord de non-nuisance réciproque et d’impunité entre le personnel de l’ancien régime finissant et les représentants de l’ex-opposition démocratique en passe de les remplacer au pouvoir. Malheureusement, même si ces renaissances de la liberté reposèrent en fait sur des collusions impures des moins démocratiques, plus rien ne s’est déroulé comme cela depuis lors.En particulier, toutes les tentatives menées plus tard à l’initiative des États-Unis ou, secondairement, de la France et de Grande-Bretagne en Afghanistan, en Irak, en Libye puis en Syrie ont non seulement échoué à instaurer des gouvernements stables, mais ont encore rendu plus scabreux le contexte de l’entrée de ces pays en démocratie. On a vu que l’usage de l’expression de transition démocratique ne suffisait pas pour qu’un tel processus prenne corps. Pour s’engager de façon quelque peu pacifique et ordonnée comme dans l’espace ibérique, celui-ci doit se fonder sur une certaine connivence entre les tenants de la liberté et les ex-dirigeants autoritaire pour la mise en place d’un régime provisoirement acceptable pour les deux parties. Tolérance pragmatique à l’évidence inimaginable dans la zone ici considérée. Il faudrait s’y faire, le déni de cette réalité blessante ne pouvant déboucher que sur le pire.En clair, ne conviendrait-il pas d’envisager à présent des compromissions malsaines bien plus offensantes que celles des transitions démocratiques du dernier quart du vingtième siècle. Compromissions assurément « contraires à nos valeurs », mais ayant le mérite de pouvoir se révéler efficaces contre la menace supérieure à toute autre représentée par l’État islamique. Pour des raisons à la fois nationales et ironiques qui lui sont propres, Vladimir Poutine appelle dans cette perspective à intégrer Bachar Al-Assad et son armée dans une coalition formelle ou informelle les associant à la Russie et aux pays occidentaux. Cette option « scandaleuse » conforme aux intérêts russes ne le gêne pas. Par contre, convenons qu’elle reviendrait pour les euroaméricains à conclure une sorte de pacte avec le diable, y compris pour servir une bonne cause avec enfin quelque chance de l’emporter. Le dilemme n’est pas nouveau. C’est par exemple celui que l’anticommuniste déterminé qu’était Winston Churchill a surmonté en juin 1941, lors de l’agression nazie contre l’Union soviétique, lorsqu’il s’est agi pour lui de justifier devant la Chambre des Communes son appui à Staline. « Si Hitler envahissait l’Enfer, déclara-t-il, je dirais au moins un mot favorable au Diable ». 29.09.2015 à 14h15 • Mis à jour le29.09.2015 à 15h01 Le Tribunal supérieur de justice de Catalogne (TSJC) a convoqué, mardi 29 septembre, le chef du gouvernement régional, Artur Mas, en vue de l’inculper pour avoir organisé, le 9 novembre 2014, une consultation sur l’indépendance de la Catalogne alors que celle-ci avait été interdite par la Cour constitutionnelle espagnole.La citation du dirigeant catalan pour désobéissance civile, abus de pouvoir et détournement de fonds publics survient deux jours après la victoire des listes indépendantistes catalanes aux élections régionales.Artur Mas devra s’expliquer le 15 octobre devant le TSJC pour avoir organisé cette consultation symbolique défiant le gouvernement de Madrid. S’il est reconnu coupable des charges retenues contre lui, le dirigeant catalan risque notamment de se voir interdire d’exercer une fonction publique pendant plusieurs années.Lire aussi :Artur Mas, pourfendeur de l’unité de l’Espagne« Un procès politique »La porte-parole du gouvernement de la Catalogne, Neus Munté, a dénoncé mardi ce qu’elle juge « un procès politique » et dénoncé « des tics et anomalies démocratiques » de la justice et du gouvernement espagnols visant à poursuivre « celui qui, le 9 novembre 2014, avaient sorti les urnes pour que les citoyens catalans puissent s’exprimer ».M. Munté a déclaré que les éventuelles poursuites contre M. Mas n’allaient pas changer le programme des indépendantistes. « Nous ne croyons pas que cela va affecter les avancées qu’il va falloir faire en toute normalité dans les prochaines semaines, pour constituer le parlement catalan issus des élections de dimanche, et pouvoir appliquer la feuille de route » du projet indépendantiste.Une consultation sans valeur légaleLe gouvernement conservateur de Mariano Rajoy refusant net, depuis 2012, l’organisation d’un référendum d’autodétermination, M. Mas avait décidé de convoquer cette consultation sans valeur légale au nom de la « liberté d’expression ». Près de 2,3 millions de personnes y avaient participé et 1,9 million s’étaient prononcées pour l’indépendance.Mais le Tribunal constitutionnel a estimé qu’il n’avait pas le droit de l’organiser, car il abordait un sujet national, l’unité de l’Espagne, ce qui n’est pas de sa compétence. S’appuyant sur la Constitution espagnole, Madrid argue qu’une région ne peut pas décider seule de l’avenir de l’unité du pays.Lire aussi :En Catalogne, un « vote » pour rien Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le premier ministre grec Alexis Tsipras est en pleine tournée américaine. Arrivé dimanche 27 septembre à New York, il devrait rester jusqu’à vendredi aux Etats Unis pour assister à l’assemblée générale de l’ONU.Son objectif : créer des alliances et trouver des soutiens sur la question de la renégociation de la dette publique de son pays qui s’élevait toujours à plus de 312 milliards d’euros en juin 2015 selon les derniers chiffres officiels de l’Agence de gestion de la dette publique. Un processus qu’il espère bien ouvrir dès la fin octobre avec ses créanciers.Si désormais le principe d’un allégement semble acquis, il reste à en négocier les modalités et surtout à en préciser l’agenda.Convaincre les investisseurs américainsAlors que les premières mesures d’austérité du troisième mémorandum signé le 14 août dernier doivent être mises en œuvre ce mois-ci à Athènes, Alexis Tsipras veut avancer vite sur la dette. Une façon de dire aux Grecs qu’ils ne font pas ces nouveaux sacrifices en vain et que la voie vers une reprise de la croissance est possible si les créanciers s’accordent à donner un peu de marge de manœuvre budgétaire à l’état grec en allégeant le poids du remboursement de la dette sur les finances publiques.« Nous cherchons à internationaliser cette question car nous ne voulons pas répéter les erreurs du passé », précise-t-on au parti de la gauche radicale Syriza. « En 2012, par exemple, les créanciers ont promis au gouvernement grec conservateur de l’époque qu’ils renégocieraient la dette dès que le pays aurait un excédent primaire, ce qu’ils ont refusé de faire le moment venu. On nous dit aujourd’hui qu’il y a un consensus autour du sujet mais nous préférons mettre quelques chances supplémentaires de notre côté. »Dès dimanche à la tribune de l’ONU, Alexis Tsipras a qualifié la dette publique de « défi international, qui se trouve au centre du système financier ». « Il faut discuter comment la restructuration de la dette peut être liée avec la croissance », a-t-il dit. Et de souligner : « Nous ne pouvons pas parler de l’extinction de la pauvreté et du chômage sans aborder les moyens pour construire ou pour améliorer l’Etat-providence qu’on est en train de détruire ».Un peu plus tard dans la journée de dimanche, lors d’un débat avec Bill Clinton lors de la conférence organisée par l’Institut Clinton autour du thème « Comment booster la croissance en Grèce et dans le sud de l’Europe », le premier ministre grec a de nouveau insisté sur la dette et tenté de convaincre les investisseurs américains de s’intéresser à la Grèce. En soulignant notamment que « la stabilité politique et économique » du pays était désormais assurée maintenant que « la question d’une sortie de la zone euro » n’était plus sur la table malgré « les plans des ultra-conservateurs européens ».Des alternatives à l’étudeLes créanciers de la Grèce, notamment sous la pression du Fonds Monétaire International (FMI) se sont engagés à ouvrir le chapitre de la dette une fois la première revue sur les premières mesures d’austérité achevée. Les équipes de technocrates européens vont arriver tout au long de cette semaine à Athènes pour commencer ce travail de contrôle.Lire aussi :Les créanciers pressés de se remettre au travail avec AthènesSelon la presse grecque, le plan européen d’allégement de la dette grecque prévoirait notamment une prolongation de 30 ans de la maturité des prêts mais aussi un abaissement des taux d’intérêts (qui sont déjà très bas) et surtout l’adoption d’une clause indiquant que la charge soutenable de la dette ne doit pas annuellement dépasser les 15 % du produit intérieur brut (PIB). Il s’agit là d’une condition qui commencera à avoir de l’importance surtout après 2023.Car pour l’instant, et pour les huit prochaines années, la charge de la dette grecque ne devrait jamais excéder 11 % du PIB. L’Europe a en effet déjà consenti une période de grâce jusqu’en 2023. C’est bien pour cette raison qu’Alexis Tsipras insiste à longueur de discours sur la nécessité de renégocier la dette pour la période d’après 2023.Le gouvernement grec estime quand à lui que ces mesures ne suffiront pas et continue de plancher sur des scénarios alternatifs. Comme par exemple la transformation d’une partie de la dette due aux créanciers européens en dette perpétuelle ou l’indexation des taux d’intérêt sur la croissance du produit intérieur brut de la Grèce. Une idée défendue dès février 2015 par le ministre des finances grec de l’époque, Yanis Varoufakis.Lire aussi :Le rocambolesque « plan B » de M. VaroufakisAlexis Tsipras espère donc aller plus loin que le plan européen et c’est pour cela notamment qu’il s’est lancé dans une opération séduction du partenaire américain. Dénoncer l’austérité européenne et parler d’allégement de la dette plaît aux Etats Unis qui prônent depuis le début de la crise une politique de retour à la croissance.Mais pour autant le président américain Barack Obama n’ira pas jusqu’à froisser son partenaire stratégique allemand, qui ne veut pas entendre parler d’un effacement pur et simple d’une partie de la dette grecque. Surtout au moment où la crise migratoire demande une collaboration accrue entre l’Europe et les Etats unis.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.09.2015 à 11h34 • Mis à jour le29.09.2015 à 12h59 | Audrey Tonnelier Les Bourses de Tokyo et de Hongkong ont plongé de plus de 4 % et de 3,38 % respectivement, mardi 29 septembre, dans un contexte de déprime des marchés, de nouveau gagnés par l’inquiétude sur les fragilités de la croissance mondiale. La Bourse de New York avait fini, lundi, sur une baisse conséquente, le Dow Jones fléchissant de 1,92 % et le Nasdaq de 3,04 %, dans la foulée des places européennes. Mardi en fin de matinée, les places européennes semblaient toutefois se reprendre, et évoluaient dans le vert. Trois grandes raisons expliquent pourquoi les turbulences boursières actuelles sont parties pour durer.Lire aussi :Nerveux et agités, les marchés se cherchent une boussoleChineLe ralentissement économique de l’empire du Milieu, longtemps considéré comme la locomotive du monde, n’en finit pas d’inquiéter les investisseurs. Les marchés asiatiques ne se sont jamais remis du mini-krach boursier intervenu en août, sur fond de dévaluation du yuan et d’éclatement de la bulle immobilière chinoise. Lundi, un nouvel indicateur est venu raviver les craintes : les entreprises du secteur industriel en Chine ont vu leurs bénéfices chuter de 8,8 % sur un an en août. Ce repli, qui s’accélère, est un nouveau signal de l’essoufflement de l’activité dans la deuxième économie de la planète. Les marchés craignent une contagion aux autres pays émergents, au premier rang desquels le Brésil, et à toute l’économie mondiale.Matières premièresL’indicateur chinois a provoqué une nouvelle chute des matières premières. Les cours du pétrole ont cédé plus d’un dollar le baril à New York, lundi. Symbole de cette débâcle, le groupe suisse de matières premières Glencore a connu un lundi noir à la Bourse de Londres, où il est coté, avec une chute de 29,42 % de son action, à 68,62 pence, qui atteint son plus bas niveau historique après une note d’analyste pointant son fort endettement.« Ces secteurs, très consommateurs de produits industriels, pèsent sur les commandes d’autres entreprises cotées, comme Schneider ou Bureau Veritas par exemple », soulignent les analystes d’Aurel BGC.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce FedLes tergiversations de la banque centrale américaine sur un relèvement de ses taux directeurs alimentent les incertitudes des investisseurs. Les statistiques macroéconomiques ne les aident pas à y voir plus clair sur l’état de l’économie : lundi, les promesses de ventes de logements en août ont connu un recul inattendu, mais la consommation des ménages américains a réservé une bonne surprise pour le même mois, venant une nouvelle fois plaider en faveur d’un relèvement des taux d’ici la fin de l’année.Le président de la Fed de New York, William Dudley, a en outre alimenté les spéculations en laissant entendre que la banque centrale pourrait passer à l’action dès sa prochaine réunion, fin octobre. Plusieurs autres responsables de la Réserve fédérale doivent s’exprimer au cours des prochains jours, et parmi eux sa présidente, Janet Yellen, mercredi. Et vendredi, les investisseurs prendront connaissance des chiffres de l’emploi en septembre.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.09.2015 à 08h11 • Mis à jour le29.09.2015 à 08h15 Au moins deux personnes ont été tuées et 324 autres blessées à Taïwan, selon un bilan officiel, après le passage du super typhon Dujuan.Le super typhon - une tempête tropicale avec des vents supérieurs à plus de 220 km/h, selon la classification du Joint Typhoon Warning Center - a semé le chaos pendant trois heures dans le nord de Taïwan. Plus de 12 000 personnes ont été évacuées et près de 3 000 sont toujours dans des hébergements d’urgence, selon les autorités de l’île. Au moins six alpinistes sont portés disparus.Dujuan, rétrogradé au stade de « typhon modéré » mardi, a touché le territoire chinois dans la région de Putian, de l’autre côté du Détroit de Formose, a annoncé l’agence Chine nouvelle, qui n’a fait état dans l’immédiat d’aucune victime.Typhoon #Dujuan making landfall over northern Taiwan this morning. http://t.co/8motn578JB http://t.co/BObXqraCE0— jon_kurtz (@Jonathan Kurtz)require(["twitter/widgets"]); Gilles Paris (Washington, correspondant) Ils seront au centre de la scène, installée dans la Ronald Reagan Presidential Library, mercredi soir 16 septembre. Deux outsiders que personne n’attendait mais qui se partagent la moitié des intentions de vote dans les deux dernières enquêtes nationales (ABC-Washington Post et CBS-New York Times). Donald Trump et Ben Carson écrasent pour l’instant les candidats au parcours plus classique d’élu du Congrès ou de gouverneur d’un Etat. #container_1442414848517{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1442414848517{ height:500px; } #container_1442414848517 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1442414848517 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1442414848517 .subtitre{ display:block; }Baromètre ABC Washington PostLe magnat de l'immobilier Donald Trump creuse l'écart sur ses principaux rivaux républicains à l'exception du neurochirurgien ultra conservateur Ben Carson(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1442414848517", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.langerresearch.com/wp-content/uploads/1171a22016Politics.pdf", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);La société civile est d’autant plus en position de force que l’ancienne dirigeante de Hewlett-Packard Carly Fiorina enregistre la troisième plus forte hausse dans le baromètre de CBS. Elle sera d’ailleurs présente aux côtés des dix candidats déjà sélectionnés pour le débat en prime time. La pléthore de prétendants fait qu’un premier débat est organisé pour les candidats obtenant les plus faibles résultats en termes d’intention de vote.Cette irruption des outsiders trouve ses racines dans un sentiment majoritairement négatif à l’encontre des responsables politiques classiques (jugés « pas dignes de confiance » par 73 % des personnes interrogées par ABC). L’enquête de CBS montre que l’expérience dans le monde des affaires est plus appréciée (48 %) que celle obtenue en politique (9 %). Cette impopularité des responsables politiques est beaucoup plus accentuée chez les électeurs républicains que chez les démocrates. Ces derniers ne sont que 24 % à préférer pour futur président « quelqu’un d’extérieur à l’establishment politique » contre 58 % pour les républicains (et 44 % pour les indépendants).Cet état d’esprit fait qu’en dehors de MM. Carson et Trump, seuls deux candidats parviennent à franchir la barre des 5 % des intentions de vote dans le baromètre d’ABC : Jeb Bush et Ted Cruz. Ils sont deux de plus dans celui de CBS, avec Mike Huckabee et Marco Rubio. Six candidats n’obtiennent que 1 % ou moins de 1 % des intentions de vote dans les deux baromètres, soit nettement sous la marge d’erreur. La course à l’investiture républicaine oppose seize prétendants depuis le retrait de l’ancien gouverneur du Texas, Rick Perry, le 11 septembre.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.09.2015 à 15h46 | Alexandre Lemarié « Qu’on ne vienne pas me prononcer un procès de faiblesse, je n’en ai aucune ! » Le ton est donné. Nicolas Sarkozy a présenté un projet très droitier sur l’immigration, mercredi 16 septembre, lors d’une « journée de travail » sur ce thème au siège parisien du parti. L’occasion pour le président des Républicains (LR) – en l’absence d’Alain Juppé, de François Fillon et de Bruno Le Maire – de réitérer ses propositions pour faire face à la crise des réfugiés, avant un débat au Parlement sur le sujet.Lire : Réfugiés : Sarkozy veut refonder SchengenAlors que la France s’apprête à accueillir 24 000 demandeurs d’asile dans les deux ans à venir, l’ex-chef de l’Etat a réaffirmé son hostilité aux quotas de réfugiés à se répartir dans l’Union européenne. Pour lui, il convient d’abord de « refonder » Schengen et de « bâtir une nouvelle politique d’immigration européenne » impliquant une harmonisation des politiques sociales des Etats européens. « Sinon, ceux qui sont rentrés dans un autre pays vont se précipiter chez nous pour profiter de nos prestations sociales », a-t-il mis en garde. Une affirmation très discutable, puisque actuellement les réfugiés se rendent essentiellement en Allemagne, en Suède ou en Angleterre. De fait, alors que l’Allemagne attend jusqu’à un million de réfugiés cette année, la France devrait rester à des niveaux proches de 2014 (soit 66 000 demandes d’asile).S’il reste hostile aux quotas, M. Sarkozy est favorable à l’accueil des réfugiés à condition qu’ils retournent dans leur pays une fois la guerre terminée – il a de nouveau plaidé pour « l’activation d’un statut temporaire de réfugié de guerre » plus restrictif que celui de réfugié politique – et à condition que l’on diminue le nombre d’immigrés économiques (environ 200 000 par an). Pas question, dans son esprit, d’augmenter le nombre global d’immigrés en France. « Penser que l’immigration pourrait augmenter, c’est prendre un risque de déflagration de la société française », a-t-il prévenu, jugeant notamment nécessaire de réduire les conditions du regroupement familial.DURCISSEMENT« La France a le droit de choisir qui elle veut accueillir sur son territoire et qui elle veut refuser », a-t-il déclaré. Soulignant « les racines chrétiennes de la France », il se dit pour une immigration choisie : « Nous proposons que le Parlement ait le pouvoir de décider, chaque année, du nombre d’étrangers non européens admis à immigrer en France. » Pour les empêcher d’entrer sur le territoire, M. Sarkozy s’est de nouveau prononcé pour un rétablissement des contrôles aux frontières de l’espace Schengen pour les Non-Européens. Un système à deux vitesses difficilement applicable. Tout comme l’idée de créer un statut temporaire de réfugié de guerre. La preuve : même le député LR Pierre Lellouche a souligné lors de la réunion qu’il était « très difficile de trier les migrants économiques des réfugiés de guerre », comme le propose M. Sarkozy. « Un Malien qui vient en France, comment définir s’il fuit la guerre ou la misère ? », demande M. Lellouche.Officiellement, M. Sarkozy dit vouloir trouver une position médiane entre le Parti socialiste (PS), qui « se complaît dans des postures morales », et le Front national (FN), qui se borne à formuler des « impostures idéologiques ». Mais la ligne générale reste très à droite. Certaines propositions, en rupture avec ses credo passés, marquent un durcissement du discours de M. Sarkozy. Ce dernier plaide par exemple pour la suppression de d’aide médicale d’Etat (AME) accordée aux étrangers en situation irrégulière, alors qu’il disait ne pas vouloir « remettre en cause cette générosité française » lors de la campagne présidentielle de 2012. Autre signe de droitisation : le président des Républicains se dit désormais favorable à une « adaptation du droit du sol » pour durcir les conditions d’accès à la nationalité française, alors qu’il déclarait en 2012 : « Le droit du sol, c’est la France. »CLIVER AVEC JUPPÉSi son discours a pour objet de contrer l’extrême droite sur son terrain, dans l’espoir de reconquérir les électeurs de droite passés au FN, M. Sarkozy vise un autre objectif : souligner ses différences avec Alain Juppé, son principal rival dans l’optique de la primaire à droite pour la présidentielle de 2017, adepte d’une approche apaisée des problèmes d’immigration. La manœuvre se veut subtile. Le président de LR a expliqué que les adhérents de son parti auraient à approuver son projet sur l’immigration – lors d’un vote sur le site du parti, qui se déroulera de mercredi soir à vendredi soir – avant d’être soumis à l’approbation du bureau politique, le 22 septembre.Alors que les onze questions posées aux militants reprennent ses propositions, M. Sarkozy a estimé qu’il aurait été judicieux d’en ajouter « une douzième » sur la nécessité de contraindre les immigrés à « s’assimiler ». « Le débat entre l’assimilation et l’intégration est un débat central », a-t-il souligné, avant de lancer : « Je voudrais que l’on demande à nos adhérents : un étranger voulant devenir français doit-il s’assimiler ou s’intégrer ? C’est un débat qui n’est pas anecdotique, car l’intégration, cela veut dire : “Je viens comme je suis, avec ce que je suis et je m’intègre en France.” L’assimilation, c’est que le dernier arrivé accepte la langue, le mode de vie, la culture, les usages de ceux qu’il rejoint. C’est un sujet de débat entre nous [entre les ténors de LR]. Que les adhérents donnent leur sentiment. »Farouche partisan de « l’assimilation » – un mot issu de l’histoire coloniale –, M. Sarkozy tente ainsi de marginaliser M. Juppé. Lequel est favorable au concept d’« intégration » au motif qu’il « respecte les différences », et rejette celui de « l’assimilation », qui revient, selon lui, à « vouloir effacer les origines ».« SARKOZY JOUE AVEC LE FEU »L’objectif du président des Républicains : faire apparaître M. Juppé en décalage avec les aspirations de la base militante du parti, qui devrait à coup sûr se prononcer pour l’assimilation. « Sarkozy veut montrer qu’il incarne la ligne majoritaire au sein du parti. Il fait adopter par les adhérents un projet très à droite pour pousser Juppé à se démarquer et le faire passer pour un centriste », décrypte un dirigeant du parti.En opposant la légitimité des adhérents – plus radicaux que les sympathisants de droite – aux positions plus mesurées de son rival Juppé, le chef de l’Etat rejoue ainsi la même partition que lors de la campagne de 2012, quand il opposait « le peuple aux élites ». Reste que la manœuvre n’est pas sans risque. Celui qui se pose en garant de l’unité du parti se retrouve en effet à exacerber lui-même les divisions internes sur le sujet de l’immigration. « Sarkozy joue avec le feu en allumant lui-même un incendie en interne avec Juppé », s’inquiète un soutien de l’ex-chef de l’Etat. De quoi écorner l’image de rassembleur qu’il s’efforce de se donner dans l’optique de la primaire.Alexandre LemariéJournaliste en charge du suivi de l'UMPSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.09.2015 à 15h23 • Mis à jour le16.09.2015 à 15h52 Près d’un mois et demi après l’annonce, par le gouvernement afghan, de la mort du mollah Omar, qui remonte à avril 2013, sa succession semble enfin faire l’unanimité au sein du mouvement islamiste. En début de semaine, les membres de la famille du chef historique des talibans afghans ont finalement fait allégeance à son successeur, le mollah Akhtar Mohammad Mansour.Depuis le 29 juillet, le fils et le frère du mollah Omar, Yacoub et Abdul Manan, menaient une cabale contre le mollah Mansour, alors promu « émir » des insurgés islamistes. Les deux hommes, à la tête d’un groupe de commandants dissidents, dénonçaient une succession « expéditive » et « non consensuelle » et accusaient la direction des talibans d’une trop grande proximité avec les services secrets pakistanais, soupçonnés de souffler le chaud et le froid en Afghanistan voisin.Les mollahs Yacoub et Abdul Manan ont fait allégeance au mollah Mansour « devant des cheikhs, des oulémas et des cadres » talibans lors d’une cérémonie dans un lieu non précisé. Le fils du mollah Omar avait alors dit vouloir « renforcer et unir » les rangs de la rébellion par cette mesure.Lire aussi :Le mollah Mansour assoit son pouvoir sur le mouvement talibanDes concessions offertes à la famille du mollah OmarContacté par l’Agence France-Presse, un cadre taliban a confirmé cette allégeance tardive qui s’inscrit dans le cadre d’un accord de « partage de pouvoir » visant à assurer « l’unité » de la rébellion islamiste afghane en lutte avec le gouvernement de Kaboul et les forces de l’OTAN déployées dans le pays, malgré une amorce timide de pourparlers de paix au début de l’été.Cet accord prévoit la tenue d’une nouvelle élection des membres de la « choura », ou conseil central, des talibans, qui sera d’ailleurs présidée par un membre de la famille du mollah Omar.Malgré des divisions internes au cours des derniers mois et l’émergence de la branche locale de l’Etat islamique (EI), l’insurrection talibane n’a montré aucun signe d’essoufflement sur le terrain. Le 13 août, le numéro un d’Al-Qaida, Ayman Al-Zaouahiri, avait également fait allégeance au nouveau chef des talibans.Lire aussi :Les divisions du mouvement taliban aggravent la violence en AfghanistanMercredi, un attentat à la voiture piégée revendiqué par les insurgés a fait au moins quatre morts, dont un haut responsable de la police, et une quarantaine de blessés en banlieue de la capitale Kaboul, selon des sources locales. Claire Guélaud Une croissance moins soutenue qu’on aurait pu l’espérer dans les économies avancées et un ralentissement plus fort dans les émergents : c’est ce que prévoit pour 2015 l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L’année 2016 serait meilleure, même si l’organisation s’inquiète, pour le moyen terme, du ralentissement de la croissance potentielle dans le monde.D’après les Perspectives économiques intermédiaires, présentées mercredi 16 septembre, la croissance mondiale serait ramenée de 3,3 % en 2014 à 3 % en 2015 (soit – 0,1 point par rapport aux prévisions de juin 2015). Elle accélérerait ensuite à 3,6 % en 2016 au lieu des 3,8 prévus avant l’été, sur fond de stagnation du commerce mondial et de détérioration des conditions financières. Comme souvent, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.Le dynamisme retrouvé des vieilles économiesLes Etats-Unis et la zone euro sont les deux régions du monde pour lesquelles les prévisions ont été revues à la hausse en 2015 : + 2,4 % pour le produit intérieur brut (PIB) américain, soit un mieux de 0,4 point, et + 1,6 % pour la zone euro (+ 0,1 point). La reprise se poursuivrait en 2016 mais plus modérément que prévu : + 2,6 % aux Etats-Unis et + 1,9 % seulement dans la zone euro. Le Japon retrouverait le chemin d’une petite croissance : + 0,6 % en 2015, le double en 2016.Tout en qualifiant de « solide » la reprise américaine, sur fond de consommation soutenue et d’amélioration de l’emploi, l’économiste en chef de l’OCDE, Catherine Mann, a fait observer que l’investissement, même s’il avait commencé à se redresser, restait décevant.La Fed, élément perturbateur ?S’agissant de la hausse annoncée et peut-être imminente des taux d’intérêt américains, qui devrait provoquer des « turbulences négatives » dans les pays émergents, Mme Mann a insisté sur la nécessité d’une meilleure communication de la Réserve fédérale américaine. « A force de crier au loup, la Fed affaiblit sa propre crédibilité », a-t-elle ajouté en précisant que, « plus que la date, c’est le rythme d’augmentation des taux qui importe ».Lire aussi :L’économie mondiale est suspendue au choix de la FedEn zone euro, l’hétérogénéité demeure la règle. L’Allemagne devrait croître de 1,6 % en 2015 et de 2 % en 2016, la France de 1 % et de 1,4 %, tandis que le PIB italien ne progresserait que de 0,7 % et de 1,3 %. Pour l’économiste en chef de l’organisation, la reprise « décevante » de la zone euro – eu égard au coup de pouce que représente la baisse de l’euro et du prix du pétrole – s’explique par les difficultés persistantes du secteur financier. Les efforts de relance monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) n’ont pas assez d’effets sur l’économie réelle et la zone euro ne se désendette pas, a observé Mme Mann.Lire aussi :Un budget pour 2016 construit sur une « hypothèse prudente » de croissanceLe risque chinois, l’atout indienLa croissance chinoise, qui a tant fait parler d’elle depuis l’été, serait ramenée de 7,4 % en 2014 à 6,7 % en 2015 et à 6,5 % en 2016. L’OCDE, en d’autres termes, ne croit pas au scénario d’un atterrissage brutal de l’ex-empire du Milieu mais souligne les retombées sur l’économie mondiale de la baisse de la demande chinoise. L’Inde, de son côté, connaîtrait un sentier de croissance bien meilleur : + 7,2 % en 2015 et + 7,3 % en 2016. Quant au Brésil, son économie se contracterait de 2,8 % cette année et de 0,7 % en 2016. Une « récession profonde ». Le ralentissement plus important que prévu de la demande chinoise ne ferait pas dérailler la reprise mondiale sauf s’il devait aller de pair, comme ce fut le cas cet été, avec une correction importante et généralisée des marchés financiers mondiaux, a prévenu la chef économiste. Mme Mann reste donc convaincue de la nécessité de soutenir la demande par la poursuite des politiques de relance, chaque pays devant doser son « policy-mix » tout en engageant les réformes structurelles nécessaires au relèvement de la croissance potentielle.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Thomas Wieder L’université américaine perd l’un de ses grands professeurs, et la France l’un de ses meilleurs connaisseurs. Fondateur du Centre d’études européennes de Harvard, auteur d’une vingtaine d’ouvrages et d’une multitude d’articles, Stanley Hoffmann est mort, dimanche 13 septembre, à Cambridge (Massachusetts). Il avait 86 ans.La France, Stanley Hoffmann l’avait découverte au berceau. Né à Vienne, le 27 novembre 1928, ce fils d’une Autrichienne et d’un Américain n’a pas encore deux ans quand sa mère, tout juste séparée de son époux, décide d’émigrer à Nice. Il y restera jusqu’en 1936, date à laquelle sa mère, soucieuse de sa réussite scolaire, déménage à Paris et l’inscrit au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine.Ce séjour n’est toutefois qu’une parenthèse que la débâcle du printemps 1940 vient bientôt refermer. Comme près de dix millions de Français, la mère et le fils sont alors jetés sur les routes de l’exode – « l’expérience la plus traumatisante de ma vie », dira-t-il. De retour à Nice, ils y resteront jusqu’en 1944.Pour le futur professeur, ces quatre années seront décisives. D’abord soumise à l’autorité de Vichy, puis à celle des Italiens qui l’occupent à partir de 1942, et enfin à celle des Allemands qui en prennent le contrôle un an plus tard, la ville est alors « un lieu idéal », comme il le dira, pour se sensibiliser aux à-coups de la géopolitique. « Nice fit de moi un politologue », aimait dire Stanley Hoffmann, qui résumait ainsi l’origine de sa vocation : « Ce n’est pas moi qui suis venu aux relations internationales, ce sont les relations internationales qui sont venues à moi. »Pour le jeune homme, la formation théorique vient un peu plus tard. A Sciences Po, d’abord, d’où il sort major en 1948, quelques mois après avoir été naturalisé français ; à la faculté de droit, ensuite, où sa thèse, intitulée Organisations internationales et pouvoirs politiques des Etats, est publiée en 1954.Disciple de Jean-Baptiste Duroselle et lecteur de Raymond Aron, deux spécialistes des relations internationales qu’il citait comme ses références, Stanley Hoffmann aurait pu faire carrière en France. Mais un stage au séminaire d’études américaines de Salzbourg (Autriche), à l’été 1950, puis un séjour à Harvard, en 1951-1952, au cours duquel il se lie d’amitié avec quelques condisciples prometteurs ayant pour noms Henry Kissinger, Zbigniew Brzezinski ou Samuel Huntington, lui donnent le goût des Etats-Unis, où vit sa famille paternelle.Le pas est définitivement franchi en 1955. De retour à Harvard, Stanley Hoffmann choisit cette fois d’y rester. Il y enseignera jusqu’à sa retraite, partageant son temps entre ses cours, sa véritable passion, l’écriture, à laquelle il regrettera d’avoir consacré trop peu de temps, et l’animation du Centre d’études européennes, qu’il dirigera de 1969 à 1995.ClairvoyancePeut-être parce qu’il se sentait autant français qu’américain – il avait les deux passeports –, peut-être aussi parce qu’il refusa toujours d’aller à Washington jouer les conseillers du prince, à la différence de beaucoup de ses collègues, Stanley Hoffmann se montrera souvent critique vis-à-vis de la politique étrangère américaine, notamment quand celle-ci sera pilotée par Ronald Reagan ou George W. Bush. Là se trouve sans doute le fil rouge de son œuvre, guidée par le souci d’expliquer aux Américains que « l’Amérique n’est pas le monde entier », selon sa propre formule.Auteur d’une étude pionnière sur le poujadisme (Le Mouvement Poujade, Armand Colin, 1956), admirateur du général de Gaulle, qui lui inspira un livre vigoureux coécrit avec son épouse (De Gaulle, artiste de la politique, Seuil, 1973), préfacier du maître livre de Robert O. Paxton La France de Vichy (Seuil, 1973), Stanley Hoffmann s’était aussi imposé comme l’un des meilleurs experts américains de la vie politique française, à laquelle il consacra nombre d’articles dont on peut rétrospectivement mesurer la clairvoyance.A l’instar de celui-ci, intitulé « La France en colère » et paru dans la New York Review of Books à l’été 1997, dans lequel il pointait la lourde responsabilité pesant sur les socialistes français de retour au pouvoir. « Ils ne peuvent pas se permettre d’ajouter un échec à l’histoire déjà déprimante de la lutte contre le chômage, qu’ils sont tout à fait fondés à traiter comme leur première priorité. S’ils échouent, le mécontentement français bénéficiera au Front national qui, tenace, attend son heure. » 27 novembre 1928 Naissance à Vienne (Autriche)1969-1995 Directeur du Centre d’études européennes de Harvard13 septembre 2015 Mort à Cambridge (Massachusetts)Thomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Clara Wright L’organisation Etat islamique cherche à récupérer à son profit le drame de l’accueil des réfugiés en Europe, tout en essayant de retenir les aspirants à l’exil qui fuient les conflits syrien et irakien.Le 2 septembre, la photo du petit Aylan Kurdi, Syrien d’origine kurde retrouvé mort noyé sur une plage turque, choquait le monde entier. Une semaine plus tard, l’EI réagissait et condamnait les parents « syriens et libanais prêts à risquer la vie et l’âme (…) de leurs enfants lors d’un voyage dangereux vers les terres des (…) croisés ». Une sentence qui transforme le père d’Aylan Kurdi en premier coupable du décès de son fils, à en croire un article au titre évocateur – « Les dangers d’abandonner les terres d’islam » – paru dans le 11e numéro de Dabiq, le magazine anglophone de propagande de l’organisation.Lire aussi :Mort d’Aylan : mensonges, manipulation et vérité « Péché majeur »Même quand le périple des migrants n’est pas mortel, choisir de vivre « en Europe ou en Amérique » constituerait un « péché majeur ». Car là-bas les fidèles, qui pourraient « abandonner l’islam pour le christianisme, l’athéisme ou le libéralisme », seraient sous « la constante menace de la fornication, de la sodomie, des drogues et de l’alcool », ou encore « [oublieraient] la langue du Coran »… Cette propagande s’appuie sur une notion de territoire propre à la foi musulmane, puisqu’elle distingue le « Dar Al-Islam », où le souverain gouvernerait en se référant aux injonctions du Coran – comme dans le « califat » autoproclamé de l’Etat islamique –, et le « Dar Al-Kufr », où régnerait l’impiété.Autre argument plus personnel. Des sympathisants de l’Etat islamique demandent aux candidats à l’exil de choisir entre « une vie d’humiliation » ou « une vie de dignité ». La semaine dernière, des comptes Twitter francophones de sympathisants – ne dépendant pas de l’EI mais soutenant l’organisation – ont diffusé des montages photos, repérés par le journaliste de RFI David Thomson. Sur un premier, on peut voir l’image d’un djihadiste légendée : « Il a fuit [sic] les terres de kufr pour les terres d’islam. Une vie de dignité, d’honneur et d’abondance, loin du diktat des tawaghit » – les tawaghit désignent toutes les divinités idolâtrées en dehors d’Allah. Ce combattant parle, l’index levé, l’air déterminé. Juste en dessous, la photo d’un migrant avec, en arrière-plan, une ville aux allures occidentales. Le migrant fait le signe « V » de la victoire avec ses doigts, mais celle-ci serait amère, selon les djihadistes : « Il a fuit [sic] les terres d’islam pour les terres de kufr. Une vie d’humiliation, de paria soumis au diktat des tawaghit », peut-on lire.#lvd #ei #immigration #France #HIJRA http://t.co/rHxmV2D4pQ— kilafa1235 (@LVD15)require(["twitter/widgets"]);Là encore, le concept de territoire prévaut, tout comme l’idée du départ, cherchant à présenter l’émigration comme l’exact opposé du djihad. Dans la même veine, un autre montage présente deux gilets. A gauche, un gilet de sauvetage sous-titré : « Fuir vers le paradis européen ». A droite, un gilet pare-balles : « Fuir vers le paradis d’Allah ». Une alternative qui ne semble pas vraiment convaincre les aspirants à l’exode, toujours plus nombreux à souhaiter rejoindre l’Europe.#LVD.. Se résigner et fuir vers le mirage européen où combattre les dictatures laïc sanguinaire des régimes arabe ? http://t.co/QxyBb5uVxm— kilafa1235 (@LVD15)require(["twitter/widgets"]);Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésClara WrightJournaliste au Monde 16.09.2015 à 11h44 • Mis à jour le16.09.2015 à 12h04 L’Organisation des Nations unies (ONU) a appelé, mercredi 16 septembre, à la mise en place d’un tribunal spécial « hybride » associant magistrats locaux et internationaux pour juger les crimes commis au Sri Lanka lors du conflit avec les Tigres tamouls, dénonçant en particulier des « dizaines de milliers de disparitions forcées ».Publié à Genève, le rapport recommande la constitution d’« un tribunal spécial hybride intégrant des juges, des procureurs, des avocats et des enquêteurs internationaux », considérant qu’un tribunal national n’aurait « aucune chance de surmonter les suspicions alimentées par des décennies » de conflit.« Les disparitions forcées ont affecté des dizaines de milliers de Sri-lankais pendant des décennies (…) Il y a des éléments raisonnables pour croire que ces disparitions forcées ont été menées dans le cadre d’une attaque large et systématique contre la population civile ».Rédigé par des experts mandatés par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, le rapport de 250 pages note de « graves violations entre 2002 et 2011 » avec de « fortes indications que des crimes de guerre et contre l’humanité ont été probablement commis par les deux parties en conflit ».#SriLanka: Copy of new UN report on #humanrights violations committed btw 2002-11 now available here http://t.co/MJ3nXeOwEN— UNrightswire (@UN Human Rights)require(["twitter/widgets"]);Un conflit qui aurait fait près de 100 000 victimesIl dénonce aussi « l’étendue des violences sexuelles commises contre les détenus, extrêmement brutales », touchant aussi bien les hommes que les femmes. Le recrutement d’enfants, parfois de moins de 15 ans, parmi les combattants des Tigres tamouls, mais aussi par le groupe paramilitaire Karuna qui soutenait le gouvernement, est également pointé du doigt dans ce rapport.Les recommandations de l’ONU vont nettement plus loin que la proposition formulée devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU par le nouveau gouvernement du Sri Lanka, qui a annoncé la prochaine mise en place d’un bureau des réparations de guerre et d’une commission vérité.Le conflit entre l’armée sri-lankaise et les Tigres de libération de l’Eelam tamoul, des rebelles séparatistes, a pris fin en mai 2009 à la mort du leader des rebelles, Velupillai Prabhakaran. En trente-sept ans, le conflit aurait coûté la vie à près de 100 000 personnes.Aujourd’hui, des milliers de déplacés attendent toujours de récupérer leurs terres occupées par l’armée. Cette présence militaire fragilise la réconciliation entre la minorité tamoule (15 %) hindoue et chrétienne et la majorité cinghalaise bouddhiste (75 %). La démilitarisation du nord de l’île a été l’un des principaux enjeux des élections législatives, conclues par la victoire, le 17 août, d’une coalition réformiste soutenant Maithripala Sirisena, le président de la République élu en janvier.Lire aussi :Au Sri Lanka, des vies suspendues Philippe Bernard (Londres, correspondant) Trois jours après son élection triomphale à la tête du Labour, Jeremy Corbyn aurait-il déjà commis un crime de lèse-majesté ? La photo du leader de la gauche radicale, la mine recueillie, les mains jointes mais la bouche close au milieu d’invités chantant God Save the Queen, mardi 15 septembre, à la cathédrale Saint-Paul de Londres, faisait la manchette des journaux, mercredi matin, avec des titres outragés.« Corb snobe la reine », s’indigne The Sun, le plus lu des quotidiens britanniques qui dénonce un « outrage à l’hymne national », tandis que le Times annonce que les anciens combattants « ouvrent le feu » sur Corbyn après son refus de saluer la reine, chef de l’Etat, au cours d’une cérémonie commémorant le 75e anniversaire de la Bataille d’Angleterre.M. Corbyn « se tenait debout dans un silence respectueux », a rétorqué un porte-parole de l’intéressé.« Jeremy a assisté à la cérémonie pour montrer son respect à l’égard de ceux qui se sont battus pour la Grande-Bretagne. L’héroïsme de la Royal Air Force au cours de la Bataille d’Angleterre est une chose à l’égard de laquelle nous avons tous une dette de gratitude ».Pour l’occasion, le nouveau chef des travaillistes avait revêtu une cravate rouge, alors qu’il porte habituellement une chemise ouverte.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Sentiments antimonarchistesOne image - and one story -dominates many of Wednesday's UK front pages — suttonnick (@Nick Sutton)require(["twitter/widgets"]);Jeremy Corbyn n’a jamais caché ses sentiments antimonarchistes. Pendant la campagne des primaires, la veste rouge qu’il avait osé porter pendant la cérémonie funèbre pour la reine mère avait été rappelée et décrite comme outrageante par de nombreux médias. Ces derniers jours, la question de savoir s’il répondra à l’invitation d’Elizabeth II de rejoindre son « conseil privé », comme c’est la tradition, a aussi défrayé la chronique. Il a finalement accepté lundi.Dans un pays où les symboles comptent et où la reine figure parmi les institutions les plus populaires avec l’armée, l’attitude de M. Corbyn sent politiquement le soufre. Non seulement Nicholas Soames, petit-fils de Winston Churchill, a estimé que le leader du Labour « s’est montré malpoli et irrespectueux envers la reine », mais M. Corbyn est largement critiqué dans son propre camp, y compris parmi les membres du cabinet fantôme qu’il vient de constituer.« Il devrait entonner le God Save the Queen lors de cérémonies d’Etat qu’il l’aime ou pas », a estimé le député Labour Simon Danczuk. Ne pas l’avoir fait « aura blessé les gens », a ajouté Kate Green, ministre des femmes et des égalités dans le cabinet fantôme.L’incident survient à la veille de la séance très attendue des questions au premier ministre, la première à laquelle Jeremy Corbyn doit participer en tant que chef de l’opposition du gouvernement… de Sa Majesté. Il a annoncé un complet changement de style de cette passe d’armes rituelle et hebdomadaire. M. Corbyn posera les questions que le public lui a transmises. Il dit en avoir reçu des dizaines de milliers.Lire aussi :Nucléaire, OTAN, Europe : les batailles de Jeremy Corbyn à la tête du LabourPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Après trois jours d’affrontements sur l’esplanade des Mosquées (« mont du Temple » pour les juifs), à Jérusalem, Benyamin Nétanyahou a convoqué un conseil de sécurité dans la soirée du mardi 15 septembre. Le chef du gouvernement israélien a averti que « tous les moyens nécessaires » seraient utilisés pour combattre ceux qui lancent des pierres ou des engins incendiaires contre les policiers ou les civils juifs.Dimanche, un homme de 64 ans est mort après avoir perdu le contrôle de son véhicule, atteint par des projectiles. En réponse à cette détérioration sécuritaire, M. Nétanyahou a annoncé « une modification des règles d’engagement, (…) l’établissement d’une peine minimale pour les lanceurs de pierres et des amendes importantes pour les mineurs – et leurs parents – qui commettent ces délits ».Le procureur général, Yehuda Weinstein, considère pourtant que ce durcissement législatif n’est pas indispensable, les textes en vigueur étant suffisant. Le 21 juillet, la Knesset avait voté un texte portant à vingt ans la peine maximale prévue. Le président de la commission parlementaire pour la Constitution, la loi et la justice, Nissan Slomiansky, avait justifié cette sévérité, soutenue par plusieurs figures de l’opposition, par une référence à David terrassant Goliath : « Une pierre peut tuer ». Dimension religieuse et résonance internationaleLes autorités ont bien du mal à juguler ces attaques isolées, souvent le fait de jeunes Palestiniens. Depuis l’été 2014, les épisodes de violence n’ont jamais cessé à Jérusalem-Est ainsi que le long de la route 443 – entre la Ville sainte et la ville nouvelle de Modiin –, rappelle le quotidien de gauche le Haaretz, dans son édition de mercredi. Cette artère est empruntée par de nombreux automobilistes qui cherchent à éviter la route 1 entre Jérusalem et Tel-Aviv, artère majeure toujours très encombrée et en travaux.Le nouvel accès de fièvre sur l’esplanade des Mosquées ajoute une dimension religieuse à ces tensions, ainsi qu’une résonance internationale. Mardi, pour la troisième matinée consécutive, des affrontements ont eu lieu entre Palestiniens et soldats israéliens. Quelques dizaines de jeunes s’étaient retranchés dès l’aube dans la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, pour empêcher la venue sur l’esplanade de groupes de visiteurs juifs. Ces visites ont lieu chaque année à l’occasion du Nouvel An juif – Roch Hachana –, qui a débuté dimanche soir et s’est achevé mardi soir.Pour les Palestiniens, les visiteurs juifs commettent un sacrilège en priant sur l’esplanade. Ils estiment qu’Israël veut prendre le contrôle du lieu saint, vénéré dans les deux confessions. Pour les juifs, c’est là que se trouvait le second temple, détruit par les Romains. Les extrémistes religieux israéliens souhaitent non seulement obtenir le droit d’y prier, mais rêvent ouvertement de l’édification d’un nouveau temple, en lieu et place de la mosquée Al-Aqsa.« Maintenir le statu quo »Selon le statu quo en vigueur depuis des décennies, les juifs comme les touristes peuvent se rendre sur l’esplanade à certaines heures et certains jours précis. « Israël agira par tous les moyens pour maintenir le statu quo et l’ordre sur le mont du Temple », a assuré Benyamin Nétanyahou dans un communiqué. Mais les autorités palestiniennes et les pays arabes, toujours très sensibles quant au sort de la mosquée Al-Aqsa, ne semblent pas convaincus.Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence, a exhorté « le monde arabe et musulman, ainsi que la communauté internationale, à s’atteler immédiatement à faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses tentatives perpétuelles de “judaïser” la mosquée Al-Aqsa ». La Jordanie a vivement réagi, comme à l’accoutumée lorsque des incidents se produisent sur l’esplanade, dont elle assure la gestion à travers l’organisme appelé Waqf. Le roi Abdallah II a averti :« Toute nouvelle provocation à Jérusalem affectera la relation entre la Jordanie et Israël, et la Jordanie n’aura d’autre choix, malheureusement, que d’agir. »L’an passé, après des affrontements similaires, la Jordanie avait rappelé son ambassadeur en Israël. Pour l’Egypte, « il s’agit d’une escalade inacceptable visant les lieux saints de l’islam en territoire palestinien ». Enfin, mardi, le ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, Adel Al-Joubeir, a accusé « l’ennemi sioniste » d’essayer de « saisir » la mosquée Al-Aqsa.Inquiétude quant à un embrasementAu-delà des pays arabes, l’inquiétude d’un embrasement est partagée au sein des instances internationales. « Quand le Moyen-Orient est confronté à une puissante vague de terreur et d’extrémisme, ces graves provocations ont le potentiel d’attiser la violence bien au-delà des murs de la Vieille ville de Jérusalem », a déclaré devant le Conseil de sécurité l’émissaire spécial de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov.A l’approche des fêtes du Nouvel An juif, les autorités avaient décidé de montrer leur détermination pour empêcher les incidents habituels sur l’esplanade. Le 9 septembre, Moshe Yaalon, le ministre de la défense d’Israël, a déclaré « illégal » le mouvement des mourabitoun – « sentinelles », en arabe –, un groupe de musulmans qui prétend défendre le lieu saint. « Ils mènent des actions dangereuses pour les touristes, les visiteurs et les pèlerins, ce qui mène à la violence », a expliqué le ministre.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.09.2015 à 16h58 | Ghalia Kadiri « Regardez mes mains, ce ne sont pas des mains d’enfant. Ce sont des mains de vieux », raconte un jeune réfugié syrien. Soha Boustani, de l’Unicef Liban, évoque cette conversation avec ce petit garçon au visage brûlé par le soleil, les mains abîmées par la récolte de pommes de terre et travaillant dans un champ de la plaine de la Bekaa, à la frontière syrienne, pour subvenir aux besoins de sa famille réfugiée dans le pays du Cèdre.Comme lui, plus de 2 millions d’enfants syriens vivent en tant que réfugiés au Liban, en Turquie, en Jordanie et dans d’autres pays, selon les estimations de l’Unicef en 2015. Plus de quatre millions de Syriens sont réfugiés. Traumatisés par près de cinq ans de crise humanitaire, les enfants de la révolution syrienne sont souvent privés d’école et contraints de travailler.« Ils rêvent d’une vie normale, mais savent qu’ils n’ont pas le choix », explique Mme Boustani. Beaucoup de familles dorment dans la rue ou dans des structures abandonnées (terrains vagues, immeubles inachevés, entrepôts désaffectés) et doivent payer un loyer malgré des conditions insalubres.Au Liban, environ 35 % des réfugiés syriens enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) sont installés dans la région de la Bekaa, proche de la frontière syrienne, mais la plupart vivent dans les zones urbaines. « A Beyrouth, ils sont partout dans la rue. Ils mendient et dorment par terre », décrit Gareth Richards, directeur de l’ONG CARE au Liban. « Les enfants arrivent au Liban exténués, choqués par la guerre. Leurs parents – s’ils sont encore vivants – espèrent trouver un avenir meilleur pour leurs enfants, mais les conditions sont très difficiles ici », déplore-t-il.Lire aussi :Au Liban, le désespoir des réfugiés syriensCapacités d’accueil limitées dans les écolesSelon le HCR, 400 000 enfants réfugiés syriens sont en âge d’aller à l’école, mais seuls 106 000 ont été scolarisés en 2014, les capacités d’accueil étant dépassés. Au Liban, l’enseignement est obligatoire et gratuit pour tous les enfants de 6 à 14 ans, et le gouvernement a ouvert ses écoles publiques aux réfugiés.Lors d’une réunion de coordination humanitaire, jeudi 3 septembre, il a été annoncé que les coûts de scolarisation des réfugiés syriens seront payés par l’Unicef, le HCR et le ministère de l’éducation libanais. Les capacités d’accueil sont cependant limitées à 140 000 places pour les enfants syriens pour cette année scolaire, avec une priorité donnée aux enfants déjà scolarisés en 2014.« Nous n’avons pas les moyens de prendre en charge tous les enfants, auxquels s’ajoutent les coûts de transport ainsi que les fournitures », regrette Soha Boustani. Par ailleurs, la plupart des Syriens ont arrêté les études pendant la guerre et n’ont donc plus le niveau. « Des élèves de 12 ans se retrouvent avec des enfants de 8 ans », ajoute Mme Boustani. Les jeunes réfugiés ont également du mal à s’adapter au système scolaire libanais, où les matières les plus importantes sont enseignées en français ou en anglais. Lire aussi :13 millions d’enfants privés de rentrée scolaire à cause des guerres au Moyen-OrientAinsi, beaucoup d’enfants syriens renoncent à poursuivre leurs études et trouvent du travail. Dans les rues de Beyrouth, les garçons cirent les chaussures, les petites filles vendent des roses ou des mouchoirs. D’autres œuvrent dans la construction, le commerce ou l’agriculture, en particulier dans la Bekaa.« Dans les champs, les enfants travaillent pour deux à cinq euros pour une journée entière de labeur », indique Soha Boustani. « Le travail des enfants se développe car ils sont désespérés, obéissent et acceptent d’être exploités pour un salaire de misère », poursuit-elle. Dans la vallée de la Bekaa, les Syriens ont trouvé refuge dans des camps de fortunes. Mais les tentes ont un prix, que parfois seuls les enfants peuvent louer pour la nuit. Aide humanitaire insuffisanteLe Liban compte un réfugié pour cinq habitants, soit la plus grande concentration de réfugiés dans le monde. En janvier, le gouvernement a décidé de restreindre l’accès aux réfugiés à la frontière syrienne, en imposant des visas. Pour Gareth Richards, « c’est injuste de pointer le doigt uniquement vers le Liban. On ne peut pas laisser le pays seul face à ce fléau, la communauté internationale doit les aider ».En 2015, des initiatives ont été prises à l’échelle mondiale. L’Union européenne a notamment créé le Fonds d’affectation spéciale pour lancer des programmes d’aide d’urgence d’un montant de 40 millions d’euros, afin de secourir jusqu’à 400 000 personnes au Liban, en Turquie, en Jordanie et en Irak. L’ancien premier ministre britannique et envoyé spécial des Nations unies pour l’éducation mondiale, Gordon Brown, a promis au Liban une collecte de 100 millions de dollars pour la scolarisation des enfants syriens du Liban.Mais l’aide humanitaire est loin d’être suffisante. « L’ONU a fait un appel de dons de 4,5 milliards de dollars, mais nous n’avons reçu que 1,6 milliard. Comment voulez-vous qu’on fasse ? », s’inquiète Soha Boustani. Le manque de fonds ne permet pas de répondre à tous les besoins et d’assurer une protection maximale pour les enfants, c’est pourquoi beaucoup d’agences réduisent leur aide. « Cela a un impact direct sur les réfugiés, qui se retrouvent dans des conditions encore plus difficiles », prévient-elle, alors que le conflit syrien est entré dans sa cinquième année. Ghalia Kadiri 03.09.2015 à 15h02 • Mis à jour le03.09.2015 à 16h23 | Alexandre Pouchard et Pierre Breteau Il y a eu les images des « assauts » coordonnés de centaines de personnes s’écharpant sur des grillages barbelés dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, au Maroc. Puis les décomptes macabres des dizaines, centaines, milliers de personnes mortes noyées dans la mer Méditerranée, les images des survivants hagards après avoir réussi à traverser la Méditerranée sur une embarcation de fortune. En cette rentrée, ils sont toujours plus nombreux à tenter de rejoindre l’Europe, certains fuyant la guerre dans leur pays, d’autres la misère.52,9 millionsCet afflux de migrants et de réfugiés est-il réellement le plus important depuis la seconde guerre mondiale, comme on a pu le lire et l’entendre récemment ? Les données de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (le Haut-Commissariat aux réfugiés ou HCR), qui comptabilise depuis 1951, dans chaque pays du monde, les demandeurs d’asile, ceux ayant obtenu le statut de réfugié, les déplacés intérieurs ou encore les apatrides, permettent de répondre à cette question : oui, c’est vrai. Il n’y a jamais eu, et de très loin, autant de réfugiés dans le monde depuis plus de soixante ans – on inclut ici et par la suite, dans la dénomination de « réfugié », toutes les catégories mentionnées ci-dessus.L’augmentation, progressive, a connu une accélération fulgurante depuis 2005. On comptait cette année-là 19,4 millions de réfugiés dans le monde – sans compter les rapatriés, de retour chez eux après une période d’exil. Début 2015, ils étaient 52,9 millions. #container_14406904636{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14406904636{ height:500px; } #container_14406904636 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14406904636 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14406904636 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14406904636 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Le nombre de réfugiés dans le monde a explosé au XXIe siècle Tous types de migrants inclus : réfugiés, demandeurs d'asile, déplacés au sein d'un pays, apatrides... Hors rapatriés.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14406904636", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, 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Myanmar et du Pakistan). Les suites de conflits passés, comme des guerres civiles en Colombie ou au Népal, y ont aussi contribué.La carte ci-dessous permet de constater l’évolution du nombre de réfugiés dans chaque pays du monde de 2000 à 2014 : Les Syriens, première nationalité représentée11,7 millions de réfugiés syriensSans surprise, le contingent le plus important de réfugiés provient de Syrie, où la guerre civile débutée en 2011 est désormais une guerre totale dans un pays en ruines. Le HCR dénombrait en début d’année 11,7 millions de déplacés syriens, sur une population initiale de 23 millions de personnes, soit plus de la moitié. La situation est tellement catastrophique dans le pays que l’agence des Nations unies reconnaît désormais automatiquement comme « réfugié » toute personne fuyant la Syrie.Lire :Si la Syrie était la France, 32,5 millions de personnes auraient été déplacées par le conflit6,4 millions de réfugiés colombiensPlus étonnant, la deuxième nationalité la plus représentée parmi les réfugiés dans le monde est colombienne. Un peu plus de six millions de personnes ont fui les combats de la guerre civile entre l’armée et les groupes paramilitaires – FARC en premier lieu –, qui a causé la mort de plus de 220 000 personnes. Il s’agit principalement de déplacés intérieurs.4,1 millions de réfugiés irakiensLes Irakiens sont la troisième nationalité la plus touchée avec 4,1 millions de réfugiés. Un peu plus d’un tiers (1,5 million de personnes) sont des déplacés intérieurs, tandis que les autres ont fui le pays, qui a connu la guerre en 2003 puis la guerre civile entre chiites et sunnites. #container_14412038950{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14412038950{ height:500px; } #container_14412038950 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14412038950 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14412038950 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14412038950 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les 15 nationalités comptant le plus de réfugiés en 2014Total des réfugiés, des demandeurs d'asile, des déplacés intérieurs et apatrides.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14412038950", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Colombie","Irak","Afghanistan","RDC","Soudan","Somalie","Soudan du sud","Pakistan","Myanmar","Nigeria","Ukraine","République Centrafricaine.","Côte d'Ivoire","Azerbaïdjan"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Réfugiés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 11757673 ], [ "", 6409155 ], [ "", 4193215 ], [ "", 3685499 ], [ "", 3452941 ], [ "", 2894739 ], [ "", 2288866 ], [ "", 2265332 ], [ "", 1756166 ], [ "", 1717178 ], [ "", 1378937 ], [ "", 1111035 ], [ "", 879937 ], [ "", 809312 ], [ "", 641362 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: "", valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Pour l’anecdote, le HCR comptait 104 réfugiés français fin 2014 : 54 aux Etats-Unis, 36 au Canada et 14 en Allemagne. Comme Slate l’expliquait dans un article en 2013, il s’agit principalement d’enfants nés de parents étrangers qui sont nés sur le sol français et ont donc la nationalité française, mais dont la famille bénéficie du statut de réfugié.Les Proche et Moyen-Orient concentrent un tiers des réfugiésOù tous ces migrants, réfugiés et déplacés sont-ils ? Le HCR constate que neuf réfugiés sur dix se retrouvent dans des pays considérés comme économiquement moins développés – et non en Europe. Parmi ces principales terres « d’accueil », on retrouve le trio comptant le plus de nationaux réfugiés (Syrie, Colombie, Irak) mais également la République démocratique du Congo (3 millions), le Pakistan (2,8 millions) et le Soudan (2,4 millions). #container_14412074860{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14412074860{ height:500px; } #container_14412074860 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14412074860 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14412074860 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14412074860 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les 10 pays qui comptaient le plus de réfugiés et demandeurs d'asile en 2014Nombre de réfugiés, demandeurs d'asile, déplacés intérieurs et apatrides. Hors rapatriés.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14412074860", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#ffc832","#0386c3","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Taux pour 10 000 habitants" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: 5000, startOnTick: true, endOnTick:"", reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: 10000000, startOnTick: true, endOnTick:"", reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Colombie","Irak","RDC","Pakistan","Soudan","Soudan du sud","Turquie","Afghanistan","Nigeria"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part dans la population", "color": "#ffc832", "data": [ [ "", 3410.880806 ], [ "", 1235.341165 ], [ "", 1165.737081 ], [ "", 436.942019 ], [ "", 155.9388199 ], [ "", 640.774748 ], [ "", 1613.180417 ], [ "", 223.4755532 ], [ "", 417.8853432 ], [ "", 66.66472325 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Nombre de réfugiés en 2014", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 7947604 ], [ "", 6044488 ], [ "", 3995956 ], [ "", 3030635 ], [ "", 2886941 ], [ "", 2483905 ], [ "", 1893667 ], [ "", 1694772 ], [ "", 1307167 ], [ "", 1190078 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le Proche-Orient et Moyen-Orient concentrent à eux seuls un tiers des réfugiés dans le monde (17,2 millions), avec notamment la Turquie (1,6 million, soit 223 pour 10 000 habitants) et le Liban (1,2 million, soit… 2 587 pour 10 000 habitants).Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligneLa France comptait en fin d’année dernière un peu moins de 310 000 réfugiés ou demandeurs d’asile, soit 46 pour 10 000 habitants. Loin derrière d’autres pays européens comme la Lettonie (1 322 pour 10 000 habitants), l’Estonie (671), la Suède (233) et la Norvège (109). L’Allemagne, elle, ne comptait « que » 455 000 réfugiés et demandeurs d’asile fin 2014, soit relativement peu par rapport à sa population (56 pour 10 000 habitants), mais ce nombre est en très forte augmentation depuis le début de l’année (Berlin s’attend à en accueillir 800 000 d’ici la fin 2015).Voir aussi l'infographie : En Europe, une politique d'asile en ordre disperséLe HCR reconnaissait en juin son impuissance : « Nous ne sommes plus capables de ramasser les morceaux, déclarait Antonio Guterres, haut-commissaire aux réfugiés. Nous n’avons pas les capacités, les ressources pour toutes les victimes des conflits. »Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Madjid Zerrouky Un peu plus de vingt-cinq ans après la chute de celui de Berlin, l’Europe redécouvre les murs et érige des murailles de la Bulgarie à la Manche pour bloquer réfugiés et migrants. Dernier exemple : la Hongrie, qui construit une clôture de 175 km le long de sa frontière avec la Serbie.Au début des années 1990, déjà, l’Espagne a édifié des barbelés autour de ses enclaves nord-africaines ; la Grèce face à la Turquie en 2012 ; la Bulgarie en 2014… Pourtant, loin d’être hermétiques, ces barrières ne cessent d’être contournées quand elles ne cèdent pas, comme en cet été 2015, face à un afflux sans précédent de migrants.1. Ceuta et Melilla 2. Grèce 3. Bulgarie 4. Hongrie 5. CalaisCeuta et Melilla (1993)L’entrée de l’Espagne dans la Communauté européenne d’alors, en 1986, bouleverse le statut des territoires périphériques de la péninsule Ibérique ; outre les îles que le pays compte au large de l’Afrique (Canaries), deux territoires enclavés en plein cœur du Maroc – Ceuta (19 km2) et Melilla (12,3 km2) – deviennent des territoires européens.C’est en 1993 que le gouvernement espagnol, sous l’effet de l’augmentation des passages des migrants – surtout à Melilla – décide d’ériger des barrières pour tenter d’interdire l’accès par voie terrestre à ses deux territoires. Des clôtures, devenues un symbole de « l’Europe forteresse » pour leurs détracteurs, qui n’ont depuis cessé d’être renforcées : une triple rangée de grillages de 6 m de haut pour 11,5 km de long à Melilla,Depuis le début de l’année, à peine une centaine de migrants sur les 3 700 qui ont essayé sont parvenus à entrer dans l’enclave en escaladant le mur. Mais si les assauts massifs contre les grillages – qui impliquaient plusieurs centaines de personnes à la fois jusqu’à l’année dernière – ont pour l’instant cessé, le nombre de migrants atteignant l’enclave (par bateau, avec des faux papiers, cachés dans des véhicules) augmente : 5 300 en 2014 ; 5 800 depuis janvier 2015. Lire : Le journal d'un migrant à MelillaLire aussi :Migrants : l’efficacité en trompe l’œil des politiques répressives espagnolesEn mai 2004, le Maroc a à son tour décidé d’ajouter une barrière à l’édifice en érigeant sa clôture, haute de 5 mètres et surmontée de barbelés, autour de l’enclave espagnole de Melilla.Le mur d’Evros, en Grèce (2012)Plus symbolique qu’efficace, le mur érigé par Athènes face à la ville turque d’Edirne en 2012 est censé fermer une « brèche » de 12 km sur la frontière terrestre gréco-turque, séparée naturellement sur quelque 200 km par un cours d’eau, l’Evros. A cet endroit, le fleuve fait un coude dans le territoire turc, formant un corridor par lequel s’engouffraient jusque-là des dizaines de milliers de migrants.Sollicitée à l’époque par Athènes, la Commission européenne avait refusé de financer une barrière jugée à l’époque plutôt « inutile » par la commissaire chargée des affaires intérieures, Cecilia Malmström. Depuis, outre la traversée de l’Evros sur des embarcations, voire à la nage, les passeurs ont trouvé de nouvelles portes d’entrée : la Bulgarie ou la mer. Toutes les nuits, des migrants débarquent ainsi sur l’île de Kos après avoir traversé, depuis les côtes turques, un petit bras de mer Egée d’à peine 10 km. Cet été, la situation sur cette île touristique de 33 000 habitants pour 287 km2 est explosive, avec 7 000 migrants en attente d’un enregistrement.Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, sur les 224 000 réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier 2015, 124 000 sont entrés en Grèce.Lire aussi :A Kos, le flux de réfugiés ne tarit pasBulgarie (2014) Jusque-là « petite porte » d’entrée en Europe, la Bulgarie a vu ces derniers temps un nombre de plus en plus importent de migrants affluer sur son territoire en contournant la Grèce, une majorité venant de Syrie en transitant par la Turquie voisine. Depuis janvier, plus de 6 000 personnes ont ainsi franchi les 260 kilomètres de frontière que Sofia partage avec Ankara, soit trois fois plus que l’an dernier.Lire : Contre les migrants, un mur de barbelés fend la campagne bulgareEn 2014, l’un des pays les plus pauvres d’Europe a décidé de dresser un obstacle physique sur le chemin des migrants : en plus d’un dispositif de miradors et de caméras thermiques, un mur de barbelés haut de 3 mètres a été déployé sur les 30 km de la portion la moins montagneuse qui sépare le pays de la Turquie, considérée comme la plus facile d’accès. Un mur qui va être prolongé de 130 km en utilisant une partie des 15 millions d’euros reçus de l’Union européenne au titre de la protection des frontières en 2014, pour un coût total estimé de 46 millions d’euros. Hongrie (2015) S’estimant lâché par l’Union européenne, le gouvernement hongrois, dirigé par le conservateur Viktor Orban, a décidé à l’été 2015 de construire une barrière le long de sa frontière avec la Serbie pour endiguer le flux des migrants qui traversent le pays, provoquant notamment un vif échange entre le ministre des affaires étrangères hongrois et son homologue français Laurent Fabius qui a fortement critiqué cette initiative. Et Budapest prévoit en outre de voter une loi cet automne pour criminaliser toute tentative de franchissement de la clôture.Le pays a en outre annoncé, le 27 août, que plus de 2 100 policiers, des « chasseurs de frontière », selon la terminologie officielle, allaient effectuer des patrouilles accompagnées de chiens, et appuyés par des hélicoptères alors que le parti au pouvoir, le Fidesz, veut demander au Parlement l’autorisation de déployer l’armée à la frontière avec la Serbie.Cette année, près de 140 000 migrants sont entrés dans le pays – la plupart venant d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan et de pays africains, d’où ils tentent de rejoindre d’autres pays de l’UE. 80 000 d’entre eux ont déposé une demande d’asile, contre 43 000 sur l’ensemble de l’année dernière.Calais« Centre de commandement et de contrôle, clôtures, vidéosurveillance, détecteurs infrarouges et projecteurs lumineux » et une double clôture de 3 km de long et de 2 à 4 mètres de haut… pour empêcher les migrants d’accéder au terminal d’Eurotunnel d’où ils espèrent gagner l’Angleterre.« Toutes ces mesures vont dans le même sens et envoient un signal fort : nos frontières sont sûres, et les passeurs commettent un acte criminel en faisant venir à Calais des migrants dont ils savent qu’ils ne pourront aller plus loin », clamaient les ministres de l’intérieur français et britannique dans la déclaration parue le 2 août 2015 dans le Journal du dimanche.Mardi 4 août, le gouvernement britannique a annoncé une rallonge de 10 millions d’euros pour renforcer la sécurité du terminal d’embarquement d’Eurotunnel à Coquelles, cible de plusieurs milliers de tentatives d’intrusion ces derniers jours.Environ 3 000 migrants se trouvent dans la région de Calais et cherchent à passer en Angleterre. Cet été, jusqu’à 2 000 tentatives d’intrusion par nuit ont été dénombrées sur les 650 hectares du site d’Eurotunnel et au moins neuf migrants ont trouvé la mort sur le site ou ses abords ces derniers mois.Face à la détérioration de la situation à Calais, devenue un cul-de-sac pour des migrants déterminés à rejoindre l’Angleterre coûte que coûte, le premier ministre, Manuel Valls, a annoncé la création en janvier 2016 d’un nouveau campement humanitaire quinze ans après la fermeture du centre de la Croix-Rouge de Sangatte.Lire aussi :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Le mur maritimeAu verrouillage des frontières terrestres s’ajoute un autre mur, immense espace maritime et mortel : la Méditerranée. Depuis janvier, plus de 2 500 personnes ont péri en tentant de traverser la mer pour rallier l’Europe. Parmi elles, jeudi 3 septembre, un enfant de 3 ans échoué sur une plage turque : Aylan Kurdi, dont la photo est devenue l’emblème d’un afflux migratoire sans précédent et de ses drames.Lire aussi :Réfugiés : une photo pour ouvrir les yeux Le fonds européen pour la surveillance des frontièresLe Fonds européen pour les frontières extérieures – ou Fonds pour la sécurité intérieure/volet frontières et visas depuis 2014 – , est un instrument financier qui vise un partage équitable, entre les Etats membres, de la gestion intégrée des frontières extérieures de l’UE.Puisque les Etats Schengen n’ont pas tous des frontières extérieures à contrôler et ne sont pas concernés dans la même mesure par les flux transfrontaliers, l’Union utilise ses fonds de sorte à compenser certains des coûts pesant sur les États membres situés à ses frontières extérieures. Son budget est de 4 milliards d’euros pour la période 2014-2020.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA) a décidé de déposer plainte contre un haut fonctionnaire européen, qui se serait rendu coupable d’une violente agression au cours de laquelle il aurait traité sa victime de « sale juive » après avoir fait l’apologie de Hitler et de Mussolini. L’intéressé, « administrateur » à la Commission de Bruxelles est, par ailleurs, le responsable de Génération 2004, l’un des syndicats qui s’occupent de défendre les intérêts des 35 000 fonctionnaires européens.Un soir de juillet, dans un café du quartier européen, une dispute a opposé le fonctionnaire à une personne d’origine italienne dont il ignorait, à ce moment, qu’elle occupait également une haute fonction en tant que chef d’unité à la direction générale « Voisinage » de la Commission. Elle y gère notamment l’aide financière apportée à l’Autorité palestinienne. L’homme, qui portait une plaque métallique à la gloire de Benito Mussolini et critiquait l’attitude d’Israël à l’égard des Palestiniens, a agressé cette fonctionnaire, qui lui avait fait observer que Mussolini était « quand même un dictateur ».Antisémitisme ambiantLa jeune femme, frappée à la tête et victime d’une tentative d’étranglement, a subi une commotion cérébrale, attestée par un certificat médical. Elle a déposé une plainte, appuyée par le témoignage d’un ami qui l’accompagnait et d’autres personnes présentes dans l’établissement. Ils confirment que l’homme qui l’a frappé aurait lancé « Hitler aurait dû tuer tous les juifs ». La victime n’est pas juive, mais a jugé que ce qu’elle avait subi était révélateur du climat d’antisémitisme ambiant.Elle a donc contacté la Ligue belge, qui demande à la Commission de prendre, à l’issue de l’enquête, « les mesures adaptées à la gravité des faits », à savoir de licencier l’auteur de l’agression pour faute grave. Entre-temps, celui-ci devrait être suspendu, « afin de garantir l’intégrité physique et psychologique de la victime », estime le président de la Ligue, Joël Rubinfeld.Contacté par courrier électronique et par téléphone jeudi matin, l’auteur de l’agression n’avait pas répondu jeudi soir aux sollicitations du Monde. Interrogé par Le Soir de Bruxelles, il n’a pas davantage souhaité commenter les faits mais a reconnu, en revanche, qu’il avait subi dans son pays d’origine, Malte, une condamnation à six mois de prison avec sursis, en 2002, pour détention d’images pédopornographiques.Interrogée, la Commission a indiqué qu’elle ignorait tout de cette affaire. Elle indique avoir ouvert une enquête interne et attendre les conclusions de l’enquête de la justice belge, avec la volonté de préserver la présomption d’innocence. Les services du président Juncker confirment que, lors de l’embauche d’un fonctionnaire, son casier judiciaire est, en principe, examiné, et qu’une condamnation qui y figurerait pourrait entraîner l’annulation d’un engagement.Lire aussi :Les juifs belges vivent dans la crainte d’un nouvel attentatJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.09.2015 à 12h09 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne et son président, Jean-Claude Juncker, vont proposer un nouvel ensemble de mesures pour agir en urgence dans la crise des migrants. M. Juncker devrait évoquer, mercredi 9 septembre, à Strasbourg, l’accueil de 120 000 demandeurs d’asile supplémentaires arrivés en Grèce, en Italie mais aussi en Hongrie.Avant l’été, un plan de répartition de 40 000 réfugiés entre les Vingt-Huit avait suscité de vives discussions. Les « quotas » évoqués au départ avaient laissé la place à une répartition « volontaire ». Aujourd’hui, 30 000 de ces personnes arrivées sur les côtés italiennes ou grecques ont été « relocalisées », tandis que la route des Balkans connaît un nouvel afflux, transformant la Hongrie en l’un des premiers pays d’entrée dans l’Union européenne.En formulant une proposition d’accueil de nouveaux réfugiés, dont ceux présents en Hongrie, M. Juncker manifeste au premier ministre hongrois, Viktor Orban, qu’il doit rencontrer jeudi 3 septembre dans l’après-midi, sa volonté d’aider davantage son pays. Il vise également à briser l’alliance entre la Hongrie et ses voisins du « Groupe de Visegrad », qui doivent se réunir vendredi à Prague. La République tchèque, la Slovaquie et la Pologne restent elles aussi très réticentes face à l’idée d’accueillir des demandeurs d’asile sur leur territoire.Le président de la Commission proposera aussi la semaine prochaine un mécanisme permanent de relocalisation, avec une clé de répartition semblable à celle utilisée par la procédure d’urgence. Les capitales qui refuseraient de participer à la répartition verseraient de l’argent aux autres, en guise de contribution alternative. Une manière, peut-être, d’éviter de nouvelles discussions houleuses.Espace de Schengen « clairement menacé »A Bruxelles, Viktor Orban doit également rencontrer jeudi Donald Tusk, le président du Conseil européen, et Martin Schultz, celui du Parlement. Les différences d’approche de MM. Orban et Schultz sont apparues au grand jour, lors de leur conférence de presse commune. M. Orban a invité les candidats à l’asile à rester en Turquie et en Serbie, deux pays « sûrs », selon lui.Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligneEt il a insisté sur le fait que son pays ne faisait rien d’autre que répondre aux injonctions de ses partenaires européens – notamment l’Allemagne et l’Autriche – en contrôlant sa frontière, quitte à y ériger des barbelés ou un mur. Il a également critiqué ses homologues qui, selon lui, ne sont « pas capables de contrôler la situation actuelle » et a estimé que l’espace de libre circulation de Schengen était « clairement menacé ». « Vous voyez combien notre discussion a été difficile », répondait M. Schulz, estimant que les solutions préconisées par la Hongrie n’étaient pas les bonnes.Lire aussi :A la demande de l’Allemagne, l’Italie va renforcer les contrôles frontaliersM. Juncker et la Commission proposent également d’établir une liste des « pays sûrs », réclamée par la France et l’Allemagne. Les ressortissants des Etats concernés se verraient rapidement refuser l’asile, avec l’objectif de désengorger les services nationaux chargés de l’examen des demandes. La politique des retours serait par ailleurs accélérée, avec la possibilité d’une intervention financière des institutions européennes.Tentant de prendre la main dans la crise de grande ampleur que connaît l’Union, la Commission va tenter d’imposer à cette occasion son « agenda » pour la migration. Une discussion aura également lieu à Luxembourg, jeudi et vendredi, lors d’une réunion informelle des ministres affaires étrangères. Les ministres français, allemand et italien viennent d’adresser à la haute représentante, Federica Mogherini, une lettre l’invitant à lancer une discussion sur une répartition « plus juste » des réfugiés, ainsi qu’un système d’asile et une politique de retours « plus efficaces ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent « Image d’horreur insoutenable que celle d’une enfance sacrifiée. Indignation & écœurement face à l’inaction intolérable de la communauté int (ernationale) ». Non, cette citation n’émane pas d’un intellectuel de gauche, mais bien d’Eric Ciotti, député républicain des Alpes-Maritimes, sur Twitter. Image d’horreur insoutenable que celle d’une enfance sacrifiée. Indignation & écoeurement face à l’inaction intolérable de la communauté int— ECiotti (@Eric Ciotti ن)require(["twitter/widgets"]);Il évoque évidemment cette image d’Aylan, enfant de trois ans mort noyé le long des côtes turques. Publiée mercredi 2 septembre, notamment par la presse britannique, elle a ému l’opinion internationale sur le sort des réfugiés fuyant la guerre en Syrie.M. Ciotti a bien entendu le droit, comme tout un chacun, d’être ému et horrifié par cette photo. Il n’est, du reste, pas le seul. Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente des Républicains, a fait part sur France Inter jeudi 3 septembre de son indignation, dénonçant le fait qu’on ait « enchaîné les réunions d’urgence » européennes sur la Grèce, mais qu’il n’y en ait pas « pour qu’on arrête de mourir sur les plages ». Ce qui distingue M. Ciotti, c’est qu’il n’a, jusqu’ici, pas réellement manifesté de soutien à la cause des réfugiés syriens, au contraire : il fait partie de ceux qui, au sein des Républicains, tiennent les positions les plus fermes sur la question.Ainsi, M. Ciotti estimait, le 25 août, sur le plateau de « Mots Croisés », qu’il était temps « d’arrêter avec cette fausse générosité » à l’égard des migrants, et qu’il fallait lui préférer « la fermeté ». La fermeté est la seule garantie de l’humanité, il faut arrêter avec cette fausse générosité #Immigration #Europe #TirsCroisés— ECiotti (@Eric Ciotti ن)require(["twitter/widgets"]);Il expliquait également qu’il ne fallait pas parler de « migrants » (encore moins de réfugiés), car il s’agissait en réalité « pour la plupart » de « clandestins qui veulent venir en Europe ». Même le mot de #migrants masque la réalité : pour la plupart, il s'agit de clandestins qui veulent venir en Europe #TirsCroisés— ECiotti (@Eric Ciotti ن)require(["twitter/widgets"]);Un peu plus tôt, le 20 août, il répétait une de ses propositions phares : « détruire les bateaux » des passeurs par des actions militaires car « lorsque les clandestins sont en Europe, c’est trop tard ».Il faut s’attaquer aux passeurs, détruire leurs bateaux. Lorsque les clandestins sont en Europe c'est trop tard. #FranceInfo— ECiotti (@Eric Ciotti ن)require(["twitter/widgets"]);Le député des Alpes-Maritimes n’en est cependant pas à sa première contradiction sur le sujet : le 15 août, il cosignait une tribune en faveur des chrétiens d’Orient, appelant la France à « déclarer l’Etat d’urgence » pour aider ces populations, persécutées par l’Etat islamique en Syrie et en Irak.Mais le 10 août, il avait martelé son appel à « rompre avec le traitement idéologique qui est fait de cette crise et à défendre auprès de l’Union européenne une politique de fermeté, seule à pouvoir mettre un terme à cette situation. L’Union européenne doit engager sans plus attendre des opérations militaires visant à détruire les filières de passeurs à la source et créer des centres de rétention pour migrants dans les pays d’entrée en Europe ».Et fin juillet, il critiquait un gouvernement qualifié « d’irresponsable » pour avoir accepté « la proposition de la Commission européenne d’accueillir sur notre sol un quota de demandeurs d’asile, près de 10 000, alors que notre propre dispositif de traitement des demandeurs d’asile est à bout de souffle et débordé ».On pourrait multiplier les citations et les exemples. Tenant d’une ligne dure face à l’immigration, M. Ciotti souhaite créer des centres de rétention aux frontières européennes, et plaide pour la destruction militaire des navires de passeurs. Jusqu’ici, on ne l’avait pas ou peu entendu déplorer la situation humanitaire et le drame que constituent les millions de réfugiés syriens ou irakiens fuyant des pays en guerre.Sur France Inter, Mme Kosciusko-Morizet a affiché pour son parti une position différente de celle du député, estimant : « On ne rationne pas le droit d’asile. Quand quelqu’un est persécuté, on doit l’accueillir. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Alors que la Chine communiste a célébré jeudi 3 septembre pour la première fois les 70 ans de la résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise, Jean-Pierre Cabestan, directeur du département de science politique de l’Université baptiste de Hongkong et auteur de Le Système politique chinois. Un nouvel équilibre autoritaire (Presses de Sciences Po, 2014), décrypte les tenants et les aboutissants du grand défilé militaire organisé par le pouvoir chinois à Pékin.Lire aussi :La Chine s’offre une parade à grand spectacle comme démonstration de forceQu’a révélé pour vous le défilé militaire ?Il y a plusieurs messages combinés ; pour les armes, on a aperçu beaucoup de missiles et d’avions, mettant en lumière une capacité de projection croissante des forces au-delà des côtes chinoises, un aspect suivi de près à Taïwan et dans l’ensemble de la région. Il y a aussi un côté très soviétique : on note le contraste entre un discours qui promeut la paix, avec un lâcher de colombes et de ballons, et cette démonstration de force impressionnante. La réduction des troupes de 300 000 hommes est un dégraissage qui vise à renforcer l’outil militaire et accélérer sa modernisation. Ce n’est pas surprenant en soi, la volonté de moderniser et transformer l’armée a été maintes fois annoncée. Le modèle, c’est l’Amérique. En outre, avec la hausse des soldes, il est plus efficace d’investir dans les matériels.Que dit cette démonstration de force des intentions de la Chine ?Les Chinois veulent montrer qu’ils sont une puissance militaire majeure, il y a chez eux la volonté de s’affirmer comme première puissance asiatique. On constate chez beaucoup d’entre eux une espèce de fascination pour les armes, les militaires, les uniformes et tout ce qui a trait à la guerre, ce qui est préoccupant. Il y a profusion de programmes télévisés sur tout cela. On peut parler d’une montée du militarisme en Chine – les Chinois critiquent les Japonais sur ce point, mais le militarisme chinois est plus inquiétant, car présent et non passé. C’est un pays qui apparaît comme cherchant la bagarre et voulant utiliser ses nouveaux armements.Comment doit-on décrypter la liste des participants et des absents au grand défilé militaire chinois du 3 septembre ?Il y a une hiérarchie intéressante, d’abord Poutine, puis les voisins de la Chine. Le cas assez inattendu, c’est celui de Park Geun-hye, la présidente sud-coréenne – sa présence rappelle la position traditionnelle du pays tributaire et respectueux de la Chine qu’a longtemps été la Corée, à la différence du Japon, sans pousser trop loin l’argument culturaliste. En Asie, des pays comme le Laos et le Cambodge sont naturellement présents, ils sont sous dépendance étroite. Le Vietnam et Birmanie sont des pays qui évoluent dans leur relation avec la Chine, mais ils ne peuvent pas se passer d’une coopération étroite avec leur grand voisin. Il y a aussi un certain nombre de pays autoritaires. En Europe, la France et l’Italie envoient leurs ministres des affaires étrangères, ce sont de fait les pays les plus conciliants, qui ont peut-être le moins de recul par rapport à cette démonstration de force chinoise.Les défilés militaires ont lieu en Chine tous les dix ans en principe. Celui-ci fait exception à la règle, le dernier avait eu lieu en 2009. Comment l’expliquer ?La paix avec le Japon a été signée le 2 septembre sur le Missouri et le lendemain, le gouvernement nationaliste de Nankin avait décrété trois jours fériés. Le général Hsu Yung-chang représentait la République de Chine sur le Missouri, au côté de représentants d’autres pays. En tout cas, le Parti communiste chinois (PCC) n’y était pas représenté. Le 3 septembre était le début de la paix pour la Chine, donc un jour de réjouissances. Faire un défilé militaire ce jour-là est assez malsain, c’est profiter d’une occasion pour montrer qu’on est puissant.Quand on regarde les défilés passés, il fait penser à celui de 1984, où Deng Xiaoping avait passé les troupes en revue. Ce défilé annonçait au monde entier que Deng était le patron suprême de la Chine. Xi Jinping veut rappeler que c’est lui le patron, qu’il est fermement au pouvoir à un moment où il a mené la lutte anticorruption jusqu’au cœur de l’armée, en faisant arrêter ses deux anciens plus hauts gradés.Cela pose des questions sur l’efficacité réelle de l’armée chinoise qui est apparue comme une institution où, là aussi, tout le monde cherche à s’enrichir. M. Xi a besoin de montrer qu’il commande. Des réformes sont en cours, sur le nombre de régions militaires qui doivent fusionner, et l’intégration des grands commandements, mais sa réussite dépend de l’armée. Le défilé a été décidé avant les problèmes récents, la chute de la Bourse et l’explosion de Tianjin, mais c’est une diversion qui vient bien à propos !Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55e8136d3f142'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 16\r\n \r\n \r\nLe pr\u00e9sident chinois Xi Jinping a salu\u00e9 jeudi 3 septembre la victoire de 1945 contre le Japon en donnant le coup d'envoi d'un imposant d\u00e9fil\u00e9 militaire.\r\nCr\u00e9dits : CHINA DAILY \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le pr\u00e9sident chinois Xi Jinping a salu\u00e9 jeudi 3 septembre la victoire de 1945 contre le Japon en donnant le coup d'envoi d'un imposant d\u00e9fil\u00e9 militaire.","source":"CHINA DAILY \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":16,"item_lie":null,"link":"\/asie-pacifique\/portfolio\/2015\/09\/03\/le-chine-annonce-la-reduction-des-effectifs-de-son-armee-a-hauteur-de-300-000-hommes_4743989_3216.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 16\r\n \r\n \r\n\"La victoire totale de la guerre anti-japonaise a refait de la Chine un grand pays dans le monde\", a d\u00e9clar\u00e9 le pr\u00e9sident chinois depuis la place Tiananmen.\r\nCr\u00e9dits : DAMIR SAGOLJ \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"La victoire totale de la guerre anti-japonaise a refait de la Chine un grand pays dans le monde\", a d\u00e9clar\u00e9 le pr\u00e9sident chinois depuis la place Tiananmen.","source":"DAMIR SAGOLJ \/ REUTERS","index":1,"position":2,"total_count":16,"item_lie":null,"link":"\/asie-pacifique\/portfolio\/2015\/09\/03\/le-chine-annonce-la-reduction-des-effectifs-de-son-armee-a-hauteur-de-300-000-hommes_4743989_3216_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 16\r\n \r\n \r\nIl a ensuite pass\u00e9 en revue les troupes chinoises, debout dans une limousine sur l'avenue de la Paix c\u00e9leste.\r\nCr\u00e9dits : GREG BAKER \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Il a ensuite pass\u00e9 en revue les troupes chinoises, debout dans une limousine sur l'avenue de la Paix c\u00e9leste.","source":"GREG BAKER \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":16,"item_lie":null,"link":"\/asie-pacifique\/portfolio\/2015\/09\/03\/le-chine-annonce-la-reduction-des-effectifs-de-son-armee-a-hauteur-de-300-000-hommes_4743989_3216_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 16\r\n \r\n \r\n\"La Chine ne recherchera jamais l'h\u00e9g\u00e9monie, pas plus qu'elle ne cherchera \u00e0 s'\u00e9tendre. Elle n'imposera jamais des souffrances tragiques \u00e0 d'autres nations\", a assur\u00e9 le pr\u00e9sident Xi.\r\nCr\u00e9dits : STRINGER\/CHINA \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"La Chine ne recherchera jamais l'h\u00e9g\u00e9monie, pas plus qu'elle ne cherchera \u00e0 s'\u00e9tendre. 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Malgré l’intervention de la banque centrale chinoise, le yuan perdait finalement 1,9 % en trois jours.Tous les observateurs annonçaient alors le déclenchement d’une cascade de dévaluations compétitives et une nouvelle guerre des monnaies. Le ralentissement de la croissance chinoise, la baisse des exportations, la hausse des salaires chinois, la transition vers une économie tirée non plus par l’investissement et l’exportation, mais par la demande intérieure et la consommation des ménages : tout indiquait que les autorités chinoises avaient finalement décidé d’en finir avec la politique de renforcement progressif du yuan et de revenir à une politique de dépréciation de la monnaie qui a fait sa fortune.Mais est-ce bien à cela que nous avons assisté ? Chaque jour la banque centrale prélève les taux de marché d’un panel d’une dizaine de banques chinoises et étrangères et arrête le taux de référence qui servira de base à toutes les cotations. Le taux de marché peut alors varier dans une bande de 2 % (doublée en mars dernier) autour du taux de référence. Ce qui permet une variation maximum de 4 % par jour par rapport à une devise autre que le dollar si les taux de change des deux monnaies permutent, l’une baissant de 2 % l’autre montant de 2 % par rapport au dollar ou au panier de monnaie utilisé par la banque centrale comme taux de référence.En fonction du cours de clôture de la veilleDepuis plusieurs mois, le taux de fixing arrêté par la banque centrale se trouvait systématiquement au bas de la fourchette. Depuis plusieurs mois, sur les marchés à terme, le yuan affichait un discount (décote). Les réserves de change avaient baissé depuis le début de l’année. Le Japon avait supplanté la Chine comme premier détenteur de bons du Trésor américains.Tenant compte du ralentissement de la croissance chinoise et dans la perspective d’une hausse des taux américains à la rentrée, les fuites de capitaux s’accéléraient : 320 milliards de dollars au cours des trois derniers mois. Prenant acte de cette évolution, le Fonds monétaire international (FMI) annonçait que le taux de change du yuan était maintenant proche du taux de marché. Dans une démarche tout à fait inhabituelle et contraire aux pratiques du régime, la banque centrale tenait une conférence de presse pour clarifier sa politique.La Banque Populaire de Chine annonçait qu’elle n’avait pas l’intention de procéder à d’autres dévaluations et que la dévaluation visait à renforcer le rôle du marché dans la détermination du taux de change. Tout le monde sait que le très influent gouverneur de la banque centrale, Zhou Xiaochuan, est favorable à la poursuite des réformes et à l’extension du rôle du marché. Désormais le taux de change serait fixé non pas en fonction du panel de cotations des banques, mais en fonction du cours de clôture de la veille.La banque centrale a été victime de sa politique de désinformation : personne ne l’a crue. Et si pour une fois elle disait la vérité ? La baisse de 3 % en une seule séance de la parité du yuan n’a fait que corriger la hausse du yuan au cours des jours précédents. Au demeurant une baisse de 1,9 % est tout à fait insuffisante pour avoir un impact significatif sur les exportations, d’autant que la demande mondiale est encore très faible. Dans les circonstances actuelles, il faudrait une dévaluation d’au moins 10 % pour que sociétés exportatrices chinoises puissent en tirer parti.Renforcer la confiance des investisseursEn outre le moment était particulièrement mal choisi. L’indice boursier des pays émergents MCI envisageait d’inclure les bourses chinoises dans le calcul de l’indice, à condition que les conditions d’accès aux marchés financiers soient facilitées pour les non-résidents. Cette insertion est essentielle, dans la perspective d’une internationalisation du yuan, pour que les investisseurs internationaux, comme les fonds de pension, puissent inclure des actions chinoises dans leurs portefeuilles.Plus important encore, la Chine voulait profiter de la révision quinquennale du panier de monnaies (dollar américain, euro, yen et livre sterling) utilisé par le FMI pour calculer les DTS (droits de tirage spéciaux). Pour la Chine, ce n’est pas une question de prestige, mais un moyen de renforcer la confiance des investisseurs au moment où le gouvernement s’apprête à prendre de nouvelles mesures pour se rapprocher de la pleine convertibilité du yuan.L’objectif du gouvernement chinois est de faire du yuan une monnaie internationale tout en conservant si possible le contrôle des mouvements monétaires. Un exercice particulièrement difficile. Les prochains jours nous diront si la banque centrale chinoise a dit vrai.Après une grave crise monétaire en juin 2013, un krach boursier en juillet 2015, il serait bien maladroit de la part du gouvernement chinois de provoquer maintenant une crise de change alors que l’objectif avoué de la Chine est de faire du yuan une monnaie internationale. Depuis plusieurs années, la Chine cherche à constituer un « bloc » monétaire autour du yuan avec les pays voisins, ceux qui précisément ont le plus à perdre d’une dévaluation de la monnaie chinoise.Dominique de Rambures (Paris-I Panthéon-Sorbonne)Dominique de Rambures est le président honoraire de l’Association bancaire de l’euro et l’auteur de La Chine, le grand écart. Le modèle chinois de développement (Nouvelles éditions de l’Aube, 2013). Francesca Fattori et Olivier Clairouin Depuis le début de l’année, plus de 350 000 personnes ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, ce qui représente la plus importante vague de réfugiés qu’a connue le vieux continent depuis la seconde guerre mondiale. Remise en cause de l’espace Schengen, divisions autour des quotas… Face à ces arrivées massives et à la crise humanitaire qu’elles représentent, l’Europe se crispe et se voit ébranlée dans ses fondements.Francesca FattoriJournaliste au MondeOlivier ClairouinJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.09.2015 à 17h10 Même si les indignations et les réactions se font plus nombreuses, la mobilisation pour l’accueil des migrants se heurte à la réticence, voire au rejet d’une partie des Français.En France l’opinion publique semble hésiter à accueillir ces familles venant en majorité du Moyen-Orient. Comment expliquer une telle attitude, à la différence de ce qui se passe en Allemagne, en Grande-Bretagne, ou dans les pays scandinaves, s’interroge Benjamin Stora, tandis que le chanteur Tété avance un sentiment d’impuissance, un aveuglement ou la dilution de responsabilité « quand il s’agit de ne pas y aller »...- Les ravages des idéologue du repli identitaire, par Benjamin Stora. Pour le président du conseil d’orientation du Musée de l’histoire de l’immigration, la diabolisation de l’antiracisme par des penseurs réactionnaires, qui nourrit l’extrême droite, accrédite la comparaison entre réfugiés et terroristes. Il est temps que la France renoue avec sa tradition de terre d’accueil, estime Benjamin Stora, le président du conseil d’orientation du Musée national de l’histoire de l’immigration.- Ces damnés de la Terre échoués en Méditerranée sont nos enfants, par Tété. L’indifférence aux souffrances des migrants est insupportable. Il faut considérer que le petit garçon mort sur une plage turque est aussi l’un des nôtres. Réveillons-nous!, s’exclame le chanteur.Et aussi :- Pourquoi viennent-ils frapper aux portes de l’Europe ?, par Smaïn Laacher. Comme l’ont fait des millions d’Européens qui ont fui la famine et les persécutions dès le XVIIe siècle, les réfugiés d’aujourd’hui ne peuvent pas s’adresser à leurs voisins pour obtenir une véritable protection, explique le professeur de sociologie à l’université de Strasbourg. 07.09.2015 à 16h19 • Mis à jour le07.09.2015 à 18h01 Près de quatre cent cinquante mille élèves privés de cours. La plupart des écoles arabes d’Israël ont fait grève, lundi 7 septembre, en solidarité avec les établissements de l’enseignement privé chrétien, eux-mêmes en grève depuis la rentrée pour réclamer davantage de fonds publics.Lire aussi :Israël : les écoliers chrétiens privés de rentrée« Une majorité des établissements arabes ont suivi la grève », a confirmé un porte-parole du ministère israélien de l’éducation sans donner plus de précision. « Certains enseignants ont cependant été obligés de faire cours », a indiqué Jafar Farah, qui a parlé de « pressions » exercées par le ministère de l’éducation sur les responsables des établissements, dans les villes où cohabitent Juifs et Arabes comme à Haïfa (nord) et Ramleh (centre).Cette grève des écoles arabes pour soutenir leurs homologues chrétiennes était organisée pour la seule journée de lundi. Les 47 écoles chrétiennes d’Israël poursuivent, elles, leur mouvement de grève illimité. Leurs 33 000 élèves – dont 60 % sont chrétiens et le reste musulmans – ne reprendront les cours qu’une fois que les autorités se seront engagées à les financer de manière plus équitable, assurent les responsables de l’enseignement chrétien en Israël.Le pape François demande une « solution adéquate »Dimanche, des milliers de manifestants, en grande majorité arabes israéliens, avaient manifesté devant le bureau du premier ministre Benyamin Nétanyahou pour réclamer plus de fonds publics pour ces écoles chrétiennes, qui reçoivent selon eux moins d’un tiers des crédits alloués aux écoles juives.L’enseignement chrétien et les autorités israéliennes se livrent depuis plusieurs mois à un bras de fer autour du budget alloué par l’Etat. Le pape François était intervenu jeudi en demandant « une solution adéquate » au président israélien Reuven Rivlin qu’il recevait au Vatican. M. Rivlin avait promis de « trouver une solution aussi rapidement que possible ».La communauté des Arabes israéliens descend des 160 000 Palestiniens restés sur leur terre après la création d’Israël en 1948. Cette communauté compte aujourd’hui plus de 1,4 million de personnes soit 17,5 % de la population israélienne, qui est aux trois-quarts juive. Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Prématurée, l’implication militaire russe en Syrie comme le prétend Vladimir Poutine ? Des photos postées sur le réseau social VKontakte, le Facebook russe, par de jeunes, et parfois même très jeunes soldats en Syrie, jettent le trouble. Ainsi, le 27 août, Pavel N., originaire de Sébastopol, en Crimée – la péninsule ukrainienne annexée par la Russie en mars 2014 –, a publié sur son compte personnel une photo le représentant en uniforme militaire, arme à la main, devant un blindé sur lequel est peint le drapeau syrien. Encore plus récemment, dimanche 6 septembre, après un « silence » de deux mois depuis sa dernière intervention sur sa page VKontakte, Vania S., tout juste âgé de 19 ans, a posté une photo de quatre hommes en uniforme, casques sur la poitrine avec ce commentaire : « C’est la Syrie !!! C’était dur les mecs ! » D’autres ont été effacées. La dernière image accessible de Maxime M., 27 ans, le situe en tenue de camouflage sur le pont d’un navire, le 29 mars, devant ce qui apparaît être le Bosphore, en Turquie. Il tend alors une feuille avec ce joli message : « Je t’aime ». Mais une photo plus récente, le montrant souriant, en civil et en tongs, devant un baraquement où est suspendu un portrait conjoint de Bachar Al-Assad et de Vladimir Poutine a disparu il y a peu. On n’en trouve plus trace que dans les archives. Des sources turques avaient évoqué le passage, par le Bosphore, de « trois grands bateaux russes ». Inquiétude de WashingtonIl existe d’autres photos de soldats russes, avec des références géographiques de villes syriennes comme Tartous, Lattaquié, Homs… Située à environ 160 kilomètres au nord-ouest de Damas, et à une trentaine de kilomètres de la frontière avec le Liban, Tartous est déjà connue pour abriter une base permanente de la flotte militaire russe. Mais le flot récent de témoignages sur les réseaux sociaux, repris en boucle par des sites, semble bien indiquer une recrudescence de la présence militaire russe. Surtout, les recrues apparaissent trop jeunes pour faire partie des « instructeurs » et des « conseillers » depuis longtemps sur place et toujours mis en avant par Moscou.A ce stade, rien ne prouve cependant que les auteurs de ces photos participent à des combats au côté de l’armée de Bachar Al-Assad. Les selfies sont posés, détendus. Aucun ne témoigne directement non plus sur la présence de pilotes destinés à préparer des frappes aériennes imminentes. Mais une vidéo datée du 23 août tournée par une milice pro-Assad et diffusée sur YouTube a elle aussi semé le trouble. En plein milieu de combats, au milieu du fracas des tirs, tandis que des soldats s’abritent derrière un mur, on entend assez clairement des hommes crier en russe : « Davaï, davaï ! Iécho raz ! » (« Vas-y, vas-y ! Encore une fois ! »).Au-delà du matériel et de l’armement fournis par la Russie à son allié syrien, admis sans difficultés à Moscou, la participation aux combats de soldats, plus délicate, ne semble pas écartée.Ces éléments rappellent étrangement les « selfies » de jeunes russes engagés ou envoyés au côté des séparatistes dans le conflit meurtrier qui mine le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, dont la présence a été niée par la Russie avant que Moscou ne reconnaisse l’existence de « volontaires ». Depuis, aussi, le Kremlin a mis bon ordre dans ce déballage en interdisant par la loi, le 28 mai, la publication de « pertes militaires en temps de paix ».A ce stade, rien ne prouve cependant que les auteurs de ces photos participent à des combats au côté de l’armée de Bachar Al-AssadLes images en provenance de Syrie ont en tout cas suffisamment inquiété Washington pour que le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, appelle samedi 6 septembre son homologue russe Sergueï Lavrov afin de lui exprimer « l’inquiétude des Etats-Unis ». « Le secrétaire d’Etat a dit clairement que si de telles informations étaient exactes, ces actions pourraient provoquer une escalade du conflit », a fait valoir la diplomatie américaine en rapportant la conversation téléphonique entre les deux ministres. Pour Washington, qui pilote depuis un an des frappes militaires contre l’EI, cela « pourrait conduire à davantage de pertes de vies innocentes, à une augmentation du flot de réfugiés et à un risque de confrontation avec la coalition contre l’Etat islamique opérant en Syrie ».Lire aussi :Moscou réaffirme son soutien à Bachar Al-AssadCoalition élargie contre l’EILa veille, en marge d’un sommet économique à Vladivostok, Vladimir Poutine, tout en critiquant la « faible efficacité » des frappes américaines, avait qualifié de « prématurée » une intervention militaire russe. « De toute façon, a-t-il alors souligné, nous apportons un soutien sérieux et fort en matière de matériel, de formation militaire et d’armement. Il y a déjà cinq ou six ans, nous avons déjà signé de gros contrats avec la Syrie et nous les exécutons dans leur intégralité. » Ces contrats prévoient notamment la livraison d’avions de chasse MIG-31. Le chef du Kremlin est revenu, dans la foulée, sur sa volonté d’agir afin de « créer une certaine coalition internationale pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme ». Mais tandis que les Etats-Unis et l’Europe continuent à prôner le départ de Bachar Al-Assad, responsable, au même titre que l’EI, des atrocités dans ce pays dévasté par la guerre, le chef du Kremlin a pris soin d’écarter de toutes représailles son allié syrien. « Les gens fuient, non le régime de Bachar Al-Assad mais l’Etat islamique qui s’est emparé de territoires, en Syrie et en Irak, et y commet des atrocités », a-t-il souligné. Ces dernières semaines, la diplomatie russe n’a cessé de mettre l’accent sur les exactions commises par l’EI, un argument rebattu par Moscou qui lui permet d’avancer l’hypothèse d’une coalition élargie contre les djihadistes de l’EI comprenant les pays de la région mais aussi l’armée régulière syrienne.Les discussions devraient reprendre entre John Kerry et son homologue russe, Sergueï Lavrov, en marge de la 70e Assemblée générale de l’ONU prévue à New York du 17 au 22 septembre. Le président Poutine, dit-on à Moscou, devrait alors y présenter son « plan » pour la Syrie.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.09.2015 à 13h35 • Mis à jour le07.09.2015 à 14h16 Incompréhension. Absurde des temps modernes. Les fruits étranges de la chanson ne pendent plus aux branches d’un arbre du sud des Etats-Unis. L’infamie sait flatter son public, et c’est désormais sur les grèves d’une Europe atone que s’échouent les susnommés.Je n’ai pas réussi à trouver le sommeil la nuit où j’ai découvert les photos du petit Aylan sur la Toile. Sur le moment, j’ai bien discerné une silhouette et l’implicite de la situation, mais il a fallu que je m’y reprenne à plusieurs fois avant que mon esprit n’accepte la lisibilité de l’insoutenable. Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Seulement voilà, il y a des limites à tout. Même au déni. Faillite du plausible. Haut-le-cœur. Trouble de l’oreille interne.Jusqu’à hier, ces flots de migrants restaient un autre indéfini, auquel seules les manchettes des chaînes d’info en continu parvenaient à donner corps. Aujourd’hui, l’autre a un visage. Celui de ce garçonnet qui aurait pu être le mien. Me couche avec la nausée et un sentiment diffus de honte. Je laisse la nuit m’engloutir.Dilution de responsabilitéJe me réveille avec cette image. Découvre au fil de la matinée et des réseaux sociaux que l’Homme trouve toujours des moyens de redéfinir les limites de l’indignité. Ces bons mots de la honte. Cette déchéance de rationalité.Sentiment d’impuissance. Un instant je songe à envoyer un tweet en haut lieu assorti de ces quelques mots : « #Migrants, on en parle ? »Velléité de mise à distance. Je me donne le temps du recul et repose mon smartphone.Sans doute devrais-je plutôt m’adresser au compte du Quai d’Orsay ou bien je ne sais pas, moi… La défense peut-être.. C’est vrai au fond. Qui est le préposé décisionnaire (ou démissionnaire, c’est selon) quand il s’agit de ne pas y aller ? Le ministère de mon propre aveuglement ou celui des affaires étranges, celles de l’autre. Dilution de responsabilité. C’est qui cet autre d’ailleurs ? Celui dont la maison se délite depuis de longs mois, une fois passées les promesses de lendemains qui chantent… C’est vrai finalement. Pourquoi est-il si urgent d’attendre ?Sur ces entrefaites, on me propose cette tribune. Dilemme. Légitimité ? Ne dit-on pas que ce sont toujours les mêmes qui ont la parole ? Eh bien, puisqu’on me la donne, je la prends.Glissement sémantiqueJe me souviens avoir vu un documentaire dans les archives de l’ina.fr qui dressait le portrait de ces Espagnols en résistance franchissant le col des Pyrénées, acculés par la folie d’un Franco. Il était alors question de « valeureux frères de là-bas », et dont l’héroïsme n’a rien à envier au nôtre. On exaltait cet acharnement à vivre libre, fût-ce et surtout chez l’autre, comme un pied de nez à la barbarie.Au fil des années, un subreptice glissement sémantique s’est toutefois opéré. Le persécuté qui nous vient de plus en plus loin et dont la présence se fait de plus en plus visible cesse de susciter l’empathie. La méfiance et un curieux désengagement émotionnel prennent le pas. On est désormais dans un champ lexical qui évoque une sorte d’état de siège. Défiance et empathie n’ont jamais fait bon ménage. Ainsi, quand les Allemands (à qui l’on prête pourtant bien des visions du monde…) nous donnent une leçon sur ce terrain-là, on est précisément en droit de se demander : « Comment en sommes nous arrivés là ? »Puisqu’il est question de violence sourde, on peut bien sûr brocarder la radicalité de certains choix éditoriaux. L’avocat du diable, lui, bottera en touche : « On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas cette fois-ci… »Je suis soudain pris d’une envie irrépressible de serrer mon fils dans mes bras. L’expression dans ses yeux traduit de sa part une incompréhension manifeste. Et si tristement légitime…Mise au ban de notre propre humanitéMon métier c’est écrire, mais je ne saurais pas trouver les mots pour lui expliquer ça, à mon gamin. Alors je ne dis rien. Le jour où il sera en âge de me demander où j’étais ce jour-là, quelle chanson vais-je bien pouvoir lui jouer ?Contrairement à l’image que convoque mon ethnicité, ma famille n’a jamais emprunté les contre-allées d’une hasardeuse filière clandestine pour rejoindre les frontières de l’Europe. Question diversité, nous sommes des « ni ni ». Notre traumatisme fondateur n’est ni politique ni économique. Nous sommes juste le fruit d’un pan d’histoire commune au fil duquel la référence à l’altérité reste omniprésente.A ce titre, je ne sais donc pas dire si c’est cet « autre » en moi qui agonise aujourd’hui, ou le chanteur sous vide en quarantaine. C’est vrai au fond. Quelle mise au ban de notre propre humanité que cette indifférence… Ce silence assourdissant qui confine à l’exil intérieur.Je n’ai de ma vie connu d’autres cohues que celles des départs en vacances encombrés. Mon métier c’est le spectacle certes, mais celui-ci me désole. Cette altérité-là, je n’arrive pas à m’y soustraire. Me voilà rattrapé par l’implicite des damnés de la terre. Ç’aurait pu être mon gamin bordel. Et pourquoi est-il si urgent d’attendre‎ ?Tété (Chanteur)Tété est né à Dakar (Sénégal) en 1975. Son prénom signifie « guide » en wolof. Malgré les discriminations, de jeunes Pygmées du Congo prennent leur destinée en main sur les bancs de l’université de Brazzaville. Ces dernières décennies, les Pygmées assistent à la destruction de leurs forêts par la guerre, l’exploitation des arbres et l’extension des terres agricoles.S'abonner dès 1 €RéagirClasserEmailFacebookTwitterGoogle +LinkedinPinterestPartagerrequire(['lmd.afrique.toolbar'], function (toolbar) { toolbar.init('.js-toolbar');}); Plus de 100 migrants secourus par les garde-côtes libyens Les Grands Moyens (5/5) : des concombres de mer pour lutter contre la pauvreté à Madagascar Chez cet ingénieur congolais, les champignons poussent dans des sacs Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Au cours d’un week-end exceptionnel, toute l’Allemagne semble s’être mobilisée pour recevoir les milliers de réfugiés – 20 000 selon la police – qui, samedi 5 et dimanche 6 septembre, sont arrivés dans le pays. Après la décision prise par Angela Merkel d’accueillir plusieurs milliers de réfugiés bloqués en Hongrie, les principales gares du pays se sont transformées dès samedi en centres d’accueil. Spontanément, les Allemands y ont apporté des vêtements et de la nourriture pour des réfugiés qu’ils ont accueillis avec des ballons multicolores, des fleurs, des applaudissements voire en leur faisant une véritable haie d’honneur.Lire aussi :Migrants : Merkel se félicite que l’Allemagne soit « un pays avec lequel les gens associent de l’espoir »Si la plupart des réfugiés sont arrivés à Munich, ils ont très rapidement été répartis dans tout le pays, selon des quotas très précis fixés après la seconde guerre mondiale, en fonction de la richesse et de la population de chaque Etat-région. Selon un sondage publié le 3 septembre par la chaîne ARD, 95 % des Allemands se félicitent du mouvement de solidarité que provoque l’afflux de réfugiés. 45 % des Allemands jugent que l’immigration offre « plutôt des avantages pour le pays » alors que 33 % pensent que les inconvénients l’emportent. Dans l’ancienne Allemagne de l’Est pourtant, les pourcentages sont presque inversés. Si les Allemands les plus aisés et ceux qui ont moins de 40 ans sont clairement en faveur de l’immigration, les plus âgés et les plus modestes sont beaucoup plus réservés. Malgré tout, 96 % des Allemands jugent justifié d’accueillir des réfugiés qui fuient la guerre. En revanche, 28 % seulement pensent que l’Allemagne doit accueillir des migrants économiques.Lire aussi :Et l’Allemagne ouvrit ses portesDimanche soir, les dirigeants de la coalition au pouvoir se sont réunis autour d’Angela Merkel pour répondre aux questions les plus urgentes que pose cette arrivée de réfugiés et pour tenter de clore la polémique entre la CSU et la chancelière. Le parti conservateur bavarois a qualifié de « mauvais signal » sa décision d’accueillir les milliers de réfugiés en provenance de Budapest. Celle-ci restera « une exception » a fait valoir le gouvernement. Dans la nuit de dimanche à lundi, celui-ci a pris plusieurs décisions pour à la fois aider les réfugiés mais aussi envoyer un signal aux Allemands inquiets. Moment historiqueL’Etat va débloquer 6 milliards d’euros en 2016, notamment pour aider les communes et les Länder à accueillir les réfugiés. Cent cinquante mille places supplémentaires vont être construites dans des foyers de premier accueil. L’ensemble des pays des Balkans occidentaux devraient être déclarés « pays sûrs ». Leurs habitants ne pourront plus se voir accorder le droit d’asile. En revanche, l’immigration légale en provenance de ces pays devrait être facilitée. Dans les centres de premier accueil, les réfugiés devraient recevoir « dès que possible » des prestations en nature et non plus de l’argent. Les expulsions devraient être mises en œuvre dans les trois mois et non dans le semestre qui suit la décision. En revanche, les réfugiés pourront travailler pour des sociétés d’intérim trois mois après leur arrivée. Enfin, trois mille postes de policiers vont êtres créés dans les trois ans à venir. « L’hospitalité à l’égard des réfugiés de guerre a une longue histoire. C’était déjà la même chose lors de la guerre dans l’ex-Yougoslavie. Peut-être est-ce dû au fait que de nombreux Allemands sont eux-mêmes descendants de réfugiés », analyse Joachim Fritz-Vannahme, de la Fondation Bertelsmann. Après la seconde guerre mondiale, environ 13 millions d’Allemands qui avaient été « déplacés » dans l’est de l’Europe des années auparavant, ont en effet « retrouvé » l’Allemagne, un pays que nombre d’entre eux ne connaissaient pas. Le fait que des néonazis multiplient les actions violentes à l’encontre des foyers de réfugiés incite en retour les Allemands à afficher leur solidarité avec les réfugiés.« Une expérience a commencé. Elle va modifier plus profondément l’Allemagne que la réunification »Les Allemands ont le sentiment de vivre un moment historique. « Une expérience a commencé. Elle va modifier plus profondément l’Allemagne que la réunification. Devant nous c’est l’inconnu », résume un éditorial de Die Zeit du 3 septembre. Dans le même journal, le sociologue Heinz Bude ajoute : « Nous sommes les Américains de l’Europe, que nous le voulions ou non ». Mais ce « moment allemand » ne va pas sans crainte. Si beaucoup en Allemagne insistent sur le fait que nombre de Syriens ou d’Afghans sont très qualifiés, Thomas de Maizière, ministre de l’Intérieur, évoque de « 15 % à 20 % d’adultes analphabètes ». 30 % des réfugiés sont mineurs et vont devoir intégrer le système scolaire qui manque déjà d’enseignants. Andrea Nahles, ministre de l’emploi et des affaires sociales, s’est fixé comme objectif « que les gens qui arrivent chez nous comme réfugiés deviennent rapidement des voisins et des collègues ». Un message positif qui, associé aux images de ce week-end qui ont fait le tour du monde, devrait encore accroître l’attrait de l’Allemagne auprès des populations en souffrance.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen), Jean-Baptiste Chastand et Les Décodeurs Voici le nombre de réfugiés que chaque pays devrait accueillir, ainsi que ce nombre rapporté au nombre d’habitants.Royaume-Uni, Irlande et Danemark, qui bénéficient d’exemptions en matière de politique migratoire, n’ont pas à participer à cette répartition, même s’ils pourront accueillir des migrants sur une base volontaire. Italie, Hongrie et Grèce, aux capacités d’accueil déjà saturées, n’apparaissent pas non plus dans ce graphe, car le plan de l’UE est justement de les délester d’une part de la charge de l’accueil. #container_14416117412{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416117412{ height:500px; } #container_14416117412 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416117412 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416117412 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14416117412 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Migrants : les quotas proposés par la Commission européenneNombre de réfugiés à accueillir, en valeur absolue et rapporté au nombre d'habitants.Source : Commission européenne(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Jeudi 12 février, il a adopté à l'unanimité une résolution visant à bloquer leur financement, issu notamment de la contrebande de pétrole, du trafic d'antiquités et de rançons réclamées à la suite d'enlèvements.Ce texte, présenté à l'initiative de la Russie, alliée de Damas, a été coparrainé par trente-sept pays, dont les principaux protagonistes du conflit syrien (Syrie, Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Irak, Iran et Jordanie notamment). Il demande aux Etats de geler les avoirs de ces groupes qui combattent le régime syrien, de ne pas commercer directement ou indirectement avec eux et de contrôler le trafic de camions passant notamment par la frontière turque. La résolution étend à la Syrie l'interdiction de faire commerce de biens culturels volés, qui s'appliquait déjà à l'Irak. Les contrevenants s'exposent, en principe, à des sanctions.Lire notre analyse (édition abonnés) : L'or noir, arme stratégique de l'Etat islamiqueUN MILLION DE DOLLARS PAR JOURSelon des experts, le groupe Etat islamique tirerait près de un million de dollars par jour de la vente de pétrole à de nombreux intermédiaires privés. Mais ces revenus ont été amenuisés sous l'effet des bombardements de la coalition internationale, qui ont détruit des raffineries, et surtout par la baisse du cours du brut.Cette initiative accroît la pression sur les djihadistes, qui, selon des responsables américains, ont commencé à perdre du terrain en Syrie et sont menacés d'une offensive terrestre en Irak.Lire : L’Etat islamique sort-il affaibli de la bataille de Kobané ? 12.02.2015 à 16h25 • Mis à jour le12.02.2015 à 18h50 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le « cas grec » est à nouveau au menu de l’Europe, jeudi 12 février. Après un premier rendez-vous raté, mercredi soir, à l’occasion de la réunion des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union qui s’en emparent, à la faveur d’un Conseil européen informel qui débute en soiréeLes Européens espèrent qu’à cette occasion, le premier ministre grec, Alexis Tsipras – pour qui il s’agit du premier « vrai » rendez-vous sur la scène européenne – enverra un signal de bonne volonté. Une rencontre bilatérale pourrait avoir lieu entre M. Tsipras et la chancelière allemande Angela Merkel, un des rares dirigeants européens qu’il n’ait pas encore rencontré, et qui est pourtant incontournable dans la négociation qui s’est engagée entre la Grèce et ses créanciers pour renégocier son énorme dette.« Je suis sûr que tous ensemble nous pouvons trouver une solution viable pour soigner les blessures causées par l'austérité, a estimé M. Tsipras à son arrivée au sommet européen. Nous sommes à un tournant crucial pour l'Europe. »Martin Schulz, le président du Parlement européen, qui a déjà rencontré deux fois M. Tsipras, devait, en début de Conseil, appeler les chefs d'Etat et de gouvernement à trouver un accord, dans l'intérêt commun de la zone euro.La réunion de l’Eurogroupe, qui a été improductive, a, toutefois, laissé des traces dans les esprits, selon plusieurs sources européennes interrogées jeudi. Les Européens apparaissent très déçus de ce rendez-vous raté et commencent à émettre des doutes sur la possibilité d’arriver à quelque chose de suffisamment consistant lundi 16 février, lors d’un nouvel Eurogroupe.Après l'échec de l'Eurogroupe, la Grèce est-elle vraiment dans l'impasse ?« Prêts à signer mercredi soir »De fait, les ministres des finances de la zone euro ont passé près de six heures à travailler sur le texte d’un accord. Selon plusieurs sources, ce texte avait reçu, à un moment dans la soirée, l’accord des 19 représentants des pays de la zone euro, y compris la partie grecque. Ce texte « était plutôt satisfaisant pour les Grecs, puisqu’il évitait de mentionner la troïka des créanciers [Banque centrale et Commission européennes, Fonds monétaire international], on parlait d'"institutions" », rapporte une source.Le « draft » mentionnait aussi une extension du deuxième plan d’aide financier à la Grèce, qui s’achève théoriquement le 28 février, mais « en tenant compte des nouveaux projets du gouvernement » grec. Il s’agissait, en l’occurrence, de se donner de la marge pour négocier, dans les jours ou les semaines qui viennent, entre Athènes et le reste de l’eurozone, une liste de réformes à mettre en place en Grèce, tenant compte de la volonté politique de M. Tsipras d’en finir avec l’austérité.Mais, après un coup de téléphone à Athènes avec M. Tsipras, Yanis Varoufakis, le ministre des finances grec, est revenu sur le contenu du « draft ». « Cette stratégie a détruit beaucoup de bonne volonté de la part des Européens. Ils étaient prêts à signer mercredi soir », souligne une source, inquiète.Le dialogue n’est pas rompuDès lors, c’est la nouvelle réunion de l’Eurogroupe, prévue de longue date lundi 16 février, qui s’annonce décisive : elle est présentée comme le rendez-vous de la dernière chance pour trouver un accord entre Athènes et le reste de l’Eurozone.Pour formaliser cet accord, il faudra toutefois que les engagements du gouvernement grec soient suffisamment précis. Que celui-ci donne au moins une idée des réformes qu’il pourrait mettre en place, car bon nombre des mesures sur lesquelles le précédent gouvernement grec s’était engagé ne sont toujours pas sur les rails.Il faudra aussi que, si un accord est trouvé, il soit de susceptible d’être « défendu » par les gouvernements allemand, néerlandais, autrichien, et finlandais qui devront le faire avaliser par leurs parlements respectifs. Cela va demander un gros travail entre techniciens de la troïka des créanciers et les équipes du gouvernement Tsipras. Ces dernières étaient à Bruxelles encore jeudi. Le dialogue n’est pas rompu, selon plusieurs sources. Mais la volonté politique d’un accord rapide est-elle encore là ?Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicole Vulser Le textile est aux avant-postes de l’économie mondiale et l’étude annuelle publiée à l’occasion du principal salon mondial du textile, Première Vision, qui se tient à Villepinte (Seine-Saint-Denis) jusqu’au jeudi 12 février, donne le pouls de ces grands échanges planétaires.Fait nouveau, la Chine, dont les exportations vers l’Union européenne se tassaient sévèrement depuis 2011, rebondit. Mais de nouveaux fournisseurs montent aussi en puissance, portés à la fois par des facilités douanières et des bas coûts de main-d’œuvre : c’est le cas, par exemple, du Kenya pour les États-Unis, ou encore, pour le Vieux Continent, de certains pays d’Europe centrale, comme la Moldavie, ou la Macédoine.La Chine conforte sa position en Europe et aux États-UnisPremiers fournisseurs de vêtements dans l’Union européenne, les industriels chinois affichent une hausse de 5 %, à 28 milliards d’euros de leurs exportations sur les trois premiers trimestres 2014, selon l’étude de la fédération de la maille et de la lingerie. De façon plus générale, les importations européennes d’habillement ont augmenté de + 8 %, à 55,4 milliards d’euros sur cette période.Aux États-Unis aussi, les importations de vêtements progressent toujours et ont atteint 75,8 milliards de dollars (66,9 milliards d’euros) sur les onze premiers mois de 2014. La Chine occupe la première place dans ces importations.Lle Bangladesh souffre, le Kenya souritAux États-Unis, le Bangladesh, à la quatrième place des fournisseurs, connaît des difficultés. Barack Obama a retiré à ce pays le privilège d’un accès douanier gratuit aux États-Unis après la tragédie du Rana Plaza, qui avait fait 1 135 morts en avril 2013.> Lire aussi : Ateliers textiles au Bangladesh : des milliers de manquements à la sécurité mis au jour La géopolitique textile et le sourcing – les pays où s’approvisionnent les donneurs d’ordre – évoluent rapidement, de façon souvent aussi cynique que le dumping et la recherche incessante de coûts de main-d’œuvre les plus bas possibles.C’est ainsi par exemple que le Kenya a vu l’an dernier ses exportations bondir de 23,7 % presque exclusivement vers son premier marché, les États-Unis. Dans le cadre de l’AGOA en effet, les exportateurs kényans ne paieront pas de droits de douane pour les États-Unis jusqu’à fin 2015 et ils militent activement pour proroger cet accord.Les ateliers de Moldavie et de Macédoine alimentent l’EuropeAutre exemple en Europe. De plus en plus d’industriels italiens ou anglais, comme les maisons de luxe Armani, Dolce Gabbana, Versace, Moncler ou Prada, mais aussi les spécialistes de la mode à plus petits prix, comme Primark ou Benetton, sous-traitent en Moldavie, où le salaire moyen mensuel est de 210 euros.À Tiraspol, en Transnistrie, une des plus grandes entreprises textiles d’Europe affiche une capacité de production annuelle de 140 millions de mètres carrés de tissus ennoblis. Un reste historique du temps où cette région fournissait tous les uniformes soviétiques.Les exportations moldaves à destination de l’UE sont exonérées de droits de douane. Cela vaut aussi pour la Macédoine, qui compte elle aussi comme clients prestigieux Hugo Boss, Escada, Just Cavalli ou encore, dans la mode peu chère, Topshop.Depuis 2014, le système généralisé de préférences tarifaires - qui vise à aider certains pays à exporter - par des réductions ou des suppressions de droits de douane a été ramené de 177 à 90.Taxes douanières et marchés publics au cœur du traité transatlantiqueCette question de la facilitation des procédures douanières est aussi au centre des négociations du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), dont le neuvième « round » est prévu en avril, à Washington. À terme, l’idée est d’arriver « à ne plus avoir de taxes douanières », des deux côtés de l’Atlantique a indiqué au « Monde », Gail Stricker qui négocie pour les États-Unis.Les travaux des représentants américains et européens se focalisent aussi sur les problèmes réglementaires visant à protéger les consommateurs et sur l’épineuse règle d’origine. « Pour faciliter les échanges commerciaux, nous demandons de lever des obstacles existants », explique au « Monde » Isabelle Weiler, en charge du commerce et de l’industrie au sein d’Euratex, la confédération européenne du textile et de l’habillement basé à Bruxelles.Sont sur la table toute une série des questions techniques comme l’étiquetage (les informations données ne sont pas les mêmes d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique), les tests d’inflammabilité des tissus (ils ne sont pas identiques, même s’ils exigent le même niveau de protection), ou encore les critères de non-dangerosité des vêtements pour enfants.Autre chantier complexe dans ces négociations, l’accès aux marchés publics. L’amendement Berry interdit par exemple aujourd’hui aux entreprises non américaines de participer à un appel d’offres visant à habiller les militaires américains. Réciproquement, même s’il n’existe pas de législation de ce type en France, il est très difficile aux entreprises textiles américaines d’obtenir un marché pour les uniformes des soldats français.« Nous en sommes aux discussions préliminaires sur ce dossier », confirme Gail Stricker qui négocie parallèlement pour les États-Unis dans l'’accord de partenariat transpacifique (Trans Pacific Partnership) depuis quatre ans.À la recherche de règles communes pour l’indication de l’origine des produitsEn ce qui concerne la recherche des règles communes pour l’indication de l’origine des produits, les revendications diffèrent selon les caractéristiques des deux marchés. Aux États-Unis, la filière est très intégrée et comprend aussi bien la production de fil (notamment de coton et de polyester) que le tissage et la confection.En Europe, la moitié des textiles produits est utilisée non pas dans la mode mais dans l’aérospatiale, la construction, la santé… « Aujourd’hui, c’est le pays où s’effectue la dernière opération qui peut figurer sur l’étiquette », explique Gail Stricker. Pour une chemise, si le fil vient des États-Unis, le tissage du Costa Rica et la confection du Salvador, c’est ce dernier qui figurera sur l’étiquette.Ce qui est en jeu dans les négociations TTIP n’est pas tant le nom du pays retenu, mais le nombre d’opérations effectuées sur le même territoire.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Maryline Baumard Alors qu’un nouveau drame a coûté la vie à plusieurs centaines de migrants venus d’Afrique, l’agence Frontex, chargée depuis Varsovie de surveiller les frontières de l’Europe, est accusée d’inefficacité et d’inadaptation face à la situation. En Méditerranée, son programme, baptisé Triton, assure la surveillance des côtes depuis novembre 2014. Il a remplacé la mission Mare Nostrum, financée par l’Italie et destinée au secours en mer. Entretien avec le directeur exécutif de Frontex, le Français Fabrice Leggeri, en poste depuis le 16 janvier.L’UE impuissante face aux drames de l’immigrationFrontex peut-il continuer à observer les naufrages sans agir ?Je voudrais d’abord rappeler ce qui s’est passé en début de semaine. L’Italie a reçu des appels de détresse de bateaux situés à 40 miles des côtes de Tripoli. L’Espagne, qui en a aussi reçu, les a reroutés vers l’Italie, preuve que l’Europe a un sens en matière de coopération.À quarante miles des côtes, nous sommes évidemment dans les eaux libyennes. D’emblée pourtant, les Italiens, qui ont reçu les premiers appels ont déclenché le plan « recherche et sauvetage ». Cela signifie que l’opération Triton de surveillance des frontières, que nous menons sous autorité italienne, a immédiatement été suspendue et que les navires italiens engagés dans Triton ont changé de commandement, passant sous l’autorité des gardes-côtes pour être intégrés dans l’opération de recherche. Ils le sont d’ailleurs encore et Frontex n’a toujours pas redémarré puisque si trois bateaux ont été retrouvés, un quatrième manque toujours à l’appel.Les récits rapportent que les bateaux de Frontex n’étaient pas opérationnels lors du naufrage…Sur la zone en question, la patrouille Frontex est composée d’un navire maltais et d’un autre islandais [ils sont prêtés par les Etats], auxquels s’ajoutent deux navires italiens. Les bâtiments maltais et islandais étaient effectivement en maintenance, mais les deux navires italiens ont été versés d’emblée à l’opération de recherche, même s’ils se trouvaient très loin de la zone. En réalité, Frontex a donc fourni des moyens supplémentaires à l’opération de secours mise en place par l’Italie.Des centaines de migrants en provenance de Libye disparus au large de l’île de LampedusaQue sait-on à l’heure actuelle de ce naufrage ?Dans un premier temps, les forces italiennes ont recueilli un premier bateau avec 75 personnes à bord. Dans un second temps, elles en ont repéré deux autres. Il ne restait que deux survivants sur l’un, et 7 sur le deuxième. Les autorités italiennes, qui, je vous le répète, ont repris le contrôle des navires de l’opération Triton, sont toujours à l’heure actuelle en train de rechercher la quatrième embarcation dont ont parlé les rescapés des trois premières. Ces migrants ont en effet expliqué que quatre bateaux étaient partis en même temps des côtes libyennes.Ce type de drame se reproduira inévitablement…Nous sommes confrontés à un trafic d’êtres humains. Les rescapés racontent avoir été contraints de monter dans les bateaux alors que les conditions météorologiques empêchaient tout départ. Ils ont vécu des heures épouvantables mais sont interrogés, lorsque leur état le permet, dans l’enquête ouverte, afin que l’on tente de prévenir les drames à venir.La solution ne passe-t-elle pas par une surveillance des eaux territoriales libyennes ? Frontex a un périmètre d’intervention plus limitée que Mare Nostrum qui lui préexistait…On n’intervient pas comme cela dans les eaux d’un Etat voisin ! Pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie, il a fallu une décision du Conseil de sécurité de l’ONU et une coalition internationale d’Etat…Ne faut-il pas penser tout de même à un élargissement des missions de Frontex d’abord en charge de surveiller les frontières ? Nous prouvons chaque jour notre capacité opérationnelle. Je suis allé à Bruxelles depuis ma prise de fonction pour lancer un appel aux Etats membres, afin qu’ils prennent conscience de la situation. J’ai le sentiment que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, y est très attentif. En décembre, le Parlement européen a débloqué 20 millions d’euros supplémentaires pour Frontex, mais mon travail est de sécuriser les moyens opérationnels pour toute l’année 2015 et je m’y attache. Par ailleurs, je suis allé à Rome et nous avons décidé de faire le point régulièrement afin d’améliorer notre modus operandi.Vous êtes inquiets pour les prochains mois ?Oui, d’ordinaire peu de bateaux arrivent durant les mois d’hiver. Le drame que nous venons de connaître donne une idée de la situation à laquelle nous allons devoir faire face dans les mois à venir.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois L’accord de vente à l’Égypte de 24 avions Rafale, d’une frégate multimission FREEM et de missiles courte et moyenne portée MBDA, pour un montant de plus de 5 milliards d’euros, vient d’être paraphé par les différentes parties, jeudi 12 février.La dernière page du document, qui détaille les modalités de cet accord, doit encore faire l’objet d’une dernière double signature officielle : celle du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, et celle d’un représentant de l’Etat français, qui pourrait être le président de la République, François Hollande, lui-même, ou le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian. Cette signature officielle est prévue lundi 16 février au Caire.Première visite à l’automne 2014La rapidité avec laquelle a été conclu ce contrat est présentée, par le milieu de la défense français, comme « du jamais-vu ». L’affaire égyptienne a été bouclée en trois mois. Les questions de financement, qui posaient quelques problèmes, ont été réglées la semaine dernière à Paris lors de la visite d’une délégation égyptienne de haut niveau.Tout avait vraiment commencé à l’automne 2014, lors de la venue à Paris du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, venu rencontrer le président François Hollande. L’enjeu de la visite était la dégradation de la situation en Libye, Paris et Le Caire redoutant que l’ancien fief de Mouammar Kadhafi bascule sous le contrôle des groupes armés djihadistes.A cette occasion, M. Sissi avait fait part de sa volonté de renforcer sa défense aérienne, composée notamment de Mirage 5 et Mirage 2000, en achetant 24 Rafale. Une première manifestation d’intérêt pour le chasseur de Dassault avait été émise en 2011, sans que Paris ne donne vraiment suite.Côté marine, l’armée égyptienne, qui a déjà signé à l’été 2014 l’achat de quatre corvettes Gowind de DCNS pour un total estimé à 1 milliard d’euros, souhaitait en acquérir deux autres, mais aussi un ou deux bâtiments plus importants que sont les Fremm. A cela s’ajoutaient des missiles de courte et moyenne portée fournis par MBDA, pour un contrat de l’ordre de 400 millions d’euros en faveur de la défense anti-aérienne égyptienne.« Je reviens dans trois jours »Le 26 novembre, lors de son dernier passage à Paris, le président Sissi a insisté sur l’urgence de sa demande, d’autant qu’il souhaitait présenter ces nouveaux équipements en août prochain pour l’inauguration de l’élargissement du canal de Suez. « Je reviens dans trois jours », aurait-il dit pour signifier la nécessité d’aller vite.Une très importante délégation d’une quinzaine de militaires égyptiens était, à cette occasion, restée plusieurs jours à Paris pour discuter avec les industriels.Rafale : une vente essentielle pour Paris et Le CaireEn dépit de ses relations privilégiées avec les Etats-Unis, l’Egypte est un client modeste mais historique des industriels de l’armement français. Entre 2009 et 2013, elle a commandé pour près de 250 millions d’euros d’équipements.L’armée de l’air a acquis son premier Mirage 3 au lendemain de la guerre des Six-Jours, en juin 1967. Elle a aussi été le premier client à l’exportation du Mirage 2000, pour 20 exemplaires en décembre 1981.L’industrie française de l’armement retrouve des couleurs à l’exportDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.02.2015 à 13h33 • Mis à jour le12.02.2015 à 16h04 | Yves-Michel Riols L’accord sur l’Ukraine arraché dans la douleur, jeudi 12 février à Minsk, est forcément imparfait et fragile. Mais, en son absence, le scénario était écrit d’avance. La poursuite de la guerre masquée que mène la Russie en Ukraine depuis bientôt un an, avec son corollaire de tragédies quotidiennes : des victimes civiles de plus en plus nombreuses, des villes rasées et un flux incessant de réfugiés.Ukraine : Merkel et Hollande arrachent un plan de paix à PoutineDans ce contexte, la question n’était pas tant de savoir s’il était possible de parvenir à une paix « juste », mais d’esquisser une méthode pour freiner le bain de sang. Le président russe, Vladimir Poutine, a lâché le minimum : l’engagement à œuvrer à la mise en place d’un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, à partir du dimanche 15 février. De son côté, le président ukrainien, Petro Porochenko, a précisé que le retrait des armes lourdes commencera deux jours plus tard et que les deux camps auront 19 jours pour libérer leurs otages. Quant à François Hollande, il a évoqué un « espoir sérieux, même si tout n’est pas encore accompli », lors d’une déclaration commune, jeudi, aux côtés de la chancelière allemande, Angela Merkel.Une fausse retenueVladimir Poutine pouvait difficilement faire moins et renvoyer, à nouveau, François Hollande et Angela Merkel les mains vides, comme il l’avait fait la semaine dernière, à Moscou. L’affront aurait été total alors que les dirigeants français et allemand avaient pris le lourd risque de briser le cordon sanitaire diplomatique autour de M. Poutine en se rendant dans la capitale russe, le 6 février, après s’être déplacés, la veille, à Kiev. En cela, M. Poutine est resté prévisible. Depuis le début du conflit en Ukraine, il a, à chaque fois, feint la retenue à l’approche des rencontres des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) pour désamorcer les représailles. Le même scénario vient de se répéter puisque M. Hollande et Mme Merkel sont attendus, jeudi à Bruxelles, pour une réunion de l’UE, où la question de nouvelles rétorsions contre la Russie aurait forcément dominé les débats en cas de fiasco à Minsk.Lire aussi (en édition abonnés) : Merkel et Hollande unis pour jouer les médiateursAutre élément prévisible : Vladimir Poutine tient rarement parole. Il ne comprend que le rapport de force et le fait accompli. La Russie n’a jamais respecté les premiers accords de Minsk, conclus le 5 septembre 2014. Elle a continué à envoyer des hommes et du matériel militaire à travers une frontière dont elle s’est arrogé le contrôle. Et si M. Poutine n’a pas donné suite aux nombreuses tentatives d’ouvertures diplomatiques menées sans relâche par le couple franco-allemand depuis des mois, c’est qu’il ne cherche pas à stabiliser l’Ukraine. Au contraire, il veut affaiblir le gouvernement de Kiev par tous les moyens, militairement, économiquement et politiquement.Affaiblir KievMême si elle est déplaisante, la question qui se pose désormais est celle du moindre mal. Une « guerre totale », selon l’expression de M. Hollande, serait une catastrophe pour l’Ukraine. L’armée ukrainienne, à en croire les experts militaires, n’a ni les moyens, ni le savoir faire pour reconquérir le Donbass. Une telle option aurait un coût humain et social phénoménal. De plus, les Européens estiment, à tort ou à raison, qu’une telle stratégie ferait le jeu de M. Poutine, qui ouvrirait alors davantage les vannes de l’armement russe aux séparatistes de l’est de l’Ukraine. Dans l’immédiat, les prochaines semaines vont donner lieu à d’épineuses tractations sur la mise en œuvre de « Minsk 2 ». Les paramètres sont connus – statut des territoires de l’est du pays, contrôle de la frontière, étendue de la zone sous influence des séparatistes, échange de prisonniers, etc. Si compromis final il y a, il se traduira forcément par une forme de mise sous tutelle russe d’une partie du territoire ukrainien. Le tout étant de savoir jusqu’où ira cette emprise. « Nous sommes engagés dans un conflit de longue durée, il faut se préparer à vivre avec la menace russe pendant 20 à 30 ans », prédit un diplomate ukrainien.Bataille économiqueFace à ce scénario prévisible au goût amer pour les Ukrainiens, les Européens disposent néanmoins d’une boîte à outils. Elle n’est pas spectaculaire, mais elle peut être efficace, sur le long terme. Dans un premier temps, les Vingt-Huit peuvent maintenir les sanctions contre la Russie, tant que Moscou continuera sa campagne de déstabilisation de l’Ukraine. Et à défaut de livrer une bataille militaire, les Européens peuvent s’engager, avec les Etats-Unis, dans la bataille économique en octroyant massivement de l’aide à l’Ukraine. Pour éviter qu’à la déroute militaire s’ajoute aussi l’effondrement social.Lire aussi (en édition abonnés) : les finances du Donbass au cœur des pourparlersCe n’est pas un hasard si Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international, a proposé, jeudi matin, l’octroi d’un nouveau prêt de 17,5 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros) sur quatre ans à l’Ukraine. Une somme sans doute insuffisante au regard des défis à surmonter. Le financier George Soros a récemment estimé que l’Ukraine aurait besoin d’un « plan Marshall » de l’ordre de 40 milliards de dollars (35 milliards d’euros). Quoi qu’il en soit, si l’Ukraine devient un Etat failli, Vladimir Poutine aura atteint tous ses objectifs.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.02.2015 à 13h13 • Mis à jour le12.02.2015 à 14h41 | Guy Dutheil C’est à une démonstration de force que veulent se livrer les syndicats d’Aéroports de Paris (ADP). Les quatre principales organisations de l’opérateur aéroportuaire, CGT, CGC, UNSA et FO ont appelé les salariés à une grève de 24 heures du jeudi 12 au vendredi 13 février. Les syndicats protestent contre la décision de la direction de ne pas accorder d’augmentation générale des salaires en 2015. Des manifestations des personnels sont prévues vendredi, à Roissy et Orly.De l’avis même de la direction de l’entreprise, la grève « sera suivie ». Comme pour les salariés des compagnies aériennes, la loi Diard impose aux personnels d’ADP de se déclarer gréviste 24 heures avant le déclenchement d’un conflit. En pratique, signale ADP, « il ne va rien se passer à Orly ». En revanche, la direction de l’entreprise prévoit « des retards à Roissy-Charles de Gaulle ». Vendredi, 20 % des vols au départ de Roissy pourraient être impactés par la grève.« On devrait être pauvre par solidarité »« Depuis l’ouverture du capital d’ADP, on demande toujours plus d’efforts aux salariés » et pourtant il n’y aura « pas d’augmentation générale des salaires », déplore Nicolas Buatois, délégué CGT à Orly.Pour sa défense, la direction d’ADP se retranche derrière une obligation de modération salariale et d’efforts de productivité. À l’en croire, la politique salariale d’ADP « n’est pas décalée ». « Nous ne sommes pas la seule entreprise » à agir de la sorte, « c’est ce que fait l’Etat. C’est ce que fait la RATP », se défend la direction.Surtout, met en avant la direction d’ADP, il ne serait pas possible d’accorder une augmentation générale des salaires alors qu’Air France, qui représente 50 % du chiffre d’affaires, est en difficulté et veut renégocier à la baisse les redevances versées aux aéroports.ADP et Air France s’affontent sur les redevances aéroportuairesCet argument est jugé irrecevable par M. Buatois, qui ironise : « sous prétexte que certaines compagnies aériennes ne vont pas bien, on devrait être pauvre par solidarité. »Le salaire du PDG pointé du doigtSelon les syndicats, l’austérité n’est d’ailleurs pas pour tout le monde. Ils dénoncent les largesses accordées au PDG, Augustin de Romanet, dont le salaire est passé « de 32 500 euros mensuels à 38 000 euros en deux ans ».L’intéressé fait valoir qu’en aucun cas il ne s'agit d'une augmentation, mais que le chiffre de 2013 n’intègre pas de part variable, contrairement à celui de 2014, après une année de travail pleine.Surtout, les syndicats pointent du doigt le comité exécutif d’ADP, passé de 10 à 13 membres, avec simultanément « une augmentation de la masse salariale de 17,1 % ».Les syndicats revendiquent pour les salariés leur part « des bénéfices records » enregistrés par ADP en 2014 : 358 millions d’euros, selon l’intersyndicale, dont 60 % seront reversés aux actionnaires.La direction ne conteste pas cette générosité orientée. Selon elle, « il n’y a rien de nouveau. La politique de dividendes est stable. Les actionnaires, dont l’Etat, ont décidé, il y a trois ans, de reverser 60 % des bénéfices sous forme de dividende, jusqu’en 2014 ».Élections professionnelles en marsOutre les augmentations de salaires, les syndicats pointent l’augmentation de « la charge de travail », conséquence de la baisse des effectifs d’ADP, qui ont fondu de 7 %.En 2014, 280 salariés sur 6 980 au total ont quitté l’entreprise à l’occasion d’un plan de départs volontaires, qui prévoyait, à l’origine, « 360 suppressions de postes en 2014 ».Une forte mobilisation des salariés pourrait inciter la direction à assouplir sa position. Les syndicats, eux, ne veulent rien lâcher. Notamment à l’approche des élections professionnelles, prévues en mars.Déjà, une pétition, lancée par l’intersyndicale pour réclamer une augmentation générale des salaires, a réuni plus de 3 000 signatures auprès des personnels.À l’issue de la grève, les quatre syndicats et la direction pourraient se retrouver autour d’une table de négociation. « Laissons la grève se dérouler et notre proposition de concertation reste valable », fait savoir la direction.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Bezat Nommé directeur général de Total fin octobre 2014, Patrick Pouyanné n’a pas tardé à prendre la mesure de la chute des cours du pétrole et les mesures qu’il estime nécessaire de mettre en place afin d’y faire face. Il a décidé de serrer les coûts. Partout.Les effectifs vont baisser (- 2 000 personnes à la fin de l’année sur près de 100 000), les investissements en exploration-exploitation seront réduits, de même que les capacités des raffineries. La valeur de certains actifs du groupe a également été réévaluée à la baisse pour tenir compte de ce recul de prix de l’or noir.Quelle est l’ampleur de la baisse du prix du pétrole ?Le prix du baril de Brent est tombé de 115 dollars (101 euros) mi-juin 2014 à 55 dollars fin décembre.Les prix du pétrole continuent de baisserQuel est l’impact sur les résultats de Total ?Le résultat net ajusté du groupe pour 2014 a accusé un recul de 10 %, à 12,8 milliards de dollars (11,3 milliards d’euros). Il baisse même de 62 % (4,24 milliards) si l’on tient compte des dépréciations d’actifs et des effets de stocks.Le chiffre d’affaires s’est replié de 6 %, à 236,12 milliards de dollars.Les majors pétrolières anglo-saxonnes ont résisté à la baisse des prix en 2014Où le groupe va-t-il freiner ses investissements ?La compagnie avait déjà annoncé, il y a un an, une baisse de ses investissements dans l’exploration-production. Face à la chute des cours amorcée quelques mois plus tard, elle avait décidé d’amplifier ce mouvement.Début janvier, M. Pouyanné a annoncé une réduction de 10 % des investissements (et de 30 % pour les campagnes d’exploration) : de 26 milliards de dollars en 2014, ils devraient tomber à 23-24 milliards cette année. Ils avaient atteint un pic historique, en 2013, avec 28 milliards de dollars.Ces réductions concerneront surtout sur des gisements matures en mer du Nord et en Afrique de l’Ouest. Leur déclin a été plus rapide que prévu, ce qui double parfois la durée de retour sur investissement.Sur quoi portent les dépréciations d'actifs ?Total a annoncé, jeudi, 6,5 milliards de dollars de dépréciations d’actifs au quatrième trimestre 2014 pour tenir compte de la baisse des prix du pétrole. Ces dépréciations atteignent globalement 7,1 milliards de dollars (6,2 milliards d’euros) sur l’année 2014.Les réévaluations à la baisse des actifs concernent essentiellement les sables bitumineux au Canada, le gaz non conventionnel - et notamment de schiste aux États-Unis -, mais aussi la participation du groupe dans le champ gazier de Kashagan, au Kazakhstan, et le raffinage français et britannique.Des cessions d’actifs sont-elles envisagées ?Oui. Total prévoit d’accélérer son programme de cessions de 10 milliards de dollars sur 2015-2017 pour le réaliser à hauteur de 5 milliards cette année.Pourquoi le groupe veut-il redimensionner ses raffineries ?Ce secteur d’activité est en surcapacité chronique depuis des années, en raison à la fois d’une baisse de la consommation de carburants sur le Vieux Continent et de capacités insuffisantes pour produire du gazole.Total va réduire de moitié la capacité de sa raffinerie de Lindsey (Royaume Uni), où les effectifs tomberont de 580 à environ 400 salariésAu-delà, le groupe va engager au printemps un plan de restructuration plus global du raffinage en Europe.Deux raffineries françaises, notamment celle de La Mède (Bouches-du-Rhône), devront faire l’objet de décisions difficiles.Raffineries : Total s’engage à ne fermer « aucun site industriel » en FranceQuel est désormais le seuil de rentabilité dans la production de pétrole ?Total estime que son « point mort », c’est-à-dire le seuil à partir duquel l’exploitation est rentable, doit être abaissé cette année à 70 dollars par baril. Cela signifie qu’il faut parvenir à une réduction de 40 dollars par baril.» Lire également : Baisse des prix du pétrole : le marché ne retrouvera pas ses sommets passés selon l’AIETotal va-t-il réduire sa production ?A priori non. Le groupe continue de tabler sur une hausse de sa production et vise un objectif un peu supérieur à 2,3 millions de barils par jour de pétrole et de gaz (2,15 millions en 2014), avec le démarrage de grands projets (Angola, Nigeria, Écosse…) et le renouvellement de l’énorme concession d’Abou Dhabi.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.02.2015 à 19h09 • Mis à jour le13.02.2015 à 19h42 Le 18 janvier, le procureur argentin Alberto Nisman avait été retrouvé mort, alors qu'il accusait Cristina Kirchner d'entrave à la justice. Près d'un mois plus tard, le procureur qui a repris l'affaire, Gerardo Pollicita, a repris cette accusation.Vendredi 13 février, il a officiellement rouvert l'enquête visant à déterminer si la présidente avait couvert Téhéran, soupçonné d'être l'instigateur de l'attentat sur la mutuelle juive AMIA en 1994. Cet attentat antisémite, perpétré le 18 juillet 1994, avait coûté la vie à 85 personnes.Lire : L'étrange suicide d'un procureur ébranle l'ArgentineLe jour où le corps d'Alberto Nisman a été retrouvé chez lui, une balle dans la tête et un pistolet à ses côtés, le magistrat devait présenter devant une commission du Congrès un dossier de 289 pages contre la présidente et son ministre des affaires étrangères, Hector Timerman. Selon le magistrat, qui s'était publiquement exprimé quatre jours avant sa mort, le gouvernement avait cherché à entraver l'enquête sur l'attentat contre l'AMIA, afin de garantir l'impunité de hauts fonctionnaires iraniens, accusés par la justice argentine d'être les commanditaires de l'attaque ; le tout dans le but de promouvoir les relations commerciales de l'Argentine avec l'Iran.Lire (édition abonnés) : Les Argentins exigent la vérité sur la mort du procureur NismanRELATIONS COMMERCIALES AVEC L'IRANCette affaire embarrasse au plus haut point Cristina Kirchner : plus de 70 % des Argentins ne croient pas au suicide de Nisman. L'histoire récente de l'Argentine est ponctuée de morts douteuses, aux allures mafieuses, jamais éclaircies, qui confortent dans l'esprit des citoyens un sentiment d'impunité.Plus de vingt ans après, les attentats antisémites contre l'ambassade d'Israël, en 1992 puis, deux ans plus tard, contre l'AMIA n'ont toujours pas été élucidés.Lire (édition abonnés) : En Argentine, la présidence Kirchner minée par l’affaire Nisman 13.02.2015 à 17h00 • Mis à jour le13.02.2015 à 18h03 Gebran Bassil, ministre des affaires étrangères et des émigrés du LibanDimanche 11 janvier, j’ai défilé dans Paris, aux côtés d'autres responsables politiques français et étrangers ainsi que des millions d’anonymes, et j'ai été rassuré de constater que le peuple français sait encore faire la part des choses entre une religion éminemment respectable, l'Islam, et certains « fidèles » autoproclamés qui confondent la piété avec le crime.Face à cette terreur diffuse et désormais incontrôlable, c’est l’humanité entière qui est menacée. Ce sont les individus de toutes les croyances qui sont visés. Ce sont les valeurs et les principes que nous avons en partage qui sont attaqués. C'est notre communauté de civilisation qui risque de trembler sur ses bases. Ensemble, nous sommes confrontés aux défis d’une déferlante terroriste, qui frappe partout : En même temps que le terrorisme international s'attaquait à la France, il poursuivait sa besogne de déstabilisation du Moyen Orient en y commettant des atrocités indescriptibles.Qui mieux que le Liban peut comprendre la France en ces moments difficiles ? Les relations historiques et privilégiées entre nos deux pays nous poussent à renforcer toujours davantage notre coopération. La diplomatie française, pour sa part, mesure bien l'ampleur des défis existentiels auxquels le Liban est confronté et n'hésite jamais à nous soutenir dans les moments d'adversité. De notre côté, forts de notre expérience, aux premières loges de la lutte contre le terrorisme et contre les bourreaux de Daech, nous n’hésitons pas à alerter la France ainsi que les pays amis et alliés aux dangers qui les guettent. La preuve a-t-elle encore besoin d'être faite, que Daech et ses épigones ne sont pas des organisations terroristes comme les autres et qu'elles constituent désormais une menace planétaire.ViolencesCes dernières années le Moyen Orient connait une exacerbation rapide et simultanée d'une multitude de crises inédites et violentes qui se nourrissent les unes des autres et menacent d'échapper à tout contrôle. Il est donc impératif pour les pays amis et influents d’accourir au chevet de notre région, devenue l'épicentre de ce terrorisme internationalisé et globalisé, avec des grilles de lecture différentes et des méthodes politiques et diplomatiques nouvelles. Les crises au Moyen Orient sont légion, mais on peut en énumérer les principales :- La montée, très préoccupante, des extrémismes et du fanatisme religieux qui menace de reléguer aux oubliettes de l'histoire l'extraordinaire et féconde diversité ethnique et religieuse du Moyen Orient.- Des organisations terroristes tentaculaires mettent à profit des capacités militaires et financières énormes afin de bouleverser de fond en comble la donne historico- politique de la région. Nous avons été parmi les premiers à appeler à la mise au pas définitive de Daech et d’Al Nosra. Nous nous sommes bien démenés pour attirer l’attention de la Cour Pénale Internationale sur la nature des crimes commis par ces organisations afin que la justice internationale puisse agir et sauvegarder sa crédibilité.- Une compétition géopolitique acharnée entre les grands acteurs régionaux, particulièrement déstabilisante car elle n'hésite pas à tirer profit et à instrumentaliser les mouvements de contestation politique qui surgissent ici ou là, contre certains des gouvernements en place.- L'absence d'un véritable développement durable et l'inexistence de perspectives économiques prometteuses sont aussi des facteurs déstabilisants qui poussent les populations les plus vulnérables de la rive sud de la méditerranée à s'embarquer clandestinement vers le nord avec des aspirations et des rêves que la dure réalité transforme en cauchemars.- Quant à cet infortuné processus de paix israélo-palestinien, pris entre le marteau de l'apathie internationale et l'enclume de l'intransigeance des dirigeants israéliens sectaires et belliqueux, il n'est plus que l'ombre de lui-même. L’injustice contre le peuple Palestinien ne peut que continuer à générer de la violence.A cela s’ajoute la crise humanitaire sans précédent, occasionnée par la présence de plus d'un million et demi de ressortissants Syriens sur notre territoire. Le Liban est particulièrement frappé par cette crise que nous avons tenu à gérer, de l’avis de tous, en privilégiant les impératifs humanitaires ; mais aujourd'hui nous nous retrouvons bien au- delà de notre seuil de tolérance. Nous n'avons plus les moyens d’assumer notre générosité proverbiale. Nous forcer à persévérer dans cette voie serait calamiteux à tous points de vue. Nous ne pouvons plus tolérer la dilution démographique de la population libanaise. Nous ne pouvons pas assister à l'effacement de nos frontières sans réagir. Nous comptons beaucoup sur la France pour nous aider à surmonter cette crise qui menace à la fois notre identité et notre existence. Tolérance et acceptation de l'autre sont des valeurs chères à nos cœurs.Mais ceux qui se focalisent sur elles en faisant fi de la situation globale, prennent la proie pour l'ombre. Car peut-on parler encore de tolérance, quand l'Etat s'étiole et s'effilochent les institutions censées la garantir et la protéger ? Peut-on imaginer une société viable qui ne serait constituée que de différences, et qui pourrait se passer d'un socle de valeurs communes qui permettrait à ses différences de dialoguer entre elles et de se tolérer Nous souhaitons que nos spécificités soient respectées. Il est grand temps que le reste du monde comprenne qu'il n'est pas du tout facile d'être un pays comme le Liban pluraliste et tolérant, dans le Moyen Orient actuel. Il est difficile de conserver notre souveraineté face aux ingérences et aux tentatives de déstabilisation et de maintenir une société viable et une économie saine quand les réfugiés et déplacés constituent un tiers de notre population. Comment sauvegarder l'intégrité de notre pays alors que, profitant du chaos qui règne dans la région, les organisations terroristes mènent une guerre d'usure contre nos forces armées et cherchent à monter une partie de la population contre l'autre ?Comment, enfin, vivre en paix et en sécurité alors qu’Israël continue d'occuper une partie de notre territoire, de violer notre souveraineté et de nous menacer d'attaques militaires Même balloté par des vents contraires, le Liban tient bon. Il demeure une source de rêves et d’espoirs et un modèle de tolérance. En harmonie avec nos spécificités, nous avons choisi d’axer notre action politique sur trois priorités fondamentales :La préservation du pluralisme et de la tolérance qui caractérisent le Liban,La préservation de notre souveraineté et de notre intégrité territoriale,La protection de notre modèle socio-économique menacé de délitement du fait des répercussions de la crise syrienne. Le Liban est un pays indispensable au Moyen Orient. Le monde aurait beaucoup perdu si, un jour, le Liban tel que nous le connaissons, n'était plus qu'un « agréable souvenir ». 13.02.2015 à 16h42 • Mis à jour le13.02.2015 à 16h58 Babatunde Osotimehin, secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations Unies et Directeur exécutif de l’UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la populationLa Saint-Valentin nous permet de montrer que l’amour vrai n’est pas mort. C’est l’occasion – que nous soyons mariés depuis longtemps ou encore dans le premier élan d’une relation – de dire combien nous sommes heureux avec notre partenaire. Mais il n’y a rien de romantique dans les millions de mariages d’enfants qui ont lieu chaque année. De nouvelles études montrent que, rien que cette année, 13,5 millions de filles âgées de moins de 18 ans – c’est-à-dire 37 000 par jour – vont se marier. Et près d’un tiers aura moins de 15 ans. C’est tout simplement inacceptable.Il s’agit d’enfants contraintes de se marier avant que leur corps ne soit pleinement développé, contraintes d’abandonner leur enfance, trop souvent obligées de quitter l’école et jetées de force dans l’esclavage domestique et l’isolement. Il s’agit d’enfants auxquelles est volé le droit de poursuivre une destinée de leur propre choix. Ces mariages ne doivent pas être célébrés. Il faut les empêcher. La pratique est toujours en cours dans plus de 100 pays. La majorité ont lieu en Asie, avec une forte prévalence en de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine. Mais nous entendons parler de plus en plus souvent de cas de filles et de garçons contraints de se marier dans des pays moins éloignés. C’est là une préoccupation véritablement mondiale qui exige une solution mondiale.À travers l’Europe et l’Amérique du Nord, des centaines de millions de cartes seront envoyées cette année pour la Saint-Valentin. Les Américains à eux seuls devraient en envoyer 140 millions. À moins d’une intervention urgente, c’est à peu près le nombre de filles qui seront mariées avant d’atteindre l’âge de 18 ans au cours de la prochaine décennie : 146 millions, selon les nouvelles évaluations. Être mariées si tôt peut aussi nuire gravement à la santé des filles – et de leurs bébés. Beaucoup trop souvent, une grossesse est la conséquence inévitable et potentiellement mortelle qui résulte des mariages d’enfants, et les complications de la grossesse et de l’accouchement sont l’une des principales causes de mortalité parmi les filles âgées de 15 à 19 ans dans le monde en développement.Tragédies individuellesMais les dommages causés par les mariages d’enfants vont bien au-delà de ces tragédies individuelles. Ils conduisent à un gaspillage catastrophique de talents et de potentiels pour les familles et les sociétés. Presque tous les pays du monde se sont engagés à mettre fin aux mariages d’enfants. Mais les lois nationales et les conventions internationales n’ont pas réussi jusqu’ici à stopper cette pratique, ni même à en réduire la fréquence. C’est pourquoi l’UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population, met à profit cette année la Saint-Valentin pour souligner l’urgente nécessité de relancer les efforts nationaux et mondiaux visant à éliminer les mariages d’enfants.Il faut imposer une application rigoureuse des lois existantes, et barrer toute échappatoire. Il faut défier les normes sociales qui conduisent à ignorer ou bafouer les lois pour donner aux filles le choix qu’elles méritent et qu’exige le respect de leurs droits fondamentaux. Il faut informer les communautés des avantages multiples d’un mariage plus tardif. Mais, et c’est le plus important, il faut aider les filles à poursuivre leur scolarité, et à avoir accès à l’information et aux services, en particulier concernant leur santé sexuelle et reproductive. Nous devons aussi soutenir les filles déjà mariées dès l’enfance, les aider à éviter une grossesse trop précoce et leur dispenser de meilleurs soins si elles sont enceintes. L’UNFPA agit partout dans le monde pour mettre fin aux mariages d’enfants, en particulier dans le monde en développement, où une fille sur trois est mariée avant d’atteindre l’âge de 18 ans. Ce faisant, nous avons constaté que, si on leur en donne le choix, les filles décident de se marier plus tard.Mais nous ne pourrons pas introduire de changements dans les politiques et les priorités sans votre appui. Chacun peut aider en affichant une photo de soi (selfie) tenant une pancarte avec le message “#Idont” (« Je ne veux pas ») et en le communiquant sur Instagram avec son mot-dièse. Ensemble, nous montrerons au monde combien nous sommes soucieux de mettre fin à cette pratique nuisible. Aidons nos enfants à dire « non » au lieu d’être forcées à dire « oui ». 13.02.2015 à 15h20 • Mis à jour le13.02.2015 à 17h03 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) La presse russe a consacré toutes ses « unes » et ses gros titres, vendredi 13 février, au sommet de Minsk dont elle salue, dans l’ensemble, la signature, avec prudence. Le quotidien Moskovski Komsomolets (MK), qui tire à deux millions d’exemplaires, a barré sa « une » d’un bandeau optimiste, « La lumière de Minsk au bout du tunnel », tempéré par le titre de sa manchette avec un point d’interrogation : « Bonne matinée, Donbass ? » Le journal, qui publie une carte du conflit dans l’est de l’Ukraine avec les positions des séparatistes prorusses, parle « d’espoir » tout en relevant que les quatre chefs d’Etat présents dans la capitale biélorusse pour superviser ce plan de paix, Vladimir Poutine, François Hollande, Petro Porochenko et Angela Merkel, « ont refusé de faire une conférence de presse commune ». « Hollande et Merkel vont-ils recevoir le prix Nobel de la paix ? » s’interroge, mi-figue mi-raisin, le chroniqueur.Avec humour, MK s’interroge aussi sur la performance physique des quatre dirigeants « androïdes » qui ont mené les discussions sans discontinuer pendant 16 heures : « Des pourparlers aussi longs confirment que le monde est dirigé par des extraterrestres ». Le quotidien Izvestia a choisi pour sa part un titre sobre, « Le marathon de Minsk », accompagné de ce commentaire : « Les pourparlers sur les problèmes ukrainiens ont été longs mais concluants ». Ils « ont convenu aux représentants des DNR et LPR » (républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Louhansk), relève Izvestia qui note, a contrario, que le « résultat des pourparlers peut jouer beaucoup sur le sort de Petro Porochenko », confronté, croit savoir le quotidien, « à une élite ukrainienne très mécontente » de ce qui a été signé. Au passage, Izvestia souligne aussi que la visite du président français et de la chancelière allemande dans la capitale de la Biélorussie, considérée à l’ouest comme la « dernière dictature d’Europe », « était inimaginable il y a encore un an ».« Un bon matin »Les analyses sont rares dans la presse russe qui choisit de raconter parfois par le menu les détails sans importance du sommet, à l’image du journal Kommersant. Le quotidien populiste Komsomolskaïa Pravda se contente pour sa part de publier une photo joyeuse de Vladimir Poutine avec la citation ironique de son début d’allocution à l’issue du sommet, « Ce n’est pas la meilleure nuit de ma vie mais un bon matin », et de reprendre tous les mots du compte rendu de la rencontre publié sur le site du Kremlin sans autre forme.Dans son ensemble, la presse russe joue beaucoup sur la façon de dire bonjour, en russe, qui se dit aussi bon matin en début de journée. Rossiskaïa Gazeta titre ainsi « Bonne matinée » tout en accordant, plus que ses confrères, de l’importance aux photos. La poignée de mains entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko, « qui donne de l’espoir » aux deux pays, est ainsi montrée en gros plan. Dans les pages intérieures tous les acteurs apparaissent, la mine grave ou préoccupée. Certains, comme le président ukrainien, ont l’oreille collée à leurs téléphones portables.« Première mine »Autre jeu de mot du journal économique Vedomosti : « Les dirigeants européens se sont séparés avec la paix ». Le mot paix et monde se disant de la même façon en russe, on peut entendre aussi qu’ils se sont séparés du monde… Vedomosti ne tait pas ses doutes sur le respect de l’accord de Minsk : « Le traité, souligne-t-il, peut exploser sur la première mine comprise dedans ». Et cette mine a un nom : « Le sort des militaires ukrainiens encerclés à Debalstevo », dans l’est de l’Ukraine, devenu, depuis quelques jours, le point chaud du conflit.Pour Novaïa Gazeta, l’une des rares voix critiques envers le pouvoir de la presse écrite russe, « un cessez-le-feu, même mauvais, est toujours mieux qu’une bonne guerre ». Minsk, titre le journal qui veut y croire, c’est d’abord, même sans illusions, « seize heures qui peuvent sauver le monde ».Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est à un week-end très studieux que se préparent les équipes du gouvernement grec et de ses créanciers internationaux de la "troïka" (Fonds monétaire international, Commission européenne et Banque centrale européenne).À compter de vendredi, les réunions de travail vont se multiplier, à un niveau technique et non politique, en vue de la réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), programmée lundi 16 février à Bruxelles.Ce rendez-vous est jugé capital, car si aucun accord n’est trouvé sur le financement de la Grèce, cette dernière risque de se trouver très vite à court de liquidités. L’actuel plan d’aide à la Grèce se termine en effet officiellement le 28 février.« L’objectif est de finaliser une proposition qui sera soumise au groupe de travail Eurogroupe lundi à midi, puis à l’Eurogroupe dans l’après-midi pour trouver une solution », a déclaré, vendredi, le porte-parole du gouvernement grec, Gabriel Sakellaridis, qui s’exprimait sur Skai TV.Revenir sur 30 % des mesures prévues dans le plan d’aideLes représentants du conseil économique du premier ministre, Alexis Tsipras, accompagnés par des conseillers de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), vont travailler jusqu’à lundi pour établir la liste des réformes que le gouvernement grec compte entreprendre dans le cadre du plan de financement relais de six mois qu’il souhaite obtenir lundi à Bruxelles.Ils devront ensuite comparer cette liste avec celle des réformes restant à accomplir dans le cadre du précédent plan d’aide, dont les créanciers demandaient jusqu’ici l’extension en l’état au-delà du 28 février.L’économie grecque sort de six ans de récession L’Allemagne a rappelé, vendredi, par la voix du porte-parole du ministère des finances, que « la seule voie possible est une extension du programme » d'aide actuel. Mais Berlin a aussi souligné qu’« il est apparu clairement » lors des récentes discussions, notamment jeudi à Bruxelles, « que nous étions prêts à discuter des contours de ce programme. »Depuis plusieurs jours le compromis évoqué serait de permettre à la Grèce de revenir sur environ 30 % des mesures prévues par ce plan.La volonté des Grecs est de supprimer celles les plus marquées du sceau de l’austérité (changement sur la législation des licenciements collectifs, nouvelles baisses des retraites, etc..) pour se concentrer sur les réformes structurelles (de l’administration par exemple) et surtout sur la lutte contre la corruption et la fraude ou l’évasion fiscale.L’objectif est de mettre rapidement des estimations chiffrées en face des mesures qu’Athènes entend proposer lundi.Les interlocuteurs institutionnels de la Grèce - que l’on n’appelle désormais plus troïka, mais qui restent des représentants du Fonds monétaire international (FMI) de la Commission européenne ou de la Banque centrale européenne (BCE) - veulent que l’impact de ces mesures sur l’équilibre budgétaire soit aussi minimal que possible.Interrogations sur la possibilité d’un accord dès lundi« Nous demandons que ce programme relais, que nous espérons obtenir lundi, respecte notre volonté de nous attaquer à la crise humanitaire qui touche le pays. Pour le reste nous négocierons et sommes pour des réformes permettant de lutter contre la fraude fiscale ou le trafic de carburants », a déclaré, vendredi matin, Nikos Houdis, le ministre grec adjoint aux affaires européennes sur une station de radio grecque.« Ce que nous avons dit, c’est que nous voulons parvenir d’ici au 16 février à un accord mutuellement profitable avec nos partenaires, et nous avançons dans cette direction », a expliqué Alexis Tsipras.Nikos Houdis, lui, s’est montré plus prudent. Il a prévenu qu’il ne fallait peut-être pas attendre d’accord dès lundi. « Nous allons travailler dur pour essayer de chiffrer dans les prochaines 48 heures notre plan relais mais je crois que nous avons de toute façon un peu plus de temps et que tout ne se jouera pas lundi, a-t-il déclaré, le climat que nous ressentons ici à Bruxelles va dans le sens d’un accord et nous sommes confiants. »Si la réunion de lundi devrait permettre d’avoir une idée des points de convergence et de divergence, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem ne croit pas, lui non plus, à la possibilité d’un accord dès lundi.« Je suis très pessimiste au sujet d’une étape concrète lundi, a-t-il assuré, vendredi, à la télévision publique néerlandaise NOS. Les Grecs ont de très grandes ambitions, mais les possibilités, étant donné l’état de l’économie grecque, sont limitées. Je ne sais pas si nous y arriverons lundi. »Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La publication du produit intérieur brut (PIB) pour le quatrième trimestre 2014, vendredi 13 février, confirme que la Grèce est bel et bien sortie de récession. Sur la période octobre-décembre, l’économie grecque a progressé de 1,7 % sur un an, la « richesse » nationale sur ce trimestre s’établissant à 46,7 milliards d’euros. Il s’agit du troisième trimestre de croissance consécutif sur un an pour le pays, a indiqué l’autorité des statistiques grecques, ELSTAT.Athènes et la "troïka" de ses bailleurs de fonds (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) prévoyaient une croissance de 0,6 % pour l’ensemble de 2014. Et la dernière estimation officielle, annoncée par le ministre des finances du précédent gouvernement grec, était de 0,7 %. Au vu des chiffres du dernier trimestre, la croissance pour 2014 s’établirait finalement à 0,8 %.Contraction au dernier trimestrePar rapport au troisième trimestre 2014, le PIB du dernier trimestre est cependant en baisse de 0,2 %, en données ajustées des variations saisonnières. Cette légère contraction est vue par certains analystes comme le signe d’une inquiétude des acteurs économiques grecs durant la période électorale, entamée début décembre.Lire : Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Mais d’autres analystes y voient, eux, le signe d’un ajustement normal, après un troisième trimestre marqué par les excellentes performances du secteur du tourisme. Ce dernier aurait enregistré, en 2014, une hausse record, estimée entre 15 % et 20 %, du nombre de visiteurs par rapport à 2013, qui était déjà une très bonne année. Or, le secteur du tourisme représente pour la Grèce entre 16 % et 18 % de son PIB.La Grèce a perdu un quart de sa richesse nationale au cours de six années d’une récession profonde, qui s’était enracinée depuis la fin 2008. L’économie a commencé à redresser la tête au deuxième trimestre 2014, avec une hausse du PIB de 0,4 % sur un an, suivie d’une hausse de 1,6 % au troisième trimestre sur un an.Lire également notre décryptage : Six ans de tragédie grecqueCette publication des chiffres de croissance survient alors que les réunions de travail entre le gouvernement grec et ses créanciers devraient se multiplier tout au long du week-end, au niveau technique, en vue d’une réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), lundi 16 février à Bruxelles.Ce rendez-vous est jugé capital, car si aucun accord n’est trouvé sur le financement de la Grèce, cette dernière risque de se trouver très vite à court de liquidités. L’actuel plan d’aide à la Grèce se termine en effet officiellement le 28 février.Chacune des parties affiche la volonté de ne pas briser l’élan de la croissance en Grèce. Côté européen, on a la conviction que ces résultats encourageants sont à mettre au compte des réformes effectuées ces dernières années et qu’il ne faut pas relâcher les efforts.Côté grec, l’idée est qu’il faut désormais accompagner cette croissance, en relançant la demande intérieure notamment, et donc desserrer le nœud de l’austérité, qui étrangle le pouvoir d’achat des Grecs.Lire aussi : Résoudre la « crise humanitaire » grecque et honorer la dette : les difficiles promesses de TsiprasAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Chaperon La banque française Société générale envisage de supprimer 1 500 postes en 2015 au sein de sa filiale russe Rosbank, a indiqué vendredi 13 février à l’AFP un porte-parole du groupe, confirmant une information de l’agence Bloomberg News.Une réduction de postes de même ampleur avait déjà été réalisée, en 2014, au sein de Rosbank, qui fait face à la situation économique dégradée de la Russie.La Société générale est l’une des banques étrangères les plus exposées en Russie depuis sa montée au capital de Rosbank, le sixième acteur du pays, entamée en 2006 (elle a progressivement porté sa participation de 20 % à 99,4 %).Cette activité en Russie a d’ailleurs pesé sur ses comptes 2014 : les difficultés de sa filiale se sont traduites par une perte nette de 538 millions d’euros. Les difficultés économiques du pays, la chute du rouble (- 34 % en 2014) font des dégâts.« Le sujet russe va être plus difficile en 2015 mais il reste sous contrôle », a précisé Frédéric Oudéa le PDg de la Sociétté générale, jeudi 12 février, en commentant les résultats 2014 de la banque française.Rosbank avait réagi, en 2014, en octroyant moins de crédits – pour éviter d’engranger de mauvais risques – et en collectant plus de dépôts (+ 18 % en roubles).Grâce à ces efforts, le financement que la Société générale accorde à sa filiale a été réduit de moitié.La Société générale annonce un bénéfice net en hausse en 2014Isabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.02.2015 à 11h21 • Mis à jour le13.02.2015 à 11h52 Une série d'explosions et des coups de feu ont retenti à proximité d'une mosquée de la minorité chiite à Peshawar, la grande ville du nord-ouest du Pakistan. Selon un bilan encore provisoire, l'attaque a fait au moins 19 morts et 60 blessés.Sur place, de grandes flammes et une épaisse fumée s'échappaient du lieu de l'attaque, d'où les gens fuyaient en portant des blessés sur leurs dos, près de policiers faisant feu ou contrôlant les abords.— (@)require(["twitter/widgets"]);Deux semaines plus tôt, une attaque visant également une mosquée chiite avait fait 61 morts à Shikarpur, dans le nord de la province du Sind. La minorité religieuse représente environ 20 % de la population pakistanaise (estimée à près de 190 millions de personnes) et constitue l'une des principales cibles des violences orchestrées par les extrémistes sunnites proches des talibans et d'Al-Qaida qui ensanglantent le pays.La plupart des assassinats ciblés contre les chiites des dernières années ont été revendiqués par le Tehrik-e-Taliban Pakistan (talibans pakistanais, TTP) et un autre réseau islamiste sunnite, le Lashkar-e-Jhangvi. Les tueurs affirment agir au nom de l'islam. Ces attaques peuvent également résulter de rivalités pour des lieux saints ou de luttes de pouvoir locaux entre clans.Enfin, les tensions régionales avec l'Iran chiite aggravent, depuis longtemps, la situation des chiites du Pakistan. D'un côté, les extrémistes sunnites les accusent de faire de l'entrisme pour le compte des Iraniens, épousant un grief parfois formulé, à demi-mots, par les autorités pakistanaises. De l'autre, la communauté chiite, notamment celle vivant au Baloutchistan (600 000 personnes), reproche à Téhéran, qui se voit comme leur protecteur, de vouloir les infiltrer et les manipuler.Lire aussi (édition abonnés) : Les chiites du Pakistan victimes d’une nouvelle attaque meurtrièreL'un des attentats les plus sanglants des derniers mois au Pakistan a touché une école accueillant des enfants de militaires à Peshawar, principale ville du nord-ouest du Pakistan. Au moins 141 personnes avaient été tuées dans cet assaut mené par un commando du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), dont 132 enfants. Isabelle Mandraud (Minsk, envoyée spéciale) L'essentielUn sommet international a lieu mercredi soir à Minsk pour tenter de parvenir à un accord de cessez-le feu dans l'est de l'Ukraine.François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et le président Ukrainien Petro Porochenko sont présents.Mercredi, les combats ont redoublé d'intensité dans la région du Donbass. Il aura fallu la menace d’une « guerre totale » au sein de l’Europe, selon l’expression de François Hollande, pour que deux chefs d’Etat européens, le président français et la chancelière allemande, Angela Merkel, fassent le déplacement à Minsk, capitale de la Biélorussie.Hollande et Merkel arrivent au palais de Loukachenko à #Minsk dans la même voiture après un aparté a l'aéroport.— mandraud (@Mandraud Isabelle)require(["twitter/widgets"]);Depuis l’indépendance de ce petit pays d’un peu plus de 9 millions d’habitants, acquise en 1991, après la disparition de l’URSS, aucun dirigeant de Paris ni de Berlin n’y avait mis les pieds. La dernière visite d’un dirigeant français est celle de Georges Pompidou, en 1973 ; celle d’un chef d’Etat allemand remonte à… la seconde guerre mondiale. Alexandre Loukachenko, élu à la tête de Biélorussie à quatre reprises depuis 1994, interdit de visa aux Etats-Unis et en Europe depuis 2011 en raison du régime autoritaire qu’il a mis en place, peut se frotter les mains : Minsk, capitale de la « dernière dictature d’Europe » aux yeux de l’Occident devient, par la force des choses, la capitale des efforts diplomatiques en cours pour sauver l’Ukraine. La capitale biélorusse est un territoire neutre, où Vladimir Poutine peut se rendre sans être inquiété par des manifestations.C’est ici, déjà, que le premier accord en douze points censé imposer un cessez-le-feu en Ukraine avait été signé le 5 septembre 2014, le dernier endroit aussi où Vladimir Poutine et son homologue ukrainien, Petro Porochenko, s’étaient retrouvés face à face, peu avant la signature du protocole. Minsk 1 n’a jamais été réellement respecté, et le conflit a empiré. Minsk 2 s’est imposé après une nouvelle offensive du camp prorusse, en janvier.Cinq drapeaux. Tout est prêt pour le sommet de la dernière chance a #Minsk http://t.co/ym1l0IVaQq— mandraud (@Mandraud Isabelle)require(["twitter/widgets"]);Centre de conférence flambant neufVladimir Poutine, Petro Porochenko, François Hollande et Angela Merkel ont donc entamé les discussions mercredi 11 février dans la soirée à Minsk, pour tenter de parvenir à un nouvel accord de cessez-le-feu, alors que, dans l’est de l’Ukraine, les combats entre forces loyales à Kiev et séparatistes prorusses redoublaient. Pour accueillir des hôtes inhabituels qui ont été précédés plus tôt dans la journée par leurs sherpas, Alexandre Loukachenko a ouvert les portes d’un centre de conférence flambant neuf.Inauguré en octobre 2013, le palais de l’Indépendance, avec ses immenses couloirs revêtus de marbre et ornés de lustres plongeants de taille gigantesque, n’a servi que cinq fois jusqu’ici. La première rencontre d’envergure s’y est tenue le 26 août 2014 : la réunion de l’Union douanière, de l’Union européenne et de l’Ukraine sur le Partenariat oriental, en présence de Vladimir Poutine et de Petro Porochenko. La dernière a eu lieu le 29 janvier : une conférence de presse du président Loukanchenko qui a discouru devant 246 journalistes biélorusses durant… sept heures.Cette fois, ce sont près de 500 journalistes et correspondants internationaux, dont beaucoup ont fait le déplacement de Moscou, qui sont sur place. Dans les couloirs, les commentaires allaient bon train sur les chances de parvenir à un accord dans la nuit, et chacun scrutait les dernières déclarations des protagonistes. Depuis plus de vingt-quatre heures, la capitale biélorusse vit ainsi au rythme des tensions provoquées par le conflit en Ukraine, dont la frontière est distante d’à peine 250 kilomètres. Au sud, quasiment à équidistance, c’est la frontière avec la Russie. « Loukachenko, on l’aime ou on l’aime pas, mais grâce à lui on a la paix, ce n’est pas comme en Ukraine », confiait une habitante. A 18 heures, heure locale, mercredi, François Hollande est arrivé à l’aéroport de Minsk, suivi de peu par Angela Merkel. Les deux dirigeants ont ensuite pris la même voiture pour se rendre au palais de Loukachenko, hôte d’une réunion susceptible de se prolonger tard dans la nuit.Isabelle Mandraud (Minsk, envoyée spéciale)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.02.2015 à 16h13 • Mis à jour le11.02.2015 à 16h19 L'Etat islamique (EI) a annoncé mercredi 11 février qu'un Français figurait parmi trois djihadistes kamikazes ayant perpétré en Irak des attentats-suicides. Sur une photo diffusée sur un compte Twitter de l'EI, un jeune, souriant, lève l'index devant la bannière noire du groupe djihadiste et se présente sous le nom d'Abou Talha Al-Faransi (« le Français »).Le message de l'EI annonce sa mort dans une attaque menée à l'aide d'un camion piégé contre une caserne de miliciens chiites près de la base militaire de Speicher, dans la province de Salaheddine (centre). Trois autres photos du djihadiste français ont été diffusées, dont l'une prise de nuit « quelques moments avant le départ » pour le lieu de l'attaque, comme le montre le journaliste de RFI David Thomson, auteur d'un ouvrage sur les Français djihadistes.— (@)require(["twitter/widgets"]);L'EI a également fait circuler des photos d'un Qatari et d'un Syrien, identifiés respectivement comme Abou Amar Al-Qatari et Abou Okacha Al-Chami, qui auraient également perpétré mercredi des attaques contre des positions des forces armées irakiennes près de Speicher. Il n'est pas précisé si les trois kamikazes avaient attaqué la même position.73 FRANÇAIS TUÉSLa base de Speicher est située au nord de la ville de Tikrit, que contrôle l'EI. Près de 1 700 soldats y avaient été tués en juin par les djihadistes qui avaient lancé une offensive fulgurante en Irak s'emparant de larges pans du territoire dans le nord et l'ouest du pays.L'EI, également très actif en Syrie voisine, compte plusieurs milliers de djihadistes venus de l'étranger. Le ministre de l'intérieur de la France, Bernard Cazeneuve, avait fait état en janvier de la mort de 73 Français « sur le théâtre d'opérations terroristes » en Syrie et en Irak. La guerre en Syrie attire des combattants étrangers à un rythme « sans précédent », estime l'administration américaine, qui chiffre à 20 000 le nombre de ces combattants. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) L'essentiel Fouad Belkacem et d'autres membres du groupe islamiste Sharia4Belgium ont été condamnés pour avoir mis en place une filière de recrutement de combattants pour la Syrie.Trente-huit personnes, également jugées, étaient absentes, soient encore en Syrie, soit mortes.Le groupe est qualifié de violent et avec l'objectif de remplacer les régimes existants par un "Etat totalitaire islamique".  La justice belge a conclu par de lourdes peines, mercredi 11 février, le premier procès d’une filière de recrutement de combattants pour la Syrie. Huit dirigeants et membres du groupe Sharia4Belgium, un groupe salafiste inspiré par le prêcheur fondamentaliste britannique Anjem Choudary, étaient dans le box des prévenus.Trente-huit autres faisaient défaut, sans doute parce qu’ils combattent – ou sont morts – en Syrie. Tous les prévenus ont été reconnus comme membres d’une organisation terroriste et le tribunal a réclamé l’arrestation immédiate de tous ceux qu’il a condamnés à des peines de détention ferme.Le principal dirigeant de Sharia4Belgium, Fouad Belkacem, 32 ans, le seul prévenu à ne jamais avoir quitté la Belgique, a été condamné à douze ans de réclusion. Ses défenseurs avaient plaidé qu’il n’était qu’un provocateur et avaient réclamé son acquittement. Son groupe est toutefois qualifié de violent et ayant pour objectif de remplacer les régimes existants par « un Etat totalitaire islamique ». Le tribunal correctionnel d’Anvers a souligné que Fouad Belkacem encensait les martyrs et faisait visionner des scènes de décapitation à ses membres. Il les entraînait aussi, physiquement et mentalement, à la lutte armée.« Etat totalitaire islamique »D’autres membres du groupe ont été condamnés plus sévèrement encore : 15 ans pour Hicham Chaib, âgé de 33 ans, garde du corps de Belkacem et rallié à l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie. Deux des proches du dirigeant, Feisal Yamoun et Nourredine Abouallal – le porte-parole de Sharia – sont morts en Syrie mais ont été condamnés symboliquement à 15 ans également.Hussein Elouassaki, un « émir » qui dirigeait un groupe de 100 combattants belges, français et néerlandais et procédait à des enlèvements et des exécutions, a été condamné à dix ans. Des membres de son unité l’auraient abattu en Syrie alors qu’il tentait de fuir. Brahim El Mimouni, le webmaster du groupe, actuellement en Syrie, est condamné à dix ans. Un jeune Tchétchène, Magomed Saralapov, 21 ans, parti en Syrie où il aurait procédé à des décapitations, est condamné à cinq ans.Une jeune convertie de 20 ans, Nora Verhoeven, dont le compagnon a été tué avant qu’elle ne prenne les armes, est condamnée à cinq ans. Comme un autre converti, Brian De Mulder, qui s’est marié en Syrie à une jeune Néerlandaise de 17 ans. Il avait, il y a quelques mois, proféré des menaces d’attentat contre la Belgique.Peines sévèresUn autre personnage clé du procès était Jejoen Bontinck, 19 ans. Il se présentait comme une victime de Belkacem. Parti en Syrie durant 226 jours, il en aurait passé 200 dans une cellule et dit avoir été maltraité. À son retour, il a livré de nombreuses informations à la police. Le tribunal a estimé qu’il s’était rendu volontairement en Syrie et qu’il n’était pas une victime mais l’a condamné à la peine la plus légère : quarante mois avec sursis.Le tribunal, dont le verdict devait en principe être rendu en janvier, quelques jours après les attentats de Paris, a manifestement tenu compte du climat qui prévaut actuellement en Belgique et dans les pays voisins. Il a prononcé des peines plus sévères que dans les nombreux procès pour terrorisme qui ont eu lieu dans le royaume depuis 2001.Le gouvernement belge a décidé récemment de maintenir un niveau d’alerte élevé dans le pays (niveau 3, sur une échelle qui en compte 4), ce qui suppose notamment la mobilisation des militaires pour renforcer la sécurité des lieux les plus exposés à une tentative d’attentat.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 12h38 • Mis à jour le11.02.2015 à 18h48 Il est rare d’être soumis à des sentiments aussi contradictoires que ceux que l’on pouvait ressentir le 11 janvier dernier devant la force de ce qui se produisait dans l’espace public. Comment ne pas se laisser porter par l’élan qui entraînait une partie aussi importante de la population devant un événement tragique qui inspirait indignation et chagrin, mais aussi réunissait la foule dans ces sentiments ?Mais comment faire taire la petite voix qui a murmuré dès ce moment et de façon insistante que tout cela sonnait faux ? Alors il faut bien tenter d’exprimer le malaise et espérer retrouver ceux avec lesquels on avait cru à une connivence, mais sur un accord plus subtil, plus difficile aussi, moins euphorique, plus exigeant.C’est qu’il n’y avait pas beaucoup d’autocritique dans l’unanimisme de ce dimanche historique. Toutes les personnalités politiques qui défilaient là, étaient des partisans convaincus de la démocratie, de la laïcité, de la liberté d’expression. Ces policiers que l’on applaudissait n’étaient tous que des héros au service du peuple et de sa sécurité. Ces braves gens qui gonflaient les cortèges à Paris et ailleurs n’étaient pas suspects de racisme, ni d’islamophobie. La France était seulement grande, comme elle l’avait été dans tous les moments forts de son histoire, en 1789, en 1848, en 1871, en mai 1968.Analysons le malaise : il était considéré comme une évidence, pendant ces heures particulières comme depuis dans l’immense majorité des médias, qu’il y a « eux », des monstres qui pratiquent la terreur et « nous », braves gens qui défendons des valeurs indiscutables. Or la petite voix qui engendre le malaise ne nous dit pas cela. Elle nous rappelle que ces monstres sont sortis de nos flancs, que nous les avons fabriqués. Toutes nos prétendues valeurs sont en cause à travers le contexte dans lequel les auteurs de ces actes ont grandi. Cela n’a pas été dit et cela a manqué.Démangeaison sécuritaireLa liberté est au centre des événements. Mais la démangeaison sécuritaire est là et elle menace les libertés. Comment éviter les erreurs accumulées par les États-Unis après les attentats du 11 septembre, alors que l’on a démontré depuis des années que l’on ne sait faire que de la répression guerrière ou policière et que la preuve a été établie en plus d’une décennie que l’on ne vaincra pas le djihadisme par là, bien au contraire ?Pour le moment, pour rassurer le peuple, on lui raconte que l’on va dans les prisons isoler les djihadistes dangereux des autres détenus. Mais on ne parle pas d’aller plus loin. On a donc oublié les rapports des grandes ONG, ou ceux du contrôleur des prisons ou ceux des commissions parlementaires qui ont tous décrit une situation générale qui relève de la barbarie quand ils n’ont pas employé l’expression directement. Comment une situation de barbarie pourrait-elle ne pas fabriquer des barbares ? Et pourquoi employer ce qualificatif à sens unique ?Ni la droite, ni la gauche n’ont modifié la situation. Elles l’ont aggravée, soumise l’une et l’autre à l’injonction du FN (contestée par tous les professionnels) en vertu de laquelle, les juges seraient trop laxistes et qu’il ne faudrait pas faire d’angélisme avec ces gens dont notre protection exige qu’on les enferme. Mais avant de tomber en prison, la plupart de ces jeunes hommes issus majoritairement de familles immigrées vivant en banlieue, ont grandi dans ce qu’on nomme les « quartiers », dans un environnement urbain inacceptable, sans perspective de formation, ni d’emploi. Et leur sort, différent de celui des jeunes de familles qui ne viennent pas de l’immigration, démontre que la République ne se soucie guère du principe d’égalité.Dès lors, isoler les djihadistes est à bien courte vue. La prison continuera de donner naissance à des centaines, des milliers de candidats potentiels au djihadisme. Cela n’a pas été dit et cela a manqué.Où est la politique de la ville ?Pour ceux qui ont évité l’expérience carcérale mais qui vivent dans ces banlieues, où est la politique de la ville qui supprimerait ces ghettos dans lesquels naissent et grandissent la frustration et la haine ? Qu’a-t-on fait pour éviter la racialisation de la police dénoncée par Didier Fassin (« La force de l’ordre. Pour une anthropologie de la police des quartiers », Le Seuil, Paris, 2011) ? Fait-on semblant de ne pas savoir que chaque contrôle d’identité arbitraire (au faciès) engendre chez le jeune qui en est victime et qui doit refréner son envie de résister, une blessure qui se transformera en pulsion de violence lorsque l’occasion viendra ? Le terreau est là. Cela n’a pas été dit et cela a manqué.Sur les événements eux-mêmes, a-t-on pris soin d’expliquer suffisamment que le déroulé des faits et la nécessaire protection de la vie des otages ainsi que celle des forces de l’ordre, avait empêché que l’on essayât de capturer les auteurs des tueries vivants pour les soumettre à la justice ? A-t-on rappelé que la peine de mort a été supprimée dans notre pays, que de toute façon toute peine doit être l’aboutissement d’une procédure, que le droit à celle-ci est proclamé par les droits de l’homme ?Notre ministre de l’Intérieur aurait été bien inspiré de rappeler que si ces principes n’avaient pas été appliqués, c’est que l’état de nécessité avait primé, mais qu’il ne s’agissait en aucun cas d’ouvrir la porte à la vengeance sans procès, à ces assassinats ciblés dont certaines grandes puissances se sont fait une spécialité. Il ne l’a pas dit et cela a manqué.Certes le phénomène est international et cela a été mis en scène, comme pour se rassurer et se sentir moins seuls de savoir les autres menacés avec nous. Mais, faisant défiler ensemble le président palestinien et le premier ministre d’Israël, croit-on avoir zappé le conflit qui meurtrit le plus profondément les populations arabes dans le monde entier tant elles se sentent humiliées de la situation dans laquelle la communauté internationale a laissé le peuple de Palestine au mépris du droit international qu’elle proclame à tout va ?Connivences avec des dictateurs sanguinairesPar ailleurs les frilosités dans l’appui, pour ne pas dire l’absence d’appui aux mouvements qualifiés en 2011 de printemps arabes ont laissé entrevoir nos connivences profondes avec des dictateurs sanguinaires, celui de Tunisie, mais aussi ceux d’Égypte, de Libye, de Syrie. Rien de cela n’a été rappelé et cela a manqué.Et ce n’est pas parce que les médias sont frappés d’amnésie lorsqu’ils parlent de l’Irak, que les populations qui ont des liens réels ou symboliques avec le Proche-Orient ont oublié les 12 années d’embargo, c’est-à-dire de descente en enfer, infligées au peuple irakien au nom des Nations unies, donc au nôtre, sous prétexte d’armes de destruction massive introuvables chez son dictateur. Et qu’on ne vienne pas me soupçonner par cette phrase de je ne sais quel regret de Saddam Hussein. Il était la peste, mais l’embargo a été le choléra et l’on a fait chuter le dictateur en détruisant le pays.La réaction guerrière de l’Amérique après le 11 septembre a contribué, tous les spécialistes le constatent, à la montée du Djihad dans la région où l’on prétendait avec une arrogance sans limites apporter la démocratie. Rien de cela n’a été dit et cela a manqué.Et Nicolas Sarkozy, conseillé par un de nos philosophes, a tourné en dérision la « responsabilité de protéger », principe récemment affirmé par les Nations unies, en obtenant en son nom un feu vert pour bombarder la Libye en compagnie des Anglais et sans grand risque. Et la Libye est tombée dans le chaos, comme la Somalie auparavant, pendant que les djihadistes du Sahel se servaient dans les arsenaux libyens désormais ouverts à tous. Mais Hollande a assuré le service après vente de ce que Nicolas Sarkozy avait fait.Réponse politiqueIl a mené au Nord Mali une opération militaire au profit d’un gouvernement impuissant. Opération d’urgence et de court terme, elle n’amène aucune solution aux problèmes de fond. Et comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, le retrait français laissera la situation aussi incertaine qu’elle l’était à l’arrivée de nos troupes. Il est plus vrai de dire qu’elle s’aggravera car aucune politique n’est entreprise pour arrêter le chaos libyen au nord, et l’horreur qui s’étend au Nigeria au sud.Si dans certains de ces cas, une réponse militaire risque de devenir indispensable, elle n’aura aucun sens ni aucun résultat si elle n’est pas accompagnée d’une réponse politique. Cela n’a pas été dit et cela a manqué.Enfin, la carence la plus grave a sans doute été l’absence de main tendue au camp d’en face. Ce camp s’étend au-delà des tueurs. Il comprend tous ceux qui s’identifient aux auteurs des attentats, à ces « eux » que nous considérons comme des monstres. Les réactions des écoliers et des lycéens ne peuvent relever d’une politique grossière de sanction contre l’apologie du terrorisme.Pour séparer ceux qui sont malheureusement déjà perdus parce qu’engagés trop gravement dans une spirale de violence irréversible, de tous ceux qui peuvent en revenir ou qui n’y sont pas déjà tombés, il faut des paroles, des gestes, une politique d’empathie. Il faut donner du sens au principe de fraternité de la devise républicaine. Il ne s’agit pas de pardon, lequel comme la vengeance relève du religieux et non du politique.Il s’agit de continuer de faire lien, de ne pas s’approprier on ne sait quelle vertu, mais de partager la dure condition humaine qui est faite du mélange inextricable du bien et du mal. Le Maire d’Oslo après la tuerie d’Utoya avait déclaré : « Nous punirons le coupable. La punition sera plus de générosité, plus de tolérance, plus de démocratie ».C’est sans doute cette parole-là que nous n’avons pas entendue depuis le 7 janvier et qui a le plus manqué.Monique Chemillier-Gendreau (Professeur émérite à l’Université Paris Diderot) Laurence Girard Le troisième moteur des exportations françaises a connu une légère baisse de régime en 2014. Sur l’ensemble de l’année, les ventes d’alcool hors de nos frontières affichent un recul de 2,8 %. Selon les chiffres publiés mercredi 11 février par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), elles ont atteint 10,8 milliards d’euros. En nombre de bouteilles écoulées, le repli est également de 2,8 %. Le solde commercial, lui, reste stable à 9,5 milliards d’euros.« C’est la troisième meilleure performance historique des vins et spiritueux et la quatrième année d’affilée au-dessus de la barre des 10 milliards d’euros », se félicite Christophe Navarre, président de la FEVS. Le record avait été atteint en 2012 avant de se stabiliser en 2013 à 11,12 milliards d’euros.Si le secteur n’échappe pas au coup de frein, voire à une légère érosion des ventes, ce résultat est à mettre en perspective avec les événements qui ont bousculé la filière. Et en particulier avec la brusque volte-face du marché chinois.Les ventes en Chine baissent de 17,4 %La volonté de Pékin de lutter contre l’ostentation et la corruption a porté un coup à la pratique des cadeaux. Quant aux grands banquets, ils se font aussi plus rares et discrets. Et les alcools de luxe coulent moins à flots dans les karaokés.Dans ce contexte, les ventes de flacons de cognac, dans leurs versions les plus sophistiquées, et de vins fins ont plongé irrésistiblement. Sensible à partir de mi-2013, le décrochage s’est poursuivi durant toute l’année 2014.Résultat, les exportations de vins et spiritueux vers la Chine ont encore plongé de 17,4 % à 681 millions d’euros en 2014. Et ce, après une chute de 18 % en 2013, qui avait fait rétrograder l’empire du Milieu de la troisième à la cinquième place des pays d’exportations des alcools tricolores.Ce brusque changement des règles du jeu en Chine a pris à contre-pied les grands acteurs du cognac que sont les trois grands groupes français Pernod Ricard, avec sa marque Martell, Rémy Cointreau avec Rémy Martin et LVMH avec Hennessy.En 2014, les exportations de la précieuse eau-de-vie charentaise ont encore baissé de 4,6 % en volume et de 7,6 % en valeur à 2,17 milliards d’euros.Forte secousse pour les vins de BordeauxLa secousse est aussi très forte pour le vignoble bordelais. Après avoir bénéficié d’une soif des Chinois pour ses grands crus et millésimes précieux, l’heure est au dégrisement.Les vins de Bordeaux voient leurs exportations baisser de 9,5 % en volume et de 17,1 % en valeur à 1,77 milliard d’euros. Le bordeaux a été également pénalisé par les petites récoltes engrangées en 2012 et 2013.Ces vendanges maigrelettes en 2012 et 2013 ont aussi été un sujet d’inquiétude dans de nombreuses régions viticoles françaises. Le sujet a été particulièrement sensible en Bourgogne.Cette faiblesse de l’offre se traduit par un recul marqué du nombre de bouteilles vendues à l’étranger de 13 % en 2014. Mais les clients ont accepté les fortes hausses de prix liées à la rareté des crus bourguignons puisque, en valeur, le repli n’est que de 1 % à 710 000 euros.Dans ce contexte marqué par de forts aléas et une situation économique mondiale complexe, le résultat des ventes d’alcool à l’export prouve que le modèle français est résistant.Le marché américain, premier débouchéEn 2014, c’est le champagne qui a tiré son épingle du jeu. Il a progressé tant en volume qu’en valeur. Sur les 307 millions de bouteilles qui sont sorties des caves champenoises en 2014, 145 millions ont trouvé le chemin de l’export.Les expéditions vers les pays européens ont progressé de 4,4 %, à 78 millions de bouteilles, quand celles vers les pays tiers bondissaient de 6 %. Avec 2,4 milliards d’euros de recettes, en progression de 7,8 %, le champagne reprend la tête, devançant le cognac et les vins de Bordeaux.Les alcools français ont aussi bénéficié du marché américain, leur premier débouché, où les ventes ont dépassé la barre des 2 milliards d’euros, en hausse de 4 %.« Les Etats-Unis jouent le rôle de locomotive sur fond de reprise économique. L’Amérique du Nord pèse autant que les cinq principaux pays asiatiques », souligne M. Navarre qui se montre prudent pour 2015. « Je ne vois pas de progression. Je pense que nous allons rester dans une phase de stabilisation. Le déstockage va se poursuivre en Chine sur une partie de 2015 », affirme-t-il.Laurence GirardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 11h30 • Mis à jour le11.02.2015 à 12h11 | Paulo A. Paranagua Le Venezuela à l’heure des pénuries et de l’inflationSoumis à un complexe contrôle des changes depuis 2003, le Venezuela a annoncé, mardi 10 février, une nouvelle réglementation. Lors d’une conférence de presse, le général Rodolfo Marco Torres, ministre vénézuélien des finances, a promis l’instauration d’un nouveau système « entièrement libre », ouvert aux particuliers et aux entreprises, qui pourront acheter et vendre des devises auprès des banques, des maisons de change et d’opérateurs autorisés. Le dollar pourrait commencer à s’échanger dans ce cadre à 130 bolivars, alors qu’au marché noir il frôle déjà les 200 bolivars (environ 27 euros).Cependant, Caracas maintient le taux de change officiel à 6,30 bolivars le dollar, destiné à couvrir 70 % des importations, notamment pour les denrées alimentaires, médicaments et matériel de santé. En outre, deux autres taux de change en vigueur sont fusionnés désormais en un seul, où le dollar sera coté à 12 bolivars. Ce taux complémentaire est censé répondre à 30 % des besoins de l’économie vénézuélienne.« Macrodévaluation »Selon l’agence de conseil Ecoanalitica, basée à Caracas, « ces mesures ne règlent pas les problèmes de fond » et représentent une dévaluation de la monnaie nationale de l’ordre de 56,5 % par rapport à 2014. Cet avis est partagé par l’économiste José Guerra, ancien cadre supérieur de la Banque centrale du Venezuela : « Nous sommes face à une macrodévaluation ».La complexité du système des changes, propice aux malversations, a contribué aux déséquilibres de l’économie vénézuélienne, dépendante à 96 % des devises provenant des exportations de pétrole. Cela a aussi alimenté l’inflation (63 %). Par ailleurs, les expropriations et la mauvaise gestion ont plombé la production nationale (alimentation, automobile, médicaments, BTP, etc), remplacée par des importations. L’utilisation de l’entreprise pétrolière publique PDVSA comme vache à lait de l’Etat a compromis les investissements et la maintenance des puits, provoquant une baisse de la production. Pour pallier la crise de liquidités, les Vénézuéliens ont fait fonctionner la planche à billets et se sont endettés, notamment auprès de la Chine, qui se fait rembourser en pétrole et réduit ainsi davantage le nombre de barils disponibles à l’export. Malgré ses immenses réserves, le Venezuela a été obligé d’importer du brut léger en 2014.La question du défautLa chute des cours du pétrole n’a donc fait qu’aggraver la crise de l’industrie pétrolière au Venezuela. Sur les six derniers mois, le baril vénézuélien est passé de 99 dollars à 40 dollars.La question posée depuis plusieurs mois est celle d’un éventuel défaut. En réalité, Caracas a d’ores et déjà cessé de payer certaines dettes, comme celles contractées avec les compagnies aériennes, qui sont plusieurs à avoir suspendu leurs vols à destination du Venezuela.A en croire l’économiste Orlando Ochoa, de l’université catholique de Caracas, le revenu pétrolier en 2015 pourrait chuter à 36 milliards de dollars, alors que le service de la dette de l’année en cours s’élève à 17,3 milliards de dollars. Dans la mesure où l’entretien et les importations de PDVSA exigent 10 milliards de dollars, le Venezuela disposerait de moins de 10 milliards pour faire face à ses besoins. « Les pénuries en aliments, médicaments et matériel médical placent le Venezuela au bord d’une crise humanitaire », estime Orlando Ochoa.Alors que se profilent en fin d’année des élections législatives plutôt favorables à l’opposition, le président Nicolas Maduro pourrait toujours monnayer une partie des réserves en or de la Banque centrale. Il tente depuis des mois de vendre Citgo, la filiale de PDVSA aux Etats-Unis, sans trouver de repreneur.Paulo A. ParanaguaJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Voilà une réunion qui s’annonce très « musclée ». Les dix-neuf ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) sont arrivés à Bruxelles, mercredi 11 février, pour une séance extraordinaire, avec un sujet au menu : la Grèce. Et c’est peu dire que c’est un sujet qui fâche.« Ce sera très très dur », confiait au Monde l’une des personnes qui a préparé ce rendez-vous. Cela le sera d’autant plus que le ton est singulièrement monté ces deniers jours entre les différentes parties. Tout particulièrement, entre le gouvernement grec d’Alexis Tsipras et le gouvernement allemand.Cette réunion de l’Eurogroupe est-elle à « quitte ou double » ?A priori non. Le rendez-vous de mercredi, convoqué par le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, n’a pas vocation à être « décisionnel ». C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé, à son arrivée à Bruxelles, Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).Christine Lagarde, " c'est juste le début du processus de discussion" en début d'Eurogroup— c_ducourtieux (@Cécile Ducourtieux)require(["twitter/widgets"]);La discussion sera « politique et non technique », a ajouté Pierre Moscovici, le commissaire européen à l’économie.Moscovici: " ce soir ce sera une discussion politique et pas technique " a Eurogroupe— c_ducourtieux (@Cécile Ducourtieux)require(["twitter/widgets"]);La Commission européenne, qui est à la manœuvre avec M. Dijsselbloem, espère qu’autour de la table Grecs et Européens s’entendront au moins sur un cadre de négociation. Il s’agit de parvenir à ébaucher un compromis avec le nouveau gouvernement grec sur la renégociation de son énorme dette publique (321 milliards d’euros, 175 % du PIB).Si les choses se déroulent ainsi, cela permettrait au Conseil européen (les 28 chefs d’Etat et de gouvernement), de valider politiquement ce cadre, jeudi 12 février à Bruxelles. L’ambition étant que l’Eurogroupe du lundi 16 février débouche sur un accord définitif.Mais, mercredi, les Allemands ont indiqué qu’aucune décision concrète sur le dossier grec ne pourra être adoptée lors du Conseil européen de jeudi, car toute proposition économique présentée par Athènes doit être soumise à la troïka de ses bailleurs de fonds (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne).Pourquoi le calendrier est-il serré ?Parce que si les différentes parties n’arrivent pas à s’entendre avant le 28 février, l’Etat grec va, a priori, droit au défaut de paiement en mars.« La dette de la Grèce ne peut pas être remboursée dans un avenir proche », a déclaré le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis au magazine allemand Stern, dans un entretien paru mercredi.Regardez également notre décryptage : Six ans de tragédie grecqueLa date butoir du 28 février correspond à la fin du deuxième plan d’aide dont bénéficie la Grèce (130 milliards d’euros). Or, il reste encore une dernière tranche d’environ 7 milliards d’euros à verser.Mais celle-ci est conditionnée par la troïka à la mise en place de mesures d’austérité. Ce que refuse le nouveau gouvernement grec.Mardi soir, au Parlement, juste avant un vote de confiance des députés, le premier ministre grec, Alexis Tsipras a redit que son pays « ne demandera pas d’extension du plan d’aide. » Et il ne veut plus, non plus, entendre parler de la troïka, dont il dénonce les méthodes et le fonctionnementQue propose Athènes ?À en croire la presse grecque, Yanis Varoufakis a fait des propositions à Bruxelles en vue d’un compromis. Mardi, la Commission européenne a toutefois démenti avoir reçu un quelconque plan.Parmi les mesures avancées par Athènes figure le souhait d’afficher un excédent primaire (hors charge de la dette) pour le budget de l’Etat de seulement 1,5 % du PIB au lieu des 3 % demandés par la troïka pour 2015. Cela dégagerait une marge de manœuvre financière.S’y ajoute une demande d’une période de « transition » de quatre à six mois, le temps de négocier le nouveau « contrat » européen.Pour financer l’Etat grec pendant cette phase de transition, M. Varoufakis suggère qu’Athènes puisse puiser à deux sources : d’une part dans la cagnotte des bénéfices réalisés par les banques centrales nationales européennes suite aux achats d’obligations grecques (1,9 milliard d’euros) ; d’autre part dans les sommes réservées pour la recapitalisation des banques grecques en cas de besoin (environ 8 milliards d’euros).Enfin, les Grecs veulent faire intervenir l’OCDE dans la troïka : « une commission de coopération sera mise en place pour élaborer un accord sur des réformes qui vont relancer la croissance », a indiqué M. Tsipras, à l'issue d'une rencontre, mercredi, avec le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria.« On est ici pour travailler avec et pour la Grèce, on n'est pas ici pour dire à la Grèce ce qu'elle doit faire, mais pour lui donner des outils déjà utilisés par d'autres gouvernements pour résoudre les mêmes problèmes », a souligné M. Gurria.Les réformes viseraient surtout la lutte contre la corruption, l'évasion fiscale et le clientélisme.Lundi, devant le Parlement, M. Varoufakis a aussi assuré qu’il était prêt à approuver 70 % des réformes encore exigées par la troïka. Ce qui a été perçu comme un signal d’ouverture par les Européens.Que sont prêts à accepter les Européens ?« Nous ne négocierons pas de nouveau programme pour la Grèce mercredi lors de la réunion de l’Eurogroupe », a prévenu, mardi soir, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble.Il apparaît néanmoins que les pays européens ne sont pas fondamentalement opposés à discuter avec Athènes d’un nouveau « contrat », un réaménagement de la dette grecque.Mais ils ne veulent pas avancer les quelques milliards dont M. Tsipras a besoin pour les quatre à six mois qui viennent, sans engagement ferme des Grecs à mettre en œuvre des réformes respectant leurs équilibres budgétaires.Les Allemands ne sont toutefois pas les seuls à avoir des réticences : Espagnols, Portugais, Slovènes et Lettons aussi, qui ont accepté le traitement de choc de la troïka ou des cures d’austérité et voient d’un mauvais œil que l’on fasse une exception pour la Grèce.« Si tout le monde se comporte de manière rationnelle » aime t-on à répéter ces derniers jours à Bruxelles, un compromis pourrait être possible.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.02.2015 à 10h18 • Mis à jour le11.02.2015 à 12h10 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2gx6p9"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2gx6p9", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Pour François Fillon, « la crise ukrainienne est une affaire européenne ». Aussi a-t-il salué, mercredi 11 janvier sur Europe 1, la rencontre prévue le même jour à Minsk (Biélorussie) entre les chefs d’Etat français, allemand, russe et ukrainien, pour tenter de parvenir à un accord de paix. « Je félicite François Hollande », a même déclaré l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, tempérant par la suite ses éloges : « Il est bon que la France et l’Allemagne parlent d’une même voix, c’est le retour de ce que devait être l’Europe, le contraire de ce qu’a fait François Hollande depuis deux ans. (…) Angela Merkel a le leadership en Europe parce que François Hollande ne l’a pas. »Ukraine : Américains et Européens privilégient la voie diplomatiqueSelon lui, « les Américains ont commis une quantité d’erreurs depuis le début de cette crise qui, de mon point de vue, ne les qualifient pas pour continuer à discuter avec la Russie. » Parmi ces « erreurs », M. Fillon estime que les Etats-Unis se sont mépris sur les véritables buts de Vladimir Poutine, le président russe : « Je n’ai jamais cru que la Russie voulait annexer l’Ukraine. » « On a tout fait pour m’éliminer »François Fillon s’est aussi exprimé sur les affaires intérieures de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et sur la récente défaite du parti dans la législative partielle du Doubs, où il a été éliminé par la candidate Front national (FN). Il a dédouané la stratégie du parti, accusé de faire le jeu du FN en refusant de choisir entre le FN et le Parti socialiste dans ses consignes de vote : « On ne peut pas dire que le ni-ni favorise le FN ; le “front républicain” aussi. » Face à la « souffrance » des électeurs FN, l’opposition doit avoir un projet politique, un « programme de rupture ».« Pendant deux ans, on a tout fait pour m’éliminer de la direction de l’UMP », a-t-il lâché en évoquant ses démêlés avec Jean-François Copé pour prendre la tête du parti. « Ça fonctionne mieux avec la nouvelle direction [celle de Nicolas Sarkozy]. » A l’UMP, l’autorité de M. Sarkozy ne s’impose plusIl a refusé de s’exprimer sur Stéphane Tiki, président des Jeunes pop’ depuis décembre 2014 et… sans-papiers, comme l’a révélé Le Canard enchaîné de mercredi 11 janvier : « Je ne connais pas Stéphane Tiki, et je ne parle pas d’un sujet que je connais pas. »  28.02.2015 à 17h38 Le harcèlement, la prison, l'exil, mais aussi la mort. Avec l'assassinat de l'ancien vice-premier ministre Boris Nemstov, dans la nuit de vendredi à samedi à Moscou, la liste des morts d'opposants au Kremlin depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine s'est encore allongée.Mis sur écoute, plusieurs fois interpellé, perquisitionné, Boris Nemstov se savait physiquement menacé ; il avait d'ailleurs confié il y a une quinzaine de jours à l'hebdomadaire Sobesednik sa peur d'être assassiné. Non sans raison : en Russie, et même à l'étranger, nombre de personnalités politiques, journalistes ou activistes ont payé de leur vie leur opposition au Kremlin. Voici quelques-uns des principaux noms d'une liste qui en comporte des dizaines d'autres : « Novaïa Gazeta », le journal martyr Le 7 octobre 2006, la journaliste d'investigation Anna Politkovskaïa, 48 ans, qui dénonçait notamment les atteintes aux droits de l'homme en Tchétchénie et l'autoritarisme de Vladimir Poutine dans le journal Novaïa Gazeta, est tuée par balles dans le hall de son immeuble à Moscou. Lire notre sélection d'archives : 7 octobre 2006 : assassinat d'Anna PolitkovskaïaCinq suspects – dont quatre Tchétchènes – ont été jugés et reconnus coupables du meurtre en 2014, mais le commanditaire de l'assassinat court toujours, et son nom n'a jamais été publiquement évoqué.Six autres journalistes ou collaborateurs de Novaïa Gazeta ont été tués entre 2000 et 2009, dont Natalia Estemirova, 50 ans, qui a succédé à Anna Politkovskaïa. Egalement militante des droits de l'homme et représentante en Tchétchénie de l'ONG Memorial, elle est enlevée le 15 juillet 2009 à Grozny et retrouvée morte quelques heures plus tard en Ingouchie, république voisine du Caucase russe. Elle dénonçait les exactions du pouvoir local.Le 19 janvier 2009 Stanislas Markelov, 34 ans, et Anastassia Babourova, 25 ans, sont tués par balle en pleine rue à Moscou alors qu'ils sortaient d'une conférence de presse.Lire notre reportage (abonnés) : En Russie, des journalistes sous contrôle La mort, jusqu'à l'étranger Menacés, certains, au fil des années, ont opté pour l'exil. Mais s'installer loin de la Russie ne protège pas pour autant de la mort. Le 23 novembre 2006, un ancien agent des services de renseignement russes collaborant avec le MI6 britannique, Alexandre Litvinenko, meurt, empoisonné au polonium, après avoir pris le thé avec deux hommes d'affaires et ex-agents du KGB.  « Les salauds m'ont eu (...) mais ils n'auront pas tout le monde », a-t-il déclaré avant de mourir.En mai 2007, le Royaume-Uni demande à la Russie d'extrader l'un des deux hommes, Andreï Lougovoï, mais le parquet général russe rejette la demande en invoquant la constitution russe, qui ne prévoit pas de possibilité d'extradition de nationaux vers d'autres Etats.L'affaire Litvinenko provoque alors une forte détérioration des relations entre la Russie et la Grande-Bretagne, qui expulsent mutuellement plusieurs diplomates.En mars 2013, c'est l'ex-oligarque et milliardaire Boris Berezovski, 67 ans, réfugié au Royaume-Uni après être entré en conflit avec Vladimir Poutine, qui est retrouvé mort dans la salle de bain de sa résidence d'Ascot (sud-ouest de Londres), un morceau de tissu autour du cou. L'enquête s'abstient de trancher entre assassinat et suicide, une hypothèse rejetée par son entourage.Lire (en édition abonnés) : Boris Berezovski portait les secrets de la Russie post-soviétique Ancien proche de Boris Berezovski, le député et président du parti Russie libérale, Sergueï Iouchenkov, 52 ans, est abattu le 17 avril 2013 avec un pistolet muni d'un silencieux à l'entrée de son immeuble à Moscou.L'OPPOSITION DÉNONCE UN MEURTRE ET APPELLE À MANIFESTERLa mort de Boris Nemstov a de nouveau créé un choc. De Paris, où le président français François Hollande a dénoncé un « assassinat odieux », à Washington, qui a exhorté Moscou « à rapidement mener une enquête impartiale et transparente », les réactions des capitales occidentales se sont succédé.Alors que Vladimir Poutine parle à la provocation, l'opposition dénonce un assassinat : « Savoir si Poutine a donné l'ordre d'assassiner Boris Nemtsov n'est pas le véritable point. C'est sa dictature. Sa propagande perpétuelle sur les ennemis de l'Etat », a twitté le joueur d'échecs Garry Kasparov.Boris Nemstov avait appelé, trois heures avant sa mort, à la tenue dimanche 1er mars d'un vaste rassemblement pour dénoncer la mauvaise gestion par le Kremlin de la grave crise économique que traverse la Russie en raison des sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole.Les autorités de la ville de Moscou ont autorisé l'opposition à organiser à la place une marche, qui pourra rassembler jusqu'à 50 000 participants, en mémoire de l'opposant. Frédéric Saliba (Mexico, correspondance) Fin de cavale pour Servando Gomez, chef du cartel mexicain des Chevaliers templiers. Vendredi 27 février, celui qu’on surnomme « La Tuta », a été arrêté dans la ville de Morelia, capitale de l’Etat du Michoacan (ouest du Mexique), fief de son étonnante organisation criminelle, à la fois secte et mafia. Cet ancien instituteur de 49 ans, décrit comme un stratège ultraviolent, a longtemps fait trembler les hommes politiques en diffusant sur le Web des vidéos révélant ses réseaux de corruption.Aucun coup de feu n’a été tiré lors de la capture de « La Tuta », vendredi à l’aube, dans une maison d’un quartier populaire de Morelia. Le criminel le plus recherché du Mexique, dont la tête était mise à prix 30 millions de pesos (1,8 million d’euros) par le gouvernement, était à la tête d’une organisation mafieuse d’un genre nouveau. Fondé en 2011, le gang des Chevaliers templiers impose un code moral et religieux à ses membres, contraints de manger du cœur humain lors de rites initiatiques. Spécialisé dans le trafic de méthamphétamines vers les Etats-Unis, le cartel a étendu ses activités aux enlèvements, au racket des producteurs de citrons ou d’avocats du Michoacan et à l’exportation frauduleuse de minerai de fer vers l’Asie.Son profil criminel, réalisé par le ministère public, le décrit comme un manipulateur, fan de combats de coqs, et un superstitieux, adepte du tarot.Né le 6 février 1966 dans la ville d’Arteaga, dans le sud du Michoacan, M. Gomez, a été instituteur avant de se consacrer, corps et âme, au début des années 2000, au trafic de drogue. « J’avais un travail très sain et très honnête, mais il ne satisfaisait pas mes aspirations », justifiait-il dans une bande audio diffusée le 2 février sur les réseaux sociaux. Surnommé aussi « El Profe » (Le Prof), M. Gomez a continué de percevoir jusqu’en 2010 un salaire versé par l’éducation nationale. Pourtant, quatre ans plus tôt, il était déjà identifié par la police comme un des fondateurs du cartel de La Familia Michoacana, réputé pour décapiter ses ennemis. Son profil criminel, réalisé par le ministère public, le décrit comme un manipulateur, fan de combats de coqs, et un superstitieux, adepte du tarot.Producteur de vidéosFin 2010, une lutte interne au sein de La Famila Michoacana l’incite à quitter ses rangs pour créer le cartel des Chevaliers templiers aux côtés de Nazario Moreno Vargas, alias « El Chayo », chef messianique de cette nouvelle mafia sectaire inspirée de l’ordre médiéval des Templiers. À la mort de ce dernier en mars 2014, « La Tuta » prend les rênes du cartel. Pour se protéger d’éventuelles trahisons politiques et médiatiques, ce fin stratège avait pris l’habitude de se transformer en producteur de vidéos distillées sur le Web et les réseaux sociaux.Une casquette de baseball vissée en permanence sur la tête, M. Gomez s’adressait ainsi à la population assurant être « un mal nécessaire » face aux autres organisations criminelles et au vide laissé par l’Etat. Sans compter ses vidéos tournées en caméras cachées où on le voyait en compagnie d’élus, syndicalistes ou hommes d’affaires, dont Rodrigo Vallejo, fils de l’ancien gouverneur du Michoacan, Fausto Vallejo. La simple apparition de ces personnalités dans ces vidéos les rendait complices supposés du narcotrafiquant. Au point d’entraîner la démission de Jésus Reyna, gouverneur intérimaire du Michoacan en 2013. Diffusée en septembre dernier, une de ces vidéos montre le correspondant local du géant de l’audiovisuel, Televisa, conseiller « La Tuta » sur sa communication, avant d’accepter l’argent du narcotrafiquant. Son arrestation était une des principales revendications des groupes d’autodéfense, fondée début 2013 par des habitants du Michoacan, excédés par l’incapacité des autorités à les protéger contre les Chevaliers templiers. Traqué, le fugitif aurait passé des mois dans les montagnes, avant de se rendre à Morelia dans le but de réaliser une opération chirurgicale destinée à changer son visage et sa voix. « Son arrestation marque la fin de l’ère d’une organisation qui contrôlait d’importantes structures gouvernementales », s’est félicité dans les médias le politologue Salvador Maldonado. Un joli coup de filet pour le président, Enrique Peña Nieto, qui coïncide avec son premier remaniement ministériel, après la destitution du ministre de la justice, Jésus Murillo Karam. Ce dernier était contesté dans sa gestion de la disparition de 43 étudiants, enlevés cinq mois plus tôt par des policiers véreux dans l’Etat de Guerrero, voisin du Michoacan.De là à annoncer la fin du cartel des Chevaliers templiers, il n’y qu’un pas que M. Maldonado refuse pourtant de franchir : « Des chefs régionaux pourraient prendre vite la relève. » Le nom de Homero González Rodríguez, surnommé « El Gallito », cousin d’« El Chayo » est déjà évoqué dans les médias comme successeur probable de la « Tuta ».Frédéric Saliba (Mexico, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.02.2015 à 08h48 • Mis à jour le28.02.2015 à 12h53 Après l'assassinat de l'opposant russe et ancien vice-premier ministre Boris Nemtsov, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 février à Moscou, les réactions se sont multipliées un peu partout dans le monde.Le président français François Hollande a dénoncé samedi un « assassinat odieux », saluant la mémoire d'un « défenseur courageux et inlassable de la démocratie ». C'était « un combattant acharné contre la corruption », ajoute-t-il dans un communiqué.Boris Nemtsov, 55 ans, avait été premier vice-premier ministre du président Boris Eltsine à la fin des années 1990 durant un an et demi. Après l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, en 2000, il était devenu l'un des principaux opposants au Kremlin. Il a été tué par balles en plein centre de Moscou, devant le Kremlin.Lire son portrait : Boris Nemtsov, l'un des plus fervents opposants à Vladimir PoutineLa chancelière allemande, Angela Merkel, s'est déclarée « consternée [par] le meurtre lâche » de l'opposant, dont elle a salué le courage, et a appelé le président russe, Vladimir Poutine, à faire toute la lumière sur cet assassinat.UN « AMI » DE L'UKRAINELe président ukrainien, Petro Porochenko, a qualifié l'opposant russe d'« ami » et de « pont entre l'Ukraine et la Russie » opposées aujourd'hui dans un conflit sans précédent. « Ce pont a été détruit par les coups de feu d'un assassin. Je pense que ce n'est pas par hasard », a écrit le président ukrainien sur son compte Facebook.« Je me souviens de son sourire, de ses actes courageux. C'est l'une de ces rares personnes qu'on peut appeler ami. »Le parti Batkivchtchina de l'ex-première ministre Ioulia Timochenko a condamné « le meurtre sauvage » de l'« un des rares démocrates et hommes politiques raisonnables en Russie » qui « n'avait pas peur de critiquer le régime de Vladimir Poutine ». Batkivchtchina rappelle que Boris Nemtsov soutenait la pilote ukrainienne et députée de ce parti, Nadia Savtchenko, emprisonnée en Russie et en grève de la faim.Lire : L'appel à manifester de Boris Nemtsov, trois heures avant sa mort« La Russie a perdu une personnalité éminente qui se refusait à vivre à genoux », a pour sa part écrit sur son compte Twitter le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense ukrainien, Olexandre Tourtchinov.DEMANDE D'ENQUÊTE « IMPARTIALE ET TRANSPARENTE »De son côté, Washington a condamné un « meurtre brutal » et exhorté Moscou  « à rapidement mener une enquête impartiale et transparente ». Sur son compte Twitter, le Conseil national de sécurité du président Barack Obama a également réclamé que les responsables de la mort de Boris Nemtsov soient « traduits en justice ».Le Conseil de l'Europe, par la voix de son secrétaire général, Thorbjoern Jagland, s'est également déclaré choqué, et l'ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé à une investigation sans biais.Le président russe, Vladimir Poutine, a pour sa part estimé que ce meurtre portait « les marques d'un meurtre commandité et a[vait] tout d'une provocation », selon son porte-parole, Dmitri Peskov.Lire aussi : Boris Nemtsov est « mort en vrai héros » pour l'opposition russe Gilles Paris (Washington, correspondant) Le Parti républicain a failli par ses divisions provoquer vendredi 27 février la « fermeture » (« shutdown ») du département de la sécurité intérieure. Hostiles aux mesures de régularisation temporaires de clandestins annoncées en novembre par le président démocrate, Barack Obama, les élus républicains avaient pensé pouvoir les supprimer par des dispositions rajoutées dans une loi de finance concernant le département de la sécurité intérieure compétent pour les affaires d’immigration.En décembre, les républicains avaient en effet fait en sorte que les crédits qui lui avaient été alloués soient épuisés dès la fin du mois de février. Ce faisant, ils espéraient contraindre M. Obama à signer cette loi et à renoncer à ces régularisations en échange d’un financement de ce département jusqu’à la fin de l’année fiscale, en septembre.Une reddition inacceptableBloqué par l’obstruction prévisible des sénateurs démocrates au Sénat, le Parti républicain a dû se résoudre à un compromis provisoire : le financement pour trois semaines supplémentaires des services de ce département stratégique chargé notamment de la surveillance des frontières ou de la sécurité du président. Une reddition jugée inacceptable par l’aile droite républicaine de la Chambre qui l’a fait échouer en ralliant, pour des raisons opposées, la minorité démocrate.La mise au chômage technique de milliers de fonctionnaires et le non-paiement des salaires de dizaines de milliers d’autres maintenus à leur poste parce que jugés indispensables pour le fonctionnement du pays n’ont été évités qu’à la dernière minute à la suite du vote par le Sénat puis par la Chambre, avec cette fois-ci le soutien des démocrates, de l’extension des crédits du département de la sécurité intérieure pour une semaine supplémentaire.Le Congrès dispose donc d’un répit après une semaine mouvementée qui a témoigné de l’importance de ses fractures internes et dont les principales victimes ont été le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, et le « speaker » républicain de la Chambre, John Boehner, moins de quatre mois seulement après leur triomphe lors des élections de mi-mandat. Le 24 février, l’autorisation de construction de l’oléoduc controversé Keystone XL, première mesure votée par le Congrès désormais entièrement contrôlé par les républicains après leur conquête du Sénat, avait déjà été bloquée par le veto du président Obama.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.02.2015 à 03h42 • Mis à jour le28.02.2015 à 16h45 A l'antenne d'une radio moscovite trois heures à peine avant sa mort, l'ancien ministre Boris Nemtsov, virulent critique du Kremlin, appelait les auditeurs à manifester dans un discours enflammé sur le dossier ukrainien et le président Vladimir Poutine.Vendredi 27 février, pendant 45 minutes, la voix grave, le ton sérieux, l'opposant a présenté ses propositions pour « changer la Russie », n'hésitant pas à couper ses interlocuteurs, deux journalistes d'Ekho Moskvy. Sans surprise, le rassemblement anticrise qu'il organisait, dimanche dans la banlieue de la capitale, occupe une place de choix dans l'interview, plus proche dans les faits du monologue.« Cette marche demande l'arrêt immédiat de la guerre avec l'Ukraine, elle exige que [le président russe Vladimir] Poutine cesse son agression. »Boris Nemtsov livre ensuite sa position sur la grave crise économique que traverse la Russie.« La cause de la crise, c'est l'agression [de l'Ukraine], qui a été suivie des sanctions, puis des fuites de capitaux, tout ça à cause de l'agression insensée contre l'Ukraine que mène Poutine. »« La force de la loi »A l'instar de Kiev et des Occidentaux, l'homme assure que Moscou a envoyé des troupes soutenir les séparatistes prorusses dans l'est du pays. Des allégations que le Kremlin a toujours démenties.Lorsqu'une journaliste évoque la Crimée, péninsule ukrainienne rattachée à la Russie en mars après un référendum, et assure que la population souhaitait rejoindre le pays, l'opposant tranche d'un ton catégorique, résumant en deux mots toutes ses convictions : « La force de la loi ».« La population voulait vivre en Russie, j'en conviens. Mais la question est ailleurs : il ne faut pas faire selon ses volontés, mais selon la loi et il faut respecter la communauté internationale. »Mettre les hommes politiques corrompus devant les tribunaux, couper de moitié le budget militaire et augmenter celui de l'éducation... Les propositions se succèdent, mais Boris Nemtsov n'est pas dupe : « L'opposition n'a pas beaucoup d'influence sur les Russes actuellement. »Et ce dernier de plaider pour l'octroi d'une heure d'antenne par semaine sur l'une des principales chaînes de télévision nationale. « Quand on concentre le pouvoir entre les mains d'une seule personne, cela ne peut mener qu'à la catastrophe. A une catastrophe absolue », avertit celui qui était l'un des rares à oser encore critiquer Vladimir Poutine.« Je n'ai pas si peur »Deux semaines avant son assassinat, dans un entretien à l'hebdomadaire russe Sobessednik, Boris Nemtsov confiait ses craintes sur sa sécurité et celle de sa famille. Interrogé sur la possibilité que Vladimir Poutine s'en prenne à lui, il répondait : «Vous savez, oui... un peu. [...] Mais malgré tout, je n'ai pas si peur de lui. Si j'avais très peur, je ne dirigerais pas un parti d'opposition et je ne ferais pas ce que je fais. » 28.02.2015 à 00h28 • Mis à jour le28.02.2015 à 18h03 L'essentielBoris Nemtsov est mort, tué par balle, dans la nuit de vendredi à samedi au pied du Kremlin. Les enquêteurs parlent d'« assassinat planifié ».Ancien ministre de Boris Eltsine, il avait incarné la génération des jeunes réformateurs des années 1990 avant de devenir un opposant virulent de Vladimir Poutine.Les autorités ont autorisé l'opposition à organiser dimanche une marche dans Moscou en mémoire de l'opposant.Il y a une quinzaine de jours, il confiait, dans une interview à l'hebdomadaire Sobesednik, sa peur d'être assassiné. Dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 février, alors qu'il marchait dans le centre de Moscou, Boris Nemtsov a été abattu, quatre balles ayant été tirées dans son dos. Il est tombé à quelques mètres du Kremlin : tout un symbole pour celui qui fut de tous les combats face au pouvoir en place.Ancien ministre de Boris Eltsine, l'homme de 55 ans avait incarné la génération des jeunes réformateurs des années 1990, avant de devenir un virulent critique du président Vladimir Poutine, qu'il comptait défier à nouveau dimanche en manifestant.Plusieurs fois interpellé par les forces de l'ordre lors de rassemblements de protestation au pouvoir en place, il avait aussi subi des perquisitions et été mis sur écoute, sans jamais cesser de dénoncer la corruption de ce qu'il appelait le « système oligarchique » en vigueur au pays des tsars.TRÈS PROCHE DE BORIS ELTSINELe teint toujours bronzé, l'air séducteur malgré de grands yeux noirs pochés de cernes, Boris Nemtsov, physicien de formation, avait commencé sa carrière peu avant l'effondrement de l'URSS. Il avait été élu en 1990 au Soviet suprême, le parlement soviétique.Après avoir été gouverneur de la région de Nijni-Novgorod, à 400 km à l'est de Moscou, il avait entamé une ascension fulgurante sous la présidence de Boris Eltsine. De mars 1997 à août 1998, il avait obtenu le poste de vice-premier ministre chargé du secteur énergétique et des monopoles, secteur très convoité, ce qui lui valait d'être régulièrement dénoncé par le Kremlin comme un homme politique lié aux oligarques qui ont profité de la vague de privatisations des années 1990.Le premier président de la Russie démocratique, dont il était très proche, avait envisagé un temps d'en faire son dauphin, avant de lui préférer le chef du FSB (ex-KGB), Vladimir Poutine. Limogé en août 1998, Boris Nemtsov a basculé dans l'opposition lorsque son rival a pris les rênes du pays.Aux législatives de 1999, l'opposant est élu à la Douma – chambre basse du parlement – et rejoint le parti libéral SPS (l'Union des forces de droite), dont il dirige une fraction qui se distingue par ses critiques virulentes envers le gouvernement en place. Son opposition au pouvoir se fait de plus en plus tranchante après les élections législatives de 2007, qu'il dénonce comme « les plus malhonnêtes de l'histoire de la Russie ».ASPERGÉ D'AMMONIACUn an plus tard, en 2008, après avoir échoué à se présenter à l'élection présidentielle comme candidat unique d'une opposition affaiblie par sa disparité, il décide de créer le mouvement Solidarnost, sous l'égide de l'ex-champion d'échecs Garry Kasparov.Mais c'est surtout aux côtés d'Alexeï Navalny qu'il s'affichera comme figure de proue des manifestations qui ont secoué Moscou pendant l'hiver 2011-2012. Après la réélection de Vladimir Poutine au Kremlin en mai 2012, il a continué à dénoncer les dépenses jugées excessives du président et la corruption, notamment lors de la tenue des Jeux olympiques d'Hiver à Sotchi, sa ville natale, en 2014. Cinq ans plus tôt, alors candidat à la mairie de cette localité des bords de la mer Noire, il avait d'ailleurs été aspergé d'ammoniac par des inconnus dans la rue.Plus récemment, Boris Nemtsov avait pris parti dans le conflit qui ravage depuis plus de dix mois l'est de l'Ukraine. Organisateur de plusieurs marches pacifiques en soutien à Kiev, il avait récemment réaffirmé sur son compte Facebook, qu'à ses yeux, l'annexion de la Crimée était illégale. Selon Ksenia Sobtchak, autre figure de l'opposition, Boris Nemtsov travaillait à un rapport sur la présence de forces russes en Ukraine, que le Kremlin nie avec acharnement.L'influence de ce vétéran de l'opposition, très présent sur les réseaux sociaux, semblait cependant diminuer au profit de la nouvelle génération incarnée par Alexeï Navalny, de 17 ans son benjamin.C'est d'ailleurs avec lui qu'il avait appelé à la tenue dimanche 1er mars d'un vaste rassemblement pour dénoncer la mauvaise gestion par le Kremlin de la grave crise économique que traverse la Russie en raison des sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole. Après la mise sous écrou de son cadet, mi-février, il en avait repris le flambeau.Les autorités de la ville de Moscou ont autorisé l'opposition à organiser, dimanche, une marche, qui pourra rassembler jusqu'à 50 000 participants, à travers le centre de la capitale russe en mémoire de l'opposant.Lire aussi en édition abonnés : Navalny en prison pour le priver de manifestation 27.02.2015 à 22h20 • Mis à jour le27.02.2015 à 22h44 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Il n’était ni le plus riche, ni le plus célèbre des investisseurs encore en activité à Wall Street, mais Irving Kahn en était de loin le doyen. Celui qui avait fait ses premiers pas en Bourse en juin 1929, à la veille de la Grande Dépression avant de monter sa propre société d’investissement, Kahn Brothers Group, est mort, mardi 24 février, chez lui, à New York, à l’âge de 109 ans.Jusque dans les derniers mois de son existence, Irving Kahn venait encore régulièrement à son bureau. Il prenait un taxi en bas de son domicile, situé dans l’Upper East Side, pour se rendre vingt pâtés de maison plus bas, sur Madison Avenue, au siège d’une société dirigée aujourd’hui par son fils Thomas, et qui gère 1 milliard de dollars.Irving Kahn était né le 19 décembre 1905 à Manhattan. Son père, Saul, vendait des luminaires. Il racontait encore récemment que, lorsqu’il traversait Central Park pour aller à l’école, il croisait vaches et moutons. Après deux ans d’études au City College of New York, une université publique de la ville, il entra comme employé chez Kuhn, Loeb & Co, l’une des grandes banques d’investissement de l’époque, qui a fusionné à la fin des années 1970 avec Lehman Brothers.Dès ses premiers pas à Wall Street, il croisa le chemin de Benjamin Graham, un trader du New York Cotton Exchange, qui occupait parallèlement une chaire de professeur à la Columbia Business School de New York. Les deux hommes se lièrent d’amitié au point qu’Irving Kahn se vit proposer un poste d’assistant à temps partiel.Nouvelle théorieQuelques années auparavant, Benjamin Graham avait commencé à développer sa théorie sur la « value investing », c’est-à-dire l’investissement en fonction de la valeur intrinsèque des entreprises, et non de leurs perspectives de croissance. Une stratégie qui suppose de se tenir à l’écart des effets de mode, de ne compter que sur le réel, de repérer les risques et d’apprendre à les maîtriser. Tel un gourou, il regroupa alors autour de lui une poignée d’hommes séduits à la fois par la simplicité et la sagesse de sa théorie. Parmi eux : Kahn, mais aussi Warren Buffett, qui est devenu plus tard l’un des investisseurs les plus célèbres et les plus avisés.M. Kahn n’eut pas beaucoup à attendre pour expérimenter l’efficacité des thèses de Graham. Quelques semaines avant le krach de 1929, il fit un pari qui semblait insensé pour l’époque : il emprunta de l’argent pour vendre à découvert une compagnie minière, Magma Copper. Si le cours avait continué à grimper comme les précédents mois, Irving Kahn aurait été ruiné. C’est bien entendu l’inverse qui se produisit. Le 29 octobre, le château de cartes s’effondra et Kahn doubla sa mise.Ses principes d’investissement n’ont pas fait de lui un milliardaire, mais ils lui ont permis de traverser toutes les tempêtes financières sans trop de dommages. En 1978, il décida de monter sa propre société d’investissement avec deux de ses fils.Étude sur la longévitéQuelques décennies plus tard, ce ne furent pas ses stratégies d’investissement qui allaient retenir l’attention, mais son exceptionnelle longévité. Depuis plusieurs années, il participait à une étude scientifique sur les centenaires menée par la faculté de médecine Albert-Einstein, dans le Bronx. Pour l’un de ses responsables, le généticien Nir Barzilai, la longévité de l’investisseur était liée au niveau élevé de « bon » cholestérol qui coulait dans ses veines. Une marque de fabrique familiale : sa sœur aînée, Helen, a vécu jusqu’à 109 ans, son frère cadet, Peter, est mort en 2014 à 103. Quant à son autre sœur, Lee, elle s’est éteinte à 101 ans.Le secret de la longévité n’est pas à chercher dans un régime particulier. Irving Kahn a fumé jusqu’à l’âge de 50 ans et fréquenté régulièrement le Veau d’or, un restaurant français de l’Upper East Side, où il s’est toujours régalé d’un simple hamburger saignant. Entre deux petits plaisirs de ce style, il continuait régulièrement à distiller ses impressions sur les aléas des marchés. En septembre 2014, interrogé par le quotidien britannique The Telegraph sur les sommets atteints par les indices boursiers, il avait répondu : « J’essaie de ne pas pontifier à propos des marchés financiers, mais je peux dire que lorsque je regarde la Bourse aujourd’hui, je trouve bien peu d’idées d’investissement. C’est généralement un signe de spéculation généralisée. »Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.02.2015 à 18h22 • Mis à jour le27.02.2015 à 18h37 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2hzhvk"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2hzhvk", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Les autorités de la Crimée, péninsule ukrainienne annexée il y a un an par la Russie, ont nationalisé, vendredi 27 février, les studios de cinéma de Yalta, jadis fleuron de l'industrie du cinéma soviétique. L'assemblée locale, pro-Kremlin, a adopté une résolution prévoyant que les studios deviennent propriété de la région en raison de « la nécessité de les utiliser dans l'avenir pour les besoins de la République de Crimée ».Lire le récit (édition abonnés) : Crimée : récit d'une annexion éclairUn an après l'annexion du territoire par Moscou, de nombreuses entreprises, et notamment celles considérées comme les plus stratégiques, telles que le producteur de pain, la compagnie d'électricité ou des opérateurs télécoms, ont été confisquées, parfois sans compensation.Les studios de cinéma de Yalta, sur les bords de la mer Noire, ont ouvert en 1917 et ont été l'un des principaux lieux de tournage des films soviétiques. Ils disposent d'un bassin pour filmer des scènes aquatiques et d'un grand nombre de voitures de collections.Voir le reportage : Crimée : portrait d'une nouvelle région russeAndreï Tarkovski y a notamment tourné son chef-d'œuvre de science-fiction Solaris en 1972. Les studios ont aussi attiré de nombreux autres cinéastes soviétiques, séduits par les paysages spectaculaires de la péninsule et son climat ensoleillé.PRIVATISATION EN 2003Privatisés par l'Ukraine après la chute de l'URSS, les studios avaient été vendus à une société russe en 2003 puis en 2010 à deux banquiers et producteurs russes, Sergueï et Andreï Archinov. Leur état s'est dégradé ces dernières années, même si certains cinéastes russes continuaient d'y travailler, comme Fedor Bondarchuk (Stalingrad).Les frères Archninov ont protesté contre la nationalisation des studios, dont ils estiment la valeur à 45 millions de dollars. Les autorités de Crimée leur ont proposé 250 000 dollars, mais les propriétaires ont indiqué vendredi ne pas savoir s'ils recevraient une quelconque compensation.Le cinéaste Nikita Mikhalkov (Soleil trompeur), fidèle soutien du Kremlin, s'est félicité de cette décision. « On ne peut peut-être pas filmer New York à Yalta mais on peut filmer tout le reste : la mer, les montagnes, les champs, les steppes et les chutes d'eau », a-t-il expliqué, cité par l'agence de presse russe RIA-Novosti. 27.02.2015 à 16h37 • Mis à jour le27.02.2015 à 18h11 Le commerce de l'ivoire en Chine a pris des proportions « hors de contrôle », avait alerté récemment un rapport rédigé par plusieurs ONG environnementales. Critiquées pour leur mauvaise gestion de ce sujet, les autorités chinoises ont finalement cédé à la pression internationale. Pékin a annoncé, jeudi 26 février, une interdiction de l'importation d'ivoire ouvragé, et ce durant un an.Lire aussi : L’« or blanc », une plaie au cœur de la Chinafrique 100 000 ÉLÉPHANTS ABATTUS ENTRE 2010 ET 2012Pékin est déjà signataire de la convention sur la protection des espèces en danger (Cites), qui interdit presque toutes les formes de négoce international impliquant des défenses d'éléphants, à l'exception d'enchères exceptionnelles sur des stocks africains. Mais la Chine reste le principal consommateur mondial d'ivoire de contrebande, et les ventes d'ivoire sculpté sont légales dans le pays. La sculpture sur ivoire est en effet un art ancien en Chine, et ces objets finement ouvragés sont prisés des collectionneurs, qui y voient un investissement de valeur.La demande, croissante du marché chinois dans ce domaine favorise le massacre de dizaines de milliers de pachydermes africains par an. En décembre, un rapport de l'organisation non gouvernementale environnementale Save the Elephants et de la Fondation Aspinall a évalué à plus de 100 000 le nombre d'éléphants abattus entre 2010 et 2012, notamment du fait de la très forte demande chinoise. Le prix de l'ivoire brut en Chine a ainsi bondi de 550 euros le kilo en 2010 à 1 540 euros en 2014.L'interdiction est « un pas important dans la bonne direction et témoigne d'une prise de conscience croissante en Chine du rôle que [le pays] joue dans la demande d'ivoire », a réagi Ian Douglas-Hamilton, fondateur de Save the Elephants, qui appelle cependant à une interdiction totale. ATELIERS D'IVOIRE FERMÉSPour Sammi Li, porte-parole de l'organisation internationale Traffic (réseau de surveillance du commerce de la faune et de flore sauvages), si cette interdiction est bien « une reconnaissance par la Chine de son rôle dans la contrebande d'ivoire », la décision est « plus symbolique qu'efficace ». La contrebande internationale concerne en effet essentiellement les défenses ou de l'ivoire brut, qui représentent 90 % de saisies, selon une base de données liée à la Cites. Pékin a déjà fermé au moins dix ateliers d'ivoire légalement enregistrés et jeté en prison des centaines de trafiquants. Entre 800 et 900 affaires de contrebande d'ivoire sont mises au jour en Chine chaque année, selon les statistiques des douanes citées par le Quotidien de la jeunesse.Mais ces mesures, selon les ONG, apparaissent très timides face à l'importance du secteur : en mai 2013, 37 entreprises spécialisées dans l'artisanat de l'ivoire et 145 firmes de négoce étaient recensées par l'administration chinoise des forêts. Benoît Vitkine Nicolas Sarkozy s'est exprimé brièvement sur le conflit en Ukraine et ses conséquences sur les relations entre l'Europe et la Russie, samedi 7 février. Devant les dirigeants de l'UMP réunis à Paris, le président du parti d'opposition a soutenu : « La séparation entre l'Europe et la Russie est un drame. Que les Américains la souhaitent, c'est leur droit et c'est leur problème (...), mais nous ne voulons pas de la résurgence d'une guerre froide entre l'Europe et la Russie. »Ceci alors qu'au même moment à Munich, la diplomatie prenait précisément des accents de guerre froide sur la crise ukrainienne. Partant de ce constat, qui place l'entière responsabilité du divorce entre l'Occident et la Russie sur les Européens, M. Sarkozy a imaginé une « solution » reposant sur « trois principes ». « La Crimée choisit la Russie »« La Crimée choisit la Russie, on ne peut pas leur reprocher », a lancé le chef de l'UMP. Mais à vrai dire, le débat n'a jamais vraiment porté sur ce qu'il convient de « reprocher » aux Criméens ou aux Russes. Il porte plutôt sur la légalité de ce rattachement, que M. Sarkozy a semblé implicitement vouloir reconnaître. Or, si la plupart des dirigeants occidentaux estiment, en aparté, qu'il sera très difficile de revenir en arrière, le président de l'UMP est allé bien plus loin : il épouse la rhétorique des officiels russes, en prétendant qu'il s'agirait d'un choix démocratique en bonne et due forme.Le « choix » de la Crimée auquel Nicolas Sarkozy a fait référence est le référendum du 16 mars, non reconnu, organisé sans aucun contrôle international, à l'exception de la présence « d'observateurs » membres de quelques partis de l'extrême droite européenne. Ce référendum, qui aurait vu le « oui » à la Russie l'emporter à 96,6 %, s'est tenu après l'invasion de la péninsule par des hommes armés non identifiés. M. Poutine reconnaîtra lui-même deux mois plus tard qu'il s'agissait de militaires russes.L'argument de Nicolas Sarkozy ne manque pas de surprendre. Il était président de la République française lorsqu'au terme de la guerre entre la Géorgie et la Russie, en août 2008, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont proclamé leur indépendance. Si ce droit à l'autodétermination était si universel, pourquoi M.Sarkozy n'a-t-il pas alors, au nom de la France, reconnu les deux provinces géorgiennes ? Pour appuyer son argumentation, Nicolas Sarkozy a développé le précédent du Kosovo : « Si le Kosovo a eu le droit d'être indépendant de la Serbie, je ne vois pas comment on pourrait dire avec le même raisonnement que la Crimée n'a pas le droit de quitter l'Ukraine pour rejoindre la Russie. » Mais les deux cas n'ont rien à voir. Le Kosovo s'est séparé de la Serbie après une guerre qui a fait près de 10 000 morts, une opération de l'OTAN et le placement de cette ancienne province serbe sous protectorat des Nations unies, en 1999. Ce n'est qu'en février 2008, après neuf ans de préparation, que le Kosovo a proclamé son indépendance. Il n'y a eu, en Crimée, aucune persécution, aucune violence contre les russophones, les détenteurs d'un double-passeport ukrainien et russe. L'affaire a été menée en un mois.« Une force d'interposition pour protéger les russophones d'Ukraine »Voici la citation complète de M. Sarkozy : « L'Ukraine a 42 millions d'habitants [si l'on enlève la population de la Crimée, le chiffre est presque correct], il y a un tiers de russophones… Au moins une dizaine de millions de russophones, ce n'est pas anecdotique. Il faut certainement trouver les moyens d'une force d'interposition pour protéger les russophones d'Ukraine tant que la situation ne s'est pas calmée. »Cette déclaration pose problème. D'abord, le fait de quantifier la population « russophone » d'Ukraine est délicat. L'ancien président s'appuie peut-être sur le recensement de 2001, d'où il ressort que près de 30 % des Ukrainiens définissent le russe comme leur langue maternelle. Mais cela ne signifie en rien qu'ils le pratiquent au quotidien, alors que de la même façon, les personnes déclarant l'ukrainien comme langue maternelle peuvent très bien s'exprimer en russe.L'Ukraine est un pays totalement bilingue : Kiev, sa capitale, est très russophone, comme de nombreuses agglomérations du centre et même du centre-ouest. On y entend des débats à la télévision où les interlocuteurs s'expriment dans les deux langues sans que cela ne gêne personne ; les membres d'une même famille peuvent parler une langue différente…Par ailleurs, les régions très majoritairement russophones de l'Est et du Sud, comme Kharkiv, Dnipropetrovsk ou Odessa, ont très largement fait le choix de l'Ukraine dans le conflit actuel. La décision prise à Kiev en février 2014 mais jamais promulguée d'ôter au russe son statut de langue régionale a joué un rôle dans le déclenchement des troubles dans le Donbass, mais ce rôle est mineur.En évoquant la « protection » des russophones, M. Sarkozy reprend donc mot pour mot la rhétorique du Kremlin. Samedi 7 février, Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères, a encore évoqué « l'éradication des Russes et des juifs » qui se déroulerait en Ukraine.L'Ukraine hors de l'OTAN et de l'UESelon Nicolas Sarkozy, « l'Ukraine doit garder sa position de pont entre l'Europe et la Russie, l'Ukraine n'a pas vocation à rentrer dans l'Union européenne et dans l'OTAN ». Le chef de l'UMP est ici en partie d'accord avec le président François Hollande, qui a affirmé à plusieurs reprises son opposition à une entrée de Kiev dans l'Alliance atlantique. Ces gages n'ont jamais paru satisfaire Vladimir Poutine.Il convient aussi de noter qu'au printemps 2008, lors du sommet de l'OTAN à Bucarest, Nicolas Sarkozy s'était engagé, aux côtés des autres chefs d'Etat et de gouvernement présents, à ce que l'Ukraine et la Géorgie fassent « un jour » leur entrée dans l'Alliance. Quant à l'Union européenne, elle est un horizon pour Kiev, mais un horizon lointain. Pour l'heure, l'Ukraine a seulement signé un accord d'association et de libre-échange avec Bruxelles. Mais ce choix stratégique et le refus de l'Union eurasienne expliquent en partie la fureur du Kremlin et son intransigeance dans les discussions.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 15h28 • Mis à jour le09.02.2015 à 16h26 | Cécile Chambraud  lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#IoYd7As6UgU"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "IoYd7As6UgU", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Voir aussi la version longue de la vidéoLe pape François a rendu une visite surprise à des migrants, pour la plupart d’origine latino-américaine, hébergés dans un bidonville de Pietralata, un quartier au Nord-Est de Rome, dimanche 8 février. Selon Reuters, le pape s’y est arrêté alors qu’il se rendait à la paroisse voisine de San Michele Arcangelo, qui vient en aide à ces migrants.A son arrivée, il a rapidement été entouré par les habitants qui se trouvaient dans ce camp. Comme à son habitude, il a posé ses mains sur leur tête, serré les mains qui se tendaient et embrassé les bébés. « Il mange bien, hein ! », a-t-il lancé au père de l’un d’entre eux. Puis il a fait réciter le Notre père à la petite foule qui l’avait entouré, avant de la bénir.Lorsqu’il était évêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio était connu pour se rendre fréquemment dans les villas miserias (bidonvilles) de la capitale argentine. Depuis son élection, il met l’accent sur la nécessité pour l’Eglise catholique d’être proche des plus pauvres et, pour ses pasteurs, d’avoir « l’odeur de leurs brebis ».Le pape défend la famille traditionnelle et les pauvres à Manille Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Dominique Gallois L’industrie de défense française n’avait plus connu une année aussi faste à l’exportation depuis cinq ans. En 2014, les ventes françaises d’armements à l’étranger ont progressé de 17,3 % et ont atteint 8,065 milliards d’euros a révélé, lundi 9 février, la Direction générale de l’armement (DGA). Le secteur n’avait plus affiché un tel résultat depuis 2009, lorsqu’il avait enregistré quelque 8,16 milliards d’euros de recettes.Même si le chiffre définitif ne sera réellement connu qu’en mai, cette première estimation montre que la fin d’année a été bonne. L’objectif officiel affiché pour 2014 était d’atteindre 7 milliards d’euros. Ce qui n’était pas acquis. Au mois de septembre, les acteurs du secteur laissaient en effet entendre que cette « cible » annuelle d’exportations serait peut-être plus difficilement atteignable que prévu.Quatrième rang mondialLes 8 milliards d’euros engrangés à l’export intègrent, notamment, une bonne partie du contrat de 3 milliards de dollars (2,65 milliards d’euros), conclu avec l’Arabie saoudite et qui porte sur des livraisons d'armes au Liban. Avec ce montant de ventes à l’étranger, la France devrait se maintenir au quatrième rang mondial des exportateurs d’armes, derrière les États-Unis (de loin premier exportateur mondial), le Royaume Uni et la Russie, talonnée par Israël et l’Allemagne.La conquête des marchés étrangers est devenue une priorité au moment où le secteur est soumis à d’importantes contraintes budgétaires au plan national. Ce qui accroît la nécessité pour les industriels de trouver des débouchés à l’étranger – avec le soutien des pouvoirs publics. Mais cette quête de marchés à l’exportation est devenue d’autant plus difficile que de nombreux pays font le même raisonnement, et que de nouveaux entrants ont décidé de s’y implanter.40 000 emplois concernésLa France entend ainsi maintenir cette position face à des concurrents de plus en plus agressifs, comme la Corée du Sud, la Chine ou l’Allemagne. « Ils ont une marche qu’ils ne peuvent pas franchir et on ne les voit pas sur les terrains de conflits, contrairement à la France », entend-on toutefois dans les milieux de la Défense.Cet étiage de 7 milliards d’euros d’exportations est jugé indispensable pour le maintien de l’industrie de défense. Derrière cet objectif, ce sont à la fois la tenue de la balance commerciale et de l’emploi qui sont en jeu. Si, sur la décennie 2002-2012, la moyenne des exportations a été de 5,3 milliards d’euros, elle a augmenté pour remonter à 6,5 milliards entre 2009 et 2013.En septembre, une étude réalisée par le ministère de la défense et le Cidef (conseil des industries de défense françaises), avec le support de McKinsey, montrait que les exportations françaises d’armement concernent 40 000 emplois (27 500 directs et 12 500 indirects). Autre enseignement de cette étude : ces exportations de matériels militaires ont permis de réduire le déficit commercial de la France de l’ordre de 5 % à 8 % sur la période 2008-2013. Espoir pour le Rafale en ÉgypteL’année 2015 débute avec l’espoir d’une signature à l’exportation d’un contrat Rafale. Alors que l’on attendait l’Inde, ou le Qatar, c’est l’Égypte qui pourrait être le premier client à l’export de l’avion de combat de Dassault, avec une commande de 24 appareils.La France s’apprêterait à vendre le Rafale à l’ÉgypteLe Caire devrait aussi acheter rapidement une frégate multimission FREMM de DCNS (voire deux) et MBDA pourrait lui fournir des missiles. Selon les options retenues, le montant total du contrat varierait entre 3 et 6 milliards d’euros.« On a le sourire. Nous sommes relativement optimistes », a affirmé, lundi, Laurent Collet-Billon, le délégué général pour l’armement.Cela permettra de donner plus de marge de manœuvre à la loi de programmation militaire (LPM) en cours. Les avions, qui seraient livrés à l’Égypte, seraient en effet pris sur le quota de ceux que doit acquérir l’armée de l’air française (onze par an). Et la frégate FREMM (baptisée Le Normandie) doit normalement être achetée par la Marine nationale - il s’agit du deuxième bâtiment de ce type.Dominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 13h42 • Mis à jour le09.02.2015 à 14h31 Les autorités de Bahreïn ont annoncé lundi 9 février la fermeture de la chaîne Alarab du milliardaire saoudien Al-Walid Ben Talal, lancée le 1er février à Manama. A son lancement, la chaîne avait donné la parole à un opposant chiite bahreïni dès son premier journal d'informations, provoquant la colère dans le royaume.« Il a été décidé d'arrêter les activités d'Alarab, cette chaîne n'ayant pas obtenu les autorisations nécessaires », a justifié un communiqué de l'Autorité de l'information de Bahreïn. Lancée à grand renfort de publicité, Alarab a diffusé des programmes pendant moins de vingt-quatre heures avant de devoir les interrompre, officiellement pour des raisons « techniques et administratives ».Le lancement d'Alarab avait été reporté à de nombreuses reprises depuis l'annonce du projet en 2010 par le prince Al-Walid, homme d'affaires saoudien connu pour son franc-parler et actif notamment dans la finance, l'hôtellerie et les médias. Le prince Al-Walid est le neveu de feu le roi Abdallah, mort le 23 janvier.  09.02.2015 à 11h59 • Mis à jour le09.02.2015 à 15h29 Six personnes, dont un chef de guerre soupçonné d'avoir quitté les rangs des talibans pour rejoindre le groupe Etat islamique (EI), ont été tuées dans un raid mené par un drone dans le sud de l'Afghanistan. Ancien détenu de la prison américaine de Guantanamo, le mollah Abdul Rauf Khadim était depuis plus de dix ans une personnalité influente du mouvement djihadiste afghan.Le chef de la police et le gouverneur adjoint de la province de Helmand ont assuré l'un et l'autre qu'il avait été tué dans le raid du drone. La mission de l'OTAN en Afghanistan a confirmé ce bombardement qui a, selon elle, provoqué la mort de huit rebelles accusés de menacer ses troupes.Selon le chef de la police, Rauf circulait en voiture lorsqu'il a été atteint par les tirs. Son beau-frère et quatre Pakistanais ont également été tués dans l'attaque.DÉTENU SIX ANS À GUANTANAMOAbdul Rauf Khadim était un commandant taliban durant le règne du mouvement sur l'Afghanistan, entre 1996 et 2001, selon le gouverneur de la province de Nimroz, Amir Mohammad Akundzada, cité par l'agence Associated Press. Il avait été arrêté après la chute des talibans, et détenu jusqu'en 2007 à Guantanamo. Transféré en Afghanistan puis libéré, il avait rejoint de nouveau les rangs des talibans. D'après les services de renseignement afghans (NDS), Abdul Rauf Khadim avait quitté le groupe pour devenir l'un des premiers commandants rebelles ralliés à l'EI en Afghanistan.En janvier, le gouverneur Akundzada et le général Mahmoud Khan, numéro deux de l'armée afghane dans la province du Helmand, un bastion taliban, affirmaient que le mollah recrutait activement pour le compte de l'EI dans cette province du Sud afghan, parmi des commandants talibans, des responsables religieux et tribaux. Les talibans auraient demandé aux habitants de ne pas entrer en contact avec lui, selon le général Khan. L'intensité et l'efficacité de cet effort de recrutement restaient débattus. L'Etat islamique n'avait pas confirmé en avoir fait un de ses représentants.Une dizaine d'ex-commandants talibans afghans et pakistanais ont annoncé ces derniers mois leur ralliement à l'EI, qui a proclamé un califat sur une partie de la Syrie et de l'Irak, et à son chef Abou Bakr Al-Baghdadi. Dans ces deux pays, les rebelles islamistes sont historiquement proches d'Al-Qaida, nébuleuse rivale de l'EI sur le front djihadiste international.Ces derniers mois, plusieurs responsables afghans, pakistanais et occidentaux ont exprimé leur crainte d'une contagion de l'EI dans la région, au moment où s'ouvre une période d'incertitudes avec la fin en décembre dernier de la mission de combat de l'OTAN en Afghanistan, pays encore très instable et peu contrôlé par l'Etat hors des grandes villes. 09.02.2015 à 10h59 • Mis à jour le09.02.2015 à 13h20 | Marie Charrel Et si la reprise – la vraie – était pour cette année ? Les « indicateurs avancés montrent de premiers signes d’inflexion positive de la croissance en zone euro », a ainsi indiqué, lundi 9 février, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).Ces frémissements de la croissance européenne seront l’un des sujets clés du G20 finances se tenant à Istanbul lundi 9 et mardi 10 février.Alors que l’Eurogroupe de mercredi se penchera sur le cas grec, au cœur des inquiétudes, un léger vent d’optimisme souffle depuis quelques jours sur l’Europe. Et particulier depuis que la Commission européenne a, le 5 février, revu à la hausse ses prévisions économiques.« Cette fois, il y a de bonnes raisons de croire à la reprise du Vieux Continent », juge ainsi Denis Ferrand, directeur général de l’institut d’études économiques Coe-Rexecode. « Après sept ans de crise, l’horizon s’éclaircit enfin », confirme Gabriel Stein, chez Oxford Economics.Certes, le diagnostic est prudent. Mais, de fait, Bruxelles table désormais sur une croissance de 1,7 % dans l’Union européenne (UE) et 1,3 % dans la zone euro pour 2015. En novembre 2014, elle misait respectivement sur 1,5 % et 1,1 % seulement. Mieux : selon ses économistes, il faudra même compter sur une hausse de 2,1 % et 1,9 % en 2016.Qu’est-ce qui a donc changé depuis trois mois ? « Une conjonction de facteurs favorables à la croissance s’est mise en place », explique Ludovic Subran, chef économiste de l’assureur-crédit Euler Hermes. A commencer par la chute des cours du pétrole, qui équivaut à une baisse d’impôts pour les consommateurs européens, et par celle de l’euro, qui a perdu 15 % face au dollar depuis l’été dernier. Un coup de pouce bienvenu pour nos entreprises, qui gagnent un peu de compétitivité à l’export. « Les deux effets cumulés apporteront 1 % de croissance à la zone euro entre 2015 et 2016 », calcule Christian Schulz, de la banque Berenberg.Autre facteur positif : l’assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Le 22 janvier, celle-ci s’est lancée dans des rachats massifs de dette publique. « Grâce à cette mesure, les outils de financement à la disposition des entreprises seront moins onéreux, et pour longtemps », explique M. Ferrand.A quoi doit servir l’argent de la BCE ?S’ajoute à cela le desserrement des politiques d’austérité dans la plupart des pays périphériques de la zone euro, notamment en Espagne et en Irlande. De quoi redonner un peu d’oxygène à la demande intérieure de ces Etats. D’autant que l’Europe profitera aussi des effets du plan d’investissement de 315 milliards d’euros lancé par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission.Autrement dit : tous les facteurs sont réunis pour que l’investissement redémarre en 2015, cette étincelle sans laquelle aucune reprise durable n’est possible. Si l’on en croit les dernières enquêtes de la BCE, celui-ci commence d’ailleurs à frémir, confirmant qu’il est enfin permis d’y croire…Rien de spectaculaireEt pourtant. Lorsqu’on prend un peu de recul, 1,3 % de croissance en zone euro n’a rien de spectaculaire. Surtout après sept ans de crise. Et plus encore au regard de la reprise enregistrée aux Etats-Unis, dont le PIB devrait croître de 3,5 % cette année. Est-ce à dire qu’en matière de croissance les Européens se contentent désormais de peu ? Peut-être bien.Car quelque chose a changé dans les attentes des agents économiques. Ces six dernières années, chaque mois de décembre, les dirigeants politiques constataient l’atonie (ou pire) de la croissance en promettant que la reprise, la vraie, serait pour l’année suivante. Mais, à chaque fois, la déception était au rendez-vous, la conjoncture continuant à se dégrader. « A force, tout le monde a fini par intégrer que la reprise européenne serait lente et fragile », explique M. Subran. Y compris les entreprises, qui ont établi des budgets 2015 bien plus conservateurs que ceux de 2014 ou 2013.Terminés les espoirs irréalistes, en somme : désormais, plus personne n’attend de miracle pour la croissance européenne. Au point que l’on avait presque oublié que les bonnes surprises, comme la baisse des cours de l’or noir, étaient encore possibles ! « Cela explique le regain d’optimisme de ces derniers jours : on n’osait plus y croire », commente M. Stein. « Je préfère cela : maintenant qu’ils ne comptent plus sur un rebond miraculeux, Etats et entreprises travaillent enfin à la construction d’une croissance solide », remarque un fonctionnaire européen.Combien de temps cela prendra-t-il ? Cinq ans, dix, peut-être plus. Car, si la zone euro est guérie, elle reste convalescente. Il lui faudra des années pour effacer les séquelles du chômage de masse (11,4 %), et pour alléger le poids des dettes. Deux handicaps qui pèseront longtemps encore sur l’activité, l’empêchant de retrouver d’ici là un rythme de croissance comparable à celui des Etats-Unis.Reste qu’à court terme, si la crise grecque trouve une issue rapide, et si les risques politiques ne viennent pas obscurcir l’horizon, la croissance de l’UE pourrait frôler la barre symbolique de 2 % cette année, ose avec une extrême prudence un économiste. On n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle…Le G20 met l’Europe sous pression Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sylvie Kauffmann (Munich, envoyée spéciale) Lorsque Angela Merkel, les traits tirés par la fatigue des négociations avec Vladimir Poutine et des voyages de ces derniers jours, a comparé le conflit ukrainien à l’érection du Mur de Berlin en 1961, les participants à la Conférence de Munich sur la sécurité ont compris, samedi 7 février, qu’un tournant avait été franchi dans cette crise qui n’a cessé de s’aggraver depuis un an. « J’avais sept ans, a poursuivi la chancelière, qui a grandi en Allemagne de l’Est. Personne ne savait alors combien de temps la guerre froide allait durer. Mais elle a fini par se terminer, et je ne serais pas là aujourd’hui devant vous si, tous, nous n’avions pas tenu bon pour l’unité de l’Allemagne. »En établissant le parallèle avec la guerre froide, Mme Merkel a donné le ton de cette conférence qui a déjà été témoin, par deux fois ces dernières années, de moments-clés dans l’évolution stratégique de l’Europe. En 2007, le président Vladimir Poutine s’y était livré à une diatribe contre la domination américaine d’un « monde unipolaire » et contre l’architecture de la sécurité mondiale. Pris de court à l’époque, les Occidentaux considèrent rétrospectivement ce discours comme fondateur, préfigurant les visées de Moscou sur son « étranger proche », la crise géorgienne et la crise ukrainienne.Moscou pose ses conditions avant le sommet de MinskDeux ans plus tard, comme il l’a rappelé samedi, le vice-président américain Joe Biden avait formulé à Munich, devant cette même conférence, le concept de « reset » (remise à zéro), grâce auquel les Etats-Unis espéraient relancer leur coopération avec la Russie. Aujourd’hui, M. Biden rejette toute la responsabilité de l’échec de cette tentative sur M. Poutine et propose de remplacer « reset » par « reassert », la réaffirmation des « principes fondamentaux sur lesquels reposent la liberté et la stabilité de l’Europe : inviolabilité des frontières, pas de sphères d’influence, droit souverain à choisir ses propres alliances ».« C’est Gromyko »Si l’expression « retour de la guerre froide » a été utilisée avec parfois trop de facilité depuis un an, elle a trouvé tout son sens ce week-end à Munich. La performance de Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, qui, le visage fermé, intervenait après Mme Merkel, a laissé pantois ceux qui l’écoutaient, tant sa rhétorique paraissait revenir trente ans en arrière. « C’est Gromyko », a murmuré, consterné, un politologue polonais, en référence au chef de la diplomatie soviétique entre 1957 et 1985. Un député Vert allemand du Parlement européen n’a pu s’empêcher d’éclater bruyamment de rire devant les contre-vérités assénées par M. Lavrov, qui l’a foudroyé du regard. Même le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, il n’y a pas si longtemps plutôt bien disposé à l’égard de Moscou, a déploré les propos de M. Lavrov qui « n’ont guère contribué à faire avancer » le débat. Une réelle tension s’est alors installée dans la salle, que n’a pas dissipée M. Biden en donnant des accents dramatiques à son intervention. Mais derrière la tonalité théâtrale, ce sont bien deux visions de l’ordre international qui se sont opposées à Munich. Le chaos bien plus meurtrier du Moyen-Orient était aussi à l’ordre du jour, mais nous sommes au cœur de l’Europe et, avec la mission Merkel-Hollande en toile de fond, c’est le sens profond du défi russe qui a retenu les esprits. Les uns après les autres, les orateurs, européens et américains, ont tenu à rappeler les valeurs et les principes constitutifs de ce fameux ordre international issu de l’après-guerre froide, aujourd’hui contesté par ce que le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a décrit comme « un pays avec d’énormes capacités militaires et un leader unique, qui n’agit pas selon la démocratie ».M. Poutine n’était pas là, mais à sa manière, il a aussi participé au débat, en confirmant, depuis Sotchi, que l’affrontement actuel se pose bien en termes de deux conceptions de l’ordre international : « La Russie, a-t-il dit devant la Fédération des syndicats indépendants, ne tolérera pas un système mondial post-guerre froide dominé par un seul leader. Ce type d’ordre mondial n’a jamais été acceptable pour la Russie. Peut-être y en a-t-il qui aiment ça, à qui cela plaît de vivre sous une quasi-occupation, mais nous, nous ne l’accepterons pas. » C’est, finalement, ce qu’il disait déjà en 2007 à Munich. Il a fallu huit ans aux Occidentaux pour le comprendre.Sylvie Kauffmann (Munich, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Marie Charrel Le premier ministre grec, Alexis Tsipras a annoncé, dimanche 8 février devant le Parlement, que la Grèce n’accepterait pas de prolonger du programme d’aide financière dont elle bénéficie de la part de la « troïka » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne). « Le plan de sauvetage a échoué, a-t-il déclaré, le nouveau gouvernement n’est pas fondé à demander sa prolongation parce qu’on ne peut pas demander la prolongation d’une erreur. »À la place, M. Tsipras souhaite conclure un nouvel accord avec ses créanciers, qui prendrait notamment la forme d’un programme relais, valable jusqu’en juin. Selon lui, la conclusion d’un tel accord, qualifié de « New Deal », pourrait intervenir dans les quinze jours.Lundi, deux émissaires de la zone euro étaient à Athènes pour rencontrer des responsables du gouvernement : Declan Costello, représentant de la Commission européenne au sein de la troïka et Thomas Wieser, président de l'« Euro Working Group », l'instance qui prépare les Eurogroupes, réunions des ministres des finances de la zone euro.La Grèce peut-elle vraiment se passer du plan d’aide ?Cela paraît délicat. Athènes ne pourra pas tenir à la fois les échéances financières de cette année (le pays doit rendre 9 milliards au FMI, dont 2,3 milliards en février-mars, puis 6,7 milliards à la BCE) et financer ses généreuses promesses de campagne, estimées de 12 à 13,5 milliards d’euros.Sans plan d’aide, et sans accord lui permettant d’alléger la charge de la dette, l’Etat n’aura pas assez de ressources. D’autant que pendant la campagne électorale, nombre de Grecs ont arrêté de payer leurs impôts, espérant obtenir une amnistie lors de l’arrivée de Syriza au pouvoir. Résultat : les caisses de l’Etat sont vides, ou presque. Selon le quotidien Kathimerini, il y reste moins de 2 milliards d’euros.Jusqu’ici, M. Tsipras espérait qu’après le 28 février, date de la fin du plan d’aide, le pays pourrait continuer à se financer en émettant de la dette à court terme, achetée par les banques grecques, et placée ensuite par celle-ci en garantie (collatéral) à la BCE en échange de prêts. Mais le pays a déjà atteint le plafond autorisé en matière d’émission de dette à court terme, fixé à 15 milliards par la troïka.Surtout, en décidant, le 4 février, de ne plus accepter les bons du trésor grec en collatéral, la BCE a douché cet espoir-là, condamnant Athènes et ses partenaires à trouver un accord au plus vite.Liquidités : l’arme très politique de la BCEL’idée d’un financement relais est-elle envisageable ?Le gouvernement Tsipras propose, pour se passer de la troïka de ses créanciers, de contracter un « financement relais » auprès d’eux. Au cours de la semaine passée, les dirigeants grecs ont détaillé ce qu’ils considèrent comme une étape de transition afin de garantir les finances publiques pendant les prochains mois, le temps de négocier un accord sur la dette.Plutôt que de récupérer la nouvelle tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros que la troïka devait verser fin février, Athènes souhaite pouvoir émettre des obligations à court terme, au-delà du plafond de 15 milliards.Le gouvernement grec souhaite également le versement de 1,9 milliard d’euros correspondant aux profits réalisés par la BCE sur les 27 milliards d’euros d’obligations grecques qu’elle détient depuis 2010. Une somme qu’elle s’est engagée à reverser au trésor grec, et déjà comprise dans les 7 milliards d’aide de la « troïka ».Mais obtenir un tel prêt-relais semble délicat, et a peu de chance d’être accepté en Europe. La BCE est réticente à l’idée que le gouvernement Tsipras émette de la dette à court terme au-delà de 15 milliards d’euros, jugeant que cela s’apparenterait à un financement monétaire du trésor grec, ce que les traités interdisent. « De toute façon, maintenant que la BCE refuse de prendre les titres grecs en collatéraux, plus grand monde n’a envie d’en acheter, y compris les banques grecques », tranche un économiste.De leur côté, les pays européens sont, pour l’instant, catégoriques : ce type d’arrangement financier n’existe pas. Il faudrait en passer par un « memorandum of understanding » (MOU), un contrat, ayant valeur de traité, qui engage le prêteur à rendre des comptes à ses bailleurs de fonds. « Nous n’avons pas cela dans notre boîte à outils » a asséné une source haut placée à Bruxelles, en fin de semaine dernière.La Grèce doit donc, selon les pays de l’Eurozone, supporter encore la troïka, quitte à ce que celle-ci change de nom et de méthodes. L’idée que des « politiques » soient désormais l’interlocuteur privilégié des Grecs a un temps circulé. Tout comme celle de mettre en avant le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui détient 44 % de la dette grecque. Un rôle que ses dirigeants se disent prêts à jouer.Dimanche 8 février, Martin Schulz, le président du Parlement européen, a proposé que la troïka fonctionne avec uniquement l’Union européenne et le FMI en interlocuteur du gouvernement grec. La BCE resterait en retrait. Ce qui est déjà en grande partie le cas.« Le contrôle de la mise en œuvre effective des réformes promises pourrait aussi se faire sous une autre forme, a avancé M. Schulz dans les colonnes de l’hebdomadaire allemand Tagesspiegel am Sonntag. Le gouvernement du pays pourrait faire cela lui-même et rendre compte des résultats aux partenaires de l’UE et au Fonds monétaire international. »Où en sont les négociations sur la dette ?Elles avancent doucement. Les Grecs ont changé de ton. Lundi 3 février, le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a présenté une nouvelle offre à la troïka. Il ne propose plus d’effacer une partie de l’énorme dette publique grecque (175 % du PIB), mais de l’échanger contre des obligations d’un nouveau genre, qui permettraient d’en alléger le fardeau.L’idée serait de remplacer les prêts accordés par les partenaires européens par des obligations indexées sur la croissance, et les obligations détenues par la BCE par des obligations « perpétuelles ».Grèce : « une dette perpétuelle laisserait du temps pour conduire les réformes »Ces « créativités financières » (notamment les obligations perpétuelles) n’ont, à ce stade, pas été examinées par les Européens et ne devraient pas être à l'ordre du jour dans les semaines à venir. Elles ont toutefois été vues comme un signal « positif » : un début de commencement d'envie de négocier. « En l’état, cela semble difficilement acceptable, mais c’est une base de travail », souffle une source européenne.Nombre d’économistes estiment que les négociations finiront par aboutir à un allongement sous une forme ou une autre de la dette grecque, aujourd’hui détenue pour plus de 70 % par les créanciers publics internationaux et les Etats de la zone euro. Mais les modalités dépendront des discussions sur la trajectoire budgétaire du pays.Ce n’est qu’une fois que les Européens et M. Tsipras se seront mis d’accord sur les mesures qu’Athènes pourra financer ou non sur son budget, qu’il sera possible d’évaluer à quel point il faudra alléger le fardeau de la dette.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.02.2015 à 09h04 • Mis à jour le09.02.2015 à 09h15 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) C’est une statistique qui va ravir les Allemands. Un peu moins leurs partenaires. Pour la première fois, l’excédent du commerce extérieur allemand a dépassé, en 2014, les 200 milliards d’euros : il a atteint 217 milliards, soit une hausse de plus de 11 % par rapport à 2013, a annoncé, lundi 9 février, l’office fédéral de la statistique, Destatis.Avec un excédent de 195 milliards d’euros, l’année 2013 avait déjà constitué un excellent millésime. Seule l’année 2007 avait connu un excédent légèrement plus élevé : 195,3 milliards d’euros.Alors que l’Allemagne est régulièrement critiquée pour ses excédents – ils sont jugés « excessifs », par exemple, par la Commission européenne –, le gouvernement d’Angela Merkel ne va pas pouvoir expliquer l’excédent de 2014 par la seule baisse du prix du pétrole.Ce solde (très) positif s’explique en effet surtout par la progression de 3,7 % des exportations, à 1 133,6 milliards d’euros, alors que, dans le même temps, les importations ont progressé de 2 %, à 916,5 milliards d’euros.Excédent de 2,8 milliards d’euros avec la zone euroSi l’Allemagne aime mettre en avant ses relations commerciales avec la Chine, Berlin réalise toutefois toujours plus de la moitié de son commerce extérieur avec les pays de l’Union européenne.Et, malgré la crise économique, les exportations allemandes à destination du reste de l’UE ont progressé de 5,4 %, et même de 10,2 % à destination des pays européens qui ne sont pas membres de la zone euro. En revanche, les exportations à destination des pays tiers n’ont progressé que de 1,5 %.Les importations en provenance de l’Union européenne ont-elles aussi progressé, de 3,6 %, alors que celles en provenances des pays tiers ont reculé de 0,9 %, sans doute en raison de la baisse du prix du pétrole.Avec la seule zone euro, il est à noter qu’au bout du compte, l’Allemagne n’affiche qu’un très léger excédent : 2,8 milliards d’euros.La vigueur du commerce extérieur allemand explique en partie pourquoi Angela Merkel – et Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et président du parti social-démocrate – sont si favorables au traité de libre-échange avec les États-Unis. Selon toutes les études, l’Allemagne devrait être l’un des principaux bénéficiaires en Europe.Traité transatlantique : Européens et Américains veulent « intensifier » les négociationsLes Européens ne vont pas manquer de critiquer la faiblesse de la consommation allemande que ces chiffres reflètent également. Selon la Banque mondiale, en 2013, les exportations représentaient 51 % du PIB allemand, un chiffre étonnamment élevé pour un grand pays.Les Allemands, eux, sont ravis. « Le nationalisme lié au deutsche mark semble être devenu un nationalisme lié à l’export », notait récemment dans die Zeit, Hans Kundnani, directeur de recherches au Conseil européen des relations internationales (CEFR).L’Allemagne optimiste sur sa croissanceFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 08h17 Nouvelles victimes de la lutte anticorruption en Chine, Liu Han, milliardaire chinois de l'industrie minière, ainsi que son frère Liu Wei et trois complices ont été exécutés lundi 9 février. Ils avaient été condamnés à mort à la fin mai dans la province du Hubei (centre), reconnus coupable d'avoir « organisé un gang mafieux » et d'avoir commis des « meurtres ». Leurs appels avaient été examinés et rejetés début août, et les cinq accusés ont été exécutés lundi, a précisé un tribunal de Xianning, dans le Hubei, sur son compte de microblogs officiel, assurant que « leurs droits avaient été complètement protégés ».Personnage haut en couleur, Liu Han dirigeait le groupe Hanlong – un vaste conglomérat privé aux intérêts allant du tourisme aux minerais, en passant par la construction, fondé en 1997. Il s'était distingué à l'international en lançant en 2011 une offre de rachat de près de 1 milliard d'euros sur la société minière australienne Sundance. Mais l'opération avait cependant tourné court en 2013, le Chinois n'ayant pu fournir dans les temps un plan de financement. Des médias chinois avaient alors évoqué le placement en détention de Liu Han, notamment soupçonné de blanchiment d'argent dans des casinos de Macao.Lire (édition abonnés) : La chute de Liu Han, magnat chinois des mines de fer, condamné à mortPROTECTIONS HAUT PLACÉESLe « gang » des frères Liu, accusé d'avoir assassiné au moins huit personnes, sévissait dans la province du Sichuan (sud-ouest), ancien bastion de Zhou Yongkang, l'ex-grand patron de la sécurité publique chinoise aujourd'hui disgracié. Des médias d'Etat avaient d'ailleurs suggéré que Liu Han avait eu des contacts privilégiés avec des responsables du gouvernement central et bénéficié de protections haut placées. L'influent magazine économique Caixin avait, lui, rapporté que Liu Han était en relation avec un homme d'affaires supposé être le fils de Zhou.Lire (édition abonnés) : Chine : la déchéance des « tigres »Zhou Yongkang, un temps à la tête du Sichuan avant de diriger la police et les services de sécurité chinois de 2002 à 2012 –  et membre de 2007 jusqu'à cette date du tout-puissant Comité permanent du bureau politique du Parti communiste, le collectif suprême du parti, au côté de l'actuel président Xi Jinping –, est officiellement depuis juillet sous le coup d'une enquête pour corruption. Pour le plus grand fauve visé par la « chasse aux tigres », la campagne contre les « grands corrompus » du président Xi Jinping, sonne l'hallali : les crimes dont M. Zhou est aujourd'hui soupçonné le vouent à une condamnation à perpétuité, voire à la peine capitale.Lire (édition abonnés) : La disgrâce de l’ancien chef des services de sécurité chinois Philippe Pons (Tokyo, correspondant) Le premier ministre japonais, Shinzo Abe fait fausse route : telle est la leçon que la plupart des commentateurs retiennent de la récente visite au Japon de l’économiste français Thomas Piketty.Bien que l’assassinat des otages japonais par l’Etat Islamiste ait mobilisé l’attention de l’opinion, la présence, au même moment dans l’archipel, de l’auteur du Capital au XXIe siècle a créé le même engouement médiatique qu’ailleurs.Mais il a aussi suscité un phénomène inattendu : les idées de M. Piketty sur les inégalités dans les sociétés développées sont entrées dans le discours politique nippon comme argument des adversaires des « Abenomics », la « recette » pour relancer la croissance du premier ministre, lancée en 2012.Le parti démocrate du Japon (PDJ), principale (mais bien affaiblie) force d’opposition, qui se veut de centre gauche, en fait ainsi son cheval de bataille dans le débat parlementaire.150 000 exemplaires en deux moisComme ailleurs, « le » Piketty (760 pages en traduction au prix de 5 900 yens, soit 45 euros), dont les piles trônent sur les présentoirs des librairies, figure au Japon parmi les meilleures ventes : 150 000 exemplaires partis en deux mois.Il a déjà ses exégètes : une introduction de Nobuo Ikeda (Comprendre les principaux arguments de Piketty en 60 minutes), qui en est à son 5e tirage depuis fin décembre 2014, tandis qu’un ouvrage précédent (Initiation à Piketty) de Mieko Takenobu connaît sa 7e réédition.Les aventures de Piketty en AmériqueDans un pays où les économistes parlent pudiquement d’ « écart » de revenus, plus que d’ « inégalités », M. Piketty a quelque peu secoué les branches.Interrogé au cours d’un débat devant la commission du budget à la chambre basse, M. Abe, arc-bouté sur son remède à la croissance (qui s’est traduit jusqu’à présent par une remontée boursière sans relance de la production ni de la consommation) a concédé que « la croissance est importante mais aussi la répartition de ses fruits. »Le Japon cherche les moyens de relancer son économie16 % de la population nippone en deçà du seuil de pauvretéPieuses paroles. M. Piketty, lui, est resté prudemment sceptique sur les Abenomics : « Autant que je puisse en juger, l’augmentation de la TVA, intervenue l’année passée, n’a pas été un succès en termes de croissance, et je ne suis pas certain que ce soit la bonne direction à prendre », a-t-il déclaré. Une nouvelle hausse de la TVA (de 8 % elle passera alors à 10 %) a été repoussée à 2017.Au cours de ses interventions (à l’université de Tokyo, dans l’auditorium du quotidien Asahi, à la Maison franco-japonaise à Tokyo et à travers d’innombrables interviews), l’économiste français a insisté sur la nécessité de rééquilibrer le système fiscal en faveur des jeunes et de réduire les inégalités sur le marché du travail dont sont victimes les employés en contrat à durée déterminée (à commencer par les femmes), discriminés en terme de rémunération ni de protection sociale. Or, leur nombre augmente (38 % de la population active) alors que les titulaires d’un emploi fixe sont en diminution.Le coefficient de Gini (qui mesure l’écart entre les riches et les pauvres) est plus prononcé au Japon qu’il ne l’est en Allemagne, en France, en Italie ou au Canada, et 16 % de la population nippone vit en deçà du seuil de pauvreté défini par l’OCDE (disposant de ressources inférieures à la moitié du revenu moyen). Selon un sondage, réalisé fin janvier par le Asahi shimbun, 53 % des personnes interrogées ne pensent pas que les « Abenomics » amélioreront leur situation.Les inégalités s’accroissent et freinent la croissancePhilippe Pons (Tokyo, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Dan Mulllaney, le négociateur en chef américain pour le traité transatlantique (TTIP) et son homologue côté européen, Ignacio Garcia Bercero, se sont engagés, vendredi 6 février à Bruxelles, à l’issue du 8e round de discussions, à « intensifier les discussions ». Un 9e round est programmé, en avril, à Washington. Et une 10e séance de négociations devrait se tenir avant la pause estivale.La semaine de discussions entre experts, qui vient de s’achever, a donc semblé jouer son rôle : elle a été l’occasion, pour Européens et Américains, engagés dans la négociation du TTIP depuis l’été 2013, de prouver qu’ils avaient encore la volonté de le conclure.En 2014, les discussions s’étaient en effet considérablement enlisées. À cause, notamment, de la fronde des opinions publiques, surtout en Europe.Ce futur accord commercial vise moins à obtenir des baisses de tarifs douaniers qu’une harmonisation des réglementations (sociales, environnementales, etc.) des deux côtés de l’Atlantique, pour parvenir, à terme, à un marché unique transatlantique des biens et des services.L’ambition est donc totalement hors norme. Et beaucoup, dans les partis de la gauche européenne, les ONG, etc., s’inquiètent que les règles de protection des citoyens en pâtissent. Le même type d’inquiétudes a aussi émergé aux États-Unis.Créer un « super-régulateur »Qu’a t-il été décidé durant ce 8e round ? Rien de très concret. Mais tous les sujets du TTIP ont été abordés. Les tarifs douaniers, les marchés des services, et aussi la possibilité d’ouvrir davantage, notamment aux États-Unis, les marchés publics, un des principaux enjeux du TTIP pour les Européens.Ces derniers ont par ailleurs proposé l’idée d’un « super-régulateur », qui coordonnerait le travail des régulateurs américains et européens, pour travailler à un rapprochement des futures normes, une fois le traité signé. Y siégeraient des représentants des régulateurs des deux côtés de l’Atlantique. Mais pas de représentants de la société civile, a précisé M. Garcia Bercero.Lors du dernier conseil européen, à Bruxelles en décembre 2014, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne avaient déclaré qu’ils espéraient une conclusion, au moins politique, du TTIP avant fin 2015.Critiquée sur le manque de transparence des discussions, la Commission européenne, qui négocie au nom des 28 pays de l’Union, a déjà, à plusieurs reprises, essayé de corriger le tir, et de faire de la pédagogie. En rendant public le mandat de négociations, en échangeant de plus en plus de documents avec le Parlement européen.Pour prouver leur bonne volonté, Américains et Européens ont promis, vendredi, que les conclusions des négociations du 8e round seraient mises en ligne la semaine prochaine.» Lire également les différentes tribunes publiées sur le TTIP et ses enjeux : Traité transatlantique : une harmonie encore à trouverCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 16h33 • Mis à jour le06.02.2015 à 16h39 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La route vers le plein-emploi aux États-Unis n’a jamais été aussi dégagée depuis le début de la reprise. L’économie américaine a créé 257 000 emplois en janvier, selon les statistiques publiées, vendredi 6 février, par le Département du travail.Non seulement ce chiffre est largement supérieur à ce qu’anticipaient les économistes, mais en plus sa publication intervient après deux mois très porteurs en termes d’emploi. Cette séquence des trois derniers mois est la meilleure depuis 17 ans.Certes, le taux de chômage a grimpé de 0,1 point par rapport à décembre, à 5,7 %. En fait cette hausse est due au fait qu’un nombre plus important d’Américains est à la recherche active d’un emploi. Au cours des derniers mois, beaucoup se décourageaient et préféraient sortir des statistiques en abandonnant leur recherche.Cette remontée de ce qu’on appelle le taux de participation – c’est-à-dire la proportion d’Américains en âge de travailler qui ont un poste ou qui en cherchent effectivement un – peut être interprétée comme un signe de regain de confiance dans la dynamique du marché de l’emploi. Ce taux est remonté de 0,2 point en janvier, à 62,9 %, ce qui reste malgré tout un niveau historiquement bas.Néanmoins, la tendance de fond d’amélioration de l’emploi aux États-Unis est indéniable. Outre le bon chiffre de janvier, ceux de novembre et décembre ont été revus à la hausse. Avec 423 000 créations d’emplois (contre 353 000 estimés précédemment), novembre est ainsi le meilleur mois depuis 1997. En un an, l’économie américaine a créé 3,2 millions d’emplois.Aux Etats-Unis, « le rebond est vraiment en cours »Hausse des salairesAutre bonne nouvelle : les salaires commencent à frémir, laissant augurer un cercle vertueux capable de tirer la consommation, principal moteur de la croissance américaine. Le salaire horaire moyen a grimpé de 0,5 % en janvier par rapport au mois précédent, une évolution qui n’avait plus été constatée depuis novembre 2008.La hausse des salaires sur un an s’établit désormais à 2,2 %. Le rythme est encore modeste, mais dans un contexte d’inflation faible du fait notamment de la chute des prix du pétrole, c’est un signe encourageant pour la dynamique de croissance.Parmi les secteurs qui recrutent on trouve la construction (39 000 créations), l’industrie (22 000), la distribution (46 000), l’hôtellerie-restauration (37 100) et la santé (38 000). À noter le léger recul du secteur pétrolier, qui a perdu 1 900 emplois, principalement en raison de la baisse des investissements, en lien avec la chute des cours.La Réserve fédérale (Fed), lors de son dernier Comité de politique monétaire, le 28 janvier, avait souligné que « Les conditions du marché du travail continuaient à s’améliorer avec des gains solides en termes d’emploi et un taux de chômage plus bas », ajoutant qu’« une série d’indicateurs du marché de l’emploi suggère que la sous-utilisation des ressources du marché de l’emploi continue à diminuer. »La Fed se veut encore « patiente » avant de relever les tauxLes chiffres publiés vendredi sont plus que jamais de nature à encourager la Fed à resserrer sa politique monétaire au cours des prochains mois. Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 16h17 • Mis à jour le06.02.2015 à 16h22 Les combattants kurdes syriens se sont emparés, vendredi 6 février, de plusieurs dizaines de villages autour de Kobané tenus jusque-là par l'organisation djihadiste de l'Etat islamique, a déclaré l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sis à Londres et qui s'appuie sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires en Syrie.Les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont une nouvelle fois étendu leur contrôle territorial, s'emparant d'un total de 101 villages depuis qu'ils ont gagné à la fin de janvier la bataille de Kobané face à l'EI.« Ils contrôlent désormais un territoire allant de 15 à 25 km à l'est, à l'ouest et au sud de Kobané », ville située à la frontière de la Turquie, a déclaré le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.AU MOINS 13 MORTS DANS LES COMBATSLa bataille de Kobané, assiégée pendant plus de quatre mois par l'EI, revêtait une importance symbolique, les djihadistes en ayant fait un objectif majeur. La ville est désormais un véritable champ de ruines.Lire notre reportage à Kobané : Dans Kobané, libérée mais détruiteDepuis le 26 janvier, lorsque l'EI a fui Kobané, les combattants kurdes se sont progressivement emparés de dizaines de villages périphériques, parfois de simples hameaux.A certains endroits, les djihadistes de l'EI ont fui sans combattre les forces kurdes, mais dans plusieurs villages, des combats ont eu lieu. Ces affrontements ont fait au moins 13 morts vendredi dans les rangs de l'EI, selon l'OSDH. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le « patron » de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a annoncé, vendredi 6 février, la tenue d’une réunion extraordinaire des ministres des finances de la zone euro, consacrée à la Grèce.Plus précisément, une bonne partie de la discussion devrait porter sur la prolongation du plan d’aide financier dont bénéficie Athènes, afin de se donner le temps de négocier les termes d’un nouveau « contrat grec ».Mais, à ce stade, les Européens d’un côté et les Grecs de l’autre ne mettent pas les mêmes conditions à ce possible prolongement du programme d’aide. C’est sur le maintien ou non d’une supervision par la troïka des bailleurs de fonds du pays (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) que se cristallisent notamment les oppositions. Revue des enjeux.Grèce : ce que prônent les EuropéensQuel est l’objectif de cette réunion de l’Eurogroupe ?Elle a pour objectif de tenter d’arracher un accord avec les Grecs sur une prolongation, dite « technique », du deuxième plan d’aide (130 milliards d’euros, déclenché en 2012) dont bénéficie le pays.Il y a urgence à statuer sur ce sujet. Le programme de soutien financier arrive à échéance le 28 février. Mais le pays doit encore recevoir une dernière tranche d’environ 3,6 milliards d’euros.Or, pour que les Grecs bénéficient de ce dernier apport, ils doivent, au préalable, s’être mis d’accord avec leurs créanciers de la troïka. Cela signifie qu’Athènes accepte de mettre en place une série de réformes, exigées par la troïka.Le précédent gouvernement grec (celui d’Antonis Samaras) n’était pas parvenu à s’entendre avec la troïka sur ce sujet. À ce jour, le gouvernement d’Alexis Tsipras a indiqué qu’il souhaite s’affranchir des mesures dictées par ses créanciers.Si aucun accord n’est obtenu d’ici à fin février, la Grèce ne recevra pas les milliards prévus et risque le défaut.Cette réunion peut-elle être décisive ?Le rendez-vous du 11 février vise avant tout à « commencer les discussions au niveau ministériel », relève une source européenne. Il est peu probable qu’il aboutisse à une décision.« On accepte de discuter. C’est déjà beaucoup », relève une source au fait du dossier, à Bruxelles. « Même s’il ne sera pas conclusif, cet Eurogroupe aura cet avantage, vu les divergences de point de vue, de mettre les Grecs dans l’ambiance », ajoute une autre source européenne.C’est la réunion de l’Eurogroupe du 16 février, prévue de longue date, qui pourrait être décisive.Que vont proposer les Européens à la Grèce ?Ils prônent une « extension technique » du plan d’aide, d’au moins quatre ou cinq mois, c’est-à-dire boucler le deuxième plan d’aide, pour entrer un troisième mini-plan de soutien (avec une aide de quelques dizaines de milliards d’euros).Cela donnerait le temps de négocier avec Athènes les termes d’un nouveau « contrat » : liste de réformes, projet politique, maturité des dettes, taux des remboursements, etc.« On va préparer la discussion d’ici à mercredi autour du programme actuel, et de son extension, éventuellement adaptée », explique-t-on à Bruxelles.Le gouvernement grec est-il prêt à demander un prolongement du plan d’aide ?« D’ici à mercredi, le gouvernement grec devrait faire une proposition sur comment les choses doivent se poursuivre », a déclaré, vendredi, un porte-parole du ministère allemand des finances.Selon plusieurs sources européennes, les Grecs ont fait savoir, ces derniers jours, qu’ils voulaient qu’on leur aménage un plan d’aide « de transition », pendant trois ou quatre mois, pour leur laisser le temps de peaufiner leur nouveau « contrat avec l’Europe ».Mais le gouvernement de M. Tsipras y met une condition : il ne veut pas d’une poursuite de la supervision par la troïka.C’est un point de blocage. Pour les Européens, il n’est pas possible de se passer de la troïka tout de suite : il serait impossible de prêter de l’argent sans un "MOU" (memorandum of understanding), un document signé, qui engage la partie recevant des fonds à rendre compte. La troïka pourrait toutefois être renommée.Grèce : « une dette perpétuelle laisserait du temps pour conduire les réformes »Le gouvernement grec peut-il compter sur des soutiens ?M. Tsipras ne bénéficie objectivement d’aucun soutien. Les Allemands restent sur une ligne très dure, comme l’a montré le rendez-vous de jeudi 5 février, à Berlin, entre les ministres des finances, Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis.Les Espagnols, les Irĺandais, les Portugais, ou encore les Slovènes et les Lettons sont aussi très agacés - et c’est peu dire - par les prises de position des Grecs.Par ailleurs, même si le gouvernement grec finissait par accepter le principe de l’extension du second plan d’aide, tel que le présentent les Européens, il faudrait que cette extension soit validée par plusieurs Parlements de l’eurozone.Et la partie est loin d’être gagnée : les Allemands, par exemple, ne voteront pas facilement, les Finlandais non plus. Quant aux Néerlandais, ils n’ont pas digéré la visite de M. Dijsselbloem à Athènes, le 30 janvier, conclue par une poignée de main ratée avec M. Varoufakis après les propos cinglants de ce dernier sur la troïka.Berlin inflexible face à AthènesCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 14h13 • Mis à jour le06.02.2015 à 14h15 | Eric Albert (Londres, correspondance) La commission parlementaire britannique en charge des comptes publics a remis, vendredi 6 février, un rapport dévastateur pour PricewaterhouseCoopers (PwC). Margaret Hodge, sa présidente, accuse le cabinet d’audit d’avoir mis en place « rien de moins que la promotion de l’évasion fiscale à échelle industrielle ».Le rapport concerne le dossier surnommé « LuxLeaks », ces fameux accords fiscaux signés entre les autorités du Luxembourg et des centaines de multinationales. Révélée en novembre 2014 par l’International Consortium of Investigative Journalists, en collaboration avec de nombreux journaux, dont Le Monde, l’affaire a mis à jour l’existence de 548 lettres entre PwC et le Luxembourg. Celles-ci concluaient des accords fiscaux concernant 343 grandes entreprises.LuxLeaks : L’évasion fiscale, un sport national pour les géants américainsSuite à ces révélations, la commission parlementaire, composée de députés de tout bord politique, a décidé de mener l’enquête. En 2013, elle avait déjà remis un rapport très critique concernant les quatre grandes firmes d’audit fiscal (PwC, KPMG, Deloitte, Ernst & Young).Elle a décidé de rouvrir le dossier, en faisant revenir devant elle le responsable des affaires fiscales de PwC pour le Royaume-Uni, Kevin Nicholson. Elle a aussi convoqué l’un des dirigeants de Shire Pharmaceuticals, une des entreprises épinglées par LuxLeaks.Deux employés sur un total de 5 600Leur audition a été houleuse. En passant devant la même commission, en janvier 2013, M. Nicholson a affirmé : « nous ne vendons pas des produits fiscaux en masse ». N’était-ce pas un mensonge, alors que 548 lettres pour des accords fiscaux ont désormais été mises à jour, a rétorqué Mme. Hodge ?Bafouillant, transpirant, mais tenant bon, M. Nicholson a insisté, assurant ses affaires étaient parfaitement légales, et qu’elles étaient adaptées à chaque entreprise en fonction des besoins. Il ne s’agissait donc pas d’une « vente de masse », selon lui.Son explication n’a pas convaincu. Dans son rapport final, Mme Hodge rend un verdict sans appel. « Il s’agit de vente en masse de produits d’évasion fiscale », accuse-t-elle.Elle prend l’exemple de Shire Pharmaceuticals, dont les affaires fiscales étaient arrangées par PwC. Grâce à des prêts internes entre les différentes entités de son groupe, dont celles basées au Luxembourg, l’entreprise a « transféré ses bénéfices de pays où les impôts étaient plus élevés vers le Luxembourg ». Son imposition dans le Grand-Duché était de 0,0156 %.Shire se défend, affirmant que ses activités au Luxembourg étaient réelles. Réplique de Mme Hodge : « la "substance" du travail de Shire (…) consistait en deux employés sur un total de 5 600 à travers le monde. Ni PwC ni Shire n’ont pu démontrer que la présence de l’entreprise au Luxembourg servait à autre chose qu’à éviter les impôts. » Code de bonne conduiteLe problème dépasse cependant PwC et Shire, estime la commission parlementaire. Celle-ci demande donc au gouvernement britannique d’agir, pour mieux réguler les cabinets spécialisés dans les conseils fiscaux.En particulier, elle recommande de mettre en place un code de bonne conduite pour l’ensemble de l’industrie. Actuellement, la plupart des cabinets ont leur propre code, y compris PwC. « Mais on ne peut pas faire confiance à l’industrie pour qu’elle s’autorégule », estime la commission.Elle demande aussi que les autorités britanniques soient plus actives au sein de l’OCDE, l’organisme qui centralise actuellement de grandes réformes fiscales internationales. En particulier, la commission suggère que la définition de « substance » économique soit mieux définie : voir Shire justifier de « substance » avec seulement deux employés basés au Luxembourg lui semble clairement ne pas respecter l’esprit des règles fiscales.Les Européens avancent dans la lutte contre l’optimisation fiscaleEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cédric Pietralunga et Philippe Jacqué Mis une première fois en redressement judiciaire, en novembre 2013, le transporteur français Moryglobal (ex-Mory-Ducros), a officiellement demandé sa mise en redressement judiciaire lors d’un comité d’entreprise, vendredi 6 février, a-t-on appris auprès d’un représentant syndical. L’entreprise, détenue par le fonds Arcole Industries, doit déposer aujourd’hui une déclaration de cessation des paiements (DCP) au Tribunal de commerce de Bobigny.Le 21 janvier, Le Figaro avait évoqué cette possibilité du fait des difficultés structurelles insurmontables de cette société comptant encore 2 400 salariés, après le départ de 2 800 salariés. En 2014, Moryglobal a perdu 40 millions d’euros, pour 330 millions d’euros de chiffre d’affaires.En février 2014 l’entreprise avait bénéficié d’un prête de 17,5 millions d’euros de la part de l’Etat, via le Fonds de développement économique et social (FDES). Ce prêt fait l’objet d’une enquête approfondie de la Commission européenne, depuis septembre 2014 : celle-ci veut voir s’il est compatible avec les règles de l’Union européenne sur les aides d’Etat.Le Tribunal de commerce de Bobigny devrait se pencher la semaine prochaine sur le dossier et prononcer un placement en redressement judiciaire ou, plus probablement, une liquidation judiciaire directe.Lire aussi : Bruxelles va enquêter sur les aides françaises à FagorBrandt et Mory DucrosCe même tribunal devait décider, fin février, s’il autorisait Moryglobal à céder trois immeubles détenus par le groupe, pour une valeur de quelque 25 millions d’euros.Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et (Avec AFP) Une réunion extraordinaire des ministres des finances de la zone euro consacrée au dossier grec se tiendra le 11 février à Bruxelles, à la veille d'un sommet européen, a annoncé vendredi Jeroen Dijsselbloem, le chef de l'Eurogroupe sur son compte Twitter. Les spéculations allaient bon train depuis plusieurs jours sur la tenue d'une telle réunion, alors que le programme d'aide grec arrive à son terme fin février et qu'une solution doit être trouvée pour que le pays ne soit pas en faillite et que les marchés ne soient pas pris de panique.Certains, au sein de l'Eurogroupe, conditionnaient la tenue d'une réunion extraordinaire au fait qu'Athènes adresse un signal de « compréhension de l'enjeu et des attentes » des Européens. Ils espéraient notamment que le gouvernement grec se résolve à demander officiellement une petite prolongation du plan d'aide dont il bénéfice.PLAN « DE TRANSITION », PENDANT TROIS OU QUATRE MOISA ce stade, selon plusieurs sources européennes, les Grecs ont fait savoir, ces derniers jours, qu'ils voulaient qu'on leur aménage un plan de sauvetage « de transition », pendant trois ou quatre mois (d'ici cet été donc), le temps pour eux de peaufiner leur nouveau « contrat avec l'Europe ». Mais hors supervision de la troïka de ses bailleurs de fonds (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne).A cette demande, les Européens répondent qu'« ils n'ont pas les instruments » pour proposer ce type de plan : il serait impossible de prêter de l'argent sans un « MOU » (memorandum of understanding), un document signé, qui engage la partie ayant reçu des fonds à rendre compte de leur usage, d'une manière ou d'une autre.« Ce qui se passera à la fin du plan d'aide actuel est totalement ouvert », a déclaré, vendredi, le porte-parole du ministère allemand des finances.« On accepte de discuter. C'est déjà beaucoup. On va préparer la discussion d'ici à mercredi autour du programme actuel, son extension éventuellemenf adaptée », ajoute une source à Bruxelles.Etant donné le désaccord qui s'est manifesté entre le gouvernement grec et l'Allemagne, chef de file des pays inflexibles vis-à-vis de la Grèce, lors de la rencontre entre les ministres des finances Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis, jeudi 5 février, l'Eurogroupe du 11 février promet donc de se prolonger tard dans la nuit. Cette réunion extraordinaire sera la première pour le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, qui a fait une tournée européenne cette semaine et a déjà rencontré plusieurs de ses homologues, dont le Français Michel Sapin et l'Allemand Wolfgang Schäuble.Il y a tout juste une semaine, il avait rencontré à Athènes M. Dijsselbloem. L'entretien avait été suivi d'une conférence de presse dans une ambiance glaciale, signe des tensions considérables entre le nouveau gouvernement grec et ses partenaires au sein de la zone euro.Lire (édition abonnés) : La BCE accentue la pression politique sur la GrèceHOSTILITÉ DE NOMBREUX ÉTATS MEMBRESLe gouvernement d'Alexis Tsipras, élu à la fin janvier, veut réduire la colossale dette du pays (plus de 175 % du PIB) et en finir avec l'austérité qui a prévalu depuis le début de la crise. Une ambition qui se heurte au refus de nombreux Etats membres, en premier lieu l'Allemagne, plus que jamais garante de l'orthodoxie budgétaire.Plusieurs autres pays n'entendent pas faire de cadeaux à Athènes. Parmi eux, la Finlande, les pays baltes, les Pays-Bas, ainsi que le Portugal et l'Espagne, touchés de plein fouet par la crise et qui ont dû faire des efforts pour répondre aux exigences de leurs créanciers.Lire aussi (édition abonnés) : Grèce : ce que prônent les Européens(Avec AFP)Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 11h39 • Mis à jour le06.02.2015 à 14h38 | Benoît Vitkine et Yves-Michel Riols François Hollande et Angela Merkel devaient rencontrer Vladimir Poutine à Moscou, vendredi 6 février, pour lui présenter un plan de règlement du conflit en Ukraine qu’ils ont exposé, la veille, au président ukrainien, Petro Porochenko, lors d’un déplacement éclair à Kiev. Pour le président français comme pour la chancelière allemande, il s’agissait d’une première depuis la révolution de Maïdan, il y a un an.En d’autres temps, cette visite aurait constitué un geste fort de soutien au gouvernement pro-européen au pouvoir à Kiev. Mais l’enjeu est plus important : il s’agit, selon les mots de M. Hollande, d’éviter une « guerre totale » aux portes de l’Europe. Ou, selon ceux du président Porochenko, de venir en aide à une Ukraine qui vit « un moment critique de son histoire ».M. Hollande et Mme Merkel sont venus soumettre à M. Porochenko une ultime offre de paix pour l’est du pays en proie à une guerre qui a fait près de 5 400 morts en dix mois. Le document reflète, dit-on à l’Elysée, « l’esprit de l’accord de Minsk », conclu en septembre 2014 mais jamais appliqué, qui prévoyait notamment un cessez-le-feu et une décentralisation poussée pour les régions de l’est du pays dans le cadre du respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le texte franco-allemand ne présente pas « d’éléments totalement nouveaux » par rapport à celui de Minsk, qui envisageait déjà un « statut spécial » pour l’est du pays, a souligné, vendredi matin, l’entourage de M. Hollande.L’OTAN renforce sa présence dans l’est de l’EuropeSelon des informations publiées, jeudi soir, par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, mais démenties par Berlin, ce plan prévoirait de « conclure un cessez-le-feu immédiat » contre « une autonomie plus grande accordée aux séparatistes prorusses, sur un territoire plus vaste que celui envisagé jusqu’ici ».L’Elysée a par ailleurs démenti, vendredi matin, des informations selon lesquelles la Russie aurait été à l’origine du texte présenté par M. Hollande et Mme Merkel. « C’est inexact », insiste une source bien informée, en mettant en garde contre des rumeurs propagées par Moscou. Cette proposition de règlement du conflit « est une initiative franco-allemande, de conception franco-allemande » qui a été présentée, mercredi à Kiev, aux autorités ukrainiennes par les conseillers diplomatiques de M. Hollande et de Mme Merkel, insiste l’entourage du président français. Tout en reconnaissant qu’il y a eu des « discussions permanentes » ces derniers jours entre Paris, Berlin, Moscou et Kiev. De son côté, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Pavlo Klimkin, a affirmé dans un tweet, jeudi soir, que l’Ukraine « n’a pas été mise sous pression », en réponse à de possibles concessions territoriales à l’avantage des séparatistes.Au terme de la rencontre de deux heures entre M. Hollande, Mme Merkel et le président Porochenko, jeudi soir, la délégation française a assuré que Minsk demeurait le « cadre » des discussions avec la Russie. L’idée de la nouvelle proposition reste de « prendre en compte la souveraineté de l’Ukraine, tout en reconnaissant certaines réalités locales », dit-on, alors que les séparatistes ont poussé leur avantage sur le terrain ces derniers jours.La crainte d’un « nouveau Dayton »Depuis leur signature, le 5 septembre, les dirigeants européens font des accords de Minsk la pierre angulaire de toute négociation. Ces accords, qui prévoient notamment le retrait des armes lourdes le long de la ligne de démarcation, un contrôle conjoint de la frontière russo-ukrainienne ou le retrait des forces étrangères du sol ukrainien, sont demeurés largement caducs. La ligne de démarcation elle-même a bougé. Le volet politique du texte, lui, qui prévoit d’octroyer un pouvoir accru à la partie orientale du pays, a été mis à mal par l’organisation, en novembre, d’élections par les séparatistes non reconnues par Kiev.Côté ukrainien, on assure que l’initiative franco-allemande ne consiste pas à proposer un plan de remplacement. Il s’agirait plutôt de rédiger une « feuille de route pour que les différents points de l’accord soient respectés, en commençant par le plus important, le cessez-le-feu », indique une source diplomatique ukrainienne, qui ne cache toutefois pas son pessimisme quant aux chances de réussite de cette mission.La crainte ukrainienne est aussi de voir les Européens s’empresser d’accepter un accord qui, tout en respectant en apparence la « ligne rouge » de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, paralyserait le pays. Dès l’annonce de la visite de M. Hollande et Mme Merkel, l’influent journaliste et politologue ukrainien Vitaly Portnikov mettait en garde contre un « nouveau Dayton », en référence aux accords qui avaient mis fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine, en 1995, mais qui ont aussi rendu le pays durablement ingouvernable.La Russie, un « pays ami »Jeudi, le Kremlin s’est dit ouvert à des « discussions constructives » avec le président français et la chancelière allemande, dans le but de mettre fin à la « guerre civile » dans l’est de l’Ukraine. A lui seul, l’emploi du terme révèle les limites de la négociation avec Moscou, qui se montre ouverte au dialogue, tout en niant son implication dans le conflit.Vladimir Poutine a aussi multiplié, ces derniers temps, les déclarations ressemblant à tout sauf à une recherche d’apaisement, qualifiant, notamment, l’armée ukrainienne de « Légion étrangère » de l’OTAN. Lors de sa conférence de presse à l’Elysée, jeudi matin, François Hollande a adopté un ton mesuré vis-à-vis de la Russie, un pays « ami ». « La France n’est pas favorable à ce que l’Ukraine entre dans l’Alliance atlantique », a répété M. Hollande, indiquant par là que la question figurait parmi les éléments en discussion. Toutefois, « l’option diplomatique ne peut pas être prolongée indéfiniment », a-t-il insisté.L’administration Obama partagée sur la livraison d’armes à KievKiev demande depuis des mois aux Occidentaux de lui fournir des armes pour renverser la situation sur le terrain, où l’armée ukrainienne est en mauvaise posture. L’option militaire a toujours été exclue par les Européens. Une position réitérée par M. Hollande, jeudi. « La France ne rentre pas dans le débat de la fourniture d’armes à l’Ukraine », a-t-il affirmé. Une doctrine aussi partagée par Mme Merkel, qui a récemment réaffirmé son opposition à toute assistance militaire à l’Ukraine. Egalement en visite à Kiev, jeudi, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a fait entendre un son de cloche légèrement différent. Interrogé sur la question de la livraison d’armes à Kiev, alors que le débat ne cesse de prendre de l’ampleur aux Etats-Unis, M. Kerry a indiqué que le président Obama « étudiait toutes les options ».Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteYves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.02.2015 à 11h17 • Mis à jour le06.02.2015 à 12h02 L'essentielUn ATR 72-600 de la compagnie TransAsia s'est abîmé mercredi dans une rivière peu après son décollage de Taipei, avec 53 personnes et cinq membres d'équipage à bord.Quinze personnes ont survécu et les secouristes tentaient de retrouver les corps de huit disparus.Le moteur droit s'est éteint tandis que le gauche l'a été manuellement.  Les deux moteurs de l'ATR 72-600 victime d'un accident cette semaine à Taïwan étaient en panne lorsque l'appareil est tombé dans une rivière, tuant au moins 35 personnes à bord, a annoncé vendredi 6 février le bureau d'enquête taïwanais. « D'après les données dont nous disposons, nous pouvons constater que pendant un certain temps les deux moteurs n'ont exercé aucune poussée », a déclaré Thomas Wang, directeur du Conseil de sécurité de l'aviation civile, chargé de l'enquête sur la catastrophe.Une alarme s'est déclenchée signalant l'extinction du moteur droit à 10 h 53 min et 28 s, alors que l'avion se trouvait à moins de 400 mètres d'altitude. Le pilote a aussitôt éteint le moteur gauche puis tenté de le redémarrer, sans y parvenir. « Nous avons entendu un SOS à 10 h 54 min 35 s, a précisé M. Wang. Nous n'avons pas encore déterminé pourquoi le moteur [gauche] a été éteint manuellement. Nous tentons toujours d'interpréter les données des boîtes noires. »UN PREMIER MOTEUR DÉFECTUEUX REMPLACÉLa Direction de l'aviation civile taïwanaise (CAA) a par ailleurs révélé vendredi que cet ATR avait connu un problème de moteur lors de son vol de livraison entre la France et l'Asie, en avril. « Un des moteurs avait perdu sa puissance pendant le vol et avait dû être remplacé par le fabricant », Pratt & Whitney Canada, a indiqué Clark Lin, responsable des normes à la CAA. Deux enquêteurs du Bureau d'enquête et d'analyses (BEA) français pour la sécurité de l'aviation civile devaient se rendre à Taïwan, ainsi que quatre ingénieurs d'ATR.  Des images vidéo amateur ont montré l'ATR 72-600 à turbopropulseur en train de perdre de l'altitude et de dévisser, puis heurter un pont autoroutier et plonger dans une rivière. L'avion a laissé derrière lui une traînée de débris.Lire sur le blog Big Browser : A Taïwan, des « dashcams » ont filmé le crash de l’avion sous plusieurs angles David Revault d'Allonnes et Olivier Faye En surface, ils sont d’accord. « La France doit jouer un rôle de protagoniste pour un changement de politique en Europe », a expliqué Alexis Tsipras. « Le dialogue entre la Grèce et ses partenaires européens doit se dérouler en vue de trouver un accord », a répondu François Hollande. La déclaration commune du président français et du premier ministre grec, mercredi 4 février après midi à l’Elysée à l’issue de leur premier entretien, a parfaitement respecté les formes. Mais ce premier contact n’augure en rien de la suite des événements, et du jeu exact que jouera Paris, dans les prochaines semaines, entre Athènes, Berlin et Bruxelles.Le gouvernement grec en tournée européenne pour rassurer ses partenairesLe chef de l’Etat, qui a rappelé que les règles européennes et les engagements pris devaient être respectés par la Grèce, a préconisé un dialogue « transparent » avec Athènes. Il s’est également affirmé en accord avec M. Tsipras pour que l’Europe évolue vers une politique plus solidaire et tournée vers la croissance. Le premier ministre grec, pour sa part, l’a assuré : « Nous ne sommes pas une menace pour l’Europe. » M. Tsipras a annoncé sa volonté de « mener des réformes en Grèce pour que notre pays devienne crédible ». « La dette grecque doit devenir viable, je suis persuadé que nous pouvons tous travailler en commun », a-t-il ajouté, alors que cette dette dépasse les 320 milliards d’euros.La Grèce propose un aménagement de sa detteLes propos du nouveau chef du gouvernement grec, issu de la gauche radicale et foncièrement anti-austéritaire le confirment : sur la scène européenne, le succès électoral de Syriza permet à François Hollande de se réinstaller dans la position du « trait d’union ». Celle qu’il avait adoptée avec un certain succès au début de son mandat, en pleine crise de la zone euro. Il avait alors joué les médiateurs, au conseil européen, entre les pays du Sud plombés par leurs déficits et leurs dettes et une Allemagne rigoriste. Une posture qui s’était quelque peu effilochée au fil des mois. La « nouvelle donne », selon l’Elysée, présente des avantages tactiques indéniables sur le théâtre bruxellois.Pour autant, pas question de faire de cette situation une posture stratégique assumée, ce qui comporterait des risques certains. « On s’est clairement mis dans la position du good cop, glisse un habitué de l’Elysée. Mais on va tout faire pour ne pas se mettre, opérationnellement, dans une position de médiateur, car on ne sait pas comment cela va se terminer. Il ne faut pas se laisser piéger dans une situation où l’on se poserait comme les grands médiateurs de l’Union européenne. Car si les Grecs semblent plutôt disposés à respecter la règle du jeu, moyennant quelques arrangements, on n’est pas sûr que cela tienne à moyen terme. »Rencontre avec le Front de gaucheL’épisode de la lettre qu’avait adressée M. Tsipras à M. Hollande après l’élection de ce dernier, restée sans réponse, est donc oubliée. « C’est un principe, se justifie un proche du chef de l’Etat pour expliquer cette non-réponse. On n’entame pas un dialogue avec les partis d’opposition. Quand tu reçois quelqu’un, tu le légitimes. Si on l’avait reçu il y a deux ans, le gouvernement grec de l’époque l’aurait mal pris. Et s’il faisait la même chose, nous, on le prendrait très mal. »M. Tsipras ne semble pas nourrir les mêmes préventions. Après le chef de l’Etat, il devait ainsi rencontrer discrètement, les responsables du Front de gauche. Certes, l’entourage de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, précisait que M. Tsipras n’entendait donner aucun caractère public à cette rencontre.Quant à Jean-Luc Mélenchon, patron du parti de gauche, il ne confirmait ni n’infirmait. « Les rencontres non officielles d’Alexis Tsipras en France donnent lieu à de nombreuses supputations. Mon attitude constante en la matière avec l’ensemble des chefs d’Etats et de gouvernements dans des circonstances similaires est de m’en tenir à ce que disent les intéressés eux-mêmes. J’en reste là. Je ne confirme, ni n’infirme rien. Je souhaite la bienvenue en France à monsieur le premier ministre grec », explique M. Mélenchon dans un communiqué.Olivier FayeDavid Revault d'AllonnesGrand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.02.2015 à 16h55 • Mis à jour le04.02.2015 à 18h05 Le conseil des juges de la cour d'appel d'Athènes a renvoyé, mercredi 4 février, 72 personnes devant la justice, dont la direction du parti néonazi Aube dorée, pour y répondre de participation à une organisation criminelle.Lire : Grèce : qui sont les néonazis du parti Aube dorée ? L'enquête a commencé à la suite du meurtre, en septembre 2013, de Pavlos Fyssas, un musicien antifasciste, par un membre du mouvement connu notamment pour ses exactions violentes contre des immigrés. Seront jugés : le fondateur et dirigeant d'Aube dorée, Nikos Michaloliakos, les principaux cadres et ex-députés de cette formation, et des dizaines de sympathisants du parti.PARTICIPATION À UNE ORGANISATION CRIMINELLEOutre le principal chef d'accusation de participation à une organisation criminelle, les accusés seront aussi jugés pour tentative de meurtres, détention d'armes ou violences racistes, perpétrées par cette formation xénophobe et antisémite.Les trois juges de la cour d'appel ont ainsi suivi le réquisitoire du procureur Isidoros Dogiakos, qui en octobre avait préconisé le renvoi de ces personnes devant la formation de jugement.La date du procès n'a pas encore été précisée, mais il devrait avoir lieu d'ici à la fin de mai, avant l'expiration du délai de détention provisoire du chef du parti et des six autres députés emprisonnés comme lui.Après des années d'apparent laxisme, la justice avait soudain fondu sur le mouvement à la suite de l'assassinat de Pavlos Fyssas. Des policiers sont également poursuivis dans cette affaire.DIX-SEPT DÉPUTÉS AU PARLEMENTAube dorée, qui était entrée pour la première fois au Parlement lors des législatives de 2012 en élisant 18 députés, a su conserver son score lors des législatives du 25 janvier, et faisant réélire 17 députés, malgré l'emprisonnement ou l'assignation à résidence d'une bonne partie des sortants.Le meurtre du rappeur Pavlos Fyssas, plus connu sous son nom de scène Killah P., dans la nuit du 17 au 18 septembre 2013, avait causé un électrochoc en Grèce. Le chanteur de 34 ans avait été poignardé par Yorgos Roupakias, 45 ans, qui avait reconnu les faits et confirmé son appartenance à Aube dorée.Lire (édition abonnés) : La Grèce sous le choc de la violence d’Aube dorée Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Les banques grecques étaient au cœur de la réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), mercredi 4 février dans l’après-midi. Celui-ci devait se prononcer sur le renouvellement, ou non, d’un soutien financier d’urgence aux établissements hellènes.Les quatre principales banques grecques, celles que l’on qualifie de « systémiques » (au sens où, si elles devaient être confrontées à de grosses difficultés, elles mettraient en péril l’économie du pays), ont-elles ou non des problèmes de liquidités ? Il est aujourd’hui difficile de véritablement cerner où elles en sont.Un jeu de poker menteur est à l’œuvre en Grèce et en Europe autour de cette question. Certains, comme les Allemands, redoutent que le pays abuse des liquidités exceptionelles fournies par la BCE pour financer sa dette.Entre Athènes et la BCE, « une partie de poker menteur »Quel est l’état de santé financier des banques grecques ?Une vaste opération de restructuration du secteur bancaire a été menée. Près de treize banques ont été placées en liquidation et leurs avoirs transférés aux quatre établissements systémiques ­ : la Banque nationale grecque, Piraeus Bank, Alpha Bank et Eurobank­, qui dominent désormais à 90 % le marché.Une première phase de recapitalisation a été bouclée à l’été 2013. Elle s’est faite par l’intermédiaire du Fonds grec de stabilité financière (HFSF), doté par le Fonds européen de stabilité financière d’une enveloppe totale de 50 milliards d’euros.Un deuxième processus de recapitalisation a ensuite eu lieu à l’été 2014. Si le HFSF a couvert 90 % de l’effort, les banques ont trouvé chacune les 10 % restants des sommes nécessaires auprès d’investisseurs privés.Les banques grecques sont-elles confrontées à un « bank run » ?Selon l’Union des banques grecques, la situation des établissements s’est améliorée par rapport à 2012. Les dépôts disponibles en 2008 atteignaient 228 milliards d’euros. Ils seraient tombés à 151 milliards d’euros au plus fort de la crise, en juin 2012, mais ils seraient remontés ces derniers mois aux environs de 162 milliards (chiffres de novembre 2014).Mais les banques assurent être confrontées à d’importants retraits des dépôts depuis l’annonce, en décembre 2014, des élections législatives anticipées.Face à l’instabilité politique, un certain nombre d’acteurs économiques grecs ont retiré des capitaux des banques : 3 milliards d’euros se sont « échappés » sur le mois de décembre.Les retraits de dépôts auraient augmenté dans les jours précédant le scrutin du 25 janvier 2015, qui a été remporté par le parti Syriza (gauche radicale), selon de sources bancaires grecques.Aucun chiffre officiel n’est cependant venu confirmer le niveau de ces retraits. Aucune donnée n’est disponible pour le mois de janvier 2015, les responsables de la Banque nationale de Grèce refusant de communiquer à ce stade.Malgré les rumeurs de « bank run » (fuite de capitaux), notamment relayées par la presse allemande, les officiels grecs restent prudents.Ils rappellent qu’il faudrait atteindre un niveau de retrait équivalent à 25 % des dépôts pour se situer dans ce cas de figure. Soit, pour un total de dépôts s’élevant à 162 milliards d’euros, près de 40 milliards d’euros. Ce qui ne serait pas le cas.Quel est le montant des aides demandées par les banques grecques à la BCE ?Le 21 janvier, alors que la victoire de Syriza lors du scrutin législatif du 25 janvier semble de plus en plus probable, la banque centrale grecque a demandé à la BCE d’autoriser une ligne de crédit d’urgence (« emergency liquidity assistance », ou ELA) pour les quatre principaux établissements du pays.La BCE a donné son feu vert à une utilisation de fonds d’urgence pendant deux semaines.Selon des sources bancaires grecques, citées par l’agence de presse Reuters le 2 février, trois des quatre banques grecques ont bien eu recours à l’ELA : elles auraient emprunté 2 milliards d’euros à titre de précaution, mettant en avant la hausse des retraits de leurs clientèles dans les jours précédant le scrutin.C’est sur le prolongement ou non de cette aide dite, ELA, que la BCE devait se prononcer mercredi 4 février.Selon le quotidien allemand Die Welt, elle devrait se prononcer en faveur d’une poursuite de la fourniture de liquidités d’urgence. Citant des sources de banques centrales, Die Welt indique que la banque centrale grecque a demandé à pouvoir fournir si nécessaire aux établissements bancaires du pays des liquidités à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé Le nouveau ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, s'est lancé début février dans une tournée des capitales européennes pour convaincre ses partenaires d'accepter un nouvel allégement de la dette de son pays.Lire : Grèce : le compte à rebours est enclenché pour éviter un défaut sur la detteJean-Luc Mélenchon, député européen Front de gauche, défend également cette solution d'une annulation de tout ou partie de la dette. Le parti espagnol de gauche radicale, Podemos, plaide également pour une restructuration de la dette espagnole, qui devrait atteindre le seuil symbolique de 100 % du PIB en 2015. Mais comment sont endettés les pays européens ? Voici une datavisualisation pour y voir plus clair. En valeur, les dettes française et allemande sont parmi les plus élevées du continent européen. Mais, pour bien comparer des dettes, le montant brut ne suffit pas. La méthode la plus commune consiste à les ramener au produit intérieur brut, le PIB, c'est-à-dire la richesse créée par le pays.On retient ici comme critère de comparaison la dette publique au sens de Maastricht, qui inclut, en plus de la dette de l'Etat, celles des administrations de sécurité sociale, des administrations publiques locales et des organismes divers d'administration centrale.A ce titre, d'autres pays dépassent allégrement le seuil d'endettement de 100 % du PIB : le Japon, par exemple, est endetté à hauteur de 245 % de son PIB. La moyenne des dettes des économies avancées de l'OCDE s'élève même à 117,4 % de leur PIB.Lire en édition abonnés : Dettes publiques : le record de 1945 bientôt dépasséEn zone euro, six pays dépassent le seuil de 100 % d'endettement par rapport au PIB en 2014 ; ils devraient être sept en 2015 et en 2016.Le ratio de la dette au PIB dans l'Union européenne et la zone euro devrait atteindre un niveau sans précédent l'année prochaine, respectivement 88,3 % et 94,8 %, a averti la Commission à l'automne.Attention toutefois à garder en tête que la comparaison de la dette et du PIB, pour traditionnelle qu'elle soit, ne dit pas tout de l'économie d'un pays. En effet, ce ratio compare du stock (la dette) à du flux (le PIB).Au-delà d'un problème méthodologique, il y a un problème logique : la dette est le résultat de plusieurs années, voire décennies, d'endettement, tandis que le PIB est une mesure annuelle. Or la dette ne se rembourse pas en un an.Si les banques calculaient l'endettement d'un ménage (intérêt et capital) par rapport à ce qu'il gagne en un an (et non sur la totalité de la durée de l'emprunt), elles ne prêteraient jamais.Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.02.2015 à 14h51 • Mis à jour le04.02.2015 à 15h23 | Philippe Jacqué Même pas mal ! Malgré le rappel de plus de 30 millions de véhicules défectueux en 2014, General Motors a affiché un chiffre d’affaires en hausse, de 155,4 à 155,9 milliards de dollars entre 2013 et 2014, selon les chiffres communiqués mercredi 4 février.Le bénéfice net atteint 2,8 milliards de dollars. C’est certes une baisse de 26 % des profits par rapport à l’année précédente pour le constructeur, soit 1 milliard de dollars. Mais le numéro 1 américain, et numéro 3 mondial avec 9,9 millions de véhicules écoulés, a plus que sauvé les meubles.Des provisions importantesCe résultat est d’autant plus remarquable que le groupe a mis en réserve pas moins de 2,8 milliards de dollars pour faire face aux conséquences des rappels de voitures (pour des défauts des des commutateurs d’allumage) et 400 millions de dollars en prévision des procès intentés par des familles de victimes d’accidents.Le groupe avait reconnu être au courant depuis 2003 de la défaillance des commutateurs d’allumage, qui, dans certaines circonstances, empêchait les airbags de se déployer. Mais il n’avait lancé les rappels de véhicules que début 2014.GM fait, depuis lors, l’objet d’une enquête judiciaire. Confronté à des plaintes dans l’ensemble des États-Unis, le constructeur a mis en place un fonds d’indemnisation des victimes.Automobile : des rappels qui coûtent cher à General MotorsEnfin, le groupe a engagé 1 milliard de dollars pour restructurer ses opérations en Europe et en Amérique latine. Du fait de ces charges, le bénéfice opérationnel du groupe a baissé sur un an de plus de 2x milliards, à 6,5 milliards de dollars.La bonne santé des activités en Amérique du Nord et en ChineComme ses concurrents américains, GM a dégagé de plantureux bénéfices en Amérique du Nord, où il réalise toujours l’essentiel de ses bénéfices (avant impôts), soit 6,6 milliards de dollars (7,5 milliards en 2013).Automobile : l’Amérique d’après-crise s’expose à DetroitDe même, en Asie, et plus particulièrement en Chine, où il écoulé 3,2 millions de véhicules en 2014, le constructeur a dégagé 1,2 milliard de bénéfices, c’est-à-dire autant qu’en 2013.L’Europe pèse encore sur les comptesComme ses concurrents américains, Ford et FIAT Chrysler Automobiles, le groupe continue à souffrir en Europe : il y a encore accumulé 1,3 milliard de dollars de pertes. Dont la moitié rien que pour restructurer ses opérations : fermeture d’usine en Allemagne, retrait du marché de la marque Chevrolet, etc. C’est 500 millions de dollars de pertes de plus qu’en 2013.Lire aussi : Chevrolet fait marche arrière en EuropeSi les opérations en Europe de l’ouest et en Europe centrale sont toutefois en train de s’améliorer très progressivement, les opérations en Russie font replonger le résultat du groupe.En parallèle, GM a essuyé une perte opérationnelle en Amérique latine, comme l’ensemble de ses concurrents américains et européens.Le groupe y a perdu 180 millions de dollars en 2014, contre un bénéfice de 327 millions l’année précédente.Pour 2015, la directrice générale de GM, Mary Barra, avait déclaré, mi-janvier, devant des analystes, que le groupe allait « continuer à nourrir » la « dynamique » de 2014 « en 2015 » et « devenir le constructeur automobile dégageant le plus de valeur. »Le constructeur table sur une hausse de son bénéfice opérationnel, grâce à ses principaux marchés. Il a augmenté le montant prévu de ses investissements cette année.General Motors va augmenter ses investissements de 20 % en 2015Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant régional) Eclaboussés par un énorme scandale de corruption, Graça Foster, la présidente du géant pétrolier brésilien Petrobras, ainsi que l'ensemble de la direction du groupe étatique ont démissionné mercredi 4 février. Un « conseil d'administation se réunira vendredi pour élire une nouvelle direction après la démission de la PDG et des cinq directeurs », a précisé le groupe dans un communiqué.La police estime que le réseau de corruption démantelé au sein du groupe aurait détourné 4 milliards de dollars en dix ans, notamment au bénéfice d'élus et de parlementaires de la coalition au pouvoir, dont le nombre et les identités sont encore couverts par le secret de l'enquête.L'enquête implique également les plus grosses entreprises de construction du pays, qui auraient versé des pots-de-vin à des responsables de Petrobras pour obtenir des contrats. Pour l'instant, 39 personnes, entrepreneurs et ex-directeurs de la compagnie pétrolière font l'objet d'une enquête pour corruption. Aucune mise en accusation n'a encore été prononcée.Mardi, l'action de Petrobras avait clôturé en hausse de plus de 14 %, après des informations de la presse annonçant le départ sa présidente-directrice générale. Mercredi, elle progressait d'environ 2 %.Pour en savoir plus sur le scandale Petrobras, lire (édition abonnés) : Petrobras, le scandale qui éclabousse le Brésil« TOO BIG TO FAIL » ?Ce scandale, qui est rapidement devenu une affaire d'Etat, fait trembler la coalition au pouvoir de Dilma Rousseff, qui a soutenu publiquement à plusieurs reprises Mme Foster, qu'elle avait nommée à la tête du groupe et dont elle est proche. Mardi soir, la présidente avait reçu à Brasilia Mme Foster, mais rien n'a filtré du contenu de cet entretien. Mme Rousseff n'a pas encore réagi à l'annonce de Petrobras. Selon la presse locale, elle aurait décidé de remplacer Mme Foster « après s'être convaincue que son maintien en poste était intenable ».Cette affaire met aussi en danger l'économie de tout un pays. En moins d'un demi-siècle, Petrobras est venu coiffer les plus grandes entreprises du pays. Au cours de la période euphorique des années 2000, l'entreprise publique affichait un chiffre d'affaires d'une centaine de milliards d'euros, portée par les découvertes vertigineuses d'or noir sur les côtes de Rio de Janeiro et Sao Paulo. En 2010, le groupe réussit une augmentation de capital historique de 70 milliards de dollars. De quoi hisser le géant à la huitième place des entreprises mondiales, selon le classement du magazine Forbes.La question désormais est de savoir comment Petrobras va survivre à ce nettoyage. « Too big to fail » (« trop gros pour mourir »), disent les plus optimistes. Il n'empêche : le risque d'un démantèlement ou d'une division des activités en vue d'une privatisation partielle est évoqué. Du côté du marché américain, principale source de financement de Petrobras, on évoque la suspension de ses actions à la Bourse de New York.Les scénarios possiblesLe magazine économique Exame a émis différentes hypothèses possibles pour les douze prochains mois.Scénario « optimiste » :Le prix du baril de pétrole remonte à 110 dollars, Petrobras reconnaît que le système de corruption mis en place a coûté 5 milliards de reais. Le groupe parvient à boucler son bilan financier. Le cours de son action gagne 60 % et passe à 22 reais.Scénario « de base »Le baril est à 95 dollars et le coût de la corruption admise par Petrobras est de 12 milliards de reais. Le rythme de construction des plates-formes est ralenti mais la production de pétrole augmente. Les bénéfices engrangés en 2014 sont de 10 milliards de reais. Le cours de l'action passe à 12 reais (– 15 %).Scénario « pessimiste »Le prix du baril se rapproche des 75 dollars et Petrobras admet 21 milliards de reais de pots-de-vin. L'entreprise ne parvient pas à publier son bilan financier et doit payer l'amende de 340 milliards de reais. La banque publique de développement BNDES (pour Banco nacional de desenvolvimento econômico e social) lui vient en aide. L'action chute à 5 reais.Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant régional)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Après le secteur pétrolier, ou encore la télévision d’Etat, la campagne anti-corruption, engagée par les autorités chinoises, s’étend désormais au secteur de la finance. Le pouvoir en place à Pékin vient de frapper à trois reprises en l’espace de quelques jours. Mais, derrière cette volonté affichée, depuis deux ans, par le président Xi Jinping de mettre fin à certaines pratiques, c’est aussi un certain nombre de règlements de comptes politiques qui sont à l’œuvre.Mercredi 4 février, l’ancien vice-président de la Banque de l’agriculture de Chine (BAC), l’une des quatre principales banques chinoises, a ainsi été condamné à la prison à vie par un tribunal de Nankin, capitale de la province du Jiangsu (est).L’intéressé, Yang Kun, était accusé d’avoir abusé de sa position à la direction de l’établissement (entre 2005 et 2012) au profit d’entreprises et d’individus en échange d’un total de 30,8 millions de yuan de pots-de-vin.Son procès avait eu lieu en juin 2014. Le banquier avait été exclu du parti communiste (PCC) et limogé de ses fonctions en 2013.« Balayer le secteur financier »Lundi 2 février, le pouvoir chinois – plus exactement, la police interne du parti communiste – avait annoncé l’ouverture d’une enquête contre le directeur de la Banque de Pékin, Lu Haijun, lui aussi soupçonné de corruption.La semaine dernière, c’est le patron de Minsheng Bank, la plus grosse banque à capitaux privés du pays, qui avait été interpellé : Mao Xiaofeng avait été emmené pour interrogatoire sur des soupçons de corruption.La presse chinoise avait récemment indiqué que la campagne anti-corruption lancée depuis deux ans par le président Xi Jinping allait « balayer le secteur financier ».Les autorités chinoises, sous l’égide de Xi Jinping, mettent en avant leur lutte contre la corruption, comme l’ont fait auparavant les autres dirigeants chinois. Mais celle-ci reste endémique en Chine, voire s’aggrave selon le classement annuel, publié par l’ONG Transparency International, où la Chine a chuté de vingt places.Le chef de l’Etat a promis de s’en prendre aux « tigres » – les responsables de haut rang – comme aux « mouches ».Le patron de l’espionnage chinois tombe pour corruptionEn l’occurrence, les opérations menées ces derniers jours dans le secteur financier montrent aussi que Xi Jinping continue son nettoyage des factions adverses – donc corrompues.Mao Xiaofeng, le patron de Minsheng Bank, était ainsi clairement proche de Ling Jihua, l’ex-chef de cabinet du président Hu Jintao, que Xi Jinping attaque à présent.La plupart des hauts responsables des établissements financiers (ou industriels) chinois sont membres du parti communiste. Leur mise sous enquête par la police interne du parti précède généralement leur déferrement en justice.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.02.2015 à 11h50 • Mis à jour le04.02.2015 à 15h00 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La tournée européenne du nouveau gouvernement grec se poursuit à un rythme frénétique, pour tenter de renégocier l’énorme dette du pays avec ses principaux créanciers (BCE, Union européenne, FMI).A Rome, mardi 3 février, ils se sont donnés du « Matteo » et du « Alexis ». A 40 ans l’un comme l’autre, la conférence de presse qu’ont donnée le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et Matteo Renzi, le chef du gouvernement italien, leur a permis d’afficher leur complicité générationnelle, même si l’Italie reste le troisième créancier de la Grèce avec une exposition de 40 milliards d’euros. « Notre génération est celle de personnes qui n’ont pas trouvé de travail ou qui l’ont perdu », a rappelé M. Renzi. « Nous avons en commun le désir de restituer tout son sens à la politique », a relancé Alexis Tsipras.Matteo Renzi a voulu voir dans la victoire de son hôte un parallèle avec la sienne lors des élections européennes de mai 2014, assurant qu’elles étaient l’illustration de la « victoire de l’espérance sur la peur ». « Alexis » a accepté le cadeau d’une cravate « made in Italy » à porter « le jour où la Grèce sera sortie de la crise ». « Cela arrivera plus vite que prévu », a commenté le dirigeant grec. Lors de cette rencontre sont aussi apparues des différences. Alors qu’Alexis Tsipras évoquait « la politique ruineuse de l’Europe », Matteo Renzi a répliqué : « Chaque pays doit faire les réformes nécessaires. Le sauvetage ne viendra pas des autres ». Une déclaration dans le droit de fil des assurances qu’il a données à Angela Merkel de ne pas créer « un front méditerranéen contre Berlin ».Grèce : les jours de la troïka sont comptésRencontre avec François HollandeMême son de cloche à Paris où M. Tsipras doit rencontrer le président François Hollande mercredi 4 février. « Un équilibre doit être trouvé entre le respect du choix démocratique des Grecs et le respect des engagements auquel s’engagent les pays de l’Union », faisait-on savoir dans l’entourage présidentiel, la veille de la rencontre.Pour l’heure, tous les Européens se rangent sur la même ligne de négociation : d’accord pour aider les Grecs, éventuellement pour réaménager leur dette (320 milliards d’euros), afin d’éviter un « Grexit » (sortie de la Grèce de la zone euro), trop risqué pour l’ensemble de l’eurozone. Mais pas à n’importe quelles conditions.Leurs lignes rouges ? Pas d’effacement du « nominal » de la dette (la somme prêtée doit être remboursée). Et pas de versements supplémentaires de la part des créanciers – la Grèce aurait besoin de plusieurs milliards dès le début du deuxième trimestre – sans engagements de la part d’Athènes de faire des réformes. « On n’est pas dans une économie du don, c’est la règle de base de tout prêteur », fait-on valoir à Bruxelles. C’est le message qu’a fait passer Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à M. Tsipras, qu’il a reçu mercredi matin à Bruxelles.« Je suis très optimiste quant au fait que nous allons faire de notre mieux pour trouver une solution commune viable pour notre futur », a déclaré M. Tsipras lors d'une brève déclaration aux côtés du président du Parlement européen, Martin Schulz. « L'histoire de l'Europe est souvent faire de désaccords mais a la fin de la journée on finit toujours pas s'entendre » a-t-il ajouté. Martin Schulz a reconnu pour sa part que « les dirigeants grecs de démènent pour trouver une solution, la Grece veut rester dans la zone euro », saluant une recontre « fructueuse et constructive ».Selon une source gouvernementale à Athènes, M. Tsipras a souhaité mercredi à Bruxelles que la Grèce élabore, avec l'Union européenne, un plan de réformes et de financement sur quatre ans. Ce plan comprendrait un programme « radical » de réformes couplé à un allègement des obligations budgétaires de la Grèce.La BCE, maîtresse des liquiditésLors de leur première semaine d’exercice du pouvoir, M. Tsipras et ses ministres avaient pourtant fait des annonces fort peu appréciées à Bruxelles et Berlin : gel des privatisations en cours, refus de négocier avec la troïka (BCE, FMI et Commission européenne) des créanciers ou d’accepter de boucler le deuxième plan d’aide au pays (130 milliards d’euros)… Depuis, ils ont mis de l’eau dans leur vin.Plus question de prendre de décisions unilatérales, ont-ils dit. Ni d’exiger un effacement de la dette. M. Varoufakis a même suggéré de transformer une partie des créances en d’autres types d’obligations (perpétuelles, et indexées sur la croissance). Des propositions jugées « intéressantes » à Bruxelles. « Mais ce n’est pas suffisant pour entrer sérieusement en négociation », estime une source européenne haut placée. « Ils doivent venir avec un plan plus précis. Et on ne doit pas seulement parler de la dette. Ils doivent donner des détails sur leur politique économique, leur politique budgétaire », ajoute cette source.Lire aussi notre décryptage : Trois questions sur la renégociation de la dette grecqueEntre autres rendez-vous cruciaux et délicats, M. Varoufakis doit rencontrer son homologue allemand Wolfgang Schäuble, jeudi à Berlin et a rencontré auparavant, mercredi, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). « La BCE est la banque centrale de la Grèce (...) La BCE fera tout ce qu'il faut pour soutenir les Etats membres de la zone euro », a réagit le ministre en sortant de son entretien. « Je n'ai aucun doute sur le fait que nous pouvons faire aboutir nos discussions avec nos partenaires européens, ainsi qu'avec le FMI et la BCE, dans un délai très court afin de pouvoir faire redémarrer l'économie grecque », a-t-il ajouté.La BCE tient une partie du sort de la Grèce entre ses mains. Elle est en effet maîtresse des liquidités dont ont besoin les banques grecques qui financent en partie la dette du pays et elle menace de les couper si Athènes ne trouve pas d’accord – avant le 28 février. Une responsabilité très embarrassante…Entre Athènes et la BCE, « une partie de poker menteur »Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Les chrétiens martyrisés par l’Etat islamique en Irak sont-ils bienvenus en France ? Le sujet est sensible, de nombreux responsables politiques ayant manifesté leur solidarité avec cette communauté. Mais si le discours du gouvernement leur promet asile et protection, les faits sont moins clairs.Le 22 août 2014, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, se déplaçait en personne pour accueillir 40 réfugiés yézidis dans les salons d’honneurs de l’aéroport de Roissy. Il promettait que d’autres suivraient. Cinq mois plus tard, seize membres de la même minorité chrétienne d’Irak, persécutée par l’Etat islamique (EI), frôlent de peu l’expulsion vers le Brésil, en catimini, depuis la Guyane.Les yézidis du mont Sinjar libérés de la menace djihadisteDimanche 25 janvier, dix hommes et six femmes posent un pied en terre française. Ils espèrent ne faire qu’une escale à Cayenne, pensent en finir rapidement avec un périple qui dure depuis cinq mois. Las, leurs passeports sont repérés comme faux par la police de l’air et des frontières (PAF). Les voilà donc bloqués en Guyane, en garde à vue dans les locaux aéroportuaires de la PAF. Leurs chances de terminer leur voyage se réduit comme peau de chagrin puisque pendant leurs deux jours d’interrogatoire, les autorités du lieu tentent de négocier un accord de réadmission au Brésil, destination d’où ils viennent.14 000 euros par personneLes seize voyageurs n’ont pourtant rien de Brésiliens et n’ont d’ailleurs pas eu leur mot à dire dans le choix de ce périple compliqué. Tous ont abandonné les villages qu’ils habitaient près de Mossoul en août 2014, poussés par les massacres perpétrés par l’EI. Depuis, ils pérégrinent avec comme but ultime de déposer une demande d’asile en Europe. Ils ont plus précisément en tête de rejoindre l’Allemagne, où réside déjà une petite communauté yézidi, sans être totalement focalisés sur cette destination finale. Dans un premier temps, ils sont passés par la Turquie. De là, ils ont embarqué pour le Brésil avant de reprendre un vol pour Cayenne, d’où ils comptaient se rendre à Orly, puis en Allemagne… Ce périple n’est pas le plus direct, certes, mais c’est le trajet décidé par les passeurs entre les mains desquels ils ont placé leur destin pour 14 000 euros par personne, faute d’avoir d’autres moyens de déposer une demande d’asile en Europe.Selon une source parisienne, un premier groupe a été repéré par la police aux frontières (PAF) d’Orly, qui a demandé à ses collègues de Cayenne d’être un peu plus vigilants… Les seize arrivants suivants font donc les frais de cette recrudescence de perspicacité et frôlent le renvoi, alors même qu’ils avaient signalé leur nationalité, que les autorités pouvaient comprendre assez aisément qu’il ne s’agissait ni d’un voyage d’agrément ni d’une migration économique.Négociations« Nous nous sommes doutés dès mardi 27 janvier que des étrangers étaient retenus à la PAF », commente Lucie Curet, représentante de la Cimade en Guyane. Pourtant, les autorités locales refuseront jusqu’à vendredi 18 heures de laisser l’association rencontrer les personnes retenues. « De l’aéroport, les seize yézidis sont transférés mardi soir dans un hôtel, assignés à résidence dans l’attente d’être renvoyés au Brésil. Ils ne rencontrent ni avocat ni association de dimanche à vendredi », rapporte la jeune femme.Après un premier refus des autorités brésiliennes de recevoir ces seize inconnus, les négociations reprennent. Vendredi, un accord est obtenu et le groupe est donc prêt à reprendre l’avion pour le Brésil quand la Cimade a enfin le droit de les rencontrer. « Les autorités locales nous expliquent que ces Irakiens n’ont pas souhaité déposer une demande d’asile en France alors que les seize personnes démentent avoir jamais eu cette proposition. D’ailleurs, dès que nous leur avons proposé cette démarche, ils ont voulu la faire », ajoute la jeune femme.Les seize Yézidis sont pour l’heure toujours en Guyane. L’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) va dépêcher la semaine prochaine une équipe pour enregistrer leur demande d’asile. Une formule rare, qui pourrait sous-entendre que la France a quelque chose à se faire pardonner.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard A la tête de France Médias Monde (FMM), qui regroupe les radios RFI, Monte Carlo Doualiya et les antennes de France 24, Marie-Christine Saragosse a un poste d’observation privilégié pour mesurer comment la France est perçue à l’étranger. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, elle revient sur le traitement des événements par les chaînes de l’audiovisuel extérieur français et sur leur place dans le paysage médiatique mondial.Comment les équipes de France Médias Monde ont-elles vécu la période qui a suivi les attentats ?Nos équipes ont été en première ligne pour voir que, dès le 7 janvier, Paris était devenue le centre du monde, qu’il y avait un véritable élan de solidarité dans de nombreux pays. Mais nous avons aussi vu sur les réseaux sociaux des attaques extrêmement violentes contre des journalistes arabophones de nos médias qui avaient dit « Je suis Charlie » et parlé de la laïcité et de la liberté d’expression. Cela a été très dur à vivre.Comment avez-vous géré le fait de montrer ou non la couverture de « Charlie Hebdo » ?Nous l’avons montrée, y compris sur nos antennes en langue arabe. Mais nous nous gardons bien de simplifier les choses. A l’étranger, certaines chaînes ont montré en boucle les images du policier assassiné à Paris, avec des plans arrêtés sur chaque scène de cet assassinat. En revanche, les caricatures étaient floutées. Nous avons fait le contraire. On a coupé la séquence de l’assassinat et montré la « une » de Charlie. Si nos antennes, présentes dans près de 300 millions de foyers dans le monde, ont aujourd’hui de bons résultats, c’est parce que nous racontons des choses différentes. Et il y a une vraie attente pour cela.Le thème de la laïcité est-il simple à aborder quand on s’adresse à un public mondial ?Nous avons passé du temps à réfléchir à ce sujet. Nous avons essayé de traduire ce mot, et ce n’est pas simple. Il faut parfois une périphrase pour l’expliquer !On s’appelle « France » mais nous sommes internationaux, et le dialogue ne peut pas être unilatéral. Nous sommes en permanence dans le débat d’idée. Après les attentats, nos journalistes, nos correspondants, sont intervenus dans soixante médias étrangers pour expliquer la France, éviter les simplifications et les analyses à la Fox News.Après l’onde de choc de ces attentats, la mission de France Médias Monde doit-elle évoluer ?C’est plutôt le regard sur l’audiovisuel extérieur qui doit changer. Nous savons depuis longtemps ce qui se passe ailleurs. Il y a un an, nous avons vécu dans notre chair ce qu’est le prix à payer pour défendre la liberté d’expression. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, nos deux journalistes de RFI, ont été tués au Mali. Des journalistes ont été violées, agressées sur la place Tahir, en Egypte. Il s’agissait d’actes délibérés. On a trop vite considéré que la liberté d’expression étant acquise en France, cela n’était plus un sujet ailleurs.La France a un rôle particulier dans le monde. Elle a une voix singulière, elle ne dit pas la même chose que les chaînes anglophones ou arabophones. Ce rôle apparaît aujourd’hui dans toute son ampleur.La place de France 24 et de son antenne en langue arabe pourrait-elle être renforcée en France ?La présence d’une chaîne de service public en langue arabe en France est une vraie question. Par rapport à d’autres médias arabophones, nous sommes les seuls à défendre une certaine vision du monde. Les pouvoirs publics ont déjà ouvert des espaces. Le débat n’est pas fermé, mais cette présence à un coût.Pendant les événements, France 24 en langue arabe a fait de gros pics d’audience sur le câble. Elle a surtout enregistré une durée d’écoute très longue. Cela signifie que les gens qui sont venus sont restés longtemps, notamment pendant les débats.Dans notre contrat d’objectif et de moyens actuel, il y a une ouverture pour que nous soyons présents en France dans certains endroits. Ainsi, France 24 a eu l’autorisation d’être reprise sur la TNT gratuite en Ile-de-France. Avec la relance de la radio numérique terrestre, je me dis aussi qu’il y a des choses à faire pour Monte Carlo Doualiya avec d’autres radios comme Beur FM ou Africa N°1 avec lesquelles nous avons beaucoup d’affinités.Comment vos chaînes sont-elles perçues à l’étranger ?Nous sommes un groupe de service public, et dans les pays où cette notion est la même que la nôtre, personne ne pense que nous sommes la voix du gouvernement. Pour des pays où c’est moins le cas, certains ont parfois du mal à réaliser que nous sommes indépendants. Pendant les événements en Côte d’Ivoire, il est arrivé que l’antenne soit coupée, parce que nous étions étiquetés « porte-parole de la France ».Mais nos téléspectateurs savent que nous sommes tout sauf des chaînes de propagande. Le slogan de RFI, c’est : « Les voix du monde. » Pas la voix de la France.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.02.2015 à 15h01 • Mis à jour le08.02.2015 à 17h55 | Cyril Bensimon (Yaoundé, envoyé spécial) Le temps de l’indifférence des voisins du Nigeria face à la menace Boko Haram est révolu et le principe d’une riposte régionale contre la secte islamiste se renforce chaque jour davantage. Alors que le Tchad a déjà envoyé ses soldats batailler au Nigeria, au Cameroun et au Niger, officiers et diplomates africains et occidentaux se sont concertés à Yaoundé, la capitale camerounaise, pour élaborer les contours d’une Force multinationale mixte (FMM).L’armée tchadienne bombarde la ville de Gamboru au NigeriaA l’issue de trois jours de discussions, ceux-ci se sont accordés, samedi 7 février, sur le principe d’une force de 8 700 hommes dont le mandat sera notamment de « créer un environnement sûr et sécurisé dans les régions affectées par les activités de Boko Haram et d’autres groupes terroristes ». Toutes les conclusions de la réunion n’ont pas été rendues publiques mais, selon des sources concordantes, le Nigeria et le Tchad se sont dits prêts à mobiliser chacun entre 3 200 et 3 500 soldats, policiers et civils dans cette FMM. Le Bénin, le Cameroun et le Niger devraient pour leur part contribuer chacun à hauteur de 750 hommes.Les questions de financement et de budget n’ont pas encore été tranchées, et les politiques et les organisations internationales (Union africaine et ONU) doivent encore approuver ces propositions, mais il est d’ores et déjà acquis que le quartier général de cette force sera basé à N’Djamena, la capitale tchadienne, et que le commandement sera tournant entre les cinq pays contributeurs. « Nous nous sommes fixé jusqu’au 30 mars pour que la force soit opérationnelle mais nous n’allons pas rester les bras croisés en attendant », prend soin de préciser un officier camerounais, dont le pays connaît ces derniers mois une intensification des attaques de Boko Haram.Pourquoi le Tchad s’engage dans la lutte contre Boko HaramOpter pour une solution régionalePlutôt que d’envisager la création d’une force africaine sur le modèle de l’Amisom, la mission qui opère en Somalie, les experts représentés à Yaoundé ont finalement opté pour une solution régionale en réactivant la force embryonnaire placée sous l’égide de la Commission du bassin du lac Tchad, à laquelle vient s’ajouter le Bénin. « Cela n’empêchera pas chacun des participants de signer des accords bilatéraux avec d’autres pays », admet le Capitaine de vaisseau camerounais Emmanuel Miss, alors que l’Ouganda s’était proposé quelques jours plus tôt d’envoyer des troupes au Nigeria.Si les soldats tchadiens ont déjà franchi les frontières du Nigeria, et si le Parlement du Niger s’apprête à autoriser, lundi 9 février, ses militaires à faire de même, le principe de cette force permettra de régler la question du droit de poursuite dans la lutte contre Boko Haram, alors qu’il n’existe aucun accord sur ce point entre Abuja, la capitale nigériane, et Yaoundé. Les soldats intégrés à cette opération pourront donc se déplacer dans l’ensemble des pays concernés sans requérir d’autorisation.Sur le plan stratégique, l’objectif avoué des militaires de la région est de prendre en étau les combattants de Boko Haram avec des soldats tchadiens descendant progressivement vers le sud pendant que l’armée nigériane remontera vers le nord de l’Etat de Borno. Les autres forces seront quant à elles chargées de bloquer les frontières pour empêcher les djihadistes de se disséminer dans les pays voisins.« La France soutient de façon logistique et opérationnelle »Jusqu’à quel point l’armée française participera-t-elle à cette lutte ? François Hollande a précisé, lors de sa conférence de presse du 5 février, que « la France soutient de façon logistique ; elle soutient de façon opérationnelle, en fournissant en carburant et parfois en munitions les forces africaines qui luttent contre le terrorisme ». Selon une source à l’Elysée, Paris, avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, fournit également des renseignements obtenus par des moyens aériens et satellitaires aux pays de la région. Par ailleurs, l’état-major français a reconnu la semaine passée qu’une quinzaine de soldats ont été envoyés à Diffa, dans le sud-est du Niger, afin d’effectuer également du travail de renseignement.Extrêmement réticentes jusque-là à toute intervention régionale, les autorités nigérianes ont finalement changé d’attitude. « Lors des discussions, ils ne se sont opposés à rien, mais on voyait que les Nigérians étaient plus préoccupés par leurs élections que par Boko Haram », raconte un diplomate présent à la réunion de Yaoundé. Et pour cause, l’action militaire en cours contre les insurgés islamistes a servi d’argument au président Goodluck Jonathan et au parti au pouvoir pour faire retarder de six semaines les élections générales, initialement prévues le 14 février.Les élections repoussées dans un climat de tensions au NigeriaCyril Bensimon (Yaoundé, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guélaud Pour la deuxième fois depuis les débuts de la présidence turque, en décembre 2014, les « sherpas » des différents pays avancés et émergents membres du groupe des 20 (qui représente plus de 85 % de l’économie mondiale), se retrouvent, dimanche 8 février, à Istanbul pour plancher sur les stratégies de croissance, sur la régulation financière et sur la fiscalité.Officiellement, la Grèce ne figure pas à l’ordre du jour de cette réunion préparatoire au G20 finances, qui réunira, lundi 9 et mardi 10, ministres des finances et banquiers centraux des principales économies de la planète. Mais à la veille de l’Eurogroupe extraordinaire de mercredi, nul doute qu’elle sera dans toutes les têtes.Il devrait être beaucoup question, dimanche, de l’état de santé de la zone euro qui fait toujours figure d’« homme malade » de l’économie mondiale, malgré la révision à la hausse des prévisions de croissance de la Commission européenne.Trouver une solution au problème grecLes pays anglo-saxons (Etats-Unis, Canada, voire Royaume-Uni) et les émergents semblent résolus à exercer des pressions « de plus en plus fortes » sur les Européens pour qu’ils en fassent moins sur le terrain de la rigueur et de la consolidation budgétaire et qu’ils permettent ainsi une véritable reprise dans la première région économique du monde, observe un participant.Les questions des stratégies de croissance et d’un éventuel changement des politiques économiques et de réglage conjoncturel (policy-mix) dans un sens moins restrictif, réclamé par Syriza, la gauche radicale grecque, et par le nouveau premier ministre hellène, Alexis Tsipras, devraient être largement évoquées.Les pays anglo-saxons et les émergents, inquiets du caractère trop « faible » et trop « inégal » de la croissance mondiale, poussent en ce sens.Zone euro : désinflation ? Déflation ? En tout cas, baisse des prixLe Canada devrait aussi redire haut et fort qu’il est favorable à l’annulation de la dette grecque, une solution exclue par le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE).A l’évidence, les non Européens, traumatisés en 2010 par la crise des dettes souveraines et par la menace d’un éclatement de la zone euro, attendent tous de cette dernière qu’elle trouve une solution – le plus rapidement possible – au problème grec.L’Europe accroît la pression sur AthènesIls ne devraient pas manquer de rappeler aux Européens que c’est déjà avec la dette grecque qu’avait débuté, il y a quatre ans, la crise des dettes souveraines dans la zone euro.Inquiétudes sur la remontée des taux américainsLe débat macroéconomique devrait aussi porter sur le contre-choc pétrolier, dont les effets sont très différents selon que les pays sont exportateurs ou importateurs d’or noir, et sur la réapparition des crises de change dans les pays émergents.Ce dernier sujet est jugé particulièrement sensible en Turquie : le dévissage de la livre, au printemps 2013, lors de l’annonce par Ben Bernanke, alors président de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), d’une normalisation progressive de sa politique monétaire, y a laissé de vifs souvenirs.Le pays hôte du G20 en 2015 est également préoccupé par la résurgence des turbulences financières dans de nombreuses économies émergentes en raison des anticipations de remontée des taux d’intérêt américains.Le gouvernement turc, dont les priorités pour le G20 (croissance inclusive, suivi des mesures pro-croissance adoptées lors du G20 en Australie en novembre 2014, investissement) sont encore « un peu floues », plaide pour la mise en place d’un groupe de travail sur le système monétaire international.Lutte contre le financement du terrorismeIl souhaite par ailleurs que le G20 se préoccupe davantage du sort des pays les moins avancés. Un bilan d’étape devrait être fait au sujet des 1 000 engagements pris par les chefs d’Etat et du gouvernement à Brisbane (Australie) pour relever de 2 000 milliards de dollars supplémentaires la croissance mondiale.Les travaux déjà bien engagés en matière de régulation financière, de lutte contre l’évasion fiscale et en faveur de l’échange automatique de renseignements fiscaux seront poursuivis. Le gouvernement français continue demander une régulation du « shadow banking ».Terrorisme : la France veut renforcer les dispositions « antiblanchiment »Avec le Brésil, la France souhaite ajouter un volet financier à la lutte contre le réchauffement climatique, dans la perspective de la COP21 (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de décembre 2015 à Paris. Elle devrait aussi demander à ses partenaires du G7 - lesquels débattront sûrement de la question Ukrainienne après la rencontre à Moscou entre Angela Merkel, François Hollande et Vladimir Poutine - ainsi que du G20 de s’engager dans la lutte contre le terrorisme et contre son financement.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.02.2015 à 11h07 • Mis à jour le08.02.2015 à 16h39 Les discussions avec l'Egypte en vue de la fourniture d'avions de combat Rafale sont « assez avancées mais elles ne sont pas conclues »», indique le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian dimanche 8 février, lors du Grand Rendez-vous i-Télé-Europe 1-Le Monde.La conclusion d'un accord entre la France et l'Egypte d'un plan de financement pour la vente 24 avions de combat Rafale, ainsi qu'une frégate multimission FREMM semble donc bien s'approcher. Selon le quotidien Les Échos du vendredi 6 février, le marché est évalué entre 3 et 6 milliards d'euros, dont Paris garantirait une partie.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2gp09r"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2gp09r", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Dans une interview publiée le lendemain par Le Figaro, le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, avait quant à lui confirmé que le groupe était proche de conclure le premier contrat export du Rafale, sans toutefois préciser avec quel pays. « Nous avons plusieurs prospects au Moyen-Orient qui sont très actifs. En Egypte, il reste encore plusieurs étapes à franchir », avait-il expliqué.Reste maintenant à financer ce marché. L'Égypte ferait appel aux Émirats Arabes Unis et à l'Arabie Saoudite. Selon Les Échos, le ministère français des finances aurait accepté que l'assureur-crédit Coface garantisse les contrats pour environ 50 %.Lire : La France espère réussir à vendre le Rafale à l’Egypte 08.02.2015 à 03h11 • Mis à jour le08.02.2015 à 03h14 La brouille diplomatique qui dure depuis un an entre la France et le Maroc pourrait être définitivement soldée dès lundi. Le roi Mohammed VI est en effet attendu à l'Elysée à 17 heures, selon l'agenda du président de la République rendu public samedi 7 février, nouveau signe du réchauffement des relations entre Paris et Rabat.Les deux pays ont vécu douze mois de tensions après que fin février 2014, des policiers français avaient convoqué le chef du renseignement du royaume, visé par une plainte pour complicité de torture déposée devant la justice française. Une convocation remise auprès de l'ambassadeur du Maroc dans sa résidence à Neuilly qu'avaient peu goûtée les autorités marocaines. La coopération judiciaire entre les deux pays avait alors été suspendue provoquant notamment quelques déconvenues dans la lutte antiterroriste. Lire (édition abonnés) : Rabat freine l’échange de renseignements avec ParisLa France et le Maroc avaient décidé le 31 janvier de « tourner la page » de près d'un an de brouille, en rétablissant leur coopération judiciaire et anti-djihadiste.Lire : Le Maroc et la France travaillent à leur rapprochementLe 1er février, la remise par la soeur de Mohammed VI, la princesse Lalla Meryem, au cours d'une cérémonie à l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris, d'une « distinction royale » à des personnalités religieuses, avait marqué le réchauffement des relations entre les deux pays. Manuel Valls avait à cette occasion salué « l'amitié » entre la France et le Maroc, se réjouissant d'un « lien qui résiste à tout ». 07.02.2015 à 19h22 • Mis à jour le07.02.2015 à 20h17 | Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) Séisme politique, ou tempête dans un plat de goulasch ? L'éruption de colère de l'homme d'affaires Lajos Simicska, qui vient de rompre de façon fracassante avec son vieil ami Viktor Orban, en reprochant au premier ministre conservateur, sur fond de querelle fiscale, ses tendances autoritaires et trop favorables à la Russie, a sidéré les milieux politiques et médiatiques à Budapest - dix jours avant la visite de Vladimir Poutine. Vendredi 6 février, M. Simicska, 55 ans, propriétaire, entre autres, d'un groupe de presse qui était l'un des piliers du gouvernement, a appris la démission, pour « raisons de conscience », de ses six plus proches collaborateurs, soit tout l'état-major de son empire : le quotidien Magyar Nemzet et son édition sur Internet, la chaîne de télévision Hir TV ainsi que Lanchid Radio. La veille, leur patron avait menacé de déclencher une « guerre ouverte » contre M. Orban si celui-ci ne revenait pas sur son projet de taxer à hauteur de 5% les revenus publicitaires de l'ensemble des médias hongrois. Les démissionnaires ont choisi l'autre camp.ÉMINENCE GRISE DU PARTILe discret M. Simicska, qui avait longtemps joué le rôle d'éminence grise du Fidesz, le parti conservateur au pouvoir depuis 2010, a alors donné, en quatre heures, davantage d'interviews que durant les quatre années précédentes, avec une préférence marquée pour les organes de presse liés à l'opposition de gauche. A l'hebdomadaire Magyar Narancs (Orange hongroise) – l'un de ceux qui ont perdu, dès 2010, tous leurs contrats publicitaires avec des organismes publics -, il a ainsi confié : « Mon alliance avec Orban reposait sur le fait que nous voulions abattre la dictature et le système postcommuniste. Mais dans cette alliance, il n'a jamais été question de construire, à la place, une nouvelle dictature ! ». Aîné de cinq ans du premier ministre, M. Simicska l'a épaulé dans son parcours politique depuis l'époque où le jeune Orban avait demandé, en juin 1989, le départ des troupes soviétiques.Lorsque le journaliste, Daniel Renyi, remarque que les excès anti-démocratiques du Fidesz ne paraissaient guère le gêner, tant qu'il a fait de bonnes affaires avec le gouvernement (l'opposition estime que Közgep, l'entreprise de BTP de M. Simicska, a reçu, depuis 2010, 40% des projets financés en Hongrie par l'Union européenne), l'oligarque répond : « Cela peut vous faire sourire, mais pour moi le monde ne se réduit pas au business, j'ai aussi des valeurs. (…) Je voyais Orban comme un homme d'état qui peut servir son pays, mais il ne l'est pas ». L'ex-fidèle du premier ministre a couvert celui-ci d'insultes, déclarant aux médias qu'il n'était qu'une « bite ». Puis il a quitté la Hongrie pour huit jours, après avoir promis cette fois la « guerre totale ». Samedi, il n'y avait pas d'indice clair d'une telle offensive dans les médias qu'il contrôle, tandis que le reste de la Hongrie s'interrogeait sur ce qui s'est réellement passé entre M. Orban et M. Simicska, ancien trésorier du Fidesz dont il connaît tous les secrets. « En descendant Simicska, Orban a prouvé qu'il pouvait descendre n'importe qui, analyse Daniel Renyi, interrogé au téléphone par Le Monde. C'est un message très fort : voilà ce qui va vous arriver si vous n'êtes pas loyal ».GUÉRILLAVendredi, l'oligarque a évoqué le risque d'être éliminé physiquement en représailles mais s'est bien gardé, malgré sa fureur, de faire des révélations sur les dessous économiques du pouvoir. Cet habile financier a souvent sauvé le Fidesz, notamment en lui permettant de réaliser une juteuse opération immobilière à une époque où le parti de M. Orban était aux abois. Il a ensuite constitué son groupe médiatique pour appuyer la stratégie de reconquête du leader conservateur, après que celui-ci eut perdu les élections après son premier mandat, en 2002. Dès le retour du Fidesz, en 2010, il en a été récompensé, élargissant son périmètre dans le BTP mais aussi dans le secteur agricole, à la faveur des attributions de terres détenues par l'état. L'étoile de Lajos Simicska a pâli après les législatives d'avril 2014. Ayant conquis une nouvelle fois les deux tiers au Parlement – grâce à un scrutin que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'OSCE, a qualifié de « libre, mais non équitable » -, Viktor Orban a favorisé l'ascension une nouvelle génération, dont son chef de cabinet, Janos Lazar, et le ministre des affaires étrangères, Peter Szijjarto, sont emblématiques. On a donc assisté pendant des mois à une guérilla entre la « vieille garde », incarnée par M. Simicska, et ceux qui pensaient, avec M. Orban, qu'il était temps d'affaiblir son influence. L'oligarque aurait été tenu à l'écart des discussions touchant aux contrats gaziers que Budapest veut conclure avec Moscou. En rétorsion, il a envisagé quelque temps d'être candidat indépendant  à une importante élection locale, en février, afin d'enlever au Fidesz sa majorité des deux tiers.TAXE SUR LES MÉDIASLa rupture a été précipitée, début 2015, par deux décisions qui l'atteignent financièrement. Budapest a dû reconsidérer la taxe confiscatoire (50% des revenus publicitaires) qui ciblait la chaîne hongroise RTL, filiale du groupe allemand Bertelsmann. Sous la pression de la Commission européenne et de Berlin, le gouvernement hongrois envisage de la ramener à 5%, mais pour tous les médias. Cette concession vise à apaiser RTL, qui a beaucoup durci le ton de ses journaux télévisés contre le pouvoir.Auparavant, M. Orban avait annoncé sans ambages aux médias pro-gouvernementaux qu'il leur faudrait à l'avenir compter sur leurs propres ressources, au lieu d'engranger les contrats octroyés par le pouvoir. Dans le cadre d'une vaste restructuration des médias publics, dont l'audience est très faible parmi les jeunes, le premier ministre prépare une nouvelle chaîne de télévision, TV Petöfi, dont les émissions débuteront le 15 mars. Le contenu de ce projet, piloté par le conseiller médias de M. Orban, Arpad Habony, n'a pas encore été dévoilé. Mais ce sera sans doute un autre coup porté à la « vieille garde ».Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.02.2015 à 17h18 • Mis à jour le08.02.2015 à 04h41 A la veille d'un entretien téléphonique entre les présidents russe, français, ukrainien et la chancelière allemande en vue d'un accord de paix, qui semble peu probable, les séparatistes prorusses préparent de nouvelles offensives contre la ville portuaire de Marioupol et la localité de Debaltseve. Ils ont intensifié leurs pilonnages de positions gouvernementales, a annoncé samedi 7 février un porte-parole de l'armée ukrainienne, précisant : « Nous avons observé une hausse du nombre de tanks et de véhicules blindés vers Debaltseve. » Cinq soldats ont été tués et vingt-six autres blessés au cours des dernières vingt-quatre heures dans l'est de l'Ukraine, a ajouté le porte-parole.La prise de Debaltseve est devenue une priorité pour les rebelles, qui souhaitent prendre le contrôle de cette poche située entre les deux principales régions qu'ils contrôlent déjà. Cette ville est d'autant plus stratégique qu'elle est au cœur de voies routières et ferroviaires.DES CENTAINES DE CIVILS ONT QUITTÉ DEBALTSEVELe gouvernement ukrainien assure disposer d'une puissance de feu suffisante pour défendre la ville en dépit de l'avancée des séparatistes, qui tiennent plusieurs villes et villages entourant Debaltseve. Des centaines de civils ont toutefois quitté la ville, qui ne compte plus que 3 000 habitants sur les 25 000 enregistrés avant le conflit, selon des chiffres donnés vendredi par un représentant du gouvernement ukrainien.L'offensive des rebelles vise également Marioupol, une ville du Sud-Est que borde la mer d'Azov, enclavée entre la Crimée, annexée l'an dernier par la Russie, et des territoires contrôlés par les rebelles. Elle est la dernière grande ville tenue par Kiev dans la région et a été visée le mois dernier par d'intenses tirs d'artillerie, qui ont provoqué la mort de trente civils. La perte de Marioupol serait une catastrophe pour l'armée ukrainienne, qui avait reconnu à la fin de janvier avoir subi un lourd revers en étant contrainte d'abandonner sa principale position dans l'aéroport de Donetsk.Lire : En Ukraine, le port stratégique de Marioupol bombardé par les séparatistesJeudi 5 février, au terme de sa rencontre avec M. Hollande et Mme Merkel, le président ukrainien, Petro Porochenko, avait estimé que l'initiative franco-allemande « laiss[ait] espérer un cessez-le-feu » dans la région. Soutenue par Washington et par l'Union européenne, celle-ci a tout de la médiation de la dernière chance, après dix mois d'un conflit qui a fait plus de 5 300 morts et a provoqué une crise internationale rappelant les crispations de la guerre froide.Le chef de l'Etat ukrainien a également insisté sur la nécessité de respecter les accords de paix signés à Minsk en septembre par les belligérants. Conclus sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ce protocole, qui prévoyait un cessez-le-feu immédiat et le départ des « groupes armés illégaux », n'a pratiquement jamais été respecté. 07.02.2015 à 11h47 • Mis à jour le07.02.2015 à 16h21 | Frédéric Lemaitre (Munich, envoyé spécial) Intervenant samedi 7 février à la conférence de Munich sur la sécurité, quelques heures seulement après avoir quitté Vladimir Poutine, Angela Merkel n'a pas paru très optimiste quant aux chances d'aboutir à un accord sur l'Ukraine. La chancelière allemande a qualifié d'« incertain » le succès de la mission diplomatique qu'elle a entreprise avec François Hollande, jeudi à Kiev et vendredi à Moscou. « Il n'y a pas de garantie que Poutine fera ce que nous espérons » a-t-elle reconnu.Lire : Ukraine : Merkel et Hollande ont quitté Moscou sans accordAlors que le président ukrainien, Petro Porochenko, et le vice-président américain, Joe Biden, étaient assis au premier rang, Angela Merkel a très clairement expliqué pourquoi l'Allemagne s'opposait à la livraison d'armes à l'Ukraine, que souhaitent notamment plusieurs responsables politiques américains.« Je n'imagine pas une situation où l'armée ukrainienne serait tellement équipée qu'elle impressionnerait la Russie. » « Militairement, ce conflit ne peut être gagné. C'est dur à dire, mais c'est comme ça. » Mme Merkel a rappelé que quand l'Allemagne de l'Est avait construit le mur de Berlin, en 1961, les Occidentaux n'avaient pas réagi militairement. Pour elle, il faut donc « se concentrer sur une solution diplomatique et passer par des sanctions sur ce qui est notre point fort : l'économie ».Lire l'éditorial du Monde : Faut-il armer l’Ukraine ?La chancelière allemande sait que sa position ne fait pas l'unanimité : « Nous ne nous convaincrons pas les uns et les autres actuellement », a-t-elle reconnu. Mais elle a reproché aux Occidentaux d'être défaitistes : « Vingt-cinq ans après la fin de la guerre froide, je suis surprise qu'on ne croie plus au succès », a-t-elle dit.Le vice-président américain Joe Biden s'est pour sa part adressé à Vladimir Poutine, lui demandant « des actes, pas des paroles ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2gb5dj"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2gb5dj", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« ÉPURATION ETHNIQUE »Prenant la parole trente minutes plus tard, Serguei Lavrov, ministre des affaires étrangères russe, a laissé peu d'espoir quant à un accord prochain. Alors qu'Angela Merkel avait dénoncé le non-respect par Moscou des accords d'Helsinki sur l'inviolabilité des frontières en Europe, Sergueï Lavrov a violemment critiqué les Etats-Unis, qui, selon lui, ne respectent pas les traités de non-prolifération de missiles intercontinentaux.M. Lavrov juge que l'Union européenne « a soutenu un coup d'Etat » en Ukraine, qui a débouché sur le départ du président Ianoukovitch. Il a également dénoncé « l'épuration ethnique » à laquelle se livrerait l'actuel gouvernement ukrainien et a reproché à l'Occident de ne pas réagir à « l'éradication des juifs et des Russes » à laquelle on assisterait, selon lui, en Ukraine. Pour M. Lavrov, la Crimée fait désormais partie intégrante de la Russie, car les habitants en ont décidé ainsi. Il a donc mis en avant « le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », et si l'on veut la paix en Ukraine, il faut que le gouvernement de Kiev négocie avec les représentants des régions de l'Est, a-t-il dit.Même si Sergueï Lavrov a déclaré qu'« il est tout à fait possible d'avoir des résultats et de tomber d'accord sur des recommandations qui permettront aux deux parties de vraiment dénouer le conflit », dans la salle flottait malgré tout un léger parfum de guerre froide.Lire : Initiative franco-allemande de la dernière chance pour sortir du conflit en UkraineLes discussions lors de la conférence annuelle sur la sécurité devraient contribuer à déblayer le terrain avant une conversation téléphonique à quatre entre Petro Porochenko, Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande, prévue dimanche. « C'est une des dernières chances », a prévenu François Hollande, qui était en Corrèze samedi. « Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario : il a un nom, il s'appelle la guerre. »Frédéric Lemaitre (Munich, envoyé spécial) Alexandre Piquard « BuzzFeed s’est lancé en France sur le divertissement mais veut aujourd’hui passer à une nouvelle étape en se mettant aux news et à l’actualité. C’est pour cela que j’ai été embauchée. » Cécile Dehesdin résume ainsi le poste de rédactrice en chef française du site de contenu viral américain qu’elle occupera à partir du 24 février. La journaliste de 27 ans est chargée de recruter trois autres personnes pour porter l’équipe à six membres.Début novembre 2013, BuzzFeed avait choisi de se lancer en France avec une équipe ultra-légère : deux journalistes, l’une à Paris, l’autre à New York. Aujourd’hui sont recherchés deux profils de « viral news reporters », qui « prennent le Web comme terrain », explique Mme Dehesdin. On les veut plutôt généralistes, capables de repérer sur les réseaux sociaux des sujets politiques, de société, environnementaux… Est aussi envisagé un profil de journaliste plus spécialisé, par exemple sur les « minorités ». Cécile Dehesdin est une jeune journaliste Web à la trajectoire ascendante : titulaire d’un master de « journalisme numérique » à l’université de Columbia, aux Etats-Unis, elle a débuté au site d’informations Slate fin 2008, avant de connaître trois transferts : elle est passée à L’Express.fr comme « chef des infos », puis a été rappelée à Slate comme rédactrice en chef adjointe, en septembre 2014. Avant d’être débauchée par BuzzFeed.La « nouvelle étape » souhaitée par BuzzFeed peut être vue comme le signe que ses résultats en France sont décevants et que le lancement n’a pas été le succès escompté. Cécile Dehesdin estime, elle, que le bilan de l’édition française est plutôt bon, « sinon BuzzFeed ne chercherait pas à la développer ».Audience « doublée »La société américaine, non cotée en Bourse, donne peu de chiffres, mais se dit satisfaite d’avoir « doublé » son audience française, entre décembre 2013 et décembre 2014. Celle-ci reste modeste : selon Mediametrie-NetRatings, BuzzFeed a accueilli 649 000 visiteurs uniques en décembre 2014 et entre 400 000 et 500 000 de juillet à novembre. L’audience mobile est, elle, évaluée à 218 000 visiteurs uniques en novembre. En comparaison, les sites de buzz sous la marque française Melty rassemblent 2,1 millions de visiteurs uniques en décembre, le site Minutebuzz 1 million (mais atteint aussi 1 million sur mobiles). L’édition française du site d’information américain HuffingtonPost (dont Le Monde est actionnaire) est créditée de 3 millions de visiteurs uniques. Sans parler de concurrents comme Topito ou Ledemotivateur.En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignonsL’évolution de la stratégie de BuzzFeed en France est aussi le fruit de leçons apprises sur les goûts des lecteurs : « En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignons, comme les articles sur les chatons, résume Scott Lamb, le responsable du développement international. Sur les réseaux comme Facebook ou Twitter, ils ont un profil social plus sérieux que nos lecteurs américains. Les Français ont envie d’échanger sur l’actualité. » Et seraient aussi friands d’information internationale.Comme exemple de contenu réussi, M. Lamb cite le questionnaire comparant des citations de 50 Nuances de Grey (E. L. James, éd. JC Lattès) et du livre de l’ex-première dame Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment (Les Arènes). Cécile Dehesdin relève des billets « au regard ironique, voire absurde », comme « les citations d’Eric Zemmour transformées en posters pour les toilettes ».Pour la maison mère BuzzFeed, l’adaptation faite en France dénote un ajustement de sa stratégie de développement international, cruciale. Déjà présente dans six pays avec sept éditions internationales, BuzzFeed veut s’implanter dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Mais, contrairement aux lancements français ou allemand, s’y dotera d’emblée d’équipes locales. Aujourd’hui, 35 % à 40 % de l’audience de BuzzFeed vient de l’extérieur des Etats-Unis, détaille M. Lamb. Et 40 journalistes (sur 250) sont implantés en territoire américain.Débaucher des journalistesL’autre grand axe stratégique est la vidéo : 60 « éditeurs » sont déjà au travail dans les studios montés à Los Angeles. La production de vidéos maison est d’autant plus importante que BuzzFeed est financé à 100 % par la publicité et s’est fait une spécialité de publier du « contenu de marque », rédigé pour ou par les annonceurs, mais ambitionnant d’être aussi accrocheur que les articles de la rédaction. La même logique est appliquée à la vidéo.Depuis trois ans, aux Etats-Unis, BuzzFeed poursuit une politique ambitieuse de développement d’un contenu d’actualité, recrutant des journalistes de médias établis, sous l’impulsion de Ben Smith, venu du site d’information Politico. Un moyen de conquérir de nouveaux lecteurs et de faire évoluer son image.Le site est aussi connu pour son usage très poussé des « données » : afin d’indiquer à chaque rédacteur les statistiques d’un article sur BuzzFeed et les réseaux sociaux, ou bien de cibler sciemment une catégorie sociale, comme les « Latinos », sous-représentés dans le lectorat… Enfin, une équipe de six personnes est chargée de développer du contenu spécialement dédié aux réseaux sociaux émergents comme Pinterest, Vine, Twitter ou Instagram, raconte M. Lamb, tout en précisant « qu’il est encore tôt pour savoir l’ampleur que cette activité va prendre ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 21h14 | Maryline Baumard La Turquie est dans la ligne de mire. Au goût des ministres français et allemands de l’intérieur, elle a trop fermé les yeux sur les départs de cargos de migrants à destination de l’Europe. Bernard Cazeneuve et son homologue allemand, Thomas de Maizière, viennent donc d’adresser une lettre au commissaire européen à la migration, Dimitris Avramopoulos, l’enjoignant de renforcer la coopération avec cet état qui « constitue au regard de la problématique de la traite et du trafic des personnes dans la zone méditerranéenne, un partenaire particulièrement important ». Le 31 décembre 2014 et le 2 janvier, alors que l’Europe était assoupie entre deux réveillons, deux « cargos poubelle » ont accosté sur les côtes du sud de l’Italie avec 1 200 migrants à leur bord, tous Syriens. Ces deux bateaux fantômes, à la dérive aux abords des côtes de l’Italie, ont dû être secourus, faute de quoi les migrants, abandonnés par les passeurs, étaient en danger de mort. Le Blue Sky M, c’est le nom du premier, et l’Ezadeen, le second, étaient tous deux partis du port de Marsin au sud de la Turquie. Or la missive des deux ministres rappelle que ces deux cargos ne sont pas des cas isolés et que « cinq autres cas ont été enregistrés » entre septembre et début décembre.Plus globalement, durant l’année 2014, ce sont 150 000 migrants qui auraient emprunté la très meutrière route de la méditerranée, aux mains de passeurs pour tenter de pénétrer la forteresse Europe, la situation en Irak et en Syrie ayant encore au fil des mois renforcé les masses de réfugiés en quête d’une nouvelle vie.Un contrôle actif « 24 heures sur 24 »Face à cette situation, MM. Cazeneuve et de Maizière demandent aujourd’hui qu’on associe davantage la Turquie, certes, mais aussi qu’on élargisse les missions de Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des limites extérieures de l’espace Schengen. « Frontex devrait, être sollicitée encore plus intensément, précise le courrier. Il serait en particulier souhaitable que Frontex et l’Agence européenne pour la sécurité maritime coopèrent plus étroitement afin de mettre en place, sous les hospices de l’agence, un dispositif complémentaire de surveillance aérienne ou maritime des mouvements de bateaux suspects à proximité des côtes turques ou chypriotes ». Un contrôle actif « 24 heures sur 24 ». L’idée des deux ministres reste « d’empêcher les départs depuis les côtes turques ». Il en va de « la crédibilité de l’Union européenne » estiment-ils, précisant que « ces pays doivent être mis en mesure » de faire cesser ce trafic. Un usage du passif qui en dit long sur la prise en main souhaitée de la part de l’Union.La réponse du commissaire Dimitris Avramopoulos devrait arriver avant la révision de la politique migratoire européenne, attendue pour le printemps. Le courrier franco-allemand cherche à cadrer les discussions. Depuis le 16 janvier, l’agence Frontrex, qui va fêter ses dix ans au printemps, est dirigée par un Français, Fabrice Leggeri. Sa mission risque d’être plus large que celle de son prédécesseur.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.02.2015 à 13h56 • Mis à jour le01.02.2015 à 14h26 Plus d'une dizaine de milliers de militants prodémocratie sont redescendus dans les rues de Hongkong, dimanche 1er février, première manifestation d'importance depuis la fin du mouvement de contestation à la mi-décembre. Environ 2 000 policiers avaient été déployés pour encadrer les protestataires, qui ont marché dans les quartiers commerciaux et financiers de la ville. Lire nos explications : Hongkong : pourquoi les « parapluies » se rebellentLes organisateurs de la manifestation ont réclamé comme l'an dernier l'élection du prochain dirigeant hongkongais au suffrage universel, tout en assurant aux autorités qu'ils n'avaient cette fois pas l'intention d'occuper des sites de la ville. « Nous voulons dire clairement au gouvernement que nous tenons à un véritable suffrage universel », a déclaré Daisy Chan, une organisatrice de la marche, qui n'a pas atteint l'objectif affiché de 50 000 participants.Nombre de manifestants étaient équipés d'un parapluie jaune, symbole du mouvement prodémocratie et à l'occasion protection contre les jets de gaz au poivre de la police.Des militants pro-Pékin ont fait leur apparition en marge du cortège, mais aucun incident n'avait été signalé en début de soirée, la police prenant soin de tenir à l'écart les fauteurs de trouble potentiels. Lire (édition abonnés) : A Hongkong, des générations désaccordées 31.01.2015 à 18h04 • Mis à jour le01.02.2015 à 16h40 | Louis Imbert ((envoyé spécial à Kobané (Syrie))) L’Etat Islamique (EI) a été chassé de Kobané, en Syrie, mardi 27 janvier. Les djihadistes ont subi des pertes importantes, mais ils ont résisté quatre mois sous les bombardements de la coalition internationale, dans une bataille ultra-médiatisée. Explications :Pourquoi l’EI avait-il attaqué Kobané ?Kobané n’était pas un objectif stratégique de premier plan pour l’EI. C’est une région kurde, dans laquelle les arabes sunnites, sur lesquels s’appuie l’organisation, sont minoritaires. Certes, parvenir à la contrôler aurait pu donner à l’EI le contrôle d’une centaine de kilomètres de frontière entre la Syrie et la Turquie. Cela aurait facilité son trafic de pétrole, qui représente une part importante de son budget, et l’arrivée de djihadistes étrangers.Mais l’EI tient déjà de larges pans de la frontière à l’est et à l’ouest de la ville, autour des villes syriennes de Jarablous et de Tal-Abiad. Attaquer la province de Kobané permettait surtout à l’EI de prendre le contrôle de la route au sud-ouest de Kobané, qui relie par le nord son fief de Rakka à Alep, où il combat le régime syrien. Dès 2013, les Kurdes de Kobané et des rebelles de l’armée syrienne libre chassés de Rakka avaient attaqué l’EI sur cette route à plusieurs reprises.Lire aussi : Comprendre la bataille de Kobané en quatre cartesS’agit-il vraiment d’une défaite pour l’EI ? L’Etat islamique a été chassé de Kobané et de quelques villages alentours, à travers lesquels les forces kurdes progressent désormais, appuyées par des frappes aériennes. Mais les djihadistes tiennent encore la province. Ils disposent de chars et d’armes lourdes pour empêcher l’avancée des Kurdes en terrain ouvert. De récentes frappes aériennes de la coalition sur cette route, où sont présentes des forces de l’Armée syrienne libre, pourraient suggérer, selon le chercheur Thomas Pierret, de l’université d’Edimbourg, « une répétition du scénario de Kobané » : des bombardements appuyant des troupes locales au sol contre l’EI.« On ignore ce que les pertes de Kobané représentent par rapport à l’ensemble des forces de l’EI. On s’accorde à dire qu’ils ont une grande force de résilience », dit Arthur Quesnay, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient, en Irak. « Ils ont toujours énormément d’hommes dans la région. Ils continuent de recruter. Ils disposent de nombreux ex-officiers du parti Baas de Saddam Hussein. »Pour le chercheur, il est même difficile, sur le plan symbolique, de considérer la perte de Kobané par l’EI comme une défaite : « Ils ont tenu plusieurs mois face aux bombardements de la coalition internationale, aux combattants kurdes et à ceux de la coalition syrienne venus d’Alep. Ils ont montré à leurs militants qu’ils étaient capables de tenir un front ultra-mediatisé. » Pourquoi cette bataille a-t-elle suscité tant d’attention ? Kobané a reçu une attention médiatique exceptionnelle au regard de sa taille (70 000 habitants avant la guerre) et de son importance relative face à d’autres villes de Syrie, comme Alep, capitale économique ravagée par les combats depuis juillet 2012. Mardi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, demandait ainsi : « Quand il s'agit de Kobané, tout le monde se lève et apporte son aide. Des réfugiés de Kobané viennent chez nous. Mais quand on parle d'Alep, personne n'écoute. Il y a 1,2 million de gens là-bas [avant la guerre, aujourd'hui seulement quelques centaines de milliers], il y a l'économie, l'histoire, la culture, pourquoi ne s'y intéresse-t-on pas ? »La presse a pu couvrir la bataille de Kobané depuis le côté turc de la frontière, à l’abri des combats, à la jumelle et au téléobjectif. A l’inverse, se rendre à Alep et dans les autres zones en guerre de Syrie est devenu presque impossible.Lire le reportage : Dans Kobané, libérée mais détruiteCette bataille avait aussi commencé peu après l’attaque menée par l’EI contre les Yézidis dans la région de Sinjar, en Irak, durant l’été. On avait alors craint l’extermination d’une large part de cette population kurde d’Irak, adepte d’un monothéisme hérité du zoroastrisme perse, encerclée sur la montagne qui domine Sinjar. Les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, organisation séparatiste interdite en Turquie) avaient brisé cet encerclement en août, s’affirmant comme les forces locales les plus efficaces face à l’EI. La branche syrienne du PKK avait ensuite su appeler efficacement la communauté internationale à l’aide, lorsque Kobané, qu’elle contrôle, avait été attaquée à son tour.Le 24 septembre, la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre l’EI commençait à bombarder des positions djihadistes à Kobané. Au fil de la bataille, la ville finira par concentrer près des trois quarts des frappes menée en Syrie : plus de 700 en quatre mois. Cette intensité s’explique en partie par la possibilité de cibler de nombreux combattants rassemblés sur le même front. La coalition avait peiné à trouver des cibles ailleurs en Irak et en Syrie, après une première vague de bombardements. Les Etats-Unis ont un temps présenté Kobané comme un exemple de l’efficacité de ces frappes, lorsqu’elles sont menées en coordination avec des combattants locaux au sol.Enfin, la bataille a donné lieu à d’importantes tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Turquie, qui a contribué depuis l’émergence de l’EI en 2013 à le renforcer, notamment en laissant sa frontière ouverte à ses trafics. La Turquie considère les djihadistes comme un moindre mal face au régime de Bachar Al-Assad et au PKK, qui a mené contre elle une guerre insurrectionnelle durant trente ans (plus de 40 000 morts). La Turquie a laissé passer des civils, et des combattants kurdes blessés, ainsi que de l’approvisionnement durant la bataille. Elle l’a fait discrètement, en multipliant les embûches. Elle a aussi laissé passer à grand bruit, fin octobre, 150 peshmergas venus de la région autonome kurde d’Irak, dont les autorités rivalisent avec le PKK.Quelle est l’ampleur des pertes de l’EI ? Le bilan le plus largement cité est celui de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres et qui s’appuie sur un réseau d’informateurs locaux : 1 800 morts, dont un millier de djihadistes. Les informations de l’OSDH sont peu fiables dans cette bataille, mais le chiffre d’un millier de morts côté EI est crédible, compte tenu de l’afflux continu de djihadistes dans la ville malgré les bombardements. Ces combattants, notent les autorités kurdes, ont montré une capacité impressionnante à tenir leurs positions, y compris en ruines.Le Pentagone a estimé de son côté que les pertes de l’EI pouvaient être évaluées par un nombre « à trois chiffres ». Depuis la chute de Kobané, Washington tente de faire passer le message que cette bataille a découragé de nombreux djihadistes étrangers de rejoindre les rangs de l’EI. Le département d’Etat américain affirmait mardi que des djihadistes avaient déserté les rangs de l’organisation, refusant d’aller se battre à Kobané. Certains ont été exécutés, précise-t-il, sans apporter d’éléments de renseignement pour étayer cette thèse.Le site Rakka is being slaughtered silently, tenu par un groupe clandestin de Syriens opposés à l’EI dans cette ville, affirmait ainsi il y a une semaine que « des dizaines d’étrangers, des Saoudiens pour la plupart, ont quitté la ville ». L’EI, disait le site, a lancé « une alerte » et les recherchait dans les campagnes. Cette affirmation, tenue par un groupe qui tend à présenter la population de la ville comme opposée au règne de l’EI, ce qui n’est pas une évidence, était également invérifiable.Que va faire l’EI désormais ? Sur le plan militaire, la perte de Kobané répond au moins en partie à un choix stratégique : l’EI a mieux à faire à l’Est, dans la région kurde de Qamishli et sur l’axe, vital pour l’EI, qui relie la province irakienne d’Anbar à la ville syrienne de Deir ez-Zor (région riche en pétrole), suivant l’axe de l’Euphrate. Dans la province de Qamishli, à Hassaké, des combats ont opposé récemment les forces kurdes et celles du régime, qui cohabitaient jusqu’alors en relative intelligence. L’EI y dépêche des renforts, profitant de ces divisions. Il s’agira pour lui de reprendre un maximum de terrain et d’obliger le PKK à remonter au Nord, pour dégager la voix d’accès à la ville de Mossoul.Il s’agit d’une contre-attaque après la perte, à l’automne, de la région voisine de Sinjar, dans une offensive des Kurdes d’Irak. L’EI avait ainsi perdu un pan de frontière entre l’Irak et la Syrie, qui relie ses fiefs de Rakka et de Mossoul. Par ailleurs, l’EI a lancé mercredi une offensive contre la ville de Kirkouk, située plus loin à l’Est, en bordure du territoire contrôlé par les Kurdes d’Irak.Voir la dernière carte des territoires tenus par l’EI de l’Institute for the Study of WarLouis Imbert ((envoyé spécial à Kobané (Syrie)))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Ridet (Rome, correspondant) Il y avait dans les longs applaudissements des grands électeurs qui ont salué, samedi 31 janvier à Rome, l'élection au quatrième tour de scrutin, de Sergio Mattarella, 73 ans, davantage que le respect dû au douzième président de la République italienne. Non pas que la personnalité du successeur de Giorgio Napolitano, ne mérite pas tous les hommages.Sicilien, veuf, juge constitutionnel, ancien ministre indiscipliné de la Démocratie chrétienne, frère d'un ancien président de la région Sicile assassiné par la mafia le 6 janvier 1980, le nouveau président de la République semble mériter sur le papier tous les honneurs dus à sa réputation de droiture et de serviteur impartial de l'Etat.Mais dans les mines réjouies des votants (députés, sénateurs, délégués des régions) se lisait aussi une bonne part de soulagement. Soulagement d'avoir effacé par cette élection le cauchemar de celle de 2013, lorsque les grands électeurs, incapables de désigner le chef de l'Etat, avaient supplié, honteux et déconfits, Giorgio Napolitano de rempiler pour un nouveau mandat. Samedi, le Parlement italien a retrouvé ses prérogatives et son honneur.LE SENS TACTIQUE ET POLITIQUE DE MATTEO RENZIMais pour les élus du Parti Démocrate (PD, gauche), cette joie se double d'un triomphe. L'élection de Sergio Mattarella est d'abord une nouvelle preuve du sens tactique et politique de leur chef Matteo Renzi. Ayant déjà donné l'exemple de sa capacité de savoir gérer les élections au suffrage universel (européennes de 2014, plus de 40 % des voix pour le PD), il a démontré qu'il n'était pas manchot dans les scrutins en vase clos, comme dans le cas du vote pour le président de la République.Lire en édition abonnés : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueAlors que chacun pariait à ce que le premier ministre s'accorde avec Silvio Berlusconi, son allié pour les réformes constitutionnelles (mode de scrutin et Sénat), sur le choix d'un candidat, il a offert le nom de Mattarella à son parti, mettant l'ex-Cavaliere au pied du mur. Mattarella ou rien. Un homme capable de se démettre d'un des gouvernements Andreotti, en 1990, pour protester contre l'adoption d'une loi qui favorisait la construction de l'empire audiovisuel du magnat des médias !L'ancien président du conseil, qui aurait préféré la personnalité réputée plus souple de Giuliano Amato, dont il attendait une grâce ou du moins un arrangement pour retrouver son poste de sénateur, a eu beau tempêter, hurler à la trahison, rappelé les « coups de main » que les élus de son parti, Forza Italia, avaient donné au premier ministre lors des votes sur la reforme du Code du travail et du mode de scrutin, Renzi n'a pas changé de ligne, profitant de l'occasion pour ressouder la totalité du PD derrière lui. Par mesure de rétorsion, Silvio Berlusconi a appelé ses troupes à voter blanc.Il n'y avait qu'à voir les mines hargneuses de ses partisans, bras ballants et muets à l'annonce du nom du douzième président de la République pour deviner leur amertume. Amertume de s'être fiés à Matteo Renzi qui, machiavélique et florentin, a préféré, pour cette fois, son parti duquel il avait beaucoup à se faire pardonner à son allié de circonstance. Amertume aussi d'avoir misé, une fois encore, sur les supposées qualités de négociateur de Silvio Berlusconi.BERLUSCONI ET BEPPE GRILLO, GRANDS PERDANTSReclus dans sa villa d'Arcore (Lombardie), où il est placé chaque fin de semaine en résidence surveillée suite à sa condamnation pour fraude fiscale, Silvio Berlusconi va devoir faire face à une fracture ouverte au sein de son parti. Raffaele Fitto, étoile montante, qui lui reproche d'avoir conclu un marché de dupes avec le premier ministre, de s'être fait rouler dans la farine par un jeunot de presque quarante ans son cadet. Pour un homme qui a régné vingt ans durant sur la vie politique italienne, cette erreur tactique pourrait précipiter son déclin déjà bien entamé. Seuls 105 des 143 parlementaires de Forza Italia qui on reçu l'ordre de voter blanc ont obéi à la consigne.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienneIl n'est pas parvenu non plus à associer à sa démarche les élus du Nouveau Centre droit d'Angelino Alfano, son ancien dauphin. Tiraillé entre l'affection à son ancien mentor et le confort et la visibilité de son poste de ministre de l'intérieur qu'il doit à Matteo Renzi, il a choisi finalement, avec sa troupe d'une trentaine d'élus dont de nombreux Siciliens comme lui, de rester loyal au président du conseil qui a menacé de le virer du gouvernement…L'autre grand battu se nomme Beppe Grillo. Ne disposant plus que de 127 parlementaires après les démissions en cascade de dizaines de députés et sénateurs, il les a enjoints, à la suite d'une consultation sur Internet, de voter à chaque tour de scrutin pour Fernandino Imposimato, un ancien magistrat valeureux. Un autre candidat comme Romano Prodi, arrivé deuxième de ce référendum en ligne aurait pu tenter des électeurs du PD et troubler le jeu. S'ils ont pu démontrer à cette occasion leur discipline et leur fidélité, les parlementaires du M5S ont également apporté une nouvelle preuve de leur inutilité. Sergio Mattarella a été élu avec 665 voix sur 995 votants.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.01.2015 à 13h25 • Mis à jour le31.01.2015 à 17h39 Le juge constitutionnel Sergio Mattarella a été élu samedi 31 janvier président de la République italienne, avec 665 voix, soit largement au-dessus des 505 voix nécessaires, selon un résultat officiel.Lorsque le candidat soutenu par le chef du gouvernement Matteo Renzi a atteint le seuil requis, le décompte diffusé en direct à la télévision s'est arrêté quelques minutes, le temps de longs applaudissements dans les travées de l'hémicycle. « Bon travail, président Mattarella ! Vive l'Italie ! », a alors tweeté M. Renzi.Buon lavoro, Presidente Mattarella! Viva l'Italia— Matteo Renzi (@matteorenzi)require(["twitter/widgets"]);Lire (édition abonnés) : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueSergio Mattarella, 73 ans, reclus dans son modeste appartement de fonctions à deux pas du palais présidentiel depuis plusieurs jours, a été aperçu s'engouffrant dans une Fiat Panda grise. Selon les médias italiens, il s'est rendu chez sa fille pour attendre les résultats. Il pourrait prêter serment dès le début de semaine prochaine, d'après les médias italiens.« AMITIÉ FRANCO-ITALIENNE »François Hollande a salué l'élection de Sergio Mattarella à la présidence de la République italienne, lui adressant tous ses « vœux de succès dans l'accomplissement de sa haute mission ». Le président français se dit dans un communiqué « impatient de nouer avec son nouvel homologue italien la même relation étroite et de confiance qu'il avait avec Giorgio Napolitano, au service de l'amitié franco-italienne et d'une Europe plus forte et plus prospère ».Le président de la République en Italie a essentiellement des pouvoirs honorifiques, mais il joue un rôle très important d'arbitre en cas de crise politique, ce qui a souvent été le cas ces dernières années. Son prédécesseur, Giorgio Napolitano, qui aura 90 ans cette année, avait démissionné début janvier avant la fin de son second mandat, en raison de son âge.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienne 31.01.2015 à 10h34 • Mis à jour le31.01.2015 à 16h01 Plusieurs centaines de manifestants se sont à nouveau réunis samedi 31 janvier à Kaboul, en Afghanistan, pour dénoncer la publication de caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo, a-t-on appris de sources policières. Un rassemblement émaillé de jets de pierres contre les policiers, qui ont répliqué par des tirs en l'air pour disperser la foule. Plusieurs personnes ont été blessées lors des incidents, dont un policier, a pu constater un photographe de l'AFP.« LA SITUATION EST SOUS CONTRÔLE »Le calme est revenu en fin de matinée. « La situation est sous contrôle maintenant, et la route est de nouveau ouverte à la circulation », a précisé Hashmat Stanikzai, le porte-parole de la police de Kaboul.Depuis la publication du dernier numéro de Charlie Hebdo, avec une nouvelle caricature du prophète en « une », de nombreuses manifestations se sont déroulées dans le monde musulman, notamment au Pakistan voisin, où des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes du pays. En Afghanistan, la plus grande manifestation avait rassemblé 20 000 personnes à Hérat, dans l'ouest du pays, le 23 janvier. Lire : Le rédacteur en chef de « Charlie Hebdo » défend la « une » controversée 31.01.2015 à 05h41 • Mis à jour le31.01.2015 à 13h44 L'essentielLe parti de gauche radicale Podemos invite les Espagnols à défiler dans les rues de Madrid samedi.L'ampleur de la manifestation permettra de mesurer la popularité de ce jeune parti.L'Europe observe de près cet événement qui, une semaine après la victoire de Syriza en Grèce, représente un nouveau message anti-austérité.  C'est une mobilisation que la gauche radicale de toute l'Europe regardera avec attention. Combien seront les Espagnols à défiler, samedi 31 janvier, dans les rues de Madrid, à l'invitation du parti Podemos ? Près d'une semaine après la victoire du parti radical Syriza en Grèce, l'ampleur de la manifestation de samedi pourrait donner un signal de la résonance du message anti-austérité en Europe.Formé il y a un an, Podemos, parti issu du mouvement des indignés, qui a soulevé des foules en Espagne contre l'austérité à partir du 15 mai 2011, invite ses sympathisants à une « marche du changement », son premier grand rassemblement, samedi matin, alors qu'il grimpe dans les sondages. A quelques mois des élections régionales de mai, le jeune parti de gauche dépasse déjà largement le Parti socialiste (PSOE), dans l'opposition, et même parfois les conservateurs du Parti populaire, au pouvoir.Lire : L'Espagne face à la vague Podemos23 % DE CHÔMAGESamedi, le mouvement politique entend remplir la Puerta del Sol, place située au centre de Madrid, de manifestants venus de toute l'Espagne. La marche annoncera le changement vers « une politique au service du peuple et non des intérêts privés », selon Iñigo Errejon, le numéro 2 du parti dans un pays où, malgré un redémarrage de l'économie, le chômage frappe encore plus de 23 % de la population active.La date de la manifestation ne pouvait pas mieux tomber, une semaine à peine après la victoire de Syriza, parti de gauche radicale anti-austérité, en Grèce, qu'était allé soutenir Pablo Iglesias, chef de Podemos. « L'espoir arrive », a-t-il ensuite déclaré, dimanche soir, à l'annonce de la victoire d'Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre grec. Le parti espagnol entend toutefois limiter les points de comparaison avec le mouvement grec : s'ils s'opposent tous deux à la « troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne), fustigent la corruption des « élites » et revendiquent une solidarité des peuples de l'Europe du Sud, les comparaisons s'arrêtent là. « Syriza n'est pas Podemos. Nous les considérons avec beaucoup de sympathie, mais nous appartenons à deux réalités différentes », a ainsi précisé M. Errejon.Lire (édition abonnés) : En Espagne, Podemos rêve d’un destin à la SyrizaUN PROGRAMME JUGÉ « FLOU »L'influence croissance de Podemos inquiète la classe politique espagnole, qui tacle le mouvement de gauche, qu'elle accuse d'amateurisme. Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a ainsi appelé les Espagnols à ne pas « jouer à la roulette russe », en votant pour un parti « qui promet la lune, et même le soleil ». Conservateurs, socialistes et la presse de tous bords dénoncent le flou du programme politique de Podemos, les sympathies de ses dirigeants pour le socialisme de l'ancien président vénézuelien Hugo Chavez, et les irrégularités, voire la fraude fiscale, qui sont imputées à certains d'entre eux.En guise de réponse, la direction du parti a pris ses distances avec les expériences de Chavez et de ses émules en Amérique latine. Et elle a promis de publier bientôt ses feuilles d'impôt, pour se laver de tout soupçon.Lire aussi (édition abonnés) : En Europe, la gauche de la gauche reprend espoir et Les gauches radicales inquiètent Bruxelles 30.01.2015 à 20h19 • Mis à jour le30.01.2015 à 21h10 Un juge fédéral mexicain s'est déclaré incompétent quant à la plainte déposée par la Française Florence Cassez, libérée de prison il y a deux ans par la Cour suprême, visant à obtenir des dommages et intérêts d'un montant de 36 millions de dollars pour avoir été emprisonnée sept ans durant au Mexique.Le juge Juan Manuel Vega Tapias a rejeté la plainte déposée contre l'ex-président mexicain Felipe Calderon (2006-2012), l'ancien ministre de la sécurité Genaro Garcia Luna et plusieurs autres responsables politiques ainsi que contre la chaîne Televisa et deux de ses journalistes, selon une information du quotidien Reforma, confirmée à l'Agence France-Presse par le conseil de la magistrature fédérale du Mexique.Il a estimé que les plaintes contre des responsables politiques devaient passer par le tribunal fédéral administratif et que celles contre Televisa et les journalistes relevaient d'un tribunal de la ville de Mexico et non pas d'un tribunal fédéral.« MISE EN SCÈNE CONTRAIRE À LA RÉALITÉ »L'avocat mexicain de Florence Cassez Me José Patiño Hurtado avait indiqué la semaine dernière que l'action en justice de la Française avait été présentée pour « préjudice moral, atteinte à ses sentiments, à sa réputation et à son honneur ».Florence Cassez, aujourd'hui âgée de 40 ans, avait été arrêtée le 8 décembre 2005 sur une route du sud de Mexico. Le lendemain matin, la police avait organisé devant les caméras de télévision, une simulation de l'arrestation dans un ranch où avaient été libérés trois otages présumés.Condamnée à soixante ans de prison pour enlèvements, Florence Cassez a été libérée le 23 janvier 2013, la Cour suprême ayant jugé que n'avaient pas été respectées les conditions d'un procès équitable, avec, au départ, une « mise en scène contraire à la réalité ».Les avocats de Florence Cassez ont désormais le choix entre accepter la décision du juge Vega ou faire appel.Lire aussi (abonnés) : Virulente polémique au Mexique après la libération de Florence Cassez Alain Beuve-Méry Le marché français de l’« entertainment » (musique, vidéos, jeux vidéo, livres…) souffre. Les dépenses des ménages dans ce domaine ont reculé de 4,6 % en 2014, à 7,2 milliards d’euros, selon les données communiquées, jeudi 5 février, par le cabinet d’études GFK.La hausse des achats « dématérialisés » (1,13 milliard d’euros au total, en hausse de 6 %) ne compense pas le déclin des achats des supports physiques (6,07 milliards d’euros au total). En 2013, les ventes « dématérialisées » avaient progressé de 23 %.Les loisirs « interactifs » représentent 55 % du marché de l’entertainment : les jeux vidéos comptent notamment pour 22 % des dépenses, la vidéo pour 15 %, la musique pour 8 %.À lui seul, le streaming, que ce soit pour écouter de la musique ou regarder des documents vidéos, représente 37 % des achats « dématérialisés ».Les achats de vidéos reculent de 10 %Le premier loisir plébiscité par les Français est le cinéma (62 % d’entre eux). Ce dernier se porte mieux que le secteur de la vidéo : les ventes dans ce dernier domaine sont en recul de 10 %. Aujourd’hui, une bonne année cinéma n’induit pas forcément une bonne année vidéo.Le marché de la vidéo est passé de 2,4 milliards d’euros en 2004 à 800 millions d’euros en 2014.La baisse des dépenses dans la vidéo est de 14 % pour les achats de supports physiques et de 8 % pour les achats numériques.Les achats de DVD classiques représentent 76 % du marché de la vidéo physique, alors que le Blue-Ray plafonne à 24 % : ce dernier ne prend pas dans la population.En France, on compte 11,2 millions de lecteurs de DVD installés, contre 1,5 million de lecteurs Blue-ray. Le prix du Blue-Ray est jugé trop cher (23 euros en moyenne).La VOD (vidéo à la demande) a vu ses ventes passer de 152 millions d’euros en 2010 à 259 millions d’euros en 2014.Elle devrait encore croître cette année, alors que les achats de supports physiques baisseraient encore de 15 %.Le marché des jeux vidéos est en croissance : + 3 %, à 2,6 milliards d’euros. Les achats de jeux sur supports physiques sont notamment en progression de 1 %, à 1,9 milliard d’euros. Il s’agit du seul marché physique qui affiche une hausse.Le marché de la musique reste difficile. Les ventes s’élèvent à 786 millions d’euros. Le streaming (150 millions d’euros) l’emporte sur le téléchargement (97 millions d’euros). Et le marché du CD poursuit son déclin (490 millions).Le livre est toujours en repliLe marché du livre en France a accusé un nouveau repli en 2014. Les ventes, tous types de supports confondus, sont en recul de 1,1%, selon les chiffres de la société d’études GfK, communiqués jeudi 5 février.Doucement, mais inexorablement, le marché du livre s'effrite depuis trois ans. En 2013, il avait enregistré un recul de 2,7 %, passant symboliquement, pour la première fois, sous le seuil des 4 milliards d'euros, pour atteindre 3,9 milliards.Ce sont les ventes de livres « physiques » qui reculent toujours : en 2014, elles ont baissé pour la quatrième année consécutive, relève GfK.Les ventes de livres numérique progressent, mais leur croissance est « plus faible qu’attendue », pointe le cabinet d’études, et cette hausse ne vient « compenser que partiellement » le repli du livre « papier ».Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a opposé, jeudi 5 février, à son homologue grec Yanis Varoufakis une fin de non-recevoir. Il n’y aura ni annulation de la dette, ni remise en question de la coopération de la Grèce avec la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Union européenne), a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse commune au ministère des finances à Berlin.Premier ministre du nouveau gouvernement grec à effectuer une visite en Allemagne, Yanis Varoufakis n’espérait d’ailleurs sans doute pas vraiment obtenir de l’Allemagne un soutien dans la renégociation de son énorme dette. Que la rencontre débouche sur un constat de divergence n’a surpris personne.Difficile en réalité d’imaginer un rapprochement entre les deux ministres tant le contraste entre eux était saisissant.À Yanis Varoufakis, « jeune » ministre des finances inexpérimenté d’un « Etat en faillite », selon ses propres termes, faisait face Wolfgang Schäuble, 72 ans, monstre sacré de la politique en Allemagne et en Europe, grâce à qui l’Allemagne a rétabli l’équilibre de ses comptes publics en 2014.« Nous sommes d’accord sur nos divergences »Les deux hommes n’ont d’ailleurs pas cherché à donner des signes de bonne entente. « We agree that we disagree » (nous sommes d’accord sur nos divergences), a résumé Wolfgang Schäuble sur la question d’une renégociation de la dette, avant d’exprimer, dans une cruelle litote, ses doutes sur la politique du nouveau gouvernement grec : « Je n’ai pas pu dissimuler mon scepticisme sur le fait que certaines mesures annoncées, d’après nos convictions, ne vont pas forcément dans la bonne direction ».M. Varoufakis a également reconnu n’avoir obtenu aucun accord de l’Allemagne sur une éventuelle annulation de la dette. Le ministre a rappelé la situation « très critique de son pays », qui « fait tout » pour éviter un défaut de paiement.« L’Allemagne est sans doute le pays le mieux à même de nous comprendre », a déclaré le ministre grec, en référence à l’Allemagne de Weimar, qui avait vu l’endettement favoriser la montée du nazisme dans les années 1920 et 1930.« Le parti Aube Dorée est un parti nazi (…) nous avons besoin de l’Allemagne à nos côtés », a-t-il dit.La pression de la BCEAuparavant, Yanis Varoufakis avait multiplié les interviews à la presse allemande pour tenter de rallier l’opinion à la cause grecque. Il a ainsi exclu que son gouvernement accepte une quelconque aide financière de Moscou.Croyant flatter l’ego allemand, M. Varoufakis avait proposé que le pays lance un « plan Merkel », sur le modèle du plan Marshall qui avait permis à l’Allemagne, via un effacement de sa dette, de sortir de l’ornière au lendemain de la seconde Guerre mondiale.Invitant l’économiste John Keynes dans les débats, il avait déclaré, mercredi, au journal die Zeit : « Ce n’est pas une stratégie tenable à long terme de mener un Etat à sa ruine ».Mais ces références n’ont pas fait convaincu Wolfgang Schäuble, qui a insisté sur la nécessité « incontestable » pour le gouvernement grec de reprendre le dialogue avec les contrôleurs de la troïka.Son parti, la CDU, avait clairement indiqué qu’il ne consentirait à aucune renégociation des obligations contractées par le précédent gouvernement grec.Yanis Varoufakis repart donc bredouille de Berlin, alors que son pays subit, depuis jeudi matin, une nouvelle pression de la part de la BCE, qui a mis fin aux conditions préférentielles de refinancement des banques grecques auprès de l’institution monétaire.La BCE accentue la pression politique sur la GrèceCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Figure emblématique du combat pour l’état de droit en Chine, l’avocat Pu Zhiqiang, détenu depuis mai dernier, n’attend plus qu’une décision du parquet pour connaître son sort : soit il sera jugé, soit les enquêteurs devront apporter des preuves supplémentaires dans son dossier d’accusation. Ce dernier, monté par la police, comporte notamment trois accusations – « incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat », « incitation à la haine raciale et au séparatisme » et « provocation de querelles et de troubles » – passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à vingt ans de prison. Elles sont fondées sur 28 messages diffusés sur son compte Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, entre 2011 et 2014. « Pour trois des accusations, les seules preuves présentées sont ces messages », a confirmé au Monde l’avocat Zhang Baojun, qui fait partie de l’équipe de défense de M. Pu.« Mon client reconnaît les avoir écrits, mais maintient que cela ne constitue pas un crime. Pour nous, la défense, ce n’est pas vraiment compliqué, c’est une question de liberté d’expression, comme le stipule la Constitution », explique maître Zhang. « Liu Xiaobo [prix Nobel de la paix condamné en 2009 à 11 ans de prison] avait été jugé à partir de plusieurs de ses textes. Or, il s’agissait de textes, cette fois, on ne parle que de tweets ! Le problème, c’est de savoir combien d’années ils veulent lui coller, car cela revient à ça », poursuit-il.« Tortures phyisques et mentales »Selon M. Zhang, les interrogateurs ont à ce jour compilé 74 volumes de 100 à 150 pages chacun après trois mois d’interrogatoires. M. Pu a été soumis à rude épreuve, puisque certaines des sessions ont duré dix heures : dans une lettre adressée en décembre au président chinois Xi Jinping, son épouse s’était plainte des « tortures physiques et mentales » infligées à son mari – notamment parce qu’il souffre de diabète. M. Pu partageait sa cellule avec 18 détenus, selon une proche.Les tweets retenus par la police pour nourrir les accusations sont des réactions et des commentaires, parfois très sarcastiques, de Pu Zhiqiang à des faits d’actualités ou des débats qui agitaient la blogosphère. En juin 2013, il appelle Lei Feng, le héros modèle du maoïsme, « le plus grand mensonge des soixante dernières années ». Dans un autre tweet daté de janvier 2013, l’avocat raille pour leur incompétence notoire deux députés à l’Assemblée du peuple : le major général Mao Xinyu, le petit-fils de Mao, ainsi que Shen Jilan, une députée de 84 ans qui n’a jamais voté contre aucune proposition de loi depuis 1954.« Conquérants et pilleurs »Les trois tweets les plus récents datent de 2014 et portent sur les troubles dans la région autonome ouïgour du Xinjiang, l’avocat réclamant des enquêtes sur la situation dans cette zone secouée par des attentats terroristes réguliers et appelant les Chinois « à ne pas se comporter en conquérants et en pilleurs ».Les arguments de Pu Zhiqiang ont touché une corde sensible à un moment où le régime chinois, en plein accès de paranoïa, affiche une tolérance zéro pour les voix critiques. « Le seul point positif, c’est qu’il a tenu et leur a donné du fil à retordre », explique une proche du suspect. « Ce qui explique qu’ils n’aient que ces tweets. Toutes sortes de rumeurs ont circulé après son arrestation, et elles n’ont pas tenu. »Une quatrième accusation du dossier, portant sur l’obtention illégale d’informations personnelles, concerne des démarches effectuées par l’avocat au nom de journalistes chinois sur des dossiers en cours. Arrêté le 5 mai 2014 après avoir participé à un séminaire privé de commémoration du massacre de Tiananmen en juin 1989, Pu Zhiqiang, connu pour avoir pris la défense de l’artiste dissident Ai Weiwei mais aussi de victimes moins connues des abus de l’Etat policier chinois, entretenait des rapports étroits avec toute une partie de la presse chinoise dite « progressiste ». Il bénéficiait, malgré la censure et la surveillance policière, d’une visibilité médiatique relativement grande en Chine.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.02.2015 à 15h47 • Mis à jour le05.02.2015 à 16h05 L'examen d'ossements fossilisés, découverts en Russie dans le sud de l'Oural, a permis l'identification d'une nouvelle espèce de reptile marin vieille de 70 millions d'années, a annoncé jeudi 5 février un paléontologue russe. « Cette découverte est primordiale car les ossements, nombreux et en relativement bon état, indiquent qu'il s'agit d'un spécimen unique », a précisé Vladimir Efimov, président de la Société russe de paléontologie pour la région d'Oulianovsk.Menées dans la région d'Orenbourg, les fouilles ont permis « la découverte d'une nouvelle espèce (…) encore inconnue de la science », s'est félicité Julien Benoit, chercheur à l'université de Montpellier-II, spécialisée en paléontologie.LES OSSEMENTS DÉCOUVERTS EN 2012Les restes fossilisés du reptile marin ont été découverts en 2012 par des enfants membres d'un club de jeunes géologues de la région d'Orenbourg, qui ont acheminé eux-mêmes une partie des ossements, avant que ne soit dépêchée sur les lieux une équipe de chercheurs.L'étude de ces ossements pourrait conduire à des découvertes sur l'évolution de l'espèce et son environnement à la période du crétacé (de – 145 millions d'annés à – 65 millions d'années), selon M. Efimov. Les scientifiques russes comptent baptiser cette nouvelle espèce Polycotylus sopotsko, du nom de la directrice du club des jeunes géologues. Alain Beuve-Méry Le marché du livre en France a accusé un nouveau repli en 2014. Les ventes, tous types de supports confondus, sont en recul de 1,1%, selon les chiffres de la société d’études GfK, communiqués jeudi 5 février.Doucement, mais inexorablement, le marché du livre s'effrite depuis trois ans. En 2013, il avait enregistré un recul de 2,7 %, passant symboliquement, pour la première fois, sous le seuil des 4 milliards d'euros, pour atteindre 3,9 milliards.Ce sont les ventes de livres « physiques » qui reculent toujours : en 2014, elles ont baissé pour la quatrième année consécutive, relève GfK.Les ventes de livres numérique progressent, mais leur croissance est « plus faible qu’attendue », pointe le cabinet d’études, et cette hausse ne vient « compenser que partiellement » le repli du livre « papier ».Lire également notre décryptage : Le secteur du livre ne veut pas céder à la morositéAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves-Michel Riols Le président François Hollande a créé la surprise lors de sa conférence de presse à l’Elysée, jeudi 5 février, en annonçant qu’il se rendait à Kiev avec la chancelière allemande dans la journée, et le lendemain à Moscou, pour tenter de proposer un règlement au conflit en Ukraine.Cette démarche conjointe avec la chancelière est inédite et s’apparente à une tentative de la dernière chance. Jamais le président Hollande n’avait dressé un tableau aussi alarmant de la situation sur le terrain : « Oui, en Ukraine, c’est la guerre », a-t-il insisté.Le président Hollande a également brossé un constat d’échec des nombreuses médiations engagées depuis plusieurs mois par la France et l’Allemagne avec le président russe, Vladimir Poutine. De la rencontre de Normandie, en juin 2014, aux accords de Minsk, en septembre, les réunions se sont multipliées, mais à partir de l’automne, « tout s’est défait », a relevé M. Hollande. « On est passé en quelques mois d’un différend à un conflit, à la guerre ». A tel point, a souligné le chef de l’Etat, que « nous sommes dans une guerre et dans une guerre qui peut être totale ».Main tendue à la RussieFace à cette situation, François Hollande a explicité l’objectif de son déplacement à Kiev et à Moscou avec Mme Merkel. « Nous y allons non pas pour parler mais pour chercher un texte qui puisse être accepté par toutes les parties », a souligné M. Hollande. Il a notamment tendu la main à la Russie, qualifiée de pays « ami » de la France, et s’est voulu rassurant envers Moscou en rappelant l’opposition de la France à toute adhésion de l’Ukraine à l’Otan. « La France n’est pas favorable à ce que l’Ukraine entre dans l’Alliance atlantique », a souligné M. Hollande.« La France n’est pas favorable à ce que l’Ukraine entre dans l’Alliance atlantique », a souligné M. Hollande.Rien ne garantit que cette initiative franco-allemande soit plus concluante que les précédentes démarches diplomatiques. « Si nous échouons », a dit M. Hollande, on dira que la France et l’Allemagne, « en tant qu’amis de l’Ukraine et de la Russie, ont fait tout ce qu’elles pouvaient faire ». Mais le président Hollande a d’emblée rejeté l’idée de fournir une aide militaire à l’Ukraine, alors que les séparatistes prorusses sont ouvertement équipés par la Russie. « La France n’entre pas dans le débat de fournitures d’armes à l’Ukraine », a-t-il affirmé.Angela Merkel avait défendu la même position, lundi, lors d’une visite en Hongrie. « L’Allemagne ne soutiendra pas l’Ukraine avec des armes, avait insisté Mme Merkel. Nous faisons tout notre possible pour trouver une solution pacifique. »Paris livre des fournitures non létales (gilets pare-balles, médicaments, etc.) à l’Ukraine mais refuse d’aller au-delà. « Fournir des armes à l’Ukraine serait adopter les mêmes méthodes que la Russie, nous ne voulons pas ajouter la guerre à la guerre », avait insisté une source diplomatique française avant l’intervention du président Hollande. D’autant, dit-elle, que « les Ukrainiens n’arriveront pas à reprendre militairement le Donbass, c’est une stratégie vouée à l’échec ». Pas d’assistance militaireLe refus de M. Hollande et de Mme Merkel d’envisager une assistance militaire à l’Ukraine tranche avec la tonalité du débat aux Etats-Unis. A Washington, le sujet a été relancé par la publication, lundi, d’un rapport signé par huit anciens hauts responsables de l’administration américaine prônant la livraison d’armes « défensives » et par la multiplication de déclarations officieuses assurant, à la suite d’un article paru dans le New York Times, que le président Barack Obama examinait désormais cette option.La pression monte pour armer l’UkraineUne impression renforcée par le ministre américain de la défense pressenti, Ashton Carter, qui a affirmé, mercredi, être favorable à la livraison d’armes à l’Ukraine pour contrer les séparatistes prorusses. Lors de son audition de confirmation devant le Sénat, M. Carter a dit être « très enclin à aller dans cette direction, car je pense que nous devons aider les Ukrainiens à se défendre ».Le sujet sera sûrement abordé lors des entretiens, jeudi à Kiev, entre John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, et le président ukrainien, Petro Porochenko. Lors d’une conférence de presse commune, M. Kerry a appelé la Russie à œuvrer à un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine. « Il doit y avoir un engagement immédiat à un réel cessez-le-feu, qui n’est pas seulement un bout de papier avec des paroles mais qui est suivi d’actions concrètes », a déclaré M. Kerry.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.02.2015 à 14h42 • Mis à jour le05.02.2015 à 16h07 | Stéphane Foucart et Gilles Paris (Washington, correspondant) L’information aurait pu rester purement médicale, mais elle enflamme depuis quelques jours la presse et la blogosphère américaines. Fin janvier, les Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, CDC) américains annonçaient un inquiétant retour de la rougeole aux Etats-Unis, avec 102 cas recensés au cours du mois, répartis dans 14 Etats, la plupart issus d’une contamination intervenue en décembre dans un parc d’attraction californien. L’organisme de veille sanitaire annonçait également les chiffres pour l’année 2014 : 644 cas recensés sur le sol américain, un record depuis l’éradication de la maladie aux Etats-Unis en 2000.Depuis cette date, le nombre de cas – tous importés – n’excédait guère la centaine chaque année. Selon les CDC, la cause principale de ce retour de la rougeole (qui touchait entre trois et quatre millions d’Américains par an dans les années 1960) est principalement dû à une baisse de la couverture vaccinale, légère mais suffisante pour permettre la circulation du virus. Une part croissante de la population est en effet convaincue que le vaccin Rougeole-Oreillons-Rubéoles (ROR) peut induire un développement de l’autisme chez les tout jeunes enfants. Une peur sans fondement scientifique, basée sur une étude publiée en 1998 mais retirée depuis et largement considérée comme erronée. Une tournure politiqueLe sujet a pris une tournure politique lorsque deux candidats potentiels du Parti républicain à l’élection présidentielle de 2016, le sénateur du Kentucky Rand Paul et le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, ont indiqué, lundi 2 février, que les parents devaient avoir le « choix » de procéder ou non à la vaccination de leurs enfants. Une posture cohérente pour le sénateur, compte tenu de son ancrage idéologique libertarien, prompt à voir dans toute manifestation de l’Etat fédéral (comme l’obligation de recourir aux vaccins) une limitation des libertés individuelles. Une attitude plus surprenante de la part du gouverneur, qui avait par ailleurs imposé une quarantaine obligatoire pour toute personne ayant été en contact avec le virus Ebola en octobre. M. Christie est d’ailleurs revenu depuis sur ses déclarations, indiquant que ses propres enfants avaient été vaccinés « pour protéger leur santé et la santé de tous ».Lire : Aux Etats-Unis, période électorale et rougeole ne font pas bon ménageConsternées par les prises de position de ces deux figures, de nombreuses personnalités républicaines ont multiplié, mardi, les déclarations en faveur de la vaccination, rejointes par la très conservatrice chaîne d’information Fox News, la présentatrice vedette Meygan Kelly se chargeant de rappeler l’utilité ponctuelle de « Big Brother » (c’est-à-dire l’Etat). Les démocrates ne sont pas en reste. Mardi, lors de son briefing quotidien, Josh Earnest, le porte-parole du président Barack Obama, a invité les Américains « à faire preuve de bon sens, à se fier à la science et à faire vacciner leurs enfants », notant que ce débat n’aurait pas pu se tenir si la rougeole n’avait pas été éradiquée aux Etats-Unis à la suite des campagnes de vaccination. Le même jour, Hillary Clinton déclarait sur son compte Twitter : « La science est claire : la Terre est ronde, le ciel est bleu et la vaccination fonctionne. Protégeons tous nos enfants. »Erosion de la confianceSelon le Pew Research Center, qui a rendu publique une étude le 2 février, 68 % des personnes interrogées sont pour la vaccination obligatoire. La catégorie de population la plus favorable à un libre choix des parents (41 %) est celle des personnes âgées de 18 à 29 ans qui n’a pas eu le rapport à la maladie des plus âgées (plus de 65 ans), qui sont au contraire les moins attachées à cette notion de choix (20 %). Les campagnes de vaccination contre la rougeole ont débuté en 1963. Les démocrates (76 %) sont plus favorables à la vaccination obligatoire que les républicains (65 %), alors que les deux camps étaient à égalité en 2009 (71 %).L’érosion de la confiance remonte en réalité à 1998. Cette année-là, Andrew Wakefield, un médecin britannique, publie avec dix autres chercheurs, dans la revue The Lancet, un article prétendant avoir trouvé un lien causal entre le ROR et le développement de l’autisme. L’affirmation a cependant fait long feu. En 2004, une enquête journalistique de Brian Deer, publiée par le Sunday Times, avait montré que la publication était entachée de conflits d’intérêts non déclarés (le principal auteur avait secrètement reçu de fortes sommes en prévision de poursuites judiciaires lancées contre des firmes pharmaceutiques) et de manipulation de données… A la suite de ces révélations, les 10 coauteurs de M. Wakefield se sont désolidarisés de la publication et celle-ci a été formellement retirée par le Lancet.Cependant, l’article a continué à circuler dans la blogosphère et les médias, alimentant dans le public la crainte d’un lien entre autisme et vaccination. Barack Obama lui-même, dans un discours prononcé en 2008 en pleine campagne présidentielle, avait tenu des propos ambigus sur le sujet, fondés sur la fameuse étude de M. Wakefield. « Le taux d’autisme a explosé. Certaines personnes soupçonnent que cela est lié aux vaccins, avait-il déclaré. Les études scientifiques sont peu concluantes, nous devons continuer les recherches. »La situation aux Etats-Unis n’est d’ailleurs pas unique. Au Royaume-Uni, la publication de M. Wakefield a retenu une très large attention médiatique et a contribué à une très forte érosion de la couverture vaccinale. Dans un éditorial publié en 2011 tirant le bilan de l’affaire, le British Medical Journal notait que « les dommages pour la santé publique se poursuivent ». « Bien que les taux de vaccination aient légèrement augmenté depuis leur plus bas niveau d’environ 80 % en 2003-2004, ils sont toujours au-dessous du niveau de 95 % recommandé par l’Organisation mondiale de la santé pour assurer l’immunité grégaire, précisait la revue. En 2008, pour la première fois depuis quatorze ans, la rougeole était déclarée endémique en Angleterre et au Pays de Galles. »Si le sujet est si sensible aux Etats-Unis, c’est que l’incidence des « troubles du spectre autistique » (autisme, syndromes de Rett et d’Asperger, etc.) y augmente de manière vertigineuse. Selon les dernières estimations des CDC, publiées en mars 2014, un enfant sur 68 est atteint de ces troubles du développement aux Etats-Unis, un niveau « 20 à 30 fois supérieur » à celui des années 1970. « Cela, c’est une réalité épidémiologique incontestable », dit le neurobiologiste Yehezkel Ben Ari, spécialiste de la neurogénèse et de l’autisme, distingué en 2009 par le Grand Prix de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Le lien avec la vaccination ne fait cependant pas partie des suspects. « Des causes possibles comme l’augmentation du nombre de césariennes de convenance ou les pollutions diffuses comme les pesticides sont au centre de nombreux travaux », précise-t-il.Lire : La pollution met le cerveau en dangerGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La décision prise par la Banque centrale européenne (BCE), mercredi 4 février, de fermer l’un des robinets à liquidités de la Grèce précipite le calendrier des négociations entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers – la troïka, composée de la BCE, du Fonds monétaire international et de la Commission européenne. Et ce calendrier est très serré.Si les Européens faisaient la grimace, jeudi, suite à l’annonce de la BCE, qui met encore plus la pression sur tout le monde pour sortir vite du « problème grec », cette décision, quelque part, présente aussi un avantage. « M. Tsipras va devoir comprendre encore plus vite le peu de marge de manœuvre dont il dispose et la nécessité, pour lui, de respecter les engagements de son pays vis-à-vis de ses partenaires européens, relève une source bruxelloise. Eux sont prêts à aider son pays, mais il doit prendre conscience que certains, comme les Allemands, sont sur une position très dure, et que c’est à lui de faire le chemin. » Quelles sont les échéances théoriques du plan d’aide à la Grèce ?D’ici au 28 février, soit dans trois semaines, le gouvernement grec doit s’être mis d’accord avec ses créanciers pour boucler le deuxième programme de soutien financier au pays (130 milliards d’euros, déclenché en 2012), qui arrive à échéance précisément ce jour-là.Pour boucler ce plan d’aide, qui permettra à la Grèce de recevoir une dernière tranche d’environ 3,6 milliards d’euros, il faut toutefois que le gouvernement grec mette en route une série de réformes toujours exigées par la troïka (dont une nouvelle diminution du nombre de fonctionnaires).La négociation sur la dernière tranche d’aide peut-elle aboutir ?Etant donné que le précédent gouvernement grec, celui d’Antonis Samaras, pourtant conservateur, n’est pas parvenu à s’entendre en six mois avec la troïka sur la conclusion de ce deuxième plan, personne ne se fait d’illusion du côté des pays européens : aboutir en trois semaines est illusoire, avec un gouvernement en place depuis à peine quinze jours.Quels sont les risques pour la Grèce ?Si aucun accord n’est obtenu d’ici à fin février, la Grèce ne recevra pas les milliards prévus et risque le défaut, maintenant qu’elle ne dispose plus d’une des deux sources de liquidités de la BCE.Quelle est la solution prônée par les créanciers d’Athènes ?Les créanciers de la Grèce prônent donc une « extension technique » du plan d’aide, d’au moins quatre ou cinq mois, pour boucler ce plan. L’idée est de prendre du temps pour se poser et négocier avec Athènes les termes d’un nouveau « contrat grec » : liste de réformes, projet politique, maturité des dettes, taux des remboursements, etc.C’est ce message, très clair, qu’a fait passer Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à Alexis Tsipras quand il l’a rencontré à Bruxelles, mercredi 4 février.C’est aussi celui que Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, a dû dire à Yanis Varoufakis, son homologue grec, en visite à Berlin, jeudi.« La peur ici, c’est que MM. Tsipras et Varoufakis n’aient encore pas compris à quel point ils ont le couteau sous la gorge, relève-t-on dans l’entourage de M. Juncker. S’ils comprennent ça, ça ira, sinon, on ira dans le mur. »Par ailleurs, M. Juncker aurait insisté auprès de M. Tsipras pour que ce dernier dise devant le Parlement grec, ce week-end, que la Grèce tiendra ses engagements.Le gouvernement Tsipras est-il prêt à demander un prolongement du plan d’aide ?Ce schéma d’une prolongation du plan d’aide se heurte à un problème. Et non des moindres : c’est au gouvernement grec de faire une demande officielle de prolongation du deuxième plan.Pour Alexis Tsipras, cela revient à accepter la « surveillance » de la troïka pendant encore plusieurs mois.C’est donc une décision politiquement très compliquée à prendre. D’autant que le leader de Syriza a fait toute sa campagne électorale sur la dénonciation de l’austérité et du « diktat » de la troïka.Pour qu’un accord puisse encore être signé avant fin février, M. Tsipras devrait faire une demande de prolongation du plan d’aide avant le vote de confiance de son gouvernement devant le Parlement grec, qui devrait avoir lieu lundi 9 février.Si Athènes demandait une prolongation du plan d’aide, quel serait alors l’agenda ?Si ce signal de « compréhension de l’enjeu et des attentes » des Européens est envoyé par Athènes, alors un Eurogroupe extraordinaire (réunion des ministres des finances de la zone euro) serait convoqué. Le 11 février probablement.C’est la date qui circule depuis au moins trois jours à Bruxelles. « Mais tant qu’on n’a pas ce signal positif des Grecs, rien ne sert de se réunir », glissent plusieurs sources européennes.Cet Eurogroupe permettrait de « débroussailler » le terrain, entre grands argentiers européens, avant les prises de position politiques des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne qui se réunissent le lendemain pour un Conseil européen informel, initialement consacré à l’Ukraine et à la lutte contre le terrorisme.Organiser un Eurogroupe la veille présenterait aussi l’avantage de se retrouver « entre membres de l’Eurozone », alors que le Conseil européen, la réunion des 28 pays de l’Union, est désormais (depuis fin 2014) présidé par un non-membre de la zone euro, l’ex-premier ministre polonais, Donald Tusk.Viendrait ensuite l’Eurogroupe prévu de longue date du 16 février, décisif, puisqu’il devrait arrêter les modalités de l’extension du plan d’aide à la Grèce.Dans ce court laps de temps – de la semaine prochaine à fin février –, il faudra parvenir à ce que l’extension du plan d’aide, si elle est demandée par Athènes, soit validée par plusieurs parlements nationaux, dont la Finlande ou l’Allemagne.« Et ce ne sera pas simple, notamment en Allemagne où Mme Merkel et M. Schäuble vont devoir mouiller la chemise pour y parvenir », prévient une source européenne haut placée.« Nous aurons beaucoup d’occasions dans les semaines qui viennent de trouver des solutions pour la Grèce », a estimé Pierre Moscovici, le commissaire aux affaires économiques et financières, jeudi à Bruxelles.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.02.2015 à 13h50 • Mis à jour le05.02.2015 à 13h58 Le conglomérat industriel allemand Siemens, en plein recentrage de ses activités, envisage de supprimer environ 7 400 emplois dans le monde, dont près de 3 300 en Allemagne, selon l'agence Bloomberg qui cite jeudi 5 février une source proche du dossier.Cette coupe dans les effectifs, qui représente environ 2 % de la masse salariale mondiale du groupe, pourrait être annoncée dans le courant de la semaine, ont rapporté, sous couvert d'anonymat, deux personnes informées du plan. Le comité de finance du conseil de surveillance s'est réuni ce jeudi et mercredi pour finaliser les négociations, selon ces sources. Siemens a refusé de commenter.Le patron du groupe, Joe Kaeser, avait présenté en mai 2014 un plan de réorganisation qui prévoyait le regroupement de certaines divisions et la suppression d'échelons hiérarchiques afin de réduire les coûts de 1 milliard d'euros d'ici à 2016.RECENTRAGESiemens, qui compte plus de 300 000 employés, avait précisé qu'environ 7 600 postes – au sein des divisions qui disparaîtront – seraient concernés et 4 000 au niveau de l'organisation régionale. M. Kaeser avait alors expliqué qu'une rencontre entre la direction et les représentants du personnel était prévue début février.Lire (édition abonnés) : Siemens se réorganise en profondeur pour réduire sa bureaucratieCandidat malheureux à l'été 2014 au rachat du français Alstom, Siemens a décidé de se désinvestir de certaines activités, comme par exemple les appareils auditifs ou l'électroménager, pour se recentrer sur ses activités les plus porteuses, pour beaucoup autour de l'énergie, du matériel médical, des systèmes de numérisation pour l'industrie et des transports, avec notamment la construction du train à grande vitesse ICE (pour Intercity-Express). Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le premier ministre grec Alexis Tsipras a finalement choisi Prokopis Pavlopoulos, un député issu des rangs du parti conservateur Nouvelle démocratie, comme candidat à la présidence de la République, pour remplacer le président sortant Carolos Papoulias. Un changement de cap de dernière minute, alors que depuis plusieurs semaines déjà, le grand favori semblait être Dimitris Avramopoulos, lui aussi issu des rangs de Nouvelle démocratie et actuel commissaire européen à l’immigration.Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, avait fait connaître ses derniers jours ses réticences à voir partir l’un de ses commissaires, ce qui aurait entraîné soit l’octroi de ce très sensible poste de l’immigration à un candidat issu des rangs de la gauche radicale Syriza, soit une redistribution des rôles à Bruxelles.Alexis Tsipras a par ailleurs subi ces derniers jours de nombreuses pressions de l’aile gauche de son parti qui réclamait, à défaut d’un compromis autour de M. Avramopoulos, que le poste de président de la république soit attribué à un représentant de la gauche en Grèce. Lors de son discours devant son groupe parlementaire, mardi 17 février, Alexis Tsipras s’est adressé à cette « plate-forme de gauche » en leur affirmant qu’il proposait avec Prokopis Pavlopoulos un candidat « avec un haut niveau de conscience nationale ».Le pari de l’unitéIl a fermement rappelé ses troupes à l’ordre, en affirmant que « face à l’Histoire, la gauche ne [devait] pas se montrer arrogante » et trop exiger. Car proposer un candidat de gauche, c’était s’exposer aux foudres de son partenaire de coalition Panos Kamménos des Grecs indépendants (ANEL, droite nationaliste) qui a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne voterait que pour un candidat de droite. Or, sans les 13 députés d’ANEL, le gouvernement Tsipras n’a plus de majorité au Parlement. Le premier ministre ne pouvait donc pas se permettre d’aller au conflit avec son allié, quitte à froisser ouvertement les membres les plus à gauche de son parti. Prokopis Pavlopoulos est un professeur de droit et avocat, formé à Paris, marié et père de trois enfants. Il a notamment été ministre de l’intérieur entre 2004 et 2009 au sein du gouvernement de Costas Caramanlis. Pendant son mandat, il a été vivement critiqué, tant par l’aile droite de Nouvelle démocratie, qui ne le trouvait pas assez dur sur l’immigration, que par la gauche, qui le critiquait pour avoir favorisé le recrutement de milliers de fonctionnaires favorables à Nouvelle démocratie. C’est également lui qui était ministre de l’intérieur au moment des émeutes de décembre 2008, survenues après la mort d'un adolescent de 15 ans tué par balle par un agent de police.En proposant un candidat issu de la droite, Alexis Tsipras fait le pari de l’unité. Dans de son discours devant son groupe parlementaire, il a annoncé qu’il présenterait jeudi 19 février son premier projet de loi au Parlement, en tablant sur un vote dès vendredi soir. Dans ce contexte, il ne peut pas se permettre de perdre son allié gouvernemental.Le premier tour de scrutin pour l’élection du président de la République est prévu mercredi soir à 19h30.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.02.2015 à 14h24 • Mis à jour le17.02.2015 à 14h50 Au moins quinze personnes ont été tuées et 60 blessées mardi 17 février lors d'un accident au cours du défilé du carnaval de Port-au-Prince. Un char a pris feu après avoir touché un câble électrique aérien, ont rapporté des témoins. Sept personnes qui se trouvaient sur le char ont été tuées. D'autres ont trouvé la mort dans le mouvement de panique qui a suivi.Sur Twitter, le président Michel Martelly a adressé « ses sincères condoléances » aux victimes :Mes sincères sympathies aux victimes du grave incident survenu ce matin au Champ de Mars à l'occasion du 2ème jour gras du Carnaval. #Haiti— Michel J. Martelly (@MichelJMartelly)require(["twitter/widgets"]);L'accident s'est produit en pleine nuit, à près de trois heures locales (huit heures du matin en France), au passage d'un char du défilé du carnaval qui transportait le groupe de rap très populaire Barikad Crew sur le champ de Mars, au cœur de la capitale haïtienne, a précisé le ministre des communications.Dans un message sur Facebook, le groupe a annoncé que Fantom, le leader du groupe, était dans un état « stable pour le moment » et que les autres musiciens étaient « OK ». (function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return; js = d.createElement(s); js.id = id; js.src = "//connect.facebook.net/en_US/all.js#xfbml=1"; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs); }(document, 'script', 'facebook-jssdk'));Post by BARIKAD CREW. 17.02.2015 à 14h04 • Mis à jour le17.02.2015 à 15h56 | Marie Jégo (Istanbul, correspondance) L'émotion a submergé 37 villes de Turquie après l'assassinat de Özgecan Aslan, une étudiante âgée de 20 ans, violée, amputée des deux mains, brûlée puis jetée dans le lit d'une rivière par ses agresseurs à Çamalan, dans la province de Mersin au sud du pays.De Trabzon à Diyarbakir, des milliers de personnes sont sorties dans les rues, de samedi 14 à lundi 16 février, pour dénoncer la recrudescence des violences envers les femmes. « Nous ne sommes pas en deuil, nous sommes révoltés » disaient les affiches brandies par les manifestants. Des appels ont retenti sur les réseaux sociaux pour que les victimes de viols et de harcèlement brisent la loi du silence sous le hashtag #sendeanlat (« #toiaussiraconte »). Un vent de colère a soufflé sur les obsèques de la jeune victime, samedi 14 février à Mersin, quand des femmes de l'entourage de la victime, bravant l'interdiction de l'imam, ont porté sa dépouille au cimetière, une tâche traditionnellement réservée aux hommes.« La violence contre les femmes est une plaie ouverte dans notre société [...], une rupture de la confiance de Dieu », s'est épanché, lundi, le président Recep Tayyip Erdogan, tandis que son premier ministre, Ahmet Davutoglu, promettait de « briser les mains » des coupables. Sous le coup de l'émotion, quelques figures du Parti pour la justice et le développement (AKP, islamo-conservateur, au pouvoir) – le ministre de l'économie Nihat Zeybekci, le député Burhan Kuzu, chargé de rédiger la nouvelle Constitution, son collègue Ahmet Iyimaya, qui dirige la commission parlementaire pour la justice – ont évoqué un éventuel rétablissement de la peine de mort, abolie en 2004 pour amener le pays aux standards européens.UN PROBLÈME DEVENU RÉCURRENTRacontée par la presse dans ses moindres détails, le calvaire de Özgecan Aslan a jeté une lumière crue sur un problème devenu récurrent en Turquie, quand la violence infligée aux femmes par les hommes n'a cessé d'augmenter ces dix dernières années. L'ONG « Stoppez les assassinats de femmes » dénombre 255 femmes tuées pendant les dix premier mois de 2014, contre 237 en 2013. Les chiffres cités par le ministère de la justice reflètent une courbe inégale selon les années : 66 assassinats en 2002, 1 011 en 2007, 1 126 en 2009, 155 en 2012.Lire : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ?Toutes les ONG en conviennent, le plus souvent, l'assassin est le mari, le père, le beau-père, le fils ou l'amant. La mise à mort survient après une séparation, par jalousie ou dès lors qu'il est question du code de l'« honneur » (töre) invoqué pour justifier les actes les plus sauvages. C'est ce qui s'est passé le 31 janvier 2015 pour C. I., une jeune fille de 18 ans originaire de Mardin (sud est), qui fuyait sa famille en compagnie de son bien-aimé, Hamdullah, 25 ans. Des hommes, parents de la jeune fille, guettaient son arrivée à la gare routière d'Istanbul. Le couple, à peine sorti du bus, a été attaqué à coups de couteau. Le jeune homme est mort sur le coup, la jeune femme, grièvement blessée, emmenée à l'hôpital. Toute la scène eut lieu en plein jour, sous les regards de centaines de voyageurs. La violence est en effet présente au quotidien. D'après une étude faite en 2013 sur les femmes mariées à travers tout le pays, par l'université Hacettepe, à Ankara, 39 % des épouses interrogées reconnaissent avoir subi des violences physiques, 15 % confient avoir connu des violences sexuelles, 44 % déplorent des violences verbales.Les associations de défense des femmes dénoncent les failles du système judiciaire, plus enclin à justifier les hommes qu'à protéger les femmes. L'AKP est montré du doigt pour les sorties sexistes de ses ténors. En juillet 2014, le vice premier ministre Bülent Arinc avait été la risée des réseaux sociaux après avoir invité la gent féminine à « préserver sa décence (…), ne pas rire fort en public et protéger son honneur ».« UNE POLITIQUE DISCRIMINATOIRE »A Avcilar, un quartier périphérique à l'ouest d'Istanbul, où des centaines de militantes féministes s'étaient rassemblées dimanche matin, des accusations ont fusé contre le gouvernement, accusé de mener « une politique discriminatoire ».Nombreuses sont les jeunes citadines, indépendantes et éduquées, qui dénoncent la tendance des islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP) à vouloir leur imposer des règles de vie d'un autre âge. Comme ce jour du 24 novembre 2014, où le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé, citant le Coran, que les femmes ne pouvaient être considérées comme les égales des hommes. « Notre religion a défini une place pour les femmes, la maternité », a-t-il expliqué devant les représentantes de l'association Femmes et démocratie, dirigée par sa fille cadette Sumeyye. La politique familiale de l'AKP s'est vite heurtée aux réticences des associations de femmes. Un projet de loi, visant en 2012 à ramener le délai légal de l'avortement de dix à quatre semaines, a du être abandonné face au tollé. Régulièrement, le chef de l'Etat recommande aux femmes de donner naissance à trois enfants, au minimum.A quatre mois des législatives, l'assassinat de la jeune étudiante a attisé les règlements de compte politiques. « L'AKP est arrivé au pouvoir en arguant que la moralité avait pris un gros coup [...], mais la démocratie et la morale ont perdu beaucoup de sang ces dernières années », a critiqué dimanche Kemal Kiliçdaroglu, le président du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate, opposition).Lundi au Parlement, la députée du CHP pour Mersin, Aytug Atici, a renouvelé la charge contre les islamo-conservateurs, critiqués pour leur piètre bilan en matière de droits des femmes. La Turquie préside actuellement le G20, le club des pays les plus riches du monde, dont l'un des buts déclarés est de réduire le fossé qui existe entre les femmes et les hommes, notamment en matière d'emploi, un secteur où les femmes turques sont peu représentées (29 % des actifs)Marie Jégo (Istanbul, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.02.2015 à 11h26 • Mis à jour le17.02.2015 à 13h07 | Emeline Cazi, Maxime Vaudano et Elise Vincent C’est très certainement par un banal SMS que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont lancé leurs attaques meurtrières. On n’en connaît ni la longueur ni le contenu. Mais on sait son heure, son expéditeur, son destinataire. Et ces éléments, dont Le Monde a pu prendre connaissance, lèvent aujourd’hui tous les doutes qui ont pu entourer la concomitance des actes des trois hommes début janvier, à Paris : il s’agissait bien d’attentats coordonnés.Lire l’intégralité (édition abonnés) : Une heure avant « Charlie », le dernier SMSAprès avoir minutieusement épluché des centaines d’expertises téléphoniques, les enquêteurs ont en effet pu vérifier que le court message avait été envoyé le 7 janvier au matin. Qu’il a été localisé par la borne du domicile de Chérif Kouachi, à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. Qu’il a ensuite immédiatement été reçu par l’une des treize lignes de téléphone avec lesquelles jonglait Amedy Coulibaly depuis quelques mois. Et qu’il a été écrit à 10 h 19, soit une heure avant l’attaque de Charlie Hebdo.Armés jusqu’aux dentsJamais, jusqu’à présent, la preuve qu’ils s’étaient formellement concertés dans leurs attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, les 7 et 9 janvier, à Paris n’avait pu être établie. Les enquêteurs en ont désormais la certitude.Le SMS avant-coureur a été envoyé d’une ligne de téléphone qui n’a manifestement été ouverte, estiment les enquêteurs, que dans le but de permettre aux trois hommes d’échanger discrètement durant les vingt-quatre dernières heures avant le début des tueries. Grâce à l’analyse de cette ligne, les policiers ont également la conviction que Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly se sont rencontrés dans la nuit du 6 au 7 janvier, la veille des attentats, entre minuit et 1 heure du matin, moment où Chérif Kouachi a expliqué à son épouse qu’il devait sortir de son domicile.Le matin du 7 janvier, l’aîné des Kouachi, Saïd, est arrivé de Reims (Marne), où il vivait, par le TGV de 8 h 31. Il a rejoint en métro depuis la gare de l’Est le domicile de son cadet. Les deux frères se sont enfermés dans le séjour. Puis ils sont repartis vers 10 heures. Chérif était déjà habillé tout en noir, mais il avait enfilé un manteau gris à capuche, selon le récit de ses proches. Une heure plus tard, les deux frères se présentaient armés jusqu’aux dents devant le siège de Charlie Hebdo, assassinant douze personnes.Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont été extrêmement minutieux dans la préparation de leurs crimes. La colossale enquête policière sur les attentats le prouve. Le téléphone depuis lequel a été envoyé le SMS devait seulement permettre de caler les derniers détails des opérations. Ils n’ont eu sur cette ligne que des contacts minimalistes : six SMS au total. Celui de 10 h 19 a été le dernier.De son côté, Amedy Coulibaly, avec son expérience hors norme des trafics et des braquages, maîtrisait les techniques de prudence et l’art de la dissimulation. L’enquête montre que l’ex-caïd de cité avait repéré sur Internet plusieurs commerces juifs avant d’attaquer l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dont il a vérifié les horaires d’ouverture, avant de passer à l’attaque, d’assassiner quatre personnes parmi ses otages et d’être tué par les policiers.Retrouvez l’intégralité de nos contenus sur les attentats de Paris et notre grand format : « Des attentats à la marche républicaine, les cinq jours de Charlie Hebdo »Emeline CaziJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.02.2015 à 10h55 • Mis à jour le17.02.2015 à 11h05 | Maryline Baumard Le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe n’avait pas imaginé les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Ni le cortège d’actes islamophobes ou antisémites qui s’enchaînent depuis. Pourtant, le rapport sur la France que Nils Muiznieks avait déjà finalisé à la veille de ces événements, et qu’il rend public mardi 17 février, voulait montrer une France déjà vacillante sur ses valeurs.« Le commissaire s’inquiète du recul de la tolérance et du nombre élevé d’agressions verbales et de démonstrations injurieuses à caractère haineux ou discriminatoire recensées en France », pose la toute première phrase de ses 52 pages. Il déplore également, dès le paragraphe suivant, « qu’aux discours s’ajoutent des actes haineux, qu’ils soient racistes, xénophobes, antimusulmans ou homophobes ». Ce que la France vit depuis janvier donne raison à son constat d’« un inquiétant effritement de la cohésion sociale et du principe d’égalité ». En effet, si « l’antisémitisme et l’islamophobie sont très graves dans tous les pays, ils le sont plus encore en France parce que les juifs et les musulmans y sont largement représentés », a-t-il expliqué au Monde. A ses yeux, la riposte est donc urgente.Antisémitisme : l’Etat en quête de réponses« Réagir avec vigueur », voilà la recommandation première faite par le représentant de l’Europe à « ce pays qui pourrait bien mieux faire », comme le rappelle M. Muiznieks. Ce dernier estime en effet qu’« un plan national d’action sur les droits de l’homme » est nécessaire, « plutôt qu’une série de mesures indépendantes ». Optimiste, il compte sur la mobilisation nationale contre le racisme qui doit être prochainement annoncée par François Hollande. « Une cause nationale permet de faire avancer des sujets. Espérons que les groupes victimes de discriminations seront au cœur de la réflexion », ajoute-t-il. Interrogé par Le Monde sur l’usage du terme « apartheid » par le premier ministre Manuel Valls, il estime qu’il s’agit d’un premier pas, parce que cela illustre la volonté d’un électrochoc.Dans la France de 2015 où les citoyens ne sont plus égaux, la prise de conscience est urgente. Lorsque le commissaire a fait sa visite, en septembre 2014, il a été « choqué » par la présence dans les rues de Paris de nombreux très jeunes migrants afghans sans abri, comme par la non-scolarisation régulière d’une vingtaine d’enfants roms dans un camp qu’il a visité à Marseille. « Et alors que les familles étaient installées là depuis des années », ajoute-t-il. « La France peut mieux faire en matière de scolarisation des enfants roms comme en matière d’évacuation des camps ». Au passage, d’ailleurs, il « prie les autorités de mettre un terme sans délai aux évacuations forcées » qui se sont égrenées toute l’année 2014 à raison d’une tous les trois jours.L’accueil de réfugiés syriens lui semble aussi une injure faite à cette immense catastrophe humanitaire. « La France en recevra 500 en 2015, comme en 2014, quand l’Allemagne en a accepté 10 000 l’an dernier », dit-il, laissant parler les chiffres. Dans le même registre, il se dit « très préoccupé » par les 2 300 migrants stationnés à Calais et rappelle que la situation « ne peut être résolue par les seules mesures sécuritaires ». Et ce n’est pas tout. A ses yeux, « la France a aussi un problème avec ses handicapés ». « Est-il normal que des milliers de handicapés adultes quittent leur pays pour rejoindre la Belgique parce qu’ils ne trouvent pas de solution de vie [des lieux adaptés] ? », interroge M. Muiznieks, étonné que le traitement du handicap ne soit jamais abordé dans l’Hexagone en termes de droits de l’homme.La France moins bonne élèveDerrière tous ces manquements, le diplômé en sciences politiques de l’université américaine de Berkeley (Etats-Unis) pointe la responsabilité de la classe politique. « Certains membres de la communauté politique tiennent des discours haineux et contribuent ainsi à la banalisation de tels propos. Leur langage donne un signal à la police, aux fonctionnaires en général mais aussi au citoyen », martèle-t-il, avant d’inviter « les représentants de l’Etat et de la classe politique à tenir un discours fort et clair, qui non seulement rejette le racisme, la xénophobie et toutes les formes de discrimination, mais aussi valorise le principe d’égalité et le respect des différences ». Il est bien loin le rapport précédent, publié en 2006, qui s’ouvrait sur le constat que « beaucoup d’Européens voient la France comme le pays des droits de l’homme et qu’effectivement la France offre un haut niveau de protection ». La France a changé et est moins bonne élève que nombre des pays européens comparables. Une plongée dans les rapports publiés récemment par Nils Muiznieks montre que l’homme n’est pas coutumier des discours alarmistes. En 2013, il remettait un rapport à l’Espagne, critiquant son système de garde à vue et le comportement des policiers lors des manifestations ; en mai 2014, son rapport sur les Pays-Bas insistait surtout sur le droit des immigrés et des enfants, un peu oubliés. Et quelques mois auparavant, son travail sur le Danemark pointait les faiblesses de l’accueil des migrants et des demandeurs d’asile, mais félicitait le pays pour avoir su aider ses policiers à limiter les discriminations. A chaque fois, des critiques certes, mais plus mesurées.L’UE impuissante face aux drames de l’immigrationPourtant, Nils Muiznieks estime que le pays qui a vu naître les droits de l’homme est armé pour réagir. Contrairement à d’autres, « la France est remarquablement outillée. Sur le plan des structures comme en matière législative, elle dispose de bien plus d’outils que la plupart de ses voisins. Par ailleurs, elle compte un maillage associatif qui fait un travail exceptionnel », observe l’universitaire letton. Une vraie note d’espoir !  Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.02.2015 à 10h39 • Mis à jour le17.02.2015 à 16h22 | Philippe Jacqué Le marché automobile européen repart d’un bon pied en 2015. Sur la lancée d’une année 2014 prometteuse, avec une croissance de 5,7 %, le mois de janvier confirme la tendance en affichant une progression de 6,7 % des immatriculations, selon les données de l’Association européenne des constructeurs automobiles, publiées mardi 17 février.En janvier, près d’un million de véhicules ont été immatriculés. Cela reste encore en retrait de 20 % à 30 % par rapport aux années d’avant 2008, année du déclenchement de la crise financière. Mais c’est déjà meilleur qu’en 2009, année où le marché s’était effondré, à 900 000 unités.La croissance du marché provient essentiellement du redressement des pays étrillés par la crise économique. Après l’Espagne, qui poursuit son rétablissement en janvier (+27,5 %), grâce à un plan de soutien gouvernemental, c’est au tour de l’Italie de prendre désormais le relais. Le marché italien a progressé de 10,9 % en janvier. Cela fait suite à la croissance de 4,2 % sur l’ensemble de l’année 2014.L’Irlande, un tout petit marché, poursuit également son retour, porté par la reprise économique. Ses immatriculations ont cru de 30,6 % en janvier, après avoir connu une année 2014 en hausse de 29,6 %. Le Portugal, après avoir connu un bond de 34,8 % de ses ventes l’an dernier, reste sur la même dynamique en ce début  2015. Les immatriculations progressent encore de 28 %.La poussée de NissanCôté constructeurs, la croissance profite, en termes de volumes, aux alliés Renault, Nissan et Daimler. Si Volkswagen (+ 6,8 %) et PSA (- 1,4 %) restent les deux premiers groupes européens, Renault tape sérieusement à la porte. Après une croissance de ses immatriculations l’an dernier de 13,3 %, les ventes du groupe français ont progressé en janvier de 10 %, à 95 315 unités.Cette fois, ce n’est pas seulement la marque à bas coût Dacia (7,3 %), qui dynamise les ventes du groupe, mais aussi Renault (11,3 %), grâce à la bonne tenue des ventes de Clio et Captur.Après une croissance 2014 de 13.4 %, le japonais Nissan accélère en 2015. Ses immatriculations ont bondi de 36,3 %, à 42 800 immatriculations. C’est à moins de 6 000 unités des ventes affichées par Toyota, le premier groupe japonais en Europe, qui accélère moins rapidement. Cette année, Nissan a annoncé sa volonté de devenir le premier constructeur japonais en Europe, porté par sa gamme de « crossover » (Juke, Qashqai, XTrail) et sa Pulsar, sa nouvelle berline compacte.Enfin, autre groupe en pleine croissance, Daimler. L’allié allemand de Renault et Nissan voi ses immatriculations progresser de 15 %, après une année de reconstruction (3,4 % en 2014). Le groupe de Stuttgart progresse dix fois plus vite qu’Audi et deux fois plus vite que BMW, ses deux rivaux dans le premium.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.02.2015 à 08h41 • Mis à jour le17.02.2015 à 12h34 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2hee25"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2hee25", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Un train transportant plus de 100 conteneurs de pétrole a déraillé, dans la nuit de lundi 16 à mardi 17 février, au cours d'une tempête de neige dans l'Etat de Virginie Occidentale, aux Etats-Unis. Au moins quatorze conteneurs ont pris feu provoquant des immenses explosions de plusieurs mètres. Un autre conteneur est tombé dans la rivière bordant la voie, selon des témoins sur place.L'explosion n'a, a priori, fait aucun blessé, selon les informations rapportées par CSX, la compagnie ferroviaire. L'état d'urgence a toutefois été décrété par le gouverneur, Earl Ray Tomblin, aux alentours de 6 heures, rapporte le Los Angeles Times. Une partie du train ayant déraillé est allée percuter une maison bordant la voie, selon le témoignages de riverains de la localité de Charleston où est survenu l'accident vers 1 h 20 du matin. Les autorités locales ont évacué plus de 1 000 personnes, soit des centaines de famille, selon un responsable de la sécurité publique de l'Etat.Près de neuf heures après le début de l'accident, les feux n'étaient toujours pas éteints, selon les autorités, qui ont expliqué qu'ils allaient laisser le feu finir de se consumer.« COMME SI UNE BOMBE ATOMIQUE AVAIT EXPLOSÉ »Des témoins sur place parlent d'explosions de plusieurs centaines de mètres de hauteur. « C'était un peu effrayant. C'était comme si une bombe atomique avait explosé », a indiqué David McClung, qui dit que l'une des explosions a propulsé une boule de feu à 90 mètres au moins dans le ciel.2 Städte in #WestVirginia nach Zugunglück evakuiert!#USA #Zug #trainVideo Quelle: PzFeed@ORF @puls4news @ntvdepic.twitter.com/WOlnX4MHcT— Zoran (@MyZoran) 16 Février 2015L'Etat de Virginie-Occidentale avait été placé en alerte tempête de neige. Mais, pour l'heure, il n'a pas été établi que la tempête de neige soit à l'origine de l'accident.Le département fédéral des transports réfléchit actuellement à des moyens pour mieux encadrer le transport ferroviaire des cargaisons de pétrole, après une série d'accidents similaires, dont le dernier avait eu lieu cet été à Lynchburg, en Virginie. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Ultimatum européen », « Torpille allemande au plan Moscovici », « Violente confrontation »… Les titres de la presse grecque, mardi 17 février au matin, étaient pour le moins guerriers pour évoquer l’échec de l’Eurogroupe, la réunion des ministres des finances de la zone euro, la veille à Bruxelles.Après quatre petites heures de discussion seulement, le camp du premier ministre grec, Alexis Tsipras a qualifié d’« absurde et inacceptable » la proposition avancée par ses partenaires européens, ce qui a provoqué la fin de la réunion.« J’ai regardé hier soir la conférence de presse des représentants de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) et une colère profonde a commencé à monter », raconte visiblement toujours ému Vassilis Dimitriadou.En route pour son travail d’employé de banque, le jeune homme s’est arrêté ce matin consulter les titres de la presse devant l’un de ces nombreux kiosques qui peuplent Athènes. « Qu’est ce que c’était que cette condescendance ? J’ai bien compris qu’ils avaient désormais un front commun et que ce front c’est : vous acceptez d’abord de prolonger le plan et après on discute. Et nous alors, notre vote compte pour du beurre ? », s’énerve Vassilis.« Je suis sidéré des propos de Schäuble »La discussion s’engage alors avec les autres passants. « Je crois qu’il s’agit d’un nouveau tour de négociations, où chacun surjoue la fermeté pour atteindre une partie de ses objectifs », pense, quant à lui, un pharmacien venu lui aussi lire les titres.« Moi je suis sidéré des propos du ministre allemand, Schäuble, qui a dit, lundi matin, qu’il était désolé pour le peuple grec de l’irresponsabilité de notre gouvernement », intervient alors une dame d’un certain âge.« Mais pour qui se prend-il ?, poursuit-elle. Ce gouvernement, on l’a élu justement parce que l’on veut en finir avec l’austérité et, pour une fois, on a une équipe qui fait ce qu’elle a promis ! Et ce serait nous les irresponsables ? Il a compris Schäuble où va l’Europe avec un tel mépris de la démocratie et des gens ? » Cette question du déni démocratique revient beaucoup aujourd’hui. Le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis lui-même dans sa conférence de presse post Eurogroupe lundi soir a insisté sur ce point.« Décréter des ultimatums, donner la priorité au principe de la continuité de l’État grec par rapport à celui de la démocratie, ne manquerait pas d’avoir des répercussions négatives sur l’ensemble du projet européen », a-t-il menacé.« Cette rhétorique guerrière m’effraie »« Moi, toute cette rhétorique guerrière m’effraie. À notre prétendue fermeté répond une fermeté accrue côté européen et je trouve tout cela dangereux », se désole, quand à lui, Nikitas Varlas. Pour ce jeune homme de 29 ans, employé dans un magasin de meubles, « la position agressive grecque m’interpelle ». « J’ai voté pour Syriza parce que la situation sociale est devenue insupportable en Grèce et que le mépris du précédent gouvernement pour les plus faibles était intolérable. Mais j’ai peur que ce gouvernement ne se montre finalement trop exigeant trop vite et que l’on sorte de l’euro », ajoute Nikitas, sous le regard réprobateur de deux de ses amis.« L’Europe trop à perdre à nous foutre dehors », lui répond ainsi Dané Stadila. Pour la jeune femme, « le coût politique d’un tel mépris des peuples est totalement sous estimé dans le débat. »Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Foucart La course vers la prochaine grande conférence climatique, qui se tiendra à Paris en décembre, n’est peut-être pas si mal engagée. Un sondage national rendu public jeudi 30 janvier et conduit outre-Atlantique par l’université Stanford (Californie), le think tank Resources for the Future et le New York Times, montre qu’une forte majorité d’Américains est favorable à des politiques de lutte contre le réchauffement.Selon l’étude, 67 % des personnes interrogées sont sur cette ligne et déclarent qu’elles voteront plus probablement en 2016 pour un candidat à l’élection présidentielle qui fera de la lutte contre le réchauffement l’une de ses priorités. La principale surprise de l’enquête est l’adhésion assez large du camp républicain, dont près de la moitié (48 %) des sympathisants est également favorable à l’action climatique.Contraste avec les élus républicainsCe chiffre est en fort contraste avec l’opinion généralement affichée par les élus du grand parti conservateur américain : selon un récent comptage mené par l’association Climate Progress, les trois-quart des parlementaires républicains sont climatosceptiques. Une estimation récemment confirmée par le rejet d’un projet de résolution déposé le 20 janvier au Sénat par le camp démocrate, qui consistait simplement à affirmer la validité du consensus scientifique, c’est-à-dire la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement en cours. En 2012, rappelle le New York Times, tous les candidats à la primaire républicaine, à l’exception d’un seul, Jon Huntsman Jr., affichaient des positions climatosceptiques.Lire aussi : Comment le Parti républicain a censuré Barack Obama sur le climatMarqueur politique beaucoup plus clivant qu’en France, la question climatique est traditionnellement aux Etats-Unis un sujet d’opposition radicale entre droite et gauche. Les calamités météorologiques qui s’abattent depuis quelques années sur le pays commencent-elles à dépolariser le sujet ? C’est en tout cas ce que suggèrent les résultats de l’enquête. A la question : « Si rien n’est fait pour réduire le réchauffement à venir, quelle sera l’ampleur du problème pour les Etats-Unis ? » 78 % des personnes interrogées répondent que le problème sera « très sérieux » (44 %) ou « plutôt sérieux » (34 %). Une majorité se dégage également au sein des rangs conservateurs : 54 % des républicains et même 59 % des sympathisants du Tea Party font ainsi de la question climatique un enjeu important pour l’avenir des Etats-Unis.Mesures contraignantesL’ampleur du problème au niveau mondial est plus consensuel encore, puisque 83 % des répondants (et 61 % des républicains) l’estiment « sérieux » à « très sérieux » pour l’avenir.Ce constat est cependant tempéré par la conviction, majoritairement affichée par les personnes interrogées, toutes tendances confondues, que le changement climatique n’a eu et n’aura que peu, ou pas, d’influence sur leur propre vie. Près de 60 % des personnes interrogées conviennent cependant que cette influence sera « importante » à « très importante » pour les futures générations.Plus étonnant encore au pays du libéralisme économique : 78 % des personnes interrogées (60 % des républicains) seraient d’accord avec une limitation, imposée par le gouvernement fédéral, des quantités de gaz à effet de serre émises par les entreprises américaines. De même, 80 % des répondants soutiendraient une politique de déductions fiscales pour les producteurs d’énergies renouvelables. Il y a cependant une limite à tout : des taxes sur l’électricité supportées par les particuliers, de même qu’une surtaxation des hydrocarbures, sont assez massivement rejetées.L’étude montre enfin que le climatoscepticisme est en net recul outre-Atlantique. En 2011, une précédente étude de l’université Stanford estimait à 72 % la proportion d’Américains convaincus que le changement climatique est causé « au moins en partie » par les activités humaines. Au dernier pointage, ce taux a grimpé de près de 10 points, à 81 %.Stéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.02.2015 à 17h04 La Croatie a lancé lundi 2 février un programme d'effacement des dettes de plusieurs dizaines de milliers d'habitants parmi les plus démunis du pays, frappé depuis plus de six ans par une récession économique.Le montant total des dettes qui doivent être effacées représente environ 46 millions d'euros, soit 0,1 % du produit intérieur brut, a annoncé le gouvernement de centre-gauche, à la popularité décroissante, alors que des élections législatives sont prévues à la fin de l'année. Quelque 60 000 personnes pourront bénéficier de cette mesure.Elle consiste à effacer les dettes des personnes en difficulté, endettées à hauteur de 4 500 euros, auprès d'entreprises publiques, d'opérateurs de téléphonie ou de banques. Elle s'appliquera à ceux dont les revenus mensuels ne dépassent pas 325 euros, ainsi qu'aux familles dont les revenus cumulés ne dépassent pas 160 euros pour chacun de leurs membres. Cette disposition concerne également ceux qui touchent déjà des allocations sociales.« UNE MESURE EXCEPTIONNELLE »« C'est une mesure sociale dont nous sommes fiers », a déclaré le premier ministre croate, Zoran Milanovic. « C'est une mesure exceptionnelle. Le système ne pourra pas constamment reposer sur ce genre de solution, [mais] nous faisons tout ce qui est possible pour faciliter la vie des gens dans cette crise longue et épuisante », a-t-il ajouté.Le salaire moyen en Croatie, pays de 4,2 millions d'habitants, qui a adhéré en 2013 à l'Union européenne, était en octobre de 737 euros. Le chômage y touche 19,2 % de la population active. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le quotidien allemand Handelsblatt assurait, dimanche 1er février, que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, voulait « supprimer la troïka », cet attelage des principaux créanciers d’Athènes (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international).Il s’agit là d’une revendication forte du nouveau gouvernement grec, mené par Alexis Tsipras, qui a commencé de renégocier les termes de l’énorme dette du pays (320 milliards d’euros) avec l’Union européenne.Après la victoire de Syriza, Athènes veut « arrêter d’imiter Sisyphe »Lundi 2 février, Margaritis Schinas, le porte-parole de la Commission, a confirmé qu’à terme la troïka devrait évoluer, mais il a nié que des réflexions étaient déjà en cours pour savoir la forme que prendrait, à l’avenir, la structure chargée de surveiller la mise en œuvre de l’aide financière internationale à la Grèce. « Nous n’envisageons pas une nouvelle structure, n’avons pas de nouvelle formule », a t-il déclaré.Que la troïka soit, dans les mois qui viennent, amenée à disparaître ou du moins à fortement évoluer, n’est, en réalité une information ni nouvelle ni surprenante.Décryptage.M. Juncker a dénoncé à plusieurs reprises la troïka Une refonte de cet attelage était déjà présente dans le programme de campagne de M. Juncker, au printemps 2014, avant qu’il soit désigné, suite aux élections européennes, président de la Commission.« À l’avenir, nous devrions être en mesure de remplacer la troïka par une structure plus légitimement démocratique et plus comptable de ses actes, basée autour des institutions européennes, avec un contrôle parlementaire renforcé, tant au niveau européen que national », peut-on ainsi y lire.Pas plus tard que le 16 janvier, devant des étudiants de l’Ecole nationale d’administration, à Strasbourg, il soulignait également : « Les mécanismes de gestion de la crise que nous avons eus n’étaient pas très démocratiques. J’ai toujours plaidé pour que nous ajoutions une dose de démocratie à la troïka. Je note d’ailleurs que l’avocat général à la Cour de justice européenne de Luxembourg (…) semble vouloir interdire à la BCE de rester un membre de la troïka si, dorénavant – comme elle le fit par le passé –, la BCE peut à la fois fixer les termes d’un programme d’ajustement et participer à la mise en œuvre d’un tel programme. C’est une indication que la troïka dans la forme que nous avons connue jusqu’à présent ne devrait pas connaître de beaux lendemains. »Et d’ajouter de manière encore plus claire : « Je voudrais qu’il y ait une structure parlementaire, des membres du Parlement européen et des membres des parlements nationaux, qui se réunissent régulièrement pour évoquer les grands sujets économiques de l’Union européenne. »La troïka est aussi la cible de critiques du Parlement européenLes déclarations de M. Juncker au sujet de la nécessité d’introduire un contrôle parlementaire, c’est-à-dire démocratique, de la troïka, ne sont pas innocentes. Le Parlement européen s’est montré très critique, au printemps 2014, sur le travail de cette structure, dans les conclusions d’un rapport d’enquête, qui ont reçu un large écho médiatique.Ce rapport concluait qu’en Grèce, la troïka a privilégié les coupes budgétaires aux réformes de structure, qu’elle n’a pas assez tenu compte des problématiques sociales et de l’emploi locales.Il pointait également le fait qu’elle ne soit constituée que de « technocrates », qui plus est de « second rang », et que cela aboutissait à un manque d’efficacité : comment le pouvoir politique grec pouvait-il, sans ressentir une énorme humiliation, accepter des diktats de fonctionnaires de Bruxelles ?Par construction, la troïka est vouée à disparaîtreChargée, en Grèce, d’examiner la mise en œuvre des programmes d’ajustement, elle n’a plus lieu d’être dès lors que ceux-ci s’achèvent.En l’occurrence, elle aurait dû cesser son « activité » fin décembre 2014, au moment où devait s’achever, comme cela était prévu initialement, le deuxième plan d’aide à la Grèce (un prêt de 130 milliards d’euros, accordé par les Européens et le FMI en 2012, en échange de réformes).En l’absence d’accord entre l’ex-premier ministre grec, le conservateur Antonis Samaras, et la troïka, la date butoir pour les pourparlers entre Européens et Grecs sur la clôture du deuxième plan d’aide a toutefois été repoussée à fin février 2015.La question de la troïka va donc forcément être rediscutée dans le cadre de la négociation qui s’engage entre le gouvernement Tsipras et ses bailleurs de fonds.Mais dans le schéma initial, si tout s’était passé comme espéré par les bailleurs de fonds d’Athènes, une nouvelle phase, à partir du 1er janvier 2015, se serait ouverte.Les Grecs auraient pu bénéficier d’une ligne de « précaution » de quelques milliards d’euros en cas de nécessité. Et, pour ses besoins budgétaires courants, l’Etat grec se serait financé lui-même sur les marchés.Les créanciers auraient alors continué d’exercer une surveillance du pays, mais en suivant « de manière plus distante, à travers des missions plus légères, moins fréquentes, une dizaine de politiques publiques », comme l’avait indiqué, dans un entretien au « Monde », début janvier, Pierre Moscovici, commissaire européen chargé de l’économie (et du dossier grec).La troïka « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites », avait ajouté l’ex-ministre de l’économie français.Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. MoscoviciMise en place d’une nouvelle structureDans le contexte actuel, et même si Grecs et Européens (et FMI) décident, au bout du compte, dans quelques semaines, d’un troisième plan d’aide à la Grèce – si le pays n’a toujours pas les moyens de voler financièrement de ses ailes –, il est très probable que la troïka aura été modifiée. Et renommée.Ce sera un « trio », une « task force », représentant les intérêts des créanciers. La BCE n’y participera peut-être plus. Le FMI y sera peut-être plus discret.Les Européens savent qu’au moins en termes d’affichage, il faut qu’ils donnent aux Grecs ce gage : la troïka a trop été le symbole, ces cinq dernières années, de la « mise sous coupe réglée », de l’humiliation de tout un peuple.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.02.2015 à 15h38 • Mis à jour le02.02.2015 à 16h10 Oskar Gröning, 93 ans, est l'ancien comptable d'Auschwitz. Il comparaîtra à partir du 21 avril pour complicité d'assassinat de 300 000 personnes, selon le communiqué du tribunal.Sergent des Waffen SS, l'accusé a travaillé dans le camp d'extermination situé en Pologne du 16 mai 1944 au 11 juillet 1944. Une période pendant laquelle près de 425 000 personnes ont été déportées à Auschwitz, dont au moins 300 000 ont péri dans les chambres à gaz.Oskar Gröning était chargé de compter les billets de banque retrouvés dans les bagages des prisonniers et de les transférer aux autorités nazies à Berlin, selon le parquet de Hanovre. L'accusé devait également débarrasser les bagages des déportés afin qu'ils ne soient pas vus par les nouveaux prisonniers. D'après l'accusation, il était conscient que les prisonniers déclarés inaptes au travail « étaient assassinés directement après leur arrivée dans les chambres à gaz d'Auschwitz ».Cinquante-cinq parties civiles, essentiellement des survivants et des familles de victimes, participeront à l'audience qui se déroulera devant le tribunal de Lunebourg, une ville située au sud de Hambourg.« MAILLON DANS LA MACHINE À TUER »En 2005, Oskar Gröning avait indiqué au quotidien Bild qu'il regrettait d'avoir travaillé dans le camp d'extermination, affirmant qu'il continuait d'entendre les cris venant des chambres à gaz. « J'ai eu honte pendant des décennies et j'ai toujours honte aujourd'hui, non pas de mes actes parce que je n'ai jamais tué personne. Mais j'ai offert mon aide. J'étais un maillon dans la machine à tuer qui a éliminé des millions de personnes innocentes », avait souligné cet homme qui avait 21 ans lorsqu'il se trouvait à Auschwitz.La justice allemande s'était concentrée après-guerre sur les accusés contre lesquels elle disposait de preuves directes ou de témoignages, mais la condamnation de l'apatride d'origine ukrainienne John Demjanjuk à Munich en mai 2011 a élargi la qualification de complicité de meurtre à des personnes ayant des postes même subalternes et sans implication directe dans les crimes perpétrés dans les camps.Depuis les procès des dignitaires nazis à Nuremberg en 1945-46, environ 106 000 soldats allemands ou nazis ont été jugés, 13 000 reconnus coupables et la moitié condamnés, selon l'Office allemand chargé des crimes nazis. 02.02.2015 à 15h04 • Mis à jour le02.02.2015 à 15h24 | Philippe Pons (Tokyo, correspondant) Les conflits au Moyen-Orient ont longtemps été perçus au Japon comme « un feu de l’autre côté de la rivière ». Mais l’exécution en Syrie de deux otages japonais, Haruna Yukawa puis Kenji Goto, par l’organisation de l’Etat islamique (EI), place désormais le Japon en première ligne. Son image pacifiste, déjà battue en brèche par l’activisme du premier ministre nationaliste Shinzo Abe, ne le protège plus. Au Moyen-Orient, Tokyo va devoir faire des choix drastiques : combattre le terrorisme ou se tenir à l’écart de la tourmente. Eléments de réponse.L’Etat islamique assassine un otage japonaisA ce débat de fond s’en ajoute un autre, circonstanciel, sur le sens politique du premier ministre. Alors que des négociations étaient en cours depuis novembre pour sauver les deux otages, était-il politiquement judicieux d’annoncer au Caire le 17 janvier une aide humanitaire de 200 millions de dollars (177 millions d’euros) aux « pays combattant l’Etat islamique » ? Trois jours plus tard, l’organisation menaçait de les exécuter. Le quotidien des milieux d’affaires Nihon Keizai s’interroge, pour sa part, sur une « politique à courte vue », alors que le Japon dépend encore plus des hydrocarbures du Moyen-Orient depuis l’arrêt des centrales nucléaires à la suite de la catastrophe de Fukushima, en 2011.Depuis son arrivée au pouvoir, en 2012, Shinzo Abe a fait preuve d’un activisme diplomatique sans précédent et il vient d’augmenter le budget de la défense. Le meurtre des deux otages a rappelé aux Japonais les risques qu’implique cette ambition de puissance et la faiblesse des moyens dont dispose Tokyo pour la mettre en œuvre : marge de manœuvre diplomatique réduite en raison du poids du mentor américain – qui refuse toute négociation avec les terroristes – et inexpérience de la gestion des situations de crise, rendue encore plus complexe cette fois du fait de l’implication de la Jordanie, en raison de la demande d’échange de la djihadiste Sajida Al-Rishaoui, emprisonnée à Amman, contre Kenji Goto et un pilote jordanien capturé par l’EI.Quelles conséquences sur la diplomatie japonaise au Moyen-Orient ?Le Japon va devoir préciser sa position dans une région du monde où il a mené jusqu’à présent une diplomatie prudente, discrètement démarquée de celles des Etats-Unis et de l’Union européenne. Depuis les crises pétrolières du début des années 1970, le Japon a mené une politique mesurée au Moyen-Orient, où il n’a aucun passé colonial, afin d’assurer ses approvisionnements en pétrole. Il était l’un des rares pays à entretenir des relations suivies avec les acteurs de tous bords. Tokyo avait ainsi courtisé l’Iran après la révolution khomeyniste en 1979 en dépit des pressions américaines. Son soutien à l’invasion de l’Irak et la participation de ses « forces d’autodéfense », l’armée nippone, aux opérations de maintien de la paix avaient entamé cette diplomatie de la prudence. Deux diplomates japonais furent assassinés en 2003. L’année suivante, toujours en Irak, un Japonais fut décapité par le mouvement d’Abou Moussab Al-Zarkaoui et trois autres furent capturés puis libérés (sans que l’on sache si une rançon avait été versée).Pour les groupes terroristes, le Japon a rejoint la « croisade » contre l’Etat islamique : les alliés occidentaux mènent des actions militaires et il se charge de l’aide humanitaire et économique. Tokyo affirme n’avoir pour objectif que d’éviter une polarisation de la situation au Proche-Orient en contribuant par son assistance à la stabilisation de pays comme l’Egypte et la Jordanie et dissocie la prise d’otages de l’ambition de Shinzo Abe de renforcer les capacités militaires du Japon.L’Etat islamique cherche à déstabiliser Amman en utilisant ses otagesPhilippe Pons (Tokyo, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon C’est la fin d’un long calvaire pour Peter Greste. Après quatre cents jours de détention, dont un mois à l’isolement, le journaliste australien de la chaîne en langue anglaise Al-Jazira a été expulsé par les autorités égyptiennes. Dimanche 1er février, il s’est envolé pour Chypre. Peter Greste avait été condamné en juin 2014 avec deux autres journalistes de la chaîne, l’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy et l’Egyptien Baher Mohammed, à des peines de sept à dix ans de prison pour diffusion de « fausses informations » et soutien à une organisation terroriste, les Frères musulmans. Ils avaient été arrêtés lors d’une descente – filmée et diffusée à la télévision égyptienne – dans leurs chambres de l’hôtel Marriott, au Caire, le 29 décembre 2013.En expulsant Peter Greste, l’Egypte se débarrasse d’une affaire qui a terni son image à l’étranger. Leur procès a été dénoncé comme une farce par les organisations des droits de l’homme internationales. Les trois journalistes ont été pris en otages d’un différend politique entre l’Egypte et le Qatar autour de la chaîne que finance l’émirat et que l’Egypte accuse d’être le porte-voix des Frères musulmans. Ces derniers sont l’objet d’une sévère répression de la part des autorités depuis la destitution par l’armée du président islamiste, Mohammed Morsi, le 3 juillet 2013.Ils ont été soutenus par une importante campagne médiatique de la chaîne Al-Jazira et des médias du monde. Quant aux autorités australiennes, elles ont travaillé sans relâche pour obtenir la libération de leur ressortissant. Le Canada s’est également démené pour trouver une issue pour le sien, Mohammed Fahmy. Le président américain, Barack Obama a demandé à son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, d’user de la grâce présidentielle pour mettre un terme à leur emprisonnement, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2014. Le réchauffement des relations entre l’Egypte et le Qatar à la fin 2014 – et notamment la fermeture en décembre par le Qatar de sa chaîne égyptienne d’informations en continu Misr Moubasher – relancé l’espoir pour les trois hommes.Loi taillée sur mesureA plusieurs reprises, le raïs égyptien a confié à la presse qu’il aurait mieux valu expulser les journalistes pour épargner à l’Egypte cette mauvaise publicité. Au nom du respect de l’indépendance de la justice, il avait toutefois exclu d’interférer dans la procédure. La possibilité d’une grâce présidentielle, qu’il avait évoquée, était ainsi suspendue à la fin du procès en appel. Le 1er janvier, la Cour de cassation égyptienne a accepté l’appel. La décision, saluée unanimement, promettait toutefois les trois journalistes à de longs mois de détention dans l’attente du verdict. Les autorités égyptiennes ont finalement décidé de recourir dans le cas de Peter Greste à une loi taillée sur mesure, promulguée par décret présidentiel fin 2014, prévoyant l’expulsion de prévenus étrangers pour être rejugés ou pour purger leur peine dans leur pays.L’expulsion de M. Greste n’éteint pas la procédure. Conformément à la loi, s’il est condamné en appel, il devra purger en AUstralie. « Nous sommes heureux d’apprendre la libération de Peter Greste, mais on aurait espéré qu’il soit libéré parce qu’innocent, sur la base de lois normales, plutôt que grâce à une loi inconstitutionnelle », a estimé auprès des médias égyptiens Gamal Eid, le directeur du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme. Les défenseurs des droits de l’homme et les proches de MM. Fahmy et Mohammed craignent que les deux journalistes soient oubliés et laissés à leur triste sort. « Nous ne nous arrêterons pas tant que Baher et Mohammed n’auront pas retrouvé leur liberté aussi », a indiqué Mostapha Souag, le direction général d’Al-Jazira. « Les autorités égyptiennes ont le pouvoir de mettre un terme à cela proprement et c’est ce qu’elles doivent faire. » Peter Greste a promis, par la voix de son frère Andrew, qu’il se battrait pour ses collègues.L’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy, qui souffre de complications de santé liées à une hépatite C, pourrait être expulsé vers le Canada, selon certaines sources. Il en a fait la demande début janvier. Des sources judiciaires estiment qu’il devra renoncer à sa citoyenneté égyptienne pour bénéficier de la même loi que Peter Greste, qui ne s’applique pas aux binationaux. « Pourquoi un être humain doit-il renoncer à sa citoyenneté pour être libéré de prison pour un crime qu’il n’a pas commis ? », ont questionné ses proches sur le compte Twitter qu’ils alimentent en son nom. Ils espèrent encore que le président Sissi lui offrira une alternative. Dans une lettre rendue publique le 1er février au matin, sa mère Wafa Abdel Hamid Bassiouni a imploré le président Sissi de lui accorder sa grâce, l’assurant de sa loyauté envers l’Egypte. Baher Mohammed ne dispose pour sa part d’autre issue que d’être innocenté ou gracié en appel.Le Caire revoit sa stratégie dans le SinaïLe président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé, dimanche 1er février, l’allocation de 1,3 milliard de dollars (1,145 milliard d’euros) à un programme de développement et de lutte antiterroriste dans le nord du Sinaï. Une nouvelle université consacrée au roi saoudien défunt Abdallah, parrain du Caire, y sera inaugurée. La veille, le chef de l’Etat avait annoncé la formation d’un commandement militaire unifié pour lutter contre l’insurrection djihadiste dans la péninsule désertique, sous les ordres du lieutenant-général Ossama Askar. Ces annonces font suite à l’attaque coordonnée de grande ampleur menée, jeudi, dans les villes d’Al-Arich, de Cheikh Zouweid et de Rafah par la province du Sinaï, la branche égyptienne de l’Etat islamique. Au moins 30 personnes, dont une majorité de militaires, ont été tuées dans ces attaques, qui ont fait une centaine de blessés.Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.02.2015 à 12h44 • Mis à jour le02.02.2015 à 14h25 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après une longue poignée de mains pour les photographes, lundi 2 février au matin, le négociateur en chef américain, Dan Mullaney, et son homologue européen, Ignacio Garcia Bercero, se sont engouffrés dans les bâtiments de la Commission européenne, à Bruxelles.Avec leurs équipes, ils vont, pendant une semaine, mener le 8e round de négociations du traité transatlantique, depuis le début des pourparlers, en juillet 2012.Ce marathon sera déterminant : s’il accouche d’une souris, le « TTIP » (pour Transatlantic Trade and Investment Partnership), qui bat déjà de l’aile, risque d’être compromis.Quels sont les objectifs du traité ?L’ambition est moins de trouver un accord sur un abaissement des droits de douane entre l’Union européenne et les Etats-Unis que de mettre en place un véritable marché unique transatlantique des biens et des services.Cela implique une harmonisation des réglementations dans l’industrie, les services, la reconnaissance des qualifications et des diplômes, etc. C’est un travail colossal.Les Européens tiennent à une reconnaissance de leurs appellations d’origine contrôlée. Et voudraient aussi obtenir une ouverture des marchés publics américains.Quant aux Américains, ils sont très intéressés par les marchés agricoles européens.Lire également : Pourquoi il faut s’intéresser au traité transatlantiqueQuand le traité devrait-il être conclu ?Les Etats européens ont rappelé, notamment lors du Conseil européen de fin décembre 2014 à Bruxelles, leur volonté d’achever les négociations sur le TTIP avant fin 2015.De l’avis de plusieurs sources proches du dossier, ce calendrier paraît extrêmement ambitieux, voire irréaliste.Comment la perspective de ce traité est-elle accueillie par les opinions ?Les opinions publiques sont de plus en plus mobilisées contre ce traité hors-norme.Beaucoup en Europe, notamment en Allemagne et en France, s’inquiètent d’un abaissement, à terme, des normes environnementales et de la protection sociale européenne.Au Parlement européen – qui a un droit de veto sur les traités internationaux –, les réticences sont aussi très marquées.Quels sont les points de blocage ?Les inquiétudes se focalisent notamment sur les « tribunaux d’arbitrage », auxquels tiennent beaucoup les Américains.Ces mécanismes, présents dans presque tous les accords d’investissement internationaux, visent à protéger une entreprise des expropriations par un Etat.Mais l’objet de ces arbitrages a été récemment dévoyé : Philip Morris a attaqué l’Australie, la société s’opposant à une loi sur le tabac. Le suédois Vattenfall réclame des milliards à l’Etat allemand après que Berlin a décidé la fin du nucléaire.Le risque ? Que les multinationales entravent le droit de légiférer des Etats.La Commission européenne a proposé, mi-janvier, des pistes d’amélioration : mise en place d’un mécanisme d’appel, garantie absolue du droit des Etats à légiférer, etc.La France et l’Allemagne ont, dans une lettre commune, appuyé la démarche de Bruxelles.Le 29 janvier a eu lieu à Paris une réunion de plusieurs ministres du commerce extérieur sur la question. Reste à trouver un accord politique à Vingt-Huit pour se lancer sur cette voie.Tribunaux d’arbitrage : comment corriger les failles ?Les Américains ont-ils la volonté d’aboutir ?Jusqu’à présent, les Américains ont semblé plus intéressés par la finalisation d’un autre accord d’envergure, le Trans-Pacific Partnership (TTP).Dans son discours sur l’Etat de l’Union, le 20 janvier, Barack Obama a toutefois redit sa volonté de mener à bien les deux accords de libre-échange et affirmé qu’il allait demander l’autorisation du Congrès pour négocier directement.Cette disposition, appelée « fast track », est considérée par les Européens comme essentielle pour donner un coup d’accélérateur aux discussions.Beaucoup dans le camp démocrate s’opposent à cette procédure, qui prive le Congrès de la possibilité d’amender l’accord négocié – il ne peut que s’y opposer.Mais la majorité républicaine semble plus encline à accompagner les négociations sur le TTIP.Jeudi 5 février, le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, sera en visite à Bruxelles où il est prévu qu’il rencontre Donald Tusk, le président du Conseil (la réunion des 28 Etats de l’Union).Cette rencontre pourrait donner le « coup de fouet » politique qui manque encore au traité, surtout côté américain.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.02.2015 à 11h52 • Mis à jour le02.02.2015 à 12h09 A l'heure où Washington étudie à nouveau la livraison d'armes à Kiev, le dirigeant de la république séparatiste de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, a dit lundi 2 février espérer mobiliser 100 000 hommes pour combattre les forces loyalistes ukrainiennes. « La mobilisation générale aura lieu dans la république populaire de Donetsk dans dix jours », a déclaré Alexandre Zakhartchenko, cité par l'agence de presse officielle séparatiste DAN.Les combats ont connu une nette recrudescence ces dernières semaines et l'espoir d'une sortie de crise s'est dissipé avec l'échec de nouveaux pourparlers, samedi. Les rebelles ont menacé la semaine dernière d'élargir leur offensive à tout le territoire des régions de Donetsk et de Louhansk dont une grande partie est toujours contrôlée par les autorités de Kiev.Lire le reportage de notre envoyé spécial : Village par village, les combattants prorusses progressent en UkraineL'Est rebelle en proie à un conflit armé depuis près de dix mois a connu un week-end sanglant au cours duquel une cinquantaine de soldats et de civils ont été tués alors que les négociations de paix tenues samedi pour conclure un cessez-le-feu ont échoué.Lire aussi (édition abonnés) : En Ukraine, du côté de l’armée face aux prorusses Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les dix-neuf ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) se réuniront mercredi 11 février à partir de 17 h 30 à Bruxelles avec un sujet au menu : la Grèce. Et un objectif : ébaucher un compromis avec le nouveau gouvernement de la gauche radicale Syriza sur la renégociation de l’énorme dette publique grecque (321 milliards d’euros, 175 % du PIB).Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le premier ministre grec, Alexis Tsipras, ont eu, mardi, un entretien téléphonique dans un « esprit positif de coopération », a déclaré la Commission.Cette dernière, qui est à la manœuvre avec le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, espère qu’autour de la table, Grecs et Européens s’entendront au moins sur un cadre de négociation.Puis que, jeudi 12 février, le Conseil européen (réunion des 28 chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro), réuni lui aussi à Bruxelles, validera politiquement ce cadre. L’ambition étant que l’Eurogroupe du lundi 16 février débouche sur un accord définitif.Cela laisserait le temps, théoriquement, à des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Finlande de faire valider cet accord par leurs parlements nationaux avant fin février.Grèce : l’Europe à la recherche d’un accord politiqueSi les parties n’arrivent pas à s’entendre avant cette date, l’Etat grec va droit au défaut de paiement en mars.Blocages sur la fin du second plan d’aide, le rôle de la troïka et la façon d’en sortirLes Européens voulaient initialement imposer à Alexis Tsipras, nommé premier ministre il y a seulement 15 jours, de terminer le travail de son prédécesseur, le conservateur Antonis Samaras. C’est-à-dire clore « proprement » le deuxième plan d’aide à la Grèce (130 milliards d’euros), qui prend fin théoriquement le 28 février.Cela passait par la mise en place des réformes encore exigées par la troïka (Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international, Union européenne). En « échange », Athènes devait percevoir une dernière tranche d’aide d’environ 7 milliards d’euros.M. Tsipras, qui a fait toute sa campagne contre l’austérité et les réformes imposées par la troïka, refuse toutefois catégoriquement d’accéder aux vœux des Européens.Ces derniers ne sont pas fondamentalement opposés à discuter avec Athènes d’un nouveau « contrat », un réaménagement de la dette grecque, surtout s’il permet au pays de poursuivre sur le chemin de la croissance.Mais ils ne veulent pas avancer les quelques milliards dont M. Tsipras a besoin pour les quatre à six mois qui viennent (pour payer ses fonctionnaires, faire face aux remboursements de créances…), sans engagement ferme des Grecs à mettre en œuvre des réformes respectant leurs équilibres budgétaires.Il faudra convaincre les Allemands, qui sont opposés à une suppression de la troïka - et que, par ailleurs, les prétentions grecques sur la « dette de guerre allemande », datant de la seconde guerre mondiale, blessent profondément.« Nous ne négocierons pas de nouveau programme pour la Grèce mercredi lors de la réunion de l’Eurogroupe », a fait savoir, mardi, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble.Grèce: que veut Berlin ?Mais les Allemands ne sont pas les seuls à avoir des réticences : Espagnols, Portugais, Slovènes et Lettons aussi. Ces pays ont accepté le traitement de choc de la troïka ou des cures d’austérité et ils voient d’un très mauvais œil que l’on fasse une exception pour la Grèce.C’est pour cette raison que la Commission européenne passe son temps à insister sur le fait que pour qu’il y ait un accord, « il faudra qu’il soit à 19 pays de l’Eurozone ».Athènes avance des pistes de compromisA en croire la presse grecque, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances a fait des propositions à Bruxelles en vue d’un compromis.Parmi les mesures avancées : la négociation d’un excédent primaire (hors charge de la dette) pour le budget de l’Etat de seulement 1,5 % du PIB au lieu des 3 % demandés par la troïka pour 2015. Cela dégagerait une marge de manœuvre financière.S’y ajoute une demande d’une période de « transition » de quatre à six mois, le temps de négocier le nouveau « contrat » européen.Pour financer l’Etat grec pendant cette phase de transition, M. Varoufakis suggère par ailleurs qu’Athènes puisse puiser à deux sources : d’une part dans la cagnotte de 1,9 milliard d’euros des bénéfices réalisés par les banques centrales nationales européennes suite aux achats d’obligations grecques ; d’autre part dans les sommes réservées pour la recapitalisation des banques grecques, en cas de besoin, soit environ 8 milliards d’euros.L’accès à ces dernières sommes serait toutefois conditionné à la clôture du deuxième plan d’aide selon certains acteurs européens. Mais une source européenne glissait lundi : « elles sont en principe disponibles pour les Grecs, à condition que leur discours évolue. »Enfin, les Grecs réfléchiraient à faire intervenir l’OCDE dans la troïka, dont ils dénoncent les méthodes et le fonctionnement.Lundi, devant le Parlement d’Athènes, M. Varoufakis a par ailleurs assuré qu’il était prêt à approuver 70 % des réformes encore exigées par la troïka. Ce qui a été perçu comme un signal d’ouverture non négligeable par les Européens.Mardi, la Commission européenne a démenti avoir reçu un quelconque plan des Grecs. Elle assurait également que Jean-Claude Juncker, son président, n’avait pas formulé des propositions à Athènes, comme cela a été avancé par la presse grecque.Un risque de « Grexit » réduit« Si tout le monde se comporte de manière rationnelle » aime t-on à répéter ces derniers jours à Bruxelles, un compromis devrait donc être possible.La difficulté, dans le cas de cette nouvelle « crise grecque », est moins financière que politique : l’argent est quasi-disponible, et pour l’instant on ne parle que de quelques milliards d’euros d’aide nécessaires à Athènes.Personne n’a intérêt à un « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro. Tout le monde l’a dit et répété, y compris la chancelière allemande, Angela Merkel, en début de cette semaine.Ce serait probablement une catastrophe économique pour la Grèce, qui subirait une très forte dévaluation en retournant à la Drachme.Les Européens ne sont pas non plus prêts à prendre le risque, même s’ils assurent que, depuis, la mise en place de l’Union bancaire et du Mécanisme européen de stabilité (qui détient environ 44 % de la dette grecque), la zone euro serait capable d’encaisser un tel choc sans contagion à d’autres pays jugés fragiles (Espagne, Italie, Portugal).Une sortie de la Grèce de la zone euro enverrait en effet un signal très négatif au reste du monde : elle signifierait la fin d’un cycle d’expansion et d’intégration de l’Union.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.02.2015 à 15h53 • Mis à jour le10.02.2015 à 17h52 | Claire Guélaud Réunis pendant 24 heures à Istanbul (Turquie), les ministres des finances et les banquiers centraux des pays du groupe des 20, qui rassemble plus de 85 % de l’économie mondiale, ont pris acte, mardi 10 février, de l’amélioration « inégale » des perspectives de croissance au niveau mondial et souligné la nécessité de conserver des politiques monétaires accommodantes dans plusieurs économies avancées, notamment celles menacées de « stagnation persistante ».Dans leur projet de communiqué final – la version définitive du texte doit être rendue publique mardi en fin de journée – les « financiers » du G20 renouvellent les engagements pris à Brisbane (Australie), fin 2014, en faveur d’une croissance plus forte et expriment leur volonté de poursuivre l’action engagée en matière de régulation financière et de lutte contre l’optimisation fiscale.L’insuffisance de la demande pointée du doigtLe diagnostic posé sur l’économie mondiale est nuancé. La conviction générale est que celle-ci souffre encore d’une insuffisance globale de la demande.Le G20 finances salue l’amélioration des perspectives de croissance dans certaines « économies clé ». Il fait état d’une reprise « lente, mais en progrès » ailleurs, mais aussi de l’« augmentation du risque de stagnation persistante » dans certains pays avancés. La zone euro et le Japon se reconnaîtront.L’« action déterminée » de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui a poussé l’institution de Francfort à faire du « Quantitative easing » (rachat de dettes), a été saluée.Le traitement de choc de la BCE pour réanimer la croissanceLes engagements pris en Australie de relever de plus de 2 % la croissance mondiale – soit plus de 2 000 milliards de dollars – d’ici à 2019 ont été renouvelés. Le sommet d’Antalia, à la fin de l’année, devrait être l’occasion de faire un point détaillé de l’état d’avancement des 1 000 mesures pro-croissance listées à Brisbane.La Turquie n’a en revanche pas encore réussi à convaincre ses partenaires du G20 du bien-fondé d’engagements chiffrés en matière d’investissements. Chacun s’accorde cependant à considérer qu’il s’agit d’une question clé pour la croissance. Des travaux sont en cours sur les partenariats public-privé.Des réserves émises sur l’« effet pétrole »Le débat à Istanbul a beaucoup tourné autour des effets très variés de la baisse du cours du baril de pétrole. Le G20 est apparu plus réservé que le Fonds monétaire international (FMI) sur les effets positifs sur la croissance de cette baisse du prix de l’or noir.Le sentiment général est que ce recul donne globalement de l’élan (« some boost ») à la croissance, même s’il tire aussi l’inflation vers le bas, ce qui est un problème en Europe par exemple.La baisse du prix du pétrole dopera la croissance, selon le FMIPar ailleurs, comme l’a fait le FMI, ministres des finances et grands argentiers appellent les pays importateurs, qui avaient mis en place des subventions énergétiques, à les supprimer au profit de transferts ciblés sur les populations les plus modestes.Le dossier grec non abordé officiellement, mais présent dans tous les espritsOfficiellement, il n’a pas été question de la Grèce lors de ces deux jours à Istanbul. En tout cas, le sujet n’a pas figuré dans les négociations entre délégations au sujet du communiqué final du G20. La situation à Athènes n’en était pas moins dans toutes les têtes.Avant que ne commence la réunion des ministres des finances et des grands argentiers, les États-Unis et le Canada ont appelé au pragmatisme et à un compromis. Mario Draghi et la directrice générale du FMI, Christine Lagarde devaient se rencontrer. Le FMI, toutefois, ne semble guère désireux de détailler sa position sur la Grèce avant la réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), mercredi 11 février.Grèce : l’Europe à la recherche d’un accord politiqueAmplifier les mesures de régulation financièreDans le domaine de la régulation financière, ministres des finances et grands argentiers sont convenus de poursuivre leurs efforts, qu’il s’agisse des banques, du « shadow banking », des infrastructures des marchés, comme les chambres de compensation, ou encore des assurances et des fonds d’investissement.Ils demandent aussi au FSB (Fonds de stabilité financière) de se pencher sur la sincérité des marchés et sur les problèmes de manipulation des cours, d’échanges de dérivés etc.Enfin, en matière de fiscalité, le G20 finances s’engage à suivre les recommandations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en matière de lutte contre l’optimisation et l’évasion fiscales.Le G20 a enfin déploré le blocage persistant de la réforme financière du FMI.Vers une meilleure coordination de la lutte contre le financement du terrorismeLa France, qui y tenait beaucoup, a obtenu satisfaction sur la question du financement de la lutte contre le terrorisme. Le G20 Finances a chargé le Groupe d’action financière (GAFI) de faire un point en septembre sur l’état des standards et des normes dans ce domaine.Devraient être normalement évoqués à cette occasion la question du gel des avoirs et la coopération des structures de type Tracfin.En revanche, les résultats semblent plus modestes sur le financement de la lutte contre le réchauffement climatique, dont le gouvernement français fait grand cas dans la perspective de la COP21 à Paris en décembre.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.02.2015 à 13h12 • Mis à jour le10.02.2015 à 15h51 Poursuite du bras de fer qui empoisonne depuis dix ans les relations entre Londres et le Conseil de l'Europe (CE) – qui réunit 47 Etats, dont ceux de l'Union européenne. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné une nouvelle fois, mardi 10 février, le Royaume-Uni pour la privation de leur droit de vote infligé à 1 015 détenus.La juridiction du Conseil de l'Europe avait établi sa jurisprudence sur le sujet dans un arrêt du 6 octobre 2005, dit « arrêt Hirst », estimant que la privation systématique du droit de vote dont sont assorties de multiples condamnations au Royaume-Uni était contraire au « droit à des élections libres ». Cette mesure concerne plus de la moitié de la population pénale britannique. D'autres pays comme la Russie et la Turquie ont aussi été condamnés pour des raisons similaires.CRISPATIONSD'autres condamnations ont suivi, provoquant une crispation des milieux politiques au Royaume-Uni. En février 2011, le Parlement britannique votait à une écrasante majorité contre une levée de l'interdiction du droit de vote imposée aux détenus. Le 25 janvier 2012, le premier ministre conservateur, David Cameron, s'était insurgé, dans un discours prononcé au sein du Conseil de l'Europe à Strasbourg, contre les pouvoirs excessifs que s'arroge, selon lui, la CEDH. « On ne prend pas suffisamment en compte les décisions démocratiques des Parlements nationaux », avait-il affirmé.Le décryptage : La Grande-Bretagne peut-elle s'affranchir de la justice européenne ?En 2010, la Cour de Strasbourg avait donné six mois au Royaume-Uni pour changer sa législation puis accepté de prolonger le délai jusqu'à un arrêt du 22 mai 2012 concernant une question similaire en Italie. En acceptant la législation italienne, qui assortit certaines condamnations d'une privation automatique du droit de vote, mais en fonction de critères précis et avec une possibilité de modulation par le juge, la Cour montrait à Londres la voie d'un compromis. Ce fut, semble-t-il, peine perdue.Lire (édition abonnés) : Droit de vote des détenus : "Londres doit s'exécuter"En campagne pour les élections générales de mai 2015 et face à la montée en puissance du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), le Parti conservateur a prévu dans son programme de dénoncer la Convention européenne des droits de l'homme si la Cour refuse de reconnaître la primauté des lois britanniques sur ses arrêts. Dominique Gallois Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a approuvé, lundi 9 février dans la soirée, le contrat d’achat de 24 Rafale, d’une frégate multimission FREMM et de missiles MBDA pour un montant de plus de 5 milliards d’euros. La signature officielle pourrait intervenir dans les jours prochains, voire dès mercredi ou jeudi. « Il reste encore plusieurs jours de dialogue », a précisé l’entourage du ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, à Reuters.Chez Dassault Aviation, le fabricant du Rafale, on ne fait aucun commentaire à ce stade. Ce contrat est le premier conclu à l’exportation par l’industriel français. Ce dernier attendait d’abord de conclure une première vente du Rafale avec le Qatar pour 36 appareils, suivi de l’Inde pour 126.« Ce serait du jamais-vu », indique-t-on à Paris, car l’affaire égyptienne serait ainsi bouclée en trois mois. Les questions de financement, qui posaient quelques problèmes, ont été réglées la semaine dernière à Paris lors de la visite d’une délégation égyptienne de haut niveau.Tout s’est accéléré à l’automne, lors de la venue à Paris du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, venu rencontrer le président François Hollande. L’enjeu de la visite était la dégradation de la situation en Libye, Paris et Le Caire redoutant que l’ancien fief de Mouammar Kadhafi bascule sous le contrôle des groupes armés djihadistes. Dans l’affaire, les très bonnes relations qu’entretiennent M. Sissi et Jean-Yves Le Drian comptent. Contrairement aux usages du protocole, le chef de l’Etat égyptien est même allé discuter avec le ministre dans ses bureaux de l’hôtel de Brienne à Paris.A cette occasion, M. Sissi a fait part de sa volonté de renforcer sa défense aérienne, composée notamment de Mirage 5 et Mirage 2000, en achetant 24 Rafale. Une première manifestation d’intérêt pour le chasseur de Dassault avait été émise en 2011, sans que Paris ne donne vraiment suite. Côté marine, l’armée égyptienne, qui a déjà signé à l’été 2014 l’achat de quatre corvettes Gowind de DCNS pour un total estimé à 1 milliard d’euros, souhaiterait en acquérir deux autres, mais aussi un ou deux bâtiments plus importants que sont les Fremm.A cela s’ajouteraient des missiles de courte et moyenne portée fournis par MBDA, pour un contrat de l’ordre de 400 millions d’euros en faveur de la défense anti-aérienne égyptienne.« Je reviens dans trois jours »Le 26 novembre, lors de son dernier passage à Paris, le président Sissi a insisté sur l’urgence de sa demande, d’autant qu’il souhaiterait présenter ces nouveaux équipements en août prochain pour l’inauguration de l’élargissement du canal de Suez. « Je reviens dans trois jours », aurait-il dit pour signifier la nécessité d’aller vite.Une très importante délégation d’une quinzaine de militaires égyptiens est à cette occasion restée plusieurs jours à Paris pour discuter avec les industriels.D’ailleurs, il mène en personne les discussions, accompagné d’un haut gradé. Une exception dans ces dossiers généralement négociés par de nombreux intermédiaires. C’est ainsi qu’à sa demande, voici une quinzaine de jours, les trois patrons français concernés, Eric Trappier pour Dassault Aviation, Hervé Guillou pour DCNS, et Antoine Bouvier pour MBDA, se sont envolés vers Le Caire pour répondre à sa convocation.En dépit de ses relations privilégiées avec les Etats-Unis, l’Egypte est un client modeste mais historique des industriels de l’armement français. Entre 2009 et 2013, elle a commandé pour près de 250 millions d’euros d’équipements. L’armée de l’air a acquis son premier Mirage 3 au lendemain de la guerre des Six-Jours, en juin 1967. Elle a aussi été le premier client à l’exportation du Mirage 2000, pour 20 exemplaires en décembre 1981. Ce prédécesseur du Rafale était à l’époque qualifié d’invendable…Dominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.02.2015 à 10h47 • Mis à jour le10.02.2015 à 16h46 | Camille Bordenet (Dublin, envoyée spéciale) Il n’y a déjà plus de fauteuils pour les retardataires. Qu’importe, des grappes de jeunes gens se massent au fond de la salle. Mercredi 4 février au soir, dans le centre-ville de Dublin, on est venu écouter Paul Murphy, le jeune chef de file et député de l’Alliance anti-austérité (AAA), un mouvement d’extrême gauche lancé en mai. Celui que certains surnomment déjà le « Tsipras irlandais » revient tout juste d’Athènes. Il a vu. Ce jour où l’Europe a basculé. Ce jour où le parti de la gauche radicale grecque, Syriza, a arraché le pouvoir. Déjà, la salle se tait, haletante. « Irlandais, il ne faut pas laisser passer cette opportunité historique de s’unir contre l’austérité. Syriza a ouvert la voie, à nous de suivre », lance Paul Murphy, 31 ans, des airs d’adolescent mais une verve de tribun. « Comment a-t-on pu accepter d’être asservis à la troïka [Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne] quand d’autres ont le courage de dire stop ? », renchérit-il sous les vivats.L’Irlande s’est officiellement soustraite à la tutelle de la « troïka » fin 2013 et le pays renoue enfin avec la croissance mais chacun, ce soir, porte encore les stigmates de six années d’austérité. Chacun s’accroche à ses espoirs, aussi. « Si ça a marché pour les Grecs, pourquoi pas pour nous ? », veut-on croire. Il n’est pas trop tard pour entrer en résistance. Il n’y a qu’à voir, depuis septembre, l’ampleur nationale qu’ont prise les manifestations contre la facturation de l’eau potable, cet engagement pris par Dublin dans le cadre du plan d’aide financière que les Irlandais voudraient justement oublier. La promesse du gouvernement de coalition d’Enda Kenny d’alléger la taxe n’a pas suffi à calmer l’exaspération.Lire (édition abonnés) : L’onde de choc grecque frappe l’Irlande, le bon élève de la « troïka »Une reprise qui semble inaccessibleAlors que les premières factures doivent tomber en avril et coûteront plusieurs centaines d’euros par an aux ménages, les campagnes appelant au non-paiement sous le mot d’ordre « No way, we won’t pay » (« pas question, on ne paiera pas »), essaiment à travers le pays. Du jamais vu depuis l’indépendance en 1922. Pas même au plus fort de la crise financière. Car l’eau cristallise tout le reste. Coupes dans les dépenses publiques, baisse des salaires, augmentation des impôts : la rigueur budgétaire – dont le pays est officiellement sorti en octobre – a demandé trop d’efforts aux Irlandais. Le taux de chômage a certes baissé, mais avoisine toujours les 10,7 %. Et, alors que le gouvernement les serine avec la reprise économique, une grande partie des 4,5 millions d’habitants n’en ressent toujours pas les effets. « Les 99 % de gens ordinaires voient qu’on fabrique une reprise pour les 1 % de riches aux dépends du reste de la population qu’on continue à saigner », tance Paul Murphy. Le député a encore sa carte au Parti socialiste (trotskiste), qu’il a intégré à l’âge de 18 ans.Lire l’analyse (édition abonnés) : L’Irlande sort à petits pas de sept années d’austéritéUne formation « partie de la rue, qui laisse des gens normaux faire de la politique », c’est ce qui a plu à Sean Malone, 24 ans, militant de l’AAA. Lui a compris un peu trop tôt ce que voulait dire « la crise » : en 2009, son lycée perd la moitié de ses enseignants, dont celui qui s’occupe de soigner sa dyslexie. « A 18 ans, j’ai réalisé que le système irlandais n’offrait pas de futur. Ça a signé le début de mon engagement en politique », résume le jeune homme, aujourd’hui serveur. Comme de nombreux jeunes Irlandais, il aurait pu s’exiler en Australie ou aux Etats-Unis. Ses parents l’y encourageaient. Il a préféré rester pour se battre. Et espérer convaincre d’autres jeunes de faire le même choix, à l’heure où l’émigration de masse inquiète. « Dans deux ans, on pourra avoir fait de l’AAA la force de gauche radicale qui changera le pays, à l’image de Syriza et Podemos [le parti anti-austérité espagnol], veut croire l’activiste. Mais pour y parvenir, il faut que les jeunes restent. »Lire aussi le reportage (édition abonnés) : Des jeunes Irlandais en colère refusent l'« émigration forcée »La soixantaine, Christine Sherry et Philomena Foster, elles, ne sont plus « toutes jeunes », conviennent-elles en riant, attablées autour de leur thé brûlant. Leurs enfants partis s’installer sur d’autres continents, elles ont décidé de consacrer leur temps libre à militer pour l’AAA. Inépuisables, les deux copines sillonnent les quartiers pour organiser débats et meetings, toujours armées de flyers, prêtes à tracter. Elles s’essaient « même » à Twitter et Facebook.Mais sous ses airs bon enfant, la jeune formation pourrait aussi pâtir de son activisme. Le 9 février, Paul Murphy et plusieurs opposants à la taxe sur l’eau ont ainsi été placés en garde à vue plusieurs heures – avant d’être finalement relâchés –, pour être questionnés sur leur possible lien avec un incident impliquant une ministre, lors d’une manifestation en novembre. « Une tentative de plus de dénigrer le mouvement contre la taxe sur l’eau », a immédiatement réagit l’AAA, certains militants dénonçant un « coup politique et médiatique ».Désobéissance civile Dans le quartier ouvrier de Crumlin, dans le sud de la capitale, la résistance fait moins de bruit, tapie dans la nuit glaciale. Elle n’en est pas moins efficace. Voilà sept mois que Derek Mac An Ucaire, Brendon Condron et Gerard Kelly ont réglé leur réveil à 5 heures du matin pour mener bataille contre les ouvriers de la compagnie Irish Water chargés d’installer les compteurs d’eau à chaque habitation. « Quand ils arrivent, on se positionne derrière les barrières de sécurité pour les empêcher d’accéder aux canalisations. C’est de la désobéissance civile », explique Derek, gaillard d’une quarantaine d’années, qui surveille les rues alentour en tentant de se réchauffer les mains. Une désobéissance d’autant plus légitime, considère-t-il, que les Irlandais « paient déjà l’eau dans leurs impôts ».Les trois hommes aussi ont déjà été arrêtés. « C’est le prix à payer, lâche Brendon en haussant les épaules, tant qu’on est relâchés ». Et cette guerre de tranchée semble payante. « Dans cette rue, ils n’ont pu installer que deux compteurs en une semaine », se félicite Derek, qui a sacrifié plusieurs journées de travail dans ce combat. Gerard et Brendon, eux, sont au chômage. Gerard poste une photo de la rue où ils se trouvent sur le groupe Facebook du quartier. Un moyen efficace de tenir les habitants au courant de leurs actions. Chaque groupe d’opposants, réparti par quartier, procède ainsi. Ils font aussi du porte-à-porte pour convaincre les riverains de ne pas payer les factures à venir. Les maisonnées de briques rouges sommeillent encore et le siège sera long, jusqu’à 16 heures et la relève du prochain groupe. Mais, déjà, un homme qui réside à quelques pâtés de maison leur donne l’alerte : les travaux commencent dans sa rue. Les trois activistes décampent.Porter politiquement la mobilisation citoyenne Paul Murphy n’en revient toujours pas. « Pour la première fois, le peuple irlandais a pris conscience de sa force. Pour résister, les gens se sont organisés d’eux-mêmes dans leur quartiers, sans être instrumentalisés », s’exclame-t-il, fébrile. De la même façon que Podemos, en Espagne, a voulu « convertir l'indignation en changement politique » – le titre de son manifeste –, en transformant la mobilisation sociale du mouvement des Indignés en processus électoral participatif, l’Alliance anti-austérité est née de la volonté de porter politiquement les revendications des militants mobilisés contre la taxe sur l’eau. « L’énergie populaire était si grande, il ne fallait pas la laisser retomber », renchérit, intarissable, le chef de file. Sans pratiquement de structure ni de logistique, la petite formation issue de la société civile a déjà remporté quatorze sièges de conseillers lors d’élections locales en mai dernier, et un fauteuil de député.Le défi consiste désormais à trouver son propre modèle de gauche radicale, « pas une copie de Podemos ou Syriza », et à se muer en « véritable force politique », résume Murphy. Et, d’ici aux élections générales de 2016, premier test d’envergure, le calendrier est serré pour espérer s’imposer dans le paysage politique, dominé depuis l’indépendance par les partis traditionnels : Fine Gael, Fianna Fail (centre-droit) et, dans une moindre mesure, les travaillistes du Labour. D’autant que la place de l’opposition est déjà occupée par les nationalistes de gauche du Sinn Fein (l’ancienne aile politique de l’Armée républicaine irlandaise, IRA), dont le discours anti-austérité attire jusqu’à 23 % des électeurs, selon les derniers sondages. Une tendance que la victoire de Syriza devrait accentuer.Concurrence à gaucheDans son bureau du Parlement, adossé à un mur décoré de tee-shirts de football gaélique, Gerry Adams, chef de file du Sinn Fein, a beau jeu de rappeler la « relation fraternelle » qu’il entretient avec Alexis Tsipras, qu’il a appelé avant et après l’élection. « Les programmes de Sinn Fein et de Syriza sont proches », affirme le leader républicain, qui se plaît à employer l’expression de « partis frères ». Comme le nouveau gouvernement grec, M. Adams réclame une conférence européenne sur la dette.Selon l’analyste politique Johnny Fallon, « qu’il s’agisse de Sinn Fein ou de l’AAA, la percée de la gauche radicale en Irlande dépendra très fortement de l’évolution de la situation en Grèce : si les Grecs obtiennent des concessions de l’UE ou de meilleures conditions de vie grâce au gouvernement de gauche qu’ils ont élu, alors les Irlandais seront tentés de suivre en se disant que c’est la solution à leurs problèmes ».A quelques couloirs de là, dans le bureau de Paul Murphy, pas question de se laisser impressionner. « Après tout, qui pariait sur Syriza il y a cinq ou six ans ? », font valoir les militants. Un premier objectif approche, déjà : faire en sorte qu’au moins la moitié des foyers irlandais censés payer une facture en avril s’y refusent. « Si on y parvient, ce sera une démonstration de force », estime Paul Murphy. Il lève soudain les yeux vers l’écran de télévision qui retransmet en direct les questions au gouvernement. Son tour approche. Il s’excuse, ramasse prestement ses notes et troque son pull-over élimé pour le blazer pendu derrière lui. Se glissera-t-il, dans quelques années, dans le costume d’un Alexis Tsipras irlandais ? « Trop tôt pour y penser. Il faut d’abord travailler dur pour construire cette nouvelle gauche radicale irlandaise », élude-t-il tandis qu’il s’éclipse pour aller rejoindre l’hémicycle.Camille Bordenet (Dublin, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Saliba (Mexico, correspondance) C’est le visage masqué par un tissu bleu que Sandra Avila Beltran, alias la « reine du Pacifique », a quitté libre, samedi 7 février, la prison de Tepic dans le nord-ouest du Mexique, après huit ans de détention. Sans doute un dernier geste de coquetterie de la part de la célèbre narcotrafiquante qu’on surnomme aussi « Madame Cocaïne ». Sa beauté et ses exploits criminels ont inspiré des chansons, des séries télévisées et des romans à succès. A 54 ans, Sandra Avila est pourtant une reine déchue de son trône mafieux.Cette séductrice au nez retroussé et au corps galbé par des opérations chirurgicales a été arrêtée le 28 février 2007 à la sortie d’un restaurant du sud de Mexico. Un trophée pour le président de l’époque, Felipe Calderon (2006-2012), qui décrivait cette femme fatale aux grands yeux noirs comme la « délinquante la plus dangereuse du pays ».Vie jonchée de cadavresC’est dès l’enfance que « Madame cocaïne » est tombée dans l’univers de la poudre blanche. Née le 11 octobre 1960 à Tijuana dans l’Etat de Basse-Californie (nord-ouest), Sandra Avila est la nièce de Miguel Angel Felix Gallardo, alias « El Padrino » (le parrain), considéré dans les années 1980 comme le plus important baron mexicain de la drogue. Son cercle familial élargi compterait d’autres grands noms du narcotrafic, telle la fratrie des Arellano Félix à la tête du cartel de Tijuana, ou les frères Beltran Leyva, chefs historiques du cartel du même nom. On lui prête aussi une romance avec Ismael Zambada Garcia, appelé « El Mayo », dirigeant du puissant cartel de Sinaloa, avant d’épouser successivement deux policiers véreux qui ont été assassinés.« C’était la fameuse reine, du Pacifique et de ses plages, une grande dame du commerce, une dame de poids », chante le groupe mexicain Los Tucanes de TijuanaCes liens familiaux et sentimentaux ont joué un rôle-clé dans son ascension au sein d’un milieu machiste. Au point de devenir l’un des principaux opérateurs financiers du cartel de Sinaloa. On lui attribue aussi la gestion d’une des principales routes de la cocaïne en provenance de Colombie grâce à l’aide de son concubin, Juan Diego Espinosa. Surnommé « El Tigre » (le tigre), ce narcotrafiquant colombien a été arrêté quelques heures après l’interpellation de Sandra Avila. « C’était la fameuse reine, du Pacifique et de ses plages, une grande dame du commerce, une dame de poids », chante le groupe mexicain Los Tucanes de Tijuana. Dans le clip de ce « narco-corrido », chanson à la gloire des barons de la drogue, le mannequin Fabiola Campomanes, qui interprète Sandra Avila, arrive à une fête familiale en hélicoptère blindé. On la découvre vêtue d’un treillis de l’armée, un fusil dans les mains. Un charisme dont s’est aussi inspiré l’écrivain espagnol Arturo Perez-Reverte, pour donner vie à l’héroïne de son roman La Reine du Sud.Jonchée de cadavres, la vie de Sandra Avila l’est aussi de bijoux de luxe et de vêtements de créateurs. « Je n’y peux rien si je suis née riche », aurait-elle lancé aux policiers après son arrestation. Les autorités lui ont confisqué 14 comptes en banque, 225 propriétés immobilières, six véhicules haut de gamme et 179 bijoux. Pas de quoi lui enlever pour autant sa touche glamour avec les talons hauts et les jeans serrés qu’elle portait en permanence derrière les barreaux.Condamnée pour blanchiment d’argentEn 2012, Sandra Avila Beltran est extradée aux Etats-Unis et condamnée à six ans de prison pour association de malfaiteurs. Un an plus tard, la justice américaine annule cette peine, considérant qu’elle avait été couverte par les années de détention purgées au Mexique. De retour dans son pays, la « reine du Pacifique » semble avoir perdu de sa superbe sur une photo, où elle apparaît avec des cheveux blancs et le corps empâté. Le poids des années a aussi affecté le monde du narcotrafic, dont elle fut l’égérie. Depuis son arrestation, la lutte des cartels entre eux et contre le gouvernement a fait plus de 80 000 morts et 23 000 disparus. Les anciennes organisations criminelles se sont fragmentées en gangs ultraviolents sans code d’honneur mafieux.En septembre 2014, Sandra Avila est condamnée à cinq ans de prison pour blanchiment d’argent. Une juge vient d’ordonner sa « libération immédiate », estimant qu’elle « avait déjà été jugée pour le même délit ».La « reine du Pacifique » a-t-elle négocié son acquittement ? Des doutes persistent sur une décision qui ne permet aucun recours de la part du ministère public. Après sa sortie de prison, Sandra Avila Beltran a aussitôt disparu dans la nature.Frédéric Saliba (Mexico, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.02.2015 à 10h05 • Mis à jour le10.02.2015 à 13h11 | Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial) Moscou, Kiev et les capitales européennes sont engagés depuis quelques jours dans d’intenses consultations diplomatiques sur le dossier ukrainien. Le but : assurer la tenue d’un sommet à Minsk, mercredi 11 février, au cours duquel serait négocié un règlement pacifique durable du conflit qui ensanglante l’est de l’Ukraine depuis déjà dix mois.Ukraine : Américains et Européens privilégient la voie diplomatiqueOn ignore l’avancée précise des discussions, mais depuis la signature d’un cessez-le-feu qui n’a pas réussi à faire taire les armes, le 5 septembre, déjà dans la capitale biélorusse, ce sont les mêmes points qui sont sur la table. La ligne de démarcationLes territoires sous le contrôle des rebelles prorusses soutenus par Moscou représentent environ un tiers des régions administratives de Donetsk et de Louhansk, dans l’extrême est du pays. Ces territoires avaient été clairement définis lors de la signature des accords de Minsk, qui portent la signature des représentants de Kiev, de Moscou et des séparatistes. Mais depuis le mois de septembre, ces derniers ont continué à progresser, notamment depuis l’offensive majeure qu’ils ont lancée à la mi-janvier. La Russie et les séparatistes demandent qu’un nouvel accord prenne en compte ces gains qui représentent environ 500 km² de territoire.Village par village, les combattants prorusses progressent en UkraineLe cessez-le-feuC’est la priorité affichée de toutes les parties. Selon les décomptes de l’ONU, la guerre a fait plus de 5 500 morts et un million de déplacés – des chiffres probablement sous-estimés et qui ne prennent pas en compte les pertes rebelles et russes. Le cessez-le-feu conclu à Minsk n’a été respecté ni par les séparatistes ni par l’armée ukrainienne. Pour assurer sa pérennité, un retrait des armes lourdes de la ligne de front doit être discuté. Selon le texte de Minsk, le retrait devait s’effectuer sur une distance de 15 km de part et d’autre du front. Même si ce point n’a jamais été mis en œuvre, la distance discutée aujourd’hui est plus importante.D’autres points « militaires » sont discutés : une amnistie pour les combattants, le retrait des groupes armés illégaux et des combattants étrangers, et de nouveaux échanges de prisonniers, après ceux déjà réalisés au cours des mois passés.Le statut des régions sous contrôle rebelleL’accord de Minsk prévoyait d’accorder un « statut spécial » aux territoires tenus par les rebelles et d’y organiser des élections locales « conformes à la loi ukrainienne ». Le Parlement ukrainien a adopté une loi prévoyant l’octroi de ce statut et qui déléguait aux chefs rebelles le contrôle complet de leurs territoires. Les « Républiques populaires » de Donetsk et de Louhansk l’ont refusé et ont organisé, en novembre, leurs propres élections.Elections de façade et luttes de clans dans le DonbassDans une lettre transmise la semaine passée à Paris et Berlin, la Russie demanderait que Kiev reconnaisse ces élections et, par là, l’autonomie des deux régions. La partie ukrainienne sera sans doute obligée de faire des concessions importantes sur ce point.Mais une question reste pour l’heure en suspens, celle du financement. Le Donbass, déjà sinistré économiquement, a été ruiné par la guerre. L’Ukraine, qui est elle-même au bord de la faillite, n’a pas très envie d’assurer la survie d’une région dont le contrôle lui échapperait ; Moscou non plus.La réforme de la Constitution ukrainienneCe point est directement lié au précédent. Le texte de Minsk prévoyait une « décentralisation » du pouvoir ; Moscou préconise une « fédéralisation ». La différence peut paraître mince, elle est fondamentale. Le Kremlin a déjà expliqué par le passé ce qu’il entendait par « fédéralisation » : un système dans lequel les territoires posséderaient un droit de regard sur les décisions stratégiques du centre, y compris en matière de politique étrangère. On touche là l’un des objectifs de la Russie dans ce conflit : faire de l’Ukraine un pays ingouvernable aux institutions paralysées. C’est le scénario de la Bosnie-Herzégovine, que Kiev et les Occidentaux refusent pour l’heure catégoriquement.Les garantiesLe point central est ici celui de la frontière russo-ukrainienne. Après avoir apposé sa signature sur les accords de Minsk, la Russie a continué à approvisionner massivement la machine de guerre rebelle, permettant aux séparatistes de lancer leur offensive de janvier. L’accord de Minsk prévoyait un contrôle de cette frontière sous la supervision de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Kiev semble avoir renoncé à l’idée même de participer à un contrôle conjoint de la frontière et a plutôt choisi de se retrancher le long de la ligne de front pour prévenir toute velléité de progression future des rebelles.« Il n’y a pas de solution militaire au conflit » en UkraineLe « statut » de l’UkraineC’est à la fois le grand non-dit et un point central de la négociation. La question d’une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN ne fait théoriquement pas partie des points abordés lors des négociations, mais elle est dans tous les esprits. C’est cette perspective qui a décidé Vladimir Poutine à entreprendre une déstabilisation de l’Ukraine puis à y déclencher une guerre.Avant toute phase de négociations, François Hollande prend soin de préciser qu’il n’est pas favorable à une entrée de Kiev dans l’Alliance atlantique. La question de l’Union européenne est plus sensible, et on imagine mal Kiev, qui en a fait un horizon – lointain –, céder quoi que ce soit sur le sujet.La Crimée, annexée en mars par la Russie, ne fait pas non plus partie des sujets de discussion. Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.02.2015 à 09h47 • Mis à jour le10.02.2015 à 15h45 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Wang Jianlin, magnat de l’immobilier chinois, est venu au secteur du divertissement presque par hasard. Il fallait des cinémas au dernier étage de ses centres commerciaux pour y attirer les clients, il décida donc de se lancer dans la gestion de salles obscures. Il devint le premier exploitant de salles de la planète en acquérant, en 2012, pour 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros), les cinémas américains AMC.C’est désormais le net ralentissement du marché immobilier en Chine qui le pousse à s’intéresser au marché du divertissement en Europe. Mardi 10 février, son groupe, Wanda, a annoncé l’acquisition, pour 1,05 milliard d’euros, d’un géant suisse du marketing sportif : Infront, 500 employés, gère les droits médiatiques de quantité de clubs de football, dont ceux de Lille OSC, de Milan AC ou de la sélection nationale allemande, ainsi que de la fédération italienne.Infront se charge également de la diffusion de la Coupe du monde en Asie, coopère avec la Fédération internationale de ski, ainsi qu’avec de nombreuses courses cyclistes. Le suisse est présent en Chine dans la diffusion du basket-ball, sport le plus populaire auprès des jeunes.« La société pourra notamment aider la Chine à se positionner mieux lors des appels d’offres pour les événements sportifs majeurs, car elle est déjà impliquée dans le calendrier, l’organisation, le marketing et les prestations de service d’un large éventail d’événements internationaux », a commenté Wang Jianlin, mardi matin à Pékin.Infront, créé en 2003 par Robert Louis-Dreyfus et devenu le deuxième acteur mondial du marketing sportif, avait été acquis en 2011 pour environ 550 millions d’euros par le fonds Bridgepoint, qui réalise donc une belle plus-value. Par cette opération, a justifié Wang Jianlin, Wanda « sera en position d’accroître son influence dans l’industrie du sport mondiale et d’aider à relever le niveau de compétitivité dans le sport chinois ».M. Wang, qui fut en 2013 l’homme le plus riche de Chine mais n’est plus aujourd’hui qu’au quatrième rang, du fait du ralentissement du marché immobilier, est lui-même un passionné de football. Il a été propriétaire, de 1994 à 2000, du club Shide de Dalian, ville du nord-est chinois où ont débuté ses affaires avant qu’il ne s’installe à Pékin. En janvier 2015, M. Wang avait racheté 20 % du club Atletico Madrid, une opération à 45 millions d’euros.Accueil mitigé à la Bourse de HongKong pour le chinois WandaWang Jianlin, 60 ans, a indiqué à plusieurs reprises son intention de ne plus se contenter de gérer centres commerciaux et hôtels de luxe en Chine, un marché saturé ces derniers trimestres. Il s’intéresse désormais à l’immobilier à l’étranger, notamment en Europe où les coûts de financement sont plus faibles qu’en Chine.Projets immobiliers en AustralieIl a ainsi acquis à la banque Santander un gratte-ciel de Madrid pour 265 millions d’euros en 2014. A Londres, il développe un important projet d’hôtel de luxe associé à une galerie commerçante et a fait part à David Cameron, le premier ministre britannique, de son ambition d’investir jusqu’à 3 milliards de livres dans la capitale britannique à l’avenir.Il a déjà annoncé son intention de dépenser l’équivalent de 1,4 milliard d’euros dans des projets immobiliers en Australie, dont un important complexe hôtelier. En 2013, il évoquait également un projet d’hôtel et de centre commercial à Paris mais celui-ci ne s’est pas encore matérialisé. Il compte au cours de la décennie disposer d’hôtels de luxe dans les plus grandes métropoles du monde, s’appuyant notamment sur la venue de touristes chinois.Son autre ambition est de devenir un acteur incontournable du divertissement, à l’heure où les familles chinoises commencent à en consommer davantage. Il fait construire des studios de cinéma géants dans la ville côtière de Qingdao (nord-est), où il s’était offert en septembre 2013 la venue de stars de Hollywood, de Leonard Di Caprio à Nicole Kidman.Silence, on tourne à Chinawood !M. Wang entend aussi prendre l’aval en matière de parcs à thèmes, en ouvrant treize parcs au cours des trois prochaines années, alors que Pékin insiste sur la nécessité de développer la consommation intérieure.L’ouverture d’un premier parc Disneyland en Chine continentale a récemment été repoussée au premier trimestre 2016 mais Wanda est de son côté parvenu à inaugurer dès le début décembre 2014, dans la ville de Wuhan (centre), son spectacle Han Show, un théâtre mêlant acrobaties et nouvelles technologies, auquel il a associé le directeur artistique Franco Dragone, qui a longtemps travaillé avec le Cirque du Soleil.Le chinois Wanda rêve de s’offrir les studios Lions Gate, producteur des « Hunger Games »Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.02.2015 à 08h51 • Mis à jour le10.02.2015 à 12h21 S'il assure n'entretenir aucun « dialogue » avec les autorités américaines, le président syrien serait toutefois informé de la campagne aérienne menée par la coalition internationale contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI). « Il est vrai que, via des intermédiaires, plusieurs intermédiaires, l'Irak et d'autres Etats, ils nous transmettent parfois des messages, des messages généraux mais rien de stratégique », explique le président Bachar Al-Assad dans un entretien à la BBC diffusé mardi 10 février.« Il y a, disons, des informations mais pas de dialogue. »Accusé de bombarder les populations civiles dans les zones tenues par les rebelles, le dirigeant syrien affirme que son armée « dispose de bombes, de missiles, de balles... » mais qu'elle « n'utilise pas de barils d'explosif, ou même de cocottes-minute. » Ces raids sont pourtant bien documentés.Voir notre visuel interactif : En Syrie, la guerre des bombes barilsMais « il n'y a pas de bombardements aveugles. Quand vous voulez tirer, vous visez et quand vous visez, vous visez les terroristes, pour défendre les civils. Mais dans la guerre, il y a toujours des victimes », se justifie le président.A en croire Bachar Al-Assad, les civils ont fui les zones occupées par les rebelles pour gagner celles sous contrôle du pouvoir. « Dans la plupart des zones que nous encerclons et que nous attaquons, il n'y a que des militants [terroristes]. » Le président nie également l'usage de bombes au chlore, malgré les investigations menées par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le numéro un des puces et processeurs pour smartphones, l’américain Qualcomm, a été condamné par le régulateur chinois à une amende de 6,09 milliards de yuans, soit 860 millions d’euros. Les autorités enquêtaient depuis novembre 2013 sur ce groupe de San Diego, qui tire une importante partie de son chiffre d’affaires du paiement par les marques de smartphones de droits d’utilisation d’une technologie incontournable permettant aux téléphones mobiles de communiquer avec les réseaux 3G ou 4G.Dès le mois de juillet 2014, la presse chinoise avait fait savoir que la puissante Commission nationale pour le développement et la réforme considérait que Qualcomm occupait une position monopolistique. Restait à chiffrer le prix à payer pour cet abus de cette position dominante.Enquêtes en Europe et aux Etats-UnisLa société californienne a annoncé, mardi 10 février (heure chinoise), qu’elle ne contestera pas cette amende. Elle précise également qu’il commercialisera à l’avenir en Chine ses licences 3G et 4G de manière séparée de ses autres produits, ou négociera « de bonne foi » avec ses clients locaux.Qualcomm fait également l’objet d’enquêtes au sein de l’Union européenne et aux États-Unis. En Chine, il était devenu un exemple phare pour le régulateur, désireux de montrer qu’il n’hésite désormais plus à faire usage de la loi sur les monopoles pour sanctionner les sociétés étrangères.Le gouvernement a déjà effectué des « descentes » dans les bureaux de Microsoft au cours de l’été 2014 et lancé des accusations contre quantité de constructeurs automobiles étrangers, Audi, Toyota ou encore Nissan.Lire également : En Chine, Microsoft lance sa Xbox One mais reste visé par une enquête antitrustDans l’industrie des semi-conducteurs et de la téléphonie mobile, qui concerne Qualcomm, la République populaire ne fait pas secret de ses propres ambitions. Depuis longtemps, ses ouvriers assemblent nos téléphones, par exemple chez Foxconn, groupe taïwanais qui est le premier employeur privé de Chine continentale et travaille pour Apple ou Nokia.Volonté de rattrapage dans les pucesMais la deuxième économie mondiale entend remonter la chaîne de valeur industrielle. Déjà certaines de ses marques, telles Xiaomi, parviennent à s’imposer auprès du consommateur final. Mais ce dernier, par exemple, est toujours contraint d’acheter des processeurs de type Snapdragon à Qualcomm pour proposer un téléphone dernier cri rapide.Le gouvernement a donc fait du rattrapage dans ce secteur une priorité nationale. Les compagnies étrangères, ont prévenu les autorités, devront accompagner la Chine. Dans ce contexte, Intel a annoncé, à l’été 2014, un investissement de 1,5 milliard de dollars dans deux producteurs chinois, à l’heure où Qualcomm subissait les foudres des autorités.Selon les données compilées par l’agence Bloomberg, les entreprises chinoises ont dépensé 5 milliards de dollars dans cinq opérations d’acquisition en lien avec les puces électroniques entre l’été 2013 et la fin 2014. Au mois d’avril 2014, la presse chinoise avait annoncé que l’état chinois a prévu de dépenser 120 milliards de yuans au cours des prochaines années en soutien au savoir-faire national dans ce domaine, c’est-à-dire presque 17 milliards d’euros.Une dépense certes, mais que la presse officielle relativisait au regard des 232 milliards de dollars dépensés, en 2013, pour importer des circuits intégrés de l’étranger, selon les douanes.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.02.2015 à 15h45 • Mis à jour le18.02.2015 à 16h05 Face à la polémique suscitée par son projet de loi restreignant fortement l'accès à l'avortement, le parti conservateur au pouvoir en Espagne a présenté, mercredi 18 février, une version édulcorée de son texte. Les éléments les plus controversés de la loi, en particulier l'interdiction de l'avortement dans presque tous les cas de figure, y compris la malformation du fœtus, ont été retirés.Cependant, ce projet, qui doit être voté au Congrès, où la droite dispose de la majorité absolue, « supprime la possibilité pour les mineures de donner leur seul consentement » pour avorter « sans en informer leurs parents ». « Notre décision de ne pas aller plus loin vient de l'absence de consensus », a expliqué à la presse Rafael Hernando, porte-parole au Congrès des députés (chambre basse) du Parti populaire (PP) au pouvoir.Lire aussi (édition abonnés) : Espagne : une croix sur l'IVGLe projet reste « honteux », a réagi Carmen Monton, une porte-parole socialiste, qui estime que certaines jeunes filles risquaient des difficultés familiales et qu'il encouragerait les avortements clandestins.A l'opposé, les militants contre l'avortement, dont de nombreux électeurs conservateurs, s'estiment trahis, et les évêques dénoncent des « calculs politiques ». « Pour un sujet comme celui-ci, il faut tenter, indépendamment des convictions morales ou religieuses de chacun, de ne pas imposer à travers une législation civile un modèle de pensée », s'est défendu M. Hernando.UN RETOUR EN ARRIÈRE RADICALL'avant-projet de loi présenté en décembre 2013 par le gouvernement de Mariano Rajoy avait suscité la consternation : il prévoyait d'interdire l'avortement, sauf en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé de la femme, ou après un viol. Il excluait notamment les cas de malformation du fœtus comme motif valable.Lire aussi : Mobilisation nationale en Espagne pour défendre le droit à l'IVGCette loi marquait un retour en arrière radical par rapport à la législation en vigueur, adoptée en 2010, alors que la gauche était au pouvoir. Elle permet aux femmes d'avorter sans justification, comme dans la plupart des pays voisins, jusqu'à une période limite fixée en Espagne à quatorze semaines. Après des mois de controverse, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, avait renoncé en septembre 2014 à cette réforme et annoncé qu'il se bornerait à proposer l'interdiction de l'avortement sans consentement parental pour les mineures. 18.02.2015 à 13h57 • Mis à jour le18.02.2015 à 15h05 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le marché du travail continue à surprendre par sa vitalité au Royaume-Uni. Sur la période octobre-décembre 2014, le taux de chômage a baissé à 5,7 %, soit 1,5 point de moins qu’au cours du même trimestre un an auparavant, selon les chiffres publiés mercredi 18 février.Le chômage retrouve ainsi son plus bas niveau depuis août 2008, avant la faillite de la banque américaine Lehman Brothers et le début de la grande récession. Au total, il y avait 1,8 million de chômeurs au Royaume-Uni.Cette bonne nouvelle s’accompagne, dans le même temps, d’une poursuite de la progression du taux d’emploi, à 73,2 %. C’est un record historique, au plus haut depuis que cette série statistique a été commencée, en 1971.Cette robustesse du marché du travail britannique a été la principale surprise de la crise de ces dernières années.Les économistes s’attendaient initialement à une envolée du chômage, comme le Royaume-Uni l’avait connue lors des récessions précédentes dans les années 1980 et 1990. Cela ne s’est pas produit.L’essor des emplois précairesLe chômage a certes progressé, mais il s’est arrêté à un pic de 8,5 %, fin 2011, avant de fortement reculer avec le retour de la croissance.Initialement, l’explication venait en grande partie de l’explosion des emplois précaires et temporaires. Le nombre d’autoentrepreneurs a fortement progressé, souvent à la limite de l’abus du code du travail.On trouve ainsi des « autoentrepreneurs » qui sont chargés de relever les compteurs de gaz ou d’électricité, alors qu’ils n’ont pas le choix de leurs horaires de travail ni de l’endroit où ils doivent se rendre.Les livreurs de colis, qui se multiplient en cette ère de commandes sur internet, sont dans la même catégorie. En clair, le chômage n’a pas trop progressé parce que le nombre de travailleurs pauvres augmentait.Grande-Bretagne : plutôt travailleur précaire que chômeurDans le même temps, les salaires ont été gelés, tandis que l’inflation flambait. Sur les sept dernières années, les Britanniques ont connu la plus forte baisse de leur pouvoir d’achat depuis la crise des années 1930.Le retour des créations de postes à temps pleinCette tendance semble pourtant en train de s’inverser. Les dernières statistiques montrent que les emplois créés sont désormais très majoritairement à temps plein.Sur l’ensemble de 2014, le nombre d’emplois conventionnels a progressé d’un demi-million, tandis que le nombre d’autoentrepreneurs augmentait de 88 000.Surtout, les salaires progressent enfin plus vite que l’inflation. Les deux courbes se sont croisées pour la première fois à l’automne, et la tendance se confirme.L’inflation n’est plus que de 0,3 %, essentiellement grâce à la forte chute des prix du pétrole.Dans le même temps, les salaires ont augmenté de 2,1 % sur les douze derniers mois. Le pouvoir d’achat des Britanniques progresse enfin.À trois mois des élections législatives, ces bonnes nouvelles économiques apportent de l’eau au moulin de David Cameron. Le premier ministre conservateur affirme qu’il a redressé l’économie et demande un nouveau mandat pour « terminer le travail ».Néanmoins, dans la vie quotidienne, beaucoup de Britanniques ont encore un pouvoir d’achat inférieur à celui d’avant la crise et ces améliorations pourraient arriver trop tard pour qu’ils le ressentent réellement.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier Après la régulation bancaire, Bruxelles s’attaque aux marchés. Mercredi 18 février, Jonathan Hill, le commissaire aux services financiers, devait présenter un livre vert sur l’« union des marchés de capitaux ». Un titre ambitieux pour un sujet qui occupe déjà régulièrement les places financières européennes : comment promouvoir le financement à long terme des entreprises, et notamment des PME-ETI, par les marchés ?Pour la Commission, il s’agit du prolongement du plan d’investissement Juncker de 315 milliards d’euros, adopté en décembre 2014 et destiné à relancer la croissance. « Il n’y aura pas de croissance sans marchés financiers capable de diriger l’argent là où il est nécessaire », résume-t-on à Bruxelles.La Commission rappelle qu’en Europe, les marchés financiers ne représentent que 20 % à 25 % du financement de l’économie, contre 80 % pour les banques. Aux États-Unis, la situation est inversée.Autre exemple : le capital-risque (destiné à financer les start-up et autres PME qui démarrent) est moins irrigué par l’argent privé qu’avant la crise : en 2013, 40 % de ses fonds provenaient du public, contre seulement 15 % en 2007.Quant à la part de l’épargne des ménages européens investie en actions et obligations, elle ne représente que 10 % de leurs économies, contre 35 % dans l’assurance-vie et 33 % sur leurs comptes en banque.« La précédente Commission s’est attachée à rendre le système financier plus solide, transparent et stable [avec l’union bancaire et la montée en puissance du mécanisme de résolution bancaire]. Il nous faut maintenant le consolider et pouvoir diriger les capitaux aux bons endroits, afin d’avoir plus de croissance et plus d’emploi », poursuit-on à Bruxelles.La Commission a identifié cinq freins principaux :- les difficultés des PME-ETI à trouver des fonds, notamment dans les états d’Europe du Sud affectés par la crise.- la mauvaise volonté des banques à financer des projets de long terme, notamment d’infrastructures ; la faiblesse des investissements transfrontaliers.- le fort taux d’épargne privé, au détriment de l’investissement.- la dépendance du système financier européen aux banques.Pas de vaste réforme, ni de création d’un nouveau gendarmeAprès des années de mise en place de réglementations du système bancaire et financier, les officiels bruxellois prennent toutefois soin de déminer le dossier : pas question de lancer une vaste réforme avec force textes de lois. Ni de mettre sur pied un nouveau gendarme des marchés, sur le modèle de ce qui a été fait avec Banque centrale européenne pour les établissements de crédit. C’est de toute façon déjà le rôle de l’ESMA (European Securities and Markets Authority, autorités des marchés européens).« L’industrie doit digérer les textes passés. Nous ne légiférerons que si c’est indispensable », convient-on dans l’entourage de la Commission, où il paraît acquis que la capacité des établissements financiers à supporter davantage de réglementations est épuisée.Conséquence de cette situation : le projet apparaît encore très flou, et peu de mesures concrètes semblent à même d’en sortir.La principale concerne la relance de la titrisation, ce procédé qui consiste à transformer des créances en titres financiers. Son intérêt est double, pour ses thuriféraires : rendre les crédits liquides, c’est-à-dire échangeables sur un marché, et pouvoir les sortir des bilans des banques, mobilisant ainsi moins de capital selon les nouvelles réglementations prudentielles - et le laissant donc disponible pour prêter aux entreprises.Mais la titrisation, révélée au grand public par la crise des subprimes, a très mauvaise presse : en diluant les risques, elle expose ses détenteurs a des conséquences parfois dramatiques. Il s’agirait cette fois de privilégier la « bonne titrisation », assure-t-on côté bruxellois, en n’utilisant que des prêts « de qualité, simples et transparents ».La Commission souhaite aussi améliorer l’accès aux marchés régulés pour les PME-ETI, à travers la simplification des prospectus lors d’introduction en Bourse ou de levées secondaires de capitaux.Contraste avec la sévérité de la Commission précédenteCes mesures, ne font toutefois pas l’unanimité. Elles contrastent singulièrement avec la sévérité de Michel Barnier vis-à-vis de la planète finance européenne, quand il était commissaire au marché intérieur et aux services, entre 2010 et 2014. « La question n’est pas d’opposer financement bancaire et marchés de capitaux. Certains canaux de financements via les marchés sont plus risqués que d’autres, de la même façon certains modèles de banques créent plus de risque que d’autres », souligne Frédéric Hache, coresponsable de l’analyse politique au sein de l’ONG Finance Watch.Selon lui, « plus que les entreprises, ces mesures vont favoriser les grandes banques d’affaires, premières gagnantes d’un recours intensifié aux marchés ». Et de déplorer que ce projet vise notamment à augmenter la profitabilité des institutions financières, pour répondre à une crainte de perte de compétitivité des banques européennes.Selon les procédures en vigueur à Bruxelles, la publication du livre vert ouvre la voie à une période de consultation de toutes les parties prenantes. M. Hill enverra dans la foulée un courrier à chaque ministre des finances, afin de lancer le débat au niveau national chez les 28, jusqu’en juin.Le sujet sera notamment discuté à l’Ecofin (réunion des ministres des finances européens) de Riga (Lettonie), en avril, avant que la Commission ne formalise un plan d’action, en septembre prochain.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le gouvernement grec déposera, jeudi 19 février, sa demande d'extension du financement européen, qu'elle continue de distinguer clairement du "mémorandum", ce programme d'aide à la Grèce en cours depuis 2010 et associé à des mesures d'austérité, a indiqué, mercredi, à l'AFP une source gouvernementale grecque.« Attendons aujourd'hui qu'une demande de prolongation du contrat de prêt soit soumise par le ministre des finances », avait déclaré, un peu plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis, lors d'une intervention sur la chaîne de télévision grecque Antenna TV.La source citée par l’AFP n'a pas précisé quelle forme prendrait la demande d'Athènes à la zone euro.A l'issue de la réunion des ministres des finances de la zone euro, lundi, l’Eurogroupe a donné jusqu'à vendredi à la Grèce pour solliciter une prolongation de l'aide financière, qui théoriquement s’achève le 28 février.« Les délibérations se poursuivent pour trouver un terrain d'entente, nous voulons croire que nous sommes sur la bonne voie. Nous nous rendons à la table des négociations pour trouver une solution », a ajouté M. Sakellaridis.Si la formulation de la demande grecque convient à l’Eurogroupe, une réunion des ministres des finances pourrait être convoquée, vendredi, peut-être par téléphone, pour acter la demande d’Athènes, mais éviter d’aller à nouveau au psychodrame en réunissant dans la même pièce Yanis Varoufakis, le bouillant ministre des finances grec, et Wolfgang Schauble, son homologue allemand, avec qui les relations se sont nettement dégradées ces derniers jours.Mais, à ce stade, rien n’est moin sûr. « Il n'y a absolument aucune perspective que nous demandions, dans aucun cas, une extension du memorandum », a réaffirmé le ministre d'Etat, Nikos Pappas, un des bras droits d'Alexis Tsipras, sur une chaîne de radio mercredi.L'Allemagne, elle, refuse d'envisager l'abandon des mesures de réforme programmées dans le plan d'aide à la Grèce actuellement en cours et Wolfgang Schäuble a jugé que le gouvernement Tsipras n'avait jusqu'ici pas fourni « le moindre début de réponse » sur la façon dont il comptait sortir la Grèce de ses problèmes.Lire nos explications : Grèce : partie de poker menteurVote sur des mesures socialesM. Sakellaridis a répété que le gouvernement grec, parvenu au pouvoir en janvier sur la promesse de mettre fin aux politiques d'austérité, ne céderait pas sur un certain nombre de points qu'il juge non-négociables. Mardi, M. Tsipras a d’ailleurs annoncé son intention de faire voter, dès vendredi, des mesures sociales promises aux Grecs pendant sa campagne électorale (sur les saisies immobilières ou l'étalement sur 100 mois des remboursements de prêts pour les plus démunis).Ces mesures vont à l'encontre des préconisations du programme d'aide à la Grèce, et surtout, sont prises de manière unilatérale, alors que Bruxelles exige du gouvernement Tsipras, qu’il s’engage à consulter ses partenaires et créanciers.A Bruxelles, ces annonces n’ont toutefois pas forcément alarmé. « On peut les voir comme une fin de non recevoir. Ou aussi comme un gage donné par Tsipras à l’aile gauche de son parti, pour le ménager juste avant de demander une extension du programme d’aide à Bruxelles », glissait une source européenne, mardi.Le fait que le premier ministre grec n’ait pas proposé la candidature au poste de président de la république grec l’actuel commissaire européen Dimitris Avramopoulos est aussi plutôt bien perçu à Bruxelles.M. Tsipras évite ainsi d’ouvrir un nouveau front avec la commission européenne, alors que son président, Jean-Claude Juncker, voyait d’un très mauvais oeil le fait d’être obligé de se séparer d’un commissaire conservateur pour accueillir, peut-être, un membre de Syriza.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.02.2015 à 08h42 • Mis à jour le18.02.2015 à 09h56 Le médiateur international des Nations unies en Syrie, Staffan de Mistura, a dit, mardi 17 février, avoir convaincu le président Bachar Al-Assad de suspendre les frappes aériennes et les tirs d'artillerie sur la ville d'Alep, dans le nord du pays. Cette suspension permettrait de faciliter la mise en œuvre d'un cessez-le-feu local de six semaines à l'initiative de l'Organisation des Nations unies.« Soyons honnêtes, je n'ai pas d'illusion », a confié le diplomate italo-suédois, visiblement pas totalement confiant dans les déclarations de M. Al-Assad. « Les expériences passées montrent que c'est un objectif difficile à atteindre. » Le médiateur de l'ONU a fait cette annonce en marge du Conseil de sécurité des Nations unies, où il avait détaillé son action. Regarder : Syrie : Alep avant et après les bombardementsSi le gouvernement syrien s'est engagé, aux dires de M. de Mistura, à suspendre ses bombardements, l'envoyé de l'ONU n'a pas précisé quand cette interruption était susceptible de commencer, mais il a précisé qu'il se rendrait en Syrie « dès que possible » afin d'approfondir la question avec Damas.La ville d'Alep est divisée entre les zones contrôlées par les rebelles et celles tenues par le régime. Depuis plusieurs mois, les troupes de Damas ont manqué à plusieurs reprises d'encercler la ville, mais elles ne sont pas parvenues à couper l'accès aux rebelles à une route cruciale menant en Turquie, au nord de la ville.Depuis le début de la guerre civile en Syrie, en 2012, la ville a été constamment sous les feux d'artillerie. Le bilan est à ce jour de 150 000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, mais certains évoquent le nombre de 220 000. Lire le reportage (édition abonnés) : A Alep, l'enfer venu du ciellmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2akyyb"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2akyyb", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 18.02.2015 à 07h28 • Mis à jour le18.02.2015 à 10h43 Les Etats-Unis ont annoncé, mardi 17 février, qu'ils autorisaient pour la première fois l'exportation de drones armés vers certains pays alliés dans le cadre de la lutte « antiterroriste » internationale.« Cette nouvelle politique régit la vente, le transfert et l'utilisation à l'international de systèmes aéronautiques militaires sans pilote d'origine américaine », a annoncé le département d'Etat dans un rapport intitulé « politique d'exportation des Etats-Unis pour des systèmes aéronautiques militaires sans pilote », des UAS (Unmanned Aerial System), c'est-à-dire des drones armés.La diplomatie américaine souligne que :« Les Etats-Unis sont les leaders technologiques mondiaux en matière de développement et de déploiement » de ces drones. « D'autres nations commencent à utiliser de manière plus régulière des UAS militaires et le marché commercial des UAS est émergent. Si bien que les Etats-Unis ont pour responsabilité de s'assurer que les ventes, transferts et utilisations à l'international d'UAS d'origine américaine correspondent aux intérêts de la sécurité nationale américaine et à ceux en matière de politique étrangère. »Ces exportations de « systèmes sensibles se feront selon un programme de vente [d'équipements] militaires de gouvernement à gouvernement », écrit le département d'Etat, qui ne cite aucun pays qui serait client.CLIENTS POTENTIELSLe Washington Post, qui a le premier révélé cette évolution majeure de la politique de vente d'armes des Etats-Unis, note que des pays alliés tels que l'Italie, la Turquie et des monarchies du Golfe seraient grandement intéressés.D'après un responsable américain cité par le journal, Washington a déjà vendu des drones armés à son plus proche allié, le Royaume-Uni. La France a aussi acheté des drones, utilisés au Mali pour l'opération « Serval ».Des drones non armés, servant pour des opérations de renseignement ont d'ores et déjà été vendus à des alliés au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, comme la France et l'Italie, selon le Washington Post.L'utilisation des drones armés constitue une pierre angulaire de la lutte mondiale contre le terrorisme menée par l'administration du président Barack Obama, notamment lors d'opérations conduites en Afghanistan, au Pakistan, en Somalie, en Syrie, en Irak ou encore au Yémen.Lire aussi (édition abonnés) : Des drones militaires tactiques, pré-stratégiques ou armés 15.02.2015 à 18h05 • Mis à jour le15.02.2015 à 18h11 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Retracer la vie de Michele Ferrero, décédé samedi 14 février à Monaco à l’âge de 89 ans, c’est d’abord évoquer le produit avec lequel cet homme aussi discret que sa fortune était grande (environ 20 milliards d’euros selon le magazine Forbes) s’est identifié : la Nutella, pâte à tartiner à base de noisettes, de chocolat et d’huile de palme, née en 1964. « Ferrero a été pendant de très longues années au premier plan de l’industrie italienne, réussissant à rester toujours à la mode grâce à des produits innovants et à son travail tenace et réservé », a commenté le nouveau président de la république italienne, Sergio Matarella.Mais avant de devenir la première fortune de la Péninsule et le parangon de ce fameux « capitalisme à l’italienne » fait de vertus familiales, de saine gestion du patrimoine et d’acharnement, Michele Ferrero fut d’abord, à sa manière, un artisan. La mort de son père Pietro, en 1949, le laisse à la tête d’une entreprise de confiserie déjà florissante, sise à Alba (Piémont) et d’un produit d’appel, la Supercrema, dérivé du Gianduiotto piémontais, avec moins de chocolat (devenu cher après la guerre) et plus de noisettes (qui abondent dans la région). Seul problème, elle se tartine mal.Il faudra quinze ans de tâtonnements et d’expériences pour que s’élabore dans le secret la recette de la Nutella dont les Italiens vont faire le plus grand usage et l’élever au premier rang de leur patrimoine culturel à l’égal du Bel Canto et de la peinture classique. Dès lors, le nom de Michele Ferrero s’efface au profit de celui de sa création. Aujourd’hui, 365 000 tonnes de Nutella sont produites chaque année par 30 000 salariés dans 14 usines à travers le monde et consommées par des centaines de millions de gourmands (en tête : les Allemands, les Français, les Italiens et les Américains). L’entreprise affiche un chiffre d’affaires d’environ 8 milliards d’euros.Fort de ce succès, Michele Ferrero développe d’autres produits (Mon Chéri, Ferrero Rocher Kinder, Tic Tac, Estathe etc.) et bâtit un empire. Mais on ne le voit jamais dans la presse, ni à la télévision. Les photos de lui sont rares au point qu’on le surnomme « le Howard Hughes du chocolat ». La société à son siège au Luxembourg, le patriarche vivait à Monaco. « On ne doit apparaître dans les journaux que deux fois, disait-il : dans son avis de naissance et son faire part de décès ».Mais c’est toujours dans le cœur de son Piémont natal, à Alba (31 300 habitants), que l’empreinte de Michele Ferrero est la plus visible. Baptisée « Nutellapoli », la ville célèbre également pour les truffes blanches, illustre le « capitalisme social » version Ferrero. Les salaires y sont plus élevés que dans le reste de l’Italie, la société prend en charge, outre la crèche pour les enfants du personnel, les activités sportives et culturelles, la mutuelle de santé « jusqu’à la mort » pour qui a travaillé trente ans chez Ferrero. Les habitants d’Alba peuvent aussi, pour le chauffage, se brancher sur la petite centrale électrique de l’usine à un prix préférentiel. « Ce n’est pas une entreprise mais une oasis de bonheur, soutenait en 2014, Francesco Paolo Fulci, président de Ferrero SPA. En soixante-dix ans, nous n’avons jamais connu un jour de grève. »Éloigné des affaires par l’âge et la maladie, Michele Ferrero restait pourtant incontournable dans les choix stratégiques de l’entreprise. En 2009, il s’était opposé à ses fils qui avaient déclaré étudier une option de rachat du confiseur anglais Cadbury et envisageaient une entrée en bourse. « Si nous avions des actionnaires, ils nous demanderaient d’augmenter le chiffre d’affaires. Mais pour faire un bon produit, il faut du temps », confiait un cadre de l’entreprise. Michele Ferrero avait cédé la présidence du groupe en 2011 à son fils Giovanni, âgé aujourd’hui de 50 ans, juste après le décès de Pietro, qui avait succombé à un infarctus en Afrique du Sud à l’âge de 47 ans.Ses obsèques auront lieu à Alba, comme il se doit.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.02.2015 à 17h50 • Mis à jour le15.02.2015 à 19h47 « Attentat effroyable », « mépris pour la dignité humaine » : le double attentat de Copenhague, dans lequel deux hommes ont été tués, est condamné dans le monde entier.David CameronLes attaques de « Copenhague constituent un attentat effroyable contre la liberté d'expression et la liberté religieuse », a déclaré dans un communiqué le premier ministre britannique, David Cameron, en adressant ses « pensées » aux victimes et à leurs proches et en offrant au gouvernement danois son « soutien total » :« Le Danemark et le Royaume-Uni sont deux démocraties multi-ethniques et multiconfessionnelles épanouies et nous ne permettrons jamais à de tels actes de violence de causer du tort à ces valeurs. »Angela MerkelLa chancelière allemande, Angela Merkel, s'est de son côté entretenue par téléphone avec la chef du gouvernement danois, Helle Thorning-Schmidt, et a dénoncé le « mépris pour la dignité humaine » suintant derrière les attaques. « La chancelière a souligné que l'Allemagne se tenait fermement aux côtés du Danemark » et a promis à la première ministre danoise « de rester en contact étroit sur les mesures de lutte contre le terrorisme ».Etats-UnisLes Etats-Unis ont condamné dans la nuit de samedi à dimanche une attaque « déplorable » et ont offert leur aide pour contribuer à l'enquête.Le grand rabbin de France réclame des « actes forts »Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, s'est dit dimanche « bouleversé » et « scandalisé » par les attentats de Copenhague et réclame des « actes forts » pour lutter contre le terrorisme et ceux qui « instrumentalisent la religion pour tuer au nom de Dieu ». Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a, de son côté, appelé les dirigeants européens « au renforcement de leur coopération dans la lutte contre les djihadistes ».Lire : Après les attentats de Copenhague, Nétanyahou appelle les juifs d’Europe à rejoindre IsraëlNicolas Sarkozy« Emotion et vive condamnation à l'annonce de la fusillade à Copenhague. Encore un acte terroriste qui cible nos libertés, notre civilisation », a réagi samedi l'ancien président français sur son compte Twitter.Arabie saouditeRyad a condamné dimanche les attaques meurtrières survenues à Copenhague, tout en déplorant aussi l'assassinat de trois musulmans en Caroline du Nord.« Le royaume saoudien a suivi avec une profonde tristesse les événements terroristes et criminels survenus récemment dans la capitale danoise, Copenhague, et en Caroline du Nord, qui ont fait des morts et des blessés innocents. » 15.02.2015 à 17h17 • Mis à jour le15.02.2015 à 19h32 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h9ecj"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h9ecj", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Cela relève presque du rituel politique. Quelques heures après la double attaque terroriste perpétrée à Copenhague, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a lancé un nouvel appel aux juifs d'Europe, dimanche 15 février, afin qu'ils trouvent refuge dans son pays. « Nous disons aux juifs, à nos frères et à nos sœurs : Israël est votre maison, a déclaré le chef du gouvernement. Nous nous préparons et nous appelons à l'absorption d'une immigration massive d'Europe. » Le chef du gouvernement avait déjà lancé un tel appel après les attentats commis à Paris au début de janvier contre la rédaction de Charlie Hebdo et une supérette casher. Le gouvernement français avait exprimé son peu de goût pour la démarche. Dimanche, c'est le rabbin Jair Melchior, plus haute autorité dans la communauté danoise, qui a confié sa « déception » après les propos de M. Nétanyahou. « Si notre façon d'affronter la terreur est de nous enfuir quelque part, alors nous devrions tous partir sur une île déserte », a-t-il noté.Lorsqu'un acte antisémite d'envergure est commis dans le monde, il est habituel pour le gouvernement israélien d'exprimer sa solidarité, mais aussi sa volonté d'accueillir « à bras ouverts », comme l'a répété M. Nétanyahou dimanche, les nouveaux arrivants. Aujourd’hui, au-delà de ces formulations classiques, le gouvernement doit s'adapter, du point de vue administratif et financier, à une tendance lourde. Le nombre d’immigrants juifs en Israël a atteint en 2014 un chiffre record depuis dix ans, avec l’arrivée de 26 500 personnes, soit une hausse de 32 % par rapport à 2013, selon les autorités.ENCOURAGEMENT À L'IMMIGRATION DE JUIFS DE FRANCE, D'UKRAINE ET DE BELGIQUE« Il y a une perception largement partagée selon laquelle l'Europe est devenue plus dangereuse pour les juifs, explique au Monde le porte-parole de l'Agence juive, Yigal Palmor. Il y a plus d'attentats, d'incidents, de violences, d'insécurité, pour les juifs identifiables comme tels, notamment autour de leurs institutions, des écoles et des synagogues. » Après une année 2014 record, la France est devenue le premier pays dans le monde pour l'alyah (près de 7 000 départs). Les attentats commis contre Charlie Hebdo et l'épicerie Hyper Cacher risquent de provoquer un afflux de candidatures encore supérieur aux prévisions, qui étaient de 10 000 pour 2015. « On assiste à une augmentation dramatique des appels, des demandes d'informations, des inscriptions aux soirées organisées par l'Agence juive, souligne Yigal Palmor. Mais on ne saura que plus tard dans l'année si la barre des 15 000 sera franchie. On n'organise pas un départ en vingt-quatre heures. »Dimanche, le conseil des ministres a adopté un plan destiné à encourager l'immigration de juifs venant de France, d'Ukraine et de Belgique, trois pays stratégiques. La France et la Belgique, en raison des attentats antisémites récents qui y ont eu lieu, développant un sentiment d'insécurité et de mal-être chez certains citoyens de confession juive. L'Ukraine, parce que la guerre qui ravage la partie orientale du pays et la précarité économique poussent à l'alyah ceux qui ont des racines juives. Le plan interministériel, d'un montant de 40 millions d’euros, est un complément aux dispositifs existant déjà. Sa valeur est surtout symbolique, à un mois des élections législatives. Le plan vise à renforcer des programmes destinés aux juifs dans les pays sources, à densifier le réseau d'émissaires traitant les demandes, à améliorer l'orientation professionnelle des candidats à l'émigration.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.02.2015 à 15h56 • Mis à jour le15.02.2015 à 16h03 La ville de Braunschweig, en Basse-Saxe, a annulé un défilé de carnaval prévu dimanche 15 février en raison « d'une menace spécifique d'attaque islamiste », a annoncé la police allemande.Le défilé, qui était prévu à partir de 12 h 20, a été annulé à la suite d'un renseignement fourni par « des sources dignes de foi de la sécurité de l'Etat », selon un communiqué de la police.Selon les organisateurs, les festivités de Braunschweig, qui ont lieu chaque année, constituent le plus important défilé du nord de l'Allemagne durant la traditionnelle saison des carnavals, au mois de février, avec deux cent cinquante mille visiteurs attendus. La décision d'annuler l'événement a été prise par le maire de la ville, Ulrich Markurth, et par le président de la parade, Gerhard Baller.PAS DE LIEN AVEC LES ATTENTATS DE COPENHAGUELe mois dernier, le carnaval de Cologne, le plus important d'Allemagne, et qui est souvent le théâtre de satires politiques, avait interdit une banderole de soutien aux caricaturistes français du magazine Charlie Hebdo pour des raisons de sécurité.Le comité du carnaval avait affirmé soutenir le message qui défendait la liberté d'expression et de la presse, mais il avait reçu des « messages d'inquiétudes au niveau local », qu'il avait pris « au sérieux », même si la police n'avait donné aucune indication d'une possible menace terroriste.Interrogé par la chaîne de télévision allemande NDR, l'un des chefs de la police, Michael Pientka, a indiqué qu'il n'y avait pas de lien entre cette annulation et les attaques terroristes qui ont eu lieu samedi à Copenhague, au Danemark. 15.02.2015 à 15h07 • Mis à jour le15.02.2015 à 15h39 Les gardes-côtes italiens ont entrepris, dimanche 15 février, de porter secours à un millier de migrants en difficulté en Méditerranée à bord d'une dizaine de grands canots pneumatiques. C'est la troisième opération de ce genre en trois jours.Les gardes-côtes ont déclaré avoir recueilli jusqu'à présent plus de cent trente personnes qui se trouvaient à bord de deux canots pneumatiques à 180 kilomètres au sud de l'île italienne de Lampedusa, et s'employaient à sauver des migrants à bord de huit autres embarcations. « Nous avons sans doute affaire à plus de mille migrants », a déclaré un porte-parole des gardes-côtes à Rome.Plusieurs vedettes garde-côtes ont été dépêchées vers la zone du sauvetage, et quatre navires marchands et deux remorqueurs ont été dirigés vers les lieux pour participer à l'opération. Un navire de guerre, deux bâtiments de patrouille de la police et un bateau maltais sont aussi mobilisés, a ajouté le porte-parole.L'amélioration des conditions météorologiques en Méditerranée a incité ces derniers jours des migrants à tenter la traversée à partir des côtes d'Afrique du Nord. Plus de trois cents personnes ont péri voilà une semaine environ alors qu'elles tentaient d'atteindre les côtes italiennes. 15.02.2015 à 13h49 • Mis à jour le15.02.2015 à 19h46 | Olivier Truc (Correspondant régional) Les deux fusillades qui ont visé, samedi 14 février à Copenhague, un centre culturel et une synagogue, tuant deux civils et blessant cinq policiers, ont éclaté à quelques heures d'intervalle.Suivre les derniers développements de l'enquête en direct : Copenhague : le même tireur est responsable des deux fusillades15 heuresDes dizaines de personnes assistent à un débat sur le thème « Art, blasphème et liberté » au centre culturel Krudttonden, dans un quartier aisé du nord de la capitale danoise. La conférence se tient sous protection policière, puisque l'un des principaux participants est l'artiste suédois Lars Vilks, auteur en 2007 d'une caricature de Mahomet qui lui a valu des menaces de mort.Vers 15 h 30Une demi-heure plus tard, l'assaillant arrive et, sur un enregistrement diffusé par la BBC, on entend la chef de file des Femen Inna Shevchenko interrompue par des dizaines de coups de feu qui claquent, plusieurs par seconde.L'ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, invité à cette rencontre à peine plus d'un mois après les attaques de la région parisienne, raconte que toutes les personnes se jettent à terre dès les premières balles. « Intuitivement, je dirais qu'il y a eu au moins cinquante coups de feu, et les policiers ici nous disent deux cents. Des balles sont passées à travers les portes », dira-t-il.Dans la fusillade, un homme, âgé de 55 ans, est tué à l'extérieur du bâtiment (il s'agirait selon les médias danois du réalisateur Finn Norgaard) et trois policiers qui assurent la sécurité du bâtiment et du caricaturiste sont blessés. Plusieurs participants au débat, dont l'ambassadeur et le caricaturiste, se replient dans une autre salle, où ils resteront de longues minutes.L'assaillant quitte rapidement les lieux dans une Volkswagen Polo. La police se lance à sa recherche.L'homme ne garde pas sa voiture longtemps : il l'abandonne à deux kilomètres au nord du lieu de l'attentat, près d'une gare.17 heuresLa police diffuse l'immatriculation de cette voiture, et demande aux habitants de Copenhague de ne surtout pas tenter d'appréhender un suspect.17 h 54Elle annonce que la voiture a été retrouvée. 19 h 23Les enquêteurs diffusent cette description de l'assaillant : « Un homme de 25-30 ans, d'environ 1,85 m, de corpulence athlétique et d'apparence arabe, mais avec une peau plus claire que la normale et avec les cheveux noirs et raides », selon les mots du communiqué officiel. Une chasse à l'homme commence. Ils publient peu après 20 heures une photo tirée d'une caméra de vidéosurveillance d'un homme vêtu d'une doudoune foncée, d'un bonnet ou d'une cagoule bordeaux, et portant un grand sac noir.Krudttønden: Fotoefterlysning! Hvem er denne mand? Ring 114. RT gerne. Tak. #politidk http://t.co/q4AS9A8eRR http://t.co/I0hspYBwc5— Københavns Politi (@KobenhavnPoliti)require(["twitter/widgets"]);20 h 30La première ministre, Helle Thorning-Schmidt, se rend au centre culturel où a eu lieu l'attentat et déclare : « Maintenant que je suis ici, c'est pour dire, au nom des Danois, que le Danemark ne doit pas être comme ça, cela nous remplit de dégoût. » Vers 23 heuresLa police place l'appartement de l'auteur présumé de la fusillade sous surveillance, après avoir été prévenue par un chauffeur de taxi qu'il avait déposé l'homme à cette adresse, dans le quartier populaire de Norrebro, dans le nord-ouest de Copenhague, à 16 h 15, peu après la fusillade.0 h 50Quatre-vingts personnes se trouvaient dans la grande synagogue de Krystalgade, dans le centre de Copenhague, pour participer à une cérémonie de confirmation lorsque le bâtiment, placé sous surveillance à la suite de la fusillade du centre culturel, est la cible de tirs. Un jeune homme juif de 37 ans qui surveillait les accès à l'édifice est touché de plusieurs balles à la tête, il meurt. Deux policiers sont également blessés par les tirs. Le tireur repart à pied.Vers 5 heuresLe tueur présumé revient à l'appartement de Norrebro. Les policiers l'apostrophent. Il ouvre le feu. En répliquant, la police le tue. Olivier Truc (Correspondant régional)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.02.2015 à 17h41 14.02.2015 à 12h43 • Mis à jour le14.02.2015 à 12h56 Le Guide suprême de la révolution islamique iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a écrit une lettre secrète à Barack Obama, en réponse à un courrier secret que le président des Etats-Unis lui aurait envoyé à propos de la lutte contre l'Etat islamique (EI), rapporte The Wall Street Journal.Le journal, qui cite un diplomate iranien, précise que cette lettre « respectueuse », selon les termes du diplomate, a été envoyée au cours des dernières semaines. Barack Obama aurait lui même écrit au dirigeant iranien en octobre 2014 pour parler de la lutte contre l'EI en Irak et en Syrie. Un porte-parole de la Maison Blanche n'a pas souhaité faire de commentaire, écrit The Wall Street Journal.>> Lire aussi (édition abonnés) : Les bombes-tweets de l'ayatollahLA PLACE DE L'IRAN DANS LA RÉGIONLe rôle de l'Iran est indispensable dans la lutte contre le terrorisme et pour assurer « la stabilité et la paix » au Moyen-Orient, avait déclaré mercredi Hassan Rohani, le président de l'Iran, à l'occasion du 36e anniversaire de la révolution islamique. Il a tenu ces propos alors que de difficiles négociations se déroulent entre Téhéran et les grandes puissances en vue d'un accord définitif sur le programme nucléaire controversé de l'Iran.Lire aussi (édition abonnés) : En Iran, le président Hassan Rohani joue son va-tout« Dans la région du Moyen-Orient, instaurer la paix et la stabilité et déraciner le terrorisme passe par la République islamique, a déclaré M. Rohani. Vous avez bien vu que la puissance ayant pu aider les peuples d'Irak, de Syrie, du Liban et du Yémen, (…) face aux groupuscules terroristes est la République islamique d'Iran. » Ces dernières années, l'Iran a apporté une aide politique et militaire à l'Irak et à la Syrie pour lutter contre les groupes djihadistes, notamment l'EI.>> Lire aussi (édition abonnés) : Les négociations sur le nucléaire iranien piétinent 14.02.2015 à 11h51 La cour d'assises d'Agrigente, en Sicile, a condamné, jeudi 12 février, un passeur somalien à trente ans de prison, pour viols et violences répétées contre des immigrés clandestins qu'il avait conduits à travers le désert vers la Libye avant leur traversée de la Méditerranée.Des survivants du naufrage du 3 octobre 2013 près de Lampedusa, dans lequel trois cent soixante-six personnes sont mortes, avaient reconnu par la suite Mouhamud Elmi Muhidin, 34 ans, quand il avait débarqué d'un autre bateau sur cette petite île italienne.Lire notre reportage : Lampedusa, « une île pleine de douleur », pleure le naufrage des migrantsTROIS CENT TRENTE MORTS CES DERNIERS JOURSL'homme été condamné pour traite des êtres humains, violences sexuelles, association criminelle ayant pour but de favoriser l'immigration clandestine. Plusieurs témoins au procès l'avaient reconnu comme l'un des organisateurs des voyages vers l'Italie. Des jeunes filles ont raconté à la barre les violences et les viols que commettait un groupe de combattants somaliens, dont Muhidin, qui ont conduit leur groupe pendant des semaines à travers le désert jusqu'en Libye.Des organisations criminelles s'entendent entre elles pour accompagner les immigrés venus de plusieurs pays à travers des zones désertiques jusqu'à la côte libyenne. Là, des hommes armés souvent les retiennent prisonniers jusqu'à les faire monter, quelle que soit la météo, sur des bateaux de fortune en direction de l'Italie. Le tout contre le versement de sommes très élevées.Ces derniers jours encore, plusieurs embarcations ont fait naufrage au large des côtes libyennes, causant la mort de 330 migrants.Lire aussi (édition abonnés) : En Italie, un nouveau drame montre les failles de l’opération « Triton » 14.02.2015 à 08h23 • Mis à jour le14.02.2015 à 10h19 Les affrontements entre miliciens chiites houthistes et membres de tribus sunnites liées à Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) se poursuivent au Yémen. D'intenses combats, qui ont fait seize tués parmi les houthistes et dix parmi les sunnites, continuaient samedi dans la province montagneuse d'Al-Baida, dans le sud du pays.Les Emirats arabes unis (EAU) ont décidé de fermer leur ambassade à Sanaa, la capitale du Yémen, pour des raisons de sécurité, rapporte, samedi 14 février, l'agence officielle Emirates News Agency (WAM). La France, les Etats-Unis, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Arabise saoudite ont fermé leur représentation diplomatique et rappelé leur personnel pour des raisons de sécurité.RÉUNION DES CHEFS DE LA DIPLOMATIE DES MONARCHIES PÉTROLIÈRESLes chefs de diplomatie des monarchies pétrolières doivent se réunir samedi à Riyad pour discuter de la crise au Yémen. « Le Yémen est à la croisée des chemins : soit il plonge dans la guerre civile, soit il trouve un moyen de remettre la transition sur ses rails », a affirmé pour sa part Jamal Benomar, émissaire de l'Organisation des Nations unies au Yémen, qui s'efforce de relancer des négociations après la prise du pouvoir par les houthistes.Soutenus par l'Iran, les miliciens chiites sont accusés par les monarchies sunnites du Golfe d'avoir perpétré un coup d'Etat. Affirmant mener une « révolution » contre un régime corrompu et pour éviter une ruine économique, les houthistes ont dissous le Parlement et instauré leurs propres institutions. La milice serait soutenue, selon ses opposants, par l'ancien homme fort du pays Ali Abdallah Saleh, renversé lors des manifestations du « printemps arabe » en 2011. Le déploiement des houthistes dans les régions du sud et de l'est du pays, traditionnellement armés, a incité certains groupes locaux à faire cause commune avec AQPA. 14.02.2015 à 02h51 • Mis à jour le14.02.2015 à 04h54 Un projet de tuerie de masse a été déjoué au Canada, a rapporté vendredi 13 février la police fédérale. Cette dernière a détaillé avoir reçu la veille une information sur une « menace sérieuse » en lien avec des armes. Au fil de son enquête, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a découvert que plusieurs individus préparaient une fusillade pour la Saint-Valentin dans un lieu fréquenté de la ville d'Halifax, en Nouvelle-Ecosse à l'Est du Canada. Un Canadien de 19 ans et une Américaine de 23 ans, à l'origine de ce funeste dessein, devaient ensuite se donner la mort.La jeune femme, est originaire de Geneva en Illinois (centre des Etats-Unis), tandis que le jeune homme vient de Timberlae, petite localité en banlieue ouest d'Halifax. Celui-ci, rapidement localisé par les forces de l'ordre, a été retrouvé mort dans la nuit de jeudi à vendredi dans une résidence. La GRC n'a pas précisé si des échanges de tirs avaient eu lieu ou si le suspect s'était suicidé.Une demi-heure après la police interceptait sa complice présumée, accompagnée d'un homme de 20 ans sur la route entre l'aéroport et le centre-ville d'Halifax. Puis, dans la matinée de vendredi, un mineur âgé de 17 ans était interpellé à Cole Harbour, au sud de la capitale de Nouvelle-Ecosse, soupçonné d'être lié à cette affaire.« UN GESTE HAINEUX »Le Canada est encore hanté par les attaques mortelles contre des militaires à l'automne par des jeunes radicalisés et les multiples coups de filet des dernières semaines parmi des jeunes candidats au djihad. Le commissaire adjoint de la GRC de la Nouvelle-Ecosse, Brian Brennan, a tenu à rassurer la population : il ne s'agit a priori pas là d'un cas de « terrorisme ». « C'est plutôt un groupe d'individus qui étaient dans le même état d'esprit de commettre un geste haineux et de se suicider ensuite », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.Lire aussi (en édition abonnés) : Le Canada, sous le choc, cherche à tirer les leçons des attaques terroristesSi ces jeunes « avaient été en mesure de mettre leur plan à exécution, la possibilité de pertes importantes de vie était bien là », a-t-il estimé. Il n'a pas voulu révéler l'endroit où ils avaient planifié leur fusillade. Les enquêteurs n'ont par ailleurs donné aucune indication sur le degré d'implication des deux Canadiens en garde à vue. En revanche, ils ont précisé que des armes et de l'argent avaient été saisis.« Nous pensons que nous avons interpellé tous les individus impliqués dans cette affaire, et la menace est circonscrite », selon la GRC qui a travaillé en collaboration avec la police de l'Illinois sur cette enquête. 14.02.2015 à 00h53 • Mis à jour le14.02.2015 à 13h29 Un acte « brutal et atroce ». Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a condamné, vendredi 13 février, le meurtre de trois étudiants de confession musulmane, survenu mardi, à Chapel Hill, en Caroline du Nord, dans le sud-est du pays. Les jeunes gens ont été tués par un homme hostile aux religions.« Aux Etats-Unis, personne ne devrait jamais être pris pour cible en raison de ce qu'il est, de son apparence ou de sa croyance », a ainsi fait valoir le chef de l'Etat dans un communiqué de la Maison Blanche. C'est la première fois qu'il réagissait publiquement à cette tragédie.Le silence de Washington avait provoqué l'ire de plusieurs internautes, mais aussi de responsables musulmans à travers le monde, dont le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan. Lors d'une visite officielle au Mexique, jeudi, celui-ci avait vivement critiqué l'apathie de M. Obama et de la diplomatie américaine dans ce dossier pour lequel la piste d'un crime haineux n'a pas été formellement écartée.Lire aussi la note de blog : #ChapelHillShooting : indignation après l’assassinat de trois Américains musulmansEn effet, la police n'a pas encore déterminé si les sœurs Razan Abou Salha et Yusor Abou Salha et le mari de cette dernière, Deah Shaddy Barakat, ont été tués à cause de leur religion ou à la suite d'une querelle de voisinage. L'auteur présumé du triple meurtre, Craig Stephen Hicks, 46 ans, s'est rendu à la police après la fusillade et a été écroué. Il est poursuivi pour assassinat, et risque la peine de mort ou la prison à perpétuité. Le FBI s'est saisi de l'enquête.FONDS D'AIDE AUX RÉFUGIÉS SYRIENSJeudi, plusieurs milliers de personnes ont assisté aux funérailles des trois étudiants. « Nous formons tous une seule et même famille américaine », a ainsi réagi Barack Obama. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, leur a également rendu hommage. « Profondément touché » par les manifestations de deuil aux Etats-Unis et dans le monde, il a adressé ses condoléances à leurs proches.« A un moment de tensions inquiétantes, ravivées par ceux qui cherchent à déformer les enseignements de la religion et à semer la discorde, ces trois jeunes gens représentent les meilleures valeurs de citoyenneté mondiale et de compassion active pour construire un monde meilleur pour tous. »Deah Barakat avait mis en place un fonds destiné aux réfugiés syriens, pour leur apporter des soins médicaux. L'indignation provoquée par le meurtre de cet étudiant en deuxième année à la faculté dentaire de l'université de Caroline du Nord a permis de lever 327 000 dollars, seize fois plus que l'objectif de 20 000 dollars escompté.  Martin Untersinger Barack Obama a poursuivi son offensive sur le thème de la cybersécurité en paraphant, vendredi 13 février, un décret incitant les grandes entreprises à mieux partager les informations dont elles disposent sur les cyberattaques. Il a signé ce texte à l’occasion d’un forum organisé à l’université de Stanford par la Maison Blanche pour renforcer la coopération entre les entreprises et le gouvernement.Le décret prévoit la mise en place d’organisations destinées à recueillir et à mettre à disposition les informations permettant de contrer des attaques, à la fois entre entreprises, mais également avec le gouvernement. L’idée est qu’une entreprise victime d’une attaque puisse prévenir d’autres entreprises afin d’éviter que ces dernières soient piratées à leur tour.Partage d’informationsLe texte définit « une série de normes communes afin que le gouvernement puisse partager des informations classifiées plus facilement, et faciliter la transmission aux entreprises de ces informations, nécessaires pour leur protection », a expliqué Barack Obama dans un discours à l’université de Stanford.Il a aussi rappelé l’omniprésence des attaques : « Des entreprises américaines sont visées, leurs secrets commerciaux, volés, leur propriété intellectuelle, bafouée. Ces attaques détruisent aussi des emplois. C’est aussi une menace sur l’économie américaine. »« Le gouvernement ne peut pas tout faire seul, a-t-il poursuivi. Mais le secteur privé non plus, car le gouvernement possède les informations les plus fraîches sur les cybermenaces. Il faut que nous travaillions ensemble, comme de vrais partenaires. »C’est le département de la sécurité nationale (ou DHS, pour Department of Homeland Security) qui sera à la manœuvre, et non l’Agence de sécurité nationale (NSA), pourtant responsable de la défense des intérêts du pays sur les réseaux, mais dont l’image a été écornée par les révélations d’Edward Snowden.Echaudée par le piratage dévastateur de Sony Pictures, l’administration Obama avait déjà présenté, en janvier, un projet de loi sur le sujet. Ce texte donnerait aux entreprises une immunité juridique en contrepartie du partage des informations avec les autorités. En l’absence de majorité au Congrès pour Obama, les négociations s’annoncent très complexes.Le texte reposant en grande partie sur le volontariat, l’administration aura besoin du soutien des géants de la Silicon Valley et des grandes entreprises technologiques américaines. Si Obama peut compter sur Intel, Apple ou American Express, présents à Stanford, ce sera plus compliqué dans le cas de Microsoft, Google, Facebook ou Yahoo!, qui ont tous les quatre boudé l’invitation du président.Des géants du Web méfiantsCes sièges vides – même si ces trois entreprises ont finalement envoyé leurs responsables de la sécurité – sont symptomatiques du désamour entre la Silicon Valley et Barack Obama, qui avait pourtant pu compter sur leur soutien pour son élection, en 2008, et sa réélection, en 2012.Deux sujets ont depuis tendu ces relations : les révélations d’Edward Snowden, d’abord, sur la surveillance menée par la NSA, qui ont été très dommageables pour ces entreprises, notamment hors des frontières américaines. Même si certaines révélations mettaient directement en cause les grandes entreprises américaines du Web, d’autres montraient que les espions américains n’hésitaient pas à s’attaquer à la sécurité de ces mêmes entreprises pour arriver à leurs fins.Depuis, elles ont mené un combat plus ou moins public pour réformer les textes qui encadrent les activités de la NSA, et jugent trop cosmétiques les changements apportés par l’administration, alors que dans le même temps un texte qui avait leur soutien a échoué à être adopté au Congrès.Ensuite, certaines des nouvelles fonctionnalités mises en place par Apple et Google ont été très sévèrement critiquées par des hauts fonctionnaires, notamment du FBI. Ces derniers ont par exemple accusé l’iPhone de devenir le « téléphone préféré des pédophiles ». Ces entreprises craignent que le gouvernement, au motif de la lutte contre le terrorisme, n’interfère dans leur volonté de chiffrer les données de leurs utilisateurs afin de les mettre hors de portée des espions américains, un sujet crucial pour remporter des marchés à l’étranger.Barack Obama a d’ailleurs souligné à plusieurs reprises l’importance de la protection des donnes personnelles dans son discours. « Lorsque les gens utilisent Internet, ils ne devraient pas à avoir à renoncer à leur vie privée », a-t-il par exemple déclaré, tout en annonçant également un projet de loi sur la protection des données des consommateurs.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le Monde.fr / Anna MoreauLe Rafale remporte son premier contrat à l'export, vingt-sept ans après son lancement, en 1988. L'Egypte a acheté 24 avions, une frégate et des missiles de courte et moyenne portée, pour plus de 5 milliards d'euros. Si cette vente est un succès économique, quelles implications diplomatiques, voire morales, a-t-elle ? Réponse avec Christophe Ayad, chef du service international du Monde.S'abonner dès 1 €RéagirClasserEmailFacebookTwitterGmailLinkedinPinterestPartagerrequire(['lmd.afrique.toolbar'], function (toolbar) { toolbar.init('.js-toolbar');}); Au Niger, « situation très tendue » après les attaques de Boko Haram La Somalie menacée par l'arrêt de transferts d'argent en provenance des Etats-Unis Evacuation musclée au Parlement sud-africain 13.02.2015 à 18h41 • Mis à jour le13.02.2015 à 22h35 C'est une première dans l'armée américaine. Les autorités militaires vont permettre à Chelsea Manning, l'ex-analyste du renseignement en Irak et « taupe » de WikiLeaks, de recevoir en prison le traitement hormonal qui lui permettra de devenir une femme.La décision a été prise le 5 février par la colonelle Erica Nelson, commandante de la prison militaire de Fort Leavenworth (Texas), où Chelsea Manning purge une peine de trente-cinq ans de prison pour avoir transmis à WikiLeaks plus de sept cent mille documents confidentiels de l'armée américaine.CHRONIQUEUSE POUR LE « GUARDIAN »Chelsea Manning avait déjà reçu en avril 2014 l'aval d'un juge pour changer son prénom de « Bradley » en « Chelsea ». Au lendemain de sa condamnation, en août 2013, la soldate avait fait part de son intention de devenir une femme :« Alors que je tourne une page et entame une nouvelle période de ma vie, je veux que tout le monde sache qui je suis réellement. Je suis Chelsea Manning. Je suis une femme. Considérant la façon dont je me sens, et dont je me suis sentie depuis mon enfance, je veux commencer un traitement hormonal dès que possible. »Lire aussi : Bradley Manning : « Je suis Chelsea Manning. Je suis une femme »En septembre 2014, Chelsea Manning avait déposé plainte devant un tribunal fédéral pour obtenir ce traitement hormonal, estimant qu'un refus violerait le principe constitutionnel de l'interdiction des châtiments cruels et inhumains.Chelsea Manning va par ailleurs devenir chroniqueuse bénévole pour le site américain du Guardian. Elle écrira sur les thèmes de la guerre, du genre et de la liberté d'information, a annoncé la rédactrice en chef du site. Guy Dutheil Les salariés d’Aéroport de Paris (ADP) ne relâchent pas la pression sur la direction pour obtenir une augmentation générale des salaires. En grève de 24 heures, du 12 au 13 février, ils étaient 250 à l’appel de la CGT, à manifester, jeudi 19 février, devant le siège d’ADP, boulevard Raspail à Paris, à l’occasion du conseil d’administration d’ADP, chargé d’avaliser les résultats annuels 2014 du gestionnaire d’aéroports.Augustin de Romanet ne veut pas entendre parler d’augmentation générale. Le PDG d’ADP prône « une politique salariale responsable ». Il assure que « le salaire d’un collaborateur d’ADP en 2015 progressera en moyenne de 2,4 % », soit « un gain de pouvoir d’achat moyen de 1,8 % ».Aux syndicats, qu’il a reçus jeudi, le PDG a justifié son refus par « un rapport de force plus important en faveur de l’Etat, des actionnaires et des clients », tous opposés à une hausse des coûts, indique la CGT.Aéroports de Paris : les salaires au centre du mouvement de grèvePourtant, ADP aurait de quoi se montrer plus généreux avec ses personnels. Le gestionnaire d’aéroports est en pleine forme. Pour preuve, en 2014, l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) « a progressé plus vite que le chiffre d’affaires, avec une hausse de 3,4 % à 1,109 milliard d’euros ».En 2014, le gestionnaire d’aéroports a aussi réalisé un confortable bénéfice net de 402 millions d’euros, en progression de 33,3 %. Un « ressaut marqué », comme s’en félicite M. de Romanet, obtenu grâce à la poursuite en 2014 d’un plan de réduction des coûts engagé en 2013. Ces mesures ont « généré 56 millions d’euros d’économies », ajoute le PDG.3,1 milliards d’euros d’investissementsJustement, Air France, qui entre pour 50 % du chiffre d’affaires d’ADP, louche sur la cagnotte des bénéfices. La compagnie aérienne, encore dans le rouge en 2014, voudrait une baisse ou la stabilité des taxes d’aéroports. « Les redevances aéroportuaires versées à ADP l’an dernier représentent en moyenne 2,5 % des charges d’Air France », se défend le PDG. Plutôt qu’une baisse, il promet de tout faire, à l’avenir, « pour les modérer et rester compétitifs ».ADP et Air France s’affontent sur les redevances aéroportuairesAu passage, M. de Romanet, rappelle à Air France qu’il a, avec l’aide de la compagnie, obtenu la suppression « sur deux ans de la taxe sur les passagers en correspondance ». Une mesure qui allège « de 70 millions d’euros par an la charge d’Air France », pointe encore le PDG.Pour justifier son opposition à une baisse des redevances aéroportuaires, ADP, pointe également qu’à l’occasion du troisième contrat de régulation économique (CRE 3) il a pris l’engagement « d’investir dans les cinq prochaines années plus de 3,1 milliards d’euros pour améliorer le hub de Paris ».ADP prévoit de construire un nouveau système de tri de bagages. « Si des compagnies considéraient que certains de nos investissements sont inutiles, je serais prêt à les écouter », ironise le PDG.En 2014, ADP a poussé les feux de son développement, notamment pour refaire son retard sur l’aéroport d’Heathrow à Londres. « Nous avons attiré à Paris quinze nouvelles compagnies aériennes en 2014 », signale le patron d’ADP. Un afflux qui a permis une hausse de 2,6 % du trafic passagers l’an dernier.« C’est un bon chiffre si l’on considère que la grève des pilotes d’Air France nous a fait perdre environ un point de croissance du trafic. Sans la grève, nous aurions atteint au minimum 3,6 % de hausse du trafic l’an passé », souligne le PDG.Augmenter les dépenses par passagerDepuis son arrivée aux commandes d’ADP, M. de Romanet a mis le cap sur l’international. Il vient de remporter l’appel d’offres pour l’aéroport de Santiago du Chili. « Une concession d’une durée de 20 ans », avec, à la clef, « un investissement de 900 millions de dollars pour les travaux de rénovation et de construction d’un nouveau terminal », se frotte les mains le patron.Après le Chili, c’est l’aéroport de La Guardia, à New York qui pourrait tomber dans l’escarcelle d’ADP. La réponse est attendue en juin. En Asie, « nous savons qu’il y a un intérêt du gouvernement vietnamien pour ouvrir la concession de l’aéroport d’Ho Chi Min ville (ex-Saïgon) ».Plus que le Vietnam, c’est la Chine qui fait saliver le patron d’ADP : « Le plan quinquennal chinois en cours prévoit la construction de 84 nouveaux aéroports et l’extension de 120 autres. »Le gestionnaire d’aéroports vise aussi la clientèle chinoise à Paris. Beaucoup plus dépensière. Un passager chinois achète en moyenne pour 122 euros dans les boutiques d’ADP quand un américain n’en dépense que 40.En 2014, le chiffre d’affaires par passager d’ADP a atteint 18,2 euros, en progression de 3 % par rapport à 2013. Encore loin d’Heathrow où il serait supérieur de 50 %.ADP aura besoin de beaucoup de voyageurs chinois pour remplir les objectifs du CRE3 qui prévoit que le revenu par passager devra atteindre 19 euros en 2015. « Nous devrions y parvenir », estime, prudent, M. de Romanet. Notamment en développant « une offre accessible de boutiques avec des marques plus grand public ».Après les grands noms du luxe, ce sont des marques milieu de gamme, comme Desigual et Mango, qui devraient ouvrir des boutiques à Orly et à Roissy.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant) Et à la fin, c’est le dictateur qui gagne. L’école de samba Beija-Flor (« Baise-fleur », nom donné par les Brésiliens au colibri), sponsorisée cette année par Teodoro Obiang Nguema, l’indéboulonnable président de Guinée équatoriale, a été sacrée, mercredi 18 février, championne des défilés du carnaval de Rio des écoles de samba. Un titre qui a immédiatement suscité de vives critiques dans les médias et les réseaux sociaux. Plus sarcastiques, certains internautes sont allés jusqu’à prédire le thème de Beija-Flor en 2016 : la Corée du Nord ou l’Etat islamique.Sur la piste du Sambodrome, l’école – dont le berceau est Nilopolis, une ville de la banlieue nord et difficile de la cité carioca – avait exalté avec ses 4 000 danseurs, lundi soir, une Afrique « forte et joyeuse », dans une chorégraphie luxuriante, débordante de couleurs féeriques et de chars allégoriques monumentaux. Une esthétique et une technique qui a eu l’heur de plaire à un jury, moins concerné semble-t-il par les aspects éthiques et financiers du défilé.Dès la semaine dernière, l’annonce d’un parrainage par le président Obiang avait suscité de nombreux commentaires et engagé une belle polémique. M. Obiang – qui fait l’objet avec son fils Teodorin Obiang d’une enquête pour corruption et blanchiment d’argent – aurait donné près de 10 millions de reais (3 millions d’euros) à Beija-Flor pour parrainer le défilé, selon le quotidien O Globo. Interrogé, le service de presse de Beija-Flor avait par la suite affirmé à l’AFP n’avoir reçu « qu’un soutien culturel et des tissus importés » de Guinée équatoriale. D’autres sources avancent désormais que l’argent aurait été versé par l’intermédiaire d’entreprises brésiliennes opérant sur le sol guinéen (Queiroz Galvão et Odebrecht). Une information non encore confirmée. Les bienfaiteurs traditionnels du carnaval sont les banquiers du bicho, le jeu de la bête, la loterie clandestine dont les billets représentent des animaux et les points de vente se trouvent quasiment à chaque coin de rue. Les bicheiros financent la samba, en échange d’une respectabilité de façade. Mais depuis plus d’une décennie, les mécènes et sponsors privés se sont invités à la fête. On ne compte plus les grands groupes investis dans les défilés. Huit des douze plus grandes écoles de samba du carnaval étaient financées par des donateurs en 2014. Toutefois, jamais un tel montant n’avait été évoqué.Le président Obiang fréquente depuis près de dix ans, en toute discrétion, les défilés du Sambodrome. Chaque année, il loue soit un appartement de luxe dans le quartier d’Ipanema ou réserve la suite la plus chère du Copacabana Palace (la même occupée par la FIFA pendant la dernière Coupe du monde de football). M. Obiang voyage en famille, notamment avec son fils Teodorin.Exaltations de la dictature militaireC’est lui qui poussa son dictateur de père à payer, en 2014, un show de musiciens de Beija-Flor dans leur loge. L’école venait d’essuyer quelques critiques pour l’hommage rendu à un ancien directeur de télévision. L’idée d’apparaître comme un mécène providentiel était née.Beija-Flor est l’école la plus titrée depuis la création du Sambodrome, construit en 1984 par l’architecte Oscar Niemeyer. Son image colle aux parades les plus inventives. D’un autre côté, Beija-Flor a connu des présentations moins reluisantes. Dans les années 1970, l’école a exalté à plusieurs reprises les réalisations de la dictature militaire (1964-1985). Afin d’éviter l’accusation d’être sponsorisé par une des plus cruelles dictatures au monde, dixit un rapport du département d’Etat nord-américain, Beija-Flor avait préféré faire l’éloge des beautés et légendes africaines. Dans sa version originelle, les paroles de la samba qui accompagne le défilé ne mentionnaient la Guinée qu’à deux reprises. M. Obiang est intervenu, exigeant qu’on accole à l’une d’elle « équatoriale ».Dans la soirée de lundi 16 février, les organisateurs de la parade, chorégraphes et personnels de Beija-Flor entourant les chars avaient tous un drapeau de la Guinée équatoriale floqué sur leur T-Shirt. Dans leur loge, le président et son fils avaient, eux, un drapeau bleu et blanc de Beija-Flor à la main. Très peu de sifflets ont été entendus lors du passage de l’école.La rumeur voulait que le père Obiang descende sur la piste. Mais l’indéboulonnable président est resté en retrait. Trop de lumière n’était assurément pas nécessaire.Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Ce n’est pas le grand plan d’aide à l’Italie, souhaité par beaucoup, ou l’ébauche d’une nouvelle politique migratoire mais une simple mesure d’urgence : la Commission de Bruxelles a décidé, jeudi 19 février, de prolonger jusqu’à la fin de 2015 l’opération Triton de surveillance en Méditerranée et d’octroyer une aide d’urgence de 13,7 millions d’euros aux autorités italiennes pour les aider à gérer de nouveaux afflux de migrants et de demandeurs d’asile. Plus de 5 600 d’entre eux ont été sauvés en janvier, 19 500 depuis novembre 2014, a indiqué Dimitris Avramopoulos, le commissaire grec aux affaires intérieures.La Commission a débloqué jeudi un budget de 18 millions qui permettra de prolonger l’opération Triton, coordonnée par Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de l’Europe. Le mandat de l’opération ne semble, a priori, pas modifié, les États refusant que les bateaux s’approchent des côtes libyennes ou d’autres pays d’Afrique du Nord. Ils craignent un effet d’« aspiration » qui aurait pour effet d’accroître le nombre de des personnes tenant de rejoindre l’Europe.L’opération de sauvetage « Mare Nostrum » avait été arrêtée fin 2014, plusieurs pays ayant fait pression sur l’Italie en lui reprochant de favoriser les traversées de la Méditerranée. Selon ces critiques, les candidats à l’exil n’hésitaient pas à se lancer dans une traversée puisqu’ils étaient convaincus qu’ils seraient de toute façon recueillis. Rome affirmait, quant à elle, ne plus pouvoir supporter le coût d’une mission d’une telle ampleur.Menace terroristeTriton, dotée de moyens faibles (3 avions et 9 navires, dont une partie ne pouvant opérer en haute mer), ne paraît pas être un outil plus adapté à la situation actuelle, qui voit des clandestins tenter un passage malgré de mauvaises conditions climatiques et des passeurs se montrer de plus en plus agressifs et violents. Des gardes-côtes italiens ont, pour la première fois, été menacés par des hommes en armes la semaine dernière. Et, jusqu’ici, aucun pays n’a évoqué la possibilité de faire intervenir la force de réaction rapide coordonnée par Frontex, soit 1 800 hommes qui peuvent être déployés en une semaine.Un nouveau phénomène préoccupe, en tout cas, les autorités, sans que le commissaire y apporte une réponse convaincante : des officiels italiens et égyptiens s’inquiètent de la possible arrivée de membres de groupes terroristes sur le sol européen à la faveur des afflux de réfugiés. La Commission de Bruxelles doit débattre le 4 mars d’un nouveau calendrier concernant la politique migratoire. M. Avramopoulos affirme qu’elle doit ébaucher une stratégie sur le long terme et une approche « holistique » destinée à attaquer les racines du problème, en lien avec les pays d’origine et de transit. Les ministres de l’intérieur se réuniront le 12 mars pour évoquer les différents volets des problèmes actuels, et notamment la lutte contre les réseaux de passeurs.L’Italie « n’est pas seule »Dans l’immédiat, le commissaire grec assure que l’Italie « n’est pas seule » et souligne que si la politique migratoire européenne n’a « pas réussi » jusqu’ici, elle sera davantage solidaire à l’avenir. « La solidarité entre États était un slogan, elle ne s’est pas manifestée dans la pratique », a déclaré Dimitris Avramopoulos. Il estime que les choses vont changer et entend relancer les programmes européens d’installation des réfugiés. Il dit également vouloir redéfinir les conditions d’entrée « légales et sécurisées » pour les personnes qui fuient les conflits.Il n’indique pas, en revanche, comment il entend convaincre les États qui n’avaient pas voulu des propositions en ce sens de la précédente Commission. Et qui avaient aussi refusé de réviser l’accord dit « Dublin 2 », qui obligeait l’Etat où arrivent les migrants de traiter leur demande d’asile et de renvoyer ceux qui n’obtenaient pas de titre de séjour, y compris ceux appréhendés dans un autre pays de l’Union européenne.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.02.2015 à 13h08 • Mis à jour le19.02.2015 à 16h54 L'accord de Minsk, signé entre les deux camps qui se battent dans l'est de l'Ukraine, doit être appliqué dans son intégralité. Moscou, Kiev, Berlin et Paris en sont convenus lors d'un entretien téléphonique entre leurs quatre chefs de l'Etat, jeudi 19 février. Vladimir Poutine, Petro Porochenko, Angela Merkel et François Hollande ont dénoncé les récentes violations du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, a indiqué l'Elysée.Les ministres des affaires étrangères des quatre pays doivent dialoguer dans la journée pour définir les modalités du mécanisme de supervision de l'accord de Minsk. Et une rencontre devrait avoir lieu entre eux dans les jours qui viennent, peut-être à Paris, selon une source diplomatique française.Lire l'analyse (édition abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de MinskCESSEZ-LE-FEU THÉORIQUEM. Porochenko a ajouté qu'il avait été décidé lors de la conversation téléphonique que les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) aient pleinement accès à l'ensemble des sites « où ont lieu aujourd'hui des attaques ». M. Porochenko a également appelé ses homologues à « ne pas prétendre que ce qui s'est passé à Debaltsevo est conforme » à l'accord de cessez-le-feu conclu voilà une semaine à Minsk.De leur côté, réunis à Madrid, les chefs de la diplomatie espagnol et britannique ont assuré que la solution de la crise en Ukraine continuait à passer par le dialogue et ne pouvait impliquer un soutien militaire aux forces ukrainiennes.DEBALTSEVO, « PAS UNE HUMILIATION »L'armée ukrainienne s'est retirée de Debaltsevo, ville stratégique tombée mercredi aux mains des séparatistes prorusses. « Les troupes sont sorties avec leurs armes, il y a eu un nombre limité de victimes. Ce n'est pas une humiliation, c'est un retrait », affirmait-on jeudi de source diplomatique française.Treize militaires ukrainiens ont été tués mercredi lors du retrait de l'armée de la ville, a annoncé Kiev, jeudi, ajoutant qu'au moins quatre-vingt-treize soldats ukrainiens avaient été faits prisonniers et que quatre-vingt-deux étaient portés disparus.Lire nos explications : Comment Kiev a perdu DebaltsevoAPRÈS DEBALTSEVO, MARIOUPOL ?Mais les séparatistes prorusses vont-ils s'arrêter à Debaltsevo, verrou stratégique pour le contrôle de l'est de l'Ukraine, ou vont-ils pousser leur avantage et continuer de gagner du terrain plus à l'ouest, ou vers le sud maritime et le port de Marioupol ?Des soldats ukrainiens dans cette région et des témoins indiquent que des rebelles ont déclenché des tirs de mortier contre la localité de Chirokine, près de Marioupol, grande ville portuaire tenue par l'armée, au bord de la mer d'Azov, et massent des combattants. Lire le reportage : En Ukraine, le bruit des armes malgré la trêveCONVOI HUMANITAIRE ET LIVRAISON DE GAZCôté civils, un convoi conjoint de trois agences de l'Organisation des Nations unies transportant de l'aide humanitaire est attendu jeudi à Donetsk, le premier à parvenir dans le bastion des rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine. Sur une initiative conjointe du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ce sont six véhicules contenant 62 tonnes d'aide qui doivent parvenir à la population locale. Celle-ci manque notamment de médicaments et de biens de première nécessité, et subit des coupures d'électricité et d'eau.La Russie, de son côté, a commencé jeudi à fournir du gaz aux territoires de l'est de l'Ukraine après que les séparatistes eurent indiqué ne plus être approvisionnés par la compagnie ukrainienne, a annoncé le patron du groupe russe Gazprom.Voir le portfolio : En images : Ukraine, la guerre côté rebelleslmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h4nn8"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h4nn8", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Marie Charrel, Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L'essentielLa Grèce avait jusqu'au 20 février pour demander officiellement l'extension du plan d'aide actuel.Dans le document transmis jeudi, les autorités grecques promettent "l'équilibre budgétaire" pendant six mois, mais refusent toujours l'austérité.L'Eurogroupe répondra officiellement lors d'une réunion, vendredi. Depuis mardi 17 février au matin, Bruxelles attendait du gouvernement d’Alexis Tsipras qu’il formule, par écrit, une « demande d’extension du plan » d’aide internationale au pays. C’est ce que celui-ci vient de faire jeudi 19 février.Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), a confirmé, jeudi 19 février en milieu de matinée, que la Grèce a bien fait parvenir officiellement une demande de prolongation, et ce pour une durée de six mois, de l'accord portant sur une aide financière. La demande grecque « ouvre la voie à un compromis raisonnable », a indiqué dans la foulée le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Un point de vue que l’Allemagne ne partage pas.Lire l’intégralité de la lettre (en anglais)Pourquoi cette lettre était-elle tellement attendue ?Lundi 16 février au soir, à l’issue d’un Eurogroupe raté, Jeroen Dijsselbloem, avait lancé un ultimatum au gouvernement d’Alexis Tsipras : si la Grèce voulait continuer à bénéficier d’une aide financière de l’Europe, elle devait demander, avant le 20 février, une « extension du programme actuel » d’aide de quatre à six mois, assortie d’un certain nombre d’engagements.Les Européens avaient prévenu Athènes : après, il serait trop tard pour rallonger ce plan d’aide au-delà du 28 février, date théorique de son extinction.Or, sans « parapluie » financier et réglementaire, la Grèce, qui se relève à peine de six ans de crise violente, sera contrainte de se financer seule et à des taux prohibitifs sur les marchés. Elle devra faire face à des échéances de remboursement importantes de son énorme dette (175 % du produit intérieur brut) dès le printemps. Selon diverses estimations, Athènes aurait besoin d’un apport supplémentaire de 4 milliards d’euros pour « passer » le mois de mars.Regarder notre visuel interactif : Six ans de tragédie grecqueQuelles demandes le gouvernement grec formule-t-il ?Le ministre des finances Yanis Varoufakis avait prévenu que le document du gouvernement grec « sera rédigé de façon à satisfaire à la fois la Grèce et le président de l’Eurogroupe ».On y retrouve notamment les demandes suivantes : pouvoir abaisser le niveau d’excédent primaire du budhet de l’Etat grec (avant paiement des dettes) pour les années 2015 et 2016 au-dessous du seuil de 3 % du PIB prévu par le programme actuel, et relever le plafond d’émissions de bons du Trésor.Athènes souhaite également pouvoir appliquer une partie de son programme d’urgence sociale. Un premier projet de loi relatif au gel des saisies et mise aux enchères des biens immobiliers des foyers surendettés devait être présenté dès jeudi au Parlement.En échange, le gouvernement grec verrait d’un œil positif certaines des exigences de la « troïka » telles que le lancement de réformes visant à renforcer l’indépendance de l’administration fiscale et la modernisation du système judiciaire afin de lutter contre les oligarques.En revanche, le pays refuse toute nouvelle baisse des retraites, hausse de la TVA ou flexibilisation du droit du travail… Et ne veut pas entendre parler de mesures unilatérales.Par ailleurs, selon un responsable grec, cité par Reuters, la demande de prolongation de l’aide porte sur le dispositif d'aide financière obtenu auprès du Fonds européen de stabilité (FESF). Dans ce cadre, les conditions associées au versement de cette aide différeraient de celles auxquelles la Grèce est soumise dans le cadre du programme d'aide géré par la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne).Ce dernier programme avait été mis en place en 2012, avec un prêt de 130 milliards d’euros conditionné au lancement de réformes visant à restaurer la compétitivité du pays.Lire notre reportage interactif : Cette Grèce qui n'a pas voté SyrizaQui va décider si la demande de la Grèce est acceptable ou non ?Une réunion préparatoire à l’Eurogroupe a été convoquée pour jeudi 19 février, à 15 heures, pour examiner la lettre grecque. Cette réunion, à laquelle participent les directeurs du Trésor des 19 pays de la zone euro, doit statuer sur la demande des Grecs.Si rien n’est tranché, ce sera à un Eurogroupe – au niveau ministériel – de prendre la décision, vendredi 20 février ou lundi 23 février. « C’est le président de l’Eurogroupe, M. Dijsselbloem, qui prendra la décision », a annoncé Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission chargé de la stabilité de l’euro.Il s’agit d’apprécier si Athènes répond aux engagements attendus. Les Européens ne veulent en effet pas que M. Tsipras mette sur les rails des mesures anti-austérité qui entameraient la compétitivité et les finances publiques de la Grèce. La marge d’appréciation est conséquente et l’exercice éminemment politique.Les pays de la zone euro sont-ils tous sur la même ligne ?Les pays membres de la zone euro ne sont pas tous au diapason sur le sujet. Les Allemands sont sur une ligne dure : accorder une marge de manœuvre la plus faible possible à Athènes.Les Français sur une ligne plus compréhensive : le ministre des finances, Michel Sapin, déclarait ainsi mercredi que la France ferait « tout » pour qu’un accord soit rapidement conclu avec la Grèce.La Commission européenne, elle, joue aux « facilitateurs ». Son président, Jean-Claude Juncker, a ainsi passé sa journée de mercredi au téléphone avec le premier ministre grec, selon une source européenne. « Nous avons besoin de la Grèce dans la zone euro, et la Grèce a aussi besoin de la zone euro », disait pour sa part Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie, mercredi matin sur Bel RTL.A quel jeu joue la BCE ?Le rôle que tient l’institut monétaire dans le dossier grec est à la fois déterminant et délicat. Créancier de la Grèce, il est aussi le maître des liquidités essentielles à la survie des banques grecques, fragilisées par les fuites de capitaux.Or, ce sont aujourd’hui ces banques qui achètent la dette à court terme de l’Etat grec et donc lui permettent de se financer… Le 11 février, la BCE a coupé l’un des régimes de liquidité d’exception accordés à la Grèce. Mais elle en a maintenu un second, baptisé « ELA », qui autorise la banque centrale d’Athènes à accorder directement des liquidités aux établissements helléniques.Le 18 février, elle a augmenté le plafond de ces ELA de 65 à 68,3 milliards d’euros. Et toutes les deux semaines elle devra renouveler ou non son feu vert pour son maintien. Une épée de Damoclès pour Athènes, qualifiée de scandaleux chantage de Francfort par certains.Mais s’il est clair que la BCE met la pression sur M. Tsipras et ses partenaires afin qu’ils trouvent un accord au plus vite, il est peu probable qu’elle suspende les ELA. Même au plus fort de la crise chypriote, elle n’a jamais imposé une telle saignée à Nicosie.Lire l’analyse (édition abonnés) : Alexis Tsipras, droit dans ses bottes face à l’EuropeAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.02.2015 à 11h14 • Mis à jour le19.02.2015 à 16h44 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) et Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial) Les mots formatés et rassurants du président ukrainien Petro Porochenko, évoquant un « retrait organisé et planifié », ne convaincront pas grand monde. Mercredi 18 février, les quelques milliers de soldats ukrainiens pris au piège de la ville de Debaltsevo n’ont réussi à rompre l’encerclement dont ils faisaient l’objet qu’au prix de pertes importantes. On ignore leur nombre exact. L’armée a parlé de 6 tués pour 2 475 hommes sortis, mais a pour habitude de donner des bilans inférieurs à la réalité. Dans la morgue de la ville d’Artemivsk, qui sert de base arrière à cette portion nord du front, des journalistes ont compté une quarantaine de cadavres. Une centaine de blessés ont été accueillis à l’hôpital de cette ville. Il risque d’y en avoir d’autres, abandonnés tout au long de la vingtaine de kilomètres qui séparent Debaltsevo d’Artemivsk.Lire aussi : L'armée chassée du « chaudron » de Debaltsevo par les séparatistesParmi les soldats qui ont réussi à sortir, mercredi, certains ont raconté être partis à pied dans la nuit, passant à travers les champs et les bois pour éviter les positions séparatistes. D’autres ont grimpé à bord de camions et de véhicules blindés et foncé sur la route étroite et gelée, sous un pilonnage intensif d’artillerie. Plusieurs ne sont jamais arrivés. Debalstevo est passée sous le contrôle des séparatistes prorusses.La ville, 25 000 habitants en temps de paix, constituait une position stratégique pour l’état-major ukrainien. Nœud ferroviaire, elle forme un saillant dans le territoire rebelle, et coupe la route directe entre Donetsk et Louhansk, les « capitales » séparatistes. Elle est aussi un verrou pour le nord et une éventuelle reconquête des anciens fiefs rebelles de Slaviansk et Kramatorsk. Son encerclement était devenu évident depuis plusieurs jours, malgré les dénégations du président Porochenko.« Mauvais renseignements »Mercredi, en préambule à une réunion du Conseil de sécurité nationale et de défense, le dirigeant ukrainien a annoncé que son pays demanderait l’envoi d’une mission d’interposition policière de l’Union européenne. Ce serait « la meilleure option […] pour garantir la sécurité, dans une situation où le cessez-le-feu n’est respecté ni par la Russie, ni par ceux qui la soutiennent », a-t-il affirmé. Annoncé à Paris comme à Moscou, le nouvel échange téléphonique prévu dans la soirée entre les quatre parrains des accords de Minsk, Vladimir Poutine, Petro Porochenko, François Hollande et Angela Merkel, a été repoussé au lendemain matin, jeudi.Ce nouveau revers pour Kiev intervient une semaine après les accords de Minsk signés dans la capitale biélorusse le 12 février, qui devait imposer un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, ravagé depuis dix mois par un conflit sanglant. Or, malgré la « caution » apportée par quatre chefs d’Etat, le Russe Vladimir Poutine, l’Ukrainien Petro Porochenko et le couple franco-allemand François Hollande et Angela Merkel, non seulement le cessez-le-feu n’a jamais été mis en pratique mais la situation a empiré.En se séparant après seize heures de négociations tendues, les quatre dirigeants ne pouvaient pas ignorer le risque. Car, à Minsk, il a bien été question de Debaltsevo. Mais pendant toutes ces heures de négociations serrées le président ukrainien s’est arc-bouté à nier les difficultés de son armée, selon des témoignages recueillis par Le Monde. « Vous êtes encerclés : que faites-vous ? » l’a sans relâche interpellé Vladimir Poutine. « Non, nous ne sommes pas encerclés », lui a répondu systématiquement son homologue ukrainien. Ce fut un rapport de forces permanent, raconte un participant direct, qui l’assure : « Evidemment, cela ne s’est pas fait dans un climat de franche camaraderie, mais Debaltsevo a tout le temps été évoqué. » Pourquoi, alors qu’il bénéficiait du soutien du président français et de la chancelière allemande, l’Ukrainien s’est-il entêté à nier la fragilité de la position de son armée ? « Soit il espérait encore se désencercler, soit il avait de mauvais renseignements », estime une source diplomatique à Paris. « Soit il leur mentait, soit il ne connaissait pas la vérité », renchérit-on à Berlin.« Conditions inacceptables »Jusqu’au bout, la confusion a régné dans l’immense palais de la capitale biélorusse prêté par son président, Alexandre Loukachenko. A 10 h 30, ce fameux matin du 12 février, alors qu’un accord semblait imminent, Petro Porochenko, subitement, s’énerve. « Les conditions posées par les Russes sont inacceptables », déclare-t-il à des journalistes, tout en affirmant qu’il reste un « espoir ». Pendant ce temps, tandis que François Hollande et Angela Merkel s’emploient à entretenir coûte que coûte la perspective d’un plan de paix, Vladimir Poutine, lui, est parti tranquillement… se changer au troisième étage de l’imposant bâtiment. Le président russe ne cède rien. Il connaît la situation sur le terrain et les dénégations de son interlocuteur ne l’impressionnent pas. Et, lorsque les quatre de Minsk se retrouvent dans le petit salon du rez-de-chaussée, la discussion autour de Debaltsevo n’a pas évolué d’un iota.C’est dans ces conditions qu’un accord est annoncé. Guilleret, Vladimir Poutine se présente quelques instants plus tard devant la presse. « Avez-vous dormi ? Non ? Qu’est-ce que vous avez fait ? Nous, on a travaillé… » Et sans tarder le chef du Kremlin évoque le sujet : « Le problème […] est que les représentants des républiques populaires de Donetsk et de Louhansk affirment qu’en réponse aux actions agressives des autorités de Kiev ils ont non seulement résisté mais, en passant à l’offensive, ils ont encerclé un groupe de 6 000 à 8 000 soldats et ils espèrent, bien sûr, que ce groupe déposera les armes et cessera de combattre. » « Toutefois, ajoute-t-il, nous appelons les deux parties à agir avec réserve et à déposer les armes pour éviter une effusion de sang et à faire tout leur possible pour que la séparation des troupes encerclées et le retrait de l’artillerie lourde se passent sans victimes inutiles. » La suite était donc annoncée.« Incompétence »Sur place, la situation est devenue définitivement intenable mardi, lorsque des combats de rue à l’arme automatique ont éclaté à Debaltsevo. Une centaine d’Ukrainiens ont alors été faits prisonniers par les séparatistes et montrés à la télévision russe. Ce même jour, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution pour endosser les engagements pris à Minsk. « Ils deviennent donc des obligations que les parties signataires des accords prennent devant la communauté internationale », se réjouit alors François Delattre, le représentant français permanent à l’ONU. Pendant ce temps, en visite en Hongrie, Vladimir Poutine commente les événements sur un ton mordant : « Bien sûr que c’est dur de perdre. Ça l’est encore plus face à d’anciens mineurs et d’anciens conducteurs de tracteurs. Mais c’est la vie, ça passera. » Le soutien russe à l’offensive sur Debaltsevo ne fait en réalité aucun doute, quand bien même la ville faisait partie, selon Minsk, du territoire sous contrôle ukrainien. Une quantité sans précédent de blindés et de pièces d’artillerie ont été déployés pour venir à bout de la résistance ukrainienne. Trois jours plus tôt, Le Monde avait vu un détachement complet de soldats au visage asiatique participer à l’offensive.Mais cela n’explique pas l’entêtement de l’état-major ukrainien et de son commandant en chef, Petro Porochenko, à maintenir la position alors même que le piège se refermait peu à peu. Les chefs rebelles n’avaient pas fait mystère de leurs intentions, en s’arrogeant le « droit » de bombarder Debaltsevo malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Aujourd’hui, le sort de la ville rappelle à la population ukrainienne la tragédie d’Ilovaïsk, un autre nœud ferroviaire où des milliers de soldats ukrainiens s’étaient retrouvés enfermés, au mois d’août. Entre 130 et 450 d’entre eux y avaient été tués. Le traumatisme, immense, avait alors coûté son poste au ministre de la défense.Dès mercredi, les attaques contre « la trahison » ou « l’incompétence » des officiers supérieurs ukrainiens ont d’ailleurs repris, lancées notamment par les commandants des bataillons de volontaires, qui avaient payé un lourd tribut lors de la bataille d’Ilovaïsk et qui ont aussi participé à celle de Debaltsevo. Ces critiques visent désormais M. Porochenko. Le très influent journaliste militaire Iouri Boutousov écrivait mercredi : « La démocratie, c’est lorsque ceux qui ont pris des responsabilités assument leurs erreurs. Si les gouvernants ignorent cela, alors les gens commencent à brûler des pneus. »Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.02.2015 à 11h05 • Mis à jour le19.02.2015 à 12h50 | Marie Charrel Cela ne s’était pas produit depuis octobre 2009. En janvier, l’indice des prix à la consommation français a reculé de 0,4 % sur un an, selon les statistiques publiées, jeudi 19 février, par l’Insee. Sur un mois, le recul est même de 1 %.« C’est une situation presque inédite, décrypte Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities, dans une note sur le sujet. En soixante ans, le cas ne s’est produit que durant quelques mois de 2009. À l’époque, le choc déflationniste avait pour cause la grave crise financière et la récession associée ». Faut-il s’inquiéter du chiffre du mois de janvier ? Comment interpréter cette baisse ?Pourquoi les prix ont-ils baissé en janvier ?Selon les économistes de l’Insee, cette forte baisse des prix sur le premier mois de l’année est principalement due aux soldes d’hiver. Le prix des produits manufacturés a ainsi reculé de 3,2 % sur un mois, et ceux de l’habillement, de 16,5 % !Autre phénomène notable : la chute des prix de l’énergie, qui ont reculé de 7,1 % sur un an. « Plusieurs taxes sur les produits énergétiques ont été relevées en janvier 2015, mais, pour les produits pétroliers, la chute des cours a plus que compensé ces mesures fiscales : leur prix baissent de nouveau (-6 % en janvier) », explique ainsi l’Insee.Lire aussi : Zone euro : désinflation ? Déflation ? En tout cas, baisse des prixPeut-on dire que la France est en situation de déflation ?Les économistes ne cessent de se diviser sur le sujet, car ils ne sont pas tous d’accord sur la définition de la déflation.En théorie, celle-ci se définit par une baisse généralisée, durable et auto-entretenue des prix. Un scénario inquiétant, car les consommateurs, espérant profiter de prix plus avantageux encore, reportent alors leurs achats. Les entreprises se retrouvent alors avec des stocks sur les bras, puissent cessent d’embaucher, d’investir… L’ensemble de l’économie se bloque.La France est-elle dans ce cas de figure ? A priori non, car la baisse des prix observée est essentiellement liée à la baisse des cours du pétrole. Or, celle-ci ne dépend pas des fondamentaux de l’économie française. Elle ne devrait donc pas durer.Et surtout, elle n’est pas auto-entretenue. Avec un seul mois d’inflation négative, la France n’est donc pas en déflation. Les prix ne devraient se redresser que très lentement en 2015. L’inflation sera faible pendant longtemps encore, et ce, dans l’ensemble de la zone euro.Lire aussi : Pourquoi la déflation est-elle tout sauf une bonne nouvelle ?Cetet situation est-elle positive ou négative pour les Français ?À court terme, l’inflation négative est favorable au pouvoir d’achat des Français et donc, à la croissance. En revanche, l’épargne des ménages est pénalisée. Le taux du Livret A, le produit d’épargne le plus populaire de notre pays, est en effet indexé sur l’inflation. Pour l’instant, son taux est toujours de 1 %.En théorie, l’application de la formule aurait dû conduire à une baisse de 0,75 point le 1er février dernier. Le taux du Livret A serait alors tombé 0,25 %. Mais le gouvernement a choisi de le maintenir à 1 %, pour limiter la désaffection pour ce produit d’épargne.Mais si l’inflation reste aussi faible ces prochains mois, il aura du mal à justifier le maintien de ce taux.Lire nos explications (édition abonnés) : Les prix continuent de baisser en zone euroMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.02.2015 à 08h32 • Mis à jour le19.02.2015 à 08h32 Le procureur général de Thaïlande a déposé jeudi auprès de la Cour suprême ses chefs d'accusation de négligence contre l'ancienne première ministre Yingluck Shinawatra.Elle est accusée d'avoir supervisé un programme de subventions trop favorable aux riziculteurs qui aurait causé d'énormes pertes à l'économie du pays. La Cour suprême décidera dans un mois, le 19 mars, de renvoyer ou non l'ex-chef du gouvernement devant un tribunal. Elle risque jusqu'à dix ans de prison.Le mois dernier, elle a déjà été interdite de toute activité politique pendant cinq ans dans la même affaire. La junte envisage également de lancer une action civile pour réclamer 18 milliards de dollars de compensation toujours pour ce programme de subvention du riz.Yingluck, qui dément avoir commis le moindre acte répréhensible, a été destituée en mai 2014 pour abus de pouvoir et son gouvernement renversé quelques jours plus tard par l'armée, qui a imposé la loi martiale après des mois de manifestations rivales entre ses partisans et adversaires.Une lutte de pouvoir oppose depuis dix ans en Thaïlande le clan Shinawatra, dont l'ancien premier ministre Thaksin qui vit en exil, et l'élite royaliste et militaire qui considère comme une menace ce milliardaire populaire auprès des classes modestes et paysannesLire aussi (édition abonnés) : En Thaïlande, l’ancienne première ministre Yingluck Shinawatra inculpée pour corruption 16.02.2015 à 16h19 Depuis deux jours, les hommages des internautes français aux attentats survenus le 14 février au Danemark sont pollués, à la marge, par un discours à connotation raciste. « Le tueur terroriste de #Copenhague s'appelle Omar (...) mais n'oubliez pas dès demain votre biberon médiatique #Padamalgam », ironise par exemple un membre de Twitter. « L'Etat islamique affirme dans une vidéo avoir décapité des Egyptiens, car ils étaient chrétiens. Mais chut... #PADAMALGAM », commente un autre. « Pour ceux qui avaient un doute sur l'identité du voleur de voiture dans la #Drome Mais #PADAMALGAM », peut-on encore lire.Islamophobie assuméeLes auteurs de ces messages sont assez transparents sur leur idéologie politique : on y retrouve pêle-mêle des « Français de souche », des militants frontistes, des zemmouriens, des catholiques proches de la Manif pour tous ou encore des anarchistes de droite. Leurs messages, à connotation raciste et islamophobe, étaient aisément visibles par quiconque cherchait à suivre l'actualité danoise sur le mot-clé #Copenhague, le plus utilisé sur Twitter.Plusieurs pages Facebook l'utilisant ont également été créées ces dernières quarante-huit heures. On pouvait, par exemple, y voir  une boîte de « Padamalgam 500 », qui serait un médicament à ingérer pour détourner les regards d'un supposé lien de cause à effet entre violence et religion musulmane. Sous couvert de parodie, il permet surtout aux communautés islamophobes de s'exprimer publiquement.   En tout, selon le site d'analyse de données en ligne Topsy, le mot d'ordre « Padamalgam » a été employé près de 5 000 fois sur Twitter sur les trente derniers jours, et un peu plus de 600 fois ces 24 dernières heures. Un volume qui reste faible, mais en nette progression sur le début d'année 2015. Ils étaient ainsi plusieurs dizaines de comptes extrêmistes à exulter ce week-end aux sons de l'actualité. De l'amalgame à l'appel à la haineNé dans les cercles identitaires et civilisationnistes lors de l'affaire Merah, ce mot dièse a pour objectif de moquer la volonté des politiques et des médias de ne pas confondre délinquance, radicalisation et fanatisme avec l'appartenance à une religion. Bref, de ne pas sombrer dans les amalgames.Pourtant, le mot d'ordre « Padamalgam » est lui-même un appel à l'amalgame, à l'image d'un gribouillage bicolore circulant sur Twitter, dans lequel l'auteur se vante d'avoir représenté, enchevêtré, l'islam d'une ligne et l'islamisme radical de l'autre, comme s'il était impossible de les démêler.« #JeSuisDanois #JegErDansk Mais attention, #padamalgam L'islam est une religion de paix. Enfin, il paraît », glisse ainsi un autre internaute d'extrême droite, visiblement oublieux du fait que le terrorisme islamiste date des années 1970, plus d'un millénaire après l'apparition de l'islam.D'une manière générale, ce point de ralliement de l'islamophobie en ligne ne se distingue guère par la demi-mesure. Dans un message tombant dans l'incitation à la haine envers un groupe en raison de son appartenance ethnique ou religieuse, un internaute sur Facebook se félicite ainsi d'être « allergique au Padamalgam 500 » mais que « le Napalmpoureux 1000, ça va ». 16.02.2015 à 15h20 • Mis à jour le16.02.2015 à 15h36 Editorial du « Monde ». I København den tolerante, Danmarks hovedstad, model for social integration, den jihadiske barbari har atter slået lørdag den 14. februar. Den var rettet imod de samme mål, som i Paris den 7. og 9. januar : udtryksfrihed, jøderne, politiet. Den kræver det samme svar : intet afstå, og nævne tingene ved deres navn.Mimetismen af de to dramaer, i Paris og i København, er markant. Den danske terrorist angreb et kulturcenter, hvor en konference blev afholdt til ære for Charlie Hebdo over emnet ”Kunst, blasfemi og udtryksfrihed“. Terroristen skyder udefra og dræber en af deltagerne, direktør Finn Nørgaard, og sårer tre politifolk. Et par timer efter, angriber han en synagoge og dræber en vagt foran bygningen, Dan Uzan, medlem af det københavnske jødiske samfund.De udvalgte mål afslører den samme patologi, det islamiske had som vil terrorisere et demokratisk samfund og tilfredsstille en voldsom antisemitisme – der i jihads navn retfærdiggær halshugning i søndags i Libyen af en snes kristne ægyptere. Udførelsen af handlingen udgør en særlig kriminel voldshandling som intet har at gøre med en økonomisk og social sammenhæng. Det er specielt rigtigt i Danmark, hvor velfærdsstaten uden tvivl er en af de mest udviklede og beskyttede i Europa.Copenhague-Paris, même combatDen europeiske jihadisme bruger alle stereotyperne af kontinentets gamle antisemitisme tilpasset vor tid : en blanding af komplot-teorier importeret fra Mellemøsten og udbredt over internettet. Den er et produkt af islamismen, islamsk barndoms – eller senil sygdom, ligesom Inkvisitionen eller Trediveårskrigen var udslag af en syg kristendom. I den forbindelse har den rigtigt nok at gøre med Islam. Den har også at gøre med den intellektuelle regression af den arabiske verden, hvor negationisme og antisemitisme ofte blir udtrykt i pressen.De ansvarlige jødiske samfund i de to lande siger det med overbevisning: frelsen skal findes i vore demokratier. Ikke i jødernes flugt fra Europa til Israel, som Benjamin Nétanyahou ikke undlod at opfordre til endnu en gang. Lad os huske, hvad Claude Lanzmann skrev i disse kolonner den 13. januar : ”Europa uden Europas jøder vil ikke længere være Europa“, da det ville være en ”posthume sejr for Hitler“.  Annick Cojean (Copenhague, envoyée spéciale ) Le choc bien sûr. L'indignation. La colère, l'émotion. Le Danemark réputé pour son équilibre et son art de vivre n'a pas l'habitude de telles irruptions de violence et de haine et les habitants de Copenhague, ce week-end, rejettent vigoureusement l'idée que les deux attentats puissent ébranler leur belle démocratie. Avec élan et fierté, ils affichent leur unité et la conviction que jamais ce pays ne laisserait remettre en cause des valeurs telles que la liberté, la fraternité et la tolérance, inscrites dans ses gênes. « Le Danemark est solide », proclament jeunes et plus anciens, venus parfois sur les lieux des deux attaques – un centre culturel et une synagogue – pour apporter des fleurs, allumer des bougies, afficher une solidarité inébranlable.Lire : Le profil du tueur se précise peu à peuThorbjorn Wolf, étudiant en informatique, rencontré le long des quais du centre, refuse catégoriquement l'idée de blessure ou de faille : « Allons donc ! Ces deux attentats, par principe, ne doivent pas nous effrayer. Nos valeurs forment un socle ! Et le criminel a montré des signes d'amateurisme qui montrent bien qu'on n'est pas dans la configuration de Paris. » Même certitude chez le couple Lisa et Jan, qui répugne à donner un nom de famille. Ils admettent « une grande colère », en aucun cas une parcelle d'inquiétude. « Deux attentats perpétrés par un dingue ne peuvent pas ébranler un pays comme le nôtre ! Ce n'est pas sérieux ! » En êtes-vous surs, insiste-t-on ? Il s'en est fallu de peu pour que le débat sur la liberté d'expression dans le centre culturel ne se transforme en carnage. « Si on laisse s'immiscer la peur, on est foutu, dit Jan. Ce serait la fin d'un mode de vie fondé sur la confiance. C'est inenvisageable. » Ce serait surtout accorder la victoire à « l'abruti » qui a tiré, insiste Lisa. « Or il a perdu ! » Cela ne se discute pas. Le même discours nous est répété à l'envie.« ON DOIT RESTER INFLEXIBLE SUR NOS LIBERTÉS »« On doit continuer nos vies comme si rien de tout cela n'était arrivé, affirme Iben Sander Jensen, une jeune designeuse, au piercing entre les narines. Maintenir le cap, rester inflexible sur nos libertés, ne jamais rien céder. » Là encore, la peur est invisible et le doute semble impossible. Pourtant, si l'on attend un peu : « Avoue que les dessinateurs pourraient y penser à deux fois avant de faire une caricature qui va rendre fous certains », affirme une femme, plus âgée, qui l'accompagne. Un silence...« C'est compliqué, admet la jeune femme. Cela pose un vrai dilemme. Il est certain qu'on ne convertira jamais les barbares à notre humour cynique et totalement libre. Impossible d'amorcer avec eux le moindre dialogue.– Oui, mais comme on connaît d'avance leur réaction, et qu'elle est dramatique, voire sanglante, ne faudrait-il pas se montrer plus intelligents qu'eux, et...– Et quoi ? Renoncer à caricaturer le prophète ? »Peut-être... C'est ce qu'a fait le journal Jyllands Posten, pourtant à l'origine il y a dix ans des fameuses caricatures qui ont embrasé le monde. Le doute, insidieusement, s'impose.Et Sven Havsteen, chercheur en théologie à l'université, est de ceux qui l'admettent, s'en inquiètent, mais préfèrent affronter les questions plutôt que de s'accrocher à un Danemark factice. Le Danemark, assure-t-il, est bien plus fragilisé qu'il ne l'affiche. « Cela fait bien dix ans que nous débattons des caricatures. Mais le fait est que la liberté d'expression est aujourd'hui menacée, même si personne ne veut l'avouer. Et le fait est qu'il y a au Danemark des signes d'antisémitisme. Et pas seulement dans les populations musulmanes issues de l'immigration. C'est douloureux à accepter, compliqué à analyser, mais il est urgent d'en prendre conscience afin de réagir. » Quant aux questions tournant autour de l'islam, « j'ai peur, dit-il, que les extrêmes n'exploitent la situation en soufflant sur les braises et en stigmatisant les musulmans ». Il le redoute, mais le croit inéluctable. Et d'ajouter : « Vous voyez qu'on a des problèmes similaires à ceux de la France... »Lire l'entretien : Chappatte : depuis l’attentat de « Charlie Hebdo », « on a franchi une ligne dans le sang »Annick Cojean (Copenhague, envoyée spéciale )Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Dominique Gallois La France a signé avec l’Egypte, lundi 16 février au Caire, la première vente de Rafale à l’exportation. Dans un contexte géopolitique tendu, le PDG du constructeur français Dassault Aviation, Eric Trappier, a paraphé le contrat au palais présidentiel en présence du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et du ministre français de la défense Jean-Yves Le Drian. Une cérémonie à laquelle Le Monde n’a pas été convié.Cette signature officielle intervient alors que les avions de combat égyptiens ont bombardé, lundi, des positions de l’Etat islamique (EI) en Libye, quelques heures après la revendication par cette organisation djihadiste de la décapitation de 21 Egyptiens.Quelques heures avant le déplacement de M. Le Drian, le président égyptien a eu un entretien téléphonique avec François Hollande. Les deux chefs d’Etat ont notamment souhaité que le Conseil de sécurité de l’ONU se saisisse de la situation en Libye.En quoi consiste le contrat signé avec l’Egypte ?Evalué à 5,2 milliards d’euros, ce contrat comprend en réalité cinq contrats différents, dont trois majeurs : la vente de 24 Rafale pour Dassault Aviation ; celle d’une frégate multimission Fremm, fabriquée par DCNS ; et la vente de missiles air-air Mica et de croisière Scalp, produits par MBDA.A ces contrats principaux s’en ajoutent deux autres : l’un avec Sagem, pour les missiles air-sol 2ASM ; l’autre avec Lacroix, concernant les systèmes de leurre du Rafale.La vente du Rafale au Caire bouclée en un temps recordComment l’Egypte finance-t-elle ces achats ?L’Egypte a conçu un montage mêlant ses ressources propres, pour plus de 50 % du montant, et un emprunt, souscrit auprès d’un pool de banques françaises, pour le restant. « La Coface, donc la France, garantira 100 % de l’emprunt bancaire à des taux acceptables, similaires à ceux pratiqués pour un pays européen », a détaillé, vendredi 13 février, le ministère de la défense.Le premier acompte égyptien, estimé à 500 millions d’euros, sera versé « d’ici deux à trois semaines », selon le ministère. Ce versement « doit être rapide » pour que l’Egypte puisse faire voler le Rafale et faire naviguer la Fremm le 5 août, lors de l’inauguration de l’élargissement du canal de Suez.Pour son « apport personnel », Le Caire devrait en réalité compter sur l’aide financière de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. L’histoire se répéterait donc car, quand, dans les années 1970, les Egyptiens avaient acheté leurs premiers avions de chasse français (des Mirage 5), c’est déjà Ryad, qui avait apporté le financement. Le premier avion avait d’ailleurs été livré avec la cocarde saoudienne, celle-ci ayant ensuite été remplacée par les couleurs égyptiennes.Pourquoi l’Egypte a-t-elle opté pour du matériel français et non américain ?La négociation a été conclue en cinq mois. Du jamais vu côté français. Dès les premiers contacts avec Paris en septembre 2014, le président Sissi avait fait savoir son empressement. Et ce, en raison de la situation tendue à ses frontières, dans le Sinaï et surtout en Libye, devenu un territoire de prédilection de l’Etat islamique.Il voulait acquérir des équipements lui permettant d’anéantir les soldats de Daech. Les démonstrations des capacités de polyvalence du Rafale (défense aérienne, attaque au sol, reconnaissance) sur différents sites de guerre depuis 2007 (Lybie, Irak, Afghanistan, Mali) ont pesé dans le choix du Caire. Par ailleurs, depuis son accession au pouvoir, le président Sissi a changé les alliances traditionnelles de son pays avec les Etats-Unis, pour se tourner vers la Russie, mais aussi la France.La claque de l’Egypte à son allié américainParis est toutefois un allié historique du Caire, la France ayant fourni depuis le début des années 1970 des Mirage 5, des Alpha Jet et des Mirage 2 000. Les avions français ont également pour avantage de pouvoir être utilisés librement, contrairement aux appareils américains, l’Egypte dispose notamment de 220 F-16, très dépendants pour leur utilisation des Etats-Unis.Des transferts de technologies sont-ils prévus ?Non. Tous les matériels, qui seront fournis au Caire, seront fabriqués en France, que ce soit les avions, la frégate ou les missiles. En ce qui concerne les Rafale, les trois premiers exemplaires seront livrés avant l’été à l’armée de l’air égyptienne.Ils seront donc prélevés sur la chaîne d’assemblage de Mérignac (Gironde) sur le contingent qui, jusqu’alors, était destiné à l’armée française. Simultanément, la formation des premiers pilotes égyptiens sera également lancée. L’objectif affiché est que ceux-ci puissent être opérationnels en août. Cela constitue toutefois un défi, au vu de la complexité de l’avion. Et du manque de pilotes qualifiés en Egypte. Mais, au ministère français de la défense, on assure que ce défi sera relevéSur les 24 appareils prévus, 16 seront des biplaces et 8 des monoplaces. Le rythme de fourniture prévu est de cinq avions par an, quand la production annuelle de Dassault est de onze Rafale. Il faudra donc a priori cinq ans pour honorer le contrat égyptien.La frégate multimission est celle qui, initialement, devait rejoindre la marine française. Fabriquée à Lorient (Morbihan) et appelée jusqu’alors Le Normandie, elle sera débaptisée et livrée au Caire, sans ses missiles de croisière navals, à la mi-2015. « Après quelques travaux d'aménagement et la première phase du programme de formation », a précisé, lundi, DCNS.Si ces contrats pérennisent la production des Rafale (et la chaîne des 500 sous-traitants, soit 7 000 emplois au total) et des frégates, ils sauvent aussi l’activité missiles de Sagem.Faute de commandes, la production des « 2ASM », conçus pour détruire des cibles terrestres (ils ont déjà été utilisés par les Français en Libye), était en effet menacée. La chaîne de Montluçon devait fermer mi-2016.Quelles sont les prochaines échéances pour le Rafale ?Les dirigeants de Dassault Aviation espèrent que cette signature aura un « effet boule de neige » sur les autres contrats. Les négociations sont très avancées au Qatar, qui pourrait acquérir 36 appareils, dont douze options.En Inde, les discussions menées depuis trois ans, portent sur 126 appareils – c’est pour cela que l’on parle « de contrat du siècle ».L’objectif, ici, est de livrer 18 premiers exemplaires fabriqués en France, les suivants devant être produits sur place, par l’entreprise indienne HAL. La discussion bute toutefois sur la notion de responsabilité : les Indiens demandent aux Français de garantir la production qui sortira de leurs chaînes. Ce que refuse Dassault. La signature, espérée cette année, pourrait être décalée à l’année prochaine.Aux Emirats, les négociations pour 60 avions, menées depuis plusieurs années, sont pour l’instant gelées. De nouveaux marchés s’ouvrent par ailleurs avec des appels d’offres en Malaisie, mais aussi en Belgique. Avec le contrat de 5,2 milliards signé aujourd’hui, les Français espèrent enregistrer une année record en matière d’exportation d’armes dépassant les 10 milliards d’euros, contre 8 milliards en 2014.Dominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.02.2015 à 11h42 • Mis à jour le16.02.2015 à 14h54 | Gilles van Kote A la différence de ses principaux confrères, Le Monde n’a pas été accrédité par le service de presse du ministre français de la défense pour la cérémonie de signature du contrat de vente de la France à l’Egypte de vingt-quatre avions de chasse Rafale, d’une frégate et de missiles, qui devait avoir lieu lundi 16 février au Caire. Il ne pourra donc pas en faire le compte rendu à ses lecteurs.Que nous reprochent les autorités françaises ? D’avoir annoncé l’accord, dans notre édition du 13 février ? D’avoir rappelé, dans notre éditorial des 15 et 16 février, que l’euphorie provoquée par cette vente dans les sphères gouvernementales françaises ne devait pas faire perdre de vue à celles-ci les réalités du régime égyptien ? Dans tous les cas, nous regrettons leur décision injustifiable.Gilles van KoteDirecteur du MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Potet Un mois après l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo, la fusillade de Copenhague – dans laquelle était probablement visé le caricaturiste suédois Lars Vilks – a jeté un effroi supplémentaire dans le petit monde des dessinateurs de presse. Né en 1967 à Karachi, le Suisse Patrick Chappatte est l’un de ses représentants les plus « internationaux » puisqu’il travaille en anglais pour l’International New York Times (ex-International Herald Tribune), en français pour Le Temps (Genève) et en allemand pour l’édition du dimanche de la Neue Zürcher Zeitung (Zurich) - tout ceci depuis Los Angeles où il vit.Lire les informations sur l’enquête : Fusillades de Copenhague : deux hommes arrêtés et inculpésEn quoi les événements de ces dernières semaines peuvent-ils avoir influé sur votre travail ?La première réponse spontanée, c’est de dire que rien n’a changé dans mon travail, le contexte dans lequel je dessine, celui de la grande presse généraliste, n’étant pas celui d’un journal satirique comme Charlie Hebdo. Mais on a franchi une ligne dans le sang. Une innocence a été perdue pour toujours.Ce que l’on dessine aujourd’hui dans n’importe quel coin d’Europe, nous dit-on, peut être vu désormais dans les rues de Karachi, de Lagos ou de Jakarta. Or l’humour, le trait d’esprit, sont culturels, ils se partagent avec un public délimité. Le gros malentendu planétaire est donc programmé.Et même au sein de l’Occident, vous seriez étonné de voir les différences de perception entre le monde francophone, qui est celui de ma culture, et les Etats-Unis où je réside. Beaucoup de gens outre-Atlantique ne comprennent pas l’esprit corrosif et le deuxième degré des dessins à la Charlie. Je ne crois pas qu’on pourra se mettre d’accord sur un sens de l’humour global, commun à la planète. On assiste peut-être au premier conflit de la globalisation, et c’est un conflit culturel. Vous posez-vous la question de l’autocensure en pensant au risque que représente la parution de tel ou tel dessin ?C’est évidemment ça, la vraie question. Et au-delà du premier réflexe qui consiste à dire que rien ne changera, au-delà de la posture, la réponse totalement sincère est que je ne sais pas, franchement. C’est une question très personnelle.Je ne changerai pas ma ligne, mon style. La provocation gratuite ne m’intéresse pas, car elle rate souvent sa cible. S’il vise juste, là où ça fait mal, un dessin peut heurter des gens au passage, mais ça n’est jamais le but premier du dessin. Pour moi, Mahomet n’a jamais été un sujet en soi ; l’extrémisme religieux, le djihadisme, l’intégration des Musulmans ou les courants antimusulmans sont des sujets en revanche.La puissance que possède le dessin n’est-elle pas le grand enseignement de ces événements tragiques ?Aujourd’hui, le dessin est devenu un symbole qui dépasse complètement la réalité. D’un côté, c’est comme si toutes nos valeurs, comme si la démocratie et la liberté d’expression résidaient sur le droit ou pas de dessiner la figure du prophète de l’islam. C’est absurde. De l’autre côté, pour beaucoup de musulmans, cette même image est devenue le point de fixation symbolique d’une foule de choses : frustrations sociales, revendications politiques, notions de fierté et d’exclusion.Or les symboles sont dangereux. Les hommes partent en guerre pour des symboles. C’est un cercle vicieux presque puéril – sanglant et puéril en même temps – qui dure depuis l’affaire des caricatures danoises en 2005. Il faut en sortir. Si censure il y a, celle-ci ne risque-t-elle d’être prioritairement décrétée par les organes de presse, davantage que par les dessinateurs ?Les événements récents vont fatalement influer sur l’environnement général. Je crains que les rédacteurs en chef et les éditeurs, soucieux parfois de ne pas perdre de lecteurs et de ne pas trop choquer, ajoutent un nouveau motif à leur prudence : la notion de danger. Le risque sécuritaire peut devenir un facteur de censure. Je crains que le monde dans lequel on vit et le périmètre dans lequel on s’exprime se rétrécissent, quoi qu’on en dise aujourd’hui.Cela vaut aussi pour les journalistes. La Syrie est le premier terrain à révéler cette réalité nouvelle : il y a des no man’s lands pour les journalistes aujourd’hui. Nous avons besoin d’un courage collectif pour défendre la liberté d’expression : le courage non seulement de ceux qui dessinent ou écrivent, mais aussi de ceux qui publient et de ceux qui lisent.Y a-t-il des sujets et des thématiques que vous vous interdisez de traiter en raison de leur dangerosité ?La liberté d’expression n’a jamais été absolue, elle dépend du cadre dans lequel on s’inscrit, à commencer par le journal pour lequel on travaille, sa ligne, la sensibilité perçue de ses lecteurs. Et plus largement le périmètre de la société, chacune ayant ses propres tabous : on ne rigole pas de l’holocauste dans nos sociétés, et on ne dessine plus les noirs à la façon de Hergé. En Russie, il est mal vu de s’en prendre à l’Eglise orthodoxe. Au Maroc, dessiner le roi vaut des condamnations, et dans bien des pays du monde, les dessinateurs côtoient depuis longtemps des lignes rouges parfois mortelles. Disons que le risque s’est mondialisé.Le dessinateur de presse n’est-il pas condamné à continuer à provoquer et à déranger, par le rire s’entend, quel que soit le contexte ? Reculer semble impossible, non ?On a besoin plus que jamais, comme de l’air qu’on respire, de cet humour qui nous aide à digérer les atrocités du monde. Que les porteurs de cet humour soient eux-mêmes victimes de l’atrocité, c’est une des amères ironies des attaques récentes. Depuis dix ans et l’affaire des caricatures danoises, je suis obsédé par une idée : éviter que le dessin soit utilisé, que les dessinateurs se retrouvent otages – par exemple d’un prétendu conflit de civilisations.Le dessin est puissant et, l’Histoire l’a montré, quand il est au service d’une propagande, il peut devenir une arme. On l’a vu avec l’usage que les nazis ont fait des caricatures sur les juifs.Aujourd’hui, le dessin se retrouve au centre d’un conflit attisé par les extrémistes de tous bords. On n’a pas envie de devenir les héros de Marine Le Pen. Il faut défendre les dessinateurs de presse en tant que voix critiques, responsables et indépendantes, partout dans le monde. Nous ne voulons être les soldats d’aucune guerre – si ce n’est la guerre contre la bêtise et la brutalité. Quelles autres réponses les dessinateurs peuvent-ils apporter ?Depuis des années, bien des dessinateurs s’interrogent sur les notions de liberté et de responsabilité. Autour de Jean Plantu a été créée à Paris l’association Cartooning for Peace - Dessins pour la paix qui rassemble des dessinateurs de tous les horizons. Nous avons aussi fondé une branche à Genève, qui décerne tous les deux ans un prix international à un dessinateur pour son courage – attribué en 2014 au Syrien Hani Abbas, aujourd’hui réfugié politique en Suisse, et à l’Egyptienne Doaa El-Adl. Et depuis une dizaine d’années, j’organise des opérations Plumes croisées qui consistent à rassembler des dessinateurs de presse de camps rivaux, dans des pays en conflit, autour de projets communs. En Côte d’Ivoire, au Liban ou en Amérique centrale, certains ont dessiné ensemble sur les sujets qui divisent. Pour montrer que le dessin est aussi un outil de dialogue. Et qu’on peut défendre la liberté d’expression tout en écoutant l’autre.Frédéric PotetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.02.2015 à 17h25 • Mis à jour le 03.02.2015 à 17h25Abonnez-vousà partir de 1 €data-url="http://campus.lemonde.fr/droit-sciences-po/article/2015/02/03/decouvrir-les-metiers-de-la-diplomatie-avec-le-quai-d-orsay_4568580_4401467.html"data-title="Découvrir les métiers de la diplomatie avec le Quai d'Orsay"data-picture="http://s2.lemde.fr/image/2015/02/03/400x300/4568574_7_b7d2_journee-portes-ouvertes-au-ministeres-des-a_6438b6b993e1ac48277a7b0358e07cb8.png" Partager data-href="http://campus.lemonde.fr/droit-sciences-po/article/2015/02/03/decouvrir-les-metiers-de-la-diplomatie-avec-le-quai-d-orsay_4568580_4401467.html" data-layout="standard" data-action="recommend" data-show-faces="false" La diplomatie ne consiste plus à déclamer de grands discours lyriques, perruque sur la tête et jabot autour du cou comme au XVIIe siècle... Contre cette image toute faite, le ministère des affaires étrangères invite les étudiants à venir « découvrir l'univers méconnu de la diplomatie et de son environnement », samedi 7 février, à Paris.Sont ainsi prévues des «  simulations de points de presse et de négociations internationales, un parcours dédié à la conférence Paris Climat 2015, des jeux de rôles, des ateliers interactifs… » Les agents du ministère présenteront aussi les différents métiers qui font la diplomatie française, qu'ils concernent le domaine économique, l'influence, le développement, la communication ou la traduction, ainsi que les moyens de s'y former et d'y accéder.Des conférences sont également organisées sur différents thèmes, comme « le dialogue des cultures », « la diplomatie sportive » ou « la diplomatie de l'urgence ».Toutes les informations sont sur le site de France Diplomatie.Journée d'information sur les métiers de la diplomatie, samedi 7 février 2015, de 10 h à 18 h, au centre de conférences ministériel (27, rue de la Convention, Paris 15e). Entrée libre.Inès Belgacem width="314" height="157" alt="Testez-vous" src="http://s1.lemde.fr/image/2015/02/03/314x157/4568841_3_cdd4_testez-vous_9ff4a68db81a553a2de476a77fed3ce9.png" « Testez-vous », une nouvelle rubrique pour préparer les concours Des parents présents, voire pesants, ou au contraire absents : de nombreux lycéens ont témoigné d'un soutien parental très variable à l'heure de choisir ses études dans le supérieur. width="314" height="157" alt="" src="http://s1.lemde.fr/image/2015/02/03/314x157/4569019_3_7819_2015-02-02-b2d04d3-25233-wcj0f0_6d3290c18e2b0e31411036391a65af8b.jpg" Admission postbac : que faire après le bac ? L’école privée sous contrat n’a pas été épargnée par les contestations après la tuerie de « Charlie Hebdo ». width="314" height="157" alt="Jour de neige" src="http://s1.lemde.fr/image/2015/02/03/314x157/4568627_3_fa8d_jour-de-neige_35df6dd1eae2bdc9b64c6b84eb0c622f.jpg" Classe de neige 03.02.2015 à 15h36 • Mis à jour le03.02.2015 à 16h23 | Philippe Jacqué et Sarah Belouezzane Panasonic confirme son redressement. Même s’ils ont été en deçà des attentes des analystes, les résultats du troisième trimestre de l’exercice décalé 2014-2015 du groupe ont démontré qu’il était bel et bien sorti de sa mauvaise passe. Sur la période allant d’avril à décembre 2014, le conglomérat nippon a vu son bénéfice d’exploitation augmenter de 10,3 % à 290,2 milliards de yens (2 milliards d’euros).Son résultat net a, en revanche, dégringolé de 42,2 % à 140,4 milliards de yens. L’entreprise dirigée par Kazuhiro Tsuga a bénéficié l’an dernier à la même époque de cessions d’actifs exceptionnelles. Le chiffre d’affaires a néanmoins connu une légère hausse (1%) pour s’établir à 5 719,3 milliards de yens, soit 40 milliards d’euros. Des chiffres certes moins reluisants que ceux des groupes américains du Net mais qui témoignent de la réussite de la politique mise en place depuis deux ans par M. Tsuga.Arrivé en juin 2012 à la tête d’une entreprise à la peine, M. Tsuga a pris une décision radicale : réorganiser le groupe et privilégier les débouchés professionnels au détriment des appareils électroménagers grand public. Avec la concurrence de plus en plus agressive des fabricants coréens puis chinois, les segments des produits blancs (four à micro-onde, lave-vaisselle, etc.) ou brun (appareil photo, lecteur Blu-ray...) étaient entrés dans une spirale déflationniste.Plus particulièrement touchés : les téléviseurs, dont les prix n’ont cessé de chuter. « Il faut être présent sur le grand public, c’est ainsi qu’une marque demeure reconnue, c’est une vitrine très importante, explique au Monde M. Tsuga. Mais c’est dans le segment professionnel que se trouvent les revenus. »Incursion remarquée dans la domotiqueC’est ainsi que Panasonic a fait une incursion très remarquée dans la domotique. Il a notamment participé à la création d’une ville connectée sur le territoire d’une de ses anciennes usines de télévision : Fujisawa, au sud-est de Tokyo. « C’est une ville intelligente où chaque immeuble, chaque appartement est optimisé d’un point de vue énergétique et électronique. Les réservations étaient pleines avant même que les immeubles ne soient livrés », s’enthousiasme M. Tsuga.Mais l’avenir pour Panasonic, c’est le secteur de l’automobile, où le groupe veut accélérer. Pour l’instant, ce segment représente 15 % de son chiffre d’affaires, soit 8,6 milliards d’euros sur les 55 milliards d’euros enregistrés sur l’année fiscale précédente. Et M. Tsuga entend augmenter la part de cette activité à 20 % à l’horizon 2018. Au cours des neuf derniers mois, les ventes dans ce domaine ont augmenté de 2 % et les profits de 11 %.« Il y a soixante-deux ans, nous nous sommes lancés sur ce secteur en vendant des autoradios. Mais progressivement, nous nous sommes diversifiés, et cela se poursuit », indique le patron. Aujourd’hui, Panasonic propose des solutions d’« infotainment » (radionavigation, système d’affichage, gestion de la musique, enceinte, etc.), dérivé de son activité historique à l’ensemble des constructeurs automobiles mondiaux. Cela représente près de la moitié de l’activité automobile du groupe. « Nous détenons environ 12 % de ce marché », précise M. Tsuga. Avec le développement d’un « e-cockpit », ou cockpit virtuel remplaçant les cockpits physiques, le groupe espère attirer davantage de constructeurs européens et américains.Miser sur le segment de la voiture connectéeLe groupe nippon veut également se faire une place sur le marché de la voiture connectée et autonome du futur. Doté de technologies avancées, avec notamment le capteur le plus petit jamais développé pour ses appareils photo Lumix, Panasonic dispose de nombreux atouts pour le développement des technologies d’assistance à la conduite. Il fournit d’ores et déjà les constructeurs japonais en circuits intégrés, capteurs, censeurs et autres radars nécessaires à l’autonomisation des véhicules.Afin d’élargir sa base de clientèle, Panasonic a repris 49 % de Ficosa, un sous-traitant espagnol spécialiste des rétroviseurs. Et il entend désormais se développer sur le Vieux Continent pour vendre notamment des produits mêlant les technologies des deux sociétés comme les caméras de recul ou les rétroviseurs caméras.Investir dans les batteriesEnfin, le groupe s’est fait une place importante sur le marché des batteries. En rachetant Sanyo, le groupe a hérité d’un contrat avec le constructeur américain de véhicules électriques Tesla. Et les deux travaillent aujourd’hui pour développer une usine géante de batteries dans le Nevada aux Etats-Unis.« Aujourd’hui, les capacités de production de Panasonic sont saturées, assure M. Tsuga. Nous avions besoin d’un nouvel outil pour fournir les batteries de la future berline Model 3 de Tesla. Grâce à cette usine, nous entendons réduire de 40 % le coût de nos batteries tout en améliorant leur densité, donc leur autonomie. »Panasonic s’est engagé à investir, en huit étapes, 1 des 5 milliards de dollars nécessaires pour créer cette méga usine. Outre Tesla, qui doit investir 2 milliards, les pouvoirs publics américains doivent apporter près de 2 milliards de dollars… Les premières batteries devraient être produites en 2016 et, en 2020, à pleine capacité, le site est censé produire 500 000 packs de batteries par an, soit autant que la production mondiale en 2013.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 15h13 • Mis à jour le03.02.2015 à 17h54 | Paul Benkimoun Les parlementaires du Royaume-Uni se sont prononcés, mardi 3 février, en faveur du projet d’assistance médicale à la procréation destinée à prévenir la transmission de maladies génétiques d’origine maternelle. Familièrement baptisée fécondation in vitro « à trois parents », elle consiste à remplacer dans l’ovocyte devant être fécondé les petites structures appelées mitochondries, présentes dans toutes les cellules à qui elles fournissent l’énergie dont elles ont besoin. Certaines maladies sont en effet liées à des mutations affectant l’ADN des mitochondries. L’ensemble des mitochondries de l’embryon sont d’origine maternelle.Que sont les maladies mitochondriales ?Constituant des centrales à énergie permettant la synthèse des protéines et d’autres molécules, les mitochondries sont des structures présentes dans les cellules, à l’extérieur de leur noyau, dans le cytoplasme. Elles possèdent leur propre ADN, toujours hérité de la mère. Les mutations de cet ADN mitochondrial (ADNmt) sont responsables d’un ensemble de plus de 700 maladies métaboliques non curables à ce jour et pour certaines potentiellement mortelles dans l’enfance. Elles peuvent se manifester sur le plan neurologique, neuromusculaire, des atteintes ophtalmiques (neuropathie optique de Leiber), des anémies, de la surdité…Selon l’Autorité britannique sur la fécondation humaine et l’embryologie (HFEA), environ une naissance sur 5 000, et vraisemblablement une proportion plus importante de fœtus, présente une mutation de l’ADNmt. Toujours selon la HFEA, il est possible d’avoir un recours à un diagnostic pré-implantatoire, sélectionnant les embryons n’ayant que très peu de mutations de l’ADNmt, mais cela suppose d’avoir préalablement identifié la mutation en cause. En quoi consiste la technique de remplacement des mitochondries ?Si le problème est lié aux mitochondries, se sont dit des chercheurs britanniques de l’université de Newcastle, remplaçons-les, plutôt que de faire appel à un classique don d’ovocyte de la part d’une donneuse. L’idée était de conserver le patrimoine génétique maternel, porté par les chromosomes qui se trouvent dans le noyau cellulaire. Pour cela, les chercheurs ont eu recours à la technique du transfert nucléaire.Le procédé consiste à partir d’un ovocyte de la mère, contenant donc des mitochondries porteuses de la mutation incriminée. L’ovocyte est fécondé par un spermatozoïde paternel, puis, le noyau de l’œuf obtenu est prélevé. Un ovocyte provenant d’une donneuse, indemne de la maladie, a lui aussi été fécondé avant d’être débarrassé de son noyau. Le noyau d’origine maternelle est alors transféré dans l’ovocyte de la donneuse.L’œuf qui en résulte comporte donc un noyau recelant le patrimoine génétique de la mère et du père, et un cytoplasme dont les mitochondries contiennent l’ADN de la donneuse exempt de mutations. Au total, l’œuf fécondé sera donc porteur de trois ADN : dans le noyau de ses cellules, ceux des parents, et, dans les mitochondries, celui de la donneuse.Aux Etats-Unis, une demande d’autorisation d’un essai clinique utilisant cette technique a été soumis en février à la Food and Drug Administration. La FDA n’a pas encore rendu sa décision.Une technique sûre ?Dans un communiqué du 22 juillet 2014, annonçant le projet de loi gouvernemental autorisant le recours à la technique de remplacement de mitochondries, la HFEA précise que son panel d’expert, présidé par le Dr Andy Greenfield, avait clairement indiqué dans son rapport de juin 2014 qu’il « n’avait pas trouvé de preuve suggérant que le remplacement mitochondrial ne soit pas sûr et que de bons progrès avaient été accomplis au plan scientifique. » Etudiant les données animales et humaines sur plusieurs années, le panel avait pris en compte les aspects de sécurité liés au transfert lui-même, les réactifs utilisés pour cette technique ainsi que les interactions entre le noyau et les mitochondries.A cette occasion, le Dr Greenfield a déclaré : « Passer de la recherche à la pratique clinique implique toujours un certain degré d’incertitude. Si le parlement change effectivement la loi, la procédure régulatoire requise par la HFEA avant que le traitement soit proposé garantira, autant qu’il est possible de le faire, que le remplacement des mitochondries marche et est suffisamment sûr pour être proposé aux personnes atteintes de maladies mitochondriales sévères. »Quelles sont les questions éthiques soulevées ?Bien que le parlement britannique ait adopté la modification de la loi de 2008 sur l’assistance médicale à la procréation pour autoriser le remplacement des mitochondries, la technique n’en sera pas pour autant immédiatement proposée. Comme toute technique à la pointe de la science, elle doit être encadrée par des dispositions réglementaires que la HFEA doit élaborer. Cette instance de régulation doit concevoir et mettre en œuvre une procédure, définissant notamment un cahier des charges pour les établissements qui seraient autorisés à la pratiquer.Des questions éthiques sont également soulevées à propos de cette nouvelle technique. Tout d’abord, le fait qu’elle entraîne une modification de ce que l’on appelle la lignée germinale, autrement dit les cellules participant à la fécondation (par opposition à la lignée somatique qui donne les autres cellules de l’organisme). Dès lors, cela signifie que l’ADNmt provenant de la donneuse va également être transmis à la descendance en plus de celui des deux parents.Le bénéfice – la non transmission de la mutation – est évident, mais cela peut susciter des interrogations. En particulier le caractère anonyme ou non du don de mitochondries (le don de gamète n’étant pas anonyme). Lors du congrès mondial de bioéthique, le 25 juin 2014 à Mexico, le Dr John Appelby, du centre d’éthique et de législation médicale du King’s College (Londres), a évoqué le fait que le don de mitochondries n’est pas susceptible d’influer significativement sur l’identité et les traits physiques des descendants, qui seraient donc peu enclins à s’enquérir de l’identité de la donneuse de mitochondries. Mais d’un autre côté, pourquoi refuser l’accès à une telle information, s’est-il interrogé.Des accusations d’eugénisme ont également été avancées comme dans d’autres techniques visant à éviter la naissance d’enfants porteurs de maladies graves. Mais, dans le cas du remplacement de mitochondries par transfert du noyau, il n’y a pas de sélection des embryons, avec élimination de ceux porteurs de la mutation de l’ADNmt. Paul BenkimounJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Au bout de deux ans d'âpres négociations, la justice américaine est parvenue, mardi 3 février, à trouver un accord avec Standard & Poor's (S & P) afin de mettre fin aux poursuites engagées contre l'agence de notation pour sa responsabilité dans la crise des subprimes.Accusée d'avoir fait passer des produits financiers adossés à des crédits hypothécaires pour des investissements sûrs avant que la crise n'explose en 2008, S & P a accepté de payer une amende totale de 1,5 milliard de dollars (1,2 milliard d'euros). Il s'agit de la plus importante pénalité jamais payée par une agence de notation.Lire nos explications (édition abonnés) : L'Etat américain demande 5 milliards de dollars à Standard & Poor'sLa somme sera répartie entre le ministère de la justice, 19 Etats américains et le district de Columbia, qui toucheront chacun 687,5 millions de dollars. Le fonds de pension California Public Employee's Retirement System (Calpers) a négocié, dans un arrangement séparé, le versement de 125 millions. Le montant de l'amende est supérieur aux bénéfices réalisés par la maison mère de S & P, McGraw Hill Financial, en 2014, qui selon les analystes devrait avoisiner 964 millions de dollars.PRODUITS TOXIQUESLa plainte contre S & P avait été déposée en février 2013 pour avoir « conçu et mis en œuvre un système destiné à tromper les investisseurs », selon le ministère de la justice. Dès 2004, l'agence avait attribué la meilleure note de son système d'évaluation, les fameux « triple A », à des titres de dettes immobilières, qui se sont révélés être des produits toxiques, provoquant une réaction en chaîne jusqu'à l'éclatement de la crise financière.La justice américaine s'était en particulier appuyée sur l'exemple de produits financiers structurés, des Collateralized Debt Obligations (CDO), qui avaient obtenu la meilleure note, alors que quelques mois plus tard, quand le marché immobilier s'est écroulé, la valeur de ces titres s'est effondrée à son tour comme un château de carte, entraînant des pertes et des faillites retentissantes.S & P était accusée d'avoir surclassé ces actifs pour qu'un certain nombre de fonds de pension et d'organisme public de crédit, qui ne sont autorisés qu'à investir dans des produits non spéculatifs, en achète contre tout principe de bonne gestion « afin de préserver et renforcer ses relations avec les émetteurs [de ces actifs] », affirmait le ministère de la justice.Au-delà de la reconnaissance de sa culpabilité, S & P encourait des pénalités qui auraient pu atteindre 5 milliards de dollars, soit l'équivalent des pertes des institutions publiques lésées par cette notation soupçonnée d'être déconnectée de la réalité. Dans un premier temps, l'agence a tenté de se retrancher derrière la protection du premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d'expression. Ses évaluations relevant de la « libre opinion ». Puis le ton est monté avec le gouvernement américain.S & P avait même accusé les pouvoirs publics de « représailles » en son endroit, parce que, quelques mois auparavant, l'agence avait dégradé la note de la dette américaine, faisant perdre aux Etats-Unis son « triple A ». Le secrétaire au Trésor de l'époque aurait ainsi menacé S & P d'« examiner très attentivement » la conduite de l'entreprise à la suite de cette dégradation. Un scénario qu'a toujours démenti l'intéressé.MARCHANDAGELes négociations n'ont véritablement commencé qu'en février 2014, selon le Wall Street Journal. Commence alors un marchandage sur les conditions de levée des poursuites. Dans un premier temps, la justice réclamait 3,2 milliards de dollars, quand S & P ne proposait que 750 000 dollars. Puis sous la houlette de la nouvelle responsable du département juridique du groupe, Lucy Fato, à partir de l'été 2014, les positions se sont lentement rapprochées pour arriver à l'accord signé mardi.En acceptant de payer 1,5 milliard de dollars, S & P évite à la fois de reconnaître sa culpabilité et d'avoir violé la loi, ce qui aurait durablement entaché sa réputation. L'accord est destiné à « éviter le retard, l'incertitude, les inconvénients et les frais d'une nouvelle procédure », explique McGraw-Hill Financial dans un communiqué.L'agence avait signé un premier accord avec trois régulateurs américains, le 21 janvier, dans le cadre d'une autre procédure concernant des évaluations déficientes de dettes émises en 2011 comprenant des prêts immobiliers commerciaux, dans le but d'augmenter ses parts de marché dans ce domaine. S & P avait accepté de verser 77 millions de dollars de pénalité et, plus inédit, une interdiction de noter les titres de dette concernant l'immobilier commercial aux Etats-Unis pendant une durée d'un an.Lire aussi : Standard & Poor's sanctionnée six ans après le début de la crise financièreMoody's, l'un des principaux concurrents de S & P, serait également dans le collimateur de la justice, là encore pour avoir évalué de façon inappropriée des titres de dette émis entre 2004 et 2007 comprenant des crédits « subprime ». Cette procédure n'en serait qu'au stade préliminaire, selon le Wall Street Journal, qui affirme que les rencontres entre des dirigeants de Moody's et du ministère de la justice se sont multipliées ces derniers mois.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 13h40 • Mis à jour le03.02.2015 à 17h07 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2gbd7x"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2gbd7x", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Pas de génocide, ni d'un camp ni de l'autre. Les juges de la Cour internationale de justice (CIJ) ont considéré, mardi 3 février, que la Serbie n'avait pas commis de génocide contre les Croates lors de la guerre qui les opposa au début des années 1990. Quelques minutes après, ils ont jugé que la Croatie n'avait pas commis de génocide contre la population serbe de son pays lors de la reconquête en 1995 de zones contrôlées par les sécessionnistes soutenus par Belgrade. « La Croatie n'a pas réussi à prouver ses allégations selon lesquelles un génocide a été commis », a déclaré le juge président Peter Tomka lors d'une audience publique à La Haye, où siège la CIJ. Les juges ont estimé que les actes commis par les Serbes au début du conflit n'avaient pas pour objectif de « détruire » le groupe ethnique croate de certaines zones de Croatie réclamées par les sécéssionnistes serbes, mais de les « déplacer par la force ».Statuant sur la contre-plainte de Belgrade, Peter Tomka a opté pour les mêmes termes, estimant que « la Serbie n'a [vait] pas réussi à prouver un acte de génocide (...) contre la population serbe ». « INSTAURER UNE PÉRIODE DE PAIX DURABLE »Réagissant à ces décisions, le président serbe, Tomislav Nikolic, a appelé à l'apaisement dans les Balkans. « J'espère qu'à l'avenir la Serbie et la Croatie auront la force de résoudre en commun tout ce qui entrave la possibilité d'instaurer une période de paix durable et de prospérité dans notre région », a déclaré à la presse M. Nikolic aux côtés du premier ministre serbe, Aleksandar Vucic.De son côté, le premier ministre croate, Zoran Milanovic, a exprimé mardi son mécontentement, mais il a dit accepter la décision « d'une manière civilisée ». « Nous devons accepter la décision (...) elle est définitive et il n'y a pas la possibilité de faire appel », a déclaré M. Milanovic à la presse.La proclamation d'indépendance de la Croatie vis-à-vis de la Yougoslavie, en 1991, a été suivie d'une guerre entre les forces croates et les sécessionnistes serbes soutenus par Belgrade, qui voulaient intégrer un Etat serbe ethniquement pur. Le conflit serbo-croate, l'un des nombreux qui secouèrent les Balkans durant la dernière décennie du XXe siècle, a fait environ vingt mille morts entre 1991 et 1995.La Croatie avait saisi la CIJ en 1999 en demandant aux juges d'établir que la Serbie avait commis un génocide et réclamant des « réparations financières ». Mais la Serbie a répliqué en 2010 par une contre-plainte dans la même affaire, accusant Zagreb de génocide pour l'opération militaire croate ayant mis un terme à la guerre en 1995. Selon Belgrade, quelque deux cent mille Serbes ont dû alors fuir la Croatie. Marie Charrel et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) S’agit-il d’un pas de plus vers un accord entre la Grèce et ses créanciers ? Le changement de ton est en tout cas remarquable. Selon le Financial Times du 3 février, le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a présenté une nouvelle offre à la « troïka » − Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI). Selon le quotidien, il ne proposerait plus d’effacer une partie de l’énorme dette publique grecque, mais de… l’échanger contre des obligations d’un nouveau genre, qui permettraient d’en alléger le fardeau.Dans le détail, l’idée serait de remplacer les prêts accordés par les partenaires européens par des obligations indexées sur la croissance, et les obligations détenues par la BCE par des obligations « perpétuelles ». Ces dernières ne sont jamais remboursées, mais continuent de produire des intérêts indéfiniment − la BCE pourrait donc les revendre facilement à des investisseurs cherchant des placements de long terme, comme les fonds de pension.Les obligations indexées sur la croissance sont, quant à elles, saluées comme « une bonne solution qui permettrait de sortir de l’impasse » par Marcel Fratzscher, l’influent économiste allemand de l’institut DIW. Selon lui, elles permettraient de stabiliser la dette publique grecque, qui atteint 175 % du PIB, tout en incitant le pays à poursuivre les réformes susceptibles de favoriser la croissance.La « troïka » amenée à évoluerCertains économistes restent néanmoins sceptiques quant à l’accueil que les partenaires européens d’Athènes réserveront à cette offre. Ces derniers jours, ceux-ci semblent néanmoins avoir fait un pas en direction de la Grèce. Le quotidien allemand Handelsblatt assurait ainsi, dimanche 1er février, que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, serait partisan de « supprimer la “troïka” », honnie par l’opinion publique grecque. Il s’agit d’une revendication forte du nouveau gouvernement d’Alexis Tsipras, le leader du parti de gauche radicale Syriza.Après la victoire de Syriza, Athènes veut « arrêter d’imiter Sisyphe »Lundi 2 février, Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission, a confirmé qu’« à terme » la « troïka » devrait évoluer, mais a nié que l’institution envisageait déjà « de nouvelles structures ». Mais que la « troïka » soit amenée à disparaître ou à fortement évoluer dans les mois qui viennent n’est en réalité ni une nouveauté ni une surprise.En effet, M. Juncker a déjà dénoncé à plusieurs reprises les dérives de cet organe mis en place en 2010 en Grèce pour surveiller les deux programmes d’ajustement successifs dont a bénéficié le pays (un premier plan d’aide, assorti d’exigences de réformes, entre 2010 et 2012, puis un deuxième, à partir de 2012). « A l’avenir, nous devrions être en mesure de remplacer la “troïka” par une structure plus légitimement démocratique et plus comptable de ses actes, basée autour des institutions européennes, avec un contrôle parlementaire renforcé, tant au niveau européen que national », peut-on ainsi lire dans le programme de campagne que M. Juncker a présenté devant le Parlement européen le 15 juillet 2014, juste avant d’être élu président de la Commission.Une énorme humiliationLe Parlement européen s’est lui aussi montré très critique, en adoptant en mars 2013 un rapport d’enquête sur la « troïka », qui concluait qu’elle avait privilégié les coupes budgétaires aux réformes de structure en Grèce.Il pointait également le fait qu’elle ne soit constituée que de « technocrates de second rang », et que cela aboutissait à un manque d’efficacité : comment le pouvoir politique grec pouvait-il, sans ressentir une énorme humiliation, accepter des diktats de fonctionnaires de Bruxelles ?De son côté, Pierre Moscovici, commissaire européen chargé de l’économie, déclarait dans un entretien au Monde début janvier que la « troïka » « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites ».Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. MoscoviciDans tous les cas, une chose est sûre : la « troïka » étant liée aux plans d’aide à la Grèce, elle n’aura plus lieu d’exister dès lors que ces derniers seront achevés. Le gouvernement d’Alexis Tsipras souhaite en sortir au plus vite, rejetant en théorie l’idée d’un troisième plan d’aide, ou encore d’une « ligne de précaution » qui aiderait le pays pendant la transition.Si l’issue des négociations est encore inconnue, il est donc presque acquis que la « troïka » disparaîtra d’ici peu. Même si la Grèce continue à bénéficier d’une aide européenne, il est probable que sa forme soit modifiée. Et renommée. Ce sera un « trio », une « task force », représentant les intérêts des créanciers. La BCE n’y participera peut-être plus. Le FMI s’y fera peut-être plus discret, il sera peut-être incarné par un « politique ».De fait, les Européens savent qu’au moins en termes d’affichage il est important d’offrir ce gage aux Grecs : la « troïka » a trop été le symbole, ces dernières années, de l’humiliation de tout un peuple.Partie de poker entre Athènes et la BCE Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.02.2015 à 17h18 A la veille d'un entretien téléphonique entre les présidents russe, français, ukrainien et la chancelière allemande en vue d'un accord de paix, qui semble peu probable, les séparatistes prorusses préparent de nouvelles offensives contre la ville portuaire de Marioupol et la localité de Debaltseve. Ils ont intensifié leurs pilonnages de positions gouvernementales, a annoncé samedi 7 février un porte-parole de l'armée ukrainienne, précisant : « Nous avons observé une hausse du nombre de tanks et de véhicules blindés vers Debaltseve. » Cinq soldats ont été tués et vingt-six autres blessés au cours des dernières vingt-quatre heures dans l'est de l'Ukraine, a ajouté le porte-parole.La prise de Debaltseve est devenue une priorité pour les rebelles, qui souhaitent prendre le contrôle de cette poche située entre les deux principales régions qu'ils contrôlent déjà. Cette ville est d'autant plus stratégique qu'elle est au cœur de voies routières et ferroviaires.DES CENTAINES DE CIVILS ONT QUITTÉ DEBALTSEVELe gouvernement ukrainien assure disposer d'une puissance de feu suffisante pour défendre la ville en dépit de l'avancée des séparatistes, qui tiennent plusieurs villes et villages entourant Debaltseve. Des centaines de civils ont toutefois quitté la ville, qui ne compte plus que 3 000 habitants sur les 25 000 enregistrés avant le conflit, selon des chiffres donnés vendredi par un représentant du gouvernement ukrainien.L'offensive des rebelles vise également Marioupol, une ville du Sud-Est que borde la mer d'Azov, enclavée entre la Crimée, annexée l'an dernier par la Russie, et des territoires contrôlés par les rebelles. Elle est la dernière grande ville tenue par Kiev dans la région et a été visée le mois dernier par d'intenses tirs d'artillerie, qui ont provoqué la mort de trente civils. La perte de Marioupol serait une catastrophe pour l'armée ukrainienne, qui avait reconnu à la fin de janvier avoir subi un lourd revers en étant contrainte d'abandonner sa principale position dans l'aéroport de Donetsk.Lire : En Ukraine, le port stratégique de Marioupol bombardé par les séparatistesJeudi 5 février, au terme de sa rencontre avec M. Hollande et Mme Merkel, le président ukrainien, Petro Porochenko, avait estimé que l'initiative franco-allemande « laiss[ait] espérer un cessez-le-feu » dans la région. Soutenue par Washington et par l'Union européenne, celle-ci a tout de la médiation de la dernière chance, après dix mois d'un conflit qui a fait plus de 5 300 morts et a provoqué une crise internationale rappelant les crispations de la guerre froide.Le chef de l'Etat ukrainien a également insisté sur la nécessité de respecter les accords de paix signés à Minsk en septembre par les belligérants. Conclus sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ce protocole, qui prévoyait un cessez-le-feu immédiat et le départ des « groupes armés illégaux », n'a pratiquement jamais été respecté. 07.02.2015 à 11h47 • Mis à jour le07.02.2015 à 16h21 | Frédéric Lemaitre (Munich, envoyé spécial) Intervenant samedi 7 février à la conférence de Munich sur la sécurité, quelques heures seulement après avoir quitté Vladimir Poutine, Angela Merkel n'a pas paru très optimiste quant aux chances d'aboutir à un accord sur l'Ukraine. La chancelière allemande a qualifié d'« incertain » le succès de la mission diplomatique qu'elle a entreprise avec François Hollande, jeudi à Kiev et vendredi à Moscou. « Il n'y a pas de garantie que Poutine fera ce que nous espérons » a-t-elle reconnu.Lire : Ukraine : Merkel et Hollande ont quitté Moscou sans accordAlors que le président ukrainien, Petro Porochenko, et le vice-président américain, Joe Biden, étaient assis au premier rang, Angela Merkel a très clairement expliqué pourquoi l'Allemagne s'opposait à la livraison d'armes à l'Ukraine, que souhaitent notamment plusieurs responsables politiques américains.« Je n'imagine pas une situation où l'armée ukrainienne serait tellement équipée qu'elle impressionnerait la Russie. » « Militairement, ce conflit ne peut être gagné. C'est dur à dire, mais c'est comme ça. » Mme Merkel a rappelé que quand l'Allemagne de l'Est avait construit le mur de Berlin, en 1961, les Occidentaux n'avaient pas réagi militairement. Pour elle, il faut donc « se concentrer sur une solution diplomatique et passer par des sanctions sur ce qui est notre point fort : l'économie ».Lire l'éditorial du Monde : Faut-il armer l’Ukraine ?La chancelière allemande sait que sa position ne fait pas l'unanimité : « Nous ne nous convaincrons pas les uns et les autres actuellement », a-t-elle reconnu. Mais elle a reproché aux Occidentaux d'être défaitistes : « Vingt-cinq ans après la fin de la guerre froide, je suis surprise qu'on ne croie plus au succès », a-t-elle dit.Le vice-président américain Joe Biden s'est pour sa part adressé à Vladimir Poutine, lui demandant « des actes, pas des paroles ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2gb5dj"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2gb5dj", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« ÉPURATION ETHNIQUE »Prenant la parole trente minutes plus tard, Serguei Lavrov, ministre des affaires étrangères russe, a laissé peu d'espoir quant à un accord prochain. Alors qu'Angela Merkel avait dénoncé le non-respect par Moscou des accords d'Helsinki sur l'inviolabilité des frontières en Europe, Sergueï Lavrov a violemment critiqué les Etats-Unis, qui, selon lui, ne respectent pas les traités de non-prolifération de missiles intercontinentaux.M. Lavrov juge que l'Union européenne « a soutenu un coup d'Etat » en Ukraine, qui a débouché sur le départ du président Ianoukovitch. Il a également dénoncé « l'épuration ethnique » à laquelle se livrerait l'actuel gouvernement ukrainien et a reproché à l'Occident de ne pas réagir à « l'éradication des juifs et des Russes » à laquelle on assisterait, selon lui, en Ukraine. Pour M. Lavrov, la Crimée fait désormais partie intégrante de la Russie, car les habitants en ont décidé ainsi. Il a donc mis en avant « le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », et si l'on veut la paix en Ukraine, il faut que le gouvernement de Kiev négocie avec les représentants des régions de l'Est, a-t-il dit.Même si Sergueï Lavrov a déclaré qu'« il est tout à fait possible d'avoir des résultats et de tomber d'accord sur des recommandations qui permettront aux deux parties de vraiment dénouer le conflit », dans la salle flottait malgré tout un léger parfum de guerre froide.Lire : Initiative franco-allemande de la dernière chance pour sortir du conflit en UkraineLes discussions lors de la conférence annuelle sur la sécurité devraient contribuer à déblayer le terrain avant une conversation téléphonique à quatre entre Petro Porochenko, Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande, prévue dimanche. « C'est une des dernières chances », a prévenu François Hollande, qui était en Corrèze samedi. « Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario : il a un nom, il s'appelle la guerre. »Frédéric Lemaitre (Munich, envoyé spécial) Alexandre Piquard « BuzzFeed s’est lancé en France sur le divertissement mais veut aujourd’hui passer à une nouvelle étape en se mettant aux news et à l’actualité. C’est pour cela que j’ai été embauchée. » Cécile Dehesdin résume ainsi le poste de rédactrice en chef française du site de contenu viral américain qu’elle occupera à partir du 24 février. La journaliste de 27 ans est chargée de recruter trois autres personnes pour porter l’équipe à six membres.Début novembre 2013, BuzzFeed avait choisi de se lancer en France avec une équipe ultra-légère : deux journalistes, l’une à Paris, l’autre à New York. Aujourd’hui sont recherchés deux profils de « viral news reporters », qui « prennent le Web comme terrain », explique Mme Dehesdin. On les veut plutôt généralistes, capables de repérer sur les réseaux sociaux des sujets politiques, de société, environnementaux… Est aussi envisagé un profil de journaliste plus spécialisé, par exemple sur les « minorités ». Cécile Dehesdin est une jeune journaliste Web à la trajectoire ascendante : titulaire d’un master de « journalisme numérique » à l’université de Columbia, aux Etats-Unis, elle a débuté au site d’informations Slate fin 2008, avant de connaître trois transferts : elle est passée à L’Express.fr comme « chef des infos », puis a été rappelée à Slate comme rédactrice en chef adjointe, en septembre 2014. Avant d’être débauchée par BuzzFeed.La « nouvelle étape » souhaitée par BuzzFeed peut être vue comme le signe que ses résultats en France sont décevants et que le lancement n’a pas été le succès escompté. Cécile Dehesdin estime, elle, que le bilan de l’édition française est plutôt bon, « sinon BuzzFeed ne chercherait pas à la développer ».Audience « doublée »La société américaine, non cotée en Bourse, donne peu de chiffres, mais se dit satisfaite d’avoir « doublé » son audience française, entre décembre 2013 et décembre 2014. Celle-ci reste modeste : selon Mediametrie-NetRatings, BuzzFeed a accueilli 649 000 visiteurs uniques en décembre 2014 et entre 400 000 et 500 000 de juillet à novembre. L’audience mobile est, elle, évaluée à 218 000 visiteurs uniques en novembre. En comparaison, les sites de buzz sous la marque française Melty rassemblent 2,1 millions de visiteurs uniques en décembre, le site Minutebuzz 1 million (mais atteint aussi 1 million sur mobiles). L’édition française du site d’information américain HuffingtonPost (dont Le Monde est actionnaire) est créditée de 3 millions de visiteurs uniques. Sans parler de concurrents comme Topito ou Ledemotivateur.En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignonsL’évolution de la stratégie de BuzzFeed en France est aussi le fruit de leçons apprises sur les goûts des lecteurs : « En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignons, comme les articles sur les chatons, résume Scott Lamb, le responsable du développement international. Sur les réseaux comme Facebook ou Twitter, ils ont un profil social plus sérieux que nos lecteurs américains. Les Français ont envie d’échanger sur l’actualité. » Et seraient aussi friands d’information internationale.Comme exemple de contenu réussi, M. Lamb cite le questionnaire comparant des citations de 50 Nuances de Grey (E. L. James, éd. JC Lattès) et du livre de l’ex-première dame Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment (Les Arènes). Cécile Dehesdin relève des billets « au regard ironique, voire absurde », comme « les citations d’Eric Zemmour transformées en posters pour les toilettes ».Pour la maison mère BuzzFeed, l’adaptation faite en France dénote un ajustement de sa stratégie de développement international, cruciale. Déjà présente dans six pays avec sept éditions internationales, BuzzFeed veut s’implanter dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Mais, contrairement aux lancements français ou allemand, s’y dotera d’emblée d’équipes locales. Aujourd’hui, 35 % à 40 % de l’audience de BuzzFeed vient de l’extérieur des Etats-Unis, détaille M. Lamb. Et 40 journalistes (sur 250) sont implantés en territoire américain.Débaucher des journalistesL’autre grand axe stratégique est la vidéo : 60 « éditeurs » sont déjà au travail dans les studios montés à Los Angeles. La production de vidéos maison est d’autant plus importante que BuzzFeed est financé à 100 % par la publicité et s’est fait une spécialité de publier du « contenu de marque », rédigé pour ou par les annonceurs, mais ambitionnant d’être aussi accrocheur que les articles de la rédaction. La même logique est appliquée à la vidéo.Depuis trois ans, aux Etats-Unis, BuzzFeed poursuit une politique ambitieuse de développement d’un contenu d’actualité, recrutant des journalistes de médias établis, sous l’impulsion de Ben Smith, venu du site d’information Politico. Un moyen de conquérir de nouveaux lecteurs et de faire évoluer son image.Le site est aussi connu pour son usage très poussé des « données » : afin d’indiquer à chaque rédacteur les statistiques d’un article sur BuzzFeed et les réseaux sociaux, ou bien de cibler sciemment une catégorie sociale, comme les « Latinos », sous-représentés dans le lectorat… Enfin, une équipe de six personnes est chargée de développer du contenu spécialement dédié aux réseaux sociaux émergents comme Pinterest, Vine, Twitter ou Instagram, raconte M. Lamb, tout en précisant « qu’il est encore tôt pour savoir l’ampleur que cette activité va prendre ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 21h14 | Maryline Baumard La Turquie est dans la ligne de mire. Au goût des ministres français et allemands de l’intérieur, elle a trop fermé les yeux sur les départs de cargos de migrants à destination de l’Europe. Bernard Cazeneuve et son homologue allemand, Thomas de Maizière, viennent donc d’adresser une lettre au commissaire européen à la migration, Dimitris Avramopoulos, l’enjoignant de renforcer la coopération avec cet état qui « constitue au regard de la problématique de la traite et du trafic des personnes dans la zone méditerranéenne, un partenaire particulièrement important ». Le 31 décembre 2014 et le 2 janvier, alors que l’Europe était assoupie entre deux réveillons, deux « cargos poubelle » ont accosté sur les côtes du sud de l’Italie avec 1 200 migrants à leur bord, tous Syriens. Ces deux bateaux fantômes, à la dérive aux abords des côtes de l’Italie, ont dû être secourus, faute de quoi les migrants, abandonnés par les passeurs, étaient en danger de mort. Le Blue Sky M, c’est le nom du premier, et l’Ezadeen, le second, étaient tous deux partis du port de Marsin au sud de la Turquie. Or la missive des deux ministres rappelle que ces deux cargos ne sont pas des cas isolés et que « cinq autres cas ont été enregistrés » entre septembre et début décembre.Plus globalement, durant l’année 2014, ce sont 150 000 migrants qui auraient emprunté la très meutrière route de la méditerranée, aux mains de passeurs pour tenter de pénétrer la forteresse Europe, la situation en Irak et en Syrie ayant encore au fil des mois renforcé les masses de réfugiés en quête d’une nouvelle vie.Un contrôle actif « 24 heures sur 24 »Face à cette situation, MM. Cazeneuve et de Maizière demandent aujourd’hui qu’on associe davantage la Turquie, certes, mais aussi qu’on élargisse les missions de Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des limites extérieures de l’espace Schengen. « Frontex devrait, être sollicitée encore plus intensément, précise le courrier. Il serait en particulier souhaitable que Frontex et l’Agence européenne pour la sécurité maritime coopèrent plus étroitement afin de mettre en place, sous les hospices de l’agence, un dispositif complémentaire de surveillance aérienne ou maritime des mouvements de bateaux suspects à proximité des côtes turques ou chypriotes ». Un contrôle actif « 24 heures sur 24 ». L’idée des deux ministres reste « d’empêcher les départs depuis les côtes turques ». Il en va de « la crédibilité de l’Union européenne » estiment-ils, précisant que « ces pays doivent être mis en mesure » de faire cesser ce trafic. Un usage du passif qui en dit long sur la prise en main souhaitée de la part de l’Union.La réponse du commissaire Dimitris Avramopoulos devrait arriver avant la révision de la politique migratoire européenne, attendue pour le printemps. Le courrier franco-allemand cherche à cadrer les discussions. Depuis le 16 janvier, l’agence Frontrex, qui va fêter ses dix ans au printemps, est dirigée par un Français, Fabrice Leggeri. Sa mission risque d’être plus large que celle de son prédécesseur.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 19h42 Eclaboussé par un vaste scandale de corruption, le géant pétrolier brésilien Petrobras a confirmé, vendredi 6 février, la nomination à sa présidence d'Aldemir Bendine, actuel président de Banco do Brasil, en remplacement de Graça Foster, qui a démissionné mercredi.Lire le contexte : La patronne du pétrolier brésilien Petrobras poussée à la démissionLe groupe, majoritairement détenu par l'Etat brésilien, a également annoncé les nominations de cinq nouveau directeurs, en remplacement de ceux qui avaient démissionné mercredi, dont quatre sont des cadres de haut niveau du groupe pétrolier.RÉACTION NÉGATIVE DES MARCHÉSL'un d'eux, Ivan de Souza Monteiro, nommé au poste de directeur financier et des relations avec les investisseurs, était jusqu'à présent vice-président de la gestion financière et des relations avec les investisseurs au sein de Banco do Brasil (public), où il travaillait avec M. Bendine.La nominatation d'Aldemir Bendine, un banquier de carrière sans expérience dans le pétrole et proche du pouvoir, avait été annoncée vendredi matin par les principaux médias brésiliens. Elle a été accueillie de façon très négative par les marchés, faisant plonger lourdement les actions de Petrobras à la Bourse de Sao Paulo.Lire aussi (édition abonnés) : Petrobras, le scandale qui éclabousse le Brésil Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) Le vol de la compagnie Indigo vient à peine d’atterrir à Bhubaneshwar, une ville de l’est de l’Inde, ce vendredi 30 janvier, lorsqu’une jeune femme se lève de son siège et interpelle le passager assis derrière, filmant la scène avec son smartphone : « Vous pensez avoir le droit de me toucher n’importe quand et n’importe où ? Est-ce la première fois que vous faites cela ? Regardez-moi, monsieur, je suis en train de vous enregistrer. La prochaine fois que cela vous prendra, vous penserez à cette scène. Vous croyez que les filles doivent se laisser faire sans rien dire ? »L’homme, écrasé sur son siège, tente de cacher son visage puis, couvert de honte, lâche finalement d’une voix basse un pardon à peine audible. Quelques minutes plus tard, il prétendra avoir commis une « erreur », toujours devant la caméra de sa victime présumée. Visé par une plainte pour agression sexuelle, Il sera arrêté dès sa sortie de l’aéroport pour être entendu par la police. La vidéo, postée sur Internet, a fait le tour des réseaux sociaux.Omerta briséeEn regardant les images, impossible de ne pas penser à cette étudiante morte après avoir été victime d’un viol collectif, en décembre 2012, à Delhi et à ces milliers de manifestants descendus ensuite dans la rue, réclamant la fin de l’impunité pour les auteurs d’agressions sexuelles. Depuis, la loi a été durcie, et l’omerta a été brisée. Cette vidéo sonne comme une petite victoire. Elle montre la honte qui change de camp, la victime qui n’a plus peur d’affronter son agresseur. Et surtout elle n’est pas tombée dans l’indifférence générale. Elle a été relayée par des milliers de comptes Facebook et Twitter et vue près de 5 millions de fois sur YouTube. Le viol de Delhi, en décembre 2012, a réveillé les consciences, au moins dans les grandes villes, et les agressions sexuelles ne sont plus passées sous silence.Il est toutefois encore rare de voir en Inde l’agressée s’en prendre ainsi à son agresseur. Le chemin à parcourir est encore long. A commencer par la lutte contre la patriarchie, ce mal qui gangrène la société Indienne. Seule une femme sur cinq a son nom inscrit sur les titres de propriété de la maison où elle habite, et 4 sur 5 ont besoin de la permission de leur mari avant d’aller chez le médecin. Le viol marital n’est toujours pas condamné par la loi alors qu’il représente 97 % des violences sexuelles recensées dans le pays. Il faut enfin mieux former la police, et surtout accélérer les procédures judiciaires. Faute de quoi la justice se fera sur Twitter ou sur YouTube, rendue par la vindicte populaire. Après avoir posté sa vidéo sur Internet, la jeune femme a d’ailleurs déclaré qu’elle ne se faisait guère d’illusion sur les chances de voir sa plainte aboutir, dans un futur proche.Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Dan Mulllaney, le négociateur en chef américain pour le traité transatlantique (TTIP) et son homologue côté européen, Ignacio Garcia Bercero, se sont engagés, vendredi 6 février à Bruxelles, à l’issue du 8e round de discussions, à « intensifier les discussions ». Un 9e round est programmé, en avril, à Washington. Et une 10e séance de négociations devrait se tenir avant la pause estivale.La semaine de discussions entre experts, qui vient de s’achever, a donc semblé jouer son rôle : elle a été l’occasion, pour Européens et Américains, engagés dans la négociation du TTIP depuis l’été 2013, de prouver qu’ils avaient encore la volonté de le conclure.En 2014, les discussions s’étaient en effet considérablement enlisées. À cause, notamment, de la fronde des opinions publiques, surtout en Europe.Ce futur accord commercial vise moins à obtenir des baisses de tarifs douaniers qu’une harmonisation des réglementations (sociales, environnementales, etc.) des deux côtés de l’Atlantique, pour parvenir, à terme, à un marché unique transatlantique des biens et des services.L’ambition est donc totalement hors norme. Et beaucoup, dans les partis de la gauche européenne, les ONG, etc., s’inquiètent que les règles de protection des citoyens en pâtissent. Le même type d’inquiétudes a aussi émergé aux États-Unis.Créer un « super-régulateur »Qu’a t-il été décidé durant ce 8e round ? Rien de très concret. Mais tous les sujets du TTIP ont été abordés. Les tarifs douaniers, les marchés des services, et aussi la possibilité d’ouvrir davantage, notamment aux États-Unis, les marchés publics, un des principaux enjeux du TTIP pour les Européens.Ces derniers ont par ailleurs proposé l’idée d’un « super-régulateur », qui coordonnerait le travail des régulateurs américains et européens, pour travailler à un rapprochement des futures normes, une fois le traité signé. Y siégeraient des représentants des régulateurs des deux côtés de l’Atlantique. Mais pas de représentants de la société civile, a précisé M. Garcia Bercero.Lors du dernier conseil européen, à Bruxelles en décembre 2014, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne avaient déclaré qu’ils espéraient une conclusion, au moins politique, du TTIP avant fin 2015.Critiquée sur le manque de transparence des discussions, la Commission européenne, qui négocie au nom des 28 pays de l’Union, a déjà, à plusieurs reprises, essayé de corriger le tir, et de faire de la pédagogie. En rendant public le mandat de négociations, en échangeant de plus en plus de documents avec le Parlement européen.Pour prouver leur bonne volonté, Américains et Européens ont promis, vendredi, que les conclusions des négociations du 8e round seraient mises en ligne la semaine prochaine.» Lire également les différentes tribunes publiées sur le TTIP et ses enjeux : Traité transatlantique : une harmonie encore à trouverCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 16h33 • Mis à jour le06.02.2015 à 16h39 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La route vers le plein-emploi aux États-Unis n’a jamais été aussi dégagée depuis le début de la reprise. L’économie américaine a créé 257 000 emplois en janvier, selon les statistiques publiées, vendredi 6 février, par le Département du travail.Non seulement ce chiffre est largement supérieur à ce qu’anticipaient les économistes, mais en plus sa publication intervient après deux mois très porteurs en termes d’emploi. Cette séquence des trois derniers mois est la meilleure depuis 17 ans.Certes, le taux de chômage a grimpé de 0,1 point par rapport à décembre, à 5,7 %. En fait cette hausse est due au fait qu’un nombre plus important d’Américains est à la recherche active d’un emploi. Au cours des derniers mois, beaucoup se décourageaient et préféraient sortir des statistiques en abandonnant leur recherche.Cette remontée de ce qu’on appelle le taux de participation – c’est-à-dire la proportion d’Américains en âge de travailler qui ont un poste ou qui en cherchent effectivement un – peut être interprétée comme un signe de regain de confiance dans la dynamique du marché de l’emploi. Ce taux est remonté de 0,2 point en janvier, à 62,9 %, ce qui reste malgré tout un niveau historiquement bas.Néanmoins, la tendance de fond d’amélioration de l’emploi aux États-Unis est indéniable. Outre le bon chiffre de janvier, ceux de novembre et décembre ont été revus à la hausse. Avec 423 000 créations d’emplois (contre 353 000 estimés précédemment), novembre est ainsi le meilleur mois depuis 1997. En un an, l’économie américaine a créé 3,2 millions d’emplois.Aux Etats-Unis, « le rebond est vraiment en cours »Hausse des salairesAutre bonne nouvelle : les salaires commencent à frémir, laissant augurer un cercle vertueux capable de tirer la consommation, principal moteur de la croissance américaine. Le salaire horaire moyen a grimpé de 0,5 % en janvier par rapport au mois précédent, une évolution qui n’avait plus été constatée depuis novembre 2008.La hausse des salaires sur un an s’établit désormais à 2,2 %. Le rythme est encore modeste, mais dans un contexte d’inflation faible du fait notamment de la chute des prix du pétrole, c’est un signe encourageant pour la dynamique de croissance.Parmi les secteurs qui recrutent on trouve la construction (39 000 créations), l’industrie (22 000), la distribution (46 000), l’hôtellerie-restauration (37 100) et la santé (38 000). À noter le léger recul du secteur pétrolier, qui a perdu 1 900 emplois, principalement en raison de la baisse des investissements, en lien avec la chute des cours.La Réserve fédérale (Fed), lors de son dernier Comité de politique monétaire, le 28 janvier, avait souligné que « Les conditions du marché du travail continuaient à s’améliorer avec des gains solides en termes d’emploi et un taux de chômage plus bas », ajoutant qu’« une série d’indicateurs du marché de l’emploi suggère que la sous-utilisation des ressources du marché de l’emploi continue à diminuer. »La Fed se veut encore « patiente » avant de relever les tauxLes chiffres publiés vendredi sont plus que jamais de nature à encourager la Fed à resserrer sa politique monétaire au cours des prochains mois. Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 16h17 • Mis à jour le06.02.2015 à 16h22 Les combattants kurdes syriens se sont emparés, vendredi 6 février, de plusieurs dizaines de villages autour de Kobané tenus jusque-là par l'organisation djihadiste de l'Etat islamique, a déclaré l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sis à Londres et qui s'appuie sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires en Syrie.Les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont une nouvelle fois étendu leur contrôle territorial, s'emparant d'un total de 101 villages depuis qu'ils ont gagné à la fin de janvier la bataille de Kobané face à l'EI.« Ils contrôlent désormais un territoire allant de 15 à 25 km à l'est, à l'ouest et au sud de Kobané », ville située à la frontière de la Turquie, a déclaré le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.AU MOINS 13 MORTS DANS LES COMBATSLa bataille de Kobané, assiégée pendant plus de quatre mois par l'EI, revêtait une importance symbolique, les djihadistes en ayant fait un objectif majeur. La ville est désormais un véritable champ de ruines.Lire notre reportage à Kobané : Dans Kobané, libérée mais détruiteDepuis le 26 janvier, lorsque l'EI a fui Kobané, les combattants kurdes se sont progressivement emparés de dizaines de villages périphériques, parfois de simples hameaux.A certains endroits, les djihadistes de l'EI ont fui sans combattre les forces kurdes, mais dans plusieurs villages, des combats ont eu lieu. Ces affrontements ont fait au moins 13 morts vendredi dans les rangs de l'EI, selon l'OSDH. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le « patron » de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a annoncé, vendredi 6 février, la tenue d’une réunion extraordinaire des ministres des finances de la zone euro, consacrée à la Grèce.Plus précisément, une bonne partie de la discussion devrait porter sur la prolongation du plan d’aide financier dont bénéficie Athènes, afin de se donner le temps de négocier les termes d’un nouveau « contrat grec ».Mais, à ce stade, les Européens d’un côté et les Grecs de l’autre ne mettent pas les mêmes conditions à ce possible prolongement du programme d’aide. C’est sur le maintien ou non d’une supervision par la troïka des bailleurs de fonds du pays (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) que se cristallisent notamment les oppositions. Revue des enjeux.Grèce : ce que prônent les EuropéensQuel est l’objectif de cette réunion de l’Eurogroupe ?Elle a pour objectif de tenter d’arracher un accord avec les Grecs sur une prolongation, dite « technique », du deuxième plan d’aide (130 milliards d’euros, déclenché en 2012) dont bénéficie le pays.Il y a urgence à statuer sur ce sujet. Le programme de soutien financier arrive à échéance le 28 février. Mais le pays doit encore recevoir une dernière tranche d’environ 3,6 milliards d’euros.Or, pour que les Grecs bénéficient de ce dernier apport, ils doivent, au préalable, s’être mis d’accord avec leurs créanciers de la troïka. Cela signifie qu’Athènes accepte de mettre en place une série de réformes, exigées par la troïka.Le précédent gouvernement grec (celui d’Antonis Samaras) n’était pas parvenu à s’entendre avec la troïka sur ce sujet. À ce jour, le gouvernement d’Alexis Tsipras a indiqué qu’il souhaite s’affranchir des mesures dictées par ses créanciers.Si aucun accord n’est obtenu d’ici à fin février, la Grèce ne recevra pas les milliards prévus et risque le défaut.Cette réunion peut-elle être décisive ?Le rendez-vous du 11 février vise avant tout à « commencer les discussions au niveau ministériel », relève une source européenne. Il est peu probable qu’il aboutisse à une décision.« On accepte de discuter. C’est déjà beaucoup », relève une source au fait du dossier, à Bruxelles. « Même s’il ne sera pas conclusif, cet Eurogroupe aura cet avantage, vu les divergences de point de vue, de mettre les Grecs dans l’ambiance », ajoute une autre source européenne.C’est la réunion de l’Eurogroupe du 16 février, prévue de longue date, qui pourrait être décisive.Que vont proposer les Européens à la Grèce ?Ils prônent une « extension technique » du plan d’aide, d’au moins quatre ou cinq mois, c’est-à-dire boucler le deuxième plan d’aide, pour entrer un troisième mini-plan de soutien (avec une aide de quelques dizaines de milliards d’euros).Cela donnerait le temps de négocier avec Athènes les termes d’un nouveau « contrat » : liste de réformes, projet politique, maturité des dettes, taux des remboursements, etc.« On va préparer la discussion d’ici à mercredi autour du programme actuel, et de son extension, éventuellement adaptée », explique-t-on à Bruxelles.Le gouvernement grec est-il prêt à demander un prolongement du plan d’aide ?« D’ici à mercredi, le gouvernement grec devrait faire une proposition sur comment les choses doivent se poursuivre », a déclaré, vendredi, un porte-parole du ministère allemand des finances.Selon plusieurs sources européennes, les Grecs ont fait savoir, ces derniers jours, qu’ils voulaient qu’on leur aménage un plan d’aide « de transition », pendant trois ou quatre mois, pour leur laisser le temps de peaufiner leur nouveau « contrat avec l’Europe ».Mais le gouvernement de M. Tsipras y met une condition : il ne veut pas d’une poursuite de la supervision par la troïka.C’est un point de blocage. Pour les Européens, il n’est pas possible de se passer de la troïka tout de suite : il serait impossible de prêter de l’argent sans un "MOU" (memorandum of understanding), un document signé, qui engage la partie recevant des fonds à rendre compte. La troïka pourrait toutefois être renommée.Grèce : « une dette perpétuelle laisserait du temps pour conduire les réformes »Le gouvernement grec peut-il compter sur des soutiens ?M. Tsipras ne bénéficie objectivement d’aucun soutien. Les Allemands restent sur une ligne très dure, comme l’a montré le rendez-vous de jeudi 5 février, à Berlin, entre les ministres des finances, Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis.Les Espagnols, les Irĺandais, les Portugais, ou encore les Slovènes et les Lettons sont aussi très agacés - et c’est peu dire - par les prises de position des Grecs.Par ailleurs, même si le gouvernement grec finissait par accepter le principe de l’extension du second plan d’aide, tel que le présentent les Européens, il faudrait que cette extension soit validée par plusieurs Parlements de l’eurozone.Et la partie est loin d’être gagnée : les Allemands, par exemple, ne voteront pas facilement, les Finlandais non plus. Quant aux Néerlandais, ils n’ont pas digéré la visite de M. Dijsselbloem à Athènes, le 30 janvier, conclue par une poignée de main ratée avec M. Varoufakis après les propos cinglants de ce dernier sur la troïka.Berlin inflexible face à AthènesCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.01.2015 à 17h13 • Mis à jour le27.01.2015 à 17h29 La famille du copilote français de l'avion d'Air Asia qui s'était écrasé en mer de Java le 28 décembre 2014 a porté plainte à Paris, mardi 27 janvier, contre la compagnie pour mise en danger de la vie d'autrui. La plainte s'appuie sur le fait qu'Air Asia Indonesia, la filiale chargée du vol, n'avait pas l'autorisation de vol pour la liaison entre la ville indonésienne de Surabaya et Singapour le jour du crash, selon le ministère indonésien des transports.Peu après le décollage, le pilote de l'avion de la compagnie malaisienne avait demandé à prendre de l'altitude pour éviter des nuages très menaçants, mais n'avait pas reçu le feu vert immédiat du contrôle aérien en raison d'un trafic trop important dans ce secteur très fréquenté. L'Airbus A320-200 avec 162 personnes à son bord avait disparu des écrans radar peu après. « La famille souhaite que toute la lumière soit faite sur l'accident. Air Asia doit répondre de ses négligences coupables », a déclaré l'avocat des proches du copilote Rémi Plésel, Me Eddy Arneton.Lire le décryptage : Sécurité aérienne : en 2014, moins d’accidents mais plus de morts61 VOLS SUSPENDUS POUR VOL SANS AUTORISATION Du fait de la présence d'un Français parmi les victimes, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire pour « homicide involontaire », confiée à la gendarmerie des transports aériens. La famille de Rémi Plésel, 46 ans et embauché par Air Asia en 2012, demande la désignation d'un juge d'instruction, aux pouvoirs d'enquête plus étendus.L'encombrement de l'espace aérien en Asie du Sud-Est, du fait du développement du tourisme, pose de nombreuses questions de sécurité. Des infrastructures inadaptées et le manque de personnel bien formé face à la hausse du trafic restent en effet des sujets d'inquiétude, selon les experts. Le 9 janvier, le ministère indonésien des transports avait annoncé la suspension de 61 vols intérieurs effectués sans autorisation par cinq compagnies aériennes du pays, à la suite d'un audit lancé après l'accident.Plusieurs pistes ont été évoquées pour expliquer le crash, comme une ascension trop rapide de l'appareil, qui aurait ensuite décroché, ou la météo – du givre ayant pu provoquer la chute de l'avion. L'examen de la boîte noire, retrouvée le 10 janvier, devrait permettre d'en savoir plus.Lire aussi : Ce que l'on sait de l'avion d'Air Asia qui a disparulmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ejkqw"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ejkqw", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Madjid Zerrouky Peut-on effacer la dette de la Grèce ? Oui ! répond Jean-Luc Mélenchon. Pour le député européen Front de gauche et fondateur du Parti de gauche, il est tout à fait possible d'effacer la dette d'Athènes. Et de citer un précédent : l'Irak au début des années 2000. « La dette de l'Irak a été annulée d'un trait de plume. Il y en avait pour combien ? 120 milliards de dollars », a-t-il ainsi déclaré sur BFM-TV et sur son blog.Pourquoi c'est plus compliquéLa dette irakienne a, il est vrai, largement diminué à partir de 2004 après la chute de Saddam Hussein, passant de 120 milliards à 40 milliards de dollars en l'espace de six ans. Deux tiers de la dette extérieure du pays ont ainsi été effacés. Sauf que cette réduction ne s'est pas faite d'un « trait de plume », et les contreparties exigées alors par les créanciers sont justement celles que dénonce régulièrement Jean-Luc Mélenchon dans le cas de la Grèce.Comme le rappelait France Info, la dette irakienne était détenue en partie par des pays du Moyen-Orient d'un côté, et des pays occidentaux – dont la France, les Etats-Unis, l'Allemagne – et la Russie de l'autre. Lesquels font partie du Club de Paris, qui rassemble depuis 1956 les principaux pays créanciers industrialisés.Au 31 décembre 2004, l'endettement extérieur total de l'Irak était de 120,2 milliards de dollars, dont 37,158 milliards dus au Club de Paris et 60 milliards dus à l'Arabie saoudite, au Koweït et aux Emirats arabes unis, qui avaient « cofinancé » à coup de prêts la guerre de l'Irak contre son voisin iranien (1980-1988).3 étapes et des contrepartiesC'est Washington qui va conduire à l'annulation partielle de la dette à partir du printemps 2003. Les Etats-Unis viennent alors d'envahir le pays, de chasser Saddam Hussein du pouvoir, et s'emploient à « reconstruire » un Etat qu'ils souhaitent allié. Les Américains justifient alors leur démarche en qualifiant la dette contractée par le régime baassiste d'« odieuse » : une notion – non juridique – énonçant que la dette souveraine encourue sans le consentement des populations et sans bénéfice pour elles ne doit pas être transférée à l'Etat successeur. Selon le secrétaire américain au Trésor d'alors, John Snow, « le peuple irakien ne doit pas être accablé par des dettes contractées par le régime du dictateur déchu ».Une notion que Washington se gardera par la suite d'invoquer de peur de créer un précédent.Car si l'argumentaire se voulait généreux, le programme d'effacement de 80 % de la dette irakienne enclenché par le Club de Paris à partir de novembre 2004 d'un côté, et les pays du Golfe sur lesquels les Etats-Unis ont usé de leur influence de l'autre, s'est déroulé selon un processus en trois étapes soumises à conditions.Si 30 % du montant dû au Club de Paris ont été effacés sur le champ en novembre 2014, 30 % ont été conditionnés au respect par l'Irak d'une série de réformes exigées par le Fonds monétaire international (FMI) et les 20% restant après l'application effective du programme du FMI.Licenciements et privatisationsUn programme qui a eu des conséquences sur le niveau de vie des Irakiens. Citons, pêle-mêle, l'augmentation des prix de l'essence et du fioul avec l'alignement des prix des produits pétroliers sur ceux pratiqués dans les autres pays dans la région ; la baisse du montant des pensions ; la privatisation des entreprises publiques (hors secteur pétrolier) ; la fin des subventions et la libéralisation des prix des produits alimentaires ; des licenciements et le gel des salaires dans la fonction publique…Des mesures d'ajustement qui avaient à l'époque été vivement critiquées par les ONG luttant contre la dette, qui dénonçaient un chantage. Et qui ne sont pas sans rappeler le « traitement de choc » infligé par la « troïka » à Athènes depuis 2010. Traitement que Jean-Luc Mélenchon ne cesse de dénoncer.Madjid ZerroukyJournaliste au Monde Benoît Floc'h   Franck Schwab ouvre un livre. Le professeur d’histoire-géographie lit un extrait des mémoires d’André Balbin, rescapé du camp d’Auschwitz. « Imaginez le pire, et vous serez encore en dessous de la réalité. » Le passage évoque le départ des nazis emportant dans leur fuite les derniers rescapés du camp d’extermination. « Les traînards sont abattus », écrit André Balbin. Un soldat y est préposé. Dans la fuite, les déportés se soutiennent les uns les autres, comme ils peuvent, aussi longtemps que possible. Parfois, l’un d’eux tombe... « On se bouche les oreilles », écrit Balbin, pour ne pas entendre la détonation qui l’achève. Les élèves, en classe de terminale au lycée Loritz de Nancy, écoutent le récit dans un silence impressionnant.Le cours progresse. Franck Schwab projette de nombreux documents sur un écran. Des cartes, des plans, des photos (l’entrée d’Auschwitz, un déporté...), des dessins (le retour d’une journée de travail où l’on voit des prisonniers porter « les morts de la journée »). Le professeur raconte Auschwitz, donne les dates, le contexte, évoque la construction de la mémoire. Il lit des témoignages.Auschwitz, complexe symbole du malCelui de Primo Levi, mais aussi, donc, celui d’André Balbin. Ce dernier « habitait non loin d’ici », évoque le professeur. « Il venait régulièrement au lycée raconter la déportation. A 90 ans, il parlait encore français avec un accent polonais à couper au couteau. Le type même de l’immigré en apparence inassimilable », poursuit M. Schwab, en réalisant que le mot n’est pas tout à fait celui qui convient. Le professeur montre aux élèves que, même s’ils ne s’en rendent pas compte, l’histoire est là, à leur porte. Il montre aussi que nul n’est à l’abri : « Au moment de la guerre, il y avait 300 000 juifs en France, dont la moitié était immigrée. Ce sont les étrangers qui ont été déportés en premier. Dans ce type d’événements, ce sont toujours les plus vulnérables qui sont frappés d’abord, victimes du racisme. » Dans la salle, quelques enfants issus de l’immigration.« Influences contraires »L’attention est extrême. A part deux ou trois garçons qui s’amusent avec un portable au fond de la classe, l’écrasante majorité des élèves est concentrée, grave. Quelques uns ont le regard fixe, perdu dans le vide. L’évocation de l’horreur nazie bouscule. Oui, « on en entend parler tout le temps », confie l’un des élèves. Mais « non », ce n’est pas trop. « Cela reste notre histoire, justifie le jeune homme, et il ne faut pas que cela se reproduise. »La discussion lancée par le professeur roule sur Dieudonné : « C’est un rigolo, mais derrière la déconnade, il y a un discours politique, explique M. Schwab. Et certains sketches auraient été un coup au coeur pour M. Balbin, s’il avait encore été là. » On parle d’Internet, aussi, et des théories du complot. « On a conscience qu’il faut faire attention, témoigne Walid Tougani, 17 ans. On sait faire la part des choses. On n’adhère pas forcément plus que les adultes à la théorie du complot. »C’est néanmoins à ces « influences contraires » que M. Schwab attribue les difficultés qu’il perçoit « depuis cinq à sept ans » pour enseigner la Shoah. En général, cela se passe bien, et le cours du 21 janvier en témoigne. Mais « c’est moins facile qu’avant », dit-il. « Il n’y a pas d’opposition franche, précise-t-il. Mais plus de réticence, d’indifférence affectée de la part de certains élèves. Peut-être un ras-le-bol. Ce n’est pas systématique. »C’est que, outre les « influences contraires », il s’agit d’un cours où il faut particulièrement « emmener les élèves ». « Les réactions de rejet que l’on signale ici et là peuvent parfois s’expliquer par un mauvais ’feeling’ entre professeur et élèves, estime M. Schwab. Ce peut aussi être le cas si ceux-ci sentent que l’enseignant maîtrise mal le sujet, ou ne domine pas le côté affectif de la question. »Des collégiens à Auschwitz : « Ici, on sent tout de suite la mort » Benoît Floc'hJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ricard (Pologne, envoyé spécial) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2fq1db"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2fq1db", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Ils sont trois cents, rassemblés à l'entrée du camp de la mort. Trois cents survivants ont été invités, mardi 27 janvier, à commémorer les 70 ans de la découverte du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau par l'Armée rouge, en compagnie d'une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Un immense chapiteau blanc a été dressé à l'entrée du site. A l'intérieur, les participants font face au tristement célèbre mirador, qui surveillait la voie ferrée d'accès aux lieux, située à quelques encablures des chambres à gaz, au milieu des rangées de baraques. Ici, plus de 1,1 million de personnes ont été exterminées par les nazis, dont un million de juifs, avant la libération du camp par l'armée rouge le 27 janvier 1945.« C'EST LEUR VOIX QUI PORTE LA MISE EN GARDE »Les cérémonies ont commencé à 15 h 30 dans cette région du sud de la Pologne balayée par la bise et la neige. Les survivants de différents pays, dont une centaine venus d'Israël, ont d'abord écouté le président polonais, Bronislaw Komorowski, et les témoignages poignants de trois rescapés venus de Pologne, d'Israël et des Etats-Unis. « Je pensais qu'un jour, je passerai par le crématorium, sans connaître l'effet d'un baiser d'amour », s'est souvenue l'une des survivantes, déportée à l'âge de 14 ans. « Pour moi, il est impossible d'oublier même pour une seconde les atrocités observées », a raconté un ancien déporté, en ravalant ses sanglots : « Cela suffit pour me réveiller la nuit jusqu'à la fin de mes jours. »« C'est leur voix qui porte la mise en garde contre notre capacité de pratiquer l'humiliation, la haine et le génocide, explique Piotr Cywinski, le directeur du Musée national d'Auschwitz-Birkenau : bientôt, ce sera à nous, les générations de l'après-guerre, de transmettre le leg que nous font les survivants. » Le réalisateur américain Steven Spielberg, présent aux cérémonies, a présenté un documentaire préparé pour l'occasion, peut-être la dernière fois qu'autant de rescapés sont en mesure d'être là pour se souvenir, et témoigner. Différentes prières ont ponctué l'hommage.Bougies en main, survivants et officiels devaient ensuite, à la nuit tombante, marcher en procession vers le monument aux victimes, installé près des restes des chambres à gaz et fours crématoire détruits par les nazis avant d'abandonner les lieux. Trois représentants de survivants ont ouvert la marche, accompagnés de jeunes.Lire sur Big Browser : Dans les camps, le dessin comme témoinPOUTINE ABSENTlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2fqrw7"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2fqrw7", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Chefs d'Etat et de gouvernement suivaient, en présence du président allemand, Joaquim Gauck, et de nombreux responsables religieux. Le mémorial est situé au-delà des quais où les déportés descendaient des trains. Les uns, surtout les femmes et les enfants, pour être directement gazés, puis incinérés. Les autres, pour rejoindre les baraquements alignés par dizaines sur le site.Les cérémonies surviennent à un moment particulier en Europe. En France, les attentats de Paris ont rappelé que la violence antisémite continue de menacer la communauté juive. Plusieurs intervenants ont fait référence aux récentes attaques pour constater que les juifs sont encore « ciblés pour ce qu'ils sont ». Avant son déplacement en Pologne, François Hollande, a exhorté les juifs de France à ne pas quitter leur pays pour Israël : « la France est votre patrie », a insisté le chef de l'Etat.Le continent est par ailleurs plongé dans une ambiance de néo guerre froide, en raison de la crise avec la Russie au sujet de l'Ukraine. Le président russe, Vladimir Poutine, a décidé de ne pas venir aux commémorations, en prétextant ne pas y avoir pas été invité. La Russie reproche à la Pologne de minimiser le rôle des forces soviétiques dans la libération du camp. Quelques jours avant les 70 ans, le ministre polonais des affaires étrangères a jugé que le camp avait été libéré par les Ukrainiens.Depuis Moscou, où il participait à une cérémonie au musée du judaïsme, M. Poutine a qualifié d'« inacceptable » toute « tentative de réécrire l'Histoire ». « Souvent, derrière ces tentatives il y a le désir de cacher sa propre honte, la honte de sa lâcheté, hypocrisie et trahison, de cacher sa complicité tacite, passive ou active avec les nazis », a ajouté le président russe. Philippe Ricard (Pologne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) S’il ne fallait qu’une preuve de l’embarras de Berlin après la victoire de la Syriza en Grèce, le communiqué publié par Angela Merkel l’apporterait. D’habitude très prompte à féliciter ses homologues, la chancelière allemande a cette fois attendu mardi matin, à 11 heures, pour publier un communiqué qui tient en quelques lignes :« Très honoré monsieur le premier ministre, je vous félicite pour votre nomination comme premier ministre de la République grecque. Vous prenez vos fonctions dans une période difficile et faites face à une grande responsabilité. J’espère que la collaboration avec vous permettra de consolider et d’approfondir la traditionnelle et profonde amitié qui lie nos deux peuples. Je vous souhaite beaucoup de force et de succès dans votre fonction de premier ministre. Sincères salutations. » La différence de ton avec le communiqué de l’Elysée est frappante. Dès lundi, le président de la République a d’ailleurs invité le vainqueur des élections de dimanche, Alexis Tsipras, à Paris, ce que n’a pas fait Angela Merkel. Sans doute pour des raisons en partie tactiques. Lundi, son porte-parole, Steffen Seibert, a rappelé qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une confrontation entre la Grèce et l’Allemagne mais d’une discussion qui va concerner l’ensemble des Etats européens. Il est donc clair que l’Allemagne ne souhaite pas se mettre en première ligne dans les semaines à venir mais va chercher à peser sur l’attitude des autres Européens.« Un vieux routier de la politique »La Grèce sera évidemment au menu des discussions qu’Angela Merkel aura ce mercredi avec le polonais Donald Tusk, nouveau président du Conseil européen, et avec François Hollande et Martin Schulz, président (social-démocrate) du Parlement européen. Le rôle de ce dernier sera intéressant tant le Parti social-démocrate semble également décontenancé par ce qui se passe en Grèce. « Celui-ci n’accorde pas à la Syriza le crédit politique que lui accorde le Parti socialiste », analyse Ernst Hillebrand, responsable des questions européennes à la Fondation Friedrich Ebert. Seul espoir de la coalition au pouvoir à Berlin : qu’Alexis Tsipras oublie une partie de ses promesses électorales et se montre plus conciliant. « Son élection n’est pas une surprise et malgré les apparences, c’est déjà un vieux routier de la politique. On espère qu’il se montrera réaliste », résume M. Hillebrand.C’est aussi ce qu’espère une partie de la presse. Mardi, la Süddeutsche Zeitung se voulait optimiste. « Si les Grecs, avec Tsipras, balaient la corruption, ne créent plus d’emplois de complaisance dans l’administration et imposent réellement les plus riches, alors les Allemands, avec Merkel, doivent faire des concessions sur les taux d’intérêts, le rééchelonnement de la dette et les investissements. C’est dans l’intérêt de tous. »D’ailleurs, pour le quotidien de centre-gauche, l’enjeu est en partie symbolique. « Le rééchelonnement de la dette que Tsipras présente depuis des mois comme le remède miracle aiderait en réalité bien peu la Grèce. Comme les pays de la zone euro ont déjà prolongé sur 30 ans et plus le remboursement des crédits accordés à Athènes, le gouvernement grec n’a aucun euro à rembourser avant 2020. Seuls tombent les intérêts », fait valoir le journal.Un Parlement démocratiquement éluC’est aussi ce que pense le quotidien berlinois de gauche, la Tageszeitung. Pour celui-ci, cette victoire historique est considérée comme « une chance que la Grèce se débarrasse de décennies de corruption et de népotisme, dont Nouvelle Démocratie et le Pasok étaient inséparables ». Néanmoins, le journal met en valeur les dangers auxquels la Syriza est confrontée : avec sa rhétorique de campagne, elle a produit des « espoirs insatiables » et des « ennemis dangereux », or elle « n’échappera pas à des négociations avec les bailleurs de fonds européens ».En conclusion de son analyse, la « Taz » avertit ceux qui pourraient contester l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir en Grèce : « La Grèce a démocratiquement élu son Parlement. Le résultat obtenu est digne de respect. Sinon, l'appareil de la démocratie sera mis en danger – et pas seulement à Athènes. » C’est donc la démocratie qui prévaut : il convient de respecter le choix électoral du peuple grec et de ne pas le prendre à la légère : « les Européens seront bien avisés de mener les négociations avec sérieux ».La Frankfurter Allgemeine Zeitung, quotidien conservateur, explique en quoi il est « inconcevable que les Grecs annulent leurs dettes immédiatement », rappelant notamment que la zone euro veut « éviter de créer un précédent ». Le journal de Francfort nie que les Grecs soient submergés par une dette élevée : « le populiste Alexis Tsipras a affirmé que la dette publique, atteignant 180 % du PIB, “étouffe” l'économie grecque. Ceci est faux, au moins à court terme. » Et d’expliquer que les prêts accordés à la Grèce ont des termes très éloignés dans le temps et surtout « inférieurs en moyenne à ce que l’Allemagne paie pour sa dette publique ».Des « concessions minimes mais répétées de la part des autres pays » pourraient selon la FAZ, permettre à Syriza « de conquérir les Grecs sur d’autres terrains plus douloureux » : un « espoir », selon le journal, qui estime de toute façon que les réformes promises par Tsipras ne seront pas réalisables « par manque de ressources ».Des réformes plus faciles à mettre en place« D’un point de vue économique, un “Grexit” ne serait plus aussi risqué qu’il était considéré il y a quelques années, à cause des plans de sauvetage et des actions de la Banque centrale. » A la question « Que signifierait un “Grexit” ? », à savoir une sortie de la Grèce de la zone euro, le quotidien résume sans ambages qu’« il en coûterait beaucoup d’argent au contribuable allemand ».C’est sans surprise que le quotidien Bild mettait en avant ce sujet. Mardi, celui-ci titrait sous une photo d’Alexis Tsipras : « Ses promesses nous coûtent 20 milliards d’euros. » Cette somme résulte de l’évaluation des promesses de campagne effectuée par l’Institut pour l’économie mondiale de Kiel. La Syriza évalue son programme à 12 milliards d’euros.Appartenant au même groupe de presse Springer, le quotidien conservateur Die Welt adopte un point de vue original en mettant en valeur la plus grande facilité qu’aura Alexis Tsipras à mettre en œuvre des réformes nécessaires : « La confiance populaire dont bénéficie Tsipras joue en sa faveur. Contrairement aux représentants des partis traditionnels, il n'est pas perçu dans le pays comme la marionnette des créanciers étrangers, grâce notamment à ses sorties contre Bruxelles et Berlin. Qui d'autre que lui pourrait arriver à imposer les réformes nécessaires en dépit des résistances ? » Ainsi, selon Die Welt, les Grecs pourront, grâce à « cet excellent populiste », cesser de « nier la réalité ».Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) L'essentielYanis Varoufakis, pourfendeur de « la dette odieuse », devient ministre des finances.Panos Kammenos, membre du parti de droite populiste des Grecs indépendants, et allié de Syriza, est nommé ministre de la défense.Le gouvernement comporte une dizaine de portefeuilles ministériels, regroupant une quarantaine de membres.Le premier gouvernement de M. Alexis Tsipras a été dévoilé, mardi 27 janvier. Resserré autour d'une dizaine de portefeuilles, il comporte notamment quatre « hyperministères » tournés vers les réformes économiques et attribués aux personnalités chargées ces dernières années de mettre en place le programme économique de Syriza. En incluant les vice-ministres et secrétaires d'Etat, il compte une quarantaine de membres, dont sept femmes.Lire le décryptage : Les questions que vous vous posez après la victoire de Syriza en GrèceYanis Varoufakis à  la tête des finances Avant même l'annonce officielle, l'universitaire polyglotte Yanis Varoufakis avait annoncé sur son blog qu'il était nommé ministre des finances. Agé de 53 ans, ce professeur d'économie à l'université d'Austin, au Texas, est étiqueté comme un des « radicaux » de Syriza, dont il s'est rapproché récemment.Pourfendeur de « la dette odieuse », il est un fervent partisan de la fin des mesures d'austérité, qui ont provoqué, selon lui, « une crise humanitaire ». Très actif sur les réseaux sociaux et dans les médias, il a conseillé Georges Papandréou, de 2004 à 2006, quand ce dernier était président du Pasok. Il est également connu pour son travail statistique sur les jeux vidéo.M. Varoufakis, qui avait vivement critiqué les plans de sauvetage de la Grèce, a expliqué vouloir mettre en place de profondes réformes pour l'économie grecque, « indépendamment de ce que [les] créditeurs demandent », et sans souscrire un autre prêt : « Notre Etat doit vivre par ses propres moyens dans le proche futur. Nous sommes prêts à mener une vie austère, ce qui est différent de l'austérité ! »Lire son portrait (édition abonnés) : Yanis Varoufakis, la nouvelle tête des finances grecquesYannis Dragasakis, vice-premier ministre Yannis Dragasakis, 68 ans, devrait superviser l'ensemble de l'action économique ainsi que les négociations avec les créanciers du pays. Transfuge du Parti communiste et député d'une circonscription d'Athènes, il dirige depuis deux ans un comité interne à Syriza réfléchissant à un modèle de développement pour la Grèce.Un autre « hyperministère » de l'économie, des infrastructures, de la marine marchande et du tourisme revient à l'économiste Georges Stathakis. Celui de la restructuration de la production, de l'environnement et de l'énergie revient à Panayotis Lafazanis, représentant de la plate-forme de gauche, courant contestataire interne à Syriza auquel M. Tsipras devait donner des gages. Le quatrième gros ministère, attribué à Aristides Baltas, regroupe la culture, l'éducation et les affaires religieuses.Panos Kammenos à la défense Fruit de l'alliance entre la Syriza et les Grecs indépendants (ANEL), Panos Kammenos, membre du parti de droite populiste, obtient le portefeuille qu'il convoitait. La concession est importante de la part de Syriza : tenant d'une ligne nationaliste dure vis-à-vis de la Turquie ou encore de l'ARYM, pays auquel il refuse de reconnaitre l'appellation de Macédoine, la tête de file des souverainistes de droite se situe à l'opposé des positions jusqu'ici défendues par Syriza sur ces questions.L'universitaire et ancien conseiller de l'ex-premier ministre socialiste Georges Papandréou, Nikos Kotzias, a été nommé ministre des affaires étrangères. Les ministères de la santé, de l'emploi et de la justice ont été respectivement répartis entre Panayotis Kouroublis, Panos Skourletis et Nikos Paraskevopoulos.Les quarante membres du gouvernement prêteront serment à 17 heures lors d'une cérémonie laïque pour tous ceux qui ne souhaitent pas jurer sur la Bible, comme l'a fait hier Alexis Tsipras lors de sa prestation de serment en tant que premier ministre. Une bénédiction religieuse sera parallèlement prévue pour ceux, comme Panos Kamménos, qui souhaitent la bénédiction de l'Eglise orthodoxe.Lire le portrait : Panos Kammenos, l’encombrant allié d’Alexis TsiprasLa Bourse d'Athènes chute de près de 4 %L'Athex  a chuté au moment où était annoncée la composition du nouveau gouvernement. L'indice général qui avait ouvert dans le rouge à 813 points est descendu jusqu'à 761 points, soit – 6,39% en milieu d'après-midi. L'Athex est ensuite légèrement remonté àet a clôturé à -3,69 % (793 points).Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Clément Martel (Dresde, envoyé spécial) Depuis douze semaines, le mouvement « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » (Pegida) rassemble chaque lundi plusieurs milliers de personnes dans les rues de Dresde (Saxe) et d’autres villes d’Allemagne. Né en octobre, le groupe Pegida revendique sa volonté de faire barrage au « fanatisme religieux et à toute forme de radicalisme », et plus précisément à « l’islamisation » de la société allemande, ou encore le multiculturalisme, qui diluerait la culture chrétienne allemande. Cela passe notamment pour eux par la fin de « l’abus de l’asile » dans un pays qui est devenu la première destination européenne des migrants. Si la chancelière allemande, Angela Merkel, a rejeté ces rassemblements « racistes », le mouvement doit de nouveau rassembler lundi 12 janvier, appelant, outre ses mots d’ordre habituels, à rendre hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo, qui ont fait 17 victimes en France la semaine passée.Suivant de près Pegida depuis son lancement et enseignant à l’université technique de Dresde, le politologue Werner Pazelt décrypte ce mouvement pour Le Monde.Le Monde : Comment définir exactement le mouvement Pegida qui appelle à manifester lundi soir, et avez-vous été étonné de l’ampleur qu’il a pris ? Werner Pazelt : On n’a jamais connu un tel mouvement en Allemagne. Pegida, c’est une manifestation régulière à laquelle prennent part des gens qui s’inquiètent que la classe politique ait transformé l’Allemagne en un pays d’immigration sans avoir une politique bien définie sur la question. Ils craignent pour la société et la culture allemande. Beaucoup de personnes estiment que ce que l’on trouve dans les médias, en particulier à propos de la question de l’immigration, ne reflète pas ce qu’ils pensent. Exprimer ces « sentiments inavouables », c’est un phénomène européen, avec le Front national en France, les Démocrates suédois ou UKIP au Royaume-Uni, mais c’est absolument nouveau en Allemagne.En Allemagne, le discours raciste se banaliseJe n’avais pas imaginé que ce mouvement puisse prendre une telle ampleur, car au départ on a pensé qu’il s’agissait de rassemblements de personnes d’extrême droite. Or, on a ensuite constaté qu’un grand nombre de citoyens ordinaires participaient à ces manifestations parce qu’ils ont le sentiment que les gens qui parlent pour Pegida expriment – de façon assez simpliste – les soucis qu’ils ont. Cette transformation d’une petite manifestation de gens d’extrême droite en une manifestation populaire m’a vraiment étonné.Le Monde : Pegida a appelé à rendre hommage aux victimes des attentats de Paris, ce qui a indigné ses opposants, y compris le ministre de la justice allemand, qui a dénoncé « l’exploitation » du drame par le mouvement. A quoi doit-on s’attendre lundi soir ?Il y aura beaucoup plus de monde ce soir dans les rues de Dresde que la semaine passée, car les événements de Paris ont convaincu les participants aux « Montagsdemo » que leurs préoccupations sont fondées, qu’il y a vraiment un danger avec une certaine islamisation et des jeunes musulmans radicaux qui rejettent notre culture libérale. Ils ne sont pas contre les musulmans, ou le monde musulman, mais ce qu’ils veulent dire, c’est : « Ce qui s’est passé à Paris, c’est quelque chose dont nous ne voulons pas en Allemagne. »Quant aux déclarations d’Angela Merkel et de Heiko Maas [ministre de la justice allemand], elles sont absolument contre-productives et ont nourri le mouvement. Car en disant « ces gens-là sont plein de haine », elle s’est attiré la réaction des citoyens ordinaires de Pegida, uniquement en désaccord avec la politique d’immigration et voulant être pris au sérieux.L’Allemagne se mobilise contre l’islamophobieLe Monde : Pegida n’est pas un parti politique, mais que réclament-il ? Et l’émergence d’un tel mouvement populaire est-elle un bon signe pour la démocratie allemande ?L’un des problèmes du mouvement Pegida, c’est que ce n’est pas une organisation, ni un parti, capable de s’exprimer de manière organisée. Ce mouvement a vu le jour plus ou moins par hasard, et les organisateurs sont eux-mêmes étonnés par leur succès. Ce ne sont pas des politiciens, ils ne s’expriment pas bien, ils ont peur des médias, et n’ont aucun mandat politique. Et jusqu’à présent, ils n’ont pas essayé de faire acclamer leurs idées par les manifestants. Donc pour la classe politique, c’est compliqué d’entamer des relations avec le mouvement.Et comme ils ont l’impression que personne ne veut les comprendre, et que la presse ne fait que les caricaturer, les membres de Pegida ne veulent plus s’exprimer, ce qui est une faute politique. Car sans dire ce que l’on veut, personne ne peut comprendre exactement. Mais de son côté, la classe politique doit aussi prendre ce mouvement au sérieux, car sinon, on s’oriente vers une bipolarisation entre les élites politiques et le peuple, ce qui n’est pas bon pour notre démocratie.Clément Martel (Dresde, envoyé spécial)Journaliste au Monde 12.01.2015 à 16h16 • Mis à jour le12.01.2015 à 17h07 | Guy Dutheil L’essor des compagnies aériennes low cost au détriment des compagnies « historiques » ne se dément pas en Europe. Comme une baignoire qui se vide, les passagers des compagnies européennes classiques privilégient toujours un peu plus les transporteurs à bas coûts. Bilan de l’année 2014.Un rapport de un à deux pour la croissanceSi l’on regarde la croissance du trafic passager l’an dernier, la palme revient à un représentant des compagnies traditionnelles : IAG, maison mère de Bristish Airways totalise 15 % de passagers en plus, soit 77,3 millions au total. Ce bond s’explique par l’intégration des résultats de Vueling, sa filiale espagnole à bas coûts.Chez les acteurs du low cost, easyJet, la plus rentable des compagnies européennes, devance, avec une hausse de 6,5 % du trafic passager (à 65,3 millions), sa rivale irlandaise Ryanair : cette dernière a vu son trafic passager progresser de 6 %, à 86,4 millions de personnes, confortant ainsi la place de leader européen qu’elle détient depuis 2010.Si l’on compare les taux de croissance des deux principaux acteurs du low cost aérien et ceux affichés par l’ensemble des compagnies classiques (Air France, Lufthansa et autres British Airways), on voit que la hausse moyenne enregistrée par ces dernières n’est que de 2,7 %.Ryanair et easyJet : des compagnies low cost championnes d’Europe des bénéficesUn podium inchangéLa compagnie allemande Lufthansa approche les 107 millions de passagers transportés au total quand on englobe ses différentes marques (Lufthansa, Germanwings, Swiss, Austrian).Elle conserve ainsi son rang de numéro un européenne. Mais elle le doit à ses lignes long-courriers, car, pour les seuls vols intra-européens, elle totalise un peu plus de 79,2 millions de passagers. Soit moins que Ryanair : la compagnie à bas coût revendique 86,4 millions de passagers.Air France-KLM conserve de justesse sa troisième place. Le groupe, présidé par Alexandre de Juniac, a réuni 77,4 millions de passagers au total, soit une très légère hausse de 0,5 %.Air France bousculé en Europe et en AsieAir France ne totalise que 52,7 millions de passagers sur les liaisons intra-européennes, soit un recul de 35 000 passagers. La faute, pour partie, à la grève des pilotes, lors de la deuxième semaine de septembre.Plus encore que le conflit avec ses navigants, Air France-KLM souffre de l’impact de la restructuration de son réseau domestique : face à la concurrence de plus en plus dure des compagnies à bas coûts, Air France-KLM a engagé une politique sinon de fermetures de lignes en tout cas de réduction du nombre des fréquences de certaines dessertes.La seule « vraie satisfaction » pour le groupe est Transavia, sa filiale low cost. L’an dernier, elle aura transporté 9,9 millions de passagers, soit une progression de 11,4 %.Les bénéfices d’Air France s’effilochentMis à mal par les low cost en Europe, Air France-KLM est aussi bousculé par la montée en puissance des compagnies du Golfe sur ses lignes long-courriers. Notamment en Asie.Alors que les Emirates, Qatar Airways et autres Etihad, qui achètent des avions neufs à tour de bras, font le plein de passagers en Asie, le remplissage des appareils d’Air France-KLM a stagné d’une année sur l’autre.Il y a là-bas « une explosion du trafic mais qui profite totalement aux compagnies du Golfe. Ce sont elles qui poussent le trafic » à la hausse, fait-on valoir du côté du groupe franco-néerlandais.Cette concurrence acharnée a pour conséquence « une pression sur les prix ». Au point que chez Air France-KLM, on redoute de ne « pouvoir maintenir les lignes déficitaires. »Il reste qu’en France, Air France peut encore voir venir. La compagnie présidée par Frédéric Gagey y détient 77 % de part de marché.Une offre low cost qui n’est « pas encore stabilisée »Le poids pris par les compagnies à bas coûts Ryanair et d’easyJet ne devrait pas se réduire avant un petit moment : au moins dans les quatre ou cinq prochaines années, indique-t-on chez les compagnies régulières. Le temps pour les Transavia, Vueling ou Germanwings, filiale low cost de Lufthansa, de monter en puissance.« L’offre low cost n’est pas encore stabilisée. Elle va continuer à croître », signale un cadre dirigeant d’une compagnie classique. À l’en croire, « Il y a en Europe un vrai potentiel notamment vers les villes de taille moyenne ».Lire aussi : Lufthansa affirme son orientation low costGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.01.2015 à 14h38 • Mis à jour le12.01.2015 à 14h41 | Chloé Hecketsweiler Un chèque de 5,2 milliards de dollars. Voilà ce que s’apprête à signer le laboratoire pharmaceutique irlandais Shire pour acquérir la biotech américaine NPS Pharmaceuticals. Inconnu du grand public, ce laboratoire est spécialisé dans les maladies rares.Maladies rares : Shire veut absorber NPS PharmaceuticalsContre toute attente, cette niche est devenue l’une des plus lucratives du secteur pharmaceutique. Décryptage de Nadège Penhaleux, directrice de mission chez Alcimed, société de conseil en innovation et développement de nouveaux marchés.Pourquoi les laboratoires pharmaceutiques s’intéressent-ils aux maladies rares ?Grâce aux mécanismes incitatifs mis en place aux États-Unis comme en Europe, c’est devenu un marché très lucratif. Un médicament ayant obtenu la désignation orpheline bénéficie d’un accès plus rapide au marché et d’une exclusivité de 10 ans (7 ans outre-atlantique).Cette sanctuarisation permet aux laboratoires de rentabiliser leur investissement avant l’arrivée de médicaments concurrents.L’autre élément déterminant est le prix généralement élevé accordé à ces traitements : jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros par an et par patient pour des médicaments comme Soliris (Alexion), des thérapies de remplacement enzymatique comme Fabrazyme (Sanofi), Replagal (Shire) ou encore Kalydeco (Vertex Pharmaceuticals).Enfin, les recherches sur les maladies « rares » - qui touchent moins d’une personne sur 2 000 selon la définition européenne, ou moins de 200 000 patients aux États-Unis - peuvent aussi être très précieuses pour développer des traitements pour des maladies bien plus courantes.En 2014, l’Agence européenne a donné son feu vert à un nombre record de médicaments orphelins, qui représentaient 17 des 82 autorisations de mise sur le marché. Cette tendance va-t-elle se poursuivre ?On recense environ 7 000 maladies rares et il n’existe des traitements que pour 2 % d’entre elles. Le potentiel de ce marché - estimé à un peu moins de 100 milliards de dollars en 2014 - est donc gigantesque. Selon Evaluate Pharma, il faut s’attendre à une croissance annuelle des ventes de 10,5 % par an entre 2014 et 2020.Les grands laboratoires investissent tous dans ce créneau. Le Suisse Novartis détient le plus grand portefeuille de médicaments, le français Sanofi a acquis Genzyme, une biotech pionnière dans ce domaine, l’américain Pfizer dispose d’une unité de recherche dédiée et le britannique GSK a créé son propre fonds de capital-risque pour investir dans les biotechs du secteur.Moins connu du grand public, Celgene a aussi acquis une grande expertise dans ce domaine.Quelles sont les limites de ce business model ?Les payeurs commencent à s’inquiéter de l’inflation des prix. Plusieurs laboratoires ont dû revoir leur prix face au refus des autorités de payer le montant initialement demandé.Les associations de patients sont cependant très mobilisées pour faire avancer la recherche et garantir l’accès aux traitements.Chloé HecketsweilerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.01.2015 à 13h06 • Mis à jour le12.01.2015 à 16h39 C'est peut-être l'une des rares bonnes nouvelles en provenance d'Afghanistan. Un nouveau gouvernement d'union nationale a été nommé, lundi 12 janvier à Kaboul, plus de trois mois après l'investiture du président Ashraf Ghani, alors que l'impasse politique menaçait de miner la relance économique et de nourrir l'insurrection islamiste.Lire (édition abonnés) : Afghanistan : les trois défis d’Ashraf GhaniLe secrétaire général de M. Ghani, Abdul Salam Rahimi, a lu les noms de vingt-cinq ministres, dont trois femmes, qui vont former le nouveau cabinet, après plusieurs semaines de négociations entre les deux anciens rivaux de la présidentielle de 2014, le président et son chef de l'exécutif Abdullah Abdullah.Cette longue attente a fait naître des craintes sur l'incapacité de la nouvelle administration à surmonter ses désaccords alors que les troupes de combat déployées sous commandement de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et des Etats-Unis ont été retirées à la fin de l'année dernière.Lire : Après le départ de l’OTAN, l’armée afghane tiendra-t-elle le choc ?VOTE DE CONFIANCELes membres du gouvernement seront soumis à un vote de confiance au Parlement, a indiqué le secrétaire général de la présidence, sans en préciser le calendrier.Ancien économiste à la Banque mondiale, Ashraf Ghani a promis de réformer l'Afghanistan et de combattre la corruption à la tête d'un gouvernement de technocrate. Il s'est également engagé à rompre avec les pratiques clientélistes reprochées à son prédécesseur, Hamid Karzaï. Aucun ancien ministre ne figure dans son gouvernement, conformément à ce qu'il avait annoncé.Lire le portrait (édition abonnés) : Ashraf Ghani, la métamorphoseMais la nouvelle équipe traduit une recherche d'équilibre entre le camp Ghani et le camp Abdullah. Ainsi, les ministères de la défense et des finances reviennent à deux proches de Ghani et les ministères de l'intérieur et des affaires étrangères sont attribués à deux proches d'Abdullah. Lire aussi (édition abonnés) : A Kaboul, l’introuvable « union nationale » Jacques Follorou, Simon Piel, Soren Seelow et Matthieu Suc Trois jours après l’épilogue sanglant d’une attaque sans précédent sur le sol français, les questions se précisent sur d’éventuelles failles du dispositif mis en place par l’Etat pour parer à une telle violence. L’opinion publique exige, depuis longtemps, de ses autorités, dans ce domaine comme pour celui du nucléaire, un « risque zéro » qu’elle n’attend pas pour d’autres formes de menace.Un élément nouveau, apparu dimanche 11 janvier, dans la revendication filmée et diffusée, post-mortem, de l’un des auteurs de ces tueries, Amedy Coulibaly, a soulevé de manière très concrète cette problématique. « Depuis que je suis sorti [de prison, en mars 2014], j’ai beaucoup bougé, j’ai sillonné les mosquées de France, un petit peu, et beaucoup de la région parisienne, dit-il dans cette vidéo. Elles sont pleines d’hommes pleins de vigueur. Comment avec ces milliers de personnes, y en a pas autant pour défendre l’islam ? »Pour Manuel Valls, il faut envisager de « nouveaux dispositifs » en matière de sécuritéDes informations recueillies par les enquêteurs, après qu’il a tué une policière municipale, à Montrouge (Hauts-de-Seine), ont confirmé l’affirmation. Il a en effet fréquenté plusieurs mosquées et s’est livré, dans certaines, à une forme de prosélytisme pour inciter de jeunes fidèles à opter pour une voie radicale. Une source judiciaire a indiqué au Monde qu’Amedy Coulibaly cherchait à recruter à la sortie des mosquées en 2010.Attention renforcée depuis le début de la crise syrienneOr, voilà de nombreuses années que ces lieux de culte musulman sont l’objet d’une attention particulière de la part des services de renseignement – une partie d’entre eux est placé sous surveillance étroite. Une attention qui n’a cessé de se renforcer depuis le début de la crise syrienne en 2011 et de l’affaire Merah, en 2012, par la crainte d’y voir se radicaliser de futurs djihadistes.L’observation de ces lieux a toujours été placée au cœur des dispositifs policiers. Amedy Coulibaly est sorti de prison en mars 2014, sous bracelet électronique jusqu’en mai. Mais l’auteur de la prise d’otage de l’épicerie casher de la Porte de Vincennes à Paris a pu fréquenter ces mosquées sans attirer l’attention pendant neuf mois.En dépit de sa proximité avec des figures de l’islamisme radical international, tels que Smaïn Ait Ali Belkacem ou Djamel Beghal, tous deux incarcérés dans des dossiers de terrorisme en France, Amedy Coulibaly est, de plus, resté cantonné dans la case du droit commun. M. Belkacem, condamné à la perpétuité pour l’attentat du RER Musée-d’Orsay, à Paris, en 1995, parlait de lui, ainsi que le relèvent les écoutes téléphoniques, comme du « petit nègre », le bras armé qui devait servir à sa tentative d’évasion en 2010.Pour avoir participé à ce projet, Amedy Coulibaly a été condamné à cinq ans de prison sans que toutefois la qualification de terroriste ne soit retenue par le tribunal correctionnel. Il n’apparaît cependant jamais dans les fiches de renseignement comme un radical religieux, seulement comme délinquant.Fébrilité du renseignementD’après une source proche de l’enquête, « la documentation des services n’était pas à jour. Sur la dizaine d’adresses communiquées par la DGSI [Direction générale de la sécurité du territoire], plusieurs n’avaient rien à voir avec les suspects ou alors étaient périmées. Par exemple, pour le domicile supposé de Coulibaly, cela faisait plus de deux ans que sa compagne ne l’occupait plus et lui n’y avait pas remis les pieds à sa sortie de prison ». L’adresse donnée à Pantin concernant un frère Kouachi était habitée par un homonyme.Autre signe de la fébrilité du renseignement français et de son manque d’informations, des consignes systématiques ont été données mercredi 7 janvier aux antennes locales de la DGSI en région parisienne d’aller littéralement « taper aux portes » de toutes les personnes faisant l’objet de surveillance pour vérifier si elles étaient chez elles ou en cavale.Une consigne appliquée même quand ces « objectifs opérationnels » n’avaient aucun lien avéré avec Amedy Coulibaly ou les frères Saïd et Chérif Kouachi, auteurs de l’attaque contre Charlie Hebdo. « Certains avaient déjà été condamnés mais d’autres non et ignoraient qu’on s’intéressait à eux. Maintenant ils ne se posent plus la question… », déplore un agent de renseignement. Enfin, l’ordre a été donné de remonter l’intégralité des écoutes téléphoniques sur une dizaine de jours pour s’assurer qu’il n’y avait pas eu de « loupé ».Surveillance et écoutes« Le problème, c’est la masse de renseignements à traiter, on ne sait jamais lequel va passer à l’action, expliqueun magistrat antiterroriste. Les hommes des services de renseignement sont obligés de procéder par sondage. Il est impossible de surveiller tout le monde. » Il ajoute que « dans le dossier de l’évasion de Belkacem, Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly n’apparaissaient pas comme les plus dangereux en termes de récidive. »Pour sa défense, le ministère de l’intérieur ne dit mot sur le cas d’Amedy Coulibaly. Il argue en revanche que les deux frères Kouachi ont été surveillés pendant près de deux ans par la DGSI. Une surveillance qui s’est interrompue quelques mois avant leur passage à l’acte. Mais ont-ils alors monté leur opération après la fin des surveillances qui les visaient ? Ou la DGSI a-t-elle raté un long processus d’organisation d’attentat malgré les écoutes ?Saïd Kouachi a été surveillé par la DGSI entre novembre 2011 et juin 2014, soit sept mois avant la tuerie de Charlie Hebdo. Chérif, lui, a été la cible de surveillance et d’écoutes entre novembre 2011 et fin 2013. Ces écoutes, motivées par le passé des deux hommes, n’ont rien donné de probant. Chérif, qui tenait au début des propos radicaux, semble peu à peu avoir dérivé vers de la simple délinquance. Les services de renseignement apprennent ainsi qu’il s’était lancé dans la contrefaçon de vêtements et de chaussures de sport.Les deux frères mis sous surveillance fin 2011Face à la difficulté de justifier la poursuite des écoutes, les services finissent par « débrancher » les deux frères. Les interceptions de sécurité, encadrées par la loi de 1991, sont limitées à quatre mois renouvelables. Elles doivent être motivées par la preuve d’un lien direct entre l’individu ciblé et l’activité concernée, en l’occurrence le terrorisme.Les deux frères avaient été mis sous surveillance après que les États-Unis ont informé fin 2011 les services français que Saïd s’était rendu trois semaines à Oman à l’été 2011, et qu’il était donc susceptible d’avoir franchi la frontière du Yémen. En 2011, Chérif Kouachi y rejoindra son frère même s’il était sous contrôle judiciaire et ne pouvait, en théorie, quitter le territoire sans être assujetti à un contrôle.Les attentats en France : la myopie des services de renseignementSelon nos informations, Saïd Kouachi aurait rencontré à Oman Salim Benghalem, un Francilien apparu en 2010 dans l’entourage des anciens de la filière dite des Buttes-Chaumont et un temps inquiété dans le dossier Belkacem. Fin septembre 2014, Benghalem qui aurait gravi les échelons au sein de l’Etat islamique était inscrit sur une liste désignant les organisations et les personnes les plus dangereuses aux yeux du département d’Etat américain. Enfin, le ministère de l’intérieur a voulu anticiper le reproche d’avoir manqué de sources du terrain, dont le travail aurait permis de justifier, auprès des organismes de contrôles, la poursuite des écoutes téléphoniques. La tâche, dit-on Place Beauvau, a été rendue complexe par le profil des intéressés, des délinquants vivant dans des quartiers difficiles à infiltrer. Ce n’était pas le cas d’Amedy Coulibaly qui vivait avec sa femme dans une zone tranquille de Fontenay-aux-Roses, au sud de Paris, ainsi que des frères Kouachi, à Gennevilliers et Reims.Matthieu SucJournaliste au MondeSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSoren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant) Cinq ans après le tremblement de terre qui a fait plus de 230 000 morts et dévasté la capitale, la reconstruction d’Haïti est menacée par l’instabilité politique. Lundi 12 janvier, date anniversaire du séisme, a aussi marqué un nouveau tournant dans la crise. Le mandat du Parlement, dont les membres n’ont pu être renouvelés en raison d’un retard de trois ans dans l’organisation des élections, a pris fin.Les manifestations antigouvernementales ont provoqué la démission du premier ministre, Laurent Lamothe, en décembre 2014. Son successeur désigné, Evans Paul, n’est toujours pas entré en fonctions, faute d’accord entre l’exécutif et le Parlement. Dimanche 11 janvier, le président Michel Martelly, contesté dans la rue par des manifestations quasi quotidiennes, et une vingtaine de dirigeants politiques ont toutefois signé un accord prévoyant la tenue de nouvelles élections avant la fin de l'année 2015.Dans ce climat d’affrontement et de vide de pouvoir, l’organisation des cérémonies de commémoration du séisme est passée au second plan. Le Mémorial du 12 janvier n’est toujours pas terminé à Titanyen, une zone désolée au nord de la capitale où des dizaines de milliers de corps ont été enfouis à la hâte dans les jours qui ont suivi le séisme. Les amoncellements de gravats ont disparu, mais ni le palais présidentiel, ni la cathédrale, ni aucun autre bâtiment emblématique de la capitale n’a été reconstruit.60 000 expulsions forcées« Beaucoup a été réalisé, mais bien du travail reste encore à faire », a clamé le pape François à l’ouverture d’une conférence qu’il a convoquée, samedi 10 janvier à Rome, « pour maintenir l’attention sur un pays qui souffre encore des conséquences de cette catastrophe ».Cinq ans après le désastre qui a détruit ou endommagé plus de 300 000 édifices, jeté plus de 1,5 million de personnes à la rue et provoqué des dégâts évalués à 7,8 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros, soit 121 % du PIB de 2009), le bilan de la reconstruction est mitigé. Le mot d’ordre « reconstruire en mieux », répété par l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton lorsqu’il était envoyé spécial de l’ONU pour Haïti, est largement resté un vœu pieux.Selon Harry Adam, qui dirige l’unité publique de construction de logements, il reste un peu moins de 70 000 sans-abri dans les camps de fortune. « Malheureusement, l’intérêt de la communauté internationale est retombé alors que des dizaines de milliers de personnes sont toujours sans abri et vivent dans la misère », déplore Chiara Liguori, responsable d’Amnesty International pour les Caraïbes.« Malheureusement, l’intérêt de la communauté internationale est retombé alors que des dizaines de milliers de personnes sont toujours sans abri et vivent dans la misère », déplore Chiara Liguori, d’Amnesty InternationalL’ONG vient de publier un rapport dénonçant les expulsions forcées de plus de 60 000 personnes qui avaient trouvé refuge dans les camps improvisés après le séisme. Les conditions de vie dans les 123 camps qui subsistent sont de plus en plus difficiles : un tiers des habitants n’ont pas accès à des latrines et une augmentation des cas de choléra y a été constatée ces derniers mois. L’épidémie a tué 8 000 Haïtiens. Moins de 20 % des solutions de relogement proposées peuvent être considérées comme durables. Cinq cents millions de dollars, soit une grande partie des fonds d’aide au logement, ont été dépensés pour la construction de 114 000 « T-shelters », des abris provisoires conçus pour durer de trois à cinq ans. Leur coût unitaire estimé à 1 500 dollars s’est élevé à 4 226 dollars et nombre d’entre eux sont en piteux état. « Les programmes temporaires partent d’une bonne intention, mais ils ne sont qu’un emplâtre sur une jambe de bois », observe Chiara Liguori.Pour vider les camps, un programme de subvention des loyers a été mis en place avec des financements internationaux. Mais « l’allocation de retour » de 500 dollars versée aux déplacés acceptant de quitter les camps et supposée couvrir un an de loyer a été jugée insuffisante par nombre d’entre eux. Surtout lorsque au bout de quelques mois, ils n’avaient toujours pas trouvé d’emploi ou de source de revenus dans ce pays où le taux de chômage dépasse 40 % et où 6 des 10 millions d’habitants vivent avec moins de 2,40 dollars par jour. Le problème foncier, marqué par l’absence de cadastre et de titres de propriété, et le manque de coordination entre les multiples intervenants – dont près d’une dizaine de milliers d’ONG peu après le séisme – ont entravé le relogement.« Efficacité moindre que prévu de l’aide »Plusieurs projets ont tourné au fiasco. Inauguré en 2011 par le président Martelly et Bill Clinton, le complexe Le Zorange est à l’abandon. Les infrastructures n’ont pas été construites et les maisonnettes n’ont jamais été terminées. Même constat à Morne-à-Cabrit au nord de Port-au-Prince. Ce projet de 3 000 logements sociaux, financé à hauteur de 44 millions de dollars par PetroCaribe, le fonds de coopération vénézuélien, a été inauguré en mai 2013. Sans services, trop difficile d’accès, sans emploi à proximité et avec des loyers trop élevés, ce projet est un échec. La plupart des logements, à l’abandon, ont été vandalisés.Une cinquantaine de pays et d’organisations internationales ont promis 12,4 milliards de dollars d’aide humanitaire et de développement et d’annulation de dette après le séisme. Selon le dernier décompte des Nations unies, 80 % de ces fonds ont été déboursés. D’après une récente évaluation du cercle de réflexion américain Center for Economic and Policy Research, les grands bénéficiaires de l’aide des Etats-Unis n’ont pas été le gouvernement ou les entreprises haïtiennes, mais des compagnies américaines bien introduites à Washington.Dans un rare document autocritique publié le 4 décembre 2014, le Fonds monétaire international reconnaît que la croissance attendue de la reconstruction n’a pas été au rendez-vous. Outre « la faible capacité d’absorption de l’Etat fragile » haïtien, le FMI constate « l’efficacité moindre que prévu de l’aide ». Face à « la fatigue » et aux difficultés financières des bailleurs de fonds traditionnels d’Haïti, le Venezuela est devenu ces dernières années l’un des principaux donateurs à la République caraïbe par le biais de son programme PetroCaribe de fourniture de produits pétroliers à des conditions préférentielles. « La difficile situation macroéconomique au Venezuela » pourrait provoquer une remise en cause de ce programme et aggraver encore la crise haïtienne, craint le FMI.Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.01.2015 à 10h00 • Mis à jour le12.01.2015 à 12h49 | Marie Charrel Doucement, mais sûrement. D’après les nouvelles prévisions publiées, lundi 12 janvier, par l’Insee et ses équivalents allemand et italien, l’Ifo et l’Istat, la croissance de la zone euro se ressaisira très progressivement en 2015. Mais elle restera fébrile, et soumise à de nombreux risques. Voici pourquoi.1. La baisse de l’euro et celle du prix du pétrole auront des effets positifsD’après les économistes des trois instituts, le produit intérieur brut (PIB) de l’union monétaire devrait croître de 0,2 % au quatrième trimestre 2014. Début 2015, il devrait progresser de 0,3 % sur chacun des deux premiers trimestres.« Sur la première moitié de l’année, la chute des cours du pétrole devrait soutenir la consommation privée tandis que l’appréciation du dollar face à l’euro devrait porter le commerce extérieur », indique la note de conjoncture, qui se base sur l’hypothèse d’un baril se stabilisant à 56 dollars, et d’un euro restant autour de 1,21 dollar.Les trois facteurs qui expliquent la baisse de l’euroDans ces conditions, l’investissement devrait enfin repartir, mais modérément : + 0,2 % au premier trimestre et + 0,3 % au second. Il profitera notamment de la fin de la crise de l’immobilier se profilant en Espagne et en France.2. Le prix du pétrole contribuera à maintenir l’inflation très basseLa baisse des cours du pétrole et de l’euro aura une autre conséquence : elle continuera de tirer l’inflation vers le bas. « Depuis fin 2011, l’inflation suit une tendance baissière et a atteint un point bas de cinq ans en décembre 2014, à -0,2 % en rythme annuel », expliquent les économistes.Les prix ont reculé dans la zone euro, quelles conséquences ?Selon eux, les prix devraient progresser de 0,1 % seulement au premier trimestre et de 0,3 % au deuxième, également plombés par les perspectives négatives dans la production de biens. « L’accélération de l’activité prévue aura un effet limité sur les prix », précise la note.3. La croissance ne fera pas vraiment baisser le chômage« La légère reprise prévue sur la première moitié de 2015 aura un impact limité sur la croissance de l’emploi et les salaires devrait également croître lentement, en dépit de l’introduction d’un salaire minimum en Allemagne », prévoient les conjoncturistes des trois instituts.Voilà qui confirme que la courbe du chômage ne devrait pas s’inverser avant la seconde partie de l’année en France, où le taux de demandeurs d’emploi culmine toujours à 10,4 % de la population active.Europe sociale : le clivage Nord-Sud s’accentueUne consolation, tout de même : la faible inflation et les politiques budgétaires moins restrictives devraient profiter un peu au pouvoir d’achat des ménages.4. Les risques restent nombreuxCette relative éclaircie ne doit pas faire oublier que la reprise est très inégale : alors que la croissance sera relativement robuste en Allemagne et en Espagne, elle restera décevante en France et en Italie.L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a, de son côté, indiqué, lundi, que plusieurs économies européennes, comme l'Allemagne, l'Italie ou la Grande-Bretagne, devraient perdre de l'élan.L’indicateur avancé de l'OCDE pour la zone euro reste stable (à 100,6) depuis le mois d'août.Il enregistre un recul de 0,1 point pour l'Allemagne et pour l'Italie, à 99,5 et 101,0 respectivement, tandis qu'il se redresse de 0,1 point pour la France à 100,3.La Banque de France a pour sa part souligné, lundi, qu'un « rebond de la production est attendu en janvier » par les chefs d'entreprises interrogés.De plus, les risques sont nombreux. Selon les auteurs de la note, ils sont à la fois haussiers et baissiers. D’un côté, la chute des cours du pétrole et de l’euro pourrait soutenir plus encore que prévu la demande interne et externe. De l’autre, les élections à venir en Grèce comme les tensions qui l’entourent pourraient nuire au reste de la zone euro.Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. MoscoviciMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.01.2015 à 08h00 • Mis à jour le12.01.2015 à 08h01 Le laboratoire pharmaceutique irlandais Shire a annoncé, dimanche 11 janvier, qu’il allait acquérir le groupe américain NPS Pharmaceuticals pour un montant de 5,2 milliards de dollars.Dans un communiqué, Shire, coté à Londres, indique qu’il offre 46 dollars par action du groupe NPS Pharma, coté sur le Nasdaq et spécialisé dans des médicaments pour des maladies intestinales rares notamment.L’acquisition a été approuvée par les conseils d’administration des deux groupes. Elle survient après l’échec de la fusion entre Shire et l’américain AbbVie Inc.En octobre, AbbVie avait renoncé à proposer 32 milliards de livres pour acquérir Shire, à la suite de la nouvelle sévérité américaine contre les délocalisations fiscales.« L’acquisition de NPS Pharma constitue une étape significative dans la stratégie de Shire de devenir un laboratoire leader dans les biotechnologies », a indiqué le PDG de Shire, Flemming Omskov.Marché à fort potentielDepuis plusieurs mois maintenant, on assiste à un vaste mouvement de réorganisation des laboratoires pharmaceutiques. Chez les acteurs « historiques » notamment, des activités jugées peu rentables sont cédées et les laboratoires cherchent à se renforcer sur certains créneaux jugés à fort potentiel : l’oncologie, la diabétologie et les maladies rares.C’est sur ce dernier créneau qu’opère NPS Pharma. Avec son médicament injectable Gattex/Revestive (teduglutide), approuvé aux États-Unis fin 2012, la société est spécialisée dans le traitement d’une maladie rare, le syndrome de l’intestin court, qui provoque une malabsorption au niveau de l’intestin grêle.NPS est sur le point de faire approuver aux États-Unis le premier traitement biogénétique d’hormones de substitution pour une maladie endocrinienne. Le Natpara a déjà été approuvé en Europe.Même s’il traite des maladies peu répandues, ce type de médicament est très profitable car très onéreux.Shire a également de son côté mis l’accent sur le développement de médicaments traitant les maladies rares ou à caractère génétique, un marché qui représente 70 milliards de dollars. En janvier 2014, la société avait racheté son concurrent ViroPharma.Le laboratoire avait annoncé, en octobre 2014, qu’il entendait doubler ses ventes à l’horizon 2020, à 10 milliards de dollars. 12.01.2015 à 03h19 • Mis à jour le12.01.2015 à 11h19 | Aude Lasjaunias Malgré la bruine qui tombe depuis le début de la matinée, plusieurs centaines de personnes se sont massé, dimanche 11 janvier à midi, sur le parvis de la Galerie d'art de Vancouver, dans la province de Colombie-Britannique, au Canada. Sous les parapluies, des drapeaux tricolores, divers symboles de la République et des pancartes... A quelque 8 000 kilomètres de Paris, 700 à 1 000 participants se sont donné rendez-vous pour témoigner leur soutien, appeler à l'unité et au dialogue face au terrorisme qui ensanglanté la France.Plusieurs ont reçu un mail de l'ambassade et du consulat les invitant à se joindre à l'hommage du jour. Une mobilisation rare dans une ville où les expatriés français, de leur propre aveu, choisissent de s'installer dans la durée et sont peu prompts au communautarisme. Installé depuis vingt-cinq ans au Canada, Willie Bois explique ainsi suivre avec plus d'attention les nouvelles de France que celles de son pays d'adoption, mais ne pas avoir le sentiment de faire partie d'un sous-groupe. Béret vissé sur la tête et cocarde tricolore épinglée au revers de la veste, il s'étonnerait presque de voir tant de personnes rassemblées aujourd'hui. Comme beaucoup d'autres dans la foule, l'attachement à sa patrie, il ne l'affiche généralement pas.Kevin Heyries et sa famille ont posé leurs valises à Vancouver il y a sept ans. Il est accompagné de sa fille aînée, Liv, qui n'avait que 2 mois quand ses parents ont quitté leur terre natale. « Quand je lui ai expliqué que des gens avaient été tués parce que d'autres n'aimaient pas leurs dessins, elle a voulu être présente », raconte-t-il. Difficile pour un enfant de prendre la mesure de l'événement, ils sont pourtant nombreux dans le cortège, une feuille noire portant le slogan « Je suis Charlie » en lettres blanches entre les mains.« IL FAUT LE SOUTENIR DANS LA DURÉE »Dans l'assemblée, nombre de manifestants connaissent Charlie Hebdo. Beaucoup admettent ne pas être des lecteurs assidus. Le journal satirique, devenu l'emblème de la liberté d'expression à travers le monde, n'est pas très présent des kiosques canadiens. « Je vais m'abonner. Il faut le soutenir dans la durée », fait valoir Alain Bastard, arrivé il y a quatre ans à Vancouver. Dès mercredi, ce webmaster a mis en ligne, sur le site de l'association pour l'éducation francophone avec laquelle il collabore, une bannière en soutien à l'hebdomadaire. Une initiative félicitée par ses employeurs.Si, dans le cortège, la langue de Molière domine, plusieurs étrangers ont également fait le déplacement. C'est le cas de Philip Ng, canado-britannique : « Je ne suis pas là uniquement pour soutenir la population française. Les attaques de Paris transcendent le strict cadre national. C'est au nom de la liberté d'expression que je défile. » Il porte fièrement un crayon, accroché à la boutonnière de son manteau. Même son de cloche chez cet Anglais, croisé avant le départ de la marche silencieuse : « Je ne connaissais pas ce titre. L'actualité terrible me l'a fait découvrir et me donne désormais furieusement envie de le lire. »Aude LasjauniasJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Saliba (Mexico, correspondance) En 1968, juste avant de s’envoler pour couvrir le printemps de Prague, le journaliste Julio Scherer avait rencontré le président du Mexique, Gustavo Diaz Ordaz (1964-1970), digne représentant du régime clientéliste et corrompu du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) au pouvoir depuis 1929. A son arrivée à la résidence présidentielle à Mexico, le journaliste s’était vu remettre une lettre et une enveloppe remplie de billets de banque. « Merci, mais le président me connaît », avait refusé sans détours l’intéressé. Julio Scherer, mort mercredi 7 janvier dans la capitale mexicaine à l’âge de 88 ans des suites d’un choc septique, érigeait l’indépendance journalistique en règle de vie et faisait alors figure d’exception dans les milieux de la presse mexicaine, longtemps assujettie au PRI, qui a gouverné le pays sans partage durant soixante et onze ans jusqu’en 2000. Ancien directeur du quotidien Excelsior et fondateur de l’hebdomadaire d’investigation Proceso, il restera dans l’histoire du journalisme au Mexique comme celui qui a défié l’autoritarisme du PRI au nom du droit d’informer.« Chasseur d’exclusivités »Considéré comme l’un des plus importants journalistes mexicains du XXe siècle, cet homme discret et raffiné a influencé une nouvelle génération de reporters, en ouvrant la voie à la démocratisation du pays. Fils d’un banquier d’origine allemande, Julio Scherer Garcia était né à Mexico le 7 avril 1926. Il n’a pas encore 18 ans lorsqu’il entre comme coursier à l’Excelsior. « Je rêvais d’être un chasseur d’espèces inouïes : les exclusivités publiées sur huit colonnes », racontait en 2012 le journaliste dans son ouvrage Vivir (Vivre, non traduit), l’un des vingt-deux livres qu’il a écrits. Durant ses soixante-dix ans de carrière, sa plume aiguisée a révélé de nombreux scandales, telle l’existence d’une unité de l’armée dédiée à la lutte contre les guérillas ou les détournements de fonds du frère du président Carlos Salinas de Gortari (1988-1994).Muni de son inséparable carnet de notes, il a interviewé la plupart des dirigeants du continent américain, de John F. Kennedy à Salvador Allende, de Fidel Castro à Augusto Pinochet. Le printemps de Prague a été son dernier grand reportage international, avant de prendre, en août 1968, la direction de l’Excelsior. C’est lui qui a pris l’initiative, le 3 octobre 1968, au lendemain du massacre de Tlatelolco à Mexico, où des centaines d’étudiants tombaient sous les balles de l’armée, de publier dans son journal un encadré noir avec la question « Pourquoi ? ». Il avait coutume de comparer son métier à la chirurgie, précisant que « le journalisme doit être exact, comme le bistouri ».Ami des intellectuelsUne éthique sans faille qui lui a valu la reconnaissance et l’amitié de nombreux intellectuels et écrivains latino-américains, de Gabriel Garcia Marquez à Carlos Fuentes. Après le massacre de Tlatelolco, Julio Scherer apportera son soutien à Octavio Paz, démissionnaire de son poste d’ambassadeur en Inde, pour lancer la revue culturelle Plural, qui restera une référence durant les années 1970.Mais la dénonciation de la corruption politique dérange le pouvoir en place. En 1976, le directeur d’Excelsior est victime d’un putsch de la part des membres du journal influencés par le président Luis Echeverria (1970-1976). Pas de quoi stopper pour autant sa quête inlassable de vérité. Trois mois plus tard, ce philosophe et juriste de formation fonde Proceso, devenu depuis un magazine de référence au Mexique.En 1996, celui qui se disait un « reporter éternel » quitte la direction de l’hebdomadaire, mais continue de mener des interviews exclusives, dont celle du sous-commandant Marcos (2001). A 83 ans, veuf et père de neuf enfants, Julio Scherer prend le risque de rencontrer le puissant chef du cartel de Sinaloa, Ismael Zambada, dans un lieu tenu secret. La photographie des deux hommes côte à côte, publiée en couverture de Proceso en 2010, suscite la polémique. « Si le diable me propose une interview, je n’hésite pas à aller en enfer », opposait-il à ses détracteurs. Mais cette grande voix critique du Mexique n’a jamais accepté d’être interviewée, fidèle à l’idée qu’un journaliste doit rester dans l’ombre.DATES7 avril 1926 : naissance à Mexico31 août 1968 : directeur du quotidien Excelsior6 novembre 1976 : fonde l’hebdomadaire Proceso7 janvier 2015 : mort à 88 ans Frédéric Saliba (Mexico, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine Au moins dix civils ont été tués, mardi 13 janvier dans l'est de l'Ukraine, dans ce qui apparaît comme l'une des tueries les plus importantes depuis le début de ce conflit qui a fait 4 800 victimes. Un autobus a été touché par un obus d'artillerie près de la localité de Volnavakha, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale régionale, Donetsk. Le bus, qui reliait Marioupol, sur la côte de la mer d'Azov, à Donetsk, stationnait à un barrage de l'armée ukrainienne lorsqu'il a été atteint, apparemment par une roquette de type « Grad ».Les photos diffusées par l'état-major ukrainien montrent le véhicule criblé d'impacts, une mare de sang à côté. La majorité des tués seraient des femmes. Treize autres personnes ont été blessées, parmi lesquelles un policier et un membre des garde-frontière. Un journaliste ukrainien arrivé sur les lieux a évoqué la présence d'une jeune adolescente parmi les tués.L'armée ukrainienne a accusé les rebelles séparatistes d'avoir tiré depuis la petite localité de Dokoutchaïevsk, quelques kilomètres plus au nord. Ceux-ci ont démenti, assurant ne pas mener d'opérations militaires dans la zone. Cité par les agences de presse russes, Denis Pouchiline, l'un des dirigeants des séparatistes qui contrôlent une partie du Donbass, a évoqué une « provocation » de l'armée ukrainienne « pour pouvoir accuser les rebelles ». Un autre assurait que leurs systèmes d'artillerie ne leur permettait pas d'atteindre ce barrage.Dès mardi matin, avant que ne survienne cette tuerie, les autorités ukrainiennes avaient diffusé une liste des localités prises pour cible par les rebelles séparatistes. Volnovakha en faisait partie.SOMMET DU 15 JANVIER ANNULÉMalgé plusieurs cessez-le-feu, les combats n'ont jamais totalement cessé dans l'est de l'Ukraine. Ces derniers jours, ils avaient repris avec une intensité inégalée depuis la dernière trêve en date, conclue le 9 décembre à Minsk. Selon Kiev, les positions de l'armée ukrainienne ont été visées à 83 reprises ces dernières 24 heures.Du côté diplomatique, les négociations piétinent. Le sommet qui devait réunir jeudi les dirigeants russe, ukrainien, français et allemand à Astana, la capitale kazakhe, a finalement été annulé lundi, faute d'avancée suffisante dans les négociations préalables. Il aurait pourtant marqué une première, celle de faire asseoir Vladimir Poutine autour de la table des négociations.Lire aussi l'analyse (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainienBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) 145 000 réponses contre sur un total de 150 000… La consultation lancée par la Commission européenne au printemps 2014 sur les arbitrages d’investissement, et dont elle n’a rendu les conclusions que mardi 13 janvier, a livré un résultat sans nuances : l’opinion publique, aujourd’hui, n’en veut pas. « Cela montre clairement qu’il existe un considérable scepticisme à l’égard de ce mécanisme », a reconnu Cécilia Malmström, la commissaire au commerce qui a fait le déplacement à Strasbourg, au Parlement européen – plutôt très négatif lui aussi sur les tribunaux d’arbitrage, lundi, pour présenter la consultation.L’arbitrage d’investissement est un mécanisme qui permet à une entreprise de recourir à un tribunal privé, « neutre », pour attaquer un Etat quand elle estime que son investissement a été lésé. Tous les accords bilatéraux d’investissement entre pays ou presque donnent la possibilité de recourir à cette justice, jugée très protectrice pour les entreprises. Mais depuis que la Commission européenne a annoncé qu’elle prévoyait d’inclure ces tribunaux d’arbitrages (ISDS pour Investment State Dispute Settlement), dans le traité transatlantique, un accord totalement hors norme et d’une portée géopolitique considérable – qu’elle a commencé avec les Etats-Unis, l’inquiétude est montée d’un cran.ONG, eurodéputés et simples citoyens s’inquiètent de la capacité des Etats à réglementer. Des cas récents les ont alertés : ainsi du cigarettier Philip Morris qui a attaqué l’Australie juste après que son gouvernement a adopté une loi exigeant la neutralité des paquets de cigarettes, en 2011. L’affaire n’a toujours pas été jugée.Parmi les réponses à la consultation, même les participants appartenant aux milieux d’affaires, s’ils ne sont pas hostiles au principe de l’arbitrage, s’inquiètent que l’Union européenne n'« abaisse le niveau de protection des investisseurs ». D’autres redoutent que le mécanisme d’arbitrage reste « une prérogative des très grandes entreprises », car il sera difficile pour les petits investisseurs privés d’y recourir, en raison « de son coût et de sa complexité ».Les Européens doivent se mettre d’accordsConsciente que l’ISDS présente des failles et qu’il faut l’améliorer, la Commission a esquissé quatre pistes de travail, mardi à Strasbourg. Garantir le droit des pays à réguler, mieux coordonner les justices nationales et ces tribunaux privés, mieux réguler le fonctionnement de ces arbitrages – vérifier que les arbitres sont effectivement indépendants. Et enfin, la nécessité de mettre en place un véritable appel des décisions de ces tribunaux – pour l’instant, c’est quasiment impossible.Cécilia Malmström a été très claire, mardi : « Nous devons mener une discussion franche et ouverte sur la protection des investissements et le règlement des différents dans le cadre du partenariat transatlantique avec les gouvernements des pays de l’Union européenne, le Parlement européen et la société civile avant d’émettre toute recommandation politique dans ce domaine. Ce sera la première chose à faire après la publication de ce rapport. »Il faudra que les Européens se mettent d’accord sur le fond dans les prochaines semaines avant de continuer à négocier le traité transatlantique avec les Américains. Maintient-on une procédure d’ISDS dans ce traité ou pas ? Au sein de la Commission, les avis sont partagés. Le président Juncker a publiquement exprimé ses préventions, fin 2014. Les services de l’institution sont plutôt pour, estimant que ces tribunaux restent un très bon moyen de protéger les investissements européens hors de l’Union.Les eurodéputés sont plutôt réservés, tous partis politiques confondus. Quant aux pays, ils sont aussi partagés. « La France n’a jamais été en faveur de l’intégration d’un ISDS dans le traité transatlantique », affirme au Monde le secrétaire d’Etat au commerce Matthias Fekl. Il doit se rendre dans les jours qui viennent à Berlin pour tenter de trouver un terrain commun avec son homologue allemand. « Si on doit maintenir l’ISDS dans le traité, alors on plaide pour que la désignation des arbitres soit mieux contrôlée, pour que puissent être condamnées les entreprises qui abusent de l’arbitrage », liste M. Fekl. « Pourquoi ne pas réfléchir, aussi, à une obligation de soumettre la décision d’arbitrage – pour validation – à un juge d’une cour nationale ? Ce serait aussi un moyen, pour les Etats, de reprendre la main », juge encore M. le secrétaire d’Etat.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.01.2015 à 10h51 • Mis à jour le13.01.2015 à 12h28 Le cinéaste Roman Polanski se dit prêt à collaborer avec les autorités polonaises dans le cadre de la procédure d'extradition réclamée par la justice américaine pour sa condamnation pour « crime sexuel » en 1977. Les services du ministère public polonais ont exprimé la semaine passée leur intention d'interroger le réalisateur après avoir reçu une demande d'extradition de la part de l'administration américaine.Roman Polanski, dont les parents étaient polonais, se trouve actuellement en Pologne pour le tournage d'un film consacré à l'affaire Dreyfus. « Je suis ici pour les préparatifs d'un film que je dois tourner cette année », a-t-il expliqué à la chaîne de télévision TVN24 lundi soir. « Je sais qu'une demande d'extradition est arrivée et, bien sûr, je vais me soumettre à la procédure et nous verrons. J'ai confiance dans le système judiciaire polonais. J'espère que tout va bien se passer. »L'EXTRADITION RESTE « POSSIBLE »>> Lire aussi le portrait : Polanski : les films et la vieEn octobre 2014, Roman Polanski avait été interrogé par le parquet de Cracovie. Laissé en liberté, M. Polanski s'était alors engagé à se présenter à chaque demande de la justice polonaise. Les magistrats avaient estimé qu'il n'y avait aucun fondement juridique à son arrestation et avaient dit attendre une demande d'extradition en provenance des Etats-Unis avant de prendre d'autres dispositions.En Pologne, sur le plan formel, c'est un tribunal indépendant qui statue sur une demande d'extradition. S'il la refuse, l'affaire est close. S'il l'approuve, la décision finale appartient au ministre de la justice. Théoriquement, l'extradition de Polanski « reste possible », selon le parquet polonais, car la prescription, dont son acte – « relations sexuelles avec une mineure » – bénéficie en Pologne, n'agit pas en cas de requête des Etats-Unis, présentée en vertu d'un accord de coopération entre les deux pays. 13.01.2015 à 08h22 • Mis à jour le13.01.2015 à 09h02 Sept condamnés à mort ont été pendus mardi 13 janvier au Pakistan, un chiffre qui porte à seize le nombre de personnes exécutées depuis la levée du moratoire sur la peine capitale. Gelé depuis 2008, le dispositif a été réactivé à la mi-décembre dans les seuls cas de terrorisme après l'attaque des talibans contre une école de Peshawar qui a fait 150 morts dont 134 écoliers.Lire : Un carnage sans précédent traumatise le PakistanDeux des condamnés tués mardi ont été pendus pour leur rôle dans une tentative d'assassinat de l'ancien président Pervez Musharraf, au pouvoir de 1999 à 2008, trois autres pour des violences sectaires, un pour une attaque contre le consulat américain de Karachi (Sud) en 2003 et un dernier pour le meurtre d'un avocat. Ces nouvelles exécutions interviennent alors que le secrétaire d'Etat américain John Kerry se trouve au Pakistan pour renforcer la coopération sécuritaire entre Washington et Islamabad.Selon Amnesty International, 8 000 condamnés à mort croupissent actuellement dans les prisons pakistanaises. Après le carnage de Peshawar, les autorités ont prévu d'en tuer 500.TRIBUNAUX MILITAIRESCette reprise des exécutions a été décriée par des organisations de défense des droits humains et même l'Union européenne, premier partenaire commercial du Pakistan, qui estime que « la peine de mort n'est pas un outil efficace pour lutter contre le terrorisme ».Les parlementaires pakistanais ont, par ailleurs, approuvé la semaine dernière la création de nouveaux tribunaux militaires afin de juger des civils pour des actes de terrorisme, malgré l'opposition des partis islamistes et de certaines voix progressistes.Lire aussi l'entretien avec Mariam Abou Zahab, spécialiste du Pakistan et de l'Afghanistan (édition abonnés) : « L’attaque de Peshawar va créer un consensus derrière l’armée » 13.01.2015 à 03h41 • Mis à jour le13.01.2015 à 10h10 Les deux boîtes noires de l'avion d'AirAsia qui s'est abîmé en mer de Java le 28 décembre avec 162 personnes à son bord sont désormais aux mains des enquêteurs, ont annoncé les autorités indonésiennes mardi 13 janvier.L'enregistreur phonique ou CVR (Cockpit Voice Recorder) « a été retrouvé et remonté du fond de la mer », a déclaré à un responsable des recherches ayant requis l'anonymat. Ce caisson rectangulaire de couleur orange renferme les communications orales entre les pilotes de l'avion et le contrôle aérien. L'enregistreur de données de vol ou FDR (Flight Data Recorder) avait été remonté lundi, deux semaines après la disparition de l'appareil. Les deux boîtes noires doivent désormais être envoyées à Jakarta pour être analysées.Le vol QZ8501 de la compagnie malaisienne s'est abîmé peu après le décollage de l'A 320 de Surabaya à destination de Singapour. Selon les autorités indonésiennes, le pilote avait demandé à prendre de l'altitude pour éviter des nuages très menaçants, mais n'avait pas reçu le feu vert du contrôle aérien en raison d'un trafic trop important dans ce secteur très fréquenté. Le contact entre l'appareil et le contrôle aérien avait été perdu peu après.Lire aussi : Ce que l'on sait de l'avion d'AirAsia qui a disparuENTRE – 80 ET – 85 °CL'Agence météorologique indonésienne a indiqué dans un rapport préliminaire publié sur son site que la météo avait été le « facteur déclenchant » de l'accident. Du givre pourrait avoir provoqué la chute de l'appareil, confronté à des nuages avec des températures de – 80 à – 85 °C. Mais des experts ont mis en doute cette hypothèse, estimant que les informations disponibles étaient insuffisantes pour établir avec précision les causes de la catastrophe et qu'il fallait attendre pour cela d'analyser les informations contenues dans les boîtes noires.Parmi les 162 personnes à bord se trouvaient 155 Indonésiens, le copilote français Rémi Plesel, un Britannique, trois Sud-Coréens, un Malaisien et un Singapourien. Seuls 48 corps sur les 162 passagers à bord de l'avion ont été repêchés jusqu'ici. Il n'y a eu aucun survivant. Certains seraient toujours prisonniers de l'épave. Clément Martel (envoyé spécial à Dresde, Allemagne) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2em1f4"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2em1f4", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Le ministre de la justice ne voulait pas d'eux dans la rue ? Ils n'en sont descendus que plus nombreux. Aux cris de « Nous sommes le peuple », plus de 25 000 personnes selon la police (de 30 000 à 40 000 manifestants selon les organisateurs) ont défilé lundi 12 janvier dans les rues de Dresde, en Allemagne, à l'appel du mouvement Pegida. En réaction, des contre-manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, rassemblant près de 100 000 personnes.Les partisans de la tolérance et de l'ouverture, soutenus vigoureusement par la chancelière Angela Merkel pour qui l'« islam fait partie de l'Allemagne », étaient environ 30 000 à Leipzig, ville de l'est du pays située à quelques centaines de kilomètres du berceau de Pegida, 20 000 à Munich (sud), 17 000 à Hanovre. A Dresde, pour la douzième « Montagsdemo » (« manifestation du lundi ») du mouvement des Patriotes européens contre l'islamisation de l'Allemagne (Pegida), l'équipe organisatrice – le mouvement n'ayant pas de dirigeants aux postes définis – avait appelé ses fidèles à rendre hommage « aux victimes des attentats de Charlie Hebdo » en arborant un brassard noir. Attentats qui, selon leur page Facebook « confirment que l'islamisme n'est pas compatible avec la démocratie ».Lire aussi : « Les événements de Paris ont convaincu les manifestants de Pegida que leurs préoccupations sont fondées »QUELQUES « JE SUIS CHARLIE » ET DES DRAPEAUX FRANÇAISAprès avoir réuni 500 personnes lors d'un premier défilé en octobre, Pegida avait pris de l'ampleur pour rassembler un record de 18 000 personnes lundi dernier, record largement battu ce lundi dans la fraîcheur de la capitale saxonne. Si peu des « pégidistes » portaient un brassard, quelques « Je suis Charlie » et des drapeaux français se distinguaient dans la nuit dresdoise. « C'est ma première manifestation avec Pegida, explique Peter Glowka, la cinquantaine, qui arbore un de ces panneaux, mais je voulais montrer ma solidarité avec les victimes de Paris. »Après une minute de silence, et que le porte-parole du mouvement, Lutz Bachmann a évoqué à la tribune la mémoire des victimes de tous les extrémismes religieux – incluant celles d'Anders Breivik et des frères Kouachi – le cortège se met en marche sous le regard des forces de police présentes en nombre dans la ville.Si les pégidistes assument leur patriotisme, ils réfutent les accusations de racisme. Et dans le cortège, si l'on croise quelques personnes tenant des propos xénophobes, la majeure partie des manifestants tient un discours relativement modéré. Et n'accepte pas de bon cœur les cris « Nazis, dehors », lancés par les opposants au mouvement Pegida, postés à chaque coin de rue. Mais malgré un fin cordon de policier séparant pro et anti-Pegida, y compris lorsqu'une centaine de ces derniers improvise un « sitting » dans la rue pour dévier le cours de la manifestation, aucun incident n'émaille le parcours des 25 000 personnes clamant « être le peuple ». Les organisateurs y ont veillé, enjoignant leurs supporteurs pouvant avoir le sang chaud de « laisser parler ces idiots ». « NOUS REVIENDRONS »Après la chancelière, Angela Merkel, qui avait appelé les Allemands à ne pas suivre Pegida lors de ses vœux au pays, le ministre de la justice, Heiko Maas, s'est fermement prononcé dimanche contre l'hommage « honteux » aux personnes tuées à Paris. Dans une interview au journal Bild, le ministre appelait à l'annulation des manifestations prévues le lundi dans toute l'Allemagne par « décence ».Si dans l'ensemble du pays, les contre-manifestations ont plus mobilisé que Pegida lundi soir, ce n'est pas le cas à Dresde, où les opposants au mouvement étaient près de 8 000. Se félicitant de la belle mobilisation, la première après les attentats contre Charlie Hebdo, Lutz Bachmann a conclu, repris en cœur par la foule : « nous reviendrons ».Clément Martel (envoyé spécial à Dresde, Allemagne)Journaliste au Monde 23.01.2015 à 18h07 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h18 | Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial) Quel changement de ton ! Oublié, ou presque, le « french bashing », qui prévalait il y a encore quelques mois. À l’instar de la cote de popularité de François Hollande, qui remonte en France - elle part de très bas -, l’image de la France se redresse, elle aussi, auprès des grands décideurs mondiaux.« Il y a encore beaucoup d’incompréhensions et parfois d’agressivité sur des sujets comme le droit du travail ou la fiscalité, mais ce n’est plus le "french bashing" de ces deux dernières années », assure un patron tricolore habitué de la station alpine.Bien sûr, il y a l’« effet Charlie », qui génère une empathie pour tout ce qui est tricolore. « C’est fou, chacun des interlocuteurs que je rencontre commence par un speech de 5 minutes pour dire combien il est solidaire » après les attentats à Paris, qui ont fait 20 morts au total, raconte un autre PDG.« C’est un pays où il faut investir et nous allons le faire »Mais, assurent la plupart des dirigeants tricolores croisés à Davos, il y a également le début d’un changement de perception sur l’Hexagone. L’adoption du pacte de responsabilité, la mise en place du CICE et plus récemment la loi Macron sont autant d’éléments vus positivement par les chefs d’entreprise étranges présents dans la station suisse.« Ils ne connaissent pas nécessairement tout le détail, mais ils ont le sentiment que la France est en train de bouger et cela les intéresse », rapporte un consultant français.Mieux, certains dirigeants étrangers, et non des moindres, n’hésitent plus à dire publiquement tout le bien qu’ils pensent de l’Hexagone.« Vous avez parmi les meilleures start-up du monde, c’est impressionnant, explique par exemple John Chambers, le PDG de l’américain Cisco. La France est en train de prendre le mouvement, c’est un pays où il faut investir et nous allons le faire. » La démonstration tricolore au CES de Las Vegas, début janvier, a notamment impressionné la planète « high-tech » : la délégation française était la deuxième plus importante du grand rendez-vous de l’électronique grand public, avec 70 entreprises représentées.La belle cote des start-up françaises aux Etats-UnisDéjeuner avec 20 patronsConscient que certains malentendus, autour notamment de la taxe à 75 %, devaient être éclaircis, François Hollande a profité de sa visite à Davos, vendredi 23 janvier, pour déjeuner avec vingt chefs d’entreprise étrangers et responsables de fonds d’investissement, comme Jack Ma (Alibaba), Guo Ping (Huawei), Paul Bulcke (Nestlé) ou Bader Al Sa’ad, le responsable du fonds souverain du Koweït (KIA).« La discussion a été très dynamique, assure Michel Sapin, ministre des finances, qui accompagnait le chef de l’Etat. Il y a eu beaucoup de questions posées, sur le marché du travail notamment, avec parfois quelques stéréotypes, mais aussi beaucoup d’observations positives sur la créativité française, la qualité de nos ingénieurs, nos dispositifs d’aide à l’innovation… »Selon M. Sapin, certains chefs d’entreprise ont même proposé leurs services pour aider la France. « Jack Ma a, par exemple, fait une intervention très intéressante pour dire que la Chine allait demain devenir un grand pays importateur et non plus seulement exportateur, et qu’il était prêt à donner sa chance aux PME françaises pour qu’elles puissent vendre des produits en Chine via sa plate-forme Alibaba », raconte le ministre des finances.La France essaie d’attirer Alibaba« La France a une carte à jouer », confirme Pierre Nanterme, le patron tricolore du cabinet anglo-saxon Accenture, lui aussi ravi du changement de ton perçu à Davos.« Le monde n’a jamais été aussi complexe. Or, les Français sont parmi les meilleurs pour gérer la complexité, grâce à notre enseignement des mathématiques. C’est pour cela que nos multinationales s’en sortent très bien, parce que nous avons parmi les meilleurs dirigeants », poursuit M. Nanterme, avant de lancer : « Ce monde est fait pour les Français ! »Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.01.2015 à 17h36 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h01 | Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Entretien. Chercheuse à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire, Fatiha Dazi-Héni est spécialiste des monarchies du golfe Arabo-Persique. Elle décrypte pour Le Monde les enjeux de la transition en Arabie saoudite, suite au décès du roi Abdallah, dans la nuit de jeudi 22 à vendredi 23 janvier, auquel succède le prince héritier Salman.En l’espace de quelques heures, le pouvoir a changé de main en Arabie saoudite. Non seulement un nouveau roi a été nommé, mais également un prince héritier (Muqrin Ben Abdelaziz) et un vice-prince héritier (Mohamed Ben Nayef). Peut-on parler de transition en douceur ?Fatiha Dazi-Héni Effectivement, tout se déroule dans les règles. Il y avait des supputations, ici et là, comme à la mort du roi Fahd (le prédécesseur d’Abdallah), en raison d’inévitables tiraillements entre lignées. Mais c’était un vrai-faux suspense. Le roi avait verrouillé sa succession, en nommant Muqrin, en mars, au poste de vice-prince héritier. Beaucoup d’observateurs n’y croyaient pas, car il est le fils d’une esclave yéménite. Mais, en définitive, le scénario planifié par Abdallah a été respecté à la lettre.En portant au pouvoir un homme déjà âgé (79 ans) et que l’on dit malade, l’Arabie saoudite ne se condamne-t-elle pas à l’immobilisme ?Salman est un homme évidemment affaibli. Il souffre de la maladie d’Alzheimer et a des difficultés d’élocution. Je me souviens d’un dîner officiel à l’Elysée, au cours duquel il avait eu du mal à lire son discours. En l’état actuel, sa maladie ne l’empêche pas de gouverner. C’est d’ailleurs lui qui tenait les rênes du pays depuis six mois. Mais avec une maladie dégénérative comme Alzheimer, il ne sera malheureusement pas le roi qu’on avait espéré il y a quinze ans, quand il passait pour le plus prometteur des fils du roi Abdel Aziz. Il serait étonnant de le voir régner longtemps. Il sera un roi de transition.Que pourrait-il se passer si son état de santé venait à s’aggraver ?En 2006, le roi Abdallah a mis sur pied un conseil d’allégeance, de façon à codifier les phases de transition. En cas de détérioration subite de la santé de Salman, ce conseil pourrait s’autosaisir et convoquer un comité médical, chargé de statuer sur la capacité ou non du roi à assumer ses fonctions. Si l’incapacité est prouvée, la théorie veut qu’une direction transitoire soit formée dans l’attente de la nomination d’un nouveau roi. Le pouvoir saoudien ne veut surtout pas se retrouver dans la situation qui a été celle du Koweït, en 2006. Le nouvel émir de l’époque, le cheikh Saad Al-Sabah, qui était très malade, avait été incapable de prêter serment et avait été obligé d’abdiquer après neuf jours sur le trône.Dans ces circonstances, il n’y a guère de rupture à attendre dans la politique du royaume…La continuité devrait l’emporter. Sur le front intérieur, Salman devrait manifester le même réformisme prudent qu’Abdallah. Les évolutions que celui-ci avait initiées, comme la saoudisation du marché du travail ou l’embauche d’un nombre croissant de femmes dans le secteur privé, devraient se poursuivre pas à pas. Avec l’Iran, il ne jettera pas de l’huile sur le feu, il a toujours dit qu’il fallait composer avec ce grand voisin. Mais les discussions seront là aussi très prudentes. Il faut comprendre que l’Arabie saoudite se vit comme une citadelle assiégée. Ses pires ennemis sont à ses frontières : au nord, en Irak, les djihadistes de l’Etat islamique ; et au sud, au Yémen, les milices prochiites de la rébellion houthiste, ainsi que les cellules d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique. Ce n’est pas le moment de lancer des projets révolutionnaires.Une évolution notable, malgré tout, c’est le retour au premier plan du clan des Soudeyris…Effectivement, cette branche de la famille royale avait été quelque peu maltraitée par Abdallah. En quelques heures, Salman, qui en est issu, a nommé deux autres de ses membres à des postes-clés : son neveu Mohamed Ben Nayef, comme vice-prince héritier, et son propre fils, Mohamed Ben Salman, comme ministre de la défense. Ce dernier est très controversé dans le royaume. Mais Mohamed Ben Nayef, qui est l’homme des Américains, a fait ses preuves, dans la lutte contre Al-Qaida, dans les années 2000. En s’empressant de les nommer, Salman impose sa marque.Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.01.2015 à 16h01 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h15 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) La tension reste forte en Belgique après le démantèlement d’un réseau terroriste et l’assaut, le 15 janvier, contre la cache à partir de laquelle il devait opérer, à Verviers. Les menaces se sont multipliées contre une série de personnalités et la protection du roi Philippe, du premier ministre Charles Michel et de Bart De Wever, maire d’Anvers et dirigeant de l’Alliance néoflamande (NVA), a notamment été renforcée. Des dirigeants économiques semblent également visés.Diverses manifestations culturelles ont, par ailleurs, été annulées, par crainte de représailles. Un festival de cinéma, Ramdam, où devaient être projetés des films réputés « dérangeants » n’aura pas lieu : le complexe de Tournai, où il devait se dérouler, sera fermé jusqu’au 28 janvier, a annoncé, jeudi, le maire de la ville. Le Musée Hergé, à Louvain-la-Neuve, avait renoncé, la veille, à une exposition qu’il allait consacrer à Charlie Hebdo. Une exposition sur la censure a subi le même sort, à Bruxelles. Enfin, une manifestation de Vlativa, un mouvement qui se veut le pendant flamand de Pegida, l’organisation anti-islam allemande, a été interdite pour des raisons de sécurité. Première du genre en Belgique, elle devait avoir lieu lundi 26 janvier, à Anvers.L’inquiétude des autorités est nourrie par le sentiment général que, même si l’enquête sur le réseau djihadiste progresse, elle n’a pas encore permis d’identifier tous ses membres. Deux terroristes ont été tués à Verviers et leur identité est désormais connue : il s’agit de Sofiane Amghar, un Belgo-Marocain de 26 ans, et Khaled Ben Larbi, un Belge âgé de 23 ans. Tous deux se sont rendus en Syrie et étaient originaires de la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean, où d’autres jeunes se sont radicalisés.« L’appui d’une dizaine d’étrangers »Un troisième homme était présent à Verviers : Marouane Al-Bali, 25 ans. Aujourd’hui sous les verrous, cet ancien agent de sécurité affirme s’être trouvé par hasard « au mauvais endroit ». Les enquêteurs le soupçonnent, sur la base d’écoutes téléphoniques, d’avoir été un « logisticien ». Un autre individu arrêté, Billel Houdhoud, 26 ans, rouage présumé du réseau, invoque son droit au silence depuis son incarcération. Mohamed Arshad Hajni, 26 ans, a signé le contrat de location de la planque de Verviers, mais nie toute implication. Mohamed Amghar, frère de l’un des deux tués, était en prison au moment des faits et aurait servi de relais.La police française a arrêté près de la frontière italienne deux suspects, les frères Souhaib et Ismaïl Al-Abdi, qui semblaient en route pour Rome. Un certain Omar D., un Algérien de 33 ans, a été appréhendé en Grèce. Zaiud Koullis, un Néerlandais de 18 ans, ancien de Syrie, est recherché : son passeport était à Verviers et il a fui, avec l’intention de se rendre en Espagne, mais les dernières traces que la police a de lui proviennent de Paris. Un de ses complices présumés, Abdelmounaim Haddad, 21 ans, s’est, lui, livré. Il avait tenté de rejoindre la Syrie en avril 2014, mais fut arrêté en Turquie et expulsé.Abdelhamid Abbaoud, alias Abou Omar Al-Soussi, est très activement recherché. « Cerveau » présumé du réseau, cet ancien combattant belge de l’Etat islamique serait en Grèce ou en Turquie. Il coordonnait la cellule qui préparait des attentats imminents et devant viser notamment la police. Les hommes de Verviers disposaient de quoi fabriquer une bombe et pouvaient, selon les écoutes effectuées, compter sur l’appui d’une dizaine d’« étrangers ». D’où l’inquiétude des enquêteurs belges, qui collaborent étroitement avec divers services européens pour tenter de déterminer jusqu’où s’étendait le réseau partiellement mis au jour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.01.2015 à 15h50 | Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) Le premier ministre Pakistanais, Nawaz Sharif a annulé, jeudi 22 janvier, sa visite au Forum économique Mondial de Davos, en Suisse, pour trouver une issue à la grave pénurie de pétrole qui frappe son pays.Après Islamabad et la province du Pendjab, la pénurie a gagné, cette semaine, d’autres parties du territoire, dont Karachi, ville portuaire et capitale économique du pays.Les coupures de courant, déjà fréquentes dans le pays, se sont multipliées. Des files d’attente se sont formées aux abords des stations de service et certains chauffeurs passent des nuits à patienter dans leur taxi ou leurs trois roues à moteur dans l’espoir d’obtenir quelques litres d’essence.L’autre carburant utilisé, le gaz naturel comprimé, n’est plus disponible depuis le début de l’hiver, pour permettre à la population de se chauffer.Malgré la chute, ces derniers mois, des cours mondiaux du pétrole, l’entreprise publique Pakistan State Oil (PSO) n’a plus les moyens d’en acheter. Endettée à hauteur de 2 milliards de dollars, elle s’est vue refuser un prêt des banques et a dû cesser son approvisionnement.Son fort endettement s’explique par le défaut de paiement des compagnies d’électricité privées, qui, elles-mêmes, n’étaient plus payées par l’Etat.Selon le quotidien Dawn, l’entreprise publique aurait besoin de 850 millions d’euros et de huit semaines pour un retour de la situation à la normale. Le pays n’a plus que trois jours de réserve.Mouvements de protestationLe ministre du pétrole et des ressources naturelles, Shahid Khaqan Abbasi avance une autre explication, jugée peu crédible par les économistes : la baisse des prix du pétrole aurait encouragé la hausse de la consommation au point d’épuiser les réserves du pays.« Dans notre pays, les gens peuvent se montrer très agressifs pour obtenir quoi que ce soit. Quand les prix baissent, ils achètent de plus en plus », aurait déclaré le ministre au quotidien Dawn, avant d’affirmer qu’il démissionnerait si le gouvernement le jugeait « coupable ».Quelques jours plus tard, le même ministre a dû présenter ses excuses promettant la fin de la pénurie dans « quelques jours », sans toutefois démissionner.Jeudi 22 janvier, le premier ministre Pakistanais a tenu une réunion de crise sans lui, puisque ce dernier était en déplacement à l’étranger, à une conférence sur le thème de… l’importation de gaz naturel comprimé.Cette crise alimente les mouvements de protestation, d’autant plus que Nawaz Sharif avait promis la fin des coupures de courant lors de sa campagne électorale en 2013.Le parti du Tehreek-i-Insaaf (PTI), qui ne perd jamais une occasion de monter au front contre le gouvernement a appelé ses partisans à manifester dans tout le pays.Les journaux pakistanais ne sont pas plus tendres avec leurs responsables politiques. « Rien ne peut mieux mettre en évidence la mauvaise gestion et l’incompétence du gouvernement que cette crise du pétrole », a écrit le quotidien Daily Times dans son éditorial du 20 janvier.Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.01.2015 à 13h17 • Mis à jour le23.01.2015 à 13h20 A deux jours des élections législatives en Grèce qui pourraient porter au pouvoir le parti de gauche radicale Syriza hostile à la politique d'austérité imposée par l'Union européenne, l'heure est aux dernières déclarations du côté de la diplomatie. La chancelière allemande, Angela Merkel, a ainsi souhaité vendredi 23 janvier à Florence que la Grèce « continue à faire partie de [l']histoire » européenne.« Je connais bien les difficultés auxquelles la Grèce est confrontée mais je rappelle que la base de nos principes est la solidarité », a souligné Mme Merkel lors d'une conférence de presse commune avec le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi.Lire aussi (édition abonnés) : Bruxelles se prépare au retour du « problème grec »PAS D'INQUIÉTUDE« Attendons les élections, je ne suis pas inquiète du résultat, a-t-elle assuré.  La population grecque va choisir de manière libre et indépendante la voie à suivre. Je suis sûre que nous trouverons tranquillement des solutions. »M. Renzi a lui aussi affirmé qu'il n'était « pas inquiet » : « quel que soit le vainqueur en Grèce, nous travaillerons avec le nouveau premier ministre dans la tranquillité et le respect du parcours établi. »Au bord de la faillite, la Grèce est depuis 2010 placée sous assistance financière massive des autorités européennes et du Fonds monétaire international. Mais Syriza, grand favori des élections législatives prévues dimanche, a adopté un ton très offensif concernant la cure d'austérité imposée par les bailleurs de fonds internationaux et n'a pas exclu une restructuration de la faramineuse dette publique du pays.Lire notre analyse (édition abonnés) : En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicale Philippe Bernard (Londres, correspondant) A la place des logos de chaque marque et des habillages graphiques bien connus, tous les paquets de cigarettes vendus au Royaume-Uni pourraient bientôt ne comporter qu’un énorme avertissement de santé, voire une photo choc représentant les ravages du tabac (cancer de la gorge, tumeurs de la bouche ou de la gorge).Après des mois d’atermoiements liés au lobbying des industriels du tabac, le gouvernement de David Cameron a annoncé, mercredi 21 janvier, qu’il déposerait un projet de loi dans ce sens au Parlement, destiné à être approuvé avant les élections législatives du 7 mai. Le royaume serait alors le second pays, après l’Australie, à adopter le paquet de cigarettes « neutre », sur lequel les marques figurent seulement dans une typographie standard. La réforme, destinée à rendre le tabac moins attrayant, est également programmée en France.Mais M. Cameron a décidé d’accélérer ce changement, approuvé par 72 % des électeurs britanniques, afin de ne pas laisser à l’opposition travailliste le monopole du discours sur la prévention en matière de santé. L’avenir du financement du Service national de santé (NHS), universel et gratuit, figure parmi les thèmes centraux de la campagne électorale qui vient de s’ouvrir. Le parti Labour promet d’instaurer lui aussi le paquet indifférencié s’il revient au pouvoir en mai.600 jeunes fumeurs de plus tous les joursEn annonçant le dépôt du projet de loi, la ministre de la santé, Jane Ellison, a assuré que le retrait des marques permettrait de « protéger les enfants des méfaits du tabac ». Quelque 80 000 décès sont attribués chaque année au tabac au Royaume-Uni et on estime à 600 le nombre de jeunes qui commencent chaque jour à fumer.Les industriels du tabac se sont déclarés consternés et ont annoncé qu’ils combattraient en justice la loi sur le « paquet neutre » si elle venait à être adoptée, estimant qu’elle bafoue leurs droits sur la propriété industrielle des marques. « La question de la légalité de la censure des marques par le gouvernement doit être soulevée, a déclaré un porte-parole de Philip Morris. Elle fausse la concurrence dans une économie de marché. » Selon les cigarettiers, les statistiques qui font état d’une diminution de la consommation de tabac en Australie depuis l’adoption du « paquet neutre » (moins 3,4 % en 2013) ne reflètent que la poursuite d’une tendance engagée auparavant. La principale conséquence, selon eux, est l’augmentation de la consommation de cigarettes de contrebande qui, elles, portent bien des marques. Mais l’intensité de l’hostilité des grandes firmes du tabac laisse penser qu’elles craignent que la mesure ait un véritable impact.Le vote attendu à Westminster d’ici à mai sera intéressant à observer, car les députés conservateurs n’auront pas de consigne de leur parti. La tendance « libertarienne » des tories pourrait être tentée de voir dans le « paquet neutre » une entorse aux libertés individuelles et au libre marché. Déjà, Nigel Farage, le chef du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe et anti-européen) a fait entendre sa différence : « Le paquet “neutre” est une affligeante intrusion dans la liberté de choix des consommateurs et le fonctionnement du marché, a-t-il tweeté jeudi. Ce serait un coup dur pour l’emploi et les recettes fiscales. » Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Paris (Washington, correspondant) Depuis le pacte du Quincy, conclu en février 1945 entre Abdel Aziz Al-Saoud et Franklin Delano Roosevelt, la boussole diplomatique de Riyad indique l’ouest. Le roi Abdallah n’y a pas dérogé lorsque que son pays a accédé sous son autorité aux premiers rôles au sein d’un monde arabe perclus de fractures. Mais l’engagement international du roi disparu le 23 janvier s’est calqué sur sa gouvernance intérieure, marquée par des initiatives hardies progressivement atténuées, puis étouffées par le conservatisme.En 2009, la présence du souverain saoudien parmi les pays du G20, espérance d’une nouvelle gouvernance mondiale, est la traduction éclatante des nouveaux habits diplomatiques saoudiens. Bénéficiant à l’époque du retrait relatif de l’Egypte, lié au vieillissement du système Moubarak, le royaume saoudien s’est avéré quelque mois plus tôt un interlocuteur nécessaire, courtisé par l’Occident comme par la Chine, lorsque le cours du baril avait atteint les sommets à l’été 2008.Sept ans auparavant, reprenant un plan de son frère Fahd, en 1981, Abdallah, alors régent, avait lancé une initiative de paix en direction d’Israël qu’il avait fait ultérieurement endosser par la Ligue arabe, à Beyrouth : la normalisation contre un Etat palestinien. Boudée par Israël, elle marquait un revirement tardif mais profond du camp arabe par rapport au triple « non » du sommet de Khartoum, après la déroute de 1967 (pas de réconciliation, pas de reconnaissance et pas de négociation avec Israël). Souvent présentée comme une tentative de faire oublier la présence de quinze Saoudiens parmi les 1dix-neuf terroristes du 11-Septembre, cette initiative est relancée en 2007 et élargie aux principales puissances musulmanes après que le roi avait forgé une brève réconciliation inter-palestinienne entre nationalistes du Fatah et islamistes du Hamas.Le dialogue interreligieux initié par le roi à partir de 2007 crée la surprise. Il restera l’aspect le plus novateur de sa diplomatie. Prompt à encadrer dans son royaume les outrances du salafisme et du wahhabisme, il se rend spectaculairement à Rome, au Vatican, en 2008, puis préside une conférence à Madrid ouverte aux religions du Livre et à d’autres formes de spiritualités. Cette audace montre cependant vite ses limites. A la différence des Emirats arabes unis et du Qatar, autre pays de la Péninsule se réclamant du wahhabisme, Abdallah n’ira pas jusqu’à accéder aux demandes de réciprocité, formulées de longue date par les autorités chrétiennes, en autorisant la construction, sur le sol saoudien, de lieux de culte pour que les cohortes d’immigrés employées dans le royaume puissent y pratiquer une autre foi que l’islam.Crainte d’une contagion révolutionnaireEn-dehors de ces coups d’éclat, le roi est souvent à la peine sur les dossiers arabes, principalement libanais et syrien. L’Arabie saoudite, traditionnellement réactive, au contraire du Qatar voisin – longtemps détesté pour son activisme et qui multiplie à la même époque les médiations, du Liban au Soudan en passant par le Yémen mais avec des fortunes diverses –, se brouille avec Damas en 2005 à la suite de l’assassinat imputé aux services syriens du premier ministre libanais Rafic Hariri, proche des Saoud et devenu sujet saoudien. En 2006, Riyad essuie les diatribes du président Bachar Al-Assad contre la passivité arabe pendant la guerre qui oppose le Hezbollah libanais à l’armée israélienne. Le roi Abdallah renoue pourtant les liens avec Damas en 2009, avant de les rompre définitivement en 2011, lorsque le régime syrien commence à mater la révolte populaire.Car, progressivement, l’obsession iranienne va obscurcir la vision du monde du roi Abdallah, interdit devant l’émergence de Téhéran comme puissance régionale, notamment à partir du renversement de Saddam Hussein par son allié historique américain qui installe, en 2003, à Bagdad, aux portes du royaume, un nouveau pouvoir chiite. Une ironie de l’Histoire qu’il mettra longtemps à accepter.Dans la nouvelle guerre froide qui s’installe de part et d’autre des rives du Golfe, ce qui n’est pas sous l’égide de Riyad est considéré comme territoire perdu. C’est sans doute cette lecture binaire qui fait que le roi cautionne l’écrasement du « printemps » de son affidé du Bahreïn, en mars 2011, où une dynastie sunnite minoritaire monopolise les leviers de l’Etat, tout en soutenant en Syrie l’opposition populaire puis militaire à Bachar Al-Assad, appuyé par Téhéran.A la lutte contre « l’arc chiite » courant de l’Iran au sud du Liban s’ajoutera dans les dernières années du règne d’Abdallah une tentation réactionnaire visant les Frères musulmans, de l’Egypte aux principautés du Golfe. Par crainte d’une contagion révolutionnaire, que les réalités sociales saoudiennes ne permettent pas d’exclure.Après la chute de Saddam Hussein, l’attitude américaine pendant les « printemps arabes », notamment le lâchage de Hosni Moubarak au Caire, a enfin contribué à brouiller la relation spéciale fondée sur le pont d’un croiseur américain et que la quête de Washington d’un accord avec Téhéran n’a pas peu contribué à perturber. Mais ces brouilles n’affolent pas durablement la boussole diplomatique d’Abdallah, qui engage, à l’automne 2014, son pays dans la coalition internationale contre la menace djihadiste qui a resurgi en Irak.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Plus que jamais, Israël veut ouvrir ses bras aux juifs de France. Parmi la délégation israélienne qui s’est envolée vers Paris pour participer à la grande marche de dimanche, autour du premier ministre Benyamin Nétanyahou, se trouve Natan Sharansky, le patron de l’Agence juive.Cet organisme semi-gouvernemental, qui a pour vocation d’encourager et d’aider les juifs du monde entier à émigrer vers Israël, considère dorénavant la France comme un objectif prioritaire, en raison d’un afflux sans précédent de candidats. Son porte-parole, Yigal Palmor, qui fut longtemps la voix officielle du ministère des affaires étrangères, détaille au Monde les ressorts de ce phénomène.La France est devenue en 2014 le premier pays source pour l’aliyah, l’émigration en Israël. Comment l’expliquez-vous ?C’est vrai, 2014 a été l’année d’un record historique. Nous avons accueilli près de 7 000 juifs de France, soit une augmentation de 130 % par rapport à 2013. Il y a une multiplication des demandes, des appels. Près de 50 000 personnes ont contacté nos délégués l’an passé pour obtenir des informations. Cela indique une humeur, mais ça ne présage pas forcément du nombre de personnes qui se rendront aux réunions, et encore moins de celui des départs effectifs. Sur la base des dossiers ouverts et des procédures déjà engagées, nos prévisions pour 2015 s’établissent entre 8 000 et 9 000. Ces chiffres exceptionnels traduisent une lame de fond.Mais ces prévisions datent d’avant les attentats de cette semaine à Paris, notamment la prise d’otages sanglante dans une épicerie casher...Il est trop tôt pour faire de nouvelles prévisions, mais on peut déjà noter que le choc est très fort. Il y a un cumul des secousses, après l’affaire Ilan Halimi et puis les tueries de Mohammed Merah.N’est-il pas choquant que le premier ministre d’Israël, Benyamin Nétanyahou, appelle samedi les juifs de France à faire leur aliyah, à la veille d’une marche historique pour l’unité nationale ?Il faut comprendre que cela fait partie de l’ethos de l’Etat d’Israël, conçu dès le départ comme un refuge, un abri pour les juifs du monde entier. Quand une situation dramatique comme celle de ces derniers jours en France se présente, il est presque automatique pour des dirigeants israéliens de tenir de tels propos. Lorsque des juifs sont agressés, Israël garde ses portes grandes ouvertes, que ce soit pour les juifs de France, d’Ethiopie ou d’Ukraine. Il ne s’agit pas d’un désaveu de la France et de la République. Les Israéliens regardent, très émus, ces jours-ci, les écrans de télévision. Notez ce qu’écrit la presse, de tous bords politiques : les juifs sont attaqués et en danger. Lorsque Ariel Sharon avait tenu des propos similaires [en 2004, appelant les juifs de France à faire leur aliyah], il ne faisait que répéter ce qui allait de soi, pour les Sharoniens comme pour les anti-Sharoniens : c’est la vision sioniste de base.Mais les victimes sont des citoyens français…Personne ne demande aux dirigeants français de rendre des comptes. Mais il est normal qu’Israël, pays ami, exprime des inquiétudes et un sentiment de fraternité à l’égard d’une communauté qui lui est proche. Il va y avoir un grand débat, franco-français, sur ce que devra faire la République, sur la place des uns et des autres, sur les mesures sécuritaires à adopter aussi. Faut-il mettre certaines libertés en danger, comme l’ont fait les Etats-Unis après le 11-Septembre avec le Patriot Act ? Faut-il préserver Schengen ? Je me garderai bien de dire ce que les Français devraient faire. Mais les Israéliens se sentent très concernés, car des juifs ont été pris pour cibles. Il ne faudra pas s’étonner si certains Israéliens veulent donner des conseils aux Français. On est habitués à cela de la part des Français. Mais, entre pays amis, on peut se le permettre sans se montrer susceptible.Quelles sont les motivations des juifs français effectuant leur aliyah ?Il faut être prudent, car il n’y en a jamais une seule. Il existe d’abord un phénomène général d’expatriation, qui concerne des centaines de milliers de Français, sur fond de crise économique. Il existe aussi pour certains des motivations religieuses, ou bien un sentiment d’appartenance. Un grand nombre de personnes parlent d’un climat d’intolérance, de violences, d’un certain langage qui blesse. Le fait qu’ils ne se sentent plus chez eux en France est certainement un élément de la décision. Celle-ci est souvent familiale. On a remarqué une très forte proportion de familles parmi les arrivants.Dans le passé, c’étaient plutôt de jeunes individus. Là, la tendance, ce sont les familles et les retraités. Leur profil est plutôt classe moyenne, avec un nombre assez fort de diplômés du supérieur, des professions libérales. Ils s’installent d’abord à Tel-Aviv et à Jérusalem, mais aussi à Ashdod et à Netanya, où l’on entend de plus en plus parler français.En quoi consiste le dispositif spécifique mis en place à destination des juifs français candidats à l’aliyah, au début de 2014 ?Il consiste d’abord à renforcer les effectifs qui s’occupent de l’intégration des immigrés. Il prévoit aussi des programmes spéciaux pour l’apprentissage de la langue, l’aide à l’insertion au travail, la levée des obstacles bureaucratiques. Je pense notamment à l’homologation des diplômes professionnels (médecins, avocats) ou à l’obtention de la carte d’identité. Comme pour les autres arrivants, il existe aussi des aides financières, au logement ou bien pour les emprunts, en vue de suivre des études.Mais quelle est la part des Français décidant de retourner en France car la greffe ne prend pas ?Il n’y a pas de chiffre avéré. L’estimation générale, pour tous les migrants, est de 20 %. Mais on voit par exemple, pour l’immigration en provenance de Russie, que certains gardent un pied de chaque côté. C’est même le cœur de leur activité, dans la coopération bilatérale, ou la médiation. Ils sont en même temps ici et là-bas, ils profitent de la possibilité de faire le pont.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.01.2015 à 19h59 • Mis à jour le11.01.2015 à 18h47 Un attentat suicide a tué sept personnes et blessé 36 autres dans le quartier à majorité alaouite de Jabal Mohsen à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, ont indiqué un responsable de la Croix-Rouge libanaise et l'armée.L'armée a elle affirmé qu'« autour de 19 h 30 (18 h 30 à Paris), un kamikaze a attaqué un café à Jabal Mohsen, faisant plusieurs morts et blessés ». Une source des services de sécurité a confirmé ces informations, ajoutant que deux corps parmi ceux des victimes avaient été déchiquetés par l'explosion.L'armée a bouclé le secteur empêchant les journalistes de s'approcher des lieux, selon le correspondant de l'Agence France-presse (AFP) à Tripoli.DEUX EXPLOSIONSUn témoin, Zouheir al-Cheikh, légèrement blessé par l'attaque, a raconté à l'AFP qu'il se trouvait dans le café « avec d'autres personnes, quand nous avons soudain entendu une première explosion. Ensuite, une énorme explosion a eu lieu, mais on ne sait pas ce qui l'a provoquée ».Tripoli est, ces dernières années, régulièrement le théâtre de heurts meurtriers entre sunnites du quartier de Bab El-Tebbaneh, partisans de la rébellion syrienne, et alaouites de Jabal Mohsen soutenant le régime de Bachar Al-Assad. Depuis octobre, l'armée libanaise s'est déployée en force à Tripoli, deuxième ville du pays, arrêtant des centaines de personnes pour tenter de faire cesser les violences.Le Liban, qui a été sous la tutelle syrienne pendant une trentaine d'années, est profondément divisé entre alaouites et chiites du Hezbollah partisans du président Assad et sunnites qui penchent du côté de l'opposition. Stéphane Lauer (New York, correspondant) Abou Hamza a été condamné, vendredi 9 janvier, à la prison à perpétuité. Le 19 mai 2014, au terme d’un procès d’un mois, l’ex-imam de la mosquée londonienne de Finsbury Park avait été reconnu coupable devant le tribunal fédéral de Manhattan de complot et prise d’otages, pour avoir aidé les ravisseurs de seize touristes occidentaux au Yémen, en 1998.La juge Katherine Forrest a justifié la peine infligée par le fait que le monde ne serait pas en sécurité si le prêcheur britannique était en liberté. « Le mal peut avoir différentes formes et n’apparaît pas toujours au premier abord dans toute sa noirceur », a-t-elle expliqué. Il y a « une part de vous que ce tribunal considère comme diabolique », a-t-elle ajouté.A l’issue de leur délibération, les jurés avaient dû distinguer les deux facettes d’un même personnage. L’une enregistrée sur les cassettes vidéo et les témoignages audio dans lesquels il prêchait la violence contre les non-musulmans, qui pouvaient être traités comme des « animaux », et dont les femmes et les enfants pouvaient être capturés pour être vendus.L’autre montrant un homme au ton professoral se défendant avec assurance et parfois avec humour d’être lié à des actes de terrorisme ou avoir aidé Al-Qaida. « Le véritable Abou Hamza n’est pas l’homme que vous voyez en 2014. Le véritable Abou Hamza est coupable. Ne laissez pas le temps effacer ce qu’il a fait », avait déclaré le procureur, Ian McGinley, lors de son réquisitoire final.Dans sa plaidoirie, celui-ci avait lu à haute voix les noms des quatre touristes européens qui sont morts en 1998 lors de la prise d’otages. Une opération facilitée par Abou Hamza, qui avait fourni aux ravisseurs des téléphones satellitaires. Deux femmes parmi les 16 touristes enlevées sont également venues témoigner à la barre.« Un leader dans la guerre globale »L’ex-prédicateur égyptien a tenté de convaincre le jury qu’en apprenant la prise d’otage il s’était senti « trahi » et avait été « en colère », proposant même de jouer les conciliateurs dans cette affaire.Des propos en contradiction avec le témoignage de l’une des otages, Mary Quin, qui, alors qu’elle préparait un livre sur son enlèvement, avait rencontré quelques années plus tard Abou Hamza dans sa mosquée de Londres et l’avait enregistré. Celui-ci s’était vanté que le kidnapping était « une bonne chose du point de vue islamique ».Lors du procès, le procureur avait dit que « quelqu’un qui tenterait d’être un conciliateur ne dirait pas à une victime d’une prise d’otages que c’était une bonne chose », parlant à son encontre de « preuves accablantes ».Abou Hamza a été finalement condamné à deux peines de prison à vie pour deux charges relatives à l’enlèvement de touristes au Yémen, et à cent ans de prison pour neuf autres charges. Mustafa Kamel Mustafa, de son vrai nom, a été également convaincu de soutien terroriste en liaison avec un projet de camp d’entraînement au djihad en 1999 dans l’Oregon et d’avoir envoyé des candidats à la guerre sainte s’entraîner en Afghanistan. Cette peine était la seule appropriée, pour le procureur Edward Kim : « L’accusé était un leader dans la guerre globale qu’est le djihad », a-t-il dit.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) Peter Neumann, directeur du Centre international pour l’étude de la radicalisation (ICSR) de l’université King’s College de Londres, affirme qu’Al-Qaida ou l’Etat islamique (EI) ne veulent plus réitérer des attaques de type 11-Septembre, mais plutôt des attentats de petite échelle « impliquant peu de gens et ne nécessitant pas beaucoup de préparation », comme les attaques qui ont frappé Paris du 7 au 9 janvier. L’attaque contre « Charlie Hebdo » et les événements en France marquent-ils un tournant dans la stratégie du terrorisme islamiste visant le monde occidental ?Oui, j’en suis convaincu. Les groupes islamistes, que ce soit Al-Qaida ou l’Etat islamique (EI), perpètrent désormais des attentats de plus petite ampleur. Depuis 2001, nous avions d’une certaine manière de la chance, car les djihadistes cherchaient absolument à commettre des attaques complexes et ambitieuses qui supposaient beaucoup de préparation et un grand nombre de participants. C’était beaucoup plus facile pour la police de les détecter, car ils étaient obsédés par l’idée de réitérer un 11-Septembre. L’an dernier, ils ont compris qu’il n’y avait pas besoin de s’attaquer au World Trade Center pour causer la terreur et exacerber les tensions dans nos sociétés. Un attentat de petite échelle impliquant peu de gens et ne nécessitant pas beaucoup de préparation peut créer un choc identique. C’est ce que nous avons commencé à voir l’an dernier à Ottawa et à Sydney.Cette nouvelle stratégie marque-t-elle une dérive ou procède-t-elle d’une décision ?Le 22 septembre 2014 a été diffusée sur les réseaux sociaux une déclaration d’un porte-parole de l’Etat islamique qui disait en substance : « Allez-y, faites tout ce que vous pouvez ! » Le message visait les Occidentaux et explicitement les Français. En constatant l’impact en Europe des exécutions comme celle du journaliste américain James Foley, les djihadistes se sont rendu compte qu’il suffisait de poster sur Internet la vidéo d’une exécution pour mettre le monde entier en émoi. Il n’y a pas besoin de lancer des avions contre le World Trade Center : en tuant une personne on peut faire réagir le président des Etats-Unis. Ils ont constaté que c’était plus efficace que les attaques d’ampleur qui ont d’ailleurs parfois échoué. Ce message a eu un grand impact chez les djihadistes d’Europe : ils ont compris que, pour devenir célèbre, il n’y avait pas besoin de faire comme à New York ou Madrid et qu’une attaque individuelle pouvait apporter la même renommée.Pensez-vous que le type de situation que connaît la France peut se répéter ailleurs dans le monde occidental ?Je ne fais pas que le penser, j’en suis absolument certain. Il y aura d’autres attaques en France ou dans d’autres pays occidentaux. Il s’agit d’un nouveau modus operandi et je crois qu’à la fin de 2015 on se dira que cette année aura été celle des attaques de faible ampleur et d’énorme impact. Les sociétés occidentales comptent beaucoup de gens radicalisés, non seulement des djihadistes qui sont rentrés après avoir combattu en Syrie, mais aussi des partisans d’Al-Qaida et de l’EI qui n’ont jamais été là-bas. Donc, le potentiel est vaste pour de nouvelles attaques, car ces personnes comprennent l’ampleur du choc que peut produire un acte isolé.Vous parlez de « tournant ». Mais l’idée d’attentats perpétrés par des individus n’est pas nouvelle... C’est vrai, l’idée n’est pas nouvelle, évidemment. Elle est aussi vieille que le terrorisme lui-même. C’était la stratégie des anarchistes au XIXe siècle. Mais c’est nouveau si l’on se réfère aux années 2001-2010 où l’ensemble des mouvements djihadistes était tellement fasciné par le 11-Septembre que leur ambition était de recommencer.Ce nouveau type d’attentats moins ambitieux est-il plus difficile à prévenir ?Oui, et c’est le grand défi d’aujourd’hui pour les polices et les services secrets européens : trouver de nouvelles méthodes pour les détecter et les empêcher de passer à l’acte.L’attentat contre « Charlie Hebdo » reflète-t-il la rivalité entre Al-Qaida et l’Etat islamique ? Oui, car Al-Qaida, confronté aux succès de l’EI, est sur la défensive. Nous savons qu’Al-Qaida pense que la seule façon de reprendre l’avantage est de perpétrer des attentats spectaculaires dans le monde occidental. En fait, il y aura deux faits marquants de 2015 : d’une part les attaques de faible ampleur et d’autre part la rivalité entre Al-Qaida et l’EI pour exercer la suprématie sur le mouvement.Pour vous, les événements de France portent-ils la signature d’Al-Qaida ?Oui, je le pense. Al-Qaida estime que ce type d’attaque est celui où ils excellent : spectaculaire, relativement coordonnée et impliquant des gens entraînés.L’émotion mais aussi la mobilisation sont impressionnantes dans la société française. Les manifestations en faveur de la défense des libertés et les démonstrations de cohésion peuvent-elles changer les choses ?Cela ne changera pas ce que les djihadistes ont en tête : ils manifestent beaucoup d’enthousiasme à l’égard de ce qui vient de se passer et ne seront sûrement pas impressionnés. Mais c’est une bonne chose que la société française réagisse de cette façon, notamment parce que cela mobilise les musulmans modérés contre les djihadistes. Mais les personnes qui sont déjà radicalisées ou attirées par le djihad se moquent du nombre de personnes qui défilent.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) « Hyper Casher » : le nom de l’épicerie choisie par Amedy Coulibaly pour organiser une sanglante prise d’otages à Paris, vendredi 9 janvier, en dit assez sur son mobile. Cet « acte antisémite effroyable », selon François Hollande, a fait l’objet d’une conversation téléphonique en début de soirée entre le président français et le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Israël a demandé le maintien d’une protection policière élevée autour des institutions juives en France, y compris après un retour à la normale, explique une source gouvernementale. M. Nétanyahou a également organisé une conférence téléphonique avec son ministre des affaires étrangères, Avigdor Liberman, et les responsables des services de sécurité. Il a demandé à ce que toute aide possible soit fournie à Paris. Depuis déjà plusieurs mois, les services israéliens communiquent des informations sur la présence en Syrie de djihadistes français.Dans la matinée de vendredi, Benyamin Nétanyahou a reçu dans sa résidence à Jérusalem l’ambassadeur de France, Patrick Maisonnave. Le premier ministre a présenté ses condoléances aux autorités françaises et aux familles des victimes. « Nous comprenons que nous nous trouvons dans une bataille commune pour nos valeurs et pour notre avenir, et nous refusons d’être intimidés », a déclaré M. Nétanyahou. Celui-ci en a profité pour dresser, une nouvelle fois, un parallèle entre les différents visages d’une même « menace globale ». Pour le chef du gouvernement, lsraël, la France et plus, généralement, les pays occidentaux se trouvent confrontés à un front commun, la « barbarie », qui n’est pas intéressé par des « règlements politiques », dans une allusion au conflit israélo-palestinien.« Fanatisme assoiffé de sang »« Ces terroristes abattent des journalistes à Paris. Ils décapitent des travailleurs humanitaires en Syrie. Ils font sauter des églises en Irak. Ils massacrent des touristes à Bali. Ils lancent des roquettes en provenance de Gaza. Ils désirent construire des armes nucléaires en Iran. Ils peuvent avoir des noms différents, a poursuivi M. Nétanyahou. Etat islamique, Boko Haram, Hamas, Al-Chabab, Al-Qaida, Hezbollah. Mais tous sont mus par la même haine et un fanatisme assoiffé de sang. Et tous cherchent à détruire nos libertés et à nous imposer une tyrannie médiévale et violente. » Le dernier déplacement officiel de l’ambassadeur français à Jérusalem, il y a une semaine, avait été moins emprunt d’empathie. M. Maisonnave avait été convoqué au ministère des affaires étrangères pour être questionné sur le vote de la France au Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’une résolution palestinienne réclamant la fin de l’occupation israélienne dans les trois ans. Aviv Shir-On, directeur général adjoint du ministère, chargé de l’Europe, lui avait signifié la « profonde déception » de son pays.« Etat islamique, Boko Haram, Hamas, Al-Chabab, Al-Qaida, Hezbollah, tous sont mus par la même haine et un fanatisme assoiffé de sang«  », affirme le premier ministre israélienDe son côté, Avigdor Liberman a aussi lié l’attentat contre Charlie Hebdo à des considérations plus nationales, alors qu’Israël entre de plain-pied dans la campagne des élections législatives du 17 mars. La leçon à tirer de cette attaque, selon lui, « c’est que les groupes extrémistes qui se distinguent des groupes terroristes uniquement par leur sémantique et par des détails juridiques doivent faire l’objet d’une intervention préventive, a-t-il estimé. De ce fait, nous ne devons plus traîner plus longtemps ou permettre aux activités de la branche du nord du Mouvement islamique [le Hamas] dirigé par le cheikh Raed Salah de continuer ». Le Mouvement de la résistance islamique gagne en popularité auprès d’une partie de la jeunesse arabe israélienne. Les autorités évoquent depuis longtemps une éventuelle interdiction, sans passer à l’acte. Aujourd’hui, la droite israélienne est en pleine surenchère d’intransigeance.Assaut islamiste généraliséLes médias israéliens, eux, ont balancé, dans un premier temps, entre compassion et regard critique. Mais la prise d’otages vendredi dans l’épicerie casher, juste avant le shabbat, près de la porte de Vincennes à Paris, a soudain rendu les événements parisiens plus dramatiques, plus familiers aussi. Deux ans après l’équipée criminelle de Mohammed Merah à Toulouse et Montauban, qui avait notamment tué des Français de confession juive, et huit ans après l’affaire Ilan Halimi, cette nouvelle attaque conforte l’idée d’un assaut islamiste généralisé contre la présence juive en Europe. Et ce d’abord en France, premier pays source pour l’aliya, avec près de 7 000 départs pour Israël en 2014, soit plus du double de 2013. L’Agence juive, organisme semi-gouvernemental, a multiplié les réunions d’information ces derniers mois dans les grandes villes françaises, pour donner aux candidats le mode d’emploi d’une « montée » réussie en Israël.Dans un article prémonitoire publié jeudi dans le quotidien de gauche Haaretz, le journaliste Anshel Pfeffer rapprochait les cibles choisies par Mohammed Merah et les frères Kouachi. « Ni la vie juive, ni la presse férocement libre n’auraient pu prospérer ainsi en France au cours des 70 dernières années sans un environnement ouvert, libéral et démocratique, pour les nourrir. Toutes deux symbolisent ce qu’il y a de meilleur dans la période prolongée de paix et de liberté dont a joui l’Europe occidentale depuis la seconde guerre mondiale. Ce n’est pas une coïncidence qu’elles aient été choisies toutes deux pour cibles. » Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jacques Follorou, Simon Piel et Matthieu Suc Les hommes qui ont provoqué l’effroi de la France et du monde entier par leur violence sans limite et leur détermination ont une histoire. Elle s’inscrit au cœur de la capitale, Paris, dans un quartier niché sur les flancs d’une colline, les Buttes-Chaumont, qu’ils ont si souvent parcouru en rêvant d’une autre vie que la leur. C’est là que vont se tisser les premiers liens d’une mouvance en quête de mentor et de reconnaissance. Un islam radical et sommaire sera leur ciment et leur référence. Ils se construiront contre cette société qui les a vus naître.Avant de plonger le pays tout entier dans l’inquiétude et d’assassiner dix-sept personnes, ils n’auront fait que suivre aveuglément des mentors. Ils admireront des fous de guerres. Ils connaîtront la prison, qui sera un creuset de radicalisation et d’endoctrinement. Enfin, ils épouseront des causes lointaines dont ils ne comprendront guère les enjeux. Instables, sans projet, ils ont fondé la première école du djihad en France. Elle essaimera en Irak, en Tunisie, en Syrie, au Yémen et en France.Personnage central de cette histoire française, Chérif Kouachi, qui a défié les forces de l’ordre pendant trois jours, s’est défini en 2005 devant la justice comme « un musulman ghetto ». Alors âgé de 21 ans, « il a fait sa vie », comme il le répète devant les policiers qui le suspectent d’avoir participé à l’organisation d’une filière djihadiste vers l’Irak. Lui-même n’a pas pu s’y rendre. Il est arrêté le 26 janvier 2005, juste avant de prendre l’avion.Farid Benyettou, le référent religieux« Je ne me considère pas comme un bon musulman », dit Chérif aux policiers. Pas assez d’assiduité à la mosquée, quelques larcins ici ou là et du cannabis de temps en temps en écoutant du rap avec « les potes » du quartier. Il a travaillé, un temps, comme livreur chez El Primo Pizza aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Issu d’une famille de cinq enfants, il a habité avec ses parents jusqu’en octobre 1994 avant d’être placé dans un foyer. Son frère aîné, Saïd, et l’une de ses sœurs constituent ses seuls liens familiaux après le décès de ses parents.Le premier tournant de sa vie intervient au cours de l’été 2003. Un autre jeune du quartier, Peter Cherif, lui fait découvrir la mosquée Adda’wa (19e arrondissement de Paris) également fréquenté par Farid Benyettou, un agent d’entretien d’un an leur aîné, qui devient vite leur référent religieux. Il donne ses propres cours de religion et se revendique du mouvement Takfir. Fondée à la fin des années 1970 en Egypte, la mouvance, ainsi que ses partisans de l’idéologie du Takfir Wal Hijra développe les thèses de Sayyed Qotb, l’idéologue des Frères musulmans, et prônent une rupture totale avec la société moderne. En 1989, à la fin du conflit afghan, les vétérans algériens, de retour au pays, constituent des cellules combattantes et participent pour partie à la création des Groupes islamiques armés.Benyettou officie dans plusieurs foyers d’insertion de l’arrondissement, rue David-d’Angers ou rue de l’Argonne. Pour impressionner ses jeunes disciples, près d’une cinquantaine, il se targue de liens présentés comme prestigieux dans ce petit milieu. Son beau-frère, Youcef Zemmouri, est très proche d’une figure du terrorisme islamiste, Boualem Bensaïd, l’un des organisateurs de la vague d’attentats meurtriers de 1995 en France qui fit huit morts et près de deux cents blessés.L’envie de Kouachi de s’en prendre aux symboles juifs.Chérif Kouachi et son frère Saïd, leur ami, Thamer Bouchnak, délaissent peu à peu la mosquée pour l’appartement de Farid Benyettou dont les diatribes haineuses visent avant tout les Etats-Unis et leur guerre en Irak. « C’est là, dira Chérif aux policiers, que j’ai eu l’idée de partir en Syrie pour rejoindre ensuite l’Irak ». Si Benyettou se garde bien de prendre une arme et déclare aux policiers « qu’il n’a pas l’âme d’un combattant ». Chérif racontera cette période au magistrat. « Farid m’a parlé des 70 vierges et d’une grande maison au paradis. Il s’agissait de mourir aux combats ou de se suicider. » Benyettou vante les attentats suicides en Irak mais les interdit en France. Il retient l’envie de Kouachi de s’en prendre aux symboles juifs.Inexpérimentée, la bande des Buttes-Chaumont franchit un palier en rencontrant un autre personnage, originaire, comme eux, du 19e arrondissement. Boubaker El-Hakim, un proche de Farid Benyettou, est le premier de la filière irakienne dite des « Buttes Chaumont » à être parti se battre. Après des études coraniques à Damas en 2002, il se trouve en Irak, le 15 mars 2003, lors de la chute de Bagdad. Interpellé à Damas, il est expulsé en France avant de repartir en Syrie en 2004. Ses faits d’armes font le tour du 19e. Son frère, Redouane, a été tué en juillet 2004 à Falloujah dans un bombardement. La mythologie du martyr irrigue les apprentis djihadistes.Pour partir en Irak, les apprentis djihadistes annoncent qu’ils partent étudier la religion ou effectuer des missions humanitaires. Mohamed El Ayouni, un ami d’enfance de Peter Charif a perdu un œil et un bras lors d’un bombardement à Falloujah. Les familles ne cautionnent pas. En mai 2005, le frère de Mohamed El-Ayouni a prévenu la direction de la surveillance du territoire (DST) de sa présence en Irak. La mère de Peter Cherif a contacté les services diplomatiques français en Syrie fin 2004 et celle des frères El-Hakim s’est rendue à la DST, le 28 octobre 2004, pour signaler le départ de ses fils.Père spirituelChérif Kouachi rêve de rejoindre le groupe d’Abou Moussab Al-Zarkaoui, représentant d’Oussama Ben Laden en Irak. « C’est par fierté que j’ai décidé de partir, confiera-t-il. Je me suis dit que si je me dégonflais j’allais passer pour un lâche ». Pour cela, il apprend le maniement des armes sur armes. com et bénéficie des conseils d’un ami de Benyettou.Son interpellation, le 26 janvier 2005, n’entrave en rien sa dérive. Au contraire, la prison va accentuer sa radicalisation. Quand il intègre la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, il se découvre un nouveau père spirituel, Djamel Beghal, et un nouveau frère, Amedy Coulibaly. Beghal purge une peine de dix années de prison pour un projet d’attentat fomenté, en 2001, contre l’ambassade des États-Unis à Paris.Ce terroriste jouit d’une réputation de fin théologien, auréolée par un séjour en Afghanistan de novembre 2000 à juillet 2001. Il y aurait suivi « une formation paramilitaire ». Kouachi et Coulibaly tombent sous son emprise. Il est présenté par la police antiterroriste française comme « le chef d’une cellule opérationnelle d’obédience takfir », ce qu’il conteste. En résidence surveillée à Murat dans le Cantal, Djamel Beghal reçoit régulièrement ses disciples. Au téléphone, il les oriente, leur fait la leçon. Les propos qu’il tient à Coulibaly le 12 mars 2010 résonnent étrangement après le massacre au supermarché casher de Vincennes : « Les enfants de Palestine, ce sont les combattants de demain, mon ami. C’est eux qui sont en train de tenir tête aux juifs ».Le contact avec cette figure charismatique les convainc qu’ils sont devenus des djihadistes professionnels aguerris. Mais pour Beghal, ce sont aussi des soldats obéissants pouvant faire évader un autre personnage de cet islamisme radical international, Smaïn Ait Ali Belkacem. Ce dernier a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’attentat, le 17 octobre 1995, à la station RER Musée-d’Orsay, à Paris.Recrutement dans les maisons d’arrêtConnu de l’administration pénitentiaire pour recruter dans les différentes maisons d’arrêt qu’il écume depuis vingt ans, il fait montre d’une vraie efficacité. En 2004, à la centrale de Saint-Maur (Indre), la fréquentation du culte musulman avait doublé dans son bâtiment. Il endoctrine, notamment, un pur braqueur, Teddy Valcy. Transféré à la centrale de Clairvaux (Aube), Belkacem convertit cette fois un trafiquant de drogue condamné pour assassinat et un autre braqueur ayant fait feu sur un policier.Kouachi n’est pas le seul de la filière des Buttes-Chaumont à fréquenter ces mentors. Contrairement à lui, Mohamed El-Ayouni a réussi à rejoindre l’Irak où il a combattu à Falloujah pour le compte d’Abou Moussab Al-Zarkaoui. Blessé à trois reprises, il a conquis un statut de vétéran du djihad, ce qui impressionne le petit délinquant qui partage sa cellule, Salim Benghalem. Lorsque ce dernier est libéré, Thamer Bouchnak, l’ami de Chérif Kouachi, arrêté avec lui avant de partir pour la Syrie, prend Benghalem sous son aile qui se radicalise à son tour. Il effectue, en 2009, le pèlerinage à La Mecque. De retour en France, il épouse religieusement une étudiante de 21 ans.La filière des Buttes-Chaumont joue dans la cour des grands et sait mettre à profit du djihad les talents du grand banditisme. Lors d’une filature, au printemps 2010, dans la cité à Gagny (Seine-Saint-Denis), les enquêteurs repèrent dans le sillage de Teddy Valcy dit « Scoubidou », « un individu habillé de manière salafiste ». L’enquête met à jour des préparatifs pour faire évader Belkacem. Le cerveau de l’affaire est Djamel Beghal. Amedy Coulibaly joue le messager entre les deux. Avec des rôles moins établis, les anciens des Buttes-Chaumont, Mohamed El-Ayouni, Thamer Bouchnak et Chérif Kouachi réapparaissent. Et le novice Salim Benghalem s’affiche à leurs côtés.Plus qu’une éventuelle évasion, les forces de l’ordre redoutaient des attentats. Sur une écoute en date du 22 avril 2010, Djamel Beghal annonce à Smaïn Ait Ali Belkacem : « J’ai deux choses en tête, je pense à une des deux choses depuis très longtemps. Je la construis pierre par pierre, tu vois. Elle demande du temps, ce n’est pas de la rigolade, ce n’est pas pour s’amuser (…) C’est une chose pour l’honneur. » Ce à quoi l’artificier des attentats de 1995 rétorque : « Inch’Allah, si Dieu me couronne de succès, le truc de « mariage », moi je le règle bien, tu as compris ? » Le terme « mariage » était le nom de code utilisé par les terroristes pour désigner les attentats.Lors du procès de cette tentative d’évasion, en décembre 2013, chaque jour, dans la salle d’audience du tribunal, à Paris qui juge Beghal, Belkacem, El-Ayouni, Bouchnak, Coulibaly et Valcy et deux complices, un homme, s’assoit anonyme dans le public. Ayant obtenu un non lieu quatre mois plus tôt, Chérif Kouachi vient soutenir ses camarades.Pendant ce temps, loin de là, en Syrie, Salim Benghalem gravit les échelons au sein de la hiérarchie de l’Etat islamique et en Tunisie, Boubaker Al-Hakim a rejoint les rangs d’un groupe djihadiste ayant fait allégeance à l’EI. Matthieu SucJournaliste au MondeSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jacques Follorou Après trois jours d’une crise hors normes qui a causé la mort de 17 victimes et de 3 terroristes, le temps est venu de s’interroger sur la capacité de l’Etat à prévenir une telle violence. Depuis le début du conflit syrien, en 2011, les autorités publiques, les services de sécurité, les médias et, aussi, d’une certaine manière, l’opinion semblent s’être focalisés sur la menace suscitée par les départs en Syrie.Finalement, la plus grande violence est venue d’anciens du djihad ayant eu maille à partir avec la justice dès 2004. Les départs de jeunes Français partis combattre en Syrie dans les rangs djihadistes n’auraient-ils pas aveuglé les services de renseignement ?Certes, le nouveau phénomène syrien, massif et proche, a aussi montré ses dangers. Le 24 mai 2014, Mehdi Nemmouche, revenant de Syrie, a assassiné quatre personnes au Musée juif de Belgique, à Bruxelles. Mais entre 2010 et ce début d’année 2015, sur le seul territoire français, les frères Kouachi et leurs amis des filières dites du 19e arrondissement poursuivaient leur radicalisation, achetaient des armes, et entretenaient des contacts avec des proches ayant choisi de combattre en Syrie ou en Tunisie dans les rangs djihadistes.« L’intensité baisse »Comme pour anticiper cette question, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a affirmé, au cœur des événements, que les auteurs des attaques sanglantes « avaient fait l’objet de surveillance [policière] ». « Il n’y avait pas d’élément les concernant témoignant de l’imminence d’un attentat », a-t-il poursuivi. Laissant ainsi entendre un argument déjà donné, en 2012, dans le cas de Mohamed Merah, le tueur de Toulouse, pour justifier le défaut d’anticipation.« Quand il n’y a pas d’activités particulières pendant un certain temps, de fait, l’intensité baisse et on passe à autre chose, mais les services ont traité chaque génération de djihadiste », avance un haut responsable en matière de sécurité et de renseignement. Et à la différence des nouveaux prétendants au djihad, les anciens qui viennent de faire irruption avaient connu, pour beaucoup, la justice et avaient appris à vivre « sous les radars », selon la formule d’un policier de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).Pourtant, jusqu’en 2013, au moins, la police judiciaire antiterroriste est saisie de dossier concernant Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly. L’administration pénitentiaire ne fera rien remonter sur les dérives des intéressés lors de leur passage en prison. Et si la DGSI sera en mesure de fournir des adresses de possibles caches lors des cavales des frères Kouachi et de Coulibaly, aucune alerte ne sera donnée, en amont, sur leur basculement dans l’ultraviolence.Difficile coopérationLe niveau de vigilance sur cette mouvance était d’autant plus bas que la coopération entre les services de sécurité français peinent encore à se fluidifier. « Après la tentative d’attentat de Djamel Beghal contre l’ambassade des Etats-Unis en 2001 à Paris, la CIA est venue en France faire la synthèse des éléments détenus par trois services français distincts, le contre-espionnage français, les Renseignements généraux et la Direction générale de sécurité extérieure, avant cela, chacun gardait ses informations pour lui », se souvient Bernard Squarcini, patron de la DCRI, de 2007 à 2012.Si la coopération intérieure reste donc à parfaire, celle conduite avec l’étranger a pâti de certains événements, comme le « printemps arabe » survenu en 2010. « D’un coup, témoigne encore M. Squarcini, nous n’avions plus de contact avec nos homologues tunisiens, libyens ou égyptiens, puis ensuite syriens, notre vue s’est réduite. »Faute de renseignement, les services de l’Etat n’ont pas disposé d’éléments permettant de saisir l’approche d’un passage à l’acte. Une tâche de plus en plus ardue face à des individus toujours plus nombreux, sans réel projet politique et à la psychologie instable. « La vraie question qui se pose à nos démocraties, c’est comment opposer la raison à une logique millénariste », lâche un conseiller ministériel.Pour Manuel Valls, il faut envisager de « nouveaux dispositifs » en matière de sécurité Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.01.2015 à 00h44 • Mis à jour le10.01.2015 à 00h50 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Les Etats-Unis avaient de bonnes raisons de disposer d’éléments sur un éventuel passage de Saïd Kouachi au Yémen, en 2011, dont ont fait état plusieurs médias américains le 8 janvier. Jusqu’à l’émergence de l’Etat islamique à la faveur des dérèglements irakiens et de la guerre civile syrienne, c’est dans cet Etat que se concentraient de leur propre avis les groupes les plus menaçants à la suite de l’affaiblissement de la branche historique de la nébuleuse terroriste constituée par Oussama ben Laden.C’est dans cet Etat également que les frappes de drones visant des djihadistes présumés ont été les plus nombreuses après celles conduites au Pakistan. C’est d’ailleurs au Yémen, le 30 novembre 2002, qu’avait eu lieu l’une des premières frappes de missile Hellfire tiré par Predator, tuant un responsable de l’attaque terroriste contre le bâtiment de la marine américaine Cole, deux ans plus tôt.C’est au Yémen qu’avait été formé Omar Farouk Abdoulmoutallab, le responsable de l’attentat manqué contre un avion de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit (Michigan), le 25 décembre 2009. Onze mois plus tôt, en février, les djihadistes saoudiens fuyant le royaume à la suite de la campagne de répression lancée par le prince Nayef bin Abdel Aziz Al-Saoud, alors ministre de l’intérieur, s’étaient alliés aux djihadistes yéménites pour constituer le groupe Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), profitant de la faiblesse historique de l’Etat yéménite et de sa position géopolitique entre la Corne de l’Afrique et le Pakistan.Lire aussi : Un haut responsable d'Al-Qaida au Yémen « se félicite » de l'attaque contre « Charlie Hebdo » Les frères Kouachi se sont revendiqués d’un idéologue d’AQPAIls y avaient prospéré et formé notamment de nombreux artificiers à l’origine de bombes dissimulées dans des colis postaux embarqués à bord d’avions-cargos à l’automne 2010. Aucune bombe n’avait cependant explosé. Un imam d’origine américaine, Anouar Al-Awlaki, lié à la fusillade de Fort Hood, dans une base américaine, en 2009, était l’idéologue d’AQPA jusqu’à son assassinat par une attaque américaine en septembre 2011. C’est de ce responsable que se sont revendiqués les frères Chérif et Saïd Kouachi, selon les témoignages recueillis lors de leur cavale.Avant le « printemps yéménite », qui allait emporter le régime du président Ali Abdallah Saleh et ouvrir une période d’instabilité dont il continue à payer le prix, le Yémen avait constitué une destination de choix pour des dizaines de salafistes français désireux de renouer avec l’islam « des pieux ancêtres ». Ces salafistes poursuivaient des enseignements religieux à Sana’a comme dans une ville du nord-ouest, Dammaj. La majorité de ces salafistes ne poursuivait aucun but djihadiste, mais certains d’entre eux pouvaient profiter sur place des liens entretenus par certains dignitaires religieux, y compris des membres du parti islamique Al-Islah, avec des groupes djihadistes, notamment à la faveur des solidarités tribales très actives au Yémen.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles Paris sera, dimanche 11 janvier, la capitale européenne de la lutte contre le terrorisme. La marche républicaine organisée en hommage aux victimes des attentats de Paris sera une marche européenne. Le président Hollande a personnellement invité plusieurs chefs de gouvernement à participer au rassemblement. « Je serai avec eux », a expliqué le chef de l’Etat dans son allocution télévisée, vendredi.Le rassemblement sera placé sous le signe d’une véritable unité européenne contre le terrorisme. La chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le premier ministre britannique David Cameron, le président du conseil italien Matteo Renzi, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy, ou encore le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban, ont confirmé leur présence.Ce soutien apporté à la France dépasse également les frontières de l’Europe. Seront ainsi présents le président ukrainien Petro Porochenko, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre américain de la justice Eric Holder, huit chefs d’Etat africains, dont les présidents malien Ibrahim Boubacar Keïta, gabonais Ali Bongo et nigérien Mahamadou Issoufou, ainsi que par le premier ministre tunisien Mehdi Jomaa. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas seront également tous deux, de manière exceptionnelle, présents. Et la liste n’est pas exhaustive.Pour que ces rassemblements se déroulent sereinement, Manuel Valls a assuré que des « moyens de sécurité massifs » seraient mis en place dimanche à Paris mais aussi en province.Suivez les derniers événements en direct sur Le Monde.fr« Je serai à Paris dimanche »Dans un tweet, le premier ministre britannique, David Cameron, a expliqué qu’il avait « accepté l’invitation du président Hollande de participer au rassemblement unitaire pour soutenir les valeurs incarnées par #CharlieHebdo » (« celebrating the values behind #CharlieHebdo »). « Je serai à Paris dimanche pour soutenir le peuple français. L’Espagne avec la France contre le terrorisme et pour la liberté », a écrit le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, sur son compte Twitter.Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a expliqué sa présence « en hommage à Charlie Hebdo ». « Le président Tusk a reçu un appel téléphonique du président François Hollande et il participera à la marche organisée dimanche à Paris », a expliqué un porte-parole du Conseil à l’AFP.La chancelière allemande, Angela Merkel, a officiellement confirmé sa présence qui avait été annoncée par le journal conservateur Die Welt. La rencontre prévue dimanche à Strasbourg, avant l’attaque contre Charlie Hebdo, entre le président Hollande et Mme Merkel avec le président du Parlement européen, avait été annulée vendredi en début d’après-midi.« Défi commun »En plus de cette marche hautement symbolique, Paris sera le lieu d’une réunion internationale consacrée au combat contre le terrorisme. Dimanche, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, recevra Alejandro Mayorkas, vice-ministre de l’intérieur des Etats-Unis, ainsi que le ministre de la justice, Eric Holder, en compagnie des ministres de l’intérieur allemand, britannique, espagnol, italien et polonais pour une réunion sur la lutte contre le terrorisme.Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos sera également présent ainsi que le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove. Il s’agit pour Bernard Cazeneuve de faire face à « ce défi commun que nous adressent les terroristes et qui ne pourra être résolu qu’en commun, au sein de l’Union européenne et au-delà ».Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) 2,95 millions. L’économie américaine n’avait plus créé autant d’emplois depuis quinze ans. Cette performance qui permet aux États-Unis d’afficher leur taux de chômage le plus bas depuis juin 2008. Celui-ci est tombé à 5,6 % de la population active, soit 0,2 point de moins qu’en novembre et 0,1 point de moins que ce que prévoyaient en moyenne les économistes.Ce sont ainsi 252 000 emplois qui ont été créés en décembre, selon les statistiques publiées, vendredi 9 janvier, par le Département du travail.Les chiffres d’octobre et de novembre ont été par ailleurs révisés à la hausse. Sur ces deux mois ce sont 50 000 emplois supplémentaires qui ont été créés, portant le nombre total sur l’ensemble de l’année à 2,95 millions, ce qui donne une moyenne mensuelle de 245 833.Il faut donc remonter à 1999 pour retrouver de tels chiffres. Cette année-là, l’économie américaine avait créé 3 millions d’emplois. Il est vrai qu’entre-temps, la population américaine a augmenté de 39 millions à 318 millions, ce qui relativise la performance.Dans le même temps, ces bonnes nouvelles pour l’économie américaine ont été quelque peu écornées par les statistiques sur l’évolution des salaires publiées simultanément. À la surprise générale, le salaire horaire a baissé de 0,2 %, du jamais vu depuis 2006.Du surplaceMême s’il est trop tôt pour dire si elle sera durable, il s’agit d’une inversion de tendance par rapport à novembre où les salaires avaient au contraire augmenté de 0,2 %.Sur l’ensemble de 2014, le salaire horaire moyen a augmenté de 1,7 %, soit la plus faible progression depuis octobre 2012. Ce chiffre doit également être mis en perspective avec l’inflation qui est à 1,3 %, ce qui veut dire qu’en réalité les salaires font quasiment du surplace en termes de pouvoir d’achat.Cet indicateur des salaires est étroitement surveillé par la Réserve fédérale (Fed), qui estime que sa faible progression est un signe que le marché de l’emploi reste convalescent.Cela démontre en effet que celui-ci n’est pas encore suffisamment dynamique pour exercer une pression sur les employeurs pour augmenter les salaires pour faire face à des difficultés de recrutement. Or, pour le moment, ce n’est pas le scénario auquel on assiste.C’est ce qu’indiquaient les minutes du Comité de politique monétaire de la Fed du 17 décembre 2014, publié le 7 janvier, certains membres soulignant qu’ils « ne voient pas de signe clair d’une accélération des salaires ».Ce sera « la grande question pour 2015 », prévient Joseph Lake, analyste chez The Economist Intelligence Unit.Le fait que les salaires ne repartent pas à la hausse n’est pas une bonne nouvelle pour la consommation des ménages, qui représente 70 % de l’activité économique aux États-Unis.En revanche, la chute brutale des prix de l’énergie, enregistrée ces dernières semaines, va procurer aux ménages un supplément de pouvoir d’achat qui va être le bienvenu dans ce contexte.Mais l’impact énergétique va jouer dans les deux sens. Car les entreprises du secteur pétrolier ont déjà prévenu qu’elles allaient lever le pied sur leurs investissements en 2015. La chute du prix du baril fait qu’un certain nombre de forages ne sont plus rentables.« Les suppressions d’emplois ajustées des variations saisonnières dans le secteur de l’énergie ont bondi à leur plus haut niveau depuis la fin 2012 », indique David Mericle, économiste chez Goldman Sachs. Le phénomène devrait s’amplifier dans les mois à venir et ainsi peser sur la dynamique générale de l’emploi.Depuis 2011, l’industrie pétrolière dans son ensemble a créé 779 000 emplois, soit un bond de 50 %, alors que la progression dans les autres secteurs n’a été que de 7 %.Un nombre important d’Américains disparaissent des statistiquesAutre indicateur, qui laisse dubitatif : le taux de participation au marché de l’emploi – c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un – a une nouvelle fois baissé en décembre à 62,7 %, du jamais vu depuis les années 1970.C’est d’ailleurs ce qui explique en grande partie la baisse du taux de chômage, font remarquer les analystes de la Deutsche bank. Un nombre important d’Américains, découragés de ne pas trouver d’emploi, disparaissent des statistiques officielles du chômage. Celles-ci indiquent qu’au 31 décembre 2014, il y a 8,7 millions de personnes en recherche d’emploi.Lorsqu’on ajoute des indicateurs comme le nombre de temps partiels subis, on arrive à un taux de chômage de 11,2 %, soit 0,2 point de moins qu’en novembre.On est revenu au niveau de septembre 2008, date de la faillite de la banque Lehman Brothers, mais on reste encore loin des taux d’avant-crise, qui oscillaient entre 8 % et 10 %. De quoi inciter la Fed à réfléchir avant d’augmenter ses taux d’intérêt. Si l’amélioration du marché du travail aux Etats-Unis est incontestable, il faudra encore un peu de temps pour revenir à une véritable situation de plein-emploi.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jacques Follorou On disposait jusqu'ici de peu d'informations sur le parcours de Saïd Kouachi, l'un des deux frères suspectés d'avoir perpétré la tuerie à Charlie Hebdo. Selon une source diplomatique française, son nom a été transmis par les autorités yéménites aux services de sécurité américains après avoir séjourné au Yémen en 2011. Toujours selon cette même source, les éléments fournis aux services de renseignement américains indiquaient que l'intéressé avait été vu en présence de personnes appartenant à la mouvance radicale.Suivre la situation en direct sur LeMonde.frSelon les éléments donnés par les Yéménites aux Américains l'homme serait, notamment, passé par la petite ville de Shihr, port de pêche ouvert sur la mer d'Arabie et réputé pour ses centres d'enseignement du salafisme, un courant sunnite qui prône un retour à l'islam des origines. La ville, qui attire des étrangers du monde entier, hébergerait de 200 à 300 Français, essentiellement des nouveaux convertis.PAS DE PRÉCISIONS SUR LE NIVEAU D'INTÉGRATION DANS AQPANéanmoins, rien ne permet, pour l'instant, de connaître avec précision le niveau d'intégration de Saïd Kouachi dans les rangs d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) ni même si cette organisation peut avoir commandité l'attaque contre Charlie Hebdo. Les frères Kouachi ont revendiqué, au moins, à deux reprises, leur filiation avec le Yémen auprès des personnes qu'ils ont croisé dans la journée du mercredi 7 janvier.Il avait déjà été confirmé que Chérif Kouachi, le cadet de la fratrie, a appartenu à un groupe que l'on pourrait aujourd'hui considérer comme l'un des « pionniers » du djihad à l'étranger. De nationalité française, né dans le 10e arrondissement de Paris, Chérif, qui se faisait appeler « Abou Issen », a été condamné, le 14 mai 2008, à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis dans le dossier dit de la « filière des Buttes-Chaumont », qui envoyait des candidats au djihad en Irak entre 2004 et 2006.Lire aussi : La fratrie Kouachi, de la petite délinquance au djihadJacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Louis Imbert ((envoyé spécial à Kobané (Syrie))) L’Etat Islamique (EI) a été chassé de Kobané, en Syrie, mardi 27 janvier. Les djihadistes ont subi des pertes importants, mais ils ont résisté quatre mois sous les bombardements de la coalition internationale, dans une bataille ultra-médiatisée. Explications :Pourquoi l’EI avait-il attaqué Kobané ?Kobané n’était pas un objectif stratégique de premier plan pour l’EI. C’est une région kurde, dans laquelle les arabes sunnites, sur lesquels s’appuie l’organisation, sont minoritaires. Certes, parvenir à la contrôler aurait pu donner à l’EI le contrôle d’une centaine de kilomètres de frontière entre la Syrie et la Turquie. Cela aurait facilité son trafic de pétrole, qui représente une part importante de son budget, et l’arrivée de djihadistes étrangers.Mais l’EI tient déjà de larges pans de la frontière à l’est et à l’ouest de la ville, autour des villes syriennes de Jarablous et de Tal-Abiad. Attaquer la province de Kobané permettait surtout à l’EI de prendre le contrôle de la route au sud-ouest de Kobané, qui relie par le nord son fief de Rakka à Alep, où il combat le régime syrien. En 2013, les Kurdes de Kobané et des rebelles de l’armée syrienne libre chassés de Rakka avaient attaqué l’EI sur cette route à plusieurs reprises.Lire aussi : Comprendre la bataille de Kobané en quatre cartesS’agit-il vraiment d’une défaite pour l’EI ? L’Etat islamique a été chassé de Kobané et de quelques villages alentours, à travers lesquels les forces kurdes progressent désormais, appuyées par des frappes aériennes. Mais les djihadistes tiennent encore la province. Ils disposent de chars et d’armes lourdes pour empêcher l’avancée des Kurdes en terrain ouvert. De récentes frappes aériennes de la coalition sur cette route, où sont présentes des forces de l’Armée syrienne libre, pourraient suggérer, selon le chercheur Thomas Pierret, de l’université d’Edimbourg, « une répétition du scénario de Kobané » : des bombardements appuyant des troupes locales au sol contre l’EI.« On ignore ce que les pertes de Kobané représentent par rapport à l’ensemble des forces de l’EI. On s’accorde à dire qu’ils ont une grande force de résilience », dit Arthur Quesnay, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient, en Irak. « Ils ont toujours énormément d’hommes dans la région. Ils continuent de recruter. Ils disposent de nombreux ex-officiers du parti Baas de Saddam Hussein. »Pour le chercheur, il est même difficile, sur le plan symbolique, de considérer la perte de Kobané par l’EI comme une défaite : « Ils ont tenus plusieurs mois face aux bombardement et aux forces de la coalition syrienne venues d’Alep. Ils ont montré à leurs militants qu’ils étaient capables de tenir un front ultra-mediatisé. » Pourquoi cette bataille a-t-elle suscité tant d’attention ? Kobané a reçu une attention médiatique exceptionnelle au regard de sa taille (70 000 habitants avant la guerre) et de son importance relative face à d’autres villes de Syrie, comme Alep, capitale économique ravagée par les combats depuis juillet 2012. Mardi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, demandait ainsi : « Quand il s'agit de Kobané, tout le monde se lève et apporte son aide. Des réfugiés de Kobané, 200 000, viennent chez nous. Mais quand on parle d'Alep, personne n'écoute. Il y a 1,2 million de gens là-bas, il y a l'économie, l'histoire, la culture, pourquoi ne s'y intéresse-t-on pas ? »La presse a pu couvrir la bataille de Kobané depuis le côté turc de la frontière, à l’abri des combats, à la jumelle et au téléobjectif. A l’inverse, se rendre à Alep et dans les autres zones en guerre de Syrie est devenu presque impossible.Lire le reportage : Dans Kobané, libérée mais détruiteCette bataille avait aussi commencé peu après l’attaque menée par l’EI contre les Yézidis dans la région de Sinjar, en Irak, durant l’été. On avait alors craint l’extermination d’une large part de cette population kurde d’Irak, adepte d’un monothéisme hérité du zoroastrisme perse, encerclée sur la montagne qui domine Sinjar. Les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, organisation séparatiste interdite en Turquie) avaient brisé cet encerclement en août, s’affirmant comme les forces locales les plus efficaces face à l’EI. La branche syrienne du PKK avait ensuite su appeler efficacement la communauté internationale à l’aide, lorsque Kobané, qu’elle contrôle, avait été attaquée à son tour.Le 24 septembre, la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre l’EI commençait à bombarder des positions djihadistes à Kobané. Au fil de la bataille, la ville finira par concentrer près des trois quarts des frappes menée en Syrie : plus de 700 en quatre mois. Cette intensité s’explique en partie par la possibilité de cibler de nombreux combattants rassemblés sur le même front. La coalition avait peiné à trouver des cibles ailleurs en Irak et en Syrie, après une première vague de bombardements. Les Etats-Unis ont un temps présenté Kobané comme un exemple de l’efficacité de ces frappes, lorsqu’elles sont menées en coordination avec des combattants locaux au sol.Enfin, la bataille a donné lieu à d’importantes tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Turquie, qui a contribué depuis l’émergence de l’EI en 2013 à le renforcer, notamment en laissant sa frontière ouverte à ses trafics. La Turquie considère les djihadistes comme un moindre mal face au régime de Bachar Al-Assad et au PKK, qui a mené contre elle une guerre insurrectionnelle durant trente ans (plus de 40 000 morts). La Turquie a laissé passer des civils, et des combattants kurdes blessés, ainsi que de l’approvisionnement durant la bataille. Elle l’a fait discrètement, en multipliant les embûches. Elle a aussi laissé passer à grand bruit, fin octobre, 150 peshmergas venus de la région autonome kurde d’Irak, dont les autorités rivalisent avec le PKK.Quelle est l’ampleur des pertes de l’EI ? Le bilan le plus largement cité est celui de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres et qui s’appuie sur un réseau d’informateurs locaux : 1 800 morts, dont un millier de djihadistes. Les informations de l’OSDH sont peu fiables dans cette bataille, mais le chiffre d’un millier de morts côté EI est crédible, compte tenu de l’afflux continu de djihadistes dans la ville malgré les bombardements. Ces combattants, notent les autorités kurdes, ont montré une capacité impressionnante à tenir leurs positions, y compris en ruines.Le Pentagone a estimé de son côté que les pertes de l’EI pouvaient être évaluées par un nombre « à trois chiffres ». Depuis la chute de Kobané, Washington tente de faire passer le message que cette bataille a découragé de nombreux djihadistes étrangers de rejoindre les rangs de l’EI. Le département d’Etat américain affirmait mardi que des djihadistes avaient déserté les rangs de l’organisation, refusant d’aller se battre à Kobané. Certains ont été exécutés, précise-t-il, sans apporter d’éléments de renseignement pour étayer cette thèse.Le site Rakka is being slaughtered silently, tenu par un groupe clandestin de Syriens opposés à l’EI dans cette ville, affirmait ainsi vendredi que « des dizaines d’étrangers, des Saoudiens pour la plupart, ont quitté la ville ». L’EI, disait le site, a lancé « une alerte » et les recherchait dans les campagnes. Cette affirmation, tenue par un groupe qui tend à présenter la population de la ville comme opposée au règne de l’EI, ce qui n’est pas une évidence, était également invérifiable.Que va faire l’EI désormais ? Sur le plan militaire, la perte de Kobané répond au moins en partie à un choix stratégique : l’EI a mieux à faire à l’Est, dans la région kurde de Qamishli et sur l’axe, vital pour l’EI, qui relie la province irakienne d’Anbar à la ville syrienne de Deir ez-Zor (région riche en pétrole), suivant l’axe de l’Euphrate.Dans la province de Qamishli, à Hassaké, des combats ont opposé récemment les forces kurdes et celles du régime, qui cohabitaient jusqu’alors en relative intelligence. L’EI y dépêche des renforts, profitant de ces divisions. Il s’agira pour lui de reprendre un maximum de terrain et d’obliger le PKK à remonter au Nord, pour dégager la voix d’accès à la ville de Mossoul.Il s’agit d’une contre-attaque après la perte, à l’automne, de la région voisine de Sinjar, dans une offensive des Kurdes d’Irak. L’EI avait ainsi perdu un pan de frontière entre l’Irak et la Syrie, qui relie ses fiefs de Rakka et de Mossoul. Par ailleurs, l’EI a lancé mercredi une offensive contre la ville de Kirkouk, située plus loin à l’Est, en bordure du territoire contrôlé par les Kurdes d’Irak.Voir la dernière carte des territoires tenus par l’EI de l’Institute for the Study of WarLouis Imbert ((envoyé spécial à Kobané (Syrie)))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Ridet (Rome, correspondant) Il y avait dans les longs applaudissements des grands électeurs qui ont salué, samedi 31 janvier à Rome, l'élection au quatrième tour de scrutin, de Sergio Mattarella, 73 ans, davantage que le respect dû au douzième président de la République italienne. Non pas que la personnalité du successeur de Giorgio Napolitano, ne mérite pas tous les hommages.Sicilien, veuf, juge constitutionnel, ancien ministre indiscipliné de la Démocratie chrétienne, frère d'un ancien président de la région Sicile assassiné par la mafia le 6 janvier 1980, le nouveau président de la République semble mériter sur le papier tous les honneurs dus à sa réputation de droiture et de serviteur impartial de l'Etat.Mais dans les mines réjouies des votants (députés, sénateurs, délégués des régions) se lisait aussi une bonne part de soulagement. Soulagement d'avoir effacé par cette élection le cauchemar de celle de 2013, lorsque les grands électeurs, incapables de désigner le chef de l'Etat, avaient supplié, honteux et déconfits, Giorgio Napolitano de rempiler pour un nouveau mandat. Samedi, le Parlement italien a retrouvé ses prérogatives et son honneur.LE SENS TACTIQUE ET POLITIQUE DE MATTEO RENZIMais pour les élus du Parti Démocrate (PD, gauche), cette joie se double d'un triomphe. L'élection de Sergio Mattarella est d'abord une nouvelle preuve du sens tactique et politique de leur chef Matteo Renzi. Ayant déjà donné l'exemple de sa capacité de savoir gérer les élections au suffrage universel (européennes de 2014, plus de 40 % des voix pour le PD), il a démontré qu'il n'était pas manchot dans les scrutins en vase clos, comme dans le cas du vote pour le président de la République.Lire en édition abonnés : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueAlors que chacun pariait à ce que le premier ministre s'accorde avec Silvio Berlusconi, son allié pour les réformes constitutionnelles (mode de scrutin et Sénat), sur le choix d'un candidat, il a offert le nom de Mattarella à son parti, mettant l'ex-Cavaliere au pied du mur. Mattarella ou rien. Un homme capable de se démettre d'un des gouvernements Andreotti, en 1990, pour protester contre l'adoption d'une loi qui favorisait la construction de l'empire audiovisuel du magnat des médias !L'ancien président du conseil, qui aurait préféré la personnalité réputée plus souple de Giuliano Amato, dont il attendait une grâce ou du moins un arrangement pour retrouver son poste de sénateur, a eu beau tempêter, hurler à la trahison, rappelé les « coups de main » que les élus de son parti, Forza Italia, avaient donné au premier ministre lors des votes sur la reforme du Code du travail et du mode de scrutin, Renzi n'a pas changé de ligne, profitant de l'occasion pour ressouder la totalité du PD derrière lui. Par mesure de rétorsion, Silvio Berlusconi a appelé ses troupes à voter blanc.Il n'y avait qu'à voir les mines hargneuses de ses partisans, bras ballants et muets à l'annonce du nom du douzième président de la République pour deviner leur amertume. Amertume de s'être fiés à Matteo Renzi qui, machiavélique et florentin, a préféré, pour cette fois, son parti duquel il avait beaucoup à se faire pardonner à son allié de circonstance. Amertume aussi d'avoir misé, une fois encore, sur les supposées qualités de négociateur de Silvio Berlusconi.BERLUSCONI ET BEPPE GRILLO, GRANDS PERDANTSReclus dans sa villa d'Arcore (Lombardie), où il est placé chaque fin de semaine en résidence surveillée suite à sa condamnation pour fraude fiscale, Silvio Berlusconi va devoir faire face à une fracture ouverte au sein de son parti. Raffaele Fitto, étoile montante, qui lui reproche d'avoir conclu un marché de dupes avec le premier ministre, de s'être fait rouler dans la farine par un jeunot de presque quarante ans son cadet. Pour un homme qui a régné vingt ans durant sur la vie politique italienne, cette erreur tactique pourrait précipiter son déclin déjà bien entamé. Seuls 105 des 143 parlementaires de Forza Italia qui on reçu l'ordre de voter blanc ont obéi à la consigne.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienneIl n'est pas parvenu non plus à associer à sa démarche les élus du Nouveau Centre droit d'Angelino Alfano, son ancien dauphin. Tiraillé entre l'affection à son ancien mentor et le confort et la visibilité de son poste de ministre de l'intérieur qu'il doit à Matteo Renzi, il a choisi finalement, avec sa troupe d'une trentaine d'élus dont de nombreux Siciliens comme lui, de rester loyal au président du conseil qui a menacé de le virer du gouvernement…L'autre grand battu se nomme Beppe Grillo. Ne disposant plus que de 127 parlementaires après les démissions en cascade de dizaines de députés et sénateurs, il les a enjoints, à la suite d'une consultation sur Internet, de voter à chaque tour de scrutin pour Fernandino Imposimato, un ancien magistrat valeureux. Un autre candidat comme Romano Prodi, arrivé deuxième de ce référendum en ligne aurait pu tenter des électeurs du PD et troubler le jeu. S'ils ont pu démontrer à cette occasion leur discipline et leur fidélité, les parlementaires du M5S ont également apporté une nouvelle preuve de leur inutilité. Sergio Mattarella a été élu avec 665 voix sur 995 votants.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.01.2015 à 13h25 • Mis à jour le31.01.2015 à 17h39 Le juge constitutionnel Sergio Mattarella a été élu samedi 31 janvier président de la République italienne, avec 665 voix, soit largement au-dessus des 505 voix nécessaires, selon un résultat officiel.Lorsque le candidat soutenu par le chef du gouvernement Matteo Renzi a atteint le seuil requis, le décompte diffusé en direct à la télévision s'est arrêté quelques minutes, le temps de longs applaudissements dans les travées de l'hémicycle. « Bon travail, président Mattarella ! Vive l'Italie ! », a alors tweeté M. Renzi.Buon lavoro, Presidente Mattarella! Viva l'Italia— Matteo Renzi (@matteorenzi)require(["twitter/widgets"]);Lire (édition abonnés) : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueSergio Mattarella, 73 ans, reclus dans son modeste appartement de fonctions à deux pas du palais présidentiel depuis plusieurs jours, a été aperçu s'engouffrant dans une Fiat Panda grise. Selon les médias italiens, il s'est rendu chez sa fille pour attendre les résultats. Il pourrait prêter serment dès le début de semaine prochaine, d'après les médias italiens.« AMITIÉ FRANCO-ITALIENNE »François Hollande a salué l'élection de Sergio Mattarella à la présidence de la République italienne, lui adressant tous ses « vœux de succès dans l'accomplissement de sa haute mission ». Le président français se dit dans un communiqué « impatient de nouer avec son nouvel homologue italien la même relation étroite et de confiance qu'il avait avec Giorgio Napolitano, au service de l'amitié franco-italienne et d'une Europe plus forte et plus prospère ».Le président de la République en Italie a essentiellement des pouvoirs honorifiques, mais il joue un rôle très important d'arbitre en cas de crise politique, ce qui a souvent été le cas ces dernières années. Son prédécesseur, Giorgio Napolitano, qui aura 90 ans cette année, avait démissionné début janvier avant la fin de son second mandat, en raison de son âge.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienne 31.01.2015 à 10h34 • Mis à jour le31.01.2015 à 16h01 Plusieurs centaines de manifestants se sont à nouveau réunis samedi 31 janvier à Kaboul, en Afghanistan, pour dénoncer la publication de caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo, a-t-on appris de sources policières. Un rassemblement émaillé de jets de pierres contre les policiers, qui ont répliqué par des tirs en l'air pour disperser la foule. Plusieurs personnes ont été blessées lors des incidents, dont un policier, a pu constater un photographe de l'AFP.« LA SITUATION EST SOUS CONTRÔLE »Le calme est revenu en fin de matinée. « La situation est sous contrôle maintenant, et la route est de nouveau ouverte à la circulation », a précisé Hashmat Stanikzai, le porte-parole de la police de Kaboul.Depuis la publication du dernier numéro de Charlie Hebdo, avec une nouvelle caricature du prophète en « une », de nombreuses manifestations se sont déroulées dans le monde musulman, notamment au Pakistan voisin, où des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes du pays. En Afghanistan, la plus grande manifestation avait rassemblé 20 000 personnes à Hérat, dans l'ouest du pays, le 23 janvier. Lire : Le rédacteur en chef de « Charlie Hebdo » défend la « une » controversée 31.01.2015 à 05h41 • Mis à jour le31.01.2015 à 13h44 L'essentielLe parti de gauche radicale Podemos invite les Espagnols à défiler dans les rues de Madrid samedi.L'ampleur de la manifestation permettra de mesurer la popularité de ce jeune parti.L'Europe observe de près cet événement qui, une semaine après la victoire de Syriza en Grèce, représente un nouveau message anti-austérité.  C'est une mobilisation que la gauche radicale de toute l'Europe regardera avec attention. Combien seront les Espagnols à défiler, samedi 31 janvier, dans les rues de Madrid, à l'invitation du parti Podemos ? Près d'une semaine après la victoire du parti radical Syriza en Grèce, l'ampleur de la manifestation de samedi pourrait donner un signal de la résonance du message anti-austérité en Europe.Formé il y a un an, Podemos, parti issu du mouvement des indignés, qui a soulevé des foules en Espagne contre l'austérité à partir du 15 mai 2011, invite ses sympathisants à une « marche du changement », son premier grand rassemblement, samedi matin, alors qu'il grimpe dans les sondages. A quelques mois des élections régionales de mai, le jeune parti de gauche dépasse déjà largement le Parti socialiste (PSOE), dans l'opposition, et même parfois les conservateurs du Parti populaire, au pouvoir.Lire : L'Espagne face à la vague Podemos23 % DE CHÔMAGESamedi, le mouvement politique entend remplir la Puerta del Sol, place située au centre de Madrid, de manifestants venus de toute l'Espagne. La marche annoncera le changement vers « une politique au service du peuple et non des intérêts privés », selon Iñigo Errejon, le numéro 2 du parti dans un pays où, malgré un redémarrage de l'économie, le chômage frappe encore plus de 23 % de la population active.La date de la manifestation ne pouvait pas mieux tomber, une semaine à peine après la victoire de Syriza, parti de gauche radicale anti-austérité, en Grèce, qu'était allé soutenir Pablo Iglesias, chef de Podemos. « L'espoir arrive », a-t-il ensuite déclaré, dimanche soir, à l'annonce de la victoire d'Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre grec. Le parti espagnol entend toutefois limiter les points de comparaison avec le mouvement grec : s'ils s'opposent tous deux à la « troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne), fustigent la corruption des « élites » et revendiquent une solidarité des peuples de l'Europe du Sud, les comparaisons s'arrêtent là. « Syriza n'est pas Podemos. Nous les considérons avec beaucoup de sympathie, mais nous appartenons à deux réalités différentes », a ainsi précisé M. Errejon.Lire (édition abonnés) : En Espagne, Podemos rêve d’un destin à la SyrizaUN PROGRAMME JUGÉ « FLOU »L'influence croissance de Podemos inquiète la classe politique espagnole, qui tacle le mouvement de gauche, qu'elle accuse d'amateurisme. Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a ainsi appelé les Espagnols à ne pas « jouer à la roulette russe », en votant pour un parti « qui promet la lune, et même le soleil ». Conservateurs, socialistes et la presse de tous bords dénoncent le flou du programme politique de Podemos, les sympathies de ses dirigeants pour le socialisme de l'ancien président vénézuelien Hugo Chavez, et les irrégularités, voire la fraude fiscale, qui sont imputées à certains d'entre eux.En guise de réponse, la direction du parti a pris ses distances avec les expériences de Chavez et de ses émules en Amérique latine. Et elle a promis de publier bientôt ses feuilles d'impôt, pour se laver de tout soupçon.Lire aussi (édition abonnés) : En Europe, la gauche de la gauche reprend espoir et Les gauches radicales inquiètent Bruxelles 30.01.2015 à 20h19 • Mis à jour le30.01.2015 à 21h10 Un juge fédéral mexicain s'est déclaré incompétent quant à la plainte déposée par la Française Florence Cassez, libérée de prison il y a deux ans par la Cour suprême, visant à obtenir des dommages et intérêts d'un montant de 36 millions de dollars pour avoir été emprisonnée sept ans durant au Mexique.Le juge Juan Manuel Vega Tapias a rejeté la plainte déposée contre l'ex-président mexicain Felipe Calderon (2006-2012), l'ancien ministre de la sécurité Genaro Garcia Luna et plusieurs autres responsables politiques ainsi que contre la chaîne Televisa et deux de ses journalistes, selon une information du quotidien Reforma, confirmée à l'Agence France-Presse par le conseil de la magistrature fédérale du Mexique.Il a estimé que les plaintes contre des responsables politiques devaient passer par le tribunal fédéral administratif et que celles contre Televisa et les journalistes relevaient d'un tribunal de la ville de Mexico et non pas d'un tribunal fédéral.« MISE EN SCÈNE CONTRAIRE À LA RÉALITÉ »L'avocat mexicain de Florence Cassez Me José Patiño Hurtado avait indiqué la semaine dernière que l'action en justice de la Française avait été présentée pour « préjudice moral, atteinte à ses sentiments, à sa réputation et à son honneur ».Florence Cassez, aujourd'hui âgée de 40 ans, avait été arrêtée le 8 décembre 2005 sur une route du sud de Mexico. Le lendemain matin, la police avait organisé devant les caméras de télévision, une simulation de l'arrestation dans un ranch où avaient été libérés trois otages présumés.Condamnée à soixante ans de prison pour enlèvements, Florence Cassez a été libérée le 23 janvier 2013, la Cour suprême ayant jugé que n'avaient pas été respectées les conditions d'un procès équitable, avec, au départ, une « mise en scène contraire à la réalité ».Les avocats de Florence Cassez ont désormais le choix entre accepter la décision du juge Vega ou faire appel.Lire aussi (abonnés) : Virulente polémique au Mexique après la libération de Florence Cassez 30.01.2015 à 17h33 La banque centrale de Russie a annoncé une baisse inattendue de son principal taux d'intérêt, vendredi 30 janvier. Une initiative perçue comme une tentative d'apaiser les craintes de récession face à la chute des cours du pétrole et aux sanctions occidentales liées à la crise en Ukraine.L'institution a ramené le taux des prises en pension à une semaine de 17 % à 15 %, un peu plus d'un mois après l'avoir augmenté de 6,5 points pour freiner la dépréciation du rouble. La plupart des économistes s'attendaient à un statu quo vendredi, et le rouble a creusé ses pertes après l'annonce surprise de la réduction du loyer de l'argent, cédant jusqu'à 4 % face au dollar, avant de regagner une partie du terrain perdu.« RESTAURATION DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE »La baisse de taux traduit à l'évidence une nouvelle hiérarchie des priorités de la banque centrale. Alors qu'elle privilégiait jusqu'à présent la lutte contre l'inflation et la défense du rouble, il semble qu'elle se fixe désormais pour principal objectif de soutenir l'activité économique.La décision de vendredi pourrait aussi nourrir les spéculations sur l'impact des changements qui ont eu lieu récemment au sein de la direction de l'institution, soupçonnés d'avoir été influencés par le Kremlin, les banques et les milieux d'affaires.La présidente de la banque centrale, Elvira Nabioullina, a déclaré dans un communiqué :« La décision prise aujourd'hui d'abaisser le taux directeur de deux points de pourcentage vise à l'équilibre de l'objectif de réduction de l'inflation et à la restauration de la croissance économique. »Elle a ajouté que le taux directeur restait suffisamment élevé pour permettre d'atteindre l'objectif d'inflation à moyen terme. La banque centrale vise une inflation inférieure à 10 % en janvier 2016, contre 13,2 % ce mois-ci et 11,4 % en décembre.Lire le reportage (édition abonnés) : En attendant les effets du plan anticrise, les Russes « vont manger moins »L'ÉCONOMIE RUSSE EST EN BERNELe Kremlin, qui nie régulièrement influencer les décisions de politique monétaire, n'a fait aucun commentaire. Mais le ministre des finances, Anton Silouanov, s'est félicité de la baisse de taux, ajoutant que la banque centrale avait de bonnes raisons pour affirmer que la situation sur le marché des changes était maîtrisée.Au-delà du jeu des influences politiques, la décision de vendredi peut aussi traduire la prise de conscience par les autorités monétaires du fait que l'économie russe doit se préparer à un atterrissage brutal, la chute du cours du baril et la dégradation de la situation en Ukraine étouffant tout espoir d'une embellie conjoncturelle rapide.La croissance n'a été que 0,6 % en 2014, selon la première estimation officielle publiée vendredi, et la banque centrale table sur une contraction de 3,2 % du produit intérieur brut (PIB) en rythme annuel sur les six premiers mois de cette année.Lire l'entretien avec Yves Zlotowski, économiste en chef de Coface (Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur) et bon connaisseur français de l'économie russe : « La première moitié de l’année 2015 sera très difficile pour les Russes » Bastien Bonnefous (à Pékin, envoyé spécial) Depuis Pékin, Manuel Valls n’a pas seulement adressé un message aux investisseurs chinois. Le premier ministre a également profité de sa visite officielle en République populaire de Chine pour envoyer un message très politique à la France et plus particulièrement à la gauche française. Un message qui peut se résumer ainsi : il ne faudra pas compter sur lui pour engager un bras de fer avec François Hollande en vue de l’élection présidentielle de 2017. M. Valls l’avait déjà laissé entendre depuis de longs mois, mais il a été rarement aussi clair que cette fois-ci.Valls en Chine : comme un chef d’Etat…Bien sûr, le chef du gouvernement a noté que son voyage en Chine était interprété par beaucoup comme un déplacement à la voilure quasi présidentielle, et pas seulement parce qu’il a emprunté pour l’occasion l’Airbus A330 du chef de l’Etat pour l’effectuer. Bien sûr, il a passé deux journées complètes à Pékin à expliquer vouloir nouer des relations « très franches et très directes » avec les principaux dirigeants chinois, le président Xi Jinping et son premier ministre Li Keqiang en tête.Participant à la délégation française entourant M. Valls, le sénateur UMP Jean-Pierre Raffarin, interlocuteur privilégié de la Chine, l’a d’ailleurs noté, en rappelant que ses hauts dignitaires du régime « investissent beaucoup sur le long terme » et qu’ils « pensent à l’avenir » lorsqu’ils dialoguent avec l’ancien ministre de l’intérieur, un « homme politique jeune » à leurs yeux et promis à « une belle carrière ». Surtout, le premier ministre a eu vent des deux sondages IFOP et CSA, paru coup sur coup jeudi et vendredi en France, qui le donnent en meilleure position à gauche que François Hollande pour la prochaine présidentielle, notamment face à Marine Le Pen. Pas question pour lui de laisser s’installer une pareille petite musique politique à vingt-huit mois de l’élection, surtout après la crise des attentats du début du mois dont il n’a eu de cesse de vanter la gestion « fusionnelle » avec le chef de l’Etat.Marine Le Pen en tête en 2017, des sondages à lire avec prudence« Je ne peux pas être sur un autre chemin que François Hollande », a tenu à expliquer depuis Pékin M. Valls aux journalistes français qui l’accompagnent. Et d’affirmer qu’il « ne confon [d] jamais le rôle des uns et des autres : le président de la République a été élu au suffrage universel, c’est lui et lui seul qui dispose de cette légitimité, le premier ministre, lui, est nommé ».« Un premier ministre fort »M. Valls refuse d’entrer dans un jeu stratégique régulièrement nourri par des sondages qui le donneraient mieux placé que M. Hollande. « Si je commence à rentrer dans ce questionnement, je perdrais cet équilibre et la qualité de ma relation avec le président de la République, mais aussi avec les Français », assure-t-il. Impossible donc d’envisager le moindre destin personnel à court terme, à commencer par 2017, malgré sa popularité en hausse.« Les Français n’attendent pas de moi que je me prépare à telle ou telle échéance, ils attendent de moi que j’assume pleinement ma fonction », précise-t-il. Et cette fonction, c’est celle d’un premier ministre à l’image du profil-type dessiné par François Hollande : « Quand le président de la République me nomme, il veut aussi un premier ministre fort, qui existe et lui apporte quelque chose », décrypte-t-il. Son prédécesseur à Matignon, Jean-Marc Ayrault, appréciera sans doute un tel antiportrait chinois.Exit donc Manuel Valls pour 2017, et ce de manière définitive ? Les prochains mois le dirons mais, le chef du gouvernement le jure, « il ne baratine pas ». A ses yeux, même s’il se refuse à parler à sa place, le candidat socialiste à la prochaine présidentielle ne peut être que François Hollande et celui-ci, jure-t-il, « retrouvera progressivement la confiance des Français parce qu’il est le président ».Bastien Bonnefous (à Pékin, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.01.2015 à 16h41 • Mis à jour le30.01.2015 à 16h47 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Après deux trimestres très dynamiques, la croissance américaine a déçu sur les trois derniers mois de 2014. Le Produit Intérieur Brut (PIB) a progressé sur un rythme annualisé de 2,6 % (soit une croissance réelle de 0,65 %) entre octobre et décembre, selon les statistiques publiées, vendredi 30 janvier, par le Département du commerce.Le chiffre est très en deçà des attentes des économistes, qui tablaient sur une hausse de plus de 3 %. Sur l’ensemble de 2014 l’économie américaine a progressé de 2,4 %. Le chiffre est légèrement supérieur à la croissance de ces trois dernières années, qui s’est établie en moyenne à 2,2 %, mais reste très inférieure aux 3,4 % de moyenne que connaissaient les États-Unis dans les années 1990. « Le fait que le chiffre du quatrième trimestre soit en deçà des attentes ne doit pas occulter le tableau d’ensemble pour 2014, qui a été la meilleure année pour l’économie américaine depuis la récession », estime Joseph Lake, analyste pour The Economist Intelligence Unit.La consommation tient bonLa bonne nouvelle de la fin d’année aura été la progression de la consommation, qui représente 70 % de l’activité économique des États-Unis. Les dépenses des Américains ont bondi de 4,3 %, du jamais vu depuis 2006. Cette vigueur s’explique à la fois par la baisse des prix de l’essence, qui a dopé le pouvoir d’achat des ménages et par la solidité du marché de l’emploi. Près de 3 millions ont été créés en 2014.Sur les trois derniers mois de l’année, la consommation des ménages a ajouté 2,9 points de croissance au PIB. Avec une progression de 2,5 % sur l’ensemble de 2014, les dépenses des Américains retrouvent leur niveau de 2006. Cette bonne santé de la consommation se retrouve dans l’indice de confiance des ménages. Selon les dernières données de l’Université du Michigan, celle-ci n’a jamais été aussi haute depuis onze ans.Les investissements ralentissentEn revanche, côté investissements, le rythme s’est nettement ralenti. Après un bond de 8,9 % au troisième trimestre, la croissance n’est plus que de 1,9 % au quatrième. Les dépenses des entreprises en équipements a même chuté de 1,9 %. C’est le plus fort recul depuis le second trimestre 2009.Autre mauvaise nouvelle : l’accroissement du déficit commercial, qui s’est établi à 471,5 milliards de dollars, alors que les importations ont augmenté trois fois plus vite que les exportations. Une tendance logique, alors qu’au cours des trois derniers mois de 2014, le dollar a commencé son envolée face au yen et à l’euro, pénalisant ainsi la compétitivité des États-Unis.Les dépenses publiques reculentDans le même temps, le ralentissement économique en Asie et Europe a pesé sur les exportations américaines. Au total, le commerce extérieur a coûté 1 point de croissance. Cet indicateur est toutefois à prendre avec des pincettes dans la mesure où les chiffres du mois de décembre n’ont pas eu le temps d’être pris en compte. Il faudra donc attendre la deuxième estimation du PIB en février, voir la troisième en mars pour avoir une idée plus précise.Enfin le recul des dépenses publiques de 2,2 % a coûté 0,4 point à la croissance, compensé toutefois par la croissance des stocks des entreprises qui a contribué au PIB à hauteur de 0,8 point.Même si la croissance américaine semble solide, l’année 2015 s’annonce contrastée. « La Réserve fédérale va augmenter les coûts d’emprunt et freiner les dépenses de consommation, anticipe M.Lake. La faiblesse de la demande extérieure va également peser sur l’économie américaine, qui ne peut pas bondir indéfiniment, alors que les autres pays sont confrontés à une faible consommation et à la désinflation. La force du dollar rendra les produits américains moins compétitifs. Tous ces facteurs finiront faire ralentir l’économie américaine, même si elle connaîtra des taux de croissance à faire pâlir d’envie l’Europe », affirme-t-il.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.01.2015 à 15h45 • Mis à jour le30.01.2015 à 16h49 « Suge » Knight, de son vrai nom Marion Knight, fondateur du label Death Row Records, celui du rappeur 2Pac, a été arrêté pour meurtre suivi d'un délit de fuite.Une violente altercation aurait éclaté, vendredi 30 janvier, entre deux hommes et Marion Knight lors du tournage d'un documentaire sur le groupe de rap NWA. Les scènes étaient filmées à Compton, quartier difficile de Los Angeles où s'est formé les groupes d'Eazy-E, de Dr. Dre et d'Ice Cube. Les deux derniers, devenus des légendes du rap américain, étaient présents sur les lieux.Marion Knight serait monté dans sa voiture pour tenter de fuir ses assaillants et aurait alors renversé les deux hommes… avant de rouler deux fois sur les victimes. L'une d'elles est morte à l'hôpital, et l'autre se trouve dans un état critique.« LES TÉMOINS ÉVOQUENT UN ACTE INTENTIONNEL »« Jusqu'ici, les témoins interrogés évoquent un acte intentionnel. Nous traitons donc cette affaire comme un homicide, a déclaré un lieutenant de la police de Los Angeles. Il semblerait qu'il ait reculé avec son véhicule pour renverser les victimes et leur ait de nouveau roulé dessus pour les atteindre encore. »*Update* Suge Knight arrested for murder in connection to fatal traffic incident in #Compton Booked at @WHDLASD Station held on itemM bail— LA County Sheriff (@LASDHQ)require(["twitter/widgets"]);La police a retrouvé le véhicule de Marion Knight à l'abandon, dans un parking, à une trentaine de kilomètres du lieu où se sont déroulés les faits. Marion Knight s'est lui-même livré à la police. Sa caution s'élève à 2 millions de dollars.Death Row Records a régné sur le monde du rap en produisant des artistes comme Dr. Dre, Tupac Shakur ou Snoop Dogg, jusqu'à sa faillite, en 1996. Depuis, Marion Knight a eu de constants démêlés avec la justice pour différents motifs, notamment pour possession de drogue, cambriolage ou agressions. Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Les pourparlers de Moscou, entre une partie de l’opposition syrienne et des émissaires de Damas, se sont achevés, jeudi 29 février, sans le moindre résultat concret, sinon un engagement à se revoir à une date ultérieure. Ces premières rencontres entre pro et anti-Assad depuis l’échec de la conférence de « Genève 2 », en février 2014, ont mis face à face une trentaine d’opposants « de l’intérieur », tolérés par le régime, notamment des membres du Comité de coordination nationale des forces de changement démocratique (CCNCD) et une délégation gouvernementale, conduite par Bachar Ja’afari, l’ambassadeur syrien à l’ONU.A court d’idées après quatre ans de guerre et plus de 200 000 morts, les puissances occidentales s’étaient abstenus de critiquer l’initiative de Moscou, Washington allant même jusqu’à exprimer son soutien officiel. Mais les discussions, organisées sur deux jours, dans une résidence du ministère des affaires étrangères russe, n’ont pas dépassé le stade de l’échange de vues, souvent crispé. « Bachar Ja’afari s’est bagarré avec tout le monde, affirme Samir Aita, membre du Forum démocratique syrien, un petit mouvement de gauche. Il ne nous a strictement rien donné, zéro, même sur le volet humanitaire. Au lieu d’être pragmatique, il nous a fait des leçons de morale. »« Sous un portrait de Bachar Al-Assad »La principale composante de l’opposition, la Coalition nationale syrienne (CNS), qui à l’inverse de son homologue « de l’intérieur » soutient la lutte armée, avait choisi de boycotter la réunion au motif que la Russie, alliée indéfectible du régime, ne peut faire office de médiateur. Le cheikh Mo’az Al-Khatib, un ancien président de la CNS, qui jouit d’un grand prestige dans les milieux anti-Assad, avait lui aussi renoncé à faire le voyage de Moscou en raison du refus du régime de libérer au préalable des femmes et des enfants incarcérés dans ses geôles.Beaucoup de pseudo-opposants, chefs des formations confidentielles créées après l’instauration en 2011 d’un multipartisme de façade, ont honoré en revanche la convocation russe. « Ce sont des gens qui tiennent leur congrès sous un portrait de Bachar Al-Assad, ironise Haytham Manna, le représentant à Paris du CCNCD. Dès le début des discussions, ils ont menacé de se retirer si la question du sort de Bachar était soulevée. »M. Ja’afari a qualifié les débats de « positifs », assurant qu’il n’y avait « pas de résultats parce qu’il s’agissait d’une première rencontre, d’une rencontre consultative ». Le diplomate syrien a toutefois critiqué l’attitude des opposants, déplorant que « ce que certains pouvaient accepter était rejeté par les autres ». A défaut de s’accorder sur le texte en dix points, très général, avancé par Vitaly Naumkine, l’universitaire russe chargé de modérer les discussions, les participants sont convenus de se retrouver dans le futur, à une date non spécifiée. « L’acte II de Moscou ne sera pas meilleur que l’acte I, prévient Haytham Manna. La France et les Etats-Unis ne doivent pas abandonner le terrain à la Russie. Il faut redonner espoir au peuple syrien. »Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger (Bletchley, envoyé spécial)Lorsqu'on arrive au petit matin près du manoir de Bletchley Park (Angleterre), occupé un temps par le mathématicien Alan Turing, il ne reste aucune trace de Benedict Cumberbatch et du tournage du film Imitiation Game. En revanche, on croise beaucoup de personnes âgées venues visiter ce qui est désormais un musée à la gloire des « casseurs de code », qui ont réussi à décrypter les communications allemandes pendant la seconde guerre mondiale. Au-delà de la sortie d'un film consacré au sujet, la fréquentation du lieu tient au nouveau statut d'Alan Turing, désormais considéré comme un inventeur génial de l'ordinateur moderne, après les excuses officielles du gouvernement, en 2009, et du pardon royal accordé en 2013 – Turing avait été condamné à un traitement hormonal en 1952 en raison de son homosexualité.Lire : Alan Turing, l'interminable réhabilitation d'un génieEn passant de l'ombre à la lumière, Turing a emmené Bletchley Park dans son sillage. Au tout début de la seconde guerre mondiale, 56 brillants membres des meilleures universités du Royaume-Uni (mathématiciens, linguistes, etc.) avaient été dépêchés, à 80 kilomètres au nord de Londres dans ce manoir victorien au goût architectural douteux pour préparer l'affrontement avec l'Allemagne nazie. EnigmaLeur but : décrypter la machine utilisée par le IIIe Reich pour ses communications radio, un engin cryptographique sophistiqué baptisé Enigma. Cet appareil, qui ressemble à une grosse machine à écrire dans un étui en bois, comporte trois rotors dotés chacun de 26 circuits électriques, un pour chaque lettre de l'alphabet. A chaque pression sur une touche, un courant électrique parcourt les trois rotors et vient allumer une petite ampoule sur le dessus de la machine qui illumine une lettre, la « transcription » de celle qui vient d'être tapée. Au fil de la saisie du texte, les rotors pivotent à un rythme préétabli, de sorte qu'une même lettre tapée au début et à la fin d'un message ne sera pas traduite de la même manière.Lire : Aux origines de la machine de chiffrement EnigmaCelui qui reçoit, en morse, le message crypté n'a qu'à configurer la machine de la même manière que son correspondant et à taper le texte qu'il reçoit. En retour s'allument les lettres tapées à l'origine par l'émetteur du message. Le problème pour celui qui tente de décrypter le message est immense : les possibilités de positionnement initial des rotors sont extrêmement nombreuses.Les Britanniques et les Français la pensent inviolable, jusqu'à ce que trois mathématiciens polonais, à la veille de l'invasion de leur pays par la Wehrmacht, leur dévoilent une technique permettant, en exploitant plusieurs failles de la machine et les erreurs des Allemands, de briser le chiffrement d'une bonne partie des messages. Dans les mois qui précèdent le début de la guerre, les armées allemandes modifient certaines caractéristiques de leurs machines Enigma qui réduisent à néant les avancées des scientifiques polonais. Alors que la menace allemande se fait de plus en plus sentir, la tâche incombe donc aux « professeurs » de Bletchley Park de percer le secret d'Enigma.Les plus brillants cerveaux du paysIls y parviendront, en grande partie et au prix d'un effort colossal et d'avancées sans précédent dans l'histoire de l'informatique. Les seuls cerveaux réunis à Bletchley Park ne suffisent évidemment pas. Alan Turing s'emploiera donc à démultiplier le cerveau humain avec une machine.Poursuivant les travaux des Polonais, Alan Turing et les autres mathématiciens construisent donc un appareil destiné à passer en revue extrêmement rapidement les différents paramètres possibles d'Enigma. Son nom ? « La bombe ». Elle est pourtant plus proche du gros réfrigérateur que de l'explosif. Sur son flanc, des dizaines de bobines tournent sur elles-mêmes pour passer en revue les différents paramètres possibles d'Enigma.Lorsque la machine et son bruit semblable à plusieurs milliers d'aiguilles qui s'entrechoquent s'arrêtent, une opératrice – 75 % des Britanniques présents à Bletchley Park sont des femmes – note la combinaison possible et vérifie si elle permet de déchiffrer les messages du jour. Plusieurs exemplaires de cette « bombe », prototypes des ordinateurs modernes, fonctionneront simultanément à Bletchley Park.De la « bombe » au « Colosse »Plus tard pendant dans la guerre sera même construit à Bletchley Park le premier véritable ordinateur électronique moderne, Colossus. Il s'attaquera avec succès à Lorenz, l'appareil utilisé par Hitler pour communiquer avec ses plus proches généraux, pourtant plus robuste qu'Enigma. Grâce à ces machines révolutionnaires pour l'époque, les Britanniques ont collecté de précieuses informations sur la stratégie et les mouvements des nazis. Les historiens estiment qu'ils ont largement contribué à accélérer la victoire des Alliés et sauvé des millions de vies. Jusqu'à une date relativement récente, cet épisode, pourtant l'un principaux actes de naissance de l'informatique et une des clés de la seconde guerre mondiale, était totalement inconnu. Lorsqu'on en demande la raison au docteur Joel Greenberg, mathématicien et historien de Bletchley Park, la réponse fuse : « le secret ! »L'effort entrepris par les mathématiciens de Bletchley était tellement crucial que ce qui s'y passait n'était connu que d'une petite poignée de très hauts responsables britanniques. Tous les renseignements issus des « codebreakers » étaient frappés du sceau « ultra », plus confidentiel encore que « top secret », un niveau de protection créé spécialement pour Bletchley. Tous ceux qui y travaillaient, y compris les responsables de la cantine, étaient soumis à l'Official Secret Act, un texte drastique qui leur interdisait toute allusion à leur activité, et ce, en théorie, jusqu'à leur mort. Le secret était tel que les 8 500 personnes qui y travaillaient au plus fort de la mobilisation ne savaient pas exactement ce que faisaient leurs collègues. Même les plus proches parents des mathématiciens impliqués ne savaient rien, pour certains jusqu'à leur lit de mort. Et pour cause : il fallait à tout prix que les Allemands ignorent l'existence et les succès de Bletchley Park. Pour ce faire, les Britanniques se sont même efforcés de faire croire que les informations cruciales obtenues via leurs casseurs de codes leur parvenaient par des moyens plus traditionnels, quitte à inventer, dans des messages destinés à tromper les Allemands, de faux réseaux d'espions dans toute l'Europe. Plus tard, avec la guerre froide, c'est la crainte des espions soviétiques qui a contribué à garder le silence sur les activités du manoir – dont l'existence et les premiers succès étaient pourtant connus de Staline.Ce secret n'a pas empêché les connaissances acquises à Bletchley Park de se diffuser après-guerre. Les Britanniques ont partagé avec les Américains le design des « bombes » et de « Colossus », ce qui leur a permis d'améliorer considérablement ce dernier. A la fin de la guerre, les mathématiciens sont retournés dans leurs universités et, pour certains, ont continué leurs travaux, sans pouvoir dire où et pourquoi ils avaient tant progressé.Le secret s'effrite un peu en 1974 avec la parution de l'ouvrage de Frederick William Winterbotham, The Ultra Secret, levant quelque peu le voile sur les activités de Bletchley Park. Mais jusqu'à 1982 et la parution de The Hut Six Story, de Gordon Welchman – un mathématicien qui a joué, aux côtés de Turing, un rôle majeur dans le décryptage des codes Allemands –, les informations concernant Bletchley Park sont généralistes et fragmentaires, explique M. Greenberg.De l'ombre à la lumièreL'obscurité qui recouvre cette période de l'histoire britannique s'est donc dissipée peu à peu. Ces dernières années, c'est même une pleine lumière qui se déverse sur le manoir victorien. Bletchley Park attirait en 2006 moins de 50 000 personnes par an. En 2014, ils ont été cinq fois plus nombreux à venir visiter les installations réhabilitées telles qu'elles existaient au tournant de l'année 1941. Le temps a passé depuis qu'en 1991, des historiens locaux ont réinvesti les lieux, quasiment délabrés et jusqu'ici vaguement utilisés par le gouvernement. Ce n'est même qu'au mois de mai, à l'issue d'un chantier de rénovation à 8 millions de livres, que le musée s'est doté d'un visage moderne. Créé en 1994, il vivait jusqu'alors de manière « précaire », concède-t-on aujourd'hui. Le retour en grâce, largement justifié, d'Alan Turing n'est pas étranger à son succès. « En décembre, le mois de la sortie de The Imitation Game au Royaume-Uni, le nombre de visiteurs a énormément augmenté », explique Iain Standen, le PDG de Bletchley Trust, l'organisation à but non lucratif qui gère le site.De quoi se féliciter et se rassurer quant à la pérennité des installations, financées notamment par Google, British Aerospace, le fabricant d'antivirus McAfee ou la loterie britannique. Mais les dirigeants du musée ne veulent pas trop dépendre de l'aura, forcément périssable, d'Alan Turing. « Nous rappelons volontiers qu'Alan Turing n'était qu'une personne sur près de 10 000 et que Bletchley Park ne représente qu'une partie d'un individu aux multiples facettes, explique encore M. Standen. C'était un travail de groupe ». Il s'agit donc de « raconter les histoires des autres héros méconnus » qui ont accompagné celui qu'on présente un peu vite comme le seul inventeur de l'ordinateur moderne. Difficile de lui donner tort : qui connaît Dilly Knox, John Jeffreys, Peter Twinn ou encore Gordon Welchman, qui ont pourtant été aussi importants dans les progrès réalisés à Bletchley que Turing lui-même ?Les pionniers de l'analyse des métadonnéesSi Alan Turing était responsable du décryptage des messages interceptés de la marine allemande, Bletchley Park ne se limitait pas à cette seule activité, abonde M. Greenberg. Ce dernier explique ainsi que les ingénieurs de Bletchley Park sont des pionniers de l'analyse de trafic. « Pour moi, c'est encore plus important que les avancées en matière de cryptographie », avance l'historien. Chaque utilisateur allemand d'Enigma disposait d'identifiants uniques. Les analystes de Bletchley se sont organisés de manière à pouvoir suivre précisément quel responsable parlait à qui, quand et où. Une excellente manière de surveiller l'armée allemande. « Cela ressemble beaucoup aux métadonnées d'aujourd'hui », explique M. Greenberg.Autre innovation développée à Bletchley : le stockage de données. A l'aide de petites fiches perforées traitées par des machines automatisées, qui servaient à organiser les informations recueillies dans les messages allemands décryptés, les experts de Bletchley ont pu faire des rapprochements inédits. Ainsi, au cours de la guerre, ils ont décodé un message allemand indiquant qu'un gradé de la Wehrmacht allait se rendre dans une ville du sud de l'Italie. Isolée, cette information ne vaut rien. Mais grâce à leur ingénieux système, ils retrouvent un ancien message, datant de plusieurs mois, qui leur permet de découvrir que ce gradé était en réalité responsable de l'établissement de bases aériennes allemandes. Et que les Allemands s'apprêtent donc à en installer dans le sud de l'Italie.Bletchley avait donc abouti à construire l'équivalent – très spécialisé – d'un véritable moteur de recherche...Lire aussi la critique : « The Imitation Game » : Alan Turing, génie tragique //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'parallax', 'desktop']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin Untersinger (Bletchley, envoyé spécial)JournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.01.2015 à 13h27 • Mis à jour le30.01.2015 à 17h08 L'essentielUne réunion entre Ukrainiens et rebelles prorusses doit avoir lieu vendredi à Minsk, au lendemain d'une prolongation des sanctions européennes contre la Russie.Les combats dans l'est de l'Ukraine ont fait vingt-quatre morts, dont dix-neuf civils, dans les dernières vingt-quatre heures. Les émissaires diplomatiques de l'Ukraine, de la Russie et des séparatistes prorusses qui occupent l'Est ukrainien, encadrés par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), espéraient engager de nouveaux pourparlers de paix en Biélorussie, vendredi 30 janvier.Mais, avant même le début de ces discussions, l'un des responsables des séparatistes de Donetsk a annoncé qu'elles étaient « annulées ». « Nous quittons Minsk aujourd'hui », a lancé, quelques heures après son arrivée, Denis Pouchiline. L'annonce a été immédiatement démentie par la diplomatie biélorusse.La perspective d'un cessez-le-feu dans la région du Donbass semble s'éloigner encore un peu plus. Un premier cessez-le-feu avait déjà été signé à Minsk au début de septembre, mais les combats avaient repris quelques jours après. Une nouvelle trêve instaurée le 9 décembre a été rompue dès janvier.Dans une déclaration commune à l'issue d'une réunion intergouvernementale, la France et la Pologne ont appelé à « un cessez-le-feu immédiat » et ont demandé à la Russie de cesser « toute forme de soutien aux séparatistes ». Moscou, qui a très mal réagi à l'extension de six mois des sanctions décidées par les Européens, a dénoncé une politique qui « ne fait que porter préjudice aux peuples et aux économies de nos pays ».DE NOMBREUSES VICTIMES CIVILES Confronté à une situation militaire qui semble inextricable et à des combats de plus en plus meurtriers, le président ukrainien, Petro Porochenko, avait appelé jeudi le Groupe de contact, composé d'un ex-président ukrainien, de l'ambassadeur de Russie en Ukraine et d'une représentante de l'OSCE, à « mener d'urgence des consultations (avec les rebelles) pour obtenir un cessez-le-feu immédiat ». Un appel resté lettre morte.Selon un nouveau bilan ukrainien, au moins vingt-quatre personnes, parmi lesquelles dix-neuf civils, ont été tuées au cours des dernières vingt-quatre heures dans des combats dans l'est du pays.A Donetsk, une des dernières grandes villes contrôlées par les séparatistes, treize civils ont été tués dans des bombardements depuis jeudi. Kiev, qui avance de son côté un bilan de sept morts, a imputé le bombardement d'un centre culturel aux séparatistes, vendredi, les accusant d'avoir voulu nuire aux discussions qui étaient prévues dans la journée à Minsk. Depuis avril 2014, le conflit en Ukraine a fait plus de cinq mille morts.>> Lire notre reportage (édition abonnés) : Village par village, les combattants prorusses progressent en Ukrainelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2frgoq"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2frgoq", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) En voyage officiel en Chine, le premier ministre français, Manuel Valls, devait rencontrer, vendredi matin 30 janvier, dans une galerie française de Pékin, plusieurs personnalités de la société civile chinoise. Il n’en a rien été : toutes se sont désistées sous la pression des autorités chinoises. En amont de la visite de M. Valls, arrivé jeudi à Pékin, de six à huit personnalités – des universitaires, des blogueurs, des artistes ou des journalistes qui sont loin d’être considérés comme des dissidents – avaient été pressenties pour parler de manière informelle et discrète avec le ministre, soucieux de rencontrer la « vraie Chine ». Il y a quelques jours, seules trois étaient encore disponibles, dont une professeure de l’université Tsinghua.Jeudi soir, la veille de la rencontre, Le Monde a appris qu’un seul, l’acteur-réalisateur de cinéma Jiang Wen, 52 ans, l’une des plus grandes stars de sa génération, connu pour son esprit d’indépendance, restait en lice. Las : M. Jiang, dont le dernier film a connu un succès mitigé au box-office, a fait savoir qu’il n’était plus en mesure d’honorer sa promesse.M. Valls, accompagné du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius et d’une partie de la délégation, a maintenu son passage tôt ce matin à la galerie Yishu 8, hébergée dans un lieu symbolique puisqu’il s’agit d’une ancienne université franco-chinoise fondée en 1920, où il a échangé avec deux artistes peintres. Cette étape n’avait pas été mise au programme officiel d’une visite qui s’inscrit avant tout dans la logique du pragmatisme économique. C’est donc à l’ambassade de France, avant le déjeuner, que M. Valls a enfin pu rencontrer des personnalités de la société civile – rencontre sur laquelle l’entourage du premier ministre n’a pas souhaité donner plus de détails.Exercice acrobatiqueReste que l’exercice de la rencontre avec la société civile est acrobatique pour tout dirigeant d’une démocratie occidentale en Chine. Aucun, par exemple, n’a jamais entrepris de rencontrer des « dissidents » identifiés comme tels – à l’instar de Liu Xia (l’épouse de Liu Xiaobo) ou de l’artiste Ai Weiwei – de crainte de froisser l’hôte chinois.Angela Merkel, spécialiste de la chose, a régulièrement vu ses invités neutralisés à leur domicile – comme ce fut le cas en 2012 pour l’avocat Mo Shaoping (qui a défendu Liu Xiaobo), de nouveau empêché de rencontrer le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel en avril 2014.La France joue profil bas : François Hollande et Jean-Marc Ayrault s’étaient tous deux entretenus avec des personnalités pour des discussions informelles dans l’enceinte de l’ambassade de France lors de leurs voyages officiels respectifs en avril et décembre 2013 – comme par exemple Hu Shuli, la rédactrice en chef du magazine Caixin. Ces rencontres sont en général passées sous silence. Mme Hu dirige un média autorisé, donc placé sous la tutelle du Parti et du gouvernement – mais elle représente ce qu’il y a de plus audacieux dans la presse chinoise.Manuel Valls avait souhaité qu’une telle rencontre se situe en dehors de l’ambassade. Soit, symboliquement, en territoire chinois. Mais sa visite est intervenue alors que l’atmosphère politique est particulièrement délétère pour les voix critiques : rarement la société civile chinoise – même l’usage de l’expression « société civile » est désormais contrôlé dans la presse et les universités – n’aura subi autant de pression.2014, année noireUne sorte d’état d’urgence qui ne dit pas son nom règne : la campagne anti-corruption, particulièrement opaque et brutale à l’intérieur du Parti, se double à l’extérieur d’une chasse aux sorcières qui décime les milieux de la contestation, multipliant les persécutions et les arrestations parmi les avocats, les journalistes et même les universitaires.2014 aura été une année noire, avec la condamnation à quatre ans de prison de l’avocat Xu Zhiyong et de l’universitaire ouïgour Ilham Tohti à perpétuité. Une troisième figure emblématique du combat pour les droits civiques, l’avocat Pu Zhiqiang, arrêté en mai et en attente de procès, s’expose à une très lourde peine de prison au vu des très graves accusations qui pèsent contre lui.L’ONG China Human Rights Defenders, basée hors de Chine, considère dans un rapport récent que « le crime politique effectue sous Xi Jinping un retour en force ». L’ONG a comptabilisé « 22 cas de défenseurs des droits mis en examen pour incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat ou subversion du pouvoir de l’Etat depuis mai 2014 ».Le président chinois, que Manuel Valls doit rencontrer vendredi après-midi, considère que la Chine – en réalité le Parti – traverse « une zone de dangers » et a relevé dans tous les domaines les seuils de tolérance. Or, dans un tel contexte et malgré la peur, les langues se délient : à Pékin, les membres de l’intelligentsia, même les plus modérés, portent un regard de plus en plus critique sur les tendances autoritaires du nouvel empereur rouge.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.01.2015 à 12h23 • Mis à jour le30.01.2015 à 12h24 | Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) Le responsable de l’aviation civile de Malaisie, Azharuddin Abdul Rahman, a pour la première fois affirmé, jeudi 29 janvier, que la mystérieuse disparition du vol MH 370 de la Malaysian Airlines, le 8 mars 2014, était un « accident ». En conséquence, a-t-il ajouté, les 239 passagers et membres d’équipage sont donc « présumés morts ».La déclaration est d’importance car elle entend infirmer certaines hypothèses selon lesquelles la disparition du Boeing 777 aurait pu être la conséquence d’un détournement. En l’absence des boîtes noires, « il n’y aucune preuve venant donner du poids aux spéculations quant aux causes de l’accident », a conclu M. Rahman.Cette déclation va aussi permettre l’émission de certificats de décès ouvrant la voie aux règlements des compensations financières accordées aux victimes par la compagnie aérienne et les assurances. Selon la convention de 1999 de l’Organisation internationale de l’aviation civile, les familles des victimes sont supposées recevoir la somme minimale de 174 000 dollars ( 153 500 euros) par passager.« Prudemment optimiste »Près d’un an après sa disparition, le sort du MH 370 reste inconnu. Alors qu’il allait survoler les côtes sud du Vietnam après avoir un peu plus tôt décollé de Kuala Lumpur en direction de Pékin, l’appareil avait coupé tout contact avec les contrôleurs aériens avant d’opérer un mystérieux demi-tour. Les radars militaires malaisiens s’étaient aperçus le lendemain que l’écho émis par l’avion avait permis de déterminer sa trajectoire jusqu’au nord-est de l’île indonésienne de Sumatra avant de disparaître pour de bon. Les autorités de Malaisie avaient alors émis l’hypothèse qu’il pouvait s’agir d’un détournement dans la mesure où l’avion semblait suivre un itinéraire délibéré.Depuis, la possibilité d’une défaillance d’alimentation en oxygène, qui aurait rendu pilotes et passagers inconscients, est une hypothèse privilégiée par nombre d’experts. Les Malaisiens estiment désormais que l’avion a dû voler jusqu’à épuisement de ses ressources en carburant et qu’il repose dans les profondeurs du sud de l’océan Indien.Le gouvernement australien, qui participe aux recherches à l’ouest de son territoire, a affirmé qu’il restait « prudemment optimiste » quant aux chances de retrouver un jour l’épave du Boeing. Pour l’heure, les Australiens ont patrouillé sur environ un quart des 60 000 kilomètres carrés d’océan où l’avion a pu s’enfoncer. Il pourrait avoir atteint la profondeur de 4 000 mètres, ce qui va continuer à rendre les recherches difficiles.Environ deux tiers des passagers du vol MH 370 étaient de nationalité chinoise et la tragédie a eu des conséquences sur les relations bilatérales entre Pékin et Kuala Lumpur, de nombreuses familles de victimes ne pouvant accepter que le mystère n’ait pas encore été élucidé. « Pour tous ceux qui ont souffert et pour nous tous, ceci est un moment difficile », a réagi, jeudi, le premier ministre chinois Li Keqiang lors d’une conférence de presse conjointe avec Manuel Valls, en ce moment en visite officielle à Pékin.Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.01.2015 à 11h48 • Mis à jour le30.01.2015 à 15h17 Le gouvernement russe a annoncé, vendredi 30 janvier, avoir confié la construction du pont reliant la Russie à la Crimée, annexée par Moscou, à la société du milliardaire Arkadi Rotenberg, un proche du président Vladimir Poutine.Voir notre visuel interactif : Crimée : portrait d'une nouvelle région russeSelon un décret publié sur le site du gouvernement, Stroïgazmontaj devra livrer le pont routier et ferroviaire avant décembre 2018, pour un coût plafonné à 228,3 milliards de roubles (2,9 milliards d'euros). La traversée du détroit de Kertch, un bras de mer de 4,5 km au plus étroit entre mer d'Azov et mer Noire, à l'est de la Crimée, est le seul moyen, hors avion, de rejoindre la péninsule depuis le territoire russe sans passer par l'Ukraine.SANCTIONNÉE PAR LES ÉTATS-UNIS ET L'UNION EUROPÉENNEArkadi Rotenberg, 63 ans, figure avec son frère Boris parmi les personnalités russes proches du pouvoir sanctionnées par les Etats-Unis et l'Union européenne. Le Trésor américain affirmait en mars dernier que les deux frères avaient « gagné des milliards de dollars en contrats pour Gazprom ou pour les Jeux olympiques d'hiver attribués par Poutine ».Lire aussi : Monnaie, énergie, infrastructures… les questions concrètes de l'annexion de la Crimée à la RussieLe magazine Forbes estime la fortune d'Arkadi Rotenberg à 4 milliards de dollars. La construction de ce projet très symbolique annoncé par Vladimir Poutine s'annonce compliquée en raison de son coût et de l'impossibilité de trouver des financements de banques occidentales. L'Etat devra donc le financer entièrement au moment où il cherche à réduire ses dépenses pour compenser la baisse des revenus pétroliers.La participation de sociétés de BTP, comme souvent pour les grands projets d'infrastructure en Russie, sera délicate et Stroïgazmontaj n'a jamais bâti de pont. M. Rotenberg a évoqué la participation possible de sociétés de BTP de Turquie ou de Corée du Sud.Lire aussi (édition abonnés) : La Crimée à l’heure de Moscoulmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1iifsc"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1iifsc", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Guy Dutheil Boeing est assis sur un tas d’or. En 2014, le bénéfice de l’avionneur américain a explosé. Une progression de 18,8 % sur un an, pour atteindre 5,44 milliards de dollars, selon les résultats annuels dévoilés, mercredi 28 janvier.Dans le même temps, le chiffre d’affaires a progressé à 90,76 milliards de dollars, soit une hausse de 5 % sur un an.Ces bons résultats financiers ne sont pas une surprise. Ils sont la suite logique du record de livraisons affiché au terme de l’année 2014 par le groupe américain : 723, contre 648 un an plus tôt - et contre 629 pour son rival européen, Airbus.Boeing affiche la meilleure performance commerciale de son histoireCe boom signifie que Boeing commence à encaisser à plein les bénéfices des bonnes ventes de son Dreamliner.Il indique surtout que les déboires du 787, interdit de vol - « grounder » - pendant trois mois sont désormais oubliés. Ou presque. Car les problèmes électriques de l’avion n’ont pas été réglés. Seulement circonscrits.ccccccccccccccIl n’empêche, fort de ces bons résultats en 2014, Jim McNerney, le PDG de Boeing, se veut très optimiste pour 2015.Cette année, l’américain prévoit de faire, à nouveau, la course en tête en ce qui concerne les livraisons d’avions.Boeing, qui a enregistré l’an passé 1 432 commandes nettes (contre 1 355 un an plus tôt), prévoit en l’occurrence de livrer entre 750 et 755 appareils en 2015, soit de 25 à 30 de plus que l’an passé.Le constructeur américain, comme Airbus, a annoncé une hausse des cadences de production pour soutenir la demande de plus en plus forte des compagnies aériennes.Avec ce futur record de livraisons, M. McNerney table sur une hausse du chiffre d’affaires qui devrait atteindre de 94,5 à 96,5 milliards de dollars en 2015.« En 2015, Nous allons continuer à renforcer notre leadership sur le marché des avions commerciaux », a promis le PDG.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.01.2015 à 17h45 La tempête Juno devait être une des plus importantes à jamais frapper la ville de New York, selon son maire, Bill de Blasio. Dans cette optique, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été mises en place, comme l'interdiction totale de circuler ou la fermeture du métro. Résultat, une ville paralysée dans l'attente d'un blizzard qui aura finalement été bien moins puissant que prévu : de leurs domiciles, d'où les New-Yorkais avaient quasi-interdiction de sortir, ils ont pu voir leurs rues sous 25 centimètres de neige et non les 60 redoutés. Deux jours après, et malgré quelques critiques, les responsables municipaux et fédéraux ont justifié ces mesures préventives, mais n'ont pas évoqué le coût qu'a provoqué cette opération.Le déneigementLa mairie avait déployé 1 800 déneigeuses et 500 saleuses. En 2010, le journal Christian Science Monitor avait évalué à un million de dollars le coût du nettoyage des rues enneigées de New York pour une hauteur de neige de un pouce (2, 54 cm). La ville ayant enregistré jusqu'à 25 cm de chutes de neige cette semaine, le coût des simples opérations de nettoyage pourrait s'élever à 10 millions de dollars.Annulations de vols, pour les compagnies et surtout les passagers Le blizzard a également engendré des pertes pour les compagnies aériennes, qui ont annulé des milliers de vols – 6 000 pour la seule journée du 26 janvier – mais ce sont finalement les passagers qui ont mis le plus la main à la poche.Selon CNN, l'annulation d'un vol intérieur coûte 6 000 dollars à une compagnie quand les passagers qui auraient dû prendre ce même vol paient, au total, 58 000 dollars en frais d'hébergement, de nourriture, de transport. La chaîne rappelle ainsi que l'hiver dernier, entre décembre 2013 et février 2014, un million de vols ont été annulés ou retardés, ce qui a coûté 500 millions de dollars aux compagnies. Les 90 millions de passagers touchés par ces incidents ont quant à eux déboursé environ 5,3 milliards de dollars.La perte de salaireLe New York Times a fait le calcul : si ne serait ce qu'un dixième des 3,9 millions de travailleurs ne prend pas son poste, la perte serait de près de 160 millions de dollars. Sont surtout concernés les employés dont les heures chômées ne sont pas rémunérées ou les employeurs qui, au contraire, payent leur salariés y compris quand ils n'ont pas pu se rendre à leur travail.Or la fermeture du réseau de métros de New York – une première en 110 ans d'existence – de lundi soir à mardi matin 9 heures, soit après l'heure de pointe, a pénalisé de nombreux salariés : 55 % des 3,9 millions de travailleurs que compte New York utilisent les transports en commun pour se rendre à leur bureau. Bien sûr, ce calcul qui, par exemple, ne prend pas en compte les personnes qui ont pu travailler depuis leur domicile, n'est que théorique. Il donne cependant une idée de la perte de salaire qu'ont enregistrée certains, la décision de fermer le métro étant particulièrement critiquée de ce point de vue.Perte de productivitéTime tente une équation : la métropole de New York ayant produit environ 1 400 milliards de dollars en 2014, si on considère que chaque jour de l'année est équivalent en terme de production, la perte journalière reviendrait à 3,8 milliards de dollars. Là encore, il faut nuancer ce chiffre immense.La ville n'a pas été entièrement coupée : certains commerces ont fonctionné, de la nourriture a été vendue et achetée, de l'électricité produite et distribuée, des personnes ont travaillé depuis chez elles, d'autres se sont rendues à leur travail une fois le métro ouvert, après 9 heures.Mais le coût d'une paralysie quasi totale ne peut se limiter à la seule ville. Une tempête de neige d'ampleur ferait ainsi perdre chaque jour quelque 700 millions de dollars à l'Etat de New York, selon une étude de 2014 réalisée par l'organisation Global insight, qui a évalué les conséquences financières pour les salaires, les taxes locales et fédérales, et le commerce. Pour conclure, estime Time, le coût total de la tempête new-yorkaise et des mesures déployées devrait être compris entre 500 millions et un milliard de dollars. Romain Geoffroy Invité sur France Info mercredi 28 janvier, Pierre Moscovici, récemment nommé commissaire européen aux affaires économiques et financières, a montré une certaine gêne au moment où sa rémunération a été abordée. Quand le chroniqueur Guy Birenbaum évoque sa «  très confortable indemnité de commissaire européen, pas loin de 24 000 euros mensuels », M. Moscovici botte en touche :Ce qu'il a dit :« Je paye des impôts et beaucoup d'impôts. Je ne m'en plains pas. J'ai un travail, un bon salaire, mais pas celui que vous dites. (...) Vous êtes franchement dans une exagération, je pourrai vous donner ma feuille de paye, elle est déjà très confortable. »Pourquoi ne rien dire est inutileCes données sont pourtant publiques. Sur le site de la Commission européenne, un document détaille l'ensemble des rémunérations auxquelles un commissaire peut prétendre.20 832,54C'est, en euros, le salaire mensuel brut de base d'un commissaire européen. Il est fixé à cette somme depuis le 1er juillet 2012. Un montant qui monte à 23 147,27 euros pour les vice-présidents de l'organe exécutif de l'Union européenne (UE) et à 24 073,15 euros pour le poste de haut représentant, tandis que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, dispose d'un salaire de 25 554,58 euros. C'est largement plus que François Hollande, qui gagne environ 15 000 euros mensuels (il a diminué cette rémunération de 30 %, son prédécesseur émargeait à 21 300 euros).Ce salaire est, comme le rappelle le commissaire européen français, sujet à un impôt communautaire. Exonérées de l'impôt sur le revenu national, les rémunérations versées par la Commission aux fonctionnaires européens sont en effet imposées à la source. L'impôt communautaire est directement reversé au budget de l'UE. Le prélèvement est appliqué selon une règle de progressivité qui s'étend sur 14 tranches allant de 8 à 45 %. Un « prélèvement de solidarité » de 7 % du salaire est également appliqué depuis 2014.Lire aussi : Les traitements et indemnités des commissaires de l'Union européenne suscitent la polémique3 124,9Contraint de résider à Bruxelles, où se trouve le siège de la Commission européenne, Pierre Moscovici touche également chaque mois une allocation de résidence correspondant à 15 % de son salaire, soit 3 124,9 euros.607,71La nature des tâches confiées appelant les commissaires « à engager régulièrement des frais de représentation », Bruxelles verse tous les mois une indemnité forfaitaire de fonction de plus de 600 euros.Au total, M. Moscovici perçoit donc une rémunération mensuelle brute de 24 565,15 euros. En évoquant une indemnité de près de 24 000 euros mercredi matin, le chroniqueur de France Info avait donc visé juste, quoiqu'en dise l'ancien ministre socialiste.Lire le portrait (édition abonnés) : « Mosco », le BruxelloisIndemnités exceptionnellesA ce total, on peut ajouter les remboursements des frais de déplacement vers Bruxelles et quelques indemnités exceptionnelles dont peut bénéficier chaque commissaire.Au moment de l'installation dans la capitale belge, qui fait suite à la nomination en tant que commissaire, une indemnité de deux mois de salaire de base est versée, soit 41 665 euros.Quand le mandat d'un commissaire européen prend fin, celui-ci touche une indemnité de réinstallation correspondant à un mois de salaire (soit 20 832 euros) et se voit rembourser l'intégralité de ses frais de déménagement et de voyage.Il touche également pendant les trois ans qui suivent la fin de son mandat une indemnité de transition mensuelle allant de 40 % à 65 % du salaire de base selon la durée de sa fonction (de 8 332 à 13 540 euros). La Commission précise que l'indemnité de transition est cependant plafonnée : « Si l'ancien commissaire exerce une nouvelle activité, sa rémunération ne doit pas dépasser, y compris cette indemnité, celle qu'il percevait en tant que membre de la Commission.  »Lire aussi : L'UE veut durcir les règles de reconversion des commissaires européensRetraite potentielle de 4 450 eurosA partir de 65 ans, les anciens commissaires bénéficient d'une retraite calculée sur la base de 4,275 % du salaire de base pour chaque année exercée en tant que commissaire. Si M. Moscovici, 57 ans, se contente de son mandat de cinq ans pour sa carrière européenne, il pourrait donc toucher une pension de retraite mensuelle de 4 452,84 euros.Romain GeoffroyJournaliste au Monde Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) En Allemagne, l’heure est à un relatif optimisme en ce qui concerne l’évolution de l’économie. Après une année 2014, qui a vu le produit intérieur brut (PIB) progresser de 1,5 %, soit davantage que ce qui était prévu à l’automne, le gouvernement allemand a officiellement porté, mercredi 28 janvier, ses prévisions de croissance pour 2015 de 1,3 % à 1,5 %.En conséquence, Berlin escompte la création de 170 000 emplois supplémentaires, ce qui porterait le nombre d’actifs à 42,8 millions, un record.Le taux de chômage, actuellement de 6,7 %, devrait légèrement reculer à 6,6 %. En 2014, l’emploi avait cru pour la huitième année consécutive. Le nombre d’actifs a augmenté de 371 000 et il atteint désormais 42,7 millions.La croissance allemande est plus vigoureuse que prévuLes ménages consommentSelon le ministre de l’économie, Sigmar Gabriel (par ailleurs président du parti social-démocrate, SPD), ce sont les dépenses de consommation privée qui devraient tirer la croissance.Celea tiendra notamment, selon lui, à la création au 1er janvier 2015 d’un salaire minimum, au coup de pouce donné en 2014 aux retraites et à la baisse des prix du pétrole.Par ailleurs les exportations devraient bénéficier d’un euro faible et croître de 3,6 % en 2015.Bien que social-démocrate, Sigmar Gabriel s’est félicité de l’équilibre budgétaire qui devrait à nouveau être atteint en 2015, comme en 2014 et qui est, selon lui, l’une des raisons de l’état « relativement robuste de l’économie allemande ».Pour 2016, M. Gabriel se veut prudemment optimiste et ne fait pas de prévisions. Il rappelle qu’en début d’année 2014, le gouvernement et la plupart des experts prévoyaient une croissance de 1,8 %.Mais après un début d’année en fanfare, l’économie allemande avait stagné durant quasiment un semestre.Le patronat réclame des investissementsEn 2015, l’année commence, en tout cas, sous de bons auspices. Mercredi, le baromètre GfK, qui mesure les attentes des consommateurs, s’affiche à 9 points en janvier, sa deuxième hausse consécutive.L’institut mise sur une nouvelle hausse du baromètre en février, à 9,3 points. Le moral des ménages serait ainsi à son plus haut depuis treize ans, souligne GfK.De son côté, l’indice Ifo du climat des affaires, publié lundi 26 janvier, a atteint son plus haut niveau ces six derniers mois. L’indicateur s’est établi à 106,7 points ce mois-ci, contre 105,5 points en décembre.« L’économie allemande démarre bien l’année », a commenté Hans-Werner Sinn, président de l’institut Ifo, peu connu pour son optimisme.Réagissant aux prévisions du gouvernement, le patronat (BDI) a jugé, mercredi, que la situation était effectivement favorable, grâce notamment à la baisse du prix du pétrole.Mais le patronat juge que « le gouvernement doit plus investir ». Alors que le SPD vante l’équilibre budgétaire, c’est le patronat qui regrette que « les moyens consacrés aux investissements publics restent plutôt limités ».Accueil mitigé aux 10 milliards d’euros d’investissement consentis par l’AllemagneFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.01.2015 à 16h15 • Mis à jour le28.01.2015 à 16h17 | Christine Legrand (Buenos-Aires, correspondante) Cristina Kirchner n’a pas réussi à éteindre l’incendie allumé par la mort suspecte, le 18 janvier à Buenos Aires, du procureur Alberto Nisman. L’annonce, par la présidente argentine, de sa volonté de dissoudre le Secrétariat au renseignement (SI), le principal service de renseignement du pays, qui doit être remplacé par une Agence fédérale d’intelligence, a été durement critiquée mardi par l’opposition.Le jour de sa mort, le procureur Nisman devait témoigner devant les parlementaires réunis à huis clos sur les obstructions supposées de Mme Kirchner à l’enquête sur l’attentat antisémite du 18 juillet 1994 contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA), qui avait coûté la vie à 84 personnes. L’attentat est attribué par la justice argentine au Hezbollah libanais et à la République islamique d’Iran. Mme Kirchner est soupçonnée d’avoir voulu couvrir l’Iran pour décrocher des contrats commerciaux.Sur les réseaux sociaux, Mme Kirchner avait affirmé dans un premier temps, qu’il s’agissait d’un suicide, mais, deux jours plus tard, s’était déclarée convaincue qu’il s’agissait d’un assassinat. La présidente argentine a dénoncé un complot, qui serait orchestré par une partie de la justice et des services secrets, des groupes économiques et les médias d’opposition. Elle a qualifié « de château de cartes » les accusations du procureur Nisman, qui aurait été selon elle « manipulé puis sacrifié par d’anciens agents des services secrets ».L’ancien chef de la SI, Jaime Stiusso, que Mme Kirchner avait limogé en décembre, garde le silence. On ignore s’il est en Argentine ou s’il a quitté le pays. Il était le principal informateur du procureur Nisman et l’aurait averti qu’on allait le tuer. L’ex-femme de Nisman, la juge fédérale Sandra Arroyo Salgado, a catégoriquement rejeté la thèse du suicide, rappelant que son ex-mari avait reçu beaucoup de menaces de mort. Le magistrat avait confié à des députés de l’opposition « avoir été trahi par un agent secret » ajoutant que « cela pourrait lui coûter la vie ».« Aucune autocritique »Le projet de dissolution du SI devrait être débattu la semaine prochaine au Congrès, où le parti péroniste au pouvoir détient la majorité. Le chef de l’Union civique radicale (UCR), Ernesto Sanz, a jugé inopportun de discuter de ce projet maintenant, à seulement neuf mois de la présidentielle d’octobre, à laquelle la Constitution n’autorise pas Mme Kirchner de se représenter pour un troisième mandat consécutif. M. Sanz estime que ce sera au prochain gouvernement de décider.« Cela ne sert à rien que Cristina apparaisse à la télévision pour exposer ses théories », a lancé le maire de droite de Buenos Aires, Mauricio Macri, candidat à la prochaine présidentielle. « Le SI ne va pas changer avec un simple changement de nom », a-t-il ajouté, priant Mme Kirchner « d’arrêter de se présenter comme une victime ».Le gouvernement cherche à « politiser encore plus » les services de renseignement, juge Clarin, le principal quotidien argentin. Le quotidien La Nacion (conservateur) reproche à Mme Kirchner de parler « sans faire aucune autocritique, sans preuves et sans présenter de condoléances » à la famille Nisman. Contrairement à ses traditionnelles apparitions à la télévision, dans son bureau présidentiel, Cristina Kirchner est apparue, lundi, dans un espace réduit et dépouillé, faisant penser à une chambre d’hôpital, assise dans un fauteuil roulant, pantalon et blouse blancs, une botte orthopédique à sa cheville gauche, à la suite d’une fracture. Depuis la mort de Nisman, elle est enfermée dans la résidence présidentielle d’Olivos, dans la banlieue de la capitale, entourée d’un cercle intime de conseillers, dont son fils Maximo Kirchner.« On ne peut d’aucune manière associer la présidente à des pactes avec des terroristes », a affirmé le gouverneur de la province de Buenos Aires, Daniel Scioli, qui devrait être le candidat péroniste à la présidence, faisant allusion aux accusations du procureur Nisman.Témoignages contradictoiresDans la canicule de l’été austral, les Argentins suivent avec stupeur et inquiétude les rebondissements d’une affaire d’Etat, qui met à nu la fragilité des institutions, et offre tous les ingrédients d’un roman d’espionnage. Les deux principales entités juives argentines, l’AMIA et la Délégation d’associations israélites argentines (DAIA) ont exigé une enquête sur « les causes véritables de la mort de Nisman ».Car l’enquête piétine. On ne sait toujours pas si Alberto Nisman s’est suicidé ou s’il a été assassiné. Il disposait de dix gardes du corps, membres de la police fédérale. Deux d’entre eux, chargés de sa surveillance au moment de sa mort, ont été limogés, le 27 janvier, après avoir fourni des témoignages contradictoires. Le premier journaliste à avoir fait état de la mort du procureur Nisman a quitté l’Argentine pour se réfugier en Israël car il dit craindre pour sa vie. « Je pars parce que ma vie est en danger », a affirmé Damian Pachter, journaliste au Buenos Aires Herald.La seule personne mise en cause par la justice est pour l’instant un informaticien de 35 ans, Diego Lagomarsino, collaborateur de Nisman, qui est accusé d’avoir prêté au magistrat, la veille de sa mort, son arme personnelle, ce qui constitue un délit. D’après les investigations, il est la dernière personne à avoir vu Alberto Nisman en vie.L’histoire récente de l’Argentine est ponctuée de morts douteuses, aux allures mafieuses, jamais éclaircies, qui confortent dans l’esprit des citoyens un sentiment d’impunité. Plus de vingt ans après, les attentats antisémites contre l’ambassade d’Israël en 1992, puis deux ans plus tard contre l’AMIA, n’ont toujours pas été élucidés. Plus de 70 % des Argentins ne croient pas au suicide de Nisman.Christine Legrand (Buenos-Aires, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.01.2015 à 15h38 • Mis à jour le28.01.2015 à 17h36 L'essentielL'Agence des Nations unies chargée de venir en aide aux Palestiniens (UNRWA) joue un rôle important dans l'aide d'urgence et la reconstruction dans la bande de Gaza.La conférence des donateurs qui s’est tenue au Caire, le 12 octobre, a permis de recueillir 5,4 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros) de promesses, qui n'ont toujours pas été tenues.L'UNRWA n'a plus d'argent et va donc devoir mettre un terme à une partie de son aide aux réfugiés.  Après la suspension de l'aide affectée par l'Organisation des nations unies (ONU) à la réparation des maisons détruites à Gaza par la guerre de l'été 2014, quelque 200 Palestiniens ont manifesté mercredi 28 janvier devant les locaux de l'organisation à Gaza.« Nous n'avons toujours pas de maisons », ont déploré plusieurs d'entre eux, et certains ont tenté d'entrer dans les locaux avant d'être dispersés par la police du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle de fait l'enclave palestinienne.L'ONU a condamné ces incidents, ajoutant que les forces de police n'avaient pas assuré convenablement la sécurité du bâtiment : « En dépit des assurances répétées, les forces de sécurité n'ont pas pris les mesures nécessaires et à temps pour protéger le complexe de l'ONU. »PROMESSES NON TENUESL'incident s'est produit au lendemain de l'annonce par l'ONU de la suspension de son aide financière à des dizaines de milliers de Palestiniens pour réparer leur maison ou payer leur loyer à Gaza dévastée par la guerre avec Israël. Plus de 96 000 maisons ont été endommagées ou détruites au cours des cinquante jours de conflit, en juillet-août 2014, selon l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA).« 5,4 milliards de dollars avaient été promis en octobre à la conférence du Caire » pour la reconstruction du territoire après la guerre, « et pratiquement rien de cette aide n'est pour ainsi dire arrivé à Gaza. C'est douloureux et inacceptable », a déclaré dans un communiqué Robert Turner, directeur de l'UNRWA à Gaza. Il faudrait 720 millions de dollars pour répondre aux besoins, selon l'agence, mais « à cette heure, l'UNRWA n'a reçu que 135 millions ».Lire aussi l'entretien avec Robert Turner : A Gaza, l’agence de l’ONU aidant les réfugiés a les poches videsEnviron 12 000 personnes continuent à vivre dans des écoles de l'UNRWA. L'Agence s'inquiète que les Palestiniens déplacés n'affluent à nouveau vers ces refuges si elle ne peut plus les aider. Les cinquante jours de guerre ont tué près de 2 200 Palestiniens, majoritairement des civils, et 73 Israéliens, pour la plupart des soldats. Ils ont détruit des pans entiers du territoire enclavé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée. 28.01.2015 à 14h50 • Mis à jour le28.01.2015 à 16h23 Après la victoire du parti de gauche radicale Syriza aux élections législatives de dimanche, François Hollande a invité le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, à se rendre à Paris avant le prochain Conseil européen, prévu le 12 février.Cette invitation si prompte peut prêter à sourire quand on sait que, comme le note Le Canard enchaîné dans son édition du 28 janvier, Alexis Tsipras avait envoyé une lettre de félicitations au président français fraîchement élu, le 9 mai 2012, et souhaitant « organiser une rencontre à Paris le plus rapidement possible ». Jusqu'à ce jour elle était restée lettre morte.Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a précisé mercredi 28 janvier que cette rencontre permettrait de « discuter de manière globale » de « l'ensemble des questions » évoquées par la partie grecque, comme la « croissance » et la « dette ».LA GRÈCE DOIT TENIR SES ENGAGEMENTSLa France, a poursuivi le porte-parole du gouvernement, est « disposée à discuter, à négocier, à engager un dialogue qui permette de trouver des solutions », même si aujourd'hui « il n'y a pas de discussions qui consisteraient à annuler la dette [grecque] ».M. Le Foll a rappelé la position de Paris : « à la fois la solidarité que l'on doit à la Grèce et au peuple grec et en même temps la responsabilité qui engage chacun par rapport à la zone euro et par rapport aux engagements pris par l'Etat grec ». M. Hollande avait déjà souligné lundi que « des engagements [avaie]nt été pris » par l'Etat grec et qu'ils « d[evai]ent être tenus », relevant que la France avait déjà « participé financièrement aux efforts demandés pour la Grèce ».Quelques jours après son triomphe aux élections législatives en Grèce, Alexis Tsipras, nouveau premier ministre, inaugurait mercredi son tout premier conseil des ministres. Dans son discours d'ouverture, il a officiellement réaffirmé sa volonté de « négocier un allégement de dette », souhaitant trouver « une solution juste, viable et mutuellement utile » avec les créanciers de la Grèce.Lire : François Hollande à Alexis Tsipras : « La France sera aux côtés de la Grèce » 28.01.2015 à 12h10 • Mis à jour le28.01.2015 à 13h08 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Agence des Nations unies chargée de venir en aide aux Palestiniens, l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency), joue un rôle important dans l’aide d’urgence et la reconstruction dans la bande de Gaza. Dévasté par la guerre de l’été 2014, durant laquelle près de 2 100 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées du côté palestinien, ce territoire est réduit à l’état de ruines, dans certains quartiers ou villages. La conférence des donateurs qui s’est tenue au Caire, le 12 octobre, a permis de recueillir 5,4 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros) de promesses. Mais pour l’heure, elles restent largement lettre morte. Le directeur de l’UNRWA à Gaza, Robert Turner, explique au Monde que l’agence va devoir mettre un terme à une partie de son aide aux réfugiés, si l’argent n’arrive pas de toute urgence.L’UNRWA a sonné l’alerte, mardi, sur son manque de fonds. Que se passe-t-il ?Robert Turner : Notre communiqué ne doit être une surprise pour personne. Cela fait plusieurs semaines que nous avertissons le monde entier sur le fait que nous n’avons plus d’argent. Cette situation risque d’avoir un impact catastrophique sur les gens qui essaient de revenir à une vie normale, si cette notion est toutefois possible dans la bande de Gaza. Nous essayons de fournir une aide à 66 000 familles, sous la forme de subvention pour payer leur loyer ou bien de fonds pour qu’ils conduisent des travaux dans leur logement. On a dû arrêter de verser cet argent.On compte toujours 11 000 personnes déplacées vivant dans nos écoles. Beaucoup ont quitté ces refuges lorsqu’elles ont reçu notre aide financière, sous la forme de quatre mois de loyer, soit entre 200 et 250 dollars par mois en fonction de la taille des familles. Que vont-elles devenir si cette aide n’arrive plus ? On a besoin de 100 millions de dollars au cours du premier trimestre 2015. Depuis Le Caire, on a reçu environ 100 millions de dollars pour la construction de refuges, les pays les plus généreux étant l’Allemagne et l’Arabie saoudite.Mais pourquoi l’argent promis au Caire n’arrive-t-il pas ?Ce n’est pas clair. Il y a d’une part une nervosité de la part des donateurs, en raison de la situation politique instable dans la bande de Gaza. Le gouvernement de consensus palestinien est entré en fonction le 2 juin. Mais beaucoup de questions demeurent jusqu’à ce jour sur sa capacité à agir. D’autre part, il y a des interrogations sur les mécanismes de surveillance des matériaux nécessaires à la reconstruction.Les Israéliens ont exprimé leur crainte de voir les chargements de ciment et de gravier détournés à des fins militaires par le Hamas…Pourtant, les mécanismes mis en place pour la reconstruction, qui ont fait l’objet d’un accord avec le gouvernement israélien, fonctionnent. Plus de 30 000 personnes ont pu accéder à des matériaux pour réparer ou reconstruire leur logement. Près de 30 000 autres viennent d’être approuvées et attendent de les recevoir. L’estimation des dégâts et des besoins est faite par nos ingénieurs, puis c’est l’Autorité palestinienne qui accorde un certificat, précisant la quantité de matériaux nécessaire.Depuis la guerre, 27 000 tonnes de ciment sont entrées en provenant d’Israël. Mais globalement, la situation est bien pire qu’avant la guerre. Il y a les destructions énormes, le chômage plus élevé que jamais parce que les réparations, pour l’instant, ne concernent pas de grands chantiers. Les gens à Gaza mènent une existence misérable. L’électricité est un problème chronique. La centrale de Gaza fonctionne de façon très limitée, quelques heures d’affilée, par manque de fuel. La plupart des foyers n’ont pas de chauffage. Plusieurs enfants sont morts d’hypothermie depuis le début de l’hiver.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.01.2015 à 11h15 • Mis à jour le28.01.2015 à 12h44 | Eric Albert (Londres, correspondance) Dans un retournement de dernière minute, après une longue lutte boursière, le Qatar a finalement mis la main sur Canary Wharf, le quartier d'affaires de Londres. Mercredi 28 janvier, les principaux actionnaires de Songbird, une entreprise qui possède 69 % de Canary Wharf, ont accepté l'offre conjointe formulée par la Qatar Investment Authority (QIA) et le groupe canadien d'immobilier Brookfield. A 350 pence par action, l'acquisition valorise Songbird à 2,6 milliards de livres (3,5 milliards d'euros).Canary Wharf est un immense quartier d'affaires, à l'est de Londres, entièrement privé. Cet ancien quartier de docks en bord de Tamise avait été développé sous Margaret Thatcher, profitant de la relative étroitesse de la City, le quartier des affaires traditionnel aux immeubles de taille modeste.Les gratte-ciels de Canary Wharf sont dominés par les logos des grandes banques internationales, et les télévisions utilisent ses images pour représenter la « City » (qui est, techniquement, un quartier du centre de Londres).Lire aussi : La belle échappée de Canary WharfLa transaction peut être vue comme un symbole des temps : elle se fait en partie entre un fonds souverain et un autre. Songbird est actuellement détenu par trois actionnaires majoritaires : China Investment Authority, un fonds souverain chinois, ainsi que Simon Glick, un investisseur new-yorkais et Morgan Stanley, la banque américaine.Quand ceux-ci ont été approchés, en novembre 2014, par QIA et Brookfield, leur réaction initiale a été de repousser l'offre, qu'ils jugeaient sous-évaluée. Après plusieurs rebondissements, l'offre a été augmentée de 19 % début janvier. Mais les actionnaires avaient laissé entendre qu'ils ne voulaient toujours pas en entendre parler.Finalement, après avoir tenté de trouver d'autres investisseurs, ils ont changé d'avis, mercredi. Sans enthousiasme : « le conseil d'administration pense que l'offre ne reflète pas la pleine valeur de l'entreprise », souligne le communiqué. Le conseil de Songbird évalue l'entreprise à 381 pence par action.RETRAIT DE LA BOURSE ET PROJET D'EXPANSIONQIA et Brookfield devraient maintenant retirer Songbird de la Bourse. L'objectif est de simplifier l'actionnariat de Canary Wharf, qui est particulièrement touffu. Avant l'offre, QIA possédait déjà 28 % de Songbird et Brookfield avait directement 22 % de Canary Wharf Group.Ensemble, en prenant le contrôle de Songbird, les deux acteurs vont avoir la main haute sur le quartier d'affaires, devenant de loin les deux actionnaires majoritaires. Cela devrait simplifier l'exécution du grand plan d'expansion du quartier d'affaires. Un nouveau groupe d'immeubles résidentiels, comprenant 3 000 logements, est prévu.Grand comme un tiers du quartier actuel, sur 450 000 mètres carrés, il a reçu en juillet 2014 l'approbation de son permis de construire par la mairie locale. Cette extension, connue sous le nom de Wood Wharf, nécessite d'importants investissements.Le Qatar poursuit ainsi ses acquisitions tous azimuts dans l'immobilier londonien. Le petit pays est déjà propriétaire du Shard, la plus haute tour de Londres, signée de l'architecte Renzo Piano. Il a aussi multiplié les achats dans les beaux quartiers, notamment autour de Mayfair. L'émirat aux riches ressources pétrolières et gazières contrôle aussi les supermarchés Sainsbury's et détient aussi une partie de l'opérateur boursier London Stock Exchange.Lire notre décryptage : L'envol économique du Qatar en trois graphiquesEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’« agenda numérique » fait partie des priorités de la Commission européenne, dirigée par Jean-Claude Juncker. Celle-ci veut présenter avant l’été, ses solutions pour aboutir - enfin - à un marché unique du digital en Europe, et notamment réformer le droit du copyright.C’est le vice-président de la Commission, l’Estonien Andrus Ansip qui doit coordonner ces chantiers dans l’institution communautaire.Mardi 27 janvier, il a fait le déplacement à Paris, pour rencontrer Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, alors qu’en France, les puissantes sociétés d’auteur voient d’un mauvais œil la volonté réformatrice de la commission sur le copyright.Mercredi 28 janvier, il réunissait à Bruxelles ses collègues commissaires pour fixer l’agenda des semaines à venir.Redéfinir le copyright La Commission veut toiletter une directive datant de 2001, c’est-à-dire des débuts de l’Internet grand public, quand la vidéo à la demande et la catch up TV n’existaient pas encore.L’idée est d’homogénéiser les régimes européens du copyright, notamment, de mettre fin à la territorialité des droits : le fait qu’un diffuseur soit contraint d’acheter des droits de retransmission d’un contenu pays par pays.Les sociétés d’auteur françaises redoutent que le système français de rémunération de l’ensemble de la filière création soit mis à bas. M. Ansip se veut rassurant. « Les gens pensent que, quand on parle de réforme du copyright, c’est forcément qu’on va arrêter de protéger les droits d’auteurs et bafouer les droits des créateurs. Pas du tout. Mais la situation actuelle est perdante pour tout le monde, consommateurs et créateurs », assure le commissaire.Les internautes qui passent les frontières ne peuvent pas acheter des contenus, car leur accès est bloqué, « alors même qu’ils sont prêts à payer », poursuit-il.En mettant fin à la territorialité, « le marché serait bien plus important et on éviterait le comportement de certains, qui parviennent facilement à pirater les contenus qu’ils veulent voir », souligne M. Ansip.« Les Français ont peur que leurs revenus baissent en cas de fin du principe de territorialité. Ils ont tort, le marché serait plus important. Évidemment, cela implique un changement de modèle économique. »La Commission a promis de rendre sa proposition de directive avant l’été.Renforcer l’intégration numérique de l’UEAvant, en mai, la Commission doit également donner ses orientations sur les moyens de renforcer l’intégration numérique de l’Union européenne (UE). « Les biens et les services circulent librement, mais ce principe de l’Union n’existe pas en ligne. Seuls 12 % des Européens achètent en ligne dans un pays différent du leur. Seules 5 % des sociétés online vendent hors de leurs frontières, rappelle M. Ansip.Comment surmonter ce problème ? « Nous devons renforcer les droits des consommateurs, pour que leur confiance augmente, et sécuriser l’activité des PME, qui doivent composer avec 28 régulateurs différents. »Faire adopter la directive sur les données personnellesM. Ansip déclare que sa « priorité » est d’adopter la directive sur la protection des données personnelles, présentée par la Commission en janvier 2012, mais qui toujours en cours de discussion entre le Conseil européen et le Parlement. « J’espère que l’on va aboutir à un accord sur le texte cette année. » Au Parlement européen, beaucoup d’élus demandent à la Commission de proposer, aussi, un texte qui réglemente les durées de réglementation des données. Un sujet ultrasensible, surtout depuis les attentats de Paris, alors que les États poussent à l’adoption de mesures antiterroristes visant à davantage contrôler l’activité des citoyens sur le web. « Nous devons être très prudents avec ce sujet. Après les attentats de Madrid, en 2004, ceux de Londres, en 2005, nous avons promulgué une directive sur la rétention des données en 2006. Mais l’année dernière, la Cour de justice de l’Union européenne l’a invalidée. Elle n’a pas dit que la rétention des données est non conforme au droit, mais qu’il doit y avoir des garde-fous et qu’il faut appliquer le principe de proportionnalité », explique M. Ansip.« Avant de reproposer un texte, il faudra faire cette fois une analyse vraiment fine », avance le commissaire. La Commission veut donc d’abord voir la directive protection des données adoptée avant de s’atteler à ce deuxième chantier.Redimensionner les frais de « roaming » pour l’accès aux donnéesAutre pilier de l’union numérique européenne, une plus grande intégration des marchés des télécommunications. Là aussi, une directive est sur la table : plutôt, un ensemble de textes, le « paquet télécom », sur lesquels les États ont le plus grand mal à s’entendre.Parmi les dispositions qui « coincent » le plus : la neutralité de l’Internet, et les frais de « roaming », c’est-à-dire le coût d’une communication transfrontalière.Les États, dont la France, ont longtemps résisté à une baisse trop drastique des prix du « roaming », qui représentaient de substantiels revenus pour leurs opérateurs télécoms.Un accord a été trouvé pour ramener à presque zéro ces coûts pour les appels téléphoniques, et un accord est enfin en train de se dessiner au Conseil européen, concernant ceux pour l’accès aux données, depuis un terminal mobile.« On ne peut pas avoir un marché unique du numérique si les consommateurs paient dix fois plus leur consommation d’internet quand ils passent une frontière européenne », explique M. Ansip.Il admet toutefois que « ce n’est pas une décision facile à prendre, d’annuler les frais de roaming », car « dans les pays touristiques, par exemple, les opérateurs sont obligés d’investir considérablement dans leurs infrastructures pour que les touristes puissent accéder à la 3G et aux services mobiles, comme chez eux. » « Le problème, c’est que ces investissements ne sont utiles que quelques mois par an, et si les frais de roaming disparaissent, les opérateurs ont plus de mal à les financer. Nous devons tenir compte de ces problèmes spécifiques », relève-t-il.Trouver rapidement une définition commune de la neutralité du NetConcernant la neutralité de l’internet, l’égalité de traitement des contenus en ligne, quels qu’ils soient (vidéo, texte, etc), un sujet également très sensible, un compromis a été proposé par le Conseil, mi-janvier, et doit être discuté entre les pays dans les jours qui viennent.L’idée est de garantir cette égalité de traitement, tout en permettant - dans des conditions très encadrées - aux opérateurs télécoms de facturer davantage certains flux vraiment très encombrants (du type Netflix).« Si nous n’avons pas une définition commune de ce que nous entendons par Internet ouvert et neutralité du Net, nous allons nous retrouver bientôt avec 28 définitions différentes et des marchés encore plus fragmentés. Il faut aller vite : les Pays-Bas, la Slovénie et la Finlande sont en train déjà de plancher sur leurs propres définitions. Il y a urgence », relève M. Ansip.Trancher la question d’une « taxe Google »Ce sujet fait l’objet de débats à l’intérieur même de l’institution communautaire. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager doit décider si elle poursuit ou pas Google pour abus de position dominante, alors qu’une enquête formelle sur les pratiques en Europe du géant de l’internet américain traîne en longueur depuis près de cinq ans.D’autres poussent pour une « régulation des plates-formes web », qui obligerait Google et les autres multinationales du Net à obéir aux mêmes contraintes réglementaires que les sociétés traditionnelles des médias.La fronde européenne anti-Google se durcitM. Ansip reste très prudent : « Il n’y a que Mme Vestager qui peut parler d’une entreprise en particulier. Nous, nous devons parler de politiques dans leur ensemble, pas stigmatiser une entreprise en particulier. » Et d’ajouter : « concernant le paiement pour le référencement, des lois ont été votées en Espagne et en Allemagne [dites loi Google], mais il est trop tôt pour dire si elles sont efficaces ou pas. Nous suivons ces initiatives de près, mais c’est trop tôt pour dire si nous allons nous en inspirer pour prendre des décisions au niveau européen », conclut le vice-président estonien.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel Plus rien n’arrête l’ascension du yuan, la monnaie chinoise. Selon les données publiées mercredi 28 janvier par Swift, l’entreprise spécialiste des transferts de données bancaires, celle-ci a grimpé au 5e rang des devises les plus utilisées pour les paiements internationaux. Il y a deux ans, il n’occupait que la 13e position.Le yuan est-il en passe de devenir une monnaie internationale ?Hier classé « devise de paiement émergente », le yuan est devenu, aujourd’hui, une devise « couramment employée », selon les termes de Wim Raymaekers, responsable des marchés bancaires chez Swift.Il « est voué à devenir une monnaie internationale », indique Jean-Louis Mourier, chez Aurel BGC. « Mais à long terme », précise l’analyste.En effet, en décembre 2014, le renminbi (« monnaie du peuple ») ne pesait encore que 2,17 % des paiements mondiaux.Le dollar américain, l’euro et la livre Sterling représentent toujours près de 80 % des paiements internationaux.Que fait Pékin pour pousser sa monnaie ?Ce qui est sûr, c’est que les autorités chinoises poussent à cette internationalisation, en développant l’usage du yuan.Pékin s’est lancé, ces derniers mois, dans une opération séduction envers les grandes places financières mondiales.Son objectif : créer un marché international du yuan, en montant un réseau permettant de réaliser des opérations sécurisées dans la devise chinoise.Quelques villes clés ont été sélectionnées, afin d’en faire des centres « offshore » permettant l’utilisation du yuan hors du pays.Hongkong est le plus grand de ces centres, suivi de près par Londres, qui pèse 60 % des volumes d’échange de renminbi hors de Chine continentale.Dans la zone euro, Paris, Francfort et le Luxembourg sont au coude à coude. Et les accords en tout genre se multiplient : chambres de compensation pour les paiements dans la devise chinoise, quotas d’investissement, émissions d’obligation…En septembre 2014, la Bank of China (BoC) a émis les premières obligations en devise chinoise à Paris, pour 2 milliards de yuans (240 millions d’euros).Peut-on imaginer que le yuan détrône un jour le dollar ?« Le chemin à parcourir avant que le yuan détrône le dollar est encore long », relève Jean-Louis Mourier.Aujourd’hui, le yuan reste très contrôlé par le pouvoir chinois et n’est que partiellement convertible. Pour s’imposer face aux autres monnaies, il faudra donc d’abord qu’il devienne pleinement convertible face aux autres devises.Il faudra aussi que le secteur financier chinois, encore balbutiant, se développe. Et que le pays ouvre pleinement ses marchés aux capitaux internationaux.Selon les experts, cela n’arrivera pas avant dix ou quinze ans.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) 2,95 millions. L’économie américaine n’avait plus créé autant d’emplois depuis quinze ans. Cette performance qui permet aux États-Unis d’afficher leur taux de chômage le plus bas depuis juin 2008. Celui-ci est tombé à 5,6 % de la population active, soit 0,2 point de moins qu’en novembre et 0,1 point de moins que ce que prévoyaient en moyenne les économistes.Ce sont ainsi 252 000 emplois qui ont été créés en décembre, selon les statistiques publiées, vendredi 9 janvier, par le Département du travail.Les chiffres d’octobre et de novembre ont été par ailleurs révisés à la hausse. Sur ces deux mois ce sont 50 000 emplois supplémentaires qui ont été créés, portant le nombre total sur l’ensemble de l’année à 2,95 millions, ce qui donne une moyenne mensuelle de 245 833.Il faut donc remonter à 1999 pour retrouver de tels chiffres. Cette année-là, l’économie américaine avait créé 3 millions d’emplois. Il est vrai qu’entre-temps, la population américaine a augmenté de 39 millions à 318 millions, ce qui relativise la performance.Dans le même temps, ces bonnes nouvelles pour l’économie américaine ont été quelque peu écornées par les statistiques sur l’évolution des salaires publiées simultanément. À la surprise générale, le salaire horaire a baissé de 0,2 %, du jamais vu depuis 2006.Surplace du pouvoir d’achatMême s’il est trop tôt pour dire si elle sera durable, il s’agit d’une inversion de tendance par rapport à novembre où les salaires avaient au contraire augmenté de 0,2 %.Sur l’ensemble de 2014, le salaire horaire moyen a augmenté de 1,7 %, soit la plus faible progression depuis octobre 2012. Ce chiffre doit également être mis en perspective avec l’inflation qui est à 1,3 %, ce qui veut dire qu’en réalité les salaires font quasiment du surplace en termes de pouvoir d’achat.Cet indicateur des salaires est étroitement surveillé par la Réserve fédérale (Fed), qui estime que sa faible progression est un signe que le marché de l’emploi reste convalescent.Cela démontre en effet que celui-ci n’est pas encore suffisamment dynamique pour exercer une pression sur les employeurs pour augmenter les salaires pour faire face à des difficultés de recrutement. Or, pour le moment, ce n’est pas le scénario auquel on assiste.C’est ce qu’indiquaient les minutes du Comité de politique monétaire de la Fed du 17 décembre 2014, publié le 7 janvier, certains membres soulignant qu’ils « ne voient pas de signe clair d’une accélération des salaires ».Le fait que les salaires ne repartent pas à la hausse n’est pas une bonne nouvelle pour la consommation des ménages, qui représente 70 % de l’activité économique aux États-Unis.En revanche, la chute brutale des prix de l’énergie, enregistrée ces dernières semaines, va procurer aux ménages un supplément de pouvoir d’achat qui va être le bienvenu dans ce contexte.Mais l’impact énergétique va jouer dans les deux sens. Car les entreprises du secteur pétrolier ont déjà prévenu qu’elles allaient lever le pied sur leurs investissements en 2015. La chute du prix du baril fait qu’un certain nombre de forages ne sont plus rentables.« Les suppressions d’emplois ajustées des variations saisonnières dans le secteur de l’énergie ont bondi à leur plus haut niveau depuis la fin 2012 », indique David Mericle, économiste chez Goldman Sachs. Le phénomène devrait s’amplifier dans les mois à venir.Un nombre important d’Américains disparaissent des statistiquesAutre indicateur, qui laisse dubitatif : le taux de participation au marché de l’emploi - c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un – a une nouvelle fois baissé en décembre à 62,7 %, du jamais vu depuis les années 1970.Ce qui indique qu’un nombre important d’Américains, découragés de ne pas trouver d’emploi, disparaissent des statistiques officielles du chômage. Celles-ci indiquent qu’au 31 décembre 2014, il y a 8,7 millions de personnes en recherche d’emploi.Lorsqu’on ajoute des indicateurs comme le nombre de temps partiels subis, on arrive à un taux de chômage de 11,2 %, soit 0,2 point de moins qu’en novembre.Pour mémoire, au cours de la décennie qui a précédé la crise financière le taux oscillait entre 8 % et 10 %. Le marché du travail aux États-Unis s’améliore sûrement, mais il faudra encore un peu de patience pour le retour à une situation de plein-emploi.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jacques Follorou On disposait jusqu'ici de peu d'informations sur le parcours de Saïd Kouachi, l'un des deux frères suspectés d'avoir perpétré la tuerie à Charlie Hebdo. Selon une source diplomatique française, son nom a été transmis par les autorités yéménites aux services de sécurité américains après avoir séjourné au Yémen en 2011. Toujours selon cette même source, les éléments fournis aux services de renseignement américains indiquaient que l'intéressé avait été vu en présence de personnes appartenant à la mouvance radicale.Suivre la situation en direct sur LeMonde.frSelon les éléments donnés par les Yéménites aux Américains l'homme serait, notamment, passé par la petite ville de Shihr, port de pêche ouvert sur la mer d'Arabie et réputé pour ses centres d'enseignement du salafisme, un courant sunnite qui prône un retour à l'islam des origines. La ville, qui attire des étrangers du monde entier, hébergerait de 200 à 300 Français, essentiellement des nouveaux convertis.PAS DE PRÉCISIONS SUR LE NIVEAU D'INTÉGRATION DANS AQPANéanmoins, rien ne permet, pour l'instant, de connaître avec précision le niveau d'intégration de Saïd Kouachi dans les rangs d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) ni même si cette organisation peut avoir commandité l'attaque contre Charlie Hebdo. Les frères Kouachi ont revendiqué, au moins, à deux reprises, leur filiation avec le Yémen auprès des personnes qu'ils ont croisé dans la journée du mercredi 7 janvier.Il avait déjà été confirmé que Chérif Kouachi, le cadet de la fratrie, a appartenu à un groupe que l'on pourrait aujourd'hui considérer comme l'un des « pionniers » du djihad à l'étranger. De nationalité française, né dans le 10e arrondissement de Paris, Chérif, qui se faisait appeler « Abou Issen », a été condamné, le 14 mai 2008, à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis dans le dossier dit de la « filière des Buttes-Chaumont », qui envoyait des candidats au djihad en Irak entre 2004 et 2006.Lire aussi : La fratrie Kouachi, de la petite délinquance au djihadJacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.01.2015 à 11h32  L'ex-premier ministre polonais Jozef Oleksy est mort, vendredi 9 janvier, à l'âge de 68 ans, des suites « d'une longue maladie », a annoncé le secrétaire général de son parti social-démocrate SLD, Krzysztof Gawlikowski.Ancien haut responsable du POUP, le parti communiste polonais dissous après la chute du régime en 1989, M. Oleksy fut l'un des fondateurs d'un nouveau mouvement de gauche converti à la social-démocratie.Après la victoire électorale de cette formation contre les partis issus du mouvement Solidarité en 1993, il avait été président de la Diète, chambre basse du parlement, avant de diriger le gouvernement en 1995-1996.Accusé d'espionnage au profit de la Russie à travers ses contacts avec des agents de Moscou, il a été contraint de démissionner. Ces accusations n'ont jamais pu être confirmées, ce qui lui a permis de poursuivre sa carrière politique. Il fut notamment ministre de l'intérieur dans un gouvernement de gauche en 2004, puis eurodéputé. Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le taux d’inflation de la Chine est demeuré à un niveau particulièrement faible en décembre 2014, à + 1,5 %, même si cela traduit une légère progression par rapport au 1,4 % enregistré en novembre.L’indice des prix à la consommation progresse ainsi de 2 % sur l’ensemble de l’ensemble de l’année 2014, bien en deçà de l’objectif officiel d’une inflation à 3,5 % fixé par Pékin, selon les statistiques publiées vendredi 9 janvier.De tels indicateurs devraient inciter le gouvernement chinois à assouplir encore davantage sa politique monétaire, selon les analystes.L’effet de la baisse du prix du pétrole et de la faiblesse de la demande intérieureLa relativement basse croissance de l’économie chinoise sur l’année écoulée et la baisse des prix de l’énergie sont les principaux facteurs d’explication de cette faible inflation.« L’effondrement des prix du pétrole est une raison majeure mais la faiblesse de la demande intérieure en est une autre », écrit Zhu Haibin, chef économiste de la banque JP Morgan, dans une note.La deuxième économie de la planète n’a probablement pas atteint en 2014 l’objectif d’une progression de 7,5 % de son PIB en 2014.La décélération de l'économie chinoise se confirmeCe ralentissement s’illustre particulièrement à l’entrée des usines chinoises, où l’indice des prix industriels baisse de 3,3 % sur un an en décembre. Cet indice PPI est en déflation depuis 34 mois, reflétant la baisse des coûts, notamment celui des matières premières et de l’énergie, qui lui-même s’explique en partie par la demande plus faible des grands émergents, dont la Chine, ces dernières années.« Le taux d’inflation est largement sous l’objectif fixé en début d’année dernière et le risque de déflation continue d’augmenter », juge par téléphone Ma Xiaoping, économiste de la HSBC à Pékin.De nouvelles mesures monétaires attenduesCompte tenu des perspectives d’évolution des prix, il y a, selon Ma Xiaoping encore davantage d’espace pour assouplir la politique monétaire de la Banque populaire de Chine et stimuler ainsi l’activité.L’établissement émetteur central, qui en République populaire est soumis à la direction de l’Etat-parti, a déjà baissé ses taux directeurs le 21 novembre.Pour soutenir son économie, Pékin abaisse le coût du créditIl s’agissait d’une première depuis deux ans et de la fin de l’épisode inflationniste, qui avait suivi le gigantesque plan de relance, de 540 milliards d’euros, déployé pour faire face à la crise financière mondiale, à partir de l’automne 2008.Le gouvernement chinois devrait probablement annoncer, au début du printemps, un objectif de croissance plus bas pour l’année 2015, autour de 7 %, en adéquation avec la « nouvelle norme » à laquelle doit s’adapter l’économie chinoise, selon l’expression du président Xi Jinping.L’agence Bloomberg pensait savoir cette semaine que les planificateurs chinois ont décidé d’accélérer environ 300 projets d’infrastructures.Un officiel de la puissante Commission nationale pour le développement et la réforme a pris soin de préciser qu’il s’agit uniquement de promouvoir les investissements dans sept domaines, dont les infrastructures, l’environnement ou la santé, selon un plan de développement courant jusqu’en 2016 et déjà évoqué par le premier ministre, Li Keqiang. Et nullement d’un nouveau plan de relance majeur.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.01.2015 à 09h57 Des membres du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaida, et de plusieurs autres groupes armés sunnites ont pénétré dans la nuit de jeudi à vendredi dans deux localités chiites du nord de la Syrie avant d'être repoussés, a-t-on appris auprès des deux camps et de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).Les insurgés ont brièvement pris le contrôle des rues de la partie sud de Zahra et de bâtiments dans le village voisin de Nubl, à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville d'Alep, rapporte l'OSDH, organisation sise à Londres qui s'appuie sur un réseau d'informateurs sur le terrain.Les assaillants, qui disposaient de sept chars au moins, ont été repoussés par la Force nationale de défense, un groupement de milices progouvernementales placées sous la tutelle de l'armée.Des partisans de Damas ont publié sur les réseaux sociaux des photos montrant selon eux les corps de combattants d'Al-Nosra dans un fossé.Les deux communes sont assiégées depuis des mois par les forces antigouvernementales. L'armée ravitaille les habitants par hélicoptère.La guerre en Syrie, qui a débuté par un soulèvement pacifique contre le président Assad en mars 2011, a fait quelque 200000 morts selon les Nations unies. 09.01.2015 à 08h02 Au moins 35 prisonniers politiques ont été libérés à Cuba au cours des dernières 48 heures dans le cadre de l'amorce du rapprochement diplomatique annoncé mi-décembre avec les Etats-Unis. « Nous en sommes à 35 libérations », a indiqué Elizardo Sanchez, président de la Commission cubaine des droits de l'homme (CCDH), interdite mais tolérée par les autorités.Quatre heures plus tôt, M. Sanchez et le leader de l'Union patriotique de Cuba (Unpacu, organisation illégale d'opposition basée dans l'est du pays), José Daniel Ferrer, en avaient dénombré 30, sur les 53 personnes que La Havane s'est engagé auprès de Washington à libérer, mais dont les noms n'ont jamais été publiés.Selon M. Ferrer, la plupart des prisonniers libérés sont membres de l'Unpacu. Les sorties de prisonniers « continuent au compte-gouttes et devraient se poursuivre demain » vendredi, a assuré Elizardo Sanchez, précisant que plusieurs provinces du pays étaient concernées.Le département d'État américain avait annoncé mardi que les autorités cubaines avaient relâché une partie des 53 prisonniers politiques dont les États-Unis réclamaient la libération dans le cadre de l'amorce du rapprochement diplomatique annoncé le 17 décembre entre les deux pays.Mais la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki, n'avait pas précisé combien de personnes étaient concernées, ni leur identité. De son côté, La Havane n'avait toujours pas commenté ces informations jeudi.Au moment de l'annonce du dégel entre Washington et La Havane, l'île communiste comptait une centaine de prisonniers politiques, selon des sources proches de la dissidence. Leur nombre dépassait encore 300 lors de la prise de fonction de Raul Castro, qui a succédé en juillet 2006 à son frère Fidel, qui s'était retiré pour raisons de santé.Lire aussi (édition abonnés) : A Cuba, la société civile toujours sous surveillance 08.01.2015 à 19h39 La chancelière allemande Angela Merkel a maintenu la pression sur la Russie, jeudi 8 janvier, en excluant tout allégement des sanctions économiques contre Moscou sans avancée majeure dans le conflit dans l'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine.pourparlers cruciauxCes déclarations interviennent à une semaine de pourparlers cruciaux prévus au Kazakhstan entre les présidents ukrainien, Petro Porochenko, et russe, Vladimir Poutine, en présence de Mme Merkel et de François Hollande pour relancer un processus de paix qui piétine alors que le conflit a fait plus de 4 700 morts depuis avril.« Je pense qu'avant de pouvoir décréter la levée des sanctions, nous devons nous assurer que les accords de Minsk ont été appliqués dans leur intégralité », a déclaré la chancelière, rassurant ainsi le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, en visite à Berlin. Ces accords signés en septembre prévoient notamment un cessez-le-feu et le retrait des « groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien ».>> Lire notre analyse : Une trêve et après… où en est la guerre en Ukraine ?Le ministre de la défense ukrainien, Stepan Poltorak, a estimé jeudi que 7 500 soldats russes étaient toujours présents dans le Donbass. « D'abord les accords de Minsk doivent être respectés, seulement ensuite on peut discuter si les sanctions doivent être levées », a abondé M. Iatseniouk, rappelant le rôle « crucial » de ces sanctions prises après l'annexion de la Crimée en mars puis renforcées après la catastrophe du Boeing malaisien en juillet, abattu par un missile au-dessus d'une zone contrôlée par les séparatistes prorusses.Alors que les pourparlers de paix entre le groupe de contact composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) avec les rebelles sont dans l'impasse, Kiev a annoncé un sommet dans le format dit Normandie (Ukraine, Russie, France, Allemagne) le 15 janvier à Astana, capitale du Kazakhstan. Cette date reste toutefois encore à confirmer « après les discussions prévues dans les prochains jours », a précisé Mme Merkel. Un entretien téléphonique entre les ministres des affaires étrangères des quatre pays est prévu vendredi, selon un responsable ukrainien.sanctions économiquesLa Russie subit de plein fouet des sanctions économiques européennes et américaines combinées à la chute du cours du pétrole. Le pays est entré en récession en novembre (– 0,5 %) pour la première fois depuis cinq ans et le rouble a perdu un tiers de sa valeur en 2014.>> Voir aussi la carte animée : Comprendre les origines de la crise en cinq minutesL'Ukraine paie elle aussi le prix de la guerre et de la crise économique. Elle a connu en 2014 sa pire année depuis 1945 avec un PIB en chute de 7,5 % et une monnaie dévaluée de 50 %, et le Parlement ukrainien a adopté un budget d'austérité pour 2015 qui va quintupler les dépenses de sécurité et de défense mais supprimer certains avantages sociaux et instaurer de nouveaux impôts.Toutefois, le gouvernement ukrainien devrait pouvoir compter sur une nouvelle aide de 1,8 milliard d'euros proposée, jeudi 8 janvier, par la Commission européenne, qui vient s'ajouter à 1,6 milliard d'euros déjà octroyés.>> Lire aussi : Jean-Claude Juncker annonce le déblocage de 1,8 milliard d'euros d'aide pour l'Ukraine Audrey Tonnelier Même pas un frisson. Alors que les citoyens du monde entier se rassemblaient pour exprimer leur horreur face à la tuerie survenue à Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, et que les plus grands journaux affichaient en « une » leur émotion et leur solidarité, les marchés financiers, eux, n’ont pas cillé. Au contraire.A la Bourse de Paris, le CAC 40 a bondi de 3,59 % jeudi, au lendemain de l’assassinat des caricaturistes de l’hebdomadaire. Comme la veille, l’ensemble des grands indices boursiers mondiaux a terminé dans le vert, accélérant même à la hausse dans l’après-midi.Une euphorie si déplacée, que, dans certaines salles de marché, elle semblait frôler l’indécence.« J’ai du mal à l’expliquer : il n’y a même pas eu de réaction épidermique de la Bourse dans la journée, comme cela se passe en général lorsque survient ce type d’événement », s’étonnait Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier parisien Aurel BGC.« En un sens, il est un peu triste de constater que les marchés ne réagissent absolument pas à cette horreur », osait, depuis New York, Gregori Volokhine, président du gérant Meeschaert aux Etats-Unis.Les précédentes attaques terroristes ont souvent fait trébucher les indices boursiers. Le 11 mars 2004, les attentats dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait chuter la Bourse espagnole de plus de 2 %, et le CAC 40 de près de 3 %.Le 7 juillet 2005, les bombes placées dans le métro et dans un autobus londonien avaient provoqué un plongeon de plus de 3 % du Footsie britannique en séance, imité par les autres places européennes et par la livre sterling.Sans parler du 11 septembre 2001 : après l’effondrement des tours jumelles, Wall Street avait été fermée quatre jours, et il avait fallu la mobilisation des opérateurs financiers pour que le Dow Jones ne cède « que » 7 % à la réouverture des marchés, le 17 septembre.Pourquoi, dès lors, cette insensibilité des investisseurs à la tragédie parisienne ? « L’attentat n’a pas eu lieu dans un aéroport ou dans le métro. Il ne remet pas en cause l’activité dans le secteur des transports et ne devrait pas créer dans l’opinion un choc pouvant pénaliser les ventes au détail, comme lors du 11-Septembre », explique Christian Parisot, chez Aurel BGC.« L’attaque n’a pas touché un pays systémique [capable de faire trébucher l’ensemble des marchés en cas de chute] », avance Mathieu L’Hoir, stratégiste actions chez Axa IM.L’euro est déjà au tapisPar ailleurs, le fait que l’euro soit déjà au tapis – il a atteint lundi son plus bas niveau depuis neuf ans – peut expliquer l’absence de réaction de la monnaie unique.Mais c’est probablement la conjoncture macroéconomique qui permet le mieux de comprendre l’apparente absence d’empathie des marchés. « Ils ont les yeux rivés sur la Banque centrale européenne [BCE] », résume Franklin Pichard, chez Barclays Bourse.Mercredi, l’institut Eurostat a annoncé une inflation négative (– 0,2 %) en décembre 2014 en zone euro, du jamais vu depuis 2009. De quoi renforcer les craintes d’une spirale déflationniste, à même de torpiller la faible reprise européenne. Mais surtout, de quoi renforcer les espoirs d’une action de la BCE.Dans une ultime tentative pour ranimer l’économie du Vieux Continent, son président, Mario Draghi, pourrait annoncer dès la réunion du 22 janvier un programme de rachat d’obligations souveraines.A cela se sont ajoutées les déclarations rassurantes de la chancelière allemande, Angela Merkel, assurant de son souhait de voir la Grèce rester dans la zone euro. La perspective d’un « Grexit » avait en effet déclenché un début de panique sur les marchés, lundi 5 janvier.Tout en exprimant leur émotion face à la « barbarie » survenue à Charlie Hebdo, les opérateurs sont donc « passés au-dessus de cet événement », indique M. Pichard.« Seule une détérioration marquée de la situation en France, avec l’instauration d’une psychose qui se propagerait aux pays voisins, pourrait vraiment affecter la Bourse. Pour l’heure, on voit plutôt une population qui fait front, et cela est de nature à rassurer les investisseurs », conclut M. L’Hoir.Audrey TonnelierAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 15h23 | Guy Dutheil À l’occasion de la réception officielle par Qatar Airways, à Doha mercredi 7 janvier, du premier exemplaire du A350, Didier Evrard, patron du programme A350, récemment nommé vice-président d’Airbus, a indiqué que le nouveau gros-porteur long courrier du constructeur européen va bientôt être équipé de batteries lithium-ion.Selon M. Evrard, « le retour de ces batteries est prévu sur les A350 qui sortiront des chaînes en 2016. »Il y a deux ans, Airbus avait préféré, par prudence, renoncer à installer ce type de batteries après les nombreux départs d’incendies survenus sur ces équipements à bord des Boeing 787.Lire aussi : Les autorités américaines exigent de nouveaux tests sur les batteries du DreamlinerÀ l’époque, Fabrice Brégier, le patron d’Airbus n’avait pas voulu provoquer un éventuel retard du programme A350.Maintenant que l’avion est déjà commandé à plus de 800 exemplaires, l’avionneur européen peut se permettre quelques audaces.Les batteries lithium-ion développées par Airbus devraient « obtenir leur certification en 2015 », a assuré M. Evrard.Avec elles, le gain en poids serait de l’ordre de « 70 à 80 kg. Ce n’est pas négligeable », s’est félicité le vice-président d’Airbus.Airbus a engrangé près de 800 commandes pour le A350 et vise 50 % de part d’un marché estimé à 5 000 avions dans les vingt ans à venir, soit 1 000 milliards de dollars.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Un son et lumière « hollywoodien », une chanteuse échappée d’une comédie musicale de Broadway, des centaines d’invités venus du monde entier, Qatar Airways avait décidé d’en mettre plein la vue pour la réception officielle, mercredi 7 janvier, de son premier exemplaire de l’A350, le tout nouveau gros-porteur long courrier d’Airbus.Posé sur le tarmac du tout neuf aéroport de Doha, le nouvel avion trônait, en vedette, derrière la scène, dans sa livrée crème et grenat, les couleurs de Qatar Airways.Avec l’A350, Airbus défie les 777 et 787 de BoeingL’arrivée dans la flotte de la compagnie qatarie du premier exemplaire du long courrier d’Airbus relance la rivalité entre les compagnies du Golfe : Emirates (Dubaï), Etihad (Abu Dhabi) et Qatar Airways.Les « trois sœurs ennemies » comme on les surnomme, se livrent une bataille acharnée. Chacune d’elle, à grand renfort d’aéroports surdimensionnés et de commandes géantes d’avions, tente de s’imposer comme le « hub » leader de la région.Fin décembre 2014, c’est Etihad qui a marqué les esprits. La compagnie d’Abu Dhabi a dévoilé, in situ, la nouvelle cabine de sa flotte.Sa nouvelle première classe la place parmi les meilleures compagnies aériennes du moment. Notamment grâce à sa « Résidence », un appartement de deux pièces, salle de bain et majordome. Une exclusivité des A380 d’Etihad. Avec Résidence, son appartement volant, Etihad se rêve en référence du voyage aérienQatar Airways a répliqué avec un A350 équipé de la cabine bi-classe (business et économique) dernier cri de la compagnie.Fier de son produit, Akbar Al Baker, PDG de Qatar Airways, n’a pas hésité à proclamer, un rien fanfaron : « avec une business class de cette qualité nous n’avons pas besoin de Première classe ».À défaut de « First », les quatre-vingts A350 commandés par la Qatar Airways seront tous équipés d’un bar réservé aux passagers de la classe affaires.Pression pour obtenir un A380 remotoriséToutefois, la réception officielle de l’A350 a aussi été pour M. Al Baker, l’occasion de relancer Airbus pour obtenir la mise en œuvre d’une version « neo », moins gourmande en carburant, de l’A380. « Un A380 remotorisé sauverait le programme », a assuré M. Al Baker.Présent à Doha, Didier Evrard, patron du programme A350, récemment nommé vice-président d’Airbus, s’est bien gardé de répondre. Pour l’heure, Airbus n’a pas tranché entre une remotorisation ou un allongement de l’avion pour y loger plus de passagers.« Nous devons d’abord écouter le marché car nous avons des clients qui n’ont pas tous la même exigence », a confié M. Evrard. Toutefois, il a confié que « la (re)motorisation de l’A380 est un axe prioritaire. Sur le principe, il est vraisemblable que la remotorisation arrive un jour. »Problème : les deux motoristes, Rolls Royce et Engine Alliance, qui équipent l’A380, ne se bousculent pas pour travailler sur un nouveau moteur moins gourmand. « C’est la question », a admis M. Evrard, conscient de la faiblesse des ventes de l’A380.Depuis son lancement en 2000, seuls 318 exemplaires du très gros porteur d’Airbus ont trouvé preneur, dont 140 pour la seule Emirates.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 13h20 • Mis à jour le08.01.2015 à 13h37 Niels H., un infirmier allemand, jugé depuis plusieurs mois par un tribunal de la Basse-Saxe, a reconnu avoir tué une trentaine de patients gravement malades qui étaient hospitalisés en soins intensifs entre 2003 et 2005, rapporte l'agence de presse allemande DPA (Deutsche Presse-Agentur).Selon un expert psychiatre entendu jeudi 8 janvier durant une audience au procès, l'accusé lui avait avoué une trentaine d'homicides lors d'un examen. L'infirmier de 38 ans, Niels H., comparaît depuis septembre pour les meurtres de trois patients et tentatives de meurtre de deux autres patients, à qui il aurait injecté des surdoses de médicaments alors qu'ils étaient en soins intensifs.DÉMONTRER SES TALENTS DE RÉANIMATIONLes enquêteurs le soupçonnent d'avoir procédé à des injections entre 2003 et 2005 afin de démontrer ses talents de réanimation, amenant les patients près de la mort avant de tenter par la suite de les ranimer. D'après le psychiatre, l'accusé a également reconnu avoir administré des surdoses de médicament à une soixantaine d'autres patients qui, eux, ont survécu.Niels H. avait été condamné en 2008 à sept ans et demi de prison pour une tentative de meurtre. Il est incarcéré depuis. Employé à la clinique de Delmenhorst, près d'Oldenbourg, il avait été surpris à l'été 2005 par une collègue alors qu'il était en train d'injecter à un patient un médicament pour le cœur. Samuel Laurent et Alexandre Pouchard Le débat sur l'immigration s'enflamme en Allemagne. Près de 18 000 personnes ont manifesté lundi 5 janvier à Dresde, dans l'Est du pays, à l'appel du mouvement « les Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident » (Pegida). Ils ont ainsi établi un nouveau record de participation à ces rassemblements de plus en plus réguliers, qui engendrent également des mobilisations d'opposants. Ce phénomène anti-immigration est relativement nouveau dans le pays le plus peuplé de l'Union européenne, qui connaît un afflux migratoire important depuis quelques années. 1. Que dénoncent les manifestants ?Le groupe Pegida est né en octobre sur Facebook, à l'initiative de Lutz Bachmann, un ancien cuisinier de 41 ans reconverti dans la communication. Fervent partisan de la « tolérance zéro » pour les immigrés qui commettent des délits, il a été condamné à plusieurs reprises lui-même pour divers délits et se trouve actuellement en liberté conditionnelle, expliquait notre correspondant à Berlin en décembre. Il a lancé le principe d'une manifestation tous les lundis, dont l'affluence grandit semaine après semaine.Le credo de Pegida ? L'opposition au « fanatisme religieux et à toute forme de radicalisme », et plus précisément le refus de « l'islamisation » de la société allemande. Cela passe par la fin de « l'abus de l'asile » dans un pays qui est devenu la première destination européenne des migrants (voir ci-dessous). Une banderole déployée lundi à Cologne réclamait ainsi « des pommes de terre plutôt que des kebabs », allusion à la forte immigration turque en Allemagne.Au-delà de l'immigration, le mouvement dénonce les médias (« tous des menteurs »), les élites politiques ou encore le multiculturalisme, qui diluerait la culture chrétienne allemande.2. Que représente l'immigration en Allemagne ?15 millions Depuis les années 1950, l'Allemagne a fait appel à de la main-d'œuvre immigrée de manière régulière : les « gastarbeiter » (littéralement « travailleurs invités ») ont contribué au redressement économique du pays durant des décennies. En 2010, selon les statistiques officielles, on comptait 19,3 % de personnes issues de l'immigration dans le pays : 8,6 millions étaient de nationalité allemande et 7,15 millions de nationalité étrangère. Parmi ces immigrés, 10,6 millions étaient nés à l'étranger et 5,15 millions en Allemagne. A titre de comparaison, en France, 8,4 % de la population est immigrée.if (!window.jQuery) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1420543074307 .graphe").css("height", 450)$("#container_1420543074307 .title").empty()if ("Immigration en Allemagne depuis 1950"!= ""){Immigration en Allemagne depuis 1950")}$("#container_1420543074307 .subtitle").empty()if (""!= ""){")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1420543074307 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$("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}L'Europe de l'Est et la Turquie ont longtemps fourni l'essentiel du contingent d'immigrés allemands : on compte 2,5 millions de personnes d'origine turque en Allemagne et plus de deux millions d'immigrés d'origine russe ou polonaise. Il y a une explication historique à ce phénomène : longtemps, des populations d'origine allemande rapatriées des pays de l'ancienne Union soviétique ont constitué des cohortes importantes. Autre contingent nombreux, celui des immigrés venus des pays de l'ex-Yougoslavie.Cette immigration a été très importante jusque dans les années 1980, avant de diminuer au cours des années 1990. Mais elle a aussi connu un mouvement de sédentarisation : les travailleurs venus dans le cadre de migrations temporaires sont restés en Allemagne.Autre élément à rappeler : l'Allemagne était régie, jusqu'en 2000, par la politique du droit du sang. Il fallait avoir un parent allemand pour acquérir cette nationalité. Depuis la réforme, un enfant dont les parents étrangers résident depuis au moins huit ans en Allemagne peut être allemand. En France, c'est également le droit du sol qui prévaut pour les enfants d'étrangers : ils peuvent acquérir la nationalité s'ils justifient d'au moins cinq ans de résidence sur le territoire national. Ainsi, 8 millions de personnes ont obtenu la nationalité allemande.3. Pourquoi cette flambée anti-immigrants ?Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette flambée du discours anti-immigration. D'une part, la démographie allemande est en berne et les autorités n'ont pas freiné les arrivées dans le pays. Selon Destatis, l'office fédéral de la statistique, le pays a connu 673 000 naissances en 2012 pour 869 000 décès, soit un solde négatif de 196 000 personnes. Depuis des décennies, c'est uniquement grâce à l'immigration que l'Allemagne maintient un solde démographique positif.Mais surtout, depuis le début de la décennie 2010, l'Allemagne redevient un pays d'immigration massive. 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C'est notamment sur la question de la religion que des mouvements tels Pegida mobilisent.>> Voir le reportage : En Allemagne, le discours raciste se banaliseAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.01.2015 à 17h25 • Mis à jour le06.01.2015 à 17h34 Le constructeur américain Boeing a annoncé, mardi 6 janvier, avoir enregistré 1 432 commandes nettes d’avions en 2014. Il s’agit de la meilleure performance commerciale de son histoire. Les livraisons ont quant à elles atteint 723 appareils.Grâce au 737, son best-seller, et ses versions remotorisées (737 MAX 7, 8, 9), le constructeur dépasse son précédent record (1 413 appareils écoulés) établi en 2007.Le record détenu par AirbusLe record reste néanmoins l'apanage de son rival européen, Airbus avec 1 503 avions vendus en 2013. Ce dernier a laissé entendre, quelques heures avant la publication des chiffres de Boeing, qu’il avait augmenté ses livraisons à un nouveau record en 2014, une année qui devrait aussi être l'une des meilleures en termes de commandes pour l'avionneur européen, a rapporté l’agence Reuters.Airbus avait livré 626 avions en 2013, son précédent record, et engrangé cette année-là 1 619 commandes brutes, soit un total net de 1 503 unités après annulations.Le groupe visait un nombre de livraisons à peu près similaire à celui de 2013 et a déjà assuré compter sur un nombre de commandes nettes supérieur à celui des livraisons.Avec l’A350, Airbus défie les 777 et 787 de Boeing 06.01.2015 à 16h26 • Mis à jour le06.01.2015 à 17h45 | Charlotte Bozonnet Entretien. Premier ministre tunisien sortant, au pouvoir depuis un an, Mehdi Jomaa était de passage à Paris, lundi 5 janvier, avant de se rendre aux Etats-Unis. Alors que son successeur, Habib Essid, vient d’être désigné pour former le futur gouvernement, il fait le bilan de cette année passée à la tête du pays et souligne les défis du prochain exécutif.Quel bilan tirez-vous de ces onze mois à la tête du pays ?Notre priorité était de finaliser le processus de transition politique à travers l’organisation des élections législatives et présidentielle. Nous avons beaucoup travaillé pour assurer l’environnement nécessaire à ces échéances. De gros moyens ont été mobilisés. Et c’est une réussite. L’ensemble des observateurs internationaux en ont attesté.S’agissant de la question terroriste, nous avons réussi à prendre le dessus. Nous avons remis au travail l’armée et la sécurité intérieure, créé une cellule de renseignement et un pôle antiterroriste. Ils ont mené un excellent travail contre le terrorisme et la contrebande.Sur le plan économique, nous finissons l’année avec un déficit à 5,5 % au lieu des 9 % prévus. Nous avons réduit la moitié des subventions en énergie. Il faudra du temps pour que les résultats soient visibles. Ce fut une année épuisante mais on a fait des progrès. Le pays est dans un climat apaisé, bien différent de ce qu’il était lorsque nous sommes arrivés au gouvernement en janvier 2014.Doit-on craindre un retour de l’autoritarisme ?Non. Le pouvoir n’est plus centralisé. Et on a vu le poids de la société civile en cas de tensions politiques. Nous avons bien avancé sur le plan des libertés. Le vrai problème n’est pas là. Le défi aujourd’hui va être de réussir la transition économique et sociale. N’oublions pas que la révolution a eu lieu pour obtenir plus de libertés mais aussi de prospérité. Il faut s’attaquer à la question du développement régional, assainir l’économie, la réformer. Il va falloir mener tous ces chantiers en parallèle. Cela prendra plusieurs années.Le problème des inégalités régionales, au cœur du soulèvement de 2011, reste entier.Il faut arrêter de multiplier les promesses. Le véritable enjeu pour ces régions est d’attirer les investissements. Pour cela, il faut de la sécurité et de la stabilité sociale. La priorité est de créer un environnement propice à l’activité économique, le reste n’est que discours. Les projets, les financements en direction de ces régions sont suffisants, le problème, c’est qu’ils sont à l’arrêt. Un exemple : on promet 5 millions de dinars [2,23 millions d’euros] pour construire un hôpital à tel endroit. Mais sur quel terrain ? Qui gère le projet ? On met parfois plusieurs années à régler les questions administratives pour un seul projet. Il faut déléguer la décision et s’assurer que les compétences nécessaires à l’exécution des projets sont bien là. Ce n’est pas l’argent qui manque.Beaucoup étaient inquiets pour la Tunisie. Comment expliquez-vous la réussite de cette séquence électorale ?Il existe en Tunisie une tradition de l’Etat, des institutions, même s’ils ont été affaiblis par la révolution. Et dès qu’il y a eu des tentatives de dérives, la société civile a réagi. Les Tunisiens sont attachés à la stabilité. Le niveau d’instruction, l’ouverture, la volonté de stabilité : tout ceci a contribué à cette réussite. Auquel il faut ajouter une classe politique qui a pris conscience qu’elle doit obtenir des résultats sinon elle sera sanctionnée par les électeurs.Vous soulignez les progrès réalisés sur le plan sécuritaire, mais les attaques terroristes se poursuivent.Nous sommes passés de la réaction aux actes terroristes à leur anticipation. Grâce, notamment, à la mise en place d’un pôle antiterroriste. Nos troupes sont aujourd’hui mobilisées et le niveau de coordination a beaucoup progressé.On estime qu’il y a dans les montagnes [près de la frontière algérienne] une centaine d’individus, mais les cellules dormantes ont été démantelées. Nous avons une excellente coopération avec l’Algérie, c’est ce qui nous a permis de nous concentrer sur les frontières libyennes où les flux sont contrôlés. Nous sommes là aussi préparés. Avec différents scénarios prêts, des plans d’action. Il nous est ainsi plusieurs fois arrivé de fermer les frontières avec la Libye. Il va falloir rester très vigilant.Le pays est aussi confronté au problème des jeunes Tunisiens partis se battre en Irak, en Syrie mais aussi en Libye.On en a empêché beaucoup de partir. On a aussi demandé aux pays amis de nous aider car ces jeunes effectuent souvent un long voyage avant d’arriver à destination. Cette situation s’explique par le fait que la révolution a aussi provoqué un affaiblissement de l’Etat. Certains groupes en ont profité pour investir le terrain, ils ont pu agir en toute liberté. Ils ont mené un travail de prêche et recruté des jeues. Mais aujourd’hui, l’Etat est de retour, ce genre de prêches et de groupes sont interdits, et nous avons repris le contrôle des mosquées.De quel type d’appui la Tunisie a-t-elle besoin ?Nous avons pratiquement tourné la page de la transition politique. La Tunisie est aujourd’hui une expérience porteuse d’espoir pour toute la région. Les pays occidentaux doivent réellement pousser à un retour des investisseurs et des touristes en Tunisie. Nous ne voulons pas de dons mais une véritable coopération. Encore une fois, le vrai défi est maintenant de réussir la transition économique.Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.01.2015 à 15h27 • Mis à jour le06.01.2015 à 16h10 Quelque 670 000 enfants sont privés d'éducation dans les zones de l'est de la Syrie contrôlées par l'organisation Etat islamique (EI), rapporte mardi 6 janvier le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Le groupe djihadiste a fermé les écoles dans ces régions en attendant une révision « religieuse » des programmes, selon l'institution internationale.« L'Etat islamique dit que les programmes doivent être remaniés et conçus différemment » a expliqué Christophe Boulierac, porte-parole de l'Unicef, lors d'une conférence de presse à Genève. Ces fermetures d'école affectent les élèves du primaire et du secondaire à Rakka et dans les zones rurales des provinces de Daïr Az Zour et d'Alep, a-t-il précisé.A cela s'ajoutent des attaques fréquentes contre les établissements, rappelle dans un communiqué l'Unicef, qui en a dénombré au moins 68 en 2014. Selon l'ONG, au moins 160 enfants auraient été tués dans ces raids l'année dernière. « Les chiffres réels sont certainement plus élevés et des informations montrent que certaines attaques étaient délibérées », précise le communiqué, qui appelle à respecter les écoles « en tant que zones de paix et sanctuaires pour les enfants, où ils peuvent apprendre sans craindre d'être tués ou blessés »Lire aussi notre analyse (en abonnés) : Face au djihad, la rébellion syrienne en écheclmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x20dsur"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x20dsur", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 06.01.2015 à 12h33 • Mis à jour le06.01.2015 à 14h33 Au moins vingt-trois membres des forces de sécurité ont été tués dans deux attentats-suicides et des heurts avec des djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) dans la province d'Al-Anbar, en Irak, mardi 6 janvier, selon des responsables et un médecin.Deux kamikazes ont fait exploser leurs charges contre une mosquée où se reposaient des combattants anti-djihadistes, dans le secteur d'Al-Jubba, faisant dix morts. Des affrontements se sont ensuivis, dans lesquels treize membres des forces de sécurité ont été tués et vingt et un blessés, selon les mêmes sources. Les forces irakiennes se sont ensuite retirées de la localité d'Al-Jubba, ont indiqué des sources de sécurité.Lire aussi : Irak : plus de 15 000 morts en 2014, deux fois plus qu'en 2013TIRS DE MORTIERCette localité est située à une dizaine de kilomètres de la ville de Baghdadi, qui abrite la base aérienne d'Al-Assad, où sont déployés des conseillers militaires américains. La base est notamment utilisée pour entraîner les combattants tribaux d'Al-Anbar, qui jouent un rôle important dans la lutte contre l'EI, aux côtés de l'armée irakienne.Elle est « depuis quelques semaines » l'objet de tirs d'obus de mortier de l'EI, a annoncé lundi le Pentagone, soulignant qu'ils avaient été « globalement inefficaces ». Les attentats-suicides en Irak sont presque toujours le fait d'extrémistes sunnites, dont des djihadistes de l'EI.« RÉVOLUTION TRIBALE »L'organisation terroriste a lancé en juin une vaste offensive en Irak, s'emparant, à la faveur de la déroute de l'armée, de pans entiers du pays, dont une grande partie de la province d'Al-Anbar, frontalière de la Syrie, où les djihadistes sont aussi présents.Lundi, au cours d'une rencontre avec le nouveau gouverneur d'Al-Anbar, Souhaib Al-Rawi, le premier ministre irakien, Haidar Al-Abadi, a appelé les tribus à se soulever contre l'EI. « Une révolution tribale est nécessaire pour débarrasser la société irakienne de cet ennemi », a indiqué le bureau de M. Abadi, jugeant « important que les tribus et les fils de la province prennent part à la libération des zones tenues par les organisations terroristes ».Regarder l'infographie : Djihadisme : l'Etat islamique est-il en train de détrôner Al-Qaida ?lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2al9ur"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2al9ur", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Maureen Grisot (Abidjan, correspondance) Le procès en assises de 82 proches et sympathisants de l’ancien président Laurent Gbagbo devait reprendre mardi 6 janvier à Abidjan. L’enjeu est d’importance pour la Côte d’Ivoire et pour Alassane Ouattara. Lors de son adresse à la nation, le 31 décembre, le chef de l’Etat ivoirien a ainsi répété que son pays était capable de « respecter les exigences de la justice internationale en matière de procédures judiciaires ». Le régime joue ici sa crédibilité face à la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis un mandat d’arrêt contre Simone Gbagbo pour crimes contre l’humanité en février 2012 – son mari, Laurent Gbagbo, est lui dans l’attente d’un procès dans sa cellule de La Haye. Les autorités ivoiriennes refusent de transférer Mme Gbagbo aux Pays-Bas, et tentent de convaincre qu’elles sont en mesure de lui assurer un procès pour attentat contre l’autorité de l’Etat au grand dam de la CPI, qui veut la poursuivre pour crimes contre l’humanité. Mme Gbagbo est par ailleurs poursuivi à Abidjan pour des crimes de sang relatifs à la crise post-électorale de 2010/2011.Pourtant, le démarrage du procès des anciens soutiens du régime est des plus laborieux. D’abord prévu pour démarrer le 22 octobre 2014, le premier procès civil de cette crise-qui avait 3000 morts- s’est finalement ouvert avec deux mois de retard. Seule une poignée de magistrats maîtrise l’organisation d’assises interrompues pendant plus de dix ans après le coup d’Etat manqué de 2002 et les troubles politico-militaires qui ont suivi, et ce n’est qu’en mai 2014 que des sessions ont timidement repris dans le pays. Un manque d’expérience combiné à un nombre important d’accusés qui créé des problèmes de procédure.Aucun calendrier n’est encore prévu pour le passage à la barre de l’épouse de l’ex-président et des cadres de l’ancien régime accusés de constitution de bande armée, d’usurpation de fonction, ou encore de xénophobie. Mme Gbagbo n’a fait qu’une brève apparition les deux premiers jours d’audience fin décembre. L’ex-première dame n’était pas apparue en public depuis son arrestation avec son époux le 11 avril 2011 : souriante, accueillie par des applaudissements, elle a pu serrer dans ses bras ses proches qu’elle n’avait pas eu l’autorisation de recevoir dans sa résidence surveillée d’Odienné, à près de 900 kilomètres d’Abidjan.Les défaillances dans l’organisation du procès en assises sont nombreusesA ce jour, le tribunal a décidé de séquencer les audiences de ce procès prévu pour durer entre quarante-cinq jours et trois mois, en commençant par ceux qu’on accuse d’avoir participé à des milices. « Ils font d’abord passer les plus faibles pour nous laisser le temps de consulter les gros dossiers », décrypte Me Mathurin Dirabou, l’un des membres du collectif d’avocats. Il regrette d’avoir appris l’existence de ces 41 jeunes hommes emprisonnés à Abidjan seulement au moment des vérifications d’identité, les empêchant d’assurer correctement leur défense. Les défaillances dans l’organisation du procès en assises sont nombreuses, assez pour que le tribunal accepte une pause d’une semaine à peine trois jours après son ouverture, pour laisser aux avocats le temps de s’imprégner du dossier d’accusation.« Il y a environ 3 500 pièces, mais on a reçu ce dossier moins d’une semaine avant le début des audiences [le 26 décembre], déplore Me Ange Rodrigue Dadje, l’avocat principal de Simone Gbagbo. En plus, ils ne nous ont remis qu’une seule copie, alors qu’il y a 82 accusés ! » Le parquet a promis de donner un dossier complet à la dizaine d’avocats qui ne font pas partie du collectif avant la reprise du procès ce mardi. « L’avocat général m’a dit que l’Etat n’avait pas les moyens de faire les copies de certains éléments comme les PV, pourtant la loi impose qu’on les donne gratuitement à chaque accusé », se désespère Me Dirabou. C’est lui qui s’occupe de faire les photocopies pour les membres du collectif : « plus de 4 000 ! », explique-t-il, excédé mais pas surpris. « Ça serait plus rapide s’il s’agissait de débloquer l’argent de l’équipe nationale de football pour la Coupe d’Afrique des nations ! », ironise-t-il.« On nous met la pression, tout est fait dans la précipitation, soupire l’une des nombreuses petites mains qui interviennent dans ce dossier. Ils nous demandent d’organiser des assises, mais ils ne nous donnent pas plus de moyens. » Le garde des sceaux, Gnénéma Coulibaly, n’a pas souhaité commenter ces fausses notes, qui viennent contredire les récentes déclarations d’Alassane Ouattara.Maureen Grisot (Abidjan, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste François Bougon C’est la dernière prouesse de l’imprévisible censure chinoise. « La saga de Wu Meiniang », une série télévisée historique à grand budget consacrée à Wu Zetian, la seule impératrice ayant régné (au VIIe siècle de notre ère), a été retirée des écrans puis diffusée de nouveau après avoir subi un « lifting » : les décolletés omniprésents ont disparu, les scènes ayant été recadrées pour qu’on ne voie plus que le visage des actrices.Le blockbuster de Jiang Wen émeut la censure chinoiseLa série, dont la principale vedette est l’actrice Fan Bingbing, a commencé à être diffusée par Hunan TV, une chaîne commerciale connue pour ses programmes novateurs, le 21 décembre. Mais, une semaine plus tard, elle était subitement déprogrammée. Sur leur compte Sina Weibo, le principal réseau social chinois, les producteurs arguaient de « causes techniques », sans donner plus de détails, et annonçaient une nouvelle diffusion à partir du 1er janvier.Si la Sarft, l’administration de tutelle du cinéma et de la télévision, n’a pas donné de raisons précises, la nouvelle version de la série montre une volonté de ne plus montrer des « décolletés trop généreux », comme l’a indiqué l’agence officielle Chine Nouvelle.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#xnyrlsxkhvQ"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "xnyrlsxkhvQ", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Si certains amateurs de la série ont fait part de leur colère en ligne, d’autres ont choisi l’arme de l’humour pour dénoncer cette nouvelle censure. Un internaute a par exemple publié une série de photos retouchées, sans décolletés, mais avec le bas du corps. Une autre fait circuler une blague ridiculisant le responsable de l’administration d’Etat de la presse, de l’édition, de la radio, du cinéma et de la télévision. Ce dernier se rend chez le médecin pour un problème cardiaque.- « Qu’avez-vous ? »- « Une douleur thoracique ».- « Désolé, lui répond le docteur. Je ne soigne pas en dessous du cou, vous n’avez plus qu’à attendre la mort. »Des femmes ont lancé sur Sina Weibo ou sur Twitter une campagne où elles apparaissent avec un décolleté.#有沟任性 我的身体我做主! 挤挤,自由会有的~ http://t.co/CT4jdhATVB— pearlher (@Her peirong)require(["twitter/widgets"]);Début décembre, la sortie du nouveau film du réalisateur chinois Jiang Wen, Gone With the Bullets, avait été repoussée, la production avançant « de nouvelles circonstances » surgies durant « la phase finale de la censure du film » et requérant des « réajustements ». Le mois précédent, le numéro un chinois Xi Jinping avait présidé une réunion avec des écrivains, cinéastes et artistes, les enjoignant à créer des œuvres positives au service du peuple.Le blockbuster de Jiang Wen émeut la censure chinoiseFrançois BougonChef adjoint au service InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.01.2015 à 14h41 • Mis à jour le04.01.2015 à 15h30 Au moins six insurgés présumés ont perdu la vie, dimanche 4 janvier, dans de nouvelles frappes de drone américain au cœur des zones tribales du nord-ouest pakistanais, un refuge jihadiste à la lisière de l'Afghanistan, ont indiqué des responsables.Les frappes visaient un fief de Hafiz Gul Bahadur, un influent chef de guerre lié aux talibans, et un camp d'un commandant ouzbek, dans la zone tribale du Waziristan du Nord, théâtre depuis la mi-juin d'une opération des forces pakistanaises, ont précisé ces responsables.« Un drone américain a tiré deux missiles qui ont atteint un camp et une voiture à Alwara Mandi au Waziristan du Nord... tuant six terroristes », selon un haut responsable du renseignement pakistanais, sans identifier les victimes de ces tirs. Une seconde source sécuritaire a confirmé ces frappes et ce premier bilan.Ces nouvelles frappes de drones interviennent dans la foulée de l'attaque, mardi 16 décembre, d'un commando taliban contre une école fréquentée par des enfants de militaires à Peshawar, grande métropole du nord-ouest du Pakistan, à la porte des zones tribales et de l'Afghanistan.Lire aussi : Pakistan et talibans : une guerre de dix ansLes talibans pakistanais du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), en lutte contre le gouvernement d'Islamabad, avaient revendiqué cette attaque fatale à 150 personnes en représailles à la vaste offensive contre les fiefs djihadistes au Waziristan du Nord.Depuis cette attaque contre un établissement scolaire, le Pakistan a intensifié ces raids contre des refuges de groupes islamistes armés dans le nord-ouest, levé son moratoire sur la peine de mort, et annoncé la création future de nouveaux tribunaux militaires afin d'accélérer les procédures judiciaires dans les affaires liées au terrorisme. 04.01.2015 à 13h03 • Mis à jour le04.01.2015 à 16h02 Le pape François a annoncé, dimanche 4 janvier, la nomination de 20 nouveaux cardinaux originaires des cinq continents et en majorité âgés de moins de 80 ans. Ces nouveaux « princes » de l'Eglise « originaires de tous les continents (...) montrent le lien indélébile entre l'Eglise de Rome et les églises du monde entier », a dit le souverain pontife.Par cette annonce, le pape François confirme sa volonté d'ouvrir davantage l'Eglise aux régions les plus éloignées de son centre, en créant 15 nouveaux cardinaux électeurs, dont trois viennent d'Asie, trois d'Amérique latine, deux de l'Océanie et deux autres d'Afrique.Lors de la prière traditionnelle de l'angelus prononcée chaque dimanche place Saint-Pierre, le pape a détaillé la liste de ses nouveaux cardinaux, qui sont originaires de pays comme l'Ethiopie, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, le Mexique, le Panama, l'Uruguay, la Nouvelle-Zélande, la Birmanie, le Vietnam, les îles Tonga et la Thaïlande. Il a choisi plusieurs prélats issus de diocèses où jamais aucun cardinal n'avait été créé.UN FRANÇAIS NOMMÉ Quinze d'entre eux sont âgés de moins de 80 ans et auront donc le droit de participer à un conclave chargé de choisir un nouveau pontife en cas de décès ou de démission de François. Le collège des cardinaux va également s'agrandir de cinq nouveaux membres, les cardinaux émérites, non électeurs, nommés par le pape en récompense de leur travail au sein de l'église.Un Français, Mgr Dominique Mamberti, ancien ministre des affaires étrangères du Vatican, y figure également. C'est le seul membre de la curie, le gouvernement du Vatican que veut réformer le pape François, à avoir été nommé. Les nouveaux cardinaux seront installés le 4 février lors d'un consistoire au Vatican. Seulement cinq Européens figurent parmi les cardinaux électeurs. En revanche, aucun Nord-Américain n'a été nommé. Ce n'était pas nécessaire, selon le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi, « leur nombre étant déjà consistant et resté stable ».Le pape avait une première fois nommé 19 cardinaux il y a un an, dont 16 électeurs. Le 14 février, le Sacré collège, assemblée des cardinaux, comptera au total 228 membres, dont 125 électeurs en cas de conclave.Les nouveaux cardinaux électeurs :Dominique Mamberti (français ancien ministre des affaires étrangères du Vatican)Archevêque Manuel Jose Macario do Nascimento Clemente (Portugal)Archevêque Berhaneyesus Demerew Souraphiel (Ethiopie)Archevêque John Atcherley Dew (Nouvelle-Zélande)Archevêque Edoardo Menichelli (Italie)Archevêque Pierre Nguyen Van Nhon (Viêtnam)Archevêque Alberto Suarez Inda (Mexique)Archevêque Charles Maung Bo (Birmanie)Archevêque Francis Xavier Kriengsak Kovithavanij (Thaïlande)Archevêque Francesco Montenegro (Italie)Archevêque Daniel Fernando Sturla Berhouet (Uruguay)Archevêque Ricardo Blazquez Perez (Espagne)Evêque Jose Luis Lacunza Maestrojuan (Panama)Evêque Arlindo Gomes Furtado (Cap-Vert)Evêque Soane Patita Paini Mafi (Tonga) Les cardinaux émérites (âgés de plus de 80 ans) :Archevêque émérite Jose de Jesus Pimiento Rodriguez (Colombie)Archevêque titulaire Luigi De Magistris (Italie)Archevêque titulaire Karl-Joseph Rauber (Allemagne)Archevêque émérite Luis Hector Villalba (Argentine)Evêque émérite Julio Duarte Langa (Mozambique) Lire aussi : Les quinze maux de la curie, selon le pape François 04.01.2015 à 11h24 • Mis à jour le04.01.2015 à 18h08 « Nous ne permettrons pas que les soldats et les officiers de Tsahal soient traînés devant le tribunal de La Haye. » Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a lancé un message très clair vis-à-vis de la justice internationale, et des Palestiniens, alors que l'Autorité palestinienne a officiellement demandé à adhérer à la Cour pénale internationale (CPI).« Ceux qui doivent être poursuivis sont les dirigeants de l'Autorité palestinienne qui ont fait une alliance avec les criminels de guerre du Hamas (...) L'Autorité palestinienne a décidé de confronter l'Etat d'Israël et nous ne resterons pas les bras croisés ».Le but de l'adhésion des Palestiniens à la CPI est de citer à comparaître des dirigeants israéliens devant le tribunal de La Haye, dont la mission est de poursuivre les auteurs de génocides, crimes contre l'humanité ou crimes de guerre.Les Israéliens envisageraient de poursuivre devant des tribunaux aux Etats-Unis et ailleurs le président palestinien Mahmoud Abbas et « de hauts responsables palestiniens » selon un communiqué publié samedi et attribué à « des sources proches d'un responsable gouvernemental israélien ». Ce texte ne donne toutefois aucun détail sur où et quand ces poursuites pourraient être lancées.Lire nos explications : Pourquoi l'Autorité palestinienne veut rejoindre la Cour pénale internationale« ISRAËL EST SUR LE POINT DE PASSER DE LA DÉFENSE À L'ATTAQUE » Les Israéliens ont déjà riposté à cette offensive diplomatique palestinienne en gelant le versement de plus de 100 millions d'euros de taxes dues à l'Autorité palestinienne. Depuis les Accords d'Oslo sur l'autonomie conclus en 1993, Israël collecte pour le compte de l'Autorité palestinienne des taxes qu'il lui reverse chaque mois. Ces fonds représentent près de la moitié du budget palestinien. Le ministère des finances palestinien a indiqué que l'Autorité rencontrait des difficultés à payer ses 150 000 fonctionnaires en raison de ce gel.Le gouvernement israélien pourrait aller encore plus loin dans les sanctions. « Si les Palestiniens ne reviennent pas en arrière nous devrons prendre des mesures encore plus dures jusqu'à une dissolution progressive, une neutralisation progressive de l'Autorité palestinienne », a ainsi lancé le ministre des renseignements Youval Steinitz, proche de M. Nétanyahou.« Israël est sur le point de passer de la défense à l'attaque », a prévenu Nissim Ben Sheetrit, haut responsable des affaires étrangères, évoquant une réponse « plus dure et globale » mais précisant qu'un des moyens de pression ne sera pas de nouvelles constructions dans les colonies. Fin 2012, lorsque l'Etat de Palestine avait obtenu le statut d'observateur à l'ONU, Israël avait en effet annoncé en guise de réponse la construction de plusieurs milliers de logements dans les colonies de Cisjordanie occupée, y compris dans la des zones proches de Jérusalem.Depuis fin 2012, la Palestine peut rejoindre des organisations internationales et Mahmoud Abbas a signé – au lendemain du rejet par le Conseil de sécurité d'un projet de résolution palestinienne sur la fin de l'occupation israélienne – vingt nouvelles conventions, dont le Statut de Rome qui régit la CPI.Lire aussi (en édition abonnés) : Les Palestiniens passent à l’action aux Nations unies 04.01.2015 à 09h12 • Mis à jour le04.01.2015 à 12h41 La Corée du Nord a dénoncé avec force dimanche 4 janvierle renforcement par les Etats-Unis de leur arsenal de sanctions à son encontre, en riposte au piratage informatique de Sony Pictures.Les Etats-Unis, qui accusent Pyongyang d'être derrière la cyber-attaque, ont ajouté vendredi à leur liste noire dix hauts responsables du régime, l'agence nord-coréenne de renseignement ainsi que deux entreprises liées au secteur militaire du régime communiste. La Maison Blanche a prévenu qu'il s'agissait « du premier volet » de sa réponse au piratage informatique, dont Pyongyang dément avec vigueur être l'auteur.« MAUVAISE CONSCIENCE »Le ministère nord-coréen des affaires étrangères a déclaré que le refus de Washington de lancer une enquête conjointe était le signe de sa « mauvaise conscience ». « Les actions persistantes et unilatérales de la Maison Blanche et l'adoption de sanctions (....) prouvent manifestement qu'elle ne s'est pas départie de sa répugnance et de son hostilité invétérées » envers la Corée du Nord, a déclaré un porte-parole cité par l'agence officielle KCNA.Lire le décryptage : Piratage de Sony Pictures : des experts doutent de la thèse nord-coréenneLa Corée du Nord fait déjà l'objet d'une large batterie de sanctions internationales liées à son programme nucléaire controversé. Les nouvelles sanctions ne feront que renforcer la détermination de Pyongyang à faire de son programme militaire sa priorité, a ajouté le porte-parole.Il s'agit de la première riposte officiellement revendiquée par Washington depuis l'attaque contre Sony signée du mystérieux groupe de hackers « Guardians of Peace ». La Corée du Nord a été récemment victime de coupures d'internet géantes mais Washington a refusé de reconnaître ou de démentir en être responsable.Pour tout comprendre : Quatre questions sur le piratage historique de Sony Pictures 04.01.2015 à 05h21 • Mis à jour le04.01.2015 à 12h42 Le premier Noir élu au Sénat des Etats-Unis, Edward Brooke, est décédé samedi 3 janvier à l'âge de 95 ans, a annoncé l'antenne locale du parti républicain au Massachusetts. Elu en 1966 dans cet Etat du nord-est du pays, il avait siégé pendant deux mandats de 1967 à 1979 à la chambre haute du Congrès américain qui compte 100 sièges.Avant l'adoption en 1913 du XVIIe amendement de la Constitution, qui a établi l'élection des sénateurs au suffrage universel direct, d'autres Afro-américains avaient siégé au Sénat, mais ils avaient été élus par les législatures de leur Etat.« Ed Brook a été en première ligne dans la bataille pour les droits civiques et l'équité économique », a réagi samedi soir dans un communiqué le président Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis.« RENVERSER LES BARRIÈRES »Durant une cérémonie en 2009 au cours de laquelle lui avait été remise la médaille d'or du Congrès, M. Obama avait déjà salué Edward Brooke comme un homme qui « avait consacré sa vie à renverser les barrières et jeter des ponts au dessus des fossés ».L'actuel locataire de la Maison Blanche, et par le passé troisième sénateur noir élu de toute l'Histoire américaine, avait alors confié qu'il « avait suivi le chemin » que Brooke avait tracé dans l'Amérique ségrégationniste.« Ce qu'a réalisé (durant sa vie) le sénateur Brooke nous rappelle que tout est possible dans notre pays », a pour sa part déclaré le nouveau chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell.Né le 26 octobre 1919, Brooke avait été attorney general (ministre de la Justice) du Massachusetts, avant de rejoindre le Sénat à Washington. C'était la première fois qu'un Noir occupait cette fonction dans un des 50 Etats américains. 04.01.2015 à 02h07 • Mis à jour le04.01.2015 à 03h02 En raison de mauvaises conditions de météorologiques, un cargo immatriculé à Chypre a fait naufrage à 25 kilomètres au large de Wick, dans le nord-est de l'Ecosse. Les huit membres de l'équipage sont portés disparus. Les recherches pour les secourir ont été interrompues dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 janvier. Le Cemfjord a été aperçu par un ferry, samedi vers 14 h 30 locales (15 h 30 à Paris). La dernière position du navire avait été enregistrée la veille à 13 h 15 locales (14 h 15 à Paris). La compagnie maritime Brise of Hamburg, propriétaire du bateau, a confirmé que l'équipage, sept Polonais et un Philippin, était porté manquant « suite à un accident grave ». « Aucun appel de détresse n'a été reçu », selon le communiqué.Construit en 1984, le cargo de 83 mètres de long avait passé avec succès sa dernière inspection en décembre. Le navire acheminait quelque 2 000 tonnes de ciment d'Aalborg (Danemark) à Runcorn, près de Liverpool, sur la côte du nord-ouest de l'Angleterre, où il devait arriver lundi. Maryline Baumard Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-54a9769393825'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nL'Ezadeen, navire de 73 m\u00e8tres de long immatricul\u00e9 en Sierra Leone et destin\u00e9 au transport des animaux, est entr\u00e9 dans le port calabrais de Corigliano, au sud de l'Italie, aux alentours de 23 heures (heure locale).\r\nCr\u00e9dits : REUTERS\/STRINGER\/ITALY\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L'Ezadeen, navire de 73 m\u00e8tres de long immatricul\u00e9 en Sierra Leone et destin\u00e9 au transport des animaux, est entr\u00e9 dans le port calabrais de Corigliano, au sud de l'Italie, aux alentours de 23 heures (heure 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Ce n'est qu'une fois le carburant totalement \u00e9puis\u00e9 que cinq marins islandais ont pu monter \u00e0 bord et lancer une aussi\u00e8re (gros cordage) afin de permettre son remorquage.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Ils n'ont d'abord rien pu faire, le navire abandonn\u00e9 \u00e0 son sort par l'\u00e9quipage avan\u00e7ant \u00e0 pleine vitesse. 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Mais selon le site marinetraffic.com, il aurait quitt\u00e9 le port de Famagouste, situ\u00e9 sur la c\u00f4te est de Chypre et sous contr\u00f4le turc, apr\u00e8s \u00eatre parti de Tartous en Syrie.\r\nCr\u00e9dits : REUTERS\/STRINGER\/ITALY\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Selon les garde-c\u00f4tes italiens, l'Ezadeen \u00e9tait parti de Turquie. 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Francesco Perroti, le capitaine du port de Corigliano, une petite ville calabraise, craint fort que l'Ezadeen ne soit que le premier d'une longue série. C'est sous sa surveillance que sont descendus un à un, vendredi 2 janvier tard, les 359 naufragés de l'Ezadeen, un navire rempli de migrants, battant pavillon sierra-léonais.« Nous avons su une quinzaine d'heures avant son arrivée, que sa destination finale serait notre port », rappelle le militaire. Durant ces 15 heures, il a joué l'homme-orchestre, avec la préfecture, pour préparer l'accueil de ces naufragés de la vie. « Il fallait que nous puissions offrir une assistance médicale, de la nourriture, des bus pour les acheminer le plus rapidement possible vers les centres d'hébergement », rappelle le capitaine de frégate. Bien sûr, tout s'est mis en place sous les ordres du préfet, mais en tant que responsable du lieu, Francesco Perroti a été très étroitement associé.Lui aussi a vu ces visages émaciés, les traits tirés par la fatigue, la faim, le froid et la peur. Le lot commun du migrant qui passe onze jours dans les cales d'un navire habilité au seul transport de bétail. Comme le militaire préfère les faits aux commentaires, il s'accroche à ses chiffres. « Il y avait 255 hommes, 42 femmes dont trois étaient enceintes et 62 mineurs », rappelle-t-il presque chirurgicalement. Pour eux, les bus ont démarré très vite, partant vers d'autres régions d'Italie. Des places avaient été trouvées en Campanie, Lombardie et en Emilie Romagne. Seuls 94 ont été installés en Calabre ; 60 à Catanzaro, 34 à Crotone. « Il n'y avait rien ici pour les recevoir », fait valoir une passante interrogée en centre ville, et qui a suivi de près « les péripéties de ces gens ».DES CONDITIONS DE TRAVERSÉE INDÉCENTESL'Italie a déjà dû faire face, dans la province voisine des Pouilles à l'arrivée de plus de 900 autres clandestins quelques jours auparavant. Croix Rouge et Protection civile se sont relayées pendant quatre jours, pour installer le mieux possible ces personnes traumatisées par un voyage dans des conditions innommables. Là encore, des places en hébergement ont été trouvées un peu partout dans le pays.Pour les passagers de l'Ezadeen, la traversée n'a pas été une sinécure depuis la Turquie. Aux privations en nourriture et eau, aux conditions indécentes, s'ajoute l'abandon de la barre par l'équipage. Le nom de ce navire a ainsi surgi jeudi soir dans l'actualité. Le 1er janvier au soir, les gardes-côtes de permanence à Corigliani ont reçu un SOS. Une femme, passagère du cargo leur demandait de l'aide. L'embarcation dérivait, moteurs arrêtés dans la forte tempête qui balayait alors la Méditerranée depuis quelques jours.La capitainerie a rerouté le message et une frégate islandaise, en patrouille à proximité pour Frontex, la mission européenne de surveillance des frontières, s'est approchée du bateau. Faute de pouvoir l'accoster, trois médecins et trois marins y ont été hélitreuillés. Très vite, il est apparu que les réservoirs étaient vides. Tout simplement.« Vu les circonstances et l'état du bateau, une de mes deux frégates a été dépêchée sur place, avec une autre embarcation des gardes-côtes de Crotone, à 100 kilomètres au sud. Elles sont restées près du navire jusqu'à ce qu'il soit arrivé à bon port », rapporte le capitaine. « Il est de notre mission de protéger les vies. Ce bateau était en situation critique. Imaginez que quelqu'un tombe à la mer », ajoute le militaire.LES MEILLEURS ALLIÉS DES PLUS FRAGILESLes 80 hommes qu'il dirige font ce métier pour porter secours. Samedi, après une nuit écourtée, les permanenciers étaient présents dans le bâtiment préfabriqué, fidèles au poste. Si l'on n'est plus dans la mythologie du garde-côte avec ses longues-vues, scrutant l'horizon, le fonctionnaire italien reste le meilleur garant de la sécurité des passagers de la mer. C'est un militaire qui a pour mission première de surveiller les usages « civils » de l'océan.L'an dernier, ce corps - créé il y a 150 ans - a porté secours à 150 000 migrants. Ce sont les meilleurs alliés des plus fragiles. Ils pensent d'abord sauvetage avant de faire la fine bouche si le sauvé n'a pas le visa. En revanche, l'Europe et son bras armé Frontex n'a pas la même approche, même si elle respecte, elle aussi, le code de la navigation, qui impose de porter assistance, sa mission première reste la surveillance des frontières.« Qu'il s'agisse de l'Europe ou de l'Italie, nous devons tous garder les yeux bien ouverts. Nous avons évité de justesse deux catastrophes de grande ampleur, mais attention, la prochaine fois, nous pourrions ne pas réussir à éviter le drame », s'inquiète Francesco Perroti. Sur ces mots, le capitaine prend congé, se lève et ouvre son placard. Là, il hésite et choisit finalement la casquette qui convient à une rencontre avec le préfet à propos justement de l'épave de l'Ezadeen.Samedi 3 janvier, le bateau est à quai dans son port, consigné pour enquête. Plusieurs pseudo-passagers ont été écroués. Ils pourraient être les passeurs et s'être déguisés en migrants après l'abandon des commandes. Ainsi va la vie dans la petite station balnéaire du sud de l'Italie qui croyait pouvoir dormir tranquille durant l'hiver.Lire le reportage (édition abonnés ) : « Personne ne pensait s’en sortir vivant »Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.01.2015 à 19h24 • Mis à jour le04.01.2015 à 09h22 Israël a gelé, samedi 3 janvier, le transfert de 106 millions d'euros de taxes collectées pour le compte de l'Autorité palestinienne, en riposte à la demande palestinienne d'adhésion à la Cour pénale internationale (CPI), a indiqué un responsable israélien.Il s'agit de la première mesure de rétorsion après le dépôt officiel à l'ONU de la demande des Palestiniens de rejoindre le tribunal de La Haye, dans le but avoué d'y citer à comparaître des responsables israéliens.Saëb Erakat, le négociateur en chef palestinien, a immédiatement réagi à cette sanction pour dénoncer « un nouveau crime de guerre israélien ». « Nous ne reculerons pas face aux pressions », a-t-il averti.Lire nos explications : Pourquoi l'Autorité palestinienne veut rejoindre la Cour pénale internationaleDES DIFFICULTÉS POUR PAYER LES FONCTIONNAIRESDepuis les Accords d'Oslo sur l'autonomie conclus en 1993, Israël collecte pour le compte de l'Autorité palestinienne des taxes qu'il lui reverse chaque mois. Ces fonds représentent près de la moitié du budget palestinien. Le ministère des finances palestinien a indiqué que l'Autorité rencontrait des difficultés à payer ses fonctionnaires en raison de ce gel. Etat observateur à l'ONU depuis fin 2012, la Palestine peut désormais rejoindre des organisations internationales et le président Mahmoud Abbas a signé – au lendemain du rejet par le Conseil de sécurité d'un projet de résolution palestinienne sur la fin de l'occupation israélienne – vingt nouvelles conventions, dont le Statut de Rome qui régit la CPI.Au-delà de cette demande d'adhésion, officiellement déposée vendredi aux Nations unies et qui leur a valu les foudres d'Israël et des Etats-Unis, les Palestiniens entendent également revenir devant l'ONU avec le même projet de résolution rejeté en début de semaine à New York et qui prévoit la fin sous trois ans de l'occupation israélienne.Lire aussi (en édition abonnés) : Les Palestiniens passent à l’action aux Nations uniesLes Israéliens envisageaient de poursuivre devant des tribunaux aux Etats-Unis et ailleurs Mahmoud Abbas et « de hauts responsables palestiniens » selon un communiqué transmis samedi à l'AFP et attribué à « des sources proches d'un responsable gouvernemental israélien ».Ce texte ne donne toutefois aucun détail sur où et quand ces poursuites pourraient être lancées.« Ces derniers jours, les responsables israéliens ont souligné que ceux qui devaient craindre des poursuites étaient les responsables de l'Autorité palestinienne qui opèrent au sein d'un gouvernement d'union avec le Hamas, une organisation terroriste qui comme (l'organisation djihadiste) Etat islamique perpètre des crimes de guerre en tirant sur des civils depuis des zones densément peuplées ». 03.01.2015 à 13h20 • Mis à jour le03.01.2015 à 14h00 Quarante jeunes hommes ont été enlevés dans le nord-est du Nigeria le soir du Nouvel An par des membres présumés de Boko Haram, pour en faire des combattants, selon des habitants de l'Etat de Borno.Des dizaines d'insurgés ont mené un raid contre le village de Malari, à 20 kilomètres de la forêt de Sambisa, réputée comme une des caches principales de Boko Haram. Quarante garçons et jeunes hommes âgés de 10 à 23 ans ont été enlevés et emmenés dans la forêt, selon les habitants du village qui ont pris la fuite.Lire l'enquête : Boko Haram : les monstres de MaiduguriLa nouvelle de cet enlèvement n'a été connue que dans la nuit de vendredi, quand des habitants ont réussi à atteindre Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno. Les télécommunications ont été rendues très difficiles dans cette région qui est le théâtre d'attaques quasi quotidiennes, avec la destruction progressive des antennes et poteaux téléphoniques par les insurgés islamistes.« ILS SONT ARRIVÉS ARMÉS À BORD DE PICK-UP »« Ils sont arrivés armés à bord de pick-up et ont rassemblé tous les hommes devant la maison du chef du village. Ils nous ont tenu des discours religieux avant de choisir 40 de nos garçons et de les emmener », a déclaré un des habitants du village, Bulama Muhammad.Boko Haram détient toujours plus de 200 jeunes filles kidnappées en avril dans leur lycée de Chibok, dans l'Etat de Borno. Depuis cet événement qui a marqué les esprits, le groupe islamiste continue d'enlever régulièrement des dizaines d'enfants, de femmes et d'hommes, qui exécutent les tâches de la vie quotidiennes dans les camps du groupe, ou montent en première ligne.Lire aussi l'enquête : L'enfer des 200 lycéennes enlevées au Nigeria 08.01.2015 à 15h23 | Guy Dutheil À l’occasion de la réception officielle par Qatar Airways, à Doha mercredi 7 janvier, du premier exemplaire du A350, Didier Evrard, patron du programme A350, récemment nommé vice-président d’Airbus, a indiqué que le nouveau gros-porteur long courrier du constructeur européen va bientôt être équipé de batteries lithium-ion.Selon M. Evrard, « le retour de ces batteries est prévu sur les A350 qui sortiront des chaînes en 2016. »Il y a deux ans, Airbus avait préféré, par prudence, renoncer à installer ce type de batteries après les nombreux départs d’incendies survenus sur ces équipements à bord des Boeing 787.Lire aussi : Les autorités américaines exigent de nouveaux tests sur les batteries du DreamlinerÀ l’époque, Fabrice Brégier, le patron d’Airbus n’avait pas voulu provoquer un éventuel retard du programme A350.Maintenant que l’avion est déjà commandé à plus de 800 exemplaires, l’avionneur européen peut se permettre quelques audaces.Les batteries lithium-ion développées par Airbus devraient « obtenir leur certification en 2015 », a assuré M. Evrard.Avec elles, le gain en poids serait de l’ordre de « 70 à 80 kg. Ce n’est pas négligeable », s’est félicité le vice-président d’Airbus.Airbus a engrangé près de 800 commandes pour le A350 et vise 50 % de part d’un marché estimé à 5 000 avions dans les vingt ans à venir, soit 1 000 milliards de dollars.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Un son et lumière « hollywoodien », une chanteuse échappée d’une comédie musicale de Broadway, des centaines d’invités venus du monde entier, Qatar Airways avait décidé d’en mettre plein la vue pour la réception officielle, mercredi 7 janvier, de son premier exemplaire de l’A350, le tout nouveau gros-porteur long courrier d’Airbus.Posé sur le tarmac du tout neuf aéroport de Doha, le nouvel avion trônait, en vedette, derrière la scène, dans sa livrée crème et grenat, les couleurs de Qatar Airways.Avec l’A350, Airbus défie les 777 et 787 de BoeingL’arrivée dans la flotte de la compagnie qatarie du premier exemplaire du long courrier d’Airbus relance la rivalité entre les compagnies du Golfe : Emirates (Dubaï), Etihad (Abu Dhabi) et Qatar Airways.Les « trois sœurs ennemies » comme on les surnomme, se livrent une bataille acharnée. Chacune d’elle, à grand renfort d’aéroports surdimensionnés et de commandes géantes d’avions, tente de s’imposer comme le « hub » leader de la région.Fin décembre 2014, c’est Etihad qui a marqué les esprits. La compagnie d’Abu Dhabi a dévoilé, in situ, la nouvelle cabine de sa flotte.Sa nouvelle première classe la place parmi les meilleures compagnies aériennes du moment. Notamment grâce à sa « Résidence », un appartement de deux pièces, salle de bain et majordome. Une exclusivité des A380 d’Etihad. Avec Résidence, son appartement volant, Etihad se rêve en référence du voyage aérienQatar Airways a répliqué avec un A350 équipé de la cabine bi-classe (business et économique) dernier cri de la compagnie.Fier de son produit, Akbar Al Baker, PDG de Qatar Airways, n’a pas hésité à proclamer, un rien fanfaron : « avec une business class de cette qualité nous n’avons pas besoin de Première classe ».À défaut de « First », les quatre-vingts A350 commandés par la Qatar Airways seront tous équipés d’un bar réservé aux passagers de la classe affaires.Pression pour obtenir un A380 remotoriséToutefois, la réception officielle de l’A350 a aussi été pour M. Al Baker, l’occasion de relancer Airbus pour obtenir la mise en œuvre d’une version « neo », moins gourmande en carburant, de l’A380. « Un A380 remotorisé sauverait le programme », a assuré M. Al Baker.Présent à Doha, Didier Evrard, patron du programme A350, récemment nommé vice-président d’Airbus, s’est bien gardé de répondre. Pour l’heure, Airbus n’a pas tranché entre une remotorisation ou un allongement de l’avion pour y loger plus de passagers.« Nous devons d’abord écouter le marché car nous avons des clients qui n’ont pas tous la même exigence », a confié M. Evrard. Toutefois, il a confié que « la (re)motorisation de l’A380 est un axe prioritaire. Sur le principe, il est vraisemblable que la remotorisation arrive un jour. »Problème : les deux motoristes, Rolls Royce et Engine Alliance, qui équipent l’A380, ne se bousculent pas pour travailler sur un nouveau moteur moins gourmand. « C’est la question », a admis M. Evrard, conscient de la faiblesse des ventes de l’A380.Depuis son lancement en 2000, seuls 318 exemplaires du très gros porteur d’Airbus ont trouvé preneur, dont 140 pour la seule Emirates.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 13h20 • Mis à jour le08.01.2015 à 13h37 Niels H., un infirmier allemand, jugé depuis plusieurs mois par un tribunal de la Basse-Saxe, a reconnu avoir tué une trentaine de patients gravement malades qui étaient hospitalisés en soins intensifs entre 2003 et 2005, rapporte l'agence de presse allemande DPA (Deutsche Presse-Agentur).Selon un expert psychiatre entendu jeudi 8 janvier durant une audience au procès, l'accusé lui avait avoué une trentaine d'homicides lors d'un examen. L'infirmier de 38 ans, Niels H., comparaît depuis septembre pour les meurtres de trois patients et tentatives de meurtre de deux autres patients, à qui il aurait injecté des surdoses de médicaments alors qu'ils étaient en soins intensifs.DÉMONTRER SES TALENTS DE RÉANIMATIONLes enquêteurs le soupçonnent d'avoir procédé à des injections entre 2003 et 2005 afin de démontrer ses talents de réanimation, amenant les patients près de la mort avant de tenter par la suite de les ranimer. D'après le psychiatre, l'accusé a également reconnu avoir administré des surdoses de médicament à une soixantaine d'autres patients qui, eux, ont survécu.Niels H. avait été condamné en 2008 à sept ans et demi de prison pour une tentative de meurtre. Il est incarcéré depuis. Employé à la clinique de Delmenhorst, près d'Oldenbourg, il avait été surpris à l'été 2005 par une collègue alors qu'il était en train d'injecter à un patient un médicament pour le cœur. 08.01.2015 à 11h25 • Mis à jour le08.01.2015 à 11h25 La compagnie aérienne Qatar Airways serait intéressée par une entrée au capital de la compagnie indienne IndiGo. « Si IndiGo nous propose 49 % de son capital, Qatar Airways serait extrêmement intéressé », a déclaré Akbar Al Baker, le PDG de la compagnie aérienne, mercredi 8 janvier, rapporte The Times of India.Il a en revanche écarté l’idée de prendre des participations dans les compagnies SpiceJet ou GoAir, soulignant que IndiGo est le seul transporteur efficace en Inde.Akbar Al Baker dit regarder avec intérêt le développement du marché aérien indien et considère que les autorités indiennes devraient l’ouvrir à des compagnies comme la sienne.Il a indiqué avoir approché des canaux diplomatiques afin d’obtenir un rendez-vous avec le premier ministre indien, Narendra Modi, afin de parler des opportunités d’investissement en Inde dans les secteurs de l’aérien et de l’aviation.« Etendre les intérêts économiques »Excluant une privatisation de sa compagnie « au moins durant les dix prochaines années », M. Al Baker a indiqué que « ces dix années nous donneront l'opportunité d'étendre les intérêts économiques » de Qatar Airways.Il a précisé que son groupe souhaiterait développer ses activités en Afrique de l’est, en Tunisie, au Maroc, ou en Pologne. Mais il n’est pas intéressé par l’italien Meridiana. Le journal La Stampa avait indiqué, en septembre 2014, que la compagnie du Golfe pourrait faire une proposition d’achat d’une partie du capital de la société italienne.Le patron de Qatar Airways a par ailleurs affirmé, mercredi, que les transporteurs européens ne pouvaient « pas faire face » à la concurrence de ceux du Golfe, dont sa compagnie. Qatar Airways, Emirates et Etihad sont « les transporteurs qui connaissent la croissance la plus rapide. C’est pourquoi nous causons beaucoup d’inquiétude aux compagnies européennes qui ne peuvent pas faire face. Nous, dans le Golfe, dirigeons aujourd’hui l’industrie de l’aviation », a-t-il affirmé. 08.01.2015 à 09h59 Des combattants du Front Al-Nosra, branche d'Al-Qaida en Syrie, ont fait sauter le mausolée datant du XIIIe siècle d'un érudit musulman révéré dans le sud de la Syrie, annoncent l'agence de presse syrienne Sana et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).Il s'agit du mausolée de l'imam Naouami, situé à Naoua, dans la province de Deraa, près de la frontière jordanienne. La localité a été prise en novembre 2014 par des groupes qui combattent le gouvernement syrien.Le Front Al-Nosra a la même interprétation fondamentaliste de l'islam sunnite que l'Etat islamique. L'EI a détruit de très nombreux lieux saints soufis, représentatifs de l'islam mystique, dans les secteurs de l'est et du nord de la Syrie qu'il contrôle. 08.01.2015 à 08h19 • Mis à jour le08.01.2015 à 08h32 Le groupe sud-coréen Samsung Electronics a annoncé, jeudi 8 janvier, qu’il s’attendait à une nouvelle chute de son bénéfice d’exploitation au quatrième trimestre 2014. Celui-ci s’établirait à 5 200 milliards de wons (4 milliards d’euros), soit une baisse de 37,4 % par rapport au quatrième trimestre de 2013.Sur l’ensemble de l’année 2014, Samsung Electronics devrait enregistrer un recul de 32 % de son bénéfice opérationnel, à 24 900 milliards de wons. Il s’agira de la première baisse du résultat du constructeur en trois ans.Les résultats définitifs, et détaillés par activité, pour le quatrième trimestre seront publiés à la fin du mois de janvier.Un léger mieux par rapport aux trimestres précédentsLes chiffres, publiés jeudi, traduisent toutefois une amélioration par rapport au trimestre précédent : le résultat opérationnel est en hausse de 28 % par rapport à juillet-septembre.Le géant sud-coréen avait annoncé une chute de près de 50 % de son bénéfice net au troisième trimestre et de près de 20 % pour le second trimestre.Les estimations communiquées jeudi montrent par ailleurs que les résultats du quatrième trimestre sont meilleurs que ce à quoi s’attendaient les analystes.Cela tient en particulier à la bonne tenue de l’activité composants électroniques, un secteur rentable et qui a profité d’un won plus faible.Des difficultés persistantes dans les smartphonesLe recul continu de la rentabilité de Samsung Electronics traduit surtout le fait que le constructeur reste en difficulté sur le marché des smartphones.Le groupe sud-coréen est concurrencé par l’iPhone 6 d’Apple sur le haut de gamme, et par les fabricants chinois, comme Huawei, Xiaomi et Lenovo, sur le moyen et l’entrée de gamme.La série phare des téléphones intelligents Galaxy n’a par exemple pas connu le succès espéré.L’irrésistible ascension des smartphones chinoisD’après le cabinet IDC, Samsung est certes toujours numéro un en termes de ventes de smartphones avec 78,1 millions d’unités vendues au troisième trimestre et 23,8 % du marché, mais il est le seul des cinq premiers constructeurs mondiaux à voir ses ventes reculer sur un an (– 8,2 %).Une réorganisation de l’offre en coursPour essayer de relancer son activité dans les smartphones, Samsung a annoncé plusieurs mesures drastiques lors du Forum Samsung des investisseurs organisé à New York le 17 novembre 2014.Le groupe va réduire son offre cette année, pour se positionner sur une gamme moins chère, plus accessible dans les pays émergents.« En 2015, nous allons réduire d’un quart ou d’un tiers le nombre de modèles disponibles par rapport à cette année », a déclaré Lee Myung-jin, vice-président de Samsung Electronics, chargé des relations avec les investisseurs. L’objectif : « réduire les prix des modèles par la production de masse. »Pour être plus compétitif, Samsung réduit sa gamme de smartphonesPar ailleurs, Samsung, la maison mère, est elle-même engagée dans une vaste restructuration, qui prépare et accompagne une succession au sommet, le président Lee Kun-hee, alias « Chairman Lee », ayant été hospitalisé en mai 2014 après un accident cardiaque.Samsung doit, notamment, trouver les fonds nécessaires pour régler les frais de transmission d’un héritage estimé à 13 000 milliards de wons (9,4 milliards d’euros). Ils pourraient atteindre la moitié de cette somme.Des cessions d’activités, dans la défense et la pétrochimie, ont été réalisées fin novembre 2014. Samsung SDS, qui œuvre dans les technologies de l’information et télécommunications, a été mise en Bourse mi-novembre 2014.Régime minceur pour Samsung sur fond de succession 08.01.2015 à 07h32 • Mis à jour le08.01.2015 à 12h38 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) « Prenez l’indicateur que vous voulez, le renouveau de l’Amérique est réel », lançait Barack Obama fin décembre 2014 à propos de la croissance économique aux Etats-Unis. Même si le tableau général est effectivement encourageant, avec notamment une augmentation du PIB de 5 % en rythme annuel au troisième trimestre et un taux de chômage tombé à 5,8 % en novembre, la Réserve fédérale (Fed), elle, reste prudente, selon les minutes de son Comité de politique monétaire (FOMC) du 17 décembre, publiées mercredi 7 janvier.Les membres du FOMC ont notamment pointé les risques qu’une détérioration de la conjoncture économique à l’étranger fait peser sur la croissance américaine.Ceux-ci seraient particulièrement sérieux si les réponses apportées par les politiques monétaires en dehors des Etats-Unis se révélaient « insuffisantes », indiquent les minutes de la Fed, qui, de façon détournée, mais assez inédite, font référence aux décisions de la Banque centrale européenne (BCE).Ces signaux sont envoyés, alors que la BCE pourrait lancer, lors de sa réunion du 22 janvier, un nouveau programme de rachats d’obligations pour doper l’économie européenne.Les plus et les moins de la baisse du prix du pétroleLa forte chute des cours du pétrole suscite également des inquiétudes chez certains membres du FOMC.Si celle-ci permet de donner davantage de pouvoir d’achat aux ménages américains et de doper ainsi la consommation, principal moteur de l’activité économique aux Etats-Unis, elle est aussi un symptôme du ralentissement de l’économie mondiale, dont l’Amérique pourrait pâtir.Le baril de pétrole tombe à 50 dollarsPar ailleurs, cette baisse des prix de l’énergie va contribuer à maintenir l’inflation à des niveaux bas, en tout cas éloignés de l’objectif de 2 % que s’est fixé la Fed. Les membres du Comité restent toutefois confiants pour l’atteinte de cet objectif « à plus long terme ».Toutefois, une partie du Comité a pris acte du rebond de la confiance des consommateurs et des entreprises ainsi que du redressement de la situation de l’emploi, ce qui indiquerait que « l’économie réelle peut finir par se montrer plus dynamique qu’anticipé ».Certains estiment même que « le coup de pouce provenant de la baisse des prix de l’énergie pourrait se révéler assez important ».« Patience » pour la remontée des tauxEn revanche, malgré la hausse de la rémunération horaire moyenne en novembre, la plupart des participants du FOMC « ne voient pas de signe clair d’une accélération des salaires ».Ces bémols n’ont pas empêché le FOMC de laisser entendre qu’une hausse de ses taux d’intérêt pourrait intervenir dans le courant de 2015, tout en indiquant vouloir faire preuve de « patience ».La présidente de la Fed, Janet Yellen, a indiqué que cette hausse n’interviendrait pas avant la fin avril. Trois membres du Comité ont voté contre cette position, deux parce qu’ils estiment que la Fed fait preuve de trop de patience, un autre au contraire, parce qu’elle n’en affiche pas assez.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.01.2015 à 13h29 • Mis à jour le07.01.2015 à 17h09 La Pologne a reçu une demande d'extradition du cinéaste franco-polonais Roman Polanski vers les Etats-Unis, où court toujours une plainte pour agression sexuelle déposée contre lui en 1977, rapporte l'agence de presse polonaise PAP, qui rapporte des propos du bureau du procureur général. Le cinéaste, né en Pologne et qui vit en France, se trouve actuellement à Cracovie où il prévoit de tourner un film. L'affaire ressurgit régulièrement. En octobre, les autorités américaines avaient demandé ainsi en vain son interpellation alors qu'il se trouvait en Pologne.Le 24 décembre, un juge de Los Angeles a rejeté une motion déposée par les avocats de Roman Polanski pour classer la plainte pour agression sexuelle déposée contre le réalisateur. Les défenseurs du cinéaste de 81 ans font valoir depuis des années que Roman Polanski a été dans cette affaire la victime d'une faute professionnelle de la part de la justice et du procureur de l'époque. Mais, dans ce jugement, le juge de la Cour supérieure de Los Angeles James Brandlin a déclaré que Roman Polanski devait, s'il veut régler le dossier, revenir aux Etats-Unis, où un mandat d'arrestation à son encontre est toujours en vigueur. Accusé d'avoir eu un rapport sexuel avec une adolescente de 13 ans, Samantha Geimer, Roman Polanski avait plaidé coupable en 1977. Il avait passé 42 jours en prison puis avait été libéré sous caution. En 1978, il avait fui les Etats-Unis avant l'audience qui devait fixer sa peine, craignant que le juge ne lui inflige une peine plus lourde.En 2009, il a été arrêté à Zurich en vertu du mandat d'arrêt lancé contre lui plus de 30 ans auparavant et placé en résidence surveillée. Il a recouvré la liberté en 2010, les autorités suisses ayant décidé de ne pas l'extrader vers les Etats-Unis.L'an dernier, Samantha Geimer a écrit un livre avec son avocat, sur la soirée du 10 mars 1977 où, selon elle, Polanski lui avait fait boire du champagne et lui avait donné un somnifère avant de lui imposer des relations sexuelles dans la maison de Jack Nicholson. Désormais âgée de 51 ans, elle avait ajouté qu'elle avait pardonné à Polanski, réalisateur notamment de Rosemary's Baby, Chinatown, Le Locataire ou encore Tess.Lire aussi : La justice américaine refuse d'abandonner les poursuites contre Roman Polanski 07.01.2015 à 11h41 • Mis à jour le07.01.2015 à 12h03 | Marie Charrel Sale journée pour Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). En décembre 2014, l’inflation dans la zone euro est tombée à -0,2 %, après 0,3 % en novembre, selon les chiffres publiés mercredi 7 janvier par Eurostat. C’est la première fois que les prix reculent depuis octobre 2009, lorsque l’union monétaire s’enfonçait dans une sévère récession (-4,5 %).En cause ? Principalement la chute du pétrole. Les prix de l’énergie ont en effet reculé de 6,3 % en décembre, après 2,6 % en novembre. En revanche, les prix sont restés stables dans l’alimentaire et les biens industriels hors énergie.Faut-il s’inquiéter de cette baisse des prix ? Non, à condition que cela ne dure pas. Voici pourquoi.1. L’inflation négative n’est pas la déflationPrécision importante : ce recul des prix correspond aujourd’hui à une inflation négative et non à de la déflation. La nuance est de taille. En effet, la première est temporaire et plutôt positive. Comme la baisse des cours du pétrole, elle profite au pouvoir d’achat des Européens et donc, à la consommation des ménages, qui reste l’un des piliers de la croissance européenne.La déflation, elle, se définit par un recul généralisé, durable et auto-entretenu des prix. C’est beaucoup plus grave, car elle est le symptôme d’une économie à l’arrêt. Quand les prix reculent, les consommateurs reportent leurs dépenses dans l’espoir d’acheter moins cher plus tard. Du coup, les entreprises n’arrivent pas à écouler leurs stocks. Elles cessent d’investir et embaucher, voire licencient. Ce qui pèse sur la consommation des ménages, et donc la croissance… Un cercle vicieux particulièrement dur à briser.Pour l’instant, la zone euro n’est donc pas en déflation. Elle n’y entrera que si l’inflation négative se prolonge sur de longs mois, et que les agents économiques commencent à anticiper que les prix continueront de baisser.Dans tous les cas, la BCE se retrouve dans une situation particulièrement inconfortable. Car même si cette baisse des prix ne devrait pas durer, l’inflation est aujourd’hui si éloignée de la cible de 2 % fixée par son mandat que l’institution ne peut pas rester sans rien faire.2. Les marchés attendent de nouvelles mesures de la BCE Depuis plusieurs mois, nombre d’économistes, dont ceux du Fonds monétaire international (FMI), appellent l’institution à se lancer dans l’assouplissement quantitatif (quantitative easing en anglais, ou QE). Cette politique, déjà mise en œuvre aux États-Unis ou au Royaume-Uni, consisterait pour la banque centrale à racheter des obligations souveraines ou d’entreprises.S’y lancera-t-elle dès sa réunion du 22 janvier, qui s’annonce cruciale ? Les marchés, eux, prennent le pari. « Tout le monde attend qu’elle annonce de nouvelles mesures, et elle risque de décevoir beaucoup si elle ne fait rien », analyse Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.De fait, plusieurs rumeurs circulent dans la presse ces derniers jours. Selon le quotidien néerlandais Het Financieele Dagblad du 6 janvier, citant des sources anonymes, la BCE étudierait trois modalités de QE. La première consisterait à racheter des obligations souveraines en proportion de la participation de chaque États membres dans le capital de la banque centrale. La seconde serait de racheter uniquement la dette publique des États notée triple A, comme celle de l’Allemagne. Cela ferait encore baisser les taux de celle-ci, ce qui la rendrait moins attractive pour les investisseurs, qui pourraient alors se tourner vers les dettes souveraines plus risquées ou vers les obligations d’entreprises.La troisième option serait que les banques centrales nationales, comme la Banque de France, rachètent elle-même la dette de leurs États respectifs, ce qui éviterait de mutualiser les risques au niveau de l’Eurosystème.3. Dans tous les cas, le « QE » ne fera pas de miracleQuelle que soit l’option choisie, une chose est sûre : le QE assurerait des coûts de financement bas aux États, pendant longtemps. Mais il ne ferait pas de miracle sur la croissance. « Le QE est le mauvais remède pour la zone euro », explique ainsi Michael Heise, chef économiste d’Allianz SE, dans une tribune au Financial Times du 7 janvier. Et ce, car ils ne règlent en rien les problèmes structurels de la zone euro. Ainsi, les entreprises européennes, toujours en train de se désendetter, ont peu d’appétit pour l’investissement. Et la consommation reste plombée par le taux de chômage élevé (11,5 %).Pour relancer la croissance européenne, la BCE ne peut pas être la seule à agirPour relancer la croissance européenne, la BCE ne peut pas être la seule à agir. M. Draghi lui-même ne dit pas autre chose. Depuis août dernier, il répète à chaque occasion que les États doivent eux aussi se retrousser les manches pour sortir l’Europe de l’ornière : en mettant en œuvre les réformes susceptibles d’augmenter la croissance, en coordonnant mieux leurs politiques budgétaires et surtout, en renforçant les institutions de la zone euro. « Pour compléter l’union monétaire, nous devrons approfondir l’union politique », a ainsi écrit l’Italien dans une tribune sur le site Project Syndicate, publiée le 2 janvier.Certes, depuis 2010, les États membres ont bâti l’union bancaire, et ont mis en place le Mécanisme européen de stabilité (MES), deux pare-feux qui contribueront à limiter les contagions entre pays en cas de crise. Mais la grande crainte de M. Draghi est que les gouvernements s’arrêtent là. Et que cela ne suffise pas à éviter de nouveaux chocs…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.01.2015 à 16h28 • Mis à jour le01.01.2015 à 17h06 Une personne armée a été arrêtée jeudi 1er janvier après avoir lancé deux grenades, qui n'ont pas explosé, sur des policiers en faction devant le palais de Dolmabahçe, à Istanbul, qui abrite notamment les bureaux du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan. L'homme a été immédiatement maîtrisé et menotté par des policiers, a annoncé la chaîne d'information CNN-Türk, qui n'a pas fait état de blessés.Cette personne, non identifiée par les chaînes de télévision, âgée d'une vingtaine d'années, d'après les images qui ont été diffusées, était armée d'un fusil-mitrailleur et d'un pistolet et a commencé à tirer vers le bâtiment avant de lancer deux grenades à main, selon CNN-Türk.Arrivés sur les lieux, des artificiers de la police ont procédé à une explosion contrôlée des grenades après avoir fermé l'artère à la circulation, selon la chaîne NTV. Les motifs de l'assaillant, qui a été conduit à un poste de police, n'étaient pas connus dans l'immédiat.Le chef de la police de la ville a toutefois exclu un attentat contre M. Erdogan, indiquant que cette « attaque » avait été perpétrée par un individu « membre d'une organisation terroriste ».Les bureaux du chef de l'Etat sont situés dans un pavillon annexe du palais, où est mort, en 1938, le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk, et transformé en musée.M. Erdogan, à la tête du gouvernement de 2003 à 2014, a été élu président de la République lors d'un premier scrutin au suffrage universel, en août, après un vaste scandale de corruption éclaboussant le dirigeant et son entourage. L'homme fort de la Turquie est accusé d'autoritarisme et de dérive islamiste par ses détracteurs.Lire : Quelles sont les dernières atteintes à la laïcité en Turquie ? 01.01.2015 à 15h45 Plus de 7 000 juifs de France ont émigré vers Israël en 2014, soit plus du double de l'année précédente où 3 293 ressortissants avaient rejoint l'Etat hébreu, a annoncé jeudi 1er janvier l'Agence juive pour Israël. Selon l'organisation, c'est la première fois que les juifs de France fournissent le plus gros contingent mondial de l'alya, terme hébreu qui désigne l'émigration vers Israël.Pour la deuxième année consécutive, ils ont été plus nombreux que les juifs originaires des Etats-Unis (3 870 en 2014) et ont devancé pour la première fois les olim (immigrants juifs) venant de Russie (4 830). Ce flux devrait se poursuivre en 2015, estime l'Agence juive, qui prévoit l'arrivée de plus de 10 000 nouveaux immigrants de France.Au total, 26 500 juifs, un nombre record depuis dix ans, ont gagné Israël en 2014, 32 % de plus qu'en 2013. Plus de de la moitié d'entre eux ont moins de 35 ans. Avec 500 000 à 600 000 membres, la communauté juive de France est la première d'Europe et la troisième au monde, derrière Israël et les Etats-Unis.Lire (en édition abonnés) : Le « retour » des juifs français en Israël 01.01.2015 à 14h31 • Mis à jour le01.01.2015 à 15h05 |François Bougon Après la bousculade meurtrière de la nuit du réveillon sur le Bund, la promenade du bord de fleuve de Shanghaï, les hommages se sont multipliés jeudi 1er janvier. Des habitants de la métropole sont venus déposer des bouquets de fleurs là où s’est produit le drame, peu avant minuit. Sur les sites chinois, comme The Paper, on peut voir des bandeaux noirs, en signe de deuil, avec une bougie et l’inscription : « Aujourd’hui, ne dites pas joyeuse année ». Selon le dernier bilan, au moins 36 personnes sont mortes et 47 ont été blessées, dont 13 grièvement, parmi lesquelles de nombreux jeunes venus fêter le passage de la nouvelle année dans un des lieux les plus emblématiques de la capitale économique et financière de la Chine. Des médias locaux avaient attribué dans un premier temps la bousculade à un lancer de faux dollars depuis une boîte de nuit situé en haut d’un immeuble, mais plusieurs témoins, sur le réseau social Sina Weibo, ont mis en doute cette version des faits. Selon eux, l’endroit où s’est produite la tragédie se trouvait plutôt du côté de la rivière Huangpu et non près de l’immeuble en question.Selon une vidéo amateur diffusée sur Sina Weibo, la foule de plus en plus dense, face à un cordon de policiers trop peu nombreux et totalement débordés, serait plutôt à blâmer. On y voit des jeunes tenter d’alerter ceux qui se pressent en lançant : « Reculez, reculez. » Le président Xi Jinping a ordonné une enquête complète pour comprendre ce qui s’est passé. La célébration du Nouvel An n’a eu de cesse de gagner en popularité ces trois dernières années à Shanghaï, attirant l’an passé environ 300 000 personnes, largement au-dessus des prévisions des autorités de la ville. Celles-ci redoutaient les débordements et avaient d’ailleurs annoncé avoir renoncé au compte à rebours indiquant les douze coups de minuit à l’aide de rayons laser en 3D sur le Bund, par crainte d’incidents causés par une foule trop nombreuse.François BougonChef adjoint au service InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.01.2015 à 11h03 • Mis à jour le01.01.2015 à 11h15 Le département d'Etat américain a fait part de sa vive préoccupation après l'arrestation du chef de file du principal parti d'opposition chiite à Bahreïn, le cheikh Ali Salman, y voyant un facteur de nouvelles tensions dans le royaume.Ali Salman, secrétaire général de l'association islamique Al-Wefaq, a été arrêté dimanche 28 décembre après avoir dirigé un rassemblement d'opposition contre les élections du mois de décembre, boycottées par son parti. CRAINTE D'UN ATTISEMENT DES TENSIONS« Les partis d'opposition qui expriment pacifiquement des critiques contre le gouvernement jouent un rôle essentiel dans les Etats et les sociétés pluralistes », a déclaré le département d'Etat dans un communiqué.« Nous craignons que la mesure prise à l'encontre d'un haut dirigeant de l'opposition n'attise les tensions. »Base de la Ve Flotte américaine, le petit royaume du Golfe dirigé par la dynastie sunnite des Khalifa est en proie à des troubles depuis les grandes manifestations en 2011 de la majorité chiite, qui réclame la fin des discriminations dont elle se dit victime.Lire aussi : Le Bahreïn relâche la pression sur un militant des droits de l'homme 01.01.2015 à 05h20 • Mis à jour le01.01.2015 à 09h47 Emprisonnés depuis un an en Egypte, trois journalistes de la chaîne Al-Jazira auront droit à un nouveau procès, mais resteront en prison jusqu'à ce qu'il ait lieu. Jeudi 1er janvier, la Cour de cassation égyptienne a en effet accepté l'appel de leur condamnation à sept à dix ans de prison pour avoir diffusé des « fausses nouvelles » en soutien aux Frères musulmans de Mohamed Morsi, le président islamiste destitué par l'armée en juillet 2013.Appel accepté. Nouveau procès à venir pour les journalistes d'Al Jazeera international.— Sonia Dridi (@Sonia_Dridi)require(["twitter/widgets"]);Ce verdict avait déclenché un tollé international et une vague de soutien à ces journalistes, un Australien, Peter Greste, un Egypto-Canadien, Mohamed Fadel Fahmy, et un Egyptien, Baher Mohamed.Lire : En Egypte, une parodie de justice contre les trois journalistes d’Al-JaziraPAS DE LIBÉRATION SOUS CAUTIONLa Cour de cassation n'a, en revanche, pas ordonné la libération des trois reporters sous caution. Selon plusieurs reporters présent au Caire, cette décision est une « énorme déception pour les journalistes, qui espéraient obtenir leur liberté provisoire ».Pour les parents de Peter Greste, qui avaient exprimé « leur confiance dans l'intégrité du système d'appel en Egypte » et espéraient cette libération, la décision de la Cour est difficile à accepter, rapporte la correspondante de France 24 en Egypte.Les parents de l'Australien @PeterGreste espéraient une libération sous caution. Fils en prison depuis 1 an. http://t.co/jaRFjOe8Ay— Sonia Dridi (@Sonia_Dridi)require(["twitter/widgets"]);Selon le frère de Mohamed Fadel Fahmy, rapportant les propos d'un avocat, le nouveau procès devrait avoir lieu d'ici à un mois. Mais d'ici là, le président Sissi, qui a promulgué en novembre un décret autorisant l'extradition des étrangers condamnés à la prison ou en instance de jugement, a la possibilité de gracier les trois hommes.@MFFahmy11 @PeterGreste et @bahrooz restent en prison. Le procès en appel pourrait durer plusieurs mois. Sissi peut maintenant les gracier.— F. Hume-Ferkatadji (@EfaSheef)require(["twitter/widgets"]);Lire : L’espoir renaît pour un journaliste d’Al-Jazira emprisonné en EgypteRAPPROCHEMENT DIPLOMATIQUEEn coulisses, ce sont les relations diplomatiques entre l'Egypte et le Qatar, d'où est originaire la chaîne de télévision, qui se jouent. L'affaire avait débuté en pleine crise entre les deux pays, alors que Le Caire reprochait à Doha de soutenir les Frères musulmans, notamment via Al-Jazira, dont les antennes arabophones ont dénoncé l'éviction de M. Morsi et la sanglante répression qui s'est abattue sur ses partisans.En ce début d'année, les journalistes espéraient bénéficier d'une amélioration des échanges entre Le Caire et Doha qui ont multiplié les signes de réconciliation. Le 20 décembre, après la visite inédite au Caire d'un émissaire de l'émir du Qatar, l'Egypte se réjouissait d'une « nouvelle ère » et Doha exprimait son « soutien total » au gouvernement de M. Sissi. Deux jours plus tard, Al-Jazira annonçait la fermeture surprise de son antenne égyptienne. 01.01.2015 à 03h04 • Mis à jour le01.01.2015 à 03h08 Trois jours après la proposition d'ouverture de « pourparlers » formulée par la Corée du Sud, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a affirmé qu'il n'avait « pas de raison » de refuser cette main tendue.« Si les autorités sud-coréennes veulent sincèrement améliorer les relations entre la Corée du Nord et du Sud par le dialogue, nous pouvons reprendre les rencontres à haut niveau qui ont été suspendues », a-t-il déclaré dans son discours de nouvelle année, diffusé jeudi 1er janvier par les médias d'Etat nord-coréens.Lundi, Ryoo Kuhl-jae, ministre sud-coréen de l'unification chargé des affaires nord-coréennes, s'était dit prêt à rencontrer des représentants du pays voisin, pour des discussions portant sur la question de la réunion des familles séparées par la guerre ou encore des événements qui marqueront le 70e anniversaire de la division de la péninsule, à la fin de la seconde guerre mondiale, en 1945.CONDITIONSKim Jong-un a cependant posé une condition à ce que de tels échanges se tiennent, affirmant que :« Si l'atmosphère et l'environnement sont là, il n'y a pas de raison de ne pas tenir un sommet à haut niveau (avec la Corée du Sud). »En octobre, des incidents frontaliers avaient empêché la reprise des pourparlers, et la situation entre les deux Etats avait empiré par la suite, le Nord exigeant du Sud de faire cesser les lâcher de tracts hostiles à son régime envoyés par des activistes sud-coréens.La dernière discussion entre les deux Corées remonte au mois de février. Elle avait permis la réunion de familles, mais le dialogue avait été ensuite interrompu en raison d'un regain de tension militaire. 31.12.2014 à 22h51 • Mis à jour le01.01.2015 à 09h46 Au moins 36 personnes sont mortes et 47 ont été blessées dans une bousculade lors des célébrations du Nouvel An sur le Bund, célèbre boulevard de la ville de Shanghaï, a annoncé, mercredi 31 décembre, CCTV America, chaîne officielle du gouvernement chinois, sur son site Internet.La bousculade s'est produite peu avant minuit, alors que le quartier du Bund était bondé, de nombreuses personnes s'y étant rassemblées pour fêter l'arrivée de la nouvelle année, selon le communiqué du gouvernement local. Selon le portail Sina News, cité par CCTV America, c'est le rassemblement en masse de la foule sur la place Chen Yi, sur le Bund, qui a conduit à la bousculade. Un lancer de faux dollars depuis un immeuble pourrait avoir provoqué la bousculade d'après la presse locale.Selon un média local, des (faux) dollars ont été lancés depuis un immeuble du Bund, provoquant la bousculade http://t.co/fhbMq1rFwe— BOUGON 卜光 (@Francois_Bougon)require(["twitter/widgets"]);Le président chinois, Xi Jinping, et le premier ministre, Li Keqiang, ont ordonné que tout soit fait pour venir en aide aux blessés, selon les médias officiels.DE PLUS EN PLUS CÉLÉBRÉ La célébration du Nouvel An n'a eu de cesse de gagner en popularité ces trois dernières années, attirant l'an passé environ 300 000 personnes dépassant largement les prévisions des autorités de la ville, selon  le journal.Les autorités qui redoutaient les débordements avaient d'ailleurs annoncé avoir renoncé au compte à rebours indiquant les douze coups de minuit à l'aide de rayons laser en 3D sur le Bund par crainte d'incidents causés par une foule trop nombreuse, avait rapporté le quotidien de Shanghaï la semaine dernière. 31.12.2014 à 21h31 Le président italien, Giorgio Napolitano, a annoncé, mercredi 31 décembre, son intention de quitter prochainement ses fonctions, laissant le chef du gouvernement, Matteo Renzi, face à la situation politique la plus difficile depuis son arrivée au pouvoir, il y a dix mois.Lire (édition abonnés) : Le président Napolitano fait ses adieux aux Italiens« Je suis sur le point de démissionner, démissionner comme la Constitution le permet », a déclaré le chef de l'Etat, qui est âgé de 89 ans, lors de ses vœux pour la nouvelle année, retransmis à la télévision. Il a expliqué que son âge rendait l'exercice de sa tâche de plus en plus difficile.Cette annonce était largement attendue. Matteo Renzi va devoir aider à la recherche d'un candidat. Le président du Conseil doit prouver sa capacité à faire adopter ses réformes économiques et les modifications qu'il veut faire apporter à la Constitution et au système électoral.Lire aussi la note de blog : En Italie, Giorgio Napolitano prépare ses valises Michaël Szadkowski Park Sang-hak, un Nord-Coréen qui a réussi à s'échapper de son pays et vit désormais à Séoul, a trouvé de quoi constituer de nouveaux colis à envoyer vers Pyongyang dans des ballons gonflés à l'hélium. Après plusieurs années, cet activiste, membre de l'association Fighters for a Free North Korea, aurait déjà réussi à envoyer par voie aérienne dix millions de messages de propagande contre le régime communiste. Les prochains paquets devraient contenir cent mille copies du film The Interview, sur DVD et clés USB.La comédie de Seth Rogen, sortie en ligne le 25 décembre aux Etats-Unis, s'est retrouvée ces dernières semaines au centre de l'attention après le piratage de Sony Pictures à la fin de novembre. La Corée du Nord a été désignée coupable par le FBI de cette cyberattaque : il pourrait s'agir, même si des doutes subsistent, des représailles promises dès juin par Pyongyang contre Sony Pictures pour avoir produit et distribué un film parodiant férocement le régime de Kim Jong-un.« FORMIDABLEMENT MENAÇANT »Les tentatives d'acheminer The Interview en Corée du Nord par ballon sont prévues pour janvier, selon l'agence Associated Press. Les copies auront été avant cela sous-titrées en coréen par la Human Right Foundation, organisation sise à New York, qui finance l'opération, avec l'aide notamment d'une campagne participative lancée sur Indiegogo.Le fondateur de la Human Right Foundation (HRF) a expliqué avoir déjà largué dans le pays des copies de Braveheart, de Battlestar Galactica et de Desperate Housewives ou des films avec Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger. Il entend poursuivre ces opérations avec The Interview, en envoyant des copies avec les ballons de Park Sang-hak, ou en les envoyant le long de la frontière avec la Corée du Sud.Selon le fondateur de la HRF :« Les Nord-Coréens ont un immense appétit de connaissances et d'informations sur le monde extérieur. Ils risquent leur vie pour regarder des films hollywoodiens. Et « The Interview » est formidablement menaçant pour la dynastie des Kim. Ils ne peuvent pas supporter quelque chose qui les décrit autrement que comme des dieux. Ce film détruit ce récit. »OPÉRATION PÉRILLEUSELe succès de l'opération dépend néanmoins de plusieurs facteurs. Tout d'abord, que les ballons traversent effectivement la frontière et que les colis y arrivent intacts : la Corée du Nord a déjà tenté de détruire à coup d'artillerie de tels colis aériens, ce qui a, en octobre, conduit à des échanges de tirs entre les forces nord-coréennes et sud-coréennes, conduisant d'ailleurs les habitants frontaliers à tenter d'empêcher de futurs envois de ballons.Il faut en outre que les Nord-Coréens puissent techniquement lire les films, même si de plus en plus de lecteurs DVD portables au prix modique circuleraient dans le pays. Enfin, il faudrait également qu'ils puissent le faire sans être dénoncés aux autorités. « Seules quelques personnes osent regarder des films américains ou sud-coréens, écrivait en 2013 une dissidente. Si quelqu'un est pris en train de regarder des films venant de ces pays, il y a des conséquences. Ceux qui regardent ces films interdits peuvent être envoyés en prison ou en camp disciplinaire. » Michaël Szadkowskijournaliste à PixelsSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.12.2014 à 19h15 L'Etat du Maryland, dans l'est des Etats-Unis, qui a aboli la peine capitale il y a un an et demi, a décidé d'épargner ses quatre derniers condamnés à mort et de commuer leur peine en prison à perpétuité, a annoncé mercredi 31 décembre son gouverneur.Voir notre reportage interactif : Voix d'outretombe : les derniers mots de condamnés à mort exécutés au TexasEn mai 2013, le Maryland était devenu le dix-huitième Etat américain à abolir la peine de mort (sur cinquante), mais il restait quatre hommes dans le couloir de la mort, dont le sort n'avait pas été tranché. Après avoir rencontré les familles des victimes des quatre condamnés, le gouverneur démocrate Martin O'Malley a dit son espoir que sa décision leur « permette de tourner la page ». Le responsable politique était déjà à l'origine de la promulgation de la loi qui abolit la peine de mort, qu'il juge « intrinsèquement injuste ».35 EXÉCUTIONS EN 2014Vingt-neuf Etats et la capitale fédérale ont aboli le châtiment suprême ou ne l'utilisent plus, et le nombre d'exécutions a poursuivi sa baisse en 2014. Les Etats-Unis ont procédé à trente-cinq exécutions cette année, le chiffre le plus bas depuis vingt ans, selon le bilan annuel du Centre d'information sur la peine capitale (DPIC). Trois Etats à eux seuls ont procédé à 80 % des exécutions : le Missouri, le Texas et la Floride.Lire aussi : Le nombre des exécutions au plus bas aux Etats-Unis depuis 1994Mais l'année a été marquée par des exécutions particulièrement pénibles, avec des injections létales fonctionnant mal dans l'Ohio, l'Oklahoma ou l'Arizona. Ces exécutions, visiblement accompagnées de souffrances, ont provoqué un tollé et contribué, selon le DPIC, à faire reculer la peine de mort : il n'y a eu que soixante-douze condamnations à la peine capitale prononcées dans l'année, un plus bas en quarante ans.Lire aussi : Aux Etats-Unis, les méthodes opaques autour de la peine de mort Philippe Bernard (Londres, correspondant) Un couple exemplaire – Kate et William -, un bébé royal – le petit George – et un ventre de duchesse qui s’arrondit à nouveau. Alors que les Windsor ont quitté la rubrique des scandales et reconquis leur popularité, la photo du prince Andrew en chemise ouverte serrant de près une adolescente au nombril à l’air, va-t-elle, faire replonger la famille royale dans une nouvelle annus horribilis ?Les accusations d’abus sexuels sur mineures portées par la jeune femme, âgée de 17 ans au moment des faits, à l’encontre du duc d’York devant un tribunal de Floride, ont fait la « une » de tous les journaux britannique ce week-end, et alimenté d’innombrables pages racoleuses dans les tabloïds. « Andrew : non, je n’ai pas eu de relation sexuelle avec cette fille », a élégamment tiré le Mail on Sunday à côté de la photo en question, qui date de 2001 et suggère tout le contraire.Le palais de Buckingham prend la paroleVigoureusement démenties par le palais de Buckingham, les turpitudes prêtées à Randy Andy (« Andy le tombeur »), cinquième dans l’ordre de succession pour le trône britannique, ont un tel retentissement médiatique qu’elles entachent à nouveau l’image de la monarchie. Pareille situation, confirme Peter Hunt, spécialiste de la famille royale à la BBC, « pourrait sérieusement porter préjudice au prince Andrew et à l’institution qu’il représente ».L’affaire avait déjà été évoquée il y a quelques années lorsque la jeune femme, que le Mail on Sunday nomme Virginia Roberts, employée par le milliardaire américain Jeffrey Epstein comme  « prostituée » selon ses dires, avait affirmé avoir rencontré à trois reprises le prince Andrew. Mais cette fois, c’est une plainte déposée devant un tribunal de Palm Beach (Floride) qui le prétend : cette femme « a été forcée à avoir des relations sexuelles avec ce prince quand elle était mineure » à Londres, à New York et sur une île des Caraïbes dont Jeffrey Epstein est propriétaire, entre 1999 et 2002.Alors qu’Andrew, aujourd’hui âgé de 54 ans, n’est pas partie dans ce dossier, Buckingham, fait rarissime, a formellement démenti ces allégations à deux reprises. « Toute allégation selon laquelle des actes inconvenants ont été commis avec une mineure est catégoriquement fausse », assurait un premier communiqué publié le 2 janvier. Le palais a récidivé le lendemain, tranchant avec le silence glacé de rigueur en pareil cas. Buckingham « nie catégoriquement que le duc d’York ait eu une quelconque forme de contact ou relation sexuelle » avec la femme en question. L’affaire a même gâché les vacances aux sports d’hiver de l’intéressé, qui est rentré dimanche de Suisse.Le réseau EpsteinJusqu’en juillet 2011, Andrew, Albert, Christian Mounbatten-Windsor, duc d’York exerçait les fonctions de représentant spécial du gouvernement britannique pour le commerce international, utilisant l’image de marque de la monarchie à des fins de promotion du « made in Britain ». Mais l’ancien officier de la Royal Navy avait dû alors démissionner, cerné par de multiples scandales, dont la corruption de son ex-femme Sarah Ferguson, qui monnayait l’accès au prince à des hommes d’affaires louches, ses liens avec les fils des dictateurs Ben Ali et Kadhafi, et surtout sa proximité avec le banquier américain Jeffrey Epstein, condamné à dix-huit mois de prison en 2008 pour l’exploitation de prostituées mineures.Ce dernier dossier rebondit aujourd’hui, car les avocats des jeunes femmes contestent l’accord secret passé entre M. Epstein et la justice américaine. En juillet, ils ont obtenu en justice la communication de documents qui leur avaient été cachés. Selon leur nouvelle plainte, déposée au nom de deux victimes supplémentaires, M. Epstein aurait fourni des jeunes filles à toutes sortes de « personnalités bien introduites politiquement et financièrement puissantes », notamment « des présidents étrangers, un premier ministre connu et d’autres dirigeants mondiaux », afin de s'« attirer leurs bonnes grâces » et éventuellement de « les faire chanter ».Interrogé par la BBC, Alan Dershowitz, professeur de droit à Harvard et conseil de Jeffrey Epstein, lui aussi mis en cause, a accusé l’accusatrice du prince Andrew d’« inventer des histoires » pour mettre en cause des célébrités. « Ce type de réaction agressive explique pourquoi les victimes d’abus sexuels gardent le silence, a répliqué la jeune femme dans une lettre au Guardian. Aucune intimidation ne me fera retourner au silence ». Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.01.2015 à 17h22 • Mis à jour le05.01.2015 à 17h25 Deux Américains d'origine gambienne ont été inculpés, lundi 5 janvier, par la justice américaine pour complot, après le coup d'Etat manqué en Gambie mené fin décembre, a annoncé le ministère de la justice.Cherno Njie, 57 ans, et Papa Faal, 46 ans, qui possèdent également la nationalité gambienne, avaient été placés en détention pour leur participation présumée dans l'attaque du palais présidentiel, à Banjul, la capitale du pays. Ils doivent comparaître lundi respectivement à Baltimore, dans le Maryland, et à Minneapolis, dans le Minnesota, pour complot de violation du traité de neutralité.FUITE AUX ÉTATS-UNISSelon l'acte d'accusation, les deux hommes ont préparé l'attaque avec l'objectif de renverser le président de la Gambie, Yahya Jammeh, et d'installer l'un d'entre eux, Cherno Njie, comme dirigeant par intérim du nouveau régime.Mais le putsch du 30 décembre a fait long feu : les forces de sécurité loyales au président ont repoussé l'attaque du palais présidentiel, mené par Papa Faal et une dizaine d'autres assaillants. Cherno Njie se tenait à l'écart dans l'attente de prendre le pouvoir, en cas de réussite de l'assaut. Les deux hommes sont ensuite parvenus à prendre la fuite et à regagner les Etats-Unis, où ils ont été arrêtés.MM. Njie et Faal sont également poursuivis pour possession d'armes à feu dans le but de commettre un acte de violence. Ils avaient acquis ces armes, des munitions et toutes sortes d'équipements aux Etats-Unis, d'août à octobre, et les avaient envoyés en Gambie pour les utiliser dans leur tentative de coup d'Etat.DES « TERRORISTES SOUTENUS PAR DES PUISSANCES » Le président — arrivé lui-même au pouvoir par un coup d'Etat il y a vingt ans, et qui dirige, depuis, la Gambie d'une main de fer — était hors du pays lors de la tentative d'assaut de son palais.Il a immédiatement exclu un putsch militaire et a accusé un « groupe de terroristes soutenus par des puissances qu['il] ne voudrai[t] pas nommer », « des dissidents basés aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni », d'être à l'origine de l'attaque. Maryline Baumard On l’appellera Radwan. Le 31 décembre à 3 h 30 du matin, cet homme de moins de 40 ans, teint hâlé, visage exténué, est descendu du cargo Blue Sky à Gallipoli, dans le sud de l’Italie, avec son épouse enceinte. Depuis, le migrant Syrien s’est reposé dans une école, un centre d’hébergement avant de prendre le train pour remonter l’Europe. En trois jours, il a quitté les frontières de l’Italie.Aujourd’hui, Radwan continue sa route vers le nord avec, en Italie, un ange gardien du nom de Tommaso Tomaiuolo qui veille sur lui. L’amitié entre ces deux hommes a commencé le 31 décembre au travers d’une grille de cour d’école. Celle de l’établissement de Gallipoli où Radwan avait été emmené pour se reposer après que son cargo – abandonné par son capitaine – eut été ramené dans le port.Comme ses voisins et ses amis, Tommaso s’apprêtait à fêter tranquillement le réveillon de la Saint-Sylvestre dans les Pouilles quand le Blue Sky a fait irruption dans sa vie. Depuis l’arrivée de ce cargo et de ses 768 migrants, dans le port de sa petite ville, le jeune quadragénaire est comme happé dans un tourbillon fou. « Je n’oublierai jamais les rencontres que j’ai faites depuis le 31 décembre, ni les regards. Ils ont changé mon regard sur la vie », raconte ce créateur de sites Internet qui travaille pour une petite société italienne et habite à Alezio, à 5 kilomètres de Gallipoli, dans les Pouilles.«  Je voulais être utile » Dès qu’il apprend que le navire vogue sans capitaine, en direction des côtes de son pays, il twitte heure par heure le sauvetage et alimente son compte Facebook. Dès les premières heures du jour, levé tôt, il file au port.« Un navire vide c’est bien… Mais ce n’était pas mon but ! , raconte-t-il, je voulais être utile. » Tommaso pressent que la couche de rouille du cargo cache bien des drames humains. Comme il ne décroche pas des radios locales, il apprend tout de suite dans quelles écoles de la ville ont été installés les migrants, afin qu’ils puissent se reposer. « Le maire a eu six heures pour réagir et trouver des solutions. Juste le temps du sauvetage du navire », ajoute Tommaso.L’homme file vers les centres ouverts, comme beaucoup d’autres citoyens de cette zone pauvre, touchée de plein fouet par le chômage, mais prêts là à toutes les générosités. « Durant la soirée du 30 décembre, entre 21 heures – heure à laquelle on a appris que le bateau fantôme se dirigeait vers nos côtes – et son arrivée, 70 bénévoles de la protection civile se sont mobilisés, aux côtés de ceux de la Croix Rouge et de beaucoup de simples citoyens comme moi », explique-t-il.Quand Tommaso Tomaiuolo arrive dans une des écoles d’accueil, des hommes sont là derrière les grilles. « A un premier, je demande ce dont il a besoin, il me montre timidement mon téléphone mobile que je tenais à la main et comme je lui passe, il semble douter qu’il puisse vraiment appeler à l’étranger. » L’homme joint la Turquie, parle quelques minutes et rend à Tommaso son smartphone « avec un sourire que je n’oublierai jamais ». Tous deux fument ensemble une cigarette. Tommaso lui pose quelques questions.Quand l’ingénieur revient à l’école, l’après-midi, il trouve un autre Syrien à la place du premier. C’est Radwan. Son épouse se repose de ce voyage dans des conditions effroyables. Les deux hommes sympathisent, partagent quelques cigarettes. « Radwan a quitté la Syrie, il y a un an et vit depuis en Turquie. Là, il a dû une nouvelle fois refaire ses bagages, parce qu’en Turquie il n’a trouvé aucun travail », rappelle l’Italien. Tommaso Tomaiuolo, qui ne veut pas se mettre en scène, reconnaît du bout des lèvres qu’il a aidé financièrement cet homme à partir vers le nord et à charger son téléphone portable. Il lui a aussi donné deux livres et deux crayons. Radwan n’est pas « pauvre », mais il vient tout de même de débourser 14 000 euros pour payer son passage et celui de son épouse et il ne sait pas quand son périple s’arrêtera…Pour les épisodes précédents, les photos prises par l’Italien parlent d’elles-mêmes. « Comme nous n’avions pas de connexion Internet, j’ai photographié avec mon téléphone l’intérieur de la cale du Blue Sky. Et franchement, cela m’a bouleversé de voir comment ces gens avaient été traités », raconte Tommaso.« Rester en Syrie pour y mourir ou partir »La discussion s’installe entre les deux hommes et Radwan raconte comment il lui a fallu prendre un petit bateau de pêche pour rejoindre le cargo qui mouillait dans les eaux internationales au large du port turc de Mersin. « Comme il avait un très bon anglais, pour avoir vécu quelque temps en Grande-Bretagne, nous avons pu parler longuement. Pour Radwan, la question syrienne n’est pas un problème que doit gérer l’Italie ou l’Europe, mais c’est bien un sujet qui doit être pris en charge par les Nations unies. Je n’avais que deux options, m’a dit Radwan : rester en Syrie pour y mourir ou partir », rapporte l’Italien.La discussion entre Radwan et Tommaso a été stoppée, ce 31 décembre par les cris de deux femmes. Toutes deux pleuraient l’arrestation par la police italienne de leur fils et frère Rani Ahmad Sarkas, soupçonné par les autorités d’être un des passeurs et d’avoir piloté le cargo.Dimanche 4 janvier, le quotidien italien La Republica racontait son audition par la police, traduite par l’AFP. « Ils m’ont promis 15 000 dollars [12 500 euros] et la possibilité de faire venir toute ma famille », a-t-il expliqué aux inspecteurs. Tommaso confirme que les deux femmes lui ont expliqué que treize autres membres de la famille se trouvaient sur le Blue Sky.Rani Ahmad Sarkas est un Syrien âgé de 36 ans. Des extraits de son audition, reproduits par le journal italien permettent de comprendre comment il a pris la barre du navire. « Je suis arrivé en Turquie par avion depuis le Liban où j’étais réfugié. Là, j’ai été contacté par une connaissance qui savait que j’étais capitaine de navire », ajoute-t-il. Les deux hommes se rencontrent à Istanbul, font affaire. Rani Sarkas embarque alors avec trois autres hommes sur le Blue Sky, battant pavillon moldave, à destination de Mersin, port turc situé près la côte syrienne. Le cargo reste deux jours, ancré au large, dans l’attente de sa « cargaison ». Le troisième jour, un bateau a emmené un premier groupe de 30 personnes sur le Blue Sky. Pendant quatre jours, la noria a continué et, le 25 décembre, ils ont largué les amarres avec 768 passagers à bord. « J’ai personnellement tracé la route pour l’Italie », a raconté le jeune homme aux enquêteurs. Après s’être abrité près des côtes grecques, pour éviter la tempête, il a repris sa route vers le sud de l’Italie. Il a ensuite abandonné la passerelle pour se réfugier dans la cale après avoir bloqué la barre et le moteur. Le navire a continué sa route à environ six nœuds (11 km/h) vers la terre. Sans intervention de la marine italienne, il se serait fracassé contre les rochers avec sa cargaison humaine.« La mère et la sœur du capitaine m’ont demandé si je pouvais les aider à trouver un avocat, mais aucune des deux n’a voulu que je les filme. Elles avaient peur de la mafia turque si un jour, elles retournent en Turquie », regrette Tommaso. Avant qu’il ne soit question de cela, les migrants sont montés dans un bus pour être mieux installés ailleurs en Italie. L’école a refermé ses portes pour se préparer au retour des élèves italiens ce lundi.« Le 31, j’ai surtout surveillé ma messagerie pour voir si Radwan m’avait écrit. J’ai eu le plaisir de découvrir que oui », ajoute-t-il. Le 1er janvier, Tommaso Tomaiuolo a refait le tour des écoles. La dernière était en train d’être évacuée. Gallipoli refermait la parenthèse du Blue Sky. « Pour moi, cela aura vraiment été une Saint-Sylvestre riche en tragédie et en émotion. Un de ces moments qui changent un regard sur la vie. Je n’oublierai jamais comment ma ville a su prendre soin des migrants. J’aime me rappeler cette photo du maire qui fait une partie de volley-ball avec quelques-uns d’entre eux. La vie est rude dans l’Italie du sud, très touchée par la crise, mais elle est belle. Nous avons des valeurs », conclut l’Italien avant de repartir à son quotidien d’informaticien.*Initialement, Tommaso Tomaiuolo ne souhaitait pas apparaître dans ce récit. « Je veux juste que cette tragédie soit connue. Je n’ai fait que ce que d’autres citoyens comme moi ont aussi fait pour ces gens. Par humanité », ajoute-t-il à l’issue d’un long entretien téléphonique. Convaincu que le lecteur de cet article a envie de le connaître, il a finalement accepté que son nom et ses actions figurent dans le récit de ce moment que dit-il, il « n’oubliera jamais ».Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.01.2015 à 14h15 • Mis à jour le05.01.2015 à 18h51 Ebranlé depuis plus d'un an par un vaste scandale de corruption et d'écoutes, le gouvernement islamo-conservateur du président de la république turque Recep Tayyip Erdogan continue sa contre-offensive. Lundi 5 janvier, quatre anciens ministres impliqués dans cette affaire ont échappé à la justice après qu'une commission parlementaire ait voté contre la transmission de leur dossier à la Cour suprême. Sans surprise, les neuf députés membres du parti de M. Erdogan, sur les 14 que comptait cette commission, se sont prononcés contre le renvoi devant la justice, selon le président de la commission, Hakki Koylu.Les quatre ex-ministres sont soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin d'un homme d'affaires d'origine iranienne, Reza Zarrab, pour faciliter un trafic illicite d'or avec l'Iran sous embargo lorqu'ils étaient ministres. Les trois premiers ont démissionné et le quatrième a été remercié à la faveur d'un remaniement ministériel d'urgence le 25 décembre 2013 pour répondre à ce scandale qui touchait l'ensemble du gouvernement turc, y compris M. Erdogan – alors premier ministre devenu président en août – et sa famille.Lire le décryptage : Ecoutes, purges, affaires : tout comprendre de la crise en TurquieCHASSE AUX SORCIÈRESLe camp Erdogan, qui a toujours nié les accusations et dénoncé un complot monté par ses anciens alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, a depuis lancé une vaste chasse aux sorcières contre son nouvel ennemi, qui fait désormais l'objet d'un mandat d'arrêt, et ses alliés supposés.Lire aussi (édition abonnés) : Mis en cause dans un scandale d'écoutes, Erdogan accuse le «lobby du prédicateur»La police et la justice, où M. Gülen compterait de nombreux soutiens, sont ainsi touchées par des purges sans précédent. Les personnes arrêtées sont accusées d'avoir participé à un vaste système d'écoutes illégales qui visait les hauts représentants de l'Etat, dont M. Erdogan, et dont des extraits diffusés sur les réseaux sociaux ont contribué à faire éclater le scandale de corruption.Depuis le mois de juillet, des dizaines de policiers ont été arrêtés au cours d'une longue série d'interpellations. Le dernier coup de filet s'est déroulé lundi 5 janvier, avec l'arrestation de 34 policiers dans huit villes du pays, d'après l'agence officielle Anatolie. Accusés d'avoir enregistré illégalement les conversations téléphoniques d'hommes d'affaires, politiciens et membres du gouvernement, ils sont également suspectés de contrefaçon de documents officiels et de violation de la vie privée.L'offensive du gouvernement d'Ahmet Davutoglu, successeur de M. Erdogan au poste de premier ministre depuis le mois d'août, s'est élargie le mois dernier avec une série d'arrestations dans les médias pro-Gülen, dont le principal journal turc, Zaman, et la chaîne de télévision Samanyolu, qui ont suscité les critiques de l'Union européenne. Un premier procès s'est ouvert vendredi pour juger 13 suspects accusés d'avoir installé des micros dans ses bureaux. Gilles Paris (Washington, correspondant) L'Etat américain vient de redéfinir le dress-code de ses élus. Baskets, décolletés plongeants, jeans… La liste des interdits tourne au ridicule. Qui osera défier Austin Knudsen ? Le 5 janvier débutera à Helena, capitale du Montana, une nouvelle législature qui a particulièrement inspiré le chef de la majorité républicaine. Ce dernier a préparé, en effet, un dress-code particulièrement restrictif, rendu public en décembre, qui lui a valu des moqueries bien au-delà des frontières du Big Sky State.Costume strict pour les hommes, longueur des jupes et profondeur des décolletés à surveiller pour les femmes : Austin Knudsen a manifestement décidé que le capitole du Montana, posé au début du xxe siècle sur un coin de prairie, méritait désormais une véritable étiquette.Les polaires interdites de séjourQu'on en juge : bannies les chaussures de tennis ou les sandales ! Proscrits les sweat-shirts et les vêtements assimilables à des « polaires ». Le septième et dernier point de cette liste d'interdits tombe comme un couperet : il n'y aura pas de tenues « casual Fridays or Saturdays » (vendredis ou samedis décontractés). Dans cet Etat réputé pour ses grands espaces, et qui compte plus de deux vaches par habitant, Austin Knudsen est même allé jusqu'à décréter hors la loi le port des jeans.Ce règlement a été tourné en ridicule par le blog de l'Etat, anonyme et généralement bien informé, Cowgirl, qui a passé en revue le trombinoscope du Sénat et de la Chambre des représentants du Montana pour constater, au vu de leurs photographies, que les élues républicaines étaient encore loin du compte.« Tongs, tennis, sandales ouvertes ne sont pas considérées comme appropriées » ; « Les femmes decraient être attentives à la longueur de leur jupe et à l'échancrure de leur décolleté » ;   « Le jean ou le denim n'est pas autorisé.  Les vêtements en polaire et jersey (sweatshirt) ne sont pas considérés comme des tenues de travail normales »,  stipule le nouveau dress-code du Montana : Un rien embarrassé par la polémique (une élue démocrate a déploré que le dress-code ait été imposé sans la moindre discussion et a décelé, dans les dispositions visant les femmes, une once de sexisme), l'élu républicain s'est tout d'abord défaussé avec une élégance consommée sur une collaboratrice, expliquant que cette dernière lui avait soumis le document en question et qu'il l'avait signé sans trop y prêter d'attention. Il a ensuite avoué que le nouveau règlement était une copie conforme de celui en vigueur depuis 2012 dans un Etat voisin, le Wyoming (qui compte cependant moins de vaches par habitant que le Montana). A la lecture de ce règlement, on ne peut que constater de grandes similitudes, mais aussi déplorer de graves lacunes.Contrairement à Austin Knudsen, le Wyoming a pris position sur la délicate question des robes à manches courtes, autorisées si celles qui les portent ont eu la présence d'esprit de revêtir également une veste à manches longues. Il en va de même avec les cravates à lacet façon cow-boy apprêté, admises à condition que leur bouton soit remonté jusqu'à la base du col de la chemise qu'elles sont censées égayer. Le Wyoming, dans sa grande bienveillance, n'a enfin pas banni les leggings, contrairement à la majorité républicaine du Montana.Comme nul n'est censé ignorer le règlement, celui-ci s'appliquera pendant les sessions non seulement aux élus, mais également à leurs conseillers et aux journalistes. Il faudra vérifier, dès le 5 janvier, si ces nouvelles règles seront respectées à la lettre et si les contrevenants devront aller se rhabiller.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.01.2015 à 12h49 • Mis à jour le05.01.2015 à 13h22 Cinq jours après la fin de la mission de combat de l'OTAN, les talibans ont revendiqué un attentat d'ampleur visant des étrangers à Kaboul lundi 5 janvier. L'attaque, qui ciblait la mission européenne de police en Afghanistan (Eupol), lundi 5 janvier à Kaboul, a fait un mort et cinq blessés parmi les civils afghans qui se trouvaient à proximité, a-t-on appris auprès de la police nationale et d'Eupol.« Nous pouvons confirmer qu'à 13 h 24, heure locale (9 h 24, heure de Paris), aujourd'hui (lundi), un véhicule de l'Eupol a été impliqué dans un attentat-suicide par un kamikaze en voiture, a indiqué Eupol dans un communiqué, affirmant qu'aucun membre de la mission n'avait été tué. La chef de la mission par intérim Pia Stjernvall se charge de l'incident, et une enquête va maintenant être diligentée en relation étroite avec la police nationale afghane. »LONGUE SÉRIE D'ATTAQUESLes talibans ont revendiqué l'attentat via le compte Twitter de leur porte-parole Zabihullah Mujahid. Une attaque similaire, dans le même quartier de Kaboul, également perpétrée par les insurgés talibans contre un véhicule diplomatique britannique, avait causé la mort de six personnes, dont un Britannique membre de l'équipe de sécurité de l'ambassade.Et Kaboul avait été le théâtre d'une longue série d'attentats à l'approche de la date du retrait des troupes de combat de l'OTAN en novembre et décembre. Ces attaques avaient visé notamment le centre culturel français, des maisons abritant des ressortissants étrangers ainsi que des cibles représentant le gouvernement afghan. La mission européenne de police en Afghanistan, qui a débuté en 2007, comporte 240 personnels étrangers et 187 locaux.Le dispositif résiduel de l'OTAN, de 12 500 hommes, comprend principalement des Américains, et un peu moins de Britanniques et d'Allemands. Il n'opérera qu'en arrière-garde des 335 000 soldats et policiers afghans qui sont désormais chargés de l'essentiel du combat contre l'insurrection des talibans.Lire sur Les Décodeurs : Retour en chiffres sur treize ans de présence occidentale en Afghanistan 05.01.2015 à 11h57 • Mis à jour le05.01.2015 à 15h17 Un navire pétrolier grec battant pavillon libérien a été pris pour cible alors qu'il était amarré dans le port libyen de Derna, ont indiqué les garde-côtes grecs lundi 5 janvier, faisant état de deux morts, dont un marin grec, parmi les membres de l'équipage. En fin de matinée, l'armée gouvernementale a confirmé avoir bombardé un pétrolier « suspect ».L'Araevo, propriété de l'armateur Aegean Shipping Management basé à Athènes, transportait 12 600 tonnes de brut et comptait 26 membres d'équipage à son bord. Les garde-côtes ont précisé que deux d'entre eux avaient été blessés.Bastion islamiste radical, la ville de Derna est un fief de milices djihadistes, dont certaines ont fait allégeance à l'Etat islamique.Outre la présence de djihadistes, la Libye est plongée depuis plusieurs mois dans le chaos en raison d'un confit opposant notamment les forces représentant deux gouvernements en concurrence :celui du premier ministre, Abdallah Al-Thinni, reconnu par la communauté internationale, qui a été contraint de se replier dans l'est du pays ;un groupe appelé « Aube de la Libye », qui s'est emparé de la capitale, Tripoli, et y a installé son propre gouvernement et son propre Parlement.Regarder le portfolio : En Libye, les terminaux pétroliers partent en fumée 05.01.2015 à 10h30 • Mis à jour le05.01.2015 à 10h39 Echaudée par un retentissant scandale sanitaire l'an dernier, la chaîne américaine de restauration rapide McDonald's a réagi immédiatement à l'annonce de la découverte par un client d'un morceau de plastique dans un nugget au poulet, samedi 3 janvier, dans un de ses établissements à Misawa, ville du nord du Japon.McDonald's a ordonné à ses quelque trois mille cent restaurants nippons de ne pas vendre de nuggets, en-cas très prisé dans l'archipel, provenant des mêmes chaînes de production d'une usine en Thaïlande. « Nous allons enquêter sur la façon dont cet impair a pu se produire », a annoncé une porte-parole de la filiale japonaise du groupe américain, alors que les médias nippons s'emparaient de ce nouveau déboire qui ternit encore l'image de la chaîne de restauration rapide.VIANDE PÉRIMÉECet incident survient alors que McDonald's vient de faire face à un manque de frites au Japon, à cause d'un mouvement social dans des ports des Etats-Unis, et qu'il ne s'est pas totalement remis d'un grave scandale de sécurité alimentaire en juillet 2014.Le groupe avait dû stopper l'importation et la vente dans l'archipel de tous les produits à base de poulet en provenance de Chine, à cause des mauvaises manières de Husi Food Company, une filiale du groupe américain OSI Group, située à Shanghaï, qui n'hésitait pas à utiliser de la viande périmée. C'est cette crise qui a poussé McDonald's à s'approvisionner auprès de sites de production de volaille de Thaïlande. 17.01.2015 à 14h35 • Mis à jour le17.01.2015 à 15h18 Deux Français liés à Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) ont été arrêtés au Yémen, a indiqué samedi 17 janvier un haut responsable de la sécurité. Les deux hommes sont actuellement interrogés, a-t-il ajouté, sans préciser si cette arrestation était liée aux attentats en France la semaine dernière.AQPA a revendiqué mercredi l'attentat contre Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts le 7 janvier à Paris. L'attaque a été commise par deux Français, les frères Saïd et Chérif Kouachi – tués deux jours plus tard – qui sont connus pour s'être entraînés avec le groupe au Yémen.Le groupe terroriste signait là son action terroriste la plus spectaculaire à l'international depuis son apparition officielle en 2009. AQPA, né de la fusion des branches saoudienne et yéménite d'Al-Qaida, est considéré par Washington comme le bras le plus dangereux du réseau extrémiste.Lire l'enquête (édition abonnés) : Les mille résurrections d’AQPALire aussi : Le Yémen : terre d’accueil pour les djihadistes étrangers d’Al-Qaida 17.01.2015 à 10h01 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h11 Après le démantèlement, jeudi 15 janvier, d'une cellule djihadiste qui planifiait des attentats, des militaires ont commencé, samedi, à prendre la relève de policiers pour surveiller des sites sensibles en Belgique, notamment à Anvers (dans le nord) où vit une importante communauté juive.« Le Comité ministériel restreint a décidé de mobiliser progressivement jusqu'à 300 militaires. Concrètement, ces soldats seront déployés à Bruxelles et Anvers. Ils pourront l'être aussi à Verviers (est) et dans d'autres endroits », ont annoncé les services du premier ministre Charles Michel.« Les militaires mobilisés seront armés et auront principalement pour tâche la surveillance de certains sites. Ils viendront en renfort des services de police », ont-il précisé.Lire notre décryptage : Ce que l'on sait de l'opération antiterroriste en BelgiqueUNE PREMIÈRE DEPUIS LES ANNÉES 1980Le gouvernement belge avait annoncé vendredi le déploiement rapide de l'armée sur certains sites, au lendemain d'un assaut à Verviers dans lequel deux djihadistes présumés prévoyant d'attaquer des policiers sont morts. L'appel à des militaires pour des opérations de maintien de l'ordre est une première en Belgique depuis une vague d'attentats commis dans les années 1980.Cette mesure, annoncée vendredi avec une dizaine d'autres pour prévenir la radicalisation et empêcher les candidats au djihad de rallier la Syrie ou l'Irak, est valable pour un mois renouvelable, et tant que le niveau d'alerte sera à 3 sur une échelle de 4, comme c'est le cas depuis jeudi soir.13 PERSONNES INTERPELLÉESLe maire d'Anvers avait immédiatement réclamé l'envoi de troupes dans sa ville, qui accueille une importante communauté juive orthodoxe, forte de 15 à 20 000 personnes. Samedi matin, les premiers soldats, lourdement armés, ont fait leur apparition dans le quartier juif de la ville, site considéré comme sensible dans le contexte des attentats déjoués, a rapporté la chaîne publique flamande VRT.La cellule démantelée en Belgique jeudi et vendredi était composée en partie de djihadistes partis combattre en Syrie. Ils étaient sur le point de « tuer des policiers sur la voie publique et dans des commissariats », selon le parquet fédéral. Treize personnes ont été interpellées en Belgique, dont cinq ont été inculpées pour « participation à un groupe terroriste ». Deux membres présumés de la cellule, des Belges qui voulaient fuir en Italie, ont été arrêtés en France.Lire le récit (abonnés) : Vaste opération antiterroriste en BelgiquePAS DE LIEN AVEC LES TERRORISTES FRANÇAISLe premier ministre français, Manuel Valls, a assuré vendredi que l'opération belge n'avait pas de lien avec l'enquête sur les attaques terroristes de la semaine passée à Paris. Jeudi, un habitant de Charleroi, en Belgique, avait été mis en examen pour « trafic d'armes » qui auraient pu servir aux attentats commis à Paris par Amedy Coulibaly. La piste d'un lien avec cette opération semble donc écartée.Lire (édition abonnés) : La piste belge pour l'arsenal de Coulibaly Corine Lesnes (San Francisco, correspondante) Le Department of motor vehicles (DMV) de Californie est surmené en ce début d’année. L’agence chargée de la réglementation de la conduite automobile est occupée sur deux fronts : les voitures sans chauffeur qui, à la suite de la Google Car, ne demandent qu’à envahir le réseau routier, et les chauffeurs sans permis, immigrants clandestins, bien établis quoique jamais régularisés.On ne saurait mieux illustrer les disparités dans cet Etat bipolaire. La Californie est à la fois la capitale de la high-tech et de la pauvreté (23,5 % de la population, soit le premier rang américain).Les voitures dites « autonomes » existent déjà. Certains les ont rencontrées dans leur rétroviseur, vision hallucinante s’il en est. Sept compagnies, dont Mercedes, BMW, Nissan and Tesla ont obtenu l’autorisation de tester leurs véhicules sur les routes ordinaires. Le DMV était censé publier des règles de conduite pour le 1er janvier mais il a pris du retard. Une nouvelle fois, la loi est dépassée par la technologie.Les sans papiers peuvent postuler au permisLe DMV, il est vrai, est pris d’assaut par les immigrants sans papiers, qui ont le droit depuis le début de l’année de postuler pour un permis de conduire sans avoir à justifier de leur entrée aux Etats-Unis. Tous les matins, les candidats font la queue devant « el DMV » (comme disent les Latinos), pressés d’en finir avec un système qui voyait leur véhicule mis en fourrière au moindre contrôle (avec une amende de 1 500 dollars pour le récupérer).Du 2 au 9 janvier, 113 200 demandes ont été enregistrées. Le DMV, qui a dû embaucher 900 agents supplémentaires, s’attend à délivrer 1,4 million de permis en trois ans. Le document est légèrement modifié. Il ne sera pas valide dans les autres Etats ni pour prendre l’avion.La Californie n’est pas le premier Etat à distribuer des permis aux clandestins. Huit autres ont pris une mesure similaire depuis 2013. Mais c’est le plus important : il compte à lui seul 23 % des étrangers en situation irrégulière aux Etats-Unis (2,45 millions). Surtout, c’est l’Etat qui a lancé le mouvement de ras-le-bol contre l’immigration dans les années 1990. Ce qui n’a pas été de bon augure pour les républicains locaux, qui ne s’en sont jamais remis. Encore aujourd’hui, les démocrates contrôlent tous les leviers de pouvoir.« Pendant que Washington tergiverse, la Californie va de l’avant », a lancé le gouverneur Jerry Brown alors que le Congrès fédéral – désormais à majorité républicaine – a relancé ses efforts pour empêcher la régularisation de 5 millions de sans-papiers ordonnée fin novembre 2014 par Barack Obama. S’il fallait, autrement dit, s’en remettre au Congrès sur l’immigration, autant attendre les voitures sans conducteur – et sans permis.Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.01.2015 à 04h14 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h33 Un mois après l'annonce d'un rapprochement historique entre La Havane et Washington, une délégation de parlementaires américains commence samedi 17 janvier une visite à Cuba pour explorer des pistes de coopération entre les deux pays.Lire aussi l'éditorial du « Monde » : Renouer avec Cuba, la décision lucide, courageuse et historique d'ObamaComposée de quatre sénateurs et deux représentants démocrates, elle restera sur place jusqu'à lundi. Elle sera conduite par le sénateur Patrick Leahy, selon un communiqué de la Section d'intérêts américains (SIA), qui gère les intérêts diplomatiques du pays sur l'île. « Il s'agit de la première mission du Congrès à Cuba depuis le changement de politique annoncé par le président le 17 décembre », affirme M. Leahy.« Cette fois, nous allons discuter de nos attentes et des attentes des Cubains pour la normalisation des relations. Nous voulons explorer des opportunités pour une meilleure coopération et encourager les autorités cubaines à aborder les sujets qui préoccupent les citoyens américains et leurs représentants au Congrès. »Le programme de la délégation comprend des réunions avec des fonctionnaires cubains, des représentants de la société civile – y compris des dissidents –, des responsables de la SIA et des ambassadeurs d'autres pays, dont le Mexique, l'Espagne, la Norvège et la Colombie.SOUTIEN DE LA MAJORITÉ DES AMÉRICAINSPatrick Leahy, sénateur du Vermont (nord-est), avait joué les intermédiaires l'année dernière pour que l'épouse de Gerardo Hernandez, un espion cubain alors détenu aux Etats-Unis, puisse être inséminée artificiellement. Le bébé issu de cette procédure est né le 6 janvier, vingt jours après la libération de son père dans le cadre du rapprochement entre les deux pays.Après dix-huit mois de négociations secrètes, Washington avait accepté mi-décembre de libérer trois espions cubains écroués depuis la fin des années 1990 aux Etats-Unis. De son côté, La Havane avait consenti à relâcher l'Américain Alan Gross, emprisonné depuis cinq ans à Cuba, ainsi qu'un agent cubain à la solde de Washington et 53 prisonniers politiques.Lire aussi : Six chiffres qui racontent CubaSelon un sondage de l'institut Pew Research*, rendu public vendredi, 63 % des Américains approuvent le rapprochement entre les deux pays, et les deux-tiers d'entre eux sont favorables à la levée de l'embargo économique contre l'île en vigueur depuis plus de cinquante ans. Seul un Américain sur trois (32 %) pense, en revanche, que le rétablissement des liens entre La Havane et Washington sera à même d'engendrer des changements politiques à Cuba.* Le sondage de Pew Research a été effectué auprès de 1 504 personnes et présente une marge d'erreur de plus ou moins 2,9 points. 16.01.2015 à 19h32 • Mis à jour le17.01.2015 à 14h10 Trois jours après sa publication, la « une » du dernier Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » continue de provoquer la colère dans le monde musulman. Plusieurs milliers de fidèles ont manifesté, vendredi 16 janvier, après la grande prière, à travers une dizaine de pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Les manifestations se poursuivaient samedi au Niger.La couverture du journal satirique avait suscité dès sa sortie mercredi de nombreuses critiques de gouvernements ou instances musulmanes en Egypte, à Jérusalem ou encore au Sénégal. La Tunisie, le Maroc et l'Algérie n'ont pas autorisé la diffusion de l'hebdomadaire.Lire le décryptage : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ?Violentes manifestations au NigerTrois églises ont été incendiées samedi à Niamey, où la contestation de la caricature de Mahomet publiée dans Charlie Hebdo s'étend dans plusieurs quartiers de la capitale, dont celui de la cathédrale après une première manifestation violente dans la matinée, selon un journaliste de l'Agence France-Presse présent sur place. Une centaine de policiers anti-émeute, munis de casques et de boucliers, protégeaient la cathédrale de Niamey, essuyant des jets de pierres de protestataires. La veille, une manifestation à Zinder, la deuxième ville du Niger, a terminé en affrontements au cours desquels trois civils et un policier ont été tués, et environ 45 personnes blessées. « Certains manifestants avaient des arcs et flèches, des gourdins, et ils en ont fait usage », selon un policier. Le ministre de l'intérieur nigérien a affirmé que certains manifestants « arboraient l'étendard de Boko Haram », alors qu'ils « attaquaient une église catholique ». Le centre culturel français de la ville avait également été incendié.Manifestation palestinienne à Jérusalem-Est« L'islam est une religion de paix » et « Mahomet sera toujours notre guide », pouvait-on lire sur des banderoles à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël. Le grand mufti Mohammad Hussein, qui dirigeait la prière à laquelle environ 35 000 personnes ont pris part, n'a pas évoqué Charlie Hebdo dans son prêche. Il avait dénoncé mercredi comme une « insulte » aux musulmans la « une » de l'hebdomadaire et condamné « le terrorisme sous toutes ses formes ».Dans la nuit, des inconnus ont également recouvert le mur d'enceinte du centre culturel français à Gaza d'inscriptions promettant « l'enfer » aux journalistes de Charlie Hebdo. Le centre est actuellement fermé après avoir été visé par deux explosions revendiquées par des islamistes et des policiers étaient positionnés samedi matin devant la porte du bâtiment. 2 500 manifestants dans la capitale jordanienneVendredi, le plus important rassemblement avait eu lieu à Amman, où 2 500 manifestants, membres des Frères musulmans et d'organisations de jeunesse, ont défilé sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire « l'atteinte au grand Prophète relève du terrorisme mondial ».Le roi Abdallah II, qui avait participé dimanche à la marche de Paris contre le « terrorisme », a depuis qualifié Charlie Hebdo d'« irresponsable et inconscient ».>> Lire aussi (abonnés) : Les invités embarrassants de la marcheDes milliers de personnes réunies à AlgerEntre 2 000 et 3 000 personnes, dont des femmes et des enfants, ont également manifesté vendredi à Alger à la suite d'appels sur les réseaux sociaux, relais d'une campagne de protestation lancée dès la publication de Charlie Hebdo mercredi.Lire le reportage : Manifestations à Alger contre « l'offense » faite au Prophète par « Charlie Hebdo »Plus d'un millier de manifestants à Dakar, le drapeau français brûléAu moins un millier de manifestants ont aussi protesté dans la capitale du Sénégal. Un drapeau français a été brûlé devant l'ambassade de France, dans le centre de Dakar. La police a lancé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule, qui criait « Allah akbar ! ». Des milliers de personnes à Bamako, au MaliAprès la grande prière du vendredi, des milliers de manifestants ont convergé vers le boulevard de l'Indépendance, à Bamako, point névralgique des manifestations politiques dans le centre de la capitale malienne. L'appel à manifester était venu de prédicateurs célèbres et du Haut Conseil islamique du Mali, principale organisation islamique de ce pays à 90 % musulman, et où la France s'est militairement engagée en 2013 pour chasser des groupes djihadistes liés à Al-Qaida.Des manifestations dans cinq villes du PakistanA Karachi, des heurts violents entre policiers et manifestants ont fait des blessés, dont un grave. Un photojournaliste qui travaille pour l'AFP a été atteint d'une balle dans un poumon, puis admis d'urgence dans un hôpital, où il a subi avec succès une intervention chirurgicale. Il serait « hors de danger dans l'immédiat », d'après l'hôpital.D'autres rassemblements avaient lieu à Islamabad, la capitale du pays, à Lahore, à Peshawar et à Multan, où un drapeau tricolore français a également été brûlé.Des centaines de musulmans rassemblés au SoudanA Khartoum, quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la grande prière, dont certains ont scandé : « Expulsez l'ambassadeur de France, victoire au prophète de Dieu ! ». Sur une banderole on pouvait lire : « Le gouvernement français doit présenter des excuses… ».Appel à des « manifestations pacifiques » au QatarAu Qatar, l'Union mondiale des oulémas, dirigée par le prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des « manifestations pacifiques » et a critiqué le « silence honteux » de la communauté internationale sur cette « insulte aux religions ». Les autorités du pays, qui avaient fermement dénoncé l'attentat contre Charlie Hebdo, ont « condamné la nouvelle publication de dessins offensants pour le prophète Mahomet », publication qui, selon elles, alimente « la haine et la colère ».Un « acte irresponsable », selon le président afghanEnfin le président afghan Ashraf Ghani – qui avait condamné la semaine dernière l'attaque contre Charlie Hebdo – s'est joint aux protestations, qualifiant la nouvelle caricature d'acte « insultant » et « irresponsable » et estimant que « la liberté d'expression devrait être utilisée de façon constructive afin de promouvoir la coexistence pacifique entre les religions ».Les talibans afghans avaient aussi dénoncé jeudi la nouvelle publication, qui selon eux provoque « les sensibilités de près d'un milliard et demi de musulmans ». 16.01.2015 à 16h11 • Mis à jour le16.01.2015 à 17h52 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Même Goldman Sachs n’échappe pas à la tendance. La plus prestigieuse des banques d’affaire américaine a annoncé, vendredi 16 janvier, une baisse de 7,1 % de son bénéfice net au quatrième trimestre. Comme JP Morgan, Bank of America ou Citigroup, qui ont également publié cette semaine des résultats en baisse, Goldman Sachs est confronté à un environnement de moins en moins favorable.Même si la banque d’affaires a réalisé un chiffre d’affaires meilleur que ce qu’attendaient les analystes, celui-ci a baissé de 12 % au quatrième trimestre, à 7,69 milliards de dollars pour un bénéfice net de 2,1 milliards, contre 2,33 milliards sur la même période de l’année précédente.Cette chute s’explique par le fait que Goldman Sachs est beaucoup plus dépendante des activités de courtage que ses principales concurrentes. Or cette activité a été très chahutée. « Nous sommes satisfaits de nos performances au cours d’une année caractérisée par des conditions financières et une économie mondiale mitigées », s’est toutefois félicité Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs.L’impact de cet environnement compliqué est notamment visible dans le « fixed income », c’est-à-dire les placements obligataires, les marchés des devises et celui des matières premières. Dans ce domaine la chute du chiffre d’affaires atteint 29 % à 1,22 milliard.Pour Citigroup et Bank of America la baisse a atteint respectivement 16 % et 30 %, tandis que JP Morgan a publié un résultat dans cette activité en chute de 14 % à périmètre comparable.L’une des explications réside dans le parcours erratique qu’ont connu ces métiers au cours de 2014. Dans un premier temps, les marchés ont fait preuve d’un calme inédit avec très peu d’activité et donc très peu d’opportunité de revenus, tandis que la fin de l’année a été secouée par une très forte volatilité, notamment en raison de la chute brutale des cours du pétrole.Recul des bonusLa banque d’investissement n’a pas été non plus épargnée. Pour Goldman Sachs, cette activité a plongé de 16 % par rapport au quatrième trimestre de 2013 à 1,4 milliard. La banque d’affaire a compensé en réduisant ses coûts opérationnels de 14 %. Ceux-ci ont même baissé de 12 % par rapport au dernier trimestre.Les bonus versés au management et aux employés en ont subi les conséquences : leur montant total a baissé de 11 % à un peu moins de 2 milliards. Il s’agit du premier poste de dépenses pour Goldman Sachs, qui, en proportion du chiffre d’affaires est cependant resté étal à 36,8 %.Même si Goldman Sachs est parvenu à limiter les dégâts, les résultats des banques américaines montrent une nette dégradation de leur rentabilité. Sur l’ensemble de 2014, le bénéfice net de Bank of America a plongé de 58 %, celui de Citigroup de 47 %.Outre les mauvaises performances dans le courtage, les deux établissements pâtissent de la faiblesse des taux d’intérêt qui pèse sur la rentabilité de leur activité de prêt.Wells Fargo, la première capitalisation bancaire américaine, moins exposée au courtage, s’en est mieux tirée. Le groupe a dégagé en 2014 un bénéfice net de 23,1 milliards de dollars, en hausse de 5 %.Même si la performance a faibli au quatrième trimestre, le bénéfice net reste en hausse de 2 % à 5,7 milliards de dollars. La rentabilité progresse ainsi pour le 18e trimestre successif, selon la société d’études FactSet.Le nouvel environnement réglementaire pointé du doigtLa rentabilité des banques américaines a été également bousculée par les amendes astronomiques qu’elles ont dû payer pour éviter des poursuites judiciaires. Bank of America a ainsi dû verser plus de 16 milliards aux autorités américaines pour sa responsabilité dans la crise des subprimes.Le bénéfice de Citigroup au quatrième trimestre ne s’est élevé qu’à 350 millions de dollars contre 2,4 milliards sur la même période de l’année précédente après avoir provisionné 3,5 milliards au titre des amendes dont elle fait l’objet et des charges de réduction de coûts.Quant à JP Morgan, la pénalité qui lui a été infligée dans le scandale sur les manipulations des marchés des devises a lourdement pesé sur ses résultats. La banque a accepté en novembre de payer 1 milliard de dollars aux autorités britanniques et américaines.Par ailleurs, le groupe a payé 100 millions supplémentaires dans un accord à l’amiable avec des investisseurs institutionnels. JP Morgan reste sous la menace de poursuites criminelles sur ce dossier.Mercredi, lors d’une conférence avec les analystes, Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan s’est plaint également du nouveau contexte de régulation, qui oblige les banques à réduire leur exposition aux activités les plus spéculatives, qui étaient jusqu’à présent les plus lucratives.« Les banques sont attaquées », a-t-il lancé, ce qui n’a pas empêché JP Morgan de publier un bénéfice net record de 21,8 milliards de dollars. Même sur la défensive, les banques ont visiblement encore de la ressource.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 11h09 • Mis à jour le16.01.2015 à 18h26 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2evdmw"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2evdmw", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Des heurts violents entre policiers et environ 200 manifestants anti-Charlie Hebdo ont fait des blessés, dont un grave, vendredi 16 janvier devant le consulat de France à Karachi, au Pakistan.Le photo-reporter Asif Hassan, qui travaille pour l'Agence France-Presse a été atteint d'une balle dans le poumon, puis transporté d'urgence à l'hôpital, où il a subi avec succès une intervention chirurgicale. « La balle est entrée dans son poumon et est ressortie par sa poitrine. Il est hors de danger dans l'immédiat », a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'hôpital de la métropole pakistanaise. On ne sait pas pour le moment d'où provenait le tir.Selon les médias locaux, la police a effectué des tirs de sommation et utilisé des canons à eau, des gaz lacrymogènes et tiré en l'air pour disperser les manifestants.Pics: Water Canon targeting protesters near French Consulate #Karachi http://t.co/gwfuZhsmuZ— JAAG TV (@JaagAlerts)require(["twitter/widgets"]);Les heurts ont commencé en milieu d'après-midi après la traditionnelle prière du vendredi. Les grands partis islamistes du pays avaient appelé à des manifestations nationales pour dénoncer la publication d'une nouvelle caricature du prophète Mahomet en  « une » du journal satirique français.Après les échauffourées, les manifestants, principalement des étudiants de l'université locale, se sont repliés dans un quartier voisin et refusaient de quitter les lieux. La police a bloqué les rues menant au consulat.La dernière « une » de Charlie HebdoDes manifestations avaient aussi lieu vendredi à Islamabad, Lahore, Peshawar, et Multan où un drapeau tricolore français a été brûlé.Dès mercredi, le premier numéro de Charlie Hebdo depuis qu'une partie de son équipe a été assassinée, le 7 janvier, par deux terroristes islamistes, a fait réagir dans le monde musulman, plusieurs Etats dénonçant une « insulte » à l'égard de l'islam.UNE NOUVELLE CARICATURE « BLASPHÉMATOIRE »Le Pakistan, deuxième pays musulman du monde avec près de 200 millions d'habitants, avait officiellement condamné cette attaque en France qui ne cesse de défrayer la chronique au « pays des purs ».Mais au cours des derniers jours, le ton s'est durci, notamment avec une manifestation à Peshawar – théâtre le mois dernier d'un attentat taliban ayant fait 150 morts – en hommage aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo.Les parlementaires pakistanais ont dénoncé à l'unanimité jeudi la publication d'une nouvelle caricature « blasphématoire » de Mahomet en « une » de Charlie Hebdo sur fond de manifestations contre le journal satirique français, cible d'une attaque islamiste ayant fait 12 morts.« Les médias qui ont publié ces croquis devraient être interdits, toutes les copies devraient être confisquées et brûlées », avait déclaré le ministre fédéral des affaires religieuses, Sardar Yousaf.« Les pays occidentaux et leur société civile devraient identifier ces éléments qui fomentent une conspiration au nom de la liberté de la presse... et veulent créer un choc des civilisations » en « jouant sur les sentiments des musulmans », avait renchéri le ministre des transports, Saad Rafique.En 2012, le Pakistan avait connu des manifestations sanglantes dans la foulée de la publication de caricatures de Mahomet et surtout de la diffusion du film américain amateur L'Innocence des musulmans, grossier brûlot anti-islam. Les autorités avaient, à cette occasion, bloqué l'accès au site de partage de vidéos YouTube sans jamais le rétablir. Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant) Il s’était retiré lundi chez lui, au calme, dans sa maison sise face à la mer, sur cette côte luxuriante de la région de Florianopolis, capitale dorée de l’Etat de Santa Catarina. Pour une raison encore inconnue, Ricardo dos Santos s’est retrouvé en fin de journée devant sa porte, nez à nez avec un officier de la police militaire en civil, qui l’abat à bout portant de plusieurs balles. Atteint au ventre et à la poitrine, le jeune homme est transporté par hélicoptère au centre hospitalier de la ville de Sao José où il est opéré à quatre reprises, en vain.L’annonce de sa mort a été rendue publique le lendemain, en fin d’après-midi. Fait rarissime dans un pays qui enregistre plus de 50 000 homicides par an (56 000 en 2012), l’information a non seulement provoqué une vague d’indignation au Brésil, mais elle a également été reprise dès mercredi par de nombreux médias internationaux. On rappelle que Ricardo dos Santos, surnommé Ricardinho, n’avait que 24 ans. Qu’il était un surfeur talentueux. Qu’il s’était fait connaître en 2012 lorsqu’il coiffa la légende américaine Kelly Slater, onze fois champion du monde, à Tahiti, dans un concours officiel du circuit professionnel.« Un problème institutionnel »Surtout, la mort de Ricardinho semble avoir réveillé de vieux démons au Brésil, toujours aux prises avec l’impunité de la police. De fait, l’auteur des coups de feu, Luiz Paulo Mota Brentano, 25 ans, n’en était pas à sa première bavure. Selon les médias locaux, l’homme avait déjà été accusé d’abus de pouvoir et d’avoir provoqué des lésions corporelles. Des enquêtes ont eu lieu. Mais les affaires ont été classées sans suite. Le colonel Claudete Lehmkkul, porte-parole de la police militaire de Santa Catarina, a admis que Luiz Paulo Mota Brentano avait déjà été l’objet d’une enquête pour « mauvaise compréhension entre collègues ». Il a toutefois cru bon de rappeler qu’il était « très apprécié dans son unité ». Luiz Paulo Mota Brentano a été arrêté quelques heures après l’incident mortel. Devant les enquêteurs, le policier a évoqué la légitime défense. Une version contredite par les témoignages recueillis à ce jour par les autorités. D’après certaines sources, Ricardo dos Santos est sorti de chez lui pour demander à deux individus – Luiz Paulo Mota Brentano et son jeune frère de 17 ans – d’aller fumer leur cannabis un peu plus loin. La discussion aurait mal tourné. D’autres témoignages affirment que le meurtrier avait garé sa voiture en face de sa porte, écrasant le tuyau d’arrosage du jeune surfeur. Là encore, le policier aurait sorti son arme après un bref échange verbal.L’enterrement a eu lieu mercredi. « Un de plus », peut-on lire sur les réseaux sociaux. Au Brésil, les policiers – en service ou non – tuent six personnes en moyenne par jour. En cinq ans, 11 197 personnes ont ainsi péri sous leurs balles, selon une enquête publiée en novembre 2014. Un chiffre qui dépasse le nombre de morts provoqués aux Etats-Unis par la police nord-américaine en... trente ans. « Ces données montrent que le problème n’est pas une question individuelle de policier, comme le répètent à chaque fois les autorités, mais bien un problème institutionnel », avait commenté, à l’époque, Renato Sergio de Lima, vice-président du Forum brésilien de sécurité publique.Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel C’est une petite révolution dans le monde des banquiers centraux. Jeudi 22 janvier, après des semaines d’espoirs et de rumeurs sur le sujet, la Banque centrale européenne (BCE) a dévoilé les contours de son arme anti-déflation : le programme d’assouplissement quantitatif, ou quantitative easing en anglais (« QE »). « Boom ! », « c’est une offensive monétaire inédite », « c’est Noël à Francfort ! » ont aussitôt réagi les analystes spécialistes de l’institution sur leurs comptes Twitter. Beaucoup, en effet, ne s’attendaient pas à une annonce d’une telle ampleur.Les marchés financiers ont d’ailleurs accueilli favorablement cette annonce : les indices des bourses européennes ont grimpé d’un peu plus de 1 % en milieu d’après-midi. Et les taux d’emprunt de la France, de l’Espagne et de l’Italie ont atteint leurs plus bas niveaux historiques après les propos de Mario Draghi.Que va faire la BCE ? À partir du mois mars, la BCE va racheter des titres de dettes aux institutions financières de la zone euro, principalement auprès des banques. L’institut monétaire achètera, via les banques centrales nationales, des obligations souveraines (les emprunts des États), des titres privés (obligations sécurisées d’institutions financières) et des titres d’agences européennes.Le montant de ces achats sera de 60 milliards d’euros par mois, au moins jusqu’en septembre 2016, soit plus de 1 000 milliards d’euros au total. C’est plus que ce qu’attendaient les analystes, qui misaient sur 500 à 750 milliards d’euros.La BCE se garde la liberté de poursuivre les achats tant que l’inflation ne se redresse pas suffisamment. Les obligations des pays sous programme d’assistance de la Troïka (Fonds monétaire international, Commission et Union européennes), comme la Grèce, seront soumises à des critères supplémentaires.Quel est l’objectif de ces rachats de dettes ?Si les modalités de ce plan sont un peu techniques, l’objectif de Mario Draghi, le président de la BCE, est simple : il s’agit de lutter contre les pressions déflationnistes à l’œuvre dans l’union monétaire et de relancer la croissance. En décembre, les prix ont en effet reculé de 0,2 % dans la zone euro, bien loin de l’objectif d’une hausse de 2 %, fixé par son mandat.« Elle n’avait pas le choix, elle devait faire quelque chose », commente Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.Zone euro : pourquoi les remèdes traditionnels ne fonctionnent plusComment Mario Draghi a-t-il répondu aux préventions allemandes ?La bataille avec les Allemands n’a pas été facile. Ces dernières semaines, opposants et supporters du QE se sont ainsi livrés à une guerre des mots dans la presse allemande. Juste avant la conférence de Mario Draghi, jeudi, la chancelière allemande, Angela Merkel, qui était au Forum économique mondial à Davos, a encore tenu à rappeler que les décisions de la BCE ne devaient pas « faire dévier du chemin des réformes » les pays européens.Les Allemands se sont opposés jusqu’au bout à l’action de la BCESi Mario Draghi a donc fini par l’emporter, il a toutefois pris soin de placer des garde-fous de nature à rassurer Berlin. Les Allemands sont en effet très réticents aux rachats de dette publique, les jugeant non seulement inefficaces, mais surtout dangereux. Ils redoutent en effet que cela n’incite les États les moins sérieux à renoncer à la discipline budgétaire, puisqu’ils auront la garantie que la BCE achètera leurs obligations, quoi qu’il arrive.Par conséquent, les achats de titres publics seront réalisés sur la base de la participation des banques centrales nationales au capital de la BCE, où l’Allemagne et la France arrivent en tête. Ces achats ne favoriseront donc pas outre mesure les pays du sud de la zone euro face aux autres, comme le craignaient les Allemands.De plus, 20 % seulement des titres achetés seront soumis à un partage des risques. Une mesure plus symbolique qu’autre chose. « Je dois dire que je suis surpris que ce point ait pris autant d’importance aujourd’hui, il ne devrait pas », a d’ailleurs balayé Mario Draghi. La décision de lancer jeudi un programme de rachats massifs de dette publique et privée a été prise « à une large majorité », a précisé le président de la BCE.Quels sont les effets attendus de ces mesures sur l’économie ?En théorie, le QE peut avoir plusieurs effets sur l’économie réelle.- Le premier effet est psychologique : en montrant qu’elle prend le taureau par les cornes, la BCE espère influencer les anticipations des marchés en matière d’inflation et de croissance. Si les financiers et plus largement, l’ensemble des agents économiques ne croient pas au scénario déflationniste, en grande partie auto-réalisateur, celui-ci a moins de chance de se produire.Les prix reculent dans la zone euro pour la première fois depuis 2009- Deuxièmement, en rachetant des titres souverains, la BCE entend également assurer des coûts de financement bas aux États, et ce pour longtemps. Ces titres rachetés par la BCE deviendront du même coup moins attractifs pour le reste des investisseurs, qui seront alors poussés à se tourner vers des actifs financiers plus rentables, comme les obligations d’entreprises. Cela doit contribuer, si cela fonctionne, au redémarrage de l’activité.La reprise en zone euro sera lente et modérée- Enfin, en augmentant la quantité de monnaie en circulation (on dit qu’elle fait « tourner la planche à billets »), la banque centrale poussera le cours de l’euro à la baisse face aux autres devises – en particulier le dollar. De quoi donner un petit coup de pouce aux exportateurs européens.Jeudi, sitôt l’annonce de Mario Draghi connue, l’euro est d’ailleurs reparti à la baisse face au dollar : à 15 h 10 à Paris, il est tombé à 1,1483 dollar, alors qu’il évoluait quelques instants avant autour de 1,1620 dollar et qu’il valait 1,1607 dollar mercredi soir.« La baisse de l’euro, c’est surtout une hausse du dollar »En la matière, les entreprises françaises et italiennes, dont les produits moyens de gamme sont très sensibles aux prix, devraient être les premières à en profiter. Avec une nuance, tout de même : les marchés ayant largement anticipé le QE, la devise européenne a déjà reculé de plus de 10 % face au billet vert depuis l’été 2014.Les mesures de la BCE peuvent-elles faire repartir la croissance ?Si les analystes soulignent qu’il était important, face au recul des prix, que la BCE déploie cette nouvelle arme, ils sont en revanche partagés sur son efficacité. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, où ce type de programme de rachat de dettes a été utilisé entre 2008 et 2014, cela a efficacement soutenu la reprise. Au Japon, où la banque centrale l’a lancé en 2013, son impact en revanche est très incertain : fin 2014, l’archipel est même retombé en récession…BCE : les effets très incertains de la planche à billetsChez nous, son efficacité dépendra en grande partie du reste de la politique économique européenne. À savoir, des mesures que les pays membres entreprendront de leur côté pour soutenir la croissance.Le plan d’investissement Junker et la plus grande flexibilité budgétaire que la Commission européenne a décidé d’accorder aux États seront un vrai plus. Mais il faudra tout de même des mois, et probablement des années, avant que la zone euro retrouve un niveau d’activité similaire à celui d’avant la crise.« Le QE peut booster les marchés financiers, mais il ne réparera pas les faiblesses des banques, et ne se substituera pas aux réformes structurelles nécessaires ni au plan de relance par l’investissement », résument les analystes de RBS.Quel sera l’impact de l’action de la BCE au quotidien pour les ménages européens ?Dans tous les cas, le programme de rachat de dettes publiques annoncé par la BCE n’aura pas d’impact immédiat et direct sur la vie des Européens, et notamment des Français. Les effets ne seront ressentis qu’à moyen terme. Si le plan fonctionne et atteint ses objectifs.La baisse de l’euro, la hausse des prix et surtout la reprise économique qui sont attendues doivent permettre aux salaires de repartir à la hausse. Elles doivent aussi contribuer à réduire le chômage.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 13h21 • Mis à jour le22.01.2015 à 13h45 Les recherches se poursuivent, près de un mois après le crash de l'avion d'AirAsia qui s'est abîmé en mer de Java en décembre. Des plongeurs indonésiens qui recherchent des victimes et le fuselage de l'avion ont repêché, jeudi 22 janvier, six corps de passagers encore attachés à leur siège non loin de l'épave.Mais ils ne sont pas parvenus à atteindre le fuselage de l'Airbus A320-200 qui avait disparu des écrans radars une demi-heure environ après son décollage de la ville indonésienne de Surabaya pour Singapour, le 28 décembre, avec 162 personnes à son bord.Seuls 59 corps avaient été repêchés jusqu'ici, les opérations ayant été souvent freinées par les mauvaises conditions météorologiques. « Nous avons découvert six corps, parmi lesquels quatre femmes et deux hommes, tous adultes », a annoncé un responsable indonésien de l'Agence de recherches et de secours, S.B Supriyadi, précisant qu'ils ont été découverts parmi les débris de l'avion et que certains d'entre eux étaient encore attachés à leur siège, non loin du fuselage.Les corps ont été acheminés par avion à Pangkalan Bun, ville dotée d'un aéroport la plus proche de la zone de recherches, au large de l'île de Bornéo, a observé M. Supriyadi, soulignant que les plongeurs n'étaient une nouvelle fois pas parvenus à atteindre le fuselage jeudi, en raison de forts courants sous-marins.UN RAPPORT PRÉLIMINAIRE ATTENDU FIN JANVIERLe fuselage de l'avion avait été repéré au fond de la mer la semaine dernière par un bateau de guerre, après d'intenses recherches dans les eaux peu profondes de la mer de Java.Les boîtes noires – l'enregistreur de vol contenant les conversations entre les pilotes et avec le contrôle aérien (enregistreur phonique), et le second enregistreur avec les paramètres de l'avion (vitesse, altitude, régime des moteurs, etc.) – ont déjà été repêchées et sont actuellement analysées par les enquêteurs, qui doivent présenter un rapport préliminaire le 28 janvier.Le ministre indonésien des transports, Ignasisus Jonan, avait révélé mardi en citant des données radar que l'avion avait effectué une ascension trop rapide avant de décrocher et s'abîmer en mer. L'Airbus était confronté à de très mauvaises conditions météo.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2dpmpw"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2dpmpw", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Paulo A. Paranagua Le dégel historique entre Washington et La Havane divise la dissidence cubaine. Si l’opposant social-démocrate Manuel Cuesta Morua estime que « la scène politique a changé de manière positive, car elle favorise la communication horizontale et donc la démocratisation », en revanche, Berta Soler, à la tête de l’association des Dames en blanc, les épouses de prisonniers politiques, juge qu’elle « favorise le gouvernement cubain, qui va utiliser les nouvelles ressources reçues des Etats-Unis pour renforcer sa machinerie répressive et pour que rien ne change ».L’un et l’autre ont participé à la rencontre de l’opposition avec des congressistes américains, avant la réunion de haut niveau entre les deux pays, à La Havane, mercredi 21 et jeudi 22 janvier, un mois après l’annonce du rapprochement faite par Barack Obama et Raul Castro. « Certains opposants restent marqués par la logique de confrontation qui a longtemps prévalu parmi les Cubains, déplore M. Cuesta Morua, joint par téléphone à La Havane. Ces dissidents pensent que les Américains ne devraient pas lever l’embargo sans contrepartie. Ils prétendent que Barack Obama apporte de l’oxygène au régime et lui accorde un sursis. Je crois plutôt que l’excès de ventilation peut l’étouffer. »« Défaite stratégique »L’opposant social-démocrate en veut pour preuve l’embarras de La Havane : « Le gouvernement n’a pas trop célébré l’événement, car depuis la disparition de l’horizon communiste, il n’a pas de vision d’avenir de rechange. Il se borne à prolonger l’économie de guerre et des plans ponctuels. Le pouvoir n’était pas préparé pour le dégel. »La libération des espions cubains condamnés en Floride et la reconnaissance par le président Obama que l’embargo américain était un échec ont néanmoins permis à la propagande castriste de crier victoire. M. Cuesta Morua, lui, y voit plutôt « une défaite stratégique ». Pourquoi ? « Parce que le régime perd sa justification, construite en fonction de la confrontation, d’un conflit permanent. Depuis l’école primaire, on nous expliquait que le système politique cubain était justifié par le bras de fer avec les Etats-Unis. Cuba a incarné une utopie grâce aux Américains. »D’où le résultat paradoxal d’un demi-siècle de guerre froide tropicale : « Le gouvernement cubain ne dispose pas d’un discours alternatif pour les temps de paix, assure l’opposant social-démocrate. Il devrait procéder à des changements radicaux vers une économie mixte. Mais comment expliquer la nouvelle donne ? Les Etats-Unis vont-ils remplacer le Venezuela, tout comme Caracas s’est substitué Moscou ? Comment maintenir le nationalisme défensif, refuge ultime de l’idéologie castriste ? »« Processus graduel »A entendre M. Cuesta Morua, la nouvelle situation favorise une « nationalisation » du débat démocratique, sans le handicap que représentaient les pressions venues des Etats-Unis. « Il n’y a plus de forteresse assiégée qui empêche la coexistence pacifique entre Cubains, souligne-t-il. Nous devons nous adapter à cette réalité. Il faut impulser la discussion à la fois dans l’île et à l’étranger, notamment à Miami, maintenant qu’on peut voyager, aller et venir. »Historien de formation, l’opposant invoque les expériences d’autres régimes dictatoriaux ou autoritaires : « A l’exception de la défaite du nazisme et du fascisme pendant la seconde guerre mondiale, le respect des droits de l’homme ne résulte pas d’un effondrement mais d’un processus graduel amenant les autorités à accepter les libertés comme une nécessité de la coexistence pacifique et démocratique. Ainsi, les accords d’Helsinki (1975) ont été le résultat d’échanges intenses entre l’Union soviétique et l’Occident en dépit de la guerre froide. Cela a diminué le conflit idéologique entre les deux camps. Je pense qu’à Cuba ce sera pareil. Je ne crois pas à la possibilité d’une déroute du castrisme par les armes ou l’économie. » Ce gradualisme se traduit par la « défense d’un agenda de réforme de la Constitution, la modification des lois en vue de l’établissement de nouvelles règles du jeu politique et d’une démocratisation de la société ».« Silence abyssal »La dissidence reste minoritaire, admet M. Cuesta Morua, même si le nombre d’interpellations (près de 9 000 en 2014) et leur extension à travers l’île montrent une croissance. « Le défi majeur de l’opposition reste sa légitimité : dans quelle mesure représentons-nous des secteurs sociaux et pas seulement des idées ?, demande le social-démocrate. Il y a un divorce entre la société et les dirigeants qui contrôlent le pouvoir et les médias. L’homme politique le plus populaire à Cuba est Obama. Aucun responsable cubain n’a la moindre popularité. Mais cette désaffection ne trouve pas de moyens de s’exprimer. »Parmi ceux qui bénéficient de davantage de capacités d’expression figurent les intellectuels, qui en font un usage mesuré. M. Cuesta Morua est sévère : « A Cuba, l’art et la culture expriment parfois le malaise et la méfiance des auteurs. Ernesto Che Guevara disait que le péché des intellectuels cubains était de ne pas avoir fait la révolution. On pourrait ajouter qu’ils n’en ont pas fait non plus la critique. Celle-ci doit se manifester en public. Or c’est rarement le cas. L’intelligentsia manque de conscience. Depuis la disparition de l’emblématique revue Pensamiento Critico (1967-1971), son silence est abyssal. »Paulo A. ParanaguaJournaliste au Monde 22.01.2015 à 12h43 • Mis à jour le22.01.2015 à 18h15 | Benoît Vitkine L’armée ukrainienne a reconnu, jeudi 22 janvier, avoir subi un lourd revers en étant contrainte d’abandonner sa principale position dans l’aéroport de Donetsk, théâtre depuis des mois de l’une des batailles les plus sanglantes de la guerre dans l’est de l’Ukraine.« En raison des tirs provenant de toutes les directions, la décision a été prise de quitter le territoire du terminal pour de nouvelles positions », a indiqué, jeudi matin, un porte-parole de l’armée, Vladislav Selezniov. Dans le même temps, le ministère de la défense précisait qu’une partie des bâtiments et de l’enceinte de l’aéroport restaient sous le contrôle de l’armée de Kiev.Les premières informations sur cette importante défaite avaient commencé à filtrer dès la nuit de mercredi à jeudi sur les réseaux sociaux. De nombreux soldats et volontaires ukrainiens y sont présents, rendant compte de leur vie au front et des derniers développements militaires. Leur récit des faits évoque moins un repli stratégique qu’une déroute.« Les gars au rez-de-chaussée ont atteint leurs limites »« Nous avons échoué à garder le contrôle des ruines du nouveau terminal durant six jours. Et les gars au rez-de-chaussée… Ils sont faits de chair et de sang. Ils ont atteint leurs limites », écrivait Iouri Birioukov, le chef de l’une des principales organisations d’aide aux soldats, par ailleurs conseiller du président Petro Porochenko. Selon un autre, George Tuka, l’état-major de Kiev avait conçu un plan destiné à encercler l’aéroport et à en déloger les séparatistes prorusses. Mais le plan a tourné court et ces derniers ont pris le contrôle des premier et troisième étages du nouveau terminal de l’aéroport. Les troupes ukrainiennes, cantonnées au deuxième étage auraient commencé à se retirer après que le plafond s’est en partie effondré. Kiev évoque six soldats tués au cours de l’opération. Selon un volontaire présent sur place, « 37 héros ont été tués à l’aéroport », et nombre d’entre eux « ont été achevés par des mercenaires tchétchènes ».Dans l’est de l’Ukraine, les combats les plus violents depuis l’étéLa situation avait commencé à se dégrader sérieusement pour les forces ukrainiennes durant le week-end. Selon Kiev, l’offensive des prorusses s’est intensifiée alors que les séparatistes recevaient le renfort direct de troupes régulières russes. En début de semaine, plusieurs prisonniers ukrainiens étaient exhibés à Donetsk.[Ajout : nous avons publié dans une première version de cet article une vidéo diffusée par les séparatistes et montrant un prisonnier ukrainien exhibé devant une petite foule de civils. L’homme présente des ecchymoses au visage. Il est pris à partie et frappé à plusieurs reprises par des civils, avant d’être emmené par les hommes en arme qui le détiennent. Nous avons décidé de retirer cette vidéo.]Un coup dur pour KievLa perte de l’aéroport est un coup dur pour Kiev, et ce à plusieurs égards. Cette position était la pointe la plus avancée de l’armée ukrainienne dans l’agglomération de Donetsk, la capitale régionale. A ce titre, elle constituait une menace permanente pour les combattants séparatistes qui tiennent la ville, mais aussi pour les civils habitant encore les quartiers environnants du nord de la ville, victimes de bombardements réguliers. Jeudi matin, treize d’entre eux sont morts à un arrêt de bus dans un bombardement dont l’origine est inconnue.La perte est surtout symbolique. D’abord parce que l’aéroport Sergueï-Prokofiev de Donetsk faisait partie des quelques infrastructures ultramodernes construites dans cette ville fleurie et propre à l’occasion du championnat de football de l’Euro 2012. Sa destruction, semaine après semaine, rappelle aux Ukrainiens l’immense gâchis de cette guerre. Le territoire que se disputaient les deux camps était en réalité une ruine.Voir ci-dessous le territoire de l’aéroport filmé le 15 janvier par un drone :lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f29lx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f29lx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});L’aéroport est devenu un lieu majeur de la guerre fin mai 2014, quand, dans la foulée de l’élection présidentielle ukrainienne, des commandos séparatistes armés se sont emparés du bâtiment. L’opération lancée par l’armée ukrainienne pour les déloger se soldera par la mort d’une quarantaine de combattants séparatistes. Durant les mois qui suivirent, l’aéroport fut régulièrement le théâtre de combats sporadiques. Mais ce n’est qu’à l’automne que le lieu a acquis le statut d’emblème de la guerre en Ukraine. L’été a vu l’armée ukrainienne reculer sur tous les fronts, vaincue grâce à l’intervention directe de l’armée russe dans les combats. L’aéroport, lui, tient, malgré les communiqués séparatistes annonçant régulièrement sa prise. Tout au long de l’automne et de l’hiver, les soldats ukrainiens qui y vivent retranchés ont subi de lourdes pertes, mais repoussé tous les assauts lancés contre leurs positions. Ils y ont gagné, dans l’opinion ukrainienne, le surnom de « cyborgs ».Leur vie est un enfer. L’aéroport n’est relié au reste des positions ukrainiennes que par une fine trace partant du village de Piski. L’emprunter est synonyme de roulette russe et, dès lors, le ravitaillement et les rotations des troupes se font aléatoires.Forte émotion en Ukraine et en RussieTrès peu de journalistes ont pu raconter le quotidien de ces hommes. Parmi eux, celui du Los Angeles Times, Sergueï Loïko, qui en a ramené, fin octobre, une série de photographies époustouflantes. Le journaliste et quelques autres ont aussi raconté les bombardements permanents, les belligérants parfois séparés par un simple mur, les cigarettes interdites la nuit pour ne pas alerter les snipers adverses…La chute de l’aéroport a donc provoqué une forte émotion en Ukraine, mais aussi en Russie. Les chefs des deux bataillons séparatistes les plus impliqués dans cette bataille, « Guivi » et « Motorola », y étaient devenus des vedettes, multipliant les interviews et menant les journalistes de leur côté de la ligne de front.L’armée ukrainienne tentera peut-être une contre-offensive pour récupérer ce lieu stratégique, mais ce revirement peut aussi faciliter les difficiles négociations de paix qui mettent aux prises à la fois les belligérants et plusieurs capitales européennes. La question de la ligne de démarcation constituait depuis plusieurs semaines le principal point de blocage des discussions, les séparatistes et leur soutien russe refusant de reconnaître celle définie dans les accords conclus le 5 septembre 2014 à Minsk.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.01.2015 à 12h30 • Mis à jour le22.01.2015 à 15h53 | Dominique Gallois et Guy Dutheil Air France prépare un nouveau plan de départs volontaires. C’est ce qu’a annoncé la direction de la compagnie aérienne lors d’un comité central d’entreprise (CCE), jeudi 22 janvier, a-t-on appris de source syndicale. Le plan de départs volontaires concernera 500 personnels au sol et 300 hôtesses et stewards. La direction a confirmé ce chiffre.Un Comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire se tiendra le 5 février. La direction a également évoqué une mesure de modération salariale, après trois ans de gel des salaires. Elle envisage aussi de réduire la croissance de sa flotte d’avions.Air France envisage de faire 1,3 milliard d’euros d’économies sur cinq ans (il y aurait également 700 millinos d’éconolmies programmées chez KLM).Air France a déjà réduit ses effectifs. Et à deux reprises ces deux dernières années. Lancé par Alexandre de Juniac, quelques mois après son arrivée à la tête d’Air France, le plan Transform prévoyait initialement de faire partir 5 000 salariés.Toutefois, face à aux difficultés rencontrées par la compagnie, un nouveau volet de près de 3 000 suppressions de postes avait été ajouté à l’automne 2013.Mais la situation économique d’Air France est difficile. La compagnie ne s’en est d’ailleurs pas cachée, laissant entendre qu’il pourrait y avoir des suppressions d’effectifs.A l’occasion de la présentation du plan Perform 2020, qui doit restaurer la compétitivité du groupe, Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM, avait précisé qu’il pourrait y avoir des coupes dans certaines activités.La direction a même lancé, le 18 décembre 2014, un avertissement sur résultats. A cette occasion, elle avait précisé que « la situation du groupe et le contexte concurrentiel dégradé » nécessitaient « un durcissement du plan Perform 2020 par un volet de réduction des coûts et un volet de réduction des investissements ».La « recette unitaire » est en baisseCes mesures ont été évoquées notamment pour faire face à une « baisse de la recette unitaire ».Air France a du mal à gagner de l’argent, même sur les lignes ou le trafic est en augmentation, comme en Asie, à cause d’une concurrence accrue des transporteurs locaux et des compagnies du Golfe.Pire, la compagnie doit aussi baisser le prix de ses billets pour répercuter, au moins en partie, la baisse durable des prix des carburants.Outre les effectifs, Air France va aussi opérer « des fermetures de lignes non rentables ». Elle va par ailleurs demander à Aéroports de Paris (ADP) « de faire des efforts ».ADP et Air France s’affontent sur les redevances aéroportuairesDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.01.2015 à 11h25 • Mis à jour le22.01.2015 à 14h34 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) C’est entendu, Vladimir Poutine n’ira pas aux cérémonies du 70e anniversaire de la libération par l’Armée rouge du camp nazi d’Auschwitz, en Pologne, le 27 janvier. Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères russe, l’a confirmé devant la presse, mercredi 21 janvier : « Il n’y a pas eu d’invitation officielle. Il y a eu une lettre du directeur du musée [organisateur de la commémoration] via notre ambassadeur dans laquelle il était dit : “Vous pouvez venir et, si vous venez, précisez qui viendra.” A une telle invitation, on peut ne pas répondre. »Mais aucune invitation officielle n’a été envoyée nulle part, le musée d’Auschwitz-Birkenau ayant décidé de consacrer ce 70e anniversaire aux derniers survivants. Cela n’a pas empêché les présidents français François Hollande, allemand, Joachim Gauck, ou ukrainien, Petro Porochenko, d’annoncer leur venue. Au total, 38 pays devraient être représentés, certains, tels la Belgique et les Pays-Bas, par leur roi.Climat de néoguerre froideMais d’ores et déjà, la commémoration de la libération du camp d’extermination est entachée par le climat de néoguerre froide qui s’est installé entre la Russie et les Occidentaux en raison du conflit en Ukraine.Côté russe, c’est donc finalement le chef de l’administration présidentielle, Sergueï Ivanov, inscrit sur la liste américaine des personnalités russes visées par les sanctions, qui fera le déplacement. Tout un symbole, alors que, pour la première fois, l’Etat russe s’est associé directement, en Russie, aux commémorations de ce 70e anniversaire. Une exposition a ouvert ses portes à Moscou sur le site gigantesque consacré à la seconde guerre mondiale avec son musée qui vous ramène subitement des décennies en arrière.« Avant, c’était célébré par des organisations, cette année, pour la première fois, avec le concours de l’Etat », assure Youri Kanner, président du Congrès juif russe. « La libération d’Auschwitz est un fait historique, ajoute-t-il. On le sait peu mais ce sont des médecins de Saint-Pétesbourg qui se sont occupés des survivants, parce qu’ils avaient déjà travaillé sur le blocus de Leningrad et la sous-nutrition. »Le prétexte avancé par Moscou, l’absence d’invitation officielle, masque mal, en réalité, le peu d’empressement de son président à se rendre dans un pays membre de l’OTAN, avec lequel les relations se sont singulièrement dégradées depuis le début de la crise ukrainienne.« Renaissance du nazisme »Les déclarations, mercredi, du ministre des affaires étrangères polonais, Grzegorz Schetyna, affirmant que les premiers soviétiques libérateurs du camp étaient des soldats ukrainiens issus des bataillons de ce qui était alors appelé le « front ukrainien » n’ont rien arrangé. Dans la soirée, son homologue russe ripostait violemment : « C’est assez difficile d’imaginer qu’un responsable gouvernemental à ce niveau puisse être aussi ignorant. Le premier front ukrainien avait pour nom le front Voronej jusqu’en novembre 1943 et, avant cela, c’était le front Bryansk. » « Quelques individus, a ajouté Sergueï Lavrov, devraient arrêter de tourner en dérision l’Histoire et laisser leur hystérie anti-russe qui les pousse à manquer de respect à ceux qui n’ont pas épargné leur vie pour sauver l’Europe. »Les propos du premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, sur « l’invasion soviétique de l’Allemagne et de l’Ukraine » en 1945, diffusés le 8 janvier sur une chaîne de télévision allemande, avaient déjà déclenché, à Moscou, des accusations de « révisionnisme ».Mercredi, devant la presse, Sergueï Lavrov n’a cessé de mettre en avant la « nécessité » de prévenir « la renaissance du nazisme » en Europe. « Le vaccin contre ce virus mortel semble avoir perdu de ses effets », a-t-il poursuivi en citant l’Ukraine.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane En France la course à l’investissement dans les start-up est lancée et Orange n’entend pas être en reste. C’est dans cette optique que l’ex-monopole d’Etat lance, jeudi 22 janvier, Orange Digital ventures, un fond de capital-risque dédié aux start-up.Doté d’une enveloppe de 20 millions d’euros renouvelables, celui-ci aura une équipe dédiée d’une dizaine de personnes et sera directement piloté par Pierre Louette, le secrétaire général de l’opérateur, et Mari-Noëlle Jégo-Laveissière, directrice exécutive de l’innovation.La création de ce fonds part, selon M. Louette, d’un constat simple : l’économie est en train de changer et les start-up, porteuses des ruptures technologiques, sont les actrices de cette révolution.Pour ne pas être distancé dans la course effrénée à l’innovation, l’opérateur estime qu’il y a pour lui nécessité à participer au mouvement en prenant des tickets dans des jeunes entreprises prometteuses.« Accélérer dans ce type d’investissement est une demande express de Stéphane Richard [le PDG de l’opérateur], explique le dirigeant. Car, aujourd’hui quelqu’un qui a une bonne idée peut très vite la mettre en pratique et créer une rupture, bouleversant alors le marché sur lequel il se positionne. » « La barrière à l’entrée est infiniment moins importante qu’avant, souligne-t-il, aujourd’hui tout va plus vite, l’apparition et la disparition des entreprises, comme l’adoption de nouveaux services. »Entre 500 000 et 3 millions d’eurosOrange Digital Ventures viendra se positionner tout au début du cycle de financement des start-up. Au moment où celles-ci, qui ont déjà un peu démarré leur activité, cherchent à lever entre 500 000 et 3 millions d’euros.« Nous avons constaté qu’il y a un trou béant dans le cycle de financement des start-up, et nous voulons être présents à ce stade. L’idée est de leur faire traverser ce moment difficile afin qu’elles puissent se développer et croître comme elles l’auraient fait aux Etats-Unis où les fonds sont plus abondants », détaille M. Louette.Là où Iris, le fonds lancé en 2012 conjointement par Orange et Publicis prend ses décisions en toute autonomie, Orange Digital Ventures, lui, dépendra entièrement du groupe.Une fois les jeunes entreprises sélectionnées par l’équipe dédiée, un comité de sélection constitué de Pierre Louette et de Mari-Noëlle Jégo-Laveissière choisira celles dans lesquelles le fonds investira.Le groupe devrait prendre une participation dans une dizaine d’entreprises par an.« Nous avons fait en sorte qu’Orange se dote d’une équipe adaptée, avec un processus de décision rapide et agile. Nous avons conscience que ce n’est pas toujours évident dans un groupe aussi grand, mais nous ne voulons pas qu’une start-up ait à voir quinze personnes avant d’avoir une réponse, qu’elle soit noyée dans la machine », souligne M. Louette.Des rachats de start-up ne sont pas exclusSi l’opérateur annonce son fonds d’investissement, ce n’est pas uniquement pour soutenir les jeunes start-up mais surtout pour repérer celles dont les idées pourraient à terme être utiles au groupe. Et participer à sa politique d’innovation.« L’idée est de repérer les services et les idées intéressantes qui pourraient améliorer l’expérience des abonnés d’Orange en France mais aussi ailleurs, notamment en Afrique. Nous voulons leur amener des ruptures technologiques », explique le secrétaire général.Les services des start-up sélectionnées dans le processus auront d’ailleurs toutes un lien avec les activités du groupe. Elles seront principalement axées autour de la connectivité, l’Internet des objets, l’e-santé ou encore les paiements mobiles par exemple.« Dans ce contexte, nous n’excluons pas non plus carrément des opérations de rachat des start-up qui nous semblent en phase avec la stratégie du groupe », avance M. Louette.Le responsable tient à préciser que ce fonds n’est pas une initiative isolée. Il vient « compléter ce qui se fait déjà par exemple dans les Orange Fabs [les accélérateurs de jeunes pousses du groupe], ainsi que toute la recherche-développement réalisée en interne. Il ne s’agit pas de remplacer ce qui a déjà été fait. »Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Ridet (Rome, correspondant) Neuf ans pour « naufrage par imprudence », quatorze ans pour l’« homicide involontaire de 32 personnes » et trois ans pour « abandon de navire », soit vingt-six ans de prison auxquels s’ajoutent trois mois pour fausses déclarations aux autorités maritimes… C’est la peine qui a été requise, lundi 26 janvier, par les procureurs du tribunal de Grosseto (Toscane), où est jugé Francesco Schettino, ancien capitaine du Costa-Concordia, le paquebot qui, la nuit du 13 au 14 janvier 2012, suite à une manœuvre aventureuse, s’est échoué à l’entrée du port de l’île du Giglio. Les juges ont également réclamé l’arrestation du prévenu « pour risque de fuite » ainsi que la déchéance de ses droits à commander un navire.Lors des réquisitions, l’un des magistrats du parquet a ainsi dressé le portrait de celui que l’Italie ne surnomme plus que le « capitaine poltron ». « Schettino concentre sur lui l’image de l’optimiste imprudent et de l’idiot habile, ce qui fait de lui un idiot imprudent. » « Que Dieu ait pitié de lui, nous, c’est impossible », a ajouté un autre procureur. Le verdict sera rendu au mois de février.Aucune circonstance atténuanteL’absence de circonstances atténuantes prouve bien à quel point l’accusation n’a jamais cru un mot de la défense de Francesco Schettino. Ce dernier s’est présenté comme un capitaine expérimenté, victime de la médiocrité de ses adjoints et de son équipage. La manœuvre fatale de l’inchino qui consiste à s’approcher le plus près des côtes pour faire admirer le paysage aux passagers aurait été « sans danger » si l’on avait écouté scrupuleusement ses consignes.Or le procès a démontré qu’il n’avait cessé de donner des ordres imprudents au timonier et qu’il n’aurait que rarement consulté les instruments du bord jusqu’au moment du choc avec un récif. « Une erreur magistrale », ont indiqué les juges. « Avec trente secondes de plus, la catastrophe aurait été évitée », a plaidé le capitaine. « L’équipage croyait être sur un Concorde, pas sur le Concordia », a-t-il déclaré encore samedi, dans une nouvelle tentative de minimiser ses responsabilités. « Je suis prêt à en assumer une part. Mais une part seulement », a-t-il précisé.Niant contre toute évidence les faits, assurant que sans sa décision de faire échouer le bateau au plus près des côtes le bilan aurait été encore plus lourd, ce personnage hâbleur a semblé vouloir se conformer à son image d’homme le plus détesté de la Péninsule. Un homme prêt à gagner la terre ferme dans sa chaloupe alors que des centaines de passagers cherchaient encore à fuir la carcasse du navire. « Il n’a pas cherché à sauver des vies. Il est resté sur un rocher à regarder couler son navire », accusent les magistrats… « Peuple de poètes et de navigateurs », comme il est inscrit au fronton du Palais de civilisation à Rome, les Italiens n’ont pas apprécié qu’on se moque d’eux. Les juges non plus.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.01.2015 à 15h47 | Yves Eudes Dans le sillage des attentats de Paris, plusieurs pays européens, dont la France, ont lancé à Bruxelles une nouvelle offensive sur un dossier en souffrance depuis des années. Pour lutter plus efficacement contre le terrorisme et la criminalité, ils souhaitent la création d'un PNR (Passenger Name Record) – une base de données centralisée qui contiendrait des fichiers détaillés sur tous les passagers transitant par un aéroport européen, conservés pendant cinq ans.L'affaire des PNR agite les eurodéputés depuis une décennie. Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient exigé que les Européens leur communiquent les données personnelles des passagers des vols transatlantiques. Après une longue bataille diplomatique et juridique, les Etats-Unis finissent par l'emporter : en avril 2012, le parlement européen ratifie l'accord PNR euro-américain, grâce aux voix des socialistes et du PPE (Parti populaire européen, centre-droit). Les libéraux, les verts et la gauche radicale votent contre.Forts de ce premier succès, plusieurs Etats-membres, dont la France, demandent alors à la Commission européenne de préparer un projet de PNR européen. Or, cette fois, la commission parlementaire « Libé » (libertés civiles, justice et affaires intérieures), au sein de laquelle Verts et libéraux sont très actifs, réussit à bloquer le projet, et demande à la Cour européenne de justice (CEJ) de statuer sur sa conformité avec la Convention européenne des droits de l'homme. Le scandale des programmes de surveillance de masse de la NSA américaine, révélés par Edward Snowden, était venu renforcer le camp des opposants.Or, en ce début 2015, l'actualité semble cette fois favoriser les partisans du PNR. Au lendemain des attentats de Paris, le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, explique aux médias qu'un PNR européen est indispensable. A Bruxelles, l'eurodéputé français Dominique Riquet (UDI, groupe libéral-démocrate), spécialiste des transports aériens, explique sans détour qu'il faut sauter sur l'occasion : « Ces événements ont changé l'ambiance au parlement, y compris chez les socialistes. Il y a une nouvelle pression sur les dossiers de terrorisme et de criminalité. Prenez l'exemple de Hayat Boumeddiene (la compagne du tueur Amedy Coulibaly, qui est sans doute en Syrie) : elle est allée en Espagne, puis elle a pris l'avion pour la Turquie, et cela n'a déclenché aucun signalement européen. » Selon lui, « le PNR va revenir sur la table, et cette fois, je sens qu'il va passer ». Sur le fond, M. Riquet dit ne pas comprendre pourquoi les Européens, qui acceptent de livrer leurs données PNR aux Américains, refuseraient de se les donner à eux-mêmes…« Garanties minimales de protection »Le projet initial ayant été rejeté par la commission Libé, il faudra présenter un texte légèrement modifié : « pour la forme, assure M. Riquet, mais l'esprit sera le même ». Les partisans du PNR ont officiellement demandé à la CEJ de rendre son arrêt dès que possible. Ils espèrent boucler le dossier en trois mois. Cela dit, sur le plan technique, M. Riquet reconnaît que la mise en place d'un PNR européen prendra du temps, car certains pays, notamment en Europe de l'Est, n'ont pas d'infrastructure dans ce secteur.Face à cette offensive, les anti-PNR restent mobilisés. La fronde est menée par l'eurodéputée néerlandaise libérale-démocrate Sophia In 't Veld, qui appartient au même groupe que Dominique Riquet. Elle connaît bien le sujet, car elle fut rapporteure du projet d'accord PNR euro-américain. Elle avait recommandé de voter contre le texte, qui selon elle, « n'offre aucune des garanties minimales pour la protection des données personnelles des Européens une fois qu'elles ont été envoyées aux USA. » Elle se dit persuadée que la défaite de son camp a été provoquée par les « pressions incroyables » exercées par les Etats-Unis sur certains pays.Aujourd'hui, elle accuse les partisans du PNR d'utiliser des tactiques déloyales : « Cette façon d'exploiter l'émotion provoquée par les attentats de Paris est très cynique – et je reste polie. » Pour conforter son opposition, Mme In 't Veld s'appuie sur un autre arrêt de la CEJ : « La Cour a affirmé que la rétention de données peut se faire uniquement pour des personnes déjà soupçonnées d'un crime, et non pas pour toute une population », dont le seul « crime » est d'avoir pris l'avion. Dans son pays, Sophia In 't Veld n'est pas isolée. En janvier, le Parlement néerlandais a rejeté un projet de création d'un PNR national.De même, les Verts restent hostiles au projet. L'eurodéputé vert allemand Jan-Philipp Albrecht, vice-président de la commission Libé et ancien rapporteur du projet de règlement européen sur la protection des données personnelles, refuse d'envisager un PNR européen tant que le Conseil n'aura pas adopté les directives et les règlements garantissant une meilleure protection des données personnelles. Revenant sur l'actualité, M. Albrecht affirme que si le PNR européen avait existé, cela n'aurait rien changé aux attentats de Paris : « Les tueurs étaient déjà signalés, ils étaient dans le fichier Schengen, ce qui n'a d'ailleurs servi à rien. Or, le PNR servirait surtout à surveiller des "non-suspects", des gens à qui on ne reproche rien. » M. Albrecht affirme que la création d'un PNR paneuropéen coûterait 500 millions d'euros, plus les frais de fonctionnement annuels.Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.01.2015 à 15h14 • Mis à jour le26.01.2015 à 15h51 | Elisa Perrigueur Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-54c670df51669'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 11\r\n \r\n \r\nIrlande - \u00ab\u00a0Le leader de Syriza mandat\u00e9 pour mettre fin \u00e0 l'aust\u00e9rit\u00e9\u00a0\u00bb, titre The Irish Times. D'apr\u00e8s plusieurs observateurs, la victoire du parti radical grec pourrait influencer la politique du pays, affect\u00e9 ces derni\u00e8res ann\u00e9es par la crise.\r\nCr\u00e9dits : The Irish Times\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Irlande","legende":"\u00ab\u00a0Le leader de Syriza mandat\u00e9 pour mettre fin \u00e0 l'aust\u00e9rit\u00e9\u00a0\u00bb, titre The Irish Times. 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Si les relations diplomatiques ne sont pas forc\u00e9ment au beau fixe entre les deux pays, le voisin turc, qui aspire \u00e0 entrer dans l'Union europ\u00e9enne, regarde de pr\u00e8s les \u00e9volutions en Gr\u00e8ce.\r\nCr\u00e9dits : Hurriyet\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Turquie","legende":"Hurriyet titre sur la victoire de la Syriza au \u00ab\u00a0Yunanistan\u00a0\u00bb (\u00ab le pays des Ioniens\u00a0\u00bb, nom donn\u00e9 \u00e0 la Gr\u00e8ce en Turquie). 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L'arriv\u00e9e du parti de la gauche radicale au pouvoir devrait en effet remettre en question les principes m\u00eames qui liaient la tro\u00efka (Commission europ\u00e9enne, Banque centrale europ\u00e9enne et Fonds mon\u00e9taire international) au pays.\r\nCr\u00e9dits : The Guardian\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Royaume-Uni","legende":"Selon The Guardian, la \u00ab\u00a0victoire historique de Syriza met la Gr\u00e8ce en confrontation avec l'Europe\u00a0\u00bb. 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La cit\u00e9 phoc\u00e9enne (Massilia en grec) a une diaspora grecque importante, pour des raisons historiques.\r\nCr\u00e9dits : la Marseillaise\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"France","legende":"Le quotidien proven\u00e7al La Marseillaise, consacre toute sa \u00ab\u00a0une\u00a0\u00bb \u00e0 la Gr\u00e8ce en mentionnant \u00ab\u00a0l'exemple\u00a0\u00bb. La cit\u00e9 phoc\u00e9enne (Massilia en grec) a une diaspora grecque importante, pour des raisons historiques.","source":"la Marseillaise","index":4,"position":5,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 11\r\n \r\n \r\nEspagne - \u00ab\u00a0La victoire de la Syriza annonce une p\u00e9riode d'agitation pour l'Europe\u00a0\u00bb, selon El Pais. D'apr\u00e8s plusieurs observateurs, la victoire du parti anti-aust\u00e9rit\u00e9 pourrait avoir une connotation particuli\u00e8re en Espagne, o\u00f9 le parti de la gauche radicale Podemos est \u00e9galement en t\u00eate des sondages.\r\nCr\u00e9dits : El Pais\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Espagne","legende":"\u00ab\u00a0La victoire de la Syriza annonce une p\u00e9riode d'agitation pour l'Europe\u00a0\u00bb, selon El Pais. 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Les dirigeants allemands, favorable \u00e0 l'application d'une politique de rigueur pour redresser les finances grecques, ont scrut\u00e9 cette \u00e9lection avec inqui\u00e9tude.\u00a0\r\nCr\u00e9dits : Die Weilt\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Allemagne","legende":"Sobre, le quotidien conservateur Die Welt se contente d'annoncer une victoire historique. 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Tout sourire et main levée, le leader de Syriza Alexis Tsipras occupe la « une » du journal centriste Ta Nea qui titre : « 36,3 %. La Grèce a tourné la page ». Dans son éditorial, intitulé « La vague » il insiste sur la rupture qu'entraîne cette élection. Il s'agit, pour le quotidien, de « la première élection qui dit “non” aux mémorandums d'austérité et certainement la première qui dit “oui” à une politique économique alternative ». Le Huffington Post grec évoque un « séisme politique » pour le pays. L'arrivée de Syriza au pouvoir met en effet fin à quarante ans de bipartisme. Depuis la fin de la dictature, en 1974, le pays a été successivement dirigé par le Pasok (socialistes) et la Nouvelle Démocratie (conservateurs), à l'exception de gouvernements de coalition qui avaient intégré d'autres partis minoritaires.Lire le décryptage : Les questions que vous vous posez après la victoire de Syriza en GrèceLE DÉFI EUROPÉEN DE SYRIZALe quotidien Avghi, proche de Syriza, qui titre « Victoire : une étape importante pour la Grèce », s'emballe sur l'effet domino de cette élection en Europe :« Aujourd'hui Syriza, demain Podemos, la victoire du parti radical grec sera tôt ou tard un tremplin pour les peuples du sud, affectés par l'austérité. » Le quotidien libéral Kathimerini reste sobre, évoquant « une victoire historique mais sans majorité ». L'éditorialiste Nikos Konstandaras rappelle les responsabilités du parti : « A partir de maintenant, Syriza va devoir se confronter à la réalité. Le parti devra gérer l'économie, tenir ses promesses alors que la trésorerie est à sec ». Mais avant-tout, selon le chroniqueur, « Syriza va devoir s'accorder avec nos partenaires et créanciers qui ont clairement répété que la Grèce devait respecter ses engagements ». Le quotidien insiste sur le fait qu'un « compromis » devra être trouvé entre la gauche radicale et la troïka. Lire aussi : Les premières mesures économiques que pourrait prendre SyrizaL'ÉCHEC CUISANT D'ANTONIS SAMARASDemokratia, journal de droite, titre sur « lourde punition infligée par la classe moyenne » à la Nouvelle Démocratie (ND), qui n'a récolté que 27,9 % des voix à ces législatives. Le journal qualifie le dimanche 25 janvier de « jour de défaite » du parti de droite conservateur et égratigne son président, le premier ministre Antonis Samaras.Selon le journal, ND a commis une erreur en choisissant la voie de « l'attaque aux classes moyennes », en créant davantage de taxes, « à l'image de l'imposition ENFIA ». Cette taxe d'habitation nouvellement créée, incluse dans la fature d'électricité des Grecs – pour forcer le paiement – avait suscité une polémique dans le pays. Eleftheros Typos minimise une « victoire sur le fil du rasoir » de Syriza, qui remporte l'élection « mais n'a pas la majorité ». Le média revient également sur la chute du parti du premier ministre, « qui a perdu en raison des mesures d'austérité mises en place mais surtout parce qu'il n'a pas su, ces derniers jours, trouver des alliances » lors de la campagne électorale.Elisa PerrigueurJournaliste au Monde 26.01.2015 à 14h16 • Mis à jour le26.01.2015 à 15h05 Lors d'une visite à Berlin, lundi 26 janvier, Nicolas Sarkozy a estimé que « tout doit être fait pour éviter » la sortie de la Grèce de la zone euro, après l'accession au pouvoir à Athènes du parti de la gauche radicale et anti-austérité Syriza. « Les Grecs ont choisi, il faut tenir compte de ce qu'ils ont dit. [...] Leur choix doit être respecté », a déclaré le président de l'UMP dans la capitale allemande, où il doit rencontrer la chancelière, Angela Merkel. L'ancien président français a rendu hommage au précédent gouvernement d'Athènes d'Antonis Samaras (conservateur) « qui a fait beaucoup d'efforts dans l'intérêt de la Grèce ». « Tout doit être fait maintenant pour éviter ce drame que serait le départ de la Grèce avec les conséquences que cela impliquerait pour la zone euro dans son ensemble et pour l'Union européenne elle-même. Parce que cela voudrait dire qu'un pays [...] peut décider de ne pas rembourser sa dette. Vous voyez les conséquences pour tout le monde, pour les créanciers que nous sommes, nous Français, et pour les autres pays », a poursuivi M. Sarkozy. Lire aussi : La dette, priorité du nouveau gouvernement grec« LA GRÈCE EST UN PAYS MEMBRE DE L'EUROPE » « Il faut en appeler à la responsabilité de chacun, du gouvernement grec qui va se trouver confronté aux réalités non pas de la campagne électorale mais de la gestion d'un pays de 9 millions d'habitants, et aux responsables européens qui doivent comprendre que la Grèce a connu beaucoup de souffrances ces dernières années », a dit l'ancien chef de l'Etat.Interrogé sur le sort de la dette grecque, que souhaite renégocier la Syriza, M. Sarkozy a répondu : « La question pour l'instant n'est pas là. La Grèce est un pays membre de l'Europe, elle a choisi un gouvernement, ce gouvernement doit être responsable dans l'intérêt des Grecs eux-mêmes qui ne veulent pas quitter l'euro. »Lire aussi : La Grèce risque-t-elle à nouveau de sortir de la zone euro ?Le président de la Syriza, Alexis Tsipras, sera officiellement désigné premier ministre grec lundi après-midi après la victoire de son parti aux législatives. Camille Bordenet C'est une nouvelle ère politique qui s'ouvre en Grèce, et peut-être en Europe, avec la victoire du parti de gauche radicale Syriza. C'est la première fois qu'une formation qui s'oppose aux politiques d'austérité menée par Bruxelles dirige un pays. Après un certain vent d'espoir, salué par de nombreuses formations politiques, se posent les questions concrètes.Syriza peut-elle se passer des autres partis grecs ? La victoire du parti de gauche radicale est historique parce qu'elle se conjugue avec le recul des grands partis traditionnels, les conservateurs de Nouvelle Démocratie – qui obtiennent 76 sièges – et les socialistes du Pasok, qui n'obtient que 4,88 % des voix et 13 sièges, mettant fin à quarante ans de bipartisme dans le pays.Syriza n'ayant pas obtenu la majorité absolue au Parlement – 149 sièges au lieu des 151 requis –, elle doit mettre en place des alliances ou une coalition, qui ne se négocieront pas avec les grands partis traditionnels, mais avec une ou plusieurs des autres formations qui ont dépassé le seuil des 3 % des voix nécessaires pour avoir des élus.C'est avec le parti de droite souverainiste Grecs indépendants AN.EL qu'un accord de gouvernement se dessinait lundi matin. « Nous allons donner un vote de confiance au nouveau premier ministre, Alexis Tsipras », a affirmé Panos Kammenos, président de cette petite formation. M. Tsipras est devenu le premier ministre le plus jeune du pays en plus d'un siècle lors d'une cérémonie lundi après-midi.Une consultation avec les centristes de To Potami est également envisagée, représentant une option d'alliance plus modérée vis-à-vis de l'Union européenne (UE). Aucun rendez-vous n'a cependant été fixé avec eux, pas plus qu'avec les communistes du KKE, avec lesquels M. Tsipras souhaite discuter, bien qu'ils aient régulièrement exclu toute alliance.Lire nos explications : Qui sont les possibles soutiens de Syriza pour une coalition ?Quel sera le rapport de force avec l'Union européenne ? Même si Alexis Tsipras a promis de maintenir son pays dans la zone euro, évitant ainsi la « Grexit », et s'il a modéré son discours ces dernières semaines, sa nomination comme premier ministre constitue la remise en question la plus marquée de la méthode de gestion de crise adoptée par l'UE depuis plusieurs années.Le plus gros dossier qui sera au menu des pourparlers avec la « troïka » de créanciers est le remboursement de la dette publique grecque, qui atteint 321,7 milliards d'euros (175 % du PIB), et sur les conditions du versement de plus de 7 milliards d'euros d'aides financières dont la Grèce a besoin au cours des mois à venir car elle est encore incapable de lever des capitaux seule sur les marchés.Les mises en garde des responsables européens n'ont pas tardé à tomber lundi. Ainsi de la Banque centrale européenne (BCE), qui a déclaré :« Il n'appartient pas à la BCE de décider si la Grèce a besoin d'un allégement de la dette. Mais il est absolument clair que nous ne pouvons pas être d'accord avec l'allégement d'une dette qui comprend des obligations grecques détenues par la BCE. »La chancelière allemande, Angela Merkel, a répété que Berlin attendait du futur gouvernement grec qu'il respecte les engagements pris jusqu'à présent par le pays en matière de réformes économiques et de rigueur budgétaire, a fait savoir son porte-parole. Un rééchelonnement de la dette grecque est une option, mais il n'est pas question pour l'Allemagne d'accepter un effacement. Ni pour les ministres de l'économie européens, qui se réunissent lundi à Bruxelles, à en croire le premier ministre finlandais Alexander Stubb : « Il n'y aura pas de remises de dette, mais nous sommes prêts à discuter d'une extension du programme de renflouement ou des échéances [qui arrive à échéance le 28 février]. »Lire l'analyse (édition abonnés) : Après le choc, l’Europe face aux défis posés par SyrizaQuelles seront les premières mesures que prendra Syriza ?Mettre fin à l'austérité, renégocier la dette et relancer la croissance : le programme économique de Syriza est connu depuis avant le début de la campagne pour les législatives. Le parti avait annoncé la mise en œuvre d'une dizaine de mesures au lendemain même de la formation de son gouvernement, mercredi, visant à relever le niveau de vie des plus vulnérables en agissant sur le niveau du salaire minimal ou de la retraite, mais aussi en introduisant des allégements fiscaux et en mettant en place des aides sociales pour les plus démunis.Entre autres mesures, le programme de Syriza prévoit une hausse du salaire minimal à 750 euros, un 13e mois pour les retraites de moins de 700 euros et un relèvement du seuil annuel de revenus imposables pour les particuliers, abaissé à 5 000 euros, et que Syriza propose d'établir à 12 000 euros. Le coût de l'ensemble de ce programme est estimé par Syriza à un peu moins de 12 milliards d'euros sur deux ans, qu'il compte financer avec la lutte contre l'évasion fiscale et la contrebande, la réaffectation des ressources issues du programme européen et des ressources issues du fonds de stabilité financière.Lire aussi : Les premières mesures économiques que pourrait prendre SyrizaCette dynamique politique peut-elle se répéter dans d'autres pays européens ?Avant même les législatives, Syriza avait inspiré plusieurs partis politiques europeéns. Avec cette victoire, les yeux vont se tourner vers l'Espagne, dont le parti de gauche radicale Podemos rêve d'un destin similaire pour les rendez-vous électoraux de 2015 – des municipales en mai, des régionales partielles au printemps et en septembre, puis des législatives, en principe en novembre.Lire l'enquête (édition abonnés) : En Espagne, Podemos rêve d’un destin à la SyrizaLes deux partis politiques s'opposent à une « troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne) jugée responsable des maux de l'Europe, dénoncent la corruption des « élites », accusées de « s'être approprié » des institutions démocratiques et revendiquent une solidarité des peuples de l'Europe du Sud.Au-delà de l'Espagne, la situation politique grecque intéresse en Irlande ou au Portugal, pays aussi durement touchés par des politiques économiques d'austérité. Si le Portugal ne dispose pas, pour l'heure, d'une formation calquée sur le modèle de Syriza – les mouvements et les partis situés à gauche du Parti socialiste ne sont pas parvenus à créer d'alliance ou de dynamique –, le paysage politique irlandais voit, lui, monter l'Anti-Austerity Alliance, une large alliance anticapitaliste lancée en 2014. Leur leader, Paul Murphy, était d'ailleurs venu vivre la victoire en direct à Athènes.Bella Ciao ringing out through out the crowd. First Left government in Europe in a long time. pic.twitter.com/AhZA19lAcX— Paul Murphy (@paulmurphyAAA) 25 Janvier 2015En France, le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, très présent dans les médias dès dimanche soir, prédit que « c'est une page nouvelle pour l'Europe » et une « occasion de refonder l'Europe, qui est devenue l'Europe fédérale des libéraux ». Lire les réactions : Après la victoire de Syriza, l'Europe divisée entre joie et crainteCette victoire peut-elle avoir une incidence sur la politique française ?Difficile à dire. Il ne fait pas de doute que plusieurs formations de gauche, au premier rang desquelles le Parti de gauche, espèrent un effet de contagion : profiter de cette victoire pour montrer que l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de gauche radicale et antiaustérité est possible. M. Mélenchon y voit déjà un « effet domino » grec et un « printemps européen ». Chez les Verts, Cécile Duflot, qui a signé une tribune mise en ligne sur le site de Libération, juge que « la première bonne nouvelle grecque, c'est de faire renaître un vrai débat européen » et que, désormais, « un nouveau consensus peut naître ».Ces dirigeants avaient fait part de leur soutien à Syriza en se réunissant lundi au gymnase Japy, à Paris. D'aucun voyaient déjà dans cet improbable rendez-vous « le futur gouvernement de la France ». Pour autant, les conditions ne sont pas, aujourd'hui en France, réunies pour l'émergence d'une grande force de gauche radicale, ainsi que l'explique notre journaliste Nicolas Chapuis (voir vidéo ci-dessus).Lire : La gauche de la gauche voit en Syriza son espoir pour la FrancePourquoi même des partis de droite se réclament de Syriza en France ?Ce n'est pas exactement que ces partis de droite se réclament politiquement de Syriza, plutôt qu'ils ont vu dans cette ascension une occasion de rappeler leur positionnement eurosceptique.Ainsi de Marine Le Pen qui, avant les élections, annonçait son soutien à Syriza, une stratégie qui visait aussi à démarquer le Front national (FN) du parti néonazi Aube dorée, arrivé en troisième place avec 17 élus, mais auquel le FN ne veut pas être associé.Lire aussi (édition bonnés) : Aube dorée, en troisième position, crie victoireAinsi aussi de Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne et président de Debout la France, parti gaulliste et eurosceptique, qui a salué la victoire de Syriza, estimant qu'il ne s'agissait « pas seulement [de] la victoire de la gauche radicale mais aussi [du] réveil d'un peuple qui n'en pouvait plus ».Camille BordenetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.01.2015 à 13h22 • Mis à jour le26.01.2015 à 16h20 Après plus de quatre mois d'intenses combats, Kobané, ville syrienne à la frontière turque, paraissait proche d'être libérée des djihadistes de l'Etat islamique (EI), lundi 26 janvier.L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sis à Londres et qui s'appue sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires en Syrie, l'affirmait lundi : « La milice des YPG [Unités de protection du peuple kurde] a chassé l'EI de Kobané et contrôle quasi totalement la ville. » Les djihadistes se seraient repliés dans les environs. « Certains combattent encore à l'extrémité-est de Kobané, notamment à la périphérie du quartier Maqtala », selon l'OSDH. « Les YPG contrôlent 90 % de ville. Ce n'est pas terminé, il y a encore des combats dans la ville », nuançait lundi après-midi Fayza Abdi, la porte-parole du bureau des YPG à Suruç, la ville turque qui fait face à Kobané. Les combats, de faible intensité, se déroulaient au sud-est de la ville, a précisé un porte-parole des autorités politiques kurdes de Kobané, Idriss Nahsan, qui espérait la victoire « dans les heures qui viennent, d'ici demain ». Cependant, l'EI est toujours présent dans les alentours de la ville, et rien ne permet d'affirmer que les djihadistes ne pourraient envoyer de nouveaux renforts.IMPORTANCE STRATÉGIQUE LIMITÉESi une victoire était confirmée, il s'agirait de la plus importante défaite de l'EI en Syrie depuis le début de la campagne de bombardements aériens lancée l'été dernier par la coalition internationale menée par les Etats-Unis.L'organisation djihadiste tentait depuis le 16 septembre de prendre cette ville, à l'importance stratégique limitée : elle verrouille une bande de territoire le long de la frontière turque, dont les rebelles tiennent déjà plusieurs centaines de kilomètres. Mais la bataille, qui a fait plus de 1 600 morts, est devenue un symbole.Les autorités kurdes de Syrie, qui ont proclamé leur autonomie vis-à-vis du régime Assad en 2013, se sont imposées comme les seules forces à même de lutter contre l'EI en Syrie, avec l'appui des bombardements de la coalition. A Kobané, les djihadistes cherchent à affaiblir ce rival gênant, et à montrer l'inefficacité des frappes aériennes. En se retirant de la ville, l'EI perdrait enfin de sa puissance d'attrait auprès des djihadistes étrangers, qui rejoignent ses rangs en masses depuis l'été. Nombre d'entre eux ont été tués dans la ville, y compris des djihadistes expérimentés.>> Regarder l'infographie : Comprendre la bataille de Kobané en quatre cartes UN APPUI AÉRIEN CRUCIALAu début de l'assaut, les Kurdes n'ont pas pu empêcher les djihadistes d'entrer dans la ville, le 6 octobre. Depuis le mois de novembre, aidés de volontaires de l'Armée syrienne libre (ASL) ainsi que de peshmergas du Kurdistan d'Irak, ils avançaient rue après rue pour reconquérir leur ville.Les forces kurdes, au départ sous-équipées, ont bénéficié des bombardements de la coalition : à plusieurs reprises, l'essentiel des frappes menées dans le pays se sont concentrées sur cette seule ville. Dimanche et lundi, 17 nouvelles frappes ont touché Kobané et ses environs, selon l'armée américaine.Le 5 janvier, l'OSDH avait fait savoir que les djihadistes avaient perdu du terrain dans la ville, dont ils ne contrôlaient plus que 20 %. Puis, en fin de semaine dernière, les Kurdes ont annoncé avoir repris une colline au sud de la ville, en terrain ouvert, d'où ils pouvaient faire feu sur les lignes d'approvisionnement de l'EI. Depuis ce week-end, des militants kurdes appelaient sur Twitter à ne pas précipiter l'annonce d'une victoire totale à Kobané.>> Voir le visuel interactif : Dans Kobané, ville en guerre contre l'Etat islamiquelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f2814"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f2814", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 26.01.2015 à 12h16 Quarante-neuf policiers philippins ont été tués lors d'affrontements avec la rébellion musulmane survenus dimanche dans le sud de l'archipel en dépit d'un accord de paix signé il y a près d'un an, a déclaré lundi une porte-parole de la police. Les affrontements se sont produits à Mamasapano, une localité isolée de l'île de Mindanao contrôlée par les rebelles du Front Moro islamique de libération (FMIL ou MILF, pour Moro Islamic Liberation Front).Les heurts, qui ont duré onze heures, sont survenus lorsque les policiers sont entrés dans la ville sans s'être mis d'accord au préalable avec la rébellion, comme le veut l'accord signé en mars 2014 entre les deux parties. Les corps des 49 victimes ont été récupérés par les autorités, a déclaré une porte-parole de la police régionale, Judith Ambong. Elle n'a pas précisé s'il y avait des victimes dans les rangs de la rébellion.ACCORD DE PAIX EN MARS 2014Après des décennies de révolte armée qui a fait des dizaines de milliers de morts, le MILF et le gouvernement philippin avaient conclu en mars 2014 un accord de paix prévoyant la création d'une région autonome dans le sud du pays, considéré par les cinq millions de musulmans philippins (sur une population de 100 millions) comme leur terre ancestrale. Un projet de loi sur le sujet est en cours de discussion au Parlement.LUTTE CONTRE AL-QAIDA ET LES PARTISANS DE L'EID'après le négociateur en chef du MILF, Mohagher Iqbal, les commandos de la police recherchaient Zulkifli Bin Hir, alias Marwan, un Malaisien membre de la Jemaah Islamiyah, un groupe en lien avec Al-Qaida. Sa tête été mise à prix par les Etats-Unis pour 5 millions de dollars (4,4 millions d'euros). Selon le ministre de l'intérieur philippin, Zulkifli Bin Hir aurait été tué dans cet assaut. Un autre suspect, Abdul Basit Usman, dont la tête est mise à prix 1 million de dollars, serait parvenu à prendre la fuite. Les commandos entendaient aussi capturer un commandant du Bangsamoro Islamic Freedom Fighters (BIFF), un mouvement rebelle qui ne participe pas au processus de paix et rassemble plusieurs centaines de combattants et qui a prêté allégeance à l'Etat islamique en Irak et en Syrie. Depuis mars 2014, les forces gouvernementales concentrent leurs opérations sur le BIFF.ACCORD DE PAIX MAINTENULe MILF, qui est fort de 10 000 membres, a accusé la police de ne pas avoir coordonné son opération avec ses forces comme prévu par l'accord de 2014, mais a souhaité que cet incident, le second seulement depuis la conclusion de la trêve, ne le remette pas en cause. Le MILF comme les autorités ont déclaré que le cessez-le-feu tenait toujours malgré ces affrontements sanglants.En avril, deux soldats et 18 rebelles avaient été tués lors d'affrontements sur l'île méridionale de Basilan et le gouvernement avait accusé le MILF de voler au secours des extrémistes musulmans.Voir l'infographie : Philippines : quarante ans de conflit entre Manille et les séparatistes musulmans 02.01.2015 à 17h03 Des organisations non gouvernementales du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, ont demandé aux autorités congolaises, vendredi 2 janvier, de débloquer les comptes de l'hôpital de Panzi, spécialisé depuis une quinzaine d'années dans la prise en charge de femmes victimes de violences sexuelles.Depuis le 31 octobre, l'établissement public, plusieurs fois primé pour son travail auprès de femmes violées, a vu ses comptes saisis par le « pouvoir », un procédé que la direction juge « discriminatoire ». « Il y a une urgence à agir, dans l'intérêt des malades », a souligné dans un communiqué le docteur Denis Mukwege, médecin directeur de l'hôpital, qui a reçu en novembre le prix Sakharov du Parlement européen pour son travail. Jeudi, M. Mukwege avait déjà qualifié de « harcèlement » fiscal et d'« injustice » la saisie des comptes de son hôpital par les autorités.Lire aussi notre portrait (édition abonnés) : Viols en RDC : la croisade du docteur Mukwege« IMPACT MAJEUR SUR LE FONCTIONNEMENT DE L'HÔPITAL »Le blocage des comptes bancaires « a un impact majeur sur le fonctionnement de l'hôpital et la prise en charge des malades », souligne le médecin dans son communiqué, ajoutant que « les cinq cents agents employés par l'hôpital n'ont pas reçu leur salaire » du mois de décembre à cause de cette décision. Mercredi, à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, le personnel de l'hôpital avait manifesté devant la direction générale des impôts. En recevant le prix Sakharov pour son combat en faveur des femmes victimes de viols, M. Mukwege avait appelé ses compatriotes à « soigner » la RDC, engluée dans la violence. Il avait à la même occasion dénoncé « l'insécurité et la mauvaise gouvernance », qui sont, selon lui, à la base de « l'extrême pauvreté » qui gangrène cette partie de la RDC pourtant riche en minerais.Lire aussi notre reportage : Dans l'est du Congo, les viols comme armes de guerre 02.01.2015 à 16h03 Plongée dans le chaos, la Libye n'en finit pas d'inquiéter ses voisins. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a jugé « indispensable », vendredi 2 janvier, une intervention internationale dans le pays, en proie aux violences. Voir notre portfolio : En Libye, les terminaux pétroliers partent en fumée« Une issue n'est pas possible sans intervention internationale en Libye (...) [Elle] est indispensable à la réconciliation de tous les Libyens, y compris kadhafistes », a-t-il déclaré à la presse, à l'issue d'un entretien avec le ministre de la défense français, Jean-Yves Le Drian, en tournée dans la région.« Je ne vois pas comment les milices terroristes qui sont armées vont créer les conditions de la réconciliation entre Libyens. Je ne vois pas comment elles peuvent créer les conditions de l'organisation d'élections libres et transparentes en Libye. »Lire aussi : En Libye, « les combats ont augmenté et les violations persistent »« TOUS LES PAYS SONT CONSCIENTS DE CE QUI SE PASSE »Lors d'un forum sur la sécurité en décembre à Dakar, le Mali, le Tchad et le Sénégal avaient déjà demandé à la communauté internationale d'intervenir militairement pour mettre fin au chaos en Libye, où deux gouvernements luttent pour le contrôle du pouvoir.« Tous les pays sont conscients que ce qui se passe en Libye est inacceptable (...), pour une fois il faut qu'on nous écoute, pour une fois il faut qu'on nous entende », a encore dit le président nigérien, pour qui les pays de la région « paient les frais » de l'intervention militaire internationale de 2011 qui a mis fin au régime de Mouammar Khadafi.Lire l'analyse (édition abonnés) : La Libye au bord de la « guerre totale ».La France, qui écarte pour l'heure l'option militaire en Libye, a installé une base militaire temporaire à Madama, dans le nord-est du Niger, à proximité de la frontière libyenne.Jean-Yves Le Drian, qui effectue une tournée au Tchad, au Niger et au Mali, a déclaré mercredi que la communauté internationale commettrait une erreur si elle laissait un « sanctuaire terroriste » se développer en Libye, où de nombreux combattants islamistes ont trouvé refuge après l'intervention française au Mali. 02.01.2015 à 12h22 • Mis à jour le02.01.2015 à 12h28 Scène des attentats meurtriers du 11 mars 2004, la gare ferroviaire de Madrid-Puerta de Atocha a été évacuée après qu'un homme eut menacé de s'y faire exploser, vendredi 2 janvier. Mais la police a annoncé que l'homme n'avait pas d'explosif sur lui.« La procédure pour menace terroriste a été activée, a rapporté un porte-parole de la police. Un homme a été arrêté qui disait qu'il allait faire exploser un engin qu'il portait dans son sac à dos. Nous avons vérifié, il n'y a aucun engin explosif. »L'ensemble de la gare a été évacuée très rapidement, d'après les témoignages de plusieurs passagers sur les réseaux sociaux, qui saluent la « leçon de maturité des Madrilènes ».Estación de Atocha desalojada en tiempo récord y lección de madurez de los madrileños. http://t.co/AZDx7fxpSH— Andrés Navarro (@NavarroMoralesA)require(["twitter/widgets"]);Dans la capitale espagnole, le souvenir des attentats du 11 mars 2004 reste fort. Des attentats islamistes avaient alors fait cent quatre-vingt-onze morts et environ deux mille blessés dans quatre trains de banlieue qui entraient en gare d'Atocha.Lire (édition abonnés) : Il y a dix ans, les attentats de Madrid 02.01.2015 à 11h32 • Mis à jour le02.01.2015 à 11h59 La justice kényane a suspendu, vendredi 2 janvier, plusieurs articles-clés d'une nouvelle loi controversée. Adoptée le 18 décembre dans la plus grande confusion, cette loi vise à renforcer la sécurité et la lutte antiterroriste.Le texte porte notamment de quatre-vingt-dix à trois cent soixante jours la durée durant laquelle la police peut, avec l'autorisation d'un juge, détenir sans inculpation un suspect « d'actes terroristes ». Il allonge également les peines de prison et facilite les écoutes téléphoniques.Lire (édition abonnés) : Le Kenya se dote d’un arsenal antiterroriste répressifDÉRIVES DICTATORIALESLe juge George Odunga de la Haute Cour a annoncé que huit sections de cette loi seraient suspendues en raison de risques pour les droits de l'homme. Le tribunal avait été saisi par l'opposition, qui a dit craindre que la loi ne transforme le Kenya en régime dictatorial.Les articles suspendus comprennent les menaces sur la liberté de la presse, un plafond fixé au nombre de réfugiés autorisés au Kenya et les définitions de ce qui constituerait un soutien au terrorisme.Le gouvernement kényan, sous le feu des critiques pour son incapacité à endiguer la multiplication des attentats menés par les islamistes somaliens chabab sur son territoire, considère cette loi indispensable pour assurer la sécurité du pays. Mais opposition et défenseurs des droits de l'homme estiment qu'elle porte atteinte aux libertés fondamentales garanties par la Constitution de 2010.Lire l'analyse (édition abonnés) : Les Chabab somaliens, facteur d'instabilité régionale Maryline Baumard (Brindisi, envoyée spéciale) Dans le port de Brindisi, Dennis Osadiaye regarde débarquer les bateaux. Il a entendu les histoires des nouveaux venus en Europe et trouve que la traversée de la Méditerranée devient vraiment très dangereuse. « J’ai vu à la télévision qu ils étaient nombreux ces jours-ci à nous rejoindre après avoir risqué leur vie », observe le jeune Nigérian. Lui est à Brindisi depuis sept mois. « J’étais passé de la Libye à la Sicile sur un tout petit bateau et on m’a amené à Brindisi quand j’ai dit que je voulais demander l’asile », raconte-t-il, fataliste. Ce passage lui a coûté quatre mois de son salaire de laveur de voitures libyen.En fait, Dennis voyage depuis trois ans. Il est parti à 17 ans du Nigeria, et en a 20 aujourd’hui. D’abord, il s’est arrêté deux ans en Libye, où il raconte avoir toujours travaillé facilement. Puis il a continué vers l’Europe, son but. « Sept mois en Italie, c’est beaucoup et peu », note-t-il, pensif. Beaucoup, parce qu’il n’imagine plus de repartir. Peu, parce qu’il n’a pas avancé dans son projet d’apprendre un métier dans le bâtiment et de s’installer vraiment. « J’attends une réponse à l’appel de ma demande d’asile. Pendant ce temps, je ne peux pas travailler », regrette-t-il. Bien sûr, il a fait la cueillette des olives ou d’autres petits travaux. Mais c’est toujours occasionnel.Bateaux fantômes en MéditerranéeJeudi, Dennis est venu à la gare de Brindisi. Comme il le fait souvent l’après-midi, parce que ce lieu est un point de ralliement. Le square qui jouxte la gare offre ses bancs et l’ombre d’un arbre. Ça suffit à créer un espace convivial pour la vingtaine de jeunes Africains qui rient et partagent ce moment. On se souhaite la bonne année dans toutes les langues, et Dennis est l’un des rares à parler anglais. « En général, les Nigérians vont à Londres et moi je suis là », ajoute-t-il, sans qu’on comprenne vraiment si c’est par choix ou parce que la vie en a décidé ainsi.Pour Dennis, comme pour d’autres jeunes aux vies plus faciles, il y a d’abord les plaisirs simples du présent. « Ceux qui ont déjà les papiers passent nous voir à la gare. Parfois, ils m’emmènent manger chez eux. Et puis, les Italiens aussi passent nous voir. Ils savent qu’on est là et viennent nous donner des choses, ou de la nourriture. Ça aide. » En tant que demandeur d’asile, Dennis reçoit 2,50 euros par jour et se nourrit avec. La nuit, il était hébergé, jusque-là. « Mais je sais qu’avec les nouvelles arrivées, je vais devoir laisser ma place. Alors je viendrai dormir a la gare. Avec les autres », ajoute-t-il, une pointe de regret dans la voix.Un troisième navire en perdition et des garde-côtes en alerte Maryline Baumard (Brindisi, envoyée spéciale)JournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.01.2015 à 08h40 • Mis à jour le02.01.2015 à 09h16 Des militaires afghans ont été mis en cause pour des tirs de mortier, lors d'un accrochage avec des talibans mercredi 31 décembre, qui a fait 17 morts parmi des personnes rassemblées pour célébrer un mariage, a-t-on appris vendredi auprès des autorités.« Les troupes ont tiré des obus de mortier sur une cérémonie après que les insurgés ont attaqué un point de contrôle », a expliqué le gouverneur adjoint de la province de Helmand, où se trouve le district de Sangin, où a eu lieu l'événement. Quatre soldats, dont un commandant, ont été arrêtés et transportés à Lashkar Gah, la capitale provinciale, pour y être interrogés.BASTION TALIBAND'autres témoins affirment toutefois que les tirs de mortier ont été déclenchés après que des invités de la cérémonie eurent tiré des salves d'armes légères en l'air pour célébrer le mariage.L'obus, qui a atterri en plein milieu de la cérémonie, a fait 17 morts, des femmes et des enfants, et 49 blessés. Cette région est un bastion des talibans où les forces américaines et britanniques ont livré ces dernières années de durs combats jusqu'à la fin de la mission de combat de l'OTAN, dimanche.Lire aussi : Après le départ de l’OTAN, l’armée afghane tiendra-t-elle le choc ? Aude Lasjaunias En raison d'ubuesques règles administratives, des centaines de citoyens nés et vivant au Canada, dont des amérindiens, n'ont pas d'existence officielle.  Qu'importe les feuilles d'érable ornant les pierres tombales de divers cimetières d'Europe, le Canada n'a perdu aucun de ses ressortissants au cours des deux guerres mondiales. Du moins pas officiellement. Car la citoyenneté canadienne n'existait pas avant l'entrée en vigueur du Citizenship Act, le 1er janvier 1947. Les personnes décédées avant cette date n'étaient donc pas vraiment canadiennes. Un vide juridique dont le Parlement devrait s'emparer d'ici au 29 janvier. Voilà qui devrait résoudre le problème des morts... mais pas celui des vivants. Car des « Canadiens » nés après 1947 peinent également à faire reconnaître leur nationalité. A l'origine, le Citizenship Act excluait l'accès à la citoyenneté dans douze cas précis : si une personne était mineure lorsque son père était devenu citoyen d'un autre pays ; si elle était née dans un pays étranger et n'était pas au Canada pour son vingt-quatrième anniversaire ; si sa mère avait épousé un non-Canadien avant 1947, indépendamment du fait que la personne soit née dans le pays ou même que sa famille y ait toujours vécu ; si elle était née dans un hôpital situé sur le territoire américain... Ils ont été ainsi près d'un million, piégés dans les limbes de l'administration fédérale jusqu'à ce que la loi soit modifiée en 2008. Si la plupart ont depuis été régularisés, des centaines de citoyens sont encore laissés de côté. On les appelle les Canadiens perdus.Don Chapman fut longtemps l'un d'eux. Il a mis quarante-cinq ans à se voir reconnaître la citoyenneté. A la tête de l'association Lost Canadians, il se bat sans relâche pour ces hommes et ces femmes, qui, le plus souvent détenteurs de papiers en règle, ont été déchus de leur nationalité. « Généralement, ces individus ignorent qu'ils ne sont plus canadiens jusqu'au moment où ils émettent des demandes de pensions ou ont besoin de soins médicaux », explique Don Chapman. « Nous venons de l'un des pays les plus développés au monde, mais ici la citoyenneté est au mieux un privilège que l'on accorde selon des critères discutables, au pire une arme politique. »Parmi les Canadiens perdus se trouvent de nombreux Amérindiens, comme Donovan McGlaughlin. Ce père de famille de 61 ans réside au Canada depuis plus de quarante ans. Chaque jour, il craint d'entendre les services d'immigration frapper à la porte de son pavillon de Dawson City (Yukon) pour l'expulser du territoire. Au mois de décembre, jouant son va-tout, il a déposé une demande d'asile auprès du gouvernement fédéral. Une requête faite par des milliers de personnes avant lui... A ceci près que c'est l'accueil de son propre pays que lui sollicite. Il est né au Canada d'un père amérindien originaire des Etats-Unis et d'une mère issue de la première nation canadienne. Pourtant, aux yeux de la loi, Donovan McGlaughlin n'existe pas. Son cauchemar administratif a commencé au début des années 1970. Alors âgé d'une vingtaine d'années et revenu au Canada après des années hors du pays, il entame les démarches pour obtenir des papiers d'identité. Problème : il ne dispose d'aucun certificat de naissance. Ses parents ont, en effet, choisi d'écrire les premiers chapitres de son histoire à la marge de la société. « Enfants, ils ont été envoyés dans des écoles résidentielles. Ils y ont nourri une incroyable défiance à l'encontre d'Ottawa. Ils ne pouvaient plus faire confiance au système », raconte-t-il. Ces établissements mis en place par le gouvernement fédéral et l'Eglise avaient pour ambition de favoriser l'assimilation des jeunes Amérindiens. « L'expression utilisée pour résumer leur objectif c'est : "Tuer l'Indien dans l'homme" », rappelle Coll Thrush, professeur d'histoire à l'université de Colombie-Britannique qui a travaillé sur ce thème. Aux mauvaises conditions de vie s'ajoutaient de nombreux sévices. La crainte de voir leur fils condamné au même parcours qu'eux a poussé les parents de Donovan McGlaughlin à ne pas déclarer sa naissance.En 2008, le premier ministre conservateur, Stephen Harper, a officiellement présenté les excuses du Canada. Des militants pour les droits des Amérindiens ont obtenu des dédommagements pour cette violence institutionnalisée. « Le sens commun voudrait qu'une forme de compassion et de compréhension ait émergé de cette reconnaissance des zones troubles de notre histoire, mais ça n'a pas été le cas », souligne Donovan McGlaughlin. Pendant un temps, ce dernier a accepté sa situation, vivant de petits boulots payés au noir et vagabondant. Désormais installé avec sa compagne et ses enfants, il fait de son combat une question de principe. Face à l'attentisme bureaucratique, il décide au début des années 2000 de prouver qu'il a résidé au Canada depuis au moins huit ans, soit bien plus que les trois années normalement exigées. En 2008, il se rend même à la police pour livrer toutes les informations nécessaires afin de montrer qu'il n'est pas un criminel en cavale. « On m'a invité à faire toutes ces démarches et je me vois ensuite rétorquer : "Ce n'est pas suffisant, il nous faut votre certificat de naissance." Dès le départ, ils savaient que je n'en possédais pas. »Les éléments fournis ont été utilisés contre lui. « Votre père était américain, nous allons donc vous renvoyer aux Etats-Unis », lui déclare en 2010 un officier des services d'immigration. Aussi indésirable de l'autre côté de la frontière, il réussit à obtenir un sursis à son expulsion. « Notre justice repose sur le principe de présomption d'innocence, pas notre citoyenneté », insiste, résigné, Donovan McGlaughlin. Ironie du sort, au terme de cette procédure en 2011, il a reçu une lettre du fisc canadien l'exhortant à payer ses impôts. « Je m'en suis réjoui, sauf qu'on ne m'a pas donné les documents nécessaires pour me permettre de travailler. Je suis donc assez canadien pour l'une de nos administrations mais pas pour une autre. »Aude LasjauniasJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.01.2015 à 12h48 L'essentielLe gouvernement australien a annoncé la prochaine interdiction du déversement des déchets de dragage dans le parc marin de la Grande Barrière de corail.Ces déchets notamment produits par l'élargissement des chenaux  pour permettre le passage des bateaux endommage le site, riche en biodiversité mais fragile, et l'expose à des polluants.  L'Australie a annoncé, samedi 24 janvier, la prochaine interdiction du déversement des déchets de dragage dans le parc marin de la Grande Barrière de corail, dans l'espoir d'éviter l'inscription du site sur la liste du patrimoine naturel mondial « en danger ». Le ministre de l'environnement, Greg Hunt, a précisé samedi qu'il avait ordonné à l'Autorité du parc de la Grande Barrière de corail d'élaborer des règles qui permettent de mettre un terme « une fois pour toutes » à cette pratique. L'interdiction devra être soumise à une consultation publique et pourrait être définitivement approuvée mi-mars.Qu'est-ce qu'un déchet de dragage ?« Nous mettons un terme à une pratique séculaire de rejet dans le parc marin », a déclaré le ministre australien. Il visait les déchets produits par l'élargissement des chenaux, mouillages et marinas pour permettre le passage des bateaux. Selon les écologistes, le déversement de ces déchets endommage le site en asphyxiant les coraux et les algues, qui constituent la plus grande formation vivante au monde, et en les exposant à des polluants.La pression de l'UnescoEn 2013, l'Unesco s'était inquiétée des menaces croissantes de dégradations sur la Grande Barrière, inscrite depuis 1981 au patrimoine mondial de l'humanité. Elle menace de la placer sur la liste du patrimoine en péril mais a donné à Canberra jusqu'au 1er février pour agir.En janvier 2014, le gouvernement australien avait approuvé l'arrivée de déchets de dragage dans les eaux du parc en provenance des travaux d'extension d'un port d'exportation de charbon. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) avait regretté « un jour triste pour la Barrière et tous ceux qui se préoccupent de son avenir ».Lire l'entretien avec David Camroux, chercheur franco-australien à Sciences Po : « L'Australie sacrifie de plus en plus l'environnement au profit de l'économie »Mais mi-septembre, le gouvernement australien avait présenté l'ébauche d'un plan d'action sur trente-cinq ans, proposant notamment une meilleure coordination des pouvoirs publics ainsi que l'interdiction dans certaines zones de nouvelles activités portuaires ou de dragage. « Les Australiens sont fiers de la Barrière qui demeure l'une des plus grandes merveilles naturelles au monde, a déclaré le ministre de l'environnement. Nous sommes déterminés à protéger et gérer la Grande Barrière, pas seulement pour les prochaines décennies, mais pour les prochains siècles. »La Grande Barrière souffre déjà du changement climatiqueLe parc marin de la Grande Barrière recouvre 99 % de la surface du site classé au patrimoine de l'Unesco, mais selon le WWF, 80 % des déversements de déchets de dragage sont effectués à l'extérieur du parc où se trouvent la majorité des îles et des ports.Les écologistes ont appelé le gouvernement à aller plus loin et à interdire le rejet de déchets sur l'ensemble de la zone du patrimoine mondial et pas seulement dans le parc marin.La Grande Barrière de corail, étendue de 345 000 km², constitue le plus vaste ensemble corallien du monde avec 3 000 « systèmes » récifaux et des centaines d'îles tropicales. Elle souffre du réchauffement climatique, de la prolifération d'une étoile de mer dévoreuse de coraux, des rejets massifs de nitrates et pesticides provenant des exploitations agricoles et du développement industriel sur la côte en raison du boom minier.Lire l'enquête : La Grande Barrière de corail « infiltrée » par l'industrie minière et gazière 24.01.2015 à 10h07 • Mis à jour le24.01.2015 à 15h11 L'essentielDe violents combats entre les rebelles chiites d'Ansar Allah et les forces gouvernementales ont fait au moins 35 morts depuis lundi.Le gouvernement du Yémen a présenté sa démission jeudi.Le président Abd Rabbo Mansour Hadi a également présenté sa démission, mais le Parlement doit se prononcer sur celle-ci dimanche.  Des milliers de personnes sont descendues samedi 24 janvier dans les rues de la capitale du Yémen lors de la plus grande manifestation anti-Houthis depuis l'entrée de ces miliciens chiites d'Ansar Allah dans Sanaa en septembre.Le Yémen se retrouve sans gouvernement ni président depuis vendredi après la démission des deux chefs de l'exécutif sous la pression des miliciens zaïdites – une branche du chiisme –, qui ont assiégé durant une semaine le palais présidentiel et plusieurs autres bâtiments gouvernementaux.Le Parlement doit se prononcer sur la démission du président Abd Rabbo Mansour Hadi dimanche lors d'une session extraordinaire mais la tenue de cette réunion reste incertaine vu l'imposant déploiement dans la capitale des rebelles houthistes, miliciens qui portent le nom du chef de leur tribu.Lire l'analyse : Pourquoi les rebelles houthistes défient le pouvoir au Yémen« A BAS LA LOI DES HOUTHIS »Des dizaines de partisans houthistes ont tenté de perturber la manifestation, provoquant des rixes avant de quitter les lieux alors que le nombre des manifestants ne cessait d'augmenter. « A bas, à bas la loi des Houthis », ont notamment scandé les manifestants anti-Houthis, qui répondaient à l'appel du « Mouvement de rejet », un groupe récemment créé dans plusieurs provinces yéménites pour contrer la puissante milice chiite.Le rassemblement a eu lieu sur la Place du changement, près de l'Université de Sanaa, et devait se mettre en marche pour rallier la résidence du premier ministre démissionnaire, dans le centre de la capitale, selon les organisateurs. Mais les manifestants ont changé d'itinéraire et se sont rendus vers la résidence du président Hadi pour lui signifier qu'ils refusaient sa démission. M. Hadi avait présenté sa démission jeudi peu après que le premier ministre Khaled Bahah eut présenté celle de son gouvernement.Voir la vidéo : Yémen : qui sont les rebelles houthistes qui menacent le pouvoir ?lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f8cbx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f8cbx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 24.01.2015 à 08h25 La campagne électorale est entrée dans sa dernière ligne droite en Grèce avant le scrutin législatif, dimanche 25 janvier. Crucial, ce vote survient dans un pays dont la vie politique a été bouleversée par de longues années de crise : le bipartisme en vigueur pendant plus de quarante ans a volé en éclats.Le parti socialiste Pasok, au pouvoir en 2010 lors du lancement du premier plan d’aide financier international, est en voie de marginalisation. La droite conservatrice (Nouvelle Démocratie) du premier ministre sortant Antonis Samaras risque, quant à elle, d’être battue par le parti de la gauche radicale, Syriza, auparavant réduite à un rôle de figuration.Les contours d’une future coalition en cas de victoire de Syriza sont d’autant plus incertains que d’autres formations plus modestes se positionnent, et que selon les dernières enquêtes d’opinion, un électeur sur dix reste indécis. Les derniers sondages placent To Potami (6,5 %), Aube dorée (5,6 %), le Pasok (4,9 %) et le KKE (5,6 %) au coude-à-coude en troisième position, profitant de l’éclatement de la gauche traditionnelle. Tour d’horizon des forces en présence.Lire l'analyse : En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicaleLa gauche radicale SyrizaFruit d’une alliance allant de la gauche traditionnelle à l’extrême gauche, en passant par des écologistes, l’émergence de Syriza a été longue et progressive : la coalition est issue du mouvement Synapismos, dont provient Alexis Tsipras. Longtemps cantonné à un score de 5 %, son poids politique a augmenté à mesure que la crise grecque durait, et c’est au moment de l’implosion du Pasok, considéré comme responsable de l'arrivée des mesures d'austérité à partir de 2010, que la coalition s’est affirmée comme « la » grande force d’opposition à la droite.Syriza a fait une percée importante lors des élections législatives de 2012, remportant 71 sièges et devenant la deuxième formation politique du pays. Ses structures sont alors modifiées pour fonctionner en parti et non en coalition. Alexis Tsipras en profite pour canaliser son opposition eurosceptique dans un courant qui représente 30 % du parti. Celui-ci domine alors le débat interne, défendant la ligne consistant à alléger la politique d’austérité et d’annuler une partie de la dette du pays - 321,7 milliards d’euros, soit 175 % du PIB - auprès de ses bailleurs internationaux.Lire aussi : Qu'est-ce que Syriza, le parti antiaustérité qui progresse en Grèce ?Les conservateurs de Nouvelle DémocratieC’est l’un des deux partis historiques du pays, fondé, comme son vieux rival socialiste du Pasok, juste après la chute de la junte militaire des colonels en 1974. Ce parti conservateur de centre-droit est d’ailleurs arrivé au pouvoir dès cette année et a fourni depuis lors de nombreux premiers ministres au pays. Bien que Nouvelle Démocratie ait été au pouvoir juste avant la crise de 2010, et depuis 2012, le parti a beaucoup moins souffert que le Pasok, même s’il pâtit de l’éclosion d’une série de formations centristes.Nouvelle Démocratie – 127 sièges actuellement au Parlement– entend respecter les engagements dans le cadre du plan d’aide européen, tout en cherchant à en sortir le plus vite possible.Le Pasok socialisteJadis poids lourd du le paysage politique grec, le Pasok connaît une descente aux enfers électorale depuis 2010, puisqu’il est considéré comme le principal responsable des maux qui accablent la Grèce. C’est George Papandréou, le fils du fondateur de la formation, qui a signé le premier plan d’aide en échange d’une cure drastique d’austérité. Fin 2011, alors que sa majorité ne tient plus qu’à un fil, il démissionne pour laisser la place à un gouvernement de coalition intérimaire dirigé par Lucas Papadémos, un ancien vice-président de la Banque centrale européenne. Nouvelle Démocratie et Pasok y participent.Lors des élections de 2012, le Pasok (avec 28 sièges) est déjà devancé par Syriza. Mais il accepte de s’associer à la droite au sein du gouvernement dirigé par Antonis Samaras. Quant à M. Papandréou, il a depuis constitué une formation dissidente, Kinima.Les centristes de To PotamiFondé au printemps 2014 par un journaliste vedette de la télévision, Stavros Theodorakis, To Potami (« la rivière ») se présente comme une alternative antisystème et fait de la lutte contre la corruption son fer de lance : « Chez nous, pas de professionnels de la politique, car ce sont eux qui ont mené le pays à la ruine », affirme M. Theodorakis. De fait, To Potami refuse tout politicien parmi ses membres, et préfère regrouper des civils – médecins, universitaires ou encore avocats. Plutôt que de proposer des promesses qu’il ne pourrait pas tenir, le parti a présenté de grandes thématiques qui le situent à gauche pour les questions sociales et dans le camp libéral en matière d’économie : il se prononce par exemple pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat et en faveur du mariage pour les homosexuels, mais aussi pour les privatisations et des baisses d’effectif dans la fonction publique.Les néonazis d’Aube doréeMalgré sa situation actuelle – toute la direction du parti, y compris sept députés sur seize, sont emprisonnés, dans l’attente de leur jugement, pour « appartenance à une organisation criminelle » –, le parti ultranationaliste, europhobe et ouvertement néonazi, participe à la campagne. Il pourrait remporter une part non négligeable des suffrages, quand bien même sa cote dans les sondages a régressé depuis cette série d’interpellations. Le secrétaire général du parti, Nikolaos Michaloliakos, lui aussi en prison, affirme son opposition à la participation à un quelconque gouvernement, puisqu’il ne veut s’associer « ni avec les serviteurs de l’austérité [Nouvelle Démocratie], ni avec les bolchevicks [Syriza] ».Les communistes du KKETroisième force politique pendant de longues années et jusqu’à très récemment, le KKE, fondé en 1918, détient 12 sièges dans le Parlement sortant. La formation est eurosceptique, favorable à l’annulation de la dette publique, ainsi qu’à un interventionnisme étatique accru. Le KKE, un des derniers vestiges de stalinisme en Europe, n'envisage pas d’alliance avec Syriza, qui s'est notamment constitué autour des eurocommunistes de Synapismos, dont faisait partie Alexis Tsipras.Des formations plus modestesD’autres formations auront sans doute du mal à franchir le seuil des 3 % nécessaire pour avoir des élus. Mais elles vont contribuer à la dispersion des voix, au détriment des principaux partis. Comme les Grecs indépendants (Anel), une scission souverainiste de la Nouvelle Démocratie qui comptent actuellement 12 sièges au Parlement. S'ils franchissent la barre des 3%, ils pourraient paradoxalement soutenir Syriza, sur la base de l'opposition à la "troïka". L’Alerte populaire orthodoxe (Laos) est un parti d’extrême droite qui n’était pas parvenu à obtenir de siège en 2012. La Gauche démocrate (Dimar), issue d'une scission de Syriza, est en désaccord avec une orientation jugée trop radicale. Leur poids actuel est de 10 sièges au Parlement élu.Clara Bonzon 24.01.2015 à 01h42 • Mis à jour le24.01.2015 à 12h33 Le groupe djihadiste Etat islamique (EI) n'a pour l'instant perdu que 700 km2 de territoire en Irak, soit seulement 1 % des 55 000 km2 conquis en 2014, selon les chiffres diffusés vendredi 23 janvier par le Pentagone.S'il s'agit d'un « petit pourcentage », a reconnu le contre-amiral Kirby, porte-parole du ministère de la défense, les zones reconquises pour l'essentiel par les forces kurdes dans le nord de l'Irak sont « des endroits qui comptent pour l'EI, des villes, des zones peuplées ».L'organisation sunnite est désormais « beaucoup plus sur la défensive ». « Nous ne voyons plus [ses membres] essayer de conquérir de nouveaux territoires », mais « protéger leurs voies de communication ».« SIGNES DE PROGRÈS »Selon le Pentagone, l'EI recrute désormais des enfants pour combattre ou mener des attaques-suicides, « ce qui pourrait signifier qu'ils ont des problèmes d'effectif ». L'organisation a également perdu des « millions de dollars » de revenus pétroliers, grâce aux frappes de la coalition, et a des problèmes pour reconstituer ses stocks de véhicules.Mais « malgré ces signes de progrès », « nous restons conscients que l'EI reste une force puissante en Irak et en Syrie », a déclaré le porte-parole. « Nous avons toujours dit » que la guerre contre l'EI « serait une longue route », a-t-il également indiqué.A titre de comparaison, et ne prenant en compte que des territoires « pertinents » – non désertiques –, les forces kurdes contrôlent de leur côté environ 56 000 kilomètres carrés, et les forces irakiennes 77 000 kilomètres carrés, selon les chiffres du Pentagone. La superficie totale de l'Irak, tous types de territoire confondus, est de 437 000 km2.Depuis le 8 août, la coalition contre le groupe EI a mené près de 2 000 frappes aériennes, dont plus de 1 600 par des avions ou drones américains. Les militaires américains estiment avoir tué environ 6 000 combattants de l'EI, un chiffre toutefois non confirmé officiellement par le Pentagone. 23.01.2015 à 21h21 L'affaire « Luxleaks » continue à créer des remous au Luxembourg. Depuis la révélation par plusieurs médias, dont Le Monde, de ce vaste scandale d'accords fiscaux entre le Luxembourg et des multinationales, la police luxembourgeoise mène l'enquête pour déterminer les sources de cette fuite. Un deuxième ressortissant français a été inculpé, vendredi 23 janvier, de « vol domestique, violation du secret professionnel, violation de secret d'affaires, blanchiment et accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données ».Lire aussi : Evasion fiscale : tout sur les secrets du LuxembourgL'auteur de la fuite présumée, Antoine Deltour, ancien collaborateur du cabinet d'audit PWC Luxembourg, avait été inculpé le 12 décembre 2014. L'identité du second prévenu n'a pas été dévoilée, mais il s'agit d'un ressortissant français âgé de 38 ans, lui aussi ancien collaborateur du cabinet PWC Luxembourg, a-t-on appris auprès d'une source proche du dossier. Il est poursuivi pour le vol de 16 documents, des déclarations fiscales de sociétés américaines clientes du cabinet PWC dont la publications le 9 décembre 2014 constitue le second volet de l'affaire Luxleaks. Les deux anciens collaborateurs de PWC n'auraient pas agi de façon concertée, selon les premiers éléments de l'enquête.Lire aussi : Luxleaks : le Français auteur des fuites dénonce « des stratégies à l'échelle industrielle »Selon les dirigeants de PWC Luxembourg, Antoine Deltour a copié les données confidentielles transmises à la presse peu avant son départ du cabinet d'audit en septembre 2010. Le second collaborateur a lui agi en 2012. Le scandale LuxLeaks a éclaboussé le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui était premier ministre du Luxembourg lorsque ces accords ont été passés par l'administration fiscale du Grand-Duché. Elisa Perrigueur La Syriza, le parti de la gauche radicale, créditée de 32,5 % des intentions de vote, selon une des dernières enquêtes d'opinion avant les élections législatives anticipées du 25 janvier en Grèce, est aux portes du pouvoir, même si une victoire totale n'est pas acquise. Aucun sondage ne lui donne en effet la majorité absolue de cent cinquante et un sièges sur les trois cents que compte le Parlement.Si c'est le cas, deux possibilités s'offriront alors à elle : créer un gouvernement de coalition avec des petits partis ou se contenter de leur soutien au Parlement dans le cadre d’un gouvernement minoritaire. Dans les deux cas, la politique qu'entend appliquer son leader, Alexis Tsipras, sera en rupture totale avec celle menée par le gouvernement de droite actuel, et obligera le pays à revoir ses relations avec l'Europe.Lire l'analyse : En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicaleDes négociations (musclées) avec la « troïka » La « troïka » des créanciers de la Grèce — Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Commission européenne — craint désormais moins un « Grexit » (une sortie du pays de la zone euro), techniquement difficile, qu'une longue et âpre négociation autour du plan d'aide dont a bénéficié le pays.M. Tsipras, qui a tenté de rassurer les sphères européennes pendant la campagne, a aussi voulu le faire, ces derniers jours, vis-à-vis de ses électeurs : la Syriza « affrontera » les créanciers, qui ont prêté jusqu'ici 240 milliards d'euros au pays, en échange de réformes, a-t-il promis. Dans une tribune intitulée « La Grèce peut équilibrer ses comptes sans tuer la démocratie » publiée dans le Financial Times, le 20 janvier , il exposait :« Nous avons le devoir de négocier ouvertement, honnêtement et entre égaux avec nos partenaires européens. »Et de répéter, optimiste : « Nous ne sommes pas en 2012 [en mai, lors des précédentes législatives], il y a une marge de négociation. » La Syriza souhaite obtenir l'annulation d'une partie de la dette, de 321,7 milliards d’euros (qui représente 175 % du produit intérieur brut), et modifier le mécanisme de remboursement du reste de la charge. « Une dette est une dette, c'est un contrat. Faire défaut, restructurer, changer les termes a des conséquences sur la signature » d'un pays, a prévenu la directrice du FMI, Christine Lagarde, le 19 janvier dans les colonnes du Irish Times.Lire l'analyse : Une sortie de la Grèce coûterait cher à la zone euroUn changement radical pour les Grecs, selon LA SyrizaImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-54c3d728d4560'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 18\r\n \r\n \r\nA Ath\u00e8nes, l'organisation non gouvernementale Galini sert 250 repas chaque jour aux sans-abri et aux familles dans le besoin.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\nDans cette Gr\u00e8ce d\u00e9class\u00e9e pr\u00eate \u00e0 voter Syriza\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A Ath\u00e8nes, l'organisation non gouvernementale Galini sert 250 repas chaque jour aux sans-abri et aux familles dans le besoin.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":0,"position":1,"total_count":18,"item_lie":{"titre":"Dans cette Gr\u00e8ce d\u00e9class\u00e9e pr\u00eate \u00e0 voter Syriza","link":"\/europe\/article\/2015\/01\/19\/dans-cette-grece-declassee-prete-a-voter-syriza_4558894_3214.html"},"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 18\r\n \r\n \r\n\u00a0Dans une banque alimentaire cr\u00e9\u00e9e par l'ONG Galini \u00e0 Ath\u00e8nes, 250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri et les familles dans le besoin.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00a0Dans une banque alimentaire cr\u00e9\u00e9e par l'ONG Galini \u00e0 Ath\u00e8nes, 250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri et les familles dans le besoin.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":1,"position":2,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 18\r\n \r\n \r\nDes enfants sans-abri dans les rues d'Ath\u00e8nes. A cause de la crise \u00e9conomique et des mesures d'aust\u00e9rit\u00e9, la hausse du ch\u00f4mage touche d\u00e9sormais toutes les g\u00e9n\u00e9rations.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des enfants sans-abri dans les rues d'Ath\u00e8nes. 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Il a v\u00e9cu dans la rue pendant plus de trois ans et b\u00e9n\u00e9ficie aujourd'hui du soutien d'organisations humanitaires, comme Klimaka.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un sans-abri dormant dans le centre d'Ath\u00e8nes. 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Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une femme sans abri attend des v\u00eatements et de la nourriture fournis par l'ONG Klimaka qui lutte contre l'exclusion sociale.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":11,"position":12,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_11.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 13 \/ 18\r\n \r\n \r\nD\u00e9pistage de maladies sexuellement transmissibles \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"D\u00e9pistage de maladies sexuellement transmissibles \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du 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Son « programme de Thessalonique » comporte deux grands chantiers : le traitement de « la crise humanitaire » et la relance de la croissance. Parmi les mesures, on relève :Le courant électrique gratuit pour trois cent mille ménages. Des milliers de foyers défavorisés sont sans courant pour cause d'impayés auprès de la compagnie nationale d'électricité, DEI ;La suppression de la nouvelle loi d'imposition du patrimoine immobilier (Enfia). Cette taxe prolonge, sous une autre appellation, un impôt instauré en 2011 et inclus directement dans la facture d'électricité ;Création de trois cent mille emplois ;Le rétablissement du salaire minimal à 751 euros. Celui-ci a été abaissé à 586 euros en 2012 ;La gratuité des soins de santé pour tous. Près d'un quart des Grecs n'ont plus de couverture sociale, selon l'organisation non gouvernementale Médecins du monde.Réouverture de l'ERT (Ellinikí Radiofonía Tileórasi). Le groupe audiovisuel public employant deux mille salariés avait brutalement fermé en 2013 dans le cadre des suppressions de postes dans le service public.Douze milliards d'euros. C'est la somme que veut trouver le parti au cours des deux prochaines années pour financer ces mesures, grâce à la relance, à la lutte contre l'évasion fiscale et la contrebande, à la réaffectation des ressources issues du programme européen et des ressources issues du fonds de stabilité financière. « Ce n'est pas réaliste, ils doivent obtenir l'accord des créanciers pour ces ressources, met en doute Takis Michas, journaliste et analyste pour le Wall Street Journal. Les promesses non tenues de la Syriza pourraient ramener la colère dans la rue. »>> Lire le reportage : Dans cette Grèce déclassée prête à voter SyrizaUne victoire symbolique pour la gauche radicale en EuropeL'arrivée de la Coalition de la gauche radicale (Synaspismós Rhizospastikís Aristerás, Syriza) à la tête du pays, après son ascension fulgurante, fascine de nombreux partis de la gauche radicale européens, qui y voient un appui populaire à leur lutte contre les politiques de rigueur dans la zone euro. Pablo Iglesias, dirigeant de Podemos, en Espagne, voit en cette probable victoire « le retour de la souveraineté nationale » pour les pays du Sud, davantage minés par la crise économique.En France, le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon prédit un « effet domino » et parle de « printemps européen ». Peu convaincu de réelles retombées politiques, Takis Michas nuance : « Il ne faut pas oublier qu'aucun pays d'Europe ne s'identifie à la Grèce, qui fait figure de cas à part dans la zone euro. » Et d'ajouter : « Je ne suis pas impressionné par le score de la Syriza dans les sondages, je pensais qu'ils feraient bien mieux, vu la situation économique catastrophique de la Grèce. » Sûr de son influence, Alexis Tsipras le maintient toutefois, une « victoire de la Syriza sera un tournant historique pour l'Europe ».Lire le reportage : La gauche de la gauche voit en Syriza son espoir pour la Francelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2femvo"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2femvo", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Elisa PerrigueurJournaliste au Monde 23.01.2015 à 18h17 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h38 Les portiques de sécurité sont mis à rude contribution, dans les aéroports américains. L'agence TSA, chargée de la sécurité dans les transports, a annoncé vendredi 23 janvier qu'un nombre record d'armes ont été interceptées en 2014 dans les bagages à main des passagers s'apprêtant à embarquer. En tout, 2 212 armes ont été interceptées, soit une augmentation de 22 % sur un an. Au total, 83 % d'entre elles étaient chargées.Dallas, Houston, Atlanta, Phoenix et Denver sont les aéroports où le nombre de découvertes ont été les plus importantes. Un fusil d'assaut chargé a notamment été intercepté à Dallas ainsi qu'un pistolet chargé, de calibre 9 mm, que portait à la hanche un homme de 94 ans à l'aéroport La Guardia de New York.UNE LAME CACHÉE DANS UNE ENCHILADALes inspecteurs de la TSA ont également intercepté une grenade à main à Los Angeles et six pains d'explosifs à Tampa, en Floride. Parmis ses trésors de guerre, la TSA a également cité un couteau à la lame de 20 cm cachée dans une enchilada à Santa Rosa en Californie et des lames de rasoir dans une carte d'anniversaire à Newport News en Virginie.Selon la loi fédérale, tenter d'introduire une arme chargée ou non à bord d'un avion peut faire l'objet d'une poursuite pénale et d'une amende de 10 000 dollars. Les armes peuvent être transportées dans les soutes si elles sont déchargées, emballées et enfermées dans un conteneur fermé à clef. En tout, la TSA a contrôlé l'an dernier 653,5 millions de passagers et 1,7 milliard de bagages à main. Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial) Quel changement de ton ! Oublié, ou presque, le « french bashing », qui prévalait il y a encore quelques mois. À l’instar de la cote de popularité de François Hollande, qui remonte en France – elle part de très bas – l’image de la France se redresse, elle aussi, auprès des grands décideurs mondiaux.« Il y a encore beaucoup d’incompréhensions et parfois d’agressivité sur des sujets comme le droit du travail ou la fiscalité, mais ce n’est plus le "french bashing" de ces deux dernières années », assure un patron tricolore habitué de la station alpine.« C’est un pays où il faut investir et nous allons le faire »Bien sûr, il y a l’« effet Charlie », qui génère une empathie pour tout ce qui est tricolore. « C’est fou, chacun des interlocuteurs que je rencontre commence par un speech de 5 minutes pour dire combien il est solidaire » après les attentats à Paris, qui ont fait 20 morts au total, raconte un autre PDG. Mais, assurent la plupart des dirigeants tricolores croisés à Davos, il y a également le début d’un changement de perception sur l’Hexagone. L’adoption du pacte de responsabilité, la mise en place du CICE et plus récemment la loi Macron sont autant d’éléments vus positivement par les chefs d’entreprise étrangers présents dans la station suisse.« Ils ne connaissent pas nécessairement tout le détail, mais ils ont le sentiment que la France est en train de bouger et cela les intéresse », rapporte un consultant français. Mieux, certains dirigeants étrangers, et non des moindres, n’hésitent plus à dire publiquement tout le bien qu’ils pensent de l’Hexagone.« Vous avez parmi les meilleures start-up du monde, c’est impressionnant, explique par exemple John Chambers, le PDG de l’américain Cisco. La France est en train de prendre le mouvement, c’est un pays où il faut investir et nous allons le faire. » La démonstration tricolore au CES de Las Vegas, début janvier, a notamment impressionné la planète « high-tech » : la délégation française était la deuxième plus importante du grand rendez-vous de l’électronique grand public, avec 70 entreprises représentées.La belle cote des start-up françaises aux Etats-UnisDéjeuner avec 20 patronsConscient que certains malentendus, autour notamment de la taxe à 75 %, devaient être éclaircis, François Hollande a profité de sa visite à Davos, vendredi 23 janvier, pour déjeuner avec vingt chefs d’entreprise étrangers et responsables de fonds d’investissement, comme Jack Ma (Alibaba), Guo Ping (Huawei), Paul Bulcke (Nestlé) ou Bader Al Sa’ad, le responsable du fonds souverain du Koweït (KIA).« La discussion a été très dynamique, assure Michel Sapin, ministre des finances, qui accompagnait le chef de l’Etat. Il y a eu beaucoup de questions posées, sur le marché du travail notamment, avec parfois quelques stéréotypes, mais aussi beaucoup d’observations positives sur la créativité française, la qualité de nos ingénieurs, nos dispositifs d’aide à l’innovation… »Selon M. Sapin, certains chefs d’entreprise ont même proposé leurs services pour aider la France. « Jack Ma a, par exemple, fait une intervention très intéressante pour dire que la Chine allait demain devenir un grand pays importateur et non plus seulement exportateur, et qu’il était prêt à donner sa chance aux PME françaises pour qu’elles puissent vendre des produits en Chine via sa plate-forme Alibaba », raconte le ministre des finances.La France essaie d’attirer Alibaba« La France a une carte à jouer », confirme Pierre Nanterme, le patron tricolore du cabinet anglo-saxon Accenture, lui aussi ravi du changement de ton perçu à Davos. « Le monde n’a jamais été aussi complexe. Or, les Français sont parmi les meilleurs pour gérer la complexité, grâce à notre enseignement des mathématiques. C’est pour cela que nos multinationales s’en sortent très bien, parce que nous avons parmi les meilleurs dirigeants », poursuit M. Nanterme, avant de lancer : « Ce monde est fait pour les Français ! »Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.01.2015 à 17h36 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h01 | Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Entretien. Chercheuse à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire, Fatiha Dazi-Héni est spécialiste des monarchies du golfe Arabo-Persique. Elle décrypte pour Le Monde les enjeux de la transition en Arabie saoudite, suite au décès du roi Abdallah, dans la nuit de jeudi 22 à vendredi 23 janvier, auquel succède le prince héritier Salman.En l’espace de quelques heures, le pouvoir a changé de main en Arabie saoudite. Non seulement un nouveau roi a été nommé, mais également un prince héritier (Muqrin Ben Abdelaziz) et un vice-prince héritier (Mohamed Ben Nayef). Peut-on parler de transition en douceur ?Fatiha Dazi-Héni Effectivement, tout se déroule dans les règles. Il y avait des supputations, ici et là, comme à la mort du roi Fahd (le prédécesseur d’Abdallah), en raison d’inévitables tiraillements entre lignées. Mais c’était un vrai-faux suspense. Le roi avait verrouillé sa succession, en nommant Muqrin, en mars, au poste de vice-prince héritier. Beaucoup d’observateurs n’y croyaient pas, car il est le fils d’une esclave yéménite. Mais, en définitive, le scénario planifié par Abdallah a été respecté à la lettre.En portant au pouvoir un homme déjà âgé (79 ans) et que l’on dit malade, l’Arabie saoudite ne se condamne-t-elle pas à l’immobilisme ?Salman est un homme évidemment affaibli. Il souffre de la maladie d’Alzheimer et a des difficultés d’élocution. Je me souviens d’un dîner officiel à l’Elysée, au cours duquel il avait eu du mal à lire son discours. En l’état actuel, sa maladie ne l’empêche pas de gouverner. C’est d’ailleurs lui qui tenait les rênes du pays depuis six mois. Mais avec une maladie dégénérative comme Alzheimer, il ne sera malheureusement pas le roi qu’on avait espéré il y a quinze ans, quand il passait pour le plus prometteur des fils du roi Abdel Aziz. Il serait étonnant de le voir régner longtemps. Il sera un roi de transition.Que pourrait-il se passer si son état de santé venait à s’aggraver ?En 2006, le roi Abdallah a mis sur pied un conseil d’allégeance, de façon à codifier les phases de transition. En cas de détérioration subite de la santé de Salman, ce conseil pourrait s’autosaisir et convoquer un comité médical, chargé de statuer sur la capacité ou non du roi à assumer ses fonctions. Si l’incapacité est prouvée, la théorie veut qu’une direction transitoire soit formée dans l’attente de la nomination d’un nouveau roi. Le pouvoir saoudien ne veut surtout pas se retrouver dans la situation qui a été celle du Koweït, en 2006. Le nouvel émir de l’époque, le cheikh Saad Al-Sabah, qui était très malade, avait été incapable de prêter serment et avait été obligé d’abdiquer après neuf jours sur le trône.Dans ces circonstances, il n’y a guère de rupture à attendre dans la politique du royaume…La continuité devrait l’emporter. Sur le front intérieur, Salman devrait manifester le même réformisme prudent qu’Abdallah. Les évolutions que celui-ci avait initiées, comme la saoudisation du marché du travail ou l’embauche d’un nombre croissant de femmes dans le secteur privé, devraient se poursuivre pas à pas. Avec l’Iran, il ne jettera pas de l’huile sur le feu, il a toujours dit qu’il fallait composer avec ce grand voisin. Mais les discussions seront là aussi très prudentes. Il faut comprendre que l’Arabie saoudite se vit comme une citadelle assiégée. Ses pires ennemis sont à ses frontières : au nord, en Irak, les djihadistes de l’Etat islamique ; et au sud, au Yémen, les milices prochiites de la rébellion houthiste, ainsi que les cellules d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique. Ce n’est pas le moment de lancer des projets révolutionnaires.Une évolution notable, malgré tout, c’est le retour au premier plan du clan des Soudeyris…Effectivement, cette branche de la famille royale avait été quelque peu maltraitée par Abdallah. En quelques heures, Salman, qui en est issu, a nommé deux autres de ses membres à des postes-clés : son neveu Mohamed Ben Nayef, comme vice-prince héritier, et son propre fils, Mohamed Ben Salman, comme ministre de la défense. Ce dernier est très controversé dans le royaume. Mais Mohamed Ben Nayef, qui est l’homme des Américains, a fait ses preuves, dans la lutte contre Al-Qaida, dans les années 2000. En s’empressant de les nommer, Salman impose sa marque.Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) Peter Neumann, directeur du Centre international pour l’étude de la radicalisation (ICSR) de l’université King’s College de Londres, affirme qu’Al-Qaida ou l’Etat islamique (EI) ne veulent plus réitérer des attaques de type 11-Septembre, mais plutôt des attentats de petite échelle « impliquant peu de gens et ne nécessitant pas beaucoup de préparation », comme les attaques qui ont frappé Paris du 7 au 9 janvier. L’attaque contre « Charlie Hebdo » et les événements en France marquent-ils un tournant dans la stratégie du terrorisme islamiste visant le monde occidental ?Oui, j’en suis convaincu. Les groupes islamistes, que ce soit Al-Qaida ou l’Etat islamique (EI), perpètrent désormais des attentats de plus petite ampleur. Depuis 2001, nous avions d’une certaine manière de la chance, car les djihadistes cherchaient absolument à commettre des attaques complexes et ambitieuses qui supposaient beaucoup de préparation et un grand nombre de participants. C’était beaucoup plus facile pour la police de les détecter, car ils étaient obsédés par l’idée de réitérer un 11-Septembre. L’an dernier, ils ont compris qu’il n’y avait pas besoin de s’attaquer au World Trade Center pour causer la terreur et exacerber les tensions dans nos sociétés. Un attentat de petite échelle impliquant peu de gens et ne nécessitant pas beaucoup de préparation peut créer un choc identique. C’est ce que nous avons commencé à voir l’an dernier à Ottawa et à Sidney.Cette nouvelle stratégie marque-t-elle une dérive ou procède-t-elle d’une décision ?Le 22 septembre 2014 a été diffusée sur les réseaux sociaux une déclaration d’un porte-parole de l’Etat islamique qui disait en substance : « Allez-y, faites tout ce que vous pouvez ! ». Le message visait les Occidentaux et explicitement les Français. En constatant l’impact en Europe des exécutions comme celle du journaliste américain James Foley, les djihadistes se sont rendu compte qu’il suffisait de poster sur Internet la vidéo d’une exécution pour mettre le monde entier en émoi. Il n’y a pas besoin de lancer des avions contre le World Trade Center : en tuant une personne on peut faire réagir le président des Etats-Unis. Ils ont constaté que c’était plus efficace que les attaques d’ampleur qui ont d’ailleurs parfois échoué. Ce message a eu un grand impact chez les djihadistes d’Europe : ils ont compris que pour devenir célèbre, il n’y avait pas besoin de faire comme à New York ou Madrid et qu’une attaque individuelle pouvait apporter la même renommée.Pensez-vous que le type de situation que connaît la France peut se répéter ailleurs dans le monde occidental ?Je ne fais pas que le penser, j’en suis absolument certain. Il y aura d’autres attaques en France ou dans d’autres pays occidentaux. Il s’agit d’un nouveau modus operandi et je crois qu’à la fin de 2015, on se dira que cette année aura été celle des attaques de faible ampleur et d’énorme impact. Les sociétés occidentales comptent beaucoup de gens radicalisés, non seulement des djihadistes qui sont rentrés après avoir combattu en Syrie, mais aussi des partisans d’Al-Qaida et de l’EI qui n’ont jamais été là-bas. Donc le potentiel est vaste pour de nouvelles attaques, car ces personnes comprennent l’ampleur du choc que peut produire un acte isolé.Vous parlez de « tournant ». Mais l’idée d’attentats perpétrés par des individus n’est pas nouvelle... C’est vrai, l’idée n’est pas nouvelle évidemment. Elle est aussi vieille que le terrorisme lui-même. C’était la stratégie des anarchistes au XIXe siècle. Mais c’est nouveau si l’on se réfère aux années 2001-2010 où l’ensemble des mouvements djihadistes était tellement fasciné par le 11-Septembre que leur ambition était de recommencer.Ce nouveau type d’attentats moins ambitieux est-il plus difficile à prévenir ?Oui et c’est le grand défi d’aujourd’hui pour les polices et les services secrets européens : trouver de nouvelles méthodes pour les détecter et les empêcher de passer à l’acte.L’attentat contre Charlie hebdo reflète-t-il la rivalité entre Al-Qaida et l’Etat islamique ? Oui, car Al-Qaida, confronté aux succès de l’EI, est sur la défensive. Nous savons qu’Al-Qaida pense que la seule façon de reprendre l’avantage est de perpétrer des attentats spectaculaires dans le monde occidental. En fait, il y aura deux faits marquants de 2015 : d’une part les attaques de faible ampleur et d’autre part la rivalité entre Al-Qaida et l’EI pour exercer la suprématie sur le mouvement.Pour vous, les événements de France portent la signature d’Al-Qaida ?Oui je le pense. Al-Qaida estime que ce type d’attaque est celui où ils excellent : spectaculaire, relativement coordonnée et impliquant des gens entraînés.L’émotion mais aussi la mobilisation sont impressionnantes dans la société française. Les manifestations en faveur de la défense des libertés et les démonstrations de cohésion peuvent-elles changer les choses ?Cela ne changera pas ce que les djihadistes ont en tête : ils manifestent beaucoup d’enthousiasme à l’égard de ce qui vient de se passer et ne seront sûrement pas impressionnés. Mais c’est une bonne chose que la société française réagisse de cette façon, notamment parce que cela mobilise les musulmans modérés contre les djihadistes. Mais les personnes qui sont déjà radicalisées ou attirées par le djihad se moquent du nombre de personnes qui défilent.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.01.2015 à 00h44 • Mis à jour le10.01.2015 à 00h50 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Les Etats-Unis avaient de bonnes raisons de disposer d’éléments sur un éventuel passage de Saïd Kouachi au Yémen, en 2011, dont ont fait état plusieurs médias américains le 8 janvier. Jusqu’à l’émergence de l’Etat islamique à la faveur des dérèglements irakiens et de la guerre civile syrienne, c’est dans cet Etat que se concentraient de leur propre avis les groupes les plus menaçants à la suite de l’affaiblissement de la branche historique de la nébuleuse terroriste constituée par Oussama ben Laden.C’est dans cet Etat également que les frappes de drones visant des djihadistes présumés ont été les plus nombreuses après celles conduites au Pakistan. C’est d’ailleurs au Yémen, le 30 novembre 2002, qu’avait eu lieu l’une des premières frappes de missile Hellfire tiré par Predator, tuant un responsable de l’attaque terroriste contre le bâtiment de la marine américaine Cole, deux ans plus tôt.C’est au Yémen qu’avait été formé Omar Farouk Abdoulmoutallab, le responsable de l’attentat manqué contre un avion de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit (Michigan), le 25 décembre 2009. Onze mois plus tôt, en février, les djihadistes saoudiens fuyant le royaume à la suite de la campagne de répression lancée par le prince Nayef bin Abdel Aziz Al-Saoud, alors ministre de l’intérieur, s’étaient alliés aux djihadistes yéménites pour constituer le groupe Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), profitant de la faiblesse historique de l’Etat yéménite et de sa position géopolitique entre la Corne de l’Afrique et le Pakistan.Lire aussi : Un haut responsable d'Al-Qaida au Yémen « se félicite » de l'attaque contre « Charlie Hebdo » Les frères Kouachi se sont revendiqués d’un idéologue d’AQPAIls y avaient prospéré et formé notamment de nombreux artificiers à l’origine de bombes dissimulées dans des colis postaux embarqués à bord d’avions-cargos à l’automne 2010. Aucune bombe n’avait cependant explosé. Un imam d’origine américaine, Anouar Al-Awlaki, lié à la fusillade de Fort Hood, dans une base américaine, en 2009, était l’idéologue d’AQPA jusqu’à son assassinat par une attaque américaine en septembre 2011. C’est de ce responsable que se sont revendiqués les frères Chérif et Saïd Kouachi, selon les témoignages recueillis lors de leur cavale.Avant le « printemps yéménite », qui allait emporter le régime du président Ali Abdallah Saleh et ouvrir une période d’instabilité dont il continue à payer le prix, le Yémen avait constitué une destination de choix pour des dizaines de salafistes français désireux de renouer avec l’islam « des pieux ancêtres ». Ces salafistes poursuivaient des enseignements religieux à Sana’a comme dans une ville du nord-ouest, Dammaj. La majorité de ces salafistes ne poursuivait aucun but djihadiste, mais certains d’entre eux pouvaient profiter sur place des liens entretenus par certains dignitaires religieux, y compris des membres du parti islamique Al-Islah, avec des groupes djihadistes, notamment à la faveur des solidarités tribales très actives au Yémen.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles Paris sera, dimanche 12 janvier, la capitale européenne de la lutte contre le terrorisme. La marche républicaine organisée en hommage aux victimes des attentats de Paris sera une marche européenne. Le président Hollande a personnellement invité plusieurs chefs de gouvernement à participer au rassemblement. « Je serai avec eux », a expliqué le chef de l’Etat dans son allocution télévisée, vendredi.Le rassemblement sera placé sous le signe d’une véritable unité européenne contre le terrorisme. La chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le premier ministre britannique David Cameron, le président du conseil italien Matteo Renzi et le premier ministre espagnol Mariano Rajoy ont confirmé leur présence.Pour que ces rassemblements se déroulent sereinement, Manuel Valls a assuré que des « moyens de sécurité massifs » seraient mis en place dimanche à Paris mais aussi en province.Suivez les derniers événements en direct sur Le Monde.fr« Je serai à Paris dimanche »Dans un tweet, le premier ministre britannique, David Cameron, a expliqué qu’il avait « accepté l’invitation du président Hollande de participer au rassemblement unitaire pour soutenir les valeurs incarnées par #CharlieHebdo » (« celebrating the values behind #CharlieHebdo »). « Je serai à Paris dimanche pour soutenir le peuple français. L’Espagne avec la France contre le terrorisme et pour la liberté », a écrit le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, sur son compte Twitter.Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a expliqué sa présence « en hommage à Charlie Hebdo ». « Le président Tusk a reçu un appel téléphonique du président François Hollande et il participera à la marche organisée dimanche à Paris », a expliqué un porte-parole du Conseil à l’AFP.La chancelière allemande, Angela Merkel, a officiellement confirmé sa présence qui avait été annoncée par le journal conservateur Die Welt. La rencontre prévue dimanche à Strasbourg, avant l’attaque contre Charlie Hebdo, entre le président Hollande et Mme Merkel avec le président du Parlement européen, avait été annulée vendredi en début d’après-midi.« Défi commun »En plus de cette marche hautement symbolique, Paris sera le lieu d’une réunion internationale consacrée au combat contre le terrorisme. Dimanche, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, recevra Alejandro Mayorkas, vice-ministre de l’intérieur des Etats-Unis, ainsi que le ministre de la justice, Eric Holder, en compagnie des ministres de l’intérieur allemand, britannique, espagnol, italien et polonais pour une réunion sur la lutte contre le terrorisme.Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos sera également présent ainsi que le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove. Il s’agit pour Bernard Cazeneuve de faire face à « ce défi commun que nous adressent les terroristes et qui ne pourra être résolu qu’en commun, au sein de l’Union européenne et au-delà ».Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) 2,95 millions. L’économie américaine n’avait plus créé autant d’emplois depuis quinze ans. Cette performance qui permet aux États-Unis d’afficher leur taux de chômage le plus bas depuis juin 2008. Celui-ci est tombé à 5,6 % de la population active, soit 0,2 point de moins qu’en novembre et 0,1 point de moins que ce que prévoyaient en moyenne les économistes.Ce sont ainsi 252 000 emplois qui ont été créés en décembre, selon les statistiques publiées, vendredi 9 janvier, par le Département du travail.Les chiffres d’octobre et de novembre ont été par ailleurs révisés à la hausse. Sur ces deux mois ce sont 50 000 emplois supplémentaires qui ont été créés, portant le nombre total sur l’ensemble de l’année à 2,95 millions, ce qui donne une moyenne mensuelle de 245 833.Il faut donc remonter à 1999 pour retrouver de tels chiffres. Cette année-là, l’économie américaine avait créé 3 millions d’emplois. Il est vrai qu’entre-temps, la population américaine a augmenté de 39 millions à 318 millions, ce qui relativise la performance.Dans le même temps, ces bonnes nouvelles pour l’économie américaine ont été quelque peu écornées par les statistiques sur l’évolution des salaires publiées simultanément. À la surprise générale, le salaire horaire a baissé de 0,2 %, du jamais vu depuis 2006.Du surplaceMême s’il est trop tôt pour dire si elle sera durable, il s’agit d’une inversion de tendance par rapport à novembre où les salaires avaient au contraire augmenté de 0,2 %.Sur l’ensemble de 2014, le salaire horaire moyen a augmenté de 1,7 %, soit la plus faible progression depuis octobre 2012. Ce chiffre doit également être mis en perspective avec l’inflation qui est à 1,3 %, ce qui veut dire qu’en réalité les salaires font quasiment du surplace en termes de pouvoir d’achat.Cet indicateur des salaires est étroitement surveillé par la Réserve fédérale (Fed), qui estime que sa faible progression est un signe que le marché de l’emploi reste convalescent.Cela démontre en effet que celui-ci n’est pas encore suffisamment dynamique pour exercer une pression sur les employeurs pour augmenter les salaires pour faire face à des difficultés de recrutement. Or, pour le moment, ce n’est pas le scénario auquel on assiste.C’est ce qu’indiquaient les minutes du Comité de politique monétaire de la Fed du 17 décembre 2014, publié le 7 janvier, certains membres soulignant qu’ils « ne voient pas de signe clair d’une accélération des salaires ».Ce sera « la grande question pour 2015 », prévient Joseph Lake, analyste chez The Economist Intelligence Unit.Le fait que les salaires ne repartent pas à la hausse n’est pas une bonne nouvelle pour la consommation des ménages, qui représente 70 % de l’activité économique aux États-Unis.En revanche, la chute brutale des prix de l’énergie, enregistrée ces dernières semaines, va procurer aux ménages un supplément de pouvoir d’achat qui va être le bienvenu dans ce contexte.Mais l’impact énergétique va jouer dans les deux sens. Car les entreprises du secteur pétrolier ont déjà prévenu qu’elles allaient lever le pied sur leurs investissements en 2015. La chute du prix du baril fait qu’un certain nombre de forages ne sont plus rentables.« Les suppressions d’emplois ajustées des variations saisonnières dans le secteur de l’énergie ont bondi à leur plus haut niveau depuis la fin 2012 », indique David Mericle, économiste chez Goldman Sachs. Le phénomène devrait s’amplifier dans les mois à venir et ainsi peser sur la dynamique générale de l’emploi.Depuis 2011, l’industrie pétrolière dans son ensemble a créé 779 000 emplois, soit un bond de 50 %, alors que la progression dans les autres secteurs n’a été que de 7 %.Un nombre important d’Américains disparaissent des statistiquesAutre indicateur, qui laisse dubitatif : le taux de participation au marché de l’emploi – c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un – a une nouvelle fois baissé en décembre à 62,7 %, du jamais vu depuis les années 1970.C’est d’ailleurs ce qui explique en grande partie la baisse du taux de chômage, font remarquer les analystes de la Deutsche bank. Un nombre important d’Américains, découragés de ne pas trouver d’emploi, disparaissent des statistiques officielles du chômage. Celles-ci indiquent qu’au 31 décembre 2014, il y a 8,7 millions de personnes en recherche d’emploi.Lorsqu’on ajoute des indicateurs comme le nombre de temps partiels subis, on arrive à un taux de chômage de 11,2 %, soit 0,2 point de moins qu’en novembre.On est revenu au niveau de septembre 2008, date de la faillite de la banque Lehman Brothers, mais on reste encore loin des taux d’avant-crise, qui oscillaient entre 8 % et 10 %. De quoi inciter la Fed à réfléchir avant d’augmenter ses taux d’intérêt. Si l’amélioration du marché du travail aux Etats-Unis est incontestable, il faudra encore un peu de temps pour revenir à une véritable situation de plein-emploi.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jacques Follorou On disposait jusqu'ici de peu d'informations sur le parcours de Saïd Kouachi, l'un des deux frères suspectés d'avoir perpétré la tuerie à Charlie Hebdo. Selon une source diplomatique française, son nom a été transmis par les autorités yéménites aux services de sécurité américains après avoir séjourné au Yémen en 2011. Toujours selon cette même source, les éléments fournis aux services de renseignement américains indiquaient que l'intéressé avait été vu en présence de personnes appartenant à la mouvance radicale.Suivre la situation en direct sur LeMonde.frSelon les éléments donnés par les Yéménites aux Américains l'homme serait, notamment, passé par la petite ville de Shihr, port de pêche ouvert sur la mer d'Arabie et réputé pour ses centres d'enseignement du salafisme, un courant sunnite qui prône un retour à l'islam des origines. La ville, qui attire des étrangers du monde entier, hébergerait de 200 à 300 Français, essentiellement des nouveaux convertis.PAS DE PRÉCISIONS SUR LE NIVEAU D'INTÉGRATION DANS AQPANéanmoins, rien ne permet, pour l'instant, de connaître avec précision le niveau d'intégration de Saïd Kouachi dans les rangs d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) ni même si cette organisation peut avoir commandité l'attaque contre Charlie Hebdo. Les frères Kouachi ont revendiqué, au moins, à deux reprises, leur filiation avec le Yémen auprès des personnes qu'ils ont croisé dans la journée du mercredi 7 janvier.Il avait déjà été confirmé que Chérif Kouachi, le cadet de la fratrie, a appartenu à un groupe que l'on pourrait aujourd'hui considérer comme l'un des « pionniers » du djihad à l'étranger. De nationalité française, né dans le 10e arrondissement de Paris, Chérif, qui se faisait appeler « Abou Issen », a été condamné, le 14 mai 2008, à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis dans le dossier dit de la « filière des Buttes-Chaumont », qui envoyait des candidats au djihad en Irak entre 2004 et 2006.Lire aussi : La fratrie Kouachi, de la petite délinquance au djihadJacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.01.2015 à 12h21 • Mis à jour le09.01.2015 à 18h29 Editorial. Même si l’on est encore sous le choc de l’agression perpétrée contre Charlie Hebdo, il y a des vérités qu’il faut bien entendre. Elles sont déplaisantes, mais sans doute est-ce dans ces moments-là qu’on doit les rappeler. Pour ne pas se raconter d’histoires et se garder des vendeurs de chimères.Manuel Valls a formulé l’une de ces vérités : « Il n’y a pas de sécurité zéro » face au terrorisme. Les experts débattront sur le point de savoir si les locaux de l’hebdomadaire pouvaient être encore mieux gardés qu’ils ne l’étaient déjà. On connaît le verdict des policiers : ce genre de protection a des limites. Les politiques discuteront de la qualité de la lutte menée en France contre les réseaux djihadistes locaux. Mais Paris n’a pas attendu le massacre du mercredi 7 janvier pour engager le combat contre le terrorisme islamiste au sein de l’Hexagone quoi qu’en dise le Front national, qui dénonce un prétendu « laxisme contre le terrorisme ».La contrainte, on la connaît, c’est l’équilibre à préserver entre ces deux ambitions que sont la liberté et la sécuritéDepuis plus de six ans déjà, l’arsenal législatif et réglementaire n’a cessé d’être renforcé, les services de police et de renseignements reformatés, les moyens du parquet multipliés. Les Français sont souvent cités en exemple pour leur compétence dans la bataille contre la terreur islamiste. Peut-être faut-il aller plus loin. A la demande de Berlin et de Paris, la Commission européenne doit examiner la possibilité de rétablir des contrôles ad hoc aux frontières au sein de l’espace Schengen. Quinze pays européens, dont la France, encore une fois, mettent en place un système permettant de mieux identifier « les voyageurs à risques ». La contrainte, on la connaît, c’est l’équilibre à préserver entre ces deux ambitions que sont la liberté et la sécurité.Dans l’environnement politico-géographique qui est le nôtre – la démocratie et l’Europe, qu’il faut plus que jamais préserver –, nombre d’attentats ont été déjoués. Dans ce même environnement, tous ceux qui, à des fins électorales, jurent qu’ils ont la recette pour en finir avec le terrorisme islamiste sont des marchands d’illusions de la pire espèce – celle qui se nourrit de la tragédie.La tourmente proche-orientale à la sourceIls ignorent une autre réalité de l’époque, massive et qui ne va pas s’effacer de sitôt. Le djihadisme prend sa source dans la tourmente proche-orientale d’aujourd’hui – celle qui voit des Etats-clés disparaître, la Syrie et l’Irak, pour ne pas parler de la Libye, et dont on ne sait s’ils se recomposeront un jour ; celle qui voit des frontières abolies et des peuples, comme les Kurdes, prendre leur indépendance ; celle qui voit le monde musulman aux prises avec une ancestrale guerre de religion intérieure.Qui peut imaginer un instant que le continent voisin, l’Europe, qui compte de larges populations musulmanes, peut ne pas être touché par le cocktail de guerres et de conflits ethniques, religieux, politiques qui met le Proche-Orient en fusion ? Il faudra une génération pour que cette région retrouve un semblant d’équilibre, et nous n’avons les moyens d’y contribuer que marginalement.La lutte contre l’extrémisme islamiste est ainsi un engagement de long terme, difficile, complexe, multiforme. Tous ceux qui affichent une radicalité de podium sont de dangereux illusionnistes. Ils trompent l’opinion au lendemain d’un drame, en un moment de désarroi profond.L’UE cherche une réponse au défi djihadiste 09.01.2015 à 10h55 • Mis à jour le09.01.2015 à 10h58 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le taux d’inflation de la Chine est demeuré à un niveau particulièrement faible en décembre 2014, à + 1,5 %, même si cela traduit une légère progression par rapport au 1,4 % enregistré en novembre.L’indice des prix à la consommation progresse ainsi de 2 % sur l’ensemble de l’ensemble de l’année 2014, bien en deçà de l’objectif officiel d’une inflation à 3,5 % fixé par Pékin, selon les statistiques publiées vendredi 9 janvier.De tels indicateurs devraient inciter le gouvernement chinois à assouplir encore davantage sa politique monétaire, selon les analystes.L’effet de la baisse du prix du pétrole et de la faiblesse de la demande intérieureLa relativement basse croissance de l’économie chinoise sur l’année écoulée et la baisse des prix de l’énergie sont les principaux facteurs d’explication de cette faible inflation.« L’effondrement des prix du pétrole est une raison majeure mais la faiblesse de la demande intérieure en est une autre », écrit Zhu Haibin, chef économiste de la banque JP Morgan, dans une note.La deuxième économie de la planète n’a probablement pas atteint en 2014 l’objectif d’une progression de 7,5 % de son PIB en 2014.La décélération de l'économie chinoise se confirmeCe ralentissement s’illustre particulièrement à l’entrée des usines chinoises, où l’indice des prix industriels baisse de 3,3 % sur un an en décembre. Cet indice PPI est en déflation depuis 34 mois, reflétant la baisse des coûts, notamment celui des matières premières et de l’énergie, qui lui-même s’explique en partie par la demande plus faible des grands émergents, dont la Chine, ces dernières années.« Le taux d’inflation est largement sous l’objectif fixé en début d’année dernière et le risque de déflation continue d’augmenter », juge par téléphone Ma Xiaoping, économiste de la HSBC à Pékin.De nouvelles mesures monétaires attenduesCompte tenu des perspectives d’évolution des prix, il y a, selon Ma Xiaoping encore davantage d’espace pour assouplir la politique monétaire de la Banque populaire de Chine et stimuler ainsi l’activité.L’établissement émetteur central, qui en République populaire est soumis à la direction de l’Etat-parti, a déjà baissé ses taux directeurs le 21 novembre.Pour soutenir son économie, Pékin abaisse le coût du créditIl s’agissait d’une première depuis deux ans et de la fin de l’épisode inflationniste, qui avait suivi le gigantesque plan de relance, de 540 milliards d’euros, déployé pour faire face à la crise financière mondiale, à partir de l’automne 2008.Le gouvernement chinois devrait probablement annoncer, au début du printemps, un objectif de croissance plus bas pour l’année 2015, autour de 7 %, en adéquation avec la « nouvelle norme » à laquelle doit s’adapter l’économie chinoise, selon l’expression du président Xi Jinping.L’agence Bloomberg pensait savoir cette semaine que les planificateurs chinois ont décidé d’accélérer environ 300 projets d’infrastructures.Un officiel de la puissante Commission nationale pour le développement et la réforme a pris soin de préciser qu’il s’agit uniquement de promouvoir les investissements dans sept domaines, dont les infrastructures, l’environnement ou la santé, selon un plan de développement courant jusqu’en 2016 et déjà évoqué par le premier ministre, Li Keqiang. Et nullement d’un nouveau plan de relance majeur.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.01.2015 à 09h57 Des membres du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaida, et de plusieurs autres groupes armés sunnites ont pénétré dans la nuit de jeudi à vendredi dans deux localités chiites du nord de la Syrie avant d'être repoussés, a-t-on appris auprès des deux camps et de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).Les insurgés ont brièvement pris le contrôle des rues de la partie sud de Zahra et de bâtiments dans le village voisin de Nubl, à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville d'Alep, rapporte l'OSDH, organisation sise à Londres qui s'appuie sur un réseau d'informateurs sur le terrain.Les assaillants, qui disposaient de sept chars au moins, ont été repoussés par la Force nationale de défense, un groupement de milices progouvernementales placées sous la tutelle de l'armée.Des partisans de Damas ont publié sur les réseaux sociaux des photos montrant selon eux les corps de combattants d'Al-Nosra dans un fossé.Les deux communes sont assiégées depuis des mois par les forces antigouvernementales. L'armée ravitaille les habitants par hélicoptère.La guerre en Syrie, qui a débuté par un soulèvement pacifique contre le président Assad en mars 2011, a fait quelque 200000 morts selon les Nations unies. 09.01.2015 à 08h02 Au moins 35 prisonniers politiques ont été libérés à Cuba au cours des dernières 48 heures dans le cadre de l'amorce du rapprochement diplomatique annoncé mi-décembre avec les Etats-Unis. « Nous en sommes à 35 libérations », a indiqué Elizardo Sanchez, président de la Commission cubaine des droits de l'homme (CCDH), interdite mais tolérée par les autorités.Quatre heures plus tôt, M. Sanchez et le leader de l'Union patriotique de Cuba (Unpacu, organisation illégale d'opposition basée dans l'est du pays), José Daniel Ferrer, en avaient dénombré 30, sur les 53 personnes que La Havane s'est engagé auprès de Washington à libérer, mais dont les noms n'ont jamais été publiés.Selon M. Ferrer, la plupart des prisonniers libérés sont membres de l'Unpacu. Les sorties de prisonniers « continuent au compte-gouttes et devraient se poursuivre demain » vendredi, a assuré Elizardo Sanchez, précisant que plusieurs provinces du pays étaient concernées.Le département d'État américain avait annoncé mardi que les autorités cubaines avaient relâché une partie des 53 prisonniers politiques dont les États-Unis réclamaient la libération dans le cadre de l'amorce du rapprochement diplomatique annoncé le 17 décembre entre les deux pays.Mais la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki, n'avait pas précisé combien de personnes étaient concernées, ni leur identité. De son côté, La Havane n'avait toujours pas commenté ces informations jeudi.Au moment de l'annonce du dégel entre Washington et La Havane, l'île communiste comptait une centaine de prisonniers politiques, selon des sources proches de la dissidence. Leur nombre dépassait encore 300 lors de la prise de fonction de Raul Castro, qui a succédé en juillet 2006 à son frère Fidel, qui s'était retiré pour raisons de santé.Lire aussi (édition abonnés) : A Cuba, la société civile toujours sous surveillance 08.01.2015 à 19h39 La chancelière allemande Angela Merkel a maintenu la pression sur la Russie, jeudi 8 janvier, en excluant tout allégement des sanctions économiques contre Moscou sans avancée majeure dans le conflit dans l'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine.pourparlers cruciauxCes déclarations interviennent à une semaine de pourparlers cruciaux prévus au Kazakhstan entre les présidents ukrainien, Petro Porochenko, et russe, Vladimir Poutine, en présence de Mme Merkel et de François Hollande pour relancer un processus de paix qui piétine alors que le conflit a fait plus de 4 700 morts depuis avril.« Je pense qu'avant de pouvoir décréter la levée des sanctions, nous devons nous assurer que les accords de Minsk ont été appliqués dans leur intégralité », a déclaré la chancelière, rassurant ainsi le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, en visite à Berlin. Ces accords signés en septembre prévoient notamment un cessez-le-feu et le retrait des « groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien ».>> Lire notre analyse : Une trêve et après… où en est la guerre en Ukraine ?Le ministre de la défense ukrainien, Stepan Poltorak, a estimé jeudi que 7 500 soldats russes étaient toujours présents dans le Donbass. « D'abord les accords de Minsk doivent être respectés, seulement ensuite on peut discuter si les sanctions doivent être levées », a abondé M. Iatseniouk, rappelant le rôle « crucial » de ces sanctions prises après l'annexion de la Crimée en mars puis renforcées après la catastrophe du Boeing malaisien en juillet, abattu par un missile au-dessus d'une zone contrôlée par les séparatistes prorusses.Alors que les pourparlers de paix entre le groupe de contact composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) avec les rebelles sont dans l'impasse, Kiev a annoncé un sommet dans le format dit Normandie (Ukraine, Russie, France, Allemagne) le 15 janvier à Astana, capitale du Kazakhstan. Cette date reste toutefois encore à confirmer « après les discussions prévues dans les prochains jours », a précisé Mme Merkel. Un entretien téléphonique entre les ministres des affaires étrangères des quatre pays est prévu vendredi, selon un responsable ukrainien.sanctions économiquesLa Russie subit de plein fouet des sanctions économiques européennes et américaines combinées à la chute du cours du pétrole. Le pays est entré en récession en novembre (– 0,5 %) pour la première fois depuis cinq ans et le rouble a perdu un tiers de sa valeur en 2014.>> Voir aussi la carte animée : Comprendre les origines de la crise en cinq minutesL'Ukraine paie elle aussi le prix de la guerre et de la crise économique. Elle a connu en 2014 sa pire année depuis 1945 avec un PIB en chute de 7,5 % et une monnaie dévaluée de 50 %, et le Parlement ukrainien a adopté un budget d'austérité pour 2015 qui va quintupler les dépenses de sécurité et de défense mais supprimer certains avantages sociaux et instaurer de nouveaux impôts.Toutefois, le gouvernement ukrainien devrait pouvoir compter sur une nouvelle aide de 1,8 milliard d'euros proposée, jeudi 8 janvier, par la Commission européenne, qui vient s'ajouter à 1,6 milliard d'euros déjà octroyés.>> Lire aussi : Jean-Claude Juncker annonce le déblocage de 1,8 milliard d'euros d'aide pour l'Ukraine Luc Vinogradoff et Julie Carriat Alberto Nisman s'apprêtait à incriminer publiquement la présidente argentine Cristina Kirchner. Quelques heures avant son audition, il est retrouvé mort, une balle dans la tête. Le gouvernement parle de suicide, l'enquête en cours n'est pas capable de le confirmer et beaucoup d'Argentins crient, eux, au complot.Une mort suspecte, une enquête qui piétine et des messages inquiétants Le 19 janvier au matin, Alberto Nisman, 51 ans, est retrouvé mort d'une balle dans la tête dans la salle de bains de son domicile de Buenos Aires. Sur la scène de crime, au 13e étage d'un bâtiment du quartier chic de Puerto Madero, les policiers retrouvent uniquement un revolver, qui s'avère avoir été prêté par un ami deux jours avant, et une douille de calibre 22 mm.Le 20 janvier, ce procureur devait présenter devant le Congrès les preuves trouvées après une enquête de plus de 10 ans sur les attentats contre l'Association mutuelle israélite argentine de Buenos Aires. L'attaque avait fait 85 morts et 300 blessés, le 18 juillet 1994. Fortement soupçonné de l'avoir organisée, l'Iran a toujours démenti toute implication.M. Nisman disait avoir en sa possession des preuves montrant que la présidente argentine et son ministre des affaires extérieures, Hector Timerman, ont empêché l'enquête de progresser pour ménager Téhéran, un partenaire économique privilégié de l'Argentine. Mme Kirchner avait déjà été mise en cause dans un rapport signé de M. Nisman et remis le 14 janvier à la justice – il a été rendu public depuis. Mais le magistrat assurait détenir des enregistrements téléphoniques, qu'il aurait sans doute dévoilé. Sa disparition brutale a suscité un fort émoi en Argentine, dans les sphères politique comme dans le reste de la société. D'autant que les premiers éléments de l'enquête n'ont pas éclairci les circonstances de sa mort, bien au contraire. Alors que la police a d'abord assuré que les portes de l'appartement étaient fermées, un serrurier appelé pour les ouvrir a affirmé à la presse qu'une d'entre elles l'était déjà. Un responsable gouvernemental a dû s'excuser pour avoir dit, avant même les conclusions de l'autopsie, qu'il s'agissait sans aucun doute d'un suicide.Celle-ci a eu lieu mardi et n'a pas vraiment fait avancer les choses : elle a exclu toute participation d'une autre personne, mais a constaté qu'aucun résidu de poudre n'a été retrouvé sur les doigts de la victime. Ce qui ne veut pas dire, selon la magistrate saisie de l'enquête, Viviana Fein, « qu'il n'a pas tiré », car un revolver de calibre 22 mm ne projette pas forcément de poudre. Une « enquête pour déterminer s’il y avait eu incitation au suicide » a été lancée.La famille et l'ex-femme du procureur ont catégoriquement rejeté la thèse du suicide, rappelant que M. Nisman avait reçu beaucoup de menaces de mort et était escorté par dix gardes du corps. Ses amis se sont succédé pour dire que son comportement avait été tout à fait normal pendant ses derniers jours.La presse, elle, a ressorti des déclarations du procureur qui prennent une tout autre lumière au vu des événements. Une journaliste de Clarin se souvient que l'homme lui a dit, deux jours avant sa mort : « Ça pourrait me tuer cette histoire. » Une chaîne de télévision a diffusé un message envoyé par M. Nisman à plusieurs proches via Whatsapp, dans lequel il dit notamment :« Plus tôt que tard, la vérité triomphera [...]. J'en suis certain. Je ferai ce qu'il faut pour, peu importe qui se met en travers de mon chemin. Merci à tous. Justice sera faite. Ah, et au fait, au cas où vous le vous demanderiez, je ne suis pas devenu fou ou quoi que ce soit. Malgré tout, je n'ai jamais été mieux. »La piste iranienne et le complot Au cœur de la longue enquête du procureur Nisman, on retrouve la présidente Kirchner et le régime iranien. Il récupère le dossier en 2004, après 10 ans d'enquête où l'incompétence se joint à l'absence totale d'avancées. Deux ans plus tard, il lance huit mandats d'arrêt visant des hauts dirigeants iraniens, dont l'ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani, l'ancien chef des Gardiens de la révolution Mohsen Rezai, l'ancien patron des services secrets Ali Fallahian, et Imad Mougniyeh, haut dirigeant du groupe terroriste libanais Hezbollah. Téhéran refuse de livrer les suspects.Puis plus rien jusqu'en 2013, lorsque l'Iran et l'Argentine signent un mémorandum pour la mise en place d'une commission d'enquête commune et l'audition à Téhéran des huit suspects. Les détracteurs de cet accord y voient une façon de saper l'autorité de M. Nisman et de bloquer son enquête.Dans son rapport, rendu le 14 janvier, ce dernier accuse Mme Kirchner et son gouvernement d’avoir « décidé, négocié et organisé l’impunité des terroristes iraniens en fuite » afin de « fabriquer l’innocence de l’Iran », dans le but « de rétablir des relations commerciales pleines d’Etat à Etat afin de pallier la grave crise énergétique argentine, moyennant un échange de pétrole iranien contre des céréales argentines ». M. Nisman dit avoir travaillé pendant plusieurs années avec des écoutes téléphoniques et implique également des élus, des figures de la communauté irano-argentine et le chef d'un parti d'extrême gauche.Lire aussi (édition abonnés):  La présidente argentine est accusée d'entraver l'enquête sur l'attentat antijuif de 1994La présidente s'explique, le pays fulmine Dans un long texte publié sur sa page Facebook, alors que le choc faisait place à l'indignation en Argentine, Cristina Kirchner s'est interrogée : « Qu'est-ce qui pousse (...) quelqu'un au suicide ? » Affirmant que l'acte supposé du magistrat « choquait » et suscitait « des questions », elle a mis en garde contre les « mensonges » qui la viseraient. Citant des détails de l'emploi du temps du magistrat comme autant d'indices, elle a sous-entendu que le dossier des preuves d'Alberto Nisman avait été fabriquées de toutes pièces pour nuire à son parti à l'approche des élections d'octobre.L'intervention n'a pas convaincu, que ce soit les opposants ou la presse. Dans Clarin, l'écrivain Marcelo Birmajer estimait que « la parole officielle ne vaut plus rien », choqué de voir la rapidité avec laquelle de la présidente s'était rangée à la thèse du suicide. Dans La Nacion, Carlos Pagni lance : « La démocratie argentine est teintée de peur, ce qui en fait une moindre démocratie. »Au gouvernement, on répond aussi férocement, que ce soit sur l'enquête sur l'attentat ou sur la disparition du procureur. Le chef de cabinet de la présidence, Jorge Capitanich, parle « d'une accusation absurde, illogique, irrationnelle et ridicule » orchestrée, selon lui, par une partie de la justice, des médias, des services secrets argentins et internationaux pour « déstabiliser » le gouvernement. Il a également rappelé que le procureur Nisman avait mis en cause l'ex-chef d'Etat Carlos Menem (1989-1999) dans cette affaire, demandant même son incarcération, et que l'entourage du sulfureux ex-président pourrait être impliqué.Mais c'est le public argentin qui semble le moins convaincu par les explications du pouvoir. Lundi soir, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans tout le pays pour demander « vérité et justice ». Un cortège a défilé devant le palais présidentiel à Buenos Aires, armé de casseroles comme au temps où le pays était dans le chaos économique. Sur les réseaux sociaux, le slogan « Je suis Charlie » est devenu « Yo soy Nisman ». Et la pression est loin de retomber. De nouvelles manifestations sont prévues cette semaine, en premier lieu mercredi soir, sur les lieux de l'attentat de 1994 à l'appel de l'Association mutuelle israélite argentine et de la Délégation des associations israélites argentines. Julie CarriatJournaliste au MondeLuc VinogradoffJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) Simple recadrage marketing ou conséquence des campagnes féministes, la décision du magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch de supprimer les photos de femmes aux seins nus qui ornaient la page 3 du quotidien britannique The Sun depuis 1970, a été unanimement saluée, mardi 20 janvier.Fait rare en pleine campagne électorale, les politiques de tous bords se sont donné le mot pour applaudir la fin des « pages 3 girls », sorte d’institution entretenue depuis quarante-quatre ans par le tabloïd le plus lu du pays (2,2 millions d’exemplaires quotidiens en moyenne).« Réduire ainsi les femmes à l’état d’objets revenait à affirmer haut et fort que l’important, ce sont nos poitrines et pas nos cerveaux », s’est félicitée la députée travailliste Stella Creasy. « Cette décison n’avait que trop tardé », a renchéri la secrétaire à l’éducation conservatrice Nicky Morgan. Mais, en plein débat sur la liberté d’expression, consécutif à la tuerie de Charlie Hebdo à Paris, le premier ministre britannique, David Cameron, n’a pas été plus loin. « C’est aux rédacteurs en chef de prendre de telles décisions », a seulement noté, mardi, son porte-parole.La décision de M. Murdoch n’a pas été annoncée dans The Sun mais dans The Times dont il est aussi propriétaire. Mardi, sur la page 3 du tabloïd populaire, l’habituel modèle topless avait cédé la place à deux actrices du feuilleton Hollyoaks courant en bikini sur une plage de Dubaï. « Exhiber des femmes en bikinis, est-ce vraiment réfléchir de façon moderne à la contribution des femmes à la société ? », a raillé Jo Swinson, la ministre (LibDem) des femmes et de l’égalité.« Démodées »Les « filles de page 3 » étaient la cible, depuis 2012, d’une vigoureuse campagne « No more page 3 ». Une pétition visant à « virer les nichons à l’air du Sun » (Take the bare boobs out of The Sun) a été signée par plus de 210 000 personnes. « Après quarante-quatre ans, il était temps », a déclaré Yas Necati, figure de proue du mouvement de protestation.En réalité, « Lucy, 25 ans, de Warwick », une jeune femme rousse à la poitrine nue figurait toujours, mardi, dans The Sun, mais uniquement dans sa version en ligne, qui propose à ses lecteurs de parcourir toute une « gallerie » de ce qui reste dénommé les « page 3 ».Dans le journal imprimé, l’habitude de publier des photos dénudées en page 3 avait été introduite en 1970, un an après le rachat du Sun par Rupert Murdoch. Ces clichés réputés osés à l’époque étaient au cœur de la stratégie commerciale, centrée sur le sexe, qui a fait le succès du tabloïd. Il s’agissait de concurrencer les pin-up en lingerie fine ou en bikini du Daily Mirror.En 2014, Rupert Murdoch avait déclaré que « les féministes qui nous bassinent à propos de la page 3 n’achètent jamais le journal », avant de reconnaître, en septembre, que les « page 3 girls » étaient « démodées ».Le retrait annoncé mardi n’a fait l’objet d’aucun commentaire de David Dinsmore, rédacteur en chef du Sun. En cas d’impact négatif sur les ventes, la décision pourrait d’ailleurs être reconsidérée.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guy Dutheil Les relations se tendent entre Air France et Aéroports de Paris (ADP). La compagnie aérienne, qui est la principale utilisatrice des aéroports gérés par ADP, critique le volet financier du troisième contrat de régulation économique (CRE 3) dévoilé, lundi 19 janvier, par le gestionnaire aéroportuaire.Ce sont en l’occurrence les redevances aéroportuaires qui sont au centre du conflit. Pour les cinq prochaines années, ADP veut les augmenter de 1,75 % en moyenne, sans compter l’inflation.Le gestionnaire d’aéroports plaide, pourtant, une certaine « modération tarifaire ». En 2015, dernière année du CRE2, la hausse des redevances culminera à 2,4 %, hors inflation.Face à ADP, les compagnies, souvent en proie à des difficultés économiques, à l’instar d’Air France, revendiquent depuis longtemps une stabilité sinon un gel des redevances.Augmentation des investissementsChez ADP, où l’on ironise sur les compagnies aériennes qui « trouvent notre modération tarifaire insuffisante », on justifie cette progression des redevances par la forte progression des investissements.Entre 2016 et 2020, le gestionnaire a prévu d’investir 3,1 milliards d’euros pour développer, moderniser ou rénover nombre d’infrastructures à Roissy ou à Orly. À titre de comparaison, il n’a dépensé « que » 1,9 milliard d’euros de 2011 à 2015, à l’occasion du CRE 2.ADP veut développer le trafic passager. L’objectif d’Augustin de Romanet, son PDG, est de faire de Roissy, en cinq ans, l’aéroport leader en Europe. Devant Heathrow (Londres) et Francfort. L’ambition d’ADP est portée par une prévision de croissance du trafic passagers de 2,5 % par an.Les capacités de Roissy et d’Orly devraient être respectivement portées à 78,5 millions et 31,5 millions de passagers en 2020, contre 63,8 millions et 28,9 millions aujourd’hui.Cette stratégie est à la fois offensive et défensive. En 2013, Dubaï a dépassé Roissy pour devenir le 7e aéroport du monde.Dans les faits, la plus grosse enveloppe, plus d’un milliard d’euros, sera dévolue aux grands travaux. Car pour réussir son bond en avant et dépasser ses concurrents directs, ADP prévoit de rénover trois pistes à Orly et Charles de Gaulle.Le gestionnaire d’aéroports veut élargir la bretelle d’accès à CDG qui passerait de deux à trois voies.Le Roissy Express, la liaison ferroviaire rapide et directe entre Roissy et Paris, figure aussi au nombre des projets.Enfin, ADP prévoit de consacrer 600 millions d’euros pour, notamment, construire « un nouveau trieur de bagages pour Air France » à Roissy.Petits gestes en direction d’Air FrancePour emporter l’adhésion d’Air France, M. de Romanet a revu sa politique tarifaire. Les tarifs seront ainsi modulés « en fonction de la longueur des courriers », explique ADP.Cela signifie que les redevances « seront moins chères pour les liaisons long-courriers et plus chères pour le court et le moyen-courrier. »Ces dispositions visent à favoriser Air France, présente sur tous les types de destination. Elles alourdiront, en revanche, un peu la facture des compagnies low cost, qui n’exploitent que des vols court et moyen-courriers.Ryanair, la championne européenne des low cost en a déjà tiré les leçons : « Trop cher ! » La compagnie restera basée à Beauvais et ne demandera pas de créneaux pour faire décoller ses avions de Roissy ou d’Orly.ADP a aussi trouvé un autre moyen de complaire à Air France. Les compagnies qui basent leurs avions à Paris, comme Air France à CDG ou Transavia à Orly, seront « exemptées de redevance ».ADP veut aussi « pénaliser les compagnies les moins performantes ». Celles notamment dont les taux de remplissage sont insuffisants. Qui donc drainent le moins de passagers vers les boutiques « duty free » de Roissy et d’Orly.ADP pourrait aussi commencer de céder à une des principales revendications des compagnies aériennes qui veulent la fin de la « double caisse ». Ce système sépare les revenus des redevances des recettes tirées des magasins « duty free ».ADP entend maintenir cette « double caisse », mais il annonce qu’il va « modifier les clefs de la comptabilité analytique » : le gestionnaire accepte qu’une part des recettes des activités commerciales, non régulées, viennent financer les investissements de maintenance jusqu’ici abondés uniquement par les revenus tirés des redevances versées par les compagnies.Finalisation en juilletPour boucler ce CRE 3, ADP doit trouver un accord avec l’Etat et les compagnies aériennes. « Ces négociations tripartites démarrées depuis juin 2014 se sont très bien passées », pointe ADP.Le calendrier prévoit que les compagnies ont désormais six semaines pour déposer leurs propositions.La prochaine étape permettra aux trois acteurs de confronter leurs souhaits et leurs griefs au sein d’une commission.L’objectif est que le prochain contrat de régulation économique (CRE3) soit signé en juillet 2015.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.01.2015 à 16h37 Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) pourrait annoncer, jeudi 22 janvier, que l’institution monétaire achètera jusqu’à 50 milliards d’euros par mois de dettes publiques d’États de la zone euro, et ce pendant un an à deux ans. C’est en tout cas ce que le directoire de la BCE a proposé au Conseil des gouverneurs, selon les sites Internet du Financial Times et du Wall Street Journal, qui citent des sources proches du dossier.Cette proposition a été examinée mardi. Mais la décision finale sur l’ampleur exacte de ce programme dit d’« assouplissement monétaire » (ou de « quantitative easing », QE), qui vise à dissiper enfin la menace déflationniste pesant sur la zone euro et, surtout, à remettre les dix-neuf pays membres sur la voie d’une croissance solide, ne sera prise jeudi matin, lors de la réunion des gouverneurs. Elle sera annoncée en milieu de journée.Le chiffre cité par le Financial Times et le Wall Street Journal montre que la BCE pourrait aller plus loin que ce à quoi les analystes s’attendent. Jusqu’à présent, c’est un montant global de 500 à 600 milliards d’euros qui a été évoqué.Passe d’armes médiatique au sein de la BCE sur le rachat de dettes publiquesUn « risque » pour les réformes structurellesAu Forum de Davos, l’imminence des annonces de la BCE était au cœur des débats. Axel Weber, ancien président de la Banque centrale allemande, et à ce titre membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a ainsi mis en garde : « Selon moi, [les membres de la BCE] ne devraient pas aller trop loin parce que, plus ils en font, plus l’incitation pour que les gouvernements agissent est faible », a expliqué celui qui est désormais président de la banque suisse UBS.M. Weber avait claqué la porte de l’institut de Francfort, en partie pour protester contre une politique de la BCE qu’il jugeait trop laxiste.Zone euro : pourquoi les remèdes traditionnels ne fonctionnent plus« Si le QE réussit et rétablit la confiance, c’est très bien, mais le risque c’est que les efforts politiques sur les réformes structurelles et la compétitivité soient mis au second plan », a approuvé le patron de la banque HSBC, Douglas Flint, relevant que la croissance ne pourrait venir que des réformes structurelles, le rôle de la BCE se limitant à créer l’environnement adéquat.Anshu Jain, l’un des deux patrons de Deutsche Bank, s’est montré moins sévère, estimant que les rachats d’actifs n’étaient « ni négatifs, ni positifs ». Ce programme « va amener de la stabilité en Europe, améliorer les réserves pour créances douteuses, réduire les faillites, ce qui est bon pour les banques », a-t-il souligné, précisant que le marché tablait sur des rachats à hauteur de 750 milliards d’euros.Il a toutefois rappelé que pour les banques, le rachat d’actifs se traduirait également par des taux d’intérêts très bas, « avec une véritable destruction des marges, ce qui sera un grand défi à relever. »Et si la BCE achetait des actions ? 21.01.2015 à 15h49 • Mis à jour le21.01.2015 à 18h30 | Benoît Vitkine Le président ukrainien, Petro Porochenko, a décidé d’écourter son séjour à Davos et rentrera mercredi 21 janvier en Ukraine, en raison de « l’aggravation » de la situation dans l’Est. Les combats se sont intensifiés ces derniers jours, notamment pour le contrôle de l’aéroport de Donetsk et dans la partie nord de la région de Louhansk. Pour la première fois depuis l’été, Kiev a accusé l’armée russe de prendre directement part à ces combats qui ont tué cinq civils à Donetsk, dans la nuit de mardi à mercredi.Si l’Ukraine a fréquemment accusé Moscou de fournir du matériel et des blindés aux rebelles du Donbass, c’est la première fois depuis l’été qu’elle affirme que des troupes régulières russes participent directement aux combats. Lundi, l’état-major ukrainien faisait état de l’arrivée sur le territoire rebelle de deux bataillons tactiques de l’armée russe, chacun comptant 300 à 350 hommes et du matériel. Ceux-ci auraient passé la frontière dans la région de Louhansk.Le lendemain, Kiev assurait que ces soldats avaient pris part à des combats précisément dans la partie nord de cette région de Louhansk. L’armée ukrainienne y a notamment subi de lourds bombardements et a dû abandonner un barrage qu’elle tenait à l’est de la ville de Louhansk.En tout, selon le président Petro Porochenko, plus de 9 000 soldats russes seraient présents sur le sol ukrainien. Un chiffre invérifiable.Moscou a qualifié ces accusations « d’hallucinations », comme elle nie depuis le début de la guerre être impliquée de quelque façon que ce soit. La livraison d’armes et le passage d’hommes en armes par la frontière ont pourtant été documentés à plusieurs reprises et constatés par de nombreuses sources indépendantes.Sur les renforts russes, lire : Pourquoi l’ONU évoque le risque d’une guerre civile dans l’est de l’UkraineOù et pourquoi combat-on ?Au cours de l’été, l’intervention directe de l’armée russe avait stoppé net l’armée ukrainienne alors que celle-ci menait une offensive victorieuse contre les places fortes des séparatistes dans la région.Petro Porochenko : « La ligne de front pour défendre les valeurs de l’Europe, c’est l’Ukraine »Des combats, le plus souvent sous forme d’échanges d’artillerie, ont lieu tout le long de la ligne de front. Il y a quelques jours, l’explosion d’une roquette a tué treize occupants d’un bus près de la localité de Volnovakha. L’épisode, survenu en un lieu relativement épargné par les violences ces dernières semaines, a fortement ému l’Ukraine.Lire aussi Treize civils tués dans une attaque contre un barrage de l’armée ukrainienneMais les affrontements les plus durs sont localisés sur quelques points chauds des régions de Donetsk et de Louhansk, notamment le nord de cette dernière. Là, les rebelles essaient depuis plusieurs mois de prendre la ville Chtchastia, qui abrite une centrale thermique et dont le contrôle leur permettrait de mettre Louhansk à l’abri.Voir ci-dessous la carte de situation de l’état-major ukrainien : Le cas de l’aéroport de Donetsk est différent. C’est là qu’ont lieu les combats les plus sanglants. L’infrastructure elle-même, totalement détruite, est hors de service depuis le mois de mai, mais le contrôle des lieux est devenu un enjeu symbolique majeur pour les deux camps. Le territoire de l’aéroport constitue aussi une pointe avancée de l’armée ukrainienne dans la ville de Donetsk, et donc une menace permanente pour les séparatistes.Voir ci-dessous le territoire de l’aéroport filmé par un drone :lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#_2dsVMpyL40"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "_2dsVMpyL40", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La trêve est-elle enterrée ?Plusieurs cessez-le-feu ont été conclus dans ce conflit qui dure depuis neuf mois et qui a fait officiellement 4 800 morts, et sans doute davantage. Les deux derniers, conclus à Minsk en septembre et en décembre 2014, portaient la signature de la partie russe et ont fait baisser l’intensité des combats. Mais ceux-ci ne se sont jamais arrêtés. Il y a une dizaine de jours, le niveau des violences a brutalement augmenté, les bombardements et les accrochages reprenant avec une vigueur qui rappelle les durs combats de l’été. Une dizaine de soldats ukrainiens et autant de civils y sont morts – les chiffres des tués dans les rangs séparatistes ne sont pas connus. Les deux camps se rendent mutuellement responsables du déclenchement des combats et affirment ne faire que riposter aux attaques adverses.Pour autant, les accords de Minsk ne sont pas morts. Ils servent toujours de base aux épisodiques négociations entre belligérants et capitales impliquées dans le dossier. Ces accords ont un volet militaire – cessez-le-feu, retrait des armes lourdes, retrait des combattants étrangers, échange de prisonniers… – et un volet politique et institutionnel qui paraît particulièrement ambitieux dans le contexte actuel.La diplomatie au point mortMercredi soir, les ministres des affaires étrangères russe, ukrainien, allemand et français doivent se retrouver à Berlin. L’objectif reste la préparation d’une éventuelle rencontre à Astana, au Kazakhstan, entre les chefs d’Etat de ces quatre pays. Mais ce sommet semble très hypothétique.Initialement prévue le 15 janvier, une telle rencontre a déjà été annulée il y a dix jours, alors même que la situation sur le terrain était plus calme. Les diplomates occidentaux indiquaient alors que les discussions achoppaient sur le tracé d’une ligne de démarcation entre les deux camps, la Russie refusant de reconnaître celle définie lors des accords de Minsk de septembre 2014.Lire aussi (en édition abonnés) La diplomatie piétine dans le dossier ukrainienBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.01.2015 à 14h03 • Mis à jour le21.01.2015 à 14h43 | Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial) Patrick Pouyanné, le nouveau PDG du groupe pétrolier français Total, a assuré, mercredi 21 janvier, n’être « pas inquiet » en ce qui concerne l’évolution des prix du brut, assurant que ceux-ci « vont remonter sur le long terme. » En l’occurrence, cela n’interviendra pas avant le second semestre, a-t-il précisé.« Aujourd’hui, il y a une augmentation de l’offre et un ralentissement de la demande du fait de la conjoncture économique, c’est pour cela que le prix du pétrole baisse. Mais il s’agit d’un cycle, je ne crois pas à une diminution de la demande d’énergie dans le monde », a expliqué M. Pouyanné, qui s’exprimait lors d’une conférence sur « Le nouveau contexte énergétique », dans le cadre du 45e Forum économique mondial, à Davos (Suisse).Le prix du baril de pétrole a baissé de 60 % depuis juin 2014 et se situe désormais au-dessous de 49 dollars.« Trois milliards d’êtres humains n’ont pas accès à l’énergie, ce n’est pas soutenable. L’accès à l’énergie n’est pas qu’un enjeu environnemental, c’est aussi un enjeu social. Le monde à besoin d’énergie et les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) continueront d’assurer 70 % des besoins dans les 20 à 25 prochaines années », a relevé le successeur de Christophe de Margerie à la tête de Total.« Du pétrole de schiste à moins de 50 dollars le baril, c’est possible »M. Pouyanné a ajouté qu’« il faudra investir énormément pour maintenir la production car la moitié des champs existants vont disparaître d’ici à 2030 ».En attendant, pour adapter la première entreprise française à l’effondrement des cours de l’or noir, Total va toutefois accélérer la réduction de ses investissements dans l’exploration-production (E & P), engagée en 2014, après la folle expansion des années 2011-2013.M. Pouyanné a indiqué au Financial Times, dans un entretien publié mercredi matin, qu’il compte réduire ces dépenses de 10 % en 2015, soit environ 2,5 milliards de dollars de moins que les 26 milliards de dollars (22,5 milliards d’euros) de 2014. Son idée : ramener à 40 dollars le coût de production auquel le baril est rentable.Brute de brut chez TotalÉvoquant la baisse du prix du baril et la menace qu’elle pourrait faire peser sur les producteurs pétrole (et de gaz) de schiste, le patron de Total a déclaré qu’« il faut se méfier de ceux qui prédisent la mort des producteurs aux États-Unis ».À l’heure actuelle, « 80 % de leur production a un prix de revient de 70 dollars le baril, ce qui est au-dessus du marché. Mais on sous-estime leur capacité à produire de manière plus efficace », a fait valoir M. Pouyanné, avant de lancer : « du pétrole de schiste à moins de 50 dollars le baril, c’est très possible. »Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.01.2015 à 13h51 • Mis à jour le21.01.2015 à 14h26 | Laurence Girard Un vent froid a soufflé sur les marchés des matières premières en 2014 et ses effets devraient encore se faire sentir en 2015. La chute des prix mondiaux pourrait atteindre 27 % en 2015, selon Philippe Chalmin, professeur à l’université de Paris-Dauphine et fondateur de la société Cyclope, qui publiait, mercredi 21 janvier, comme chaque année, son bilan et ses perspectives sur les matières premières.Hors pétrole et métaux précieux, le recul serait de 7 %. Un fort repli après une baisse de 7,35 % en 2014.« 2014, année du contre-choc sur les marchés mondiaux de matières premières et de commodités », ce titre serait pour M. Chalmin, facile à utiliser pour caractériser ce qui s’est passé ces derniers mois mais s’avèrerait simpliste pour décrire des situations contrastées. Personne n’avait imaginé un décrochage aussi brutal du prix du pétroleSi contre-choc il y a eu, c’est surtout le cours du pétrole qui l’a subi de plein fouet. Et les spécialistes de l’art si délicat des prévisions le reconnaissent.Cyclope, lui-même, tablait il y a un an sur un cours stable autour des 100 euros. L’heure était alors plus à la crainte d’une hausse des cours, l’aggravation de la tension au Moyen-Orient pouvant causer une baisse de la production.Mais un tout autre scénario géopolitique s’est déroulé. Tout a basculé à l’été, lorsque l’Arabie saoudite a joué l’ouverture des vannes et la carte du prix agressif pour regagner des parts de marché face aux pétroliers américains, très concurrentiels avec leur pétrole de schiste.Pétrole : les raisons de la chute continue des prixLes Etats-Unis qui, un temps, ont vu dans la baisse du prix un moyen de faire pression sur la Russie et l’Iran, ont accompagné le mouvement. Résultat, alors qu’en juin, le baril culminait à 112 dollars, il a terminé l’année à 60 dollars, emporté par l’abondance de l’offre.Pour Cyclope, qui s’appuie sur des moyennes de prix comparées d’une année sur l’autre, cette dégringolade, sensible surtout en fin d’année, devrait plutôt affecter les données 2015.« Il n’y a aucune perspective que le pétrole remonte à court terme, juge M. Chalmin. On peut s’attendre à une légère reprise à partir de l’été. »Les récoltes surabondantes font plonger les matières premières agricolesLa baisse du pétrole a entraîné dans son sillage celle du charbon et du gaz naturel. Mais les plus fortes chutes, en 2014, selon les données de Cyclope, sont le fait des matières premières agricoles, orge et maïs (–32 %) en tête. Blé, riz, sucre ou huile de palme ont aussi été entraînés dans une spirale baissière.Le cours du blé fluctue entre le Nil et la VolgaBien que le spectre d’El Niño ait été agité il y a un an, aucun aléa climatique majeur n’a affecté les cultures. Or, les exploitants agricoles, dont l’appétit a été aiguisé par les prix très élevés atteints en 2011-2012, avaient accru les surfaces plantées.Les récoltes ont donc été plus qu’abondantes, comparables aux records déjà décrochés en 2013, et les stocks montent.Et même si en début d’année, la crise ukrainienne a fait monter les cours des céréales, la concrétisation d’une production plus qu’abondante a fait plonger les cours à partir de l’été.C’est également l’attrait d’un prix élevé en 2013 qui a incité les éleveurs à accroître la production de lait, suscitant une baisse des cours dès l’automne 2014.La surproduction peut entraîner des situations critiques.C’est le cas pour le caoutchouc dont le cours s’est effondré (–32 %) après cinq ans de récoltes surabondantes, précipitant dans la crise les planteurs d’hévéas thaïlandais.Mais il suffit que les conditions météorologiques se dégradent pour réenflammer les prix des matières premières agricoles.Ainsi le café a flambé en 2014, signant une des plus fortes hausses de 2014 (+30 %) après la sècheresse qui a frappé les régions productrices brésiliennes.Les incertitudes sur les niveaux de récolte du cacao ont aussi propulsé son prix vers des sommets (+25 %), même si finalement les prévisions ont été revues à la hausse.L’évolution de l’économie chinoise scrutée de prèsAutre baromètre scruté de près : l’évolution de l’économie chinoise, premier consommateur et importateur mondial de nombre de matières premières.Le ralentissement de sa croissance en 2014, qui a atteint 7,4 % en 2014, son plus bas niveau depuis 1990, suscite des interrogations.Lire également : La croissance chinoise au plus bas depuis 24 ansLe cours du minerai de fer a été plombé (–25 %) par le coup de mou de la construction en Chine, même si la véritable cause du décrochage est la surcapacité de cette industrie portée par l’Australie.La politique des stocks publics ou privés de l’empire du Milieu affecte également les équilibres de certains marchés. Ainsi, les stocks chinois de coton ajouté aux excédents de production ont fait chuter les cours.En 2015, estime Cyclope, les marchés resteront « nerveux et instables, à l’affût des moindres aléas climatiques et géopolitiques ». La situation de la Chine et des pays émergents étant la principale inconnue.L’horizon des pays émergents s’assombritLe ralentissement de la croissance mondiale intervient alors que les investissements consentis ces dernières années dans des capacités de production de minerais ou de produits agricoles donnent leur plein effet.Laurence GirardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.01.2015 à 12h19 | Mathilde Damgé « C'est un véritable désert, d'accès très difficile, c'est une côte plate, sans aucun port. De plus, c'est un pays où il y a très peu d'habitants (...) Il a fallu tout importer, y compris l'eau ! », disait-on du Qatar à la radio française en 1950. Le petit émirat dirigé depuis un an par Tamim Al-Thani a beaucoup changé depuis, grâce à ses réserves de gaz, dont il est le troisième détenteur de la planète.Le Qatar, qui accueille en ce moment le championnat du monde de handball, bénéficie aujourd'hui d'une manne sans commune mesure avec ses précédents revenus, comme en témoigne l'évolution du produit intérieur brut par habitant, qui dépasse désormais celui des pays occidentaux :if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1421771212484 .graphe").css("height", 450)$("#container_1421771212484 .title").empty()if ("La richesse par habitant au Qatar dépasse largement celle des pays occidentaux"!= ""){La richesse par habitant au Qatar dépasse largement celle des pays occidentaux")}$("#container_1421771212484 .subtitle").empty()if ("Produit intérieur brut (PIB) par habitant et par 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Mais, comme il était considéré comme un pays en voie de développement au moment de la ratification (il n'était alors qu'à la 50e place du classement mondial par PIB), le pays ne s'est pas vu fixer d'objectif de réduction de ses rejets, et n'a pris aucun engagement volontaire.Lire : Le Qatar, grand émetteur de CO2, accueille la conférence sur le climatMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.01.2015 à 13h35 • Mis à jour le18.01.2015 à 14h24 Il n'y aura donc pas de treizième « Montagsdemo » (« manifestation du lundi ») du mouvement allemand anti-islam Pegida lundi 19 janvier dans les rues de Dresde (Est).Les Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident (Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes, Pegida) ont  annoncé, dimanche, l'annulation de leur prochaine manifestation, invoquant sur leur page Facebook « des raisons de sécurité » après qu'un de leurs organisateurs a fait l'objet d'une menace de mort de l'organisation Etat islamique.« Nous nous voyons contraints de prendre cette mesure, après discussion avec les services de police », écrivent les responsables de Pegida, dénonçant « une atteinte grave à la liberté d'opinion et de manifester » de la part « des forces terroristes ».Les rassemblements de Pegida organisés depuis octobre ont rassemblé un nombre toujours croissant de personnes à Dresde. Lundi 12 janvier, cinq jours après les attentats commis à Paris, 25 000 personnes, un record, ont défilé dans la capitale de la Saxe pour réclamer une politique migratoire plus restrictive.Lire notre reportage : Allemagne : Pegida mobilise, contre-manifestations dans tout le paysUN DRAPEAU ET UNE BOUGIEAu lieu de manifester lundi, Pegida demande à ses sympathisants de mettre un drapeau allemand et une bougie aux fenêtres. « Nous demandons à chaque Européen favorable à la liberté d'opinion et opposé au fanatisme religieux d'installer son drapeau national et une bougie à la fenêtre », écrivent les organisateurs, qui ont l'habitude de communiquer de façon anonyme sur leur page Facebook et déclinent la communication directe avec des journalistes.Les services de renseignement allemands redoutent de possibles attaques terroristes contre des cortèges du mouvement anti-islam, qui défilent chaque lundi dans plusieurs villes allemandes depuis octobre, a affirmé le magazine Der Spiegel dans son édition de samedi.PERQUISITIONS À BERLINSelon l'hebdomadaire, des « services de renseignement étrangers » ont dit à leurs homologues allemands avoir intercepté des communications entre des « djihadistes connus » dans lesquelles étaient évoquées de « possibles attaques contre les marches hebdomadaires de Pegida ».Ces informations sont prises « très au sérieux » par les autorités, écrit le Spiegel, qui cite une source sécuritaire allemande « de haut rang ». Vendredi matin, une dizaine de perquisitions au sein de la « mouvance islamiste » ont été effectuées à Berlin et deux personnes ont été arrêtées.Des opérations de police dans des milieux djihadistes présumés ont aussi eu lieu ces derniers jours en Belgique, en France et en Grèce.Lire : Plusieurs opérations antiterroristes dans les milieux djihadistes en Europe 18.01.2015 à 03h50 • Mis à jour le18.01.2015 à 07h39 La décision du Brésil et des Pays-Bas ne s'est pas fait attendre. Quelques heures après l'annonce de l'exécution en Indonésie de six personnes impliquées dans des affaires de drogue, dont cinq ressortissants étrangers, les deux pays ont rappelé, dimanche 18 janvier, leurs ambassadeurs dans l'archipel. Les condamnés étaient originaires d'Indonésie, du Nigeria, du Malawi, du Vietnam, des Pays-Bas et du Brésil.Malgré les appels à la clémence, Djakarta a procédé, peu après minuit dans la nuit de samedi à dimanche, à la mise à mort des accusés, parmi lesquels figuraient deux femmes. lls ont été fusillés par un peloton d'exécution. Il s'agit de la première application de la peine capitale dans le pays depuis l'arrivée au pouvoir, fin octobre, du nouveau président Joko Widodo.« UNE PUNITION CRUELLE ET INHUMAINE »Ils avaient été condamnés entre 2000 et 2011 pour trafic, à l'exception du citoyen néerlandais Ang Kiem Soei, 62 ans, qui avait été reconnu coupable d'avoir organisé la production d'ecstasy à grande échelle.Brasilia a fait savoir que des consultations allaient être menées avec son représentant en Indonésie. « Le recours à la peine de mort, de plus en plus condamné par la société mondiale, pèse gravement sur la relation entre nos pays », a ainsi déclaré la présidence.Ancienne puissance coloniale dans l'archipel, les Pays-Bas ont de leur côté condamné fermement cette mise à mort. « Il s'agit d'une punition cruelle et inhumaine qui peut se résumer par un déni inacceptable de toute dignité et intégrité humaines », a ainsi souligné le ministère des affaires étrangères.« ÉTAT D'URGENCE »Le nouveau chef de l'Etat, Joko Widodo avait avalisé les exécutions le mois dernier. Son élection avait suscité les espoirs des observateurs internationaux d'un assouplissement sur ce thème, mais il a pris le parti de se montrer intraitable à l'encontre de toute personne impliquée dans des affaires de drogue. En décembre, le président avait ainsi déclaré qu'il n'y aurait « pas de grâce » ce type de délits, qui plongent le pays dans un « état d'urgence ».Lire son portrait (abonnés) : En Indonésie, un président venu du peupleLa législation de l'archipel est l'une des plus sévères du monde. Une Britannique de 56 ans, arrêtée en 2013 à Bali avec près de cinq kilos de cocaïne, est actuellement dans le « couloir de la mort », de même que deux Australiens. Selon les autorités, une vingtaine de détenus au total sont en attente d'exécution.LA FRANCE S'INQUIÈTE AUSSILa France a fait part vendredi de sa « préoccupation » quant au sort de son ressortissant Serge Atlaoui, condamné en 2007 à la peine capitale pour avoir travaillé dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy, près de la capitale. Arrêté en 2005, l'homme a déposé un recours devant la Cour suprême, qui ne s'est pas encore prononcée.Depuis 2013, l'Indonésie applique de nouveau la peine de mort. Ce châtiment avait été suspendu pendant cinq ans. L'ONG de défense des droits de l'Homme Amnesty international a dénoncé, dimanche, une « régression grave » pour Djakarta. L'Union européenne avait appelé l'archipel à renoncer à ces exécutions. 17.01.2015 à 23h43 • Mis à jour le18.01.2015 à 11h06 Les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) ont mis fin, samedi 17 janvier, à la captivité de près de 200 yézidis. Ils étaient retenus depuis plusieurs mois dans le nord de l'Irak, à Mossoul, deuxième ville du pays tombée dans les mains du groupe extrémiste en juin, selon les témoignages recueillis par l'Agence France-Presse.Parmi les personnes libérées figurent des vieillards, des femmes, des enfants et des personnes souffrant de troubles mentaux, a précisé un général peshmerga, les forces de sécurité kurdes irakiennes.Lire aussi : Qui sont les yézidis, cible des djihadistes en Irak ?196 D'ENTRE EUX ONT PU ÊTRE IDENTIFIÉSL'air épuisé et perdu, les yézidis libérés, certains en chaise roulante, d'autres appuyés sur des bâtons de bois, ont été conduits de la province de Ninive à la ville de Kirkouk, plus au sud, selon Saman Jabbari, un homme politique kurde. Ils ont ensuite été acheminés vers un centre de soins d'Altun Korpi, situé sur la route menant de Kirkouk à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.« C'était tellement dur... pas seulement à cause du manque de nourriture, mais aussi parce que nous avons été longtemps inquiets », raconte l'un d'eux, un vieil homme assis dans un fauteuil roulant, une écharpe rouge et blanche nouée autour du cou.Khodr Domli, un militant des droits de la communauté yézidie, a affirmé que, pour l'heure, 196 d'entre eux ont pu être identifiés. Il s'agit de la plus importante libération « d'otages » par le groupe extrémiste sunnite responsable d'atrocités, ont indiqué des responsables irakiens. Ceux-ci s'avouent surpris de cette décision prise, selon eux, sans aucune coordination avec les autorités.CRIMES CONTRE L'HUMANITÉLa minorité yézidie, considérée comme hérétique par l'EI, a été particulièrement visée par le groupe extrémiste sunnite qui a conquis des pans entiers du territoire irakien, notamment les alentours du mont Sinjar, fief de cette communauté, dont le siège débuté en août a été levé à la fin de l'année 2014.Lire (édition abonnés) : Les yézidis du mont Sinjar libérés de la menace djihadisteLes djihadistes multiplient les exactions dans les régions sous son contrôle en Irak comme en Syrie voisine, où ils sont impliqués dans la guerre depuis 2013. Les ONG de défense des droits de l'Homme et l'ONU les ont accusés de nettoyage ethnique et de crimes contre l'humanité.Depuis l'exode dramatique des yézidis sur le mont Sinjar, l'été dernier, le président américain Barack Obama a annoncé la création d'une coalition internationale anti-djihadistes menant des frappes aériennes contre les positions de l'EI.Voir aussi le reportage : L'exil dramatique des YézidisCes raids ont permis à l'armée irakienne, totalement dépassée aux premiers jours de l'offensive des extrémistes sunnites, et aux peshmergas de regagner un peu de terrain. Toutefois, selon un responsable kurde qui a recueilli le témoignage d'un rescapé, près de 3 000 yézidis sont encore aux mains de l'EI.Lire aussi notre enquête (abonnés) : Les noces barbares de Daech 17.01.2015 à 15h16 • Mis à jour le17.01.2015 à 15h22 Ahmed Awad Ben Moubarak, directeur de cabinet du président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi, a été enlevé samedi 17 janvier, à Sanaa, par des miliciens chiites.Ces derniers s'étaient opposés en octobre à la nomination de M. Moubarak au poste de premier ministre dans le cadre d'un plan de paix sous l'égide de l'ONU. Sous la pression, il avait rapidement démissionné.>> Lire aussi : Le Yémen frappé par des attentats après la démission du premier ministreNÉGOCIATIONS EN COURS« Un groupe armé a établi un check-point à Hada », un quartier du sud de Sanaa, et a « capturé M. Moubarak et des personnes qui l'accompagnaient », avait déclaré plus tôt une responsable du secrétariat du Dialogue national sur la transition politique, organe dirigé par M. Moubarak. Ce dernier a été « conduit vers un lieu inconnu » selon la même source.Dans un communiqué, les miliciens chiites disent avoir enlevé M. Moubarak pour éviter « la rupture » de leur accord avec le président Hadi, conclu en septembre sous l'égide de l'ONU, sans donner plus de précisions. Le chef de la sécurité nationale, le général Mohammed Al-Ahmadi, a lui indiqué que des négociations étaient en cours « pour obtenir sa libération ».Lire le reportage de notre envoyé spécial (édition abonnés) : L’Etat yéménite, otage de la « révolution » des houthistes 17.01.2015 à 10h43 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h43 L'aide promise est conséquente. En visite au Caire dans le cadre d'une tournée régionale, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a promis, samedi 17 janvier, une aide non militaire de près de 2,2 milliards d'euros (2,5 milliards de dollars) au Moyen-Orient. Une somme, destinée à la « région tout entière », qui visera notamment à fournir « une assistance humanitaire et à développer les infrastructures », a-t-il précisé.M. Abe a rappelé que son « gouvernement s'était engagé il y a deux ans à verser une aide de 2,2 milliards de dollars » au Moyen-Orient, promesse qui a été « entièrement » tenue selon lui. « L'aide du Japon vise toujours à restaurer la stabilité dans la région », a-t-il ajouté.UNE AIDE POUR LUTTER CONTRE L'EIM. Abe, qui doit aussi rencontrer samedi le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, s'est par ailleurs engagé à verser une aide de quelque 173 millions d'euros (200 millions de dollars) aux pays affectés par l'offensive de l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, qui a fait des centaines de milliers de déplacés et réfugiés.Un responsable du ministère des affaires étrangères nippon a précisé que la majorité de la première enveloppe visait d'ailleurs à aider les pays voisins à accueillir les réfugiés. Selon les estimations du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), le nombre de réfugiés syriens pourrait atteindre 4,27 millions d'ici décembre, contre 3 millions actuellement.TOURNÉE AU MOYEN-ORIENTAprès l'Egypte, M. Abe se rendra en Jordanie, en Israël et dans les territoires palestiniens. Cette tournée est la première d'un premier ministre japonais au Moyen-Orient depuis 2006. En Jordanie, qui accueille plus de 620 000 réfugiés, le premier ministre japonais s'entretiendra avec le roi Abdallah II.Il rencontrera également le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, puis le président palestinien, Mahmoud Abbas. Favorable à une solution à deux Etats, le dirigeant japonais devrait exhorter les deux parties à reprendre les négociations de paix.Outre le dossier politique, le premier ministre nippon, qui est accompagné d'une importante délégation d'hommes d'affaires, entend « renforcer les liens économiques avec chacun de ces pays », afin de doper les exportations de l'Archipel, selon le secrétaire général et porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga.Depuis son retour au pouvoir en décembre 2012, Shinzo Abe redouble d'efforts pour redonner puissance et fierté à son pays sur la scène internationale : il a visité plus de 50 pays dans le monde. 17.01.2015 à 09h38 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h00 | Corine Lesnes (San Francisco, correspondante) Le Department of motor vehicles (DMV) de Californie est surmené en ce début d’année. L’agence chargée de la réglementation de la conduite automobile est occupée sur deux fronts : les voitures sans chauffeur qui, à la suite de la Google Car, ne demandent qu’à envahir le réseau routier, et les chauffeurs sans permis, immigrants clandestins, bien établis quoique jamais régularisés.On ne saurait mieux illustrer les disparités dans cet Etat bipolaire. La Californie est à la fois la capitale de la high-tech et de la pauvreté (23,5 % de la population, soit le premier rang américain).Les voitures dites « autonomes » existent déjà. Certains les ont rencontrées dans leur rétroviseur, vision hallucinante s’il en est. Sept compagnies, dont Mercedes, BMW, Nissan and Tesla ont obtenu l’autorisation de tester leurs véhicules sur les routes ordinaires. Le DMV était censé publier des règles de conduite pour le 1er janvier mais il a pris du retard. Une nouvelle fois, la loi est dépassée par la technologie.Les sans papiers peuvent postuler au permisLe DMV, il est vrai, est pris d’assaut par les immigrants sans papiers, qui ont le droit depuis le début de l’année de postuler pour un permis de conduire sans avoir à justifier de leur entrée aux Etats-Unis. Tous les matins, les candidats font la queue devant « el DMV » (comme disent les Latinos), pressés d’en finir avec un système qui voyait leur véhicule mis en fourrière au moindre contrôle (avec une amende de 1 500 dollars pour le récupérer).Du 2 au 9 janvier, 113 200 demandes ont été enregistrées. Le DMV, qui a dû embaucher 900 agents supplémentaires, s’attend à délivrer 1,4 million de permis en trois ans. Le document est légèrement modifié. Il ne sera pas valide dans les autres Etats ni pour prendre l’avion.La Californie n’est pas le premier Etat à distribuer des permis aux clandestins. Huit autres ont pris une mesure similaire depuis 2013. Mais c’est le plus important : il compte à lui seul 23 % des étrangers en situation irrégulière aux Etats-Unis (2,45 millions). Surtout, c’est l’Etat qui a lancé le mouvement de ras-le-bol contre l’immigration dans les années 1990. Ce qui n’a pas été de bon augure pour les républicains locaux, qui ne s’en sont jamais remis. Encore aujourd’hui, les démocrates contrôlent tous les leviers de pouvoir.« Pendant que Washington tergiverse, la Californie va de l’avant », a lancé le gouverneur Jerry Brown alors que le Congrès fédéral – désormais à majorité républicaine – a relancé ses efforts pour empêcher la régularisation de 5 millions de sans-papiers ordonnée fin novembre 2014 par Barack Obama. S’il fallait, autrement dit, s’en remettre au Congrès sur l’immigration, autant attendre les voitures sans conducteur – et sans permis.Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.01.2015 à 04h14 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h33 Un mois après l'annonce d'un rapprochement historique entre La Havane et Washington, une délégation de parlementaires américains commence samedi 17 janvier une visite à Cuba pour explorer des pistes de coopération entre les deux pays.Lire aussi l'éditorial du « Monde » : Renouer avec Cuba, la décision lucide, courageuse et historique d'ObamaComposée de quatre sénateurs et deux représentants démocrates, elle restera sur place jusqu'à lundi. Elle sera conduite par le sénateur Patrick Leahy, selon un communiqué de la Section d'intérêts américains (SIA), qui gère les intérêts diplomatiques du pays sur l'île. « Il s'agit de la première mission du Congrès à Cuba depuis le changement de politique annoncé par le président le 17 décembre », affirme M. Leahy.« Cette fois, nous allons discuter de nos attentes et des attentes des Cubains pour la normalisation des relations. Nous voulons explorer des opportunités pour une meilleure coopération et encourager les autorités cubaines à aborder les sujets qui préoccupent les citoyens américains et leurs représentants au Congrès. »Le programme de la délégation comprend des réunions avec des fonctionnaires cubains, des représentants de la société civile – y compris des dissidents –, des responsables de la SIA et des ambassadeurs d'autres pays, dont le Mexique, l'Espagne, la Norvège et la Colombie.SOUTIEN DE LA MAJORITÉ DES AMÉRICAINSPatrick Leahy, sénateur du Vermont (nord-est), avait joué les intermédiaires l'année dernière pour que l'épouse de Gerardo Hernandez, un espion cubain alors détenu aux Etats-Unis, puisse être inséminée artificiellement. Le bébé issu de cette procédure est né le 6 janvier, vingt jours après la libération de son père dans le cadre du rapprochement entre les deux pays.Après dix-huit mois de négociations secrètes, Washington avait accepté mi-décembre de libérer trois espions cubains écroués depuis la fin des années 1990 aux Etats-Unis. De son côté, La Havane avait consenti à relâcher l'Américain Alan Gross, emprisonné depuis cinq ans à Cuba, ainsi qu'un agent cubain à la solde de Washington et 53 prisonniers politiques.Lire aussi : Six chiffres qui racontent CubaSelon un sondage de l'institut Pew Research*, rendu public vendredi, 63 % des Américains approuvent le rapprochement entre les deux pays, et les deux-tiers d'entre eux sont favorables à la levée de l'embargo économique contre l'île en vigueur depuis plus de cinquante ans. Seul un Américain sur trois (32 %) pense, en revanche, que le rétablissement des liens entre La Havane et Washington sera à même d'engendrer des changements politiques à Cuba.* Le sondage de Pew Research a été effectué auprès de 1 504 personnes et présente une marge d'erreur de plus ou moins 2,9 points. 16.01.2015 à 19h32 • Mis à jour le17.01.2015 à 14h10 Trois jours après sa publication, la « une » du dernier Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » continue de provoquer la colère dans le monde musulman. Plusieurs milliers de fidèles ont manifesté, vendredi 16 janvier, après la grande prière, à travers une dizaine de pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Les manifestations se poursuivaient samedi au Niger.La couverture du journal satirique avait suscité dès sa sortie mercredi de nombreuses critiques de gouvernements ou instances musulmanes en Egypte, à Jérusalem ou encore au Sénégal. La Tunisie, le Maroc et l'Algérie n'ont pas autorisé la diffusion de l'hebdomadaire.Lire le décryptage : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ?Violentes manifestations au NigerTrois églises ont été incendiées samedi à Niamey, où la contestation de la caricature de Mahomet publiée dans Charlie Hebdo s'étend dans plusieurs quartiers de la capitale, dont celui de la cathédrale après une première manifestation violente dans la matinée, selon un journaliste de l'Agence France-Presse présent sur place. Une centaine de policiers anti-émeute, munis de casques et de boucliers, protégeaient la cathédrale de Niamey, essuyant des jets de pierres de protestataires. La veille, une manifestation à Zinder, la deuxième ville du Niger, a terminé en affrontements au cours desquels trois civils et un policier ont été tués, et environ 45 personnes blessées. « Certains manifestants avaient des arcs et flèches, des gourdins, et ils en ont fait usage », selon un policier. Le ministre de l'intérieur nigérien a affirmé que certains manifestants « arboraient l'étendard de Boko Haram », alors qu'ils « attaquaient une église catholique ». Le centre culturel français de la ville avait également été incendié.Manifestation palestinienne à Jérusalem-Est« L'islam est une religion de paix » et « Mahomet sera toujours notre guide », pouvait-on lire sur des banderoles à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël. Le grand mufti Mohammad Hussein, qui dirigeait la prière à laquelle environ 35 000 personnes ont pris part, n'a pas évoqué Charlie Hebdo dans son prêche. Il avait dénoncé mercredi comme une « insulte » aux musulmans la « une » de l'hebdomadaire et condamné « le terrorisme sous toutes ses formes ».Dans la nuit, des inconnus ont également recouvert le mur d'enceinte du centre culturel français à Gaza d'inscriptions promettant « l'enfer » aux journalistes de Charlie Hebdo. Le centre est actuellement fermé après avoir été visé par deux explosions revendiquées par des islamistes et des policiers étaient positionnés samedi matin devant la porte du bâtiment. 2 500 manifestants dans la capitale jordanienneVendredi, le plus important rassemblement avait eu lieu à Amman, où 2 500 manifestants, membres des Frères musulmans et d'organisations de jeunesse, ont défilé sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire « l'atteinte au grand Prophète relève du terrorisme mondial ».Le roi Abdallah II, qui avait participé dimanche à la marche de Paris contre le « terrorisme », a depuis qualifié Charlie Hebdo d'« irresponsable et inconscient ».>> Lire aussi (abonnés) : Les invités embarrassants de la marcheDes milliers de personnes réunies à AlgerEntre 2 000 et 3 000 personnes, dont des femmes et des enfants, ont également manifesté vendredi à Alger à la suite d'appels sur les réseaux sociaux, relais d'une campagne de protestation lancée dès la publication de Charlie Hebdo mercredi.Lire le reportage : Manifestations à Alger contre « l'offense » faite au Prophète par « Charlie Hebdo »Plus d'un millier de manifestants à Dakar, le drapeau français brûléAu moins un millier de manifestants ont aussi protesté dans la capitale du Sénégal. Un drapeau français a été brûlé devant l'ambassade de France, dans le centre de Dakar. La police a lancé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule, qui criait « Allah akbar ! ». Des milliers de personnes à Bamako, au MaliAprès la grande prière du vendredi, des milliers de manifestants ont convergé vers le boulevard de l'Indépendance, à Bamako, point névralgique des manifestations politiques dans le centre de la capitale malienne. L'appel à manifester était venu de prédicateurs célèbres et du Haut Conseil islamique du Mali, principale organisation islamique de ce pays à 90 % musulman, et où la France s'est militairement engagée en 2013 pour chasser des groupes djihadistes liés à Al-Qaida.Des manifestations dans cinq villes du PakistanA Karachi, des heurts violents entre policiers et manifestants ont fait des blessés, dont un grave. Un photojournaliste qui travaille pour l'AFP a été atteint d'une balle dans un poumon, puis admis d'urgence dans un hôpital, où il a subi avec succès une intervention chirurgicale. Il serait « hors de danger dans l'immédiat », d'après l'hôpital.D'autres rassemblements avaient lieu à Islamabad, la capitale du pays, à Lahore, à Peshawar et à Multan, où un drapeau tricolore français a également été brûlé.Des centaines de musulmans rassemblés au SoudanA Khartoum, quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la grande prière, dont certains ont scandé : « Expulsez l'ambassadeur de France, victoire au prophète de Dieu ! ». Sur une banderole on pouvait lire : « Le gouvernement français doit présenter des excuses… ».Appel à des « manifestations pacifiques » au QatarAu Qatar, l'Union mondiale des oulémas, dirigée par le prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des « manifestations pacifiques » et a critiqué le « silence honteux » de la communauté internationale sur cette « insulte aux religions ». Les autorités du pays, qui avaient fermement dénoncé l'attentat contre Charlie Hebdo, ont « condamné la nouvelle publication de dessins offensants pour le prophète Mahomet », publication qui, selon elles, alimente « la haine et la colère ».Un « acte irresponsable », selon le président afghanEnfin le président afghan Ashraf Ghani – qui avait condamné la semaine dernière l'attaque contre Charlie Hebdo – s'est joint aux protestations, qualifiant la nouvelle caricature d'acte « insultant » et « irresponsable » et estimant que « la liberté d'expression devrait être utilisée de façon constructive afin de promouvoir la coexistence pacifique entre les religions ».Les talibans afghans avaient aussi dénoncé jeudi la nouvelle publication, qui selon eux provoque « les sensibilités de près d'un milliard et demi de musulmans ». 18.01.2015 à 13h35 • Mis à jour le18.01.2015 à 14h24 Il n'y aura donc pas de treizième « Montagsdemo » (« manifestation du lundi ») du mouvement allemand anti-islam Pegida lundi 19 janvier dans les rues de Dresde (Est).Les Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident (Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes, Pegida) ont  annoncé, dimanche, l'annulation de leur prochaine manifestation, invoquant sur leur page Facebook « des raisons de sécurité » après qu'un de leurs organisateurs a fait l'objet d'une menace de mort de l'organisation Etat islamique.« Nous nous voyons contraints de prendre cette mesure, après discussion avec les services de police », écrivent les responsables de Pegida, dénonçant « une atteinte grave à la liberté d'opinion et de manifester » de la part « des forces terroristes ».Les rassemblements de Pegida organisés depuis octobre ont rassemblé un nombre toujours croissant de personnes à Dresde. Lundi 12 janvier, cinq jours après les attentats commis à Paris, 25 000 personnes, un record, ont défilé dans la capitale de la Saxe pour réclamer une politique migratoire plus restrictive.Lire notre reportage : Allemagne : Pegida mobilise, contre-manifestations dans tout le paysUN DRAPEAU ET UNE BOUGIEAu lieu de manifester lundi, Pegida demande à ses sympathisants de mettre un drapeau allemand et une bougie aux fenêtres. « Nous demandons à chaque Européen favorable à la liberté d'opinion et opposé au fanatisme religieux d'installer son drapeau national et une bougie à la fenêtre », écrivent les organisateurs, qui ont l'habitude de communiquer de façon anonyme sur leur page Facebook et déclinent la communication directe avec des journalistes.Les services de renseignement allemands redoutent de possibles attaques terroristes contre des cortèges du mouvement anti-islam, qui défilent chaque lundi dans plusieurs villes allemandes depuis octobre, a affirmé le magazine Der Spiegel dans son édition de samedi.PERQUISITIONS À BERLINSelon l'hebdomadaire, des « services de renseignement étrangers » ont dit à leurs homologues allemands avoir intercepté des communications entre des « djihadistes connus » dans lesquelles étaient évoquées de « possibles attaques contre les marches hebdomadaires de Pegida ».Ces informations sont prises « très au sérieux » par les autorités, écrit le Spiegel, qui cite une source sécuritaire allemande « de haut rang ». Vendredi matin, une dizaine de perquisitions au sein de la « mouvance islamiste » ont été effectuées à Berlin et deux personnes ont été arrêtées.Des opérations de police dans des milieux djihadistes présumés ont aussi eu lieu ces derniers jours en Belgique, en France et en Grèce.Lire : Plusieurs opérations antiterroristes dans les milieux djihadistes en Europe 18.01.2015 à 03h50 • Mis à jour le18.01.2015 à 07h39 La décision du Brésil et des Pays-Bas ne s'est pas fait attendre. Quelques heures après l'annonce de l'exécution en Indonésie de six personnes impliquées dans des affaires de drogue, dont cinq ressortissants étrangers, les deux pays ont rappelé, dimanche 18 janvier, leurs ambassadeurs dans l'archipel. Les condamnés étaient originaires d'Indonésie, du Nigeria, du Malawi, du Vietnam, des Pays-Bas et du Brésil.Malgré les appels à la clémence, Djakarta a procédé, peu après minuit dans la nuit de samedi à dimanche, à la mise à mort des accusés, parmi lesquels figuraient deux femmes. lls ont été fusillés par un peloton d'exécution. Il s'agit de la première application de la peine capitale dans le pays depuis l'arrivée au pouvoir, fin octobre, du nouveau président Joko Widodo.« UNE PUNITION CRUELLE ET INHUMAINE »Ils avaient été condamnés entre 2000 et 2011 pour trafic, à l'exception du citoyen néerlandais Ang Kiem Soei, 62 ans, qui avait été reconnu coupable d'avoir organisé la production d'ecstasy à grande échelle.Brasilia a fait savoir que des consultations allaient être menées avec son représentant en Indonésie. « Le recours à la peine de mort, de plus en plus condamné par la société mondiale, pèse gravement sur la relation entre nos pays », a ainsi déclaré la présidence.Ancienne puissance coloniale dans l'archipel, les Pays-Bas ont de leur côté condamné fermement cette mise à mort. « Il s'agit d'une punition cruelle et inhumaine qui peut se résumer par un déni inacceptable de toute dignité et intégrité humaines », a ainsi souligné le ministère des affaires étrangères.« ÉTAT D'URGENCE »Le nouveau chef de l'Etat, Joko Widodo avait avalisé les exécutions le mois dernier. Son élection avait suscité les espoirs des observateurs internationaux d'un assouplissement sur ce thème, mais il a pris le parti de se montrer intraitable à l'encontre de toute personne impliquée dans des affaires de drogue. En décembre, le président avait ainsi déclaré qu'il n'y aurait « pas de grâce » ce type de délits, qui plongent le pays dans un « état d'urgence ».Lire son portrait (abonnés) : En Indonésie, un président venu du peupleLa législation de l'archipel est l'une des plus sévères du monde. Une Britannique de 56 ans, arrêtée en 2013 à Bali avec près de cinq kilos de cocaïne, est actuellement dans le « couloir de la mort », de même que deux Australiens. Selon les autorités, une vingtaine de détenus au total sont en attente d'exécution.LA FRANCE S'INQUIÈTE AUSSILa France a fait part vendredi de sa « préoccupation » quant au sort de son ressortissant Serge Atlaoui, condamné en 2007 à la peine capitale pour avoir travaillé dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy, près de la capitale. Arrêté en 2005, l'homme a déposé un recours devant la Cour suprême, qui ne s'est pas encore prononcée.Depuis 2013, l'Indonésie applique de nouveau la peine de mort. Ce châtiment avait été suspendu pendant cinq ans. L'ONG de défense des droits de l'Homme Amnesty international a dénoncé, dimanche, une « régression grave » pour Djakarta. L'Union européenne avait appelé l'archipel à renoncer à ces exécutions. 17.01.2015 à 23h43 • Mis à jour le18.01.2015 à 11h06 Les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) ont mis fin, samedi 17 janvier, à la captivité de près de 200 yézidis. Ils étaient retenus depuis plusieurs mois dans le nord de l'Irak, à Mossoul, deuxième ville du pays tombée dans les mains du groupe extrémiste en juin, selon les témoignages recueillis par l'Agence France-Presse.Parmi les personnes libérées figurent des vieillards, des femmes, des enfants et des personnes souffrant de troubles mentaux, a précisé un général peshmerga, les forces de sécurité kurdes irakiennes.Lire aussi : Qui sont les yézidis, cible des djihadistes en Irak ?196 D'ENTRE EUX ONT PU ÊTRE IDENTIFIÉSL'air épuisé et perdu, les yézidis libérés, certains en chaise roulante, d'autres appuyés sur des bâtons de bois, ont été conduits de la province de Ninive à la ville de Kirkouk, plus au sud, selon Saman Jabbari, un homme politique kurde. Ils ont ensuite été acheminés vers un centre de soins d'Altun Korpi, situé sur la route menant de Kirkouk à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.« C'était tellement dur... pas seulement à cause du manque de nourriture, mais aussi parce que nous avons été longtemps inquiets », raconte l'un d'eux, un vieil homme assis dans un fauteuil roulant, une écharpe rouge et blanche nouée autour du cou.Khodr Domli, un militant des droits de la communauté yézidie, a affirmé que, pour l'heure, 196 d'entre eux ont pu être identifiés. Il s'agit de la plus importante libération « d'otages » par le groupe extrémiste sunnite responsable d'atrocités, ont indiqué des responsables irakiens. Ceux-ci s'avouent surpris de cette décision prise, selon eux, sans aucune coordination avec les autorités.CRIMES CONTRE L'HUMANITÉLa minorité yézidie, considérée comme hérétique par l'EI, a été particulièrement visée par le groupe extrémiste sunnite qui a conquis des pans entiers du territoire irakien, notamment les alentours du mont Sinjar, fief de cette communauté, dont le siège débuté en août a été levé à la fin de l'année 2014.Lire (édition abonnés) : Les yézidis du mont Sinjar libérés de la menace djihadisteLes djihadistes multiplient les exactions dans les régions sous son contrôle en Irak comme en Syrie voisine, où ils sont impliqués dans la guerre depuis 2013. Les ONG de défense des droits de l'Homme et l'ONU les ont accusés de nettoyage ethnique et de crimes contre l'humanité.Depuis l'exode dramatique des yézidis sur le mont Sinjar, l'été dernier, le président américain Barack Obama a annoncé la création d'une coalition internationale anti-djihadistes menant des frappes aériennes contre les positions de l'EI.Voir aussi le reportage : L'exil dramatique des YézidisCes raids ont permis à l'armée irakienne, totalement dépassée aux premiers jours de l'offensive des extrémistes sunnites, et aux peshmergas de regagner un peu de terrain. Toutefois, selon un responsable kurde qui a recueilli le témoignage d'un rescapé, près de 3 000 yézidis sont encore aux mains de l'EI.Lire aussi notre enquête (abonnés) : Les noces barbares de Daech 17.01.2015 à 15h16 • Mis à jour le17.01.2015 à 15h22 Ahmed Awad Ben Moubarak, directeur de cabinet du président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi, a été enlevé samedi 17 janvier, à Sanaa, par des miliciens chiites.Ces derniers s'étaient opposés en octobre à la nomination de M. Moubarak au poste de premier ministre dans le cadre d'un plan de paix sous l'égide de l'ONU. Sous la pression, il avait rapidement démissionné.>> Lire aussi : Le Yémen frappé par des attentats après la démission du premier ministreNÉGOCIATIONS EN COURS« Un groupe armé a établi un check-point à Hada », un quartier du sud de Sanaa, et a « capturé M. Moubarak et des personnes qui l'accompagnaient », avait déclaré plus tôt une responsable du secrétariat du Dialogue national sur la transition politique, organe dirigé par M. Moubarak. Ce dernier a été « conduit vers un lieu inconnu » selon la même source.Dans un communiqué, les miliciens chiites disent avoir enlevé M. Moubarak pour éviter « la rupture » de leur accord avec le président Hadi, conclu en septembre sous l'égide de l'ONU, sans donner plus de précisions. Le chef de la sécurité nationale, le général Mohammed Al-Ahmadi, a lui indiqué que des négociations étaient en cours « pour obtenir sa libération ».Lire le reportage de notre envoyé spécial (édition abonnés) : L’Etat yéménite, otage de la « révolution » des houthistes 17.01.2015 à 10h43 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h43 L'aide promise est conséquente. En visite au Caire dans le cadre d'une tournée régionale, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a promis, samedi 17 janvier, une aide non militaire de près de 2,2 milliards d'euros (2,5 milliards de dollars) au Moyen-Orient. Une somme, destinée à la « région tout entière », qui visera notamment à fournir « une assistance humanitaire et à développer les infrastructures », a-t-il précisé.M. Abe a rappelé que son « gouvernement s'était engagé il y a deux ans à verser une aide de 2,2 milliards de dollars » au Moyen-Orient, promesse qui a été « entièrement » tenue selon lui. « L'aide du Japon vise toujours à restaurer la stabilité dans la région », a-t-il ajouté.UNE AIDE POUR LUTTER CONTRE L'EIM. Abe, qui doit aussi rencontrer samedi le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, s'est par ailleurs engagé à verser une aide de quelque 173 millions d'euros (200 millions de dollars) aux pays affectés par l'offensive de l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, qui a fait des centaines de milliers de déplacés et réfugiés.Un responsable du ministère des affaires étrangères nippon a précisé que la majorité de la première enveloppe visait d'ailleurs à aider les pays voisins à accueillir les réfugiés. Selon les estimations du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), le nombre de réfugiés syriens pourrait atteindre 4,27 millions d'ici décembre, contre 3 millions actuellement.TOURNÉE AU MOYEN-ORIENTAprès l'Egypte, M. Abe se rendra en Jordanie, en Israël et dans les territoires palestiniens. Cette tournée est la première d'un premier ministre japonais au Moyen-Orient depuis 2006. En Jordanie, qui accueille plus de 620 000 réfugiés, le premier ministre japonais s'entretiendra avec le roi Abdallah II.Il rencontrera également le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, puis le président palestinien, Mahmoud Abbas. Favorable à une solution à deux Etats, le dirigeant japonais devrait exhorter les deux parties à reprendre les négociations de paix.Outre le dossier politique, le premier ministre nippon, qui est accompagné d'une importante délégation d'hommes d'affaires, entend « renforcer les liens économiques avec chacun de ces pays », afin de doper les exportations de l'Archipel, selon le secrétaire général et porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga.Depuis son retour au pouvoir en décembre 2012, Shinzo Abe redouble d'efforts pour redonner puissance et fierté à son pays sur la scène internationale : il a visité plus de 50 pays dans le monde. 17.01.2015 à 09h38 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h00 | Corine Lesnes (San Francisco, correspondante) Le Department of motor vehicles (DMV) de Californie est surmené en ce début d’année. L’agence chargée de la réglementation de la conduite automobile est occupée sur deux fronts : les voitures sans chauffeur qui, à la suite de la Google Car, ne demandent qu’à envahir le réseau routier, et les chauffeurs sans permis, immigrants clandestins, bien établis quoique jamais régularisés.On ne saurait mieux illustrer les disparités dans cet Etat bipolaire. La Californie est à la fois la capitale de la high-tech et de la pauvreté (23,5 % de la population, soit le premier rang américain).Les voitures dites « autonomes » existent déjà. Certains les ont rencontrées dans leur rétroviseur, vision hallucinante s’il en est. Sept compagnies, dont Mercedes, BMW, Nissan and Tesla ont obtenu l’autorisation de tester leurs véhicules sur les routes ordinaires. Le DMV était censé publier des règles de conduite pour le 1er janvier mais il a pris du retard. Une nouvelle fois, la loi est dépassée par la technologie.Les sans papiers peuvent postuler au permisLe DMV, il est vrai, est pris d’assaut par les immigrants sans papiers, qui ont le droit depuis le début de l’année de postuler pour un permis de conduire sans avoir à justifier de leur entrée aux Etats-Unis. Tous les matins, les candidats font la queue devant « el DMV » (comme disent les Latinos), pressés d’en finir avec un système qui voyait leur véhicule mis en fourrière au moindre contrôle (avec une amende de 1 500 dollars pour le récupérer).Du 2 au 9 janvier, 113 200 demandes ont été enregistrées. Le DMV, qui a dû embaucher 900 agents supplémentaires, s’attend à délivrer 1,4 million de permis en trois ans. Le document est légèrement modifié. Il ne sera pas valide dans les autres Etats ni pour prendre l’avion.La Californie n’est pas le premier Etat à distribuer des permis aux clandestins. Huit autres ont pris une mesure similaire depuis 2013. Mais c’est le plus important : il compte à lui seul 23 % des étrangers en situation irrégulière aux Etats-Unis (2,45 millions). Surtout, c’est l’Etat qui a lancé le mouvement de ras-le-bol contre l’immigration dans les années 1990. Ce qui n’a pas été de bon augure pour les républicains locaux, qui ne s’en sont jamais remis. Encore aujourd’hui, les démocrates contrôlent tous les leviers de pouvoir.« Pendant que Washington tergiverse, la Californie va de l’avant », a lancé le gouverneur Jerry Brown alors que le Congrès fédéral – désormais à majorité républicaine – a relancé ses efforts pour empêcher la régularisation de 5 millions de sans-papiers ordonnée fin novembre 2014 par Barack Obama. S’il fallait, autrement dit, s’en remettre au Congrès sur l’immigration, autant attendre les voitures sans conducteur – et sans permis.Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.01.2015 à 04h14 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h33 Un mois après l'annonce d'un rapprochement historique entre La Havane et Washington, une délégation de parlementaires américains commence samedi 17 janvier une visite à Cuba pour explorer des pistes de coopération entre les deux pays.Lire aussi l'éditorial du « Monde » : Renouer avec Cuba, la décision lucide, courageuse et historique d'ObamaComposée de quatre sénateurs et deux représentants démocrates, elle restera sur place jusqu'à lundi. Elle sera conduite par le sénateur Patrick Leahy, selon un communiqué de la Section d'intérêts américains (SIA), qui gère les intérêts diplomatiques du pays sur l'île. « Il s'agit de la première mission du Congrès à Cuba depuis le changement de politique annoncé par le président le 17 décembre », affirme M. Leahy.« Cette fois, nous allons discuter de nos attentes et des attentes des Cubains pour la normalisation des relations. Nous voulons explorer des opportunités pour une meilleure coopération et encourager les autorités cubaines à aborder les sujets qui préoccupent les citoyens américains et leurs représentants au Congrès. »Le programme de la délégation comprend des réunions avec des fonctionnaires cubains, des représentants de la société civile – y compris des dissidents –, des responsables de la SIA et des ambassadeurs d'autres pays, dont le Mexique, l'Espagne, la Norvège et la Colombie.SOUTIEN DE LA MAJORITÉ DES AMÉRICAINSPatrick Leahy, sénateur du Vermont (nord-est), avait joué les intermédiaires l'année dernière pour que l'épouse de Gerardo Hernandez, un espion cubain alors détenu aux Etats-Unis, puisse être inséminée artificiellement. Le bébé issu de cette procédure est né le 6 janvier, vingt jours après la libération de son père dans le cadre du rapprochement entre les deux pays.Après dix-huit mois de négociations secrètes, Washington avait accepté mi-décembre de libérer trois espions cubains écroués depuis la fin des années 1990 aux Etats-Unis. De son côté, La Havane avait consenti à relâcher l'Américain Alan Gross, emprisonné depuis cinq ans à Cuba, ainsi qu'un agent cubain à la solde de Washington et 53 prisonniers politiques.Lire aussi : Six chiffres qui racontent CubaSelon un sondage de l'institut Pew Research*, rendu public vendredi, 63 % des Américains approuvent le rapprochement entre les deux pays, et les deux-tiers d'entre eux sont favorables à la levée de l'embargo économique contre l'île en vigueur depuis plus de cinquante ans. Seul un Américain sur trois (32 %) pense, en revanche, que le rétablissement des liens entre La Havane et Washington sera à même d'engendrer des changements politiques à Cuba.* Le sondage de Pew Research a été effectué auprès de 1 504 personnes et présente une marge d'erreur de plus ou moins 2,9 points. 16.01.2015 à 19h32 • Mis à jour le17.01.2015 à 14h10 Trois jours après sa publication, la « une » du dernier Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » continue de provoquer la colère dans le monde musulman. Plusieurs milliers de fidèles ont manifesté, vendredi 16 janvier, après la grande prière, à travers une dizaine de pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Les manifestations se poursuivaient samedi au Niger.La couverture du journal satirique avait suscité dès sa sortie mercredi de nombreuses critiques de gouvernements ou instances musulmanes en Egypte, à Jérusalem ou encore au Sénégal. La Tunisie, le Maroc et l'Algérie n'ont pas autorisé la diffusion de l'hebdomadaire.Lire le décryptage : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ?Violentes manifestations au NigerTrois églises ont été incendiées samedi à Niamey, où la contestation de la caricature de Mahomet publiée dans Charlie Hebdo s'étend dans plusieurs quartiers de la capitale, dont celui de la cathédrale après une première manifestation violente dans la matinée, selon un journaliste de l'Agence France-Presse présent sur place. Une centaine de policiers anti-émeute, munis de casques et de boucliers, protégeaient la cathédrale de Niamey, essuyant des jets de pierres de protestataires. La veille, une manifestation à Zinder, la deuxième ville du Niger, a terminé en affrontements au cours desquels trois civils et un policier ont été tués, et environ 45 personnes blessées. « Certains manifestants avaient des arcs et flèches, des gourdins, et ils en ont fait usage », selon un policier. Le ministre de l'intérieur nigérien a affirmé que certains manifestants « arboraient l'étendard de Boko Haram », alors qu'ils « attaquaient une église catholique ». Le centre culturel français de la ville avait également été incendié.Manifestation palestinienne à Jérusalem-Est« L'islam est une religion de paix » et « Mahomet sera toujours notre guide », pouvait-on lire sur des banderoles à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël. Le grand mufti Mohammad Hussein, qui dirigeait la prière à laquelle environ 35 000 personnes ont pris part, n'a pas évoqué Charlie Hebdo dans son prêche. Il avait dénoncé mercredi comme une « insulte » aux musulmans la « une » de l'hebdomadaire et condamné « le terrorisme sous toutes ses formes ».Dans la nuit, des inconnus ont également recouvert le mur d'enceinte du centre culturel français à Gaza d'inscriptions promettant « l'enfer » aux journalistes de Charlie Hebdo. Le centre est actuellement fermé après avoir été visé par deux explosions revendiquées par des islamistes et des policiers étaient positionnés samedi matin devant la porte du bâtiment. 2 500 manifestants dans la capitale jordanienneVendredi, le plus important rassemblement avait eu lieu à Amman, où 2 500 manifestants, membres des Frères musulmans et d'organisations de jeunesse, ont défilé sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire « l'atteinte au grand Prophète relève du terrorisme mondial ».Le roi Abdallah II, qui avait participé dimanche à la marche de Paris contre le « terrorisme », a depuis qualifié Charlie Hebdo d'« irresponsable et inconscient ».>> Lire aussi (abonnés) : Les invités embarrassants de la marcheDes milliers de personnes réunies à AlgerEntre 2 000 et 3 000 personnes, dont des femmes et des enfants, ont également manifesté vendredi à Alger à la suite d'appels sur les réseaux sociaux, relais d'une campagne de protestation lancée dès la publication de Charlie Hebdo mercredi.Lire le reportage : Manifestations à Alger contre « l'offense » faite au Prophète par « Charlie Hebdo »Plus d'un millier de manifestants à Dakar, le drapeau français brûléAu moins un millier de manifestants ont aussi protesté dans la capitale du Sénégal. Un drapeau français a été brûlé devant l'ambassade de France, dans le centre de Dakar. La police a lancé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule, qui criait « Allah akbar ! ». Des milliers de personnes à Bamako, au MaliAprès la grande prière du vendredi, des milliers de manifestants ont convergé vers le boulevard de l'Indépendance, à Bamako, point névralgique des manifestations politiques dans le centre de la capitale malienne. L'appel à manifester était venu de prédicateurs célèbres et du Haut Conseil islamique du Mali, principale organisation islamique de ce pays à 90 % musulman, et où la France s'est militairement engagée en 2013 pour chasser des groupes djihadistes liés à Al-Qaida.Des manifestations dans cinq villes du PakistanA Karachi, des heurts violents entre policiers et manifestants ont fait des blessés, dont un grave. Un photojournaliste qui travaille pour l'AFP a été atteint d'une balle dans un poumon, puis admis d'urgence dans un hôpital, où il a subi avec succès une intervention chirurgicale. Il serait « hors de danger dans l'immédiat », d'après l'hôpital.D'autres rassemblements avaient lieu à Islamabad, la capitale du pays, à Lahore, à Peshawar et à Multan, où un drapeau tricolore français a également été brûlé.Des centaines de musulmans rassemblés au SoudanA Khartoum, quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la grande prière, dont certains ont scandé : « Expulsez l'ambassadeur de France, victoire au prophète de Dieu ! ». Sur une banderole on pouvait lire : « Le gouvernement français doit présenter des excuses… ».Appel à des « manifestations pacifiques » au QatarAu Qatar, l'Union mondiale des oulémas, dirigée par le prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des « manifestations pacifiques » et a critiqué le « silence honteux » de la communauté internationale sur cette « insulte aux religions ». Les autorités du pays, qui avaient fermement dénoncé l'attentat contre Charlie Hebdo, ont « condamné la nouvelle publication de dessins offensants pour le prophète Mahomet », publication qui, selon elles, alimente « la haine et la colère ».Un « acte irresponsable », selon le président afghanEnfin le président afghan Ashraf Ghani – qui avait condamné la semaine dernière l'attaque contre Charlie Hebdo – s'est joint aux protestations, qualifiant la nouvelle caricature d'acte « insultant » et « irresponsable » et estimant que « la liberté d'expression devrait être utilisée de façon constructive afin de promouvoir la coexistence pacifique entre les religions ».Les talibans afghans avaient aussi dénoncé jeudi la nouvelle publication, qui selon eux provoque « les sensibilités de près d'un milliard et demi de musulmans ». Gilles Paris (Washington, correspondant) Barack Obama n'a bien sûr aucune chance d'atteindre, mardi 20 janvier, les sommets d'audience du Super Bowl, qui se tiendra dans dix jours à Phoenix (Arizona). Ses traditionnels discours sur l'état de l'Union n'ont d'ailleurs cessé au fil des années de perdre des téléspectateurs. Il n'en avait rassemblé que 33,4 millions en 2014, son plus mauvais résultat, au lieu de 52,4 en 2009, bien loin de la centaine de millions que rassemblent les joueurs de football américain. Mais pour un président dont les annonces sur l'immigration avaient été boudées par les grandes chaînes, le 20 novembre, ce rendez-vous annuel conserve une importance stratégique.Il intervient cette année alors que le président semble sorti de la langueur de l'année 2014, marquée par un effritement persistant de sa cote de popularité et par de cinglantes défaites à l'occasion des élections de mi-mandat. Son taux d'approbation est d'ailleurs reparti à la hausse en ce début d'année, comme indexé sur les bonnes nouvelles qui se sont accumulées pour l'économie américaine : une croissance robuste, un taux de chômage au plus bas depuis six ans et la baisse du prix du pétrole, qui redonne un peu de pouvoir d'achat.MESSAGE À LA CLASSE MOYENNEComme en 2014, le président devait consacrer mardi soir une bonne partie de son message au sort de la classe moyenne, qui tarde à percevoir les bénéfices du regain américain. La trame de son discours a été tissée comme l'an passé par Cody Keenan, 34 ans, qui dirige l'équipe des « speechwriters » de la Maison Blanche, et dont le premier jet, selon le New York Times qui lui a consacré un portrait, a été validé par un président particulièrement exigeant. «Hemingway », le surnom que donne M. Obama à son virtuose des mots lorsqu'il se laisse pousser la barbe, a rejoint celui qui n'était encore que sénateur des Etats-Unis en 2007. Il a remplacé la première « plume » du président, Jon Favreau, plus lyrique, mais à une période qui s'y prêtait beaucoup mieux, après la réélection de 2012.Lire : Discours sur l'état de l'Union : qui est la plume d'Obama ?Barack Obama a multiplié les déplacements dans le pays au cours des deux dernières semaines, dévoilant à chaque étape des chapitres de son intervention de mardi. Il ne compte pas en rester là : une fois parvenu à son point final, le discours sera décliné sous toutes ses formes sur le site de la Maison Blanche pour adapter ce rendez-vous aux contraintes des réseaux sociaux. Plus d'un million d'Américains avaient regardé son intervention de 2014 sur ce site, dont un tiers sur des mobiles, un record.Jeudi, il répondra aux questions de trois célébrités des réseaux sociaux, Bethany Mota, Hank Green et Glozell Green, au cours d'une conférence de presse rebaptisée YOUnion. Une initiative qui a fait toussoter la salle de presse de la Maison Blanche.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f4xk5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f4xk5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.01.2015 à 17h46 • Mis à jour le20.01.2015 à 19h18 L'essentielLes chefs de la diplomatie des quatre pays veulent favoriser une désescalade du conflit entre les prorusses et les forces loyalistes.L'armée ukrainienne affirme que des soldats de l'armée russe ont attaqué mardi ses positions dans l'Est. Le ministre des affaires étrangères de l'Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, a annoncé, mardi 20 janvier, une nouvelle réunion, mercredi soir à Berlin, avec ses homologues français, russe et ukrainien. Cette rencontre, souhaitée par l'Ukraine et la Russie, « vise à empêcher une nouvelle aggravation de la confrontation militaire et une nouvelle escalade politique entre Kiev et Moscou », a expliqué M. Steinmeier.« Il y a de nouveau une situation dangereuse avec de nouveaux combats qui font rage ces derniers jours dans l'est de l'Ukraine », a-t-il souligné, évoquant des contacts intenses entre les quatre ministres du « format Normandie » — en référence à la première rencontre à quatre, organisée en juin 2014 en marge des cérémonies commémorant le débarquement allié en Normandie — pour « rechercher des compromis politiques ».Lire aussi : Les Vingt-Huit restent divisés sur la RussieLe chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et son homologue ukrainien, Pavlo Klimkine, « m'ont demandé d'organiser de nouveau des discussions à Berlin », a ajouté Frank-Walter Steinmeier.COMBATS DANS L'ESTLes combats, notamment à l'artillerie, continuaient mardi dans l'est séparatiste de l'Ukraine, selon Kiev. L'armée ukrainienne a affirmé que des soldats de l'armée russe avaient attaqué ses positions. De leur côté, les Russes démentent catégoriquement l'arrivée récente de renforts militaires dans les territoires prorusses, qualifiant ces affirmations d'« absurdité totale » et d'« hallucinations ».Le 12 janvier, les ministres des affaires étrangères allemand, français, russe et ukrainien s'étaient déjà rencontrés à Berlin pour tenter d'organiser un sommet entre les présidents russe, Vladimir Poutine, et ukrainien, Petro Porochenko, sous l'égide du président français, François Hollande, et de la chancelière allemande, Angela Merkel.UN SOMMET REPORTÉ SINE DIEMais ils avaient échoué à trouver un accord, et ce sommet, un temps envisagé le 15 janvier à Astana (Kazakhstan), a été reporté sine die. Kiev et les séparatistes prorusses s'accusent mutuellement du regain de violences observé depuis une dizaine de jours dans l'est de l'Ukraine, qui a culminé ce week-end avec de féroces combats à l'aéroport de Donetsk et l'arrivée de chars ukrainiens pour repousser une offensive rebelle. 20.01.2015 à 16h34 L'Inde, qui abrite la majorité des tigres dans le monde, a enregistré une hausse de 30 % de la population des félins depuis 2010. Selon ce recensement, l'Inde comptait 2 226 tigres l'an dernier, contre 1 706 en 2010, un résultat qualifié d'« énorme succès » par Prakash Javadekar, le ministre de l'environnement.Parmi les raisons de cette amélioration, le ministre a cité la lutte contre le braconnage, mais aussi une meilleure gestion des quarante réserves de tigres, réparties sur une zone allant de l'Assam (nord-est) au Rajasthan (ouest) ainsi qu'au Maharashtra (centre). Le gouvernement tente notamment de réduire les confrontations mortelles entre tigres et humains, provoquées par l'expansion des espaces d'élevage au détriment des forêts et par les incursions des tigres dans les zones habitées, en quête d'eau et de nourriture.Si ce chiffre marque une amélioration dans les conditions de vie des félins, il reste toutefois à nuancer. En 1947, date de l'indépendance de l'Inde, la population de tigres était estimée à environ 40 000. 20.01.2015 à 15h48 • Mis à jour le20.01.2015 à 16h25 Le Kremlin vole à la rescousse de ses banques, et ne lésine pas sur les moyens. Le ministre des finances, Anton Silouanov, a donné des précisions mardi 20 janvier sur ce plan de bataille prévu par Moscou, qui prévoit au total le déblocage par les pouvoirs publics de 1 000 milliards de roubles (13,3 milliards d'euros).Selon lui, 30 banques, dont il n'a pas encore dévoilé l'identité, bénéficieront du plan de recapitalisation annoncé à la fin décembre par l'Etat russe pour renflouer le secteur bancaire, fragilisé par l'effondrement du rouble. Une aide qui devrait permettre aux établissements financiers de continuer à financer l'activité économique au moment où le pays se prépare à une profonde récession.Lire aussi : Cinq questions sur la chute du rouble– 41 % FACE AU DOLLAR EN 2014Les banques russes, déjà privées d'accès aux marchés de capitaux par les sanctions liées à la crise ukrainienne, voient en effet fortement augmenter les remboursements de leurs dettes contractées en devises. Elles ont par ailleurs subi des retraits massifs de la part des clients au plus fort de la chute du rouble à la mi-décembre.Elles doivent en outre faire face à un fort renchérissement de l'accès aux liquidités, la banque centrale ayant radicalement augmenté ses taux pour enrayer le plongeon de la monnaie (– 41 % face au dollar en 2014).CONDITIONS TRÈS STRICTESAu départ, les autorités avaient laissé entendre que le plan pourrait concerner plus d'une centaine de banques. Mais le gouvernement a ensuite posé des conditions très strictes concernant l'attribution des fonds publics, attribués sous la forme d'obligations d'Etat par l'agence chargée de l'assurance des dépôts.L'aide de l'Etat ne pourra bénéficier qu'aux banques dont le capital dépasse 25 milliards de roubles (330 millions d'euros), qui s'engagent à augmenter les crédits aux secteurs prioritaires de l'économie ainsi qu'à limiter les hausses de salaires des employés et de dividendes versés aux actionnaires. Les industries de transformation, chimiques et agroalimentaires ainsi que les secteurs des transports, de la construction et de la communication doivent être les principaux bénéficiaires, a expliqué récemment le premier ministre, Dmitri Medvedev.PAS UN « SAUVETAGE DES BANQUES À PROBLÈMES »« Je veux insister sur le fait que ces fonds ne doivent pas servir au sauvetage des banques à problèmes [mais] à développer le crédit  [et] aider l'économie », a insisté le chef du gouvernement à la mi-janvier. Le secteur bancaire russe compte plus de 800 banques, parfois très modestes héritées de l'époque soviétique.Les pouvoirs publics retirent régulièrement les licences de petits établissements régionaux soupçonnés de pratiques douteuses. Ils ont dû procéder à la mi-décembre au sauvetage d'une grosse banque, Trust, et la renflouer à hauteur de 127 milliards de roubles (1,7 milliard d'euros).Sans attendre le plan global, l'Etat avait renfloué à la fin décembre les numéro deux et trois du secteur, VTB et Gazprombank, visées par des sanctions occidentales, respectivement à hauteur de 100 milliards de roubles (1,3 milliard d'euros) et 40 milliards de roubles (530 millions d'euros).Lire aussi le décryptage : Les effets inattendus de la chute du rouble Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) L’exécution de cinq étrangers condamnés à mort en Indonésie après le refus du président Joko Widodo de les gracier provoque une tempête diplomatique et ternit l’image de défenseur des droits de l’homme du nouveau chef d’Etat. Les condamnés pour trafic de drogue, quatre hommes (un Brésilien, un Néerlandais, deux Africains du Malawi et du Nigeria) et une femme (une Vietnamienne) auxquels s’ajoute une Indonésienne – ont été fusillés peu après minuit, dimanche 18 janvier.Le Brésil a été le premier pays à réagir et à manifester sa déception, en rappelant son ambassadeur. Un porte-parole de la présidente Dilma Roussef a indiqué que cette dernière était « affligée et outragée ». Elle était intervenue personnellement auprès du chef de l’Etat indonésien pour lui demander d’épargner Marco Archer Cardoso Moreira, 53 ans, arrêté en 2004 à Djakarta en possession de cocaïne. « L’application de la peine de mort, qui est rejetée de manière croissante au niveau international, va affecter sérieusement les relations entre nos deux pays », a ajouté le porte-parole brésilien. Brasilia a rappelé son ambassadeur à Djakarta.Pas de clémenceLes Pays-Bas ont également réagi à l’exécution de leur ressortissant, Ang Kiem Soei, 62 ans, un Indonésien d’origine naturalisé qui avait été arrêté en 2003, lui aussi pour trafic de drogues. Le ministre des affaires étrangères Bert Koenders a confié sa « tristesse » dans un communiqué, constatant que l’exécution de dimanche « mettait un point final dramatique à des années d’incertitude pour sa famille ». Le roi Willem Alexander et le premier ministre Mark Rutte étaient tous deux intervenus auprès de Joko Widodo, faisant « tout leur possible » pour éviter que le condamné soit passé par les armes. La Haye a également rappelé son ambassadeur.Cette quintuple exécution n’est pourtant pas une surprise. Peu de temps après son installation à la présidence indonésienne en octobre 2014, le nouveau chef de l’Etat avait mis les choses au clair : il n’y aurait pas de clémence pour les trafiquants. Selon lui, la peine de mort constitue une « thérapie de choc » dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue. Au lendemain des exécutions, il a écrit sur sa page Facebook qu’il ne pouvait y avoir de « demi-mesure » en matière de lutte contre le fléau de la drogue dans son pays.Moratoire de faitCe qui est plus surprenant, en revanche, c’est qu’un président arrivé au pouvoir avec une réputation de défenseur des droits de l’homme soit celui qui relance de manière spectaculaire le cycle des exécutions : à partir de 2008, l’Indonésie avait instauré un moratoire de fait sur l’application de la peine de mort, jusqu’à 2013, année durant laquelle quatre personnes avaient été fusillées. Mais aucune exécution n’avait eu lieu en 2014, en dépit du fait que 60 condamnés à la peine capitale pour trafic de drogue – la moitié d’entre eux étrangers – sont en attente dans les couloirs de la mort en Indonésie.Joko Widodo, 53 ans, a remporté les élections de juillet 2014 après avoir acquis, en tant qu’ancien gouverneur de Djakarta, une réputation d’administrateur efficace et d’une irréprochable probité. Premier président de l’Indonésie post-dictatoriale à appartenir à une génération d’hommes politiques sans lien avec le passé douloureux de l’archipel – le président général Suharto a été contraint à la démission en 1998 –, il soigne son image de dirigeant « proche du peuple ».En fin d’année, alors qu’il se préparait à décoller pour Singapour afin de rendre visite à son fils qui y étudie, les voyageurs de l’aéroport de Djakarta ont vu, éberlués, le président et son épouse faire la queue au guichet de la classe économie… Dans un pays où les hommes politiques n’ont jamais donné le sentiment de renoncer à leurs privilèges, l’affaire avait fait grand bruit, même si certains s’étaient empressés d’en dénoncer le caractère populiste.L’inflexibilité du président à l’égard de la peine de mort aura en tout cas fendillé l’image d’icône démocratique du président : « Joko a violé l’esprit des droits de l’homme dans notre pays », a accusé Hendardi, responsable du Setara Institute, une organisation de défense des droits humains. La peine capitale « ne sert à rien, a-t-il conclu, et n’a aucun effet de dissuasion sur les trafiquants ». Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.01.2015 à 12h51 • Mis à jour le20.01.2015 à 12h52 | Jacques Follorou Six mois après la fin de l’opération militaire française « Serval » contre les djihadistes au Mali, la mission de l’ONU (Minusma) installée dans le nord-est de ce pays depuis juillet 2013 est la cible répétée d’attaques des groupes islamistes radicaux. Le Monde a pu avoir accès aux éléments transmis à l’état-major français, à Paris, après la dernière attaque qui a visé, samedi 17 janvier, le quartier général de la Minusma, à Kidal.Vers six heures trente du matin, une série de tirs combinés de mortier et de roquettes ont atteint l’intérieur du vaste camp dont le périmètre fait plusieurs kilomètres. Cette base héberge les forces armées de l’ONU, les personnels civils ainsi que des forces spéciales hollandaises et françaises. Ces dernières agissent dans le cadre de l’opération « Barkhane » qui a succédé à « Serval » et dont le rayon d’action s’étend à l’ensemble de la zone sahélo-saharienne.Mise à feu à distanceDans le même temps, deux véhicules bourrés d’explosifs progressaient vers deux entrées distinctes du camp. Le premier a explosé en passant à la hauteur d’un point de passage situé à moins d’un kilomètre de la base, à l’est. Un casque bleu tchadien a été tué à cette occasion et un autre a été blessé. L’autre voiture piégée a, quant à elle, pu atteindre la porte d’entrée principale au nord du camp. Son conducteur a alors déclenché l’explosion qui n’a pas fait de victime à cet endroit. Les deux kamikazes ont été tués.L’attaque a duré près d’une demi-heure. Les premiers éléments semblent montrer que les projectiles ont été tirés d’une distance comprise entre cinq et six kilomètres. Selon le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) – une organisation indépendantiste touarègue alliée aux Français – ce sont le groupe Ansar Eddine, pilier de l’insurrection armée dans la région de Kidal, dirigé par le chef touareg Iyad ag Ghali, et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) qui seraient à l’origine de cette attaque. D’après la même source, des « agents d’Ansar Eddine infiltrés à Kidal auraient fourni les données techniques pour toucher le camp de la Minusma ». L’enquête en cours évoque enfin l’hypothèse de mise à feu à distance des tirs de roquettes et de mortier par le biais de téléphones satellites.Condamnation de Ban Ki-moonLe harcèlement des groupes islamistes radicaux a déjà fait de nombreux blessés et morts ces dernières semaines. Vendredi, l’armée malienne a été attaquée à Ténenkou, ville de la région de Mopti, et deux soldats, au moins, trouvaient la mort. Le 5 janvier, au moins onze soldats maliens sont morts lors d’un assaut rebelle contre la garnison à Nampala. Sept casques bleus sénégalais de la Minusma, qui a pris le relais d’une force panafricaine pour contribuer à la stabilisation du Mali, ont été blessés, le 9 janvier, dans leur véhicule après avoir sauté sur un engin explosif à Kidal. Cinq jours plus tôt, six soldats nigériens de l’ONU avaient également été blessés dans des conditions similaires à Ménaka et Ansongo, dans la région de Gao, au sud de Kidal.Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a condamné l’attaque de samedi contre le siège de la Minusma à Kidal et souligné « l’urgence de parvenir à un règlement politique pour mettre fin au conflit et assurer le rétablissement complet de l’autorité de l’Etat sur la totalité du territoire malien ».Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.01.2015 à 11h26 • Mis à jour le20.01.2015 à 21h36 | François-Xavier Trégan L'essentielDes miliciens chiites houthistes auraient pénétré mardi après-midi dans le palais présidentiel, à Sanaa.Une trêve avait pourtant été négociée lundi entre miliciens et gardes du palais présidentiel après des combats ayant fait au moins neuf morts. Au Yémen, la démonstration de force des miliciens houthistes d'Ansar Allah vire chaque jour un peu plus au coup d'Etat. Moins de vingt-quatre heures après son entrée en vigueur dans Sanaa, la capitale, le fragile cessez-le-feu a volé en éclat, mardi 20 janvier, entre les forces gouvernementales et cette milice zaïdite, une branche du chiisme.Au lendemain de violents affrontements autour du palais présidentiel, les miliciens houthistes assiégeraient depuis le milieu de l'après-midi la résidence du chef de l'Etat et auraient pris le contrôle total du palais présidentiel.Selon plusieurs témoins contactés sur place, les hommes d'Ansar Allah, en nombre et lourdement armés, couperaient tous les accès menant au palais, dans le quartier de la Sabayn, dans le sud de la ville. Le convoi du ministre de la défense aurait également essuyé des tirs. Lire aussi : Pourquoi les rebelles houthistes défient le pouvoir au YémenLES MILICIENS CHIITES OPPOSÉS AU PROJET DE CONSTITUTIONLundi soir, alors que les combats avaient fait plusieurs morts et blessés, un comité mixte composé de militaires et de miliciens devait veiller au bon respect du cessez-le-feu. La journée de mardi s'annonçait donc essentielle. Dans la matinée, le président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, avait présidé une réunion d'urgence avec ses conseillers et le comité suprême de sécurité. Il avait notamment appelé les protagonistes de la crise à « résoudre tous leurs différends ». Plusieurs interlocuteurs affirmaient lundi soir que les houthistes avaient conditionné un apaisement de la situation et la libération du directeur de cabinet de M. Hadi, qu'ils ont enlevé le 17 janvier, à une révision du projet de Constitution et à la tenue d'élections anticipées.>> Regarder la cartographie : Le Yémen tiraillé entre guerres locales et djihad mondialLes houthistes sont profondément opposés au projet de Constitution qui découperait le Yémen en six provinces et non en deux. Originaires de la région de Saada, dans le nord du pays, à la frontière avec l'Arabie saoudite, ils voudraient non seulement pouvoir disposer d'un accès direct à la mer, mais aussi conforter leur contrôle sur toute la partie septentrionale du Yémen. LE PRÉSIDENT SOUS HAUTE PROTECTIONDepuis son élection, en février 2012, M. Hadi n'occupe que très rarement le palais présidentiel. Le chef de l'Etat préfère travailler et résider dans sa maison personnelle, une large bâtisse située sur la route 60, dans l'ouest de la capitale. Elle est placée sous très haute protection, et ses murs d'enceinte avaient été rehaussés ces derniers mois ; le président aurait échappé par le passé à plusieurs tentatives d'assassinat.Alors qu'ils contrôlent la capitale depuis le 21 septembre dernier, étape importante de leurs multiples gains territoriaux, les miliciens d'Ansar Allah accumulent les démonstrations de force pour façonner, doucement, un coup d'Etat qui ne dirait pas son nom. Malgré la confusion de la situation dans Sanaa, des discussions entre des conseillers du président Hadi et d'Ansar Allah seraient toujours en cours.LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L'ONU SE RÉUNITFace à l'urgence de la situation, le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU) s'est réuni à huis clos mardi après-midi. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé à un arrêt immédiat des combats, se disant « gravement préoccupé par la détérioration de la situation ». « Aujourd'hui, nous sommes à la croisée de chemins », avait déclaré ce matin même le président Hadi aux membres du comité suprême de sécurité réunis en urgence. La transition politique, à l'œuvre depuis 2012, pourrait en effet bien avoir vécu.François-Xavier TréganJournaliste au Monde 20.01.2015 à 10h44 • Mis à jour le20.01.2015 à 12h22 | Marie Charrel et Cédric Pietralunga L’annonce a fait l’effet d’une douche froide. En décidant, jeudi 15 janvier, de décrocher le franc suisse de l’euro, la Banque nationale suisse a fait s’envoler le cours de la devise helvétique… et elle a plongé dans l’embarras les 2 500 VIP attendus au Forum économique mondial de Davos, qui doit se tenir dans les Alpes du mercredi 21 au samedi 24 janvier.Déjà considérée comme (très) huppée, la station des Grisons pourrait de fait devenir hors de prix pour les visiteurs étrangers. Avec l’actuel boom du franc suisse, il faudra débourser l’équivalent de plus de 400 dollars (340 euros) pour s’offrir une bouteille de Dom Pérignon à l’hôtel Seehof, l’un des meilleurs quatre étoiles de la ville, a calculé l’agence Bloomberg…Officiellement placé sous le thème du « nouveau contexte mondial », le 45e Forum de Davos – qui doit accueillir quelque 1 500 chefs d’entreprise et au moins 300 chefs d’Etat ou membres de gouvernement, dont François Hollande pour la première fois mais également Matteo Renzi ou Angela Merkel – devrait à nouveau faire la part belle aux questions monétaires. Non seulement à cause de la décision de la banque centrale helvétique mais parce que l’événement va se tenir, hasard du calendrier, au milieu d’une semaine cruciale pour la zone euro. Pour ne pas dire à haut risque.Les yeux tournés vers FrancfortJeudi 22 janvier, tous les yeux se tourneront en effet vers Francfort, où siège la Banque centrale européenne (BCE). Le président de l’institution, Mario Draghi, devrait y annoncer, au moins dans les grandes lignes, son programme choc de lutte contre la déflation. Car l’heure est grave. En décembre 2014, les prix ont reculé de 0,2 % dans l’union monétaire, laissant craindre que celle-ci sombre dans la déflation, cette terrible spirale où le recul des prix paralyse l’ensemble de l’économie.Pour y remédier, la BCE devrait se mettre à acheter la dette publique des pays membres de l’union monétaire. Un programme dit d’assouplissement quantitatif (QE en anglais), très controversé en Allemagne, où l’on redoute qu’il n’incite les Etats à renoncer à la discipline budgétaire, mais que la plupart des économistes appellent de leurs vœux. Y compris ceux du Fonds monétaire international (FMI). Sans cela, estiment les partisans du « QE », l’Europe peinera à retrouver le chemin de la croissance. Attendue à Davos, dont elle n’a pas raté une seule édition depuis son accession à la tête du FMI, Christine Lagarde devrait marteler ce message. « Autant dire que lors des rencontres à huis clos, la chancelière allemande, Angela Merkel, sera cuisinée sur les raisons des réticences de Berlin », prédit un député européen.Contrairement à 2014 et sauf changement de dernière minute, M. Draghi ne sera néanmoins pas présent à Davos. Le Français Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, également l’un des économistes le plus influents d’Europe, participera en revanche aux débats vendredi 23 et samedi 24 janvier. « En fonction de la décision prise jeudi, il sera applaudi dans les couloirs ou assailli de questions », souffle un fin connaisseur de l’institution. Pour amadouer l’Allemagne, M. Draghi pourrait en effet adopter un QE d’ampleur limitée. Au risque qu’il soit moins efficace…Mais la BCE ne sera pas la seule banque centrale sur le devant de la scène. « La coordination des politiques monétaires sera clairement débattue », explique Gilles Moëc, économiste chez Bank of America. Et cela, pour une raison bien simple : alors que l’Europe s’enfonce dans la stagnation, les Etats-Unis affichent une reprise vigoureuse. « Rarement le découplage entre les deux continents n’aura été aussi fort », estime M. Moëc.De quoi semer un sérieux désordre monétaire à travers le monde, qui inquiète déjà les chefs d’entreprise, dont la fine fleur est attendue dans la station suisse, comme Carlos Ghosn (Renault-Nissan), Paul Bulcke (Nestlé), Michael Dell (Dell), Joe Kaeser (Siemens), Oleg Deripaska (Rusal) ou encore Bill Gates.Le dollar, porté par la croissance américaine, devrait en effet poursuivre sa hausse face à l’euro. « Les autres pays devront adapter leurs taux de change face à cette nouvelle donne », anticipe Philippe Waechter, chez Natixis AM.La Banque nationale suisse, qui a décidé de laisser sa monnaie fluctuer librement, pourrait ainsi être suivie par d’autres. En particulier dans les pays nordiques, qui ont eux aussi lié leur devise à l’euro. « Le FMI et les grands argentiers discuteront de la meilleure façon de coordonner ces mouvements pour éviter l’instabilité, prédit Christopher Dembik, chez Saxo Banque. Mais passé Davos, ce sera le retour du chacun pour soi. » Certains économistes craignent même le retour de la guerre des monnaies.Autre risque qui devrait être largement débattu à Davos : la Grèce. Dimanche 25 janvier, au lendemain de la clôture du Forum, les élections législatives pourraient y porter la gauche radicale de Syriza au pouvoir. Son leader, Alexis Tsipras, réclame un nouvel allégement de la dette publique de son pays, qui dépasse 175 % du produit intérieur brut (PIB). Il n’en fallait pas plus pour que les craintes d’une sortie de la Grèce de la zone euro resurgissent.L’insoutenable dette helléniqueOfficiellement, les chefs d’Etat européens se montrent rassurants : personne ne souhaite qu’Athènes quitte la monnaie unique, car tout le monde serait perdant. Mais officieusement, les négociations vont bon train. Elles devraient se poursuivre en Suisse, tant la dette hellénique est insoutenable. « Il faudra bien l’alléger d’une façon ou d’un autre, explique Eric Dor, économiste à l’Ieseg. Or, aujourd’hui, elle est détenue à 70 % par les autres pays européens. » Ces derniers pourraient décider d’allonger la maturité des prêts accordés à Athènes. Mais pas sans concession de la part de M. Tsipras.Le pétrole sera enfin à l’affiche de plusieurs tables rondes du Forum économique, avec la participation notamment de Patrick Pouyanné (Total) et de Robert Dudley (BP). « Au début, tout le monde a salué la baisse des cours, car elle apporte une bouffée d’oxygène à la croissance, explique M. Dembik, de Saxo Banque. Mais les inquiétudes pointent déjà : la chute a été trop brutale. » Si elle dure, elle pénalisera les pays producteurs, comme la Russie. Au risque de nourrir le feu des tensions géopolitiques avec l’Occident.« Contrairement aux années précédentes, la reprise américaine fera souffler un vent d’optimisme sur nos discussions, relativise Alain Pons, PDG du cabinet de conseil Deloitte France, sur le point de s’envoler pour la Suisse. Mais les risques économiques n’ont pas disparu pour autant. » Les virées en ski sur les hauteurs de Davos devront attendre…Après Nicolas Sarkozy, François Hollande fait le déplacement à DavosMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Un « tifo » géant déployé dans une tribune du Standard de Liège a choqué, dimanche 25 janvier, alors que l'équipe locale recevait sa grande rivale bruxelloise, le Sporting d'Anderlecht. La banderole géante reprenait la formule « Red or dead » (« rouge ou mort »), le slogan du noyau dur des supporteurs. Le Standard joue en rouge et blanc et l'équipe est familièrement désignée comme « Les Rouches ».Le scandale est né du dessin qui ornait le tifo : l'image d'un guerrier armé d'un sabre et tenant de la main gauche la tête grimaçante de Steven Defour, le meneur de jeu de l'équipe adverse. Une allusion un peu trop évidente aux pratiques du groupe terroriste Etat islamique, le jour même où deux otages japonais ont sans doute subi le même sort que d'autres otages avant eux…Et au Standard Liège, on a le sens de l'hospitalité pour Steven Defour, ancien rouche maintenant à Anderlecht.. #Foot http://t.co/IecOSQxQp9— Christophe-C Garnier (@ChrisCGarnier)require(["twitter/widgets"]);Un transfert perçu comme une « trahison »Steven Defour a commencé sa carrière à Genk avant de jouer au Standard, dont il a été capitaine. Il a remporté deux titres de champion de Belgique avec ce club. Il a ensuite passé plusieurs années au FC Porto avant d'intégrer, pour la saison actuelle, l'équipe d'Anderlecht. Les fans liégeois ne lui ont pas pardonné ce qu'ils estiment être une trahison. Ils avaient promis de lui réserver un accueil dont il se souviendrait lors du match de dimanche, qui marquait son retour au stade de Liège-Sclessin.Personne ne s'attendait toutefois à une image d'un pareil mauvais goût même si la direction du club et la police, méfiantes, avaient apparemment demandé aux « ultras » de leur montrer le calicot géant avant le démarrage de la rencontre. Les supporteurs auraient sorti une autre banderole avant de procéder à une substitution. L'autoroute menant de Liège à Bruxelles était quant à elle ornée de nombreux slogans hostiles au médian d'Anderlecht.Demande de sanctionsL'attitude des supporteurs – qui auraient travaillé six semaines à la confection de leur tifo – a suscité une réprobation unanime. De nombreuses personnes ont réclamé une sanction de la fédération belge de football. « De mauvais goût, stupide et inacceptable », a même tweeté un vice-premier ministre, le libéral Didier Reynders, originaire de Liège.Manifestement déstabilisé, Steven Defour a reçu deux cartons jaunes, ce qui lui a valu une exclusion en deuxième mi-temps. Le Standard a remporté la rencontre 2-0.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.01.2015 à 15h38 • Mis à jour le25.01.2015 à 17h20 L'essentielLes séparatistes prorusses ont lancé depuis plusieurs jours une vaste offensive, reprenant l'aéroport de Donetsk et bombardant Marioupol, ville de l'est de l'Ukraine encore contrôlée par le gouvernement de Kiev.Le ministre des affaires étrangères russe a accusé l'armée ukrainienne d'avoir provoqué ces violences par des attaques « permanentes » contre des « localités peuplées ».Barack Obama s'est dit « inquiet des violations du cessez-le-feu et veut accroître la pression sur Moscou.Après plusieurs jours d'offensive des séparatistes prorusses et au lendemain de bombardements ayant tué au moins 30 personnes à Marioupol, dernière grande ville contrôlée par le gouvernement de Kiev dans l'est de l'Ukraine, le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a affirmé dimanche 25 janvier que ces violences avaient été provoquées par des attaques « permanentes » de l'armée ukrainienne contre des « localités peuplées ».« L'aggravation de la situation est le résultat des tirs permanents des forces ukrainiennes contre des localités peuplées, en violation grossière des accords de Minsk », a déclaré M. Lavrov lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain, John Kerry, selon un communiqué du ministère.Le président ukrainien, Petro Porochenko, « n'a toujours pas répondu » à la proposition du président russe, Vladimir Poutine, de retirer les armes lourdes de la ligne de contact entre les forces ukrainiennes et les rebelles prorusses dans l'est, a-t-il rappelé. Les autorités ukrainiennes « n'ont pas rempli non plus leur obligation de lancer un processus constitutionnel global avec participation de toutes les régions et toutes les forces politiques du pays », a accusé le chef de la diplomatie russe.Il a appelé les Etats-Unis à « utiliser leur influence sur les autorités ukrainiennes pour que celles-ci refusent de miser sur un scénario militaire ». MM. Lavrov et Kerry se sont prononcés pour un « arrêt immédiat des bombardements à l'artillerie dans le Donbass et le retrait des armes lourdes », en réitérant la volonté de Moscou et de Washington de « contribuer au règlement de la crise ukrainienne », ajoute-t-il.OBAMA « INQUIET DES VIOLATIONS DU CESSEZ-LE-FEU » En déplacement en Inde, Barack Obama a déclaré dimanche vouloir accroître la pression sur la Russie après le bombardement de Marioupol.  « Je vais regarder toutes les options supplémentaires à notre disposition, hormis la confrontation militaire », a déclaré le président américain.Les Occidentaux ont fermement condamné l'attaque menée samedi contre cette dernière grande ville de l'Est séparatiste sous contrôle de Kiev, certains évoquant de nouvelles sanctions contre la Russie, accusée de soutenir militairement la rébellion.« Nous sommes très inquiets des dernières violations du cessez-le-feu et de l'agression commise par les séparatistes avec un soutien russe, un équipement russe, un financement russe, un entraînement russe et des troupes russes », a ajouté M. Obama.Le président américain s'est interrogé sur la pertinence de la position russe en Ukraine : « La question est de savoir s'ils veulent poursuivre dans cette voie, qui est mauvaise non seulement pour le peuple ukrainien, mais également (...) pour le peuple russe », a-t-il ajouté. « J'ai toujours été clair sur le fait qu'il ne serait pas efficace pour nous de nous engager dans un conflit militaire avec la Russie », a-t-il souligné. En revanche, les Etats-Unis maintiendraient une « pression économique » et un « isolement diplomatique », a-t-il dit.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1dltfd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1dltfd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La victoire de Syriza est annoncée. La dynamique de fin d’élection joue en faveur de son président, Alexis Tsipras, et l’écart semble se creuser avec Nouvelle démocratie. Selon un sondeur, l’écart entre les deux partis pourrait dépasser dix points, lors des élections législatives du dimanche 25 janvier. Ce qui constituerait un triomphe pour Alexis Tsipras.Selon un premier sondage sorti des urnes, Syriza, le parti de gauche radicale anti-austérité, devance de plus de huit points le parti de droite au pouvoir. L'écart va ainsi de 8,5 à 16,5 points, bien au-delà des derniers sondages. Le parti d'Alexis Tsipras obtiendrait entre 35,5 % et 39,5 %, tandis que Nouvelle Démocratie du premier ministre Antonis Samaras est crédité de 23 à 27 %.A son arrivée, en voiture, vers 10 h 40, au bureau de vote du quartier populaire de Kypséli, non loin de son domicile personnel, deux gardes du corps se sont précipités pour tenter de lui ouvrir un passage dans une cohue de plusieurs centaines de journalistes et caméras du monde entier, la plupart arrivées dès 6 h 30 du matin. Après avoir glissé son bulletin dans l’urne sous les flashs des photographes, le président du parti de la gauche radicale a dû monter sur une table dans le hall principal de l’école pour arriver à se faire entendre.900 journalistes internationauxEntre d’un côté la bataille des journalistes pour avoir le meilleur plan ou la meilleure photo et de l’autre une dizaine de militants criant à plein poumons le slogan « Le temps de la gauche est arrivé ! », Alexis Tsipras a donné, en grec, puis en anglais, un dernier message aux électeurs grecs :« Le choix est plus clair que jamais. Soit la troïka revient et poursuit le travail de Samaras et la catastrophique politique d’austérité, soit on va vers une renégociation dure et difficile avec nos partenaires pour reconquérir une vie digne. » Le mot de « dignité » est d’ailleurs revenu à quatre reprises dans son discours, qu’il a complété en anglais en disant que « le temps de la démocratie, de la solidarité et de la coopération » était arrivé. M. Tsipras arborait un sourire, franc, épanoui : « Notre avenir commun en Europe n’est pas celui de l’austérité, c’est celui de la démocratie, de la solidarité et de la coopération. »Même dans un bureau de vote du quartier touristique de Plaka au centre d’Athènes, il y a presque davantage de journalistes que de votants. De la télévision russe à des journalistes japonais, les caméras se pressent pour sonder le cœur des électeurs grecs. Le monde entier a de nouveau les yeux tournés vers la Grèce. Quelque 900 journalistes internationaux sont accrédités pour ces élections, alors qu’il n’y en avait que 700 lors des législatives de 2012.« On veut retrouver notre honneur »Une électrice, Areti, ne veut pas dire pour qui elle vote, mais fait clairement comprendre qu’elle ne choisira le parti au pouvoir, Nouvelle Démocratie. « Les choses doivent changer. Il faut que l’on puisse retrouver un peu d’espoir. Pendant ces années de crise, les Grecs ont été déshonorés devant le monde entier. On veut retrouver notre honneur. »Katarina clame haut et fort qu’elle a voté Syriza « car c’est le seul moyen de retrouver notre dignité » et espère que le parti « aura une majorité absolue ». Pour Vassilis Sklias, un ancien fonctionnaire européen, cette majorité est nécessaire pour faire passer les réformes : « Il faut assainir la fonction publique pour mettre fin au système clientéliste créé par le Pasok et Nouvelle démocratie, avec leurs cortèges d’employés du parti. » Il espère que l’Europe va tenir compte du message venu de Grèce. « Que va-t-il se passer si on attaque cette gauche pro-européenne ? Cela profitera à l’extrême droite anti-européenne. On est prêts à discuter. Nous voulons rester dans le cadre institutionnel européen. Nous ne voulons pas devenir Cuba. »Alex, un ingénieur venu avec ses deux enfants, claironne qu’il a voté Nouvelle Démocratie « même s’ils ont fait de mauvaises choses ». Il n’est pas effrayé par une victoire de Syriza, qui ne lui fait pas perdre son sourire : « Ils ont promis tellement de choses que tout le monde sait qu’ils ne pourront pas les appliquer, et heureusement, car elles sont dangereuses. Dès lundi, ils reviendront à la raison et suivront les règles. »« Les lendemains seront difficiles »Sur la place Syntagma, le stand de Nouvelle Démocratie est presque désert. Une poignée de militants discutent. Antonis Birbilis s’occupe de ce stand depuis plusieurs élections. Il espère encore que les indécis peuvent encore changer les événements, mais il n’y croit guère. Et il a peur : « Tsipras va rapidement décevoir ses électeurs. Il donne de l’espoir à tout le monde, mais les lendemains seront difficiles. »Lire aussi : Concrètement, que peut changer l'arrivée de la Syriza à la tête de la Grèce ?Loin d’Athènes et des caméras de télévision étrangères, le premier ministre, Antonis Samaras, a voté dans son fief de Pylos, dans le Péloponnèse. « Aujourd’hui, nous décidons si nous avançons ou si nous nous lançons dans l’inconnu » – M. Samaras, qui parle bien français, doit connaître Baudelaire. Les Grecs aujourd’hui sont bien tentés de « plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. »Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Maxime Vaudano A l'heure des élections législatives grecques, dimanche 25 janvier, tous les regards sont braqués sur Syriza, la formation de la gauche radicale qui pourrait accéder au pouvoir. Partisan de la fin de l'austérité et d'une restructuration de la dette, son leader Alexis Tsipras menace-t-il le maintien de la Grèce dans la zone euro ?1. Où en est la Grèce ?Un déficit qui se réduit. Les chiffres officiels des finances publiques grecques ne sont a première vue guère réjouissants : la dette culmine encore à plus de 170 % du PIB, tandis que le déficit est reparti à la hausse en 2013, à plus de 12 % de la richesse nationale.Ils masquent toutefois une réalité plus complexe : hors « dépenses exceptionnelles » et soutien au secteur bancaire, le déficit grec s'établissait en 2013 à 2,1 %. Mieux : Athènes dégageait même un excédent primaire de 0,8 % du PIB - c'est à dire qu'en faisant exception du service de la dette, l'administration grecque a collecté plus d'argent qu'elle n'en a dépensé.Ces résultats ne sont pas suffisants pour la troïka, qui réclame à la Grèce qu'elle prouve sa stabilité budgétaire à l'horizon 2015/2016 avant de déserrer l'étau de l'austérité.Des aides toujours en suspens. Entre les différents plans d'aide européens et internationaux, la restructuration d'une partie de sa dette et le financement classique de l'Union européenne, la Grèce a touché pas moins de 380 milliards d'euros depuis 2007. Un peu plus de 10 milliards doivent encore être prêtés à la Grèce : 7 milliards par le FMI, et 3,6 milliards par les Européens, pour la dernière tranche de leur deuxième plan de sauvetage.2. Sortir de l'euro est-il juridiquement possible ?Les traités européens ne prévoient pas la possibilité pour un Etat de quitter la zone euro. La Commission européenne l'a rappelé le 5 janvier pour tenter de dissiper les rumeurs : l'appartenance d'un pays à la zone euro est « irrévocable ».Dès lors, deux possibilités s'offriraient à la Grèce si elle voulait le faire, comme l'expliquait déjà en 2011 l'économiste Eric Dor :La voie légale : elle sort carrément de l'Union européenne (grâce à l'article 50 du traité de Lisbonne), puis y ré-adhére dans la foulée en négociant une exception lui permettant de ne pas avoir à entrer dans la zone euro (comme le Royaume-Uni, la Suède ou le Danemark l'ont fait dans les années 1990).La voie exceptionnelle : les Vingt-Huit amendent les traités européens pour y introduire une clause de sortie de la zone euro, pour permettre à la Grèce de quitter la monnaie unique sans devoir claquer la porte de l'UE. Il serait même possible, selon certains observateurs, de contourner le droit européen si tout le monde (Commission et Etats-membres) était d'accord.Lire : Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. Moscovici3. Le scénario de sortie de la Grèce est-il plausible ?Le parti de la gauche radicale Syriza, favori des sondages pour les prochaines élections en Grèce, ne prône pas la sortie d'Athènes de la zone euro, contrairement au parti néo-nazi Aube dorée, par exemple. Ce sont plutôt les conséquences indirectes de son programme qui font ressurgir les craintes d'un scénario de « Grexit » (« Greece Exit »).Le parti d'Alexis Tsipras exige en effet une révision des politiques d'austérité et de réforme imposées par la troïka de ses créanciers (FMI, Banque centrale et Commission européennes) et propose à l'inverse une politique de relance pour l'économie grecque (créations d'emplois publics, rétablissement du salaire minimal, investissements). Mais surtout, il souhaite renégocier la dette restante de la Grèce avec ses créanciers.Autant de perspectives qui effraient les marchés financiers et irritent ses voisins européens. Si elle était délaissée par les investisseurs, la Grèce pourrait replonger dans la situation castrophique qui a failli la conduire à la sortie de l'euro en 2011-2012.Lire : Une sortie de la Grèce coûterait cher à la zone euroSans qu'une telle extrêmité arrive, le bâton du « Grexit » pourrait également être brandi comme menace par la Commission européenne et les Etats européens, Allemagne en tête. D'autant que sans l'aide européenne, Athènes est incapable de se financer seule sur les marchés, avec des taux d'emprunts tournant aujourd'hui autour de 9 %Tout porte donc à croire que Syriza et Bruxelles vont chercher un compromis. En renonçant au moratoire sur le remboursement de la dette qu'il prônait encore récemment, le parti de gauche radicale pourrait négocier une restructuration pour avoir un peu d'air. Cela pourra prendre la forme d'un étalement ou même de l'effacement d'une partie des dettes.Lire aussi : Pourquoi Syriza ne fait pas (trop) peur à BruxellesMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.01.2015 à 04h22 • Mis à jour le25.01.2015 à 16h30 Près de 80 % du territoire pakistanais s'est retrouvé privé d'électricité dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 janvier après la chute du principal câble de distribution, situé dans le sud du pays. Il s'agit de l'un des pires incidents de ce type enregistrés au Pakistan.La reprise de l'approvisionnement devrait prendre plusieurs heures. « Nous ne dormirons pas tant que le problème ne sera pas résolu, à la demande du premier ministre [Nawaz Sharif] », a indiqué sur Twitter le ministère de l'énergie. La situation affecte les grandes villes du pays, dont la capitale Islamabad, mais aussi l'aéroport de Lahore.Le Pakistan fait régulièrement face à des coupures d'approvisionnement en énergie liées à un secteur complexe et obsolète, confronté en outre à des défauts de paiement à répétition. Nawaz Sharif avait déjà dû annuler son déplacement cette semaine au Forum économique mondial de Davos (Suisse) à cause d'une grave crise énergétique provoquée par un arrêt des importations de pétrole. 24.01.2015 à 19h07 • Mis à jour le25.01.2015 à 16h58 | Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) L'un des deux otages japonais détenus par l'Etat islamique aurait été assassiné. Il s'agit de Haruna Yukawa, consultant en question de sécurité. Il était aux mains de l'organisation islamiste depuis le mois d'août dernier. L'information a été transmise, samedi 24 janvier, par l'intermédiaire d'une photo accompagnée d'un message sonore, le tout diffusé sur Internet.Lire (en édition abonnés) : Le Japon confronté au chantage de l’Etat islamiqueAlors même que cette vidéo est encore en cours d'authenfication, les autorités japonaises ont vivement réagi. Les ministres concernés, convoqués dans l'urgence, se sont réunis à 1 h 10 du matin, soit 17 h 10 en France. Le premier ministre Shinzo Abe s'est dit « sans voix face en pensant à la douleur des familles ».« ACTE INEXCUSABLE »Ayant fait part de son « indignation face à cette intolérable violence », il a appelé à « ne pas faire de mal » à l'autre otage, le journaliste Kenji Goto, et à le « libérer immédiatement ». Auparavant, le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga avait évoqué un « acte inexcusable » que « nous condamnons avec la plus grande fermeté ».Pour autant, le message « est encore en cours d'identification en cours d'examen, nous devons encore l'analyser », a précisé le ministère de la défense. Barack Obama a néanmoins « fermement » condamné « le meurtre brutal du citoyen japonais Haruna Yukawa par le groupe terroriste Etat islamique ».L'ultimatum imposé mardi dernier par l'Etat islamique avait expiré vendredi à 6 h 50 heure française. L'organisation islamiste exigeait 200 millions de dollars en échange de la vie des deux otages.Ce montant correspond à l'aide promise lors de sa tournée au Moyen-Orient à la mi-janvier par le premier ministre Shinzo Abe. L'assistance, a souligné le Japon, est une « aide humanitaire et au développement des infrastructures » ne présentant aucun « caractère militaire ». Mais les militants de l'Etat islamique y ont vu le signe d'un ralliement nippon à la « croisade » contre eux.LE JAPON A SOLLICITÉ L'ASSISTANCE DE SES ALLIÉSDepuis l'expiration de l'ultimatum, il n'y a aucune nouvelle. Une équipe japonaise installée à Amman en Jordanie sous la direction du vice-ministre des affaires étrangères Yasuhide Nakayama et comprenant des policiers nippons spécialisés dans l'antiterrorisme est chargée d'établir un contact avec l'Etat islamique pour amorcer des négociations.N'ayant guère de relais dans la région, le Japon a activement sollicité l'assistance de ses alliés, notamment la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Il comptait aussi beaucoup sur la Jordanie et la Turquie. Depuis le début de la crise, le gouvernement nippon n'a laissé filtrer aucune information sur les progrès éventuellement réalisés, se limitant à rappeler sa détermination à obtenir la libération des deux hommes et à lutter contre le terrorisme.Lire l'enquête (édition abonnés) : L’enfer secret des otages de l’Etat islamiquelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2al9ur"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2al9ur", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Aude Lasjaunias En raison d'ubuesques règles administratives, des centaines de citoyens nés et vivant au Canada, dont des amérindiens, n'ont pas d'existence officielle. Qu'importe les feuilles d'érable ornant les pierres tombales de divers cimetières d'Europe, le Canada n'a perdu aucun de ses ressortissants au cours des deux guerres mondiales. Du moins pas officiellement. Car la citoyenneté canadienne n'existait pas avant l'entrée en vigueur du Citizenship Act, le 1er janvier 1947. Les personnes décédées avant cette date n'étaient donc pas vraiment canadiennes. Un vide juridique dont le Parlement devrait s'emparer d'ici au 29 janvier. Voilà qui devrait résoudre le problème des morts... mais pas celui des vivants. Car des « Canadiens » nés après 1947 peinent également à faire reconnaître leur nationalité.A l'origine, le Citizenship Act excluait l'accès à la citoyenneté dans douze cas précis : si une personne était mineure lorsque son père était devenu citoyen d'un autre pays ; si elle était née dans un pays étranger et n'était pas au Canada pour son vingt-quatrième anniversaire ; si sa mère avait épousé un non-Canadien avant 1947, indépendamment du fait que la personne soit née dans le pays ou même que sa famille y ait toujours vécu ; si elle était née dans un hôpital situé sur le territoire américain... Ils ont été ainsi près d'un million, piégés dans les limbes de l'administration fédérale jusqu'à ce que la loi soit modifiée en 2008. Si la plupart ont depuis été régularisés, des centaines de citoyens sont encore laissés de côté. On les appelle les Canadiens perdus.45 ANS POUR SE VOIR RECONNAÎTRE LA CITOYENNETÉDon Chapman fut longtemps l'un d'eux. Il a mis quarante-cinq ans à se voir reconnaître la citoyenneté. A la tête de l'association Lost Canadians, il se bat sans relâche pour ces hommes et ces femmes, qui, le plus souvent détenteurs de papiers en règle, ont été déchus de leur nationalité. « Généralement, ces individus ignorent qu'ils ne sont plus canadiens jusqu'au moment où ils émettent des demandes de pensions ou ont besoin de soins médicaux », explique Don Chapman. « Nous venons de l'un des pays les plus développés au monde, mais ici la citoyenneté est au mieux un privilège que l'on accorde selon des critères discutables, au pire une arme politique. »Parmi les Canadiens perdus se trouvent de nombreux Amérindiens, comme Donovan McGlaughlin. Ce père de famille de 61 ans réside au Canada depuis plus de quarante ans. Chaque jour, il craint d'entendre les services d'immigration frapper à la porte de son pavillon de Dawson City (Yukon) pour l'expulser du territoire. Au mois de décembre, jouant son va-tout, il a déposé une demande d'asile auprès du gouvernement fédéral. Une requête faite par des milliers de personnes avant lui... A ceci près que c'est l'accueil de son propre pays que lui sollicite. Il est né au Canada d'un père amérindien originaire des Etats-Unis et d'une mère issue de la première nation canadienne.Pourtant, aux yeux de la loi, Donovan McGlaughlin n'existe pas. Son cauchemar administratif a commencé au début des années 1970. Alors âgé d'une vingtaine d'années et revenu au Canada après des années hors du pays, il entame les démarches pour obtenir des papiers d'identité. Problème : il ne dispose d'aucun certificat de naissance. Ses parents ont, en effet, choisi d'écrire les premiers chapitres de son histoire à la marge de la société. « Enfants, ils ont été envoyés dans des écoles résidentielles. Ils y ont nourri une incroyable défiance à l'encontre d'Ottawa. Ils ne pouvaient plus faire confiance au système », raconte-t-il. Ces établissements mis en place par le gouvernement fédéral et l'Eglise avaient pour ambition de favoriser l'assimilation des jeunes Amérindiens. « L'expression utilisée pour résumer leur objectif c'est : "Tuer l'Indien dans l'homme" », rappelle Coll Thrush, professeur d'histoire à l'université de Colombie-Britannique qui a travaillé sur ce thème. Aux mauvaises conditions de vie s'ajoutaient de nombreux sévices. La crainte de voir leur fils condamné au même parcours qu'eux a poussé les parents de Donovan McGlaughlin à ne pas déclarer sa naissance.« NOUS ALLONS VOUS RENVOYER AUX ETATS-UNIS »En 2008, le premier ministre conservateur, Stephen Harper, a officiellement présenté les excuses du Canada. Des militants pour les droits des Amérindiens ont obtenu des dédommagements pour cette violence institutionnalisée. « Le sens commun voudrait qu'une forme de compassion et de compréhension ait émergé de cette reconnaissance des zones troubles de notre histoire, mais ça n'a pas été le cas », souligne Donovan McGlaughlin. Pendant un temps, ce dernier a accepté sa situation, vivant de petits boulots payés au noir et vagabondant. Désormais installé avec sa compagne et ses enfants, il fait de son combat une question de principe. Face à l'attentisme bureaucratique, il décide au début des années 2000 de prouver qu'il a résidé au Canada depuis au moins huit ans, soit bien plus que les trois années normalement exigées. En 2008, il se rend même à la police pour livrer toutes les informations nécessaires afin de montrer qu'il n'est pas un criminel en cavale. « On m'a invité à faire toutes ces démarches et je me vois ensuite rétorquer : "Ce n'est pas suffisant, il nous faut votre certificat de naissance." Dès le départ, ils savaient que je n'en possédais pas. »Les éléments fournis ont été utilisés contre lui. « Votre père était américain, nous allons donc vous renvoyer aux Etats-Unis », lui déclare en 2010 un officier des services d'immigration. Aussi indésirable de l'autre côté de la frontière, il réussit à obtenir un sursis à son expulsion. « Notre justice repose sur le principe de présomption d'innocence, pas notre citoyenneté », insiste, résigné, Donovan McGlaughlin. Ironie du sort, au terme de cette procédure en 2011, il a reçu une lettre du fisc canadien l'exhortant à payer ses impôts. « Je m'en suis réjoui, sauf qu'on ne m'a pas donné les documents nécessaires pour me permettre de travailler. Je suis donc assez canadien pour l'une de nos administrations mais pas pour une autre. »Aude LasjauniasJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.01.2015 à 12h48 L'essentielLe gouvernement australien a annoncé la prochaine interdiction du déversement des déchets de dragage dans le parc marin de la Grande Barrière de corail.Ces déchets notamment produits par l'élargissement des chenaux  pour permettre le passage des bateaux endommage le site, riche en biodiversité mais fragile, et l'expose à des polluants.  L'Australie a annoncé, samedi 24 janvier, la prochaine interdiction du déversement des déchets de dragage dans le parc marin de la Grande Barrière de corail, dans l'espoir d'éviter l'inscription du site sur la liste du patrimoine naturel mondial « en danger ». Le ministre de l'environnement, Greg Hunt, a précisé samedi qu'il avait ordonné à l'Autorité du parc de la Grande Barrière de corail d'élaborer des règles qui permettent de mettre un terme « une fois pour toutes » à cette pratique. L'interdiction devra être soumise à une consultation publique et pourrait être définitivement approuvée mi-mars.Qu'est-ce qu'un déchet de dragage ?« Nous mettons un terme à une pratique séculaire de rejet dans le parc marin », a déclaré le ministre australien. Il visait les déchets produits par l'élargissement des chenaux, mouillages et marinas pour permettre le passage des bateaux. Selon les écologistes, le déversement de ces déchets endommage le site en asphyxiant les coraux et les algues, qui constituent la plus grande formation vivante au monde, et en les exposant à des polluants.La pression de l'UnescoEn 2013, l'Unesco s'était inquiétée des menaces croissantes de dégradations sur la Grande Barrière, inscrite depuis 1981 au patrimoine mondial de l'humanité. Elle menace de la placer sur la liste du patrimoine en péril mais a donné à Canberra jusqu'au 1er février pour agir.En janvier 2014, le gouvernement australien avait approuvé l'arrivée de déchets de dragage dans les eaux du parc en provenance des travaux d'extension d'un port d'exportation de charbon. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) avait regretté « un jour triste pour la Barrière et tous ceux qui se préoccupent de son avenir ».Lire l'entretien avec David Camroux, chercheur franco-australien à Sciences Po : « L'Australie sacrifie de plus en plus l'environnement au profit de l'économie »Mais mi-septembre, le gouvernement australien avait présenté l'ébauche d'un plan d'action sur trente-cinq ans, proposant notamment une meilleure coordination des pouvoirs publics ainsi que l'interdiction dans certaines zones de nouvelles activités portuaires ou de dragage. « Les Australiens sont fiers de la Barrière qui demeure l'une des plus grandes merveilles naturelles au monde, a déclaré le ministre de l'environnement. Nous sommes déterminés à protéger et gérer la Grande Barrière, pas seulement pour les prochaines décennies, mais pour les prochains siècles. »La Grande Barrière souffre déjà du changement climatiqueLe parc marin de la Grande Barrière recouvre 99 % de la surface du site classé au patrimoine de l'Unesco, mais selon le WWF, 80 % des déversements de déchets de dragage sont effectués à l'extérieur du parc où se trouvent la majorité des îles et des ports.Les écologistes ont appelé le gouvernement à aller plus loin et à interdire le rejet de déchets sur l'ensemble de la zone du patrimoine mondial et pas seulement dans le parc marin.La Grande Barrière de corail, étendue de 345 000 km², constitue le plus vaste ensemble corallien du monde avec 3 000 « systèmes » récifaux et des centaines d'îles tropicales. Elle souffre du réchauffement climatique, de la prolifération d'une étoile de mer dévoreuse de coraux, des rejets massifs de nitrates et pesticides provenant des exploitations agricoles et du développement industriel sur la côte en raison du boom minier.Lire l'enquête : La Grande Barrière de corail « infiltrée » par l'industrie minière et gazière 24.01.2015 à 10h07 • Mis à jour le25.01.2015 à 07h55 L'essentielDe violents combats entre les rebelles chiites d'Ansar Allah et les forces gouvernementales ont fait au moins 35 morts depuis lundi.Le gouvernement du Yémen a présenté sa démission jeudi.Le président Abd Rabbo Mansour Hadi a également présenté sa démission, mais le Parlement doit se prononcer sur celle-ci dimanche.  Des milliers de personnes sont descendues samedi 24 janvier dans les rues de la capitale du Yémen lors de la plus grande manifestation anti-Houthis depuis l'entrée de ces miliciens chiites d'Ansar Allah dans Sanaa en septembre.Le Yémen se retrouve sans gouvernement ni président depuis vendredi après la démission des deux chefs de l'exécutif sous la pression des miliciens zaïdites – une branche du chiisme –, qui ont assiégé durant une semaine le palais présidentiel et plusieurs autres bâtiments gouvernementaux.Le Parlement devait initialement se prononcer sur la démission du président Abd Rabbo Mansour Hadi dimanche lors d'une session extraordinaire mais cette réunion a de nouveau été reportée à « une date ultérieure », a annoncé l'agence officielle Saba.Lire l'analyse : Pourquoi les rebelles houthistes défient le pouvoir au Yémen« A BAS LA LOI DES HOUTHIS »Des dizaines de partisans houthistes ont tenté de perturber la manifestation, provoquant des rixes avant de quitter les lieux alors que le nombre des manifestants ne cessait d'augmenter. « A bas, à bas la loi des Houthis », ont notamment scandé les manifestants anti-Houthis, qui répondaient à l'appel du « Mouvement de rejet », un groupe récemment créé dans plusieurs provinces yéménites pour contrer la puissante milice chiite.Le rassemblement a eu lieu sur la Place du changement, près de l'Université de Sanaa, et devait se mettre en marche pour rallier la résidence du premier ministre démissionnaire, dans le centre de la capitale, selon les organisateurs. Mais les manifestants ont changé d'itinéraire et se sont rendus vers la résidence du président Hadi pour lui signifier qu'ils refusaient sa démission. M. Hadi avait présenté sa démission jeudi peu après que le premier ministre Khaled Bahah eut présenté celle de son gouvernement.Voir la vidéo : Yémen : qui sont les rebelles houthistes qui menacent le pouvoir ?lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f8cbx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f8cbx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 15.01.2015 à 15h52 • Mis à jour le15.01.2015 à 16h48 Mercredi 14 janvier, pour la première fois depuis novembre 2005, l’euro est tombé à 1,1729 dollar, une valeur inférieure à son cour d’introduction, en janvier 1999 (1,1747 dollar). La devise européenne s’est certes ensuite un peu ressaisie. Mais, depuis l’été 2014, elle a reculé de plus de 10 % face au billet vert, et de 5 % face aux autres devisesFaut-il se réjouir de cette faiblesse de l'euro ? Petite revue des arguments, qui poussent à répondre « oui », mais aussi de ceux qui incitent, malgré tout, à dire que tout n'est pas forcément positif derrière cette baisse. Oui, il faut se réjouir de la faiblesse de l’euro, parce que...Pendant des années, la valeur de l'euro a été surévaluée par rapport à l'état de santé réel de l'économie de la zone euro. Les économistes estiment que le taux de change optimal pour la zone euro est entre 1,20 et 1,25 dollar.Alors qu'aujourd'hui la zone euro est en panne de croissance, la baisse de l'euro constitue un coup de pouce aux exportations européennes. Selon les calculs du CEPII, un euro 10 % plus faible gonfle la valeur des exportations de 7,5 % en moyenne. Les premiers à profiter de cet effet sont les groupes du luxe, de l’aéronautique et de l’agroalimentaire haut de gamme (vin). Pour Airbus, 10 centimes d’euros de moins, pendant au moins un an, représente une hausse de 1 milliard d’euros du résultat opérationnel. Chez Pernod Ricard, on estime qu’une hausse de 1 % du dollar améliore le résultat d’exploitation de 16 millions d’euros. Ce recul de l'euro peut contribuer à soutenir – un peu – la croissance. D'autant plus que le prix du pétrole est en baisse. Pour la France, par exemple, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), une dépréciation de 10 % de l’euro face à l’ensemble des devises doperait la croissance de 0,2 % la première année et 0,5 % la seconde. L’effet s’estomperait par la suite. Pour l'ensemble de la zone euro, le PIB est quasiment insensible à la dépréciation de l’euro : l'effet de la baisse de la monnaie unique est variable d'un pays à l'autre - en fonction de la taille du secteur industriel du pays et de sa spécialisation, de sa propension à exporter – et, au final, les effets positifs et les effets négatifs s'annulent.Non, il ne faut pas réjouir de la faiblesse de l’euro, parce que…La force de l'euro ces dernières années, face au dollar notamment, était surtout le fait de … la faiblesse du dollar, les Américains n'ayant jamais hésité à jouer le taux de change de leur monnaie en baissant les taux d'intérêt pour soutenir la croissance.Le recul de l'euro tient avant tout à l'anticipation par les marchés du lancement de mesures « non orthodoxes » par la banque centrale européenne (BCE). Celle-ci s'apprête, le 22 janvier, à acheter des dettes publiques pour essayer de soutenir la croissance et enrayer une possible déflation. Elle va donc imprimer de la monnaie et la valeur de l'euro va se diluer, en quelque sorte. Les investisseurs l’ont anticipé et ont commencé à placer leur argent aux États-Unis, ce qui a fait monter le billet vert face aux autres devises.Les mesures de la BCE compatibles avec le droit européenCette faiblesse de l'euro renchérit mécaniquement les importations, notamment les achats énergétiques, même si, en ce moment, le prix du pétrole n'en finit pas de dégringoler. Ce renchérissement des importations annule souvent les gains à l'exportation.Cette baisse de la monnaie unique ne concerne pas les entreprises qui n’exportent pas, ou uniquement dans la zone euro, notamment les PME. Or, en France par exemple, les exportations hors zone euro, les seules qui bénéficient de la baisse de l’euro, ne représentent que 11 % du PIB.Le recul de l'euro, en ce qui concerne la France, regonfle un peu, mais artificiellement la compétitivité du pays face à l’Allemagne ou à l’Espagne par exemple. Il ne règle pas, sur le fond, cette question de la compétitivité et des faiblesses structurelles de l'économie française. En particulier celles à l’origine de la désindustrialisation : insuffisance de l’investissement dans l’innovation, coûts de production trop élevés au regard du niveau de gamme de nos produits, taille trop petite des PME… La baisse de la monnaie européenne ne veut pas dire que les prix vont baisser. Elle peut, au contraire, pénaliser le pouvoir d’achat car elle renchérit le prix des produits importés, en particulier celui des matières premières. Même si, encore une fois, le prix du pétrole est aujourd'hui en recul. La baisse de l’euro équivaut à un transfert de la valeur des consommateurs vers les exportateurs, aiment à dire les économistes. 15.01.2015 à 13h57 • Mis à jour le15.01.2015 à 18h05 | Edouard Pflimlin Le cabinet du premier ministre japonais, Shinzo Abe, a approuvé, mercredi 14 janvier, un projet de budget de la défense, pour l'exercice fiscal qui commence en avril, en augmentation de 2,8 %, à 4 980 milliards de yens (environ 36 milliards d'euros).Le budget doit encore être approuvé par le Parlement, mais la coalition de M. Abe détient la majorité dans les deux chambres, renforcée depuis les dernières élections anticipées en décembre.La hausse des dépenses de défense est la troisième augmentation annuelle sous M. Abe, qui a pris ses fonctions en décembre 2012 et a mis fin à onze années consécutives de compressions budgétaires du budget de la défense. Cette augmentation concerne principalement les nouveaux équipements. Il s'agit de vingt avions P-1 de surveillance maritime (coût total de 350 milliards de yens), six avions de combat furtifs américains F-35 et trente véhicules amphibies pour permettre de former une nouvelle unité similaire à l'US Marine Corps. Un avion d'alerte aérienne avancée, E-2D, est également acquis.Le cabinet Abe a décidé à la fin 2013 de consacrer 24 700 milliards de yens (179 milliards d'euros) entre 2014 et 2019 pour acheter des équipements militaires allant des drones aux sous-marins, en passant par les avions de combat et les véhicules amphibies dans le cadre d'une nouvelle approche stratégique vers le sud et l'ouest du Japon. L'objectif est de renforcer la capacité de Tokyo à défendre les îles japonaises inhabitées de la mer de Chine orientale qu'elle contrôle, mais qui sont également revendiquées par la Chine. Des garde-côtes chinois patrouillent souvent près des îles, appelées Senkaku au Japon et Diaoyu en Chine.Le budget 2015 couvre également le coût de l'achat des premiers drones HALE « Global Hawk » à long rayon d'action et très haute altitude, pour un déploiement en 2019. Tokyo prévoit également d'allouer des fonds pour créer une unité d'observation militaire sur l'île de Yonaguni, à proximité des îlots disputés. Enfin, deux destroyers équipés de radars et de systèmes de défense antimissile ultraperformants Aegis, en développement avec les Etats-Unis, seront acquis.COURSE AUX ARMEMENTS ?Les augmentations des dépenses militaires de ces trois dernières années sont toutefois assez « modestes » comparées à la croissance à deux chiffres des dépenses militaires chinoises. Pékin a fait état d'une hausse de 12,2 % de son budget de défense l'an dernier, qui s'élève à 112 milliards d'euros – officiellement, des estimations du Pentagone et d'autres experts montrent qu'il dépasse 128 milliards d'euros.Selon les prévisions du Tokyo Foundation Asia Security Project, les dépenses de défense chinoises pourraient être 4,8 fois supérieures à celles du Japon en 2020 et même 9,1 fois en 2030 (12,7 fois dans une estimation haute), atteignant le chiffre astronomique de 650 milliards d'euros (910 milliards en estimation haute !).Le gouvernement Abe est dans une position difficile, entre dépenser assez pour soutenir la croissance économique et la défense et ralentir la hausse de la dette du Japon, qui est la plus élevée, proportionnellement, des pays industrialisés, dépassant 200 % du PIB nippon. Le service de la dette continuera de croître, de 0,8 %, pour peser près d'un quart du budget. Celui de la défense, si le nouveau budget est adopté, ne sera que de 5 % environ du budget total de l'Etat nippon, qui atteindra un record de 96 300 milliards de yens.AFFIRMATION DE LA PUISSANCE JAPONAISEShinzo Abe poursuit donc sa politique pour redonner au Japon les moyens d'être une puissance militaire, pouvant coopérer efficacement avec ses alliés, malgré un engagement au pacifisme inscrit dans la Constitution d'inspiration américaine. Les lignes directrices de la défense du Japon ont été révisées en décembre 2013 alors que les tensions ont augmenté sur les îles de la mer de Chine orientale. Le droit à l'autodéfense collective a été autorisé en juillet 2014 sous réserves, et les exportations d'armements japonais et des coopérations en matière de production d'équipements militaires sont maintenant possibles. Le Japon pourrait notamment vendre ses très performants et silencieux sous-marins à l'Australie.Ce budget de la défense fournira une dissuasion efficace et contribuera à la stabilité dans la région Asie-Pacifique et l'amélioration de l'environnement de la sécurité mondiale, a indiqué le ministère de la défense japonais.Toutefois, cette course aux dépenses militaires n'est pas de nature à calmer les critiques récurrentes de Pékin vis-à-vis d'un retour du militarisme nippon alors que le souvenir des exactions commises par l'armée impériale japonaise en Chine pendant la seconde guerre mondiale reste vif.Edouard PflimlinJournaliste Et enseignant en relations internationalesSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.01.2015 à 10h35 • Mis à jour le15.01.2015 à 12h35 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Mauvaise nouvelle pour l’équipe de Jean-Claude Juncker, à la Commission européenne : les présidents des groupes politiques du Parlement de Strasbourg ont validé, jeudi 15 janvier, la constitution d’une commission d’enquête sur l’affaire « LuxLeaks », la politique ultra-avantageuse du fisc luxembourgeois pour attirer les multinationales, révélée en novembre 2014. M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant près de 19 ans.Sous l’impulsion des Verts, notamment de l’eurodéputée Eva Joly, un total de 194 signatures avait été recueillies, mercredi 14 janvier - il en faut 188 au minimum, selon les règlements du Parlement, pour démarrer une commission d’enquête.Le feu vert définitif au lancement de cette commission reste toutefois encore à donner. Martin Schulz, le président du Parlement, veut un recomptage : 20 députes conservateurs et 25 socio-démocrates ont rejoint Eva Joly. Les conservateurs cherchent à convaincre les leurs de retirer leurs signatures.« Cette commission, c’était le minimum que le Parlement pouvait faire suite à ce scandale de dumping fiscal. Nous, eurodéputés, nous devons en savoir le plus possible. L’injustice qui est faite aux citoyens de l’Union est trop grande », explique Eva Joly.Eviter de déstabiliser les institutionsJusqu’alors, les eurodéputés conservateurs et sociaux-démocrates du Parlement, qui ont contribué à l’élection de M. Juncker en 2014, avaient fait bloc pour éviter que l’affaire LuxLeaks déstabilise un président de la commission tout nouvellement élu.Le but n’était pas d’étouffer le scandale, mais d’éviter qu’il déstabilise des institutions européennes, déjà affaiblies par la montée de l’euroscepticisme partout dans l’Union.Ainsi, une motion de censure déposée par les eurosceptiques (Marine Le Pen, Nigel Farage), avait été aisément repoussée, fin novembre à Strasbourg.La commission Juncker résiste à la pression des europhobesDans la foulée, les sociaux-démocrates et les conservateurs ont mis en place une simple mission d’enquête, sous le contrôle des responsables de la « commission Econ », ces eurodéputés qui s’occupent plus spécialement du travail législatif sur les sujets économiques et fiscaux.Mais les chefs des deux partis majoritaires n’ont pas pu contrôler totalement leurs troupes, certains conservateurs se sont laissés convaincre. Et les Verts ont finalement réussi à s’entendre avec la gauche radicale.Changement de dimension En tout cas, avec la commission d’enquête, dont le mandat précis et les rapporteurs doivent être encore négociés (et validés par un vote en séance plénière), le travail du Parlement sur LuxLeaks va changer de dimension.La commission dispose en effet de douze mois (avec des prolongations de trois mois possibles), pour mener ses investigations.Une quarantaine de députés pourra auditionner des acteurs clés de LuxLeaks - dont probablement le président de la commission, M. Juncker -, effectuer des voyages dans certains pays. Ils disposeront d’une mini-administration pour les soutenir dans leur travail.Juncker se défend sur LuxLeaks : « Nous n’avions pas le choix, il fallait diversifier notre économie »« C’est vraiment dommage, la commission va faire perdre beaucoup de temps à l’exécutif européen. On avait un momentum politique là, avec LuxLeaks, pour aller vite et obtenir des pays membres qu’ils acceptent des dispositifs anti fraude et évasion fiscale. On risque de le laisser passer », peste un responsable conservateur au Parlement.« La commission d’enquête n’empêche absolument pas la Commission européenne de travailler. Et par ailleurs, l’enquête du Parlement ne se limitera pas au Luxembourg. D’autres, comme les Pays-Bas, pratiquent un dumping fiscal encore plus important », assure Mme Joly.De fait, consciente de l’impact délétère sur les opinions publiques des révélations LuxLeaks, la Commission européenne, et son président, M. Juncker, ont pris à plusieurs reprises l’engagement, fin 2014, de faire de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale en Europe une de leurs priorités.Les Européens avancent dans la lutte contre l’optimisation fiscaleObtenir plus de transparenceEn charge de la concurrence, la commissaire danoise Margrethe Vestager a reçu l’assurance de travailler en toute indépendance, et poursuit les enquêtes formelles lancées mi-2014, pour aides d’Etat, concernant Amazon au Luxembourg, Starbuck aux Pays-Bas, et Apple en Irlande.Ses services ont par ailleurs annoncé fin 2014 qu’ils avaient demandé plus d’informations à tous les pays de l’Union qui pratiquent les « rescrits » (ces accords fiscaux préalables avec les entreprises).Par ailleurs, le commissaire à l’économie et à la fiscalité, Pierre Moscovici prépare pour la fin du premier trimestre un texte législatif obligeant à la transmission automatique des rescrits fiscaux.Il dit vouloir aller le plus loin possible dans la transparence : pour les spécialistes, c’est en tout cas un moyen jugé efficace pour lutter contre les abus.Dans un deuxième temps, M. Moscovici a dit qu’il s’attacherait à un chantier considéré comme encore plus difficile, celui de l’harmonisation des bases fiscales pour les entreprises.Un projet de directive existe mais il est complètement bloqué au Conseil, où les États n’avaient jusqu’à présent pas réussi à s’entendre, un grand nombre n’étant pas du tout prêt à la convergence de leurs impôts sur les sociétés.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.01.2015 à 09h09 • Mis à jour le15.01.2015 à 11h31 | Marie Charrel Mercredi 14 janvier, l’euro est tombé à 1,1729 dollar. Une première depuis novembre 2005. Et, surtout, une valeur inférieure à son cours d’introduction, en janvier 1999 (1,1747 dollar).Cette baisse continue de la monnaie unique européenne (-10 % face au dollar depuis l’été 2014, - 5 % face aux autres devises) constitue-t-elle une bonne nouvelle pour les entreprises européennes, et françaises en particulier ? La réponse est : oui et… non.L’effet de ce recul n’est pas homogène suivant les secteurs d’activité. Certaines entreprises y gagnent. D’autres pas. En effet, avec le recul de l’euro, le prix de tout ce qui est facturé en dollar augmente, notamment les matières premières. Cela veut dire que les gros importateurs, comme les entreprises du BTP, sont donc perdants.Tout comme les compagnies aériennes, qui vendent leurs billets en euros, mais achètent le kérosène en dollars. « Entre le carburant, les redevances et les pièces détachées, beaucoup de nos coûts augmentent avec la hausse du billet vert », confirme-t-on chez Air France. Le groupe voit néanmoins sa compétitivité augmenter face à ses concurrents basés en zone dollar, telles les compagnies du Golfe.Le luxe, l’aéronautique et l’agroalimentaire haut de gamme y gagnentÀ l’inverse, les entreprises qui fabriquent dans la zone euro et exportent en dehors sont gagnantes : la baisse de l’euro gonfle leurs marges. Leurs produits paraissent moins chers que ceux en dollars : leur « compétitivité prix » augmente.Selon les calculs du CEPII, un euro 10 % plus faible gonfle la valeur des exportations de 7,5 % en moyenne.  Les premiers à profiter de cet effet sont les groupes du luxe, de l’aéronautique et de l’agroalimentaire haut de gamme. Pour Airbus, par exemple, 10 centimes d’euro de moins, pendant au moins un an, représente une hausse de 1 milliard d’euros du résultat opérationnel. Chez Pernod Ricard, on estime qu’une hausse de 1 % du dollar améliore le résultat d’exploitation de 16 millions d’euros.Ces effets doivent néanmoins être nuancés. D'abord, parce que les entreprises se « couvrent » des variations de change, ce qui en limite l'impact à la hausse comme à la baisse.De plus, sur certains créneaux de niche, celles-ci ont peu d'effet sur les ventes. « Nous vendons des compresseurs à air sur mesure à des industriels, ils ne nous en achètent pas plus quand l'euro baisse », témoigne ainsi Laurent Vronski, directeur général de la PME Ervor. Enfin, les PME qui n'exportent pas, ou uniquement dans la zone euro, sont elles aussi peu concernées.L’euro baisse, bonne nouvelle ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.01.2015 à 08h18 • Mis à jour le15.01.2015 à 10h49 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) La caricature du prophète Mahomet publiée en « une » de Charlie Hebdo mercredi 14 janvier et reproduite par certains médias n’en finit plus de faire des vagues en Turquie, seul pays musulman à oser une telle publication. Quatre sites Internet (Birgun.net, Internethaber.com, Thelira.com, T24.com) ont dû censurer leurs pages sur décision d’un tribunal de Diyarbakir (Sud-Est à majorité kurde). Le prophète, croqué avec sa pancarte « Je suis Charlie » sous le bandeau « Tout est pardonné », a déplu dans les milieux islamo- conservateurs.« Nous ne pouvons accepter les insultes faites au prophète », a averti jeudi le premier ministre islamo-conservateur, Ahmet Davutoglu, estimant, devant des journalistes, que « la publication de cette caricature est une grave provocation (…) [et que] la liberté de la presse ne signifie pas la liberté d’insulter ».L’islam interdit la représentation de son chef spirituel, considérée comme outrageante. Y voyant un « danger pour l’ordre public », un avocat du barreau de Diyarbakir, Ercan Ezgin a aussitôt porté plainte auprès de la 2e chambre correctionnelle. Le tribunal lui a donné raison : « Les mots, écrits, dessins et publications qui dénigrent les valeurs religieuses et le prophète sont une insulte pour les croyants. » Résultat, le dessin apparaît désormais dans une version épurée, sans le visage du prophète.Descente policièreQuelques heures plus tôt, le journal Cumhuriyet, emblématique de l’opposition kémaliste, avait osé publier, dans son édition papier de mercredi, un cahier spécial de quatre pages reproduisant l’essentiel des caricatures diffusées le jour même par l’hebdomadaire parisien. Le croquis du prophète ne figurait pas à la « une », une décision prise par la rédaction de Cumhuriyet après bien des palabres. Une escouade de policiers est venue s’en assurer, faisant irruption dans les locaux de l’imprimerie dans la nuit de mardi à mercredi, pour contrôler de visu les paquets prêts à l’envoi. La distribution a pu se faire normalement après leur passage. La caricature figurait toutefois en petit format à la page 5, à côté d’un éditorial condamnant le terrorisme, hors du cahier consacré à Charlie Hebdo. Elle était aussi en page 12, toujours en petit format. Il semblerait qu’elles aient échappé à la vigilance des policiers, obnubilés par la « une » et le cahier spécial dont elles étaient absentes. La rédaction avait pourtant pris les devants, justifiant son geste dans un communiqué. « Nous avons fait très attention à ne pas heurter les sensibilités », avait prévenu le rédacteur en chef, Utku Cakirozer. « Après une longue discussion, nous avons décidé de ne pas en faire la “une” », annonçait-il sur son compte Twitter un jour avant la parution. Le communiqué, où les mots « solidarité » et « liberté de parole » reviennent en boucle, rappelle le lourd tribut payé par Cumhuriyet, avec sept journalistes assassinés par des islamistes radicaux entre 1990 et 1995.Condamnation des officielsLa vindicte des gardiens de l’islam sunnite contre les libres-penseurs ne date pas d’hier. Le 2 juillet 1993, 37 artistes, écrivains, poètes alévis (un courant de l’islam, 10 à 15 millions de personnes en Turquie) avaient perdu la vie dans l’incendie criminel de l’hôtel où ils se trouvaient à l’occasion d’une conférence littéraire à Sivas (est de la Turquie). L’écrivain humoriste Aziz Nesin, montré du doigt à l’époque pour avoir émis l’idée de traduire en turc Les Versets sataniques de Salman Rushdie, était de la partie. Par miracle, il avait pu réchapper aux jets de pierre et de cocktails incendiaires sur l’hôtel par des manifestants venus exprimer leur rage à l’appel des partis islamistes. Trente-sept personnes (dont deux employés de l’hôtel et un enfant) avaient péri dans les flammes après avoir été empêchées de sortir par la foule déchaînée. En 2012, l’affaire fut classée sans suite, pour la plus grande satisfaction des avocats des fauteurs de trouble de Sivas, dont certains, devenus ministres ou députés, ont effectué depuis une ascension vertigineuse au sein de l’AKP (pour Adalet ve Kalkınma Partisi, ou « Parti pour la justice et le développement », en français), fondé par Recep Tayyip Erdogan en 2001. Mercredi, la nouvelle de la publication des caricatures a quelque peu échauffé les esprits. Sur Facebook, une organisation appelée Jeunesse musulmane anatolienne a invité ses adeptes à effectuer des « descentes » dans les bureaux du journal. Pour parer aux débordements, des cordons de policiers ont été déployés autour des rédactions, à Istanbul comme à Ankara. Les officiels ont stigmatisé Cumhuriyet, l’accusant de « provocation », comme l’a fait sur Twitter Yalcin Akdogan, vice-premier ministre. Le maire d’Ankara, Melih Gokcek, a fustigé le journal pour avoir dépeint « les musulmans comme les agresseurs à l’échelle globale ». Il est vrai que l’édile, membre de l’AKP, est coutumier des déclarations fantaisistes, du type de celle faite récemment à propos des attentats de Paris, « organisés par le Mossad », selon lui.Plus étonnant encore, Cumhuriyet a fait savoir en fin de journée mercredi que la compagnie aérienne nationale, Turkish Airlines, avait décidé d’interrompre ses abonnements, estimant que le journal n’était plus digne de sa clientèle. Dans ce contexte, l’autocensure aussi s’est invitée. Le quotidien Milliyet a retiré de son site, mercredi 14 janvier, un éditorial considéré comme trop polémique sur l’islam. L’auteure et journaliste Mehves Evin écrivait notamment : « Les musulmans conservateurs doivent sortir de leur mentalité du XIIIe siècle, ils doivent faire leur autocritique, entamer une réforme, afin de faire entrer l’islam dans le XXIe siècle. »Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.01.2015 à 02h15 • Mis à jour le15.01.2015 à 11h49 En rendant hommage devant les députés du Bundestag aux victimes des attentats perpétrés la semaine dernière en France au nom du djihadisme, la chancelière allemande a promis, jeudi 15 janvier, de combattre les idéologues du terrorisme. « Ceux qui prononcent des paroles de haine, qui commettent des actes violents au nom de l'islam, leurs complices et les idéologues du terrorisme international seront combattus avec rigueur, en employant tous les moyens à la disposition d'un Etat de droit », a promis Angela Merkel, dans un discours devant la chambre basse du Parlement allemand, à l'issue d'une minute de silence.Elle a assuré aux juifs d'allemagne comme aux musulmans d'Allemagne qu'ils seraient protégés par les autorités.« Nous en Allemagne, nous ne nous laisserons pas diviser. Chaque terroriste qui déclenche une explosion ou qui tire sur quelqu'un sait qu'il vise des gens qu'il ne connaît pas et qui ne lui ont rien fait. Ce faisant, chaque terroriste prend une décision dont il doit assumer la responsabilité. Nous poursuivrons avec résolution les actes antisémites avec tous les moyens de l'Etat de droit (…) Il en va de même pour les attaques contre les mosquées. » AMITIÉ FRANCO-ALLEMANDE « Nous sommes choqués et stupéfaits par la mort des 17 personnes innocentes. Notre compassion va aux proches des victimes, aux blessés et au peuple français. (…) L'Allemagne et la France ont une amitié particulière. L'Allemagne et la France sont ensemble en ces jours difficiles. Nous sommes conscients qu'il n'y a pas de sécurité chez nous en Allemagne, s'il n'y a pas de sécurité en France. La France et l'Allemagne ont des destins inséparables l'un de l'autre dans la mondialisation. »RESTRICTIONS AUX VOYAGESMercredi, le gouvernement allemand avait déjà annoncé le renforcement des restrictions aux voyages pour empêcher les djihadistes potentiels de se rendre dans des zones de combat en Syrie et en Irak. Les personnes soupçonnées de vouloir partir à l'étranger pour participer au djihad pourront désormais se voir priver de carte d'identité en Allemagne. Cette mesure vient compléter une loi précédente qui autorisait déjà la saisie de leurs passeports. La carte d'identité est en effet le seul document nécessaire pour voyager au sein de l'Union européenne et vers la Turquie, ce qui aurait permis à au moins vingt candidats au djihad privés de passeport de rejoindre les zones de combat, a estimé le gouvernement lors d'une séance de questions parlementaires. La plupart ont gagné la Turquie par voie terrestre ou aérienne, avant de traverser la frontière turco-syrienne, tandis que d'autres sont passés par la Belgique ou les Pays-Bas pour brouiller les pistes, d'après le ministère de l'intérieur.Les suspects se verront remettre une carte d'identité de remplacement, pour une période de 3 ans au maximum, sur laquelle l'interdiction de voyager sera mentionnée.Lire : « Les événements de Paris ont convaincu les manifestants de Pegida que leurs préoccupations sont fondées »« DISPROPORTIONNÉ » POUR L'OPPOSITIONLes Verts, dans l'opposition, ont mis en cause l'efficacité d'un tel texte. « Le risque existe que les terroristes présumés, confrontés à l'obligation de rendre leurs papiers d'identité, mettent leurs projets à exécution sur le champ », a estimé la députée Irene Mihalic, citée par l'agence allemande DPA.Jan Korte, spécialiste de politique intérieure au sein du parti de gauche radicale Die Linke, a de son côté rappelé que les papiers d'identité servaient dans un grand nombre de situations, comme pour souscrire un forfait téléphonique ou pour réceptionner un colis, pas uniquement pour voyager. Avec la carte de remplacement, vendeurs de téléphones portables, facteurs, livreurs, seront immédiatement au courant des soupçons de terrorisme pesant sur leur interlocuteur a-t-il fait valoir, jugeant cette mesure disproportionnée.180 DJIHADISTES RENTRÉSL'Allemagne cherche depuis plusieurs mois à renforcer son arsenal de lutte contre le terrorisme, craignant des attentats perpétrés par des djihadistes qui reviendraient sur le territoire allemand. Selon le quotidien Rheinische Post, qui cite des sources au sein des services de sécurité, plus de 600 Allemands sont allés se battre en Syrie et environ 180 en seraient revenus.Dans un texte qui devrait être discuté courant janvier, le gouvernement prévoit par ailleurs de pénaliser tous les préparatifs pour le djihad ou l'expédition d'armes, modifiant une loi de 2009 qui ne punissait que le retour des combats. La loi ciblera, par exemple, les tentatives de quitter l'Allemagne en emportant des armes, des gilets pare-balles ou des équipements de visée nocturne.Enfin, le ministre de la justice Heiko Maas a annoncé avant la fin du mois un durcissement des peines encourues pour le financement du terrorisme, même quand les sommes en jeu sont très faibles. Une quatrième piste, qui divise le gouvernement, concerne le stockage par les opérateurs des données téléphoniques, des emails et des connections internet pour les communiquer aux enquêteurs.Les conservateurs de la CDU d'Angela Merkel réclament cette mesure depuis longtemps, mais les sociaux-démocrates s'y opposent en invoquant le respect de la vie privée.Lire (édition abonnés) : L’UE cherche une réponse au défi djihadiste 15.01.2015 à 00h31 Le milliardaire mexicain Carlos Slim, deuxième homme le plus riche de la planète, a considérablement augmenté sa participation dans le New York Times a annoncé le quotidien américain, mercredi 14 janvier.En rachetant 15,9 millions d'actions ordinaires du groupe, il détiendra une fois l'opération effectuée « environ » 16,8 % de celui-ci, indique un communiqué. Il s'agira ainsi de la participation individuelle la plus importante dans le groupe de presse, toujours contrôlé par la famille Sulzberger.101 MILLIONS DE DOLLARS POUR LE GROUPELes titres acquis par le milliardaire mexicain ne relèvent toutefois pas des actions dites de « classe B » qui donnent plus de droits de vote au conseil d'administration.La transaction va rapporter 101 millions de dollars au groupe New York Times qui va entièrement les réinvestir dans des rachats d'actions afin de ne pas diluer la participation de ses autres actionnaires, indique le groupe. 14.01.2015 à 16h30 • Mis à jour le14.01.2015 à 16h36 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) JPMorgan Chase (JPM) a annoncé, mercredi 14 janvier, des résultats décevants au quatrième trimestre 2014. La plus grande banque américaine en termes d’actifs a dégagé un bénéfice 4,93 milliards de dollars sur les trois derniers mois de l’année, contre 5,28 milliards sur la même période de l’année précédente, soit une baisse de 6,6 %.Malgré cette baisse de la rentabilité au quatrième trimestre, le bénéfice de JP Morgan sur l’ensemble de l’année a battu un record à 21,8 milliards de dollars, comparé à 17,9 milliards en 2013. « Notre business continue de démontrer une forte dynamique », a déclaré Jamie Dimon.N’empêche, la fin de l’année a été plus difficile que prévu. La directrice financière, Marianne Lake avait averti les investisseurs, il y a un mois, que le groupe pourrait subir une baisse de régime sur les opérations de courtage en raison de la volatilité sur le marché des matières premières, à commencer par le pétrole, et celui des obligations.Ces craintes se sont effectivement confirmées. La chute est particulièrement spectaculaire sur le « fixed income » (placements obligataires), avec un recul de 23 % à 2,52 milliards (-14 % à périmètre comparable).La gestion d’actifs est également en baisse (-7,1 %), comme la banque commerciale (-2,5 %). En revanche, JP Morgan s’en est mieux tiré sur les marchés actions avec une croissance de 25 % à 1,1 milliard.Le poids des amendesJP Morgan a également subi l’impact de l’amende qui lui a été infligée dans le scandale sur les manipulations des marchés des devises. La banque a accepté, en novembre 2014, de payer 1 milliard de dollars aux autorités britanniques et américaines.Par ailleurs, le groupe a payé 100 millions supplémentaires dans un accord à l’amiable avec des investisseurs institutionnels. JP Morgan reste sous la menace de poursuites criminelles sur ce dossier.Lire aussi : Manipulation du marché des changes : six banques mises à l'amendeSur le plan judiciaire, l’année 2014 reste toutefois sans commune mesure avec l’année précédente au cours de laquelle la banque avait conclu tout une série d’accords portant sur un total de 23 milliards de dollars pour mettre fin à des poursuites, notamment sur le scandale des subprimes, l’affaire dite de la « baleine de Londres » et son implication dans l’affaire Madoff.En tant que première banque américaine, JP Morgan est également sous la pression de la nouvelle régulation financière, qui oblige les établissements à détenir plus de capital pour faire face à leurs engagements.Les préconisations de la réserve fédérale (Fed), dévoilées en décembre 2013, vont obliger le groupe à augmenter son capital de 20 milliards de dollars d’ici 2019.Meilleure résistance de Wells FargoEn revanche, sa concurrente, Wells Fargo, qui annonçait également mercredi ses résultats, a fait preuve d’une meilleure résistance. La première banque américaine par la capitalisation boursière, a dégagé en 2014 un bénéfice net de 23,1 milliards de dollars, en hausse de 5 %.Même si la performance a faibli au quatrième trimestre, le bénéfice net reste en hausse de 2 % à 5,7 milliards de dollars.Wells Fargo reste beaucoup moins exposée que JP Morgan aux activités de marché. Ce positionnement moins risqué a permis une progression de sa rentabilité pour le 18e trimestre consécutif, selon la société d’études FactSet.Sur les trois derniers mois, celle-ci a notamment été tirée par son activité de prêts. Les crédits ont ainsi augmenté de 4,9 % par rapport à la même période de l’année précédente pour atteindre 862 milliards de dollars.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 15h52 • Mis à jour le14.01.2015 à 17h18 | Charlotte Bozonnet Tiré à cinq millions d’exemplaires et traduit en arabe, le numéro du mercredi 14 janvier Charlie Hebdo n’aura toutefois pas été distribué dans les pays du Maghreb. Confirmant leur opposition aux caricatures du Prophète, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie n’ont pas autorisé la diffusion du journal satirique sur leur sol. Une absence des kiosques qui n’est pas spécifique à ce 14 janvier.Au MarocAu Maroc, où le roi est le commandeur des croyants, la décision des autorités ne faisait aucun doute. Le ministre des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, avait refusé dimanche 11 janvier de se joindre à la marche républicaine à Paris au motif que des « caricatures blasphématoires du Prophète » étaient présentes dans le cortège. Au lendemain de l’attaque contre l’hebdomadaire, Mustapha Khalfi, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement marocain, avait, quant à lui, annoncé que les journaux étrangers publiant des caricatures en hommage aux victimes seraient interdits sur le sol marocain. Même chose ce 14 janvier : les journaux étrangers ayant repris la « une » de Charlie Hebdo, dont Le Monde, Libération et Marianne, ont été interdits de diffusion. « Nous considérons que la publication de ces caricatures représente une provocation et une diffamation inacceptables et condamnables. Le blasphème n’a rien à voir avec la liberté d’expression », a déclaré M. Khalfi au HuffPost Maroc.En TunisieEn Tunisie, dont le premier ministre sortant Mehdi Jomaa a participé à la marche républicaine du 11 janvier à Paris, le journal satirique avait été distribué pendant quelques semaines, après la révolution de 2011, avant d’être à nouveau indisponible. Au lendemain de la tuerie contre la rédaction de Charlie Hebdo, le ministère tunisien des affaires religieuses avait dénoncé un « massacre tragique et horrible » qui n’a « aucun lien » avec l’islam, mais aussi demandé aux médias d’« éviter de toucher au sacré ». Le ministère « appelle les médias du monde entier à respecter l’éthique journalistique et à éviter de toucher aux religions, aux prescriptions religieuses et au sacré, ce qui pourrait provoquer des réactions émotionnelles », expliquait le communiqué. Interrogé par le site tunisien webdo.tn, mardi soir, Mohamed Sellami, directeur général de la Sotupresse, responsable de la distribution des journaux étrangers, prévenait : « S’il existe des caricatures offensantes au prophète, nous refuserons la distribution de l’hebdomadaire. » En AlgérieMême absence en Algérie, où l’islam est religion d’Etat. Là encore, la condamnation de l’attentat contre Charlie Hebdo avait été sans équivoque, dans la presse et de la part des autorités, sans effacer pour autant l’opposition à la ligne du journal. Ce n’est pas le moment de débattre des choix éditoriaux de l’hebdomadaire, car « aucune caricature ne justifie la violence, le sang, le carnage », écrivait ainsi Le Quotidien d’Oran, au lendemain du drame, en soulignant que les auteurs du massacre ont « produit la plus hideuse et la plus violente des caricatures de la religion musulmane ».Ce mercredi, la publication de nouvelles caricatures a été dénoncée comme une « provocation » par le journal Echourouk, premier quotidien arabophone du pays, qui dispose également d’une chaîne de télévision. Le journal publie en « une » un dessin montrant un blindé avec l’écriteau « Je suis un char » à côté d’un manifestant brandissant un « Je suis Charlie », dans le but de dénoncer une indignation à géométrie variable des Français face aux conflits dans le monde arabe. « Nous sommes tous Mohamed », « Non aux atteintes au prophète, non au terrorisme », titre Echourouk.Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Nunès Les images étaient belles, dimanche 11 janvier. Celles d'un peuple uni derrière des valeurs communes, un moment de grâce républicaine qui ressemblait à de l'unité nationale. Mais dans les collèges et les lycées de la République, l'heure n'est pas forcément au recueillement ou à la main tendue. Plusieurs professeurs ont répondu à un appel à témoignages du Monde.fr. Les noms des professeurs ont été modifiés.Dos aux tableaux noirs de leurs salles de classe, ces enseignants expliquent leurs difficultés à faire passer un message humaniste à nombre de leurs élèves. Ils soulignent toutefois l'occasion qui leur est offerte de rappeler quelques principes, comme la liberté d'expression ou la laïcité.Lire le reportage : A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous « Charlie »« Charlie l'a cherché »Professeur ardéchois, Christian C. souligne que les élèves musulmans sont également les victimes de la défiance que ne manqueront pas d'engendrer ces attentats . « Il faut entendre ces élèves dire qu'ils ont peur qu'on les montre du doigt, les entendre dire à quel point l'islam n'a strictement rien à voir avec les terroristes, que les terroristes ne sont pas musulmans... et les entendre dire combien ils sont sincèrement choqués par certains dessins de Charlie Hebdo. »Si la majorité des élèves ont été marqués par la violence des tueries, nombreux sont aussi ceux qui « trouvent que Charlie Hebdo l'a bien cherché », témoigne Christophe T., professeur d'anglais dans le nord de Paris. Même discours dans un lycée professionnel lyonnais :« C'est bien fait pour eux, ils n'avaient qu'à ne pas insulter le Prophète », rapporte Alban N., résumant ce qu'il a entendu de la part de certains élèves dans sa classe.Des propos qui trouvent un écho bien au-delà des zones urbaines et périurbaines. Dans un collège rural des Alpes-de-Haute-Provence, Sylvie S., professeure de mathématiques, entend également : « Il ne fallait pas insulter, on va répliquer ! » Ces réactions sont « minoritaires», mais loin d'être isolées, selon les dizaines de témoignages reçus.Lire aussi : Dans une classe de 6e à Paris : « Les élèves ont besoin de parler de l'attentat contre "Charlie Hebdo" »Deux poids deux mesures« On n'est pas Charlie ! » Pour les élèves d'un cours pour jeunes adultes bruxellois, le message est clair, selon leur professeur d'économie, Paul-Henri G : « On en a marre de toujours se faire insulter. » Dans la salle de classe, « on ne voit pas la différence entre la caricature de la religion par Charlie et l'insulte des religionnaires ou l'incitation à la haine de Dieudonné », analyse l'enseignant.Il y aurait « deux poids deux mesures ». C'est le point de vue de collégiens parisiens rapporté par Elias C., enseignant. D'un côté, « Dieudonné avait été censuré et empêché de s'exprimer au théâtre alors que Charlie Hebdo avait pu continuer à se moquer de l'islam et du prophète Mahomet ». Pourquoi rendre hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et pas « une minute de silence pour les Palestiniens ou l'Afrique? », ont interpellé des collégiens.Lire l'interview d'Abdelkrim Branine, rédacteur en chef de Beur FM : « Il faut écouter ceux qui disent “Je ne suis pas Charlie”»Le décalage est également médiatique, selon Bertrand L., professeur dans un lycée havrais : « Certains élèves semblaient vaguement fascinés, admiratifs de l'action menée par les terroristes... Le contraste est saisissant avec les reportages télévisés, montrant des jeunes, issus visiblement des 'beaux quartiers parisiens', effondrés et aux réactions pleines d'humanité. »Quelles sont les valeurs que doit défendre la République ? L'éducation nationale doit jouer un rôle majeur dans la formation civique de jeunes dont « les seuls interlocuteurs à la maison sont les réseaux sociaux », estime une enseignante de Seine-Saint-Denis. « Il faut trouver un programme commun et national pour apaiser cette situation et faire comprendre que la laïcité est notre fondement », souligne-t-elle.« J'ai une classe d'adolescents de 16 à 17 ans, raconte Sarah C., enseignante en Suisse. Beaucoup ne comprenaient pas le mot 'intégriste' issu de la caricature de Charlie Hebdo. Pour la plupart, 'intégriste' voulait dire : 'celui qui intègre' ! Une fois l'explication du mot fournie, un élève a réagi : 'Mais madame, eux aussi utilisent des mots qu'on ne comprend pas ! ». « L'éducation est précieuse », estime l'enseignante.Lire également : « Charlie », Dieudonné… : quelles limites à la liberté d'expression ? Eric NunèsJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter TGC'den Cumhuriyet gazetesi açıklaması geldi— cumhuriyet.com.tr (@cumhuriyetgzt)require(["twitter/widgets"]);Dans la capitale, un petit groupe d'étudiants hostiles à cette publication a défilé devant le journal, sans incident, selon l'agence de presse gouvernementale Anatolie. 14.01.2015 à 13h14 • Mis à jour le14.01.2015 à 13h17 | Jacques Follorou Nommé en juin 2013 par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, Jean-Paul Laborde, ancien magistrat français, occupe les fonctions de directeur exécutif du Comité contre le terrorisme (CTED) rattaché au Conseil de sécurité. Après les attentats de Paris, il ne juge pas nécessaire un Patriot Act à la française, préférant appliquer les lois déjà existantes et accroître la coopération entre les Etats européens.Mardi 13 janvier, devant le Parlement français, Manuel Valls a reproché à l’Europe d’être un frein à la lutte antiterroriste, notamment en bloquant l’adoption d’un fichier commun sur les échanges de données des passagers européens dit « PNR » (Passenger Name Record). Est-ce justifié ?Tout d’abord, permettez-moi de présenter mes plus sincères condoléances aux familles de toutes les victimes des attentats du 7 janvier. Je tiens également à condamner, dans les termes les plus fermes, les actes terroristes commis à Paris, ainsi que l’attaque qui a eu lieu à Sanaa au Yémen et qui a causé la mort de 37 personnes le même jour, car hélas la barbarie du terrorisme s’étend au monde entier. Il faut ajouter que les actes terroristes contre Charlie Hebdo n’ont pas seulement pris pour cible des êtres humains innocents, mais constituent également une atteinte inadmissible aux libertés d’expression et d’opinion, ainsi qu’une agression intolérable vis-à-vis des médias.Il me semble, en effet, qu’un « PNR européen », qui regrouperait tous les éléments venant de tous les Etats de l’Union européenne, serait à la fois plus efficace et plus protecteur de la liberté des citoyens que des plans nationaux qui pourraient créer des disparités entre les Etats membres avec des niveaux de réponses et des protections des libertés civiles différentes selon les pays. Enfin, je tiens à mentionner que, sur la question des combattants terroristes étrangers, le Conseil de sécurité a reconnu, en décembre 2014, qu’un « PNR » est une bonne pratique internationale qui aide la police des frontières dans ses contrôles.Certains responsables politiques français souhaitent la mise en place d’un Patriot Act en France. Que pensez-vous d’une telle éventualité ?Certes, à la suite de tels événements, il peut y avoir une tentation légitime de renforcer encore le dispositif juridique antiterroriste. Mais la France a récemment adopté une loi qui vise à prévenir et à réprimer le phénomène des combattants terroristes étrangers. Elle a été adoptée, il y a à peine deux mois. Sa mise en œuvre et son efficacité doivent tout d’abord être éprouvées pour ensuite examiner si d’autres mesures doivent être prises à l’avenir.Concernant la mise en place d’une loi similaire à celle du Patriot Act, il faut souligner que la France a des obligations en vertu des traités européens qu’elle a signés et qu’elle ne pourrait envisager une loi comme le Patriot Act sans entraîner des questionnements sur les règles de la libre circulation dans l’espace de l’Union européenne. Par contre, on peut bien entendu penser à une meilleure coopération européenne pour l’échange d’informations à tous les niveaux (renseignements, police, judiciaire, justice). Mais ces décisions se prennent au niveau de l’Union.Quoi qu’il en soit, en général, les lois antiterroristes doivent prendre en compte principalement trois éléments : la nature de la menace spécifique au pays, les impératifs de coopération internationale résultant des conventions et protocoles auxquels l’État membre est partie et qui permettent aux pays de faire face à la menace. Et enfin les obligations internationales concernant les droits de l’homme. Tel est le message du Conseil de sécurité et de son Comité contre le terrorisme.Certes, toute mesure pénale prise au niveau national fait partie intégrante du droit souverain exclusif des Etats membres. Mais pour faire face au mode opératoire actuel des terroristes, couplé à la nouvelle menace posée par les combattants terroristes étrangers, il est certainement nécessaire de réfléchir au niveau européen à plus d’harmonisation et d’intégration des systèmes de justice pénale entre les Etats membres.Est-il souhaitable, comme dans le cas américain, que les services de renseignement aient le monopole d’une politique de sécurité en matière d’antiterrorisme ? Une stratégie nationale intégrée destinée à contrer le terrorisme et le phénomène des combattants djihadistes, incluant notamment le dialogue avec l’ensemble des acteurs de la société civile, est une nécessité. Que les citoyens s’opposent à cette barbarie est un devoir et la grande marche du 11 janvier à Paris constitue une démonstration ferme de la volonté de s’opposer au terrorisme. Il convient de ne pas laisser retomber cet élan.A ce sujet, le système éducatif, les médias et le cercle familial doivent constituer des vecteurs essentiels pour s’opposer à l’extrémisme violent. En outre, il est également vital que l’Etat protège la liberté de culte, et que les chefs religieux affirment ensemble leur engagement ferme contre l’extrémisme violent. Personne n’a le monopole de la lutte contre le terrorisme, mais tout le monde doit faire face à ses responsabilités.La France a régulièrement dénoncé les failles du système dit Schengen de contrôle des frontières extérieures de l’Europe. Est-ce fondé ?Sans entrer dans des débats trop techniques, on notera que la menace est souvent extracommunautaire et qu’elle résulte, en grande partie, de déplacements de combattants terroristes étrangers potentiels dans des pays non-membres de l’Union. Il s’agit donc d’obtenir des renseignements précis sur ces déplacements hors de l’Union européenne.Pour la sécurité des frontières, en particulier pour les Etats membres de l’espace Schengen, toute menace contre un de ces Etats concerne donc aussi ses partenaires, de sorte que certaines problématiques, que l’on cherche à résoudre au niveau national, doivent peut-être se traiter au niveau européen. Pour cela, il est souhaitable d’engager davantage les institutions européennes concernées dans le processus de sécurisation des frontières, telles Eurojust et Europol. Enfin, il faut rappeler que la résolution 2178 du Conseil de sécurité a également confié au Comité que je dirige de travailler sur le phénomène des combattants terroristes étrangers.En réalité, la question est surtout liée aux voyages que de jeunes adultes, voire des mineurs, citoyens de l’Union, peuvent effectuer en dehors de l’Union, avec simplement une carte d’identité, et au fait qu’ils se rendent sur des zones où sévissent des groupes terroristes, pour y être endoctrinés et formés aux techniques de combat. Il est certain aussi que la mobilité des terroristes doit être contrée et que cela passe par des contrôles aux frontières. A cet égard, la France peut, par exemple, exploiter les dispositions du traité de Lisbonne pour améliorer encore sa situation. Peut-être est-il également temps de mettre en place au niveau européen un centre de coordination des acteurs chargés du contrôle des frontières. Ces quatre organes (Eurojust, Europol, Frontex, INTCEN) constituent les principaux éléments.Ne pensez-vous que la lutte européenne contre le terrorisme se heurte surtout au fait que les Etats membres considèrent que le renseignement relève de la souveraineté nationale ?La coopération entre les services de renseignement est essentielle. Les Etats ont chacun leurs méthodes, leurs principes et privilégient la coopération bilatérale. Ce qui compte, c’est que cette coopération permette de lutter efficacement contre le terrorisme et que tous les Etats mettent cette menace au premier rang de leur travail national de renseignement.Il est sûr qu’il existe une bonne coopération des services européens sur ces questions. A ce sujet, ne serait-il donc pas plus judicieux, si cela est nécessaire, de renforcer les structures existantes plutôt que d’en créer de nouvelles et d’ajuster leurs méthodes de travail aux menaces actuelles.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Peines de prison, confiscation des biens, saisie des comptes bancaires : les familles pourraient être coresponsables, pénalement, des personnes condamnées pour actes de terrorisme. Un projet de loi en ce sens a été déposé par le Parlement tchétchène à la Douma, le Parlement russe, lundi 12 janvier, afin de modifier la loi fédérale. S’il était adopté, les nouvelles dispositions seraient alors appliquées sur tout le territoire russe.Ce texte, qualifié par des défenseurs des droits de l’homme de « retour au Moyen Age », fait par ailleurs explicitement référence à la peine de mort, pourtant objet d’un moratoire depuis 1996 en Russie – une condition requise pour sa participation au Conseil de l’Europe. Il fait surtout suite à l’assaut sanglant mené à Grozny, la capitale tchétchène, par un commando armé dans la nuit du 4 décembre 2014, au cours duquel 25 hommes, dont 14 membres des forces de sécurité, sont morts.Maisons incendiées en représaillesDès le lendemain, plusieurs maisons considérées comme appartenant à des proches du commando avaient été incendiées en représailles. Et Ramzan Kadyrov, le président de cette petite République musulmane membre de la Fédération de Russie, avait prévenu : « C’est fini le temps où l’on pouvait dire que les parents ne sont pas responsables de leurs fils ou de leurs filles. En Tchétchénie, ils seront responsables ! »Le parlement local lui a emboîté le pas. Dans une note explicative, les élus estiment que « les sanctions définies par le code pénal ne sont pas suffisantes pour prévenir ces crimes ». La responsabilité des familles doit être à leurs yeux ainsi engagée, à condition que ces dernières, définies comme « parents et/ou proches, membres de la famille ou autres personnes », aient apporté une aide « sous quelque forme que ce soit » aux terroristes.« Même sous Staline, on disait que le fils n’est pas responsable du père et vice-versa », s’est alarmée la militante des droits de l’homme Svetlana GannouchkinaDes formulations suffisamment vagues qui font craindre des interprétations extensives. « J’espère que la Douma ne va pas adopter ce projet de loi. Même sous Staline, on disait que le fils n’est pas responsable du père et vice-versa », s’est alarmée la militante des droits de l’homme Svetlana Gannouchkina, citée par l’agence Interfax. Il faudra prouver qu’il y a eu aide, tempère Igor Kaliapine, fondateur du comité contre la torture. « La pratique d’expulser des proches de combattants juste parce qu’ils sont de la famille, ou la destruction de leur habitation, sera et restera illégale, et même plus, criminelle », affirme-t-il.La colère de M. Kadyrov s’étend aujourd’hui à Paris. Tout en se proclamant sur son compte Instagram « l’ennemi le plus acharné des terroristes au monde », le dirigeant tchétchène, connu pour ses outrances, estime qu’« on ne peut pas assurer la sécurité à Paris, à Londres, à Madrid et ailleurs si, dans le monde entier, on n’accuse pas ceux qui, sous prétexte de soutien à une opposition, fournissent des armes et de l’argent aux terroristes ». Il a surtout pris la tête d’un mouvement hostile aux caricatures, allant jusqu’à laisser planer le 12 janvier, au lendemain des manifestations monstres en France, des menaces contre les médias russes « tentés par cette aventure ». Ajoutant : « Si aujourd’hui, on ne dit rien, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas soulever dans le monde entier des millions de personnes pour des marches de protestation contre ceux qui se permettent d’insulter les sentiments religieux des musulmans. C’est ce que vous voulez ? »Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud Le prix du pétrole continuait de baisser, mercredi 14 janvier, en Asie et tout laisse penser qu’il devrait rester bas. C’est une bonne nouvelle pour l’économie mondiale, même si elle va s’accompagner d’un transfert de revenus massif des pays exportateurs vers les pays importateurs.Mercredi en début d’après-midi en Asie, le baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en février cédait 34 cents à 45,55 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à la même date abandonnait 43,33 cents à 46,16 dollars.Vers 12 H 30 à Paris, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 46,49 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 10 cents par rapport à la clôture de mardi.Lors d’un forum sur l’industrie pétrolière à Abou Dhabi, le ministre koweïtien du pétrole, Ali al-Omaïr, a attribué la dégringolade des cours à une surproduction d’environ 1,8 million de barils par jour (mbj) combinée au ralentissement de l’économie mondiale.M. al-Omaïr a écarté la tenue d’une réunion d’urgence de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour envisager une réduction de sa production de 30 mbj.Aux Etats-Unis, l’agence gouvernementale d’information sur l’énergie (EIA) a prévu que la production américaine serait de 9,3 mbj en 2015 et grimperait à 9,5 mbj en 2016. Soit le niveau de production annuel « le plus élevé dans l’histoire des Etats-Unis » après le record de 1970 (9,6 mbj).Le précédent de 1986La surabondance de l’offre, doublée d’une faible demande dans les pays développés et d’une moindre demande chinoise, entretient la baisse spectaculaire des prix.Resté autour de 105 dollars le baril pendant quatre ans, le prix du pétrole a commencé à baisser à l’été 2014, perdant 50 % de sa valeur depuis juin et 40 % depuis septembre, avaient relevé Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds monétaire international et un de ses collègues du FMI, Rabah Arezki, dans un Post de blog publié le 22 décembre 2014.« Une chute des cours aussi spectaculaire s’était produite en 1986 lorsque l’Arabie saoudite avait décidé de ne plus jouer le rôle de producteur d’appoint », avaient-ils observé en rappelant que les prix avaient mis une quinzaine d’années à se redresser.Dans sa note de conjoncture de décembre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a évalué à plus de 0,4 point de croissance supplémentaire d’ici mi-2015 l’effet combiné des baisses du taux de change et du prix de l’or noir en France. Cette évaluation reposait sur l’hypothèse d’un euro à 1,23 dollar et d’un baril à 70 dollars.Plus récemment, le directeur de COE-Rexecode, Denis Ferrand, a cherché à calculer le montant de la réduction de la facture pétrolière à partir de la valeur des importations de produits pétroliers bruts et raffinés en 2013.En faisant l’hypothèse d’un prix moyen du baril de 82 euros en 2013, 75,20 euros en 2014 et 45 euros en 2015, la facture pétrolière de la France diminuerait de « 5 milliards d’euros en 2014 » et de « 17 à 22 milliards en 2015 ».Bonne nouvelle pour la zone euroLes effets de cette baisse sont très variables. Ils sont fonction de l’intensité énergétique des secteurs d’activité, autrement dit de ce que représentent pour ces derniers les achats de produits énergétiques dans leur valeur ajoutée.L’industrie chimique devrait être la première bénéficiaire de la baisse du cours de l’or noir : ses achats de produits énergétiques représentent en effet 64,9 % de sa valeur ajoutée, contre 23 % dans les transports et seulement 1,4 % dans les services marchands.Mais attention, observe Denis Ferrand, les entreprises n’enregistreront pas immédiatement le bénéfice de la baisse des prix. Et elles peuvent l’utiliser de différentes manières : pour améliorer leur situation financière, pour baisser elles-mêmes leurs prix ou pour faire un peu des deux. « Il est trop tôt, précise l’économiste, pour savoir ce qui ira au redressement des marges, a priori favorable à l’investissement et à l’emploi, et ce qui ira à la baisse des prix pour les ménages, donc à davantage de pouvoir d’achat et éventuellement de consommation. »Au-delà du cas français, un pétrole durablement bas serait une bonne nouvelle pour la zone euro dans son ensemble. Ce serait « un formidable outil de relance dans les pays européens », analyse Philippe Waechter. Le directeur de la recherche de Natixis Asset Management évalue aussi à au moins 1 point de PIB mondial, voire plus, le montant des transferts de revenus des pays producteurs aux importateurs liée au recul des prix de l’or noir.De leur côté, MM. Blanchard et Arezki ont effectué deux simulations. Si elles « ne constituent pas une prévision de l’état de l’économie mondiale, elles signalent une poussée du PIB mondial de l’ordre de 0,3 % à 0,7 % en 2015, par rapport à un scénario sans chute des cours », ont-ils observé.La Banque mondiale abaisse ses prévisions de croissanceLa fragilité de la reprise a conduit la Banque mondiale à réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour le produit intérieur brut (PIB) mondial à 3 % en 2015 et à 3,3 % en 2016, au lieu des 3, 4 % et 3,5 % respectivement prévus en juin. Les pays en développement croîtraient à un rythme plus de deux fois plus supérieur à celui des économies développées. Malgré le ralentissement chinois, l’Asie du Sud-Est et le Pacifique serait en tête mais talonnée par l’Asie du Sud. La Banque invite les pays en développement importateurs de pétrole à profiter de la baisse des prix pour réformer leur fiscalité énergétique et réduire les subventions au profit de transferts ciblés sur les plus pauvres.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.01.2015 à 11h11 • Mis à jour le14.01.2015 à 12h54 Giorgio Napolitano, président italien, a démissionné de ses fonctions mercredi 14 janvier, selon un communiqué officiel. L'annonce était attendue en Italie. Elu depuis 2006 et réélu en 2013, le chef d'Etat, âgé de 89 ans, avait depuis longtemps laissé entendre qu'il quitterait ses fonctions avant la fin de son deuxième mandat. Dans ses vœux au pays le 31 décembre, il avait expliqué que son âge rendait de plus en plus difficile l'exercice de ses fonctions.Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, avait, dans la matinée, également annoncé la démission imminente du chef d'Etat « après avoir accompli un long parcours de changements ».INCERTITUDES SUR SA SUCCESSIONLes spéculations sur sa succession durent depuis déjà plusieurs mois. Si ses fonctions sont principalement honorifiques, le président de la République italienne nomme le président du conseil et peut opposer son veto sur certains textes de loi. Il est élu par l'assemblée des grands électeurs (Sénat, Chambre des députés et délégués régionaux), qui doit se réunir dans un délai de quinze jours après la démission de Giorgio Napolitano.Cette assemblée est composée des sénateurs, y compris ceux à vie, des députés ainsi que de 58 représentants des 20 régions italiennes, trois représentants par région, sauf pour le Val d'Aoste qui n'en a qu'un. Dans la configuration actuelle du Parlement, il s'agit d'un total de 1 009 membres.Aux trois premiers tours de scrutin, une majorité des deux tiers des grands électeurs, soit 672 voix, est nécessaire pour être élu. Mais à partir du 4e tour de vote la majorité simple suffit, soit 505 voix.Le Parti démocrate (PD) du chef du gouvernement, Matteo Renzi, dispose officiellement d'un minimum de 415 voix entre sénateurs et députés, auxquels s'ajoutent plusieurs dizaines d'élus d'autres partis ou des groupes mixtes, de sorte que l'élection de son candidat à partir du 4e tour semble acquise, à moins d'un faux pas.Mais, lors de l'expiration du premier mandat de sept ans de M. Napolitano, au printemps 2013, avec une assemblée dont la composition n'a pas évolué, les responsables politiques n'avaient pas pu se mettre d'accord sur le nom d'un successeur.Face au blocage, M. Napolitano avait accepté de se représenter au 5e tour pour un second mandat, en précisant qu'en raison de son âge, il ne comptait pas effectuer ce mandat dans son entier.Matteo Renzi a déclaré vouloir conclure rapidement un accord entre les principaux partis politiques du pays sur le choix du successeur de Giorgio Napolitano. Certains observateurs estiment toutefois qu'un échec des pourparlers n'est pas à exclure. Un scénario qui pourrait conduire à des élections anticipées.Lire (édition abonnés) : Le président Napolitano fait ses adieux aux Italiens 19.01.2015 à 17h39 • Mis à jour le19.01.2015 à 18h15 | François-Xavier Trégan et Christophe Ayad De violents affrontements ont éclaté, lundi 19 janvier au matin, aux abords du palais présidentiel à Sanaa, forçant de nombreux habitants à quitter le secteur. Les miliciens houthistes – du nom de leur chef Abdel Malik Al-Houthi, du groupe Ansar Allah – ont déployé des renforts dans le quartier, jusqu’ici contrôlé par la garde présidentielle au service du chef de l’Etat, Abed Rabbo Mansoour Hadi. Lundi après-midi, ils ont affirmé avoir pris le contrôle d’une colline stratégique surplombant le siège de la présidence. Les combattants houthistes ont même ouvert le feu sur un convoi automobile transportant le premier ministre, Khaled Bahah, à un point de contrôle, a indiqué la ministre de l’information Nadia Al-Sakka, en dénonçant « une tentative de coup d’Etat ». La Ligue arabe a de son côté appelé « toutes les forces politiques à cesser complètement et immédiatement toute forme de violence et à respecter les autorités légitimes du pays ».En milieu de journée, un cessez-le-feu a été décrété entre miliciens houthistes et gardes du palais à Sanaa. Une trêve décidée lors d’une réunion avec le président Hadi, les ministres de l’intérieur et de la défense et un représentant des rebelles.Qui sont les rebelles houthistes ?Au nom de la lutte contre la corruption et d’une certaine conception de la moralisation de la vie politique, les miliciens houthistes du groupe Ansar Allah se sont imposés en quelques mois comme les nouveaux maîtres du Yémen. Partis du nord du pays, ils ont progressé par étapes jusqu’à la capitale, où ils sont entrés en septembre 2014.La rebellion houthiste n’est cependant pas nouvelle. Elle s’était déjà illustrée contre l’ancien régime du président déchu Ali Saleh. De 2004 à 2010, dans leur province de Saada, les houthistes ont violemment combattu l’armée yéménite au prix de bilans humains très lourds. Les partisans de Hussein Al-Houthi, le père de la rébellion, avaient pris les armes pour dénoncer leur marginalisation politique et religieuse par le pouvoir central.De confession zaydite, une branche du chiisme, comme environ un tiers de la population, les houthistes étaient suspectés de promouvoir le retour de la monarchie. Dix ans et six guerres plus tard, Abdel Malik a succédé à son frère, tué au combat. Ses hommes ont quitté leur province frontalière de l’Arabie saoudite pour se poser en recours, trois ans après la chute du président Saleh dont ils sont désormais les alliés.Pourquoi les houthistes se posent-ils en recours ?Depuis la démission du président Ali Abdallah Saleh en 2011, sous la pression conjuguée d’une partie du peuple et de la communauté internationale, son successeur Abed Rabbo Mansoour Hadi n’est jamais parvenu à stabiliser la situation, ni à éradiquer le terrorisme, ni à enrayer le chômage, ni à stopper le sabotage des installations pétrolières et électriques par des bandes armées.Pour Saleh Al-Samat, le président du Conseil politique d’Ansar Allah, les houthistes se posent aujourd’hui en recours : « Nous poursuivons la révolution des jeunes de 2011 qui a été confisquée par les partis politiques. Nous sommes en guerre contre les corrompus et les terroristes, contre tous ceux qui se sont emparés des outils de l’Etat pour servir leurs propres intérêts. C’est pour ça que tout le monde a soutenu notre mouvement révolutionnaire, habitants, forces armées, facilitant notre accès à Sanaa le 21 septembre 2014. »Un positionnement qui ne convainc pas tout le monde. « Il s’agit d’un coup de force, rien de plus », selon Nadia Abdallah, une révolutionnaire historique de 2011. Dépitée, elle observe un spectaculaire retour en arrière. « Les houthistes s’attaquent aux partisans de la révolution de 2011 à travers une alliance avec l’ancien régime, dont [l’ex-président] Ali Abdallah Saleh. Ils imposent les leurs dans les institutions de l’Etat. Ils veulent lutter contre la corruption, mais sans passer par la loi et la justice ! Ils remplacent des corrompus par d’autres corrompus. L’Etat a été détruit, la révolution de 2011 est terminée et mon pays s’engouffre dans l’obscurité. »A qui profite l’avancée des houthistes ?Depuis la prise de la capitale par les miliciens houthistes du groupe Ansar Allah, en septembre 2014, l’ancien président Ali Saleh semble goûter une nouvelle jeunesse. Peu importe que les Nations unies l’aient placé sous sanctions en l’accusant de « compromettre la paix », ou que la Suisse ait décidé le gel de ses avoirs. Fort de l’immunité qui lui a été accordée dans son pays, Ali Saleh préside encore aux destinées de son parti, le Congrès populaire général (CPG). Et grâce à son alliance avec les miliciens houthistes d’Ansar Allah, qu’il avait pourtant combattus quand il était au pouvoir, il dispose désormais d’un redoutable bras armé pour faire taire tous ses opposants, et notamment ceux qui ont obtenu sa démission forcée. Voire pour préparer le retour aux affaires de son clan, même si les ex-ennemis cohabitent avec discrétion.Yémen : guerres locales, djihad globalContesté dans la rue, le président Saleh avait fini par accepter de quitter le pouvoir en novembre 2011. Trois ans après sa démission, les portraits d’Ali Abdallah Saleh n’ont pas quitté les murs de la capitale. Ils ont simplement vieilli sous l’effet du temps. Mais les houthistes insistent « sur le soutien populaire énorme dont bénéficie toujours Saleh ».  Arrivé au pouvoir en 1978, d’abord dans le Nord, puis sur l’ensemble du pays après la réunification avec le Sud de mai 1990, Ali Saleh avait pourtant joué en permanence du clientélisme, de la prédation et d’un tribalisme encore très vivace, quitte à instrumentaliser le radicalisme religieux à son profit.Avec ses 26 millions d’habitants, le Yémen est devenu l’un des Etats plus pauvres parmi les pays arabes. La pénurie d’eau y est dramatique alors qu’une grande partie de la population, encore rurale, vit de la culture et du commerce du qat, une plante euphorisante très prisée.Quels sont les soutiens des houthistes ?Ansar Allah est soupçonné, de longue date, de bénéficier du soutien financier et militaire de Téhéran, au nom d’une solidarité « interchiite ». Saleh Al-Samat, le président du Conseil politique d’Ansar Allah, récuse en bloc : « Nous n’avons pas de vrai partenariat ni de relations particulières avec l’Iran. Mais nous partageons un point commun avec le Hezbollah : la lutte contre la politique américaine dans la région. » Cependant, des sources yéménites et iraniennes ont récemment reconnu la présence sur place de plusieurs conseillers militaires iraniens et le soutien en armes et en argent de Téhéran aux miliciens houthistes. Ces transferts se seraient accélérés depuis la spectaculaire prise de Sanaa par Ansar Allah en septembre 2014.Le soutien de l’Iran chiite aux houthistes exaspère le voisin sunnite saoudien et avive les tensions confessionnelles au Yémen, même entre sunnites et zaydites. Dans ce contexte, la branche yéméno-saoudienne d’Al-Qaida (AQPA) n’est cependant pas en reste. La « révolution yéménite » de 2011 a permis à AQPA de profiter du chaos politique pour débuter une rapide conquête territoriale. Du printemps 2011 à l’été 2012, l’organisation – qui se présente sous le nom d’Ansar Al-Charia (« les partisans de la charia ») – a pris possession de plusieurs districts du Sud et de l’Est, faisant du Yémen une bombe à retardement au sud de la péninsule Arabique. Et un foyer djihadiste en mesure de frapper en dehors des frontières du pays, comme l’attentat perpétré par les frères Kouachi contre Charlie Hebdo l’a démontré le 7 janvier à Paris. Une attaque revendiquée par l’AQPA.Christophe AyadRédacteur en chef InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterFrançois-Xavier TréganJournaliste au Monde 19.01.2015 à 13h27 • Mis à jour le19.01.2015 à 15h15 Editorial du Monde. Cette semaine, les projecteurs du monde économique seront tournés vers Davos, la cossue station helvète où les « grands » de la planète débattront des enjeux de 2015. Jeudi 22 janvier, c’est pourtant Francfort, siège de la Banque centrale européenne (BCE), qui monopolisera les esprits. Mario Draghi, le patron de la BCE, pourrait y annoncer son nouveau cocktail antidéflation. Enfin.Baptisé « assouplissement quantitatif » dans le jargon des économistes – QE pour « quantitative easing » en anglais –, ce programme consisterait, pour l’essentiel, en des rachats de dette publique. Un remède déjà appliqué avec succès aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Le Japon l’a également lancé en 2013, avec des résultats moins concluants.En théorie, l’objectif du QE est simple. En rachetant des titres d’Etat, la banque centrale injecte de la monnaie dans le système économique – on dit qu’elle fait « tourner la planche à billets ». S’ensuit une cascade d’effets susceptibles... 19.01.2015 à 11h50 • Mis à jour le19.01.2015 à 17h44 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) L'essentielUne foule importante a manifesté dans la République tchétchène contre les caricatures publiées par Charlie Hebdo.Le président, Ramzan Kadyrov, s'est lancé dans une diatribe « contre ceux qui insultent la religion musulmane »Depuis plusieurs jours, les mobilisations contre ces dessins satiriques représentant le prophète Mahomet se multiplient dans le monde. lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f21rx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f21rx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Grozny, capitale de la Tchétchénie, lundi 19 janvier, pour protester contre les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo. Le ministère de l'intérieur de cette petite république musulmane qui fait partie de la fédération de Russie avance le chiffre de « un million de personnes », quand le ministre de l'intérieur russe évoque 800 000 personnes, soit 60 % de la population tchétchène. Mais des observateurs ont signalé la présence de manifestants venus de différents pays, dans cette ville de seulement 271 000 habitants. De grandes banderoles siglées de cœurs rouges et d'inscriptions en arabe proclamant leur amour pour le Prophète étaient visibles dans le cortège. « We love prophet Muhammad », brandissaient, en anglais, mais aussi en russe et en arabe, les protestataires qui ont lâché des centaines de ballons rouges dans le ciel porteurs du même message. Une foule majoritairement composée d'hommes a également prié, à proximité de la mosquée Akhmad-Kadyrov, du nom du président assassiné en 2004. L'imposant édifice, inauguré en 2008, est surnommé « le cœur de la Tchétchénie ».« SPECTACLE DE RUE » La manifestation de Grozny a été couverte en direct par la télévision nationale russe, signe d'un soutien tacite du président russe Vladimir Poutine. Sur une tribune, les dignitaires tchétchènes, dont le président, Ramzan Kadyrov, qui dirige la Tchétchénie d'une main de fer, se sont relayés. « Ceci est une manifestation contre ceux qui insultent la religion musulmane, a déclaré le dirigeant tchétchène. Nous n'autoriserons jamais qui que ce soit à insulter notre prophète. »En début d'après-midi, M. Kadyrov n'a pas hésité à se livrer à quelques caricatures verbales, en déclarant : « L'incident pourrait avoir été organisé par les autorités et services secrets des pays occidentaux souhaitant provoquer une nouvelle vague d'embrigadement pour l'Etat islamique. »Puis il a ajouté, selon les agences russes : « Nous voyons que l'Europe n'a pas tiré de leçons des événements sanglants de Paris. Au lieu de condamner les tireurs et ceux qui les ont provoqués en publiant leurs caricatures, les autorités françaises ont organisé un spectacle de rue en faveur d'une permissivité excessive. »TÊTE DE FILE DES « ANTI-CHARLIE »Depuis l'attentat commis le 7 janvier en France, qu'il a condamné du bout des lèvres, Ramzan Kadyrov a pris la tête de la contestation « anti-Charlie » dans la région, admonestant, et même menaçant, les médias russes qui se laisseraient « tenter par l'aventure » de publier des caricatures par solidarité.Meilleur allié de Vladimir Poutine après les deux guerres russo-tchétchènes des années 1994-1996 et 1999-2000, sans doute le dirigeant tchétchène a-t-il vu dans ce mouvement un moyen de redorer son image dans le monde musulman. Plusieurs ressortissants tchétchènes ont rejoint les rangs de l'Etat islamique en Irak et en Russie.Interdit de territoire par les Etats-Unis et l'Union européenne, Kadyrov se sert fréquemment de tels rassemblements pour réaffirmer son allégeance au gouvernement russe. La république tchétchène dépend en effet très largement du soutien financier et militaire de Moscou pour maintenir une paix fragile dans cette région. « SOLIDARITÉ AVEC LES MEURTRIERS »La manifestation a été diversement commentée. « Solidarité avec les meurtriers », grinçait sur son blog le journaliste et écrivain russe Andreï Malguine. Un rassemblement prévu à Moscou pour le 25 janvier, similaire à celui de Gozny, a été interdit par les autorités russes.Samedi, environ 15 000 personnes s'étaient rassemblées en Ingouchie, autre république du Caucase russe dont la population est majoritairement musulmane, pour protester contre les caricatures du Prophète. Des manifestations, parfois très violentes, se sont multipliées ces derniers jours dans le monde, notamment au Pakistan ou au Niger, où dix personnes sont mortes en marge des rassemblements.Lire aussi : Des milliers de manifestants dans le monde musulman contre les caricatures de MahometIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sébastien Hervieu (Johannesburg, correspondance) « C’est la première fois de ma vie que je vois des inondations d’une telle ampleur », raconte Harry Phiri, joint dimanche au téléphone. Le commissaire du district de Nsanje, situé à l’extrême sud du Malawi, est pourtant habitué aux débordements des cours d’eau pendant la saison des pluies qui accompagne l’été austral.Mais cette fois-ci, les plaines se sont transformées en lacs, les maisons aux murs de terre se sont effondrées, les ponts détruits ont coupé les routes, et le représentant local a vite dû organiser les secours avec l’aide des autorités nationales. « Grâce à six bateaux et deux hélicoptères, nous avons pu secourir un millier d’habitants réfugiés dans les arbres, sur le toit de maisons ou sur des monticules, mais dans mon district, il y a encore près de 150 personnes dont nous n’avons pas de nouvelles. »Le responsable craint aussi le sort réservé aux déplacés de sa région : « 85 000 personnes ont dû fuir leurs maisons en courant devant l’arrivée des eaux, ils ont tout perdu, manquent de tout, et doivent souvent dormir à même le sol, y compris dans des salles de classe. »Insécurité alimentaireDébut janvier, des pluies torrentielles se sont abattues pendant plusieurs jours sur le petit Etat d’Afrique australe. Dans certaines zones, il serait tombé plus de 300 millimètres d’eau en à peine une semaine. Le président malawite, Peter Mutharika, a déclaré 15 des 28 districts du pays en état de catastrophe naturelle. Emportées par les eaux, 176 personnes sont décédées, selon les autorités, qui craignent un bilan final encore plus lourd. De nouvelles précipitations sont attendues dans les prochains jours.Le Mozambique, pays voisin, a aussi été victime des torrents d’eau. Vingt et une personnes y sont mortes, selon un bilan provisoire de l’Agence nationale de gestion des catastrophes. 53 000 Mozambicains ont dû quitter leur maison. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU a dénombré pour le Malawi près de 121 000 personnes déplacées, essentiellement dans le sud du pays.Dans le district de Nsanje, le plus touché par les inondations, une vingtaine de camps ont été établis pour accueillir les personnes sans abri. Le Programme alimentaire mondial prévoit d’acheminer par voie aérienne 100 tonnes de nourriture pour subvenir aux besoins de près de 80 000 personnes. La destruction des champs de maïs, l’aliment de base des Malawites, va accroître l’insécurité alimentaire d’une population, surtout les enfants, déjà en partie frappée par la malnutrition.« Eaux stagnantes »« Nous redoutons l’apparition d’épidémies de maladies comme le choléra à cause des destructions des latrines, de l’absence d’eau potable et de la promiscuité des gens qui se sont réfugiés chez des membres de leurs familles ou connaissances, explique Amaury Grégoire, chef de mission pour Médecins sans frontières au Malawi. Les eaux stagnantes risquent également de favoriser la reproduction des moustiques qui transmettent le paludisme, les enfants risquent par ailleurs d’être plus facilement atteints par la rougeole. »Ces dernières années, plusieurs pays d’Afrique australe ont été victimes de pluies intenses, à savoir des précipitations abondantes sur une courte période. Des météorologistes locaux estiment qu’elles sont de plus en plus fréquentes et pointent du doigt le réchauffement climatique.« En réduisant la capacité d’absorption des sols, la déforestation aggrave aussi les dégâts causés par les inondations, estime Gift Mafuleka, directrice adjointe du département gouvernemental de la gestion des catastrophes. Faute d’équipements, les habitants vont couper du bois pour se chauffer, s’éclairer et faire la cuisine, et les programmes de replantation sont insuffisants. »Zones inhabitablesMeurtri en 2000 par des inondations qui avaient fait près de 800 morts et des centaines de milliers de déplacés, le Mozambique a récemment développé un plan national de prévention. « Le Malawi a les moyens de faire face à des inondations, mais les autorités ne s’attendaient pas à une catastrophe d’une telle ampleur, des personnes âgées ont raconté qu’elles n’avaient jamais connu ça », estime un expert étranger en poste au Malawi.Les autorités ont déjà évoqué la possibilité de déclarer inhabitables certaines zones proches des cours d’eau. « Mais c’est souvent là où se trouvent les terres les plus fertiles, il ne sera pas facile de faire déménager ces populations qui vivent essentiellement de l’agriculture vivrière et qui perdraient ainsi leur gagne-pain », prédit Alex Mdooko, commissaire du district de Chikwawa (sud du Malawi), également touché par les inondations.Selon lui, « il faudrait peut-être alors imaginer une migration saisonnière, avec une maison au bord de l’eau pour la saison sèche et une autre sur les hauteurs occupée pendant la saison des pluies ». Une solution qui risquerait toutefois d’accroître la compétition pour une terre de plus en plus disputée en raison de l’augmentation de la population.Sébastien Hervieu (Johannesburg, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe français de télécommunications Alcatel-Lucent a confirmé, lundi 19 janvier, être sans nouvelles du responsable des ressources humaines de la coentreprise Alcatel Lucent Shanghai Bell, à travers laquelle il opère en Chine avec une société publique locale. Le siège français précise que Jia Lining « ne s’est pas présenté à son poste depuis le 14 janvier ».Un site d’information économique parmi les plus fiables du pays, Caixin, précisait dès vendredi que le véhicule de M. Jia a été retrouvé sur le pont suspendu Yangpu, qui relie l’est et l’ouest de Shanghaï et permet de franchir le fleuve Huangpu.Le site citait, sans la nommer, une source proche de la famille affirmant que M. Jia est introuvable et qu’il ne répond pas non plus à son téléphone.Selon des informations accessibles sur son profil sur différents réseaux sociaux chinois, Jia Lining a rejoint Alcatel Lucent Shanghai Bell en 1998 et a, en parallèle, passé, entre 2004 et 2007, un doctorat de ressources humaines à l’université Jiaotong de Shanghai.Publication sur un groupe de discussionLe contexte de cette soudaine disparition la rend d’autant plus mystérieuse. Alcatel est présent en Chine depuis le milieu des années 1980, en association avec une compagnie locale comme l’impose la réglementation chinoise – il s’agit du groupe de télécommunications Huaxin, placé sous la responsabilité de la Commission de supervision et d’administration des actifs de l’Etat chinois, car à capitaux publics.Dans un groupe de discussion ouvert par des responsables des ressources humaines d’entreprises publiques sur le très populaire réseau social WeChat, Jia Lining venait de publier une lettre portant des accusations détaillées de corruption et de mélange des genres avec leurs intérêts familiaux contre neuf cadres chinois d’Alcatel-Lucent.Une version de ce message circule sur le Web chinois, sans qu’il soit possible d’authentifier ni son auteur réel ni la véracité de son contenu.Son en-tête précise qu’elle a été rédigée par M. Jia, en tant que membre du syndicat de l’entreprise mais également représentant au sein du groupe du « Jiwei », la brigade anti-corruption du Parti communiste chinois (PCC). Suit alors une longue liste d’accusations s’étalant sur plus de 3 500 de caractères.Enquête interneAlcatel Lucent « ne fait pas de commentaire sur les allégations faites par un employé de son joint-venture Alcatel-Lucent Shanghai Bell dans la presse chinoise », précise le groupe au Monde.L’entreprise ajoute qu’une enquête interne sur ces allégations est actuellement en cours et qu’Alcatel-Lucent Shanghai Bell coopère pleinement avec les autorités locales à ce sujet.Cette affaire se déroule sur fond de campagne de lutte contre la corruption menée à grand bruit par le secrétaire du PCC, Xi Jinping, depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans.Le patron de l’espionnage chinois tombe pour corruptionLe gouvernement a communiqué sur sa détermination à mettre au pas tant les entreprises étrangères que les puissantes sociétés d’état.Des accusations de corruption, portées par un mystérieux lanceur d’alerte, avaient déjà visé le groupe pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) après le début de l’été 2013.Lire également : Corruption en Chine : le grand déballage commence autour de l’affaire Glaxo Smith KlineHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.01.2015 à 10h37 • Mis à jour le19.01.2015 à 12h36 L'essentielLe 17 décembre, la justice européenne avait annulé l'inscription du mouvement palestinien sur la liste noire de l'Union européenne.L'Union européenne a décidé de faire appel de cette décision.Les effets de la mise au ban du Hamas seront maintenus dans l'attente du jugement de l'appel, qui devrait avoir lieu dans plus d'un an. L'Union européenne a décidé, lundi 19 janvier, de faire appel de la récente décision de la justice européenne ordonnant le retrait du Hamas de la liste des organisations terroristes.Cette décision a été adoptée au début d'une réunion à Bruxelles au cours de laquelle les ministres des affaires étrangères doivent discuter d'un renforcement de la lutte contre le terrorisme, a précisé Susanne Kiefer, porte-parole du Conseil, qui représente les Etats.Lire aussi : L’UE embarrassée après la sortie du Hamas de la liste des organisations terroristesLa justice européenne avait annulé le 17 décembre, pour vice de procédure, l'inscription du mouvement palestinien sur la liste noire de l'Union européenne, où il avait été inscrit en décembre 2001, dans le sillage des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis.LES EFFETS DE LA MISE AU BAN MAINTENUSLe Tribunal de l'Union européenne avait estimé que cette inscription était fondée « non pas sur des faits examinés et retenus dans des décisions d'autorités nationales compétentes, mais sur des imputations factuelles tirées de la presse et d'Internet », contrairement à la jurisprudence.« Cette décision était clairement fondée sur des bases procédurales et n'impliquait pas une évaluation par le Tribunal de la pertinence de désigner le Hamas comme organisation terroriste », a relevé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. « Le combat contre le terrorisme reste une priorité pour l'UE », qui est « déterminée à assécher le financement [de ces activités] », a-t-elle ajouté.Les effets de la mise au ban du Hamas, dont le gel de ses avoirs en Europe, seront pourtant maintenus provisoirement dans l'attente du jugement de l'appel. La justice européenne ne devrait pas se prononcer avant au moins un an.« UN ACTE IMMORAL » POUR LE HAMASL'annonce de ce prochain jugement en appel a fait réagir Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas à Gaza, pour qui « l'obstination de l'Union européenne à vouloir inscrire le Hamas sur la liste des organisations terroristes est un acte immoral qui reflète la partialité de l'UE dans son ensemble en faveur de l'occupant israélien et qui offre à ce dernier une couverture pour ses crimes contre le peuple palestinien ».Lors de la décision de la justice européenne en décembre, tant la Commission européenne que Paris et Londres avaient réaffirmé que l'Union européenne considérait toujours le Hamas comme « une organisation terroriste », annonçant qu'ils allaient faire un recours. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait pour sa part appelé l'Union européenne à maintenir les sanctions contre le Hamas, estimant que le jugement du tribunal constituait « une hypocrisie stupéfiante » à l'égard de l'Etat israélien. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’Allemand Martin Schulz, le président du Parlement européen, jeudi. Le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), vendredi. Les Européens se pressent à Athènes pour rencontrer Alexis Tsipras, le leader du parti de la gauche radicale anti-austérité Syriza, depuis qu’il a été nommé premier ministre, lundi 26 janvier.Ces volontés d’ouverture sont largement partagées à Bruxelles, où l’on sait la nécessité de trouver une solution avec la Grèce, afin d’éviter un « Grexit «, une sortie de la Grèce de la zone euro, dont personne ne veut. Mais une ligne de « fracture » commence à apparaître. Certains trouvent un peu précipitées les rencontres de ces dernières heures. D’autant qu’elles sont le fait de sociaux-démocrates.Dans le camp conservateur, on craint ainsi la formation d’un front social-démocrate qui pourrait, se montrer un peu trop accommodant avec Athènes. Alors que, pour l’instant, la ligne de négociation assumée des Européens est assez dure avec Athènes.Pas question de parler à ce stade d’effacement de la detteM. Schulz a fait le déplacement, non pour entamer de quelconques négociations concernant l’énorme dette grecque (320 milliards d’euros, 175 % du PIB), mais « pour renouer le dialogue, après les problèmes de communication pendant les élections parlementaires grecques » explique son entourage.Début décembre 2014, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, avait en effet affiché son soutien à Antonis Samaras, l’ex-premier ministre, avant de prudemment garder le silence quand la campagne électorale a vraiment démarré.« J’ai appris de notre conversation que les Grecs n’ont pas l’intention de prendre des décisions unilatérales sur leur dette, mais qu’ils veulent négocier de manière constructive avec leurs partenaires. Le gouvernement de M. Tsipras veut travailler dans un esprit de partenariat », a déclaré M. Schulz à Athènes, mercredi après-midi, à l’issue d’une conférence de presse.Le président du Parlement reste sur la ligne des Européens : pas question de parler à ce stade d’effacement de la dette grecque.Lire aussi : En Grèce, les premières mesures antiaustérité inquiètent l'UE et au-delàDijsselbloem « ne dispose d’aucun mandat »M. Dijsselbloem, appartenant lui aussi à la famille sociale-démocrate, devrait, pour sa part, probablement entrer davantage dans les détails des engagements réciproques de la Grèce et de ses bailleurs de fonds (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne).Les Européens ont en effet besoin - en urgence - de savoir à quoi s’en tenir concernant le deuxième plan d’aide à la Grèce (130 milliards d’euros, accordés à partir de 2012).Celui-ci doit théoriquement se clore fin février 2015, avec le versement d’une dernière tranche de financements internationaux (environ 3,6 milliards de la part des Européens), en échange de réformes supplémentaires en Grèce.« Ce deuxième plan engage juridiquement la Commission européenne et l’Etat grec », assure t-on du côté de la Commission. Autrement dit : si les Grecs ne veulent pas le terminer « proprement », en faisant les réformes demandées, l’argent ne leur sera pas versé…Cependant, de source européenne, le président de l’Eurogroupe n’entamera formellement pas la discussion. « Il ne dispose d’aucun mandat. Il va à Athènes pour rencontre les membres du nouveau gouvernement, faire connaissance ».Jeudi, M. Dijsselbloem a indiqué que le nouveau gouvernement grec risque de compromettre les réformes et la reprise économique s'il s'en tient aux promesses faites pendant la campagne électorale.Il s'est dit prêt à écouter les propositions d'Athènes pour alléger le fardeau de la dette publique grecque mais il a ajouté: « Le plus important pour la Grèce, c'est qu'elle respecte simplement les accords qui nous lient les uns aux autres. »« La Commission observe le jeu des uns et des autres »D’abord boucler le deuxième plan d’aide, après négocier la dette proprement dite, c’est le scénario des Européens, mais certainement pas accepter un effacement, même partiel.M. Juncker l’a à nouveau répété clairement dans Le Figaro du 29 janvier : « il n’est pas question de supprimer la dette » d’Athènes même si « des arrangements sont possibles. »Pour l’instant, aucune date de rendez-vous entre MM. Tsipras et Juncker n’a été fixée. Le Luxembourgeois a invité officiellement le premier ministre grec, lors de sa nomination, mais il n’entend pas, lui, faire le déplacement à Athènes : il l’attend à Bruxelles. « La commission observe le jeu des uns et des autres, les colombes, les faucons, son rôle viendra le moment venu. C’est elle qui a l’initiative législative », rappelle une source européenne.Une manière de dire qu’elle compte bien rester dans le jeu, alors que deux commissaires, Pierre Moscovici et Valdis Dombrovskis, sont directement en charge du dossier grec, « en plus de Juncker qui le connaît par cœur », assure encore cette source.Lire nos explications : Les questions que vous vous posez après la victoire de Syriza en GrèceCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gaëlle Picut Les pays alliant des emplois de qualité à une protection sociale efficace et à un fort investissement dans le capital humain ont mieux résisté à la crise économique. C’est là une des principales conclusions du rapport 2014 de la Commission européenne publié fin décembre sur l’évolution de l’emploi et de la situation sociale en Europe, consacré aux séquelles de la récession.L’apprentissage tout au long de la vie a été mesuré en termes de taux de participation à la formation continue durant les quatre semaines précédent l’enquête réalisée des périodes différentes selon les pays.Ce taux a globalement augmenté par rapport aux périodes avant la récession, avec des taux plus élevés en 2013 qu’en 2008, en dehors d’une légère baisse en 2011. La place accordée à la formation continue est très variable selon les pays europée... Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le terminal container de l’Autorité du Port d’Athènes (OLP), l’entreprise publique en charge de l’exploitation commerciale d’une partie du port du Pirée, était désert jeudi 29 janvier dans la matinée. Pas un navire dans la rade. Pas un ouvrier sur les quais. Seul le personnel de direction vaque à ses occupations dans les bureaux.Cet air de désolation contraste avec la joie des quelque 1 100 employés du groupe, qui ont appris, la veille, l’arrêt du processus de privatisation de leur entreprise.« C’est une excellente nouvelle », se réjouit Konstantinos Georges Soros, secrétaire général du syndicat des dockers.« OLP doit rester sous contrôle de l’Etat et l’Etat doit investir afin d’augmenter notre capacité de traitement de containers, car, pour l’instant, nous n’avons qu’un tiers de la capacité de notre concurrent chinois d’à côté et nous devons rétablir l’équilibre pour mettre fin à la situation de monopole qui s’est installée », soutient le syndicaliste.« Nous avons signé un contrat avec l’Etat grec »Côté chinois, justement, sur les deux terminaux gérés par l’entreprise PCT (Piraeus Container Terminal), filiale du groupe chinois Cosco, c’est l’effervescence.Des dizaines de grues électroniques dernier cri, directement importées des usines chinoises, traitent, dans un ballet impressionnant, des centaines de containers.Mais le ministère chinois du commerce s’est dit, jeudi 29 janvier, « très préoccupé » par l’arrêt de la privatisation du port du Pirée.« Nous avons appris par des articles de presse que le nouveau gouvernement en Grèce a annoncé le 28 janvier mettre un terme à la privatisation du port du Pirée. Cela nous préoccupe beaucoup », a déclaré Shen Danyang, porte-parole du ministère chinois.« Nous comptons exhorter le gouvernement grec à protéger les droits et intérêts légaux des sociétés chinoises en Grèce, dont Cosco », a ajouté Danyang Shen lors d’un point presse à Pékin.Car, au-delà de mettre fin au projet de privatisation d’OLP, pour lequel Cosco avait montré son intérêt, le ministre grec adjoint à la marine, Theodore Dristas a aussi prévenu qu’il souhaitait réexaminer les conditions d’attribution de la gestion à Cosco des deux terminaux exploités depuis 2009 par l’entreprise.« Nous avons signé un contrat avec l’Etat grec pas avec un gouvernement précis et nous attendons de l’Etat grec qu’il honore ce contrat », déclare Tassos Vamvakidis, le responsable commercial de PCT.Fermeture du Fonds de valorisation des biens publicsL’annonce, au lendemain de la formation du nouveau gouvernement du leader de la gauche radicale, Alexis Tsipras, du gel de la privatisation de l’OLP a beau surprendre, elle s’inscrit en droite ligne des promesses effectuées tout au long de la campagne.M. Tsipras a notamment, à maintes reprises, répété qu’il fermerait le Taiped, le Fonds en charge de la valorisation des biens publics en Grèce.Sur le catalogue de ce dernier figure des dizaines d’aéroports, de ports, de plages, d’hôtels mais aussi quelques grosses entreprises publiques, comme celle de l’électricité, du gaz ou de l’eau.Une fois cet outil fermé, que deviendront tous ces biens ? Certains, comme des immeubles vides et inutilisés, mais propriété de l’Etat, sont aujourd’hui mis en vente et rapportent quelques liquidités via un système d’enchères électroniques.Que deviendra ce système ? Le gouvernement entend-il revenir sur d’autres privatisations, comme celle du vaste ancien aéroport d’Athènes, l’Hellenikon, cédé il y a quelques mois pour moins d’un milliard d’euros au groupe Lamda Dévelopment ?Beaucoup de questions mais peu de réponses aujourd’hui. Après les annonces tonitruantes de mercredi, le gouvernement n’a, pour l’instant, rien précisé de plus sinon qu’il souhaitait d’une manière générale mettre fin à la privatisation des structures qui pourraient s’avérer utiles à la relance de la croissance, une fois la Grèce sortie de la crise.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Eugénie Dumas et Mathilde Damgé Canary Wharf, avec ses gratte-ciel aux couleurs des géants de la finance mondiale, représente le symbole du trading européen. Il est désormais aux couleurs qataries.Lire en édition abonnés : A Londres, le Qatar rachète Canary WharfL'envol économique du Qatar s'accompagne en effet d'une stratégie d'investissement rodée, qui panache logique de placement et logique de développement, politique et prestige.Le pays se diversifie dans une myriade de secteurs, privilégiant les marques. Cliquez sur l'image ci-dessous pour explorer les investissements du richissime émirat :Lire en édition abonnés : La stratégie d'expansion du fonds souverain qatariPassion pour le sportSa passion pour le sport s'est confirmée dans les dix dernières années : des participations dans le groupe Lagardère, le Prix de l'Arc de triomphe, la chaîne de télévision beIn Sports, les clubs du PSG, du FC Barcelone, d'Al Gharafa SC et de Paris Handball. Le handball, sport d'origine allemande, dont le championnat mondial se tient cette semaine à Doha et où brille l'équipe nationale locale... majoritairement composée d'étrangers fraîchement naturalisés et soutenue par des supporters espagnols invités pour l'occasion.Lire : Le Qatar fait main basse sur le handL'émirat investit aussi dans les infrastructures – en témoignent les stades Al-Wakrah et Khalifa construits en vue du Mondial de football 2022 – ainsi que dans l'organisation d'événements liés au sport.Mais la partie n'est pas encore gagnée pour l'émirat : le Conseil de l'Europe a demandé à la FIFA de revoter. Selon un rapport adopté mardi par les députés européens, la procédure d'attribution de la Coupe du monde de football a été « profondément entachée d'illégalité ».Lire en édition abonnés : Le Qatar accroît sa mise dans le monde hippique françaisEugénie DumasJournaliste au MondeMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.01.2015 à 16h27 • Mis à jour le29.01.2015 à 16h34 | Claire Guélaud Un gouvernement qui, pour sa première réunion le 27 janvier, défend des mesures d’austérité et argumente que celles-ci sont nécessaires à la relance de l’activité économique. Une banque centrale qui, une semaine plus tôt, relève ses taux directeurs - donc le coût du crédit - en indiquant qu’il s’agit de freiner l’envolée des prix, mais au risque de freiner dans l'immédiat la reprise de l'investissement et donc de l’activité... En ce début d’année, les signaux envoyés par le Brésil peuvent apparaître un peu contradictoires. Et suscitent des interrogations sur la capacité du pays à retrouver rapidement le chemin de la croissance.Excès de pessimisme ou lucidité ? Les marchés, eux en tout cas, continuent de douter de la capacité du Brésil à renouer en 2015 avec une hausse de son produit intérieur brut (PIB), après une année 2014 marquée par une légère récession. Ils n’excluent pas que la première économie latino-américaine, en difficulté depuis 2011, connaisse une deuxième année consécutive de stagnation.Dans l’enquête hebdomadaire Focus, réalisée par la Banque centrale brésilienne auprès d’une centaine d’institutions financières, la prévision de croissance du PIB a été révisée à la baisse, lundi 26 janvier, de 0,38 % à 0,13 %, et celle d’inflation revue en hausse, de 6,67 % à 6,99 % très loin de l’objectif officiel de 4,5 % par an (avec une bande de fluctuation de 2 points).Le « choc de crédibilité » peine à convaincre Un peu plus de deux mois après la constitution par la présidente Dilma Rousseff, réélue le 26 octobre et en fonction depuis le 1er janvier, d’une équipe économique taillée pour l’austérité, les premières mesures prises par le ministre des finances, Joaquim Levy, pour tailler dans les dépenses et enrayer la dérive des comptes publics n’ont pas encore totalement convaincu.À peine nommé, M. Levy a annoncé son intention de porter l’excédent budgétaire primaire - celui qui permet de stabiliser la dette - de 0,6 % en 2014 à 1,2 % en 2015 et à plus de 2 % en 2016.Il s’emploie ainsi à restaurer la confiance des investisseurs et à éviter une dégradation de la note souveraine brésilienne, après une « piteuse » année 2014 sur fond de croissance zéro, d’inflation élevée et de creusement des déficits extérieurs, résume Jean-Louis Martin du Crédit agricole.Pour redresser les finances publiques, M. Levy, ancien haut fonctionnaire passé par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque interaméricaine de développement, a commencé à tailler dans les dépenses.Le Brésil prend le virage de l’austéritéM. Levy a réduit certains des avantages dont bénéficiaient les fonctionnaires retraités et leurs ayants droit, durci les conditions d’indemnisation du chômage, mis fin aux subventions accordées aux entreprises d’électricité et réduit les subventions implicites dont bénéficiaient les entreprises empruntant à la BNDES, la banque de développement.De nouvelles coupes budgétaires et de nouvelles hausses d’impôt, après celles annoncées en décembre, sont à prévoir.Issue, comme l’ancien président Lula, de la gauche et, plus précisément, du Parti des travailleurs, Mme Rousseff a défendu, mardi 27 janvier, lors de la première réunion de son gouvernement l’inflexion de la politique économique brésilienne qui est critiquée par une partie de sa majorité.« Les ajustements sont nécessaires pour maintenir le cap, tout en préservant les priorités sociales et économiques », a fait valoir la présidente non sans préciser que « des comptes publics en ordre sont nécessaires pour le contrôle de l’inflation, la croissance économique et la garantie durable de l’emploi et des revenus. » Les marchés ont salué à leur manière ce changement de cap. « Le real, qui s’était beaucoup déprécié mais reste surévalué, est un peu remonté ces dernières semaines », analyse M. Martin (Crédit agricole). Lire également : Au Brésil, le bilan économique de Dilma Rousseff résumé en 3 graphiquesLe difficile pas de deux entre limiter l’inflation et relancer l’investissement Parallèlement, l’arme monétaire a été utilisée pour essayer de contenir l’inflation. Mercredi 21 janvier, pour la troisième fois depuis le mois d’octobre 2014, la Banque centrale du Brésil a relevé le taux du Selic.Cette dernière augmentation, de 50 points de base, l’a porté à 12,25 %. Une quatrième hausse de même importance est attendue en février.Mais les pressions inflationnistes restent fortes, la Banque centrale elle-même prévoyant une augmentation de 9,3 % des prix administrés en 2015, qui tirera l’indice des prix vers le haut.On voit mal dans ces conditions comment le gouvernement pourrait tenir son objectif de ramener l’inflation de 6,41 % en 2014 à 4,5 % par an. Or, l’inflation élevée pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et sur leur consommation. Donc sur la croissance.Dans un pays qui souffre d’une insuffisance chronique d’investissement, la hausse répétée du taux directeur de référence peut par ailleurs avoir des conséquences fâcheuses.Dans un article sur l’économie brésilienne intitulé « Le patient brésilien », Sylvain Bellefontaine, économiste de BNP Paribas, a observé, en décembre 2014, que l’investissement était reparti au troisième trimestre 2014 (+ 0,9 %) après quatre trimestres consécutifs de repli.La hausse du Selic pourrait freiner cette reprise et compliquer le redémarrage du pays.Des obstacles structurels qui demeurent La magie des années 1990 (+ 1,9 % de croissance par an en moyenne) et des années 2000 (+ 3,4 %) n’opère plus, qui permit au Brésil d’augmenter de 60 % son PIB par habitant (12 200 dollars en 2013), de réduire les inégalités et de développer une classe moyenne de quelque 100 millions de personnes.Le géant latino-américain a bien résisté à la dernière crise : le PIB ne s’est contracté que de 0,3 % en 2009 et il est reparti très fort en 2010 (+ 7, 5 %). Mais, depuis 2011, ses performances décevantes inquiètent.Faiblesse de l’investissement productif, perte de compétitivité de l’industrie (les coûts salariaux s’envolent notamment pour les personnels qualifiés), infrastructures en piteux état, lourdeur de la bureaucratie, climat des affaires terni par des scandales de corruption, au premier rang desquels celui de Pétrobras : les économistes pointent tous les mêmes obstacles structurels à la croissance.Carlos Quenan, économiste et professeur à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL) n’exclut pas qu’en raison de ces difficultés et pour cause d’impact récessif des coupes dans les dépenses publiques, le pays puisse retomber en récession.Même si ce n’est pas le cas, le Brésil va devoir engager des réformes structurelles sans croissance et sans pouvoir compter sur un environnement international porteur.À la fin des années 1990, déjà, le pays avait connu une crise de change et quatre années difficiles sur le plan économique avant de réussir à repartir d’un bon pied.Mais l’environnement international était alors plutôt bon, alors que le ralentissement chinois, la fin du super-cycle des matières premières et le ralentissement du commerce mondial constituent aujourd’hui un handicap supplémentaire pour l’économie brésilienne.Dans de telles conditions, le second mandat de Dilma Rousseff s’annonce redoutable sur le plan économique et social.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.01.2015 à 15h22 • Mis à jour le29.01.2015 à 15h27 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Même si le marché américain fonctionne actuellement à plein régime, Ford aura connu en 2014 une année décevante. Le deuxième constructeur américain a ainsi publié, jeudi 29 janvier, un bénéfice en chute de 98 % au quatrième trimestre, à seulement 52 millions de dollars.Certes, ce recul est dû en grande partie à des charges exceptionnelles liées à ses activités au Venezuela. Mais le groupe a été aussi pénalisé par les péripéties de production de son modèle vedette aux États-Unis, le F150.À Detroit, l’automobile américaine a tourné la page de la crise, mais la croissance pourrait s’essoufflerLa dévaluation du bolivar face au dollar a obligé Ford à inscrire une provision de 800 millions dans ses comptes. Sans l’accident vénézuélien, le groupe a toutefois dépassé les attentes des analystes avec un bénéfice par action de 26 cents.Sur l’ensemble de l’année le groupe a tout de même réalisé un bénéfice avant impôt de 6,3 milliards de dollars, soit 300 millions de mieux que ce qu’il avait annoncé en septembre 2014, lors d’un avertissement sur résultat.Le résultat net annuel a atteint 3,2 milliards, soit une chute de 56 % par rapport à l’année précédente. Le chiffre d’affaires, lui, est en baisse de 1,9 % à 144,1 milliards de dollars, alors que les ventes mondiales de Ford ont progressé de moins de 1 %, à 6,3 millions d’unités.« 2014 a été solide, mais ce fut une année de défis », a commenté Bob Shanks, le directeur financier de Ford, lors d’une conférence de presse.Arrêt de deux usines pendant 13 semainesFord a effectivement connu une année plus compliquée que prévue. Le constructeur a notamment fait le pari de lancer un tout nouveau F150 en aluminium. Ce pick-up n’est pas tout à fait une voiture ordinaire pour Ford. Il s’agit du modèle le plus vendu aux États-Unis et qui représente 90 % des profits du groupe, selon Morgan Stanley. Or les ventes n’ont pas été tout à fait à la hauteur des espérances, avec un recul de 1,3 %, à 753 851 unités.Même si le F150 est resté le best-seller américain pour la 33e année consécutive, Ford a dû arrêter ses deux usines dédiées à ce modèle pendant 13 semaines pour les adapter. Cet ajustement, qui a nécessité un investissement de 1 milliard de dollars, lui a fait perdre l’équivalent d’une production de 90 000 véhicules.Le lancement du F150 en aluminium suscite également des interrogations à court terme. Certains observateurs estiment que le véhicule, dont la consommation a été améliorée de près de 30 % grâce à une carrosserie plus légère, est à contre-courant du marché.Avec un gallon d’essence tombé sous les 2 dollars, les clients se soucient de moins en moins de la voracité des modèles. L’avantage concurrentiel dont peut bénéficier le F150 est donc largement relativisé par ce contexte de pétrole bon marché.Dans ce contexte, Ford a quasiment fait du surplace aux États-Unis avec une progression de ses ventes de seulement 0,6 % à 2,47 millions de véhicules, tandis que le marché dans son ensemble augmentait de 5,9 %. Résultat : sa part de marché s’est tassée aux États-Unis, en passant de 15,9 % en 2013 à 15 % l’année dernière. Cette stabilité s’est ressentie en termes de rentabilité : la marge sur chiffre d’affaires est passée sous la barre des 10 %.Pour 2015, le nouveau PDG de Ford, Mark Fields, a confirmé sa prévision d’un bénéfice avant impôts compris entre 8,5 et 9,5 milliards de dollars et d’une amélioration de ses marges opérationnelles comparée à l’année dernière. Celles-ci ne devraient commencer à accélérer qu’à partir du second semestre, lorsque les cadences de production du F150 seront au maximum. L’action Ford affichait une hausse de plus de 2 % à l’ouverture à Wall Street.L’Europe reste un point noirL’Europe reste une préoccupation pour le groupe. Malgré une hausse de 7,3 % de ses ventes en 2014, Ford continue d’enregistrer des pertes sur le Vieux Continent, qui se sont élevées à 1,1 milliard.Rien que sur le quatrième trimestre, celles-ci atteignent encore 443 millions de dollars, certes en recul par rapport à 2013 (529 millions).En termes de rentabilité, le constructeur devrait commencer à recueillir les fruits des réductions de capacités de production qu’il a engagées ces derniers mois. Celles-ci ont baissé de 18 %, notamment après la fermeture de l’usine de Genk. Le marché européen de l’automobile retrouve un peu de couleursStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.01.2015 à 15h05 • Mis à jour le29.01.2015 à 16h41 Après les excuses officielles, la porte ! Airbus Defence and Space, filiale du groupe aéronautique européen Airbus, a annoncé jeudi 29 janvier, le départ du directeur de son activité d’avions militaires, Domingo Ureña-Raso, qui sera remplacé par Fernando Alonso.La veille, devant des responsables politiques et militaires britanniques, réunis à Londres, le patron d’Airbus Group, Tom Enders avait présenté ses excuses pour les retards de livraisons de l’avion de transport militaire A400M. Il avait aussi promis d’en tirer les conséquences « en termes de gestion et d’organisation du programme. »« Etant donné la situation critique du programme, un comité de surveillance sera mis en place sous ma direction pour assurer un lien rapproché avec nos clients clés », explique, dans une lettre au personnel, Bernhard Gerwert, patron de la division Airbus Defense & Space.Le programme A400M, qui, outre la France, a été développé avec la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Luxembourg, l’Espagne et la Turquie accumule, depuis des années, les difficultés et les retards. Il faut dire qu’il y a quasiment autant de versions de l’avion, que de clients.« Chaque pays veut son A400M. On peut tout intégrer mais cela demande du temps », explique ainsi la lettre AeroDefenseNews du 29 janvier, citant un familier du programme. Et, au niveau de la production, sur les chaînes d’assemblage, « ça coince » ajoute la publication spécialisée.Lire également : Airbus livre son premier A400M, après quatre ans de retard et d'envolée des coûtsOnze appareils livrésLe groupe a fait savoir, la semaine dernière, qu’il présenterait d’ici à la fin février son planning de livraisons d’A400M pour 2015 avec ses différents pays clients.Le coût du A400M, qui a effectué son premier vol fin 2009, dépasse 20 milliards d’euros. Le programme avait reçu un renflouement de 3,5 milliards d’euros en 2010 de la part de ses sept pays clients.La même année, Tom Enders avait déjà remercié Carlos Suarez, patron de la division de transport militaire, à la suite d’un désaccord sur la conduite du programme.Lors de la publication de ses résultats trimestriels en novembre 2014, le groupe n’avait pas exclu de nouvelles charges en plus des 4,2 milliards d’euros de provisions passées durant la vie du programme.Au total, onze exemplaires de l’A400M ont été livrés à ce jour, dont six à la France. L’objectif est d’augmenter la capacité de production en 2015. celle-ci était de huit avions en 2014. le carnet de commandes est de 163 appareils, auprès de huit pays, dont un seul à l’exportation, la Malaisie. 29.01.2015 à 12h24 • Mis à jour le29.01.2015 à 17h53 L'essentielUn F-16 s'est écrasé lundi au centre de formation de pilotes d'élite de l'OTAN. Onze personnes ont été tuées, dont neuf militaires français, et vingt ont été blessées.Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur les causes de l'accident.L'hommage national aux soldats français tués aura lieu le 3 février. L'avion de chasse grec F-16 qui s'est écrasé lundi 26 janvier sur la base espagnole d'Albacete, faisant onze morts, dont neuf militaires français, a eu une panne au décollage, et les deux pilotes ont tenté de s'éjecter, a rapporté, le ministère de la défense. « Ce qu'on sait, c'est que l'équipage du F-16, assez rapidement, pratiquement après le décollage, a essayé de s'éjecter. Donc cela confirme bien cette panne », a déclaré le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier, sans pouvoir se prononcer sur la nature de la panne. Il s'agit du plus grave accident aérien subi par les troupes de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et par l'armée française dans le cadre d'un entraînement.L'hommage national aux soldats français tués aura lieu à Paris mardi 3 février, à 10 heures, aux Invalides. Un autre hommage leur sera rendu lundi sur la base aérienne 133 de Nancy-Ochey (en Meurthe-et-Moselle), dont la plupart étaient originaires.OUVERTURE D'UNE ENQUÊTE EN FRANCELe parquet de Paris a ouvert une enquête sur les causes de l'accident, car, même si les faits ont eu lieu à l'étranger, l'ouverture d'une enquête en France est une procédure classique lorsque des nationaux figurent parmi les victimes.Des officiers de police judiciaire de la section de recherches de la gendarmerie de l'air et des militaires de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie se sont ainsi rendus sur place, mardi, dans le cadre d'une demande d'entraide pénale internationale transmise aux autorités judiciaires espagnoles. Côté espagnol, une enquête a également été ouverte et confiée à un juge de Valence avec la garde civile. Une commission d'enquête technique est aussi à l'œuvre.NOMBREUSES PERSONNES DÉPLOYÉES AU SOLL'accident s'est produit vers 15 heures lundi, lors d'un entraînement sur la base aérienne de Los Llanos, dans la province d'Albacete, située à environ 250 kilomètres au sud-est de Madrid.Au moment du décollage, le F-16 a perdu de sa puissance et s'est écrasé sur le tarmac, heurtant cinq appareils qui s'y trouvaient, dont deux Alpha Jet et deux Mirage 2000-D, alors que de nombreuses personnes étaient déployées au sol. Les pompiers ont mis une heure à éteindre l'incendie causé par le crash.Lire (édition abonnés) : En Espagne, le plus grave accident aérien de l’OTAN Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Introduit en bourse à Wall Street en fanfare en septembre 2014, le groupe chinois de commerce électronique Alibaba a été publiquement mis en cause, mercredi 28 janvier, dans un rapport de l’administration d’état du commerce et de l’industrie chinoise (SAIC, State Administration of Commerce and Industry) pour la prolifération de faux, de vendeurs non-agréés et de pratiques illégales sur ses plateformes de vente, principalement Taobao et T-mall. Sont notamment concernés les téléphones portables, les sacs à main de marque, ou encore les cigarettes.Ces accusations formulées de manière très explicites, ont fait chuter de 4,36 % mercredi le cours d’Alibaba à New York – et entraîné une riposte particulièrement vive et franche de la part du site phare de la société, Taobao, qui a, à son tour, accusé de « méthodes erronées » l’un des responsables de la SAIC, dans un message publié mercredi.« Des activités commerçantes illégales ont lieu sur les plateformes de vente d’Alibaba, et la société évite depuis longtemps d’y prêter attention et de prendre les mesures nécessaires pour y mettre fin », dit le rapport de l’administration chinoise, qui prévient qu’Alibaba est confronté à « sa plus grosse crise de crédibilité depuis sa fondation. »Selon une enquête parallèle de la SAIC, reprise mardi par les médias chinois, seuls 19 de 51 produits achetés par ses agents sur Taobao étaient « authentiques ». Les concurrents du numéro un chinois du e-commerce sont mieux lotis : 18 des 20 produits commandés sur le site de JD. com, son rival numéro un, sont par exemple des « vrais ».Accusations de dessous de tableLa SAIC a expliqué avoir exposé les conclusions de son rapport à l’encadrement d’Alibaba en juillet 2014, au siège du groupe à Hangzhou, mais s’être gardée de les publier à ce moment-là, « afin de ne pas affecter les préparatifs liés à l’introduction en bourse du groupe ». Plus grave, l’administration prétend que des employés d’Alibaba ont touché des dessous-de-table.C’est peu dire que Taobao a mal digéré les accusations lancées à son encontre : la société a déploré dans un message officiel mercredi les pratiques de la SAIC et a annoncé qu’elle allait se plaindre formellement auprès de l’administration.L’un des responsables de la SAIC est nommément tancé : « nous considérons que les vices de procédures de la part de Liu Hongliang dans la supervision de l’enquête, une application irrationnelle des lois, et des conclusions biaisées obtenues à partir d’une méthodologie erronée ont infligé des dommages graves et irréparables aux activités de Taobao et des autres opérateurs du e-commerce », lit-on dans le message Weibo (Twitter chinois) de Taobao, publié mercredi.Alibaba a plusieurs fois argué de la magnitude de ses opérations pour expliquer qu’il lui était difficile de vérifier tout ce qui s’écoulait sur ses plateformes de commerce électronique.Selon des informations publiées le mois dernier, elle a dépensé l’équivalent de 140 millions d’euros sur deux ans, en 2013 et 2014, pour lutter contre le fléau des contrefaçons sur ses sites. Sa coopération avec les ayant-droit légitimes a permis de démasquer 6 millions de liens menant vers des produits illicites sur les trois premiers trimestres de 2014.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.01.2015 à 18h10 L'étape est importante. Pour la première fois, la Cour pénale internationale (CPI) se déclare compétente pour intervenir sur le fond du dossier israélo-palestinien. Le bureau de la procureure du tribunal de La Haye a en effet annoncé, vendredi 16 janvier, avoir entamé un examen préliminaire sur « la situation » dans les territoires palestiniens.La procureure devra déterminer, sur la base de cet examen, si la situation justifie l'ouverture d'une enquête en bonne et due forme sur les accusations de crimes formulées après le conflit de l'été dernier dans la bande de Gaza. La CPI ne devrait pas envoyer d'enquêteurs sur le terrain, mais se baser sur des rapports de l'Organisation des nations unies (ONU) et d'organisations non-gouvernmentales.Israël a réagi vivement en dénonçant, par la voix de son ministre des affaires étrangères, une « décision scandaleuse dont le seul but est de saper le droit d'Israël à se défendre contre le terrorisme ». Il est peu probable que l'Etat hébreu coopère avec la Cour.CRIMES PRÉSUMÉSLe gouvernement palestinien avait demandé à adhérer au statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, le 2 janvier. Une démarche entérinée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, cinq jours plus tard. Cette adhésion autorise la procureure à ouvrir des enquêtes sur d'éventuels crimes. Au moment de sa demande, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait envoyé à la Cour un document autorisant la procureure à enquêter sur des crimes présumés commis dans « les territoires palestiniens occupés depuis le 13 juin 2014 ».Israël avait déclenché à cette date une vaste campagne d'arrestations en Cisjordanie, qui faisait suite à l'enlèvement dans les territoires de trois jeunes Israéliens, ensuite assassinés. Pendant les trois mois qui ont suivi, plus de 2 000 Palestiniens ont été interpellés en Cisjordanie et à Jérusalem. Le cycle des violences s'est ensuite emballé, notamment dans la Ville sainte, secouée par des affrontements et plusieurs attentats.Moins d'un mois plus tard, Israël entamait sa troisième offensive contre la bande de Gaza en six ans, provoquant la mort de près de 2 200 Palestiniens, en grande majorité des civils. Plus de 70 personnes sont mortes côté israélien, quasi toutes des soldats.ISRAËL RIPOSTEInstallée à La Haye, la CPI est compétente pour poursuivre des auteurs présumés de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis depuis le 1er juillet 2002. Au total, 123 Etats, parmi lesquels ne figure pas Israël, ont à ce jour adhéré au statut de Rome.« Le statut de Rome n'impose aucun délai pour rendre une décision relative à un examen préliminaire », a précisé le bureau de Fatou Bensouda, la procureure. Des examens préliminaires ont pour l'instant été ouverts en Afghanistan, en Colombie, en Géorgie, en Guinée, au Honduras, en Irak, au Nigeria et en Ukraine.Lire nos explications : Pourquoi l'Autorité palestinienne veut rejoindre la Cour pénale internationaleL'adhésion de la Palestine à la CPI est un moyen pour Mahmoud Abbas de mettre Israël sous pression alors que le processus de paix israélo-palestinien est au point mort et que le Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté une résolution sur la fin de l’occupation israélienne.Au lendemain de la demande d'adhésion de l'Autoirité palestinienne à la CPI, Israël avait réagi en gelant le transfert de 106 millions d'euros de taxes collectées pour le compte de l'Autorité palestinienne.Lire aussi (édition abonnés) : Israël met l’Autorité palestinienne sous pression Stéphane Lauer (New York, correspondant) Même Goldman Sachs n’échappe pas à la tendance. La plus prestigieuse des banques d’affaire américaine a annoncé, vendredi 16 janvier, une baisse de 7,1 % de son bénéfice net au quatrième trimestre. Comme JP Morgan, Bank of America ou Citigroup, qui ont également publié cette semaine des résultats en baisse, Goldman Sachs est confronté à un environnement de moins en moins favorable.Même si la banque d’affaires a réalisé un chiffre d’affaires meilleur que ce qu’attendaient les analystes, celui-ci a baissé de 12 % au quatrième trimestre, à 7,69 milliards de dollars pour un bénéfice net de 2,1 milliards, contre 2,33 milliards sur la même période de l’année précédente.Cette chute s’explique par le fait que Goldman Sachs est beaucoup plus dépendante des activités de courtage que ses principales concurrentes. Or cette activité a été très chahutée. « Nous sommes satisfaits de nos performances au cours d’une année caractérisée par des conditions financières et une économie mondiale mitigées », s’est toutefois félicité Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs.L’impact de cet environnement compliqué est notamment visible dans le « fixed income », c’est-à-dire les placements obligataires, les marchés des devises et celui des matières premières. Dans ce domaine la chute du chiffre d’affaires atteint 29 % à 1,22 milliard.Pour Citigroup et Bank of America la baisse a atteint respectivement 16 % et 30 %, tandis que JP Morgan a publié un résultat dans cette activité en chute de 14 % à périmètre comparable.L’une des explications réside dans le parcours erratique qu’ont connu ces métiers au cours de 2014. Dans un premier temps, les marchés ont fait preuve d’un calme inédit avec très peu d’activité et donc très peu d’opportunité de revenus, tandis que la fin de l’année a été secouée par une très forte volatilité, notamment en raison de la chute brutale des cours du pétrole.Recul des bonusLa banque d’investissement n’a pas été non plus épargnée. Pour Goldman Sachs, cette activité a plongé de 16 % par rapport au quatrième trimestre de 2013 à 1,4 milliard. La banque d’affaire a compensé en réduisant ses coûts opérationnels de 14 %. Ceux-ci ont même baissé de 12 % par rapport au dernier trimestre.Les bonus versés au management et aux employés en ont subi les conséquences : leur montant total a baissé de 11 % à un peu moins de 2 milliards. Il s’agit du premier poste de dépenses pour Goldman Sachs, qui, en proportion du chiffre d’affaires est cependant resté étal à 36,8 %.Même si Goldman Sachs est parvenu à limiter les dégâts, les résultats des banques américaines montrent une nette dégradation de leur rentabilité. Sur l’ensemble de 2014, le bénéfice net de Bank of America a plongé de 58 %, celui de Citigroup de 47 %.Outre les mauvaises performances dans le courtage, les deux établissements pâtissent de la faiblesse des taux d’intérêt qui pèse sur la rentabilité de leur activité de prêt.Wells Fargo, la première capitalisation bancaire américaine, moins exposée au courtage, s’en est mieux tirée. Le groupe a dégagé en 2014 un bénéfice net de 23,1 milliards de dollars, en hausse de 5 %.Même si la performance a faibli au quatrième trimestre, le bénéfice net reste en hausse de 2 % à 5,7 milliards de dollars. La rentabilité progresse ainsi pour le 18e trimestre successif, selon la société d’études FactSet.Le nouvel environnement réglementaire pointé du doigtLa rentabilité des banques américaines a été également bousculée par les amendes astronomiques qu’elles ont dû payer pour éviter des poursuites judiciaires. Bank of America a ainsi dû verser plus de 16 milliards aux autorités américaines pour sa responsabilité dans la crise des subprimes.Le bénéfice de Citigroup au quatrième trimestre ne s’est élevé qu’à 350 millions de dollars contre 2,4 milliards sur la même période de l’année précédente après avoir provisionné 3,5 milliards au titre des amendes dont elle fait l’objet et des charges de réduction de coûts.Quant à JP Morgan, la pénalité qui lui a été infligée dans le scandale sur les manipulations des marchés des devises a lourdement pesé sur ses résultats. La banque a accepté en novembre de payer 1 milliard de dollars aux autorités britanniques et américaines.Par ailleurs, le groupe a payé 100 millions supplémentaires dans un accord à l’amiable avec des investisseurs institutionnels. JP Morgan reste sous la menace de poursuites criminelles sur ce dossier.Mercredi, lors d’une conférence avec les analystes, Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan s’est plaint également du nouveau contexte de régulation, qui oblige les banques à réduire leur exposition aux activités les plus spéculatives, qui étaient jusqu’à présent les plus lucratives.« Les banques sont attaquées », a-t-il lancé, ce qui n’a pas empêché JP Morgan de publier un bénéfice net record de 21,8 milliards de dollars. Même sur la défensive, les banques ont visiblement encore de la ressource.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 11h09 • Mis à jour le16.01.2015 à 18h26 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2evdmw"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2evdmw", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Des heurts violents entre policiers et environ 200 manifestants anti-Charlie Hebdo ont fait des blessés, dont un grave, vendredi 16 janvier devant le consulat de France à Karachi, au Pakistan.Le photo-reporter Asif Hassan, qui travaille pour l'Agence France-Presse a été atteint d'une balle dans le poumon, puis transporté d'urgence à l'hôpital, où il a subi avec succès une intervention chirurgicale. « La balle est entrée dans son poumon et est ressortie par sa poitrine. Il est hors de danger dans l'immédiat », a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'hôpital de la métropole pakistanaise. On ne sait pas pour le moment d'où provenait le tir.Selon les médias locaux, la police a effectué des tirs de sommation et utilisé des canons à eau, des gaz lacrymogènes et tiré en l'air pour disperser les manifestants.Pics: Water Canon targeting protesters near French Consulate #Karachi http://t.co/gwfuZhsmuZ— JAAG TV (@JaagAlerts)require(["twitter/widgets"]);Les heurts ont commencé en milieu d'après-midi après la traditionnelle prière du vendredi. Les grands partis islamistes du pays avaient appelé à des manifestations nationales pour dénoncer la publication d'une nouvelle caricature du prophète Mahomet en  « une » du journal satirique français.Après les échauffourées, les manifestants, principalement des étudiants de l'université locale, se sont repliés dans un quartier voisin et refusaient de quitter les lieux. La police a bloqué les rues menant au consulat.La dernière « une » de Charlie HebdoDes manifestations avaient aussi lieu vendredi à Islamabad, Lahore, Peshawar, et Multan où un drapeau tricolore français a été brûlé.Dès mercredi, le premier numéro de Charlie Hebdo depuis qu'une partie de son équipe a été assassinée, le 7 janvier, par deux terroristes islamistes, a fait réagir dans le monde musulman, plusieurs Etats dénonçant une « insulte » à l'égard de l'islam.UNE NOUVELLE CARICATURE « BLASPHÉMATOIRE »Le Pakistan, deuxième pays musulman du monde avec près de 200 millions d'habitants, avait officiellement condamné cette attaque en France qui ne cesse de défrayer la chronique au « pays des purs ».Mais au cours des derniers jours, le ton s'est durci, notamment avec une manifestation à Peshawar – théâtre le mois dernier d'un attentat taliban ayant fait 150 morts – en hommage aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo.Les parlementaires pakistanais ont dénoncé à l'unanimité jeudi la publication d'une nouvelle caricature « blasphématoire » de Mahomet en « une » de Charlie Hebdo sur fond de manifestations contre le journal satirique français, cible d'une attaque islamiste ayant fait 12 morts.« Les médias qui ont publié ces croquis devraient être interdits, toutes les copies devraient être confisquées et brûlées », avait déclaré le ministre fédéral des affaires religieuses, Sardar Yousaf.« Les pays occidentaux et leur société civile devraient identifier ces éléments qui fomentent une conspiration au nom de la liberté de la presse... et veulent créer un choc des civilisations » en « jouant sur les sentiments des musulmans », avait renchéri le ministre des transports, Saad Rafique.En 2012, le Pakistan avait connu des manifestations sanglantes dans la foulée de la publication de caricatures de Mahomet et surtout de la diffusion du film américain amateur L'Innocence des musulmans, grossier brûlot anti-islam. Les autorités avaient, à cette occasion, bloqué l'accès au site de partage de vidéos YouTube sans jamais le rétablir. 16.01.2015 à 10h08 • Mis à jour le16.01.2015 à 15h57 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a rendu public, vendredi 16 janvier, l’intégralité de sa décision justifiant l’ouverture d’une enquête pour aide d’Etat concernant le groupe américain Amazon et ses pratiques fiscales au Luxembourg, qui avait été annoncé en octobre 2014.Bruxelles estime que les autorités luxembourgeoises « octroient un avantage à Amazon » à travers certaines pratiques fiscales, et que cela « constitue une aide d’Etat » illégale.La publication du détail des accusations de la Commission à l’encontre d’Amazon, et du Luxembourg, intervient après les révélations « LuxLeaks », début novembre 2014, un travail journalistique de grande ampleur, qui a mis à jour, au Luxembourg, un système d’évasion fiscale de grande envergure au profit des multinationales.LuxLeaks : L’évasion fiscale, un sport national pour les géants américainsPourquoi ne dévoiler le contenu des griefs que maintenant ?La décision d’ouverture d’enquête à l’encontre d’Amazon avait été rendue publique le 7 octobre 2014, mais les détails justifiant cette démarche n’avaient pas été divulgués, pour laisser aux parties concernées le temps d’en extraire ce qu’elles jugent relever du secret des affaires.La Commission s’était déjà prêtée à ce genre d’exercice (publier l’intégralité de sa décision d’ouverture d’enquête), fin 2014, à propos des pratiques fiscales de Starbucks aux Pays-Bas et d’Apple en Irlande.Les informations publiées vendredi (25 pages au total), n’apportent pas de données nouvelles concernant l’avancée de l’enquête de Bruxelles. La commissaire en charge de la concurrence, Margrethe Vestager s’est engagée à communiquer sur ce sujet avant la fin du premier trimestre 2015.Quelles sont les pratiques fiscales visées ? Ce qui est visé par l’enquête de Bruxelles c’est le système du « rescrit fiscal » (ou « tax ruling ») : celui-ci permet à une entreprise de demander à l’avance comment sa situation fiscale sera traitée dans un pays, et est utilisé par les multinationales pour faire de l’optimisation en répartissant profits et coûts entre leurs filiales dans différents pays.Amazon et le Luxembourg sont-ils les seuls visés par la Commission ?Non. La Commission a demandé des renseignements sur cette pratique du rescrit fiscal en juin 2014 à six pays : Chypre, l’Irlande, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.Elle a ouvert à ce jour quatre enquêtes sur des « tax rulings » qu’elle soupçonne de constituer des aides d’Etat illégales : deux d’entre elles visent le Luxembourg, pour des accords avec le Amazon et le groupe automobile italien Fiat. Les deux autres concernent l’Irlande avec Apple et les Pays-Bas avec Starbucks.Que montrent les 25 pages publiées par la Commission ?Le document publié vendredi éclaire sur les pratiques fiscales d’Amazon en Europe, particulièrement dans le Grand-Duché.La Commission explique soupçonner le fisc luxembourgeois d’avoir pris, au bénéfice du géant américain de la vente en ligne, une décision fiscale anticipative, le 6 novembre 2003, qui validerait des prix de transfert contestables entre les filiales luxembourgeoises d’Amazon et la maison mère.Les prix de transfert désignent les prix facturés pour des opérations commerciales entre diverses parties d’un même groupe d’entreprises, prix fixés pour l’usage de droits de propriété intellectuelle, pour la vente de produits et services, etc...Ces prix de transfert doivent être évalués conformément aux conditions du marché, c’est-à-dire, au prix auquel ces biens et services seraient facturés si une entité d’un groupe devait les acquérir sur le marché au lieu de le faire à l’intérieur du groupe.Une évaluation erronée des prix de transfert peut conduire à la diminution de la base fiscale d’une entreprise sur un territoire, donc à la minimisation de son bénéfice imposable.La Commission se penche notamment sur la structure d’Amazon au Luxembourg. Le groupe y a regroupé quasiment toutes ses activités en Europe.Ce que reproche la Commission c'est l'accord sur le prix de transfert entre deux entités luxembourgeoises, Lux SCS et Lux Eu SARL.Amazon Eu SARL « joue le rôle de siège principal d’Amazon pour l’Europe et est le principal opérateur des services de commerce de détail et des services aux entreprises offerts par l’intermédiaire des sites web européens d’Amazon », indique le document de Bruxelles publié vendredi. En outre, elle assume des fonctions de gestion de trésorerie et détient (directement ou indirectement) les autres filiales européennes d’Amazon qui assurent la commercialisation, le marketing et les fonctions de support. »Cette filiale a déclaré un chiffre d’affaires de 13,6 milliards d’euros. Cette société Amazon EU SARL joue le rôle de société mère pour d’autres filiales luxembourgeoises. Amazon emploie environ 1 000 salariés au Luxembourg, dont des postes de direction stratégique gérant l’ensemble des activités européennes d’Amazon.Lux SCS est une entité « fiscalement transparente » selon le rapport de Bruxelles, qui possède 100 % du capital de Lux EU SARL, qui, elle, est la société qui est censée payer des impôts au LuxembourgLux SCS licencie des droits de propriété intellectuels à Lux EU SARL, selon un prix de transfert, qui a été approuvé par le fisc luxembourgeois en 2003, et que Bruxelles soupçonne de ne pas être conforme au prix du marché : il aurait été surévalué pour minimiser la base imposable de Lux Eu SARL.Que répondent les « accusés » ?Les autorités luxembourgeoises ont immédiatement réagi à la publication de ces documents en assurant dans un communiqué que « le Luxembourg est confiant que les allégations d’aide d’État dans cette affaire sont sans mérite ».Le Luxembourg se dit assuré « qu’il sera à même de convaincre la Commission de la légitimité de la décision anticipative en cause et qu’aucun avantage sélectif n’a été accordé ».Où en sont les projets de la Commission pour plus de transparence fiscale ?Consciente de l’impact délétère sur les opinions publiques des révélations LuxLeaks, la Commission européenne, et son président, Jean-Claude Juncker, qui a été premier ministre du Luxembourg pendant près de 19 ans, ont pris à plusieurs reprises l’engagement, fin 2014, de faire de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale en Europe une de leurs priorités.Lire aussi : Les Européens avancent dans la lutte contre l’optimisation fiscaleLe commissaire à l’économie et à la fiscalité, Pierre Moscovici doit présenter, d’ici à la fin du premier trimestre 2015, une directive sur l’échange automatique et obligatoire des accords fiscaux préalables.Mais la pression sur la Commission européenne pour agir contre l’évasion et la fraude fiscale va croissante. Au Parlement européen, une commission d’enquête est sur le point d’être formée, à l’initiative des Verts, qui aura des pouvoirs étendus.LuxLeaks : le Parlement européen veut mettre en place une commission d’enquêteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 09h34 • Mis à jour le16.01.2015 à 10h29 Une dizaine de perquisitions dans les milieux islamistes ont été effectuées, vendredi 16 janvier, à Berlin. L'opération menée sans incident par « 250 fonctionnaires de la police, parmi lesquels trois commandos d'intervention spéciale » a donné lieu à « des perquisitions dans 11 lieux de la mouvance islamiste berlinoise » et à l'arrestation d'un « ressortissant turc de 41 ans » désigné sous le nom d'Ismet D., a précisé la police.Elle a cependant indiqué n'avoir pas d'indice permettant d'affirmer que les personnes visées préparaient « des attentats en Allemagne ». Une autre personne, dont l'identité n'est pas révélée, a été arrêtée.Ces opérations ont été menées peu de temps après l'intervention de la brigade antiterroriste belge contre un groupe islamiste à Verviers, qui s'est soldée par la mort de deux djihadistes, jeudi après-midi.Lire : Belgique : deux djihadistes présumés tués lors d'une opération antiterroristeElles font suite à plusieurs mois d'enquête visant cinq ressortissants turcs âgés de 31 à 44 ans soupçonnés de « préparer un acte de violence grave contre l'Etat en Syrie » et de blanchiment d'argent, a précisé la police allemande.Heute früh haben wir in der Berliner Islamistenszene elf Objekte durchsucht und zwei Haftbefehle vollstreckt.http://t.co/BC48J8sMm3— Polizei Berlin (@polizeiberlin)require(["twitter/widgets"]);Interpellé vendredi matin, Ismet D. est soupçonné de diriger « un groupe d'extrémistes islamistes comprenant des ressortissants turcs ou russes d'origine tchétchène ou daghestanaise ». Les autorités estiment que ce groupe envisageait un « acte violent grave en Syrie », sans plus de précision, et qu'Ismet D. préparait puis soutenait matériellement et financièrement les aspirants djihadistes. « Il n'existe pas d'indice montrant que le groupe préparait des attentats en Allemagne », précise la police.La chancelière allemande Angela Merkel a promis, jeudi, de combattre les idéologues du terrorisme « avec tous les moyens de l'Etat de droit », en rendant hommage devant les députés du Bundestag aux victimes des attentats perpétrés la semaine dernière en France au nom du djihadisme. 16.01.2015 à 09h17 • Mis à jour le16.01.2015 à 13h15 Les autorités chinoises ont comptabilisé l'an dernier 104 000 nouveaux cas de VIH et sida, soit une hausse de plus de 14 % qui illustre la progression des infections dans certaines régions, rapporte l'agence Chine nouvelle.Même si la prévalence nationale reste faible, les relations sexuelles sont devenues le principal vecteur de transmission du virus, et donc le principal sujet d'inquiétude, a expliqué Wang Guoqiang, vice-directeur de la Commission nationale de la santé et du planning familial.Les infections au VIH sont notamment en hausse chez les personnes âgées et les étudiants, a détaillé ce responsable. Les contaminations de la mère à l'enfant, ou par échange de seringues, restent en revanche limitées dans le pays le plus peuplé du monde.Le mois dernier l'Organisation mondiale de la santé avait demandé à Pékin de mieux agir contre le sida, la Chine comptant officiellement un demi-million de personnes porteuses du VIH, des centaines de milliers d'autres étant vraisemblablement contaminées sans le savoir.DISCRIMINATIONDe nombreux préjugés et discriminations contre les séropositifs persistent en Chine, malgré des progrès ces dernières années. Le nombre d'un demi-million de séropositifs est jugé par de nombreux experts largement sous-évalué, dans un pays de plus de 1,3 milliard d'habitants.Des villageois de Shufangya, dans la province du Sichuan, ont signé une pétition exigeant l'expulsion de Kunkun, un enfant, qui a contracté le virus auprès de sa mère à sa naissance en 2006. Même son grand-père, qui en a la garde après la disparition de ses deux parents, a demandé son départ. Révélée à la fin de décembre, cette histoire a provoqué une vive émotion en Chine, avec une vague de commentaires désapprobateurs sur Internet, ce qui a finalement amené les plus hautes autorités à réagir. Le ministère de la santé chinois s'est engagé à fournir des soins médicaux, et les autorités ont promis que le garçon bénéficierait d'une éducation, alors que les écoles des environs l'avaient banni. 03.01.2015 à 13h20 • Mis à jour le03.01.2015 à 14h00 Quarante jeunes hommes ont été enlevés dans le nord-est du Nigeria le soir du Nouvel An par des membres présumés de Boko Haram, pour en faire des combattants, selon des habitants de l'Etat de Borno.Des dizaines d'insurgés ont mené un raid contre le village de Malari, à 20 kilomètres de la forêt de Sambisa, réputée comme une des caches principales de Boko Haram. Quarante garçons et jeunes hommes âgés de 10 à 23 ans ont été enlevés et emmenés dans la forêt, selon les habitants du village qui ont pris la fuite.Lire l'enquête : Boko Haram : les monstres de MaiduguriLa nouvelle de cet enlèvement n'a été connue que dans la nuit de vendredi, quand des habitants ont réussi à atteindre Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno. Les télécommunications ont été rendues très difficiles dans cette région qui est le théâtre d'attaques quasi quotidiennes, avec la destruction progressive des antennes et poteaux téléphoniques par les insurgés islamistes.« ILS SONT ARRIVÉS ARMÉS À BORD DE PICK-UP »« Ils sont arrivés armés à bord de pick-up et ont rassemblé tous les hommes devant la maison du chef du village. Ils nous ont tenu des discours religieux avant de choisir 40 de nos garçons et de les emmener », a déclaré un des habitants du village, Bulama Muhammad.Boko Haram détient toujours plus de 200 jeunes filles kidnappées en avril dans leur lycée de Chibok, dans l'Etat de Borno. Depuis cet événement qui a marqué les esprits, le groupe islamiste continue d'enlever régulièrement des dizaines d'enfants, de femmes et d'hommes, qui exécutent les tâches de la vie quotidiennes dans les camps du groupe, ou montent en première ligne.Lire aussi l'enquête : L'enfer des 200 lycéennes enlevées au Nigeria 03.01.2015 à 04h21 • Mis à jour le03.01.2015 à 13h58 Les secours indonésiens ont annoncé samedi 3 janvier avoir localisé quatre objets de grande dimension dans la zone de recherches du vol QZ8501 de la compagnie Air Asia. Ces derniers, qui gisent par 30 mètres de fond en mer de Java, ont été découverts à côté d'une traînée de carburant, a précisé le chef de l'Agence indonésienne de recherches et de secours, Fransiskus Bambang Soelistyo. « Je peux vous assurer que ce sont des parties de l'avion d'Air Asia que nous recherchons. »« Au moment où je parle, nous faisons descendre un ROV [véhicule sous-marin contrôlé à distance] pour avoir une image réelle des objets au fond de la mer », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse dans la matinée de samedi.La veille, les investigations s'étaient centrées sur une zone de 1 575 milles marins carrés avec la participation de 29 bateaux et 17 avions. Trente corps ont déjà été repêchés, tandis que les recherches se poursuivaient samedi pour retrouver d'autres victimes, mais aussi les boîtes noires, cruciales pour l'enquête.Au septième jour des opérations de grande ampleur entreprises par l'Indonésie avec l'aide d'autres pays, parmi lesquels la France, il s'agit de la découverte la plus probante, de nombreux débris ayant déjà été récupérés.COULOIR AÉRIEN NON AUTORISÉ L'avion s'est abîmé en mer dimanche dernier avec 162 personnes à son bord, alors qu'il devait effectuer la liaison entre Surabaya, en Indonésie, et Singapour. Il avait dû faire face à de très mauvaises conditions météorologiques. Le pilote avait demandé à prendre de l'altitude pour éviter des orages menaçants, mais n'avait pas obtenu immédiatement l'autorisation en raison de l'important trafic aérien. L'appareil avait disparu des écrans radars peu de temps après.Lire aussi : Ce que l'on sait de l'avion d'AirAsia qui a disparuUn porte-parole du ministère indonésien des transports, J. A. Barata, a d'ailleurs indiqué dans un communiqué qu'Air Asia n'avait pas l'autorisation d'emprunter le couloir Surabaya-Singapour le dimanche, et qu'elle n'avait pas demandé à changer son plan de vol.« L'avion a enfreint le permis de vol donné, le créneau horaire donné, et c'est un problème », a souligné le directeur général du transport aérien, Djoko Murjatmodjo. Le ministre des transports indonésien a annoncé l'ouverture d'une enquête sur tous les horaires des vols de la compagnie. En attendant, celle-ci n'est plus autorisée à utiliser cette voie. 02.01.2015 à 19h43 • Mis à jour le02.01.2015 à 19h51 Le ferry Norman Atlantic, dont l'incendie a fait au moins 13 morts et un nombre indéterminé de « disparus », est amarré dans le port de Brindisi, dans le sud est du pays, où sa « boîte noire » a été récupérée.Le procureur de Bari, Giuseppe Volpe, chargé de l'enquête en Italie, a ordonné le retour du ferry dans le pays pour pouvoir poursuivre les recherches d'éventuels corps de passagers clandestins ou de passagers qui dormaient dans leurs cabines lorsque le feu s'est déclaré à bord dimanche.Selon les autorités italiennes le nombre total des rescapés s'élève à 477 personnes et cette liste a été adressée aux autorités grecques, qui enquêtent également sur les circonstances du drame, afin de vérifier le bilan.Lire le décryptage : Les multiples anomalies apparues après l'incendie du ferry « Norman Atlantic »Ettore Cardinali, le magistrat qui mène l'enquête sous la direction de M. Volpe, a effectué dans l'après-midi une première inspection rapide du ferry. « Pour le moment il n'est pas possible d'entrer dans le garage du ferry pour des raisons de sécurité car cela présenterait des risques pour tous », a expliqué M. Cardinali à la presse en descendant du Norman Atlantic.INCERTITUDE SUR LE NOMBRE DE VICTIMESLe magistrat, détaché par le parquet de Bari, a précisé qu'il se rendra samedi et dans les prochains jours de nouveau à Brindisi pour la poursuite de l'enquête. En attendant la fouille détaillée, le mystère reste entier sur le nombre exact de victimes de l'incendie, le manifeste de bord s'étant révélé faux. En outre, la présence de clandestins à bord a été « établie » par les enquêteurs. Trois d'entre eux ont en effet été identifiés– deux Afghans et un Syrien ayant demandé l'asile politique – mais il y en avait sans doute bien davantage cachés dans les nombreux camions transportés par le Norman Atlantic, avait expliqué le procureur de Bari. Or, l'incendie s'est déclenché au niveau des ponts inférieurs, là où étaient garés ces camions.  Au total, près de 500 personnes ont pu se trouver à bord du Norman Atlantic, a estimé le procureur Volpe. Lire aussi le témoignage des rescapés : « Le feu venait de partout »lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2dm9nh"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2dm9nh", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 02.01.2015 à 17h03 Des organisations non gouvernementales du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, ont demandé aux autorités congolaises, vendredi 2 janvier, de débloquer les comptes de l'hôpital de Panzi, spécialisé depuis une quinzaine d'années dans la prise en charge de femmes victimes de violences sexuelles.Depuis le 31 octobre, l'établissement public, plusieurs fois primé pour son travail auprès de femmes violées, a vu ses comptes saisis par le « pouvoir », un procédé que la direction juge « discriminatoire ». « Il y a une urgence à agir, dans l'intérêt des malades », a souligné dans un communiqué le docteur Denis Mukwege, médecin directeur de l'hôpital, qui a reçu en novembre le prix Sakharov du Parlement européen pour son travail. Jeudi, M. Mukwege avait déjà qualifié de « harcèlement » fiscal et d'« injustice » la saisie des comptes de son hôpital par les autorités.Lire aussi notre portrait (édition abonnés) : Viols en RDC : la croisade du docteur Mukwege« IMPACT MAJEUR SUR LE FONCTIONNEMENT DE L'HÔPITAL »Le blocage des comptes bancaires « a un impact majeur sur le fonctionnement de l'hôpital et la prise en charge des malades », souligne le médecin dans son communiqué, ajoutant que « les cinq cents agents employés par l'hôpital n'ont pas reçu leur salaire » du mois de décembre à cause de cette décision. Mercredi, à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, le personnel de l'hôpital avait manifesté devant la direction générale des impôts. En recevant le prix Sakharov pour son combat en faveur des femmes victimes de viols, M. Mukwege avait appelé ses compatriotes à « soigner » la RDC, engluée dans la violence. Il avait à la même occasion dénoncé « l'insécurité et la mauvaise gouvernance », qui sont, selon lui, à la base de « l'extrême pauvreté » qui gangrène cette partie de la RDC pourtant riche en minerais.Lire aussi notre reportage : Dans l'est du Congo, les viols comme armes de guerre 02.01.2015 à 16h03 Plongée dans le chaos, la Libye n'en finit pas d'inquiéter ses voisins. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a jugé « indispensable », vendredi 2 janvier, une intervention internationale dans le pays, en proie aux violences. Voir notre portfolio : En Libye, les terminaux pétroliers partent en fumée« Une issue n'est pas possible sans intervention internationale en Libye (...) [Elle] est indispensable à la réconciliation de tous les Libyens, y compris kadhafistes », a-t-il déclaré à la presse, à l'issue d'un entretien avec le ministre de la défense français, Jean-Yves Le Drian, en tournée dans la région.« Je ne vois pas comment les milices terroristes qui sont armées vont créer les conditions de la réconciliation entre Libyens. Je ne vois pas comment elles peuvent créer les conditions de l'organisation d'élections libres et transparentes en Libye. »Lire aussi : En Libye, « les combats ont augmenté et les violations persistent »« TOUS LES PAYS SONT CONSCIENTS DE CE QUI SE PASSE »Lors d'un forum sur la sécurité en décembre à Dakar, le Mali, le Tchad et le Sénégal avaient déjà demandé à la communauté internationale d'intervenir militairement pour mettre fin au chaos en Libye, où deux gouvernements luttent pour le contrôle du pouvoir.« Tous les pays sont conscients que ce qui se passe en Libye est inacceptable (...), pour une fois il faut qu'on nous écoute, pour une fois il faut qu'on nous entende », a encore dit le président nigérien, pour qui les pays de la région « paient les frais » de l'intervention militaire internationale de 2011 qui a mis fin au régime de Mouammar Khadafi.Lire l'analyse (édition abonnés) : La Libye au bord de la « guerre totale ».La France, qui écarte pour l'heure l'option militaire en Libye, a installé une base militaire temporaire à Madama, dans le nord-est du Niger, à proximité de la frontière libyenne.Jean-Yves Le Drian, qui effectue une tournée au Tchad, au Niger et au Mali, a déclaré mercredi que la communauté internationale commettrait une erreur si elle laissait un « sanctuaire terroriste » se développer en Libye, où de nombreux combattants islamistes ont trouvé refuge après l'intervention française au Mali. 07.01.2015 à 13h29 • Mis à jour le07.01.2015 à 17h09 La Pologne a reçu une demande d'extradition du cinéaste franco-polonais Roman Polanski vers les Etats-Unis, où court toujours une plainte pour agression sexuelle déposée contre lui en 1977, rapporte l'agence de presse polonaise PAP, qui rapporte des propos du bureau du procureur général. Le cinéaste, né en Pologne et qui vit en France, se trouve actuellement à Cracovie où il prévoit de tourner un film. L'affaire ressurgit régulièrement. En octobre, les autorités américaines avaient demandé ainsi en vain son interpellation alors qu'il se trouvait en Pologne.Le 24 décembre, un juge de Los Angeles a rejeté une motion déposée par les avocats de Roman Polanski pour classer la plainte pour agression sexuelle déposée contre le réalisateur. Les défenseurs du cinéaste de 81 ans font valoir depuis des années que Roman Polanski a été dans cette affaire la victime d'une faute professionnelle de la part de la justice et du procureur de l'époque. Mais, dans ce jugement, le juge de la Cour supérieure de Los Angeles James Brandlin a déclaré que Roman Polanski devait, s'il veut régler le dossier, revenir aux Etats-Unis, où un mandat d'arrestation à son encontre est toujours en vigueur. Accusé d'avoir eu un rapport sexuel avec une adolescente de 13 ans, Samantha Geimer, Roman Polanski avait plaidé coupable en 1977. Il avait passé 42 jours en prison puis avait été libéré sous caution. En 1978, il avait fui les Etats-Unis avant l'audience qui devait fixer sa peine, craignant que le juge ne lui inflige une peine plus lourde.En 2009, il a été arrêté à Zurich en vertu du mandat d'arrêt lancé contre lui plus de 30 ans auparavant et placé en résidence surveillée. Il a recouvré la liberté en 2010, les autorités suisses ayant décidé de ne pas l'extrader vers les Etats-Unis.L'an dernier, Samantha Geimer a écrit un livre avec son avocat, sur la soirée du 10 mars 1977 où, selon elle, Polanski lui avait fait boire du champagne et lui avait donné un somnifère avant de lui imposer des relations sexuelles dans la maison de Jack Nicholson. Désormais âgée de 51 ans, elle avait ajouté qu'elle avait pardonné à Polanski, réalisateur notamment de Rosemary's Baby, Chinatown, Le Locataire ou encore Tess.Lire aussi : La justice américaine refuse d'abandonner les poursuites contre Roman Polanski 07.01.2015 à 11h41 • Mis à jour le07.01.2015 à 12h03 | Marie Charrel Sale journée pour Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). En décembre 2014, l’inflation dans la zone euro est tombée à -0,2 %, après 0,3 % en novembre, selon les chiffres publiés mercredi 7 janvier par Eurostat. C’est la première fois que les prix reculent depuis octobre 2009, lorsque l’union monétaire s’enfonçait dans une sévère récession (-4,5 %).En cause ? Principalement la chute du pétrole. Les prix de l’énergie ont en effet reculé de 6,3 % en décembre, après 2,6 % en novembre. En revanche, les prix sont restés stables dans l’alimentaire et les biens industriels hors énergie.Faut-il s’inquiéter de cette baisse des prix ? Non, à condition que cela ne dure pas. Voici pourquoi.1. L’inflation négative n’est pas la déflationPrécision importante : ce recul des prix correspond aujourd’hui à une inflation négative et non à de la déflation. La nuance est de taille. En effet, la première est temporaire et plutôt positive. Comme la baisse des cours du pétrole, elle profite au pouvoir d’achat des Européens et donc, à la consommation des ménages, qui reste l’un des piliers de la croissance européenne.La déflation, elle, se définit par un recul généralisé, durable et auto-entretenu des prix. C’est beaucoup plus grave, car elle est le symptôme d’une économie à l’arrêt. Quand les prix reculent, les consommateurs reportent leurs dépenses dans l’espoir d’acheter moins cher plus tard. Du coup, les entreprises n’arrivent pas à écouler leurs stocks. Elles cessent d’investir et embaucher, voire licencient. Ce qui pèse sur la consommation des ménages, et donc la croissance… Un cercle vicieux particulièrement dur à briser.Pour l’instant, la zone euro n’est donc pas en déflation. Elle n’y entrera que si l’inflation négative se prolonge sur de longs mois, et que les agents économiques commencent à anticiper que les prix continueront de baisser.Dans tous les cas, la BCE se retrouve dans une situation particulièrement inconfortable. Car même si cette baisse des prix ne devrait pas durer, l’inflation est aujourd’hui si éloignée de la cible de 2 % fixée par son mandat que l’institution ne peut pas rester sans rien faire.2. Les marchés attendent de nouvelles mesures de la BCE Depuis plusieurs mois, nombre d’économistes, dont ceux du Fonds monétaire international (FMI), appellent l’institution à se lancer dans l’assouplissement quantitatif (quantitative easing en anglais, ou QE). Cette politique, déjà mise en œuvre aux États-Unis ou au Royaume-Uni, consisterait pour la banque centrale à racheter des obligations souveraines ou d’entreprises.S’y lancera-t-elle dès sa réunion du 22 janvier, qui s’annonce cruciale ? Les marchés, eux, prennent le pari. « Tout le monde attend qu’elle annonce de nouvelles mesures, et elle risque de décevoir beaucoup si elle ne fait rien », analyse Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.De fait, plusieurs rumeurs circulent dans la presse ces derniers jours. Selon le quotidien néerlandais Het Financieele Dagblad du 6 janvier, citant des sources anonymes, la BCE étudierait trois modalités de QE. La première consisterait à racheter des obligations souveraines en proportion de la participation de chaque États membres dans le capital de la banque centrale. La seconde serait de racheter uniquement la dette publique des États notée triple A, comme celle de l’Allemagne. Cela ferait encore baisser les taux de celle-ci, ce qui la rendrait moins attractive pour les investisseurs, qui pourraient alors se tourner vers les dettes souveraines plus risquées ou vers les obligations d’entreprises.La troisième option serait que les banques centrales nationales, comme la Banque de France, rachètent elle-même la dette de leurs États respectifs, ce qui éviterait de mutualiser les risques au niveau de l’Eurosystème.3. Dans tous les cas, le « QE » ne fera pas de miracleQuelle que soit l’option choisie, une chose est sûre : le QE assurerait des coûts de financement bas aux États, pendant longtemps. Mais il ne ferait pas de miracle sur la croissance. « Le QE est le mauvais remède pour la zone euro », explique ainsi Michael Heise, chef économiste d’Allianz SE, dans une tribune au Financial Times du 7 janvier. Et ce, car ils ne règlent en rien les problèmes structurels de la zone euro. Ainsi, les entreprises européennes, toujours en train de se désendetter, ont peu d’appétit pour l’investissement. Et la consommation reste plombée par le taux de chômage élevé (11,5 %).Pour relancer la croissance européenne, la BCE ne peut pas être la seule à agirPour relancer la croissance européenne, la BCE ne peut pas être la seule à agir. M. Draghi lui-même ne dit pas autre chose. Depuis août dernier, il répète à chaque occasion que les États doivent eux aussi se retrousser les manches pour sortir l’Europe de l’ornière : en mettant en œuvre les réformes susceptibles d’augmenter la croissance, en coordonnant mieux leurs politiques budgétaires et surtout, en renforçant les institutions de la zone euro. « Pour compléter l’union monétaire, nous devrons approfondir l’union politique », a ainsi écrit l’Italien dans une tribune sur le site Project Syndicate, publiée le 2 janvier.Certes, depuis 2010, les États membres ont bâti l’union bancaire, et ont mis en place le Mécanisme européen de stabilité (MES), deux pare-feux qui contribueront à limiter les contagions entre pays en cas de crise. Mais la grande crainte de M. Draghi est que les gouvernements s’arrêtent là. Et que cela ne suffise pas à éviter de nouveaux chocs…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.01.2015 à 10h12 • Mis à jour le07.01.2015 à 12h13 | Claire Guélaud Voilà une nouvelle qui n’est pas franchement une surprise mais qui pourrait contrarier les plans de communication de l’Elysée : alors que le président de la République a placé ses vœux 2015 sous le signe de l’optimisme et de l’audace, les premières estimations de la Commission européenne sur les produits intérieurs bruts (PIB) britannique et français en 2014 montrent que le Royaume-Uni a détrôné la France comme cinquième puissance économique mondiale.Manifestement François Hollande n’en avait pas été averti lorsqu’il a déclaré, le 31 décembre 2014 : « La France, c’est un grand pays ; elle est la cinquième puissance économique du monde. »Dynamisme, inflation et revalorisationCette première estimation, dénichée par Le Figaro sur le site Internet de la Commission européenne, devrait être confirmée dans les prochaines semaines. D’une certaine manière, elle résume, à elle seule, les atouts de l’économie britannique et les faiblesses françaises.Jusqu’en 2013, la France avait réussi à tenir son rang dans le club des dix premières puissances mondiales. Malgré ses difficultés persistantes (croissance nulle ou faible et chômage élevé, déficits jumeaux, dégradation de la compétitivité de son économie, effondrement des taux de marge des entreprises…), elle continuait d’occuper la cinquième place derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne mais devant le Royaume-Uni.En 2014, elle a été reléguée en 6e position. Le dynamisme de l’économie britannique, qui a connu une croissance en volume de 3 % contre 0,4 % en France, le niveau plus élevé de l’inflation outre-Manche (1,5 % contre 0,4 %) et la revalorisation de la livre sterling par rapport à l’euro expliquent pour l’essentiel cette évolution.Renversement de tendanceLe PIB est l’ensemble des richesses créées annuellement dans un pays ou, comme préfère le dire l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la somme des valeurs ajoutées de ce pays. En 2013, mesuré en valeur absolue et non en parité de pouvoir d’achat (PPA), le PIB s’est élevé à 2 114 milliards d’euros en France contre 2 017 milliards au Royaume-Uni. Soit une différence de 97 milliards d’euros à l’avantage de Paris.Un an plus tard, la situation s’est inversée : à la faveur d’une reprise qui a surpris les observateurs par sa vigueur, le Royaume-Uni est passé en tête. Son PIB en 2014 s’élèverait à 2 232 milliards d’euros, soit 98 milliards de plus que le PIB français (2 134 milliards). Ce renversement de tendance tient d’abord à l’inégalité des taux de croissance des deux économies. La reprise a été particulièrement dynamique outre-Manche : le PIB a progressé de 3 % en 2014 à la faveur, analyse Philippe Waechter, directeur des études de Natixis Asset Management, du dynamisme de la demande intérieure.Ce qui a porté cette dernière ? « Une politique budgétaire pas très restrictive, qui a soutenu la demande intérieure ; la politique de Quantitative Easing conduite par la Banque d’Angleterre, qui a permis de redistribuer du crédit aux ménages dès le début 2013 ; un marché du travail flexible qui a rendu possibles des créations nettes d’emploi. Mêmes précaires, celles-ci ont contribué à soutenir la demande des ménages et la consommation », résume l’économiste.On pourrait y ajouter la qualité du climat des affaires – les enquêtes de conjoncture restent à un niveau élevé – et les effets richesse liés à l’état du marché immobilier. Autant de points positifs qui ont permis à l’économie britannique de repartir, alors même qu’elle continue de souffrir, elle aussi, de la baisse de sa productivité.Panorama conjoncturel sombreLe panorama conjoncturel français de 2014 était, on le sait, bien plus sombre : une croissance obstinément atone et ce pour la troisième année de suite ; des déficits public et commercial marqués ; un chômage à deux chiffres qui continue d’augmenter et qui pèse sur la consommation des ménages – l’épargne de précaution reste d’ailleurs importante – ; des entreprises qui, malgré les premiers effets du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), rencontrent toujours de sérieuses difficultés financières. A quoi s’ajoute une forme de pessimisme généralisée qui n’aide pas l’économie à redémarrer.D’après Le Figaro, les différences de taux de croissance portent sur une soixantaine de milliards d’euros. La plus forte inflation outre-Manche (+ 1,5 %, contre 0,4 % en France) expliquerait un écart de PIB en faveur de Londres de l’ordre de 30 à 40 milliards. La forte revalorisation de la livre sterling par rapport à un euro en baisse ferait l’essentiel du reste.En revanche, le fait que les comptables nationaux britanniques aient accepté en 2013, contrairement à leurs homologues français, d’intégrer les activités liées à la prostitution et à la drogue dans la mesure de leur PIB aurait eu des conséquences marginales. On ne leur doit pas, en tout cas, la relégation française.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) C’est le grain de sable qui vient gripper la mécanique bien huilée de l’agenda économique du premier ministre Indien, Narendra Modi. Des centaines de milliers de mineurs ont entamé, mardi 6 janvier, une grève de cinq jours pour protester contre la libéralisation du secteur du charbon. Selon Gurudas Dasgupta, secrétaire général du syndicat All India Trade Union Congress, cette grève serait la plus suivie en Inde depuis 1977.Quelques mois après avoir promis de l’électricité sans coupure aux Indiens, le premier ministre indien risque de les plonger dans le noir.- 60 % des mines de charbon sont à l’arrêt- À partir de samedi, des centrales thermiques pourraient connaître des pénuries de charbon- Au 1er janvier, les centrales à charbon indiennes ne disposaient que de neuf jours de réserve, et 20 d’entre elles n’en possédaient suffisamment que pour fonctionner quatre jours.Libéralisation et privatisations irritent les syndicatsEn Inde, c’est, jusqu’à présent, l’entreprise publique Coal India, premier producteur au monde de charbon (près de 370 000 mineurs), qui possédait un quasi-monopole sur l’extraction et la production de ce minerai, depuis la nationalisation du secteur en 1972.Une loi, passée par le gouvernement le 12 décembre 2014 à la chambre basse du Parlement, prévoit d’ouvrir le secteur de l’exploitation et de la production à toutes les entreprises. Pour rentrer en application, cette loi doit encore obtenir l’aval de la chambre haute du Parlement.Les syndicats redoutent également la cession de parts de l’entreprise publique depuis que le gouvernement a engagé un plan de privatisations afin de réduire son déficit budgétaire.L’Inde très dépendante du charbonPlus qu’ailleurs, le charbon est essentiel au bon fonctionnement de l’économie du pays, puisqu’il fournit plus de la moitié de ses besoins en énergie primaire contre une moyenne de 29 % ailleurs dans le monde.Cette grève renforce les difficultés rencontrées dans le secteur depuis l’annulation par la Cour Suprême, en septembre 2014, de 214 permis d’extraction minière, dont l’attribution a été jugée illégale. Les importations indiennes de charbon ont triplé depuis 2007.Le gouvernement espère attirer les investissements privés pour augmenter la production de charbon et faire face à la hausse des besoins en énergie de l’Inde.Lors du Forum économique mondial, organisé à Delhi le 6 novembre, le ministre indien de l’énergie, Piyush Goyal a déclaré que la demande domestique en énergie doublerait d’ici à 2019 et que le pays devait rapidement accélérer sa production de charbon, qui fournit les deux tiers de la production d’électricité.Dans un pays qui souhaite s’industrialiser et où 300 millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité, les alternatives au charbon sont difficiles à trouver. La production d’énergie d’origine solaire et ou éolienne progresse, mais elle ne pourra pas concurrencer le charbon qui reste moins cher.Quant au nucléaire, malgré la promesse de signatures de contrats avec les États-Unis et la France pour la construction de centrales, les négociations sont bloquées. Le point d’achoppement réside dans l’attribution des responsabilités en cas d’accident, que l’Inde aimerait faire endosser aux constructeurs comme Areva ou Westinghouse.Le premier gros mouvement social pour le premier ministre indienFort d’une majorité à la chambre basse du Parlement, Narendra Modi affronte la première grève d’envergure de son mandat commencé en mai 2014. Le plus surprenant est de trouver, parmi les syndicats en grève, le Bharatiya Mazdoor Sangh (BMS), proche du BJP, le parti nationaliste hindou au pouvoir qui contrôle la majorité au Parlement. Ces derniers n’ont pas réussi à infléchir la politique du gouvernement, se disant « ignorés ».En matière de politique économique, la solidarité entre nationalistes hindous pèse peu face aux intérêts divergents entre gouvernement et ouvriers. Critiqués pour être inféodés aux partis politiques, les syndicats sont souvent absents des médias contrairement aux économistes ou aux chefs d’entreprise.Les voici qui reviennent en force dans le débat sur l’orientation économique du pays, à l’heure où le gouvernement indien a lancé le programme « make in India », destiné à attirer les investissements dans l’industrie et ainsi absorber les 10 à 15 millions de travailleurs qui arrivent chaque année sur le marché du travail.« M. Modi traverse son moment Thatcher », écrit Rajesh Kumar Singh dans une tribune publiée par l’agence Bloomberg, faisant référence à la longue lutte qui opposait les mineurs de charbon au premier ministre britannique au début des années 1980, ajoutant cependant que M. Modi « est moins dans la confrontation ».Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.01.2015 à 08h36 Un groupe turc clandestin d'extrême gauche a revendiqué mercredi un attentat-suicide sanglant commis la veille par une femme contre la police dans un quartier très touristique d'Istanbul.Dans un communiqué publié sur son site Internet, le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) a indiqué que l'auteure de cette tentative d'attentat, Sultan Kalsen, s'était « sacrifiée » pour « demander des comptes » au parti islamo-conservateur au pouvoir à Ankara, dont quatre anciens ministres, accusés de corruption active, n'ont pas été renvoyés lundi devant la justice par une commission parlementaire. La kamikaze ainsi qu'un policier ont été tués dans l'attaque.Lire : Ecoutes, purges, affaires : tout comprendre de la crise en TurquieLe DHKP-C a aussi présenté cette dernière attaque comme une riposte à la mort du jeune manifestant Berkin Elvan, touché à la tête par des grenades lacrymogènes tirées par la police lors de la contestation anti-régime de l'été 2013. Cet adolescent, qui a succombé après un long coma, est devenu un symbole de la fronde contre le pouvoir du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, aujourd'hui président.Le DHKP-C a aussi revendiqué l'attaque manquée perpétrée le 1er janvier par un homme armé contre des policiers devant le palais de Dolmabahçe à Istanbul. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge de l’économie et de la fiscalité, déclare, dans un entretien au Monde, qu’« il faut laisser les Grecs faire leur choix » lors des élections législatives anticipées du 25 janvier, et que, « quel que soit leur choix, il sera respecté. Ce n’est pas à nous de sélectionner, d’ostraciser, le dirigeant d’un pays de l’Union européenne. »Le ton utilisé par M. Moscovici, au nom de la Commission, tranche avec celui prêté au gouvernement allemand, Angela Merkel étant, selon le magazine Der Spiegel, favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro.M. Moscovici assure notamment que si Alexis Tsipras, le dirigeant de Syrisa (extrême gauche), qui prône la fin des mesures d’austérité imposées par la « Troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne) et une restructuration de la dette grecque, « emporte les élections et devient Premier ministre », la porte de la Commission « lui est ouverte. » Tout en écartant une annulation partielle ou totale de la dette, M. Moscovici indique que, si celle-ci « doit être remboursée », cela peut se faire « à un rythme ou à un autre. » Le risque de contagionSelon M. Moscovici, « il faut prendre ces élections pour ce qu’elles sont : un rendez-vous démocratique très significatif mais pas le déclencheur possible d’une crise ». Il assure que « la situation d’incertitude créée par les élections provoque des mouvements très limités, en ampleur et en volume s’agissant des marchés. Plus encore, s’agissant des capitaux. »La possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro M. Moscovici ne veut pas s’inscrire dans cette perspective. « Cette question ne se pose pas », relève-t-il, indiquant que la Commission « souhaite que le pays reste » dans la zone euro. « C’est important pour la zone euro, son intégrité, son attractivité », mais aussi « pour la Grèce, qui a bénéficié à travers les programmes décidés en sa faveur, de fonds européens considérables, pour l’aider à restructurer son économie », argumente-t-il.La restructuration de la dette « Cette question ne se pose pas », assure M. Moscovici. « Une dette n’est pas faite pour être effacée, elle existe, elle doit être remboursée », déclare-t-il, tout en ajoutant : « à un rythme ou à un autre. » Ce qui pourrait laisser la porte ouverte à un rééchelonnement. Le commissaire souligne aussi qu’un « effacement de la dette, totale ou partielle, a un coût pour les citoyens de l’Union européenne, Allemands, Italiens, Français, en fonction des créances sur la Grèce détenues par les économies de ces pays. »La poursuite des réformesSi la Grèce veut pouvoir bénéficier de la fin du programme d’assistance actuel - elle doit recevoir encore près de 4 milliards d’euros - cela passe par de nouvelles réformes. À ce propos, M. Moscovici souligne que « ce n’est pas [de] davantage d’austérité » dont a besoin le pays, mais qu’il lui faut mettre en place « une meilleure collecte des impôts, une économie plus compétitive ».La « surveillance » de la GrèceElle doit être maintenue, mais sous une nouvelle forme, en suivant « de manière plus distante, à travers des missions plus légères, moins fréquentes une dizaine de politiques publiques », indique M. Moscovici.La Troïka, qui « a joué un rôle utile » et sans qui « la Grèce aurait souffert bien davantage », doit passer la main : elle « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites. »« Il faut passer à un autre stade de l’aide internationale », avance M. Moscovici, qui rappelle que « l’UE est prête à mettre en place une ligne de crédit de 10 milliards d’euros » et « le FMI, à passer à un programme de précaution, plus léger. »Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.01.2015 à 06h54 • Mis à jour le07.01.2015 à 10h03 La queue de l'avion d'Air Asia qui s'est abîmé en Indonésie le 28 décembre a été retrouvée en mer de Java, a annoncé mercredi 7 janvier le directeur de l'Agence nationale de recherches et de secours. Cette découverte intervient au onzième jour des opérations.Elle pourrait être une percée dans les recherches, dans la mesure où cette partie de l'appareil contient habituellement les « boîtes noires ». Les enregistreurs de vol sont cruciaux pour déterminer les causes de la chute de l'Airbus A320-200, qui transportait 162 personnes à son bord.MAUVAIS TEMPSL'avion avait disparu des écrans radar peu après son décollage de la ville indonésienne de Surabaya pour Singapour, après avoir été confronté à des nuages très menaçants.En dépit des opérations de recherches de grande ampleur entreprises par l'Indonésie avec l'aide d'autres pays tels la France, les Etats-Unis et la Russie, peu de progrès ont été effectués jusqu'ici en raison du mauvais temps.Des responsables indonésiens avaient indiqué auparavant avoir retrouvé cinq grandes parties de l'appareil, sans toutefois préciser de quels éléments il s'agissait.Lire aussi : La météo, « facteur déclenchant » du crash du vol Air Asia 07.01.2015 à 05h27 • Mis à jour le07.01.2015 à 10h12 La Corée du Nord a dénoncé, mercredi 7 janvier, l'« imprudence » de lâchers de tracts hostiles au régime de Kim Jong-un par des militants sud-coréens au-dessus de la frontière commune. Pyongyang a ainsi rappelé à Séoul que des actes similaires avaient déjà compromis le dialogue entre les deux pays par le passé. L'agence de presse officielle nord-coréenne, KCNA, a rapporté les faits en ces termes :« Le 5 janvier, des vermines appartenant à une organisation de “transfuges du Nord” ont organisé la dispersion de plus de 1,3 million de tracts calomniant la dignité et le système social de la RPDC [République populaire démocratique de Corée]. Il s'agit d'un effort désespéré pour empêcher l'amélioration des relations Nord-Sud et polluer une atmosphère de dialogue. »Et le média de demander à Séoul de « clarifier » sa position.TOUJOURS EN GUERREEn octobre, un lâcher de ballons transportant des tracts hostiles avait déclenché un échange de tirs nourris de mitrailleuse de part et d'autre de la frontière terrestre. L'incident avait contrarié la reprise d'un dialogue de haut niveau entre les deux pays, qui avait été décidée peu avant à la suite d'une visite rarissime en Corée du Sud de trois hauts responsables nord-coréens.Signe de redoux, Kim Jong-un a appelé le 1er janvier à une amélioration des relations intercoréennes et s'est déclaré ouvert à des discussions « au plus haut niveau » avec le Sud. Cette annonce fait écho à un geste d'ouverture de Séoul, qui a proposé des pourparlers dès janvier. La Corée du Nord accuse les Etats-Unis de financer l'action des militants.La dernière session de discussions formelles de haut niveau avait eu lieu en février 2014. Elle avait permis la réunion de familles séparées par la guerre, un sujet crucial entre les deux pays. En état de confrontation quasi permanent, Pyongyang et Séoul sont techniquement toujours en guerre, n'ayant pas signé de traité de paix après l'armistice en 1953. 07.01.2015 à 00h02 • Mis à jour le07.01.2015 à 07h45 Pour la première fois depuis le début des opérations aériennes de la coalition contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI), l'armée américaine a reconnu mardi 6 janvier que ces dernières avaient pu faire des victimes civiles. Certains cas précis, en Irak et en Syrie, font l'objet d'une enquête du CentCom, le commandement américain chargé de la région, a précisé le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.Les militaires américains n'avaient jusqu'à présent jamais reconnu l'existence de telles investigations, se bornant à répéter qu'aucun décès de civil n'avait pu être confirmé. Dix-huit plaintes ont ainsi été reçues par l'armée : cinq sont toujours en cours d'examen et 13 sont provisoirement abandonnées, les faits n'ayant pu être vérifiés ou les informations étant jugées insuffisantes. Neuf des requêtes concernaient des bombardements en Syrie et les neuf autres des frappes en Irak.1 350 RAIDS AMÉRICAINS DEPUIS LE DÉBUT DES OPÉRATIONSLe risque de toucher la population civile « est quelque chose que nous prenons toujours très au sérieux. Nous faisons très attention à minimiser le risque pour les civils à chaque opération que nous lançons, quel que soit l'endroit où nous opérons », a indiqué le contre-amiral Kirby. Fin octobre, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, Rami Abdel Rahmane, avait indiqué que les bombardements aériens avaient tué 32 civils, dont 6 enfants et 5 femmes, depuis le 23 septembre.A la date du 6 janvier, les Etats-Unis avaient lancé 1 350 raids contre des positions de l'EI : 687 en Irak et 663 en Syrie. Les autres pays de la coalition avaient mené dans le même temps 309 frappes, dont 237 en Irak, a détaillé une porte-parole du Pentagone. Les opérations militaires contre les djihadistes ont débuté en août après leur offensive éclair dans le nord de l'Irak en juin. 06.01.2015 à 20h05 • Mis à jour le06.01.2015 à 20h47 Comme convenu entre Cuba et les Etats-Unis après l'amorce du rapprochement diplomatique historique entre les deux pays, La Havane a commencé à libérer certains prisonniers politiques, a annoncé, mardi 6 janvier, le département d'Etat américain, sans toutefois préciser combien de personnes étaient concernées ni leur nationalité.Ces détenus figuraient sur une liste de 53 noms que Washington avait soumise à La Havane. « Nous voudrions évidemment que cela soit terminé bientôt », a insisté la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki.Lire : Que va changer le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba ?ENCORE DE NOMBREUSES INCONNUESLes présidents américain et cubain, Barack Obama et Raul Castro, avaient annoncé le 17 décembre que les deux pays allaient amorcer une normalisation de leurs relations diplomatiques, après plus d'un demi-siècle d'embargo économique américain contre l'île communiste.Mais ce rapprochement historique a déclenché des critiques, notamment au Congrès américain, où des élus estiment que l'administration Obama aurait d'abord dû obtenir des concessions de La Havane en ce qui concerne les droits de l'homme.Des premières discussions officielles doivent se tenir entre les deux gouvernements à Cuba au mois de janvier, dans le cadre des discussions régulières sur les migrants. Mme Psaki n'a pas précisé quand exactement auront lieu ces discussions.Lire aussi l'analyse : Renouer avec Cuba, la décision lucide, courageuse et historique d'Obama 27.08.2015 à 09h08 • Mis à jour le27.08.2015 à 09h30 Un projet de fracturation hydraulique dans l’Ouest canadien a causé l’un des plus importants séismes liés à cette technique d’extraction : un tremblement de terre de magnitude 4,4 a secoué la région nord-est de la Colombie-Britannique en août 2014. C’est ce qu’a rapporté la commission de réglementation de l’industrie pétrolière et gazière de cette province à la chaîne publique CBC, visant les activités de la compagnie Progress Energy, filiale du groupe public malaisien Petronas.La commission a indiqué que le séisme « avait été provoqué par l’injection de fluides pendant la fracturation hydraulique » – une technologie controversée utilisée pour l’exploitation du pétrole ou du gaz de schiste. Il avait été précédé quelques jours auparavant d’un autre séisme de magnitude 3,9, selon l’organisme officiel Séismes Canada, et qui avait lui aussi été causé par la fracturation hydraulique.Multiplication des secousses sismiques aux Etats-UnisA la suite du séisme, la compagnie avait dû se conformer à un ordre lui intimant de réduire les quantités de fluides dans ses injections. Selon la chaîne publique, les activités sur un autre site de Progress Energy dans la région ont dû par ailleurs être temporairement suspendues la semaine dernière, le temps que les autorités puissent déterminer la cause d’un séisme de magnitude 4,6.La fracturation hydraulique consiste à injecter à haute pression de l’eau, et parfois aussi des produits chimiques et du sable, pour fracturer horizontalement les schistes. Elle présente des risques de contamination des nappes phréatiques. Son utilisation a été mise en cause par le service géologique américain (USGS) dans la multiplication des secousses sismiques enregistrées ces dernières années dans le centre des Etats-Unis. Selon le département de géologie de l’université Columbia à New York, le nombre de tremblements de terre dans le midwest a notamment augmenté de 1 000 % en trente ans. Cette technologie est interdite en France depuis 2011.Lire aussi :Les États-Unis s’attaquent à la réglementation de la fracturation hydraulique 27.08.2015 à 06h41 | Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) Une nouvelle et surprenante secousse dans la tectonique des castes vient de se produire en Inde. Plusieurs centaines de milliers de membres de la communauté des Patel, réputés aisés et influents politiquement, ont manifesté dans le Gujarat, dans l’ouest de l’Inde, mardi 25 août, pour bénéficier de mesures de discrimination positive. En Inde, les quotas pour les emplois de fonctionnaires et les admissions aux universités sont réservés aux « intouchables » et aux « castes arriérées », dans la limite, pas toujours respectée, de 50 % de la population de chaque Etat. Pourquoi une caste supérieure veut-elle être placée sur la même liste que les intouchables ?L’ascenseur social emprunté par les castes supérieures ne repose que sur le développement économique et le mérite. En l’occurrence, les Patel, qui sont à l’origine des propriétaires terriens, investirent dans de petites industries comme le polissage de diamant, à Surat, et d’autres firent fortune aux Etats-Unis. Leur succès fut d’abord lié à la protection des petites entreprises par l’Etat, puis au décollage économique du Gujarat après la libéralisation de l’Inde en 1991.Les promesses électorales de « développement »Leur ascension connaît aujourd’hui quelques ralentissements. Leurs terres sont rognées par les grands projets industriels, et la croissance du Gujarat ne bénéficie plus autant aux petites entreprises qu’ils dirigent. S’y ajoutent les frustrations quant aux promesses électorales de « développement » du premier ministre indien Narendra Modi, qui tardent à se concrétiser.Les Patel lorgnent donc l’ascenseur social des « castes arriérées » et des intouchables. Grâce aux quotas qui leur ouvrent les portes de la fonction publique et des universités, près de 10 % des hauts fonctionnaires sont désormais des intouchables, ce qui aurait été inimaginable il y a encore 60 ans. Ce sont ces privilèges que les Patel remettent en cause. Les chances qu’ils obtiennent des quotas pour eux-mêmes sont toutefois très minces. Mais s’ils parviennent à mobilier d’autres castes du pays, ils pourraient s’attaquer au système des quotas indiens fondé sur l’appartenance à la caste, gravé dans le marbre de la Constitution indienne.bouissou@lemonde.fr@jubouissouJulien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.08.2015 à 05h44 • Mis à jour le27.08.2015 à 07h42 James Holmes, le tireur du cinéma d’Aurora, a été officiellement condamné mercredi 26 août à la prison à perpétuité sans possibilité de libération, pour avoir tué 12 personnes et en avoir blessé 70. Le jeune homme de 27 ans a échappé à la peine de mort début août car le jury ne parvenait pas à l’unanimité. Par défaut, il était acquis qu’il serait condamné à la peine maximale en prison.Le juge Carlos Samour Jr, qui avait passé les deux dernières journées à écouter les témoignages de rescapés ou familles de victimes de la tuerie, a condamné le meurtrier à 12 peines de prison à perpétuité consécutives sans possibilité de libération anticipée. S’y ajoutent 3 318 années de prison, représentant la peine maximale pour les autres 141 chefs d’accusation auxquels il faisait face.Coupable de meurtre avec « extrême indifférence »Le juge du tribunal de Centennial a parlé pendant près d’une heure du système judiciaire avant d’énoncer sa sentence, vivement applaudie par le public dans la salle du tribunal. « Sortez le (condamné) de ma salle d’audience », a conclu le juge, Holmes, menotté et des entraves aux pieds, se voyant aussitôt escorté hors de la salle. La prison où il va purger sa peine n’est pas encore connue.Lourdement armé, James Holmes était entré le 20 juillet 2012 dans un cinéma de la petite ville d’Aurora (Colorado) bondé pendant une projection du film sur Batman, The Dark Knight Rises. La tuerie avait ravivé l’éternel débat sur le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis. Trois ans après le massacre, en juillet, James Holmes avait été reconnu coupable de meurtre avec préméditation et avec « extrême indifférence » pour chacune des douze victimes.Les procureurs avaient argumenté en faveur d’une condamnation à mort, déclarant que James Holmes avait minutieusement planifié le massacre et disposait d’assez de munitions pour tuer tous les spectateurs de cette salle de cinéma, où 400 personnes étaient présentes ce soir-là. La défense avait quant à elle plaidé, sans succès, l’irresponsabilité pour cause de démence. 27.08.2015 à 01h51 Une centaine de chefs cuisiniers mexicains ont protesté, mardi 25 août, auprès du président Enrique Peña Nieto après la décision d’un juge d’autoriser à nouveau la culture de maïs transgénique, interdite depuis deux ans.« La culture de ces produits porte atteinte à la diversité de nos maïs (cultivés) localement et met en danger leur existence », écrivent ces chefs, réunis dans le Collectif mexicain de cuisine, dans un communiqué. En outre, ajoutent les chefs, « ils peuvent représenter un danger pour la santé ».Le 19 août dernier, un juge a annulé la mesure de précaution en vigueur depuis 2013, qui interdisait de semer du maïs OGM au Mexique, l’un des principaux producteurs et consommateurs de maïs au monde. Des organisations civiles et écologistes ont fait appel de cette décision.Introduit en 2009 puis interdit en 2013Le gouvernement de Felipe Calderon (2006-2012) avait autorisé en 2009 la semence de maïs transgénique, une autorisation accordée à Monsanto, le géant américain de graines génétiquement modifiées, ainsi qu’à d’autres groupes. Mais, quatre ans plus tard, des associations avaient obtenu en justice qu’aucune autre autorisation de semence ne soit délivrée.« Nous demandons au gouvernement fédéral d’exprimer, à travers les instances correspondantes, une position claire et ferme à ce sujet », ont demandé les chefs, rejoignant les voix critiques envers cette nouvelle autorisation, comme celle de Greenpeace.Ils ont également souligné les chiffres « alarmants » en Amérique latine, par exemple en Argentine, où 56 % des cultures de soja sont transgéniques, affirmant qu’il existe « beaucoup d’histoires inquiétantes sur les maladies et la pollution, à une échelle toujours plus grande », générée par ces cultures. 26.08.2015 à 19h53 • Mis à jour le27.08.2015 à 11h26 La mort de deux journalistes par un homme armé alors qu’ils étaient en direct à la télévision, mercredi 26 août, a relancé l’éternel débat sur le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis.La Maison Blanche a, une nouvelle fois, appelé le Congrès à légiférer pour mieux encadrer la vente et l’utilisation des armes à feu. Déplorant une « fusillade tragique », Josh Earnest, porte-parole de Barack Obama, a souligné que le Congrès pouvait prendre des mesures « de bon sens » pour limiter ce genre de drames, « trop fréquents » aux Etats-Unis.« Nous devons agir pour arrêter la violence par armes à feu »Parmi les candidats en lice pour succéder à M. Obama, la démocrate Hillary Clinton s’est dite « dévastée et en colère » sur Twitter.« Nous devons agir pour arrêter la violence par armes à feu et nous ne pouvons plus attendre. »Chez les républicains, plusieurs candidats à l’investiture, comme Jeb Bush ou Ted Cruz, ont publiquement soutenu les proches des victimes, sans pour autant faire référence à la législation sur les armes à feu.Shocked by the horrific murders in Roanoke. Columba and I are praying for Alison, Adam and all those affected.— JebBush (@Jeb Bush)require(["twitter/widgets"]);All of our thoughts and prayers are with the family, friends, and loved ones of @WDBJ7’s Alison and Adam.— tedcruz (@Ted Cruz)require(["twitter/widgets"]);Le président américain a reconnu en juillet dans une interview à la BBC que le contrôle des armes à feu sera « la plus grande frustration » de sa présidence. M. Obama avait pourtant lancé un vibrant appel au Congrès à agir dès décembre 2012, après une fusillade particulièrement sanglante dans une école à Newtown qui avait fait 27 morts.A peine quatre mois plus tard, les élus sonnaient le glas d’une réforme. Le président américain avait alors dénoncé « un jour de honte pour Washington », pointant du doigt le lobby des armes, la puissante National Rifle Association (NRA). Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) Au lendemain des violentes manifestations de plusieurs centaines de milliers de membres de la communauté des « Patel », les autorités indiennes ont déployé des forces paramilitaires et décrété, mercredi 26 août, un couvre-feu dans plusieurs zones du Gujarat, dans l’ouest du pays. Six personnes sont mortes lors des affrontements. Les Patel, une caste qui représente entre 14 % et 20 % de la population de cette région, réclame des quotas dans l’administration et les universités, réservés seulement aux intouchables et « autres castes arriérées ».« Les gens de la communauté des Patel ne trouvent pas d’emploi, même s’ils ont des diplômes. Les quotas sont notre droit », a lancé Hardik Patel devant la foule, mardi, avant de se faire brièvement arrêter par la police. Ce jeune homme âgé d’à peine 22 ans est devenu en quelques heures le visage d’une contestation qui n’a cessé de s’amplifier ces dernières semaines. Pour une caste qui est l’une des plus aisées et les plus influentes sur la scène politique régionale, ce mouvement a pris de court de nombreux responsables politiques et observateurs de la société indienne.« Les Patel qui manifestent pourraient bien être les victimes du syndrome de la nouvelle classe moyenne. Ceux qui aspirent à en faire partie ont des difficultés à concrétiser leurs espoirs »Les Patel sont surtout connus pour être de riches entrepreneurs, des propriétaires terriens, et ils forment une vaste diaspora dans le monde entier, notamment aux Etats-Unis où les motels qu’ils dirigent sont si nombreux qu’on les surnomme les « potels ». Cette même caste qui réclame aujourd’hui des quotas avait d’ailleurs manifesté violemment, dans les années 1980, contre leur mise en place dans les universités. A cette époque, les heurts avaient fait près de 180 morts. Le premier ministre indien Narendra Modi, qui a dirigé le Gujarat pendant treize ans, connaît mieux que quiconque les risques d’une telle mobilisation. Dès mercredi matin, il a lancé un appel au calme.Si le statut des Patel leur barre l’accès aux quotas dans le système éducatif, vecteur de la mobilité sociale, leurs ressources financières ne sont pas toujours suffisantes pour leur assurer un enseignement dans le secteur privé. La moitié des places à l’université publique leur sont fermées à cause des quotas, et l’alternative de l’enseignement privé est très coûteuse. Avec le système des quotas, la justice sociale l’emporte sur le mérite, suscitant la frustration.« Les Patel qui manifestent pourraient bien être les victimes du syndrome de la nouvelle classe moyenne, explique Christophe Jaffrelot, directeur de recherche au CERI-Sciences Po et au CNRS. Ceux qui aspirent à en faire partie ont des difficultés à concrétiser leurs espoirs car les emplois sont rares, l’éducation coûteuse. »FrustrationsLeurs frustrations sont à la mesure des attentes nées lors des dernières élections de 2014 remportées par Narendra Modi. Les Patel sont loin d’avoir tous bénéficié du « développement » promis par le nouveau premier ministre indien, alors qu’ils comptaient parmi ses plus fervents soutiens. Au Gujarat, le développement économique a surtout bénéficié aux grandes entreprises qui ont pu y bâtir des usines, sur des terres souvent acquises aux Patel. Les petites et moyennes entreprises qu’ils dirigent connaissent en revanche des difficultés. C’est la face sombre du « modèle du Gujarat », tant célébré dans le pays, qui perce à l’horizon. Environ 48 000 des 261 000 petites et moyennes entreprises du Gujarat sont « malades », selon la Banque centrale indienne. M. Modi, qui dispose d’une majorité à la Chambre basse du Parlement, est au pied du mur.« Il faut voir dans ce mouvement les désillusions d’un électorat qui était acquis à M. Modi. Pour la première fois dans le Gujarat depuis longtemps, des manifestants ont scandé des slogans contre lui », témoigne Shyam Parekh, le chef du bureau du quotidien Daily News and Analysis à Ahmedabad, la capitale du Gujarat.Calculs politiquesDans cette mobilisation, les calculs politiques ne sont jamais loin. Mardi, plusieurs manifestants s’en sont pris aux intouchables. La polarisation de l’électorat pourrait glisser progressivement de la question de l’appartenance à la religion, à la caste. En 2002, des émeutes entre hindous et musulmans avaient fait près de 1 700 morts dans cet Etat, et les deux communautés continuent de vivre dans la méfiance réciproque.Sur ces nouvelles lignes de division, les intouchables et les basses castes pourraient se rallier derrière le Parti du Congrès, et affaiblir le Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien) dont est issu M. Modi. Les revendications des manifestants du Gujarat ont peu de chances d’aboutir. La Cour suprême a limité à la moitié de la population le nombre de ceux qui peuvent bénéficier des quotas dans un Etat. L’intégration des Patel entraînerait donc la sortie de castes bien plus défavorisées. Une option que même la dirigeante du Gujarat, issue de la communauté des Patel, a exclue.Dans leur combat, les Patel veulent engager, ailleurs en Inde, d’autres castes qui leur sont proches. Leur chef de file, Hardik Patel, prend d’ailleurs soin de s’exprimer en hindi, la langue nationale, et non en Gujarati, lorsqu’il s’adresse à la foule. « Si le mouvement s’étend dans le reste du pays, ils pourraient exiger une remise à plat du système des quotas, non plus fondés sur des critères d’appartenance à la caste, mais sur des critères économiques et sociaux », analyse Shyam Parekh, du Daily News and Analysis. La moindre remise en question de ce système, gravé dans le marbre de la Constitution indienne, pourrait entraîner de nouvelles hostilités entre castes dans tout le pays.Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gaëlle Picut Eurofound, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, a publié, en juillet dernier, un rapport intitulé "Revalorisation ou polarisation ? Les changements de la structure de l’emploi à long terme et au niveau mondial". Il s’est notamment intéressé aux emplois qui ont le plus été détruits et ceux qui ont connu les plus forts taux de croissance dans l’Union européenne, durant la période post crise, c’est-à-dire entre 2011 et 2014 . L’objectif consiste à évaluer dans quelle mesure les changements récents ont un effet polarisant, causé par une baisse des emplois à rémunération moyenne, ou revalorisant, du fait de la croissance des emplois à haute rémunération. Sur cet intervalle de trois ans, la croissance de l’emploi dans l’UE a présenté une polarisation asymétrique : les emplois bien rémunérés ont connu la plus forte croissance ; l’évolution a été modeste pour les emplois les moins rémunérés et la catégorie des salaires moyens a connu une baisse de l’emploi.Le rapport rappelle qu’un quart de l’emploi de l’UE est concentré dans seulement 11 métiers et la moitié dans environ 60. Les deux types de professions employant le plus de personnes sont les travailleurs dans le commerce de détail (12 millions) et les professionnels de l’enseignement (9,6 millions). Durant la période 2011-2014, ces salariés ont eu un emploi stable, avec une augmentation très modeste pour ceux dans l’enseignement.  Dans le même temps, les plus grandes pertes d’emplois en absolu et en relatif ont continué à se produire dans le secteur de la construction, avec des baisses annuelles comprises entre 3,4% et 5,2% selon les métiers, et dans celui de l’industrie. Huit millions d’emplois ont ainsi été détruits pendant la période 2008-2013. Cette diminution constante de l’emploi dans ces deux grands secteurs d’activité a été le principal facteur de polarisation observé durant la crise.Les emplois liés aux services à la clientèle dans le secteur financier ont également connu une forte baisse relative. Des emplois publics ont également été détruits, montrant ainsi la pression sur la masse salariale et les contraintes budgétaires accrues dans la fonction publique depuis 2011. Enfin, dans les 10 métiers qui ont le plus diminué entre 2011 et 2014, on trouve des emplois du secteur du commerce de détail et de gros, des destructions s’expliquant par le développement des nouvelles technologies et du commerce en ligne.Les croissances relatives les plus fortes se situent dans les services, notamment du côté des professionnels de la santé et des services aux particuliers, mais également dans le secteur de l’information et de la communication et du consulting.Depuis le deuxième trimestre 2013, le niveau d’emploi net dans l’UE a amorcé une reprise, avec une hausse d’1,8 million au 2ème trimestre 2014. Néanmoins, le niveau global de l’emploi dans l’UE accuse encore un différentiel négatif de quatre millions par rapport au niveau du début de la crise il y a six ans.Une progression de l’emploi temps partielDans certains pays européens, notamment au Royaume-Uni, les emplois de services faiblement rémunérés ont représenté une grande part de la croissance récente. "Cette situation agite le spectre de la croissance de l’emploi à faible productivité, dans laquelle la production et, en fin de compte, le niveau de vie n’augmentent pas en dépit d’une augmentation des opportunités d’emploi", écrivent les auteurs du rapport. On assiste également à une forte croissance récente de la part de l’emploi à temps partiel. Aujourd’hui, les services représentent 7 emplois sur 10 en Europe. Il y a eu 2,8 millions nouveaux emplois nets dans le secteur des services en 2014 par rapport à 2011. Parallèlement, les emplois à haute rémunération continuent de progresser.Le rapport conclut que si l’on classe les emplois de l’UE en cinq catégories de taille égale (quintiles) en fonction du salaire, il apparaît manifestement que la croissance de l’emploi à durée indéterminée et à temps plein est de plus en plus confinée au quintile supérieur, les emplois bien rémunérés ; dans tous les autres quintiles de la répartition des salaires, elle est en baisse.A noter que France Stratégie, aussi appelé Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), a également publié le 24 août un document de travail intitulé "La polarisation des emplois : une réalité américaine plus qu’européenne ?" (mais qui ne prend pas en compte les données du dernier rapport d’Eurofound). Selon son auteure, "la polarisation des emplois est avérée sur longue période aux Etats-Unis mais apparaît moins évidente en Europe" . Elle estime que "la réversibilité ou l’accentuation de la polarisation – dont la réalité est à nuancer – reste donc posée et constitue une interrogation majeure pour l’avenir".Gaëlle PicutJournaliste au Monde Florence de Changy Le mystère du vol MH 370 est encore loin d’être résolu. Après quinze jours d’analyses, il n’y a toujours aucune certitude quant à l’identité précise du morceau de voilure de Boeing 777 retrouvé le 29 juillet sur une plage de l’île de La Réunion, même si tout porte à croire qu’il s’agit d’un morceau du Boeing immatriculé 9M-MRO qui assurait le vol MH 370 le 8 mars 2014 entre Kuala Lumpur et Pékin et qui a disparu des écrans radar après quarante minutes de vol, avec 239 personnes à bord.Selon un proche du dossier, les experts participant aux travaux d’analyse n’ont pas pu conclure de manière définitive que cette partie de voilure – un flaperon – appartient bien au Boeing disparu. Le gouvernement australien a annoncé le 19 août que la première partie des analyses qui ont eu lieu au laboratoire de la Direction générale de l’armement-Techniques aéronautiques (DGA-TA) de Balma, dans la région de Toulouse, était terminée.« Les autorités françaises communiqueront sur les progrès réalisés en temps voulu, en consultation avec la Malaisie », indique le communiqué du centre australien de recherches (Joint agency coordination center). Depuis le 17 mars 2014, c’est l’Australie qui dirige les recherches du Boeing malaisien dans la zone de l’océan Indien identifiée comme la plus probable du crash.Lire aussi :Un an après, l’improbable disparition du MH370Pas de plaque d’immatriculationIl semblerait que les experts attendent à présent le « retour de vacances » de plusieurs intervenants pour la prochaine étape des analyses. Notamment celui d’un important sous-traitant espagnol qui aurait fourni au moins une des pièces détachées numérotées trouvées dans le flaperon. Si ce sous-traitant était en mesure de confirmer l’historique de la vente de cette pièce, il pourrait enfin lever les doutes qui demeurent sur l’identité du flaperon.Car, selon les informations données aux familles au tout début de l’enquête, les experts n’ont pas trouvé la plaque d’immatriculation du flaperon. Quant aux travaux de maintenance que Malaysia Airlines a indiqué avoir effectués sur le flaperon, ils ne correspondaient pas exactement à ceux observés sur la pièce trouvée. Les recherches terrestres et aériennes sur les côtes de la Réunion ont désormais cessé sans avoir identifié d’autres débris potentiels.Le résultat final des analyses françaises pourrait en fait aboutir à trois conclusions : oui, non ou peut-être. La conclusion qui prévaut pour le moment est celle du peut-être. Si rien ne prouve définitivement que ce flaperon était bien une pièce de cet avion-là (comme sa plaque d’identification), et que rien ne prouve non plus que ce n’est pas une pièce du MH370 (comme la plaque d’immatriculation d’un autre 777), le flaperon ne pourra pas être formellement associé au MH370. Il le sera néanmoins par déduction logique, partant du principe que l’avion du vol MH370 est le seul Boeing porté disparu.Mais les informations qu’il livrera sur la chute ou le choc enduré par l’avion au moment du crash seront toujours teintées d’un certain degré de doute. Le bon état et la taille du morceau de flaperon trouvé ont déjà accrédité la thèse d’un amerrissage contrôlé suivi d’une immersion de l’avion plus ou moins « en un morceau ». Ce scénario proposé par un « expert en satellites malaisien » a été promu par l’agence de presse malaisienne Bernama.Le scénario du ouiLe scénario du non est le plus improbable. Il faudrait que les analyses ou les informations livrées par les sous-traitants permettent d’associer ce flaperon à un autre Boeing 777, hors d’usage. Depuis une dizaine d’années Boeing et Airbus « déconstruisent » plutôt qu’ils ne « détruisent » leurs avions en fin de vie pour réutiliser des pièces sur d’autres appareils. Le recyclage « est en passe de devenir une spécialité professionnelle à part entière », écrit le président de Boeing France, Yves Galland, dans le livre Révolution aéronautique, le défi de l’environnement (Pearson, 2008). Il s’agit pour les avionneurs de limiter le développement d’un marché noir de pièces détachées.Reste le scénario du oui, qui prévaudra si l’on trouve des preuves formelles de l’appartenance du flaperon trouvé au Boeing du vol MH370. L’enquête pourra alors faire des progrès sur des bases solides. Un scénario fortement mis en avant par les autorités malaisiennes : le premier ministre malaisien, Najib Razak, appuyé par la compagnie Malaysia Airlines, avait affirmé, dès le 5 août, qu’il s’agissait bien d’un morceau du MH370.Les deux familles des quatre citoyens français disparus dans l’accident doivent être reçues début septembre à l’Elysée par le président de la République.Florence de ChangyJournaliste, corrrespondante à Hong KongSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.08.2015 à 17h19 • Mis à jour le12.08.2015 à 17h57 Toutes les nuits, depuis des mois, des canots pneumatiques chargés de familles qui ont payé plusieurs milliers d’euros la courte traversée à partir des côtes turques accostent sur les plages de Kos, une petite île grecque. Porte d’entrée de l’Europe en mer Egée, ce confetti de terre de 287 kilomètres carrés est désormais moins connu pour ses paysages de carte postale que pour ses difficultés à gérer l’afflux de migrants, venant pour la plupart de l’Afghanistan et de la Syrie en guerre, par la Turquie voisine.Sur l’île de quelque 33 000 habitants, la situation, très tendue depuis plusieurs mois, est au bord de l’explosion. Faute de structure d’accueil, les réfugiés dorment dans des tentes ou des hébergements de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et les plages de ce port très prisé des touristes. Plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines, sont nécessaires pour qu’ils puissent s’enregistrer auprès de la police grecque afin d’obtenir le laissez-passer leur permettant de poursuivre leur voyage vers Athènes et d’autres pays européens.Parqués dans un stadeLundi 10 août, un premier débordement a embrasé l’île. Un policier local a été suspendu pour avoir été filmé giflant un migrant qui s’approchait plus près que toléré du poste de police local. Le lendemain, la municipalité a tenté d’organiser le transfert d’une partie des 7 000 migrants en attente d’un enregistrement vers un stade et un gymnase, afin de faciliter les démarches administratives. Or, selon l’Agence France-Presse (AFP), plusieurs centaines de migrants ont tenté au cours de cette opération d’entrer en même temps dans le bureau prévu pour les enregistrements. Les policiers , débordés, ont alors frappé les migrants avec des matraques et vidé des extincteurs sur la foule. Le maire de Kos en a appelé à l’Etat, affirmant que « le sang risquait de couler et la situation de dégénérer » face au nombre croissant d’arrivées de migrants sur l’île – plus de 500 personnes chaque jour, selon l’édile.Après cet appel à l’aide, quarante policiers des forces antiémeute grecques sont arrivés sur l’île. « Des renforts vont également être envoyés sur les autres îles de l’est de la mer Egée », a fait savoir à l’AFP un porte-parole de police. La presse grecque évoque un total de 250 hommes supplémentaires pour assister les forces locales sur les îles en première ligne des flux croissants de migrants arrivant de la Turquie voisine, comme Lesbos, Chios, Leros, Kalymnos ou Samos.« Escalader des grillages pour acheter de l’eau »« Nous espérons que d’ici à vendredi la plupart des migrants en attente auront pu être enregistrés et pourront quitter l’île », a expliqué mercredi le maire de Kos. Mais la situation reste encore très précaire dans le stade de Kos, où environ 2 000 personnes demeurent dans des conditions extrêmement précaires, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), la seule présente sur l’île. Parmi elles, « de nombreuses familles avec des bébés et de jeunes enfants, faisant la queue sous un soleil de plomb, par 32 degrés (…) sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri », contraintes « d’escalader des grillages pour acheter de l’eau ».Le quotidien britannique The Guardian fait part de « malaises » et d’un migrant qui a fait une « crise d’épilepsie ». Julia Kourafa, porte-parole de MSF citée par le quotidien britannique, témoigne :« C’est la première fois qu’on voit, en Grèce, des gens enfermés dans un stade et contrôlés par les forces de police antiémeute. Il y a des mères avec de jeunes enfants et des personnes âgées. Ils ont été enfermés là pendant des heures sous le soleil. » Plus généralement, les équipes de MSF ont été témoins du harcèlement des réfugiés dans les espaces publics. Selon Brice de La Vigne, le directeur des opérations de l’ONG, « auparavant, on assistait à l’inaction de l’Etat. Désormais, ce sont les abus de l’Etat, avec la police usant de plus en plus de la force contre ces personnes vulnérables ».« C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux » Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), sur 224 000 réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier, près de 124 000 sont entrés par la Grèce, un chiffre multiplié par sept par rapport à 2014. « En trente ans d’expérience humanitaire, je n’ai jamais vu une situation pareille (…). C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux », a déclaré Vincent Cochetel le directeur pour l’Europe du HCR, de retour d’un déplacement dans plusieurs îles grecques, dont Kos, la semaine dernière.En juillet déjà, le HCR avait déploré le manque d’organisation et de coordination des pouvoirs publics grecs pour gérer l’arrivée des migrants. Il a notamment demandé au gouvernement de « désigner d’urgence une seule autorité pour coordonner » ses actions. Au début d’août, Alexis Tsipras, le premier ministre de la Grèce, a promis des mesures pour améliorer les structures et les procédures d’accueil. « Ce problème nous dépasse. La Grèce est un pays qui subit une crise économique et fait face à une crise humanitaire dans la crise », a-t-il aussi affirmé, demandant la « solidarité européenne ».La Commission européenne a approuvé lundi le déblocage d’une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l’arrivée croissante de migrants, dont 473 millions d’euros pour la Grèce.Lire : En dix ans, la CMU a réduit les inégalités dans l’accès à la santé Damien Leloup Après de longues hésitations, Hillary Clinton, en tête des sondages pour l’investiture démocrate à la présidentielle américaine, a finalement accepté de donner le disque dur d’un ordinateur personnel qu’elle a utilisé comme serveur mail durant son mandat au Département d’Etat (2009-2013).L’utilisation par Mme Clinton de son compte e-mail personnel dans le cadre de ses fonctions fait l’objet d’une enquête du ministère de la justice. Cette enquête a connu de multiples rebondissements, et constitue un élément-clé utilisé par les adversaires de la candidate dans la campagne pour l’investiture démocrate.Lire aussi :Hillary Clinton ouvre ses serveurs au FBI et remet une copie de ses e-mailsQu’est-il reproché à Hillary Clinton ?Aux Etats-Unis, les élus et hauts fonctionnaires ne sont pas autorisés à utiliser des boîtes e-mail personnelles pour des activités liées à leur mandat. Ces correspondances sont considérées comme faisant partie des documents importants de leur activité : la loi américaine, et notamment le Federal Records Act, impose d’en conserver une copie pour archivage. A moins d’être classés confidentiels ou secret-défense, ces échanges peuvent être consultés par toute personne qui en fait la demande au nom de la loi sur la liberté d’information (Freedom of Information Act).Sarah Palin, candidate à la vice-présidence pour les républicains en 2008, avait connu des déboires similaires. Après un piratage de son compte Yahoo! personnel, la presse américaine avait révélé qu’elle avait utilisé cette adresse pour gérer des dossiers liés à son mandat, en tant que gouverneure de l’Alaska. L’affaire avait créé un scandale qui avait causé du tort à Sarah Palin, en pleine campagne présidentielle, avant de se retourner contre le parti démocrate : le pirate, identifié quelques semaines plus tard, était le fils d’un élu démocrate.Ces e-mails étaient-ils correctement protégés ?En tant que responsable de la diplomatie américaine, Hillary Clinton envoyait et recevait une très grande quantité d’informations confidentielles et sensibles. Son compte e-mail aurait donc dû faire l’objet de mesures de protection particulièrement importantes. Mais le compte personnel qu’elle utilisait, et qui fonctionnait avec plusieurs serveurs – dont l’un situé à son domicile –, ne bénéficiait pas de ces mesures, et était donc aisément vulnérable à un piratage. Plus grave, certaines mesures élémentaires de protection n’étaient semble-t-il pas respectées – l’un des domaines liés au compte utilisait un certificat de sécurité invalide.Ces éléments font dire aux républicains – mais aussi à de nombreux experts en sécurité informatique – qu’il est très probable que les messages ayant transité par ce compte aient été, à un moment ou un autre, consultés par des pirates. Aucune preuve d’un piratage d’ampleur n’a cependant été apportée pour l’instant.Que contenaient ces courriels ?Ce mardi, la commission d’enquête a annoncé que parmi les quarante e-mails qu’elle a pu examiner, au moins cinq contenaient des informations classifiées. Deux d’entre eux contenaient des informations classées « top secret ». Selon le département d’Etat, « il y a potentiellement plusieurs centaines de courriels classifiés parmi les 30 000 remis par Mme Clinton aux enquêteurs ».Lire aussi :Ce que contiennent les e-mails rendus publics d’Hillary ClintonComment a réagi Mme Clinton ?Mme Clinton et son équipe ont essentiellement joué la montre. Il a fallu cinq mois pour que le ministère de la justice obtienne l’accès au disque dur du serveur situé au domicile de la secrétaire d’Etat. L’équipe de Mme Clinton avait effacé le contenu du disque dur fin 2014, après avoir transmis aux enquêteurs un fichier présenté comme contenant l’intégralité des courriels y figurant.Si depuis le début de l’enquête Mme Clinton a reconnu l’avoir utilisé, elle a toujours affirmé qu’aucun document confidentiel n’avait transité par cette boîte e-mail. Les premières conclusions de l’enquête montrent le contraire, mais notent également que les documents examinés, s’ils contenaient bien des informations classifiées, n’étaient pas identifiés comme tels. Un argument qui pourrait être utilisé par Mme Clinton pour arguer de sa bonne foi.En revanche, la commission parlementaire d’enquête sur l’attaque du consulat américain de Benghazi, en Libye, qui s’était soldée en 2012 par la mort de l’ambassadeur, a découvert en juin que le fichier transmis par Mme Clinton n’était pas complet. Quinze courriels envoyés par la responsable de la diplomatie américaine à Sidney Blumenthal, vieil ami et conseiller de Mme Clinton, ne figuraient pas dans le fichier – M. Blumenthal avait transmis des copies de tous ses échanges avec Mme Clinton à la commission d’enquête, à sa demande.Quelles peuvent être les conséquences de l’enquête ?Hillary Clinton est loin d’être la première responsable politique américaine accusée d’une utilisation illégale de courriels. Les condamnations judiciaires sont extrêmement rares, mais les conséquences politiques peuvent être lourdes. Mme Clinton fait déjà l’objet d’attaques l’accusant d’avoir mis en danger la vie des soldats américains, et ses adversaires dénoncent son manque de transparence – dont le gouvernement Obama avait pourtant fait l’une de ses priorités.Autre conséquence très concrète : l’inspection générale du département d’Etat a lancé le 17 juillet une vaste enquête interne sur « l’utilisation d’outils de communication personnels par cinq secrétaires d’Etat et leurs équipes proches ».Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.08.2015 à 12h25 • Mis à jour le12.08.2015 à 12h27 En proie depuis plusieurs semaines à une escalade de la violence, la Turquie multiplie les arrestations dans les milieux djihadistes. Selon l’agence de presse progouvernementale Anatolie, les autorités ont en effet arrêté, mercredi 12 août à l’aube, au moins une dizaine de djihadistes présumés appartenant à l’organisation Etat islamique (EI) dans plusieurs villes du pays.Cette nouvelle opération d’envergure a été menée à Ankara, à Istanbul, à Hatay (province proche de la Syrie) et à Kirikkale, dans le centre du pays. Quatre autres militants présumés de l’EI étaient encore recherchés par la police à la mi-journée. Les autorités ont également annoncé l’arrestation de vingt-trois étrangers, dont des femmes et des enfants, qui tentaient de traverser la frontière syrienne pour rejoindre la Syrie. Parmi ces étrangers se trouvent des Chinois, des Indonésiens, des Russes et des Ukrainiens, précise l’agence Anatolie. Au total, près de 1 300 suspects ont été arrêtés en un mois lors d’opérations policières menées contre des organisations terroristes à travers le pays. Toutefois, la grande majorité de ces arrestations concerne des membres présumés du PKK.Lire aussi :Erdogan met le processus de paix avec le PKK « au frigo »« Guerre contre le terrorisme »Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les combattants du groupe EI, le long de sa frontière avec la Syrie et l’Irak. Mais les dizaines de raids aériens se sont concentrées sur la guérilla kurde.Le président Recep Tayyip Erdogan a affiché son intention de poursuivre les raids contre les rebelles kurdes « jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucun terroriste ». Réticente auparavant à lutter contre les djihadistes de l’EI, Ankara a multiplié les bombardements aériens le long de la frontière depuis un attentat à la frontière syrienne, le 20 juillet, qui a tué trente-deux civils.Lire aussi :La Turquie, sans gouvernement, s’enfonce peu à peu dans la violence Charlotte Bozonnet L’ONG Médecins sans frontières (MSF) est présente dans les eaux de la Méditerranée depuis le mois de mai pour mener des opérations de sauvetage. L’un de ses navires, le Dignity-I, était présent lors du naufrage qui a fait plus de 200 disparus (près de 400 personnes ont été secourues) mercredi 5 août au large de la Libye.Responsable des opérations de secours en Méditerranée pour MSF, Paula Farias revient sur ce drame, sur la situation en Méditerranée et sur la décision de l’organisation d’affréter des bateaux pour venir en aide aux migrants. Les naufrages se poursuivent : mercredi 12 août, des migrants secourus la veille sur un canot à moitié submergé au large de la Libye ont fait état d’une soixantaine de disparus, à leur arrivée sur l’île italienne de Lampedusa.Une semaine après le dramatique naufrage survenu au large des côtés libyennes, sait-on précisément combien de personnes sont mortes ? Nous ne le savons pas et personne ne le sait. L’unique information que nous avions est celle de l’appel de détresse qui mentionnait un bateau avec 700 personnes à bord. L’expérience nous a toutefois montré qu’il y a souvent une différence entre le chiffre annoncé par les appels et ce que nous trouvons sur place. Y avait-il 600, 700 passagers à bord ? Ce que l’on sait, c’est que des centaines de personnes ont disparu dans ce naufrage.Comment les choses se sont-elles passées ce jour-là ?Nous avons reçu un appel de Rome – où se trouve le centre de coordination des gardes-côtes italiens – vers 10h30 nous informant qu’un bateau était en danger à environ 15 milles des côtes libyennes. Nous nous sommes dirigés vers cette zone, mais après quelques minutes, on nous a demandé d’effectuer le sauvetage d’un autre bateau dont nous étions plus proches.Nous y avons récupéré 94 personnes, puis nous nous sommes remis en route. Lorsque nous sommes arrivés, le navire irlandais arrivé le premier avait récupéré la plupart des rescapés. Il ne restait plus que des gens, flottant, certains avec des gilets, d’autres sans. Le bateau avait coulé. C’est la première fois que l’équipage du Dignity-I faisait face à une telle situation. Jusque-là, il n’avait pas eu de victime lors des opérations sauvetages.MSF intervient en mer depuis le mois de mai avec trois navires. Des opérations qui semblent très éloignées de vos missions habituelles. Pourquoi avoir décidé de mener ce type d’actions ?MSF est présent dans les situations de crise, là où il peut sauver des vies. Nous sommes aux côtés des populations dans leur pays d’origine, en Syrie, au Yémen, etc. C’est notre mandat. Or, aujourd’hui, la traversée de la Méditerranée est un moment critique, au cours duquel beaucoup de gens meurent. C’est une crise humanitaire en tant que telle. Nous ne voulons pas jouer le rôle de gardes-côtes, ce n’est pas notre vocation, mais il y a un vide depuis que l’opération « Mare Nostrum » a été suspendue en novembre 2014 – elle avait cette année-là sauvé 170 000 personnes – et remplacée par l’opération « Triton », dotée de moyens beaucoup plus faibles, et dédiée non pas à sauver des vies, mais à contrôler les frontières.A l’époque, nous savions ce qui allait se passer. Nous l’avions dit. Ce qui se passe est une catastrophe annoncée. MSF a décidé de répondre à cette urgence, mais nous attendons que l’UE assume ses responsabilités. Ces gens risquent leur vie pour arriver en Europe alors que 80 % d’entre eux sont éligibles au statut de réfugiés. L’UE les oblige à de dangereuses traversées, pour obtenir un droit qu’elle leur reconnaît, pourtant ! C’est une situation paradoxale et cynique.Comment travaillez-vous ?Nous patrouillons à 30-40 milles des côtés libyennes, là où se produisent la majorité des naufrages. Nous recherchons les embarcations en danger. Les appels de détresse arrivent du centre de Rome, qui les distribue aux bateaux qui sont les plus proches. Une fois que les migrants sont en sécurité à bord, Rome nous indique où les emmener. C’est variable. La plupart du temps, nous allons en Sicile. Quand c’est complètement saturé, en Calabre. Nous avons sauvé plus de 10 000 personnes depuis le mois de mai.Qu’est-ce qui est le plus compliqué ? Le moment le plus délicat, ce sont les premiers instants du sauvetage, le premier contact. Il s’agit généralement d’embarcations surchargées avec des passagers effrayés et nerveux, qui ne savent pas ce qui va se passer. Ils voient les secours arriver, bougent et déséquilibrent l’embarcation. C’est pourquoi nous suivons un protocole très strict. Il faut s’arrêter loin de l’embarcation à secourir, pour éviter que les passagers ne sautent à l’eau, puis s’approcher dans de petits canots, avec un traducteur qui puisse expliquer la marche à suivre, à savoir que nous allons distribuer des gilets de sauvetage, qu’il y en aura pour chacun, que tout le monde sera secouru. Une fois qu’on s’est assuré que tout le monde a compris, on commence l’opération. C’est une étape très importante à laquelle il faut consacrer du temps, parce qu’il suffit que trois ou quatre personnes deviennent nerveuses pour que ça tourne au drame.Combien d’appels recevez-vous chaque jour ?C’est très variable. Les départs dépendent beaucoup de la météo. Quand la mer est tranquille, les embarcations sortent nombreuses. Nous avons effectué jusqu’à cinq opérations de sauvetage en une journée. Mais nous ne sommes pas toujours dans la zone de sauvetage. Le problème, c’est que nous devons régulièrement retourner à terre, en Italie, pour débarquer les personnes recueillies. Or, nos bateaux ne sont pas très rapides. On perd plusieurs jours dans ces transferts. Des jours pendant lesquels nous ne pouvons pas mener d’opérations de sauvetage.Quel bilan faites-vous après quatre mois d’opérations ?La première observation, c’est que nous ne devrions pas être là, ce n’est pas à nous de faire ça, mais à l’Union européenne. L’Italie et la Grèce sont seules face à ce problème. Pas seulement pour le sauvetage mais aussi pour l’accueil des migrants. Nous demandons à ce que les Etats européens les soutiennent, et à ce que plus de moyens soient débloqués pour les opérations de sauvetage.L’opération « Triton » doit avoir comme priorité numéro un le secours aux personnes, avant la lutte contre les trafiquants. Les réseaux de passeurs existent car il y a des millions de personnes qui vivent dans des pays en crise, et qui veulent venir en Europe, pour faire valoir leur droit à être reconnu comme réfugiés. Nous demandons que soient mis en place des mécanismes afin que ces personnes qui ont droit à l’asile puissent arriver en Europe en toute sécurité. C’est une mesure politique. Encore faut-il de la volonté politique.Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.08.2015 à 06h54 • Mis à jour le12.08.2015 à 10h57 | Marie Charrel « En six ans de crise, on n’avait jamais vu ça », s’étonne encore une source européenne. Depuis le samedi 8 août, lorsque les négociations entre Athènes et ses créanciers ont accéléré pour aboutir à un accord technique mardi 11 août, les deux parties donnent le même son de cloche. « Les discussions se sont faites en bonne entente », dit-on côté grec. « Nous avons travaillé dans une ambiance apaisée pour conclure un compromis au plus vite », déclare-t-on du côté des « institutions », à savoir la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et le Mécanisme européen de stabilité (MES).Depuis le 20 juillet, les représentants des créanciers, le ministre grec des finances Euclide Tsakalotos et celui de l’économie, George Stathakis, se sont régulièrement rencontrés dans l’Hôtel Hilton, au centre d’Athènes, où logeaient les premiers. Ensemble, ils ont négocié des dizaines de mesures que la Grèce devra appliquer en contrepartie de l’aide. « Des discussions aussi techniques auraient pu s’étaler pendant des mois », s’étonne Nick Kounis, économiste chez ABN Amro.En échange d’une nouvelle aide de 86 milliards d’euros sur trois ans, la Grèce s’est ainsi engagée à déréguler le marché du gaz naturel, à créer un fonds de privatisation, à supprimer les exemptions fiscales des agriculteurs, lancer une série de réformes structurelles ambitieuses, etc.Lire la synthèse :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?« Virage à 180 degrés » « C’est à peine croyable : il y a tout juste trois mois, Tsipras n’aurait jamais accepté un tel programme », souligne un proche des négociateurs. Et pour cause : le premier ministre, leader de la gauche radicale de Syriza, a construit sa victoire sur le rejet de la rigueur et des deux premiers plans d’aide. Pendant six mois, il a fait traîner les discussions. Les psychodrames et coups d’éclat étaient alors la règle. Les maladresses de l’ex-ministre des finances, le trublion Yannis Varoufakis, dont les chemises à fleurs laissaient pantois à Bruxelles, faisaient craindre le pire. Les tensions ont culminé le 5 juillet, lorsque M. Tsipras a organisé un référendum pour ou contre l’austérité, en appelant les Grecs à voter contre…Que s’est-il passé depuis ? « Tsipras a opéré un virage à 180 degrés », explique Yannis Koutsomitis, analyste indépendant. « Tout a changé après l’accord européen du 13 juillet, lorsque les dirigeants de la zone euro se sont entendus pour négocier un troisième plan d’aide », confirme M. Kounis.D’un coup, Alexis Tsipras s’est résolu à accepter l’essentiel des demandes de ses partenaires, à l’exception de quelques lignes rouges. Varoufakis a été remplacé par le discret Euclide Tsakalotos. Celui-ci a mené les négociations en compagnie de George Chouliarakis, bon connaisseur des institutions européennes. Tous les deux étaient sur la même ligne que le premier ministre : conclure un accord au plus vite, quitte à céder sur plus de points que prévu. Et ce, pour au moins deux raisons.La première est que la conjoncture économique grecque s’est dégradée bien plus vite que le gouvernement ne l’imaginait. Les banques, sous contrôle des capitaux depuis le 29 juin, sont au bord de l’effondrement. L’économie a replongé en récession. Le leader grec a compris qu’il n’avait plus une minute à perdre pour éviter un nouveau naufrage financier à son pays.Sa seconde motivation est politique. En concluant les négociations au plus vite, Tspiras espère couper l’herbe sous le pied à l’aile gauche de Syriza, vigoureusement opposée au troisième plan d’aide. Et qui pourrait fait scission. Selon les observateurs, c’est d’ailleurs pour empêcher ses détracteurs de monter un parti parallèle qu’il aurait annoncé, le 29 juillet, envisager des élections législatives anticipées.Pour resserrer ses rangs, il pourra mettre en avant la renégociation de la dette publique du pays, dont le principe est selon lui acquis. Mais qui ne sera pas abordée avant l’automne. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, ne veulent en effet pas entendre parler de sa réduction. Autant dire que le ton pourrait à nouveau monter lorsque le sujet reviendra sur la table…Lire sur Les Décodeurs :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Un an après la controverse suscitée par l’interdiction de certaines manifestations de solidarité avec la bande de Gaza, la société française se crispe une nouvelle fois sur la question israélo-palestinienne. L’objet de la polémique est la journée « Tel-Aviv sur Seine » organisée jeudi 13 août par la Mairie de Paris, qui consiste à récréer sur les berges de la capitale l’ambiance hédoniste de la cité balnéaire israélienne.Les défenseurs de cette opération vantent une simple fête, permettant de bâtir des ponts avec une ville progressiste, opposée à la politique du gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Ses opposants dénoncent une manœuvre de communication, susceptible de redorer l’image de l’Etat juif et de l’aider à perpétuer l’occupation des territoires palestiniens.Au cœur de cet affrontement, il y a ce que l’on pourrait appeler la culture d’Oslo. Les initiateurs de « Tel-Aviv sur Seine », n’en déplaise à certains pro-palestiniens ultra, ne sont pas des sous-marins de la droite israélienne. Les membres du PS raisonnent simplement, comme la plupart de leurs collègues de droite et de gauche, avec la grille d’analyse du processus d’Oslo, ce mécanisme de règlement du conflit forgé au début des années 1990 par Yasser Arafat, Itzhak Rabin et l’administration américaine de Bill Clinton.Un paradigme qui présuppose que les torts sont également partagés, que les deux parties sont animées de bonne volonté, et qu’en les réunissant donc autour d’une même table, la paix finira par émerger sous la forme de deux Etats pour deux peuples. A ce titre, tout projet visant à créer du lien, notamment par la culture, est bon à prendre. Toute main tendue est bonne à promouvoir, voire à survaloriser. Un travers auquel cède Anne Hidalgo, la maire de Paris, lorsqu’elle vante dans sa tribune publiée mardi 11 août dans Le Monde « les manifestations de solidarité impressionnantes » avec la famille du petit Palestinien brûlé vif par des extrémistes juifs, qui se seraient déroulées à Tel-Aviv. Ceux qui y étaient, comme l’écrivain israélien Etgar Keret, ont été effarés de voir la place Ithzak-Rabin « à moitié vide ».Lire la tribune :Anne Hidalgo : « Pourquoi nous accueillons Tel-Aviv à Paris Plages »Rupture générationnelleEn face, les pourfendeurs de « Tel-Aviv sur Seine », n’en déplaise à certains pro-israéliens aveugles, ne sont pas des antisémites masqués. Si la mouvance pro-palestinienne rejette de plus en plus le discours des élites politiques et médiatiques sur ce dossier, c’est parce que contrairement à celles-ci, elle n’est plus imprégnée de la culture d’Oslo, de son langage et de ses tics. Manifestants d’un jour ou militants de longue date, les pro-palestiniens des années 2010 ne voient plus dans les violences qui ensanglantent la région l’affrontement de deux nationalismes qu’il faut réconcilier, mais un système de discriminations et d’apartheid, qu’il faut mettre à bas. Le maître mot dans les années 1990 était « négociations ». Son homologue aujourd’hui est BDS, l’acronyme du mouvement boycott-désinvestissement-sanctions, qui réclame des sanctions contre Israël. Son ambition : rompre le sentiment de normalité – dont Tel Aviv est le symbole – qui permet aux Israéliens de garder la tête dans le sable.La première cause de cette rupture est générationnelle. Pour les jeunes qui ont protesté contre l’offensive israélienne dans la bande de Gaza en été 2014, la poignée de main Arafat-Rabin, en 1993, sur le perron de la Maison Blanche, est une date dans un livre d’histoire. Et les attentats-suicides du Hamas, une note en bas de page. Les événements fondateurs de leur engagement sont l’attaque de la flottille de Gaza, la construction du « mur de l’apartheid », le bouclage de la bande de Gaza, ou l’offensive « Plomb durci » contre ce même territoire. Une litanie de crimes de guerre et de violations du droit international, où ils peinent à trouver une trace de bonne volonté israélienne.La deuxième raison est politique. En vingt ans, l’opinion israélienne a dérapé à droite. A force de participer aux gouvernements dirigés par le Likoud, sous la tutelle d’Ariel Sharon ou Benyamin Nétanyahou, la gauche travailliste a scié la branche sur laquelle elle était assise. Quand en novembre 2009, Bernard Kouchner, alors chef de la diplomatie française, déplore « la disparition du camp de la paix israélien », il énonce une évidence, que seuls ceux qui ne viennent jamais dans la région peuvent contester. Les militants pro-palestiniens, s’ils ont des défauts, n’ont pas celui-là. Depuis le début de la deuxième Intifada en 2000, des milliers d’entre eux se sont rendus en Cisjordanie et en Israël, dans le cadre de missions de solidarité.La troisième raison, enfin, est culturelle. La nébuleuse « pro-pal » s’est enrichie ces dernières années de nombreux citoyens de culture arabo-musulmane, dont le rapport à la Palestine est beaucoup plus sentimental que celui de leurs devanciers des années 1990.On sait ce qu’il est advenu d’Oslo. Tué à petit feu par le terrorisme, la colonisation, et le refus des dirigeants israéliens de laisser se créer, en Cisjordanie et à Gaza, un Etat digne de ce nom. Le courant pro-palestinien français a tiré de cet échec ses propres leçons. Judicieuses ? Trop radicales ? Avant de se prononcer, la classe politique, PS en tête, devrait commencer son autocritique. La grille d’analyse qu’elle applique au conflit israélo-palestinien est définitivement périmée.Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.08.2015 à 05h32 • Mis à jour le12.08.2015 à 08h47 L’avocat de l’ancienne secrétaire d’Etat et actuelle candidate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, a fourni à la police fédérale américaine, mardi 11 août, un accès au serveur privé qui héberge ses e-mails, objet d’une polémique sur la sécurité.La controverse sur ces courriels, déclenchée au moment où Mme Clinton brigue l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2016, porte sur le fait que les courriers ont été envoyés ou reçus sur une messagerie et un serveur, privés et non, sur un compte gouvernemental, comme c’est la règle pour le chef de la diplomatie, poste qu’elle a occupé entre 2009 et 2013.Lire le récit :Ce que contiennent les e-mails rendus publics d’Hillary ClintonAccès au serveur privéLe FBI avait récemment commencé à enquêter sur la question, contactant l’avocat d’Hillary Clinton ainsi qu’une entreprise ayant travaillé sur les serveurs de l’ex-secrétaire d’Etat, en s’intéressant a priori plus à la sécurité informatique des serveurs utilisés qu’au contenu des e-mails.« L’avocat d’Hillary Clinton a fourni au FBI [l’accès] au serveur privé qui hébergeait ses e-mails pendant ses quatre années en tant que secrétaire d’Etat », a indiqué l’équipe de campagne, rapporte le Washington Post. Outre l’accès au serveur, « son avocat a également donné aux agents une clé USB contenant les copies de milliers d’e-mails que [Hillary] Clinton avait auparavant remis au département d’Etat ».Selon Nick Merrill, son porte-parole, Mme Clinton coopère pleinement à l’enquête et espère que celle-ci « déterminera aussi rapidement que possible quels e-mails peuvent être rendus publics », rapporte de son côté la chaîne CBS News.Des informations hautement classifiéesLe mois dernier, un inspecteur général du service de renseignement avait établi que quatre parmi les milliers d’e-mails fournis par la candidate contenaient des informations classifiées. Mardi, son bureau a écrit au sénateur Charles Grassley, à la tête de la commission judiciaire du Sénat pour l’informer que deux de ces courriels contenaient des informations hautement classifiées.« Les employés du département [d’Etat] ont diffusé ces e-mail par des systèmes non classifiés en 2009 et 2011 et au final certains ont été transmis à la secrétaire [d’Etat] Clinton. Ils n’étaient pas marqués comme étant classifiés », a réagi mardi soir John Kirby, le porte-parole du ministère américain des affaires étrangères.Les détracteurs de Hillary Clinton assurent qu’elle avait l’intention d’échapper à l’archivage officiel de ses correspondances. L’ancienne secrétaire d’Etat rétorque qu’elle a fait le tri dans ses messages à la fin de 2014 et transmis au département d’Etat toutes ses communications diplomatiques, soit 55 000 pages imprimées.Lire aussi le récit :Hillary Clinton accusée de dissimulation après l’utilisation d’une boîte mail personnelle 13.08.2015 à 15h51 • Mis à jour le13.08.2015 à 16h15 L’approche du scrutin législatif du 8 novembre, véritable test démocratique après des décennies de dictature militaire, a mis au jour de fortes dissensions au sein du parti majoritaire, le Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USDP), dirigé par d’anciens généraux. Le chef du parti au pouvoir en Birmanie a été démis de ses fonctions, jeudi 13 août, après l’intervention du président birman et l’intrusion de la police au siège du parti.Shwe Mann, chef du parti et président du Parlement a fait les frais de semaines de tensions entre lui et le président birman, Thein Sein. Ces deux anciens généraux qui ont abandonné l’uniforme pour prendre part aux élections controversées de 2010, ne sont plus sur la même ligne. Thein Sein, qui n’a plus normalement aucun rôle au sein du parti, est intervenu en personne pour faire exclure de son poste Shwe Mann. Tout s’est joué à Naypyidaw, au siège du parti, qui avait été investi par la police dans la soirée de mercredi en plein milieu d’une réunion concernant les élections.Eviction brutaleDans un communiqué publié jeudi, l’USDP a confirmé que le président était intervenu pour donner un nouveau chef au parti pour plus d’« efficacité ». « Il s’agit simplement d’une affaire de direction de parti, il n’y a aucune raison de s’inquiéter », a déclaré jeudi le porte-parole de la présidence birmane pour dédramatiser cette éviction brutale.Se plaçant sur une ligne moins dure, le chef destitué, Shwe Mann, avait récemment publiquement salué l’idée de travailler en étroite collaboration avec Aung San Suu Kyi, chef de file de l’opposition. Il s’est aussi opposé à d’autres anciens généraux sur la question du poids de l’armée au sein du Parlement.S’adressant aux journalistes devant le siège du parti, des responsables nouvellement élus ont précisé que Shwe Mann était toujours membre de l’USDP et restait président du Parlement.La Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, longtemps maintenue en résidence surveillée à l’époque de la junte, est donnée favorite pour les élections législatives mais la lauréate du prix Nobel de la paix ne peut pas espérer devenir présidente en raison d’un article de la Constitution qui lui barre la route de la fonction suprême.Lire aussi :Echec pour Aung San Suu Kyi au Parlement birman 13.08.2015 à 10h58 • Mis à jour le13.08.2015 à 13h36 La Chine a une nouvelle fois appliqué sa ferme politique de censure pour tenter de contrôler ce que les internautes postent en ligne au sujet des explosions survenues, mercredi 12 août au soir, dans la ville de Tianjin, dans le nord du pays.Selon l’agence Associated Press, plusieurs utilisateurs de Weibo, le plus grand réseau de microblogging du pays, se sont plaints de voir certaines de leurs publications être supprimées. Autre signe que les autorités tentent de contrôler les images de l’accident qui circulent sur le Web, des utilisateurs ont remarqué que le nombre total de messages liés à la catastrophe listés par la plateforme fluctuait beaucoup.Une chercheuse basée à Hongkong a, quant à elle, remarqué qu’elle ne parvenait pas à relayer un message critique au sujet de l’explosion.I just tried several times to retweet a critical comment on Weibo by @LiYuan6 about Tianjin but "permission denied" https://t.co/N0Eb0KGvKq— LetaHong (@Leta Hong Fincher洪理达)require(["twitter/widgets"]);Le site de l’entreprise où a eu lieu l’explosion, Ruihai Logistics, était inaccessible rapidement après l’explosion, sans que l’on sache si cela résultait d’une initiative gouvernementale. Le gouvernement local, en revanche, a annoncé qu’il avait suspendu l’accès en ligne aux archives publiques des entreprises, sans doute pour protéger l’identité des propriétaires.Il est très courant que, lors de catastrophes, la censure chinoise tente de canaliser les publications sur Internet. Il s’agit bien souvent d’atténuer les critiques contre le régime et de célébrer l’action des secours. Ironie du sort : le Financial Times rapportait en 2012 que Tianjin était en passe de devenir la capitale chinoise de la censure sur Internet, à mesure que de plus en plus de géants chinois du Web y établissaient leurs équipes dédiées à la censure. C’est là que l’on trouve, justement, les censeurs de l’entreprise Weibo. 13.08.2015 à 05h08 • Mis à jour le13.08.2015 à 12h11 Pour le troisième jour consécutif, jeudi 13 août, la Chine a abaissé de plus de 1 % le taux de référence du yuan face au dollar, accentuant de facto la dévaluation de sa monnaie.C’est le troisième jour consécutif que la banque centrale de Chine réduit de façon drastique ce taux de référence, déjà abaissé de presque 2 % mardi, puis d’environ 1,6 % mercredi. C’est la plus brutale dépréciation enregistrée par la monnaie chinoise depuis 2005 et la mise en place par Pékin du système de changes actuel.Au total, le yuan a perdu près de 4 % de sa valeur en 48 heures. Jeudi, il continuait à céder du terrain mais l’écart entre le cours de la devise et son taux de référence s’est nettement réduit. Les marchés asiatiques, en revanche, étaient en rebond par rapport au début de semaine.A la différence des Etats-Unis ou de la zone euro, qui laissent le niveau des changes s’établir librement, la Chine établit administrativement chaque matin un cours pivot autour duquel sa monnaie ne pourra pas varier de plus de 2 %, à la hausse ou à la baisse. Pour établir ce cours avant chaque séance, l’autorité des changes dit sonder les grands acteurs du marché et suivre l’évolution des principales devises.Ces annonces ont été considérées comme autant de dévaluations successives du yuan, même si la banque centrale s’en défend, assurant qu’il s’agit au contraire de rapprocher sa valeur des réalités du marché. Cette soudaine dévaluation a été largement perçue comme un puissant effort de Pékin pour revigorer son commerce extérieur et stimuler une activité en plein ralentissement.Lire l'analyse :L’onde de choc de la dévaluation du yuanA double tranchantCela a fait l’effet d’un coup de tonnerre, en pleine torpeur estivale, pour les places boursières mondiales et les marchés des matières premières, qui ont trébuché de concert, angoissés de voir caler un pays moteur de l’économie mondiale.Mardi, la banque centrale a tenté de rassurer les marchés financiers en réfutant l’idée d’une dévaluation prolongée.« Eu égard à la situation économique internationale et intérieure, rien ne justifie actuellement une dépréciation soutenue du yuan. »Elle a ensuite répété qu’elle opérait simplement un « ajustement une fois pour toutes » de la façon de calculer le taux pivot du yuan pour prendre davantage en compte les fluctuations du marché des changes. Et que les dépréciations successives ne seraient que la conséquence de ce nouveau mécanisme.De fait, une dépréciation prolongée et importante du yuan pourrait être à double tranchant, en encourageant les fuites de capitaux hors de Chine, en renchérissant le coût des importations du pays et en gonflant le poids des dettes en dollars des entreprises chinoises. Les autorité chinoises écartent le risque d’une « guerre des monnaies ».Lire notre éditorial :Quand la Chine vacille, le monde tremble 13.08.2015 à 02h00 • Mis à jour le13.08.2015 à 07h26 Trois nouvelles femmes, s’ajoutant à une quarantaine d’autres, sont sorties de l’ombre, mercredi 12 août, pour accuser l’acteur américain Bill Cosby de les avoir agressées sexuellement.Les comédiennes Eden Tirl et Linda Whitedeer ainsi que l’ancienne hôtesse de l’air Colleen Hughes ont décrit lors d’une conférence de presse à Los Angeles leurs rencontres avec la vedette de télévision déchue, déjà mise en cause par une quarantaine de femmes.Lire aussi :35 femmes accusent publiquement Bill Cosby d’agressions sexuellesEden Tirl dit avoir été agressée lors du tournage d’un épisode du « Cosby Show », la série à succès qui a fait de Bill Cosby une star internationale, et jusqu’à il y a peu l’une des célébrités les plus aimées de l’Amérique.« Il m’a attaquée avec rapidité et une précision chirurgicale »Linda Whitedeer, qui était apparue au côté de Charles Bronson dans Le Flingueur (1972), a pour sa part rencontré Bill Cosby en 1971. Il l’aurait forcée à lui faire une fellation alors qu’il lui faisait passer un entretien d’embauche. « Il m’a attaquée avec rapidité et une précision chirurgicale en jouant sur l’effet de surprise », a-t-elle expliqué.Mme Hughes a de son côté rencontré le comédien, aujourd’hui âgé de 78 ans, lors d’un vol vers Los Angeles. Il l’a emmenée déjeuner dans un hôtel de Beverly Hills puis l’a invitée à boire du champagne dans une chambre. En se réveillant plusieurs heures après elle a constaté qu’elle avait été agressée sexuellement. « J’ai vécu toute ma vie avec ce terrible secret, je n’en ai jamais parlé à personne », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse au cabinet de l’avocate Gloria Allred, qui représente les trois nouvelles accusatrices de Cosby ainsi que plusieurs autres victimes présumées.L’avocate, qui représente plus de vingt victimes présumées, a toutefois indiqué que ses trois clientes n’allaient pas engager de poursuites contre le comédien, alors que les faits remontent à plus de trente ans et sont juridiquement prescrits.Gloria Allred a remporté une victoire la semaine dernière : un magistrat de la Cour suprême de Los Angeles a ordonné à l’acteur de faire une déclaration sous serment le 9 octobre prochain dans le cadre des accusations d’une de ses clientes, Judy Huth, qui l’accuse de l’avoir droguée et violée dans la Playboy Mansion lorsqu’elle avait 15 ans. 13.08.2015 à 00h03 • Mis à jour le13.08.2015 à 07h21 L’état d’urgence a été reconduit mercredi 12 août à Ferguson, malgré une nuit calme dans cette ville qui a connu un regain de violence à l’occasion du premier anniversaire de la mort d’un jeune Noir tué par un policier blanc, a indiqué la police locale.La manifestation pacifique qui avait tourné à la violence, dimanche, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Michael Brown, avait conduit lundi le comté de Saint Louis (Missouri, centre) à décréter l’état d’urgence.Retour progressif au calmeUn jeune homme de 18 ans, Tyrone Harris, avait été inculpé pour une fusillade qui avait éclaté à l’issue de la manifestation, et grièvement blessé par les policiers qui avaient répliqué à ses tirs.Lire notre éditorial :Un an après Ferguson, l’Amérique noire sur le qui-vive« Après avoir passé en revue les événements des deux dernières soirées, sous état d’urgence, j’ai le plaisir d’annoncer que nos officiers des forces de l’ordre ont rétabli l’ordre et empêché tout acte de violence », a expliqué Steve Stenger, un responsable du comté dans un communiqué.« C’est en raison de leur capacité à maintenir l’ordre que je trouve prudent de reconduire l’état d’urgence pour au moins les prochaines 24 heures ».Après une nouvelle nuit de violence lundi, qui a conduit à une série d’arrestations, celle de mardi a été calme, ont indiqué les autorités. 12.08.2015 à 20h00 • Mis à jour le13.08.2015 à 16h31 Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55ccb944199f4'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn grand nombre de personnes ont \u00e9t\u00e9 pi\u00e9g\u00e9es \u00e0 proximit\u00e9 de l'explosion par un gigantesque incendie.\r\nCr\u00e9dits : STR \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n 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Selon la police locale, l\u2019entrep\u00f4t o\u00f9 a eu lieu l\u2019incendie appartient \u00e0 l\u2019entreprise Tianjin Dongjiang Port Rui Hai International Logistics. Les m\u00e9dias d\u2019Etat ont annonc\u00e9 l'arrestation de plusieurs cadres de l\u2019entreprise.\r\nCr\u00e9dits : JASON LEE \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un bulldozer d\u00e9blaie un site \u00e0 proximit\u00e9 du lieu de l'explosion. Selon la police locale, l\u2019entrep\u00f4t o\u00f9 a eu lieu l\u2019incendie appartient \u00e0 l\u2019entreprise Tianjin Dongjiang Port Rui Hai International Logistics. 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Le bilan est déjà lourd : au moins 50 morts, dont 12 pompiers, et plus de 700 blessés, dont 71 dans un état critique, selon un bilan provisoire établi par les médias d’Etat.La plupart des blessés ont été touchés par des éclats de verre et des débris, projetés jusqu’à 3 kilomètres à la ronde. Plus de 1 000 pompiers ont été mobilisés pour maîtriser l’incendie déclenché par les déflagrations, qui serait désormais sous contrôle. Les opérations pour l’éteindre ont toutefois été suspendues afin de tenter d’évaluer des « produits dangereux » qui demeurent sur le site, a indiqué au Guardian le gouvernement local. Selon l’agence de presse officielle Chine nouvelle :« A cause de la volatilité des produits, les flammes sont particulièrement imprévisibles et il est dangereux de les approcher. »Lire aussi :La sécurité dans l’industrie chinoise « passe après la recherche du profit »Selon le groupe écologiste Greenpeace, « il est certain que certains produits chimiques contenus dans l’air présentent un risque pour les habitants de Tianjin ». Citant la station de contrôle de l’air de la ville, l’ONG évoque notamment la présence de particules de cyanure de sodium (NaCN), de diisocyanate de toluène (TDI), et de carbure de calcium (CaC2), qui « constituent toutes une menace pour la santé humaine ». Si la première est particulièrement toxique, les deux autres réagissent très violemment au contact avec l’eau, présentant notamment des risques d’explosion, ce qui « constitue une difficulté supplémentaire pour les pompiers », relève Greenpeace.Selon Matt Simon, journaliste pour la chaîne CCTV America, les secours utilisent du peroxyde d’hydrogène pour contenir la fuite au sol de cyanure de sodium.A little more detail. Crews are using 15 TONS of hydrogen peroxide to contain and combat cyanide leak in #Tianjin. http://t.co/3clMvwiTRZ— MSimonTV (@Matt Simon)require(["twitter/widgets"]);Une équipe de 217 militaires spécialistes des armes nucléaires, bactériologiques et chimiques est arrivée sur place pour participer aux opérations de nettoyage, précisait l’agence Chine nouvelle.« J’ai d’abord entendu un bruit sourd… »Les explosions, qui se sont produites à trente secondes d’intervalle vers 23 h 30, heure locale, ont déclenché une onde de choc ressentie à plusieurs kilomètres de distance. Elles étaient si fortes qu’elles ont pu être observées de l’espace par des satellites.La première a eu lieu dans un entrepôt où étaient stockés des explosifs et elle a projeté des débris enflammés, déclenchant une deuxième explosion beaucoup plus puissante. D’après Chine nouvelle, la première explosion correspondait à l’équivalent de 3 tonnes de TNT, la deuxième à 21 tonnes. Selon l’agence sismologique chinoise, la première explosion a provoqué un séisme d’une magnitude de 2,3 sur l’échelle de Richter, la deuxième de 2,9.Les déflagrations ont touché un quartier résidentiel de luxe, mais aussi des dortoirs de travailleurs migrants, qui n’étaient plus qu’un enchevêtrement de tôles à terre. En dessous de ces amas de ferraille apparaissent des draps aux couleurs vives, parfois maculés de sang.Dans un témoignage recueilli par téléphone par Le Monde, Wu Di, qui travaille et réside dans la zone nouvelle de Binhai, autour du port où a eu lieu la déflagration, explique :« J’étais resté tard au travail. Mon appartement est à 5 ou 6 kilomètres du lieu de l’explosion. Même de mon bureau, qui est encore un peu plus loin, j’ai eu l’impression que ça se produisait juste à côté. J’ai d’abord entendu un bruit sourd puis l’ensemble de l’immeuble a tremblé. J’ai cru qu’il s’agissait d’un séisme. Mon appartement, situé dans la zone de développement, est vraiment endommagé. Les portes métalliques se sont déformées. Les vitres ont volé en éclats. Nous ne sommes plus autorisés à entrer ».Le gouvernement promet des punitions sévèresSelon la police locale, l’entrepôt où a eu lieu l’incendie appartient à l’entreprise Tianjin Dongjiang Port Rui Hai International Logistics. Les médias d’Etat ont annoncé que plusieurs cadres de l’entreprise ont été arrêtés. Le président Xi Jinping a appelé à faire « tous les efforts possibles pour venir en aide aux victimes et éteindre l’incendie ». Il a également promis des punitions sévères si des manquements étaient découverts.Malgré ce discours, la Chine a une nouvelle fois appliqué sa ferme politique de censure pour tenter de contrôler ce que les internautes postent en ligne au sujet des explosions. Selon l’agence Associated Press, plusieurs utilisateurs de Weibo, le plus grand réseau de microblogging du pays, se sont plaints de voir certaines de leurs publications être supprimées.Lire le décryptage :Explosions à Tianjin : la censure à l’œuvre sur les réseaux sociaux chinoisDans son éditorial, le tabloïd chinois Global Times a appelé les autorités à faire preuve de transparence dans sa gestion de l’affaire. « Les responsables locaux de Tianjin doit prendre en compte les retours critiques. (…) L’idée qu’ils aient essayé de faire taire les commentaires et même en censurer certains doit à tout prix être évitée. »Tianjin, qui se situe à 140 kilomètres au sud-est de Pékin, est l’une des plus grandes villes du pays, avec près de 15 millions d’habitants, et le dixième port commercial au monde. Elle est l’une des quatre seules villes du pays à avoir obtenu le statut de province avec Pékin, Shanghaï et Chongqing. 23.08.2015 à 06h44 • Mis à jour le23.08.2015 à 07h41 La Corée du Nord et la Corée du Sud se sont accordées sur un deuxième round de négociations dimanche 23 août après une nuit de discussions infructueuses, en vue de trouver une solution à la crise qui a placé la péninsule au bord d’un conflit armé.Après dix heures de négociations marathon entamées samedi et qui se sont prolongées une bonne partie de la nuit, les deux parties devaient se rencontrer à nouveau dimanche à 15 heures (8 heures en France), afin de « réduire les divergences », a déclaré un porte-parole de la présidence sud-coréenne, Min Kyung-wook.Lire aussi :Après deux jours de tensions, les deux Corées prêtes à dialoguerLa rencontre, organisée dans le village frontalier de Panmunjom où fut signé le cessez-le-feu de la guerre de 1950-1953, avait débuté peu avant l’expiration de l’ultimatum lancé vendredi par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Il exigeait l’arrêt des haut-parleurs récemment remis en service par Séoul pour diffuser à plein volume des messages de propagande à la frontière.Un difficile compromisEn dépit du scepticisme concernant la mise à exécution par Pyongyang de ses menaces, Kim Jong-un étant coutumier des annonces belliqueuses, l’ultimatum a accru les tensions qui ont atteint leur plus haut niveau depuis des années à la frontière entre les deux Corées. Le Nord a repositionné des unités d’artillerie, tandis que des avions de chasse sud-coréens et américains ont effectué des exercices de simulation de bombardement. Et, à titre de prévention, des centaines de civils sud-coréens vivant à proximité de la frontière ou près d’unités de propagande militaire ont été évacués de leurs logements vers des abris souterrains.Les négociations à Panmunjom ont été dirigées par le conseiller sud-coréen à la sécurité nationale, Kim Kwan-jin, et son homologue nord-coréen, Hwang Pyong-so, un proche collaborateur de Kim Jong-un. Il s’agissait des discussions intercoréennes au plus haut niveau depuis près d’un an, ce qui reflète la gravité de la situation. Des analystes avaient prévenu qu’il serait difficile de trouver un compromis sans qu’aucune des deux parties perde la face, en particulier compte tenu de leurs exigences respectives. EscaladeSéoul avait refusé d’éteindre ses haut-parleurs jusqu’à ce que Pyongyang s’excuse pour l’explosion d’une mine antipersonnel qui a mutilé deux soldats sud-coréens lors d’une patrouille à la frontière au début d’août. A la suite de cet incident, la Corée du Sud avait décidé de reprendre sa guerre de propagande, une pratique que les deux pays avaient cessée en 2004 d’un commun accord. Cette initiative avait suscité l’ire de Pyongyang, qui dément toute implication dans ces explosions, et la situation s’était envenimée jusqu’à déboucher jeudi sur un exceptionnel échange de tirs d’artillerie entre les deux ennemis.Lire aussi :Pyongyang et Séoul se défient mutuellementTechniquement, les deux pays sont en conflit depuis soixante-cinq ans car la guerre de Corée (1950-1953) a pris fin avec un simple cessez-le-feu qui n’a jamais été formalisé par un traité de paix en bonne et due forme. La situation actuelle est surveillée de près par la communauté internationale. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a exhorté vendredi les deux Corées à mettre fin à l’escalade de tensions, tandis que les Etats-Unis, qui disposent de quelque 30 000 militaires en Corée du Sud, ont invité Pyongyang à la retenue. La Chine, principal soutien de la Corée du Nord, a également lancé des appels au calme, désireuse d’éviter tout esclandre au moment où elle tente d’attirer des dirigeants du monde entier à Pékin au début de septembre pour assister aux commémorations de la défaite japonaise de 1945. 23.08.2015 à 02h48 • Mis à jour le23.08.2015 à 17h02 L’Union Jack a été hissé, dimanche 23 août, dans les jardins de l’édifice du XIXe siècle qui abrite l’ambassade du Royaume-Uni à Téhéran. Quelques heures plus tard, l’Iran a rouvert son ambassade à Londres, en présence du vice-ministre des affaires étrangères.« [Il s’agit d’une] étape clé dans l’amélioration de nos relations bilatérales. Cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord sur tout. Mais il est souhaitable que le Royaume-Uni et l’Iran disposent » de représentations diplomatiques réciproques, a expliqué le ministre des affaires étrangères britannique, Philip Hammond, en inaugurant la représentation diplomatique britannique.Le lieu avait été fermé en novembre 2011 après sa mise à sac par des manifestants islamistes hostiles au durcissement des sanctions contre le régime des mollahs, liées à son programme nucléaire controversé. Au même moment, la mission iranienne à Londres avait également été suspendue. Elle devait aussi rentrer en service dimanche.Accord historique du 14 juilletDepuis 2003, aucun représentant de la diplomatie britannique ne s’était rendu dans le pays. La visite de M. Hammond, jusqu’au 24 août, fait suite à celle de plusieurs ministres européens à Téhéran, après la signature le 14 juillet de l’accord historique sur le dossier nucléaire.Lire :Nucléaire iranien : un accord pour l’HistoireCe texte, négocié entre l’Iran et les puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne), prévoit de limiter au domaine civil le programme nucléaire iranien en échange d’une levée progressive et réversible des sanctions internationales imposées depuis 2006.La normalisation des relations commerciales et économiques est un enjeu de taille tant pour le pays que pour les Etats occidentaux : l’Iran espère ainsi attirer des investisseurs internationaux dont il a besoin, tandis que les seconds souhaitent être présents sur un marché de 80 millions d’habitants.Lire aussi :La levée des sanctions, une manne pour l’Iran 22.08.2015 à 09h36 • Mis à jour le22.08.2015 à 09h39 | Louis Imbert Au moins sept frappes aériennes de la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen ont touché, vendredi 21 août, une banlieue densément peuplée de la périphérie de Taëz, la troisième ville du Yémen (600 000 habitants), faisant au moins 65 morts, dont des femmes et des enfants, et 23 blessés, a rapporté Médecins sans frontières (MSF), qui maintient des équipes dans cette ville. Ces frappes comptent parmi les plus meurtrières du conflit engagé fin mars et qui a fait au moins 4 300 morts, dont de nombreux civils, selon l’ONU.Des responsables des services de sécurité yéménites ont affirmé que la coalition avait répondu à des bombardements des rebelles houthistes, menés jeudi depuis le quartier de Sala vers des zones résidentielles, qui avaient tué 23 civils – un chiffre invérifiable de source indépendante. La coalition a frappé de façon répétée, depuis quatre mois, des cibles non militaires et pilonne les axes de communication. Les deux parties mènent également des attaques depuis des zones civiles, près d’hôpitaux ou d’écoles, usant d’armes imprécises, selon un rapport publié mardi par Amnesty international, qui a demandé à l’ONU d’ouvrir une enquête pour crimes de guerre.Les forces loyales au président en exil à Riyad, Abd Rabo Mansour Hadi, aidées par des milices séparatistes sudistes, tribales et des groupes djihadistes, ont repris, mi-juillet, le grand port du sud du pays, Aden, aux rebelles houthistes, d’obédience chiite et supposés être soutenus par l’Iran. Ces forces remontent actuellement vers le nord, avec le soutien d’unités terrestres émiraties et saoudiennes. Mais la route de Taëz est une zone montagneuse, que les chars émiratis – notamment des chars français Leclerc – auront du mal à atteindre.Le port d’Hodeïda bombardéDans les collines sur lesquelles est bâtie Taëz, des forces locales de la « résistance populaire », notamment affiliéesau parti Al-Islah des Frères musulmans, affrontent les houthistes dans des combats anarchiques. « Il est difficile pour les houthistes de tenir Taëz, qui ne leur est pas acquise », dit Farea Al-Muslimi, analyste au centre Carnegie pour le Moyen-Orient. Les affiliations politiques (progressistes, baasistes…) y sont anciennes et diverses. M. Al-Muslimi craint que la coalition ne tente de pousser son avantage militaire plus au nord, vers les zones houthistes. « Maintenant, il y a une possibilité pour toutes les parties de parler de paix », estime l’analyste, alors que le président Hadi a proposé un cessez-le-feu de deux semaines, dans la nuit de vendredi à samedi, et que des négociations ont lieu à Oman. Sur le plan humanitaire, le Yémen a atteint un nouveau stade dans la crise,avec le bombardement, mardi, par la coalition, du port d’Hodeïda, tenu par les houthistes, par où transite une large part de l’aide humanitaire internationale. La Maison Blanche s’est dite, jeudi, « vivement préoccupée » par cette attaque menée contre le port, aujourd’hui à l’arrêt.Depuis deux semaines, le gouvernement yéménite en exil laisse entendre que ce port doit céder le pas à celui d’Aden, où il reprend pied. Mais la volonté du gouvernement de laisser acheminer l’aide d’Aden vers les zones sous contrôle des houthistes est loin d’être garantie. Un navire marchand a accosté à Aden vendredi, le premier depuis le début du conflit. Le terminal conteneurs reste largement endommagé, et n’a plus les capacités de stockage nécessaires pour nourrir le pays.Louis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 17h29 • Mis à jour le21.08.2015 à 20h44 | Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance) Hillary Clinton a décidément bien du mal à se dépêtrer de l’affaire qui, depuis plusieurs mois, empoisonne sa campagne pour la primaire démocrate américaine. Indifférence, candeur, légalisme, énervement, mépris : la candidate a tout tenté pour évacuer de son agenda les questions portant sur sa gestion des courriers électroniques reçus et envoyés lorsqu’elle était secrétaire d’Etat de Barack Obama, de 2009 à 2013. En vain.« Personne ne me parle de cette histoire d’emails à part vous », a-t-elle lancé à des journalistes, mardi 18 août à Las Vegas. Chaque jour ou presque la presse américaine s’interroge en effet sur les conséquences de l’utilisation par Mme Clinton d’une adresse électronique privée et non d’une adresse gouvernementale sécurisée, comme cela aurait dû être le cas dès lors qu’elle était en fonction.En quatre ans, la secrétaire d’Etat a envoyé et reçu 62 320 courriels par le biais de son adresse personnelle. Depuis que cette pratique, pour le moins inhabituelle, a été révélée en mars, la candidate démocrate a dû restituer pour archivage, à la demande du département d’Etat, les 30 490 courriels qu’elle considère comme professionnels. Concernant les 31 830 courriers restants, Mme Clinton a estimé qu’ils relevaient de sa vie personnelle et les a effacés. Le 12 août, elle a, en outre, fourni un accès à son serveur privé à la police fédérale américaine, qui enquête sur la sécurité, et non le contenu, de ces courriers.Le département d’Etat, qui, de son côté, examine tous ses courriels officiels, en a déjà publié 3 500 et doit tous les avoir rendus publics d’ici janvier. La plupart traitent de questions banales de personnel ou relayent des articles de presse. Environ 10 % d’entre eux sont liés à l’attaque du 11 septembre 2012, à Benghazi, dans laquelle l’ambassadeur américain en Libye avait été tué. Plusieurs pages ont été largement expurgées. Selon Fox News, quelque 300 échanges contiendraient potentiellement des informations sensibles. Le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, a pour sa part indiqué que parmi les courriers déjà épluchés, « 63 avaient été surclassés » a posteriori, « pour la plupart à un niveau très bas que nous appelons confidentiel ». Il a laissé entendre que d’autres courriers de ce type allaient être découverts.Dégâts politiquesCes nouveaux développements ont permis à Mme Clinton de camper sur la ligne de défense qu’elle a adoptée depuis plusieurs semaines. Elle se dit « convaincue » de n’avoir « jamais envoyé ou reçu aucune information qui était classifiée au moment de son envoi ou de sa réception ». Mais ce feuilleton occupe le terrain médiatique de la campagne démocrate, au point que certains se demandent si la candidate, toujours en tête – quoique en chute –, dans les sondages, a pris la mesure des dégâts politiques et en termes d’image que provoque cette polémique. Au-delà de possibles failles sécuritaires, il lui est reproché un manque de transparence et une réticence à coopérer, tout au moins au début de l’affaire.L’un de ses adversaires dans la primaire démocrate, l’ancien gouverneur du Maryland, Martin O’Malley, a regretté, mercredi, que ces questions perpétuelles sur les emails de Mme Clinton empêchaient le Parti démocrate d’aborder des sujets de fond. « Nous devons commencer à débattre sur des choses comme l’augmentation du salaire minimum, la reconstruction des infrastructures de notre pays… »Il n’est pas sûr que les nouvelles sur l’avancée du dépouillement des courriers de Mme Clinton ou de l’enquête du FBI, consciencieusement égrenées dans la presse américaine, leur laissent le loisir d’évacuer totalement ce sujet d’ici mi-janvier 2016, date du premier vote pour les primaires.Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 13h45 • Mis à jour le21.08.2015 à 18h34 Les discussions ont tourné court. Après les vains efforts du premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, pour constituer un gouvernement de coalition, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé, vendredi 21 août, la tenue d’élections législatives anticipées le 1er novembre.Avant cette échéance, le premier ministre sera chargé de constituer en début de semaine prochaine un gouvernement de transition dont les membres seront choisis au sein du Parlement mais également à l’extérieur de celui-ci.M. Erdogan a ajouté qu’il rencontrerait le président du Parlement le 24 août pour prendre les dispositions nécessaires à l’organisation de ce scrutin.Revers du 7 juinLe parti islamo-conservateur de la Justice et du Développement (AKP), qui régnait depuis 2002 sans partage, a subi un sérieux revers lors du scrutin législatif du 7 juin, qui ne lui a pas permis d’obtenir la majorité absolue et de former un gouvernement seul. M. Erdogan espère qu’un nouveau scrutin le lui permettra.M. Erdogan, qui a été premier ministre de 2003 à 2014, avant de devenir le premier président élu au suffrage universel direct, rêve par ailleurs d’une réforme de la Constitution qui lui accorderait des pouvoirs étendus. Un projet mis à mal à l’issue des élections de juin, mais auquel le chef de l’Etat n’a pas renoncé. Le 14 août, il expliquait :« Que vous le vouliez ou non, en Turquie, le système a changé. Il faudrait donner un cadre légal à cette situation au moyen d’une nouvelle Constitution. »Pour l’éditorialiste en chef du journal Hürriyet, Murat Yetkin, M. Erdogan a usé de tous les moyens possibles pour prolonger le mandat de l’AKP, malgré le désaveu des urnes.Lire aussi :M. Erdogan n’a pas renoncé à son rêve absolutistePas en reste, l’opposition estime que le président n’a cessé de jouer sur la peur et l’instabilité croissantes pour obtenir un nouveau scrutin dans l’espoir que l’AKP retrouve sa majorité gouvernementale : « Une seule personne a pris la Turquie en otage avec ses ambitions », a martelé ainsi, jeudi, le porte-parole des sociaux-démocrates du CHP (deuxième force au Parlement), Haluk Koç, dans une critique à peine voilée contre l’homme fort de Turquie.Violents affrontements La presse a fait en outre état ces derniers jours de ministres ou d’officiels hués par la foule lorsqu’ils assistaient aux funérailles de soldats ou de policiers, en signe de désapprobation de l’offensive militaire décidée par le gouvernement contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).La Turquie vit depuis un mois une escalade de la violence marquée par des affrontements quotidiens avec le PKK. Officiellement, Ankara a lancé une « guerre contre le terrorisme », contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) et contre les rebelles kurdes, mais dans les faits, l’aviation turque concentre ses frappes sur le PKK. En réponse, les rebelles kurdes ont rompu un cessez-le-feu avec Ankara en vigueur depuis 2013 et ont repris leurs attaques contre l’armée et la police à travers le pays, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un relevé de la presse turque. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Même pas peur. La démission du premier ministre grec Alexis Tsipras, annoncée jeudi 20 août au soir, et la tenue d’élections législatives anticipées en septembre ne semblent pas inquiéter outre mesure les responsables européens et les représentants des créanciers, qui viennent de valider, il y a à peine une semaine, lors de l’Eurogroupe du 14 août, une aide supplémentaire massive de 86 milliards d’euros sur trois ans à la Grèce. De fait, ce nouveau soubresaut politique était largement anticipé, voire souhaité, par les représentants des créanciers d’Athènes.« La Commission européenne prend note de l’annonce en Grèce. Les clés du succès seront un large support au MOU [Memorandum of Understanding, la liste des conditions sur lesquelles s’est engagé le pays en échange de l’aide] et un respect des engagements » a ainsi tweeté, jeudi soir, Annika Breidthardt, une des porte-parole de la Commission. Le tweet, jeudi soir, du directeur de cabinet du président de la Commission Juncker, Martin Selmayr, est lui aussi sans ambiguïté : « Des élections rapides en Grèce peuvent être le moyen d’élargir le soutien au programme de stabilité du MES [le troisième plan d’aide] que vient juste de signer M. Tsipras ».Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre parti« Etape attendue » « J’espère que les élections vont conduire à un soutien encore plus grand [au plan d’aide] de la part du Parlement grec. Espérons qu’elles auront lieu relativement vite afin que la Grèce puisse, comme prévu, prendre des décisions importantes en octobre », a pour sa part déclaré Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, selon l’agence Reuters. Même type de message de la part d’un de ses collègues, Thomas Wieser, un personnage clé à Bruxelles, qui préside le groupe de travail de l’Eurogroupe. « C’était vraiment une étape attendue », a t-il commenté sur la chaîne de télévision publique autrichienne ORF. « Et pour de nombreuses personnes, cela était une étape voulue pour avoir une structure plus claire dans le gouvernement grec, a-t-il ajouté. Si cela n’avait pas eu lieu, la situation serait devenue plus risquée. »Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis Tsipras« Depuis qu’un tiers des députés du parti Syriza ont voté contre le plan d’aide à Athènes, la semaine dernière, la démission de Tsipras était largement anticipée, ici, renchérit une source diplomatique à Bruxelles. Cette démission est considérée comme une opportunité par les créanciers d’Athènes, qui espèrent que Tsipras sera réélu et que cela va permettre de clarifier la situation politique, d’aboutir à un gouvernement plus cohérent, qui soutienne davantage le plan d’aide et la mise en œuvre des réformes exigées en échange. » Ces élections anticipées étaient même souhaitées depuis des mois, plus ou moins ouvertement, par certains responsables européens, qui y voyaient le moyen de « purger » la coalition gouvernementale grecque de ses éléments les plus radicaux, ceux qui, comme Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances, ont semblé jouer, durant toutes les négociations entre Athènes et ses créanciers, davantage la sortie de la Grèce de la zone euro que son maintien.Lire le portrait :La « star » Varoufakis se cherche un destinL’agenda des réformes bousculé ?Ce nouveau processus électoral ne risque-t-il pas, néanmoins, de compromettre l’agenda très serré du programme d’aide ? Un premier chèque de 13 milliards d’euros a certes été envoyé à Athènes jeudi, pour rembourser la Banque centrale européenne et les arriérés dus au Fonds monétaire international, et 10 autres milliards ont été sécurisés pour recapitaliser les banques hellènes. Mais pour que les autres prêts soient versés, Athènes va devoir, tous les trimestres, se soumettre à une série d’audits.D’ici octobre, Athènes s’est ainsi d’ores et déjà engagée sur une liste impressionnante de « prior actions », de réformes encore à mettre en place. Poursuite de la réforme des retraites, de la simplification du système de TVA, de la collecte des impôts, etc. Un travail administratif considérable en perspective, alors que, d’ici à la tenue des prochaines élections législatives, fin septembre, il est peu probable que le gouvernement intérimaire se lance dans des chantiers d’envergure.Si M. Tsipras se maintient avec une coalition solide, après les élections législatives, il ne lui restera plus que quelques semaines pour mettre en place les « prior actions » avant que les fonctionnaires de la Commission européenne débarquent à Athènes pour leur première « revue » des réformes.« Cet agenda est tenable, estime une source diplomatique, interrogée par Le Monde. Les Grecs ont déjà prouvé qu’ils peuvent constituer un nouveau gouvernement et être opérationnels en un temps record ». L’agence de notation Moody’s, jeudi soir, a néanmoins mis en garde les investisseurs, estimant que « la démission du premier ministre Tsipras et l’appel à des élections législatives anticipées le 20 septembre pourraient accroître les préoccupations concernant la mise en place du programme d’aide, et potentiellement, faire peser un risque sur les futurs versements de prêts [au pays] ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.08.2015 à 16h33 En Thaïlande, les condamnations pour lèse-majesté sont de plus en plus fréquentes. Au point de justifier, mardi 11 août, une condamnation de la part de l’Organisation des Nations unies (ONU), qui se sont dites « consternées par les peines de prison scandaleusement disproportionnées prononcées au cours des derniers mois pour des cas de crime de lèse-majesté » dans le royaume.Au début d’août, un homme de 48 ans a été condamné pour six messages et photos publiés sur Facebook jugés insultants pour la famille royale. Le juge l’avait initialement condamné à dix ans de prison par message, soit soixante ans de prison, mais a consenti à réduire de moitié la peine après que l’homme, qui travaille dans une agence touristique, plaida coupable. Dans le même temps, une jeune femme de 29 ans travaillant dans un hôtel de Chiang Mai a été condamnée à vingt-huit ans de prison. Des peines record pour des accusations de lèse-majesté.Car si la figure sacralisée du roi n’est pas nouvelle en Thaïlande, où Bhumibol Adulyadej est présenté comme un demi-dieu et le bienfaiteur de la nation depuis des décennies, le nombre de ces poursuites a connu une hausse exponentielle depuis l’arrivée au pouvoir des militaires, lors du coup d’Etat du 22 mai 2014. Selon la Fédération internationale des droits de l’homme, cinq affaires de lèse-majesté seulement étaient en cours avant le putsch, contre plus de cinquante après.Ces derniers mois, un homme a été condamné à la fin de mars à vingt-cinq ans de prison pour la publication, sur Facebook aussi, de messages jugés diffamatoires pour la monarchie. Puis c’est une femme souffrant de troubles mentaux qui a été condamnée en mai pour « comportement inapproprié envers un portrait du roi ». A la fin de juin, un homme, lui aussi atteint de troubles psychiatriques, a été condamné à cinq ans de prison pour avoir tailladé un portrait du couple royal. Et un autre homme à trois ans et quatre mois de prison pour l’envoi d’Espagne d’un courriel jugé diffamant pour la famille royale.Un groupe de théâtre, un libraire de rue ayant vendu des livres interdits, ou encore le Club des correspondants étrangers de Thaïlande, qui s’est vu interdire l’organisation d’un débat sur le sujet, en ont pâti. A la mi-juillet enfin, dix personnes du groupe Banpodj – une organisation qui diffuse sur Internet des clips politiques très critiques envers la monarchie – ont été condamnées à des peines allant jusqu’à cinq ans de prison ferme pour « insulte » au roi.Les personnages publics n’échappent pas non plus à la vague de poursuites. En mai, c’est l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, en exil depuis le coup d’Etat qui l’a renversé, en 2006, qui a été menacé de telles poursuites en raison d’une interview jugée antimonarchiste. La junte militaire est soupçonnée de chercher à l’éradiquer du paysage politique thaïlandais. Au début de juin, le crime de lèse-majesté a également été invoqué pour arrêter un conseiller du palais, dernier épisode d’une affaire ayant décimé l’entourage de l’ex-femme du prince héritier, disgraciée à la fin de 2014.Lire aussi :Boom des insultes au roi à BangkokCheval de bataille de la junte militaireAu moment du coup d’Etat, les militaires ont justifié leur action par la nécessaire défense de la royauté, déjà protégée par l’une des lois les plus répressives au monde : selon l’article 112 du code pénal, toute personne offensant le roi, la reine, l’héritier du roi ou le régent est passible de quinze ans d’emprisonnement pour chaque délit. Depuis, le culte de la personnalité du roi a atteint des sommets. Et les militaires ont fait de la lutte contre le crime de lèse-majesté leur cheval de bataille, dans un contexte de grande incertitude liée à la succession du roi, âgé de 87 ans.L’ONU, qui a appelé à « la libération immédiate » des personnes en « détention préventive prolongée pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression », s’est aussi dite « alarmée par l’aggravation des difficiles conditions de détention », et par le fait que « les tribunaux militaires ne respectent pas les normes internationales des droits humains ». Pour David Streckfuss, rare analyste installé en Thaïlande à accepter de commenter le sujet auprès de l’Agence France-Presse, l’usage immodéré du crime de lèse-majesté trahit « une tentative plutôt désespérée de la part de l’ancienne élite pour maintenir l’idéologie conservatrice » et « leur image de la Thaïlande unifiée par la force ». « Dans ce climat, la police, les procureurs, les tribunaux et tous les fonctionnaires semblent avoir peur de ne pas donner suite aux allégations de lèse-majesté, craignant d’être accusés de déloyauté envers la monarchie », ajoute Brad Adams, de Human Rights Watch. Et l’autocensure est couramment pratiquée, y compris parmi les médias étrangers.Lire aussi :En Thaïlande, un an après le coup d’Etat, la dictature s’installe 11.08.2015 à 12h27 • Mis à jour le11.08.2015 à 15h06 | Martin Untersinger WikiLeaks offrira 100 000 euros à qui lui fera parvenir le texte du traité de libre-échange transatlantique (TTIP, aussi connu sous le nom de « Tafta »), tenu secret et actuellement négocié par l’Union européenne et les Etats-Unis. La cagnotte que l’organisation de Julian Assange amasse depuis mardi 11 août à cette fin compte un contributeur de marque : Yanis Varoufakis, ancien ministre des finances grec.Ce dernier n’est pas le seul à avoir mis au pot : parmi les donateurs figurent également le journaliste à l’origine des Pentagon Papers, Daniel Ellsberg, la créatrice de mode Vivienne Westwood et le journaliste américain Glenn Greenwald.Le montant de leurs contributions respectives n’a pas été communiqué. Une poignée d’heures après le début de la collecte, celle-ci s’élève à environ 12 000 euros.Lire : Pourquoi il faut s’intéresser au traité transatlantique« Il est temps de mettre fin au secret »« Le secret du TTIP menace le futur de la démocratie européenne. Certains intérêts en profitent et s’en donnent à cœur joie, comme on l’a vu lors du récent siège financier contre le peuple grec. Le TTIP influe sur les vies de tous les Européens et entraîne l’Europe dans un conflit de long terme avec l’Asie. Il est temps de mettre fin au secret », a expliqué Julian Assange dans un communiqué.WikiLeaks promet déjà, depuis le mois de juin, 100 000 dollars (91 000 euros) à celui ou à celle qui lui fournira le texte d’un autre accord, le TPP (Trans-Pacific Partnership Agreement). 80 % de cette somme a été à ce jour collectée.WikiLeaks s’est fait connaître par la publication de documents confidentiels et met un point d’honneur à protéger, techniquement et juridiquement, les sources qui les lui font parvenir. Mais que le site propose de l’argent en échange de documents est une nouveauté.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benoît Vitkine (Moscou - correspondance) La crise économique qui frappe la Russie est loin d’être terminée. Elle s’est même aggravée singulièrement au second trimestre de l’année 2015, selon les chiffres communiqués, lundi 10 août, par le service fédéral de statistique Rosstat.Entre avril et juin, le produit intérieur brut (PIB) russe a reculé de 4,6 % par rapport à la même période de l’année 2014, soit la pire performance jamais enregistrée depuis la récession de 2009. Surtout, cette contraction de l’activité marque une nette dégradation par rapport à la baisse du premier trimestre (– 2,2 %), mais aussi une déception pour le gouvernement, qui tablait sur un recul limité à – 4,4 %.Quoique plus mauvais qu’attendu, ces chiffres ne constituent pas une surprise complète. L’économie russe accuse les effets de la crise monétaire qui frappe le pays depuis décembre 2014. Sur les douze derniers mois, le rouble s’est déprécié de 43 % face au dollar, handicapant fortement le pouvoir d’achat et la consommation. Illustration de cette faiblesse, les chiffres de vente de voitures neuves, annoncés lundi, montrent un recul au mois de juillet de 27,5 % sur un an.Toujours en juillet, l’inflation s’est établie à 15,6 %, ce qui constitue un léger mieux par rapport aux 16,9 % atteints en mars (la pire performance en treize ans) mais reste largement insuffisant pour pouvoir renverser la tendance. Le Fonds monétaire international (FMI) prédit un taux d’inflation sur l’ensemble de l’année 2015 à 18 %, bien plus que les quelque 10 % prévus par la banque centrale russe.Crédit inaccessibleLe choc est d’autant plus rude pour les consommateurs que les prix des produits alimentaires, pour moitiés importés, ont encore plus grimpé sous l’effet de l’embargo imposé par le Kremlin et qui a été reconduit jusqu’au 5 août 2016, en réponse aux sanctions prises notamment par l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis.Lire aussi :Moscou prolonge d’un an l’embargo sur les produits alimentaires européensL’aggravation de la récession russe s’explique aussi par les mauvaises performances de l’industrie. En juin, la production industrielle a reculé de près de 20 %. Les mesures drastiques prises dès le mois de décembre 2014 par la Banque centrale pour soutenir le rouble ont rendu le crédit inaccessible aux entreprises. Son taux directeur actuel, à 11 %, est bien en deçà des niveaux de l’hiver, mais reste dissuasif pour l’activité.Les économistes s’accordent à penser que la période présente constitue le pic de la crise. « La baisse du taux de chômage, passé de 5,9 % de la population active en mars à 5,4 % en juin, et la stabilisation de la baisse de la consommation sont des signes encourageants, note Natalia Orlova, chef économiste chez Alfa Bank, mais il ne fait aucun doute que la reprise n’interviendra pas cette année. La tendance reste mauvaise pour les troisième et quatrième trimestres. »« Crise structurelle »Le scénario des autorités russes, qui espèrent une amorce de reprise dès le troisième trimestre et une croissance de plus de 2 % en 2016, paraît très optimiste, d’autant que le prix bas des hydrocarbures noircit un peu plus le tableau. La plupart des estimations se fondent en effet sur un baril à 60 dollars, quand celui-ci plafonne ces dernières semaines en dessous des 50 dollars. Les hydrocarbures représentent 25 % du PIB russe, 70 % de ses exportations et 50 % de son budget. Les récentes discussions sur le relèvement de l’âge de départ à la retraite – actuellement à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes –, et la baisse des pensions montrent que le pouvoir se prépare à affronter des jours plus difficiles encore.Dans ces conditions, les milieux d’affaires et les réformateurs ne cachent pas leur inquiétude. « Nous sommes au centre de la tempête », expliquait au Monde, fin juin, l’ancien ministre des finances, Alexeï Koudrine, appelant le Kremlin à des réformes de fond.« La crise actuelle n’est pas seulement une question de conjoncture, elle est structurelle, estime aussi Igor Nikolaïev, directeur de l’institut d’analyse stratégique FBK. Elle vient de notre dépendance critique aux hydrocarbures, de l’inefficacité des institutions, du manque de réformes, de l’augmentation continue des budgets militaires… La preuve en est que, jusqu’à l’année dernière, lorsqu’il n’y avait pas de sanctions et que les prix du pétrole étaient raisonnables, la croissance était déjà atone. »Lire aussi :Vivre à Moscou sous embargoBenoît Vitkine (Moscou - correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Pour la première fois en treize ans, la Turquie est confrontée à une recrudescence de la violence dans ses régions du Sud-Est kurdophone et à Istanbul, où des attaques et deux attentats ont entraîné la mort de cinq policiers et celle d’un conscrit, lundi 10 août.Les embuscades de militaires et de policiers, survenues lundi notamment dans la région de Sirnak, sont à mettre sur le compte de la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, pro-kurde, interdit en Turquie), qui a repris les armes depuis les bombardements de l’aviation turque sur ses bases au nord de l’Irak, lesquelles auraient causé la mort de 400 militants, selon Ankara. Les accrochages sont quotidiens. Mardi 11 août, un militaire a de nouveau été tué à Sirnak, région proche de l’Irak pour laquelle les partis kurdes locaux viennent de déclarer l’autonomie, ce qui augure du pire. L’armée turque, elle, a procédé à des bombardements contre des cibles du PKK dans la province de Hakkari, frontalière de l’Iran et de l’Irak.Les attentats d’Istanbul, eux, portent la signature de l’extrême gauche. Lundi matin, deux assaillants ont ouvert le feu sur le consulat américain, dans le quartier de Sariyer, sur la rive européenne du Bosphore, sans faire de victimes.L’un des agresseurs s’est enfui, l’autre, une femme, blessée, a été capturée par la police. Le Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) a revendiqué l’attaque. Cette formation ancienne et marginale est une organisation opaque qui a été mêlée, dans le passé, à une multitude de « coups tordus », tel l’assassinat, en 1996, de Özdemir Sabanci, un homme d’affaires.La militante détenue, Hatice Asik, 51 ans, venait d’être libérée de la prison de Bakirköy, à Istanbul, lorsqu’elle est partie à l’assaut du consulat américain. Elle était, semble-t-il, dans l’attente de son procès, avec, à la clef, une éventuelle condamnation à perpétuité pour une agression contre un commissariat commise quelques années auparavant. Sur son site Internet, le DHKP-C la décrit comme une « révolutionnaire » dévouée à la lutte contre l’« oppression américaine » et promet des attentats jusqu’à ce que la Turquie soit « nettoyée » de ses bases étrangères.De fragiles équilibres internes ébranlés L’attaque fait suite à l’annonce, dimanche 9 août, du déploiement de six F-16 américains et de 300 militaires sur la base d’Incirlik, située à 110 kilomètres de la frontière syrienne, dans le cadre des frappes aériennes sur les positions des djihadistes de l’Etat islamique (EI).En décidant de s’engager activement dans la lutte contre l’EI et contre le PKK, les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP) ont pris le risque d’ébranler les fragiles équilibres internes, juste au moment où les milieux d’affaires et les investisseurs croisent les doigts pour que la formation d’un gouvernement de coalition se fasse au plus vite entre l’AKP et le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), la principale formation d’opposition.Après d’intenses discussions, lundi 10 août, les deux dirigeants politiques – le premier ministre Ahmet Davutoglu, qui dirige l’AKP, et le président du CHP, Kemal Kiliçdaroglu – ne sont pas parvenus à s’entendre complètement, repoussant la décision finale à jeudi ou vendredi. « Il faut beaucoup d’efforts pour qu’un consensus soit trouvé entre deux formations opposées politiquement », a souligné Ömer Celik, en charge des négociations pour l’AKP.Tous sont pourtant d’accord pour reconnaître que la Turquie ne peut rester plus longtemps sans gouvernement. Le vide de pouvoir et l’incertitude qui en résulte mettent l’économie à mal – baisse de la monnaie locale, chute des exportations, tourisme en berne – et favorisent le chaos.Peu avant le mitraillage du consulat, dans la nuit de dimanche 9 à lundi 10 août, une voiture piégée avait explosé devant un commissariat du quartier de Sultanbeyli, sur la rive asiatique du Bosphore, faisant trois morts – deux assaillants et un policier – et une dizaine de blessés.Une équipe de police accourue sur place pour les besoins de l’enquête a ensuite essuyé des tirs nourris. Blessé dans cet accrochage, Beyazit Ceken, le chef du service des explosifs à la police, est mort à l’hôpital. L’attentat a été revendiqué par l’Union de protection du peuple, un groupuscule marginal, auteur, le 26 mars 2015, d’un attentat, sans victimes, contre une revue du Front islamique du Grand Orient (IBDA-C), tout aussi extrême et marginal. Ce groupe n’a rien à voir avec les Kurdes, ce qui n’a pas empêché une partie des badauds de s’en prendre aux locaux du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde de gauche), tout proches.C’est comme si les forces les plus extrêmes s’étaient donné le mot. La semaine dernière, plusieurs représentants d’associations alévies – une branche non sunnite de l’islam – ont été visés par des attaques. « Ils veulent attirer les Alévis dans une situation de chaos », a mis en garde Dogan Demir, président de l’association culturelle des Alevis à Istanbul, après avoir réchappé de justesse aux balles de ses assaillants. Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Louis Imbert Il aura fallu une vague de chaleur, plus de 50 degrés dans les rues de Bagdad, pour que soudain la guerre contre l’Etat islamique (EI) passe au second plan et pour que l’Irak refasse de la politique. Depuis le 31 juillet, des manifestations ont lieu dans la capitale, dans le grand port du Sud, Bassora, et dans les villes saintes chiites de Nadjaf et Kerbala. On y dénonce des coupures d’électricité insupportables par cette chaleur, et la corruption au sein de l’Etat, qui en est l’une des causes. Poussé par la rue, le premier ministre, Haïder Al-Abadi a présenté, dimanche 9 août, un ambitieux plan de réforme du fonctionnement de l’Etat. Le Parlement, sous pression, a approuvé, mardi 11 août, les mesures anticorruption présentées par le chef du gouvernement.Ce plan prévoit la suppression immédiate des trois postes de vice-premiers ministres et de vice-présidents, attribués par convention à un chiite, un sunnite et un Kurde. Ce système de répartition du pouvoir selon des lignes confessionnelles et partisanes est un héritage de l’occupation américaine et un symbole du profond dysfonctionnement de l’Etat irakien. Déjà, le vice-premier ministre Baha Al-Aradji, membre du mouvement chiite Sadr, a présenté sa démission. Une enquête sur des soupçons de corruption a été ouverte à son encontre.La principale victime de cette réforme serait le vice-président Nouri Al-Maliki, ex-premier ministre de 2006 à 2014, évincé quelques semaines après la conquête par l’Etat islamique (EI) de larges pans des provinces sunnites de l’ouest et du nord du pays. M. Maliki, secrétaire général du parti religieux chiite Dawa, auquel appartient M. Al-Abadi, reste puissant au sein de l’appareil d’Etat, dont il a contribué à façonner les travers autoritaires, clientélistes et confessionnels. C’est lui qui avait réprimé la première vague de manifestations spontanées d’inspiration libérale qu’avait connue l’Irak, fin 2011, en même temps que celles des zones sunnites. « On a l’impression que cette séquence pourrait tourner la page Maliki dans l’esprit de la population irakienne », estime Robin Beaumont, doctorant à l’EHESS.M. Al-Abadi souhaite également remplacer de hauts fonctionnaires de l’administration centrale et des provinces, hors des quotas confessionnels et partisans usuels. Il fusionne des ministères pléthoriques, où l’on plaçait des amis politiques.« Ils nous ont volés au nom de la religion »Les manifestations qui lui ont donné ce mandat fort ont été organisées notamment sur les réseaux sociaux par des fonctionnaires, des journalistes, des membres de la société civile, souvent jeunes, qui dénoncent les partis religieux au pouvoir : « Ils nous ont volés au nom de la religion », scandent-ils.Leur initiative a « pris » dans la population épuisée par la faiblesse de l’Etat, essentiellement parmi les chiites. « Depuis un an, tout est gelé au nom de la lutte contre Daech. Les services publics se délitent. Il n’y a plus de centre. C’est une lutte de tous contre tous pour des revenus qui baissent avec les prix pétroliers », analyse Loulouwa Al-Rachid, chargée de mission auprès de l’International Crisis Group en Irak.Des proches de l’ayatollah Ali Al-Sistani, principale autorité chiite d’Irak, à la parole rare, se sont rangés derrière la grogne populaire lors du sermon de la prière du vendredi, à Kerbala. Ils ont enjoint M. Al-Abadi à « frapper d’une main de fer » les corrompus.Les observateurs s’attendent à ce que Nouri Al-Maliki, qui s’est déclaré favorable à cette réforme, ne se laisse pas écarter aisément. Le risque est grand, même si les parlementaires l’approuvent, qu’une telle réforme s’enlise.Le mouvement est d’ores et déjà soumis à des tentatives de récupération par des groupes religieux. Vendredi, la milice Asaïb Ahl Al-Haq, pro-iranienne, défendait à Bagdad, parmi les manifestants, une « mobilisation civile », pendant de la « mobilisation populaire » armée contre l’EI. « On a réussi à empêcher les miliciens de harceler les vrais manifestants. On n’allait pas laisser faire. On a distribué des drapeaux et pour l’instant, ça marche », dit Anasse Azzaoui, un manifestant.Louis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.08.2015 à 06h31 • Mis à jour le11.08.2015 à 06h34 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Un accrochage avec une journaliste de la chaîne Fox News à propos d’allégations de sexisme, l’annulation de sa présence à une réunion de conservateurs, le départ de son plus proche conseiller politique : pour tout autre candidat, ces éléments seraient autant d’indices d’une campagne en piqué. Pas pour Donald Trump. Après avoir accaparé l’attention dans les jours qui ont suivi le premier débat entre postulants républicains à l’investiture pour la présidentielle de 2016, le 6 août, marqué notamment par un échange vigoureux avec l’animatrice Megyn Kelly, le magnat de l’immobilier a pu se reposer sur une batterie de sondages toujours aussi favorables rendus publics lundi 10 juin 2015.Transgressions et passe d’armesDans trois enquêtes d’opinion, l’une locale (dans l’Iowa, premier Etat à se prononcer le 1er février) et deux autres nationales, M. Trump maintient ou consolide sa première place en termes d’intentions de vote, en dépit de marges d’erreur parfois élevées compte tenu de l’étroitesse des échantillons des personnes interrogées. Comme l’avaient montré les premières polémiques à propos de commentaires désobligeants visant les immigrés mexicains ou le passé militaire de l’ancien candidat à la présidentielle John McCain, retenu cinq ans en captivité en Vietnam, les transgressions de l’homme d’affaires constituent en effet pour l’instant un moteur d’adhésion aussi puissant que sa réussite personnelle.Lors du débat, M. Trump a piétiné les codes politiques en refusant de renoncer à une candidature en tant qu’indépendant en cas d’échec à l’investiture républicaine, puis en assurant qu’avoir donné de l’argent par le passé à des candidats (il avait affirmé avoir contribué aux campagnes de tous ses adversaires présents à ses côtés) lui avait permis d’avoir leur écoute. C’est pourtant sa passe d’armes avec la journaliste de Megyn Kelly qui a été utilisée pour tenter de le mettre en difficulté alors que seul le candidat Rand Paul, sénateur du Kentucky, s’était frontalement opposé sur scène à l’homme d’affaires.De nombreux républicains, à commencer par la candidate Carly Fiorina, ancienne responsable de Hewlett-Packard, ont assuré que ses propos étaient inappropriés et qu’ils menaçaient d’entretenir le thème de la « guerre contre les femmes » souvent reprochée au Grand Old Party notamment compte tenu de positions extrêmement restrictives sur la question de l’avortement. Les responsables républicains craignent en effet une répétition de la défaite de 2012, faute de pouvoir rivaliser avec le Parti démocrate auprès des femmes ou des Latinos.Tâche compliquée pour ses rivauxAvant même cette nouvelle vague de sondages favorables, M. Trump ne s’était pas privé de s’attribuer l’audience record enregistrée par Fox News le 6 août. Les événements sportifs mis à part, ce débat est en effet devenu l’émission de télévision la plus regardée de l’histoire du câble aux États-Unis, avec 24 millions de téléspectateurs, soit le double du record précédent (11,8 millions). Ce dernier chiffre avait été obtenu le soir de la réélection du président Barack Obama, un événement difficilement comparable à un débat interne au Parti républicain au beau milieu de l’été. En 2011, le premier débat des primaires républicaines avait d’ailleurs rassemblé huit fois moins de téléspectateurs. Nul doute que les chaînes d’informations qui vont organiser les prochains débats (CNN le 16 septembre, et CNBC le 28 octobre) espèrent également bénéficier d’un tel « effet Trump ».Cette popularité insolente complique la tâche de ses rivaux. Certains, comme le gouverneur de l’Ohio John Kasich, le ménagent en lui reconnaissant d’« avoir touché juste » sur la question de l’immigration, tout en privilégiant leurs propres réponses. Auteur d’une prestation souvent convaincante lors du débat, éclipsée comme celles des autres candidats par les polémiques liées à l’homme d’affaires, le sénateur de Floride Marco Rubio a annoncé officiellement dimanche 9 août qu’il refuserait de répondre désormais à toute question concernant le magnat de l’immobilier.Dernière preuve de cette domination, M. Trump, placé au centre de la scène du fait de ses bons scores en termes d’intention de vote, avait disposé le soir du débat du temps de parole le plus élevé (10’ 31” minutes), devant Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride (8’ 47” minutes) et M. Kasich (6’ 56” minutes), selon les statistiques du Washington Post.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante) Le péronisme reste incontournable en Argentine. Après douze ans de présidence de Nestor puis de Cristina Kirchner, les Argentins ont une nouvelle fois porté leurs suffrages sur le candidat péroniste, Daniel Scioli, pour la course à la présidentielle du 25 octobre, au cours d’élections primaires organisées dimanche 9 août 2015. Soutenu par la présidente Cristina Kirchner, Daniel Scioli a totalisé 38,5 % des voix.Gouverneur de la décisive province de Buenos Aires, qui rassemble près de 40 % de l’électorat, cet ancien champion de course de bateaux, qui a perdu son bras droit dans un accident, invoque volontiers le pape argentin, François, dont il se dit proche. Il a repris une des formules prononcées par le souverain pontife durant son récent voyage en Amérique du Sud : « Terre, toit et travail » pour tous. M. Scioli rend aussi régulièrement hommage à Nestor Kirchner dont il a été le vice-président (2003-2007).M. Scioli a ajouté à ses promesses électorales, « égalité, investissement et innovation ». Se montrant plus modéré que la présidente actuelle, il a obtenu le soutien des milieux d’affaires qui rejettent la politique dirigiste, protectionniste et autoritaire des Kirchner. Mais il défend la continuité du modèle « kirchnériste », bénéficiant du taux de popularité de 40 % de la présidente, toujours élevé après huit ans de pouvoir. Selon un sondage publié en juin, 53 % des Argentins souhaitent le maintien d’une politique où l’Etat est omniprésent.En face, un regroupement hétérocliteSi la victoire de M. Scioli est claire, il espérait toutefois un meilleur score qui lui aurait permis de s’imposer, en octobre, dès le premier tour, et d’éviter ainsi un ballottage. La loi électorale prévoit qu’un candidat qui obtient 40 % des suffrages avec 10 points d’avance sur son principal rival est élu au premier tour.Son principal adversaire est le maire de Buenos Aires, Mauricio Macri, à la tête de la Coalition pour le changement, un regroupement hétéroclite qui va du centre gauche à la droite, et qui a recueilli 30 % des voix. Le troisième candidat en lice, Sergio Massa, est également péroniste, mais dissident et opposé aux Kirchner. Il a obtenu 20,5 % des suffrages, un score supérieur à celui que lui prédisaient les sondages. Cet ancien chef de gouvernement de Mme Kirchner, qui n’a que 43 ans, pourrait jouer les arbitres, le 25 octobre.Reste à savoir comment se redistribueront les votes qu’il a gagnés… L’addition des pourcentages obtenus par Macri et Massa dépasse les 50 %, ce qui relance le vieux débat dans l’opposition sur la possibilité de former un large front commun susceptible de battre le péronisme, ou tout au moins le kirchnérisme.Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.08.2015 à 03h42 • Mis à jour le11.08.2015 à 09h07 Deux personnes ont été tuées dimanche lors du premier tour des élections législatives en Haïti qui a été marqué par des incidents violents, provoquant la fermeture anticipée de dizaines de bureaux de vote, ont rapporté des partis politiques lundi 10 août.La présidente du parti Fusion, Edmonde Supplice Beauzile, déplore la mort du fils d’un de ses partisans à Savanette, dans le département du Centre. L’ancienne sénatrice et actuelle candidate à la présidence a également annoncé que deux membres de son parti avaient été blessés au cours de la journée de vote dimanche.Le parti présidentiel PHTK (Parti haïtien tet kale) a, pour sa part, annoncé, lors d’une conférence de presse lundi, qu’un de ses partisans avait été tué par balle dans le département du Nord. Lucien Jura, membre du directoire du parti a par ailleurs dénoncé « la campagne de dénigrement » visant le PHTK, accusé par les autres formations politiques d’être à l’origine des violences qui ont perturbé les opérations de vote dimanche.Sans fournir de bilan sur les potentielles victimes des violences, la police nationale d’Haïti (PNH) a annoncé avoir interpellé plus de 130 personnes et saisi 23 armes à feu.Appel au calmeLa représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en Haïti et le groupe d’ambassadeurs accrédités dans le pays (« Core Group ») ont salué la tenue des élections mais condamné les troubles de la journée. Ce groupe d’ambassadeurs exhorte les autorités haïtiennes à enquêter sur les cas de violences et appelle les parties prenantes au processus électoral à attendre dans le calme les résultats de ce premier tour de scrutin.Avec la chef de la Mission de stabilisation en Haïti de l’ONU (Minustah) et le représentant spécial de l’OEA, le « Core Group » rassemble les ambassadeurs du Brésil, du Canada, de l’Union européenne, de la France, de l’Espagne et des Etats-Unis.Ces élections législatives sont le premier scrutin organisé en Haïti depuis l’arrivée au pouvoir du président Michel Martelly, en mai 2011. Avec près de quatre années de retard, les 5,8 millions d’électeurs sont appelés à élire l’ensemble de leurs députés et deux tiers du Sénat, dans le pays le plus pauvre de la Caraïbe et du continent américain. Le second tour des législatives aura lieu le 25 octobre.Lire :Dans la fièvre électorale, Haïti reçoit François Hollande Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) Après avoir réussi à obtenir 17 sièges de députés au Parlement en janvier, avec 6 % des voix, le parti centriste To Potami (« la Rivière »), créé en 2014, voudrait peser dans un éventuel gouvernement de coalition en cas de victoire d’Alexis Tsipras aux législatives anticipées du 20 septembre.Cependant, le chef de la gauche radicale vise une large majorité et a exclu toute alliance avec le « vieux système » de la Grèce. To Potami est jugé trop libéral par les cadres de Syriza. Les premiers sondages n’indiquent pas de percée de To Potami, après sept mois de mandats parlementaires. Son président, Stavros Theodorakis, évoque, dans un entretien accordé au Monde, les conditions d’une éventuelle alliance.Lire aussi :En Grèce, un scrutin plus serré que prévu pour Alexis TsiprasAlexis Tsipras devait-il provoquer ces nouvelles élections, prévues le 20 septembre ?Il a le comportement habituel des politiciens grecs, quand ils sont dans une impasse. La plupart des anciens premiers ministres ont convoqué des élections anticipées. Alexis Tsipras est allé plus vite que ses prédécesseurs, alors que l’accord sur le nouveau mémorandum [avec les pays créanciers] a été voté par plus de 200 députés. Il pouvait prendre le risque de continuer à gouverner et provoquer des élections s’il était vraiment mis en minorité.Que pensez-vous du changement d’attitude de Syriza sur le mémorandum ?Pendant des mois, le gouvernement nous a expliqué que le mémorandum, c’était la mort de l’Europe, et finalement 120 députés ont signé. On s’interroge surtout sur combien nous allons payer pour ce changement tardif. Sans doute quelques dizaines de milliards d’euros. Les cours particuliers de M. Tsipras sur l’Europe coûtent cher à la Grèce. Je ne suis pas sûr de la réalité de ce changement. Il faut qu’il apporte des preuves. Si l’on veut que les réformes prévues dans le Mémorandum fonctionnent, il faut les accepter pleinement, pas les présenter comme des travaux forcés.Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis TsiprasPeut-on faire évoluer ce mémorandum ?Il y a des erreurs et des inégalités dans le texte signé. Le nouveau gouvernement devra le faire évoluer en proposant des mesures équivalentes financièrement. On peut le faire pour les îles, par exemple. Cette question importante pour la Grèce doit faire l’objet d’un traitement global et ne pas être vue uniquement sous l’angle d’une augmentation de la TVA. C’est la même chose pour la taxe sur l’enseignement privé. Alexis Tsipras vise la majorité et a annoncé qu’il ne ferait pas d’alliance avec les partis du vieux système, qui inclut selon lui To Potami.Etes-vous prêt à gouverner avec lui ?C’est le peuple grec qui s’exprimera sur les alliances gouvernementales, pas M. Tsipras. S’il décide de nous renforcer et d’affaiblir Syriza, ce sera un mandat très clair. S’il ne peut pas renouveler son alliance avec les Grecs indépendants, qui représentent l’extrême droite, parce qu’ils n’entrent pas au Parlement, il doit regarder les autres listes. On espère que les gens ne vont pas voter pour les anciens partis, comme Nouvelle démocratie, le Pasok ou Syriza qui utilisent les mêmes vieilles méthodes de gestion du pouvoir.Quel va être votre programme pour les élections ?Le prochain gouvernement doit mettre en place un plan très concret. Le mémorandum ne peut pas constituer un projet. Il faut mettre en avant ses propres changements. Nous voulons défendre les droits de la Grèce qui produit et qui travaille. Ce n’est pas notre priorité de protéger la nomenklatura des partis. Il faut renforcer les petites et les grandes entreprises afin de permettre aux hommes et aux femmes de travailler. Nous avons aussi un projet de refondation de l’éducation, qui est loin de ce que veut faire Syriza.Alors, comment allez-vous pouvoir gouverner avec eux, le cas échéant ?Il n’y a pas de solution idéale en politique. Je ne peux pas changer les politiciens avec qui je peux collaborer. Il faut faire avec ceux qui existent. Nous avons de nombreux cadres disponibles pour changer la Grèce.Alain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Depuis sa déclaration de candidature, le 16 juin, Donald Trump a pris en un temps record l’ascendant sur les autres candidats républicains à l’investiture, bousculant les favoris (l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker) et privant d’espace les outsiders, qu’ils soient issus de la société civile, comme le neurochirurgien Ben Carson, ou du Congrès, comme le sénateur du Texas Ted Cruz, figure radicale des Tea Party. Le magnat de l’immobilier compte ses points forts et ses faiblesses. Les enquêtes d’opinion réalisées au niveau national en donnent un premier aperçu. #container_1440865222208{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1440865222208{ height:500px; } #container_1440865222208 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1440865222208 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1440865222208 .subtitre{ display:block; }La percée de Donald TrumpLe magnat de l'immobilier creuse l'écart sur ses principaux rivaux républicains(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1440865222208", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://i2.cdn.turner.com/cnn/2015/images/08/17/rel8a.-.gop.2016.pdf", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#35c21f","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"baromètre Fox News", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Intentions de vote (en %)" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:true, startOnTick:true, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["31/05-02/06","21-23/06","30/07-02/08","11-13/06"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:-45 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Donald Trump", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 4 ], [ "", 18 ], [ "", 26 ], [ "", 25 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Ben Carson", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 11 ], [ "", 6 ], [ "", 7 ], [ "", 12 ] ], "color": "#FFc832" }, { "name": "Ted Cruz", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 8 ], [ "", 4 ], [ "", 6 ], [ "", 10 ] ], "color": "#ff3232" }, { "name": "Jeb Bush", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 12 ], [ "", 14 ], [ "", 15 ], [ "", 9 ] ], "color": "#35c21f" }, { "name": "Scott Walker", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 12 ], [ "", 15 ], [ "", 9 ], [ "", 6 ] ], "color": "#28beaa" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);En un peu plus de deux mois, de polémiques en déclarations fracassantes, M. Trump s’est installé au cœur de la campagne pour l’investiture républicaine. Il bénéficie de trois décennies de forte exposition médiatique qui en font le candidat le plus connu. Seule Hillary Clinton, côté démocrate, enregistre une notoriété comparable. #container_1440967004847{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1440967004847{ height:500px; } #container_1440967004847 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1440967004847 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1440967004847 .subtitre{ display:block; }L'arme de la notoriétéParmi les principaux candidats républicains, Donald Trump est celui qui enregistre le plus faible déficit de notoriété (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1440967004847", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.quinnipiac.edu/news-and-events/quinnipiac-university-poll/national/release-detail?ReleaseID=2274", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Quinnipiac University (20-25 août)", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"en % des personnes interrogées" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["Donald Trump","Jeb Bush","Ted Cruz","Scott Walker","Ben Carson"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" % des personnes interrogées", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "N'en sait pas assez sur lui", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 8 ], [ "", 26 ], [ "", 38 ], [ "", 48 ], [ "", 50 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Cette percée concerne toutes les familles du Grand Old Party, quelles que soient les divergences idéologiques. En dépit d’un style de vie flamboyant, le magnat de l’immobilier séduit les conservateurs religieux comme le courant quasi insurrectionnel des Tea Party. M. Trump perçoit sans doute les dividendes de sa campagne de 2012 mettant en doute la nationalité du président démocrate Barack Obama. #container_1440967161405{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1440967161405{ height:500px; } #container_1440967161405 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1440967161405 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1440967161405 .subtitre{ display:block; }Un soutien qui transcende les différentes familles républicainesAucun électorat ne résiste à la poussée de Donald Trump (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1440967161405", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.quinnipiac.edu/news-and-events/quinnipiac-university-poll/", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Baromètre Quinnipiac University", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["Ensemble de l'électorat républicain","Proche des Tea Party","Blanc « born again », évangélique","Très conservateur","Conservateur","Modéré"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" %", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Mai", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 5 ], [ "", 4 ], [ "", 2 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 6 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Août", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 28 ], [ "", 25 ], [ "", 24 ], [ "", 25 ], [ "", 26 ], [ "", 31 ] ], "color": "#FFc832" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Passé maître dans l’utilisation des médias, Donald Trump jouit par ailleurs au sein de l’électorat républicain d’une forte image de super manageur. Il bénéficie du discrédit qui frappe tout ce qui est lié à Washington (l’administration comme le Congrès), une carte que tentent de jouer sans grand succès pour l’instant Scott Walker et le sénateur Ted Cruz, artisan du « shut down » (l’arrêt du fonctionnement de nombreuses administrations fédérales en octobre 2013). #container_1440968140470{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1440968140470{ height:500px; } #container_1440968140470 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1440968140470 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1440968140470 .subtitre{ display:block; }Un super manageurAu sein de l'électorat républicain, Donald Trump devance largement ses principaux rivaux sur une série de dossiers(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1440968140470", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://i2.cdn.turner.com/cnn/2015/images/08/17/rel8a.-.gop.2016.pdf", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#9500f2","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Enquête CNN-ORG conduite du 13 au 16 août", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Qui est le meilleur... 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L’hostilité qu’il rencontre auprès d’eux compromet ses chances s’il devait recevoir l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016. Une perspective encore très lointaine : les premiers caucus et primaires ne débuteront pas avant le 1er février. #container_1440967978968{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1440967978968{ height:500px; } #container_1440967978968 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1440967978968 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1440967978968 .subtitre{ display:block; }Une image particulièrement clivanteDonald Trump jouit comparativement d'une meilleure image auprès des hommes blancs âgés de plus de 50 ans et peu diplômés(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1440967978968", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.quinnipiac.edu/news-and-events/quinnipiac-university-poll/national/release-detail?ReleaseID=2274", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Quinnipiac University (20-25 août)", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"en %" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["18-34 ans","34-49 ans","50-64 ans","65 ans et plus","Diplôme universitaire","Pas de diplôme universitaire","Blancs","dont hommes","dont femmes","Noirs","Latinos"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:-45 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"% des personnes interrogées", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Avis favorable", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 25 ], [ "", 33 ], [ "", 41 ], [ "", 40 ], [ "", 29 ], [ "", 39 ], [ "", 41 ], [ "", 46 ], [ "", 36 ], [ "", 12 ], [ "", 22 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Avis défavorable", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 66 ], [ "", 53 ], [ "", 51 ], [ "", 50 ], [ "", 63 ], [ "", 49 ], [ "", 49 ], [ "", 45 ], [ "", 53 ], [ "", 79 ], [ "", 63 ] ], "color": "#FFc832" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Sa crédibilité fait également l’objet d’interrogations, tous électorats confondus. Il est ainsi celui qui obtient le plus mauvais résultat sur sa capacité à exercer la fonction présidentielle parmi les principaux candidats. Un autre obstacle par rapport à un rival comme Jeb Bush, d’autant que cette qualité est très majoritairement reconnue à la favorite démocrate, Hillary Clinton. #container_1440968262059{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1440968262059{ height:500px; } #container_1440968262059 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1440968262059 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1440968262059 .subtitre{ display:block; }Un problème de crédibilitéDonald Trump obtient le plus mauvais score des principaux candidats républicains à la question de la capacité à exercer la fonction de président(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1440968262059", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.foxnews.com/politics/interactive/2015/08/14/fox-news-poll-sanders-gains-on-clinton/", "_blank" ); } } } }, colors:["#f2c90f","#3366ff","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Sondage Fox News (11-13 août)", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"En %" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["Jeb Bush","Marco Rubio","Ted Cruz","Ben Carson","Donald Trump"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"% des personnes interrogées", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Dispose des qualités requises pour occuper la fonction de président", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 67 ], [ "", 63 ], [ "", 47 ], [ "", 45 ], [ "", 45 ] ], "color": "#f2c90f" }, { "name": "Ne dispose pas des qualités requises pour être président", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 28 ], [ "", 24 ], [ "", 35 ], [ "", 30 ], [ "", 52 ] ], "color": "#3366ff" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.08.2015 à 13h38 • Mis à jour le31.08.2015 à 16h46 Au moins quatre-vingt-dix policiers ont été blessés par une explosion devant le Parlement ukrainien, à Kiev, lundi 31 août. Arsen Avakov, le ministre de l’intérieur de l’Ukraine, a annoncé qu’un des policiers était mort, après avoir reçu un fragment d’un engin explosif dans le cœur. La déflagration a eu lieu alors que des affrontements avaient lieu entre la police et des manifestants, qui protestaient contre l’adoption en première lecture par les députés d’un projet de loi controversé donnant davantage d’autonomie aux territoires de l’Est prorusse.Plusieurs personnes ensanglantées demeuraient allongées à même le sol devant la Rada. A la sortie du Parlement, des manifestants ont lancé des grenades fumigènes, propageant des nuages de fumées noire et blanche devant le bâtiment ; du gaz lacrymogène aurait également été utilisé par les deux camps.Les partis de droite, à l’origine des manifestations aux alentours du Parlement, ont dénoncé le texte, qu’ils qualifient d’« antiukrainien » et de « pro-Poutine », et ont tenté de faire pression sur les députés. La réforme cristallise les tensions dans ce pays en proie à une guerre civile depuis près de trois ans. Avant le vote à la Rada, des élus du Parti radical, qui fait pourtant partie de la coalition proprésidentielle, avaient en effet bloqué l’accès à la tribune du Parlement pour empêcher ce vote en scandant « Honte ! ».Une réforme qui ravive les tensionsDans le même temps, plusieurs centaines de militants du parti nationaliste Svoboda manifestaient devant le Parlement, protestant eux aussi contre cette réforme, alors que le mouvement d’extrême droite Pravy sektor a déclaré avoir bloqué la circulation dans la rue devant l’assemblée monocamérale. M. Avakov a accusé les membres de Svoboda d’avoir provoqué la police et d’avoir lancé « plusieurs engins explosifs » sur les forces de l’ordre.Lire aussi :Les combats ont gagné en intensité dans l’est de l’UkraineLa réforme constitutionnelle, souhaitée par les Occidentaux conformément aux accords de paix de Minsk signés en février, est au cœur de débats acharnés en Ukraine, où beaucoup la voient comme une tentative de légaliser de facto le contrôle par les rebelles d’une partie de l’est industriel du pays. Son adoption octroie davantage de pouvoirs aux conseils des élus régionaux et locaux, notamment ceux situés dans la zone actuellement sous contrôle rebelle. La création d’une « police populaire » cristallise notamment les critiques. Mais, contrairement aux attentes des séparatistes, elle ne confirme pas définitivement le statut semi-autonome des territoires sous leur contrôle. Selon le texte, ce statut doit être déterminé par une loi séparée et seulement pour une durée de trois ans. 31.08.2015 à 11h42 • Mis à jour le31.08.2015 à 12h12 Les talibans afghans ont admis lundi 31 août avoir volontairement caché pendant plus de deux ans la mort de leur chef historique, le mollah Omar, afin de conserver leurs avantages sur le terrain contre les forces de combat de l’OTAN qui s’apprêtaient à plier bagage.Lire aussi :Le mollah Omar, une énigme intactePour la première fois, les insurgés ont concédé que l’ancien chef avait bien péri le 23 avril 2013. Une date communiquée par les services secrets afghans fin juillet, qui affirmaient également que le mollah Omar s’était éteint dans un hôpital de Karachi, mégalopole du sud du Pakistan. Pris de court, les talibans avaient alors confirmé la disparition mais pas la date.En fuite depuis l’invasion de l’Afghanistan fin 2001 par une coalition menée par les États-Unis, le chef taliban n’avait pas été vu en public depuis, hors des cercles rebelles. Les insurgés islamistes lui attribuaient encore en juillet des communiqués et des déclarations.Le processus de paix retardéDans leur communiqué de lundi, les insurgés affirment « qu’une des principales raisons » justifiant ce secret est que 2013 était une année charnière pour « tester leurs forces » face aux soldats de l’OTAN. La force internationale a mis un terme à sa mission de combat à la fin 2014 mais conserve depuis une présence résiduelle. Près de 13 000 soldats sont chargés d’appuyer et de former les forces afghanes, désormais seules en première ligne face à l’insurrection talibane.Les talibans s’étaient engagés timidement en juillet dernier dans un processus de paix avec le gouvernement de Kaboul lors d’une réunion à Murree, au Pakistan, sous la supervision de responsables pakistanais, américains et chinois. Mais l’annonce de la mort du mollah Omar, doublée des querelles sur sa succession, a conduit au report sine die du second round des pourparlers, qui devait avoir lieu le 31 juillet.Une succession chaotiqueCette confession intervient alors que le nouveau chef des talibans, le mollah Mansour, cherche à asseoir son autorité à la tête de la rébellion islamiste. De nombreux commandants l’accusent d’avoir été désigné au terme d’un processus éclair et non consensuel, et d’avoir longtemps caché la vérité sur le sort du mollah Omar. Parmi ses opposants, on trouve la famille de l’ancien chef, notamment son fils Mohammad Yakoub, qui était candidat à la succession de son père.Les talibans ont récemment publié une biographie d’Akhtar Mansour. Le document de 5 000 mots, envoyé en cinq langues par e-mail à des journalistes, assure que le nouveau leader « ne s’est pas désigné lui-même comme successeur, mais a été sélectionné comme le seul candidat… par des membres du conseil de l’Émirat islamique [d’Afghanistan, entité politique des talibans] et par des religieux ».Le mollah Mansour s’est vu adjoindre deux lieutenants, dont le leader d’une branche très proche des services de renseignements pakistanais, Sirajuddin Haqqani. Selon un analyste pour le gouvernement afghan contacté par Associated Press, le nouveau leader a pu asseoir sa position grâce à ses relations avec les services pakistanais, un soutien qui lui serait très précieux pour rester en place. 31.08.2015 à 10h59 • Mis à jour le31.08.2015 à 11h37 Trois jours après la découverte d’un camion charnier contenant 71 cadavres, probablement des Syriens en provenance de Hongrie, l’Autriche a annoncé, lundi 31 août, son intention de renforcer les contrôles sur ses frontières orientales. Une manière de durcir le ton à l’encontre des migrants qui affluent quotidiennement sur son sol.La ministre de l’intérieure autrichienne, Johanna Mikl-Leitner, a détaillé à la radio ces nouvelles mesures qui ont été mises en place dimanche dans l’Etat du Burgenland, en étroite collaboration avec les autorités hongroises, slovaques et allemandes :« Nous allons effectuer pendant une période de temps non limitée des contrôles à tous les points de passage frontaliers importants dans la région est et vérifier tous les véhicules pouvant être utilisés comme cache pour des personnes victimes de trafic. »« Nous ne sommes pas en infraction avec Schengen »Toutefois, la ministre a estimé que ces contrôles ne constituaient pas une violation aux règles de libre circulation à l’intérieur de l’espace Schengen dont font partie l’Autriche et ses voisins orientaux.Car, selon le porte-parole de la police, « l’objectif principal est de cibler les gangs de trafiquants de migrants. Les contrôles sont exercés par la police de la circulation et les forces de sécurité. Il ne s’agit pas de contrôles à la frontière ».D’après le directeur général de la sécurité publique autrichienne, le dispositif a déjà porté ses fruits :« Dans les heures qui ont suivi la mise en œuvre de ces mesures en accord avec l’Allemagne, la Hongrie et la Slovaquie, nous avons pu récupérer plus de 200 réfugiés dans ce type de véhicules et nous avons interpellé cinq passeurs. »L’autoroute M1 reliant la Hongrie à l’Autriche a enregistré lundi matin 20 km d’embouteillages en raison de ces contrôles effectués par les autorités autrichiennes, a rapporté l’agence de presse hongroise MTI.Cette année, la police de Haute-Autriche a arrêté 93 trafiquants d’hommes qui transportaient 1 630 migrants.Lire aussi :Crise des migrants : les drames se succèdent, sans réponse politique communeUne barrière anti-migrants inefficaceLa « route des Balkans de l’Ouest », comme on l’appelle désormais, est de plus en plus fréquentée par des Syriens ou des Irakiens voulant échapper à la guerre, mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d’une vie meilleure.Lire aussi :Le nouveau rideau de ferPour la plupart, les migrants continuent leur route à pied à travers la Macédoine, puis la Serbie, avant d’arriver à la frontière de la Hongrie, pays membre de l’Union européenne, qui a enregistré plus de 140 000 arrivées depuis le début de l’année.Pour tenter d’empêcher leur entrée, la Hongrie a fini d’installer une clôture constituée de trois spirales superposées de fils de fer barbelés, le long de ses 175 km de frontière avec la Serbie, a annoncé samedi le ministère de la défense. Mais en dépit de cette clôture, la police hongroise a interpellé près de 8 800 migrants entrés sur son territoire à partir de la Serbie au cours des trois derniers jours.Cette année, la police de Haute-Autriche a arrêté 93 trafiquants d'hommes qui transportaient 1.630 migrants. 31.08.2015 à 09h45 • Mis à jour le31.08.2015 à 11h19 Deux nouveaux suspects, une Thaïlandaise et un homme non identifié, sont recherchés dans l’enquête sur l’attentat de Bangkok, a annoncé la police lundi 31 août. L’attaque n’a toujours pas été revendiquée mais « aucun scénario » affirment les autorités.La photo d’identité de la femme en hidjab noir, une certaine Wanna Suansan, ainsi qu’un portrait-robot du deuxième suspect – un homme brun avec une fine moustache – ont été diffusés à la télévision. La jeune femme de 26 ans vivait dans l’appartement, où des engins explosifs ont été découverts dimanche. Le porte-parole de la police a précisé lors d’une conférence de presse, que le suspect était « étranger », sans préciser sa nationalité.C’est la principale avancée des enquêteurs depuis l’arrestation samedi d’un étranger voyageant avec un passeport turc à l’authenticité douteuse, dont le rôle dans le groupe n’est pas encore établi. La police tente encore d’établir par des analyses ADN s’il est le poseur de bombe ou a participé à son élaboration, des traces de TNT ayant été découvertes sur lui.Enquête erratiqueLes autorités ont multiplié les déclarations contradictoires depuis l’attaque, qui a fait 20 morts et plus de 120 blessés en plein Bangkok le 17 août. Les scénarios les plus divers ont été avancés : gang de trafiquants de faux passeports, terrorisme international, opposants à la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’Etat de mai 2014, voire vengeance de la minorité musulmane turcophone ouïgoure, une centaine de personnes ayant été renvoyés en Chine en juillet, suscitant le saccage de l’ambassade de Thaïlande à Istanbul…Lors du raid mené dimanche dans l’appartement de la Thaïlandaise recherchée, « des sacs d’engrais, des montres, des systèmes radio, entre autres matériaux servant à fabriquer des bombes », ont été découverts.L’opération a eu lieu dans un immeuble du quartier de Minburi, dans la même banlieue nord-est à forte population musulmane où a été interpellé le suspect de samedi. Selon la législation thaïlandaise, ce dernier peut rester sept jours en garde à vue en détention militaire. Aucune confirmation de son identité réelle n’a été fournie pour l’heure.Lire aussi :Un suspect au passeport turc arrêté en Thaïlande dans l’enquête sur l’attentat de BangkokLes autorités se disent « sûres à 100 % de son implication » dans l’explosion visant un sanctuaire hindouiste très fréquenté par les touristes chinois, nombreux parmi les victimes. Le suspect avait plus de 200 faux passeports lors de son arrestation, selon la police de Thaïlande, pays réputé pour être une plaque tournante en trafics divers. 31.08.2015 à 03h46 • Mis à jour le31.08.2015 à 09h02 Deux journalistes britanniques du groupe de presse Vice News, arrêtés jeudi par la police turque avec leur fixeur, « seront présentés [lundi 31 août] au tribunal où ils devront faire face à des accusations infondées en lien avec le terrorisme », assure Vice News dans un communiqué.Soupçonnés d’avoir travaillé sans autorisation dans le sud-est de la Turquie, en proie depuis plus d’un mois à de violents affrontements entre les forces de sécurité turques et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les trois reporters seraient désormais accusés de soutenir l’Etat islamique.« Fausses allégations »Jake Hanrahan et Philip Pendlebury ont été interpellés jeudi soir dans le district de Baglar, province de Diyarbakir, où ils filmaient les combats entre les forces turques et les combattants séparatistes kurdes du PKK.Vice News a déclaré être en contact avec les autorités compétentes pour obtenir la libération de ses journalistes. « Amnesty International, Le Comité pour la Protection des Journalistes, PEN International et de nombreux autres ont appelé à ce que ces fausses allégations soit abandonnées et à la libération immédiate du groupe de journalistes », écrit le groupe de presse."We ask for justice and the immediate release of journalists doing their jobs." http://t.co/uh86SyXWos— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]); 30.08.2015 à 22h40 • Mis à jour le31.08.2015 à 14h40 Trois mois après la prise de la ville syrienne de Palmyre, l’Etat islamique (EI) poursuit son entreprise de démolition culturelle. S’appuyant sur des sources locales, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a annoncé dimanche 30 août que le groupe djihadiste avait détruit à l’explosif une partie du temple de Baal, un des monuments romains emblématiques de la ville.Citant un responsable du patrimoine syrien, la BBC affirme toutefois que les dégâts infligés à ce temple dédié au dieu Soleil sont limités. Selon le site d’information, « la structure du temple, ses colonnes ainsi que le sanctuaire sont intacts », mais le site est interdit d’accès ce qui rend impossible tout état des lieux et évaluation des dommages, qui semblent toutefois « partiels ».« Le grand temple de Bel [son nom anglo-saxon] est considéré comme l’un des plus importants monuments religieux du Ier siècle en Orient par sa conception unique », écrit l’Unesco sur son site.« Le traitement de la sculpture et de la gravure de l’arc monumental par lequel on pénètre dans la cité depuis le grand temple est un exemple exceptionnel d’art palmyrénien. Les monuments funéraires de grande envergure situés en dehors de l’enceinte fortifiée, dans la “vallée des Tombeaux”, témoignent de remarquables méthodes de décoration et de construction. »Un autre temple détruit, un archéologue décapitéL’EI avait déjà détruit le 23 août le temple de Baalshamin, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Des images satellitaires ont confirmé le 28 août l’ampleur des dégâts infligés par les explosifs au site de Baalshamin, plus modeste que celui de Bel, dont le bâtiment principal a été totalement détruit.Lire :A Palmyre, le temple de Baalshamin détruit à l’explosif par les djihadistes#Palmyra #SavePalmyra #Syria— PalmyraRev1 (@تنسيقية مدينة تدمر)require(["twitter/widgets"]);La semaine précédente, les djihadistes avaient décapité l’ancien directeur du site archéologique de Palmyre et accroché son corps à une colonne antique sur l’une des places de la ville. Khaled Assaad, qui avait dirigé pendant cinquante ans le site des ruines romaines de Palmyre, était âgé de 82 ans.Revoir notre éclairage en vidéo : pourquoi Palmyre est un joyau antique 30.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le30.08.2015 à 12h39 Deux jours après la découverte d’un camion charnier contenant 71 cadavres, probablement des Syriens, la police autrichienne a annoncé samedi 29 août qu’un nouveau drame lié à la crise migratoire semblait avoir été évité de justesse avec l’interception d’un autre poids lourd transportant des migrants.Ce nouveau camion a été intercepté vendredi matin dans l’ouest de l’Autriche avec 26 migrants à bord, dont 3 jeunes enfants souffrant de « déshydratation sévère » et dont l’état a été qualifié d’« extrêmement mauvais », d’après un communiqué des forces de l’ordre.Camion pris en chasseLe camion a été pris en chasse lorsque son chauffeur a refusé de s’arrêter à un contrôle de routine près de la ville de Braunau am Inn, à proximité de la frontière allemande. Le véhicule transportait « 26 étrangers en situation illégale » venant de Syrie, du Bangladesh et d’Afghanistan et disant vouloir aller en Allemagne, selon la police.Ce camion a été intercepté au lendemain de la découverte d’un poids lourd abandonné sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute de l’est de l’Autriche, près de la Hongrie, et contenant 71 cadavres de migrants en décomposition.Un cinquième suspect, bulgare, a été arrêté dans cette affaire par la police hongroise dans la nuit de samedi à dimanche. Quatre hommes, trois Bulgares et un Afghan, avaient déjà été arrêté vendredi, soupçonnés d’être les « petites mains » d’un gang de trafic d’êtres humains.Lire aussi :Autriche : après le choc, la traque des responsablesLa découverte macabre jeudi en Autriche n’est que la dernière d’une série de tragédies, plus souvent en mer Méditerranée, qui ont causé la mort ces derniers mois de milliers de migrants, parfois des familles entières fuyant la guerre ou la misère et qui ont livré leur sort aux réseaux de passeurs sans scrupules. Samedi, un migrant de 17 ans a « probablement » été tué par balle lors d’une intervention de la police portuaire grecque en mer Egée contre un bateau passeur.La Hongrie a installé sa barrière anti-migrantsAlors que plusieurs Etats européens rechignent à donner asile aux dizaines de milliers de réfugiés fuyant notamment la guerre en Syrie, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a notamment appelé à la mise en place de « canaux légaux et sûrs de migration ».La « route des Balkans de l’Ouest », dont venaient probablement les migrants retrouvés morts en Autriche, est quant à elle surtout empruntée par des réfugiés syriens ou des Irakiens voulant échapper à la guerre mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d’une vie meilleure.Lire aussi :Le nouveau rideau de ferPour la plupart, les migrants continuent leur route à pied à travers la Macédoine, puis la Serbie, avant d’arriver à la frontière de la Hongrie, pays de l’UE, qui a enregistré plus de 140 000 arrivées depuis le début de l’année.Pour tenter d’empêcher leur entrée, la Hongrie a fini d’installer une clôture constituée de trois spirales superposées de fils de fer barbelés, le long de ses 175 km de frontière avec la Serbie, a annoncé samedi le ministère de la défense. Mais en dépit de cette clôture, les réfugiés continuent d’arriver massivement en Hongrie : ils étaient 2 700 samedi, selon les chiffres de la police.Lire aussi :Laurent Fabius dénonce l’attitude « scandaleuse » de la Hongrie dans la crise des migrantsLes ministres français, allemand et britannique de l’intérieur ont appelé dimanche à l’organisation d’une réunion des ministres de l’intérieur et de la justice de l’Union européenne « dans les deux prochaines semaines » face à cette crise. Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Une marée de drapeaux rouge et blanc a envahi samedi 29 août la place des martyrs, dans le centre de Beyrouth. Plusieurs dizaines de milliers de Libanais, venus de tout le pays, de confessions et d’origines sociales variées, ont crié leur dégoût d’un système politique, tellement paralysé et vicié de l’intérieur, qu’il semble être en phase terminale.Organisé par le collectif « Tala’at Rihatkum » (« Vous puez » en arabe), en réaction à la crise du ramassage des ordures qui empoisonne la vie des Beyrouthins depuis un mois, l’évènement a fait siffler les oreilles de la classe dirigeante libanaise, jugée très largement corrompue et incompétente. Au pied des minarets élancés de la mosquée Mohamed Al-Amin, la pancarte d’un jeune manifestant à l’effigie de Mia Khalifa, une star du porno américain, de nationalité libanaise, résumait l’opinion générale : « Cette petite dame fait un travail plus honorable que vous », clamait l’écriteau.Lire :Le pouvoir libanais débordé par la contestation« Ce sursaut citoyen donne de l’espoir »La capitale du Liban n’avait pas connu de rassemblement aussi important depuis la méga-manifestation du 14 mars 2005, au lendemain de l’assassinat de Rafik Hariri, pour réclamer le départ des troupes d’occupation syriennes. Si l’affluence enregistrée reste évidemment modeste par rapport aux centaines de milliers de Libanais qui s’étaient mobilisés en ce jour historique, la force de la manifestation de samedi tient au fait qu’elle répondait à un appel de la société civile et non de partis politiques, comme c’est généralement le cas au Liban.« C’est la première fois depuis des décennies que nous descendons dans la rue, en masse et de notre propre initiative, s’enthousiasme Léa, une jeune designer graphique, aux boucles brunes. Ce sursaut citoyen donne de l’espoir ». « Toutes les confessions sont représentées, renchérit Hadi, un étudiant en finances publiques, alors qu’en 2005, pour Hariri, les chiites comme moi étaient restées majoritairement à l’écart ».L’autre réussite des organisateurs, décriés par une partie de la presse, pour les violences qui ont émaillé les précédentes manifestations, réside dans le fait que ce nouveau rassemblement, quoique plus massif, s’est déroulé dans le calme, hormis quelques heurts sans gravité à la fin. Instruits par leurs déboires passés, les militants de « Vous puez » avaient recruté 500 volontaires pour assurer le service d’ordre, en concertation avec la police anti-émeutes.« On est venu parce qu’on a compris que cette manifestation serait mieux organisée », raconte Alya, une étudiante chiite, le visage voilé, qui passe en revue ses doléances : « Le chômage, la corruption, le rationnement de l’eau et de l’électricité, le clientélisme… La liste n’en finit pas. Rendez-vous compte : depuis la fin de la guerre civile [en 1990], nos dirigeants n’ont toujours pas été fichus de nous fournir 24 h de courant chaque jour. A croire que nous habitons la Somalie ».La solution selon elle : mettre à bas le système confessionnel, héritage du mandat français et de l’accord de paix de Taëf, à la fin de la guerre civile, qui répartit les postes au sein des institutions sur une base communautaire. La principale disposition est celle qui attribue aux maronites la présidence de la république, aux sunnites, la fonction de premier ministre et aux chiites, la présidence du parlement. Au sein du Parlement, 50 % des sièges sont réservés aux chrétiens et 50 % aux musulmans. « C’est comme un gros gateaux que nos leaders se partagent. Ca me dégoûte. Moi en tant que chiite, je veux pouvoir voter pour un chrétien ou un sunnite s’il est compétent. On veut un régime laïc ».Dans les propos de la plupart des manifestants, l’abolition du confessionnalisme revient comme un leitmotiv. Originaires d’un village chiite du sud-Liban, Hadi et ses amis, qui déambulent parmi la foule sur la place Riad Al-Solh, en face des bureaux du premier ministre, connaissent les travers de ce système par cœur. « Les gens de notre village sont soit Hezb [le Hezbollah dirigé par Hassan Nasrallah], soit Harakat [le parti Amal, de Nabih Berri]. Ils suivent l’un ou l’autre par tradition familiale, sans discuter. Personne ne veut réaliser qu’ils se font voler par Berri. » Membre de cette petite bande, Hussein, 24 ans, le visage mangé par une énorme barbe noire, s’apprête à partir à Paris pour suivre un master en sciences optiques. « Mais je ne reviendrai pas au Liban après. J’irai à Abidjan. Ici, tu ne peux simplement pas vivre. Les 128 voleurs du parlement nous prennent tout ».« C’est le royaume du piston »Dans une ruelle adjacente, à l’abri de la sono qui hurle « Horeyya » (Liberté) et « Thawra » (Révolution), un groupe de femmes fument le narguilé, attablées à un café. Elles viennent du Kesrouan, une région montagneuse au nord de Beyrouth. « Nous sommes de fières chrétiennes, dit Dolly, la quarantaine, en fuseau noir et basket. Mais ce système confessionnel, nous n’en voulons plus. C’est le royaume de la wasta [piston]. Si tu as des relations hauts placées, tu fais ce que veux. Si tu n’en as pas, tu galères. Pourquoi ne pas voter pour un non-chrétien, s’il est sérieux ? » Son amie Jihan, le brushing impeccable, approuve. « Je n’ai pas d’eau, pas d’électricité, pas de collecte des ordures, pas de sécurité sociale et même pas de mec », dit-elle en déclenchant un fou rire général.En début de soirée, alors que la place des martyrs commence à se vider, les mutins de « Vous puez » détaillent leurs exigences : démission du ministre de l’environnement Mohammad Machnouk, transfert de la collecte des déchets aux municipalités, jugement des responsables des violences du week-end dernier, dont le ministre de l’Intérieur Nohad Machnouk, et tenue d’élections législatives et présidentielles. « Nous donnons au gouvernement 72 heures. Mardi soir, si nos demandes ne sont pas satisfaites, nous irons vers l’escalade », affirme à la foule un des organisateurs, sans dire à quoi il fait allusion.Un peu plus haut, dans un café d’Ashrafieh, le quartier chic de Beyrouth, des clients suivent les derniers feux de la manifestation sur un écran de télévision. « La plupart des chefs de partis sont en place depuis plus de trente ans, dit un homme qui sirote un verre de martini. Ce sont d’anciens seigneurs de la guerre. Ils ont tué pour arriver là où ils sont aujourd’hui. Ils ne se laisseront pas faire ».Lire aussi :Au Liban, la « crise des ordures » cristallise le ras-le-bolBenjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.08.2015 à 21h09 • Mis à jour le29.08.2015 à 21h20 La Hongrie a achevé samedi 29 août la pose de la clôture de fils de fer barbelés destinée à empêcher les milliers l’entrée des milliers de migrants qui se pressent à sa frontière avec la Serbie.« La première partie de la clôture frontalière a été achevée deux jours avant la date fixée au 31 août », a indiqué le ministère de la défense. Une palissade de quatre mètres de haut doit ensuite être construite sur les 175 kilomètres de frontière, fermée le 17 juin par les autorités hongroises.Lire le reportage :A la frontière serbo-hongroise, en attendant la construction du mur  « Ce n’est rien comparé à ce que nous avons traversé »Au cours de la seule journée de mercredi, 3 000 personnes, dont 700 enfants, ont franchi la frontière hongroise, d’après les registres des autorités hongroises. Un record. La moyenne quotidienne se situait seulement quelques jours plus tôt entre 1 000 et 1 500 passages, ce qui constituait déjà une grosse progression par rapport aux 250 à 500 personnes enregistrées depuis le début de l’année. En tout, depuis janvier, 140 000 personnes ont traversé. Selon le gouvernement de M. Orban, 95 % d’entre eux pénétreraient dans le pays par sa frontière avec la Serbie, qui n’est pas membre de l’UE.Des migrants, pour une grande part issus de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, qui ne semblent pas craindre la mise en place de la barrière. « Nous ne craignons ni la police hongroise, ni la clôture », a ainsi expliqué à l’AFP Nasreen, une Syrienne âgée de 29 ans. « Ce n’est rien, comparé à ce que nous avons traversé en Syrie, dit-elle. Notre pays a été détruit, nous avons connu quotidiennement les bombes, les assassinats, le sang et les morts ». Beaucoup de migrants utilisent les tiges de mesure laissées négligemment par les troupes hongroises comme leviers pour soulever la partie inférieure de la clôture, ce qui est bien plus sûr que de se frayer un chemin à travers les barbelés à l’aspect menaçant.Mais pour protéger sa frontière, le premier ministre de Viktor Orban a décidé d’envoyer à partir du 5 septembre un renfort de 2 000 policiers, en appui des 1 000 agents déjà en poste. Le gouvernement de Viktor Orban a même laissé entendre, via un membre de son parti, le Fidesz, qu’il se laissait la possibilité d’« avoir la possibilité de recourir à l’armée pour des tâches liées à la défense de la frontière et aux migrations ».Le gouvernement serbe s’est déclaré choqué par la politique de M. Orban. Son premier ministre, Aleksandar Vucic, a déclaré en juin : « La solution n’est pas de dresser des murs. La Serbie ne peut pas être responsable de la situation créée par les migrants, nous ne sommes qu’un pays de transit. »Pour se défendre, le gouvernement hongrois a rappelé que d’autres pays européens avaient opté pour la même solution : la Bulgarie, la Grèce et l’Espagne.Lire la chronique de Sylvie Kauffmann :Le nouveau rideau de fer 29.08.2015 à 18h14 • Mis à jour le30.08.2015 à 10h27 Images AFP/Pléiades.Les faits avaient déjà été rapportés par des spécialistes syriens, puis revendiqués par ses commanditaires ; ils sont désormais confirmés par des images satellitaires diffusées vendredi 28 août par l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar). Le temple romain de Baalshamin (au centre de l’image ci-dessus), joyau de la ville de Palmyre classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, a été détruit le 23 août par les djihadistes de l’Etat islamique (EI), qui se sont emparés de la ville syrienne il y a trois mois.Pour en savoir plus sur ce temple, lire :A Palmyre, le temple de Baalshamin détruit à l’explosif par les djihadistesEn comparant des images des satellites Pléiades prises en juin et il y a quelques jours, les spécialistes de l’institution onusienne ont pu confirmer « la destruction du bâtiment principal » par des explosifs. « Les colonnes qui l’entourent semblent, elles, moins affectées », précisent-t-ils.PaganismeLes djihadistes de l’EI avaient déjà diffusé mardi 25 août une série d’images de propagande de la destruction du temple, de la pose des explosifs aux décombres du site archéologique. Un acte dénoncé comme un « crime de guerre » par l’Unesco.#Palmyra #SavePalmyra #Syria— PalmyraRev1 (@تنسيقية مدينة تدمر)require(["twitter/widgets"]);Lire aussi :Destruction des vestiges de Palmyre : « La sauvagerie de l’EI est totale »L’organisation Etat islamique a détruit plusieurs vestiges antiques dans les territoires sous son contrôle, principalement dans le nord de l’Irak et dans le nord-est de la Syrie. Ses militants se sont ainsi attaqués aux ruines des cités antiques de Hatra et Nimrud et saccagé le musée archéologique de Mossoul. Mais, à Palmyre, ils n’avaient, avant le temple Baalshamin, détruit que quelques monuments, affirmant que les visiteurs pouvaient s’y adonner au paganisme, une pratique qu’ils considèrent comme sacrilège.Il y a près de deux semaines, les djihadistes ont décapité l’ancien directeur du site archéologique et accroché son corps à une colonne antique sur l’une des places de la ville. Khaled Assaad, qui avait dirigé pendant cinquante ans le site des ruines romaines de Palmyre, était âgé de 82 ans.Lire aussi :Les belles promesses de la France aux archéologues syriens et irakiens 29.08.2015 à 11h33 • Mis à jour le30.08.2015 à 10h39 Un soldat français âgé de 23 ans est mort jeudi 27 août au Mali à la suite d’un « tir accidentel » d’un autre soldat français. Le drame s’est déroulé dans l’enceinte du camp de la force Barkhane, à Gao, a annoncé l’armée de terre.« Après avoir reçu les premiers soins sur le lieu de l’accident », le marsouin de première classe Baptiste Truffaux a été transporté vers une unité chirurgicale, où il est mort, précise l’armée dans un communiqué diffusé samedi. Engagé volontaire depuis juin 2013, déployé au Mali en mai, le soldat appartenait au 21e régiment d’infanterie de marine (21e RIMa), basé à Fréjus (Var). Il était « très dynamique, particulièrement efficace » et « se distinguait par son sens de la camaraderie », selon l’armée.L’opération Barkhane (3 000 militaires français, dont environ 1 300 au Mali) se concentre sur la lutte contre les groupes djihadistes. Elle a succédé à l’opération Serval, lancée en janvier 2013 pour traquer les groupes islamistes armés liés à Al-Qaida qui occupaient depuis plus de neuf mois le nord du Mali. Neuf soldats français sont morts au combat au Mali dans ces opérations, le dernier en juillet 2014, dans un attentat-suicide.Lire aussi :Barkhane : « le plus grand théâtre français depuis la seconde guerre mondiale » Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après le flambloyant Yanis Varoufakis, le loyal Euclide Tsakalotos, la Grèce a un nouveau ministre des finances : le très discret George Chouliarakis. Il s’agit d’une des nominations les plus attendues du gouvernement par interim, dirigé par la présidente de la Cour suprême, Vassiliki Thanou, chargée, vendredi 28 août, de gérer les affaires courantes en attendant le résultat des élections législatives du 20 septembre.Ce ministre, qui porte une cravate – contrairement à la plupart des membres de Syriza –, plaît à Bruxelles. « C’est vraiment une bonne nouvelle, se réjouit une source européenne proche des négociations. Cela prouve que les Grecs restent engagés dans l’accord sur le troisième plan signé il y a quinze jours. » George Chouliarakis a plutôt très bonne réputation dans les instances européennes. Il a en effet été le chef de l’équipe des négociateurs qui, côté grec, a mené la discussion avec la « troïka » des créanciers (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne), qui a abouti à l’accord sur un troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros, le 14 août.Lire aussi :Entre la Grèce et ses créanciers, des négociations… dans le calmeA partir du moment où, le 13 juillet, un accord politique sur la poursuite de l’aide à la Grèce avait été décidé dans la douleur à Bruxelles, il n’a fallu qu’une vingtaine de jours à Athènes et à ses créanciers pour conclure le memorandum of understanding, le contrat de prêts en échange de réformes structurelles. Cette célérité est en grande partie due à la volonté politique des Grecs, et notamment au travail de M. Chouliarakis. Il participait aux négociations entre le gouvernement Tsipras et ses créanciers depuis le début, en février, mais a pris des responsabilités plus importantes quand Varoufakis a été écarté, fin avril.« C’est un pragmatique »« George est jeune, pro-européen, ouvert à la discussion. C’est un pragmatique, il est moins marxiste que son collègue Tsakalotos », explique une source à Bruxelles. « C’est un professeur d’économie comme les autres, mais très compétent. Il semblait avoir un bon rapport avec Tsipras mais ne pas appartenir à son premier cercle. Il a passé près de la moitié de son temps a Bruxelles pour négocier ces derniers mois. En tout cas, il a été loyal et une relation de confiance a pu s’instaurer avec les créanciers », ajoute une autre source diplomatique européenne.Professeur d’économie à l’université de Manchester, en Grande-Bretagne, il est proche de l’ancien vice-premier ministre, Yannis Dragasakis, qui représente l’aile pragmatique de Syriza. « Il a la confiance d’une large partie du spectre politique grec et des européens. Cela garantit la continuité », explique l’économiste grec George Pagoulatos. Il juge positif également le choix de Nikos Christodoulakis comme ministre de l’économie, un ancien ministre des finances du premier ministre Pasok Costas Simitis, au début des années 2000. « Ce sont des choix importants qui montrent que ce gouvernement de transition est prêt à travailler sans perdre de temps », se félicite M. Pagoulatos.Lire aussi :En Grèce, « le système en place était un cocktail de fraude et de corruption »A Bruxelles, on apprécie aussi le maintien à son poste du ministre chargé de la lutte contre la corruption, Panagiotis Nikoloudis, et celui du responsable de la fiscalité, Tryphon Alexiadis. Autant de gages, espère-t-on, de la volonté de poursuivre les réformes. Le calendrier de l’automne est très chargé pour mettre en place les mesures votées en août sous la pression des créanciers.Les premiers sondages indiquent une avance de Syriza pour les élections, mais l’écart se réduit avec la droite de Nouvelle Démocratie. Contesté au sein de son parti, M. Tsipras aura du mal à avoir une majorité absolue. Le profil œcuménique de M. Chouliarakis pourrait alors s’inscrire dans la durée.Alain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elise Vincent Une semaine après l’attaque du Thalys Amsterdam-Paris, vendredi 21 août, par un jeune Marocain lourdement armé, fiché pour son islamisme radical, une réunion des ministres européens des affaires intérieures et des transports devait avoir lieu, samedi 29 août, place Beauvau, à Paris. Au programme : le renforcement de la sécurité à bord des trains et l’amélioration de l’échange d’information entre services de renseignement, alors que le massacre n’a été évité que par miracle, grâce à l’intervention des passagers.L’ensemble des pays ayant des liaisons ferroviaires transfrontalières avec la France – Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie et Espagne – devaient être présents. Le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, était aussi attendu. Organisé sur le modèle de la réunion convoquée à Paris dans la foulée des attentats de janvier, ce rendez-vous ne devait pas déboucher sur des annonces martiales. Il devait toutefois être l’occasion de faire progresser un certain nombre de dossiers.Pas question en effet d’équiper toutes les gares de portiques de sécurité, comme les aéroports. Une mesure jugée impossible à mettre en œuvre par les experts en raison du volume de passagers. « Les marges de progression existent », assure-t-on toutefois au ministère de l’intérieur, à l’initiative de la réunion.Patrouilles « mixtes »Ainsi, l’idée de donner à des personnels autres que policier des moyens accrus de contrôle des passagers ou des bagages devait être sérieusement discutée. En France, cela pourrait concerner les 3 000 agents de la sûreté ferroviaire. Actuellement, ces hommes armés sous tutelle de la SNCF peuvent seulement contrôler les billets ou intervenir s’ils sont témoins d’une altercation.Après les attentats de janvier, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avait par ailleurs pris des dispositions pour que les policiers municipaux – en première ligne pour les contrôles d’identité – puissent plus largement « expérimenter » des terminaux informatiques portables sécurisés où ils aient accès au fichier des personnes recherchées. L’intérêt d’étendre ces expérimentations pourrait être rappelé samedi.Dans le même esprit, les ministres européens pourraient s’accorder pour renforcer les patrouilles « mixtes » qui circulent déjà à bord des trains (composées de policiers français et belges, par exemple). Reste à savoir comment et avec quels effectifs : Vigipirate, en France, mobilise déjà quelque 30 000 gendarmes, policiers ou militaires affectés à plus de 5 000 lieux sensibles.Frontières « extérieures » et « intérieures »Le sujet délicat des contrôles d’identité devait également s’inviter à la table des discussions. L’enjeu : les développer, les rendre plus efficaces, ou mieux les cibler sans toucher à l’esprit de Schengen et prêter le flanc aux accusations de discriminations au faciès. Lundi 24 août, le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, a créé un début de polémique en assurant qu’il préférait « qu’on discrimine pour être efficace plutôt que de rester spectateur ».L’ambition du ministre de l’intérieur sur le sujet est plutôt d’utiliser les latitudes juridiques du code Schengen pour multiplier des contrôles « approfondis » aux frontières « extérieures » de l’Europe (Bulgarie, Grèce, etc.). Soit des contrôles qui ne se contentent pas d’une simple vérification de documents, mais prennent le temps d’interroger les fichiers de personnes recherchées. Pour les frontières « intérieures » de l’Europe, M. Cazeneuve plaide pour la multiplication de contrôles « simultanés » et « coordonnés » entre pays membres.Les contrôles d’identité apparaissent d’autant plus comme un élément clé qu’ils sont le seul moyen de repérer les individus fichés et d’actualiser les données les concernant. Les fameuses fiches « S » n’impliquent pas forcément de surveillance physique. S’il existe des zones d’ombre dans le parcours du tireur du Thalys, c’est en partie parce qu’il a échappé à des contrôles d’identité ou que, s’il en a été l’objet, son nom n’a pas été passé au filtre des fichiers centraux. L’information a pu, de fait, ne pas remonter jusqu’aux services de renseignements européens.Un souci de taille, dans le cas français, pour la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Environ 5 000 personnes font l’objet d’une fiche S en France, la DGSI n’a pas les moyens, à elle seule, de les actualiser rapidement. La fiche S n’est pas « une boule de cristal », nuance toutefois un haut fonctionnaire de police. En clair, même à jour, elle n’aurait pas forcément empêché Ayoub El-Khazzani de monter à bord du Amsterdam-Paris armé jusqu’aux dents et de passer à l’acte.Echange d’informationsLe troisième axe de travail de la réunion devait de facto concerner le serpent de mer qu’est l’amélioration du partage du renseignement entre Etats membres. Suite à l’attaque déjouée du Thalys, les services espagnols, belges, allemands et français se sont poliment renvoyé la responsabilité du suivi d’Ayoub El-Khazzani. « En fait, le système d’échange d’informations entre Etats membres n’est pas mauvais, mais il ne s’adapte pas assez vite, les djihadistes se sont améliorés », décrypte un bon connaisseur des dossiers de terrorisme.De l’avis général, les « équipes communes d’enquête », qui permettent la coopération entre services policiers et judiciaires de deux Etats sur des affaires ciblées, fonctionnent bien. Mais le système d’information Schengen (SIS) reste un maillon faible du dispositif. Cette énorme base de données centralise notamment les fichiers de personnes recherchées. « Il faudrait inviter tous les Etats à y verser leurs informations, certains le font, d’autres non, ou ne mettent pas tout », explique le même haut fonctionnaire de police tout en pointant les limites de l’exercice. Le SIS, comme Europol, l’agence européenne de police, pâtissent des habitudes des services qui privilégient les relations bilatérales pour protéger leurs sources.Samedi, les ministres européens devaient enfin aborder le projet de PNR européen (Passenger Name Record). Ce fichier pourrait centraliser toutes les informations (identité, trajet, réservation d’hôtel, etc.) de personnes voyageant par avion. Bloqué au Parlement européen depuis 2011 pour des questions de protection des données personnelles, le PNR a finalement été adopté, le 15 juillet, par la commission des libertés civiles. L’objectif est d’arriver à une adoption définitive d’ici la fin de l’année, mais les discussions qui incluent Commission, Conseil et Parlement européens sont périlleuses.Bien qu’il concerne le transport aérien, le PNR aurait pu fortement aider dans le cas d’Ayoub El-Khazzani, insiste-t-on place Beauvau. « Si on avait eu le PNR, on aurait pu savoir, par exemple, quand il était rentré de Turquie [porte d’entrée traditionnelle des candidats au djihad vers la Syrie] après y être parti en mai 2015. Il aurait “sonné” à l’aéroport d’Istanbul, on aurait pu éventuellement anticiper et déclencher une action judiciaire à sa sortie de l’avion. » Le contexteLégislationsAdoptée le 4 novembre 2014, la loi antiterroriste instaure notamment une interdiction administrative de sortie du territoire et un délit d’« entreprise terroriste individuelle » pour mieux lutter contre les « loups solitaires ».Adoptée le 24 juin, la loi sur le renseignement renforce les moyens des services, surtout pour la captation des données sur Internet. Elle légalise aussi certaines pratiques jusque-là dans une zone grise juridique, comme l’utilisation d’appareils interceptant toutes les communications dans un rayon donné.CoordinationLe ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a décidé fin juin de créer un état-major pour la prévention du terrorisme, placé directement auprès du ministre. Sa mission : mieux coordonner l’action des services qui travaillent en parallèle sur ces questions.Elise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.08.2015 à 04h45 • Mis à jour le29.08.2015 à 04h45 La Nouvelle-Orléans marque samedi 29 août le dixième anniversaire de l’ouragan Katrina, se souvenant des disparus et célébrant la renaissance de cette ville de Louisiane. « Contre vents et marées, nous avons subi les deux, La Nouvelle-Orléans fait son retour (…) Et nous revenons plus forts », a proclamé cette semaine le maire de la ville, Mitch Landrieu.Fleurs et fanfares A 8 h 29 du matin (15 h 30 en France), l’heure où la première digue a cédé, les autorités déposeront des couronnes de fleurs dans le quartier du Lower Ninth Ward, l’un des plus pauvres de la ville, majoritairement noir, et le plus durement frappé par les inondations. Une fanfare y mènera plus tard une « fête de la résilience », d’autres concerts étant prévus partout dans la ville.Lorsque l’ouragan de catégorie 5 Katrina a frappé la côte sud des Etats-Unis le 29 août 2005, La Nouvelle-Orléans, en partie construite sous le niveau de la mer, a sombré. Sous la pression de la montée des eaux, des dizaines de digues mal entretenues ont cédé, laissant passer des flots boueux qui ont inondé 80 % de la ville. L’eau est montée si vite que des habitants sont morts noyés. Des centaines d’autres se sont réfugiés sur leurs toits. Les rares endroits restés au sec ont sombré dans le chaos, des dizaines de milliers de personnes désespérées attendant pendant plusieurs jours des vivres et de l’eau. Au total, plus de 1 800 personnes sont mortes, la plupart dans cette ville, et un million d’habitants ont dû quitter leurs maisons.Consulter notre grand format : La Nouvelle-Orléans, citadelle menacée par les eauxObama, Bush et Clinton sur placeAprès Barack Obama la veille, l’ancien président américain George W. Bush s’est rendu vendredi à La Nouvelle-Orléans. « Tous ceux d’entre nous en âge de nous en souvenir n’oublierons jamais les images de nos concitoyens dans une mer de misère et de ruines », a-t-il déclaré en visitant une école de la ville. George W. Bush n’a pas évoqué l’échec de son gouvernement à répondre à la catastrophe. Il n’a pas non plus reconnu les manquements des agences locales et fédérales à préparer la population ou le fait qu’il a fallu cinq jours aux camions de ravitaillement pour parvenir aux dizaines de milliers d’habitants qui venaient de perdre leur maison. A l’époque, le président Bush avait survolé la Louisiane sans se poser. La photo le montrant en train de contempler la zone dévastée à travers le hublot de l’avion présidentiel Air Force One était rapidement devenue le symbole d’une administration déconnectée de la réalité.Sans oublier de rappeler la gestion désastreuse de cette crise par son prédécesseur, le président Barack Obama a salué jeudi l’avancement des travaux de reconstruction de la ville, tout en soulignant les efforts encore nécessaires pour venir à bout des inégalités et de la pauvreté. « Notre travail ne sera pas terminé tant que, dans cette ville, une famille moyenne noire gagnera moitié moins qu’une famille moyenne blanche », a-t-il toutefois souligné,Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55e1f7706626e'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 12\r\n \r\n \r\nLe pr\u00e9sident am\u00e9ricain Barack Obama s'est rendu jeudi 27 ao\u00fbt \u00e0 la rencontre des habitants de La Nouvelle-Orl\u00e9ans, dix ans apr\u00e8s le passage de l'ouragan Katrina.\r\nCr\u00e9dits : BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le pr\u00e9sident am\u00e9ricain Barack Obama s'est rendu jeudi 27 ao\u00fbt \u00e0 la rencontre des habitants de La Nouvelle-Orl\u00e9ans, dix ans apr\u00e8s le passage de l'ouragan Katrina.","source":"BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/08\/28\/dix-ans-apres-katrina-la-nouvelle-orleans-se-reconstruit-doucement_4738825_3210.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 12\r\n \r\n \r\nVue de La Nouvelle-Orl\u00e9ans depuis l'avion pr\u00e9sidentiel Air Force One, avant son atterrissage.\r\nCr\u00e9dits : BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Vue de La Nouvelle-Orl\u00e9ans depuis l'avion pr\u00e9sidentiel Air Force One, avant son atterrissage.","source":"BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/08\/28\/dix-ans-apres-katrina-la-nouvelle-orleans-se-reconstruit-doucement_4738825_3210_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 12\r\n \r\n \r\nBarack Obama a salu\u00e9 jeudi l'avancement des travaux de reconstruction de la ville, tout en soulignant les efforts encore n\u00e9cessaires pour venir \u00e0 bout des in\u00e9galit\u00e9s et de la pauvret\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Barack Obama a salu\u00e9 jeudi l'avancement des travaux de reconstruction de la ville, tout en soulignant les efforts encore n\u00e9cessaires pour venir \u00e0 bout des in\u00e9galit\u00e9s et de la pauvret\u00e9.","source":"BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/08\/28\/dix-ans-apres-katrina-la-nouvelle-orleans-se-reconstruit-doucement_4738825_3210_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 12\r\n \r\n \r\n\u00ab\u00a0Vous avez inspir\u00e9 l'Am\u00e9rique\u00a0\u00bb, a lanc\u00e9 le pr\u00e9sident dans un discours prononc\u00e9 devant quelque 600\u00a0personnes rassembl\u00e9es dans le \u00ab\u00a0Lower Ninth Ward\u00a0\u00bb, le quartier le plus pauvre de la ville, peupl\u00e9 essentiellement d'Afro-Am\u00e9ricains, qui avait \u00e9t\u00e9 particuli\u00e8rement touch\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab\u00a0Vous avez inspir\u00e9 l'Am\u00e9rique\u00a0\u00bb, a lanc\u00e9 le pr\u00e9sident dans un discours prononc\u00e9 devant quelque 600\u00a0personnes rassembl\u00e9es dans le \u00ab\u00a0Lower Ninth Ward\u00a0\u00bb, le quartier le plus pauvre de la ville, peupl\u00e9 essentiellement d'Afro-Am\u00e9ricains, qui avait \u00e9t\u00e9 particuli\u00e8rement touch\u00e9.","source":"BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP","index":3,"position":4,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/08\/28\/dix-ans-apres-katrina-la-nouvelle-orleans-se-reconstruit-doucement_4738825_3210_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 12\r\n \r\n \r\nLorsque l'ouragan de cat\u00e9gorie 5 a frapp\u00e9 les Etats-Unis le 29 ao\u00fbt 2005, la c\u00f4te sud, en partie construite sous le niveau de la mer, a sombr\u00e9 dans le chaos. 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Des start-ups s’installent dans la ville, où une réforme du système scolaire porte déjà ses fruits, avec plus de diplômés et un meilleur niveau.La saveur d’une ville autrefois plus afro-caribéenne et créole qu’américaine s’est pourtant en partie diluée dans la tempête, selon certains habitants. Beaucoup de ceux qui ont dû la quitter ne sont jamais revenus : la ville compte aujourd’hui 100 000 habitants de moins qu’avant Katrina, et ce malgré l’arrivée de nombreux nouveaux résidents. La part de la population noire a nettement baissé, passant de 68 % en 2000 à 60 % en 2013. 28.08.2015 à 22h08 • Mis à jour le28.08.2015 à 22h13 Le Pentagone a confirmé officiellement, vendredi 28 août, avoir tué en Syrie Junaid Hussain. Ce militant de l’Etat islamique (EI) utilisait les réseaux sociaux, et notamment Twitter, pour inciter des sympathisants occidentaux à mener des attaques de type « loup solitaire ».Junaid Hussain, de nationalité britannique, a été tué dans par un bombardement le 24 août dans la ville de Rakka, considérée comme le fief de l’EI en Syrie. Selon le porte-parole du commandement militaire américain au Moyen-Orient, « il est aussi responsable d’avoir publié des informations permettant d’identifier 1 300 militaires et employés du gouvernement américain, et de chercher à provoquer des attaques » visant ces employés.Selon Site, organisation spécialisée dans la surveillance des sites djihadistes, l’homme également connu sous le nom d’Abu Hussain Al-Britani était lié à l’attaque contre un festival de caricatures du prophète de l’islam Mahomet à Garland (Texas) le 3 mai dernier. Il aurait notamment échangé des messages avec l’un des assaillants et tweeté le jour même que ceux-ci étaient des sympathisants de l’EI.Lire aussi :Contre l’Etat islamique, l’armée active une cellule de contre-propagande« Un responsable clé »Selon des responsables américains, Junaid Hussain était aussi impliqué dans la constitution et la diffusion au printemps d’une liste de 100 noms de militaires américains à abattre. Mais ses attaques « n’étaient pas dans le haut de gamme » du piratage informatique, a indiqué vendredi un responsable de la défense américain. La liste qu’il avait diffusée a en effet été compilée à partir de données accessibles sur Internet, et non d’une intrusion dans les ordinateurs du Pentagone.Sa mort a permis de « supprimer un responsable clé » du groupe Etat islamique, a poursuivi le Pentagone, estimant que Junaid Hussain était « très dangereux » en raison de ses « connaissances techniques significatives ». Le djihadiste était spécifiquement visé par le bombardement américain, qui n’aurait pas fait d’autre victime. Toutefois, il n’a pas été précisé s’il s’agissait d’une frappe de drone, comme l’ont affirmé de nombreux médias.Lire aussi :L’Etat islamique, c’est 40 000 tweets en français par jourEn 2012, Junaid Hussain, qui n’avait pas encore un profil de djihadiste, avait été condamné par la justice britannique à six mois de prison pour avoir mis en ligne des informations personnelles de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, qu’il avait piratées. Salvatore Aloïse (Rome, correspondance) Jusqu’ici, ils n’étaient connus qu’à travers un chiffre et une date : les 49 cadavres du 15 août. Un parmi les nombreux naufrages de cet été, le long de la route des migrants, dans le canal de Sicile. Mais ce chiffre commence à « parler » : on sait à présent comment certains de ces hommes, enfermés dans la cale de l’embarcation qui devait les mener vers l’Italie, ont passé les derniers moments de leur vie.L’un écrivait une chanson de rap, un autre écoutait de la musique sur son iPod, avec ses écouteurs. Il y avait celui qui avait apporté avec lui un sachet d’aspirine. Parmi les objets retrouvés, en vrac : des dinars libyens, un téléphone portable de fabrication chinoise, un collier en cuir, un porte-monnaie vide… La Repubblica a publié, jeudi 27 août, les photos des pièces à conviction à la disposition de la police criminelle de Catane, en Sicile, qui mène l’enquête pour « homicides ».Ces hommes venaient du Bangladesh, du Pakistan, de la Côte d’Ivoire… Grâce aux témoignages des survivants, les policiers savent désormais qu’ils ont tenté de remonter à l’air libre pour échapper aux fumées rejetées par le moteur. Mais ils ont été roués de coups à chaque tentative de sortir de cette soute de six mètres sur quatre, d’une hauteur d’à peine 1,2 m, où l’on ne pouvait tenir qu’allongé. Parmi les pièces à conviction, un policier qui, avant, enquêtait sur les morts le long des rues de Catane, et qui aujourd’hui s’occupe des cadavres trouvés en mer, a toujours entre les mains la n° 15, racontent les deux journalistes du quotidien romain. Il s’agit de paroles de rap, dédiés à « Gazelle », le titre de la chanson. « C’est l’histoire tragique d’une jeune fille qui s’appelle Gazelle », écrit-il d’emblée. Sur le second feuillet, l’écriture devient presque incompréhensible. D’une « beauté sublime », Gazelle « aime la vie malgré l’enfer où elle est tombée » – une histoire d’hommes qui ont abusé d’elle et l’ont abandonnée. L’agent ne cesse de retourner à la cellule frigorifiée du navire où se trouvent les dépouilles des 49 morts du 15 août. Mais il n’a pas encore réussi à trouver celui qui, parmi eux, était le rappeur probablement amoureux, comme « Gazelle », de la vie.Salvatore Aloïse (Rome, correspondance)Journaliste au Monde 28.08.2015 à 10h47 • Mis à jour le28.08.2015 à 10h54 Coup de chance pour ceux qui ont encore quelques dollars zimbabwéens cachés sous leur matelas : jusqu’à 30 septembre, les espèces de cette monnaie, qui n’est plus en usage depuis 2009, peuvent de nouveau être échangées contre des dollars américains. Et ce, sous l’égide d’un « programme de démonétisation » que la banque centrale du Zimbabwe a lancé en juin. Le taux de change est de 250 millions de milliards de « zimdollars » contre un dollar américain. Pour les comptes bancaires encore libellés en « zimdollars », la banque centrale offre un taux plus généreux, à savoir 5 dollars américains contre 175 millions de milliards de la monnaie locale.Suite à la crise d’inflation galopante qui a frappé ce pays voisin de l’Afrique du Sud et du Botswana au début des années 2000 – le prix d’une miche de pain a dépassé les 35 millions de zimdollars – la banque centrale du Zimbabwe a choisi d’abandonner « son » dollar pour un système où de multiples devises étrangères sont utilisées en parallèle. Elle espérait ainsi stabiliser les prix. Ce qui a fonctionné.Depuis, les Zimbabwéens ont officiellement le droit d’utiliser neuf monnaies différentes, dont le rand sud africain ou l’euro. Maintenant que ce pays d’Afrique centrale se débarrasse pour de bon de sa vieille devise – dont les billets de 100 000 milliards sont vendus aux touristes comme souvenir – il cherche à intégrer une nouvelle monnaie : le yuan chinois.Des projets financés par PékinLe Zimbabwe a déjà des relations économiques importantes avec la Chine. Et le gouvernement de Robert Mugabe, dirigeant autoritaire du pays depuis 1980, s’est fixé pour objectif de les renforcer, avec une politique économique de plus en plus tournée vers l’Asie. Selon les statistiques de la CIA, l’agence américaine de renseignements, presque un quart des 3,2 milliards d’euros d’exportations zimbabwéennes étaient à destination de l’empire du Milieu en 2014, soit 675 millions d’euros.L’ambassadeur de Chine à Harare, a annoncé, le 6 mai, que le montant d’investissements chinois au Zimbabwe s’élevait désormais à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros). Un chiffre qui pourrait bientôt doubler. En août 2014, Pékin s’est en effet engagé à financer des « mégaprojets » d’infrastructure dans le pays, dont le montant est évalué à 2 milliards de dollars.Mais malgré l’importance des échanges avec l’empire du Milieu et des investissements chinois, le yuan peine à irriguer l’économie zimbabwéenne. En 2014, la banque centrale du Zimbabwe a pourtant ajouté cette monnaie au panier de neuf devises constituant désormais ses réserves, espérant que cela favoriserait son usage. Mais c’est bien le le billet vert qui reste malgré tout la devise reine, surtout pour les échanges commerciaux. Renée Connolly, une responsable du cabinet de conseils financiers DeVere Group à Harare, confie ainsi qu’elle n’a elle-même jamais entendu parler d’une transaction en yuan. « Certaines personnes utilisent le rand sud-africain pour quelques achats quotidiens, mais là aussi, le dollar reste le premier choix », précise-t-elle.Le billet vert, devise reineUne domination du billet vert que les autorités zimbabwéennes aimeraient remettre en cause. Lors d’une visite à Pékin en juillet, le vice-président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, aurait sollicité auprès du gouvernement chinois l’autorisation d’utiliser plus largement le yuan dans son pays, ont rapporté plusieurs médias chinois.Lire aussi :La monnaie chinoise, le renminbi, prépare sa percée en Afrique« Le yuan fait déjà partie de notre système de réserve, et notre objectif de l’utiliser plus largement se fonde sur des faits : la Chine est le pays numéro un du commerce international et sa monnaie monte en puissance de manière inévitable », a de son côté expliqué Paul Chikawa, l’ambassadeur du Zimbabwe à Pékin, lors d’un entretien avec le Herald, le principal quotidien du Zimbabwe, le 1er août.De son côté, Pékin ne cache pas ses ambitions de faire entrer le yuan dans les réserves des banques centrales mondiales et d’en faire une véritable monnaie d’échange, concurrençant le dollar, qui domine le commerce mondial depuis les années 1970.Cette stratégie d’internationalisation de sa devise a été entamée en 2005, avec l’assouplissement progressif des règles d’utilisation du yuan à l’étranger. Avec succès, même si la route sera longue : selon Swift, l’entreprise spécialiste des transferts de données bancaires, la devise chinoise a ainsi grimpé au cinquième rang des monnaies les plus utilisées pour les paiements internationaux en janvier. Il y a deux ans, elle n’occupait que la treizième position.Discipline budgétairePeut-on imaginer qu’un jour, le Zimbabwe utilise le yuan sous forme de pièces et de billets, pour la vie quotidienne de ses citoyens, comme l’Equateur utilise le dollar américain ? Cela semble délicat, car contrairement au billet vert, le yuan reste une devise partiellement convertible, qui ne circule quasiment pas sous forme de pièces et de billets hors de Chine. Son utilisation au Zimbabwe concernerait donc essentiellement les transactions financières.Lire aussi :Le yuan chinois, un nouveau dollar pour l’Afrique ?De fait, l’ancien ambassadeur en Chine et membre actuel du cabinet de M. Mugabe, Chris Mutsvanga, a indiqué au Herald du 7 août que les entreprises de l’empire du Milieu intéressées par les « mégaprojets » d’infrastructures de Pékin dans le pays désirent que leurs investissements soient libellés en yuan, afin d’éviter les frais d’échange.« Les investisseurs chinois pensent que Harare peut être la prochaine capitale enregistrant une forte croissance en Afrique, mais ils veulent faire des affaires via les banques de leur pays et dans leur propre monnaie », a-t-il expliqué, suite à une rencontre avec des financiers chinois.La suspension du « zimdollar » a contraint l’Etat à une certaine discipline budgétaire : le fait de ne plus être maître de sa monnaie lui interdit les déficits budgétaires excessifs. Mais la crise d’hyperinflation a cédé la place à des problèmes de liquidité que la banque centrale peine à traiter.La situation financière du pays est tendue à cause du ralentissement de la croissance – elle ne devrait pas dépasser les + 2 % cette année, contre + 8,7 % en moyenne sur la période 2009-2012. Le lancement des « mégaprojets » financés par la Chine aurait assurément un effet stimulant fort salutaire. En somme, ce n’est pas tant d’une injection de yuans dont le Zimbabwe a besoin, mais d’investissements et de cash, quelle que soit la devise…Robert Williams-Urquhart Gilles Paris (Washington, correspondant) Ce qui a commencé comme une farce va-t-il finir par bouleverser le camp du Parti républicain américain à quelques mois de l’élection présidentielle de 2016 ? Il y a quelque temps encore, la candidature de Donald Trump était jugée improbable, en raison de la transparence sur sa fortune que la commission chargée des élections au niveau fédéral lui aurait demandée. Lorsque le magnat de l’immobilier est passé à l’acte, le 16 juin, son entrée en campagne annoncée à la Trump Tower, à New York – la douzième candidature d’une compétition républicaine qui ne fut jamais aussi ouverte – a été réduite à la dernière manifestation d’un ego démesuré.Les paroles prononcées à cette occasion n’ont guère retenu l’attention. Mépris vis-à-vis de responsables politiques traditionnels, marionnettes, selon lui, de lobbies et de donateurs, vision d’un monde simplifié à l’extrême et dans laquelle les Etats-Unis seraient devenus les perdants de la mondialisation : ce discours virulent et décousu est apparu comme le prélude à une campagne aussi tonitruante que brève.L’inflexion de la popularité de l’homme d’affaires, début juillet, a été ensuite comparée aux feux de paille d’autres outsiders par le passé. Ses rivaux ont cru que l’essence des controverses répandue généreusement par Donald Trump (sa mise en cause du passé militaire du sénateur John McCain, sa vision de l’immigration mexicaine composée de trafiquants et de violeurs) allait finir par le consumer.Au lieu de rentrer dans le rang, l’homme d’affaires a au contraire posé de nouveaux jalons lors du premier débat organisé entre candidats républicains, le 6 août : refus de faire allégeance aux règles (se présenter à l’investiture républicaine interdit de manière implicite une candidature comme indépendant si le sort des urnes est défavorable) ; refus de considérer l’un des acteurs centraux d’une campagne, les médias, comme un arbitre intouchable (comme l’a montré son algarade avec la journaliste Megyn Kelly) ; et refus de considérer comme des égaux ses rivaux, se moquant de leur prétendue servilité vis-à-vis de leurs financiers.Lire aussi :Primaires américaines : Donald Trump en hausse, Hillary Clinton en baissePositionnement transgressifIl n’a pas fallu attendre quinze jours pour que Donald Trump porte un nouveau coup. Pour ce faire, il a choisi le dossier sensible de l’immigration, qui a provoqué par le passé des fractures entre républicains. Les pragmatiques font le constat de l’impossibilité de renvoyer environ 11 millions d’illégaux, alors que les intransigeants campent sur le refus des régularisations temporaires proposées par le président Barack Obama, sans aller pour autant jusqu’à exiger des vagues d’expulsion massives. Accusé par ses adversaires républicains d’être dépourvu du moindre programme, M. Trump a répliqué en adoptant une position maximaliste contre l’immigration, en proposant notamment l’expulsion de millions de sans-papiers et la construction d’un mur le long de toute la frontière sud du pays. Il a ainsi étouffé les voix les plus déterminées et placé ses rivaux devant un choix délicat : s’aligner ou apparaître comme laxistes.La résistance de l’homme d’affaires aux prédictions d’effondrement a conduit à un examen plus approfondi de sa popularité. Elle a tout d’abord été analysée comme le produit de son savoir-faire vis-à-vis des médias, rodé par des décennies de promotion personnelle et la maîtrise des codes de la télé-réalité, qu’il a longuement pratiquée. Omniprésent depuis plus de deux mois, Donald Trump obtient les meilleurs scores en termes d’intentions de vote dans pratiquement dans toutes les familles idéologiques du Grand Old Party. C’est paradoxal, car c’est son positionnement transgressif qui est pour l’instant son principal moteur. Il lui permet de se distinguer de candidats classiques (cinq sénateurs et anciens sénateurs, neuf gouverneurs et anciens gouverneurs), et d’attirer les déçus de la politique.Une campagne transformée en un showL’énorme succès du premier débat républicain (une audience de 24 millions de téléspectateurs record pour une chaîne du câble, hors événements sportifs) traduit également l’intérêt insufflé par M. Trump à cette campagne transformée en un show permanent dont il est la vedette. Cette force comporte aussi ses faiblesses : la sympathie ou l’empathie vis-à-vis d’un style iconoclaste n’est pas la garantie qu’un public situé plus à la périphérie de la politique participe massivement aux caucus et primaires à venir. En dépit de ses assurances, le milliardaire n’a pas encore mis en place dans les Etats-clés une « machine à voter » comparable à celle de ses rivaux. Par ailleurs, cliver n’est pas sans prix : une majorité d’électeurs républicains continue de considérer que M. Trump n’est pas un candidat sérieux pour 2016.Les effets de sa candidature sont pourtant déjà considérables. Le premier concerne le camp républicain : en le déportant vers la ligne la plus dure sur l’immigration, M. Trump risque de radicaliser un électorat latino crucial pour la reconquête de la Maison Blanche.Le second, inattendu, est plus fondamental. En assurant que sa fortune était l’assurance de sa liberté politique, M. Trump a porté involontairement le coup le plus dur contre la dérive censitaire de la démocratie américaine, amorcée par la Cour suprême en 2010 avec la suppression des plafonds de financement politique. Cela n’a pas échappé à l’un des adversaires les plus acharnés de l’arrêt Citizens United v. Federal Elections Committee : l’universitaire Lawrence Lessig. Après avoir envisagé une candidature de témoignage à l’investiture démocrate, celui-ci se dit prêt à soutenir M. Trump s’il devenait candidat indépendant.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.08.2015 à 03h30 • Mis à jour le28.08.2015 à 07h33 Les économies d’eau obligatoires mises en place en Californie pour lutter contre une sécheresse historique portent leurs fruits : la consommation d’eau a une nouvelle fois chuté au mois de juillet, après avoir baissé au mois de juin dans cet Etat de l’Ouest américain.En juillet, l’utilisation d’eau a reculé de 31,3 % par rapport à la même période en 2014, après 27 % en juin, soit plus que les 25 % exigés en avril par le gouverneur de Californie, Jerry Brown. « Malgré les fortes chaleurs » de juillet, « les Californiens ont fait encore mieux qu’en juin », s’est félicité jeudi dans un communiqué le conseil d’administration de l’eau de l’Etat. « Les Californiens ont vigoureusement réagi à la sévérité de cette sécheresse » record, poursuit Felicia Marcus, directrice de l’agence gouvernementale.Décourager le gaspillageLes 38 millions de Californiens doivent désormais arroser leurs jardins certains jours seulement et privilégier un système de goutte à goutte fixé à la racine des plantes plutôt que les tuyaux d’arrosage ordinaires.Lire :Californie, gazon mauditEn avril, l’Etat avait notamment demandé, dans le cadre de son programme d’économies obligatoires, le remplacement de 4,6 millions de m² de pelouse par des plantes peu consommatrices d’eau comme les cactus, les agaves ou les plantes succulentes. Le 12 juin, les autorités californiennes avaient étendu les restrictions à l’accès à l’eau à certains agriculteurs, une première.L’Etat a aussi ordonné la création d’un programme de rabais pour remplacer les vieilles installations d’eau et d’électricité par des modèles et technologies plus économes, demandé aux campus, aux golfs, cimetières et autres lieux où l’on trouve de grandes pelouses de réduire de façon importante leurs arrosages. Enfin, les agences de distribution d’eau ont été appelées à modifier leurs structures de tarifs pour « décourager le gaspillage ».Deux fois plus d’amendes qu’en juinLes organisations collectives ou les individus qui ne respectent pas les directives s’exposent à des amendes. Les agences de distribution d’eau ont signalé que 15 845 pénalités avaient été émises dans l’ensemble de l’Etat pour sanctionner du gaspillage, soit près du double de celles émises un mois plus tôt.Lire aussi :L’amande, suspect idéal de la sécheresse californienneLes économies drastiques enregistrées ces deux derniers mois « montrent que [les Californiens] étaient habitués à l’abondance d’eau et à l’utiliser sans y penser, comme si nous vivions dans un climat où il pleut beaucoup », constate Stephanie Pincetl, professeur en sciences de l’environnement à UCLA.Malgré ces progrès, elle estime que la situation reste « critique car nous avons besoin d’économiser l’eau sur le long terme, surtout s’il ne pleut pas : une réduction de 25 % ne sera alors pas suffisant, d’autant que les réservoirs sont déjà à des niveaux très bas ». 27.08.2015 à 19h33 L’Estonie va installer une clôture le long de sa frontière avec la Russie pour renforcer la protection de cette frontière extérieure de la zone Schengen, dont elle est membre, a annoncé jeudi 27 août le ministère de l’intérieur estonien.La clôture barbelée, haute de 2,5 mètres, sera installée sur environ 110 km de la frontière russo-estonienne, à l’exception des zones de marécages. Selon le porte-parole du ministère, Toomas Viks, la construction doit démarrer en 2018.Inquiète des ambitions de MoscouTalinn envisageait de construire cette clôture depuis l’an dernier, après l’annexion de la Crimée par Moscou, en mars 2014, et la montée de la tension dans la région, avec des combats entre les séparatistes prorusses et les troupes de Kiev dans l’est de l’Ukraine. La clôture « constituera l’un des éléments d’un dispositif technique de surveillance, assurant vingt-quatre heures sur vingt-quatre la protection de la frontière de l’Estonie et de l’espace Schengen » à partir de 2019, a déclaré M. Viks.« Les renseignements recueillis par l’installation technique pourront être utilisés comme preuves en cas de criminalité transfrontalière, comme les passages illégaux de la frontière, la contrebande et le trafic d’êtres humains »Les trois pays baltes, restés sous occupation soviétique jusqu’en 1991, s’inquiètent des ambitions de Moscou dans la région de la Baltique. L’Estonie et la Lettonie craignent notamment une déstabilisation liée à leur importante minorité russophone, constituant respectivement un quart et un tiers de leur population.L’annonce de la construction de cette clôture a été faite près d’une semaine après la condamnation d’Eston Kohver à quinze ans de prison pour espionnage en Russie. Ce membre de la Kaitsepolitsei, l’agence de sécurité estonienne chargée du contre-espionnage, de la lutte contre le terrorisme et des gros dossiers de corruption, avait été arrêté dans des circonstances troubles en 2014. Après l’annonce du verdict, l’Estonie avait dénoncé une « violation criante de la loi internationale ».Lire aussi :L’affaire Eston Kohver, jeux d’espions sur la Baltique Morgane Bona Alors que le coup d’envoi n’a pas encore été donné, l’ambassadrice de France au Bangladesh, stylo en main, ordinateur ouvert sur la table en bois clair, est déjà en plein rendez-vous officieux. L’homme qui lui fait face se hâte de lui demander des conseils avant qu’un son strident ne coupe la conversation. Une voix résonne dans la salle : tous les participants doivent rejoindre les tables auxquelles ils ont été assignés.Sous la verrière du Centre de conférence ministériel à Paris s’est tenu, mardi 25 août, le premier « speed-dating » entre 169 ambassadeurs et 457 entrepreneurs soigneusement sélectionnés, à l’occasion de la semaine des ambassadeurs organisée chaque année par le Quai d’Orsay.Lors du discours d’ouverture de ce « speed dating » inédit, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, à l’origine de l’initiative, a expliqué : « L’ambassadeur est là, notamment, pour être au service des entreprises (…). quand je dis “les ambassadeurs”, c’est l’ensemble des services parce que, encore une fois, nous sommes au service de l’économie française ».Si la mission économique était déjà inhérente à la fonction d’ambassadeur, au titre du développement des relations bilatérales et de la protection des intérêts de l’Etat, elle est devenue aujourd’hui prédominante. L’ambassadeur de France en Iran depuis 2011, Bruno Foucher, n’a « pas découvert la fonction économique l’année dernière, dit-il. Aujourd’hui, elle prend une importance particulière. Il y a quelques années, il y avait des ambassadeurs économiques car ils aimaient ça. Moi, c’était déjà mon choix. » Un autre ambassadeur, en poste dans l’est de l’Europe cette fois, reconnaît qu’« il y a un changement dans le statut de l’ambassadeur, sous l’impulsion de Laurent Fabius. Dès qu’il est arrivé, il l’a érigé comme priorité. Les jeunes ambassadeurs s’y sont mis tout de suite parce que c’était naturel et je crois que maintenant, tout le monde a le réflexe économique. »« Accéder aux officiels »Cette évolution n’est pas pour déplaire aux entrepreneurs présents. Ils sont ravis et surpris par la démarche : « C’est un événement formidable, affirme le président du directoire d’une entreprise de piscines. Les dossiers sont préparés, ils ont des réponses à nous apporter. Je ne connaissais pas ce rôle de l’ambassadeur-facilitateur mais je trouve ça bien ».Le jeune représentant d’une entreprise d’audit d’infrastructures mortuaires reconnaît qu’il y a encore deux ans, il ne percevait l’ambassadeur que dans ses aspects politiques. Aujourd’hui, alors qu’il aspire à s’implanter en Afrique, il est conscient de la prépondérance du rôle économique des représentants français : « L’ambassadeur aide à accéder aux officiels ».Par ses contacts, le diplomate tend à faciliter les démarches des entreprises pour s’implanter dans à l’étranger. Un ambassadeur, par son statut de représentant de l’Etat, « a accès à tout le monde », assure François Zimeray, en poste à Copenhague : « On est des introducteurs. On fait en sorte que la prise de risque soit limitée, de soutenir les entreprises dans des environnements difficiles : dans des pays où il y a de la corruption, un Etat de droit pas consolidé, où les juridictions commerciales ne sont pas au point. »Désormais, le volet économique occupe généralement entre la moitié et les deux tiers du temps des chefs de mission français. « Au fur et à mesure que l’économie de la France s’est dégradée, contractée (…), le rôle de l’ambassadeur sur le plan économique s’est renforcé », explique Sophie Aubert, ambassadrice au Bangladesh. Mais une question reste en suspens : comment concilier la mission de représentation de la France, de ses valeurs humanistes et une collaboration économique étroite avec des régimes autoritaires ? Entre les impératifs économiques et les valeurs démocratiques, « on fait un peu le grand écart », reconnaît un ambassadeur français dans un Etat connu pour ses atteintes régulières aux droits de l’Homme.Morgane Bona 06.08.2015 à 16h57 • Mis à jour le06.08.2015 à 18h26 | Louis Imbert La guerre au Yémen est entrée dans une nouvelle phase, depuis la prise d’Aden à la mi-juillet par les forces loyalistes, et le débarquement de renforts terrestres de la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite. Il s’agit de la première victoire de la coalition après quatre mois d’une guerre qui ne paraît pas approcher de sa fin, et qui a fait déjà plus de 4 000 morts, en grande partie des civils.Le pays compte 1,2 million de déplacés internes, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, et près de 100 000 personnes ont fui depuis le début du conflit, notamment en Somalie et à Djibouti. Selon l’institution, environ 80 % de la population a besoin d’aide humanitaire.La situation militaireA la mi-juillet, les forces fidèles à l’ex-président Abd Rabo Mansour Hadi ont chassé les milices houtistes d’Aden, le grand port du Sud. Ces dernières, originaires du nord du pays, issues de la minorité zaïdite (une branche du chiisme) et proches de l’Iran, s’étaient emparées, depuis l’automne, de la capitale Sanaa, avant de chasser le président et de prendre pied à Aden.Les forces loyalistes étaient appuyées par des bombardements de la coalition, des éléments des forces spéciales saoudiennes et émiraties ainsi que par des exilés yéménites, entraînés et équipés en Arabie saoudite. Elles ont également établi une alliance de circonstance avec des séparatistes sudistes, des milices tribales et des militants islamistes sunnites.Depuis, les loyalistes reçoivent des renforts en hommes (1 500 soldats de la coalition arabe, en majorité venus des Emirats, seraient présents dans le pays) et en équipement lourd, notamment des chars français Leclerc, expédiés par l’armée émiratie qui en possède plus de 300. Ces forces remontent vers le nord et ont pris lundi 3 août la base militaire d’Al-Anad, ancien centre de l’opération antiterroriste américaine au Yémen.De là, elles pourraient remonter vers la région de Taëz, un terrain montagneux plus difficile que la plaine côtière. Des combats ont déjà lieu dans deux provinces contiguës à la région d’Aden, celles de Lahj et d’Abyane.Lire aussi :Au Yémen, les forces loyalistes reprennent le dessusAden, une ville en ruine Aden reste la zone la plus en difficulté, malgré le repli des houthistes et des forces loyales envers l’ex-président Ali Abdallah Saleh. « La ville est complètement détruite. Il n’y a plus de services publics, c’est un dépotoir à ciel ouvert », dit Thierry Goffeau, coordinateur de Médecins sans frontières (MSF) à Aden, sorti récemment de la ville. L’équipe de MSF y vit pour une large part cloîtrée dans un hôpital aux fenêtres protégées par des plaques de métal – des balles perdues sifflent encore quotidiennement. Cependant, « la population souffle un peu » aujourd’hui, avec l’arrêt des bombardements. Certains tentent de revenir chez eux, inspectent les dégâts, déblaient.Plusieurs ONG espèrent reprendre pied dans Aden à la faveur de sa « libération » par les forces loyalistes. Elles comptent sur l’installation d’une forme de gouvernement (le premier ministre yéménite en exil, Khaled Bahah, est venu marquer la reprise de la ville, le 1er août) et sur la réouverture progressive de l’aéroport. Déjà, quelques avions saoudiens se sont posés à Aden, qui ont acheminé de l’aide humanitaire.De graves pénuries d’essence, d’eau, d’électricitéLa ville manque de tout, comme une large part du pays. Les violences, les difficultés d’approvisionnement dues aux combats et au blocage des ports mis en place par l’Arabie saoudite, et renforcées après la résolution de l’ONU du 14 avril imposant un embargo sur les armes destinées aux milices houthistes, ont créé en quatre mois l’une des pires crises humanitaires actuelles.La pénurie de fuel est peut-être la plus grave. L’essence alimente les générateurs pour l’électricité, les pompes à eau et les transports. On manque donc d’eau, d’électricité et les routes sont désertes. L’accès aux secours, aux soins, rares, est encore compliqué par les points de contrôle de toutes les forces en présence et les bombardements de la coalition menée par l’Arabie saoudite, qui touchent la plupart des axes du pays. « Des femmes enceintes meurent en route parce qu’elles ne peuvent rejoindre les cliniques », dit Thierry Goffeau.Un point rassurant : dans cette société tribale, la plupart des habitants qui ont dû fuir leur quartier, leur village ont trouvé à se loger chez des proches. Les camps de déplacés sont rares. Les ports en large partie fermésDepuis lundi, des sources proches du gouvernement en exil ont affirmé à plusieurs médias que l’embargo qui frappe le port d’Hodeïda, ouverture des houthistes sur la mer Rouge, serait renforcé. « Mercredi matin, on ne trouvait déjà plus de fuel en ville sur le marché noir, dit Arnaud Phipps, directeur des programmes d’Action contre la faim (ACF) au Yémen, qui maintient une équipe dans cette ville. Les vendeurs attendent une pénurie renforcée pour relâcher leur stock. On en trouvait à moins de deux dollars le litre, ces derniers jours. On s’attend à ce que cela monte à cinq dollars, et le prix de toutes les marchandises augmentera avec. »Le port, déjà, ne fonctionne qu’à 5 % à 15 % de ses capacités. Du fait des autorisations difficiles à obtenir auprès de la coalition, du danger, mais également du coût des assurances, de la manutention au port, du dédouanement et du transport. ACF a ainsi dû récemment débourser 50 000 dollars (45 808 euros) pour acheminer 100 tonnes de matériel sanitaire et de nourriture à Hodeïda. « A ce prix, nous commençons à nous demander s’il ne faut pas arrêter », dit M. Phipps.MSF estime que l’embargo sur les armes mis en place par l’Arabie saoudite constitue un blocus de fait : une arme de guerre contre les houthistes. Elle affirme que l’Arabie saoudite, chargée par le comité des sanctions de l’ONU d’assurer l’embargo, profite de l’absence de mécanismes clairs d’inspection des cargaisons pour détruire des bateaux et asphyxier les zones houthistes. MSF assure que ses bateaux ont essuyé deux tirs, des coups de semonce venus des deux camps. « Ils ont voulu nous faire peur », dit Mégo Terzian, président de l’organisation.Julien Harneis représentant de l’Unicef au Yémen, nuance cette analyse en rappelant que ses livraisons par bateaux passent tous les dix jours à Aden depuis le début du conflit. Les livraisons par avions restent plus difficiles, les aéroports ayant été visés par des bombardements de la coalition.Louis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.08.2015 à 14h50 • Mis à jour le06.08.2015 à 18h35 L’organisation djihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué, jeudi 6 août, l’attentat visant une mosquée du quartier général des forces spéciales d’Arabie saoudite – une unité des forces de sécurité du royaume –, dans le sud du pays. L’attaque a fait quinze morts et neuf blessés. Dix policiers figurent parmi les victimes de l’attentat, l’un des plus meurtriers contre les forces de défense depuis plusieurs années.L’attentat a été perpétré à Abha, chef-lieu de la province d’Assir. La région est proche de la frontière avec le Yémen, où l’Arabie saoudite mène une campagne aérienne arabe contre les rebelles houthis, des chiites soutenus par l’Iran, qu’elle veut empêcher de prendre le contrôle de tout le pays.Le prince Fayçal ben Khaled ben Abdel Aziz, gouverneur d’Assir, s’est rendu sur le lieu de l’attaque et au chevet des blessés. Il a dénoncé un attentat destiné à « déstabiliser le pays et à provoquer la peur chez les citoyens ».Lire le reportage : La guerre au Yémen ravive le malaise des chiites d’Arabie SaouditeL’Etat islamique contre les chiites « hérétiques »En mai, deux attaques-suicides à la bombe dans des mosquées chiites d’Arabie saoudite avaient déjà été revendiquées par l’EI, pour qui les chiites sont des « hérétiques ». La première, à Qatif, dans l’est du pays, avait tué 21 fidèles, et la deuxième, à Dammam, avait fait 4 morts.En menant sa première attaque dans le royaume le 22 mai, l’EI avait promis aux chiites « des jours sombres » jusqu’à ce que « les soldats de l’EI » les « chassent de la péninsule arabique ». Poids lourd de la région, l’Arabie saoudite fait partie de la coalition dirigée par Washington pour combattre l’EI en Irak et en Syrie. Ces derniers mois, le pays a multiplié les arrestations d’extrémistes sunnites soupçonnés de planifier des attaques pour « attiser les tensions confessionnelles ».Lire le décryptage : Quelles sont les différences entre sunnites et chiites ?« Quiconque a pris part, planifié, soutenu, coopéré ou sympathisé avec le crime odieux sera tenu responsable et poursuivi en justice. Il subira la punition qu’il mérite », avait averti le roi Salmane après le premier attentat de mai. Le 18 juillet, les autorités saoudiennes avaient annoncé le démantèlement d’une organisation liée à l’EI et l’arrestation de 431 suspects, en majorité des Saoudiens. Les membres du réseau opéraient « sur un scénario préparé depuis des zones agitées à l’étranger, dans le but de semer la sédition et d’étendre le chaos », selon le ministère de l’intérieur. 06.08.2015 à 11h58 • Mis à jour le06.08.2015 à 16h23 | Louis Imbert La guerre au Yémen a déjà fait plus de 4 000 morts, en grande partie des civils. Environ 80 % de la population a besoin d’aide humanitaire, le pays compte 1,2 million de déplacés internes, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, et près de 100 000 personnes ont fui depuis le début du conflit, notamment en Somalie et à Djibouti.Les violences, les difficultés d’approvisionnement en nourriture et en médicaments dues aux combats et au blocage des ports mis en place par l’Arabie saoudite, et renforcées après la résolution de l’ONU du 14 avril imposant un embargo sur les armes destinées aux milices houthistes, limitent à l’extrême le travail des organisations non gouvernementales.Aden, le grand port du Sud, reste la zone la plus en difficulté, malgré le repli des houthistes et des forces loyales envers l’ex-président Ali Abdallah Saleh à la mi-juillet. « La ville est complètement détruite. Il n’y a plus de services publics, c’est un dépotoir à ciel ouvert », dit Thierry Goffeau, coordinateur de Médecins sans frontières (MSF) à Aden, sorti récemment de la ville. L’équipe de MSF y vit pour une large part cloîtrée dans un hôpital aux fenêtres protégées par des plaques de métal – des balles perdues sifflent encore quotidiennement.Pénurie de fuelPlusieurs ONG espèrent reprendre pied dans Aden à la faveur de sa « libération » par les forces du président en exil, Abd Rabo Mansour Hadi, appuyées par des séparatistes sudistes, des milices tribales et des militants islamistes sunnites. Elles comptent sur l’installation d’une forme de gouvernement et sur la réouverture progressive de l’aéroport.Comme dans l’ensemble du Yémen, la pénurie de fuel y est peut-être la plus grave. L’essence alimente les générateurs pour l’électricité, les pompes à eau et les transports. Les points de contrôle de toutes les forces en présence et les bombardements de la coalition menée par l’Arabie saoudite, qui touchent la plupart des axes du pays, contribuent également à vider les routes.Depuis lundi, des sources proches du gouvernement en exil ont affirmé à plusieurs médias que l’embargo qui frappe le port d’Hodeïda, ouverture des houthistes sur la mer Rouge, serait renforcé. « Mercredi matin, on ne trouvait déjà plus de fuel en ville sur le marché noir, dit Arnaud Phipps, directeur des programmes d’Action contre la faim au Yémen, qui maintient une équipe dans cette ville. Les vendeurs attendent une pénurie renforcée pour relâcher leur stock. On en trouvait à moins de deux dollars le litre, ces derniers jours. On s’attend à ce que cela monte à cinq dollars, et le prix de toutes les marchandises augmentera avec. »Louis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.08.2015 à 11h12 • Mis à jour le06.08.2015 à 14h35 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Dans un geste de conciliation envers le Vatican, l’Eglise officielle chinoise a procédé, mardi 4 août, à la première ordination d’un évêque depuis trois ans. Malgré une très forte présence policière et le refus de laisser entrer nombre de curieux dans la cathédrale d’Anyang (province du Henan, centre-est du pays), selon l’agence catholique UCA News, les autorités chinoises ont fait un pas diplomatique en nommant Zhang Yinlin coadjuteur de cet évêché, car l’homme a également reçu en amont l’approbation de Rome.Tous les évêques choisis pour concélébrer étaient de ceux qui bénéficient à la fois de la reconnaissance de l’Eglise romaine et de l’institution chargée de contrôler au plus près cette religion en Chine, l’Association patriotique des catholiques chinois.Cet effort pourrait constituer une première étape du dégel dans les relations tendues entre Pékin et le Saint-Siège, pour lesquelles l’ordination de nouveaux évêques constitue systématiquement un test. La dernière remontait au mois de juillet 2012 et l’événement avait été de nature à cristalliser encore un peu plus les antagonismes. Dans la cathédrale de Shanghaï, en pleine messe, le nouvel évêque Ma Daqin avait renoncé à ses fonctions au sein des institutions officielles chinoises après avoir constaté qu’un des six évêques chargés d’imposer les mains ne bénéficiait pas de l’approbation papale. Une partie de l’audience avait applaudi l’annonce de son retrait de l’Association patriotique, tandis que les officiels furieux étaient rapidement sortis de l’église. Depuis, Ma Daqin demeure en résidence surveillée.Lire aussi :Chine : au Hebei, les évêques disparaissentDestruction des croix trop visiblesEn parallèle, le gouvernement continue de mener une campagne de destruction des croix visibles de l’extérieur, notamment dans la province du Zhejiang, et en particulier dans la ville de Wenzhou, un bastion chrétien sur la côte sud-est. Comme le résume le père Jim Mulroney, rédacteur en chef d’un hebdomadaire religieux de Hongkong, le Sunday Examiner, « les catholiques en Chine ne cessent de dire que la situation se dégrade, il y a davantage de flicage, davantage de mesures d’isolement, les prêtres ont désormais peur de se contacter entre eux ». Les croyants ne sont d’ailleurs pas les seuls, depuis son arrivée au pouvoir il y a presque trois ans, le président Xi Jinping prend en chasse les universitaires, les avocats libéraux, la presse et tout autre organe susceptible de critiquer. Toutefois, fait valoir M. Mulroney, le pouvoir chinois prend les dossiers séparément pour ce qui est de l’Eglise catholique, ce qui expliquerait le caractère schizophrène de l’attitude consistant à, d’un côté, frapper fort contre les croix trop visibles au Zhejiang et à réprimer les curés exerçant hors du circuit officiel et, de l’autre, jouer la carte de l’apaisement avec Rome sur la question de l’ordination des évêques. « Le problème des évêques est devenu un symbole et l’Etat chinois veut malgré tout s’assurer de bonnes relations avec le reste du monde », juge le père Mulroney, qui suit de près le sort des catholiques de Chine continentale.Lire aussi :En Chine, la disparition embarrassante d’un évêque de l’Eglise « clandestine »Des canaux de discussion se sont donc ouverts et des signes de compromis apparaissent. L’an dernier à Wuhan, dans le centre du pays, l’organe catholique étatique s’apprêtait à procéder à l’ordination d’un prêtre qui non seulement n’avait pas encore reçu l’aval du pape, mais ne souhaitait pas être fait évêque faute d’approbation de Rome. Après une négociation de dernière minute, l’Eglise officielle chinoise sut faire marche arrière. De même à Anyang, le doute aura plané jusqu’à la dernière minute quant au fait de savoir si Pékin allait réellement tolérer que l’ordination soit réalisée dans les conditions acceptables aux yeux du Vatican, à savoir une approbation parallèle par la Chine et Rome. Ce mode opératoire avait été initié lors d’une ordination à Shanghaï en 2005, ouvrant une période de cinq années et dix ordinations apaisées. Mais, dès 2010, l’Association patriotique fit voler en éclat ce consensus fragile en ordonnant un religieux non approuvé par le Saint-Siège à Chengde, dans le nord-est du pays, et en contraignant physiquement des membres du clergé fidèles à Rome à assister à cette messe.Les appels du pied du papeSi l’arrivée au pouvoir simultanée de deux nouvelles personnalités en mars 2013 avait ouvert une fenêtre d’opportunité, Xi Jinping et le pape François rajeunissant les deux institutions particulièrement conservatrices que sont le Vatican et le Parti communiste chinois, l’affirmation par M. Xi de la puissance chinoise sur la scène internationale et du contrôle du parti unique sur la société a depuis laissé peu d’espace.Le pape a pourtant multiplié les appels du pied. En décembre 2014, il a refusé de recevoir le dalaï-lama, bête noire du gouvernement chinois, de passage à Rome pour une réunion des Prix Nobel de la paix. Puis, le 19 janvier 2015, en survolant l’espace aérien chinois de retour des Philippines, il confiait avoir fait savoir aux Chinois qu’il souhaitait faire le déplacement. Déjà, lors du vol retour de sa visite en Corée du Sud, au mois d’août 2014, il se disait prêt à se rendre en Chine « dès le lendemain matin ». Après les Philippines, François résumait l’équilibre actuel : « Les Chinois sont polis et nous sommes polis également. Nous faisons les choses pas à pas. »« Les Chinois sont polis et nous sommes polis également. Nous faisons les choses pas à pas »Un fil d’échange s’est ouvert, mais toutes les conditions ne sont pas réunies. Pékin a explicitement précisé attendre de Rome qu’il rompe ses relations diplomatiques avec Taïwan pour reconnaître la République populaire de Chine. De son côté, le Vatican étudie l’opportunité de canoniser le jésuite Matteo Ricci, qui au XVIe siècle avait fait le lien entre la Cité interdite et l’Occident et demeure un personnage admiré. Mais outre la difficile quête d’un miracle, l’Eglise catholique juge difficile de faire davantage de gestes si la Chine ne fait rien pour améliorer la situation de ses fidèles.Lire aussi :Comment le Vatican « fabrique des saints »La question des évêques apparaît dans ce cadre complexe comme un thermomètre de la volonté chinoise. « Il y a eu des discussions d’ordre général et le service diplomatique du Vatican a dit espérer qu’il n’y aura plus d’ordinations d’illégales », détaille Jim Mulroney. La Chine a fait mardi cette première concession.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.08.2015 à 10h05 La police chinoise va imposer aux grandes sociétés du Web, hébergeurs et éditeurs de sites, la présence de policiers au sein de leurs locaux pour mieux contrôler l’application de la loi, a annoncé l’agence de presse officielle Chine nouvelle. Ces nouvelles unités seront notamment chargées de lutter contre la « diffusion de rumeurs », un délit qui constitue l’un des principaux outils juridiques de la censure chinoise.Cette nouvelle politique constitue un revirement dans la pratique chinoise de la censure, jusqu’à présent confiée aux entreprises, chargées d’appliquer un cadre légal très strict. La liste des entreprises qui accueilleront ces unités de police n’a pas été communiquée par Pékin ; le Web chinois est largement dominé par trois entreprises, Tencent (réseaux sociaux), Baidu (moteur de recherche, messageries) et Alibaba (commerce en ligne). 06.08.2015 à 06h25 • Mis à jour le06.08.2015 à 11h23 | Benoît Vitkine Le feuilleton de la vente avortée par la France de deux navires Mistral à la Russie touche à sa fin. L’épilogue de cette affaire qui a empoisonné pendant de longs mois les relations entre Paris et Moscou est intervenu mercredi 5 août.Dans la soirée, un communiqué de la présidence française indique que « la France et la Russie sont parvenues à un accord pour mettre un terme au contrat signé en 2011 qui prévoyait la livraison de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral ». Peu après, la partie russe confirme, dans un communiqué distinct, que « Moscou considère l’affaire des Mistral comme complètement réglée ».Le calendrier s’est donc accéléré, puisque le premier ministre, Manuel Valls, assurait il y a quelques jours encore que « des décisions importantes seraient prises à la fin de l’été ». Les présidents français et russe ont apparemment finalisé les derniers détails de l’accord lors d’une conversation téléphonique, mercredi après-midi.Pour comprendre le contexte :Mistral : entre la France et la Russie, les navires de la discordeAucun chiffre officielLe communiqué de l’Elysée – tout comme celui du Kremlin – ne mentionne aucun chiffre, mais il précise que « la Fédération de Russie est exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées » au titre de ce contrat estimé à quelque 1,2 milliard d’euros.Depuis novembre 2014 et la décision de Paris de reporter « jusqu’à nouvel ordre » la livraison du premier des deux navires, le Vladivostok, décision motivée par l’annexion russe de la Crimée puis le rôle joué par Moscou dans la guerre dans l’est de l’Ukraine, les discussions entre les deux parties achoppaient principalement sur le montant du remboursement. Les autorités russes jugeaient insuffisante la proposition française de rembourser 785 millions d’euros d’avances déjà perçues et chiffraient le préjudice subi à près de 1,163 milliard d’euros.Pour expliquer cette différence, Moscou mettait en avant les sommes dépensées pour la formation des 400 marins qui devaient constituer l’équipage des Mistral, la construction d’infrastructures spéciales à Vladivostok, où devait être basé le premier Mistral, et la fabrication de quatre hélicoptères de combat. Or, le communiqué français précise bien que le remboursement concerne « exclusivement » « les sommes avancées au titre du contrat » et que « les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront restitués », une formulation qui laisse penser que les arguments français l’ont emporté, d’autant que l’agence de presse russe Tass indiquait dès mardi que des experts allaient être envoyés en France en septembre pour démanteler et récupérer les équipements de communication à bord des deux navires.Jeudi matin, le quotidien russe Kommersant assurait pourtant, en citant des sources au sein du lobby militaro-industriel russe, que le montant du remboursement s’élevait à « plus de 1,1 milliard d’euros ». Selon le journal, l’argent a d’ores et déjà été transféré, en secret, sur le compte d’une banque russe, pour éviter qu’il ne soit gelé par la justice dans le cadre de l’affaire Ioukos, qui a vu la Russie condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme à rembourser 50 milliards de dollars aux anciens actionnaires du groupe pétrolier.« Le montant exact sera communiqué au Parlement parce qu’il y aura une loi de ratification et le Parlement va être saisi très rapidement et du montant et du dispositif », a réagi sur RTL, jeudi, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, précisant seulement que la somme était inférieure à 1,2 milliard.Lire les réactions :Pour la droite, la non-livraison des Mistral à la Russie est une « faute absolue »« Un certain nombre de pays ont fait connaître leur intérêt »Dernier point de l’accord rendu public par les deux parties, « la France aura la pleine propriété et la libre disposition des deux bâtiments ». Cela signifie que Paris a désormais la possibilité de revendre ces navires de haute technologie à qui elle le souhaite, même si les pistes paraissent encore minces. La partie n’était pas gagnée, Moscou mettant en avant lors des négociations la clause de « non-réexportation » contenue dans le contrat.« Un certain nombre de pays, ils sont nombreux, ont fait connaître leur intérêt pour ces bateaux », a assuré M. Le Drian.« Il est souhaitable de le faire le plus rapidement possible. On ne pouvait pas le faire tant que le contentieux n’était pas réglé avec la Russie. »La fin de ce feuilleton constitue une bonne nouvelle pour la présidence Hollande. L’affaire n’a pas empêché la diplomatie française de jouer les premiers rôles dans le conflit ukrainien, mais elle n’a jamais cessé de compliquer ses relations avec la Russie et d’irriter certains de ses partenaires européens.La livraison à Moscou de ces navires de guerre polyvalents pouvant transporter des hélicoptères, des chars et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital n’a jamais été de soi à Paris. Dès le début des discussions, en 2009, soit un an après la guerre de 2008 entre la Russie et la Géorgie, une partie de l’état-major français s’est fermement opposée à une telle vente.Au nom des bonnes relations entre la France et la Russie, mais aussi en soutien aux chantiers navals de Saint-Nazaire, la ligne défendue par le premier ministre, François Fillon, et le ministre de la défense, Hervé Morin, allait finalement l’emporter, sur un ultime arbitrage du président de l’époque, Nicolas Sarkozy.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépitéBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’Espagne va mieux, et le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy entend faire en sorte que cela se voie dans le budget 2016, présenté mardi 4 août au Parlement par le ministre des finances Cristobal Montoro.Véritable outil de propagande électoral, alors que des élections législatives se tiendront à l’automne, il comprend des baisses d’impôts sur le revenu et les sociétés, déjà avancées au 1er juillet dernier, et qui se reproduiront « à mesure qu’augmentera notre capacité budgétaire », a promis M. Montoro.Coup de pouce aux fonctionnairesIl prévoit, pour la première fois depuis 2009, une légère revalorisation du salaire des fonctionnaires, de 1 %. Il augmente la part des dépenses sociales de 3,8 %, afin d’améliorer les ressources des familles en difficulté, les aides des personnes dépendantes ou les bourses scolaires. La recherche civile bénéficiera de 2,2 % de plus. Les dépenses culturelles augmentent de 7,2 %. Et l’investissement public, qui avait bondi de 8,5 % en 2015, augmentera encore, mais d’à peine 1 %.Avec une croissance du PIB prévue de 3,3 % en 2015 et de 3 % en 2016, selon les chiffres du gouvernement, soutenue par une forte reprise de la demande interne, le gouvernement espagnol a vu augmenter considérablement ses recettes fiscales. Les revenus de l’impôt sur les sociétés devraient ainsi augmenter de 10 %, selon les prévisions de Madrid. De plus, grâce à la croissance de l’emploi attendue, de 3 % cette année et la suivante, les dépenses totales en indemnités de chômage devraient baisser de 3,5 milliards d’euros (- 22 %). Et les intérêts de la dette baisser de 10 % grâce à la réduction des taux, symbole du retour de la confiance des investisseurs.Discours politiqueAinsi, bien qu’il doive poursuivre la politique d’austérité afin de rabaisser le déficit public de 4,2 % cette année à 2,8 % l’an prochain, le gouvernement dispose d’une marge suffisante pour « rendre à la société espagnole l’effort qu’elle a fourni ces dernières années, » a souligné M. Montoro.Transformant le discours de présentation du budget en véritable discours politique et bilan de législature, le ministre des finances a été clair : « Ce qui nous a permis de sortir de la crise, c’est l’austérité », a déclaré M. Montoro, qui a comparé, comme le font régulièrement ses collègues de gouvernement, la situation de l’Espagne à celle de la Grèce, où « les mouvements de capitaux sont limités car ils n’ont pas mené chez eux la politique économique que nous menons en Espagne depuis 2012. »Tout n’est cependant pas rose dans le royaume. Les légères augmentations budgétaires sont très loin de rétablir le niveau de dépenses publiques antérieur à la crise. La dette s’approchera des 100 % du PIB (98,7 %) cette année avant de commencer sa possible descente. Le nombre de chômeurs de longue durée, ne percevant plus qu’une faible indemnité de 426 euros par mois, explique aussi la baisse des dépenses de chômage. La reprise de l’emploi cache une augmentation des emplois précaires.Réduire le poids de la dette« Nous avons mené une politique économique rigoureuse qui nous a permis de sortir l’Espagne de la crise (…) de nous situer à la pointe de la croissance et de la création d’emplois dans la zone euro », s’est félicité de son côté M. Montoro, qui a souligné que l’an prochain le pays affichera « pour la première fois un excédent primaire nominal qui lui permettra de réduire le poids de la dette publique », avant de promettre, pour la prochaine législature, « si le veulent les Espagnols, » de récupérer « le niveau d’emploi antérieur à la crise. »Pour que le budget 2016 soit approuvé avant la dissolution des chambres, probablement fin septembre, le gouvernement a décidé d’appuyer sur l’accélérateur et de le faire voter en première lecture aux députés, qui voient leurs vacances écourtées, fin août.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.08.2015 à 10h46 • Mis à jour le04.08.2015 à 14h21 La chaîne française de grande distribution Auchan, très présente en Russie avec 88 magasins, fait face à un nouveau scandale sanitaire lié à la viande de cheval. Les autorités sanitaires russes ont annoncé, mardi 4 août, avoir identifié de la viande chevaline, mais aussi du bœuf et de la volaille, dans de la farce censée être à base de porc saisie dans les supermarchés de l’enseigne Auchan.Ces analyses, annoncées par l’agence sanitaire Rosselkhoznadzor, interviennent après une série de contrôles, menée la semaine dernière dans les supermarchés de l’enseigne à Moscou et dans la région de Toula, au sud de la capitale russe.Les autorités russes avaient déjà accusé Auchan de repousser de manière artificielle les dates de péremption et de ne pas respecter la réglementation dans le traitement des déchets alimentaires. Elles avaient alors indiqué avoir constaté que le distributeur utilisait de la volaille périmée pour des pizzas.A lire :Le mauvais cheval de la filière bovineUn scandale né en Russie en 2013En 2013, de la viande de cheval avait été découverte, alors qu’elle n’était pas mentionnée sur l’étiquette, dans des saucisses vendues en Russie par le géant suédois de l’ameublement Ikea. Cette découverte intervenait quelques semaines après l’éclatement d’un vaste scandale alimentaire en Irlande et en Grande-Bretagne, qui avait touché ensuite la plus grande partie de l’Europe mais aussi l’Asie et les Caraïbes.Des tests pratiqués par la suite dans l’Union européenne, dont les résultats ont été publiés par la Commission, ont décelé de la viande de cheval dans moins de 5 % des produits censés ne contenir que du bœuf. En avril dernier, un trafic de viande de cheval illégale a été démantelé en Europe menant à des dizaines d’arrestation en France et d’autres pays. Anne Eveno Détrôné, le roi Apple en Chine sur le marché des smartphones. Pendant deux trimestres consécutifs – le dernier de 2014 et le premier de 2015 – le fabricant des iPhone s’était emparé du titre de plus gros vendeur de téléphones intelligents du marché chinois, en grande partie grâce au succès de ses derniers nés l’iPhone 6 et l’iPhone 6 Plus.Mais les constructeurs locaux tiennent enfin leur revanche. Selon le cabinet Canalys, au deuxième trimestre 2015, Apple a chuté de la première marche du podium pour retomber à la 3e place, derrière Xiaomi et Huawei.Selon cette étude, Xiaomi détenait à la fin juin une part de marché de 15,9 %, talonné par Huawei avec 15,7 %. A eux deux, ces groupes peuvent donc revendiquer un tiers du marché chinois. Apple pointe en troisième position, suivi du sud-coréen Samsung et du chinois Vivo. Le cabinet Canalys ne livre pas de données pour ces trois fabricants, réservant à ses clients et pour la fin de cette semaine l’intégralité de son étude.« La compétition entre les principales marques de smartphones n’a jamais été aussi intense. Xiaomi aura fort à faire pour se maintenir en tête sur les trimestres à venir », observe dans le communiqué de Canalys, l’analyste Wang Jingwen.47,5 millions d’IPhones vendus en un trimestreA Wall Street, les résultats de cette analyse ont affecté Apple, d’autant que plane le spectre d’un ralentissement de l’économie chinoise. L’action a reculé en clôture lundi de 2,36 %, revenant à ses niveaux de la fin janvier 2015. Entre-temps, Apple a publié des résultats stratosphériques, faisant état de la vente au dernier trimestre de 2014 de 74,8 millions d’iPhone, et son action s’était envolée.Selon les chiffres publiés fin juillet par Apple, le groupe de Cupertino a tout de même vendu 47,5 millions d’iPhone lors du trimestre achevé en juin, soit une hausse de 35 % sur un an. Les smartphones représentant 63 % des ventes du groupe. La déception au niveau des volumes est par ailleurs compensée par une forte hausse du prix de vente moyen, soutenu par le succès des iPhone 6 et iPhone 6 Plus, le dernier modèle et aussi le plus cher. Le prix de vente moyen est ainsi passé en un an de 561 à 660 dollars.Lire aussi :L’iPhone porte à nouveau les résultats d’AppleDans ce contexte, la Chine demeure, malgré tout, un moteur pour les bénéfices d’Apple. le groupe y a doublé ses ventes en un an, portant son chiffre d’affaires à plus de 13 milliards de dollars pour le trimestre courant d’avril à juin 2015. Et malgré la lutte acharnée à laquelle se livrent les acteurs sur ce marché, Tim Cook a été très clair en juillet dernier.« Nous sommes extrêmement optimistes sur la Chine […] Nous serions fous de changer nos plans » d’investissements accrus, a commenté le patron d’Apple, évoquant « un niveau incroyable et inédit d’opportunités. »Anne EvenoJournaliste au Monde 04.08.2015 à 06h55 • Mis à jour le04.08.2015 à 08h58 Shafqat Hussain, un condamné à mort devenu le symbole de l’opposition à la reprise des exécutions au Pakistan, a été exécuté, mardi 4 août. Selon son certificat de naissance présenté par ses avocats, Shafqat Hussain, qui plaidait son innocence, était un adolescent au moment du meurtre d’un enfant qui lui était reproché. Aussi, d’après un groupe d’experts de l’ONU, son procès ne respectait pas « les normes internationales ».Mais ces éléments n’ont pas convaincu les autorités. Shafqat Hussain a été pendu peu avant l’aube dans une prison de Karachi, a déclaré à l’AFP un responsable de la prison de Karachi où était enfermé le jeune homme depuis huit ans. La nouvelle a été confirmée par le frère du condamné.Au lendemain du raid des talibans contre une école de Peshawar (nord-ouest) qui avait fait 154 morts en décembre, le Pakistan avait repris les exécutions de condamnés à mort, y compris de ceux n’ayant aucun lien avec des mouvements considérés comme « terroristes ».L’ONU, l’Union européenne et des organisations de défense des droits de l’homme ont fustigé cette nouvelle politique, ce qui n’a pas empêché le gouvernement de faire pendre environ 180 condamnés à mort parmi les 8 000 qui croupissent dans les geôles du Pakistan. Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) Au nom de la « morale », de la « décence », et de son nouveau combat contre la pornographie en ligne, le gouvernement indien veut interdire l’accès au site Internet du quotidien régional Le Dauphiné libéré. Tout comme ohasiatiques.com ou hindisex.com, le site d’informations régionales ledauphine.com fait partie d’une liste de 857 sites pornographiques jugés « répréhensibles », et recensés par le ministère indien des télécommunications.La note confidentielle rédigée vendredi 31 juillet, et que Le Monde a pu consulter, a fait l’objet d’une fuite sur Internet. Le gouvernement a en fait simplement étoffé une liste existante qui avait été soumise à la Cour suprême par l’avocat Kamlesh Vaswani, le mois dernier. Ce dernier avait tenté d’obtenir de la juridiction suprême la censure de tous les sites pornographiques, arguant qu’ils étaient « pires qu’Hitler, pire que le sida, ou le cancer ».Après avoir essuyé le refus des juges, il s’est alors tourné vers le gouvernement qui a ordonné la censure, malgré l’avis contraire de la Cour suprême. La présence d’un site d’informations français dans la liste risque de décrédibiliser l’assaut lancé par le premier ministre indien, Narendra Modi, contre la pornographie en ligne, et de conforter ses critiques. Les opposants sont nombreux à y voir, sinon une atteinte à la liberté d’expression, au moins l’archaïsme du système de filtrage employé.Sur la méthode, d’abord, comment interdire l’accès à des sites pornographiques si nombreux sur la Toile dans un pays démocratique qui en est si friand ? L’Inde est, après les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, la quatrième source la plus importante de trafic pour le site Pornhub.Aussitôt l’annonce de la censure rendue publique, les journaux du pays en ont d’ailleurs profité pour donner des conseils sur les moyens de la contourner. De l’utilisation d’un réseau public virtuel à la relecture du Kama Sutra, en passant par un week-end à Khajurâho, ville célèbre pour les sculptures érotiques qui ornent ses temples.Recrudescence de la censure Depuis l’arrivée au pouvoir du nationaliste hindou Narendra Modi, en mai 2014, et quelques mois seulement après l’interdiction dans le pays d’ONG de défense de l’environnement, de nombreuses voix s’élèvent contre une recrudescence de la censure, et de l’autocensure, dans le pays.Le blocage des sites pornographiques est perçu par certains comme une attaque contre les libertés individuelles. « N’interdisez pas le porno. Interdisez les hommes qui reluquent, qui matent, qui se frottent, qui tripotent, qui importunent, qui agressent, qui humilient et violent les femmes. Interdisez (les rapports) sans consentement. Mais pas le sexe », s’est insurgé l’auteur populaire Chetan Bhagat.Don't ban porn. Ban men ogling, leering, brushing past, groping, molesting, abusing, humiliating and raping women. Ban non-consent. Not sex.— chetan_bhagat (@Chetan Bhagat)require(["twitter/widgets"]);Citant des sources au sein du ministère des télécommunications, la presse indienne rapporte que ces sites constituent selon le gouvernement des « activités anti-sociales » ou encore que la liste établie est provisoire, dans l’attente d’un système de filtrage plus sophistiqué. Selon le porte-parole du ministère des télécommunications, N.N. Kaul, cette censure viserait, in fine, à bloquer les contenus pédopornographiques. Une explication qui ne convainc pas tout le monde.De nombreux sites mentionnés dans la liste, dont ledauphine.com, étaient encore accessibles mardi matin depuis l’Inde. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement indien, au nom de la censure, bloque par erreur des sites d’information, au risque de porter atteinte à la liberté d’expression. Ce fut le cas en 2012, au lendemain d’un exode massif à Bangalore, lorsque des habitants originaires du nord-est craignaient d’être la cible d’attaques.En publiant cette liste, le gouvernement indien offre surtout aux internautes un annuaire de sites pornographiques d’une rare exhaustivité, mais d’une fiabilité toute relative. Les amateurs indiens de pornographie en ligne risquent d’être déçus en découvrant le site du Dauphiné Libéré.Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.08.2015 à 05h58 • Mis à jour le04.08.2015 à 11h25 L’aventure estivale sur les routes des Etats-Unis d’un robot auto-stoppeur censé découvrir si les humains sont dignes de confiance s’est terminée prématurément dans le centre-ville de Philadelphie, où il a été retrouvé détruit.Bras et jambes faits de frites bleu piscine sortant d’un corps cylindrique, gants jaunes avec un pouce levé en permanence : fait de bric et de broc, HitchBOT a été conçu au Canada par des chercheurs universitaires pour découvrir si les robots pouvaient faire confiance aux humains. Il a rapidement eu sa réponse une fois arrivé aux Etats-Unis.My trip must come to an end for now, but my love for humans will never fade. Thanks friends: http://t.co/DabYmi6OxH http://t.co/sJPVSxeawg— hitchBOT (@hitchBOT)require(["twitter/widgets"]);Il avait traversé le Canada sans encombres« Oh, mon corps a été endommagé », a dit le robot sur son site.« J’imagine que, parfois, de mauvaises choses arrivent aux gentils robots ! Mon voyage doit prendre fin pour le moment, mais mon amour pour les humains ne s’éteindra jamais. »Après avoir parcouru plus de 6 000 kilomètres au Canada sans encombre il y a un an et visité une partie de l’Allemagne et des Pays-Bas, HitchBOT n’a pu parcourir que 480 kilomètres aux Etats-Unis, en deux semaines environ, avant d’être démembré par des inconnus.Lire notre note de blog : HitchBot, le robot auto-stoppeur qui a traversé le CanadaCouché sur le flanc dans des feuilles mortes et de vieux mouchoirs en papier, ses deux bras arrachés jetés derrière lui, mais ses célèbres bottes jaunes en plastique toujours aux pieds, il a été retrouvé dans une rue de Philadelphie, en Pennsylvanie.Une vidéo de surveillance des lieux où le robot aurait été « tué » a également été publiée sur les réseaux sociaux. Aucune plainte n’a été déposée, a précisé la police, indiquant qu’elle n’ouvrirait pas d’enquête.This surveillance camera footage from Philadelphia's @Jessewelle is thought to show hitchBOT's violent demise.— CBCNews (@CBC News)require(["twitter/widgets"]);A Philadelphie, un collectif technologique, The Hacktory, envisage de réparer le robot. « Si nous avons l’aval des créateurs pour réparer ou remplacer des pièces de HitchBOT, nous serions heureux de le faire (…), nous pourrions aussi construire un HitchBOT2 qui partirait dans son propre voyage », ont-ils écrit sur leur blog.Les inventeurs de HitchBOT, des chercheurs de l’université Ryerson de Toronto, ont eux adopté un ton plus apaisé pour tenter de consoler ses admirateurs. « Nous savons que de nombreux fans de HitchBOT vont être déçus, mais nous voulons leur assurer que cette superbe expérience n’est pas terminée », ont-ils écrit sur leur site www.hitchbot.me.Peu avant sa « mort », samedi, HitchBOT confiait rêver de sa prochaine destination, la Californie, qu’il ne verra finalement pas avant un moment. Deux jeunes automobilistes avaient peu après posté sur Twitter un selfie montrant le robot assis sur leur siège arrière, ses yeux lumineux rouges allumés.👽@edbassmaster & I just picked up a hitchhiking robot!! This night has gotten really weird. @hitchBOT http://t.co/Q2ijplpAT1— Jessewelle (@Jesse Wellens)require(["twitter/widgets"]);HitchBOT avait coûté 1 000 dollarsLes chercheurs disent n’avoir « aucune intention » de porter plainte « ou de retrouver les gens qui ont vandalisé HitchBOT », dont l’assemblage, fait de pièces trouvées dans des quincailleries et d’autres magasins non spécialisés, avait coûté environ 1 000 dollars.« Nous nous concentrerons désormais sur la question “que peut-on apprendre de tout ça ?” et explorerons la possibilité de futures aventures pour les robots et les humains », ont-ils ajouté. Les chercheurs l’avaient à l’origine conçu pour tenter de répondre à une interrogation : « Est-ce que les robots peuvent faire confiance aux humains ? »Apparemment rassurés par l’apparence sympathique et les bonnes manières du petit robot, les automobilistes lui ont fait confiance et avaient jusque-là pris sans rechigner HitchBOT en stop, immortalisant ce moment spécial par de nombreuses photos partagées sur les réseaux sociaux.Une fois à bord de la voiture, HitchBot prévenait qu’il pouvait avoir un moment passager de fatigue et que le conducteur pourrait facilement le requinquer en le branchant sur la prise de l’allume-cigare. Il en avait besoin pour illuminer son sourire fait de petites diodes rouges et surtout participer aux conversations de ses hôtes, qui l’assaillaient de questions. 04.08.2015 à 01h08 Plus de 1 500 écoles ont été « partiellement ou entièrement détruites » dans la seule province d’al-Anbar, la plus vaste d’Irak, particulièrement frappée par les combats avec les djihadistes, a fait savoir un porte-parole local lundi 3 août.« Al-Anbar a été sérieusement frappée (...) Plus de 1 500 écoles ont été partiellement ou entièrement détruites », a déclaré à l’AFP Eid Ammash, porte-parole du Conseil de cette province qui s’étend de la frontière occidentale de l’Irak jusqu’à la banlieue de Bagdad et a été le théâtre de violents affrontements depuis début 2014, soit avant l’offensive du groupe Etat Islamique (EI).« La plupart de ces écoles ont été directement prises pour cibles par les groupes criminels de Daech », a précisé le porte-parole, utilisant le nom arabe de cette organisation jihadiste. « Les autres sont des lieux que Daech a utilisés comme bases et ont été visées par les forces de sécurité irakiennes et la force aérienne de la coalition, ou bien elles se situaient simplement au milieu des combats », a poursuivi M. Eid Ammash.70 % des enfants déplacés n’ont plus accès à l’éducation« Cela requerra beaucoup d’argent et au moins deux ans et demi après qu’Al-Anbar soit totalement reprise à Daech pour reconstruire et réhabiliter ces écoles », a-t-il aussi estimé. Selon les derniers chiffres des Nations unies, plus de 70 % des enfants déplacés à cause des combats en Irak n’ont plus accès à l’éducation.Les forces gouvernementales irakiennes, engagées dans une offensive d’envergure contre les djihadistes dans la province d’al-Anbar, ont repris fin juillet à l’EI l’université al-Anbar, près de Ramadi, la capitale de la province.Appuyées par les frappes de la coalition anti-djihadiste menée par les Etats-Unis, qui bombarde depuis l’été 2014 les positions de l’EI, elles resserrent l’étau autour des deux principales villes de cette immense province majoritairement sunnite, Ramadi et Fallouja. 03.08.2015 à 22h09 • Mis à jour le04.08.2015 à 07h16 Les services de sécurité israéliens ont annoncé avoir arrêté, lundi 3 août, Meïr Ettinger, un extrémiste nationaliste juif, quatre jours après l’incendie criminel qui a coûté la vie à un bébé palestinien en Cisjordanie occupée.« Meïr Ettinger a été arrêté à Safed en raison de ses activités au sein d’une organisation juive extrémiste ».Agé d’une vingtaine d’années, M. Ettinger a été arrêté « pour des crimes nationalistes », a affirmé une porte-parole de la police, sans préciser s’il était soupçonné d’être directement impliqué dans l’incendie ou s’il était inquiété pour sa participation à d’autres actes de violences racistes. Sur son blog, Meïr Ettinger avait justifié ces derniers jours des attaques contre le « péché » que représente selon lui l’existence d’églises et de mosquées qualifiées de « lieux de cultes païens ».Il doit être présenté devant un tribunal mardi pour la prolongation de sa garde à vue. Selon les médias israéliens, il serait soupçonné d’être le cerveau d’un groupuscule responsable de l’incendie le 18 juin de l’église de la Multiplication des pains sur les bords du lac de Tibériade, un des hauts lieux du christianisme.Lire aussi :La presse israélienne s’inquiète du « cancer » de l’extrémisme religieuxInterdit de séjour en Cisjordanie et à JérusalemMeïr Etttinger est le petit-fils de Meïr Kahane, un rabbin fondateur du mouvement raciste anti-arabe Kach, assassiné en 1990 à New York. Il avait été interdit de séjour au début de l’année pour une période d’un an en Cisjordanie et à Jérusalem « en raison de ses activités », a précisé le porte-parole du Shin Beth.Il pourrait être placé en détention administrative pendant plusieurs mois dans le cadre du durcissement de la politique contre les « terroristes juifs » annoncé par le gouvernement. Ces détentions administratives habituellement utilisées contre des Palestiniens peuvent désormais être appliquées à des juifs si les preuves accumulées contre les suspects ne sont pas suffisantes pour justifier l’ouverture d’une procédure judiciaire normale, ou s’ils refusent de parler durant les interrogatoires.Lire le décryptage :L’impunité des colons israéliens, un fléau pour la Cisjordanie 03.08.2015 à 18h10 Le crash d’un avion militaire syrien, qui bombardait une ville du nord-ouest du pays, a fait au moins 31 morts, dont deux enfants, et plus de 60 blessés lundi 3 août, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).Le crash a eu lieu dans un quartier du centre d’Ariha, une ville de la province d’Idleb, prise par les rebelles le 28 mai, a indiqué l’OSDH. Victime d’une « défaillance technique », l’avion s’est écrasé près d’un marché, provoquant une « énorme explosion » dans la zone, d’après des témoins cités par l’OSDH, qui dispose d’un réseau d’informateurs en Syrie.Un quartier contrôlé par les djihadistesLes avions militaires syriens sont la terreur des civils et la principale arme du régime dans la guerre contre les rebelles depuis plus de quatre ans. Plusieurs ont été abattus par des insurgés ou victimes d’accidents. En janvier, au moins 35 soldats étaient morts dans le crash accidentel d’un avion militaire dans la province d’Idleb.Le crash d'un avion militaire fait au moins 35... par lemondefrDepuis fin mars, le régime syrien a perdu une série de villes stratégiques et symboliques dans cette province, notamment la capitale provinciale éponyme, Jisr al-Choughour et Ariha. Ce sont désormais les djihadistes du Front Al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie, et leurs alliés qui contrôlent la quasi-totalité de cette province située à la frontière de la Turquie, qui soutient la rébellion. Elvire Camus De l’investissement, des emplois, une certaine renommée. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ça n’est pas à ce genre de choses que les futurs voisins de George Lucas ont pensé lorsque le réalisateur et producteur américain a décidé de s’installer près de chez eux, il y a une trentaine d’années. A l’époque, il tenait à construire ses studios de cinéma loin de Hollywood afin d’échapper aux diktats de l’industrie cinématographique. Région aussi riche que discrète, Marin County, au nord de San Francisco, ne voulait surtout pas du voisin m’as-tu-vu qu’ils s’imaginaient que M. Lucas allait être.Lire aussi :George Lucas veut construire des logements sociaux au nord de San FranciscoL’annonce de la construction de Skywalker Ranch, en 1978, a provoqué une première levée de boucliers dans Lucas Valley, qui s’appelait ainsi avant l’arrivée du père de Star Wars. Les voisins étaient persuadés que, non seulement les voitures de sport de ses amis, mais aussi les cars remplis de ses employés, allaient polluer leurs routes et troubler leur quiétude. Sans parler des nouveaux bâtiments qui allaient, à coup sûr, abîmer le magnifique paysage de la vallée. Mais le ranch s’est construit sans que les pires cauchemars des résidents se réalisent. Les bâtiments, qui reproduisent l’architecture locale, sont invisibles depuis la route. Quant au trafic, il n’a pas été décuplé. Surtout, George Lucas qui a acquis un total de cinq propriétés, a ouvert au public une grande partie de ses terres, accessibles à la randonnée.PunitionMais, presque trente ans plus tard, lorsqu’il veut agrandir ses studios, les mêmes boucliers se lèvent à nouveau. George Lucas avait obtenu tous les permis nécessaires à l’extension de Skywalker Ranch sur les terres de Grady Ranch, adjacent, dans les années 1990, mais n’avait pas réalisé les travaux. En 2008, il décide finalement de se lancer dans les agrandissements prévus mais veut modifier quelques détails, qu’il faut donc à nouveau faire valider. Alors que le projet est sur le point d’obtenir les autorisations, les voisins, persuadés qu’une partie est illégale, menacent de lui faire un procès s’il ne renonce pas. En 2012, George Lucas tire finalement un trait sur ses plans initiaux pour Grady Ranch, précisant qu’il développera ses studios dans une communauté qui le perçoit comme « un atout créatif et non pas comme un empire du mal ». Dans la foulée, il annonce vouloir à la place construire des logements pour les travailleurs et les seniors de Marin County à Grady Ranch. Les voisins, pour qui le terme d’« habitation à loyer modéré » ne véhicule rien de bon, l’ont vécu comme une punition.Selon Save Marinwood, l’un des principaux groupes opposé au projet, George Lucas aurait les moyens d’acheter des logements aux familles qui en ont besoin aux prix du marché avec l’argent qu’il compte investir. « Elles auraient chacune une grande maison, trois chambres, deux salles de bain, un jardin privatif et aucun habitat sensible ne serait détruit. Pourquoi George Lucas s’obstine-t-il à vouloir développer Grady Ranch ? », s’interroge Stephen Nestel de Save Marinwood. « M. Lucas n’est pas obligé de faire ça. Il vit à Marin, il travaille à Marin, il a élevé une famille à Marin, il a simplement envie de faire quelque chose pour la communauté », a réagi le porte-parole de George Lucas, David Perry.Elvire CamusJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Elvire Camus (San Francisco, envoyée spéciale) Un potager, un verger, une petite ferme, une piscine, des jardins, un centre communautaire et quelque 224 logements à loyer modéré, le tout niché au cœur de l’une des vallées les plus bucoliques de la Californie. Lorsque George Lucas a fait savoir qu’il avait l’intention de convertir une petite partie des terres qu’il possède dans le comté de Marin, au nord de San Francisco, en un lotissement réservé aux seniors et aux travailleurs qui perçoivent un faible revenu, le père de Star Wars a déclaré vouloir faire « quelque chose de gentil pour les habitants de Marin ».Le peu de détails pour l’instant connus du projet que le milliardaire souhaite développer à ses frais sur sa propriété de Grady Ranch, une ancienne ferme de sapins de Noël acquise dans les années 1970, à côté du fameux Skywalker Ranch où il a construit ses studios de cinéma, suffit à faire rêver des dizaines de professions à bas salaire qui n’ont pas les moyens de se loger dans le comté qu’ils contribuent à faire vivre, tant l’immobilier y est devenu inaccessible.Le boom de la high-tech et de ses employés très bien payés, qui enflamme les prix à San Francisco, de l’autre côté du Golden Gate Bridge, se propage au reste de la région. En avril, le prix de vente médian d’une maison est passé à 1 million de dollars à Marin et le prix de l’immobilier (vente et location) a augmenté de 13 % en un an. A titre de comparaison, à l’échelle nationale, les loyers augmentent de 4 à 6 % par an environ. « Je pense que Marin est un exemple frappant de ce qui se passe dans toute la Baie de San Francisco : les prix de nos logements sont bien supérieurs à ce que les personnes qui travaillent ici ont les moyens de se payer. Nous n’avons pas encore atteint les niveaux de San Francisco, mais les hausses sont spectaculaires », explique Leelee Thomas, en charge du développement urbain pour le comté de 258 000 habitants.Logements inaccessiblesPersonnel médical, professeurs, policiers, employés administratifs sont parmi les professions les plus touchées. Comme la moitié des employés du comté, Thom Tucker, père célibataire de 38 ans, n’habite pas à Marin. Il passe en moyenne deux heures par jour dans sa voiture, à faire la navette entre son domicile et son bureau. « Les logements à Marin sont inaccessibles. Je viens, certes, d’un milieu modeste, mais je travaille dur et j’aimerais pouvoir vivre là où je travaille. »Philip Thomas, 51 ans, est dans la même situation. Pour gagner du temps, il a investi dans une moto. En deux-roues, il ne passe « que » 50 minutes matin et soir sur la route. L’hiver, en voiture, il passe près de 2 h 30 par jour dans les embouteillages. « J’adore mon travail, mais ça devient trop compliqué pour moi, je suis en train de réfléchir à quitter mon poste pour aller travailler dans le comté de Solano (à l’est), où j’habite. »En plus de l’aspect financier, les opportunités sont rares dans le comté qui construit le moins de logements de la région. Selon le dernier rapport sur l’habitat à Marin, « des habitations plus petites, à des prix de vente modérés, sont nécessaires pour répondre aux besoins des célibataires, des seniors et des familles à faible revenu ». Aujourd’hui 12 000 personnes sont sur liste d’attente pour obtenir un « affordable housing », littéralement « logement abordable ».C’est ce type de logement subventionné que veut construire George Lucas à Grady Ranch. Selon la loi américaine, il s’agit d’habitations dont le loyer ou le paiement du prêt ne doit pas dépasser 30 % du revenu total d’un foyer. Pour y prétendre, il faut répondre à des critères financiers : un travailleur qui gagne moins de 80 % du revenu médian de la région — environ 133 390 dollars par an pour un couple en 2013, soit 121 640 euros, à Marin — peut s’inscrire sur liste d’attente, un senior doit lui gagner entre 30 et 60 % du revenu médian. Alors oui, le projet semble répondre à un besoin important. Mais cette annonce faite en 2012 et concrétisée au mois d’avril par la soumission d’une « pré-application » (sorte de brouillon de projet) au gouvernement local ne réjouit pas tous les résidents de Marin County. Les voisins de Grady Ranch sont fermement opposés à la construction de ce lotissement à côté de chez eux. Damon Connolly, l’élu qui représente la zone géographique où le projet doit voir le jour, craint qu’il ne dénature la région. Il estime notamment que le nombre d’habitations prévues est trop important : avec 224 unités, il s’agirait du plus gros lotissement du comté. « Il faut que les gens qui travaillent à Marin puissent pouvoir y vivre, mais cela ne veut pas dire que tous les projets sont valables. La communauté a fait part d’inquiétudes légitimes et je veillerai à ce qu’elles soient prises en compte », explique-t-il.« Ecolos » avant l’heureEn réalité, il est très compliqué d’entreprendre le moindre développement immobilier ou urbain à Marin. Vers la fin des années 1950, alors que la banlieue de San Francisco, principal bassin d’emploi de la région, étaient en pleine expansion, une poignée d’habitants de Marin soutenus par quelques politiciens se sont battus contre le développement de centres commerciaux, autoroutes et autres lotissements que nombre de promoteurs rêvaient de voir pousser sur ce bout de terre idéalement situé.Parmi les principales batailles menées, celle qui sera le plus citée au cours de notre enquête est « la guerre des autoroutes », lorsque, au début des années 1970, un petit nombre d’hommes et de femmes — qualifiés d’« écolos », considérés à l’époque comme étant plus dangereux que les communistes — sont parvenus à faire annuler la construction de plus de 1 600 km d’axes routiers à Marin, dont environ 320 km le long des côtes. L’objectif était de multiplier par cinq le nombre de résidents en quarante ans. Au lieu de cela, combat après combat, le mouvement finira par obtenir, en 1973, le classement de plus de 80 % de la superficie de Marin en terrains inconstructibles, réservés à l’agriculture ou transformés en parcs naturels ouverts au public.Aujourd’hui, quand le brouillard, généralement accroché au pont, vous laisse l’appréhender, la traversée du Golden Gate Bridge depuis San Francisco permet à elle seule de comprendre le combat de ces militants. Sur le pont, peu à peu, la ville s’efface pour laisser place aux falaises verdoyantes qui se jettent dans la mer. Une fois à Marin, une seule autoroute dessert les principales villes de la région. Pour le reste, les axes sinueux permettent d’entrevoir l’océan Pacifique à chaque virage, quand ils ne longent pas les forêts de séquoias. Mais chaque victoire a son revers de médaille. « Plus de 80 % de Marin est protégé de façon permanente, ce qui est formidable, mais la contrepartie est que nous payons le prix fort, notamment en termes de diversité », explique Steve Kinsey, élu qui représente les habitants de West Marin, la zone la plus préservée. Etant donné le peu de terres disponibles à la construction, le prix de l’immobilier, déjà affecté par le développement de San Francisco, a encore grimpé. Les foyers modestes ont été poussés en dehors du comté tandis que les familles plus aisées, attirées par le cadre de vie exceptionnel si près de la ville, y ont construit leur résidence secondaire ou principale, transformant progressivement Marin en le comté le plus riche de la Californie en termes de revenu par habitant et le cinquième plus riche du pays.Mais Grady Ranch n’est pas inconstructible. La propriété se trouve justement dans les moins de 20 % de terres réservées au développement de logements. Selon la loi, plus de 300 logements peuvent y être érigés. « Le projet de M. Lucas est un immense cadeau pour notre communauté qui a besoin de plus de logements à bas coût, et il est cohérent avec les objectifs historiques que nous avons pour la région », commente M. Kinsey. Autour de la propriété, de nombreuses habitations jalonnent d’ailleurs la vallée. Le voisin immédiat du ranch est une immense villa protégée par un portail automatique en bois, en face se trouve la résidence d’un des membres du groupe Metallica, plus à l’est encore se trouvent un lotissement et quelques unités de logement pour les seniors. Dès lors, l’opposition est difficile à justifier, mais elle n’est pas inexistante pour autant.« Volontaires pour le ghetto »Les réserves formulées à l’encontre du projet vont des détails pratiques — comme le fait que les seniors seraient loin d’un centre de soin (l’axe qui dessert le ranch n’est pas relié par une ligne de bus) — aux préoccupations environnementales — plus de résidents veut dire plus de trafic routier, donc plus de pollution — aux attaques directes contre « ceux » qui pourraient s’y installer. Lors d’une réunion au sujet du réaménagement de certaines zones de Marin, dont Grady Ranch, une mère de famille et agente immobilière a pris la parole pour exprimer son opposition au projet : « On dirait que tu as fait de nous des volontaires pour le ghetto », lance-t-elle à l’élue locale de l’époque, Susan Adams, aujourd’hui remplacée par Damon Connolly. Autour d’elle, certains, choqués, la sifflent, d’autres l’applaudissent.Cette réflexion, Tina Stolberg qui travaille à Marin depuis onze ans en a eu vent. A 58 ans, cette bibliothécaire scolaire approche de la retraite, et c’est la vente de sa maison qui lui permettra de joindre les deux bouts une fois qu’elle ne percevra plus de salaire, prévoit-elle. Or, Mme Stolberg est bien consciente qu’elle ne retrouvera pas de logement à Marin si elle quitte son domicile, c’est pour cette raison qu’elle s’est inscrite sur liste d’attente pour le futur lotissement de Grady Ranch. Si le projet voit effectivement le jour, qu’elle remplit les conditions financières et que son casier judiciaire est vierge, elle fera partie des candidats potentiels qui seront sélectionnés par tirage au sort. « J’ai entendu des commentaires du genre : “ce projet va amener des gens qui ne sont pas de chez nous.” Mais c’est faux, nous travaillons très dur nous payons des impôts. Je ne comprends tout simplement pas d’où vient tout ce venin. Je pense que ces gens-là sont ignorants. » Anne-Marie, infirmière de 55 ans, s’est également inscrite sur liste d’attente. Pour elle, qui vit et travaille à Marin depuis que sa famille s’y est installée dans les années 1940, l’opposition féroce à ce genre de projet est la preuve que le coin a changé. « Je me rappelle quand Marin était habitée par des familles de la classe populaire, ça n’était pas comme ça. Aujourd’hui, le message est “si tu ne peux pas vivre ici, tant pis pour toi” », estime-t-elle.Save Marinwood, l’un des principaux groupes contre le projet de logements à Grady Ranch, assure ne pas être opposé aux logements sociaux de manière générale, pourvu qu’ils remplissent une série de critères. « Nous ne sommes pas contre la construction d’habitations à loyer modéré, surtout pour les seniors, comme le Rotary Village Senior Center de Lucas Valley qui est bien situé, ne comporte pas trop d’unités, ne dénature pas le paysage et est financièrement responsable », détaille Stephen Nestel, pour Save Marinwood.Lire aussi :George Lucas : « l’empire du mal » pour ses voisinsSelon Jonathan Rothwell, membre du programme de politique urbaine du Brookings Institute, ce genre d’argument est souvent évoqué lorsqu’un projet de développement supplémentaire est envisagé dans des zones périurbaines :« Les propriétaires vont citer des arguments environnementaux pour préserver les espaces verts, en général demander un statut particulier pour les zones non développées afin de s’assurer qu’elles ne le soient jamais, ou que leur développement se fasse au terme de nombreuses années de débat politique. Cet argument peut finir par bloquer le développement de logements à loyer modéré et exacerber la ségrégation entre les classes sociales et les races. » Dans le cas de Grady Ranch, un groupe de résidents réclame depuis peu le statut de « California scenic highway » pour la route qui dessert la propriété de M. Lucas, ce statut limiterait le développement autour de l’axe. Mais Stephen Nestel est persuadé que le projet verra le jour, peu importent les moyens déployés : « L’argent de George Lucas fait bouger beaucoup de choses à Marin. »25 % de chancesOr, rien n’est moins sûr. Après la pré-application, une version finale du projet doit être déposée devant le conseil d’administration du comté. Il sera non seulement soumis au vote des représentants du public, mais surtout confronté aux problèmes pratiques qu’il faudra impérativement résoudre pour pouvoir lancer les premiers travaux. Le principal étant l’acheminement de l’eau en période de sécheresse historique en Californie. Il n’est pas garanti que l’organisme chargé de distribuer la ressource accepte de le faire pour plus de 200 logements supplémentaires.PEP Housing, l’organisme à but non lucratif auquel George Lucas a confié son projet, après qu’il a remporté un appel d’offres, est très confiant étant donné l’immense avantage dont il bénéficie. « M. Lucas donne les terres et l’argent pour développer sa propriété. Selon mon expérience, c’est sans précédent », assure Mary Stompe, directrice de PEP Housing. Aux Etats-Unis, les logements à loyer modéré sont financés par un patchwork de sources d’argent venant pour une petite partie des gouvernements, mais surtout d’organismes à but non lucratif ou de fonds privés. Le dernier projet développé par PEP Housing comptait 13 unités de logements réservés aux seniors, 19 sources de financement différentes et a mis sept ans à sortir de terre.Thomas Peters, président de la Marin County Foundation, dont une des activités est la construction et la gestion de logements sociaux, est moins optimiste. Selon lui, le projet n’a que 25 % de chances de voir le jour, en raison des autorisations qu’il reste encore à obtenir mais aussi du pouvoir de nuisance des voisins. « Mais c’est un solide 25 %, car il est mené par un homme de l’importance de M. Lucas dont la terre a été attribuée, il y a des années, à la construction de logements », précise-t-il en souriant. « Ça serait formidable que ce projet se réalise, c’est une question de justice. Et même si 200 habitations ne vont pas résoudre la crise du logement à Marin, il pourrait lancer une série de projets qui, en cumulé, pourront faire la différence. »Elvire Camus (San Francisco, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.08.2015 à 06h47 • Mis à jour le08.08.2015 à 10h57 Saad Dawabsha, le père du bébé palestinien brûlé vif il y a une semaine par des colons israéliens, a succombé à ses blessures à l’hôpital israélien où il avait été admis, a annoncé samedi 8 août un responsable palestinien. Sa famille a confirmé.Ghassan Daghlas, responsable au sein de l’Autorité palestinienne pour le nord de la Cisjordanie occupée où se trouve Douma, le village où la maison de la famille Dawabcheh a été incendiée, a ajouté qu’autorités palestiniennes et israéliennes étaient en contact pour organiser le transfert de son corps pour des funérailles prévues dans la journée.Lire le reportage :Cisjordanie : « Les deux enfants étaient à l’intérieur, c’était impossible d’entrer »ColèreLe 31 juillet, avant l’aube, des hommes masqués ont lancé des cocktails Molotov sur la maison des Dawabsha, qui avaient laissé les fenêtres ouvertes en raison de la chaleur. La petite habitation a aussitôt été réduite à un tas de cendres, seuls les murs subsistant, recouverts des mots « Vengeance » et « Prix à payer », la signature habituelle des colons israéliens et activistes de l’extrême droite.Ali, 18 mois, a péri brûlé vif alors que sa mère Riham, 26 ans, et son père Saad ont été hospitalisés, le corps couvert à 90 % de brûlures au troisième degré. Le lendemain et le jour suivant, des milliers de Palestiniens ont manifesté en Cisjordanie occupée et à Gaza.La mère d’Ali Dawabsha est toujours entre la vie et la mort tandis que leur autre fils, Ahmed, 4 ans, aurait montré des signes positifs de rétablissement ces derniers jours, les médias locaux rapportant qu’il aurait ouvert les yeux et même prononcé quelques mots.Lire aussi :La presse israélienne s’inquiète du « cancer » de l’extrémisme religieux 08.08.2015 à 03h23 • Mis à jour le08.08.2015 à 12h41 Vingt-quatre millions de téléspectateurs ont regardé le premier débat des primaires républicaines jeudi avec Donald Trump, faisant de l’émission la plus regardée de l’histoire de du câble aux Etats-Unis, hors sport, a annoncé la société Nielsen Media Research vendredi 7 août.De même, jamais Fox News, qui organisait et diffusait le débat, n’avait rassemblé autant de téléspectateurs. Son précédent record d’audience était de 11,8 millions de téléspectateurs, atteint le soir de la réélection de Barack Obama en 2012. Même le débat organisé avec les candidats de second rang, en fin d’après-midi jeudi, a atteint des sommets, avec 6,1 millions de téléspectateurs.En 2011, le premier débat des primaires républicaines avait rassemblé quelque 3 millions de téléspectateurs.Le débat a par ailleurs fortement résonné sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, 7,5 millions d’utilisateurs ont participé à des discussions (likes, posts, commentaires, partages), a indiqué un porte-parole. Donald Trump, en tête des sondages des primaires et qui a dominé le temps de parole, fut le candidat le plus mentionné. Sur Twitter, selon Nielsen Social TV, le débat a été l’événement dominant jeudi, devant le dernier épisode du Daily Show avec Jon Stewart, le célèbre animateur satirique qui a quitté son fauteuil jeudi.Lire le compte rendu :Chez les républicains, Donald Trump s’attire les attaques, les huées et les rires 07.08.2015 à 19h30 • Mis à jour le08.08.2015 à 08h41 Après cent soixante jours de captivité au Yémen, Isabelle Prime est rentrée en France. Elle a été accueillie peu après 19 heures, vendredi 7 août, par le président de la République, François Hollande, et par le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, à sa descente d’avion, sur la base aérienne de Villacoublay.Isabelle Prime a été accueillie par le président François Hollande — itele (@iTELE)require(["twitter/widgets"]);Après une longue accolade avec François Hollande et Laurent Fabius, Isabelle Prime, souriante, coiffée d’une casquette et portant des lunettes de soleil pour ne pas être trop exposée au public, a pu retrouver ses proches.Libérée dans la nuit de jeudi à vendredi, Isabelle Prime était le dernier otage français dans le monde. François Hollande, « très heureux d’accueillir [la jeune femme] chez elle, en France », a tenu à saluer son « grand courage » et a de nouveau remercié le sultan d’Oman, Qaboos Ibn Saïd, qu’il a pu joindre par téléphone dans l’après-midi. « Je lui ai dit la reconnaissance de la France », a déclaré le président de la République.« Les services omanais ont aidé, en contact avec les services français, à la libération [d’Isabelle Prime], a expliqué une source diplomatique au Monde. Ils ont participé directement à la médiation, car ils connaissent bien la région et notamment le Yémen. »Isabelle Prime a ensuite pris la parole, remerciant tour à tour François Hollande et Laurent Fabius, ainsi que toutes les personnes qui avaient œuvré, dans l’ombre, à sa libération. « Je savais que la France était derrière moi », a-t-elle conclu.Cent soixante jours de captivitéIsabelle Prime et son interprète yéménite, Chérine Makkaoui, avaient été enlevées le 24 février à Sanaa, la capitale du Yémen, par des hommes déguisés en policiers alors qu’elles se rendaient en voiture à leur travail, selon leur employeur.La jeune femme travaillait comme consultante pour Ayala Consulting Corporation, la branche américaine d’un groupe spécialisé dans la protection sociale. « Elle s’est retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment », a commenté une source diplomatique.Lire aussi :La France de nouveau confrontée aux prises d’otageChérine Makkaoui avait déclaré avoir été libérée le 10 mars à Aden, dans le sud du Yémen. Une vidéo de la Française avait été mise en ligne sur YouTube au début de juin. Dans ce document de vingt et une secondes, la jeune femme, vêtue de noir et assise à même le sol, s’adressait aux présidents français, François Hollande, et yéménite, Abd Rabo Mansour Hadi, pour leur demander d’agir en faveur de sa libération. Aucune information n’a filtré depuis sur l’identité des ravisseurs.Un pays en pleine guerreLa détention de la Française s’est déroulée dans un pays en pleine guerre. Partis de Saada, leur fief du Nord, les rebelles houthistes, issus de la minorité chiite zaïdite et aidés par les unités de l’armée restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, ont lancé en 2014 une offensive qui leur a permis de prendre le contrôle de la capitale Sanaa et de vastes secteurs du Nord, du Centre et de l’Ouest.L’Arabie saoudite a pris le 26 mars la tête d’une coalition arabe qui mène depuis une campagne aérienne en soutien au président Abd Rabo Mansour Hadi, exilé en Arabie saoudite, face aux rebelles, appuyés par l’Iran. Le conflit a fait près de 4 000 morts et contraint quelque 100 000 personnes à quitter le pays, selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. 07.08.2015 à 18h56 | Marie Delcas (Bogota, correspondante) La crise vénézuélienne va-t-elle virer au drame humanitaire ? Le risque existe, répond un récent rapport de l’organisation International Crisis Group (ICJ). Intitulé « Venezuela : un désastre qui n’a rien de naturel » (« An Unnatural Disaster »), le document décrit la détérioration de la situation économique et la dégradation du climat politique, alors que démarre la campagne électorale pour les législatives du 6 décembre prochain. L’ICJ s’inquiète du risque de dérapage. Et appelle les pays voisins à se mobiliser pour éviter « une tragédie » au pays de la révolution bolivarienne.Sur fond d’inflation galopante et de pénuries récurrentes, les files d’attente devant les supermarchés et les pharmacies alimentent les tensions. L’exaspération des consommateurs vénézuéliens tourne sporadiquement à la violence. L’observatoire des conflits sociaux a ainsi recensé 56 cas de pillage depuis le début de l’année et quelque 500 manifestations de mécontentement. Les réseaux sociaux sont envahis d’images d’étalages vides. Et de vidéos d’empoignades, filmées à l’occasion d’un arrivage de viande ou de lait.« Cinquième colonne des Etats-Unis »Vendredi 31 juillet, un homme a été tué par balle aux cours d’une échauffourée dans la ville de San Felix, dans le sud du pays où plusieurs magasins ont été dévalisés. La police est intervenue. De source officielle, soixante personnes ont été arrêtées. Le président Nicolas Maduro accuse l’opposition, « cinquième colonne des Etats-Unis », d’avoir organisé l’incident. Et de chercher le chaos. Trois ans après la mort de Hugo Chavez (1999-2013), M. Maduro n’a d’autre discours que celui de son mentor, ni d’autre politique.La semaine dernière également, le gouvernement a donné ordre à l’armée d’occuper un centre de distribution d’aliments à La Yaguara, dans l’ouest de Caracas, pour y construire à terme 70 000 m2 de logements sociaux. La mesure se veut populaire, à quatre mois des élections. Mais l’expropriation des entrepôts, utilisés par des entreprises telles que Polar (la première compagnie alimentaire vénézuélienne) et Nestlé, pourrait perturber encore l’approvisionnement de la capitale.La table de l’unité démocratique (MUD) qui réunit les principaux partis d’opposition dénonce l’incompétence et la gabegie du gouvernement, la corruption qui règne à tous les échelons. La MUD a appelé à une grande manifestation « contre la faim et l’insécurité », pour samedi 8 août.« Faim ? Non, admet Gisela, une opposante de 38 ans. Il manque plein de trucs dans les magasins, mais tous nos placards sont remplis de provisions. Le vrai problème, ce sont les médicaments. Et l’incertitude. » Les pénuries d’aliments masquent au quotidien la gravité de la situation sanitaire. Les hôpitaux et les centres de santé manquent de matériel, les pharmacies de tout. Trop souvent, malades et femmes enceintes errent d’un hôpital à l’autre avant de trouver une place. La santé, fleuron des belles années de la révolution bolivarienne, est, elle aussi, dans le rouge.Délinquance recordFaim ? « Pas encore », répondent les économistes que l’épuisement des réserves monétaires et des stocks de nourritures inquiètent. Les réserves internationales ont fondu de 9 milliards de dollars depuis le début de l’année. Le PIB devrait, lui, chuter de 7 % selon le FMI. Douzième producteur de pétrole, le Venezuela importe plus de 70 % des aliments qu’il consomme. C’est dire si les politiques lancées par Hugo Chavez ont échoué à limiter la dépendance du pays, et si la chute du prix du baril inquiète.« Il manque plein de trucs dans les magasins, mais tous nos placards sont remplis de provisions. Le vrai problème, ce sont les médicaments. Et l’incertitude »Dans les sondages, le coût de la vie et la crainte de manquer ont déplacé l’insécurité au rang des grands problèmes. La délinquance continue pourtant de battre des records. Le taux d’homicides (56 pour 100 000 habitants selon les chiffres officiels, 82 pour 100 000, selon l’Observatoire vénézuélien de la violence), fait du Venezuela le deuxième pays le plus violent au monde après le petit Honduras.Pour la première fois en seize ans, l’opposition part favorite pour le scrutin législatif du 6 décembre. Mais, discréditée par ses divisions, la MUD peine encore à convaincre les déçus du chavisme. Le gouvernement en place brandit la menace de la violence, en cas de défaite.Mercredi 5 août, l’épouse de Nicolas Maduro, Cilia Flores a fait officiellement acte de candidature à l’Assemblée nationale. Le Conseil national électoral a refusé d’enregistrer les candidatures de personnalités d’opposition ayant fait l’objet de sanctions administratives. C’est notamment le cas de l’ex-parlementaire Maria Corina Machado, une des dirigeantes les plus radicales de la MUD, interdite de fonction publique pour douze ans.A Washington, le département d’Etat a demandé mercredi la levée de ces mesures visant les candidats d’opposition. Et réclamé la présence d’observateurs étrangers le 6 décembre. La ministre des relations extérieures a dénoncé cette nouvelle « ingérence » des Etats-Unis. Le président Nicolas Maduro l’a dit : « Personne ne surveille, ni ne surveillera le Venezuela. »Marie Delcas (Bogota, correspondante)Journaliste au Monde 07.08.2015 à 18h04 • Mis à jour le07.08.2015 à 22h34 L’armée israélienne a mené un raid contre un camp d’entraînement du Hamas dans la bande de Gaza, vendredi 7 août, en représailles à un tir de roquette visant le territoire israélien à partir de l’enclave palestinienne. Quatre membres des services de sécurité ont été blessés, dont un grièvement, au cours de cette opération, a précisé un responsable des services médicaux palestiniens.Quelques heures plus tôt, une roquette tirée de la bande de Gaza s’était abattue dans le sud d’Israël, sans faire de victime. Des médias israéliens ont rapporté le tir d’une seconde roquette, qui se serait écrasée dans l’enclave palestinienne, mais l’armée israélienne n’a pas confirmé cette information.Un groupe se faisant appeler « Les Petits-fils des compagnons du Prophète » a revendiqué cette attaque. Le groupe extrémiste a déclaré qu’elle était « la première réponse des salafistes djihadistes aux attaques des juifs contre [la mosquée] Al-Aqsa », troisième lieu saint de l’islam, à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël.Le différend autour d’Al-AqsaL’esplanade des Mosquées, que les juifs appellent « le mont du Temple » et considèrent comme leur premier lieu saint, est régie par un statu quo hérité du conflit de 1967, qui veut que, si juifs et musulmans peuvent se rendre sur le site sacré qui surplombe l’ultratouristique vieille ville de Jérusalem, les juifs n’ont pas le droit d’y prier.Or, les Palestiniens accusent régulièrement Israël de vouloir remettre en question ce statu quo et de plier face à la pression des ultraorthodoxes qui réclament le droit de prier sur l’esplanade. Le 26 juillet, des heurts ont ainsi éclaté après que des juifs eurent entamé les commémorations de Tisha Beav, qui marque dans leur calendrier la destruction des deux temples qui se trouvaient sur l’esplanade – le mur des Lamentations, en contrebas des mosquées, en est le dernier vestige.Certains d’entre eux auraient tenté de prier aux abords de l’esplanade, provoquant la colère de dizaines de musulmans. Face à cette situation, des dizaines de policiers israéliens ont investi l’esplanade, avant de pénétrer « de plusieurs mètres » à l’intérieur d’Al-Aqsa.Le Hamas menacé par des groupes djihadistesLe dernier tir venu de la bande de Gaza visant l’Etat hébreu remontait au 16 juillet. Comme très souvent, il avait été suivi d’une réplique israélienne, sous la forme d’un raid aérien sur le petit territoire côtier où s’entassent 1,8 million de Palestiniens, soumis à un sévère blocus israélien depuis neuf ans.Israël et son ennemi le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, observent un cessez-le-feu sporadiquement secoué par de tels tirs depuis la fin de l’opération « Bordure protectrice », à l’été 2014. L’offensive israélienne visait précisément à faire cesser ces tirs. Le conflit avait fait plus de deux mille deux cents morts côté palestinien, et plus de soixante-dix côté israélien.Lire aussi :Une commission de l’ONU accuse le Hamas et l’armée israélienne de crimes de guerre à GazaLes tirs des derniers mois, rarement revendiqués, sont généralement attribués à des groupes salafistes djihadistes. Ces derniers menacent désormais régulièrement le Hamas, engagé dans des contacts indirects avec Israël pour conclure une trêve de longue durée en échange d’un allégement du blocus.Lire aussi :Un an après la guerre de Gaza, une carte pour visualiser les attaques israéliennes 07.08.2015 à 16h11 Le blogueur et défenseur de la laïcité Niloy Chkrabarti, qui écrivait sous le pseudonyme Niloy Neel, a été tué vendredi 7 août à Dacca, au Bangladesh. Ce serait le quatrième meurtre de cette nature dans le pays depuis le début de l’année, d’après la police.Lire aussi :Bangladesh : un journaliste arrêté dans le cadre de l’enquête sur le meurtre d’un blogueurLe Réseau des blogueurs et des militants du Bangladesh, alerté par un témoin, a confirmé à l’AFP qu’un commando d’agresseurs était entré « chez lui, au cinquième étage, (avait) écarté son ami » et l’avait tué « à coups de machette ». Le responsable de ce réseau, Imran H. Sarker, a précisé que Niloy Neel « était sur une liste de cibles établie par les militants islamistes ».D’après la police, « six personnes ont frappé à sa porte en prétextant vouloir louer un appartement. Deux l’ont emmené dans une pièce où ils l’ont massacré ». « Sa femme était présente mais elle a été confinée dans une autre pièce », a précisé le commissaire adjoint de la police.Une pétition pour « éviter une répétition des événements tragiques »Asif Mohiuddin, un autre blogueur engagé en faveur de la laïcité, qui a lui-même survécu à une attaque en 2013 et vit désormais à Berlin, a expliqué que la victime était un « libre-penseur » athée, « critique envers les religions », qui « écrivait contre le fondamentalisme islamiste, hindou et bouddhiste ». Dans sa dernière note de blog, datée du 3 août, Niloy Neel, âgé de 40 ans d’après le quotidien indien The Indian Express, se demandait pourquoi les mosquées commençaient à être climatisées.Il s’agit du quatrième meurtre de blogueur au Bangladesh en un peu plus de sept mois, après la mort, en mai, d’Ananta Bijoy Das, également tué par un commando armé de machettes, celle d’Avijit Roy, en février, et celle de Washiqur Rahman, en mars. Deux étudiants de madrasas, des écoles soupçonnées d’être proches de l’islam radical, comme le rappelle le Guardian, avaient été arrêtés après la mort de ce dernier.Le Bangladesh est un pays laïc, même si 90 % de ses 160 millions d’habitants sont musulmans. Nombre de blogueurs qui défendent la laïcité sont entrés dans la clandestinité et signent sous des pseudonymes. D’autres ont fui à l’étranger. Les militants laïcs accusent les islamistes d’avoir une liste noire des personnes à abattre.Après l’assassinat d’Ananta Bijoy Das, le groupe islamiste fondamentaliste Ansarullah Bangla Team (ABT) avait été interdit par les autorités, qui avaient été accusées de ne rien faire pour empêcher de telles attaques. Des écrivains comme Salman Rushdie et Margaret Atwood ont récemment demandé aux autorités dans une pétition de tout faire pour « éviter une répétition des événements tragiques de ces trois derniers mois, et pour traduire en justice les auteurs ».Lire aussi :La crise politique s’aggrave au Bangladesh 07.08.2015 à 12h37 • Mis à jour le07.08.2015 à 12h48 Avec Bruce Springsteen et une « standing ovation », l’humoriste américain Jon Stewart a tourné la page, jeudi 6 août, du « Daily Show », l’émission télévisée grâce à laquelle il s’était imposé, durant seize ans, comme le roi de la satire politique et médiatique aux Etats-Unis.Pour cette émission exceptionnelle d’une heure, plusieurs célébrités avaient enregistré des vidéos d’adieu très brèves, plus ou moins drôles, dont Hillary Clinton, le secrétaire d’Etat John Kerry, le sénateur John McCain, ou l’animateur de Fox News Bill O’Reilly, une des cibles préférées de Stewart.Des comédiens lancés par le « Daily Show » y ont aussi fait une apparition, dont John Oliver, Steve Carell ou Stephen Colbert, qui a salué « un grand artiste et un homme bon », auquel, a-t-il dit, « nous devons beaucoup ».La Maison Blanche a également tweeté ce que le président Obama avait dit à Jon Stewart sur son plateau le 21 juillet : « Je publie un nouveau décret. Jon Stewart ne peut pas quitter l’émission. »"I’m issuing a new executive order—that Jon Stewart cannot leave the show" —@POTUS: http://t.co/l1IEX8pKpR #JonVoyage http://t.co/jlqvb2uL5Q— WhiteHouse (@The White House)require(["twitter/widgets"]);Mais l’humoriste l’a fait, refusant de prononcer un quelconque « adieu » ou « au revoir », préférant parler d’une pause dans la conversation, restant flou sur ce qu’il comptait faire ensuite. Le « Daily Show » sera repris en septembre par le comédien sud-africain Trevor Noah.« Carrefour de la politique, du journalisme et du divertissement » Impitoyable, drôle, résolument à gauche avec un humour typiquement new-yorkais, Stewart avait commencé à présenter le « Daily Show » sur Comedy Central en 1999, une parodie de journal télévisé de trente minutes, quatre soirs par semaine, et s’était rapidement fait une place unique dans le paysage audiovisuel américain.« Il s’était taillé, au fil des années, une place unique au carrefour de la politique, du divertissement et du journalisme », explique Stephen Collinson, de la chaîne CNN, qui titre son article d’adieu : « Comment Jon Stewart a changé la politique. »De nombreux éditorialistes, une caste qui l’a longtemps méprisé, lui rendent aujourd’hui hommage, comme Meredith Blake, du Los Angeles Times :« Quand Jon Stewart a fait ses débuts au “Daily Show” en janvier 1999, l’idée qu’un comédien, alors connu pour quelques talk-shows à courte durée de vie ou des rôles secondaires dans des films à oublier, aurait l’oreille d’un président avait tout d’une blague.Mais, alors qu’il quitte le programme de Comedy Central, quatre campagnes présidentielles et près de 2 600 épisodes plus tard, il part plus que comme l’un des humoristes les plus accomplis de sa génération. Bien qu’il répugne à l’admettre, les commentaires et la satire de Jon Stewart ont fait de lui une des voix les plus influentes dans la politique américaine. »S’il s’est autant démarqué, c’est grâce à son style inimitable. « La comédie a fait de Jon Stewart le journaliste ayant le plus la confiance du public, assure Elahe Izadi, du Washington Post. « Bien qu’il ne se soit jamais présenté comme un vrai journaliste, il avait compris que les gens aiment consommer l’information grâce à l’humour. Ce n’est pas une mauvaise chose, le “Daily Show” tranchait avec la manière traditionnelle de rendre compte de l’actualité : nuancée, en donnant la parole aux deux camps. »Il a ainsi profité d’un désaveu du public pour les médias traditionnels. « Depuis que Jon Stewart a commencé au “Daily Show”, il y a seize ans, la confiance du pays dans les médias et le gouvernement a chuté », remarque John Koblin, du New York Times.« Sa marque de fabrique, des fausses informations, a prospéré dans ce vide et a fait de lui l’un des plus vivifiants critiques médiatiques, politiques et culturels. Il a attiré une génération de téléspectateurs prêts à accepter un personnage singulier dont les exagérations avaient, selon eux, plus de vérité que les programmes traditionnels. »« Un guide constant pour certains Américains »Selon Stephen Collinson, de CNN, « il a été un guide constant pour certains Américains à travers les quinze premières années tumultueuses du XXIe siècle ». Sa première émission après le 11 septembre 2001 est restée dans les mémoires quand, incapable de contenir ses larmes, il avait demandé aux téléspectateurs : « Est-ce que ça va ? »L’année précédente, l’élection présidentielle et sa conclusion à suspense, où les voix avaient dû être recomptées avant de voir George W. Bush être désigné vainqueur, l’avaient amené au premier plan. Il moquait alors « Indecision 2000 ».Plus tard, ses critiques répétées sur a guerre en Irak alimentent les doutes de certains Américains.Une audience en déclinMais, après seize ans d’émission, l’audience a décliné. Elle a atteint 1,3 million de téléspectateurs par jour en moyenne, le plus bas score depuis 2005. L’audience parmi les 18-49 ans, à 725 000 par soir, est au plus bas depuis onze ans, selon les données de Nielsen citées par le New York Times. Thomas Kent, éditorialiste à l’agence Associated Press, nuance les éloges tressés par ses confrères :« Oui, le journalisme a une dette envers Jon Stewart. Des millions de personnes l’ont suivi pour du divertissement mais ont, grâce à lui, appris beaucoup sur le monde. […] Mais si la plupart des journalistes peignent souvent le monde en gris, Jon Stewart le voyait habituellement en noir et blanc. » Lui qui pourfendait certains médias, et en premier lieu Fox News et CNN, « il dépendait de reportages nuancés faits par d’autres, qui parcourent le monde pour couvrir l’actualité, parfois à leurs périls, enquêtent, révèlent des affaires ». « Le commentaire, notamment satirique, connaît un grand succès. Mais il aura toujours besoin des fondamentaux : des sources solides pour du journalisme nuancé et rapide », conclut Thomas Kent.Lire aussi :Jon Stewart, visage d’une révolution médiatique 01.08.2015 à 17h36 Des échauffourées entre Palestiniens et armée et colons israéliens secouaient samedi 1er août la Cisjordanie occupée au lendemain d’une journée meurtrière marquée par la mort de trois jeunes Palestiniens, dont un bébé brûlé vif par des extrémistes juifs.Les funérailles d’une des trois victimes, Laith Khaldi, 16 ans, touché mortellement par une balle de l’armée israélienne, ont dégénéré samedi après-midi. Des dizaines de jeunes du camp de Jalazoun, en bordure de Ramallah, ont jeté des pierres sur des soldats qui répliquaient à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes et de tirs de balles de caoutchouc. Le calme était cependant revenu à Jérusalem, écrasée sous un soleil de plomb, après une nuit émaillée de heurts qui ont fait une dizaine de blessés palestiniens.Ce nouveau cycle de violences a débuté vendredi à l’aube, lorsque des hommes masqués ont lancé des cocktails Molotov par la fenêtre de la maison de la famille Dawabshah, dans un village palestinien du nord de la Cisjordanie occupée. Ali, 18 mois, est mort brûlé vif. Ses deux parents, Saad et Riham, et son frère, Ahmed, quatre ans, se débattent entre la vie et la mort. Saad Dawabshah, brûlé au troisième degré sur 90 % du corps, est dans « un état critique », a indiqué l’hôpital israélien de Beer-Sheva. Son épouse et son fils sont « dans un état très grave et leurs vies sont en danger », selon l’hôpital Tel Hashomer de Tel-Aviv.Lire aussi :Cisjordanie : « Les deux enfants étaient à l’intérieur, c’était impossible d’entrer »Cette attaque, menée par des « terroristes juifs », selon les mots d’une rare dureté de la part des autorités israéliennes, est la dernière d’une longue liste de violences de l’extrême droite israélienne et des colons. Mercredi, Israël détruisait deux maisons en construction dans la colonie de Beit El, près de Ramallah – mais annonçait en construire « immédiatement » 300 autres. Deux jours plus tard, la maison des Dawabshah était attaquée et les assaillants recouvraient les murs d’une étoile de David et de slogans évoquant la « vengeance » et le « prix à payer », le label utilisé par ces activistes.Rassemblement à Tel-Aviv contre l’extrême droiteVendredi, journée traditionnelle de mobilisation, les manifestations ont rendu hommage au bébé devenu symbole de la violence des colons – responsables selon l’Autorité palestinienne de 11 000 attaques ces dix dernières années. Ces défilés ont ensuite dégénéré en affrontements avec les forces israéliennes.La première victime a été Laith Khaldi, dont la mère, Samar Khayat, en larmes, a accusé les soldats d’avoir tué son fils, « encore un enfant », « de sang-froid ». Vendredi, un autre adolescent a été tué par l’armée israélienne, cette fois à Gaza, l’armée expliquant qu’il s’était approché trop près du mur séparant Israël de l’enclave palestinienne.Cette journée de violences a succédé à un autre événement sanglant : jeudi soir, un orthodoxe juif a blessé à coups de couteau six personnes, dont une adolescente, lors de la Gay Pride de Jérusalem. L’homme venait de purger dix années de prison pour une attaque similaire qui avait fait trois blessés lors de la Gay Pride de 2005. Un rassemblement est prévu samedi soir à Tel-Aviv sous le mot d’ordre « Stop à la haine ». « Il faut que nous disions haut et fort que les incitations à la haine de l’extrême droite tuent », assurent les organisateurs sur leur page Facebook. 01.08.2015 à 16h35 • Mis à jour le01.08.2015 à 17h09 Le mollah Akhtar Mohammad Mansour, désigné cette semaine comme le nouveau chef de file des talibans afghans, a fait sa première intervention publique samedi 1er août, appelant à l’unité des insurgés.La mort du mollah Omar, figure consensuelle malgré son absence de la vie publique depuis la chute du régime des talibans en 2001, a mis en lumière les profondes divisions qui traversent les talibans, engagés à la fois dans des pourparlers de paix avec Kaboul et dans de violents combats dans tout l’Afghanistan.Le fondateur du groupe jouait jusque-là un rôle fédérateur malgré son absence médiatique depuis l’intervention des Etats-Unis, en 2001, et le renversement du régime taliban.Les talibans sont en outre confrontés à la concurrence de l’Etat islamique, qui débauche de plus en plus de commandants déçus par leur direction.Lire aussi notre portrait (abonnés) :Le mollah Omar, une énigme intacteDoutes sur les intentions de MansourLa désignation cette semaine du mollah Mansour, bras droit de son prédécesseur, n’a apporté aucun apaisement. Certains commandants talibans jugent que sa sélection a été précipitée. D’autres lui auraient largement préféré le fils du mollah Omar, Yacoub, ou lui reprochent ses accointances avec le Pakistan. « Le monde tente de créer des divisions dans nos rangs et de nous affaiblir, explique le mollah Mansour dans son message d’une trentaine de minutes mis en ligne sur le site officiel des talibans. Nous devons tous travailler à préserver notre unité. Les divisions dans nos rangs ne feront que servir nos ennemis et nous causer davantage de tort. »La direction des talibans a adjoint au mollah Mansour deux lieutenants, le mollah Haibatullah Akhundzada, ancien chef des tribunaux des talibans, et surtout Sirajuddin Haqqani, le fils de Jalaluddin Haqqani et leader du réseau du même nom, une influente branche de la rébellion talibane réputée proche des services secrets pakistanais.Lire aussi :Afghanistan : les talibans démentent la mort du chef du réseau d’insurgés HaqqaniDans son message, enregistré au cours du « serment d’allégeance » des responsables talibans, le mollah Mansour est resté très ambigu sur ses intentions. « L’ennemi dit qu’existe un processus de paix. Comme vous le savez, nos ennemis diffusent beaucoup de propagande, lance-t-il dans ce message en pachtoune, langue parlée en Afghanistan et au Pakistan. Notre but est d’appliquer la charia [la loi islamique] et de mettre en place un système islamique. Notre djihad se poursuivra jusqu’à ce que cela devienne réalité. »Un deuxième cycle de pourparlers devait avoir lieu vendredi au Pakistan pour tenter de mettre sur les rails un dialogue qui aboutirait à la fin du conflit sanglant qui dure depuis 2001. Mais l’annonce surprise cette semaine de la mort du mollah Omar, survenue en avril 2013 d’après les services secrets afghans, a forcé Islamabad à le reporter sine die. 01.08.2015 à 12h41 • Mis à jour le01.08.2015 à 13h21 Le premier ministre yéménite en exil, Khaled Bahah, est rentré samedi 1er août à Aden, la grande ville du sud du pays, récemment reconquise par les forces loyalistes après quatre mois de guerre contre les rebelles chiites Houthis. Lire aussi :Au Yémen, Aden sous le feu des rebellesM. Bahah, qui est également vice-président de la République, est arrivé à bord d’un avion militaire saoudien en provenance de Riyad, la capitale saoudienne, où le président Abd Rabbo Mansour Hadi et son gouvernement se sont exilés fin mars face à la progression des rebelles à Aden.Lire aussi :Khaled Bahah, l’espoir d’une « solution politique » au YémenM. Bahah est le plus haut responsable yéménite à rentrer à Aden depuis l’annonce, mi-juillet, de la reconquête de cette ville portuaire. D’autres membres du gouvernement étaient récemment rentrés à Aden pour pacifier la ville et remettre en état les infrastructures, lourdement endommagées par le conflit armé.Aden a été reconquise par les forces progouvernementales, soutenues par une coalition arabe sous la conduite de l’Arabie saoudite. Celle-ci a lancé le 26 mars une campagne de raids aériens pour empêcher les rebelles de prendre tout le Yémen, après avoir conquis l’an dernier plusieurs pans du territoire, dont la capitale Sanaa, avec l’aide d’unités de l’armée restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh.Lire aussi :L’Arabie saoudite change de stratégie au Yémen  01.08.2015 à 04h40 • Mis à jour le01.08.2015 à 11h51 Un jet privé saoudien s’est écrasé vendredi 31 juillet dans le sud de l’Angleterre, et ses quatre occupants ont été tués dans l’accident. Selon l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Londres, l’aéronef transportait notamment des membres de la famille d’Oussama Ben Laden, le cerveau des attentats du 11 septembre 2001.Sans donner toutefois l’identité des victimes du crash de l’avion, qui s’est abîmé à l’extérieur d’un garage de vente aux enchères de voitures, en bout de piste de l’aéroport de Blackbushe, à 65 km au sud-ouest de Londres, le prince Mohammed Ben Naouaf Al-Saoud a présenté ses condoléances à la famille Ben Laden, sur le compte Twitter officiel de l’ambassade.#Saudi Emb in London confirms Osama Bin #Laden stepmother & his sister among 4 dead in plane crash in Blackbushe — SaadAbedine (@SaadAbedine)require(["twitter/widgets"]);« Son altesse royale le prince Mohammed Ben Naouaf Al-Saoud, ambassadeur au Royaume-Uni du gardien des Deux Saintes Mosquées, a présenté ses condoléances aux fils de Mohammed Ben Laden et à leurs proches après le grave accident de l’avion qui transportait des membres de leur famille vers l’aéroport de Balckbushe », a-t-il écrit selon un journaliste d’Al-Jazira et plusieurs médias britanniques.Un jet saoudienL’Autorité générale de l’aviation civile saoudienne a par ailleurs indiqué dans un communiqué que l’appareil était enregistré dans l’Etat du Golfe, ajoutant qu’elle collaborerait avec les enquêteurs britanniques pour déterminer la cause de l’accident. « Le Bureau d’enquête sur les accidents aériens du Royaume d’Arabie saoudite présente ses plus sincères condoléances aux familles des victimes », est-il aussi écrit dans le communiqué.Une porte-parole de la police locale a confirmé que les quatre personnes à bord du jet privé, trois passagers et un pilote, ont été tuées. « Malheureusement, il n’y a aucun survivant. Il y avait quatre personnes à bord, dont le pilote », a déclaré Olga Venner.Citant l’Autorité générale de l’aviation civile saoudienne, le journal saoudien Al-Hayat indique sur son site internet que l’Embraer Phenom 300 s’est écrasé alors qu’il décollait de l’aéroport de Balckbushe. Plusieurs médias, dont la BBC, ont précisé que l’avion avait décollé de l’aéroport de Milan Malpensa, qui n’a fait aucun commentaire pour l’instant. 01.08.2015 à 00h05 • Mis à jour le01.08.2015 à 12h21 Dylann Roof, 21 ans, auteur présumé du massacre de l’église de Charleston dans le sud-est des Etats-Unis, où neuf personnes noires ont été tuées à la fin du mois de juin, a plaidé non coupable vendredi 31 juillet devant un juge fédéral.Il avait été formellement poursuivi le 7 juillet pour assassinats et tentatives d’assassinat. Le 22 juillet, un grand jury fédéral a ajouté la poursuite pour crime raciste, en vertu de la loi sur les crimes motivés par la haine en fonction de la race ou de la religion.Dylann Roof — qui avait tiré de sang-froid sur des paroissiens en train d’étudier la Bible — avait avoué l’ensemble des faits et aurait déclaré, selon deux responsables des forces de l’ordre cités par CNN, avoir voulu déclencher « une guerre entre les races ». Son avocat, David Bruck, a indiqué vendredi que son client était prêt à plaider coupable, mais pas avant de savoir si les procureurs fédéraux avaient l’intention de réclamer la peine capitale dans cette affaire.Lire aussi :Etats-Unis : l’auteur de la tuerie à Charleston voulait déclencher « une guerre entre les races »« Long voyage »« La procédure a commencé. C’est un long voyage mais nous sommes déterminés à nous assurer que justice sera faite », a déclaré à la presse Norvel Goff, pasteur par intérim de l’église, devant le tribunal.La tuerie a ranimé le débat autour du drapeau confédéré aux Etats-Unis après que des photos de Dylann Roof posant à côté de la bannière sudiste ont été découvertes. Son procès devrait s’ouvrir en juillet l’année prochaine.Lire aussi :Après le massacre de Charleston, le rejet du drapeau des confédérés 31.07.2015 à 18h38 • Mis à jour le01.08.2015 à 01h15 La Grande-Bretagne a finalement décidé d’accorder un visa de six mois à l’artiste dissident chinois Ai Weiwei et lui a présenté, vendredi 31 juillet, des excuses pour avoir dans un premier temps rejeté sa demande.Les autorités britanniques avaient prétexté que l’artiste avait répondu « non » à une question lui demandant s’il avait déjà été condamné par le passé. Ai Weiwei ayant été condamné en 2012 en Chine pour fraude fiscale, le visa lui avait donc été refusé.« La ministre de l’intérieur n’avait pas été consultée concernant la décision de délivrer un visa d’un mois à M. Ai. Elle a réétudié ce cas et a maintenant ordonné aux responsables de son ministère d’octroyer un visa de six mois. »Cette condamnation n’était pourtant qu’un prétexte trouvé par les autorités chinoises pour museler l’artiste très critique envers le régime. La Grande-Bretagne, qui l’avait tout de même autorisé à se rendre au Royaume-Uni du 9 au 29 septembre 2015, est donc revenue sur sa décision.Une curieuse coïncidenceComme l’écrivait The Economist jeudi, le refus d’accorder dans un premier temps un visa de six mois à l’artiste et de ne lui permettre de se rendre au Royaume-Uni qu’entre le 9 et le 29 septembre était une curieuse coïncidence. En octobre, Londres attend en effet la visite officielle du président chinois, Xi Jinping. Une première en dix ans.Pour son premier voyage à l’étranger depuis quatre ans, Ai Weiwei a choisi de se rendre en Allemagne, pays qui lui a délivré un visa de quatre ans à entrées multiples. A Berlin, il retrouvera son fils, qui vit dans la capitale allemande.Le 22 juillet, l’artiste avait posté sur Instagram une photo de lui avec son passeport, confisqué en 2011 et enfin rendu par les autorités chinoises. 今天,我拿到了护照。 Une photo publiée par Ai Weiwei (@aiww) le 21 Juil. 2015 à 23h51 PDT 31.07.2015 à 17h16 • Mis à jour le31.07.2015 à 17h19 La Russie a dénoncé, sans surprise, l’enquête publique menée par un juge britannique sur le meurtre d’Alexandre Litvinenko, l’ancien espion russe assassiné à Londres en 2006. Cette enquête, ouverte en janvier, doit prendre fin vendredi 31 juillet. Le juge Robert Owen a jusqu’à la fin de l’année pour rendre ses conclusions.L’avocat de la femme et du fils de M. Litvinenko, Ben Emmerson, a profité de sa plaidoirie pour accuser directement le président russe, Vladimir Poutine, d’être derrière le meurtre. A ses yeux, rapporte le Guardian, il y a assez de preuves pour impliquer directement le président russe, notamment le fait que le polonium était d’origine russe et les liens d’un des accusés, Andreï Lougovoï, avec M. Poutine, les deux hommes étant passés par le KGB (les services secrets russes, remplacés depuis par le FSB). Les policiers en charge de l’enquête ne sont pas allés jusqu’à pointer directement du doigt Vladimir Poutine, tout en n’écartant pas une éventuelle responsabilité de l’Etat russe.Le ministère des affaires étrangères russe a déjà qualifié cette enquête de « sélective » et « politisée ». Il a condamné « le refus obstiné » du juge Owen d’entendre « les avis des services russes compétents ».L’enquête publique a été autorisée par le gouvernement britannique en juillet 2014, alors que l’armée russe intensifiait la guerre dans l’est séparatiste de l’Ukraine. Elle fait suite à une enquête judiciaire menée par le même juge. Cette procédure lui a donné accès à des documents sensibles du gouvernement britannique et des services secrets, consultés à huis clos et qui ne doivent pas être rendus publics au terme de l’enquête.Pas de feu vert de Moscou L’homme d’affaires russe Dmitri Kovtoun, l’un des deux principaux suspects du meurtre, ne s’est pas présenté depuis Moscou par vidéoconférence devant la Royal Court of Justice de Londres, comme il aurait dû le faire en début de semaine. Il a affirmé qu’il ne pouvait témoigner car il n’avait pas obtenu le feu vert des autorités russes. Il accuse les Britanniques de ne pas avoir contacté leurs homologues russes.La police britannique, qui se penche sur la possible implication du Kremlin dans cette affaire, soupçonne les Russes Kovtoun et Andreï Lougovoï, ancien du service de protection du Kremlin devenu député, d’avoir empoisonné Litvinenko, opposant au régime, dans un grand hôtel londonien le 1er novembre 2006.Après avoir pris un thé avec eux, Alexandre Litvinenko avait commencé à se sentir mal et était mort trois semaines plus tard d’un empoisonnement au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique et quasiment indétectable.« Ces procédures ont depuis longtemps cessé de m’intéresser car j’ai compris qu’elles étaient biaisées et politisées », a réagi M. Lougovoï, cité par l’agence Interfax. « Elles ne m’intéressent plus depuis que les autorités britanniques ont classé secret certains éléments de l’affaire, avant de les déclassifer après les événements en Crimée et le crash du Boeing malaisien en Ukraine », a-t-il ajouté, estimant que toute l’affaire ne servait qu’à « prolonger la stigmatisation de la Russie ».Lire : Alexandre Litvinenko était un agent secret britannique 31.07.2015 à 14h38 • Mis à jour le01.08.2015 à 05h22 Après de nouvelles tentatives d’intrusion de migrants sur le site d’Eurotunnel la nuit dernière, Londres s’est dit prêt à envoyer des moyens supplémentaires pour aider la France à faire face à la situation, vendredi 31 juillet.« Nous sommes prêts à aider davantage et à travailler main dans la main avec nos homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière », a déclaré le premier ministre britannique David Cameron, en annonçant l’envoi de nouvelles clôtures et de chiens renifleurs supplémentaires.Une image prise dans la nuit du 30 au 31 juillet révélerait que certains migrants sont parvenus à échapper cette semaine aux contrôles mis en place à Calais, et ce malgré le déploiement de 120 policiers supplémentaires, depuis jeudi. C’est en effet la première image montrant des personnes présentées comme des migrants ayant réussi la traversée. Sur le cliché, on distingue quelques camions passant au-dessus des voies ferrées à l’arrivée du terminal de Folkstone, au Royaume-Uni, à quelques centaines de mètres de la sortie du tunnel qui permet à de nombreux poids lourds de traverser la Manche. Et sur le toit de l’un d’eux, deux silhouettes : il s’agirait de deux migrants qui auraient réussi à entrer au Royaume-Uni, couchés sur le poids lourd.« Si quelqu’un veut aller quelque part, rien ne l’en empêchera »« C’est la première fois que je vois des migrants à la sortie du tunnel », rapporte au Monde Justin Tallis, photojournaliste de l’AFP, qui a réalisé le cliché, en précisant cependant qu’il n’avait pas vu précisément les migrants sortir du tunnel sur le toit du camion.A une trentaine de kilomètres de Folkstone, côté français, 3 000 clandestins patientent actuellement espérant passer la frontière : depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site d’Eurotunnel, une zone de 650 hectares.Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Les tentatives ont été plus nombreuses encore ces derniers jours, des migrants cherchant à s’introduire sur le site d’Eurotunnel à Calais, essayant de monter sur des navettes pour rejoindre l’Angleterre. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Malgré tout, des migrants font toujours l’impossible pour s’introduire sur le site, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. « Si quelqu’un veut aller quelque part, si c’est son objectif, rien ne l’en empêchera », témoigne l’un d’entre eux.« Aucune leçon à recevoir » pour CazeneuveAlors que plus de mille tentatives d’intrusion ont encore été recensées par la police dans la nuit de jeudi à vendredi, le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé que de nouvelles clôtures et des chiens renifleurs supplémentaires allaient être envoyés pour sécuriser le site à Calais.« La situation est inacceptable. Des gens essaient d’entrer illégalement dans notre pays et ici les routiers et vacanciers font face à des perturbations. Nous allons envoyer des clôtures, des chiens renifleurs et des moyens supplémentaires. »M. Cameron a ajouté qu’il allait « parler au président Hollande plus tard dans la journée » (ce qu’a confirmé ce dernier, vendredi après-midi), pour le « remercier d’avoir mobilisé des policiers supplémentaires, ce qui a déjà produit des effets ». Il a également déclaré que Londres était prêt « à aider davantage et à travailler main dans la main avec [ses] homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière ».Une tension palpable également dans les propos tenus par la presse britannique jeudi. Des propos que Bernard Cazeneuve a vivement critiqués à la sortie du conseil des ministres.« Nous n’avons aucune leçon à recevoir d’aucune sorte quant à la mobilisation des moyens mis en œuvre par le gouvernement français (…)  les outrances, les excès, les insultes n’ont jamais réglé aucun problème de dimension humanitaire. »Dans un entretien avec son homologue britannique, Theresa May, M. Cazeneuve a rappelé, dans la nuit de jeudi à vendredi, la « détermination » de la France à « l’effort conjoint de solidarité » et de « mobilisation », insistant sur le fait que cet effort « doit être davantage partagé ». Un appel visiblement entendu par David Cameron.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre » Martin Untersinger Le site Netzpolitik est, depuis plusieurs jours, au cœur d’un scandale retentissant en Allemagne. En cause, une enquête pour « trahison » ouverte à la suite de deux de ses articles, publiés en février et en avril.1. Netzpolitik, c’est quoi ?Netzpolitik est un site d’information fondé en Allemagne par Markus Beckedahl et qui va fêter son onzième anniversaire à l’automne. Comme son nom l’indique, il s’intéresse aux questions de politique numérique, notamment « la protection des données, les cultures numériques, la neutralité du Net, les questions de copyright et la surveillance ».Ses journalistes, qui se présentent comme engagés, veulent promouvoir les « libertés numériques et leur implémentation politique ». Actuellement animé par quatre personnes, Netzpolitik compte aussi de nombreux collaborateurs indépendants.Ce site dont l’audience reste relativement modeste – il revendique environ 40 000 visiteurs par jour – peut cependant, dans un pays où la question des libertés numériques a le vent en poupe, se targuer d’une très solide réputation.Dès 2005, il a été récompensé par Reporters sans frontières pour sa défense de la liberté d’expression sur Internet. Très bien informés, notamment sur les questions de surveillance, ses animateurs sont même devenus le véritable poil à gratter du gouvernement allemand : la chancellerie s’était même plainte de leur travail auprès des députés formant la commission d’enquête sur les activités de la NSA dans le pays. « Nous avons une place centrale dans les débats sur la politique numérique », se réjouissait d’ailleurs, sans fausse modestie, l’un des journalistes actuellement poursuivis, Andre Meister, dans une vidéo récente.Netzpolitik fait figure de précurseur, à l’échelle allemande comme européenne sur les questions numériques. « Lorsque nous nous sommes lancés, nous étions contents si, une fois par mois, Internet était abordé dans l’agenda politique. Aujourd’hui, on a davantage peur au début de chaque semaine en regardant le nombre de fois où la politique numérique va être abordée », s’amusait il y a peu son fondateur, M. Beckedahl.2. Que racontent les articles pour lesquels le site est poursuivi ?Deux articles ont fortement déplu au Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, Office fédéral de protection de la Constitution), le service de renseignement intérieur allemand. Ces articles racontaient comment ce service prévoyait davantage de moyens, notamment pour mettre en place une cellule de surveillance des réseaux sociaux pour lutter contre le terrorisme.Dans un premier article, publié le 25 février, le site a d’abord révélé des extraits détaillés du projet de budget du BfV. Les détails des comptes de ce service de renseignement sont, comme dans la plupart des pays, secrets. On connaît la totalité de l’enveloppe consacrée au fonctionnement des services, pas leur répartition exacte.Sur la base d’un document, Netzpolitik raconte donc que le BfV va se doter de moyens informatiques pour « analyser massivement des données Internet », notamment sur les réseaux sociaux, grâce à une enveloppe de 2,75 millions d’euros. Le but est de pouvoir « déterminer des relations, jusqu’ici invisibles, entre des individus ou des groupes sur Internet », une tâche « impossible à réaliser manuellement ».Dans un second article, mis en ligne le 15 avril, le site apporte davantage de précisons sur les projets des services allemands grâce à de nouveaux documents qu’ils s’est procuré. Le BfV va compter dans ses rangs une unité appelée Erweiterte Fachunterstützung Internet (EFI, support internet étendu spécialisé), composée de 75 agents. Ils se concentreront notamment sur les conversations en ligne et sur les données présentes sur Facebook.Netzpolitik rappelle alors que cette volonté de traiter des données de manière massive semble contrevenir à la législation allemande qui encadre les activités du BfV, puisque ce dernier ne doit enquêter que de manière ciblée.Le site évoque également le programme Perseus, un outil utilisé par les services pour traiter les données brutes récoltées, notamment les métadonnées. Enfin, il évoque la volonté du BfV de se doter de capacité « de collecte d’information clandestine », c’est-à-dire pour aller au-delà des informations publiquement disponibles.Comme le rappelle Netzpolitik dans ses deux articles, ces informations avaient déjà fuité dans de nombreux journaux allemands. Mais le site spécialisé apporte des précisions et des détails inédits. Ce qui n’a pas plu au BfV.3. Où en est-on de la procédure ?Après les deux articles de Netzpolitik, le BfV a porté plainte. Ce sont ensuite les services du procureur fédéral, Harald Range, qui ont mené l’enquête. Dans leur viseur, deux journalistes de Netzpolitik – l’auteur des articles, Andre Meister, et le responsable du site Markus Beckedahl – ainsi qu’une personne « inconnue », leur source. L’affaire est rendue publique le 30 juillet, lorsque les deux journalistes reçoivent un courrier des services du procureur les informant qu’ils sont accusés de trahison. Un chef d’accusation qui n’a pas été utilisé depuis 1962.Le procureur a ensuite ordonné une expertise juridique afin de savoir si les informations rendues publiques par Netzpolitik relevaient du secret d’Etat, et en attendant les résultats, a suspendu l’enquête. Les conclusions de l’expertise ont été connues lundi 3 août : oui, les journalistes ont publié des informations secrètes. Le gouvernement, qui avait déjà publiquement pris ses distances avec le procureur, aurait ensuite, selon ce dernier, fait pression pour que les conclusions de l’expertise soient ignorées. Harald Range a ensuite, fait très inhabituel, dénoncé les pressions exercées par le gouvernement. En réponse, le ministre de la justice Heiko Maas a mis le procureur à la retraite d’office. Il sera remplacé par l’actuel procureur fédéral de Munich Peter Frank.Lire aussi :En Allemagne, le ministre de la justice limoge le procureur généralAujourd’hui, l’enquête est toujours ouverte et la plainte déposée par le service de renseignement allemande n’a pas été retirée.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.08.2015 à 13h38 • Mis à jour le05.08.2015 à 14h40 La Turquie avait annoncé, le 23 juillet, avoir passé un accord avec les Etats-Unis dans la guerre menée contre l’Etat islamique (EI), prévoyant notamment l’utilisation des bases turques d’Incirlik et de Diyarbakir par les Américains. Deux semaines plus tard, cet accord prend forme et la coalition mise en place par Washington lancera « prochainement » depuis les bases aériennes turques une « bataille globale » contre les djihadistes présents dans le nord de la Syrie, a assuré mercredi 5 août le ministre des affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu.Le chef de la diplomatie turque, qui a rencontré son homologue américain, John Kerry, au cours d’un déplacement en Malaisie, a précisé :« Actuellement, avec les Etats-Unis, nous entraînons et équipons l’opposition modérée [en Syrie] et nous allons aussi démarrer notre combat contre Daech [acronyme arabe l’Etat islamique], bientôt, et de manière efficace. Ensuite, ce sera plus sûr pour les opposants modérés qui combattent Daech sur le terrain. » Une « zone de sécurité » à la frontièreLa Turquie et les Etats-Unis collaborent à l’élaboration de plans visant à apporter une couverture aérienne à de groupes rebelles syriens, formés par les Etats-Unis et opérant dans le nord de la Syrie, et à repousser l’EI d’une bande de territoire sur la frontière avec la Turquie.Cette « zone de sécurité » pourrait couvrir un secteur de 80 km de long sur 25 km environ de large, au nord-est d’Alep. Mais jusqu’ici, les Américains se sont refusés à utiliser ce terme, craignant, comme l’a dit Stephen O’Brien, sous-secrétaire des Nations unies chargé des opérations humanitaires, que cela encourage des réfugiés syriens à se rendre dans une zone qui ne serait pas « suffisamment défendue ».Lire le décryptage :La Turquie est-elle en train de créer une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie ?D’après M. Cavusoglu, « se joindre [à ce plan] intéresse d’autres pays au sein de la coalition, comme la Grande-Bretagne et la France, tandis que parmi les pays de la région, il est possible que l’Arabie saoudite, le Qatar et la Jordanie y prennent part ». La semaine dernière, François Hollande a toutefois redit que la France n’entendait toujours pas intervenir militairement en Syrie, sous quelque forme que ce soit.Les Etats-Unis encouragent la Turquie à accentuer la lutte contre l’EI, mais Ankara s’est longtemps montré réticent à agir. Cette position a radicalement changé après l’attentat-suicide de Suruç, le 20 juillet, qui a tué 32 personnes et a été attribué au groupe extrémiste.Depuis, la Turquie a déjà mené une série de raids aériens, indiquant qu’elle ciblait également des militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l’Irak.Lire aussi :Les frappes turques en Syrie, tournant dans la guerre contre l’EI 05.08.2015 à 11h42 • Mis à jour le05.08.2015 à 16h17 Le mystère autour du vol MH370 de la compagnie Malaysia Airlines est-il sur le point d’être éclairci ? Le caisson contenant le débris retrouvé sur l’île de La Réunion, acheminé en France métropolitaine le 1er août, sera ouvert « mercredi en début d’après-midi » dans un laboratoire de la Direction générale de l’armement-techniques aéronautiques (DGA-TA) de Balma, dans la banlieue de Toulouse.Quels objets ont été retrouvés ?Un débris d’avion d’environ deux mètres carrés a été retrouvé le 29 juillet sur le rivage oriental de l’île de La Réunion. La pièce en question est un fragment d’aile, plus précisément un « flaperon », un des volets disposés en bordure des ailes, que les pilotes actionnent au décollage et à l’atterrissage.Des morceaux d’une valise ont également été retrouvés non loin du morceau d’aile. Ils seront expertisés dans un laboratoire de la région parisienne.Pourquoi l’analyse est-elle réalisée en France ?Selon une convention internationale, la Malaisie est le pays responsable des opérations de recherche et de l’enquête. Mais elle a confié à l’Australie la direction des opérations de recherche, étant donné qu’elles se déroulaient jusqu’ici au large de ses côtes. Une enquête internationale est menée depuis plus d’un an par des experts malaisiens et australiens.La Malaisie et l’Australie ont réclamé avec insistance le rapatriement de la pièce. La France le leur a catégoriquement refusé, pour plusieurs raisons : quatre Français étaient à bord du vol MH370 ; le parquet de Paris a lui aussi ouvert une enquête préliminaire le 11 mars 2014, puis une information judiciaire, le 7 mai 2014. Enfin, le flaperon a été retrouvé sur le territoire français.Les analyses tant attendues se feront donc en présence de représentants français, malaisiens (l’avion recherché appartenant à la compagnie nationale Malaysia Airlines), chinois (la nationalité de 153 des disparus), américains et de l’avionneur Boeing (constructeur de l’avion).Comment le MH370 a-t-il pu se retrouver à La Réunion ? Le Boeing 777 du vol Malaysia Airlines 370 avait disparu des radars le 8 mars 2014 avec 239 personnes à son bord. La trace de ce vol Kuala Lumpur-Pékin avait été perdue au-dessus de l’océan Indien après qu’il eut bifurqué de son plan de vol pour une raison non élucidée.En s’abîmant au large de l’Australie, ses débris ont simplement pu être balayés par le courant et s’échouer à cet endroit au bout d’un an. Le courant équatorial sud est, en effet, très puissant. Le Daily Mail Australia a fait une carte illustrant les résultats des recherches de scientifiques enquêtant sur cette disparition. Selon leurs calculs, qui prennent en compte la force du courant, les débris de l’appareil pouvaient aboutir à La Réunion entre dix-huit et vingt-quatre mois après l’accident.Comment déterminer qu’il s’agit bien du vol MH370 ?Selon le ministère des transports malaisien, le morceau d’aile a « été officiellement identifié comme un morceau d’un Boeing 777 ». Le fragment porte notamment l’inscription « 657BB », qui indique, selon plusieurs experts, qu’il s’agit bien d’un flaperon de Boeing 777. Quatre accidents graves de ce type d’appareil ont été recensés en vingt ans, et a priori un seul, celui du MH370, s’est produit au sud de l’équateur. Ce qui laisse penser que, s’il s’agit effectivement d’une pièce de Boeing 777, elle ne pourrait provenir que du vol de Malaysia Airlines.Les enquêteurs du laboratoire français commenceront par vérifier la nature de la pièce et de quel type d’avion elle provient, en recoupant notamment leurs observations avec le numéro de série, les plans demandés au constructeur, les matériaux utilisés, les procédés de fabrication…L’analyse de traces de peinture et de certaines inscriptions devrait également éclairer les enquêteurs. « Chaque compagnie aérienne peint ses avions d’une certaine façon, et on doit pouvoir identifier que c’est bien une peinture provenant de Malaysia Airlines », explique Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA).L’étude des crustacés qui ont élu domicile sur le flaperon et sur la poignée de valise découverte sur la même plage servira peu à l’identification du vol. D’après certains chercheurs, l’espèce et l’âge de ces crustacés pourraient toutefois permettre de déterminer combien de temps la pièce a séjourné dans l’eau, la température de cette eau, par où elle a cheminé. Ce qui livrerait des indices sur une zone où relancer les recherches d’éventuels autres débris.Lire aussi :Crash du vol MH17 : l’enquête impossibleQuand saura-t-on s’il s’agit bien du vol MH370 ?Le vice-premier ministre australien, Warren Truss, a annoncé mercredi que « les autorités malaisiennes et françaises pourraient être en mesure de faire une déclaration officielle sur la provenance de ce flaperon dans la semaine ».En attendant, les rumeurs se multiplient autour du mystère aérien, et chaque découverte fait l’objet d’un emballement sans précédent. Sur le littoral de l’île de La Réunion, « une sorte d’esprit “chasse au trésor” est en train de s’installer et on nous appelle pour tout et parfois n’importe quoi », a ainsi indiqué une source proche de l’enquête, dimanche, après que l’information sur la découverte de nouveaux « débris métalliques » par des badauds eut été diffusée. Il s’agissait en réalité de morceaux de ferraille. 05.08.2015 à 10h56 • Mis à jour le05.08.2015 à 16h15 | Jean-Baptiste de Montvalon Géographe, ancien ambassadeur, Michel Foucher est titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au Collège d’études mondiales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels L’Obsession des frontières (éd. Tempus Perrin, 2012).Face à la crise des migrants à Calais, un député du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a suggéré que l’Angleterre reprenne la ville, tandis que des élus français ont souhaité que les contrôles à l’entrée du Royaume-Uni soient déplacés à Douvres… Que vous inspire cette « bataille » autour d’une frontière intra-européenne ?Si une « bataille » s’annonçait, les « bourgeois de Calais » sauraient cette fois résister à un siège… Nos capacités stratégiques ont progressé depuis la guerre de Cent Ans ! Que ce scénario de reconquête soit énoncé par un député eurosceptique est amusant et a le mérite, si l’on peut dire, d’exhumer une vieille carte mentale : la Manche fut, jusqu’au XIXe siècle, une mer pour deux royaumes, donc une aire d’affrontement. Devenue mer intérieure européenne, c’est la seule dotée d’un double toponyme sur les cartes officielles : Manche et English Channel. Dans la tradition militaire anglaise, la mer sépare et fait frontière ; en France, c’est la côte fortifiée.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Où est la frontière franco-britannique ? Elle se situe là où s’effectuent les contrôles de douane et de police : à la gare du Nord et à Saint-Pancras, à Roissy et Heathrow, à Douvres, Calais, comme dans une douzaine d’autres ports. La frontière juridique est maritime, à mi-distance des côtes des Etats riverains, et terrestre, au milieu du tunnel sous la Manche selon le traité signé à la cathédrale de Canterbury en février 1986, en présence de la reine Elisabeth et du président Mitterrand. Ces limites fixent l’aire d’extension de la convention de Schengen, que Londres a refusée tout en ouvrant ses portes aux migrants des Etats ayant adhéré à l’Union européenne en 2004, surtout Polonais et Baltes.Que recouvre sur notre continent la notion de frontière ?Les limites de la souveraineté et de l’identité nationales demeurent. En passant de Strasbourg à Kehl, en Allemagne, sur le pont de l’Europe, l’absence de contrôle douanier n’efface en rien les traits propres aux deux nations. L’espace de l’Europe instituée est plus fluide. La liberté de circulation est saluée par les opinions européennes, quand elle s’applique à elles-mêmes.Mais la mise en commun d’attributs de souveraineté suppose de bâtir à chaque instant des accords collectifs, comme on l’a vu lors de la crise grecque. L’Etat-nation, doté de son enveloppe frontalière – limite, pas barrière – est le noyau de base mais, dans le monde tel qu’il a l’inconvénient d’être, il doit se développer de concert avec les autres pour peser.Le coût humain et financier des migrations va-t-il engendrer un renforcement des frontières ou les remettre en cause ?Le calcul du coût suppose une typologie fine, selon les trajectoires migratoires. De qui parle-t-on ? Des Français de Londres ? Des Kurdes de Berlin ? Des Maliens d’Ile-de-France ? Des Syriens de Stockholm ? Les études sérieuses montrent que les bénéfices, individuels et collectifs, sont nettement supérieurs aux coûts : travail fourni, compétences importées et acquises, envoi de salaires aux familles des lieux d’origine. A l’âge global, chacun, dans l’ancien tiers-monde comme en Moldavie, sait qu’ailleurs l’herbe est plus verte. Les migrations sont irrépressibles. La prospérité et la sécurité de l’Europe la rendent attractive. Il faut renforcer la concertation dans la gestion des régimes frontaliers, au-delà des circonstances exceptionnelles.Après les drames autour des Canaries, Madrid a réalisé qu’il était aussi important d’aider la Mauritanie ou le Sénégal que les pays andins hispanophones. L’accès légal à l’espace européen pour étudier ou exercer une activité suppose une démarche cogérée avec les pays de départ. La convention de Schengen n’avait qu’un objectif interne, de libre circulation réservée aux ressortissants des pays signataires. Les crises et drames actuels posent la question d’une action à l’extérieur de l’Union européenne : aide ciblée au développement, programmes cogérés de migration circulaire et surtout de mobilité dans les zones d’interaction migratoire et, parfois, interventions dans les zones de crise.Lire le compte-rendu :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015Des chercheurs étudient les conséquences d’une éventuelle ouverture de toutes les frontières. Que vous inspire cette piste de travail ? L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme en effet le droit à quitter son pays. Cette liberté n’est pas encore acquise partout. Mais le droit d’émigrer ne trouve pas son corollaire dans celui d’immigrer. La disparité dans le régime des visas est grande : il est plus facile à un Danois d’aller en Indonésie que l’inverse. Les visas pour entrer dans l’espace Schengen sont exigés dans 134 Etats. Il n’est pas certain que l’asymétrie de traitement soit durable, au nom de l’égalité des droits des Etats. Le Sénégal a rétabli les visas pour les Français, et se rendre en Algérie n’est pas simple – message de réciprocité, en quelque sorte. Toutes les pistes méritent d’être expérimentées, d’abord celles traitant de la mobilité, depuis et vers l’Europe instituée.Lire sur Les Décodeurs :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Quel jugement portez-vous sur la façon dont les politiques français abordent cette question des frontières et des migrations ?La frontière civilisée est une interface et une ressource. Sa fonction de barrière ne s’impose qu’en cas de menace directe sur notre sécurité. Un changement de discours politique sur ces questions serait salutaire, avec la reconnaissance publique de la réalité durable des mobilités et la nécessaire construction de dispositifs les encadrant : visas de travail de longue durée, cogestion des mobilités entre pays de départ et pays d’arrivée, mise en place de règles pour détruire le régime illégal des passeurs…Ce qui est en jeu est également notre choix d’un rapport au monde. L’image positive du Royaume-Uni, projetée au loin par le message des Jeux olympiques de Londres, en 2012, cette image d’un pays moderne et multiculturel, ouvert et globalisé, nourrit une attraction irrésistible, même au fin fond du Soudan. D’où l’afflux vers Calais. Les Français – opinion et dirigeants –, qui candidatent pour des JO en 2024 et une Exposition universelle en 2025, seraient bien inspirés d’y réfléchir et d’assumer enfin toutes les composantes d’une politique d’ouverture, dans un monde de communication instantanée, loin d’un illusoire repli sur soi.Jean-Baptiste de MontvalonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.08.2015 à 08h40 • Mis à jour le05.08.2015 à 11h58 Le FBI a ouvert une enquête préliminaire sur la sécurité de la messagerie électronique privée de Hillary Clinton, a révélé le Washington Post mardi 4 août. La police fédérale a fait appel à Platte River Networks, une société de Denver spécialisée dans les technologies, qui l’a aidée à mener cette opération inhabituelle.Le FBI a également pris contact avec David Kendall, l’avocat de Mme Clinton. Des policiers l’ont interrogé au sujet d’une de ses clés USB qui contient des copies de courriels professionnels envoyés par Mme Clinton lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine (2009-2013).Pourquoi l’affaire fait-elle polémique aux Etats-Unis ?Le 2 mars, le New York Times révélait que pendant les quatre années où elle a dirigé le département d’Etat, Mme Clinton avait utilisé exclusivement pour sa correspondance professionnelle une messagerie électronique et un serveur personnels.Ses adversaires politiques lui reprochent d’avoir ainsi cherché à se soustraire à la législation sur la transparence et la conservation des archives. Selon la loi fédérale, Mme Clinton aurait en effet dû disposer d’une adresse professionnelle ou, le cas échéant, faire protéger sa correspondance sur les serveurs du département d’Etat.Lire le récit :Hillary Clinton accusée de dissimulation après l’utilisation d’une boîte mail personnelleQuelle est la défense de Hillary Clinton ?La candidate favorite à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2016 a expliqué avoir eu recours à sa seule boîte personnelle pour des raisons pratiques. « Je pensais qu’il serait plus simple d’avoir sur moi un seul appareil plutôt que deux pour le travail et pour mes e-mails personnels », a-t-elle assuré en mars.Elle a aussi argué que la majeure partie de sa correspondance était destinée à des membres de l’administration utilisant des adresses officielles, et qu’elle était donc également conservée par ce biais.Pour prouver sa bonne foi, Mme Clinton a remis 55 000 pages de correspondance au département d’Etat, puis a demandé à ce que ces messages soient rendus publics.Que contiennent ces courriels ?Huit cent cinquante pages de messages ne comportant pas d’éléments classifiés ont été dévoilées au mois de mai. Elles permettent notamment de retracer la chronologie de l’attentat contre le consulat de Benghazi, en 2012, au cours duquel deux Américains avaient été tués, dont l’ambassadeur Christopher Smith.Quelques mois plus tard, on apprenait que parmi ces mails, quatre contenaient des informations secrètes, alors que Hillary Clinton avait assuré ne pas avoir envoyé, ni reçu, de courriels de ce type dans sa messagerie privée.Lire aussi :Ce que contiennent les e-mails rendus publics d’Hillary Clinton 05.08.2015 à 06h42 • Mis à jour le05.08.2015 à 10h50 | Eric Albert (Londres, correspondance) Comme dans un cauchemar, les affaires de pédophilie n’en finissent pas de s’accumuler au Royaume-Uni, plus sordides les unes que les autres. La dernière accusation en date concerne l’ancien premier ministre Edward Heath. Au pouvoir entre 1970 et 1974, mort en 2005, l’ancien dirigeant conservateur est sous le coup de cinq enquêtes différentes. Les polices de Londres, du Wiltshire, du Kent, de l’Hampshire et de l’île Anglo-Normande de Jersey mènent chacune des investigations pour établir les faits.L’affaire est devenue publique lundi 3 août quand la police des polices (Independent Police Complaints Commission, IPCC) a annoncé avoir ouvert une enquête sur la gestion des investigations par la police du Wiltshire. Il s’agissait de comprendre pourquoi celle-ci avait classé sans suite une plainte déposée dans les années 1990 contre M. Heath. C’est un ancien policier à la retraite, qui n’avait jamais accepté le traitement de ce dossier, qui a décidé de ressortir l’affaire, en allant témoigner auprès de l’IPCC.Mardi, les médias britanniques ont affirmé que plusieurs forces de police avaient déjà ouvert ces derniers mois une enquête sur l’ancien premier ministre, à chaque fois pour des accusations de pédophilie.L’affaire semble sérieuse. Au cœur du scandale se trouve la tenancière d’une maison de passe du Wiltshire. Selon plusieurs médias britanniques, Myra Ling-Ling Forde, d’origine philippine, dirigeait au début des années 1990 l’Oriental Massage Parlour, à Salisbury, où habitait M. Heath. L’établissement exploitait comme prostituées de nombreuses jeunes filles mineures.« Politiciens et stars »Quand la tenancière a fait l’objet d’une première enquête, elle a nommé l’ancien premier ministre comme l’un de ses clients. Plusieurs officiers haut gradés seraient alors intervenus pour faire classer l’affaire. Néanmoins, en 1995, Mme Ling-Ling Forde a finalement été condamnée pour proxénétisme, sans que le nom de M. Heath n’apparaisse. Pendant le procès, le cas d’une jeune fille de 13 ans, qui allait directement de l’école à la maison de passe, a été cité. Une autre adolescente de 15 ans apparaissait également dans le dossier.En 2009, Mme Ling-Ling Forde a été une nouvelle fois condamnée pour proxénétisme. Interrogée par le Daily Telegraph, sa sœur, Mia Pablico, affirme que l’établissement du Wiltshire était fréquenté par du beau monde : « Je sais ce qu’elle a fait à Salisbury. Elle connaissait plein de politiciens et de stars à cause de cela. »Par ailleurs, M. Heath est accusé d’avoir violé un jeune garçon de 12 ans en 1961, selon une information du Daily Mirror. D’après la victime, celui qui était alors simple député l’aurait pris en auto-stop et emmené dans son appartement du centre de Londres. A l’époque, l’adolescent est allé se plaindre, mais la police l’aurait traité d’affabulateur. Et ce n’est que quatre ans plus tard qu’il aurait découvert l’identité de M. Heath, en le voyant sur des affiches électorales.L’ancien premier ministre, qui reste comme l’homme politique qui a fait entrer le Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne en 1973, était un homme très discret. Jamais marié, son inclination sexuelle a souvent fait l’objet de spéculations, mais généralement pour laisser entendre qu’il était homosexuel, à une époque où cela était encore tabou.Les accusations contre M. Heath éclatent au grand jour dans un contexte de grand ménage sur les affaires de pédophilie. Le Royaume-Uni a été traumatisé en 2012 par la découverte que l’une de ses stars préférées du petit écran, Jimmy Savile, avait été un pédophile multirécidiviste. L’ampleur du scandale, dévoilé peu après sa mort, a sidéré le pays et semble avoir libéré la parole. Face aux nombreuses plaintes pour des affaires vieilles de plusieurs décennies, la police a lancé une vaste enquête pour faire toute la lumière sur ces dossiers d’abus sexuels historiques, l’opération « Hydrant ».« Tact et respect »Elle est d’une ampleur colossale. En mai, la police révélait que plus de 1 400 suspects faisaient l’objet d’une enquête. Parmi eux se trouvent 261 personnes « au profil public », y compris 76 responsables politiques. Et le nombre de plaintes ne cesse d’augmenter, avec une hausse de 165 % en trois ans pour les cas de pédophilie dans des affaires anciennes. « De nombreuses victimes ont désormais trouvé l’assurance nécessaire pour témoigner de ces abus, sachant que nous les traiterons avec tact et respect, et que nous les prendrons au sérieux », estimait, en mai, Simon Bailey, le policier qui supervise « Hydrant ».Parmi les nombreuses enquêtes menées en parallèle par la police, on trouve également l’opération « Midland ». Celle-ci se concentre sur un réseau pédophile, qui regroupait des députés, des ministres, des avocats, des juges, des militaires, des membres des services secrets… Les faits restent nébuleux, mais les accusations sont d’une extrême gravité : ces hommes auraient violé et agressé des jeunes garçons dans les années 1970 et 1980.Face à l’ampleur du scandale, il semble extraordinaire que ces faits n’aient pas été connus plus tôt. Il avait fallu attendre que le député Tom Watson ose, en octobre 2012, publiquement les évoquer à la Chambre des communes. Les témoignages se sont multipliés. Au moins trois maisons où se déroulaient les viols en groupe ont été identifiées : une guesthouse dans le sud de Londres, un centre pour orphelins, et Dolphin Square, des appartements de luxe près de Westminster, que louaient nombre de députés.Les enquêtes de police continuent. Mais face à la gravité des faits, sous pression des anciennes victimes, la ministre de l’intérieur Theresa May a parallèlement ouvert une enquête publique. Objectif : comprendre comment ces différentes affaires ont ainsi pu être étouffées durant toutes ces années.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.08.2015 à 05h45 • Mis à jour le05.08.2015 à 08h31 La justice australienne a donné un coup d’arrêt, mercredi 5 août, à un vaste projet minier du groupe indien Adani qui menace d’après les défenseurs de l’environnement la Grande Barrière de corail, classée au Patrimoine de l’humanité. Ce projet visait à exploiter une gigantesque mine de charbon dans l’Etat du Queensland et à créer une extension d’un port proche de la Grande Barrière de corail afin d’exporter le charbon ainsi extrait.Cette décision a été saluée par les écologistes, mais le groupe indien a immédiatement fait part de sa détermination à aller de l’avant dans la réalisation de ce projet dans lequel il prévoit d’investir 16,5 milliards de dollars australiens (11,08 milliards d’euros).Selon le ministère de l’environnement, la décision de la justice a été motivée par la possibilité que l’argumentaire fourni par le groupe Adani n’ait pas répondu à l’ensemble des critères techniques requis. « Il s’agit d’un problème technique et administratif », selon le ministère, qui souligne que le feu vert devrait être « reconsidéré » mais que cela ne « nécessitait pas de revoir la procédure dans son entier ».Lire notre reportage :Australie : le paradis perdu de la Grande Barrière de corail60 millions de tonnes de charbon par anC’est en juillet 2014 que l’Australie avait donné son feu vert à Adani pour l’exploitation de cette mine devant produire, chaque année, 60 millions de tonnes de charbon thermique dans le centre du Queensland, pour la construction d’une liaison ferroviaire de 189 kilomètres et pour l’extension d’un port de charbon à Abbot Point.Des associations de défense de l’environnement avaient contesté cette décision, en faisant valoir que le projet allait générer de grandes quantités de gaz à effet de serre, ses conséquences négatives sur des espèces vulnérables et « le piètre bilan environnemental » du groupe indien. Elles avaient également jugé que le projet aurait des conséquences négatives sur la Grande Barrière de corail du fait de l’exportation du charbon via Abbot Point et dénoncé son impact en termes de climat.En 2013, l’Unesco s’était inquiétée des menaces croissantes pesant sur la Grande Barrière, le plus grand site corallien du monde, d’une très grande richesse marine, inscrit depuis 1981 au Patrimoine de l’humanité. L’Australie a présenté un plan de préservation sur trente-cinq ans qui interdit, de manière totale et définitive, tout déversement de déchets de dragage aux abords du site et fixe des objectifs en matière d’amélioration de la qualité de l’eau et de protection de la vie marine. En juillet, l’Unesco a décidé de ne pas inscrire cette attraction touristique majeure sur sa liste du patrimoine en péril. 05.08.2015 à 00h00 • Mis à jour le05.08.2015 à 07h30 Des tirs ont été signalés près d’un centre de formation de l’armée américaine, mardi 4 août, dans l’Etat du Mississippi (sud des Etats-Unis), où les autorités tentaient de retrouver deux suspects, ont rapporté les autorités locales.« Des soldats qui s’entraînent au camp Shelby ont signalé des tirs le long de la Peret Tower Road, près du site de formation du sud du Mississippi », a indiqué un porte-parole de la Garde nationale de cet Etat dans un communiqué.Pas de blesséCette route n’est pas située dans l’enceinte du camp, a-t-il précisé, ajoutant que l’incident survenu peu avant midi (19 h 10) n’avait pas fait de blessé parmi les militaires et que le camp était sécurisé, sans que personne ne manque à l’appel.Jimmy Dale Smith, shérif du comté de Perry, a confirmé que personne n’avait été blessé lors de ces coups de feu, tirés depuis un véhicule de type pick-up, selon le journal The Clarion-Ledger.Cet incident se produit près d’un mois après la fusillade du 13 juillet, perpétrée par Mohammad Youssouf Abdulazeez, 24 ans, qui a tué quatre militaires en ouvrant le feu sur deux sites de l’armée à Chattanooga, dans le Tennessee (sud). Il est mort pendant sa confrontation avec la police.Lire aussi :Les précédentes attaques contre des sites militaires aux Etats-Unis 17.08.2015 à 16h21 • Mis à jour le17.08.2015 à 16h52 | Martin UntersingerLawrence Lessig aurait pu se satisfaire du parcours tout tracé auquel ses diplômes le destinaient : après des études en droit dans les prestigieuses universités de Pennsylvanie, de Cambridge (en Angleterre) et Yale, il a enseigné à l’université de Chicago puis assisté le juge de la Cour suprême Antonin Scalia.Mais après avoir, il y a quelques mois, traversé le New Hampshire à pied en plein mois de janvier – température moyenne : -6 °C – ce juriste et intellectuel américain de 54 ans a choisi d’envisager une candidature à la primaire démocrate avant l’élection américaine de 2016. Quel rapport ? Son combat, entamé en 2007, contre la corruption en politique.Universitaire respectéLa plupart des Américains n’ont jamais croisé ses indéboulonnables petites lunettes rondes. Pourtant, dans certains milieux, Lawrence Lessig est une icône. Il est en effet un des premiers intellectuels, au milieu des années 1990, à s’emparer d’un sujet tout neuf : Internet. Et il devient rapidement une référence : le magazine Wired, bible des pionniers connectés, le qualifie de « Elvis du droit du numérique ». En 1999, il publie Code et autres lois du cyberespace, un livre avant-gardiste qui fera référence. Alors que dans la Silicon Valley domine une vision d’Internet teintée de libertarianisme, voyant le Web comme un réseau s’affranchissant des lois des hommes, le professeur de droit constitutionnel démontre que le code informatique n’est pas neutre, mais constitue une norme incontournable. Il en tire une maxime célèbre, « code is law » , « le code est loi ». Une grille d’analyse qui a remarquablement résisté à l’évolution, pourtant ultrarapide, du réseau – et anticipe de plusieurs années les débats, encore largement d’actualité aujourd’hui, sur les questions de vie privée, de liberté d’expression ou de propriété intellectuelle.C’est sa réflexion sur cette dernière question qui fait de lui un des universitaires les plus célèbres et respectés sur la question numérique. Selon lui, le droit de la propriété intellectuelle, et plus particulièrement le copyright, est fondamentalement inadapté à l’univers numérique, qui démultiplie les opportunités de « fair use », c'est-à-dire la copie et le partage, légal et encadré, d’une œuvre sans l’accord explicite de son auteur. Une nouvelle donne que la loi, dépassée, réprime injustement. Lawrence Lessig fera campagne pour une réforme du copyright aux Etats-Unis, menant son combat jusqu’à la Cour suprême, et crée les Creative Commons, un système de droit d’auteur simplifié aujourd’hui largement utilisé qui permet aux artistes de protéger leur œuvre tout en en maximisant le partage sur la Toile.« Qui se soucie de Mickey Mouse ? »Après des années de lutte, une défaite à la Cour suprême et alors que la législation sur le copyright n’a guère évolué, Lawrence Lessig annonce en 2007, à la surprise de nombre de ses supporters, qu’il se consacrera désormais à un autre enjeu : celui de l’influence de l’argent dans la vie politique.Lire : Ces millions qui pourrissent la démocratieIl raconte que l’évidence lui est apparue en écoutant l’ancien vice-président Al Gore déplorer l’incapacité de la classe politique américaine à reconnaître la réalité du changement climatique. « Nos gouvernements ne comprennent pas les faits, même basiques, lorsque de puissants intérêts ont un intérêt dans cette incompréhension » écrit Larry Lessig. Une sensation qu’il dit avoir éprouvée à de nombreuses reprises dans son combat pour la réforme de la propriété intellectuelle. Il a longuement combattu le fait que l’industrie du divertissement, Disney en tête, parvienne contre toute logique à faire modifier la loi pour étendre sans cesse la durée du droit d’auteur. « En vrai, qui se soucie de Mickey Mouse ? » lance-t-il, en 2008, à un journaliste de The Nation. « Mais si l’on n’arrive pas à résoudre le problème du réchauffement de la planète ? Une question aussi fondamentale que celle du réchauffement ? Alors, on est foutus ».Le « croisé du copyright » devient le « croisé de la corruption ». Il multiplie les interventions publiques et dévore tous les livres sur la question – ce domaine est bien éloigné de celui dont il est devenu un des meilleurs experts. Il envisage une candidature au Congrès dans la circonscription de San Francisco. Il renonce, refroidi par un sondage qui lui prédit une défaite cuisante. Il lance également « Change Congress », une initiative qui emprunte sa méthodologie à ses anciens combats. Alors que les élections législatives se rapprochent, il liste, sur un site et une carte interactive, les prises de position des candidats – et des électeurs – sur quatre engagements limitant l’influence de l’argent sur la vie politique. L’idée est de s’appuyer sur Internet comme plateforme d’organisation politique pour créer un effet boule de neige en montrant que la lutte contre la corruption a le soutien de nombreux votants. Pour lui, le problème n’est pas la corruption au sens traditionnel du terme, mais le fait que l’argent définit les priorités des législateurs et influe considérablement sur les positions qu’ils défendent, ce qui conduit les élus du Congrès à passer « 30 à 70 % de leur temps à lever de l’argent ». Dans une interview au Boston Globe, donnée à l’occasion de la sortie de son premier livre sur le sujet, Republic, Lost, Lessig raconte que « la principale question » sur laquelle s’est penché le Congrès lors du premier trimestre 2011 c’est celle des « frais de transactions par carte bancaire », en dépit de « deux guerres, d’un immense problème de chômage, d’un déficit abyssal, des enjeux d’assurance santé et de réchauffement climatique ». « Aucun élu du Congrès ne s’est fait élire en se disant : “Je vais m’occuper de ce problème”. La raison, c’est que si vous laissez planer l’incertitude sur votre position en tant qu’élu du Congrès sur un dossier, des millions de dollars vont vous tomber dessus » assène-t-il.« Le système est truqué. Aucun changement notable n’interviendra avant qu’il ne soit corrigé » martèle-t-il de conférence en conférence. En janvier 2014, il entreprend une marche à travers l'Etat du New Hampshire pour sensibiliser à sa cause. Mais, pour le moment, les résultats de ses efforts se font attendre. Alors que la bataille pour les primaires, républicaine mais aussi démocrate, en vue de l’élection américaine de 2016 bat son plein, il a décidé de changer de stratégie.Lire : Lawrence Lessig : « Les citoyens, et non les lobbys, doivent financer la politique »« C'est une question de principe, pas de personne »Le 11 août, il a donc annoncé qu’il considérait très sérieusement une candidature à la primaire démocrate. S’il réussit à lever un million de dollars – en petites donations, évidemment – d’ici le 7 septembre, il rejoindra Bernie Sanders, Joe Biden ou Hillary Clinton dans la course à l’investiture démocrate. A ce stade, il a pu réunir un peu plus de 360 000 dollars en une semaine.Sa décision, il dit l’avoir prise faute d’engagement solide et sérieux des autres candidats démocrates en matière de réforme du système électoral. « Il ne fait aucun doute qu’il y a de meilleurs candidats que moi. Si quelqu’un de plus connu s’engage de manière crédible je m’effacerai avec plaisir. C’est une question de principe, pas de personne » explique-t-il dans une vidéo de présentation.Lawrence Lessig a un plan : il veut être un « candidat référendum ». S’il est candidat et élu – une hypothèse dont il convient lui-même, qu'elle relève à ce stade de la pure science-fiction – il s’engage sur un seul point : réformer en profondeur le mode de financement de la vie politique américaine, de manière à empêcher les puissances économiques de peser démesurément sur la vie du Congrès. Les grandes lignes de sa réforme : un financement public des campagnes, divisé en petites fractions de manière à ce que les citoyens puissent y contribuer de manière plus égalitaire. Une fois cette réforme achevée, il s’engage à démissionner, pour laisser son vice-président gouverner le pays, les mains libérées de l’archaïsme de l’ancien système. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.08.2015 à 11h59 | William Audureau //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']); //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématiqueL’Himalaya de la haine Seattle récolte les fruits de la marijuana Michel Houellebecq : « Je refuse de vous parler »tous les articles de la thématique La scène se déroule à Antananarivo, sur les collines ocre et pastel de la capitale malgache. Le héros, un intrépide aventurier, fonce à travers une foule dense de piétons affolés, pistolet au poing, avant de rejoindre une jeep et de dévaler les routes pentues, jusqu’à rejoindre l’arrière-pays et sa terre rouge caractéristique.Pour toute une génération de jeunes créateurs malgaches, recréer Madagascar et ses paysages en jeu vidéo est encore un rêve inaccessible. La scène en question est en effet tirée d’Uncharted 4 : A Thief’s End, l’une des superproductions développées actuellement aux Etats-Unis et présentée par Sony au Salon du jeu vidéo de Los Angeles, en juin. Budget estimé : plusieurs dizaines de millions d’euros. Cela n’empêche pas des micro-studios locaux de vouloir faire connaître l’île, avec leurs moyens.Depuis la rue Pasteur Rabary Ankadivato, à Antananarivo, une petite équipe de quelques personnes a lancé, en mai 2014, E-fanorona, adaptation sur smartphones d’un jeu de plateau traditionnel malgache. Ici, point de modélisation en trois dimensions complexe, d’animations sophistiquées ou de prouesses graphiques dignes d’un blockbuster occidental, mais une simple image en 2D fixe avec des pions en mouvement. L’industrie malgache, encore embryonnaire, reste pour l’instant spécialisée dans les jeux à faibles coûts.Manque de financementsPourtant, cette variante locale du jeu de dames et des échecs a posé des problèmes aux développeurs. « L’intelligence artificielle du fanorona est assez complexe à réaliser », souligne Ny Andry Andriamanjato, ancien conseiller technique auprès du ministère de la jeunesse et des loisirs et chef de projet sur le jeu.Le fanorona possède en effet une particularité rare dans les jeux de tableau : la prise d’un pion adverse est possible aussi bien en avançant qu’en reculant. Tout un symbole pour la jeune industrie malgache, qui multiplie les projets et les sociétés depuis le début des années 2010, mais a dû, jusqu’à présent, annuler la plupart. A l’image de Faithful World, le premier grand studio de l’île, fondé par M. Andriamanjato en février 2011, et dont l’unique projet abouti sera un sympathique jeu de réflexion conçu pour un concours de développement international. Manque de financements, déficit d’expérience manageuriale, système de distribution immature ou encore infrastructures réseau sous-développées… Les jeunes créateurs malgaches doivent relever de nombreux défis pour exister, et la plupart vivent de la sous-traitance, soit pour des services Web, soit pour des petits jeux de commande distribués sur iPhone et Android par des labels étrangers, français le plus souvent, sous des noms génériques.Ils s’appellent My Planet My Territory, Fantasy Air Battle, ou encore Pumpky’s Halloween et Pumpky’s Christmas, tous sur smartphones.« Marque blanche »« On fait tous de la marque blanche, et de temps en temps on se permet des folies. E-fanorona était une folie du patron », résume Ny Andry Andriamanjato. La folie en question, c’est celle de créer une carte postale vidéoludique, un jeu vidéo qui véhiculerait un peu de la culture et de l’imaginaire malgache, et aiderait à faire connaître l’Ile rouge dans le monde.En pratique, l’idée n’est pas si simple. Parce que la culture malgache est orale plus que visuelle, elle se prête moins aisément que d’autres à une mise en graphismes. La bande dessinée malgache est peu développée, et le cinéma national repose sur un humour local difficilement exportable.Alors, les créateurs rusent. Certains recourent à une imagerie touristique, comme l’arbre du voyageur et les singes maki, d’autres à des personnages aborigènes fictifs, comme Wamiti Sha Kid, lancé en 2014, tandis que les plus ambitieux espèrent recréer des bouts de réalité.Discret tour du mondeLe studio Lonay travaille ainsi sur un projet intitulé GazKar, un jeu de courses de voitures qui met en scène essentiellement la ville d’Antananarivo, les paysages ruraux et les sites touristiques de Madagascar. « Le projet est né de la perception que rares sont les jeux vidéo qui mettent en scène le paysage malgache », explique Tsilavina Razafinirina, cofondateur du studio.Il en est encore à un stade trop peu avancé pour être commercialisé, tout comme la plupart des projets à la couleur locale. « Les titres bien malgaches et bien aux couleurs de Madagascar sont encore en cours, car faire un jeu nécessite du temps et c’est récemment que nous avons décidé de ne plus faire que ça », synthétise Tolotra Andriamiharintsoa, développeur au sein de Nelli Studio.En attendant, E-fanorona a entamé son discret tour du monde. Créé à Madagascar, il a été présenté, en février, au Festival international des jeux de Cannes, puis au 16e Salon culture & jeux mathématiques de Paris, en mai, et enfin au championnat d’Ile-de-France d’échecs en juin. En attendant la relève de jeux plus ambitieux, il est l’un des premiers ambassadeurs de la culture de l’Ile rouge en jeu vidéo ou, comme le suggère Ny Andry Andriamanjato, de la « Malagasy Pride », la « fierté malgache ».Prochain article : Age of BayinnaungChanger le monde : tel est le thème de l’édition 2015 du Monde Festival qui se tiendra les 25, 26 et 27 septembre à Paris. Retrouvez le programme sur Lemonde.fr/festival. Par William Audureau Yves Eudes //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']); //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématiqueL’Himalaya de la haine Michel Houellebecq : « Je refuse de vous parler » Evgeny Morozov : « L’étreinte de Wall Street sur la Silicon Valley n’a jamais été aussi forte »tous les articles de la thématique En cette après-midi estivale, le district de Fremont, quartier élégant et bohème de Seattle (Washington), a organisé un carnaval nudiste, suivi d’un concert rock. Sur l’une des avenues, les fêtards sont interceptés par une femme souriante, qui crie sur un ton enjoué : « Bienvenue chez Oz, la nouvelle boutique de marijuana du quartier ! Pour fêter notre ouverture, promotion spéciale, 5 dollars [4,50 euros] le gramme ! » Amusés, les passants s’arrêtent pour regarder le magasin : un grand espace lumineux, au décor contemporain, avec en vitrine tout l’arsenal du fumeur de marijuana – pipes, bongs, rouleuses… Pour voir le produit proprement dit, il faut s’avancer jusqu’au comptoir, situé en retrait : à Seattle, la marijuana est légale, à condition de ne pas être visible de la rue.A l’intérieur, le choix est vaste : 28 variétés de fleurs à fumer, de 5 à 15 dollars le gramme, 13 sortes de joints déjà roulés, de la pâte, des cristaux… Le produit le plus demandé est la cigarette électronique avec une cartouche d’huile de marijuana – utilisable n’importe où, en toute discrétion. Bob Ramstad, le patron de Oz, 48 ans, ex-chercheur en informatique, puis vendeur de préservatifs sur Internet, explique aux clients : « Avec une recharge à 40 dollars, vous pouvez tirer 80 à 100 taffes… » Pour les non-fumeurs, Oz propose des produits à avaler contenant du THC, la substance psychoactive du cannabis : concentrés liquides à verser dans une boisson, gâteaux, confitures, barres chocolatées, macarons… : « L’effet est plus doux qu’avec un joint, explique...L’accès à la totalité de l’article est protégé Déjà abonné ? Identifiez-vous Seattle récolte les fruits de la marijuanaIl vous reste 86% de l'article à lireAchetez cet article 2 €Abonnez-vous à partir de 1 €Découvrez l’édition abonnésrequire(["jquery","lmd/core/auth"], function($, auth){ if (auth.isUserEducation()) { $(".js_educ").attr("href","/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_RESTREINT_ARCHIVE&objet_id=4727474&clef=ARTRESTR_HA2E"); $(".js_educ").html("Débitez votre pack d'archives"); $(".js_educ_abo").hide(); }});document.getElementById('teaser_article').style.display = 'block';require(["lmd/core/auth", "lmd/module/achat_acte/verif_achat_item"], function(auth, verif_achat_item){ auth.loadUser().done( function() { if (auth.user !== null && typeof lmd.context.item != 'undefined' && typeof lmd.context.item.id != 'undefined') { verif_achat_item.verifAchatItem(lmd.context.item.id); } } );});L’accès à la totalité de l’article est protégé Déjà abonné ? Identifiez-vous Seattle récolte les fruits de la marijuanaIl vous reste 86% de l'article à lireAchetez cet article 2 €Abonnez-vous à partir de 1 €Découvrez l’édition abonnésrequire(["jquery","lmd/core/auth"], function($, auth){ if (auth.isUserEducation()) { $(".js_educ").attr("href","/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_RESTREINT_ARCHIVE&objet_id=4727474&clef=ARTRESTR_HA2E"); $(".js_educ").html("Débitez votre pack d'archives"); $(".js_educ_abo").hide(); }}); Yves Eudes Julien Bouissou (Ennvoyé spécial à Jaffna) Sur un poster géant accroché à l’entrée d’un camp de déplacés de la guerre, en périphérie de Jaffna, au nord du Sri Lanka, les habitants ont préféré énumérer leurs revendications plutôt que d’afficher leur soutien à un candidat : « enquête sur les crimes de guerre », « protection des veuves » et « autonomie pour les provinces tamoules ». Entre tensions communautaires et réconciliation, le Sri Lanka se trouve au milieu du gué. Sept mois après l’élection surprise du président Maithripala Sirisena, les Sri-lankais se rendent aux urnes, ce lundi 17 août, pour élire leurs députés. Vont-ils offrir au nouveau chef d’Etat une majorité et tourner ainsi la page de l’ère Mahinda Rajapaksa ternie par les accusations de violations des droits de l’homme et les soupçons de corruption ? Le scrutin est crucial pour la poursuite du mouvement de démocratisation amorcé en janvier et la réconciliation entre la majorité cinghalaise (74 %) et la minorité tamoule (15 %), dans un pays encore marqué par un conflit de 26 ans qui a fait près de 100 000 morts.Battu au terme d’une décennie d’un règne sans partage, M. Rajapaksa veut prendre sa revanche. Avec son sourire carnassier, l’ancien président ne cesse de mettre en avant, du haut de sa large carrure, l’écrasante défaite qu’il a infligée aux Tigres tamouls en 2009. Celui qui bénéficie encore d’une large popularité auprès de la majorité cinghalaise se pose comme le garant d’un Etat fort, et met en garde contre un retour de la rébellion séparatiste tamoule. Mais six ans après la fin de la guerre, cette vieille rengaine suffira-t-elle à convaincre ? « Les électeurs réclament aujourd’hui des emplois et une meilleure gouvernance», estime un diplomate européen. Le « père », comme on l’appelle encore dans le sud du pays, a récemment vu son image écornée par plusieurs affaires de corruption. L’ex-président et plusieurs de ses proches, dont deux de ses frères qui ont occupé des fonctions officielles pendant la présidence, sont visés par des enquêtes. Le retour victorieux de M. Rajapaksa est loin d’être assuré.Bataille entre deux feuilles de bétel Le nouveau président préfère garder profil bas. Ce fils d’agriculteurs à la fine silhouette, qui compte à ses doigts beaucoup moins de bagues en pierres précieuses que son rival et salue la foule sans montre en or à son poignet, attaque ces élections sur un autre front : la promesse d’une meilleure gouvernance et du rééquilibrage des pouvoirs. Le bilan de son gouvernement, minoritaire au parlement, est encore mince mais va dans une direction qui a déjà été plébiscitée par les électeurs en janvier dernier. M. Sirisena a réduit les pouvoirs du président, en limitant à deux le nombre de ses mandats, et en l’empêchant de révoquer le premier ministre. Les contrôles sur la presse ont été levés et les défenseurs des droits de l’homme ne sont plus emprisonnés. « Un air de liberté souffle dans le pays depuis janvier, constate, à Colombo, le rédacteur en chef d’un quotidien sri lankais. Et il sera difficile de revenir en arrière ».La coalition réformiste opposée à M. Rajapaksa peut compter sur le soutien de la minorité tamoule. Au cours des derniers mois, des terres occupées par l’armée ont été rendues aux déplacés tamouls, et un ex-diplomate a remplacé un militaire au poste de gouverneur de la province du Nord. A l’approche des élections, le nouveau président s’est toutefois bien gardé de multiplier les annonces en direction des Tamouls : il lui faut gagner leurs voix, sans s’aliéner le soutien des Cinghalais. Le sujet de la réconciliation sera abordé d’ici la mi-septembre, lors de la publication du rapport final de la Commission des droits de l’homme de l’ONU sur les atrocités commises entre 2002 et 2011.Vue de la rue, ces élections ressemblent surtout à la bataille entre une feuille de bétel, le symbole du Parti de la liberté du Sri Lanka (SLFP) qui orne ses affiches, et une autre feuille de bétel. Car MM. Sirisena et Rajapaksa appartiennent au même parti. Le premier fut l’allié du second, et même son ministre, avant de l’affronter aux présidentielles. M. Rajapaksa a réussi à obtenir l’investiture du parti à la candidature au poste de premier ministre, au grand dam de M. Sirisena, qui a prévenu qu’il ne le nommerait jamais à ce poste. « La popularité de M. Rajapaksa s’est écornée au cours des derniers mois, mais toute la question est de savoir dans quelles proportions », avance l’analyste Janeen Fernando, du centre de réflexion Verité Research, basé à Colombo. Les partis représentant les minorités, tamoules ou musulmanes, pourraient être appelés à former une coalition, ce qui signifie que leurs revendications seraient mieux prises en compte. La publication, mardi, des premiers résultats risque d’être suivie par de longues tractations. Julien Bouissou (Ennvoyé spécial à Jaffna)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante) Pour l’occasion, il a troqué son costume d’avocat pour un jean et un tee-shirt où l’on peut lire, en grosses lettres rouges : « Fora Dilma » (« Dehors Dilma »). Dimanche 16 août, à Sao Paulo, Francisco Godoy, la trentaine, a même sacrifié la traditionnelle feijoada familiale pour arriver à l’heure aux manifestations contre la présidente de gauche, Dilma Rousseff. Le jeune avocat n’a raté aucune des manifestations contre le gouvernement du Parti des travailleurs (PT, socialiste).Le 15 mars et le 12 avril, il avait déjà manifesté sur l’avenue Paulista. Ce dimanche, il reste près du stand d’Endireita Brasil : un mouvement pour « améliorer le climat des affaires et la vie des Brésiliens, explique-t-il. Un mouvement contre la corruption et les corporatismes ».Après douze années de présidence PT, sous Luiz Inacio Lula da Silva puis Dilma Rousseff, Francisco est las et s’indigne des multiples affaires de corruption qui secouent le monde politique (parmi lesquels le scandale Petrobras). Il veut plus de liberté et moins d’Etat. Le seul homme politique à trouver grâce à ses yeux, « le moins pire », est Aécio Neves, l’opposant de Dilma Rousseff, du Parti social-démocrate brésilien (PSDB, centre droit), qui a appelé ses militants à se joindre aux cortèges.Pour comprendre les raisons de cette mobilisation :Comprendre le scandale Petrobras qui secoue le BrésilLa « magie Lula » semble s’éteindre Les centaines de milliers de Brésiliens qui ont défilé ce dimanche dans plus d’une centaine de villes du pays – entre 900 000 personnes et deux millions, selon les sources – partagent ce sentiment de colère et de rancœur envers la gauche. Mais à Sao Paulo, ville riche, l’exaspération est sans doute plus visible qu’ailleurs. Lors d’un programme du PT retransmis à la télévision, le 6 août, les résidents, de quartiers aisés le plus souvent, ont tapé sur des casseroles. Dimanche, les mêmes sont descendus dans la rue. « Lula nunca mais », (« Lula, plus jamais »), pouvait-on lire sur les banderoles. « Le PT veut transformer le Brésil en un pays communiste ! », s’insurge un retraité de la construction civile.« Je manifeste parce que je suis brésilienne et que j’aime mon pays. Quand on aime son pays, on veut le soigner et ôter le mal qui le ronge », explique Maria Alice, élégante sexagénaire professeure d’université. Priscila Aparecida, une jeune métisse esthéticienne, lassée elle aussi de la corruption, fait mentir l’idée que ces manifestations anti-PT seraient le seul fait de la bourgeoisie et des « yeux bleus ». Reste qu’on a croisé peu de Priscila dimanche.Francisco aimerait « pouvoir se balader dans la rue avec sa montre sans risquer de se faire agresser »Les ancien électeurs du PT aussi sont désenchantés. La « magie Lula » semble s’éteindre. En témoigne la cote de popularité catastrophique de la présidente (8 % d’opinions favorables). L’ex-syndicaliste avait sorti de la pauvreté des millions de Brésiliens, et les mêmes observent aujourd’hui avec effroi Dilma Rousseff, sa protégée, se noyer dans la crise économique. Fragilisée, la voilà qui mène une politique de rigueur et renonce à ses promesses. Les factures d’électricité augmentent, l’inflation s’envole, le chômage grimpe. Mais la colère gronde – pour le moment – dans le camp conservateur.« Lors des grandes manifestations de juin 2013, les mouvements de jeunes progressistes et de gauche prédominaient. Aujourd’hui, ceux qui mènent les manifestations sont davantage issus de la classe moyenne et portent des messages contre la corruption, le socialisme, et exigent le départ de Dilma et la fin du PT. Il s’agit avant tout de Blancs avec une présence rare d’ouvriers », analyse Caio Navarro de Toledo, professeur de sciences politiques à l’université de Campinas, de l’Etat de Sao Paulo.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55d1bf44c0c49'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 6\r\n \r\n \r\nA Sao Paulo, fief de l\u2019opposition, 350 000 personnes, selon la police, un million selon les organisateurs, ont d\u00e9fil\u00e9. 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Le parcours de l\u2019\u00e9preuve de cyclisme pour les Jeux olympiques de 2016 a \u00e9t\u00e9 en partie modifi\u00e9 pour permettre le d\u00e9fil\u00e9 le long de la plage de Copacabana.\r\nCr\u00e9dits : Leo Correa \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Manifestation \u00e0 Rio de Janeiro. 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Sous le gouvernement PT, les « travailleurs misérables », petits ouvriers, femmes de ménage… sont devenus moins bon marché et plus exigeants. « Ils ont acquis des droits et un statut quand la classe plus aisée a perdu en pouvoir d’achat et en pouvoir tout court », dit-il.Depuis l’avenue Paulista, Francisco a une lecture différente des choses. « Avant, les riches se préoccupaient des pauvres, il existait une forme de paternalisme. Le PT a rompu cette harmonie, pense-t-il. Avec Lula, les plus pauvres ont pu consommer, acheter des choses, mais à crédit. Cette richesse était artificielle. Ils se sont endettés, et maintenant qu’il n’y a plus d’argent, ils sont envieux. » Parfois violents. Or Francisco aimerait « pouvoir se balader dans la rue avec sa montre sans risquer de se faire agresser ».Excédés, ils étaient nombreux, dimanche, à plaider pour l’impeachment – la destitution de la présidente. Mais les milieux d’affaires ne veulent pas ajouter à la crise économique une crise politique. Quant aux opposants politiques de Mme Rousseff, « ils préfèrent “saigner” le gouvernement jusqu’à la fin », analyse Caio Navarro de Toledo.Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.08.2015 à 03h44 • Mis à jour le17.08.2015 à 13h31 Le président de l’Egypte, Abdel Fattah Al-Sissi, a ratifié, dimanche 16 août, une loi antiterroriste qui prévoit la création de tribunaux spéciaux, fournit des protections juridiques aux policiers chargés de la mettre en œuvre, et prévoit une amende très lourde pour les journalistes qui rapporteraient des informations contredisant les communiqués officiels en cas d’attentat.Au lendemain de l’assassinat, le 29 juin, du procureur général Hicham Barakat dans un attentat spectaculaire au Caire, toujours non revendiqué, M. Al-Sissi avait promis une législation plus dure « pour lutter contre le terrorisme ». Cet attentat avait été suivi le 1er juillet par une série d’attaques de grande ampleur, revendiquées par des djihadistes, contre des militaires dans la péninsule du Sinaï. L’armée avait été ulcérée par la couverture médiatique de ces attaques.Eventail de peines pour les activités terroristesLa loi en question, publiée au Journal officiel, précise l’éventail des peines prévues pour les activités terroristes. Créer ou diriger une organisation qualifiée d’« entité terroriste » par les autorités sera passible de la peine de mort ou de la réclusion à perpétuité. L’appartenance à une telle organisation sera passible de dix ans de prison. Le financement d’une « organisation terroriste » pourra valoir la prison à vie.L’incitation à la violence, notamment l’accusation très subjective de « promotion d’idées incitant à la violence », entraînera une peine comprise entre cinq et sept ans de prison, tout comme la création ou l’utilisation de sites Internet répandant de telles opinions.La nouvelle loi fournit aussi un bouclier juridique aux policiers et aux militaires contre des éventuelles poursuites liées à l’obligation d’un usage proportionné de la force « dans l’exercice de leur mission ».Lire nos explications :En Egypte, une menace terroriste aux multiples visagesDes amendes pour « fausses » informationsEnfin, une amende pouvant aller de 200 000 à 500 000 livres égyptiennes (entre 23 000 et 58 000 euros) est encourue par toute personne diffusant ou publiant de « fausses » informations sur des attentats ou des opérations contre des djihadistes. Un dispositif qui vise à la fois les médias, y compris étrangers, et les réseaux sociaux, sur lesquelles les voix dissidentes sont très actives.Les détracteurs de la loi estiment que ces amendes pourraient pousser à la fermeture des petites publications, et dissuader les autres médias de travailler de manière indépendante. Le gouvernement prévoyait initialement une peine minimale de deux ans de prison. Il y avait renoncé face à la colère locale et internationale.Mais une clause a été ajoutée autorisant les tribunaux à « empêcher les personnes condamnées à exercer leur profession pendant une période ne pouvant pas excéder un an, si l’infraction viole les principes de la profession ». Le métier de journaliste n’est pas spécifiquement mentionné.Depuis qu’Abdel Fattah Al-Sissi a destitué l’islamiste Mohamed Morsi, en juillet 2013, les partisans de ce dernier ont été la cible d’une sanglante répression durant laquelle au moins 1 400 personnes ont été tuées. La confrérie des Frères musulmans, de laquelle est issu Mohamed Morsi, est désormais qualifiée d’« organisation terroriste ».Des dizaines de milliers d’autres ont été arrêtées, dont plusieurs centaines condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs, qui sont, selon l’Organisation des Nations unies, « sans précédent dans l’histoire récente » du monde.Lire aussi :Procès Morsi : les autorités égyptiennes implacables envers les islamistesL’Egypte ouvre sa frontière avec Gaza pour la première fois en deux moisLe point de passage de Rafah, qui sépare le pays et l’enclave palestinienne, est rouvert pendant quatre jours à compter de lundi 17 août. C’est la première fois en deux mois que les autorités égyptiennes autorisent le transit des Palestiniens dans les deux sens. Quelque 20 000 personnes ont demandé une autorisation de sortie de Gaza, essentiellement des individus en quête de soins médicaux et des étudiants.Le point de passage de Rafah est la seule issue de l’enclave non contrôlée par Israël. Depuis la prise du pouvoir du mouvement islamiste Hamas à Gaza en 2007, Le Caire le laisse généralement fermé. La défiance des responsables égyptiens s’est renforcée après le renversement du gouvernement de Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, dont le groupe palestinien est directement issu. La frontière n’a été ouverte que quinze jours depuis le début de l’année. 16.08.2015 à 19h55 Au moins 82 personnes, en majorité des civils, ont été tués dimanche 16 août par des frappes aériennes du régime de Bachar Al-Assad sur un fief rebelle près de Damas, et 250 autres ont été blessées.L’armée de l’air a frappé à plusieurs reprises Douma, une ville située à 13 km au nord-est de Damas et presque quotidiennement touchée par des raids aériens, principale arme du régime contre les insurgés.« Un massacre délibéré »« Il s’agit d’un massacre délibéré », a réagi Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui dispose d’un large réseau de sources à travers la Syrie. La Coalition de l’opposition syrienne en exil a également dénoncé l’attaque sur Twitter, en estimant que « Assad commet un nouveau massacre à Douma, en visant un marché bondé ».Les frappes de dimanche coïncident avec la visite du patron des affaires humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien, qui effectue son premier déplacement en Syrie. Arrivé samedi, M. O’Brien a affirmé qu’il venait « évaluer les besoins du peuple syrien afin de lui offrir de l’aide humanitaire », selon la traduction en arabe de l’agence officielle syrienne Sana.Mercredi, un rapport d’Amnesty international avait accusé le gouvernement syrien de commettre des « crimes de guerre » dans cette région, parlant d’« attaques directes, aveugles et disproportionnées ». Louis Imbert Au moins sept frappes aériennes de la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen ont touché, vendredi 21 août, une banlieue densément peuplée de la périphérie de Taëz, la troisième ville du Yémen (600 000 habitants), faisant au moins 65 morts, dont des femmes et des enfants, et 23 blessés, a rapporté Médecins sans frontières (MSF), qui maintient des équipes dans cette ville. Ces frappes comptent parmi les plus meurtrières du conflit engagé fin mars et qui a fait au moins 4 300 morts, dont de nombreux civils, selon l’ONU.Des responsables des services de sécurité yéménites ont affirmé que la coalition avait répondu à des bombardements des rebelles houthistes, menés jeudi depuis le quartier de Sala vers des zones résidentielles, qui avaient tué 23 civils – un chiffre invérifiable de source indépendante. La coalition a frappé de façon répétée, depuis quatre mois, des cibles non militaires et pilonne les axes de communication. Les deux parties mènent également des attaques depuis des zones civiles, près d’hôpitaux ou d’écoles, usant d’armes imprécises, selon un rapport publié mardi par Amnesty international, qui a demandé à l’ONU d’ouvrir une enquête pour crimes de guerre.Les forces loyales au président en exil à Riyad, Abd Rabo Mansour Hadi, aidées par des milices séparatistes sudistes, tribales et des groupes djihadistes, ont repris, mi-juillet, le grand port du sud du pays, Aden, aux rebelles houthistes, d’obédience chiite et supposés être soutenus par l’Iran. Ces forces remontent actuellement vers le nord, avec le soutien d’unités terrestres émiraties et saoudiennes. Mais la route de Taëz est une zone montagneuse, que les chars émiratis – notamment des chars français Leclerc – auront du mal à atteindre.Le port d’Hodeïda bombardéDans les collines sur lesquelles est bâtie Taëz, des forces locales de la « résistance populaire », notamment affiliéesau parti Al-Islah des Frères musulmans, affrontent les houthistes dans des combats anarchiques. « Il est difficile pour les houthistes de tenir Taëz, qui ne leur est pas acquise », dit Farea Al-Muslimi, analyste au centre Carnegie pour le Moyen-Orient. Les affiliations politiques (progressistes, baasistes…) y sont anciennes et diverses. M. Al-Muslimi craint que la coalition ne tente de pousser son avantage militaire plus au nord, vers les zones houthistes. « Maintenant, il y a une possibilité pour toutes les parties de parler de paix », estime l’analyste, alors que le président Hadi a proposé un cessez-le-feu de deux semaines, dans la nuit de vendredi à samedi, et que des négociations ont lieu à Oman. Sur le plan humanitaire, le Yémen a atteint un nouveau stade dans la crise,avec le bombardement, mardi, par la coalition, du port d’Hodeïda, tenu par les houthistes, par où transite une large part de l’aide humanitaire internationale. La Maison Blanche s’est dite, jeudi, « vivement préoccupée » par cette attaque menée contre le port, aujourd’hui à l’arrêt.Depuis deux semaines, le gouvernement yéménite en exil laisse entendre que ce port doit céder le pas à celui d’Aden, où il reprend pied. Mais la volonté du gouvernement de laisser acheminer l’aide d’Aden vers les zones sous contrôle des houthistes est loin d’être garantie. Un navire marchand a accosté à Aden vendredi, le premier depuis le début du conflit. Le terminal conteneurs reste largement endommagé, et n’a plus les capacités de stockage nécessaires pour nourrir le pays.Louis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 17h29 • Mis à jour le21.08.2015 à 20h44 | Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance) Hillary Clinton a décidément bien du mal à se dépêtrer de l’affaire qui, depuis plusieurs mois, empoisonne sa campagne pour la primaire démocrate américaine. Indifférence, candeur, légalisme, énervement, mépris : la candidate a tout tenté pour évacuer de son agenda les questions portant sur sa gestion des courriers électroniques reçus et envoyés lorsqu’elle était secrétaire d’Etat de Barack Obama, de 2009 à 2013. En vain.« Personne ne me parle de cette histoire d’emails à part vous », a-t-elle lancé à des journalistes, mardi 18 août à Las Vegas. Chaque jour ou presque la presse américaine s’interroge en effet sur les conséquences de l’utilisation par Mme Clinton d’une adresse électronique privée et non d’une adresse gouvernementale sécurisée, comme cela aurait dû être le cas dès lors qu’elle était en fonction.En quatre ans, la secrétaire d’Etat a envoyé et reçu 62 320 courriels par le biais de son adresse personnelle. Depuis que cette pratique, pour le moins inhabituelle, a été révélée en mars, la candidate démocrate a dû restituer pour archivage, à la demande du département d’Etat, les 30 490 courriels qu’elle considère comme professionnels. Concernant les 31 830 courriers restants, Mme Clinton a estimé qu’ils relevaient de sa vie personnelle et les a effacés. Le 12 août, elle a, en outre, fourni un accès à son serveur privé à la police fédérale américaine, qui enquête sur la sécurité, et non le contenu, de ces courriers.Le département d’Etat, qui, de son côté, examine tous ses courriels officiels, en a déjà publié 3 500 et doit tous les avoir rendus publics d’ici janvier. La plupart traitent de questions banales de personnel ou relayent des articles de presse. Environ 10 % d’entre eux sont liés à l’attaque du 11 septembre 2012, à Benghazi, dans laquelle l’ambassadeur américain en Libye avait été tué. Plusieurs pages ont été largement expurgées. Selon Fox News, quelque 300 échanges contiendraient potentiellement des informations sensibles. Le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, a pour sa part indiqué que parmi les courriers déjà épluchés, « 63 avaient été surclassés » a posteriori, « pour la plupart à un niveau très bas que nous appelons confidentiel ». Il a laissé entendre que d’autres courriers de ce type allaient être découverts.Dégâts politiquesCes nouveaux développements ont permis à Mme Clinton de camper sur la ligne de défense qu’elle a adoptée depuis plusieurs semaines. Elle se dit « convaincue » de n’avoir « jamais envoyé ou reçu aucune information qui était classifiée au moment de son envoi ou de sa réception ». Mais ce feuilleton occupe le terrain médiatique de la campagne démocrate, au point que certains se demandent si la candidate, toujours en tête – quoique en chute –, dans les sondages, a pris la mesure des dégâts politiques et en termes d’image que provoque cette polémique. Au-delà de possibles failles sécuritaires, il lui est reproché un manque de transparence et une réticence à coopérer, tout au moins au début de l’affaire.L’un de ses adversaires dans la primaire démocrate, l’ancien gouverneur du Maryland, Martin O’Malley, a regretté, mercredi, que ces questions perpétuelles sur les emails de Mme Clinton empêchaient le Parti démocrate d’aborder des sujets de fond. « Nous devons commencer à débattre sur des choses comme l’augmentation du salaire minimum, la reconstruction des infrastructures de notre pays… »Il n’est pas sûr que les nouvelles sur l’avancée du dépouillement des courriers de Mme Clinton ou de l’enquête du FBI, consciencieusement égrenées dans la presse américaine, leur laissent le loisir d’évacuer totalement ce sujet d’ici mi-janvier 2016, date du premier vote pour les primaires.Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 13h45 • Mis à jour le21.08.2015 à 18h34 Les discussions ont tourné court. Après les vains efforts du premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, pour constituer un gouvernement de coalition, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé, vendredi 21 août, la tenue d’élections législatives anticipées le 1er novembre.Avant cette échéance, le premier ministre sera chargé de constituer en début de semaine prochaine un gouvernement de transition dont les membres seront choisis au sein du Parlement mais également à l’extérieur de celui-ci.M. Erdogan a ajouté qu’il rencontrerait le président du Parlement le 24 août pour prendre les dispositions nécessaires à l’organisation de ce scrutin.Revers du 7 juinLe parti islamo-conservateur de la Justice et du Développement (AKP), qui régnait depuis 2002 sans partage, a subi un sérieux revers lors du scrutin législatif du 7 juin, qui ne lui a pas permis d’obtenir la majorité absolue et de former un gouvernement seul. M. Erdogan espère qu’un nouveau scrutin le lui permettra.M. Erdogan, qui a été premier ministre de 2003 à 2014, avant de devenir le premier président élu au suffrage universel direct, rêve par ailleurs d’une réforme de la Constitution qui lui accorderait des pouvoirs étendus. Un projet mis à mal à l’issue des élections de juin, mais auquel le chef de l’Etat n’a pas renoncé. Le 14 août, il expliquait :« Que vous le vouliez ou non, en Turquie, le système a changé. Il faudrait donner un cadre légal à cette situation au moyen d’une nouvelle Constitution. »Pour l’éditorialiste en chef du journal Hürriyet, Murat Yetkin, M. Erdogan a usé de tous les moyens possibles pour prolonger le mandat de l’AKP, malgré le désaveu des urnes.Lire aussi :M. Erdogan n’a pas renoncé à son rêve absolutistePas en reste, l’opposition estime que le président n’a cessé de jouer sur la peur et l’instabilité croissantes pour obtenir un nouveau scrutin dans l’espoir que l’AKP retrouve sa majorité gouvernementale : « Une seule personne a pris la Turquie en otage avec ses ambitions », a martelé ainsi, jeudi, le porte-parole des sociaux-démocrates du CHP (deuxième force au Parlement), Haluk Koç, dans une critique à peine voilée contre l’homme fort de Turquie.Violents affrontements La presse a fait en outre état ces derniers jours de ministres ou d’officiels hués par la foule lorsqu’ils assistaient aux funérailles de soldats ou de policiers, en signe de désapprobation de l’offensive militaire décidée par le gouvernement contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).La Turquie vit depuis un mois une escalade de la violence marquée par des affrontements quotidiens avec le PKK. Officiellement, Ankara a lancé une « guerre contre le terrorisme », contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) et contre les rebelles kurdes, mais dans les faits, l’aviation turque concentre ses frappes sur le PKK. En réponse, les rebelles kurdes ont rompu un cessez-le-feu avec Ankara en vigueur depuis 2013 et ont repris leurs attaques contre l’armée et la police à travers le pays, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un relevé de la presse turque. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Même pas peur. La démission du premier ministre grec Alexis Tsipras, annoncée jeudi 20 août au soir, et la tenue d’élections législatives anticipées en septembre ne semblent pas inquiéter outre mesure les responsables européens et les représentants des créanciers, qui viennent de valider, il y a à peine une semaine, lors de l’Eurogroupe du 14 août, une aide supplémentaire massive de 86 milliards d’euros sur trois ans à la Grèce. De fait, ce nouveau soubresaut politique était largement anticipé, voire souhaité, par les représentants des créanciers d’Athènes.« La Commission européenne prend note de l’annonce en Grèce. Les clés du succès seront un large support au MOU [Memorandum of Understanding, la liste des conditions sur lesquelles s’est engagé le pays en échange de l’aide] et un respect des engagements » a ainsi tweeté, jeudi soir, Annika Breidthardt, une des porte-parole de la Commission. Le tweet, jeudi soir, du directeur de cabinet du président de la Commission Juncker, Martin Selmayr, est lui aussi sans ambiguïté : « Des élections rapides en Grèce peuvent être le moyen d’élargir le soutien au programme de stabilité du MES [le troisième plan d’aide] que vient juste de signer M. Tsipras ».Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre parti« Etape attendue » « J’espère que les élections vont conduire à un soutien encore plus grand [au plan d’aide] de la part du Parlement grec. Espérons qu’elles auront lieu relativement vite afin que la Grèce puisse, comme prévu, prendre des décisions importantes en octobre », a pour sa part déclaré Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, selon l’agence Reuters. Même type de message de la part d’un de ses collègues, Thomas Wieser, un personnage clé à Bruxelles, qui préside le groupe de travail de l’Eurogroupe. « C’était vraiment une étape attendue », a t-il commenté sur la chaîne de télévision publique autrichienne ORF. « Et pour de nombreuses personnes, cela était une étape voulue pour avoir une structure plus claire dans le gouvernement grec, a-t-il ajouté. Si cela n’avait pas eu lieu, la situation serait devenue plus risquée. »Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis Tsipras« Depuis qu’un tiers des députés du parti Syriza ont voté contre le plan d’aide à Athènes, la semaine dernière, la démission de Tsipras était largement anticipée, ici, renchérit une source diplomatique à Bruxelles. Cette démission est considérée comme une opportunité par les créanciers d’Athènes, qui espèrent que Tsipras sera réélu et que cela va permettre de clarifier la situation politique, d’aboutir à un gouvernement plus cohérent, qui soutienne davantage le plan d’aide et la mise en œuvre des réformes exigées en échange. » Ces élections anticipées étaient même souhaitées depuis des mois, plus ou moins ouvertement, par certains responsables européens, qui y voyaient le moyen de « purger » la coalition gouvernementale grecque de ses éléments les plus radicaux, ceux qui, comme Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances, ont semblé jouer, durant toutes les négociations entre Athènes et ses créanciers, davantage la sortie de la Grèce de la zone euro que son maintien.Lire le portrait :La « star » Varoufakis se cherche un destinL’agenda des réformes bousculé ?Ce nouveau processus électoral ne risque-t-il pas, néanmoins, de compromettre l’agenda très serré du programme d’aide ? Un premier chèque de 13 milliards d’euros a certes été envoyé à Athènes jeudi, pour rembourser la Banque centrale européenne et les arriérés dus au Fonds monétaire international, et 10 autres milliards ont été sécurisés pour recapitaliser les banques hellènes. Mais pour que les autres prêts soient versés, Athènes va devoir, tous les trimestres, se soumettre à une série d’audits.D’ici octobre, Athènes s’est ainsi d’ores et déjà engagée sur une liste impressionnante de « prior actions », de réformes encore à mettre en place. Poursuite de la réforme des retraites, de la simplification du système de TVA, de la collecte des impôts, etc. Un travail administratif considérable en perspective, alors que, d’ici à la tenue des prochaines élections législatives, fin septembre, il est peu probable que le gouvernement intérimaire se lance dans des chantiers d’envergure.Si M. Tsipras se maintient avec une coalition solide, après les élections législatives, il ne lui restera plus que quelques semaines pour mettre en place les « prior actions » avant que les fonctionnaires de la Commission européenne débarquent à Athènes pour leur première « revue » des réformes.« Cet agenda est tenable, estime une source diplomatique, interrogée par Le Monde. Les Grecs ont déjà prouvé qu’ils peuvent constituer un nouveau gouvernement et être opérationnels en un temps record ». L’agence de notation Moody’s, jeudi soir, a néanmoins mis en garde les investisseurs, estimant que « la démission du premier ministre Tsipras et l’appel à des élections législatives anticipées le 20 septembre pourraient accroître les préoccupations concernant la mise en place du programme d’aide, et potentiellement, faire peser un risque sur les futurs versements de prêts [au pays] ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 • Mis à jour le21.08.2015 à 11h39 | Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Un demi-million d’enfants palestiniens ont bien failli ne pas retrouver les bancs de l’école au mois de septembre. Faute de fonds suffisants pour payer ses enseignants, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui gère les 700 établissements disséminés dans les camps de réfugiés de la bande de Gaza, de Cisjordanie, du Liban, de Jordanie et de Syrie, semblait résigné en début de semaine à reporter la rentrée d’au moins un mois. Avec tous les risques de troubles qu’une telle décision, inédite dans la longue histoire de cette organisation fondée en 1949, aurait pu entraîner, dans une région déjà passablement déstabilisée.Mais des contributions financières de dernière minute, en provenance principalement des monarchies du golfe Arabo-Persique, ont permis de conjurer ce scénario de tous les dangers. Jeudi 20 août, dans une déclaration surprise, le commissaire général de l’UNRWA, le Suisse Pierre Krähenbühl, a annoncé que les classes rouvriront comme à l’accoutumée, entre la fin août et mi-septembre, selon les pays. Un soulagement pour les réfugiés palestiniens, qui n’ont souvent que l’éducation pour tenter d’améliorer leur sort. Dans la bande de Gaza, où ils sont 1,2 million, soit un quart de leur nombre total, une cessation de paiement de l’UNRWA, l’un des principaux employeurs de ce territoire où le chômage dépasse 40 %, aurait eu des conséquences dramatiques. La crise s’est dénouée en quarante-huit heures. Entre lundi 17 et mardi 18 août, une donation de 45 millions de dollars (40 millions d’euros), financée à parts égales par les Emirats arabes unis, le Koweït et les Etats-Unis, est arrivée dans les coffres de l’UNRWA. Ce versement, ainsi que les 19 millions de dollars acquittés une semaine plus tôt par l’Arabie saoudite et les chèques, plus modestes, signés par le Royaume Uni, la Suisse et la Norvège, ont épongé les quatre cinquièmes du déficit de l’agence, chiffré à 101 millions de dollars. De quoi lui permettre de redémarrer ses services éducatifs, dans l’espoir que d’ici la fin de l’année, le reste du découvert sera comblé.« On nous incite à émigrer »La semaine dernière, dans le camp de Chatila, à Beyrouth, alors que l’annonce du report de la rentrée scolaire semblait imminente, les réfugiés dénonçaient à l’unanimité un « complot ». « A Chatila, il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, et quasiment pas de travail car la législation libanaise nous barre l’accès à la plupart des professions, expliquait Ziad Himmo, le chef du comité populaire, qui gère ce bidonville lugubre et surpeuplé, en partenariat avec l’UNRWA. Priver nos enfants d’éducation, c’est nous inciter à monter dans un bateau pour la Turquie, à émigrer en Europe et à oublier le droit au retour. »Une référence à la résolution 194 des Nations Unies, le Graal des réfugiés palestiniens, qui leur reconnaît le droit de rentrer sur les terres dont ils ont été chassés en 1948, par les troupes de l’Etat naissant d’Israël. Près de soixante-dix ans après, ce traumatisme national, désigné sous le terme de « Nakba » (« catastrophe » en arabe), continue de modeler les perceptions des réfugiés et de nourrir en eux une forme de suspicion viscérale. « L’UNRWA est le principal témoin de la Nakba, dit Abou Wissam, qui tient une petite boutique, où il rafistole des appareils électroménagers hors d’âge. C’est dans l’intérêt des sionistes de s’en débarrasser ». Dans les bureaux de l’agence à Beyrouth, plutôt que de conspiration, on parle d’épuisement des pays donateurs, dans un contexte d’explosion des besoins humanitaires et d’exacerbation du conflit israélo-palestinien. La concurrence de la crise syrienne, la reconstruction des camps de Gaza, partiellement détruits durant les offensives israéliennes passées et la dépréciation de l’euro ont tous creusé le « trou » de l’UNRWA. « Nous sommes en déficit structurel, concède Matthias Schmale, le directeur de la branche libanaise. Notre budget de fonctionnement annuel est de 680 millions de dollars. Mais le montant des contributions que nous réussissons à garantir d’une année à l’autre avoisine 350 millions ».Acrobaties comptablesCes dernières années, l’organisation onusienne s’en était sortie par des acrobaties comptables, en puisant dans ses réserves, en sollicitant des avances de ses bailleurs les plus fidèles et en repoussant des chantiers de réhabilitation. Mais les réserves se sont épuisées, les bailleurs se sont fatigués et les travaux de maintenance ont dû être lancés. D’où l’intensité de la crise de cette année, que l’enveloppe des pays du Golfe n’a fait qu’amortir momentanément.Au 1er janvier 2016, l’UNRWA fera face à un nouveau déficit, qui reposera la question de sa viabilité. Le suspense sur la rentrée scolaire, habilement entretenu par sa direction, ne fonctionnera pas à chaque fois. A moins que de nouveau Etats n’intègrent le cercle de ses donateurs réguliers, l’agence devra revoir ses prestations à la baisse. Faute d’argent, elle a déjà cessé de verser aux Palestiniens de Syrie venus se réfugier au Liban le pécule de 100 dollars qu’ils utilisaient chaque mois pour se loger. « Nous savons que dans le camp de Eïn Al-Helw [à Saïda, dans le sud du Liban], des éléments extrémistes, proches de l’Etat islamique, tentent de recruter des Palestiniens, prévient Matthias Schmale. Investir dans l’UNRWA, c’est investir dans la sécurité et la stabilité de la région. »Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h31 • Mis à jour le21.08.2015 à 10h33 Alors qu’Ankara a lancé il y a un mois une vaste offensive contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’agence gouvernementale turque Anatolie a affirmé, vendredi 21 août, que l’armée turque aurait tué 771 rebelles kurdes. Des chiffres impossibles à vérifier, l’agence basant généralement ses informations sur des sources de renseignements militaires.Dans le détail, Anatolie a précisé que les nombreux raids de l’aviation turque contre les bases arrières du PKK dans le nord de l’Irak avaient tué 430 rebelles. Dans les opérations menées sur le sol turc, 260 membres de la guérilla kurde ont été tués, a affirmé Anatolie. Les autres seraient décédés des suites de leurs blessures.« Guerre contre le terrorisme »Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le PKK, mettant ainsi fin à une trêve en vigueur depuis 2013, et les combattants de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Mais les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur la guérilla kurde, seuls trois d’entre eux ayant été jusqu’à présent officiellement signalés contre l’EI.De son côté, le PKK a repris ses attaques contre l’armée et la police à travers la Turquie, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un décompte de la presse turque. Des hommes armés ont attaqué, vendredi matin, un poste de police du quartier populaire d’Esenyurt à Istanbul, sans faire de blessés, a rapporté l’agence de presse Dogan. Gaëlle Picut Eurofound, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, a publié, en juillet dernier, un rapport intitulé "Revalorisation ou polarisation ? Les changements de la structure de l’emploi à long terme et au niveau mondial". Il s’est notamment intéressé aux emplois qui ont le plus été détruits et ceux qui ont connu les plus forts taux de croissance dans l’Union européenne, durant la période post crise, c’est-à-dire entre 2011 et 2014 . L’objectif consiste à évaluer dans quelle mesure les changements récents ont un effet polarisant, causé par une baisse des emplois à rémunération moyenne, ou revalorisant, du fait de la croissance des emplois à haute rémunération. Sur cet intervalle de trois ans, la croissance de l’emploi dans l’UE a présenté une polarisation asymétrique : les emplois bien rémunérés ont connu la plus forte croissance ; l’évolution a été modeste pour les emplois les moins rémunérés et la catégorie des salaires moyens a connu une baisse de l’emploi.Le rapport rappelle qu’un quart de l’emploi de l’UE est concentré dans seulement 11 métiers et la moitié dans environ 60. Les deux types de professions employant le plus de personnes sont les travailleurs dans le commerce de détail (12 millions) et les professionnels de l’enseignement (9,6 millions). Durant la période 2011-2014, ces salariés ont eu un emploi stable, avec une augmentation très modeste pour ceux dans l’enseignement.  Dans le même temps, les plus grandes pertes d’emplois en absolu et en relatif ont continué à se produire dans le secteur de la construction, avec des baisses annuelles comprises entre 3,4% et 5,2% selon les métiers, et dans celui de l’industrie. Huit millions d’emplois ont ainsi été détruits pendant la période 2008-2013. Cette diminution constante de l’emploi dans ces deux grands secteurs d’activité a été le principal facteur de polarisation observé durant la crise.Les emplois liés aux services à la clientèle dans le secteur financier ont également connu une forte baisse relative. Des emplois publics ont également été détruits, montrant ainsi la pression sur la masse salariale et les contraintes budgétaires accrues dans la fonction publique depuis 2011. Enfin, dans les 10 métiers qui ont le plus diminué entre 2011 et 2014, on trouve des emplois du secteur du commerce de détail et de gros, des destructions s’expliquant par le développement des nouvelles technologies et du commerce en ligne.Les croissances relatives les plus fortes se situent dans les services, notamment du côté des professionnels de la santé et des services aux particuliers, mais également dans le secteur de l’information et de la communication et du consulting.Depuis le deuxième trimestre 2013, le niveau d’emploi net dans l’UE a amorcé une reprise, avec une hausse d’1,8 million au 2ème trimestre 2014. Néanmoins, le niveau global de l’emploi dans l’UE accuse encore un différentiel négatif de quatre millions par rapport au niveau du début de la crise il y a six ans.Une progression de l’emploi temps partielDans certains pays européens, notamment au Royaume-Uni, les emplois de services faiblement rémunérés ont représenté une grande part de la croissance récente. "Cette situation agite le spectre de la croissance de l’emploi à faible productivité, dans laquelle la production et, en fin de compte, le niveau de vie n’augmentent pas en dépit d’une augmentation des opportunités d’emploi", écrivent les auteurs du rapport. On assiste également à une forte croissance récente de la part de l’emploi à temps partiel. Aujourd’hui, les services représentent 7 emplois sur 10 en Europe. Il y a eu 2,8 millions nouveaux emplois nets dans le secteur des services en 2014 par rapport à 2011. Parallèlement, les emplois à haute rémunération continuent de progresser.Le rapport conclut que si l’on classe les emplois de l’UE en cinq catégories de taille égale (quintiles) en fonction du salaire, il apparaît manifestement que la croissance de l’emploi à durée indéterminée et à temps plein est de plus en plus confinée au quintile supérieur, les emplois bien rémunérés ; dans tous les autres quintiles de la répartition des salaires, elle est en baisse.A noter que France Stratégie, aussi appelé Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), a également publié le 24 août un document de travail intitulé "La polarisation des emplois : une réalité américaine plus qu’européenne ?" (mais qui ne prend pas en compte les données du dernier rapport d’Eurofound). Selon son auteure, "la polarisation des emplois est avérée sur longue période aux Etats-Unis mais apparaît moins évidente en Europe" . Elle estime que "la réversibilité ou l’accentuation de la polarisation – dont la réalité est à nuancer – reste donc posée et constitue une interrogation majeure pour l’avenir".Gaëlle PicutJournaliste au Monde Florence de Changy Le mystère du vol MH 370 est encore loin d’être résolu. Après quinze jours d’analyses, il n’y a toujours aucune certitude quant à l’identité précise du morceau de voilure de Boeing 777 retrouvé le 29 juillet sur une plage de l’île de La Réunion, même si tout porte à croire qu’il s’agit d’un morceau du Boeing immatriculé 9M-MRO qui assurait le vol MH 370 le 8 mars 2014 entre Kuala Lumpur et Pékin et qui a disparu des écrans radar après quarante minutes de vol, avec 239 personnes à bord.Selon un proche du dossier, les experts participant aux travaux d’analyse n’ont pas pu conclure de manière définitive que cette partie de voilure – un flaperon – appartient bien au Boeing disparu. Le gouvernement australien a annoncé le 19 août que la première partie des analyses qui ont eu lieu au laboratoire de la Direction générale de l’armement-Techniques aéronautiques (DGA-TA) de Balma, dans la région de Toulouse, était terminée.« Les autorités françaises communiqueront sur les progrès réalisés en temps voulu, en consultation avec la Malaisie », indique le communiqué du centre australien de recherches (Joint agency coordination center). Depuis le 17 mars 2014, c’est l’Australie qui dirige les recherches du Boeing malaisien dans la zone de l’océan Indien identifiée comme la plus probable du crash.Lire aussi :Un an après, l’improbable disparition du MH370Pas de plaque d’immatriculationIl semblerait que les experts attendent à présent le « retour de vacances » de plusieurs intervenants pour la prochaine étape des analyses. Notamment celui d’un important sous-traitant espagnol qui aurait fourni au moins une des pièces détachées numérotées trouvées dans le flaperon. Si ce sous-traitant était en mesure de confirmer l’historique de la vente de cette pièce, il pourrait enfin lever les doutes qui demeurent sur l’identité du flaperon.Car, selon les informations données aux familles au tout début de l’enquête, les experts n’ont pas trouvé la plaque d’immatriculation du flaperon. Quant aux travaux de maintenance que Malaysia Airlines a indiqué avoir effectués sur le flaperon, ils ne correspondaient pas exactement à ceux observés sur la pièce trouvée. Les recherches terrestres et aériennes sur les côtes de la Réunion ont désormais cessé sans avoir identifié d’autres débris potentiels.Le résultat final des analyses françaises pourrait en fait aboutir à trois conclusions : oui, non ou peut-être. La conclusion qui prévaut pour le moment est celle du peut-être. Si rien ne prouve définitivement que ce flaperon était bien une pièce de cet avion-là (comme sa plaque d’identification), et que rien ne prouve non plus que ce n’est pas une pièce du MH370 (comme la plaque d’immatriculation d’un autre 777), le flaperon ne pourra pas être formellement associé au MH370. Il le sera néanmoins par déduction logique, partant du principe que l’avion du vol MH370 est le seul Boeing porté disparu.Mais les informations qu’il livrera sur la chute ou le choc enduré par l’avion au moment du crash seront toujours teintées d’un certain degré de doute. Le bon état et la taille du morceau de flaperon trouvé ont déjà accrédité la thèse d’un amerrissage contrôlé suivi d’une immersion de l’avion plus ou moins « en un morceau ». Ce scénario proposé par un « expert en satellites malaisien » a été promu par l’agence de presse malaisienne Bernama.Le scénario du ouiLe scénario du non est le plus improbable. Il faudrait que les analyses ou les informations livrées par les sous-traitants permettent d’associer ce flaperon à un autre Boeing 777, hors d’usage. Depuis une dizaine d’années Boeing et Airbus « déconstruisent » plutôt qu’ils ne « détruisent » leurs avions en fin de vie pour réutiliser des pièces sur d’autres appareils. Le recyclage « est en passe de devenir une spécialité professionnelle à part entière », écrit le président de Boeing France, Yves Galland, dans le livre Révolution aéronautique, le défi de l’environnement (Pearson, 2008). Il s’agit pour les avionneurs de limiter le développement d’un marché noir de pièces détachées.Reste le scénario du oui, qui prévaudra si l’on trouve des preuves formelles de l’appartenance du flaperon trouvé au Boeing du vol MH370. L’enquête pourra alors faire des progrès sur des bases solides. Un scénario fortement mis en avant par les autorités malaisiennes : le premier ministre malaisien, Najib Razak, appuyé par la compagnie Malaysia Airlines, avait affirmé, dès le 5 août, qu’il s’agissait bien d’un morceau du MH370.Les deux familles des quatre citoyens français disparus dans l’accident doivent être reçues début septembre à l’Elysée par le président de la République.Florence de ChangyJournaliste, corrrespondante à Hong KongSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (à Berlin), Salvatore Aloïse (à Rome) et Eric Albert (à Londres) Les débats sur l’afflux de migrants butent sur les mêmes problèmes de sémantique, un peu partout en Europe. Avec les mutations des phénomènes migratoires, les mots changent. En Allemagne, les deux expressions les plus utilisées sont « Flüchtlinge » – les réfugiés – et « Asylbewerber » – les demandeurs d’asile –, qui parlent de ces étrangers qui fuient un danger.Les années précédentes, c’était le terme d’« Einwanderer », les immigrés, qui était au centre des débats. Un mot qui avait succédé au sinistre « Gastarbeiter », ces « travailleurs invités » grâce auxquels l’Allemagne a assuré sa prospérité de 1955 à la fin des années soixante. L’expression reconnaissait cyniquement que ces hommes issus de Turquie et du bassin méditerranéen n’étaient perçus que comme une main-d’œuvre invitée… à repartir. Mais ces hommes sont restés, posant la question de l’intégration des Allemands avec « Migrationshintergrund » - « issu de l’immigration ». Un terme qui fait aussi débat.Lire sur Les Décodeurs :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?« Immigré » forcément « illégal »Au Royaume-Uni, le mot « migrant » a longtemps été le plus neutre de tous pour parler des gens qui migrent vers l’Europe. Mais avec ce qui est appelé la « crise des migrants », le ton général des médias et de la classe politique britannique a pris une connotation très négative. Une étude du vocabulaire utilisé dans les journaux britanniques entre 2010 et 2012, réalisée par l’université d’Oxford, montre que le mot « immigré » est quatorze fois plus souvent associé à « illégal » que celui de « migrant ».C’est en train de changer. La réflexion sur les mots employés et leur caractère négatif a été lancée par la chaîne Al-Jazira qui a annoncé qu’elle n’utiliserait plus le mot de « migrant », trop péjoratif, et lui préférerait celui de « réfugié ». Lindsey Hilsum, journaliste à Channel 4, a fait de même. Selon elle, « migrant » même s’il a l’avantage de la neutralité, le terme a progressivement été dévoyé. Elle aussi va désormais choisir « réfugié » de façon plus systématique.En Italie, le terme généralement employé est celui de « migrants » qui permet de ne pas devoir spécifier s’il s’agit de réfugié ou pas. Le changement sémantique plutôt récent : le sociologue Ilvo Diamanti le fait remonter à la période qui a suivi la visite du Pape à Lampedusa en juillet 2013. C’est à ce moment-là, dit-il, que la presse cesse de parler de « clandestins » – ce que continue à faire, pratiquement seule, la xénophobe Ligue du Nord. À la fin des années 1980, l’Italie avait pris douloureusement conscience de n’être plus terre de migration mais d’accueil, désignant ses étrangers comme des « extra-communautaires » et des « vucumpra » – c’est-à-dire la formule « vuoi comprare? » (« tu veux acheter ? »), mal prononcée par les vendeurs à la sauvette étrangers. Ces termes sont devenus aujourd’hui imprononçables.Lire aussi :Migrants : le silence gêné des politiquesFrédéric Lemaître (à Berlin)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteEric Albert (à Londres)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSalvatore Aloïse (à Rome)Journaliste au Monde 26.08.2015 à 11h48 Oshkosh Defense, branche d’Oshkosh Corporation spécialisée dans la fabrication de véhicules militaires, a obtenu de l’armée américaine un contrat pour construire le véhicule qui pourrait, à l’avenir, remplacer le célèbre Humvee, comme le rapportait le Washington Post, mardi 26 août.Ce contrat, qui pourrait s’élever à plus de 30 milliards de dollars (26 milliards d’euros), devrait permettre à Oshkosh de travailler pour l’armée jusqu’en 2040 et construire près de 50 000 véhicules pour l’armée de terre et 5 500 pour les marines.Un premier contrat de 6,7 milliards de dollars (5,8 milliards d’euros) prévoit la production de 17 000 véhicules pour le programme JLTV (joint light tactical vehicle), qui doit permettre le remplacement progressif des véhicules actuels. La production devrait débuter début 2016 pour une livraison attendue des premiers véhicules en 2018.L’armure d’un tank, l’agilité d’une jeepOshkosh Defense a remporté le contrat contre d’autres géants américains de la défense : Bethesda, Lockheed Martin et AM General, producteur du fameux Humvee, utilisé sur le terrain depuis 1989.Contrairement au Humvee, le JLTV aura une armure protectrice digne d’un tank et l’agilité d’une jeep, tout en étant capable de transporter d’importantes cargaisons. L’augmentation des victimes dues aux explosions de bombes posées en bord de route, comme en Irak et en Afghanistan, avait déjà poussé l’armée à renforcer l’armure des Humvee et à introduire sur le terrain des MRAP (mine resistant ambush protected vehicle), plus résistants, et déjà produits par Oshkosh.Si le Humvee sera encore utilisé pendant quelques années, sa suppression est toutefois attendue. Alors que, à l’instar de la jeep, il a également connu une belle carrière commerciale en dehors de l’armée, sa production a déjà largement baissé depuis qu’il est devenu un symbole des véhicules énergivores. 26.08.2015 à 05h28 • Mis à jour le26.08.2015 à 16h08 La chancelière allemande avait décidé de se rendre, mercredi 26 août, dans un foyer de réfugiés à Heidenau, dans la Saxe, pour dénoncer la série d’actes xénophobes visant ce lieu d’accueil et d’autres du même type ces derniers jours.Huée à son arrivée par une centaine de personnes réunies à l’appel de l’extrême droite, Mme Merkel a ensuite pris la parole pour dire qu’il n’y aura « aucune tolérance » en Allemagne pour ceux qui se livrent à des agressions « abjectes » et « honteuses » et « qui remettent en cause la dignité d’autrui ». Le centre de Heidenau, près de la frontière avec la République tchèque, a été incendié au cours du week-end par une foule menée par des néo-nazis.Il s’agit de la première visite de Mme Merkel dans un foyer de réfugiés depuis que la crise migratoire européenne s’est aggravé. Dans le même temps, le président Joachim Gauck a visité un centre d’accueil à Berlin pour remercier les bénévoles qui y travaillent. Le gouvernement allemand a été très critiqué pour son manque d’empressement à se saisir du dossier, alors que son pays s’attend à recevoir 800 000 demandes d’asile en 2015, soit quatre fois plus que l’an dernier. Un afflux composé en grande partie de personnes fuyant leur pays en guerre, comme la Syrie, l’Afghanistan ou l’Irak.Ces arrivées massives ont cristallisé la tension dans le pays. Dans la nuit de mardi à mercredi, des incidents plus ou moins graves ont été recensés dans l’est du pays, notamment à Leipzig. La veille, c’est un gymnase qui devait servir de local d’accueil pour une centaine de réfugiés à partir de septembre, près de Berlin, qui a été totalement détruit par les flammes.Lire aussi :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?Tentatives de coordonner la politique européenneSilencieuse dans un premier temps, la chancellerie semble avoir désormais pris conscience de l’ampleur de la crise. Berlin a annoncé mardi avoir renoncé à renvoyer les Syriens vers leur pays d’entrée dans l’UE, une mesure discrètement mise en œuvre de longue date. Cette remise en cause des accord dits de Berlin est le « seul cas dont nous avons connaissance parmi les Etats membres », a commenté à Bruxelles la porte-parole de la Commission européenne, Natasha Bertaud, qui s’est félicitée d’un « acte de solidarité européenne ».Jeudi, l’ensemble des pays de l’espace Schengen concernés doivent se réunir à Vienne. L’Autriche, très touchée par cet afflux migratoire, doit proposer lors du sommet un plan d’action en cinq points. Celui-ci prévoit d’intensifier la lutte contre les réseaux de passeurs, une répartition « plus équitable » des réfugiés entre les pays de l’UE, une coopération sécuritaire renforcée, une aide aux pays d’origine des migrants et une « stratégie d’asile à l’échelle européenne ».La France et l’Allemagne, tout en demandant une politique européenne commune en matière d’accueil de migrants, ont critiqué l’Italie et la Grèce, leur reprochant de ne pas chercher à identifier les arrivants et permettant à nombre d’entre eux de poursuivre leur route pour déposer ailleurs leur demande d’asile.Les accords de Dublin obligent en effet les demandeurs d’asile à déposer leur dossier dans le premier pays européen où ils ont été enregistrés. Dans un entretien au quotidien Corriere della Sera, le ministre des affaires étrangères italien, Paolo Gentiloni, a rejeté ces critiques et appelé à revenir sur ces accords. Il estime que « l’Italie fait ce qu’elle doit faire », et décrit son pays comme « un modèle positif au niveau international ».« L’Europe a besoin d’aller dans la direction exactement opposée à celle qui consiste à taper sur les pays situés sur sa frontière extérieure. (…) Cela peut sembler ambitieux, mais (…) c’est la seule voie possible. Les migrants arrivent en Europe, pas en Italie, en Grèce, en Allemagne ou en Hongrie. Au train où vont les choses, on risque de remettre Schengen en cause et de revenir aux anciennes frontières. » 26.08.2015 à 02h47 • Mis à jour le26.08.2015 à 10h59 La Serbie et le Kosovo sont parvenus à un accord « historique » dans plusieurs secteurs clés, mardi 25 août, ce qui représente une avancée majeure dans la normalisation des relations entre les deux pays depuis la guerre et la déclaration unilatérale d’indépendance de Pristina, selon l’Union européenne.Le premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, et son homologue du Kosovo, Isa Mustafa, ont passé un accord dans quatre domaines dont l’énergie et les télécommunications, a annoncé la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, qui supervise les négociations.Sommet des pays des Balkans jeudi« L’aboutissement de ce jour représente une réussite historique dans le processus de normalisation, souligne l’ancienne ministre des affaires étrangères italienne dans un communiqué. Les solutions trouvées aujourd’hui bénéficient concrètement aux populations et en même temps permettent aux deux pays d’avancer sur le chemin de l’Europe. »L’accord intervient avant un sommet qui doit réunir jeudi à Vienne les dirigeants des pays des Balkans de l’Ouest et Mme Mogherini, dans un climat d’inquiétude en raison de la crise migratoire et des tensions avec la Russie.La Serbie et le Kosovo entretiennent des relations difficiles depuis le conflit armé qui a opposé les forces de Belgrade à une guérilla indépendantiste au Kosovo en 1998-1999, poussant l’OTAN à intervenir au printemps 1999. Les bombardements aériens avaient provoqué le retrait des forces serbes, et le Kosovo a déclaré son indépendance en 2008. Le pays a été reconnu par l’UE.Nouveau système judiciaire dans le nord du KosovoEn 2013, Pristina et Belgrade ont signé un accord de normalisation sous l’égide de l’Union européenne, ouvrant la voie un an plus tard à des pourparlers pour l’entrée de la Serbie dans l’Union européenne.Lire : La Serbie et le Kosovo normalisent leurs relations sous la pression de l'UEL’accord de mardi comprend la mise en place d’un système judiciaire dans le nord du Kosovo qui soit acceptable à la fois pour la minorité serbe et les Kosovars d’origine albanaise, majoritaires.Il comprend également un volet sur l’énergie, un plan de modernisation du système de télécommunications et un accord sur le pont de Mitrovica, disputé par les deux populations qui composent cette ville du nord du Kosovo.Lire :Au Kosovo, la désillusion face à la tutelle européenne 25.08.2015 à 20h21 • Mis à jour le26.08.2015 à 12h50 | Alexandre Pouchard Migrants ou réfugiés ? Le débat sémantique s’installe en Europe pour savoir comment qualifier les milliers de personnes qui arrivent quotidiennement sur les côtes méditerranéennes. Le premier terme est fustigé pour ne pas refléter la détresse de ceux qui, le plus souvent, fuient un conflit.Le média qatari Al-Jazira a ainsi annoncé le 20 août qu’il n’utilisera plus que le mot « réfugié » dans le contexte méditerranéen :« Le terme parapluie “migrant” ne suffit désormais plus pour décrire l’horreur qui se déroule en mer Méditerranée. Il a évolué depuis ses définitions de dictionnaire, pour devenir un outil péjoratif qui déshumanise et distance. (…) C’est un mot qui ôte la voix aux personnes qui souffrent. »Al-Jazira rappelle que la plupart de ces personnes viennent de Syrie − où une terrible guerre civile se déroule depuis quatre ans −, d’Afghanistan, d’Irak, de Libye, d’Erythrée ou de Somalie, « autant de pays dont les ressortissants obtiennent généralement l’asile ».Alors que d’autres médias s’interrogent, à l’image du Guardian, et que le débat prête le flanc aux interprétations politiques, quelles réalités recouvrent les définitions des termes « migrant » et « réfugié » ?Lire aussi :Le « migrant », nouveau visage de l’imaginaire françaisTout réfugié est un migrant…En droit international, le « réfugié » est le statut officiel d’une personne qui a obtenu l’asile d’un Etat tiers. Il est défini par une des conventions de Genève (« relative au statut des réfugiés »), signée en 1951 et ratifiée par 145 Etats membres des Nations unies :« Le terme “réfugié” s’appliquera à toute personne (…) qui, craignant d’être persécutée du fait de sa race [son origine], de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. »Ce statut peut être « perdu » si la situation dans son pays a changé, si la personne y est retournée volontairement ou encore si elle a changé de nationalité.Une demande d’asile est normalement individuelle. Est donc réfugiée toute personne qui a demandé l’asile et est reconnue par un Etat comme ayant fui son pays en raison de menaces sérieuses pour sa vie. Cette condition doit normalement être argumentée : le réfugié doit apporter à son Etat d’accueil la preuve de ces menaces.Le cas spécifique des conflits généralisés. Ces dernières années, les réfugiés en Europe ou au Moyen-Orient sont principalement des Syriens, Afghans, Irakiens ou encore des Libyens. Autant de pays en proie à des guerres civiles largement reconnues sur le plan international. Dans le cas d’afflux massifs d’habitants fuyant des combats, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) reconnaît que « la capacité de mener un entretien personnel d’asile avec chaque personne ayant traversé la frontière n’est pas suffisante – et ne le sera jamais. Cela ne s’avère d’ailleurs pas nécessaire dans la mesure où, dans de telles circonstances, la raison de leur fuite est généralement évidente ». Ces groupes sont alors dits réfugiés prima facie, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas besoin d’apporter la preuve de persécutions.Dans une note d’octobre 2013 consacrée à la Syrie, le HCR déclare donc qu’il reconnaît comme « réfugié » toute personne fuyant le pays et correspondant à des profils parfois très spécifiques (opposants, journalistes) mais aussi très larges : enfants pouvant être menacés par des actes de violence, femmes risquant d’être violées ou mariées de force, personnes appartenant à un groupe religieux ou un groupe ethnique… ce qui recoupe toute la population. Les soutiens du gouvernement, traqués par les rebelles, sont également inclus. Seuls les individus reconnus comme ayant commis des actes de violence sont exclus de cette disposition.… mais tous les migrants ne sont pas des réfugiésLe dictionnaire Larousse définit un « migrant » comme toute personne qui effectue une migration, c’est-à-dire qui se déplace volontairement dans un autre pays ou une autre région « pour des raisons économiques, politiques ou culturelles ». Le Petit Robert restreint la raison de ces déplacements au fait de « s’établir ».Dans les faits, les milliers de personnes ayant traversé la mer Méditerranée sont bien des migrants, car ils se sont déplacés d’un pays à un autre, même d’un continent à un autre. Parmi eux se trouvaient des personnes considérées comme réfugiés par le HCR (comme les Syriens). Les autres, de nationalités diverses, quittant un pays en développement pour chercher une vie meilleure en Europe, sont dits « migrants économiques » car « ils font le choix du déplacement pour de meilleures perspectives pour eux et pour leurs familles », explique le HCR. Les réfugiés, quant à eux, sont « dans l’obligation de se déplacer s’ils veulent sauver leur vie ou préserver leur liberté ».Ce sont les migrants économiques qui sont généralement ciblés par les politiques dures en matière d’immigration. Le HCR regrette depuis plusieurs années que des mesures soient « appliquées de manière indiscriminée et rendent très difficile, sinon impossible, l’entrée des réfugiés dans un pays où ils pourraient trouver la sécurité et le soutien dont ils ont besoin, et auxquels ils ont droit en vertu du droit international ».Malgré tout, considérant que la majorité des migrants traversant la Méditerranée « viennent de pays en guerre ou en proie à des violences et des persécutions (Syrie, Afghanistan, Irak, Erythrée) », le HCR, contacté par Le Monde, décrit le mouvement massif vers l’Europe comme « une crise de réfugiés ». Il utilise toutefois les deux termes, réfugiés et migrants, pour décrire la population dans son ensemble, assurant par exemple que, « jusqu’à aujourd’hui, 292 000 réfugiés et migrants sont arrivés par la mer en Europe en 2015 ».L’utilisation des deux termes est également le parti pris des organisations telles qu’Amnesty International, Human Rights Watch ou encore la Cimade en France. Cette dernière fournit un accompagnement juridique aux migrants et tient, sauf exception, à privilégier le vocabulaire précis : des demandeurs d’asile peuvent être déclarés réfugiés en cas de réponse positive. « Le terme de “réfugié” est très précis dans le droit international, alors nous ne l’utilisons que dans ce contexte, explique Louise Carr, du programme des personnes déracinées à Amnesty International. Mais il est vrai que le terme “migrant” est de plus en plus connoté péjorativement et recoupe beaucoup de situations très diverses. »L’asile constitutionnel et la « protection subsidiaire » comme alternativesLe statut de réfugié n’est pas le seul possible pour des demandeurs d’asile. La France, par le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 – à laquelle le préambule de la Constitution de 1958 fait référence –, reconnaît l’asile constitutionnel. Il peut être octroyé « à toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté ».Par transposition de règles européennes, la France peut aussi accorder une « protection subsidiaire » à toute personne ne remplissant pas les conditions d’octroi du statut de réfugiés mais étant menacée de peine de mort, de traitements inhumains ou dégradants ou de « violence aveugle résultant d’une situation de conflit armé interne ou international ».Lire aussi sur les Décodeurs : Etrangers, regroupement familial, séjour... Petit lexique de l'immigrationAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.08.2015 à 12h11 • Mis à jour le02.08.2015 à 15h39 La Malaisie fait appel à l’aide des territoires proches de La Réunion afin d’étendre la zone de recherche. Le ministre des transports malaisien a affirmé, dimanche 2 août, que le département de l’aviation civile avait appelé les autorités de ces Etats à « mener une enquête plus approfondie sur les possibles débris qui arriveraient à terre, qui fourniraient des indices supplémentaires sur l’avion disparu. »Un débris d’aile d’avion a en effet été retrouvé sur une plage de l’île de La Réunion, mercredi. Reste à savoir s’il appartient au Boeing 777 de la Malaysia Airlines disparu le 8 mars 2014.« Chasse au trésor »Les projecteurs sont désormais braqués sur le laboratoire d’analyses techniques de Toulouse chargés d’expertiser la pièce, arrivée samedi. Les investigations débuteront mercredi après-midi, en présence d’experts malaisiens et de Boeing notamment.Lire aussi :MH370 : les questions que pose la découverte d’un débris à La RéunionSur le littoral de l’île de La Réunion, « une sorte d’esprit ‘chasse au trésor’ est en train de s’installer et on nous appelle pour tout et parfois n’importe quoi », a indiqué une source proche de l’enquête. Des informations faisaient état, dimanche matin, de nouveaux « débris métalliques » découverts par des badauds, puis remis aux forces de l’ordre, mais il s’agissait en fait de morceaux de ferraille.  02.08.2015 à 09h19 • Mis à jour le02.08.2015 à 10h58 Deux soldats turcs ont été tués et 24 autres blessés dans un attentat-suicide perpétré dans la nuit de samedi 1er août à dimanche par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont annoncé les services du gouverneur local de la région d’Agri, dans l’est de la TurquieL’attaque, commise au moyen d’un tracteur transportant deux tonnes d’explosifs, a visé un poste de gendarmerie dans les environs de la ville de Dogubayazit, a précisé le bureau du gouverneur.Il s’agit du premier attentat-suicide de ce type signalé dépuis la reprise du cycle de violences entre la rébellion kurde du PKK et les forces turques.Raids massifsDans une autre attaque dimanche attribuée au PKK, un soldat turc a été tué et quatre ont été blessés lorsqu’une mine a explosé au passage d’un convoi militaire sur une route de la province de Mardin, dans le sud-est du pays.Lire aussi :La présidence du Kurdistan irakien demande le départ du PKKDepuis le déclenchement le 22 juillet d’attaques quotidiennes par le PKK, au moins 17 membres des forces de l’ordre turques ont été tués et plusieurs dizaines, blessés. L’armée turque mène de son côté des raids massifs contre les positions de la guérilla dans les montagnes du nord de l’Irak. Au moins 260 combattants kurdes ont été tués et près de 400 blessés dans ces raids, selon une source officielle turque. Une dizaine de membres du PKK ont, en outre, été tués dans les affrontements avec l’armée survenus sur le sol turc. 02.08.2015 à 02h59 • Mis à jour le02.08.2015 à 11h28 Le gouverneur Jerry Brown a décrété l’état d’urgence en Californie vendredi 31 juillet, alors que les violents incendies qui ravagent le nord de l’Etat ont coûté la vie à un pompier et forcé des centaines de personnes à quitter leur domicile.Dimanche matin, environ 8 000 pompiers, aidés par la garde nationale californienne appelée en renfort, tentaient toujours de maîtriser une vingtaine d’incendies principaux, la plupart démarrés par la foudre. Deux d’entre eux ont provoqué la fermeture de plusieurs kilomètres d’autoroutes, ont précisé les autorités.La tâche des soldats du feu est d’autant plus compliquée que la Californie est confrontée à une sécheresse historique depuis quatre ans. « La sévère sécheresse et le climat extrême ont transformé quasiment tout l’Etat en poudrière », a commenté Jerry Brown dans un communiqué tard vendredi soir. « Nos courageux pompiers sont en première ligne et nous ferons tout notre possible pour les aider ».Le corps de David Ruhl, 38 ans, originaire du Dakota du Sud, a été retrouvé sans vie vendredi, au lendemain de sa disparition alors qu’il luttait contre un feu qui s’étend sur 325 hectares dans la forêt nationale de Modoc, située à quelques centaines de kilomètres de l’Oregon, l’Etat frontalier de la Californie au nord.« Marathon »Le plus gros incendie fait rage dans la région de Lower Lake au nord de San Francisco, où trois maisons ont été détruites. 450 bâtiments supplémentaires sont menacés par le feu qui n’est maîtrisé qu’à 5 % et se propage rapidement. Depuis plusieurs semaines, les pompiers ont réussi à éteindre de nombreux incendies, sans parvenir à enrayer le rythme des départs de feu. « C’est un marathon, pas un sprint. Seule l’arrivée d’importantes précipitations pourra faire la différence », a déclaré samedi Ken Pimlott, chef du département californien pour les forêts et contre les incendies, à USA Today.Les autorités californiennes craignent un record d’incendies cette année si la sécheresse extrême persiste. Plus de 3 400 feux se sont déclarés en Californie depuis le début de l’année, soit plus de 1 000 de plus qu’au cours de ce qui est considéré comme une année moyenne, a souligné Daniel Berlant, porte-parole de Calfire, l’organisme gouvernemental de prévention des feux. C’est également déjà 900 feux de plus que l’an dernier à la même époque.Lire :La côte ouest des Etats-Unis en proie à de spectaculaires incendies 01.08.2015 à 20h00 • Mis à jour le01.08.2015 à 20h02 La police finlandaise a annoncé samedi 1er août avoir procédé à une trentaine d’arrestations après que des violences eurent émaillé un défilé de néonazis à Jyväskylä, une ville du centre de la Finlande.La marche du Mouvement de résistance finlandais (SVL), d’obédience national-socialiste, avait rassemblé une quarantaine de personnes dans le calme jusqu’à ce que certains de ses participants s’en prennent à des passants et entravent le travail de la police, a indiqué cette dernière. Elle n’a pas fait état de blessés, mais a dit envisager des mises en examen pour émeutes et agressions.Réaction à une manifestation pour le multiculturalismeCes incidents surviennent quatre jours après une manifestation en faveur du multiculturalisme qui a rassemblé plus de 10 000 personnes dans la capitale, Helsinki. Les manifestants s’étaient mobilisés en réaction aux propos d’un député des Vrais Finlandais — la droite populiste au pouvoir au sein d’une coalition — qui a écrit sur Facebook qu’il « rêv[ait] d’une nation forte et brave qui allait vaincre ce cauchemar appelé multiculturalisme ».Deuxième formation de Finlande, le parti s’est d’abord construit sur le rejet de l’immigration, puis sur celui de l’intégration européenne. Le député en question, Olli Immonen, avait aussi posé en juin avec des membres du SVL.Du fait de la barrière de la langue et de la faiblesse des incitations, l’immigration reste relativement faible en Finlande. Selon les statistiques officielles, un peu plus de 300 000 personnes ont des « origines étrangères », soit 5,5% de la population. Plus de la moitié d’entre elles sont européennes, d’origine russe ou estonienne, principalement.Lire aussi notre reportage :En Finlande, scène de racisme ordinaire à Lieksa 01.08.2015 à 17h36 • Mis à jour le02.08.2015 à 10h51 Des échauffourées entre Palestiniens et armée et colons israéliens ont à nouveau secoué la Cisjordanie occupée samedi 1er août, au lendemain d’une journée meurtrière marquée par la mort de trois jeunes Palestiniens, dont un bébé brûlé vif par des extrémistes juifs.Les funérailles d’une des trois victimes, Laith Khaldi, 16 ans, touché mortellement par une balle de l’armée israélienne, ont dégénéré samedi après-midi. Des dizaines de jeunes du camp de Jalazoun, en bordure de Ramallah, ont jeté des pierres sur des soldats qui répliquaient à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes et de tirs de balles de caoutchouc. Le calme était cependant revenu à Jérusalem, écrasée sous un soleil de plomb, après une nuit émaillée de heurts qui ont fait une dizaine de blessés palestiniens.Ce nouveau cycle de violences a débuté vendredi à l’aube, lorsque des hommes masqués ont lancé des cocktails Molotov par la fenêtre de la maison de la famille Dawabshah, dans un village palestinien du nord de la Cisjordanie occupée. Ali, 18 mois, est mort brûlé vif. Ses deux parents, Saad et Riham, et son frère, Ahmed, quatre ans, sont entre la vie et la mort. Saad Dawabshah, brûlé au troisième degré sur 90 % du corps, est dans « un état critique », a indiqué l’hôpital israélien de Beer-Sheva. Son épouse et son fils sont « dans un état très grave et leurs vies sont en danger », selon l’hôpital Tel Hashomer de Tel-Aviv.Lire aussi notre reportage :Cisjordanie : « Les deux enfants étaient à l’intérieur, c’était impossible d’entrer »Cette attaque, menée par des « terroristes juifs », selon les mots, d’une rare dureté, des autorités israéliennes, est la dernière d’une longue liste de violences de l’extrême droite israélienne et des colons. Mercredi, Israël détruisait deux maisons en construction dans la colonie de Beit El, près de Ramallah – mais annonçait en construire « immédiatement » 300 autres. Deux jours plus tard, la maison des Dawabshah était attaquée et les assaillants recouvraient les murs d’une étoile de David et de slogans évoquant la « vengeance » et le « prix à payer », le label utilisé par ces activistes.Rassemblement à Tel-Aviv contre l’extrême droiteVendredi, journée traditionnelle de mobilisation, les manifestations ont rendu hommage au bébé devenu symbole de la violence des colons – responsables selon l’Autorité palestinienne de 11 000 attaques ces dix dernières années. Ces défilés ont ensuite dégénéré en affrontements avec les forces israéliennes.La première victime a été Laith Khaldi, dont la mère, Samar Khayat, en larmes, a accusé les soldats d’avoir tué son fils, « encore un enfant », « de sang-froid ». Vendredi, un autre adolescent a été tué par l’armée israélienne, cette fois à Gaza, l’armée expliquant qu’il s’était approché trop près du mur séparant Israël de l’enclave palestinienne.Cette journée de violences a succédé à un autre événement sanglant : jeudi soir, un orthodoxe juif a blessé à coups de couteau six personnes, dont une adolescente, lors de la Gay Pride de Jérusalem. L’homme venait de purger dix années de prison pour une attaque similaire qui avait fait trois blessés lors de la Gay Pride de 2005. Un rassemblement est prévu samedi soir à Tel-Aviv sous le mot d’ordre « Stop à la haine ». « Il faut que nous disions haut et fort que les incitations à la haine de l’extrême droite tuent », assurent les organisateurs sur leur page Facebook. 01.08.2015 à 16h35 • Mis à jour le01.08.2015 à 17h09 Le mollah Akhtar Mohammad Mansour, désigné cette semaine comme le nouveau chef de file des talibans afghans, a fait sa première intervention publique samedi 1er août, appelant à l’unité des insurgés.La mort du mollah Omar, figure consensuelle malgré son absence de la vie publique depuis la chute du régime des talibans en 2001, a mis en lumière les profondes divisions qui traversent les talibans, engagés à la fois dans des pourparlers de paix avec Kaboul et dans de violents combats dans tout l’Afghanistan.Le fondateur du groupe jouait jusque-là un rôle fédérateur malgré son absence médiatique depuis l’intervention des Etats-Unis, en 2001, et le renversement du régime taliban.Les talibans sont en outre confrontés à la concurrence de l’Etat islamique, qui débauche de plus en plus de commandants déçus par leur direction.Lire aussi notre portrait (abonnés) :Le mollah Omar, une énigme intacteDoutes sur les intentions de MansourLa désignation cette semaine du mollah Mansour, bras droit de son prédécesseur, n’a apporté aucun apaisement. Certains commandants talibans jugent que sa sélection a été précipitée. D’autres lui auraient largement préféré le fils du mollah Omar, Yacoub, ou lui reprochent ses accointances avec le Pakistan. « Le monde tente de créer des divisions dans nos rangs et de nous affaiblir, explique le mollah Mansour dans son message d’une trentaine de minutes mis en ligne sur le site officiel des talibans. Nous devons tous travailler à préserver notre unité. Les divisions dans nos rangs ne feront que servir nos ennemis et nous causer davantage de tort. »La direction des talibans a adjoint au mollah Mansour deux lieutenants, le mollah Haibatullah Akhundzada, ancien chef des tribunaux des talibans, et surtout Sirajuddin Haqqani, le fils de Jalaluddin Haqqani et leader du réseau du même nom, une influente branche de la rébellion talibane réputée proche des services secrets pakistanais.Lire aussi :Afghanistan : les talibans démentent la mort du chef du réseau d’insurgés HaqqaniDans son message, enregistré au cours du « serment d’allégeance » des responsables talibans, le mollah Mansour est resté très ambigu sur ses intentions. « L’ennemi dit qu’existe un processus de paix. Comme vous le savez, nos ennemis diffusent beaucoup de propagande, lance-t-il dans ce message en pachtoune, langue parlée en Afghanistan et au Pakistan. Notre but est d’appliquer la charia [la loi islamique] et de mettre en place un système islamique. Notre djihad se poursuivra jusqu’à ce que cela devienne réalité. »Un deuxième cycle de pourparlers devait avoir lieu vendredi au Pakistan pour tenter de mettre sur les rails un dialogue qui aboutirait à la fin du conflit sanglant qui dure depuis 2001. Mais l’annonce surprise cette semaine de la mort du mollah Omar, survenue en avril 2013 d’après les services secrets afghans, a forcé Islamabad à le reporter sine die. 01.08.2015 à 12h41 • Mis à jour le01.08.2015 à 13h21 Le premier ministre yéménite en exil, Khaled Bahah, est rentré samedi 1er août à Aden, la grande ville du sud du pays, récemment reconquise par les forces loyalistes après quatre mois de guerre contre les rebelles chiites Houthis. Lire aussi :Au Yémen, Aden sous le feu des rebellesM. Bahah, qui est également vice-président de la République, est arrivé à bord d’un avion militaire saoudien en provenance de Riyad, la capitale saoudienne, où le président Abd Rabbo Mansour Hadi et son gouvernement se sont exilés fin mars face à la progression des rebelles à Aden.Lire aussi :Khaled Bahah, l’espoir d’une « solution politique » au YémenM. Bahah est le plus haut responsable yéménite à rentrer à Aden depuis l’annonce, mi-juillet, de la reconquête de cette ville portuaire. D’autres membres du gouvernement étaient récemment rentrés à Aden pour pacifier la ville et remettre en état les infrastructures, lourdement endommagées par le conflit armé.Aden a été reconquise par les forces progouvernementales, soutenues par une coalition arabe sous la conduite de l’Arabie saoudite. Celle-ci a lancé le 26 mars une campagne de raids aériens pour empêcher les rebelles de prendre tout le Yémen, après avoir conquis l’an dernier plusieurs pans du territoire, dont la capitale Sanaa, avec l’aide d’unités de l’armée restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh.Lire aussi :L’Arabie saoudite change de stratégie au Yémen  01.08.2015 à 10h07 • Mis à jour le01.08.2015 à 18h30 Le sol est encore fumant, les murs noircis par les flammes qui se sont élevées de plusieurs mètres. La violence du sinistre a été telle qu’on peine à distinguer ce qui fut le mobilier de maison de la famille Dawabsha. Dans le village de Douma, situé au nord-est de Ramallah, jamais les villageois n’auraient imaginé des événements comme ceux de ce vendredi 31 juillet 2015.C’est dans ce petit hameau palestinien de 2 500 âmes que vivaient Riham, la mère, Saad, le père, et leurs deux enfants, Ahmad et Ali. L’aîné était né peu de temps après l’installation du couple dans cette maison légèrement excentrée. « C’est normal ici, quand un couple se marie, il construit sa maison, donc le village s’agrandit », explique Anwar Dawabsha, un cousin éloigné de Saad. L’homme a les traits fatigués. La faute à cette trop courte nuit dont il se souviendra toute sa vie.Lire aussi :Deux Palestiniens tués lors d’affrontements avec l’armée israélienneAnwar Dawabsha prend son temps pour raconter en détail les événements : « Je venais juste de m’endormir lorsque j’ai entendu du bruit. Je me suis levé quand j’ai compris que c’était la voisine qui criait. » Il sort alors de chez lui et découvre une première maison, celle de Maamoun Rashid, en feu. Prévenu par le frère de Maamoun que la maison est vide, Anwar Dawabsha réalise alors que les cris proviennent de la maison voisine, celle de Saad Dawabsha. Ce dernier sort de chez lui, le visage et une partie du corps brûlé. Riham parvient à faire de même avant de s’écouler sur le sol.« Ils nous ont expliqué d’un filet de voix que leurs deux enfants étaient à l’intérieur. Mais les flammes montaient jusqu’à 10 mètres, c’était impossible d’entrer. » Un voisin réussit à pénétrer dans la maison pour sauver le petit Ahmad, 4 ans. Son cadet, Ali, impossible à atteindre à cause de la violence de l’incendie, périra brûlé vif. L’enfant avait 18 mois.« Perdre la maison qu’on a passé sa vie à construire, c’est triste, mais on peut toujours la reconstruire. Les morts, eux, ne peuvent pas renaître. »Amin Rashid, à peine 30 ans, est assis sur un petit muret devant la maison de son frère Maamoun. Le rez-de-chaussée de la demeure est carbonisé. Les vitres ont explosé sous la chaleur. Il s’interroge à haute voix : « Que voulaient ceux qui sont venus nous attaquer ? » Rien ne distingue pourtant le village de Douma d’un autre. Des rues sinueuses où les automobilistes doivent slalomer pour éviter les nids-de-poule, des habitations de plain-pied et au milieu la mosquée. « Perdre la maison qu’on a passé sa vie à construire, c’est triste, mais on peut toujours la reconstruire », confie le jeune homme. « Les morts, eux, ne peuvent pas renaître », ajoute-t-il.Incursion de colons israéliensPour lui, l’implication des colons israéliens est une évidence. Des témoins racontent avoir vu quatre hommes s’enfuir vers la colonie voisine de Maale Efraim. La police israélienne confirme que la piste d’extrémistes juifs est privilégiée. Des graffitis sont toujours visibles à l’extérieur de la bâtisse. Sur un mur, on découvre une étoile de David soulignée d’une inscription en hébreu : « Vengeance ». D’autres tags identiques ont été laissés un peu plus loin. C’est la signature du groupe « Le prix à payer », des colons israéliens extrémistes qui dégradent mosquées et bâtiments palestiniens dès qu’ils le peuvent en Cisjordanie ou à Jérusalem.Cette dernière attaque est un « choc immense » pour Dina Hashash, une travailleuse humanitaire palestinienne qui répertorie les violences des colons dans la région de Naplouse. Mais elle n’est pas surprise : « Depuis qu’un colon israélien a été tué par un Palestinien à la sortie de la colonie Chvout Rachel [le 29 juin], les colons se faisaient de plus en plus menaçants. » Elle confirme l’information donnée par les habitants qu’une première tentative d’incursion de colons avait été repoussée il y a quelques semaines à l’extérieur du village.Tout le monde pensait que cette histoire, avec laquelle Douma n’a rien à voir, s’arrêterait là. Depuis 2004, 11 000 incidents impliquant des colons ont été documentés, assurent les autorités palestiniennes. Mais les colons bénéficient d’une quasi-impunité. Selon l’ONG israélienne Yesh Din, 85 % des plaintes de Palestiniens à propos de violences de colons sont classées sans suite par la justice israélienne.Ce qui n’a pas empêché l’armée israélienne de lancer cette fois-ci une immense opération de recherche avec plusieurs milliers de soldats quadrillant la partie nord de la Cisjordanie. La route qui mène au village a été interdite aux voitures des colons. Mais ce déploiement est aussi, ou surtout, un moyen pour tenter de prévenir d’éventuelles représailles palestiniennes. Lors des funérailles du petit Ali Dawabsha, plusieurs participants ont crié vengeance.Ce vendredi 31 juillet, très peu de temps après l’attaque de Douma, les points de contrôle de l’armée israélienne en Cisjordanie ont été renforcés. Des barrages temporaires ont été mis en place sur plusieurs axes, dont des routes fréquentées uniquement par les Palestiniens. Tout est fait pour empêcher un embrasement général redouté par les autorités israéliennes.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55bcf623ce241'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 11\r\n \r\n \r\nLa maison br\u00fbl\u00e9e o\u00f9 le b\u00e9b\u00e9 palestinien a p\u00e9ri, dans le village de Douma.\r\nCr\u00e9dits : THOMAS COEX \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La maison br\u00fbl\u00e9e o\u00f9 le b\u00e9b\u00e9 palestinien a p\u00e9ri, dans le village de Douma.","source":"THOMAS COEX \/ 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d\u00e9g\u00e9n\u00e9r\u00e9 \u00e0 Hebron, o\u00f9 les tensions sont les plus vives avec les colons isra\u00e9liens.\r\nCr\u00e9dits : MUSSA ISSA QAWASMA \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les manifestations ont vite d\u00e9g\u00e9n\u00e9r\u00e9 \u00e0 Hebron, o\u00f9 les tensions sont les plus vives avec les colons isra\u00e9liens.","source":"MUSSA ISSA QAWASMA \/ REUTERS","index":8,"position":9,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/proche-orient\/portfolio\/2015\/07\/31\/en-images-la-colere-des-palestiniens-apres-la-mort-d-un-bebe-de-18-mois_4706747_3218_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 11\r\n \r\n \r\nDes Palestiniens pr\u00eats \u00e0 jeter des pierres \u00e0 Hebron.\r\nCr\u00e9dits : HAZEM BADER \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n 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new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});M. Nétanyahou veut se défendre de tout laxismeC’est le prisme à travers lequel on peut analyser les déclarations et les gestes symboliques des responsables de l’Etat juif. En dénonçant une attaque « terroriste », expression habituellement réservée aux Palestiniens, Benyamin Nétanyahou a voulu se défendre de tout laxisme avec les extrémistes religieux. D’autant plus que la veille, jeudi 30 juillet, un ultraorthodoxe juif a poignardé six marcheurs de la Gay Pride de Jérusalem. « Bibi » veut rassurer l’opinion. D’où sa visite au petit Ahmad, grièvement brûlé dans l’attaque et soigné en Israël.Mais il doit dans le même temps contenter les partisans de la colonisation, dont le principal parti, Le Foyer juif, soutient sa coalition. Le chef du gouvernement israélien a annoncé mercredi la construction immédiate de 300 logements dans la colonie de Beit El en compensation de la destruction, ordonnée par la Cour suprême israélienne, de 24 unités d’habitations construites illégalement. Pas question pour le pouvoir israélien que ces violences remettent en cause la poursuite de la colonisation, dont les Palestiniens demandent le gel.Lire aussi :Les colons de Beit El défient NétanyahouNicolas Ropert (Douma, Cisjordanie, envoyé spécial) 24.08.2015 à 12h04 | Mirel Bran (Bucarest, correspondant) Le Parlement roumain va décider, lundi 24 août, s’il valide une réforme fiscale qui devrait changer radicalement le paysage économique du pays. Le nouveau projet de code des prélèvements prévoit une baisse de la TVA qui la ferait passer de 24 % à 20 % et une réduction massive des taxes et impôts.L’objectif est de relancer la consommation et de rendre la Roumanie plus attractive pour les investisseurs étrangers. Début juin, Bucarest a déjà baissé la TVA sur les produits alimentaires et les services touristiques de quinze points, la ramenant à 9 %. « Le plus important est de donner un message fondamental pour l’économie et la société, avait déclaré le premier ministre socialiste, Victor Ponta, le 19 juillet. Si on prend en compte la réduction pour les aliments, la TVA s’élèvera en moyenne à 16 %. »Le geste du gouvernement, destiné à bénéficier à la croissance, ne fait pas l’unanimité. Une première tentative pour faire passer ce code fiscal a déjà eu lieu le 24 juin. Le Parlement avait donné son feu vert. Mais le 17 juillet, le président libéral, Klaus Iohannis, a refusé de le promulguer loi et l’a renvoyé devant les députés. « Nous devons faire preuve d’une attitude équilibrée et rationnelle afin d’éviter des dysfonctionnements qu’il nous faudrait corriger par la suite, a justifié le chef de l’Etat.Le FMI sceptiqueM. Iohannis, qui doit gérer une cohabitation difficile avec son premier ministre socialiste depuis sa victoire à l’élection présidentielle de novembre 2014, n’est pas le seul à critiquer cette réforme. Le Fonds monétaire international (FMI) a conseillé à la Roumanie de revoir ses projets, « pour préserver des progrès durement acquis en matière de stabilité économique », a ainsi affirmé la représentation du Fonds dans le pays dans un communiqué rendu public le 4 août. Il n’est pas évident qu’un nouveau coup de pouce à la consommation financé par la dette soit souhaitable. La Roumanie a besoin de mesures qui favorisent l’investissement et d’une meilleure gestion des dépenses publiques et de l’utilisation des fonds de développement européens. »Sur le budget pour la période allant de 2007 à 2013, Bucarest a reçu 32 milliards d’euros de fonds de la Commission européenne. Mais, en l’absence de projets fiables pour utiliser cette manne, le pays n’a dépensé qu’un tiers de ce budget. Sur le budget 2014-2020, la Roumanie devrait bénéficier de 44 milliards d’euros de l’Union européenne (UE), mais le gouvernement a accumulé beaucoup de retard pour déposer à Bruxelles les projets attendus.Au-delà des défis économiques liés à la réforme fiscale se profile la bataille politique dans la perspective des élections législatives qui auront lieu en novembre 2016. D’une part, le premier ministre socialiste tente de relancer l’économie pour gagner du capital politique, d’autre part, le président libéral ne veut pas que le prochain gouvernement paie la note d’un relâchement fiscal controversé.Le pays sur des rails depuis 2000Souvent montrée du doigt comme le mouton noir de l’Europe en raison d’une corruption endémique, la Roumanie a réussi une performance économique. Après la chute de la dictature communiste en 1989 et la transition chaotique des années 1990, le pays s’est remis sur les rails à partir de 2000 lorsque Bucarest a entamé les négociations d’adhésion à l’UE. Mais la crise qui a touché l’économie mondiale en 2008 a interrompu cet élan.Confronté à un scénario à la grecque, le président de centre droit de l’époque – Traian Basescu – avait demandé à son gouvernement de mettre en œuvre une politique d’austérité. En 2010, du jour au lendemain, les fonctionnaires avaient vu leur traitement diminuer d’un quart et la TVA était passée de 19 % à 24 %, ce qui avait pénalisé la consommation. Plus de 200 000 emplois avaient été supprimés dans la fonction publique.« Une croissance économique exagérée et basée sur la consommation est vouée à s’effondrer, a rappelé l’ancien président Basescu le 16 août à propos de la réforme fiscale. Si le nouveau code passe, nous serons confrontés, en 2017, à la crise que nous avons déjà connu en 2010. » Lundi 24 août, le Parlement roumain décidera de la direction que prendront les finances du pays.Mirel Bran (Bucarest, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Louis Imbert Des combattants d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) se sont déployés samedi 22 août autour du principal port d’Aden, centre vital à partir duquel le gouvernement yéménite en exil tente de reprendre le contrôle du pays depuis un mois, après avoir chassé les rebelles houthistes de la ville.Des résidents ont déclaré avoir vu patrouiller les militants dans les rues de Tawahi, le quartier du palais présidentiel, situé sur une péninsule qui ferme l’entrée du principal port d’Aden. Le quartier général des services intérieurs, dirigé par le frère du président Abd Rabo Mansour Hadi, y a été détruit par une gigantesque explosion samedi. Les djihadistes ont également été vus dans le quartier commercial voisin de Crater.Des responsables du port ont reconnu auprès des agences Associated Press (AP) et Reuters que le drapeau noir d’AQPA avait flotté sur la porte principale du complexe portuaire, et qu’un bateau de ses forces de sécurité avait été incendié.Mais l’emprise d’Al-Qaida sur cette zone reste difficile à évaluer et ne semble pas pérenne. Plusieurs activistes ont démenti que les djihadistes en aient pris le contrôle définitif, citant des proches qui y résident. Le vice-ministre de l’intérieur, le brigadier général Ali Nasser Lakhsha, a quant à lui minimisé la menace : « Ce sont des groupes de malfaiteurs armés qui ne représentent pas un danger pour la ville d’Aden. »Distributions d’armes Pour Farea Al-Muslimi, analyste au centre Carnegie pour le Moyen-Orient, « personne, ni le gouvernement ni Al-Qaida, ne tient ces quartiers. Il y a une vacance du pouvoir depuis le départ des houthistes. AQPA et d’autres groupes radicaux viennent combler ce vide ». Les djihadistes d’AQPA ont participé aux combats dans Aden contre les rebelles houthistes, d’obédience chiite et supposés soutenus par l’Iran, et contre des éléments de l’armée restés fidèles à l’ancien président Ali Abdallah Saleh. Ils ont été des membres de fait, dans ce combat, d’une coalition hétéroclite regroupant les forces régulières, des commandos émiratis et saoudiens, des séparatistes sudistes et des groupes tribaux. Ils ont ainsi pu bénéficier de distributions d’armes alors que le gouvernement cherchait à contrer l’avancée des rebelles.Les troupes émiraties et saoudiennes avancent désormais plus au nord, notamment dans la province de Marib, soutenues par des bombardements aériens qui ont mis le pays à genoux depuis la fin mars. A Aden, l’activité des groupes armés empêche encore la plupart des humanitaires de dépêcher des personnels internationaux. Des ministres font des allers-retours en ville, mais le gouvernement demeure en exil à Riyad.Attentat contre « Charlie Hebdo »Les djihadistes ont aménagé un camp d’entraînement dans une ancienne base militaire à Dar Saad, une entrée du nord d’Aden, selon des responsables de sécurité cités par AP. Ils y entraîneraient 200 militants. Par ailleurs, ils consolident leur contrôle de la province orientale de l’Hadramaout, où AQPA a capturé la ville portuaire de Mukalla en avril.Les Etats-Unis, qui mènent une campagne contre AQPA au Yémen depuis 2001, ont tué le chef de l’organisation, Nasser Al-Wahishi, qui était aussi le numéro 2 d’Al-Qaida au niveau mondial. Sept membres du groupe ont encore été tués vendredi et samedi dans des frappes menées dans la province de Marib et sur l’aéroport de Moukalla. AQPA, devenue depuis la fin des années 2000 la principale branche opérationnelle d’Al-Qaida, a dirigé plusieurs attaques terroristes aux Etats-Unis. Le groupe avait revendiqué en janvier l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris.Dimanche, un otage britannique détenu par AQPA depuis 18 mois a été libéré par l’armée émiratie. Robert Douglas Semple, un ingénieur pétrolier de 64 ans, avait été kidnappé dans l’Hadramaout en février. Par ailleurs, un général saoudien, Abdoulrahman Ben Saad Al-Chahrani, a été tué par des tirs rebelles houthistes alors qu’il effectuait une visite des troupes à la frontière avec le Yémen.Louis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.08.2015 à 10h30 Il y a une forme de paradoxe à tenir une réunion destinée à relancer le tourisme en Crimée à Simféropol : la capitale administrative de la péninsule, connue pour ses charmes et longtemps prisée par touristes au temps de l’Union soviétique, est la ville la moins belle de la Crimée. C’est pourtant Simféropol que le président russe Vladimir Poutine a choisie, lundi 17 août, pour annoncer un ensemble de mesures destinées à relancer un secteur en plein marasme depuis l’annexion de la Crimée à la Fédération de Russie au printemps 2014. En un an, le nombre de touristes y a diminué d’un tiers, passant de 6 à 4 millions de visiteurs.Principale raison de cette chute de la fréquentation de la Crimée : les tensions géopolitiques régionales et les embargos ukrainien et européen. Les visiteurs ukrainiens, qui représentaient 60 % du marché avant l’annexion de la région, ont cessé de venir.La chute du rouble depuis décembre 2014 aurait pu dynamiser le tourisme en provenance de l’étranger en rendant le voyage relativement plus abordable. Mais, selon l’European Travel Commission and Tourism Economics, un organisme indépendant basé à Bruxelles, la crise ukrainienne a annulé cet effet positif en dissuadant les touristes internationaux potentiels. A l’incertitude liée aux combats en cours dans l’est de l’Ukraine s’ajoutent d’autres obstacles : les cartes bancaires des étrangers ne sont pas acceptées, les visas sont difficiles à obtenir, et il faut généralement passer par la Russie pour arriver en Crimée.Dans ce contexte tendu, les agences de voyages criméennes tentent de se reconcentrer sur le marché russe. Un agent russe, contacté par Le Monde, confie « ne pas pouvoir parler » de la fermeture de son agence à l’étranger car il en possède encore une à Moscou, signe du climat pesant dans la capitale russe. Une chose est claire : « Il n’y a plus de voyageurs étrangers [en Crimée] ».« Une nature et une histoire extraordinaire »Les autorités russes ont rapidement mis en place une campagne de relance du tourisme intérieur pour combler le manque de visiteurs internationaux. La Crimée est une région « d’une beauté éblouissante, et qui possède une nature et une histoire extraordinaire », assure M. Levitin, conseiller de Vladimir Poutine. Elle doit redevenir la destination prisée qu’elle était pour les Russes au temps de l’Union soviétique, estime le Kremlin.Dès le 24 mars 2014, peu après l’annexion de la Crimée, le premier ministre Dmitri Medvedev annonçait que son gouvernement aiderait financièrement les citoyens décidant de passer leurs vacances en Crimée, avec par exemple la mise en place de vols à bas coût depuis le reste du territoire russe. En outre, les entreprises publiques ont été encouragées à proposer à leurs employés d’y passer leurs vacances, et à prendre en charge une partie du voyage.Lire aussi :Vacances déconseillées en Crimée, « territoire occupé »Lundi, Vladimir Poutine a insisté sur la nécessité de rendre le secteur plus compétitif. « Le développement des infrastructures de tourisme est une priorité » pour le gouvernement, a assuré Vladimir Poutine. Le gouvernement veut faciliter le voyage des visiteurs russes, habitués à prendre le train qui passait par l’Ukraine. Un moyen de transport désormais impossible, étant donné l’état de guerre avec l’Ukraine. Moscou a investi dans les autres moyens de transport, en développant la ligne de ferry et les aéroports en Crimée. La modernisation des hôtels et des services proposés est aussi au programme.Tout ce plan repose sur le fait que les Russes partant moins à l’étranger, la Crimée devrait devenir une destination de plus en plus prisée. Ceci est dû, en grande partie, à la chute du rouble, qui a entraîné une diminution du pouvoir d’achat des Russes. Ils représentaient 80 % des 4 millions de touristes venus en Crimée en 2014, et le gouvernement espère atteindre les 5 millions en 2015.Barbara Wojazer 24.08.2015 à 06h56 • Mis à jour le24.08.2015 à 16h41 La Bourse de Shanghaï a connu une nouvelle journée noire, lundi 24 août, perdant jusqu’à plus de 9 % en séance et clôturant en baisse de 8,5 %, provoquant d’importantes secousses sur les marchés financiers mondiaux. La Bourse de Shenzhen, la deuxième en Chine, a quant à elle chuté de 7,61 %. L’agence de presse officielle Chine nouvelle n’a pas hésité à parler d’un « lundi noir ».Black Monday! #ChinaStocks join global panic selloff, dive 8.5%, worst since Asian financial crisis at midday http://t.co/nLHoFf34bV— XHNews (@China Xinhua News)require(["twitter/widgets"]);La place financière chinoise avait déjà perdu plus de 11 % de sa valeur la semaine dernière, minée par les inquiétudes provoquées par l’essoufflement persistant de l’économie chinoise et la dévaluation du yuan il y a près de deux semaines, en dépit des multiples efforts du gouvernement pour tenter de soutenir son économie.Dernières en date, les annonces de Pékin, dimanche, qui a autorisé le gigantesque fonds de pension national à investir jusqu’à 30 % de ses actifs nets en actions, n’ont ainsi pas suffi à rétablir la confiance des investisseurs, lundi.Lire aussi :Chine : derrière le plongeon des marchés, la crise de l’économie réelleChute spectaculaire à Paris Shanghaï a entraîné dans sa chute nombre de places boursières mondiales. En Asie :La Bourse de Tokyo a clôturé à − 4,61 %, son cinquième jour d’affilée de recul et sa pire chute sur une journée depuis juin 2013.La tendance était identique à Hongkong, qui a plongé de plus de 5 % à la fermeture, ou à Taipei, où le principal indice taïwanais a connu sa pire chute en séance jamais enregistrée avec − 7 ,49 %, avant de clôturer en baisse de 4,84 %.Les principales places boursières européennes ont ouvert en forte baisse et leur chute s’est poursuivie dans les heures qui ont suivi :La Bourse de Paris reculait de 3,57 % à l’ouverture et avait perdu jusqu’à 8 % peu après 15 h 30.A Francfort, les échanges étaient en baisse de 6 % à la même heure alors que le DAX avait ouvert en baisse 3,15 %, plongeant sous les 10 000 points pour la première fois depuis la mi-janvier.La Bourse de Londres, qui avait chuté de près de 3 % à l’ouverture, voyait son cours perdre plus de 5 % dans l’après-midi.L’indice Euro Stoxx 50, qui regroupe les cinquante premières entreprises de la zone euro en termes de capitalisation boursière, est passé sous la barre des 6 %.Wall Street s’est aussi effondrée dès l’ouverture : le Dow Jones chutait de 4,75 % dans les premiers échanges et le Nasdaq de 5,50 %.Lire l'analyse :« Les marchés ont peur d’une nouvelle faiblesse de l’économie chinoise »Les matières premières au plus bas depuis 1999Les cours des matières premières évoluaient à des niveaux que l’on avait pas vus depuis seize ans, plombés par la chute des cours du baril de brut, descendus en dessous de 40 dollars. L’indice Bloomberg des matières premières, qui en répertorie vingt-deux, a, lui, plongé de 1,7 %, son plus bas niveau depuis août 1999.Cette chute suit une tendance annuelle, directement liée à la faiblesse de l’économie chinoise, la première consommatrice mondiale de matières premières, qu’il s’agisse de métaux, d’énergie ou d’alimentation. Les incertitudes sur ce marché entraînent les investisseurs vers des valeurs refuge telles que l’or.Lire l'éditorial :Quand la Chine vacille, le monde tremble Louis Imbert et Florence Evin Trois mois après la prise par l’organisation Etat islamique (EI) de Palmyre, l’un des plus importants sites archéologiques préislamiques de Syrie et du Proche-Orient, les premières annonces de destructions majeures commencent à arriver. Le directeur des antiquités et des musées de Syrie, Maamoun Abdulkarim, a déploré dimanche 23 août l’anéantissement à l’explosif du petit temple de Baalshamin, un des joyaux du site antique.Sa cella, partie close, a été détruite et ses colonnes se sont effondrées.Selonl’Observatoire syrien des droits de l’homme, qui cite des habitants de Tadmor, la ville moderne proche du site, cette destruction a eu lieu il y a un mois. Aucune de ces vidéos devenues familières, montrant des djihadistes pioches et explosifs en main, n’a encore été diffusée par le groupe, qui semble ménager ses effets. Il y a moins d’une semaine, l’EI avait décapité l’ancien chef des antiquités du site, Khaled Al-Assaad, 82 ans. L’Unesco avait dénoncé le 3 juillet un « spectacle d’une perversité glaçante »,après la destruction de bustes funéraires en place publique.Cette oasis, située aux franges de l’Empire romain d’Orient, était sous l’empereur Tibère, au premier siècle avant notre ère, une cité caravanière de premier plan, plaque tournante des échanges entre la Chine, l’Inde, la Perse et Rome. En 139, Hadrien lui accordera le statut de province romaine. Ses commerçants financeront la construction de la cité antique, reprenant à leur compte « l’habillage » architectural gréco-romain – colonnades, chapiteaux corinthiens, frontons, pierres de taille.Situé au nord du monumental temple de Bel – dédié au dieu Soleil, dieu de la foudre, divinité sémitique principale, et remarquablement conservé –, le petit temple de Baalshamin était un passage obligé des 150 000 visiteurs annuels du site avant que n’éclate la révolution en Syrie, en 2011.Lire notre enquête :A Palmyre : « Ils ont tué l’archéologue ! »« Ils n’arrêteront jamais ! »Pierre Leriche, directeur de recherche au CNRS, responsable des fouilles du site de Doura Europos, situé à 300 km à l’est, est effondré : « Ils n’arrêteront jamais ! Entouré d’une colonnade, gracieux, délicat, c’était le plus beau [temple]. Très bien proportionné, intelligemment pensé, on le voyait depuis la terrasse de l’hôtel Zénobie. On ne pouvait le visiter, un arbre avait poussé à l’intérieur. Il était conservé jusqu’au sommet, avec sa frise au décor floral. » Baalshamin, divinité secondaire, était le dieu plus humain, intercédant en faveur du peuple.Ce saccage n’est que le dernier épisode d’une destruction systématique du patrimoine préislamique sur le territoire contrôlé par l’EI. En février, le groupe avait détruit des trésors du musée de Mossoul et du site antique voisin de Ninive, dans le nord de l’Irak. En mars, il s’en prenait à la ville parthe d’Hatra, toujours en Irak, et le mois suivant aux vestiges de la capitale assyrienne de Nimrod.Ces destructions obéissent à un objectif politique : l’EI s’attache à fonder un Etat inspiré par le salafisme, une vision de l’islam revenant aux sources purifiées et fantasmées de cette religion, et principalement défendue par la monarchie saoudienne. Avant l’islam : le désert, proclame ainsi l’EI. Le groupe utilise également ces destructions pour renvoyer à son impuissance la coalition internationale menée par les Etats-Unis qui bombarde ses positions depuis un an sans le faire reculer.Les éléments architecturaux et les statues monumentales en sont les principales victimes. Les vestiges transportables sont revendus discrètement à l’étranger par le truchement de réseaux de contrebande. L’EI, tout comme d’autres parties du conflit, y compris le régime, s’adonnent à ce trafic.L’EI utilise également ces destructions pour renvoyer à son impuissance la coalition internationale menée par les Etats-Unis qui bombarde ses positions depuis un an sans le faire reculerDu point de vue militaire, Palmyre est une étape sur un corridor du centre de la Syrie reliant Deir ez-Zor, base de l’EI dans l’est syrien, à Homs et aux montagnes frontalières du Liban, où l’EI combat le régime. Le groupe avait avancé sans difficulté, en mai, dans la plaine désertique qui sépare Deir ez-Zor de Palmyre, isolant les dernières positions du régime.Palmyre est la première ville prise directement par le groupe aux forces du régime syrien, qui s’en étaient retirées en prétendant avoir évacué les civils, ce qui s’est révélé faux. L’EI a ensuite engagé une épuration contre les collaborateurs supposés du régime.Avant de s’en prendre aux ruines antiques, l’EI avait fait sauter la prison de la ville, symbole de la répression du régime dans les années 1980, fermé puis rouvert pour accueillir les manifestants de 2011. L’EI s’était également emparé des champs gaziers voisins d’Al-Hail et d’Arak, source d’électricité pour les zones tenues par le régime à l’ouest.Revoir en vidéo notre éclairage « Pourquoi Palmyre est un joyau antique » :Louis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterFlorence EvinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.08.2015 à 16h17 • Mis à jour le23.08.2015 à 16h24 La tension ne retombe pas en Turquie où continuent de s’opposer forces de sécurité et militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).Des séparatistes kurdes ont attaqué dimanche une centrale hydroélectrique près de la grande ville de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, tuant un soldat et en blessant trois autres. Cette attaque, la dernière en date en un mois d’escalade de la violence entre forces turques et séparatistes kurdes, n’aurait pas perturbé le fonctionnement de la centrale. Des hélicoptères de combat se seraient lancés à la recherche des agresseurs, selon les services de sécurité.L’armée a par ailleurs confirmé sur son site internet la disparition de 11 douaniers et de leur chauffeur dans la région de Van, dans l’est du pays. Précisant que le groupe avait été enlevé il y a deux jours au poste frontalier de Kapikoy, qui sépare la Turquie de l’Iran, par « l’organisation séparatiste terroriste », une phrase régulièrement utilisée par l’armée turque pour désigner le PKK, sans le nommer.Lire aussi :Les pertes militaires provoquent la colère des familles contre l’AKPLa Turquie vit depuis un mois une escalade de la violence marquée par des affrontements quotidiens avec le PKK. Officiellement, Ankara a lancé une « guerre contre le terrorisme », contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) et contre les rebelles kurdes, mais dans les faits, l’aviation turque concentre ses frappes sur le PKK. En réponse, les rebelles kurdes ont rompu un cessez-le-feu avec Ankara en vigueur depuis 2013 et ont repris leurs attaques contre l’armée et la police à travers le pays.Depuis le début de la « guerre contre le terrorisme » lancée par Ankara le 24 juillet, 56 membres des forces de sécurité turque sont morts dans des attaques revendiquées ou attribuées au PKK, dont 812 combattants ont été tués selon un dernier bilan fourni par l’armée turque. Des chiffres difficiles à vérifier.La Turquie a mené plus de 400 frappes aériennes contre des camps du PKK dans le nord de l’Irak et le sud-est de la Turquie depuis la fin juillet, riposte selon Ankara à la recrudescence des attaques lancées par les séparatistes contre des policiers et des soldats turcs. Ankara, les Etats-Unis et l’Union européenne ont tous classé le PKK comme organisation « terroriste ».Lire aussi :M. Erdogan retourne aux urnes en plein chaosCes violences interviennent alors que le président, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé, vendredi 21 août, la tenue d’élections législatives anticipées le 1er novembre.Le parti islamo-conservateur de la Justice et du Développement (AKP), qui régnait depuis 2002 sans partage, a subi un sérieux revers lors du scrutin législatif du 7 juin, qui ne lui a pas permis d’obtenir la majorité absolue et de former un gouvernement seul. M. Erdogan espère qu’un nouveau scrutin le lui permettra.       23.08.2015 à 05h47 • Mis à jour le23.08.2015 à 08h04 Une explosion dans une usine de produits chimiques dans l’est de la Chine samedi soir a fait un mort et neuf blessés, tandis que 150 pompiers ont maîtrisé l’incendie dimanche 23 août, ont rapporté des médias d’Etat.Cet incident intervient dix jours après les explosions majeures survenues dans le port chinois de Tianjin (Nord-Est), qui ont causé la mort de 121 personnes et dévasté une partie de la ville.La déflagration s’est produite dans une usine située dans le district de Huantai, près de la ville de Zibo, dans la province du Shandong, selon l’agence officielle Chine nouvelle, qui cite des messages des services de sécurité de Zibo publiés sur le réseau social Sina Weibo.L’incendie a été éteint tôt dimanche, selon l’agence. Une enquête est en cours pour établir la cause de l’explosion. L’usine, une filiale du groupe chinois Runxing, fabrique des produits chimiques, notamment de l’adiponitrile, un combustible chimique utilisé pour la production du nylon, selon Xinhua.A Tianjin, le bilan est passé samedi de 116 à 121 morts, et 54 personnes sont toujours portées disparus, selon l’agence d’Etat Chine nouvelle. La catastrophe a dévasté le 12 août une section de la zone portuaire et des sites industriels ainsi que des complexes résidentiels environnants.Lire aussi :Neuf jours après les explosions de Tianjin, la peur et l’incertitude 22.08.2015 à 21h24 • Mis à jour le23.08.2015 à 05h54 Le président palestinien Mahmoud Abbas a présenté, samedi 22 août, sa démission du poste de président du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (CEOLP), de même que plus de la moitié des 18 membres de cette instance.La démission de M. Abbas de la présidence de la plus haute instance exécutive de la direction palestinienne, n’affectera pas ses fonctions à la tête de l’Autorité palestinienne ni la campagne diplomatique des Palestiniens pour tenter de faire avancer le processus de paix avec Israël, au point mort. En revanche, ces démissions provoquent de fait la convocation dans le mois qui suit du Conseil national palestinien (CNP), le Parlement de l’OLP qui ne s’est pas réuni depuis près de 20 ans.« Un vide juridique »Le CNP, qui compte 740 membres, répartis dans les Territoires occupés et dans la diaspora, regroupe tous les mouvements palestiniens à l’exception des mouvements islamistes du Hamas et du Jihad islamique. La possibilité pour ses membres de se rendre en Cisjordanie occupée où siège l’Autorité palestinienne reste suspendue à l’obtention de laissez-passer de la part d’Israël.« La démission de Mahmoud Abbas du Comité exécutif et celle de plus de la moitié des membres de cette instance a créé un vide juridique. Par conséquent il a été demandé au CNP de se réunir d’urgence sous un mois pour élire un nouveau Comité exécutif », a expliqué Wassel Abou Youssef, membre du CEOLP, à l’AFP.Le Comité exécutif est la seule instance habilitée à prendre les décisions engageant les Palestiniens - dans les Territoires occupés comme de la diaspora - notamment dans le cadre du processus de paix avec Israël. C’est ce Comité qui avait signé les accords d’Oslo sur l’autonomie en 1993.Luttes fratricidesLes démissions ne prendront effet qu’à la tenue de la réunion du CNP. Entre-temps, Saëb Erakat a annoncé samedi avoir « été élu par le CEOLP secrétaire général » provisoire de l’instance à la place de Yasser Abed Rabbo récemment suspendu de ses fonctions par M. Abbas.Pour de nombreux observateurs, ces démissions relèvent de manoeuvres visant à entériner ce remplacement, alors que des médias palestiniens et arabes se sont fait ces derniers temps l’écho d’informations selon lesquelles M. Abbas chercherait à démissionner de la présidence de l’Autorité palestinienne sous quelques mois.A cela s’ajoutent les luttes fratricides entre Palestiniens : l’Autorité de Mahmoud Abbas accuse le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, de chercher à l’écarter en concluant en sous-main un accord avec l’Etat hébreu qui entérinerait la division politique des Territoires occupés, séparés par la géographie. 10.08.2015 à 16h13 • Mis à jour le10.08.2015 à 17h25 C’est un nouveau pas du pape François en faveur de la défense de l’environnement : le Vatican a annoncé, lundi 10 août, une « Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création », qui aura lieu le 1er septembre. « En tant que chrétiens, nous souhaitons offrir notre contribution à la résolution de la crise écologique à laquelle l’humanité est actuellement confrontée », écrit le pontife dans une lettre expliquant sa décision.« [Cette journée mondiale] offrira à chacun des croyants et aux communautés la précieuse occasion de renouveler leur adhésion personnelle à leur vocation de gardiens de la création, en rendant grâce à Dieu pour l’œuvre merveilleuse qu’Il a confiée à nos soins et en invoquant son aide pour la protection de la Création et sa miséricorde pour les péchés commis contre le monde dans lequel nous vivons ».Dans un souci d’œcuménisme, « pour témoigner de notre communion croissante avec nos frères orthodoxes », la date retenue est la même que celle déjà en vigueur au sein de l’Eglise orthodoxe. Elle se distingue toutefois du 5 juin, journée mondiale de l’environnement décrétée par les Nations unies.Lire le décryptage :Chat, plomberie ou résistance : comment se décide une « Journée de »Encyclique sur le climatLe 18 juin, la publication de l’encyclique sur le climat, Laudato si’(« Loué sois-tu »), avait déjà engagé l’Eglise dans cette voie, invitant les catholiques à entreprendre une « conversion écologique », et reprenant les conclusions de la communauté scientifique sur le réchauffement climatique. Il présentait ainsi sans ambiguïté l’homme comme le « principal responsable » des perturbations météorologiques, qui constituent elles-mêmes « l’un des principaux défis actuels de l’humanité ».Tout au long des 187 pages de l’encyclique, le pontife argentin exhorte gouvernements et particuliers à une révolution « verte » pour sauver la planète. Il prend la défense des plus pauvres et dénonce l’indifférence des pays riches, la responsabilité de leur mode de vie « consumériste » et leur « gaspillage ». Il prône « une certaine décroissance dans quelques parties du monde » pour permettre « une saine croissance en d’autres parties », et critique vivement le pouvoir de la finance.Lire aussi :Climat : le pape s’attaque à la « culture du déchet » des pays richesCette prise de position, sur un sujet éminemment politique, n’a pas manqué de déclencher l’indignation des milieux catholiques conservateurs, et notamment climatosceptiques. Le pape François a néanmoins dit souhaiter que ces initiatives en faveur de l’écologie aient une influence sur la conférence internationale sur le climat qui se tiendra en décembre à Paris. En faisant de la protection de l’environnement un impératif moral, il pourrait inciter les 1,2 milliard de catholiques dans le monde à faire pression sur leurs gouvernements. Il pourrait peser particulièrement dans les pays d’Amérique latine, où l’élection d’un pape argentin avait gonflé la popularité du Vatican. Leurs voix pourraient en effet être déterminantes à la COP21. 10.08.2015 à 11h16 • Mis à jour le10.08.2015 à 11h20 La justice fédérale allemande a finalement renoncé à poursuivre deux journalistes pour trahison, après la publication de révélations sur les systèmes de surveillance des agences allemandes de renseignement.Le site Netzpolitik, engagé dans la défense des libertés individuelles, avait découvert en juillet qu’il faisait l’objet d’une enquête pour trahison après une série de révélations publiées plus tôt dans l’année.Très critiquée en Allemagne et ailleurs dans le monde, cette procédure avait conduit, il y a une semaine, à la mise à la retraite anticipée du procureur fédéral Harald Range. Ce dernier avait temporairement suspendu l’enquête, et demandé une expertise indépendante pour confirmer que les documents publiés révélaient bien des secrets d’Etat- il avait ensuite affirmé que le ministre de la justice, Heiko Maas, avait tenté d’interférer avec son enquête, et avait alors dû quitter son poste.Le bureau du procureur fédéral a annoncé lunid qu’il mettait fin aux poursuites sur ce chef d’accusation, et qu’il estimait que les révélations de Netzpolitik ne trahissaient aucun secret d’Etat. D’autres critères nécessaires pour obtenir une condamnation pour trahison n’étaient pas non plus remplis, affirme le ministère public.Lire nos explications :3 questions pour comprendre le scandale Netzpolitik en Allemagne 10.08.2015 à 11h03 • Mis à jour le10.08.2015 à 13h56 Une voiture piégée a explosé, lundi 10 août, près de l’entrée de l’aéroport de Kaboul. La détonation, qui a eu lieu à une heure de forte affluence sur la route très souvent embouteillée de l’aéroport, a tué au moins cinq civils et fait une dizaine de blessés, selon la police. Selon un responsable de l’aéroport international, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat, tous les vols ont été suspendus « pour les prochaines heures ».L’attentat a été revendiqué auprès de l’AFP par Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans, selon lequel « deux véhicules appartenant à des troupes étrangères » étaient visés. Les soldats de l’OTAN, mais aussi et surtout la police et l’armée afghanes, sont les cibles de prédilection des talibans, bien que les civils soient les premières victimes de ces violences. D’après la mission de l’ONU dans le pays (Unama), 1 592 civils ont été tués et 3 329 blessés durant les six premiers mois de l’année dans des violences d’ailleurs en hausse.Lors d’une conférence de presse, lundi, le président afghan, Ashraf Ghani, a accusé son voisin pakistanais d’« envoyer un message belliqueux », après la série d’attentats qui a fait au moins 56 morts à Kaboul ces quatre derniers jours. M. Ghani, qui avait engagé un rapprochement avec Islamabad pour tenter de mettre fin au conflit avec les rebelles talibans, a également assuré que ces récentes attaques prouvaient que le Pakistan abritait toujours des « camps d’entraînement de kamikazes et des fabriques de bombes ».Lire aussi :En Afghanistan, les « froides statistiques » des victimes civiles« Une démonstration de force »Il s’agit du troisième attentat d’ampleur en moins d’une semaine, et de la première grande vague de violences ayant ensanglanté Kaboul depuis la nomination du mollah Mansour à la tête des talibans, en remplacement du défunt mollah Omar, le leader historique des insurgés islamistes, dont la mort a été annoncée le 29 juillet.Selon un expert afghan en sécurité, « cette nouvelle vague d’attentats est une tactique utilisée par la nouvelle direction des talibans pour montrer qu’ils sont toujours opérationnels. C’est une démonstration de force ».Une frange de la rébellion islamiste refuse en effet de faire allégeance au nouveau chef, le mollah Mansour, l’accusant d’avoir été couronné au terme d’un processus de désignation expéditif et d’avoir menti pendant deux ans sur l’état de santé du mollah Omar, mort en avril 2013 au Pakistan, selon les services secrets afghans.En outre, une partie des talibans ne veut pas entendre parler des pourparlers de paix engagés il y a un mois avec le gouvernement afghan. Cette amorce de dialogue inédite est le dossier brûlant dont hérite le mollah Mansour. Après un premier cycle de pourparlers organisé au début de juillet au Pakistan, une deuxième rencontre devait avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée après l’annonce de la mort du mollah Omar.Lire aussi :Les divisions du mouvement taliban aggravent la violence en Afghanistan 10.08.2015 à 07h48 • Mis à jour le10.08.2015 à 10h40 Au moins onze pèlerins ont péri, lundi 10 août, dans une bousculade survenue lors d’un festival religieux populaire dans l’est de l’Inde. L’incident s’est produit devant un temple hindou dans lequel voulaient entrer jusqu’à 150 000 personnes, a annoncé la police. Entre 15 et 20 personnes ont été blessées.Le drame est survenu dans le temple Baidyanath Jyotirlinga, dans l’Etat de Jharkhand, lorsque les pèlerins se sont bousculés pour entrer dans le temple au moment de l’ouverture des portes, a déclaré un officier de police. Selon ce dernier, des pèlerins qui dormaient dans la file d’attente longue de plus de 6 kilomètres ont été piétinés par d’autres qui se précipitaient vers l’avant.« Beaucoup de pèlerins ont tenté de remonter la file d’attente en courant, ce qui a provoqué le chaos, et alors que les gens tombaient, certains ont été piétinés. »Le premier ministre indien, Narendra Modi, s’est dit « peiné par la pertes de vies humaines », assurant que « [s]es pensées et [s]es prières [allaient] aux familles des personnes décédées en ce moment de deuil ». La police, quant à elle, a prévu de déployer des renforts sur les lieux pour tenter de contrôler les mouvements de foule.Les bousculades lors de festivals religieux en Inde sont fréquentes. Les policiers et volontaires mobilisés pour assurer la sécurité sont débordés par le nombre de participants. En juillet, 27 personnes avaient trouvé la mort dans une bousculade sur les bords d’une rivière sacrée dans le centre de l’Inde, la rivière Godavari, où des milliers de personnes prenaient un bain rituel. 10.08.2015 à 06h33 • Mis à jour le10.08.2015 à 11h12 | Marie Charrel Est-ce l’effet de la torpeur estivale ? Ou bien l’absence de Yanis Varoufakis, le turbulent ex-ministre grec des finances, remplacé par le discret Euclide Tsakalotos à la table des négociations ? Ces derniers jours, les discussions entre Athènes et ses créanciers ont progressé à un rythme soutenu, dans une ambiance apaisée. Pour ne pas dire optimiste.De fait, les deux parties s’entendent pour dire qu’un accord sur le troisième plan d’aide à la Grèce, de 86 milliards d’euros, pourrait être conclu le lundi 10 août au soir ou le mardi 11 dans la matinée.Les tractations sont « dans la dernière ligne droite », indiquait samedi Georges Stathakis, le ministre grec de l’économie, en écho aux propos encourageants tenus par le premier ministre, Alexis Tsipras, deux jours plus tôt. De son côté, une source européenne confie au Monde : « Tout le monde a travaillé d’arrache-pied et en bonne entente pour que le calendrier soit tenu, les progrès sont indiscutables. »Lire sur Les Décodeurs :Et le Parlement grec adopta un neuvième plan d’austérité en 6 ansBoucler le compromis avant le 20 aoûtVoilà qui tranche avec l’atmosphère houleuse des deux derniers mois, où les volte-face du gouvernement Tsipras et les réticences de certains partenaires européens laissaient craindre une sortie grecque de la zone euro. Le calendrier reste malgré tout très serré. Les autorités hellènes et leurs créanciers, la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et le Mécanisme européen de stabilité (MES), doivent en effet boucler le compromis avant le 20 août, afin qu’Athènes puisse toucher une première tranche du plan d’aide – soit 25 milliards d’euros, dont 10 pour recapitaliser les banques – ou, a minima, bénéficier d’un nouveau prêt-relais. Ce jour-là, le pays doit en effet rembourser à la BCE 3,5 milliards d’euros d’obligations arrivant à échéance. Sans aide, le pays risque donc un défaut de paiement, cette fois bien plus grave que le non-paiement des 1,5 milliard d’euros dus au FMI le 30 juin (et depuis remboursés).Dans le scénario idéal, Athènes et ses partenaires tomberont d’accord d’ici à mardi sur le détail et le calendrier des réformes que la Grèce adoptera en échange de l’aide. Le projet de mémorandum encadrant le déblocage du nouveau prêt, ainsi qu’une salve « d’actions prioritaires » – c’est-à-dire de nouvelles réformes et de coupes budgétaires –, pourraient ainsi être adoptés jeudi 13 août par le Parlement grec, en théorie en vacances, mais qui reprendrait séance pour l’occasion. « S’il ne vote pas les mesures prioritaires dès cette semaine, les Allemands, les Finlandais, les Néerlandais auront beaucoup de mal à accepter l’accord », précise une source européenne.Dans la foulée, les ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) tiendraient une conférence téléphonique vendredi 14 août pour acter l’accord, qui serait ensuite validé par les Parlements nationaux devant être consultés en la matière – c’est notamment le cas, donc, en Finlande, aux Pays-Bas et en Allemagne. Une première enveloppe de l’aide serait alors versée, juste à temps pour l’échéance du 20 août.Besoin de recapitalisation rapideEn cas d’échec ou de retard dans le processus, la Grèce pourrait se voir accorder un nouveau prêt-relais du MES, comme celui de 7 milliards d’euros déjà accordé en juillet. Une option défendue par les responsables allemands, souvent prompts à doucher les espoirs d’accords rapides dans le dossier grec, et doutant de la capacité d’Athènes à appliquer les réformes promises. « Un nouveau crédit-relais vaut mieux qu’un programme mal conçu », a ainsi déclaré, vendredi 7 août, une source du ministère allemand des finances au quotidien Süddeutsche Zeitung.Tenant d’une ligne dure envers Athènes, le ministre finlandais des affaires étrangères, l’eurosceptique Timo Soini, a pour sa part annoncé samedi 8 août à Reuters que son pays pourrait « rester à l’écart d’un troisième programme d’aide ». Un rejet du plan par le Parlement finlandais n’empêcherait néanmoins pas son adoption.De son côté, en Grèce, la gauche radicale de Syriza ne veut pas entendre parler d’un nouveau prêt-relais. Tout comme la BCE. Car le temps presse : les banques grecques, mises à mal par le retournement de la conjoncture et l’explosion des créances douteuses, ont besoin d’une recapitalisation rapide.Des rumeurs ont un temps laissé penser que de l’argent frais pourrait être injecté dans le capital des banques dès cet été. Mais une telle option semble peu probable avant que la revue de la qualité des actifs des banques (l’AQR) et les tests de résistance ne soient achevés. Menés par le superviseur bancaire unique européen et la Banque de Grèce, ces examens permettront de connaître l’état de santé exact des établissements et leurs besoins en capitaux. Leurs résultats seront connus à l’automne. D’ici là, le système bancaire restera sous contrôle des capitaux, mesure instaurée le 29 juin pour ralentir la fuite des dépôts.Si peu de détails sur le contenu du mémorandum ont filtré, les discussions de samedi, qui ont duré plus de six heures, se sont concentrées sur les « actions prioritaires », selon nos informations. La question de la niche fiscale des agriculteurs était sur le point d’être réglée, tandis qu’un accord aurait été trouvé sur la réforme des retraites et sur le fonds de privatisation de 50 milliards d’euros, dont le fonctionnement se rapprocherait de celui du fonds souverain norvégien. Ce qui fait dire à notre source : « Le marathon était intense, mais il est enfin sur le point de s’achever. »Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Paris (Washington, correspondant) La commémoration de la mort de Michael Brown a dégénéré dimanche 9 août, dans la nuit, à Ferguson, ville de la banlieue de Saint-Louis (Missouri), après une marche qui s’était déroulée dans le calme. Tué par un policier blanc il y a un an après une altercation survenue quelques minutes après un larcin commis dans une supérette, Michael Brown était devenu le symbole des violences policières visant les jeunes Noirs aux Etats-Unis. Sa mort avait entraîné des manifestations ponctuées de nuits d’émeutes qui avaient provoqué à deux reprises la déclaration de l’état d’urgence par le gouverneur démocrate de l’Etat, Jay Nixon, ainsi que le déploiement de la garde nationale.Dimanche soir, vers 23 h 15, des coups de feu ont été tirés, alors qu’une centaine de personnes étaient encore réunies, dans une rue commerçante de la ville. Au moins un manifestant a été blessé. La police de Saint-Louis a annoncé qu’un policier avait ouvert le feu après s’être trouvé sous « des tirs nourris ». Deux véhicules de police ont reçu des impacts de balles. Un journaliste de l’AFP a entendu une vingtaine de tirs et a vu un manifestant en sang allongé sur le sol. « Pourquoi ont-ils fait ça ? », a crié une femme, devant un reporter d’Associated Press, tandis qu’un homme se lamentait : « Ils ont tué mon frère. » Le blessé a été hospitalisé dans un état critique. Selon la police de Saint-Louis, il tirait sur des agents, avec une arme volée. Les quatre policiers impliqués dans la fusillade ont été suspendus.La mort de Michael Brown le 9 août 2014 a été suivie par d’autres cas de violences policières à Cleveland, Rhode Island, North Charleston et Baltimore. Le Washington Post, qui a dressé la comptabilité de ces incidents mortels dans le pays depuis le début de l’année, chiffre à 585 le nombre de personnes tuées par la police. Il s’agit notamment de 291 Blancs, de 147 Noirs et de 92 Hispaniques. Pour une écrasante majorité, les personnes tuées étaient armées. Les Noirs (13 % de la population) comptent pour 40 % (24) des 60 cas de personnes tuées alors qu’elles n’étaient pas armées.Cette dernière liste inclut Christian Taylor, 19 ans, tué à Arlington, au Texas, dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 août. Selon les premières déclarations de la police, le jeune homme a été repéré par les caméras de surveillance d’une concession automobile en train de défoncer un pare-brise pour monter à bord d’une voiture parquée à l’extérieur. Il s’est ensuite servi de son propre véhicule pour briser la vitrine de la concession et s’y introduire. Des policiers dépêchés sur place ont encerclé le bâtiment. Deux d’entre eux y ont pénétré pour arrêter l’adolescent, qui n’avait pas obtempéré à leurs ordres et avait essayé de s’enfuir. L’un des fonctionnaires a tiré sur le jeune homme alors que son équipier avait utilisé un Taser, sans que l’on connaisse encore précisément l’enchaînement des faits.« Transparence » pour l’enquête Les villes de Ferguson et d’Arlington ne sont guère comparables. La seconde est dix fois plus peuplée que la première, plus riche et plus dynamique, et ses habitants sont en majorité des Blancs, à l’inverse de Ferguson. Dans le cas de Michael Brown, le policier auteur des coups de feu, Darren Wilson, a été disculpé à deux reprises, par un grand jury du comté de Saint-Louis, puis par le ministère de la justice (qui s’était saisi du dossier), lesquels n’ont pas retenu la version initiale du drame selon laquelle le policier avait tiré alors que Michael Brown avait les mains en l’air. La légitime défense lui a été reconnue.En revanche, le drame a mis au jour un dévoiement des pratiques policières locales et un harcèlement visant plus particulier les Noirs, notamment pour les infractions routières. Le produit de ces amendes contribuait en effet pour une part significative (23 % dans le projet de budget 2015) aux revenus de la municipalité. Les conclusions sévères du ministère de la justice ont entraîné les démissions du chef de la police, du juge municipal et du city manager, qui exerce les fonctions exécutives au profit du conseil municipal. La police et ce conseil étaient alors composés en majorité de Blancs.Samedi, le chef de la police d’Arlington, Will Johnson, a noté que la mort de Christian Taylor intervient alors que la « nation est aux prises avec les thèmes de l’injustice sociale, des inégalités, du racisme et de mauvaises pratiques de la police ». Will Johnson a garanti la « transparence » pour l’enquête en cours et annoncé avoir demandé l’aide du FBI. Le policier à l’origine des coups de feu, Brad Miller, 49 ans, suspendu conformément au règlement pour la durée de l’enquête, était sorti diplômé de l’académie de police en mars 2014. Il parachevait sa formation au sein de la police d’Arlington, qu’il avait rejointe en septembre.Dans un long portrait qu’il a consacré à Darren Wilson, publié dans son numéro daté du 10 août, le magazine The New Yorker rappelle que ce dernier, 29 ans, avait été employé tout d’abord dans le secteur de la construction avant d’entrer dans une académie de police après l’éclatement de la bulle immobilière.Lire : Un an après Ferguson, le policier qui a tué Michael Brown garde « la conscience tranquille »Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.08.2015 à 12h41 • Mis à jour le21.08.2015 à 13h11 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Même pas peur. La démission du premier ministre grec Alexis Tsipras, annoncée jeudi 20 août au soir, et la tenue d’élections législatives anticipées en septembre ne semblent pas inquiéter outre mesure les responsables européens et les représentants des créanciers, qui viennent de valider, il y a à peine une semaine, lors de l’Eurogroupe du 14 août, une aide supplémentaire massive de 86 milliards d’euros sur trois ans à la Grèce. De fait, ce nouveau soubresaut politique était largement anticipé, voire souhaité, par les représentants des créanciers d’Athènes.« La Commission européenne prend note de l’annonce en Grèce. Les clés du succès seront un large support au MOU [Memorandum of Understanding, la liste des conditions sur lesquelles s’est engagé le pays en échange de l’aide] et un respect des engagements » a ainsi tweeté, jeudi soir, Annika Breidthardt, une des porte-parole de la Commission. Le tweet, jeudi soir, du directeur de cabinet du président de la Commission Juncker, Martin Selmayr, est lui aussi sans ambiguïté : « Des élections rapides en Grèce peuvent être le moyen d’élargir le soutien au programme de stabilité du MES [le troisième plan d’aide] que vient juste de signer M. Tsipras ».Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre parti« Etape attendue » « J’espère que les élections vont conduire à un soutien encore plus grand [au plan d’aide] de la part du Parlement grec. Espérons qu’elles auront lieu relativement vite afin que la Grèce puisse, comme prévu, prendre des décisions importantes en octobre », a pour sa part déclaré Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, selon l’agence Reuters. Même type de message de la part d’un de ses collègues, Thomas Wieser, un personnage clé à Bruxelles, qui préside le groupe de travail de l’Eurogroupe. « C’était vraiment une étape attendue », a t-il commenté sur la chaîne de télévision publique autrichienne ORF. « Et pour de nombreuses personnes, cela était une étape voulue pour avoir une structure plus claire dans le gouvernement grec, a-t-il ajouté. Si cela n’avait pas eu lieu, la situation serait devenue plus risquée. »Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis Tsipras« Depuis qu’un tiers des députés du parti Syriza ont voté contre le plan d’aide à Athènes, la semaine dernière, la démission de Tsipras était largement anticipée, ici, renchérit une source diplomatique à Bruxelles. Cette démission est considérée comme une opportunité par les créanciers d’Athènes, qui espèrent que Tsipras sera réélu et que cela va permettre de clarifier la situation politique, d’aboutir à un gouvernement plus cohérent, qui soutienne davantage le plan d’aide et la mise en œuvre des réformes exigées en échange. » Ces élections anticipées étaient même souhaitées depuis des mois, plus ou moins ouvertement, par certains responsables européens, qui y voyaient le moyen de « purger » la coalition gouvernementale grecque de ses éléments les plus radicaux, ceux qui, comme Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances, ont semblé jouer, durant toutes les négociations entre Athènes et ses créanciers, davantage la sortie de la Grèce de la zone euro que son maintien.Lire le portrait :La « star » Varoufakis se cherche un destinL’agenda des réformes bousculé ?Ce nouveau processus électoral ne risque-t-il pas, néanmoins, de compromettre l’agenda très serré du programme d’aide ? Un premier chèque de 13 milliards d’euros a certes été envoyé à Athènes jeudi, pour rembourser la Banque centrale européenne et les arriérés dus au Fonds monétaire international, et 10 autres milliards ont été sécurisés pour recapitaliser les banques hellènes. Mais pour que les autres prêts soient versés, Athènes va devoir, tous les trimestres, se soumettre à une série d’audits.D’ici octobre, Athènes s’est ainsi d’ores et déjà engagée sur une liste impressionnante de « prior actions », de réformes encore à mettre en place. Poursuite de la réforme des retraites, de la simplification du système de TVA, de la collecte des impôts, etc. Un travail administratif considérable en perspective, alors que, d’ici à la tenue des prochaines élections législatives, fin septembre, il est peu probable que le gouvernement intérimaire se lance dans des chantiers d’envergure.Si M. Tsipras se maintient avec une coalition solide, après les élections législatives, il ne lui restera plus que quelques semaines pour mettre en place les « prior actions » avant que les fonctionnaires de la Commission européenne débarquent à Athènes pour leur première « revue » des réformes.« Cet agenda est tenable, estime une source diplomatique, interrogée par Le Monde. Les Grecs ont déjà prouvé qu’ils peuvent constituer un nouveau gouvernement et être opérationnels en un temps record ». L’agence de notation Moody’s, jeudi soir, a néanmoins mis en garde les investisseurs, estimant que « la démission du premier ministre Tsipras et l’appel à des élections législatives anticipées le 20 septembre pourraient accroître les préoccupations concernant la mise en place du programme d’aide, et potentiellement, faire peser un risque sur les futurs versements de prêts [au pays] ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 • Mis à jour le21.08.2015 à 11h39 | Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Un demi-million d’enfants palestiniens ont bien failli ne pas retrouver les bancs de l’école au mois de septembre. Faute de fonds suffisants pour payer ses enseignants, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui gère les 700 établissements disséminés dans les camps de réfugiés de la bande de Gaza, de Cisjordanie, du Liban, de Jordanie et de Syrie, semblait résigné en début de semaine à reporter la rentrée d’au moins un mois. Avec tous les risques de troubles qu’une telle décision, inédite dans la longue histoire de cette organisation fondée en 1949, aurait pu entraîner, dans une région déjà passablement déstabilisée.Mais des contributions financières de dernière minute, en provenance principalement des monarchies du golfe Arabo-Persique, ont permis de conjurer ce scénario de tous les dangers. Jeudi 20 août, dans une déclaration surprise, le commissaire général de l’UNRWA, le Suisse Pierre Krähenbühl, a annoncé que les classes rouvriront comme à l’accoutumée, entre la fin août et mi-septembre, selon les pays. Un soulagement pour les réfugiés palestiniens, qui n’ont souvent que l’éducation pour tenter d’améliorer leur sort. Dans la bande de Gaza, où ils sont 1,2 million, soit un quart de leur nombre total, une cessation de paiement de l’UNRWA, l’un des principaux employeurs de ce territoire où le chômage dépasse 40 %, aurait eu des conséquences dramatiques. La crise s’est dénouée en quarante-huit heures. Entre lundi 17 et mardi 18 août, une donation de 45 millions de dollars (40 millions d’euros), financée à parts égales par les Emirats arabes unis, le Koweït et les Etats-Unis, est arrivée dans les coffres de l’UNRWA. Ce versement, ainsi que les 19 millions de dollars acquittés une semaine plus tôt par l’Arabie saoudite et les chèques, plus modestes, signés par le Royaume Uni, la Suisse et la Norvège, ont épongé les quatre cinquièmes du déficit de l’agence, chiffré à 101 millions de dollars. De quoi lui permettre de redémarrer ses services éducatifs, dans l’espoir que d’ici la fin de l’année, le reste du découvert sera comblé.« On nous incite à émigrer »La semaine dernière, dans le camp de Chatila, à Beyrouth, alors que l’annonce du report de la rentrée scolaire semblait imminente, les réfugiés dénonçaient à l’unanimité un « complot ». « A Chatila, il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, et quasiment pas de travail car la législation libanaise nous barre l’accès à la plupart des professions, expliquait Ziad Himmo, le chef du comité populaire, qui gère ce bidonville lugubre et surpeuplé, en partenariat avec l’UNRWA. Priver nos enfants d’éducation, c’est nous inciter à monter dans un bateau pour la Turquie, à émigrer en Europe et à oublier le droit au retour. »Une référence à la résolution 194 des Nations Unies, le Graal des réfugiés palestiniens, qui leur reconnaît le droit de rentrer sur les terres dont ils ont été chassés en 1948, par les troupes de l’Etat naissant d’Israël. Près de soixante-dix ans après, ce traumatisme national, désigné sous le terme de « Nakba » (« catastrophe » en arabe), continue de modeler les perceptions des réfugiés et de nourrir en eux une forme de suspicion viscérale. « L’UNRWA est le principal témoin de la Nakba, dit Abou Wissam, qui tient une petite boutique, où il rafistole des appareils électroménagers hors d’âge. C’est dans l’intérêt des sionistes de s’en débarrasser ». Dans les bureaux de l’agence à Beyrouth, plutôt que de conspiration, on parle d’épuisement des pays donateurs, dans un contexte d’explosion des besoins humanitaires et d’exacerbation du conflit israélo-palestinien. La concurrence de la crise syrienne, la reconstruction des camps de Gaza, partiellement détruits durant les offensives israéliennes passées et la dépréciation de l’euro ont tous creusé le « trou » de l’UNRWA. « Nous sommes en déficit structurel, concède Matthias Schmale, le directeur de la branche libanaise. Notre budget de fonctionnement annuel est de 680 millions de dollars. Mais le montant des contributions que nous réussissons à garantir d’une année à l’autre avoisine 350 millions ».Acrobaties comptablesCes dernières années, l’organisation onusienne s’en était sortie par des acrobaties comptables, en puisant dans ses réserves, en sollicitant des avances de ses bailleurs les plus fidèles et en repoussant des chantiers de réhabilitation. Mais les réserves se sont épuisées, les bailleurs se sont fatigués et les travaux de maintenance ont dû être lancés. D’où l’intensité de la crise de cette année, que l’enveloppe des pays du Golfe n’a fait qu’amortir momentanément.Au 1er janvier 2016, l’UNRWA fera face à un nouveau déficit, qui reposera la question de sa viabilité. Le suspense sur la rentrée scolaire, habilement entretenu par sa direction, ne fonctionnera pas à chaque fois. A moins que de nouveau Etats n’intègrent le cercle de ses donateurs réguliers, l’agence devra revoir ses prestations à la baisse. Faute d’argent, elle a déjà cessé de verser aux Palestiniens de Syrie venus se réfugier au Liban le pécule de 100 dollars qu’ils utilisaient chaque mois pour se loger. « Nous savons que dans le camp de Eïn Al-Helw [à Saïda, dans le sud du Liban], des éléments extrémistes, proches de l’Etat islamique, tentent de recruter des Palestiniens, prévient Matthias Schmale. Investir dans l’UNRWA, c’est investir dans la sécurité et la stabilité de la région. »Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h31 • Mis à jour le21.08.2015 à 10h33 Alors qu’Ankara a lancé il y a un mois une vaste offensive contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’agence gouvernementale turque Anatolie a affirmé, vendredi 21 août, que l’armée turque aurait tué 771 rebelles kurdes. Des chiffres impossibles à vérifier, l’agence basant généralement ses informations sur des sources de renseignements militaires.Dans le détail, Anatolie a précisé que les nombreux raids de l’aviation turque contre les bases arrières du PKK dans le nord de l’Irak avaient tué 430 rebelles. Dans les opérations menées sur le sol turc, 260 membres de la guérilla kurde ont été tués, a affirmé Anatolie. Les autres seraient décédés des suites de leurs blessures.« Guerre contre le terrorisme »Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le PKK, mettant ainsi fin à une trêve en vigueur depuis 2013, et les combattants de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Mais les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur la guérilla kurde, seuls trois d’entre eux ayant été jusqu’à présent officiellement signalés contre l’EI.De son côté, le PKK a repris ses attaques contre l’armée et la police à travers la Turquie, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un décompte de la presse turque. Des hommes armés ont attaqué, vendredi matin, un poste de police du quartier populaire d’Esenyurt à Istanbul, sans faire de blessés, a rapporté l’agence de presse Dogan. 21.08.2015 à 10h05 • Mis à jour le21.08.2015 à 10h47 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne monte à son tour au créneau. A maintenant 100 jours du début de la COP 21, la cruciale 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris entre le 30 novembre et le 11 décembre prochain, Bruxelles estime que les négociations patinent.Jeudi 20 août, le commissaire européen à l’énergie et au climat, l’espagnol Miguel Arias Cañete, a réclamé, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, que les discussions techniques « aillent plus vite ». La volonté politique est là, a t-il assuré, « mais concernant le fonds, le texte de compromis est bien trop long [80 pages environ], avec toutes les options mises sur la table par les pays plus tôt cette année toujours pas tranchées » a souligné le commissaire.Deuxième source d’inquiétude : il manque encore des pays à l’appel, qui n’ont pas soumis leurs contributions en termes de réduction des émissions de CO2 , et pas des moindres.De gros émetteurs, des pays importants du G20, comme le Brésil, l’Argentine, l’Inde, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud ou la Turquie. A ce jour, 56 pays représentant 61 % des émissions globales actuelles ont fait des propositions, ce n’est pas suffisant pour faire de Paris un succès a estimé le commissaire, jeudi.S’engager sur des objectifs à long termeEnfin, et surtout, a insisté M. Cañete, il s’agit de préciser quels sont les éléments clés de l’accord de Paris, en décembre prochain. Il faudra que les principaux pays émetteurs de la planète soient de la partie, et que ceux qui ont le plus de responsabilités et de capacités soient les plus ambitieux en matière de réductions des gaz à effet de serre. Les pays devront aussi s’engager sur des objectifs à long terme de réduction globale des émissions de 60 % en 2050 par rapport au niveau de 2010.Paris peut encore être un succès, selon le commissaire, mais « la fenêtre d’opportunité pour parvenir à l’objectif de maintenir le réchauffement global à une hausse moyenne des températures de 2 degrés se referme vite » a prévenu M. Cañete, jeudi. Il a par ailleurs annoncé que la Commission européenne allait organiser avec le Maroc, le pays qui prendra la présidence des négociations climat à la suite de la France, une conférence à Rabat, les 12 et 13 octobre prochains. L’occasion de faire à nouveau le point sur les négociations, à un mois et demi du début de la conférence de Paris.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marina Rafenberg (Athènes, intérim) D’un pas décidé, le regard sombre, Alexis Tsipras s’est dirigé vers 20 h 30, jeudi 20 août, devant les caméras : « Le mandat que j’ai reçu le 25 janvier a atteint ses limites. » Le premier ministre grec a officiellement annoncé sa démission et la tenue de nouvelles élections anticipées, tentant un nouveau coup de poker, un peu plus d’un mois après le référendum sur le plan d’aide à la Grèce qui a fait trembler l’Europe et failli aboutir à la sortie de la Grèce de la zone euro.Alexis Tsipras a demandé aux électeurs de le « juger aussi bien sur ses succès que sur ses erreurs ». Le premier ministre, tout en rappelant qu’il avait tout fait pour obtenir le meilleur accord possible avec les créanciers du pays, a demandé au peuple « de décider si l’accord est valable pour sortir un jour des plans de rigueur » et « de savoir qui peut mener les réformes nécessaires ». Lire les dernières informations :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre partiMalgré la victoire du non au référendum, la Grèce a accepté un prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans assorti de nouvelles mesures de rigueur… rejetées par les Grecs quelques semaines plus tôt.Depuis la défection d’une quarantaine de députés de Syriza qui ont refusé, le 14 août, de voter en faveur du troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros au pays, la démission du premier ministre et la tenue de nouvelles élections faisaient la « une » de tous les médias grecs.La majorité parlementaire, désormais réduite à 119 députés sur les 300 que compte l’Assemblée, « ne laissait pas d’autre choix à Alexis Tsipras que de convoquer de nouvelles élections », explique l’analyste politique Georges Séfertzis.« La fracture au sein du parti devenait de plus en plus évidente et Alexis Tsipras a besoin d’un gouvernement stable s’il veut passer toutes les mesures nécessaires et rester au pouvoir le temps d’une législature normale [quatre ans]. Il lui fallait clarifier les choses et évincer les dissidents. »Lire le reportage :En Grèce, « ces élections anticipées sont un désastre pour la population »« L’irresponsabilité d’Alexis Tsipras »Alexis Tsipras n’a pas précisé de date pour ces prochaines élections législatives, troisième vote de l’année pour les Grecs, mais les médias spéculaient jeudi sur le 20 septembre, à moins que l’opposition – qui n’est pas en position de force – n’essaie de gagner du temps.Quelques minutes après l’allocution télévisée d’Alexis Tsipras, Evangelos Meïmarakis, le nouveau chef de Nouvelle Démocratie (ND, droite), principal parti d’opposition, a fait savoir qu’il explorerait « toutes les possibilités pour que les élections soient la dernière des options ». Au Pasok (parti socialiste), la présidente, Fofi Gennimata, a dénoncé « l’irresponsabilité d’Alexis Tsipras qui encore une fois fuit ses responsabilités », et qualifié les élections de « catastrophiques pour le pays ». La Constitution grecque prévoit que le président de la République, Prokopis Pavlopoulos, doit demander au deuxième parti, en l’occurrence Nouvelle Démocratie, s’il est en mesure de former un gouvernement. « Sans l’appui des députés du Syriza et des Grecs indépendants (ANEL), l’opposition n’y arrivera pas », commente Michalis Spourdalakis, professeur de sciences politiques à l’université d’Athènes.Vendredi, Evangelos Meïmarakis a reçu du président grec un mandat de trois jours pour former un nouveau gouvernement. En cas d’échec, le président de la République devra nommer un premier ministre provisoire jusqu’aux élections. Comme le veut la Constitution, ce sera la présidente de la Cour suprême, Vassiliki Thanou-Christophilou, qui dirigera alors le gouvernement.Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersFronde interne La préoccupation d’Alexis Tsipras n’est pas son opposition, mais l’aile gauche de son parti, en voie de dissidence, qui critique ouvertement le premier ministre. « Le gouvernement agit sous le régime de la panique et de la peur. (…) Il veut appeler les citoyens à voter avant qu’ils ne soient informés de la totalité des mesures comprises dans le troisième mémorandum et avant qu’ils ne ressentent leurs effets au quotidien », explique dans un communiqué la Plate-forme de gauche. Vendredi, 25 députés de Syriza issus de cette plateforme ont décidé de créer un nouveau parti, derrière l’ancien ministre de l’énergie, Panagiotis Lafazanis.Celui-ci avait été écarté du gouvernement le 17 juillet à la suite de l’accord signé par Alexis Tsipras avec ses créanciers européens. Issu des rangs traditionnels du parti communiste, M. Lafazanis est favorable à un retour à la drachme et la fin des plans d’aide. Ce nouveau parti devrait se nommer « Unité populaire ». Selon la télévision publique ERT, il pourrait être soutenu par Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement qui s’est plusieurs fois prononcée contre l’accord signé par le premier ministre, mais le très médiatique ex-ministre des finances, Yanis Varoufakis, ne devrait pas être de la partie. Il ne devrait pas non plus être sur les listes de Syriza.Si l’organisation de ces élections était attendue, la rapidité de l’annonce a néanmoins surpris, alors que Syriza devait organiser un congrès en septembre ou octobre. « Alexis Tsipras a bien conscience que plus il attend, plus sa cote de popularité risque de baisser », explique Georges Séfertzis. M. Tsipras pourra en plus bénéficier d’une disposition de la constitution qui prévoit que si les élections ont lieu moins de 18 mois après les précédentes, les électeurs ne peuvent se prononcer que sur des listes fermées, et non panacher les noms à leur guise.D’après le dernier sondage publié fin juillet par l’institut Metro Analysis, Syriza recueillerait près de 33,6 % des voix aux prochaines élections, contre 17,8 % pour la Nouvelle Démocratie et 6,1 % pour To Potami (centristes). Michalis Spourdalakis pense même que Syriza pourrait obtenir les 37 % nécessaires pour obtenir la majorité absolue et se passer d’une coalition : « Les Grecs, pour le moment, croient qu’Alexis Tsipras a tout tenté dans les négociations, qu’il a été l’objet de chantage de la part des Européens. En outre, ils ne veulent pas de l’ancienne classe politique corrompue, l’opposition actuelle ne représente pas une alternative. »La formation d’un nouveau front antiaustérité mené par la Plate-forme de gauche constitue-t-elle une menace pour Alexis Tsipras ? « Pas vraiment. L’aile gauche du Syriza anti-euro ne représente qu’entre 3 et 4 % de l’électorat de Syriza », estime Michalis Spourdalakis. Si Syriza n’obtient pas la majorité absolue, « tout devient plus compliqué, poursuit-il. Les Grecs indépendants risquent de ne pas dépasser 3 % et de ne pas avoir de députés. Et alors, quelle coalition serait possible ? Le Pasok et To Potami sont trop libéraux pour Syriza… »Marina Rafenberg (Athènes, intérim) Jean-Baptiste Chastand Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55d73151c0b08'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ 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Allemagne, en passant par la Serbie et la Hongrie, la Macédoine, qui fait face depuis plusieurs mois à des arrivées incessantes sur la route de l’Europe, a annoncé l’état d’urgence dans ses régions frontalières dans le sud et dans le nord du pays. Le gouvernement a décidé de déployer l’armée pour officiellement « améliorer la sécurité des citoyens dans ces deux régions et permettre une meilleure approche des gens qui souhaitent demander l’asile », explique le communiqué officiel.Cette décision s’est traduite, vendredi 21 août, par de violents incidents, avec des soldats tirant au gaz lacrymogène sur une foule de plusieurs milliers de personnes qui avaient passé la nuit dans un no mans land, entre la Grèce et la Macédoine, dans des conditions extrêmement précaires. Si la police macédonienne nie tout incident à la frontière, Anthonis Rijas, coordinateur local de Médecins sans frontières (MSF) affirme que des forces spéciales de police « ont tiré des balles en plastique et ont dispersé les migrants à coup de bâton ». Il a « recensé une dizaine de blessés », avant d’ajouter qu’il y a « des centaines de migrants qui attendent et de plus en plus arrivent toutes les heures ».Ces derniers mois, plusieurs centaines de migrants – surtout issus de Syrie, d’Afghanistan ou du Pakistan – franchissaient chaque jour la frontière avec la Grèce, avant de prendre le train de la petite ville de Gevgelija, dans le Sud, pour se rendre en Serbie, au nord. Ils ont été 39 000 à la traverser en juillet, selon un décompte de l’Associated Press.« Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija » Jeudi matin, tous les migrants qui avaient tenté de passer la frontière aux points de passage habituels en avaient été empêchés par la police militarisée. « Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija et entre 1 500 et 2 000 sont retenus côté grec, assurait alors Anthonis Rijas. La situation est très difficile car il pleut. Nous avons distribué des ponchos mais nous n’en avons pas assez pour tout le monde. »Ceux-ci recevaient un récépissé leur donnant soixante-douze heures pour déposer une demande d’asile, délai dont la plupart profitaient pour continuer leur périple vers le nord. Des bus et des trains spéciaux avaient d’ailleurs été mis en place pour transférer plus vite les migrants ; le pays se traverse en quelques heures.Mais, face à l’ampleur des arrivées, la situation s’était tendue ces derniers jours à Gevgelija. Les trains n’étaient plus en nombre suffisant, ce qui a conduit à des affrontements entre migrants et policiers pour monter à bord. Mercredi, le gouvernement macédonien avait appelé à l’aide ses voisins, leur demandant l’envoi de « wagons » supplémentaires. L’arrivée annoncée jeudi d’un navire transportant 2 700 migrants syriens depuis les îles grecques vers Thessalonique, à 80 kilomètres de la frontière avec la Macédoine, semble avoir conduit Skopje à prendre cette décision. « Malheureusement, la Grèce, non seulement ne garde pas sa frontière, mais nous constatons nombre de cas de transferts organisés de migrants illégaux jusqu’à notre frontière », a expliqué à l’AFP le porte-parole du ministère macédonien de l’intérieur, Ivo Kotevski. Le gouvernement grec avait en effet affrété des bus pour conduire directement les migrants de Thessalonique à la frontière. Mais ce navire, parti de l’île de Kos mercredi matin, a finalement été détourné sans explication officielle vers Athènes, à la grande déception des migrants, qui avaient dû payer cent euros pour être transportés jusqu’à la frontière.Voir le reportage interactif : La Macédoine, nouveau purgatoire des migrants sur la route de l’Europe« La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus » Malgré l’état d’urgence, la frontière avec la Grèce ne devrait toutefois pas être totalement fermée. « La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus », a ainsi théorisé M. Kotevski. « Le gouvernement nous a expliqué qu’il laisserait seulement passer le nombre de migrants que le pays peut accueillir dans de bonnes conditions, soit une centaine par jour », assure Mersiha Smailovic, qui travaille pour Legis, une ONG d’aide aux migrants.Mais les associations s’inquiètent que le renforcement de ces contrôles pousse les migrants à opter pour des voies plus périlleuses. « Je suis sûre que les passeurs vont venir se réinstaller et vont trouver d’autres chemins », estime Mme Smailovic. Une situation qui prévalait jusqu’au printemps, avant que la Macédoine ne décide d’organiser un minimum les flux de migrants en raison des pratiques mafieuses observées sur le terrain. Plusieurs migrants avaient alors témoigné du racket et des violences qu’ils avaient dû subir de la part des trafiquants. Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 04h54 • Mis à jour le21.08.2015 à 08h11 Nouvel obstacle sur la voie de la résolution diplomatique du terrible conflit au Soudan du Sud. La Russie a indiqué jeudi 20 août avoir besoin de « temps » pour étudier un projet de résolution de l’ONU visant à sanctionner le pays si son président refusait de signer un accord de paix. Le projet de résolution a été présenté mercredi soir au Conseil de sécurité par les Etats-Unis, parrains de l’indépendance du pays, qui espéraient un vote rapide.« C’est un projet complexe. Nous avons besoin de temps pour y réfléchir », a réagi le représentant permanent adjoint russe à l’ONU Petr Iliichev.Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a refusé lundi de signer l’accord visant à mettre fin à une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de deux millions de déplacés, demandant un délai supplémentaire de quinze jours pour « mener des consultations ». Le chef de la rébellion, Riek Machar, a, pour sa part, ratifié l’accord.Selon le département d’Etat américain, le président sud-soudanais aurait confié mercredi au chef de la diplomatie américaine, John Kerry, vouloir signer le texte.Embargo sur les armes et sanctions cibléesLe projet de résolution prévoit notamment d’imposer un embargo sur les armes et des sanctions ciblées pour les personnes jugées responsables d’avoir fait échouer les tentatives de paix. Il prévoit également des interdictions de voyager et le gel d’avoirs, le tout à partir du 6 septembre.M. Iliichev dit douter de l’efficacité de cette méthode, estimant que des sanctions imposées à six généraux le mois précédent n’avaient fait que compliquer la situation sur le terrain. « Au lieu d’aider le processus de paix, nous avons un nouvel obstacle. », « Nous devrions faire très attention aux [plus] radicaux qui entourent [Salva] Kiir et [Riek] Machar et à comment ils vont réagir ».Le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011, après trente ans de conflit avec le Soudan. Mais le pays a replongé dans la guerre en décembre 2013, quand des combats ont éclaté à Juba entre le camp de l’ancien vice-président Riek Machar et celui du président Salva Kiir, avant de se propager au reste du pays.Voir notre visuel interactif : Soudan du Sud, un jeune Etat ravagé par la guerre civileDes pourparlers de paix ont été engagés dès janvier 2014, mais n’ont jusqu’ici abouti qu’à des cessez-le-feu jamais respectés. Les discussions engagées dimanche à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, ont donné lieu à un accord qui comporte plusieurs points litigieux, notamment les modalités d’un mécanisme de partage du pouvoir qui verrait le chef des rebelles Riek Machar redevenir vice-président – un poste dont il avait été limogé avant le début de la guerre – ou encore la démilitarisation de Juba, la capitale. 21.08.2015 à 02h08 • Mis à jour le21.08.2015 à 11h30 | Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante) A Largo da Batata, point de départ des manifestants de Sao Paulo, jeudi 20 août, dans une joyeuse ambiance embaumée par l’odeur des brochettes grillées et des beignets au poulet arrosés de « 51 », une cachaça bon marché, règne une certaine confusion. Là, se côtoient les avocats de la « démocratie » appelant Dilma Rousseff à se maintenir au pouvoir et les contempteurs de l’austérité l’accusant de trahison, sans, pour autant, réclamer son départ.Lunettes fumées, casquette rouge aux couleurs du syndicat CUT (Centrale unique des travailleurs), André Ferreira, 32 ans, a choisi son camp. Celui des pro-Dilma à 100 %. S’il est venu c’est pour s’opposer à ce qu’il appelle un « coup d’Etat » menée par ceux qui réclament la destitution de la présidente. Tenant une pancarte « Nao a ditadura » (Non à la dictature) il rappelle que se mêlaient aux défilés du 16 août, lors des grandes manifestations contre Dilma, menées essentiellement par des libéraux des classes aisées, une poignée de partisans du retour des militaires.Lire le reportage :Au Brésil, la présidente Dilma Rousseff fortement contestée dans la rueManifestations ambiguës« Si Dilma s’en va nous auront un gouvernement de droite qui ne tiendra pas compte des questions sociales. Nous basculerons dans le passé ! », ajoute son ami Luis da Juta, gros gaillard de cinquante ans, ouvrier du bâtiment. Tous deux n’ont pas oublié les premières années du PT où, sous la présidence de Lula, des millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté.Quelques mètres plus loin, Mario Constantino, échalat de 24 ans, professeur d’anglais appartenant au mouvement des jeunes anticapitalistes, en est presque écœuré. « Cela fait deux mois qu’on a prévu cette manifestation. Depuis le début le motif est de dénoncer la politique d’austérité. Les syndicats ont pris en otage l’événement ! », s’agace-t-il devant une pancarte décrivant Dilma Rousseff telle Edward aux mains d’argent affublée de ciseaux à la place des doigts. Dans ce tumulte, Maria Rodriguez, cuisinière dans un restaurant pauliste s’y perd. Un autocollant « contre l’austérité » posé sur son tee-shirt elle encense « Dilma la meilleure ».Guilherme Boulos, l’un des principaux organisateurs des manifestations de ce jeudi, prévues dans une trentaine de villes au Brésil, avait promis que l’événement ne consisterait pas à « passer la main dans les cheveux du gouvernement », de Dilma Rousseff. Hors de question de transformer la manifestation en une riposte à celle du 16 août. « On ne peut avoir cette vision simpliste que le 16 août fut le jour des “Fora Dilma” (Dilma dehors) et que le 20 serait celui des “Viva Dilma” », expliquait le représentant du Mouvement des travailleurs sans toit (MTST). La rue en a décidé autrement.Impopularité record« Les manifestations de ce jeudi comme celles de dimanche sont ambiguës, contradictoires, souligne Carlos Alberto de Melo, politologue à l’institut d’enseignement supérieur, Insper de Sao Paulo. Aujourd’hui, les manifestants dénoncent la politique du gouvernement PT mais veulent que la présidente reste. Dimanche les manifestants exigeaient son départ mais approuvaient sa politique d’austérité ».Ces contradictions reflètent les tensions que subit Dilma Rousseff. Quelque mois après son élection pour un second mandat, débordée par la crise économique, la présidente a cédé à la pression de l’opposition en s’attelant à la réduction du déficit. L’ancienne protégée de l’ancien président Lula paie aujourd’hui ce « tournant de la rigueur » par une impopularité record (seuls 8 % des Brésiliens approuveraient sa politique).Lire aussi :Dilma Rousseff au plus bas dans les sondagesGalvanisés par la rue, certains au sein du principal parti d’opposition, le PSDB (centre droit), n’hésitent plus à réclamer son retrait. Lundi, l’ancien président, Fernando Henrique Cardoso, jugeait même que la démission de Dilma Rousseff serait un geste de « grandeur ».Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.08.2015 à 16h50 • Mis à jour le18.08.2015 à 17h12 Les forces de sécurité du Bangladesh ont annoncé l’arrestation, mardi 18 août, de trois islamistes présumés, soupçonnés du meurtre de deux blogueurs. Ressortissant britannique d’origine bangladaise, Touhidur Rahman, 58 ans, serait « le principal planificateur des attaques contre Avijit Roy et Ananta Bijoy Das », selon la police. Les trois interpellés ont été identifiés comme des « membres actifs » du groupe Ansarullah Bangla Team (ABT).Quatre blogueurs tués depuis le début de l’annéeDepuis le début de l’année, quatre blogueurs connus pour défendre la laïcité ont été tués à coups de machette au Bangladesh. Ananta Bijoy Das, assassiné en mai, écrivait pour Mukto-Mona (« Libre pensée »), un site internet autrefois piloté par le blogueur américain d’origine bangladaise Avijit Roy, lui-même tué en février à Dacca.Des manifestations de protestation dans la capitale ont été organisées dans la capitale par des militants laïcs. Le gouvernement, accusé de ne pas en faire assez pour prévenir ces attaques, avait promis de tout faire pour retrouver les meurtriers.D’après la police, Touhidur Rahman était le « principal financier » du groupe ABT, constitué principalement d’étudiants issus d’universités privées. La semaine dernière, la police bangladaise avait déjà annoncé l’arrestation de deux autres membres présumés du mouvement pour le meurtre du blogueur Niloy Chakrabarti, qui écrivait sous le nom de plume Niloy Neel, tué le 7 août à coups de machette à son domicile de Dacca. La quatrième victime, Washiqur Rahman, a été assassiné en mars.La plupart des blogueurs qui militent en faveur de la laïcité sont passés dans la clandestinité et se cachent sous des pseudonymes. Au moins sept d’entre eux ont fui à l’étranger. Les militants laïcs accusent les islamistes d’avoir une liste noire des personnes à abattre. Plus de 90 % des 160 millions d’habitants bangladais sont musulmans. 18.08.2015 à 15h04 • Mis à jour le18.08.2015 à 15h43 Les Grecs peuvent désormais transférer jusqu’à 500 euros par mois à l’étranger dans le cadre d’une levée progressive des mesures de contrôle des capitaux mises en place à la fin de juin pour éviter une implosion du système bancaire.Selon un décret ministériel publié lundi 17 août au Journal officiel, il est désormais possible d’ouvrir un compte en banque pour rembourser ses dettes. Outre l’autorisation de transférer jusqu’à 500 euros par mois à l’étranger, le gouvernement permet aux Grecs de verser plus de 8 000 euros par trimestre à un étudiant faisant ses études à l’étranger. Par contre, les retraits restent limités à 420 euros par semaine et par personne.Athènes avait eu recours aux mesures de contrôle des capitaux — avec à la clef la fermeture temporaire des banques et de la Bourse — après que la Banque centrale européenne (BCE) eut refusé d’augmenter le plafond des liquidités d’urgence allouées aux banques.La situation s’est largement détendue depuis l’accord entre la Grèce et ses créanciers sur un troisième plan d’aide de quelque 86 milliards d’euros. A la fin de juillet, le gouvernement avait relevé la limite imposée aux entreprises pour les transferts d’argent à l’étranger, ce qui leur a permis de débloquer des importations.Lire aussi :En Grèce, malgré la crise, les touristes affluentVers une privatisation de 14 aéroports pour 1,23 milliard d’eurosLe gouvernement a également fait un pas vers la concession des quatorze aéroports régionaux du pays au consortium allemand Fraport-Slentel pour 1,23 milliard d’euros. Une source gouvernementale a expliqué que la décision publiée au Journal officiel mardi concernant ces privatisations ne faisait que confirmer l’engagement du gouvernement à conclure un accord. « Cela ouvre la voie à un accord définitif au cours des semaines à venir », précise-t-elle à l’agence de presse Reuters, ajoutant que plusieurs points juridiques et techniques restaient à régler. La décision du gouvernement constitue « le point de départ de nouvelles négociations », et aucun contrat n’a été signé, a abondé un porte-parole de Fraport.La cession de la gestion des aéroports à l’entreprise allemande pour une durée de quarante à cinquante ans, approuvée par le précédent gouvernement, avait été gelée après l’élection en janvier du premier ministre de gauche radicale, Alexis Tsipras.Ces privatisations font partie de l’accord avec les créanciers du pays voté le 14 août par le Parlement grec. Il s’agit notamment des aéroports de villes très actives ou touristiques comme Thessalonique, Corfou, Rhodes, Kos ou encore Santorin. C’est la première privatisation d’infrastructures du gouvernement d’Alexis Tsipras.Lire aussi :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide... Louis Imbert La présidence égyptienne a adopté, dans la nuit de dimanche à lundi 17 août par décret, une vaste loi antiterroriste qui entérine une politique répressive menée depuis deux ans contre la confrérie des Frères musulmans, l’opposition de gauche et laïque et, plus largement, toute frange contestataire de la société égyptienne.Cette loi, qui a pris effet immédiatement, garantit notamment une large impunité aux policiers qui feraient usage de la force dans le cadre de son application. Elle punit la presse et toute expression publique, y compris sur les réseaux sociaux, qui contredirait les déclarations officielles du régime en matière de terrorisme.« La définition du terrorisme que propose cette loi est extrêmement vague, c’est toute sa force, estime Mohamed Zari, directeur national de l’Institut du Caire d’étude des droits de l’homme. Elle met sur le même pied l’organisation Etat islamique (EI), la presse, des manifestants pacifiques et des organisations de défense des droits de l’homme. Voyez : si je lance aujourd’hui une campagne contre cette loi, je pourrai être emprisonné. » Sur Twitter, Gamal Eid, le directeur du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme, basé au Caire, a dénoncé l’instauration d’une « République des ténèbres ».Dizaines d’attaquesLe maréchal Abdel Fattah Al-Sissi a signé le décret d’application moins de deux mois après l’assassinat du procureur général de la République, Hicham Barakat, pièce maîtresse de sa politique répressive, victime d’un attentat au Caire. La loi vise en priorité, selon les autorités, le principal suspect de cette attaque : le groupe djihadiste Province du Sinaï, qui a fait allégeance à l’EI, en novembre 2014.Depuis la destitution de l’ex-président islamiste, Mohamed Morsi, en juillet 2013, les djihadistes ont revendiqué des dizaines d’attaques qui ont coûté la vie à des centaines de policiers et de soldats, essentiellement dans la péninsule désertique du Sinaï, frontalière d’Israël et de la bande de Gaza. Récemment, le groupe a revendiqué deux attaques contre des cibles occidentales : un attentat contre le consulat italien au Caire, le 11 juillet, et le meurtre d’un employé croate d’une compagnie française, Tomislav Salopek, enlevé près du Caire le 22 juillet, possiblement par un gang qui aurait revendu sa prise.La loi donne également un cadre extensif à la répression engagée contre les membres la confrérie des Frères musulmans, classée organisation terroriste en décembre 2013, et qui a déjà mené à l’arrestation de plus de 41 000 personnes en deux ans, selon Amnesty International. Elle vise également des groupuscules plus radicaux qui se forment actuellement en marge de la confrérie, au Caire et dans le delta du Nil.Le texte met en place un système dédié au sein du système judiciaire, doté de procédures accélérées et d’un corps de juges spécifique, choisis sur la base du volontariat par le Conseil suprême judiciaire. Ce sont ces juges qui pourront se saisir d’affaires impliquant la presse, les partis politiques, des activistes et des participants à des manifestations non autorisées. La loi prévoit notamment des amendes allant de 23 000 à 58 000 euros pour diffusion de « fausses informations » ou pour avoir contredit le bilan officiel d’une attaque terroriste visant les forces de sécurité.Tortures et dénis de soinDans les commissariats, la loi pourra être utilisée pour couvrir des pratiques de répression que les organisations de défense des droits assimilent à celles du régime Moubarak chassé par la révolution de 2011. Dans certains quartiers du Caire, les tortures, détentions de longue durée et dénis de soin y sont redevenus monnaie courante. Des sympathisants supposés des Frères en sont victimes, mais aussi des jeunes apolitiques radicalisés par l’ampleur de la répression, ou encore des délinquants et des criminels de droit commun.Dans un récent rapport, Human Rights Watch documentait la mort de 9 membres des Frères musulmans, dont un haut responsable, Nasser Al-Houfi, dans un raid mené par la police le 1er juillet contre son appartement dans une banlieue du Caire. L’organisation de défense des droits de l’homme y voyait un possible cas d’exécution extrajudiciaire. Elle s’inquiétait de voir les forces de sécurité égyptiennes atteindre « un nouveau degré de non-respect de la loi ». Les officiers de police ayant conduit ce raid pourraient en théorie échapper à des poursuites selon la nouvelle loi. A la suite de ce raid, les Frères musulmans avaient appelé à la « rébellion pour défendre le pays ».Enfin, la présidence voit l’éventail des « mesures extraordinaires » mises à sa disposition élargi : l’avant-dernier article lui permet de déclarer un couvre-feu, l’évacuation de certaines zones, et de recourir à diverses mesures prévues par la loi de 1958 sur l’état d’urgence pour six mois renouvelables. « Cette loi ramène le pays à l’époque de Moubarak, à trente ans de vie sous l’état d’urgence [institué en 1981 après l’assassinat du président Anouar El-Sadate, il sera renouvelé sans interruption jusqu’en mai 2012] », estime Mohamed El-Messiry, spécialiste de l’Egypte à Amnesty international.Louis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 11h10 Pour la première fois, deux Américaines ont réussi la très prestigieuse formation militaire pour accéder au corps d’élite des rangers, à l’issue d’un des entraînements les plus difficiles et éprouvants de l’armée américaine.Dix-neuf femmes avaient commencé cette formation en avril. Trois mois plus tard, seules deux d’entre elles ont réussi à décrocher la fameuse étoile métallique. Elles recevront officiellement leur diplôme le 22 août. Ravi de la réussite, très médiatisée, de ces deux recrues, le secrétaire à l’armée de terre américaine, John McHug, a salué ce résultat qui prouve que « chaque soldat, quel que soit son genre, peut développer tout son potentiel ».L’entraînement pour devenir ranger dure en théorie soixante et un jours, mais beaucoup, comme ces deux jeunes femmes, sont contraints de redoubler les différentes phases. En moyenne, environ 40 % des élèves réussissent à aller jusqu’au bout.Constamment mis à l’épreuve, les élèves font environ « vingt heures d’entraînement par jour, avec deux repas par jour ou moins (…) et une moyenne de trois heures et demie de sommeil », selon l’association des rangers de l’US Army. « Ils portent en général 29 à 41 kilos d’équipement », et font « environ 320 kilomètres de patrouille » avec des paquetages lourds, soit la distance qui sépare Boston de New York. Les deux femmes ont réussi le même entraînement que leurs camarades masculins.Lire aussi :L’armée américaine bientôt ouverte aux transgenres ?« Un rôle de plus en plus important dans les combats »L’intégration de femmes au corps d’élite des rangers va dans le sens d’une ouverture de l’armée américain, concrétisée en 2013 avec l’accessibilité de tous les postes militaires à des femmes à partir du 1er janvier 2016. Les différentes armes (terre, air, mer) ont jusqu’à cet automne pour demander des exemptions, qui devront être dûment justifiées.Les 15 % de femmes qui composent l’armée américaine peuvent désormais conduire des chars lourds Abrams, opérer des batteries lance-roquettes, ou encore être maître-chien pour le déminage. Toutefois, l’autorisation reste encore à donner pour les postes de combat de l’infanterie et pour la plus grande partie des forces spéciales.Or, comme le note le New York Times, le changement instauré par l’administration Obama reflète une nouvelle réalité sur le terrain :« Depuis plusieurs années, les femmes jouent un rôle de plus en plus important dans le combat. Elles ont combattu les insurgés talibans dans des zones dangereuses en tant qu’artilleuses. »Si une partie des diplômés de la Ranger School servent dans le 75e régiment des rangers, une unité de l’armée de terre utilisée pour des opérations spéciales, les autres reviennent dans leur unité d’origine pour lui faire bénéficier de leur expérience. Ces deux nouvelles diplômées n’auront pas le choix, car le 75e régiment n’est pas, encore, ouvert aux femmes. 18.08.2015 à 05h11 • Mis à jour le18.08.2015 à 17h08 Au lendemain de l’explosion qui a frappé le centre de Bangkok, en Thaïlande, tuant au moins vingt personnes et en blessant plus de cent quarante autres, la police fouillait les débris à la recherche du moindre indice. Un petit engin explosif a été lancé d’un pont sur des passants, mardi 18 août, sans faire de blessé, mais contribuant à l’atmosphère pesante qui règne dans la capitale. L’incident a eu lieu près du fleuve Chao Phraya et de grands hôtels, dans une zone touristique de la ville. La police n’a établi aucun lien immédiat avec l’attaque de la veille.Selon les autorités, aucune piste n’est exclue pour retrouver les auteurs de l’attaque de lundi. Si le ministère des affaires étrangères thaïlandais a jugé qu’il était « trop tôt pour déterminer les motivations potentielles ou l’identité des auteurs » de l’attentat, Prayuth Chan-ocha, le premier ministre, à la tête de la junte, a pris moins de précautions, affirmant qu’« un suspect » avait été identifié grâce à des images des caméras de vidéosurveillance.« C’est la pire attaque qui ait jamais eu lieu en Thaïlande, [car elle] ciblait directement des personnes innocentes. Ils veulent détruire notre économie, notre tourisme. (…) J’ai ordonné que les images des caméras soient vérifiées, car nous avons vu un suspect, mais ce n’était pas clair. »Le premier ministre a tout de même déclaré devant les médias que ce suspect serait « originaire du nord-est du pays », une façon de dire qu’il pourrait appartenir au mouvement des « chemises rouges », soutien de l’ancien gouvernement de Yingluck Shinawatra, chassé par un coup d’Etat militaire en 2014. Dans un discours télévisé, mardi, Prayuth Chan-ocha a appelé tous les citoyens à la vigilance, leur demandant de contacter les autorités en cas de comportement suspect.Lire le portrait :En Thaïlande, Prayuth Chan-ocha, « l’homme qui n’aime pas les journalistes »« La bombe visait à tuer le plus de personnes possible »Une autre piste évoquée est celle de la rébellion musulmane du sud de la Thaïlande. La guerre qu’elle mène contre le gouvernement a fait plus de six mille cinq cents morts depuis 2004 – essentiellement des civils –, mais a rarement débordé au-delà des trois provinces du Sud. Une piste rapidement écartée, semble-t-il, par Udomdej Sitabutr, le vice-ministre de la défense, qui assure :« Cela ne ressemble pas aux événements qui ont lieu dans le sud de la Thaïlande. Le type de bombe utilisée ne correspond pas non plus à ce qui se passe dans le Sud. »« Le conflit relatif aux Ouïgours que la Thaïlande a renvoyés en Chine » a également été évoqué par la police locale devant les médias. Il y a quelques jours, la Thaïlande a en effet expulsé cent neuf Ouïgours vers la Chine. Des centaines, voire des milliers, de membres de cette minorité musulmane turcophone ont fui la Chine, où ils sont persécutés.Tout le monde s’accorde néanmoins pour dire que l’attentat visait des « étrangers » et voulait « porter atteinte au tourisme et à l’économie » du pays. Selon un porte-parole de la police, « la bombe visait à tuer le plus de personnes possible, puisque [l’endroit] est bondé aux alentours de 18 et 19 heures ».La bombe artisanale avait été placée à l’intérieur du sanctuaire hindouiste d’Erawan, très fréquenté par les touristes asiatiques, à proximité de centres commerciaux et d’hôtels. Selon un bilan communiqué par le gouvernement, cinq victimes sont de nationalité thaïe. Les autres sont deux Malaisiens, un Singapourien, deux Hongkongais, deux Chinois, un Indonésien et une Britannique. Six corps n’ont pas encore été identifiés.Le tourisme est l’un des rares secteurs du pays en relative bonne santé, plus d’un an après le coup d’Etat militaire. Il représente environ 10 % de l’activité de la Thaïlande, et le gouvernement espérait un nombre record de visiteurs en 2015, notamment pour asseoir sa légitimité. Quelques heures après l’attaque, le cours du baht s’effondrait, atteignant son plus bas niveau en six ans. 18.08.2015 à 02h52 • Mis à jour le18.08.2015 à 09h46 Les Sri-Lankais ont tourné la page de l’ère Mahinda Rajapakse. L’ancien président (2005-2015) qui tentait de revenir au pouvoir à la faveur des élections législatives organisées lundi a reconnu sa défaite mardi 18 août.Huit mois après sa défaite spectaculaire à la présidentielle face à l’outsider Maithripala Sirisena, son « rêve de devenir premier ministre s’est éteint, a confié M. Rajapakse à l’AFP. Je le reconnais. Nous avons perdu une belle bataille. » « Nous avons remporté huit districts et le PNU [Parti national uni, majoritaire] en a onze » sur vingt-deux, a-t-il précisé. Les premiers chiffres officiels, encore partiels, tendaient vers les mêmes résultats.Les trois districts restants étaient dominés par un parti de la minorité tamoule, ont indiqué des responsables, ajoutant qu’aucun parti n’était en mesure d’emporter la majorité absolue (113 sièges sur 225). Les résultats finaux seront publiés mardi à la mi-journée et les votes recueillis par chaque candidat un peu plus tard.Lire le reportage :Au Sri Lanka, les Tamoules luttent contre l’oubliDix ans au pouvoirAu pouvoir pendant près de dix ans et à la tête de la sanglante campagne militaire qui avait mis fin à la lutte séparatiste des Tigres tamouls en 2009, Mahinda Rajapakse s’était dit lundi confiant de l’issue des élections.L’actuel président, Maithripala Sirisena, vient du même parti que l’ex-homme fort de l’île, l’Alliance du peuple unifié pour la liberté (APUL). Il en a été le ministre de la santé avant de faire défection et de tenter sa chance à la présidentielle. Après cette victoire, M. Sirisena avait choisi Ranil Wickremesinghe, du Parti national uni (PNU), comme chef de gouvernement.Celui-ci s’était prononcé en faveur d’élections anticipées afin de renforcer sa majorité au Parlement et de faciliter la mise en œuvre de réformes. Le président avait ordonné à la fin de juin la dissolution du Parlement, ouvrant ainsi la voie à une élection dix mois avant la date prévue. Selon le commissaire aux élections Mahinda Deshapriya, ce scrutin a été un des plus pacifiques jamais connus par le Sri Lanka, où un peu plus de 15 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. 17.08.2015 à 20h30 « La situation présente ne s’oriente pas vers la possibilité d’une coalition », a annoncé lundi 17 août le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, à l’issue d’un entretien de deux heures et demie avec le président du Parti du mouvement national (MHP). Il a indiqué qu’il allait désormais consulter le président Recep Tayyip Erdogan et les responsables de sa formation, le Parti de la justice et du développement (AKP), pour déterminer la marche à suivre.Le leader du MHP a également refusé la proposition d’un soutien au cas par cas à un gouvernement minoritaire AKP. Cet échec, quatre jours après le refus du Parti républicain du peuple (CHP, principale formation de l’opposition) de participer à une coalition avec le parti d’Erdogan, renforce l’hypothèse d’un retour anticipé aux urnes cet automne.Lire aussi :Faute de coalition, la Turquie se dirige vers de nouvelles élections législativesTrouver une solution avant le 23 aoûtLe pays a jusqu’au 23 août pour trouver une formule qui permettrait d’éviter un nouveau scrutin, avant que le président Recep Tayyip Erdogan ne décide de dissoudre l’Assemblée et ne convoque les élections.Dans ce contexte, M. Davutoglu pourrait retourner à la tâche que lui a confiée le chef de l’Etat et constituer un gouvernement, à parité entre les quatre partis représentés au Parlement, qui serait chargé de diriger le pays jusqu’aux élections, comme le prévoit la Constitution.L’AKP a perdu sa majorité absolue lors des législatives du 7 juin, n’enregistrant que 40,9 % des voix et 258 députés sur 550, son pire score électoral en plus de dix ans. Il a été suivi par le CHP (25,1 % des voix et 132 élus), le MHP (16,4 % et 80 sièges) et le Parti démocratique des peuples (HDP), formation historiquement pro-Kurde mais dont l’ouverture à d’autres minorités lui a permis de franchir pour la première fois le seuil des 10 % nécessaires pour être représenté au Parlement (80 élus).Lire aussi :M. Erdogan n’a pas renoncé à son rêve absolutiste 17.08.2015 à 18h15 Les combats dans l’est de l’Ukraine redoublent de violence, six mois après la trêve signée entre les autorités ukrainiennes et les séparatistes prorusses. Dix personnes, dont huit civils, ont été tuées en vingt-quatre heures dans la zone de conflit, selon un bilan établi lundi 17 août par l’AFP, une semaine après une précédente offensive meurtrière.Lire aussi :Ukraine : violents affrontements dans le DonbassLes autorités ukrainiennes ont annoncé la mort de trois civils et deux soldats dans la zone qu’elles contrôlent. Un couple a notamment succombé à des tirs de rebelles à Sartana, près de Marioupol, ville portuaire stratégique tenue par Kiev et convoitée ouvertement par les séparatistes. Ces derniers ont fait état de cinq morts dans deux localités sous contrôle des prorusses.La Russie accuse Kiev de préparer une « action militaire »La trêve signée le 12 février sous l’égide de la France, de l’Allemagne et de la Russie n’a jamais permis de faire cesser totalement les combats, qui ont fait plus de 6 800 morts depuis le début du conflit il y a seize mois. Les affrontements se sont toutefois intensifiés ces derniers jours.La Russie, par la voix de son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, a accusé lundi l’armée ukrainienne de préparer une offensive dans l’est de l’Ukraine :« Nous sommes inquiets du cours qu’ont pris les événements ces derniers jours, qui ressemblent très fortement à la préparation d’une action militaire. »Kiev craint au contraire une nouvelle offensive séparatiste autour du 24 août, jour anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, et dénonce la provocation du président Vladimir Poutine, qui s’est déplacé lundi en Crimée pour faire la promotion du tourisme dans ce territoire annexé par la Russie en mars 2014.L’Allemagne juge la situation « explosive »De son côté, l’Union européenne a « condamné la récente escalade des affrontements ». « Le plus important est que les deux parties respectent pleinement le cessez-le-feu et prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les civils », a déclaré la porte-parole de la Commission européenne Catherine Ray.Les négociations de paix qui se poursuivent à Minsk avec la médiation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ne semblent pas avancer. Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré dimanche dans Bild que la situation était « explosive » et que « si les deux parties ne reviennent pas au processus de paix, une nouvelle escalade militaire [pouvait] se déclencher à tout moment ». 20.08.2015 à 14h16 • Mis à jour le20.08.2015 à 14h39 De nombreux responsables politiques ont rendu hommage, jeudi 20 août, à Khaled Assaad, ancien directeur du site syrien de Palmyre, décapité par le groupe Etat islamique (EI). « Ils l’ont tué parce qu’il n’a pas trahi son engagement profond envers Palmyre », a résumé la directrice générale Irina Bokova.« Son œuvre se poursuivra et restera hors d’atteinte des extrémistes. Ils ont assassiné un grand homme, mais ils ne feront jamais taire l’Histoire. »Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), M. Assaad a été décapité sur « une place de Palmyre devant des dizaines de personnes ». Les bourreaux ont ensuite exposé le corps de l’universitaire en pleine rue et diffusé les photos sur les réseaux sociaux.Drapeaux en berne en ItalieM. Assaad, âgé de 82 ans, avait dirigé de 1963 à 2003 le site des ruines romaines inestimables de Palmyre, ville tombée sous le contrôle des djihadistes avant l’été. Il avait collaboré au fil des années avec des archéologues français, américains, allemands, italiens ou suisses.En Italie, le premier ministre Matteo Renzi avait indiqué que toutes les « fêtes de l’Unité », organisées ce 20 août à travers le pays par son Parti démocrate seraient dédiées à la mémoire de Khaled Assaad. « Les drapeaux seront en berne dans tous les musées et les lieux de culture dépendants de l’Etat », a également dit le ministre de la culture Dario Franceschini.En France, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a condamné l’« assassinat barbare » de l’archéologue, « un homme de savoir » qui a « travaillé avec de nombreuses missions archéologiques françaises ». Les Etats-Unis, qui ont mis en place une coalition pour bombarder les cibles de l’Etat islamique en Irak et en Syrie, assuré que « les tentatives [par l’EI] d’effacer la riche histoire de la Syrie étaient vouées à l’échec ».Selon l’ONU, plus de 300 sites historiques syriens ont été endommagés, détruits ou pillés depuis le début de la guerre civile en Syrie. En plus de quatre ans, plus de 240 000 personnes, dont 12 000 enfants, ont été tuées, d’après un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme. La moitié de la population syrienne a, quant à elle, été poussée à fuir.Lire le récit :Dans Palmyre contrôlée par l’EI, « l’épuration a commencé » François Bougon Mao Zedong n’en finit pas d’agiter la Chine des réseaux sociaux. Après la polémique déclenchée par un animateur vedette de la télévision qui avait insulté le Grand Timonier – un « vieux fils de pute », de très mauvais aloi –, c’est une affiche qui provoque le scandale.Celle d’une superproduction historique qui sortira le 3 septembre, à l’occasion du Jour de la victoire de la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise. Mao y apparaît en majesté. Certes, le fondateur de la République populaire de Chine est l’un des personnages du film, au côté de son ennemi nationaliste Tchang Kaï-chek et des dirigeants américain et britannique, Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill.Les internautes chinois se sont délectésMais le titre, La Déclaration du Caire, évoque directement la conférence qui s’était tenue dans la capitale égyptienne en novembre 1943 pour établir les plans contre le Japon impérialiste : c’est lui qui a fait penser aux internautes chinois, peu charitables, que le réalisateur s’était rendu coupable de « distorsion historique » à des fins de propagande. En effet, la réunion avait rassemblé Tchang, Roosevelt et Churchill, mais pas Mao, replié à Yan’an, sa base du Nord où il préparait la conquête du pouvoir.Les internautes chinois se sont délectés en parodiant l’affiche : Mao s’y voit, par montage, remplacé par différentes personnalités, depuis le comique britannique Mr Bean, jusqu’au dictateur nord-coréen Kim Jong-un. Le réalisateur Wen Deguang a plaidé une erreur de son équipe de communication. Il a rappelé que Tchang Kaï-chek était bel et bien présent dans le film.Mais cette maladresse a suscité les critiques au sein même des médias gouvernementaux. Le Global Times s’est inquiété du « nihilisme historique et du discrédit jeté sur Mao Zedong (…), en vogue depuis un certain temps sur Internet ». Pour le quotidien, cette bourde donne des armes aux adversaires du régime. Comme quoi, en Chine, il peut être de mauvais ton de vouloir trop « afficher » son maoïsme.François BougonChef adjoint au service InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.08.2015 à 11h01 • Mis à jour le20.08.2015 à 12h53 De nombreux tirs d’obus ont eu lieu, jeudi 20 août, entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, selon le ministère de la défense sud-coréen, qui parle d’une provocation. Séoul aurait riposté avec des dizaines d’obus de 155 mm à un tir de roquette qui serait tombé près d’un village sud-coréen de l’ouest du pays.« Elle a atterri de notre côté mais n’a atteint aucune cible militaire », a ajouté un porte-parole militaire sud-coréen. Il n’y aurait eu ni victime ni dégât. « Notre armée a intensifié sa surveillance et suit de près les mouvements de troupes nord-coréens », ajoute un communiqué selon lequel le niveau d’alerte de l’armée sud-coréenne a été porté à son degré maximal. Selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, les autorités locales ont demandé aux habitants de plusieurs villages frontaliers de quitter les lieux.La même agence rapporte que d’autres incidents ont eu lieu jeudi : des militaires nord-coréens auraient tiré sur un haut-parleur placé du côté sud de la frontière. La Corée du Nord accuse depuis quelque temps le Sud d’avoir repris sa propagande par haut-parleurs et avait menacé de répliquer. Une méthode à laquelle les deux camps avaient pourtant renoncé en 2004.L’ouest de la frontière, une zone de tension récurrente Ces incidents font suite à l’explosion, il y a une dizaine de jours, d’une mine antipersonnel dans la zone démilitarisée intercoréenne qui avait fait deux blessés parmi les militaires sud-coréens. Les deux pays ont fêté, le 15 août, leur fête nationale respective. Traditionnellement, les accrochages se multiplient pendant cette période.Mais il s’agit du premier échange de tirs depuis octobre 2014, lorsque des soldats nord-coréens s’étaient approchés de la frontière et ne s’étaient pas retirés malgré les tirs de sommation, selon la version de Séoul.Une autre raison qui pourrait expliquer cet accrochage est la reprise des manœuvres militaires conjointes entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, qui simulent notamment une invasion nordiste, et ce jusqu’au 28 août. La Corée du Nord avait qualifié ces manœuvres de « déclaration de guerre », et menacé les Etats-Unis d’une « très forte riposte militaire » si elles avaient lieu.La dernière attaque directe contre le Sud date de décembre 2010, lorsque la Corée du Nord avait bombardé l’île sud-coréenne de Yeonpyeong, causant la mort de deux soldats et de deux civils sud-coréens. Séoul avait répliqué en tirant des obus sur des positions nord-coréennes, ce qui avait fait craindre le déclenchement d’un conflit à grande échelle.Lire aussi : Incident naval entre les deux Corées 20.08.2015 à 06h48 • Mis à jour le20.08.2015 à 12h05 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le gouvernement britannique veut accélérer l’exploration du gaz de schiste. Frustré par les nombreuses difficultés rencontrées jusqu’à présent, si bien qu’aucun forage n’est en cours depuis trois ans, il multiplie les coups de pouce pour tenter de lancer cette industrie.Mardi 18 août, il a accordé 27 licences d’exploration supplémentaires, essentiellement dans le nord de l’Angleterre : 2 700 kilomètres carrés qui peuvent potentiellement être forés, en utilisant la technique controversée et polluante de la fracturation hydrau­lique. Engie (ex-GDF Suez) et Total font partie des entreprises qui en bénéficient. Cent trente-deux autres licences sont à l’étude et une attribution est attendue d’ici à la fin de l’année.Cette décision fait suite à l’annonce, le 12 août, de mesures d’accélération des procédures d’autorisation pour les forages. Furieux contre les collectivités locales qui prennent souvent plus d’un an pour accorder leur feu vert, nécessaire en plus des licences, le ­gouvernement britannique entend se saisir de tous les dossiers qui dépassent quatre mois. Selon le ministère de l’énergie, le gaz de schiste est une « priorité ­nationale ».« Il faut que l’on avance », explique Nicholas Bourne, le sous-secrétaire d’Etat à l’énergie. Selon lui, cette ressource est indispensable. « Garder les lumières allumées et fournir de l’énergie à notre économie ne sont pas négociables. »Politiquement explosifVoilà des années que David Cameron, le premier ministre britannique, vante le gaz de schiste. Il rêve de connaître au Royaume-Uni une révolution similaire à celle des Etats-Unis, où les prix des ­hydrocarbures se sont effondrés et où l’indépendance énergétique est à portée. Pourtant, depuis 2012, c’est la panne sèche.Pour l’industrie, les problèmes ont commencé avec une série de petites secousses sismiques au printemps 2011 près de Blackpool, dans le nord-ouest du pays. En cause : la fracturation hydrau­lique utilisée dans un forage d’exploration par l’entreprise britannique Cuadrilla. L’année suivante, un moratoire a été instauré en attendant d’en savoir plus.S’il a rapidement été levé, après l’imposition de quelques mesures de précaution supplémentaires, un virage psychologique a été pris. Quand une autorisation de forage a été demandée en 2013 à Balcombe, dans les prospères campagnes du sud de l’Angleterre, toujours par Cuadrilla, la popu­lation s’y est massivement opposée. Une coalition hétéroclite de conservateurs inquiets pour leurpaysageet de militants écolo­gistes s’est formée pour bloquer le projet.Désormais, le sujet est politiquement explosif. Les opposants au gaz de schiste sont passés de 29 % à 43 % en dix-huit mois au Royaume-Uni, tandis que seuls 32 % des personnes sondés se disent en sa faveur. Fin juin, les partisans de la fracturation hydraulique ont essuyé un nouveau revers. Le comté du Lancashire a surpris tout le monde en rejetant une demande de forage, une ­nouvelle fois provenant de Cuadrilla, en raison du bruit et de l’impact visuel des travaux qui en découleraient. Pourtant, son ­comité ­technique s’était prononcé favorablement.Réserves potentiellement énormesLes compagnies pétrolières n’ont cependant pas dit leur dernier mot. « Nous sommes prêts à patienter quelques années si c’est le temps nécessaire pour convaincre », confie une source d’une multinationale pétrolière. Une bonne douzaine d’entreprises mènent actuellement des études préparatoires en vue d’exploiter du gaz de schiste au Royaume-Uni.Ineos, un groupe pétrochimique britannique – basé en Suisse pour des raisons fiscales –, est l’une d’entre elles. Il a obtenu trois licences supplémentaires mercredi et espère commencer ses ­forages dès 2016. « C’est vrai que ça a été difficile, mais les récentes annonces du gouvernement montrent qu’on a passé un cap », veut croire Patrick Erwin, son directeur commercial. Total, qui est un partenaire sur plusieurs projets, vise lui aussi un forage dès 2016 et un début de production en 2018.Si les entreprises restent mobilisées, c’est que les réserves sont potentiellement énormes. Le Bowland, un bassin géologique au nord de l’Angleterre, renfermerait à lui seul 38 000 milliards de mètres cubes de gaz de schiste. Même si seulement 10 % pouvaient être exploités (l’estimation des entreprises), cela resterait suffisant pour fournir quarante années de consommation de gaz à l’ensemble du pays.Ces statistiques ne sont pas fiables et il faudra attendre les premiers forages pour les vérifier, mais elles font rêver le gouvernement britannique, qui œuvre de toutes ses forces à débloquer la ­situation. De quoi provoquer la colère des opposants : « C’est le coup d’envoi d’une lutte pour l’avenir de nos campagnes, estime Daisy Sands, de Greenpeace. Des centaines de batailles vont apparaître à travers le pays pour défendre les paysages ruraux de la pollution, du bruit et des derricks. »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.08.2015 à 03h27 • Mis à jour le20.08.2015 à 09h14 Des manifestations ont eu lieu, mercredi 19 août au soir, dans un quartier de Saint Louis, dans le Missouri, à la suite de la mort d’un homme noir de 18 ans tué par des policiers. Selon la police, la fusillade a eu lieu lorsque des officiers de police munis d’un mandat ont tenté de procéder à une arrestation dans un quartier difficile de la ville.Deux hommes ont pris la fuite. Lorsque les policiers leur ont intimé l’ordre de s’arrêter, l’un d’eux a pointé une arme dans leur direction. Les policiers ont répliqué en tirant à quatre reprises, le touchant mortellement.Ce nouvel incident impliquant la police survient dix jours après les manifestations qui ont marqué le premier anniversaire de la mort de Michael Brown, un adolescent afro-américain tué par un policier blanc dans la banlieue de Saint Louis.Congé administratif pour les policiersD’après le Saint Louis Post-Dispatch, dont un journaliste se trouve sur place, des unités d’intervention spéciale de la police (SWAT) ont été appelées en renfort. Trois personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, a précisé la police.Dans la soirée, des manifestants ont jeté des pierres en direction de la police qui a répliqué à coups de gaz lacrymogène.That's smoke from the fire getting extinguished. http://t.co/vQsmVpbcYr— JackWitthaus (@Jack Witthaus)require(["twitter/widgets"]);Plusieurs incendies ont été signalés non loin des manifestations, dont celui d’une maison.Now. @STLFireDept fights housefire on Bayard Avenue near protests at Page & Walton. Pic- @cristinafletes @stltoday http://t.co/84s4igWpw8— manofsteele (@Lynden Steele)require(["twitter/widgets"]);La victime, Mansur Ball-Bey, était âgée de 18 ans. Selon la police, l’arme qu’il portait était volée et du crack a été retrouvé sur les lieux de leur intervention. Les deux policiers blancs impliqués sont âgés de 29 et 33 ans eti travaillent depuis sept ans dans les forces de l’ordre. Ils ont été placés en congé administratif. 19.08.2015 à 19h46 Mike Huckabee, candidat à l’investiture républicaine à la Maison Blanche, a affirmé mercredi 19 août lors d’une visite à Jérusalem qu’il ne considérait pas la Cisjordanie comme un territoire occupé.« Je ne la vois pas comme un territoire occupé, cela donne l’impression que quelqu’un a pris illégalement une terre. »La veille, cette figure de la droite chrétienne conservatrice avait assisté à une levée de fonds pour sa campagne dans la colonie de Shiloh, en Cisjordanie, territoire dont Israël a pris le contrôle à la faveur de la guerre de Six-Jours en 1967.L’affirmation de M. Huckabee va à l’encontre de la position de l’essentiel de la communauté internationale, qui estime que les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens sont illégales et constituent un obstacle à la paix.Après l’accord international sur le nucléaire iranien, le candidat à l’investiture républicaine avait accusé Barack Obama d’« amener les Israéliens aux portes des fours [crématoires] ». Des propos qu’il a maintenus lors de cette visite, au cours de laquelle il a rencontré le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.Lire aussi :Primaires américaines : Mike Huckabee, l’imprécateur conservateur 25.08.2015 à 16h14 Par Jean-Marie Fardeau Lorsque, le 6 août, j’ai vu François Hollande, invité d’honneur, assis près du président égyptien Sissi pour l’inauguration de l’élargissement du canal de Suez, les images de ses prédécesseurs au côté de l’ex-président Moubarak ont resurgi de ma mémoire. Moubarak et son système répressif ont longtemps été considérés comme le meilleur rempart contre l’intégrisme musulman et pour le maintien de l’unité de l’Egypte. Pendant des années, ce système a eu les faveurs de Paris, mais aussi de Londres et de Washington. Puis le vent de la démocratie s’est levé, en janvier 2011, et ces mêmes capitales ont salué le courage du peuple égyptien pour renverser un régime aussi corrompu qu’autoritaire.Trois ans plus tard, après une élection démocratique, un coup d’Etat militaire de facto à la suite des manifestations massives dénonçant l’incurie du gouvernement Morsi, une répression sauvage en août 2013 contre les partisans de l’ex-président Morsi commandée par le futur président Sissi, des centaines de condamnations à mort prononcées après des parodies de procès, la France s’accommode donc de nouveau d’un gouvernement autoritaire en Egypte. Comme si la parenthèse démocratique avait été une erreur de parcours du peuple égyptien. Qui peut décemment imaginer que ce peuple n’aurait soudain plus d’aspiration au respect des droits humains ? Plutôt que de parader avec le président Sissi en regardant des Rafale voler, M. Hollande devrait agir pour que les démocrates égyptiens ne soient pas réprimés, pour que le gouvernement actuel comprenne que la voie de la répression n’est pas celle qui prépare un avenir stable, ni en Egypte ni dans la région.Ce dernier épisode de realpolitik s’ajoute à bien d’autres depuis l’élection du président Hollande en mai 2012 : relations « amicales » avec l’Arabie saoudite, où exécutions capitales et répression des voix dissidentes sont désormais « complétées » par des bombardements aveugles sur des civils au Yémen. Silence coupable sur la répression qui, depuis février 2011, étouffe la contestation à Bahreïn. Relations étroites avec le gouvernement algérien, qui fait mater presque toute manifestation et répond aux revendications des syndicats indépendants en poursuivant leurs militants sur la base de charges douteuses. Partenariats fructueux avec les Emirats arabes unis sans s’inquiéter de la répression des opposants et des mauvais traitements des travailleurs migrants sur le chantier du Louvre Abu-Dabi. Enfin, rétablissement de relations fortes avec le Maroc au prix d’un accroc à la compétence universelle en matière de torture, surtout si l’accusé pourrait s’avérer être l’ancien patron du renseignement marocain.D’aucuns mentionneront que la France a su être aux côtés de la Tunisie au cours de sa transition, qu’elle a dénoncé les crimes commis par les forces du président Assad en Syrie tout comme ceux de l’Etat islamique, qu’elle a voté pour la reconnaissance de la Palestine par l’Unesco. D’autres souligneront que la menace terroriste et l’extension de l’Etat islamique peuvent justifier des mesures liberticides et que « le mieux est l’ennemi du bien » au risque sinon de plonger dans le chaos à l’image de la Libye post-Kadhafi.Cette diplomatie à géométrie variable ne se limite pas au monde arabe. Les ministres français enchaînent sans sourciller les visites auprès du gouvernement de l’autoritaire Ilham Aliev en Azerbaïdjan, où Leyla Yunus, éminente défenseure des droits humains et chevalier de la Légion d’honneur, et son mari Arif, viennent d’être condamnés à de longues peines de prison pour des motifs politiques. Sur la Chine, le président Hollande n’a pas encore été capable, en trois ans et demi, pas plus que son prédécesseur à l’Elysée, de prononcer une seule fois en public le nom de Liu Xiabo, Prix Nobel de la paix 2010, emprisonné depuis 2008. La France est aussi restée silencieuse sur la condamnation à perpétuité en 2013 du professeur, d’origine ouïgoure, Ilham Tohti, pourtant invité par le Quai d’Orsay en 2009 au titre des « personnalités d’avenir ». A Cuba, les autorités françaises se sont précipitées pour ne pas manquer le train du rétablissement des relations « normales » avec ce pays, sans piper mot sur les manquements au respect des droits humains dans ce pays. Quant au président mexicain, invité d’honneur du 14-Juillet, ses hôtes français ne lui ont publiquement pas posé de questions gênantes sur l’impunité dont jouissent les forces de sécurité dans son pays.Et l’on nous rétorquera que la France a su mobiliser ses forces pour protéger le Mali contre le péril djihadiste et limiter les exactions de l’armée malienne dans la reconquête du nord du pays, tout comme elle a su protéger la Centrafrique de nouveaux crimes que ceux commis lors de la prise de pouvoir par la Seleka. Ces affirmations devraient être nuancées, mais ces décisions politiques sont à mettre au crédit de la présidence Hollande.Cette politique bilatérale, à géométrie variable, qui fait référence ou non aux droits humains selon les situations, est à la fois incohérente, illisible et peu glorieuse. Incohérente, car elle indique que notre pays n’attache qu’une importance très relative au respect des droits humains. Illisible, car il est impossible de dégager de cette attitude pusillanime une vision que la France porterait sur la scène internationale. Peu glorieuse, car elle ne fait pas honneur à notre pays. Elle est de plus incohérente avec la parole et même l’action de la France sur le plan multilatéral, où la posture de la France est en phase avec les principes universels des droits humains.Il reste dix-huit mois au président français pour relever le défi de placer les droits humains bien plus haut sur l’agenda de la diplomatie. Sinon, son quinquennat sera marqué par une politique étrangère au cas par cas, plus préoccupée par la conquête de marchés dans l’espoir d’inverser la courbe du chômage, que par la protection des droits humains que la France et l’UE prétendent vouloir garantir. Les beaux discours contre la peine de mort ou pour les droits humains ne résistent pas à l’épreuve des faits et cet écart entre parole et action contribue à délégitimer la fonction des responsables politiques aux yeux des citoyens.Jean-Marie Fardeau est directeur de Human Rights Watch en France 25.08.2015 à 15h07 • Mis à jour le25.08.2015 à 19h05 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Forcément « coupables ». Mardi 25 août, le tribunal militaire de Rostov-sur-le-Don a condamné le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov à vingt ans d’emprisonnement, pour « organisation d’un groupe terroriste », et Alexandre Koltchenko à une peine de dix ans pour « participation » à ce même groupe.A l’énoncé du verdict, les deux hommes, bravaches et sourire ironique aux lèvres, ont entonné l’hymne ukrainien. L’issue de ce procès débuté en juillet, il est vrai, ne constitue en rien une surprise : opposé à l’annexion russe de la Crimée, dont il est originaire, Oleg Sentsov a été arrêté le 10 mai 2014, moins de deux mois après le référendum contesté qui devait « légitimer », aux yeux de Moscou, le rattachement de la péninsule ukrainienne au territoire russe.Alexandre Koltchenko a suivi le même chemin. « Tiens bon Oleg, le temps viendra où ceux qui t’ont condamné se retrouveront sur le banc des accusés ! », a aussitôt réagi Petro Porochenko, le président ukrainien, sur son compte Twitter.Тримайся, Олеже. Прийде час, і ті, хто організував над тобою судилище, самі опиняться на лаві підсудних! http://t.co/GwBTIIgSuh— poroshenko (@Петро Порошенко)require(["twitter/widgets"]);« C’était attendu, un enquêteur du FSB [services spéciaux russes] nous avait prévenus pendant le procès et le tribunal n’a pas eu honte de suivre ces paroles », a commenté pour Le Monde l’avocat du réalisateur ukrainien, Dmitri Dinze.La justice russe accuse les deux hommes d’avoir tenté d’incendier deux locaux de partis et d’avoir projeté de dynamiter la statue de Lénine à Simféropol. Pour cela, le tribunal militaire de Rostov-sur-le-Don où étaient jugés les deux Ukrainiens, également reconnus coupables de détention d’armes, s’est basé sur les « aveux » de deux complices présumés qui ont déjà été condamnés à sept ans de prison. Ces derniers avaient affirmé que les accusés faisaient partie de Pravyi Sektor (« Secteur droit »), un groupe de nationalistes paramilitaires ukrainien. Depuis, l’organisation a démenti qu’ils en étaient membres et l’un de ces témoins à charge, Guennadi Afanassiev, est revenu lors de son procès sur ses déclarations en affirmant qu’elles lui avaient été extorquées sous la torture. « Il n’y a aucune preuve », insiste Me Dinze, que Le Monde a rencontré avant le verdict. Mais rien n’a ébranlé la détermination des juges.« Menace des forces extérieures »Le ton avait été donné par Vladimir Poutine lui-même. En visite en Crimée du 17 au 19 août, le président russe avait, lors d’une réunion à Sébastopol, insisté sur la « menace » persistante, selon lui, « des forces extérieures » accusées de vouloir « déstabiliser la situation dans la péninsule, peut-être en jouant sur la carte nationaliste, ou bien en utilisant telle ou telle erreur ou action inefficace du pouvoir ». « Dans certaines capitales, avait poursuivi le chef du Kremlin, on parle ouvertement de la nécessité de former des structures destructives, on recrute des cadres pour des actes de sabotage et de la propagande radicale ». « Tous ces risques, avait-il conclu, il faut les prendre en compte et réagir, au niveau fédéral et local, de façon appropriée ». Ces propos ne laissaient guère de chance aux deux accusés de Rostov-sur-le-Don.Oleg Sentsov (39 ans, père de deux enfants) et Alexandre Koltchenko (25 ans) n’ont cependant pas été jugés en tant que citoyens ukrainiens – ce qu’ils revendiquent être – mais comme citoyens russes. Depuis l’annexion de la Crimée, tout résident qui n’accomplit pas une démarche spéciale pour refuser devient automatiquement russe, ce que les deux hommes, en prison, n’ont pas fait. Dès lors, le consul général d’Ukraine, qui était présent dans la salle lors du verdict, s’est vu refuser d’exercer son droit de visite. « Nous avons déposé plainte pour cela. Sentsov dit qu’il a été transféré de citoyenneté comme un serf », soupire son avocat. Avant de quitter la salle du tribunal, mardi, le réalisateur ukrainien, pour lequel plusieurs cinéastes de renommée internationale se sont mobilisés (parmi lesquels Wim Wenders et Andreï Zviaguintsev, co-auteur et réalisateur de Léviathan), a levé les doigts en signe de victoire.Sans illusion face à ses juges lors de la dernière audience publique de son procès, le 19 août, Oleg Sentsov, filmé par Media Zona, le site Internet créé par les Pussy Riots, s’était déjà montré pugnace.« Cela fait déjà maintenant un an que je suis dans votre pays merveilleux, que je regarde votre télévision (…), votre propagande est magnifique. Je crois que la plus grande partie de la population croit à ce qu’on lui dit, que Poutine est le meilleur, qu’en Ukraine il y a des fascistes et que la Russie est entourée d’ennemis (…). Mais je comprends qu’il y aussi des gens intelligents, comme vous qui êtes au pouvoir. Vous savez très bien qu’il n’y a pas de fascistes en Ukraine, que la Crimée a été prise illégalement et que votre armée est présente dans le Donbass. Moi, étant ici, en prison, je sais que vos forces militaires y sont. La prison est remplie de combattants du Donbass qui ont été envoyés là-bas avec vos tanks, vos armes. Ils combattent là-bas et ils pensent qu’on les attend ici, ils reviennent avec des munitions, ils boivent à la frontière et on les arrête. Et là, ils s’étonnent : “Quoi ? Nous sommes des héros !” »« Troubadours du régime »Puis, se tournant vers les journalistes présents dans la salle : « Et voilà les troubadours du régime ! Ce ne sont pas des idiots non plus, ils sont bien au courant de tout, mais ils continent de mentir, de faire leur travail en se trouvant des excuses, qu’ils ont des enfants… Mais à quoi bon faire grandir une nouvelle génération d’esclaves ? ». « A part ceux-là, il existe un autre tiers de la population russe qui ne croit pas aux contes de votre agitprop, qui comprend ce qui se passe, quels crimes horribles est en train de commettre votre pouvoir, mais ces gens-là ont peur. Ils pensent qu’on ne peut rien changer, que tout restera ainsi, que le système est incassable, qu’ils sont seuls et qu’on va tous se retrouver en prison. Pour cela, ils restent calmement au sous-sol comme des souris. Nous aussi, nous avions un pouvoir criminel, et nous sommes sortis [dans la rue] contre lui (…), et en fin de compte, nous avons gagné. » « Restez dans le cadre du procès, l’avait alors interrompu un juge. « Je termine, avait répliqué Oleg Sentsov. La seule chose que je peux souhaiter à ce tiers de la population, c’est d’apprendre à ne plus avoir peur ».Autre Ukrainienne célèbre détenue en Russie, la pilote Nadia Savtchenko, accusée d’être responsable de la mort de deux journalistes russes dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, et qui affirme avoir été enlevée de force, devrait bientôt être jugée à son tour à Donetsk, en Russie, dans une ville éponyme de sa sœur ukrainienne devenue le bastion des séparatistes pro-russes.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.08.2015 à 11h52 | Matteo Maillard Le système éducatif américain est en proie à une crise. Depuis plusieurs années, la bulle de la dette étudiante croît de manière inquiétante, sans que personne arrive à inverser la tendance. En vingt-cinq ans, les frais universitaires ont augmenté de 440 %, selon Forbes, soit quatre fois plus vite que l’inflation générale de l’économie américaine. Cette hausse oblige les étudiants à s’endetter en souscrivant des prêts bancaires généralement compris entre 5 000 et 50 000 dollars par année passée sur les bancs de la fac. On estime que 60 % des 20 millions d’étudiants américains termineront leurs études avec une dette de 27 000 dollars en moyenne.Lire aussi :Les dettes des étudiants inquiètent les Etats-UnisApprochant en totalité les 1 200 milliards de dollars, cette dette, devenue plus importante que celle des cartes de crédit, des prêts hypothécaires et automobiles, n’inquiète pas que les étudiants. Alors que la course à l’élection présidentielle américaine de 2016 est lancée, la lutte pour la réduction de cette bulle économique au bord de l’éclatement est devenue un enjeu privilégié de la campagne. Propositions frileuses côté républicainDans le camp démocrate, les candidats se sont prononcés en faveur d’une éducation supérieure publique sans dette. Le sénateur Bernie Sanders propose un plan de quatre ans pour établir la gratuité dans les universités publiques. De son côté, l’ancien gouverneur du Maryland Martin O’Malley souhaite laisser aux étudiants la possibilité de refinancer leur dette. Il propose aussi d’instaurer un plafond au remboursement mensuel des prêts.Favorite des sondages, Hillary Clinton s’est emparée tardivement du sujet. Ce qui ne l’a pas empêchée de faire plus de bruit que ses adversaires en annonçant le 10 août un plan de 350 milliards de dollars sur dix ans pour venir à bout de la dette étudiante. L’arsenal de ses propositions comprend des coupes dans les taux d’intérêt des prêts étudiants et une réduction des frais pour entrer dans un « community college », établissement professionnel de formation post-bac. L’objectif de cette mesure, déjà proposée par Barack Obama en janvier 2014, étant de faciliter aux plus défavorisés l’accès à un enseignement supérieur.Du côté républicain, les propositions sont plus frileuses. Si les candidats Chris Christie, Jeb Bush et Marco Rubio ont évoqué la problématique de la dette étudiante comme pouvant être un frein à la mobilité sociale, le camp conservateur peine à proposer des solutions aussi frontales que celui des démocrates. Le risque étant de froisser un électorat pour qui rendre gratuites les études ou modifier les taux de prêt serait vu comme une entrave au libre marché.Investisseurs privésLe sénateur Marco Rubio et le gouverneur Chris Christie sont les seuls à avoir présenté une mesure concrète pour sortir de la crise : le recours aux Income Share Agreements (ISA). Introduite dans la législation américaine par M. Rubio en avril 2014, cette alternative aux prêts étudiants permet à des investisseurs privés, individus comme entreprises, de financer les études d’un candidat. En retour, l’étudiant diplômé remboursera l’investisseur au prorata de son futur salaire. S’il gagne plus que ce qui est prévu dans le contrat, il remboursera plus ; s’il gagne moins, il remboursera moins.Ce mécénat, déjà appliqué par des universités comme celle de Purdue (Indiana), réduit le risque d’endettement mais induit aussi une sélection à l’entrée. Les investisseurs ne parrainent que les élèves les plus sûrs : ceux qui ont les meilleures notes ou les parents les plus aisés. Par ailleurs, il paraît difficile d’appliquer à l’ensemble des 20 millions d’étudiants américains une mesure reposant exclusivement sur le bon vouloir d’investisseurs privés.Un quart de l’électorat américainSi le débat autour de la dette étudiante a pris une dimension aussi importante ces derniers jours, ce n’est pas uniquement par charité. Dans la course à l’investiture présidentielle, les jeunes générations comprises entre 18 et 34 ans sont aussi à séduire : ils représentent un quart de l’électorat américain, et cette tranche d’âge a particulièrement pesé lors de la dernière élection présidentielle américaine, note le Washington Post. Lire aussi :L’inquiétant surendettement des étudiants américainsLes démocrates l’ont clairement compris. Le parti qui sera en mesure de récupérer leur vote aura de grandes chances de remporter la présidentielle de 2016. Déjà, les ténors démocrates s’attellent à un programme de réformes axé sur l’éducation, conseillé par l’influent think tank économique Demos. En première ligne : réduction du coût des études supérieures et élimination de la dette étudiante, mais aussi subventions fédérales pour les étudiants dans le besoin et réduction des taux d’emprunt. A long terme, l’objectif de campagne étant de faire de la gratuité des études un cheval de bataille cristallisant l’opinion publique. Une réforme phare dans laquelle certains analystes politiques souhaitent déjà y voir l’ombre d’un nouvel « Obamacare ».Lire : « Obamacare » : huit millions d'Américains ont souscrit à une assurance-maladieMatteo MaillardJournaliste au Monde Jean-Michel Bezat Le vent de panique qui a soufflé sur les places financières, lundi 24 août, s’est propagé sur les marchés des matières premières, qui ont enregistré des baisses importantes en raison des lourdes incertitudes pesant sur la solidité de l’économie chinoise. Du pétrole au cuivre en passant par certains produits agricoles, l’inquiétude a gagné New York, Londres et Chicago, alors que de nombreux conjoncturistes ne croient plus que la Chine, qui absorbait jusqu’à présent près de la moitié de ces productions, soit en mesure de tenir son objectif officiel de croissance de 7 % en 2015.Lire aussi :Chine : le krach qui ébranle l’économie mondialeLe Bloomberg Commodity Index, qui agrège vingt-deux matières premières stratégiques (blé, pétrole, gaz, or, cuivre, maïs, coton, sucre, bétail, etc.), a plongé lundi de 1,7 %, à 86,3542 points, son plus bas niveau depuis août 1999. La question est sur les lèvres de tous les investisseurs : la demande chinoise va-t-elle se contracter brutalement alors que ces matières premières sont souvent surabondantes, à l’image du pétrole ? Sans réponse claire, ils se sont repliés sur des valeurs refuges comme l’or qui, après une progression sensible la semaine dernière, est resté stable à Londres : l’once de métal fin a terminé lundi à 1 166,50 dollars au fixing du soir, contre 1 156,50 dollars vendredi, alors que le platine, l’argent et le palladium accusaient des pertes.Signe des temps, le géant anglo-australien BHP Billiton, premier groupe minier mondial, a annoncé mardi une baisse de 86,2 % de son bénéfice net annuelSigne des temps, le géant anglo-australien BHP Billiton, premier groupe minier mondial, a annoncé mardi une baisse de 86,2 % de son bénéfice net annuel, à 1,9 milliard de dollars (1,66 milliard d’euros), au cours de l’exercice clos fin juin (52 % hors éléments exceptionnels). Ses concurrents Glencore ou Rio Tinto ont aussi été lourdement pénalisés par la chute des cours des matières premières industrielles et énergétiques, et leurs dirigeants s’attendent encore à des mois très difficiles.Surabondance pétrolièreMatière première phare, l’or noir a retrouvé le niveau qu’il avait il y a six ans, en pleine récession post-chute de la banque Lehman Brothers. Les cours se redressaient légèrement mardi, en Asie, mais le baril de brut américain pour livraison en octobre a terminé sous les 40 dollars pour la première fois depuis février 2009 (38,24 dollars) sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du brent de la mer du Nord, qui sert de référence mondiale, est tombé à 42,69 dollars, son prix le plus bas depuis mars 2009.Le pétrole ne souffre pas seulement de l’inquiétude sur la demande de la Chine, deuxième puissance économique et deuxième consommateur de brut de la planète, mais encore loin derrière les Etats-Unis. Il pâtit également d’une surabondance de la production des pétromonarchies du golfe Arabo-Persique et des oilmen américains, qui continuent de pomper les hydrocarbures de schiste en grande quantité malgré une baisse des prix de plus de 60 % par rapport au pic de juin 2014 (à 115 dollars). Sans compter le retour du brut iranien sur le marché en 2016, après l’accord de juillet sur le nucléaire.Lire aussi :Les pétroliers se préparent à une déprime prolongée de l’or noirAutre record symbolique – à la baisse – d’une matière première stratégique : le cuivre. Lundi, la tonne de métal rouge est tombée sous les 5 000 dollars pour la première fois depuis juillet 2009 sur le London Metal Exchange, où elle a perdu 30 % de sa valeur depuis le printemps. Les stocks sont certes élevés, mais les fondamentaux de ce marché ne sont pas mauvais, jugent néanmoins certains analystes des matières premières. A 1 555,50 dollars la tonne, l’aluminium est aussi au plus bas depuis six ans.Certains analystes des marchés de matières premières estiment que l’effondrement des cours est injustifié et que l’accélération enregistrée ces dernières semaines tient moins aux fondamentaux du marché (équilibre offre-demande) qu’à la spéculation liée à la peur, les investisseurs surestimant le ralentissement économique de l’empire du Milieu et ses effets contagieux sur l’activité mondiale.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Delcas (Bogota, correspondante) Bogota craint une crise humanitaire. Selon le recensement officiel, 861 Colombiens ont été expulsés du Venezuela depuis que le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a annoncé, samedi 22 août, la fermeture indéfinie de la frontière entre les deux pays. La mesure porte sur un tronçon long de 100 kilomètres à la hauteur des villes frontières de Cucuta, en Colombie, et de San Antonio, au Venezuela. Nicolas Maduro, qui entend « lutter contre les paramilitaires colombiens » et le crime organisé, a également déclaré l’état d’urgence dans six municipalités de l’Etat frontalier du Tachira, pour une durée prorogeable de soixante jours. Une vaste « opération de libération du peuple » (la nouvelle dénomination des opérations de police au Venezuela) a été déployée dans la zone. Les Colombiens qui, à Cucuta, s’entassent dans les centres d’accueil mis en place, disent avoir été expulsés sans ménagement. Certains d’entre eux ont vu les forces de l’ordre vénézuéliennes détruire leur maison.C’est la première fois, depuis l’entrée en vigueur de la Constitution de 1999 promulguée par Hugo Chavez (1999-2013), que le gouvernement vénézuélien a recours à l’état d’urgence. L’opposition accuse M. Maduro de chercher à faire diversion alors que démarre la campagne électorale pour les législatives du 6 décembre. Le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) a des raisons de craindre pour sa majorité, alors que le pays s’enfonce dans la récession et que les prix du pétrole – la principale ressource du pays – continuent de baisser.Nicolas Maduro accuse les criminels colombiens de contribuer à la « guerre économique » menée par l’opposition pour déstabiliser son gouvernement. Lundi, le président vénézuélien s’en est pris une fois encore à l’ex-président colombien, Alvaro Uribe (2002-2010), qualifié de « très assassin chef des paramilitaires ».Corruption généraliséeLa Colombie et le Venezuela partagent une frontière de 2 219 kilomètres. Groupes armés, guérillas, paramilitaires, trafiquants de drogue et contrebandiers y sévissent depuis des années. La tension n’est pas nouvelle. Mais le problème de la contrebande a pris une ampleur inégalée depuis que le contrôle des prix et celui des changes instaurés au Venezuela stimulent un marché noir phénoménal, sur fond de corruption généralisée des deux côtés de la frontière. De l’avis des économistes, la contrebande est désormais plus rentable que le trafic de drogue. Elle contribue à aggraver la pénurie de produits de base que connaît le Venezuela.Selon M. Maduro, quelque 120 000 Colombiens auraient immigré depuis le début de l’année, et « le Venezuela a atteint la limite ». Le chiffre est peu crédible, étant donné la crise que vit le pays pétrolier. Plus de cinq millions de Colombiens – ou de descendants de Colombiens – vivent au Venezuela (qui compte 30 millions d’habitants). La plupart sont arrivés après le choc pétrolier de 1973, les autres autour des années 2000, au plus fort du conflit colombien. Hugo Chavez avait favorisé leur nationalisation.M. Maduro a encore répété qu’il n’est pas « anticolombien, mais antiparamilitaire ». D’aucuns craignent pourtant les conséquences de ses propos. L’organisation de défense des droits de l’homme Provea a ainsi dénoncé « une dangereuse escalade xénophobe ». La lecture des réseaux sociaux vénézuéliens semble lui donner raison. A Bogota, le président Juan Manuel Santos joue l’apaisement. Le Venezuela a participé activement à la mise en place des négociations avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie. Il est, avec le Chili, un des pays « accompagnateurs » du processus de paix.M. Santos a, dimanche, appelé de ses vœux un renforcement de la coopération bilatérale, plus efficace que la fermeture de la frontière « s’il s’agit de sécurité ». « Nous avons les mêmes objectifs, a poursuivi le chef de l’Etat. Nous cherchons à mettre hors d’état de nuire ces bandes criminelles. » L’opposition « uribiste » et une partie de l’opinion publique critiquent l’attitude de M. Santos, jugé trop conciliant.La ministre des affaires étrangères colombienne, Maria Angela Holguin, doit rencontrer son homologue vénézuélienne, Delcy Rodriguez, mercredi 26 août, afin « de chercher le moyen de rétablir la normalité, la paix et la légalité » à la frontière. L’espoir de voir la crise se résoudre rapidement est mince.Marie Delcas (Bogota, correspondante)Journaliste au Monde Christophe Ayad Ancien diplomate, grand connaisseur de la Syrie et blogueur engagé, Wladimir Glasman est décédé le 21 août à Paris des suites d’une longue maladie. Il était l’auteur du blog « Un œil sur la Syrie », hébergé par le site du Monde, dans lequel il détaillait – sous le pseudonyme d’Ignace Leverrier – les arcanes du régime syrien qu’il connaissait mieux que quiconque.Wladimir Glasman, qui a toujours été très pudique sur sa vie personnelle, est né à Rabat, au Maroc, en 1942, où il a passé son enfance. Professeur d’arabe, il a étudié au Liban (1974-1976), puis en Syrie afin de passer l’agrégation au début des années 1980. Il est retourné en Syrie comme bibliothécaire et chercheur à l’Institut français d’études arabes de Damas de 1984 à 1988. Passionné d’histoire, il a légué ses archives inestimables à l’Institut français du Proche-Orient de Beyrouth.Après avoir intégré le ministère des affaires étrangères, Wladimir Glasman part en poste en Algérie (1989-1991), puis en Jordanie (1992-1994) et en Arabie saoudite (1994-1996). Le troisième séjour de Wladimir Glasman en Syrie, le plus long, s’étend de 2001 à 2008. Sa connaissance incomparable de l’arabe syrien et sa foi chrétienne ouverte et profonde lui furent de précieux sésames pour embrasser tout le spectre de la société syrienne, de ses dirigeants aux plus humbles paysans, des quartiers chics de Damas aux villages les plus reculés.« Connaissance intime de la Syrie »« Il avait une connaissance intime de la Syrie et des Syriens, témoigne Salam Kawakibi, intellectuel et politologue à l’Arab Reform Initiative, un think tank basé à Paris. Il a tissé un lien personnel avec un nombre incalculable de personnes de toutes conditions et de toutes opinions, notamment toutes les figures de l’opposition actuellement en exil ou encore en Syrie. »Si les séjours de Wladimir Glasman en Syrie dans les années 1970 et 1980, durant lesquels il a côtoyé le chercheur Gilles Kepel, lui ont été utiles pour la compréhension de « l’Etat de barbarie » mis en place par Hafez Al-Assad et si justement décrit par Michel Seurat – qu’il a aussi connu –, c’est dans le cadre de ses fonctions diplomatiques, qu’il a pu suivre de près les espoirs, puis la déception, suscités par le jeune Bachar Al-Assad entre 2001 et 2008.Il a été aux premières loges pour assister à l’éphémère « printemps de Damas », en 2000-2001, lorsque le régime a laissé prospérer les salons de discussions, sortes de forums politiques informels, avant de brutalement mettre fin à cette timide expérience d’ouverture. Il a aussi vu le jeune leader, tiraillé entre la peur de sa propre société et la volonté de passer pour moderne, favoriser l’émergence d’une caste formée de proches et de cousins : jeunes, cyniques, brutaux, sans complexe, avides d’argent et sûrs de leur bon droit. La génération des héritiers.« Il a immédiatement compris que c’était une révolution. Il a aussi compris que le régime ne se réformerait pas et ne partirait pas »Pendant ce temps, la paysannerie s’enfonçait dans la misère, les banlieues des grandes villes grossissaient à vue d’œil et une autre jeunesse, défavorisée celle-là, grandissait dans la pauvreté, l’envie et la frustration. Il assistait aussi aux revirements d’une diplomatie fluctuante : aux espoirs initiaux de Jacques Chirac ont succédé la déception puis la colère après l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005. Le régime Assad a survécu à son isolement et au départ contraint de ses soldats du Liban. Puis est venu Nicolas Sarkozy, qui invita Bachar Al-Assad sur les Champs-Elysées le 14 juillet 2008. Nouveaux espoirs, nouvelle déception.Lorsque éclate la révolution syrienne en mars 2011, Wladimir Glasman est à la retraite. « Il a immédiatement compris que c’était une révolution, se souvient Salam Kawakibi. Il a aussi compris que le régime ne se réformerait pas et ne partirait pas. » Le Monde lui propose, dès 2011, de tenir la chronique du soulèvement, pour lequel il ne cache pas sa sympathie. Semaine après semaine, il publie des informations inédites, des témoignages, des prises de position et de longues analyses qui font référence.Pour les journalistes, ce blog, ainsi que l’érudition et la mémoire phénoménales de Wladimir Glasman, furent un précieux viatique pour comprendre les évolutions en cours. Pour les Syriens, il s’est toujours montré disponible, prêt à participer à une conférence ou une manifestation en faveur de la révolution.Le lendemain de sa mort, son épouse, son fils et sa fille ont participé à Paris au rassemblement commémorant le tragique bombardement chimique de la Ghouta (1 500 morts) en 2013 par le régime dans la banlieue de Damas.Christophe AyadRédacteur en chef InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.08.2015 à 10h35 • Mis à jour le25.08.2015 à 14h47 « Wikipédia a commencé à être bloqué en Russie. Savoir quoi faire avant qu’il ne soit trop tard. » Sur la page d’accueil de la version russe de Wikipédia, les internautes étaient accueillis, ces 24 et 25 août, par ce bandeau, qui renvoie vers une liste de ressources pour naviguer anonymement et contourner les systèmes de censure, comme le logiciel Tor.Le régulateur russe du Web, le Roskomnadzor, avait annoncé qu’en raison de la présence d’une page donnant, selon elle, des indications sur la manière de préparer une drogue à base de cannabis, elle avait demandé aux fournisseurs d’accès à Internet du pays de bloquer cette page. Mais Wikipédia utilisant le protocole de sécurisation https sur toutes ses pages, le régulateur affirme ne pas avoir d’autre choix que de bloquer l’ensemble du site si la page n’est pas retirée – ce que Wikipédia s’est refusé à faire, arguant que son contenu n’était pas contraire à la loi.Le régulateur russe a finalement fait marche arrière, après de vives protestations en Russie. Mardi midi, Wikipédia a été retirée de la liste des sites sujet à un blocage. Selon les constatations du Monde, cette volte-face est intervenue avant que le blocage soit effectif.Dans un premier temps, Wikipédia avait renommé la page visée par la censure russe, et édité en partie son texte pour préciser que la consommation de drogues est dangereuse pour la santé et interdite en Russie. Des modifications suffisantes, a jugé le Roskomnadzor, pour lever la menace de blocage.Menaces régulières contre WikipédiaLe responsable de la fondation Wikimedia en Russie, Stanislav Kozlovskiy, avait estimé que le blocage serait rapidement mis en place. « Mais nous n’allons pas cesser d’utiliser le protocole https pour faciliter le travail de censure du Roskomnadzor », a-t-il déclaré au Washington Post.Les autorités russes ont menacé à plusieurs reprises de bloquer l’accès à tout ou partie de l’encyclopédie en ligne depuis 2012 et l’entrée en vigueur d’une loi donnant au Roskomnadzor de larges pouvoirs de censure administrative – c’est-à-dire sans décision judiciaire. Mais c’est la première fois que l’ordre est envoyé aux fournisseurs d’accès à Internet de bloquer Wikipédia.A la mi-août, les autorités russes avaient bloqué temporairement l’accès au forum Reddit. Le Roskomnadzor accusait le site d’héberger une page en russe donnant un mode d’emploi pour la culture de champignons hallucinogènes. La page, vieille de plus de deux ans, avait finalement été supprimée de Reddit.Lire aussi :La Russie bloque puis débloque le site Reddit 25.08.2015 à 10h06 • Mis à jour le25.08.2015 à 16h30 Quatorze personnes ont été interpellées mardi 25 août lors d’« une opération antiterroriste » menée conjointement en Espagne et au Maroc. Son objectif était de démanteler un réseau de recrutement de combattants pour l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, a annoncé le ministère de l’intérieur espagnol.Treize interpellations ont eu lieu au Maroc, principalement à Fès et Nador, ainsi qu’à Casablanca, Driouech et El-Houceima. Une autre s’est déroulée dans la banlieue de Madrid, à San Martin de la Vega.Possible préparation d’attentats locaux« Les personnes arrêtées faisaient partie d’un groupe dont la principale activité était le recrutement et l’envoi de combattants vers les régions de Syrie et d’Irak contrôlées par Daech [acronyme arabe de l’EI] », a indiqué le ministère espagnol. Mais elles visaient également à « reproduire au Maroc et en Espagne les massacres perpétrés par les membres de Daech, dans l’intention d’établir un climat de psychose et d’instabilité », a-t-il ajouté.Ces « opérations préventives » témoignent de « l’importance du partenariat sécuritaire » entre les services marocains et espagnols, a fait valoir le ministère de l’intérieur marocain. En Espagne, 48 djihadistes présumés ont été arrêtés depuis le début de l’année, a précisé mardi le ministre de l’intérieur, Jorge Fernandez Diaz, lors d’un point presse. Lire aussi :Le Maroc se mobilise face à la tentation djihadiste 25.08.2015 à 08h50 • Mis à jour le25.08.2015 à 08h50 Le puissant typhon Goni a frappé le sud-ouest du Japon mardi 25 août au matin, perturbant les transports ferroviaires et aériens. Accompagné de vents soufflant en pointe à 198 km/h, ce quinzième typhon de la saison en Asie, qui a fait au moins vingt-six morts aux Philippines, se déplace vers le nord, longeant l’île principale de Honshu.L’agence météorologique japonaise a averti des risques de très fortes précipitations et vagues géantes. Au moins treize personnes ont été légèrement blessées sur l’île de Kyushu, la plupart à cause de vitres brisées, selon un responsable local. Des véhicules ont été renversés et quelques toits ou pans de mur emportés, d’après les images montrées par la chaîne publique NHK.Coupures d’électricité importantesLes autorités locales ont émis au total des conseils d’évacuation pour quelque quatre cent mille habitants par crainte de possibles glissements de terrain et inondations, selon les données compilées par NHK. Plus de quatre cent vingt-cinq mille foyers étaient par ailleurs privés d’électricité dans la matinée. La compagnie régionale Kyushu Railway a dû interrompre de nombreuses liaisons ferroviaires. Plusieurs lignes de train à grande vitesse Shinkansen ont aussi été suspendues en attendant que le calme revienne. Dans les airs, quelque trois cents vols au départ et à l’arrivée d’aéroports de la zone ont été annulés principalement le matin, y compris des liaisons internationales entre Fukuoka et Séoul ou Shanghaï.Le typhon devrait ensuite prendre la direction du nord-ouest au-dessus de la mer du Japon. Il avait auparavant dévasté le nord des Philippines, où il avait déclenché des coulées de boue et des inondations, tuant au moins vingt-six personnes, dont treize mineurs ensevelis par un glissement de terrain et une fillette de 5 ans emportée par une rivière en crue, selon le dernier bilan des secouristes. 15.08.2015 à 13h21 • Mis à jour le15.08.2015 à 15h50 Ahmad Al-Assir, un cheikh radical sunnite et l’un des fugitifs les plus recherchés du Liban, a été arrêté samedi 15 août au matin à l’aéroport de Beyrouth, selon plusieurs responsables de sécurité. « Il avait changé son apparence physique, en se rasant la barbe notamment, a déclaré un responsable. Il était muni d’un faux passeport et tentait de partir pour l’Egypte. »Al-Assir était en fuite depuis deux ans, à la suite de combats meurtriers qui avaient opposé ses partisans à l’armée, à l’été 2013 dans le sud du Liban. Dix-huit soldats et 11 hommes armés avaient été tués. La justice libanaise avait requis l’an dernier la peine de mort contre Al-Assir et 53 autres personnes pour ces combats.DiatribesParfait inconnu avant le début de la révolte en Syrie, en 2011, ce cheikh radical natif de Saïda, dans le sud du Liban, doit sa notoriété à ses diatribes, d’abord contre le régime de Damas et le Hezbollah, puis contre l’armée libanaise, dont il était devenu l’ennemi numéro un. Il accusait notamment les militaires de ne pas réagir face à l’implication du mouvement chiite en Syrie.Après un appel lancé en mars 2012 à manifester en soutien à l’opposition syrienne, il était devenu un phénomène médiatique, dans un pays profondément divisé entre partisans du régime syrien, l’ancienne puissance occupante, et opposants. 15.08.2015 à 06h58 • Mis à jour le15.08.2015 à 11h31 | Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant) Stupeur et abattement se lisaient sur le visage des quatre Français condamnés vendredi 14 août à vingt de prison par le tribunal de Saint-Domingue pour trafic international de cocaïne. Les deux pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos, le membre d’équipage Alain Castany et le passager Nicolas Pisapia avaient été arrêtés le 19 mars 2013 à bord d’un Falcon-50 contenant 26 valises chargées de 700,4 kg de cocaïne.Après quinze mois de détention provisoire, ils avaient été remis en liberté, le 21 juin 2014. Mais, après dix heures de délibérations, ils ont été reconnus vendredi « coupables du crime d’association en vue de (…) posséder des drogues illicites », a lu la secrétaire du tribunal.Le ministère des affaires étrangères de la France juge la peine « très lourde », mais se veut optimiste. Le Quai d’Orsay a assuré, samedi, que la condamnation des quatre hommes « n’est toutefois pas définitive » et a assuré « continuer à leur assurer une protection consulaire active ».Lire :Procès « Air Cocaïne » : les pilotes français bientôt fixés sur leur sortContrairement à la demande du procureur Milciades Guzman, le tribunal a décidé qu’ils resteraient en liberté avec interdiction de quitter l’île jusqu’à ce que la sentence soit définitive. Les avocats des quatre hommes ont immédiatement annoncé qu’ils feraient appel le mois prochain.Le tribunal de Saint-Domingue a également décidé la saisie du Falcon-50, par deux voix contre une. La présidente, Gisselle Mendez, s’est opposée à cette mesure, estimant qu’il n’avait pas été prouvé que les propriétaires de l’avion étaient impliqués dans le trafic. Six des dix Dominicains poursuivis dans cette affaire ont été acquittés. Les quatre autres, anciens fonctionnaires de la Direction nationale de contrôle des drogues (DNCD) en poste à l’aéroport de Punta Cana, dans l’est de la République dominicaine, au moment des faits, ont été condamnés à des peines allant de cinq à dix ans de prison.Convention de Chicago et mafia corseLes quatre Français ont pris la parole pour clamer leur innocence après les plaidoiries de leurs avocats et la réplique du procureur. « Cette affaire est pour moi une triple catastrophe, sur le plan professionnel, sur le plan financier et sur le plan familial, s’est exclamé Pascal Fauret, un ancien pilote de chasse reconverti dans l’aviation d’affaire. J’ai été sali, je ne suis pas un narcotrafiquant, je ne fais pas partie de la mafia corse, je suis innocent et je demande que le tribunal reconnaisse mon honneur et ma liberté et me rende mon entière liberté. »Les avocats des Français ont répété que le vol était commercial, et non privé comme le soutenait le procureur en faisant valoir que l’appareil avait reçu les services d’une compagnie, Swissair, servant les vols privés. « La convention de Chicago est très claire, les pilotes des vols commerciaux ne peuvent être tenus pour responsables du contenu des bagages », a dit avec insistance Me Fabian Melo, l’un des avocats de Pascal Fauret et Bruno Odos. Sa collègue Me Maria Elena Gratereaux a cité une affaire similaire datant de 2011 : la justice dominicaine avait alors exonéré les pilotes américains d’un petit avion chargé de cocaïne. « Y aurait-il une différence entre pilotes français et nord-américains ? », a-t-elle demandé.Me Luz Garcia, l’avocate d’Alain Castany, a dénoncé « une grave contamination des preuves et la violation de la “chaîne de traçabilité” ». Le procureur avait en effet présenté au tribunal la valise personnelle d’Alain Castany comme l’une des 26 valises contenant de la cocaïne. Le procureur avait dû reconnaître qu’il s’agissait d’une erreur.Dans sa réplique, le procureur a affirmé que les pilotes étaient « des instruments de la mafia du sud de la France ». Il a cité l’ouvrage de Jean-François Gayraud Le Monde des mafias. Géopolitique du crime organisé (Odile Jacob) pour dénoncer le danger que fait peser le crime organisé. « Ces personnes doivent payer en République dominicaine vu l’ampleur et la gravité des faits, pour que nos enfants en République dominicaine et en France ne soient pas menacés par cette peste », a-t-il dit. Il a aussi dénoncé les « pressions extérieures sur la justice dominicaine ».Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.08.2015 à 05h28 • Mis à jour le15.08.2015 à 11h46 L’empereur du Japon Akihito a exprimé, samedi 15 août, de « profonds remords » pour la seconde guerre mondiale, au 70e anniversaire de la fin du conflit.Selon certains médias japonais, dont l’agence de presse Jiji et le quotidien Mainichi, l’empereur, âgé de 81 ans, prononçait ces paroles pour la première fois, lors d’une cérémonie d’anniversaire de la capitulation du pays le 15 août 1945.« Me rappelant le passé avec de profonds remords pour la dernière guerre, j’espère sincèrement que les tragédies de la guerre ne se reproduiront jamais. J’exprime, avec le pays tout entier, ma sincère peine pour ceux qui sont tombés sur le champ de bataille, et je prie pour le développement à venir du pays et de la paix mondiale. »Des ministres au sanctuaire controversé YasukuniL’empereur prononçait ces paroles alors que les voisins du Japon, la Chine et les deux Corées, ont fait part de leur mécontentement quant à la déclaration officielle de Shinzo Abe, le premier ministre du Japon, vendredi, qu’ils jugent insuffisante au regard des exactions commises par l’armée impériale en Asie au cours de la première moitié du XXe siècle.Lire aussi :Japon : Shinzo Abe évoque les « souffrances » de la guerre, mais évite les excuses personnellesLe ministère des affaires étrangères de la Chine a par ailleurs exprimé samedi le « vif mécontentement » de Pékin concernant la visite de trois ministres japonais au sanctuaire patriotique Yasukuni à Tokyo, le jour de la commémoration de la capitulation du Japon en 1945. Ce sanctuaire honore un très grand nombre de soldats morts au combat, mais également 14 criminels de guerre. L’empereur Akihito ne s’est lui jamais rendu dans ce sanctuaire.M. Abe lui-même ne se rendra pas samedi dans ce lieu de culte shintoïste, perçu par la Chine et la Corée du Sud comme le symbole du passé colonialiste de l’Archipel, mais il y a fait parvenir une offrande rituelle, ont rapporté les médias japonais. Sa visite à la fin de 2013 avait déclenché la colère de Pékin et de Séoul et lui avait valu des remontrances de Washington.Lire notre analyse :Déni de défaite au Japon 15.08.2015 à 03h58 • Mis à jour le15.08.2015 à 12h32 Les autorités chinoises doivent poursuivre les réformes pour orienter leur économie vers un plus grand rôle des marchés afin d’éviter un ralentissement plus prononcé de la croissance du pays, a prévenu vendredi 14 août le Fonds monétaire international (FMI).Dans son rapport annuel sur l’économie chinoise, le FMI a confirmé ses prévisions de croissance pour la Chine, qui accusent un net ralentissement de l’expansion de la deuxième économie mondiale. Elle devrait ralentir à 6,8 % cette année, après 7,4 % en 2014. En 2016, la croissance devrait glisser à 6,3 %.« Vers une croissance plus sûre et durable »« L’économie chinoise est en train d’effectuer une transition vers une croissance plus sûre et durable. Cette transition est difficile, mais les autorités veulent qu’elle réussisse », a déclaré Markus Rodlauer, chef de mission pour la Chine au FMI, lors d’une conférence de presse téléphonique.Lire :La Chine parvient à stabiliser sa croissanceMais « des progrès insuffisants pour faire face aux vulnérabilités et faire avancer le calendrier des réformes structurelles continuent de représenter le plus grand risque et pourraient provoquer à moyen terme une correction désordonnée et une période prolongée de croissance plus lente », a-t-il prévenu.La dévaluation du yuan, « une initiative bienvenue »Concernant les dernières initiatives des autorités chinoises pour faire baisser le cours du yuan, ce responsable a assuré que cela ne remettait pas en question l’opinion du Fonds selon laquelle la monnaie chinoise « n’est plus sous-évaluée ».« Nous la considérons comme une initiative bienvenue, car cela devrait permettre aux forces du marché d’avoir un plus grand rôle dans la détermination du taux de change. L’impact exact dépendra de la façon dont le nouveau mécanisme sera appliqué », a cependant tempéré M. Rodlauer.Selon lui, la Chine peut et doit viser à atteindre un système de change complètement flexible « d’ici deux à trois ans ».Lire aussi nos explications :Pourquoi la Chine dévalue le yuan 14.08.2015 à 21h44 • Mis à jour le15.08.2015 à 10h41 Christophe Garach (Bruxelles, correspondance)Une bonne dose d’espoir, un paquet de milliards et un zeste d’arrière-pensées : au terme d’un énième marathon, l’Eurogroupe est finalement parvenu, vendredi 14 août, à valider un troisième plan d’aide à la Grèce. En espérant que, cette fois, ce soit « le bon », s’est exclamé Michel Sapin, le ministre des finances de la France. Signe que le consensus n’a pas été trop douloureux pour Berlin, Wolfgang Schäuble, l’inflexible ministre des finances de l’Allemagne, s’est déclaré lui aussi satisfait du résultat, avant de préciser qu’il fallait cependant « rester prudent, parce que, bien sûr, nous avons fourni une énorme somme d’argent ».Au total, le montant de « la solidarité européenne » ne devrait pas dépasser 86 milliards d’euros (25 milliards d’euros serviront de « tampon » pour venir en aide aux banques grecques en cas de besoin). Pour l’instant, cette aide sera cofinancée par les seuls Européens, sans le soutien du Fonds monétaire international (FMI), qui prendra sa décision en octobre. Ce nouveau programme d’assistance financière est censé aider la Grèce à sortir la tête de l’eau après deux mois d’intenses turbulences qui ont fait plonger son économie au plus bas : la Commission européenne table désormais sur une récession à hauteur de 2,5 % en 2015, fait savoir Valdis Dombrovskis, son vice-président.Lire le récit :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...La méfiance reste de miseMême si tous les protagonistes ont expliqué que le retour de la confiance – côté grec surtout – avait largement contribué à finaliser cet accord, la méfiance reste de mise et le décaissement des 86 milliards d’euros se fera au compte-gouttes d’ici à 2018. A la veille de probables élections anticipées en Grèce, les faucons de l’Eurogroupe maintiennent la pression sur Alexis Tsípras, le premier ministre grec de la gauche radicale.Ainsi, dès le 20 août, lorsque les Parlements nationaux qui doivent encore se prononcer auront donné leur aval, et dès que le conseil des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (MES) chargé de superviser l’aide à la Grèce aura délivré son autorisation, une première tranche sera alors versée. Sur le papier, 26 milliards d’euros sont prévus ; 10 seront affectés à la recapitalisation des banques grecques, mais ces milliards resteront dans les mains du MES, qui n’ouvrira les vannes que sous condition. Restent 16 milliards d’euros : seuls 13 milliards seront effectivement décaissés pour permettre à la Grèce d’honorer le remboursement de ses dettes à court terme (dont 3,4 milliards à verser à la Banque centrale européenne le 20 août).Lire aussi notre analyse :L’accord avec la Grèce à l’épreuve du politique Quant aux 3 derniers milliards, ils ne seront libérés que plus tard, probablement en septembre, voire en octobre, sans garantie sur le calendrier. Comme l’essentiel du programme, tout dépendra de la mise en œuvre effective du très large éventail de réformes que la Grèce s’est engagée à faire, avec l’accord préalable de ses créanciers.Un calendrier de réformes jugé « ambitieux » par Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe. Mais le qualificatif demeure en deçà de la réalité. Le protocole d’accord que la Grèce a négocié avec ses créanciers pour obtenir cette manne financière l’obligera à engager un insondable processus de mutation en trois ans seulement, avec à la clé des réductions budgétaires, une chasse à l’évasion fiscale, une libéralisation à marche forcée de son économie, une réorganisation de son mode d’organisation sociale, des privatisations de pans entiers de son secteur public jugé démesuré et défaillant…Dette toujours « insoutenable », selon le FMIM. Sapin évoque un plan de réformes qui aura une profonde incidence sur toute la société grecque. S’il convient que les efforts demandés sont considérables, le patron de Bercy juge cependant que ces derniers sont « très équilibrés » et que ce plan est malgré tout « destiné à réussir », parce que tout a été fait pour éviter les erreurs des deux premiers plans de sauvetage. Il est vrai qu’un programme d’investissement doit aussi accompagner cette métamorphose et qu’Athènes pourra également compter sur plusieurs dizaines de milliards d’euros puisés directement dans le budget de l’Union européenne.Ces milliards bénéficieront directement à l’économie hellène, promettent le président de l’Eurogroupe et Klaus Regling, le directeur général du MES. Euclide Tsakalotos, le nouveau ministre des finances de la Grèce, lui, croise les doigts. « Nous espérons que cela aidera la Grèce à aller de l’avant » ,mais « cela dépendra de la façon dont la société grecque réagira », a-t-il déclaré au sortir de la réunion.Quant aux conséquences de ce nouveau plan de sauvetage sur la dette grecque – qui risque de frôler les 200 % du produit intérieur brut d’ici peu –, le FMI a maintenu le cap lors de la réunion de l’Eurogroupe. En dépit d’une analyse fournie par la Commission européenne, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a souligné qu’elle restait persuadée que la dette grecque était « insoutenable » et qu’une restructuration était nécessaire et complémentaire.Le 13 juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement ont évoqué cette hypothèse. Mais cette promesse demeure encore bien improbable vu l’hostilité de Berlin. Avec une certitude : une décote de la dette est déjà exclue. La question reviendra quoi qu’il en soit en octobre sur la table des ministres des finances.Lire aussi nos explications :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciers 14.08.2015 à 19h32 • Mis à jour le14.08.2015 à 19h33 La semaine passée, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) le disait « en danger de mort imminente ». Il avait quasi perdu la vue, n’entendait plus que très faiblement et était incapable de se mouvoir. Après cinquante-huit jours de grève de la faim, Mohammed Allan est toujours en vie, mais inconscient. Il a sombré dans le coma dans la nuit de jeudi 13 à vendredi 14 août, selon son avocat.Soupçonné par Israël d’appartenir au Jihad islamique, l’avocat palestinien de 31 ans a été placé sous respirateur artificiel et perfusion d’eau salée à l’hôpital Barzilai d’Ashkelon. D’après ses proches, il protestait contre le prolongement de sa détention administrative, une mesure controversée qui permet aux autorités de l’Etat hébreu de détenir sans charge des prisonniers par périodes de six mois indéfiniment renouvelables.Opposition du corps médicalMohammed Allan n’est pas le seul détenu palestinien à avoir commencé une grève de la faim pour dénoncer cette forme d’incarcération ou ses conditions de détention. Il pourrait toutefois être le premier qu’on nourrisse de force, en vertu d’une loi adoptée le mois dernier par les députés israéliens, autorisant les autorités à procéder ainsi en cas de mise en danger de la vie du détenu.Un moyen, expliquaient les partisans de ce texte au Parlement, de couper court au « chantage » des prisonniers après la libération à la mi-juillet du prisonnier palestinien Khader Adnane. Sorti de prison à la mi-juillet après cinquante-six jours de grève de la faim, ce dernier avait été accueilli en héros par les Palestiniens.Lire aussi :Israël libère le détenu palestinien Khader Adnane après un an de détentionLa nouvelle loi est néanmoins contestée par nombre de médecins au nom de l’éthique. Ceux de l’hôpital Soroka de Beersheba, où Mohammed Allan avait été transféré dans un premier temps, ont refusé de le nourrir de force. Si leurs collègues de Barzilai suivent la même ligne, le directeur de l’établissement n’a toutefois pas exclu d’avoir à recourir au procédé, selon The Guardian. L’Association médicale d’Israël a déposé une pétition auprès de la Cour suprême pour contester la légalité de la mesure.La trêve « prendra fin si Mohammed Allan meurt »La police et l’armée israéliennes avaient été placées vendredi en état d’alerte à travers Jérusalem et la Cisjordanie occupée, devant la crainte de manifestations prévues pour après la grande prière hebdomadaire. Un millier de personnes ont défilé sous une nuée de drapeaux palestiniens à Naplouse (nord de la Cisjordanie occupée), près du village d’origine de Mohammed Allan, en brandissant sa photo. L’administration pénitentiaire a en outre déclaré un couvre-feu pour tous les Palestiniens détenus dans ses prisons, a rapporté le Club des prisonniers.Le Jihad islamique, qui a présenté Mohammed Allan comme l’un des siens, a appelé dans un communiqué à « se mobilier partout ». Sa branche armée, les Brigades Al-Qods, a prévenu à Gaza, près d’un an après la conclusion d’un cessez-le-feu avec Israël dans l’enclave, que cette « trêve prendra fin si Mohammed Allan meurt ». 14.08.2015 à 17h08 Une première depuis 1961. Le drapeau américain a été hissé vendredi 14 août devant l’ambassade des Etats-Unis à La Havane, au cours d’une cérémonie symbolique du rapprochement progressif entre les Etats-Unis et Cuba.The U.S. flag was raised over the embassy in Havana, Cuba, for the first time in 54 years. http://t.co/36WCwxoqa8— CNN (@CNN)require(["twitter/widgets"]);Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a participé à cette cérémonie qui marque une nouvelle étape dans le rétablissement des relations entre ces deux pays, entamé à l’initiative de Barack Obama et de son homologue cubain, Raul Castro.Lire aussi :Le drapeau des Etats-Unis à Cuba, un symbole qui ne règle pas tout« Le peuple de Cuba serait mieux servi par une véritable démocratie »Après avoir salué dans son discours prononcé en partie en espagnol devant l’ambassade des Etats-Unis à La Havane un « moment historique », M. Kerry a également rappelé que l’administration du président Barack Obama était « fermement favorable » à la levée de l’embargo américain imposé à Cuba. Dans son allocution, le secrétaire d’Etat américain a également estimé que « le peuple de Cuba serait mieux servi par une véritable démocratie, où les habitants sont libres de choisir leurs dirigeants ». Conséquence de la guerre froide et des tensions persistantes entre Washington et La Havane, la bannière étoilée n’avait plus flotté au-dessus de l’ambassade américaine depuis 1961. Le drapeau cubain a quant a été lui été de nouveau hissé à Washington le 20 juillet dernier, jour de la reprise formelle des relations diplomatiques entre les deux pays.Lire aussi :Entre les Etats-Unis et Cuba, les secrets d’un dégel 14.08.2015 à 16h56 Le réacteur nucléaire inopinément arrêté jeudi en Belgique le restera jusqu’au 28 août, selon son exploitant, Electrabel (groupe Engie, ex-GDF Suez), vendredi 14 août. L’incident sur le troisième réacteur de la centrale de Tihange, près de Liège (sud-est de la Belgique), est intervenu à la suite d’une opération de maintenance sur le système d’alimentation électrique de contrôle, « un incident technique qui n’a rien d’exceptionnel », selon l’Autorité fédérale de contrôle nucléaire (AFCN).Electrabel devait relancer le réacteur dans la nuit de vendredi à samedi, mais a finalement décidé de repousser le redémarrage à la fin du mois pour « anticiper des travaux planifiés en octobre ». « Cette opération permettra à la capacité de Tihange 3 d’être disponible en début d’automne contrairement à ce qui avait été annoncé », précise la société dans un communiqué.Un parc nucléaire en travauxLa mise à l’arrêt de Tihange 3 est un nouveau coup dur pour le parc nucléaire belge géré par Electrabel, dont seuls deux des sept réacteurs tournent encore. Deux d’entre eux sont éteints depuis plus de quinze mois afin de réaliser des tests supplémentaires sur leurs cuves, endommagées par des milliers de fissures. Leur redémarrage n’est pas prévu avant novembre, et seulement si l’AFCN donne son accord après avoir consulté des experts indépendants.Deux autres, qui ont atteint la limite d’âge de quarante ans, ont été déconnectés du réseau, même si le gouvernement de droite a décidé de prolonger leur durée de vie de dix ans. Là aussi, l’AFCN doit encore donner son aval.Lire aussi :La Belgique prolonge de dix ans ses vieux réacteurs nucléaires Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, ne veut pas s’excuser. Lors d’une conférence de presse vendredi 14 août, il a lu l’allocution préparée pour le 70e anniversaire, le 15 août, de la fin de la seconde guerre mondiale, et de la capitulation, en 1945, du Japon impérial. Dans cette déclaration, M. Abe évite soigneusement de présenter ses propres excuses pour les actions du Japon militariste, ce qui marque une rupture avec les dernières commémorations.« Le Japon a exprimé à plusieurs reprises ses sentiments de regrets profonds et d’excuses du fond du cœur pour ses actions pendant la guerre », rappelle simplement M. Abe, évoquant ainsi les déclarations de ses prédécesseurs Tomiichi Murayama, en 1995, et Junichiro Koizumi, en 2005.« Eternelles condoléances »Le chef de gouvernement exprime toutefois sa « profonde douleur » pour toutes les victimes de la guerre, auxquelles il adresse ses « éternelles condoléances ». Il souligne aussi que le Japon a infligé des « dégâts et des souffrances incommensurables » pendant ce conflit, et condamne le recours à la force et à l’oppression coloniale.La déclaration insiste en outre sur l’engagement pacifiste du Japon après la guerre et inclut des remerciements pour les pays ayant permis à l’Archipel de réintégrer la communauté internationale. Parmi eux, la Chine et les nations ayant affronté le Japon, qui ont su faire preuve de « tolérance » pour autoriser cette réintégration.Ayant refusé de s’excuser, M. Abe affirme son souhait de ne pas transmettre le fardeau de la guerre aux générations futures. « Nous ne devons pas laisser nos enfants, petits-enfants et les générations suivantes, qui n’ont rien à voir avec la guerre, être prédestinés à s’excuser », ajoute son texte, tout en insistant sur la nécessité de ne pas oublier. La déclaration souligne la volonté nippone de contribuer à la paix et à la prospérité dans le monde.Critiques de Pékin et de SéoulL’absence d’excuses suscite déjà des critiques, notamment en Chine et en Corée du Sud, principales victimes du Japon impérial. L’agence de presse sud-coréenne Yonhap a déploré que M. Abe n’ait pas « présenté clairement ses propres excuses ». L’agence d’information officielle Chine nouvelle regrette que M. Abe « considère que les générations futures n’auront pas besoin de continuer de s’excuser ».L’annonce de la déclaration clôt un marathon de débats engagé il y a plusieurs mois. M. Abe avait créé en février une commission chargée de réfléchir à son contenu. Elle a rendu ses travaux au début d’août, et le texte a été rédigé. L’affaire était si importante pour M. Abe que le stress engendré aurait, selon certains hebdomadaires nippons, réveillé sa rectocolite hémorragique, une maladie incurable dont il souffre depuis l’âge de 17 ans et qui l’avait contraint à mettre fin en 2007 à son premier mandat à la tête du gouvernement.Lire aussi :Face au passé impérial, Shinzo Abe joue sur les mots« Un cycle humiliant d’excuses »Dans le passé, des regrets avaient été exprimés. Cependant, les visites au controversé sanctuaire Yasukuni, qui honore les soldats tués pour la nation japonaise, dont des criminels de guerre, ont alimenté des doutes sur leur sincérité. L’attitude de M. Abe, qui s’est rendu à Yasukuni en 2013 et qui a refusé en mai de répondre à la question de savoir s’il était juste ou non de s’engager dans la guerre contre la Chine, a contribué à nourrir la suspicion.Proche de la Nihon Kaigi, une organisation révisionniste qui réfute les accusations de crimes formulées contre le Japon militariste, Shinzo Abe est connu pour ses positions nationalistes. Ses principaux soutiens souhaitaient mettre fin à ce qu’ils considèrent comme « un cycle humiliant d’excuses ».De fait, la présentation d’une première version du texte le 9 août aux dirigeants des formations au pouvoir, le Parti libéral démocrate et le Parti Komei, n’en mentionnait aucune. Etaient évoqués de simples « regrets » pour les actes passés, sans évoquer une quelconque « agression » ou « régime colonial ». Sans en reprendre la formulation, il signalait l’adhésion, « dans l’ensemble », aux déclarations deTomiichi Murayama et de Junichiro Koizumi.Ménager ses soutiens nationalistesLe Komei avait alors appelé M. Abe à modifier son texte pour qu’il « reflète les excuses pour les autres pays ». La remarque reprenait les points de vue exprimés dans la presse, d’opposition ou proche de la majorité. Le Mainichi, journal de centre gauche, plaidait le 7 août pour une déclaration « contribuant à la réconciliation du Japon avec ses voisins ». Le quotidien conservateur Yomiuri, pourtant soutien de M. Abe, appelait dans un éditorial le même jour à « reconnaître clairement qu’il y a eu agression » de la part du Japon. « S’il omet cette mention, ajoutait le journal, M. Abe sera immédiatement considéré comme quelqu’un qui ne veut pas admettre que l’Archipel a commis de tels actes. »Finalement, soucieux de ménager ses soutiens nationalistes, voire de suivre ses propres inclinations, M. Abe prend le risque d’une nouvelle dégradation des relations avec Pékin et Séoul, déjà au plus bas. Et ce même s’il souhaite un sommet en septembre avec le président chinois, Xi Jinping. Il prend également le risque de mécontenter Washington, qui espérait une déclaration à même d’apaiser les tensions en Asie de l’Est.De plus, sur le plan intérieur, la cote de popularité de Shinzo Abe baisse. Il est critiqué pour son projet de législation sécuritaire, perçue comme une menace pour l’engagement pacifiste du Japon. Sa déclaration pourrait à nouveau réduire ses soutiens.Pour comprendre le contexte :Déni de défaite au JaponPhilippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.08.2015 à 11h38 • Mis à jour le14.08.2015 à 11h48 Combien coûtera l’annulation de la vente de deux navires de guerre Mistral à la Russie ? Le Canard enchaîné, qui avait calculé une facture totale de 2 milliards d’euros, a vu ses chiffres démentis, vendredi 14 août, par le ministre des finances, Michel Sapin. « C’est inexact, ça arrive d’ailleurs au Canard de dire des choses inexactes » a-t-il déclaré sur France Inter. « Ce sont des chiffres inférieurs à un milliard », a-t-il précisé.« Tous les chiffres seront donnés, ils seront totalement transparents », a encore promis M. Sapin, qui a confirmé que le Parlement serait saisi de ce dossier à la rentrée, mi-septembre. « Vous aurez tous les chiffres qui seront donnés aux parlementaires lorsque le traité [l’accord entre Paris et Moscou pour résoudre la question des Mistal] sera adopté », a-t-il assuré, précisant que ce texte sera d’abord « adopté en conseil des ministres d’ici à la fin août ».« C’est une décision politique qui était indispensable, nous ne pouvions pas livrer du matériel militaire à un pays qui aujourd’hui viole les règles internationales en occupant une partie de l’Ukraine, en annexant des territoires d’un autre pays. »Remboursé « intégralement »Paris et Moscou sont parvenus la semaine dernière à un accord sur l’épineux dossier des navires Mistral, dont la livraison à la Russie avait été suspendue en raison de la crise ukrainienne : Paris en récupérera la « pleine propriété » après avoir « intégralement » remboursé Moscou.Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, avait déjà indiqué que le montant exact de la somme versée par la France à la Russie serait inférieur au prix d’achat initial de 1,2 milliard d’euros. Le président François Hollande avait confirmé que « le Parlement français serait saisi d’un projet de loi pour ratifier cet accord » et que « les chiffres très précis seraient dans le document parlementaire ».Cette semaine, le Canard enchaîné a affirmé que la facture grimperait à deux milliards en ajoutant au remboursement du prix des deux navires une série de coûts annexes, dont le paiement par l’Etat de la marge du chantier naval DCNS, les frais d’adaptation et de gardiennage des navires, ou encore l’annulation du contrat de maintenance passé avec la Russie. 14.08.2015 à 09h00 • Mis à jour le14.08.2015 à 15h23 Plus de trente-six heures après deux gigantesques explosions dans une zone portuaire de Tianjin, près de Pékin, les autorités et les habitants ayant fui la zone s’inquiètent de possibles rejets de composants toxiques, et un grand flou demeure sur les circonstances de cette catastrophe industrielle survenue dans le dixième port du monde par son importance.Selon un nouveau bilan diffusé vendredi 14 août, au moins 56 personnes ont été tuées, parmi lesquelles 21 pompiers. Le gouvernement continue d’évoquer plus de 700 autres blessées, dont 71 gravement. Des pompiers sont également toujours portés disparus. L’un d’entre eux a été retrouvé vivant, plus de vingt-quatre heures après l’explosion.Devant un paysage industriel dévasté, où de la fumée s’élevait encore par endroits, des policiers barraient l’accès au site, certains sans aucune tenue protectrice, d’autres le visage couvert d’un masque à gaz. La scène résumait bien l’incertitude qui règne sur place.Un entrepôt de transit au contenu incertainA l’heure actuelle, les origines de la catastrophe restent officiellement indéterminées, et personne ne semble savoir avec certitude quels sont les produits chimiques répandus après l’accident, ni leur dangerosité.Si l’entreprise Tianjin Dongjiang Port Ruihai International Logistics, propriétaire de l’entrepôt, n’est pas en mesure de préciser la nature des produits qui y étaient stockés en transit, les médias officiels ont confirmé que des substances chimiques dangereuses y étaient bel et bien présentes. Dans la foulée, une équipe de plus de 200 militaires spécialistes des armes nucléaires, bactériologiques et chimiques est arrivée pour mener des opérations de nettoiement, selon l’agence de presse officielle Chine nouvelle. Selon la police de Tianjin, l’entrepôt contenait principalement du nitrate d’ammonium, du nitrate de potassium et du carbure de calcium au moment des explosions. Des experts chimistes ont expliqué que le carbure de calcium pouvait réagir avec l’eau et créer de l’acétylène, un gaz hautement explosif. L’arrivée de pompiers qui ont arrosé l’entrepôt pour éteindre l’incendie est donc une des hypothèses des enquêteurs pour expliquer les énormes explosions.Dans un article, rapidement censuré, le site Les Nouvelles de Pékin a rapporté, citant des producteurs industriels, que ce n’étaient pas moins de 700 tonnes de cyanure de sodium, une substance hautement toxique, qui pouvaient aussi y être entreposées. Et que des doses importantes avaient été relevées dans les eaux usées des environs. L’organisation écologiste Greenpeace, en se fondant sur la station de contrôle de l’air de Tianjin, évoque également la présence de cyanure de sodium et de carbure de calcium, qui « constituent une menace pour la santé humaine ». La Mairie de Tianjin a de son côté reconnu que des composants chimiques « toxiques et nocifs » avaient été détectés dans l’air. Mais, assure le directeur du département de l’environnement, « les niveaux observés ne sont pas excessivement au-dessus de la normale ».Pékin promet une campagne nationale d’inspection Dans une déclaration, vendredi, le gouvernement a annoncé une campagne nationale d’inspection des produits chimiques dangereux et des explosifs. Pékin promet que le renforcement des conditions de sécurité dans l’industrie passera par une répression accrue des activités illégales.La catastrophe de Tianjin rappelle en effet le piètre bilan de la Chine en termes de sécurité industrielle, les réglementations existantes y étant souvent ignorées et contrôlées de façon laxiste, donnant lieu à des centaines d’accidents par an.Les normes de sécurité chinoises exigent que les entrepôts stockant des matériaux dangereux soient éloignés d’au moins un kilomètre des lieux d’habitation et des axes routiers importants. Deux complexes d’immeubles résidentiels et plusieurs avenues se trouvent pourtant à moins de 1 000 mètres, et deux hôpitaux et un terrain de football sont également à proximité, a affirmé Le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois. « L’entrepôt n’aurait jamais dû réussir à passer tous les contrôles environnementaux », a commenté le journal.Plusieurs milliers des 15 millions d’habitants que compte Tianjin ont dû être relogés, de nombreux immeubles et maisons ayant été sévèrement endommagés par les déflagrations. Selon le Guardian, citant un officiel local, au moins 6 000 personnes auraient dormi chez des proches ou dans des campements montés en urgence par le gouvernement.Lire notre décryptage :La sécurité dans l’industrie chinoise « passe après la recherche du profit » Marie Charrel Un ultime Eurogroupe pour sauver la Grèce ? Vendredi 14 août, les ministres des finances de la zone euro se réunissent pour valider, ou non, le troisième programme d’assistance à Athènes, de près de 85 milliards sur trois ans. L’enjeu est de taille. Et le calendrier serré : le 20 août, le pays doit en effet rembourser 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE). Sans nouvelle aide, il risque de faire défaut.En théorie, l’Eurogroupe devrait donner son feu vert sans difficulté. Mardi 11, le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers, la BCE, le Fonds monétaire international (FMI), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Commission européenne, ont en effet conclu un accord « technique » sur le plan. Les négociations se sont déroulées dans une ambiance étonnamment cordiale.Lire aussi :La course contre la montre d’Alexis TsiprasUne longue série de réformesEn échange d’une nouvelle aide, Athènes s’est engagé à adopter une longue série de réformes, que les parlementaires Grecs ont voté vendredi matin. Et ce, en dépit de la révolte de l’aile gauche de Syriza, le parti de M. Tspiras, au bord de la scission.Dans ces conditions, l’Eurogroupe n’a aucune raison de ne pas valider l’accord. Seulement voilà : l’Allemagne hésite. Wolfgang Schäuble, son ministre des finances, a fait savoir qu’il soulèverait de nombreuses « questions » lors de la réunion. Il s’inquiète de la soutenabilité de la dette grecque et veut s’assurer que le FMI, silencieux ces derniers jours, restera impliqué dans le pays. La chancelière Angela Merkel est dans une situation délicate. Une partie des députés allemands sont réticents à aider encore Athènes. Pour les calmer, elle aurait préféré que la Grèce bénéficie d’un prêt-relais pour passer l’échéance du 20 août. Et que les négociations se prolongent.Les hésitations allemandes peuvent-elles faire échouer l’Eurogroupe ? Possible. Mais peu probable. Berlin ne prendrait en effet pas le risque d’être la seule capitale de la zone euro à s’opposer à l’accord. La Finlande, l’autre pays méfiant à l’égard du gouvernement Tsipras, a en effet déjà fait savoir qu’elle le soutenait.Si la journée de vendredi se déroule sans encombre, plusieurs parlements nationaux, notamment en Allemagne, au Pays-Bas et en Espagne, devront encore donner leur blanc-seing, en début de semaine prochaine, pour qu’Athènes puisse toucher une première tranche d’aide avant le 20 août. M. Tsipras pourra alors souffler. Mais pas pour longtemps : il devra, dès lors, gérer la fronde au sein de son propre parti…Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLa Commission confiante, Schäuble aussiLa Commission européenne s’est dite confiante dans l’approbation par les ministres des finances de l’Eurogroupe du plan d’aide, trouvant « encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec ».Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’est quant à lui montré plus réservé, se refusant à « spéculer » sur l’issue de la réunion. Il a estimé que la question de la « confiance politique » avec la Grèce était « encore sur la table ».Enfin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré vendredi 14 août après-midi qu’il était « confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui ». « Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, nous devrions mettre en place un prêt-relais », a-t-il toutefois ajouté.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La Matinale (Avec AFP) Les habitants de Tianjin, dans l’est de la Chine, s’inquiètent pour leur sécurité après les deux gigantesques explosions dans la nuit de mercredi à jeudi qui ont fait au moins 50 morts et plus de 700 blessés et dont on ignore toujours l’origine. La série de gigantesques déflagrations a eu lieu dans un entrepôt où étaient stockés, selon des médias chinois, des centaines de tonnes de produits chimiques dangereux.De son côté, le journal les Nouvelles de Pékin a rapporté, en citant des producteurs industriels, qu’au moins 700 tonnes de cyanure de sodium étaient entreposées sur le site, et que des doses importantes de cette substance hautement toxique avaient été relevées dans les eaux usées des environs. Cet article alarmiste n’était plus disponible vendredi sur l’Internet chinois, ce qui avivait les spéculations.« Le gouvernement chinois ne nous dit rien »Selon l’agence étatique Chine nouvelle, une équipe de 217 militaires spécialistes des armes nucléaires, bactériologiques et chimiques a entamé jeudi des opérations de nettoyage sur place. Vendredi matin, on voyait peu d’activité aux abords immédiats du lieu des explosions, dans un paysage industriel dévasté où des panaches de fumée s’élevaient encore par endroits. Les routes y menant avaient été nettoyées des principaux débris. Barrant l’accès au site, certains policiers n’étaient vêtus d’aucune tenue protectrice, tandis que d’autres avaient enfilé des masques à gaz recouvrant leurs visages entiers.Dans un immeuble de bureaux voisin, un garde de sécurité de 50 ans, Liu Zongguang, portait pour sa part un simple masque chirurgical bon marché. « J’ai vu des policiers porter le même type de masque, tandis que d’autres n’en portaient pas. Du coup je ne sais pas quoi faire au juste », a-t-il observé. « Je suis effrayé, mais je ne sais même pas de quoi avoir peur exactement. Le gouvernement ne nous dit rien, absolument rien sur ce qu’on doit faire pour protéger nos familles des produits chimiques », ajoutait-il, énervé.Les réglementations non respectéesLe Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste chinois, a indiqué que la construction d’un tel entrepôt dans cette dense zone industrielle « contrevenait clairement » aux réglementations.Les normes de sécurité chinoises exigent effectivement que les entrepôts stockant des matériaux dangereux doivent être éloignés d’au moins un kilomètre des lieux d’habitation et axes routiers importants. Or, dans ce cas précis, deux complexes d’immeubles résidentiels et plusieurs avenues se trouvaient à moins de 1 000 mètres. Deux hôpitaux et un terrain de football étaient également à proximité, a affirmé le média étatique.La catastrophe rappelle le piètre bilan de la deuxième économie mondiale en termes de sécurité industrielle, les réglementations étant souvent ignorées pour des raisons de rentabilité et leur mise en œuvre contrôlée de façon laxiste.En juillet, 15 personnes avaient été tuées et plus de dix autres blessées dans l’explosion d’un site illégal de stockage de feux d’artifice dans le Hebei (nord). En août 2014, 146 personnes (selon un bilan officiel ultérieur) avaient trouvé la mort dans l’explosion d’une usine de pièces automobiles à Kunshan près de Shanghai.La Matinale (Avec AFP)Journaliste au Monde Gilles Paris (Washington, correspondant) Vendredi 14 août, la bannière étoilée flottera à nouveau à La Havane, cinquante-quatre ans après la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, le premier à se rendre à Cuba depuis 1945, est arrivé dans l’après-midi avec la délégation officielle américaine pour cette nouvelle étape de la normalisation des relations entre les deux pays.Le rapprochement avait été engagé le 17 décembre 2014 après l’annonce, par le président Barack Obama, que l’échec d’un demi-siècle d’embargo justifiait de changer de politique. Sept mois de tractations ont donc été nécessaires pour traduire dans les faits cette décision historique.Combien en faudra-t-il pour parvenir à une normalisation complète ? Sans aucun doute beaucoup plus, compte tenu du nombre de contentieux qui persistent entre les deux pays : qu’il s’agisse de la base navale américaine de Guantanamo, dont La Havane veut recouvrer la souveraineté, de la question de l’indemnisation des sociétés et des particuliers américains expropriés après le triomphe de la révolution castriste, ou encore du sort des Américains poursuivis aux Etats-Unis pour des affaires de droit commun et qui ont trouvé refuge dans l’île, où les autorités les ont considérés comme des réfugiés politiques. Sans parler de la question des droits de l’homme, dont Washington assure qu’elle n’a pas été sacrifiée pour permettre ce rapprochement.Lire aussi :Entre les Etats-Unis et Cuba, une normalisation qui s’annonce laborieuseLa levée de l’embargoMais les obstacles ne sont pas que bilatéraux. Les républicains du Sénat, – auxquels s’ajoutent quelques « faucons » démocrates –, empêchent la Maison Blanche de nommer un ambassadeur à La Havane, estimant que l’administration a cédé sur le dossier des droits de l’homme sans rien obtenir en échange. Ils pourraient faire échec au vote de confirmation requis. Les républicains sont d’autant plus décidés à ne rien abroger des différentes dispositions législatives, adoptées entre 1961 et 1996 pour isoler économiquement l’île, que la levée de l’embargo est considérée comme une priorité par le régime cubain.L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton, favorite de la campagne des primaires démocrates pour la présidentielle de 2016, a plaidé vigoureusement, le 31 juillet, à Miami, fief des exilés cubains, en faveur de cette levée. Favorable de longue date à une normalisation avec Cuba, elle sait que la majorité de l’opinion publique américaine la soutient. Il s’agit donc d’un sujet d’affrontement propice face aux candidats républicains les plus hostiles à la levée de l’embargo : Marco Rubio, sénateur de Floride, fils d’émigrés cubains, qui a fait de ce sujet un combat personnel, l’ancien gouverneur de Floride, Jeb Bush, et le sénateur du Texas, Ted Cruz, également fils d’exilés cubains.Lire aussi :Entre les Etats-Unis et Cuba, les secrets d’un dégelGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.08.2015 à 14h34 • Mis à jour le19.08.2015 à 17h48 Des coups de feu ont été entendus mercredi 19 août à Istanbul, en Turquie, devant le palais de Dolmabahçe, où se trouvent des bureaux du premier ministre, ont annoncé des médias locaux. Cet édifice de l’ère ottomane est aussi un site touristique, sur la rive européenne de la ville, près de la tour de Galata.Selon de premières informations, l’attaque n’a fait ni mort ni blessé. La police a interpellé les deux assaillants et des ambulances ont été dépêchées sur les lieux de la fusillade alors que la police a bouclé les rues avoisinantes, précise le journal Hürriyet.Le premier ministre, Ahmet Davutoglu, ne se trouvait pas dans le palais stambouliote, mais à Ankara, où il a annoncé mardi qu’il renonçait à former un nouveau gouvernement, ouvrant la voie à des élections législatives anticipées.Une série d’attentats meurtriersCette nouvelle attaque survient plus d’une semaine après une série d’attentats qui ont ciblé Istanbul et des villes du sud-est du pays, tuant six membres des forces de sécurité. A Istanbul, l’attaque du consulat américain avait été revendiquée par un groupe d’extrême gauche (DHKP-C, Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), et celle d’un poste de police à Sultanbeyli (sur la rive asiatique) par les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).Les tensions entre les insurgés kurdes et Ankara sont à leur comble dans le sud-est du pays depuis l’offensive militaire turque lancée le 24 juillet.Lire aussi :La Turquie, sans gouvernement, s’enfonce peu à peu dans la violenceA la suite de l’attentat-suicide de Suruç, qui a causé la mort de trentre-trois jeunes gens proches de la cause kurde et a été attribué à l’organisation Etat islamique (EI), la Turquie a lancé une « guerre contre le terrorisme » sur deux fronts, ciblant à la fois les djihadistes de l’EI et les rebelles du PKK.Huit soldats turcs tués dans une attaque du PKKHuit soldats turcs ont été tués, mercredi 19 août, dans une attaque survenue dans la province de Siirt, dans le sud-est de la Turquie, et attribuée aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a annoncé l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Une bombe a explosé au passage d’une patrouille militaire dans une zone rurale du district de Pervari. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière contre l’armée turque depuis qu’Ankara a lancé une vaste offensive contre la guérilla kurde, en juillet. 19.08.2015 à 12h09 • Mis à jour le19.08.2015 à 16h02 Un membre de la Kaitsepolitsei, l’agence de sécurité estonienne chargée du contre-espionnage, de la lutte contre le terrorisme et des gros dossiers de corruption, du nom d’Eston Kohver a été condamné par un tribunal russe, mercredi 19 août, à quinze ans de prison pour espionnage, selon son avocat Evgueni Aksionov.Eston Kohver avait été arrêté en Russie après avoir été, selon Tallinn, enlevé en Estonie par les services secrets russes en 2014. Il a été reconnu « coupable d’espionnage, de possession illégale d’armes et de traversée illégale de la frontière russe » au terme d’un procès tenu à huis clos, a précisé son avocat. Il devrait maintenant décider s’il fera appel « après consultation avec des représentants de l’ambassade d’Estonie ».Les services spéciaux russes (FSB) avaient affirmé en septembre 2014 avoir arrêté Eston Kohver près de la frontière estonienne, alors qu’il tentait d’effectuer une opération de renseignement. Selon le FSB, il a été trouvé en possession d’un pistolet Taurus, de munitions, de 5 000 euros en liquide et d’« équipement spécial pour des enregistrements illégaux », ainsi que « de matériel apparemment destiné à une mission d’espionnage ».Le parquet estonien a une autre version : il assure que son ressortissant a été « capturé par des inconnus venus de Russie, alors qu’il était de service sur le territoire estonien, (…) enlevé de force, à main armée ».L’UE réclame sa libération « immédiate »La diplomatie estonienne a immédiatement condamné cette décision de justice, tout comme la « détention illégale » en Russie d’Eston Kohver. Elle a appelé à sa libération immédiate et a dénoncé une « violation criante de la loi internationale ».Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, a aussi fermement réclamé à la Russie de revoir son jugement :« L’Union européenne continue d’appeler la Fédération de Russie à agir en accord avec ses obligations internationales, à libérer immédiatement M. Kohver et garantir son retour en toute sécurité en Estonie. »David Lidington, le ministre des affaires européennes du Royaume-Uni, lui a fait écho en se disant « profondément préoccupé » par cette condamnation, qui a lieu sur fond de tensions sans précédent entre Moscou et les Occidentaux.Sous la coupe de l’URSS jusqu’à son effondrement, en 1991, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont particulièrement préoccupées par l’engagement présumé de Moscou dans la rébellion séparatiste ukrainienne et le rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie en mars 2014. Dans le même temps, les affaires d’espionnage se sont multipliées ces derniers mois, plusieurs citoyens russes ayant été inculpés pour haute trahison ou divulgation de secrets d’Etat.A la fin de juillet, un tribunal moscovite avait commencé à juger Guennadi Kravtsov, un ancien ingénieur militaire russe accusé d’avoir livré des secrets d’Etat à une entreprise suédoise dans une lettre de demande d’embauche. En juin, Evgueni Mataïtis, un homme possédant la double nationalité russe et lituanienne, avait été arrêté en Russie et mis en cause pour espionnage dans une affaire classée secrète par les autorités. Et en mai, les services de sécurité avaient annoncé détenir pour espionnage un autre citoyen lituanien, Arstidas Tamosaitis, affirmant qu’il avait été « pris la main dans le sac » en train de transmettre des documents internes d’entreprises russes.Lire : En pleine crise ukrainienne, Moscou nargue l’OTAN en enlevant un agent estonien 19.08.2015 à 06h49 • Mis à jour le19.08.2015 à 17h26 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Pour remercier la chancelière de l’accueil que lui avait réservé l’Allemagne en janvier, une Ghanéenne a décidé de prénommer sa petite dernière, née en février, Angelamerkel. Une initiative acceptée par les services sociaux de la ville d’Hanovre où la famille est hébergée. Il n’est pas certain que la chancelière apprécie cet hommage et la publicité qui lui est ainsi faite. Son pays a en effet de plus en plus de mal à gérer les demandes d’asile dont l’augmentation est spectaculaire.Après avoir dû faire face à plus de 200 000 demandes d’asile en 2014 – un record depuis 1993 –, l’Allemagne s’attendait initialement à un doublement de ce nombre cette année. En fait, selon de nouvelles estimations fournies mercredi 19 août par le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, ces prévisions seront très largement dépassées. Il évalue à 800 000 le nombre de migrants qui pourraient cette année tenter leur chance en Allemagne. Si un grand nombre vient de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan, une part importante – plus de 80 000 au premier semestre – vient des Balkans.Lire aussi :Le centre de la Havel, havre menacé dans les bois berlinoisLes Etats-régions, qui doivent accueillir ces réfugiés selon une clé de répartition élaborée il y a plusieurs décennies, sont débordés. « Chaque jour, 500 réfugiés arrivent dans le Bade-Wurtemberg. Nous devons chaque jour construire un immeuble pour les héberger », résume Bilkay Öney, la ministre (sociale-démocrate) chargée de l’intégration dans ce Land du sud-ouest du pays. Après avoir reconverti certaines casernes, les Etats-régions multiplient les acquisitions de containers spécialement aménagés mais peuvent de moins en moins éviter d’héberger des réfugiés dans de simples tentes.Liste de « pays sûrs »Thomas de Maizière a provoqué une polémique en proposant que les réfugiés venant de pays sûrs qui, durant un trimestre, perçoivent 143 euros d’« argent de poche » par mois, reçoivent désormais des prestations en nature, moins incitatives. Une suggestion contre laquelle s’est insurgée sa collègue sociale-démocrate chargée de la famille, Manuela Schwesig. Dimanche 16 août, dans son interview de rentrée accordée à la chaîne ZDF, Mme Merkel a jugé que l’afflux des réfugiés et les questions humanitaires, mais aussi diplomatiques et géostratégiques qu’il soulève « vont nous occuper bien davantage que la question de la Grèce et celle de la stabilité de l’euro ». A ses yeux, « le thème de l’asile pourrait être le prochain grand projet européen ». Jugeant la situation actuelle « absolument non satisfaisante », la chancelière a dit en avoir parlé à Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.Lire aussi :Royaume-Uni : après Calais, le soulagement puis l’attenteEn juillet, les Européens se sont mis d’accord pour réinstaller 22 500 réfugiés syriens vivant actuellement dans des pays du Proche-Orient (Liban, Jordanie). Ils ne sont, également, parvenus à s’entendre que sur la répartition volontaire de 32 256 demandeurs d’asile arrivés en Grèce et en Italie, deux pays qui n’arrivent plus à faire face à la situation. Un chiffre dérisoire face à l’ampleur des arrivées. La chancelière voudrait qu’au moins l’Union européenne se mette d’accord sur une liste des « pays sûrs » dont les citoyens ne seraient pas admis à obtenir un droit d’asile dans l’Union européenne. Le débat est très sensible en Allemagne. En 2014, le pays a jugé que trois Etats des Balkans (Serbie, Macédoine et Bosnie-Herzégovine) étaient « sûrs ». La CDU voudrait également classer le Monténégro, le Kosovo et l’Albanie dans cette catégorie mais les Verts, dont l’accord est indispensable, s’y refusent pour l’instant.Angela Merkel a également dit vouloir parler des réfugiés avec François Hollande. Depuis, le calendrier s’est précisé. Après avoir rencontré Theresa May, son homologue britannique, jeudi, pour traiter de la situation des réfugiés à Calais, Bernard Cazeneuve, ministre français de l’intérieur, se rendra à Berlin le soir. Surtout, le président français devrait évoquer ce sujet lundi 24 août avec la chancelière en marge d’un déplacement à Berlin essentiellement consacré à la situation en Ukraine.Un plan franco-allemandLe ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a indiqué mardi quatre sujets qui pourraient constituer les grands axes d’un plan franco-allemand. Il s’agirait tout d’abord de créer des « points d’enregistrement » (hot spots) là où les réfugiés arrivent. Certains pays comme l’Italie ou la Hongrie sont soupçonnés de ne pas tout mettre en œuvre pour accomplir ces formalités. De son côté, la Grèce semble réellement incapable de faire face à cette responsabilité.Deuxièmement, des procédures accélérées devraient être mises en place afin que ceux qui n’obtiennent pas l’asile repartent effectivement et rapidement. En Allemagne, Mme Merkel a reconnu qu’on ne pouvait plus travailler en « mode normal ». Le pays rappelle des retraités ou fait appel à des fonctionnaires d’autres administrations pour venir en aide aux services d’immigration. Troisième axe : aider les pays de transit sur la route de l’UE à lutter contre les filières clandestines. La France pense surtout à la Libye et au Niger, l’Allemagne aux Balkans. Quatrième axe : à plus long terme, aider au développement des pays de départ afin de tarir le flux à la source.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.08.2015 à 04h44 • Mis à jour le19.08.2015 à 08h11 Chelsa Manning, la lanceuse d’alerte de WikiLeaks incarcérée à la prison militaire de Leavenworth, a été condamnée à vingt et un jours de privation d’activités récréatives. Elle a néanmoins échappé à la peine la plus sévère – l’isolement à durée indéterminée –, indique mardi 18 août son site de soutien chelseamanning.org. Elle a été condamnée à trente-cinq ans de prison pour avoir transmis plus de 700 000 documents confidentiels au site.La détenue a été reconnue coupable par une commission disciplinaire pour les quatre charges qui pesaient contre elle : « comportement désordonné » lors d’un repas, « manque de respect » à un gardien, et détention d’objets interdits comme un tube de dentifrice périmé, des livres et des magazines. Chelsea Manning ne pourra pas faire de gym et sera privée de sortie à la bibliothèque ou en plein air, selon la même source.Double symboleLa détenue suit depuis cette année un traitement hormonal pour devenir une femme et incarne désormais à la fois la lutte contre le secret d’Etat et le combat des transgenres pour la reconnaissance. Elle s’exprime régulièrement dans la presse via ses réseaux de soutien.Elle a également un compte Twitter, qu’elle anime via ses proches. Dans un message posté mardi, elle déplore la décision de la commission disciplinaire qui, dit-elle, jouera en sa défaveur lorsqu’elle tentera de faire réduire sa peine de trente-cinq ans de prison.Now these convictions will follow me thru to any parole/clemency hearing forever. Was expecting to be in min custody in Feb, now years added— xychelsea (@Chelsea Manning)require(["twitter/widgets"]);Selon chelseamanning.org, près de 100 000 personnes ont signé une pétition de soutien et de protestation contre la procédure disciplinaire à son encontre. Son avocat, Chase Strangio, a déclaré :« La voix de Chelsea est d’une importance critique dans les débats sur la responsabilité de l’Etat et la justice pour les transgenres, et nous ne pourrons la préserver que si nous continuons à la défendre. » 19.08.2015 à 02h57 • Mis à jour le19.08.2015 à 07h56 L’armée va être envoyée en Californie afin de prêter main-forte aux plus de 12 000 pompiers mobilisés contre une vingtaine de feux dans cet Etat américain en proie à une sécheresse historique.Pour la première fois depuis neuf ans, quelque 200 soldats provenant d’une brigade fédérale basée dans l’Etat de Washington (au nord de la Californie) vont recevoir trois jours de formation avant de rejoindre à partir de dimanche les pompiers locaux.Dix-huit feux font actuellement rage en Californie, dévorant quelque 809 km², soit près de huit fois la superficie de Paris.Une vague de chaleur, s’ajoutant à plus de quatre années d’extrême sécheresse, a rendu l’Etat le plus peuplé des Etats-Unis particulièrement vulnérable aux incendies cette année.Températures caniculaires Le Pentagone a également déployé lundi près de Sacramento 4 avions ravitailleurs C130 équipés de systèmes modulaires aéroportés anti-incendies, qui ont déjà déversé plus d’un million de litres de substances ignifuges.Outre l’armée fédérale, quelque 440 soldats et pilotes de réserve de Californie ont été mobilisés. Au côté de l’armée de réserve de l’Etat du Nevada, ils utilisent une dizaine d’hélicoptères.Si les températures caniculaires devraient commencer à redescendre à des niveaux plus conformes aux normales saisonnières dans l’ensemble de l’Etat à partir de mercredi, dans le sud de la Californie, des vents élevés vont persister et des conditions climatiques très chaudes et sèches maintiennent une menace élevée d’incendies dans les collines et montagnes. 29.08.2015 à 09h33 • Mis à jour le29.08.2015 à 09h36 | Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après le flambloyant Yanis Varoufakis, le loyal Euclide Tsakalotos, la Grèce a un nouveau ministre des finances : le très discret George Chouliarakis. Il s’agit d’une des nominations les plus attendues du gouvernement par interim, dirigé par la présidente de la Cour suprême, Vassiliki Thanou, chargée, vendredi 28 août, de gérer les affaires courantes en attendant le résultat des élections législatives du 20 septembre.Ce ministre, qui porte une cravate – contrairement à la plupart des membres de Syriza –, plaît à Bruxelles. « C’est vraiment une bonne nouvelle, se réjouit une source européenne proche des négociations. Cela prouve que les Grecs restent engagés dans l’accord sur le troisième plan signé il y a quinze jours. » George Chouliarakis a plutôt très bonne réputation dans les instances européennes. Il a en effet été le chef de l’équipe des négociateurs qui, côté grec, a mené la discussion avec la « troïka » des créanciers (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne), qui a abouti à l’accord sur un troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros, le 14 août.Lire aussi :Entre la Grèce et ses créanciers, des négociations… dans le calmeA partir du moment où, le 13 juillet, un accord politique sur la poursuite de l’aide à la Grèce avait été décidé dans la douleur à Bruxelles, il n’a fallu qu’une vingtaine de jours à Athènes et à ses créanciers pour conclure le memorandum of understanding, le contrat de prêts en échange de réformes structurelles. Cette célérité est en grande partie due à la volonté politique des Grecs, et notamment au travail de M. Chouliarakis. Il participait aux négociations entre le gouvernement Tsipras et ses créanciers depuis le début, en février, mais a pris des responsabilités plus importantes quand Varoufakis a été écarté, fin avril.« C’est un pragmatique »« George est jeune, pro-européen, ouvert à la discussion. C’est un pragmatique, il est moins marxiste que son collègue Tsakalotos », explique une source à Bruxelles. « C’est un professeur d’économie comme les autres, mais très compétent. Il semblait avoir un bon rapport avec Tsipras mais ne pas appartenir à son premier cercle. Il a passé près de la moitié de son temps a Bruxelles pour négocier ces derniers mois. En tout cas, il a été loyal et une relation de confiance a pu s’instaurer avec les créanciers », ajoute une autre source diplomatique européenne.Professeur d’économie à l’université de Manchester, en Grande-Bretagne, il est proche de l’ancien vice-premier ministre, Yannis Dragasakis, qui représente l’aile pragmatique de Syriza. « Il a la confiance d’une large partie du spectre politique grec et des européens. Cela garantit la continuité », explique l’économiste grec George Pagoulatos. Il juge positif également le choix de Nikos Christodoulakis comme ministre de l’économie, un ancien ministre des finances du premier ministre Pasok Costas Simitis, au début des années 2000. « Ce sont des choix importants qui montrent que ce gouvernement de transition est prêt à travailler sans perdre de temps », se félicite M. Pagoulatos.Lire aussi :En Grèce, « le système en place était un cocktail de fraude et de corruption »A Bruxelles, on apprécie aussi le maintien à son poste du ministre chargé de la lutte contre la corruption, Panagiotis Nikoloudis, et celui du responsable de la fiscalité, Tryphon Alexiadis. Autant de gages, espère-t-on, de la volonté de poursuivre les réformes. Le calendrier de l’automne est très chargé pour mettre en place les mesures votées en août sous la pression des créanciers.Les premiers sondages indiquent une avance de Syriza pour les élections, mais l’écart se réduit avec la droite de Nouvelle Démocratie. Contesté au sein de son parti, M. Tsipras aura du mal à avoir une majorité absolue. Le profil œcuménique de M. Chouliarakis pourrait alors s’inscrire dans la durée.Alain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elise Vincent Une semaine après l’attaque du Thalys Amsterdam-Paris, vendredi 21 août, par un jeune Marocain lourdement armé, fiché pour son islamisme radical, une réunion des ministres européens des affaires intérieures et des transports devait avoir lieu, samedi 29 août, place Beauvau, à Paris. Au programme : le renforcement de la sécurité à bord des trains et l’amélioration de l’échange d’information entre services de renseignement, alors que le massacre n’a été évité que par miracle, grâce à l’intervention des passagers.L’ensemble des pays ayant des liaisons ferroviaires transfrontalières avec la France – Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie et Espagne – devaient être présents. Le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, était aussi attendu. Organisé sur le modèle de la réunion convoquée à Paris dans la foulée des attentats de janvier, ce rendez-vous ne devait pas déboucher sur des annonces martiales. Il devait toutefois être l’occasion de faire progresser un certain nombre de dossiers.Pas question en effet d’équiper toutes les gares de portiques de sécurité, comme les aéroports. Une mesure jugée impossible à mettre en œuvre par les experts en raison du volume de passagers. « Les marges de progression existent », assure-t-on toutefois au ministère de l’intérieur, à l’initiative de la réunion.Patrouilles « mixtes »Ainsi, l’idée de donner à des personnels autres que policier des moyens accrus de contrôle des passagers ou des bagages devait être sérieusement discutée. En France, cela pourrait concerner les 3 000 agents de la sûreté ferroviaire. Actuellement, ces hommes armés sous tutelle de la SNCF peuvent seulement contrôler les billets ou intervenir s’ils sont témoins d’une altercation.Après les attentats de janvier, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avait par ailleurs pris des dispositions pour que les policiers municipaux – en première ligne pour les contrôles d’identité – puissent plus largement « expérimenter » des terminaux informatiques portables sécurisés où ils aient accès au fichier des personnes recherchées. L’intérêt d’étendre ces expérimentations pourrait être rappelé samedi.Dans le même esprit, les ministres européens pourraient s’accorder pour renforcer les patrouilles « mixtes » qui circulent déjà à bord des trains (composées de policiers français et belges, par exemple). Reste à savoir comment et avec quels effectifs : Vigipirate, en France, mobilise déjà quelque 30 000 gendarmes, policiers ou militaires affectés à plus de 5 000 lieux sensibles.Frontières « extérieures » et « intérieures »Le sujet délicat des contrôles d’identité devait également s’inviter à la table des discussions. L’enjeu : les développer, les rendre plus efficaces, ou mieux les cibler sans toucher à l’esprit de Schengen et prêter le flanc aux accusations de discriminations au faciès. Lundi 24 août, le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, a créé un début de polémique en assurant qu’il préférait « qu’on discrimine pour être efficace plutôt que de rester spectateur ».L’ambition du ministre de l’intérieur sur le sujet est plutôt d’utiliser les latitudes juridiques du code Schengen pour multiplier des contrôles « approfondis » aux frontières « extérieures » de l’Europe (Bulgarie, Grèce, etc.). Soit des contrôles qui ne se contentent pas d’une simple vérification de documents, mais prennent le temps d’interroger les fichiers de personnes recherchées. Pour les frontières « intérieures » de l’Europe, M. Cazeneuve plaide pour la multiplication de contrôles « simultanés » et « coordonnés » entre pays membres.Les contrôles d’identité apparaissent d’autant plus comme un élément clé qu’ils sont le seul moyen de repérer les individus fichés et d’actualiser les données les concernant. Les fameuses fiches « S » n’impliquent pas forcément de surveillance physique. S’il existe des zones d’ombre dans le parcours du tireur du Thalys, c’est en partie parce qu’il a échappé à des contrôles d’identité ou que, s’il en a été l’objet, son nom n’a pas été passé au filtre des fichiers centraux. L’information a pu, de fait, ne pas remonter jusqu’aux services de renseignements européens.Un souci de taille, dans le cas français, pour la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Environ 5 000 personnes font l’objet d’une fiche S en France, la DGSI n’a pas les moyens, à elle seule, de les actualiser rapidement. La fiche S n’est pas « une boule de cristal », nuance toutefois un haut fonctionnaire de police. En clair, même à jour, elle n’aurait pas forcément empêché Ayoub El-Khazzani de monter à bord du Amsterdam-Paris armé jusqu’aux dents et de passer à l’acte.Echange d’informationsLe troisième axe de travail de la réunion devait de facto concerner le serpent de mer qu’est l’amélioration du partage du renseignement entre Etats membres. Suite à l’attaque déjouée du Thalys, les services espagnols, belges, allemands et français se sont poliment renvoyé la responsabilité du suivi d’Ayoub El-Khazzani. « En fait, le système d’échange d’informations entre Etats membres n’est pas mauvais, mais il ne s’adapte pas assez vite, les djihadistes se sont améliorés », décrypte un bon connaisseur des dossiers de terrorisme.De l’avis général, les « équipes communes d’enquête », qui permettent la coopération entre services policiers et judiciaires de deux Etats sur des affaires ciblées, fonctionnent bien. Mais le système d’information Schengen (SIS) reste un maillon faible du dispositif. Cette énorme base de données centralise notamment les fichiers de personnes recherchées. « Il faudrait inviter tous les Etats à y verser leurs informations, certains le font, d’autres non, ou ne mettent pas tout », explique le même haut fonctionnaire de police tout en pointant les limites de l’exercice. Le SIS, comme Europol, l’agence européenne de police, pâtissent des habitudes des services qui privilégient les relations bilatérales pour protéger leurs sources.Samedi, les ministres européens devaient enfin aborder le projet de PNR européen (Passenger Name Record). Ce fichier pourrait centraliser toutes les informations (identité, trajet, réservation d’hôtel, etc.) de personnes voyageant par avion. Bloqué au Parlement européen depuis 2011 pour des questions de protection des données personnelles, le PNR a finalement été adopté, le 15 juillet, par la commission des libertés civiles. L’objectif est d’arriver à une adoption définitive d’ici la fin de l’année, mais les discussions qui incluent Commission, Conseil et Parlement européens sont périlleuses.Bien qu’il concerne le transport aérien, le PNR aurait pu fortement aider dans le cas d’Ayoub El-Khazzani, insiste-t-on place Beauvau. « Si on avait eu le PNR, on aurait pu savoir, par exemple, quand il était rentré de Turquie [porte d’entrée traditionnelle des candidats au djihad vers la Syrie] après y être parti en mai 2015. Il aurait “sonné” à l’aéroport d’Istanbul, on aurait pu éventuellement anticiper et déclencher une action judiciaire à sa sortie de l’avion. » Le contexteLégislationsAdoptée le 4 novembre 2014, la loi antiterroriste instaure notamment une interdiction administrative de sortie du territoire et un délit d’« entreprise terroriste individuelle » pour mieux lutter contre les « loups solitaires ».Adoptée le 24 juin, la loi sur le renseignement renforce les moyens des services, surtout pour la captation des données sur Internet. Elle légalise aussi certaines pratiques jusque-là dans une zone grise juridique, comme l’utilisation d’appareils interceptant toutes les communications dans un rayon donné.CoordinationLe ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a décidé fin juin de créer un état-major pour la prévention du terrorisme, placé directement auprès du ministre. Sa mission : mieux coordonner l’action des services qui travaillent en parallèle sur ces questions.Elise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.08.2015 à 04h45 • Mis à jour le29.08.2015 à 04h45 La Nouvelle-Orléans marque samedi 29 août le dixième anniversaire de l’ouragan Katrina, se souvenant des disparus et célébrant la renaissance de cette ville de Louisiane. « Contre vents et marées, nous avons subi les deux, La Nouvelle-Orléans fait son retour (…) Et nous revenons plus forts », a proclamé cette semaine le maire de la ville, Mitch Landrieu.Fleurs et fanfares A 8 h 29 du matin (15 h 30 en France), l’heure où la première digue a cédé, les autorités déposeront des couronnes de fleurs dans le quartier du Lower Ninth Ward, l’un des plus pauvres de la ville, majoritairement noir, et le plus durement frappé par les inondations. Une fanfare y mènera plus tard une « fête de la résilience », d’autres concerts étant prévus partout dans la ville.Lorsque l’ouragan de catégorie 5 Katrina a frappé la côte sud des Etats-Unis le 29 août 2005, La Nouvelle-Orléans, en partie construite sous le niveau de la mer, a sombré. Sous la pression de la montée des eaux, des dizaines de digues mal entretenues ont cédé, laissant passer des flots boueux qui ont inondé 80 % de la ville. L’eau est montée si vite que des habitants sont morts noyés. Des centaines d’autres se sont réfugiés sur leurs toits. Les rares endroits restés au sec ont sombré dans le chaos, des dizaines de milliers de personnes désespérées attendant pendant plusieurs jours des vivres et de l’eau. Au total, plus de 1 800 personnes sont mortes, la plupart dans cette ville, et un million d’habitants ont dû quitter leurs maisons.Consulter notre grand format : La Nouvelle-Orléans, citadelle menacée par les eauxObama, Bush et Clinton sur placeAprès Barack Obama la veille, l’ancien président américain George W. Bush s’est rendu vendredi à La Nouvelle-Orléans. « Tous ceux d’entre nous en âge de nous en souvenir n’oublierons jamais les images de nos concitoyens dans une mer de misère et de ruines », a-t-il déclaré en visitant une école de la ville. George W. Bush n’a pas évoqué l’échec de son gouvernement à répondre à la catastrophe. Il n’a pas non plus reconnu les manquements des agences locales et fédérales à préparer la population ou le fait qu’il a fallu cinq jours aux camions de ravitaillement pour parvenir aux dizaines de milliers d’habitants qui venaient de perdre leur maison. A l’époque, le président Bush avait survolé la Louisiane sans se poser. La photo le montrant en train de contempler la zone dévastée à travers le hublot de l’avion présidentiel Air Force One était rapidement devenue le symbole d’une administration déconnectée de la réalité.Sans oublier de rappeler la gestion désastreuse de cette crise par son prédécesseur, le président Barack Obama a salué jeudi l’avancement des travaux de reconstruction de la ville, tout en soulignant les efforts encore nécessaires pour venir à bout des inégalités et de la pauvreté. « Notre travail ne sera pas terminé tant que, dans cette ville, une famille moyenne noire gagnera moitié moins qu’une famille moyenne blanche », a-t-il toutefois souligné,Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55e1469af2841'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 12\r\n \r\n \r\nLe pr\u00e9sident am\u00e9ricain Barack Obama s'est rendu jeudi 27 ao\u00fbt \u00e0 la rencontre des habitants de La Nouvelle-Orl\u00e9ans, dix ans apr\u00e8s le passage de l'ouragan Katrina.\r\nCr\u00e9dits : BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le pr\u00e9sident am\u00e9ricain Barack Obama s'est rendu jeudi 27 ao\u00fbt \u00e0 la rencontre des habitants de La Nouvelle-Orl\u00e9ans, dix ans apr\u00e8s le passage de l'ouragan Katrina.","source":"BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/08\/28\/dix-ans-apres-katrina-la-nouvelle-orleans-se-reconstruit-doucement_4738825_3210.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 12\r\n \r\n \r\nVue de La Nouvelle-Orl\u00e9ans depuis l'avion pr\u00e9sidentiel Air Force One, avant son atterrissage.\r\nCr\u00e9dits : BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Vue de La Nouvelle-Orl\u00e9ans depuis l'avion pr\u00e9sidentiel Air Force One, avant son atterrissage.","source":"BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/08\/28\/dix-ans-apres-katrina-la-nouvelle-orleans-se-reconstruit-doucement_4738825_3210_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 12\r\n \r\n \r\nBarack Obama a salu\u00e9 jeudi l'avancement des travaux de reconstruction de la ville, tout en soulignant les efforts encore n\u00e9cessaires pour venir \u00e0 bout des in\u00e9galit\u00e9s et de la pauvret\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Barack Obama a salu\u00e9 jeudi l'avancement des travaux de reconstruction de la ville, tout en soulignant les efforts encore n\u00e9cessaires pour venir \u00e0 bout des in\u00e9galit\u00e9s et de la pauvret\u00e9.","source":"BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/08\/28\/dix-ans-apres-katrina-la-nouvelle-orleans-se-reconstruit-doucement_4738825_3210_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 12\r\n \r\n \r\n\u00ab\u00a0Vous avez inspir\u00e9 l'Am\u00e9rique\u00a0\u00bb, a lanc\u00e9 le pr\u00e9sident dans un discours prononc\u00e9 devant quelque 600\u00a0personnes rassembl\u00e9es dans le \u00ab\u00a0Lower Ninth Ward\u00a0\u00bb, le quartier le plus pauvre de la ville, peupl\u00e9 essentiellement d'Afro-Am\u00e9ricains, qui avait \u00e9t\u00e9 particuli\u00e8rement touch\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab\u00a0Vous avez inspir\u00e9 l'Am\u00e9rique\u00a0\u00bb, a lanc\u00e9 le pr\u00e9sident dans un discours prononc\u00e9 devant quelque 600\u00a0personnes rassembl\u00e9es dans le \u00ab\u00a0Lower Ninth Ward\u00a0\u00bb, le quartier le plus pauvre de la ville, peupl\u00e9 essentiellement d'Afro-Am\u00e9ricains, qui avait \u00e9t\u00e9 particuli\u00e8rement touch\u00e9.","source":"BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP","index":3,"position":4,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/08\/28\/dix-ans-apres-katrina-la-nouvelle-orleans-se-reconstruit-doucement_4738825_3210_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 12\r\n \r\n \r\nLorsque l'ouragan de cat\u00e9gorie 5 a frapp\u00e9 les Etats-Unis le 29 ao\u00fbt 2005, la c\u00f4te sud, en partie construite sous le niveau de la mer, a sombr\u00e9 dans le chaos. 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Obama.\r\nCr\u00e9dits : BRENDAN SMIALOWSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Mais des difficult\u00e9s persistantes dans une ville o\u00f9 pr\u00e8s de 40\u00a0% des enfants vivent encore dans la pauvret\u00e9, o\u00f9 \u00ab\u00a0trop de gens, en particulier les hommes afro-am\u00e9ricains, ne peuvent trouver un emploi\u00a0\u00bb, o\u00f9 \u00ab\u00a0trop de gens n'ont toujours pas pu rentrer chez eux\u00a0\u00bb, selon M. 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Certaines attendent toujours de pouvoir y retourner.\r\nCr\u00e9dits : MARIO TAMA \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"De nombreuses familles dont les logements ont \u00e9t\u00e9 d\u00e9truits ont \u00e9t\u00e9 forc\u00e9es de quitter la ville apr\u00e8s l'ouragan. 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Des start-ups s’installent dans la ville, où une réforme du système scolaire porte déjà ses fruits, avec plus de diplômés et un meilleur niveau.La saveur d’une ville autrefois plus afro-caribéenne et créole qu’américaine s’est pourtant en partie diluée dans la tempête, selon certains habitants. Beaucoup de ceux qui ont dû la quitter ne sont jamais revenus : la ville compte aujourd’hui 100 000 habitants de moins qu’avant Katrina, et ce malgré l’arrivée de nombreux nouveaux résidents. La part de la population noire a nettement baissé, passant de 68 % en 2000 à 60 % en 2013. 28.08.2015 à 22h08 • Mis à jour le28.08.2015 à 22h13 Le Pentagone a confirmé officiellement, vendredi 28 août, avoir tué en Syrie Junaid Hussain. Ce militant de l’Etat islamique (EI) utilisait les réseaux sociaux, et notamment Twitter, pour inciter des sympathisants occidentaux à mener des attaques de type « loup solitaire ».Junaid Hussain, de nationalité britannique, a été tué dans par un bombardement le 24 août dans la ville de Rakka, considérée comme le fief de l’EI en Syrie. Selon le porte-parole du commandement militaire américain au Moyen-Orient, « il est aussi responsable d’avoir publié des informations permettant d’identifier 1 300 militaires et employés du gouvernement américain, et de chercher à provoquer des attaques » visant ces employés.Selon Site, organisation spécialisée dans la surveillance des sites djihadistes, l’homme également connu sous le nom d’Abu Hussain Al-Britani était lié à l’attaque contre un festival de caricatures du prophète de l’islam Mahomet à Garland (Texas) le 3 mai dernier. Il aurait notamment échangé des messages avec l’un des assaillants et tweeté le jour même que ceux-ci étaient des sympathisants de l’EI.Lire aussi :Contre l’Etat islamique, l’armée active une cellule de contre-propagande« Un responsable clé »Selon des responsables américains, Junaid Hussain était aussi impliqué dans la constitution et la diffusion au printemps d’une liste de 100 noms de militaires américains à abattre. Mais ses attaques « n’étaient pas dans le haut de gamme » du piratage informatique, a indiqué vendredi un responsable de la défense américain. La liste qu’il avait diffusée a en effet été compilée à partir de données accessibles sur Internet, et non d’une intrusion dans les ordinateurs du Pentagone.Sa mort a permis de « supprimer un responsable clé » du groupe Etat islamique, a poursuivi le Pentagone, estimant que Junaid Hussain était « très dangereux » en raison de ses « connaissances techniques significatives ». Le djihadiste était spécifiquement visé par le bombardement américain, qui n’aurait pas fait d’autre victime. Toutefois, il n’a pas été précisé s’il s’agissait d’une frappe de drone, comme l’ont affirmé de nombreux médias.Lire aussi :L’Etat islamique, c’est 40 000 tweets en français par jourEn 2012, Junaid Hussain, qui n’avait pas encore un profil de djihadiste, avait été condamné par la justice britannique à six mois de prison pour avoir mis en ligne des informations personnelles de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, qu’il avait piratées. 28.08.2015 à 17h56 • Mis à jour le28.08.2015 à 23h38 Soixante et onze personnes retrouvées asphyxiées dans un camion en Autriche, dont une enfant de 1 an ; 52 personnes retrouvées noyées dans une cale de bateau, au moins 105 autres noyées, également, et des centaines portées disparues dans le naufrage de plusieurs bateaux de fortune au large de la Libye…Depuis le milieu de semaine, les drames liés à l’afflux massif de migrants à travers la Méditerranée ou par l’est de l’Europe se sont multipliés. Les détails donnent la nausée, les chiffres le tournis.Selon un dernier décompte du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), ils ont été plus de 300 000 à atteindre l’Europe par la mer, un record absolu. Plus de 2 500 y ont trouvé la mort, un bilan bien en deçà de la réalité, tant les opérations de secours sont compliquées.L’agence Frontex, chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen, donne d’autres chiffres : 340 000 personnes, venant d’Afrique subsaharienne, du Pakistan, de Syrie, du Maroc et du Bangladesh, ont tenté de rallier l’Europe sur les sept premiers mois de l’année, contre 123 500 en 2014. Selon les chiffres recueillis par le projet d’open data The Migrant Files, 30 816 personnes sont mortes ou disparues aux portes de l’Europe depuis 2000. Appel à la solidarité et mesures unilatéralesLa réponse politique de l’Europe est, pour le moins, dispersée. La France et l’Angleterre ont promis une coopération pour résoudre les problèmes à Calais, où plusieurs milliers de personnes vivent dans des conditions sordides et tentent quotidiennement de rallier les terres britanniques.L’Allemagne a décidé de suspendre le renvoi des demandeurs d’asile syriens vers le pays par lequel ils sont entrés dans l’UE, et ce même si elle n’y est pas obligée. La chancelière Angela Merkel en a appelé à la « solidarité » des pays, alors que se multiplient les incidents aux alentours des centres de réfugiés dans son pays.Selon la régulation européenne, seul le pays par lequel des migrants entrent illégalement dans l’UE est tenu d’examiner leur demande d’asile. Face à l’afflux dans les pays littoraux, comme la Grèce ou l’Italie, Berlin avait décidé de déroger à une règle qui ne fonctionnait plus, les administrations italienne et grecque ne pouvant plus recenser tous les arrivants. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 200 000 migrants sont arrivés en Grèce et 100 000 autres en Italie.« A moins d’avoir une réponse européenne… »Les dirigeants des pays de l’ouest des Balkans, Serbie, Hongrie et Macédoine en tête, ont participé jeudi en Autriche à un sommet censé aboutir à une réponse commune. La plupart des pays présents, qui doivent faire face à des situations parfois critiques à leurs frontières, ont renvoyé la balle à l’Union européenne.« Je crois que l’UE doit proposer un plan d’action et puis nous demander de nous y joindre. Je vais être très direct, nous sommes en train de supporter le poids du problème », avait dit le ministre des affaires étrangères serbe, Ivica Dacic. « A moins d’avoir une réponse européenne à cette crise (…), personne ne doit nourrir l’illusion que cela peut être réglé », avait renchéri son homologue macédonien, Nikola Poposki.Jusque-là, les Vingt-Huit étaient parvenus à des accords minimaux sur la prise en charge des demandeurs d’asile et sur le nombre de places accordées dans chaque pays. Pour Angela Merkel, une réunion des chefs d’Etat de l’UE n’est pas exclue, mais elle n’aura pas lieu tant qu’une stratégie commune ne sera pas prête à être mise sur la table. En attendant, sur la « route des Balkans de l’Ouest », empruntée par des réfugiés syriens ou irakiens fuyant la guerre mais aussi par des Albanais, des Kosovars ou des Serbes, la solution pour l’heure est bien souvent militaire. La Macédoine a déclaré l’état d’urgence à sa frontière, où trois mille nouvelles personnes arriveraient chaque jour, selon le ministère de l’intérieur.La Hongrie, qui achève la construction d’une clôture grillagée le long de sa frontière de 175 kilomètres avec la Serbie, a prévenu qu’elle n’hésiterait pas à y envoyer son armée. Même si elle est pour l’heure épargnée par la crise, la Roumanie a annoncé qu’elle allait renforcer « préventivement » la sécurité à sa frontière avec la Serbie, craignant que les migrants ne cherchent un passage par son territoire pour contourner la frontière serbo-hongroise fermée. Salvatore Aloïse (Rome, correspondance) Jusqu’ici, ils n’étaient connus qu’à travers un chiffre et une date : les 49 cadavres du 15 août. Un parmi les nombreux naufrages de cet été, le long de la route des migrants, dans le canal de Sicile. Mais ce chiffre commence à « parler » : on sait à présent comment certains de ces hommes, enfermés dans la cale de l’embarcation qui devait les mener vers l’Italie, ont passé les derniers moments de leur vie.L’un écrivait une chanson de rap, un autre écoutait de la musique sur son iPod, avec ses écouteurs. Il y avait celui qui avait apporté avec lui un sachet d’aspirine.Parmi les objets retrouvés, en vrac : des dinars libyens, un téléphone portable de fabrication chinoise, un collier en cuir, un porte-monnaie vide… La Repubblica a publié, jeudi 27 août, les photos des pièces à conviction à la disposition de la police criminelle de Catane, en Sicile, qui mène l’enquête pour « homicides ».Ces hommes venaient du Bangladesh, du Pakistan, de la Côte d’Ivoire… Grâce aux témoignages des survivants, les policiers savent désormais qu’ils ont tenté de remonter à l’air libre pour échapper aux fumées rejetées par le moteur. Mais ils ont été roués de coups à chaque tentative de sortir de cette soute de six mètres sur quatre, d’une hauteur d’à peine 1,2 m, où l’on ne pouvait tenir qu’allongé. Parmi les pièces à conviction, un policier qui, avant, enquêtait sur les morts le long des rues de Catane, et qui aujourd’hui s’occupe des cadavres trouvés en mer, a toujours entre les mains la n° 15, racontent les deux journalistes du quotidien romain. Il s’agit de paroles de rap, dédiés à « Gazelle », le titre de la chanson. « C’est l’histoire tragique d’une jeune fille qui s’appelle Gazelle », écrit-il d’emblée. Sur le second feuillet, l’écriture devient presque incompréhensible.D’une « beauté sublime », Gazelle « aime la vie malgré l’enfer où elle est tombée » – une histoire d’hommes qui ont abusé d’elle et l’ont abandonnée. L’agent ne cesse de retourner à la cellule frigorifiée du navire où se trouvent les dépouilles des 49 morts du 15 août. Mais il n’a pas encore réussi à trouver celui qui, parmi eux, était le rappeur probablement amoureux, comme « Gazelle », de la vie.Salvatore Aloïse (Rome, correspondance)Journaliste au Monde 28.08.2015 à 10h47 • Mis à jour le28.08.2015 à 10h54 Coup de chance pour ceux qui ont encore quelques dollars zimbabwéens cachés sous leur matelas : jusqu’à 30 septembre, les espèces de cette monnaie, qui n’est plus en usage depuis 2009, peuvent de nouveau être échangées contre des dollars américains. Et ce, sous l’égide d’un « programme de démonétisation » que la banque centrale du Zimbabwe a lancé en juin. Le taux de change est de 250 millions de milliards de « zimdollars » contre un dollar américain. Pour les comptes bancaires encore libellés en « zimdollars », la banque centrale offre un taux plus généreux, à savoir 5 dollars américains contre 175 millions de milliards de la monnaie locale.Suite à la crise d’inflation galopante qui a frappé ce pays voisin de l’Afrique du Sud et du Botswana au début des années 2000 – le prix d’une miche de pain a dépassé les 35 millions de zimdollars – la banque centrale du Zimbabwe a choisi d’abandonner « son » dollar pour un système où de multiples devises étrangères sont utilisées en parallèle. Elle espérait ainsi stabiliser les prix. Ce qui a fonctionné.Depuis, les Zimbabwéens ont officiellement le droit d’utiliser neuf monnaies différentes, dont le rand sud africain ou l’euro. Maintenant que ce pays d’Afrique centrale se débarrasse pour de bon de sa vieille devise – dont les billets de 100 000 milliards sont vendus aux touristes comme souvenir – il cherche à intégrer une nouvelle monnaie : le yuan chinois.Des projets financés par PékinLe Zimbabwe a déjà des relations économiques importantes avec la Chine. Et le gouvernement de Robert Mugabe, dirigeant autoritaire du pays depuis 1980, s’est fixé pour objectif de les renforcer, avec une politique économique de plus en plus tournée vers l’Asie. Selon les statistiques de la CIA, l’agence américaine de renseignements, presque un quart des 3,2 milliards d’euros d’exportations zimbabwéennes étaient à destination de l’empire du Milieu en 2014, soit 675 millions d’euros.L’ambassadeur de Chine à Harare, a annoncé, le 6 mai, que le montant d’investissements chinois au Zimbabwe s’élevait désormais à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros). Un chiffre qui pourrait bientôt doubler. En août 2014, Pékin s’est en effet engagé à financer des « mégaprojets » d’infrastructure dans le pays, dont le montant est évalué à 2 milliards de dollars.Mais malgré l’importance des échanges avec l’empire du Milieu et des investissements chinois, le yuan peine à irriguer l’économie zimbabwéenne. En 2014, la banque centrale du Zimbabwe a pourtant ajouté cette monnaie au panier de neuf devises constituant désormais ses réserves, espérant que cela favoriserait son usage. Mais c’est bien le le billet vert qui reste malgré tout la devise reine, surtout pour les échanges commerciaux. Renée Connolly, une responsable du cabinet de conseils financiers DeVere Group à Harare, confie ainsi qu’elle n’a elle-même jamais entendu parler d’une transaction en yuan. « Certaines personnes utilisent le rand sud-africain pour quelques achats quotidiens, mais là aussi, le dollar reste le premier choix », précise-t-elle.Le billet vert, devise reineUne domination du billet vert que les autorités zimbabwéennes aimeraient remettre en cause. Lors d’une visite à Pékin en juillet, le vice-président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, aurait sollicité auprès du gouvernement chinois l’autorisation d’utiliser plus largement le yuan dans son pays, ont rapporté plusieurs médias chinois.Lire aussi :La monnaie chinoise, le renminbi, prépare sa percée en Afrique« Le yuan fait déjà partie de notre système de réserve, et notre objectif de l’utiliser plus largement se fonde sur des faits : la Chine est le pays numéro un du commerce international et sa monnaie monte en puissance de manière inévitable », a de son côté expliqué Paul Chikawa, l’ambassadeur du Zimbabwe à Pékin, lors d’un entretien avec le Herald, le principal quotidien du Zimbabwe, le 1er août.De son côté, Pékin ne cache pas ses ambitions de faire entrer le yuan dans les réserves des banques centrales mondiales et d’en faire une véritable monnaie d’échange, concurrençant le dollar, qui domine le commerce mondial depuis les années 1970.Cette stratégie d’internationalisation de sa devise a été entamée en 2005, avec l’assouplissement progressif des règles d’utilisation du yuan à l’étranger. Avec succès, même si la route sera longue : selon Swift, l’entreprise spécialiste des transferts de données bancaires, la devise chinoise a ainsi grimpé au cinquième rang des monnaies les plus utilisées pour les paiements internationaux en janvier. Il y a deux ans, elle n’occupait que la treizième position.Discipline budgétairePeut-on imaginer qu’un jour, le Zimbabwe utilise le yuan sous forme de pièces et de billets, pour la vie quotidienne de ses citoyens, comme l’Equateur utilise le dollar américain ? Cela semble délicat, car contrairement au billet vert, le yuan reste une devise partiellement convertible, qui ne circule quasiment pas sous forme de pièces et de billets hors de Chine. Son utilisation au Zimbabwe concernerait donc essentiellement les transactions financières.Lire aussi :Le yuan chinois, un nouveau dollar pour l’Afrique ?De fait, l’ancien ambassadeur en Chine et membre actuel du cabinet de M. Mugabe, Chris Mutsvanga, a indiqué au Herald du 7 août que les entreprises de l’empire du Milieu intéressées par les « mégaprojets » d’infrastructures de Pékin dans le pays désirent que leurs investissements soient libellés en yuan, afin d’éviter les frais d’échange.« Les investisseurs chinois pensent que Harare peut être la prochaine capitale enregistrant une forte croissance en Afrique, mais ils veulent faire des affaires via les banques de leur pays et dans leur propre monnaie », a-t-il expliqué, suite à une rencontre avec des financiers chinois.La suspension du « zimdollar » a contraint l’Etat à une certaine discipline budgétaire : le fait de ne plus être maître de sa monnaie lui interdit les déficits budgétaires excessifs. Mais la crise d’hyperinflation a cédé la place à des problèmes de liquidité que la banque centrale peine à traiter.La situation financière du pays est tendue à cause du ralentissement de la croissance – elle ne devrait pas dépasser les + 2 % cette année, contre + 8,7 % en moyenne sur la période 2009-2012. Le lancement des « mégaprojets » financés par la Chine aurait assurément un effet stimulant fort salutaire. En somme, ce n’est pas tant d’une injection de yuans dont le Zimbabwe a besoin, mais d’investissements et de cash, quelle que soit la devise…Robert Williams-Urquhart 16.08.2015 à 12h23 Hamid Gul, l’ancien chef de l’Inter-Services Intelligence (ISI), les services secrets de l’armée pakistanaise, qui avait formé une partie de la résistance islamiste contre les Soviétiques, puis contribué à la création des talibans, est mort ce week-end à l’âge de 79 ans, des suites d’une hémorragie cérébrale, à Murree, ville touristique proche de la capitale, Islamabad, ont annoncé dimanche 16 août ses proches et le gouvernement.Hamid Gul avait présidé l’ISI de 1987 à 1989, période cruciale marquant le retrait des forces soviétiques de l’Afghanistan voisin. Ses prises de positions reflétaient encore aujourd’hui un courant hostile aux civils au sein de l’appareil du renseignement pakistanais.Le Pakistan avait entraîné les moudjahidines antisoviétiques dans les années 80, puis appuyé au milieu des années 90 les talibans du mollah Omar dans leur marche vers le pouvoir à Kaboul, au grand dam des hommes de l’Alliance du Nord, menée par le commandant Ahmad Shah Massoud. Hamid Gul avait, lui, contribué à la formation des talibans afghans tout en jouant un rôle de médiateur officieux avec l’Alliance du Nord.Toujours bien connecté dans les milieux sécuritaires, ce dévot musulman à la moustache finement taillée, à la manière des militaires de sa génération, avait récemment déclaré qu’un transfuge des renseignements pakistanais avait permis aux Etats-Unis de mener en mai 2011 leur raid à Abbottabad (nord-ouest) contre le chef historique d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden. 16.08.2015 à 10h49 Une adolescente chinoise soupçonnée d’avoir obtenu des milliers d’euros de dons d’internautes sur sur le réseau social Sina Weibo après avoir prétendu à tort que son père était mort dans les explosions de Tianjin a été arrêtée, a annoncé la police dimanche 16 août.L’adolescente avait d’abord écrit sur Weibo que son père était porté disparu après les deux déflagrations meurtrières survenues mercredi soir dans la métropole portuaire, dans l’est de la Chine. A la suite de ce premier message, le nombre de followers de la jeune fille a décuplé, a expliqué sur son compte internet la police de Fangchenggang, la localité où elle a été arrêtée dans la région méridionale de Guangxi.Lire aussi :Tianjin : les autorités chinoises confirment la présence de centaines de tonnes de cyanurePuis, d’après la même source, elle a publié un second message pour dire que son père avait trouvé la mort dans les déflagrations, ce qui a conduit plus de 3 000 utilisateurs à lui donner plus de 90 000 yuans (12 600 euros) par l’intermédiaire de Weibo. Le réseau social a récemment crée une fonction « récompense » qui permet à ses utilisateurs de virer des fonds à d’autres utilisateurs.L’adolescente n’a pas pu dépenser cet argent toutefois car son compte a été gelé par Weibo, alerté par des utilisateurs soupçonneux. La catastrophe a fait 112 morts et des centaines de blessés et nourrit les craintes de contamination en raison des produits dangereux qui se trouvaient sur le site. Les familles des victimes accusent les autorités de vouloir cacher la vérité tandis que des sites internet ont été bloqués pour avoir diffusé des « rumeurs ». 16.08.2015 à 09h01 • Mis à jour le16.08.2015 à 18h00 Les autorités chinoises ont confirmé pour la première fois la présence de cyanure en grandes quantités dans l’entrepôt de la métropole portuaire de Tianjin, dans l’est de la Chine, où deux puissantes déflagrations sont survenues mercredi. La catastrophe a fait 112 morts dont 21 pompiers, selon le dernier bilan officiel relayé par une presse étroitement censurée. Les pompiers, qui luttent encore contre les flammes, forment la majeure partie des 95 personnes portées disparues, selon l’agence Xinhua. Au total, 46 personnes ont été tirées des décombres du site et 722 ont été hospitalisées, de source officielle.D’après les estimations préliminaires, plusieurs centaines de tonnes de ce matériau hautement toxique y étaient entreposées en deux points du site, a précisé le général Shi Luze, chef d’état-major de la région militaire de Pékin. Le général Shi n’a pas précisé de quel type de cyanure il s’agissait mais les médias chinois avaient parlé auparavant de la présence de 700 tonnes de cyanure de sodium, un composant chimique très toxique en cas d’inhalation, d’ingestion ou de contact avec la peau.Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), les cyanures de sodium et de potassium ne sont pas inflammables ni combustibles. Toutefois, en présence d’acides et de produits à réaction acide, ils s’hydrolysent en libérant du cyanure d’hydrogène, gaz très inflammable et toxique. Lorsque ces produits sont impliqués dans un incendie, ils peuvent se décomposer à la chaleur, libérant du cyanure d’hydrogène et des oxydes d’azote.Lire aussi :Le contrôle étroit de Pékin sur l’information sur l’explosion de TianjinUne équipe de plus de 200 militaires spécialistes des armes nucléaires, bactériologiques et chimiques est arrivée pour mener des opérations de nettoiement, selon Chine nouvelle. Afin de faire face aux conséquences de cette catastrophe, le ministère des affaires étrangères de la France a également proposé son aide, dimanche, assurant que la France est « prête immédiatement » à mettre à disposition « des capacités de secours de la sécurité civile ». « Une mission d’évaluation peut partir très rapidement pour apprécier les besoins sur le terrain », a poursuivi le Quai d’Orsay.Craintes d’une contamination de l’air et de l’eau La catastrophe nourrit les craintes de contamination parmi les 15 millions d’habitants de la ville. Les familles des victimes accusent les autorités de vouloir cacher la vérité. Des sites Internet ont été bloqués pour avoir diffusé des « rumeurs ». Un journaliste de l’un des portails Web les plus lus du pays a expliqué au Monde qu’un ordre spécial reçu jeudi de la puissante Administration du cyberespace de Chine imposait au site de ne pas envoyer de reporters sur place et de maîtriser tant les sources, réduites aux médias contrôlés par le centre, que le nombre d’articles sur le sujet.Les autorités chinoises n’ont de cesse de rassurer la population, assurant qu’en dépit de la présence de taux anormaux de certains polluants, l’air de Tianjin est respirable. Ce qui n’a pas empêché l’agence Chine Nouvelle d’indiquer que la densité de cyanure dans les eaux usées était jeudi 10,9 fois supérieure à la normale. Ce taux a depuis baissé pour s’établir à deux fois le taux normal.Greenpeace a expliqué dimanche avoir testé les eaux de surface en quatre endroits de Tianjin mais que les niveaux de cyanure n’étaient pas élevés. « Cela montre que les réserves d’eau ne sont pas gravement contaminées », a dit l’association, soulignant que ces tests ne révélaient rien sur la présence d’autres produits dangereux.Piètre bilan en termes de sécurité industrielleSelon la police de Tianjin, l’entrepôt contenait principalement du nitrate d’ammonium, du nitrate de potassium et du carbure de calcium au moment des explosions. Des experts chimistes ont également expliqué que le carbure de calcium pouvait, au contact de l’eau, former de l’acétylène, un gaz hautement explosif. Or les premières équipes de pompiers, arrivées sur les lieux avant les explosions pour éteindre un incendie, auraient arrosé longuement des stocks de substances chimiques dangereuses, ignorant que celles-ci pouvaient détoner au contact de l’eau.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55d0b40be1a7f'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn grand nombre de personnes ont \u00e9t\u00e9 pi\u00e9g\u00e9es \u00e0 proximit\u00e9 de l'explosion par un gigantesque incendie.\r\nCr\u00e9dits : STR \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un grand nombre de personnes ont \u00e9t\u00e9 pi\u00e9g\u00e9es \u00e0 proximit\u00e9 de l'explosion par un gigantesque incendie.","source":"STR \/ 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Les op\u00e9rations pour l\u2019\u00e9teindre ont cependant \u00e9t\u00e9 suspendues afin de prendre la mesure des produits dangereux qui demeurent sur le site.\r\nCr\u00e9dits : CHINA STRINGER NETWORK \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Au petit matin, sur le site de l'explosion, l\u2019incendie serait d\u00e9sormais sous contr\u00f4le. Les op\u00e9rations pour l\u2019\u00e9teindre ont cependant \u00e9t\u00e9 suspendues afin de prendre la mesure des produits dangereux qui demeurent sur le site.","source":"CHINA STRINGER NETWORK \/ REUTERS","index":12,"position":13,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/asie-pacifique\/portfolio\/2015\/08\/13\/chine-la-gigantesque-explosion-a-tianjin-en-images_4723017_3216_12.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 14 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn bulldozer d\u00e9blaie un site \u00e0 proximit\u00e9 du lieu de l'explosion. Selon la police locale, l\u2019entrep\u00f4t o\u00f9 a eu lieu l\u2019incendie appartient \u00e0 l\u2019entreprise Tianjin Dongjiang Port Rui Hai International Logistics. Les m\u00e9dias d\u2019Etat ont annonc\u00e9 l'arrestation de plusieurs cadres de l\u2019entreprise.\r\nCr\u00e9dits : JASON LEE \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un bulldozer d\u00e9blaie un site \u00e0 proximit\u00e9 du lieu de l'explosion. Selon la police locale, l\u2019entrep\u00f4t o\u00f9 a eu lieu l\u2019incendie appartient \u00e0 l\u2019entreprise Tianjin Dongjiang Port Rui Hai International Logistics. 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En août 2014, 146 personnes, selon le bilan officiel, avaient trouvé la mort dans l’explosion d’une usine de pièces automobiles à Kunshan, près de Shanghaï. Liant plusieurs précédents à l’accident de Tianjin le président Xi Jinping a enjoint samedi les autorités chinoises à en tirer les leçons « extrêmement profondes ».Lire aussi :La sécurité dans l’industrie chinoise « passe après la recherche du profit » 16.08.2015 à 05h11 • Mis à jour le16.08.2015 à 19h28 Le Brésil connait ce dimanche 16 août une nouvelle journée de manifestations pour exiger le départ de la présidente Dilma Rousseff aux prises avec le vaste scandale de corruption Petrobras qui éclabousse sa coalition de centre-gauche.Les organisateurs – des mouvements citoyens de droite soutenus par une partie de l’opposition – ont appelé à manifester dans plus de 200 villes. Pour la plupart vêtus de vert et jaune, les couleurs du drapeau brésilien, les participants aux premiers cortèges se sont mis en marche dans la capitale Brasilia, à Belo Horizonte, Recife, Salvador de Bahia, Belem, ou encore São Paulo, fief de l’opposition, où se trouve l’envoyée spéciale du Monde. Selon de premiers décomptes provisoires faits par la police et les organisateurs, les manifestants sont entre 137 000 et 225 000.A Rio de Janeiro, qui accueillera dans un an les Jeux Olympiques, le parcours de l’épreuve test de cyclisme a été en partie modifié pour permettre une manifestation le long de la plage de Copacabana. La présidente la plus impopulaire depuis 1985Réélue difficilement en novembre pour un second mandat de quatre ans, la présidente pâtit également de la crise économique et des mesures d’austérité qu’elle a imposées après avoir pourtant rejeté cette hypothèse lors de sa campagne électorale.Dilma Rousseff, 67 ans, est désormais la présidente du Brésil la plus impopulaire depuis la fin de la dictature militaire en 1985. Sa cote de popularité est tombée à 8 % seulement. Elle avait été réélue en octobre avec une marge étroite de votes (51,6 %) sur son adversaire Aecio Neves, du Parti de la sociale démocratie brésilienne (PSDB).Lire :Dilma Rousseff au plus bas dans les sondagesLes organisateurs des manifestations espèrent faire défiler tout au long de la journée des centaines de milliers de personnes pour réclamer – comme en mars et en avril derniers –, la fin de l’impunité dans les affaires de corruption et la destitution de la présidente. « Le gouvernement dépense mal l’argent, les hommes politiques volent et détournent d’énormes sommes et c’est la population qui doit trinquer ? Non », affirment dans leur convocation sur internet les porte-parole du mouvement « Vem Pra Rua » (Viens dans la rue). Il est l’un des principaux organisateurs des manifestations avec le Mouvement Brésil Libre (MBL), qui se définit comme la « nouvelle droite », et de « Revoltados on line » (« Révoltés en ligne »).Lire aussi :Raz de marée au Brésil contre Dilma RousseffLes manifestations cette année ont déjà rassemblé au total quelque trois millions de personnes dans les rues pour une population de 204 millions de Brésiliens. Cependant il s’agit souvent de groupes hétéroclites qui clamaient leur refus du Parti des Travailleurs (PT, gauche), au pouvoir depuis 12 ans.Le pays au bord de la récessionCertains groupes très minoritaires vont jusqu’à revendiquer le retour des militaires, au pouvoir de 1964 à 1985. Les manifestations de dimanche ont pour la première fois, le soutien explicite du Parti de la sociale démocratie (PSDB, opposition) dirigée par Aecio Neves, candidat malheureux à la présidentielle de 2014. « Assez de tant de corruption, mon parti est le Brésil », a déclaré M. Neves, en participant à la manifestation de Belo Horizonte, dans son Etat de Minas.Lire aussi :Au Brésil, l’opposition se mobilise de nouveau contre Dilma RousseffLe Brésil, septième économie de la planète est au bord de la récession avec une inflation de 9 % sur les 12 derniers mois. Mais la présidente tient bon : « Je continuerai à travailler pour honorer et réaliser vos rêves », a-t-elle promis mercredi à l’issue d’une manifestation de 35 000 femmes de zones rurales qui ont défilé dans la capitale Brasilia pour la soutenir. 15.08.2015 à 21h53 Un Palestinien a été abattu samedi 15 août par l’armée israélienne près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, alors qu’il attaquait au couteau un militaire. Il s’agit de la seconde attaque de la journée de samedi en Cisjordanie : dans la matinée, un autre Palestinien avait poignardé un soldat israélien, avant d’être légèrement blessé par des militaires israéliens. Dans les deux cas, les soldats israéliens attaqués ont été légèrement blessés.La personne tuée est un jeune homme de 21 ans, a indiqué le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a condamné dans un communiqué ce qu’il a qualifié de « meurtre par les forces d’occupation ». M. Abbas a dénoncé une « dangereuse escalade » sous la forme d’un « meurtre par jour, sans fin », et a appelé la communauté internationale à ne pas rester silencieuse.Une quinzaine de Palestiniens abattus par l’armée en 2015Les attaques contre des soldats, des colons et des civils israéliens par des Palestiniens, isolés et souvent munis d’un couteau, se sont multipliées ces derniers mois à travers la Cisjordanie et à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël.Depuis le début de l’année, l’armée israélienne a abattu une quinzaine de Palestiniens en Cisjordanie, selon un décompte de l’ONU. Certains s’en prenaient à des Israéliens tandis que d’autres ont été tués par des balles tirées par l’armée lors de manifestations ou de heurts. 15.08.2015 à 17h40 • Mis à jour le15.08.2015 à 17h57 Au moins 40 migrants ont été retrouvés morts d’asphyxie, samedi 15 août, dans la cale d’un bateau de pêche surchargé, près des côtes libyennes, au cours d’une opération de la marine italienne.Les personnes sont probablement mortes d’avoir inhalé des émanations de carburant. Une voie d’eau s’était déclarée dans la cale du bateau, a expliqué le capitaine du navire qui a porté secours aux naufragés.Le commandant Massimo Tozzi a aussi affirmé à l’Agenzia giornalistica italia (AGI) que 319 personnes étaient saines et sauves, dont quelques mineurs et une dizaine de femmes. Il a raconté avoir « assisté à une scène bouleversante » : « De nombreux cadavres flottaient à la surface de l’eau, ainsi que des excréments humains et du carburant. »Angelino Alfano, le ministre de l’intérieur de l’Italie, a prévenu que le bilan pourrait s’alourdir. Il a donné une conférence de presse, au cours de laquelle il a fait cette mise en garde :« Cette tragédie ne sera pas la dernière si la communauté internationale ne trouve pas une solution à la crise en Libye. »Lire l'entretien :« L’UE oblige les migrants à des traversées dangereuses pour obtenir un droit qu’elle leur reconnaît »Plus de 2 300 morts depuis janvierLes gardes-côtes italiens ont dit craindre de nouvelles traversées de la Méditerranée, favorisées par l’amélioration des conditions en mer ces dernières heures, après plusieurs jours de mauvais temps. Ils étaient d’ailleurs engagés à la mi-journée dans le sauvetage d’environ 650 personnes en difficulté à bord de deux canots pneumatiques et d’un bateau.Les migrants qui sont arrivés en Italie ont raconté que les passeurs opérant en Libye exigeaient entre 1 200 et 1 800 dollars par personne pour une place sur le pont d’un bateau. Le prix est divisé par deux pour ceux qui acceptent de faire le trajet entassés dans la cale – en général des migrants originaires d’Afrique subsaharienne. Piégées dans un espace si confiné, ces personnes courent le risque de mourir étouffés, asphyxiés par les émanations de carburant, ou encore noyés si le bateau prend l’eau.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeMardi soir, une cinquantaine de migrants qui se trouvaient à bord d’un canot pneumatique ont été portés disparus en mer. Près de 2 000 personnes ont été secourues au cours de la semaine.Environ 200 migrants ont certainement péri la semaine passée lorsque leur embarcation a chaviré près des côtes libyennes.Selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), établi vendredi, plus de 2 300 personnes ont perdu la vie dans la traversée de la Méditerranée depuis le début de l’année.Lire aussi :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015 15.08.2015 à 12h32 • Mis à jour le15.08.2015 à 13h23 Odessa, le grand port ukrainien de la mer Noire, ne verra finalement pas descendre la Gay Pride dans ses rues, samedi 15 août. Les organisateurs avaient décidé de maintenir cette marche malgré son interdiction, jeudi, par la justice, dénonçant une « violation de [leur] droit constitutionnel de rassemblement ». Ils ont fini par se rendre aux arguments du conseil municipal, qui disait craindre des violences.En juin à Kiev, la deuxième Gay Pride de l’histoire de l’Ukraine avait été attaquée par des ultranationalistes : une dizaine de personnes avaient été blessées, et 25 arrêtées. Le projet avait été mal accueilli à Odessa, notamment par le mouvement ultranationaliste Pravy Sektor, qui avait attaqué le défilé de Kiev. Ce groupe avait été très actif durant la contestation proeuropéenne de Maïdan, notamment au côté de mouvements homosexuels, que les circonstances avaient transformés en alliés. Il participe actuellement aux combats contre la rébellion séparatiste dans l’est du pays.Lire aussi :Une Gay Pride dans la violence à KievLes milices nationalistes ont pris une importance particulière à Odessa, ville où les séparatistes prorusses ont été actifs l’an dernier durant la période postrévolutionnaire. L’Etat n’avait alors que peu de prise sur Odessa, et des heurts avaient éclaté entre militants prorusses et pro-Kiev, qui avaient culminé dans l’incendie de la Maison des syndicats, le 2 mai, où 42 prorusses encerclés par la foule avaient trouvé la mort. Ce drame avait provoqué une onde de choc dans le Donbass, dans l’est du pays, déjà en partie coupé de l’Ukraine sous la pression séparatiste prorusse.Timide effort gouvernemental« Nous n’allons pas battre les gays, mais la marche n’aura pas lieu », a déclaré cette semaine Sergui Sternenko, le chef de file de Pravy Sektor à Odessa, cité par Interfax. L’administration régionale d’Odessa, dirigée par l’ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili, a pris ses distances par rapport à l’interdiction du défilé, renvoyant la responsabilité sur la mairie.Une simple réception pour des minorités sexuelles et une discussion publique sur l’histoire de l’homosexualité auront lieu dans la journée en ville, a fait savoir le mouvement Odessa Pride.Lire aussi :Odessa, un an après le drame du 2 maiL’homosexualité, qui était punie par la loi en URSS, reste très stigmatisée en Ukraine, une ex-république soviétique où l’Eglise orthodoxe a une forte influence. Plusieurs tentatives d’adopter une loi homophobe interdisant « la propagande homosexuelle », similaire à celle qui existe en Russie voisine, avaient cependant échoué au Parlement ukrainien en 2012.La première Gay Pride dans l’histoire de l’Ukraine indépendante avait eu lieu en 2013, réunissant près de cent personnes à Kiev. En 2014, la « marche de l’égalité » avait été annulée, la police ayant refusé d’en assurer la sécurité. En 2015, le président pro-occidental Petro Porochenko a exprimé son soutien à cette marche, ajoutant toutefois qu’il ne souhaitait pas y participer. Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant) Stupeur et abattement se lisaient sur le visage des quatre Français condamnés vendredi 14 août à vingt de prison par le tribunal de Saint-Domingue pour trafic international de cocaïne. Les deux pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos, le membre d’équipage Alain Castany et le passager Nicolas Pisapia avaient été arrêtés le 19 mars 2013 à bord d’un Falcon-50 contenant 26 valises chargées de 700,4 kg de cocaïne.Après quinze mois de détention provisoire, ils avaient été remis en liberté, le 21 juin 2014. Mais, après dix heures de délibérations, ils ont été reconnus vendredi « coupables du crime d’association en vue de (…) posséder des drogues illicites », a lu la secrétaire du tribunal.Le ministère des affaires étrangères de la France juge la peine « très lourde », mais se veut optimiste. Le Quai d’Orsay a assuré, samedi, que la condamnation des quatre hommes « n’est toutefois pas définitive » et a assuré « continuer à leur assurer une protection consulaire active ».Lire :Procès « Air Cocaïne » : les pilotes français bientôt fixés sur leur sortContrairement à la demande du procureur Milciades Guzman, le tribunal a décidé qu’ils resteraient en liberté avec interdiction de quitter l’île jusqu’à ce que la sentence soit définitive. Les avocats des quatre hommes ont immédiatement annoncé qu’ils feraient appel le mois prochain.Le tribunal de Saint-Domingue a également décidé la saisie du Falcon-50, par deux voix contre une. La présidente, Gisselle Mendez, s’est opposée à cette mesure, estimant qu’il n’avait pas été prouvé que les propriétaires de l’avion étaient impliqués dans le trafic. Six des dix Dominicains poursuivis dans cette affaire ont été acquittés. Les quatre autres, anciens fonctionnaires de la Direction nationale de contrôle des drogues (DNCD) en poste à l’aéroport de Punta Cana, dans l’est de la République dominicaine, au moment des faits, ont été condamnés à des peines allant de cinq à dix ans de prison.Convention de Chicago et mafia corseLes quatre Français ont pris la parole pour clamer leur innocence après les plaidoiries de leurs avocats et la réplique du procureur. « Cette affaire est pour moi une triple catastrophe, sur le plan professionnel, sur le plan financier et sur le plan familial, s’est exclamé Pascal Fauret, un ancien pilote de chasse reconverti dans l’aviation d’affaire. J’ai été sali, je ne suis pas un narcotrafiquant, je ne fais pas partie de la mafia corse, je suis innocent et je demande que le tribunal reconnaisse mon honneur et ma liberté et me rende mon entière liberté. »Les avocats des Français ont répété que le vol était commercial, et non privé comme le soutenait le procureur en faisant valoir que l’appareil avait reçu les services d’une compagnie, Swissport, servant les vols privés. « La convention de Chicago est très claire, les pilotes des vols commerciaux ne peuvent être tenus pour responsables du contenu des bagages », a dit avec insistance Me Fabian Melo, l’un des avocats de Pascal Fauret et Bruno Odos. Sa collègue Me Maria Elena Gratereaux a cité une affaire similaire datant de 2011 : la justice dominicaine avait alors exonéré les pilotes américains d’un petit avion chargé de cocaïne. « Y aurait-il une différence entre pilotes français et nord-américains ? », a-t-elle demandé.Me Luz Garcia, l’avocate d’Alain Castany, a dénoncé « une grave contamination des preuves et la violation de la “chaîne de traçabilité” ». Le procureur avait en effet présenté au tribunal la valise personnelle d’Alain Castany comme l’une des 26 valises contenant de la cocaïne. Le procureur avait dû reconnaître qu’il s’agissait d’une erreur.Dans sa réplique, le procureur a affirmé que les pilotes étaient « des instruments de la mafia du sud de la France ». Il a cité l’ouvrage de Jean-François Gayraud Le Monde des mafias. Géopolitique du crime organisé (Odile Jacob) pour dénoncer le danger que fait peser le crime organisé. « Ces personnes doivent payer en République dominicaine vu l’ampleur et la gravité des faits, pour que nos enfants en République dominicaine et en France ne soient pas menacés par cette peste », a-t-il dit. Il a aussi dénoncé les « pressions extérieures sur la justice dominicaine ».Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.08.2015 à 16h45 Depuis le début de ses bombardements aériens contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, en août 2014, la coalition internationale n’a reconnu que deux morts collatérales de civils. Une enquête du groupe Airwars.org publiée lundi 3 août suggère que le nombre de victimes se compte en réalité en centaines.Ce collectif à but non lucratif, composé de journalistes et de chercheurs, a identifié 57 incidents vérifiés où des civils ont été tués par les bombardements de la coalition, entre le 8 août 2014 et le 30 juin 2015. Ceux-ci auraient fait entre 459 et 591 morts parmi les civils en Irak et en Syrie, et entre 111 et 185 morts au sein des forces alliées à la coalition, comme les milices chiites en Irak. Dans le même temps, les 4 924 bombardements de la coalition tuaient environ 10 000 combattants de l’EI. Des « incidents » documentés un par unAirwars.org a passé en revue près d’un millier d’« incidents » rapportés par diverses sources, leur attribuant différents niveaux de fiabilité : morts civiles confirmées, raisonnablement étayées, faiblement étayées ou infirmées. Tous les incidents comptabilisés sont documentés sur le site web du projet, accompagnés de photos, vidéos ou liens vers les sources utilisées – essentiellement le Réseau syrien pour les droits de l’homme (RSDH), le Violations Documentation Center, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et l’Iraq Body Count –, croisées avec les rapports officiels de la coalition.Ainsi le groupe rapporte-t-il par exemple la mort d’Ibrahim Al-Mussulr et de ses deux filles Jozah et Zahra à Shadadi, dans la province syrienne d’Hassaké, le 2 février. En visant des installations pétrolières, la coalition a provoqué explosions et incendies, détruisant la maison de cette famille, selon des témoignages de terrain concordants récoltés par de plusieurs organisations, dont l’OSDH, le RSDH et Ara News, appuyés par une vidéo et la confirmation par la coalition de raids dans cette zone à cette date. Quelques semaines plus tard, le 23 mars, l’Iran a accusé les Etats-Unis d’avoir tué deux de ses ressortissants dans une attaque de drone au cours de la bataille de Tikrit (Irak). Hadi Jafari et Ali Yazdan étaient, selon Téhéran, des conseillers militaires agissant auprès des milices chiites impliquées dans la reconquête de la ville, tombée aux mains de l’Etat islamique. Si la coalition a réfuté toute implication, plusieurs sources citées par Airwars.org corroborent cet incident – d’autant plus que seuls deux pays utilisent des drones en Irak : le Royaume-Uni et les Etats-Unis.Lire :Hassaké, carrefour de la guerre civile syrienneManque de transparenceLe chaos qui règne sur le terrain et le manque criant d’informations disponibles rend chaque cas très compliqué à vérifier – d’où l’impossibilité pour Airwars.org de fournir des chiffres précis sur les incidents et les victimes. Le rapport du collectif met toutefois en évidence le manque de transparence du commandement militaire de la coalition internationale sur son action.La France, qui fournissait auparavant un rapport sur chacun de ses bombardements sous vingt-quatre heures, « est désormais passée à un rapport hebdomadaire, et a également significativement limité l’information fournie », regrette Airwars.org.Les douze pays ayant participé aux raids (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Belgique, Danemark, Pays-Bas, Australie, Canada, Arabie saoudite, Jordanie, Emirats arabes unis et Bahreïn) n’ont officiellement reconnu qu’un tiers des incidents rapportés par le collectif. Ils n’ont enquêté que sur 10 incidents, reconnu que deux erreurs mortelles, et condamné une seule – celle qui a « probablement » tué deux jeunes filles à Harem (Syrie), les 5 et 6 novembre 2014.Lire : Coalition contre l’EI : qui participe et comment 03.08.2015 à 12h54 • Mis à jour le03.08.2015 à 13h04 C’est l’une des composantes centrales du paysage énergétique américain. Le charbon est pourtant désormais la cible numéro 1 de l’administration de Barack Obama, qui a fait de la lutte contre le changement climatique l’une de ses priorités.Le président démocrate présentera, lundi 3 août, de nouvelles dispositions de régulation visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le cadre du Plan américain pour une énergie propre (America’s Clean Power Plan), amorcé l’an dernier et piloté par l’Environmental Protection Agency (EPA).Et les objectifs fixés devraient être plus ambitieux que ceux initialement dévoilés en juin 2014. D’ici à 2030, les Etats-Unis devront en effet réduire de 32 % leurs émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’électricité, sur la base de celles enregistrées en 2005. La première version visait une réduction de 30 %.Au niveau national, l’ensemble des structures fournissaient, en 2014, 39 % de l’électricité, devant le gaz naturel, le nucléaire et les énergies renouvelables (12 % avec l’hydraulique), selon l’agence américaine d’information sur l’énergie.Forte part dans la production d’électricitéLes 3 344 unités électriques fonctionnant aux énergies fossiles (518 au charbon, 1 101 au pétrole et 1 725 au gaz naturel) constituent la première source de pollution du pays, occasionnant 31 % des émissions de gaz à effet de serre du pays, selon les chiffres de l’EPA pour 2013. #container_14385945199{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14385945199{ height:500px; } #container_14385945199 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14385945199 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14385945199 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; 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Il est extrait dans 25 Etats, Wyoming en tête, suivi de la Virginie-Occidentale, du Kentucky, de la Pennsylvanie et de l’Illinois.Les centaines de centrales à charbon comptent encore pour plus de la moitié de la production d’électricité dans quatorze Etats et pour un tiers dans vingt-cinq. Dans trois Etats « charbonniers », la Virginie occidentale, le Kentucky et le Wyoming, cette part est même supérieure à 87 %. #container_14385947577{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14385947577{ height:500px; } #container_14385947577 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14385947577 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14385947577 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14385947577 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Origine de la production d'électricité aux Etats-Unis En 2014Source : EIA(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La promesse d’une guérilla juridiquePlusieurs soutiens politiques de la puissante industrie du charbon ont d’ores et déjà laissé entendre qu’ils se battraient contre le projet de l’administration Obama.Elu du Kentucky, le chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, a depuis longtemps fait part de son opposition aux ambitions de l’EPA. Il a invité les Etats les plus dépendants du « roi noir » à s’engager dans une guérilla juridique en dénonçant l’intervention de l’Etat fédéral dans ce qu’il considère comme des affaires relevant de leur seule responsabilité.D’autres ont misé sur l’argument pécuniaire pour rallier l’opinion publique à leur cause, arguant qu’une réduction de la part du charbon dans la production d’électricité serait indissociable d’une hausse des factures pour les ménages.Lire notre enquête :Charbon : noir c’est noir 03.08.2015 à 06h16 • Mis à jour le03.08.2015 à 07h14 Cinq jours après la découverte d’un fragment d’aile de Boeing 777 à La Réunion, juges, gendarmes et experts aéronautiques, français et malaisiens, se réunissent lundi 3 août à Paris afin de coordonner leur action dans l’enquête sur la disparition du vol MH370.Acheminé en métropole le 1er août, ce volet bordant l’aile d’un avion, appelé flaperon, sera expertisé à partir de mercredi après-midi dans un laboratoire militaire à Balma, dans la banlieue de Toulouse.Les résultats pourraient déterminer s’il s’agit d’un morceau du Boeing 777 du vol Malaysia Airlines 370 disparu des radars le 8 mars 2014 avec 239 personnes à son bord. La trace de ce vol Kuala Lumpur-Pékin avait été perdue au-dessus de l’océan Indien après qu’il eut bifurqué de son plan de vol pour une raison non élucidée.Lire la synthèse :MH370 : les questions que pose la découverte d’un débris à La RéunionCoopération judiciaireEn attendant le début des analyses techniques, une délégation malaisienne dirigée par le directeur général de l’aviation civile Azharuddin Abdul Rahman et composée de représentants de Malaysia Airlines et de la justice malaisienne, rencontreront à huis clos un des trois juges français chargés de l’affaire. A ses côtés, les enquêteurs de la section de recherche de la gendarmerie des transports aériens (SRGTA) et des représentants du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA).Dans un lieu non précisé, ils devraient faire le point sur les découvertes du flaperon et de morceaux d’une valise, expertisée, elle, dans un laboratoire de la région parisienne. Ils devraient également évoquer les modalités de coopération judiciaire. La justice française s’est saisie de l’affaire, car quatre des 239 victimes sont françaises.La découverte du flaperon a provoqué un certain emballement autour d’une des plus grandes énigmes de l’histoire de l’aviation civile. Les rumeurs se répercutent aux quatre coins de la planète au gré des « découvertes » par des promeneurs sur les plages réunionnaises de possibles pièces d’avion, qui s’avèrent être des morceaux de ferraille. 02.08.2015 à 16h52 • Mis à jour le03.08.2015 à 09h05 Le gouvernement israélien, soumis à de fortes pressions, a annoncé dimanche 2 août des mesures punitives contre les extrémistes juifs après la mort de trois jeunes Palestiniens vendredi, dont un bébé, et une attaque au couteau contre six personnes participant à la Gay Pride de Jérusalem, jeudi soir.L’une des adolescentes poignardées jeudi, Shira Banki, une lycéenne âgée de 16 ans, est morte dimanche après avoir été admise à l’hôpital « dans un état critique ». Vendredi, un bébé de 18 mois, Ali Dawabcheh, était mort brûlé, et ses parents et son frère avaient été grièvement blessés lors d’une attaque d’extrémistes juifs, qui avaient jeté des cocktails Molotov contre leur maison, près de Naplouse, en Cisjordanie.Lire notre reportage :Cisjordanie : « Les deux enfants étaient à l’intérieur, c’était impossible d’entrer »Mise en détention administrative autoriséeDe l’opposition israélienne à l’ONU, en passant par les Palestiniens, tous ont dénoncé l’attaque contre la famille Dawabcheh, un acte rendu possible par « l’impunité » dont jouissent, selon différentes ONG, les colons et autres activistes d’extrême droite.Des rassemblements ont eu lieu samedi à travers Israël pour dénoncer l’attaque contre la Gay Pride. A Jérusalem, des heurts ont de nouveau opposé Palestiniens et policiers israéliens dimanche sur l’esplanade des Mosquées, avant un retour au calme, après deux jours de protestations en Cisjordanie et à Jérusalem.Face à cette situation, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a promis la « tolérance zéro » vis-à-vis des responsables des attaques, et son ministre de la défense, Moshé Yaalon, a autorisé la mise en détention administrative – c’est-à-dire sans charge et pour une durée illimitée – des terroristes à l’origine des attaques. Cette mesure, habituellement réservée aux Palestiniens, pourrait donner aux enquêteurs le temps de réunir les preuves nécessaires à un procès, expliquent les médias.Mais trois jours après l’attaque contre la famille Dawabcheh, les auteurs sont toujours en fuite, et les Palestiniens placent peu d’espoir dans le gouvernement israélien, sur lequel les partisans de la colonisation et de la droite nationaliste et religieuse ont la haute main.L'éditorial du "Monde" :L’impunité des colons israéliens, un fléau pour la Cisjordanie85,3 % des plaintes classées sans suiteDepuis des années, des extrémistes juifs agressent, au nom du « prix à payer », des Palestiniens et des Arabes israéliens, vandalisent des lieux de culte musulmans et chrétiens ou s’en prennent même à l’armée israélienne. Les Palestiniens affirment avoir recensé « 11 000 attaques en dix ans ». Selon l’ONG israélienne Yesh Din, 85,3 % des plaintes de Palestiniens contre des colons sont classées sans suite.Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a d’ailleurs raillé vendredi les méthodes de l’armée israélienne. « Elle les garde une heure pour une enquête, puis les relâche et ils peuvent reprendre leurs attaques. » Ces attaques sont, selon lui, le « résultat direct » de la « politique de colonisation d’Israël », qui a mené à l’installation d’environ 400 000 colons en Cisjordanie et de 200 000 à Jérusalem-Est, occupée et annexée.L’ex-président Shimon Pérès a dénoncé indirectement la responsabilité de M. Nétanyahou, lors d’un rassemblement samedi à Tel-Aviv. « Celui qui incite à la haine contre les Arabes d’Israël, qu’il ne s’étonne pas lorsqu’on incendie des églises, des mosquées et qu’à la fin on brûle un bébé dans la nuit. »   02.08.2015 à 12h04 • Mis à jour le03.08.2015 à 05h57 Des manifestations ont eu lieu dimanche 2 août dans plusieurs villes du Mexique après la mort du photojournaliste Ruben Espinosa et de quatre femmes, dont une militante des droits de l’Homme, abattus par armes à feu dans un appartement de Mexico.Environ 2 000 personnes ont manifesté dans la capitale aux cris de « Justice, Justice », brandissant des portraits du reporter et accusant les autorités d’être responsables de ces crimes. Des rassemblements ont également eu lieu dans d’autres villes du pays, dont Xalapa, la capitale de Veracruz où travaillait le photographe et où une centaine de personnes a de nouveau manifesté dimanche, comme la veille au soir.Journaliste pour le magazine d’investigation mexicain Proceso, Ruben Espinosa, était originaire de la région de Veracruz qu’il avait dû quitter il y a quelques semaines car il faisait l’objet de menaces. Il s’était installé dans la capitale, Mexico, réputée plus sûre. Trois des quatre femmes assassinées habitaient dans le même appartement qu’Espinosa, la quatrième était une employée, selon les premières déclarations du parquet.ImpunitéPour l’organisation de défense de la liberté d’expression Articulo 19, ces meurtres marquent une escalade de la violence dans la capitale. « La ville de Mexico n’est plus le refuge qu’elle était pour des dizaines de journalistes déplacés », déplore Articulo 19. Le 15 juin, cette organisation avait alerté sur le sort de Ruben Espinosa, qui avait témoigné avoir été poursuivi et harcelé par des inconnus, aux abords de sa maison à Xalapa, la capitale de Veracruz.Selon Reporters sans frontières, « le Mexique est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes », notamment en raison de l’impunité dans laquelle prospère la violence. L’Etat de Veracruz fait partie des plus dangereux pour les médias. Le Comité pour la protection des journalistes y a recensé onze meurtres de journaliste depuis 2010. La mort de Ruben Espinosa porte à deux le nombre de journalistes originaires de cette région tués en dehors de cet Etat. 02.08.2015 à 06h01 • Mis à jour le02.08.2015 à 16h25 Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, est arrivé au Caire, en Egypte, samedi 1er août, première étape d’une tournée au Moyen-Orient. Ce voyage qui durera jusqu’au 8 août et le conduira notamment au Qatar et en Asie du Sud-Est, ne comprend pas d’étape en Israël, l’allié indéfectible des Etats-Unis mais aussi le plus farouche opposant au compromis sur le nucléaire iranien signé avec Téhéran le 14 juillet.Dimanche, John Kerry, qui entend relancer le partenariat entre les Etats-Unis et l’Egypte, a relancé avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, le « dialogue stratégique » entre les deux alliés aux relations tumultueuses. Les Etats-Unis ont levé fin mars le gel de leur assistance militaire au Caire, à hauteur de 1,3 milliard de dollars par an, mais ils continuent de dénoncer la terrible répression menée par le régime du président Abdel Fattah Al-Sissi contre les partisans de son prédécesseur renversé en 2013 et emprisonné, l’islamiste Mohamed Morsi.Lire :L’Egypte renoue avec les violences de l’« Etat policier »Coopération militaireCe « dialogue », le premier depuis 2009, intervient au moment où Washington a annoncé la livraison cette fin de semaine au Caire de huit avions F-16, sur les 12 chasseurs annoncés en mars par le président Barack Obama, dans le cadre de la lutte que mène l’Egypte contre les groupes djihadistes dans le Sinaï.Outre cette coopération militaire qui reprend à pleine vitesse, John Kerry et son adjoint chargé des droits de l’homme au département d’Etat, Tom Malinowski, ont également évoqué les « inquiétudes » de Washington sur les atteintes aux libertés perpétrées par le régime égyptien. « Il y a eu des tensions ici et là sur certaines questions. Les Etats-Unis ont exprimé leurs inquiétudes concernant certains défis en matière de protection des droits de l’homme », a expliqué John Kerry, tout en réaffirmant toutefois que « les Etats-Unis et l’Egypte sont en train de retrouver une base plus solide pour leur relation ».Nucléaire : les pays du Golfe inquietsEnfin, le secrétaire d’Etat américain a assuré que l’accord sur le nucléaire iranien allait rendre le Moyen-Orient plus sûr. « Il n’y a absolument pas de doute, si l’accord de Vienne est entièrement appliqué, l’Egypte et tous les pays de cette région seront plus en sécurité (...) comme ils ne l’ont jamais été », a affirmé M. Kerry.M. Kerry se rendra ensuite lundi à Doha pour rencontrer ses homologues des Etats membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) — Arabie saoudite, Oman, Koweït, Bahreïn, Émirats arabes unis et Qatar — et tenter d’apaiser leurs craintes suscitées par l’accord sur le nucléaire iranien. Les puissances sunnites du Golfe se méfient des ambitions régionales de la République islamique chiite iranienne. L’Arabie saoudite, rivale de l’Iran, a toutefois exprimé officiellement son soutien au texte de Vienne.« Les Etats-Unis et l’Egypte reconnaissent que l’Iran est engagé dans des activités déstabilisatrices dans la région, et c’est pour cela qu’il est si important de s’assurer que le programme nucléaire iranien demeure entièrement pacifique », a ajouté M. Kerry.Lire aussi :Les monarchies du Golfe serrent les rangs face au péril djihadiste et à l’IranLe secrétaire d’Etat américain mettra ensuite le cap sur Singapour, puis la Malaisie et le Vietnam. 07.08.2015 à 18h04 • Mis à jour le07.08.2015 à 18h10 Une roquette tirée de la bande de Gaza s’est abattue dans le sud d’Israël, sans faire de victime, a indiqué vendredi 7 août l’armée israélienne. Des médias israéliens ont rapporté le tir d’une seconde roquette, qui se serait écrasée dans l’enclave palestinienne, mais l’armée israélienne n’a pas confirmé cette information.Un groupe se faisant appeler « Les Petits-fils des compagnons du Prophète » a revendiqué cette attaque. Le groupe extrémiste a déclaré qu’elle était « la première réponse des salafistes djihadistes aux attaques des juifs contre [la mosquée] Al-Aqsa », troisième lieu saint de l’islam, à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël.Le différend autour d’Al-AqsaL’esplanade des Mosquées, que les juifs appellent « le mont du Temple » et considèrent comme leur premier lieu saint, est régie par un statu quo hérité du conflit de 1967, qui veut que, si juifs et musulmans peuvent se rendre sur le site sacré qui surplombe l’ultratouristique vieille ville de Jérusalem, les juifs n’ont pas le droit d’y prier.Or, les Palestiniens accusent régulièrement Israël de vouloir remettre en question ce statu quo et de plier face à la pression des ultraorthodoxes qui réclament le droit de prier sur l’esplanade. Le 26 juillet, des heurts ont ainsi éclaté après que des juifs eurent entamé les commémorations de Tisha Beav, qui marque dans leur calendrier la destruction des deux temples qui se trouvaient sur l’esplanade – le mur des Lamentations, en contrebas des mosquées, en est le dernier vestige.Certains d’entre eux auraient tenté de prier aux abords de l’esplanade, provoquant la colère de dizaines de musulmans. Face à cette situation, des dizaines de policiers israéliens ont investi l’esplanade, avant de pénétrer « de plusieurs mètres » à l’intérieur d’Al-Aqsa.Le Hamas menacé par des groupes djihadistesLe dernier tir venu de la bande de Gaza visant l’Etat hébreu remontait au 16 juillet. Comme très souvent, il avait été suivi d’une réplique israélienne, sous la forme d’un raid aérien sur le petit territoire côtier où s’entassent 1,8 million de Palestiniens, soumis à un sévère blocus israélien depuis neuf ans.Israël et son ennemi le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, observent un cessez-le-feu sporadiquement secoué par de tels tirs depuis la fin de l’opération « Bordure protectrice », à l’été 2014. L’offensive israélienne visait précisément à faire cesser ces tirs. Le conflit avait fait plus de deux mille deux cents morts côté palestinien, et plus de soixante-dix côté israélien.Lire aussi :Une commission de l’ONU accuse le Hamas et l’armée israélienne de crimes de guerre à GazaLes tirs des derniers mois, rarement revendiqués, sont généralement attribués à des groupes salafistes djihadistes. Ces derniers menacent désormais régulièrement le Hamas, engagé dans des contacts indirects avec Israël pour conclure une trêve de longue durée en échange d’un allégement du blocus.Lire aussi :Un an après la guerre de Gaza, une carte pour visualiser les attaques israéliennes 07.08.2015 à 16h11 Le blogueur et défenseur de la laïcité Niloy Chkrabarti, qui écrivait sous le pseudonyme Niloy Neel, a été tué vendredi 7 août à Dacca, au Bangladesh. Ce serait le quatrième meurtre de cette nature dans le pays depuis le début de l’année, d’après la police.Lire aussi :Bangladesh : un journaliste arrêté dans le cadre de l’enquête sur le meurtre d’un blogueurLe Réseau des blogueurs et des militants du Bangladesh, alerté par un témoin, a confirmé à l’AFP qu’un commando d’agresseurs était entré « chez lui, au cinquième étage, (avait) écarté son ami » et l’avait tué « à coups de machette ». Le responsable de ce réseau, Imran H. Sarker, a précisé que Niloy Neel « était sur une liste de cibles établie par les militants islamistes ».D’après la police, « six personnes ont frappé à sa porte en prétextant vouloir louer un appartement. Deux l’ont emmené dans une pièce où ils l’ont massacré ». « Sa femme était présente mais elle a été confinée dans une autre pièce », a précisé le commissaire adjoint de la police.Une pétition pour « éviter une répétition des événements tragiques »Asif Mohiuddin, un autre blogueur engagé en faveur de la laïcité, qui a lui-même survécu à une attaque en 2013 et vit désormais à Berlin, a expliqué que la victime était un « libre-penseur » athée, « critique envers les religions », qui « écrivait contre le fondamentalisme islamiste, hindou et bouddhiste ». Dans sa dernière note de blog, datée du 3 août, Niloy Neel, âgé de 40 ans d’après le quotidien indien The Indian Express, se demandait pourquoi les mosquées commençaient à être climatisées.Il s’agit du quatrième meurtre de blogueur au Bangladesh en un peu plus de sept mois, après la mort, en mai, d’Ananta Bijoy Das, également tué par un commando armé de machettes, celle d’Avijit Roy, en février, et celle de Washiqur Rahman, en mars. Deux étudiants de madrasas, des écoles soupçonnées d’être proches de l’islam radical, comme le rappelle le Guardian, avaient été arrêtés après la mort de ce dernier.Le Bangladesh est un pays laïc, même si 90 % de ses 160 millions d’habitants sont musulmans. Nombre de blogueurs qui défendent la laïcité sont entrés dans la clandestinité et signent sous des pseudonymes. D’autres ont fui à l’étranger. Les militants laïcs accusent les islamistes d’avoir une liste noire des personnes à abattre.Après l’assassinat d’Ananta Bijoy Das, le groupe islamiste fondamentaliste Ansarullah Bangla Team (ABT) avait été interdit par les autorités, qui avaient été accusées de ne rien faire pour empêcher de telles attaques. Des écrivains comme Salman Rushdie et Margaret Atwood ont récemment demandé aux autorités dans une pétition de tout faire pour « éviter une répétition des événements tragiques de ces trois derniers mois, et pour traduire en justice les auteurs ».Lire aussi :La crise politique s’aggrave au Bangladesh 07.08.2015 à 12h37 • Mis à jour le07.08.2015 à 12h48 Avec Bruce Springsteen et une « standing ovation », l’humoriste américain Jon Stewart a tourné la page, jeudi 6 août, du « Daily Show », l’émission télévisée grâce à laquelle il s’était imposé, durant seize ans, comme le roi de la satire politique et médiatique aux Etats-Unis.Pour cette émission exceptionnelle d’une heure, plusieurs célébrités avaient enregistré des vidéos d’adieu très brèves, plus ou moins drôles, dont Hillary Clinton, le secrétaire d’Etat John Kerry, le sénateur John McCain, ou l’animateur de Fox News Bill O’Reilly, une des cibles préférées de Stewart.Des comédiens lancés par le « Daily Show » y ont aussi fait une apparition, dont John Oliver, Steve Carell ou Stephen Colbert, qui a salué « un grand artiste et un homme bon », auquel, a-t-il dit, « nous devons beaucoup ».La Maison Blanche a également tweeté ce que le président Obama avait dit à Jon Stewart sur son plateau le 21 juillet : « Je publie un nouveau décret. Jon Stewart ne peut pas quitter l’émission. »"I’m issuing a new executive order—that Jon Stewart cannot leave the show" —@POTUS: http://t.co/l1IEX8pKpR #JonVoyage http://t.co/jlqvb2uL5Q— WhiteHouse (@The White House)require(["twitter/widgets"]);Mais l’humoriste l’a fait, refusant de prononcer un quelconque « adieu » ou « au revoir », préférant parler d’une pause dans la conversation, restant flou sur ce qu’il comptait faire ensuite. Le « Daily Show » sera repris en septembre par le comédien sud-africain Trevor Noah.« Carrefour de la politique, du journalisme et du divertissement » Impitoyable, drôle, résolument à gauche avec un humour typiquement new-yorkais, Stewart avait commencé à présenter le « Daily Show » sur Comedy Central en 1999, une parodie de journal télévisé de trente minutes, quatre soirs par semaine, et s’était rapidement fait une place unique dans le paysage audiovisuel américain.« Il s’était taillé, au fil des années, une place unique au carrefour de la politique, du divertissement et du journalisme », explique Stephen Collinson, de la chaîne CNN, qui titre son article d’adieu : « Comment Jon Stewart a changé la politique. »De nombreux éditorialistes, une caste qui l’a longtemps méprisé, lui rendent aujourd’hui hommage, comme Meredith Blake, du Los Angeles Times :« Quand Jon Stewart a fait ses débuts au “Daily Show” en janvier 1999, l’idée qu’un comédien, alors connu pour quelques talk-shows à courte durée de vie ou des rôles secondaires dans des films à oublier, aurait l’oreille d’un président avait tout d’une blague.Mais, alors qu’il quitte le programme de Comedy Central, quatre campagnes présidentielles et près de 2 600 épisodes plus tard, il part plus que comme l’un des humoristes les plus accomplis de sa génération. Bien qu’il répugne à l’admettre, les commentaires et la satire de Jon Stewart ont fait de lui une des voix les plus influentes dans la politique américaine. »S’il s’est autant démarqué, c’est grâce à son style inimitable. « La comédie a fait de Jon Stewart le journaliste ayant le plus la confiance du public, assure Elahe Izadi, du Washington Post. « Bien qu’il ne se soit jamais présenté comme un vrai journaliste, il avait compris que les gens aiment consommer l’information grâce à l’humour. Ce n’est pas une mauvaise chose, le “Daily Show” tranchait avec la manière traditionnelle de rendre compte de l’actualité : nuancée, en donnant la parole aux deux camps. »Il a ainsi profité d’un désaveu du public pour les médias traditionnels. « Depuis que Jon Stewart a commencé au “Daily Show”, il y a seize ans, la confiance du pays dans les médias et le gouvernement a chuté », remarque John Koblin, du New York Times.« Sa marque de fabrique, des fausses informations, a prospéré dans ce vide et a fait de lui l’un des plus vivifiants critiques médiatiques, politiques et culturels. Il a attiré une génération de téléspectateurs prêts à accepter un personnage singulier dont les exagérations avaient, selon eux, plus de vérité que les programmes traditionnels. »« Un guide constant pour certains Américains »Selon Stephen Collinson, de CNN, « il a été un guide constant pour certains Américains à travers les quinze premières années tumultueuses du XXIe siècle ». Sa première émission après le 11 septembre 2001 est restée dans les mémoires quand, incapable de contenir ses larmes, il avait demandé aux téléspectateurs : « Est-ce que ça va ? »L’année précédente, l’élection présidentielle et sa conclusion à suspense, où les voix avaient dû être recomptées avant de voir George W. Bush être désigné vainqueur, l’avaient amené au premier plan. Il moquait alors « Indecision 2000 ».Plus tard, ses critiques répétées sur a guerre en Irak alimentent les doutes de certains Américains.Une audience en déclinMais, après seize ans d’émission, l’audience a décliné. Elle a atteint 1,3 million de téléspectateurs par jour en moyenne, le plus bas score depuis 2005. L’audience parmi les 18-49 ans, à 725 000 par soir, est au plus bas depuis onze ans, selon les données de Nielsen citées par le New York Times. Thomas Kent, éditorialiste à l’agence Associated Press, nuance les éloges tressés par ses confrères :« Oui, le journalisme a une dette envers Jon Stewart. Des millions de personnes l’ont suivi pour du divertissement mais ont, grâce à lui, appris beaucoup sur le monde. […] Mais si la plupart des journalistes peignent souvent le monde en gris, Jon Stewart le voyait habituellement en noir et blanc. » Lui qui pourfendait certains médias, et en premier lieu Fox News et CNN, « il dépendait de reportages nuancés faits par d’autres, qui parcourent le monde pour couvrir l’actualité, parfois à leurs périls, enquêtent, révèlent des affaires ». « Le commentaire, notamment satirique, connaît un grand succès. Mais il aura toujours besoin des fondamentaux : des sources solides pour du journalisme nuancé et rapide », conclut Thomas Kent.Lire aussi :Jon Stewart, visage d’une révolution médiatique 07.08.2015 à 11h14 • Mis à jour le07.08.2015 à 11h22 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Déjà très contrôlé, l’Internet chinois pourrait le devenir plus encore avec la présence d’agents de police au sein des groupes opérant les sites les plus populaires du pays. Et ce alors que la présidence de Xi Jinping accroît la censure sur ceux qui peuvent être source d’agitation – universitaires ou avocats, organisations non gouvernementales – et sur les plates-formes façonnant l’opinion publique, en premier lieu le Web et la presse.Lire aussi :Un avocat chinois menacé de 20 ans de prison pour des tweetsL’agence officielle Chine nouvelle, citant une récente conférence du ministère de la sécurité publique, a expliqué, mercredi 5 août, que des « bureaux de la sécurité du réseau » seront bientôt implantés au sein des entreprises susceptibles d’alimenter la « critique ». Objectif : les aider à se protéger contre les cyberattaques et à combattre les activités criminelles, une formule susceptible d’englober aussi bien le terrorisme que la critique du régime.Même s’il existe d’importants services publics chargés de la censure, le filtrage des contenus qui embarrassent le pouvoir repose d’abord sur un équilibre économique : les champions que sont par exemple le moteur de recherche Baidu et la messagerie Tencent, qui opère l’application WeChat, sont eux-mêmes chargés de bloquer les messages politiquement incorrects lorsqu’ils arrivent sur leurs serveurs, risquant, à défaut, de perdre leur licence ou d’être purement bloqués.« Nettoyer » les messagesDes équipes internes à ces sociétés doivent ensuite « nettoyer » les messages qui auraient passé le premier barrage automatisé. En 2013, un manager de Sina, qui opère un portail d’information et l’équivalent local de Twitter, Weibo, s’était expliqué sous couvert d’anonymat : « lorsqu’ils publient un ordre, il faut s’exécuter. Si nous n’effaçons pas votre message, votre compte sera bloqué. »Selon une étude menée par des chercheurs des universités de Rice, du Nouveau-Mexique et du Bowdoin College portant sur 2,38 millions de messages publiés en 2012 sur Weibo, 12 % de l’ensemble disparaissent (30 % dans les cinq minutes qui suivent la publication et au total 90 % sous 24 heures). La présence directe de policiers permettrait de rappeler en permanence aux géants du Web le contrat tacite avec l’Etat-Parti qui leur permet d’engranger des fortunes au pays des 668 millions d’internautes et de transmettre plus efficacement les ordres de la censure.« Cyber-souveraineté »Le poids de cette dernière a déjà largement freiné la croissance d’un Weibo, alors que les personnalités s’exprimant sur les sujets polémiques ont toutes été rappelées à l’ordre. Depuis, les Chinois lui préfèrent WeChat, qui permet de n’échanger que des messages privés et où les posts ne sont pas publics.Peu après son arrivée au pouvoir, Xi Jinping a donné la responsabilité de la gestion d’Internet à un nouvel organe puissant, l’Administration du cyberespace de Chine. Il a placé à sa tête un haut cadre zélé, spécialisé dans la propagande, Lu Wei. Sur la scène internationale, M. Lu tente d’imposer le concept de « cyber-souveraineté », arguant que chacun doit s’occuper de son pré carré afin de légitimer le particularisme chinois.Dans la Silicon Valley, comme à Bruxelles début juillet, Lu Wei a repris les propos qu’il avait déjà tenus en septembre 2013 lors d’une visite au Royaume-Uni : « La liberté n’existe pas sans ordre. » Un nombre croissant de sites d’information occidentaux sont ainsi bloqués : le New York Times depuis l’automne 2012, Le Monde depuis janvier 2014.« Grande muraille du Web »Aux géants occidentaux du Web, Lu Wei explique qu’il leur faudra se plier aux coutumes locales sans sourciller, non sans un certain succès. Le recevant en Californie en décembre 2014, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, dont le site est inaccessible du côté chinois de la « grande muraille du Web », avait pris soin de poser sur son bureau un exemplaire de la compilation de discours de Xi Jinping titrée La Gouvernance de la Chine, précisant qu’il en conseille la lecture à ses employés. En juin 2014, LinkedIn avait reconnu censurer les messages provenant d’usagers chinois.Lire aussi :Facebook fait allégeance à la Chine pour y revenirEn Chine, les contrôles se renforcent sous la direction de Lu Wei. Un projet de loi sur la cybersécurité a été présenté le 1er juillet à l’Assemblée nationale populaire. Il prévoit, dans le cadre de la lutte contre les cyberattaques, d’imposer certains standards qui pourraient se révéler défavorables aux entreprises étrangères. Le texte, qui réaffirme les pouvoirs de l’agence de M. Lu, donne force de loi au blocage de l’accès à Internet dans certaines régions du pays lorsque la « stabilité sociale » s’en trouve menacée. Une mesure en réalité déjà employée, notamment lors d’incidents violents au Xinjiang et d’immolations ou d’arrestations dans les régions tibétaines, mais qui aura désormais une légitimité juridique.Lire aussi :En Chine, la guerre de l’informationHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.08.2015 à 08h09 • Mis à jour le07.08.2015 à 08h21 Le système d’e-mails utilisé par le comité des chefs d’état-major interarmées des Etats-Unis a été la cible d’un piratage informatique, révèle la chaîne américaine NBC. Selon le Pentagone, cette attaque, qui s’est déroulée à la fin de juillet, a visé un système de messagerie utilisé par 4 000 hauts gradés de l’armée. Le Pentagone affirme qu’aucune information secret défense n’a été dérobée, et accuse des pirates russes.Selon des sources citées par NBC, les militaires américains jugent l’attaque « très élaborée ». Sans accuser formellement Moscou, les responsables cités évoquent un niveau de sophistication laissant penser que « l’attaque est le fait d’un Etat ». Gilles Paris (Washington, correspondant) Beaucoup de candidats, mais peu de différences. Le nombre record de postulants, dix-sept, avait contraint la chaîne conservatrice Fox News, chargée de l’organisation du premier grand rendez-vous de la primaire républicaine pour l’élection présidentielle de 2016, à prévoir deux débats.Un premier en milieu d’après-midi, pour les sept candidats les moins bien placés en termes d’intentions de vote. Un second en prime time, réservé à ceux qui jouent les premiers rôles.Même répartis en deux groupes, les candidats ont eu au final que très peu de temps, à peine une dizaine de minutes au total, pour frapper les esprits et surtout pour se distinguer les uns des autres.Des outsiders plus agressifs L’exigence de concision a profité surtout au spécialiste des formules à l’emporte-pièce, le magnat de l’immobilier Donald Trump. Ce dernier, qui figure pour l’instant en tête de cette course qui ne deviendra concrète qu’à partir du 1er février et les causus de l’Iowa, a campé sur sa ligne iconoclaste qui lui sourit pour l’instant. Il a attiré l’attention immédiatement en étant le seul, parmi les dix candidats présents, à refuser de promettre de ne pas se lancer dans une candidature solitaire, comme indépendant, pour le cas où les électeurs du Parti républicain choisiraient un autre que lui.Autant M. Trump s’est montré aussi définitif qu’évasif dans ses réponses, faisant du refus du « politiquement correct » l’alpha et l’oméga de sa campagne, autant l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush et le gouverneur de l’Ohio John Kasich, l’un des tout derniers à se lancer dans la course, ont fait l’étalage de leurs capacités pédagogiques, sur les questions économiques comme sur les sujets de société.Les deux hommes ont d’ailleurs insisté chacun leur tour sur la nécessité qu’il y avait à maintenir un parti uni et attractif pour espérer l’emporter en 2016. Par comparaison, un autre favori, le gouverneur du Wisconsin Scott Walker, dont les compétences pour la fonction présidentielle sont souvent contestées, est apparu presque scolaire dans ses interventions.Lire aussi :Donald Trump, trouble-fête de la course à l’investiture républicaine Les outsiders se sont montrés les plus agressifs, notamment le sénateur du Texas Ted Cruz, dont le verbe incendiaire a été cependant bridé par l’exercice et le sénateur du Kentucky Rand Paul. Ce dernier a attaqué M. Trump, après son refus de lier son sort au résultat des primaires, pour ses liens supposés avec la famille Clinton. Soucieux de galvaniser sa base libertarienne, M. Paul a ensuite vigoureusement défendu face au gouverneur du New Jersey, Chris Christie, sa guérilla du printemps contre la disposition législative permettant à la National Security Agency d’avoir accès, moins facilement cependant que par le passé, aux métadonnées des conversations téléphoniques des citoyens américains.Lire aussi :Primaires américaines : tous contre Donald TrumpMais en dépit des efforts des animateurs, les candidats ont surtout rivalisé dans la dénonciation des sept années de pouvoir du président Barack Obama et du programme de la candidate démocrate Hillary Clinton, qui domine pour l’instant très largement la primaire de son parti, récitant à l’unisson le programme républicain en matière de lutte contre l’immigration ou l’avortement. Comme lors du premier débat, une majorité s’est déclarée opposée à la légalisation par les Etats des mariages gays, pourtant validée en juin par la Cour suprême et la réforme de la santé, l’Obamacare également à nouveau validée par la même Cour le même mois, a été présentée comme un poids exorbitant pour l’« économie américaine, au même titre que la fiscalité et la régulation.La politique étrangère a été l’occasion d’autres attaques contre le président dont les similitudes ont fini par devenir monotones, qu’il s’agisse de la lutte contre l’Etat islamique ou le refus du traité conclu avec l’Iran sur son programme nucléaire controversé. Le Parti républicain a prévu neuf autres débats. À la lumière du premier, ils ne seront pas de trop pour faire émerger une candidature qui fasse l’unanimité.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.08.2015 à 06h27 • Mis à jour le07.08.2015 à 11h36 La Corée du Nord a annoncé, vendredi 7 août, l’adoption d’une nouvelle « heure de Pyongyang » : la mesure du temps imposée il y a plus d’un siècle par des « impérialistes japonais cruels » sera jetée aux orties et toutes les horloges du pays retardées de trente minutes.A compter du 15 août, il sera GMT + 8 h 30 en Corée du Nord, soit trente minutes plus tôt qu’en Corée du Sud qui, à l’instar du Japon, est à GMT + 9.Ce changement d’heure, qui a obtenu le feu vert mercredi du Parlement nord-coréen, marquera le 70e anniversaire de la libération de la péninsule coréenne du règne colonial japonais (1910-1945).« Les cruels impérialistes japonais » responsables du changement d’heureA l’ère précoloniale, il était GMT + 8 h 30 en Corée mais le Japon avait imposé son heure standard en 1912. Le décret parlementaire traduit la « foi inébranlable et la volonté du peuple et de l’armée à l’occasion du 70e anniversaire de la libération de la Corée », ajoute l’agence officielle KCNA.Cette mesure s’inscrit dans la politique nationaliste et antijaponaise du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un. De nombreux Coréens, du Nord comme du Sud, notamment parmi les plus âgés, nourrissent encore un profond ressentiment à l’égard du Japon, qui avait occupé le pays pendant trente-cinq ans. Des centaines de milliers de personnes avaient été enrôlées de force et envoyées en première ligne, avaient dû travailler dans des conditions proches de l’esclavage ou encore été utilisées comme prostituées dans des bordels tenus par l’armée japonaise pendant la guerre (les « femmes de réconfort »). Tokyo s’était officiellement excusé en 2007.Lire (abonnés) : Corée, Japon  : les feux mal éteints« Des conséquences sur les efforts pour unifier les normes »Le ministère de l’unification sud-coréen, chargé des affaires intercoréennes, a estimé que ce changement pouvait compliquer la situation, en particulier dans la zone industrielle intercoréenne de Kaesong, située en territoire nord-coréen.« A plus long terme, il pourrait y avoir des conséquences sur les efforts pour unifier les normes et réduire les différences entre les deux pays ».La Corée du Sud avait elle-même changé d’heure en 1954, également pour marquer sa rupture avec le Japon, avant de revenir en arrière en 1961, après l’arrivée au pouvoir de Park Chung-hee à l’occasion d’un coup d’Etat militaire. Le nouvel homme fort avait alors expliqué que les deux principaux alliés des Etats-Unis dans la région, Séoul et Tokyo, se devaient d’être au diapason. 07.08.2015 à 05h10 • Mis à jour le07.08.2015 à 09h19 Donald Trump, le milliardaire en tête des sondages pour l’investiture républicaine à la Maison Blanche, a commencé le premier débat de l’élection 2016 par des provocations, jeudi 6 août, s’attirant les flèches de ses adversaires, les huées et même les rires du public.Au centre de la scène de l’arène de basket de Cleveland, entouré de neuf rivaux loin derrière lui dans les sondages, le magnat de l’immobilier a donné le ton en expliquant ne pas exclure de se présenter à la présidentielle de novembre 2016 en indépendant s’il perdait les primaires, le seul des dix à ne pas s’interdire cette option, qui bénéficierait à coup sûr au candidat ou à la candidate démocrate.« Je voudrais savoir sur quels principes il va gouverner » « Je ne ferai pas cette promesse à ce stade », a-t-il dit. La déclaration, délivrée avec sa nonchalance habituelle, a déclenché les huées des milliers de militants républicains assis dans la salle, et l’attaque immédiate du sénateur Rand Paul. « Il se couvre déjà avec les Clinton, a-t-il riposté. Il prépare ses arrières parce qu’il a l’habitude d’acheter les politiciens. »Mais, confronté ensuite par la journaliste Megyn Kelly, de Fox News, à des déclarations sexistes passées sur les femmes, il a fait éclater la salle de rire en levant le doigt, et précisant : « Seulement Rosie O’Donnell » – l’humoriste avec qui il a autrefois échangé des insultes. Et, illustrant son positionnement d’homme d’affaires non issu de la classe politique, il a dénoncé « le politiquement correct ».Le magnat de l’immobilier a pris la tête de la course depuis son entrée fracassante en campagne en juin. Sa popularité l’a ouvert aux critiques, certains de ses concurrents l’accusant d’avoir retourné sa chemise au cours des années, sur des sujets chers aux conservateurs comme l’avortement, l’immigration et l’assurance-maladie, qu’il voulait autrefois nationaliser.« Je dirais la chose suivante : puisqu’il a changé d’avis sur les amnisties [de migrants clandestins], sur la santé et sur l’avortement, je voudrais seulement savoir sur quels principes il va gouverner », a dit Carly Fiorina, ex-patronne de Hewlett-Packard, lors d’un premier débat réunissant les sept candidats les moins bien placés dans les sondages.Lire notre analyse :Primaires américaines : tous contre Donald TrumpUnis pour dénoncer l’ère « Obama-Clinton »Les candidats républicains – Donald Trump, Jeb Bush, Scott Walker, Mike Huckabee, le neurochirurgien à la retraite Ben Carson, les sénateurs Ted Cruz (Texas), Marco Rubio (Floride) et Rand Paul (Kentucky), les gouverneurs Chris Christie (New Jersey) et John Kasich (Ohio) – ont fait preuve d’une remarquable unité idéologique, tous dénonçant l’ère « Obama-Clinton » et s’engageant à revenir sur de nombreuses décisions du président démocrate, sur l’Iran, la santé et l’environnement. Seul le sujet brûlant de l’immigration, et du sort des 11 millions de sans-papiers vivant aux Etats-Unis, a semblé ouvrir un front entre les candidats.Là où Jeb Bush, fils et frère des anciens présidents Bush, a ouvert la porte à une régularisation progressive en échange d’une amende et d’autres conditions, Donald Trump a répété son assertion que le gouvernement mexicain envoyait ses plus mauvais éléments de l’autre côté de la frontière.Pressé de donner des preuves spécifiques, il a éludé : « Parce que nos politiciens sont stupides, et le gouvernement mexicain est beaucoup plus intelligent, beaucoup plus rusé. » « M. Trump touche une corde sensible », a toutefois reconnu le candidat John Kasich, gouverneur de l’Ohio. L’establishment du parti avait prédit qu’il ne serait qu’un feu de paille, mais le caractère excessif de ses propos sur ses rivaux ou l’immigration ne semble qu’avoir dopé sa candidature.Les 16 candidats et la seule candidate, Carly Fiorina, ont chacun tâché de se présenter comme les seuls capables de battre la favorite des démocrates, Hillary Clinton, en novembre 2016. « Elle représente un troisième mandat d’une présidence ratée », a insisté le sénateur Lindsey Graham. Quand le modérateur de Fox News a demandé aux candidats de décrire en quelques mots Hillary Clinton, ils ont pêle-mêle répondu « indigne de confiance », « sans vision », « socialiste » ou encore « politicienne professionnelle ».Neuf débats ont été décidés par le Parti républicain jusqu’en février. Le prochain aura lieu le 16 septembre. Le Parti démocrate prévoit six débats à partir de cet automne entre Hillary Clinton et ses quatre concurrents déclarés.Lire aussi notre décryptage (en édition abonnés) :Primaires aux Etats-Unis : une « offre » pléthorique chez les républicains Philippe Escande C’est devenu le cauchemar des familles américaines : financer les études des enfants. Le système des prêts étudiants, pierre angulaire de l’architecture universitaire américaine, est devenu une machine incontrôlable. Avec 1 160 milliards de dollars cumulés (1 069 milliards d’euros) à la fin 2014, la dette étudiante a dépassé celle des cartes de crédit ou des prêts automobile. Les trois quarts des étudiants commencent leur carrière lestés d’une dette de 30 000 à 100 000 dollars envers leur banque et plus de 10 % d’entre eux finissent par se déclarer en faillite.Jusqu’à la fin des années 1980, le système libéral américain, qui reposait sur des établissements largement financés par les frais de scolarité, auxquels s’ajoutaient des bourses de l’Etat, s’est révélé tellement efficace qu’il a été progressivement copié par la plupart des pays développés avec plus ou moins d’ampleur. Il a permis de financer une recherche au premier niveau mondial et des infrastructures, matérielles et pédagogiques, qui continuent de faire pâlir d’envie les habitués des facs françaises et de leurs équipements hors d’âge.Un cercle vertueux devenu vicieuxMais ce cercle vertueux, qui voulait que l’employeur, par la paye qu’il octroie à sa nouvelle recrue, finance l’excellence universitaire américaine, s’est transformé en cercle vicieux. Il piège le jeune diplômé dans une trappe d’endettement parfois insupportable.La responsable : l’envolée des frais de scolarité depuis plus de vingt ans. Ceux-ci ont augmenté deux fois plus vite que les coûts de santé, dont l’inflation est pourtant constamment pointée du doigt. En cause, le retrait de l’Etat du financement de l’enseignement supérieur et l’explosion des investissements. Mais aussi l’afflux d’étudiants à la recherche de la clé d’entrée dans la classe moyenne. Les déceptions sont légion de jeunes licenciés d’une université sans grande réputation, qui ont pourtant dépensé 60 000 dollars pour un diplôme leur ouvrant les portes… d’un emploi de serveur au fast-food du coin. On a connu investissement plus rentable.Frein à la mobilité socialeCette situation est hautement dangereuse pour trois raisons. D’abord, elle ruine la classe moyenne, qui, du fait de son endettement précoce, ne peut plus consommer ailleurs, notamment dans l’immobilier. D’où la mollesse de la reprise dans ce secteur. Ensuite, elle constitue pour l’Etat et la stabilité du système financier une nouvelle menace, avec la hausse en cours des défauts. Enfin, elle est un frein de plus en plus rédhibitoire à la mobilité sociale. Les enfants de familles aisées ont accès aux universités les plus prestigieuses et les plus chères, de moins en moins accessibles aux jeunes des classes moins favorisées. L’ascenseur social est bloqué et l’université, supposée élever les plus méritants au-dessus de leur condition, devient la plus impitoyable des machines à trier.Lire aussi :L’irrésistible escalade de la dette étudiante aux Etats-UnisPhilippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pierre Le Hir Le Népal est malheureusement coutumier des soubresauts destructeurs de la croûte terrestre. Alors que le pays est encore plongé dans le chaos par la violente secousse qui, samedi 25 avril au matin, a ravagé la vallée de Katmandou, il vit sous la menace d’un séisme annoncé de beaucoup plus grande ampleur encore.Lire le reportage :Séisme au Népal : Katmandou, dans la terreur et le chaosCette extrême instabilité de la lithosphère a pour origine ce que les scientifiques nomment le « méga-chevauchement himalayen ». Il s’agit de l’affrontement entre, au sud, la plaque tectonique indienne et, au nord, la plaque eurasienne, dont le massif himalayen constitue la bordure. Le processus a commencé voilà quelque 100 millions d’années, lorsque le sous-continent indien s’est définitivement détaché du supercontinent Gondwana (qui réunissait autrefois l’Antarctique, l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Australie et l’Inde), pour dériver vers le nord, en direction du continent asiatique.C’est la collision titanesque entre les deux blocs continentaux, voilà un peu plus de 50 millions d’années, qui a donné naissance à la chaîne de l’Himalaya. Aujourd’hui, décrit Pascal Bernard, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP), la plaque indienne continue de s’enfoncer comme un coin, sur un plan incliné, sous la plaque eurasienne dont elle provoque l’élévation. Ce chevauchement, dont la vitesse s’est beaucoup réduite depuis le télescopage des deux masses continentales, se poursuit désormais à une vitesse de l’ordre de 2 centimètres par an. Risques de répliques « plus puissantes »« Cette zone de contact, sur une immense faille qui court tout le long de la chaîne himalayenne, accumule d’énormes tensions », explique le chercheur. Le Népal en particulier, au pied de l’Himalaya, se « contracte » en quelque sorte, chaque année, de 2 centimètres. Ce sont ces contraintes colossales qui se libèrent lors des ruptures de la faille. Voilà pourquoi la région himalayenne est la partie continentale du globe la plus exposée aux tremblements de terre, même si les zones de subduction proches des côtes, où se confrontent plaques océaniques et plaques continentales, peuvent engendrer des secousses plus violentes, comme au Chili ou au Japon.C’est une telle rupture qui s’est produite samedi matin, avec le séisme de magnitude 7,8 dont l’épicentre était situé à environ 80 km au nord-ouest de la capitale népalaise et dont l’onde de choc s’est propagée, en une quarantaine de secondes, sur une distance de 150 km, dévastant la vallée de Katmandou.En dépit de la brutalité du phénomène, « seule la partie profonde de la zone de contact a cassé, dans la partie centrale du Népal », indique Pascal Bernard. Si bien qu’« il reste des zones bloquées » et qu’« on peut craindre de nouvelles ruptures engendrant de nouveaux séismes, plus à l’est ou plus à l’ouest ». C’est ce qui s’est notamment passé dimanche matin, avec une réplique de magnitude 6,7, dont l’épicentre était situé à l’est de Katmandou. Il faut s’attendre à des répliques « qui peuvent être aussi puissantes, voire plus puissantes », et qui « pourraient survenir pendant plusieurs mois ou même plusieurs années », prévient le sismologue.Magnitude 8 en 1934Le pire reste toutefois à venir. La secousse de samedi, bien que considérée comme « un gros séisme » par les spécialistes, est restée de plus faible importance par rapport à celle de 1934, de magnitude 8, qui avait semé la désolation dans les trois grandes villes de la vallée, Katmandou, Patan et Bakhtapour, en faisant entre 10 000 et 20 000 morts. En 1505, un autre tremblement de terre avait, lui aussi, atteint la même magnitude.Mais, souligne Pascal Bernard, « nous estimons que la magnitude maximale qu’on peut attendre pour un séisme au Népal est de 8,5 à 9, soit une énergie trente fois supérieure à celle libérée par la secousse de samedi ». Des indices géologiques laissent penser qu’un tel événement s’est produit dans les années 1100. Or, le temps de récurrence de ce genre de cataclysme est estimé « à un millier d’années, avec une marge d’incertitude de 20 % ou 30 % ». La conclusion est sans appel : « A une échéance qui peut être celle du siècle ou de quelques siècles, le Népal n’échappera pas à la catastrophe d’un séisme géant. » Et la menace vaut pour toute la bordure sud de l’Himalaya, Inde et Bangladesh compris.Pierre Le HirJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.04.2015 à 06h53 • Mis à jour le27.04.2015 à 09h13 Le volcan Calbuco continuait de projeter des cendres sur le sud du Chili et de l'Argentine dimanche 26 avril. Trois jours après ses deux violentes éruptions, l'alerte rouge est maintenue dans les zones affectées.L'armée était déployée dans un périmètre comprenant les villes de Puerto Montt et de Puerto Varas. Ces éruptions spectaculaires n'ont pas fait de morts mais ont métamorphosé le paysage de la zone, habituellement très vert et désormais quasi lunaire, le tapis de cendres ayant recouvert les zones de culture et d'élevage.Lire : Au Chili, le redoutable volcan Calbuco reste instableLe Service national de la géologie et des mines (Sernageomin) n'exclut pas dans son dernier rapport sur l'activité du Calbuco la possibilité de nouvelles éruptions.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o10mt"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o10mt", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});210 millions de tonnes de cendresDimanche, les habitants de La Ensenada ont travaillé aux côtés de l'armée pour commencer à enlever les tonnes de cendre grise qui ont recouvert les toits et les rues de leur village. « Toute aide est la bienvenue, l'arrivée des militaires nous permettra de nous remettre sur pied le plus tôt possible », a déclaré à l'AFP Sandra Ramirez, une habitante de La Ensenada.Mme Ramirez et ses voisins sont restés quelques heures dans la bourgade, mais sont retournés pour la nuit dans les hébergements d'urgence qui leur ont été attribués, car La Ensenada se trouve à l'intérieur de la zone d'exclusion de 20 kilomètres de rayon autour du cratère, que les autorités ont instaurée par mesure de sécurité.Près de 6 000 personnes au total ont été évacuées des alentours du volcan, qui a déjà émis 210 millions de tonnes de cendres. Les cendres, qui se répandent en altitude, perturbent depuis jeudi le trafic aérien dans le sud du continent, causant des retards et des annulations de vols en provenance ou à destination du Chili, de l'Argentine et même de l'Uruguay. Corine Lesnes lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});A l'heure où la presse était rassemblée à l'hôtel Hilton de Washington, en smoking et robe longue, pour le traditionnel dîner de l'association des correspondants accrédités à la Maison Blanche, plusieurs centaines de Noirs en colère manifestaient samedi 25 avril à Baltimore (Maryland), contre les brutalités policières et pour réclamer la lumière sur les circonstances de la mort de Freddie Gray, 25 ans, le 12 avril, d'une fracture des vertèbres cérébrales après son arrestation pour possession d'un couteau.Lire : Heurts en marge d'une manifestation à Baltimore en hommage à Freddie GrayLes télévisions avaient choisi de couvrir le dîner, plutôt que le tremblement de terre au Népal ou les troubles à Baltimore, mais sur Twitter, les internautes n'ont pas manqué de souligner une fois de plus la déconnexion des élites avec la rue. A 70 kilomètres du dîner de gala à Washington, il y a eu des scènes de pillage et d'affrontement avec des policiers en tenue de combat.Pas de mention des violencesLe président Barack Obama, qui, tradition oblige, est tenu de délivrer des remarques humoristiques devant l'assistance de centaines de vedettes du cinéma, des médias et de la politique, n'a pas fait mention des incidents de Baltimore dans son intervention, ni des bavures qui, depuis l'été et le drame de Ferguson, se multiplient aux Etats-Unis à l'allure d'une épidémie.Avec le talent de comédien qu'il déploie chaque année, il s'en est pris aux républicains, proie facile, à l'image de Michele Bachmann, qui a prédit récemment que la politique de détente avec l'Iran allait apporter la fin des temps. « La fin des temps bibliques, a relevé M. Obama. Voilà un accomplissement ! Lincoln, Washington, ils n'ont pas réussi ça ! » Il a décoché l'inévitable flèche en direction de Hillary Clinton, qui brigue sa succession, drapée dans le manteau de « championne » de la classe moyenne. Les temps sont durs, a ironisé le président : « J'avais une amie, il y a quelques semaines, elle gagnait encore des millions de dollars par an. Et maintenant elle se retrouve à vivre dans une camionnette dans l'Iowa. » Sans oublier la pointe classique d'autodérision : « Ce n'est pas facile d'être président. Réformer le système d'immigration. Menacer de mettre son veto. Négocier avec l'Iran. Tout cela en trouvant le temps de prier cinq fois par jour… »« Serrez vos petites fesses blanches »Mais cette année, Barack Obama avait aussi fait venir un «traducteur de colère ». Le personnage a été inventé par Keegan-Michael Key et Jordan Peele, deux jeunes comédiens biraciaux, pour leur émission satirique « Key and Peele », sur la chaine Comedy Central. Luther, le traducteur, explique aux téléspectateurs ce que pense vraiment Barack Obama, lorsqu'il n'est pas coincé par l'image de retenue que, lui, encore plus que tout autre, est obligé de montrer au public, s'il ne veut pas être identifié au « Noir en colère » (« Angry black man »), stéréotype fort dans la société américaine.Avec Luther dans son dos, M. Obama a déroulé des platitudes, expliquant à quel point, dans un monde en mutation, le dîner de la presse est important : « Serrez vos petites fesses blanches », a traduit Luther. Le président a poursuivi en faisant part de sa confiance dans la presse pour faire honnêtement son travail. « Et comptez sur Fox[News] pour terroriser les Blancs avec des insanités », a gesticulé Luther….Insensiblement, le ton de colère est monté chez M. Obama lui-même. Il a haussé la voix, accéléré le débit, s'est emporté (contre les climato-sceptiques), au point qu'il a fini par se débarrasser de son « traducteur de colère » noire. Un moment assez unique où on a pu voir le président excellent comédien, réussir à faire la démonstration qu'il peut se mettre en colère devant un public qui le juge distant et flegmatique.Dans son sketch, la comédienne de la célèbre émission « Saturday Night Live », Cecily Strong, choisie cette année pour la partie divertissement, a pris note, à sa manière, de la colère des Noirs. Les agents du service secret de la Maison Blanche ? « Les seuls membres des forces de l'ordre qui auront vraiment des problèmes si un Noir est abattu », a-t-elle lâché. Constatant que M. Obama a blanchi sous le harnais, elle a résumé la situation d'un trait : « Les cheveux d'Obama sont maintenant tellement blancs qu'ils peuvent se permettre de répondre aux policiers. »Corine LesnesCorrespondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.04.2015 à 20h58 • Mis à jour le27.04.2015 à 11h42 | Benoît Vitkine Le scrutin présidentiel anticipé organisé dimanche 26 avril au Kazakhstan n'a livré aucune surprise : selon la commission électorale centrale lundi, l'inamovible président Noursoultan Nazarbaïev est réélu avec un score de 97,7 % des voix pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de ce pays d'Asie centrale immense et riche de son sous-sol.Même ce chiffre exceptionnellement haut était attendu. « Nazarbaïev voudra faire mieux qu'Islam Karimov », son homologue ouzbek réélu fin mars avec 90,39 % des voix, glissait perfidement – et anonymement – un opposant rencontré peu avant le scrutin. La participation a atteint le chiffre record de 95,22 %, selon la commission.Les deux rivaux désignés par le pouvoir pour donner à l'élection une apparence d'ouverture obtiennent des scores à la hauteur de leur notoriété et de leur exposition médiatique. Le premier, un communiste « antioccidental » obtient 1,87 % ; le second, syndicaliste « écologiste », 0,63 %.Lire aussi : Election présidentielle sans concurrence dans la « dictature éclairée » du KazakhstanY a-t-il eu fraude ? Difficile de le dire, et les conclusions de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), invitée à observer le scrutin, étaient encore attendues dimanche soir. Le chiffre de la participation – 95 % – paraît particulièrement élevé, tant la campagne a été amorphe. Pratique classique en Asie centrale, les entreprises publiques avaient par exemple reçu des quotas de participation à remplir.En 25 ans à la tête du Kazakhstan, M. Nazarbaïev a bâti un système autoritaire et immensément corrompu qui ne tolère aucune contestation. En 2007, un amendement constitutionnel a supprimé, pour lui et seulement pour lui, la limite fixée à deux mandats successifs.Lire aussi, en édition abonnés : Le système Nazarbaïev, main d’or et poigne de fer à AstanaLe « leader de la nation », titre qu'il s'est octroyé en 2009, jouit néanmoins d'une popularité réelle. S'appuyant notamment sur l'argent des matières premières (pétrole en premier lieu, mais aussi gaz, uranium et autres métaux), il a su imposer le Kazakhstan sur la scène internationale et manoeuvrer habilement entre les appétits des puissants voisins russe et chinois. Surtout, il a su maintenir la stabilité d'un pays jeune, immense et multiethnique.Phase de turbulencesSon âge, 74 ans, et sa santé, notoirement mauvaise, laissent penser que ce cinquième mandat sera le dernier du président. Nombre d'observateurs estiment même que le président n'accomplira pas son mandat en intégralité et que la date de l'élection, initialement prévue en 2016, a été avancée pour donner un nouveau souffle au régime au moment d'aborder le dossier de la succession. Dimanche, lors d'une conférence de presse en marge du scrutin, M. Nazarbaïev a d'ailleurs effleuré le sujet, indiquant qu'il mettrait rapidement en place des « commissions chargées de réfléchir à des réformes institutionnelles ».Le dossier est d'autant plus délicat que le Kazakhstan aborde une phase de turbulences. L'agression russe contre l'Ukraine a fortement crispé les dirigeants kazakhs. Astana a beau être un allié de Moscou, avec qui il a cofondé l'Union eurasiatique, le pays a constamment, depuis son indépendance, cherché à s'émanciper en cherchant de nouveaux partenaires. Le scénario d'une déstabilisation orchestrée par la Russie, qui pourrait notamment s'appuyer sur la minorité russe (25 % de la population), est dans toutes les têtes.Les menaces sont aussi d'ordre économique. Depuis l'indépendance, le Kazakhstan s'est développé de manière spectaculaire notamment grâce à ses réserves abondantes de matières premières. Son PIB par habitant devrait dépasser cette année celui de la Russie. Mais il souffre durement de la baisse des prix du pétrole, et subit de plein fouet le contrecoup du ralentissement russe. En 2015, la croissance devrait ralentir à 1,9 %, loin des 6 % en moyenne qu'il connaît depuis dix ans. Un mot fait particulièrement peur, tant à la population qu'aux autorités : dévaluation. Après une première baisse du cours du tengue en février 2014 (19 %), une deuxième vague paraît inévitable. Elle pourrait atteindre 50 %. En 2011, c'est un mécontentement social et non politique qui avait déclenché les troubles les plus graves de l'histoire du pays, à Janaozen, dans l'ouest, où la grève des ouvriers du pétrole s'était soldée par plusieurs dizaines de morts.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.04.2015 à 18h21 Les raids menés par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite sur des positions des rebelles houthistes continuent dimanche 26 avril au Yémen, malgré l'annonce, mardi, de l'arrêt de cette campagne aérienne.Lire aussi : L’Arabie saoudite change de stratégie au YémenEn fin d'après-midi, des raids aériens ont pris pour cible des positions rebelles à Aden, la grande ville du sud du pays, ont témoigné plusieurs habitants. Les combats se poursuivaient également dans cete ville où les partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi ont affirmé avoir avoir abattu trois rebelles houthistes.Les affrontement s'intensifient à TaëzPlus tôt, quatre nouveaux raids ont été menés contre le palais présidentiel à Sanaa et une colline proche, pour empêcher l'envoi par les rebelles de renforts militaires dans la province de Mareb, à l'est de la capitale, a indiqué une source militaire à l'Agence France-Presse.Dans cette province, de violents combats se déroulent aux alentours de la ville de Sirwah, où des tribus sunnites ont convoyé dans la matinée des renforts pour faire barrage aux miliciens chiites, qui tentent d'avancer dans cette région riche en pétrole et en gaz naturel.Des sources tribales ont fait état de la mort à Sirwah, en 24 heures, de 90 rebelles et alliés ainsi que de 8 partisans du président Hadi – un bilan qui n'a pu être vérifié de source indépendante.Lire le décryptage : Comprendre les origines de la guerre au YémenEn outre, des affrontements se sont intensifiés dimanche à Taëz, dans le sud-ouest du pays, après que les rebelles ont reçu des renforts en provenance d'Al-Makha, sur la mer Rouge.Un nouvel émissaire de l'ONUPlus de 1 000 personnes, dont une moitié de civils, ont été tuées au Yémen entre le 19 mars et le 20 avril, selon un bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). D'après l'ONU, au moins 115 enfants sont morts dans les hostilités. Les Nations unies ont par ailleurs confirmé samedi la nomination du diplomate mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed comme nouvel envoyé spécial au Yémen. Cet émissaire, qui succède à Jamal Benomar, démissionnaire, va tenter de relancer le dialogue en vue d'un règlement politique dans le pays.Voir notre infographie : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au Yémenlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0v0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0v0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 26.04.2015 à 16h43 • Mis à jour le27.04.2015 à 11h36 L'essentielUn puissant séisme de magnitude 7,8 a frappé le Népal samedi matin. De nombreuses répliques ont été ressenties depuis.Le bilan humain de la catastrophe a augmenté tout au long du week-end et devrait continuer à s'alourdir à mesure que les opérations de secours continuent.De violentes secousses ont ébranlé des régions de pays voisins et provoqué des avalanches meurtrières sur les pentes de l'Everest. Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-553e0cff1688f'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 12\r\n \r\n \r\nDimanche 26 avril, au lendemain de l'avalanche sur le mont Everest provoqu\u00e9e par le tr\u00e8s violent s\u00e9isme au N\u00e9pal, les secours qui sont parvenus \u00e0 s'installer sur le camp de base de la montagne s'affairent \u00e0 retrouver des survivants.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ROBERTO SCHMIDT\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Dimanche 26 avril, au lendemain de l'avalanche sur le mont Everest provoqu\u00e9e par le tr\u00e8s violent s\u00e9isme au N\u00e9pal, les secours qui sont parvenus \u00e0 s'installer sur le camp de base de la montagne s'affairent \u00e0 retrouver des survivants.","source":"AFP\/ROBERTO SCHMIDT","index":0,"position":1,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/planete\/portfolio\/2015\/04\/27\/en-images-le-sauvetage-complique-des-alpinistes-coinces-sur-l-everest_4623021_3244.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 12\r\n \r\n \r\nLe bilan, encore provisoire, fait \u00e9tat d'au moins 18\u00a0personnes tu\u00e9es, et 61 autres, bless\u00e9es, dans les avalanches de samedi. 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\r\n \r\n 10 \/ 12\r\n \r\n \r\nUn porteur travaillant pour une agence de trekking r\u00e9cup\u00e8re apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 bless\u00e9 dans l'avalanche.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ROBERTO SCHMIDT\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un porteur travaillant pour une agence de trekking r\u00e9cup\u00e8re apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 bless\u00e9 dans l'avalanche.","source":"AFP\/ROBERTO SCHMIDT","index":9,"position":10,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/planete\/portfolio\/2015\/04\/27\/en-images-le-sauvetage-complique-des-alpinistes-coinces-sur-l-everest_4623021_3244_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 12\r\n \r\n \r\nDes survivants au camp de base de l'Everest, dimanche\u00a026\u00a0avril.\r\nCr\u00e9dits : AP\/Azim Afif\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n 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Selon l'alpiniste roumain Alex Gavan, trois hélicoptères ont pu atteindre les camps 1 et 2, situés à plus de 6 000 mètres d'altitude. Chaque hélicoptère ne peut transporter que deux grimpeurs à la fois en raison de l'atmosphère raréfiée à ces altitudes. Un autre grimpeur, le Danois Carsten Lillelund Pedersen, a diffusé une vidéo sur Facebook montrant un hélicoptère atterrissant pour évacuer deux montagnards et décollant trente secondes plus tard.Pemba Gyalje Sherpa, président de la compagnie nationale des guides de montagne népalais, qui compte une cinquantaine de membres, indiquait au Monde, lundi matin, que « plus d'une quarantaine de blessés » de l'avalanche du camp de base de l'Everest avaient été hospitalisés la veille à Katmandou et qu'« une dizaine de dépouilles » devaient encore d'être évacuées. « Nous sommes en stand-by pour partir aider là-haut », ajoutait-il.(function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return; js = d.createElement(s); js.id = id; js.src = "//connect.facebook.net/fr_FR/sdk.js#xfbml=1&version=v2.3"; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs);}(document, 'script', 'facebook-jssdk'));Here is a video of some of the first people being rescued down to safety :-)Posted by Use The World on dimanche 26 avril 2015Au moins dix-huit morts, la pire catastrophe de l'histoire de l'Everest Selon un bilan encore provisoire, dix-huit personnes au moins ont été tuées et soixante et une autres blessées dans des avalanches samedi sur l'Everest. Il s'agit de la pire hécatombe sur les pentes du sommet du monde.Les premières évacuations de blessés ont commencé dimanche, ils souffraient principalement de fractures. Environ un millier de personnes se seraient trouvées sur les parties les plus élevées du point culminant du globe au moment de la catastrophe. De nombreuses répliques se sont fait sentir. L'une d'entre elles, de magnitude 6,7 sur l'échelle de Richter, a déclenché de nouvelles avalanches dimanche matin.Les survivants, bloqués, s'organisent Les mauvaises conditions météorologiques et les difficultés de communication ont beaucoup retardé l'arrivée des secours sur les pentes. En attendant, les survivants vivent dans des conditions très précaires, dans le froid et sous la menace de nouvelles avalanches, à plus de 5 000 mètres d'altitude.Une centaine d'alpinistes sont bloqués dans les camps 1 (5 940 mètres) et 2 (6 400 mètres), dans la cascade de glace Khumbu, une des étapes dans l'ascension de la montagne, non loin du camp de base, et au-dessus du lieu de l'avalanche, rendu impraticable.C'est le camp de base (5 300 mètres), où sont arrivés des hélicoptères de secours dimanche, qui a été principalement frappé par les avalanches. Plusieurs médecins étaient présents parmi les alpinistes. Une cardiologue américaine, Ellent Gallant, rapportant à l'Agence France-Presse avoir soigné avec un médecin militaire indien plusieurs personnes, a décrit des conditions « rudimentaires » : « On a travaillé toute la nuit, on faisait des rondes, on distribuait des médicaments, on installait des intraveineuses. Mais l'un des neuf patients est mort : un sherpa de 25 ans. Sa tension artérielle avait dégringolé. On n'a rien pu faire. »« Un immeuble blanc de 50 étages » Des témoignages de la catastrophe parviennent, qui décrivent des instants d'horreur. « Je croyais être mort », dit ainsi George Foulsham, un spécialiste de biologie de Singapour âgé de 38 ans :« J'ai couru, couru, et la vague, semblable à un immeuble blanc de cinquante étages, m'a aplati. J'ai essayé de me relever et elle m'a aplati à nouveau. Je n'arrivais plus à respirer. Lorsque je me suis finalement relevé, je n'arrivais pas à croire que la vague était passée sur moi et que j'étais quasi indemne ! »Pour Kanchaman Tamang, un cuisinier népalais de 40 ans, employé par l'agence de trekking britannique Jagged Globe, qui a vécu le drame de la saison dernière où seize porteurs d'altitude ou sherpas avaient été tués dans une avalanche :« J'étais dans la tente des repas quand l'avalanche a frappé. La tente a carrément volé. Après le désastre de l'année dernière, je n'étais pas inquiet. J'ai même raconté à ma famille que je travaillais au camp de base et que j'étais en sécurité. » L'un des survivants, transporté à Katmandou, Bhim Bahadur Khatri, cuisinait dans sa tente quand l'avalanche a frappé :« Nous sommes tous sortis des tentes et, l'instant d'après, un énorme mur de neige est tombé sur nous. Je suis arrivé à creuser pour m'extirper de ce qui aurait pu être ma tombe. J'ai gigoté et utilisé mes mains comme des griffes pour creuser autant que je pouvais. Je suffoquais, je ne pouvais pas respirer. Mais je savais que je devais survivre. »Plus de quatre mille alpinistes ont escaladé le sommet de 8 850 mètres depuis 1953 et la première ascension par le Néo-Zélandais Edmund Hillard et le sherpa Tenzing Norgay. Le nombre a explosé ces dernières années, avec plus de huit cents aventuriers lors du printemps 2013, malgré les grands dangers que l'ascension présente encore.Les autres hautes montagnes népalaises ont été également touchées par le séisme de samedi mais aucun bilan n'était encore disponible. Un guide français, présent dans la région reculée du Langtang, au nord de Katmandou, a ainsi témoigné auprès du Syndicat des guides français, de ce qu'il a constaté : « Le petit village de Kyanjin a été détruit par le souffle d'une avalanche et de très nombreux blessés attendent d'hypothétiques secours. Un peu plus bas, dans la même vallée, le bourg de Langtang lui-même a été rasé par une énorme avalanche. Il n'y aurait, selon le témoignage du guide français, 'aucun survivant' », rapporte Libération.>> Lire notre article après le drame d'avril 2014 : « L'Everest est devenu une boîte à fric » 26.04.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.04.2015 à 10h49 Des milliers de Guatémaltèques ont manifesté samedi 25 avril dans le centre de la capitale, Guatemala, pour réclamer la démission du président de la République, Otto Pérez, et de la vice-présidente, Ingrid Roxana Baldetti Elias, après la révélation d'un scandale de corruption qui éclabousse des proches du pouvoir. Encadrés par des centaines de policiers, les manifestants ont scandé « Démissionnez maintenant ! » en faisant résonner casseroles et sifflets.La semaine dernière a été démantelé un réseau de hauts fonctionnaires suspectés d'avoir encaissé des pots-de-vin en échange d'impôts réduits sur le passage de produits à la douane. Les sommes en jeu n'ont pas été précisées, mais des « montants en millions » ont été évoqués.La présidence compliceLe parquet et la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (Cicig – Comisión Internacional contra la Impunidad en Guatemala), une entité des Nations unies chargée d'assainir le système judiciaire, accusent l'ancien secrétaire de la vice-présidente, Juan Carlos Monzón, en fuite, d'avoir dirigé le système de corruption. « Nous ne voulons plus que les voleurs continuent à nous gouverner, ils nous voient comme des jouets ! », a lancé à l'Agence France-Presse, María Letona, une septuagénaire venue manifester avec un groupe de voisins depuis un quartier privilégié de l'est de la capitale.« Dehors, dehors, dehors ! », criaient les manifestants devant le Palais national qui estiment que le président et la vice-présidente ne pouvaient ignorer les manœuvres de M. Monzón, considéré comme une personne de confiance au sein de l'exécutif.M. Monzón s'est volatilisé la semaine dernière alors qu'il accompagnait Mme Baldetti Elias lors d'un voyage en Corée du Sud. Les autorités le pensent caché au Honduras. Le président, Otto Pérez, a affirmé à des journalistes qu'il ne démissionnerait pas, soutenant que l'enquête avait été lancée à l'initiative du gouvernement. 12.04.2015 à 07h58 Le premier ministre (conservateur) australien, Tony Abbott, a prévenu dimanche 12 avril que les parents qui refuseraient de faire vacciner leurs enfants seraient privés de certaines allocations familiales : « Pas de piqûre, pas d'argent », a-t-il déclaré.Dans certains pays européens et aux Etats-Unis, des maladies qui avaient disparu comme la rougeole ont fait leur réapparition, notamment en raison des parents de plus en plus nombreux qui s'opposent à la vaccination, la jugeant dangereuse pour leurs enfants. Actuellement, ces-derniers peuvent faire valoir une clause « d'objection de conscience » tout en continuant de percevoir une série d'allocations qui pèsent jusqu'à 15 000 dollars australiens (10 800 euros) par an et par enfant.Si le projet du gouvernement australien est adopté par le parlement, où il est soutenu par l'opposition travailliste, ces parents ne toucheront plus ces allocations à partir de 2016. Toutefois, ceux qui refuseront d'immuniser leurs enfants pour des raisons médicales ou religieuses continueront d'avoir le droit de percevoir certaines allocations même si les conditions d'accès seront restreintes.Un choix « sans fondement médical »« C'est une importante mesure de santé publique, a expliqué M. Abbott. Il est très important que nos familles et nos enfants soient le plus en sécurité possible ». Plus de 39 000 enfants australiens de moins de sept ans ne sont pas vaccinés, soit une augmentation de 24 000 cas au cours des dix dernières années. « Ce choix de ne pas immuniser ses enfants n'a aucun fondement médical et ne devrait pas être soutenu par les contribuables », a ajouté le premier ministre dans un communiqué.Les parents en question craignent que la vaccination ROR (rougeole, oreillons et rubéole) ne provoque l'autisme, ce qui a été démenti par de nombreuses études. La controverse date de 1998, lorsqu'une étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet avait semé la panique dans le monde anglo-saxon en faisant un lien entre vaccin ROR et autisme. Cet article avait été retiré par la suite en raison « d'irrégularités » mais les craintes ont persisté.Lire : Rougeole, vaccination et autisme : la dispute qui enflamme l'Amérique 12.04.2015 à 02h30 • Mis à jour le12.04.2015 à 08h44 Des djihadistes du groupe Etat islamiste (EI) ont lancé, samedi 11 avril en Irak, une attaque suicide contre la raffinerie de Baïji, la plus grande du pays, a indiqué un responsable militaire, précisant que l'armée avait gardé le contrôle du site.Lire l'analyse : L'or noir, arme stratégique de l'Etat islamique« Trois kamikazes ont pu atteindre l'entrée de la raffinerie. Deux ont été tués, mais un troisième a réussi à se faire exploser », a raconté un général de la province de Salaheddin, où se trouve le site, à 200 kilomètres au nord de Bagdad.Le site reste sous le contrôle de l'arméeIl a ajouté que les forces irakiennes protégeant la raffinerie avaient repris le contrôle des entrées et que l'ensemble du site restait sous le contrôle des autorités. Il a ajouté que 20 djihadistes avaient été tués au total, sans que ce chiffre puisse être vérifié.Le groupe EI a publié des photos montrant ses convois de véhicules blindés Humvees attaquant le périmètre de la raffinerie, et des combattants djihadistes apparemment à l'intérieur du site. « L'EI tente de faire croire qu'ils sont partout mais en fait ils sont défaits et ne peuvent plus avancer », a déclaré le responsable de l'armée irakienne.#Irak photos #EI de l'offensive raffinerie de #Baiji http://t.co/SAEqqUSuCy— Wassim Nasr (@SimNasr)require(["twitter/widgets"]);Le site de la raffinerie a été le théâtre de violentes batailles depuis que l'Etat islamique a pris le contrôle de pans entiers de l'Irak et de la Syrie en 2014. La raffinerie, l'une des plus importantes du pays, produisait autrefois 300 000 barils par jour, fournissant 50 % de la demande locale. Elle est devenue la cible d'attaques répétées des djihadistes.Le responsable militaire a estimé que les combats de samedi étaient « les plus violents depuis que nous avons brisé le siège (de l'EI) il y a quelques mois ». Une référence à l'opération de l'armée irakienne, soutenue par des frappes aériennes de la coalition menée par les Etats-Unis, qui a finalement réussi en octobre 2014 à briser le siège lors de la reprise de la ville de Baïji, juste au sud de la raffinerie.Lire aussi en édition abonnés : Face à l’Etat islamique, l’Irak à la reconquête de lui-même 11.04.2015 à 21h26 • Mis à jour le12.04.2015 à 11h25 Un homme s'est suicidé samedi 11 avril à proximité du Congrès américain dans la capitale fédérale Washington, entraînant une courte fermeture du Capitole, a indiqué la police. Selon celle-ci, l'homme, qui portait une pancarte réclamant une « justice sociale », a sorti une arme avec laquelle il s'est suicidé, près de la partie ouest du Capitole, le bâtiment qui abrite le Congrès, qui ne siège pas actuellement.Kim Dine, le chef de la police du Capitole, a déclaré que ce geste n'avait pas de lien avec le terrorisme, refusant de fournir l'identité de l'homme et le motif de son acte. « Nous savons de qui il s'agit, mais nous devons évidemment vérifier ça », a déclaré M. Dine.Il a également affirmé qu'aucun coup de feu n'avait été tiré par ses hommes et a précisé que le sac-à-dos et un étui appartenant à l'homme avaient été examinés, avant que le bâtiment du Congrès et le centre des visiteurs situé à proximité ne soient rouverts. L'incident a eu lieu juste après 19 heures et la réouverture des bâtiments est intervenue près de trois heures plus tard.Le Congrès est situé à l'une des extrémités du National Mall, immense rectangle de verdure qui relie Capitol Hill au mémorial Lincoln trois kilomètres plus loin, en passant par la Maison Blanche, et tout au long duquel sont disséminés des monuments en hommage à des anciens combattants, à des héros américains et de nombreux musées.Des centaines de touristes s'y retrouvent chaque jour, et en particulier ce week-end, où se déroule le Festival des cerisiers japonais en fleurs, un événement qui attire chaque année des milliers de personnes. 11.04.2015 à 19h18 • Mis à jour le12.04.2015 à 11h35 | Paulo A. Paranagua (Panama, envoyé spécial) Le face-à-face tant attendu entre le président américain, Barack Obama, et son homologue cubain, Raul Castro, a finalement eu lieu, samedi 11 avril en début d'après-midi, en marge du septième Sommet des Amériques, au Panama.Leur réunion à huis clos a été suivie d'une brève rencontre conjointe avec la presse, au cours de laquelle les deux présidents sont apparus très décontractés, parlant presque à l'unisson. Dans un sommet où les voix dissonantes n'ont pas manqué, le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba, deux voisins ennemis pendant cinquante-six ans, fait figure d'événement encourageant, mais exceptionnel.Barack Obama a été le premier à prendre la parole devant les caméras : « Après cinquante ans sans changement de la politique américaine à l'égard de Cuba, j'ai pensé qu'il était temps de tenter autre chose ». « Le fait que le président Castro et moi soyons assis ici aujourd'hui représente un évènement historique », a poursuivi le président américain, estimant que le changement de cap dans la politique cubaine des Etats-Unis marquait « un avant et un après dans l'hémisphère ».« Tout peut se discuter »L'administration Obama estime être en mesure de surmonter les difficultés du passé et d'ouvrir la voie vers l'avenir. La majorité des deux peuples répond d'ailleurs favorablement à ces changements. M. Obama estime que l'intensification des contacts directs et des connexions aura des retombées positives sur les modifications en cours dans les deux nations.Bien entendu, a poursuivi le président américain, il restera des « différences profondes » entre les deux gouvernements. Washington « continuera à évoquer la démocratie et les droits de l'homme et le discours passionné du président Raul Castro au sommet montre qu'il ne manquera pas de faire part de ses préoccupations sur la politique américaine ».Il est possible selon lui d'être en désaccord tout en respectant l'autre, le temps se révélant être le meilleur allié pour « tourner la page ». M. Obama a loué l'esprit d'ouverture et la courtoisie de M. Castro lors de leurs rencontres. L'essence de sa politique, a-t-il assuré, vise à favoriser la prospérité des Cubains et l'épanouissement « de leurs incroyables talents, ingéniosité et capacité de travail ».Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel en 2006, s'est dit disposé à aborder tous les sujets concernant Cuba et les Etats-Unis. « Tout peut se discuter si cela se fait avec beaucoup de respect pour les idées de l'autre », a assuré le chef d'Etat cubain, qui a abondé dans le sens de son homologue sur la question des droits de l'homme. En somme, les deux parties sont tombées d'accord sur le fait qu'elles pouvaient avoir des désaccords. Il ne faut pas se faire d'illusions, les différences sont nombreuses et l'histoire des deux pays compliquée. Mais M. Castro affirme sa volonté de progresser dans l'amitié des deux peuples, au cours des réunions bilatérales, vers l'ouverture d'ambassades et des visites mutuelles. Les deux pays sont proches du point de vue géographique, mais il faudra beaucoup de patience. Cela étant, le rythme de vie est devenu très rapide. Il se peut qu'un désaccord d'aujourd'hui débouche sur un accord demain.Lire aussi : Que va changer le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba ?Les récriminations persistantesCe climat apaisé contraste avec les discours prononcés au cours de la séance plénière du sommet, samedi matin. Alors que les 35 chefs d'Etat et de gouvernement disposaient de huit minutes chacun, Raul Castro a justifié de parler six fois plus car Cuba était représentée pour la première fois dans ce type de conférence. Il a procédé à une virulente évocation des interventions des Etats-Unis dans l'île depuis le XIXe siècle et des méfaits du « blocus » américain depuis un demi-siècle.Il a rappelé avec le ton dramatique d'un ancien combattant le débarquement anticastriste de la baie des Cochons (1961). Il a néanmoins affirmé que Barack Obama n'était nullement responsable de cette politique, contrairement à ses dix prédécesseurs à la Maison Blanche. Il a affirmé aussi que le président américain était un « honnête homme » et a loué sa demande au Congrès de lever l'embargo, tout comme le retrait de Cuba de la liste des Etats soutenant le terrorisme.Cette longue digression historique suivait l'intervention de M. Obama lui-même devant ses pairs des Amériques et des Caraïbes. Avec un mélange de décontraction et d'ironie, le président américain a dit qu'il appréciait les leçons d'histoire qu'on lui prodiguait lors de ces sommets. Il a rappelé ses propres souvenirs de la lutte de Martin Luther King pour les droits civiques. Mais il préfère régler les problèmes et se tourner vers l'avenir au lieu de laisser les Etats-Unis « prisonniers de leur passé ».Le premier à égrener des récriminations historiques avait été le président équatorien, Rafael Correa. Après Raul Castro, la présidente argentine, Cristina Kirchner, a défié à son tour son homologue américain : « J'adore l'Histoire. » Outre les leçons du passé, elle a défendu les idéologies et critiqué les organisations non gouvernementales (ONG), coupables à ses yeux de financements obscurs et de manœuvres déstabilisatrices.« Obama n'est pas George W. Bush »Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a poussé les analogies historiques plus loin : il a comparé l'invasion militaire américaine du Panama, en 1989, et la menace qui pèserait aujourd'hui sur le Venezuela. « Obama n'est pas George W. Bush, a-t-il affirmé. Je respecte Obama, mais je ne lui fais pas confiance. »Pas surprenant, puisqu'il a accusé l'ambassade des Etats-Unis à Caracas de conspirer en vue de son assassinat. L'intervention d'Evo Morales, le président de la Bolivie, a renchéri en mettant en parallèle le passé colonial de l'Amérique latine et le présent, où « l'Empire » est incarné par les Etats-Unis.Ces opinions expliquent qu'il n'y ait pas eu de consensus pour adopter une déclaration finale du Sommet des Amériques, en dépit d'un minimum commun dénominateur constitué par le soutien unanime au rapprochement entre Washington et La Havane, ainsi qu'aux négociations en cours entre Bogota et la guérilla colombienne.Lire aussi l'analyse (édition abonnés) : A Panama, Obama et Castro prêts à tourner la pageObama et Maduro ont eu un « bref échange »Le président américain Barack Obama a eu samedi un « bref échange » de quelques minutes avec son homologue vénézuélien Nicolas Maduro en marge du Sommet des Amériques. Le président Obama a répété que « notre intérêt n'est pas de menacer le Venezuela mais de soutenir la démocratie, la stabilité et la prospérité au Venezuela et dans la région », a indiqué à la presse Katherine Vargas, porte-parole de la présidence américaine.L'échange a eu lieu alors que M. Obama quittait le sommet. Le président américain a également répété « son fort soutien à un dialogue pacifique » au Venezuela, pays secoué par une crise économique et politique, avec plusieurs opposants au gouvernement socialiste de Nicolas Maduro emprisonnés.Paulo A. Paranagua (Panama, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.04.2015 à 12h57 Publiés, supprimés, puis republiés. Voilà l'inhabituel va-et-vient qu'ont subi ces derniers jours deux « posts » du site américain Buzzfeed, en plein questionnement sur l'identité éditoriale de la publication.Le premier article incriminé, qui critiquait avec virulence une publicité pour les savons Dove, a été discrètement supprimé jeudi 9 avril et remplacé par la mention « Nous avons retiré ce post car il n'est pas en ligne avec le ton de BuzzFeed Life », sans plus de précisions.Une décision qui a intrigué le site Gawker, qui s'est souvenu que la charte éditoriale et éthique de Buzzfeed interdisait de supprimer des « posts éditoriaux [...] pour des raisons liées à leur contenu, ou parce qu'un sujet ou une partie prenante l'a demandé ».En outre, Gawker n'a pas manqué de souligner que la marque Dove et sa maison mère, Unilever, s'étaient offert de nombreux espaces publicitaires sur Buzzfeed, y compris sous la forme de « native advertising », c'est-à-dire de publirédactionnel dont la forme est très proche de celle des articles du site.Pas d'opinions personnellesLe lendemain, Gawker a remué le couteau dans la plaie, démontrant comment Buzzfeed avait tout mis en œuvre pour faire disparaître un article critique sur le Monopoly, quelques semaines après avoir annoncé un grand partenariat publicitaire avec son fabricant, Hasbro, pour les 80 ans du célèbre jeu de société.Pour Gawker, la pression des annonceurs pourrait donc ne pas être étrangère au retrait de deux articles, d'autant qu'une ancienne employée de Buzzfeed avait fait état d'une histoire similaire en 2013, après avoir été remerciée. Un de ses articles sur les déodorants Axe avait été supprimé un mois après sa publication sur la demande d'Unilever, le propriétaire de la marque.La polémique prenant de l'ampleur, le rédacteur en chef de Buzzfeed, Ben Smith, a décidé de republier les deux articles en question, et de jouer la transparence en diffusant sur Twitter le courriel d'explication qu'il avait adressé à la rédaction. Il dément catégoriquement avoir cédé à des pressions publicitaires et explique avoir agi « impulsivement » en retirant ces deux articles, jugeant que les articles faisant état d'opinions personnelles des rédacteurs n'avaient pas leur place dans la ligne éditoriale du site..@iam486 & @emofly sent this to staff earlier today about why we changed a post: We are trying not to do hot takes http://t.co/bgVdxOR3Uh— Ben Smith (@BuzzFeedBen)require(["twitter/widgets"]);Cette nouvelle polémique survient quelques mois après la suppression brutale de près cinq mille anciens articles de Buzzfeed jugés non conformes aux « standards éditoriaux » actuels du site, notamment pour des problèmes de plagiat.Lire également : Buzzfeed en français : « Une part de notre contenu est global » 11.04.2015 à 10h26 • Mis à jour le12.04.2015 à 14h11 | Gilles Paris (Washington, correspondant) « Le temps d’un nouveau choix difficile viendra bien assez tôt. » C’est par cette phrase que s’achevaient les mémoires de secrétaire d’Etat publiées par Hillary Clinton en 2014, Hard Choices (en français Le Temps des décisions, Fayard). Ce temps-là est venu. Après avoir constitué une équipe et loué des locaux de campagne à Brooklyn, Mme Clinton devait officialiser sa candidature dimanche 12 avril. Personne ne doutait au fond de la volonté de l’ancienne First Lady de tenter une nouvelle fois sa chance après la défaite douloureuse enregistrée lors de la course à l’investiture de 2008, où elle faisait figure de favorite. Mme Clinton, alors sénatrice de l’Etat de New York depuis son élection en 2000, avait été débordée par la campagne d’un jeune sénateur de l’Illinois élu en 2004, Barack Obama, apparu très tôt comme un potentiel outsider alors qu’il était le moins expérimenté des huit candidats qui s’étaient portés sur les rangs.Huit ans plus tard, à 67 ans, l’ancienne secrétaire d’Etat se lance dans la course dans une tout autre configuration. Dépourvue de toute fonction officielle depuis trois ans, elle domine pourtant la concurrence d’une manière encore plus écrasante qu’en 2008. La moyenne des intentions de vote mesurées depuis des semaines lui donne généralement une avance de 40 points par rapport à une poignée de candidats potentiels dont aucun, pour l’instant, n’a d’ailleurs osé franchir le pas.Dépourvue de toute fonction officielle depuis début 2013, Mme Clinton domine pourtant la concurrence d’une manière écrasanteLa polémique née le 2 mars, après la révélation par le New York Times d’un usage exclusif d’une adresse et d’un serveur personnels pour sa correspondance électronique pendant ses quatre années passées à Foggy Bottom, le quartier de Washington où est installé le département d’Etat, n’a pas remis en cause, pour l’instant, ce statut. Elle a, en revanche, fait resurgir une critique de la personnalité de Mme Clinton que ses années au Sénat et au département d’Etat avaient fait passer au second plan : celle de l’épouse manipulatrice et obsédée par le secret, une attaque qui avait surgi à l’occasion du scandale immobilier Whitewater qui avait entaché le premier mandat de son mari à la Maison Blanche.Lire aussi :Hillary Clinton accusée de dissimulation après l’utilisation d’une boîte mail personnelleLa toute-puissance actuelle de Mme Clinton souligne une faiblesse du camp démocrate : son incapacité conjoncturelle à faire émerger de nouvelles figures charismatiques, John Edwards en 2004, ou M. Obama quatre ans plus tard. Ce dernier a ensuite « gelé » son camp en se représentant en 2012, assuré de recevoir automatiquement l’investiture. Dans le même temps, une nouvelle génération de républicains a émergé à la faveur des succès engrangés lors des élections de mi-mandat, en 2010 et en 2014, au Sénat des Etats-Unis comme à des postes de gouverneur. Les républicains sont d’ailleurs majoritaires aussi bien au Sénat qu’à la Chambre et à la tête des Etats (près des deux tiers des gouverneurs sont républicains).Parmi les candidats potentiels qui pourraient contester l’investiture à Mme Clinton et qui ont, pour certains, commencé à arpenter les premiers Etats à organiser des primaires, un seul est âgé de moins de 60 ans, Martin O’Malley. Né en 1963, il a quitté ses fonctions de gouverneur du Maryland en janvier sur une fausse note puisqu’un républicain l’a remplacé à la tête de cet Etat « bleu », la couleur traditionnelle du Parti démocrate. Le vice-président, Joe Biden, qui entretient presque par coquetterie l’idée d’une nouvelle candidature après celle de 2008, a 72 ans. Bernie Sanders, sénateur indépendant du Vermont, qui vote ordinairement avec les démocrates, est plus vieux d’un an. Militante anti-Wall Street, Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts, en a 65, et exclut par ailleurs de se présenter.Toujours pas de programmeL’autre différence fondamentale avec 2008 constitue, pour Mme Clinton, un redoutable défi. Au lieu de faire campagne confortablement sur le bilan d’une présidence républicaine usée, celle de George W. Bush, elle va devoir arracher un troisième mandat démocrate consécutif en défendant une singularité sans pouvoir renier l’héritage que lui laissera M. Obama. Cette performance, seul Harry Truman l’a réalisée pour ce parti depuis la limitation à deux du nombre de mandats pouvant être accompli par un président, et dans des circonstances très particulières. Il avait succédé à Franklin D. Roosevelt après sa mort, en tant que vice-président, avant de remporter l’élection de 1948.Sur le fond, l’ancienne secrétaire d’Etat aura d’autant plus de mal à se distinguer de M. Obama que son centre de gravité politique est assez proche du sien. Après une campagne pour l’investiture virulente il y a huit ans (Mme Clinton avait contesté jusqu’au bout la victoire de M. Obama), les deux étaient d’ailleurs parvenus à collaborer sans difficultés pendant les quatre années suivantes au sein de la même équipe. Jusqu’à présent, sa critique la plus appuyée de l’action du président, exprimée en août 2014 dans un entretien à The Atlantic, a visé une politique étrangère jugée excessivement précautionneuse. Il s’agit d’un domaine dans lequel même ses adversaires lui concèdent une autorité.Par chance pour l’ancienne sénatrice, la reprise économique, qui a permis un relatif regain de popularité du président, pourra être mise à profit pour parer les attaques républicaines. Mme Clinton devrait également profiter de l’accent mis par M. Obama sur le sort des classes moyennes, les oubliées de la récession de 2008. Ce thème, décliné par le président à l’occasion des deux derniers discours sur l’état de l’Union, a d’ailleurs été en partie repris par le Parti républicain, même s’il avance pour y remédier des prescriptions radicalement opposées à celles des démocrates.L’ancienne secrétaire d’Etat dispose également d’autres atouts : l’évolution de la société américaine muselle le Parti républicain sur certains thèmes culturels, du mariage homosexuel à la défense de l’environnement. L’intransigeance du Grand Old Party sur la question de l’immigration continue par ailleurs de le couper d’une communauté hispanophone dont le poids électoral grandissant devient toujours plus déterminant pour la victoire dans une course à la présidentielle.L’ancienne sénatrice pourra mettre à profit l’actuelle reprise économique pour parer les attaques républicainesCette conjonction favorable et la perspective de l’accession pour la première fois d’une femme à la présidence des États-Unis ne dispense cependant pas d’une vision pour l’Amérique que Hillary Clinton s’est bien gardée jusqu’à présent de dévoiler. La campagne de promotion massive de ses Mémoires de secrétaire d’Etat est restée aussi convenue que le contenu de l’ouvrage. L’ancienne First Lady a ensuite poursuivi dans cette voie en multipliant les conférences grassement rémunérées au cours desquelles elle a souvent abordé le sujet de la place des femmes dans les sociétés. Elle n’a pas davantage esquissé de programme lorsqu’elle a apporté son soutien à des candidates en difficulté lors des élections de mi-mandat, sans grand succès par ailleurs.Le camp républicain, qui s’efforce depuis des années d’impliquer l’ex-secrétaire d’Etat dans l’attaque de la représentation diplomatique américaine de Benghazi, en Libye, qui avait coûté la vie, en septembre 2012, à l’ambassadeur John Christopher Stevens, a l’intention de mettre en avant la controverse des courriers électroniques dans sa tentative de démolition de Mme Clinton. Il ne pourra cependant la dépeindre comme une quasi-héritière dynastique et une élitiste coupée du peuple que si son candidat n’est pas l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, fils et frère de présidents des Etats-Unis.Car si Hillary Clinton parvient à faire l’économie de primaires démocrates coûteuses en fonds et en énergie, elle va en contrepartie devenir instantanément la femme à abattre pour ses adversaires, avant même le résultat indicatif des causus de l’Iowa et de la primaire du New Hampshire, dans un peu plus de neuf mois.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.04.2015 à 08h00 • Mis à jour le11.04.2015 à 08h00 Des hommes armés ont tué vendredi 10 avril vingt ouvriers dans la province du Balouchistan, dans le sud-ouest du Pakistan. Majoritairement issus de la province du Punjab, les hommes travaillaient sur un chantier de barrage dans la région de Gobdan.« Des hommes armés ont pris d'assaut vendredi soir un camp d'ouvriers dans la région de Gokh Don, au Balouchistan et tué vingt travailleurs », a déclaré à l'AFP un haut responsable de la police Tariq Khilji. Selon le gouvernement, les assaillants ont pris le dessus sur huit officiers de sécurité qui protégeaient le chantier pendant que les ouvriers dormaient. Trois d'entre eux ont été blessés.Aucun groupe n'a pour l'instant revendiqué l'attaque, dans une province qui est le théâtre d'une insurrection de basse intensité menée par des groupes balouches nationalistes et séparatistes qui revendiquent une part des revenus des matières premières de la région, ainsi qu'une autonomie complète vis-à-vis d'Islamabad. Leila Marchand Le pape François a prononcé publiquement, le 12 avril, le terme de « génocide » pour qualifier les massacres des Arméniens, une première pour le Vatican. Ces massacres, considérés comme l'un des tout premiers génocides du XXe siècle, ont eu lieu entre 1915 et 1923.Cent ans après, le bilan des victimes et des déportations reste un sujet controversé : les Arméniens estiment qu'environ 1,5 million des leurs ont été tués. Pour sa part, la Turquie considère qu'il s'agissait d'une guerre civile qui a fait 300 000 à 800 000 morts, autant du côté turc qu'arménien.Plus que les chiffres, c'est la reconnaissance d'un génocide qui cristallise les tensions. Cette reconnaissance est devenue l'objet d'un conflit diplomatique et a notamment été un des points de friction lors des négociations entre la Turquie et l'Union européenne, en vue d'une adhésion éventuelle à celle-ci.Les Nations unies définissent le terme de « génocide » ainsi :« (...) l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux : meurtre de membres du groupe, atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe »Le premier pays à reconnaître officiellement le massacre arménien est l'Uruguay, le 20 avril 1965. Le dernier en date est la Syrie, en mars 2015. Au total, seuls 23 pays l'ont reconnu.Il existe des différences entre ces reconnaissances. Dans la plupart des cas, il s'agit d'un projet de résolution soumis ou adopté par le Parlement. Aux Etats-Unis, par exemple, des résolutions sont plusieurs fois passées à la Chambre des représentants (1984) et à sa commission des affaires étrangères (2007), contre l'avis de Georges W. Bush, sans que ces textes ne deviennent force de loi.A l'inverse, la France a reconnu publiquement le génocide arménien dans la loi dans la loi du 29 janvier 2001. De même, en Uruguay comme en Argentine et à Chypre, une loi y a été adoptée afin d'établir une journée nationale d'hommage aux victimes du massacre le 24 avril.Des mots tabousMême avec une résolution ou une loi affichées dans le sens de la reconnaissance du génocide, tous les pays ne s'engagent pas au même niveau. Un degré d'engagement qui se reflète dans le vocabulaire choisi. L'Uruguay, par exemple, ne parle pas de « génocide » mais de « martyr ». C’est le cas aussi de l'Allemagne, qui admet seulement « des déportations et des massacres ».La Turquie n'est pas toujours désignée explicitement comme ayant une responsabilité dans les faits. Soit le texte ignore tout à fait de mentionner un auteur, comme celui du Vatican ou de la France par exemple, soit il reste assez flou et préfère citer « l'Empire ottoman », comme le Chili, la Syrie, la Suisse, l'Italie, le Liban ou la Belgique.Effectivement, « ce génocide a été commis dans l'Empire ottoman, la Turquie ne fut constituée comme Etat qu'en 1923 », rappelle l'historien Yves Ternon, mais « elle se présente comme l'héritière de l'Empire ottoman, donc de son histoire ».Stratégie diplomatiqueLe choix de la reconnaissance ou non du génocide arménien est en tout cas toujours lié à une stratégie diplomatique. Cela explique pourquoi les Etats-Unis ont tellement de mal à avancer sur ce point, en dépit de son importante diaspora arménienne : la Turquie est une alliée de longue date de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) et joue un rôle stratégique dans les intérêts américains au Moyen-Orient, comme l'explique cette étude de l'Iris.Au Royaume-Uni, la question reste également très sensible, voire taboue. Ses diplomates ne parlent pas de « génocide » mais de « ce qui s'est passé entre 1915 et 1923 ». Le pays compte beaucoup de ressortissants turcs et tient à préserver de bonnes relations avec la Turquie. Ce qui n'a pas empêché les Parlements écossais et irlandais du Nord à voter une motion générale reconnaissant le génocide en janvier 2010.Leila MarchandJournaliste au Monde 13.04.2015 à 17h17 • Mis à jour le13.04.2015 à 17h57 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Il est l’autre candidat de la Floride à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2016. Tout autre que lui aurait sans doute réfléchi à deux fois avant de se lancer dans la mêlée. Tout d’abord parce que son jeune âge, 44 ans, permettait à Marco Rubio d’envisager une candidature après quelques années supplémentaires d’apprentissage au Congrès des Etats-Unis.Ensuite parce qu’il va devoir rivaliser avec l’ancien gouverneur de son Etat, Jeb Bush. Ce dernier, qui ne s’est pas encore officiellement déclaré, dispose d’un nom, d’une expérience, et d’une capacité à lever des fonds indiscutables. L’ambition, pourtant, l’a emporté. Il ne serait d’ailleurs pas le premier élu associé à une minorité américaine à prétendre à la Maison Blanche, voire à s’y installer, avant même d’avoir achevé un premier mandat de sénateur.Lire aussi :Primaires aux Etats-Unis : une « offre » pléthorique chez les républicainsLes titres des deux livres déjà publiés par le junior senator de Floride disent l’essentiel de lui : An American Son et American Dreams. Issu d’une famille modeste immigrée de Cuba, Marco Rubio a fait très tôt le choix d’une carrière politique. Adolescent, il ressasse le discours prononcé quelques années plus tôt par le sénateur démocrate Ted Kennedy, lors de la convention démocrate de 1980. Mais la personnalité de Ronald Reagan, élu cette même année à la présidence des Etats-Unis, et auquel un grand-père adoré voue une admiration sans bornes, va ensuite l’attirer dans le camp républicain.Ses premiers pas, Marco Rubio les effectue dans le milieu cubano-républicain spécifique de Miami : auprès de la représentante Ileana Ros-Lehtinen, la première élue du Congrès née à Cuba, pour la politique ; et d’Al Cardenas, patron d’un puissant cabinet d’avocats né également sur l’île, pour sa carrière de juriste. Marié très tôt à une ancienne camarade de lycée, membre des cheerleaders de l’équipe de football des Miami Dolphins, il se lance en politique en 1997 et est élu à la Chambre de Floride deux ans plus tard. Il y siège pendant huit années consécutives et devient le premier « speaker » d’origine cubaine de cette Assemblée. Il est également le plus jeune à ce poste de l’histoire de l’Etat.Indiscutable conservatismeExcellent orateur, il se sert de ce tremplin pour se faire élire au Sénat des Etats-Unis en 2010, battant au passage le gouverneur Charlie Crist, le successeur démocrate de Jeb Bush, au terme d’une campagne marquée par la poussée du mouvement Tea Party dont il emprunte les thématiques et l’alarmisme presque insurrectionnel. Une fois élu, il ne rejoindra cependant pas le caucus droitier constitué deux ans plus tard par l’un de ses pairs d’origine hispanique, Ted Cruz, devenu sénateur du Texas.Même si ses votes reflètent un indiscutable conservatisme, principalement sur les questions de société, il travaille avec le démocrate du Delaware Chris Coons sur les questions d’emploi, puis vote avec treize autres républicains et l’ensemble des sénateurs démocrates en faveur d’une réforme de l’immigration qui suscite l’ire de l’aile droite du « Grand Old Party ».En octobre 2011, le St Petersburg Times et le Washington Post dévoilent un petit arrangement avec le passé : sa famille a quitté Cuba non pas après l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, comme il l’a toujours raconté, mais quatre ans auparavant, sous la dictature de Fulgencio Batista. Son parti ne lui en tient pas rigueur : en 2012, Marco Rubio est choisi pour ouvrir la convention républicaine chargée d’adouber Mitt Romney dans la perspective de l’élection présidentielle. Il fait alors figure de candidat potentiel à la vice-présidence, même si c’est finalement Paul Ryan, représentant du Wisconsin, qui est retenu.Opposition au rapprochement avec CubaAprès la défaite face à Barack Obama, il est chargé de répondre au discours sur l’état de l’Union prononcé par le président réélu, en janvier 2013. Il est alors moins à son avantage, et les réseaux sociaux tournent en ridicule l’une de ses contorsions pour saisir une bouteille d’eau, en plein milieu de son propos.En 2012, l’énergie déployée par Marco Rubio dans son Etat n’avait pas permis à M. Romney de l’emporter en Floride, et le très faible score de ce dernier parmi l’électorat latino n’avait pas peu contribué à son échec. Quatre ans plus tard, le sénateur s’est établi à son compte, misant sur la curiosité des électeurs. Le président Barack Obama n’a-t-il pas assuré, en décembre, en recourant à une formule très imagée, qu’ils auraient sans doute envie « d’une odeur de voiture neuve » ?Le sénateur, qui a choisi d’incarner l’opposition au rapprochement avec Cuba décidé par le président démocrate, même si cette perspective est plutôt vue favorablement par l’opinion américaine, prend soin d’assurer que Jeb Bush, son rival aujourd’hui, n’a jamais été son mentor. En 2005, après son élection au poste de speaker de la Chambre de Floride, il avait reçu des mains de ce dernier, alors gouverneur, une épée censée symboliser les combats à venir d’un « guerrier conservateur ». Cette épée-là est désormais dégainée.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.04.2015 à 15h26 • Mis à jour le13.04.2015 à 17h49 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) L’hommage de Lech Walesa n’a pas tardé. Quelques heures après l’annonce de la mort de Günter Grass, le Prix Nobel de la paix et ancien président polonais a salué la mémoire d’« un grand intellectuel qui aimait Gdansk, comme moi ».« Nous avons eu une vision similaire du monde, de l'Europe, de la Pologne. Nous avons vu l'avenir plutôt en rose, en tirant des leçons d'un mauvais passé entre Allemands et Polonais », a-t-il déclaré.« Nous avions beaucoup de choses en commun et peu de choses nous divisaient. Il savait que mon père était mort à cause de la guerre. Il savait que la conception allemande erronée avait coûté très cher au monde entier, et en particulier à la Pologne », a ajouté Lech Walesa, 71 ans, chef historique du syndicat Solidarité.Les premiers hommages en AllemagneComme on pouvait s’y attendre, la première réaction officielle au décès de Günter Grass est venue du Parti social-démocrate allemand (SPD), ce parti dont l’écrivain fut longtemps adhérent et dont il était resté un compagnon de route, parfois encombrant mais toujours fidèle. La longue déclaration faite par Sigmar Gabriel reflète cette relation : « Il a changé notre pays, l’a éclairé au meilleur sens du terme. Ses prises de parole souvent contestables et ses interventions dans différents domaines ont donné plus de couleurs, ont enrichi la culture politique allemande et ont modifié les relations entre la politique et la culture », note le président du SPD qui revient sur la « légendaire amitié [de l’écrivain] avec le chancelier Willy Brandt [1969-1974] » et le rôle actif pris par l’auteur du Tambour dans les campagnes de 1969 et 1972.Encore en février, Günter Grass avait pris part dans sa ville de Lübeck à une rencontre avec de jeunes auteurs. En 2013, il avait fait campagne en faveur de Peer Steinbrück, le candidat du SPD contre Angela Merkel.A la CDU, c'est Peter Tauber, le secrétaire général – et non Angela Merkel, la présidente, qui a réagi. Günter Grass était une « personnalité marquante de la République », note M. Tauber qui ajoute : « Il prenait parti, combattait pour ses positions et, de ce fait, n'était pas incontesté ». Néanmoins « avec sa mort, une voix critique, passionnée et provocante dans les débats de société s'est tue ».« Fier et obstiné »En avril 2012, Günter Grass avait publié dans la Süddeutsche Zeitung un poème « Ce qui doit être dit » dans lequel il accusait Israël de menacer l’Iran et du coup la paix dans le monde. Il critiquait les ventes d’armes allemandes, notamment des sous-marins, à Israël. Critiqué par la plupart des responsables politiques allemands, l’auteur avait fait en partie marche arrière, s’en prenant non plus à Israël mais à son gouvernement.Mais le soutien qu’il a alors reçu d’une partie de l’opinion avait conduit le SPD à modérer à son tour les critiques à son égard. Sigmar Gabriel avait affirmé dans un entretien au Spiegel, le 16 avril, que Günter Grass n'était pas « antisémite ». Il disait lire le poème incriminé comme « un appel à l'aide » de quelqu'un qui redoute une guerre au Proche-Orient et jugeait les critiques contre Günter Grass « exagérées et en partie hystériques ».Ce lundi, le journal conservateur Die Welt, qualifie « notre poète national » de citoyen « fier et obstiné ». Qu’ils l’aient aimé ou non, les Allemands semblent déjà regretter cet « esprit querelleur » (Süddeutsche Zeitung), ce « fauteur de troubles » (la chaîne 3 Sat) qui détonnait dans une Allemagne plus portée au consensus que jamais.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.04.2015 à 14h49 Les autorités chinoises ont libéré trois féministes qui avaient été arrêtées avec deux autres militantes à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, a annoncé l'avocat de l'une d'entre elles, lundi 13 avril.La détention depuis le vendredi 6 mars des trois femmes, qui prévoyaient de distribuer dans plusieurs villes du pays des tracts et des autocollants appelant à la fin du harcèlement sexuel dans les transports publics, a suscité des condamnations internationales et provoqué une vague d'indignation, notamment dans le milieu des organisations non gouvernementales.Wei Tingting, Wang Man et Zheng Churan devraient échapper à des poursuites, a indiqué Liang Xiaojun, le sort des deux autres militantes restant selon lui encore indécis.Lire : En Chine, des militantes féministes trop revendicatives envoyées en prison 13.04.2015 à 13h15 • Mis à jour le13.04.2015 à 13h27 Entre vendredi et dimanche, les garde-côtes italiens se sont portés au secours de 5 629 migrants clandestins partis des côtes méditerranéennes d'Afrique du Nord. Une embarcation surchargée a ainsi chaviré dimanche 12 avril au nord de la Libye, neuf de ses passages se sont noyés, 144 autres ont pu être sauvés. Au total, les autorités maritimes ont secouru des passagers de vingt-deux embarcations différentes.Des navires de la garde-côte et de la marine italienne, de même qu'un patrouilleur islandais assigné à la mission européenne Triton et des navires de commerce ont participé aux secours, précisent les autorités italiennes. Au cours du premier trimestre, quelque 480 migrants sont morts en Méditerranée, contre moins de 50 au premier trimestre 2014, d'après l'Organisation internationale des migrations.Lire : « Clandestino », l'immigration clandestine dans une BD docu-fictionSur l'ensemble de l'année 2014, on estime que 3 500 personnes se sont noyées en tentant la traversée de la Méditerranée et que plus de 170 000 autres ont réussi à atteindre les côtes italiennes. 13.04.2015 à 09h47 Pékin a limité, lundi 13 avril, le nombre de visites que ses ressortissants peuvent faire à Hongkong, pour tenter d'entraver le commerce dit « parallèle » de Chinois qui revendent sur le continent des produits achetés dans l'ancienne colonie britannique, a annoncé le chef de l'exécutif local.Les tensions ne sont pas retombées à Hongkong après les manifestations de masse pour réclamer davantage de liberté démocratiques. Bon nombre d'habitants ont le sentiment que l'influence de Pékin croît dans la région autonome passée sous contrôle chinois en 1997. La dernière source de ressentiment en date est la question du commerce parallèle et l'afflux à Hongkong de millions de Chinois accusés d'engorger les transports publics.Des Chinois font régulièrement le trajet en train pour acheter divers produits à Hongkong, profitant de prix plus bas, d'un choix plus large et d'une qualité supérieure. Ils revendent ensuite ces marchandises aussi diverses que des iPad ou du lait en poudre sur lesquelles ils ne paient pas de taxes, de l'autre côté de la frontière. Des manifestations organisées pour dénoncer le commerce parallèle ont donné lieu à des heurts avec la police.Lire (édition abonnés) : Hongkong : Pékin à la manœuvre« Visite hebdomadaire »Le chef du gouvernement de Hongkong, Leung Chun-ying, a déclaré lundi que les autorités chinoises avaient mis fin aux visas à entrées illimitées accordés aux habitants de la ville frontalière de Shenzhen. « Les visas n'autorisent plus qu'une visite hebdomadaire, a-t-il annoncé. C'est la politique qui avait été suggérée par le gouvernement de Hongkong et qui a été adoptée par les autorités centrales. » « Tout ce qui est susceptible d'accroître les tensions entre Hongkong et la société chinoise ne sera pas toléré », a-t-il prévenu. Il a également mis en garde contre l'organisation de nouvelles manifestations contre le commerce parallèle, les jugeant « contre-productives ».Le chef de l'exécutif a toutefois reconnu que le problème ne serait peut-être pas réglé avec cette nouvelle politique, des habitants de Hongkong pouvant être recrutés pour faire parvenir des marchandises au nord de la frontière. Après l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003, Hongkong avait ouvert les bras aux touristes venus de Chine dans l'espoir de donner un nouveau souffle à son économie. En 2014, 47 millions de Chinois ont visité la ville de sept millions d'habitants. La nouvelle politique devrait limiter de près de 10 % le nombre de visites. 23.04.2015 à 16h04 • Mis à jour le23.04.2015 à 18h26 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2np3zp"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2np3zp", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Deux otages, un Américain et un Italien, ont été tués par erreur au cours d'une opération antiterroriste américaine menée en janvier à la frontière pakistano-afghane. La Maison Blanche a annoncé, jeudi 23 avril, que Warren Weinstein et Giovanni Lo Porto, qui étaient aux mains d'Al-Qaida, avaient été les victimes collatérales de l'opération contre un dirigeant du groupe terroriste, Ahmed Farouq.« L'opération visait une base d'Al-Qaida dont nous n'avions aucune raison de penser qu'elle abritait des otages, a précisé dans un communiqué la Maison Blanche. Selon les services du renseignement américain, « il n'y avait aucun civil sur le site et  capturer les terroristes n'était pas possible », a expliqué le président américain, Barack Obama.Selon le Wall Street Journal, l'opération a été menée par des drones, devenus un élément central de la stratégie de contre-terrorisme américaine. Les frappes par drones se sont ainsi multipliées au Pakistan, au Yémen et en Somalie depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama.« Nous n'avons pas assez de mots pour dire combien nous regrettons cette terrible tragédie. » Assumant la « pleine responsabilité » de l'opération, le président américain, Barack Obama, a réagi en exprimant sa « douleur » et promis de tirer les « leçons » de cette erreur. Justifiant la déclassification du dossier, le dirigeant américain a expliqué que « les familles méritaient de connaître la vérité », soulignant que les Etats-Unis devaient faire preuve de transparence « dans les bons moments comme dans les moments difficiles ».Travailleurs humanitairesWarren Weinstein, un travailleur humanitaire américain, avait été enlevé par Al-Qaida à son domicile de Lahore, dans l'est du Pakistan, le 13 août 2011. En échange de sa libération, le chef d'Al-Qaida Ayman Al-Zaouahiri, demandait à la Maison Blanche la fin des frappes aériennes en Afghanistan, au Pakistan, en Somalie et au Yémen, et la libération de prisonniers, dont des proches d'Oussama Ben Laden.Lire aussi : Al-Qaida revendique l'enlèvement d'un Américain au PakistanQuand il a été enlevé, Warren Weinstein était au Pakistan depuis cinq ans, employé par une société privée qui mène des projets de développement pour divers clients internationaux, dont l'Agence gouvernementale américaine d'aide au développement (USAID). Il avait été capturé à Model Town, un quartier huppé de Lahore, une des villes réputées les plus libérales et sûres du pays, deux jours avant son départ définitif du Pakistan.L'otage italien, Giovanni Lo Porto, était quant à lui aux mains d'Al-Qaida depuis 2012. Il avait été kidnappé le 19 janvier 2012 avec l'Allemand Bernd Muehlenbeck à Multan, principale ville du sud de la province du Pendjab. M. Muehlenbeck a été libéré en octobre 2014 à Kaboul.MM. Lo Porto et Muehlenbeck travaillaient pour l'organisation non gouvernementale allemande Welt Hunger Hilfe. Giovanni Lo Porto s'était rendu en République centrafricaine et en Haïti avant d'aller au Pakistan. Dans le cadre d'un projet financé par l'Union européenne, il avait pour mission d'aider à la construction de logement d'urgence après des inondations dévastatrices de 2010, qui avaient touché jusqu'à 21 millions de personnes.La responsabilité « incombe aux terroristes »Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a présenté ses « condoléances les plus sincères » à la famille de Giovanni Lo Porto, « qui a consacré sa vie au service des autres ». « Mes condoléances vont aussi à la famille de Warren Weinstein », a-t-il ajouté.Le ministère des affaires étrangères italien a quant à lui déploré « une erreur tragique et fatale de nos alliés américains ». Cependant, la responsabilité de la mort de l'Italien Giovanni Lo Porto et de l'Américain Warren Weinstein « incombe entièrement aux terroristes, contre lesquels nous confirmons l'engagement de l'Italie avec nos alliés ».La Maison Blanche a dans le même temps annoncé qu'une seconde opération menée en janvier avait conduit à la mort d'Adam Gadahn, un Américain converti à l'islam, dit « Azzam l'Américain », qui était devenu porte-parole d'Al-Qaida. 23.04.2015 à 12h32 • Mis à jour le23.04.2015 à 14h59 L'essentielSerge Atlaoui, 51 ans, a été arrêté en 2005 avec huit autres individus dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy à Djakarta.Condamné en 2007 à la peine capitale pour trafic de drogue, il a toujours clamé son innocence. Son dernier recours a été rejeté.Le gouvernement français a appelé l'Indonésie à faire « un geste de clémence » envers le prisonnier français. Après le rejet par la Cour suprême indonésienne de l'ultime recours du Français condamné à mort pour trafic de drogue et l'appel à la clémence du chef de l'Etat, François Hollande, Paris hausse à nouveau le ton jeudi 23 avril. Dans une lettre adressée à son homologue indonésien, Retno Lestari Priansari Marsudi, le chef de la diplomatie française accuse la justice indonésienne de « graves dysfonctionnements ».Laurent Fabius, qui avait annoncé, mercredi, la convocation de l'ambassadeur d'Indonésie, pour la troisième fois depuis le mois de février, fait valoir que les autorités de ce pays ont dit que le recours présenté par le prévenu serait rejeté, alors même qu'il était en cours d'examen. Il ajoute que « la décision de la Cour suprême a été rendue en quelques semaines et sans audition des témoins », ce qui constitue un « traitement expéditif ». Serge Atlaoui « n'a pas bénéficié du plein exercice de ses droits », pointe le ministre des affaires étrangères français.La France « demande instamment que l'Indonésie respecte dans cette affaire ses propres règles de droit et les obligations internationales que lui imposent les conventions auxquelles elle est partie », ajoute M. Fabius, demandant de nouveau un « geste de clémence » pour le condamné.Lire (édition abonnés) : La justice indonésienne rejette l’ultime recours épuisé de Serge Atlaoui« Affirmations erronées »Paris ne cesse de hausser le ton depuis le début de la semaine pour tenter de sauver Serge Atlaoui, incarcéré depuis dix ans et qui clame son innocence, affirmant qu'il n'a fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique, et qui abritait en réalité une fabrique clandestine d'ecstasy.Cette exécution « serait dommageable pour l'Indonésie, dommageable pour les relations que nous voulons avoir avec elle », avait déclaré mercredi le président français François Hollande, en rappelant son opposition de principe à la peine de mort, abolie dans son pays en 1981.M. Fabius relève également dans son courrier des « affirmations erronées » dans la décision de condamner M. Atlaoui à mort, notamment le fait qu'il « est présenté comme étant chimiste alors que tant ses co-condamnés que l'ensemble des témoignages permettent d'établir qu'il est soudeur et travaillait en tant que tel dans l'usine où étaient produits des stupéfiants ». Lire l'éditorial du Monde (édition abonnés) : Condamnés à mort en Indonésie : non ! Maryline Baumard et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Réunis à Bruxelles en sommet extraordinaire jeudi 23 avril après-midi, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se fixent quatre objectifs pour tenter à la fois d’éviter d’autres drames de l’immigration en Méditerranée et trouver, entre eux, davantage de solidarité pour l’accueil des réfugiés. Un projet de conclusions lu, jeudi matin, par Le Monde reprend, dans les grandes lignes, une liste de 10 objectifs élaborée au début de la semaine par la Commission européenne, lors d’une réunion conjointe des ministres de l’intérieur et des affaires étrangères.Evoquant la nécessité de répondre à « la tragédie » des derniers jours, le texte souligne d’abord la volonté d’accroître « rapidement » les moyens des opérations menées sous l’égide de l’agence Frontex en Méditerranée. Missions de surveillance, « Triton » et « Poséidon », devraient voir « leurs possibilités de recherche ET de sauvetage » accrues « dans le cadre du mandat de Frontex ». Cela suppose une adaptation de ce mandat et une extension de la zone d’intervention de l’agence des frontières, dont les embarcations sont cantonnées jusqu’ici à 30 miles nautiques des côtes italiennes. Il faudra également déterminer les moyens matériels à mettre en œuvre et les trouver auprès des différents Etats membres disposant de forces navales. La France, l’Espagne, la Belgique formulent des promesses d’engagement supplémentaire mais attendent de voir quel sera l’effort accompli par d’autres pays.Accueil de 5 000 réfugiésAu plan financier, le projet de conclusions évoque « au moins un doublement, en 2015 et 2016 ». Certaines capitales soulignent la nécessité d’agir très vite et massivement, espérant convaincre tous leurs partenaires. Un autre test concerne l’accueil – « sur une base volontaire » a dû préciser la Commission – de 5 000 réfugiés, identifiés comme tels par les Nations unies et séjournant actuellement dans des camps au Liban, en Jordanie ou en Turquie. La question n’était pas réglée avant le démarrage des discussions. L’Allemagne, qui a déjà accueilli 30 000 Syriens (pour 10 000 au total dans les autres Etats membres) se dit prête à un nouvel effort. Un moyen, surtout, de forcer ses partenaires à l’imiter. La France, pour sa part, a promis d’accueillir 1000 Syriens identifiés par le HCR, auxquels s’ajoute l’attribution de 500 visas.En ce qui concerne l’éventualité d’un programme d’urgence dit de « réinstallation » de réfugiés au sein de différents Etats membres, les conclusions se limitent à évoquer « la prise en considération des options ». Une directive européenne a été adoptée en 2001, évoquant une protection temporaire lors de crises graves. Elle n’a jamais été appliquée, notamment parce qu’elle suppose une répartition des personnes au sein de toute l’Union.Le dernier chapitre, le plus controversé et le plus flou à ce stade, concerne la lutte contre les réseaux de trafiquants. Il s’agit de démanteler les réseaux, « d’identifier, capturer et détruire » les embarcations des passeursEntre opinions hostiles, mouvements populistes et réticences en leur propre sein, certains gouvernements ne feront rien pour favoriser une évolution. Pas plus que pour modifier les règles de « Dublin II », qui prévoient que c’est le pays par lequel entre un migrant ou un candidat réfugié qui doit examiner sa demande, lui fournir un abri et, le cas échéant, le renvoyer. On promettra, au mieux, à l’Italie et à la Grèce de leur fournir des fonctionnaires et des matériels supplémentaires pour les aider à affronter d’autres situations critiques. Au nom du « renforcement de la solidarité » entre les pays.Démantèlement des réseauxD’autres promesses seront par ailleurs adressées à cinq pays tiers (l’Égypte, la Tunisie, le Soudan, le Niger et le Mali). Pour éviter d’autres exils massifs, ils devraient recevoir des aides financières ainsi qu’un soutien pour la surveillance de leurs frontières. En échange, l’Union espère les convaincre d’accepter davantage d’accords de réadmission pour les « immigrés économiques », qui se verront refuser l’asile en Europe.Le dernier chapitre, le plus controversé et le plus flou à ce stade, concerne la lutte contre les réseaux de trafiquants. Il s’agit de démanteler les réseaux, « d’identifier, capturer et détruire » les embarcations des passeurs. Dans le cadre d’une mission européenne de sécurité et de défense commune (PSDC), « en accord avec les lois internationales ». Opération policière, militaire, appuyée le cas échéant par les Nations unies ? La question reste ouverte. Le projet pourrait impliquer Europol, Eurojust, Frontex et les services de renseignement – européens et étrangers – mais ne sera, à l’évidence, pas simple à concrétiser.Avant même que le rendez-vous n’ait eu lieu, Amnesty International France ne cache pas sa déception : « Après les révélations par le “Guardian” des conclusions provisoires du sommet, “Triton” reste la norme, le budget serait au moins doublé, toujours inferieur à “Mare Nostrum”, davantage de navires sont attendus. L'aire de déploiement resterait la même. L'UE s'apprête peut-être à adopter l’un des pires scénarios possibles, très loin de notre appel pressant à la mise en place d'une opération de sauvetage de grande envergure », souligne l’ONG.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.04.2015 à 09h47 • Mis à jour le23.04.2015 à 10h27 L'ancienne directrice générale du groupe informatique Hewlett-Packard Carly Fiorina va se lancer, le 4 mai, dans la course à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis, selon le Wall Street Journal.Elle devrait en faire l'annonce sur Internet, à l'inverse des sénateurs Ted Cruz, Rand Paul, Marco Rubio, en attendant que Jeb Bush déclare ses intentions.Voir le diaporama : Qui sont les candidats officiels à la Maison Blanche ?Le 29 mars, s'exprimant sur la chaîne Fox News, Carly Fiorina a précisé qu'elle ne pouvait pas encore annoncer sa candidature étant donné que, entre autres, elle travaillait encore à la constitution de son équipe, mais elle a ajouté qu'elle dévoilerait ses projets fin avril ou début mai.L'ex-dirigeante d'HP est entrée en politique après avoir été forcée de démissionner du géant américain de l'informatique en 2005, quand les bénéfices de la société ont commencé à plonger.Conseillère de John McCain pendant la campagne présidentielle de 2008 remportée par Barack Obama, elle a porté deux ans plus tard les couleurs du Parti républicain pour l'élection au poste de sénatrice de Californie, mais a été battue par la démocrate Barbara Boxer.Lire aussi (édition abonnés) : Primaires aux Etats-Unis : une « offre » pléthorique chez les républicains 23.04.2015 à 09h02 • Mis à jour le23.04.2015 à 12h34 Alors que chefs d'Etat et de gouvernement européens devraient réviser l'opération « Triton » lors d'un sommet extraordinaire convoqué jeudi à Bruxelles, un demi-million de migrants pourraient tenter cette année la dangereuse traversée de la Méditerranée, estime l'Organisation maritime internationale (OMI), une institution de l'ONU.« Il est temps de réfléchir vraiment à la manière de stopper le passage très dangereux et risqué de migrants sur de petits bateaux » partant du continent africain pour rejoindre les rives européennes de la Méditerranée, a déclaré le directeur de l'OMI, Koji Sekimizu. « Si nous ne faisons rien, je crois que cette année nous allons voir un demi-million de migrants traverser la Méditerranée, et dans ce cas, il pourrait potentiellement y avoir jusqu'à 10 000 morts », a-t-il ajouté.Jeudi matin, 220 migrants sont arrivés à Catane, en Sicile, dans une région qui s'attend à en accueillir 5 000 par semaine jusqu'en septembre, selon le ministère de l'intérieur italien.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2nnlaq"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2nnlaq", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« LUTTER CONTRE LES PASSEURS »« C'est un problème très sérieux. Il faut prendre des mesures », a souligné M. Sekimizu, quelques jours après un nouveau naufrage qui a fait quelque 800 morts, la pire tragédie en Méditerranée. En 2014, plus de 170 000 migrants ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l'Europe, et 3 000 d'entre eux ont péri. « Nous ne devrions pas seulement nous préoccuper des opérations de recherches et de secours, mais aussi lutter contre les passeurs, les trafiquants en coulisses », a souligné le responsable.Lire : Naufrages de migrants : qui est responsable ?Depuis le début de l'année, quelque 1 750 migrants, hommes, femmes et enfants ont péri en mer, soit trente fois plus que durant la même période de 2014, selon l'OMI. Les dirigeants européens doivent se prononcer jeudi sur une opération militaire contre les trafiquants de migrants en Libye responsables de la tragédie survenue dimanche en Méditerranée, dont des survivants commencent à raconter l'horreur.Lire : Méditerranée : chiffres et carte pour comprendre la tragédie 23.04.2015 à 07h55 • Mis à jour le23.04.2015 à 08h03 Par un collectif1915-2015. Cela fait cent ans qu’a débuté le génocide des Arméniens dans l’Empire ottoman. Un massacre au cours duquel un million et demi d’Arméniens ont été assassinés.Cela fait cent ans, cent ans de trop, que le négationnisme de ce crime se situe au cœur de la politique et de la diplomatie de l’Etat turc, qui a été fondé notamment sur la spoliation des Arméniens et la destruction de leur culture.Cela fait cent ans que le négationnisme continue de faire des victimes, nourrit le nationalisme, alimente des conflits et empêche le déploiement de la liberté d’expression et de la démocratie en Turquie.Cela fait quelques années que des voix, de plus en plus nombreuses et soutenues par la société civile européenne, s’élèvent au sein de la société civile en Turquie pour reconnaître la réalité du génocide et commémorer en Turquie sa perpétration. C’est dans ce cadre que se tiennent, depuis 2010, les commémorations en Turquie.Cette année, l’Etat turc a cyniquement planifié les commémorations de la bataille de Gallipoli pour le 24 avril, dans une nouvelle tentative d’éclipser le génocide arménien. De plus, les autorités turques sont engagées dans une offensive de charme afin d’éviter un engagement international pour les commémorations du génocide arménien.Nous, Européens, Arméniens, Turcs et Kurdes, qui avons initié, organisé, soutenu ou participé à ces commémorations, appelons tous les individus épris de vérité à commémorer, ensemble et pacifiquement, à Istanbul le 24 avril prochain le génocide perpétré contre les Arméniens.En effet, la commémoration de ce génocide n’est pas l’affaire uniquement des Turcs et des Arméniens mais de l’humanité entière, et c’est notamment au sein de la société turque que se situe aujourd’hui la ligne de front du combat contre le négationnisme.Notre démarche partagée est universaliste. C’est une démarche de solidarité, de justice et de promotion de la démocratie, donc d’avenir.C’est une démarche de solidarité entre tous ceux qui se battent pour la vérité historique. La ligne de clivage n’est pas entre les Turcs et les Arméniens, mais entre ceux qui combattent le négationnisme et ceux qui le promeuvent, quelles que soient leurs origines et leurs nationalités.C’est une démarche de justice. Le génocide est l’acte politique le plus violent auquel le racisme puisse aboutir et le négationnisme en est le prolongement. Lutter contre le négationnisme, c’est ainsi lutter contre le racisme, donc pour une société plus égalitaire et plus juste.C’est une démarche de promotion de la démocratie. Se souvenir des disparus est un acte d’humanité et de réparation symbolique qui s’impose à tous. Le faire en Turquie, c’est y accroître la liberté d’expression, c’est remettre en cause les fondements-mêmes du caractère non-démocratique du pouvoir turc.Ainsi, commémorer en Turquie le génocide arménien permet à tous, en particulier aux jeunes générations, rassemblés autour des valeurs partagées de la démocratie, de se confronter à la vérité historique, donc de pouvoir se projeter ensemble vers l’avenir.Nous appelons tous ceux qui partagent ces valeurs et cette vision à nous rejoindre et à commémorer, le 24 avril prochain à Istanbul, le centième anniversaire du génocide arménien.Benjamin Abtan, président du Mouvement antiraciste européen - EGAM, Charles Aznavour, chanteur, Bernard Kouchner, ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmet Insel, professeur à l'université Galatasaray d'Istanbul (Turquie), Amos Gitaï, cinéaste (Israël), Alexis Govciyan, président de l'Union générale arménienne de bienfaisance - Europe, Levent Sensever, porte-parole de Durde! (Turquie), Bernard-Henri Lévy, écrivain, philosophe, Özütrk Turkogan, président de l'Association pour les droits de l'homme - IHD (Turquie), Dario Fo, Prix Nobel de littérature (Italie)   11.04.2015 à 12h57 Publiés, supprimés, puis republiés. Voilà l'inhabituel va-et-vient qu'ont subi ces derniers jours deux « posts » du site américain Buzzfeed, en plein questionnement sur l'identité éditoriale de la publication.Le premier article incriminé, qui critiquait avec virulence une publicité pour les savons Dove, a été discrètement supprimé jeudi 9 avril et remplacé par la mention « Nous avons retiré ce post car il n'est pas en ligne avec le ton de BuzzFeed Life », sans plus de précisions.Une décision qui a intrigué le site Gawker, qui s'est souvenu que la charte éditoriale et éthique de Buzzfeed interdisait de supprimer des « posts éditoriaux [...] pour des raisons liées à leur contenu, ou parce qu'un sujet ou une partie prenante l'a demandé ».En outre, Gawker n'a pas manqué de souligner que la marque Dove et sa maison mère, Unilever, s'étaient offert de nombreux espaces publicitaires sur Buzzfeed, y compris sous la forme de « native advertising », c'est-à-dire de publirédactionnel dont la forme est très proche de celle des articles du site.Pas d'opinions personnellesLe lendemain, Gawker a remué le couteau dans la plaie, démontrant comment Buzzfeed avait tout mis en œuvre pour faire disparaître un article critique sur le Monopoly, quelques semaines après avoir annoncé un grand partenariat publicitaire avec son fabricant, Hasbro, pour les 80 ans du célèbre jeu de société.Pour Gawker, la pression des annonceurs pourrait donc ne pas être étrangère au retrait de deux articles, d'autant qu'une ancienne employée de Buzzfeed avait fait état d'une histoire similaire en 2013, après avoir été remerciée. Un de ses articles sur les déodorants Axe avait été supprimé un mois après sa publication sur la demande d'Unilever, le propriétaire de la marque.La polémique prenant de l'ampleur, le rédacteur en chef de Buzzfeed, Ben Smith, a décidé de republier les deux articles en question, et de jouer la transparence en diffusant sur Twitter le courriel d'explication qu'il avait adressé à la rédaction. Il dément catégoriquement avoir cédé à des pressions publicitaires et explique avoir agi « impulsivement » en retirant ces deux articles, jugeant que les articles faisant état d'opinions personnelles des rédacteurs n'avaient pas leur place dans la ligne éditoriale du site..@iam486 & @emofly sent this to staff earlier today about why we changed a post: We are trying not to do hot takes http://t.co/bgVdxOR3Uh— Ben Smith (@BuzzFeedBen)require(["twitter/widgets"]);Cette nouvelle polémique survient quelques mois après la suppression brutale de près cinq mille anciens articles de Buzzfeed jugés non conformes aux « standards éditoriaux » actuels du site, notamment pour des problèmes de plagiat.Lire également : Buzzfeed en français : « Une part de notre contenu est global » 11.04.2015 à 08h30 La nonne tibétaine Yeshi Khando est probablement décédée après s'être immolée par le feu pour protester contre la domination chinoise sur la région de l'Himalaya et exprimer son soutien au dalaï-lama, ont annoncé samedi 11 avril des organisations de défense des droits de l'Homme et des médias. Elle est la 138e Tibétaine à accomplir ce geste désespéré depuis 2009.Tibetan woman, Yeshi Khando set herself on fire in protest against China. http://t.co/g3ZQh7pSrH http://t.co/0171LPNXqN— Free Tibet (@freetibetorg)require(["twitter/widgets"]);Yeshi Khando marchait autour du monastère de Kardze faisant une prière couramment pratiquée dans le bouddhisme tibétain quand elle s'est immolée près du poste de police régional de Ganzi, ont précisé le groupe Tibet Libre basé en Grande-Bretagne, l'association Campagne Internationale pour le Tibet (ICT) et Radio Free Asia (RFA), financée par les Etats-Unis.La religieuse, âgée de 47 ans, « a lancé un appel en faveur du retour du dalaï lama », le maître spirituel du Tibet en exil, et de « la liberté du Tibet », a rapporté RFA, citant des sources anonymes. Selon l'organisation, les personnes présentes ne pensaient pas que Yeshi Khando puisse survivre. Son corps a été rapidement emporté par les forces de sécurité et sa famille a été convoquée par la police, selon Tibet Libre.Mercredi, un haut cadre du Parti communiste chinois (PCC) au Tibet, Chen Quanguo, a appelé à évaluer « le patriotisme » des moines et nonnes bouddhistes et à installer le drapeau rouge de la République populaire sur les monastères.Commencée en 2009, la vague d'immolations de Tibétains en Chine a connu un pic en novembre 2012 lors de la préparation du Congrès du parti communiste chinois. Depuis, ces gestes se sont fait plus rares, notamment après la mise en place d'amendes et de mesures de rétorsion pour les familles et les proches des immolés par les autorités chinoises. 11.04.2015 à 05h38 • Mis à jour le11.04.2015 à 07h43 Une voiture piégée a explosé vendredi soir dans le parking d'un centre commercial de l'île touristique de Samui, blessant légèrement sept personnes, a indiqué la police thaïlandaise samedi 11 avril.L'explosion s'est produite dans le parking souterrain du centre commercial Central Festival alors que des clients faisaient leurs achats à l'intérieur du bâtiment, à la veille d'un long week-end férié.« Il s'agit d'une voiture piégée, mais nous ne pouvons confirmer le type de matériel explosif qui a été utilisé », a déclaré à l'AFP le général Prawit Thavorn Siri, porte-parole de la police nationale thaïlandaise. Selon les autorités, la bombe avait été placée dans un pick-up volé à Yala, l'une des trois provinces à majorité musulmane du sud du pays, touchée par une insurrection qui a fait des milliers de morts depuis une dizaine d'années.« Sept personnes ont été légèrement blessées après avoir été touchées par des éclats », avait auparavant indiqué le colonel Apichart Boonsboro, commandant de police de la province de Surat Thani, ajoutant qu'elles étaient toutes sorties de l'hôpital.Six Thaïlandais et une italienne blessésParmi les blessés figurent six Thaïlandais et une adolescente italienne de 12 ans, a affirmé de son côté Poonsak Sophonsasmorong, du bureau de prévention des catastrophes de l'île de Samui.La Thaïlande est touchée par une insurrection dans le sud du pays, à la frontière avec la Malaisie, où des insurgés, d'ethnie malaise et de religion musulmane, s'estiment victimes de discrimination dans un pays essentiellement bouddhiste. Depuis 2004, le conflit a fait plus de 6 300 morts dans des explosions, fusillades ou opérations des forces de l'ordre. Ce nouvel attentat survient alors que la junte au pouvoir tente de rassurer les touristes sur les conditions sécuritaires dans le pays.Lire (édition abonnés) : En Thaïlande, une guérilla oubliée sous les tropiques 11.04.2015 à 03h22 • Mis à jour le11.04.2015 à 10h32 Plusieurs shérifs adjoints du sud de la Californie ont été suspendus vendredi 10 avril après la diffusion par une télévision américaine d'une vidéo les montrant en train de battre un homme qui fuyait à cheval.Lire : Aux Etats-Unis, la longue histoire des brutalités policièresFrancis Jared Pusok, un homme de 30 ans au casier judiciaire bien rempli, a reçu treize coups de pied, trente-sept coups de poing et quatre coups de matraque jeudi, selon la chaîne de Los Angeles KNBC, qui a diffusé ces images filmées d'un de ses hélicoptères.John McMahon, shérif du comté de San Bernardino, s'est dit « troublé » sur KNBC par ces images, ajoutant qu'il avait demandé qu'une enquête interne soit ouverte sur l'incident, qui s'est produit dans les alentours d'Apple Valley, où habite Francis Jared Pusok, 130 kilomètres à l'est de Los Angeles.45 minutes sans assistance médicaleLors d'une conférence de presse vendredi après-midi, M. McMahon a fait savoir qu'avaient été identifiés « dix adjoints ayant fait usage de la force au cours d'une arrestation et qu'ils font l'objet d'une suspension administrative avec salaire ».« Je demande aux citoyens de faire preuve de patience pendant que nous menons cette enquête », a-t-il ajouté. Les conclusions seront transmises au procureur de la circonscription, qui déterminera s'il y a lieu ou non d'engager des poursuites, a-t-il précisé.Francis Jared Pusok avait pris la fuite à pied lorsque la police était venue mener une perquisition dans le cadre d'une enquête pour usurpation d'identité, et il s'était ensuite emparé d'un cheval, a indiqué le bureau du shérif dans un communiqué. Sur la vidéo, on le voit recevoir des décharges de pistolet électrique et tomber de cheval, puis se faire battre par une dizaine de shérifs adjoints.Il est resté au sol pendant quarante-cinq minutes sans assistance médicale, avant d'être finalement hospitalisé, selon la chaîne de télévision KNBC. Le bureau du shérif a reconnu « un usage de la force », soulignant que l'utilisation du Taser n'avait pas été efficace en raison « des vêtements amples » que l'individu portait.Plusieurs plaintes pour usage excessif de la forceTrois membres des forces de l'ordre ont également reçu des soins, deux pour déshydratation et un autre qui a été blessé par le cheval, lui-même présentant de « nombreuses blessures ».Francis Jared Pusok a par le passé été condamné pour avoir résisté à une arrestation, cruauté envers un animal, tentative de vol ou encore trouble à l'ordre public.De son côté, le bureau du shérif de San Bernardino fait l'objet de plusieurs plaintes pour usage excessif du pistolet électrique, dont une en mars déposée par l'American Civil Liberties Union, une association de défense des droits civiques. 10.04.2015 à 17h25 Des soldats israéliens ont tué un Palestinien et en ont blessé plusieurs autres, vendredi 10 avril, près d'Hébron, en Cisjordanie occupée, lors d'une manifestation à l'issue des obsèques d'un membre présumé du groupe Djihad islamique, Jaafar Awad. La victime était un parent du militant islamiste enterré. La mort de ce dernier, âgé de 23 ans, libéré d'une prison israélienne il y a trois mois, est dû selon sa famille à une maladie contractée durant son incarcération.Des allégations que contestent les autorités de l'Etat hébreu, mais qui n'ont pas empêché le cortège funéraire de se muer en mouvement de colère. Lors du défilé de milliers d'habitants de la localité de Beit Omar, certains ont jeté des pierres sur les militaires qui ont répliqué avec des grenades lacrymogènes, des balles caoutchoutées puis de vraies balles.Le dossier des prisonniers devant la CPILe père de Jaafar Awad avait affirmé à l'Agence France-Presse, alors que son fils était encore hospitalisé, qu'il avait passé quinze mois en détention durant lesquels « les médecins de la prison lui ont fait une piqûre qui l'ont rendu malade et l'ont totalement affaibli ».Selon ses parents, rencontrés au chevet du jeune homme, sous assistance respiratoire et incapable de parler ou de se mouvoir, « il avait perdu 30 kg, souffrait des yeux, des reins et de problèmes respiratoires ». Incarcéré pour « activités terroristes » et « appartenance au Djihad islamique » – des accusations réfutées par le défunt et sa famille –, il avait été condamné à deux reprises à des peines de détention par la justice israélienne. « Le nom du martyr Jaafar Awad vient s'ajouter à la longue liste des victimes des négligences médicales de l'occupant à l'encontre des prisonniers palestiniens », a de son côté accusé dans un communiqué Issa Qaraqe, chargé de la question des captifs au sein de l'Autorité palestinienne. Israël est « seul responsable de sa mort », a-t-il ajouté, avant de réclamer l'ouverture « immédiate » d'une enquête internationale sur ce cas et ceux des détenus hospitalisés après leur passage derrière les barreaux, « sans pouvoir retourner dans leur foyer ».M. Qaraqe a plaidé pour que le sujet des prisonniers fasse partie des dossiers présentés par les Palestiniens à la Cour pénale internationale, dont ils sont officiellement membres depuis le 1er avril. 10.04.2015 à 17h06 • Mis à jour le10.04.2015 à 18h03 | Clément Melki L’Etat islamique (EI) contrôle depuis lundi 6 avril la majeure partie du camp palestinien de Yarmouk, à Damas. Le quartier, en développement jusqu’à l’éclatement du conflit syrien, subit depuis 2011 les conséquences humaines et matérielles de la guerre. Sa possession reste stratégique, tant pour le régime de Bachar Al-Assad que pour l’EI.Un quartier à part entièreLes premiers Palestiniens se sont installés à Yarmouk à partir de 1957, après la première guerre israélo-arabe de 1948-1949. Situé dans le sud de Damas, à 7 kilomètres de l’hypercentre, ce camp est rapidement devenu l’un des plus importants points d’accueils de la communauté palestinienne au Moyen-Orient et le plus grand du pays, avec 150 000 réfugiés (soit environ 37 % des Palestiniens de Syrie) répartis sur une zone de 2 km². Au fil des années, Yarmouk s’est peu à peu fondu dans le tissu urbain de la capitale syrienne, jusqu’à devenir un quartier à part entière de la ville, où résident également des Syriens et des Irakiens.Le camp a été établi par le régime syrien, mais il est administré par l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) qui propose de nombreux services comme l’accès à l’éducation ou à la santé. Les Palestiniens y ont le statut de réfugiés, qui leur ouvre de nombreux droits et devoirs (accès aux professions, service militaire…), mais ne disposent pas de la nationalité de leur pays hôte, conformément au décret de la Ligue arabe voté en 1959 « pour préserver l’entité et l’identité palestiniennes ». Toutefois, les mariages mixtes y sont fréquents.Economie dynamique avant la guerreLa population de Yarmouk est essentiellement de classe moyenne et populaire. Dans la seconde partie du XXe siècle, le camp a vu ses conditions de vie se moderniser au fil des années, devenant bien meilleures que celles des autres camps palestiniens de la région. Sur place, les habitants ont développé leur propre système de transport et de commerce, renforçant l’attractivité du quartier. De nombreux bâtiments publics, tels que des écoles ou des mosquées, y ont été construits.Ravagé par le conflit syrienDepuis l’éclatement de la guerre en Syrie, en 2011, Yarmouk est devenu un terrain d’affrontements entre les forces fidèles au régime syrien et les multiples groupes rebelles, auxquels se rallient des factions palestiniennes, dont des partisans du Hamas. En décembre 2012, l’aviation syrienne bombarde le camp, provoquant la fuite d’une grande partie de la population. Depuis, le régime a imposé un siège aux habitants pour reprendre le contrôle du camp.Selon Amnesty International, des dizaines de civils sont morts de faim, en raison de l’interdiction de circulation des personnes et des biens. Entre-temps, plus de 90 % des occupants ont fui les combats, un exil régulièrement comparé à une deuxième « Nakba » (« catastrophe », en arabe, en référence à l’exil de Palestine après la création d’Israël). Une position stratégique pour le régimeL’offensive de l’EI débute mercredi 1er avril par l’intermédiaire d’un groupe rebelle local situé dans le quartier Hajar Al-Aswad, au sud du camp. Selon les activistes palestiniens, l’EI aurait bénéficié d’un appui ponctuel de son rival, le front Al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaida), pour pénétrer dans le camp et prendre pied à Damas. Un enjeu capital dans sa stratégie d’expansion régionale. « La ville représente le cœur du régime syrien, les forces qui parviendront à la prendre auront une grande légitimité pour la suite », explique Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université de Lyon-II et spécialiste de la géographie politique de la Syrie.Cette position symbolique explique la réaction rapide du régime, qui a commencé à bombarder les positions de l’EI et affirme qu’une opération militaire est désormais « inévitable ». L’OLP a refusé de prendre part aux combats, contrairement à d’autres organisations palestiniennes qui ont accepté de s’allier à l’armée syrienne pour repousser les combattants djihadistes. Ces derniers apparaissent relativement isolés sur le terrain, comme le souligne M. Balanche : « Il ne s’agit pas de la grosse machine de guerre de l’Etat islamique comparable à celle de la vallée de l’Euphrate. Il n’y a pas de véritable soutien logistique derrière. »Catastrophe humanitaireEn attendant, l’ONU réclame un accès pour pouvoir évacuer les 16 000 personnes toujours bloquées à l’intérieur du camp, où la situation humanitaire ne cesse d’empirer. « L’aide extérieure n’y est plus acheminée depuis longtemps et les besoins humanitaires augmentent de jour en jour », s’alarme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a lui-même réagi : « Ce qui se passe à Yarmouk est inacceptable, a-t-il martelé. Les habitants de Yarmouk, dont 3 500 enfants, sont transformés en boucliers humains. »Lire aussi le reportage :En Syrie, les réfugiés du camp de Yarmouk isolés par les combatsClément MelkiJournaliste au Monde Gaëlle Picut Selon une note de la Commission européenne publiée début avril, les pays les plus riches auront du mal à retrouver le rythme de croissance économique qu’ils ont connu avant la crise financière de 2008, du fait du vieillissement démographique et donc de la baisse de la population en âge de travailler.Les auteurs rappellent que le début du XXIe siècle s’est caractérisé par un ralentissement mondial de la population en âge de travailler (celle qui a entre 15 et 64 ans). Selon les prévisions de l’ONU, elle devrait augmenter de 20 % entre 2010 et 2030, alors qu’elle a augmenté de 40 % entre 1990 et 2010.L’analyse par région du monde révèle de grandes disparités. La plupart des régions les plus développées sont déjà entrées dans une longue phase de vieillissement démographique, tandis que d’autres pays, y compris les régions les plus pauvres, continueront de voir leur population en âge de travailler augmenter pendant de nombreuses décennies.Hausse de 77% en Afrique subsaharienneAinsi, entre 2010 et 2030, la population en âge de travailler devrait augmenter de 77 % en Afrique subsaharienne, contre 11 % en Amérique du Nord. Celle de l’Amérique du Sud, de l’Amérique latine et de l’Asie devrait augmenter de l’ordre de 20 %.Dans ces régions, le déclin devrait commencer seulement après 2040. L’Europe, de son côté, devra faire face à une baisse de 9 % de sa population en âge de travailler (le maximum ayant été atteint en 2009, avec 333 millions de personnes âgées entre 15 et 64 ans).Ce déclin démographique devrait durer au moins cinq décennies, selon Eurostat. Les Etats-Unis sont à part du fait d’un taux de fécondité relativement élevé et de flux migratoires positifs soutenus. A partir de ces données démographiques, il est possible d’évaluer combien de temps chaque région pourra soutenir le niveau de croissance de l’emploi observé pendant la période précédant la crise économique (2000-2008), qui a été en moyenne de 1,1 %.Dans les pays les plus développés, ce niveau de croissance de l’emploi ne sera possible qu’environ dix ans. Cette durée variera notamment en fonction de la participation ou non au marché du travail de personnes qui pour le moment restent faiblement représentées (principalement les femmes, les migrants, les jeunes et les travailleurs découragés).Ainsi la décroissance de la main-d’œuvre européenne impacte l’emploi futur.Elle impose de nouvelles contraintes pour espérer atteindre un certain niveau de croissance économique (entre 2000 et 2008, la croissance du produit intérieur brut a été en moyenne de 2,1 % dans l’Union européenne).L’analyse conclut que la croissance de la productivité au sein de l’Union européenne et de plusieurs autres régions industrialisées deviendra progressivement la seule façon de soutenir la croissance économique. Cela nécessite de l’innovation continue, une meilleure organisation, un investissement accru dans l’éducation et les compétences pour avoir une main-d’œuvre très qualifiée et enfin la capacité à attirer des investissements physiques et en ressources humaines.À l’inverse, les économies émergentes pourraient obtenir des gains de productivité significatifs en réorientant des personnes qui occupent des activités faiblement productives (principalement dans le secteur agricole) vers des emplois à forte productivité dans les secteurs industriels ou de services.Gaëlle PicutJournaliste au Monde 10.04.2015 à 16h26 Changer la pratique « moyenâgeuse » d'Oslo, voilà la résolution affichée par le ministre de la santé norvégien, Bent Høie. Dans un discours prononcé vendredi 10 avril, le responsable a annoncé le dépôt prochain d'un projet de loi destiné à faciliter le changement d'état-civil des transgenres.C'est surtout l'obligation de stérilisation qui cristallise la colère des associations de défense des droits de l'homme. Un rapport, remis vendredi au ministre, préconise en effet de lever les conditions actuellement imposées à ces personnes, notamment la stérilisation. Celle-ci « est, de notre point de vue, une violation des droits de l'homme et nous recommandons que le droit à un changement d'état-civil ne soit plus conditionné à l'exigence d'une forme spéciale d'assistance médicale », a déclaré Kari Paulrud, l'avocate qui a présidé le groupe d'experts à l'origine de ce document.Selon une mesure qui date des années 1970, un transgenre qui souhaite changer de sexe au regard de l'administration norvégienne doit aujourd'hui prouver qu'il a subi un traitement hormonal, des analyses psychiatriques et une stérilisation chirurgicale irréversible, un processus qui prend généralement une dizaine d'années.« Une société tolérante et accueillante »Le dispositif actuel est « fondé sur une conception très dangereuse, selon laquelle [ces] personnes ne devraient pas avoir d'enfants », a réagi Patricia Kaatee, une responsable d'Amnesty International en Norvège. Sans détailler le contenu du projet de loi en gestation, Bent Høie a confirmé que l'objectif du gouvernement est de parvenir à créer une « société tolérante et accueillante ».« Nous recommandons qu'une déclaration de la personne concernée auprès du registre de l'état-civil soit suffisante pour ce changement », a en fait savoir Kari Paulrud, à l'origine du rapport. Le groupe d'experts préconise par ailleurs que la démarche soit immédiate et non pas conditionnée à une période de réflexion, comme l'impose par exemple le Danemark, un pays pionnier en la matière. 30.04.2015 à 15h55 • Mis à jour le30.04.2015 à 16h09 | Bruno Philip (Ho Chi Minh-Ville, envoyé spécial) L’heure était à la parade dans Ho Chi Minh-Ville, jeudi 30 avril, où les autorités de la République socialiste du Vietnam ont grandiosement mis en scène le 40e anniversaire de la « libération » de l’ex-Saïgon par les troupes de Hanoï.Dès quatre heures du matin, la police avait bloqué tout le centre-ville pour assurer la sécurité d’une cérémonie qui s’est déroulée pour des foules choisies d’invités sur l’avenue ombragée séparant le palais de l’indépendance, ancien cœur du pouvoir déchu, et la cathédrale Notre-Dame-de-Saïgon, construite par les Français en 188O.La date du 30 avril 1975 fut importante pour le reste du monde, puisqu’elle devait marquer, dans le contexte de la guerre froide, la fin des deux conflits d’Indochine menée par la France puis les Etats-Unis. Ces derniers, qui s’étaient retirés militairement du Vietnam en 1973 à la suite des accords de Paris, continuèrent malgré tout de soutenir le régime de Saïgon. La défaite du Vietnam du Sud, pro-américain, n’en fut que plus cuisante pour Washington.Lire aussi :Ngo Sy, le tankiste viet qui brisa la grille du palaisTous les corps d’armée, l’infanterie, l’aviation et la marine, ainsi que les forces spéciales ou les unités féminines de différents régiments ont défilé jeudi au pas de l’oie dans une chaleur d’étuve devant la tribune officielle où était notamment réuni le triumvirat formant l’ossature du pouvoir vietnamien d’aujourd’hui : le chef du parti communiste, Nguyen Phu Truong, le premier ministre, Nguyen Tan Dung, et le président de la République, Truong Tan Sang. Contrairement aux années précédentes, c’est le premier ministre qui a prononcé un discours inhabituellement politique, soulignant ce qui a été achevé avec succès au cours des quarante dernières années, mais aussi s’inquiétant avec insistance de ce qui n’est encore ni achevé ni réussi…Faut-il voir là une manière d’afficher ses priorités pour un chef de gouvernement qui avait été sérieusement mis en difficulté au parlement en 2013 ? Après qu’une nouvelle loi eut imposé au premier ministre et au président de la République d’obtenir le soutien du Parlement chaque année, Nguyen Tan Dung avait failli se retrouver la victime d’une motion de défiance en 2013. Il sauva sa tête de justesse. Une série de scandales liées à des entreprises d’Etat et des banques, sans parler des accusations de corruption au sein de l’appareil, avaient à l’époque ébranlé l’économie du pays. Egratignant la réputation d’un pays à l’essor remarquable salué dans les années 1990, fruit d’une politique de « renouveau » – « Doï moï » – lancé quelques années plus tôt par le clan des réformateurs.Lire aussi :Ho Chi Minh-Ville en pleine renaissance économiqueLe Politburo reste divisé, et le premier ministre, partisan d’une ouverture du pays sur le monde extérieur, entretient des rapports houleux avec le président et surtout le chef du parti, qui représente une voix conservatrice à ce poste crucial dans un tel système, à la fois autoritaire et « postcommuniste ».« Un fossé s’élargit entre les riches et les pauvres »Nguyen Tan Dung a d’abord fustigé « les crimes barbares des impérialistes américains et de leurs valets » durant la guerre, une routine sémantique qui n’empêche cependant pas la poursuite d’un rapprochement entre Hanoï et Washington à l’heure d’une montée de la rivalité sino-vietnamienne en mer de Chine du Sud.Le premier ministre a ensuite fustigé les « faiblesses » sociales et économiques du pays, même s’il venait de se féliciter de certains des résultats obtenus, quarante ans après la réunification de 1975. Mais c’était pour mieux critiquer l’« inefficacité du management socio-économique », le manque de « protection de l’environnement » et le « fossé qui s’élargit entre les riches et les pauvres ».Il s’en est pris ensuite aux cadres corrompus, à la « dégradation de l’idéologie politique, de l’éthique et du style de vie d’un nombre de cadres et de membres du parti ». Ce style de discours n’est pas nouveau dans la bouche des caciques du parti au Vietnam, mais il était intéressant de l’entendre de la part d’un premier ministre au cours d’une cérémonie exaltant à l’ordinaire les seules valeurs de l’héroïsme national…A l’heure où blogueurs, avocats ou voix discordantes de tous horizons subissent la répression policière, le premier ministre a insisté sur l’importance d’établir un « Etat de droit » respectueux du « droit des citoyens » et la « liberté du peuple ». Là aussi, il reste un long chemin à parcourir.Bruno Philip (Ho Chi Minh-Ville, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 13h51 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h44 Un tribunal antiterroriste pakistanais a condamné à la prison à vie, jeudi 30 avril, dix hommes pour la tentative d'assassinat en 2012 contre Malala Yousafzaï, récipiendaire depuis du prix Nobel de la paix, ont rapporté des responsables.La jeune militante pour le droit à l'éducation avait réchappé in extremis en octobre 2012 à cette tentative de meurtre des talibans du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP, pour Tehrik-e-Taliban Pakistan) alors qu'elle rentrait de l'école dans sa ville natale de Mingora, située dans le nord-ouest du pays. L'armée pakistanaise avait annoncé en septembre dernier l'arrestation de dix suspects, qui avaient aussitôt été transférés à un tribunal antiterroriste local.« Chacun d'eux a reçu en fait une peine de vingt-cinq ans de prison », ce qui correspond à la prison à perpétuité dans le droit pakistanais, a précisé un autre responsable requérant aussi l'anonymat par crainte d'être la cible de représailles des talibans pakistanais.Lire : Comment Malala Yousafzaï est devenue une icôneUn assaillant en fuiteLes autorités pakistanaises avaient toutefois expliqué en septembre dernier que l'homme ayant directement ouvert le feu sur l'adolescente s'était, lui, réfugié de l'autre côté de la frontière, en Afghanistan, comme de nombreux cadres des talibans pakistanais du mollah Fazlullah. Le 9 octobre 2012, des djihadistes du TTP avaient fait irruption dans le bus scolaire de Malala à la sortie des classes. L'un d'eux avait demandé qui était Malala avant de lui tirer une balle dans la tête.Mais le projectile avait ricoché sur le coin gauche du crâne pour ressortir par la nuque. Entre la vie et la mort, l'adolescente avait été évacuée d'urgence dans un hôpital de Birmingham, en Grande-Bretagne, où elle avait repris conscience quelques jours plus tard. Peu connue à l'étranger, la jeune militante pour le droit des filles à l'éducation avait aussitôt été propulsée icône mondiale de la lutte contre l'extrémisme.Lire (édition abonnés) : Malala Yousafzaï, un Nobel contre les démons du Pakistan Julien Bouissou (Arughat (Népal), envoyé spécial) Sont-ils morts, blessés, ensevelis sous les décombres de leur maison ? Ashish n’a aucune nouvelle de ses grands-parents qui vivent dans le village d’Arughat Bazar, à quelques kilomètres seulement de l’épicentre du tremblement de terre qui a frappé le Népal, samedi 25 avril, et a fait quelque 5 800 victimes.Dans la ville de Gorkha, cela fait quatre jours que l’adolescent piétine, fait des va-et-vient entre l’hôpital et la piste d’atterrissage de l’hélicoptère, pour demander aux blessés, aux médecins, aux infirmiers, aux militaires d’où ils viennent, quelle est la situation là-bas, et s’ils ont des nouvelles de « son papi et de sa mamie ». « Un petit monsieur aux cheveux blancs dégarnis qui porte toujours une chemise à carreaux et une dame qu’il ne quitte jamais. Vous ne les auriez pas vus ? » Sa mère le supplie d’attendre avant de se rendre sur place, lui rappelle que les glissements de terrain sont encore nombreux sur la route menant vers le Nord.Mais qu’importent les risques, ce mercredi matin, Ashish décide de rejoindre ses grands-parents. Il jette dans son sac de sport des nouilles, affrétées la veille par camions entiers par l’aide humanitaire chinoise. Il enfile son casque, ses lunettes d’aviateurs et fonce sur sa moto. Au bout d’un kilomètre, la piste devient boueuse et remplie de nids-de-poule, et c’est parfois à pied qu’il doit pousser son engin. Sur le chemin, un paysan l’arrête : « Je suis chrétien, alors les hindous ne veulent pas m’aider, et je ne connais aucun homme politique. On n’a plus rien à manger », se plaint-il. « Et vos stocks de riz ? », demande Ashish. « On ne les garde pas dans des sacs ici, mais par terre, et ils sont tous partis sous les débris avec la poussière. On nous oublie parce que notre maison est isolée », répond le paysan.Au bout de deux heures, la moto longe les premières maisons détruites. Les habitants déblaient les décombres, pierre par pierre, sortent ce qui peut être sauvé et commencent à rafistoler les tôles pliées pour se construire un abri les protégeant de la pluie. Au bout de cinq heures de route, le voici enfin arrivé à Arughat Bazar. Une petite perle architecturale lovée au creux des montagnes, au bord d’une rivière, et dont il ne reste presque rien.« Un miracle »Les quelques vieilles bâtisses en briques et à colombage tenant encore debout sont affaissées sur les bâtiments en ciment qui ont résisté au séisme. De l’école, il ne reste que le frontispice tombé à terre et qui affiche en grosses lettres peintes : « Le plaisir est un intervalle entre deux douleurs. » Quand les murs sont encore en place, ce sont les charpentes qui se sont effondrées. Le bilan des victimes est pourtant mince : une dizaine de blessés et 9 morts pour 120 habitations. « C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu davantage de victimes. A l’heure du séisme, les enfants n’étaient pas à l’école, et les habitants étaient sortis dans leurs champs », explique un habitant.Dans le district de Gorkha, dont fait partie Arughat Bazar, le dernier bilan fait état de 360 morts, mais il pourrait s’alourdir dans les jours à venir, lorsque les secouristes auront accès aux villages isolés et coupés du monde.Lire aussi :Au Népal, les secours peinent à atteindre les villages isolés autour de GorkhaLe propriétaire du petit centre de soins de la ville a attendu deux jours avant de rejoindre le campement situé en contrebas : « Je n’osais pas emprunter les 500 mètres de la route principale, de peur que les quelques immeubles ayant résisté au séisme s’effondrent. »Sur la route principale, il faut enjamber les câbles électriques qui jonchent le sol. Des jeeps sont écrasées sous les parpaings de ciment, des armoires métalliques éventrées. On tente de sauver ce qui peut l’être. Les affaires personnelles sont enveloppées dans des draps, et jetées par les fenêtres. Pour chercher de la nourriture, il faut se faufiler sous la dalle de béton de l’épicerie effondrée, consolidée par de petites poutrelles, pour attraper les paquets de gâteaux secs ou les chips. La plupart des habitants sont désormais rassemblés sous des tentes le long de la rivière, avec les militaires. Dans la station de police, on a ressorti de l’armoire la vieille machine à écrire depuis qu’Internet est coupé et qu’il n’y a plus d’électricité. Puisque les morts à déclarer sont plus nombreux que les formulaires de décès disponibles, on doit en taper de nouveaux. Cinquante-neuf avis de décès ont été rédigés, puis envoyés par hélicoptère à la capitale du district de Gorkha.« Mais les morts sont bien plus nombreux, assure l’officier de police. Ici, la situation est sous contrôle. Mais on craint le pire dans les hameaux perchés dans les montagnes. Il n’y qu’un petit chemin pour accéder aux villages de Lapu et Gumnda, qui fait un mètre de large et borde un ravin. Comment voulez-vous transporter des corps sur un chemin comme ça ? » Avec les jeunes partis travailler ailleurs, dans les pays du Golfe, les villages sont surtout peuplés de personnes âgées, incapables de marcher plusieurs jours pour rejoindre Arughat Bazar. Mercredi 29 avril, des policiers étaient encore en train d’essayer d’atteindre ces villages pour dresser le bilan des victimes.20 roupies la rechargeDepuis quelques heures, l’électricité est revenue dans la petite ville, grâce à un générateur sorti des décombres. Son propriétaire l’a branché à toutes les multiprises qui ont pu être récupérées dans le village, et ils sont des dizaines à attendre devant leur portable, les yeux rivés sur le niveau d’indicateur de batterie. 20 roupies népalaises la recharge. Ceux qui ont suffisamment de batterie pour passer un coup de fil appellent immédiatement leurs proches pour les rassurer.Ashish scrute la petite foule, puis se remet en marche vers la maison de ses grands-parents. Il rejette le énième appel téléphonique de sa mère. Sur le chemin, un bâtiment est gardé à l’entrée par un fusil et un vigile en uniforme blanc impeccable. Une banque ouverte dans un village dévasté par les ruines ? « Il n’y a presque aucun client, mais nous avons reçu l’instruction de rester ouvert au cas où des paysans descendus de leurs montagnes auraient besoin d’argent pour s’approvisionner en vivre dans les commerces qui vont bientôt ouvrir », explique le responsable de l’agence bancaire. En contrebas, des femmes portent des jarres d’eau puisée dans la rivière, sans s’inquiéter des risques de diarrhée ou d’épidémies de choléra.Lire aussi :Népal : la recherche des disparus s’organise en ligneCinq jours après le séisme, les ONG craignent désormais une crise sanitaire liée au manque d’eau potable, et une multiplication des cas de pneumonie dans les villages isolés où les habitants doivent passer leurs nuits sans tente ni couverture. « Comment pourrais-je vous rejoindre ? »Ashish aperçoit enfin la maison de ses grands-parents. Un tas de briques. Il monte le chemin escarpé à grandes enjambées. Une petite tente orange a été dressée à côté des décombres. Ses grands-parents sont sains et saufs. Le couple âgé ouvre grand leurs bras. Sa grand-mère garde serré son petit-fils contre sa poitrine pendant de longues minutes. « J’ai cherché le smartphone que vous m’aviez offert, mais que veux-tu, à mon âge… et puis il n’y a pas d’électricité », explique le vieil homme.Puis il commence à mimer, allongé par terre, ce qui lui est arrivé pendant le séisme : « J’ai à peine eu le temps de glisser la moitié de mon corps sous le lit. Ta grand-mère était partie dehors pour nourrir le bétail. Lorsque la maison s’est effondrée, je l’entendais sangloter comme si elle était à côté de moi. » Le vieux couple s’est aménagé un coin à vivre sous une tente avec des couvertures et des casseroles, et une radio suspendue à une branche d’arbre.Autour d’eux, des champs de rizière au vert fluorescent s’étendent jusqu’aux montagnes. Les récoltes de cette saison pourraient bientôt être perdues, car les systèmes d’irrigation ont été détruits par le séisme. La grand-mère prépare un plat de nouilles, sur un feu de bois. « Repars tranquille, dit le grand-père à Ashish, comment pourrais-je vous rejoindre ? Je suis attaché à mon arbre à litchi et j’ai besoin du bruit de la rivière pour m’endormir. Reprends ton sac et va rassurer ta mère. »Avant de reprendre la route, Ashish prend des photos de leur maison détruite, des campements, des policiers penchés sur leur machine à écrire, des femmes qui vont chercher l’eau de la rivière. Le lendemain, il les montrera au chef du district local et aux journaux népalais qu’il a « déchirés » de rage, ces derniers jours, parce qu’ils ne donnaient aucune nouvelle des villages dévastés du nord de Gorkha.Julien Bouissou (Arughat (Népal), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 10h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 17h59 | Dominique Gallois Jamais deux sans trois. Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, l’avait prédit voici trois semaines, Dassault est en train de lui donner raison.Après l’Egypte, qui a commandé 24 Rafale en février, l’Inde – 36 appareils en avril –, le Qatar a décidé d’acheter 24 avions de combat pour un montant de 6,3 milliards d’euros, a confirmé l’Elysée, jeudi 30 avril. Le contrat s’accompagne de la formation en France de 36 pilotes et d’une centaine de mécaniciens.Dans un communiqué, l’Elysée précise que François Hollande s’est entretenu mercredi avec l’émir du Qatar, le cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani. « Ce dernier lui a confirmé son souhait de voir son pays acquérir 24 avions de combat Rafale », assure l’Elysée. La négociation est conclue et la signature des contrats aura lieu le 4 mai à Doha, où se rendra François Hollande. Les premières livraisons commenceront au milieu de l’anneé 2018.Lire aussi :Le Rafale remporte un nouveau succès majeur à l’exportationEffet d’entraînementL’accord a été approuvé mardi 21 avril à Doha lors d’une rencontre entre le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, et l’émir du Qatar, Tamim Al-Thani. M. Le Drian en était à son dixième déplacement dans ce pays, les premières négociations ayant démarré en février 2013.Le 24 février 2014, le jeune émir, qui venait de succéder à son père, confiait à M. Le Drian : « Mon père avait promis d’acquérir cet avion, je te l’achèterai. » Les discussions se sont alors accélérées entre les partenaires. D’autant que le Qatar dispose déjà d’avions français, 12 Mirage 2000.En l’espace de trois mois, l’avionneur aura ainsi décroché trois contrats, confirmant ce que tous espéraient : un effet d’entraînement après la signature avec l’Egypte. Les négociations à Doha se sont accélérées pour une raison simple, celui des dates de livraison. Plus un pays tarde à acheter, plus l’appareil est livré tardivement. Or le Qatar souhaite disposer de ces appareils rapidement au vu des tensions dans la région.D’autres pays pourraient suivre, à commencer par la Malaisie, mais aussi les Emirats arabes unis. L’Inde pourrait aussi commander à nouveau des Rafale pour compléter sa première commande.L’une des questions que devra régler maintenant l’avionneur est celle de la montée en cadence de la production de ces appareils sur le site de Mérignac, à Bordeaux. Les cadences étaient descendues au niveau minimal de 11 avions par an, soit un par mois fourni à l’armée française en l’absence d’acquéreurs étrangers. Pour garantir les livraisons, la France sera sans doute appelée à réduire ses achats d’avions pour l’armée de l’air.Cela lui donnera une marge de manœuvre supplémentaire pour ses autres investissements dans la défense, mais cela provoquera certainement quelques tensions du côté de l’armée de l’air.Lire le décryptage :Le Rafale, 27 ans d’attenteDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.04.2015 à 18h05 • Mis à jour le28.04.2015 à 18h30 Les derniers préparatifs étaient en cours mardi 28 avril en Indonésie pour l'exécution de neuf condamnés à la peine capitale, dont huit étrangers. Le Parquet général d'Indonésie a confirmé que leur mise à mort aurait lieu « après minuit », soit 19 heures à Paris. Dans une dernière tentative d'intervention, l'Union européenne, la France et l'Australie ont appelé l'Indonésie à renoncer à ces mises à mort, estimant qu'il n'était « pas trop tard » pour changer d'avis.Les neuf condamnés ont été placés à l'isolement dans une prison du complexe pénitentiaire sur l'île de Nusakambangan, « l'Alcatraz indonésien », où leurs proches sont venus leur rendre une ultime visite.Des pressions diplomatiques vainesLes condamnés ont récemment vu leur demande de grâce rejetée par le président indonésien, Joko Widodo, intransigeant sur l'application de la peine de mort pour trafic de stupéfiants, et resté sourd à tous les appels à la clémence et pressions diplomatiques, notamment de la France, de l'Australie et du Brésil, mais aussi des Nations unies.Le procureur général d'Indonésie, Muhammad Prasetyo, a réaffirmé mardi la fermeté des autorités : « Ce n'est pas un travail plaisant, mais il doit être fait, afin de sauver la nation des drogues », a-t-il souligné.Qui sont les condamnés ?Deux Australiens, à la tête d'un réseau de trafic de drogue Andrew Chan, 31 ans, et Myuran Sukumaran, 33 ans, chefs du gang dit des « Neuf de Bali », avaient été arrêtés à l'aéroport principal de Bali en 2005 pour avoir tenté de faire passer 8 kilogrammes d'héroïne vers l'Australie. Ils avaient été condamnés à la peine capitale en 2006, tandis que leurs complices, tous Australiens, avaient été punis de peines de prison, allant de dix-huit ans à la perpétuité en Indonésie.Depuis, leurs avocats ont multiplié les recours pour éviter leur exécution. L'Australie a même ouvert une brèche de dernière minute pour obtenir un sursis, réclamant une enquête après des informations selon lesquelles les procès auraient été entaché de corruption. Mais bien que la Cour constitutionnelle indonésienne ait accepté d'examiner ce recours le 12 mai, les noms des deux Australiens figurent bien sur la liste des futurs exécutés.En prison M. Chan est devenu un chrétien engagé et a été ordonné pasteur en février, après avoir étudié la théologie pendant six ans. Une mère de famille philippine Issue d'une famille pauvre des Philippines, Mary Jane Fiesta Veloso, 30 ans, avait été arrêtée en 2009 à l'aéroport de la ville de Yogyakarta, sur l'île de Java, en possession de 2,6 kilos d'héroïne.Cette mère de deux enfants, célibataire, a répété s'être rendue en Indonésie pour y trouver un travail et avoir été piégée par une organisation criminelle internationale de trafiquants de drogue qui aurait dissimulé la drogue dans sa valise à son insu, selon le magazine Time. Son cas divise la société indonésienne, certains exigeant sa libération.Les tentatives d'appel de la Philippine sont toutefois restées vaines : lundi, le tribunal de Sleman a rejeté son deuxième recours en révision, indiquait le Jakarta Post. Même le message vidéo des deux jeunes enfants de Mary Jane Fiesta Veloso, adressé au fils du président indonésien, n'aura pas eu raison de l'intransigeance des autorités. Quatre Africains : trois Nigérians et un GhanéenSylvester Obiekwe Nwolise, originaire du Nigeria et âgé de 49 ans, avait été arrêté en 2002 à l'aéroport de Djakarta avec 1,2 kilo d'héroïne. Okwudili Oyatanze, 45 ans, avait également été appréhendé à l'aéroport de Djakarta et condamné pour trafic d'héroïne. Troisième Nigérian, Raheem Agbaje Salami, 42 ans, avait lui été arrêté avec cinq kilos d'héroïne dans une valise à l'aéroport de Surabaya en 1998.Martin Anderson, 50 ans, avait été condamné en 2003 pour trafic de drogue. Selon l'Indonésie, il a la nationalité nigériane, alors que le Nigeria affirme pour sa part qu'il est Ghanéen.Un BrésilienRodrigo Muxfeldt Gularte, 42 ans, originaire du Parana (sud du Brésil) avait été emprisonné en juillet 2004 après être entré en Indonésie avec 6 kilos de cocaïne cachés dans des planches de surf et avaitété condamné à mort en 2005. Sa famille a tenté d'obtenir la clémence des autorités en faisant valoir que des médecins avait diagnostiqué chez lui une schizophrénie paranoïde nécessitant son internement psychiatrique. Un argument qu'a aussi utilisé le gouvernement brésilien pour tenter de faire suspendre son exécution pour raisons humanitaires. Rodrigo Gularte pourrait être le deuxième Brésilien à être exécuté en Indonésie. En janvier, Marco Archer Cardoso Moreira, originaire de Rio de Janeiro, avait été fusillé après avoir été condamné à mort pour trafic de drogue ; ce qui avait déclenché une crise diplomatique entre Djakarta et Brasilia.Un IndonésienOriginaire de Palembang, dans le sud de l'île de Sumatra, Zainal Abidin avait été arrêté en possession de 58,7 kilos de marijuana entre Aceh et Java en 2001, selon le Business Insider. D'abord condamné à la prison à perpétuité, il a finalement été condamné à la peine capitale.Le Français Serge Atlaoui en sursis Condamné en 2007 pour un trafic de drogue qu'il a toujours nié, Serge Atlaoui, 51 ans, a été retiré au dernier moment de la liste des exécutions imminentes, les autorités invoquant une procédure en cours. Mais le porte-parole du Parquet général indonésien, Tony Spontana, a réaffirmé mardi à l'Agence France-Presse qu'en cas de rejet de sa procédure, il serait exécuté seul et que les autorités n'attendraient « pas très longtemps ».Lire (édition abonnés) : La justice indonésienne accorde un fragile sursis au Français Serge AtlaouiLes raisons du sursis qui lui est accordé restent toutefois obscures. L'accentuation des pressions diplomatiques françaises ces derniers jours ne semblent pas être un motif d'explication suffisant. Qui plus est, Paris n'est pas un partenaire économique de poids de l'Indonésie : le pays ne dépend nullement d'une assistance française, ce sont plutôt les grands groupes hexagonaux qui cherchent à s'implanter sur le marché de ce grand pays émergent. Et la France n'est que le dix-huitième partenaire commercial de l'Indonésie.Lire l'analyse complète : La marge de manœuvre limitée de Paris pour sauver M. Atlaoui 28.04.2015 à 16h16 • Mis à jour le28.04.2015 à 16h19 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Si la Cour suprême des Etats-Unis finit par écrire une nouvelle page d’histoire en légalisant les mariages entre personnes du même sexe mardi 28 avril, Anthony Kennedy, 78 ans, tiendra vraisemblablement la plume. Parmi les neuf juges nommés à vie, cinq ont été choisis par des présidents républicains et quatre seulement par des démocrates. Sur les sujets de société, l’ancien juge de la cour d’appel chargée des Etats de l’Ouest rallie pourtant souvent le camp des libéraux (au sens anglo-saxon), faisant basculer la majorité en leur faveur.Lire aussi :La Cour suprême étudie la légalité du mariage gay aux Etats-UnisCe rôle de pivot joué jusqu’à son retrait par la première femme nommée à la Cour suprême, Sandra O’Connor, n’allait pas de soi. Comme elle, Anthony Kennedy avait été en effet nommé en 1988 par le président qui avait amorcé la révolution conservatrice, Ronald Reagan, Californien comme lui, qui l’avait côtoyé à Sacramento lorsqu’il était gouverneur. Ce juriste au parcours impeccable, passé par Stanford puis par la faculté de droit d’Harvard, avait été déterminant en 2003 dans l’arrêt dépénalisant la sodomie (Lawrence v. Texas), un revirement important pour la Cour suprême, qui avait au contraire justifié cette pénalisation dix-sept ans plus tôt (Bowers v. Hardwick).Brèche ouverteDix ans plus tard, son avis avait également permis de faire basculer la majorité de la Cour suprême lors de l’examen d’un recours engagée par la survivante d’un couple de femmes homosexuelles mariées au Canada pour bénéficier des dispositions fiscales applicables aux couples hétérosexuels (United States v. Windsor). En décidant que le mariage n’impliquait pas strictement l’union d’une femme et d’un homme, la Cour suprême avait ouvert une brèche dans le Defense of Marriage Act, une loi votée en 1996 par le Congrès alors contrôlé par les républicains.La cohérence juridique implique que le juge Kennedy campe sur cette position mardi lors des auditions prévues dans l’examen du cas Obergefell v. Hodges, entraîné par la décision d’une cour d’appel fédérale en novembre 2014 de maintenir l’interdiction des mariages homosexuels dans quatre Etats (Michigan, Ohio, Kentucky, Tennessee), à l’inverse des autres instances. D’autant que les racines des convictions du juge remontent à plus de trente ans en arrière. Dans le portrait qu’il lui a consacré le lundi 27 avril, le journaliste du Los Angeles Times David G. Savage a rappelé qu’Anthony Kennedy, lorsqu’il siégeait à la cour d’appel chargée de l’Ouest des Etats-Unis, avait confirmé en 1980 le renvoi par la Marine américaine de trois soldats pour homosexualité. Il avait cependant précisé dans sa décision qu’en dehors de ce cadre particulier, celui de l’armée, toutes les protections prévues par la Constitution américaine devraient également s’appliquer aux homosexuels.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.04.2015 à 15h35 • Mis à jour le28.04.2015 à 16h00 Quatre-vingt-treize personnes présentées comme des partisans de l'Etat islamique (EI) ont été arrêtées en Arabie saoudite. Parmi les individus interpellés figurent une majorité de ressortissants saoudiens, selon le communiqué du ministère de l'intérieur cité par la Saudi Press Agency (SPA).Les suspects seraient liés à la cellule de l'EI baptisée Djound Bilad Al-Haramain (« soldats du pays des deux saintes mosquées »). D'après la même source, ce groupe, composé de 15 individus et dirigé par un expert en explosifs, avait pour mission de s'attaquer aux forces de sécurité, à des militaires et à des quartiers résidentiels. Une deuxième cellule, formée de 65 membres, dont un Palestinien, un Syrien et deux apatrides, a également projeté des attaques contre des quartiers résidentiels et « des opérations destinées à fomenter la sédition confessionnelle ». Deux attentats sur le territoire national, notamment un à la voiture piégée visant l'ambassade de Etats-Unis, ont pu être déjoués.L'Arabie saoudite fait partie de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui mène des frappes aériennes contre l'EI en Syrie et en Irak. Riyad est particulièrement préoccupé par la menace que constitue l'EI dans la région, et a multiplié ces derniers temps les déclarations sur la présence sur son sol de ses partisans. Le royaume wahhabite, principal pouvoir arabe sunnite de la zone, craint notamment que l'organisation djihadiste ne parvienne à radicaliser certains de ses citoyens.Lire aussi : L'Arabie saoudite veut endiguer le phénomène djihadiste en Syrie Alexandre Pouchard Après la prétendue photo de l'avalanche sur l'Everest – qui a en fait été prise en 2008 –, c'est une vidéo qui est présentée à tort comme montrant le tremblement de terre au Népal le 25 avril.On y voit la piscine d'un hôtel tanguer de plus en plus fortement jusqu'à déborder sous l'effet des secousses.Cette vidéo a beaucoup circulé sur Internet et a même été reprise par des médias, comme L'Express, Sud-Ouest ou L'Indépendant en France. En réalité, cette vidéo date d'avril 2010, lors d'un tremblement de terre au Mexique. D'une magnitude de 7,2, il avait secoué l'Etat de Basse-Californie, et notamment la ville de Mexicali, où se trouvait l'hôtel Crowne Plaza (aujourd'hui Real Inn). Au moins une personne avait été tuée dans le séisme, et une centaine d'autres avaient été blessées.La vidéo a visiblement subi une inversion selon un axe vertical pour apparaître différente.  TF1 diffuse des images de l'effondrement d'un immeuble... en EgypteLa chaîne TF1, elle, s'est faite épingler lundi après avoir diffusé dimanche soir, lors de son JT de 20 heures, des images de l'effondrement d'un immeuble au Népal......scène qui s'est en réalité déroulée quelques jours plus tôt au Caire, en Egypte. Le drame avait causé la mort de 18 personnes.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mathilde Damgé 140 %de hausse des signalements, par les institutions financières suisses, de soupçons de fraudes en dix ans ; un quart d'augmentation sur la seule année 2014 par rapport à l'année précédente : ce sont les chiffres transmis mardi 28 avril par le Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent en Suisse (Money Laundering Reporting Office Switzerland, MROS).Ces soupçons (signalés par des banques, mais aussi des gérants de fortune, des casinos, des négociants de métaux précieux ou des courtiers immobiliers) portent majoritairement sur le blanchiment. Ils concernent aussi de plus en plus des escroqueries (notamment sous forme de phishing, via l'utilisation frauduleuse de messages électroniques), des abus de confiance, de la corruption, des manipulations de cours boursiers ou des financements d'organisation criminelle. #container_1430211933946{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1430211933946{ height:500px; } #container_1430211933946 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1430211933946 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1430211933946 .subtitre{ display:block; }Le nombre de signalements à son plus haut niveau historique(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1430211933946", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "https://www.fedpol.admin.ch/fedpol/fr/home/aktuell/news/2015/2015-04-28.html", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Office fédéral de la police", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" signalements", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y" }, legend:{ enabled:false, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de signalements", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1104537600000, 729 ], [ 1136073600000, 619 ], [ 1167609600000, 795 ], [ 1199145600000, 851 ], [ 1230768000000, 896 ], [ 1262304000000, 1159 ], [ 1293840000000, 1625 ], [ 1325376000000, 1585 ], [ 1356998400000, 1411 ], [ 1388534400000, 1753 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);L'organisme chargé de transmettre ensuite ces signalements aux autorités de poursuite pénale de Suisse et des pays concernés, explique ce bond des dénonciations par une « sensibilisation croissante et permanente des intermédiaires financiers ».Lexique : le blanchiment consiste à dissimuler l'origine d'argent acquis de manière illégale et à le réinvestir dans des activités légales. A l'origine des opérations de blanchiment, il y a donc des infractions, listées par le Groupe d'action financière (Gafi). Il y a de nombreuses façons de blanchir de l'argent : en faisant appel à un complice dans une banque, en achetant des biens de grande valeur mis au nom de quelqu'un d'autre, en achetant des jetons dans un casino puis en les encaissant sous forme de chèque... La France en 3e position« Ce chiffre record n'était pas prévisible pour 2014, car aucun événement particulier n'a été enregistré comme cela avait été le cas en 2011 ("printemps arabes") ou en 2012 (un cas de grande envergure) », explique toutefois le MROS – le cas de 2012 fait référence au démantèlement du réseau franco-suisse des frères Elmaleh dans lequel avait été impliquée une élue verte de Paris. Une vingtaine de personnes, soupçonnées d'avoir blanchi près de 12 millions d'euros en Suisse, avaient été mises en examen cette année-là. Deux des frères seront condamnés à des peines de prison.Dans le cadre de la lutte internationale contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, l'échange d'informations doit permettre de remonter rapidement aux responsables : les statistiques élaborées par le MROS, grâce à sa coopération avec ses homologues étrangers, montrent que la France est en 3e position parmi les pays demandeurs d'informations. #container_1430216009883{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1430216009883{ height:500px; } #container_1430216009883 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1430216009883 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1430216009883 .subtitre{ display:block; }La France très demandeuse d'informations à la Suisse(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1430216009883", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "https://www.fedpol.admin.ch/fedpol/fr/home/aktuell/news/2015/2015-04-28.html", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Office fédéral de la police", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Nombre de demandes étrangères d'informations" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["divers","Etats-Unis","Liechtenstein","France","Autriche","Italie","Luxembourg","Espagne","Grande-Bretagne"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:false, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "personnes concernées", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 1339 ], [ "", 399 ], [ "", 282 ], [ "", 194 ], [ "", 185 ], [ "", 171 ], [ "", 135 ], [ "", 117 ], [ "", 107 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Les sommes impliquées ont augmenté de 12 % durant l'année sous revue, pour atteindre 3,3 milliards de francs suisses, soit environ 3,2 milliards d'euros. En 2014, une dénonciation a dépassé le seuil des 200 millions de francs, tandis que six autres concernaient des montants dépassant les 75 millions de francs. A elles seules, ces sept communications ont contribué à presque un tiers du chiffre total des valeurs patrimoniales annoncées.Lexique : il ne faut pas confondre la fraude fiscale avec l'évasion (ou l'optimisation/soustraction) fiscale, qui peut être légale si elle est déclarée. L'évasion fiscale, contre laquelle luttent férocement les Etats depuis trois ans, n'est pas au centre du rapport du MROS dans la mesure où cette catégorie d'infraction n'a été intégrée dans le périmètre de l'organisme qu'en 2015. Comment la Suisse a renoncé au secret bancaireMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Traditionnellement, le deuxième trimestre de l’exercice fiscal d’Apple – il court de janvier à mars – est le plus ennuyeux et le plus terne de l’année : le groupe américain ne choisit en effet jamais ce moment, qui suit Thanksgiving et Noël pour lancer des produits.Mais, lundi 27 avril, la firme de Cupertino (Californie) a fait mentir l’adage. Sans atteindre les niveaux stratosphériques atteints lors des trois derniers mois de 2014 – ils avaient été marqués par les fêtes de fin d’année et le lancement des iPhone 6 et 6 Plus – avec un bénéfice de 18 milliards de dollars (16,5 milliards d’euros), l’entreprise a tout de même dégagé, sur les trois premiers mois de 2015, un résultat net de 13,6 milliards de dollars, en hausse de 33 % par rapport à la même période de 2014.Coté ventes, Apple a enregistré, entre janvier et mars, un chiffre d’affaires de 58 milliards de dollars, en progression de 27 % sur un an. Il s’agit du meilleur deuxième trimestre de toute l’histoire de la société fondée par Steve Jobs. Et c’est le deuxième meilleur trimestre jamais affiché par la firme à la pomme.En début d’année, 61,7 millions d’appareils écoulésVertigineux et impressionnants, les résultats du groupe informatique le sont d’autant plus qu’il a dû faire face à des vents contraires. L’appréciation du billet vert vis-à-vis de l’euro et du yen s’est accélérée à partir de janvier. Or, Apple a réalisé 69 % de son chiffre d’affaires à l’international sur les trois premiers mois de l’année, dont 21 % en Europe et 6 % au Japon. Luca Maestri, le directeur financier, avait d’ailleurs averti les investisseurs au début de l’année que la flambée du dollar pourrait amputer le chiffre d’affaires de l’entreprise de 2 milliards de dollars.Le principal moteur d’Apple en ce début d’année est à chercher du côté des ventes d’iPhone, qui se sont élevées à 61,7 millions d’unités, soit la population de l’Italie. C’est un niveau inférieur aux 74,4 millions d’appareils écoulés à la fin 2014, mais il est supérieur de 40 % aux livraisons enregistrées un an auparavant. Les ventes d’iPhone représentent à elles seules 69 % des revenus d’Apple. En comparaison, les livraisons d’iMac semblent timides (+ 10 %), voire en souffrance pour l’iPad dont les ventes ont reculé de 23 % sur un an.« Fortes ventes en Chine »« La forte dynamique sur l’iPhone 6 ne faiblit pas, principalement grâce à de fortes ventes en Chine », relève Alexander Peterc, analyste chez Exane BNP Paribas. De fait, le chiffre d’affaires réalisé dans ce pays a bondi de 71 % à 16,8 milliards de dollars. Le marché chinois devient ainsi le deuxième du groupe, derrière les Amériques et devant l’Europe. Avec l’iPhone 6, Apple étonne encore une fois les observateurs par sa capacité à vendre un téléphone haut de gamme dont le prix est supérieur au modèle précédent, le tout à un nombre plus important de consommateurs.Les dirigeants du groupe apparaissent confiants quant à la poursuite de ce mouvement : « La part des utilisateurs qui optent pour l’iPhone est plus élevée que lors des cycles précédents », indique Tim Cook, le directeur général d’Apple dans un communiqué.Trouver des relais de croissancePour le trimestre en cours, la firme de Cupertino parie sur un chiffre d’affaires compris entre 46 et 48 milliards de dollars, soit 10 milliards de plus qu’à la fin juin 2014. Pour atteindre cet objectif, M. Cook compte non seulement sur les ventes de l’iPhone, mais aussi sur celles de son produit vedette du printemps, à savoir l’Apple Watch, dont la commercialisation a débuté le 24 avril.Le groupe n’a donné aucun chiffre sur les premiers pas de sa montre connectée, se bornant à souligner « que le trimestre en cours avait débuté de façon intéressante ». L’Apple Watch, qui est le premier nouveau produit lancé par le groupe américain depuis la disparition de Steve Jobs, serait l’objet d’une demande supérieure à l’offre, selon Tim Cook.Chacun s’interroge pour savoir si, comme avec l’iPhone ou iTunes, Apple imposera des produits comme sa montre intelligente ou des services comme Apple Pay et y trouvera des relais de croissance. En attendant, profitant des recettes que lui fournissent ses ventes de smartphones, Apple gâte ses actionnaires. Le groupe a porté son programme de rachat d’actions annoncé en 2014 de 90 milliards de dollars à 140 milliards à présent.En outre, Apple a augmenté le dividende trimestriel de 11 % à 52 cents par action. Le géant de Cupertino, première capitalisation boursière mondiale, estime que, combiné au rachat d’actions, cela revient à restituer aux actionnaires 200 milliards de dollars au total d’ici à la fin mars 2017.Anne EvenoJournaliste au Monde Marie Charrel Il y a un mois encore, la majorité des investisseurs pariaient qu’elle relèverait ses taux directeurs en juin. Mais aujourd’hui, rien n’est moins sûr. Mardi 28 et mercredi 29 avril, le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) se réunit à Washington pour prendre le pouls de l’économie américaine. Et évaluer le moment qui sera le plus pertinent pour relever ses taux. « Désormais, le consensus mise plutôt sur septembre », analyse Christophe Boucher, économiste à l’université de Lorraine.Cette réunion ne sera pas suivie d’une conférence de presse de Janet Yellen, la présidente de la Fed. Mais les analystes passeront au crible le communiqué qui sera publié par la banque centrale, afin de déterminer les nouveaux risques pris en compte, ou non, par l’institution.La croissance du premier trimestre s’annonce décevanteDe fait, trois incertitudes pèsent aujourd’hui sur l’économie des Etats-Unis. Elles sont susceptibles d’influencer les réflexions de la Fed. La première concerne la croissance au premier trimestre, qui s’annonce décevante, et dont la première estimation doit être publiée mercredi 29 avril, avant la fin de la réunion de l’institution.Après avoir crû de 2,2 % au quatrième trimestre de 2014, le produit intérieur brut (PIB) américain devrait augmenter de 1,4 % seulement début 2015, selon le Crédit agricole. Certains économistes estiment même que sa hausse pourrait passer sous la barre des 1 %.« Depuis trois ans, le PIB du premier trimestre américain est systématiquement mauvais du fait des terribles conditions météo », rappelle Evariste Lefeuvre, économiste chez Natixis, à New York. Aux Etats-Unis, l’activité des entreprises comme les dépenses des ménages sont soumis à une forte saisonnalité.Toute la question est de savoir si le ralentissement des trois premiers mois de 2015 est lui aussi uniquement lié aux tempêtes de neige, ou s’il a, cette fois, des causes plus profondes. Plusieurs indicateurs décevants parus ces derniers jours le laissent craindre, même s’ils restent délicats à interpréter. La production industrielle a ainsi reculé de 1 % en rythme annualisé au premier trimestre et l’économie américaine n’a créé que 126 000 emplois en mars, deux fois moins que la moyenne des douze mois précédents. « Le rebond espéré en mars n’a pas eu lieu, c’est inquiétant », commente Alexandra Estiot, spécialiste du pays chez BNP Paribas.L’appréciation du dollar pèse sur les résultats des entreprisesS’ajoute à cela l’appréciation du billet vert, qui a grimpé de 25 % en un an face à l’euro, et de près de 20 % face à l’ensemble des devises. Au premier trimestre, cette appréciation du dollar a durement affecté les résultats des grosses entreprises américaines comme IBM, Amazon, PespiCo ou McDonald’s.Selon Wolfgang Koester, analyste chez FiREapps, société spécialiste des monnaies, les effets de change pourraient coûter plus de 25 milliards de dollars (22,9 milliards d’euros) aux groupes américains cotés en termes de chiffre d’affaires.Plusieurs membres de la Fed ont déjà fait part de leurs inquiétudes en la matière. « La rapidité de la hausse du dollar les a surpris », commente Mme Estiot. Si son impact sur la croissance est délicat à mesurer, et devrait rester limiter – les exportations ne pèsent que 13 % du PIB américain –, elle poussera néanmoins l’inflation à la baisse, puisque les prix des produits importés chutent mécaniquement. Or celle-ci n’était que de 0,2 % en mars, loin de la cible de 2 % de l’institution monétaire. De quoi la convaincre d’attendre septembre avant de relever des taux ? Peut-être.La baisse des cours du pétrole n’a pas dopé la consommationD’autant que la baisse des prix du pétrole n’a pour l’instant pas eu l’effet positif espéré sur la consommation des ménages américains, le premier moteur de la croissance aux Etats-Unis. Au lieu de dépenser les sommes économisées grâce à la baisse de la facture de carburants, équivalent à 0,9 % de leur revenu disponible, ces derniers ont préféré mettre un peu d’argent de côté : leur taux d’épargne a ainsi grimpé de 5 % à 5,8 % en un an.En revanche, la baisse des cours de l’or noir pèse sur le secteur pétrolier et des gaz de schiste. « Le nombre de puits exploités s’est effondré et beaucoup de projets sont gelés », explique Eric Bourguignon, chez SwissLife AM.Quoi qu’il en soit, même si elle attend septembre, la Fed reste déterminée à monter ses taux d’ici à la fin de l’année. De fait, lors de sa réunion du 17-18 mars, elle a supprimé le mot « patience » de son communiqué, signifiant qu’après cinq ans de taux historiquement bas, elle se tient désormais prête à agir.« Son calendrier sera désormais plus difficile à prévoir : après mercredi, les marchés seront sensibles aux indicateurs d’emploi et d’activité », préviennent les analystes d’Aurel BGC, dans une note sur le sujet.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.04.2015 à 11h01 • Mis à jour le28.04.2015 à 12h05 | Christophe Ayad Enquête sur ces armes qui, l’exemple syrien le prouve, demeurent une lourde menace pour la sécurité (mardi 28 avril, à 20 h 50, sur Arte).Ce n’est pas par coïncidence que l’on célèbre, en ce mois d’avril 2015, le centenaire du génocide des Arméniens et celui de la toute première attaque à l’arme chimique. Le 22 avril 1915, deux jours avant le début du premier massacre de masse planifié de l’histoire contemporaine, l’armée allemande utilisait des gaz de combat sur le front d’Ypres, en Belgique.Pas de hasard dans l’apparition concomitante de l’arme chimique et de la logique génocidaire. La combinaison des deux culminera moins de trente ans plus tard avec l’horreur des camps d’extermination et l’utilisation du Zyklon B dans le cadre de la « solution finale » par les nazis contre les juifs d’Europe. Dans les années 1930-1940, le Japon fit un usage massif d’armes chimiques lors de son invasion de la Chine.Malgré la Shoah, les grandes puissances, poussées par le lobby industriel chimique, ont continué à accumuler des arsenaux colossaux. Et à en vendre à des pays comme la Syrie ou l’Irak.Démantèlement et contrôleCe n’est qu’en janvier 1993, après la fin de la guerre froide, que les Etats-Unis et la Russie décidèrent de prohiber les armes chimiques. Plus pour des raisons de coût de production, de stockage et d’élimination que par humanisme. La Convention pour l’interdiction des armes chimiques, de 1993 – et ratifiée par 191 pays, sauf l’Egypte, Israël, le Soudan du Sud et la Corée du Nord – est unique : la seule à prévoir un démantèlement d’un type d’armes et un mécanisme de contrôle permanent. Des dispositions appliqués par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, récipiendaire du prix Nobel de la paix en 2013.Sans l’attaque chimique de la Ghouta (banlieue de Damas), le 21 août 2013, qui fit 1 500 morts, le grand public n’aurait jamais entendu parler de cette organisation, qui supervisa le désarmement chimique du régime syrien. Malgré cette avancée, obtenue sous la pression internationale, Damas continue de bombarder des civils à l’aide de chlore à l’état gazeux, une substance non prohibée par la Convention. L’exemple syrien, la prolifération de groupes terroristes et les dégâts créés par ces substances, même périmées, rappellent que les armes chimiques sont loin d’appartenir au passé, comme le souligne ce documentaire.Le Souffle de la guerre chimique de Fabienne Lips-Dumas (Fr.-Can.-Bel., 2015, 85 min). Mardi 28 avril, à 20 h 50, sur Arte.Christophe AyadRédacteur en chef InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.04.2015 à 10h52 • Mis à jour le28.04.2015 à 15h59 | Julien Bouissou (Gorkha, envoyé spécial) Un autre tremblement de terre a frappé le Népal. Un séisme invisible cette fois, loin de Katmandou, la capitale. Sans secouriste en gilet fluorescent, ni ministre au chevet des malades. Seulement des habitants, pris au piège dans leurs villages reculés et inaccessibles de la chaîne himalayenne, avoisinant l’épicentre du séisme de magnitude 7,8 qui a frappé le Népal samedi 25 avril. Là-bas, on a toujours vécu à l’écart du monde. Depuis samedi, ce sont les morts qui sont invisibles.Comment deviner que l’épicentre du pire séisme ayant frappé le Népal depuis 1934 ait pu se trouver si proche de Gorkha, la capitale d’un district qui se trouve à environ 70 km de Katmandou ? Les maisons en ciment et brique rouge sont encore debout et rares sont celles qui présentent des fissures, ou se sont effondrées. Les témoignages épars de quelques villageois rencontrés au bord de la route donnent cependant un autre aperçu de la situation, à plusieurs heures de marche de là.Des hameaux et des villages ont été rayés de la carte en quelques minutes. A Barpak, il ne resterait que 4 maisons debout sur 200, et à Dhiska et Muchhok, toutes les maisons, soit environ une quarantaine, auraient été détruites. Le bétail aurait été décimé. Les survivants n’ont pas encore reçu de tentes ou de couvertures, encore moins de la nourriture. « Tous les jeunes du village ont émigré au Moyen-Orient pour travailler sur les chantiers de construction. Il ne reste ici que des personnes âgées, vulnérables, qui peuvent à peine se déplacer », témoigne Purushu Ram, un paysan dont la grand-mère est morte sous les décombres. Le séisme a aussi transformé la topographie des lieux. « On ne sait plus qui est propriétaire de quelles terres, car elles ont changé de taille et de relief », poursuit Purushu Ram.Lire : En cartes, le séisme et ses cinquante répliques« Où est le gouvernement ? »Combien sont morts dans cette vallée ? Difficile de le savoir. Le district compte 270 000 habitants et seuls 237 décès et 300 blessés ont été recensés, et près d’un millier a pu être évacué. Un chiffre dérisoire. « Les villages incinèrent leurs morts sans qu’ils soient comptabilisés. Peut-être ne le seront-ils jamais », explique Krishna Lamichhani, qui se prépare à rejoindre ces villages avec sur son dos d’énormes sacs de toile remplis de galettes de pain.L’endroit est difficilement accessible. Le paysage se compose de montagnes escarpées avec au loin des pics montagneux enneigés qui percent l’horizon. Une ou deux routes pour relier une poignée de villages. Il faut en temps normal quatre ou cinq heures pour se rendre de Katmandou à Gorkha. Mais depuis lundi, la route est si encombrée qu’il faut au moins une journée. Les files d’autocars et de camions restent immobilisées de longues heures, suspendues sur les flancs de montagne à cause des embouteillages provoqués par les glissements de terrain et un trafic inhabituel.« On ne sait plus qui est propriétaire de quelles terres, car elles ont changé de taille et de relief », se lamente Purushu Ram, un villageois de GorkhaDe nombreaux habitants préfèrent quitter Katmandou, tout comme les migrants indiens qui ont perdu leur travail pendant le séisme, pour rejoindre leurs villages d’origine. Dans les premières heures de lundi, les bus ont été pris d’assaut. Depuis, les glissements de terrain sont fréquents, bloquant la seule route qui relie Katmandou à Gorkha et à l’Inde. Reste la voie aérienne. Mais les hélicoptères ont renoncé à se poser à proximité des villages à cause du relief trop escarpé ou des mauvaises conditions météorologiques. Le seul hélicoptère de l’armée népalaise est tombé en panne samedi. Ceux de l’armée indienne sont trop grands pour pouvoir se poser sur le sol instable. Les secouristes n’utilisent donc que deux appareils légers pour larguer des couvertures et des tentes. Des soldats ont entrepris de rejoindre à pied ces zones isolées, mais leur progression est lente. Venir en aide à la population relève de la gageure dans une région aussi coupée du monde, où la population est disséminée dans des centaines de petits hameaux isolés les uns des autres. Le village le plus éloigné du district est à sept jours de marche de la capitale, Gorkha. Sur les bords des routes, on préfère prier pour calmer l’esprit des dieux plutôt que d’attendre les secours. Car ici, on ne croit pas que le tremblement de terre ait été provoqué par le chevauchement des plaques tectoniques. Une photo circule sur les téléphones portables montrant un serpent avec une tête en forme de visage humain. C’est en le tuant par mégarde que des villageois auraient provoqué le séisme.Lundi après-midi, dans la ville de Gorkha, un groupe de villageois attendait de rencontrer le responsable du district pour lui exprimer leur courroux. « Où est le gouvernement ? Que fait-il pour nous pendant que nos familles meurent ? Toute l’aide va à Katmandou », se désespère l’un d’entre eux qui est arrivé après une journée de marche. Si la consternation et le deuil règnent à Katmandou, ici, c’est le désespoir mêlé à la colère qui domine.Lire : Sept chiffres pour comprendre la catastrophe au Népal« Donnez-nous des tentes et des vivres »Il faut voir les yeux injectés de sang et les lèvres tremblantes de Krishna quand il parle, pour comprendre la tragédie qui est en train de se dérouler dans son village, à quinze heures de marche d’ici. Lui, le villageois mal fagoté dans sa veste râpée, qui ose s’approcher du responsable du district entouré de policiers pour lui lancer à la figure : « Vous n’êtes qu’un bon à rien. Donnez-nous des tentes et des vivres. » Plusieurs tentes ont été reçues, mais elles n’ont toujours pas été distribuées. Le ton monte entre la cinquantaine de villageois et le responsable du district : « Il faut le battre ! Il faut le battre ! », hurle la foule. Le fonctionnaire, escorté par la police, parvient à se faufiler dans son 4X4, tenant dans ses mains trois ou quatre téléphones portables qui ne cessent de sonner.« Où est le gouvernement ? Que fait-il pour nous pendant que nos familles meurent ? Toute l’aide va à Katmandou », se désespère un villageois« A force de diffuser des images du drame, les médias excitent la colère et l’impatience, se plaint Uddan Prasad Timalsena. Or, nous recevons l’aide au compte-gouttes. Des ONG ou des entreprises veulent nous envoyer un peu de matériel pour soulager leur conscience, mais ce n’est pas suffisant. » M. Timalsena dit avoir besoin de 40 000 tentes. Il n’en a reçu que 500, ou peut-être 1 000, il ne sait plus. Au moment où il parle, deux jeeps avec à leur bord de jeunes Américains portant de longues barbes et des tongs arrivent avec quelques matelas et des couvertures.Le fonctionnaire pousse un soupir. Les habitants l’accusent de vouloir attendre l’arrivée des journalistes pour distribuer les tentes, sous le crépitement des flashs. « Mais comment puis-je distribuer 1 000 tentes ? Il faut attendre que d’autres arrivent pour que l’aide soit équitable », se justifie-t-il. En attendant, le chef du district montre à son ministère qu’il est entièrement consacré à sa tâche : il a créé des sous-comités chargés de la distribution de l’aide. Il y a celui pour les tentes, l’autre pour les couvertures, et même un autre pour l’information. Tous les sous-comités sont prêts. Il ne manque que le matériel. Le fonctionnaire passe un coup de fil à Katmandou pour donner les chiffres de la journée : entre 20 et 25 blessés évacués par hélicoptère et une aide qui se fait toujours attendre. Pour cet autre tremblement de terre, il n’y a pas de bilan, et encore beaucoup de victimes inconnues.Lire aussi :L’organisation des secours sur l’Everest suscite la polémiqueManifestation devant la résidence du premier ministre népalaisTrois jours après le puissant séisme qui a ravagé le Népal, le gouvernement népalais doit faire face au mécontentement des victimes de la catastrophe, qui lui reprochent de ne pas répondre à leurs besoins, notamment en eau et nourriture.Selon l'envoyé spécial de RFI à Katmandou, une manifestation s'est tenue mardi 28 avril devant la résidence du premier ministre népalais pour protester contre l'inaction de son gouvernement. Le journaliste raconte que, devant le manque criant d'aide, en particulier en direction des quartiers les plus sinistrés situés dans la vieille ville de la capitale, la population sinistrée commence à s'organiser seule pour répondre aux besoins les plus urgents. Les habitants tentent ainsi de réunir des fonds par tous les moyens possibles, notamment Western Union.Si les autorités ont commencé dès lundi à larguer au-dessus de certaines zones inaccessibles située près de l’épicentre du séisme des colis contenant des bâches, de la nourriture et des médicaments, les tentatives de secours par hélicoptère ont été abandonnées, explique un porte-parole de l'armée au New York Times.Julien Bouissou (Gorkha, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.04.2015 à 18h20 • Mis à jour le09.04.2015 à 18h26 Le président américain Barack Obama a appelé à lutter contre les pseudo-thérapies dites de « conversion », visant à inciter les homosexuels ou des transsexuels à renoncer à leur changement d'orientation ou d'identité sexuelles. M. Obama a lancé cet appel en réponse à une pétition sur le site de la Maison Blanche qui avait été élaborée à la suite du suicide, en décembre 2014, d'une jeune transgenre, Leelah Alcorn, âgée de 17 ans.Dans un message publié en ligne avant sa mort, Leelah Alcorn avait expliqué que ses parents l'avaient forcée à suivre une thérapie pour renoncer à son changement de sexe et à redevenir un garçon. M. Obama affirme que les gens doivent avoir le droit de choisir et de vivre librement quelle que soit leur orientation sexuelle.« Cette nuit, quelque part en Amérique, une jeune personne, disons un jeune homme, aura du mal à trouver le sommeil, aux prises avec un secret qu'il garde depuis aussi longtemps qu'il s'en souvient », a déclaré M. Obama dans un communiqué publié mercredi 9 avril.« Ce qui va se passer après dépend de lui, de sa famille, mais aussi de ses amis, de ses professeurs et de sa communauté. Mais cela dépend aussi de nous, de la société que nous concevons, de l'avenir que nous construisons. »Thérapies moralement et médicalement nuisibles« Nous partageons vos inquiétudes quant aux effets potentiellement dévastateurs [de ces thérapies] sur les vies des jeunes transgenres, mais aussi des homosexuels, lesbiennes, ou bisexuels », affirme Valerie Jarrett, conseillère de Barack Obama, en réponse à la pétition qui a reçu plus de 120 000 signatures.Pour Mme Jarrett, ces thérapies appelées « de réparation » sont moralement et médicalement nuisibles : « Tous les éléments scientifiques nous montrent que la thérapie de “conversion”, surtout quand elle est pratiquée sur des jeunes, n'est ni médicalement ni éthiquement adaptée et peut provoquer un mal considérable. »« Dans le cadre de notre engagement à protéger les jeunes en Amérique, notre administration soutient les initiatives visant à interdire l'utilisation de la thérapie de “conversion” pour les mineurs. »Barack Obama milite, par ailleurs, en faveur des droits des homosexuels, sur le sol américain comme à l'étranger, et il est le premier président américain à soutenir publiquement le mariage entre personnes de même sexe. 09.04.2015 à 13h37 Un journaliste indépendant norvégien est détenu depuis fin mars au Yémen, visé par des accusations d'espionnage, rapporte, jeudi 9 avril, le tabloïd Verdens Gang (VG), qui cite son entourage. Le Norvégien a été arrêté dans la nuit du 28 au 29 mars à Sanaa faute d'avoir pu produire un visa de journaliste, alors qu'il filmait les bombardements effectués par la coalition arabo-sunnite depuis le 26 mars sur la capitale yéménite tombée sous la coupe des rebelles chiites houthistes, selon VG.Le ministère des affaires étrangères norvégien a confirmé, mercredi, qu'un ressortissant norvégien avait été arrêté à Sanaa fin mars sans vouloir divulguer son identité, ni commenter les raisons de son arrestation. Le gouvernement norvégien a souligné auprès des autorités locales qu'elles étaient « responsables de sa sécurité et de sa santé », a souligné une porte-parole du ministère, Veslemøy Lothe Salvesen.Un des employeurs du journaliste, la radiotélévision publique NRK, a indiqué que l'intéressé effectuait des reportages sur le Yémen pour différents médias depuis 2013, en parallèle de ses études dans le pays. NRK a précisé être en contact régulier avec sa famille et ses proches. Les avancées des houthis, qui sont entrés à Sanaa en septembre 2014, ont entraîné la fuite du gouvernement yéménite et provoqué le 26 mars le début des frappes aériennes d'une coalition de neuf pays arabes, menée par l'Arabie saoudite sunnite.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0v0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0v0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 09.04.2015 à 11h54 • Mis à jour le09.04.2015 à 15h45 Trois personnes, dont un juge, sont mortes, jeudi 9 avril, au tribunal de Milan, où un homme poursuivi pour banqueroute frauduleuse a ouvert le feu dans la matinée. Dans des circonstances encore peu claires, un homme en armes se trouvait à l'intérieur du tribunal, bien que l'entrée soit équipée de détecteurs de métaux.Deux personnes sont décédées à la suite de ces tirs, dont un juge des faillites. Selon plusieurs agences, ce dernier a été tué dans son bureau. Un troisième homme mort a été découvert dans l'enceinte du tribunal, mais son corps ne portait pas trace d'impact de balle, d'après les secours, ce qui laisserait envisager la possibilité d'une crise cardiaque, causée par un état de panique.Arrêté à une trentaine de kilomètres de MilanL'homme soupçonné d'être l'auteur des tirs a été arrêté à la mi-journée au nord-est de la métropole, a annoncé le ministre italien de l'intérieur, Angelino Alfano. « L'assassin présumé de Milan a été arrêté à Vimercato [à une trentaine de kilomètres au nord-est de Milan]. Il se trouve maintenant à la caserne des carabiniers », a annoncé le ministre sur son compte Twitter. Le ministre se trouvait à Milan pour présider une réunion du Comité national pour l'ordre et la sécurité publique en vue de l'Exposition universelle qui doit s'ouvrir le 1er mai.Un avocat, Valerio Maraniello, a raconté avoir défendu l'auteur présumé des tirs il y a deux ou trois ans. « J'étais l'avocat de ce monsieur, avec un collègue, qui semble-t-il a été touché aujourd'hui. Je l'ai assisté pour des problèmes de médiation mobilière pendant un an », a-t-il expliqué, en évoquant un homme qui « présentait bien ». « Ce client était particulier, une personne agressive, un peu paranoïaque. Il était toujours convaincu qu'on cherchait à l'avoir », a-t-il ajouté, précisant avoir cessé de le défendre parce que l'homme ne suivait pas ses conseils. 09.04.2015 à 11h37 • Mis à jour le09.04.2015 à 13h47 | Rémi Barroux Le bulletin scolaire de la planète n’est pas bon. « Quelques progrès, mais doit beaucoup mieux faire », pourrait écrire l’Unesco, l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, dans son rapport mondial de suivi de l’éducation pour tous (EPT) 2015, présenté jeudi 9 avril.Les six objectifs de l’éducation pour tous fixés à Dakar en avril 2000 ne sont pas atteints. A un mois du prochain Forum mondial de l’éducation qui se tiendra, du 19 au 22 mai, à Incheon (République de Corée), un tiers seulement des 140 pays qui ont renseigné l’Unesco ont atteint l’ensemble des objectifs. « C’est un bilan final, la réponse est claire, le compte n’y est pas. Si l’on prend l’objectif de la scolarisation dans le primaire, pas seulement l’entrée à l’école mais la réalisation d’un cycle complet, seuls un petit peu plus de la moitié des pays l’ont atteint », explique Nicole Bella, statisticienne en charge de l’analyse des politiques éducatives à l’Unesco.En effet, 52 % des pays ont atteint l’éducation primaire universelle, et 10 % seraient sur le point d’y parvenir. « Presque 100 millions d’enfants ne termineront pas leur cursus primaire en 2015, essentiellement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire », écrivent les auteurs du rapport. Si 50 millions d’enfants supplémentaires ont été scolarisés par rapport à 2000, l’échec relatif est dû aux inégalités persistantes dans le monde.Le poids des inégalités sociales« Les plus pauvres ont quatre fois moins de chance de fréquenter l’école primaire et cinq fois moins de chance que les plus riches de terminer le cycle complet de cet enseignement », précise Mme Bella. Mais les inégalités ne sont pas seules en cause. Il existe des effets cumulatifs, comme le fait d’appartenir à une minorité ethnique ou linguistique dans un pays, d’être membre d’une communauté nomade ou simplement d’être une fille. Parmi les enfants non scolarisés, les filles ont plus de risques que les garçons de ne jamais aller à l’école, 48 % contre 37 %. La réalité est différente d’un continent à l’autre. En Amérique latine et en Asie, les garçons sont plus nombreux à quitter les bancs de l’école pour aller travailler, surtout à partir du secondaire (collège et lycée), la crise économique amplifiant le phénomène. En Afrique subsaharienne en revanche, les filles restent plus vulnérables, notamment les plus pauvres. « En Guinée et au Niger, en 2012, plus de 70 % des filles les plus pauvres n’avaient jamais été scolarisées dans le primaire contre 20 % des garçons les plus riches », écrivent les auteurs.Dans les pays en guerreLa persistance de conflits dans un grand nombre de pays reste un obstacle majeur à l’éducation. « Si l’on prend les 58 millions d’enfants qui, en 2012, n’allaient pas à l’école primaire (6-11 ans), plus d’un tiers d’entre eux se trouvent dans des pays en guerre [une trentaine sont recensés selon l’Unesco], comme la Syrie, l’Irak, le Yémen, le Mali, etc. », analyse Nicole Bella. Cette proportion a augmenté de 30 % à 36 % entre 2000 et 2012.Pour autant, la situation globale s’est plutôt améliorée. « Le monde a réalisé d’importants progrès en matière d’éducation pour tous et, bien que les objectifs pour 2015 n’aient pas été atteints, des millions d’enfants en plus sont scolarisés par rapport à ce que laissaient augurer les tendances des années 1990. Mais la tâche est encore loin d’être accomplie », a déclaré Irina Bokova, la directrice générale de l’Unesco.Certains pays en développement ont vu leurs efforts en matière d’éducation couronnés de succès. Ainsi, l’Algérie a augmenté le nombre d’enfants accueillis dans le préscolaire et en maternelle de manière spectaculaire, passant de 2 % en 2000 à 79 % en 2012. Au niveau mondial, seuls 47 % des pays sont parvenus à remplir cet objectif n° 1 de « protection et éducation de la petite enfance ». Et 20 % d’entre eux en sont « encore très loin ». Par rapport à 1999, l’Unesco a enregistré une hausse des deux tiers du nombre d’enfants scolarisés en maternelle.L’alphabétisation en panneD’autres objectifs de l’éducation pour tous sont assez loin d’être atteints, comme l’alphabétisation des adultes. Un quart seulement des pays parvient à l’objectif fixé en 2000 de « diminuer de 50 % les niveaux d’analphabétisme des adultes d’ici à 2015 ». Et 32 % des pays en sont très éloignés. Les femmes continuent à représenter les deux tiers des adultes analphabètes. Et si le pourcentage de ces adultes a régressé de 18 % en 2000 à 14 % en 2015, cela est dû principalement à l’arrivée à l’âge adulte de jeunes qui ont été davantage scolarisés.Quand ces objectifs seront-ils atteints ? Il est difficile de le prédire, avec une crise économique persistante. « Il faut des stratégies spécifiques, bien financées, qui donnent la priorité aux plus pauvres – en particulier les filles –, qui améliorent la qualité de l’enseignement et réduisent le fossé de l’alphabétisation afin que l’éducation devienne vraiment universelle », plaide Irina Bokova.Pour l’heure, la tendance générale reste à la recherche d’économies. Selon l’Unesco, les taux d’encadrement dans l’enseignement primaire ont baissé dans plus de 80 % des pays. Alors qu’il faudrait quatre millions d’enseignants supplémentaires pour scolariser tous les enfants.Baisse des aides à l’éducationLa baisse des aides à destination des pays les plus pauvres, notamment dans les secteurs éducatifs, a eu un impact important. Le rapport indique que si l’aide à l’éducation a doublé entre le début des années 2000 et 2010, elle régresse depuis. « S’agissant de l’aide à l’éducation de base, petite enfance, préscolaire et primaire, en provenance des pays de l’OCDE, elle est passée de 2,7 milliards d’euros en 2002 à 5,6 milliards en 2010, pour redescendre à 4,6 milliards d’euros en 2012, et la tendance reste à la baisse», indique Nicole Bella. Par ailleurs, dans de nombreux pays dont l’enseignement public est faiblement doté, ce sont des écoles privées qui prennent le relais, notamment dans le primaire. Si les frais d’inscription ne sont pas trop onéreux, cela représente néanmoins un handicap supplémentaire pour l’accès à l’école des plus démunis.Alors que les Nations unies estiment que 20 % environ d’un budget national devrait être consacré à l’éducation, moins de la moitié des pays ont affecté de 15 à 20 % de leurs budgets à ce poste. « Après 2015, il faudra trouver chaque année 22 milliards de dollars [quelque 20,4 milliards d’euros] supplémentaires pour financer l’éducation, soit près du tiers du coût de l’éducation dans les pays à faibles revenus », écrivent les rapporteurs. Ce qui signifie, pour les pays donateurs, la multiplication au moins par quatre de leur aide. Un défi loin d’être relevé par les pays occidentaux qui cherchent des économies à faire, tant dans leurs politiques d’aide au développement que dans leurs propres budgets nationaux consacrés à l’éducation.Rémi BarrouxJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.04.2015 à 09h13 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h28 Amnesty international a accusé jeudi 9 avril les séparatistes prorusses de s'être livrées à des « exécutions sommaires » de soldats ukrainiens capturés dans l'Est. L'ONG, qui exige une enquête « rapide et impartiale », rappelle que de tels actes s'apparentent à des crimes de guerre. Elle cite notamment dans un communiqué le cas du soldat Igor Branovytski qui avait combattu à l'aéroport de Donetsk. « Une vidéo postée sur Youtube montre qu'il avait été frappé au visage. Il est resté en captivité jusqu'à sa mort », a indiqué Amnesty. Le militaire aurait été tué à bout portant par un chef rebelle. Les services de sécurité ukrainiens ont ouvert une enquête.Le responsable pourrait être Arseniy Pavlov, surnommé « Motorola ». Ce « commandant » russe à la tête d'une unité séparatiste, le bataillon Sparta, a raconté dans un entretien téléphonique avec le Kiev Post avoir personnellement abattu 15 soldats ukrainiens capturés par ses troupes.Amnesty affirme avoir vu des images des corps d'au moins trois autres militaires envoyés par Kiev exécutés selon l'ONG d'une balle dans la tête. Tous avaient avaient été faits prisonniers entre le 12 et le 18 février par les combattants prorusses à Debaltseve, nœud stratégique passé sous contrôle des rebelles en février après des combats acharnés en dépit de la trêve signée le 15 février. Interrogée sur les accusations d'Amnesty, une responsable séparatiste a « démenti les rumeurs selon lesquelles des prisonniers de guerre ont été tués dans la DNR », la république autoproclamée de Donetsk. « De tels faits n'ont pas eu lieu », a déclaré Daria Morozova, en charge des droits de l'homme dans la république séparatistes.Les forces ukrainiennes combattent depuis un an une rébellion séparatiste prorusse dans l'Est, armée et soutenue par la Russie, selon Kiev et les Occidentaux, ce que Moscou dément. Depuis son début en avril 2014, le conflit a fait plus de 6 000 morts. Mirel Bran Comment 1 milliard de dollars ont-ils pu disparaître des banques moldaves ? Les autorités de Chisinau paieraient cher pour le savoir. Pour le petit pays de 4 millions d'habitants, enclavé entre l'Ukraine et la Roumanie, une telle somme représente pas moins de 12,5 % de produit intérieur brut.C'est la Banque centrale de Moldavie (BNM) qui a découvert la fuite en réalisant que trois établissements bancaires avaient accordé des crédits pour un montant total d'1 milliard de dollars (927 millions d'euros). La transaction a été bouclée en l'espace de quelques jours, juste avant les élections législatives du 30 novembre 2014, remportées de peu par les partis pro-européens face à l'opposition prorusse. Les destinataires de ces crédits n'ont pas été identifiés. A croire que l'argent s'est purement et simplement évaporé.  « Je ne peux pas expliquer comment on peut voler une somme aussi importante dans un pays aussi petit ! », a réagi le représentant de l'Union européenne en Moldavie, Pirkka Tapiola. Les députés se sont saisis de l'affaire. Selon un rapport d'une commission parlementaire discuté à huis-clos, mais qui a filtré dans la presse, une partie de l'argent aurait été transférée dans quatre banques russes.Le parquet général a ouvert une enquête. Les procureurs anticorruption, épaulés par des détectives financiers américains, travaillent sur cette enquête depuis plusieurs semaines et ont multiplié les descentes et les perquisitions. Jusqu'ici deux personnes, dont l'identité est gardée secrète, ont été placées en détention provisoire et les biens de plusieurs autres, mis sous séquestre. ENQUÊTE OUVERTELe leader de l'opposition socialiste, Igor Dodon, assure quant à lui que ces fonds auraient fini dans les comptes de plusieurs compagnies offshore, « où l'on a perdu leur trace ». « Des crédits ont été octroyés tout en sachant qu'ils ne seront jamais remboursés », affirme-t-il. Le vice-premier ministre et ministre de l'économie, le Français Stéphane Bridé, ancien expert financier nouvellement nommé, parle lui prudemment de « transactions suspectes » massives.Début mars, les principaux partenaires financiers de la Moldavie – la Banque mondiale, l’UE et les Etats-Unis – ont exhorté les autorités moldaves à rendre public le montant des pertes subies par l’Etat dans cette affaire. Sous la pression internationale, le gouvernement de Chisinau a fait appel à la compagnie d’audit américaine Kroll pour démêler cette affaire fâcheuse.Pour éviter leur faillite, qui aurait provoqué un vent de panique dans l'ensemble du système bancaire, la BNM a placé sous sa gestion directe la Banque d'économies, l'Unibank et la Banque sociale, qui représentent environ un tiers des actifs bancaires du pays. « Je suis convaincu que la somme ne sera pas remboursée intégralement et que la différence sera transformée en dette publique », a affirmé Dumitur Ursu, président de la Ligue des banquiers.Depuis l’éclatement de cette affaire, le leu moldave a perdu 42 % de sa valeur. Le coup est rude pour les Moldaves, qui doivent se contenter d’un salaire moyen de 200 euros, d’autant qu’il intervient dans un contexte politique pour le moins compliqué.Affaire politiqueEn effet, trois partis proeuropéens étaient sortis victorieux des législatives de novembre : le Parti libéral-démocrate de Moldavie (PLDM), le Parti démocrate de Moldavie (PDM) et le Parti libéral (PL), ce dernier étant l’avocat le plus fervent de l’avancée des réformes sur la voie européenne. Elles disposaient de 54 députés face aux 47 députés communistes et socialistes pro-russes, une majorité suffisante pour mettre en place un gouvernement proeuropéen.Mais le PLDM et le PDM n’ont pas apprécié la pression mise sur le pays par la Commission européenne, principal bailleur de fonds de la Moldavie, pour réformer la justice. Ils ont donc préféré faire appel au soutien des communistes pour mettre en place, le 18 février, un gouvernement minoritaire. L’affaire financière est donc rapidement devenue politique.Le pays est historiquement très dépendant de la Russie. Or, Moscou a imposé un embargo sur les produits agroalimentaires après la signature d'un partenariat avec l'UE et a aussi entravé les transferts de fonds des travailleurs moldaves en Russie, qui correspondent au quart du PIB. Cet embargo pourrait faire plonger l'économie moldave en 2015 dans une récession de 1 % après une croissance de 4,6 % en 2014.Lire (en édition abonnés) : La Moldavie s’éloigne de l’EuropeMirel BranJournaliste au Monde 06.04.2015 à 14h15 • Mis à jour le06.04.2015 à 16h00 Les autorités turques ont ordonné, lundi 6 avril, le blocage de Twitter, Facebook et Youtube pour y empêcher la diffusion des photos de Mehmet Selim Kiraz, le procureur tué le 31 mars, à l'issue d'une prise d'otage au tribunal d'Istanbul.Un message de l'Autorité administrative des télécommunications (TIB), posté sur Youtube, indique que cette interdiction, la première de grande ampleur depuis le blocage décrété il y a un an pour empêcher la diffusion d'accusations de corruption, visant le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir, a été ordonnée par « mesure administrative ».Selon le site du quotidien Hürriyet, cette mesure a été prise à la suite d'une décision de justice ordonnant le blocage de 166 sites – dont Facebook, Twitter et Youtube – ayant diffusé la photo du magistrat avec un pistolet sur la tempe. La photo a été diffusée juste après le début de la prise d'otage par le Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), qui a revendiqué l'opération. Le DHKP-C est considéré comme un groupe terroriste en Turquie.L'un des principaux groupes de presse du pays, Dogan, dont les publications incluent Hürriyet et Posta, a été contraint de publier des excuses officielles sur les sites Internet et dans les colonnes de ses journaux en déplorant « une mauvaise utilisation d'une photo représentant les symboles d'une organisation terroriste ». Pendant la prise d'otage, l'organisme de contrôle de l'audiovisuel turc a interdit aux chaînes de télévision du pays de retransmettre en direct des images de l'événement.Enquête ouverte contre plusieurs journauxDès le lendemain, la justice turque avait ouvert une enquête contre – Hürriyet, Cumhuriyet, Posta et Bugün – quatre journaux turcs accusés d'avoir reproduit cette photo sur leur site Internet ou dans leurs colonnes.Depuis un an, le gouvernement turc a multiplié les mesures controversées pour tenter de museler Internet et les réseaux sociaux, coupables d'avoir diffusé des allégations de corruption visant M. Erdogan et plusieurs de ses membres. En mars 2014, M. Erdogan avait ordonné le blocage momentané de Twitter et Facebook.Le Parlement turc a voté le mois dernier une disposition qui autorise le gouvernement à bloquer un site Internet sans l'aval de la justice, une disposition qui avait pourtant été censurée par la Cour constitutionnelle l'an dernier. Le premier ministre islamo-conservateur turc Ahmet Davutoglu s'est saisi également de cette controverse, affirmant avoir lui-même interdit aux médias qui avaient diffusé l'image du magistrat de couvrir ses obsèques, mercredi à Istanbul. L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a déploré ce nouvel exemple de « censure », imposé par le gouvernement turc. La Turquie figure régulièrement en tête du palmarès des pays les plus répressifs en matière de liberté de la presse, dressé par les ONG. 06.04.2015 à 11h30 • Mis à jour le06.04.2015 à 13h48 L'Arabie saoudite a demandé des soldats et des avions de combat au Pakistan pour son opération contre les rebelles au Yémen, a affirmé, lundi 6 avril, Khawaja Asif, le ministre de la défense pakistanais.A la demande du premier ministre, Nawaz Sharif, les parlementaires pakistanais se sont réunis afin de débattre de la participation ou non du Pakistan à la coalition menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles chiites houthistes dans ce pays de la péninsule Arabique.Le ministre de la défense pakistanais a réaffirmé que le Pakistan n'avait pas encore pris sa décision et qu'il privilégiait une solution « politique » et « pacifique » à ce conflit, tout en s'engageant à défendre la souveraineté du territoire saoudien si celle-ci venait à être menacée.Le Pakistan en porte à fauxLa requête de Riyad place Nawaz Sharif dans une position délicate. Le Pakistan, majoritairement sunnite, est en effet le théâtre de tensions religieuses, des groupes armés s'en prenant à des membres de la minorité chiite, qui représente 20 % d'une population de 180 millions habitants. Nawaz Sharif a répété à plusieurs reprises qu'il interviendrait en cas de menace pesant sur « l'intégralité territoriale » de l'Arabie saoudite, sans dire plus précisément quelle forme pourrait prendre une telle intervention.En plus d'une exacerbation des tensions religieuses à l'intérieur du pays, le Pakistan craint également, en cas de participation à la coalition militaire, une crispation avec l'Iran, la principale puissance chiite dans la région avec laquelle le Pakistan partage une longue frontière. L'opinion publique pakistanaise semble de son côté largement opposée à une participation à toute opération au Yémen sous commandement saoudien.Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, sera mercredi au Pakistan afin de discuter de la situation au Yémen, dans ce qui pourrait être un effort conjoint du Pakistan et de la Turquie pour trouver une solution diplomatique à ce conflit. La visite de M. Zarif à Islamabad est en effet programmée au lendemain de celle à Téhéran du président turc Recep Tayyip Erdogan et quelques jours après la celle à Ankara de M. Sharif. 06.04.2015 à 10h44 • Mis à jour le06.04.2015 à 11h30 | Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) A l’occasion de sa visite d’Etat à Paris prévue mardi 7 et mercredi 8 avril, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, va tenter de capitaliser sur la solidarité internationale exprimée après l’attaque djihadiste du 18 mars contre le Musée du Bardo (22 morts, dont 21 touristes étrangers). Agé de 88 ans, M. Essebsi, soutenu par le camp anti-islamiste, a été élu président en décembre 2014 en menant campagne pour la restauration d’un Etat fort après la révolution de 2011. A Paris, M. Essebsi devrait évoquer avec François Hollande les moyens de renforcer la coopération économique et sécuritaire dans un contexte régional marqué par la montée du péril djihadiste.Lire aussi :Tunisie, après le choc du BardoQu’attendez-vous de la France à l’occasion de cette visite ?Pour moi, il s’agit d’une visite d’amitié. Les relations tuniso-françaises remontent à très loin dans l’Histoire. Mais cette fois, la Tunisie se présente avec un nouveau visage après avoir réussi ses élections législatives et son scrutin présidentiel l’an dernier. Elle est devenue membre du club des nations démocratiques. C’est un nouveau visage. Mais pour que la Tunisie réussisse complètement cette transition démocratique, il faut aussi que la situation économique évolue. Actuellement, ce n’est pas le cas. La France est notre premier partenaire, nous souhaitons qu’elle comprenne mieux le problème. Nous sommes très ouverts à toute forme de coopération dans les domaines culturel, scientifique, économique, politique, social… et même sécuritaire.Précisément sur la coopération sécuritaire, que peut apporter la France à la Tunisie ?La France a les mêmes problèmes que nous en matière de combat contre le terrorisme. Nous avons déjà une coopération, ce n’est pas nouveau. Peut-être peut-on la renforcer. Peut-être que les événements récents en France et en Tunisie nous appellent à plus de concertation, à plus de coopération.Sur la question de la sécurisation de la frontière, en particulier entre la Tunisie et la Libye, la France peut-elle jouer un rôle ?Oui, bien entendu. Encore faut-il qu’elle puisse faire l’effort pour cela. Si elle peut le faire, c’est tant mieux. Si elle peut le faire dans une coopération plurielle avec d’autres partenaires amis, pourquoi pas… Mais j’insiste : nous ne voulons gêner personne.Après l’attaque du Bardo, un discours sécuritaire s’est répandu au point d’inquiéter certaines organisations des droits de l’homme. Comment trouver un équilibre entre respect des libertés et efficacité antiterroriste ?Nous respectons les libertés publiques. Il ne s’agit pas de tomber dans un Etat policier. En tout cas, j’y veillerai. Mais quand quelqu’un vient pour vous tuer et tuer tous ceux qui sont alentour, vous êtes en état de légitime défense. Il ne s’agit toutefois pas de remettre en cause les libertés publiques, la liberté d’expression, etc. Non, pas du tout. Nous pouvons concilier le combat contre le terrorisme et le respect des libertés publiques.L’intégralité de l’entretien est à retrouver dans Le Monde daté du mardi 7 avril.Lire aussi :Beji Caïd Essebsi : « Il ne s’agit pas de tomber dans un Etat policier »Frédéric Bobin (Tunis, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.04.2015 à 10h14 • Mis à jour le06.04.2015 à 18h25 | Christophe Châtelot (Garissa, Kenya, envoyé spécial) Ce jour de fête pour les chrétiens du monde entier avait, à Garissa, le goût amer de la mort. Il fallait avoir la foi aussi solidement chevillée au corps que Monseigneur Joseph Alessandro, évêque de cette ville du nord-est du Kenya, pour distinguer, en ce dimanche de Pâques, un moment de « renaissance pour le pays », trois jours après le terrible, l’indicible massacre de près de 150 étudiants, pris dans leur sommeil et froidement exécutés sur le campus de l’université de Garissa par un commando de djihadistes, jeudi 2 avril. L’attentat le plus sanglant du pays depuis l’attaque de l’ambassade américaine par Al-Qaida en 1998.Lire aussi :Le Kenya pleure ses enfantsCe petit homme au regard franc et lumineux ne pèche pas par une naïveté noyée dans les bons sentiments minorant le drame. Le Kenya et ses violences, ce Maltais d’origine les connaît depuis 1989. Trois ans plus tard, il était grièvement blessé par des bandits non loin de Garissa, quelque part dans cette savane subdésertique écrasée de chaleur qui rappelle davantage la Somalie voisine que les images des dépliants touristiques pour les safaris.Et puis, l’évêque de Garissa a aussi connu ce 1er juillet 2012, qui résonne aujourd’hui comme annonciateur de la tuerie de l’université. Ce jour-là, deux églises de la ville furent la cible de deux commandos qui tuèrent seize fidèles. L’attaque fut revendiquée, déjà, par les chabab venus de Somalie où, l’année précédente, l’armée kényane s’était jointe à celles d’autres pays de la région pour éviter que le pays tombe définitivement aux mains de ces milices islamistes ralliées à Al-Qaida.Mais Mgr Alessandro croit en l’homme, au paradis pour les victimes et au pardon. Il salue « le courage de ses fidèles venus à pied », ces quelque deux cents personnes qui, dimanche 5 avril, remplissaient sa cathédrale pour faire baptiser leurs enfants. Certes, le périmètre avait été sécurisé par l’armée. Mais elle ne contrôlait que les carrefours adjacents à ce bloc de béton ajouré surmonté de deux clochers. Le reste de la ville ne présentait aucune mesure de sécurité particulière : ni barrage ni omniprésence d’hommes en uniforme. Les marchés grouillaient de femmes plus ou moins enveloppées de voiles colorés.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-5522b3aa80c58'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nGarissa, Kenya. Des soldats prot\u00e8gent l'office du dimanche dans un temple protestant, le dimanche 5 avril, trois jours apr\u00e8s l'attaque des chabab.\r\nCr\u00e9dits : Xavier BOURGOIS pour Le Monde\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Garissa, Kenya. 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Quelque deux cents personnes ont rempli l'\u00e9glise ce dimanche 5 avril. Le p\u00e9rim\u00e8tre a \u00e9t\u00e9 s\u00e9curis\u00e9 par l\u2019arm\u00e9e, mais elle ne contr\u00f4lait que les carrefours adjacents. Le reste de la ville ne pr\u00e9sentait aucune mesure de s\u00e9curit\u00e9 particuli\u00e8re.\r\nCr\u00e9dits : Xavier BOURGOIS pour Le Monde\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des dizaines d'enfants sont baptis\u00e9s lors des c\u00e9l\u00e9brations de P\u00e2ques \u00e0 la cath\u00e9drale de Garissa. Quelque deux cents personnes ont rempli l'\u00e9glise ce dimanche 5 avril. Le p\u00e9rim\u00e8tre a \u00e9t\u00e9 s\u00e9curis\u00e9 par l\u2019arm\u00e9e, mais elle ne contr\u00f4lait que les carrefours adjacents. 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Il est sans nouvelles de sa cousine, \u00e9tudiante, depuis l'attaque du 2 avril, et n'a pu la retrouver a la morgue.\r\nCr\u00e9dits : Xavier BOURGOIS pour Le Monde\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Francis Mwangangi, aux abords de l'universit\u00e9 de Garissa. 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Sans doute cette apparente quiétude est-elle due au fait que la quasi-totalité des quelque 800 étudiants et les professeurs de cette toute nouvelle université, inaugurée en 2011 pour développer cette région oubliée par le centre, venaient d’autres parties du pays. Les familles en deuil ne sont pas d’ici. « Les Somali préfèrent le business que d’aller à l’école, explique l’évêque Alessandro. Cette université était le meilleur moyen de changer ces habitudes et de lutter contre l’extrémisme. Si elle ne rouvre pas ses portes, les terroristes auront gagné. »  Course morbideSans doute aussi que la tuerie tourne dans les têtes davantage qu’elle ne se lit sur les visages. Il fallait voir, ainsi, samedi, sur l’aire de jeux de l’école primaire, vaste terrain vague de sable et de cailloux, cette foule d’hommes et de femmes, de jeunes et de vieux, lancée dans une course morbide après le pick-up de la police sur la plate-forme duquel avaient été jetés les corps gonflés des quatre tueurs présumés, tués par la police. « Je voulais les voir pour être sûr qu’ils étaient morts. Maintenant, je sais. Je n’ai pas confiance dans ce que dit le gouvernement », avouait Enock, un instituteur trentenaire. « Nous avons demandé aux autorités de le faire pour rassurer les gens », explique Muhammahi Salat, représentant local du Conseil supérieur des musulmans du Kenya.« Il fallait aussi que les Somali constatent que les criminels appartiennent bien à leur communauté », lâche un officier de police kikouyou, l’ethnie (chrétienne) la plus nombreuse du pays. Il semblerait que ce soit le cas, ce qui ne devrait pas faciliter la vie des Somali, souvent victimes d’un harcèlement policier, à Nairobi surtout, depuis que les chabab ont intensifié leurs attaques contre le Kenya. « Le président et le gouvernement nous accusent [de complicité] avec les chabab, qui à leur tour, nous menacent », se plaint M. Salat.Selon le ministère de l’intérieur, l’un des assaillants s’appelle Abdirahim Mohammed Abdoullahi, diplômé de l’université de droit de Nairobi, fils d’un chef local de Mandera, une ville de l’extrême nord du Kenya frontalière de l’Ethiopie et de la Somalie. Son père avait déclaré sa disparition en 2014, le soupçonnant d’avoir rejoint les chabab. Cette information confirme que des Kényans alimentent les rangs des djihadistes (un Tanzanien fait également partie des cinq personnes arrêtées depuis jeudi par la police pour leur implication présumée dans le massacre).Il ne faut pas croire pour autant qu’à Garissa, on tue les gens à tous les coins de rue. Fussent-ils chrétiens, infime minorité dans cet environnement local essentiellement musulman (proportion inverse du reste du pays). Cette ville de commerçants somali, une des communautés du pays, et de réfugiés somaliens n’est le théâtre d’aucune guerre confessionnelle. Il n’empêche. En revendiquant leur attaque sur l’université, les chabab ont pris le soin de préciser qu’ils avaient trié leurs victimes, épargné les musulmans pour n’assassiner que les chrétiens. Et promis de noyer d’autres villes du Kenya dans « des flots de sang » tant que les soldats kényans ne quitteront pas le sol somalien. « Pendant des heures, c’était le chaos »Alors que l’identification des victimes transférées, samedi, à Nairobi, à plus de 300 kilomètres de là, commence à peine, dans une confusion douloureuse pour nombre de familles toujours sans nouvelles de leur proche, il est impossible d’établir ce ratio morbide. Les chabab ont en effet montré, depuis leur création en 2006, qu’ils étaient assez peu regardants sur la religion de leurs victimes.Les assaillants ont eu près de douze heures – la durée de leur prise d’otages – pour accomplir leur funeste entreprise de tri. La polémique monte ainsi, au Kenya, sur la lenteur de la réaction des autorités et la mauvaise coordination des services de sécurité. « Pendant des heures, c’était le chaos, jusqu’à l’arrivée des Recce [unité composée de policiers et de militaires d’élite] en milieu d’après-midi. Pourquoi si tard ? », déplore un officier de police de Garissa, présent lors de l’attaque.Le groupe d’assaillants – cinq à sept hommes, selon différentes sources – avait fait irruption sur le campus depuis longtemps déjà. A 5 h 30 du matin, ils avaient pris d’assaut la porte d’entrée, tué les deux gardes, puis exécuté dans la foulée un groupe d’étudiants priant à la chapelle de l’université. Le commando se serait ensuite retranché dans l’un des quatre dortoirs du campus sous le feu des policiers dépêchés sur place, selon la version officielle.« Faut-il se faire tuer pour nos chefs, alors que ceux-ci sont corrompus et détournent l’argent de nos équipements ? », demande un policier« Je suis arrivé directement de chez moi, sans arme, vers 6 heures, répondant à l’appel désespéré de certains de mes collègues, pas de mes chefs. Je suis resté là-bas, sans ordre, pendant des heures. Certains couraient, rampaient pour se mettre à l’abri. Mais faut-il se faire tuer pour nos chefs, alors que ceux-ci sont corrompus et détournent l’argent de nos équipements ? », demande ce policier qui exhibe ses chaussures éventrées. « Etre ici, à Garissa, c’est la punition », concède-t-il.Depuis le matin, l’armée, qui dispose à Garissa d’une vaste caserne, s’était déployée autour de l’université pour en bloquer les accès. Ce face-à-face, entrecoupé de détonations en provenance du dortoir où les assaillants accomplissaient leur basse besogne et d’échanges de tirs plus ou moins nourris avec les forces de sécurité, dura jusqu’au milieu de l’après-midi. « On ne savait pas qui, de l’armée ou de la police, commandait », explique le policier.Ce n’est que onze heures après le début de l’attaque que la vingtaine d’hommes du Recce, venus de Nairobi à bord de deux petits avions, arriva sur place. « Il ne leur a fallu qu’une demi-heure pour entrer dans le bâtiment et éliminer les quatre assaillants retranchés dans le dortoir dénommé Elgon », rapporte un autre agent.« Les Kényans se demandent si ce déploiement tardif n’a pas contribué à ce qu’il y ait un grand nombre de victimes ; si les services de sécurité ont vraiment tiré les leçons de l’attaque du centre commercial Westgate en 2013 [à Nairobi], quand les terroristes ont tué autant de personnes qu’ils ont pu [67 morts] avant d’être eux-mêmes tués », peut-on lire dans l’édition dominicale du grand quotidien kényan Daily Nation. Le journal dénonce également « la faiblesse logistique et [la lenteur] de prise de décision » des services de sécurité, qui ont donné le temps aux tueurs de « rassembler leurs victimes, de les trier, de les narguer et les humilier, pour, finalement, les éliminer. »On découvrit ensuite ces dizaines de corps sans vie, baignant dans leur sang sur le carrelage. Cent quarante-deux étudiants et étudiantes, exécutés là, à l’université de Garissa. « Une Oasis du développement », proclame une pancarte sur la grille, derrière laquelle est tendue une bande jaune portant l’inscription : « Scène de crime ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2lnapv"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2lnapv", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Christophe Châtelot (Garissa, Kenya, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) Sharp se lance en quête de nouveaux financements. Le 5 avril, le quotidien économique Nihon Keizai Shimbun a annoncé que le géant japonais de l’électronique pourrait solliciter l’aide d’Innovation Network Cooperation Japan (INCJ), un fonds public-privé créé en 2009, réunissant 26 grands groupes, Toyota, Sony ou encore Hitachi, et supervisé par le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) pour soutenir l’innovation dans l’électronique.Sharp souhaiterait scinder ses activités LCD et créer une nouvelle entité intégrant ses activités de petits écrans pour smartphones notamment. L’INCJ interviendrait pour fournir des capitaux à hauteur de 100 milliards de yens (765 millions d’euros). Sharp n’a pas confirmé l’information, précisant qu’aucune décision n’avait été prise.Le projet interviendrait alors que l’entreprise traverse une période délicate. Fin janvier, elle a annoncé une révision à la baisse de ses prévisions de résultats pour l’exercice 2014 clos fin mars. Ses ventes totales sont attendues à 2 800 milliards de yens (21,4 milliards d’euros). Au lieu de profits à 30 milliards de yens (229 millions d’euros), elle attend des pertes d’un montant équivalent. Sur les quatre dernières années fiscales, le groupe en aura terminé trois sur des pertes. Il souffre notamment de la faiblesse du yen car beaucoup de ses produits vendus au Japon sont fabriqués à l’étranger.Pourpalers avec le taïwanais FoxconnDans le domaine des écrans LCD, qui représente un tiers de son activité, Sharp pâtit essentiellement de la concurrence des Coréens du Sud comme LG et de Japan Display. Cette dernière structure a été créée en 2012. Elle réunit les activités écrans LCD de Sony, Toshiba et Hitachi, mais pas celles de Sharp, qui a refusé d’y participer.Ses difficultés ont déjà contraint l’entreprise à engager des négociations avec ses banques partenaires Mizuho et Tokyo-Mitsubishi-UFJ pour une aide supplémentaire de 200 milliards de yens (1,5 milliard d’euros). Sharp est également en pourparlers avec le taïwanais Foxconn (Hon Hai Precision industry) pour d’éventuels partenariats.Plan de restructuration prévu en maiDans le même temps, le groupe prépare pour le mois de mai un important plan de restructuration. Ses partenaires exigeraient qu’il se sépare des activités non rentables. Outre les écrans LCD, la branche du photovoltaïque, attendue en déficit de 5 milliards de yens (38 millions d’euros) au terme de l’exercice 2014, pourrait être également menacée.Mais Sharp, qui a longtemps dominé ce marché à l’échelle mondiale mais a souffert de la concurrence chinoise à bas coûts, souhaiterait la conserver, affirmant qu’elle est compétitive et que ses difficultés sont simplement liées à la faiblesse du yen. Afin d’améliorer sa rentabilité, il a déjà mis fin à des collaborations à l’étranger dans ce domaine, notamment avec l’italien Enel, et a fermé son usine de panneaux solaires installée en Grande-Bretagne.Selon le site spécialisé dans les questions énergétiques Energy Trend, Sharp aimerait évoluer dans le domaine photovoltaïque d’un simple fabricant de composants en une structure proposant ses solutions globales, notamment pour le secteur résidentiel, en plein développement dans l’archipel.Lire aussi :Le Japon confronté à une croissance nulle des prixPhilippe Mesmer (Tokyo, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.04.2015 à 08h31 • Mis à jour le06.04.2015 à 11h25 Les talibans afghans ont publié la biographie du mollah Omar, leur chef historique. Ce texte, en anglais, mis en ligne dimanche sur le site officiel des insurgés, marque le 19e anniversaire de la désignation du chef suprême des talibans le 4 avril 1996 lors d'un rassemblement à Kandahar, dans le sud-ouest de l'Afghanistan.Le texte présente le mollah Omar, né en 1960 dans le district de Khakrez, dans la province de Kandahar, comme étant encore impliqué dans les « activités djihadistes », une façon pour les insurgés de faire taire les rumeurs locales selon lesquelles leur commandant borgne serait mort.Malgré le fait « qu'il soit sans cesse traqué par l'ennemi, aucun changement et aucune perturbation n'ont été observés dans sa routine de travail », souligne la biographie. « Il suit et supervise (...) les activités contre les cruels envahisseurs étrangers », ajoute le texte.Expert au RPG-7Truffée d'anecdotes sur ses combats lors de l'invasion soviétique, la biographie va jusqu'à qualifier le RPG-7, un lance-grenades antichars de confection russe, « d'arme préférée » du mystérieux mollah Omar, dont les Etats-Unis promettent jusqu'à 10 millions de dollars pour des informations menant à sa capture. On apprend incidemment qu'il n'a pas de résidence luxueuse, ni de compte en banque en Afghanistan ou à l'étranger.La publication surprise de cette courte biographie du mollah Omar « comporte plusieurs aspects stratégiques », explique Ahmed Sayedi, un spécialiste de la mouvance talibane. « Le plus important d'entre eux est de contrer Daech », acronyme arabe de l'Etat islamique (EI), à l'échelle locale, a-t-il souligné. « Cette annonce vise aussi à montrer que le mollah Omar est vivant, qu'il se porte bien et qu'il a toujours le contrôle en tant que chef suprême des talibans », ajoute M. Sayedi.Le mollah Omar est considéré comme « l'émir des croyants » par les talibans et Al-Qaida. Mais au cours des derniers mois, des commandants et des combattants talibans ont annoncé avoir changé leur fusil d'épaule pour faire allégeance au chef de l'EI, Abou Bakr Al-Baghdadi, qui a proclamé un califat sur des secteurs de Syrie et d'Irak.Lire aussi : Retour en chiffres sur treize ans de présence occidentale en Afghanistan 06.04.2015 à 06h56 • Mis à jour le06.04.2015 à 16h21 Le Yémen continue de s'enfoncer dans la guerre civile. Les violents combats entre rebelles chiites houthistes et membres de « comités populaires » fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi ont causé la mort de 53 personnes, dont 17 civils, en moins de vingt-quatre heures à Aden, la deuxième ville du pays, ont affirmé lundi 6 avril des sources médicales et militaires. Les combats se poursuivent dans cette grande ville du sud du Yémen.Les miliciens houthistes, soutenus par l'Iran, et leurs alliés, des militaires fidèles à l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh, ont réussi dimanche à progresser à Aden et se sont emparés du siège de l'administration provinciale avant de se rapprocher d'un port, selon un responsable local. Ils ont bombardé des zones résidentielles, mettant le feu à plusieurs habitations et endommageant d'autres, ce qui a poussé des dizaines de familles à fuir, ont indiqué des témoins.Au plan international, l'Arabie saoudite a demandé des soldats et des avions de combat au Pakistan pour son opération contre les rebelles, a affirmé lundi le ministre de la défense pakistanais, affirmant qu'Islamabad cherchait pour l'heure une solution « pacifique » au conflit yéménite. A la demande du premier ministre, Nawaz Sharif, les parlementaires pakistanais tenaient lundi une assemblée spéciale afin de débattre de la participation ou non du Pakistan à la coalition menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles chiites houthistes dans ce pays de la péninsule Arabique.Lire : Yémen : le Pakistan étudie la demande de troupes de l'Arabie saouditeLa Jordanie évacue ses ressortissantsCent trente Jordaniens sont arrivés en Arabie saoudite par voie terrestre, lundi, portant à 287 le nombre des Jordaniens évacués du Yémen, a annoncé la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Sabah Al-Rafeï. « Le travail continue pour assurer l'évacuation de tous les Jordaniens », a-t-elle ajouté, citée par l'agence Petra, sans donner de précisions sur le nombre de ses compatriotes se trouvant toujours au Yémen.La marine française a, elle aussi, poursuivi, dimanche, l'évacuation de 63 ressortissants de différentes nationalités, dont 23 Français, du Yémen vers Djibouti, a annoncé le ministère de la défense. Le gouvernement français a enjoint le 11 février l'ensemble de ses ressortissants à quitter le pays et a placé des moyens militaires et navals positionnés dans l'océan Indien en alerte.Une chaîne de télévision cesse d'émettreLa chaîne de télévision yéménite Aden TV, fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi, a cessé d'émettre dimanche après avoir été la cible de tirs d'obus attribués aux houthistes et leurs alliés. Le bâtiment abritant les studios de cette chaîne de télévision « a subi des dégâts, mais on ne déplore pas de victimes », a déclaré un responsable d'Aden TV, station régionale dépendant de la télévision d'Etat. Déjà maîtres de la capitale Sanaa, les rebelles, qui cherchent à s'emparer d'Aden, avaient pris jeudi le palais présidentiel de la ville avant de s'en retirer vendredi à l'aube à la suite de bombardements aériens menés par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite.Difficultés de la Croix-Rouge pour acheminer l'aideLundi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a lancé samedi un appel à une trêve humanitaire de vingt-quatre heures pour pouvoir apporter un soutien médical à la population, a déclaré faire face à des « problèmes logistiques » pour acheminer son aide.Quelque 48 tonnes de médicaments et de kits chirurgicaux attendent le feu vert pour partir pour le Yémen par avion ou par bateau, selon le CICR, qui précise que ceux-ci permettraient de traiter entre 2 000 et 3 000 personnes.« Nous avons les autorisations pour acheminer un avion-cargo chargé de fournitures médicales », mais il y a un problème concernant l'atterrissage à l'aéroport de Sanaa, « où de moins en moins d'appareils peuvent se poser », a déclaré Sitara Jabeen, une porte-parole du CICR. Mme Jabeen a également précisé que la Croix-Rouge veut déployer une équipe chirurgicale à Aden, mais « nous avons besoin de l'autorisation de toutes les parties » engagées dans le conflit.Les réserves de médicaments et d'équipements dans les hôpitaux et cliniques qui prennent en charge les blessés sont en train de diminuer dans le pays, où les populations souffrent de pénuries de carburant et d'eau alors même que les stocks de nourriture se raréfient.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0v0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0v0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 04.04.2015 à 13h06 • Mis à jour le04.04.2015 à 14h48 Les combattants de l'Etat islamique (EI) ont pris le contrôle de 90 % du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, situé dans la banlieue de Damas, a annoncé samedi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Avec cette offensive, les djhadistes sunnites ne sont plus qu'à une poignée de kilomètres de la capitale syrienne.Les Nations unies se disent extrêmement préoccupées pour la sécurité et la protection des quelque 18 000 civils, syriens et palestiniens, qui y vivent encore. « La situation à Yarmouk est un affront à notre humanité à tous, une source de honte universelle », a déclaré Chris Gunness, porte-parole de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). « Yarmouk est un test, un défi pour la communauté internationale. Nous ne devons pas échouer. La crédibilité du système international lui-même est en jeu », a-t-il dit.Depuis mercredi, l'EI attaque ce camp de réfugiés, affrontant des milices, dont celle d'Aknaf Baït Al-Makdis, un groupe de combattants anti-Assad, et des Palestiniens.L'OSDH, une organisation proche de l'opposition syrienne, indique que l'EI et le front Al-Nosra, émanation d'Al-Qaida, rivaux dans le reste de la Syrie, ont avancé au cours de la nuit. Yarmouk abritait avant le conflit syrien un demi-million de Palestiniens.Lire aussi (édition abonnés) : Au Liban, le deuxième exil des Palestiniens de Syrie 04.04.2015 à 10h44 • Mis à jour le04.04.2015 à 14h01 Une vidéo attribuée à l'Etat islamique (EI) montre des djihadistes saccager des sites archéologiques de la cité parthe d'Hatra, en Irak, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.La vidéo montre des hommes frappant avec une masse sur des bas-reliefs et des statues ou leur tirant dessus à la Kalachnikov.Lire aussi : En Irak, la cité parthe de Hatra détruite par les djihadistesL'EI est accusé d'avoir pillé et vandalisé de nombreux sites archéologiques. Après la mise en ligne de vidéos montrant des destructions dans le musée de Mossoul ou des destructions sur les cités historiques de Nimroud et de Hatra, l'Unesco a dénoncé un « nettoyage culturel » et un « crime de guerre ».Lire aussi : Les djihadistes saccagent Nimroud et  La carte des sites de la Mésopotamie antique en péril 04.04.2015 à 03h15 • Mis à jour le04.04.2015 à 13h50 Le Conseil de sécurité de l'ONU va se réunir samedi 4 avril afin de discuter d'une proposition russe d'instaurer des « pauses humanitaires » au Yémen, où une coalition menée par l'Arabie saoudite bombarde depuis plus d'une semaine les positions des rebelles houthistes qui se sont emparés de vastes régions du pays.La Russie a demandé cette réunion au moment où l'ONU et les organisations humanitaires s'inquiètent du nombre croissant de victimes civiles dans les combats au sol et les raids de la coaltion. La réunion, à huis-clos, doit commencer à 17 h, heure de Paris.Au moins 519 mortsLes violences se sont intensifiées au Yémen depuis que l'Arabie saoudite et ses alliés, principalement du Golfe, ont lancé le 26 mars une campagne de frappes aériennes pour venir en aide au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi et empêcher, selon Riyad, les rebelles chiites houthistes de prendre le pouvoir. Il s'agit également d'empêcher l'Iran, qui les soutiendrait, d'étendre son influence dans la région.Lire : Au Yémen, le pari risqué de l’Arabie saouditeViolences et bombardements ont fait 519 morts et près de 1 700 blessés en deux semaines, avait indiqué jeudi la responsable des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos, qui s'était dite « extrêmement inquiète » pour la sécurité des civils piégés par les combats. L'Unicef avait rapporté pour sa part mardi qu'au moins 62 enfants avaient été tués et 30 autres blessés dans les combats au Yémen en une semaine.Consulter la cartographie : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au Yémenlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0v0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0v0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 04.04.2015 à 00h50 • Mis à jour le04.04.2015 à 06h27 La police a manqué de « discipline concernant les armes » à au moins deux reprises alors qu'elle poursuivait les auteurs présumés des attentats de Boston qui avaient fait trois morts et 264 blessés le 15 avril 2013, estime vendredi 3 avril un rapport des autorités locales.Lors de la poursuite des frères Tsarnaev à Watertown en banlieue de Boston, quatre jours après les attentats, les policiers ont, à plusieurs reprises, rendu des situations plus dangereuses qu'elles ne l'étaient en utilisant leurs armes sans prendre toutes les précautions nécessaires, révèle le document de 128 pages, qui détaille la façon dont les autorités ont fait face aux attentats, de l'explosion des deux bombes artisanales lors du marathon, à l'appréhension du suspect Djokhar Tsarnaev.Voir la chronologie : Boston : comment s'est déroulée la traque des suspectsLes cibles de tirs pas systématiquement identifiéesCertains policiers appelés en renfort à Watertown le 19 avril, où les suspects avaient été repérés, ont ouvert le feu « sans avoir nécessairement identifié et visé leur cible, ou positionné leur arme de façon appropriée », indique notamment le texte, qui ajoute qu'un policier a été grièvement blessé lors de ces échanges de tirs, alors que Tamerlan Tsarnaev, l'aîné des frères, avait épuisé ses munitions, et que son frère Djokhar prenait la fuite en voiture.Un pick-up noir banalisé, conduit par un responsable des forces de l'ordre et signalé à tort comme volé, avait aussi été pris pour cible ce soir-là par un policier, sans que ses passagers ne soient blessés. Le texte précise que 200 coups de feu ont été échangés « des deux côtés », cette nuit-là.Lors du procès en cours de Djokhar Tsarnaev, l'accusation a affirmé que Tamerlan avait, lors de cette confrontation, tiré à plus de 50 reprises sur la police. Tamerlan Tsarnaev, blessé lors des échanges de tir et heurté par son frère qui s'enfuyait, avait été déclaré mort peu après à l'hôpital. « Situations dangereuses »Après que la police eut appris que Djokhar Tsarnaev était caché dans un bateau entreposé dans le jardin d'une maison, une centaine de policiers s'étaient positionnés devant et derrière la maison indique le rapport.« Un policier a ouvert le feu sans autorité appropriée en réponse à la perception d'un mouvement dans le bateau. D'autres policiers ont ouvert le feu sur le bateau, pensant que ce premier coup de feu avait été tiré contre eux par le suspect. Les tirs ont continué pendant plusieurs secondes, jusqu'à ce qu'un responsable ordonne un cessez-le-feu. »« Chacun de ces incidents a créé des situations dangereuses de tirs croisés », estime le document.Djokhar Tsarnaev, grièvement blessé, s'était rendu deux heures après avoir été localisé. Il est actuellement jugé, et risque la peine de mort. Les délibérations, à l'issue de la première phase de son procès, destinées à décider de sa culpabilité, doivent commencer lundi au tribunal fédéral de Boston.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2iqrxg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2iqrxg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 03.04.2015 à 18h57 • Mis à jour le04.04.2015 à 15h37 Les trois spéléologues espagnols portés disparus depuis trois jours au Maroc dans une zone montagneuse ont été localisés samedi 4 avril au matin, ont annoncé les autorités locales marocaines.Les spéléologues, âgés de 26 et 41 ans, se trouvent « au fond d'une falaise située dans la localité de Tarmest », selon ces sources, citées par l'agence de presse marocaine MAP. Des unités de la gendarmerie royale et de la protection civile mènent actuellement une opération pour les secourir.Les autorités n'ont pas donné de détails quant à l'état de santé des trois hommes. « Ce qu'on sait, c'est que l'un d'eux a besoin d'une assistance médicale car les deux autres s'agitaient en demandant de l'aide quand un hélicoptère les a survolés », a cependant précisé Julia Ordonez, l'épouse d'un des spéléologues, sur la chaîne publique espagnole TVE.Surpris par la montée des eaux ?Les Espagnols faisaient partie d'un groupe de neuf personnes qui s'est séparé en deux pour explorer différentes grottes et devait se retrouver « lundi ou mardi ». Ayant constaté qu'ils ne réapparaissaient pas, « le reste du groupe a donné l'alerte », selon une source diplomatique espagnole, qui a refusé de se prononcer sur les causes de cette disparition, accidentelle ou criminelle.Les spéléologues se trouvaient « à la frontière entre les provinces de Ouarzazate, Tinghir et Azilal », a précisé pour sa part le directeur du conseil provincial du tourisme de Ouarzazate à l'AFP. La zone en question se situe à environ 150-200 km à l'est de Marrakech, en plein massif du Haut-Atlas, dont les sommets dépassent 3 500 mètres.Selon un membre du groupe interrogé par la radio espagnole Canal Sur Radio, les trois hommes pourraient avoir été surpris par la montée des eaux dans un canyon à cause de la fonte des neiges. « Nous espérons qu'ils sont sur une plateforme, attendant que le niveau de l'eau baisse », a-t-il dit à la radio. 03.04.2015 à 17h18 • Mis à jour le04.04.2015 à 16h02 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Flamands et francophones belges se sont trouvé un nouveau motif de dispute depuis que le ministre-président de la Flandre a estimé que l’Etat fédéral devrait quitter l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Geert Bourgeois, un vieux défenseur de la cause indépendantiste, devenu président de sa région grâce au triomphe électoral de son parti, l’Alliance néoflamande (N-VA) de Bart De Wever, milite depuis quelques jours pour que la Belgique fédérale sorte de cette instance dont la sphère de compétence – la défense de la langue française – concerne l’une de ses parties seulement. Quand la Flandre a signé un traité culturel avec les Pays-Bas – la Nederlandse Taalunie – la Belgique ne s’en est pas mêlée, explique le ministre-président.L’OIF regroupe, quant à elle, 80 pays ou gouvernements, dont 54 membres de plein droit. Et milite aussi pour la démocratie, la diversité culturelle ou l’environnement. Des Etats multilingues, comme le Canada ou la Suisse, en font partie, ainsi que certaines de leurs composantes (le Québec, le Nouveau-Brunswick ou les cantons helvétiques). Ils y côtoient la Bulgarie, la Macédoine, le Qatar et – ô horreur aux yeux de M. Bourgeois – la Fédération Wallonie-Bruxelles.Celle-ci s’appelait auparavant « Communauté française de Belgique » mais préfère sa nouvelle dénomination, censée marquer la solidarité entre Wallons et francophones de Bruxelles. De quoi cabrer une bonne partie de la région flamande, qui a fait de la capitale européenne et belge sa capitale politique et ne manque jamais de souligner que, même si l’on y parle peu le néerlandais, elle est située en territoire flamand. Etrangement, cette même Flandre se présente cependant comme « Flanders » et non comme « Vlaanderen-Brussel » sur la scène internationale.« Pas question de se retirer »La fureur de la N-VA est partie du constat de l’un de ses députés : il a remarqué que le site de l’OIF affirmait qu’en Belgique, 72 % de la population est francophone. Or, Wallons et francophones de Bruxelles ne forment que quelque 40 % de la population. L’organisation évoque, en réalité, les « locuteurs francophones » en y incluant les (nombreux) Flamands qui maîtrisent la langue de Voltaire, l’un des trois idiomes officiels, avec… le flamand et l’allemand. M. Bourgeois en fait partie, comme M. De Wever et d’autres dirigeants de la N-VA.Le premier ministre (francophone), Charles Michel, et le ministre (francophone) des affaires étrangères, Didier Reynders, n’ont, cette fois, pas hésité à répliquer aux nationalistes flamands : « Pas question de se retirer de l’OIF », ont-ils immédiatement répondu. « Le rayonnement de l’organisation n’est pas seulement culturel, il est aussi diplomatique et économique », a expliqué le chef du gouvernement au journal Le Soir. En promettant qu’il allait, au contraire, renforcer le rôle de la Belgique au sein de la francophonie.Le PS Rudy Demotte, ministre-président PS de Wallonie-Bruxelles, estime lui que le nouveau combat de M. Bourgeois renvoie à son ADN nationaliste et « n’est rien qu’un combat de bac à sable, en maternelle ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.04.2015 à 16h28 • Mis à jour le03.04.2015 à 16h51 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Le marché du travail américain a marqué le pas en mars. Les États-Unis ont créé 126 000 emplois, a annoncé, vendredi 3 avril, le département du travail. Pour retrouver un chiffre aussi bas, il faut remonter à décembre 2013. Même si le taux de chômage est resté inchangé à 5,5 %, il s’agit d’un réel décrochage, qui a pris de court les économistes, qui tablaient sur la création de 265 000 emplois.Lire aussi :Le taux de chômage aux États-Unis est tombé à 5,5 %Sur l’ensemble du premier trimestre, la moyenne mensuelle des créations d’emplois est ainsi tombée à 197 000 contre 324 000 au cours du quatrième trimestre 2014. Le mois de mars met donc fin à une série de douze mois consécutifs au cours desquels l’économie américaine créait plus de 200 000 emplois mensuels.Le chômage reculeCe ralentissement s’explique par le fait que l’industrie, la construction et le secteur pétrolier ont réduit les embauches. Dans l’industrie, il s’agit du premier recul depuis juillet 2013, tandis que le secteur de l’énergie a perdu 11 000 emplois en mars et près de 30 000 depuis le début de l’année. Le secteur des loisirs et de l’hôtellerie-restauration, gros pourvoyeur d’emplois aux États-Unis, n’a pas réussi à compenser ces pertes. Lui-même a connu son plus mauvais mois en termes d’embauche depuis septembre 2014.Quant aux salaires, la tendance reste toujours aussi décevante. Le salaire horaire moyen n’a augmenté que de 0,3 % en mars par rapport en février. La progression sur un an n’est que de 2,1 %, en ligne avec le rythme des cinq dernières années. Le faible taux de chômage ne se traduit toujours pas par une pression sur les employeurs pour qu’ils augmentent les salaires. L’une des explications réside dans la faiblesse du taux de participation – c’est-à-dire la part des Américains qui ont un emploi ou qui en recherchent effectivement un – qui est tombé à son plus bas niveau depuis 1978, à 62,7 %.Lire aussi : Aux Etats-Unis, le grand espoir des petits salairesMalgré tout, le chômage pris au sens large, c’est-à-dire en incluant les temps partiels subis, a reculé de 0,1 point à 10,9 %. « Certains peuvent crier au loup sur la faiblesse des chiffres de l’emploi [en mars], mais il s’agit d’un simple réalignement avec le véritable rythme sous-jacent de la croissance de l’économie, qui se situe autour de 2,5 %. Ce qui est plus inquiétant, c’est que les salaires ont toujours autant de mal à progresser », estime Gregory Daco, économiste chez Oxford Economics.Prévisions à la baisseCes chiffres de l’emploi sont publiés dans la foulée d’une batterie d’indicateurs décevants qu’il s’agisse de la production industrielle, des ventes de détail ou des mises en chantier. Même si le moral des consommateurs reste élevé, ces chiffres confirment que le rythme de la reprise a ralenti au cours des trois premiers mois de l’année. La plupart des économistes ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance. Celle-ci ne devrait pas dépasser 1,5 % au premier trimestre, contre 5 % au troisième trimestre 2014 et 2,2 % au quatrième.Même si la présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, prévoyait le 18 mars « une bonne performance de l’économie » sur l’ensemble de l’année, la situation reste effectivement contrastée. Un rapport de l’AARP Policy Institute, publié il y a quelques jours, pointait que le chômage de longue durée pour les plus de 55 ans atteignait 45 % des demandeurs d’emploi. Jeudi, le département du travail indiquait que le revenu moyen des 80 % des Américains les moins riches avait reculé de 0,9 % en 2014 par rapport à l’année précédente. C’est la deuxième année consécutive que ce chiffre accuse un repli. Si la reprise est bien là, elle reste toujours aussi inégalitaire.Lire aussi :La Réserve fédérale ouvre la voie à une hausse des taux aux Etats-Unis Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.04.2015 à 15h07 • Mis à jour le03.04.2015 à 18h01 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Zhou Yongkang, 73 ans, ancien chef suprême de l’appareil de sécurité chinois et membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois (PCC) de 2007 à 2012, a été inculpé vendredi 3 avril pour « corruption, abus de pouvoir et divulgation volontaire de secrets d’Etat » par le parquet de la municipalité de Tianjin, où il sera jugé. Avec cette annonce, qui confirme la tenue d’un procès sans doute dans quelques mois, approche le moment de la déchéance finale pour le plus grand fauve jamais tombé dans la « chasse aux tigres et aux mouches » (les grands et les petits corrompus) du président Xi Jinping.Arrestations successivesDepuis la détention, alors tenue secrète, de l’ancien tsar de la sécurité chinoise en décembre 2013 par la commission centrale de discipline du PCC, son bras anticorruption, à l’ouverture d’une enquête par cette dernière en juillet 2014, le processus a tenu en haleine les observateurs du monde politique chinois, qui ont assisté aux arrestations successives de ses alliés présumés dans l’industrie du pétrole, la province du Sichuan (Sud-Ouest), ainsi que l’appareil policier, là même où il avait construit sa carrière. Plus d’une dizaine de hauts dirigeants ont été arrêtés en 2014, ainsi que plusieurs membres de sa famille – dont l’un de ses fils, un richissime entrepreneur de l’industrie pétrolière, et sa propre épouse, une ancienne speakerine de la télévision officielle. C’est la première fois qu’un responsable communiste de ce niveau sera jugé depuis le procès de la « bande des quatre » en 1981.Lire aussi :La province du Sichuan au cœur de la lutte anticorruption en ChineCette trépidante saga, qui recèle encore de nombreuses zones d’ombres, dessine le tableau peu reluisant d’un système gangrené par la corruption, où l’un des plus puissants cadres du PCC a pendant des années « tiré avantage de ses pouvoirs afin d’en faire profiter d’autres », et « accepté illégalement une énorme quantité d’argent et de propriétés », comme le précise l’acte d’accusation. Son procès devrait lever un (petit) coin du voile sur les faits derrière les charges évoquées, notamment celle de « divulgation volontaire de secrets d’Etat » – un comble pour l’ancien chef d’un appareil de sécurité qui a envoyé sous les verrous pour le même motif des hordes de dissidents. Cela pourrait concerner, estime le politologue hongkongais Willy Lam, des actes d’espionnage envers Xi Jinping ou son prédécesseur Hu Jintao, ou l’organisation de « fuites » autour des activités commerciales et du patrimoine des familles d’autres dirigeants.Lire aussi :La disgrâce de l’ancien chef des services de sécurité chinoisCar l’affaire Zhou Yongkang a aussi une facette politique : l’ex-chef de l’appareil judiciaire et policier au sein du comité permanent était en poste lors de la chute de Bo Xilai, le flamboyant politicien dont il est considéré comme le protecteur. Bo Xilai, qui n’était membre que du bureau politique, l’organe juste au-dessous du comité permanent, a été condamné en 2013 pour corruption. Dans son rapport au Parlement en mars, la cour populaire suprême a ainsi déclaré que Zhou et Bo avaient « nui à l’unité au sein du parti et conduit des activités politiques non organisationnelles ».Ce terme vague et inédit dans le jargon du Parti communiste, évoquant de brutales manœuvres politiques dans les coulisses du pouvoir, a suscité maintes spéculations, car les observateurs de la politique chinoise y ont vu la référence aux rumeurs d’une tentative de coup de force par la faction Zhou Yongkang-Bo Xilai, alors en perdition. L’arrestation récente de deux autres personnalités de l’ère Hu Jintao, l’ex-secrétaire de l’office général du PCC Ling Jihua et l’ancien numéro deux de l’armée Xu Caihou (décédé depuis), ont encore renforcé la thèse d’un complot au sommet et de passes d’armes entre services spéciaux.Bête noire des militants des droits de l’hommeAvec sa mâchoire carrée et son physique de lutteur, Zhou Yongkang a longtemps personnifié les dérives du système de « maintien de stabilité », c’est-à-dire l’arsenal de mesures et d’agences chargées de faire taire la contestation et dont il a été l’architecte présumé à l’approche des Jeux olympiques organisés à Pékin en 2008.M. Zhou était aux manettes lors de la condamnation à onze ans de prison du futur Prix Nobel de la paix Liu Xiaobo en 2009, ou encore de la séquestration d’Ai Weiwei par la police politique en 2011. C’est sous sa supervision qu’a été écrasé le soulèvement tibétain de 2008. A l’époque, il était la bête noire de nombre des militants chinois des droits de l’homme, et notamment des avocats. Pour éluder la censure, les internautes le désignaient par le surnom de « Master Kang » – en référence à une célèbre chaîne de restaurants de soupes de nouilles du Sichuan et à Kang Sheng, le sinistre chef de la sécurité sous Mao.Dans son rapport au Parlement en mars, la cour populaire suprême a déclaré que Zhou Yongkang et Bo Xilai avaient « nui à l’unité au sein du parti et conduit des activités politiques non organisationnelles »A son départ à la retraite lors de la transition au sommet de novembre 2012 et du remplacement de la majeure partie des membres du comité permanent, le portefeuille de Zhou Yongkang n’avait pas été renouvelé (le nombre de membres du comité permanent passant de 9 à 7), signalant une reprise en main de la police.Depuis, celle-ci n’est plus inféodée à un seul membre du comité permanent comme elle l’était du temps de Zhou Yongkang. Or, l’aggiornamento mené par le nouveau numéro un chinois, Xi Jinping, a accouché d’une autre institution, non moins brutale : la commission nationale de sécurité, destinée à coordonner l’ensemble des organes de l’Etat-parti contre les « menaces sécuritaires » et dont Xi Jinping s’est fait désigner le chef suprême. La répression policière, elle, n’a pas faibli, au contraire : selon les organisations de défense des droits de l’homme, jamais autant de militants, avocats et dissidents n’ont été placés derrière les barreaux, toujours au mépris des lois, et souvent avec des peines bien plus lourdes que du temps du terrible tsar de la sécurité aujourd’hui déchu.Lire aussi :Dans la Chine de Xi Jinping, les violations de droits de l’homme se multiplientBrice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.04.2015 à 16h15 • Mis à jour le08.04.2015 à 17h31 L'Etat islamique (EI) a libéré plus de 200 membres de la minorité yézidie, dont des femmes et des enfants, qu'il détenait en captivité depuis plusieurs mois, selon un commandant des forces armées du Kurdistan irakien. Ils ont été libérés lundi 6 avril dans la province de Ninive et sont arrivés deux jours plus tard dans les territoires sous contrôle kurde de la région de Kirkouk, dans le nord du pays, selon le général peshmerga Westa Rassoul.« Nous avons négocié pendant des jours avec des cheikhs tribaux à Haouija et avons pu obtenir la libération des yézidis kidnappés », a-t-il ajouté, mentionnant une ville contrôlée par l'EI. L'organisation avait déjà libéré quelque 200 yézidis en janvier.Les yézidis, adeptes d'un culte préislamique, ont été victimes de persécutions et de massacres commis par les combattants de l'EI, alors que ces derniers progressaient dans le nord de l'Irak. En août, l'EI avait pris le contrôle des alentours de leur fief du mont Sinjar (nord). En quelques heures, des milliers de yézidis avaient fui à travers les montagnes pour trouver notamment refuge dans la région du Kurdistan irakien.Lire l'enquête (édition abonnés) : Les noces barbares de DaechSoupçons de « génocide »L'EI a procédé à de multiples exécutions d'hommes yézidis et enlevé des centaines, sinon des milliers, de femmes, vendues comme épouses aux djihadistes ou réduites à l'état d'esclaves sexuelles, selon Amnesty International. L'encerclement de la région de Sinjar avait été brisé une première fois à l'été par les combattants kurdes du Parti des travailleurs du kurdistan (PKK, interdit en Turquie), puis définitivement par les peshmergas du Kurdistan d'Irak en décembre.Lire aussi : Les yézidis du mont Sinjar libérés de la menace djihadisteDans un rapport publié le mois dernier, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme évoque des « crimes contre l'humanité et peut-être même un génocide qui semblent avoir été commis dans ce conflit (…), en particulier contre les yézidis », a déclaré Hanny Megally, directeur régional du Haut-Commissariat.Cet organisme avait demandé à la mi-mars au Conseil de sécurité de l'ONU de saisir la Cour pénale internationale (CPI) pour qu'elle enquête sur les crimes de l'EI en Irak et en Syrie. Mercredi, Fatou Bensouda, la procureure de la CPI, a rappelé qu'elle ne pouvait enquêter sans avoir été saisie par le Conseil, ou par l'Irak et la Syrie, qui ne sont pas membres de la Cour mais pourraient lui ouvrir leur juridiction. La Russie, alliée du régime du président syrien, Bachar Al-Assad, et la Chine ont déjà mis leur veto, en mai dernier, à un projet de résolution déposé par la France, qui prévoyait la saisine de la CPI sur la situation en Syrie. 08.04.2015 à 15h02 • Mis à jour le08.04.2015 à 17h44 Un soldat américain de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) a été tué mercredi 8 avril lors d'échanges de tirs entre soldats américains et afghans à Jalalabad, la grande ville de l'Est afghan, ont indiqué des responsables de la coalition. Au moins deux autres soldats américains seraient blessés. La victime est le deuxième soldat de l'OTAN tué en Afghanistan depuis le début de l'année. Elle faisait partie d'une unité chargée d'entraîner et d'encadrer les forces afghanes.La fusillade a eu lieu près de la résidence du gouverneur de la province du Nangarhar, qui s'entretenait alors avec un « haut responsable américain », a détaillé dans un communiqué l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul. Selon le chef de la police du Nangarhar :« Les Américains étaient venus de l'aéroport de Jalalabad accompagnés par un groupe de soldats afghans. Ils étaient tous debout devant la résidence sécurisée du gouverneur lorsqu'un des soldats afghans a ouvert le feu sur les Américains. Les soldats américains ont répliqué. Ils ont tué l'assaillant et blessé deux autres membres des forces afghanes ».>> Lire l'analyse : Après le départ de l’OTAN, l’armée afghane tiendra-t-elle le choc ?Des tirs entre alliésAu cours des dernières années, des soldats de l'OTAN, pourtant alliés aux forces afghanes, ont été pris pour cibles à plusieurs reprises par des membres de l'armée afghane ou par des insurgés talibans se faisant passer pour des soldats afghans. Ces tirs « fratricides » ont contribué à créer un climat de suspicion entre les soldats de l'OTAN et leurs alliés afghans chargés de la sécurité du pays, confronté à l'insurrection des talibans. L'OTAN a mis fin en décembre à sa mission de combat en Afghanistan, mais garde encore douze mille cinq cents soldats étrangers dans le pays afin d'appuyer et de former les forces afghanes.Le 24 mars, Washington annonçait le maintien de neuf mille huit cents soldats en Afghanistan en 2015, alors que le contingent américain devait y être réduit à cinq mille cinq cents hommes au cours de l'année, avant un retrait complet à la fin de 2016.>> Lire aussi l'analyse (édition abonnés) : En Afghanistan, la guerre est loin d’être terminée Laure Stephan (Beyrouth, correspondance) De la nourriture, de l’eau, des médicaments, des couvertures : les humanitaires parent au plus urgent pour soutenir les civils qui ont réussi à fuir, de nuit, le camp palestinien de Yarmouk, pour lequel le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé, lundi 6 avril, un accès aux agences d’aide.Soumise depuis près de deux ans au siège impitoyable imposé par le régime syrien, cette enclave, située à huit kilomètres au sud de Damas, voit ses souffrances décuplées depuis qu’elle est le théâtre de violents combats. L’assaut lancé le 1er avril par les djihadistes de l’Etat islamique (EI) leur a permis de s’emparer de la majorité de Yarmouk. Des combattants palestiniens affiliés, entre autres, au groupe Aknaf Beit Al-Maqdess, proche du mouvement islamiste palestinien Hamas, tentent de résister.L’avancée de l’EI nourrit la colère et la peur parmi les habitants. Sur les quelque 18 000 civils encore présents dans le camp avant que l’EI ne donne l’assaut, ils ne sont qu’une poignée à avoir pu quitter cet enfer au cours des derniers jours. Ces rescapés sont entre 180 et 500, selon les estimations de militants palestiniens, démentant le chiffre de 2 000 déplacés communiqué par l’agence de presse officielle syrienne.Ils ont trouvé refuge dans des zones avoisinantes, comme celle de Yalda. « Nous avons pu y distribuer de la nourriture depuis lundi, en traversant le point de passage de Beit Sahem, explique Wesam Sabaaneh, de la fondation Jafra, qui tente d’alléger les souffrances des Palestiniens de Yarmouk. Mais il faut plus d’aide, médicale notamment. »« Eviter un massacre des innocents »Des volontaires du Croissant-Rouge arabe syrien sont à pied d’œuvre pour secourir les déplacés dans les régions adjacentes de Babila, Beit Sahem et Yalda. Selon l’organisation, les besoins en eau potable sont drastiques.Autre acteur mobilisé, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA). « Nous avons pu assister 94 personnes qui ont quitté Yarmouk, indique Chris Gunness, son porte-parole. Ils sont logés dans une école. Ce que je veux souligner, c’est que si on peut évacuer 94 personnes, alors on peut en évacuer bien plus. Nous sommes particulièrement inquiets pour les quelque 3 500 enfants [présents dans le camp]. Nous devons faire tout notre possible pour éviter un “massacre des innocents”, car les vies des enfants de Yarmouk sont sérieusement menacées. »Le commissaire général de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl, a lancé un appel virulent lundi 6 avril, en s’adressant au Conseil de sécurité de l’ONU, pour que des pressions soient exercées sur les combattants afin de permettre l’évacuation des civils. Mais, pour l’heure, les combats continuent de faire rage. « Il y a également des informations non confirmées de raids aériens sur Yarmouk », indique Chris Gunness. Selon des militants, l’armée syrienne a pilonné le camp à de multiples reprises depuis le 1er avril, larguant ses effroyables barils d’explosifs au-dessus des ruelles, lieu dévasté où les immeubles éventrés le disputent aux amas de ruines.Mercredi, le ministre de la réconciliation nationale syrien, Ali Haïdar, a estimé qu’une « solution militaire s’impose ». « Ce n’est pas l’Etat qui l’a choisie, mais ceux qui sont entrés dans le camp », a-t-il dit en référence aux combattants de l’EI, après une rencontre avec le représentant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Ahmad Majdalani, connu pour ses sympathies pro-régime. Depuis fin 2012, le camp est un champ de bataille entre les forces du régime de Bachar Al-Assad et les rebelles syriens, appuyés chacun par des groupes palestiniens.Lire aussi :L’Etat islamique aux portes de Damas« Plus aucun abri »Pour les civils piégés dans le camp, aucune aide humanitaire ne parvient. Palestiniens, mais aussi Syriens, ils dépendaient pourtant entièrement des rares distributions et de ce qu’ils pouvaient arracher – des herbes, selon des témoignages – sur les terrains agricoles du camp, devenus inaccessibles.« Les habitants n’ont aucun abri, ils peuvent au mieux se réfugier aux rez-de-chaussée pour tenter d’échapper aux obus et aux tirs. Ils sont terrés chez eux, rapporte Wesam Sabaaneh. Il n’y a pas d’eau potable à Yarmouk, aucun lieu pour se ravitailler. De nombreux civils ont faim, sont blessés, et personne ne peut les secourir. » Une fillette de 12 ans a été tuée mardi 7 avril dans le camp. Les combats ont fait au moins 38 morts depuis le 1er avril.La situation humaine est d’autant plus dramatique que l’aide internationale parvenait déjà au compte-gouttes au cours des derniers mois. Son acheminement a toujours dépendu du bon vouloir des autorités syriennes, qui ont étranglé le camp depuis juin 2013, affirmant vouloir venir à bout des rebelles anti-Assad. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) n’a plus pu pénétrer à Yarmouk depuis octobre 2014.Soumise aux mêmes contraintes, l’UNRWA n’a pu délivrer, en 2014, que moins du quart de la nourriture nécessaire, et ce n’est qu’en mars que l’agence a pu faire sa première distribution pour l’année 2015. Selon Wesam Sabaaneh, « près de 170 personnes sont mortes de faim » depuis deux ans. A cette damnation s’ajoute aujourd’hui la terreur suscitée par l’Etat islamique. Des habitants de Yarmouk ayant pris la fuite ont affirmé à l’AFP avoir vu des « têtes décapitées » dans les ruelles du camp.Lire aussi :« Les Chebabs de Yarmouk » : un camp de réfugiés palestiniens devenu image d’archivesLaure Stephan (Beyrouth, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.04.2015 à 12h08 • Mis à jour le08.04.2015 à 12h17 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0v0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0v0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Des dizaines de combattants houthistes affrontent, mercredi 8 avril, des combattants sunnites dans le quartier du Cratère, dans le centre d'Aden. Maîtres de Sanaa depuis septembre, les houthistes, soutenus par des soldats restés fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, ont pénétré dans la matinée dans le quartier du Cratère, à Aden, dernier bastion des forces gouvernementales que le président Abd Rabbo Mansour Hadi avait dû fuir le mois dernier.Les haut-parleurs des mosquées du quartier ont alors appelé les fidèles à entamer une guerre sainte contre les combattants chiites. Mardi, les groupes armés défendant Aden ont bénéficié de parachutage d'armes et ont annoncé avoir repoussé les houthistes des positions qu'ils occupaient dans le quartier de Dar Saad, dans le nord de la ville.Inquiétude américaine et livraisons d'armesLe ministre de la défense américain, Ashton Carter, a reconnu mercredi qu'Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) progressait sur le terrain au Yémen, mais promis que les Etats-Unis continueraient de frapper le groupe extrémiste, malgré la situation chaotique sur place. « Nous les voyons enregistrer des avancées sur le terrain », a déclaré M. Carter, à Tokyo dans le cadre d'une tournée asiatique qui le conduira également en Corée du Sud. AQPA, la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste sunnite, a pris le quartier général de l'armée et le port de Moukalla. Mardi, des membres d'AQPA se sont emparés d'un poste-frontière yéménite à la frontière saoudienne. Les Etats-Unis soutiennent la coalition dirigée par l'Arabie saoudite qui a lancé des frappes aériennes le 26 mars pour stopper l'avancée des rebelles houthistes et des forces fidèles à l'ancien président Saleh, et soutenir le président Hadi.En visite en Arabie saoudite, le secrétaire d'Etat adjoint, Tony Blinken, a par ailleurs annoncé une accélération des livraisons d'armes américaines destinées aux forces de la coalition antihouthiste. « Nous avons expédié des cargaisons d'armes, nous avons accru nos échanges de renseignement et nous avons créé une cellule de coordination au centre de commandement saoudien », a-t-il déclaré à la presse à Riyad.Appel au djihad venu d'Afghanistan Les islamistes armés du Hezb-E-Islami de Gulbuddin Hekmatyar, un des doyens du djihad antisoviétique qui est aujourd'hui à la tête d'une des principales factions de l'insurrection afghane, ont proposé mercredi d'envoyer des « milliers » de combattants au Yémen pour y appuyer la coalition saoudienne. Dans un communiqué en pachtou publié sur son site Internet officiel, le Hezb-e-Islami estime que « tous les musulmans doivent s'unir contre l'Iran », qui « interfère » aujourd'hui dans les affaires du Yémen, après l'Irak et le Liban.L'Iran, qui est accusé de soutenir les rebelles chiites houthistes au Yémen, a vivement condamné les frappes de la coalition arabe menées par l'Arabie saoudite, tout en affirmant encourager une solution politique afin de mettre fin au conflit qui a plongé certains secteurs du Yémen dans une situation humanitaire « catastrophique », selon la Croix-Rouge.L'Organisation mondiale de la santé a annoncé mardi qu'au moins 540 personnes avaient été tuées, et 1 700, blessées, au Yémen depuis le 19 mars, une semaine avant le début de la campagne aérienne.Regarder l'infographie : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au Yémen 08.04.2015 à 11h28 • Mis à jour le08.04.2015 à 15h26 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le marché de Hongkong a atteint son plus haut niveau depuis sept ans lors de la séance de mercredi 8 avril. L’indice Hang Seng a gagné 3,8 % dans la journée, atteignant son plus haut niveau depuis mai 2008. Il s’agissait du premier jour d’ouverture de la Bourse de l’ancienne colonie britannique après le week-end prolongé de Pâques et des célébrations chinoises de Qingming.Les investisseurs ont notamment pris acte des chiffres peu encourageants de l’emploi publiés, vendredi 3 avril, aux Etats-Unis, qui devraient se traduire par un report des hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine, à leur profit.À cette conjoncture internationale s’ajoute le contexte local d’ouverture progressive des flux d’investissements de Chine continentale vers Hongkong. Ce programme, inauguré à l’automne 2014 et baptisé « Stock Connect », permet aux investisseurs de Shanghaï de se tourner vers les valeurs chinoises cotées dans la région administrative spéciale, et vice-versa.Lire aussi :La Chine entrouvre ses marchés financiersCertaines entreprises chinoises sont d’ailleurs cotées sur les deux places, pour accéder aux investisseurs de la République populaire à Shanghaï et aux financiers internationaux à Hongkong.Alors que le marché de Shanghaï a connu une rapide ascension ces derniers mois, les valeurs chinoises s’échangeaient 35 % plus cher à Shanghaï qu’à Hongkong avant la séance de mercredi 8 avril. Ce soudain regain d’intérêt a réduit dans la matinée l’écart à 29 %.« Les actions à Hongkong, alternative de plus en plus attirante »« Nous pensons que les investisseurs individuels venus du continent vont bientôt se saisir des affaires à réaliser sur le marché boursier de Hongkong. Avec un marché des actions A (cotées en Chine continentale) toujours à la hausse malgré des indicateurs économiques faibles et de mauvaises performances d’entreprises en Chine, nous croyons que les actions H de Hongkong représentent une alternative de plus en plus attirante », écrit Steven Sun, analyste de la HSBC, dans une note mercredi.Le ticket d’entrée minimum à investir pour participer au Hong Kong – Shanghai Stock Connect a été fixé à 500 000 yuans (75 euros), mais une prochaine baisse de ce palier est d’ores et déjà anticipée. Le gouvernement chinois a fait part de son intention d’élargir le programme Stock Connect.L’ouverture de l’accès à Hongkong pour les fonds communs de placement a été annoncée le 27 mars, tandis que l’Etat a assoupli, le 1er avril, les règles applicables aux investissements des compagnies d’assurances chinoises hors du territoire.Les économistes de la banque japonaise Nomura estiment que ces deux mesures vont se traduire par un flot de 100 milliards de dollars (92 milliards d’euros) d’ici à 2017 de la Chine continentale vers la place de Hongkong. Lire aussi : La Chine et les paradis fiscaux, une histoire d’amourHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.04.2015 à 11h04 • Mis à jour le08.04.2015 à 15h49 | Claire Guélaud L’aide publique au développement (APD), en hausse de 66 % depuis l’an 2000, est restée globalement stable en 2014 dans les 28 pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle a atteint 135,2 milliards de dollars (environ 124,1 milliards d’euros), représentant en moyenne 0,29 % de leur revenu national brut, a annoncé, mercredi 8 avril, l’OCDE.Cette stabilité recouvre des situations très différentes, puisque l’aide bilatérale a diminué de 16 % dans les pays les moins avancés, à 25 milliards de dollars (près de 23 milliards d’euros), du fait de moindres annulations de dettes, et de 5 %, à 28 milliards de dollars (environ 26 milliards d’euros), en Afrique.En volume d’aide, la France figure parmi les plus grands pays donateurs aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et du Japon. Les crédits de l’APD – 10,7 milliards de dollars en 2014 (près de 9,8 milliards d’euros) – y ont toutefois diminué pour la quatrième année consécutive. Ils représentent 0,36 % de son revenu national brut, loin de l’objectif de 0,70 % fixé par l’ONU et respecté par seulement cinq pays (Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède, Royaume-Uni).La France affiche même la cinquième plus forte baisse (- 9,2 %) des 19 pays européens membres du CAD de l’OCDE.Lire aussi :Aide publique au développement, le recul françaisEn 2014, précise l’organisation internationale, l’aide pays programmable (APP), quelle qu’en soit la source (pays membres et non membres du CAD, agences multilatérales), a chuté de 7 % en raison d’une forte baisse des crédits octroyés à l’Afghanistan, au Kenya, au Myanmar et à la Tanzanie.À partir de 2015, toutefois, les montants de l’APP devraient se redresser et bénéficier davantage, conformément aux décisions arrêtées en décembre 2014, aux pays les moins avancés (PMA).Année « cruciale »En France, les organisations non gouvernementales (ONG), regroupées au sein de Coordination Sud, demandent que les pays développés prennent l’engagement de consacrer au moins la moitié de leur APD aux pays les plus pauvres.Elles souhaitent aussi, à l’instar d’Oxfam, maintenir une certaine pression sur le Parlement pour obtenir un redressement de l’APD une fois la reprise économique assurée, comme François Hollande l’avait laissé entendre en 2013.L’année 2015 s’annonce comme une période « cruciale » avec la conférence des Nations Unies à Addis Abeba en juillet sur le financement du développement durable, avec la redéfinition en septembre, lors d’une autre conférence de l’ONU, des objectifs du développement pour l’après-2015 (17 objectifs de développement durable sont en cours de négociations) et enfin avec la COP21 (21e conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de décembre à Paris sur le réchauffement climatique.Autant d’occasions pour Oxfam et Coordination Sud de réitérer leur volonté de voir la France faire mieux en matière de financement du développement. Lire également : Emmanuel Faber : « Le modèle d'aide publique au développement est à bout de souffle »Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Les élections législatives porteront aussi sur un ­sujet qui ne figure pas parmi les premières préoccupations des électeurs britanniques : l’appartenance à l’Union européenne, loin derrière la santé, l’emploi et l’immigration dans les sondages.Tandis que le premier ministre conservateur, David Cameron, promet d’organiser un référendum d’ici à 2017 sur une éventuelle sortie de l’UE (le « Brexit », pour British exit), son adversaire travailliste, Ed Miliband, exclut pareille consultation et qualifie de « désastre » une rupture avec l’Europe. En optant pour l’un ou l’autre, les Britanniques vont donc décider, non pas d’un « Brexit », mais de l’éventualité d’un référendum. A l’exception du Labour, tous les partis en lice défendent le principe de la consultation popu­laire, avec des objectifs divergents. Tandis que le UKIP, dont le « Brexit » est la première revendication, milite pour un référendum dès 2016, les lib-dem, les Verts et les nationalistes écossais du SNP, tous pro-européens, estiment que les électeurs doivent être consultés.« Je crois passionnément que quitter l’Europe diminuerait l’influence du Royaume-Uni dans le monde »Chef de file du SNP, Nicola Sturgeon juge le référendum « inévitable ». Elle compte s’appuyer sur un résultat contradictoire en ­Angleterre et en Ecosse pour réclamer un nouveau référendum, cette fois sur l’indépendance de l’Ecosse elle-même. « Quoi qu’en disent les responsables politiques, [les chefs de parti] ont transformé les élections de mai en un vote sur le fait de tenir ou non un... 01.04.2015 à 18h01 • Mis à jour le01.04.2015 à 18h50 Une fusillade a éclaté mercredi 1er avril devant le quartier général de la police à Istanbul, au lendemain d'une prise d'otage, qui s'est soldée par la mort de deux militants d'extrême gauche et d'un magistrat. L'une des deux assaillants a été tuée lorsque les policiers ont riposté. Dans une déclaration écrite, le gouverneur Vasip Sahin indique que la « terroriste (...) portait sur elle une bombe et une arme à feu ». Son complice, blessé, a réussi à prendre la fuite, selon la même source. Un officier a été légèrement touché lors des échanges de tirs.  Pour l'heure, l'attaque n'a pas été revendiquée. Cependant, le groupe marxiste clandestin Parti révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), qui s'est attribué la prise d'otage de la veille, avait menacé de s'en prendre à des commissariats de police, rapporte The Hurriyet Daily News.Interpellations dans les milieux d'extrême gaucheDans la nuit de mardi à mercredi, des échauffourées ont opposé des policiers et des manifestants dans deux quartiers de la ville, après la mort des militants d'extrême gauche et du procureur. La police a procédé à plusieurs interpellations au cours de la journée de mercredi. Vingt-deux étudiants soupçonnés d'être proches du DHKP-C ont été arrêtés à Antalya, dans le sud du pays, cinq de ses membres présumés à Izmir (Ouest), où des documents et des munitions ont été saisis, puis cinq autres à Eskisehir (Centre).Selon l'agence de presse Dogan, les forces de l'ordre ont lancé leur raid après avoir reçu des renseignements laissant penser que le parti préparait d'autres opérations similaires à celle menée au palais de justice d'Istanbul. Interrogé par Dogan, un avocat des étudiants interpellés a démenti ces allégations. Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)   Ban Ki-moon a beau louer les « promesses très généreuses » des donateurs pour la Syrie rassemblés mardi 31 mars au Koweït, les comptes n’y sont pas. Le montant promis pour accompagner l’effort humanitaire est certes colossal – 3,8 milliards de dollars –, mais il représente moins de la moitié de la somme que les Nations unies entendaient lever pour faire face à la pire crise humanitaire du moment.Le constat est d’autant plus préoccupant qu’en 2014, les promesses de dons, pourtant moins élevées (2,4 milliards de dollars) n’ont pas été entièrement honorées, entraînant des coupes budgétaires ou l’exclusion de certains bénéficiaires des programmes d’aide. Un motif d’inquiétude pour les acteurs humanitaires, mais aussi pour les pays hôtes des réfugiés, comme le Liban et la Jordanie.Près de 11,5 millions de Syriens, soit environ la moitié de la population, sont déplacés dans le pays ou réfugiés dans les Etats voisins, après quatre ans de conflit entre le régime de Bachar Al-Assad et les différentes forces rebelles. Ces civils dépendent de l’appui humanitaire pour survivre. « Les sommes promises sont énormes, mais bien en deçà des besoins », résume Andy Baker, coordinateur pour Oxfam de la réponse à la crise syrienne : « Il faut penser à l’impact dramatique que cela va avoir sur la vie des déplacés. Sans fonds supplémentaires, on peut anticiper que les réfugiés auront plus de difficultés à se nourrir, et que des enfants vont être maintenus en dehors du circuit scolaire. »Lire : En Jordanie, la « mort lente » des réfugiés8,4 milliards de dollars nécessairesMême son de cloche auprès de l’Unrwa, l’agence des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens au Proche-Orient, qui s’occupe des Palestiniens de Syrie. « Nous avions mis en garde avant la conférence du Koweït contre la suspension de notre programme de distribution d’argent liquide, dont dépendent 500 000 personnes. Malgré les promesses généreuses faites, sa pérennité reste menacée », explique Chris Gunness, porte-parole de l’organisation.Selon l’ONU, 8,4 milliards de dollars sont nécessaires pour accompagner, jusqu’à fin 2015, les Syriens qui ont fui leur pays ou leur ville d’origine. L’éducation, ainsi que la santé, ont été classées parmi les priorités par les donateurs, qui se réunissaient au Koweït pour la troisième année consécutive. L’ampleur de la crise depuis l’éclatement en 2011 de la révolte contre Bachar Al-Assad s’aggrave avec le temps : aujourd’hui, moins de la moitié des enfants qui étaient scolarisés en Syrie avant 2011 fréquentent les bancs de l’école dans le pays.Lire aussi : Les Syriens ont perdu 20 ans d’espérance de vie en quatre années de guerreLassitude des donateursAutre illustration des besoins croissants, fin 2014, à court de financement, le Programme alimentaire mondial a dû interrompre brièvement la distribution des coupons alimentaires à 1,7 million de réfugiés dans la région, avant de rassembler les fonds nécessaires grâce à une campagne inédite menée sur les réseaux sociaux.Parmi les donateurs les plus généreux, mardi, figurent le Koweït, les Etats-Unis et l’Union européenne. A l’inverse, la Russie, l’Iran (qui n’a fait aucune promesse de dons), l’Arabie saoudite ou le Qatar sont épinglés. Il s’agit d’acteurs majeurs dans la guerre en Syrie : Moscou et Téhéran assurent la survie du régime de Bachar Al-Assad ; Riyad et Doha, celle de factions de la rébellion syrienne.La conférence du Koweït n’avait pas pour but d’aborder le volet politique. « Qu’un montant massif pour l’humanitaire soit levé, c’est bien. Mais il faut garder en tête que la solution n’est pas humanitaire, elle est politique », rappelle pourtant Andy Baker, de l’ONG Oxfam. « Il faut de solides efforts en ce sens. », poursuit-il. La lassitude des donateurs face à un conflit qui s’enlise, et l’irruption de nouvelles crises humanitaires, en Irak ou au Yémen, n’augurent rien de bon pour la mobilisation autour du drame syrien. La difficulté à acheminer l’aide dans certaines zones de la Syrie, en premier lieu à cause des limitations imposées par Damas, reste également un défi.Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.04.2015 à 16h47 • Mis à jour le01.04.2015 à 18h01 Le chef de la diplomatie yéménite, Ryad Yassine, a appelé mercredi 1er avril la coalition arabe qui bombarde les rebelles houtistes dans le pays à envoyer des troupes au sol. Depuis une semaine, cette coalition de neuf pays arabes et du Pakistan, rangés derrière la bannière de l'Arabie saoudite, mène des bombardements aériens contre les insurgés chiites qui, soutenus par Téhéran, ont pris le contrôle de vastes territoires au Yémen.Lire aussi : La Ligue arabe crée une force anti-TéhéranM. Yassine, réfugié dans la capitale saoudienne, a estimé dans un entretien à l'Agence France-Presse que ces raids « seront inefficaces » au bout d'un temps. Les Nations unies (ONU) et plusieurs organisations non gouvernementales se sont récemment alarmées du nombre de plus en plus élevé de victimes civiles des bombardements.Voir aussi : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au YémenUne intervention « pas nécessaire »Selon le chef de la diplomatie yéménite, il y aurait certainement « moins de pertes civiles » avec une opération terrestre. Un tel dispositif permettrait par ailleurs d'acheminer de l'aide dans le pays. « Je suggère de commencer le plus vite possible », a-t-il dit, ajoutant toutefois à propos des organisations humanitaires : « Nous n'avons pas un endroit sûr à partir duquel elles puissent opérer. »Des responsables diplomatiques des monarchies du Golfe ont indiqué que la campagne militaire pourrait durer jusqu'à six mois, sans envisager à ce stade l'envoi de troupes au sol. Une intervention terrestre n'est « pas nécessaire » pour l'instant, a ainsi répété, mardi, le porte-parole de la coalition. L'Egypte avait quant à elle déjà proposé d'envoyer des troupes au sol.L'Unicef, agence des Nations unies pour l'enfance, a rapporté mardi qu'au moins soixante-deux enfants avaient été tués et trente autres blessés dans les combats de la semaine écoulée. Lundi, au moins quarante personnes ont été tuées et deux cents autres blessées dans un bombardement sur le camp de déplacés de Mazraq, dans le nord-ouest du pays. Mercredi, trente-sept civils ont péri dans l'attaque d'origine inderminée d'une laiterie.Lire aussi (édition abonnés) : Yémen : quarante morts dans le bombardement d'un camp de réfugiés 01.04.2015 à 16h21 Les caisses dégarnies de l'Etat grec viennent d'être quelque peu renflouées par une première vague d'arriérés d'impôts d'un montant de 147 millions d'euros, versée par les contribuables, à la faveur d'un plan de règlement des impayés adopté par le gouvernement, a annoncé mercredi 1er avril le ministère des finances.Plus de 150 000 contribuables ont participé au programme de « règlement express », proposé durant une semaine par le gouvernement, pour améliorer ses rentrées fiscales. Les impayés remontaient parfois aux années 1970.Le ministère ajoute que le versement de dettes si anciennes est en temps normal « proche de zéro ». Pour tenter de convaincre les contribuables, une mesure d'effacement des majorations et d'étalement des versements en 100 tranches a été adoptée.Lire aussi (abonnés) : De la difficulté de collecter l’impôt en GrècePlus de 76 milliards d'impôtsD'autres phases du plan de règlement seront déployées dans les prochaines semaines. Le gouvernement précédent avait également mis en œuvre, peu avant d'être battu aux législatives de fin janvier, un plan pour essayer de collecter les sommes dues, mais il avait été jugé moins favorable.Les montants en jeu sont importants : plus de 76 milliards d'impôts et de cotisations sociales impayés se sont accumulés en Grèce au fil des ans, avec une accélération durant les six années de récession traversées par le pays.Mais le nouveau gouvernement Syriza a estimé ne pouvoir récupérer que 9 milliards d'euros, au mieux. Cette somme apporterait un bol d'air aux finances du pays sous perfusion des prêts internationaux de l'UE et du FMI en raison de son incapacité à emprunter sur les marchés à moyen et long terme, du fait de taux prohibitifs.Le versement d'une tranche d'aide de 7,2 milliards est suspendu depuis plusieurs mois par les créanciers du pays et soumis à l'exécution par le gouvernement de gauche radicale d'une liste de réformes, dont le contenu est âprement débattu depuis l'élection du nouveau gouvernement.Lire aussi : Grèce : un accord possible fin avril, selon les Européens Pierre Le Hir Où sont passés les cœurs des réacteurs de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima Daiichi, dévastée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 ? La réponse viendra peut-être de particules atmosphériques, des muons, appelées à la rescousse pour réaliser une sorte de radiographie des installations.Seule certitude à ce jour : le cœur, c'est-à-dire le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 en activité lors de l'accident (le réacteur 4 était déchargé et les 5 et 6 à l'arrêt), a fondu dans les heures qui ont suivi la perte de l'alimentation électrique et de la source de refroidissement de la centrale. Ces trois réacteurs contenaient respectivement 400, 548 et également 548 assemblages de combustible, soit plus de 250 tonnes de matières nucléaires au total.La reconstitution des événements a montré qu'entre l'arrêt des systèmes de refroidissement de secours et l'injection d'eau de mer décidée en catastrophe par l'exploitant du site, Tepco, le combustible n'a pas été refroidi pendant 14 heures pour le réacteur 1, et environ 7 heures pour les tranches 2 et 3.Il s'est alors formé un corium, un magma à très haute température (plus de 2 000 °C) extrêmement radioactif, agrégeant uranium, plutonium, produits de fission et métal fondu provenant des gaines de combustible en alliage de zirconium, ainsi que des structures internes des réacteurs. Et ce corium a perforé les cuves métalliques des trois réacteurs.Corium, béton et acierToute la question est de savoir où s'est ensuite logé ce magma brûlant. La base des réacteurs est formée d'un socle en béton – un radier – qui peut atteindre 8 mètres d'épaisseur. A environ un mètre sous la surface de ce socle se trouve aussi, prise dans le béton, une couche d'acier. Le corium est-il resté contenu dans la partie supérieure du radier, sans franchir l'enveloppe en acier, comme l'assure Tepco ? A-t-il pénétré plus avant dans le béton et, dans ce cas, jusqu'à quelle profondeur et sur quelle superficie ? Dans quel état se trouve-t-il aujourd'hui ? Nul ne le sait.Lire aussi: A Fukushima, l’interminable décontaminationLa crainte, majeure dans les semaines qui ont suivi l'accident, que cette matière radioactive n'atteigne le sous-sol du site nucléaire et disperse de la radioactivité dans les eaux souterraines, semble toutefois écartée. « Les mesures de la radioactivité des eaux qui circulent sous les bâtiments montrent que le corium doit être resté bloqué dans le radier. Sinon, cette radioactivité serait beaucoup plus élevée, indique Thierry Charles, directeur général adjoint de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN). En revanche, on ignore où se trouve exactement le corium. »Tomographie par muonsPour en avoir le cœur net, des ingénieurs ont donc imaginé de faire appel aux muons. Ces particules de haute énergie, produites par l'interaction entre les rayons cosmiques et les molécules de la haute atmosphère, se déplacent à une vitesse proche de la lumière et baignent notre environnement. Elles ont la particularité de peu interagir avec la matière et ne sont donc freinées dans leur course que par des matériaux très denses, ce qui est le cas du combustible nucléaire, puisque l'uranium et le plutonium qui le composent sont des métaux lourds. La mesure de l'atténuation du flux de particules permet ainsi, comme pour une radiographie, d'obtenir des informations sur la nature et la masse de l'obstacle rencontré.Cette technique d'imagerie, dite « tomographie par muons », avait déjà été utilisée pour étudier la structure interne de la pyramide égyptienne de Khéphren, ou celle du volcan de la Soufrière, en Guadeloupe. Elle a été adaptée aux installations de Fukushima par des scientifiques du KEK (un centre de recherche japonais sur la physique des hautes énergies) et des universités de Tsukuba et de Tokyo, qui ont conçu un dispositif formé de détecteurs de muons, placés à proximité des réacteurs. « Tout le combustible est tombé »Les mesures réalisées sur le réacteur 1, entre mi-février et mi-mars 2015, ont confirmé qu'il n'y avait plus de combustible dans la cuve. Les données « ne montrent pas l'existence de substances à haute densité (combustibles) à leur position originale dans le cœur du réacteur », a indiqué Tepco. « On devrait voir une ombre sur les images à l'endroit du cœur, or elle n'est pas là, ce qui signifie très probablement que tout le combustible est tombé », a également expliqué Fumihiko Takasaki, professeur au KEK et responsable des tests. Une expertise similaire, sur le réacteur 2, a elle aussi établi que son combustible avait totalement fondu.Pour aller plus loin, et scruter non seulement les cuves, mais aussi la partie basse des réacteurs, Toshiba, le géant nippon de l'électronique et de l'informatique, vient de proposer de mettre en œuvre une autre technique plus précise, toujours à base de muons. Elle a été développée en collaboration avec l'IRID (l'organisme japonais chargé de mettre au point des technologies de démantèlement du site nucléaire), en s'appuyant sur des travaux menés aux Etats-Unis, au Laboratoire national de Los Alamos. Il s'agira, cette fois, de disposer en parallèle, de part et d'autre des réacteurs, deux énormes détecteurs de 8 mètres de haut et de 20 tonnes chacun, qui analyseront non pas les flux de muons mais leur trajectoire et leur dispersion.Entre 20 et 30 ansToshiba l'explique dans un communiqué : « L'angle de dispersion est directement lié au numéro atomique des objets avec lesquels les muons entrent en collision, et l'uranium peut être différencié des structures environnantes. » Selon l'industriel, cette méthode permet d'identifier des débris d'une taille de 30 centimètres. Des circuits électriques et des algorithmes spéciaux ont été mis au point pour que les rayonnements émis par le site nucléaire ne brouillent pas les mesures. Le procédé devrait être expérimenté « dans le courant de 2015 », d'abord sur le réacteur 2.L'enjeu est crucial. « La reprise du combustible fondu sera la partie la plus lourde et la plus complexe du chantier de démantèlement », souligne Thierry Charles. Une fois le corium localisé, il faudra fabriquer des outils robotisés de découpe et d'extraction – la radioactivité interdit toute intervention humaine directe –, concevoir des conditionnements adaptés et trouver une solution de stockage aujourd'hui inexistante. La récupération des cœurs perdus de Fukushima ne devrait pas commencer avant 2020 ou 2025, et les opérations sont prévues pour durer entre vingt et trente ans.Pierre Le HirJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.04.2015 à 13h29 • Mis à jour le01.04.2015 à 13h50 Detlev Günzel a été condamné à huit ans et demi de prison pour avoir tué et dépecé le 4 novembre 2013, apparemment à sa demande, Wojciech Stempniewicz, un consultant de 59 ans d'origine polonaise rencontré sur un site consacré au cannibalisme, a annoncé un tribunal de Dresde.Lire (édition abonnés) : En Allemagne, le policier dépeceur passe en procèsLe policier allemand « a été reconnu coupable de meurtre et d'avoir porté atteinte au repos des morts », a précisé la présidente de la cour, Birgit Wiegand. Le parquet avait requis une peine de dix ans et demi d'emprisonnement contre Detlev Günzel, considérant que le mobile de son crime était « la satisfaction du désir sexuel », qui rentre dans la définition d'un « meurtre aggravé ». L'accusation avait réclamé quinze ans, généralement le maximum pour un meurtre, ce que le procureur avait jugé élevé.Au cours des débats qui s'étaient ouverts au mois d'août, la défense de M. Günzel, 57 ans, père de trois enfants déjà adultes, a plaidé que la victime, qui avait depuis longtemps exprimé son désir de mourir, s'était elle-même donné la mort par pendaison, dans la cave de l'accusé, avant que celui-ci use d'un couteau puis d'une scie électrique sur l'homme bâillonné et ligoté. Les enquêteurs ont confié aux juges qu'ils n'étaient pas en mesure de déterminer avec certitude les causes de la mort en raison de l'état du corps de la victime.Detlev Günzel avait enterré les restes du mort dans le jardin de sa maison d'Hartmannsdorf-Reichenau, un petit village situé près de la frontière tchèque.Vidéo d'horreurDetlev Günzel et sa victime avaient fait connaissance un mois avant leur rencontre par le biais d'un site Internet où les utilisateurs peuvent partager leurs fantasmes cannibales. Au moment des faits, le policier, actif pendant trente ans, a réalisé une vidéo, qualifiée d'« horreur pure » par les enquêteurs.Ce film de cinquante minutes, diffusé en cours d'audience, montre à un moment l'accusé couvert de sang marmonner : « Je n'aurais jamais pensé tomber si bas. » M. Günzel a fondu en larmes au moment de la diffusion de la vidéo, ont rapporté des observateurs du procès, déclarant à la présidente du tribunal, Birgit Wiegand : « Je ne prétends pas être totalement innocent, c'est la plus grande erreur de ma vie, mais je ne suis pas un meurtrier. »L'affaire a réveillé en Allemagne le souvenir du « Cannibale de Rotenbourg », Armin Meiwes, qui en 2001 avait châtré, assassiné, éviscéré et en partie consommé un Berlinois consentant de 43 ans. Il avait été condamné à la perpétuité. 01.04.2015 à 12h19 • Mis à jour le01.04.2015 à 14h19 | Hélène Sallon Les organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme ont longtemps attendu ce jour. Mercredi 1er avril, la Palestine devient formellement membre de la Cour pénale internationale (CPI), ouvrant la voie à d’éventuelles poursuites contre des dirigeants israéliens pour crimes de guerre. « Ceux qui ont commis des crimes vont payer. Nous allons ouvrir sur eux les portes de l’enfer, en utilisant les armes éthiques : le droit international », a annoncé Raji Sourani, directeur du Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR), basé à Gaza, lors d’une visite à Paris, fin mars.Les premières salves de cette guerre judiciaire ne devraient pas être tirées mercredi. La concrétisation de la demande d’adhésion à la CPI, déposée fin 2014 par la direction palestinienne après l’échec d’une résolution devant le Conseil de sécurité des Nations unies sur la reconnaissance d’un Etat palestinien, sera avant tout cérémonielle. L’Autorité palestinienne ne déposera pas, du moins dans l’immédiat, de « plainte » visant la colonisation israélienne, comme l’avait annoncé début mars le ministre des affaires étrangères, Riyad Al-Maliki. Ce dernier recevra juste la copie du statut de Rome, traité fondateur de la CPI. En outre, c’est à la Cour que revient la décision d’enquêter ou non sur les situations précises que portent à son attention les Etats membres.Examen préliminaire« Nous ne voulons pas travailler dans la hâte mais soumettre des cas bien construits. Nous allons laisser la priorité à la procureure, avec qui nous coopérons »,... 01.04.2015 à 11h18 • Mis à jour le01.04.2015 à 14h26 Une trentaine de personnes ont été tuées et 80 blessées dans le bombardement, mardi soir, d'une laiterie de la ville portuaire de Hodaïda, dans l'ouest du Yémen, a indiqué mercredi le gouverneur de la province du même nom. « Il y a eu 37 morts et 80 blessés », a déclaré le gouverneur Hassan Ahmed Al-Haï.Les circonstances exactes de ce bombardement restent inconnues. Certains témoins affirment qu'en ripostant à un raid aérien de la coalition des militaires pro-Saleh, allié aux miliciens chiites houthistes que combat depuis jeudi dernier une coalition arabe sous conduite saoudienne, ont touché l'usine. D'autres disent au contraire que la laiterie a été touchée par l'aviation de la coalition.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ldnlh"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ldnlh", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});A New York, l'Unicef a rapporté mardi soir qu'au moins 62 enfants avaient été tués et 30 autres blessés dans les combats de la semaine écoulée au Yémen.Le vice-ministre iranien des affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian a demandé au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, de faire tout son possible pour que cesse immédiatement l'opération aérienne de la coalition arabe au Yémen, rapporte l'agence de presse iranienne IRNA. L'Iran soutient les miliciens chiites houthistes, contre lesquels interviennent la monarchie saoudienne sunnite et ses alliées.L'aviation et la marine de la coalition arabe ont bombardé tôt mercredi des positions rebelles à Aden, deuxième ville du Yémen. A Aden, les bombardements se sont concentrés sur un complexe de l'administration provinciale à Dar Saad, dont s'étaient emparés les houthistes dans le nord de la ville. 05.04.2015 à 13h59 • Mis à jour le05.04.2015 à 16h04 Le pape François a appelé, dimanche 5 avril, à l'occasion de Pâques, à la fin des tragédies et des persécutions au nom de la religion en Afrique et au Moyen-Orient. Le pape François s'adressait au monde entier depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, avant d'impartir sa traditionnelle bénédiction « à la ville et à l'univers » (« urbi et orbi »). Devant des dizaines de milliers de fidèles rassemblés sous la pluie, le chef de l'Eglise catholique a lancé :« A Jésus victorieux, demandons d'alléger les souffrances de tant de nos frères persécutés à cause de son nom, comme aussi de tous ceux qui pâtissent injustement des conséquences des conflits et des violences actuels. Il y en a tant ! »« Qu'une prière incessante monte de tous les hommes de bonne volonté pour ceux qui ont perdu la vie – je pense en particulier aux jeunes qui ont été tués jeudi à l'université de Garissa au Kenya – , pour tous ceux qui ont été enlevés », a affirmé François au sujet du massacre de près de 150 étudiants, majoritairement chrétiens, par un commando d'islamistes chabab.« Implorons le don de la paix pour le Nigeria, pour le Soudan du Sud et pour différentes régions du Soudan et de la République démocratique du Congo ! », a-t-il ajouté.La persécution des chrétiens d'Orient Le pape argentin a exhorté la communauté internationale à « ne pas rester inerte face à l'immense tragédie humanitaire en Syrie et en Irak », et ses « nombreux réfugiés »: « Que cesse le fracas des armes et que se rétablisse la bonne cohabitation entre les différents groupes qui composent ces pays bien-aimés. »Sans évoquer les persécutions des groupes djihadistes contre les chrétiens, le pape a demandé au Christ « d'alléger les souffrances de tant de nos frères persécutés à cause de son nom ».François a parlé d'« espérance » pour qualifier l'accord-cadre conclu le 2 avril à Lausanne entre l'Iran et les grandes puissances sur son programme nucléaire. Il a souhaité que cet accord « soit un pas définitif vers un monde plus sûr et fraternel ».Il a appelé à la fin des violences en Libye, où en février dernier les djihadistes de l'Etat islamique ont décapité 22 chrétiens coptes égyptiens. Une « volonté commune de pacification » a été aussi préconisée par François pour le Yémen, tout comme « la reprise du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens », et « l'engagement de toutes les parties intéressées à la paix en Ukraine ».Le pape n'a pas évoqué l'Asie ni l'Amérique latine, mais il a demandé « paix et liberté pour les victimes de trafiquants de drogue », en observant qu'ils « sont souvent liés aux pouvoirs qui devraient défendre la paix et l'harmonie ». De même, il a fustigé « les trafiquants d'armes, qui s'enrichissent avec le sang des hommes et des femmes », et toutes « les nouvelles et anciennes formes d'esclavage ». Jean-Philippe Rémy Un pays, le Kenya, a été meurtri dans sa chair : 148 personnes, dont 142 étudiants, ont été assassinées en quelques heures par un commando djihadiste, jeudi, à Garissa, dans la province nord-est du pays. Comment mieux blesser une nation dans ses fibres les plus profondes, comment mieux la toucher au cœur, qu’en s’attaquant à ses enfants ? L’université de Garissa a été visée pour ces raisons. Tout a été conçu pour susciter, dans un second temps, l’effroi, la peine et la colère : des étudiants surpris dans leur sommeil, chassés impitoyablement, triés en fonction de leur religion avant d’être abattus (les chrétiens) ou épargnés (les musulmans ou ceux en mesure de réciter une sourate du Coran), le tout assorti de propos provocateurs dont les assaillants se doutaient bien qu’ils seraient rapportés par les survivants, souhaitant notamment aux étudiants « de bonnes vacances de Pâques », comme le transmet l’Agence France-Presse, avant de décider qui achever, qui laisser vivre.La peine, incommensurable, se trouve encore renforcée par le fait que le Kenya est un pays tout entier tourné vers l’éducation. Les parents s’y privent de tout pour payer les études de leurs enfants. Le plat national, le sukuma wiki, est aussi l’aliment le moins cher du pays. Ce chou bon marché (qui, du reste, est de la même famille que le kale), est sur toutes les tables le soir. Son nom en swahili signifie : « pousser la semaine » (jusqu’à son terme), indiquant par là qu’en s’en contentant, on a plus de chances d’avoir assez d’argent pour tenir, et même, de faire quelques économies, notamment pour envoyer les enfants à école. Parfois, c’est tout un quartier, toute une communauté, qui met ses moyens en commun (lors de harambee, cérémonie de cotisations collectives pour « tirer en avant », littéralement, une action) afin qu’un enfant prometteur soit envoyé à l’université.Les Chabab espèrent des représaillesCe désir d’apprendre, de s’élever socialement, de vivre mieux, c’est aussi ce que les assaillants ont frappé. Et d’espérer, sans doute, que dans l’émotion, des violences éclatent : violences interreligieuses, violences contre les Somali (un groupe du Kenya) ou contre des Somaliens réfugiés au Kenya. Le massacre a été revendiqué par le groupe somalien Al-Chabab (Harakat Al-Chabab Al-Moudjahidin, Mouvement de la jeunesse des moudjahidin). Pourtant, les exécutants s’exprimaient en swahili (une langue méprisée par de nombreux Somaliens). Ils peuvent venir de cellules de la côte kényane, l’un serait même tanzanien, appartenir à une formation comme les Muhajiroun, l’une des filiales kényanes des Chabab. L’enquête le dira peut-être. L’homme qui a conçu l’opération, selon les responsables kényans, serait Mohamed Kuno « Gamadheere », encore appelé cheikh Dulayadin, un Kényan somali, ancien enseignant de madrassa à Garissa, qui a rejoint les insurgés somaliens au début des années 2000 et a occupé des fonctions dans l’administration de la région frontalière du Jubaland, en Somalie, lorsque celle-ci était sous contrôle Chabab.Il y a un sarcasme entretenu autour de l’attaque de Garissa. Comme celui de laisser le soin à un ex-enseignant devenu djihadiste le soin d’exterminer des étudiants. Or, l’université de Garissa est la seule à offrir un enseignement universitaire dans toute la province du Nord-Est, au Kenya, qui est aussi grande que la Grèce. Dans cette région pauvre et marginalisée, l’activité principale demeure l’élevage, de plus en plus difficile en raison des sécheresses et de la multiplication des animaux. Elle est aussi peuplée majoritairement de Somalis. Quand aux réfugiés somaliens, ils se trouvent dans le grand camp de Dadaab, à une centaine de kilomètres seulement. Ensuite, c’est la frontière somalienne. Plus au sud, le Kenya veut même y construire un mur, espérant ainsi éviter les infiltrations de combattants. Cette proximité de la Somalie menace aussi de pousser les autorités à envisager de nouveau le projet de démanteler le camp de Dadaab. C’est exactement le genre de punition collective aveugle que doivent espérer les Chabab. Dans une guerre asymétrique comme celle qu’ils mènent, créer de la confrontation est une priorité. Et les attentats, cela sert à cela. Déjà, en 2014, les réfugiés somaliens avaient été harcelés à Nairobi, parqués dans un stade, déportés vers le camp, dans la foulée d’autres attentats. Aucune violence collective anti-Somalis (l’ethnie kényane) ou Somaliens (ressortissants de Somalie), n’a heureusement été enregistrée. Mais, à chaque attaque, il faut tout le génie kényan pour éviter des mesures de représailles aveugles vers ces communautés.Incurie des services de l’EtatEn attaquant à Garissa, le commando bénéficiait d’un autre avantage : celui de retarder l’arrivée des forces kényanes spécialisées. Un commando de quelques hommes a pu consacrer douze heures à tuer méthodiquement des dizaines, et encore des dizaines, de jeunes innocents, avant une intervention armée. Alors que les responsables politiques kényans se déplacent en hélicoptères, les forces spécialement entraînées pour genre de situation ont dû venir par la route, au milieu des encombrements.Il n’y a pas de routine dans cette horreur-là. Voici à nouveau le président kényan, Uhuru Kenyatta, contraint de prendre la parole, à la télévision, pour tenter de rassurer son pays après une attaque terroriste majeure. Samedi, il a reconnu qu’il faudrait des « mesures exceptionnelles » pour lutter contre une « menace touchant à l’existence même » du Kenya. Lors de sa dernière intervention similaire, en juillet, après l’attaque de Mpeketoni, une petite ville de commerçants sur la côte kényane, le ton était différent : Uhuru Kenyatta avait alors dénoncé la complicité de responsables politiques locaux. Cette fois, le ton est infiniment plus grave.La province du Nord-Est, c’est un peu la banlieue de la nation. Le Kenya fertile, agricole de la province centrale, couronnée par le mont Kenya, prend fin tout près de là. Garissa est la porte d’un autre monde, plus aride, à la population composée d’une forte majorité de Somalis. Le vaste ensemble des Somalis est éparpillé entre plusieurs pays, résultat des découpages coloniaux : en plus de la Somalie, au Kenya, en Ethiopie et à Djibouti. Le Nord-Est actuel du Kenya a été pendant la période coloniale en partie arraché par les Britanniques à la Somalie italienne, province du Jubaland. Ce Jubaland, dans le Sud-Ouest somalien, a été envahi par le Kenya depuis 2011. La présence kényane dans cette zone frontalière devait permettre de constituer une zone tampon pour empêcher les incursions des Chabab au Kenya. Une administration locale a été placée à la tête de Kismayo, deuxième port de Somalie et « capitale » du Jubaland. C’est dans cette région qu’a évolué à une époque l’homme qui est soupçonné d’avoir organisé l’attaque de Garissa.Ce même homme est suspecté d’avoir organisé, cette fois pendant les vacances de Noël, deux attaques successives et sanglantes plus dans le Nord, vers Mandera (ville-frontière avec la Somalie et proche de l’Ethiopie). Vingt-huit personnes (dont vingt enseignants qui prenaient leurs congés de fin d’année), avaient été allongées côte à côte sur le sol, puis exécutées. Quelques jours plus tard, les employés d’une carrière des environs étaient soumis au même traitement : tri entre chrétiens et musulmans, exécution des premiers. Trente-six morts, là aussi à la suite d’un tri sur des bases religieuses. Dans la foulée, tous les fonctionnaires avaient tenté de quitter la province du Nord-Est. Selon la règle en vigueur au Kenya, ces derniers ne peuvent être affectés dans la région d’où ils sont originaires. Les enseignants, médecins et infirmiers des hôpitaux publics, les policiers et autres fonctionnaires de l’administration qui sont basés à Garissa ou Mandera sont originaires d’ailleurs, et souvent, mais pas systématiquement, chrétiens (la religion majoritaire dans une grande partie du Kenya). Ces fonctionnaires, en décembre, ont voulu fuir en masse la province du Nord-Est. Même le tout-puissant syndicat des enseignants, le Kenya National Union of Teachers (KNUT – Syndicat national des enseignants), les y encourageait. Wilson Sossion, son secrétaire général, le reconnaissait alors : « Nous savons que nos directives aux professeurs [de quitter la province] auront des répercussions négatives sur l’éducation dans les comtés concernés, mais en même temps, la vie est très précieuse. » Jean-Philippe RémyCorrespondant régional Afrique, JohannesburgSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.04.2015 à 12h17 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un record est en train de tomber. Mais, le changement de parti n’étant pas encore reconnu comme un sport olympique, l’Italie se voit privée de la médaille d’or. Depuis février 2013, début de la XVIe législature, 196 parlementaires (sur 945) ont quitté la formation avec laquelle ils ont été élus pour trouver refuge dans une autre. En tout, et compte tenu du fait que certains élus ont changé plusieurs fois de casaque, le nombre de transferts atteint 250, presque autant qu’entre 2008 et 2013 (261). Soit une moyenne de 10,17 par mois !Un exemple : Barbara Saltamartini, 43 ans, native de Rome. Après une jeunesse militante au sein du mouvement postfasciste Azione Giovani, elle est élue députée de Sicile en 2008 avec le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi. Réélue avec le Cavaliere, elle choisit d’adhérer au Nouveau Centre droit (NCD) d’Angelino Alfano en novembre 2013, qu’elle quitte ensuite pour un court passage chez les non-inscrits de la Chambre, avant de rejoindre la Ligue du Nord. C’est tout pour l’instant.Pour le site Internet Openpolis, qui tient le comptage détaillé de ces mouvements, ils sont le reflet de l’instabilité et de la recomposition de la vie politique italienne. Ces deux dernières années ont été marquées par l’irruption du Mouvement 5 étoiles, de la scission du PDL, la disparition de la formation de Mario Monti et l’attractivité croissante du Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi sur la gauche. Ainsi, une quarantaine de grillini, exclus ou partis d’eux-mêmes, se sont éparpillés, une trentaine de parlementaires autrefois berlusconiens ont anticipé le déclin programmé de l’ex-président du Conseil pour se ranger sous les couleurs du centre et une bonne dizaine d’élus de la gauche radicale ont adhéré au PD.Seuls pour l’instant les « frondeurs » du PD qui menacent chaque jour M. Renzi de l’abandonner n’ont pas encore mis leur menace à exécution. Paradoxalement, cette situation fait les affaires du premier ministre, qui pourrait pallier d’éventuelles défections grâce à l’apport de nouveaux convertis.Mais le retournement de veste n’est pas une garantie de survie politique. A décevoir ses amis, on n’en conquiert pas forcément de nouveaux. Openpolis a calculé que, sur 180 parlementaires qui ont changé d’étiquette au cours de la précédente législature, seuls 48 % d’entre eux ont été « candidatés » par leur nouvelle formation. Et 12,75 % – une misère – ont été réélus. La trahison ne paie plus.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.04.2015 à 09h46 • Mis à jour le05.04.2015 à 10h25 Accusés de s'être livrés à des pillages ces derniers jours, presque tous les miliciens chiites se sont retirés samedi 4 avril de la ville irakienne de Tikrit, dont les djihadistes de l'Etat islamique (EI) avaient été chassés en milieu de semaine. Un porte-parole des miliciens chiites, Karim Al-Nouri, a confirmé que 80 % des volontaires avaient quitté Tikrit. Les forces irakiennes ont repris Tikrit,  ancien fief de Saddam Hussein, le 31 mars, après plusieurs semaines de combats contre l'EI, qui contrôlait la ville depuis près de dix mois.Selon les autorités locales, les miliciens chiites auraient incendié des centaines d'habitations et pillé des commerces. Des miliciens ayant reconquis la ville aux côtés de l'armée auraient tagué le nom de leur groupe sur des habitations, des magasins, et d'autres bâtiments. Des policiers de la force de réaction rapide auraient aussi tagué les murs de Tikrit. Vendredi, M. Al-Abadi, le premier ministre irakien avait ordonné l'arrestation des pillards, et aux forces déployées à Tikrit de faire cesser les actes de « vandalisme » dans la villes, émettant des « ordres adressés aux forces sécuritaires et militaires dans la ville de Tikrit pour qu'ils s'occupent des actes de vandalisme » menés par des « gangs » cherchant à ternir l'image des forces de sécurité et des milices chiites alliées, selon le communiqué de ses services. L'ayatollah Ali Al-Sistani, principal dignitaire de l'islam chiite en Irak, qui compte des millions de fidèles, a appelé les forces de sécurité et les milices alliées à « protéger et garder les biens des citoyens dans les zones qui ont été libérées ». Cela relève du « devoir religieux, national et moral », a poursuivi M. Sistani dans son prêche lu par une représentant lors de la prière hebdomadaire du vendredi, à Kerbala. En outre, « cela peut jouer un rôle crucial pour persuader ceux qui n'ont pas encore décidé de participer à la libération de leur région de le faire », a-t-il insisté.Les Etats-Unis ont dit surveillent « de près » les forces irakiennes à Tikrit, où, selon certaines informations, elles pourraient avoir commis des violations des droits de l'homme lors de la reprise de la ville aux djihadistes, avait annoncé un responsable militaire américain jeudi. Jeudi également, Amnesty International avait expliqué enquêter sur des violations des droits de l'homme qu'auraient commises les forces de Bagdad et leurs alliés.Malgré les récents succès remportés par son armée, le premier ministre irakien, qui dit se sentir abandonné par Washington, juge qu'il sera extrêmement difficile de venir à bout de l'Etat islamique (EI) tant que le groupe djihadiste recrutera des combattants étrangers totalement endoctrinés. Dans un entretien accordé au magazine allemand Der Spiegel, samedi, il a estimé que 57 % des combattants de l'EI étaient des Irakiens qui ne posaient pas trop de problèmes car, selon lui, ils partent quand l'armée irakienne entre dans une ville reconquise. « Les 43 % qui restent, des combattants étrangers idéologiquement endoctrinés, se retrouvent, eux, le dos au mur. Si Daech continue de recruter tant de combattants étrangers, aucune armée dans notre région ne pourra en venir à bout », avertit le premier ministre irakien.Lire aussi (édition abonnés) : A Tikrit, les milices chiites menacent la coalition 05.04.2015 à 07h45 • Mis à jour le05.04.2015 à 11h00 Le car de l'équipe de football turque de Fenerbahçe Istanbul (1re division turque) a été pris pour cible à la suite d'un match de championnat contre Rizespor. Le chauffeur du car a été transporté à l'hôpital après avoir été blessé par des tirs, survenus au moment où Fenerbahçe, champion de Turquie en titre, se rendait à Trabzon pour reprendre l'avion pours Istanbul. Aucun des joueurs de l'équipe, qui a gagné le match 5-1, n'a été blessé.Mahmut Uslu, responsable du club qui se trouvait dans le bus, a dénoncé devant les caméras une agression visant à « faire renverser le bus et tuer ainsi les joueurs. C'est incroyable ! Une telle attaque a pour seul objectif de commettre un meurtre ! », s'est-il exclamé sur les chaînes de télévision.Le gouverneur de Trabzon a noté que le car avait été attaqué par un homme armé. « D'après les derniers éléments, il semblerait qu'il se soit agi d'une arme à feu. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, mais il semblerait que ce soit un type de balle tiré par un fusil », a-t-il souligné.La Fédération turque de football (TFF) a « dénoncé avec la plus grande fermeté » l'incident, réclamant dans un communiqué que les auteurs soient « immédiatement traduits devant la justice et punis », alors que la presse sportive était sous le choc de cette attaque sans précédent en Turquie, où les violences sont pourtant régulières dans le football, sport favori du pays.Le ministre des sports, Çagatay Kiliç, a dénoncé pour sa part l'attaque, mais affirmé que le championnat ne serait pas suspendu.Cette attaque survient alors que la Turquie a été frappée la semaine dernière par une flambée de violences politiques, à deux mois des élections législatives, le 7 juin, dans un pays divisé entre partisans et détracteurs du président Erdogan, qui souhaite renforcer ses pouvoirs à l'issue du scrutin. 05.04.2015 à 04h12 • Mis à jour le05.04.2015 à 04h14 Après l'horreur du massacre de Garissa au Kenya, la dénonciation de la violence djihadiste a pris le pas sur les thèmes de paix et de justice d'ordinaire évoqués lors des célébrations de Pâques. Le pape François a dénoncé samedi 4 avril au soir, lors de la longue Veillée pascale, qui célèbre, selon la croyance chrétienne, la résurrection de Jésus, « le silence complice » et « l'indifférence » devant la « furie djihadiste » qui frappe les chrétiens.Il a fermement condamné la « brutalité insensée » du massacre des Chabab contre les étudiants de Garissa qui a fait au moins 148 morts jeudi. « Tous les responsables doivent redoubler leurs efforts afin de mettre un terme à une telle violence », a demandé dès vendredi le chef de l'église catholique. Equipés d'explosifs et d'armes à feu, les assaillants se sont lancés jeudi à l'aube à l'assaut du campus universitaire situé à près de 200 kilomètres de la frontière somalienne, tuant d'abord sans discernement avant d'épargner les étudiants musulmans et de prendre de nombreux chrétiens en otages, en fonction de leurs vêtements.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55209b32a5d53'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 9\r\n \r\n \r\nLes Chabab, affili\u00e9s \u00e0 Al-Qaida, ont pris d'assaut jeudi 2 avril \u00e0 l'aube le campus de l'universit\u00e9 de Garissa, qui h\u00e9bergeait des centaines d'\u00e9tudiants originaires de diff\u00e9rentes r\u00e9gions. L'attaque s'est termin\u00e9e dans la soir\u00e9e par la mort des assaillants, dans des \u00e9changes nourris de tirs et des explosions.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/CARL DE SOUZA\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les Chabab, affili\u00e9s \u00e0 Al-Qaida, ont pris d'assaut jeudi 2 avril \u00e0 l'aube le campus de l'universit\u00e9 de Garissa, qui h\u00e9bergeait des centaines d'\u00e9tudiants originaires de diff\u00e9rentes r\u00e9gions. 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Les assaillants de l'universit\u00e9 ont d'abord tu\u00e9 sans discernement avant d'\u00e9pargner les \u00e9tudiants musulmans et de prendre de nombreux chr\u00e9tiens en otages.\r\nCr\u00e9dits : AP\/Ben Curtis\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un groupe de femmes et d'hommes, en majorit\u00e9 des musulmans, \u00e9coute vendredi 3 avril, un discours d\u00e9non\u00e7ant l'attaque de la veille. 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La prise surprise de la ville irakienne de Mossoul, à l'été dernier, par le groupe Etat islamique (EI) a été un tournant. Il a conduit le Saint-Siège à se montrer plus incisif face aux ambiguïtés de certaines autorités musulmanes. Des figures de la religion musulmane, dont le cheikh d'Al-Azhar, au Caire, l'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite, ont condamné à plusieurs reprises les crimes de groupes armés qui « souillent l'image de l'islam et des musulmans dans le monde de manière alarmante ».Lire aussi la tribune du philosophe Mustapha Cherif : L'appel du Vatican aux musulmans est ambigu et en édition abonnés : Comment peut-on massacrer au nom de Dieu ? 04.04.2015 à 20h43 • Mis à jour le05.04.2015 à 15h05 | Florence Evin L’organisation Etat islamique (EI) a mis en ligne, samedi 4 avril, une vidéo montrant ses soldats djihadistes à l’œuvre dans la destruction de la cité antique d’Hatra (1er siècle av. J.-C. – 1er siècle ap. J.-C.), en Irak, pays dont les frontières actuelles correspondent à celles de l’ancienne Mésopotamie. Cette vidéo de plus de sept minutes porte le titre : « Gouvernorat de Dijlah » (le Tigre, en arabe, fleuve qui baigne la région). Elle est signée : « Bureau de communication de l’Etat Islamique ; année 1436 [de l’Hégire, soit 2015, selon notre calendrier]. »La vidéo a-t-elle été tournée lors de la destruction annoncée d’Hatra, le samedi 7 mars à l’aube, alors que des habitants du voisinage signalaient une puissante explosion sur le site ? Ou bien après les faits eux-mêmes, comme ce fut le cas lors de la diffusion le 26 février du saccage du musée de Mossoul, qui aurait eu lieu fin janvier ? Rien ne permet de le dire.Cité arabe de l’empire parthe, Hatra était un ancien carrefour caravanier prospère sur les routes de la soie et des épices. Ses grands temples étaient debout, et avaient été restaurés. Premier site irakien inscrit en 1985 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, cette ville était exceptionnelle à plusieurs titres : par son ampleur (324 hectares) ; par la hauteur de ses monuments (plus de quinze mètres pour le sanctuaire à double colonnade et fronton dédié à Shamash, le dieu Soleil) ; par la qualité de ses décors sculptés ; et par son état de conservation.Lire aussi :En Irak, la cité parthe de Hatra détruite par les djihadistesUne vidéo professionnelleTechniquement très professionnelle, avec photo aérienne en ouverture, gros plans sur les saccages, à la masse et à la pioche, des statues et hauts-reliefs de cette ville monumentale en pierre de taille, cette vidéo est ponctuée de longues déclarations par les terroristes posant face à la caméra.Turban noir, barbe fournie, sac à dos et gilet de combat, le premier s’exprime en arabe, kalachnikov en mains, pour rappeler la victoire totale de Mahomet :« Après sa conquête de la Mecque, son premier acte a été de détruire les idoles. Je jure par le Dieu tout puissant qu’on va suivre son exemple. On attaque El Hadr [Hatra] pour appliquer la législation de Dieu. Dieu ne pardonne pas à ceux qui adorent un autre que lui. Nous suivons l’exemple de notre père Abraham et celui du prophète Mahomet. Merci à Dieu de nous avoir donné force et puissance et d’avoir permis aux soldats de l’EI d’éradiquer toutes traces des mécréants et athées, et d’appliquer la charia, la législation de Dieu. »Et se moquant de l’organisation mécréante (l’Unesco) qui a qualifié la destruction de pièces archéologiques de « crime de guerre », un autre soldat ajoute : « Nous sommes là pour les détruire, on va détruire toutes les pièces archéologiques, vos sites, vos idoles, votre patrimoine, où que ce soit, et l’EI va gouverner vos pays, règnera sur vos terres. » Des déclarations entrecoupées de scènes de massacre, qui sont minutieusement mises en scène. Quand les figures sont trop hautes pour être atteintes à la masse, les terroristes font des cartons à la kalachnikov, jusqu’à ce qu’elles soient réduites en pièces.Lire : l'Unesco dénonce la « destruction » par l'EI de la cité antique de HatraLes protagonistes ne seraient pas irakiensLes guerriers fanatiques qui se disent « envoyés par l’EI » et se mettent ainsi en scène ne seraient pas irakiens. Si l’on en juge par leur accent, « ils ne sont pas de la région, précise Fareed Yassen, ambassadeur d’Irak en France. L’un des deux premiers à s’exprimer est visiblement africain et l’autre du sous-continent indien. Le troisième avec sa manière de prononcer les “t” serait plutôt maghrébin. La production cinématographique est de toute première force, de gros fichiers dont on doit pouvoir tracer l’origine. »En louant « Allahou Akbar » (« Akbar », dieu le plus grand), l’EI montre sa volonté de faire disparaître toutes marques de polythéisme et prône un retour au VIIe siècle de Mahomet, au sens littéral. Sans toutefois renoncer aux outils les plus performants du XXIe siècle pour servir sa propagande sur la scène médiatique mondiale, dont il maîtrise parfaitement le fonctionnement.Lire aussi : Les djihadistes saccagent Nimroud et La carte des sites de la Mésopotamie antique en périlFlorence EvinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.04.2015 à 13h06 • Mis à jour le05.04.2015 à 11h58 Les combattants de l'Etat islamique (EI) ont pris le contrôle de 90 % du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, situé dans la banlieue de Damas, a annoncé samedi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Avec cette offensive, les djhadistes sunnites ne sont plus qu'à une poignée de kilomètres de la capitale syrienne.Les Nations unies se disent extrêmement préoccupées pour la sécurité et la protection des quelque 18 000 civils, syriens et palestiniens, qui y vivent encore. « La situation à Yarmouk est un affront à notre humanité à tous, une source de honte universelle », a déclaré Chris Gunness, porte-parole de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). « Yarmouk est un test, un défi pour la communauté internationale. Nous ne devons pas échouer. La crédibilité du système international lui-même est en jeu », a-t-il dit.Depuis mercredi, l'EI attaque ce camp de réfugiés, affrontant des milices, dont celle d'Aknaf Baït Al-Makdis, un groupe de combattants anti-Assad, et des Palestiniens.L'OSDH, une organisation proche de l'opposition syrienne, indique que l'EI et le front Al-Nosra, émanation d'Al-Qaida, rivaux dans le reste de la Syrie, ont avancé au cours de la nuit. Yarmouk abritait avant le conflit syrien un demi-million de Palestiniens.Lire aussi (édition abonnés) : Au Liban, le deuxième exil des Palestiniens de Syrie 04.04.2015 à 10h44 • Mis à jour le04.04.2015 à 14h01 Une vidéo attribuée à l'Etat islamique (EI) montre des djihadistes saccager des sites archéologiques de la cité parthe d'Hatra, en Irak, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.La vidéo montre des hommes frappant avec une masse sur des bas-reliefs et des statues ou leur tirant dessus à la Kalachnikov.Lire aussi : En Irak, la cité parthe de Hatra détruite par les djihadistesL'EI est accusé d'avoir pillé et vandalisé de nombreux sites archéologiques. Après la mise en ligne de vidéos montrant des destructions dans le musée de Mossoul ou des destructions sur les cités historiques de Nimroud et de Hatra, l'Unesco a dénoncé un « nettoyage culturel » et un « crime de guerre ».Lire aussi : Les djihadistes saccagent Nimroud et  La carte des sites de la Mésopotamie antique en péril Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Une cour de justice de Pékin a condamné, vendredi 17 avril, à sept ans de prison une journaliste, dernière illustration de l’offensive contre les milieux libéraux sous la présidence de Xi Jinping. Gao Yu, 71 ans et déjà deux emprisonnements derrière elle, était accusée de divulgation de secrets d’Etat pour avoir transmis à un média dissident une directive du Parti communiste chinois (PCC) concernant la mise au pas de la société civile, systématiquement soupçonnée d’être le « cheval de Troie » de l’Occident. Washington a appelé à sa libération immédiate vendredi soir.Gao Yu avait été arrêtée il y a un an. Son entourage s’était inquiété de sa disparition après qu’elle eut manqué une réunion où devait être évoquée la répression du mouvement de Tiananmen. Son procès s’était déroulé en novembre dernier devant la troisième cour intermédiaire de la capitale, mais le verdict avait été mis en délibéré. « Ce procès n’a pas été équitable », a dénoncé par téléphone un de ses avocats, Mo Shaoping. La procédure impose notamment aux juges de rendre leur verdict sous trois mois, délai qui n’a pas été respecté. Surtout, ses soutiens jugent que Mme Gao n’a avoué que par inquiétude pour son fils, placé lui aussi un temps en détention.Lire aussi :La journaliste Gao Yu jugée à Pékin pour divulgation de secrets d’EtatCette journaliste avait été condamnée une première fois à la suite des événements du 4 juin 1989, alors qu’elle était vice-rédactrice en chef d’une publication laissant la parole aux intellectuels réformateurs, L’Hebdomadaire de l’économie, mais avait été libérée un peu plus d’une année plus tard en raison de problèmes de santé. Elle avait à nouveau été jugée en 1994, avec une peine de six années de réclusion, puis avait retrouvé la liberté cinq ans plus tard, toujours en raison de son état physique. Mme Gao souffre de problèmes cardiaques, selon son avocat.Directive antidémocratieLes magistrats l’ont cette fois-ci jugée coupable d’avoir transmis à un groupe de médias dissident installé aux Etats-Unis, Mingjing, qui gère une maison d’édition et un site web, une directive émise en 2013 par les dirigeants du PCC et mettant en garde ses hauts cadres contre la démocratie constitutionnelle, les valeurs universelles, la société civile, l’historiographie faisant état des erreurs du parti unique ou encore la liberté de la presse. Le fondateur de Mingjing, Ho Pin, a nié auprès de l’agence Reuters avoir reçu de Mme Gao ce texte, baptisé « document 9 ». « Nous ne devons pas permettre la dissémination d’opinions s’opposant à la théorie du Parti ou à sa ligne politique, la publication de vues contraires aux décisions qui représentent la vision des dirigeants centraux, ou la diffusion de rumeurs politiques diffamant le Parti ou la nation », lit-on notamment dans cette directive.Lire aussi :Le « Document n°9 » ou le pense-bête d’un régime chinois assiégé par l’OccidentDepuis son ascension au poste de secrétaire général du Parti communiste fin 2012, Xi Jinping n’a eu de cesse de renforcer le contrôle idéologique du pouvoir sur la société. Parallèlement, il fait taire les voix critiques. L’avocat Pu Zhiqiang, qui a notamment défendu l’artiste Ai Weiwei, en détention depuis le mois de mai 2014, attend son procès. Le professeur ouïgour (une ethnie turcophone musulmane du nord-ouest de la Chine) Ilham Tohti a été condamné à la prison à perpétuité en septembre dernier.En incluant l’année déjà passée en détention depuis son placement en détention, Mme Gao devrait sortir à l’âge de 77 ans. La journaliste est restée calme à l’annonce de sa peine. « Elle n’a pas montré de colère ni paniqué. En quittant la salle, elle a dit qu’elle ferait appel », a déclaré M. Mo.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un article, trois démentis. Ugo Magri, journaliste au quotidien La Stampa et berlusconologue informé et ironique, aurait pu se couvrir la tête de cendres en voyant, après la publication, mercredi 15 avril, de son article « Les ennemis de droite de Berlusconi », s’amonceler sur son bureau les réactions outrées de l’ancien président du conseil et de son entourage.En une cinquantaine de lignes précises comme un scalpel, il s’attache à faire revivre l’atmosphère crépusculaire qui règne autour de l’ex-Cavaliere dans sa résidence d’Arcore (Lombardie), les règlements de comptes entre les vieux fidèles et les nouveaux convertis. Extraits : « Berlusconi est une antiquité qui ne fait plus peur à personne », l’accable l’un. « C’est facile d’avoir été à ses côtés quand tout allait bien, quand le soleil resplendissait mais beaucoup moins lorsque tombe le soir », le défend un autre en mettant en avant « sa fidélité humaine et politique » au service du vieux leader de Forza Italia.« Cerveau en compote »Mais c’est à la fin du papier que Magri se fait le plus corrosif. Il raconte comment, un jour que le magnat des médias était assis à sa table de travail, l’un de ses deux chiens – des caniches baptisés Dudu pour le mâle et Dudina pour la femelle – a sauté sur sa table de travail, faisant s’envoler les documents sur lesquels il travaillait : « Je n’en peux plus de ces bestioles !, a explosé Berlusconi. Ce n’est pas vrai que j’aime les animaux. En fait je ne les ai jamais aimés. »« Le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille »Cette citation, et seulement celle-ci, a déclenché la fureur de Silvio Berlusconi, de sa jeune compagne Francesca Pascale et d’une parlementaire défenseuse de la cause des animaux. Dans un démenti de quelques lignes publiées par la Stampa jeudi, l’ancien premier ministre dénonce « une citation inventée » et s’interroge sur « la déontologie professionnelle des journalistes ». Francesca Pascale assure que « le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille ». Ce que confirme la parlementaire dans un autre communiqué.Ugo Magri, lui, se marre. Il tient l’anecdote d’une très bonne source. « C’est incroyable, nous raconte-t-il. Berlusconi est muet depuis quinze jours, son parti prend eau de toutes parts, et sa première déclaration officielle est d’assurer Dudu et Dudina de son affection. Quest’uomo é bollito del cervello », conclut-il. Ce qui peut se traduire par : « Cet homme a cerveau en compote. »Une explication peut être : lors de ses multiples entreprises de retour au premier plan depuis qu’il a été chassé du Parlement à la suite de sa condamnation définitive pour fraude fiscale, il avait imaginé séduire de nouveau les Italiens et notamment les plus vieux d’entre eux par un programme aussi inattendu que généreux : gratuité des soins dentaires pour les personnes âgées et des visites vétérinaires pour leurs compagnons à quatre pattes. Son démenti prouve au moins qu’il n’a pas renoncé à ce projet. Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.04.2015 à 12h02 • Mis à jour le17.04.2015 à 18h55 | Sébastien Hervieu (Johannesburg, correspondance) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2mzx4g"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2mzx4g", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Sa présence aurait valu tous les démentis. Lui qui dénonçait une « distorsion délibérée » de ses propos. Pourtant, au milieu des quelques milliers de manifestants, ce jeudi 16 avril, dans les rues de Durban, dans l’est de l’Afrique du Sud, point de roi des Zoulous. Entre les nombreux drapeaux de pays africains, personne n’a vu Goodwill Zwelithini brandir une pancarte « Phansi nge Xenophobia » (« A bas la xénophobie ») ou crier « Hlanganani maAfrika » (« Africains unis »).Cette foule continuera donc de retenir que le chef traditionnel des 12 millions de Zoulous, ultramajoritaires dans cette région côtière, est à l’origine de cette nouvelle flambée xénophobe. En zoulou dans le texte, c’est lui qui a demandé fin mars aux « étrangers de faire leurs bagages et de retourner dans leurs pays ».S’ensuivirent deux semaines de confrontations avec les étrangers dans la cité portuaire et ses banlieues pauvres. Bilan officiel à ce stade : cinq morts. Davantage selon les associations locales d’immigrants. Et plus de 1 500 d’entre eux – Mozambicains, Malawites, Somaliens, Zimbabwéens… – ont dû fuir leurs maisons ou leurs magasins pillés, obligés parfois de trouver refuge dans des camps montés à la va-vite. Quelques incidents à Johannesburg faisaient craindre une propagation de l’intolérance meurtrière. En janvier, c’est d’ailleurs dans la banlieue de Soweto qu’une précédente vague antiétrangers avait tué au moins six personnes.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2myfe5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2myfe5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Inégalités criantesAccabler un monarque aux pouvoirs diminués, qui a réussi à faire oublier sa proximité avec le régime oppresseur sous l’apartheid, serait pourtant lui donner beaucoup d’influence et d’importance. Si le feu se propage si bien, c’est que le terrain est propice. Les inégalités criantes, le chômage massif d’une jeunesse sans espoir nourrissent les frustrations des déshérités.Mais il flotte aussi dans l’air une petite musique officielle troublante. N’est-ce pas la ministre de l’eau qui, en début d’année, assurait « ne pas être xénophobe », mais jugeait que le fait d’avoir « autant de petits commerces » tenus par des étrangers ne pouvait mener qu’à un « désastre » ?Dans la foulée des violences de janvier, c’est la ministre des petites entreprises qui s’engageait à renforcer la réglementation à l’encontre de ces commerçants accusés de pratiquer une concurrence déloyale. « Les étrangers doivent comprendre qu’ils sont ici grâce à notre bonne volonté » et que « notre priorité, c’est d’abord et avant tout notre peuple », insistait-elle. Cette semaine, le secrétaire général de l’ANC, le parti au pouvoir, encourageait le gouvernement à « durcir l’application des lois sur l’immigration », ce qui fut déjà fait l’an dernier. Gwede Mantashe proposa même l’établissement de camps de réfugiés pour mieux contrôler les étrangers illégaux.Ce n’est plus seulement l’homme de la rue du township qui voit en l’immigré, légal ou pas, une menace et non pas un atout. C’est aussi désormais l’élite au pouvoir. Cette perception transparaît dans les propositions du programme de l’ANC défini en 2012. La lutte contre la xénophobie n’est par ailleurs qu’effleurée, alors que quatre années plus tôt le pays avait vécu à Johannesburg les pires émeutes xénophobes de son histoire (une soixantaine de morts).« Certains viennent armés »A l’époque, le président Thabo Mbeki avait pris la parole avec un retard jugé coupable. Son successeur a cette fois fait un peu mieux. Jeudi 16 avril, devant les parlementaires, Jacob Zuma a qualifié de « choquantes et inacceptables » les attaques xénophobes et a appelé au calme. Mais pas un mot pour dénoncer les propos du roi Goodwill Zwelithini, ni même ceux de son propre fils, Edward Zuma, qui avait appelé à déporter les étrangers, jugés dangereux. « Certains viennent dans ce pays armés et contribuent aux problèmes de drogue », affirmait-il.« On ne vole pas le travail des Sud-Africains, on en donne ! »Ambiguë, la parole officielle alimente le soupçon permanent à l’encontre des étrangers africains. Dans cette atmosphère, les auteurs de violences, que des chercheurs disent bien organisés, ne se sentent-ils pas plus libres de laisser cours à leur intolérance ? En janvier, à Soweto, des policiers furent surpris en train d’encourager des habitants à dévaliser une échoppe. Et les condamnations sont rarissimes.« On ne vole pas le travail des Sud-Africains, on en donne ! », insiste l’Ivoirien Marc Gbaffou, président du Forum de la diaspora africaine en Afrique du Sud. L’an dernier, une étude sur l’économie informelle dans la province de Johannesburg établissait que les immigrants jouaient un « rôle positif » dans le pays « en créant de l’emploi, en payant des impôts et en fournissant des biens à bon marché ».Dans le centre-ville de Johannesburg, un Ethiopien préfère répondre en tendant son passeport. « C’est celui que mon gouvernement a offert à Nelson Mandela quand il est venu se réfugier en Ethiopie pour lutter contre le régime de l’apartheid. »Sébastien Hervieu (Johannesburg, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.04.2015 à 10h41 • Mis à jour le17.04.2015 à 17h47 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Quinze immigrés, dont un mineur de 17 ans à peine débarqués en Sicile, ont été arrêtés, jeudi 16 avril, par les carabiniers et conduits en prison sous l’accusation d’« homicides multiples aggravés par la haine religieuse ». Selon les témoignages des passagers de cette nouvelle odyssée, ces quinze hommes – mais il pourrait y en avoir d’autres – auraient jeté à la mer douze de leurs compagnons d’infortune à la suite d’une dispute survenue à bord. Les agresseurs sont de confession musulmane, originaires du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal ; leurs victimes étaient de foi chrétienne, venues du Ghana et du Niger.Eplorés, les survivants ont raconté aux associations humanitaires et aux enquêteurs la peur et la tension qui régnaient sur un canot pneumatique à moitié dégonflé contenant 105 passagers partis dimanche 16 avril d’une plage de Tripoli. Et chacun de prier son Dieu. « Ici, on n’implore qu’Allah ! », aurait lancé un migrant en français. « J’ai vu de mes yeux neuf Ghanéens et trois Nigériens être jetés à l’eau, raconte ainsi Yeboah. J’ai survécu parce qu’avec mes compagnons, nous nous sommes agrippés les uns aux autres pour résister à nos agresseurs pendant une heure. Puis un navire est arrivé pour nous secourir. »« Je me souviens que les musulmans disaient expressément qu’ils ne toléraient pas la présence de chrétiens nigériens et ghanéens à bord »« Je me souviens, a expliqué Lambert, que les musulmans disaient expressément qu’ils ne toléraient pas la présence de chrétiens nigériens et ghanéens à bord. » L’enquête coordonnée par le parquet de Palerme devra faire la lumière sur cette tragédie inédite dans le canal de Sicile. S’agissant d’homicides commis dans les eaux internationales, le ministre italien de la justice a accordé les autorisations nécessaires.Depuis près de dix jours, les arrivées massives de migrants en provenance de Libye se succèdent sans discontinuer sur toutes les côtes du sud de l’Italie, charriant leur lot de d’histoires misérables. Dimanche, des témoins ont raconté que leur embarcation se serait renversée, entraînant la mort de près de 400 passagers. Lundi, un capitaine de navire de secours racontait comment des passeurs se présentant comme des « gardes-côtes libyens » ont pu récupérer leur embarcation sous la menace d’armes. Les récits des rescapés confinent à l’horreur. Des immigrés racontent les mauvais traitements qu’ils ont subis avant d’embarquer, entassés dans des hangars par les passeurs. Certains disent avoir été portés de force à bord d’un chalutier hors d’âge ou d’un canot pneumatique rapiécé. On apprend qu’une femme est morte en accouchant sur le bateau qui l’avait récupérée. Un miracle, aussi, parfois : une autre a donné naissance à son enfant à peine arrivée sur la terre ferme.Problème européenJeudi 16 avril, autre drame : 41 personnes sont mortes noyées, selon quatre naufragés survivants repérés en pleine mer par hélicoptère et sauvés par un navire de la marine italienne. Venus d’Afrique subsaharienne et partis de la région de Tripoli, leur embarcation a dérivé pendant quatre jours avant de sombrer, ont-ils raconté à l’Organisation internationale pour les migrations. Depuis le 1er janvier, ils seraient désormais plus de 900 à être morts en Méditerranée contre près de 22 000 (dont 10 000 au cours de la dernière semaine) qui sont venus à bout, sains et saufs, de leur traversée.Plusieurs organisations internationales et humanitaires somment l’Union européenne de réagir et d’en faire plus pour éviter de nouveaux drames. Mais celle-ci est impuissante. La situation qui pourrait empirer « dans les prochaines semaines et les prochains mois en raison de l’amélioration des conditions climatiques et de l’instabilité durable dans les pays voisins », a déclaré Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne. « La Commission ne peut pas tout faire toute seule, a-t-elle poursuivi. Elle n’a pas la panacée qui permettrait de résoudre tous les problèmes d’un seul coup. Nous n’avons pas les financements ni le soutien politique pour créer un système européen de gardes-frontières. »Paolo Gentiloni, ministre italien des affaires étrangères, a demandé, de son côté, un « renforcement de l’opération “Triton” ». « Le problème est européen, analyse-t-il, mais le remède est italien. La surveillance et les secours en mer pèsent à 90 % sur nous. » L’ONU, elle, reconnaît que l’Italie « porte sur ses épaules un problème énorme pour le compte de l’Union européenne ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1trpe6"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1trpe6", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.04.2015 à 10h07 • Mis à jour le17.04.2015 à 10h56 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Les absents ont toujours tort. En choisissant de ne pas participer au débat télévisé organisé par la BBC, jeudi 16 avril, le premier ministre britannique pensait faire mentir le dicton. Sur les conseils de Lynton Crosby, le stratège australien de la communication politique qui dirige sa campagne, David Cameron souhaitait se hausser au-dessus de la mêlée, mais aussi mettre en lumière la « coalition du chaos » qui, à gauche, prétend le chasser de Downing Street. A trois semaines des élections législatives du 7 mai, unanimement décrites comme les plus serrées depuis trente ans, David Cameron a fait un choix risqué, en permettant par son absence à son rival du Labour, Ed Miliband, d’apparaître comme premier ministrable, ce dont les électeurs britanniques doutaient fortement jusqu’à présent.« David Cameron, si vous pensez que le sujet de cette élection est la capacité à diriger [ce pays], venez débattre avec moi et laissez le peuple décider ! », a défié le chef des travaillistes, au terme de quatre-vingt-dix minutes d’un débat qui ne réunissait que les chefs des partis d’opposition.Lire aussi :Débat télé au Royaume-Uni : les quatre « petits » candidats qui vont faire l’électionSi les sondages disent vrai, ni les conservateurs ni les travaillistes, au coude-à-coude, ne devraient disposer seuls d’une majorité au Parlement de Westminster. Et même si les tories remportaient légèrement plus de sièges que le Labour, ce dernier a plus de chances de pouvoir gouverner, car il possède davantage d’alliés : précisément, les partis invités au débat de jeudi : les Verts, les nationalistes gallois et surtout le Parti national écossais (SNP).Instabilité potentielleMême si Nigel Farage, le chef de file du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe), était, lui aussi, sur le plateau, l’émission a pris les allures d’une prénégociation publique entre le travailliste Ed Miliband et les autres composantes de la gauche. Un spectacle rare dans ce pays où le centre de gravité de la vie politique se situe nettement plus à droite qu’en France. Alors que le spectacle attendu par le premier ministre était « Ed Miliband seul contre tous », c’est plutôt M. Farage qui est apparu isolé.« Arrêtez de désigner les immigrés comme responsables de tous les maux de ce pays ! », a lancé Nicola Sturgeon, la charismatique chef de file du SNP, lorsque M. Farage a promis d’exclure les étrangers du système de santé gratuit. « Vous exploitez les peurs des gens. Notre diversité est une force », a répliqué de son côté Ed Miliband tandis que Natalie Bennett (Verts) se félicitait aussi de « la contribution qu’apportent les migrants à la Grande-Bretagne ».Lire aussi :Le Royaume-Uni découvre le multipartismeMais le débat a aussi illustré l’instabilité potentielle de l’alliance qui pourrait se nouer à gauche au lendemain du scrutin du 7 mai. Si le Labour, lâché par beaucoup de ses électeurs écossais au profit du SNP, aura impérieusement besoin de ce dernier, il ne peut paraître donner des gages à ce parti dont le premier objectif est l’indépendance, hantise des électeurs anglais (84 % du corps électoral). « Vous voulez démanteler notre pays, ce serait un désastre pour les travailleurs. Je ne ferai pas de coalition avec le SNP », a promis Ed Miliband à l’adresse Mme Sturgeon. Cette dernière, accusée de faire le jeu des conservateurs, a juré ses grands dieux que « jamais elle ne passerait un accord » avec eux.« Vous n’êtes pas assez forts »Mais, pour débaucher les électeurs du Labour, Mme Sturgeon doit se présenter à la fois comme plus à gauche et comme indispensable. Elle a donc promis de peser pour alléger la politique d’austérité « plus juste » défendue par le Labour et pour en faire un parti « plus audacieux ». « La vérité est que vous n’êtes pas assez forts » pour gouverner seuls, a-t-elle insisté tout en faisant assaut de politesse à l’égard de M. Miliband. « Telle est ma proposition à Ed Miliband : s’il est prêt à être meilleur que les tories, alors je suis prête à travailler avec lui. »Lire aussi :L’Ecosse, arbitre des élections britanniquesEn signe de solidarité, elle a qualifié de « honteuse » la récente attaque du ministre de la défense, Michael Fallon, contre M. Miliband, accusé d’être « prêt à poignarder dans le dos le Royaume-Uni [en s’alliant avec le SNP, qui réclame le démantèlement de l’armement nucléaire] pour devenir premier ministre, tout comme il a poignardé son frère pour devenir le chef du Labour [Ed Miliband a battu son frère David en 2010 lors de l’élection interne au Parti travailliste] ».Que pouvait bien faire David Cameron pendant que ses cinq opposants se partageaient l’audience de la BBC ? Sur Twitter, les photomontages ont rivalisé d’humour pour l’imaginer. L’un d’eux figure le premier ministre vautré sur un canapé, regardant la télévision aux côtés de son adjoint libéral-démocrate Nick Clegg, en caleçon et tee-shirt, bras et jambes couverts de tatouages. « Assieds-toi, Nick, ça commence ! », lance M. Cameron. Sur la commode, un portrait de Margaret Thatcher veille sur le couple gouvernemental.Lire aussi :Au Royaume-Uni, Ed Miliband met le cap à gauche contre les « super-riches »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.04.2015 à 09h42 • Mis à jour le17.04.2015 à 13h10 L'essentielSerge Atlaoui, 51 ans, a été arrêté en 2005 avec huit autres individus dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy.Condamné en 2007 à la peine capitale pour trafic de drogue, il a toujours clamé son innocence.Le président indonésien, Joko Widodo, a fait savoir en octobre qu'aucune grâce ne serait accordée aux condamnés à mort dans ce type d'affaires. La Cour suprême indonésienne doit bientôt se prononcer sur l'ultime recours en révision de Serge Atlaoui, condamné à mort pour trafic de drogue. En cas de rejet, le Français pourrait être rapidement exécuté. Paris a fait savoir, par la voix de l'ambassadrice de France à Djakarta, Corinne Breuzé, que cette éventualité aurait des « conséquences » sur les relations bilatérales. La France, qui a aboli la peine de mort en 1981, y reste « opposée en tous lieux et en toutes circonstances », a rappelé la diplomate.Serge Atlaoui, 51 ans, avait été arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy dans la banlieue de Djakarta et condamné en 2007 à la peine capitale pour trafic de drogue. Cet artisan soudeur a toujours clamé son innocence, affirmant n'avoir fait qu'installer des machines dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique.Lire (édition abonnés) : Serge Atlaoui, condamné à mort, espère la révision de sa peine« Mon mari n'est pas un baron de la drogue »Huit autres individus arrêtés en même temps que le Français ont également été condamnés à mort. Mais « ce qui nous apparaît choquant, c'est que notre compatriote soit aujourd'hui le seul figurant dans la liste des exécutables », a dit l'ambassadrice, soulignant que le Français n'était qu'« un technicien soudeur au rôle mineur dans cette affaire ». « Serge Atlaoui n'a jamais été en contact avec aucune drogue, quelle qu'elle soit », selon Mme Breuzé.Présente à la conférence de presse, l'épouse du condamné à mort, Sabine Atlaoui, a lancé avec émotion un appel au président indonésien Joko Widodo : « Mon mari n'est pas un baron de la drogue. Il ne mérite pas la peine de mort. En votre âme et conscience, n'exécutez pas mon mari », a-t-elle dit.Lire : Indonésie : les condamnés à mort étrangers bientôt exécutésLe président indonésien, qui a pris ses fonctions en octobre 2014, a rejeté les demandes de grâce de tous les condamnés à mort pour drogue, se montrant intraitable vis-à-vis des affaires de stupéfiants. Six condamnés à mort, parmi lesquels cinq étrangers, ont été exécutés le 18 janvier pour la première fois depuis 2013, suscitant de vives réactions des pays concernés. Le Brésil et les Pays-Bas avaient rappelé leur ambassadeur pour protester contre l'exécution d'un de leur ressortissant.Lire l'éditorial du « Monde » (édition abonnés) : Condamnés à mort en Indonésie : non ! 17.04.2015 à 08h11 • Mis à jour le17.04.2015 à 08h45 Quadragénaire, veuf et père de sept enfants, Nei Kyab s'est immolé par le feu mercredi 15 avril dans le Sichuan. Selon Radio Free Asia (RFA) et l'organisation non gouvernementale International Campaign For Tibet, son corps a été emporté par la police locale.C'est la deuxième fois depuis le début du mois d'avril qu'un Tibétain se suicide par le feu dans le Sichuan, région du sud-ouest de la Chine, pour protester contre la mainmise des autorités communistes chinoises sur la culture et les ressources du Tibet.Avant de se donner la mort mercredi, Nei Kyab avait déposé des offrandes sur un petit autel, à côté d'images du dalaï-lama, le chef spirituel des Tibétains, a ajouté Radio Free Asia, citant des sources locales. International Campaign for Tibet, ONG sise aux Etats-Unis, a de son côté indiqué que des réseaux sociaux avaient diffusé des images « insoutenables » de cette immolation.Plus de 130 Tibétains se sont immolés par le feu depuis 2009, avec un pic en novembre 2012 lors du dernier congrès du Parti communiste chinois. Le dalaï-lama reste une figure vénérée aux yeux de bon nombre de Tibétains. La Chine s'oppose depuis des décennies à son retour au Tibet ou qu'il soit accueilli à l'étranger par des responsables officiels. 17.04.2015 à 02h52 • Mis à jour le17.04.2015 à 05h52 Le Conseil de sécurité de l'ONU a reçu jeudi 16 avril des témoignages directs de médecins syriens sur des attaques présumées au chlore contre des villages du nord-ouest du pays, lors d'une réunion informelle à huis clos.Les ambassadeurs ou représentants adjoints des 15 pays membres ont entendu deux médecins syriens, Saher Sahloul, qui préside l'association médicale américano-syrienne, et Mohammed Tennari qui a soigné les victimes d'une attaque présumée au gaz de chlore le 16 mars dernier contre le village de Sermine, dans le gouvernorat d'Idlib.Usage de chlore « systématique »L'organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a supervisé avec l'ONU le désarmement chimique syrien, mène une enquête sur l'utilisation de gaz de chlore en Syrie et le Conseil se basera sur ses conclusions pour prendre éventuellement des mesures.Lire : Des gaz au chlore utilisés « systématiquement » en Syrie, selon l'OIAC« Il faut connaitre avec précision les responsables de ces attaques », a déclaré aux journalistes l'ambassadrice américaine Samantha Power. « Tout porte à croire qu'elles ont été menées avec des hélicoptères et seul le régime Assad à des hélicoptères ». « Mais nous devons procéder de manière à ce que tous les membres du Conseil en soient convaincus et que les responsables rendent des comptes », a-t-elle souligné.Les diplomates du Conseil, a-t-elle dit, ont suivi « avec beaucoup, beaucoup d'émotion » une vidéo tournée sur place dans un hôpital d'Idlib en mars et qui montre des médecins tentant désespérément de ranimer des enfants en train de suffoquer.L'organisation Human Rights Watch (HRW) a accusé mardi le régime syrien d'avoir largué à six reprises en mars dernier des barils remplis de chlore dans le nord-ouest du pays sous contrôle rebelle. Selon HRW, les six attaques se sont produites entre le 16 et le 31 mars dans la province d'Idleb : trois contre la localité de Sermine, une contre la ville d'Idleb, une contre Qmenas et une sixième contre Binish. Elles ont causé la mort de six personnes à Sermine et 206 autres ont été affectées.« Crime impuni »« Jusqu'à présent, le gouvernement syrien n'a payé aucun prix pour avoir commis un crime de guerre avec des armes chimiques interdites », a affirmé le directeur de HRW pour l'ONU Philippe Bolopion. Le Conseil a adopté le 6 mars 2015 une résolution condamnant l'utilisation du chlore comme arme chimique dans le conflit, sans toutefois désigner les coupables.Etait aussi présent à cette réunion Qusai Zakarya, un jeune Syrien survivant d'une attaque chimique au gaz sarin perpétrée dans la banlieue de Damas le 21 août 2013. « J'ai dit au Conseil de sécurité que ce crime était resté impuni et que l'inaction du Conseil alimente l'extrémisme car elle nourrit le désespoir. »L'attaque du 21 août dans la Ghouta avait été attribuée par les Occidentaux au régime syrien. Damas avait ensuite accepté, sous la menace de frappes américaines, de se débarrasser de son arsenal chimique sous supervision internationale, conformément à une résolution de l'ONU de septembre 2013.Washington, Londres et Paris accusent le régime syrien d'avoir aussi mené les attaques au chlore qui ont suivi. La Russie par contre affirme qu'il n'y pas de preuve formelle de la culpabilité du régime.>> Lire aussi : l'enquête des reporters du Monde sur l'emploi de gaz toxiques en Syrie 16.04.2015 à 23h53 • Mis à jour le17.04.2015 à 18h23 Le scandale du piratage de Sony Pictures n’est pas terminé. WikiLeaks a mis en ligne jeudi 16 avril une base de données contenant plus de 30 000 documents et plus de 170 000 courriels de la société volés par des hackers à la fin de 2014 lors d’une cyberattaque de grande envergure. Il est désormais possible d’effectuer très facilement des recherches dans ces dizaines de milliers de documents, par noms ou par mots-clés.Sony Pictures a immédiatement condamné cette publication, affirmant que WikiLeaks aidait les hackers à disséminer des contenus dérobés et privés. Plus de 47 000 employés et tiers de Sony Pictures Entertainment (SPE) – filiale de Sony – sont concernés par ce vol de données personnelles, documents financiers, scripts, courriels, etc. C’« était un acte criminel malveillant, et nous condamnons fermement l’indexation par WikiLeaks d’informations volées sur des employés et d’autres informations privées ».Lire : Piratage de Sony : le vol des films n’était qu’un début« Conflit géopolitique »L’organisation de Julian Assange, connue pour avoir dévoilé de nombreux documents confidentiels du gouvernement américain, estime, elle, que les données publiées jeudi relèvent du domaine public. « Ces archives dévoilent le fonctionnement interne d’une entreprise multinationale influente », a déclaré le fondateur de WikiLeaks, dans un communiqué. « Cela comporte un intérêt journalistique, et c’est au centre d’un conflit géopolitique. »Ces données avaient été diffusées une première fois sur Internet, accessibles notamment par des liens permettant de télécharger plusieurs dizaines de gigaoctets de documents. En les diffusant sous forme de base de données dans laquelle il est possible d’effectuer des recherches, WikiLeaks simplifie considérablement leur accès : « Certaines histoires sont sorties à l’époque, mais il n’était pas possible de faire des recherches dans les archives originales et elles ont été retirées avant que le public et les journalistes puissent gratter la surface », poursuit le communiqué de WikiLeaks. « Maintenant publiées dans [ce] format, les archives Sony offrent un aperçu rare des rouages d’une grande entreprise multinationale secrète. » Le communiqué précise qu’on peut y voir les activités de lobbying du groupe et ses connexions avec le Parti démocrate américain.Influence et lobbying« Le travail connu de Sony est de produire des divertissements. Mais les archives montrent que dans les coulisses c’est une société influente, ayant des liens avec la Maison Blanche (il y a presque 100 adresses e-mail du gouvernement américain dans ces archives), avec une capacité d’influer sur les lois et les politiques, et avec des liens avec le complexe militaro-industriel américain », écrit encore WikiLeaks.Le gouvernement américain a imputé la responsabilité de la cyberattaque de Sony à la Corée du Nord, qui avait protesté fortement contre la diffusion d’un film produit par la société hollywoodienne, The Interview, qui mettait en scène l’assassinat du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Pyongyang a démenti toute implication dans ce piratage.Lire : Des experts doutent de la thèse nord-coréenneLe scandale avait contraint à la démission en février de la patronne de Sony Pictures, Amy Pascal, après la publication de courriels à connotation raciste qu’elle avait écrits sur Barack Obama. 22.04.2015 à 17h29 • Mis à jour le22.04.2015 à 18h33 | William Audureau « J'adore tellement ! », « Rétrocool, je parie qu'elle est en train d'attraper des Pokémon ! », « Là elle vient définitivement d'obtenir mon vote en sa faveur » : il a suffi d'une photo, postée le 20 avril sur le compte Instagram officiel des archives photographiques de l'ancien président Bill Clinton, pour que la candidate Hillary Clinton se mue en nouvelle égérie geek sur Internet, et suscite des centaines de commentaires enthousiastes sur les réseaux sociaux.Le cliché, qui date de 1993, trois mois après le début du premier mandat de Bill Clinton, montre la première dame de l'époque en train de jouer à la Game Boy, une console portable de l'époque, durant un trajet en avion, un léger sourire énigmatique au coin des lèvres. «  Cela ferait un excellent fond d'écran », relève avec humour le site américain The Verge.Devenue « accro » au chevet de son pèreComme le relève le Washington Post, l'ancienne secrétaire d'Etat américaine s'est jusqu'à présent plutôt fait connaître par ses campagnes contre les jeux vidéo violents, notamment en 2005, expliquant en partie le ravissement étonné des internautes.Quoique méconnu, l'intérêt d'Hillary Clinton pour les jeux vidéo n'est toutefois pas neuf. Vox a retrouvé une interview du Time du 23 avril 1993 dans laquelle la jeune première dame confiait déjà passer du temps dans les salles d'arcade avec son mari et sa famille, et être elle-même propriétaire et « fan de la Game Boy ».Plus triste, elle y confiait « être vraiment devenue accro » à l'ancienne console portable de Nintendo dans un contexte délicat, lorsqu'elle était au chevet de son père, hospitalisé depuis le 19 mars 1993 suite à une attaque cardiaque. Ce dernier est finalement décédé le 7 avril suivant. Soit le lendemain de la prise du cliché, qui ne le mentionne pas.Les joueurs, un électorat grandissantDans le commentaire accompagnant la photo, en revanche, apparaissent les mots clés #Nintendo, #Gameboy ou encore #Videogames. Huit jours après l'annonce officielle de la candidature d'Hillary Clinton à la présidence des Etats-Unis, le cliché prend un sens très particulier, même si Mme Clinton ne l'a pas elle-même relayé. L'histoire personnelle s'y laisse enterrer par les enjeux politiques.Avec 60 % d'Américains jouant aux jeux vidéo et une moyenne d'âge de 31 ans selon l'ESA (Entertainment Software Association), l'association des éditeurs de jeux américains, les joueurs constituent une population électorale grandissante. Et selon une étude YouGov de 2011, 59 % des Américains ne croient pas à un lien entre jeu vidéo et fusillades, 71 % voient au contraire ce loisir comme un utile exutoire.En 2008, au moment de l'investiture démocrate, Hillary Clinton avait souffert de son déficit d'image auprès des électeurs de moins de 30 ans, qui n'étaient que 38 % à la soutenir, contre 57 % chez les plus de 65 ans. Nommée secrétaire d'Etat du gouvernement Obama, elle avait fait l'objet en 2012 d'un mème, « Texts from Hillary », la montrant échanger des textos humoristiques fictifs avec d'autres personnalités.William AudureauJournaliste au Monde 22.04.2015 à 16h44 Les temps sont durs pour les volailles américaines. Sept Etats du nord-est des Etats-Unis ont été touchés ces dernières semaines par une épizootie de grippe aviaire, et les autorités ont recommandé aux éleveurs des exploitations touchées d'abattre toutes leurs têtes de volaille pour éviter la propagation de la maladie. Selon des chiffres révélés mardi 21 avril par le ministère de l'agriculture américain, plus de 6 millions de têtes de volailles, poulets et dindes, pourraient être touchées par le virus H5N2, dont la mortalité est de 90 %. L'Iowa, qui produit 20 % des œufs consommés dans le pays, est le plus touché par le virus. Dans cet Etat, 3,8 millions de volailles vont devoir être abattues dans une ferme – la plus importante opération depuis l'apparition de la maladie aux Etats-Unis, en décembre. Auparavant, 2,6 millions d'animaux avaient déjà été euthanasiés.Une deuxième ferme touchée au CanadaLa Canada est aussi concerné par la maladie. Dimanche, un cas de grippe aviaire a été découvert dans une deuxième ferme en Ontario, dans le centre du pays, nécessitant sa mise en quarantaine et l'abattage des poulets. Mais, rappelle l'Agence canadienne des inspections des aliments (ACIA), la grippe aviaire « contamine rarement des êtres humains qui ne sont pas systématiquement en contact avec des oiseaux infectés ».A la fin de 2014, plusieurs élevages de Colombie-Britannique avaient été touchés par le virus H5N2 nécessitant un abattage à grande échelle des volailles et l'interdiction de tous les échanges de produits avicoles avec les Etats-Unis. Trois pays européens avaient également été touchés par des souches d'influenza aviaire l'hiver dernier. 22.04.2015 à 12h50 • Mis à jour le22.04.2015 à 18h01 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est une véritable tempête que soulève en Grèce l’arrestation surprise, mercredi 22 avril au matin, de Léonidas Bobolas, fils de Georges Bobolas, l’un des principaux oligarques grecs. Accusé d’avoir fait sortir 4 millions d’euros du pays – ce qu’il contesterait –, l’homme d’affaires a été conduit au tribunal d’Athènes en procédure de flagrant délit. Après quelques heures, il a finalement accepté de verser les 1,8 milions d'impôts réclamés par la justice - ce qu'il avait selon des sources judiciaires refusé de faire hier de son plein gré- et a donc été libéré.Son nom et celui de son frère Fotis Bobolas apparaissent sur la liste Lagarde, que Christine Lagarde, alors ministre française des finances, avait remise en 2010 à son homologue grec de l’époque, Georges Papaconstantinou, contenant les noms de centaines de résidents grecs ayant transféré des fonds en Suisse, sur des comptes de la banque HSBC.Selon les premières informations, c’est dans le cadre de l’enquête sur cette liste, mais aussi sur d’autres listes de mouvements suspects de capitaux vers l’étranger, qu’une procédure pénale pour délit de violation des règles fiscales a été ouverte hier soir. Un mandat a été délivré aux forces de la police économique, conduisant à l’arrestation de ce matin. Une fois M. Bobolas entendu par la justice, l'action devrait logiquement s'éteindre puisque il a payé l'ensemble du montant réclamé.Offensive inéditeC’est la première fois en Grèce qu’un membre de l’une de ces quelque 50 grandes familles qui dirigent les entreprises les plus puissantes du pays est inquiété. Le premier ministre Alexis Tsipras en avait d’ailleurs fait l’un des thèmes centraux de sa campagne électorale, promettant de « s’attaquer aux oligarques » et notamment « les magnats qui contrôlent les médias et pervertissent le débat politique ».La famille Bobolas est à la tête d’un empire de construction, mais possède en effet aussi des parts importantes dans le quotidien Ethnos et surtout dans la principale chaîne de télévision privée du pays, Méga, ennemie déclarée d’Alexis Tsipras lorsque celui était encore dans l’opposition avant de gagner avec son parti Syriza les élections du 25 janvier. Cette offensive inédite est plutôt bien accueillie par la population grecque, mais devrait aussi plaire à Bruxelles et au FMI, qui accusent depuis cinq ans ces « 50 familles » de bloquer les réformes.Engagé dans de difficiles négociations avec ses créanciers, le gouvernement entend donner ainsi les gages de sa volonté à s’attaquer véritablement à la fraude et l’évasion fiscale. Et faire entrer au passage quelques millions d'euros d'argent frais alors que les caisses de l'état sont toujours au plus bas. Après avoir annoncé ce matin qu'il manquait toujours 400 millions d'euros pour payer les salaires et les retraites le 27 avril prochain, le gouvernement a finalement précisé en début d'après midi que la somme avait été trouvée. Les caisses sociales auraient volontairement prêté la somme à l'état.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.04.2015 à 11h13 • Mis à jour le22.04.2015 à 11h16 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Au premier jour de son procès, mardi 21 avril, à Lunebourg (Basse-Saxe), Oskar Gröning, surnommé « le comptable d’Auschwitz », est longuement revenu sur son rôle dans le camp de concentration et d’extermination. « Je demande pardon, a déclaré l’accusé de 93 ans aux parties civiles, il ne fait pour moi aucun doute que je suis moralement coupable. » Avant d’indiquer aux juges : « Sur la question de la responsabilité pénale, c’est à vous de décider. »Entré dans la salle du tribunal avec un déambulateur et avec l’aide de ses avocats, Oskar Gröning, à qui il est reproché d’avoir participé à « au moins 300 000 crimes », est revenu sur son parcours d’employé de caisse d’épargne, enrôlé volontairement dans la Waffen-SS puis envoyé en 1942 à Auschwitz. Son rôle : débarrasser les effets personnels dont devaient se défaire les déportés dès leur arrivée sur la rampe de sélection puis récupérer leur argent, le compter et l’envoyer à Berlin. Comme il l’avait fait au cours de plusieurs interviews données il y a une dizaine d’années, Oskar Gröning s’est décrit comme un petit rouage administratif au service d’un vaste système. « Je ne savais rien d’Auschwitz, ni des autres camps de concentration, avant d’y avoir travaillé », a-t-il répété. Un épisode en particulier continue à le hanter aujourd’hui. En novembre 1942, il a vu un gardien tuer un bébé laissé seul, en pleurs, sur la rampe d’arrivée, en le saisissant par les pieds pour écraser sa tête contre le flanc d’un wagon. « Ça m’est resté sur le cœur. Ce que celui-là a fait là, je ne trouvais pas ça bien », dit-il.Entre trois et quinze ans de prisonIl demande alors sa mutation, mais celle-ci lui est refusée à deux reprises et Oskar Gröning ne quittera Auschwitz qu’à l’automne 1944. Entre-temps, du 16 mai au 11 juillet 1944, 137 convois sont arrivés en provenance de Hongrie. Sur les 425 000 personnes qui y avaient été enfermées, au moins 300 000 ont été immédiatement gazées. C’est cet « épisode » que le procureur a retenu dans l’acte d’accusation.Jusqu’en 2011, la justice allemande ne jugeait que les personnes qui avaient elles-mêmes commis un acte pénalement répréhensible contre les déportés. Depuis le procès de John Demjanjuk, gardien du camp de Sobibor, la justice estime qu’il n’est plus nécessaire de prouver qu’une personne a tué elle-même des déportés pour la condamner. La « participation » à « l’entreprise de mort » suffit. D’où le procès d’Oskar Gröning qui doit se poursuivre jusque fin juillet. Il encourt une peine comprise entre trois et quinze ans de prison.Eva Mozes Kor, 81 ans, survivante de la Shoah, qui a vu sa famille « partir en une demi-heure » et qui est venue des Etats-Unis pour se constituer partie civile, a jugé « qu’il aurait pu comme des milliers d’autres nazis se cacher dans l’ombre. Peu ont le courage de se mettre en avant. On ne peut pas changer le passé mais on peut prendre ses responsabilités », a-t-elle dit. En marge de l’audience, celle-ci a déclaré : « Le fait de le voir en face me fait réaliser qu’il fait de son mieux avec son corps et son esprit, car il a beaucoup de difficultés physiques et certainement émotionnelles. »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant), Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) et Hélène Sallon Après un mois de frappes ininterrompues, l’Arabie saoudite revoit à la baisse son opération militaire au Yémen. Mardi 21 avril, le royaume a annoncé la fin de la première phase, qui avait été baptisée « Tempête décisive » et le début d’une nouvelle, nommée « Restaurer l’espoir ».Aux vagues de bombardements contre les milices houthistes et les unités de l’armée restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, devrait succéder une nouvelle campagne, moins intensive, qui sera centrée, selon Riyad, « sur la sécurité, le contre-terrorisme et la recherche d’une solution politique ».Lire aussi :Soutenue par l’ONU, l’Arabie saoudite poursuit son offensive au YémenLe porte-parole de la coalition rassemblée par l’Arabie saoudite, le général Ahmed Asseri, a prévenu que celle-ci « continuera à empêcher les miliciens de se déplacer ou d’entreprendre des opérations à l’intérieur du Yémen », ce qui sous-entend que des raids aériens pourraient continuer à être menées, de façon plus ponctuelle. « Après la phase purement militaire, on entre dans une phase politico-militaire », résume un diplomate occidental en poste à Riyad.Le camp anti-houthistes s’est empressé de présenter cette annonce comme une victoire. Selon le ministère saoudien de la défense, les frappes de la coalition sont parvenues « à éliminer les menaces pesant sur la sécurité de l’Arabie saoudite et des pays voisins ». Depuis Riyad, où il est réfugié, le président yéménite Abd Rabo Mansour Hadi a promis « la victoire (…) Nous allons bientôt retourner dans notre patrie, à Aden [sud] et à Sanaa [la capitale] ».Au titre des accomplissements de « Tempête décisive », le quotidien panarabe Al-Sharq Al-Awsat, propriété de la famille du roi Salman, cite la destruction des rampes de lancement de missiles balistiques et des armes lourdes saisies dans les dépôts de l’armée. Il mentionne aussi le récent ralliement au président Hadi du général Abderrahman Al-Halili, le chef de la région orientale, qui commande 25 000 hommes.Satisfecit saoudienAutre signe d’affaiblissement de la rébellion dont Riyad peut se prévaloir : le soutien que le Congrès Populaire général (CPG), le parti de M. Saleh, a accordé à la résolution 2216 adoptée le 14 avril par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui somme les houthistes de se retirer des territoires conquis ces derniers mois. « L’opération a réussi à remplir ses objectifs avec le moins de pertes possible, non seulement dans les rangs de l’armée, mais également dans la population yéménite », se félicite Salman Al-Dossary, le directeur de la rédaction d’Al-Sharq Al-Awsat.« L’opération a réussi à remplir ses objectifs avec le moins de pertes possible », se félicite Salman Al-Dossary, le directeur de la rédaction d’« Al-Sharq Al-Awsat ».Au siège de l’ONU, à New York, le satisfecit saoudien laisse cependant les diplomates perplexes. Lorsque le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, avait appelé lundi à un cessez-le-feu immédiat, le représentant saoudien Abdallah al-Mouallimi lui avait opposé une fin de non-recevoir. L’ambassadeur avait affirmé vouloir lui aussi « une fin rapide des hostilités » mais « qu’il y avait des conditions pour y parvenir qui ont été énumérées dans la résolution ».Or, contrairement à ce que stipule le texte onusien, les combattants zaïdites, une branche du chiisme, n’ont manifesté aucune intention d’évacuer Sanaa et Taëz, les deux grosses villes sous leur emprise, ni même leurs positions dans la ville d’Aden, théâtre ces dernières semaines de violents combats avec les forces pro-Hadi. Il y a deux jours, Abdel Malek Al-Houthi, le jeune chef de la rébellion, déclarait même « ne jamais vouloir se rendre », agitant le spectre d’un conflit interminable. « Les houthistes sont toujours là où ils étaient avant », reconnaît une source diplomatique, citée par l’AFP.Bilan humain très lourdLa volte-face saoudienne semble en partie liée à la crise humanitaire qui ravage le Yémen et que les bombardements menaçaient de porter à un paroxysme. L’ONU s’était récemment alarmé d’un bilan humain très lourd : près d’un millier de morts, plus de trois mille blessés et une situation humanitaire catastrophique avec des populations qui manquent d’eau, de nourriture, de médicaments et d’électricité. Mardi, deux raids de la coalition, contre un pont dans le centre du pays et une base des services de sécurité, dans le Nord, ont fait de source médicale une quarantaine de morts, en majorité des civils.Le royaume saoudien, conscient qu’une intervention terrestre risquerait de s’enliser très rapidement, semble désireux de donner une chance à la diplomatie. Trois événements récents poussent dans cette direction. L’abstention de la Russie, lors du vote de la résolution 2216 ; la nomination imminente du mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed au poste d’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, qui pourrait replacer les Nations unies au centre des négociations, suite à la démission du marocain Jamal Benomar, qui avait perdu la confiance de Riyad ; et surtout, la promotion au poste de vice-président du Yémen de Khaled Bahah, l’actuel premier ministre, âgé de 50 ans.Lire aussi :Khaled Bahah, l’espoir d’une « solution politique » au YémenOriginaire de la province de Hadramaout, dans l’est du pays, où il garde de nombreux contacts, ancien ambassadeur à l’ONU, M. Bahah est perçu comme un politicien habile et un homme de consensus. Il avait été nommé à la tête du gouvernement en octobre 2014, en pleine crise politique. Après le partenariat, conclu en janvier entre le président Hadi et les houthistes, ceux-ci et le CPG avaient exigé que M. Bahah soit maintenu à son poste. Les rebelles l’avaient peu après assigné à résidence avec le président. M. Hadi avait réussi à fuir vers Aden en février et M. Bahah avait négocié sa libération en mars.« Pour nous, c’est une carte importante, car le président Hadi est fatigué, usé, affecté tout comme les membres de sa famille qui ont été malmenés par les houthistes, confie un diplomate occidental. Le rôle de Bahah devrait être croissant. Il a vite endossé le costume de vice-président, voire plus. Il a de la hauteur de vue, du caractère et de la détermination. Il n’est pas sûr cependant que cela suffise, car la situation est très détériorée. »Comme en écho à ce constat, des combats ont éclaté mercredi matin, dans plusieurs villes du sud comme Aden et Taëz, où des combattants houthistes se sont emparés de la base d’une brigade loyaliste. Mardi soir, dans la foulée de l’annonce de l’arrêt des bombardements, des formations pro-Hadi, dans le sud du Yémen, avaient juré de continuer à lutter contre les milices zaïdites. Dans les couloirs de l’ONU, à New York, un diplomate confie son pessimisme face à une situation très volatile : « Les Saoudiens peuvent arrêter leurs raids aériens, mais continuer à armer des groupes pour combattre les houthistes. Ils ont déjà fait cela par le passé. »Voir l’infographie : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au YémenMarie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au MondeHélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteBenjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.04.2015 à 10h06 • Mis à jour le22.04.2015 à 17h50 L'aviation de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite a lancé mercredi 22 avril de nouveaux raids contre les miliciens chiites houthistes au Yémen, en dépit de l'annonce la veille de la fin de la campagne aérienne pour soutenir les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi.Lire aussi : L’Arabie saoudite change de stratégie au YémenDes avions ont bombardé des positions prises par les houthistes dans les environs de Taëz : au nord de la ville, le camp de la Brigade 35 blindée, restée fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi mais que les rebelles chiites ont investi mercredi matin et, au sud-ouest de Taëz, un lieu de rassemblement des houthistes et de leurs alliés.Mardi soir, le général Ahmed Asseri, un porte-parole de l'armée saoudienne, avait prévenu que « la coalition continuer[ait] d'empêcher les miliciens houthistes de se déplacer ou d'entreprendre des opérations à l'intérieur du Yémen ». Le militaire a aussi souligné que le blocus maritime du Yémen serait maintenu.Des affrontements se poursuiventLe mouvement de résistance du Sud-Yémen a aussi annoncé, mardi soir, qu'il continuerait de lutter contre les miliciens chiites houthistes jusqu'à ce qu'ils soient chassés de la région. La rébellion chiite au Yémen a ainsi exigé mercredi l'arrêt total des raids aériens de la coalition et des pourparlers parrainés par l'ONU.En effet, des affrontements ont été signalés, mercredi 22 avril, à Aden, deuxième ville du Yémen, à Taëz, à Dhaleh et à Houta, entre rebelles chiites houthistes et membres de la « résistance populaire ». Le mouvement de résistance du Sud-Yémen regroupe des civils, d'anciens officiers de l'armée et des membres du mouvement séparatiste du Sud (Herak), tous opposés aux miliciens houthistes qui combattent aux côtés de soldats fidèles à l'ancien président Saleh.Lire le décryptage : Comprendre les origines de la guerre au YémenL'annonce de l'arrêt de la campagne aérienne de la coalition a été saluée par Washington et par Téhéran. De même, l'ancien président yéménite, Ali Abdallah Saleh, allié des rebelles, s'est félicité mercredi de la fin de ces raids.Les houthistes ont par ailleurs libéré mercredi le ministre de la défense yéménite, ainsi qu'un frère du président Abd Rabbo Mansour Hadi et un officier de l'armée qu'ils avaient capturés le 25 mars dans le sud du pays. Cette libération peut être considérée comme un geste de bonne volonté des houthistes en direction de la communauté internationale.Poursuite des raids contre AQPAD'autre part, six membres présumés d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) ont été tués dans une attaque de drone contre leur voiture à Moukalla, capitale de la province de l'Hadramout, ont rapporté des témoins. La voiture visée était stationnée près du palais présidentiel de cette ville tombée au début du mois d'avril aux mains des combattants du réseau extrémiste, selon les mêmes sources.Les Etats-Unis sont les seuls à pouvoir disposer de drones dans la région et les attaques menées par ces engins se sont poursuivies au Yémen, en dépit du chaos dans lequel est plongé le pays. Al-Qaida avait annoncé le 14 avril la mort d'un de ses idéologues, Ibrahim Al-Rubaish, dans une attaque de drone américain dans le sud-est du Yémen.Voir notre infographie :  Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au Yémenlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0v0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0v0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 26.04.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.04.2015 à 10h49 Des milliers de Guatémaltèques ont manifesté samedi 25 avril dans le centre de la capitale, Guatemala, pour réclamer la démission du président de la République, Otto Pérez, et de la vice-présidente, Ingrid Roxana Baldetti Elias, après la révélation d'un scandale de corruption qui éclabousse des proches du pouvoir. Encadrés par des centaines de policiers, les manifestants ont scandé « Démissionnez maintenant ! » en faisant résonner casseroles et sifflets.La semaine dernière a été démantelé un réseau de hauts fonctionnaires suspectés d'avoir encaissé des pots-de-vin en échange d'impôts réduits sur le passage de produits à la douane. Les sommes en jeu n'ont pas été précisées, mais des « montants en millions » ont été évoqués.La présidence compliceLe parquet et la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (Cicig – Comisión Internacional contra la Impunidad en Guatemala), une entité des Nations unies chargée d'assainir le système judiciaire, accusent l'ancien secrétaire de la vice-présidente, Juan Carlos Monzón, en fuite, d'avoir dirigé le système de corruption. « Nous ne voulons plus que les voleurs continuent à nous gouverner, ils nous voient comme des jouets ! », a lancé à l'Agence France-Presse, María Letona, une septuagénaire venue manifester avec un groupe de voisins depuis un quartier privilégié de l'est de la capitale.« Dehors, dehors, dehors ! », criaient les manifestants devant le Palais national qui estiment que le président et la vice-présidente ne pouvaient ignorer les manœuvres de M. Monzón, considéré comme une personne de confiance au sein de l'exécutif.M. Monzón s'est volatilisé la semaine dernière alors qu'il accompagnait Mme Baldetti Elias lors d'un voyage en Corée du Sud. Les autorités le pensent caché au Honduras. Le président, Otto Pérez, a affirmé à des journalistes qu'il ne démissionnerait pas, soutenant que l'enquête avait été lancée à l'initiative du gouvernement. 26.04.2015 à 04h00 • Mis à jour le26.04.2015 à 09h17 | Gilles Paris (Washington, correspondant) La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.04.2015 à 00h49 • Mis à jour le26.04.2015 à 11h14 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o0rc7"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o0rc7", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Plus d'un millier de personnes ont de nouveau manifesté, samedi 25 avril à Baltimore, dans l'est des Etats-Unis, pour marquer leur colère et leur frustration après la mort d'un homme Noir, décédé après avoir été arrêté par la police.Freddie Gray, 25 ans, est mort des suites d'une fracture des vertèbres cervicales une semaine après avoir été interpellé sans ménagement et placé en garde à vue pour possession d'un couteau. Des vidéos de l'arrestation, filmée par plusieurs passants, montrent le jeune homme plaqué au sol par deux policiers et en présence d'un troisième. On le voit grimacer de douleur avant qu'il ne soit traîné dans un fourgon à proximité. Des marches ont lieu tous les jours depuis sa mort, dimanche 19 avril."All night, all day, we will fight for Freddie Gray." Hundreds gather to march in Baltimore: http://t.co/GglOHdnVVo http://t.co/QNdbxQMkBw— The Baltimore Sun (@baltimoresun)require(["twitter/widgets"]);AffrontementsSamedi, après un début dans le calme, le plus grand rassemblement jusqu'ici organisé a tourné à l'affrontement entre policiers et manifestants dans le centre de la ville. Le Baltimore Sun rapporte que des manifestants ont brisé les vitres de voitures de police et bloqué des intersections criant « Assassins ! » aux forces de l'ordre en tenues anti-émeute. Des manifestants ont été vus en train de piller une supérette et de casser des vitrines. Police just opened the line in a very tense moment, grabbed one of the protesters and pulled him in. #FreddieGray http://t.co/RQWe1lNh3z— Kevin Rector (@RectorSun)require(["twitter/widgets"]);« Les manifestants sont désormais en train de casser des fenêtres et de nous lancer des objets », a indiqué la police de Baltimoore. « Nous demandons à tout le monde de garder son calme ». Douze personnes ont été arrêtées, a annoncé à des journalistes le commissaire de police Anthony Batts.A group of protesters are continuing to throw items at police in the area of Howard St &Camden St. We are asking everyone to remain peaceful— Baltimore Police (@BaltimorePolice)require(["twitter/widgets"]);Fredericka Gray, sœur jumelle de Freddie Gray, a lancé un appel au calme. « Ma famille veut vous dire : s'il vous plaît, s'il vous plaît, arrêtez la violence. Freddie ne voudrait pas ça ». Elle parlait aux côtés de la maire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake, qui s'est dite « profondément déçue » par les violences, dont elle a accusé « un petit groupe d'agitateurs ».45 minutes à éclaircirPlusieurs enquêtes ont été lancées pour faire la lumière sur le drame, dont une fédérale menée par le ministère de la Justice. Les enquêteurs tentent de reconstituer les 45 minutes qui séparent son interpellation de l'appel d'une ambulance depuis le commissariat de police où il était en garde à vue.Vendredi, la police de Baltimore a reconnu que Freddie Gray aurait dû recevoir une assistance médicale aussitôt après son arrestation et non près d'une heure après. Selon l'avocat de sa famille, sa moelle épinière était sectionnée à 80 % au niveau du cou, selon l'avocat de sa famille.Six policiers ont été suspendus avec salaire après la mort du jeune homme.Lire aussi : Aux Etats-Unis, la longue histoire des brutalités policières Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Est-ce la fin de la guerre des chefs chez Volkswagen ? Ferdinand Piëch, figure centrale groupe automobile depuis 22 ans, a démissionné, samedi 25 avril, de tous les mandats de président de conseil de surveillance qu'il exerçait au sein de l'entreprise.Lire aussi (édition abonnés) : Ferdinand Piëch, l’inflexible chef de la « maison Volkswagen »L'information a été donnée par le groupe lui-même, dans un communiqué de presse publié samedi en fin d'après-midi. Son épouse Ursula Piëch, membre du conseil de surveillance de Volkswagen, a également démissionné.Cette information intervient au terme de deux semaines de lutte pour le pouvoir à la tête du premier constructeur automobile européen. Ferdinand Piëch avait lui-même provoqué la crise le vendredi 10 avril, en déclarant au magazine Der Spiegel « avoir pris ses distances avec (M.) Winterkorn », président du directoire depuis 2007. Ce dernier ambitionnait de prendre la succession de M. Piëch au conseil de surveillance, après des années de collaboration étroite qui a fait de Volkswagen le second groupe automobile du monde. M. Piëch, apparemment déçu des performances de son ancien protégé, souhaitait son départ du groupe.La fin d'une èreMais Martin Winterkorn, soutenu par plusieurs membres influents du conseil de surveillance, a obtenu, jeudi 16 avril, son maintien à son poste de directeur opérationnel du groupe, infligeant à Ferdinand Piëch un cuisant revers. Ce dernier, après avoir tenté d'imposer sa volonté par d'autres voies ces derniers jours, a apparemment reconnu sa défaite. Le conflit ne pouvait plus s'éterniser : le 5 mai se tient l'assemblée générale des actionnaires, où les deux hommes en conflit auraient dû siéger côte à côte à la tribune.Selon le magazine Der Spiegel, plusieurs membres du conseil de surveillance ont déclaré vendredi que le maintien de M. Piëch au poste de président de l'instance n'était plus possible, après que ce dernier a poursuivi ses tentatives pour destituer M. Winterkorn.Sa démission marque la fin d'une ère chez Volkswagen : petit-fils du créateur de la Coccinelle Ferdinand Porsche, à l'origine du groupe, M. Piëch y avait fait toute sa carrière, de simple ingénieur à président du conseil de surveillance.Le groupe automobile aux 12 marques doit décider dans les prochains mois qui occupera les sièges de président du conseil de surveillance et président du directoire, qui seront vacants au plus tard en avril 2017.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 25.04.2015 à 18h38 • Mis à jour le25.04.2015 à 20h52 L'organisation de l'Etat islamique (EI) a revendiqué une attaque perpétrée samedi 25 avril contre le poste de frontière de Touraibil, entre l'Irak et la Jordanie, par trois kamikazes. Au moins quatre garde-frontière ont été tués, et 18 autres blessés.Ces hommes ont fait exploser des véhicules piégés, dont un camion, à trois points de contrôle successifs du poste-frontière de Touraibil, dans la province d'Al-Anbar (ouest de l'Irak), a indiqué Sabah Karhout, chef du Conseil de cette province.L'armée viséeDans un communiqué, le groupe terroriste a revendiqué l'attentat et précisé la nationalité de ses trois kamikazes, affirmant qu'ils sont de nationalité belge, française et sénégalaise. L'EI a expliqué que l'attentat suicide visait le principal point de contrôle du poste-frontière, les bâtiments hébergeant les forces de sécurité, ainsi qu'une patrouille de l'armée.Les forces irakiennes ne contrôlent que des poches de territoires dans la vaste province désertique d'Al-Anbar, qui s'étend des frontières syriennes, jordaniennes et saoudiennes jusqu'aux portes de Bagdad. L'EI en occupe une grande partie. La Jordanie, qui participe à la coalition américaine mise en place pour bombarder l'EI en Syrie et en Irak, est une cible privilégiée des djihadistes.Lire le récit (édition abonnés) : Haji Bakr, le cerveau de l’Etat islamiquelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2al9ur"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2al9ur", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 25.04.2015 à 15h45 • Mis à jour le26.04.2015 à 11h35 Le ministère des affaires étrangères français a annoncé samedi 25 avril la mise en place d'une cellule de crise au quai d'Orsay, à la suite du très violent séisme qui a frappé le Népal, faisant plus d'un millier de morts. Selon nos informations, à 15 h 45 samedi, le ministère des affaires étrangères n'avait pas connaissance de victime française. Un numéro a été mis en place pour obtenir des informations : 01.43.17.56.46.Aucune estimation sur le nombre de Français au Népal au moment de la catastrophe a été diffusée par Paris. Environ un millier de personnes, dont quelque 400 alpinistes étrangers, étaient présents aux abords du camp de base de l'Everest touché par une avalanche, selon les estimations népalaises.« Notre ambassade à Katmandou est mobilisée pour venir en aide aux Français résidant ou voyageant au Népal, avec l'appui de notre ambassade à New Delhi », a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, dans un communiqué.M. Hollande a, lui, déclaré que la France était prête à « répondre aux demandes de secours et d'assistance » que le Népal pourrait lui adresser. Dans un communiqué publié par l'Elysée, le chef de l'Etat a exprimé « la solidarité de la France aux autorités et au peuple népalais ». Le premier ministre, Manuel Valls, s'est dit « de tout cœur solidaire des victimes et sinistrés au Népal ».Les Etats-Unis ont, eux, annoncé l'envoi d'une équipe de secours et le déblocage d'une première enveloppe d'un million de dollars (919 000 euros) pour venir en aide au Népal. Hélène Sallon Né à Mossoul en 1949, Mgr Yousif-Thomas Mirkis est entré dans l’ordre dominicain en 1975. Il a obtenu son doctorat en théologie à l’université de Strasbourg et un DEA en anthropologie à l’université de Nanterre. Entre 2003 et 2013, il a vécu les violences faites aux chrétiens à Bagdad. En 2013, il est devenu archevêque du diocèse chaldéen de Kirkouk, une ville multiethnique en Irak, et de Souleimaniyé, au Kurdistan irakien. La prise de Mossoul, le 10 juin 2014, puis l’invasion de la plaine de Ninive, dans le nord de l’Irak, le 7 août 2014, ont poussé 120 000 à 150 000 chrétiens sur le chemin de l’exode. Parmi eux, 750 familles se sont réfugiées à Kirkouk. Le Monde a rencontré Mgr Mirkis à Paris.Quelle est la situation dans votre diocèse ?Quand l’Etat islamique (EI) a envahi Mossoul et la vallée de Ninive, des gens ont été déplacés à Kirkouk et Souleimaniyé. Kirkouk, qui est une ville d’environ un million d’habitants, a accueilli 400 000 réfugiés de tout le pays dont des chrétiens. Mon diocèse, qui regroupe 8 000 personnes, a vu sa population doubler. Depuis août 2014, nous devons leur trouver de la nourriture, un toit, soigner les malades, trouver des écoles pour les enfants, accueillir les étudiants qui doivent compléter leurs études.On essaie de vider les bas de laine, de faire ce que l’on peut avec le peu que nous avons. On reçoit très peu d’aide du gouvernement. L’aide vient des organisations comme la Croix-Rouge, le Croissant rouge, Caritas ou des représentants de l’ayatollah Ali Al-Sistani, le guide spirituel chiite. Chaque communauté essaie d’aider. On écrit à nos amis dans le monde pour qu’ils nous aident. Beaucoup ont répondu à l’appel. Beaucoup de bénévoles viennent. Dans notre dispensaire, 15 médecins viennent à tour de rôle. Parmi eux, 10 sont musulmans.Y a-t-il des tensions confessionnelles à Kirkouk ?A l’intérieur de Kirkouk, il n’y a pas de tensions confessionnelles. L’idéologie véhiculée par l’EI est rejetée par 95 % des Irakiens, qu’ils soient sunnites, chiites, turkmènes ou kurdes.Lire aussi l'éditorial du "Monde" :En Irak, un crime contre l’histoire de l’humanitéL’EI représente-t-il encore une menace pour la ville ?L’EI se trouve à 15 kilomètres de Kirkouk, à Hawija notamment. Il y a trois mois, il a fait une tentative de percée à Kirkouk et une attaque a été perpétrée contre le commissariat central. Les combattants kurdes irakiens, les peshmergas, sont toujours attaqués sur le front mais, depuis la bataille pour reprendre Tikrit, en mars, la ville subit moins la menace de l’EI.Avez-vous le sentiment que les chrétiens sont une cible prioritaire après les menaces proférées par l’EI contre la communauté, parallèlement à l’exécution de chrétiens d’Erythrée et d’Ethiopie en Libye ?Les autres minorités sont aussi des cibles : les yézidis, les chabak, les kakais… Avant, l’Irak était une vraie mosaïque aux couleurs multiples. Nos problèmes en tant que chrétiens sont moindres que pour les yézidis, par exemple, dont 1 200 femmes ont été kidnappées et faites esclaves et 700 hommes tués. Il n’y a eu en Irak que quelques chrétiens tués. Le fanatisme exclusif n’accepte pas les différences.Lire aussi la synthèse :Le cri d’alarme du pape en faveur des chrétiens persécutésLeur nouveau message est hollywoodien. Ils utilisent YouTube de façon sophistiquée pour l’Occident, pour terroriser les gens. C’est un peu la même méthode chez tous les terroristes qu’ils soient musulmans ou non. L’EI est composé de gens entre 20 et 25 ans, dont 5 000 Européens qui ont passé leur vie dans les banlieues ici ou ailleurs et sont imprégnés de films qui sont à la limite entre le réel et l’irréel.Que doit faire la communauté internationale ?Ça se résume à une chose : ne nous oubliez pas. Mais on ne peut pas s’en sortir en tant que minorité. Il faut aussi englober la majorité, qu’elle soit sunnite, chiite ou kurde. Il faut nous aider de l’extérieur : que les médias, les politiciens dénoncent les mauvaises actions car si l’alerte est donnée depuis l’extérieur, elle aura plus d’impact que si elle vient de l’intérieur.Que faire pour les femmes vendues par Daech [acronyme arabe de l’EI] ? Même le gouvernement central ne peut rien faire. Mais, si une juridiction internationale considère que c’est un génocide, c’est déjà beaucoup. Il faut inscrire ces gens sur des listes pour que l’on puisse les poursuivre même dans vingt ans, comme on l’a fait pour les Khmers rouges. Il faut poser les jalons pour demain. Que ces gens-là ne puissent fuir nulle part. Il faut essayer de trouver qui alimente l’EI, quels sont les pays qui ont intérêt à ce que l’EI vive.Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a promu aux Nations unies une résolution pour protéger les minorités persécutées. Comment peut-on protéger les minorités en Irak ?Il ne faut pas que les minorités soient considérées comme des citoyens de seconde zone. L’idéologie islamique les met devant un mur en leur offrant la conversion, le statut de dhimmi ou l’exil. Je souhaite que la religion n’apparaisse plus sur la carte d’identité irakienne. Cela ferait sentir aux minorités qu’elles sont des citoyens à part entière. Si des mesures radicales ne sont pas prises et que l’on continue à parler des chrétiens comme d’une minorité, on risque de tomber dans un véritable cauchemar. Le mot minorité est un non-sens. On est citoyen ou on ne l’est pas.Lire aussi :A l’ONU, l’appel de la France pour protéger les minorités au Moyen-OrientEtes-vous favorable à l’accueil des chrétiens irakiens qui vivent en exil depuis l’été 2014 à l’étranger et en France notamment ?Quand la France dit qu’elle accueille des réfugiés, elle accueille 1 000 chrétiens sur les 400 000 chrétiens d’Irak. Que fait-on des 399 000 autres ? Ce n’est pas une solution. C’est de la discrimination entre chrétiens et avec les autres minorités. Cette espèce de générosité ressemble davantage à de la publicité pour la France, terre d’accueil.Il faut nous aider à trouver une solution sur place. Comme le fait l’organisation Fraternité en Irak quand elle vient nous voir pour les fêtes de Pâques avec des médicaments et des dons récoltés chez les gens. De l’argent, des prières et des gens, c’est ce que l’on attend de la France. Au lieu de devoir faire face à un nouveau Lampedusa et de déployer des efforts pour nous accueillir chez vous, où il nous faudra de toute manière plusieurs générations pour nous intégrer, aidez-nous à rester vivre dans notre beau pays.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (envoyée spéciale à Diyarbakir) Dans le petit salon de thé attenant à Surp-Giragos (Saint-Guiragos), la grande église arménienne de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, Rahime Karakas, 54 ans, raconte comment sa vie a basculé un jour de mai 1985 : « Mon père est mort, je suis allée à l’Etat civil pour les formalités. Là, sur le registre, j’ai vu le prénom Sarkis, barré d’un trait, et le prénom Husseïn écrit par-dessus. Cela se voyait très nettement. J’étais en état de choc. Depuis, j’essaie de recoller les morceaux. » Jusque-là, Rahime pensait qu’elle était kurde, « je faisais partie d’une organisation féministe kurde, j’ai même fait de la prison à cause de cela ». Son père ne lui avait jamais rien dit de son passé mais elle avait des soupçons. Sur le fait, par exemple, qu’il était enfant unique et sans famille, autant dire une sérieuse anomalie au regard des critères kurdes. Et puis il y avait cette étrange invective – « Moskov » (Russe) – proférée par sa mère lorsque le couple se disputait. Il s’agissait d’une allusion à son origine cachée, car beaucoup d’Arméniens se rangèrent en 1915 aux côtés de la Russie, alors l’ennemie numéro un de la Sublime porte.Difficile de recoller les morceaux. Rahime a eu beau chercher, se rendre dans la ville d’origine de son père, à Harput, elle n’a jamais réussi à tirer le moindre fil. « Pour finir, j’ai mis une petite annonce dans Agos (le journal en turc et en arménien de la communauté arménienne de Turquie), mais ça n’a rien donné, j’avais trop peu d’indices, juste le prénom et la ville. »Elle s’est habituée à vivre avec les taches d’ombre de son passé. Elle a pris des cours d’arménien, s’est rendue à Erevan, a adopté la foi chrétienne en 2014 à Etchmiadzine (le saint-siège du patriarcat en Arménie). Une partie de sa famille n’a pas apprécié. Elle ne regrette rien : « Je suis devenue chrétienne à cause de ce qui a été fait à mon père. C’est une démarche politique, l’expression de mon opposition. »« Affronter notre passé dans les yeux »Sa nouvelle famille est désormais à Saint-Guiragos, la plus vaste église arménienne du Moyen-Orient, restaurée de pied en cap en 2011 grâce aux fonds de la diaspora, de la communauté arménienne de Turquie et de la mairie de Diyarbakir, tenue par le Parti démocratique des régions (DBP, pro-kurde).Chaque mois, les Arméniens – musulmans et chrétiens – s’y retrouvent pour un petit déjeuner festif dans le salon de thé. Et puis il y a les concerts, les baptêmes, les messes dans l’église. « Dans la région, beaucoup d’Arméniens ont été islamisés sous la contrainte il y a cent ans. Depuis la restauration de l’église, ils viennent. Tous ne se sont pas redevenus chrétiens, mais ils aiment retrouver un peu de leurs racines », explique Ergün Ayik, qui dirige la fondation propriétaire du lieu.Le clocher s’élève haut dans le ciel de la vieille ville de Diyarbakir en signe du réveil de la communauté. Située dans une petite ruelle de la vieille ville, l’église de basalte en a vu de toutes les couleurs depuis sa construction, en 1376. Le coup de grâce est venu en 1915, non pas à cause du coup de canon tiré sur le frêle clocher parce qu’il s’élevait plus haut que les minarets alentour, mais parce que la population qui remplissait l’église les jours de fête a disparu. « Autrefois, la moitié de la population de la ville était arménienne, aujourd’hui nous sommes une poignée », rappelle Ergün. L’isolement n’est plus de mise depuis que ceux de la diaspora sont de plus en plus nombreux à venir pour visiter l’église.Saint-Guiragos était en ruine, à ciel ouvert, lorsque Ergün Ayik, Gafur Turkay et quelques autres se sont mis en tête de trouver des fonds pour la restaurer. Pour cela, ils ont organisé des dîners de donateurs. Rien n’aurait été possible sans l’aide de la mairie de Diyarbakir, qui a financé les travaux à hauteur de 20 %. « Nos grands-pères, incités par d’autres, ont commis des crimes mais nous ne les imiterons pas », avait dit Abdullah Demirbas, à l’époque maire du quartier de la vieille ville, aux Arméniens venus lui demander de l’aide. « Revenez ! », tel est aujourd’hui le message des Kurdes aux Arméniens.En 1915, les Kurdes ont été les principaux exécutants des massacres. Incités par le pouvoir Jeune Turc, les clans kurdes les plus éminents y ont pris part, avec tous les bénéfices matériels qui allaient avec, saisie de terres, de maisons, de richesses. L’écrivain kurde de langue turque Seyhmus Diken rappelle que, dix ans plus tard, « les Kurdes se sont fait massacrer au moment de la révolte de cheikh Saïd » – un chef religieux kurde rebelle pendu sur la place centrale de Diyarbakir en 1925 avec 46 autres meneurs, par les armées de Mustafa Kemal. « Nous devons affronter notre passé dans les yeux, demander pardon et envisager des réparations », assure l’écrivain, signataire de « l’appel au pardon », une pétition en ligne lancée par des intellectuels turcs.Marie Jégo (envoyée spéciale à Diyarbakir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.04.2015 à 17h01 L'ancien commandant de Guantanamo, le général deux étoiles Geoffrey Miller, pourrait être prochainement auditionné par la justice française. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a accédé, jeudi 2 avril, à la demande de deux anciens détenus du centre de détention, a précisé à l'Agence France-Presse leur avocat, Me William Bourdon. L'information a été confirmée de source judiciaire.Lire aussi : Une plongée dans l’enfer de GuantanamoNizar Sassi et Mourad Benchellali, arrêtés par les forces américaines en Afghanistan avant d'être transférés vers la base américaine située dans le sud-est de Cuba, où ils avaient été respectivement emprisonnés de la fin de 2001 à 2004 et 2005, avant d'être renvoyés en France. Les deux hommes ont porté plainte pour détention arbitraire et torture. L'enquête est toujours en cours.Voir aussi notre séléction d'articles et d'archives (édition abonnés) : Guantanamo, par ceux qui l'ont vécuC'est dans le cadre de cette dernière que s'inscrit l'audition de Geoffrey Miller. Elle avait préalablement été rejetée par deux juges. « Le général Miller est identifié dans toutes les enquêtes internationales et américaines, comme étant au cœur du dispositif de politique de torture qui était pratiquée », avait argué il y a quelques semaines Me Bourdon. « Il n'est pas pensable que des explications ne lui soient pas demandées. S'il refuse de venir, il faudra en tirer les conséquences. »Ni procès, ni inculpationLes plaignants appuyaient leur demande sur un rapport du Centre pour les droits constitutionnels et du Centre européen pour les droits de l'homme et constitutionnels, détaillant les mauvais traitements pratiqués à Guantanamo, mais aussi la responsabilité de M. Miller, qui en était aux commandes entre 2002 et 2004. Nizar Sassi et Mourad Benchellali ont également engagé des démarches devant la Cour européenne des droits de l'homme.La base américaine a commencé à recevoir des hommes suspectés de terrorisme quatre mois après les attentats du 11 septembre 2001. Malgré la promesse de Barack Obama de fermer le camp, ils sont encore 122 à y être détenus. Contrôlé par l'opposition républicaine, le Congrès s'oppose à toute clôture, malgré dles critiques sur les exactions qui y auraient été commises. En treize ans, près de 800 hommes y ont été enfermés, pour certains sans inculpation ni procès.Voir aussi la carte (édition abonnés) : L'évolution du nombre de prisonniers à Guantanamo Guy Dutheil L’heure est « à la reconquête du marché domestique face aux autres modes de transports », s’est écrié, jeudi 2 avril, Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM. C’est à Lyon qu’a démarré, selon le PDG, « la première étape du tour de France pour le déploiement de l’offre Hop! Air France ».Depuis deux ans, Hop! est la marque ombrelle qui regroupe les trois compagnies régionales du groupe (Airlinair, Britair et Regional). Désormais adossé à Air France, le nouvel ensemble Hop! Air France regroupe une force de frappe conséquente de près d’une petite centaine d’avions. Lionel Guérin, directeur général délégué de Hop! Air France, a fixé sa zône de chalandise aux « trajets domestiques de 300 à 1 000 kilomètres ». Uniquement des vols court-courrier en France et en Europe.En dessous de 300 kilomètres, le combat serait déjà, perdu pour l’avion face au train, au TGV, à la voiture et bientôt à l’autocar. Avant de repartir à l’attaque, Hop ! Air France est loin derrière ses deux principaux concurrents avec seulement 7 % de parts de marché contre 28 % pour le train et 65 % à la voiture.Offre tarifaire simplifiéeToutefois, la nouvelle enseigne des vols domestiques du groupe Air France pèse lourd. En 2014, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros et fait voyager 13 millions de passagers via environ 600 vols par jours. Un de ses principaux atouts est de proposer à ses clients « le premier réseau européen en nombre de vols et en nombre de sièges offerts ». Au sein du groupe Air France-KLM, le nouvel ensemble Hop! Air France rassemble « tous les vols au départ ou à destination de tous les aéroports en France ou en Europe, sauf les deux hubs du groupe, Roissy et Amsterdam », pointe M. Guérin.Pour regagner des parts de marché, Hop! Air France mise sur offre tarifaire simplifiée. Un modèle qui est en passe de gagner toutes les compagnies aériennes en Europe. Les low cost comme les legacys.En pratique, les passagers pourront opter pour des prix étagés sur trois niveaux. Du « basic », le moins cher mais sans aucune option, en passant par les tarifs « smart », plus modulables, jusqu’aux prix « flex » qui comportent toutes les options, notamment le bagage en soute jusqu’à 23 kilos ou la possibilité de changer de destination, d’horaire, et même de passager. Les tarifs « smart » et « flex » visent la clientèle affaire, le nerf de la guerre de Hop! Air France, puisqu’elle représente déjà « entre 40 et 50 % de son trafic et près de 60 % de son chiffre d’affaires », souligne Lionel Guérin.Comme les compagnies low cost, Hop! Air France « va faire des offres promotionnelles pour animer le marché », signale Hélène Abraham, directrice générale adjointe commerciale et marketing de la nouvelle compagnie domestique. Au moins 10 % des billets sur chaque vol seront mis en vente au tarif de base de 49 euros.Toutefois, « à certains moments de l’année  Hop! proposera des places sous les 49 euros », ajoute-t-elle. La direction de Hop! a refusé de préciser si elle était rentable sur tous ses paliers tarifaires. « Nous avons besoin de tous les tarifs pour gagner de l’argent », a juste précisé M. Guérin. Mais aussi pour remplir ses avions. Jusqu’à maintenant, le taux de remplissage est de 66 %. Hop! vise de 70 à 75 % sur ses avions de 100 places et de 75 à 80 % sur les Airbus.Une flotte variéeL’objectif de Lionel Guérin est « d’enrayer les pertes de parts de marché » face à ses concurrents de la route et du fer, notamment en « faisant de la diversité de la flotte de Hop! Air France une force ».Contrairement aux low cost qui ne mettent en service qu’un seul type d’avion, des A320 pour easyJet, Hop! fait se cotoyer des Airbus A320, des Embraers et aussi des Bombardier ou des ATR. Des appareils qui peuvent transporter de 50 à plus de 200 passagers. Sur certaines destinations, M. Guérin pourrait faire varier les types d’avions en fonction des taux de remplissage. Des A320 aux heures de fortes affluences et des Bombardier aux heures creuses.Le directeur général semble sûr de son coup : « Nous pouvons piquer des gens au train et à la voiture. Sur un marché de 90 millions de passagers par an quand on en fait que 13 millions le marché n’est pas mort », veut-il croire.Hop! devra faire rapidement la preuve de son succès car ses échéances sont proches. Alexandre de Juniac a rappelé que la spécialiste de vols domestiques devrait être redevenue « rentable et bénéficiaire en 2017 ». Elle semble en bonne voie.Créée il y a deux ans, elle a déjà divisé ses pertes par deux. En 2014, elle a perdu 140 millions d’euros dont 120 millions d’euros pour Air France et 20 millions pour Hop!. En 2013, le trou était encore de 280 millions d’euros. Un retour aux bénéfices permettra « de croître à nouveau et d’acheter des avions », a prévu M. de Juniac.Lire aussi : Alexandre de Juniac : « Air France reviendra dans le vert fin 2015 »Pour retrouver l’équilibre, MM. de Juniac et Guérin annoncent « des réductions de coûts ». Ils se sont refusés à préciser s’ils allaient de nouveau tailler dans les effectifs. Un plan de départs volontaires est déjà en cours chez Hop! Air France. Une queue de comète du plan Transform 2015 qui prévoit 500 suppressions de postes chez les personnels navigants commerciaux, les hôtesses et stewards, et 300 parmi les personnels au sol. Mais le futur proche reste menacant pour le salariés. « Pour l’avenir, tout dépendra des discussions avec les syndicats », prévient déjà la direction de Hop! Air France.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.04.2015 à 12h59 • Mis à jour le02.04.2015 à 17h27 | Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) A 14 ans, l’apprenti djihadiste rêvait d’organiser un attentat à l’explosif dans une gare de Vienne pour tuer le maximum de gens, et avait enregistré un plan des lieux sur sa PlayStation. L’histoire a l’air d’un canular, mais elle fera l’objet d’un procès, le 19 mai, devant le tribunal de Sankt-Pölten, en Basse-Autriche.L’accusé, Mertkan G., un collégien d’origine turque, risque jusqu’à cinq ans de prison. Selon le dossier établi par le procureur, auquel le quotidien viennois Kurier a eu accès, le garçon était lié à l’organisation de l’Etat islamique (EI) et voulait se rendre en Syrie. On lui reproche d’avoir préparé un attentat, mais aussi d’avoir essayé de recruter pour le djihad l’un de ses camarades d’école, âgé de 12 ans.Selon son avocat, le pénaliste Rudolf Mayer – il fut le défenseur de Josef Fritzl, le père incestueux qui a séquestré pendant vingt-quatre ans, dans une cave, sa fille et leurs enfants –, il s’agit de « jeux imaginaires d’un adolescent travaillé par la puberté », que son séjour derrière les barreaux, depuis janvier, a ramené à la raison. Tel n’est pas l’avis du parquet, qui considère Mertkan G. comme dangereux, ni celui de la psychologue chargée de l’examiner, frappée par son manque de distance critique envers l’EI.Images de décapitationsLes policiers ont trouvé sur sa PlayStation, son smartphone et son ordinateur portable d’innombrables images de décapitations, de tortures, d’exécutions sommaires ou de cadavres atrocement mutilés. Plus grave : grâce à des sites Internet de propagande terroriste, l’adolescent avait eu accès à des indications pour fabriquer des explosifs, qu’il avait téléchargées sur sa console de jeux. Sous un nom d’emprunt, il aurait communiqué, par le truchement de Twitter, avec un mystérieux correspondant – lequel utilisait une photo d’Oussama Ben Laden – sur son projet d’un attentat à la bombe au Westbahnhof, la gare viennoise qui dessert les villes de province.La radicalisation du collégien serait une réaction aux frustrations vécues depuis son arrivée en Autriche, à l’âge de 7 ans : l’absence de son père, vite expulsé vers la Turquie, la fragilité de sa mère, qui parle à peine l’allemand, l’orientation scolaire vers une voie sans issue l’ont poussé vers le rigorisme religieux, puis vers la propagande djihadiste. Il a fait un premier séjour en détention préventive, à l’automne 2014, quand la directrice de son école a sonné l’alarme.Mimétisme terroristePlacé sous contrôle judiciaire, il est retourné en prison, en janvier, après avoir fugué et tenté d’enrôler un camarade encore plus jeune que lui. La presse autrichienne a traité cette affaire avec une rare discrétion. Le porte-parole du ministère de l’intérieur, Karl-Heinz Grundböck, précise au Monde que la police a organisé il y a quelques mois une session avec les journalistes, afin de les sensibiliser : tous les experts redoutent en effet le phénomène du mimétisme terroriste, amplifié par l’écho médiatique.Environ 200 personnes, dont des mineurs, ont rejoint la Syrie et l’Irak depuis l’Autriche. Elles sont 70 à en être revenues. Plus d’une douzaine de djihadistes attendent en prison d’être jugés : parmi eux Mertkan G., 14 ans. Vienne veut dissuader les candidats au djihadJoëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.04.2015 à 11h30 • Mis à jour le02.04.2015 à 18h04 | Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial) L'essentielLes négociations sur le nucléaire iranien, amorcées en 2003, ont repris dimanche 15 mars à Lausanne.Les pourparlers auraient dû s'achever mardi à minuit, avec l'expiration de la date butoir pour trouver un accord.L'optimisme affiché par les Russes et les Iraniens tranchent pour le moment avec les positions américaines. Bientôt la fin ? Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, est revenu à Lausanne, mercredi 1er avril peu avant minuit, moins de vingt-quatre heures après avoir ostensiblement quitté la table des négociations sur le nucléaire iranien qui se déroulent depuis une semaine dans une atmosphère fiévreuse dans un palace surplombant le lac Léman.Le retour inopiné de M. Fabius a aussitôt relancé les spéculations sur l’imminence d’un accord entre l’Iran et les grandes puissances sur l’encadrement du programme nucléaire iranien, alors que les protagonistes s’étaient séparés la veille dans une ambiance chaotique après avoir échoué à conclure un compromis avant la date butoir du 31 mars.Le cabinet de M. Fabius avait indiqué qu’il ne reviendrait en Suisse que « lorsque ce sera utile ». Du coup, le retour du ministre français des affaires étrangères à l’hôtel Beau Rivage était interprété par la presse comme le signe d’une percée, au terme d’une journée marquée par la multiplication de déclarations pessimistes de la part des Iraniens et des Occidentaux sur l’issue de ces négociations de plus en plus difficiles.Les enjeux de l'accord sur le nucléaire iranien par lemondefrLes propos de M. Fabius à son arrivée à Lausanne ont tranché avec la réserve qu’il affichait encore il y a quelques jours. « On est à quelques mètres de l’arrivée, quelques dizaines de mètres, mais on sait aussi que ce sont toujours les plus difficiles », a-t-il affirmé. « On va essayer de les franchir », a-t-il poursuivi, en soulignant l’enjeu majeur de ces négociations, dont les premiers pas remontent à 2003 : la lutte contre « la prolifération nucléaire » et « d’une certaine manière la réintégration de l’Iran dans la communauté internationale », tout en ajoutant que « ce n’est pas encore fait », « il y a des progrès à faire ». « Montagnes russes »L’intervention de Laurent Fabius semblait indiquer que les lignes avaient considérablement bougé au cours des dernières vingt-quatre heures. Jusqu’alors, ces tractations, qualifiées de « montagnes russes » par un négociateur expérimenté, paraissaient enlisées depuis l’interruption des discussions, dans la plus grande confusion, dans la nuit de mardi à mercredi. Rarement, le groupe du « P5 + 1 », rassemblant les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (France, Etats-Unis, Russie, Chine et Royaume-Uni), plus l’Allemagne, qui négocient avec l’Iran, avait étalé ses divisions. Sans fournir d’explication commune, les chefs de la diplomatie russe, français et chinois étaient repartis chacun de leur côté, laissant sur place leurs collègues britannique, allemand et américain. Le tout, sur fond de déclarations contradictoires qui ont alimenté le pessimisme et la cacophonie.La grande difficulté de ces pourparlers, d’une complexité technique inouïe, est qu’il faut mener trois négociations de front« Personne ne peut dire ce que cela va donner maintenant », a reconnu, dans la journée de mercredi, un diplomate occidental. « Cela peut durer un ou deux jours, ou peut-être plus », a-t-il poursuivi, en relevant que les échanges avaient été « très difficiles toute la semaine », car « les Iraniens bougent très doucement ».Mais le retour inattendu de M. Fabius et la teneur confiante de ses déclarations, alors qu’il passe pour intransigeant sur ce dossier, laissent croire qu’il y a eu du mouvement sur les principales divergences qui grippent les négociations : la durée d’application d’un accord, le programme de recherche et de développement nucléaire iranien et la levée des multiples sanctions internationales qui frappent la République islamique.Complexité technique inouïeJusqu’à présent, ces blocages paraissaient insurmontables. Et l’hypothèse d’une nouvelle extension des pourparlers, qui ont déjà été prolongés à deux reprises, n’était guère envisageable tant la pression monte aux Etats-Unis, où le Congrès menace d’adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran, à partir de la mi-avril, sans progrès réels dans les négociations. « Si les divergences entre l’Iran et les grandes puissances ne peuvent pas être réglées à Lausanne, il y a peu de chance qu’elles puissent l’être par la suite », estime Ali Vaez, spécialiste de l’Iran à l’International Crisis Group. « Un nouveau report ne changerait rien », dit-il.Dans la foulée de l’accord intérimaire, de novembre 2013, entre l’Iran et les Six, qui a ouvert la voie à un gel du programme nucléaire iranien et à une levée partielle des sanctions contre Téhéran, il était encore légitime de plaider la patience, en raison de l’innovation majeure que constituait la simple existence de ce dialogue avec l’Iran après tant d’années d’impasse. Mais aujourd’hui, après seize mois de consultations diplomatiques intenses, pendant lesquels tous les scénarios techniques ont été passés au crible, les prolongations s’apparentent davantage à un constat d’échec.La grande difficulté de ces pourparlers, d’une complexité technique inouïe, est qu’il faut, en fait, mener trois négociations de front. L’une entre les pays du « P5 + 1 », dont les priorités ne sont pas forcément concordantes. Une autre, encore plus difficile, entre l’administration Obama et un Congrès dominé par les républicains, particulièrement hostiles à l’Iran. Et une dernière, en Iran, entre les réformateurs, incarnés par le président Hassan Rohani, et l’aile dure du régime, qui redoute un affaiblissement de son influence en cas de règlement du conflit nucléaire qui entraînerait une ouverture vers l’Occident.La conclusion d’un accord politique à Lausanne entre l’Iran et les grandes puissances, qui permettrait de poursuivre les discussions sur les annexes techniques jusqu’à l’échéance finale du 30 juin, serait une étape fondamentale. Si même Laurent Fabius a l’air d’y croire, tous les espoirs sont permis…Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Laure Stephan (Beyrouth, correspondance) Ces derniers jours, les attaques menées par l’Etat islamique (EI) dans le centre de la Syrie, dans les provinces de Hama et de Homs, retenaient l’attention. Mais c’est désormais aux portes de Damas que les djihadistes, qui contrôlent Rakka, dans l’est du pays, auraient fait irruption, mercredi 1er avril. Selon des sources palestiniennes, l’EI s’est emparé d’une vaste partie du camp palestinien de Yarmouk. Situé à huit kilomètres au sud de Damas, il constitue un verrou vers la capitale. Jamais les djihadistes n’avaient été aussi proches du siège du pouvoir.De violents combats avec des factions palestiniennes, notamment proches du mouvement islamiste palestinien Hamas, se poursuivaient dans le camp jeudi matin. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’armée syrienne a également bombardé Yarmouk. Selon des sources de presse citées par le quotidien libanais Daily Star, l’EI a donné l’assaut après la tentative d’arrestation de plusieurs de ses miliciens, suspectés d’avoir assassiné un leader du Hamas. L’OSDH affirme que l’Etat islamique a pénétré dans Yarmouk à partir de la localité voisine de Hajar Al-Aswad.Pris au piège et affamésPorte-parole de l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, Chris Gunness alerte sur le « danger de mort (…) et de déplacement » qui pèse sur les 18 000 civils palestiniens encore présents dans le camp. Yarmouk, avant le début de la révolte contre M. Assad en 2011, abritait près de 150 000 Palestiniens. Depuis 2012, le camp a versé un lourd tribut à la guerre. Un célèbre cliché, publié en 2014, témoignait de l’insoutenable calvaire vécu par les civils : on y voyait des milliers de réfugiés serrés les uns contre les autres entre des immeubles dévastés, dans l’attente de recevoir une aide alimentaire. La photo avait été prise lors de l’une des rares distributions organisées par l’UNRWA autorisées par le régime qui impose un siège sans merci au camp de Yarmouk depuis 2013, au motif d’étouffer les rebelles présents dans le camp. Mais ce sont les civils, pris au piège et affamés, qui paient le prix fort.Dans le sud de la Syrie, une alliance de rebelles islamistes et modérés s’est emparée mercredi de Nasib, dernier poste-frontière entre la Jordanie et la Syrie resté sous le contrôle de Damas.Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.04.2015 à 10h12 Le FBI a confirmé, jeudi 2 avril, la mort aux Philippines de Zulkifli Bin Hir, également connu sous le nom de « Marwan », artificier malaisien du groupe Jemaah Islamiyah dont la tête avait été mise à prix 5 millions de dollars par Washington. « Il a été rayé de la liste des terroristes les plus recherchés par le FBI », a déclaré l'agence de sécurité américaine dans un communiqué.Zulkifli Bin Hir était considéré comme le maître d'œuvre des attentats de Bali qui avaient fait 202 morts en 2002 sur cette île très touristique d'Indonésie, et d'autres attaques meurtrières dans la région.Il était la cible principale du raid mené en janvier à Mamasapano, localité isolée de l'île de Mindanao, et qui avait tourné au bain de sang puisque 44 policiers avaient été tués par la rébellion musulmane. L'opération de police visait aussi le Philippin Abdoul Basit Ousmane mais celui-ci avait réussi à prendre la fuite.Cette confirmation est susceptible de donner du baume au cœur au gouvernement du président Benigno Aquino. Celui-ci s'est retrouvé sous le feu des critiques après l'opération sanglante menée le 25 janvier dans le sud de l'archipel, menaçant de faire dérailler le processus de paix engagé avec la rébellion séparatiste musulmane. 24.04.2015 à 11h41 • Mis à jour le24.04.2015 à 13h32 Editorial du « Monde ». On connaît les chiffres : ces dix derniers jours, pas moins de 1 200 « boat people » venus d’Afrique, du Moyen-Orient et du Maghreb se sont noyés en Méditerranée. On connaît les images : ces milliers de malheureux fuyant la guerre et la misère entassés sur des « bateaux de la mort » et dérivant au large de l’« eldorado européen ». On sait ce qui nous attend : un million de migrants potentiels, venus de Libye, de Syrie, d’Irak, d’Afrique subsaharienne et de la Corne de l’Afrique et désireux de rejoindre l’UE. On ne se fait pas d’illusions : il n’est dans le pouvoir de l’Europe ni de pacifier le monde arabe, ni de ramener la paix en Libye, ni d’aider substantiellement à la prospérité de la Somalie, de l’Erythrée ou des pays du Sahel.On en tire une conclusion, qui est aussi une certitude : pour les dix ans à venir, les pays de l’UE vont être confrontés à une gigantesque question migratoire. A l’aune d’un tel défi, les décisions annoncées jeudi 23 avril, au sommet européen réuni à Bruxelles, sont, bien sûr, décevantes. Les Ving-Huit triplent le budget de l’opération de sauvetage et de surveillance « Triton », qui passe de 2,9 à 9 millions d’euros mensuels. On revient au niveau de l’opération conduite en 2013, puis arrêtée en octobre 2014 par absence de solidarité financière à l’égard de l’Italie.Lire l'interview :Pour le maire de Catane, « l’immigration n’est pas une urgence du moment mais une question de fond »Rien qui ressemble là à un sursaut à la mesure du drame humanitaire en cours ; rien qui paraisse amorcer la vraie politique d’immigration dont l’UE a besoin. Mais faut-il incriminer l’Europe, l’UE ? Faut-il, de manière incantatoire, continuer à dénoncer les carences de l’Europe face à une tragédie qui s’annonce durable ? L’opinion se trompe en mettant en cause l’Europe. Dans cette affaire, les institutions européennes sont largement impuissantes pour une bonne raison : l’essentiel des questions migratoires ne fait pas partie du domaine communautaire.Aucun des Vingt-Huit ne veut mettre assez d’argent pour faire de l’agence Frontex le vrai bras armé de l’Europe en matière de surveillance de ses frontières : depuis son siège de Varsovie (idéal pour une affaire avant tout méditerranéenne…), Frontex fonctionne avec un millième du budget de l’UE… pour affronter une – sinon « la » – question-clé des années à venir.Les Vingt-Huit ne veulent pas décider d’une politique de droit d’asile communautaire : il n’y a pas de politique commune de visa. De même, les Vingt-Huit ne sont pas d’accord sur la question de la « solidarité », celle d’une répartition des immigrants dans l’ensemble de l’UE, en fonction des besoins et des capacités d’absorption. Enfin, il n’y a pas de politique commune en direction des pays de départ ou des pays de transit de l’immigration.Lire le décryptage : Méditerrannée : Chiffres et cartespour comprendre la tragédieTout cela reste du seul domaine des Etats, du chacun pour soi, et non pas des missions déléguées à l’UE. Pourquoi ? Pour des raisons essentiellement idéologiques : les Etats se refusent à céder leurs compétences en la matière.En plein accord, le plus souvent, avec l’opinion majoritaire des électeurs, ils se refusent à la moindre délégation de souveraineté dans ces domaines. Là où seul un début de communautarisation des moyens pourrait être efficace et à la mesure du problème – sans tout régler, bien sûr –, les Etats agissent en ordre dispersé. Ce n’est pas l’UE qui échoue lamentablement dans cette affaire. Ce sont les nations européennes, gouvernants et électeurs. 24.04.2015 à 11h27 • Mis à jour le24.04.2015 à 12h27 Depuis quelques jours déjà la banque britannique HSBC laisse planer le doute sur ses intentions concernant son siège londonien. Le géant bancaire a lancé une revue stratégique pour savoir notamment si elle maintiendra son siège au Royaume-Uni, où la régulation du secteur devient plus stricte, a annoncé vendredi 24 avril son président, Douglas Flint.« Dans le cadre d'une revue stratégique plus large, le conseil d'administration a demandé à la direction de commencer à travailler pour savoir quel est le meilleur endroit pour le siège de HSBC dans ce nouvel environnement », a-t-il déclaré lors de l'assemblée générale des actionnaires. « La question est complexe et il est trop tôt pour dire combien de temps cela prendra ou quelle sera la conclusion, mais le travail est en cours », ajoute dans son discours M. Flint.Lire aussi (édition abonnés) : HSBC, la banque de tous les excèsLa première banque britannique a son siège à Londres mais possède aussi d'importantes activités à Hongkong, d'où elle est originaire. Le géant bancaire, dont la filiale suisse a récemment été accusée d'avoir encouragé l'évasion fiscale à grande échelle, est implanté dans 73 pays à travers le monde.Scandales en sérieLe Royaume-Uni a pris des mesures pour encadrer plus strictement le secteur bancaire à la suite de la crise financière. Les banques vont notamment être contraintes de séparer strictement leurs activités de banque de détail et celles d'investissement. Confrontées à une série de poursuites judiciaires, des autorités de régulation et même de clients s'estimant lésés par des annonces mensongères, les grandes banques britanniques ont dû provisionner des milliards de livres de pertes dans leurs comptes 2014, publiés au début de mars.L'une des affaires les plus retentissantes concerne justement HSBC, accusée par une vaste enquête médiatique internationale d'avoir fait transiter quelque 180 milliards d'euros de riches clients entre novembre 2006 et mars 2007 sur des comptes en Suisse, afin de leur éviter d'avoir à payer des impôts dans leur pays respectif.Retrouvez tous nos articles sur l'affaire SwissLeaks Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) et Bastien Bonnefous (Erevan – envoyé spécial) La cérémonie du centenaire du génocide des Arméniens de 1915, à laquelle a participé François Hollande « au nom de la France », s’est déroulée vendredi 24 avril au matin à Erevan, mais les commémorations ont débuté dans le pays dès jeudi. Les cloches des églises ont retenti à 19 h 15 dans les rues de la capitale, à la mémoire des personnes tuées – 1,5 million – il y a un siècle. Une minute de silence a été observée par les habitants rassemblés devant les édifices religieux pour allumer un cierge et se recueillir. Partout, le myosotis, emblème violet et noir du centenaire du génocide, se distingue dans la ville : au revers des vestons, sur les vitrines des boutiques, aux façades des bâtiments officiels, à l’arrière des véhicules…Sur les larges avenues, des jeunes, jeudi soir, passent en voiture en klaxonnant et en agitant le drapeau arménien. Durant tout l’après-midi, les chaînes de télévision arméniennes ont retransmis le même programme : la cérémonie de béatification des victimes du génocide depuis le Saint-Siège d’Etchmiadzine, à l’ouest d’Erevan. Dans la soirée, la traditionnelle marche aux flambeaux, organisée par les Jeunesses de la Fédération révolutionnaire arménienne, s’est rendue du centre de la capitale au Mémorial du Génocide, sur la colline de Tsitsernakaberd. Ce « fort des hirondelles », où se déroule la cérémonie officielle vendredi, surplombe la ville avec à l’horizon le mont Ararat.« L’allée du deuil »Arrivé très tôt le matin, après le conseil européen extraordinaire de Bruxelles consacré aux migrants de la Méditerranée, François Hollande a amené avec lui une délégation d’une quarantaine de personnes, très politique et culturelle. Bien sûr, l’incontournable Charles Aznavour, véritable star nationale en Arménie, est là. « J’espère que ces cérémonies du centenaire vont aider le peuple turc à se réveiller et à accepter le fait historique », a expliqué à la presse le chanteur. M. Aznavour se veut confiant : « La jeunesse turque évolue, elle n’est pas responsable de ce qu’ont pu faire leurs grands-parents », confie-t-il, avant d’ajouter que « le problème n’est pas la Turquie, mais le régime d’Ankara ».Lire aussi :« Pour les Turcs, reconnaître le génocide est une trahison »D’autres artistes français d’origine arménienne sont du voyage : le musicien André Manoukian – qui lui aussi a « beaucoup plus foi en la jeunesse turque que dans son gouvernement » et se félicite que « la société civile a déjà énormément bougé » en Turquie –, le producteur de cinéma Alain Terzian, et l’auteur de livres pour enfants Sophie Audouin-Mamikonian. Les historiens Vincent Duclert et Annette Becker, et plusieurs représentants de la communauté arménienne française dont Mourad Papazian, le coprésident du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, sont également présents, ainsi que Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, et Jacques Fredj, le directeur du Mémorial de la Shoah à Paris, qui a signé vendredi un accord avec le Musée-Institut du génocide arménien d’Erevan.François Hollande a été l’un des premiers chefs d’Etat à annoncer qu’il assisterait aux cérémonies du centenaire. Il l’avait promis dès mai 2014, lors de sa visite officielle en Arménie. Vendredi matin, comme chaque chef étranger de délégation, il a remonté « l’allée du deuil » avant de prendre place à la tribune du Mémorial, aux côtés du président arménien Serge Sarkissian et du président russe Vladimir Poutine.Lire aussi : Génocide arménien : les problèmes de mémoire de François Hollande« Partage du chagrin, partage du destin »Au pied de la flèche en granit, haute de 44 mètres et symbole de la renaissance du peuple arménien, et de la stèle en basalte où brûle la flamme du souvenir, M. Hollande a pris la parole pour livrer un discours fort. « Je m’incline devant la mémoire des victimes et je viens dire à nos amis arméniens que nous n’oublierons jamais », a-t-il déclaré. Depuis Erevan, le chef de l’Etat français a voulu envoyer « un message de paix et de réconciliation ». S’adressant aux autorités turques, le chef de l’Etat s’est notamment réjoui que « des mots importants [aient] été prononcés en Turquie ». « Mais d’autres sont encore attendus pour que le partage du chagrin puisse être le partage du destin », a-t-il aussitôt ajouté.M. Hollande a rappelé que, depuis la loi du 29 janvier 2001, « la France reconnaît publiquement le génocide » et « proclame une évidence » par cet acte qui était « un devoir » pour le pays. Mais « commémorer un génocide n’est pas ouvrir un procès », a-t-il expliqué : « C’est reconnaître une tragédie qui a frappé l’humanité tout entière. » M. Hollande a profité de sa présence en Arménie pour tracer un parallèle avec la situation actuelle au Moyen-Orient où l’organisation Etat islamique entreprend selon lui une « entreprise systématique d’éradication ». « C’est toute une mosaïque de religions dans cette région qui est devenue une cible », a-t-il déclaré, ajoutant que, comme en 1915, « les terroristes veulent toujours tuer le présent mais aussi ses racines ».Lire aussi :Génocide des Arméniens : la difficulté de légiférerPoutine évite le mot « génocide »Après François Hollande, Vladimir Poutine a prononcé à son tour un discours relativement bref dans lequel le président russe n'a jamais prononcé le mot « génocide » bien que la Russie a reconnu son existence dès 1995. A la place, M. Poutine a évoqué « les événements de 1915 » et une « tragédie meurtière » qui ont, a-t-il souligné, « choqué le monde entier ». « Rien ne peut justifier les massacres de masse », a lancé le chef du Kremlin, ajoutant aussitôt une touche d'actualité : « La communauté internationale a le devoir de prévenir ces actes. Malheureusement, dans plusieurs endroits du monde, on voit apparaître des mouvements d'antisémitisme et néo-nazis. »Mais hormis cette référence explicite au conflit qui se déroule en Ukraine et qui, vu de Moscou, serait animé par des groupes néo-nazis, M. Poutine s'est avant tout attaché à mettre en avant les liens qui unissent l'Arménie à la Russie où réside une très importante communauté arménienne. Cette forte présence d'émigrés dans l'ancienne puissance soviétique avait nourri il y a quelques années déjà cette tirade restée célèbre dans les mémoires à Erevan, lorsque Vladimir Poutine avait lancé sous forme de boutade à son homologue arménien d'alors, Robert Kotcharian : « Ce n'est pas toi le président, c'est moi le président des Arméniens ! »« C’est ici que nous réclamons justice »Jean-Marc Todeschini, le secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire, est le seul membre du gouvernement à avoir accompagné François Hollande à Erevan. En revanche, de nombreux parlementaires se sont déplacés, comme Jean-Marc Germain, député socialiste des Hauts-de-Seine et vice-président du groupe d’amitié France-Arménie à l’Assemblée nationale, Jean-Paul Huchon, le président de la région Ile-de-France, Bruno Le Roux, député PS de Seine-Saint-Denis, ou Luc Carvounas, sénateur socialiste du Val-de-Marne.Patrick Devedjian, le président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine, fait également partie de la délégation. « C’est important d’être ici parce que c’est là que ça s’est passé. C’est ici que nos ancêtres, nos parents, ont été exterminés et c’est ici que nous réclamons justice », a expliqué M. Devedjian.Lire aussi :L’Arménie recluse dans sa douleurBastien Bonnefous (Erevan – envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne-Aël Durand (Catane (Italie)) et Karim El Hadj (Catane (Italie)) Enzo Bianco est le maire de Catane, deuxième ville de Sicile, où ont été inhumés jeudi 23 avril 28 migrants morts dans le naufrage de samedi. Cet élu du Parti démocrate italien (PRI), ministre de l’intérieur entre 1999 et 2001, exerce son quatrième mandat à la tête de la ville. Il demande à l’Europe de repenser en profondeur sa politique d’immigration en Méditerranée.Lire aussi :L’UE se contente d’un compromis minimal en réponse à la dramatique crise migratoireCatane et la Sicile voient chaque jour débarquer de nouveaux migrants. Comment la ville et la région gèrent-elles cette situation ?L’attitude de ma ville et des Siciliens est extraordinaire. Nous sommes une des régions les plus pauvres de l’Europe, avec un chômage dramatique. A Catane, 50 % des jeunes sont sans emploi, et plus de 60 % parmi les jeunes femmes. Malgré la crise économique qui a frappé très fortement la ville, la population a très bien supporté l’arrivée des migrants, mieux que dans des régions plus riches, comme la Lombardie ou ailleurs en Europe. Après le naufrage, des gens ont appelé la mairie pour apporter à manger ou proposer leur aide.Jusqu’à il y a trente ans, la Sicile était une terre d’émigration vers les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Australie… Il y a dans le code génétique des Siciliens un respect pour ceux qui souffrent de la pauvreté et partent pour un autre pays chercher une vie meilleure. Ailleurs en Europe, il y a une certaine partie de la population qui a peur et qui est xénophobe. En Italie aussi. Mais ici, en Sicile, ce sentiment n’est pas très fort.Quels problèmes pose cet afflux de migrants à Catane ?L’avenir de l’Europe, de l’Italie, sera déterminé par leur capacité à affronter la question de l’immigration. Quelle que soit l’attitude du gouvernement, la pression démographique sera immense sur l’Europe et il n’y a aucune chance d’empêcher ces migrations.J’étais ministre de l’intérieur lors de la crise albanaise, quand des bateaux débarquaient sur les côtes orientales de l’Italie. La situation était affreuse. Mais on peut agir. Ici, à la mairie, j’ai une conseillère qui a été élue par les migrants. J’ai aussi créé un registre de citoyenneté pour les enfants, où ils sont inscrits comme « Catanais de naissance ». Ces enfants parlent italien et même le dialecte catanais, mais ne peuvent acquérir la nationalité qu’à 18 ans. C’est une manière de favoriser l’intégration.Dans la ville, il y a environ 10 % d’immigrés légaux et illégaux, et jusqu’à 25 % dans certains quartiers. Je sais qu’il y a des problèmes : du trafic de contrefaçon, beaucoup de prostitution. Catane essaie d’affronter ces questions par la prévention et la médiation plutôt que par la répression, sauf quand c’est nécessaire.Avez-vous les moyens de faire face à l’arrivée des migrants ?Non, bien sûr. Je reviens de Rome où j’ai assisté à une réunion entre l’Etat et les villes, pour demander de l’aide du gouvernement italien mais aussi de l’Union européenne. J’ai fait quatre propositions.D’abord, avoir un centre de premier accueil, parce que aujourd’hui les migrants sont logés dans des gymnases. Parfois 300 ou 400 personnes s’y entassent avec des matelas par terre et seulement 18 toilettes. Ce centre, qui pourrait être installé dans d’anciennes casernes militaires, ne devra pas arborer le drapeau de Catane ou de l’Italie, mais celui de l’Union européenne, car c’est l’Europe qui accueille ces personnes. J’ai parlé avec des Syriens et des Erythréens. Leur eldorado, ce n’est pas l’Italie, mais la Norvège et la Scandinavie, à cause des aides financières allouées aux demandeurs d’asile.Ensuite vient la question de Frontex, la police européenne des frontières, que j’ai contribué à lancer en 2001. Aujourd’hui, la siège de cette agence européenne se trouve à Varsovie, en Pologne, pour des raisons politiques. Est-ce là le couloir d’entrée principal de l’Europe ? J’aimerais que le bureau exécutif soit ici. Je suis prêt à mettre à disposition gratuitement des locaux pour que les fonctionnaires européens voient et comprennent ce phénomène.Il faudrait aussi durcir les lois pénales sur le trafic d’êtres humains et créer un poste de procureur européen dévolu à ces questions, comme cela a été fait pour lutter contre le terrorisme.Enfin, on pourrait créer des corridors humanitaires pour les demandeurs d’asile. Avec l’aide de l’Egypte, l’Europe ouvrirait un bureau au Caire pour les Syriens. Aujourd’hui, ceux-ci passent par la Libye, y vivent trois ou quatre mois dans des conditions terribles. Les faire venir par bateau ou avion coûterait moins cher que les opérations actuelles de secours en mer. Ce système faciliterait le tri entre demandeurs d’asile et clandestins. Concernant ces derniers on pourrait signer des accords avec leur pays d’origine pour les reconduire chez eux. J’ai évoqué cette question au comité des régions à Bruxelles la semaine dernière et j’espère déposer une proposition de résolution lors de la prochaine session plénière.L’immigration n’est pas une urgence du moment mais une question de fond. Il y a deux semaines, nous avons accueilli 11 500 migrants en Sicile, mais peut-être qu’en juin il y en aura 20 000 par semaine. Aujourd’hui, en Libye, entre 500 000 et un million de personnes aspirent à venir en Europe. Avec la croissance démographique de 7 % ou 8  % en Afrique, contre un peu plus de 1 % ici, la pression migratoire est mécanique.Lire le décryptage : Méditerranée : chiffres et carte pour comprendre la tragédieAnne-Aël Durand (Catane (Italie))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteKarim El Hadj (Catane (Italie))JournalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Les services secrets allemands ont, ces dernières années, espionné, pour le compte des Etats-Unis, des entreprises européennes – dont EADS –, mais aussi des responsables politiques et des hauts fonctionnaires européens, notamment français. L’information, révélée par le Spiegel Online, jeudi 23 avril, aurait été confirmée par de très proches collaborateurs de la chancelière Angela Merkel, notamment son bras droit, Peter Altmaier, devant quelques députés, en fin de journée.Le porte-parole d’Angela Merkel a publié un communiqué indiquant que « la chancellerie a identifié des faiblesses techniques et d’organisation au sein du BND [les services de renseignement extérieur] » et qu’elle « a ordonné que cela soit corrigé sans retard ». La suite du communiqué est aussi elliptique : « Il n’y a toujours aucune preuve d’une surveillance de masse des citoyens allemands et européens », ce qui laisse entendre qu’il y a bien eu des écoutes ciblées.Selon l’hebdomadaire « Der Spiegel », les Américains ont utilisé le BND comme un sous-traitantAprès les attentats du 11-Septembre, les services de renseignement allemands ont renforcé leur coopération avec leurs homologues américains. Mais il est de plus en plus évident que cette coopération ne s’est pas limitée pas à la lutte contre le terrorisme. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, les Américains ont utilisé le BND comme un sous-traitant. Ils lui donnaient les adresses IP et les numéros de téléphone à espionner. En principe, les services allemands devaient vérifier que les demandes des Américains étaient pertinentes, et les responsables politiques étaient informés.« Trahison »Mais, au fil des années, les Américains ont fait des demandes de plus en plus nombreuses – « des centaines de milliers voire des millions », affirme le quotidien Süddeutsche Zeitung – au point de « noyer » les services secrets, qui ont de moins en moins pris la peine d’en vérifier la pertinence. Surtout, il n’est pas évident que cette pratique ait été connue de la chancellerie avant le mois dernier.Signe de la défiance qui s’est installée entre le BND et les députés chargés de contrôler son activité : lorsqu’ils ont appris l’information du Spiegel Online, les membres de la commission parlementaire qui enquête sur les écoutes de la NSA américaine ont immédiatement mis fin à l’audition du président du BND, Gerhard Schindler, qu’ils étaient justement en train d’interroger et ont demandé que la chancellerie envoie un collaborateur d’Angela Merkel.Considérant que « le BND était, des années durant, une sorte de succursale des services secrets américains », Bernd Riexinger, un dirigeant de Die Linke (gauche radicale), le principal parti d’opposition, a demandé que la justice ouvre une enquête pour « trahison » à l’encontre des services secrets. Les autres partis ont refusé, mais cette affaire risque de renforcer la défiance des Allemands envers Washington.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.04.2015 à 09h57 • Mis à jour le24.04.2015 à 15h13 La police italienne a annoncé vendredi 24 avril avoir démantelé un réseau islamiste en Sardaigne et ordonné l'arrestation de dix-huit personnes.Mauro Mura, le procureur de Cagliari, a déclaré au cours d'une conférence que ce réseau était suspecté de préparer un attentat contre le Vatican.« Nous n'avons pas de preuve, nous avons une forte suspicion », a précisé Mario Carta, des services de lutte contre le terrorisme.  Dans les écoutes téléphoniques pratiquées par les enquêteurs, on entend des suspects dire qu'ils vont lancer un « grand djihad en Italie ». D'autres conversations interceptées laissent à penser que le Vatican était peut-être ciblé par le groupe, a-t-il précisé.Selon le mandat d'arrêt lancé contre elles, les personnes arrêtées sont accusées d'appartenance à « une organisation aux activités criminelles transnationales, s'inspirant d'Al-Qaida et d'autres organisations radicales prônant la lutte armée contre l'Occident et l'insurrection contre l'actuel gouvernement du Pakistan ».Armes en abondanceParmi les personnes arrêtées se trouvent deux anciens gardes du corps d'Oussama Ben Laden, l'ancien chef d'Al-Qaida, tué en 2011 au Pakistan. L'organisation aurait eu comme chef un imam du mouvement Tabligh Eddawa (« les porteurs du message »), installé en Lombardie, dans le nord de l'Italie, qui usait de son autorité religieuse et de son prestige pour récolter des fonds.Certains des individus arrêtés seraient responsables ou auraient participé à des actes terroristes au Pakistan, dont l'attentat sur le marché Meena Bazar, à Peshawar, en octobre 2009, qui avait fait plus de cent morts. Ils sont aussi accusés d'être impliqués dans un trafic de migrants clandestins et auraient fait passer illégalement, dans certains cas, des Afghans et des Pakistanais de l'Italie vers des pays d'Europe du Nord.Ce réseau, selon les enquêteurs, disposait « d'armes en abondance » et « de nombreux affiliés prêts à perpétrer des actes terroristes au Pakistan et en Afghanistan, avant de se replier ensuite en Italie ». 24.04.2015 à 08h47 • Mis à jour le24.04.2015 à 08h55 Ils sont les plus heureux du monde, suivis de près par les Islandais, les Danois, les Norvégiens et les Canadiens. Les Suisses occupent la première place du classement 2015 sur le bonheur dans le monde publiée jeudi 23 avril à New York. La France et les Français ne figurent qu'en 29e position.Au total, 158 pays sont référencés. La Finlande, les Pays-Bas, la Suède, la Nouvelle Zélande et l'Australie se classent respectivement 6e, 7e, 8e, 9e et 10e. Les Etats-Unis arrivent au 15e rang, devant la Belgique (19e), le Royaume-Uni (21e), l'Allemagne (26e) et l'Espagne (36e). L'Italie n'apparaît qu'en 50e position et la Grèce, plus bas encore, à la 102e place.Dix pays africains en queue de classementC'est la troisième année que le bonheur est ainsi quantifié, après un premier rapport publié par les Nations unies en 2012. Pour arriver à leurs conclusions, les chercheurs se penchent sur l'espérance de vie en bonne santé, le PIB par habitant, le soutien social, la confiance (mesurée par la perception d'une absence de corruption politique ou dans les affaires), la perception de liberté dans ses choix de vie, et la générosité.Les treize pays en tête du classement sont les mêmes qu'en 2014, mais dans un ordre différent, remarque Jeffrey Sachs, directeur de l'Institut de la terre à l'université Columbia à New York, et l'un des auteurs du rapport écrit par un groupe d'experts indépendants. « Les pays en dessous de ce groupe, ne sont pas à la hauteur, soit en matière de revenus, soit en matière de soutien social, soit les deux », a-t-il ajouté.L'Afghanistan (153e), et la Syrie déchirée par la guerre (156e) rejoignent les dix pays les moins heureux en fin de classement : Togo (158e), Burundi (157e), Bénin (155e), Rwanda (154e), Burkina Faso (152e), Côte d'Ivoire (151e), Guinée (150e) et Tchad (149e). En dépit du conflit en Irak, le pays est 112e, devant l'Afrique du Sud, l'Inde, le Kenya et la Bulgarie.Importance du lien socialLes auteurs du rapport soulignent l'importance de l'équité, de l'honnêteté, de la confiance et de la bonne santé dans leurs « calculs ». L'Irlande et l'Islande figurent ainsi parmi les pays ayant su rester heureux grâce à un fort soutien social, en dépit de la crise financière qui les a durement frappées. Dans la région de Fukushima au Japon, le tremblement de terre de 2011 a également « conduit à une augmentation de la confiance et du bonheur », en raison du renforcement des liens, note l'étude.Le rapport, publié par le SDSN (Sustainable Development Solutions Network – « Réseau pour des solutions de développement durable »), a aussi été rédigé par John Helliwell de l'université canadienne UBC (University of British Columbia), et Richard Layard, de la London School of Economics. 10.04.2015 à 17h24 • Mis à jour le10.04.2015 à 18h15 La police de Gaza a saisi, jeudi 9 avril, un graffiti de l'artiste Banksy acheté par un Palestinien pour moins de 160 euros (700 shekels israéliens) à une famille gazaouie, qui s'estime aujourd'hui dupée.Au début d'avril, Bilal Khaled, avait acheté à Rabie Dardouna l'œuvre de Banksy peinte sur la porte en fer de sa maison, une représentation de Niobé, personnage de la mythologie grecque, dévastée par le chagrin. Soupçonné d'avoir dissimulé la vraie valeur de l'œuvre, l'acquéreur avait expliqué, selon le vendeur, qu'il souhaitait « l'exposer dans un musée ». Rabie Dardouna, découvrant quelque temps plus tard que certains collectionneurs avaient parfois payé jusqu'à un million de dollars aux enchères pour des graffiti de Banksy, avait jugé avoir été « dupé ».Placé à la bibliothèque municipale« La police a saisi jeudi l'œuvre sur ordre de la justice », a expliqué Bilal Khaled. Elle « sera gardée à la bibliothèque municipale de Khan Younès jusqu'à que ce que cette affaire soit réglée », a-t-il ajouté. Rabie Dardouna a « déposé plainte contre Bilal Khaled pour fraude et pour réclamer à la justice de récupérer le graffiti ». En février, sept mois après le conflit israélo-palestinien qui avait fait plus de deux mille morts, l'artiste britannique Banksy s'était rendu dans l'enclave palestinienne, muni de ses bombes de peinture pour dessiner trois œuvres sur des bâtiments ravagés.Des graffitis représentant un chaton blanc au nœud rose, Niobé éplorée et un manège à balançoires avaient alors égayé le paysage désolé. Les œuvres de Banksy étaient théoriquement destinées à mettre en lumière la destruction de la ville et n'avaient nullement un but lucratif.Lire aussi : A Gaza, une œuvre de l'artiste Banksy vendue pour… 160 euros Clément Melki L’Etat islamique (EI) contrôle depuis lundi 6 avril la majeure partie du camp palestinien de Yarmouk, à Damas. Le quartier, en développement jusqu’à l’éclatement du conflit syrien, subit depuis 2011 les conséquences humaines et matérielles de la guerre. Sa possession reste stratégique, tant pour le régime de Bachar Al-Assad que pour l’EI.Un quartier à part entièreLes premiers Palestiniens se sont installés à Yarmouk à partir de 1957, après la première guerre israélo-arabe de 1948-1949. Situé dans le sud de Damas, à 7 kilomètres de l’hypercentre, ce camp est rapidement devenu l’un des plus importants points d’accueils de la communauté palestinienne au Moyen-Orient et le plus grand du pays, avec 150 000 réfugiés (soit environ 37 % des Palestiniens de Syrie) répartis sur une zone de 2 km². Au fil des années, Yarmouk s’est peu à peu fondu dans le tissu urbain de la capitale syrienne, jusqu’à devenir un quartier à part entière de la ville, où résident également des Syriens et des Irakiens.Le camp a été établi par le régime syrien, mais il est administré par l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) qui propose de nombreux services comme l’accès à l’éducation ou à la santé. Les Palestiniens y ont le statut de réfugiés, qui leur ouvre de nombreux droits et devoirs (accès aux professions, service militaire…), mais ne disposent pas de la nationalité de leur pays hôte, conformément au décret de la Ligue arabe voté en 1959 « pour préserver l’entité et l’identité palestiniennes ». Toutefois, les mariages mixtes y sont fréquents.Economie dynamique avant la guerreLa population de Yarmouk est essentiellement de classe moyenne et populaire. Dans la seconde partie du XXe siècle, le camp a vu ses conditions de vie se moderniser au fil des années, devenant bien meilleures que celles des autres camps palestiniens de la région. Sur place, les habitants ont développé leur propre système de transport et de commerce, renforçant l’attractivité du quartier. De nombreux bâtiments publics, tels que des écoles ou des mosquées, y ont été construits.Ravagé par le conflit syrienDepuis l’éclatement de la guerre en Syrie, en 2011, Yarmouk est devenu un terrain d’affrontements entre les forces fidèles au régime syrien et les multiples groupes rebelles, auxquels se rallient des factions palestiniennes, dont des partisans du Hamas. En décembre 2012, l’aviation syrienne bombarde le camp, provoquant la fuite d’une grande partie de la population. Depuis, le régime a imposé un siège aux habitants pour reprendre le contrôle du camp.Selon Amnesty International, des dizaines de civils sont morts de faim, en raison de l’interdiction de circulation des personnes et des biens. Entre-temps, plus de 90 % des occupants ont fui les combats, un exil régulièrement comparé à une deuxième « Nakba » (« catastrophe », en arabe, en référence à l’exil de Palestine après la création d’Israël). Une position stratégique pour le régimeL’offensive de l’EI débute mercredi 1er avril par l’intermédiaire d’un groupe rebelle local situé dans le quartier Hajar Al-Aswad, au sud du camp. Selon les activistes palestiniens, l’EI aurait bénéficié d’un appui ponctuel de son rival, le front Al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaida), pour pénétrer dans le camp et prendre pied à Damas. Un enjeu capital dans sa stratégie d’expansion régionale. « La ville représente le cœur du régime syrien, les forces qui parviendront à la prendre auront une grande légitimité pour la suite », explique Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université de Lyon-II et spécialiste de la géographie politique de la Syrie.Cette position symbolique explique la réaction rapide du régime, qui a commencé à bombarder les positions de l’EI et affirme qu’une opération militaire est désormais « inévitable ». L’OLP a refusé de prendre part aux combats, contrairement à d’autres organisations palestiniennes qui ont accepté de s’allier à l’armée syrienne pour repousser les combattants djihadistes. Ces derniers apparaissent relativement isolés sur le terrain, comme le souligne M. Balanche : « Il ne s’agit pas de la grosse machine de guerre de l’Etat islamique comparable à celle de la vallée de l’Euphrate. Il n’y a pas de véritable soutien logistique derrière. »Catastrophe humanitaireEn attendant, l’ONU réclame un accès pour pouvoir évacuer les 16 000 personnes toujours bloquées à l’intérieur du camp, où la situation humanitaire ne cesse d’empirer. « L’aide extérieure n’y est plus acheminée depuis longtemps et les besoins humanitaires augmentent de jour en jour », s’alarme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a lui-même réagi : « Ce qui se passe à Yarmouk est inacceptable, a-t-il martelé. Les habitants de Yarmouk, dont 3 500 enfants, sont transformés en boucliers humains. »Lire aussi le reportage :En Syrie, les réfugiés du camp de Yarmouk isolés par les combatsClément MelkiJournaliste au Monde Gaëlle Picut Selon une note de la Commission européenne publiée début avril, les pays les plus riches auront du mal à retrouver le rythme de croissance économique qu’ils ont connu avant la crise financière de 2008, du fait du vieillissement démographique et donc de la baisse de la population en âge de travailler.Les auteurs rappellent que le début du XXIe siècle s’est caractérisé par un ralentissement mondial de la population en âge de travailler (celle qui a entre 15 et 64 ans). Selon les prévisions de l’ONU, elle devrait augmenter de 20 % entre 2010 et 2030, alors qu’elle a augmenté de 40 % entre 1990 et 2010.L’analyse par région du monde révèle de grandes disparités. La plupart des régions les plus développées sont déjà entrées dans une longue phase de vieillissement démographique, tandis que d’autres pays, y compris les régions les plus pauvres, continueront de voir leur population en âge de travailler augmenter pendant de nombreuses décennies.Hausse de 77% en Afrique subsaharienneAinsi, entre 2010 et 2030, la population en âge de travailler devrait augmenter de 77 % en Afrique subsaharienne, contre 11 % en Amérique du Nord. Celle de l’Amérique du Sud, de l’Amérique latine et de l’Asie devrait augmenter de l’ordre de 20 %.Dans ces régions, le déclin devrait commencer seulement après 2040. L’Europe, de son côté, devra faire face à une baisse de 9 % de sa population en âge de travailler (le maximum ayant été atteint en 2009, avec 333 millions de personnes âgées entre 15 et 64 ans).Ce déclin démographique devrait durer au moins cinq décennies, selon Eurostat. Les Etats-Unis sont à part du fait d’un taux de fécondité relativement élevé et de flux migratoires positifs soutenus. A partir de ces données démographiques, il est possible d’évaluer combien de temps chaque région pourra soutenir le niveau de croissance de l’emploi observé pendant la période précédant la crise économique (2000-2008), qui a été en moyenne de 1,1 %.Dans les pays les plus développés, ce niveau de croissance de l’emploi ne sera possible qu’environ dix ans. Cette durée variera notamment en fonction de la participation ou non au marché du travail de personnes qui pour le moment restent faiblement représentées (principalement les femmes, les migrants, les jeunes et les travailleurs découragés).Ainsi la décroissance de la main-d’œuvre européenne impacte l’emploi futur.Elle impose de nouvelles contraintes pour espérer atteindre un certain niveau de croissance économique (entre 2000 et 2008, la croissance du produit intérieur brut a été en moyenne de 2,1 % dans l’Union européenne).L’analyse conclut que la croissance de la productivité au sein de l’Union européenne et de plusieurs autres régions industrialisées deviendra progressivement la seule façon de soutenir la croissance économique. Cela nécessite de l’innovation continue, une meilleure organisation, un investissement accru dans l’éducation et les compétences pour avoir une main-d’œuvre très qualifiée et enfin la capacité à attirer des investissements physiques et en ressources humaines.À l’inverse, les économies émergentes pourraient obtenir des gains de productivité significatifs en réorientant des personnes qui occupent des activités faiblement productives (principalement dans le secteur agricole) vers des emplois à forte productivité dans les secteurs industriels ou de services.Gaëlle PicutJournaliste au Monde 10.04.2015 à 16h26 Changer la pratique « moyenâgeuse » d'Oslo, voilà la résolution affichée par le ministre de la santé norvégien, Bent Høie. Dans un discours prononcé vendredi 10 avril, le responsable a annoncé le dépôt prochain d'un projet de loi destiné à faciliter le changement d'état-civil des transgenres.C'est surtout l'obligation de stérilisation qui cristallise la colère des associations de défense des droits de l'homme. Un rapport, remis vendredi au ministre, préconise en effet de lever les conditions actuellement imposées à ces personnes, notamment la stérilisation. Celle-ci « est, de notre point de vue, une violation des droits de l'homme et nous recommandons que le droit à un changement d'état-civil ne soit plus conditionné à l'exigence d'une forme spéciale d'assistance médicale », a déclaré Kari Paulrud, l'avocate qui a présidé le groupe d'experts à l'origine de ce document.Selon une mesure qui date des années 1970, un transgenre qui souhaite changer de sexe au regard de l'administration norvégienne doit aujourd'hui prouver qu'il a subi un traitement hormonal, des analyses psychiatriques et une stérilisation chirurgicale irréversible, un processus qui prend généralement une dizaine d'années.« Une société tolérante et accueillante »Le dispositif actuel est « fondé sur une conception très dangereuse, selon laquelle [ces] personnes ne devraient pas avoir d'enfants », a réagi Patricia Kaatee, une responsable d'Amnesty International en Norvège. Sans détailler le contenu du projet de loi en gestation, Bent Høie a confirmé que l'objectif du gouvernement est de parvenir à créer une « société tolérante et accueillante ».« Nous recommandons qu'une déclaration de la personne concernée auprès du registre de l'état-civil soit suffisante pour ce changement », a en fait savoir Kari Paulrud, à l'origine du rapport. Le groupe d'experts préconise par ailleurs que la démarche soit immédiate et non pas conditionnée à une période de réflexion, comme l'impose par exemple le Danemark, un pays pionnier en la matière. 10.04.2015 à 13h44 • Mis à jour le10.04.2015 à 14h26 Le Pakistan a libéré sous caution le cerveau présumé des attentats de Bombay, qui avaient fait cent soixante-six morts en 2008, a-t-on appris, vendredi 10 avril, de sources pénitentiaire et politique. Zakiur Rehman Lakhvi, âgé d'environ 55 ans, se trouve désormais dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité.Son élargissement est une « insulte » aux victimes, a vivement réagi un porte-parole du ministère de l'intérieur indien. Selon le gouvernement de New Delhi, les attentats ont été commis par le groupe islamiste Lashkar-e-Taiba, basé au Pakistan.Dix hommes armés arrivés par bateau avaient fait régner la terreur pendant trois jours, du 26 au 29 novembre 2008, ouvrant le feu et lançant des grenades dans des lieux très fréquentés de Bombay, dont la gare de Chhatrappi Shivati Shivaji, le Café Leopold et les fameux hôtels Taj Mahal et Oberoi. Ces attaques avaient précédé une prise d'otages de plusieurs centaines de personnes dans les deux hôtels. Pour les enquêteurs indiens, Zakiur Rehman Lakhvi était alors le chef militaire du Lashkar-e-Taiba.Libéré de la prison d'adialaIl faisait partie de sept suspects de ces attaques, inculpés et incarcérés à la prison d'Adiala, proche de la capitale, Islamabad. Cette libération a été confirmée par un haut responsable de la Jamaat-ud-Dawa (JUD), une influente organisation islamiste pakistanaise, soupçonnée par l'Inde d'être liée aux attentats de Bombay, et qui défend Lakhvi.Sa libération sous caution avait été ordonnée à plusieurs reprises ces derniers mois par la justice pakistanaise, au centre d'une saga politico-judiciaire qui pèse sur les relations entre le Pakistan et l'Inde.La diplomatie indienne a toujours condamné ces décisions, même si celles-ci ne s'étaient jusqu'ici jamais concrétisées. Le premier ministre indien, Narendra Modi, actuellement en visite en France, s'était élevé contre la perspective de sa remise en liberté. 10.04.2015 à 11h08 • Mis à jour le10.04.2015 à 13h59 Revenant sur les déclarations d'un de ses responsables jeudi 9 avril, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a annoncé, vendredi, qu'elle n'engagerait pas ses forces dans les combats en cours à Yarmouk. Le camp de réfugiés abritant environ 18 000 Palestiniens et situé aux portes de Damas, est la cible des djihadistes de l'Etat islamique (EI) depuis le 1er avril.« Nous refusons de pousser notre peuple et ses camps dans l'enfer du conflit qui se déroule en Syrie amie » et « d'être entraînés dans des actions militaires, quelles que soient leur nature ou leur couverture », explique l'OLP dans un communiqué publié tard jeudi depuis son siège, à Ramallah, en Cisjordanie.Un camp devenu champ de batailleJeudi, Ahmed Majdalani, le chef de la délégation de l'organisation envoyée à Damas, avait déclaré que les Palestiniens allaient mener une « opération militaire » en coordination avec l'armée syrienne « pour nettoyer Yarmouk des terroristes ». Cette annonce avait provoqué l'inquiétude du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon, qui avait rétorqué redouter « un nouveau crime de guerre ».Depuis 2012, le camp de Yarmouk, qui est en réalité un grand quartier du sud de Damas, est un champ de bataille entre forces du régime d'Al-Assad et rebelles syriens, appuyés chacun par des groupes palestiniens. La direction palestinienne, depuis la Cisjordanie occupée, répète régulièrement ses appels à « ne pas s'ingérer dans les affaires syriennes ». 10.04.2015 à 10h20 • Mis à jour le10.04.2015 à 16h46 | Paulo A. Paranagua (Panama, envoyé spécial) Grâce à l’accord-cadre avec l’Iran et au rapprochement avec Cuba, Barack Obama arrive en position de force au septième Sommet des Amériques, vendredi 10 et samedi 11 avril au Panama, une de ces grands-messes diplomatiques dont raffolent les dirigeants de la planète. Le président des Etats-Unis a repris la main sur la politique étrangère, même si le Congrès s’évertue à lui mettre des bâtons dans les roues. En revanche, les présidents d’Amérique latine, qu’ils soient en situation de quémandeurs ou de contempteurs, arrivent en ordre dispersé, malgré l’unanimité de façade dont ils se targuent dans des instances régionales – des sommets de moindre envergure – qui peinent à laisser des traces.Une poignée de mains Obama-CastroLe clou du spectacle médiatique, au Panama, sera réservé à la première rencontre officielle entre Barack Obama et son homologue cubain, Raul Castro. Il ne s’agira plus, comme aux funérailles de Nelson Mandela, en décembre 2013, d’une poignée de main furtive. Pour la première fois, les chefs d’Etat des deux voisins brouillés depuis un demi-siècle auront pris le temps de se parler et d’évoquer les négociations en vue du rétablissement de leurs relations diplomatiques. La guerre froide tropicale est révolue. Les Etats-Unis devront retirer Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme, un anachronisme à l’heure où La Havane accueille les négociations de paix avec la guérilla colombienne.Tous les Latino-Américains présents au sommet de Panama vont célébrer ces retrouvailles comme s’ils étaient de la fête. Certes, l’Amérique latine réclame à l’unisson, depuis des années, la réintégration de Cuba aux instances régionales, comme l’Organisation des Etats américains (OEA), prête à accueillir à nouveau les représentants de La Havane, qui maintenant se font prier. Mais le seul Sud-Américain qui peut légitimement prétendre avoir favorisé le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba est François, le pape argentin.Si le Vatican reste un médiateur apprécié, la diplomatie latino-américaine, elle, est en pleine déliquescence. Dans cette Amérique du Sud qui proclame son union à tout vent, la Bolivie et le Chili n’entretiennent pas de relations diplomatiques à cause d’un litige frontalier qui remonte aux guerres du XIXe siècle.Lire aussi :Entre les Etats-Unis et Cuba, les secrets d’un dégelApaisement entre Washington et Caracas ?Caracas avait promis de jouer les trouble-fête au sommet de Panama, outré par les sanctions américaines qui frappent sept dignitaires vénézuéliens. Accusés de violations des droits de l’homme, ces derniers sont privés de visa et leurs avoirs aux Etats-Unis ont été gelés. L’argent de la corruption placé dans des paradis fiscaux comme Andorre et le Panama, ou aux Etats-Unis et en Espagne, est le talon d’Achille du régime vénézuélien. Voulant échapper à la mainmise du Congrès sur la politique étrangère, la Maison Blanche a pris l’initiative de ces sept sanctions individuelles, qui ont aussitôt permis au président Nicolas Maduro de dénoncer une agression impérialiste. Si les Sud-Américains ont rejeté toute ingérence des Etats-Unis dans la crise vénézuélienne, ils n’en ont pas moins souligné que la solution passait par les élections législatives prévues avant la fin de l’année. Reste à savoir si Caracas acceptera des observateurs de l’OEA, les mieux préparés pour ce genre de mission.Ricardo Zuniga, le conseiller Amérique latine de la Maison Blanche, a tenté de calmer le jeu à la veille du sommet, en rappelant que le Venezuela est un des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. « Le Venezuela, Cuba et les Etats-Unis ont d’importantes différences, mais aussi des intérêts communs, extensibles au reste du continent, estime de son côté l’analyste cubain-américain Arturo Lopez-Levy, de l’université de Denver. Le principal est d’éviter l’instabilité politique, d’empêcher que la crise ne déborde et ne complique ainsi la situation régionale et internationale. » Lire aussi :La surenchère de Caracas face à WashingtonLe Brésil affaibliLe principal outil diplomatique d’Amérique latine, celui du Brésil, a été réduit à néant par la présidente Dilma Rousseff. Outre son manque d’intérêt et son mépris à l’égard de la politique étrangère, son orientation erratique a amené Brasilia à ménager ou à s’aligner sur Moscou au sujet de l’Ukraine et de la Syrie, et à se laver les mains des problèmes régionaux, que ce soient les disputes entre ses voisins argentins et uruguayens ou les entorses à l’Etat de droit au Venezuela. Le Brésil ne respecte plus ses obligations financières auprès des organisations internationales et ne paie plus les factures de ses ambassades. Ses diplomates sont dégoûtés, si ce n’est révoltés.Le géant d’Amérique du Sud est en position de faiblesse au Panama à cause aussi d’une économie en berne et d’une politique à bout de souffle. Lors de son tête-à-tête avec Barack Obama, Dilma Rousseff tentera de recoller les morceaux et de fixer, enfin, la date du voyage d’Etat prévu depuis longtemps à Washington. Un petit succès, ne serait-ce que d’annonce, permettrait de redorer son image, qui semble avoir touché le fond.Lire aussi :Le Brésil face au « chaos politique »Le Mexique en avant, l’Argentine en retraitLe Mexique fait des efforts discrets pour relancer sa diplomatie, à travers la participation, pour la première fois, à des forces des Nations unies en Haïti ou au Sahara, malgré une tradition de non-intervention un peu étriquée. L’adhésion à l’Organisation internationale de la francophonie devrait permettre aux Mexicains d’élargir leurs relations diplomatiques. Toutefois, l’élan réformateur du président Enrique Peña Nieto est compromis par la persistante crise de sécurité, malgré les succès remportés contre le trafic de drogue.En Argentine, les velléités diplomatiques ont sombré dans les décombres du Mercosur (l’union douanière sud-américaine), l’obsession des îles Malouines, les complaisances envers Téhéran et Moscou. La succession non résolue de la présidente Cristina Kirchner accroît l’incertitude. La Colombie est tout entière accaparée par le règlement de son conflit armé intérieur.D’autres acteurs, comme le Chili, l’Uruguay ou le Pérou, qui pourraient jouer un rôle, se sont trop résignés à un rang modeste. Ensuite il y a ceux, comme le Venezuela et ses alliés, pour qui le simple mot de diplomatie semble inapproprié, tant la politique étrangère est pour eux un exutoire occasionnel, quand cela ne se limite à la désignation d’un bouc émissaire : les Etats-Unis, la plupart du temps.Or l’antiaméricanisme, véritable réflexe pavlovien, ne correspond guère aux sentiments des populations, qui demandent davantage de rapprochement avec les Américains. L’attente des Cubains, après l’annonce conjointe de Barack Obama et Raul Castro, le 17 décembre 2014, en est bien la preuve, puisqu’elle contredit des décennies de propagande négative.Croissance régionale à la baisseLa veille du sommet, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal), une référence, a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2015. La moyenne de 1 % dissimule des fortes inégalités, entre les insolents 6 % au Panama et la récession au Brésil (– 0,9 %), qui rejoint les lanternes rouges, le Venezuela (– 3,5 %) et l’Argentine (0 %), plombant ainsi les pronostics régionaux.Du nord au sud des Amériques, des forces centrifuges empêchent toute intégration régionale et freinent y compris l’intégration physique entre les pays. L’Alliance du Pacifique (Chili, Colombie, Pérou et Mexique, qui s’en tirent plutôt bien) regroupe des nations qui ne se résignent pas au déclin du Mercosur après avoir assisté à la mort de la Communauté andine, tandis que l’Amérique centrale et les Caraïbes poursuivent leur propre chemin. Il n’est pas sûr que la photo de famille du Sommet des Amériques suffise à annoncer une nouvelle ère.Paulo A. Paranagua (Panama, envoyé spécial)Journaliste au Monde Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le gouvernement grec est à la recherche de toutes les liquidités possibles pour pouvoir payer les salaires et les retraites d’avril et de mai et faire face, dans le même temps, aux lourdes échéances de remboursement envers le Fonds Monétaire international (FMI).Lundi 20 avril le Journal Officiel a publié un acte législatif permettant le transfert à la Banque de Grèce (BDG) de la trésorerie disponible dans les organismes publics, à l’exception notable des caisses de sécurité sociales. De quoi faire rentrer dans les caisses de l’Etat près de 2 milliards d’euros.Cette annonce a créé un sentiment de panique chez les maires et les présidents de région qui ont décidé de se réunir en urgence, mardi 21 avril, à Athènes. Le président de l’Association des maires de Grèce (KEDE) Georges Patoulis a demandé au gouvernement de revenir sur sa décision de transférer à la BDG l’argent qui irrigue notamment des municipalités.Annonçant des mobilisations sociales, M. Patoulis souligne que cette mesure « renverse la planification des municipalités, compromet le bon fonctionnement de leurs services et entame leur capacité à acquitter les salaires du personnel des prochains mois. »Le conseil municipal d’Athènes a lui aussi condamné, dès lundi, cette initiative du gouvernement et émet « des réserves profondes contre toute action du même ordre pouvant porter atteinte à l’argent des citoyens d’Athènes. »Le maire Georges Kaminise estime que cet acte législatif « est manifestement inconstitutionnel, et viole brutalement l’autonomie des collectivités locales. » « Mouvement de panique financière »L’Association des régions de Grèce (ENPE) devait aussi se réunir mardi. Son président, Kostas Ayorastos a déclaré qu’il s’agissait d’« un mouvement de panique financière pouvant provoquer les conditions de cessation de paiement et risquant d’entraîner l’arrêt de travaux (routes, hôpitaux, écoles), l’investissement... »Le président de la région de Grèce-Centrale, Kostas Bakoyiannis a décidé d’en appeler directement au Conseil d’Etat pour faire annuler la décision. « J’ai demandé aussi la suspension temporaire de l’ordre d’exécution », précise M. Bakoyiannis.Nombre de mairies et de régions sont dirigées par les partis d’opposition et cette levée de bouclier n’est donc pas une surprise en soi. « Nous nous attendions à ce que l’opposition utilise les maires, qui leur sont acquis, pour nous contrer sur ce dossier », affirme-t-on chez Syriza, le parti de la gauche radicale dont est issu le gouvernement.Les partis d’opposition en tout cas dénoncent d’une seule voix « l’arbitraire » d’une décision qui « met la main sur l’argent des contribuables » pour régler la situation « d’impasse à laquelle ont mené les tactiques de négociations » du gouvernement d’Alexis Tsipras avec ses créanciers internationaux (FMI, Commission et banque centrale européennes).Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Jacquin Les entreprises mondiales ont pris l’habitude de gérer les variations parfois brutales des taux de change entre les monnaies. C’est la contrepartie de l’internationalisation. Mais il arrive que cela produise un spectaculaire effet d’embellissement sur les comptes.L’Oréal va ainsi bénéficier cette année d’un baume revitalisant au billet vert. Ses « effets visibles », comme disent les publicités, sont plus immédiats que n’importe lequel des antirides du numéro un mondial des cosmétiques.Au premier trimestre 2015, le chiffre d’affaires du groupe a atteint 6,44 milliards d’euros, affichant une très forte croissance de 14,1 %. Selon les données publiées lundi 20 avril, l’essentiel de cette progression vient des variations des devises, et en particulier de la hausse du dollar par rapport à l’euro. A taux de change constants, l’activité de L’Oréal est en hausse de 5,2 % par rapport aux trois premiers mois de 2014, et de 4 % hors effets de périmètre (ce n’est déjà pas si mal).Lire aussi :L’euro au plus bas depuis 2003 face au dollarDes effets toute l’annéeLe groupe dirigé par Jean-Paul Agon devrait pouvoir afficher ce visage radieux toute l’année. Le propriétaire des shampoings Garnier, des parfums Yves Saint Laurent ou des produits dermatologiques La Roche-Posay a calculé que, sur la base du taux de change du 31 mars (1 euro pour 1,076 dollar), « l’impact des effets monétaires s’établirait à + 9,3 % sur l’ensemble de l’année ». On n’est pas dans le maquillage bon marché qui rosit les joues le temps d’une soirée.Tous les groupes français qui vendent à l’étranger, en particulier dans les zones dollar ou yuan, bénéficient de la baisse de l’euro. Dans les domaines aussi variés que les verres de lunettes ou le marketing et la communication, Essilor et Publicis font état d’un effet dopant des devises de respectivement 12,8 % et 13,5 % sur leurs activités au premier trimestre, selon les chiffres publiés mardi avant Bourse. Les poids lourds du CAC 40 vont pouvoir afficher des rythmes de développement de leurs ventes dignes de start-up.Trois en un !Mais la cosmétique ne peut pas tout ! Heureusement pour M. Agon, d’autres facteurs revigorants sont à l’œuvre. Notamment la reprise du marché américain des produits grand public, où il vend ses mascaras Maybelline et autres crèmes de jour L’Oréal-Paris.Alors que ses divisions « luxe » et « cosmétique active » connaissent de belles croissances sur tous les marchés, sa division historique était à la peine en Europe et aux Etats-Unis.La situation devrait donc doublement s’améliorer, le dollar démultipliant la croissance organique. Triplement même, puisque le PDG ne compte pas modifier sa stratégie de prix. Autrement dit, L’Oréal va profiter de la hausse du billet vert non pas pour baisser ses prix aux Etats-Unis mais pour y augmenter ses marges. Ce baume est décidément très efficace. C’est trois en un !Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.04.2015 à 05h31 • Mis à jour le21.04.2015 à 07h34 La deuxième phase du procès de Djokhar Tsarnaev, reconnu coupable des attentats du marathon, s'ouvre mardi 21 avril dans la ville américaine de Boston, avec la peine de mort en ligne de mire pour l'ancien étudiant de 21 ans.Ces derniers jours, plusieurs de ses victimes ont fait savoir qu'elles n'y étaient pas favorables, préférant la réclusion à perpétuité pour diverses raisons. Sauf coup de théâtre, cette deuxième partie de procès, qui s'ouvre au lendemain de l'édition 2015 du marathon de Boston qui a rassemblé sans incident quelque 30 000 coureurs, devrait prendre de trois à quatre semaines.Lire : Au procès des attentats de Boston, la litanie de l’horreurCoupable de 30 chefs d'accusationPour obtenir la peine capitale contre le jeune musulman d'origine tchétchène, l'accusation va devoir convaincre les 12 jurés de l'existence de « facteurs aggravants », tels le choix du lieu, le manque de remords de Tsarnaev, la vulnérabilité de certaines victimes, ou encore la cruauté de ces attentats qui avaient fait trois morts et 264 blessés le 15 avril 2013.La défense, à l'inverse, va plaider les circonstances atténuantes et devrait revenir sur son enfance déracinée, son jeune âge, son absence d'antécédents judiciaires, et surtout l'emprise de son frère aîné Tamerlan, auto-radicalisé, qui selon elle était le cerveau des attentats. Sans Tamerlan, depuis décédé, il n'y aurait pas eu d'attentats, avait-elle déclaré durant la première phase du procès, tout en reconnaissant l'implication de Djokhar Tsarnaev.Les mêmes jurés qui vont devoir décider de sa sentence ont le 8 avril reconnu l'ex-étudiant coupable des 30 chefs d'accusation retenus contre lui, dont 17 passibles de la peine capitale, pour ces attentats, les plus graves depuis le 11 septembre aux Etats-Unis. Ce double attentat avait provoqué le 15 avril 2013 la mort de trois personnes et en avait blessé 264 autres, puis, lors de la cavale de ses deux auteurs, un policier avait également perdu la vie.Des victimes contre la peine de mortLes parents de Martin Richard, 8 ans, la plus jeune des victimes dont la mort a été très largement évoquée par les procureurs, ont indiqué dans une lettre ouverte vendredi dernier qu'ils étaient contre la peine capitale pour Tsarnaev. Ils ont expliqué qu'ils redoutaient des années d'appel, qui prolongeraient d'autant leur douleur et celle de leurs enfants qui ont survécu. Ils se sont dits favorables à un accord par lequel Djokhar Tsarnaev serait condamné à perpétuité, sans libération possible, s'il renonce à tous ses droits en appel.Dimanche, deux autres victimes amputées ont aussi expliqué qu'elles refusaient la peine de mort. « S'il y a quelqu'un qui mérite la punition ultime, c'est l'accusé. Mais nous devons dépasser l'instinct de vengeance » ont écrit Jessica Kensky et Patrick Downes, jeunes mariés en 2013. Jessica Kensky a du être amputée des deux jambes, son mari en a perdu une.Dans un communiqué, le couple s'est également dit favorable à la réclusion à perpétuité, « qui assure qu'il disparaît de notre conscience collective dès que possible ». La procureure fédérale de Boston, Carmen Ortiz, s'est déclarée « profondément » soucieuse du point de vue des victimes. Mais la décision de retirer la peine de mort de la table reviendrait au ministre de la justice Eric Holder. 21.04.2015 à 01h30 • Mis à jour le21.04.2015 à 12h33 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2nefwi"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2nefwi", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La « pire hécatombe jamais vue en Méditerranée » semble se confirmer. Le naufrage de dimanche au large des côtes libyennes a fait 800 morts, ont annoncé mardi 21 avril à Catane, en Sicile, des représentants du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et de l'Organisation internationale pour les migrations (IOM) après avoir parlé aux survivants. « On peut dire que 800 personnes sont mortes », a déclaré Carlotta Sami, porte-parole du HCR en Italie, avant que le porte-parole de l'OIM, Flavio Di Giacomo, ne vienne confirmer cette estimation.Selon le parquet de Catane, les fausses manœuvres du capitaine et la surcharge du chalutier ont provoqué la naufrage. Le parquet a expliqué que le chalutier avait chaviré après une collision avec le cargo portugais venu le secourir, mais que ce dernier n'était pas responsable du naufrage.Lire notre décryptage : En 2015, un migrant meurt toutes les deux heures en moyenne en Méditerranée Le chalutier a chaviré sous l'effet d'un mouvement de fouleDes représentants du HCR et de l'OIM ont pu interroger la plupart des 27 survivants arrivés dans le port de Catane vers minuit. Ces migrants ont débarqué environ deux heures plus tard du bateau.« Nous avons confronté les témoignages, il y avait un peu plus de 800 personnes à bord, dont des enfants de 10, 12 ans. Il y avait des Syriens, environ 150 Erythréens, des Somaliens... Ils étaient partis samedi à 8 heures de Tripoli », en Libye, a expliqué Mme Sami.« Les survivants viennent du Mali, de Gambie, du Sénégal, de Somalie, d'Erythrée et du Bangladesh », a ajouté M. Di Giacomo, précisant qu'il y avait parmi eux quatre mineurs. Tous ont été conduits dans des centres d'accueil de la région.Selon le récit des survivants, le chalutier qui les transportait a chaviré sous l'effet d'un mouvement de foule alors qu'approchait un cargo portugais appelé à son secours.24 corps repêchésLes garde-côtes italiens ont annoncé avoir repêché 24 corps, débarqués lundi matin à Malte, et n'ont pas confirmé le bilan évoqué par les survivants.La police italienne a annoncé dans la nuit que deux des survivants, un Tunisien et un Syrien soupçonnés d'avoir été le capitaine et un membre d'équipage du chalutier, avaient été arrêtés à bord du bateau des garde-côtes.L'Union européenne a décidé de tenir jeudi un sommet extraordinaire pour répondre en urgence au drame des migrants en Méditerranée, après une série noire de naufrages qui ont fait plus de 1 600 morts ou disparus depuis le début de l'année selon le HCR.Lire : Face aux naufrages en Méditerranée, les Vingt-Huit convoquent un sommet extraordinairelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2nbdc3"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2nbdc3", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Plus de 1 750 migrants ont péri en Méditerranée depuis le début de l'année, soit plus de 30 fois plus que durant la même période de 2014, a indiqué mardil'Organisation internationale des migrations (OIM). "Avec le dernier décompte, l'OIM a calculé que le nombre de morts depuis le début de l'année 2015 est à présent plus de 30 fois supérieur à ce qu'il était en 2014 à cette même date (...), lorsqu'il y avait juste 56 décès de migrants répertoriés en Méditerranée", a déclaré le porte-parole de l'OIM Joel Millman à la presse à Genève. "L'OIM craint à présent que le total de 3 279 décès de migrants de 2014 soit dépassé cette année d'ici quelques semaines, et puisse atteindre 30 000 à la fin de l'année, si l'on se base sur le bilan actuel", a-t-il ajouté. 21.04.2015 à 00h22 • Mis à jour le21.04.2015 à 00h57 | Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant) Le procès des quatre Français impliqués dans l'affaire « Air cocaïne » a été une nouvelle fois renvoyé sine die par le tribunal de Saint-Domingue lundi 20 avril. Cet énième report a été cette fois provoqué par les avocats de la défense qui ont demandé la récusation de deux des trois juges du tribunal.Les deux pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos, le membre d'équipage Alain Castany et le passager Nicolas Pisapia ont été arrêtés dans la nuit du 19 au 20 mars 2013 à bord d'un Falcon 50 chargé de 700 kilos de cocaïne sur le tarmac de l'aéroport de Punta Cana, la principale destination touristique à l'est de la République dominicaine.>> Lire le contexte : Ouverture du procès « Air cocaïne » à Saint-Domingue« Je n'ai ni la compétence linguistique ni technique pour comprendre exactement ce qui s'est passé », commentait Pascal Fauret à la sortie de la salle d'audience où son épouse était venue le soutenir. « Je n'espère rien, j'attends », lâchait de son côté Alain Castany qui ne cachait pas sa mauvaise humeur face à ce nouveau report. Les quatre Français ont été remis en liberté le 21 juin 2014 avec interdiction de quitter le territoire dominicain, après quinze mois de détention provisoire.27 personnes jugées« Lamentablement le procès doit être suspendu jusqu'à ce que la cour d'appel tranche sur la demande de récusation des deux magistrates qui ont manifesté une attitude de partialité en faveur du ministère public », expliquait Me Maria Elena Gratereaux, l'une des avocates des deux pilotes.Elle confirmait que tous les avocats de la défense, à une exception, s'étaient solidarisés avec la demande de récusation de deux des trois juges présentée par Me Valentin Peña, le défenseur d'un des accusés dominicains. Dix Dominicains, neuf militaires et un civil, anciens membres de DNCD, l'agence anti-drogue, douaniers ou agents de sécurité de l'aéroport de Punta Cana sont jugés en même temps que les quatre Français.Peu après l'ouverture de la séance, Me Fabian Melo, l'un des avocats des pilotes, a demandé le renvoi pour permettre la comparution d'experts français qui s'étaient présentés lors de la précédente audience du 9 mars dernier. Elle avait été suspendue à la suite de la demande de récusation des juges présentée alors par le ministère public.Cette fois les experts français n'ont pas refait le voyage. Seuls les témoins de l'accusation, dont l'ancien chef de la DNCD, le général Rolando Rosado Mateo, étaient présents. La présidente du tribunal Giselle Mendez a rejeté la demande de Me Melo soulignant que les parties avaient été informées dans un délai raisonnable de la date de la nouvelle audience.Un froid entre Paris et Saint-DomingueDe vifs échanges ont alors opposé le procureur général adjoint Milciades Guzman et plusieurs avocats de la défense qui lui reprochaient d'évoquer des opérations antérieures à celle du 19 mars 2013 qui avait abouti à l'arrestation des quatre Français et de 43 Dominicains dont la plupart ont été libérés. C'est lors de ces échanges que les avocats de la défense ont estimé que les juges Ingrid Fernandez et Claribel Nivar faisaient preuve de partialité en faveur du ministère public.« Ca fait plus de deux ans que ces personnes sont mises en cause sans avoir pu présenter leur défense », s'indignait Olivier Cadic, sénateur (UDI) des Français établis hors de France, de passage à Saint-Domingue. « Ces pilotes sont protégés par le droit international et n'ont rien à voir avec ce qu'ils transportent », affirmait-il à la sortie de l'audience où il était venu soutenir MM. Fauret et Odos à la demande du très actif comité de soutien monté avec l'appui du syndicat national des pilotes de ligne (SNPL).L'affaire « Air Cocaïne » et les lenteurs de la justice dominicaine ont jeté un froid sur les relations entre Paris et Saint-Domingue. Les autorités dominicaines ont mal perçu que le président François Hollande se rende en Haïti lors de sa tournée dans la région, en mai prochain, en snobant la République dominicaine voisine alors qu'il s'agit de la première puissance économique et touristique de la Caraïbe insulaire.Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.04.2015 à 22h29 • Mis à jour le21.04.2015 à 10h02 Après quatre ans de guerre civile en Syrie, le président Bachar Al-Assad accordait pour la première fois depuis le début du conflit une interview à la chaîne de télévision France 2. Réalisée dimanche 19 avril à Damas par le journaliste David Pujadas, elle a été diffusée lundi 20 avril dans une version courte de quinze minutes, puis mise en ligne sur le site du groupe dans sa version longue (25 minutes).Dans cet entretien, comme dans tous ceux qu'il a accordés à la presse depuis le début du conflit, Bachar Al-Assad s'est évertué à réfuter les accusations formulées par David Pujadas, niant ainsi la responsabilité du régime dans des bombardements de civils, malgré les photos brandies par le journaliste de France 2. Sa responsabilité dans le conflitBachar Al-Assad, comme depuis le début de la guerre qui a fait plus de 220 000 morts, a maintenu sa rhétorique : son rôle est, selon lui, de défendre la société syrienne et ses citoyens contre les ennemis de la Syrie, ces « terroristes » à la solde de l'Occident et des pays du Golfe. Ce terme de « terroriste » a toujours été employé par Damas pour désigner l'opposition modérée à son régime.« Il y a 23 millions de Syriens, comment peuvent-ils avoir peur d'une seule personne ? Cela n'est pas réaliste », a-t-il argué face au journaliste de France 2. Evoquant l'avenir, le dirigeant a affirmé que « si le peuple ne veut pas de Bachar, il s'en ira », mais il a réaffirmé aussitôt être certain d'avoir le soutien de son peuple. La sévère répression menée par le régime contre a pourtant été maintes fois documentée.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x157aan"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x157aan", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Les bombardements et l'usage d'armes chimiquesA la question « l'armée syrienne utilise-t-elle des bombes-barils contre son peuple ? », là encore la réponse de Bachar Al-Assad fut négative. Le leader syrien a même affirmé n'avoir jamais entendu parler « d'armes aveugles », l'expression employée par David Pujadas.« Elles seraient inutiles, a-t-il poursuivi. Nous avons des bombes conventionnelles, dans notre armée, nous n'utilisons que des armes conventionnelles. A quoi bon tuer aveuglément ? » Le journaliste a pourtant montré au dirigeant syrien des photos montrant des hélicoptères de l'armée syrienne larguant de telles bombes. Des documents qui « ne prouvent rien », selon Bachar Al-Assad, qui s'est emporté contre ces accusations. Les barils d'explosifs utilisés par l'armée syrienne pour bombarder les villes, villages et positions sous contrôle des rebelles ont fait de lourds dégâts. Cette arme rudimentaire – mélange d'explosif, de ferraille, d'engrais chimique et de combustible pour en accroître le pouvoir détonant – serait en effet à l'origine de la majorité des morts civils depuis le début de l'hécatombe syrienne. Ce type d'arme avait déjà été utilisé par l'armée soudanaise au Darfour dans les années 2000.De la même manière, Bachar Al-Assad a nié toute utilisation d'armes chimiques par son armée, notamment lors de la récente offensive dans la province d'Idlib. Selon lui, l'utilisation du gaz au chlore – rapportée par l'organisation Human Rights Watch – est un « faux récit construit par les gouvernements occidentaux ».« Nous n'avons pas utilisé le chlore, et nous n'en avons pas besoin. Nous avons nos armements classiques, et nous pouvons atteindre nos objectifs sans y avoir recours », a-t-il encore affirmé.La coopération avec la FranceBachar Al-Assad a indiqué que des « contacts » avaient eu lieu entre les services de renseignement français et leurs homologues syriens, sans préciser la date ou le nom des organes en question. Il précise, cependant, qu'il n'y a pas eu « de coopération ».Les conditions d'un éventuel échange d'informations entre la France et la Syrie dans la lutte antidjihadiste, a-t-il précisé, n'étaient pas réunies. La France, a-t-il expliqué, ne voulait rien donner en échange et continuait de soutenir « les terroristes ». Lire aussi : Assad s’explique sur l’impossible coopération avec la France dans le renseignementEn ce qui concerne la coopération politique avec la France, il s'est voulu très offensif. Après que des parlementaires français lui ont récemment rendu visite en Syrie pour renouer le dialogue, le dirigeant a expliqué : « Nous n'avons tué aucun Français ni aucun Européen. (…) C'est vous qui avez aidé les terroristes. » C'est donc, dit-il, difficile pour son pays de coopérer davantage avec un « régime qui soutient le terrorisme dans [son] pays ».Sa relation avec le HezbollahInterrogé sur le soutien stratégique de l'Iran et du Hezbollah libanais dans le conflit en Syrie, Bachar Al-Assad a répondu que « nul pays n'a le droit d'intervenir sans y être invité. Nous avons invité le Hezbollah, mais pas les Iraniens. Il n'y a pas de troupes iraniennes en Syrie et ils n'ont envoyé aucune force. (...) Des commandants et des officiers vont et viennent entre les deux pays conformément à la coopération existant entre nous depuis bien longtemps. C'est différent de la participation aux combats. »Des gardiens de la révolution, l'armée d'élite de la République islamique d'Iran, combattent aux côtés du Hezbollah et de l'armée syrienne, notamment dans le sud du pays. D'innombrables documents, notamment des papiers d'identité, ont été prélevés sur ces « pasdarans » tués par des rebelles. Deux hauts gradés ont notamment trouvé la mort dans la province de Deraa, au mois de février, au cours d'une offensive des troupes loyalistes qui a tourné court en raison de la résistance plus forte que prévu des insurgés.Sa relation avec l'Etat islamiqueParmi les premières questions posées par David Pujadas figurait le rôle du régime syrien par rapport à l'Etat islamique. Bachar Al-Assad est en effet régulièrement accusé d'avoir favorisé la propagation de l'organisation djihadiste en Syrie afin de décrédibiliser l'opposition au régime et d'inquiéter les puissances occidentales.Des accusations que le leader syrien a rejetées en bloc, arguant du fait que « l'Etat islamique a été créé en 2006 en Irak sous la supervision des Etats-Unis. [Il] n'y [était] pas ». « L'EI est venu d'Irak en Syrie car il est contagieux. Quand le chaos est à votre porte, il faut s'attendre à ce qu'il arrive chez vous. Auparavant, il y avait le Front Al-Nostra et, encore avant, les Frères musulmans. »Contrairement à ce que Bachar Al-Assad affirme, l'Etat islamique (EI) n'a pourtant pas été créé « sous la supervision des Etats-Unis ». Mais il est exact de dire, comme il le fait, qu'il a vu le jour en 2006 en Irak. Il s'agissait alors de l'Etat islamique en Irak (EII), un avatar de l'organisation Al-Qaida en Irak (AQI), fondé en 2003 par le Jordanien Abou Moussab Al-Zarkaoui, qui a été tué en 2006 par un missile américain. L'EII comme AQI sont les fruits du chaos généré par l'invasion américaine et la décision de Washington de démanteler l'armée irakienne, au nom de la politique de « débaassification » (du nom du parti Baas, de Saddam Hussein). Ils ont multiplié les attentats contre les forces d'occupation américaines et contre les populations chiites.Ce que le président syrien passe cependant sous silence, c'est qu'il a fourni une aide substantielle à ces deux groupes terroristes en encourageant les salafistes syriens à les rejoindre et en laissant transiter par son territoire des aspirants au djihad venus d'Europe, du Maghreb ou d'Asie. Le président syrien voulait s'assurer que les Etats-Unis s'enlisent en Irak pour qu'ils ne soient pas tentés de le renverser à son tour après avoir fait tomber Saddam Hussein. C'est en 2010 qu'Abou Bakr Al-Baghdadi, l'actuel chef de l'EI, a pris le contrôle de l'EII.Interrogé sur la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis et qui mène des bombardements contre l'Etat islamique, le président syrien estime que les pays composant cette coalition ne sont « pas sérieux jusqu'à présent » et « n'aident personne dans cette région ».Lire aussi : France 2 défend son interview de Bachar Al-Assadlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2jhjv5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2jhjv5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 20.04.2015 à 20h51 • Mis à jour le21.04.2015 à 09h49 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Plusieurs sources convergentes assuraient, lundi 20 avril, que la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, devrait annoncer dès mercredi 22 avril l’envoi d’une notification des griefs au géant énergétique russe Gazprom. Une décision lourde de conséquences d’un point de vue diplomatique. « Toute charge de ce type contre Gazprom serait vue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », prévenait lundi 20 avril une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait mine de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).La Commission européenne n’a pas souhaité confirmer l’information, se contentant de souligner que Mme Vestager, actuellement en tournée aux Etats-Unis, serait de retour à Bruxelles mercredi.« Réveil » de la politique antitrust européenneUne chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social-libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens au total : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.A l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été. « Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Margrethe Vestager, la commissaire qui s’attaque à GoogleQuelles charges Bruxelles pourrait-elle retenir contre Gazprom ? Le groupe russe est soupçonné de signer des accords trop contraignants avec ses clients européens, leur interdisant, par exemple, de revendre à des tiers les volumes surnuméraires qu’ils ont achetés auprès du conglomérat russe. On lui reproche aussi d’obliger ses clients à signer des contrats d’une trop longue durée. Ou encore, d’indexer le prix du gaz sur celui, très volatil, du pétrole : les plaignants plaident pour une indexation sur les prix du charbon.Mesures correctivesA compter de l’envoi de la notification de griefs, Gazprom aura environ deux mois pour peaufiner sa défense, puis les audiences contradictoires débuteront. A tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. La compagnie aurait d’ailleurs introduit une demande en ce sens, la semaine dernière. Elle aurait été balayée.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut aller jusqu’à lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Est-ce que parce que la notification risque de faire des vagues, qu’elle a « fuité » deux jours avant sa publication ? Peut-être. Mais Mme Vestager, comme tous les commissaires à la concurrence, n’est pas obligée de passer par le collège de la Commission pour valider sa décision. Pour certains experts des dossiers de concurrence, le timing politique est en tout cas très habile. « C’est le meilleur moyen de prouver qu’elle n’a pas une gestion politique des dossiers. En attaquant le russe Gazprom après l’américain Google, elle prouve que c’est la loi européenne en matière de concurrence, et uniquement elle, qu’elle applique », relève une source diplomatique.« La gestion d‎u temps par Mme Vestager force l’admiration, pour Jacques Lafitte, du cabinet d’avocats Avisa. La commissaire savait qu’elle allait être taxée d’anti-américanisme après son offensive sur Google, du coup elle sort les griefs contre Gazprom une semaine plus tard. L’histoire pourrait retenir avril 2015 comme le mois où les deux cas les plus édifiants de l’histoire de l’antitrust européen ont franchi une étape cruciale. »Reste à savoir quelle sera la réaction du Kremlin à une possible annonce de Bruxelles. Début 2014, le président Vladimir Poutine avait exprimé sa colère en décidant d’abandonner le gazoduc South Stream, destiné à contourner l’Ukraine. La Commission avait évoqué de possibles entorses à la concurrence et le président russe, dénonçant la pression exercée sur la Bulgarie pour qu’elle s’oppose au passage du réseau sur son territoire, avait menacé de réduire les livraisons de gaz aux Européens.Actuellement, Bruxelles poursuit avec Moscou et Kiev de difficiles négociations destinées à sécuriser l’approvisionnement de l’Ukraine et celui de l’Union – dont 15 % du gaz transite par le territoire ukrainien. L’UE achète annuellement 130 milliards de mètres cubes à Gazprom, mais veut réduire sa dépendance avec son projet d’union énergétique. Loin d’être concrétisé, celui-ci ne résoudra pas, à court terme, les problèmes de plusieurs pays de l’Est, qui continuent de dépendre à 80 % du gaz russe, voire de l’Italie ou de la Grèce, qui en dépendent à hauteur de 30 %.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jacques Follorou Dans un entretien accordé à France 2 et diffusé, lundi 20 avril, dans le journal télévisé de 20 heures, le président syrien, Bachar Al-Assad, indique que des « contacts » ont eu lieu entre les services de renseignement français et leurs homologues syriens sans préciser la date ou le nom des organes en question. Il précise, cependant, qu’il n’y a pas eu pour autant « de coopération ». Les conditions d’un éventuel échange d’informations entre la France et la Syrie dans la lutte antidjihadiste, a-t-il précisé, n’étaient pas réunies. La France, a-t-il expliqué, ne voulait rien donner en échange et continuait de soutenir « les terroristes » [terme employé par Damas pour désigner l’opposition modérée à son régime].De fait, M. Al-Assad confirme, ainsi, côté syrien, les informations du Monde, publiées le 7 octobre, révélant que la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avait tenté, à la fin du premier trimestre 2014, de rétablir un lien direct avec les services de Damas afin d’obtenir des informations sur les djihadistes français présents en Syrie.Exigences inacceptablesLe régime de Bachar Al-Assad avait répondu à ce souhait en indiquant qu’il était prêt à coopérer dès lors que la France déciderait de rouvrir son ambassade en Syrie, fermée depuis le 6 mars 2012. Cette éventualité a été rejetée par le président français, François Hollande, qui reste très engagé contre le régime de Damas tout en ayant rejoint la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI), la principale force djihadiste en Syrie, opposée tant à l’Occident qu’à Bachar Al-Assad.Après les attaques de janvier à Paris, les responsables des services de sécurité en France, lors de réunions interministérielles auxquelles participait l’actuel patron de la DGSI, Patrick Calvar, ont, de nouveau, mis sur la table la question de la reprise de la coopération avec la Syrie en matière de renseignement pour optimiser la lutte antidjhadiste. Mais le pouvoir politique français n’a pas modifié sa ligne de conduite.D’autres pays occidentaux, comme l’Allemagne, par exemple, ont poursuivi leurs relations avec les autorités syriennes, et notamment leurs services de renseignement. La DGSI a dû, dans certains cas, passer par son partenaire allemand pour obtenir, indirectement, des informations sur des Français au cœur d’enquêtes en cours. Mais cette procédure constitue, selon la DGSI, un frein à l’efficacité de son travail.Le déplacement des agents de la DGSI faisait écho à une demande récurrente émanant de ce service : le besoin d’avoir des éléments sur les djihadistes français lors de leur séjour en Syrie. La visite à Damas est intervenue quelques semaines avant que Mehdi Nemmouche, l’un des geôliers de l’Etat islamique en Syrie, ne tue quatre personnes, en mai 2014, lors de l’attaque du Musée juif de Bruxelles. Il sera arrêté, par hasard, une semaine plus tard à Marseille, et est toujours dans l’attente de son jugement en Belgique. La délégation de membres des services français, en Syrie, comprenait notamment l’officier de liaison de la DGSI à Amman, en Jordanie, où ont été réaffectés les fonctionnaires précédemment en poste à Damas, et son collègue de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).Lors de cette rencontre, le régime de Damas avait conditionné son aide, selon une source issue de la communauté du renseignement français, à un signe de reconnaissance de la France et « à l’arrêt des critiques publiques à son encontre du chef de l’Etat, François Hollande, et du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius ». Des exigences jugées inacceptables par Paris.Réserve de la DGSEAu sommet de l’Etat français, la manœuvre syrienne pour rompre son isolement international en monnayant son aide dans la lutte contre le terrorisme a été moyennement appréciée. La DGSE conserve, quant à elle, une réserve inhérente à sa position au sein du monde du secret. A la différence de la DGSI, qui joue un rôle de défense du territoire, la DGSE est un service « offensif » peu susceptible de « coopérer » avec des régimes qu’elle espionne. Interrogée sur la démarche conjointe menée, au printemps, auprès de Damas avec la DGSI, la DGSE a assuré, début octobre 2014, au Monde qu’elle « n’envisage, pour sa part, aucune reprise de contact avec les services syriens ».Ali Mamlouk, conseiller spécial pour la sécurité du dictateur syrien, Bachar Al-Assad, et chef de la sécurité nationale, a géré ces contacts avec ces homologues français. Au cours des mois qui ont suivi la visite des représentants de la DGSI et de la DGSE à Damas, d’autres canaux ont été activés par Damas pour promouvoir, en France, l’idée d’une réouverture de l’ambassade française contre une coopération antidjihadiste. Pour l’instant, en vain.Sollicité par Le Monde, le ministère de l’intérieur, qui a autorité sur la DGSI, n’avait pas démenti en octobre 2014 la tentative de reprise de contact avec les services syriens. Le Quai d’Orsay, beaucoup plus rétif à ce type de contact, même si formellement, Paris n’a pas rompu ses relations diplomatiques avec Damas, avait tenu, pour sa part, à déclarer : « Nous soutenons l’opposition modérée en Syrie qui se bat sur deux fronts, contre la barbarie de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] et contre le régime de M. Bachar Al-Assad, qui en est à l’origine. »Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.04.2015 à 14h49 • Mis à jour le18.04.2015 à 14h52 Des heurts entre des centaines de manifestants et la police ont eu lieu samedi 18 avril à Séoul, en Corée du Sud. Ces violences sont intervenues après que des proches des victimes du naufrage du ferry Sewol, qui a fait 304 morts il y a un an, ont été empêchés de défiler jusqu'à la résidence de la présidente, Park Geun-hye. Après des échanges de coups, la police a utilisé du poivre et des canons à eau pour disperser les manifestants.Depuis jeudi, jour du premier anniversaire du naufrage, des familles endeuillées organisent un sit-in dans le centre de la capitale sud-coréenne, commémorant leurs morts, partagées entre la douleur et la colère face à des autorités qu'elles accusent d'indifférence.Lire le récit : Les oubliés du naufrage du ferry sud-coréen « Sewol »Le ferry renfloué « dès que possible »Accédant à l'un de leurs principaux souhaits, la présidente sud-coréenne avait alors annoncé que le bateau de 6 825 tonnes, qui repose toujours par 40 mètres de fond, serait renfloué « dès que possible ». Jusqu'à présent, seuls les corps de 295 victimes ont été récupérés par les sauveteurs qui ont cessé les recherches en novembre.Mais les familles, qui protestent depuis des semaines, n'ont pas jugé cette annonce suffisante et ont voulu faire une marche jusqu'à la résidence présidentielle pour protester contre l'incapacité du gouvernement, selon elles, à assurer une enquête indépendante.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-553253e836eb8'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 7\r\n \r\n \r\n\"Le corps d'Hyeon-tak a \u00e9t\u00e9 d\u00e9couvert le 1er mai. Comment aurais-je pu dire un mot devant une tel chagrin ? Je n'ai aucune passion dans ma vie, je l'ai \u00e9lev\u00e9 avec tout mon coeur. Merci Hyeon-tak, pour la vie que tu as pass\u00e9 avec moi\", t\u00e9moigne Lee Hye-kyung dans la chambre de son fils Jeon Hyeon-tak, un lyc\u00e9en qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Le corps d'Hyeon-tak a \u00e9t\u00e9 d\u00e9couvert le 1er mai. Comment aurais-je pu dire un mot devant une tel chagrin ? Je n'ai aucune passion dans ma vie, je l'ai \u00e9lev\u00e9 avec tout mon coeur. 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Je voudrais savoir la v\u00e9rit\u00e9 et la raison pour laquelle on ne leur a pas dit d\u2019\u00e9vacuer le ferry\", t\u00e9moigne Eom Ji-yeong dans la chambre de sa fille Park Ye-ji, une lyc\u00e9enne qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Chaque relique de notre enfant est encore ici. 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Je voudrais d\u00e9m\u00e9nager \u00e0 l'\u00e9tranger si mon a\u00een\u00e9 est d'accord\", t\u00e9moigne Kim Youn-sil, dans la chambre de son fils, Jeong Cha-woong, un lyc\u00e9en qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Cha-woong me manque tellement. Ces enfants qui sont rest\u00e9s calmes jusqu'au bout et s'inqui\u00e9taient pour nous \u00e9taient meilleurs que nous. Je n'ai plus confiance dans mon pays. 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Le monde apr\u00e8s cette trag\u00e9die n'est plus celui que j'avais connu\", t\u00e9moigne Lee Sun-mi dans la chambre de sa fille Kim Ju-hee, une lyc\u00e9enne qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Une enqu\u00eate approfondie a \u00e9t\u00e9 men\u00e9e. Le printemps est venu, les plantes ont fleuries, mais les m\u00e8res ne peuvent pas sourire. J'esp\u00e8re que les enfants encore disparus seront trouv\u00e9s. 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Nous, adultes, avons le devoir de prot\u00e9ger nos enfants\", t\u00e9moigne Kim Yu-jeong dans la chambre de sa fille Jeon Ha-yeong, une lyc\u00e9enne qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"J'aimerais que notre pays nous fasse sentir qu'il nous prot\u00e8ge. Je voudrais dire \u00e0 la petite s\u0153ur de Ha-yeong que je suis fi\u00e8re de mon pays, mais ces jours-ci je ne peux pas. 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Tout ce que je voulais c'est savoir pourquoi les membres d'\u00e9quipage ont \u00e9t\u00e9 secourus alors que nos enfants sont morts\", t\u00e9moigne Jung Bu-ja (\u00e0 droite), au c\u00f4t\u00e9 de Shin Chang-sik, dans la chambre de leur fils Shin Ho-sung, un lyc\u00e9en qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Je manifestais, demandais une enqu\u00eate pour savoir la v\u00e9ritable raison pour laquelle le ferry a coul\u00e9. Des touristes prenaient des photos de moi, je me sentais comme une \u00e9trang\u00e8re, alors que je vis dans ce pays. 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Agés de 18 et 19 ans, originaires de la banlieue de Melbourne, ils ont été interpellés lors d'une opération qui a mobilisé quelque 200 policiers au terme d'une enquête d'un mois.Ces cinq personnes auraient, selon le premier ministre, projeté de commettre un attentat la semaine prochaine à l'occasion du 100e anniversaire du débarquement des troupes australiennes à Gallipoli, en Italie, durant la première guerre mondiale. « Deux d'entre elles vont être inculpées pour avoir préparé un acte terroriste. » Une troisième a été arrêtée pour infractions à la législation sur les armes, et deux autres ont été placées en garde à vue.Des responsables policiers ont dit que des « armes blanches », dont une épée et un couteau, avaient été saisies durant les perquisitions de samedi ; ils ont ajouté être certains que la menace terroriste avait été maîtrisée.Lire (édition abonnés) : En Australie, Tony Abbott veut durcir la loi contre les « prédicateurs de la haine » djihadisteInspirés par l'état islamique« L'acte dont nous pensons qu'il était en préparation impliquait des attaques contre des policiers lors de l'Anzac Day », a poursuivi Tony Abbot. « L'Anzac Day » est une journée symbolique importante célébrée en Australie et en Nouvelle-Zélande en mémoire des soldats tués lors du débarquement de troupes australiennes à Gallipoli, sur les côtes de l'Empire ottoman, le 25 avril.Le préfet adjoint de la police fédérale australienne a précisé que les suspects s'inspiraient clairement de l'organisation Etat islamique (EI). « Nous pensons que l'attaque était inspirée par le culte de mort de Daech au Moyen-Orient », a expliqué Tony Abbott, en utilisant l'acronyme du nom arabe du groupe Etat islamique. Les cinq suspects sont présentés comme des « complices » d'Abdoul Nouman Haider, un sympathisant de l'EI abattu par la police à Melbourne l'an dernier après avoir attaqué des policiers à l'arme blanche.L'Australie, membre de la coalition formée pour lutter contre l'EI en Syrie et en Irak aux côtés des Etats-Unis, a envoyé plusieurs centaines de soldats sur le sol irakien pour participer à la formation de l'armée irakienne, ce qui alimente les craintes d'actions de représailles sur son sol. Canberra, qui a relevé son niveau d'alerte anti-terroriste en septembre dernier, estime qu'au moins 70 de ses ressortissants combattent dans les rangs de l'EI en Syrie et en Irak, avec l'appui d'une centaine de « facilitateurs » agissant depuis l'Australie.Lire : L'Australie renforce son contingent en Irak pour lutter contre l'Etat islamique 18.04.2015 à 07h57 • Mis à jour le18.04.2015 à 16h51 Un attentat-suicide a fait au moins 33 morts et plus de 100 blessés samedi 18 avril à Djalalabad, principale ville de l'est de l'Afghanistan, a annoncé un responsable de l'hôpital local. « L'explosion a eu lieu à l'extérieur d'une banque où des fonctionnaires étaient venus chercher leur salaire du mois », a déclaré le chef de la province de Nangarhar, Fazal Ahmad Shirzad. L'attaque a été revendiquée par l'Etat islamique, selon le président afghan.Lire aussi (édition abonnés) : En Afghanistan, la guerre est loin d’être terminéeDjalalabad avait déjà été la cible d'un attentat-suicide la semaine dernière. Vendredi 10 avril, un convoi de militaires américains appartenant à l'Otan avait été visé près de l'aéroport de la ville, faisant au moins trois victimes civiles. Les talibans avaient revendiqué l'attaque. L'Afghanistan fait face à une recrudescence d'attentats sanglants lancés par les talibans contre le gouvernement et des cibles étrangères depuis que Washington a décidé de maintenir une partie de ses troupes sur le sol afghan.Série d'attaquesLes forces afghanes sont pour la première fois cette année sur la « ligne de front » car la mission de l'OTAN dans le pays (ISAF) a mis fin à ses opérations en décembre dernier. L'OTAN maintient néanmoins une force résiduelle de 12 500 soldats, dont 9 800 Américains, cantonnée principalement dans un rôle de formation des forces afghanes.Par ailleurs, dix-huit soldats afghans avaient été tués la semaine dernière, dont certains décapités, au cours d'une autre attaque des talibans dans le district de Jurm, de la province du Badakhshan, une région reculée du nord-est de l'Afghanistan.Ces nouveaux affrontements interviennent au moment où le président afghan, Ashraf Ghani, tente de convaincre les talibans du mollah Omar de s'engager dans un processus de paix afin de stabiliser un pays endeuillé par plus de 35 années de conflits. Mais les insurgés refusent officiellement pour l'heure de participer à de tels pourparlers, exigeant au préalable le retrait des forces étrangères encore déployées dans ce pays et dont le mandat arrive à échéance à la fin 2016.Lire aussi : Retour en chiffres sur treize ans de présence occidentale en Afghanistan 17.04.2015 à 19h35 • Mis à jour le18.04.2015 à 01h01 Depuis le 26 mars, une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite bombarde le Yémen. Elle agit à la demande du président Abd Rabbo Mansour Hadi, chassé du pays par une rébellion et réfugié à Riyad. Les rebelles houthistes, des chiites originaires du nord du pays, cibles des bombardements, sont quant à eux soutenus par l'Iran, rival de l'Arabie saoudite dans la région. Les frappes ont jusqu'ici échoué à repousser significativement les rebelles.Les violences dans le pays, puis les bombardements aériens, ont fait au moins 767 morts et 2 900 blessés depuis le 19 mars, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui fait savoir que le bilan réel est plus élevé. Au moins 405 civils ont été tués par les frappes, selon l'Organisation des Nations unies (ONU), et plus de 120 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays, qui s'ajoutent à 300 000 autres déplacés qui avaient fui avant même l'intensification des combats. Le pays manque de vivres, de médicaments pour les malades chroniques, de carburant.Comment cette crise s'est-elle déclenchée ?Le président Mansour Hadi a quitté le pays en mars, après avoir été chassé de la capitale, Sanaa, puis du grand port d'Aden, dans le sud. Les milices houthistes avaient pris le contrôle de la capitale dès le mois de septembre. Elles sont alliées à l'ancien dictateur Ali Abdallah Saleh, qui a dirigé le pays jusqu'en 2012.Les rebelles ont conquis l'essentiel du pays en se présentant comme un mouvement des déshérités. Ils ont mené une contre-révolution après le mouvement qui avait emporté Ali Abdallah Saleh dans la foulée du « printemps arabe ». Depuis, les élites politique, militaire et tribale du pays se déchiraient pour se redistribuer le pouvoir.Voir l'infographie : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au Yémen Le Yémen était-il un Etat stable auparavant ?L'Etat yéménite est faible de longue date. Le pays est historiquement divisé entre le nord et le sud, deux régions qui ne se sont unifiées qu'en 1990. De la chute de l'Empire ottoman à 1962, le Nord a été dominé par une dynastie zaïdiste (environ 40 % de la population), la confession des houthistes, une branche minoritaire du chiisme. En 1962, la proclamation d'une république est suivie d'une guerre civile qui oppose monarchistes, aidés par l'Arabie saoudite voisine, et républicains, soutenus par l'Egypte de Nasser. Ces derniers finirent par l'emporter. C'est dans ces montagnes du Nord qu'est né le mouvement Ansar Allah, dit « houthiste », autour de Hussein Badreddine Al-Houthi, un ancien parlementaire entré en dissidence et tué par l'armée en 2004.Dans le Sud, le port d'Aden et son arrière-pays sont demeurés sous protectorat britannique jusqu'en 1967. Aden devient alors une république d'inspiration communiste, sous influence soviétique. La guerre froide maintiendra la division entre Nord et Sud. Depuis l'unification, le président Saleh, au pouvoir dans le Nord depuis 1978, avait su se maintenir en jouant de la corruption, des rivalités tribales et du radicalisme religieux. Jusqu'à ce qu'il soit chassé par une révolution en 2011, dans la foulée du « printemps arabe ».Les ingérences étrangères n'ont jamais cessé. L'Arabie saoudite mène de longue date une politique d'affaiblissement de son voisin. Depuis l'attaque d'Al-Qaida contre le destroyer USS Cole à Aden, en 2000, les Etats-Unis font la guerre aux groupes djihadistes à grand renfort de tirs de drones Predator. Pour s'autoriser ces opérations, ils ont soutenu le gouvernement Saleh, puis celui de Mansour Hadi. Malgré ces attaques, Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), sises au Yémen, s'est imposée comme la principale branche du groupe djihadiste.Le pays est miné par le sous-développement et une croissance démographique trop forte pour de faibles ressources naturelles. Le Yémen est pauvre en pétrole et en gaz, et l'eau devrait manquer à Sanaa, dans dix ans.Lire le décryptage (édition abonnés) : Yémen : guerres locales, djihad globalEst-ce une guerre entre sunnites et chiites ? Le conflit religieux n'a pas été, par le passé, un phénomène important au Yémen. La coexistence a longtemps été la norme entre zaïdistes et sunnites. La rébellion houthiste est bien chiite, mais il s'agit à l'origine d'un mouvement tribal et régional, opposée au pouvoir central et antiaméricain. L'ex-président Saleh a cependant attisé le sectarisme en soutenant un mouvement sunnite d'inspiration salafiste dans le Nord, hostile aux zaïdistes. Le facteur religieux est monté en puissance depuis 2011.Surtout, le pays est pris dans l'affrontement géopolitique régional entre l'Iran, république islamique chiite, et l'Arabie saoudite, monarchie sunnite. L'Iran soutient les rebelles houthistes. L'Arabie saoudite bombarde pour empêcher, selon elle, que ne s'établisse un régime pro-iranien à sa porte.Une large coalition arabe (huit pays du Maghreb et du Machrek) s'est immédiatement ralliée à l'attaque saoudienne, ainsi que le Pakistan. Le roi Salman, qui a pris la tête de l'Arabie saoudite en janvier, a surpris et pris le risque d'embarrasser son allié américain jugé inactif face à la menace iranienne.L'Iran a violemment condamné l'attaque saoudienne, tout en proposant de faciliter des négociations de paix et en dépêchant ses diplomates dans la région. Son soutien concret aux houthistes est difficile à évaluer. Le zaïdisme est une branche dissidente du chiisme duodécimain (qui célèbre une lignée de douze imams héritiers du Prophète), religion d'Etat en Iran. Les houthistes montrent une volonté d'indépendance, le degré de parrainage qu'ils sont prêts à accepter de l'Iran n'est pas clair.Ils pourraient bénéficier dans leur combat de l'appui de cadres militaires iraniens, ou plus probablement de miliciens du Hezbollah libanais. Mais leurs liens avec l'Iran restent incomparables avec ceux qui lient le Hezbollah ou les milices chiites d'Irak à Téhéran.Lire aussi, de notre envoyé spécial à Riyad : Le réveil de l'Arabie saoudite face à l'Iran Les bombardements saoudiens sont-ils légaux ?L'Arabie saoudite intervient légalement, à l'appel du président en exil reconnu par la communauté internationale. Elle est tenue de respecter le droit humanitaire appliqué aux conflits armés non internationaux (les houthistes ne constituant pas un Etat, mais une rébellion dans un cadre national). Cela implique le respect de l'article 3 commun aux conventions de Genève de 1949, et du protocole additionnel II.Ces obligations concernent la protection des civils, le ciblage d'installations exclusivement militaires, les bombardements en zone urbaine, la protection des belligérants ayant laissé leurs armes… En plus des 767 morts au bas mot qu'ont faits les bombardements, l'organisation Human Rights Watch a relevé plusieurs bombardements de cibles clairement civiles, y compris dès les premiers jours dans le centre de Sanaa.Par ailleurs, la coalition a joui d'un certain soutien du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a voté un embargo sur les armes destinées aux houthistes, à l'unanimité, la Russie s'abstenant. Les Etats-Unis ont admis fournir un soutien logistique et du renseignement à la coalition. La France soutient diplomatiquement l'Arabie saoudite. L'ONU a cependant réclamé vendredi un cessez-le-feu.Lire aussi : La France, meilleure alliée des puissances sunnitesQue peut attendre le pays ?L'Iran fait le pari que la coalition s'enlisera au Yémen. L'Arabie saoudite avait déjà bombardé les houthistes en 2009, dans le nord-ouest du pays, sans succès. La coalition envisage aujourd'hui d'envoyer des troupes au sol, mais le Pakistan a refusé, et l'Egypte ne paraît pas pressée. L'Arabie saoudite ne semble pas avoir de plan de paix clair pouvant prendre le relais de l'intervention militaire.Pour l'heure, les houthistes ne reculent pas. Les bombardements et les morts civils risquent d'aliéner les populations. Al-Qaida a profité du chaos pour gagner des territoires.Les djihadistes tiennent Moukalla (200 000 habitants), où ils ont saisi un aéroport et un terminal pétrolier. L'Etat islamique (EI) a fait son apparition au Yémen avec les attentats de Sanaa, en mars. Par ailleurs, la campagne de drones américaine se poursuit : AQPA a annoncé à la mi-avril la mort d'un de ses idéologues en chef, Ibrahim Al-Rubaish.Aujourd'hui, le pays risque de s'écrouler à la manière de la Somalie : un Etat faible ; des gouvernants sans légitimité, abandonnant de larges pans du pays à des milices islamo-mafieuses ; des populations forcées au déplacement et à l'exil par les violences et un sous-développement endémique ; la guerre, ponctuellement alimentée par des pays voisins.Lire aussi : Yémen, une faillite américano-saoudienne Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Une cour de justice de Pékin a condamné, vendredi 17 avril, à sept ans de prison une journaliste, dernière illustration de l’offensive contre les milieux libéraux sous la présidence de Xi Jinping. Gao Yu, 71 ans et déjà deux emprisonnements derrière elle, était accusée de divulgation de secrets d’Etat pour avoir transmis à un média dissident une directive du Parti communiste chinois (PCC) concernant la mise au pas de la société civile, systématiquement soupçonnée d’être le « cheval de Troie » de l’Occident. Washington a appelé à sa libération immédiate vendredi soir.Gao Yu avait été arrêtée il y a un an. Son entourage s’était inquiété de sa disparition après qu’elle eut manqué une réunion où devait être évoquée la répression du mouvement de Tiananmen. Son procès s’était déroulé en novembre dernier devant la troisième cour intermédiaire de la capitale, mais le verdict avait été mis en délibéré. « Ce procès n’a pas été équitable », a dénoncé par téléphone un de ses avocats, Mo Shaoping. La procédure impose notamment aux juges de rendre leur verdict sous trois mois, délai qui n’a pas été respecté. Surtout, ses soutiens jugent que Mme Gao n’a avoué que par inquiétude pour son fils, placé lui aussi un temps en détention.Lire aussi :La journaliste Gao Yu jugée à Pékin pour divulgation de secrets d’EtatCette journaliste avait été condamnée une première fois à la suite des événements du 4 juin 1989, alors qu’elle était vice-rédactrice en chef d’une publication laissant la parole aux intellectuels réformateurs, L’Hebdomadaire de l’économie, mais avait été libérée un peu plus d’une année plus tard en raison de problèmes de santé. Elle avait à nouveau été jugée en 1994, avec une peine de six années de réclusion, puis avait retrouvé la liberté cinq ans plus tard, toujours en raison de son état physique. Mme Gao souffre de problèmes cardiaques, selon son avocat.Directive antidémocratieLes magistrats l’ont cette fois-ci jugée coupable d’avoir transmis à un groupe de médias dissident installé aux Etats-Unis, Mingjing, qui gère une maison d’édition et un site web, une directive émise en 2013 par les dirigeants du PCC et mettant en garde ses hauts cadres contre la démocratie constitutionnelle, les valeurs universelles, la société civile, l’historiographie faisant état des erreurs du parti unique ou encore la liberté de la presse. Le fondateur de Mingjing, Ho Pin, a nié auprès de l’agence Reuters avoir reçu de Mme Gao ce texte, baptisé « document 9 ». « Nous ne devons pas permettre la dissémination d’opinions s’opposant à la théorie du Parti ou à sa ligne politique, la publication de vues contraires aux décisions qui représentent la vision des dirigeants centraux, ou la diffusion de rumeurs politiques diffamant le Parti ou la nation », lit-on notamment dans cette directive.Lire aussi :Le « Document n°9 » ou le pense-bête d’un régime chinois assiégé par l’OccidentDepuis son ascension au poste de secrétaire général du Parti communiste fin 2012, Xi Jinping n’a eu de cesse de renforcer le contrôle idéologique du pouvoir sur la société. Parallèlement, il fait taire les voix critiques. L’avocat Pu Zhiqiang, qui a notamment défendu l’artiste Ai Weiwei, en détention depuis le mois de mai 2014, attend son procès. Le professeur ouïgour (une ethnie turcophone musulmane du nord-ouest de la Chine) Ilham Tohti a été condamné à la prison à perpétuité en septembre dernier.En incluant l’année déjà passée en détention depuis son placement en détention, Mme Gao devrait sortir à l’âge de 77 ans. La journaliste est restée calme à l’annonce de sa peine. « Elle n’a pas montré de colère ni paniqué. En quittant la salle, elle a dit qu’elle ferait appel », a déclaré M. Mo.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un article, trois démentis. Ugo Magri, journaliste au quotidien La Stampa et berlusconologue informé et ironique, aurait pu se couvrir la tête de cendres en voyant, après la publication, mercredi 15 avril, de son article « Les ennemis de droite de Berlusconi », s’amonceler sur son bureau les réactions outrées de l’ancien président du conseil et de son entourage.En une cinquantaine de lignes précises comme un scalpel, il s’attache à faire revivre l’atmosphère crépusculaire qui règne autour de l’ex-Cavaliere dans sa résidence d’Arcore (Lombardie), les règlements de comptes entre les vieux fidèles et les nouveaux convertis. Extraits : « Berlusconi est une antiquité qui ne fait plus peur à personne », l’accable l’un. « C’est facile d’avoir été à ses côtés quand tout allait bien, quand le soleil resplendissait mais beaucoup moins lorsque tombe le soir », le défend un autre en mettant en avant « sa fidélité humaine et politique » au service du vieux leader de Forza Italia.« Cerveau en compote »Mais c’est à la fin du papier que Magri se fait le plus corrosif. Il raconte comment, un jour que le magnat des médias était assis à sa table de travail, l’un de ses deux chiens – des caniches baptisés Dudu pour le mâle et Dudina pour la femelle – a sauté sur sa table de travail, faisant s’envoler les documents sur lesquels il travaillait : « Je n’en peux plus de ces bestioles !, a explosé Berlusconi. Ce n’est pas vrai que j’aime les animaux. En fait je ne les ai jamais aimés. »« Le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille »Cette citation, et seulement celle-ci, a déclenché la fureur de Silvio Berlusconi, de sa jeune compagne Francesca Pascale et d’une parlementaire défenseuse de la cause des animaux. Dans un démenti de quelques lignes publiées par la Stampa jeudi, l’ancien premier ministre dénonce « une citation inventée » et s’interroge sur « la déontologie professionnelle des journalistes ». Francesca Pascale assure que « le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille ». Ce que confirme la parlementaire dans un autre communiqué.Ugo Magri, lui, se marre. Il tient l’anecdote d’une très bonne source. « C’est incroyable, nous raconte-t-il. Berlusconi est muet depuis quinze jours, son parti prend eau de toutes parts, et sa première déclaration officielle est d’assurer Dudu et Dudina de son affection. Quest’uomo é bollito del cervello », conclut-il. Ce qui peut se traduire par : « Cet homme a cerveau en compote. »Une explication peut être : lors de ses multiples entreprises de retour au premier plan depuis qu’il a été chassé du Parlement à la suite de sa condamnation définitive pour fraude fiscale, il avait imaginé séduire de nouveau les Italiens et notamment les plus vieux d’entre eux par un programme aussi inattendu que généreux : gratuité des soins dentaires pour les personnes âgées et des visites vétérinaires pour leurs compagnons à quatre pattes. Son démenti prouve au moins qu’il n’a pas renoncé à ce projet. Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.04.2015 à 12h02 • Mis à jour le17.04.2015 à 18h55 | Sébastien Hervieu (Johannesburg, correspondance) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2mzx4g"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2mzx4g", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Sa présence aurait valu tous les démentis. Lui qui dénonçait une « distorsion délibérée » de ses propos. Pourtant, au milieu des quelques milliers de manifestants, ce jeudi 16 avril, dans les rues de Durban, dans l’est de l’Afrique du Sud, point de roi des Zoulous. Entre les nombreux drapeaux de pays africains, personne n’a vu Goodwill Zwelithini brandir une pancarte « Phansi nge Xenophobia » (« A bas la xénophobie ») ou crier « Hlanganani maAfrika » (« Africains unis »).Cette foule continuera donc de retenir que le chef traditionnel des 12 millions de Zoulous, ultramajoritaires dans cette région côtière, est à l’origine de cette nouvelle flambée xénophobe. En zoulou dans le texte, c’est lui qui a demandé fin mars aux « étrangers de faire leurs bagages et de retourner dans leurs pays ».S’ensuivirent deux semaines de confrontations avec les étrangers dans la cité portuaire et ses banlieues pauvres. Bilan officiel à ce stade : cinq morts. Davantage selon les associations locales d’immigrants. Et plus de 1 500 d’entre eux – Mozambicains, Malawites, Somaliens, Zimbabwéens… – ont dû fuir leurs maisons ou leurs magasins pillés, obligés parfois de trouver refuge dans des camps montés à la va-vite. Quelques incidents à Johannesburg faisaient craindre une propagation de l’intolérance meurtrière. En janvier, c’est d’ailleurs dans la banlieue de Soweto qu’une précédente vague antiétrangers avait tué au moins six personnes.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2myfe5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2myfe5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Inégalités criantesAccabler un monarque aux pouvoirs diminués, qui a réussi à faire oublier sa proximité avec le régime oppresseur sous l’apartheid, serait pourtant lui donner beaucoup d’influence et d’importance. Si le feu se propage si bien, c’est que le terrain est propice. Les inégalités criantes, le chômage massif d’une jeunesse sans espoir nourrissent les frustrations des déshérités.Mais il flotte aussi dans l’air une petite musique officielle troublante. N’est-ce pas la ministre de l’eau qui, en début d’année, assurait « ne pas être xénophobe », mais jugeait que le fait d’avoir « autant de petits commerces » tenus par des étrangers ne pouvait mener qu’à un « désastre » ?Dans la foulée des violences de janvier, c’est la ministre des petites entreprises qui s’engageait à renforcer la réglementation à l’encontre de ces commerçants accusés de pratiquer une concurrence déloyale. « Les étrangers doivent comprendre qu’ils sont ici grâce à notre bonne volonté » et que « notre priorité, c’est d’abord et avant tout notre peuple », insistait-elle. Cette semaine, le secrétaire général de l’ANC, le parti au pouvoir, encourageait le gouvernement à « durcir l’application des lois sur l’immigration », ce qui fut déjà fait l’an dernier. Gwede Mantashe proposa même l’établissement de camps de réfugiés pour mieux contrôler les étrangers illégaux.Ce n’est plus seulement l’homme de la rue du township qui voit en l’immigré, légal ou pas, une menace et non pas un atout. C’est aussi désormais l’élite au pouvoir. Cette perception transparaît dans les propositions du programme de l’ANC défini en 2012. La lutte contre la xénophobie n’est par ailleurs qu’effleurée, alors que quatre années plus tôt le pays avait vécu à Johannesburg les pires émeutes xénophobes de son histoire (une soixantaine de morts).« Certains viennent armés »A l’époque, le président Thabo Mbeki avait pris la parole avec un retard jugé coupable. Son successeur a cette fois fait un peu mieux. Jeudi 16 avril, devant les parlementaires, Jacob Zuma a qualifié de « choquantes et inacceptables » les attaques xénophobes et a appelé au calme. Mais pas un mot pour dénoncer les propos du roi Goodwill Zwelithini, ni même ceux de son propre fils, Edward Zuma, qui avait appelé à déporter les étrangers, jugés dangereux. « Certains viennent dans ce pays armés et contribuent aux problèmes de drogue », affirmait-il.« On ne vole pas le travail des Sud-Africains, on en donne ! »Ambiguë, la parole officielle alimente le soupçon permanent à l’encontre des étrangers africains. Dans cette atmosphère, les auteurs de violences, que des chercheurs disent bien organisés, ne se sentent-ils pas plus libres de laisser cours à leur intolérance ? En janvier, à Soweto, des policiers furent surpris en train d’encourager des habitants à dévaliser une échoppe. Et les condamnations sont rarissimes.« On ne vole pas le travail des Sud-Africains, on en donne ! », insiste l’Ivoirien Marc Gbaffou, président du Forum de la diaspora africaine en Afrique du Sud. L’an dernier, une étude sur l’économie informelle dans la province de Johannesburg établissait que les immigrants jouaient un « rôle positif » dans le pays « en créant de l’emploi, en payant des impôts et en fournissant des biens à bon marché ».Dans le centre-ville de Johannesburg, un Ethiopien préfère répondre en tendant son passeport. « C’est celui que mon gouvernement a offert à Nelson Mandela quand il est venu se réfugier en Ethiopie pour lutter contre le régime de l’apartheid. »Sébastien Hervieu (Johannesburg, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Clément Melki Défendre les prisonniers politiques vénézuéliens : telle est la mission du Foro Penal Venezolano (Forum pénal vénézuélien, FPV), l’une des plus importantes ONG du pays présidé par Nicolas Maduro. Depuis 2004, avec l’aide de 200 avocats bénévoles et de 1 500 militants, l’organisation a traité 70 % des procès de militants politiques. Et n’hésite plus à dénoncer la multiplication des atteintes aux droits de l’homme.Menacée, sa directrice, Tamara Suju, a elle-même dû fuir en République tchèque en août 2014, où elle a obtenu le statut d’exilée politique. Depuis, l’avocate n’a de cesse de pointer la situation alarmante de son pays auprès des institutions internationales : arrestations arbitraires, cas de torture avérés, censure de la presse, opposition muselée…« Je me suis dit que je serais plus utile ici pour faire bouger les choses, expliquait-t-elle dans une conférence de presse, lors de son passage à Paris le 13 avril. L’Europe doit savoir la gravité de ce qu’il se passe au Venezuela. » Pour ce faire, elle a rencontré l’ambassadrice aux droits de l’homme auprès du ministre des affaires étrangères, ainsi que des représentants d’Amnesty International. Viols, asphyxie et décharges électriquesEn 2014, des milliers d’étudiants étaient descendus dans la rue pour protester contre les pénuries, aggravées par la crise économique et sociale que traverse le pays. Les manifestations furent violemment réprimées par les forces de l’ordre, faisant 43 morts. Si elle dénonce ces violences, Tamara Suju s’indigne aussi de la violation des droits fondamentaux lors des quelque 2 000 procès qui ont suivi.« Les détenus ne pouvaient voir leurs avocats que dix minutes avant le procès, et en présence des autorités », souligne-t-elle. 70 % des prisonniers auraient été torturés pendant leur détention. Décharges électriques, asphyxie, maltraitance… les moyens employés varient. « Certains ont été brûlés avec des briquets, d’autres gravement blessés par balle. Un jeune homme a même été violé avec un fusil », insiste Mme Suju. Les dérives ont été documentées dans 85 cas par les organisations internationales Amnesty International et Human Rights Watch.Lire aussi :A Caracas, la contestation gagne le camp chavisteLa torture n’est pas seulement physique. Selon le FPV, des dizaines de détenus sont soumis à des pressions psychologiques. « On a découvert l’an dernier l’existence d’une prison souterraine, en plein cœur de Caracas », indique Tamara Suju. Surnommé « la tumba » (« la tombe » en espagnol), le lieu renferme deux prisonniers accusés de conspiration. Coupés du monde, ils sont exposés en permanence à « la lumière artificielle des néons dans une cellule entièrement blanche, sans accès à l’air libre ni aucune notion du temps ». Parmi les prisonniers politiques figure le cas emblématique de Leopoldo Lopez, opposant de 42 ans accusé d’être l’instigateur de violences lors du soulèvement de 2014, arrêté en février 2014 et détenu depuis dans une prison militaire, alors que des enregistrements vidéo accusent pourtant des agents de l’Etat. Un an plus tard, c’est au tour d’Antonio Ledezma, maire de Caracas et figure de l’opposition, d’être arrêté, le 19 février, lors d’une interpellation musclée dénoncée par les ONG humanitaires.Lire aussi :Quand Felipe Gonzalez vole au secours des prisonniers politiques au VenezuelaCrainte de représaillesComment dénoncer les dérives d’un régime qui s’accentuent de jour en jour ? Pour Tamara Suju, la presse, qui reste largement contrôlée par le gouvernement, n’a « quasiment plus de marges de manœuvre ». L’opinion publique n’a pas davantage de libertés. « La population a de plus en plus de mal à dénoncer la torture, car il y a un véritable harcèlement contre les défenseurs des droits de l’homme au Venezuela. La police connaît souvent leurs adresses. Les gens ont peur », explique Tamara Suju, elle-même mise sur écoute et interrogée par les services gouvernementaux pendant plus de quatre heures avant son exil politique.Malgré les démarches menées par les ONG, la pression des pouvoirs publics ne faiblit pas : le 15 mars dernier, Nicolas Maduro a obtenu des pouvoirs spéciaux de l’Assemblée nationale, qui lui permettront de gouverner par décrets jusqu’à la fin de l’année en matière de sécurité et de défense. L’impact de ces mesures ne s’est pas fait attendre : l’usage des armes à feu contre les manifestants vient d’être autorisé, tout comme la détention préventive.Lire aussi :Au Venezuela, le président Maduro choisit la stratégie de la tension permanenteClément MelkiJournaliste au Monde 15.04.2015 à 15h57 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h21 | Claire Guélaud Les risques financiers se sont accrus depuis le mois d’octobre 2014 et ils se sont déplacés vers des parties du système financier où ils sont plus difficiles à évaluer et à aborder, estime le Fonds monétaire international (FMI) dans son nouveau rapport sur la stabilité financière, rendu public mercredi 15 avril.« La croissance et des politiques monétaires divergentes ont accru les tensions sur les marchés financiers et sont à l’origine de mouvements de change et de taux d’intérêt rapides et volatiles », a résumé, mercredi 15 avril, José Viñals, directeur du département monétaire et des marchés de capitaux du Fonds et conseiller financier de Christine Lagarde, la directrice générale.Soulignant que « cette situation n’est qu’en partie le fruit d’un héritage du passé », il a souligné que les risques « ont migré des banques vers le secteur non bancaire (gestion d’actifs et shadow banking –  « la banque de l’ombre ») » et « des économies avancées vers les émergentes. »Lire aussi : La BCE s'inquiète de l'hypercroissance de la finance parallèle  Discrétion sur les risques potentiels liés aux politiques monétaires À propos des politiques monétaires, et même s’il est un partisan résolu de politiques non conventionnelles, comme les rachats massifs d’actifs (Quantitative easing) pour soutenir la croissance, auxquels procède par exemple actuellement la Banque centrale européenne (BCE), le FMI, probablement peu désireux de jouer les pompiers pyromanes, ne s’attarde pas sur les risques de bulles qui peuvent aller de pair avec de tels dispositifs.Tout juste M. Viñals observe-t-il que la prise de risques financiers et la quête du rendement « continuent de pousser la valorisation de certains actifs ». Lire aussi :Le « bazooka » de Mario Draghi n’est pas sans risqueEn revanche, qualifiant de « courageuses », les politiques monétaires non conventionnelles mises en place par la Banque centrale centrale (BCE) ou la Banque du Japon, le conseiller financier de la directrice générale du FMI insiste sur la nécessité d’amplifier l’impact de ces politiques en les complétant par d’autres mesures.« Dans la zone euro, a insisté M. Viñals, il est nécessaire de s’attaquer aux créances douteuses pour dégager les circuits du crédit. Pourquoi est-ce si important ? Parce que des banques chargées de créances douteuses prêtent moins, or ces créances douteuses représentent plus de 900 milliards d’euros dans la zone euro. »Le Fonds estime que sans mesures correctrices, la capacité de prêt des banques pourrait se limiter à un faible niveau de 1 % à 3 % par an. Au Japon, ajoute-t-il, le succès des Abenomics passe par la mise en place non seulement de politiques monétaires des plus accommodantes mais aussi par la mise en place des réformes budgétaires et structurelles (participation accrue des femmes au marché du travail etc.).Mise en garde sur les effets des taux d’intérêt très basLe FMI estime par ailleurs qu’il convient de limiter les excès financiers et les effets négatifs d’une période prolongée de bas taux d’intérêt.Dans la zone euro, où près d’un tiers des obligations souveraines à court et long terme présentent des rendements négatifs, la persistance de faible taux d’intérêts mettrait ainsi en danger un grand nombre d’établissements financiers, et notamment 24 % des assureurs-vie européens de taille moyenne.Or le secteur compte un portefeuille de 4 400 milliards d’euros d’actifs dans l’Union européenne et il est de plus en plus connecté avec l’ensemble du système financier. D’où un risque évident de contagion.Identification d’un « risque évident » avec le relèvement des taux américainsTout en saluant la politique suivie par la présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed), Janet Yellen, le Fonds n’en signale pas moins le « risque évident » lié au relèvement annoncé des taux d’intérêt aux États-Unis.Deux scénarios lui semblent envisageables : « une sortie graduelle bien annoncée », ou, « en dépit de signaux clairs, un parcours accidenté », susceptible de conduire à une volatilité nettement plus forte.Aux États-Unis et dans d’autres pays, où le système non bancaire joue un rôle important, le Fonds recommande de maîtriser les risques d’illiquidité en renforçant les structures des marchés.Il faut, ajoute-t-il, améliorer la supervision du secteur de la gestion d’actifs qui porte sur 76 000 milliards de dollars (une année de PIB mondial et 40 % des actifs financiers mondiaux).Appel à mieux encadrer le secteur non bancaireDu côté des pays émergents, éprouvés par les brusques variations des cours des matières premières et de leurs taux de change, l’urgence est de renforcer la surveillance des secteurs vulnérables.Il s’agit, par exemple, de réduire la partie la plus risquée du shadow banking chinois, de ralentir la progression du crédit en Chine et d’y assurer une restructuration en bon ordre de la dette des entreprises. Mais aussi, plus généralement, de suivre de près et régulièrement le levier financier des entreprises et leurs engagements en devises.Le FMI juge « impératif de mettre rapidement en place une réglementation qui permette de transformer le secteur bancaire parallèle en pourvoyeur stable de financement par le biais des marchés ». Il recommande de « renforcer les politiques microprudentielles et macroprudentielles applicables aux établissements non bancaires » et de renforcer, autant qu’il est possible, la liquidité du marché après la crise financière de 2008 marquée par plusieurs épisodes d’illiquidité et des risques de contagion plus élevés. Rapport sur la stabilité financière mondiale, publié le15 avril 2015Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.04.2015 à 15h02 • Mis à jour le15.04.2015 à 17h53 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Après une trêve liée aux mauvaises conditions climatiques hivernales, les arrivées de migrants par la mer ont repris en force en Grèce ces dernières semaines. Depuis le début de l’année, 10 507 personnes ont été officiellement recensées par les garde-côtes. « Nous avons de notre coté comptabilisé 12 642 arrivées par la mer », précise une source au ministère chargé de l’immigration. Quel que soit le chiffre réel, il est en tout cas en forte hausse par rapport à 2014 puisque sur l’ensemble de l’année dernière 43 518 migrants étaient arrivés par la mer. « Si l’on continue au rythme actuel nous dépasserons les 100 000 d’ici à décembre, ce qui nous ramènera aux niveaux des années 2010-2011 », affirme un responsable de la police portuaire.Lire aussi :Nouveau naufrage mortel en MéditerranéeDe tels mouvements, en regard des centaines de milliers de réfugiés qu’accueillent le Liban, et la Turquie peuvent paraître modestes mais la Grèce est bel et bien débordée car elle ne possède aucune structure d’accueil. « Il y a une véritable situation d’urgence, confirme Ketty Kehayoglou, du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), il faut absolument et vite, héberger ces milliers d’arrivants le temps de leur identification et les protéger à la fois des éléments mais aussi des trafiquants et des passeurs. »Pour trouver une parade, le premier ministre, Alexis Tsipras, qui promet dans ce domaine aussi d’être en rupture avec son prédécesseur conservateur, a donc réuni à deux reprises cette semaine les ministres, sous-ministres et responsables policiers chargés du dossier. Sans tarder, le gouvernement a ordonné la réquisition de centres désaffectés de l’armée ou de bâtiments publics. « Nous avons déjà mis en place un centre d’accueil des mineurs à Athènes et ouvert des lieux d’accueil temporaire dans les îles de Kos et de Léros », indique notre source ministérielle sans pour autant en préciser le nombre de places. Selon elle, « il n’existait jusqu’à notre arrivée que 4 500 places en centre de rétention, de véritables prisons que nous avons décidé de transformer en centre ouvert. Il n’y a qu’un seul centre d’accueil d’une capacité de 200 places à Evros et environ 1 000 places dans des centres sociaux ».Conditions très duresLe gouvernement grec a aussi demandé via le HCR la relocalisation de réfugiés syriens dans d’autres pays européens et réclame à la Commission européenne des fonds pour mettre en place un navire qui serait chargé de transporter les migrants depuis les îles jusqu’aux centres d’accueil sur le continent grec. « Notre objectif est de soulager les îles le plus rapidement possible. Elles ne sont pas du tout équipées pour faire face à de tels flux alors que la saison touristique, dont elles dépendent largement économiquement, commence », ajoute-t-on au gouvernement.Sur le continent justement, et surtout à Athènes, l’inquiétude est elle aussi montée d’un cran. Lors d’un entretien la semaine dernière au quotidien conservateur Kathimerini, le maire de la capitale, Georges Kaminis, a déclaré qu’il ne serait pas possible à la municipalité de « revenir au passé ». C’est-à-dire aux années 2008-­2011 qui ont vu les places des quartiers populaires d’Athènes occupées par des familles de migrants faute d’hébergements disponibles. La solution du gouvernement conservateur d’alors avait été de créer des centres de rétentions aux conditions très dures ou d’enfermer dans les commissariats les sans-papiers arrêtés dans la rue dans le cadre d’une vaste opération policière de contrôle d’identité. Appelée Xenos Zeus, celle-ci avait duré jusqu’à l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir.« Solutions inhumaines »« Nous ne pouvons pas revenir à ces solutions inhumaines mais nous devons absolument avoir l’aide de l’Europe pour gérer dans le respect des droits de l’homme cette situation qui nous dépasse largement. Le conflit syrien n’est pas le fait de la Grèce ! La solidarité est urgente », conclut-on au gouvernement. « Près de 90 % des arrivants sont des réfugiés politiques potentiels, explique Ketty Kehayoglou. Et 60 % au moins sont des Syriens. Le problème dépasse largement la Grèce car nous observons une hausse des réfugiés syriens partout. » Plus d’1,7 million de Syriens seraient aujourd’hui exilés en Turquie. Près d’1,2 million au Liban. Dépassés par ce flux sans cesse grandissant, ces pays n’arrivent plus à faire face. « Les espoirs de retour se sont réduits à mesure que dure la guerre et désormais ces réfugiés recherchent à l’ouest une solution permanente pour survivre », ajoute Mme Kehayoglou.Pour le porte-parole du parti d’opposition Nouvelle Démocratie, Kostas Karagounis, l’arrivée massive de ces dernières semaines serait liée avant tout à la politique migratoire trop généreuse du nouveau gouvernement. « Ils ont ouvert les centres de rétention et rempli les rues d’Athènes de clandestins. Ils ont ouvert les frontières et rempli les îles d’immigrés en pleine période touristique », a-t-il déclaré. Une nouvelle réunion d’urgence sur ce dossier redevenu brûlant devait avoir lieu mercredi 15 avril sous l’égide du premier ministre Alexis Tsipras.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.04.2015 à 14h43 • Mis à jour le15.04.2015 à 15h25 L'essentielL'affaire de corruption politique dite « Petrobras » a été révélée en mars 2014. Elle aurait pour principal objectif de financer des campagnes électorales.Elle touche l'entreprise pétrolière Petrobras, les géants brésiliens du BTP, et des membres du Parti des travailleurs de Lula et Dilma Rousseff. 600 000 personnes ont manifesté le 12 avril, 1,5 million le 15 mars. Joao Vaccari, le trésorier du Parti des travailleurs (PT), formation au pouvoir au Brésil, a été arrêté pour des soupçons de pots-de-vin et blanchiment d'argent, dans le cadre de l'affaire Petrobras, mercredi 15 avril. Joao Vaccari, qui a toujours nié les accusations portées contre lui, « a été arrêté à Sao Paulo » mercredi matin et va être transféré à Curitiba, dans l'Etat du Parana, a annoncé la police.Lire notre décryptage : Comprendre le scandale Petrobras qui secoue le BrésilM. Vaccari doit déjà être jugé pour corruption et blanchiment d'argent. La justice l'accuse d'avoir reçu des fonds provenant de contrats frauduleux de Petrobras et de les avoir enregistrés comme ayant été des dons électoraux.Lire aussi : Brésil : le Parti des travailleurs au cœur du scandale de corruption PetrobrasManifestations contre Dilma RousseffLa justice brésilienne s'intéresse à un vaste système de corruption au sein de l'entreprise publique pétrolière Petrobras.  Selon les enquêteurs, le réseau, constitué d'hommes d'affaires, de directeurs d'entreprises et de politiques, a détourné en une décennie jusqu'à 4 milliards de dollars, destinés notamment à financer les partis de la coalition de centre gauche au pouvoir.L'affaire, qui ébranle le pouvoir brésilien, suscite l'indignation de la population. Dimanche, environ 600 000 personnes ont manifesté dans une centaine de villes contre la présidente Dilma Rousseff. Il y a un mois, le 15 mars, ils étaient 1,5 million à descendre dans les rues. 15.04.2015 à 12h16 • Mis à jour le15.04.2015 à 14h46 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Elle était déjà considérée comme l’une des personnalités les plus fortes et intéressantes du collège de la Commission européenne. Avec sa décision, mercredi 15 avril, d’accuser Google de violation de la loi antitrust européenne avec son moteur de recherche, la commissaire Margrethe Vestager entre vraiment dans la cour des « grands » de Bruxelles.La Danoise de 47 ans, qui a pris son poste début novembre 2014, avait la lourde responsabilité de boucler – si possible – le plus vite possible l’enquête contre le groupe américain. Une enquête extrêmement sensible, politiquement et économiquement, mais qui n’en finissait plus, puisqu’elle a été lancée par la Commission européenne il y a près de cinq ans, en novembre 2010.Et surtout, on attendait de la commissaire qu’elle reparte sur des bases moins controversées, alors que la stratégie de son prédécesseur, l’Espagnol Joaquin Almunia, avait suscité beaucoup de critiques en Europe. De la part des plaignants, bien sûr, mais aussi des politiques, notamment français et allemands. M. Almunia s’était vu reprocher d’avoir cherché, en vain, à trois reprises, un compromis avec le groupe américain, sans jamais aller jusqu’à l’acte d’accusation.« Souci du consommateur »Margrethe Vestager, ex-leader du parti social libéral à Copenhague, qui aurait servi de modèle à la série danoise à succès Borgen, a donc choisi la manière forte contre Google. Sans pour autant « jeter à la poubelle » tout le travail d’enquête mené par la puissante Direction générale de la concurrence (la « DG Comp ») de la Commission, entre 2009 et 2O14.Mais, dès décembre 2014, un mois après son arrivée à Bruxelles, elle a pris soin de rencontrer les plaignants (ils sont environ une trentaine à avoir déposé plainte contre Google). « Elle a pris le temps, et elle l’a fait avant de voir Eric Schmidt [le président exécutif de Google], ce qui a été apprécié », souligne l’un des plaignants souhaitant conserver l’anonymat.Tous ceux qui, à Bruxelles, ont eu récemment à faire avec elle soulignent son pragmatisme, son écoute, « son souci constant du consommateur », souligne une source européenne, et sa maîtrise rapide des dossiers.Discrète dans les médias, elle a su néanmoins s’imposer au sein du collège des commissaires présidé par Jean-Claude Juncker. Avec cinq ou six autres personnalités (Frans Timmermans, Günther Oettinger, Andrus Ansip, Pierre Moscovici, Cecilia Malmström, Federica Mogherini), elle fait partie des poids lourds de l’exécutif européen.Enquêtes sur les accords fiscauxDifficile de faire sans elle, par exemple, pour définir la future stratégie concernant le « marché unique digital » promise par la Commission Juncker. Preuve de sa détermination à investir le secteur du numérique, elle a aussi décidé de lancer une enquête formelle sur des possibles violations de la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation mobile ultra-dominant de Google.Et Mme Vestager a validé récemment la création d’un « desk » e-commerce, une équipe dédiée au sein de la DG Comp, pour enquêter, pour l’instant de manière informelle, sur les barrières au commerce en ligne au sein de l’Union européenne. Notamment sur le fait qu’il est parfois difficile, voire impossible, d’acheter sur un site en ligne si l’on ne se trouve pas dans le même pays à ce moment-là (le « geoblocking »), selon une source européenne.Entre autres dossiers brûlants, Mme Vestager doit aussi boucler les enquêtes, ouvertes en 2014, sur de possibles aides d’État illégales concernant Starbucks aux Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg et Apple en Irlande. Une décision devrait tomber avant cet été.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesLà, il s’agit de savoir si les « rulings » (les accords fiscaux préalables) consentis à ces sociétés par ces États sont conformes ou non à la loi européenne en matière concurrentielle. Là aussi, la commissaire est attendue au tournant.Si elle décide d’accuser le Luxembourg, la polémique « Luxleaks » risque de repartir. D’autant plus que M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant plus de quinze ans…Lire aussi :LuxLeaks : M. Juncker de nouveau accuséCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.04.2015 à 10h55 • Mis à jour le15.04.2015 à 11h01 | Cécile Hennion « Ici, il n’y a pas de pourquoi », s’entendit répondre Primo Levi à son arrivée à Auschwitz. En 2015, année de commémoration des 70 ans de la libération des camps nazis, du centenaire du génocide arménien et des 40 ans de la prise de Phnom Penh – ouvrant la voie au massacre de 1,7 million de Cambodgiens par les Khmers rouges –, ceux qui ont tenté de décortiquer l’Histoire ne sont pas parvenus à apporter de réponse satisfaisante à la lancinante question du « Pourquoi ? ».Le caractère « impensable » des horreurs exhibées, en 1945, explique peut-être qu’il fallut un mot nouveau pour les qualifier. En 1948, les Nations unies adoptèrent le terme de « génocide », inventé quatre ans plus tôt par le juriste Raphael Lemkin. Malgré une définition complexe – commettre des massacres ou causer un préjudice mental ou physique grave avec l’intention de détruire tout ou partie d’un groupe national ethnique, racial ou religieux –, le mot est passé dans le langage courant pour qualifier les crimes de masse, non sans provoquer des débats enflammés. Le 12 avril, le pape François suscitait l’émoi en évoquant le massacre des Arméniens, « généralement considéré comme le premier génocide du XXe siècle ».Alors que le Cambodge va commémorer une date décisive de son histoire, la qualification de « génocide » cambodgien suscite aussi la polémique. Le 17 avril 1975, Phnom Penh tombait aux mains des Khmers rouges. Jusqu’à leur chute le 6 janvier 1979, les maîtres du « Kampuchéa démocratique » entraînèrent la mort d’environ 20 % de la population. Mais sont-elles nécessaires, ces querelles de vocabulaire, pour qualifier ces atrocités ?Identifier le crimeRichard Rechtman, directeur d’études à l’EHESS, psychiatre et anthropologue, en est convaincu. « Moins pour les victimes que pour l’histoire collective, précise-t-il. On ne juge pas l’Histoire au regard de l’intérêt immédiat des victimes. Sinon, comme le pensent certains, il faudrait se taire afin de ne pas rouvrir les blessures. Au Cambodge, la qualification de “génocide” souligne bien l’intentionnalité criminelle, qui va au-delà de l’élimination physique des opposants pour viser tout un peuple, le peuple dit “nouveau” dans le langage khmer rouge. Les Khmers rouges ont voulu tuer les hommes, les femmes, les enfants, mais aussi les morts en interdisant les rites funéraires ou en laissant les dépouilles à l’abandon – ce que l’on ne retrouve que dans les pratiques génocidaires. »« Pour délester les survivants du fardeau de leurs défunts, dont ils sont souvent les seuls à se souvenir, il est nécessaire que l’ensemble de la collectivité les porte, poursuit M. Rechtman. Cela passe par l’aveu des bourreaux. Or, seule la scène judiciaire contient ce dispositif qui les fait – parfois – parler. » A la différence d’un procès pénal ordinaire où l’on cherche des mobiles, note-t-il, il s’agit ici d’identifier le crime, même si, au final, la responsabilité des accusés ne sera parfois pas engagée. C’est le sens de la mémoire collective, selon Richard Rechtman. Il faut permettre aux défunts de réintégrer l’espace collectif, y compris par la polémique. Il ne s’agit pas d’une démarche compassionnelle à l’égard des survivants, ajoute-t-il, mais d’un acte politique de refus de l’effacement.Cécile HennionJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Bekmezian A l’automne 2014, Transparency International avait déjà épinglé la France pour sa mauvaise conduite en matière de lobbying, en lui accordant une note de 2,7 sur 10. Dans son nouveau rapport, publié mercredi 15 avril, l’organisation non gouvernementale de lutte contre la corruption s’attaque cette fois à l’Europe et dresse un bilan qui n’est guère plus glorieux dans 19 pays du continent.Selon ses critères, les résultats des enquêtes menées concomitamment par ses différentes antennes nationales sont « préoccupants et indiquent que les efforts entrepris à ce jour manquent de cohérence et d’efficacité ». Financé par la Commission européenne, le projet s’est aussi interessé aux institutions européennes, qui ne sont pas plus en avance. Partout, « les risques d’influence excessive restent élevés et se soldent ponctuellement par de graves conséquences pour l’économie, l’environnement, la cohésion sociale, la sécurité publique et les droits de l’homme », estime Transparency pour qui « les pratiques de lobbying inéquitables et opaques constituent l’un des principaux risques de corruption pesant sur l’Europe ».Meilleure note pour la SlovénieDans l’examen en 100 critères soumis par l’organisation, les dix-neufs pays examinés obtiennent une note moyenne de 31 sur 100, soit à peine mieux que la France, qui se classe treizième du classement – loin derrière le Royaume-Uni mais devant l’Allemagne. Avec la meilleure note (55/100), la Slovénie arrive en tête grâce à une loi adoptée en 2010 mais que Transparency ne juge pas encore satisfaisante en pratique. Chypre et la Hongrie finissent derniers avec 14 sur 100 et ni les pays nordiques ni la Grèce n’ont participé à l’enquête. Les institutions européennes obtiennent à elles seules une note un peu plus honorable de 36 sur 100, mais au prix de grosses différences entre la Commission, numéro 2 avec 53/100, le Parlement (37/100) et le Conseil, antépénultième avec 19/100.Pour attribuer ces notes, l’organisation a posé trois jalons, loin d’être atteint par les pays examinés : la transparence des interactions entre les acteurs (traçabilité), l’existence de règles d’éthiques claires et contraignantes (intégrité) et l’ouverture de la décision publique au plus grand nombre (équité d’accès).Concernant la traçabilité, Transparency milite pour une transparence totale des processus de décision et pour la mise en place d’une « empreinte législative » pour savoir quelles actions ont influé sur le processus de prise de décision. Cela passerait entre autres par la publication de la liste des représentants d’intérêts rencontrés par les décideurs, de l’agenda des rencontres voire du compte-rendu des réunions, autant de contraintes qui hérissent encore les responsables publics.Risques de conflits d’intérêtsMême quand l’accès à l’information est en théorie garantie, « des obstacles pratiques s’opposent aux demandes d’information des citoyens, des médias ou d’autres groupes d’intérêts », affirme l’ONG qui note à 26/100 la traçabilité des décisions publiques en Europe. Les registres mis en place dans certaines institutions pour contrôler les allées et venues des lobbyistes ne suffisent pas pour contrôler tous les lieux et acteurs.Pour leur intégrité, les 19 pays observés reçoivent une note de 33 sur 100 due à l’absence de « règles éthiques claires et efficaces ». Les codes de conduite, quand ils existent, « sont souvent lacunaires et ne fournissent pas de recommandations suffisantes », sans compter qu’ils ne protègent en rien contre le « pantouflage », soit le passage des responsables entre secteur public et secteur privé. Ni la France ni l’Espagne ni le Portugal n’interdisent l’exercice d’activités de conseil ou de lobbying pendant un mandat de parlementaire, rappelle Transparency qui souligne les risques de conflits d’intérêts sur le processus de prise de décision. Pour y remédier, elle préconise l’instauration d’un délai de carence minimum entre la fin d’une fonction ou d’un mandat public et l’exercice d’une activité de lobbying susceptible de créer des conflits d’intérêts.« Accès privilégié à la décision publique »Enfin, l’équité d’accès à la décision publique n’est pas non plus garantie, selon l’ONG qui attribue là aussi une note de 33 sur 100 aux pays européens, avec ce commentaire : « La participation du public n’est pas garantie correctement et certains groupes jouissent d’un accès privilégié à la décision publique ». « Des processus de consultations existent mais ils ne sont pas toujours équilibrés, explique Myriam Savy, responsable du plaidoyer en France. Lors des consultations publiques, il n’y a par exemple aucune garantie sur le fait que les contributions seront bien prises en compte. »A l’heure où la défiance des peuples envers leurs élus est de plus en plus grande, l’opacité demeure alors qu’il faudrait au contraire « permettre aux citoyens de mieux comprendre les décision pour mieux les accepter et avoir confiance dans le processus législatif », poursuit-elle. Dans l’ensemble, même si elle s’efforce de pointer quelques progrès, en France ou à la Commission européenne, force est de constater que le chemin est encore long.Hélène BekmezianJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.04.2015 à 12h44 • Mis à jour le14.04.2015 à 15h12 Des combattants de tribus se sont-ils emparés, mardi 14 avril, de l'unique terminal gazier du Yémen sur le golfe d'Aden ? C'est ce qu'ont affirmé plusieurs sources à l'AFP mardi matin : « Des hommes armés de tribus ont pris le contrôle du terminal gazier de Belhaf (…) après notre retrait » du site, a déclaré l'un des militaires de l'unité chargée de la protection du site. Une source tribale a confirmé ces faits : « Les quelque quatre cents soldats qui étaient déployés au terminal ont déposé les armes et se sont retirés, et nos hommes ont pénétré dans le port et dans les bureaux de Yemen LNG. » Elle a ajouté que les tribus s'engageaient à « assurer la sécurité des installations du site ».Le groupe Total, qui détient 40 % de la compagnie Yemen LNG, maintient cependant que cette dernière a toujours le contrôle du terminal gazier. « Yemen LNG nous informe qu'aucune intrusion dans le périmètre de l'usine n'a été constatée. La sécurité du site est maintenue », a expliqué un porte-parole du groupe français, contredisant la source militaire sur place.Violents combatsBelhaf est situé sur le golfe d'Aden, dans la province de Chabwa, théâtre de violents combats entre partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi et rebelles chiites houthis. Ces derniers  se sont emparés de vastes régions du pays, dont la capitale, Sanaa.Voir notre infographie : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au YémenYemen LNG a commencé à exporter le gaz naturel liquéfié yéménite en 2009 et a conclu en 2005 des accords avec Kogas (Corée du Sud), GDF-Suez et Total Gas and Power Ltd pour l'exportation de gaz pendant vingt ans vers les marchés asiatique, américain et européen.Face à la progression des houthistes, soutenus par l'Iran chiite, l'Arabie saoudite sunnite a pris la tête d'une coalition de neuf pays arabes et mène des frappes aériennes contre les rebelles. Le président Hadi a fui le Yémen pour se réfugier à Riyad.Lire aussi : Yémen : une faillite américano-saoudienne Benoît Vitkine Le cessez-le-feu fragile qui prévalait dans l’est de l’Ukraine depuis le 12 février est-il en train de voler en éclats ? A l’issue d’une réunion « très longue, très intense et très conflictuelle », lundi 13 avril à Berlin, les ministres des affaires étrangères des quatre Etats signataires (Allemagne, France, Russie et Ukraine) des accords de paix négociés à Minsk il y a deux mois entre Kiev et les séparatistes du Donbass n’ont pas éludé cette possibilité, faisant part de leur « vive inquiétude » quant aux violations répétées de la trêve.Celle-ci n’a jamais suffi à faire cesser totalement les combats, mais ces derniers jours ont vu une très forte recrudescence des combats en plusieurs points de la région. Lors de la seule journée de dimanche, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont enregistré 1 166 explosions, provoquées principalement par des tirs d’artillerie et de mortier. Un soldat ukrainien aurait été tué et six autres blessés, selon les bilans fournis par Kiev, tandis que les autorités séparatistes faisaient état de la mort d’un « journaliste local », qui n’a pu être confirmée, et de quatre civils blessés dans les zones sous leur contrôle.Exécutions sommaires de prisonniersNon seulement le cessez-le-feu n’est pas respecté autour de plusieurs points chauds, notamment les abords du port de Marioupol que les rebelles convoitent, mais encore les armes lourdes n’ont pas été retirées du front, contrairement à ce que prévoyaient les accords de Minsk. Les quatre ministres appellent à rendre ce retrait effectif et ils l’élargissent aux armes d’un calibre inférieur à 100 mm, qui n’étaient pas concernées par l’accord précédent. Ils plaident aussi pour la constitution rapide des « groupes de travail » censés lancer le processus de discussions politiques.Les inquiétudes vont au-delà des seules violations du cessez-le-feu. Kiev et l’OTAN assurent que Moscou continue à alimenter massivement en hommes et en matériel la machine de guerre séparatiste. Nombre d’experts craignent une reprise rapide des hostilités à grande échelle. Le conflit, qui a débuté il y a exactement un an, a fait plus de 6 000 morts, selon les bilans les plus optimistes. Le niveau de confiance déjà faible entre les deux camps a été encore amoindri par les accusations d’Amnesty International faisant état d’exécutions sommaires de prisonniers ukrainiens par les rebelles.« La question n’est pas celle du passage des armes par la frontière russo-ukrainienne, commente une source diplomatique française. S’il y avait 5 000 chars dans le Donbass mais une volonté de paix, ça irait quand même. » Selon cette source, « on a pour le moment intérêt des deux côtés à ce que la situation reste stable ». Malgré cela, « personne ne fait le moindre effort », assure-t-elle, citant l’exemple des échanges de prisonniers prévus eux aussi par Minsk. « Chacun fait du formalisme sur des points mineurs au lieu de montrer des signes de confiance. »Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.04.2015 à 09h39 • Mis à jour le14.04.2015 à 10h29 L'organisation Etat islamique a perdu du terrain en Irak depuis son apogée, en août, et le début des frappes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, assure un rapport du Pentagone, lundi 13 avril.D'après le colonel Steven Warren, porte-parole du département de la défense américain, « l'EI n'est plus la force dominante sur 25 % à 30 % des zones peuplées d'Irak, où il avait complète liberté de circulation. (Il) est maintenant lentement repoussée, (mais) c'est un long combat ».Au total, les zones dont l'EI a perdu le contrôle représenteraient plus de 13 000 kilomètres carrés, essentiellement dans le nord et le centre de l'Irak. Depuis le mois d'août 2014, les avions de la coalition ont procédé à 3 244 frappes aériennes, dont 1 879 en Irak et 1 365 en Syrie. Des raids menés pat les Etats-Unis pour 80 % d'entre eux, selon le Pentagone.En Syrie, l'EI a toutefois « maintenu son influence globale », perdant du terrain autour de Kobané, mais en gagnant dans les environs de Damas ou d'Homs, prenant aussi un point d'appui dans le camp de réfugiés de Yarmouk, a expliqué le colonel Warren.Le premier ministre irakien à WashingtonLe président américain, Barack Obama, reçoit mardi à la Maison Blanche le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, qui a réclamé lundi plus d'aide de Washington. Après la reconquête de Tikrit, considérée comme un « tremplin » vers la libération de Mossoul, deuxième ville du nord située à 350 km de Bagdad, Washington met en garde contre toute précipitation.L'EI a lancé, samedi, une attaque-suicide contre la raffinerie de Baïji, la plus grande du pays, l'armée irakienne en gardant le contrôle. Les forces de sécurité irakiennes ont lancé lundi une contre-offensive dans la province d'Anbar, à l'ouest de Bagdad, où les djihadistes de l'EI ont pris la semaine dernière le contrôle de deux secteurs des faubourgs nord de la capitale provinciale, Ramadi.Lire aussi (édition abonnés) : Face à l’Etat islamique, l’Irak à la reconquête de lui-même 14.04.2015 à 06h50 • Mis à jour le14.04.2015 à 12h29 Les ministres des affaires étrangères allemand, français, ukrainien et russe se sont entendus lundi 13 avril à l'issue d'une longue réunion à Berlin pour amplifier le retrait des armes déployées dans l'est de l'Ukraine, où les combats se poursuivent en dépit des accords Minsk II, conclus à la mi-février.Lire : Ukraine : un plan de paix a été trouvé à Minsk, « aucune illusion » pour Merkel« Nous exprimons notre vive inquiétude au sujet des combats survenus ce week-end, notamment avec l'engagement d'armes lourdes près de Chirokiné et de l'aéroport de Donetsk. Nous appelons toutes les parties à cesser les combats », ont déclaré les quatre ministres dans un texte diffusé à l'issue de leur réunion. Ils ont appelé au « retrait des armes lourdes », « mortiers, armes lourdes d'un calibre inférieur à 100 mm ainsi que de tous les types de chars ».Cet appel va « au-delà » de l'accord Minsk II, a affirmé le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, commentant le résultat de la réunion devant des journalistes.« Rien n'est simple »Les quatre ministres ont annoncé leur volonté de mettre en place « quatre groupes de travail aussi vite que possible au sein du groupe de contact trilatéral », composé de l'Ukraine, de la Russie et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Ils devront se pencher sur « la sécurité, le processus politique, les questions humanitaires et les affaires économiques » dans la zone de conflit.M. Steinmeier a souligné que la discussion de lundi soir avait été « très longue, très intense, et en partie très conflictuelle ». « Rien n'est facile dans la crise ukrainienne, ce n'est pas nouveau », a-t-il lâché, tout en soulignant qu'il n'y avait « pas d'alternative » au dialogue politique.Les résultats de la rencontre de Berlin seront largement discutés lors d'une réunion des ministres des affaires étrangères du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada) mardi soir et mercredi à Lübeck, dans le nord de l'Allemagne.Sur le terrain, les tensions ont gagné en intensité ces derniers jours. Selon le porte-parole de l'armée ukrainienne, Andriï Lyssenko, six soldats ukrainiens ont été tués et douze autres blessés dans l'est du pays au cours des dernières vingt-quatre heures. Durant le week-end, un soldat avait été tué et un autre blessé dans des combats. Les séparatistes font pour leur part état de quatre civils blessés.Voir le grand format : De la fuite de Ianoukovitch aux accords de Minsk II, un an de crise en Ukraine 13.04.2015 à 23h34 • Mis à jour le14.04.2015 à 09h46 D'anciens mercenaire de la société privée américaine Blackwater ont été condamné lundi 13 avril à de lourdes peines de prison pour avoir tué au moins 14 Irakiens en 2007. Nicholas Slatten, qui avait été reconnu coupable en octobre 2014 d'avoir assassiné un civil, écope de la perpétuité. Trois autres ex-employés de Blackwater, Paul Slough, Evan Liberty et Dustin Heard, jugés pour homicides volontaires, ont été condamné à 30 ans de prison. Les procureurs avaient réclamé entre 47 et 57 ans de détention.Les employés de Blackwater étaient chargés de la sécurité d'un convoi diplomatique américain le 16 septembre 2007 sur la place Nisour de Bagdad quand ils ont ouvert le feu. Au total, dix-sept civils irakiens ont été tués, selon les enquêteurs irakiens, quatorze selon leurs homologues américains. La fusillade avait blessé dix-huit autres personnes.« Acte sauvage »« L'acte sauvage qui a eu lieu ici ne peut jamais être cautionné par le tribunal », a déclaré le juge, devant une salle remplie surtout de sympathisants des ex-mercenaires, dont certains portaient des sweatshirts où était inscrit le nom de Blackwater.Les quatre accusés avaient clamé leur innocence et demandé la clémence. Lors de sa plaidoirie, Bill Heberlig, l'avocat de M. Slough, avait rappelé le contexte de « menaces terribles de l'après 11-Septembre à Bagdad ». « Je me sens complètement trahi par un gouvernement que j'ai servi honorablement », a réagi M. Slough. « Dieu m'en est témoin, j'ai tiré contre deux personnes en uniforme irakien qui me tiraient dessus », a estimé M. Liberty.Deux proches des victimes se sont exprimés avant le prononcé de la peine. « J'ai une question (...). Pourquoi vous avez tué mon fils ? », a demandé Fatimah al-Fadwi Kinani, la mère éplorée d'un garçon de 9 ans tué par une mitrailleuse, qui s'exprimait avec l'aide d'un interprète.Paul Slough s'est tourné en direction du père également présent : « M. Kinani, je ne pouvais pas et n'ai pas tué votre fils ». Les défenseurs de M. Slough prétendent que le garçon a été tué par une mitrailleuse M-240 alors que l'ancien mercenaire utilisait une arme différente. Les quatre hommes avaient aussi affirmé qu'ils avaient répliqué à des tirs, mais aucun témoin n'est venu corroborer cette hypothèse, a rappelé le juge lundi. Sentiment anti-américainLe massacre avait exacerbé le ressentiment des Irakiens vis-à-vis des Américains et a été vu comme un exemple de l'impunité dont jouissent les sociétés de sécurité privées travaillant pour les Etats-Unis en Irak. Avant ce massacre, M. Slatten aurait dit à des proches qu'il voulait « tuer autant d'Irakiens qu'il pouvait pour se “venger” [des attentats] du 11 septembre 2001 », selon des documents judiciaires.La société Blackwater, dont la licence en Irak avait été révoquée par Bagdad, a été rebaptisée Xe Services en 2009 puis Academi en 2011. Après l'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, en 2009, le département d'Etat a annulé son contrat avec cette société.Lire l'enquête (publiée en 2010) : Le rôle ambigu des mercenaires en Irak 13.04.2015 à 18h21 • Mis à jour le13.04.2015 à 20h01 | Leila Marchand Le pape François a prononcé publiquement, le 12 avril, le terme de « génocide » pour qualifier les massacres des Arméniens, une première pour le Vatican. Ces massacres, considérés comme l'un des tout premiers génocides du XXe siècle, ont eu lieu entre 1915 et 1923.Cent ans après, le bilan des victimes et des déportations reste un sujet controversé : les Arméniens estiment qu'environ 1,5 million des leurs ont été tués. Pour sa part, la Turquie considère qu'il s'agissait d'une guerre civile qui a fait 300 000 à 800 000 morts, autant du côté turc qu'arménien.Plus que les chiffres, c'est la reconnaissance d'un génocide qui cristallise les tensions. Cette reconnaissance est devenue l'objet d'un conflit diplomatique et a notamment été un des points de friction lors des négociations entre la Turquie et l'Union européenne, en vue d'une adhésion éventuelle à celle-ci.Les Nations unies définissent le terme de « génocide » ainsi :« (...) l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux : meurtre de membres du groupe, atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe »Le premier pays à reconnaître officiellement le massacre arménien est l'Uruguay, le 20 avril 1965. Le dernier en date est la Syrie, en mars 2015. Au total, seuls 23 pays l'ont reconnu.Il existe des différences entre ces reconnaissances. Dans la plupart des cas, il s'agit d'un projet de résolution soumis ou adopté par le Parlement. Aux Etats-Unis, par exemple, des résolutions sont plusieurs fois passées à la Chambre des représentants (1984) et à sa commission des affaires étrangères (2007), contre l'avis de Georges W. Bush, sans que ces textes ne deviennent force de loi.A l'inverse, la France a reconnu publiquement le génocide arménien dans la loi dans la loi du 29 janvier 2001. De même, en Uruguay comme en Argentine et à Chypre, une loi y a été adoptée afin d'établir une journée nationale d'hommage aux victimes du massacre le 24 avril.Des mots tabousMême avec une résolution ou une loi affichées dans le sens de la reconnaissance du génocide, tous les pays ne s'engagent pas au même niveau. Un degré d'engagement qui se reflète dans le vocabulaire choisi. L'Uruguay, par exemple, ne parle pas de « génocide » mais de « martyr ». C’est le cas aussi de l'Allemagne, qui admet seulement « des déportations et des massacres ».La Turquie n'est pas toujours désignée explicitement comme ayant une responsabilité dans les faits. Soit le texte ignore tout à fait de mentionner un auteur, comme celui du Vatican ou de la France par exemple, soit il reste assez flou et préfère citer « l'Empire ottoman », comme le Chili, la Syrie, la Suisse, l'Italie, le Liban ou la Belgique.Effectivement, « ce génocide a été commis dans l'Empire ottoman, la Turquie ne fut constituée comme Etat qu'en 1923 », rappelle l'historien Yves Ternon, mais « elle se présente comme l'héritière de l'Empire ottoman, donc de son histoire ».Stratégie diplomatiqueLe choix de la reconnaissance ou non du génocide arménien est en tout cas toujours lié à une stratégie diplomatique. Cela explique pourquoi les Etats-Unis ont tellement de mal à avancer sur ce point, en dépit de son importante diaspora arménienne : la Turquie est une alliée de longue date de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) et joue un rôle stratégique dans les intérêts américains au Moyen-Orient, comme l'explique cette étude de l'Iris.Au Royaume-Uni, la question reste également très sensible, voire taboue. Ses diplomates ne parlent pas de « génocide » mais de « ce qui s'est passé entre 1915 et 1923 ». Le pays compte beaucoup de ressortissants turcs et tient à préserver de bonnes relations avec la Turquie. Ce qui n'a pas empêché les Parlements écossais et irlandais du Nord à voter une motion générale reconnaissant le génocide en janvier 2010.Leila MarchandJournaliste au Monde 13.04.2015 à 17h17 • Mis à jour le13.04.2015 à 17h57 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Il est l’autre candidat de la Floride à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2016. Tout autre que lui aurait sans doute réfléchi à deux fois avant de se lancer dans la mêlée. Tout d’abord parce que son jeune âge, 44 ans, permettait à Marco Rubio d’envisager une candidature après quelques années supplémentaires d’apprentissage au Congrès des Etats-Unis.Ensuite parce qu’il va devoir rivaliser avec l’ancien gouverneur de son Etat, Jeb Bush. Ce dernier, qui ne s’est pas encore officiellement déclaré, dispose d’un nom, d’une expérience, et d’une capacité à lever des fonds indiscutables. L’ambition, pourtant, l’a emporté. Il ne serait d’ailleurs pas le premier élu associé à une minorité américaine à prétendre à la Maison Blanche, voire à s’y installer, avant même d’avoir achevé un premier mandat de sénateur.Lire aussi :Primaires aux Etats-Unis : une « offre » pléthorique chez les républicainsLes titres des deux livres déjà publiés par le junior senator de Floride disent l’essentiel de lui : An American Son et American Dreams. Issu d’une famille modeste immigrée de Cuba, Marco Rubio a fait très tôt le choix d’une carrière politique. Adolescent, il ressasse le discours prononcé quelques années plus tôt par le sénateur démocrate Ted Kennedy, lors de la convention démocrate de 1980. Mais la personnalité de Ronald Reagan, élu cette même année à la présidence des Etats-Unis, et auquel un grand-père adoré voue une admiration sans bornes, va ensuite l’attirer dans le camp républicain.Ses premiers pas, Marco Rubio les effectue dans le milieu cubano-républicain spécifique de Miami : auprès de la représentante Ileana Ros-Lehtinen, la première élue du Congrès née à Cuba, pour la politique ; et d’Al Cardenas, patron d’un puissant cabinet d’avocats né également sur l’île, pour sa carrière de juriste. Marié très tôt à une ancienne camarade de lycée, membre des cheerleaders de l’équipe de football des Miami Dolphins, il se lance en politique en 1997 et est élu à la Chambre de Floride deux ans plus tard. Il y siège pendant huit années consécutives et devient le premier « speaker » d’origine cubaine de cette Assemblée. Il est également le plus jeune à ce poste de l’histoire de l’Etat.Indiscutable conservatismeExcellent orateur, il se sert de ce tremplin pour se faire élire au Sénat des Etats-Unis en 2010, battant au passage le gouverneur Charlie Crist, le successeur démocrate de Jeb Bush, au terme d’une campagne marquée par la poussée du mouvement Tea Party dont il emprunte les thématiques et l’alarmisme presque insurrectionnel. Une fois élu, il ne rejoindra cependant pas le caucus droitier constitué deux ans plus tard par l’un de ses pairs d’origine hispanique, Ted Cruz, devenu sénateur du Texas.Même si ses votes reflètent un indiscutable conservatisme, principalement sur les questions de société, il travaille avec le démocrate du Delaware Chris Coons sur les questions d’emploi, puis vote avec treize autres républicains et l’ensemble des sénateurs démocrates en faveur d’une réforme de l’immigration qui suscite l’ire de l’aile droite du « Grand Old Party ».En octobre 2011, le St Petersburg Times et le Washington Post dévoilent un petit arrangement avec le passé : sa famille a quitté Cuba non pas après l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, comme il l’a toujours raconté, mais quatre ans auparavant, sous la dictature de Fulgencio Batista. Son parti ne lui en tient pas rigueur : en 2012, Marco Rubio est choisi pour ouvrir la convention républicaine chargée d’adouber Mitt Romney dans la perspective de l’élection présidentielle. Il fait alors figure de candidat potentiel à la vice-présidence, même si c’est finalement Paul Ryan, représentant du Wisconsin, qui est retenu.Opposition au rapprochement avec CubaAprès la défaite face à Barack Obama, il est chargé de répondre au discours sur l’état de l’Union prononcé par le président réélu, en janvier 2013. Il est alors moins à son avantage, et les réseaux sociaux tournent en ridicule l’une de ses contorsions pour saisir une bouteille d’eau, en plein milieu de son propos.En 2012, l’énergie déployée par Marco Rubio dans son Etat n’avait pas permis à M. Romney de l’emporter en Floride, et le très faible score de ce dernier parmi l’électorat latino n’avait pas peu contribué à son échec. Quatre ans plus tard, le sénateur s’est établi à son compte, misant sur la curiosité des électeurs. Le président Barack Obama n’a-t-il pas assuré, en décembre, en recourant à une formule très imagée, qu’ils auraient sans doute envie « d’une odeur de voiture neuve » ?Le sénateur, qui a choisi d’incarner l’opposition au rapprochement avec Cuba décidé par le président démocrate, même si cette perspective est plutôt vue favorablement par l’opinion américaine, prend soin d’assurer que Jeb Bush, son rival aujourd’hui, n’a jamais été son mentor. En 2005, après son élection au poste de speaker de la Chambre de Floride, il avait reçu des mains de ce dernier, alors gouverneur, une épée censée symboliser les combats à venir d’un « guerrier conservateur ». Cette épée-là est désormais dégainée.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Elisa Perrigueur C'est un procès historique qui s'ouvre lundi 20 avril entre les murs de la prison Korydallos, à l'ouest d'Athènes. Plusieurs dizaines de membres et sympathisants du parti néonazi Aube dorée font face à la justice grecque, jugés pour appartenance à une « organisation criminelle ». Au terme de ce procès-fleuve qui devrait durer plusieurs mois, la justice devra évaluer si Aube dorée répond aux critères d'une formation « criminelle ». Un verdict qui menace l'existence de ce parti, troisième force politique du pays.Près de 70 personnes sur le banc des accusés69 prévenus, membres, sympathisants ou représentants d'Aube dorée sont renvoyés devant le tribunal. Parmi eux, les 18 députés néonazis élus aux législatives de juin 2012 (dont 13 sont toujours parlementaires aujourd'hui) dont le chef du parti Nikolaos Michaloliakos, l'ancien porte-parole Elias Kassidiaris ou encore le parlementaire Christos Pappas. La plupart de ces députés avaient été interpellés lors d'un vaste coup de filet, en septembre 2013. Neuf d'entre eux ont été placés en détention provisoire, d'une durée légale de 18 mois en Grèce.Lire aussi : La chute de Nikolaos Michaloliakos, « le petit Führer grec »Ces responsables seront jugés pour « constitution et appartenance à une organisation criminelle ». A leurs côtés des membres ou sympathisants du parti seront eux jugés pour « appartenance à une organisation criminelle ». Sur son site internet, Aube dorée qualifie ce procès de « vaste complot politique et judiciaire» contre le parti. Violences et meurtreL'offensive judiciaire a été lancée par le ministère public après l'assassinat, le 18 septembre 2013, du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, par un membre d'Aube dorée. L'investigation, qui a duré près de quinze mois a été supervisée par le procureur Isidoros Dogiakos. Ce dernier a remis à la justice un rapport de 698 pages en octobre. Création de milices d'assaut, entraînements paramilitaires, détentions illégales d'armes... L'enquête a mis au jour les zones d'ombres du parti. De nombreuses pièces à convictions, conversations enregistrées, images sont venues étayer cette vaste enquête.Aussi, des accusés devront ainsi répondre sur plusieurs dossiers venus alimenter la procédure, entre-autres de : Tentative de meurtre contre des pêcheurs égyptiens en juin 2012.Violences contre des membres du syndicat communiste PAME en septembre 2013.Meurtre du rappeur Pavlos Fyssas en septembre 2013.Côté partie civile, plus d'une centaine de témoins seront appelés à la barre pour témoigner des violences, agressions reprochées à l'Aube dorée. Crépuscule de l'Aube dorée ?Vantant une « Grèce aux Grecs », Aube dorée a prospéré dans le sillage de la crise économique et surfé sur un discours anti-immigration. Peu connu avant son entrée au parlement, aux législatives de juin 2012, le mouvement est resté stable aux dernières élections de janvier 2015, conservant 17 députés, confortant ainsi sa place de troisième force politique incontournable.« Il y a un grand intérêt de la population pour ce procès car pour la première fois un parti politique agit comme une organisation criminelle. Et dans le même temps, on prend conscience que c'est un vrai scandale qu'une organisation nazie ait pris la forme d'un parti politique « normal » en Grèce», explique Dimitri Psarras, journaliste et auteur de l'ouvrage « Aube dorée, le livre noir sur le parti nazi-fasciste grec ». Au terme de ce procès, la justice décidera si oui ou non, le parti peut être qualifié d'« organisation criminelle », ce qui pourra entraîner une interdiction du parti. Certains accusés risquent par ailleurs jusqu'à 20 ans de prison. >> Voir aussi (édition abonnés) : La Grèce sous le choc de la violence d’Aube doréeL'expert Dimitri Psarras est confiant : « la justice a rassemblé mille preuves irréfutables pour les activités criminelles de l'organisation et la culpabilité des responsables ». Toutefois, pour ce dernier : « Si le procès se termine en fiasco, l'organisation en sortira certainement plus forte. Dans le cas - peu probable - que la direction de l'organisation soit acquittée, les bataillons d'assaut nazi devraient également se regrouper. Ce serait une tragédie pour la société grecque ».Elisa PerrigueurJournaliste au Monde 19.04.2015 à 17h39 Plus de 90 000 personnes ont fui les combats entre les forces gouvernementales irakiennes et l'Etat islamique (EI) dans la région de Ramadi, à l'ouest de Bagdad, a fait savoir dimanche 19 avril l'Organisation des Nations unies (ONU). « Notre priorité est de livrer de l'aide d'urgence – nourriture, eau et abris – aux populations en fuite », a déclaré Lise Grande, coordinatrice humanitaire pour l'ONU en Irak.Au moins 2,7 millions de personnes ont été déplacées par les violences en Irak depuis le début de l'année 2014, dont un demi-million d'habitants de la province d'Al-Anbar, région aride à majorité sunnite qui s'étend de l'ouest de Bagdad aux frontières avec la Syrie, la Jordanie et l'Arabie saoudite.Aide de la coalition internationaleL'EI s'est emparé l'an dernier de vastes pans de territoire irakien, notamment la majeure partie d'Al-Anbar, puis de vastes régions au nord de la capitale. Après la reprise à la fin de mars de la grande ville de Tikrit, dans le nord du pays, par les forces gouvernementales, aidées par les frappes aériennes de la coalition internationale, le gouvernement a affirmé que le prochain objectif serait Al-Anbar.Les combats là-bas se concentrent actuellement autour de Ramadi, chef-lieu de la province situé à une centaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, et dans le secteur de Garma, plus à l'est. Ramadi reste en grande partie aux mains de l'EI, qui contrôle totalement la ville proche de Fallouja.Lire aussi (édition abonnés) : Face à l’Etat islamique, l’Irak à la reconquête de lui-même 19.04.2015 à 13h36 • Mis à jour le19.04.2015 à 13h58 Angela Merkel en Allemagne, Mariano Rajoy en Espagne, Matteo Renzi en Italie, David Cameron au Royaume-Uni… et en Suisse ? Si la plupart des dirigeants des pays voisins de la France bénéficient d'une certaine notoriété dans l'Hexagone, qu'ils soient président ou premier ministre, il est beaucoup plus difficile de citer le nom de la dirigeante suisse. Alors que François Hollande a achevé, jeudi 16 avril, sa visite d'Etat chez nos voisins helvètes, zoom sur le statut de son hôte, Simonetta Sommaruga.Une présidence tournante…Si la présidente suisse est peu connue, ce n'est pas un hasard. D'abord, comme son prédécesseur, le libéral-radical Didier Burkhalter, la socialiste Simonetta Sommaruga a été élue à la tête de la Confédération suisse pour seulement un an, non renouvelable. Dans le pays, les sept membres du Conseil fédéral, qui s'apparente au gouvernement français, deviennent président à tour de rôle. Tous, président inclus, sont chargés d'un domaine en particulier, à l'instar des ministres français. Simonetta Sommaruga présidait déjà le département de la justice et de la police en 2014, avant d'être élue présidente par l'Assemblée fédérale (le Parlement suisse).Le Conseil fédéral est aidé dans ses fonctions par la chancellerie fédérale, dont la présidente, Corina Casanova, a également été élue par l'Assemblée fédérale.… essentiellement représentativeLa fonction de président de la Confédération sert essentiellement à fournir un représentant officiel à la Suisse. En effet, si elle préside le Conseil fédéral, Simonetta Sommaruga garde le même pouvoir que les six autres membres. Ses seuls avantages : trancher en cas d'égalité lors d'un vote, accueillir les chefs d'Etat en visite ou prononcer les allocutions du Nouvel An et de la fête nationale (1er août).Un exécutif élu indirectementLa Suisse n'a donc pas vraiment de chef d'Etat, puisque c'est l'ensemble du Conseil fédéral qui dirige le pays. Celui-ci est élu tous les quatre ans parmi les membres de l'Assemblée fédérale, composée du Conseil national (les 200 députés) et du Conseil des Etats (la Chambre haute, qui représente les 26 cantons suisses). Dans les faits, un conseiller fédéral est généralement réélu jusqu'à ce qu'il démissionne.En 2015, deux sièges appartiennent au Parti socialiste suisse et autant au Parti libéral-radical. L'Union démocratique du centre, le Parti bourgeois-démocratique et le Parti démocrate-chrétien se partagent les trois autres sièges. Une composition qui ne représente pas exactement l'Assemblée fédérale, puisque c'est l'Union démocratique du centre qui était arrivée en tête en 2011.Les prochaines élections fédérales suisses auront lieu en octobre prochain. Les nouveaux députés seront chargés d'élire les membres du Conseil fédéral. Mais, quoi qu'il arrive, Simonetta Sommaruga ne sera plus présidente en 2016.Lire : La présidence normale, version helvète  19.04.2015 à 08h31 • Mis à jour le19.04.2015 à 14h09 Un million de personnes ont déjà réservé leur place pour le voir : à partir de dimanche 19 avril, le saint suaire, un linceul qui aurait enveloppé le corps du Christ, est présenté à Turin, en Italie. La dernière ostension de cet objet remonte à 2010. Il sera exposé, comme il y a cinq ans, dans la cathédrale de la capitale du Piémont, pendant plus de deux mois.« L'ostension du saint suaire est un grand événement de nature religieuse et civile », a déclaré Piero Fassino, le maire de Turin, qui a dit attendre « à bras ouverts » les centaines de milliers de pèlerins attendus pendant ces soixante-sept jours.La pièce de lin de 4,36 m sur 1,10 m sur laquelle, selon la tradition, se serait imprimée l'empreinte du corps du Christ supplicié, et en particulier son visage, a été découverte au milieu du XIVe siècle dans la collégiale Notre-Dame à Lirey, près de Troyes, en France.Bataille scientifiqueLe Vatican, propriétaire du saint suaire depuis qu'il lui a été offert, en 1983, par la famille de Savoie, ne s'est jamais prononcé sur son authenticité. « Ce qui compte le plus, c'est que cette toile (…) reflète de manière aussi claire et précise ce que l'Evangile décrit dans la passion et la mort de Jésus », a déclaré samedi Mgr Cesare Nosiglia, archevêque de Turin. « Ce n'est évidemment pas un discours de foi, car ce n'est pas un objet de foi ni de dévotion, mais cela peut aider la foi », a-t-il ajouté.En 2010, son exposition en public pendant quarante-trois jours avait attiré deux millions de personnes, dont le pape Benoît XVI, qui avait décrit une « icône extraordinaire » correspondant « totalement » au récit de la mort du Christ dans les Evangiles.Le pape François se rendra lui aussi à Turin les 20 et 21 juin. Ce suaire est depuis longtemps l'objet d'une bataille entre les scientifiques qui croient à son authenticité et ceux qui en doutent. Des historiens, s'appuyant notamment sur une datation au carbone 14 faite en 1988, ont établi que la fabrication de ce linceul remontait au Moyen-Age, entre 1260 et 1390, mais cette datation est elle-même contestée.Lire (édition abonnés) : Le suaire, le séisme et la science 19.04.2015 à 00h44 • Mis à jour le19.04.2015 à 08h41 | Jean-Baptiste Chastand Dimanche 19 avril, près de 4,5 millions de Finlandais sont appelés aux urnes pour élire leurs députés, qui devront ensuite désigner un nouveau gouvernement. La Finlande partage 1 300 kilomètres de frontières avec la Russie, affronte une crise économique très similaire à celle de la France. Et pourrait voir le mouvement eurosceptique et populiste des Vrais Finlandais, en alliance avec les centristes en tête dans les sondages, parvenir au pouvoir. Autant de raisons qui poussent à suivre de près ce scrutin.Lire aussi :Législatives en Finlande : la crise fragilise les conservateursUne campagne marquée par la criseL’emploi et la crise économique ont été les principaux thèmes de la campagne, qui a été rythmée par des annonces de plans sociaux. Si l’annonce du rachat d’Alcatel-Lucent par Nokia, l’ancien géant finlandais des télécoms, a d’abord donné un peu de baume au cœur des Finlandais à quelques jours du scrutin, mercredi 15 avril, les inquiétudes sont vite réapparues. Les syndicats et le parti social-démocrate (historiquement liés) ont demandé que cette fusion ne se traduise pas par des suppressions de poste en Finlande, en s’inquiétant ouvertement de la garantie apportée à la France qu’il n’y en aurait pas pendant deux ans chez Alcatel-Lucent.Vendredi 17 avril, la première entreprise agroalimentaire du pays, Valio, a de son côté annoncé qu’elle allait supprimer 320 emplois (sur 4600) en raison de la chute de ses ventes en Russie due à l’embargo sur les produits européens. La crise du rouble s’est en plus traduite par un plongeon du tourisme russe, qui était crucial pour l’économie de l’Est du pays. Tout cela alors que la Finlande, ex-modèle économique européen, a déjà vécu trois années de récession.Le chômage atteint des niveaux particulièrement élevés pour le pays (9,1 % selon Eurostat) et les déficits publics ont dérapé au-delà des 3 % du PIB en 2014. 2015 ne devrait pas être bien meilleure, le ministère de l’économie ne prévoyant que 0,5 % de croissance. Cette crise qui n’en finit plus est la principale raison du désamour des Finlandais pour leur actuel premier ministre conservateur, Alexander Stubb, qui gouverne en alliance avec les sociaux-démocrates. Une coalition jugée peu efficace. Les économistes estiment que le pays traverse une crise similaire à la France, avec un coût du travail trop élevé et des dépenses publiques qui battent des records. L’ensemble des quatre principaux partis (conservateurs, centristes, sociaux-démocrates et populistes) ont un programme relativement similaire, fait de réduction des dépenses publiques et de modération salariale, une dévaluation n’étant plus possible avec l’euro.« Il y a un grand attachement des Finlandais à la discipline budgétaire », rappelle Sixten Korkman, économiste à l’université d’Aalto. Seule l’ampleur des efforts varie, le conservateur Alexander Stubb allant jusqu’à promettre six milliards d’euros de baisse des dépenses, tandis que les sociaux-démocrates évoquent plutôt un milliard associé à des hausses d’impôt. Mais sur le fond « on a l’impression qu’ils sont tous d’accord quand on les entend débattre », sourit une chef d’entreprise.La Russie en menaceLes Finlandais suivent de très près les événements en Ukraine, la Russie partageant 1 300 kilomètres de frontières avec le pays. Si le pays avait prudemment choisi la neutralité et entretenait des relations cordiales avec l’URSS pendant la guerre froide, la question de l’adhésion à l’OTAN est revenue en force pendant la campagne. Alexander Stubb, favorable à l’adhésion, a proposé de mettre en place un « groupe de sages » pour étudier la question.Son ministre de la défense a également signé une tribune commune avec ses homologues des autres pays nordiques, pour dénoncer « la façon d’agir » de la Russie et appeler à renforcer leur coopération militaire. Cette tribune a immédiatement été critiquée par Moscou, qui a rappelé qu’elle était fermement opposée à une adhésion de la Finlande à l’OTAN.La plupart des autres partis, nettement moins favorables à une adhésion à l’OTAN, ont également critiqué cette initiative. « Juha Sipila [le leader du parti du Centre] ne veut pas rejoindre l’OTAN, mais tout en se gardant cette possibilité si besoin » explique Timo Laaninen, le secrétaire général du parti. Si l’on en croit les sondages, les Finlandais favorables à l’adhésion restent très minoritaires (27 %), mais ils n’ont jamais été aussi nombreux depuis 2002.Les Vrais Finlandais aux portes du pouvoirC’est la véritable inconnue du scrutin. Après avoir fait une percée surprise aux précédentes législatives de 2011, les populistes du parti des Vrais Finlandais, menés par le truculent Timo Soini, assurent qu’ils veulent cette fois-ci rentrer au pouvoir. Alors qu’ils avaient obtenu 19 % des voix et 39 sièges (sur 200) en 2011, les sondages leur donnent cette fois-ci un score un peu plus faible. Mais cela n’empêche pas M. Soini de prétendre, dans l’ordre de préférence, à trois postes, « premier ministre, ministre des finances et ministre des affaires étrangères ». Tout dépendra de son score de dimanche et des négociations avec les autres partis, qui peuvent durer plusieurs semaines. Conformément à la tradition de consensus politique de la Finlande, aucun des trois autres partis principaux n’a exclu de gouverner avec M. Soini.Créé en 1995, le parti des Vrais finlandais a percé en 2011 grâce à son discours anti-immigration (dans un pays où elle est pourtant très faible) et eurosceptique. Les Finlandais ont toujours fait parti du camp le plus réticent aux demandes de financement venues d’Athènes. Si M. Soini a policé son discours pendant la campagne pour construire son image de ministrable, ce n’est pas le cas de tous les membres de son parti, dont certains sont toujours accusés de dérives racistes.Lire aussi :En Finlande, scène de racisme ordinaire à Lieksa« Nous avons une tradition pragmatique : chaque parti qui a une position forte au Parlement a le droit de gouverner. Les Vrais Finlandais ne sont pas le même type de parti que le Front national », défend pour autant le centriste Timo Laaninen. En cas d’alliance de ces deux partis, tous deux nettement moins europhiles que les conservateurs actuellement au pouvoir, la Finlande pourrait encore durcir sa position sur la dette grecque. Tout cela alors les négociations avec Athènes sont censées aboutir dans les prochaines semaines. « Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il n’est pas possible d’accroître la responsabilité de la Finlande pour la Grèce », prévient déjà M. Laaninen.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.04.2015 à 20h48 • Mis à jour le18.04.2015 à 20h48 Signe d'une tension accrue dans le pays à l'approche des élections législatives, le 7 juin, des inconnus ont ouvert le feu, samedi 18 avril au matin, sur le siège de la principale formation kurde de Turquie à Ankara, sans faire de victimes, a annoncé un responsable du Parti démocratique du peuple (HDP) qui n'a pas voulu être identifié.« Les assaillants ont tiré depuis une voiture sur le siège du parti à 4 heures du matin ». Les gardes assurant la sécurité de l'immeuble ont riposté aux coups de feu et les assaillants ont pris la fuite, selon lui.Sur son compte Twitter, Sirri Sureyya Onder, un député du HDP, a publié une image des impacts de balles à l'entrée de l'immeuble et a qualifié l'attaque de « provocation ». Ajoutant qu'il s'agissait d'une tentative de discréditer le HDP pour l'empêcher d'atteindre la barre des 10 % aux élections, un score indispensable pour garantir sa représentation au Parlement.Genel merkezimiz sabaha karşı silahlı saldırıya uğradı. Provokasyon devam ediyor. Yılmayacağız http://t.co/HlBXADrDIX— sirrisureyyaonder (@sirsureyya)require(["twitter/widgets"]);S'il réussit à passer cette barre, le HDP privera le parti islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan de sa majorité qualifiée et pourra ainsi l'empêcher de changer la Constitution pour imposer un système présidentiel.Lire (en édition abonnés) : En Turquie, M. Erdogan veut un Parlement sous contrôleArrivé troisième de la présidentielle de 2014 avec un peu moins de 10 % des voix, le HDP mise sur l'électorat kurde de Turquie – une communauté estimée à 15 millions de personnes soit 20 % de la population –, jusque-là largement acquis au Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002. L'AKP détient aujourd'hui 312 sièges sur 550 au Parlement, et veut en obtenir 400.Lire (en édition abonnés) : En Turquie, le président Erdogan rattrapé par la question kurdeDe son côté, le HDP espère réduire « à néant » les « calculs de certains partis », avait déclaré l'un des présidents du parti, Selahattin Demirtas, dans un entretien à l'AFP. M. Demirtas accuse le président turc de vouloir « mettre en place une dictature ».Le gouvernement turc a  condamné cette attaque, le premier ministre Ahmet Davutoglu assurant que tout serait fait « pour capturer les responsables ». « Il est évident que cette attaque, comme les précédentes, vise notre démocratie et notre stabilité », a déclaré M. Davutoglu sur Twitter. « J'appelle tous les partis (politiques) à dénoncer la violence, où qu'elle soit en Turquie. »  18.04.2015 à 14h49 • Mis à jour le18.04.2015 à 14h52 Des heurts entre des centaines de manifestants et la police ont eu lieu samedi 18 avril à Séoul, en Corée du Sud. Ces violences sont intervenues après que des proches des victimes du naufrage du ferry Sewol, qui a fait 304 morts il y a un an, ont été empêchés de défiler jusqu'à la résidence de la présidente, Park Geun-hye. Après des échanges de coups, la police a utilisé du poivre et des canons à eau pour disperser les manifestants.Depuis jeudi, jour du premier anniversaire du naufrage, des familles endeuillées organisent un sit-in dans le centre de la capitale sud-coréenne, commémorant leurs morts, partagées entre la douleur et la colère face à des autorités qu'elles accusent d'indifférence.Lire le récit : Les oubliés du naufrage du ferry sud-coréen « Sewol »Le ferry renfloué « dès que possible »Accédant à l'un de leurs principaux souhaits, la présidente sud-coréenne avait alors annoncé que le bateau de 6 825 tonnes, qui repose toujours par 40 mètres de fond, serait renfloué « dès que possible ». Jusqu'à présent, seuls les corps de 295 victimes ont été récupérés par les sauveteurs qui ont cessé les recherches en novembre.Mais les familles, qui protestent depuis des semaines, n'ont pas jugé cette annonce suffisante et ont voulu faire une marche jusqu'à la résidence présidentielle pour protester contre l'incapacité du gouvernement, selon elles, à assurer une enquête indépendante.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-553253e836eb8'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 7\r\n \r\n \r\n\"Le corps d'Hyeon-tak a \u00e9t\u00e9 d\u00e9couvert le 1er mai. Comment aurais-je pu dire un mot devant une tel chagrin ? Je n'ai aucune passion dans ma vie, je l'ai \u00e9lev\u00e9 avec tout mon coeur. Merci Hyeon-tak, pour la vie que tu as pass\u00e9 avec moi\", t\u00e9moigne Lee Hye-kyung dans la chambre de son fils Jeon Hyeon-tak, un lyc\u00e9en qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Le corps d'Hyeon-tak a \u00e9t\u00e9 d\u00e9couvert le 1er mai. Comment aurais-je pu dire un mot devant une tel chagrin ? Je n'ai aucune passion dans ma vie, je l'ai \u00e9lev\u00e9 avec tout mon coeur. 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Je voudrais savoir la v\u00e9rit\u00e9 et la raison pour laquelle on ne leur a pas dit d\u2019\u00e9vacuer le ferry\", t\u00e9moigne Eom Ji-yeong dans la chambre de sa fille Park Ye-ji, une lyc\u00e9enne qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Chaque relique de notre enfant est encore ici. 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Je voudrais d\u00e9m\u00e9nager \u00e0 l'\u00e9tranger si mon a\u00een\u00e9 est d'accord\", t\u00e9moigne Kim Youn-sil, dans la chambre de son fils, Jeong Cha-woong, un lyc\u00e9en qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Cha-woong me manque tellement. Ces enfants qui sont rest\u00e9s calmes jusqu'au bout et s'inqui\u00e9taient pour nous \u00e9taient meilleurs que nous. Je n'ai plus confiance dans mon pays. 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Le monde apr\u00e8s cette trag\u00e9die n'est plus celui que j'avais connu\", t\u00e9moigne Lee Sun-mi dans la chambre de sa fille Kim Ju-hee, une lyc\u00e9enne qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Une enqu\u00eate approfondie a \u00e9t\u00e9 men\u00e9e. Le printemps est venu, les plantes ont fleuries, mais les m\u00e8res ne peuvent pas sourire. J'esp\u00e8re que les enfants encore disparus seront trouv\u00e9s. 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Nous, adultes, avons le devoir de prot\u00e9ger nos enfants\", t\u00e9moigne Kim Yu-jeong dans la chambre de sa fille Jeon Ha-yeong, une lyc\u00e9enne qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"J'aimerais que notre pays nous fasse sentir qu'il nous prot\u00e8ge. Je voudrais dire \u00e0 la petite s\u0153ur de Ha-yeong que je suis fi\u00e8re de mon pays, mais ces jours-ci je ne peux pas. 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Tout ce que je voulais c'est savoir pourquoi les membres d'\u00e9quipage ont \u00e9t\u00e9 secourus alors que nos enfants sont morts\", t\u00e9moigne Jung Bu-ja (\u00e0 droite), au c\u00f4t\u00e9 de Shin Chang-sik, dans la chambre de leur fils Shin Ho-sung, un lyc\u00e9en qui a p\u00e9ri dans le naufrage du Sewol, le 16 avril 2014.\r\nCr\u00e9dits : KIM HONG-JI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Je manifestais, demandais une enqu\u00eate pour savoir la v\u00e9ritable raison pour laquelle le ferry a coul\u00e9. Des touristes prenaient des photos de moi, je me sentais comme une \u00e9trang\u00e8re, alors que je vis dans ce pays. 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Agés de 18 et 19 ans, originaires de la banlieue de Melbourne, ils ont été interpellés lors d'une opération qui a mobilisé quelque 200 policiers au terme d'une enquête d'un mois.Ces cinq personnes auraient, selon le premier ministre, projeté de commettre un attentat la semaine prochaine à l'occasion du 100e anniversaire du débarquement des troupes australiennes à Gallipoli, en Italie, durant la première guerre mondiale. « Deux d'entre elles vont être inculpées pour avoir préparé un acte terroriste. » Une troisième a été arrêtée pour infractions à la législation sur les armes, et deux autres ont été placées en garde à vue.Des responsables policiers ont dit que des « armes blanches », dont une épée et un couteau, avaient été saisies durant les perquisitions de samedi ; ils ont ajouté être certains que la menace terroriste avait été maîtrisée.Lire (édition abonnés) : En Australie, Tony Abbott veut durcir la loi contre les « prédicateurs de la haine » djihadisteInspirés par l'état islamique« L'acte dont nous pensons qu'il était en préparation impliquait des attaques contre des policiers lors de l'Anzac Day », a poursuivi Tony Abbot. « L'Anzac Day » est une journée symbolique importante célébrée en Australie et en Nouvelle-Zélande en mémoire des soldats tués lors du débarquement de troupes australiennes à Gallipoli, sur les côtes de l'Empire ottoman, le 25 avril.Le préfet adjoint de la police fédérale australienne a précisé que les suspects s'inspiraient clairement de l'organisation Etat islamique (EI). « Nous pensons que l'attaque était inspirée par le culte de mort de Daech au Moyen-Orient », a expliqué Tony Abbott, en utilisant l'acronyme du nom arabe du groupe Etat islamique. Les cinq suspects sont présentés comme des « complices » d'Abdoul Nouman Haider, un sympathisant de l'EI abattu par la police à Melbourne l'an dernier après avoir attaqué des policiers à l'arme blanche.L'Australie, membre de la coalition formée pour lutter contre l'EI en Syrie et en Irak aux côtés des Etats-Unis, a envoyé plusieurs centaines de soldats sur le sol irakien pour participer à la formation de l'armée irakienne, ce qui alimente les craintes d'actions de représailles sur son sol. Canberra, qui a relevé son niveau d'alerte anti-terroriste en septembre dernier, estime qu'au moins 70 de ses ressortissants combattent dans les rangs de l'EI en Syrie et en Irak, avec l'appui d'une centaine de « facilitateurs » agissant depuis l'Australie.Lire : L'Australie renforce son contingent en Irak pour lutter contre l'Etat islamique Alexandre Pouchard Près de quatre mois après les attentats en région parisienne et alors que toute l'Ile-de-France est toujours placée en « alerte attentat », mobilisant massivement les forces de sécurité, François Hollande a annoncé mercredi 29 avril le maintien des crédits alloués au ministère de la défense en 2015 (31,4 milliards d'euros) ainsi qu'une rallonge de 3,8 milliards d'euros sur la période 2016-2019.La décision du président de la République rompt avec plusieurs années de baisse du budget de la défense, même si ce ministère est actuellement le deuxième le plus doté, derrière celui de l'éducation nationale (47,4 milliards d'euros en 2015). Depuis 2009, année où un effort budgétaire avait été réalisé par rapport aux années précédentes, les crédits alloués aux forces armées ont diminué de 11 %.Voir l'infographie : Les gagnants et les perdants du budget 2015-20 % Si l'on regarde l'évolution des crédits de la défense telle qu'elle est exprimée dans l'annuaire statistique annuel du ministère, elle semble largement positive : il est passé de 12,2 milliards d'euros en 1980 à 31,4 milliards d'euros en 2015. Sauf qu'il est ici exprimé en « euros courants », c'est-à-dire à la valeur de la monnaie au moment donné, sans tenir compte de l'érosion monétaire due à l'inflation au cours des trente-cinq dernières années.En « euros constants », c'est-à-dire avec pour référence la valeur de l'euro en 2014, les chiffres donnent une tout autre réalité : le budget de la défense est passé de 33,3 milliards d'euros en 1980 à 31,4 milliards d'euros en 2014. Il a connu un pic en 1990 à 39 milliards d'euros avant de baisser progressivement jusqu'à aujourd'hui, soit une diminution de 20 % depuis vingt-cinq ans. #container_14303027657{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14303027657{ height:500px; } #container_14303027657 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14303027657 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14303027657 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; }Evolution du budget de la défense depuis 1980(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}2,2 % En 2014, la France a consacré 2,2 % de son produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires, selon les chiffres de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), qui permet de les comparer avec ceux des autres Etats. Les dépenses diminuant, comme vu plus haut, alors que le PIB, lui, augmente (excepté en 2009, année de récession), cette part diminue progressivement depuis la fin des années 1990.Mais cette baisse des budgets militaires n'est pas que l'apanage de la France : les principales puissances mondiales ont vu leurs dépenses militaires stagner ou légèrement baisser depuis 2001, en part de PIB. Seule la Russie de Vladimir Poutine fait figure d'exception, avec un investissement massif dans la défense, notamment depuis 2011 (4,5 % du PIB en 2014 contre 3,7 % alors). Moscou continue de considérer l'OTAN comme sa principale menace extérieure et a vu le conflit en Ukraine comme un symbole de l'affrontement avec l'Occident, Kiev ayant manifesté des velléités d'adhésion à l'Alliance atlantique. #container_14303040629{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14303040629{ height:500px; } #container_14303040629 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14303040629 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14303040629 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; }La Russie consacre une part de plus en plus grande de son PIB aux dépenses militairesLa France dépense actuellement l'équivalent de 2,2 % de son produit intérieur brut pour le budget de la défense.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14303040629", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", events:{ load:function(){ 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document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} 275 000 La rigueur imposée au ministère de la défense s'est traduite par des coupes massives dans les effectifs. De plus de 330 000 personnes en 2003 (civils et militaires, hors gendarmerie nationale), ils sont tombés à 275 000. La loi de programmation militaire (LPM), définissant les ambitions de la défense entre 2014 et 2019, fixait un objectif de 34 500 postes supprimés au cours des six ans, s'ajoutant aux 45 000 déjà supprimés au cours de la précédente LPM.  Après les annonces de M. Hollande le 29 avril, 18 500 postes seront finalement maintenus. #container_14303114170{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14303114170{ height:500px; } #container_14303114170 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14303114170 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14303114170 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; }Les effectifs de la défense en baisse constanteHors gendarmerie nationale.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); 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Dans le chaos qui règne sur place, difficile d'obtenir des informations de la part des autorités népalaises ou des ambassades. Les familles se voient donc dans l'obligation d'agir par leurs propres moyens, de mener elles-mêmes leurs recherches, en répétant et en partageant inlassablement des messages en ligne.Lire (édition abonnés) : Au Népal, les secours peinent à atteindre les villages isolés autour de Gorkha« Peur extrême »Parfois, au milieu de ces messages d'inquiétudes, une lueur d'espoir. Comme ce message publié par Virginie Fouzari :j ai eu mon fils hier il va bien c'est un le chao la bas je vous remercie du fond du cœur pour la diffusion — fouzari (@virgi111066)require(["twitter/widgets"]);Mardi soir, elle a enfin eu des nouvelles de son fils Karim, disparu depuis samedi dans la capitale, Katmandou. Quatre jours de « peur extrême », durant lesquels elle a « tout essayé ». La cellule de crise du Quai d'Orsay, qu'elle a appelée « deux cents fois », l'oriente vers différents sites Internet, comme le Person Finder de Google, qui regroupe les informations sur les personnes disparues ou retrouvées, lors d'une catastrophe. Elle y recherche le nom de son fils, « mais il n'y avait rien du tout ». Idem avec Family Links, l'outil de la Croix-Rouge, ou le Safety Chek de Facebook.Lire : Après le séisme au Népal, les recherches s’organisent sur InternetLa plupart de ces services permettent non seulement de rechercher des informations sur les personnes disparues, mais aussi d'en publier. Virginie remplit alors consciencieusement les différents champs : nom, âge, description, photo, adresse… Afin de créer des avis de recherche complets sur son fils.« Dans le chaos général, Internet va beaucoup plus vite que les institutions »Parallèlement, elle inonde de messages les réseaux sociaux. D'abord sur Facebook, dont elle est une grande utilisatrice, mais aussi sur Twitter, qu'elle utilise depuis peu. « J'ai pensé que ça couvrait une plus large population, notamment les journalistes ou les humanitaires », nous explique-t-elle. Ses messages sont partagés des centaines de fois. Pour elle, « sans Internet, les recherches seraient beaucoup moins efficaces. Dans le chaos général, Internet va beaucoup plus vite que les institutions. Nous, on n'a pas de protocole ou de diplomatie à respecter ».Plusieurs fois par jour, elle fait le tour des mêmes sites, en attente de nouvelles : Facebook, Twitter, Google, le site de la Croix-Rouge… En vain. Jusqu'à ce coup de fil, mardi soir, où elle entend à nouveau la voix de son fils. « Il a réussi à rejoindre l'ambassade à pied. Quelqu'un lui a dit qu'on le cherchait sur Internet, alors il a accéléré sa route. » L'appel ne dure pas longtemps. Juste le temps de lui dire qu'il va bien, qu'il compte rester pour aider les ONG. Et de blaguer : « J'espère que tu as mis une belle photo ! »« Sur place, je ne servirais à rien »Mais tout le monde n'a pas cette chance. Valentin, lui, est toujours sans nouvelle de son frère Dorian et de Julia, la compagne de ce dernier, partis faire un trek dans le Langtang. Utilisateur aguerri de Twitter, suivi par plus de 16 000 personnes, il y a naturellement publié son message de recherche, en plusieurs langues. « Sur place, je ne servirais à rien », assure-t-il.#Langtang #earthquake #Nepal #SeismeNepal #SaveMyBrother http://t.co/LXRv2cUIgm— VaLOLic (@Valolic_)require(["twitter/widgets"]);Grâce à « l'effet boule de neige » des réseaux sociaux, il remonte le fil du voyage de son frère. Première étape : trouver le nom de son agence de trekking. Pour cela, il songe à « cracker » la boîte mail de son frère, et demande de l'aide sur Twitter pour y parvenir. En vain. Mais il finit tout de même par se procurer le nom de l'agence, qu'il parvient à contacter par téléphone. Celle-ci tient informés comme elle peut les proches des randonneurs. Jusqu'à ce qu'elle lui apprenne que tous les groupes ont pu être localisés, « sauf celui de [son] frère ».Valentin ne baisse pas les bras. A force d'insister, notamment auprès des ONG, il a obtenu que la photo du guide du groupe de son frère, Dile Gurung, soit diffusée sur tous les téléphones satellites des sherpas qui étaient dans la région au moment du séisme.Documents collaboratifsEn plus des messages que chacun publie individuellement, certains tentent de fédérer les recherches et de regrouper les informations des uns et des autres. Cela prend souvent la forme de documents collaboratifs recensant les personnes disparues dans une zone ou une autre. « Je trouvais que les informations qui nous parvenaient étaient trop focalisées sur la situation du camp de base de l'Everest », explique Markus Pothmann, qui a créé un de ces documents pour la zone du Langtang. « J'avais l'impression que se concentrer sur cette zone pourrait être d'une grande aide, au moins pour quelques familles et amis de personnes disparues là-bas. »Cet étudiant allemand a deux amis dans la zone. « Je sais depuis dimanche qu'ils ont survécu » mais « la situation sur le terrain a l'air chaotique. » Environ 70 personnes de différentes nationalités apparaissent sur le document, dont certaines ont finalement été retrouvées. « J'espère que cette liste pourra aider les secours ou les autorités d'une façon ou d'une autre. »« Pouvez-vous demander ? »Sur Facebook, les recherches se concentrent autour du groupe « Langtang Missing/Found People ». Plus de 1 300 personnes, issues des quatre coins du monde, y partagent des photos de disparus, des liens vers des sites ressources, des informations glanées ici et là, venues parfois de personnes présentes au Népal ou des ambassades…« Notre équipe de trekkers français a été secourue dans le village de Timure », peut-on lire parmi les centaines de contributions. « Quatre membres du groupe (des Français) manquent à l'appel, apparemment ils sont à Syabru Besi. On attend plus d'infos. » Plus d'une dizaine de commentaires suivent. « Agnès Michel pourrait être parmi eux. Pouvez-vous demander ? » répond un internaute. Malgré la mobilisation de ses proches sur tous les réseaux, celle-ci reste introuvable. Pourtant, grâce à ce groupe Facebook, une trace de Florent Morel, qui l'accompagnait, a été retrouvée. Une survivante dans le Langtang s'est procuré une liste de personnes secourues dans un hôpital local. Des documents manuscrits, qu'elle a photographiés et envoyés à sa sœur, qui a les a ensuite partagés sur ce groupe Facebook. Le nom de Florent y apparaît, avec une quinzaine d'autres. Pas celui d'Agnès.Morgane TualJournaliste au MondeElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.04.2015 à 15h10 • Mis à jour le29.04.2015 à 15h24 | Jean-Baptiste Chastand (Strasbourg, envoyé spécial) La charge la plus sérieuse est venue du président de la Commission européenne lui-même. En français et en allemand, Jean-Claude Juncker a étrillé mercredi 29 avril devant le Parlement européen réuni à Strasbourg les décisions prises par les chefs d’Etat et de gouvernement, jeudi 23 avril, en réponse au terrible naufrage en Méditerranée, qui avait fait plus de 800 morts le dimanche précédent. « La réponse a été immédiate mais pas suffisante », a expliqué M. Juncker devant les eurodéputés à Strasbourg, lors d’une séance extraordinaire très attendue.« Il ne suffit pas de combattre les symptômes de la crise. J’en ai assez des poètes, c’est bien de se montrer ému, mais il faut aller bien au-delà », a déclaré M. Juncker, sous les applaudissements.Lire aussi :Juncker : « Le sommet européen sur l’immigration m’a déçu »Auparavant, Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement, avait pris la défense des solutions adoptées le 23 avril lors du sommet extraordinaire. « Nous allons tripler les fonds et augmenter la capacité opérationnelle de Triton [la mission de sauvetage européenne] », a vanté M. Tusk, sans toutefois beaucoup de conviction. « Nous n’avons pas d’illusion, l’été sera sans doute difficile », a convenu l’homme politique polonais, en pointant le problème de l’absence de gouvernement stable en Libye.« Grave erreur »Triton devrait uniquement retrouver les moyens qui étaient ceux de la mission Mare Nostrum, financée par l’Italie et arrêtée en octobre 2014, soit 9 millions d’euros par mois, contre moins de trois actuellement. « Ce fut une grave erreur que de mettre un terme à la mission Mare Nostrum, elle a coûté des vies humaines », a fustigé M. Juncker.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeLe président de la Commission a plaidé pour la « mise en place d’un système de quotas » pour répartir la charge des demandes d’asile en fonction des pays, mais également pour ouvrir le débat de la facilitation de l’immigration légale. « Il faut ouvrir les portes pour éviter que les gens entrent par les fenêtres », a avancé M. Juncker. La Commission doit présenter le 13 mai ses propositions précises sur l’immigration.Mais ces solutions sont toutes très sensibles pour les chefs d’Etat et de gouvernement. Ceux-ci n’ont en effet même pas réussi à s’entendre pour faire venir 5 000 demandeurs d’asile à répartir entre les différents pays de l’Union européenne, alors que cette solution avait été évoquée avant le conseil européen du 23 avril.M. Tusk a seulement promis qu’« un projet pilote pour la réinstallation des migrants dans l’Union européenne » devrait bien voir le jour, mais ses détails ne seront probablement présentés qu’en juin, en même temps que le calendrier des renforcements des moyens de Triton.La plupart des groupes du Parlement européen ont voté une résolution reprenant la majorité des idées avancées par la Commission. Celle-ci a toutefois fait l’objet de longues et difficiles tractations entre groupes et entre nationalités. Les eurodéputés du Parti populaire européen (PPE, droite) français n’ont par exemple pas caché leurs critiques sur certains des propos de M. Juncker, pourtant issu du même parti. « Sa formule sur les portes fermées est très séduisante, mais totalement non opératoire. Nous sommes contre un système de quotas centralisé par la Commission », explique l’UMP Arnaud Danjean.Divergences profondesDerrière l’unanimité à dénoncer la timidité de la réponse des gouvernements européens, les divergences sont donc profondes sur les solutions à apporter. Tout en demandant la mise en place de quotas contraignants, Manfred Weber, le président du groupe PPE, a par exemple défendu que « quiconque affirme que nous allons ouvrir les portes à l’immigration légale se leurre ». Selon lui, « si nous ouvrons l’immigration légale, nous allons créer un appel d’air ». Au nom de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (centristes), la néerlandaise Sophia in’t Veld a, elle, défendu l’inverse : « Nous avons besoin d’immigration pour notre prospérité. »L’idée de créer des quotas contraignants a suscité de grandes réticences de la part des parlementaires polonais, un pays qui accueille très peu de migrants, et dont les eurodéputés PPE ne devraient pas voter la résolution. Mais également au sein des sociaux-démocrates, dont certains estiment que les quotas ne sont pas respectueux du droit des migrants à choisir leur lieu d’installation.La résolution ne parle pas non plus d’une éventuelle réforme du traité de Dublin, qui impose au premier pays d’accueil européen de traiter la demande d’asile. L’Italie demande depuis longtemps que cette règle soit revue, sans jusqu’ici avoir réussi à convaincre une majorité des autres pays européens. De leur côté, les représentants des partis populistes n’ont eu de cesse de demander que l’Europe s’inspire des solutions appliquées en Australie pour empêcher les migrants de mettre les pieds dans le pays en refoulant les bateaux.Lire aussi :Immigration : les limites du modèle australienJean-Baptiste Chastand (Strasbourg, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 11h11 • Mis à jour le29.04.2015 à 11h34 Le feu de forêt, qui s'est déclaré mardi 28 avril à proximité de la centrale nucléaire de Tchernobyl, dans le nord de l'Ukraine, était « sous contrôle » mercredi 29 avril. « A 6 heures [5 heures, heure de Paris], le front de feu était maîtrisé et arrêté. La situation est sous contrôle. Les travaux d'extinction du feu se poursuivent », ont déclaré des responsables du service d'Etat des situations d'urgence.L'incendie s'est déclaré la veille vers 12 h 45, heure locale, se propageant sur près de 320 hectares. Pour le maîtriser, 305 hommes ont été dépêchés sur place, ainsi que des dizaines de véhicules de secours, trois avions et deux hélicoptères.Des habitants évacuésLa police ukrainienne a précisé avoir procédé à l'évacuation de plusieurs habitants de la zone. « Dans plusieurs villages, en particulier à Loubianke et Ilintsakh, des personnes habitaient illégalement. Les membres de la police de la zone de la centrale ont évacué ces gens vers un lieu sûr. Le bétail et leurs biens ont également été emportés », a fait savoir le service de presse de la police dans un communiqué.Dès mardi, les autorités s'étaient voulues rassurantes, assurant que la situation ne présentait aucun danger. Arseni Iatseniouk, le premier ministre de l'Ukraine, s'est rendu sur place, à une centaine de kilomètres de Kiev, pour rencontrer les pompiers.Si l'incendie n'a toujours pas été éteint, les autorités assurent que le niveau de radiation est toujours aux normes. Peu d'informations ont été divulguées quant à l'origine de l'incendie. L'Ukraine a marqué dimanche le 29e anniversaire de l'explosion du réacteur no 4 de la centrale de Tchernobyl, qui avait contaminé une bonne partie de l'Europe. Clément Melki Le président indonésien, Joko Widodo, est resté intransigeant face aux appels à la clémence de la communauté internationale. Huit personnes ont été exécutées, mercredi 29 avril, pour trafic de drogue, un motif pour lequel une cinquantaine de condamnés attendent toujours dans les couloirs de la mort, soit près d’un sur deux dans ce pays qui a fait de la lutte contre les stupéfiants une priorité.Voir l’infographie interactive : Qui pratique la peine de mort dans le monde ?Si elle est de plus en plus utilisée contre ce fléau régional en Asie du Sud-Est, la peine de mort sanctionne majoritairement des crimes de sang dans le reste du monde. Sur les 607 exécutions dénombrées par l’ONG Amnesty International en 2014, 289 ont été recensées en Iran, 90 en Arabie saoudite, 61 en Irak et 35 aux Etats-Unis, où la Cour suprême devait se prononcer, le 29 avril, sur l’injection létale, après plusieurs dérives au cours des derniers mois.La réalité est sans doute bien plus sombre, les chiffres ne prenant pas en compte la situation de nombreux pays – dont la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam ou l’Erythrée –, où le sujet reste un secret d’Etat.Madagascar, 99e pays abolitionnisteSelon le rapport annuel d’Amnesty International, publié le 1er avril, le nombre d’exécutions a baissé de 22 % par rapport à 2013, mais les condamnations ont été plus nombreuses (+ 28 %). Ainsi, 509 personnes ont été condamnées à mort en Egypte, soit 400 de plus que l’année précédente.Pourtant, l’application de la peine capitale continue de diminuer à l’échelle mondiale. Au total, 22 pays ont procédé à des exécutions en 2014, contre 41 en 1995, soit une division par deux en vingt ans. En décembre, Madagascar est devenu le 99e pays officiellement abolitionniste, tandis que 35 autres le sont en pratique.La pendaison, la fusillade, la décapitation et l’injection létale restent les méthodes les plus utilisées.Clément MelkiJournaliste au Monde 29.04.2015 à 11h01 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h08 | Leila Marchand Le séisme qui a frappé le Népal le 25 avril a tué plus de 5 000 personnes et a semé le chaos dans la capitale Katmandou, poumon économique du pays. Monuments en ruines, habitations et routes détruites, communications coupées, la reconstruction s'annonce ardue dans l'un des pays les plus pauvres du monde. L'Etat se situe au 157e rang sur 187 de l'indice du développement humain, et environ 25 % de ses 27 millions d'habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. #container_14303004031{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14303004031{ height:500px; } #container_14303004031 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14303004031 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14303004031 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; }Le PIB népalais, moins de 18 milliards d'euros en 2013A titre de comparaison, le PIB français ressort à 2500 milliards d'euros pour la même année(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14303004031", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:true, text:"Banque mondiale", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} Milliards d'euros", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} Milliards d'euros", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Népal","France","Inde"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "PIB", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 17.6 ], [ "", 2556 ], [ "", 1646 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " Mds €", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Une agriculture qui emploie les deux tiers des habitantsAvec ses hautes montagnes, le Toit du monde, comme on le surnomme, est l'un des pays les plus montagneux de la planète. L'agriculture y emploie les deux tiers des habitants. Elle peine pourtant à subvenir à leurs besoins : le pays est dans un état de constante insécurité alimentaire, comme le décrit ce rapport de l'Unicef. Les réserves suffisent à peine pour les mois d'hiver et la moitié des enfants du pays souffrent d'un retard de croissance.Le séisme a frappé juste avant la saison de mousson, au moment où les Népalais préparent les cultures. « Trente-six districts (sur 75) ayant été affectés, il est peu probable que les prévisions de croissance soient tenues », estime Bishamber Pyakurel, économiste installé à Katmandou : l'agriculture pèse pour 35 % dans le PIB du pays. #container_1430238092293{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1430238092293{ height:250px; } #container_1430238092293 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1430238092293 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1430238092293 .subtitre{ display:block; }Le Népal dépend à 36% de son agricultureLe secteur dominant, les services, comprend le tourisme(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1430238092293", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/nepal/presentation-du-nepal/", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"CIA world factbook, 2013", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["Agriculture","Industrie","Services"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 1, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "PIB par secteur", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 36.8 ], [ "", 14.5 ], [ "", 48.7 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Selon des statistiques officielles, la croissance a atteint 5,5 % l'an dernier au Népal. Mais dans le même temps, son taux d'inflation s'élevait à 6,9 %, réduisant du coup le pouvoir d'achat des Népalais.Une forte dépendance aux importationsEnserré entre l'Inde et la Chine, le Népal est économiquement dépendant de ces deux géants, une situation qui le rend très sensible aux fluctuations extérieures. La roupie népalaise est d'ailleurs indexée sur la roupie indienne.Le pays ne peut pas compter sur les investissements étrangers : il reste l'un des moins attractifs au monde dans ce domaine, faute, notamment, d'infrastructures suffisantes et de bureaucratie efficace.Ses importations représentent presque le tiers de son PIB. Le pays fait principalement venir de quoi soutenir ses besoins énergétiques (pétrole et gaz) et achète également des matières premières agricoles et des produits manufacturés, comme des vêtements ou du matériel électrique et électronique. #container_14302384725{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14302384725{ height:500px; } #container_14302384725 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14302384725 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14302384725 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; }Le Népal dépend largement de l'Inde pour ses importationsLes importations du Népal s'élèvent à 6 milliards d'euros en 2013(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14302384725", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "pie", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://stat.wto.org/CountryProfile/WSDBCountryPFView.aspx?Language=F&Country=NP", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:true, text:"Organisation mondiale du commerce", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Inde","Chine","Emirats Arabes Unis","Union Européenne","Indonésie"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part", "showInLegend": true, "data": [ { "name": "Inde", "y": 63.4, "sliced": false, "selected": false }, { "name": "Chine", "y": 11.7, "sliced": false, "selected": false }, { "name": "Emirats Arabes Unis", "y": 5.6, "sliced": false, "selected": false }, { "name": "Union Européenne", "y": 2.3, "sliced": false, "selected": false }, { "name": "Indonésie", "y": 1.9, "sliced": false, "selected": false } ] }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}En comparaison, ses exportations sont d'un faible volume (883 millions de dollars en 2013) et peu diversifiées : des vêtements, des tapis, du pashmina et d'autres produits textiles, majoritairement envoyés vers l'Inde.La santé et l'éducation sous perfusion étrangèreAvant le séisme, son développement était déjà fortement dépendant de l'aide internationale. Cette dernière représente 26 % du budget national d'après les chiffres publiés par le gouvernement pour 2010-2011, soit 1,5 milliard d'euros. Les principaux secteurs sous perfusion étrangère sont l'éducation, le développement local et la santé. En tête des donneurs, on trouve la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, la Chine, l'ONU et le Royaume-Uni.Cette nouvelle catastrophe humanitaire risque d'accentuer cette dépendance à l'aide internationale. Si l'on cumule les premières aides financières déjà promises par la communauté internationale, le Népal devrait pouvoir compter sur au moins 19,5 millions d'euros.Le pays dépend également des remises de fonds des travailleurs expatriés, qui représentent 26 % du budget national.Un tourisme en deçà de son potentielAvec huit des dix plus hauts sommets au monde et quatre sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco sur son territoire, le Népal séduit autant les amateurs de trekking que ceux de merveilles naturelles et culturelles. #container_14302387666{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14302387666{ height:450px; } #container_14302387666 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14302387666 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14302387666 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; }Au Népal, le secteur des services connaît une croissance très importanteCe secteur comprend celui du tourisme, autorisé dans le pays depuis 1951(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14302387666", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/nepal/part-des-services-dans-le-pib.html", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:true, text:"Banque mondiale", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} % du PIB", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["1965","1966","1967","1968","1969","1970","1971","1972","1973","1974","1975","1976","1977","1978","1979","1980","1981","1982","1983","1984","1985","1986","1987","1988","1989","1990","1991","1992","1993","1994","1995","1996","1997","1998","1999","2000","2001","2002","2003","2004","2005","2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Croissance des services", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 23.5 ], [ "", 20.2 ], [ "", 22.8 ], [ "", 21.3 ], [ "", 21.6 ], [ "", 21.2 ], [ "", 22.6 ], [ "", 21.2 ], [ "", 23.5 ], [ "", 20.5 ], [ "", 20.1 ], [ "", 21.9 ], [ "", 24.9 ], [ "", 25 ], [ "", 23.7 ], [ "", 26.3 ], [ "", 26.7 ], [ "", 26.1 ], [ "", 26.9 ], [ "", 26.4 ], [ "", 33.2 ], [ "", 32.7 ], [ "", 33.4 ], [ "", 32.9 ], [ "", 33.1 ], [ "", 32.1 ], [ "", 35.4 ], [ "", 34.7 ], [ "", 37.1 ], [ "", 35.2 ], [ "", 35.5 ], [ "", 35.6 ], [ "", 35.7 ], [ "", 37.6 ], [ "", 36.9 ], [ "", 37 ], [ "", 44.6 ], [ "", 43.3 ], [ "", 44.3 ], [ "", 45 ], [ "", 46 ], [ "", 48.2 ], [ "", 49.3 ], [ "", 49.9 ], [ "", 49.6 ], [ "", 47.8 ], [ "", 46.3 ], [ "", 48 ], [ "", 49.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Ouvert aux étrangers en 1951, le pays a accueilli près de 800 000 visiteurs en 2013. Le secteur des services, qui comprend le tourisme, équivaut à presque la moitié du PIB. Néanmoins, il reste en deçà de son potentiel, à cause de liaisons aériennes limitées, et d'un manque d'hébergements de qualité et de personnes qualifiées dans ce secteur.Le séisme a dévasté une partie des sites historiques de la vallée de Katmandou, classée au patrimoine de l'Unesco. « 90 % des monuments de Durbar Square à Katmandou se sont écroulés et 50 % des temples de Durbar Square à Patan également », estime Christian Manhart, correspondant de l'Unesco au Népal, au micro de France Culture.Voir : Avant/après : les bâtiments historiques détruits par le séisme à KatmandouL'Unesco est tentée d'accompagner la restauration des monuments, qui avaient déjà été en partie reconstruits après le tremblement de terre de 1934. Un accompagnement qui risque d'être long et complexe, les bâtiments et les sculptures étant issus d'un savoir-faire unique.Les remous de la politique intérieureFace à cette situation de crise, l'avenir du Népal est lié à ses décisions en matière de politique intérieure. La guerre civile, qui a fait rage entre 1996 et 2006, a finalement abouti à l'abolition de la monarchie. Mais depuis le pays n'est toujours pas parvenu à élaborer une constitution. Une situation de crise politique qui l'empêche de proposer une réelle stratégie de développement.Pourtant, en plus de son potentiel touristique à relancer, le pays pourrait s'appuyer sur une autre manne financière : la production d'énergie hydroélectrique. Grâce aux rivières issues des glaciers, il dispose de ressources en eau considérable. Des centrales hydroélectriques permettraient d'apporter une réponse à la pénurie d'électricité du Népal, mais aussi de l'Inde.Leila MarchandJournaliste au Monde Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ofhn0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ofhn0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});A la faveur de la guerre au Yémen, le souverain d’Arabie saoudite, Salman, a procédé, mercredi 29 avril, à plusieurs nominations qui accroissent la centralisation du pouvoir dans le royaume. Omniprésents dans les médias depuis le début de la campagne contre les milices houthistes, les deux ministres les plus puissants du pays, Mohamed Ben Nayef, à l’intérieur et Mohamed Ben Salman, à la défense, grimpent une marche supplémentaire dans l’exécutif saoudien.Le premier, âgé de 55 ans, qui avait été nommé vice-prince héritier lors du couronnement de Salman, à la fin du mois de janvier, est promu prince héritier, en remplacement du prince Muqrin, le plus jeune des fils encore en vie d’Abdelaziz, le roi fondateur. Le second, âgé d’environ 30 ans (sa date de naissance fluctue selon les sources), qui est le fils préféré du roi, récupère la charge occupée par Mohamed Ben Nayef et devient ainsi second dans l’ordre de succession, tout en conservant son portefeuille de ministre. Enfin, Salman a remplacé l’inoxydable Saoud Al-Fayçal, à la tête de la diplomatie saoudienne depuis quarante ans, par l’ambassadeur du royaume aux Etats-Unis, Adel Al-Jubeir, très en vue lui aussi depuis le début intervention militaire au Yémen.Lire l'enquête (édition abonnés) : La saga des SaoudCe nouveau round de nominations royales confirme la régulière et semble-t-il inexorable avancée de Mohamed Ben Nayef vers le pouvoir suprême. Le M. Sécurité du royaume, toujours auréolé de son succès dans la lutte contre Al-Qaida dans les années 2000, avait damé le pion, en janvier, au prince Mitaeb Ben Abdallah, fils du défunt roi Abdallah, qui lorgnait lui aussi sur le poste de vice-prince héritier. Dans la foulée, Ben Nayef avait été propulsé à la tête d’un Conseil des affaires politiques et de sécurité, nouvellement créé, qui lui confère le dernier mot pour tout ce qui touche à la sécurité nationale, la priorité numéro un en cette période d’instabilité extrême, caractérisée par la poussée de l’Etat islamique au nord du royaume, en Irak, et la désintégration de l’Etat yéménite, au sud.La version officielle veut que le prince Muqrin ait été démis de ses fonctions à sa demande personnelle. Mais ce retrait n’est guère étonnant compte tenu de la relative circonspection qui avait accompagné son ascension dans l’organigramme royal. Son manque d’envergure supposé et surtout l’origine yéménite de sa mère, que les mauvaises langues du royaume présentaient comme une simple esclave d’Abdelaziz, ont toujours suscité des résistances. Si en 2013 le roi Abdallah l’avait nommé vice-prince héritier, c’était avant tout pour faire barrage au clan des Soudayris, l’une des branches les plus puissantes de la famille Séoud, alors incarné par Salman, et ménager les chances de son fils Mitaeb.Regarder l'infographie : L'Arabie saoudite, encerclée par les protestationsEuphorie nationalisteEn l’évinçant de la scène politique, quelques mois après avoir écarté deux fils d’Abdallah, le nouveau roi consolide la prééminence retrouvée des Soudayris. Les trois charges les plus importantes du pays des deux mosquées saintes sont désormais occupées par des membres de cette prestigieuse lignée, puisque Mohamed Ben Nayef en est lui aussi issu.Amené à prendre une place croissante compte tenu de l’âge déjà avancé de Salman (79 ans), « MBN » devra composer avec un autre ambitieux, Mohamed Ben Salman, son cadet d’au moins vingt ans. Déjà directeur du cabinet de son père, en plus de ministre de la défense, il poursuit, en obtenant le poste de vice-prince héritier, une progression foudroyante dans la hiérarchie saoudienne. L’euphorie nationaliste qui règne dans le pays depuis le début des bombardements au Yémen, quand bien même Riyad n’a pour l’instant rempli aucun de ses objectifs de guerre, a fait taire ceux qui s’inquiétaient de son absence totale d’expérience et de son manque supposé de sophistication.Pour l’instant, aux dires des bons connaisseurs du royaume, aucune trace de rivalité n’est apparue entre les deux hommes. Pour compenser le fait qu’au sein du Conseil des affaires politiques et de sécurité Mohamed Ben Salman est placé sous la tutelle de Mohamed Ben Nayef, un second Conseil a été créé, en charge du développement économique et social, où cette fois-ci, le premier commande au second.Il faudra de l’inventivité à ce duo pour que l’Arabie saoudite sorte par le haut de crise yéménite. En dépit de l’annonce, la semaine dernière, de la fin de la phase de bombardements intensifs, les frappes se poursuivent à un rythme toujours aussi soutenu.Lire aussi (édition abonnés) : Salman impose sa marque sur le trône saoudienBenjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.04.2015 à 17h16 • Mis à jour le16.04.2015 à 19h58 | Clément Melki Les catastrophes se suivent dans l’indifférence quasi générale : 400 personnes seraient mortes dimanche 12 avril sur les quelque 550 que transportait une embarcation de fortune partie des côtes libyennes. Ce nouveau naufrage en Méditerranée, sur l’une des routes les plus meurtrières du monde, illustre la situation alarmante des migrants installés en Libye, et, plus encore, de ceux qui ne font que transiter par ce pays en plein chaos.Lire aussi :Nouveau naufrage mortel en Méditerranée Un nombre compliqué à estimerLe nombre de migrants en Libye est très difficile à estimer, les ONG et les ambassades ayant quasiment toutes déserté le pays en raison des affrontements entre les différentes factions qui luttent pour le pouvoir depuis la chute Mouammar Kadhafi, en 2011. En août 2014, l’UNHCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) dénombrait 37 000 personnes enregistrées à Tripoli et Benghazi, se disant « gravement préoccupé » pour leur sécurité. « Ce ne sont pas des données structurelles, les chiffres varient beaucoup avec les mouvements migratoires », explique Delphine Perrin, juriste et chercheuse à l’université d’Aix-Marseille, qui rappelle qu’« avant d’être un pays de transit, la Libye est d’abord un pays d’arrivée. Il y a toujours eu des étrangers qui se rendent sur place pour travailler ».Des déplacements inscrits dans l’histoireS’ils ont été accentués par le conflit libyen et les révolutions arabes, les mouvements migratoires sont profondément ancrés dans l’histoire du pays. En raison de son positionnement géographique, la Libye a vu les populations nomades sahariennes transiter sur son territoire depuis des siècles. À la fin des années 1990, Mouammar Kadhafi avait de surcroît encouragé les migrations de travailleurs vers la Libye, attirés par ses ressources, notamment pétrolières. Le guide de la révolution libyenne avait alors « mis en place une stratégie d’ouverture des portes qui s’inscrivait dans un projet panafricain, afin de gagner du crédit auprès des leaders de la région », explique Ferruccio Pastore, directeur du FIERI (Forum for International and European Research on Immigration). Cette orientation politique a provoqué un afflux massif de migrants, en provenance de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, du Nigeria, du Mali, du Sénégal, dont la situation s’est détériorée, surtout à partir des années 2000. L’impact de la guerreLa guerre civile qui a suivi la chute du régime de Kadhafi en octobre 2011 a encore aggravé la situation des migrants, désormais confrontés aux affrontements entre deux gouvernements rivaux et à la relative fermeture des pays européens. À ce chaos s’ajoute la menace de l’organisation Etat islamique, désireuse de consolider sa présence dans la région. Dans ce contexte, marqué par l’absence de tout cadre juridique ou humanitaire, les migrants sont devenus la proie des milices locales. « Tout le monde est autorisé à faire ce qu’il veut des immigrés. Cela donne lieu à une exploitation brutale, marquée par une multiplication des kidnappings », résume Ferruccio Pastore.Venus essentiellement de la corne de l’Afrique (Somalie, Ethiopie, Erythrée), les migrants sont le plus souvent exploités dans des conditions de vie dégradantes, dénoncées par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) : arrestations arbitraires, violences physiques et psychologiques, travail forcé… Les Africains subsahariens doivent faire face au racisme d’une partie de la population, d’autant plus fort qu’ils sont associés au souvenir de la politique migratoire de Kadhafi. Et les passeurs se montrent de plus en plus violents pour optimiser leurs bénéfices.Lire aussi :Naufrage en Méditerranée : des passeurs de plus en plus violents Vers l’Europe…Pour échapper aux affrontements entre milices armées, les migrants de passage en Libye sont de plus en plus tentés de traverser la Méditerranée. Une très large partie d’entre eux quitte les côtes libyennes pour rejoindre l’Italie : selon le HCR, plus de 110 000 personnes seraient arrivées de cette manière sur les côtes italiennes en 2014, dont la moitié originaire de Syrie et d’Erythrée. « Depuis le 1er janvier, 29 000 personnes ont déjà emprunté cette route », indique Ewa Moncure, une des portes-parole de Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des frontières, qui craint de voir augmenter encore ces fluxs cet été, à la faveur d’une météo plus clémente.Cet afflux massif a pris de cours les Européens, notamment les dirigeants italiens, qui ont demandé à leurs partenaires du continent de prendre en charge une partie des réfugiés, ou de cofinancer leur accueil. Face à l’afflux, le gouvernement de Matteo Renzi a décidé à l’automne 2014 de renoncer à l’opération Mare Nostrum, menée par la marine italienne afin d’éviter le naufrage des convois de migrants. Lancées après le drame de Lampedusa en octobre 2013 qui avait fait 366 morts, ces interventions auraient permis de sauver quelque 100 000 personnes, selon l’ONG Human Rights Watch. Elles ont été remplacées par Triton, une opération de surveillance des frontières maritimes et non plus de sauvetage, placée sous l’égide de Frontex.Lire aussi :L’UE impuissante face aux drames de l’immigration… et l’Afrique du NordOutre l’Europe, de plus en plus de migrants en provenance de Libye se rendent en Tunisie pays avec lequel la Libye partage une frontière de 460 km. Depuis 2011, près de 2 millions d’entre eux y ont trouvé refuge. Un afflux qui risque de fragiliser un Etat lui-même engagé dans une délicate transition démocratique, et qui n’arrive plus à faire face à cette arrivée massive, en particulier au niveau sanitaire. D’autres choisissent de transiter par la Tunisie pour rejoindre ensuite l’Europe.Lire aussi :Passeurs et mafieuxClément MelkiJournaliste au Monde 16.04.2015 à 15h28 • Mis à jour le16.04.2015 à 15h44 | Yves Eudes Le gouvernement des Etats-Unis va-t-il renoncer à sa tutelle sur l’Icann cette année, comme prévu ? Depuis sa création en 1996, l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), association basée en Californie gérant le système des adresses et numéros Internet à l’échelle mondiale, est soumise au droit américain et placée sous le contrôle du ministère du commerce de Washington. Récemment, sa charge de travail a fortement augmenté, car elle est en train de créer et d’attribuer près de 1 300 nouveaux noms de domaines, allant de «.wine » pour les professionnels du vin, à « . cool » pour ceux qui se retrouvent dans ce concept. Le gouvernement américain ne s’occupe pas de sa gestion au quotidien, mais les décisions techniques et administratives importantes, quel que soit le pays concerné, doivent obtenir son approbation.Lire aussi :« .wine » ou « .vin » : intense bataille autour des nouvelles adresses InternetDepuis une décennie, de nombreux pays et associations réclamaient une réforme de l’Icann, mais n’étaient pas d’accord entre eux sur le nouveau mode de gouvernance à mettre en place. Or, en mars 2014, le gouvernement Obama a fait savoir qu’il souhaite mettre fin à cette tutelle en septembre 2015, et faire de l’Icann un organisme indépendant, géré collectivement par une communauté mondiale des acteurs du Net.Cette annonce a eu lieu dans un contexte conflictuel, neuf mois après les révélations d’Edward Snowden sur le système de surveillance de masse d’Internet par la NSA américaine, et un mois avant la tenue du Net Mundial de Sao Paulo, conférence internationale organisée par le Brésil pour définir les principes d’une nouvelle gouvernance de l’Internet qui serait « plus diversifiée », c’est-à-dire moins américaine.Avant de renoncer à sa tutelle, le gouvernement américain a toutefois posé ses conditions :l’Icann ne devra pas tomber sous le contrôle d’un autre Etat, d’un groupe d’Etats ni d’une organisation internationale comme les Nations unies ;tous les acteurs d’Internet (Etats, administrations, opérateurs télécoms, organismes techniques, entreprises privées, ONG, sociétés civiles…) devront participer à la nouvelle gouvernance de façon équilibrée ;Internet devra rester libre, ouvert et accessible à tous ;les nouvelles instances devront garantir la sécurité et la stabilité du système.Aujourd’hui, avec le recul, le directeur général de l’Icann, Fadi Chehadé, citoyen américain d’origine libanaise, relativise ces annonces américaines. « Ils ont simplement estimé que l’Icann était enfin “mûre”, prête à se gouverner elle-même – ce qui, selon eux, n’était pas le cas auparavant –. Ils n’ont pas cédé directement aux pressions internationales, ils auraient pu maintenir le statu quo encore longtemps », explique-t-il au Monde.M. Chehadé rappelle ainsi qu’à l’origine, les Etats-Unis avaient décidé de renoncer à leur contrôle sur l’Icann peu après l’an 2000, mais qu’après les attentats du 11 septembre 2001, ils changèrent d’avis, pour des raisons sécuritaires.Selon lui, les Etats-Unis craignaient aussi que certains pays, comme la Chine ou le Brésil, puissent décider de créer leur propre « mini-Icann » nationale ou régionale – ce qui, dans l’optique américaine, serait catastrophique : « Le système d’adressage géré par l’Icann est la seule structure qui maintient l’unité de l’Internet au niveau mondial, le seul vrai lien entre tous les réseaux locaux qui composent Internet. Si un pays créait une Icann parallèle, Internet serait fragmenté, on obtiendrait plusieurs petits “sous-Internet” séparés, avec peut-être quelques passerelles, contrôlées par des Etats. Ce serait la fin de la libre circulation planétaire des services, des idées et des transactions dont nous bénéficions aujourd’hui, et que les Etats-Unis veulent préserver. »« Les Français ne sont pas mobilisés »Pour accoucher rapidement d’un nouveau mode de gouvernance global et acceptable par tous, l’Icann a lancé au printemps 2014 un chantier d’envergure planétaire, associant des milliers d’intervenants publics, privés et associatifs d’une centaine de pays, répartis dans des groupes de travail spécialisés. Des organisations comme Amnesty International ou Human Rights Watch sont associées aux discussions.Au bout d’un an, M. Chehadé constate que la mobilisation a été forte sur tous les continents, y compris en Afrique, et que le travail est en bonne voie. Résolument optimiste, il s’attend à recevoir dans quelques mois un projet consensuel de gouvernance multilatérale associant tous les acteurs du Net, dotée de procédures d’appels équitables en cas de futurs désaccords : « Sur ce dernier point, plusieurs dizaines d’avocats internationaux sont en train de travailler collectivement. »En ce qui concerne le rôle de la France, M. Chehadé note qu’elle est bien représentée au niveau officiel, mais qu’en revanche, les associations et les membres de la société civile sont peu nombreux : « C’est dommage, les Français ne se sont pas mobilisés, beaucoup moins que les Allemands, qui sont très actifs dans tous les groupes de travail. Certains pays n’ont pas bien compris que l’Icann est ouverte sans formalités à tous ceux qui représentent une communauté d’acteurs, et qui ont envie d’agir. A l’image d’Internet. »Par ailleurs, M. Chehadé rappelle que l’Icann a déjà réussi sa « mondialisation interne » : « Il y a quelques années, nous avions 120 employés, principalement américains. Aujourd’hui nous sommes 350, répartis dans 28 pays. Nous avons trois bureaux centraux : le QG historique de Los Angeles, et deux nouveaux, à Istanbul et Singapour. » En parallèle, il coordonne un groupe chargé de concrétiser les principes définis lors du Net Mundial de Sao Paulo : « Nous allons bientôt présenter une “carte” montrant tout ce qui se passe dans le monde en matière de gouvernance d’Internet. Les pays les moins avancés pourront voir ce qui fonctionne déjà ailleurs, trouver des experts pour les aider, etc. »Au début de l’été, M. Chehadé soumettra la proposition finale issue des groupes de travail au gouvernement des Etats-Unis. « Les Américains m’ont prévenu qu’il leur faudrait quelques mois pour l’examiner, l’échéance de septembre ne sera sans doute pas respectée. Mais ce n’est pas très grave : si la proposition leur convient, ce sera le début d’une nouvelle ère pour l’Icann, et pour l’Internet. » Et sinon ? M. Chéhadé préfère ne pas y penser. Les Etats-Unis décideraient sans doute unilatéralement de maintenir leur tutelle, en attendant que la communauté internationale leur soumette de nouvelles propositions.Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.04.2015 à 13h59 • Mis à jour le16.04.2015 à 15h11 Lors de sa séance annuelle de questions-réponses avec ses concitoyens en direct à la télévision, jeudi 16 avril, le président russe, Vladimir Poutine, a estimé que le pire de la crise économique liée aux sanctions occidentales et à la chute des cours du pétrole était passé.S'il a reconnu les difficultés en raison de l'inflation galopante, le président a insisté, sans surprise, sur la résistance du pays dans ce contexte difficile.« Nous avons passé le pic des problèmes en termes de remboursement des crédits extérieurs par les banques et par les entreprises du secteur réel, a-t-il insisté lors ce marathon télévisé. La monnaie nationale s'est corrigée et il n'y a pas eu de catastrophe. »Vers une reprise plus rapide ?A la fin de l'année 2014, le rouble avait subi deux jours d'effondrement échappant à tout contrôle. Désormais, si l'activité montre bien des signes de récession, le mouvement semble limité.Soutenue par l'apaisement des combats en Ukraine et un rebond des cours du pétrole, la devise russe a même repris près de 40 % depuis le début du mois de mars face au dollar, ce qui en fait la monnaie la plus performante depuis le début de l'année. Le dollar est même retombé sous le seuil très psychologique des 50 roubles pour la première fois depuis novembre quelques heures avant l'intervention de Vladimir Poutine, plus populaire que jamais depuis l'annexion de la Crimée il y a un an. Le président russe, qui avait prédit en décembre une sortie de crise au bout de deux ans, parie sur une reprise « peut-être plus rapide ». Le gouvernement ne cesse de répéter que la crise sera probablement moins violente qu'attendu.Lire aussi : La Russie débloque 1 000 milliards de roubles pour son secteur bancairePoutine se justifie sur l'Iran et l'UkraineEn matière de politique étrangère, Vladimir Poutine est revenu sur sa décision de lever l'interdiction de livrer à l'Iran des batteries sol-air S-300, répétant une nouvelle fois qu'elle se justifiait par la conclusion d'un accord-cadre le 2 avril entre Téhéran et les grandes puissances à Lausanne. « Tous les participants ont annoncé qu'un accord avait été trouvé, il ne reste plus que les détails techniques à régler, ce devrait être fait en juin », a-t-il rappelé.#Poutine en live justifie la livraison des S-300 à l'#Iran qu'il juge "prêt à un compromis" sur le nucléaire. http://t.co/rYZjwzTWdS— Mandraud Isabelle (@mandraud)require(["twitter/widgets"]);Interrogé sur la crise ukrainienne, le chef de l'Etat russe a démenti une nouvelle fois la présence de troupes russes en Ukraine malgré les accusations de Kiev, des Occidentaux et de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord. « Notre but n'est pas de reconstruire un empire », a-t-il affirmé, tout en confessant ne « faire aucune différence entre Russes et Ukrainiens ». « Ils sont fondamentalement la même nation », a-t-il ajouté.Le président est également revenu sur le meurtre de l'opposant Boris Nemtsov, dont l'assassinat par balles à la fin de février avait bouleversé l'opposition et suscité de vives critiques à travers le monde. « Je ne sais pas encore si [l'enquête] réussira à identifier les commanditaires, si commanditaires il y a », a-t-il déclaré. Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Les maisons en bois paraissent dévastées, comme si elles avaient été bombardées, tandis que sur les routes couvertes de cendres, de rares véhicules circulent dans un paysage lunaire. Les vidéos amateur postées sur le site Internet YouTube offrent une vision saisissante des gigantesques incendies de prairie qui ont ravagé, depuis le 12 avril, des milliers de kilomètres carrés dans la province de Khakassie, dans le sud de la Sibérie. Et déjà, d’autres alertes ont été lancées en Transbaïkalie, une région montagneuse du sud-est de la Russie, au-delà du fameux lac Baïkal, mais aussi dans la région Amour, le long de la frontière chinoise, où le service fédéral des forêts a recensé, mercredi 15 avril, dix-huit incendies sur une surface totale de 24 000 hectares. Mardi, Greenpeace Russie a lancé une pétition qui a récolté près de 8 000 signatures en quelques heures, pour réclamer davantage de moyens dans les régions.« La dissimulation des informations sur les incendies, la réaction tardive pour les éteindre et la crainte de faire appel aux instances supérieures sont les trois principales raisons qui ont déjà conduit à de nombreuses catastrophes », souligne le texte de l’ONG. En Khakassie, la situation, dramatique, éveille les souvenirs cauchemardesques de l’été 2010 durant lequel une cinquantaine de personnes avaient péri lors d’incendies dans l’ouest et le nord-est du pays. Cette fois, en Sibérie, 23 personnes sont mortes, trente villages ont été rasés, plus de 5 000 personnes ont perdu leur habitation, des dizaines de milliers d’hectares sont partis en fumée et, comme en 2010, l’état d’urgence a été décrété en plusieurs endroits.Messages apaisants contreditsLes messages apaisants du ministère russe des situations d’urgence selon lequel, mardi soir, la situation était « sous contrôle » et les incendies partout maîtrisés, sont contredits par les témoignages de particuliers. Le même jour, des habitants de Tchita, la capitale de Transbaïkalie, diffusaient des images de la ville noyée sous une épaisse fumée rouge. Un peu plus loin au sud, un automobiliste a filmé des voitures qui zigzaguaient dangereusement entre les flammes sur une route. Dans cette région, trois personnes dont un enfant de 3 ans figurent parmi les victimes, selon les autorités locales.En réalité, plusieurs provinces du sud et de l’extrême est de la Russie sont touchées. Et si la situation semble bien s’être calmée en Khakassie, il n’en va pas de même ailleurs. A plus de 7 000 kilomètres de Moscou, dans la soirée de mercredi, un mur de feu était ainsi visible depuis Blagovechtchensk, la capitale de la région de l’Amour, tandis que dans la région voisine de Bouriatie, l’agence forestière locale signalait pour sa part, mercredi, 41 incendies et départs de feux.Les agriculteurs sont habitués à « nettoyer » leurs champs à la sortie de l’hiver en brûlant des herbesPour la plupart, ces derniers sont dus à l’imprudence d’agriculteurs habitués à « nettoyer » leurs champs à la sortie de l’hiver en brûlant des herbes. Des températures élevées pour la saison – 25 0C en Khakassie au moment du départ des feux – et des vents forts ont fait le reste. « C’est une catastrophe, ce qui s’est passé là-bas, mais ce qui nous inquiète le plus aujourd’hui, c’est la Transbaïkalie. Il nous est encore difficile d’évaluer la superficie détruite, mais une estimation modérée fait déjà état de 150 000 hectares, et nous nous attendons à une aggravation dans la région Amour », assure Alexeï Iarochenko, responsable du département des forêts à Greenpeace Russie. Le service des forêts de Transbaïkalie évalue pour sa part à « 104 000 hectares », la surface déjà en proie aux flammes.« Les gardes forestiers n’ont pas d’argent »« Le printemps vient de commencer, et il y a déjà des victimes », déplore Greenpeace, qui dénonce la « combustion d’herbes » et met en cause « la négligence des autorités ». « Chaque jour devient de plus en plus chaud, souligne l’organisation. Des gens mettent le feu à cause d’idées fausses mais il n’est pas trop tard, les gouverneurs des régions peuvent encore prendre des mesures. » « Or, poursuit Alexeï Iarochenko, rien n’a changé, et les moyens font toujours défaut. Le code forestier adopté en 2006 est complètement inefficace, comme l’ont déjà démontré les incendies de 2010, mais le gouvernement ne veut pas admettre ses erreurs. Le ministère des situations d’urgence est en soi une énorme structure, mais qui formellement n’est même pas responsable des forêts, alors que les gardes forestiers, eux, n’ont pas d’argent. » Depuis le 12 avril, le ministère a annoncé le déploiement de plus de 6 000 hommes pour combattre les incendies. Huit avions et hélicoptères, des trains à incendie ont été mobilisés. Mais pour beaucoup, ces interventions sont souvent trop tardives.Le phénomène n’est certes pas nouveau en Russie, où l’on parle même de « saison des feux », et l’approche de l’été, période généralement propice aux incendies particulièrement dangereux et difficiles à éteindre quand ils se logent dans la tourbe, ajoute à l’inquiétude, avec son cortège de conséquences sur l’environnement et la santé de la population. En 2010, à la suite de feux provoqués par une chaleur sans précédent, 11 000 décès supplémentaires avaient été enregistrés à Moscou en deux mois.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.04.2015 à 10h45 • Mis à jour le16.04.2015 à 11h42 L'ancien gouverneur de la banque centrale américaine Ben Bernanke va rejoindre le fonds d'investissements à risque Citadel Investment Group, en tant que conseiller, affirme jeudi 16 avril le New York Times. Il devrait fournir expertise en matière de finance et d'économie internationale au comité d'investissement de ce « hedge fund », ajoute le journal sur son site Internet. Fondé par l'homme d'affaires Kenneth Griffin en 1990, Citadel gère pour 25 milliards de dollars d'actifs.L'ex-conseiller économique de George W. Bush, âgé de 61 ans, a dirigé la Réserve fédérale (Fed) de février 2006 à janvier 2014 et a, à ce titre, piloté la politique monétaire des Etats-Unis pendant l'une des périodes les plus difficiles de l'histoire économique récente. Depuis son départ de la Fed, il se consacrait à la recherche académique au sein de la Brookings Institution, un think tank. Il donnait aussi des conférences rémunérées.pas d'activité de lobbyingInterrogé par le journal, M. Bernanke a expliqué être conscient des critiques du public sur le pantouflage de hauts fonctionnaires passant au privé. Mais il a fait valoir que Citadel n'était pas régulé par la Fed et qu'il n'exercerait pas au sein du groupe d'activités de lobbying. M. Bernanke a précisé au journal qu'il recevrait une rémunération fixe de Citadel, mais pas de participation au capital, ni de bonus lié à ses performances. L'ancien patron de la Fed n'est pas lié par un accord d'exclusivité à Citadel et pourra proposer ses services à d'autres firmes.Le quotidien rappelle que le prédécesseur de M. Bernanke, Alan Greenspan (1987-2006), avait occupé diverses fonctions chez Deutsche Bank, chez le gestionnaire obligataire Pimco et chez le fonds d'investissement Paulson & Company après son départ de la Fed. 16.04.2015 à 10h19 • Mis à jour le16.04.2015 à 10h48 | Marie Delcas (Bogota, correspondante) Un sous-officier colombien et dix soldats tués, dix-sept autres blessés  : l’affrontement entre l’armée et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), dans la nuit de mardi 14 à mercredi 15 avril, a été meurtrier. Il a eu lieu dans le département du Cauca, un fief historique des FARC dans le sud-ouest du pays. Selon les autorités, les soldats ont été attaqués par un détachement d’élite de la guérilla. Deux rebelles auraient également trouvé la mort.Pour Juan ­Manuel Santos, l’attaque de la guérilla a été « délibérée » et préméditée. « Elle ne peut rester impunie », a-t-il déclaré, en annonçant mercredi la reprise des bombardements contre les campements guérilleros – suspendus depuis des semaines – et en donnant ordre à l’armée d’intensifier les opérations contre les rebelles.Mais les négociations de paix n’ont pas été suspendues. « C’est à cette guerre-là que nous voulons mettre fin », a expliqué M. Santos. Le processus engagé avec les FARC depuis plus de deux ans est loin de faire l’unanimité, mais semblait sur la bonne voie. En décembre 2014, les FARC avaient décrété un cessez-le-feu unilatéral et indéfini, respecté sur le terrain. C’est ce qui avait conduit le président à suspendre les bombardements en mars. La « désescalade du conflit » était à l’ordre du jour. C’est dire si l’attaque de la guérilla a causé consternation et indignation.Lire aussi :La Colombie négocie un cessez-le-feu avec les FARCA La Havane, les FARC ont évoqué une « action défensive » et tenté d’en faire porter la responsabilité à l’armée. Le commandant guérillero Félix Munoz alias Pastor Alape a dénoncé « l’incohérence du gouvernement qui ordonne des opérations militaires contre une guérilla qui a déclaré une trêve ». Mais les chefs des FARC semblaient ignorer le détail des faits survenus dans le Cauca.Cessez-le-feu unilatéralLa question d’une éventuelle dissidence de la guérilla se pose. Les FARC ont une fois encore réclamé un cessez-le-feu bilatéral. Ni la droite dure, menée par l’ex-président Alvaro Uribe (2002-2010), ni les militaires ne veulent en entendre parler. Ils mettent en doute la volonté de paix des FARC et craignent que les guérilleros n’en profitent pour se consolider militairement. La mort des dix soldats fournit des arguments aux détracteurs du processus de paix.Sur les réseaux sociaux, la rage contre les FARC déferle. « La paix de Santos, c’est l’extermination de nos forces armées », a tweeté M. Uribe, aujourd’hui sénateur. Pour son collègue Carlos Galan, il faut fixer un ultimatum aux FARC, car, souligne-t-il, « les négociations ne peuvent pas durer indéfiniment ». Les responsables politiques de la majorité se prennent à espérer que la crise du moment et la reprise des bombardements pousseront la guérilla à accélérer le rythme de négociations. Mais le chemin s’annonce difficile. « Avec la mort des soldats, la confiance entre les parties et l’espoir dans le processus de paix ont reculé », résume Fabrizio Hochschild, représentant des Nations unies en Colombie.Marie Delcas (Bogota, correspondante)Journaliste au Monde 16.04.2015 à 09h35 • Mis à jour le16.04.2015 à 10h01 « Jusqu’où peut-on aller dans la reconnaissance de la responsabilité de la France ? Pour moi, un grand pays a toujours intérêt à reconnaître ses fautes. » Ces propos sont ceux d’un socialiste, l’ancien député Pierre Brana, rapporteur de la mission d’information parlementaire de 1998 sur le Rwanda, qui s’exprimait en janvier 2014 lors d’un colloque à Sciences Po Paris.S’il l’avait voulu, François Hollande aurait pu les reprendre à son compte, vingt et un ans après le génocide des Tutsi du Rwanda. Mais le président de la République a fait un autre choix, le 7 avril 2015, en annonçant en fin de journée par un simple communiqué : « la déclassification des archives des documents de l’Elysée relatifs au Rwanda entre 1990 et 1995 ».Cette déclassification a été présentée comme un geste d’ouverture sans précédent. L’Elysée assure qu’il s’agit pour « la France » de « faire preuve de transparence » et de « faciliter le travail de mémoire sur cette période ». Sur le principe, la démarche n’est pas critiquable. Ouvrir des fonds d’archives, même si leurs modalités d’accès peuvent toujours constituer un barrage, est un geste qu’il faut saluer dans notre pays qui a tant de mal à regarder les pages sombres de son Histoire en face.Mais « la ficelle » est un peu grosse. Car, en réalité, de quoi parle-t-on ? De 80 documents, selon la porte-parole du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), interface entre les services de renseignement et l’exécutif, chargé de piloter le processus. Quatre-vingts documents, alors même que des dizaines de notes de l’entourage de François Mitterrand circulent depuis dix ans parmi la communauté de chercheurs, d’historiens, d’associations et de journalistes qui travaillent sur le sujet. De nombreuses archives ont également été dévoilées par la mission d’information parlementaire, en 1998.Mais surtout, que disent ces notes de l’Elysée qui s’étalent pour la plupart sur la période allant de 1990, date de l’entrée en guerre contre la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), au printemps 1994, qui vit l’élimination systématique d’un million de personnes, Tutsi et Hutu opposés aux extrémistes, en une dizaine de semaines ? Elles montrent la terrifiante compromission de l’Elysée et de l’état-major militaire auprès d’un régime criminel, celui du président rwandais Habyarimana contre les Tutsi du FPR, ces « Khmers noirs » considérés comme des « ennemis de l’intérieur ».Entreprise de longue haleineCes notes racontent, mois après mois, la mainmise d’un groupe de militaires, de diplomates et de hauts fonctionnaires sur la politique menée au Rwanda dans le plus grand secret par François Mitterrand, « au nom de la France ». En notre nom à tous. Cette politique est un soutien sans failles au régime de Juvénal Habyarimana. Autrement dit, au régime génocidaire, car ce génocide n’a pas soudainement germé le 7 avril 1994 au matin dans le cerveau de quelques esprits malades. Ce projet génocidaire s’est développé sous les yeux de responsables français qui étaient aux premières loges, puisqu’ils soutenaient à bout de bras un régime indéfendable.Un vrai génocide – et celui-ci n’y échappe pas – est une entreprise politico-militaire de longue haleine. Il commence par la définition de « l’ennemi », se poursuit avec la formation, l’entraînement et l’armement des milices interahamwe, puis le quadrillage de la population, la création de listes de cibles politiques et civiles et la mise en place de l’infâme Radio des Mille Collines appelant au meurtre.Il continue par des manipulations de l’opinion afin de déclencher des massacres de masse. Enfin, il se conclut par une véritable « guerre sur les arrières » du front – où toute distinction entre civils et militaires s’efface –, outil de prédilection des forces spéciales lorsqu’elles ont affaire à une rébellion. Tout cela, les hommes du président Mitterrand le savaient, l’entretenaient et le stimulaient. Jour après jour.Et pourtant, tous n’ont pas « consenti » au pire. Tous n’étaient pas d’accord avec les décisions prises dans le secret de l’Elysée. Des diplomates ont contesté cette politique. Un général, patron de la Mission militaire de coopération (MMC) et socialiste, a mis sa démission dans la balance.« Transparence »Des analystes de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ont tenté de promouvoir d’autres solutions, contre l’avis de leurs collègues de la Direction du renseignement militaire (DRM) et du Commandement des opérations spéciales (COS). Un ministre socialiste de la défense, Pierre Joxe, a même tenté de sonner l’alerte auprès du président Mitterrand. En vain. Tout cela est connu. Pourtant, la France ne veut toujours pas le reconnaître.En fait, si François Hollande veut réellement faire œuvre de « transparence », il faut surtout qu’il permette l’accès aux archives de la défense, du Quai d’Orsay, de la Coopération et des services de renseignement, comme l’ont fait depuis longtemps d’autres pays comme la Belgique…Si le chef de l’Etat veut réellement « faciliter le travail de mémoire », il faut qu’il permette aux juges d’instruction qui enquêtent sur le rôle de la France au Rwanda de pouvoir accéder aux documents « secret défense ». Ce n’est pas le cas aujourd’hui.Si « l’héritier politique » de François Mitterrand veut vraiment poser un acte symbolique fort, au lieu d’annoncer en catimini « la déclassification » d’archives déjà connues, il devrait plutôt sortir du déni dans lequel les dirigeants français se trouvent depuis plus de vingt ans. Et reconnaître publiquement ce qui a été fait au Rwanda « au nom de la France ».Benoît Collombat et David Servenay, coauteurs de Au nom de la France, guerres secrètes au Rwanda (La Découverte, 2014). Jean-Michel Bezat Patrick Pouyanné, directeur général de Total, a annoncé, jeudi 16 avril, au cours d’un comité central d’entreprise extraordinaire, une importante restructuration de l’activité de raffinage du groupe en France, qui subit depuis des années une forte baisse de ses marges. Ces mesures s’accompagneront d’un investissement de 600 millions d’euros dans ses deux raffineries déficitaires de La Mède (Bouches-du-Rhône) et de Donges (Loire-Atlantique). Les trois autres sites français ne sont pas concernés : Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Feyzin (Rhône) et Grandpuits (Seine-et-Marne).Total poursuit ainsi la politique inaugurée en 2010 avec la fermeture de la raffinerie des Flandres, à Dunkerque (Nord). « Le plan apporte des solutions durables et vient redonner un futur à ces deux sites industriels, a souligné M. Pouyanné. Total conduira cette transformation sans aucun licenciement ni mobilité géographique contrainte pour les salariés non cadres. »Le groupe arrêtera toute son activité de raffinage de pétrole brut à La Mède d’ici à la fin de 2016, un site qui perd environ 150 millions d’euros par an depuis 2011. Il a décidé d’y investir 200 millions d’euros pour créer « la première bioraffinerie de France » et « l’une des plus grandes d’Europe » afin de répondre à une demande croissante, tout en maintenant certaines activités de raffinage « rentables ».Total y développera aussi une plate-forme logistique (négoce de produits raffinés) et implantera une ferme solaire photovoltaïque d’une capacité de 8 mégawatts (MW) pour fournir 50 % des besoins du site. Elle sera équipée des panneaux produits par sa filiale américaine, SunPower.Ces choix permettront le maintien de 250 des 430 emplois du site, la réduction des effectifs se faisant par des départs anticipés à la retraite, la mobilité pour les non-cadres et des mutations pour les cadres. La CGT de la raffinerie de La Mède juge « inacceptables » les suppressions de poste annoncées jeudi par le groupe et a commencé une grève sur le site, bloquant la sortie de la production. Une assemblée générale sera organisée par le syndicat vendredi.En milieu de journée, un représentant du syndicat, Julien Granato, a indiqué qu'il y avait « 80 % de grévistes sur l'ensemble des personnels qui opèrent sur la raffinerie », soulignant que « la production [n'était] pas livrée mais [était] stockée ».Lire aussi :« A La Mède, il y a Total et rien d’autre »Engagement à ne pas licencierPar ailleurs, Total investira 400 millions d’euros à Donges — moins déficitaire que La Mède — pour en moderniser les installations. La raffinerie produira des carburants moins soufrés et conformes aux nouvelles normes européennes, alors qu’elle est actuellement contrainte d’en exporter une part importante, sa production ne répondant plus à ces normes très contraignantes, ce qui pénalise son équilibre économique.Mais ce site est classé « Seveso seuil haut », et il est traversé par la ligne de chemin de fer reliant Nantes au Croisic. Total demande donc à l’Etat, aux collectivités locales et à la SNCF de la détourner, et s’est engagé à financer un tiers des travaux dans le cadre d’une infrastructure publique.Ce partage de l’effort est prévu dans les plans de prévention des risques technologiques, rappelle-t-on chez Total, où l’on espère conclure un accord avant la fin de l’année.La restructuration de l’outil de raffinage de Total se fera donc sans fermeture de site ni licenciement parmi les 3 900 salariés travaillant dans les cinq raffineries françaises de la compagnie. Christophe de Margerie, PDG de Total, s’y était engagé avant sa mort accidentelle, en octobre 2014. Un engagement repris par M. Pouyanné dès sa nomination, qui répète que Total doit être « responsable » sur le plan économique et « exemplaire » sur le plan social. La fédération chimie-énergie de la CFDT a accueilli « favorablement » un projet de reconversion industrielle qu’elle juge « durable », tout en prévenant qu’« elle ne cautionnera[it] aucune perte d’emplois ».Surcapacités en EuropeLa restructuration commencée en France il y a plus de vingt ans s’est accélérée ces cinq dernières années, avec quatre fermetures successives : la raffinerie de Dunkerque, (Nord) exploitée par Total, en 2010 ; celles de Reichstett (Bas-Rhin) en 2011 et de Petit-Couronne (Seine-Maritime) en 2012, opérées par le suisse Petroplus ; et celle de Berre (Bouches-du-Rhône), mise sous cocon par l’américain Lyondellbasell.La Mède, qui a perdu 150 millions d’euros par an depuis 2011, sera la cinquième, même si elle n’est pas totalement fermée mais reconvertie dans la production de biocarburants, avec moins d’emplois. Les syndicats s’inquiètent des conditions de reclassement d’une partie de ses 430 employés.En France, les raffineries produisent trop d’essence et pas assez de gazole, alors que ce dernier bénéficie d’une fiscalité avantageuse et représente plus de 80 % des volumes écoulés dans les stations-service.Lire aussi :Total veut s’adapter à la baisse du prix du pétroleMais le mal est européen. De nombreuses raffineries du Vieux Continent sont moins compétitives que leurs concurrentes américaines, moyen-orientales et asiatiques. Le secteur souffre depuis plusieurs années de surcapacités dans une région du monde où la consommation de carburant stagne sous le double effet de la crise économique et de véhicules moins gourmands en essence et en gazole.Le taux d’utilisation des raffineries y est tombé de 89 % en 2005 à 79 % en 2013, indique l’Union française des industries pétrolières. Son président, Francis Duseux, estime qu’« on devrait avoir une restructuration d’environ 25 % voire 30 % du raffinage à l’horizon 2035-2040 ». Ce qui annonce la fermeture de 20 à 30 raffineries sur les 79 actuellement en activité dans l’Union européenne.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.04.2015 à 07h29 • Mis à jour le16.04.2015 à 13h21 De l'iridium-192, une substance radioactive à usage industriel, a été volé dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 avril à Cardenas, dans l'Etat mexicain de Tabasaco. D'après le ministère de l'intérieur, qui a donné l'alerte aux unités de protection civile de cinq provinces (Tabasco, Campeche, Chiapas, Oaxaca et Veracruz), la substance se trouvait dans une camionnette. L'armée de terre, la marine et la police fédérale ont également été mises en alerte, ajoute le ministère.Utilisée en radiographie industrielle, l'iridium-192 peut s'avérer très dangereux s'il n'est pas manipulé selon les protocoles de sécurité appropriés. Le ministère de l'intérieur souligne dans un  communiqué que la substance peut provoquer des lésions permanentes, voire « être mortelle » en cas de contact prolongé.Sur son compte Twitter, le coordinateur pour la protection nationale civile, Felipe Puente, a appelé toute personne qui retrouverait la substance radioactive « à ne pas s'en approcher ni la manipuler ». Les responsables ont exhorté la population à établir un périmètre de sécurité de trente mètres en cas de découverte de la substance volée et à avertir les autorités.En caso de localizar la fuente no realizar manipulación ni permanecer cerca, reportarla a los siguientes números: http://t.co/LePt3BjI2a— Luis Felipe Puente (@LUISFELIPE_P)require(["twitter/widgets"]);Plusieurs précédentsCet incident est le dernier d'une série de vols de matériels dangereux survenus récemment au Mexique. En février, les autorités ont pu récupérer dans l'Etat d'Hidalgo, dans le centre du Mexique, trois camionnettes volées contenant du matériel radioactif à usage industriel.D'autres incidents similaires ont eu lieu en juillet 2014 et en décembre 2013. Dans tous ces cas, il a été établi que les voleurs voulaient seulement s'emparer des véhicules et ignoraient le caractère dangereux de leur contenu. 03.04.2015 à 16h38 • Mis à jour le03.04.2015 à 16h42 Le groupe djihadiste égyptien Ansar Beit Al-Makdis, qui a prêté allégeance à l'organisation Etat islamique (EI), a revendiqué, vendredi 3 avril, une série d'actions meurtrières, survenues la veille dans la péninsule du Sinaï. « Les lions de la Province du Sinaï ont lancé jeudi à l'aube des attaques simultanées contre des postes de contrôle sur la route menant de Rafah à Al-Arich », chef-lieu de la province du Nord-Sinaï, selon un communiqué du groupe diffusé sur Twitter.Lire aussi (en édition abonnés) : Le Sinaï au bord du chaosCinq « check-points » de l'armée ont été pris d'assaut par des hommes équipés d'armes automatiques et de lance-roquettes. Quinze soldats et deux civils ont été tués, selon le bilan donné par des sources médicales. Le texte du groupe mentionne que tous ses combattants impliqués sont « rentrés sains et saufs ». Des allégations condredites par l'état-major égyptien qui affirme en avoir tué quinze. Etablir une province du « califat »Ansar Beit Al-Makdis (qui signifie « les partisans de Jérusalem » en arabe) s'est rebaptisé Province du Sinaï après avoir prêté allégeance à l'EI. Le mouvement souhaite faire de la péninsule une « région » du « califat » proclamé par le groupe extrémiste sunnite en Irak et en Syrie.Lire aussi le compte rendu : L’Etat islamique multiplie ses « franchises » en AfriqueLes djihadistes multiplient les attaques meurtrières contre l'armée et la police dans cette région, frontalière d'Israël et de l'enclave palestinienne de Gaza. Ils assurent s'en prendre aux forces de sécurité égyptiennes en représailles à la sanglante répression qui s'est abattue sur les partisans du président islamiste Mohamed Morsi après sa destitution par l'armée en juillet 2013.Lire aussi : Le nouveau visage de la menace djihadiste en Egypte Stéphane Lauer (New York, correspondant) Le marché du travail américain a marqué le pas en mars. Les États-Unis ont créé 126 000 emplois, a annoncé, vendredi 3 avril, le département du travail. Pour retrouver un chiffre aussi bas, il faut remonter à décembre 2013. Même si le taux de chômage est resté inchangé à 5,5 %, il s’agit d’un réel décrochage, qui a pris de court les économistes, qui tablaient sur la création de 265 000 emplois.Lire aussi :Le taux de chômage aux États-Unis est tombé à 5,5 %Sur l’ensemble du premier trimestre, la moyenne mensuelle des créations d’emplois est ainsi tombée à 197 000 contre 324 000 au cours du quatrième trimestre 2014. Le mois de mars met donc fin à une série de douze mois consécutifs au cours desquels l’économie américaine créait plus de 200 000 emplois mensuels.Le chômage reculeCe ralentissement s’explique par le fait que l’industrie, la construction et le secteur pétrolier ont réduit les embauches. Dans l’industrie, il s’agit du premier recul depuis juillet 2013, tandis que le secteur de l’énergie a perdu 11 000 emplois en mars et près de 30 000 depuis le début de l’année. Le secteur des loisirs et de l’hôtellerie-restauration, gros pourvoyeur d’emplois aux États-Unis, n’a pas réussi à compenser ces pertes. Lui-même a connu son plus mauvais mois en termes d’embauche depuis septembre 2014.Quant aux salaires, la tendance reste toujours aussi décevante. Le salaire horaire moyen n’a augmenté que de 0,3 % en mars par rapport en février. La progression sur un an n’est que de 2,1 %, en ligne avec le rythme des cinq dernières années. Le faible taux de chômage ne se traduit toujours pas par une pression sur les employeurs pour qu’ils augmentent les salaires. L’une des explications réside dans la faiblesse du taux de participation – c’est-à-dire la part des Américains qui ont un emploi ou qui en recherchent effectivement un – qui est tombé à son plus bas niveau depuis 1978, à 62,7 %.Lire aussi : Aux Etats-Unis, le grand espoir des petits salairesMalgré tout, le chômage pris au sens large, c’est-à-dire en incluant les temps partiels subis, a reculé de 0,1 point à 10,9 %. « Certains peuvent crier au loup sur la faiblesse des chiffres de l’emploi [en mars], mais il s’agit d’un simple réalignement avec le véritable rythme sous-jacent de la croissance de l’économie, qui se situe autour de 2,5 %. Ce qui est plus inquiétant, c’est que les salaires ont toujours autant de mal à progresser », estime Gregory Daco, économiste chez Oxford Economics.Prévisions à la baisseCes chiffres de l’emploi sont publiés dans la foulée d’une batterie d’indicateurs décevants qu’il s’agisse de la production industrielle, des ventes de détail ou des mises en chantier. Même si le moral des consommateurs reste élevé, ces chiffres confirment que le rythme de la reprise a ralenti au cours des trois premiers mois de l’année. La plupart des économistes ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance. Celle-ci ne devrait pas dépasser 1,5 % au premier trimestre, contre 5 % au troisième trimestre 2014 et 2,2 % au quatrième.Même si la présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, prévoyait le 18 mars « une bonne performance de l’économie » sur l’ensemble de l’année, la situation reste effectivement contrastée. Un rapport de l’AARP Policy Institute, publié il y a quelques jours, pointait que le chômage de longue durée pour les plus de 55 ans atteignait 45 % des demandeurs d’emploi. Jeudi, le département du travail indiquait que le revenu moyen des 80 % des Américains les moins riches avait reculé de 0,9 % en 2014 par rapport à l’année précédente. C’est la deuxième année consécutive que ce chiffre accuse un repli. Si la reprise est bien là, elle reste toujours aussi inégalitaire.Lire aussi :La Réserve fédérale ouvre la voie à une hausse des taux aux Etats-Unis Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.04.2015 à 15h07 • Mis à jour le03.04.2015 à 18h01 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Zhou Yongkang, 73 ans, ancien chef suprême de l’appareil de sécurité chinois et membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois (PCC) de 2007 à 2012, a été inculpé vendredi 3 avril pour « corruption, abus de pouvoir et divulgation volontaire de secrets d’Etat » par le parquet de la municipalité de Tianjin, où il sera jugé. Avec cette annonce, qui confirme la tenue d’un procès sans doute dans quelques mois, approche le moment de la déchéance finale pour le plus grand fauve jamais tombé dans la « chasse aux tigres et aux mouches » (les grands et les petits corrompus) du président Xi Jinping.Arrestations successivesDepuis la détention, alors tenue secrète, de l’ancien tsar de la sécurité chinoise en décembre 2013 par la commission centrale de discipline du PCC, son bras anticorruption, à l’ouverture d’une enquête par cette dernière en juillet 2014, le processus a tenu en haleine les observateurs du monde politique chinois, qui ont assisté aux arrestations successives de ses alliés présumés dans l’industrie du pétrole, la province du Sichuan (Sud-Ouest), ainsi que l’appareil policier, là même où il avait construit sa carrière. Plus d’une dizaine de hauts dirigeants ont été arrêtés en 2014, ainsi que plusieurs membres de sa famille – dont l’un de ses fils, un richissime entrepreneur de l’industrie pétrolière, et sa propre épouse, une ancienne speakerine de la télévision officielle. C’est la première fois qu’un responsable communiste de ce niveau sera jugé depuis le procès de la « bande des quatre » en 1981.Lire aussi :La province du Sichuan au cœur de la lutte anticorruption en ChineCette trépidante saga, qui recèle encore de nombreuses zones d’ombres, dessine le tableau peu reluisant d’un système gangrené par la corruption, où l’un des plus puissants cadres du PCC a pendant des années « tiré avantage de ses pouvoirs afin d’en faire profiter d’autres », et « accepté illégalement une énorme quantité d’argent et de propriétés », comme le précise l’acte d’accusation. Son procès devrait lever un (petit) coin du voile sur les faits derrière les charges évoquées, notamment celle de « divulgation volontaire de secrets d’Etat » – un comble pour l’ancien chef d’un appareil de sécurité qui a envoyé sous les verrous pour le même motif des hordes de dissidents. Cela pourrait concerner, estime le politologue hongkongais Willy Lam, des actes d’espionnage envers Xi Jinping ou son prédécesseur Hu Jintao, ou l’organisation de « fuites » autour des activités commerciales et du patrimoine des familles d’autres dirigeants.Lire aussi :La disgrâce de l’ancien chef des services de sécurité chinoisCar l’affaire Zhou Yongkang a aussi une facette politique : l’ex-chef de l’appareil judiciaire et policier au sein du comité permanent était en poste lors de la chute de Bo Xilai, le flamboyant politicien dont il est considéré comme le protecteur. Bo Xilai, qui n’était membre que du bureau politique, l’organe juste au-dessous du comité permanent, a été condamné en 2013 pour corruption. Dans son rapport au Parlement en mars, la cour populaire suprême a ainsi déclaré que Zhou et Bo avaient « nui à l’unité au sein du parti et conduit des activités politiques non organisationnelles ».Ce terme vague et inédit dans le jargon du Parti communiste, évoquant de brutales manœuvres politiques dans les coulisses du pouvoir, a suscité maintes spéculations, car les observateurs de la politique chinoise y ont vu la référence aux rumeurs d’une tentative de coup de force par la faction Zhou Yongkang-Bo Xilai, alors en perdition. L’arrestation récente de deux autres personnalités de l’ère Hu Jintao, l’ex-secrétaire de l’office général du PCC Ling Jihua et l’ancien numéro deux de l’armée Xu Caihou (décédé depuis), ont encore renforcé la thèse d’un complot au sommet et de passes d’armes entre services spéciaux.Bête noire des militants des droits de l’hommeAvec sa mâchoire carrée et son physique de lutteur, Zhou Yongkang a longtemps personnifié les dérives du système de « maintien de stabilité », c’est-à-dire l’arsenal de mesures et d’agences chargées de faire taire la contestation et dont il a été l’architecte présumé à l’approche des Jeux olympiques organisés à Pékin en 2008.M. Zhou était aux manettes lors de la condamnation à onze ans de prison du futur Prix Nobel de la paix Liu Xiaobo en 2009, ou encore de la séquestration d’Ai Weiwei par la police politique en 2011. C’est sous sa supervision qu’a été écrasé le soulèvement tibétain de 2008. A l’époque, il était la bête noire de nombre des militants chinois des droits de l’homme, et notamment des avocats. Pour éluder la censure, les internautes le désignaient par le surnom de « Master Kang » – en référence à une célèbre chaîne de restaurants de soupes de nouilles du Sichuan et à Kang Sheng, le sinistre chef de la sécurité sous Mao.Dans son rapport au Parlement en mars, la cour populaire suprême a déclaré que Zhou Yongkang et Bo Xilai avaient « nui à l’unité au sein du parti et conduit des activités politiques non organisationnelles »A son départ à la retraite lors de la transition au sommet de novembre 2012 et du remplacement de la majeure partie des membres du comité permanent, le portefeuille de Zhou Yongkang n’avait pas été renouvelé (le nombre de membres du comité permanent passant de 9 à 7), signalant une reprise en main de la police.Depuis, celle-ci n’est plus inféodée à un seul membre du comité permanent comme elle l’était du temps de Zhou Yongkang. Or, l’aggiornamento mené par le nouveau numéro un chinois, Xi Jinping, a accouché d’une autre institution, non moins brutale : la commission nationale de sécurité, destinée à coordonner l’ensemble des organes de l’Etat-parti contre les « menaces sécuritaires » et dont Xi Jinping s’est fait désigner le chef suprême. La répression policière, elle, n’a pas faibli, au contraire : selon les organisations de défense des droits de l’homme, jamais autant de militants, avocats et dissidents n’ont été placés derrière les barreaux, toujours au mépris des lois, et souvent avec des peines bien plus lourdes que du temps du terrible tsar de la sécurité aujourd’hui déchu.Lire aussi :Dans la Chine de Xi Jinping, les violations de droits de l’homme se multiplientBrice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benjamin Benoit Le 31 mars, le ministère de la culture chinois a annoncé prendre des mesures de rétorsion envers sept sites qui publient des dessins animés japonais – appelés animes –, qui « attirent les jeunes vers la délinquance, l'esthétisation de la violence, la pornographie et les activités terroristes », comme le raporte le site China Digital Times. Les sites visés sont des équivalents locaux de Youtube, nommés Tencent ou Youku.Violence, sexualité et terrorismeParmi une liste de 29 animes interdits, le ministère cite trois exemples en particulier. On y trouve Blood-C, qui se déroule dans un univers ultraviolent, où l'héroïne, une adolescente, doit combattre des aliens anthropophages.Highschool of The Dead, lui aussi sur la liste noire, raconte de manière semi-humoristique l'histoire d'une bande de lycéens devant survivre en pleine apocalypse zombie. Très éloigné de The Walking Dead, il montre régulièrement des écolières avec des poitrines démesurées ou dévoile des petites culottes,  sans vraiment de but précis. Diffusé en Europe, cet anime parfois surréaliste a connu un certain succès. « La sexualisation de figures enfantines pourrait devenir un vrai problème pour le gouvernement chinois », a déclaré le professeur Leslie Young à la BBC, faisant référence aux personnages « lolitas », jeunes filles parfois hypersexualisées.Enfin, Terror in Resonance, réalisé par l'auteur de Cow Boy Beebop ou Samurai Champloo, ne contient ni violence graphique ni références sexuelles, mais montre comment deux adolescents peuvent sombrer dans le terrorisme, voler de l'uranium et berner la police en faisant exploser des locaux dans divers quartiers de Tokyo, tout en expliquant posément leurs motivations et les origines de leur mal-être.Lire aussi : « Terror in Resonance », le terrorisme pour les nuls Durcissement de la censure des vidéos en ligneCe n'est pas la première fois que la Chine prend des mesures contre la diffusion de vidéos étrangères – le pays dispose par ailleurs d'un très puissant système de censure du Web, baptisé le « grand pare-feu ». A la fin mars, elle avait déjà durci les règles régissant les sites de partage de vidéos, en limitant l'accès à des fictions anglophones et en proposant de ne pouvoir publier des vidéos que sous son vrai nom.Si le ministère n'a pas précisé quelles seraient les mesures prises concrètement, le site de la BBC rapporte que les sites de streaming auront désormais besoin de nouvelles licences pour publier ce type de contenus, approuvées individuellement par un comité d'Etat, tout en rappelant que les chaînes locales sont censées favoriser la diffusion de productions locales. Selon l'agence de presse Reuters, ces mesures ne sont qu'un volet d'une plus grande campagne de contrôle du contenu sur Internet.Lire : Manga : Tetsuya Tsutsui fustige la censureBenjamin BenoitJournaliste au Monde 03.04.2015 à 12h41 • Mis à jour le03.04.2015 à 15h26 | Yves-Michel Riols (Lausanne, envoyé spécial) L’accord péniblement conclu à Lausanne, jeudi 2 avril, n’est que l’ultime étape d’une longue saga sur le nucléaire iranien dont l’origine remonte au tournant du siècle. A l’époque, le président américain, George W. Bush, était vent debout contre Téhéran et voulait traîner l’Iran devant le Conseil de sécurité de l’ONU après les révélations, en août 2002, sur la construction d’un site d’enrichissement à Natanz et d’un réacteur à eau lourde à Arak, dont l’Iran avait dissimulé l’existence.Lire aussi :Les points clés de l’accord sur le nucléaire iranienLes prémissesIl a fallu toute l’habilité de Dominique de Villepin, alors chef de la diplomatie française sous la présidence de Jacques Chirac, pour freiner cette escalade. En octobre 2003, il s’est rendu à Téhéran en compagnie de ses homologues britannique et allemand, Jack Straw et Joschka Fischer. Le contexte régional était électrique. En avril, les Etats-Unis avaient envahi l’Irak et balayé le régime de Saddam Hussein. L’Iran redoutait, à son tour, de faire les frais d’une intervention militaire.Les premiers pas ont été encourageants. Le président réformateur Mohammad Khatami est au pouvoir et il charge un certain Hassan Rohani, l’actuel chef de l’Etat iranien, de conduire les pourparlers. L’Iran gèle son programme nucléaire et accepte des inspections poussées de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le pays dispose alors de seulement 160 centrifugeuses, contre près de 20 000 aujourd’hui, qui servent à transformer l’uranium. Enrichi à un niveau élevé, il peut être utilisé pour fabriquer une bombe atomique. En contrepartie, les Européens se disent disposés à aider l’Iran à se doter d’un parc nucléaire civil.Lire aussi :Sur le nucléaire iranien, l’accord vaut mieux que le statu quoL’enlisementMais au bout de deux ans, les négociations s’enlisent. Face aux blocages, les Iraniens perdent patience et relancent leur programme nucléaire. L’élection du très nationaliste président Mahmoud Ahmadinejad, en 2005, achève cette esquisse d’ouverture. En 2006, l’ONU adopte sa première résolution prévoyant des sanctions contre l’Iran. Cinq autres suivront. La rupture est consommée.L’arrivée au pouvoir de Barack Obama change la donne. Le nouveau président américain écrit au Guide suprême, Ali Khamenei, en mai 2009, et se dit ouvert à une relance du processus diplomatique. Mais son entourage est divisé, la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, est ouvertement sceptique.A l’été 2009, M. Obama franchit le pas : il propose aux Iraniens de leur livrer de l’uranium enrichi à 20 % dont ils ont besoin pour leur centre de recherche médicale de Téhéran et qu’ils ne peuvent, à ce stade, pas encore produire. En échange, l’Iran doit remettre aux Occidentaux son stock d’une tonne d’uranium enrichi à 5 %, soit assez pour se lancer dans la fabrication d’une arme nucléaire.Lire aussi :Nucléaire iranien : le pari remporté de Barack ObamaMais, là encore, l’initiative tourne court. En Iran, le Guide suprême redoute qu’un tel accord profite avant tout à son rival Ahmadinejad et torpille l’opération. Et aux Etats-Unis, les adversaires d’une telle mesure ont aussi donné de la voix. Depuis le lancement des premières négociations, il y a une constante. Quand l’Iran était disposé à négocier en 2003, les Etats-Unis ne l’étaient pas. Et inversement en 2009. Le rebondIl a fallu attendre l’élection surprise du président modéré iranien Hassan Rohani, en juin 2013, pour que la situation se débloque. A la fois par résignation et par réalisme. Après dix ans de face-à-face stérile, il n’y avait que des perdants. L’économie iranienne a été lourdement pénalisée par les sanctions, mais celles-ci n’ont pas réussi à freiner le développement du programme nucléaire iranien : le nombre de centrifugeuses dont dispose le pays a été multiplié par cent depuis 2003.L’accord arraché à Genève le 24 novembre 2013, entre l’Iran et les pays du « P5 + 1 », comprenant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne, a été un premier pas inédit vers un règlement. Il s’est traduit par un gel provisoire du programme nucléaire iranien et une levée partielle des sanctions internationales contre Téhéran. Le compromis conclu à Lausanne le 2 avril entre les mêmes protagonistes, est une étape cruciale vers un règlement définitif de ce contentieux qui ouvrirait la voie à une normalisation des relations avec l’Iran et aurait de profondes répercussions au Moyen-Orient. Mais pour en arriver là, il reste encore trois mois de négociations qui s’annoncent délicates.Lire aussi :En Israël, la presse peu convaincue par l’accord sur le nucléaire iranienYves-Michel Riols (Lausanne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.04.2015 à 11h36 • Mis à jour le03.04.2015 à 13h05 Editorial du « Monde ». Le document « d’étape » conclu, jeudi 2 avril à Lausanne, en Suisse, marque une percée historique dans le dossier du nucléaire iranien. A condition qu’il débouche sur un accord « final » d’ici au 30 juin, ce qui n’est pas garanti. Pour la première fois depuis douze ans, date des premiers pourparlers avec Téhéran, le cadre précis d’un règlement destiné à empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire a été défini. C’est un succès dans la lutte contre la prolifération.Les esprits chagrins devraient s’interroger sur les autres options possibles. Elles sont toutes catastrophiques. Le régime des sanctions, sans cesse alourdies, auquel l’Iran est soumis ne l’a pas empêché de poursuivre un programme qui représente une violation flagrante de ses engagements en tant que pays signataire du traité de non-prolifération (TNP). Le fardeau des sanctions a sans doute conduit Téhéran à la table des négociations, mais ne l’a aucunement dissuadé d’accroître ses capacités en matière d’enrichissement de l’uranium – le chemin vers l’arme atomique.Dans cette affaire, il ne peut y avoir de statu quo. Attendre, c’est prendre le risque d’une République islamique chaque jour plus à même d’enrichir de la matière fissile à des fins militaires.L’autre option, c’est la guerre, des raids de bombardements sur les installations iraniennes, avec le risque d’une riposte de la République islamique dans le Golfe, donc le risque d’ajouter un conflit dans une région déjà à feu et à sang. Sans compter que ni la guerre ni le statu quo ne garantiraient que l’Iran ne finisse par se doter de la bombe. Au contraire.Un possible facteur de stabilisation au Moyen-OrientLe président Barack Obama a eu raison de relancer la négociation, avec l’appui des autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – Chine, France, Grande-Bretagne, Russie – et celui de l’Allemagne. Au prix d’une concession majeure faite à Téhéran, auquel est concédé le droit d’enrichir de l’uranium à faible teneur sur son territoire, ils sont arrivés à leurs fins : placer le programme iranien sous des contraintes telles que la communauté internationale disposerait d’un délai d’un an pour détecter une violation de l’accord et réagir.Lire aussi :Nucléaire iranien : le pari remporté de Barack ObamaFinalisé en juin, le document de Lausanne sera, au minimum, un accord de non-prolifération salutaire dans un grand Moyen-Orient qui compte déjà au moins deux puissances nucléaires non membres du TNP (Israël et Pakistan) et n’a assurément pas besoin d’une troisième. M. Obama est plus ambitieux. Il voit dans l’accord l’esquisse possible d’une normalisation des relations entre les Etats-Unis et l’Iran, gelées depuis trente-cinq ans, laquelle conduirait à une plus grande ouverture de la République islamique sur l’Occident, donc à sa modération. Pareille évolution serait un vrai facteur de stabilisation au Moyen-Orient.On n’en est pas là, tant s’en faut. Une étrange coalition s’est constituée – l’Arabie saoudite, chef de file du monde arabe sunnite, Israël et la majorité républicaine au Congrès américain – pour dénoncer un accord qui, selon elle, va renforcer la République islamique et la rendre encore plus expansionniste. Ils ont « diabolisé » l’Iran, dont ils font la menace stratégique numéro un dans la région, loin devant les djihadistes de l’Etat islamique. M. Obama aura besoin d’autant de ténacité pour les rassurer qu’il en a manifesté pour arriver au document de Lausanne. Il est important qu’il réussisse la deuxième manche politico-diplomatique qui s’engage. 03.04.2015 à 09h47 • Mis à jour le03.04.2015 à 11h57 Après avoir passé presque trente ans dans un couloir de la mort en Alabama, Anthony Ray Hinton devait être libéré vendredi 3 avril, selon ses défenseurs. Toutes les charges retenues contre lui ont en effet été abandonnées jeudi par décision de justice, a précisé l'association Equal Justice Initiative (EJI).Anthony Ray Hinton est la 152e personne condamnée à mort à être innocentée depuis 1973 aux Etats-Unis et la deuxième en 2015, selon un décompte du Death Penalty Information Center (DPIC – le Centre d'information sur la peine capitale).Aucun indiceEn 1985, deux responsables de deux fast-foods de la région de Birmingham avaient été tués par balles au cours d'un hold-up. La police n'avait relevé aucun indice. Le 25 juillet 1985, le patron d'un restaurant de la même région, à Bessemer, avait été légèrement blessé par balles lors d'un vol. Anthony Ray Hinton, un Noir âgé à l'époque de 29 ans, avait été arrêté et reconnu par le patron.Au moment des faits, l'homme, qui a toujours affirmé son innocence, travaillait à environ 25 kilomètres de là dans un entrepôt. Son superviseur et ses collègues de travail avaient témoigné en sa faveur et un détecteur de mensonge l'avait également exonéré.« Un cas d'école de l'injustice »Selon l'EJI, l'accusation – menée par un procureur connu pour « ses préjugés raciaux » – s'était appuyée sur la découverte, chez la mère de l'accusé, d'une arme qui avait servi aux attaques, selon les experts rétribués par l'Etat. Faute de moyens, la défense n'avait pas pu présenter d'expert crédible et l'accusé avait été condamné à mort. L'an dernier, la Cour suprême des Etats-Unis avait annulé la condamnation et un nouveau procès avait été ordonné.L'EJI fournit une assistance juridique aux accusés et détenus indigents. L'association s'était emparée de son cas en 1999, bataillant depuis pour prouver son innocence. En 2002, des experts, dont un ancien responsable du FBI, avaient témoigné du fait que l'arme saisie ne pouvait pas avoir tiré les balles retrouvées sur le lieu des meurtres. « La race, la pauvreté, une défense inadéquate et le mépris de l'innocence montré par l'accusation font de cette affaire un cas d'école d'injustice », a déclaré Bryan Stevenson, avocat du condamné et directeur de l'EJI.Le dernier condamné à mort à avoir été innocenté aux Etats-Unis est Debra Milke. A la fin du mois de mars, elle a été libérée après avoir passé vingt-trois ans dans un couloir de la mort en Arizona pour le meurtre de son fils alors âgé de 4 ans. Elle avait été inculpée sur le seul témoignage d'un enquêteur. Aucune preuve matérielle de son implication n'avait été présentée.Lire aussi : Peine de mort : les exécutions en baisse en 2014 03.04.2015 à 09h24 • Mis à jour le03.04.2015 à 09h35 L'activité dans le secteur des services en Chine s'est accrue en mars, mais la croissance de l'emploi et des nouveaux contrats a nettement ralenti ; ce qui pourrait inciter la Banque populaire de Chine et le gouvernement à prendre de nouvelles mesures pour relancer une économie en perte de vitesse.L'indice des directeurs d'achats (PMI) HSBC-Markit publié vendredi 3 avril est ressorti à 52,3 le mois dernier, contre 52 en février, et reste bien au-dessus de la barre des 50 qui sépare contraction et expansion de l'activité. Mais cette légère hausse est ternie par une faible croissance des emplois, dont la composante tombe à son plus bas niveau depuis dix mois, à 51,1. La croissance des nouveaux contrats est à un plus-bas de huit mois.PERSPECTIVE D'UN NOUVEAU COUP DE POUCE MONÉTAIRECes indicateurs font écho aux trois indices PMI manufacturiers et des services publiés mercredi, qui attestaient d'une atonie persistante de la deuxième économie mondiale en mars et renforçaient la perspective d'un nouveau coup de pouce monétaire pour empêcher un ralentissement encore plus marqué.Confrontée au ralentissement du marché immobilier mais aussi des échanges commerciaux et des investissements, la Chine s'achemine cette année vers une croissance autour de 7 %, soit la plus faible depuis vingt-cinq ans. Face à ce relatif manque de dynamisme de la deuxième économie du monde, la Banque populaire de Chine pourrait prendre au cours de l'année des mesures d'assouplissement en réduisant à nouveau ses taux ainsi que le coefficient des réserves obligatoires. Le gouvernement pourrait pour sa part annoncer des mesures de soutien à l'économie, notamment au marché de l'immobilier.Lire : Chine : la croissance ralentit, Pékin ne veut pas la laisser dévisser Enora Ollivier Robert Clarck est un homme qui en impose. Un bon mètre 90, des tatouages bigarrés qui courent le long de ses bras, une voix de stentor qu'il déroule dans une parole rapide et gouailleuse. Pourtant, ce mercredi frisquet d'avril, Robert Clarck n'en mène pas large. C'est la deuxième fois qu'il se rend dans la food bank de son quartier, terme que l'on traduirait littéralement par « banque alimentaire » si l'expression reflétait vraiment l'esprit du lieu. La « banque » en question se tient dans le réfectoire d'une petite église du quartier de Southwark, dans le sud-est de Londres, où un meuble de cuisine sur lequel est disposé du café, de l'eau prête à bouillir pour les amateurs de thé, des parts de cheesecake maison et des petits gâteaux secs fait office de guichet.Si Robert Clarck est là, calé dans un fauteuil en similicuir, c'est pour se procurer de la nourriture. Cet ancien conducteur de bus londonien de 60 ans a arrêté de travailler il y a quatre ans : à l'époque, il devait s'occuper de son épouse, gravement malade, qui est morte à l'été 2013. Puis il a rencontré lui-même de sérieux problèmes de santé.Aujourd'hui guéri d'un cancer mais souffrant tellement du dos et du pied qu'il peine à se déplacer, l'homme vit quasiment sans le sou. Il reçoit 40 livres (environ 55 euros) d'allocation par semaine, garde parfois des enfants après l'école pour 15 livres (environ 21 euros) hebdomadaires et se fait surtout aider par ses deux filles qui habitent non loin. « Il y a des erreurs dans le calcul de mes allocations, plaide-t-il. En attendant que les autorités les corrigent, je suis obligé de venir ici. »« Sans revenus du jour au lendemain »M. Clarck n'est pas le seul dans ce cas, loin de là. « Quand les gens tombent malade, perdent leur emploi ou subissent de quelque manière que ce soit une baisse d'activité, l'administration met un délai ahurissant à prendre en compte le changement de situation », raconte Sue Ferret, qui s'occupe de la food bank accueillant M. Clarck. Entre-temps, « beaucoup se retrouvent sans revenu du jour au lendemain et ont des difficultés pour se nourrir ».L'aide alimentaire d'urgence fournie par les organisations caritatives prévoit de la nourriture pour trois jours : des pâtes ou du riz, des conserves de viande et de légumes, des céréales, du lait, du thé, et du sucre. En théorie, les bénéficiaires ne peuvent en profiter que trois fois en six mois, en échange d'un bon établi par un travailleur social ou un médecin et après un entretien personnalisé destiné à accompagner la personne dans la réalisation des démarches administratives qu'elle doit réaliser. En réalité, « face aux situations de détresse, on est parfois plus flexibles », concède Mme Ferret.Dans le quartier de la gare de Waterloo, à quelques kilomètres de là, une autre food bank reçoit des victimes urbaines de la faim. La plupart de ceux qui y viennent travaillent, mais ne gagnent pas assez pour vivre correctement. Ce jour-là verra passer Jenna [les prénoms ont été modifiés] qui se débat pour faire vivre, sur son maigre salaire, son jeune fils handicapé et elle. Patrick, lui, a bénéficié de l'aide prodiguée par la banque alimentaire il y a six mois, et revient donner des coups de main. Ce jeune homme qui travaille dans la grande distribution a signé un « zero hours contrat», qui impose une flexibilité extrême au salarié : l'entreprise décide du nombre d'heures que doit travailler le salarié, et seules les heures effectuées sont rémunérées. Certains mois, Patrick n'a rien touché. Alors la banque alimentaire est devenue une nécessité.Lire aussi, en édition abonnés : La Grande-Bretagne, royaume des travailleurs pauvres Au moins 2 millions de Britanniques mal nourrisCes exemples ne sont ni des cas isolés ni des erreurs statistiques. L'association caritative chrétienne Trussel Trust a fait les comptes : au Royaume-Uni, le nombre de personnes s'étant tournées vers son réseau pour obtenir de la nourriture d'urgence est passé de 61 648 entre 2010 et 2011 à 913 138 entre 2013 et 2014, soit un nombre multiplié par 15 en trois ans. Et encore, souligne-t-on chez l'association, cette donnée, aussi élevée soit-elle, ne reflète qu'une partie de la réalité. #container_1428152705576{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1428152705576{ height:500px; } #container_1428152705576 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1428152705576 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1428152705576 .subtitre{ display:block; }Fréquentation de banques alimentaires au Royaume-Uni(gérées par l'association catholique Trussel Trust)(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1428152705576", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.trusselltrust.org/foodbank-figures-top-900000", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Trussel Trust", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["2010-2011","2011-2012","2012-2013","2013-2014"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de personnes ayant fréquenté une banque alimentaire", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 61468 ], [ "", 128697 ], [ "", 346992 ], [ "", 913138 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Aux 420 établissements gérés par l'association, il faut en effet ajouter au moins autant de banques alimentaires indépendantes, mais aussi compter les personnes vivant dans des endroits où une telle aide n'existe pas ou encore celles qui ne se rendent pas en ces lieux par peur du regard d'autrui. En 2013, l'ONG Oxfam estimait que 2 millions de Britanniques étaient malnourris, et qu'un parent sur six se privait de nourriture pour mieux subvenir aux besoins de sa famille. Aucune région n'est épargnée, pas même la riche ville de Londres, qui compte à elle seule quelque 90 banques alimentaires.Mais pourquoi le Royaume-Uni se tord-il ainsi de faim ? Comment ce pays qui affiche une insolente reprise économique dans une Europe n'en finissant pas d'être affectée par la crise peut-il porter en son sein des habitants qui ont de plus en plus de mal à se nourrir ?Fin 2013, un rapport sur la faim et l'insécurité alimentaire au Royaume-Uni, mené par des parlementaires de tous bords a pointé la forte augmentation des prix des denrées alimentaires et du fioul domestique, à un rythme plus rapide que celui de la hausse des salaires et que celui de l'inflation.Une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres »Mais l'invraisemblable augmentation de la pauvreté outre-Manche depuis quelques mois trouve aussi ses origines dans le « Welfare Reform Act 2012 », la réforme d'ampleur de la protection sociale initiée par le gouvernement conservateur de David Cameron. Le journaliste et économiste Stewart Lansley, coauteur d'un essai intitulé Breadline Britain, the rise of mass poverty (« la Grande-Bretagne sous le seuil de pauvreté, la montée d'une pauvreté de masse ») évoque une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres, et non contre la pauvreté » :« D'abord, le montant de certaines allocations a été considérablement réduit. Ensuite, et surtout, le gouvernement a introduit un régime de sanctions en 2013 : dans les faits, cela signifie que des chômeurs se voient refuser le versement d'allocations si leur Jobcentre [équivalent britannique de Pôle emploi] estime qu'ils ne cherchent pas suffisamment de travail. »L'application de cette réforme a été faite « de façon très injuste », insiste l'auteur qui cite l'exemple de personnes temporairement radiées du système d'allocations pour ne pas s'être rendu à un rendez-vous du Jobcentre pour cause… d'entretien d'embauche. Les effets de ce régime sont considérables : selon les calculs de M. Lansley, un million de personnes ont déjà été victimes d'interruption du versement de leurs allocations – des sanctions qui durent au minimum quatre semaines et peuvent aller jusqu'à 3 ans.Engagements des travaillistesA quelques semaines d'élections législatives qui pourraient déboucher, le 7 mai 2015, sur un changement de majorité, le sujet de la pauvreté au Royaume-Uni est revenu sur le devant de la scène.Le 26 mars, interrogé lors d'un débat télévisé sur le nombre de banques alimentaires dans son pays, M. Cameron a eu du mal à répondre, avant d'admettre que le recours à l'aide alimentaire avait augmenté depuis son arrivée au 10, Downing Street.  S'ils restent au pouvoir, les tories entendent encore économiser 12 milliards de livres (16,4 milliards d'euros) en rabotant dans le régime de protection sociale. Les travaillistes, emmenés par Ed Miliband, se sont engagés quant à eux, en cas de victoire, à enrayer l'augmentation du nombre de banques alimentaires : ils promettent d'abolir le régime de sanctions, de réduire les retards de versements d'allocations, ou encore d'augmenter le salaire minimum.Lire aussi : Les enjeux des législatives britanniques du 7 maiDes propositions qui n'attaquent le problème qu'à la marge, estime M. Lansley. « Avec les travaillistes, le montant des allocations ne va pas être augmenté, et le salaire minimum ne sera pas beaucoup amélioré. » Et de pronostiquer : « La pauvreté va continuer de croître ces cinq prochaines années, lentement si les travaillistes l'emportent, rapidement si ce sont les conservateurs. »Epiceries sociales géantesFace à une situation qui pourrait durer, d'autres initiatives éclosent. En décembre 2014, une épicerie sociale géante, appelée Community Shop, s'est ouverte au sud-ouest de Londres. Deuxième du genre au Royaume-Uni – un premier magasin avait ouvert en 2013 à Goldthorpe, dans le nord de l'Angleterre – elle permet à ses membres d'acheter des produits jusqu'à 70 % moins cher que dans les supermarchés, selon certaines conditions : les personnes doivent habiter à proximité, bénéficier d'aides sociales et s'engager à suivre un « programme de développement professionnel personnalisé » qui doit les amener à gagner confiance en elles pour trouver un travail.« Nous ne sommes ni une banque alimentaire, ni une association caritative et nous donnons bien plus que de la nourriture », défend un de ses représentants, se lançant dans une démonstration contemporaine du proverbe « si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour, si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ». Les 750 personnes qui fréquentent le magasin londonien reçoivent ainsi des conseils pour gérer leur budget et leurs dettes, apprennent à cuisiner sainement avec peu d'argent, et sont entraînées à passer des entretiens d'embauche.L'initiative se veut « plus positive » et « moins stigmatisante » que les food banks. Signe que la détresse alimentaire n'est pas en voie de résorption, 20 Community shop de ce genre devraient ouvrir ces prochains mois dans tout le pays.Enora OllivierJournaliste au Monde Gilles Paris (Washington, correspondant) En janvier, Rand Paul, le junior senator du Kentucky, qui a officialisé mardi 7 avril sa candidature à l’investiture républicaine pour la présidentielle en 2016, faisait circuler une drôle de conversation téléphonique sur les réseaux sociaux. On y entendait des voix attribuées à la démocrate Hillary Clinton et au républicain Jeb Bush, deux candidats potentiels à la présidentielle de 2016, tentant d’arranger à leur profit l’issue de l’élection. Le canular, destiné à moquer cette dérive dynastique américaine, aurait sans doute été plus décapant si Rand Paul n’avait pas été le fils d’un représentant du Texas lui-même candidat à deux reprises à l’élection suprême, Ron Paul. Un élu au demeurant plus motivé par ses convictions de libertarien que par une soif inextinguible de pouvoir.Parmi les ressorts qui animent Randal (« Rand ») Howard Paul, le culot, voire la mauvaise foi, tiennent toute leur part. Volontiers franc-tireur, le sénateur du Kentucky apparaît souvent là où on ne l’attend pas : dans les colonnes de Time pour dénoncer les violences policières au moment des émeutes de Ferguson, en août 2014 ; sur son compte Twitter pour tourner en ridicule la réaction courroucée de son pair Marco Rubio (Floride), après l’annonce de la reprise des relations entre La Havane et Cuba ; ou au festival branché South by South West, à Austin, au Texas, l’Etat où avait été élu son père.Lame de fond des Tea PartyL’empreinte de ce dernier sur le parcours de Rand Paul n’est pas négligeable. Né comme lui à Pittsburg, en Pennsylvanie, en 1963, il se tourne également comme lui vers la médecine et devient ophtalmologue tout en épousant ses combats idéologiques, notamment contre la Federal Reserve Bank. Il s’agit d’un différend historique qui a opposé les « pères fondateurs » Thomas Jefferson et Alexander Hamilton sur la place et l’importance du niveau fédéral des Etats-Unis. Ses implications sont multiples, puisqu’une définition restrictive entraîne un renoncement à un rôle international significatif et un isolationnisme de fait.C’est d’ailleurs un discours sur la fiscalité, en 2009, qui lance Rand Paul en politique. Fort de son patronyme, il parvient à se faire élire sénateur du Kentucky, où il s’est établi, dès sa première tentative, grâce à la lame de fond des Tea Party. Une fois au Sénat, le novice multiplie les textes visant à dénoncer toute implication jugée excessive de l’Etat. Une attaque en règle contre les aides financières versées par Washington à ses alliés lui vaudra de vives critiques du lobby pro-israélien, jugeant qu’elle porte en germe une remise en cause de l’axe stratégique avec l’Etat juif.Personnalité complexe, le sénateur du Kentucky a manifestement une ambition supérieure à celle de son père. C’est pourquoi il s’est lancé dans une entreprise audacieuse autant que risquée : partir de la base libertarienne qui se reconnaît dans son patronyme et tenter de l’élargir à la fois du côté de la base conservatrice traditionnelle et du centre en fonction des sujets. Il rassure son camp en pourfendant un Etat fédéral jugé obèse et en prônant la disparition d’agences fédérales telles que celle chargée de l’environnement ou de l’éducation, défend comme un enragé le deuxième amendement, qui concerne la possession des armes à feu, mais peut aussi s’associer à des démocrates pour défendre un usage thérapeutique du cannabis.Incursions du côté de la droite religieuseCette tentative d’extension de marque, comme diraient les publicitaires, n’est pas sans danger. Politico notait le 26 mars que ses incursions du côté de la droite religieuse commençaient à indisposer sérieusement une partie de la base libertarienne, agacée également par son alignement ponctuel sur les positions du centre de gravité du Parti républicain en matière de politique étrangère. Un extrait de la séance du Congrès consacrée au discours du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le 3 mars, a fait florès sur les réseaux sociaux. Il montrait un Rand Paul dosant ses applaudissements à l’aune de ceux ses pairs au cours d’une standing ovation, à grand renfort de coups d’œil en coulisse.Ses petites libertés avec une doctrine libertarienne volontiers isolationniste ne lui valent pas pour autant la reconnaissance de ses rivaux potentiels. Le samedi 4 avril, Lindsey Graham (Caroline du Sud), membre éminent de la commission des affaires étrangères du Sénat et probable candidat lui-même, assurait ainsi, pour critiquer l’accord-cadre sur le nucléaire intervenu le 2 avril entre les grandes puissances occidentales et l’Iran, que « seul Rand Paul aurait fait pire ».Lire aussi :Pléthore de candidats à l’investiture républicaine Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.04.2015 à 14h40 | Martin Untersinger Cela devient une habitude : sitôt les mesures de blocage mises en place en Turquie, les internautes du pays se sont tournés vers des outils pour contourner cette censure et accéder aux sites Internet et aux réseaux sociaux interdits.Suite à une décision de justice interdisant la publication des photographies d'un procureur pris en otage par un militant d'extrême gauche, YouTube, Facebook et Twitter ont été bloqués dans le pays. L'accès à ces sites, qui ont retiré les contenus demandés, a depuis été rétabli.Lire : Levée du blocage de YouTube et des réseaux sociaux en TurquiePeu de données sont actuellement disponibles pour savoir dans quelle mesure le blocage de ces mastodontes du Web a affecté les internautes turcs. Près de trois millions de tweets ont été postés malgré la censure du réseau social, avance cependant le site du quotidien Hurriyet.Dès l'annonce du blocage, les réseaux sociaux mettaient en avant les moyens disponibles pour continuer à accéder aux sites bloqués. Même Hurriyet a publié un article listant l'ensemble de ces techniques.Passer par un VPNLa solution la plus populaire pour contourner la censure est l'utilisation des VPN (Virtual Private Networks, ou réseaux virtuels privés). En utilisant cet outil, l'internaute situé en Turquie accède aux sites bloqués via un ordinateur tiers, celui du fournisseur de VPN. Pour les censeurs turcs, impossible de savoir que l'internaute se connecte en fait à un site censuré.Les entreprises qui proposent des services de VPN ont flairé l'aubaine. PureVPN dispose d'une version en turc de son site et offre des comptes gratuits à ses utilisateurs turcs. TunnelBear a, lui, augmenté sa puissance pour ses utilisateurs turcs. De nombreuses autres entreprises ont utilisé les réseaux sociaux pour inciter les Turcs à utiliser leurs services.Modifier leurs réglages DNSUne autre possibilité pour contourner la censure consiste à modifier les réglages DNS de sa connexion, une opération un peu plus compliquée à réaliser.Les DNS sont, en quelque sorte, les postes d'aiguillage d'Internet. Par exemple, lorsqu'un internaute demande à se rendre sur twitter.com, du point de vue technique, il interroge les serveurs DNS de son fournisseur d'accès qui lui indiquent le chemin à suivre pour parvenir sur le site du réseau social. Les fournisseurs turcs d'accès à Internet ayant reçu l'ordre de la justice de bloquer les sites, ils avaient cessé d'orienter les internautes qui leur faisaient parvenir cette requête, rendant l'accès à plusieurs sites impossible.En changeant manuellement le serveur DNS, les internautes pouvaient toutefois contourner cette restriction. Le serveur DNS de Google, gratuit et non concerné par la censure, pouvait être utilisé. Lors du dernier épisode de blocage, en mars 2014, une photographie de son adresse IP taguée sur un mur avait largement circulé sur les réseaux sociaux.Changer son serveur DNS peut cependant ne pas suffire : en 2014, la Turquie avait fini par empêcher ses internautes d'y accéder.Utiliser TorLes internautes peuvent également utiliser Tor. Ce navigateur Internet, qui se connecte à un réseau du même nom, permet d'accéder à des sites censurés. Lorsqu'ils utilisent Tor, la connexion des internautes turcs chemine à travers trois ordinateurs relais. Comme dans le cas des VPN, il est impossible de savoir à quel site se connecte l'internaute utilisant Tor, rendant la censure impraticable.L'utilisation de ce logiciel avait connu un net regain de popularité lors de la précédente censure, ce qui ne semble pas encore être le cas actuellement.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.04.2015 à 11h09 • Mis à jour le07.04.2015 à 12h43 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Des notables belges collectent des fonds déguisés en rois africains d'opérette. Une coutume qu'a osé critiquer le correspondant local de France 2, qui s'est attiré les foudres de ses confrères belges. Un ministre belge des affaires étrangères grimé comme un « roi nègre » pour récolter des fonds en faveur d'une œuvre de charité : bonne ou mauvaise idée ? Pour le ministre ? Pour l'image de la Belgique ? Depuis quelques jours, une drôle de polémique agite la capitale belge.Selon certains de ses habitants, l'histoire des « Noirauds », une fête traditionnelle bruxelloise qui fut récemment racontée un matin sur France 2 par son correspondant local, François Beaudonnet, ne vaut pas qu'on s'y attarde, surtout sous le regard d'un journaliste français. Pour d'autres, il était au contraire bienvenu de souligner une telle incongruité : que le chef de la diplomatie d'un pays européen se balade dans les rues le visage noirci et portant haut-de-forme, habit et imposante médaille aux couleurs du royaume (noir, jaune et rouge) leur semblait totalement déplacé.La conquête colonialeLa congrégation bruxelloise des Noirauds est née à la fin du XIXe siècle pour sauver une école du quartier des Marolles, une zone très populaire de la capitale belge. L'époque est marquée par la conquête coloniale sous l'impulsion du très contesté roi ­Léopold II, qui va annexer, en son nom propre, l'Etat indépendant du Congo – aujourd'hui République démocratique du Congo – en 1885, avant de le céder plus tard à son pays. Vaste épopée à propos de laquelle les historiens n'ont pas fini de se disputer, les uns célébrant le « roi bâtisseur », les autres dénonçant un tyran dont la mégalomanie allait causer des milliers de morts.Toujours est-il que les bourgeois de l'époque aiment se grimer et s'habiller comme des personnages de carnaval pour lancer une collecte. Le noir charbon est très à la mode et leur permet, en outre, de ne pas être reconnus par leurs congénères qu'ils sollicitent dans les restaurants chics, les salles de spectacle et les clubs mondains. L'école des Marolles est sauvée, la ­tradition s'installe et, depuis 1876, les Noirauds sortent chaque deuxième samedi du mois de mars pour faire une quête destinée à payer les frais scolaires, les soins ou les voyages de gamins dans le besoin.Vieilles images d'amuseurs hilaresAujourd'hui, les Noirauds aident aussi de jeunes mères détenues. Cette noble tradition charitable doit-elle s'embarrasser pour autant d‘un cérémonial vieux de cent quarante ans ? Avocats, comédiens, patrons et hommes politiques ne pourraient-ils récolter suffisamment d'argent s'ils apparaissaient à visage découvert ? Et dans une ville aussi multiculturelle que Bruxelles – elle compte notamment une importante communauté congolaise –, que représente une tradition qui se voulait peut-être humoristique mais est désormais confrontée aux nouvelles réalités d'un monde où les Noirs ont réussi à se défaire de vieilles images d'amuseurs hilares ou de rois de pacotille ? Manifestement, les Belges ne souhaitaient pas se poser ce genre de questions. Mais qu'un journaliste français, qui est loin de détester son pays d'accueil, la pose, lui, et voilà qu'ils se sentent étrangement provoqués. Atteints, peut-être, dans leur honneur national.Depuis la diffusion de son reportage, les confrères belges de François Beaudonnet, pourtant guère avares de critiques sur le fonctionnement de leur pays en général, lui sont littéralement tombés dessus, souvent sans humour et avec condescendance. « Vous avez sali l'image de la Belgique », a tweeté un journaliste. « Ce n'est pas un sujet, les Noirauds ne sont pas racistes », a écrit un autre.C'est une autre coutume bien ancrée chez les sujets du roi Philippe que de détester le regard critique qu'un étranger, a fortiori s'il est français, peut porter sur eux et leurs habitudes. Mais ils savent désormais que leurs voisins du Sud ne sont pas les seuls à s'intéresser à leurs drôles de coutumes : un tweet de l'actrice Mia Farrow qualifiant le comportement du ministre des affaires étrangères de « choquant et embarrassant » a été relayé des dizaines de milliers de fois.Le reportage de France 2 sur les Noirauds, diffusé dans l'émission « Télématin ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.04.2015 à 10h31 • Mis à jour le07.04.2015 à 10h46 Dix mois après la chute de Mossoul, la dynamique militaire de Daech en Irak est non seulement contenue, mais amoindrie. Seulement, si Daech montre des signes de faiblesse en Irak et dans une moindre mesure en Syrie, plusieurs mouvements djihadistes ont porté allégeance à l’organisation, en Libye, au nord du Nigeria (Boko Haram), en Egypte, en Afghanistan et au Pakistan. Des cellules se réclamant de Daech existent en Arabie saoudite, au Yémen, en Turquie. En vérité, il ne s’agit pas d’une Internationale daechi, mais plutôt d’une identification aux modes d’action de l’organisation en Irak et en Syrie.La « décrue » du djihadisme en Irak ne signifie pas encore sa déroute. La question de l’après-Daech est plus que jamais d’actualité, au point qu’elle semble avoir ces derniers jours pris la place du conflit lui-même.Malgré le rapprochement conjoncturel entre Téhéran et Washington pour faire face à Daech en Irak, les deux protagonistes n’ont jamais sous-estimé la concurrence à venir pour stabiliser leurs zones d’influence de l’après-conflit.Les Etats-Unis veulent certes se débarrasser de Daech, mais ils ne souhaitent pas livrer l’Irak à l’Iran. Ils acceptent néanmoins la frontière actuelle de leur influence. Voilà pourquoi la campagne médiatique et les pressions politiques contre les milices chiites se développent à grande échelle.Les Américains continueront probablement à aider l’armée irakienne, même si elle est mêlée ici et là aux milices chiites, et quelquefois même appuyée par la présence de militaires iraniens, car elle reste trop faible pour mener une contre-attaque de grande échelle, libérer des territoires et surtout les tenir, dans des zones où la population sunnite est loin d’être acquise, d’autant que cette guerre est très coûteuse en vies humaines de part et d’autre.« Faut-il armer Daech ? »Cependant les Américains n’iront pas jusqu’à livrer bataille aux côtés de Qassem Soleymani (chef de la force Al-Qods du corps des Gardiens de la Révolution, qui a pour vocation d’agir à l’étranger), comme l’ont montré dernièrement les événements de Tikrit. Soleymani s’est d’ailleurs retiré ces derniers jours de la ville avec ses conseillers.Au niveau régional, les Américains font pression sur l’Iran pour lui imposer des limites : en Irak, les deux pays s’entendent au point de paraître parfois complémentaires ; les Etats-Unis préfèrent observer la scène syrienne (où Iran et Hezbollah soutiennent le régime en place) et pourraient à terme faire pression sur Bachar al-Assad pour opérer une transition.En revanche, ils soutiennent l’Arabie saoudite et ses alliés dans le conflit yéménite, freinant l’avancée des rebelles houthis soutenus par l’Iran. Sur le plan diplomatique, les négociations sur le nucléaire n’en continuent pas moins dans un climat qualifié par Washington de globalement positif.La position de la Maison Blanche est loin d’être partagée par tous les centres de pouvoir aux Etats-Unis, où un certain courant parie sur une guerre longue impliquant l’Iran, et pose une question du dernier cynisme, exprimée récemment par l’éditorialiste du New York Times : « Faut-il armer Daech ? », dans le but d’épuiser et d’enliser l’Iran en Irak et au Proche-Orient. Et d’ajouter naïvement que la condition du soutien américain à la guerre contre Daech est « un Irak totalement débarrassé de la tutelle iranienne », chose que Washington ne peut ni ne souhaite faire en l’état actuel.Le sort des Arabes sunnites dépend des zones de conflit et des forces en présence. Les notables sunnites installés dans la zone verte de Bagdad attendent le dénouement de la situation pour monter dans le train des vainqueurs et choisir leur allégeance politique. A Erbil (Kurdistan irakien) comme à Amman en Jordanie, on s’appuie sur les craintes et la désillusion des Arabes sunnites pour les mobiliser contre les chiites.Les milices tribales (le sahwa, rappelé dès la fin 2013 à Ramadi) peuvent espérer au niveau local une intégration aux meilleures conditions lors de l’après-conflit, avec notamment leur insertion dans le projet de garde nationale. Reste enfin le groupe peu nombreux de ceux qui sont liés aux milices chiites. Quant au gros de la population arabe sunnite, marginalisée, humiliée et mal représentée, il vacille entre retrait et désespoir ou pacte avec le diable (Daech), dans un conflit dont il sait d’avance qu’il sera le premier perdant.Plusieurs scénariosCe qui se passe en Irak (et aujourd’hui au Yémen) est dans une large mesure une guerre d’influence et de contrôle dans laquelle les Irakiens dans leur pluralité sont plus souvent les objets que les sujets. Plusieurs scénarios sont envisageables après la neutralisation de la menace de Daech :– De nouvelles frontières peuvent être tracées dans le sang : conflit Erbil-Bagdad concernant les zones disputées, mais aussi conflits Arabes-Kurdes, voire inter-Kurdes (les médiations américaine, iranienne et turque tendent à éviter ce schéma). L’Irak ne connaît pas que des conflits ethniques ou confessionnels, comme on le dit souvent par raccourci essentialiste ; en cas de défaite irréversible, le pays connaîtra certainement une déflagration plutôt qu’une division espérée voire encouragée par tels ou tels.– Un renforcement de la centralisation de l’Etat sous domination chiite (option peu réaliste étant donné que les Américains, les Kurdes, les Arabes sunnites et la plupart des Etats de la région la combattent depuis 2003 : elle reviendrait à livrer l’Irak sur un plateau aux Iraniens).– Le maintien du statu quo avec un pouvoir ethno-confessionnel tripartite (chiite, sunnite et kurde), pouvoir qui a d’ailleurs lamentablement échoué.La configuration la plus probable, celle du compromis garantissant l’équilibre des forces et la stabilisation du pays, et qui sera favorisée autant par les Etats-Unis que par l’Iran, consistera en un règlement économico-politique du conflit Erbil-Bagdad, en l’établissement d’un pouvoir central consolidé mais inclusif, et en une décentralisation qui donnera les moyens de leur gouvernance et de leur sécurité aux provinces.Hosham Dawod (Anthropologue au CNRS, directeur scientifique du programme « Crises des sociétés, crises d’Etats » à la Fondation Maison des sciences de l’homme). 07.04.2015 à 09h25 • Mis à jour le07.04.2015 à 10h00 L'Allemagne doit près de 279 milliards d'euros à la Grèce en réparations de guerre pour l'occupation du pays par l'armée allemande entre 1941 et 1944, a déclaré lundi 6 avril le vice-ministre des finances grec, Dimitris Mardas. Devant une commission parlementaire, il a avancé le chiffre de 278,7 milliards d'euros, en se fondant sur les calculs de la Cour des comptes grecque.Une commission parlementaire mise en place par le premier ministre, Alexis Tsipras, pour s'occuper de ce dossier a commencé ses travaux mercredi dernier. Ces dernières semaines, Berlin a rejeté à plusieurs reprises les demandes du nouveau gouvernement grec dirigé par le parti de la gauche radicale Syriza, affirmant que la question des réparations avait été réglée une fois pour toutes.La commission parlementaire grecque travaille aussi sur le remboursement d'un « prêt d'occupation » que la Banque de Grèce avait été forcée d'accorder à l'Allemagne pendant la guerre, et sur la restitution de trésors archéologiques.Lire : Indemnités de guerre, l’autre dette qui oppose Athènes et Berlin« ARTIFICES JURIDIQUES »A la mi-mars, le ministre de la justice, Nikos Paraskevopoulos, s'était déclaré prêt à appliquer une décision de la Cour suprême datant d'il y a quinze ans, autorisant la Grèce à confisquer des biens allemands pour verser des indemnités aux descendants des victimes d'un massacre commis par des Waffen SS, en juin 1944, dans le village de Distomo.Lors de sa visite à Berlin le 23 mars 2015, Alexis Tsipras avait adopté un ton plus modéré, mais la hache de guerre n'a pas été enterrée pour autant. Le premier ministre grec accuse l'Allemagne d'avoir eu recours à des « artifices juridiques » afin de ne pas verser de réparations de guerre à Athènes. « Après la réunification de l'Allemagne en 1990, les conditions juridiques et politiques étaient réunies pour régler cette question. Mais, depuis, tous les gouvernements allemands ont choisi le silence et les artifices juridiques, et traîné les pieds », a affirmé le premier ministre le mois dernier lors d'un débat au Parlement.Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré que son pays était tout à fait conscient de sa responsabilité morale et politique dans les « terribles événements » survenus en Grèce pendant la guerre, mais il a affirmé que le dossier des réparations était définitivement réglé, l'Allemagne ayant versé 115 millions de deutschemarks (60 millions d'euros) en 1960 à la Grèce. 07.04.2015 à 08h57 • Mis à jour le07.04.2015 à 10h13 L'ancien maire de la métropole chinoise de Nankin, surnommé « le bulldozer » pour ses chantiers de construction dans l'ancienne capitale impériale, a été condamné mardi 7 avril à quinze ans de réclusion pour corruption. Ji Jianye a fait partie de la première douzaine de hauts responsables, d'un rang au moins égal à celui de vice-ministre, à tomber dans la campagne d'assainissement de l'administration menée tambour battant par le président Xi Jinping.Ji Jianye a été reconnu coupable d'avoir touché 11,3 millions de yuans (1,56 million d'euros) en pots-de-vin de la fin de 1999 à 2012, a indiqué le tribunal qui l'a jugé à Yantai, ville de la province orientale du Shandong. Sur des photographies diffusées par la cour, prises dans la salle d'audience, l'ancien maire apparaît la mine contrite, encadré par deux policiers nettement plus grands que lui. Le limogeage de Ji Jianye en octobre 2013 avait été célébré par des habitants de Nankin (est de la Chine) avec des pétards dans les rues.Ji Jianye avait été exclu officiellement des rangs du Parti communiste chinois (PCC) en janvier 2014, après avoir été reconnu coupable par l'organe de discipline du PCC d'« avoir touché d'importants pots-de-vins et cadeaux, pour lui-même et par l'intermédiaire de sa famille ». Nommé en 2010 à la tête de Nankin, ville de 8 millions d'habitants, M. Ji y avait multiplié les vastes projets d'infrastructure et d'immobilier, voie royale pour monter en grade et s'enrichir.Lire (édition abonnés) : Le « bulldozer » de Nankin tombe pour corruption 07.04.2015 à 04h24 • Mis à jour le07.04.2015 à 08h52 Les fortes pluies qui se sont abattues sur la région métropolitaine de Port-au-Prince au cours du week-end de dimanche 5 avril ont causé la mort de six personnes et inondé plus de huit mille maisons.La directrice départementale de la protection civile, Nadia Lochard, a annoncé que deux enfants de 3 et 7 ans avaient été emportés par le torrent formé par les averses dans la ravine à proximité de leur maison, à Delmas. Dans cette même commune, située au cœur de la zone métropolitaine, une jeune femme de 24 ans a été tuée par l'effondrement d'un mur d'une église sur son domicile. Trois autre personnes ont trouvé la mort dans la commune de Carrefour, à l'ouest de la capitale haïtienne.Risques de glissements de terrainMme Lochard a ajouté que les communes de Cité Soleil et de Tabarre avaient été les plus affectées par les inondations. Situées en plaine, ces villes densément peuplées reçoivent les eaux de pluie qui s'abattent sur les hauteurs de la zone métropolitaine, car les canaux d'évacuation sont le plus souvent obstrués par des déchets.Les équipes de la protection civile ont appelé la population à la plus grande vigilance. La météo pour les jours à venir est clémente, mais les autorités expliquent que les risques de glissements de terrain sont importants. Les averses torrentielles enregistrées vendredi et samedi sont les premières d'importance de la saison des pluies, qui débute habituellement en Haïti au mois d'avril. 07.04.2015 à 02h25 • Mis à jour le07.04.2015 à 10h59 Un juge de Caroline du Nord a décidé, lundi 6 avril, que la peine de mort pouvait être requise contre l'homme suspecté d'avoir tué par balles trois étudiants musulmans dans la ville universitaire de Chapel Hill.Une semaine après les faits, un grand jury a décidé d'inculper Craig Hicks pour les assassinats de Deah Shaddy Barakat, 23 ans, de sa femme de 21 ans, Yusor Abou-Salha, et de la sœur de celle-ci, Razan Abou-Salha, 19 ans. Craig Hicks se dit hostile aux religions.Le juge Orlando Hudson a approuvé lundi une requête de différents procureurs leur permettant de requérir contre lui la peine capitale, a notamment rapporté le Raleigh News and Observer, dans cette affaire qui a ému les Etats-Unis.Lire sur Big Browser : #ChapelHillShooting : indignation après l’assassinat de trois Américains musulmansSelon le journal, le procureur adjoint du comté de Durham, Jim Dornfried, a demandé à la cour de requérir cette sentence en raison de l'aspect odieux des meurtres. Jim Dornfried a par exemple expliqué qu'après avoir abattu ses victimes, Craig Hicks leur avait froidement tiré une balle dans la tête.La police n'a pas encore déterminé si les victimes avaient été tuées à cause de leur religion ou en raison d'une querelle de voisinage. Craig Hicks, qui s'est rendu de lui-même à la police après la mort des étudiants, est détenu à la prison du comté de Durham.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h17fv"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h17fv", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 27.05.2015 à 18h08 • Mis à jour le27.05.2015 à 18h24 « Il n’y aura pas d’acceptation [de l’accord sur le nucléaire iranien] de la France s’il n’est pas clair qu’une vérification pourra être faite auprès de toutes les installations iraniennes, y compris les sites militaires », a affirmé, mercredi 27 mai, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.Lire aussi :Nucléaire iranien : les négociations butent sur l’étendue des inspectionsAlors que les grandes puissances et l’Iran sont censés conclure un accord historique d’ici au 30 juin, Abbas Araghchi, numéro deux de l’équipe des négociateurs iraniens, n’a pas exclu mercredi la possibilité que les discussions se prolongent au-delà du 30 juin.Le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a la haute main sur le dossier nucléaire, a exclu, la semaine dernière, la possibilité pour l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’inspecter des sites militaires et d’interroger des scientifiques, au nom de la souveraineté et des intérêts nationaux.Lire aussi :L’accord de Lausanne, révélateur des divisions en Iran« Sur ce point, j’aimerais que la totalité des grands pays qui discutent avec nous adoptent la position française, a poursuivi M. Fabius. Oui à un accord, mais non à accord qui permettrait à l’Iran d’avoir la bombe atomique : c’est la position de la France, puissance indépendante et puissance de paix. »La France a une position plus dure que ses partenairesLa question des inspections internationales des sites nucléaires iraniens est un des points les plus délicats des négociations engagées entre Téhéran et le groupe P5 + 1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Russie, France et Allemagne). L’Iran et les grandes puissances sont engagées depuis plus de vingt mois dans d’intenses tractations.Nucléaire iranien : douze ans de négociations incertaines avec Téhéran L’accord péniblement conclu à Lausanne, jeudi 2 avril, n’est que l’ultime étape d’une longue saga sur le nucléaire iranien dont l’origine remonte au tournant du siècle. A l’époque, le président américain, George W. Bush, était vent debout contre Téhéran et voulait traîner l’Iran devant le Conseil de sécurité de l’ONU après les révélations, en août 2002, sur la construction d’un site d’enrichissement à Natanz et d’un réacteur à eau lourde à Arak, dont l’Iran avait dissimulé l’existence.Lire aussi :Les points clés de l’accord sur le nucléaire iranienLes prémissesIl a fallu toute l’habilité de Dominique de Villepin, alors chef de la diplomatie française sous la présidence de Jacques Chirac, pour freiner cette escalade. En octobre 2003, il s’est rendu à Téhéran en compagnie de ses homologues britannique et allemand, Jack Straw et Joschka Fischer. Le contexte régional était électrique. En avril, les Etats-Unis avaient envahi l’Irak et balayé le régime de Saddam Hussein. L’Iran redoutait, à son tour, de faire les frais d’une intervention militaire.Les premiers pas ont été encourageants. Le président réformateur Mohammad Khatami est au pouvoir et il charge un certain Hassan Rohani, l’actuel chef de l’Etat iranien, de conduire les pourparlers. L’Iran gèle son programme nucléaire et accepte des inspections poussées de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le pays dispose alors de seulement 160 centrifugeuses, contre près de 20 000 aujourd’hui, qui servent à transformer l’uranium. Enrichi à un niveau élevé, il peut être utilisé pour fabriquer une bombe atomique. En contrepartie, les Européens se disent disposés à aider l’Iran à se doter d’un parc nucléaire civil.Lire aussi :Sur le nucléaire iranien, l’accord vaut mieux que le statu quoL’enlisementMais au bout de deux ans, les négociations s’enlisent. Face aux blocages, les Iraniens perdent patience et relancent leur programme nucléaire. L’élection du très nationaliste président Mahmoud Ahmadinejad, en 2005, achève cette esquisse d’ouverture. En 2006, l’ONU adopte sa première résolution prévoyant des sanctions contre l’Iran. Cinq autres suivront. La rupture est consommée.L’arrivée au pouvoir de Barack Obama change la donne. Le nouveau président américain écrit au Guide suprême, Ali Khamenei, en mai 2009, et se dit ouvert à une relance du processus diplomatique. Mais son entourage est divisé, la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, est ouvertement sceptique.A l’été 2009, M. Obama franchit le pas : il propose aux Iraniens de leur livrer de l’uranium enrichi à 20 % dont ils ont besoin pour leur centre de recherche médicale de Téhéran et qu’ils ne peuvent, à ce stade, pas encore produire. En échange, l’Iran doit remettre aux Occidentaux son stock d’une tonne d’uranium enrichi à 5 %, soit assez pour se lancer dans la fabrication d’une arme nucléaire.Lire aussi :Nucléaire iranien : le pari remporté de Barack ObamaMais, là encore, l’initiative tourne court. En Iran, le Guide suprême redoute qu’un tel accord profite avant tout à son rival Ahmadinejad et torpille l’opération. Et aux Etats-Unis, les adversaires d’une telle mesure ont aussi donné de la voix. Depuis le lancement des premières négociations, il y a une constante. Quand l’Iran était disposé à négocier en 2003, les Etats-Unis ne l’étaient pas. Et inversement en 2009. Le rebondIl a fallu attendre l’élection surprise du président modéré iranien Hassan Rohani, en juin 2013, pour que la situation se débloque. A la fois par résignation et par réalisme. Après dix ans de face-à-face stérile, il n’y avait que des perdants. L’économie iranienne a été lourdement pénalisée par les sanctions, mais celles-ci n’ont pas réussi à freiner le développement du programme nucléaire iranien : le nombre de centrifugeuses dont dispose le pays a été multiplié par cent depuis 2003.L’accord arraché à Genève le 24 novembre 2013, entre l’Iran et les pays du « P5 + 1 », comprenant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne, a été un premier pas inédit vers un règlement. Il s’est traduit par un gel provisoire du programme nucléaire iranien et une levée partielle des sanctions internationales contre Téhéran. Le compromis conclu à Lausanne le 2 avril entre les mêmes protagonistes, est une étape cruciale vers un règlement définitif de ce contentieux qui ouvrirait la voie à une normalisation des relations avec l’Iran et aurait de profondes répercussions au Moyen-Orient. Mais pour en arriver là, il reste encore trois mois de négociations qui s’annoncent délicates.Lire aussi :En Israël, la presse peu convaincue par l’accord sur le nucléaire iranienL’accord final doit garantir le caractère uniquement pacifique du programme nucléaire de Téhéran, soupçonné de cacher un volet militaire, et lever en contrepartie les sanctions internationales qui étouffent l’économie du pays. Depuis le début des négociations, essentiellement pilotées par les Etats-Unis et l’Iran, la France a adopté une position plus dure que ses partenaires, craignant que Washington ne fasse trop de concessions pour obtenir un accord historique.Lire aussi :Accord nucléaire : Obama salue prudemment une percée diplomatique avec l’Iran 27.05.2015 à 17h34 • Mis à jour le27.05.2015 à 17h41 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Parents, enseignants, élèves, nonnes, prêtres et évêques : près de 600 personnes se sont réunies, mercredi 27 mai, devant le siège du ministère de l’éducation à Jérusalem, pour une manifestation inédite. Il s’agissait essentiellement de délégations représentant les 47 écoles chrétiennes en Israël. Leur objectif : attirer l’attention du gouvernement sur l’étranglement financier dont ces établissements s’estiment victimes. Le clergé était représenté pour défendre l’autonomie de ces écoles, qui accueillent près de 30 000 jeunes, essentiellement des Arabes israéliens. Parmi eux, 58 % sont chrétiens.Ces établissements représentent à la fois un symbole d’excellence, par leurs résultats, et de mixité. Leur sort a donc un caractère éminemment politique, alors que la définition législative d’Israël comme Etat juif demeure une priorité pour la droite nationaliste au pouvoir. Selon le Bureau des écoles catholiques, les dotations de l’Etat ont chuté de 35 % en quelques années. Ces établissements, qui jouissent d’un statut particulier – reconnus mais non publics –, ont été contraints d’augmenter les frais de scolarité pour les enfants. Aujourd’hui, ils s’élèvent à environ 4 500 shekels (1 070 euros) par personne et par an, une somme considérable pour les familles modestes. Certaines accusent du retard dans les paiements.De toute façon, cette diversification des ressources n’est pas suffisante pour les écoles. « On se sent négligé, on nous méprise, résume le Père Fahim Abdel-Masih, le chef du Bureau et directeur d’école lui-même à Ramla. Pourquoi n’y a-t-il pas d’égalité de traitement entre nos enfants, qui ont la carte d’identité israélienne, et les autres ? Pourtant, on enseigne à 125 % les programmes officiels. » « On perdrait notre identité chrétienne »Les directeurs des écoles s’étaient déjà mobilisés fin août 2014, publiant une adresse publique aux autorités. Ils avaient menacé d’organiser une journée de grève, le 1er septembre, mais avaient finalement reculé. Le ministère leur avait proposé de se voir, de discuter. « Le directeur général du ministère nous a invités à présenter nos demandes, on s’est rencontré quatre fois, mais au final ça n’a servi à rien », explique Fahim Abdel-Masih. Selon ce dernier, le ministère leur avait suggéré de devenir des établissements publics. Inacceptable pour ces écoles, dont la réussite incontestable est liée à leur autonomie.En dehors du tronc classique et de l’enseignement religieux, elles insistent sur la pratique des langues étrangères. « On perdrait notre identité chrétienne, s’emporte le Père Fahim. Par exemple, pour la désignation d’un directeur, il y aurait un concours ouvert à n’importe qui, sans respect pour l’esprit de l’institution. On nous a dit également que les municipalités auraient le droit d’organiser les manifestations qu’elles souhaiteraient, dans les locaux et à l’extérieur. Il est impensable pour nous d’être utilisés à d’autres fins que pédagogiques ou religieuses. » Dans ces conditions, les négociations avec le ministère avaient été rompues il y a quelques mois.Dans une réponse écrite au Monde, le ministère de l’éducation explique qu’aucune obligation ne pèse sur les écoles chrétiennes. Elles se voient offrir un choix : devenir totalement autosuffisantes, conserver leur statut actuel ou bien rejoindre le secteur public, ce qui leur permettrait alors d’obtenir à nouveau un financement à 100 %. « Le ministère reconnaît ces institutions, et les finance jusqu’à 75 % de leur budget, conformément à la loi sur les institutions enregistrées qui ne sont pas officielles », explique-t-on.Leur intégration éventuelle dans le système des écoles publiques serait accomplie « avec le souci de préserver leurs qualités uniques. » Des propos qui ne rassurent pas l’encadrement pédagogique. L’identité du nouveau ministre de l’éducation ne risque guère de faciliter une sortie de crise. Il s’agit de Naftali Bennett, le leader de la formation d’extrême droite Foyer juif.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.05.2015 à 16h40 • Mis à jour le27.05.2015 à 17h24 | Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) Le premier ministre du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, Abdullah Al-Thinni, a affirmé mardi 26 mai avoir été victime d’une tentative d’assassinat à Tobrouk (est), nouvel épisode du chaos dans lequel la Libye n’en finit pas d’être plongée. « Dieu merci, nous en avons réchappé », a-t-il déclaré dans la soirée à la chaîne de télévision saoudienne Al-Arabiya. Un de ses gardes du corps aurait été blessé.L’incident s’est produit à l’issue d’une journée tourmentée autour du Parlement de Tobrouk, assemblée dont l’élection en juin 2014 avait été validée par la communauté internationale mais que conteste un Parlement rival, le Congrès général national (CGN), basé à Tripoli. L’Assemblée de Tobrouk est soutenue par une coalition de libéraux, d’anti-islamistes et d’ex-kadhafistes. Pour sa part, le GNC de Tripoli, qui a formé son propre gouvernement, est dominé par une coalition où les islamistes exercent une influence significative à défaut d’être exclusive.« Opération pas très professionnelle »Mardi, le premier ministre Al-Thinni devait s’exprimer devant le Parlement de Tobrouk, mais la séance n’a pas tardé à être perturbée par des manifestants rassemblés à l’extérieur du bâtiment. Certains d’entre eux étaient armés. Les protestataires, hostiles à la gestion du premier ministre, réclamaient sa démission. Devant la tension grandissante, Al-Thinni a été obligé de quitter précipitamment l’assemblée hébergée au sein d’une base navale. Alors que le convoi prenait la direction de l’aéroport de Tobrouk, son véhicule a été visé par des tirs. « L’opération n’était pas très professionnelle, dédramatise un diplomate occidental en poste à Tunis. S’ils avaient vraiment voulu tuer Al-Thinni, ils n’auraient pas tiré sur une voiture blindée. » L’identité et les motivations réelles des manifestants n’étaient pas clairement établies mercredi. Selon Mohamed Eljarh, chercheur libyen affilié au cercle de réflexion américain Atlantic Council – et proche du camp de Tobrouk –, la probabilité que ces protestataires soient liés à l’homme d’affaire Hassan Tatanaki est élevée. Richissime tycoon libyen réfugié en Egypte, M. Tatanaki, présent dans l’exploitation pétrolière, l’immobilier et les médias, orchestre depuis quelques mois une véritable campagne contre Al-Thinni. La chaîne de télévision dont il est le propriétaire, Awalan TV, multiplie les attaques contre le premier ministre.« Il y a une volonté claire de M. Tatanaki de mobiliser les gens contre Al-Thinni », assure Mohamed Eljarh. Selon ce dernier, l’origine du conflit tient dans l’ambition de M. Tatanaki – et contrée par Al-Thinni – d’être nommé à la tête de la Libyan Investment Authority (LIA), le fonds souverain libyen riche de 59,9 milliards d’euros. Avec la Banque centrale et la National Oil Company (NOC), la LIA est l’une des institutions financières que se disputent les deux gouvernements rivaux de Tobrouk et Tripoli.Option militaire contre les adversaires de TripoliL’autre grand rival d’Al-Thinni au sein du camp de Tobrouk est le général Khalifa Haftar, nommé début mars chef d’état-major de l’armée. Ancien proche de Mouammar Kadhafi avant d’enter en dissidence à la fin des années 1980, le général Haftar se fait le chantre d’une mobilisation contre les « terroristes » et les « extrémistes », label sous lequel il mêle djihadistes radicaux et l’ensemble des milices reconnaissant l’autorité du CGN de Tripoli.Lire aussi :Entretien avec le général Haftar, nouvel homme fort de la LibyeLe général Haftar et Hassan Tatanaki, qui passe pour l’un des principaux bailleurs de fonds du camp de Tobrouk, partagent la même volonté de recourir à l’option militaire contre leurs adversaires de Tripoli. Ils disposent de solides soutiens en Egypte. Si les relations entre le général Haftar et le premier ministre Al-Thinni ont souvent été conflictuelles, il semble qu’elles se soient récemment apaisées. « Les deux hommes se sont rapprochés », assure Mohamed Eljarh. Selon d’autres sources, leurs relations demeurent toutefois « mauvaises ».Quoi qu’il en soit, les tensions internes à ce camp de Tobrouk promettent de compliquer la tâche de l’envoyé spécial des Nations unies, Bernardino Leon. Ce dernier s’efforce – en vain, pour l’instant – de rapprocher Tobrouk et Tripoli autour d’un plan de gouvernement d’union nationale afin de mettre un terme à ce chaos libyen dont l’Etat islamique (EI) profite pour s’enraciner dans le pays. Après trois moutures d’accord rejetées – par l’un ou l’autre des deux camps –, M. Leon est sur le point de proposer ces prochains jours une quatrième version. Un climat de révolution de palais à Tobrouk ne pourrait qu’entraver d’avantage le processus.Frédéric Bobin (Tunis, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.05.2015 à 14h16 • Mis à jour le27.05.2015 à 14h58 Il est le premier chef de gouvernement serbe à se rendre en Albanie. Aleksandar Vucic était à Tirana, mercredi 27 mai, pour une visite historique, qui marque une nouvelle étape dans le processus de réconciliation entre les deux pays.Les relations entre ces Etats des Balkans demeurent tendues, notamment à cause du contentieux sur le Kosovo, avec lequel l’Albanie et la Serbie ont des frontières. Peuplé en majorité d’Albanais, le Kosovo a déclaré son indépendance de la Serbie en 2008 ; ce que Belgrade refuse de reconnaître. Un autre sujet de contentieux est celui de la minorité albanaise de Serbie qui réclame davantage d’autonomie, voire un rattachement au Kosovo.Faire « ce que la France et l’Allemagne ont fait »Avant le début de la visite, les deux chefs de gouvernement ont affiché leur volonté d’œuvrer à une amélioration des relations de leurs pays. La perspective d’une adhésion à l’Union européenne (UE), que les deux Etats souhaitent rejoindre, pousse en faveur d’un rapprochement.« Je suis convaincu que l’Albanie et la Serbie, les Albanais et les Serbes, peuvent faire ensemble aujourd’hui pour les Balkans ce que la France et l’Allemagne ont fait pour l’Europe après la seconde guerre mondiale », a déclaré M. Rama.Lire aussi :La rencontre historique entre dirigeants serbe et albanais achoppe sur le KosovoLors de la visite officielle du premier ministre albanais à Belgrade en novembre dernier, le ton avait été plus houleux. Lors d’une conférence de presse, M. Rama avait appelé la Serbie à reconnaître « la réalité du Kosovo indépendant ». Une sortie que son homologue avait qualifiée de « provocation ». « Le Kosovo fait partie de la Serbie et n’a rien à voir avec l’Albanie », avait répliqué M. Vucic, ajoutant qu’il « ne permettrait à personne d’humilier la Serbie. » Ce séjour dans la capitale serbe constituait la première visite d’un leader albanais en Serbie.M. Vucic est arrivé à Tirana dans un contexte à nouveau tendu pour la région. Il y a deux semaines, des affrontements entre un commando d’origine albanaise et la police ont fait 22 morts en Macédoine. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne persiste et signe : elle a présenté, mercredi 27 mai, son plan global sur l’immigration, en précisant les quotas de migrants à accueillir par pays. Malgré les réticences de certaines capitales et l’hostilité affichée d’autres, elle confirme sa volonté d’assurer une répartition de demandeurs d’asile qui séjournent actuellement en Italie et en Grèce. Elle ne parle toutefois plus de « quotas » par pays, mais d’une « clé » établie en tenant compte de divers critères qui ont fait l’objet d’une pondération : le nombre d’habitants, le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre de demandes d’asile déjà reçues et le nombre de réfugiés déjà accueillis au titre de la protection internationale.Après avoir donné des premières estimations le 13 mai, Bruxelles propose la répartition, étalée sur deux ans, de 40 000 Syriens et Erythréens, dont 24 000 sont actuellement en Italie et 16 000 en Grèce. La France serait censée en accueillir 4 051 venant d’Italie et 2 701 venant de Grèce, l’Allemagne 5 258 et 3 505. Vingt et un autres Etats sont concernés : les traités européens octroient un opt-in (droit d’option) au Royaume-Uni et l’Irlande, qui peuvent décider de participer ou non à un tel projet, et le Danemark possède un opt-out, qui exclut sa participation.Les 40 000 personnes concernées représentent 40 % du total des migrants arrivés en Italie et en Grèce en 2014 et susceptibles de demander l’asile. Le projet de répartition (relocation), qui pourrait aussi concerner Malte à l’avenir, s’appuie sur un mécanisme d’urgence prévu dans le traité de l’Union (article 78.3) et qui n’a jamais été mis en œuvre.Cette disposition précise que, en cas de circonstances exceptionnelles comme un afflux soudain de migrants, une répartition peut être mise en œuvre au niveau de l’Union. C’est le nouveau pays d’accueil qui décidera, au final, de l’octroi, ou non, de l’asile. Il incombera, en revanche, à l’Italie et à la Grèce de relever les empreintes de tous les demandeurs : en principe obligatoire, cet enregistrement n’est pas toujours réalisé. A l’avenir, les pays concernés seront aidés par Europol et Frontex pour mener à bien cette tâche et évaluer rapidement le statut exact des personnes arrivées illégalement en Europe.Accueil en Europe de 20 000 réfugiésLe plan présenté mercredi comporte un autre volet « accueil » pour 20 000 réfugiés reconnus par les Nations unies, qui demandent pour eux une protection internationale. Ce projet de réinstallation (resettlement) concerne, cette fois, les Vingt-Huit. Même si, jusqu’ici, 15 Etats membres seulement ont accepté ce principe, dans des proportions très variables : la Suède a accueilli plus de 2 000 réfugiés en 2014, la Finlande, 1 100, et les Pays-Bas, 800 ; 450 ont été admis en France et 280 en Allemagne. On n’en compte, en revanche, aucun en Pologne, en Bulgarie ou en Slovénie.Selon les calculs de la Commission, la France devrait accueillir 2 375 réfugiés reconnus par l’ONU en deux ans, l’Allemagne, 3 086, la Pologne, 962, le Royaume-Uni, 2 309, etc. Un budget de 50 millions d’euros est prévu pour ce projet. En tout, la France devrait donc s’engager à recevoir 9 127 migrants sur les 60 000 accueillis sur l’ensemble de l’Europe.La Commission prévoit que, pour chaque demandeur d’asile accepté dans un pays, celui-ci recevra 6 000 euros provenant du Fonds européen pour l’asile (AMIF). De quoi vaincre les réticences ? Ce n’est pas certain. Outre le Royaume-Uni et la Hongrie, qui ont immédiatement critiqué le projet de quotas présenté à la fin avril par Jean-Claude Juncker, les Etats baltes, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie ont dit leur hostilité. Par la voix de Manuel Valls, puis de François Hollande, la France a également manifesté ses réticences, tout en prônant, de manière un peu confuse, une répartition « réfléchie, équitable, solidaire » à l’échelle européenne.M. Juncker et son équipe affirment d’ailleurs agir dans le fil des récentes directives du Conseil européen qui, après les dernières tragédies au large des côtes libyennes, avait prôné plus de solidarité entre les Etats membres. La proposition de la Commission n’est toutefois pas assurée, à ce stade, de passer le cap de ce Conseil, où elle devra être adoptée à la majorité qualifiée, après consultation du Parlement.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.05.2015 à 12h09 • Mis à jour le27.05.2015 à 12h24 Philippe Vigneron maître de Conférences à l’Institut d’Études européennes de l’Université libre de BruxellesLa Commission européenne s’est résolument engagée depuis peu dans un nouveau programme visant à « améliorer la législation » (en anglais « better regulation »). Ce programme, piloté par le premier vice­président de la Commission, le Néerlandais Frans Timmermans, vise à rendre l’activité législative européenne plus transparente et surtout à renforcer le processus d’évaluation de cette activité (en anglais « impact assessment ») afin d’éviter une prétendue obsession régulatoire et en ne gardant qu’une harmonisation normative jugée strictement nécessaire au bon fonctionnement de l’Union.Ce faisant, la Commission remet en selle une approche qui avait déjà été avancée dans les années 2000 sous la pression de quelques États membres particulièrement réservés à l’égard de l’harmonisation européenne comme le Royaume­Uni, les Pays-Bas ou encore l’Irlande. Mais cette fois, il semble bien que des moyens considérables soient affectés à cette tâche qui est donc menée au plus haut niveau de la Commission. « Améliorer la législation » laisse évidemment sous-entendre que jusqu’ici on aurait mal légiféré et qu’il est enfin temps de remettre de l’ordre dans la machine législative communautaire. En oubliant au passage que ces législations, parfois jugées trop nombreuses ou trop complexes, sont le fruit non pas d’un excès de zèle des fonctionnaires européens qui manifesteraient des lubies administratives mais tout simplement de la pression des hordes de lobbyistes qui hantent les institutions européennes et dont les avis et recommandations sont plus ou moins complaisamment relayés par certains parlementaires européens et par certains gouvernements des États membres.Marketing politiqueLe concept de « mieux légiférer » constitue en fait un coup de génie de marketing politique pour faire régresser les initiatives. Comment s’opposer en effet à l’idée qu’il faille mieux légiférer ? On ne peut a priori qu’applaudir à un tel programme qui vise à rationaliser l’activité législative européenne en pratiquant l’analyse d’impact des propositions déposées par la Commission de même que des amendements à celles-ci proposés par le Parlement et le Conseil. Cependant, il est permis de s’interroger à la fois sur la méthode employée et sur l’objectif final.Sur la méthode, quelle est la légitimité de ces Conseils d’examen qui se pencheront sur ces propositions de la Commission et ces amendements de nos élus ? Sur la base de quels critères rendront-ils leurs jugements ? Comment seront-ils formés ? Quel sera le poids des lobbies dans ces enceintes qui pèseront sur les institutions démocratiques de l’Union ? Quelles garanties d’objectivité et d’indépendance offrent ces Conseils ? En alourdissant ainsi le travail législatif, en le rendant plus coûteux et plus lent, au prétexte de rationalisation, ne favorisera­t­on pas les lobbies les plus puissants capables d’investir des sommes énormes sur plusieurs dossiers, et ne poursuit-on pas, in fine, un autre but ? Car à propos de l’objectif final, réguler mieux ne signifiera­t­il pas en fait réguler moins, voire même sans doute, à terme, déréguler ?N’y aurait-il pas un agenda caché sous le couvert de cette rationalisation ? Par exemple, aller à la rencontre des opinions publiques chauffées à blanc par les souverainistes et eurosceptiques de tous poils qui jugent intolérables les normes fixées par « Bruxelles », c’est-à-dire par les 736 parlementaires européens démocratiquement élus et par les gouvernements des 28 États membres eux aussi démocratiquement élus. Et aller ainsi vers moins d’Europe pour apaiser le débat politique. Mieux encore, surprenant hasard du calendrier, ce programme n’irait-il pas également à la rencontre des préoccupations d’un grand Etat membre qui s’interroge sur son avenir européen et veut le soumettre à référendum ? Mieux légiférer vient en effet à point nommé au moment où s’annonce un possible Brexit.Le gouvernement Cameron, qui oscille entre euroscepticisme et eurocynisme, va demander de renégocier des pans entiers des politiques communautaires afin de rapatrier des compétences du niveau européen au niveau national en menaçant de sortir de l’Union s' il n’obtient pas ce qu’il souhaite ou plutôt en déclarant que, s’il n’obtient pas satisfaction, et bien le résultat du référendum se marquera par le départ du Royaume-Uni de l’Union. Il y a fort à parier que plusieurs gouvernements d’autres États membres feront tout pour satisfaire les Britanniques d’une part pour maintenir ceux-ci coûte que coûte dans l’Union et d’autre part parce qu’ils partagent plus ou moins discrètement certaines des revendications britanniques. Et il y a fort à parier que la Commission cherchera elle aussi par tous les moyens à maintenir le Royaume-Uni dans l’Union, au besoin en allégeant les politiques communautaires. Le Brexit serait à coup sûr une catastrophe pour le RU (la City commence à s’en rendre compte et est en train de monter au créneau) et serait sans doute perçue comme un échec politique pour l’Union européenne, même si, dans les faits, ce départ serait moins douloureux qu’il n’y paraît tant la liste des exonérations dont bénéficie le RU est longue, au point que l’on peut se demander s’il n’est pas déjà devenu un membre associé plutôt qu’un membre à part entière. Mais pour éviter le Brexit, faut-il pour autant démanteler des pans entiers de l’harmonisation européenne ?Espérons que nos dirigeants ne tomberont pas dans le piège d’un détricotage des acquis de l’Union et que le Parlement européen saura résister à la fois aux oukases des lobbyistes infiltrés dans les comités de « screening » et aux velléités de renationalisation des politiques communautaires menées par certains États membres. Et à l’heure du mieux légiférer, il est sans doute utile de se souvenir qu’il est possible de recourir à des coopérations renforcées entre les États membres qui souhaitent aller de l’avant. La différenciation comme remède à la renonciation… 27.05.2015 à 10h50 • Mis à jour le27.05.2015 à 11h03 La vague de chaleur qui sévit depuis une semaine en Inde a déjà tué plus de 1 100 personnes, en particulier dans le sud du pays, ont fait savoir mercredi 27 mai les autorités. La plupart des victimes sont des ouvriers du bâtiment et des personnes sans abri, contraints de rester dehors, et des personnes âgées. Les températures élevées devraient persister dans les prochains jours jusqu’à l’arrivée anticipée de « grosses pluies », selon l’Institut de météorologie indien.Dans l’Etat de l’Andhra Pradesh (Sud), le plus touché, près de 900 personnes sont mortes depuis le 18 mai, et les autorités mettent en place des points de distribution d’eau. Dans l’Etat voisin du Telangana, où les températures ont atteint 48 °C pendant le week-end, plus de 200 personnes sont mortes en une semaine. Onze personnes sont mortes dans l’Odisha (Est) et 13 autres dans le Bengale-Occidental voisin.La mousson attendue avec anxiétéA Gurgaon, ville satellite de New Delhi, les habitants souffrent de coupures d’électricité pouvant durer jusqu’à dix heures par jour. Les réseaux ne parviennent pas à faire face à la demande provenant des équipements de climatisation.« Comme si les conditions étouffantes ne suffisaient pas, des niveaux d’humidité suffocants ont aggravé le problème pour les habitants de Lucknow, la capitale de l’Uttar Pradesh, rapporte aussi le quotidien indien The Hindustan Times. La ville a enregistré une température maximale de 43,5 °C et une humidité relative de 70 %. »La mousson, qui doit permettre de faire baisser les températures, est attendue avant la fin de la semaine dans le Kerala, dans le Sud, mais n’atteindra que le mois prochain les plaines arides du Nord. Des centaines de personnes, essentiellement parmi les plus pauvres, meurent chaque été en Inde en raison de la chaleur. 27.05.2015 à 09h34 • Mis à jour le27.05.2015 à 10h56 Le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) a ouvert une enquête sur un « incident grave » qui a eu lieu au Cameroun impliquant un vol d’Air France qui transportait 36 personnes à bord (23 passagers, 3 pilotes et 10 membres du personnel navigant commercial).A une altitude de croisière au-dessus de 9 000 pieds (2 800 mètres), les pilotes du vol AF 953 ont pris un itinéraire plus au nord que d’habitude afin d’éviter des nuages orageux, mais après que le Boeing 777 a viré vers l’est en direction de Douala, sa trajectoire l’a amené près du mont Cameroun.L’avion a volé suffisamment près de la montagne, haute de 13 200 pieds (4 000 mètres), pour entraîner un avertissement oral d’un système d’avertissement automatique au sol, enjoignant aux pilotes de « redresser » l’appareil, précise le BEA. L’équipage a amené l’avion aux environs de 13 000 pieds et a continué vers Douala, ajoute le BEA.Mise en marche d’une alerteLe système d’alerte dit EGPWS (enhanced ground proximity warning system) a détecté cette proximité et « a déclenché une alarme dans le cockpit à laquelle les pilotes ont répondu immédiatement en exécutant la manœuvre appropriée », a expliqué Air France. « Le vol s’est poursuivi vers Douala sans autre incident », a-t-elle ajouté.La compagnie aérienne a confirmé l’incident, précisant qu’il faisait également l’objet d’une enquête interne. En attendant les résultats de l’enquête interne, l’équipage de ce vol bénéficie d’un « accompagnement pédagogique, managérial et médical », a précisé un porte-parole de la compagnie.Air France a également transmis aux équipages un complément d’information transmis aux équipages sur les spécificités du terrain de Douala. Les passagers ne se sont pas rendu compte de l’incident, a précisé le porte-parole.#AirFrance #B777 in near collision with Mt. Cameroon, #BEA is investigating early May incident http://t.co/fX9bPVOD8K http://t.co/97TBhijfjv— blackbo89761234 (@JACDEC)require(["twitter/widgets"]);Selon les protocoles aériens internationaux, un « incident grave » est défini par un événement dont les circonstances indiquent qu’un accident a « failli se produire ». Cette classification est généralement utilisée quand une collision au sol sans perte de contrôle est « évitée de justesse ». 27.05.2015 à 06h12 • Mis à jour le27.05.2015 à 11h06 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Une cour d’appel fédérale a porté un coup sévère, mardi 26 mai, aux ambitions du président américain, Barack Obama, sur la question de l’immigration. En confirmant le gel de décrets (« executive orders ») permettant la régularisation de millions de sans-papiers décidé par un juge fédéral du Texas en février, la cour d’appel compétente a bloqué durablement la réforme souhaitée par le président, peut-être même jusqu’à son départ de la Maison Blanche, en janvier 2017. Auquel cas, son bilan se trouverait amputé d’une mesure emblématique.Pour avoir trop attendu, M. Obama a pris le risque de tout perdre. Prenant acte des divergences profondes qui paralysent le Congrès sur ce point (la Chambre s’est opposée par le passé à une réforme soutenue par une majorité bipartisane au Sénat), le président avait décidé d’user de ses pouvoirs exécutifs pour annoncer le 20 novembre un programme permettant à environ cinq millions de sans-papiers de sortir de l’illégalité.Riposte des RépublicainsM. Obama était parti du constat que l’expulsion de tous les clandestins (plus de onze millions, majoritairement hispaniques) était impossible et que la majorité d’entre eux était déjà intégrée à la société américaine. Les décrets concernaient les personnes présentes de longue date sur le sol américain, dépourvues de casier judiciaire et parents d’enfants nés aux Etats-Unis et donc de nationalité américaine.La riposte des républicains avait été immédiate : le Texas et 25 autres Etats contrôlés par le Grand Old Party avaient porté plainte contre le président, jugeant cette décision inconstitutionnelle et source potentielle de dépenses supplémentaires. Cette démarche avait incité un juge fédéral nommé par un président républicain, Andrew Hanen, à décréter le gel des décrets présidentiels. La Maison Blanche avait contre-attaqué en saisissant la cour d’appel en procédure d’urgence.Lire aussi :Immigration : la guérilla s’intensifie entre M. Obama et les républicainsCette dernière a estimé (par deux voix contre une) que le dossier des Etats était solide et que le gel des décrets n’affaiblirait pas les institutions fédérales. Elle a de même confirmé que ce gel s’imposait à tous les Etats et non aux seuls concernés par la plainte. Les deux juges favorables au gel ont été nommés par les présidents républicains Ronald Reagan et George W. Bush. Le troisième, minoritaire mardi, a été désigné par M. Obama.Le rejet de la procédure de l’administration va permettre l’examen au fond de la plainte des Etats, à partir du mois de juillet. Dans un pays plus que jamais divisé sur la question, puisque la démarche de M. Obama est soutenue par 14 Etats et le district fédéral de Columbia. La chef des démocrates de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a immédiatement qualifié la décision de « retard décevant pour [trouver] une issue claire » au projet du président. « Il est désormais temps de restaurer l’équité dans notre politique d’immigration et d’honorer les meilleures traditions de notre pays en adoptant une réforme de l’immigration complète », a-t-elle ajouté dans un communiqué. A l’inverse, le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a salué la décision : « Les républicains de la Chambre mènent le combat pour contrer la tentative du président Obama d’outrepasser [la loi] et pour maintenir notre Constitution. »Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Deux mois et demi après l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, tué par balles au pied du Kremlin le 27 février au soir, le rapport qu’il préparait sur l’implication du pouvoir russe dans le conflit en Ukraine a été publié à titre posthume, sous le titre « Poutine. La Guerre ». Bien que le matériel informatique de l’ancien vice-premier ministre de Boris Elstine a été saisi par les enquêteurs au lendemain de sa mort, une poignée de ses fidèles est parvenue, sur la base de notes écrites et de témoignages de familles, à reconstituer son travail. Présentant le document, mardi 12 mai, au siège du parti d’opposition RPR-Parnasse, l’un de ces proches, Ilia Iachine, a dénoncé « une aventure géopolitique, une guerre non déclarée, cynique, un crime contre la Russie ».Le rapport s’appuie sur les témoignages de familles de soldats russes envoyés en Ukraine après avoir été forcés de démissionner et qui y ont péri. Parmi eux, 70 parachutistes, dont 17 provenant de la région d’Ivanovo, auraient ainsi trouvé la mort en février dans la bataille de Debalstevo, une ville de l’est ukrainien conquise par les séparatistes au lendemain même des accords de Minsk signés dans la capitale biélorusse pour tenter d’imposer une trêve, sous le parrainage des dirigeants russe, ukrainien, français et allemand.« Tous les succès des séparatistes ont été menés avec le soutien militaire russe, affirme Ilia Iachine. Cela a été le cas en août 2014, lorsque l’offensive ukrainienne stoppée nette a obligé Petro Porochenko [le président ukrainien] à s’asseoir une première fois à la table de Minsk, puis à nouveau en février, lorsque l’armée ukrainienne a été arrêtée à Debalstevo. » Ces témoignages restent cependant anonymes. « Les familles ont peur. »220 militaires russes décédésParmi les confessions recensées, certaines avaient été déjà rendues publiques sur les réseaux sociaux ou dans des médias indépendants. En septembre 2014, l’histoire de Nicolas Kozlov, 21 ans, envoyé d’abord en Crimée puis dans le Donbass où il a perdu une jambe, avait ainsi été relatée par son oncle, Serguei Kozlov. Ces soldats, obligés de démissionner de l’armée, auraient reçu contre l’engagement de tenir secrète leur mission, l’assurance d’une indemnité financière pour leurs familles en cas de blessure ou de décès.Ces indemnités, évaluées à 3 millions de roubles (53 000 euros) selon les sources de Boris Nemtsov, n’auraient cependant plus été versées à partir de septembre 2014. Le rapport, qui ne prétend pas être exhaustif, recense quelque 220 militaires russes décédés dans les combats, ce qu’a toujours nié Moscou. « Nous avons tout vérifié, assure Ilia Iachine, et tout ce que nous n’avons pas pu vérifier, nous l’avons enlevé ».« Il y a aussi ceux que la propagande appelle des “volontaires” mais que nous appelons des mercenaires »« Il y a aussi ceux que la propagande appelle des “volontaires” mais que nous appelons, nous, des mercenaires car ils correspondent bien à cette qualification et ils reçoivent entre 60 000 et 90 000 roubles par mois », ajoute-t-il. Les combattants tchétchènes, recensés dans le bataillon « La Mort », en feraient partie. « Ils sont apparus en mai 2014, d’abord dans le bataillon séparatiste Vostock qui a participé à la prise de l’aéroport de Donetsk, puis à nouveau en août 2014. Ce sont d’anciens combattants [des guerres russo-tchétchènes] amnistiés par Kadyrov [chef de la république autonome de Tchétchénie], qui sont aujourd’hui considérés comme sa garde personnelle », affirme Ilia Iachine.« Catastrophe humanitaire »Soldats, mercenaires, matériel de guerre, blindés : l’aide financière de Moscou aux séparatistes prorusses du Donbass est ici évaluée à 53 milliards de roubles (environ 930 millions d’euros) en dix mois, auxquels il faut ajouter 80 milliards de roubles d’aide aux réfugiés de cette « catastrophe humanitaire ».Poutine s’est rendu compte du bénéfice qu’il pouvait tirer de l’annexion de la Crimée, alors que sa côte stagnait « entre 40 et 45 % »Selon le rapport, tout a commencé avec la Crimée lorsque Vladimir Poutine se serait rendu compte du bénéfice qu’il pouvait tirer sur le plan personnel de l’annexion de la péninsule ukrainienne, alors que sa côte de popularité stagnait « entre 40 et 45 % » malgré sa réélection, en 2012, à la tête de l’Etat. « L’envergure du scénario du retour de la Crimée en Russie est aujourd’hui évidente », écrivent les auteurs. Mais, ajoutent-ils, « l'histoire ne s’est pas arrêtée là et une vraie guerre a commencé dans les territoires de Donetsk et de Louhansk où les séparatistes ont été soutenus politiquement, économiquement et militairement ».« Poutine, insiste Ilia Iachine, veut diriger comme Staline et vivre comme Abramovitch [un milliardaire russe]. Il ment au peuple russe et au monde entier. » C’est pour les Russes, a-t-il insisté que ce rapport a été rédigé, « pas pour les Occidentaux qui n’ont pas besoin d’être convaincus ». Au lendemain du 70e anniversaire de la victoire sur le régime nazi célébré le 9 mai par le Kremlin avec faste, l’opposition prend soin de ne pas laisser le terrain du patriotisme au pouvoir : « Cette guerre que Poutine a commencée avec un pays proche menace les intérêts de la Russie. » Une collecte va être lancée dans le pays pour financer la sortie du rapport Nemtsov tiré seulement à 2 000 exemplaires dans un premier temps et qui doit faire face, selon ses promoteurs, aux réticences des imprimeurs.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cédric Pietralunga (Annaba (Algérie)) C'est une première pour Alstom Transport. Confronté à un marché européen difficile, le groupe tricolore se tourne vers le sud et a inauguré, mardi 12 mai, une nouvelle usine à Annaba, à l'est de l'Algérie.Preuve de l'importance de l'événement, pas moins de quatre ministres français et algériens étaient présents, dont Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, pour admirer le hangar flambant neuf où ont commencé à être assemblées des rames de tramway Citadis, l'un des modèles phare du groupe.Détenue par Cital, une coentreprise créée en 2011 par Alstom (49% des parts) et par les sociétés algériennes Ferrovial (41%) et Entreprise du métro d'Alger (10%), l'usine affiche une capacité d’assemblage de 5 rames de tramway par mois. « Les cadences devraient augmenter dans les prochaines années », assure Henri Poupart-Lafarge, président d'Alstom Transport.L'usine dispose d'un carnet de commandes de 213 rames de tramway, pour un montant estimé à 700 millions d'euros, à livrer d’ici 2019. Depuis le début des années 2010, l’Algérie s’est lancée, grâce à la manne financière du gaz, dans un impressionnant programme de développement de transport collectif. Quelque 30,3 milliards d'euros ont été mobilisés pour lancer des lignes de métro et de tramway. A moyen terme, le pays devrait être doté d'une vingtaine de lignes dans une dizaine de villes algériennes, comme Mostaganem ou Sidi Bel Abbes. Pour le moment, seules Constantine, Alger et Oran ont inauguré leurs premières lignes de tramway.Lire aussi : Le jardin maghrébin de la RATP« Cette usine est le symbole du partenariat "gagnant-gagnant" que nous voulons établir avec l'Algérie, s'est réjoui M. Fabius. La base du tram est fabriquée en France, où cela contribue à l'emploi, et l'assemblage est fait sur place, où cela génère aussi de l'activité. »Le site Alstom d'Annaba n'emploie pour le moment que 80 personnes mais les effectifs devraient à terme dépasser 400 salariés, sans compte les sous-traitants. En 2014, l'Algérie a importé plus de 180 millions de dollars (160 millions d'euros) de matériel ferroviaire depuis la France.L'investissement reste néanmoins modeste : 25 millions d'euros ont été dépensés par Cital pour bâtir et équiper le bâtiment de 12 000 mètres carrés. De même, seule la partie finale de l'assemblage des trams Citadis à destination de l'Algérie y est pour le moment effectuée, un peu à l’image de la nouvelle usine Renault, installée à Oran, qui assemble pour l’instant simplement des éléments importés.« Environ 15% de la valeur ajoutée est réalisée sur place mais ce chiffre devrait monter à 30% à terme », assure M. Poupart-Lafarge. La quasi totalité des pièces viennent de France, le réseau local de sous-traitants étant pour le moment embryonnaire.Mais le groupe tricolore affiche de l'ambition pour ce site.A terme, Alstom espère en faire « une plate-forme pour exporter au Maghreb et en Afrique », selon un responsable français. Pour cela, l’entreprise tricolore se dit prête à créer un « cluster ferroviaire » à Annaba, à même d'attirer différentes entreprises du secteur. Des discussions ont déjà été engagées pour produire sur place des rails d'autorail.Reste que l’Algérie ne s’est pas seulement tournée vers la France pour équiper ses transports collectifs. Son métro provient de l’espagnol Thalgo. Certains des trains qui circulent dans la banlieue algérienne sont produits par le Suisse Stadler, tandis que Siemens travaille également dans le pays...Pour ce qui est d’Alstom, pas question de parler de délocalisation, au moment où les syndicats du groupe craignent la suppression de plusieurs centaines d'emplois dans l'usine de Belfort (Territoire de Belfort), qui produit actuellement essentiellement des locomotives de fret ou des TGV. « C'est au contraire une très bonne formule, estime M. Fabius. Il y a de la création de valeur partagée entre nos deux pays et la perspective de développement de nouveaux marchés. Les coûts de l'usine étant moindres, cela va permettre d'être compétitif ailleurs en Afrique. »Cédric Pietralunga (Annaba (Algérie))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 13h43 • Mis à jour le12.05.2015 à 16h29 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Verizon a annoncé, mardi 12 mai, le rachat d'AOL pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros). Grâce à cette acquisition, l'opérateur de télécommunications veut accélérer son développement dans le domaine de la vidéo et de la publicité sur mobile.Verizon propose aux actionnaires d'AOL un montant de 50 dollars par action ; ce qui représente une prime de 23 % par rapport au cours moyen du titre sur les trois derniers mois et de 17 % par rapport au cours de clôture de lundi. L'opérateur de télécommunication compte financer l'opération en espèces et en commercial paper, c'est-à-dire des titres de créance négociables émis sur le marché monétaire.Cette fusion est une demi-surprise dans la mesure où des rumeurs de rachat de la part de Verizon avaient déjà circulé en janvier. Pour Tim Armstrong, le patron d'AOL, cette opération « va donner naissance au plus gros acteur de téléphonie mobile et de vidéo américain ». Il estime que, grâce à ce rapprochement, son groupe va être désormais capable de rivaliser avec des géants de la publicité sur Internet, comme Google et Facebook. « Nous partageons la même vision, assure M. Armstrong. Les entreprises ont noué des partenariats réussis, et nous sommes enthousiastes de travailler avec les équipes de Verizon pour créer la prochaine génération de média dans le domaine du mobile et de la vidéo. »Lancement de son propre service de vidéoVerizon a l'intention de lancer dès cet été son propre service de vidéo. Il s'agirait de proposer des programmes payants et gratuits à ses abonnés, mais sur des formats et des contenus différents de ce que les chaînes de télévision traditionnelles peuvent proposer ; cette offre ayant pour objet d'attirer de nouveaux clients sur son réseau.Verizon est déjà un diffuseur de contenus grâce à sa box, FiOS TV, à laquelle sont abonnés 5,6 millions de foyers américains. L'opérateur a également déjà noué un partenariat avec la National Football League (NFL), qui gère le championnat de football américain, pour diffuser des matchs sur les téléphones mobiles de ses clients.Il s'agit d'un virage stratégique pour le deuxième opérateur de télécommunication américain derrière AT&T. En septembre 2013, Verizon s'était donné de nouvelles marges de manœuvre en rachetant les 45 % que le britannique Vodafone détenait dans Verizon Wireless, leur filiale commune de téléphonie mobile aux Etats-Unis, pour 130 milliards de dollars.:!;mklkPour AOL, c'est la fin d'une histoire mouvementée. Le fournisseur d'accès à Internet avait fusionné avec le groupe de médias Time Warner en 2000, à la veille de l'éclatement de la bulle Internet. Ce rapprochement de 183 milliards de dollars avait tourné au cauchemar avant que Time Warner décide de se séparer d'AOL en mai 2009, après seulement neuf ans de fusion.C'est à ce moment-là que M. Armstrong, un ancien de Google, était arrivé à la tête d'AOL pour réorienter l'activité de la société, notamment vers la publicité sur Internet. En 2013, AOL avait ainsi racheté Adap.tv, une plate-forme qui permet de connecter annonceurs et producteurs de contenu vidéo. Parallèlement, le groupe est à la tête d'un portefeuille de sites Internet comme le Huffington Post, TechCrunch et Engadget. AOL est également producteur de séries originales sur Internet, telles que Connected.AOL a réalisé en 2014 un chiffre d'affaires de 2,5 milliards de dollars pour un bénéfice de 126 millions. Quant à Verizon, c'est un géant de 127 milliards de chiffre d'affaires, qui a réalisé, en 2014, 12 milliards de dollars de profits. Les deux sociétés ont annoncé que M. Armstrong continuerait à diriger AOL. Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 12h34 • Mis à jour le12.05.2015 à 14h54 Un nouveau tremblement de terre a frappé le Népal, mardi 12 mai. De magnitude 7,3, il est presque aussi puissant que celui du 25 avril, qui était de magnitude 7,8 et a causé la mort de plus de 8 000 personnes. Au total, depuis la mi-avril, ce sont près de 100 secousses qui ont secoué le pays, perturbant les opérations de secours et épuisant nerveusement les habitants.Les données fournies par l’institut de géophysique américain (USGS) permettent d’illustrer cette vague de secousses. #container_14314200142{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14314200142{ height:500px; } #container_14314200142 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14314200142 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14314200142 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14314200142 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Près de 100 secousses au Népal depuis la mi-avrilAprès le tremblement de terre de magnitude 7,8 du 25 avril et ses nombreuses répliques, un nouveau séisme, de magnitude 7,3, a frappé le pays le 12 mai.Source : USGS(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new 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plaque tectonique indienne et, au nord, la plaque eurasienne, dont le massif himalayen constitue la bordure. Aujourd’hui, la plaque indienne continue de s’enfoncer comme un coin, sur un plan incliné, sous la plaque eurasienne dont elle provoque l’élévation, décrit Pascal Bernard, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris.Lire aussi :Le Népal, terre de préoccupantes menaces sismiques Jean-Michel Caroit (Port-au-Prince, envoyé spécial) La « dette de l’indépendance », 150 millions de francs-or, l’équivalent de 17 milliards d’euros, qu’avait dû payer l’ancienne colonie de Saint-Domingue à la France pour devenir la première république noire, est un sujet sensible en Haïti.Lors du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti, en 2004, l’ancien président Jean-Bertrand Aristide avait relancé l’exigence de « restitution » de cette dette peu avant d’être destitué et contraint à l’exil. A l’occasion de l’inauguration du Mémorial ACTe en Guadeloupe, avant sa visite en Haïti mardi 12 mai, François Hollande a promis de s’acquitter de cette dette. L’espoir suscité en Haïti par cette annonce a été de courte durée.L’entourage présidentiel s’est vite chargé de préciser qu’il s’agissait d’un engagement moral et non financier. « Hollande prend les Haïtiens pour des stupides », commentait l’influent blogueur politique Jean-Junior Joseph. La rapide visite du président français intervient alors que la confusion règne concernant les prochaines élections. Enjeu d’un bras de fer entre le président Michel Martelly et l’opposition, elles ont longtemps été reportées. Un calendrier à trois tours, 9 août, 25 octobre et 27 décembre, a finalement été annoncé sous la pression de la communauté internationale. Plus de 6 000 mandats sont à pourvoir, du président de la République aux élus locaux en passant par les membres des deux chambres.« Hollande vient conforter Martelly qui ne veut pas des élections et compte des narcotrafiquants dans son entourage », s’indigne Richard Morse. Cet hôtelier, cousin du président haïtien dont il a été conseiller jusqu’en décembre 2012, est devenu l’un des critiques les plus acerbes de la corruption des proches du président.La visite de M. Hollande a retardé une décision très attendue du conseil électoral sur la candidature au sénat de Sophia Martelly, l’épouse du président. Selon la majorité des commentateurs politiques et des diplomates, il s’agit d’un ballon d’essai et la « première dame » vise la candidature à la présidence. Née à New York de parents haïtiens, elle affirme avoir renoncé à sa nationalité américaine. Les opposants soutiennent que sa double nationalité l’exclue de la compétition. Plusieurs avocats font valoir qu’elle devrait aussi obtenir une décharge de la Cour des comptes car elle a administré des fonds publics. « L’acceptation de la candidature de Sophia Martelly serait un coup fatal à la tradition juridique haïtienne et risquerait de créer une situation chaotique », met en garde Hérold Jean François, le président de l’Association nationale de médias haïtiens.Pléthore de partis politiquesLa pléthore de partis politiques est un autre facteur de confusion : 129 partis ont été enregistrés par le conseil électoral. Plus de la moitié des nouvelles formations ont été créées à la va-vite par des proches de la mouvance Tèt Kale (« tête chauve «, en créole) du président Martelly. « Veut-on vraiment des élections ? » interroge Frantz Duval, l’éditorialiste du quotidien Le Nouvelliste. « L’équipe au pouvoir croit que le surnombre d’entités politiques est une bonne stratégie pour engloutir la démocratie représentative », avance-t-il.Cette inflation renchérit le coût des élections, largement financées par la communauté internationale. Le conseil électoral affirme ne disposer que d’un peu plus de la moitié des 60 millions de dollars qu’il juge nécessaire pour l’organisation des scrutins. La liste des candidats à la présidence est en voie de dépasser la cinquantaine. « La polarisation de la police et de la justice pourrait déboucher sur des fraudes massives et des violences », craint Pierre Espérance, le directeur du Réseau national de défense des droits humains. « La situation sécuritaire fragile s’est encore dégradée à la suite de la libération scandaleuse et illégale, le 17 avril, des deux chefs présumés du “gang Galil”, proches du pouvoir. »Selon les témoignages de magistrats et de policiers recueillis par Pierre Espérance, le frère cadet de Sophia Martelly, Charles St-Rémy, surnommé Kiko, est intervenu pour faire libérer Woodly Ethéart et Renel Nelfort, malgré leur implication présumée dans quinze kidnappings et des affaires de narcotrafic. La Mission des Nations unies et les principaux bailleurs de fonds ont manifesté leur « profonde inquiétude » face à ce nouveau scandale. « Depuis le départ de l’ancien premier ministre Laurent Lamothe, Kiko St-Rémy a pris le contrôle des ports et des douanes et de nombreux policiers sont démobilisés et déconcertés face aux dérives mafieuses », déplore Pierre Espérance.Jean-Michel Caroit (Port-au-Prince, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pro-#ISIL & al-Qaeda leader Mamoun Hatem reported killed. http://t.co/9gqCCrXNxv— zaidbenjamin (@Zaid Benjamin)require(["twitter/widgets"]);#Yémen mm si Hatem œuvrait au rapprochement #AQPA & l'#EI sa mort comme celle d'autres #AlQaeda ouvre la route à l'EI http://t.co/L0k4cEtz3F— SimNasr (@Wassim Nasr)require(["twitter/widgets"]);Série de raids contre AQPAMalgré la situation très instable au Yémen, les Etats-Unis ont affirmé leur détermination à continuer à combattre AQPA, considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste sunnite.Ainsi, AQPA avait annoncé récemment la mort dans une attaque de drone américain d'un de ses hauts responsables, Nasser Al-Ansi, qui avait revendiqué au nom du groupe extrémiste l'attentat contre Charlie Hebdo. Sa mort avait été rapportée le 7 mai par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE.Des combattants du réseau extrémiste se sont emparés à la mi-avril de l'aéroport de Moukalla, une ville qu'ils contrôlaient déjà partiellement à la faveur du chaos qui règne au Yémen, théâtre de raids aériens d'une coalition arabe et de combats entre partisans et adversaires du chef de l'Etat en exil.Le 2 avril, les insurgés d'AQPA avaient attaqué Moukalla et pris, en vingt-quatre heures, le contrôle des principaux quartiers, libérant au passage plus de 300 détenus, dont un de leurs chefs.Poursuite des raids de la coalition menée par l’Arabie saouditeLa coalition dirigée par Riyad a poursuivi ses raids contre la rébellion yéménite lundi à la veille d'un cessez-le-feu, proposé par l'Arabie saoudite, les rebelles poursuivant leurs tirs vers le territoire saoudien et affirmant avoir abattu un avion de la coalition.Selon l'ONU, quelque 1 400 personnes ont été tuées, dont une majorité de civils, depuis le début du conflit.  Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) et Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Philip Breedlove, est attendu, mardi 12 mai, en Turquie, pour l’inspection du site où seront entraînés les rebelles syriens appelés à combattre les djihadistes de l’Etat islamique (EI).Selon un accord signé en février 2015, Américains et Turcs envisagent de former, sur une période de trois ans, 15 000 combattants de l’opposition syrienne modérée. L’entraînement se fera dans les environs de Kirsehir, une ville située à 140 kilomètres au sud-est d’Ankara, avec la participation de 400 instructeurs américains.Commencée ces jours-ci en Jordanie, la formation des rebelles syriens se fait attendre en Turquie. Prévu pour démarrer le 9 mai, le programme a pris du retard, à cause des incompréhensions persistantes entre Washington et Ankara. Le président Recep Tayyip Erdogan, qui fait du renversement de Bachar Al-Assad sa priorité, ne comprend pas que la lutte contre l’organisation de l’Etat islamique (EI) soit plus importante que l’éradication du régime de Damas aux yeux de l’administration américaine.Effectifs dérisoiresLors d’un point de presse au Pentagone la semaine dernière, le secrétaire américain à la défense, Ashton Carter, a expliqué que l’instruction des rebelles allait être menée avec la plus grande prudence. « Nous commençons avec des gens que nous avons choisis très attentivement », a-t-il souligné. Les Turcs ont exigé que les Kurdes syriens affiliés au Parti de l’union démocratique (PYD), qui est une filiale du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, prokurde), honni par Ankara, en soient écartés.Les effectifs sont dérisoires. Pour 2015, un bataillon de 90 combattants sera entraîné en Jordanie, 3 000 autres seront formés en Turquie. Il s’agit d’une goutte d’eau par rapport aux dizaines de milliers d’hommes qui se battent actuellement en Syrie au sein de différentes factions. Le caractère minimal du programme est critiqué par les représentants de l’opposition syrienne qui ont pignon sur rue en Turquie.« Ce programme est une blague. L’Armée syrienne libre n’en fait pas partie. Aucune brigade engagée dans des combats contre le régime ne participe à cette initiative, explique Ossama Abou Zayed, le porte-parole de l’Armée syrienne libre. Les Syriens qui l’ont rejoint l’ont fait à titre individuel. Notre ennemi principal, c’est Bachar Al-Assad. On ne se débarrassera pas de l’Etat islamique sans renverser Bachar. C’est un pré-requis. Tout le reste n’est que perte de temps et d’hommes. D’ailleurs, nous n’avons pas attendu ce programme pour nous battre contre l’EI. Dans la région d’Alep, du Golan ou de Homs, nos hommes ont récemment fait reculer les djihadistes. Depuis l’hiver 2014, nous nous battons sur deux fronts, contre le régime et contre l’EI. »Vingt morts dans un raid du régime sur une station de bus à Alep en SyrieAu moins 20 civils, dont des enfants, ont péri mardi 12 mai, lorsqu'un hélicoptère du régime syrien a lancé un baril d'explosif sur une station de minibus dans un quartier contrôlé par les rebelles dans la métropole d'Alep (nord), rapporte une ONG. « Les hélicoptères ont commis un massacre », a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), affirmant que la « plupart des corps ont été carbonisés » et que l’explosion avait également blessé 30 personnes.Lire aussi :Doha-Riyad-Ankara : un axe sunnite au secours des rebelles de SyrieMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteBenjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) Le règlement des différends entre investisseurs et Etats (RDIE, ou ISDS selon le sigle anglais [pour Investor State Dispute Settlement]) est sans doute la question la plus épineuse dans la négociation en cours du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (en anglais, TTIP « Transatlantic Trade and Investment partnership »).Au-delà, c’est l’ensemble du cadre contentieux de l’investissement international qui est mis en cause dans le débat européen. En réponse, la Commission européenne a déjà fait des efforts louables pour réformer le système, en précisant son champ d’application et en proposant des garde-fous.Pourtant, les propositions formulées le 5 mai par la Commissaire européenne au Commerce extérieur, Cecilia Malmström, pour aller plus loin dans cette direction ont reçu un accueil plus que mitigé. On peut s’étonner de l’intensité de cette polémique alors que les traités bilatéraux d’investissement, sur lesquels s’appuie actuellement pour l’essentiel l’arbitrage des différends entre investisseurs et Etats, sont largement une création européenne.L’Allemagne en est parfois présentée comme la « mère », elle qui a signé le premier accord de ce type (avec le Pakistan, en 1959) et qui détient le record mondial du nombre d’accords en vigueur, 131. Avec 95 accords en vigueur, la France n’est guère en reste.Rarement utilisésDans ce contexte, l’opposition, voire l’indignation affichée par nombre de responsables politiques face à de tels accords vient un peu tard, à tout le moins. Elle n’est cependant pas nécessairement injustifiée, pour deux raisons.La première est que ces accords sont longtemps restés peu connus et les procédures d’arbitrages qu’ils prévoyaient, rarement utilisés.La seconde raison est que la nature de ces accords a changé. Originellement conçus pour sécuriser les investissements de pays avancés dans ce que l’on appelait alors le tiers-monde, puis prenant leur essor à la suite de la décolonisation, les accords bilatéraux d’investissement visaient essentiellement à lutter contre l’expropriation et à éviter les entraves au rapatriement des profits, face à des systèmes judiciaires qui n’inspiraient pas confiance.L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA, dont le chapitre 11 concerne la protection de l’investissement) a ouvert une ère nouvelle, à la fois parce qu’il était signé notamment entre les Etats-Unis et le Canada, deux pays dont la légitimité du système judiciaire n’est pas douteuse, et parce qu’il définissait des obligations beaucoup plus extensives des Etats envers les investisseurs, qui ont été depuis reprises dans de nombreux autres accords.Contradiction et renoncementMême si les critiques formulées contre le système actuel sont souvent infondées voire caricaturales, le résultat est dans certains cas indéfendable, comme lorsque Philip Morris attaque le gouvernement australien pour sa législation sur le paquet de cigarette neutre (même s’il faut rappeler que ce cas n’est pas jugé), ou lorsque la Libye est condamnée à payer 930 millions de dollars (818 millions d’euros) d’amende à un investisseur koweïtien qui n’avait pourtant investi sur place que 5 millions.Refuser d’avancer dans la redéfinition des règles juridiques encadrant l’investissement international constituerait pourtant pour l’Union européenne (UE) une contradiction et un renoncement. Contradiction, parce que l’UE est le principal émetteur mondial d’investissement international. Autant dire que l’UE confie à d’autres pays des sommes colossales, et ses excédents courants actuels astronomiques suggèrent qu’elle n’est pas prête d’arrêter de le faire.Il est de ce fait légitime, pour ne pas dire nécessaire, de se préoccuper de leur protection. De fait, l’UE négocie actuellement avec la Chine un traité bilatéral d’investissement. Refuser d’avancer serait aussi pour l’UE un renoncement à montrer l’exemple dans la définition des règles communes, sur un phénomène dont l’ampleur est sans commune mesure avec ce qu’elle était : le stock des investissements directs à l’étranger représente aujourd’hui environ 35 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, contre 9 % seulement en 1990.Le statu quo n’est pas une solution satisfaisante, dans un contexte où les Etats membres ont une profusion d’accords en vigueur, représentant presque la moitié du total mondial. Y compris entre eux : la France compte actuellement onze traités bilatéraux d’investissement en vigueur avec d’autres Etats membres de l’UE ! Un comble, alors que l’investissement direct à l’étranger est depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne une compétence communautaire.Système multilatéralDeux principes pourraient être suivis pour sortir de cette impasse.Le premier est celui d’une institution publique, constituée de juges choisis et rémunérés par les Etats. Cela éviterait les soupçons de conflits d’intérêt et prendrait acte du fait que les enjeux de l’investissement international sont désormais trop lourds pour être confiés à une justice privée, à l’assise institutionnelle trop étroite. Cela permettrait en outre de poser les jalons d’un tribunal international de l’investissement.Le second principe serait de focaliser la protection des investissements exclusivement sur le principe de non-discrimination. Le système actuel garantit notamment aux investisseurs un « traitement juste et équitable » et les protège contre l’expropriation indirecte. Mais qui peut dire où s’arrête le champ de ces garanties ? Faut-il offrir aux investisseurs étrangers des assurances dont les nationaux seraient privés ? Comment, d’ailleurs, appliquer ces règles dans un contexte où la nationalité de nombre de groupes est difficile à définir ?Ces garanties ne sont pas illégitimes dans leur principe, mais il revient à chaque système national de les fournir à tous les investisseurs, et non pas à des traités d’en octroyer le privilège aux investisseurs étrangers. En se limitant à assurer la non-discrimination, le règlement des différends se bornerait à vérifier que les investisseurs étrangers sont traités comme les locaux. Sans avoir son mot à dire sur les régulations nationales dès lors qu’elles sont appliquées de manière non discriminante.La non-discrimination est le principe central de l’organisation coopérative des relations économiques internationales, le seul à même de servir de fondement à un système multilatéral permettant enfin de résoudre les conflits relatifs à l’investissement international sur la base de règles partagées.Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est de semaine en semaine plus tangible : le climat a l’égard de la France a changé à Bruxelles. La preuve avec la publication, mercredi 13 mai, des « recommandations pays », les préconisations de la Commission européenne concernant la politique budgétaire et économique des 28 États de l’Union.« La France est sur la bonne voie, l’amélioration est notable, tant sur le plan des réformes, que sur sa situation budgétaire et économique. La croissance de 0,6 % du PIB au premier trimestre rend plus crédible le retour à un déficit de 3,8 % en 2015 », a souligné le commissaire à l’économie, Pierre Moscovici.La France a bien reçu une « liste de courses » de réformes, mais moins longue et moins détaillée que les années précédentes. « Il y a un effort supplémentaire à faire en termes de réformes structurelles, mais Paris nous a envoyé un programme national de réformes de meilleure qualité et plus cohérent », a souligné l’ex-ministre français des finances.Surtout, Bruxelles ne réclame aucune réforme additionnelle, qui n’ait pas déjà été annoncée par le gouvernement français.La Commission européenne insiste seulement pour que les mesures promises (projet de loi Rebsamen sur les seuils sociaux, réforme des retraites complémentaires, réforme de l’Unedic), soient approfondies ou effectivement bien mises en place.Ce qui n’est pas rien : jusqu’à présent, Paris a rarement respecté à la lettre l’ensemble des injonctions bruxelloises…La Commission ne hiérarchise aucun sujet, mais insiste sur le marché du travail, demandant un effort particulier pour lever les barrières à l’accès à certaines professions réglementées - dans la santé par exemple -, et souligne l’importance de contenir le coût du travail pour améliorer la compétitivité des entreprises.Vérification euro par euro des économies promisesSymptomatique : cette décision sur la France n’aurait pas du tout fait débat lors du collège de la Commission, qui se tenait mercredi matin à Bruxelles.Pour mémoire, il avait fallu cinq heures de discussions tendues, fin février, pour finalement accorder deux ans de délai supplémentaire à la France pour qu’elle ramène son déficit public sous la barre des 3 % du PIB.La menace d’être rangée dans la catégorie des pays à déséquilibres macroéconomiques excessifs, réelle en février, semble définitivement écartée, au moins pour un temps.Le 10 juin, la Commission se prononcera sur l’effort structurel additionnel que la France est censée fournir au titre de son budget 2015 : Bercy s’est engagé à dégager 4 milliards d’euros d d'économies supplémentaires et a envoyé sa copie en avril.Depuis, les fonctionnaires de la commission vérifient euro par euro si ces économies sont bien qualifiées. Là aussi, d’après plusieurs sources internes, il ne devrait pas y avoir de problème majeur et Bruxelles devrait renvoyer un satisfecit à la France.Les bons chiffres français expliquent évidemment ce changement de ton. La réévaluation du déficit public pour 2014 (4 % du PIB et non plus 4,4 % comme annoncé initialement) compte pour beaucoup dans la nouvelle manière de voir de Bruxelles.Paradoxalement, le recours à l’article 49.3 pour faire passer la loi Macron en première lecture à l’Assemblée nationale a aussi beaucoup fait, à Bruxelles, pour convaincre les plus méfiants que Paris était vraiment, cette fois, engagée sur la voie des réformes.Le fait que les ministres des finances, Michel Sapin, et de l’économie, Emmanuel Macron aient décidé de prendre plus souvent le Thalys ces derniers mois pour aller faire de la pédagogie à Bruxelles, expliquer leurs réformes, même aux commissaires réputés les plus méfiants (l’allemand Gunther Oettinger) a aussi produit son effet dans l’institution communautaire.« Un changement d’état d’esprit »Bruxelles ne fait pas preuve d’une particulière mansuétude avec Paris : aucun pays n’a été mis à l’index, mercredi. La Finlande ? Sa dette publique a beau être passée au-dessus de 60 % et le déficit être supérieur à 3 % du PIB, la Commission n’a pas jugé bon de recommander un placement d’office dans la catégorie des pays à déficit excessif (la France y est toujours).Le Royaume-Uni ? Il a jusqu’à 2016-2017 pour faire repasser son déficit sous les 3 % du PIB, mais cette recommandation n’a aucun caractère contraignant. « Le Royaume-Uni n’étant pas dans la zone euro », a jugé utile de préciser le commissaire Moscovici.La Belgique et l’Italie, avec leurs dettes à respectivement 106 % et 133 % de leur PIB ? Elles non plus ne passent pas dans une catégorie « à risque », impliquant une mise sous surveillance communautaire accrue.« Il y a un changement d’état d’esprit de la Commission. Nous sommes là pour accompagner, pour encourager et convaincre de la nécessité de faire les réformes, pas pour punir » a souligné M. Moscovici mercredi.C’est le pari fait par le président, Jean-Claude Juncker : en finir avec l’image d’un Bruxelles qui punit, qui distribue les mauvais points, et tenter d’instaurer un dialogue constructif, et peut-être, au final, plus efficace, avec les capitales.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guy Dutheil Le duopole Airbus et Boeing a encore de beaux jours devant lui. Le vol inaugural du C919, un appareil moyen-courrier intégralement construit et assemblé en Chine, ne devrait pas avoir lieu à la date prévue. Ce contretemps a été annoncé mercredi 13 mai. Il pourrait avoir comme conséquence de repousser d’au moins deux ans, la date de la première livraison de ce futur avion, font savoir des sources proches du dossier.Le C919 est un avion monocouloir capable de transporter de 168 à 190 passagers. Il a pour ambition de rivaliser avec l’A320 d’Airbus et le 737 de Boeing. Le premier vol du C919, construit par le consortium public chinois Comac, était initialement prévu mi-2015, mais deux sources ont déclaré qu’il serait repoussé au premier semestre 2016. Selon ces mêmes sources, la livraison du premier exemplaire du C919, prévue en 2018, pourrait être reportée jusqu’en 2020. C’est l’assemblage final du moyen-courrier chinois qui poserait plus de problèmes que prévu.Ce report tombe mal pour Pékin qui, il y a quelques mois encore, se félicitait que son avion n’avait qu’une année de retard sur son calendrier de départ. Pour l’heure, le futur moyen-courrier n’existe qu’à l’état de maquette. Pourtant, Pékin affiche de grandes ambitions pour son avion.430 commandes revendiquéesÀ l’occasion du dernier salon de l’aéronautique de Zhuhai, dans la région de Hongkong, en novembre 2014, Comac affirmait avoir déjà enregistré 430 commandes auprès de 17 clients. L’avionneur vise, à terme, un tiers du marché chinois soit 800 exemplaires sur les 2 200 prévus d’ici 20 ans.Lire aussi :Aéronautique : la Chine à la conquête du cielCe nouveau report, s’il est confirmé, ne devrait pas avoir d’impact sur les équipementiers français et notamment Safran, qui se sont taillé la part du lion de ce marché. Safran, qui doit fournir son tout nouveau moteur Leap, moins gourmand en carburant, s’est à lui seul adjugé 30 % du coût de chaque appareil, soit 14 millions de dollars (11,2 millions d’euros).Selon nos informations, Safran n’a pas encore démarré la production de la version du Leap pour le C919. Au pire, si les retards s’accumulaient pour l’avion chinois, le Leap, également retenu par Airbus et Boeing, pourrait motoriser les futurs A320 Neo.À ce stade, l’avion régional ARJ21 reste, pour le moment le seul appareil commercial produit et fabriqué par les Chinois.Les déboires à répétition du C919 pourraient inciter les équipementiers internationaux à la prudence. À Zhuhai, Comac les avait discrètement convoqués pour leur présenter les grandes lignes d’un futur long-courrier.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Au Burundi, la police a utilisé, mercredi 13 mai, des gaz lacrymogènes et quelques tirs de sommation pour disperser un nouveau rassemblement au cœur de la capitale Bujumbura. Depuis plusieurs semaines, des opposants protestent contre un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza, qu’ils jugent contraire à la Constitution.S'abonner dès 1 €RéagirClasserEmailFacebookTwitterGoogle +LinkedinPinterestPartagerrequire(['lmd.afrique.toolbar'], function (toolbar) { toolbar.init('.js-toolbar');}); Hollande en Haïti tente d’apaiser la polémique sur la dette Macédoine : les habitants décrivent la violence des combats Ebola : comment peut-on affirmer que l’épidémie est terminée au Liberia ? Philippe Ridet (Rome, correspondant) De l’air ! L’Italie est sortie, mercredi 13 mai, de sa plus longue période de récession depuis l’après-guerre, dans laquelle elle était entrée au troisième trimestre 2011. Selon l’Institut national de la statistique (Istat), au cours des trois premiers mois de 2015, la croissance a enregistré un bond de 0,3 %, supérieur aux pronostics les plus optimistes des analystes.Déjà revue à la hausse, la prévision de croissance établie par le gouvernement porte désormais sur une progression du PIB de 0,7 % en 2015 et de 1,6 % en 2016. Ces chiffres ont été salués à la Bourse de Milan où l’indice principal progressait peu après l’ouverture.Effet Matteo Renzi ? Dans ses premiers éléments d’analyse, l’Istat pointe une reprise de la consommation intérieure. Une des premières mesures du premier ministre, arrivé au pouvoir en février 2014, fut de proposer une ristourne de 80 euros mensuels sur les impôts de 10 millions de contribuables les plus modestes.Estimée à 10 milliards d’euros par an pour l’Etat, cette mesure n’avait jusqu’alors provoqué aucun effet sur la consommation.Besoin « d’une relance de la production »Parallèlement la production industrielle s’améliore (+ 0,6 % en février), la confiance des ménages se renforce, de même que celle des entreprises, même si l’accès au crédit continue de reculer (- 0,3 % en février).Toutefois, le chômage reste élevé (13 %, 43,1 % chez les 15-24 ans). Mais la réforme du marché du travail (baptisé « job act ») commence à porter ses fruits. Les nouvelles dispositions, qui indexent les droits des travailleurs à leur ancienneté dans l’entreprise et font du CDI la norme, ont permis la signature de 470 000 nouveaux contrats et la création de 50 000 nouveaux postes de travail depuis son entrée en vigueur en début d’année.Pour le chef du gouvernement, qui avait cru pouvoir bénéficier dès son arrivée au pouvoir, en février 2014, d’un renversement de tendance, les chiffres de l’Istat constituent un succès personnel.Ses détracteurs ne veulent y voir que la conséquence de la baisse des prix du pétrole et de l’impact du « quantitative easing », ce programme de rachat massif de dettes publiques engagé par la Banque centrale européenne (BCE). Pour la banque d’Italie, le pays a maintenant besoin « d’une relance de la production et d’une augmentation durable de l’emploi ».Bombe budgétaireMais, passées les bonnes nouvelles, le gouvernement se trouve déjà confronté à un problème de taille. Une véritable bombe budgétaire : la Cour constitutionnelle a annulé, il y a deux semaines, la décision prise par le gouvernement de Mario Monti, en 2011, de désindexer de l’inflation les pensions supérieures à 1 400 euros par mois.Plus de 6 millions de retraités étaient concernés par cette mesure. Il faudra les rembourser. Selon les médias, l’estimation de cet effort varie de 5 à 13 milliards d’euros.« Il semble inévitable qu’il y aura un impact sur les finances publiques », s’est contenté de dire le ministre de l’économie, Pier Carlo Padoan, qui réfléchit à un « aménagement » des conséquences de la décision de la Cour.Celui-ci pourrait prendre la forme de remboursements pour les seuls retraités dont les pensions se situent entre 1 400 euros et 3 000 euros, soit 30 % des cas concernés. Cette opération, « techniquement faisable », selon les experts du Trésor, entraînerait une augmentation du déficit, difficilement négociable avec Bruxelles.Plombée par une dette de 2 140 milliards d’euros (138 % du PIB), l’Italie s’est engagée a ne pas dépasser un déficit équivalent à 2,6 % du PIB en 2015. D’ores et déjà, la « cagnotte » de 1,6 milliard d’euros sur laquelle le gouvernement comptait pour financer un plan « anti-pauvreté » est partie en fumée. « J’avais gardé ce petit trésor pour d’autres mesures, a reconnu le premier ministre, mardi 12 mai. J’ai dû le mettre de côté. Nous avons un peu d’amertume… ».Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé L’économie française a enregistré une croissance de 0,6 % au premier trimestre 2015, contre 0,4 % prévu, a indiqué l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), mercredi 13 mai. Le ministre des finances, Michel Sapin, s’en est immédiatement félicité :« Ce premier chiffre est très encourageant (...) Nos perspectives de croissance pour 2015 sont aujourd’hui clairement confortées. »Mais, il faut remettre cette hausse en perspective. La croissance a été révisée – dans la même publication – à zéro pour le dernier trimestre 2014, et la croissance tricolore ayant toujours du mal à se relever de la crise économique des années précédentes.Voici deux graphiques pour prendre du recul :Tout d’abord, il faut reconnaître que cette hausse du produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire de la richesse créée dans le pays, n’avait plus été vue depuis le 2e trimestre 2013, donc depuis deux ans. #container_14315089766{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14315089766{ height:500px; } #container_14315089766 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14315089766 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14315089766 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14315089766 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La croissance retrouve son niveau d'il y a deux ansEvolution du PIB par trimestre en %Source : Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14315089766", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["mars 2013","juin 2013","septembre 2013","décembre 2013","mars 2014","juin 2014","septembre 2014","décembre 2014","mars 2015"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "croissance", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 0.1 ], [ "", 0.8 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", -0.2 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0 ], [ "", 0.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Une rechute moins impressionnante que celle de 2011 mais dont le schéma semble se répéter depuis la crise de 2008 :  #container_14315089765{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14315089765{ height:500px; } #container_14315089765 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14315089765 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14315089765 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14315089765 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }2011 et 2013 : les reprises se transforment en rechutesSource : Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Reste à savoir si la hausse du 1er trimestre s'inscrit dans un mouvement de plus long terme et non à l’heureuse conjonction d’un euro faible, d’un pétrole faible et de taux d’intérêts faibles.Ailleurs en Europe, la croissance se maintient mais elle évolue dans de moins fortes proportions ; l’Allemagne connaît une progression de son PIB moitié moindre par rapport à la France. Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.05.2015 à 12h38 • Mis à jour le13.05.2015 à 13h56 Les secouristes continuent, mercredi 13 mai, de rechercher des survivants du nouveau violent séisme qui a frappé, la veille, le nord du Népal. Le tremblement de terre, de magnitude 7,3, a provoqué glissements de terrains et effondrements d’immeubles, et a tué 83 personnes : 65 au Népal, 17 en Inde, une au Tibet.Très puissant, et suivi d’une dizaine de répliques, le séisme a été ressenti jusqu’à New Delhi, à 1 000 kilomètres de là, et au Tibet dans la Chine voisine.Des milliers de rescapés ont passé la nuit dehors, effrayés à la perspective de retourner chez eux, moins de trois semaines après la mort de 8 000 personnes dans le tremblement de terre dévastateur du 25 avril. A Katmandou, la capitale du Népal, nombre de ceux qui avaient regagné leur maison ont à nouveau quitté leur logement pour dormir sous une tente ou des bâches.Voir aussi notre infographie : Le Népal, un pays qui amorçait son développement avant le séismeDeux immeubles endommagés par le tremblement de terre d’avril se sont effondrés mardi à Katmandou, la capitale du Népal, mais ce sont les districts de Dolakha (zone de Bagmati) et Sindhupalchowk (zone de Janakpur), qui avaient été le plus touché par le premier séisme, qui ont à nouveau payé un lourd tribut. Le ministre de l’intérieur, Bam Dev Gautam, a averti :« De nombreuses maisons se sont effondrées à Dolakha et il y a un risque que le nombre de morts dans le district augmente. »Un hélicoptère américain disparuLa Croix-Rouge a rapporté avoir reçu des informations faisant état de nombreuses victimes à Chautara, dans le district de Sindhupalchowk, où elle gère un hôpital de campagne. Des glissements de terrain se seraient produits dans les zones les plus touchées, rendant encore plus difficile l’accès des secours aux zones de montagne. Le séisme de mardi complique un peu plus la tâche des sauveteurs qui tentent d’acheminer de l’eau, de la nourriture et des abris dans les villages reculés les plus touchés du pays. « Nous nous étions concentrés sur la distribution d’aide, mais depuis hier nos ressources sont déployées à nouveau sur des opérations de recherche », a ainsi commenté Laxmi Prasad Dhakal, porte-parole du ministère de l’intérieur népalais.L’armée népalaise a aussi repris ses recherches aériennes pour localiser un hélicoptère de son homologue américaine participant aux opérations humanitaires qui a disparu près de Charikot, dans l’est du pays, avec six marines et deux militaires népalais à son bord. Selon le Pentagone, des hélicoptères en vol à ce moment-là ont capté des conversations radio concernant un problème de carburant.Selon les scientifiques, le séisme de mardi s’inscrit dans une réaction en chaîne déclenchée par la secousse du 25 avril dans le district de Lamjung, à l’ouest de Katmandou.« Les grands séismes sont souvent suivis par d’autres tremblements de terre, parfois aussi forts que le premier », explique Carmen Solana, volcanologue à l’université britannique de Portsmouth. « Le premier séisme inflige un stress supplémentaire aux failles et les déstabilise », a-t-elle détaillé au Centre des sciences des médias (SMC). #container_14314200142{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14314200142{ height:500px; } #container_14314200142 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14314200142 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14314200142 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14314200142 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Près de 100 secousses au Népal depuis la mi-avrilAprès le tremblement de terre de magnitude 7,8 du 25 avril et ses nombreuses répliques, un nouveau séisme, de magnitude 7,3, a frappé le pays le 12 mai.Source : USGS(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); 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Poussée par une partie de l’opinion et s’appuyant sur les conclusions du sommet européen du 23 avril, qui avait plaidé pour plus de solidarité entre les Etats, la Commission a anticipé la publication de son  « Agenda européen sur la migration ». Ce texte, présenté mercredi 13 mai, ambitionne de proposer une approche globale, mêlant mesures d’urgence et actions sur le long terme, aspects humanitaires et répressifs, surveillance renforcée des frontières – on va examiner en 2016 l’éventuelle création d’un corps européen de gardes – et ouverture des mêmes frontières à des travailleurs qualifiés.Lire aussi :L’Europe insensible aux migrants ?La proposition qui suscitera sans doute le plus de discussions, tant dans les Etats membres qu’au Parlement de Strasbourg, est l’instauration d’un système de quotas par pays pour l’accueil des réfugiés arrivés sur les rives européennes de la Méditerranée. Présentée comme une mesure d’urgence, elle vise au placement (relocation) de demandeurs d’asile qui doivent faire l’objet d’une protection internationale. Ces quotas seront calculés en fonction du produit intérieur brut, de la population, mais aussi du niveau de chômage des pays.Bruxelles songe également à un système de quotas pour la réinstallation (resettlement) de personnes persécutées ayant fui vers un pays tiers. Elles sont plus de 10 millions dans le monde, et les Nations unies, qui coordonnent un programme de réinstallation, aimeraient que l’UE accueille 20 000 personnes par an. Bruxelles propose de le faire en deux ans.Sévérité accrue envers ceux qui ne peuvent prétendre à l’asileLire aussi :« Contre le populisme, une politique juste mais stricte de l’immigration »Plus généralement, la Commission aimerait définir, dès la fin 2015, une clé permettant de répartir de manière permanente les réfugiés et demandeurs d’asile en cas d’afflux massif. Ce n’est pas la première tentative du genre, et celle-ci aussi pourrait susciter bien des réticences. Surtout dans la partie centrale et orientale de l’Union, où l’on ne manifeste aucune intention d’accueillir des réfugiés, alors que cinq Etats, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ont reçu 72 % des demandes en 2014.Afin d’assurer un meilleur équilibre, la Commission entend aussi évaluer, dès 2016, le système dit « Dublin », qui oblige l’Etat où est arrivé en premier lieu le demandeur d’asile à traiter sa demande et à subvenir à ses besoins. L’Italie ou la Grèce doivent ainsi gérer le flux de retour des migrants, renvoyés de France ou d’Allemagne. C’est un obstacle à la solidarité entre pays membres et, malgré les réticences, Bruxelles se dit prête à engager les discussions sur une révision du mécanisme. Pour aider les pays où accostent en grand nombre les migrants, le texte de la Commission évoque une approche d’urgence (« Hotspot »): le Bureau européen d’appui pour l’asile, l’agence de surveillance Frontex et Europol pourraient aider au traitement rapide des demandes d’asile. Et Frontex appuierait les opérations de retour forcé pour ceux dont les requêtes seraient rejetées.La Commission insiste sur le fait que l’ouverture des frontières à ceux qui ont réellement besoin d’une protection doit se doubler d’une sévérité accrue à l’encontre de ceux qui ne peuvent prétendre à l’asile. Selon Eurostat, sur les quelque 425 000 personnes dont les demandes ont été rejetées en 2013, 167 000 seulement ont quitté le sol européen.« Réduire les incitations à la migration illégale » Parallèlement, la Commission affirme la nécessité de « réduire les incitations à la migration illégale ». Elle compte notamment envoyer dans les délégations européennes auprès d’une série de pays (Egypte, Pakistan, Turquie, pays du Maghreb, Soudan, etc.) des officiers de liaison chargés des questions migratoires.Un sommet sera organisé prochainement, à Malte, avec les principaux pays tiers pour évoquer les causes profondes de l’immigration, la protection de certaines personnes ou le démantèlement des réseaux de trafiquants. La coopération avec les pays de transit est une autre idée évoquée depuis des années mais, promet la Commission, elle devrait, cette fois, trouver une véritable traduction. « Avec cet Agenda, nous confirmons et étendons notre coopération mais nous savons qu’une véritable réponse sur le long terme suppose de résoudre les causes profondes, de la pauvreté à l’instabilité causée par les guerres », explique la haute représentante Federica Mogherini.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeLa Commission de Bruxelles affirme la nécessité de « réduire les incitations à la migration illégale »Il ne se trouvera pas grand monde pour contester cette déclaration de bonnes intentions. Un autre volet de la stratégie va, en revanche, entraîner d’âpres débats, que le président Jean-Claude Juncker a d’ailleurs déjà expérimentés. Il a pourtant tenu à ce que le projet dévoilé mercredi envisage également l’immigration légale, rendue nécessaire, souligne le document, par le déclin démographique de l’Europe et par le manque de main-d’œuvre dans certains secteurs (les technologies, les sciences, l’ingénierie, etc.).Un programme sur la mobilité de travail sera dévoilé avant la fin de l’année et une consultation publique lancée sur la nécessité d’attirer des personnes qualifiées. Un dialogue devrait aussi être engagé avec le patronat et les syndicats, dans le but de favoriser des « recrutements éthiques ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.05.2015 à 12h11 Le Pentagone envisage l’envoi de navires et d’avions pour « assurer la liberté de navigation » autour d’îlots actuellement construits par la Chine dans l’archipel des Spratleys, en mer de Chine du Sud, a déclaré mardi un responsable américain. L’archipel de mer de Chine méridionale est revendiqué par six pays : le sultanat de Brunei, la Chine, la Malaisie, les Philippines, Taïwan et le Vietnam. Pékin fonde sa revendication sur des cartes remontant aux années 1940.Le secrétaire à la défense américain, Ashton Carter, a demandé à son ministère de travailler sur plusieurs options, dont celle d’envoyer des navires et des chasseurs à moins de 12 milles nautiques (22 km), la limite des eaux territoriales, définie par les Nations unies, de ces récifs artificiels, a-t-il dit. Une telle initiative viendrait directement défier Pékin dans sa volonté d’étendre son influence dans cette région disputée.Au nom de la liberté de navigation« Nous étudions la manière d’assurer la liberté de navigation dans cette région cruciale pour le commerce mondial », a confié le responsable américain, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat et confirmant une information du Wall Street Journal. Cette décision devra être validée par la Maison Blanche. La Chine est « vivement préoccupée » par le projet américain, a réagi une porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois.Ce déploiement militaire entrerait dans le cadre des opérations menées régulièrement par l’armée américaine au nom de la liberté de navigation. Ces opérations ont concerné l’an dernier 19 pays, dont la Chine, mais pas les îlots artificiels des Spratleys.Des images satellites montrent que, depuis mars 2014, la Chine a effectué des travaux de réhabilitation sur sept sites des Spratleys où elle construit notamment une piste d’aérodrome. Dans un rapport récent sur la puissance militaire chinoise, le ministère américain de la défense a accusé la Chine d’augmenter massivement sa présence dans ces îles en construisant des îlots artificiels à un rythme sans précédent.Le Pentagone estime que ces travaux ont permis à la Chine de multiplier les surfaces qu’elle occupe par 400, les trois quarts des 800 hectares ainsi gagnés par Pékin l’ayant été depuis janvier 2015. Le ministère chinois de la défense a répliqué en accusant Washington de « déformer les faits ».En 2013, les Etats-Unis et le Japon avaient protesté contre la mise en place par Pékin d’une zone aérienne d’identification (ZAI) en mer de Chine orientale comprenant notamment un archipel revendiqué par Tokyo. Les Etats-Unis avaient répondu en envoyant des bombardiers B-52 survoler la zone.Lire aussi :Le président philippin hausse le ton face à la Chine Stéphane Lauer (New York, correspondant) Verizon a annoncé, mardi 12 mai, le rachat de la société de services Internet AOL pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). Grâce à cette acquisition, l’opérateur de télécommunications veut accélérer son développement dans le domaine de la vidéo et de la publicité sur mobile. Verizon propose aux actionnaires d’AOL un prix de 50 dollars par action, ce qui représente une prime de 23 % par rapport au cours moyen du titre sur les trois derniers mois. Mardi, l’action AOL s’est envolée de plus de 18,62 %, pour s’aligner sur l’offre de Verizon.Pour Tim Armstrong, le patron d’AOL, cette opération « va donner naissance au plus gros acteur de téléphonie mobile et de vidéo américain ». Il estime que grâce à ce rapprochement, son groupe va désormais être capable de rivaliser avec des géants de la publicité sur Internet comme Google et Facebook. AOL est aujourd’hui le troisième fournisseur de vidéo en termes d’audience aux Etats-Unis, loin derrière les deux géants, selon la société d’études ComScore. « Les entreprises ont noué des partenariats réussis et nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec eux pour créer la prochaine génération de média dans le domaine du mobile et de la vidéo »,assure M. Armstrong à propos du rapprochement avec Verizon.Verizon a l’intention de lancer dès cet été son propre service de vidéo, OnCue. Il va s’agir de proposer des programmes payants et gratuits à ses abonnés, mais sur des formats et des contenus adaptés au mobile et différents de ce que les chaînes de télévision traditionnelles peuvent proposer. Grâce à AOL, Verizon compte doper ses revenus publicitaires. L’idée de ce service est également d’augmenter la consommation de haut débit des abonnés de l’opérateur.Virage stratégiqueVerizon est déjà un diffuseur de contenu grâce à sa box FiOS TV, à laquelle sont abonnés 5,6 millions de foyers américains. L’opérateur a également noué un partenariat avec la National Football League (NFL) pour diffuser des matchs sur les téléphones mobiles de ses clients. « Verizon a déjà de bonnes relations avec tous les grands fournisseurs de contenu à travers [sa box] FiOS et grâce à des accords de licence plus larges. Il peut créer facilement une sorte d’offre dégroupée qu’il pourra vendre dans tout le pays », estime l’analyste spécialisé dans les nouvelles technologies Jan Dawson.Il s’agit d’un virage stratégique pour le premier opérateur de téléphonie mobile américain. En septembre 2013, Verizon s’était donné de nouvelles marges de manœuvre en rachetant les 45 % que le britannique Vodafone détenait dans Verizon Wireless, leur filiale commune de téléphonie mobile aux Etats-Unis, pour 130 milliards de dollars.Pour AOL, c’est la fin d’une histoire mouvementée. Le fournisseur d’accès à Internet avait fusionné avec le groupe de médias Time Warner en 2000, à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Ce rapprochement avait tourné au cauchemar avant que Time Warner ne décide de se séparer d’AOL en mai 2009.C’est à ce moment que M. Armstrong, un ancien de Google, arrive à la tête d’AOL pour réorienter l’activité de la société, notamment vers la publicité sur Internet. En 2013, AOL a ainsi racheté Adap.tv, une plate-forme qui permet de connecter annonceurs et producteurs de contenu vidéo. Parallèlement, le groupe est à la tête d’un portefeuille de sites Internet comme le Huffington Post, TechCrunch et Engadget. Selon des rumeurs, le nouvel ensemble pourrait se séparer du Huffington Post, racheté en 2011 pour 315 millions de dollars. Une hypothèse démentie. « L’un des grands gagnants de cette opération sera le Huffington Post », a assuré M. Armstrong sur CNBC. Lui-même est appelé à continuer à diriger AOL, une fois que la fusion sera bouclée, sans doute au détour de l’été.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter David Revault d'Allonnes (Port-au-Prince, envoyé spécial) Il n’a pas évoqué le sujet sensible des réparations. François Hollande s’est arrêté mardi 12 mai en Haïti, dernière étape de sa tournée marathon aux Caraïbes qui l’a vu visiter six îles en quatre jours. En prenant bien soin de ne pas rééditer la bévue commise quarante-huit heures plus tôt en Guadeloupe, dans son discours d’inauguration du Mémorial ACTe, le centre dédié à l’histoire de l’esclavage et de la traite.A Pointe-à-Pitre, évoquant l’indemnisation à hauteur de 150 millions de francs or exigée par la monarchie française à la jeune République haïtienne en 1825, en échange de la reconnaissance de son indépendance et afin de dédommager les propriétaires d’esclaves devenus libres, le chef de l’Etat avait évoqué une « dette que certains ont appelée rançon d’indépendance et qui, à n’en pas douter, compromit l’avenir du pays ». « Quand je viendrai à Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons », avait-il ajouté. Une formulation qui avait suscité nombre de faux espoirs dans le pays, alors que le président n’entendait parler que d’une « dette morale ».« Argent oui, morale non »A Port-au-Prince, s’il a trébuché en montant à la tribune, M. Hollande n’est donc pas sorti des chemins balisés, afin de s’éviter ce qui localement avait été perçu comme une gaffe d’envergure. Après avoir déposé une gerbe au pied de la statue de Toussaint Louverture, meneur de la révolution haïtienne qui aboutit à l’indépendance de 1804, il s’est exprimé devant un public trié sur le volet, sur la place du Champ-de-Mars fermée à la population. Un peu plus loin, plusieurs groupes de manifestants, soigneusement tenus à l’écart, réclamaient à grands cris « restitution » et « réparations », ou encore affichaient une pancarte indiquant leurs exigences : « Argent oui, morale non ».« Aucun marchandage, aucune compensation ne peut retaper les accrocs de l’Histoire qui nous marquent encore aujourd’hui », a d’emblée précisé le président haïtien, Michel Martelly, qui a pourtant évoqué « la dette, la dette ignominieuse, la dette destructrice. Sous prétexte de dédommager les colons, cette dette avait pour objectif inavoué de casser l’élan de ce nouvel Etat dirigé par d’anciens esclaves dans un monde dominé par le colonialisme », a posé M. Martelly, qui a salué cette première visite officielle d’un président français – Nicolas Sarkozy s’était rendu sur place pour une rapide visite après le séisme de janvier 2010, qui avait fait 230 000 morts – comme « les retrouvailles entre deux peuples après une longue période de déni entre les populations, marquée par des sous-entendus et des malentendus ».« Plan Marshall pour l’éducation »C’est sur le plan éducatif que le chef de l’Etat haïtien a exhorté la France à « se joindre à la réparation de cette grande injustice faite à la jeunesse haïtienne » et « à mettre en œuvre un véritable plan Marshall pour l’éducation en Haïti » en matière d’universités, de grandes écoles et de filières technologiques. Message parfaitement reçu par François Hollande. « On ne peut changer l’Histoire, mais on peut changer l’avenir », a déclaré le président français, qui a annoncé des mesures de formation des enseignants haïtiens, « davantage de missions » sur place menées par des enseignants français et l’augmentation du nombre d’étudiants haïtiens boursiers qui suivront leurs études en France.Sans apporter davantage de précisions, M. Hollande s’est engagé à faire « tout pour que vos écoles, vos lycées, vos universités puissent être accompagnées par la France » et à « introduire toutes les nouvelles technologies dans vos établissements », ainsi qu’à « la construction d’un institut français ». Et le président de conclure : « Pitit haiti toujour venyen » (« Les jeunes haïtiens sont toujours vaillants »). Autant d’annonces éducatives d’un montant d’à peu près 50 millions d’euros sur plusieurs années, précisait après coup le chef de l’Etat, façon d’effacer son impair.David Revault d'Allonnes (Port-au-Prince, envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.05.2015 à 15h12 • Mis à jour le23.05.2015 à 15h20 Onze policiers ont été blessés lors d'affrontements entre la police turque et des manifestants islamistes qui dénonçaient dans le sud-est du pays la condamnation à mort de l'ex-président islamiste, Mohamed Morsi, en Egypte.Les manifestants s'étaient regroupés après la prière hebdomadaire, devant une mosquée de la province à majorité kurde de Diyarbakir, scandant « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand). La police a tenté de disperser les manifestants, faisant usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau, lorsqu'ils ont tenté de marcher vers la place principale de Diyarbakir.Les protestataires, dont des membres de la formation kurde islamiste Huda-Par, ainsi que des membres d'organisations non gouvernementales, ont riposté en lançant des pierres sur la police antiémeute. Le bureau du gouverneur de Diyarbakir a annoncé dans un communiqué samedi que ces affrontements avaient provoqué « d'importants dégâts dans la ville ». Une vingtaine de manifestants ont été appréhendés.La condamnation à mort de Morsi dénoncée par ErdoganLe président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait dénoncé vivement la condamnation à mort la semaine dernière par un tribunal égyptien de l'ex-président islamiste, Mohamed Morsi, estimant que le pays était revenu à l' « Egypte antique ». Le gouvernement islamo-conservateur de M. Erdogan, alors premier ministre, était un proche soutien de l'islamiste Mohamed Morsi après son élection à la tête de l'Egypte, en 2012, espérant qu'il l'aiderait à ranimer l'influence de la Turquie dans la région.La Turquie s'était insurgée contre sa destitution par l'armée, une opération soutenue par l'Arabie saoudite. Les relations diplomatiques entre l'Egypte et la Turquie s'étaient sévèrement dégradées. 23.05.2015 à 11h47 • Mis à jour le23.05.2015 à 16h27 | Eric Albert (Londres, correspondance) Il y a vingt-deux ans seulement, en 1993, l'Irlande légalisait l'homosexualité. Vendredi 22 mai, le même pays a été le premier au monde à voter par référendum pour la légalisation du mariage homosexuel.Les résultats définitifs ne sont pas encore connus, et le dépouillement est en cours, mais le premier ministre, Enda Kenny, a affirmé dans la matinée de samedi que le oui semblait en passe d'être acquis. Plusieurs opposants ont également reconnu leur défaite. Les Irlandais ont voté en faveur de la phrase suivante : « Le mariage peut être contracté suivant la loi entre deux personnes sans distinction de sexe. » Pour M. Kenny, il s'agit d'un signal fort au reste du monde que les Irlandais peuvent être des pionniers, même en matière de mœurs.Forte participation  Le sujet a passionné l'Irlande ces derniers mois. Des affiches étaient accrochées à tous les lampadaires, et le taux de participation devrait dépasser les 60 %, plus élevé que la moyenne habituelle des référendums. Le camp des opposants n'a cependant pas mobilisé comme les manifestations contre le « mariage pour tous » en France ont pu le faire. En partie, l'explication est politique : tous les partis, au pouvoir comme dans l'opposition, ont fait campagne pour le mariage homosexuel.L'autre explication est le changement profond qu'a connu la société irlandaise en à peine deux décennies. Ce pays très catholique, où le clergé contrôle presque l'intégralité des écoles, a progressivement abandonné tous les tabous d'autrefois. En 1993, la contraception est libéralisée, la même année où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont légalisées. Le divorce est autorisé en 1995, et en 2010, le partenariat civil autorisé.Seul l'avortement demeure un sujet presque intouchable. La loi l'interdit encore, sauf en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme. Un simple risque pour la santé n'est pas suffisant. Les cas de viol ou d'inceste sont également exclus.Lire sur Big Browser: Mariage homosexuel en Irlande : pourquoi un référendum ?Baisse d'influence de l'Eglise  En 2012, un vaste débat avait agité le pays quand une jeune femme était morte pendant une fausse couche, parce que le médecin refusait l'avortement. Mais les vives discussions qui s'étaient ensuivies avaient finalement débouché sur un statu quo, avec une simple clarification de la loi.Plus de quatre mille Irlandaises par an continuent d'aller se faire avorter au Royaume-Uni. A l'époque, les partisans d'une libéralisation de l'avortement avaient accusé l'institution catholique de l'Opus Dei d'avoir eu une influence disproportionnée sur les députés.La victoire contre l'avortement ressemble cependant à un chant du cygne. Le vote en faveur du mariage homosexuel rappelle la très forte baisse d'influence de l'Eglise. Si 84 % des Irlandais se définissent encore comme catholiques, les paroisses se vident de plus en plus. Les récents scandales de pédophilie ont profondément changé la donne.En 2009, un rapport dévastateur concluait que la hiérarchie catholique avait systématiquement étouffé les abus physiques et sexuels commis dans plusieurs dizaines d'écoles et d'institutions. L'omerta avait duré pendant une trentaine d'années, et avait continué jusqu'en 2003, avant que le clergé ne se décide à aider les victimes et à reconnaître les sévices subis.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant) Longtemps paralysée par l’aile conservatrice de l’Eglise catholique, la béatification de Mgr Oscar Romero, l’archevêque de San Salvador assassiné en 1980 par un commando d’extrême droite, a finalement été débloquée par le pape François. Près de trois cent mille personnes et plusieurs chefs d’Etat de la région devraient assister, samedi 23 mai, dans la capitale salvadorienne à la cérémonie de béatification, présidée par le cardinal Angelo Amato, le préfet de la Congrégation de la cause des Saints, envoyé par le pape François.L’Assemblée nationale a voté deux jours de congés payés pour l’occasion et les maras, des gangs ultraviolents qui terrorisent le pays, ont promis de ne pas troubler la célébration. Vénéré comme un saint par la grande masse des pauvres de la petite république centraméricaine et en Amérique latine, Mgr Romero demeure aux yeux des oligarchies locales et des évêques conservateurs un « curé rouge », partisan de la théologie de la libération et de « l’option préférentielle pour les pauvres ».Icône du sous-continentSurnommé « la voix des sans-voix », il est devenu une icône du sous-continent. Oscar Romero était pourtant un conservateur, proche de l’Opus Dei, lorsque le pape Paul VI le nomma archevêque de San Salvador, en février 1977. Un mois plus tard, l’assassinat par un escadron de la mort de Rutilio Grande, un jésuite progressiste et l’un de ses proches amis, allait fortement le marquer. Il ne cessera dès lors de dénoncer les injustices, la torture et les assassinats.En février 1980, Mgr Romero adressa une lettre au président des Etats-Unis, Jimmy Carter, lui demandant d’arrêter d’apporter une aide militaire à la junte au pouvoir. Craignant un nouveau Nicaragua, où les révolutionnaires sandinistes venaient de triompher, le président Carter fit la sourde oreille, malgré la multiplication des violations des droits humains. Dans son sermon du 23 mars 1980, Mgr Romero adjura les soldats d’arrêter la répression. Le lendemain, alors qu’il célébrait la messe dans la chapelle de l’hôpital de la Divine-Providence, il reçoit une balle en plein cœur. Un bain de sang lors de ses funéraillesLes funérailles de Mgr Romero, le 30 mars 1980, tournèrent au bain de sang lorsque les militaires ouvrirent le feu sur la foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies devant la cathédrale de San Salvador. Peu après, le Salvador plongeait dans la guerre civile. Les combats entre la junte militaire, soutenue par les Etats-Unis, et la guérilla marxiste du Front Farabundo Marti de libération nationale ont fait plus de 75 000 morts et 12 000 disparus entre 1980 et les accords de paix de 1992.L’assassin d’Oscar Romero et ses commanditaires n’ont jamais été inquiétés. Selon la commission de la vérité créée par les Nations unies, le crime a été planifié et ordonné par le major Roberto D’Aubuisson. Il dirigeait à l’époque les escadrons de la mort, puis fonda l’Alliance républicaine nationaliste (Arena), un parti d’extrême droite au pouvoir de 1989 à 2009. Plusieurs organisations de la société civile ont depuis demandé l’abrogation d’une loi d’amnistie garantissant l’impunité des assassins.Dernière étape avant sa canonisation, la béatification de Mgr Romero est un nouveau geste du pape François en direction de ceux qui se battent au sein de l’Eglise catholique latino-américaine pour une plus grande justice sociale. A l’occasion de cette béatification, le pape a aussi élargi le concept de martyre. Selon la nouvelle doctrine appliquée à Mgr Romero, il n’est plus nécessaire de mourir de la main de « ceux qui haïssent la foi » pour être déclaré martyr de l’Eglise. Les assassins de Mgr Romero étaient probablement catholiques. L’archevêque a été reconnu martyr pour être mort victime de « ceux qui haïssent la charité ».Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Lompech Vous êtes maintenant un combattant d’une organisation luttant contre un gouvernement ennemi. L’application mobile « Combattant, pas assassin », de l’ONG Geneva Call, se propose de tester vos connaissances en matière de droit de la guerre. Disponible sur iPhones et téléphones Android, en anglais, français et arabe, le quiz permet de savoir ce qu’interdisent les lois internationales mais aussi ce qu’elles autorisent. Un avis de non-responsabilité dédouane tout de suite l’association : le « contenu ne doit en aucun cas être interprété comme faisant la promotion d’un comportement violent ou de l’utilisation de la force. »Geneva Call souhaite reprendre sa campagne « Fighter not killer » (combattant, pas assassin), lancée en mai 2013 face à l’escalade des violences commises contre les civils dans le conflit syrien. « On s’est rendu compte qu’un grand nombre de combattants, partout dans le monde, ont des smartphones et s’en servent beaucoup. Même après 10 heures de 4x4 dans la brousse, vous les voyez en train d’essayer de capter du réseau, explique Nicolas Sion, chargé des relations extérieures de l’ONG. L’application doit être coordonnée avec nos autres outils, pour avoir un engagement fort, mais elle permet de toucher plus de monde. » A l’aide de scénarios illustrés de dessins, six sections passent en revue les différentes questions liées aux normes internationales humanitaires dans les conflits armés, notamment à propos des cibles civiles, de la protection des enfants, de la torture. A chaque étape, l’utilisateur doit prendre une décision, qui pourrait bien lui faire bafouer le droit de la guerre. Certains principes sont simples : « Les viols et autres formes de violence sexuelle sont interdits, quelles que soient les circonstances. La guerre n’y fait pas exception. » D’autres sont plus difficiles à appliquer : « Le nombre de victimes civiles ne doit pas être trop important par rapport à l’avantage militaire que procure l’attaque ». Les scénarios viennent de questions concrètes que les groupes se posent sur le terrain, certaines étant particulièrement compliquées à trancher. Non, on ne peut pas prendre un hôpital pour cible, même s’il est utilisé comme position de tirs d’artillerie, sans avertir l’ennemi au préalable et lui laisser un délai. Non, on ne peut pas refuser de soigner un ennemi, même si le stock de médicament suffit tout juste pour ses propres soldats.Toucher également la population« On a conçu cette application avec des experts, des gens très académiques, explique Nicolas Sion. On a voulu vulgariser sans perdre en précision. Il peut encore y avoir des choses en décalage avec la réalité du terrain mais le droit est écrit comme ça, on ne peut pas s’en écarter. » Mettre de telles situations en scène de façon ludique n’est pas évident. Un système de médaille amène l’apprenti combattant au niveau commandant. Les scénarios deviennent plus compliqués. Dernière épreuve avant d’obtenir son certificat de réussite : désobéir à un ordre clairement illégal, même si c’est l’ordre du commandant suprême.D’après Geneva Call, plusieurs groupes armés avec lesquels elle est en contact ont déjà exprimé leur intérêt pour cette application, notamment soudanais et syriens. Les combattants kurdes (YPG et YPJ), qui opèrent en Syrie, voudraient même l’installer sur tous les portables vendus dans la zone qu’ils contrôlent. « Ce n’est pas encore fait, mais ce serait une manière de toucher directement la population, qu’elle connaisse ses droits », se réjouit Nicolas Sion. Hélène LompechJournaliste au Monde Gilles Paris (Washington, correspondant) Les mises en garde de la Maison Blanche n’y auront rien fait. Les sénateurs républicains ont majoritairement repoussé aux premières heures, samedi 23 mai, la réforme de la National Security Agency (NSA) souhaitée par le président démocrate Barack Obama et soutenue par une majorité bipartisane à la Chambre des représentants. Cette réforme vise à bloquer l’accès de la NSA aux métadonnées des communications téléphoniques passées aux Etats-Unis, un programme révélé en 2013 par un ancien employé de l’agence, Edward Snowden. Ces données concernent les heures d’appels, leur durée et le numéro appelé mais pas le contenu des discussions téléphoniques.Vivement déplorée par les sénatrices démocrates de Californie Barbara Boxer et Dianne Feinstein, cette victoire des sénateurs conduits par le chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell (Kentucky), a cependant un goût de cendre. Car ces derniers ont été à leur tour incapables de réunir une majorité sur le texte qu’ils souhaitaient imposer en lieu et place : une extension de deux mois du programme actuel pour, assuraient-ils, pouvoir prendre la mesure des modifications proposées par la Chambre, afin de réduire l’utilisation de ces données par l’agence, dont ils redoutent les conséquences en termes d’efficacité pour la sécurité du pays.Ce blocage législatif est d’autant plus problématique que le Congrès ne siégera pas d’ici au 1er juin, une date qui coïncide précisément avec l’expiration de la section 215 du Patriot Act concernant ces métadonnées. En voulant défendre coûte que coûte ce programme, les sénateurs républicains ont donc pris le risque d’ouvrir un improbable vide juridique. Prenant acte de son échec, M. McConnell a aussitôt invité les sénateurs à venir siéger le dimanche 31 mai en fin d’après-midi pour tenter de remédier à cette impasse. Rien ne dit cependant que la majorité de la Chambre qui avait soutenu la réforme et qui rassemble les démocrates et l’aile libertarienne et Tea Party du Grand Old Party (les républicains) hostile à toute intrusion de l’Etat fédéral dans la vie des citoyens américains, sera disposée à renoncer à son projet.Procédures judiciairesLe fossé entre les deux camps partage le Parti républicain. Deux candidats déclarés à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016 ont d’ailleurs adopté des positions radicalement opposées au cours des jours précédant les votes de samedi. Marco Rubio (Floride) a fait cause commune avec le chef de la majorité du Sénat au nom de la sécurité des Etats-Unis. Rand Paul (Kentucky), qui a occupé la tribune mercredi pendant plus de dix heures pour bloquer les débats, a milité au contraire pour la suppression totale du programme de la NSA, allant au-delà de la réforme de la chambre.Le 7 mai, la Cour d’appel fédérale du deuxième circuit (qui concerne les Etats du Connecticut, de New York et du Vermont) avait pourtant jugé illégale l’interprétation faite par la NSA de la section 215 du Patriot Act. Dans leur arrêt rendu à l’unanimité, les trois juges, tous nommés par des présidents démocrates, avaient estimé que l’agence avait outrepassé les intentions des législateurs, jugeant « stupéfiante » la masse des informations collectées. Saisies également par des organisations de défense des droits civiques, deux autres instances fédérales sont appelées à se prononcer prochainement.Cette décision de justice, dans une procédure qui pourrait remonter jusqu’à la Cour suprême, n’a cependant pas fait fléchir les sénateurs réticents à réformer la NSA. Pas plus que la large majorité (338 voix contre 88) obtenue sept jours plus tard à la Chambre par les adversaires de la collecte massive et systématique des métadonnées. Une nouvelle course contre la montre est désormais ouverte. Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, avait insisté quelques heures avant le vote sur le fait que le programme de la NSA ne pouvait être actionné d’une simple pression sur un interrupteur. Il avait ajouté que, faute de cadre juridique, l’agence serait probablement contrainte de stopper préventivement certaines de ses activités de surveillance de peur de se retrouver en infraction à partir du 1er juin.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x164otg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x164otg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.05.2015 à 08h43 • Mis à jour le23.05.2015 à 11h12 Deux Français ont mené des attaques-suicides contre des casernes de milices sunnites et chiites près de la ville de Haditha, dans l’ouest de l’Irak, a annoncé vendredi 22 mai le centre de surveillance des sites djihadistes SITE, citant des revendications de l’organisation Etat islamique (EI) sur des forums djihadistes et sur Twitter.L’EI, qui ne précise pas quand les attentats ont eu lieu, affirme que « des dizaines d’ennemis ont été tués et blessés dans les deux attaques » perpétrées par les deux combattants présentés comme Abou Maryam Al-Faransi et Abou Abdoul Aziz Al-Faransi (Al-Faransi signifiant « le Français » en arabe), selon le message cité par SITE, qui publie la photo des deux hommes.Annonce de la mort de Kevin Chassin (Abu Mariyam), dans une attaque kamikaze menée contre les forces irakiennes. http://t.co/RdRMSRs6Xg— RomainCaillet (@Romain Caillet)require(["twitter/widgets"]);Celui qui se faisait appeler Abou Maryam Al-Faransi apparaissait aux côtés d’Abou Osama Al-Faransi et Abu Salman Al-Faransi dans une vidéo diffusée en novembre montrant trois combattants de l'Etat islamique jetant tour à tour au feu leur passeport français, puis appelant en français, avec un fort accent du sud de la France, leurs « frères musulmans » de France à émigrer « dans le califat, la terre d'islam ».1 683 personnes impliquées dans les filières Le 3 mai, une source proche des services antiterroristes français faisait état de plus de 100 morts parmi des islamistes partis de France pour mener le djihad en Syrie et en Irak. Selon cette source, plus de 800 personnes sont allées en Syrie et en Irak, environ 450 y sont encore et 260 ont quitté la zone.En ajoutant ceux qui ont émis le souhait de se rendre sur place ou ceux qui sont en route, 1 600 personnes environ sont impliquées en France dans des filières djihadistes. Le retour de ces combattants est considéré par les autorités françaises comme le principal facteur de risques d’attentat sur le sol national.L’EI a réussi à prendre dimanche Ramadi, chef-lieu de la province irakienne d’Al-Anbar, puis jeudi Palmyre, dans le désert syrien frontalier de l’Irak, avant de progresser vers le sud pour s’emparer du poste-frontière d’Al-Tanaf, point de passage entre la Syrie et l’Irak.Lire la synthèse :Nouvelle offensive de l’Etat islamique en Irak et en Syrie 23.05.2015 à 05h20 • Mis à jour le23.05.2015 à 15h55 Après la conquête de la ville de Ramadi, en Irak, l’Etat islamique a pris le contrôle de Palmyre, dans le désert syrien, avant de progresser vers le sud pour s’emparer du dernier poste-frontière contrôlé par le régime de Bachar Al-Assad. Le tout en moins d’une semaine. L’EI renforce ainsi son emprise sur une large bande territoriale transfrontalière qui lui permet d’étendre son « califat », proclamé en juin 2014.Les djihadistes sont entrés dans le musée de Palmyre Forte de dizaines de milliers d’hommes, l’organisation terroriste a profité du chaos de la guerre civile en Syrie pour y prendre des territoires dès 2013. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’EI contrôle la moitié de la Syrie depuis la prise de Palmyre.Véritable carrefour routier, Palmyre est située dans la province de Homs, frontalière de celle d’Al-Anbar, en Irak. Après que l’EI a détruit plusieurs trésors archéologiques en Irak, la communauté internationale craint qu’il ne fasse de même à Palmyre, cité inscrite au patrimoine mondial de l’humanité.Des djihadiste ont pénétré jeudi dans le musée de la ville, sans toutefois détruire les précieuses pièces archéologiques, a appris samedi le chef des antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim, ajoutant que l'EI avait planté son drapeau sur le toit de la citadelle mamelouk du XIIe siècle qui domine la cité antique.Les djihadistes, qui se sont emparés jeudi de la ville, sont entrés le jour même dans le musée, « ont brisé des répliques en plâtre représentant des personnes vivant il y a 100 000 ans et sont revenus vendredi, ont fermé les portes et ont mis des gardes devant », a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Damas, des informations qu’il tient d'habitants de Palmyre.Lire :Les ruines de Palmyre sous le contrôle de l’Etat islamiqueL’EI contrôle la moitié de la Syrie« Le fait que l’EI contrôle la moitié du territoire syrien (plus de 95 000 km2) signifie que le régime n’en détient plus que 22 % », le reste étant aux mains d’autres groupes rebelles, a déclaré à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. « Même si l’EI s’est emparé de régions peu peuplées, cela signifie qu’il contrôle désormais une étendue géographique très importante qui lui permettra de menacer la Syrie profonde comme Homs et Damas », deux bastions du régime, selon lui.Outre cette région, l’EI contrôle la majeure partie des provinces de Deir Ezzor et de Rakka (dans le Nord), de Hassaké (Nord-Est), d’Alep (Nord) et de Hama (dans le centre du pays).L’EI a également pris le poste-frontière d’Al Tan – désigné sous le nom d’Al Oualid côté irakien. Les trois points de passage avec l’Irak échappent désormais au régime de Bachar Al-Assad : celui de Boukamal est également aux mains de l’EI, et le poste de Yaaroubié, plus au nord, est contrôlé par des forces kurdes.Un drame pour les populationsLa bataille de Palmyre, engagée le 13 mai, a fait près de cinq cents morts. Des dizaines de personnes, dont des civils, ont été décapitées ou fusillées par l'EI, selon l'OSDH. Maamoun Abdulkarim a fait part « d’arrestations et de liquidations à Palmyre ». Les combattants de l’EI « progressent vers les zones résidentielles, terrifient les populations et prennent leur revanche ».Le gouverneur de la province de Homs a annoncé qu’environ quatorze cents familles avaient quitté la ville de soixante-cinq mille habitants avant l’arrivée de l’EI, et l’interdiction imposée par les djihadistes de quitter les lieux. Un couvre-feu entre 17 heures et le lever du soleil a également été imposé.Comme ils l’ont fait lors de la prise de Rakka, les djihadistes traquent les soldats syriens, listes de noms en main. Les suspects sont tués d’une balle dans la tête.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2r1xkz"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2r1xkz", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});En Irak, la coalition impuissanteDe l’autre côté de la frontière, en Irak, le groupe djihadiste profite de l’instabilité politique pour étendre son emprise. Malgré les frappes, depuis le 8 août, de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis contre ses positions, l’EI continue sa progression.Après avoir pris le contrôle de Ramadi, chef-lieu de la province irakienne d’Al-Anbar, l’organisation poursuit son offensive en prenant des positions gouvernementales à l’est de la ville. Les djihadistes se rapprochent désormais de la base militaire de Habbaniyah, pour l’heure toujours tenue par les forces gouvernementales.L'armée irakienne, appuyée par des miliciens chiites, a lancé samedi une contre-offensive contre l’EI à l'est de Ramadi. « Les opérations militaires pour libérer la localité de Houssayba, à sept kilomètres à l'est de Ramadi, ont commencé », a déclaré un colonel de police sur le champ de bataille. Certains secteurs de la localité ont été repris par les forces irakiennes, a-t-il ajouté. Le lancement de cette opération a été confirmé par le chef de la principale force tribale dans le secteur.« La chute de Ramadi, si elle se confirme, représente une défaite très lourde pour le gouvernement irakien et ses parrains internationaux, juge Charles Lister, analyste au Brookings Doha Center. L’Etat islamique contrôle désormais trois capitales provinciales à travers la Syrie et l’Irak, alors qu’il n’en contrôlait que deux lorsque les Etats-Unis sont intervenus militairement, en août 2014. »Mais pour le président américain, Barack Obama, il n’est pas question de parler de défaite, ou de perte de terrain. Dans une interview donnée jeudi, il souligne que l’EI a été « considérablement » affaibli en Irak, et que les forces kurdes ont fait des « progrès significatifs » dans le nord du pays. Les Etats-Unis et leurs alliés ont mené depuis août près de 4 000 raids aériens en Irak et en Syrie, pour un coût de 2,11 milliards de dollars. Ils ont aussi formé près de dix mille soldats irakiens et commencent à armer des rebelles syriens.Lire aussi :Les Etats-Unis impuissants face à l’avancée de l'Etat islamiqueUne présence en dehors du « califat »Profitant de la désintégration et du chaos, l’EI a également pris pied en Libye, notamment dans les villes de Derna et de Syrte. Le groupe fondamentaliste y a revendiqué toute une série d’attentats. Le 15 février, les djihadistes ont mis en ligne des photos de la décapitation de vingt et un chrétiens coptes d’Egypte sur une plage libyenne.L’Etat islamique a également revendiqué une série d’attentats commis hors de sa zone d’influence, dont l’attentat-suicide qui a fait vingt et un morts le 22 mai dans une mosquée chiite de l’est de l’Arabie saoudite, l’attaque du Musée du Bardo, à Tunis, qui a fait vingt-trois morts le 18 mars, ou les deux attentats-suicides qui ont fait quatre-vingt-sept morts deux jours plus tard dans deux mosquées de Sanaa, la capitale du Yémen.L’organisation d’Abou Bakr Al-Baghdadi a reçu l’allégeance de plusieurs groupes islamistes armés, dont Boko Haram, au Nigeria, et Ansar Baït al Makdis, dans le Sinaï égyptien. En Algérie, le Djound al Khalifah (les Soldats du califat), le groupe armé qui a décapité le guide de montagne français Hervé Gourdel, enlevé en septembre en Kabylie, s’est réclamé de l’Etat islamique.En janvier, dans une vidéo diffusée après sa mort, Amedy Coulibaly, tueur d’une policière municipale à Montrouge et de quatre clients d’un magasin Hyper Cacher à Paris, disait vouloir répliquer aux opérations de l’armée française contre l’Etat islamique.Lire (édition abonnés) :L’allégeance à hauts risques de Boko Haram à l’EI 23.05.2015 à 02h42 • Mis à jour le23.05.2015 à 06h01 Des agriculteurs californiens prennent les devants. Alors que l’Etat vit son quatrième été de sécheresse consécutif, les autorités californiennes ont accepté, vendredi 22 mai, la proposition historique formulée par une centaine d’entre eux, de réduire volontairement leur consommation d’eau de 25 %, afin d’éviter l’introduction de coupes obligatoires plus importantes.Les agriculteurs du delta des rivières de Sacramento et San Joaquin anticipent l’annonce des autorités, qui avaient indiqué des restrictions à venir — les premières en trente ans — pour les fermiers. Ces derniers chérissent depuis des décennies leur droit à utiliser autant d’eau nécessaire à leurs cultures, qui nourrissent le pays entier.Début avril, lorsque le gouverneur démocrate de Californie Jerry Brown avait pris des mesures contraignantes de rationnement de l’eau — pour la première fois dans l’histoire de l’Etat — il s’était attiré les critiques pour avoir épargné un rationnement supplémentaire au secteur agricole, qui consomme 80 % de l’eau de l’Etat.Lire aussi :Complètement à sec, la Californie rationne l’eauLes Californiens se renvoient la fauteLes citoyens californiens, qui chronomètrent leur temps passé sous la douche et voient leurs pelouses en manque d’arrosage tourner au marron, accusent le secteur agricole de ne pas en faire assez pour limiter leur consommation d’eau. En retour, ces derniers expliquent, par le biais de campagnes de communication, comment ils économisent la précieuse ressource et insistent sur le fait qu’ils font pousser la plupart des fruits et légumes consommés dans le pays.Lire notre enquête :Californie, gazon mauditJeudi, 350 fermiers du Delta se sont réunis afin de discuter de leur initiative. « Cela ne veut pas forcément dire que tous vont appliquer » la proposition de réduction volontaire, a indiqué Michael George, responsable de l’eau pour le Delta. Mais en se basant sur les dires des agriculteurs présents, il estime que nombreux seront ceux qui le feront.L’accord passé précise que les fermiers auront jusqu’au 1er juin pour expliquer comment ils comptent économiser un quart de leur eau au cours des quatre prochains mois qui ne devraient en principe pas voir une goûte de pluie.Il est trop tôt pour déterminer si leur engagement aura un impact suffisant pour contrer l’assèchement des ressources en eau de l’Etat, mais les autorités espèrent que leur initiative sera suivie par les fermiers d’autres régions. 22.05.2015 à 20h07 • Mis à jour le22.05.2015 à 20h18 Le gouvernement hongrois vient d'envoyer à sa population un questionnaire sur le traitement que le pays doit réserver aux migrants clandestins, une démarche qui inquiète les Nations unies.« Nous sommes choqués par le message d'introduction [du questionnaire] du premier ministre suggérant un lien entre migration et attaques terroristes, y compris l'attaque qui a eu lieu à Paris début janvier de cette année », a déclaré, vendredi 22 mai, une porte-parole du Haut-Commissariat pour les droits de l'homme (HCDH).Selon le HCDH, le message du chef du gouvernement hongrois, Viktor Orban, indique également que les migrants économiques représentent « une nouvelle menace » pour la Hongrie, et que le pays doit décider comment « se défendre contre les immigrants illégaux ».« Combattre la xénophobie et la discrimination »Le Haut-Commissariat s'est ému de ces mots et a adressé des rappels à Budapest : « [Le HCDH] rappelle aux autorités hongroises qu'elles ont le devoir au titre du droit international humanitaire de combattre la xénophobie et la discrimination. »Les politiques de migration doivent avoir pour fondement que « tous les migrants, quel que soit leur statut légal, la façon dont ils sont arrivés à la frontière ou leur lieu d'origine, sont en droit de jouir de leurs droits humains, en conformité avec le droit international ».Dans le questionnaire, le gouvernement demande aux habitants s'ils préfèrent que les immigrants clandestins soient placés en détention ou s'ils doivent être expulsés immédiatement. Une autre question porte sur le fait de savoir si les demandeurs d'asile devront être contraints de travailler pour couvrir leurs frais d'hébergement.La Hongrie est devenue l'an passé, selon Eurostat, l'institut de l'Union européenne chargé des statistiques, le second pays européen au plus grand nombre de demandes d'asile rapportées à sa population, après la Suède. Le chiffre a plus que doublé l'an passé, avec près de 43 000 demandes, soit 3,5 fois la moyenne européenne rapportée à la population.Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, M. Orban a engagé des réformes profondes de la justice, des médias et de l'économie, qui ont été jugées liberticides par l'opposition et largement critiquées à l'étranger.Lire aussi : Les provocations du premier ministre hongrois face aux eurodéputés Gilles Paris (Washington, correspondant) Le 11 septembre 2012 commence sur une note légère à Washington. Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat, demande à ses services « une copie du film de Bernard-Henri Lévy à propos de la Libye », Le serment de Tobrouk. « Je crois que Harvey [Weinstein] l’a produit et projeté à Cannes au printemps dernier », écrit Mme Clinton, dès l’aube, à partir de son adresse de messagerie électronique personnelle : hrod17@clintonemail.com.La journée se passe, puis bascule à des milliers de kilomètres de là, à Benghazi. En début de soirée, la secrétaire d’Etat reçoit un message du conseiller à la sécurité nationale du président Barack Obama, Tom Donilon, qui demande à lui parler de toute urgence sur une ligne sécurisée. Un peu plus tard, elle fait part du message qu’elle vient de recevoir de sa directrice de cabinet, Cheryl Mills, la confirmation par les Libyens de la mort de l’ambassadeur américain Christopher Smith, lors de l’attaque du consulat de Benghazi où il se trouvait en déplacement. « Doit-on l’annoncer ce soir ou attendre demain ? », écrit Mme Clinton.La publication de 296 courriers électroniques par le département d’Etat, vendredi 22 mai, permet de reconstituer cette chronologie du drame. Il s’agit de l’une des conséquences de la révélation début mars par le New York Times de l’utilisation d’une adresse électronique personnelle non sécurisée par Mme Clinton pendant son passage au département d’Etat. Un choix compliquant le travail d’archivage puis, plus tard, de publication prévue par l’administration américaine et qui a attiré les foudres de la presse et du Parti républicain, prompts à dénoncer une obsession du secret.850 pages publiéesCe dernier est d’autant plus à l’offensive que l’ancienne secrétaire d’Etat fait figure de favorite dans la course à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2016. Les républicains tentent d’impliquer dans cet épisode dramatique Mme Clinton, qui sera entendue prochainement par la commission d’enquête parlementaire consacrée à Benghazi. Dans les premières heures qui avaient suivi la mort du diplomate, la Maison Blanche avait mis en cause des manifestations spontanées qui avaient dérapé avant de reconnaître que le consulat américain avait été la cible d’une attaque coordonnée de groupes armés.Lire :Hillary Clinton répond aux critiques sur ses courriels personnelsLes courriers publiés vendredi ont fait l’objet d’un examen minutieux du département d’Etat. Ils représentent un total de 850 pages sur les 55 000 que le département d’Etat a récupéré ultérieurement auprès de Mme Clinton. Cette dernière, qui s’en est félicitée vendredi, a souhaité publiquement leur publication pour répondre aux critiques. Cette publication devrait être progressive compte tenu de la masse de documents à traiter.Les courriers rendus publics vendredi ne comportent pas d’éléments classifiés (l’une des accusations avancées contre elle étant qu’elle a fait transiter des informations sensibles par un serveur personnel). Cependant, certains l’ont été ultérieurement par le FBI selon une procédure dont le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a assuré vendredi qu’elle n’était pas exceptionnelle.Un nom revient régulièrement dans ces courriers, celui de Sydney Blumenthal, ancien conseiller de son mari lors que ce dernier était à la Maison Blanche et qui avait par la suite participé à la première campagne présidentielle de Mme Clinton. Elle était alors opposée à M. Obama. Ce dernier avait refusé par la suite que le conseiller ne rejoigne l’équipe de la secrétaire d’Etat.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Maryline Baumard Détruire les bateaux des passeurs… L’idée revient dans le débat politique depuis les grandes tragédies de la Méditerranée du mois d’avril. Visuelle et médiatique, elle risque pourtant fort de ne rien changer au business mondial du passage de frontières. Surtout si l’on en croit les auteurs de Trafiquants d’hommes, un essai qui sort en librairie le 13 mai prochain (édition Liana Levi) qui révèle la structure tentaculaire du marché mondial de franchissement des zones interdites.Pendant que les politiques réfléchissent à ces remèdes, deux Italiens ont consacré deux ans de leur vie à une enquête approfondie sur l’organisation souterraine du monde des passeurs. Ils s’appellent Andrea di Nicola et Giampaolo Musumeci. Ils sont respectivement professeur de criminologie à l’université de Trente, en Italie, et reporter. Tous deux arrivent à la conclusion sans appel que « murs, patrouilles, fermeture de routes ne peuvent rien contre le trafic illégal de migrants ».Selon eux, « derrière les dizaines de milliers de migrants qui arrivent chaque année en Europe se cache une industrie composée certes de petits délinquants parfois misérables, mais aussi et surtout de grands professionnels du crime ». Pour les deux spécialistes, la face visible du trafic n’est rien comparée à sa profondeur. Le capitaine du bateau que la justice des différents pays se félicite d’avoir arrêté est un insignifiant petit maillon dans le parcours, long, qui conduit les migrants aux frontières de l’Europe. C’est d’ailleurs « parfois un migrant qui paie son voyage avec de prétendus talents de skippeur », comme on l’a observé à la fin de 2014 avec les cargos venus de Turquie. Et si ce n’est pas le cas, le capitaine n’est le plus souvent qu’un « petit voyou » interchangeable, alors que le « big boss », le cerveau, lui, reste bien caché. Anonyme.Talents locauxLa chaîne des intervenants est pensée de manière telle que personne ne connaît l’organisation intégrale, ni ne sait vraiment qui la gère. Ainsi, les deux enquêteurs prennent-ils l’exemple de la route des Balkans, le troisième point d’entrée en Europe après les deux routes de la Méditerranée. Sur cette voie terrestre, qui arrive d’Afghanistan, « chaque cellule gère une étape et confie le migrant à la suivante », rappellent les auteurs de Trafiquants d’hommes. Ce qui n’empêche pas l’aspirant au départ d’avoir globalement payé un voyage pour l’Europe. La répartition des sommes dues à chacun se fait alors entre les chefs de cellules.Comme avec une agence de voyage classique, le prix à acquitter dépend du confort choisi, de la formule avec ou sans passeport. En avion ou non. Dans certaines formules, le migrant ne sera aidé que pour la traversée des frontières, dans d’autres cas de figure, il sera pris en charge d’un bout à l’autre de son chemin, avec des temps d’attente, dit « de regroupement » dans certaines zones. L’offre n’est d’ailleurs pas la même partout, puisque les responsables de cellules animent leur réseau en utilisant les talents locaux qu’ils vont recruter.Ici, ils feront travailler un propriétaire de société de location de voitures, là un homme qui possède un ou deux chalutiers, là encore un routier. Sans compter que les responsables locaux doivent aussi trouver des espaces pour loger discrètement les voyageurs entre deux étapes. Dans tous les cas de figure, la règle de base qui prévaut est qu’il faut un « local », quelqu’un né près de la frontière, qui connaît parfaitement les lieux et les autorités qui y officient. De nombreux métiers peuvent servir, de manière occasionnelle ou régulière, le trafic. Ce qui les rend plus difficiles à appréhender.Pour comprendre ces structures sous-jacentes du trafic d’hommes, Andrea di Nicola et Giampaolo Musumeci ont rencontré, pendant deux ans, des migrants qui leur ont raconté leur voyage. Les auteurs se sont aussi intéressés à d’autres maillons de la grande chaîne mondiale du passage de frontières.Leur thèse est simple : ces gens « opèrent selon un système réfractaire aux enquêtes les plus poussées et forment un réseau fluide, qui ne suit pas le modèle monolithique typique d’organisations telle que la Mafia ou la 'Ndrangheta ». Résultat, on peut toujours démanteler les filières, comme s’enorgueillit de le faire Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, « quand une filière est découverte, une autre se met aussitôt en place », rappellent le criminologue et le journaliste.Stratagèmes sophistiquésDe ce livre ressortent deux figures : Josip Loncaric et Muammer Küçük, car tous deux ont marqué le monde du passage.Le premier est croate. Aujourd’hui il a passé la main et disparu des écrans. De toute sa carrière, il n’a été arrêté qu’une seule fois. C’était à Ljubljana, la capitale slovène, et il a d’ailleurs été relâché après une courte détention provisoire. Pourtant, il aurait commandité le passage de près de 90 % des Chinois entrés en Italie dans les années 1990, de 50 % des arrivants du Bangladesh, de 30 % des Philippins. Selon le procureur de Trieste, Jospi Loncaric, cité par les deux auteurs, il aurait même été « le plus important trafiquant d’hommes d’Europe ». Et bien que toujours caché derrière une structure préservant son anonymat, son organisation aurait fait entrer 35 000 clandestins en Italie chaque année pour un gain total de 70 millions d’euros pour lui.Muammer Küçük, présente un tout autre profil. Ce Turc a été « imaginatif ». Il a écrasé toute la concurrence en autorisant le paiement une fois arrivé à domicile. Il a par ailleurs équipé ses passeurs de téléphones portables et mis en place un réseau de contacts partout sur la planète. Dans son système, certains n’assurent pas les voyages, mais sont caissiers ou banquiers. Leur existence rend le système plus fluide et plus indétectable. Ainsi, un Afghan qui vit à Rome et veut payer le départ de son frère dans son pays d’origine va chez un hawaladar (« banquier ») à Rome à qui il donne la somme en liquide et la commission pour le service. Le courtier romain a un correspondant en Afghanistan. Il lui fait savoir que la facture est réglée, mais l’argent ne circule pas entre eux. Ils sont liés par une reconnaissance de dette, avant que les comptes ne s’apurent naturellement à l’issue d’autres transactions, qui peuvent éventuellement porter sur d’autres marchandises.Si le trafic d’humains est très sophistiqué dans sa structuration, il le devient aussi en termes de stratagèmes. Au-delà les doubles fonds dans les camions, les loges aménagées sous les sièges des voitures, les fausses familles qui passent les frontières en camping-car ou les migrants qui débarquent d’un yacht de luxe d’ordinaire loué par les riches touristes, MM. Di Nicola et Musumeci ont observé les banques de passeports de certains passeurs chinois, mais aussi les échanges de cartes d’embarquement en zone de transit avaient largement cours.Même si le livre est très fouilli, même si l’écriture aurait gagné à être davantage aboutie, cette enquête reste d’une richesse extraordinaire et mérite d’être lue, pour sortir du paysage un peu schématique que le monde politique aimerait faire passer.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.05.2015 à 17h40 • Mis à jour le11.05.2015 à 18h47 En visite à Cuba, première visite d'un président français auprès du régime communiste, François Hollande a appelé, lundi 11 mai, à l'« annulation » de l'embargo américain, décrété en 1962 après l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro sur l'île.La France fera son possible pour contribuer à ce que « l'ouverture puisse être confirmée, que les mesures qui ont tant nui au développement de Cuba puissent être enfin annulées, supprimées », a déclaré le président français dans un discours devant des étudiants à l'Université de La Havane, une réunion strictement encadrée.« Vous savez quelle a toujours été la position de la France pour lever l'embargo qui entrave le développement de Cuba », a-t-il assuré. Chaque année depuis 1991, Paris vote en effet en faveur de la résolution demandant la levée de cet embargo à l'Assemblée générale de l'ONU.Depuis l'annonce du dégel avec Cuba, le président américain Barack Obama a demandé au Congrès, contrôlé par les républicains, de travailler à la levée de l'embargo car lui seul a la prérogative institutionnelle de le faire. Lire le décryptage des Décodeurs : Six chiffres qui racontent CubaUne visite historique  M. Hollande est le premier président français à visiter Cuba depuis son indépendance, mais aussi le premier chef d'Etat occidental à se rendre sur l'île depuis le dégel des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Une visite express, d'une journée seulement, organisée un an après celle du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius.Le chef de l'Etat a remis dans la matinée la légion d'honneur au cardinal Jaime Ortega, chef de l'église cubaine, pour avoir « contribué à ouvrir Cuba au monde et contribué au dialogue et à l'apaisement », en jouant le rôle d'intermédiaire entre Cuba et les Etats-Unis. L'acton du cardinal a notamment permis la libération et le retour de 130 prisonniers politiques. Enjeu économiqueM. Hollande devait rencontrer dans la soirée Raul Castro, qui a pris la succession de son frère Fidel Castro en 2006. Il a indiqué que la question des droits de l'homme serait « nécessairement évoquée », même si aucune rencontre avec des opposants n'est prévu à son emploi du temps.Mais l'enjeu de cette visite n'est pas seulement diplomatique pour la France, qui escompte aussi renforcer sa présence sur le marché cubain. Pour profiter de l'ouverture économique de l'île, le président est accompagné d'une délégation de chefs d'entreprises et de sept ministres et secrétaires d'Etat.« Les étapes du programme ont été construites autour des domaines où l'on souhaite renforcer la coopération », assure au Monde l'Elysée. Parmi ceux-ci, l’éducation et la culture. Lire les informations de nos envoyés spéciaux (édition abonnés) : A La Havane, François Hollande devrait éviter les sujets qui fâchentlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2pisy2"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2pisy2", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne va proposer, mercredi 13 mai, sa « stratégie pour l’immigration », l’une des grandes priorités affichées, lors de son entrée en fonction, à l’automne 2014, par le président Jean-Claude Juncker. Les nombreux drames survenus récemment en Méditerranée ont amené la Commission à anticiper son projet.Diverses sources affirment avoir consulté le document qui sera présenté mercredi mais, lundi midi, le porte-parole de l’exécutif bruxellois a invité à « la prudence » par rapport à ce qu’il a décrit comme « un festival de fuites ». « Je vous conseille de suivre tout cela avec distance », a indiqué Margaritis Schinas, affirmant que le travail n’était pas encore achevé.Les grandes lignes du projet sont toutefois connues, d’autant qu’elles ont été ébauchées par M. Juncker devant le Parlement européen. Il entend conforter le rôle de l’agence de surveillance des frontières Frontex, amplifier la lutte contre les passeurs, renforcer le système de protection pour les réfugiés, accélérer le retour des illégaux et ouvrir le dossier de la migration économique. Quitte, sur ce dernier point, à prendre le contre-pied d’une partie des membres de la Commission mais aussi d’une bonne partie du Parti populaire européen, la formation conservatrice à laquelle il appartient. Le texte pourrait préciser, dès lors, que la migration légale serait possible pour des personnes dotées de compétences recherchées en Europe, afin de palier certaines pénuries de main d’oeuvre.« Idée folle »Un autre point très sensible concerne l’instauration de quotas de réfugiés qui seraient imposés à chaque pays membre de l’Union, afin d’alléger la pression sur les pays riverains de la Méditerranée, dont l’Italie. C’est « un casus belli », a expliqué une source anonyme à l’AFP, dimanche 10 mai. M. Juncker entend toutefois s’en tenir à son idée, laquelle avait été appuyée notamment par l’Allemagne lors du récent sommet européen consacré à la situation en Méditerranée, à la fin avril. De nombreuses capitales refusent toutefois le principe et un premier ministre, le Hongrois Victor Orban, évoque même « une idée folle ». Une douzaine de pays refuse en réalité, à l’heure actuelle, d’accueillir des réfugiés et rejette implicitement le principe de solidarité européenne. En avril, les Vingt-Huit n’avaient pu approuver qu’un « test » pour l’accueil de 5 000 personnes, sur une base volontaire. Les Nations unies demandent à l’UE 20 000 places annuellement.Les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont, jusqu’ici, pu se mettre d’accord sur un projet qui pourrait prendre en compte le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre d’habitants et le nombre de réfugiés dans un pays pour fixer le nombre de personnes qu’il devrait accueillirLes chefs d’Etat et de gouvernement n’ont, jusqu’ici, pu se mettre d’accord sur un projet qui pourrait prendre en compte le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre d’habitants et le nombre de réfugiés dans un pays pour fixer le nombre de personnes qu’il devrait accueillir. M. Juncker espère leur forcer la main et les placer devant leurs responsabilités lors du prochain sommet, qui aura lieu à Bruxelles à la fin du mois de juin. Il lui reste à régler, d’ici à mercredi, plusieurs questions, comme la base juridique de son projet et d’éventuelles exemptions (ou « opt out ») pour certains pays.L’opération de surveillance « Triton », dont les chefs d’Etat ont décidé de tripler les moyens attend encore, quant à elle, son véritable plan opérationnel. Et les Européens espèrent une décision rapide du Conseil de sécurité des Nations unies pour entériner un de leurs autres plans : des interventions, y compris armées, contre les trafiquants d’êtres humains qui opèrent à peu près impunément en Libye.Lire aussi :Migrants en Méditerranée : la Libye opposée au plan de l’Union européenneJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Dominique Gallois Pas d’interruption du programme d’essais en vol de l’A400M, et poursuite de l’assemblage de ces avions de transport militaire. Lundi 11 mai, dans une lettre aux salariés d’Airbus que Le Monde s’est procuré, le PDG d’Airbus, Tom Enders, est revenu sur le crash de l’A400M samedi 9 mai qui a fait quatre morts et deux blessés graves lors d’un vol d’essai à Séville, en Espagne. L’enquête officielle sur l’accident a débuté dimanche, et les boîtes noires ont été retrouvées. « Nous apportons toute l’aide nécessaire aux autorités chargées de l’enquête, comme toujours lorsqu’un tel événement se produit », explique Tom Enders et « nous espérons que la lumière sera faite au plus vite sur la cause du drame ». Lire aussi :L’accident d’un avion-cargo militaire ouvre une nouvelle crise pour Airbus« Confiance en cet excellent avion »Rendant hommage aux victimes, pour lesquelles une minute de silence a été observée lundi à midi dans tous les établissements du groupe aéronautique, et les drapeaux mis en berne pendant trois jours, Tom Enders a annoncé la poursuite des essais en vol. « Ces hommes qui sont décédés à Séville étaient de très grands professionnels. Jamais ils n’auraient voulu que nous arrêtions de voler », écrit le PDG d’Airbus. Et d’ajouter : « Nous voulons montrer à nos clients, les forces aériennes, que nous faisons pleinement confiance à cet excellent avion de transport. Nous sommes pleinement impliqués dans le programme, dans l’augmentation de la cadence des livraisons et des capacités de l’appareil ». Les vols d’essais reprendront dès mardi 12 mai à Toulouse et la fabrication en cours des vingt appareils continue. L’objectif reste d’en livrer quatorze cette année contre huit en 2014. Cette augmentation du rythme s’accompagne d’une réorganisation en profondeur de l’organisation de la logistique, son dysfonctionnement ayant concouru au retard de ce programme européen déjà mal engagé.Déboires dans l’organisationAinsi, l’an dernier, trois avions sur la douzaine prévue n’ont pas été fournis, et les livraisons ont parfois fait l’objet de sérieuses réserves de la part du client. Pour la réception de son premier avion de transport, l’armée de l’Air allemande avait décelé « 875 manquements », dont des gaines isolantes absentes sur certains câbles électriques. Ces déboires dans l’organisation ont aussi contraint le groupe à renoncer à son projet de porter la cadence annuelle de livraison à une vingtaine d’appareils cette année.Lire aussi :Crash de Séville : déboires et handicaps en série pour le cargo A400MDepuis le mois de janvier, deux A400M ont été livrés, ce qui porte à douze le nombre d’avions en vol livrés depuis 2013. La France est le premier client, avec six appareils, suivis par l’Italie (deux), l’Allemagne (deux), la Grande-Bretagne (un) et la Malaisie (un).Dominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.05.2015 à 12h24 • Mis à jour le11.05.2015 à 14h29 Reconduit au poste de premier ministre britannique après la nette victoire des conservateurs aux législatives de jeudi dernier, David Cameron a complété  lundi 11 mai la composition de son gouvernement, en annonçant de nouvelles nominations sur son compte Twitter.Sajid Javid, qui avait le portefeuille de la culture dans le précédent gouvernement Cameron, est promu au poste de ministre aux entreprises. Cet ancien banquier et étoile montante des tories remplace le libéral démocrate Vince Cable – les conservateurs ayant la majorité absolue au Parlement, ils n'ont plus besoin de gouverner avec leurs anciens alliés Lib-Dems. Le ministère de la culture, des médias et du sport échoit au député John Whittingdale.Amber Rudd, jusqu'ici secrétaire d'Etat chargée des questions liées à l'énergie et au climat, remplace elle aussi un libéral-démocrate, Ed Davey, au ministère de l'énergie.Le maire de Londres Boris Johnson, un temps pressenti à la tête d'un ministère, fera bien partie du gouvernement mais en tant que membre du cabinet politique du premier ministre.  « Comme promis, [M. Johnson] consacrera son attention à la dernière année de son mandat en tant que maire de Londres », a précisé M. Cameron.Boris Johnson will be attending my Political Cabinet. As promised, he will devote his attention to his final year as Mayor of London.— David Cameron (@David_Cameron)require(["twitter/widgets"]);« Nous avons un mandat »Priti Patel est nommée secrétaire d'Etat à l'emploi, en remplacement d'Esther McVey qui a perdu son siège de députée jeudi.David Cameron avait annoncé dès vendredi la recondution à leurs postes de plusieurs de ses ministres : George Osbourne reste Chancelier de l'Echiquier, en charge des finances, Theresa May ministre de l'intérieur, Philip Hammond chef de la diplomatie et Michael Fallon secrétaire d'Etat à la défense.Quelques autres nominations ont été distillées au cours du week-end dont celle de Michael Gove à la Justice, de Nicky Morgan à l'Éducation et de l'eurosceptique Mark Harper comme chef de la majorité parlementaire, chargé de faire respecter la discipline de vote.M. Cameron s'est engagé à renégocier les relations entre son pays et l'UE avant d'organiser d'ici la fin 2017 un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne.  « Nous avons un mandat, ce sera à l'évidence difficile, mais nous avons un mandat », a-t-il déclaré lundi à la presse, avant de rencontrer les élus conservateurs, et alors que Bruxelles s'inquiète de l'éventualité d'un « Brexit », une sortie de l'Union européenne (UE).Lire aussi : En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-Unilmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2phwbx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2phwbx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 11.05.2015 à 09h37 • Mis à jour le11.05.2015 à 10h12   Le groupe philippin de spiritueux Emperador annonce, lundi 11 mai, vouloir se porter acquéreur de la maison de cognac Louis Royer, dont le propriétaire, le groupe japonais de boissons Suntory, souhaiterait se défaire.Emperador fait part dans une note boursière de « son intérêt à participer à un appel d’offres pour l’acquisition de Louis Royer SAS ». Il soumettra une offre préliminaire le 13 mai et ne précise pas le montant de sa proposition.Le groupe philippin, qui multiplie les acquisitions de vignobles et de distilleries, « présente un endettement nul et se trouve de ce fait dans une situation financière très solide » qui lui permet de mener son développement à l’international, fait-il valoir.Fondée en 1853 à Jarnac, en Charente, la maison Louis Royer a été rachetée par Suntory en 1989. Or Suntory a acquis l’an dernier le groupe américain Beam, lui-même propriétaire depuis 2005 des cognacs Courvoisier, également installés à Jarnac.Selon la presse spécialisée, Suntory-Beam, désormais numéro trois mondial derrière le britannique Diageo et Pernod-Ricard, a décidé de ne conserver qu’une marque de cognac, la plus importante en termes de notoriété et de volumes de production, en l’occurrence Courvoisier. Lire : Avec l’achat de Beam, le japonais Suntory va s’imposer comme un acteur-clé du marché américain des spiritueux 31.05.2015 à 17h30 • Mis à jour le31.05.2015 à 18h33 La vague de chaleur écrasante qui dure depuis des semaines en Inde a provoqué plus de 2 200 décès, selon les autorités sanitaires indiennes. Le bilan s'est encore alourdi depuis ce samedi 30 mai, alors que des pluies éparses apportaient un léger répit.Des orages ont frappé dimanche les Etats d'Andhra Pradesh et de Télangana, dans le sud du pays, ainsi que la capitale, de loin les zones les plus touchées par la canicule. Mais le répit risque d'être de courte durée car on s'attend à des températures proches de 45 °C dans les prochains jours.Dans l'Andhra Pradesh, 1 636 personnes sont mortes et 541 autres dans le Télangana des suites de la canicule, a précisé un autre responsable. Ces Etats voisins ont mis en place des campagnes d'éducation populaire pour informer les plus vulnérables et leur donner des conseils pour lutter contre la chaleur.Deuxième année la plus meurtrièreDes centaines de personnes, surtout parmi les plus pauvres, meurent chaque été en raison de la chaleur en Inde. Mais 2015 s'avère être la deuxième année la plus meurtrière de l'histoire du pays et la cinquième la plus fatale sur l'ensemble de la planète, selon les chiffres du EM-DAT, une base de données internationale sur les catastrophes naturelles. En 1998, 2 451 personnes sont mortes lors de la canicule la plus meurtrière de l'histoire du pays, selon les données du EM-DAT.Lire : En Inde, la vague de chaleur tue les plus pauvresL'Inde parle de vague de chaleur quand la température maximum atteint 45 °C ou qu'elle est supérieure de 5 °C à la moyenne des années précédentes. La mousson, guettée avec impatience, doit prendre encore plusieurs semaines avant de toucher les plaines arides du Nord.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-556b37d31a47c'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 9\r\n \r\n \r\nUn homme se repose \u00e0 l'ombre d'un arbre dans un jardin public de New Delhi, o\u00f9 le thermom\u00e8tre a atteint 45\u00b0C.\r\nCr\u00e9dits : ANINDITO MUKHERJEE \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un homme se repose \u00e0 l'ombre d'un arbre dans un jardin public de New Delhi, o\u00f9 le thermom\u00e8tre a atteint 45\u00b0C.","source":"ANINDITO MUKHERJEE \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/climat\/portfolio\/2015\/05\/28\/l-inde-accablee-par-la-canicule_4642893_1652612.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 9\r\n \r\n \r\nUn abri temporaire sur un canal dans un quartier pauvre \u00e0 New Delhi. 2015 est l'ann\u00e9e la plus meurtri\u00e8re depuis 1995, quand 1 677 personnes \u00e9taient d\u00e9c\u00e9d\u00e9es des cons\u00e9quences de la canicule.\r\nCr\u00e9dits : ANINDITO MUKHERJEE \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un abri temporaire sur un canal dans un quartier pauvre \u00e0 New Delhi. 2015 est l'ann\u00e9e la plus meurtri\u00e8re depuis 1995, quand 1 677 personnes \u00e9taient d\u00e9c\u00e9d\u00e9es des cons\u00e9quences de la canicule.","source":"ANINDITO MUKHERJEE \/ REUTERS","index":1,"position":2,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/climat\/portfolio\/2015\/05\/28\/l-inde-accablee-par-la-canicule_4642893_1652612_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 9\r\n \r\n \r\nDes travailleurs se reposent sous une moustiquaire install\u00e9e sur la plate-forme d'un camion, \u00e0 New Delhi, o\u00f9 les h\u00f4pitaux peinent \u00e0 faire face \u00e0 la vague de patients. Nombre de victimes se comptent parmi les ouvriers du b\u00e2timent, les sans-abri et les personnes \u00e2g\u00e9es.\r\nCr\u00e9dits : ANINDITO MUKHERJEE \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des travailleurs se reposent sous une moustiquaire install\u00e9e sur la plate-forme d'un camion, \u00e0 New Delhi, o\u00f9 les h\u00f4pitaux peinent \u00e0 faire face \u00e0 la vague de patients. 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À l’exception du Mouvement 5 Étoiles (M5S), la dernière née des formations politiques italiennes, les autres grands partis qui se présentent dimanche 31 mai aux suffrages de 20 millions d’électeurs dans plus de 1000 communes (dont Venise) et sept régions (Ligurie, Vénétie, Ombrie, Toscane, Marches, Campanie, Pouilles) sont divisés. C’est le cas au Parti Démocrate (PD centre gauche) dirigé par le Premier ministre Matteo Renzi, à Forza Italia (droite) propriété de Silvio Berlusconi ou à la Ligue du Nord (antieuropéen et anti-immigration). A chaque fois les leaders sont défiés par des « frondeurs », souligant comme l’explique le politologue Piero Ignazi « une forme de rebellion de la périphérie envers le centre du pouvoir ». Tour d’horizon.Les anti-Renzi se comptent en Ligurie. Le train des réformes guidé par le président du conseil et l’empreinte de plus en plus réformiste qu’il a donné au PD, ont laissé l’opposition interne déconfite. Elle n’a rien pu faire contre l’adoption de la réforme du code du travail qui libéralise le marché de l’emploi, rien contre celle du mode de scrutin aux élections législatives qui laisse entre les mains des chefs de partis le choix d’une bonne part des candidats, rien contre celle de l’instruction publique. Anciens communistes ou ex-compagnons de route de Matteo Renzi déçus par son virage libéral, ils rêvent de voir trébucher le premier ministre en Ligurie afin de le contraindre à gauchiser son programme. La candidate chois par le PD, Raffaela Païta, mise en examen pour avoir tardé à donner l’alarme lors des inondations de septembre 2014, est confrontée à la candidature du dissident Luca Pastorino, soutenu par Pipo Civati, autrefois ami de M. Renzi et Sergio Cofferati, ancien secrétaire général de la CGIL, le plus puissant et le plus à gauche des syndicats italiens. La dispersion des voix peut profiter à la candidate du M5S ou de Forza Italia et priver le chef gouvernement – qui espère triompher sur le score de 6 à 1 lors des régionales – d’une occasion de crier victoire.Lutte fratricide eau sein de la Ligue du Nord en Vénétie. A priori, c’est un combat générationnel que se livrent le Milanais Matteo Salvini, 42 ans leader de la Ligue, qui soutient le gouverneur sortant, Luca Zaia, et Flavio Tosi, maire de Vérone, 45 ans qui a décidé de se présenter également. Mais à y regarder de plus près, c’est l’éternel combat entre « les deux âmes de la Ligue » qui se joue. Depuis sa fondation, il y a plus de trente ans, le parti est la proie de tensions entre les Lombards, qui fournit les cadres, et les Vénètes qui remplissent les cars pour les meetings. Les uns et les autres se veulent l’expression de la « pureté » du parti. Mais M. Tosi a également d’autres idées sur l’évolution de la Ligue que M. Salvini a amarrée dans le sillage du Front national, avec lequel il est allié au Parlement européen. Le maire de Vérone aimerait se rapprocher de la droite traditionnelle dont le parti a toujours été un allié plus ou moins obéissant ; M. Salvini, souhaite au contraire faire de la Ligue qui, dans les sondages dépasse désormais Forza Italia, le pivot de toute alliance à venir. Si la région a peu de chances de passer à gauche, les scores obtenus respectivement par M. Zaia et M.Tosi permettront de jauger le rapport de force entre M. Salvini et son « frondeur ».Règlement de compte pour Forza Italia dans les Pouilles. Silvio Berlusconi a promis de se mettre « en retrait ». Il dit qu’il cherche un leader même s’il « n’en voit pas pour l’instant ». Mais à près de 79 ans, son déclin est déjà confirmé. Lassé d’attendre une éventuelle retraite du Caïman ou son adoubement comme héritier, le député européen Raffaele Fitto a décidé de mettre sur pied sa propre liste dans les Pouilles en débauchant purement et simplement le candidat de Forza Italia. Dans la foulée il a également annoncé son départ du parti et la création d’une fondation baptisée « Conservateurs et réformistes ». Le cadet, 46 ans, reproche à son aîné son opposition trop frileuse au gouvernement et sa navigation à vue. Se rêvant en David Cameron transalpin, il a décidé de faire des Pouilles, dont il est originaire, le lieu-clé de cette élection et le laboratoire de la « déberlusconisation » de la droite italienne. L’ancien Président du conseil lui promet de connaître le même sort que tous ceux qui se sont levés sur sa route et ont disparu des radars de la vie politique, comme Gianfranco Fini. « Forza Italia est désormais un chapitre clos », insiste le député européen. Mille fois pronostiquée, cette hypothèse est encore à vérifier.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.05.2015 à 07h45 • Mis à jour le31.05.2015 à 13h53 La police américaine a tué par balle 385 personnes au cours des cinq premiers mois de 2015, soit plus de deux par jour, selon un décompte établi par le Washington Post et publié samedi 30 mai.Ce taux de près de 2,6 personnes abattues chaque jour par la police aux Etats-Unis est à comparer aux statistiques officielles du FBI sur la décennie écoulée, qui l'établissent à 1,1. Les autorités reconnaissent toutefois que les chiffres officiels sont incomplets, puisque le signalement d'une fusillade par les services concernés repose sur le volontariat.Lire : Pour en finir avec la militarisation excessive de la police américaineDébat nationalLes Etats-Unis sont actuellement en proie à un débat national sur les violences policières, en particulier à l'encontre des minorités, après plusieurs cas où des Noirs ont été abattus par des policiers blancs.Aux Etats-Unis, la longue histoire des brutalités policièresLire l'éditorial du Monde : De Ferguson à Baltimore, les Etats-Unis doivent faire leur examen de conscienceD'après l'étude du Washington Post, la moitié des victimes de tirs policiers en 2015 sont des Blancs et l'autre moitié est issue des diverses minorités du pays. Parmi les victimes non armées, deux tiers sont des Noirs ou des Hispaniques. Sur les 385 cas, trois ont donné lieu à des poursuites contre le policier auteur des tirs.Lire (en édition abonnés) : Six policiers poursuivis pour homicide après la mort de Freddie Gray 31.05.2015 à 02h00 • Mis à jour le31.05.2015 à 14h39 L’Europe hésitait entre fierté et dénonciation, samedi 30 mai. Au lendemain de la révélation de l’existence d’une « liste noire » russe, où figurent les noms de personnalités politiques européennes interdites d’entrer sur le territoire, nombreux sont celles qui se sont félicitées d’en faire partie, tandis qu’au niveau institutionnel, les pays membres accusent la Russie d’envenimer les relations UE-Russie, déjà tendues.Lire :Moscou a émis une « liste noire » de personnalités politiques de l’UE interdites sur le sol russe« Lorsque j’ai vu les autres noms [sur la liste], j’ai [aussitôt] pensé que je faisais partie d’un club très honorable », a déclaré samedi 30 mai l’ancien ministre tchèque des affaires étrangères Karel Schwarzenberg, un aristocrate de 77 ans connu pour ses critiques de la politique de Moscou à l’égard de l’Ukraine. « Je considère cela comme une récompense », a ajouté ce député, cité par l’agence de presse tchèque CTK.« Engagement inchangé »Pour certaines personnalités, figurer sur la liste est une preuve de l’efficacité de leur action en faveur de l’Ukraine. « Etre sur cette liste ne change pas mon engagement envers le peuple de l’Ukraine », a écrit sur son compte Twitter l’eurodéputée suédoise Anna Maria Corazza Bildt, connue pour ses critiques à l’encontre du président russe. « Je me sens davantage fière que je n’en ai peur (…) La liste de Poutine confirme que je fais bien les choses en tant que parlementaire », a-t-elle ajouté.Un eurodéputé tchèque et ancien journaliste, Jaromir Stetina, s’est dit, quant à lui, « très fier de figurer sur la liste » en compagnie d’autres personnalités et collègues du Parlement européen.Au total, 89 personnalités européennes sont citées sur cette liste que Moscou ne souhaite pas rendre publique, mais dont une copie a fuité. On y trouve notamment les noms d’hommes et de femmes politiques polonais, suédois, allemands, tchèques, néerlandais, finlandais et belges, parmi lesquels le président du groupe libéral au Parlement européen et ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt et l’ex-président du Parlement européen et ancien chef du gouvernement polonais Jerzy Buzek. Idem pour, l’ex-ministre suédoise de centre droit Lena Adelsohn Liljeroth et le président du sénat polonais, l’ancien opposant Bogdan Borusewicz.Je ne me réjouis pas de figurer sur la ´liste noire du Kremlin' : un signe alarmant de la dégradation des libertés : http://t.co/UcGZSWUElX— MalosseHenri (@Henri Malosse)require(["twitter/widgets"]);En ce qui concerne la France, quatre personnes sont nommées : l’intellectuel Bernard-Henri Lévy, le président du Comité économique et social européen, Henri Malosse, le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux, ainsi que Daniel Cohn-Bendit, ancien eurodéputé qui vient d’obtenir la nationalité française, et s’est dit amusé de sa présence sur la liste : « Je trouve ça très drôle », a-t-il déclaré à Reuters. « Ça correspond au régime poutinesque, ça aurait été vraiment triste que Poutine me considère comme son ami », a-t-il ajouté.Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, élu jeudi soir, a apporté son soutien à Bruno Le Roux : « Le parti socialiste, solidaire de Bruno Le Roux, est désireux qu'un grand pays comme la Russie soit un partenaire respecté qui nous respecte. C'est pourquoi nous demandons à messieurs Poutine et Lavrov de revenir sur cette décision qui ternit l'image de leur pays en Europe ».Une liste impossible à contesterL’établissement de « la liste noire » et son caractère secret ont par ailleurs été dénoncés par plusieurs chancelleries européennes. « La moindre des choses aurait été que l’on fasse connaître aux personnes concernées les réserves qui les concernent réellement, ou au moins que l’on rende ces listes publiques », a déclaré samedi le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. « A un moment où nous nous efforçons de désamorcer un conflit âpre et dangereux au cœur de l’Europe, cela n’aide pas », a-t-il ajouté, selon un communiqué.Lire aussi (édition abonnés) :L’Europe veut calmer le jeu face à la Russie de PoutineDès vendredi, l’action de Moscou a été condamnée par le premier ministre néerlandais Mark Rutte qui a indiqué que son gouvernement « en informerait Moscou dans des termes non équivoques ». La liste russe « n’est pas fondée sur le droit international, n’est pas transparente et il est impossible de la contester » devant un tribunal, a-t-il souligné.La liste, où figurent neuf Britanniques dont le patron du renseignement MI5, Andrew Parker, le chef d’état-major de l’armée, Nicholas Houghton, l’ancien vice-premier ministre Nick Clegg et l’ancien ministre des affaires étrangères Malcolm Rifkind, n’a « absolument aucune justification », a réagi samedi le gouvernement britannique.L’ambassadeur de Russie auprès de l’UE, Vladimir Tchijov, avait confirmé la semaine dernière l’existence d’une telle liste, tout en précisant qu’il ne s’agissait « pas de dirigeants ou de hauts responsables de pays ». « Une telle liste existe vraiment. Et personne n’y a été placé par hasard », avait-il souligné. Une autre liste concerne aussi des citoyens américains, a déclaré samedi un responsable du ministère aux médias russes.« Pas une surprise »« C’est un comportement (…) qui n’améliore pas malheureusement l’image de la Russie », a déclaré vendredi la ministre suédoise des affaires étrangères Margot Wallström à l’agence de presse TT. En revanche, pour son homologue finlandais Timo Soini, il est inutile de « trop dramatiser » cette affaire. « C’est une réaction attendue à l’interdiction faite (par l’Union européenne) à des citoyens russes de voyager (sur le territoire de l’UE). Ce n’est pas une grande surprise », a-t-il écrit sur un blog.Au fil de la crise en Ukraine, l’UE a complété sa propre « liste noire », qui compte désormais quelque 150 noms et une quarantaine d’entités, et pris des mesures plus sévères contre la Russie, visant des pans entiers de l’économie.Lire aussi (édition abonnés) :Sans illusion, l’UE durcit ses sanctions contre MoscouLa liste noire de Moscou contre l'UE publié par Liberation.fr Jérémie Lamothe L’organisation indépendantiste basque ETA a refait parler d’elle, jeudi 28 mai. Une opération, menée par la police judiciaire de Bayonne, la sous-direction antiterroriste de la PJ et la direction générale de la sécurité intérieure, en collaboration avec la Guardia Civil espagnole, a permis de découvrir des dizaines d’armes et plusieurs kilos d’explosifs, appartenant à l’organisation, dans une villa cossue de Biarritz.A lire : Comment ETA s’est implantée en FranceCe coup de filet rappelle que l’organisation indépendantiste est encore présente sur le territoire français. Ce qui n’a pas surpris Jean Chalvidant, spécialiste de la question basque, et auteur de plusieurs livres sur l’organisation, dont Secrets d’ETA (Picollec, 2012) : « D’après mes informations, il y aurait près de 150-200 étarras [militants d’ETA] en France, dont seulement une vingtaine directement opérationnels. Et on estime leur arsenal à environ 200 pistolets et revolvers et 5 000 kg d’explosifs. » Un désarmement rejetéPour ce membre du département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines, à l’université Paris-II, il est très compliqué aujourd’hui de reconnaître des militants qui se sont fondus dans la société : « Ils vivent au grand jour, payent leur loyer et envoient leurs enfants au collège. L’image d’un étarra planqué dans un grenier fait partie du passé. »Même si ETA a renoncé à son activité armée en 2011, les militants indépendantistes rejettent, jusqu’ici, tout plan de désarmement. Une faute de la part d’ETA et du gouvernement espagnol pour Gorka Landaburu, directeur du mensuel espagnol Cambio 16 : « Depuis 2011, l’organisation est en stand-by. Le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, veut une dissolution de l’organisation avant toute discussion sur les armes alors qu’ETA souhaite parler des armes, avant d’évoquer une dissolution. C’est une situation surréaliste. » Le chercheur Jean Chalvidant a une explication à ce statu quo : « Si ETA ne rend pas les armes, c’est qu’elle ne veut pas qu’elles servent à expliquer 300 assassinats, expertises balistiques à la clé, qui pourraient impliquer plusieurs de ses membres. » Lire aussi :Les aveux d’un repenti de l’ETA« Mariano Rajoy attend que la situation pourrisse »Mais si l’opération menée à Biarritz rappelle que la question basque n’est pas réglée, ce n’est plus une priorité en Espagne, selon Gorka Landaburu : « Madrid ne considère plus ETA comme un problème ni comme une priorité. Rajoy attend que la situation pourrisse, alors qu’il avait la possibilité de mettre un point final à l’organisation. C’est une erreur. » Le journaliste estime que ce dernier coup de filet sert surtout le gouvernement espagnol qui « avait besoin de redorer son blason après les élections municipales du 24 mai [marquées par la percée du parti Podemos] ».Depuis les attentats de la gare d’Atocha à Madrid en 2004, la question des terroristes djihadistes a supplanté celle des terroristes basques, précise Jean Chalvidant : « ETA est en phase terminale. Ce qui a permis aux services français et espagnols de se redéployer sur des objectifs et des cibles plus urgents, les djihadistes. »Après avoir arrêté la lutte armée en 2011, ETA s’est lancé dans le combat politique au sein des partis Sortu et EH Bildu. Lors des dernières élections municipales, le parti des indépendantistes de gauche EH Bildu a rassemblé près de 24 % des électeurs du Pays basque. Pour le chercheur Jean Chalvidant, « c’est un résultat inférieur à celui de 2011 (25,94 %), qui ne lui a pas permis de conserver des fiefs comme Saint-Sébastien, Bergara, Tolosa… La faute à un trop grand sectarisme. » Un constat partagé par Gorka Landaburu : « Depuis quatre ans, ils sont passés des pancartes à la gestion. Et les Basques sont très critiques contre leur travail car ils ont gouverné pour eux-mêmes. »Pour le directeur de Cambio 16, le statu quo va se poursuivre au moins jusqu’aux prochaines législatives, en décembre 2015 : « Il peut y avoir des opérations policières ponctuelles, pour faire pression sur ETA et montrer aux Espagnols que la lutte continue. Mais maintenant il faut trouver une solution durable beaucoup plus politique. »Lire aussi :Secrets d’ETAJérémie LamotheJournaliste au Monde Gilles Paris (Washington, correspondant) Il avait été l’un des intervenants remarqués de la convention démocrate de 2004, aux côtés d’un jeune sénateur de l’Illinois promis à un brillant avenir, Barack Obama. Martin O’Malley était à l’époque le maire énergique de Baltimore, dans le Maryland, et était souvent cité en exemple par les médias pour son charisme. Élu cinq ans plus tôt, omniprésent sur le terrain, il avait même inspiré le personnage de Tommy Carcetti, maire de la même ville dans la série mythique « The Wire » par son parcours et ses allures de jeune premier. Sur sa lancée, Martin O’Malley avait arraché en 2006 le poste de gouverneur détenu alors par un républicain, puis avait été réélu sans faiblir pour un second mandat en 2010, année de déroute pour le camp démocrate.À Baltimore, samedi 30 mai, l’ancien gouverneur de 52 ans a annoncé sans surprise sa candidature à l’investiture démocrate. Il a mis en avant un bilan conforme aux canons de son parti : une fiscalité présentée comme plus juste car n’épargnant pas les plus riches, une politique scolaire permettant de mieux intégrer les enfants d’immigrés, et la légalisation du mariage homosexuel. L’ancien gouverneur, qui était également parvenu à bannir la peine de mort dans son Etat, s’est appuyé sur une déclaration d’un responsable de la banque Goldman Sachs assurant qu’il s’accommoderait aussi bien d’une nouvelle présidence Bush ou Clinton, pour contester le fait que la fonction suprême soit « une couronne que l’on se passe et repasse entre deux familles royales ».Lire aussi :Hillary Clinton, candidate naturelle du Parti démocrateLe candidat du petit peupleCette pique était sans doute nécessaire car Martin O’Malley sait qu’il aura fort affaire pour fragiliser la favorite du camp démocrate, Hillary Clinton. Ses diatribes contre Wall Street, samedi, ont peut-être pour objectif, selon certains commentateurs américains, de s’attirer le soutien de la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, la figure de proue de la gauche démocrate qui a refusé de se présenter à l’investiture. D’autant que le gouverneur triomphateur de 2010 et de 2012, année qui avait vu ses propositions, notamment sur le mariage homosexuel, validées par les électeurs, a perdu un peu de son aura avec la défaite de son dauphin à l’élection de 2014. Son image a également pâti des émeutes qui ont touché Baltimore en avril, soulignant la persistance de la détresse sociale d’une partie de la ville.Lire aussi :Etats-Unis : Les Clinton ont engrangé plus de 30 millions de dollars depuis 2014Face à la machine de campagne riche à millions mise sur pied par l’ancienne secrétaire d’Etat, M. O’Malley devrait cultiver une image de candidat proche des cols-bleus et du petit peuple démocrate. Guitariste à ses heures dans un groupe de rock celtique, il s’est exprimé samedi après une chanson de Bruce Springsteen, symbole d’une forme de fidélité à la classe ouvrière, et avant une autre de U2, clin d’œil à ses racines irlandaises.Lire aussi :Bernie Sanders, le gauchiste de la course à l’investiture démocrateGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.05.2015 à 15h23 • Mis à jour le30.05.2015 à 22h37 Une forte secousse a été ressentie samedi 30 mai à Tokyo en raison d'un séisme de magnitude 7,8 à 874 kilomètres de la capitale japonaise, dans l'océan Pacifique, selon l'Institut américain de géophysique (USGS). L'épicentre se trouvait à 676 kilomètres de profondeur. Les bâtiments de la capitale ont tremblé pendant environ une minute à la mi-journée.De son côté, le centre d'alerte aux tsunamis du Pacifique a estimé que le séisme était de magnitude 8,5 mais qu'il n'y avait pas de risque de tsunami.Deuxième séisme de la semaineLes deux pistes de l'aéroport de Narita, le principal aéroport international de Tokyo, étaient temporairement fermées afin de permettre des inspections. La circulation du métro de la capitale ainsi que des trains a dû être interrompue.Un second séisme – d'une magnitude de 6,4 – a été enregistré dimanche matin au large des îles Izu, au sud de Tokyo, à une profondeur de 13,4 km selon l'USGS, mais il n'y a pas eu d'alerte au tsunami.Il s'agit du deuxième séisme ressenti à Tokyo au cours de cette semaine. Lundi, un premier séisme avait sécoué la région de la capitale sans faire de dégâts ou de victimes. Il avait atteint une magnitude de 5,6 selon l'agence de météorologie japonaise, et de 5,3 selon l'Institut américain de géophysique. Il n'y avait eu aucun risque de tsunami. 30.05.2015 à 13h54 • Mis à jour le30.05.2015 à 14h15 Les températures suffocantes qui sévissent depuis des semaines en Inde ont provoqué la mort de plus de 2 000 personnes, ont annoncé les autorités samedi. Des centaines de personnes, surtout parmi les plus pauvres, succombent chaque été en raison de la chaleur en Inde, mais 2015 s'avère être la deuxième année la plus meurtrière de l'histoire du pays et la cinquième la plus fatale sur l'ensemble de la planète, selon les chiffres du EM-DAT, une base de données internationale sur les catastrophes naturelles.Les Etats d'Andhra Pradesh et de Telangana, dans le sud du pays, sont de loin les plus touchés par la canicule et recensent à eux seuls 1 979 décès. Dix-sept autres personnes sont mortes en Orissa, dans l'est et neuf autres ailleurs, ce qui porte le total des décès à 2 005. En 1998, 2 451 personnes étaient mortes, selon les données du EM-DAT.Campagnes d'éducation populaireDans l'Andhra Pradesh et le Telangana, le gouvernement a lancé des campagnes d'éducation populaire pour informer les plus vulnérables et les aider à faire face à la chaleur.Au Telangana, les autorités ont distribué des tracts et utilisent les médias locaux pour inviter les gens à boire beaucoup d'eau et à éviter de sortir à l'extérieur, a indiqué le responsable de la gestion des catastrophes naturelles de l'Etat, B. R. Meena. Selon lui, 489 personnes sont mortes dans l'Etat. « Il y a eu un petit fléchissement de la chaleur, mais nous sillonnons les routes pour expliquer aux gens comment se protéger », explique-t-il, précisant qu'il n'y avait pas eu de nouveau décès depuis jeudi. « Les décès vont vraiment ralentir dans les prochains jours », confirme son collègue d'Andhra Pradesh, où 1 490 personnes sont mortes.Lire aussi : En Inde, la vague de chaleur tue les plus pauvresSamedi, les températures maximales tournaient autour de 45 °C, les météorologistes à New Delhi avertissant que les températures torrides pourraient se prolonger la semaine prochaine dans plusieurs Etats. L'Inde parle de vague de chaleur quand la température maximale atteint 45 °C ou qu'elle est supérieure de 5 °C à la moyenne des précédentes années.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2rx2px"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2rx2px", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 30.05.2015 à 08h42 Le président Barack Obama a décrété vendredi soir l'état de catastrophe naturelle pour les zones du Texas éprouvées par des intempéries qui ont provoqué d'importantes inondations et fait au moins 21 morts.Les orages qui se sont abattus jeudi et vendredi sur le nord du Texas sont venus gonfler un peu plus des rivières déjà en crue à la suite des intempéries d'il y a une semaine, et ont aggravé un peu plus la situation à Dallas.Près de Dallas, vendredi, plusieurs milliers d'automobilistes ont été pris au piège pendant six heures sur un axe routier de banlieue paralysé par les inondations.A une centaine de kilomètres au sud-ouest de Houston, le maire de Wharton a ordonné l'évacuation de 900 habitants vivant près des berges de la rivière Colorado, qui a quitté son lit et commencé d'envahir la ville jeudi.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2rsjlu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2rsjlu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 30.05.2015 à 15h23 Une forte secousse a été ressentie samedi 30 mai à Tokyo en raison d'un séisme de magnitude 7,8 à 874 kilomètres de la capitale japonaise, dans l'océan Pacifique, selon l'Institut américain de géophysique (USGS). L'épicentre se trouvait à 676 kilomètres de profondeur. Les bâtiments de la capitale ont tremblé pendant environ une minute à la mi-journée.De son côté, le centre d'alerte aux tsunamis du Pacifique a estimé que le séisme était de magnitude 8,5 mais qu'il n'y avait pas de risque de tsunami.Deuxième séisme de la semaineLes deux pistes de l'aéroport de Narita, le principal aéroport international de Tokyo, étaient temporairement fermées afin de permettre des inspections. La circulation du métro de la capitale ainsi que des trains a dû être interrompue.Il s'agit du deuxième séisme ressenti à Tokyo au cours de cette semaine. Lundi, un premier séisme avait sécoué la région de la capitale sans faire de dégâts ou de victimes. Il avait atteint une magnitude de 5,6 selon l'agence de météorologie japonaise, et de 5,3 selon l'Institut américain de géophysique. Il n'y avait eu aucun risque de tsunami. 30.05.2015 à 13h54 • Mis à jour le30.05.2015 à 14h15 Les températures suffocantes qui sévissent depuis des semaines en Inde ont provoqué la mort de plus de 2 000 personnes, ont annoncé les autorités samedi. Des centaines de personnes, surtout parmi les plus pauvres, succombent chaque été en raison de la chaleur en Inde, mais 2015 s'avère être la deuxième année la plus meurtrière de l'histoire du pays et la cinquième la plus fatale sur l'ensemble de la planète, selon les chiffres du EM-DAT, une base de données internationale sur les catastrophes naturelles.Les Etats d'Andhra Pradesh et de Telangana, dans le sud du pays, sont de loin les plus touchés par la canicule et recensent à eux seuls 1 979 décès. Dix-sept autres personnes sont mortes en Orissa, dans l'est et neuf autres ailleurs, ce qui porte le total des décès à 2 005. En 1998, 2 451 personnes étaient mortes, selon les données du EM-DAT.Campagnes d'éducation populaireDans l'Andhra Pradesh et le Telangana, le gouvernement a lancé des campagnes d'éducation populaire pour informer les plus vulnérables et les aider à faire face à la chaleur.Au Telangana, les autorités ont distribué des tracts et utilisent les médias locaux pour inviter les gens à boire beaucoup d'eau et à éviter de sortir à l'extérieur, a indiqué le responsable de la gestion des catastrophes naturelles de l'Etat, B. R. Meena. Selon lui, 489 personnes sont mortes dans l'Etat. « Il y a eu un petit fléchissement de la chaleur, mais nous sillonnons les routes pour expliquer aux gens comment se protéger », explique-t-il, précisant qu'il n'y avait pas eu de nouveau décès depuis jeudi. « Les décès vont vraiment ralentir dans les prochains jours », confirme son collègue d'Andhra Pradesh, où 1 490 personnes sont mortes.Lire aussi : En Inde, la vague de chaleur tue les plus pauvresSamedi, les températures maximales tournaient autour de 45 °C, les météorologistes à New Delhi avertissant que les températures torrides pourraient se prolonger la semaine prochaine dans plusieurs Etats. 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La direction de l’établissement avait alors dénoncé une décision « illégale » et l’opposition les motivations « politiques » du régime.Fondée en 1996, Bank Asya est réputée proche du mouvement de Fethullah Gülen, un imam turc qui vit aux Etats-Unis et dirige un vaste et influent réseau d’écoles, d’organisations caritatives et d’entreprises en Turquie et dans le monde.Guerre contre son ancien alliéFidèle allié de M. Erdogan depuis son arrivée au pouvoir en 2002, M. Gülen est devenu son ennemi juré depuis le scandale de corruption qui a éclaboussé le régime fin 2013. Le chef de l’Etat a depuis déclaré la guerre à M. Gülen, multipliant les purges contre les membres présumés de son mouvement, notamment dans la police et la justice.Bank Asya emploie 5 000 salariés en Turquie, y dispose de 300 agences et d’environ 4,5 millions de clients. La décision des autorités turques intervient à huit jours des élections législatives. Au pouvoir depuis treize ans, le parti de M. Erdogan s’y présente en favori, mais affaibli.Lire aussi (en édition abonnés) :En Turquie, M. Erdogan cherche à ressouder son parti avant les élections 29.05.2015 à 23h41 • Mis à jour le30.05.2015 à 14h28 Au moins 19 passagers de deux autobus ont été tués par balle vendredi 29 mai dans la soirée dans le sud-ouest du Pakistan, dans une attaque qui n’a pas encore été revendiquée.« Les assaillants ont contraint les bus à s’arrêter, pris en otage plus de vingt passagers, puis ils ont tiré, tuant au moins 19 personnes », a déclaré un responsable de la province du Baloutchistan.Pas encore de revendicationLes bus se dirigeaient vers Karachi lorsqu’ils ont été pris pour cible dans la région de Mastung, près de la ville de Quetta, selon un responsable local, Akbar Harifal. Les forces de sécurité ont pu récupérer cinq personnes après une fusillade. « La zone a été bouclée et on tire encore », a dit le responsable.Aucun groupe n’avait encore revendiqué l’attaque vendredi soir. Des groupes séparatistes mènent depuis des années une guérilla au Baloutchistan, une province également minée par la violence islamiste. 29.05.2015 à 19h54 • Mis à jour le30.05.2015 à 17h05 Moscou a émis une liste de personnalités politiques européennes - 89 personnes au total selon Bruxelles – ne pouvant plus entrer sur le territoire russe en riposte aux sanctions de l’UE. C’est ce qu’a révélé vendredi 29 mai le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, évoquant une réponse du Kremlin aux sanctions européennes qui avaient suivi l’annexion de la Crimée et le conflit dans l’est de l’Ukraine.Lire aussi (édition abonnés) :L’Europe veut calmer le jeu face à la Russie de Poutine« La Russie a remis hier à plusieurs ambassades européennes une liste de personnes qui ne peuvent plus entrer sur le territoire russe », a déclaré le premier ministre lors d’une conférence de presse, précisant que trois parlementaires néerlandais figuraient sur cette liste.Plusieurs responsables politiques refoulés ces derniers moisSelon M. Rutte, Moscou a dressé cette liste en réaction aux sanctions et interdictions d’entrée sur le territoire européen prononcées à l’endroit de la Russie à la suite de l’annexion de la Crimée, en mars 2014, et pour son rôle dans la crise ukrainienne. Le chef du groupe libéral au Parlement européen et ancien premier ministre belge, Guy Verhofstadt, figure notamment sur cette liste, a affirmé de son côté à l’AFP le porte-parole du groupe, Jeroen Reijnen.L’ambassadeur russe auprès de l’UE, Vladimir Tchijov, a confirmé l’existence de cette liste, tout en précisant qu’il ne s’agissait « pas de dirigeants ou de hauts responsables des pays ». « Une telle liste existe vraiment. Et personne n’y a été placé par hasard », a-t-il déclaré à la chaîne Rossia 24.Le député français Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, figurerait notamment sur cette liste. Interrogé par Le Monde, il explique ne pas avoir vu de document, mais avoir été prévenu par le Quai d’Orsay qu’il serait probablement placé sur liste noire par la Russie.Une porte-parole de la diplomatie de l’Union européenne a assuré à l’Agence France-Presse que la Russie avait refoulé plusieurs responsables politiques européens ces derniers mois, mais avait jusqu’à présent refusé de communiquer une liste des personnes visées.L’Allemagne demande à rendre cette liste publiqueLe ministère allemand des affaires étrangères a demandé à la Russie de rendre la liste publique. « L’Union européenne et le gouvernement allemand sont en contact étroit avec la Russie et exigent la transparence. Les personnes (qui figurent sur) cette liste doivent immédiatement le savoir. Elles ont le droit de connaître les raisons (de leur interdiction d’entrée en territoire russe) et de déposer des recours », a souligné le ministère.Les autorités russes avaient refusé dimanche l’entrée sur leur territoire de Karl-Georg Wellmann, député allemand des Unions chrétiennes (CDU-CSU) et président du groupe d’amitié parlementaire germano-ukrainien. Le parlementaire avait émis l’hypothèse de l’existence d’« une liste de sanctions côté russe, en réaction aux sanctions de l’Union européenne ».Lire aussi :Tensions entre Berlin et Moscou après le refoulement d’un député allemandEn mars, des responsables politiques occidentaux qui voulaient assister aux obsèques de l’opposant russe Boris Nemtsov avaient rapporté s’être vu refuser l’entrée en Russie. Le président du Sénat polonais, Bogdan Borusewicz, avait ainsi déclaré que les autorités russes ne lui avaient pas accordé la permission de s’y rendre, en réponse aux sanctions européennes contre Moscou. L’eurodéputée lettonne Sandra Kalniete avait connu le même traitement. 29.05.2015 à 18h36 Le gouvernement espagnol a donné, vendredi 29 mai, son feu vert à la présence permanente sur la base de Moron de la Frontera, près de Séville, d’une force d’intervention américaine de 2 200 hommes sur la base de Moron de la Frontera (sud). Une décision destinée à répondre aux différentes crises que connaît le continent africain.L’installation de cette force sera formalisée dans un accord bilatéral entre l’Espagne et les États-Unis, amendant ainsi l’accord de défense datant de 1988, a annoncé la vice-présidente du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria.Le texte doit être signé lundi lors de la visite en Espagne du chef de la diplomatie américaine John Kerry. Il prévoit « le déploiement permanent sur la base de Moron d’une force de 2 200 militaires et 500 civils, plus 26 avions », a précisé la porte-parole du gouvernement.Lire aussi :Le leadership militaire américain menacéUne base régulièrement utilisée par les États-Unis depuis les années 1950Cette force de réaction rapide a notamment pour mission de renforcer la protection des ambassades, de récupérer des militaires en difficulté, d’évacuer des civils ou d’intervenir dans les conflits ou les crises humanitaires.La base de Moron peut également accueillir une force temporaire d’un maximum de 800 militaires et 14 avions supplémentaires. Elle a été régulièrement utilisée par les États-Unis depuis les années 1950, comme d’autres, dont la base aéronavale de Rota, près de Cadiz (Andalousie).Les États-Unis disposaient déjà d’une force de réaction rapide d’environ 800 hommes sur cette base depuis avril 2013, mais à titre temporaire. Elle y avait été déployée après l’attaque meurtrière ayant visé le consulat de Benghazi, en Libye, le 11 septembre 2012.Lire aussi :Comment l’OTAN fera face à la guerre hybride 28.05.2015 à 16h09 • Mis à jour le28.05.2015 à 16h48 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Le scandale de corruption qui secoue la Fédération internationale de football (FIFA) éveille la défiance de Moscou, qui soupçonne les Etats-Unis de nourrir de noirs desseins à son encontre en empêchant la réélection de Joseph Blatter, candidat à sa propre succession à la tête de l’organisation et partisan affiché de l’organisation par la Russie de la Coupe du monde 2018.Lire aussi :Ce que l’on sait du scandale qui éclabousse la FIFA« M. Blatter avait toutes les chances d’être réélu, et nous connaissons quelles pressions ont été exercées sur lui pour empêcher la tenue de la Coupe du monde de football en Russie », a déclaré le président Vladimir Poutine, selon des propos rapportés sur le site de la présidence russe jeudi 28 mai. « Blatter, a-t-il poursuivi, considère que le sport doit avoir un impact positif sur la politique et servir de base au dialogue et à la réconciliation. » Manifestement, pour le chef du Kremlin, les relations bilatérales entre Moscou et Washington, très dégradées depuis le conflit en Ukraine, en sont encore loin.Lire aussi :FIFA : un front uni se dessine contre BlatterM. Poutine n’a en effet « pas de doutes » : la mise en cause de plusieurs fonctionnaires de la FIFA, interpellés en Suisse et faisant l’objet d’une demande d’extradition des Etats-Unis, constitue une ingérence américaine de plus dans les affaires du monde en général et dans l’orbite russe en particulier.« Ces arrestations, a souligné le chef de l’Etat russe, semblent très étranges, car elles ont été effectuées à la demande des Etats-Unis (…), mais ces fonctionnaires ne sont pas des citoyens américains et si quelque chose s’est produit, cela n’a pas eu lieu sur leur territoire. » La procédure engagée, « même en supposant que les Etats-Unis ont un certain droit d’extradition », constitue donc aux yeux de M. Poutine une « violation » grossière des règles internationales et « une nouvelle tentative flagrante d’étendre sa juridiction à d’autres Etats ».Edward Snowden, Julian Assange…Pour étayer son propos sur les dépassements américains, M. Poutine a agité dans la foulée le cas d’Edward Snowden, un informaticien ancien employé de la CIA réfugié en Russie après avoir révélé des programmes de surveillance de masse : « Nous connaissons bien la position des Etats-Unis au sujet d’un ancien employé des services spéciaux, membre de l’agence nationale de sécurité, qui a dévoilé la pratique d’actions illégales des Etats-Unis à l’échelle mondiale, y compris en écoutant des dirigeants étrangers (…) Tout le monde en parle, y compris en Europe, mais personne ne veut lui donner le droit d’asile… »De Snowden, le président russe est ensuite passé à la situation de l’Australien Julian Assange à l’origine de la divulgation des câbles diplomatiques américains sur WikiLeaks, « obligé de se cacher dans une ambassade étrangère depuis quelques années ». « Pourquoi je me rappelle ces histoires ? a-t-il conclu. Parce que nos partenaires utilisent des méthodes illégales pour atteindre leurs propres fins égoïstes, en poursuivant les gens. Je n’exclus pas que, dans le cas de la FIFA, ce soit la même chose. »Lire aussi :Scandale de la FIFA : Paris, Londres et Moscou divisés sur le sort de Sepp BlatterA l’unisson du président, les médias russes dénoncent, à travers le scandale qui frappe la FIFA, une offensive ciblée, oubliant le Qatar désigné comme le pays organisateur du Mondial en 2022. « Un complot contre la Russie ? » s’est ainsi interrogé dès mercredi soir l’hebdomadaire Troud sur son site Internet.Le ton monte en Russie, où l’on ne manque jamais de critiquer l’ancien adversaire de la guerre froide, ni d’imputer à la Maison Blanche la volonté de vouloir déstabiliser la zone d’influence russe, voire la Russie elle-même, à travers les « révolutions de couleur ». Jeudi, le président de la Commission russe de lutte contre la corruption, Kirill Kabanov, s’en est à son tour mêlé, en laissant entendre que l’affaire de la FIFA serait utilisée à des fins politiques : « Cette situation pourrait jouer contre la Russie et la Coupe du monde de 2018 », a-t-il déclaré.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Une étape importante a été franchie, jeudi 28 mai en fin de matinée, dans le processus, long et hasardeux, des négociations sur le traité transatlantique, entre les Etats-Unis et l’Europe (TTIP). Le Parlement européen a envoyé une forme de feu vert à la poursuite des discussions, validant notamment, dans le cadre de ce traité de libre-échange, la présence des très controversés tribunaux d’arbitrage, censés régler les différends entre les multinationales et les Etats.Les élus conservateurs – globalement « pro-TTIP » –, ont réussi à rallier à leur cause les sociaux-démocrates du Parlement pour voter un texte de compromis. Il s’agit d’une recommandation, n’ayant certes aucune valeur législative, et votée uniquement au sein d’une commission du Parlement (la commission INTA, en charge des questions commerciales). Cette recommandation devra encore être validée par un vote en plénière, probablement le 10 juin prochain, à Strasbourg.Lire aussi :Traités de libre-échange : le coup de frein des démocrates américainsMais si les élus en INTA avaient rejeté la résolution, jeudi, cela aurait rendu encore plus complexes des discussions déjà très laborieuses entre la Commission européenne et les Américains. Le Parlement européen a tout de même un droit de veto sur le texte final du traité…Très forte contestation populaireCes négociations ont débuté en juillet 2013, mais butent sur une très forte contestation populaire, notamment en Allemagne, et dans une moindre mesure en France, en Belgique ou en Autriche. Les Verts, l’extrême gauche et nombre de mouvements citoyens craignent qu’au prétexte de gagner quelques points de croissance, les Européens sacrifient leurs normes environnementales et sociales. Côté américain, le TTIP ne provoque pas non plus l’enthousiasme, la priorité de l’administration Obama allant clairement au bouclage des discussions sur l’accord de partenariat transpacifique (TPP).Jeudi, le groupe des conservateurs européens (PPE) s’est défendu, avec cette recommandation, d’avoir « bradé » les valeurs sociales et environnementales européennes : « Nous avons soutenu ce texte qui rappelle que le TTIP ne sera pas négocié à n’importe quel prix : nos choix de société comme le niveau de protection de la santé, de l’environnement et des consommateurs ne pourront être revus à la baisse et cette condition n’est pas négociable », ont déclaré les élus Tokia Saïfi et Franck Proust à l’issue du vote.Ils ont aussi souligné qu’ils seraient vigilants concernant la reconnaissance des indications géographiques dans les domaines agricoles et alimentaires, et l’accès des groupes européens aux marchés publics aux Etats-Unis.« Reniement »Concernant les tribunaux d’arbitrage, dénoncés comme pouvant devenir des menaces au droit souverain de légiférer des Etats, les conservateurs assurent qu’ils n’en accepteront le principe que si ces mécanismes de réglement des différends entre Etats et multinationales sont réformés. De manière à respecter « le droit des Etats à réguler, fonctionner de manière transparente, empêcher tout recours abusif ou encore intégrer un mécanisme d’appel. » « Ce nouveau mécanisme s’inscrira dans l’objectif de créer à moyen terme une Cour permanente internationale chargée du règlement de ces différends. » La Commission européenne s’est déjà engagée à proposer une évolution des tribunaux d’arbitrage dans ce sens.Yannick Jadot, élu Vert au Parlement et vice-président de la commission INTA, a déploré le « reniement » des sociaux-démocrates, notamment sur le sujet des mécanismes d’arbitrage. Un « arrangement » qui « prime une nouvelle fois sur la défense de la démocratie, des citoyens, des salariés et des consommateurs européens qui rejettent massivement ce mécanisme pensé par et pour les grandes firmes ». De fait, une consultation publique, initiée au printemps 2014 par la Commission européenne sur ce sujet des tribunaux d’arbitrage, avait reçu des dizaines de milliers de réponses, en très grande majorité négatives.Un dixième round de négociations entre Washington et Bruxelles est déjà programmé, à Bruxelles, dans le courant du mois de juillet prochain.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard Indifférente ou presque aux farouches critiques contre l’instauration de quotas de migrants dans les vingt-huit pays de l’Union européenne, la Commission a proposé mercredi 27 mai de répartir 40 000 demandeurs d’asile actuellement en Italie (24 000) et en Grèce (16 000), ainsi que de 20 000 réfugiés, entre les différents Etats de l’UE.Lire :La France invitée à accueillir 9 127 migrants en deux ansDésormais politiquement sensible, le mot « quota » ne figure pas dans la proposition de Bruxelles, qui a préféré le terme de « clé ». Le nombre de personnes à répartir a été calculé en fonction du nombre d’habitants du pays d’accueil, mais également du produit intérieur brut (PIB), du taux de chômage ou encore du nombre de demandes d’asile reçues dans le pays.23 Etats accueilleraient 40 000 demandeurs d’asile. Tous les pays d’Europe ne figurent pas sur cette liste : outre l’Italie et la Grèce, qui croulent déjà sous les demandes d’asile, certains Etat bénéficient de dispositions européennes leur permettant de s’exclure du dispositif (Royaume-Uni, Irlande, Danemark).28 Etats accueilleraient 20 000 réfugiés de l’ONU. L’ensemble des Vingt-Huit seraient concernés par un autre dispositif lié à l’ONU : quelque 20 000 réfugiés, au statut reconnu par les Nations unies, demandent une protection internationale et pourraient être dirigés vers un des pays européens.Ces deux volets ajoutés, l’Allemagne serait ainsi la première destination des demandeurs d’asile et des réfugiés, avec près de 12 000 personnes accueillies, devant la France (9 100 personnes).Une autre lecture de ces données est intéressante : rapporté à la seule population du pays, les Etats accueillant le plus de migrants ne sont plus du tout les mêmes. C’est ainsi des « petits » Etats comme le Luxembourg et Malte, qui recevraient proportionnellement le plus de demandeurs d’asile et de réfugiés, avec un taux (finalement modeste), de plus de 9 migrants pour 10 000 habitants.L’Allemagne et la France, elle, sont à un ratio respectif de 1,47 et 1,39 personne pour 10 000 habitants.Un contexte de nombreuses demandes d’asileIl faut toutefois rappeler que certains pays font face, depuis plusieurs années, à une très forte augmentation du nombre de demandes d’asile. C’est ce qui conduit, en France, l’UMP ou le Front national à qualifier de « folie » la proposition de Bruxelles.Paris n’est toutefois pas en première ligne sur ce terrain en Europe. Loin de sa réputation de terre d’accueil, la France n’était plus que quatrième en 2014, avec environ 64 300 demandes d’asile déposées. L’Allemagne fait face à une vague beaucoup plus massive (202 800), suivie de la Suède (81 000) et de l’Italie (64 600). #container_14328028155{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14328028155{ height:500px; } #container_14328028155 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14328028155 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14328028155 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14328028155 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }L'Allemagne, première terre d'accueil des migrants en EuropeNombre de demandes d'asiles déposées depuis 2012 dans les 10 principaux pays d'accueil.Source : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Sur ce point, la France se montre beaucoup moins généreuse que ses voisins, avec un taux de réponse positive d’environ 30 %, contre près de 50 % en Allemagne, 60 % en Italie et plus de 80 % en Suède, selon les chiffres d’Eurostat.Lire aussi :Réfugiés : les arguties déplorables du gouvernementAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sébastien Hervieu (Johannesburg, correspondance) Ce qui constituait la principale force du chef d’Etat malgache risque de devenir son talon d’Achille. Elu démocratiquement fin 2013 avec l’appui de l’ancien président de la transition, Andry Rajoelina, Hery Rajaonarimampianina avait rapidement pris ses distances avec l’auteur du coup d’Etat de 2009.Malgré sa participation au précédent gouvernement au poste de ministre des finances, il tentait ainsi de se poser en homme du renouveau malgache. Celui qui allait tourner la page de cinq années de crise en apparaissant au-dessus des querelles partisanes et personnelles qui ont miné la Grande Ile toutes ces dernières années, au grand soulagement de la population.Mais aujourd’hui, c’est la faiblesse de son assise politique qui menace de provoquer sa chute. A une écrasante majorité (121 sur 125 votants), les députés ont choisi, mardi 26 mai, de destituer le président malgache qui, faute de représentants élus sous sa propre bannière, avait su jusque-là se bricoler une majorité parlementaire précaire.Lire aussi :Madagascar : « Ce scénario était malheureusement prévisible »« Violations graves et répétées de la Constitution »Le sort de ce technocrate, expert-comptable de formation, est désormais entre les mains de la Haute Cour constitutionnelle (dont il a nommé trois des neuf membres). Elle devra déterminer si la requête déposée par les députés est justifiée au regard de la loi. Les parlementaires accusent le chef d’Etat de « violations graves et répétées de la Constitution » et de « haute trahison ». Plus généralement, des députés estiment qu’il n’est pas à la hauteur de la situation. Jeudi matin, la Cour n’avait pas encore communiqué la date de sa réponse.Mettant en doute « le respect des procédures légales » lors du vote parlementaire et évoquant ses « suspicions de corruption », Hery Rajaonarimampianina a suggéré l’une des raisons de cette attaque lors d’une allocution tenue mercredi à la télévision nationale : « J’ai toujours refusé (…) d’accorder des avantages que les députés ne méritent pas au regard du contexte, notamment de leur accorder gratuitement des véhicules 4 x 4. » Neuf Malgaches sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour (1,80 euro).Pour Mathieu Pellerin, chercheur à l’IFRI et spécialiste de Madagascar, « il est fort probable que les rumeurs insistantes d’une dissolution de l’Assemblée nationale par le président aient poussé les parlementaires à sauver leur peau ». Les députés des deux camps rivaux d’Andry Rajoelina et de Marc Ravalomanana, ex-président renversé en 2009 mais rentré à Madagascar en octobre, se sont cette fois-ci alliés pour faire voter la destitution du chef d’Etat.Lire aussi :Comment l’ex-président malgache Marc Ravalomanana tente de revenir« La situation nous arrange, car même s’il ne tombe pas cette fois-ci, cela le fragilise pour les élections de 2018 que nous préparons déjà », confie un proche de Marc Ravalomanana. Si la destitution d’Hery Rajaonarimampianina était prononcée, une élection présidentielle anticipée devrait avoir lieu. Un scénario que refuse d’envisager Béatrice Attalah, ministre des affaires étrangères : « Nous sommes en train de réussir à faire revenir les investisseurs étrangers, Madagascar a besoin de stabilité. »Sébastien Hervieu (Johannesburg, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adrien Le Gal C’était une première depuis six ans : le 18 mai, à Mullivaikkal, dans le nord du Sri Lanka, des Tamouls ont rendu hommage aux victimes du massacre de 2009, perpétré par l’armée dans les derniers jours de la guerre civile. Maithripala Sirisena, le président élu en janvier, a autorisé la tenue d’un service interreligieux, ce que son prédécesseur, Mahinda Rajapakse, avait toujours refusé. Mais, sur le terrain, l’armée a tout fait pour entretenir un climat de défiance. « Les militaires ont renforcé leur présence, et des officiers de renseignement en civil ont pris des photos de tous les participants, note Elil Rajendram, un prêtre qui a participé à la cérémonie. L’armée n’a pas changé de comportement depuis l’élection présidentielle. » Porté au pouvoir par une coalition de partis aux intérêts contradictoires, Maithripala Sirisena a fort à faire pour entamer le processus de réconciliation. Le pays reste meurtri par les vingt-sept années de guerre civile entre la majorité cinghalaise (bouddhiste) et la minorité tamoule (essentiellement hindouiste), au cours desquelles près de 100 000 personnes ont été tuées dans le nord et l’est du pays. La victoire finale de l’armée, en 2009, a provoqué la mort de 40 000 civils, le mouvement séparatiste ayant utilisé la population comme bouclier humain.Le rapport de l’Oakland InstitutePendant ces années noires, l’armée a acquis un poids considérable. Dans un rapport intitulé « The Long Shadow of War », l’Oakland Institute, un think tank, dénonce ainsi l’emprise des militaires sur le secteur touristique : « Ils gèrent des agences de voyage, des restaurants, des golfs, sur des terrains qui appartenaient à des Tamouls déplacés. Malgré les demandes, il n’y a aucun signe que ces possessions seront un jour restituées. » Des associations ont d’ailleurs établi la liste des établissements possédés par l’armée, suggérant aux touristes de les éviter.Le rapport de l’Oakland Institute dénonce également la surmilitarisation des provinces tamoules. « On estime que 160 000 soldats, presque tous cinghalais, étaient en poste dans le Nord en 2014, indique Anuradha Mittal, la rédactrice du rapport. Cela représente un ratio d’un militaire pour six civils. » Le think tank basé à Oakland, en Californie, affirme par ailleurs qu’un processus d’acculturation est mis en œuvre dans les zones tamoules, avec l’implantation de statues de Bouddha dans des zones à majorité hindoue ou de monuments célébrant la victoire de l’armée sri-lankaise sur les « terroristes ». « Ces monuments portent un message d’oppression et sont là pour justifier la manière choisie par le gouvernement pour éradiquer les Tigres tamouls [le mouvement de la guérilla séparatiste] en tuant des milliers de civils tamouls innocents », estime Elil Rajendram. « Tout mémorial qui présente les soldats comme des libérateurs agissant dans le cadre d’une “opération humanitaire” constitue une déformation de l’histoire, ajoute Frances Harrison, auteure britannique du livre Still Counting the Dead (Portobello, 2012) sur la guerre civile. La victoire de l’armée a été acquise au mépris de toutes les règles humanitaires internationales. » Les promesses du nouveau présidentLe nouveau président, Maithripala Sirisena, a certes promis à plusieurs reprises de mettre fin aux activités de l’armée dans le secteur touristique. Mais faire la lumière sur les crimes du passé n’est pas chose aisée : en septembre se tiendront des élections législatives, et l’ancien président Mahinda Rajapakse rêve de prendre sa revanche. La moindre crispation nationaliste assurerait sa victoire. Pour éviter cela, Maithripala Sirisena a même obtenu de l’ONU, en février, l’ajournement de la publication d’un rapport sur les crimes commis par l’armée en 2009.Lire aussi :Au Sri Lanka, le difficile effort de réconciliation« Même si le gouvernement est sincère dans sa volonté de faire cesser les activités de l’armée dans le secteur du tourisme, on ne sait pas comment il a l’intention de procéder pour restituer les terrains confisqués aux communautés, note Anuradha Mittal. Un tel processus est difficile à mettre en place : les maisons, les écoles et les temples ont été rasés, et les terres doivent être nettoyées pour être cultivées. »« Jusqu’aux élections législatives, le président ne peut pas se trouver en opposition frontale avec une armée forte d’environ 200 000 hommes, qui a laissé le processus démocratique se dérouler pacifiquement en janvier alors que beaucoup prédisaient un coup de force militaire », analyse Eric Meyer, historien spécialiste du Sri Lanka. Le président, estime-t-il, a montré sa volonté réformatrice « en nommant dans les régions tamoules des gouverneurs civils, en commençant à restituer aux civils des terres confisquées par l’armée, en remettant à la justice anti-corruption l’un des frères de l’ancien président, Basil Rajapakse, qui était précisément en charge des opérations de “reconstruction” dans le Nord et l’Est ». Mais, comme le note Frances Harrison, le nouveau président a également donné des gages aux personnes soupçonnées de crimes de guerre : le 7 mai, il a désigné à la tête de l’état-major le général Jagath Dias, accusé par les organisations de droits de l’homme d’avoir joué un rôle majeur dans les crimes de 2009.Le 25 mai, le gouvernement sri-lankais a salué la remise de la Palme d’or du Festival de Cannes à Jacques Audiard pour Dheepan, qui retrace le parcours en France de réfugiés tamouls ayant fui la guerre civile. Ce film, selon le porte-parole du gouvernement, permettra d’attirer l’attention sur les « efforts de réconciliation » menés par le nouvel exécutif. « Le film évoque une situation remontant à des dizaines d’années. Ce n’est pas le tableau actuel. C’est très différent maintenant », a-t-il affirmé à l’AFP.Adrien Le GalEditeur au service internationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.05.2015 à 14h16 • Mis à jour le28.05.2015 à 16h31 Tikrit vide ses charniers. Depuis la reconquête de la ville par les forces fidèles à Bagdad début avril, les restes de 470 corps ont été exhumés de quatre fosses communes. Les dépouilles des « martyrs de Speicher », selon le ministre de la santé irakien, qui a assuré jeudi 28 mai que « le travail de fouille continue » pour retrouver les corps des autres soldats exécutés par l’Etat islamique (EI).Au moins 1 700 recrues chiites de l’armée irakienne avaient été tuées en juin 2014 par les djihadistes après leur enlèvement dans le camp Speicher, une base militaire située à la limite nord de l’ancien fief de Saddam Hussein. Diffusées par l’EI, les images du massacre avait provoqué une onde de choc et alimenté l'esprit de revanche des forces gouvernementales.Des centaines de familles dans l’attenteLes fouilles ont été lancées dès la reprise de la ville. La fosse la plus importante contenait au moins 400 corps, a détaillé jeudi le docteur en chef de la principale morgue de Bagdad, au cours d’une conférence de presse. Le site principal du « massacre de Speicher » est devenu ces dernières semaines un lieu de pèlerinage où se recueillent les familles sans nouvelles depuis un an d'un fils, d'un père ou d'un proche. Une pierre tombale y a été érigée.Des experts étrangers, notamment de la Croix Rouge Internationale, participent à l'identification des victimes, rendue possible notamment par les analyses ADN et les biens personnels retrouvés sur les dépouilles (documents, téléphones portables...). Les autorités ont précisé que les premières listes de noms des victimes seraient communiquées la semaine prochaine.Lire aussi :L’Etat islamique progresse en Irak 28.05.2015 à 11h19 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Le mouvement de grève qui, depuis le 14 mai, paralysait Bursa, la capitale économique de la Turquie, non loin d'Istanbul, a pris fin mercredi 27 mai quand le comité des grévistes d’Oyak-Renault, l’une des plus grosses entreprises du secteur automobile turc, a signé un accord en neuf points avec la direction.L’accord prévoit le versement d’une prime de 1 000 livres turques ( environ 350 euros), le versement d'un bonus de fin d’année selon la productivité, ainsi que la promesse de hausses graduelles de salaires.L’un des neuf points stipule que les ouvriers ne seront pas sanctionnés pour avoir cessé le travail. La direction d’Oyak-Renault, entreprise mixte entre le géant automobile français et un fonds de pension de l’armée turque, espère pouvoir « tourner la page d'une période qui a jeté le trouble sur tout le secteur automobile », selon un communiqué publié mercredi.Un mouvement qui a fait tache d’huileDotée d’une capacité de production de 360 000 véhicules par an, l’usine de Bursa est un gros morceau puisqu’elle emploie 5 000 personnes. Au début du mouvement, le préfet de Bursa, Munir Karaloglu avait menacé d’employer la force contre les grévistes, mais il n’en a rien fait. Tout a commencé le 13 mai, avec une grève chez l’équipementier Bosch où les ouvriers réclamaient une augmentation de salaire de 60%.Rapidement, le mouvement a fait tache d’huile. Il a redoublé de vigueur après que les ouvriers de Bosch ont obtenu gain de cause avec des hausses de salaires (à condition qu’elles soient étalées dans le temps).La contestation a ensuite gagné les filiales turques des constructeurs automobiles Fiat et Ford à Eskisehir et Kocaeli, non loin de Bursa. Le mouvement de grève tombait on ne peut plus mal, paralysant un secteur phare de l’industrie turque juste à la veille des législatives du 7 juin.L’enjeu des législativesOr ce scrutin est crucial pour le président Recep Tayyip Erdogan qui compte sur une large victoire de son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo- conservateurs) pour modifier la Constitution et s’attribuer des pouvoirs présidentiels élargis.Bursa a beau être la vitrine du miracle économique islamo- conservateur, ses ouvriers sont, comme le reste de leurs compatriotes, prisonniers de l’inflation (8,17% en moyenne annuelle pour 2014), de la faiblesse des salaires (2000 livres turques par mois en moyenne, soit 700 euros dans le secteur automobile pour 45 heures de travail hebdomadaires) et de l’endettement.Ces dix dernières années, le crédit à la consommation a été multiplié par 11. Rares sont les familles turques qui n’ont pas une ou plusieurs cartes de crédit. L’endettement grandissant des ménages est le revers du miracle économique réalisé par les islamo- conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2002.En onze ans, le PIB annuel par habitant a triplé (de 3 600 dollars en 2002 à 11 000 dollars en 2013) et la croissance a pu atteindre un rythme chinois (en moyenne 8 % par an) pour ralentir à 2,9 % en 2014 (4 % en 2013). Victime de l’appréciation du dollar, du ralentissement global et de l’incertitude politique à la veille des élections du 7 juin, l’économie turque révèle toutefois ses faiblesses.Lire aussi :En Turquie, vives tensions entre M. Erdogan et la Banque centraleUne croissance au ralentiDépendante de l'afflux de capitaux étrangers qui ont permis aux ménages d'emprunter et de consommer, aux dirigeants de lancer les grands chantiers (construction d’un troisième aéroport et d’un troisième pont sur le Bosphore) elle est fondée sur la rente.Avec la dépréciation de la monnaie locale (10 % depuis le début de l’année), la dette publique libellée en dollars (30 % du PIB) devient plus chère à rembourser. Le ralentissement de la croissance est une embûche sur le chemin de M. Erdogan vers l’hyper présidence. Favori de tous les scrutins depuis 2002, l’AKP semble avoir perdu en popularité. Selon l’institut de sondage Sonar, cité par la presse turque lundi 25 mai, l'AKP pourrait récolter 41 % des voix, ce qui impliquerait la formation d’un gouvernement de coalition, du jamais vu depuis 2002.Lire aussi :La livre turque minée par les incertitudes politiquesMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 10h50 • Mis à jour le28.05.2015 à 13h00 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) La Chine, soucieuse de protéger ses intérêts à l’étranger et ses ressortissants répartis sur tous les continents, confirme sa transformation en puissance navale. Dans un nouveau Livre blanc publié mardi 26 mai, le premier consacré à la stratégie militaire, le Conseil d’Etat (gouvernement) a exposé la vision de ses stratèges afin de donner un rôle plus global à ses forces armées. Cet exposé, présenté par Pékin comme un acte de transparence, intervient sur fond de querelle sino-américaine dans les mers de Chine du Sud, où les chantiers de poldérisation de récifs et d’atolls menés par Pékin sont la cible depuis plusieurs mois d’une virulente campagne de dénonciation de la part de Washington.Ce Livre blanc chinois de la défense entérine la mue attendue d’une puissance commerciale désormais planétaire. Dans son préambule sur la « situation de la sécurité nationale », le document souligne que « la sécurité de(s) intérêts outremer [de la Chine] dans l’énergie et les ressources, les voies maritimes stratégiques, ainsi que des institutions, du personnel et des actifs présents à l’étranger, est devenue une préoccupation majeure ». Le texte juge également qu’« avec l’expansion des intérêts nationaux chinois, la sécurité nationale est devenue plus vulnérable aux tumultes régionaux et internationaux, le terrorisme, la piraterie, enfin, les désastres naturels et les épidémies majeurs ».Ce n’est pas la première fois qu’il est fait mention des « intérêts outremer » dans un document officiel. En 2013, un précédent... Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) La parade militaire achevée sans une fausse note, Vladimir Poutine a réuni au Kremlin les chefs d’Etat et de gouvernement pour un déjeuner, samedi 9 mai. Puis le président russe est ressorti prendre la tête du gigantesque « régiment immortel », un défilé populaire de familles porteuses du portrait de leurs proches morts pendant la seconde guerre mondiale ou qui y ont participé.Plus de 25 millions de Russes ont péri entre 1941 et 1945. Aussi, ce 9-Mai qui célèbre le 70e anniversaire de la victoire sur le régime nazi revêtait une importance particulière. Intense, la mobilisation de la population a fait passer l’absence de la quasi-totalité des dirigeants occidentaux à l’arrière-plan de cette journée réussie pour le pouvoir russe. Démonstration populaireA la démonstration de force du matin, pendant laquelle plus de 16 000 militaires, des centaines de chars et de blindés, ainsi que des avions et des hélicoptères de combat ont paradé, s’est ajoutée en effet une véritable démonstration populaire.Lire aussi :Cérémonies du 9-Mai : Moscou aux couleurs militairesSous un soleil radieux, des dizaines de milliers de Russes – plus de 300 000 selon le ministère de l’intérieur – ont convergé vers la place Rouge de Moscou. Inauguré en 2012 à Tomsk, en Sibérie, le « régiment immortel », qui constituait une nouveauté cette année dans la capitale, a suscité un véritable engouement. Un portrait de son père à la main, un ancien combattant blessé pendant la guerre, Vladimir Poutine s’est dit « heureux » de participer à la marche « pour tous ceux qui n’ont pas pu le faire ». « Je pense que mon père, comme des millions de soldats ordinaires, et lui n’était qu’un soldat ordinaire, avait le droit de marcher sur cette place. Mais le destin en a décidé autrement, et tout le monde n’a pas pu le faire », a déclaré le président interrogé par la télévision russe. Derrière lui, le cortège s’étirait sur des kilomètres. « C’est un signe de notre confiance en nous-mêmes, de notre force et d’un avenir heureux pour nos enfants » , a ajouté le chef du Kremlin. « Le fascisme ne passera pas »Dans la foule, au milieu d’anciens combattants en grande tenue avec d’innombrables médailles accrochées à la poitrine, hommes, femmes et enfants brandissaient qui le portrait de son père, qui celui de son grand-père, ou de son arrière-grand-père. « C’était mon grand-père et mon oncle que je n’ai pas connus et je suis très fière d’eux », témoignait en souriant une femme assez âgée venue en compagnie de son fils, en désignant deux photos.Beaucoup portaient le ruban de Saint-Georges, symbole de la victoire et, depuis peu, du soutien aux séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine ; d’autres arboraient le calot militaire de l’époque soviétique avec son étoile rouge frappée du marteau et de la faucille. Des portraits, plus politiques, de Staline et de Poutine, étaient également visibles. Aux cris de « Victoire ! » et de « Russie », un autre slogan s’ajoutait parfois : « Le fascisme ne passera pas ». Une référence explicite aux accusations portées par Moscou, qui continue à nier l’implication de ses forces armées dans le conflit ukrainien et accuse de plus en plus fortement les militants pro-occidentaux en Ukraine d’abriter des groupes « fascistes ».Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-554e3d26f360f'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 17\r\n \r\n \r\nQuelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. Ici, au-dessus de la cath\u00e9drale du Christ-Saint-Sauveur.\r\nCr\u00e9dits : MAXIM ZMEYEV \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Quelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. 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Ce char russe, aussi connu sous le nom de char T-90 \"Vladimir\", est le dernier entr\u00e9 en production dans les ann\u00e9es 1990\u00a0; il est une \u00e9volution des T-72 et T-80.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Plusieurs chars T-90 faisaient partie du cort\u00e8ge. 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Quarante détenus sont d'autre part parvenus à s'évader.Les violences ont éclaté vendredi après qu'un prisonnier s'est saisi de l'arme d'un garde dans cette prison située dans l'enceinte du principal commissariat de Khalis, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, a précisé le porte-parole Saad Maan.Evasions fréquentes« Quarante prisonniers ont pris la fuite. Neuf d'entre eux étaient détenus pour des accusations liées au terrorisme et le reste pour des crimes de droit commun », a ajouté M. Maan.Selon lui, les 30 détenus tués étaient emprisonnés pour des accusations liées au terrorisme. Les évasions sont fréquentes dans le pays. En juillet 2013, des assauts coordonnés contre deux importantes prisons près de Bagdad avaient notamment permis à plus de 500 détenus de s'échapper. Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Chacune des quelque 5 000 personnes triées sur le volet et invitées à prendre place dans les tribunes de la place Rouge a reçu son petit paquetage kaki contenant une paire de jumelles, un guide, une écharpe aux couleurs noir et orange de Saint-Georges – emblème de la victoire devenu aussi marque de soutien aux séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine – et un calot militaire avec son étoile rouge.Puis, à dix heures précises, samedi 9 mai, la parade militaire pour le 70e anniversaire de la victoire sur le régime nazi a commencé à Moscou en présence de Vladimir Poutine et de plusieurs chefs d’Etat, dont le président chinois, Xi Jinping, l’Indien Pranab Mukherjee, l’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi, le Vénézuélien Nicolas Maduro, le Sud-Africain Jacob Zuma ou bien encore le Cubain Raul Castro.Poutine, en apparence pas rancunierAucun dirigeant occidental, en revanche, n’a fait le déplacement. Le conflit en Ukraine, dans lequel Moscou est accusé de soutenir et d’armer les insurgés du Donbass, n’est cependant pas parvenu à gâcher les cérémonies, que Vladimir Poutine a voulues d’une ampleur inédite.Prenant la parole quelques minutes en introduction, le président russe a rappelé :« C’est l’Armée rouge qui, au terme d’un assaut dévastateur sur Berlin, a mis un point final à la guerre contre l’Allemagne hitlérienne. L’Union soviétique a pris part aux batailles les plus sanglantes. »Avec plus de 25 millions de morts, la Russie a en effet payé un tribut terrible à la guerre. Puis, sans rancune en apparence envers les absents, le chef du Kremlin a poursuivi :« Nous sommes reconnaissants aux peuples de Grande-Bretagne, de France et des Etats-Unis pour leur contribution à la victoire. Nous sommes reconnaissants aux antifascistes de divers pays qui ont pris part aux combats dans les rangs de la résistance et de la clandestinité, y compris en Allemagne elle-même. »Tout juste a-t-il ajouté, avant de réclamer une minute de silence – une première – cette référence à l’actualité : « Soixante-dix ans plus tard, l’histoire nous appelle à être à nouveau vigilants. »Impressionnant déploiement militaireAu discours contenu de Vladimir Poutine a succédé une parade qui l’était beaucoup moins : 16 127 militaires, dont quelques contingents étrangers contre les grenadiers indiens ou les troupes d’élite serbes, ont défilé au pas saccadé et à un rythme effrayant ; 194 unités blindées dont le nouveau char Armata T-14, présenté comme le plus puissant au monde, ont pris le relais avec transport de missiles, notamment S-400.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-554e3d0a413c2'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 17\r\n \r\n \r\nQuelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. 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Ici, des soldats azerba\u00efdjanais.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Certains pays ont \u00e9t\u00e9 invit\u00e9s \u00e0 participer au d\u00e9fil\u00e9. 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Ici, les nazis ont concentr\u00e9 leur puissance militaire\", a pr\u00e9cis\u00e9 le chef d'Etat, en r\u00e9f\u00e9rence aux quelque 25 millions de Sovi\u00e9tiques tu\u00e9s pendant la guerre.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDER ZEMLIANICHENKO \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Vladimir Poutine a prononc\u00e9 un discours \u00e0 l'occasion des c\u00e9l\u00e9brations. \"L'Union sovi\u00e9tique a pris part aux batailles les plus sanglantes. 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Cent quarante-trois avions et hélicoptères ont ensuite fermé cette marche exceptionnelle conçue comme une démonstration de force impeccable. Moscou, comme 25 autres villes à travers tout le pays, s’est d’ailleurs paré de multiples symboles, d’affiches et d’étoiles rouges, et nombre de ses habitants ont arboré le calot militaire, revêtant parfois même la tenue soviétique de l’époque.Une nouvelle image « agressive »Cette image guerrière, « agressive » selon le mot d’un diplomate étranger, contraste avec les dernières grandes cérémonies du 60e anniversaire de la victoire de la « grande guerre patriotique », comme l’on nomme ici la seconde guerre mondiale. En 2005, le défilé n’avait rien de militaire : des centaines de vétérans, hommes et femmes, embarqués dans des camions découverts avaient défilé sous les applaudissements en agitant des œillets rouges.Aux côtés de Vladimir Poutine, qui avait pris la direction du pays cinq ans plus tôt, figuraient alors le président américain de l’époque, George W. Bush. Visiblement de fort bonne humeur, les deux chefs d’Etat plaisantaient entre eux, tandis que le Français Jacques Chirac, l’Allemand Gerhard Schröder ou l’Italien Silvio Berlusconi battaient des mains à tout rompre. La différence est saisissante avec l’image d’aujourd’hui : un pays quasiment sur le pied de guerre. Le ton a changé.Avant le gigantesque défilé des familles porteuses des portraits de leurs parents disparus pendant la guerre – le « régiment immortel » – prévu dans l’après-midi, puis un concert et de nombreux feux d’artifice, Vladimir Poutine a convié ses hôtes à déjeuner au Kremlin. C’est à ce moment-là que le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, dépêché par Paris pour représenter la France, a rejoint les rangs officiels, comme quelques autres chefs de gouvernement qui, bien que présents, ont choisi de ne pas assister à la parade militaire.La photo de « famille » des anciens alliés de 1945 a disparu, remplacée par une autre, nettement dominée par la présence de pays émergents. La chancelière allemande, Angela Merkel, elle, n’est pour sa part attendue à Moscou que demain, dimanche 10 mai.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.05.2015 à 04h00 • Mis à jour le09.05.2015 à 16h09 Plus de 6 000 salariés du groupe chinois Tiens, invités aux frais de leur patron pour un séjour de plusieurs jours en France dont deux sur la Côte d'Azur, ont battu vendredi 8 mai à Nice un nouveau « record », après celui de la plus importante délégation chinoise jamais venue en Europe.Arrivant groupés sur la promenade des Anglais, ils ont pris place sur des repères fixés au sol, de manière à former la phrase « Tiens' dream is Nice in the Côte d'Azur » (« le rêve de Tiens est Nice sur la Côte d'Azur »), la plus longue phrase humaine vue du ciel. Un record établi sous l'œil des inspecteurs du Guinness Book pour les 20 ans de leur conglomérat, qui intervient dans de multiples secteurs d'activité.30 000 nuitées réservéesDevant les yeux quelque peu ébahis des Niçois et des touristes présents, cette armée de salariés chinois a ensuite assisté à une parade nautique et aérienne dans la baie des Anges, pendant que le président du groupe, Li Jinyuan, s'offrait un défilé, en ce jour de commémoration du 8 mai 1945, à bord d'une jeep américaine de la dernière guerre.Pour ce voyage exceptionnel, qui a débuté par un séjour à Paris, M. Li Jinyuan a dû réserver au total pas moins de 30 000 nuitées dans 140 hôtels et privatiser le Musée du Louvre, selon la chaîne BFM-TV. Sur la Côte d'Azur, ce sont 4 760 chambres qui ont été réservées dans 79 hôtels 4 et 5 étoiles entre Cannes et Monaco. S'y sont ajoutées la location d'une salle avec dix écrans géants pour une convention d'entreprise et la réquisition de 146 bus pour les déplacements dans la région.Réception au Quai d'OrsayLe PDG de Tiens a été reçu par le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, en milieu de semaine. « Pour la France, c'est extrêmement intéressant : sur le plan culturel, sur le plan des échanges, sur le plan économique aussi », a salué le ministre.« Le tourisme est une industrie créatrice d'emplois non délocalisables et j'espère que l'exemple de M. Li Jinyuan va être suivi par beaucoup d'autres grandes sociétés chinoises ». Les retombées économiques de ce séjour ont été estimées à entre 13 et 20 millions d'euros, selon différentes sources. 09.05.2015 à 00h05 • Mis à jour le09.05.2015 à 00h08 Les Etats-Unis ont placé le chef du bureau d'Al-Jazeera à Islamabad sur une liste de personnes « suspectées d'activités terroristes » en raison de son « appartenance » à Al-Qaïda, a révélé, vendredi 8 mai, le site The Intercept, citant des documents secrets.Selon The Intercept, le site dirigé par le journaliste américain Glenn Greenwald, Ahmad Muaffaq Zaidan apparaît sur des documents de l'agence nationale d'espionnage, la NSA, fournis par Edward Snowden. Le journaliste syrien y est décrit comme « membre » d'Al-Qaïda, mais aussi des Frères musulmans.Le CPJ « profondément troublé »Interrogé par The Intercept, M. Zaidan a « catégoriquement » nié appartenir à l'une ou à l'autre de ces organisations tout en reconnaissant avoir interviewé pour son travail des responsables du réseau extrémiste, dont Oussama ben Laden.Le document fourni par Edward Snowden cite M. Zaidan comme exemple pour illustrer un programme baptisé Skynet qui analyse les métadonnées (lieu, temps de conversation...) d'appels téléphoniques pour tenter de détecter des activités suspectes.Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, s'est dit « profondément troublé » par ces accusations. « Travestir le travail légitime de collecte d'informations d'un journaliste respecté en preuve d'une activité dans le terrorisme international risque de saper le travail crucial des journalistes, surtout au Pakistan où interviewer des talibans et des membres d'autres groupes fait partie de leur travail quotidien », a déclaré Bob Dietz, directeur du CPJ pour l'Asie. Mathilde Damgé En 1943, dans son discours de Zurich, Winston Churchill inaugurait l’expression des « Etats-Unis d’Europe ». Depuis, les relations du Royaume-Uni avec l’Union européenne restent tendues. Jusqu’à la promesse récente de David Cameron d’organiser un référendum sur la question de l’appartenance à l’Union européenne (UE).Retour sur trente ans de relations compliquées entre l’île et le continent.Quand les travaillistes voulaient sortir de l’Europe Le Royaume-Uni intègre la Communauté économique européenne (CEE), ancêtre de l’UE, en 1973, après un référendum approuvé par 67 % des Britanniques.Alors que les conservateurs soutiennent l’entrée dans l’UE, les travaillistes du Labour, alors dans l’opposition, et tout particulièrement la frange la plus à gauche, réprouvent cette décision. Dans le manifeste de 1983, Michael Foot, dirigeant du parti à l’époque, défend une sortie de la CEE. « Même si la géographie et l’histoire ont inscrit l’Angleterre en Europe, la CEE n’a pas été conçue pour nous et notre intégration, en tant que membre [de la CEE] a rendu plus difficile la lutte contre les problèmes économiques et industriels », affirme le Labour qui critique tout particulièrement la politique commerciale commune à laquelle doit se plier le Royaume-Uni.« En nous empêchant d’acheter la nourriture aux meilleures sources disponibles dans le monde, [les contraintes européennes] vont à l’encontre de nos plans pour contrôler les prix et l’inflation. »« Quand nous arriverons au pouvoir, nous ouvrirons des négociations préliminaires avec les autres Etats membres pour établir un calendrier de retrait [de la CEE] », déclarent les travaillistes d’alors. Une position qui provoquera la scission du parti et la naissance du mouvement social-démocrate, parti centriste et proeuropéen, prédécesseur des libéraux-démocrates actuels.« I want my money back »Si les travaillistes ne sont pas europhiles, les conservateurs ne portent pas non plus l’Europe dans leur cœur. Margaret Thatcher, arrivée au pouvoir en 1979, veut corriger ce qu’elle perçoit comme une injustice : la contribution britannique au budget européen, qui est supérieure à ce qu’elle reçoit. Les subventions agricoles européennes, notamment, bénéficient nettement plus à la France qu’au Royaume-Uni.Cette position britannique est incarnée par la célèbre phrase « I want my money back » (« Je veux récupérer mon argent ») de la Dame de fer. En 1984, elle obtient gain de cause : c’est le fameux rabais britannique (rebate), qui équivaut aux deux tiers de l’excédent versé à l’Union par rapport à ce que le Royaume-Uni perçoit.Lire l’article d’archives : Margaret Thatcher : « I want my money back »Dans son discours de Bruges en 1988, Margaret Thatcher réaffirme son opposition à une Europe fédérale et à l’idée que la Communauté européenne dispose de ressources propres. La dirigeante britannique refuse tout particulièrement la création d’une monnaie unique dans un discours devant la chambre des Lords en 1990.Les relations de Margaret Thatcher avec Jacques Delors, président de la Commission européenne à ce moment-là, sont exécrables. Elles sont relayées par les médias britanniques comme le Sun qui appelle ses lecteurs à faire part au Français de leur opinion sur le projet de monnaie commune : « Dites-lui où il peut mettre son ECU » (European currency unit). Des suites d’exemptionsEn 1992, la Grande-Bretagne parvient à obtenir une clause d’exemption (opt-out) concernant la « charte sociale » et le passage à l’euro dans le cadre du traité de Maastricht.Un conservateur, Lord Rees-Mogg, engage toute de même un recours contre le traité devant la Haute Cour de justice de Grande-Bretagne, le jugeant contraire à la constitution. Son recours sera rejeté et le premier ministre conservateur John Major le signe la même année.En 1993, les conservateurs tenteront à nouveau d’imposer un référendum sur le traité de Maastricht. Ce dernier est finalement approuvé par le parlement britannique, mais il a fallu pour cela que le premier ministre pose un ultimatum à son gouvernement et menace de démissionner en cas de vote négatif.Par la suite, les relations ne sont toujours pas idylliques avec l’UE : en 1994, John Major met son veto à la candidature du Belge Jean-Luc Dehaene à la tête de la Commission européenne, jugé trop « fédéraliste » par les Britanniques. Scénario qui se reproduira avec Tony Blair (qui refuse Guy Verhofstadt) et David Cameron (qui désapprouve le choix de Jean-Claude Juncker). En 1996, l’homme d’affaires Sir James Goldsmith lance le Referendum Party qui réunira 3 % des voix aux élections législatives de 1997. La même année, le parti travailliste affirme dans son manifeste de campagne qu’un référendum est une « précondition » à une adoption de la monnaie unique. En 1999, l’euro est lancé, le Royaume-Uni (et le Danemark) s’exclut de la zone euro.La marche arrière de Tony BlairEn complet déclin dans les années 1980, le Royaume-Uni devient dans les années 2000 l’un des pays les plus prospères du continent. A la proposition européenne de revoir le rabais octroyé aux Britanniques, Tony Blair, premier ministre travailliste répond que cette négociation est liée à une remise à plat de la Politique agricole commune (PAC).De son côté, le président français Jacques Chirac ferme la porte à toute renégociation de cet « accord unanime » conclu en octobre 2002, sanctuarisant les aides agricoles jusqu’en 2013.En avril 2004, Tony Blair annonce sa décision de soumettre à référendum la future constitution de l’Union élargie. Pour les observateurs de l’époque, le premier ministre britannique aurait cédé aux exigences des antieuropéens les plus tenaces, dont le magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch, propriétaire du Sun et du Times.Cette décision met Tony Blair dans une position d’autant plus inconfortable vis-à-vis de son propre camp qu’il avait demandé, quelques semaines plus tôt, aux travaillistes de voter contre le principe d’un référendum. Tony Blair ne jugeait pas utile de soumettre au peuple ce texte qui, selon lui, ne modifierait rien d’essentiel dans les rapports de souveraineté entre Londres et l’UE.En changeant son fusil d’épaule, Tony Blair veut ainsi priver l’opposition d’un argument de poids pendant les campagnes pour les élections européennes de juin et les législatives de 2005.« Que le peuple ait le dernier mot ! »Finalement, ce référendum n’aura jamais lieu et le ministre des finances Gordon Brown mettra entre parenthèses l’adoption de l’euro.Lire le chat avec le correspondant du "Monde" en 2004 : L'Europe de Tony BlairEn 2006, un nouveau parti antieuropéen est créé : Better Off Out Group. En 2008, le centriste Nick Clegg demande un référendum sur l’appartenance à l’UE. La même année, face à la grogne montant dans plusieurs pays européens, Bruxelles met sur la table le traité de Lisbonne. Traité que signera le premier ministre Gordon Brown, sans passer par un référendum. Le conservateur Bill Cash et l’homme d’affaires Stuart Wheeler engagent un recours contre la signature du traité qu’ils estiment illégale ; leur recours sera rejeté.Cameron face à la montée du UKIPAux élections européennes de 2009, le UK Independance Party (UKIP), qui demande un référendum sur l’appartenance à l’UE, arrive deuxième avec 16 % des voix. Le parti populiste a ensuite amélioré son score de près de 10 points lors des élections de 2014.Lire : Les succès du UKIP, un coup de tonnerre dans la vie politique britanniquePendant ce temps, David Cameron, étoile montante du parti conservateur, doit choisir son camp : de prime abord, il reconnaît qu’il ne pourra tenir un référendum sur le traité de Lisbonne, signé par tous les autres pays européens, mais il s’engage à limiter les transferts de pouvoir.Ainsi, en 2011, soucieux de protéger le secteur financier britannique, David Cameron dit « non » au nouveau traité européen visant à renforcer les règles budgétaires s’appliquant aux Etats membres.Mais, alors que de nouvelles élections s’approchent, David Cameron change de discours et affirme que, si les Conservateurs l’emportent au Parlement, il renégociera les relations entre le Royaume-Uni et l’Union. Il donne aussi une date pour un référendum sur le maintien dans l’UE : 2017.Lire en édition abonnés : David Cameron fait un geste en faveur des antieuropéensMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 17h48 • Mis à jour le06.05.2015 à 18h33 Au moins 32 personnes ont été tuées et 67 blessées, mercredi 6 mai, par des tirs d'obus contre des civils qui tentaient de fuir les combats dans le centre de la ville d'Aden, dans le sud du pays. Selon un responsable des services de sécurité, sous couvert de l'anonymat, les victimes étaient à bord d'une barge tirée par des remorqueurs.Ali Al-Ahmadi, un responsable des groupes paramilitaires combattant les rebelles houthistes, a également accusé les rebelles « et leurs alliés », des militaires fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, d'être responsables de ces tirs.Selon un décompte des Nations unies, au moins 646 civils ont été tués et 1 364 blessés depuis le 26 mars et le début des bombardements aériens par la coalition arabe coordonnée par l'Arabie saoudite. Environ 20 millions de Yéménites, soit 80 % de la population, seraient également menacés de famine.Mercredi, les combats se sont intensifiés, faisant plus de 120 morts, en majorité des civils tués par des bombardements de la coalition, selon des travailleurs humanitaires et des responsables des deux camps. Les Etats-Unis confiants pour une trêve humanitaireL'Arabie saoudite a évoqué à plusieurs reprises un arrêt des bombardements aériens ou une trêve humanitaire, mais ces annonces sont jusqu'à présent restées sans effet. Mardi, des obus tirés par des houtistes ont fait pour la première fois depuis le début des bombardements cinq morts en Arabie saoudite, des civils, selon les autorités saoudiennes.Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, attendu en fin de journée à Riyad, a affirmé qu'il était prêt à « discuter de la forme que pourrait prendre cette pause et des moyens de la mettre en œuvre ». Je suis convaincu qu'ils [les Saoudiens] y sont favorables », a-t-il dit. Pendant qu'ils discutent avec leurs alliés saoudiens, les Etats-Unis ont promis une aide de 68 millions de dollars pour les organisations humanitaires présentes au Yémen.Pour l'heure, les organisations humanitaires ne peuvent pratiquement plus travailler dans le pays, faute de sécurité et d'approvisionnement.Voir aussi : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au Yémenlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0v0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0v0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Jean-Michel Bezat La coïncidence des faits est troublante : alors que Areva reconnaît de nouvelles difficultés pour l’EPR construit à Flamanville (Manche) - et sur la fiabilité du cœur du réacteur lui-même cette fois -, la Chine annonce le début de la construction, jeudi 7 mai, de sa première centrale de troisième génération, de conception « entièrement chinoise », à Fuqing, un site du sud-est du pays où fonctionnent déjà quatre réacteurs.Les difficultés récurrentes rencontrées par des réacteurs concurrents, surtout l’EPR d’Areva (1 650 MW) et l’AP 1000 de Toshiba Westinghouse (1 000 MW), offrent « un terrain d’opportunité » pour l’ACP1000, autrement baptisé « Hualong 1 » (« Dragon »), a reconnu Qian Zhimin, le directeur général de China National Nuclear Corporation (CNNC). Ce dernier n’est autre que l’ancien patron de China General Nuclear (CGN), l’autre géant chinois du nucléaire et le partenaire d’EDF et d’Areva depuis trente ans.Le gouvernement chinois avait donné son feu vert, mi-avril, à ce projet pilote destiné à galvaniser l’industrie nucléaire nationale et à rapprocher ses deux champions, CNNC et CGN.« Nous construisons notre propre bateau »L’empire du Milieu n’est pas seulement le premier marché nucléaire civil, avec 23 réacteurs en chantier et des dizaines d’autres en projets. Il a de grandes ambitions à l’exportation, et il ne fait plus de doute que la concurrence va s’exacerber sur ce marché, où se bousculent déjà Français, Américains, Japonais, Russes et Coréens.« La Chine entre dans le petit cercle des pays développant les technologies nucléaires les plus avancées, a souligné M. Qian. Et c’est un projet crucial pour notre stratégie de développement à l’international. »CNNC a déjà vendu l’ACP1000 au Pakistan, en février 2014, mais Islamabad attendait le début du chantier chinois avec impatience. Pékin a également signé avec Buenos Aires, en février 2015, un accord préliminaire pour son éventuelle construction en Argentine.« On disait que nous empruntions les navires des autres pour aller sur l’océan. Désormais, nous construisons notre propre bateau », a indiqué M. Qian. Les Chinois supportent de moins en moins de dépendre de technologies étrangères dans tous les secteurs stratégiques (défense, aéronautique, ferroviaire, énergie…).CGN construit déjà deux EPR à Taïshan, mais un doute subsiste sur la résistance de l’acier de ses cuves où se produira la fission atomique puisqu’elles ont été forgées en France, comme celle de Flamanville. La Chine a lancé sa propre évaluation des cuves.Sur les AP 1000, vendus clés en main avec la technologie par Toshiba-Westinghouse en 2006, les ingénieurs chinois ont de gros problèmes avec les pompes immergées, selon des experts, ce qui retarde là aussi la construction de ce réacteur de troisième génération de conception américaine.Démonstration de forceLa mise en chantier de Hualong-1 constitue une étape « indispensable pour démontrer les capacités de l’industrie nucléaire chinoise » et doper les exportations de technologies « autochtones », a insisté Pan Jianming, le secrétaire du conseil d’administration de CNNC.Elle doit donc être interprétée comme une démonstration de force au moment où ce conglomérat et CGN négocient avec EDF et Areva un accord à la fois financier, industriel et technologique pour participer à la construction des deux réacteurs EPR d’Hinkley Point, au Royaume-Uni. Avec deux réacteurs supplémentaires à la clé. Et sans doute des Hualong dans une dizaine d’années !Lire aussi :Le « bon deal » d’EDF en Grande-Bretagne fait grincer des dentsLe développement de Hualong n’empêchera pas les entreprises chinoises de poursuivre leur étroite coopération avec des partenaires étrangers, notamment français. Ils leur apportent une expérience et une crédibilité dont ils manquent encore.La carte de visite EDF, premier exploitant mondial de centrales, peut être un sésame dans de nombreux pays. CGN et CNNC envisagent de venir au secours d’Areva en grande difficulté financière et de prendre une participation dans l’activité réacteurs du groupe français.Le patron de CNNC n’a pas démenti un tel scénario, même s’il s’est contenté de déclarer que son groupe était « ouvert à toutes formes de coopération, que ce soit dans la chaîne industrielle, l’extraction minière, le retraitement ou la construction de centrales ».Lire aussi :Trois entreprises chinoises intéressées par ArevaLes dirigeants de la filière nucléaire française cherchent, eux, à s’embarquer avec CNNC et CGN dans le programme du Hualong-1, un réacteur moins puissant que l’EPR et sans doute plus facile à exporter.Ils savent qu’ils doivent s’associer à leurs partenaires pour participer au développement de l’énorme programme chinois et partir ensemble à la conquête de nouveaux marchés en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Sud.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier Deux jours avant les élections législatives britanniques du 7 mai qui devraient bouleverser le paysage politique en Grande-Bretagne, le tonitruant convoi qui circule dans les rues de Motherwell et Wishaw, dans le sud-ouest de l’Ecosse, est impossible à manquer. Cinq voitures, tous drapeaux au vent, suivent un minivan surmonté d’un haut-parleur qui crache inlassablement le même message : « Votez SNP pour chasser les conservateurs de Downing Street, votez SNP pour faire cesser les coupes budgétaires, votez SNP pour une Ecosse plus forte au Parlement de Westminster ! »Les nationalistes du Scottish National Party (SNP) ne relâchent pas leurs efforts dans cette circonscription où ils sont en passe de l’emporter sur le seigneur des lieux, le Parti travailliste. Le Labour contrôle la zone depuis 1945 : lors des précédentes législatives, il avait emporté l’élection sans souffrir de concurrence, avec 61,1 % des voix.C’était il y a cinq ans, autant dire une éternité. Aujourd’hui, le candidat travailliste Frank Roy, élu sans discontinuer depuis 1997, est crédité de 39 % dans les études d’opinion, loin derrière les 50 % de la nationaliste Marion Fellows, celle-là même qui avait difficilement atteint 18 % en 2010. Le Labour occupe pour l’instant 40 des 59 sièges de députés dévolus à l’Ecosse. Jeudi, il pourrait tous les perdre, au profit du SNP : un sondage voit les nationalistes emporter chacune des élections, mais d’autres lui prédisent plus raisonnablement une quarantaine de députés – un score déjà important pour un parti qui ne compte aujourd’hui que six élus à Westminster.Lire aussi :L’Ecosse, talon d’Achille et espoir du LabourLe Labour « victime de son succès passé »« Je ne regarde pas les sondages. La dernière fois, ils nous ont joué un mauvais tour », clame Mme Fellows, faisant référence aux études qui avaient surestimé le vote en faveur de l’indépendance de l’Ecosse, en septembre dernier. Alors que le score était annoncé comme serré, le « non » était finalement arrivé largement en tête, avec 55,3 % des voix. Le North Lanarkshire, à l’est de Glasgow et dont Motherwell est la capitale, fait pourtant partie des quatre régions écossaises où le « oui » l’a emporté, et a galvanisé la population.Le SNP, qui comptait 120 adhérents dans la circonscription en septembre 2014, a vu ce chiffre multiplié par dix en huit mois. Malgré la défaite du « oui » à l’indépendance, le parti jouit d’une impressionnante popularité dans toute la nation : 100 000 personnes en sont aujourd’hui membres, soit un Ecossais sur cinquante. Un essor incarné par la charismatique Nicola Sturgeon, à la tête du parti depuis novembre 2014 seulement, et qui laisse derrière lui une victime : ce parti travailliste qui n’a rien vu venir. Lire aussi :Nicola Sturgeon, « dame de fer » d’Ecosse« Le recul du Labour et la montée du SNP ne sont que la manifestation écossaise de la crise que traversent tous les partis de social-démocratie en Europe », commente Gerry Hassan. Ce politologue, chercheur à l’Université de l’Ecosse de l’Ouest et auteur en 2012 de The Strange death of Labour Scotland (« L’étrange mort du Labour en Ecosse »), juge que le parti « est victime de son succès passé ». « Les travaillistes ont changé, en mieux, la société écossaise. Ils ont permis aux classes ouvrières d’accéder à la propriété, à l’éducation, aux services de santé ». Mais « en devenant incontournable, depuis les années 1960, la formation est aussi devenue une institution bureaucratique, une figure de l’establishment ».Pour M. Hassan, le référendum sur l’indépendance a fait figure de point de basculement. « En établissant une alliance avec les conservateurs pour le maintien de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni, les travaillistes ont perdu une partie de leurs soutiens. » Aujourd’hui, « on ne sait plus très bien qui ils représentent ». En tout cas, pas les plus démunis, assure Mme Fellows, qui reproche à ses adversaires le tournant de 1997, quand Tony Blair est arrivé au pouvoir et « a droitisé la politique du Labour pour séduire un électorat plus large ».Un second référendum ?Une déambulation dans la circonscription de Motherwell et Wishaw témoigne de l’espoir suscité par le SNP qui promet de « porter la voix de l’Ecosse au Parlement de Westminster », mais aussi de veiller à une meilleure protection de l’enfance, d’assurer la pérennité de la protection sociale, de revaloriser les pensions de retraite, de mettre fin au coûteux dispositif nucléaire britannique ou encore d’assurer l’accès à l’université pour tous sans frais de scolarité... Un programme classé à gauche, en somme, et dans lequel les revendications indépendantistes n’apparaissent finalement pas prioritaires.Dans les rues, la caravane de voitures SNP reçoit des coups de klaxon de soutien, longe des maisons qui placardent des affiches jaunes, la couleur du parti, à leurs fenêtres. Au cours du porte-à-porte effectué mardi 5 mai, une habitante de Motherwell clamera toutefois qu’elle votera sans hésiter « Labour », accusant les nationalistes d’être « antidémocratiques » et de planifier un deuxième référendum sur l’indépendance dans les mois qui viennent, sans respecter le résultat du premier.Mais dépassés par la soudaine vague de sympathie suscitée par les indépendantistes, et incapables de mener une campagne compensant leur perte de terrain, les travaillistes semblent subir sans pouvoir renverser les tendances. Au point où des tensions internes ont éclaté. A Motherwell, l’équipe du candidat travailliste Frank Roy a évité de parler au Monde, promettant d’abord de répondre à nos sollicitations avant de filtrer consciencieusement nos appels et courriels.La semaine dernière, raconte le Herald of Scotland, les conseillers travaillistes de la région du North Lanarkshire ont refusé d’apporter le soutien financier qui aurait pu aider leurs quatre députés, dont la défaite est trop prévisible, dans la dernière ligne droite de la campagne.Lundi, le chef de la branche écossaise du parti travailliste, Jim Murphy, lui-même menacé de perdre le siège qu’il occupe depuis dix-huit ans dans l’East Renfrewshire, a annulé un meeting après avoir été pris à partie par des indépendantistes à Glasgow. Dans son dernier numéro, le bimensuel satirique Private Eye a résumé la situation en une illustration : on y voit M. Murphy demander à Ed Miliband, le leader du Labour, vêtu comme lui d’un gilet pare-balles, s’il est « prêt à a rencontrer les électeurs » écossais.M. Miliband, au coude-à-coude dans les sondages avec le parti conservateur, devra pourtant obligatoirement composer avec le SNP pour espérer former un gouvernement. Si les nationalistes ont exclu un accord formel de coalition et une entrée dans un gouvernement Miliband, ils pourraient soutenir au cas par cas le travailliste, pour contrer les conservateurs.Lire aussi :L’Ecosse, arbitre des élections britanniquesEnora OllivierJournaliste au Monde Maxime Vaudano Alors que les drames migratoires dans la Méditerranée se sont hissés au sommet de l’agenda politique européen ces dernières semaines, les critiques se multiplient en France contre la politique d’asile française, jugée trop généreuse par la droite et l’extrême droite.1. Une explosion du nombre de demandeurs d’asile ?Ce qu’a dit Roger Karoutchi :« Ce qui est inconséquent, Monsieur le Premier Ministre, c’est d’accepter le fait qu’il y ait 65 000 demandeurs d’asile par an, contre 35 000 par an il y a 5 ans. […] C’est de faire en sorte que notre pays accordant environ 10 000 à 15 000 statuts de réfugiés par an, et ne raccompagnant réellement qu’un maximum de 5 000 déboutés du droit d’asile aux frontières, nous créons nous-mêmes 40 000 à 45 000 sans papiers chaque année », a accusé le sénateur UMP des Hauts-de-Seine en réponse à Manuel Valls.Pourquoi c’est plutôt vraiSelon les sources, la France a en effet accueilli 59 000 à 63 000 demandeurs d’asile en 2014, en nette augmentation par rapport à il y a cinq ans, selon l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Il ne faut toutefois pas oublier que nous ne faisons que retrouver les niveaux de 2001-2004, et n’atteignons pas encore le pic de 1989, lié notamment à la demande en provenance de la Turquie et du Zaïre. #container_14308200751{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14308200751{ height:500px; } #container_14308200751 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14308200751 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14308200751 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14308200751 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Demandes et admissions à l'asile en FranceSource : OFPRA(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14308200751", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["1973","1974","1975","1976","1977","1978","1979","1980","1981","1982","1983","1984","1985","1986","1987","1988","1989","1990","1991","1992","1993","1994","1995","1996","1997","1998","1999","2000","2001","2002","2003","2004","2005","2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013","2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Demandes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1620 ], [ "", 2188 ], [ "", 8510 ], [ "", 18478 ], [ "", 17007 ], [ "", 14200 ], [ "", 16810 ], [ "", 18790 ], [ "", 19863 ], [ "", 22505 ], [ "", 22350 ], [ "", 21714 ], [ "", 28925 ], [ "", 26290 ], [ "", 27672 ], [ "", 34352 ], [ "", 61422 ], [ "", 54813 ], [ "", 47380 ], [ "", 39835 ], [ "", 35406 ], [ "", 32413 ], [ "", 25036 ], [ "", 21122 ], [ "", 22637 ], [ "", 22990 ], [ "", 31855 ], [ "", 39775 ], [ "", 48652 ], [ "", 52877 ], [ "", 54429 ], [ "", 57616 ], [ "", 52066 ], [ "", 34853 ], [ "", 29937 ], [ "", 34258 ], [ "", 38803 ], [ "", 41619 ], [ "", 45654 ], [ "", 47467 ], [ "", 51715 ], [ "", 50952 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Admissions", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 1237 ], [ "", 1891 ], [ "", 6238 ], [ "", 14797 ], [ "", 12473 ], [ "", 13091 ], [ "", 14296 ], [ "", 17099 ], [ "", 14586 ], [ "", 15670 ], [ "", 14608 ], [ "", 14314 ], [ "", 11539 ], [ "", 10645 ], [ "", 8704 ], [ "", 8794 ], [ "", 8770 ], [ "", 13486 ], [ "", 15467 ], [ "", 10266 ], [ "", 9914 ], [ "", 7025 ], [ "", 4742 ], [ "", 4344 ], [ "", 4112 ], [ "", 4342 ], [ "", 4659 ], [ "", 5185 ], [ "", 7323 ], [ "", 8495 ], [ "", 9790 ], [ "", 11292 ], [ "", 13770 ], [ "", 7354 ], [ "", 8781 ], [ "", 11441 ], [ "", 10373 ], [ "", 10340 ], [ "", 10702 ], [ "", 9976 ], [ "", 11371 ], [ "", 14512 ] ], "type": "column", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Karoutchi, cette forte hausse de la demande ne s’accompagne pas d’un effort supplémentaire de la France pour accepter ces demandes d’asile, dont le nombre reste stable autour de 10 000 à 15 000 par an depuis une décennie.Voir aussi le visuel interactif : D’où viennent les demandeurs d’asile qui arrivent en France ? 2. Une machine à sans papiers ?Que deviennent donc ces « déboutés » du droit d’asile ? L’immense majorité d’entre eux bravent leur obligation de quitter le territoire français (OQTF), restent clandestinement en France et se transforment en sans papiers, selon Roger Karoutchi. Un argumentaire également développé par Marine Le Pen lors de son discours du 1er mai :« [Le droit d’asile] est devenu une nouvelle porte d’entrée [de l’immigration] quand on sait qu’à peine 1 % des déboutés sont finalement expulsés. »Pourquoi c’est certainement fauxEn citant ce chiffre, la présidente du FN fait référence à un rapport de la Cour des comptes en préparation, dont Le Figaro (lien payant) a publié une version provisoire en avril, très critique sur le coût du système d’asile français.Dans ce document, les sages de la rue Cambon avancent en effet cette estimation de 1 % de départs effectifs des déboutés en se basant sur des chiffres du ministère de l’intérieur. Problème : ledit ministère a indiqué à Metronews que ce chiffre n’était « pas juste ». « La Cour semble avoir fait un comptage manuel sur une période de 5 mois, entre janvier et mai 2014, qui n’est pas très représentative », a expliqué le ministère à nos confrères. A l’AFP, une source ministérielle évalue plutôt un chiffre oscillant « autour de 10 %, voire 20 % » (ce qui se rapproche des calculs de la Cimade).Au-delà de ces querelles de chiffres, beaucoup s’accordent toutefois sur le fait que la tolérance de la politique d’éloignement alimente substantiellement le nombre d’étrangers en situation irrégulière sur le sol français.3. Un détournement de l’asile par l’immigration économique ?Lors de son discours du 1er mai, Marine Le Pen a également assuré que :« Le droit d’asile, que nous reconnaissons comme un droit individuel réservé aux victimes d’oppressions politiques, a été depuis longtemps détourné de son sens originel pour devenir une filière à part entière de l’immigration massive. »Cette même critique est formulée dans le rapport provisoire de Cour des comptes, qui écrit que « la demande d’asile est utilisée par certaines personnes comme une nouvelle filière d’immigration, notamment économique ».Pourquoi c’est douteuxPrécisons tout d’abord que les critères pour obtenir l’asile sont très clairs : l’Ofpra (et la Cour nationale du droit d’asile, qui traite les recours) s’appuie sur la convention de Genève, qui protège toute personne qui « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité, et qui ne peut, ou du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ». Peu de chances donc pour un migrant économique de parvenir à ses fins par une demande d’asile.En revanche, selon les détracteurs du système, nombre d’entre eux utiliseraient la procédure d’asile pour entrer sur le territoire français, s’installer en attendant le traitement de leur demande, avant de s’y maintenir clandestinement après avoir été déboutés, dans l’espoir d’être finalement régularisés au bout de cinq ans.Il suffit pourtant de regarder le palmarès des nationalités les plus représentées parmi les demandes d’asile pour remettre en doute l’affirmation des sages selon laquelle « la France se caractérise par un faible nombre de demandeurs d’asile originaires de pays en guerre ou en conflit ». République démocratique du Congo, Russie et Syrie y côtoient le Bangladesh et l’Albanie. On retrouve d’ailleurs peu ou prou les mêmes nationalités entre les demandeurs et les admis. #container_14307562318{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14307562318{ height:550px; } #container_14307562318 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14307562318 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14307562318 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14307562318 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les principales nationalités candidates à l'asile en 2014Source : Rapport d'activité 2014 de l'OFPRA(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); 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margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les principales nationalités admises à l'asile en 2014Total des admissions CNDA et OFPRA.Source : Rapport d'activité 2014 de l'OFPRA(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14307533704", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Russie","Sri Lanka","Guinée","RD Congo","Afghanistan","Albanie","Kosovo","Chine","Bangladesh","Centrafrique","Soudan","Irak","Mali","Turquie","Côte","Arménie","Somalie","Égypte","Géorgie","Mauritanie","Érythrée","Pakistan","Azerbaïdjan","Nigéria"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Total admissions", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1467 ], [ "", 1199 ], [ "", 1058 ], [ "", 751 ], [ "", 751 ], [ "", 708 ], [ "", 663 ], [ "", 617 ], [ "", 616 ], [ "", 598 ], [ "", 433 ], [ "", 402 ], [ "", 397 ], [ "", 362 ], [ "", 341 ], [ "", 261 ], [ "", 253 ], [ "", 245 ], [ "", 241 ], [ "", 214 ], [ "", 201 ], [ "", 183 ], [ "", 182 ], [ "", 165 ], [ "", 157 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Un coût exorbitant ?Marine Le Pen (FN) et Roger Karoutchi (UMP) ne se sont pas privés d’interpeller le gouvernement sur l’un des chiffres chocs du rapport provisoire de la Cour des comptes : la politique d’asile coûterait 2 milliards d’euros par an à la France.Les sages de la rue Cambon ne se sont en effet pas arrêtés à la ligne budgétaire officiellement consacrée à l’asile (un peu moins de 600 millions d’euros), estimant qu’elle ne trace pas l’ensemble des dépenses « effectuées pour les demandeurs d’asile ». D’après leurs calculs, qui intègrent par exemple le coût de scolarisation des enfants, les demandeurs d’asile coûtent à eux seuls 990 millions d’euros, auxquels il faut rajouter 1 milliard pour les personnes déboutées, quand elles sortent des radars budgétaires.Mais ce chiffre est à prendre avec des pincettes. Après la fuite de son rapport dans Le Figaro, la Cour des comptes a mis en garde dans un communiqué contre une « lecture partielle et partiale de ses observations provisoires, qui portent en l’espèce sur la période 2009-2014 ». En outre, elle reconnaît la difficulté à établir un décompte précis du coût de l’asile et demande à l’administration « de bien vouloir examiner la validité des données utilisées et du calcul » qu’elle a effectué.Le gouvernement, de son côté, fait valoir que la réforme de l’asile qui doit être votée d’ici l’été permettra d’en réduire le coût, en diminuant les délais d’instruction des demandes.Quelles prestations la France accorde-t-elle aux demandeurs d’asile ?Dans sa charge contre la politique d’asile française, Marine Le Pen a dénoncé le fait que les demandeurs d’asile soient « intégralement pris en charge par l’Etat » et qu’ils bénéficient de « droits exorbitants » ? Voici la réalité de ce qu’ils perçoivent.Une allocation pendant la durée de la procédure340,5 €Les demandeurs d’asile reçoivent pendant l’instruction de leur demande une allocation temporaire d’attente (ATA), versée par Pôle emploi, de 11,35 euros par jour, soit 340,50 euros par mois en moyenne. Cette allocation est remplacée par l’allocation mensuelle de subsistance (AMS) une fois que le demandeur rentre dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile : comprise entre 91 et 718 euros par mois, cette allocation dépend de la situation du demandeur, de sa composition familiale et de ses ressources.Un accès au système de santéLes demandeurs bénéficient aussi d’un accès privilégié à la couverture maladie universelle (CMU), de base et complémentaire, des dispositifs qui permettent aux plus défavorisés d’accéder à la sécurité sociale. Contrairement aux autres bénéficiaires, français ou étrangers, ils ne sont pas tenus de justifier une résidence stable en France de trois mois pour s’y enregistrer. En revanche, il doit justifier d’avoir perçu des revenus inférieurs à 9 534 euros l’année précédente.Ces systèmes ouvrent le droit à un remboursement des dépenses de santé par l’assurance maladie française, et dispensent les demandeurs d’asile de l’avance des frais. La CMU complémentaire donne également le droit à des réductions sur la facture de gaz, d’électricité ou de transport.Lire : En dix ans, la CMU a réduit les inégalités dans l'accès à la santéQuand, pour une raison ou un autre, les demandeurs d’asile ne peuvent être affiliés à la sécurité sociale et bénéficier de la CMU (et quand ils plongent dans la clandestinité après avoir été déboutés), ils peuvent bénéficier de l’aide médicale d’Etat (AME), qui prend en charge « à 100 % les soins médicaux et d’hospitalisation en cas de maladie ou de maternité dans la limite des tarifs de la sécurité sociale, sans avoir à avancer les frais ». L’AME bénéficie généralement aux sans papiers qui peuvent justifier d’au moins trois mois de résidence en France.» Lire notre décryptage sur l’AMELa possibilité de travaillerLes demandeurs d’asile doivent attendre un an pour pouvoir solliciter une autorisation provisoire de travail afin d’occuper légalement un emploi en France. Ce document, qui doit être renouvelé au minimum tous les six mois, est délivré par la préfecture sur certains critères : le demandeur d’asile doit disposer d’une promesse d’embauche ou d’un contrat de travail, et le préfet peut la refuser si la situation de l’emploi dans la profession et la région concernées est trop tendue. Bien entendu, leur travail devient illégal quand ils deviennent sans-papiers.La scolarisation des enfantsEnfin, les enfants de demandeurs d’asile peuvent être scolarisés dès l’âge de 3 ans, à condition que l’école maternelle donne son accord. De 6 à 16 ans, en revanche, l’instruction est obligatoire, comme pour tous les enfants français et étrangers vivant en France.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 13h27 • Mis à jour le06.05.2015 à 15h39 Les affrontements entre les forces de Kiev et les rebelles prorusses ont à nouveau augmenté en intensité, à quelques heures de la reprise des pourparlers de paix prévue à Minsk.Une rencontre du groupe de contact trilatéral réunissant les représentants ukrainiens, russes et ceux de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), avec la participation d'émissaires rebelles, se tient en effet mercredi 6 mai dans la capitale. Là même où les négociations avaient abouti à la trêve actuelle dans le cadre de l'accord dit de « Minsk 2 », début février.Cinq soldats ukrainiens ont été tués et douze blessés ces dernières vingt-quatre heures dans l'est du pays, selon un porte-parole militaire ukrainien. « Les forces de l'opération antiterroriste ont essuyé leurs pertes les plus lourdes hier vers Avdiïvka », une localité sous contrôle ukrainien près de l'aéroport de Donetsk, aux mains des insurgés depuis janvier, a expliqué le porte-parole, précisant que quatre soldats y avaient péri dans l'explosion d'une mine artisanale.Globalement respecté après son entrée en vigueur le 15 février, il reste cependant très fragile et des combats sporadiques éclatent régulièrement dans l'Est, où le conflit a fait plus de 6 100 morts en un peu plus d'un an.Lire aussi : En Ukraine, une trêve de plus en plus fragilelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2j7k1l"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2j7k1l", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 06.05.2015 à 10h18 La Russie prévoit de célébrer la victoire des Alliés dans la seconde guerre mondiale le 9 mai avec un grand défilé militaire sur la place Rouge qui lui permettra d’affirmer le renouveau de sa puissance militaire, un an après le début de la crise en Ukraine.L’armée russe présentera à cette occasion les nouveaux canons Koalitsia-SV et, surtout, les tanks Armata T-14. Ils doivent entrer en service en 2016, mais sont déjà vantés par la Russie comme les plus puissants au monde, surclassant leurs concurrents occidentaux, avec un équipage de trois personnes hébergé dans une capsule blindée, la tourelle étant inhabitée.Plus de 16 000 soldats, 194 unités blindées et 143 avions et hélicoptères défileront à Moscou le 9 mai, une parade militaire que le Kremlin a voulu grandiose. Plus de 1 300 militaires étrangers, notamment serbes, indiens et chinois, défileront également dans les rues du centre de Moscou pour les festivités, débutées lundi et qui atteindront leur point d’orgue le 9 mai.Sur les 68 dirigeants étrangers invités, seuls une vingtaine ont confirmé leur présence. Parmi eux, le Chinois Xi Jinping, le président cubain, Raul Castro, ou encore le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Laurent Fabius représentera la France pour cet anniversaire.L’anniversaire de la victoire, pour laquelle au moins 27 millions de Soviétiques sont morts, est considéré par 42 % des Russes comme la fête la plus importante de l’année, devant Noël ou leur propre anniversaire, selon un récent sondage du centre indépendant Levada. 06.05.2015 à 09h22 • Mis à jour le06.05.2015 à 09h50   Figurer dans la liste « Rewards for justice » (« Récompenses pour la justice ») du département d’Etat américain est un peu une consécration pour les terroristes. Abd Al-Rahman Mustafa Al-Qaduli, Abu Mohammed Al-Adnani, Tarkhan Tayumurazovich Batirachvili et Tariq Bin-Al-Tahar Bin Al Falih Al-’Awni Al-Harzi, quatre membres de l’Etat islamique (EI), viennent d’y entrer, le département d’Etat mettant leur tête à prix pour 20 millions de dollars.Le ministère de la justice américain offre jusqu’à 7 millions de dollars pour Abd Al-Rahman Mustafa Al-Qaduli, un responsable de l’EI issu des rangs d’Al-Qaida en Irak, et 5 millions de dollars pour Abu Mohammed Al-Adnani, porte-parole officiel de l’EI.Le Géorgien Tarkhan Tayumurazovich Batirachvili, dont la tête est aussi mise à prix pour 5 millions de dollars, est connu comme "Omar le Tchétchène" et opère dans le nord de la Syrie. Enfin Tariq Bin-Al-Tahar Bin Al Falih Al-‘Awni Al-Harzi, recherché pour 3 millions de dollars, est un Tunisien qui s’occupe de la récolte de fonds ainsi que du recrutement et de l’organisation des déplacements des combattants pour le compte de l’EI.La tête d’Ayman Al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaida, reste mise à prix pour 25 millions de dollars, devant Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’EI, dont la tête est mise à prix pour 10 millions de dollars. 06.05.2015 à 08h27 • Mis à jour le06.05.2015 à 16h17 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2pagm0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2pagm0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Andreas Lubitz, le copilote de l’avion de Germanwings dont le crash a coûté la vie à 150 personnes le 24 mars aurait-il pu crasher son avion dans les Pyrénées, lors du vol aller entre Düsseldorf et Barcelone, plutôt que dans les Alpes au retour ?Ce que révèle le rapport préliminaire du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) publié mercredi 6 mai c’est qu’il a en tout cas effectué les mêmes gestes à l’aller qu’au vol, fatal, du retour. Le quotidien allemand Bild avait fait état de ces mêmes informations dans la nuit.Le directeur du BEA, Rémi Jouty, a expliqué que Lubitz avait, lors de ce vol, « déjà répété » sans « effet sensible » la descente finalement effectuée jusqu’à son épilogue dramatique lors du vol retour vers Düsseldorf, le 24 mars.Les enquêteurs ont en effet pu reconstituer la fin du vol aller entre Düsseldorf et Barcelone, dont une partie était encore enregistrée sur les boîtes noires retrouvées après le crash.A 8 h 20, lors de ce vol aller, le pilote avait quitté son poste, comme il le fit lors du funeste voyage retour. Le copilote régla alors le pilote automatique sur 100 pieds (environ 30 mètres) – bien loin des 35 000 puis 21 000 pieds (10,5 km puis 6,5 km) que lui réclamèrent successivement le contrôle aérien – et l’avion commença à descendre. Andreas Lubitz sembla cependant se raviser et régla à nouveau le pilote automatique sur une altitude normale juste avant que le pilote ne fît son retour dans la cabine.Lors du vol retour fatal, le copilote régla à nouveau le pilote automatique sur 100 pieds alors que le pilote s’était absenté, ce qui précipita l’avion au sol.L’hypothèse d’un crash volontaire confirméeLe BEA confirme également que le copilote s’est enfermé dans le cockpit pour précipiter « intentionnellement » l’avion sur les Alpes en utilisant le pilote automatique, sans que le commandant de bord puisse reprendre place dans le cockpit. Andreas Lubitz « n’a pas ouvert la porte du poste de pilotage pendant la descente, malgré la demande d’accès via le clavier numérique [à l’extérieur de la cabine], les appels depuis l’interphone de la cabine et les coups frappés à la porte », écrit le BEA.Pendant toute la durée de la descente, un bruit de respiration se fait entendre, de très légers mouvements sur le manche de l’appareil sont effectués et plusieurs actions sur le niveau de poussée des réacteurs sont réalisées, preuves supplémentaires que le copilote, Andreas Lubitz, avait bien pour intention de précipiter son avion sur les Alpes.Les suites de l’enquêteDans la deuxième phase de son enquête, le BEA va se pencher sur l’épineuse question des aptitudes psychologiques des pilotes, c’est-à-dire « expliquer comment et pourquoi [certains d’entre eux] peuvent se retrouver dans un poste de pilotage avec l’intention d’entraîner la perte de l’aéronef avec ses occupants », malgré les procédures de sécurité.Les enquêteurs vont aussi s’intéresser aux « compromis qui ont été faits entre les exigences de sûreté, notamment celles qui ont fait suite aux attentats du 11-Septembre, et les exigences de sécurité des vols ». Il est en effet impossible, depuis les attentats aux Etats-Unis, d’ouvrir la porte du cockpit depuis l’extérieur contre l’avis de celui ou celle qui s’y trouve ; ce qui a permis à Lubitz de s’y enfermer.Cent cinquante personnes, dont 72 Allemands, sont mortes le 24 mars dans le crash de l’avion lors du vol entre Barcelone et Düsseldorf. Selon l’enquête, Andreas Lubitz avait souffert dans le passé de troubles psychologiques. 04.05.2015 à 17h43 • Mis à jour le04.05.2015 à 17h50 Souhaitée par les Nations unies et par Washington, une « pause humanitaire » pourrait avoir lieu prochainement au Yémen, où l’offensive armée de pays arabes contre les rebelles houthistes a de graves conséquences pour la population.L’Arabie saoudite a annoncé, lundi 4 mai, qu’elle consultait ses partenaires de la coalition pour « cesser temporairement les raids aériens dans [des] zones pour y permettre l’acheminement de l’aide humanitaire », a expliqué dans un communiqué Adel Al-Jubeir, nouveau ministre des affaires étrangères saoudien. Il n’a toutefois donné aucune indication sur la date ou sur les modalités de la mise en place de ces zones.Lire le décryptage : Comprendre les origines de la guerre au YémenPénurie de pétroleLes Nations unies ont mis en garde contre une « catastrophe humanitaire » au Yémen, où les livraisons de fuel et d’aide humanitaire sont rendues très difficiles par les raids aériens, qui ne cessent pas depuis le début des hostilités, le 26 mars. Aux risques liés à ces raids s’ajoute la lenteur de l’acheminement des vivres, liée au contrôle strict de tous les cargos qui arrivent au Yémen en raison de l’embargo sur les armes auquel le pays est soumis.Samedi, Johannes van der Klaauw, coordinateur humanitaire de l’ONU pour le Yémen, a ainsi déclaré que « les services encore en fonction dans le pays en termes de santé, d’eau et de nourriture sont en train de disparaître parce que le pétrole n’yentre plus ».Selon les hôpitaux locaux, la guerre a déjà fait plus de 1 200 morts et 5 000 blessés dans le pays. L’ONU évalue à 300 000 le nombre de personnes qui ont été déplacées à cause du conflit et considère qu’il affecte un tiers de la population (7,5 millions de personnes).Ces conséquences pour les civils attisent les critiques à l’égard de l’Arabie saoudite, à la tête de la coalition antirebelle. Riyad se défend en expliquant ses réticences par sa crainte de voir les houthistes tenter d’« exploiter les pauses dans les bombardements dans ces zones pour empêcher l’acheminement de l’aide » a précisé M. Al-Jubeir. Il a prévenu que la coalition riposterait par des « raids à tout mouvement suspect » de cette nature.Lire aussi :L’Arabie saoudite dans l’engrenage yéménite« Aucun débarquement » à Aden jure RiyadAutre motif de critiques, l’Arabie saoudite a été accusée par l’organisation non gouvernementale Human Right Watch d’utiliser des munitions à fragmentation, interdites par un traité international, lors de raids ciblant un bastion houthiste à la mi-avril.Riyad nie toute offensive terrestre, alors que des responsables locaux ont affirmé avoir vu pour la première fois, dimanche, des militaires de la coalition dans les rues d’Aden, port du sud-ouest du Yémen, dont l’aéroport est aux mains des houthistes.« Je peux assurer qu’il n’y a eu aucun débarquement dimanche à Aden », a insisté le porte-parole de la coalition, le général de brigade Ahmed Al-Assiri, et ce même si la chaîne de télévision panarabe Al-Jazeera a diffusé dans l’après-midi des images d’un groupe de soldats, casqués et armés, marchant dans le quartier de Khor Maksar, près de l’aéroport. Un vidéaste de l’Agence France-Presse a lui aussi fait état de la présence de ces militaires, visiblement mécontents d’être filmés.Regarder la carte : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au Yémen 04.05.2015 à 16h21 • Mis à jour le04.05.2015 à 17h09 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Ses déplacements répétés dans l’Iowa, où elle s’était encore exprimée le 25 avril à l’occasion d’un rassemblement organisé par la branche locale de la Faith and Freedom Coalition, un groupe religieux conservateur, avaient donné une idée de ses ambitions.Comme les sénateurs Ted Cruz et Rand Paul avant elle, c’est par un message sur son compte Twitter que Carly Fiorina a fait part de sa candidature à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016, lundi 4 mai. Elle pourrait être la seule femme sur les rangs pour le Grand Old Party, comme l’ancienne représentante Michele Bachmann en 2011. Cette dernière avait rapidement abandonné après un score décevant lors des caucus de l’Iowa, le premier Etat à se prononcer.Comme le neurochirurgien Ben Carson qui devait confirmer lundi son intention de briguer l’investiture républicaine dans sa ville natale de Detroit (Michigan), Carly Fiorina, 60 ans, est une représentante de la société civile qui peut mettre en avant une impressionnante réussite professionnelle ainsi qu’un rôle de pionnière pour les femmes, un segment électoral stratégique pour l’élection présidentielle.Cette carrière débute en 1976 avec un poste de secrétaire dans une agence immobilière à Palo Alto, en Californie, là où fut fondée l’entreprise Hewlett-Packard en 1939 et, avec elle, la Silicon Valley. Elle se termine en apothéose en 1999 avec la direction de ce géant de l’informatique. L’expérience coïncide avec l’éclatement de la bulle spéculative constituée à la faveur de la révolution introduite par le développement d’Internet et s’achèvera par une démission forcée en 2005 qui lui laissa un goût amer.Contre l’avortement et contre le mariage homosexuelEn 2008, Carly Fiorina avait rejoint l’équipe de campagne du candidat républicain John McCain, sénateur de l’Arizona, pour lui apporter une expertise qui lui faisait défaut. Deux ans plus tard, elle se lançait dans une bataille sénatoriale coûteuse en Californie pour tenter de ravir le poste de la junior senator démocrate de l’Etat, Barbara Boxer. Solidement implantée, cette dernière avait cependant été réélue.Au cours de ses déplacements préparatoires, Carly Fiorina n’a cessé de mettre en avant ses convictions conservatrices, contre l’avortement et contre le mariage homosexuel, ainsi que sa foi qui lui a permis, dit-elle, de surmonter des épreuves personnelles, un cancer du sein ainsi que la mort d’une belle-fille, à 35 ans, victime « des démons de l’addiction ». L’ancienne responsable de Hewlett-Packard s’estime la mieux placée pour attaquer la favorite du camp démocrate, Hillary Clinton. Elle tente de présenter son absence d’expérience politique comme un atout face à la dizaine de sénateurs, de gouverneurs et anciens gouverneurs qui pourraient au final se porter sur les rangs, mais son profil singulier n’a pas pour l’instant la faveur des intentions de vote.Lire aussi :Primaires aux Etats-Unis : une « offre » pléthorique chez les républicainsGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) « Trop lourd ». C’est le diagnostic qu’a établi, lundi 4 mai, le nouveau PDG de McDonald’s, Steve Easterbrook, dans un message vidéo. Alors que la première chaîne de fast-food du monde accumule les mauvais résultats, le dirigeant britannique, nommé il y a deux mois, a dévoilé les grandes lignes de son plan stratégique, qui vise à redonner au groupe plus de réactivité pour coller aux envies des clients qui se détournent de plus en plus de la marque.« La réalité est que nos dernières performances ont été médiocres, reconnaît M. Easterbrook. Les chiffres ne mentent pas », ajoute-t-il. Au premier trimestre, le chiffre d’affaires a une nouvelle fois baissé de 2,6 %, tandis que le bénéfice chutait de 32 %. Le groupe souffre particulièrement aux Etats-Unis, où ses ventes ne progressent plus depuis octobre 2013.Lire aussi :McDonald’s change de patron pour rebondirGénéraliser le système de franchisePremière mesure phare pour remédier à la situation : généraliser le système de la franchise, qui concerne aujourd’hui 81 % des restaurants de la chaîne. Le taux devra passer à 90 % d’ici 2018.L’évolution est d’autant plus volontariste qu’elle est décidée dans un contexte de fermetures de points de vente. Le groupe a en effet annoncé le 22 avril la fermeture de 700 restaurants pas suffisamment rentables aux États-Unis, en Chine et au Japon.Au total, ce sont donc 3500 restaurants qui devraient passer sous franchise sur les 36 000 que l’enseigne compte dans le monde. Le but : assurer « un cash-flow plus stable et plus prévisible », a expliqué M. Easterbrook.Autre changement majeur : la réorganisation du groupe en quatre zones géographiques, les États-Unis, les marchés leaders comme le Royaume-Uni, la France ou l’Allemagne, les pays émergents et enfin le reste du monde.Diminuer l’attente des clientsMais les évolutions devront aussi être immédiatement perceptibles par le client. Le patron promet ainsi que le groupe va se concentrer davantage sur l’écoute. Pour cela, McDonald’s devra travailler à la simplification des tâches de ses employés afin de diminuer les temps d’attente des clients.La chaîne a également annoncé de nouveaux changements dans ses menus. L’introduction d’un sandwich au poulet grillé, labellisé « artisan » (sic) est censé démontrer la volonté du groupe de proposer une nourriture plus saine.Le groupe prévoit en outre une réduction de ses coûts de 300 millions de dollars. Le PDG n’a pas précisé quel serait l’impact sur l’emploi, affirmant qu’il était encore trop tôt pour le déterminer.Lire aussi :Les leçons du fast-foodStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.05.2015 à 11h42 • Mis à jour le04.05.2015 à 15h57 Une partie des quelque 6 000 migrants secourus au cours du week-end lors de diverses opérations de sauvetage sont arrivés lundi 4 mai en Sicile.Un premier groupe de 873 migrants, dont 103 femmes et 52 enfants, est arrivé dans le port de Pozzallo, près de Raguse, dans l'extrême sud de l’île italienne. Les migrants, essentiellement des Somaliens et des Erythréens, seront transférés après identification dans des centres d'accueil disséminés dans toute la péninsule, à Rome, Milan ou Naples, entre autres.Un deuxième groupe d'environ 400 personnes est arrivé à bord d'un navire des gardes-côtes italiens à Messine, dans le nord de la Sicile. Il est composé, lui aussi, essentiellement de Somaliens et d'Erythréens, mais aussi de Syriens.Deux navires militaires sont par ailleurs arrivés en milieu de journée avec près de 1 500 migrants. Par ailleurs, un autre groupe de 329 migrants est arrivé sur la petite île de Lampedusa, selon la marine militaire.Lire notre reportage : La Sicile, terre d’immigration désemparée face à l’afflux des clandestinsEmbarcations de détressePlus de 5 800 personnes ont été secourues dans diverses opérations de sauvetage en Méditerranée au cours du week-end, tandis que dix migrants ont été retrouvés morts. Pour la seule journée de samedi, les gardes-côtes italiens avaient coordonné le secours de 3 690 migrants à bord de 17 embarcations en détresse, principalement au large de la Libye.Pour la première fois samedi, le patrouilleur français Commandant-Birot, envoyé la semaine dernière pour renforcer le dispositif européen en Méditerranée, à la suite d'une série de naufrages dévastateurs en avril, a participé aux opérations, secourant 219 migrants qui se trouvaient à bord de 3 embarcations différentes.Des centaines de migrants, essentiellement africains mais aussi, pour beaucoup, syriens, partis pour la plupart de Libye, où le chaos laisse les mains libres aux passeurs, arrivent chaque jour sur les côtes italiennes.Lire le décryptage : Migrants en Méditerranée : qu’est-ce que l’opération « Triton » ? Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Témoignage. Appelons-le Arié. Disons qu’il a la vingtaine et une tête bien faite. Arié fait partie de la soixantaine de soldats israéliens qui ont accepté de témoigner auprès de l’organisation non gouvernementale Breaking the Silence au sujet de l’opération « Bordure protectrice », conduite à l’été 2014 dans la bande de Gaza. Arié s’est longuement confié au Monde sur son expérience comme tireur à bord d’un char de combat. Il abordait la dernière ligne droite de son service militaire lorsqu’il a été envoyé à Gaza. Son témoignage, édifiant, est confirmé sur de nombreux points par ceux qui figurent dans le recueil de l’ONG, publié lundi 4 mai.« Je suis tireur dans un char. J’ai suivi une formation classique de quatre mois, puis quatre autres de formation spécialisée. C’est beaucoup de balistique, de calculs de distance, d’exercices pratiques. C’est vous qui contrôlez les armes, il faut rester calme et précis. On a un bouton qui permet d’allumer l’électricité dans le canon. Quand on le pousse, cela veut dire qu’on se rapproche du tir. La règle élémentaire est : on ne joue pas avec, on n’essaie même pas de vérifier s’il fonctionne, on ne le pousse que si on va tirer. Et pour cela, il faut l’ordre du commandant. Ça devient instinctif. J’ai aussi appris que tout devait être rapporté. J’ai appris à scanner un paysage, de gauche à droite, de droite à gauche, et à faire un rapport. La décision de tirer est ensuite prise au-dessus de vous.Lire le décryptage :La dérive morale de l’armée israélienne à GazaLorsque j’ai été appelé début juillet [2014], on a été réuni dans le Golan [au nord d’Israël]. On a attendu que les camions arrivent, puis on est parti vers le sud, à proximité de la bande de Gaza. On a commencé à préparer les chars. Personne ne vous parle à ce moment-là de la mission. Tout est flou, on discute entre soldats, on parle de nos peurs, on partage nos pensées. On passe le temps. Un jour, le chef du bataillon nous a réunis, pour nous briefer. « Demain soir, on entrera dans la bande de Gaza, nous a-t-il dit. Il faut penser à nos familles, à nos foyers. Ce qu’on fait, c’est pour leur sécurité. » Il nous a parlé des règles d’engagement. « Il y a un cercle imaginaire de 200 mètres autour de nos forces. Si on voit quelque chose à l’intérieur, on a le droit de tirer. »« J’étais le seul à trouver ça bizarre »J’étais le seul à trouver ça bizarre. Il m’a répondu : « Si une personne voit un char et ne s’enfuit pas, elle n’est pas innocente et peut être tuée. » A ses yeux, il n’y avait pas de civils. Si quelqu’un peut nous causer du tort, il est coupable. La marge de manœuvre était très large, ça dépendait de moi et de mon commandant. On n’enquêtait pas sur la cible, comme on me l’avait enseigné pendant la formation. C’était du genre : je vois quelque chose de louche à la fenêtre, ou bien cette maison est trop proche de nous, j’ai envie de tirer. « OK ! », disait le commandant. C’était la chaîne de décision, dans notre unité.On avait les mitrailleuses calibre 50 et les 7-62, pour les zones ouvertes ou les buissons à proximité. Mais l’arme la plus efficace, c’était l’obus. Lorsqu’il y avait un mouvement clair, qu’une fenêtre s’ouvrait, obus. Lorsqu’une voiture bougeait et que je devais la viser, obus. On a visé des choses, pas des personnes. On n’a jamais vu d’êtres humains de près, sauf pendant les brefs cessez-le-feu de quelques heures. Les gens croyaient alors qu’ils pouvaient rentrer chez eux en toute sécurité. Il y avait des personnes âgées, des femmes, des enfants… On ne savait pas quoi faire. Ils nous voyaient, ils continuaient à avancer. On avait peur d’attentats kamikazes. Il m’est arrivé de prendre la mitrailleuse pour viser à côté d’eux, pour leur faire peur, car on avait peur aussi. Même les soldats politiquement de droite étaient désolés pour les civils, coincés entre eux et nous, entre nos chars et les combattants du Hamas. On se disait : ils les ont porté au pouvoir démocratiquement, mais quand même… Les combattants, qu’ils aillent se faire foutre. On a toujours comparé le Hamas au Hezbollah libanais, qui est vu comme l’élite de l’élite. Le Hamas, ce sont des semi-pros, qui nous font peur quand même.Je n’ai jamais vu un combattant du Hamas. Ils sont très sournois, ils se déplacent dans des tunnels. Tu entres dans une zone ouverte, et tout d’un coup, ils te tirent dessus par-derrière. Tu te retournes, il n’y a plus personne. Et puis, il y a les guetteurs, sur les toits. J’en ai tué un. Guetteur, c’est un mot dans notre dictionnaire militaire. Cela désigne une personne qui peut vous observer, qui est en hauteur et parle au téléphone. Le guetteur est un semi-combattant. Même une grand-mère peut l’être. Très souvent, on voyait au loin une personne sur un toit, parlant au téléphone. On vérifiait auprès du commandant si ce n’était pas les nôtres. Et puis on tirait un obus au bout de quelques minutes. C’est arrivé très souvent dans ma zone car on était en plaine et il y avait un quartier du Hamas juste en face, en hauteur. La plupart du temps, je ne voyais qu’une tâche noire, jamais les visages, parce que je regardais au loin avec le soleil de face. Mais on ne pouvait pas prendre de risque.« On visait des fermes, des bâtiments »Il n’était pas permis de viser les bâtiments des Nations unies. Ni même de pointer le canon dans leur direction, il fallait le relever pour empêcher un tir accidentel. Même chose pour l’hôpital ou la centrale électrique et les bâtiments dits internationaux, à moins qu’on nous tire clairement dessus de ces endroits. Il fallait alors demander l’autorisation avant de répondre. Ces lieux étaient situés entre deux et quatre kilomètres de nous.On est entré dans la bande de Gaza le 19 juillet. On cherchait des tunnels du Hamas construits entre Gaza et Israël. On devait aussi détruire les infrastructures du Hamas et causer les plus grands dégâts possibles au paysage, à l’économie, aux infrastructures, pour que le Hamas paie le prix le plus élevé pour le conflit et qu’ils y réfléchissent à deux fois, pour le conflit prochain. C’est de la dissuasion. On visait des fermes, des bâtiments, des poteaux électriques. Si des immeubles civils sont élevés, on peut les viser. Officiellement, on nous disait qu’il fallait éviter les victimes civiles, mais en même temps, faire le plus de dégâts possibles. J’étais le seul que ça dérangeait dans mon bataillon. Les autres disaient : « On doit le faire, c’est eux ou nous, ils finiront par nous tuer sinon, c’est OK… » C’était vraiment triste. J’essaie de comprendre pourquoi c’était comme ça. Je suis peut-être plus mature qu’eux, ou bien mon éducation veut ça. Beaucoup essaient de ne pas penser, de survivre au jour le jour, d’éteindre leur conscience.On est entré la nuit dans la bande de Gaza, c’était très chaotique, il y avait beaucoup de discussions radio. On avait peur, on se disait qu’on allait se faire canarder. Mais rien ne s’est passé. Après quelques jours où l’on a tiré sans jamais se faire tirer dessus, ma vigilance était moins stricte. On a essayé, un jour, de sortir du char parce qu’on avait un problème de moteur. Dans la minute, plusieurs balles ont sifflé près de mon oreille, je me suis jeté à terre. C’était intense, puis rien pendant plusieurs jours. La première semaine, on sortait juste pour pisser, puis on a pris le temps – quinze minutes – de faire un café. On dormait dans le char. Il faisait une chaleur terrible, il n’y avait pas d’air conditionné.« J’ai visé le 11e étage avec un obus » Au lever du soleil, après notre arrivée, vers 8 heures ou 9 heures, le commandant a demandé à six chars de s’aligner devant Al-Bourej [vaste zone d’habitation au centre de la bande de Gaza]. J’avais réglé ma radio pour entendre les autres chars, chaque tireur pouvait choisir sa cible, au hasard. C’était du genre : « Moi, je vise le bâtiment blanc, là ». Et il fallait attendre le décompte. Personne ne nous avait tiré dessus avant, ni pendant, ni après. Le commandant a appelé ça « Bonjour Al-Bourej ! » A moitié en plaisantant, il disait qu’il voulait leur adresser le bonjour de l 'armée. Officiellement, c’est de la dissuasion. On a donc tiré sur des bâtiments civils ordinaires, au hasard. Al-Bourej, c’est un nid de frelons du Hamas, nous a-t-on dit, il serait suicidaire d’y entrer. On le contrôlait par le feu. Chaque jour, toutes les trente minutes, un char s’installait en face et tirait. Lorsqu’un jour, l’un de nos soldats a été tué par un tir de mortier, le commandant nous a dit de le venger, en souvenir. On s’est mis en position. J’ai choisi au hasard un immeuble à 3-4 km, près de la mer, et j’ai visé le 11e étage avec un obus. On a peut-être tué des gens.Pendant tout ce temps, on était surtout stationné dans une zone rurale autour du village de Juhor ad-Dik, très verte, avec des fermes, beaucoup d’arbres. Quand on est parti, il ne restait qu’un ou deux bâtiments debout. Ils ont pris le bulldozer blindé, le D-9, et ont travaillé cette zone vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pour la transformer en désert. Le D-9 sert d’abord pour ouvrir la voie aux chars, pour nettoyer les obstacles, les éventuels engins piégés. On nous a dit qu’on voulait aplanir cette zone pour avoir une capacité d’observation pour la prochaine fois.On est entré au maximum environ 3,5 km à l’intérieur de la bande. On se divisait et on partait pour des missions de quelques heures, vers le sud et Al-Bourej, ou bien au nord ou à l’ouest. J’ai vu un tunnel d’attaque du Hamas. Il était tellement large qu’on pouvait pratiquement y faire entrer un char. J’ai aussi vu un petit tunnel à Juhor ad-Dik, sous un bâtiment qui avait abrité une pharmacie de la Croix-Rouge. Le bâtiment a été détruit. On est resté environ deux semaines et demie dans la zone. La plupart du temps, les chars scannaient les environs. On avait très peur d’éventuelles incursions du Hamas, comme ça c’était produit ailleurs.Pendant toute l’opération, les tireurs [dans les chars] étaient ravis de pouvoir tirer des obus, car on ne pouvait jamais le faire en temps normal, ça coûte trop cher. Je ne l’avais fait qu’à six ou sept reprises au cours de ma formation. Là, c’était une bonne occasion, pour tous, de vérifier nos compétences. On se montait la tête, on se mesurait, c’était notre tour de briller. Au cours de toute l’opération, j’ai dû tirer 20 ou 25 obus, les autres deux fois plus chaque semaine. Moi, je voyais les civils derrière. Nos discussions étaient une guerre d’ego.« Lorsque j’ai quitté Gaza, j’étais amer et triste »Il est arrivé, une fois, la 3e semaine, qu’on soit posté en un endroit d’où l’on voyait la route Salaheddine, la grande artère qui traverse la bande du nord au sud. Les gens y circulaient car elle était hors de la zone de combat. On était trois chars. On s’est dit : OK, voyons qui arrivera à atteindre un véhicule ou un vélo. Le commandant a dit : « OK, rendez-moi fier ! » On a parié entre nous, mais c’était trop dur, personne n’a réussi. Mon char datait des années 1980, il ne peut atteindre des cibles se déplaçant vite. Je devais tout calculer dans ma tête en cinq secondes pour anticiper la trajectoire. Et je ne voyais qu’une partie de la route. Il y avait un cycliste. On l’a visé avec une mitraillette de calibre 50, une arme pas du tout précise. J’ai tiré à côté et devant lui. Je l’ai pas vraiment ajusté. Il a détalé si vite, plus vite qu’Armstrong, que tout le monde a ri. C’est l’épisode dont j’ai le plus honte.Lorsque j’ai quitté Gaza, j’étais amer et triste de ce qui s’était passé. Mais j’étais soulagé de retourner à la vie civile. La plupart des gens de ma compagnie sont de droite. Ils considèrent Breaking the Silence comme une organisation antisioniste. « Crimes de guerre » ? C’est un grand mot. Mais j’ai le sentiment d’avoir fait des trucs amoraux, sur le plan international. J’ai visé des cibles civiles, parfois juste pour le plaisir.J’ai essayé d’en parler. Mais dans mon environnement, personne ne veut entendre tout cela, ces mauvaises choses. « T’es un héros, t’as fait ce que tu devais faire… » Ce n’est pas l’armée qu’ils connaissent, « la plus morale du monde ». En Israël, tout le monde fait l’armée, et elle fait partie de nous. C’est quelque chose d’intime. Mes parents m’ont dit la même chose. « Tu as fait ce que tu devais faire, on est content que tu sois rentré. »Là-bas, tout le système des valeurs était tête à l’envers. Les gens dans la rue me disent que je suis un héros. Moi, j’étais juste assis dans un char toute la journée. Je me suis habitué à cette présence, à tirer. Vous prenez un homme libre, vous le transformez en esclave : au bout de quelques années, il s’habitue. C’est comme une promenade au parc.Je n’avais pas de fenêtre. Mon monde à Gaza, c’était une boîte de 20 centimètres. Je voyais tout au travers d’un viseur, d’une croix sur chaque route, sur chaque bâtiment. Les notions de bien et de mal, je les ai encore. Quand j’ai tiré sur des bâtiments civils ou sur le cycliste, j’avais la conscience de faire quelque chose de mal, mais on avait le sentiment de pouvoir tout faire, qu’il n’y avait pas de loi. Dans les limites de la logique militaire. Bien sûr, pas de violer des enfants ou de tuer toute une famille juste parce qu’elle est là. Mais de pouvoir détruire un immeuble vide, oui. De tirer sur une route, oui. Si on tue quelques personnes, on aura des ennuis. Mais c’est tout. »Lire l'analyse :Israël a une vision singulière du droit de la guerrePiotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Eté 2014, bande de Gaza. Un vieux Palestinien gît à terre. Il marchait non loin d’un poste de reconnaissance de l’armée israélienne. Un soldat a décidé de le viser. Il est grièvement blessé à la jambe, ne bouge plus. Est-il vivant ? Les soldats se disputent. L’un d’eux décide de mettre fin à la discussion. Il abat le vieillard.Cette histoire, narrée par plusieurs de ses acteurs, s’inscrit dans la charge la plus dévastatrice contre l’armée israélienne depuis la guerre, lancée par ses propres soldats. L’organisation non gouvernementale Breaking the Silence (« rompre le silence »), qui regroupe des anciens combattants de Tsahal, publie, lundi 4 mai, un recueil d’entretiens accordés sous couvert d’anonymat par une soixantaine de participants à l’opération « Bordure protectrice ».Une opération conduite entre le 8 juillet et le 26 août 2014, qui a entraîné la mort de près de 2 100 Palestiniens et 66 soldats israéliens. Israël a détruit trente-deux tunnels permettant de pénétrer clandestinement sur son territoire, puis a conclu un cessez-le-feu avec le Hamas qui ne résout rien. L’offensive a provoqué des dégâts matériels et humains sans précédent. Elle jette, selon l’ONG, « de graves doutes sur l’éthique » de Tsahal.« Si vous repérez quelqu’un, tirez ! »Breaking the Silence n’utilise jamais l’expression « crimes de guerre ». Mais la matière que l’organisation a collectée, recoupée, puis soumise à la censure militaire comme l’exige toute publication liée à la sécurité nationale, est impressionnante. « Ce travail soulève le soupçon dérangeant de violations des lois humanitaires, explique l’avocat Michael Sfard, qui conseille l’ONG depuis dix ans. J’espère qu’il y aura un débat, mais j’ai peur qu’on parle plus du messager que du message. Les Israéliens sont de plus en plus autocentrés et nationalistes, intolérants contre les critiques. »Environ un quart des témoins sont des officiers. Tous les corps sont représentés. Certains étaient armes à la main, d’autres dans la chaîne de commandement. Cette diversité permet, selon l’ONG, de dessiner un tableau des « politiques systémiques » décidées par l’état-major, aussi bien lors des bombardements que des incursions au sol. Ce tableau contraste avec la doxa officielle sur la loyauté de l’armée, ses procédures strictes et les avertissements adressés aux civils, pour les inviter à fuir avant l’offensive.« Ce travail soulève le soupçon dérangeant de violations des lois humanitaires, explique l’avocat Michael Sfard, qui conseille l’ONG Breaking the Silence. J’espère qu’il y aura un débat »Les témoignages, eux, racontent une histoire de flou. Au nom de l’obsession du risque minimum pour les soldats, les règles d’engagement – la distinction entre ennemis combattants et civils, le principe de proportionnalité – ont été brouillées. « Les soldats ont reçu pour instructions de leurs commandants de tirer sur chaque personne identifiée dans une zone de combat, dès lors que l’hypothèse de travail était que toute personne sur le terrain était un ennemi », précise l’introduction. « On nous a dit, il n’est pas censé y avoir de civils, si vous repérez quelqu’un, tirez ! », se souvient un sergent d’infanterie, posté dans le nord.Les instructions sont claires : le doute est un risque. Une personne observe les soldats d’une fenêtre ou d’un toit ? Cible. Elle marche dans la rue à 200 mètres de l’armée ? Cible. Elle demeure dans un immeuble dont les habitants ont été avertis ? Cible. Et quand il n’y a pas de cible, on tire des obus ou au mortier, on « stérilise », selon l’expression récurrente. Ou bien on envoie le D-9, un bulldozer blindé, pour détruire les maisons et dégager la vue.« Le bien et le mal se mélangent »Un soldat se souvient de deux femmes, parlant au téléphone et marchant un matin à environ 800 mètres des forces israéliennes. Des guetteuses ? Un drone les survole. Pas de certitude. Elles sont abattues, classées comme « terroristes ». Un sergent raconte le « Bonjour Al-Bourej ! », adressé un matin par son unité de tanks à ce quartier situé dans la partie centrale du territoire. Les tanks sont alignés puis, sur instruction, tirent en même temps, au hasard, pour faire sentir la présence israélienne.Beaucoup de liberté d’appréciation était laissée aux hommes sur le terrain. Au fil des jours, « le bien et le mal se mélangent un peu (…) et ça devient un peu comme un jeu vidéo », témoigne un soldat. Mais cette latitude correspondait à un mode opérationnel. Au niveau de l’état-major, il existait selon l’ONG trois « niveaux d’activation », déterminant notamment les distances de sécurité acceptées par rapport aux civils palestiniens. Au niveau 3, des dommages collatéraux élevés sont prévus. « Plus l’opération avançait, et plus les limitations ont diminué », explique l’ONG. « Nos recherches montrent que pour l’artillerie, les distances à préserver par rapport aux civils étaient très inférieures à celles par rapport à nos soldats », souligne Yehuda Shaul, cofondateur de Breaking the Silence.Lire le témoignage :« J’ai visé des cibles civiles, parfois juste pour le plaisir »Un lieutenant d’infanterie, dans le nord de la bande de Gaza, se souvient : « Même si on n’entre pas [au sol], c’est obus, obus, obus. Une structure suspecte, une zone ouverte, une possible entrée de tunnel : feu, feu, feu. » L’officier évoque le relâchement des restrictions au fil des jours. Lorsque le 3e niveau opératoire est décidé, les forces aériennes ont le droit à un « niveau raisonnable de pertes civiles, dit-il. C’est quelque chose d’indéfinissable, qui dépend du commandant de brigade, en fonction de son humeur du moment ».Fin 2014, le vice-procureur militaire, Eli Bar-On, recevait Le Monde pour plaider le discernement des forces armées. « On a conduit plus de 5 000 frappes aériennes pendant la campagne. Le nombre de victimes est phénoménalement bas », assurait-il. A l’en croire, chaque frappe aérienne fait l’objet d’une réflexion et d’une enquête poussée. Selon lui, « la plupart des dégâts ont été causés par le Hamas ». Le magistrat mettait en cause le mouvement islamiste pour son utilisation des bâtiments civils. « On dispose d’une carte de coordination de tous les sites sensibles, mosquées, écoles, hôpitaux, réactualisée plusieurs fois par jour. Quand on la superpose avec la carte des tirs de roquettes, on s’aperçoit qu’une partie significative a été déclenchée de ces endroits. » Treize enquêtes pénales ouvertesL’armée peut-elle se policer ? Le parquet général militaire (MAG) a ouvert treize enquêtes pénales, dont deux pour pillages, déjà closes car les plaignants ne se sont pas présentés. Les autres cas concernent des épisodes tristement célèbres du conflit, comme la mort de quatre enfants sur la plage de Gaza, le 16 juillet 2014. Six autres dossiers ont été renvoyés au parquet en vue de l’ouverture d’une enquête criminelle, après un processus de vérification initial.Ces procédures internes n’inspirent guère confiance. En septembre, deux ONG israéliennes, B’Tselem et Yesh Din, ont annoncé qu’elles cessaient toute coopération avec le parquet. Les résultats des investigations antérieures les ont convaincues. Après la guerre de 2008-2009 dans la bande de Gaza (près de 1 400 Palestiniens tués), 52 enquêtes avaient été ouvertes. La sentence la plus sévère – quinze mois de prison dont la moitié avec sursis – concerna un soldat coupable du vol d’une carte de crédit. Après l’opération « Pilier de défense », en novembre 2012 (167 Palestiniens tués), une commission interne a été mise en place, mais aucune enquête ouverte. Le comportement de l’armée fut jugé « professionnel ».Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) Alice ? Charlotte ? Diana ? Olivia ? Victoria ? Elizabeth ? Le nom de la princesse née samedi 2 mai au matin à la maternité de l’hôpital St. Mary à Londres ne devrait pas être connu avant que, selon la tradition, la reine n’ait fait sa connaissance. Or, Elizabeth II séjourne actuellement dans sa résidence de Sandringham, dans le Norfolk (est de l’Angleterre) et la rencontre avec son cinquième arrière-petit-enfant pourrait attendre quelque peu. La foule des journalistes et photographes, massée depuis des heures devant la maternité, a été gratifiée, samedi, de l’arrivée à la maternité du petit prince George, 21 mois, dans les bras de son père William.L’enfant, dont c’était l’une des rares apparitions publiques, avait l’air légèrement terrifié par l’agitation que son apparition a déclenchée. Puis en fin d’après-midi, comme si l’accouchement avait été une formalité, Kate, 32 ans, et William, 33 ans, ont présenté leur deuxième enfant né quelques heures plus tôt. La mère, tenant le bébé d’une main tout en agitant royalement l’autre à l’adresse des caméras, a fait preuve d’un grand professionnalisme. Le bébé, paisiblement endormi dans un lange blanc, a lui aussi parfaitement joué son rôle, régalant les photographes de gros plans qui ont immédiatement fait le tour du monde.Les opinions personnelles de CharlesDeuxième petit-enfant du prince Charles, héritier de la couronne, la petite fille de 3,7 kilos née samedi à 8 h 34 dans une maternité à 5 215 livres (7 060 euros) la nuit, prend place au quatrième rang dans l’ordre de succession au trône, après son grand-père Charles, son père William et son frère, le petit George. Une loi de 2013 a modifié une règle vieille de plus de trois siècles selon laquelle la naissance d’un garçon délogeait les filles nées avant lui. La naissance éventuelle d’un petit frère ne changera donc rien. La nouveau-née n’a cependant une chance de devenir reine que si le prince George n’a pas d’enfant.La naissance de la princesse éclipse pour l’instant les complications en vue pour la succession de la reine Elizabeth II, qui a fêté ses 89 ans le 21 avril. La souveraine, qui manifeste quelques signes de fatigue, devait passer la main en douceur à son fils Charles, qui est l’héritier du trône ayant le plus attendu pour régner. Mais le prince de Galles refuse de cesser de manifester ses opinions personnelles sur l’environnement, l’architecture, les médecines douces ou l’éducation, au grand dam d’une partie de l’opinion britannique attachée à la neutralité de la famille royale. La Cour suprême britannique vient d’ailleurs d’ordonner la publication de vingt-sept des lettres qu’il a adressées à des ministres pour les influencer.Quant à la presse tabloïd, elle prend un malin plaisir à publier des sondages qui montrent qu’un grand nombre de Britanniques (40 % selon le Daily Mail) souhaiteraient qu’il passe son tour pour que William devienne roi. Comme si le peuple avait voix au chapitre pour désigner son roi préféré.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Des milliers de jeunes fans qui agitent des tubes fluorescents : Unconditionally, le tube de la star américaine Katy Perry, a reçu un accueil enthousiaste au Taipei Arena le 28 avril. Et pour cause : l’ancienne chanteuse de gospel, vêtue pour cette chanson d’une robe verte scintillante, deux tournesols agrafés sur les seins, s’est spontanément emparée d’un drapeau de la République de Chine (Taïwan), qu’elle a porté en cape tout au long de sa performance. Une photo publiée par @jeremy_yang_ le 28 Avril 2015 à 12h11 PDTUne double connotation explosive dans le monde chinois. Les fleurs de tournesol de la robe mais aussi du décor faisaient partie de la panoplie de Katy Perry pour le parcours asiatique de sa tournée mondiale, qui l’avait menée à Tokyo, Canton et Shanghaï. Mais elles constituaient une référence (involontaire ?) au « mouvement des tournesols », qui a paralysé pendant trois semaines, il y a un an, le Parlement taïwanais : distribuées aux manifestants, les fleurs géantes devinrent l’emblème d’une jeunesse gardienne de la souveraineté de l’île face à la Chine voisine et aux tractations opaques du Kouomintang (le KMT, au pouvoir à Taïwan) avec son ancien ennemi communiste. La République de Chine (RDC) est prisonnière d’un statu quo délicat, « ni indépendance ni réunification », la Chine populaire s’appliquant à saboter tous ses attributs de souveraineté : Pékin a ainsi poussé le Népal à refuser l’aide de Taïwan pour le séisme du 25 avril.Pas son premier coup d’éclatLe drapeau officiel de la RDC est lui un enjeu de la coexistence fragile entre Taipei et Pékin : initialement associé au KMT, il n’en est pas moins devenu le symbole de ralliement de la génération militante des tournesols. Son interdiction en 2008 dans les environs immédiats de la délégation chinoise, lors de la visite historique à Taipei, de l’envoyé officieux de Chine populaire, par un gouvernement taïwanais soucieux de ménager Pékin, forgea la conscience contestataire des organisateurs des manifestations de l’an dernier. A Taipei, mardi soir, la prestation de Katy Perry a « ému aux larmes » certains de ses fans, a rapporté le Ziyou Shibao (« Liberty Times »), porte-drapeau du camp indépendantiste.La brunette aux yeux bleus n’en est pas à son premier coup d’éclat en Asie : dans L’Interview qui tue !, la comédie satirique de Sony, la révélation de la passion cachée de Kim Jong-un pour Firework, autre tube de Katy Perry, par le journaliste qui l’interroge, finira par faire « craquer » le dictateur nord-coréen, entraînant sa chute et… la démocratisation du pays ermite.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.05.2015 à 08h35 • Mis à jour le04.05.2015 à 09h25 L’agence de presse nord-coréenne KCNA a annoncé, lundi 4 mai, que Kim Yong-nam, 87 ans, président du Présidium de l’Assemblée populaire suprême, assisterait aux célébrations de la victoire sur l’Allemagne nazie le 9 mai à Moscou. Jeudi, le Kremlin avait annoncé que Kim Jong-un ne serait pas présent à Moscou.Le dirigeant nord-coréen, qui aurait dû effectuer à cette occasion son premier voyage officiel à l’étranger et son baptême du feu diplomatique, avait accepté en janvier l’invitation de la Russie.Mais il a finalement renoncé sous le prétexte de « questions intérieures ». De quoi alimenter les spéculations sur les vraies raisons de son absence. Des spécialistes estiment plus prosaïquement que Kim Jong-un, âgé d’une trentaine d’années et en poste seulement depuis un peu plus de trois ans, ne se sentait pas prêt à se frotter à de nombreux dirigeants étrangers, parmi lesquels le président chinois Xi Jinping.Pour de nombreux observateurs, la visite de Kim Jong-un à Moscou avait été perçue comme un signe de la volonté de Pyongyang de réduire sa dépendance à l’égard de la Chine, son principal allié, et de se rapprocher de Moscou, qui a multiplié les signes de soutien. Gilles Paris (Washington, correspondant) Avant le 7 février 2013, Ben Carson était une illustration presque consensuelle du rêve américain. Né en 1951 à Detroit (Michigan) au sein d’une famille modeste, cet Afro-Américain avait poursuivi une carrière météorite jusqu’à devenir l’un des neurochirurgiens vedettes du pays, rattaché au très huppé John Hopkins Hospital de Baltimore (Maryland). Cette trajectoire empreinte de religiosité (il est le fils d’un pasteur de l’Eglise adventiste du septième jour, une chapelle du protestantisme constituée aux Etats-Unis) avait d’ailleurs nourri plusieurs best-sellers et une pluie de décorations et de récompenses, dont la Presidential Medal of Freedom, la plus haute distinction pour les civils, accordée en 2008 par le président George W. Bush.Principal orateur d’un rendez-vous annuel de Washington, le National Prayer Breakfast, M. Carson avait exécuté ce 7 février 2013, en moins d’une demi-heure, la politique du président démocrate Barack Obama, assis à la tribune à moins de deux mètres de lui. Une attaque en règle qui lui avait valu les louanges de la presse conservatrice et alimenté les interrogations sur d’éventuelles ambitions politiques, d’autant qu’il avait annoncé un mois plus tard sa décision de mettre un terme à sa carrière professionnelle. L’annonce de sa candidature à l’investiture républicaine, qui devait être formalisée dans sa ville natale lundi 4 mai, constitue l’épilogue attendu de cette offensive.Soutien du Tea PartyFranc-tireur, Ben Carson se lance dans la course à la présidentielle de 2016 sans expérience ni soutien en dehors des cercles très conservateurs et souvent proches des Tea Party, que ses livres et ses interventions médiatiques ont fédérés. Sa démarche à cet égard est très proche de celle d’un autre Afro-Américain, Herman Cain, brillant homme d’affaires issu, lui aussi, d’une famille modeste et qui avait professé pendant les premiers mois des primaires républicaines un mélange de libéralisme économique et de conservatisme social avant que son amateurisme et surtout d’embarrassantes accusations de harcèlement sexuel mettent un terme à ses ambitions.Conservateur, Ben Carson l’est jusqu’à la caricature lorsqu’il s’agit notamment d’homosexualité, qu’il associe à la bestialité, ou de la réforme de santé de M. Obama, qualifiée de pire fléau pour les Etats-Unis depuis l’esclavage. Mais c’est précisément ses positions éloignées du consensus qui lui valent de figurer à la hauteur des candidats déjà déclarés à l’investiture, comme les sénateurs Rand Paul (Kentucky) et Ted Cruz (Texas) dans les sondages mesurant les intentions de vote. Un rang flatteur compte tenu de la modestie de ses lettres de créances politiques, même si le rôle d’iconoclaste ne garantit pas contre les chausse-trappes d’une campagne. Bien au contraire.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) En se posant, vendredi 8 mai, dans le Dakota du Sud, Barack Obama est devenu le quatrième président des Etats-Unis à avoir effectué un déplacement dans chacun des cinquante États américains pendant son passage à la Maison Blanche. Le président républicain Richard Nixon avait été le premier à réussir cette prouesse. George Bush père avait encore fait mieux en cochant toutes les cases au cours d’un seul mandat, alors que son prédécesseur avait passé cinq ans et demi au 1 600 Pennsylvania avenue.Le démocrate Bill Clinton avait eu huit ans pour réussir cette tournée particulière, qui avait résisté à Jimmy Carter, comme aux républicains Ronald Reagan et George W. Bush, ces derniers en dépit de leur réélection pour un second mandat. M. Obama avait gardé logiquement pour la fin les Etats dans lesquels il avait obtenu ses plus médiocres scores en 2008 comme en 2012. Avant le Dakota du Sud, il s’était rendu dans l’Idaho en janvier, en Caroline du Sud en mars, et enfin dans l’Utah en avril.Number of times President Obama has visited each state, ranked http://t.co/U8SxYUy1FI pic.twitter.com/V8x1bESbjD— Bloomberg Politics (@bpolitics) 8 Mai 2015Un photographe officielVendredi, le photographe officiel de la Maison Blanche, Pete Souza, a donc ajouté un cinquantième cliché à une sélection de photos mise en ligne sur le site de la Maison Blanche comme sur le site Medium, qui racontent ces visites présidentielles mettant en scène un président de plus en plus grisonnant. Cette sélection où le comique cohabite avec la gravité de certaines situations débute alphabétiquement par la commémoration de la marche pour les droits civiques de Selma (Alabama), le 7 mars 2015, et s’achève sur une photo de la famille présidentielle dans le parc national de Yellowstone (Wyoming), prise le 15 août 2009.Cet album rappelle aussi l’importance prise par le photographe officiel dans un dispositif visant à maîtriser totalement la communication présidentielle et qui avait ainsi été le seul autorisé à photographier le président et son équipe suivant à distance dans une war room de la Maison Blanche le raid visant Oussama Ben Laden en 2011. Une exclusivité source de tensions régulières avec les correspondants de la Maison Blanche.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.05.2015 à 16h37 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Le 8 mai n’est pas un jour férié en Allemagne. Pourtant, ce jour commémorant la fin de la seconde guerre mondiale est tout sauf un jour ordinaire. « Le 8 mai fut un jour de libération » : par cette formule prononcée le 8 mai 1985, Richard von Weizsäcker, alors président de la République, est entré dans l’histoire de son pays, transformant une date jusque-là honteuse, celle de la capitulation, en un événement libérateur. Cette année, la République allemande a commémoré ce « jour de libération ».Durant une heure, l’ensemble des parlementaires (les députés et les soixante membres du Bundesrat, le conseil fédéral) exceptionnellement réunis au sein du Bundestag, ont écouté l’un des plus célèbres historiens allemands, Heinrich August Winkler, expliquer la signification de cette journée. « Dans l’histoire allemande, il n’y a pas de césure plus profonde que ce jour », a-t-il dit. Sévère avec les élites allemandes qui, dans l’entre-deux-guerres, n’ont jamais vraiment accepté les valeurs démocratiques portées par la Révolution française de 1789, Heinrich August Winkler est longuement revenu sur les massacres commis par les nazis, citant au passage Oradour-sur-Glane mais aussi le village grec martyr de Distomo. « Sur une telle histoire, on ne peut pas tirer un trait », a-t-il expliqué, critiquant implicitement le gouvernement qui ne veut pas rouvrir le dossier des réparations.Au premier rang se trouvaient Joachim Gauck, le président de la République, Angela Merkel, la chancelière, Andreas Vosskuhle, président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe et Volker Bouffier, actuel président du Bundesrat. Dans les tribunes, on notait la présence de plusieurs ambassadeurs, dont les représentants de la Pologne, de l’Ukraine et d’Israël. L’ambassadeur de Russie était, semble-t-il, absent. En revanche, l’ancien opposant Mihkaïl Khodorkovski était présent.Un jour du souvenir en débatNi Joachim Gauck ni Angela Merkel ne se sont exprimés. Mais le 6 mai, Joachim Gauck avait rendu hommage aux Soviétiques qui avaient libéré l’Allemagne. Celui-ci a notamment rappelé que « près de 5,3 millions de soldats soviétiques ont été faits prisonniers de guerre, dont plus de la moitié avaient trouvé la mort ». Angela Merkel se rendra, elle, à Moscou le 10 mai, le lendemain des commémorations officielles, pour déposer une couronne sur la tombe du soldat inconnu. Elle déjeunera ensuite avec Vladimir Poutine. La chancelière avait présidé le 3 mai la cérémonie commémorant la libération du camp de concentration de Dachau (Bavière).Outre ces cérémonies, l’Allemagne s’interroge : le 8 mai doit-il être un jour non pas férié mais un jour du souvenir ? C’est déjà le cas depuis 2002 dans le Mecklenbourg-Poméranie occidentale. Le Brandebourg en débat. Hambourg aussi. Tout comme la Thuringe. Berlin (qui, comme Hambourg, a le statut de ville-Etat) en a débattu jeudi. La gauche y est favorable mais pas la CDU. Elle fait valoir que le 27 janvier, jour de la libération du camp d’Auschwitz, est déjà un jour du souvenir. Surtout, pour la CDU, le 8 mai est certes un jour de libération mais pour toute la partie de l’Allemagne occupée par l’Armée rouge, cette liberté n’a été que très provisoire. Même si, précise immédiatement la CDU, on ne peut comparer le régime nazi à l’ex-Allemagne de l’Est. Le 8 mai a d’ailleurs été un jour férié en RDA de 1950 à 1966.Les 8 et 9 mai, plus d’une quinzaine de manifestations sont prévues pour commémorer la fin de la guerre à Berlin. Si, le 8 mai, les « Antifa » ont prévu de manifester, des organisations d’extrême droite annoncent, samedi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants « pour l’Allemagne, pour la patrie, pour la paix et le maintien de la culture allemande ». Par ailleurs, quelques dizaines de vétérans de l’ex-Armée est-allemande devraient manifester en uniforme. Ils l’avaient déjà fait en 2013, provoquant une vigoureuse polémique. Enfin, une vingtaine de motards russes ultra-nationalistes et proches de Vladimir Poutine, les « loups de la nuit », devraient achever le 9 mai à Berlin, au pied d’un monument aux morts de l’Armée rouge, un parcours provocateur entamé le 25 avril à Moscou afin de célébrer la victoire des troupes soviétiques sur les troupes allemandes.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Stéphane Lauer (New York, correspondant) Les embauches sont reparties de l’avant aux États-Unis. Après un mois de mars très décevant, l’économie américaine a créé 223 000 emplois en avril, selon les statistiques publiées vendredi 8 mai par le département du travail. Ce rebond permet au taux de chômage de baisser de 0,1 point à 5,4 % de la population active, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis mai 2008.Même si le nombre de créations d’emploi se situe légèrement en dessous des anticipations des économistes, qui en prévoyaient 228 000, les chiffres annoncés vendredi constituent un certain soulagement à propos de la solidité du marché du travail. En effet, les États-Unis ont connu un trou d’air à la fin du premier trimestre.Creux passagerL’économie américaine n’a finalement créé que 89 000 emplois en mars (contre 126 000 annoncés dans une première estimation). Il faut remonter à juin 2012 pour retrouver une statistique aussi médiocre. Cette contre-performance fait ainsi drastiquement tomber la moyenne mensuelle, qui, sur les quatre premiers mois de l’année, n’est plus que de 154 000, très loin des 260 000 enregistrés en 2014.Le rebond du mois d’avril semble indiquer que le creux du premier trimestre n’était que passager. L’économie américaine a fait quasiment du surplace avec une croissance de 0,2 % de son Produit intérieur brut (PIB). Des conditions météo particulièrement difficile dans le nord-Est des États-Unis et le Midwest, la grève des dockers dans les ports de la cote ouest et la hausse du dollar face aux autres monnaies ont plombé la croissance et ralenti sensiblement le rythme des embauches.  La plupart des observateurs tablent sur un rebond au second trimestre. « Une grande partie des dépenses de consommation différées au premier trimestre vont se réaliser au cours du deuxième, tandis que d’autres données suggèrent que l’activité économique s’améliore, estime Joseph Lake, analyste spécialisé sur l’économie américaine pour The Economist Intelligence Unit. Le crédit à la consommation a progressé en mars au rythme le plus rapide depuis juillet de l’année dernière, ce qui de bon augure pour les dépenses des ménages. Et l’industrie automobile, un indicateur clef, a réalisé son meilleur mois d’avril depuis dix ans », souligne-t-il.Le salaire moyen progresse doucementMalgré cet optimisme, le tableau général du marché de l’emploi reste toutefois contrasté. Ainsi, le taux de participation, c’est-à-dire la proportion de la population en âge de travailler qui a un emploi ou qui en cherche un effectivement, reste à des niveaux historiquement faibles à 62,8 %. Par ailleurs, lorsqu’on prend en compte les salariés qui travaillent à temps partiel de façon subie ou ceux qui sont découragés de chercher du travail, le taux de chômage ne s’améliore que très légèrement à 10,8 %, soit 0,1 point de mois qu’en mars. Enfin le temps de travail hebdomadaire moyen est resté inchangé à 34,5 heures.Côté salaires, la tendance s’améliore, mais doucement. Le salaire horaire moyen a progressé de 2,2 % en avril par rapport à il y a un an. C’est un peu plus que les 2 % observés ces derniers mois, mais c’est encore insuffisant pour parler d’une véritable mise sous tension du marché du travail qui obligerait les employeurs à augmenter les salaires face à une main-d’œuvre disponible moins abondante.Sur le plan sectoriel, ce sont les services qui ont le plus contribué au rebond du mois d’avril avec 62 000 créations d’emploi, suivis des métiers de la santé (+ 56 000) et ceux de la construction (+45 000). En revanche le secteur manufacturier et la distribution font du surplace. L’industrie, qui créait 18 000 emplois en moyenne en 2014 semble pénalisée par le haut niveau du dollar, qui pèse sur les exportations. Enfin, les mines et l’énergie restent à la peine en raison de la faiblesse des prix du baril de pétrole qui handicape les investissements. Ce secteur a détruit 15 000 emplois au cours du dernier mois. Lire aussi :La croissance américaine flanche au premier trimestreStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.05.2015 à 13h55 • Mis à jour le08.05.2015 à 17h04 | Eric Albert (Londres, correspondance) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2piaea"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2piaea", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Après des années d’impopularité, Ed Miliband avait connu une « bonne campagne » ces dernières semaines. Pendant les débats télévisés, il était apparu plus confiant que prévu, surprenant les Britanniques. Les sondages donnaient les travaillistes au coude-à-coude avec les conservateurs. Jeudi 7 mai encore, M. Miliband était confiant sur son avenir de premier ministre.Ce rebond aura été en trompe-l’œil. Le leader du parti travailliste a subi une humiliante défaite. Le Labour a obtenu presque cent sièges de moins que les conservateurs (232 contre 331). Il se retrouve à son plus bas niveau depuis 1987, quand Margaret Thatcher dominait la politique britannique. Vendredi, M. Miliband a annoncé sa démission.« Ce n’est pas le discours que j’aurais souhaité faire », a-t-il lancé aux fidèles de son parti. Avant d’ajouter : « le Labour a besoin d’un leader fort. Il a besoin de se reconstruire. »Bilan catastrophiqueLe bilan pour M. Miliband est catastrophique. En Ecosse, la défaite est historique. Dans ce traditionnel bastion, les travaillistes perdent 40 de leurs 41 sièges. Les indépendantistes du Scottish National Party (SNP) ont tout balayé sur leur passage. « C’est une calamité », estime Alistair Campbell, un ancien proche de Tony Blair, d’habitude peu prompt à l’introspection.En Angleterre, le résultat a également été médiocre. Les travaillistes progressent, mais ils ne gagnent qu’une quinzaine de sièges par rapport à 2010. A l’époque, Gordon Brown, le premier ministre travailliste, était particulièrement impopulaire, et l’économie était à genoux. Cette fois-ci, le Labour arrivait comme parti d’opposition face à une coalition qui a mené une politique d’austérité : il aurait dû rebondir.« Nous avons été rejetés non seulement d’Ecosse mais aussi d’endroits en Angleterre où nous pensions gagner confortablement », souligne M. Campbell. La défaite d’Ed Balls, le chancelier de l’Echiquier du gouvernement fantôme, qui a échoué à remporter sa circonscription, en est le plus fort symbole.De fait, M. Miliband n’a jamais vraiment convaincu. A commencer par son élection à la tête des travaillistes en 2010, quand il a remporté la bataille pour prendre la direction du Labour en battant son frère David, le favori. Il a obtenu cette victoire fratricide sans obtenir la majorité des députés travaillistes, ni même la majorité des membres du parti. Seuls les syndicats, qui ont le tiers des voix, ont fait la différence en le soutenant.Un message peu clairEd Miliband a immédiatement été étiqueté « Red Ed » par la presse de droite, pour être trop à gauche. Pourtant, il a longtemps hésité sur la politique à suivre, oscillant entre son instinct –un virage à gauche – et sa prudence naturelle, acquise pendant ses années en tant que conseiller auprès de Gordon Brown. Son message en était particulièrement peu clair.Lors de la campagne, ce compromis s’est traduit par une série de mesures pour taxer les hauts revenus, les banquiers et les riches étrangers… Mais dans le même temps, il promettait de continuer l’austérité, certes à un rythme moins soutenu que David Cameron, mais de la poursuivre malgré tout.Sa principale faiblesse a toujours concerné l’économie. Il a toujours refusé d’accepter la moindre responsabilité du gouvernement travailliste précédent (dont il était ministre) dans la crise financière. Tant que la récession continuait, ses attaques contre l’austérité excessive du gouvernement de coalition fonctionnaient bien. Mais avec le retour de la croissance, à 2,8 % l’an dernier, l’argument ne fonctionnait plus.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2phwbx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2phwbx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine (Lviv, Ukraine, envoyé spécial) De l’Union soviétique, Iouri Choukhevytch connaît une chose : les camps et les prisons. De sa première incarcération en 1946, à l’âge de 14 ans, à la dislocation de l’empire soviétique en 1991, il aura passé trente et une années enfermé, payant pour un crime unique : son nom. Le père de Iouri, Roman Choukhevytch (1907-1950), fut le chef de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et le fondateur de son bras armé, l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA).Les deux groupes furent les bêtes noires du régime soviétique, qu’ils combattirent jusque dans les années 1950. Avant cela, ils n’avaient pas hésité à s’allier avec l’Allemagne nazie, qui leur promettait un Etat, et à intégrer des bataillons de l’armée allemande ou de la SS, avant de se retourner contre elle lorsque cette promesse s’évanouit.Durant cette période sanglante, les nationalistes ukrainiens ont commis d’importants massacres de Polonais, comme en Volhynie (80 000 civils tués), tout en contribuant largement au génocide des juifs.« Les crimes de Staline »« N’importe quel peuple privé de son indépendance aurait collaboré, peu importe avec qui », assure Iouri Choukhevytch, aujourd’hui âgé de 82 ans, dans la maison des environs de Lviv, en Ukraine occidentale, où son père fut tué, le 5 mars 1950. « En Occident, on parle beaucoup des crimes de Hitler, moins de ceux de Staline. »Cette vision de l’histoire est en passe de s’imposer en Ukraine. Le 9 avril, le Parlement a adopté une série de lois dites de « décommunisation ». La priorité était d’instaurer, en... Martine Valo Les compagnies chinoises sont nombreuses à se livrer à la surpêche en toute impunité au large de l’Afrique de l’Ouest. Le constat en soi n’est pas nouveau. Enquête après enquête, Greenpeace Afrique s’efforce d’en mesurer l’impact sur ces eaux longtemps considérées comme un eldorado aux richesses inépuisables. Précisons que les Chinois n’y sont pas seuls.Après s’être penchée sur les pratiques des navires de l’Union européenne, puis des russes en 2010 et 2012, l’équipe de Greenpeace installée à Dakar consacre cette fois l’intégralité de son dernier rapport à la pêche chinoise. Le document rendu public le 6 mai s’intitule : « Razzia sur les côtes africaines : la face cachée de la pêche chinoise et des sociétés mixtes au Sénégal, en Guinée-Bissau et en Guinée ».« En 2013, nous avons identifié 462 navires battant pavillon chinois ou appartenant à des propriétaires chinois opérant dans 13 pays du continent, dont 407 sur les côtes atlantiques, témoigne Ahmed Diamé, naturaliste et chargé de campagne « océan » pour l’ONG. Le problème, c’est que lorsqu’ils partent pêcher dans un pays voisin, certains changent de nom et de tonnage en même temps, comme s’ils rétrécissaient au passage. »Triche sur les tonnagesEn effet, la pêche illégale n’est pas seulement le fait de bateaux pirates qui s’approchent des zones côtières durant la nuit, tous feux éteints et sans nom apparent sur leur coque. Cette fois, il s’agit de tricher sur le volume des cargaisons, donc sur les quantités de poissons prélevées.Ainsi, selon l’ONG, depuis près de trente ans, la plus grande entreprise de pêche lointaine de la Chine, la China National Fisheries Corporation (CNFC), sous-déclare régulièrement le tonnage brut de ses chalutiers. Greenpeace la soupçonne d’avoir, entre 2000 et 2014, sous-estimé de 43 % en moyenne par an ses capacités de stockage de poissons dans ses déclarations aux autorités sénégalaises.Rien que pour 2014, cette fraude équivaudrait aux captures faites par « six grands navires de pêche industrielle ». Elle correspondrait à un manque à gagner d’environ 566 000 euros de licences de pêche non payées au Sénégal.Au total, dans les trois pays pris en compte dans cette étude (Sénégal, Guinée-Bissau et Guinée), la CNFC faisait travailler 59 navires de pêche en 2014. Les militants estiment que pour cette seule année, les tonnages que cette société aurait délibérément revus à la baisse pour au moins 44 de ces bateaux équivaudraient à ajouter 22 gros chalutiers supplémentaires dans leurs eaux.Déclarations contradictoiresOr la concurrence est déjà rude non seulement entre gros chalutiers venus de l’autre bout du monde, mais aussi vis-à-vis des pirogues artisanales. Certaines zones près du littoral ne sont accessibles qu’à des bateaux de capacité réduite. Déclarer une cargaison inférieure à la réalité donne le droit d’y accéder indûment.Pour parvenir à ces évaluations, Greenpeace Afrique a traqué les invraisemblances chez les compagnies de pêche. L’ONG a travaillé à partir de listes de navires établies par les autorités chinoises, des données enregistrées auprès de sources maritimes accessibles comme Lloyd’s, MarineTraffic.com ou GrossTonnage.com, de déclarations contradictoires auprès de différents Etats, voire de plans permettant d’évaluer l’ensemble des volumes clos d’un navire.Cette étude constitue au passage une plongée dans l’univers trouble de la pêche industrielle en Afrique où le changement de pavillon et de nom est une pratique courante. « Créer des sociétés mixtes entre des dirigeants asiatiques et des locaux qui jouent les prête-noms est devenu le moyen le plus simple de pêcher en toute impunité, confie Ahmed Diamé. Car ainsi on n’est plus soumis qu’à des gouvernements ne disposant pas de moyens suffisants pour contrôler l’application de leurs lois. Il faudrait au moins que les Etats d’Afrique de l’Ouest coopèrent dans une base de données commune. »Martine Valojournaliste PlanèteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Le système électoral britannique est cruel pour le UKIP (United Kingdom Independence Party). Avec 12 % des voix, le parti antieuropéen et anti-immigration est désormais le troisième du pays. Il a récolté plus de trois millions de voix. C’est au moins trois fois plus qu’en 2010, lors des dernières élections législatives. Mais le UKIP n’a pourtant remporté qu’un seul siège. Son leader, Nigel Farage, n’a pas gagné dans sa circonscription, où il se présentait. Il a donc présenté sa démission vendredi, sans exclure toutefois de se représenter à la direction du UKIP en septembre.Les résultats des élections législatives britanniquesContre toute attente, les conservateurs ont emporté haut la main les élections législatives au Royaume-Uni. Le parti du premier ministre David Cameron sera en mesure de gouverner seul avec les quelque 331 sièges qu’il a acquis. #container_1431068328996{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1431068328996{ height:500px; } #container_1431068328996 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1431068328996 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1431068328996 .subtitre{ display:block; }Résultats des élections législatives britanniquesSelon les résultats définitifs, le Parti conservateur du premier ministre David Cameron a emporté une nette victoire qui lui permettra de gouverner seul, tandis que les nationalistes du SNP emportent 56 des 59 sièges en jeu en Ecosse.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1431068328996", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "pie", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#F96996","#28beaa","#F19300","#821400","#28beaa","#285a82","#04103F ","#80B904","#A2A9AE"], credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false },startAngle: -90,endAngle:90, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["Parti conservateur","Parti travailliste (Labour)","Parti national écossais (SNP)","Libéraux-démocrates","Parti du pays de Galles (Plaid Cymru)","UKIP","Verts","Autres"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10, },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de sièges", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "Parti conservateur", 331 ], [ "Parti travailliste (Labour)", 232 ], [ "Parti national écossais (SNP)", 56 ], [ "Libéraux-Démocrates", 8 ], [ "Parti du Pays de Galles (Plaid Cymru)", 3 ], [ "UKIP", 1 ], [ "Verts", 1 ], { "name": "Autres", "y": 17, "visible": true } ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);En comparaison, les indépendantistes écossais obtiennent 56 sièges, avec seulement 4 % des voix. Ce paradoxe était prévu. Le système électoral est un scrutin majoritaire à un tour. Dans chaque circonscription, seul le candidat qui a le plus de voix l’emporte. Arriver en deuxième position dans plus de 70 circonscriptions, comme c’est le cas du UKIP, ne sert à rien.« Il y a beaucoup de votes UKIP, et beaucoup d’électeurs vont être en colère et ne vont pas se sentir représentés, estimait Nigel Farage, leader du parti, vendredi matin. Notre système est biaisé. » Lui-même, battu à South Thanet, dans l’est de l’Angleterre, en a fait les frais.« Reprendre le contrôle des frontières »Il n’en reste pas moins que le UKIP aura en grande partie défini cette élection, faisant de l’Europe et de l’immigration deux des thèmes centraux de la campagne. Travaillistes et conservateurs ont tous les deux promis de réduire l’immigration. Ils s’alignent ainsi sur la position de M. Farage, qui dénonce sur tous les tons, depuis des années, la libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne (UE). Pour lui, la seule façon de « reprendre le contrôle des frontières » est de sortir de l’UE, afin d’enrayer le grand nombre de migrants européens qui s’installent au Royaume-Uni depuis une décennie.En réaction, David Cameron a proposé de réduire l’accès aux aides sociales des immigrés, pour rendre le pays moins attractif. Il veut aussi tenter de renégocier avec Bruxelles quelques limites au principe de la libre circulation, notamment pour les nouveaux pays adhérents.RéférendumMais la plus grande concession faite par M. Cameron concerne l’Europe. Il a promis un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE ou sa sortie, promesse qu’il est désormais certain de tenir. La consultation populaire pourrait avoir lieu dès l’année prochaine, ou au plus tard d’ici à la fin de 2017.Quand il a concédé ce référendum, en janvier 2013, M. Cameron l’a fait sous la pression du UKIP (et de l’aile droite de son parti). L’objectif était d’enrayer sa montée, qui lui prenait des voix sur la droite. A l’époque déjà, personne n’imaginait que le parti antieuropéen puisse gagner de nombreux sièges à la Chambre des communes. Mais il pouvait en revanche en faire perdre aux conservateurs, et leur faire perdre les élections.Cette prédiction ne s’est finalement pas concrétisée. Malgré la percée du UKIP, David Cameron remporte un second mandat. Mais le Royaume-Uni entre dans une période de fortes incertitudes, qui pourraient mener à une sortie de l’UE. M. Cameron compte dans un premier temps ouvrir des négociations avec Bruxelles, pour rapatrier un certain nombre de pouvoirs, avant de soumettre le nouvel accord au vote. Son résultat est extrêmement incertain, même si les sondages indiquent qu’une légère majorité des Britanniques veut rester dans l’UE. Tout ça pour faire face à un parti qui sera à peine présent à la Chambre des communes.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre conservateur David Cameron a refusé tout face-à-face télévisé avec son adversaire travailliste Ed Miliband avant les élections législatives du jeudi 7 mai, mais la violence de sa confrontation avec un échantillon d’électeurs, jeudi 30 avril à la BBC, lui a peut-être fait regretter son choix. « Vous avez l’habitude de mentir : comment pourrais-je vous croire ? », lui a lancé une femme, furieuse du refus de M. Cameron d’indiquer où il trouverait les 12 milliards de livres (16,3 milliards d’euros) d’économie sur les dépenses sociales qu’il promet de réaliser pour réduire le déficit de l’Etat. Après une tirade du premier ministre vantant la reprise économique, la forte diminution du chômage et invitant les électeurs à lui laisser « terminer le travail », une autre électrice l’a interpellé : « Si votre bilan est si fantastique, pourquoi y a-t-il de plus en plus de banques alimentaires dans ce pays ? » Suant mais déployant une intense énergie, M. Cameron a répété que les élections de jeudi prochain offraient un choix entre « remettre encore plus de gens au travail, construire une économie forte » et « revenir en arrière, au moment où les caisses étaient vides ». De sa poche, le premier ministre a alors brandi une note trouvée à son arrivée au pouvoir en 2010 et rédigé par un ministre Labour indiquant : « Il ne reste plus d’argent ». Un sondage publié par The Guardian à la fin de l’émission donne M. Cameron vainqueur : 44 % des personnes interrogées estiment qu’il a été le meilleur, contre 38 % pour Ed Miliband.Défiance du publicLe « format » de l’émission alignait trois séances successives de « punching-ball » d’une demi-heure entre le public et les chefs des trois principaux partis politiques. L’ambiance n’était guère plus amène pour le vice-premier ministre Nick Clegg (Libéral démocrate) à qui a été rappelée la « trahison » de sa promesse de défendre la gratuité des universités, comme prix de sa participation au gouvernement en 2010. Quand au travailliste Ed Miliband, il a été mitraillé sur le bilan du Labour entre 1997 et 2010 et accusé de vouloir tuer les entreprises en augmentant les impôts et en réglementant les contrats de travail à zéro heure. « Non, nous n’avons pas trop dépensé. Des écoles et des hôpitaux ont été reconstruits », a-t-il proclamé, s’attirant des réactions désapprobatrices. Alors que l’émission étalait au grand jour la défiance du public à l’égard des politiques, M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». « Vous n’êtes pas honnête », a cependant estimé une dame dans l’assistance, reprochant à M. Miliband de refuser l’hypothèse, la plus probable, selon laquelle il aura besoin des députés nationalistes écossais du SNP (Scottish National Party) pour constituer une majorité. C’est pourtant sur ce point que l’émission de la BBC a été la plus éclairante. Le leader travailliste, qui avait déjà exclu tout accord formel avec le SNP (indépendantiste), a été plus loin : « Je ne ferai pas de gouvernement Labour si cela signifie un accord ou une coalition avec le SNP. Je ne sacrifierai pas l’avenir de notre pays, l’unité de notre pays. » Alors que tous les sondages indiquent que les voix du SNP lui seront nécessaires, M. Miliband cherche ainsi à rassurer les électeurs anglais et à ne pas désespérer les travaillistes écossais menacés par la vague nationaliste, à une semaine du vote. S’il arrive devant M. Cameron, M. Miliband s’abstiendra sans doute d’un accord formel avec le SNP mais demandera un vote de confiance destiné à obliger le SNP à le soutenir.Référendum sur l’EuropeLe débat a aussi abordé pour la première fois la question de l’Europe. M. Cameron, qui promet un référendum sur le « Brexit » (« British exit » ou sortie de l’UE) d’ici à 2017, a fait de ce référendum une « ligne rouge » pour toute coalition avec les Libdems (pro-Européens). « Le peuple britannique, a-t-il dit, mérite vraiment un référendum sur la question de savoir si nous restons dans une UE réformée ou si nous la quittons. » Ed Miliband, qui exclut, lui, d’organiser un référendum, a affirmé qu’une telle consultation, qui agiterait le pays pendant des mois, serait « un désastre » pour l’emploi et l’économie.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.05.2015 à 17h13 • Mis à jour le01.05.2015 à 18h43 « Personne n'est au-dessus de la loi. » C'est ainsi que Marilyn Mosby, la procureure de l'Etat du Maryland, a annoncé que six policiers de Baltimore impliqués dans la mort de Freddie Gray, un jeune homme noir mort après son arrestation par la police de Baltimore, devront répondre de plusieurs chefs d'inculpation, dont ceux de meurtre et de violences volontaires. Les hommes concernés étaient déjà suspendus. Des mandats d'arrêt ont été émis à leur encontre.Freddie Gray, 25 ans est mort le 19 avril des suites d'une fracture des vertèbres cervicales, une semaine après avoir été interpellé sans ménagement et placé en garde à vue pour possession d'un couteau.Mme Mosby a fait savoir, dans un premier temps, que les policiers n'avaient pas de raison valable de procéder à une arrestation, car le port de ce type de couteau était légal, et avaient refusé une aide médicale alors que le jeune homme l'avait réclamée au moins deux fois.Face contre terre, pieds et mains liés et sans ceinture de sécuritéAprès son arrestation, Freddie Gray avait été placé, face contre terre, pieds et mains liés et sans ceinture de sécurité, dans le fourgon de la police, ce qui explique les blessures graves subies au cou pendant le trajet. La procureure précise que les policiers auraient pu le placer dans une position sécurisée à au moins cinq reprises, et qu'ils ne l'avaient pas fait. A sa sortie du fourgon, le jeune homme ne respirait plus. Une semaine plus tard, il succombait à ses blessures.Une vidéo particulièrement violente de son arrestation puis l'annonce de sa mort avaient provoqué des émeutes à Baltimore et des manifestations contre les violences policières dans plusieurs grandes villes américaines.De nouvelles manifestations doivent avoir lieu, notamment à Baltimore, vendredi et samedi soir. Le président américain Barack Obama a jugé « absolument crucial » que toute la vérité soit faite sur cette affaire.Lire aussi : Aux Etats-Unis, la longue histoire des brutalités policièreslmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2og0q5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2og0q5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Loïc Soleymieux La diplomatie fait parler d'elle. Après la polémique autour de la nomination de l'ambassadeur français au Vatican, qui n'a pas reçu l'agrément du Pape François « en raison de son homosexualité assumée », l'ambassadeur en Indonésie va-t-il bientôt devoir rentrer en France ? Djakarta s'apprête en effet à tuer un ressortissant français jugé coupable de trafic de drogue et le gouvernement pourrait rappeler son représentant sur place, comme l'a fait l'Australie après l'exécution d'un de ses ressortissants le 29 avril. Une sanction qui symbolise généralement un durcissement des relations diplomatiques entre deux pays. Zoom sur la carteQu'est-ce que la diplomatie ?La diplomatie dépend du ministère des affaires étrangères, qui lui attribue six missions : la représentation du pays, la négociation, la recherche d'informations, la protection des intérêts français, la promotion des relations bilatérales et la communication sur le terrain. La diplomatie permet notamment la mise en œuvre de la politique étrangère d'un Etat. Ses règles sont aujourd'hui régies par la convention de Vienne, signée en 1961.Quelle est l'importance de la diplomatie française ?La France est le troisième pays mondial en termes de représentation à l'étranger, après les Etats-Unis et la Chine. En outre, le ministère des affaires étrangères liste 184 pays qui ont une représentation en France, même si toutes ne sont pas localisées dans l'Hexagone, à l'instar de celles du Swaziland, de Grenade et de Trinité-et-Tobago, installées en Belgique, ou de celle de l'île antillaise de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, située au Royaume-Uni, à Londres.Comment la France est-elle présente dans le monde ?Il existe deux grands types de « missions diplomatiques » : les chancelleries diplomatiques (principalement des ambassades), qui gèrent les relations entre Etats, et les consulats, qui s'occupent des ressortissants français à l'étranger.165 ambassadeursL'ambassade a pour mission principale d'entretenir les relations diplomatiques avec le pays hôte. La chancellerie diplomatique française est composée de 165 ambassadeurs répartis dans les capitales du monde. Une trentaine de pays en sont privés. L'ambassade d'un pays voisin fait alors la plupart du temps office de mission diplomatique. En Corée du Nord, la diplomatie française a installé un simple « bureau » en 2013 pour tenter de renouer le dialogue avec Pyongyang.Outre les ambassades, la France dispose également de 16 représentations permanentes. Il s'agit d'une diplomatie non pas avec un pays mais avec des organisations internationales, comme les Nations unies, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ou l'UNESCO.Des centaines de consulsSi la plupart des ambassades ont une section consulaire dans leur bâtiment (pour 135 d'entre elles sur un total de 165), la France gère aussi 92 consulats indépendants. A cela s'ajoutent plus de 500 consuls honoraires (bénévoles), qui permettent de compléter le dispositif de représentation. Les consulats qui ne dépendent pas d'une ambassade sont souvent installés dans de grandes villes en dehors des capitales, de façon à faciliter l'accès des Français installés à l'étranger à l'administration française.Le consul est le chef de la communauté française dans sa circonscription : c'est à la fois un maire, un notaire et le responsable de la sécurité des ressortissants français sur son territoire. Il gère ainsi la mise à jour de l'état civil, délivre les papiers d'identité, organise les élections mais peut aussi s'assurer du bon déroulement d'un procès dans la juridiction locale.Son rôle est aussi, à l'instar de l'ambassade, de promouvoir les relations économiques, culturelles ou scientifiques entre la France et l'Etat hôte. Le consulat est l'interlocuteur privilégié des 2 millions de Français vivant à l'étranger.Quels droits et devoirs pour les diplomates ?Les diplomates n'ont officiellement pas d'allégeance politique : ils doivent représenter la France tout entière, que ce soit en public ou en privé. Ils sont néanmoins nommés par le président de la République sur proposition du ministre des affaires étrangères, avant d'être accrédités par le pays d'accueil. En France, le changement de présidence n'entraîne généralement pas de remise en cause des ambassadeurs, contrairement à la tradition d'autres pays.Les ambassadeurs font partie des « emplois supérieurs laissés à la discrétion du gouvernement » : ce sont des fonctionnaires placés en position de détachement qui ne bénéficient pas de la sécurité de l'emploi, sauf s'ils étaient déjà fonctionnaires avant d'être désignés ambassadeurs. Ils peuvent être déchus sans raison officielle.Leur statut leur offre néanmoins des privilèges, comme celui de gérer leur personnel comme ils le souhaitent. Pour éviter toute ingérence ou pression de l'Etat qui accueille l'ambassadeur, les diplomates, leur famille et leur personnel sont, selon la convention de Vienne, protégés par une immunité : ils ne peuvent ni être arrêtés, ni être détenus. Leurs biens (bagages, meubles, correspondance…) sont aussi protégés contre toute inviolabilité (fouille, perquisition, douane…), sauf dans des cas très précis.L'immunité peut cependant être levée par le gouvernement, comme cela a été le cas en 2014 pour le fils d'un diplomate congolais accusé d'agressions sexuelles. Exilés, les diplomates bénéficient, en plus de leur salaire, d'une prime de résidence, variable selon le niveau d'insécurité de leur lieu de résidence, du niveau de vie local, de l'éloignement et du grade.Loïc SoleymieuxJournaliste au Monde 01.05.2015 à 04h16 • Mis à jour le01.05.2015 à 09h18 Les élus américains ont relancé, jeudi 30 avril, la réforme des méthodes de surveillance américaines avec l'adoption en commission d'un texte transformant fondamentalement un programme révélé par Edward Snowden il y a près de deux ans.La commission de la justice de la Chambre des représentants, dominée par les républicains, a adopté par 25 voix contre 2 un projet de réforme, nommé « USA Freedom Act », qui doit encore être approuvé par l'ensemble de la Chambre et du Sénat. La mesure modifierait un article central du Patriot Act, adopté en urgence après les attentats du 11 septembre 2001, afin d'interdire la collecte massive de données personnelles par l'Agence de sécurité nationale (NSA) aux Etats-Unis (les activités de la NSA à l'étranger ne sont pas directement concernées par la réforme).Lire : Le Patriot Act, une législation d'exception au bilan très mitigéCet article, dit « section 215 », arrive à expiration le 1er juin. Sans action du Congrès pour le renouveler sous une forme ou une autre, la Maison Blanche s'est engagée à mettre fin au programme de collecte, mais les détracteurs de la NSA s'inquiètent d'un possible vide juridique. Si la réforme était adoptée par le Congrès, la NSA ne pourrait plus aspirer en vrac les métadonnées de l'ensemble des appels téléphoniques passés aux Etats-Unis (horaire, durée, numéro appelé, mais pas l'enregistrement des conversations).Justifier un soupçon raisonnable et motivéLa révélation de ce programme, en juin 2013 sur la base de documents secrets fournis par Edward Snowden, avait fait éclater le scandale aux Etats-Unis. La réforme interdirait la collecte massive de toutes données, pas seulement téléphoniques. Après avoir résisté, Barack Obama avait entériné, lors d'un discours en mars 2014, l'esprit de la réforme, et la Maison Blanche a soutenu l'an dernier une version similaire du texte.La NSA ne stockerait plus dans ses serveurs les informations relatives aux appels téléphoniques, qui resteraient chez les opérateurs. Ses analystes devraient démontrer, auprès d'un juge, un soupçon raisonnable et motivé d'un lien avec une entreprise terroriste étrangère pour obtenir les données et surveiller une cible.Les cibles devront être spécifiques : pas question par exemple de définir un code postal comme cible d'une surveillance, ou un routeur desservant des millions d'internautes. Une version similaire avait été adoptée par la Chambre en 2014, mais bloquée de justesse au Sénat.De nombreuses associations et entreprises de la Silicon Valley, comme Yahoo!, Facebook et Google, soutiennent la réforme, mais le débat s'annonce houleux au Congrès ; de nombreux conservateurs étant réticents à affaiblir un programme qu'ils considèrent comme essentiel à la sécurité nationale.Lire aussi : Près d’un Américain sur trois a changé ses habitudes en ligne après les révélations Snowden 01.05.2015 à 01h53 • Mis à jour le01.05.2015 à 09h03 Des centaines de manifestants ont défilé, jeudi 30 avril, dans plusieurs villes des Etats-Unis, comme Philadelphie ou Baltimore, où la police a remis son rapport d'enquête sur les circonstances de la mort d'un jeune Noir à un procureur du Maryland.Les manifestants entendent ainsi protester contre les violences policières dont est régulièrement victime la communauté noire américaine, et pour demander que la lumière soit faite sur l'arrestation de Freddie Gray, un Noir de 25 ans dont la mort ne serait que le dernier épisode en date de bavures à répétition.Lire notre reportage : Emeutes à Baltimore : « Il a suffi d’une étincelle »Manifestations à Philadelphie et Chicago  A Baltimore, une nouvelle manifestation a eu lieu alors que la ville reste soumise à un couvre-feu, de 22 heures à 5 heures. Quelque 600 manifestants marchaient également à Philadelphie. Les médias américains font par ailleurs état d'autres rassemblements, notamment à Chicago, dans le nord du pays.La police de Baltimore a indiqué avoir remis un rapport d'enquête au bureau du procureur du Maryland, un jour avant la date prévue, et qui ne sera pas rendu public. « A partir de maintenant, nous prendrons nos directives auprès du procureur, parce que c'est désormais son affaire », a expliqué le chef de la police, Anthony Batts.Lire aussi notre note de blog : Emeutes à Baltimore : quelque chose a-t-il changé depuis 1968 ?Des investigations indépendantes  Le dossier relève désormais de la responsabilité de la procureuse Marilyn Mosby. Elle a expliqué que ses services avaient mené leurs propres investigations indépendantes et qu'ils avaient été régulièrement informés par les enquêteurs de la police municipale pendant l'enquête interne.« Nous ne nous reposons pas uniquement sur leurs conclusions, mais sur les faits que nous avons réunis et établis. Nous demandons au public de rester patient et calme, et de faire confiance à la procédure judiciaire. » « C'est une bonne chose. Il faudrait être fou pour faire à la confiance à la police pour enquêter sur elle-même », a déclaré le cabinet de Billy Murphy, l'avocat de la famille Gray.Flou persistant sur les circonstances de sa mort  Le Washington Post a évoqué mercredi soir la déposition d'un prisonnier qui partageait le fourgon de M. Gray. Il « frappait contre les parois » du véhicule, aurait déclaré le détenu, qui pense qu'il « voulait intentionnellement se blesser lui-même », selon un document de police. Le quotidien précise que ce détenu, dont l'identité n'est pas connue, était séparé de M. Gray par une paroi métallique et qu'il ne pouvait pas le voir.Ajoutant au flou qui entoure les circonstances de sa mort et à la colère des manifestants, WJLA, une filiale de la chaîne ABC, a cité plusieurs sources au sein « des forces de l'ordre » rapportant que, selon les examens médicaux, Gray se serait blessé en se débattant et en se cognant lorsqu'il était à l'arrière du fourgon. Une de ses blessures à la tête correspondrait à un boulon à l'arrière du camion, sans que l'on sache comment elle s'est produite.Lire aussi l'éditorial du « Monde » : De Ferguson à Baltimore, les Etats-Unis doivent faire leur examen de consciencelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2og0q5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2og0q5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 30.04.2015 à 22h45 • Mis à jour le01.05.2015 à 10h30 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Une femme était attendue par l’aile gauche du Parti démocrate pour porter le fer contre Wall Street et l’influence des grands groupes sur la politique des Etats-Unis à l’occasion de la campagne présidentielle de 2016. Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts, refusant obstinément de se lancer dans la mêlée, c’est son collègue indépendant Bernie Sanders qui disputera à une autre ancienne sénatrice de l’Etat de New York, Hillary Clinton, première candidate déclarée, l’investiture démocrate.Lire aussi :Aux Etats-Unis, la gauche démocrate se réveilleElu du Vermont, un autre Etat « bleu », la couleur des bastions démocrates du nord-est des Etats-Unis, le junior senator a pour l’instant une chance infinitésimale de l’emporter face à la puissance de feu de l’ancienne secrétaire d’Etat, qui le devance pour l’instant d’une cinquantaine de points dans les enquêtes d’opinion. Barack Obama avait d’ailleurs amicalement plaisanté sur la perspective de sa candidature lors du dîner des correspondants de la Maison Blanche, le 25 avril.Compagnon de route du mouvement hippiePeu importe sans doute à Bernie Sanders, tant sa carrière politique défie les lois du genre. Né en 1941 dans une famille juive de cols-bleus de Brooklyn émigrée de Pologne, c’est à l’université de Chicago qu’il embrasse le gauchisme alors en vogue et milite contre la guerre du Vietnam. Compagnon de route du mouvement hippie qui esquisse un retour à la nature dans l’Etat rural du Vermont, selon le National Journal, il y exerce divers métiers et essuie consciencieusement les défaites sous les couleurs du Liberty Union Party, une formation confidentielle née en partie du courant pacifiste et revendiquant un socialisme non violent.La vie de Bernie Sanders bascule en 1981 lors de l’élection municipale de Burlington, petite ville universitaire et artistique, où son profil singulier n’effraie pas. Il l’emporte avec dix voix d’écart face à un sortant convaincu d’avoir course gagnée, et enchaîne les mandats jusqu’en 1987. Trois ans plus tard, il remporte comme indépendant l’unique siège de représentant du Vermont à la faveur de la guérilla conduite par la National Rifle Association, le lobby des « guns », contre son adversaire républicain opposé aux armes semi-automatiques.Popularité dans la gauche du Parti démocrateTroisième socialiste de l’histoire élu à la Chambre, il y défend une remise à plat fiscale, une réforme de la santé et une baisse des budgets de la défense. Au nom de ses convictions pacifistes, il est aussi l’un des rares élus à s’opposer à la guerre contre l’Irak en 1991. Des convictions appréciées dans le Vermont, où il est confortablement réélu pendant quinze ans. En 2006, il se porte candidat à un siège de sénateur devenu vacant, son titulaire, ancien républicain devenu indépendant ayant décidé de ne pas se représenter. En l’absence de candidat solide venu du Grand Old Party, il l’emporte très largement.Au Sénat, Bernie Sanders connaît son heure de gloire lorsqu’il se lance dans un marathon oratoire passionné, en décembre 2010, pour s’opposer à la reconduction des exemptions fiscales en faveur des plus favorisés, héritées de la présidence de George W. Bush. Son discours est édité et il parcourt les plateaux de télévision. Un an plus tard, il apporte logiquement son soutien au mouvement Occupy Wall Street.C’est cette trajectoire et sa popularité dans la gauche du Parti démocrate qui le propulsent aujourd’hui à la candidature à l’investiture, comme avant lui le représentant pacifiste Dennis Kucinich, en 2008, ou l’ancien gouverneur de son Etat d’élection, Howard Dean, qui avait lui aussi fait campagne à gauche en 2004. L’un et l’autre sans le moindre succès.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.05.2015 à 17h06 • Mis à jour le05.05.2015 à 18h48 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Un tribunal de Bruxelles a jugé illégal, lundi 4 mai, le service de covoiturage Uber qui suscite, en Belgique comme en France, la colère du secteur des taxis. Le juge a déclaré coupable d’infraction à la législation sur le transport de personnes un conducteur qui utilisait l’application de la société américaine. Il bénéficie d’une mesure de clémence – pas d’inscription de la décision dans son casier judiciaire – mais sa voiture a été saisie.Lire aussi :Uber : « Les batailles juridiques seront sans fin »Uber a indiqué qu’elle soutiendrait son « partenaire » tout au long de la procédure : divers recours sont, en effet, encore possibles pour l’intéressé. Et le directeur d’Uber Brussels a indiqué que sa société poursuivrait ses activités, déplorant au passage une décision « construite sur un cadre juridique antérieur aux smartphones ».Le jugement était très attendu par les représentants du secteur, qui avaient organisé, il y a quelques semaines une grande manifestation à Bruxelles. Elle avait entraîné le blocage, durant plusieurs heures, du quartier européen. De nombreux taxis français faisaient partie de ce cortège.Des dizaines de plaintes ont été déposées en Belgique contre Uber, accusée de tromper le public et les propriétaires de voitures censées être mises à la disposition de la société pour un service de « covoiturage ». La justice rejette cette notion qui, souligne-t-elle, ne peut concerner qu’un même trajet « effectué ensemble et sans paiement ».Préparation d’un plan de transports pour BruxellesLa balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics, à savoir la Région de Bruxelles, compétente pour la mobilité et les taxis. Le ministre Pascal Smet (socialiste flamand) prépare un plan de transports pour la capitale et a manifesté son intention d’«encadrer » des services comme Uber ou Djump.Après avoir déposé plainte contre Uber et tenté de faire fermer son site Internet, le ministre envisage un nouveau cadre légal pour les applications de covoiturage. S’appuyant sur la décision de la justice, il espère désormais convaincre la société de respecter les normes en vigueur pour les taxis (aptitudes et santé du conducteur, état et assurance du véhicule, etc.)Entrevoyant une possible issue au conflit qui les oppose aux pouvoirs publics, les dirigeants d’Uber Brussels avaient, il y a quelques semaines, manifesté leur intention, non pas de se soumettre au règlement pour les taxis, mais de ne pas se limiter à des services « de particulier à particulier ». Ils songeaient notamment à proposer des limousines.Le nouveau plan régional ne devrait pas voir le jour avant plusieurs mois mais il suscite déjà la colère du « Front commun » des taxis bruxellois. Ses responsables pensent qu’Uber ne se soumettra, en réalité, à aucun cadre légal mais multipliera les recours en justice pour tenter de s’imposer.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.05.2015 à 15h38 Les Britanniques sont appelés, jeudi 7 mai, à se rendre aux urnes pour les élections législatives (« general elections »). Ce vote, qui doit permettre de renouveler la Chambre des communes, permettra également de désigner le futur premier ministre.Quel est le mode de scrutin ?1. Le vote. Les 650 députés de la Chambre des communes sont élus tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le mode de scrutin est uninominal majoritaire à un tour. Autrement dit, les électeurs votent dans leur circonscription pour un député qui représente un parti. Le candidat qui recueille le plus grand nombre de voix remporte le siège ; les autres n'ont rien.2. Former une majorité. Si un des partis obtient la majorité absolue (soit 326 sièges), il pourra gouverner « seul ». Dans le cas contraire, deux options s'offrent à lui : former une coalition avec au moins un autre parti, ou tenter de constituer un gouvernement minoritaire soutenu par un ou plusieurs petits partis, comme cela a été le cas pendant quelques mois en 1974 et en 1997. Le parti qui a obtenu le plus de sièges n'est pas formellement prioritaire pour former un gouvernement. Celui qui vient en second mais dispose de davantage d'alliés peut aussi tenter de constituer une équipe. Mais le premier ministre sortant reste en fonction jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit officialisé.Lors des dernières élections législatives, en 2010, le Parti conservateur, parti du premier ministre sortant, David Cameron, n'ont pas obtenu la majorité absolue : ils ont dû s'allier durant cinq ans aux Libéraux-démocrates de Nick Clegg, vice-premier ministre sortant. 3. Former un gouvernement. Dernière étape avant la formation du gouvernement : le chef du parti qui pense pouvoir constituer une équipe ministérielle la présente au Parlement, où il doit prononcer un « Queen's speech ». Pour les élections à venir, ce dernier est prévu le 27 mai. S'il obtient la majorité, son gouvernement est officialisé par la reine. S'il ne l'obtient pas, le premier ministre doit démissionner. Un nouveau gouvernement doit obtenir un vote de confiance dans les 14 jours. Sinon, de nouvelles élections sont organisées.Quel est le rôle du « prime minister » ? Et de la reine ?Constitutionnellement, le pouvoir exécutif appartient au monarque, en l'occurrence la reine Elizabeth II. Mais en pratique, il est exercé par le conseil du gouvernement de Sa Majesté, et donc par le premier ministre. Actuellement à la tête du gouvernement, David Cameron briguera jeudi un deuxième mandat.Le premier ministre et les membres de son gouvernement font tous partie du Parlement. Celui-ci comprend la reine, qui a le pouvoir de le dissoudre, et deux chambres :– la Chambre des communes (chambre basse) : elle est formée des députés élus au suffrage universel direct lors des élections législatives ;– la Chambre des Lords (chambre haute) : la plupart de ses membres sont nommés à vie par le monarque sur proposition du premier ministre ; d'autres héritent de cette fonction. En font également partie 26 archevêques et évêques de l'Eglise anglicane.La Chambre des communes dispose de l'essentiel des pouvoirs du Parlement : elle est à l'initiative des lois et approuve toute dépense ou impôt. De son côté, la Chambre des Lords a pour rôle principal l'examen et la modification des projets de lois ; en revanche, en cas de désaccord avec la Chambre des communes, c'est cette dernière qui a le dernier mot.Le Royaume-Uni va-t-il se mettre au multipartisme ?Le Royaume-Uni a pendant longtemps eu une tradition de bipartisme, avec d'un côté le Parti conservateur (Conservative party), au centre droit, et de l'autre le Parti travailliste (Labour party), au centre gauche. La perte de confiance envers ces deux piliers de la vie politique se manifeste par l'émergence de forces politiques plus petites. Et le système électoral, conçu pour le bipartisme, assure mal la représentation de ces dernières.Plus que jamais, les élections de jeudi devrait consacrer cette nouvelle configuration du paysage politique britannique. En effet, à une semaine du scrutin, les conservateurs et les travaillistes restent au coude-à-coude dans les sondages (environ 33 %). En revanche, les Lib Dems recueillent peu d'intentions de vote (environ 8 %). Le parti qui l'emportera devra selon toute vraisemblance s'allier à un ou plusieurs de ces partis d'opposition : le Scottish National Party (SNP, Parti national écossais, indépendantiste), le United Kingdom Independence Party (UKIP, parti xénophobe et anti-européen), le Plaid Cymru (parti du pays de Galles, indépendantiste) ou Les Verts (Greens, parti écologiste).Crédité de près de 13 % des intentions de vote dans les derniers sondages, l'UKIP est aujourd'hui la troisième force du pays, après être arrivé en tête dans le pays aux élections européennes de 2014. Mais le mode de scrutin risque de ne pas lui permettre de remporter plus de cinq sièges : seul le parti en tête d'une circonscription remporte un siège ; or, les partisans de l'UKIP sont dispersés à travers le Royaume-Uni et n'ont pas vraiment de régions où ils sont majoritaires.Cette situation pourrait à l'inverse profiter au SNP, grand favori du scrutin en Ecosse. Il pourrait conquérir la quasi-totalité des 59 sièges de la région, selon les dernières estimations, et ainsi devenir un allié de choix. Cependant, le leader travailliste, Ed Miliband, a assuré pour le moment exclure tout accord avec le SNP. Une éventualité agitée comme un chiffon rouge par le chef de file des conservateurs, qui n'hésite pas à affirmer que les nationalistes écossais veulent « briser » le Royaume-Uni.Le SNP, avec moins de 5 % des voix nationales, pourrait ainsi obtenir une soixantaine de sièges, tandis que l'UKIP, avec 13 % des voix, n'en aurait que quelques-uns. L'inadaptation du système électoral éclaterait alors au grand jour.Lire le récit : Le Royaume-Uni découvre le multipartisme 05.05.2015 à 13h47 • Mis à jour le05.05.2015 à 15h07 Gerard « Jock » Davison, un ancien responsable de l'IRA provisoire, a été abattu devant chez lui dans le quartier de Markets, à Belfast,  dans la matinée du mardi 5 mai. Il a reçu plusieurs balles dans le corps, précise The Irish Times. L'assassinat n'a pas été revendiqué.Le chef de file du Social Democratic and Labour Party, les sociaux-démocrates nord-irlandais, et représentant de la zone Belfast-Sud à l'Assemblée d'Irlande du Nord, Alasdair McDonnell, a lancé un appel à témoin, ajoutant : « Les gens d'ici veulent tourner la page de la violence du passé. Cette communauté rejette ceux qui apportent la mort et le chaos dans nos rues. Quiconque a des informations sur ce crime est invité à en faire par au plus vite. »De son côté, Gerry Adams, le leader du Sinn Fein – aile politique de l'IRA –, a affirmé : « Cet acte brutal doit être condamné par tous les gens sensés. (…) Il ne peut y avoir de place aujourd'hui pour de telles actions. »Bagarre de pubLa quarantaine bien tassée, la victime avait rejoint les rangs de l'organisation paramilitaire indépendantiste dans les années 1980, avant de monter dans la hiérarchie.M. Davison avait été accusé d'avoir ordonné le meurtre de Robert McCartney, poignardé le 30 janvier 2005 dans la capitale nord-irlandaise par des membres l'Armée républicaine irlandaise (IRA), alors qu'il venait en aide à un de ses amis, Brendan Devine, pris à partie dans un pub. Il était aussi soupçonné d'avoir fait nettoyer le bar pour y effacer toutes traces qui auraient permis aux enquêteurs de les confondre, ajoute The Irish Times.Ce meurtre gratuit et l'impunité de ses auteurs avaient indigné des millions d'Irlandais, au Nord comme au Sud. L'IRA s'était retrouvée en situation d'accusée – et avec elle le Sinn Fein – dans une communauté qu'elle est censée protéger.Briser l'omertaLes sœurs et la veuve de Robert McCartney avaient engagé une campagne pour briser l'omerta entourant les actions du groupe paramilitaire, se rendant même jusqu'à la Maison Blanche. L'organisation avait tenté de calmer la controverse en chassant M. Davison et deux autres membres de l'IRA, mais personne n'avait été inquiété pour le meurtre : Terry Davison étant relaxé des charges de meurtre, Jim McCormick et Joe Fitzpatrick pour avoir causé l'altercation ayant entraîné la mort de Robert McCartney.La plupart des membres de l'IRA observent une trêve en Irlande du Nord et soutiennent le processus de paix. Mais des groupes dissidents continuent à mener des actions violentes. La dernière remonte au mois d'avril 2014, lorsque Tommy Crossan, un ancien membre de l'Armée républicaine irlandaise de la continuité, avait été abattu à Belfast. 05.05.2015 à 12h31 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) « Trop lourd. » C’est le diagnostic qu’a prononcé, lundi 4 mai, le nouveau PDG de McDonald’s, Steve Easterbrook, dans un message vidéo. Alors que la première chaîne de restauration rapide du monde accumule les mauvais résultats, le dirigeant britannique, nommé il y a deux mois, a dévoilé les grandes lignes de son plan stratégique. Ce dernier doit redonner au groupe américain plus de réactivité afin de mieux répondre aux goûts de clients qui se détournent de plus en plus de la marque.Lire aussi :McDonald’s change de patron pour rebondir« Nos dernières performances ont été médiocres, a reconnu M. Easterbrook. Les chiffres ne mentent pas », a-t-il ajouté. Au premier trimestre, le chiffre d’affaires a une nouvelle fois baissé de 2,6 %, tandis que le bénéfice chutait de 32 %. C’est aux Etats-Unis, où 40 % des ventes sont réalisées, que la société connaît ses principales difficultés. Les ventes de McDonald’s n’y ont plus progressé depuis octobre 2013. « Il n’y a pas d’entreprise ou de marque qui dispose d’un droit divin à la réussite, et la réalité est que nos résultats ont été insuffisants », a insisté M. Easterbrook. « Je ne reculerai pas devant l’urgence. Il faut remettre sur les rails notre activité », a-t-il ajouté.Une fois ce constat affiché, le PDG a annoncé une première mesure phare : généraliser encore un peu plus le système de la franchise, qui concerne aujourd’hui 81 % des restaurants de la chaîne. Le taux devra passer à 90 % d’ici à 2018. Cette stratégie est d’autant plus volontariste qu’elle est décidée dans un contexte de réduction du nombre de points de vente. Le groupe a en effet annoncé, le 22 avril, la fermeture de 700 restaurants, jugés pas assez rentables, aux Etats-Unis, en Chine et au Japon.Au total, ce sont donc 3 500 restaurants supplémentaires qui devraient passer sous franchise sur les 36 000 que l’enseigne compte dans le monde. L’objectif est d’assurer « un cash-flow plus stable et plus prévisible », a expliqué M. Easterbrook. Franchiser des points de vente permet de réduire les coûts de structure, tout en s’assurant des revenus réguliers auprès des franchisés qui doivent, eux, verser des royalties à la marque. C’est un système qui a été généralisé avec succès par le grand concurrent de McDonald’s, Burger King, dont 99 % des restaurants sont aujourd’hui franchisés. Or, alors que les ventes du premier ont décliné entre janvier et mars, celles du second ont fait un bond de 6,9 %.Réduction des coûtsLa réorganisation du groupe en quatre zones géographiques est un autre changement majeur. Les Etats-Unis, les marchés « leaders » (ceux du Royaume-Uni, de la France ou de l’Allemagne), les pays émergents et enfin le reste du monde.Mais ces évolutions devront aussi être immédiatement perceptibles par le client. Le patron promet que le groupe va se concentrer davantage sur l’écoute des consommateurs. Pour cela, McDonald’s devra travailler à la simplification des tâches de ses employés afin de diminuer les temps d’attente.La chaîne a aussi annoncé un renouvellement de son offre de menus. Elle proposera ainsi un sandwich au poulet grillé, labellisé « Artisan », et ne devrait plus utiliser dans ses préparations de la volaille élevée aux antibiotiques. En décembre 2014, le groupe avait déjà annoncé qu’il renonçait à utiliser des conservateurs alimentaires. Ces initiatives visent à démontrer la volonté de l’enseigne de proposer une nourriture plus saine, à l’instar de certains de ses rivaux comme Chipotle Mexican Grill, Shake Shack ou Panera, qui lui taillent des croupières dans ce domaine aux Etats-Unis.Le groupe prévoit en outre une réduction de ses coûts de 300 millions de dollars (269 millions d’euros). Le PDG n’a toutefois pas précisé quel serait l’impact sur l’emploi, affirmant qu’il était encore trop tôt pour le déterminer.« Ils brillent avec des généralités »Ce régime imposé au leader mondial de la restauration rapide a laissé les investisseurs sur leur faim. Lundi, l’action McDonald’s a clôturé en baisse de 1,71 %, à 96,13 dollars. Consciente que son plan stratégique ne fera pas de miracle à court terme, l’entreprise a tenté de faire patienter les actionnaires en annonçant un programme de dividendes et de rachat d’actions. Le groupe prévoit de redistribuer 20 milliards de dollars d’ici à la fin de 2016, dont 8,5 milliards de dollars dès cette année.Non seulement cette décision n’a pas réussi à doper le cours de Bourse, mais elle a entraîné l’abaissement de la notation financière de la société. Standard & Poor’s a rétrogradé la note de sa dette à A –, considérant que « le retour aux actionnaires cette année nécessitera un endettement plus élevé que ce que nous prévoyons », a t-elle précisé.Lire aussi :Les leçons du fast-foodBeaucoup d’observateurs se demandent aussi si les changements annoncés sont à la hauteur de la situation. « Sur la base de la présentation qui a été faite, je défie quiconque de savoir ce qu’ils veulent faire avec la marque lorsque le groupe va retrouver la croissance », a pointé sur la chaîne CNBC Larry Light, qui était le directeur marketing de McDonald’s au moment de la dernière crise que l’entreprise a connue, au début des années 2000. « Quand il s’agit de la marque, ils brillent avec des généralités, mais ne donnent pas de détails », a-t-il regretté. « Etre plus efficace et moins bureaucratique vous fait gagner du temps, mais ce n’est pas ce qui vous permet de réussir dans la durée », souligne M. Light, qui rappelle que l’une des clés du redressement en 2002 avait été de remettre la qualité de la nourriture au centre des préoccupations. Sur ce plan, M. Easterbrook est resté évasif.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.05.2015 à 10h30 • Mis à jour le05.05.2015 à 11h20 | Enora Ollivier En ce début de mois de mai, la côte ouest de la péninsule de Wirral ressemble à toutes les stations balnéaires hors saison : déserte, traversée par de rares marcheurs promenant leur chien et des joggeurs profitant du grand air, pleine de bâtisses offrant des chambres d’hôtes aux touristes qui ne sont pas encore arrivés. Ici, les maisons en brique rouge sont cossues, et les Liverpuldiens prennent volontiers leur voiture pour aller passer leur temps libre sur le green du Royal Golf Club. Nous sommes dans la banlieue chic de Liverpool, dans le nord-ouest de l’Angleterre, séparée de son imposante et industrielle voisine par la rivière Mersey.C’est dans ce paysage mélancolique que se joue une partie qui ne manque pas de sel, entre travaillistes (du parti Labour) et conservateurs (surnommés tories). La circonscription de Wirral West est la plus petite du Royaume-Uni en nombre d’électeurs (55 000), mais elle est aussi l’une des plus observées, car elle est considérée comme « kingmaker » (littéralement, « faiseuse de roi ») : le résultat local du vote pour les législatives du 7 mai sera, dit-on, un indicateur fiable de la tendance nationale.L’équation se pose en ces termes : si les tories ne peuvent même pas conserver ce territoire aisé et apparemment peu disposé à voir le travailliste Ed Miliband, surnommé Red Ed (« Ed le rouge »), devenir premier ministre, alors il leur sera difficile de prétendre garder le pouvoir. A l’inverse, si le Labour n’est pas capable de reprendre ce siège qui lui a appartenu de 1997 à 2010 – le seul dans toute la région dans les mains des conservateurs – et maintenant occupé par une députée loin de faire l’unanimité, mieux vaut ne pas espérer gouverner tout le pays.« Elle veut la mort des gens ordinaires »La députée sortante, candidate à sa succession, s’appelle Esther McVey. Elue en 2010 avec 2 400 voix d’avance sur son adversaire travailliste, cette ancienne présentatrice de télévision est aussi ministre de l’emploi du gouvernement Cameron. A 47 ans, c’est une étoile montante chez les tories. Autant dire qu’elle est, pour ses opposants, la personnification d’à peu près tous les maux que connaît la société britannique. « Elle fait partie d’un gouvernement qui a coupé les allocations sociales à 1,2 million de personnes dans le pays », s’étrangle ainsi Ross Quinn, le président du Wirral-TUC, la branche locale de la fédération des syndicats britanniques.Depuis presque un an, son organisation est à la tête d’un combat acharné qui se résume en une expression : « Sack Esther McVey » (« Virons Esther McVey »). Ces mots sont devenus un slogan dans la circonscription. On les trouve imprimés sur des tracts, sérigraphiés sur des tee-shirts, et même fredonnés dans une chanson composée pour l’occasion et qui appelle à mettre fin au mandat de « cette méchante sorcière du Wirral ». « Les politiques qu’elle soutient sont dangereuses », poursuit M. Quinn, selon qui Mme McVey « veut tout simplement la mort des gens ordinaires ». Une campagne violente ? « En tant que ministre, Esther McVey a directement contribué à appauvrir la population de son propre territoire », défend Alec McFadden. Figure locale, militant de gauche, antifasciste et également membre du Wirral-TUC, dont il est le secrétaire, il cite en pagaille la fermeture de l’usine employant des travailleurs handicapés, située dans une ville collée à la circonscription, qu’elle n’a jamais cherché à éviter, ou la réforme qu’elle a elle-même initiée, obligeant les chômeurs à accepter les très précaires « zéro hour contracts » sous peine de voir leurs allocations supprimées.Lire aussi, en édition abonnés :Au Royaume-Uni, les damnés des « zero hour contracts »Derrière la vitrine que présente le fastueux bord de mer, se cache une réalité plus sombre. L’est de la circonscription a été touché de plein fouet par les restrictions budgétaires de ces dernières années. La « bedroom tax », une mesure qui impose une baisse d’allocations aux locataires de logements sociaux possédant une ou plusieurs pièces inoccupées, a fait chuter les entrées d’argent des habitants de ces zones populaires. Signe de l’appauvrissement de la population, comme dans beaucoup d’endroits dans le pays, une banque alimentaire a ouvert ses portes il y a une dizaine de mois pour venir en aide à ceux qui n’arrivent plus à manger à leur faim par manque de moyens.Election serréeAlors à Woodchurch, où la mer n’est qu’à quelques kilomètres mais où les tours ont remplacé les maisons équipées de caméras de vidéosurveillance, les habitants riraient presque quand on leur demande s’ils vont voter Labour ou tory. « Je ne suis pas masochiste », s’amuse un quadragénaire qui ne veut pas donner son nom. « Je ne sais pas si Esther McVey aura le droit a des allocations quand elle perdra son emploi à Westminster », ironise une femme, en annonçant qu’elle votera travailliste, bien qu’elle ne sache pas qui se présente pour le parti dans la circonscription. La candidate du Labour est, il faut dire, très discrète. Margaret Greenwood, une ancienne enseignante, a fait campagne dans sa circonscription, sans fracas, sur les thèmes de la santé publique et de l’environnement.Evidemment, tout le monde n’est pas aussi sévère avec Esther McVey dans la péninsule. La ministre « est charismatique, sympathique, énergique, et a fait du bon travail pour la circonscription », assure, sans trop rentrer dans les détails, Janet, 65 ans, rencontrée devant la plage de sable de Hoylake, la grande ville de la zone. Mary, 51 ans, qui habite, elle, dans la ville voisine de West Kirby, annonce sans détour qu’elle votera à nouveau pour Mme McVey, surtout « depuis qu’elle a promis que les résidents de la péninsule seraient exemptés de payer le péage du tunnel », qui relie le Wirral à Liverpool. Un dossier pour lequel le ministre des finances George Osborne est lui-même intervenu – preuve, s’il en est, de l’importance accordée à la circonscription au niveau national.Mme McVey, d’ailleurs, vise plus haut que son siège de députée et son poste de ministre de l’emploi. Interrogée en février à la télévision sur ses ambitions, elle a confié qu’elle se verrait bien première ministre du Royaume-Uni. Mais encore faut-il pour cela gagner des élections, et celle-ci s’annonce serrée. Un dernier sondage a donné Margaret Greenwood en tête avec 46 % des voix, devant Mme McVey (43 %), trois autres candidats des partis UKIP (extrême droite), libéral-démocrate et indépendant se partageant le reste des voix.Dans des proportions différentes, les électeurs de Wirral West sont aussi indécis que le reste du pays, où Labour et tories sont au coude à coude, tout en subissant le grignottage des voix imposé par d’autres partis avec qui il faudra former des coalitions pour gouverner.A trois jours du scrutin, le spectre d’une paralysie politique, voire la perspective de la tenue d’un second vote, crainte par certains responsables politiques, afin de définir une majorité plus solide, secouent un royaume jusqu’ici plutôt habitué au bipartisme.Lire aussi :Le Royaume-Uni découvre le multipartisme*Sollicitées à plusieurs reprises, Esther McVey et Margaret Greenwood ont refusé de parler au Monde.Enora OllivierJournaliste au Monde Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Paris le matin, Bruxelles en début d’après-midi, Francfort en fin de journée… Le gouvernement grec devait multiplier, mardi 5 mai, les contacts directs avec ses créanciers, alors que les discussions devant aboutir au déblocage de la dernière tranche de 7,2 milliards d’euros du second plan d’aide financier, dont a bénéficé Athènes, n’ont toujours pas abouti. Et que la situation financière du pays est jugée critique, d’importants remboursements d’emprunts étant à l’agenda dans les semaines à venir.« Notre objectif est toujours et encore de sortir de cette situation d’étranglement financier et d’obtenir plus de liquidités », affirme une source ministérielle.Le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis devait rencontrer son homologue français, Michel Sapin mardi matin à Paris, puis s’envoler ensuite vers Bruxelles, où un entretien avec Pierre Moscovici, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, est programmé à 14 h 30.Ils devraient discuter des progrès des négociations en cours avec le « groupe de Bruxelles » (l’ex-Troïka des créanciers du pays) et des questions sur lesquelles achoppent toujours ces discussions.Le FMI hausse le tonCette question des « lignes rouges », qui bloquent de part et d’autre la situation, a aussi été abordée, lundi soir, par le premier ministre grec, Alexis Tsipras lors d’un entretien téléphonique avec la présidente du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde.Si le gouvernement grec se dit prêt à effectuer des privatisations, contrairement à ses premières intenttions (vente d'aéroports régionaux à l'opérateur aéroportuaire allemand Fraport, réouverture du processus de cession du port du Pirée), M. Tsipras a rappelé que son gouvernement ne veut pas entendre parler d’une nouvelle baisse des retraites ou de nouvelles modifications du droit du travail.Or le FMI insiste et durcit même le ton. Dans un article du Financial Times, paru lundi 4 mai, des sources au sein de l’institution affirment qu’elle pourrait se retirer du plan d’aide encore en cours et donc suspendre le versement de sa participation. Soit 3,5 milliards d’euros.C’est que le FMI ne croit pas qu’Athènes soit en mesure d’atteindre ses objectifs budgétaires pour 2015 et annonce même, loin de l’excédent primaire attendu, un déficit s’établissant à 1,5 % du PIB.Lire aussi :Le feuilleton grec réserve encore des surprisesPour le FMI, le choix est donc le suivant : soit Athènes entreprend pour environ 5 milliards d’euros de nouvelles mesures d’économie, soit il faudra ouvrir le chapitre de la restructuration de la dette grecque. Un sujet encore tabou pour les créanciers européens.Les Grecs espèrent en tout cas encore une solution d’ici à l’Eurogroupe du 11 mai. C’est dans cette optique que s’inscrit le rendez-vous, mardi à 17 h 30 à Francfort, entre le vice-président du gouvernement, Yiannis Dragassakis, accompagné du nouveau coordinateur de l’équipe grecque de négociation, le vice-ministre aux affaires européennes, Euclide Tskalatos, et le président de la Banque Centrale Européenne (BCE), Mario Draghi.Le conseil des gouverneurs de la BCE se réunit mercredi 6 mai et la délégation grecque espère infléchir en amont de cette rencontre la fermeté jusqu’ici affichée de M. Draghi sur au moins trois points.Lire aussi :La BCE serait prête à durcir le ton envers la GrèceS’assurer de la solidité du soutien aux banques grecquesAthènes veut d’abord obtenir le relèvement du plafond d’achat de bons du trésor grec par les banques grecques, aujourd’hui fixé à 15 milliards d’euros. Cette demande est récurrente de la part du gouvernement d’Alexis Tsipras depuis sa prise de fonction.Les autorités grecques veulent aussi sécuriser le soutien au secteur bancaire grec en s’assurant du maintien du dispositif de financement d’urgence (ELA).Le plafond de l’ELA est révisé quasiment chaque semaine par la BCE et a été relevé, le 29 avril, de 1,4 milliard d’euros. Il s’établit désormais à 76,9 milliards.Auparavant, les banques pouvaient obtenir de l’argent en apportant en garantie les obligations de l’Etat grec qu’elles détiennent. Ces obligations n’ayant pas la qualité de crédit minimum qu’accepte normalement la BCE, celle-ci faisait donc bénéficier les banques grecques d’une exception.Mais cette exception a pris fin peu après l’arrivée au pouvoir fin janvier du gouvernement de gauche radicale Syriza d’Alexis Tsipras en raison de la volonté qu’il manifestait alors de s’affranchir du programme de sauvetage européen en cours.Enfin, Athènes veut s’assurer que le taux appliqué aux garanties grecques par la BCE ne sera pas relevé.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.05.2015 à 05h51 • Mis à jour le05.05.2015 à 09h00 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2p12wy"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2p12wy", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une fusillade a éclaté dimanche 3 mai à l'extérieur d'un centre culturel texan où se déroulait un concours de caricatures du prophète Mahomet organisé par un groupe d'extrême droite. Les deux assaillants, qui ont été tués par la police, sont soupçonnés d'être des sympathisants du groupe Etat islamique, l'un est connu du FBI.Attaque au fusil-mitrailleurDimanche 3 mai peu avant 19 heures, deux hommes sont arrivés en voiture aux abords du centre culturel Curtis Culwell de Garland en banlieue de Dallas, où un concours de caricatures du prophète Mahomet était sur le point de se terminer. Selon un porte-parole de la police de la ville, Joe Harn, qui s'est exprimé lors d'une conférence de presse lundi, les deux hommes sont sortis de leur véhicule et ont immédiatement ouvert le feu avec des fusils-mitrailleurs sur une voiture de police qui bloquait une des entrées du parking. Un policier municipal et un officier de sécurité privée se trouvaient à l'intérieur de la voiture.Le temps que des renforts de police postés autour du centre culturel convergent sur les lieux de la fusillade, le policier avait déjà abattu les deux hommes. Le second officier, blessé à la cheville a été transporté à l'hôpital d'où il est ressorti dimanche dans la soirée. L'agent a fait « un excellent travail » et a « probablement sauvé des vies », a commenté Joe Harn.Peu après, la police estimant que le véhicule des deux assaillants pouvait contenir des explosifs, une équipe de démineurs a été sollicitée et les commerces environnants ont été évacués, de même que le centre où se déroulait l'événement. « Aucune bombe n'a été retrouvée » dans le véhicule que les démineurs ont fait exploser par précaution.Un des tireurs connu du FBILes autorités n'ont pas dévoilé les noms des assaillants, mais selon les médias américains il s'agissait d'Elton Simpson, 31 ans, et Nadir Soofi, 34 ans. Les deux hommes partageaient un appartement à Phoenix, dans l'Arizona, au moment de l'attaque. D'après des documents de justice obtenus par l'AFP et les médias américains, Elton Simpson a été condamné en août 2011 en Arizona à trois ans de mise à l'épreuve pour avoir menti au FBI, lorsqu'il a nié avoir eu l'intention de se rendre en Somalie pour y rejoindre un groupe islamiste. Un juge avait estimé qu'il n'y avait pas assez de preuves pour établir les faits. Des agents du FBI avaient soumis au tribunal les enregistrements de conversations entre un informateur et le jeune homme durant lesquelles ce dernier évoquait son souhait de se rendre en Somalie pour rejoindre ses « frères » et faire le djihad.Selon le New York Times, le FBI et la police de Phoenix avaient ouvert une nouvelle enquête sur M. Simpson il y a quelques mois, car il avait commencé à mentionner l'Etat islamique sur les réseaux sociaux. Les autorités, qui l'ont surveillé, ainsi que son activité en ligne, n'ont intercepté aucun message indiquant qu'il s'apprêtait à commettre l'attaque de dimanche, ajoute le quotidien qui cite des officiels.Son complice, lui, n'était pas connu des services de police.Selon SITE, le site internet spécialisé dans la surveillance des sites djihadistes, un homme se revendiquant du groupe Etat Islamique (EI) a affirmé dimanche sur Twitter que l'attaque avait été perpétrée par deux sympathisants de l'organisation. Un compte Twitter qui pourrait avoir été utilisé par l'un des assaillants semblait mentionner l'attaque avant qu'elle ne se produise. Il a, depuis, été suspendu par le réseau social.Association islamophobeEgalement connu sous le nom de « Stop the islamisation of America » (« Arrêter l'islamisation de l'Amérique »), le groupe à l'origine du concours de caricatures de Mahomet est basé à New York et connu pour ses positions islamophobes. Pamela Geller, figure controversée qui dirige l'AFDI, a notamment financé des campagnes publicitaires dont les affiches, installées dans les transports en commun, proposent de l'aide aux musulmans qui souhaitent quitter leur religion ou qualifient le conflit israélo-paléstinien de guerre entre « des hommes civilisés et des sauvages ». Selon Mme Geller, les musulmans font partie d'une « classe spéciale », qu'il n'est plus possible d'offenser.L'événement de dimanche, qui rassemblait environ 200 personnes, était ainsi présenté comme un rassemblement pour la « liberté d'expression » auquel avait été invité Geert Wilders, homme politique néerlandais célèbre pour ses diatribes anti-islam. M. Wilders, tout comme le dessinateur et directeur de Charlie Hebdo Charb, tué en janvier, figure sur la liste d'Al-Qaida des hommes à abattre. Certains musulmans estiment qu'il est interdit de représenter le Prophète.Lire les explications des Décodeurs : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ?Lundi, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo a pris ses distances avec l'AFDI, affirmant que la fusillade survenue au Texas n'avait « rien à voir » avec l'attaque sanglante contre les journalistes de Charlie Hebdo à Paris, en janvier.10 000 dollars de sécuritéSelon Joe Harn, un important service de sécurité avait été prévu de longue date pour cet événement par les forces de l'ordre et les organisateurs, qui ont payé 10 000 dollars (près de 10 000 euros) pour une protection renforcée.L'équipe chargée d'assurer la sécurité de l'événement était notamment constituée de policiers municipaux, d'une unité de SWAT (des policiers armés pour intervenir en cas de prises d'otages ou encore d'attaque terroriste), des démineurs et des représentants du FBI. 05.05.2015 à 03h15 • Mis à jour le05.05.2015 à 10h30 L'attaque de dimanche au Texas contre un groupe d'extrême droite qui organisait un concours de caricatures du prophète Mahomet n'a « rien à voir » avec l'attentat commis en janvier contre Charlie Hebdo, ont affirmé lundi 3 mai deux collaborateurs de l'hebdomadaire français.« Comme vous l'avez dit, vous avez un mouvement anti-islamiste [au Texas] et le problème de Charlie Hebdo n'est pas du tout le même. Il s'agissait seulement de critiquer toutes sortes de religions, sans faire mention de personnes en particulier. Vraiment, cela n'a rien à voir », a déclaré, en anglais, Jean-Baptiste Thoret, critique cinéma de Charlie Hebdo, lors de l'émission d'informations de Charlie Rose aux Etats-Unis.« Nous n'organisons pas de concours. Nous faisons seulement notre travail. Nous commentons l'information. Quand Mahomet fait l'info nous dessinons Mahomet, mais sinon non. Nous combattons le racisme et nous n'avons rien à voir avec ces gens-là », a déclaré pour sa part Gérard Biard, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire, selon le verbatim de l'interview qui doit être diffusée lundi soir.« Charlie Hebdo » primé aux Etats-UnisDeux hommes soupçonnés d'être des sympathisants djihadistes ont tenté d'attaquer à Garland, près de Dallas, le rassemblement de l'association American Freedom Defense Initiative (Initiative américaine de défense de la liberté ou AFDI), connue pour ses positions islamophobes. Ils ont été immédiatement tués par un policier et n'ont réussi qu'à blesser légèrement un garde de sécurité.L'AFDI, dirigée par Pamela Geller, une figure controversée et habituée des provocations, avait mis en jeu 10 000 dollars pour le gagnant du concours de caricatures de Mahomet. L'AFDI s'est fait une spécialité des campagnes publicitaires dénonçant l'islam et les pays musulmans.Charlie Hebdo, victime en janvier à Paris d'une attaque menée par deux djihadistes qui a fait douze morts dont plusieurs dessinateurs, doit être distingué demain par un prix pour la liberté d'expression de la société littéraire américaine PEN American Center. Une distinction qui a fait des remous. Quelque 150 romanciers et membres du PEN, dont certains de renom comme l'Australien Peter Carey ou le Canadien Michael Ondaatje, ont décidé de boycotter le gala de mardi à New York en critiquant les choix éditoriaux du journal qui, selon eux, dénoncent trop souvent l'islam.Lire sur Big Browser : Aux Etats-Unis, le landerneau littéraire n’est pas « Charlie » à 100 %lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2p12wy"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2p12wy", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 17.05.2015 à 15h08 • Mis à jour le17.05.2015 à 17h19 Plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées dimanche 17 mai à Skopje, la capitale macédonienne, pour réclamer la démission du premier ministre conservateur, Nikola Gruevski, et de son gouvernement accusé de corruption et d’écoutes illégales à grande échelle.Les protestataires, au nombre de 20 000 selon une estimation de journalistes de l’Agence France-Presse, se sont rassemblés devant les locaux du gouvernement, brandissant des drapeaux macédoniens et albanais en signe d'unité communautaire contre le pouvoir.L’opposition de gauche avait appelé dimanche à un grand rassemblement dans la capitale pour réclamer la démission du gouvernement de cette ex-république yougoslave secouée par une grave crise politique et théâtre il y a une semaine d’affrontements meurtriers. Pour sa part, le pouvoir accuse l’opposition d’« espionnage » et de « volonté de déstabiliser le pays ».Déjà trois démissionsBravache, le premier ministre a affirmé samedi qu’il n’entendait aucunement démissionner. En revanche, trois de ses proches collaborateurs, les ministres de l’intérieur et des transports, ainsi que le chef des renseignements ont déjà présenté leur démission.Ce pays de 2,1 millions habitants à majorité slave, dont un quart d’Albanais, est en proie depuis le début de l’année à une grave crise politique qui oppose les principales formations slaves.Lors des législatives anticipées d’avril dernier, M. Gruevski, chef du gouvernement depuis 2006 et son parti (VMRO-DPMNE – « Organisation révolutionnaire macédonnienne intérieure-Parti démocratique pour l’unité nationale macédonienne » – formation de centre droit) ont été reconduits au pouvoir pour un mandat de quatre ans. Néanmoins, depuis, l’opposition refuse de participer aux travaux du Parlement et dénonce des « fraudes » commises durant le scrutin ainsi que les dérives autoritaires de M. Gruevski.Le leader de l’opposition, Zoran Zaev, a appelé les citoyens à manifester « dans le calme et la dignité », dans un communiqué diffusé à la veille du rassemblement.Cette manifestation a lieu une semaine après de violents affrontements entre les forces de l’ordre et un commando d’origine albanaise, qui ont fait 18 morts dont huit policiers à Kumanovo, dans le nord du pays.Lire aussi :Violents affrontements en MacédoineCes violences ont fait craindre un conflit similaire à 2001 dans ce pays balkanique, lorsqu’une guérilla albanaise s’était rebellée contre les autorités pour réclamer davantage de droits pour la minorité albanaise. Candidate depuis dix ans à l’adhésion à l’Union européenne et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, Skopje n’a pas réussi à avancer dans ces dossiers, en raison de l’opposition de la Grèce, qui dénie à sa voisine le droit d’utiliser le nom de Macédoine, qu’elle juge historiquement grec. Maryline Baumard La France est officiellement opposée à l’instauration de « quotas de migrants » au niveau européen, mais plaide pour une répartition « plus équitable » des réfugiés dans l’Union. C’est la position défendue par le premier ministre, Manuel Valls, samedi 16 mai, à deux jours de la reprise au Sénat de la discussion sur la loi asile.Cette dialectique est d’autant plus difficile à comprendre que l’Union européenne propose justement des quotas pour parvenir à une répartition équitable entre les pays.En matière d’accueil des réfugiés, deux données diffèrent largement. D’une part, le nombre de demandeurs, d’autre part le taux d’octroi de ce statut. Selon les statistiques 2014 du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), la France n’est que le 6e pays le plus demandé au monde. Son attrait s’est largement terni ces dernières années puisqu’elle a perdu trois places et est un des rares Etats à observer une décroissance (très légère) de ces demandes quand elles flambent partout ailleurs.Sur les 34 pays les plus industrialisés, l’Allemagne est devenue la destination la plus attrayante pour les personnes en quête d’une protection. Elle est suivie par les Etats-Unis, la Turquie, la Suède et l’Italie. De grands pays de l’Union europénne, comme la Pologne, ne prennent qu’une part très réduite de l’afflux migratoire.Lire la chronique :Quotas migratoires : l'Europe évoque enfin le principe de solidaritéTaux de refus en France élevéSi l’on s’intéresse cette fois au pourcentage de demandes qui reçoivent une réponse positive, la France n’est pas généreuse. Elle se classe même loin derrière la moyenne de l’Union européenne. Selon les données Eurostat, établies sur l’année 2014, 45 % des demandeurs obtiennent un statut de réfugié dans l’Union lors de leur demande initiale, contre un taux deux fois moins élevé en France (22 %).Inutile de préciser que ce large pourcentage de refus contribue à la perte d’attractivité du pays en la matière. Ainsi, les Erythréens qui sont refusés dans 85 % des cas par la France, trouvent ailleurs une reconnaissance de leur statut de personne persécutée. Les trois quarts des 14 600 Erythréens qui sont arrivés en Europe en 2014 ont été accueillis par la Suède (5 700), les Pays-Bas (3 600) et le Royaume-Uni (2 300). La France, elle, n’en a accepté que 183 et s’étonne ensuite qu’ils campent à Calais dans l’attente d’une traversée de la Manche.Ces données montrent bien que chaque pays de l’Union accueille comme il l’entend ses réfugiés. Ils sont logés ou laissés à la rue, ils perçoivent ou non une indemnité de survie durant l’instruction de leur dossier. Et, bien que les Etats se basent sur le même texte de la convention de Genève, ils ne l’interprètent pas de la même manière.La Commission propose une répartition chiffréeL’accueil des demandes individuelles est donc une prérogative étatique que Bruxelles n’a pas l’intention de toucher. En revanche, c’est en cas d’afflux massif d’arrivants que la Commission propose une répartition chiffrée « des personnes qui ont besoin d’une protection et non des migrants économiques », tient à préciser Philippe Leclerc, le correspond du HCR auprès de la France. Il ne s’agit évidemment pas d’obliger un Etat à accueillir de migrants économiques ; même si certains profitent de ce débat pour jeter le flou sur ce point crucial.Le 13 mai, la Commission européenne a avancé l’idée qu’une répartition pensée globalement obligerait la France à augmenter le nombre de ses propres demandeurs d’asile de 14 % ; l’Allemagne, de 18 % ; et l’Italie, de 11 %. « Il s’agit d’une mesure d’urgence, pour une situation précise [l’afflux en Méditerranée]. Je précise que chaque Etat pourra continuer à déterminer s’il accorde, ou non, l’asile à la personne concernée. Nous n’imposerons rien », a précisé au Monde le même jour le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans.La mise en place d’un tel système nécessiterait à un premier accueil international permettant de définir qui au sein de ces arrivées massives a besoin de ce statut. « Nous sommes favorables à cette idée et en discuterons aussi bien avec les Etats qu’avec l’Europe afin d’être le plus efficace possible en matière de délivrance d’une protection internationale », ajoute Philippe Leclerc.Lire aussi :Bruxelles propose des quotas sur l’accueil des réfugiésGrande-Bretagne, Hongrie, Pologne et France opposés aux quotasLes quotas, auxquels s’opposent déjà la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Pologne et désormais la France, s’appuient en même temps sur un autre levier. En effet, en parallèle à ces demandeurs qui déposent individuellement leur dossier, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a repéré des personnes nécessitant une sortie urgente des camps et une réinstallation dans un pays tiers. C’est une des missions du HCR.Les Syriens, dont on connaît la situation et qui ont sursaturé les pays voisins (Liban, Turquie, etc.), puisque près de 4 millions y sont installés, pourraient être plus largement accueillis sur le Vieux Continent, selon l’agence des Nations unies. En 2014 les Vingt-Huit en ont accueilli soixante-dix mille. Le HCR a donc demandé à l’Union européenne d’en accueillir 20 000 au cours des deux prochaines années. La clé de répartition établie par les instances européennes imposerait à la France d’en prendre en charge 2 375.Lorsque Manuel Valls rappelle samedi que « la France, déjà, a fait beaucoup : ainsi 5 000 réfugiés syriens et 4 500 Irakiens ont déjà été accueillis en France depuis 2012 », il additionne en fait les différents modes d’accueil, qu’ils soient individuels ou préconisés par le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés. En fait, la France a accueilli 500 réfugiés Syriens sélectionnés par le HCR en 2014. Elle est en train d’en accueillir 500 autres, et le chef de l’Etat, François Hollande, a annoncé en accepter encore quelques centaines (sans chiffrer) lors du dernier sommet européen, le 23 avril. A titre de comparaison, l’Allemagne a donné son accord pour 10 000 en 2014… et autant pour 2015.Quotas calculés en fonction du PIBLes quotas que souhaite mettre en œuvre l’Union seraient calculés en fonction du produit intérieur brut (PIB) du pays, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de réfugiés déjà installés. Or quand le HCR recalcule le taux d’accueil des réfugiés en fonction du PIB de chaque pays, la France tombe de deux rangs en matière d’effort consenti, pour se placer au 8e rang des 34 pays industrialisés (contre une 6e place si l’on s’en tient à l’accueil en valeur absolue). Ce facteur intégré, la Turquie est le pays qui consacre le plus fort taux de son PIB sur ce poste, elle est suivie par l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Italie.Si l’on fait bouger le curseur pour analyser le nombre de réfugiés accueillis non plus en fonction de la richesse du pays, mais par millier d’habitants, là encore la France ne se classe pas au rang des pays les plus généreux. C’est la Suède qui arrive en tête. Entre 2010 et 2014, le pays nordique a accepté 24,4 % de réfugiés par millier d’habitants, Malte le suit avec 17,5 % ; le Luxembourg avec 12,6 %… Avec ce mode de calcul la France ne figure même pas dans les dix premiers !Ces vérités statistiques ne trouvent que peu leur place dans un débat très politisé et instrumentalisé, où l’on confond volontiers migrant et demandeur d’asile. Demain 18 mai, le Sénat va reprendre les discussions sur la proposition de loi censée améliorer l’asile en France. Dans les semaines à venir et avant que le plan européen ne soit discuté par les ministres de l’intérieur, le 15 juin à Luxembourg, puis soumis aux dirigeants lors du sommet de Bruxelles du 30 juin, les discussions vont aller bon train. Les prises de positions de Manuel Valls montrent de façon précoce que le texte pourra arriver largement amendé en discussion.Lire l'éditorial :Quotas migratoires : un pas dans la bonne directionMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.05.2015 à 09h01 Le président Ilham Aliyev entend en faire une vitrine pour son pays : du 12 au 28 juin, l’Azerbaïdjan accueillera les premiers Jeux européens, organisés par les Comités olympiques européens (EOC) sur le modèle des jeux panaméricains et asiatiques. Dans l’esprit du dirigeant azéri, l’événement pourrait même être un tremplin pour une candidature aux Jeux olympiques de 2024. Mais la compétition suscite l’embarras dans les capitales européennes, en raison de la situation des droits de l’homme dans le pays.Des militants des droits de l’homme emprisonnésA quatre semaines du rendez-vous sportif, les ONG de défense des droits de l’homme demandent d’en boycotter la cérémonie d’ouverture. Pour eux, pas question de cautionner le début des festivités tant que des militants des droits de l’homme, dont la dissidente azérie Leyla Yunus, sont retenus dans les prisons du régime. « Mes parents sont prisonniers des Jeux », a affirmé sa fille, Dinara, lors d’une conférence organisée par Human Rights Watch (HRW), lundi 11 mai à Paris. La jeune fille, exilée aux Pays-Bas, a l’air sérieux et fatigué. Sa mère avait été arrêtée le 30 juillet 2014, alors qu’elle s’apprêtait à demander le boycott des jeux et son père, le 5 août suivant, alors qu’il rendait visite à sa femme en prison. Le couple de militants est retenu depuis quatre mois et demi, toujours en attente de leurs procès. La voix de Dinara se remplit d’émotion quand elle parle de leur état de santé : « Pour moi, les Jeux européens sont un peu les jeux de la dernière chance, explique-t-elle, chaque jour en prison réduit l’espérance de vie de mes parents, ne rien faire équivaudrait à une sentence de mort. »Répression renforcée en 2014Selon Jean-Marie Fardeau, le directeur du bureau français de HRW, « la présence à la cérémonie d’ouverture d’un représentant de l’Etat français, comme le secrétaire d’Etat aux sports, Thierry Braillard, serait vraiment un mauvais signal s’il n’y a pas d’amélioration significative de la situation dans le pays ». Au ministère français des affaires étrangères, on assure ne pas encore savoir si quelqu’un participera à la cérémonie d’ouverture dans ces conditions, ni qui.Pour HRW, cette première soirée à Bakou aura forcément une dimension politique, l’occasion pour le président Ilham Aliyev d’afficher ses bonnes relations avec les gouvernements européens. « Nous savons combien les symboles sont importants, nous l’avons vu pour le 9 mai en Russie. Nous voudrions que les Européens envoient les mêmes signaux pour l’Azerbaïdjan », ajoute Sacha Koulaeva, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale à la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Ces appels sont relayés au Parlement européen. Mardi 12 mai, les vice-présidents Ulrike Lunacek et Alexander Graf Lambsdorff organisaient un événement appelé « Baku Games : Run for Human Rights ». A un mois des Jeux, avec plusieurs autres parlementaires européens, ils ont appelé le gouvernement azéri à garantir à ses citoyens les libertés affirmées par la charte olympique et la Convention européenne des droits de l’homme. La présidente de la sous-commission « droits de l’homme », l’élue socialiste espagnole Elena Valenciano, affirmait, elle, le 6 mai, lors d’une audition à Bruxelles que « les droits de l’homme ne sont pas une question politique, c’est une obligation universelle […] la sélection d’une ville pour accueillir un événement sportif majeur par des organisations comme le comité olympique ou la FIFA est une décision politique majeure avec des implications de grande envergure ».L’embarras est d’autant plus fort que l’organisation des jeux s’est accompagnée d’un regain de répression en Azerbaïdjan, tout au long de l’année 2014. Selon HRW, au moins 35 militants des droits de l’homme ont été arrêtés durant cette période. Deux ans plus tôt, les activistes azéris avaient utilisé l’Eurovision, organisé par l’Azerbaïdjan, pour attirer l’attention sur les droits de l’homme dans le pays. « Cette fois-ci, le président ne voulait pas que ces voix gâchent ses jeux, suppose Rachel Denber, directrice-adjointe de la division Europe et Asie centrale de HRW, ceux qui avaient fait parler d’eux en 2012 ont été mis derrière les barreaux en 2014. » De surcroît, l’attention internationale était alors focalisée sur l’Ukraine : « Il est aussi possible que le gouvernement azéri ait eu peur d’avoir un soulèvement similaire », ajoute la spécialiste.Les comités olympiques hésitent à se positionnerFace à la mobilisation des ONG, certains comités olympiques nationaux sont eux-mêmes gênés. Les dirigeants des organismes olympiques allemand, suédois et néerlandais demandent que la liberté de la presse et la liberté d’expression soient assurées pendant l’événement. S’ils affirment avoir eu des garanties du gouvernement azéri, certains comme Michael Vesper, le directeur du Deutscher Olympischer Sportbund, espère qu’elles s’appliqueront « à tous les journalistes : internationaux et nationaux ».Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français, est beaucoup plus prudent : « Chacun est dans son rôle, moi je suis du côté sportif. » Après s’être rendu à six reprises en Azerbaïdjan, il estime qu’« on ne sent pas une chape de plomb comme dans certains pays, c’est un pays musulman qui vit laïquement ». Pour lui, l’Azerbaïdjan est même un pays stratégique : « Il y a des paramètres à prendre en compte, c’est un pays qui a des frontières avec la Russie et l’Iran, qui a des réserves énergétiques, qui attire la convoitise. »« Ce n’est pas dans le rôle des COE de porter des engagements politiques », a déclaré le 6 mai devant le Parlement européen le vice-président de l’organisation, Janez Kocijancic, pour justifier sa prudence sur le sujet. Jeudi 14 mai, tandis que les Jeux européens de Bakou étaient au menu d’une ultime réunion des Comités olympiques européens, organisée en Turquie, l’organisation n’a d’ailleurs communiqué que sur la bonne tenue des délais de travaux de préparation. Tout sera terminé pour la cérémonie d’ouverture, le 12 juin, a-t-il été assuré, sans la moindre mention des prisonniers politiques.Hélène Lompech 16.05.2015 à 21h49 • Mis à jour le16.05.2015 à 23h58 Un Vladimir Poutine de 50 centimètres de haut, vêtu d’une toge « en matière synthétique pas très chère » qui imite le bronze, rappelant les empereurs romains. Voilà le buste que les habitants de Kassimovo, à 20 kilomètres au nord de Saint-Pétersbourg pourront désormais contempler. La statue a été érigée par une organisation locale de cosaques en « reconnaissance de l’annexion de la Crimée » par la Russie en mars 2014.« L’image d’un empereur romain est celle de la sagesse », et cela correspond au « rôle historique de Vladimir Poutine », « vainqueur et homme d’Etat ayant rendu la Crimée à la Russie » Andreï Poliakov, dirigeant l’association « Ibris », qui réunit des cosaques de Saint-Pétersbourg. À l’origine cavaliers d’élite de l’armée tsariste, les cosaques se sont organisés au fil des siècles en communautés présentes sur divers territoires de l’ex-empire russe. Selon M. Poliakov, « près de 700 cosaques d’origine » habitent à Saint-Pétersbourg et dans sa région.Le buste a été inauguré samedi 16 mai sur un terrain appartenant à l’association, en présence d’une dizaine de personnes en uniforme traditionnel des cosaques et au son de l’hymne national russe.Lire l'entretien (édition abonnés) :« Le retour de la Crimée en Ukraine est une certitude » 16.05.2015 à 19h16 • Mis à jour le17.05.2015 à 14h07 | Jacques Follorou Près d’une semaine après la publication d’un long article du journaliste américain Seymour Hersh dans la London Review of Books remettant en cause la version officielle sur la traque et la mort d’Oussama Ben Laden, le 2 mai 2011, de nombreux médias reconnus et d’autorités concernées ont estimé devoir s’exprimer sur les accusations formulées par l’auteur. Sa renommée passée, bâtie sur des enquêtes sur la guerre du Vietnam ou les exactions américaines dans la prison d’Abou Ghraib en Irak en font, en effet, une personnalité incontournable, même si elle est devenue de plus en plus controversée. Parmi ses dernières investigations battues en brèche figuraient notamment la responsabilité de la Turquie dans des bombardements chimiques en Syrie en 2013 ou l’appartenance de l’armée et des forces spéciales américaines à l’Opus Dei.Cette fois-ci Seymour Hersh assure que l’assaut mené contre la maison bunker du leader d’Al-Qaida, dans la ville garnison d’Abbottabad, à cent kilomètres de la capitale pakistanaise, Islamabad, n’a été qu’une vaste supercherie. Le monde entier aurait été abusé par une entente secrète de très haut niveau réunissant les Etats-Unis et le Pakistan, avec le soutien de l’Arabie saoudite, destinée à cacher la vérité. La tonalité générale des commentaires et analyses suscités par ce texte semble appeler à observer une certaine réserve sur le fond et la forme.Preuves sommairesSon propos rappelle, certes, mais cela avait déjà été fait, que la version officielle a gommé ou modifié des détails jugés préjudiciables en termes d’image par les autorités américaines, notamment la pseudo résistance d’Oussama Ben Laden les armes à la main. Mais la volonté de montrer, à tout prix, qu’il s’agit d’un vaste complot a conduit M. Hersh à échafauder une construction intellectuelle fondée sur des éléments de preuves assez sommaires. Deux sources indirectes, dont l’une anonyme, servent à adosser l’essentiel de ses accusations.Il s’appuie en grande partie sur les déclarations d’Asad Durrani, qui fut chef des services secrets militaires pakistanais (ISI) de 1990 à 1992, soit 19 ans avant la mort d’Oussama Ben Laden. M. Hersh dit lui-même que cette source fournit des éléments de deuxième voire de troisième main. L’autre source principale est anonyme et américaine, un cadre du renseignement à la retraite avec pour qualité d’être « bien informé » sur les affaires Ben Laden, sans autre précision. Il mentionne à d’autres moments deux autres sources américaines anonymes qui ont été consultants pour le commandement des opérations spéciales et des confirmations ponctuelles venant de contacts au Pakistan, toujours anonymes.Ben Laden prisonnier de l’ISIC’est sur la base de ces témoignages que M. Hersh assure que la CIA n’a pas remonté la piste Ben Laden par elle-même en suivant ses courriers dans la ville pakistanaise de Peshawar. Selon lui, c’est un membre de l’ISI qui aurait révélé, à la CIA, la présence du chef d’Al-Qaida à Abbottabad car les Pakistanais l’y auraient caché depuis 2006 pour s’en servir de monnaie d’échange. Ben Laden n’aurait été qu’un prisonnier de l’ISI et n’avait plus de lien avec Al-Qaida, dit-il.Le raid américain n’aurait été, également, qu’une mascarade organisée conjointement avec les Pakistanais, qui auraient neutralisé l’espace aérien, empêché la police locale d’intervenir et même guidé les forces spéciales à l’intérieur de la maison jusqu’au lit de Ben Laden. Enfin, le corps du leader djihadiste n’aurait jamais été jeté à la mer après une cérémonie religieuse sur un navire de guerre américain mais jeté dans les montagnes de l’Hindu Kush après avoir été démembré à coups de rafales de fusils mitrailleurs.Enfin, le chef de l’armée pakistanaise en 2011, Ashfaq Parvez Kayani et le directeur de l’ISI, Ahmed Shuja Pasha, auraient accepté et supervisé cette opération contre l’obtention d’un soutien financier américain. Seule entorse au projet initial, Barack Obama devait normalement déclarer au monde entier, sept jours plus tard, qu’Oussama Ben Laden était mort dans une frappe de drone dans les zones tribales pakistanaises. Or le crash d’un des deux hélicoptères sur la maison à Abbottabad aurait contraint la Maison Blanche à sortir du bois plus tôt que prévu mettant MM. Kayani et Pasha en porte-à-faux.Fortes tensions entre Washington et IslamabadAprès lecture, ce qui frappe le plus les observateurs des affaires pakistano-américaines, c’est le fossé existant entre la description des relations entre ces deux pays et le tableau dépeint par M. Hersh après le raid. Alors que les années qui ont suivi ont été le théâtre de très fortes tensions entre Washington et Islamabad sur fond d’humiliation pour atteinte à la souveraineté nationale, M. Hersh affirme que tout cela n’était qu’illusion destinée à masquer le complot secret.Un an après le raid, pourtant, les relations déjà houleuses entre le Pakistan et les Etats-Unis, sur fond de désaccord en matière de lutte antiterroriste, s’aggravaient encore avec la condamnation, en mai 2012, à 33 ans de prison d’un médecin, Shakeel Afridi, accusé d’avoir aidé la CIA à localiser Oussama Ben Laden grâce à une fausse campagne de vaccination. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qualifiait alors cette décision « d'injuste et infondée […], le médecin a agi dans l'intérêt du Pakistan, dans le nôtre et dans celui du reste du monde ». Avec des infirmières, il avait parcouru les alentours du domicile du fondateur d'Al-Qaida dans l'espoir de fournir des éléments sur l'identité de ses occupants. En définitive, ils s'étaient vu barrer l'accès de la maison. Plusieurs officiels américains affirmaient alors que ce médecin ne savait même pas qu'il travaillait pour la CIA et encore moins que l'objectif était l'homme le plus recherché au monde.Pour M. Hersh, M. Afridi et cette campagne de vaccination étaient une pure invention censée protéger l’existence de leur source au sein de l’ISI. Les autorités pakistanaises précisaient lors du procès qu'il avait réussi à faire introduire un téléphone portable dans la maison de Ben Laden pour procéder à des reconnaissances vocales. Fin septembre 2012, Islamabad expulsait ensuite tous les employés internationaux de l'ONG Save the Children, accusée d'avoir prêté son nom à cette fausse campagne de vaccination.L’ISI aux premières logesTrois mois plut tôt, symbole de la détérioration des relations entre le Pakistan et les organisations humanitaires depuis le raid d'Abbottabad, le gouvernement pakistanais publiait une liste de zones déclarées interdites aux étrangers, y compris ceux œuvrant pour des ONG. Même les personnels du Haut-Commissariat aux réfugiés connaissaient alors de grandes difficultés à visiter le sud du pays. Des organisations réputées très sourcilleuses sur les questions d'indépendance, comme Médecins sans frontières étaient soupçonnées « d'espionnage » et l'objet d'accusations diverses, allant du « vol » aux « viols ».L’ISI avait également arrêté cinq autres personnes ayant aidé la CIA dans sa traque d'Oussama Ben Laden, notamment le propriétaire d'une maison voisine de celle du leader djihadiste à Abbottabad, où des agents ont séjourné lors des surveillances qui ont précédé l'assaut. Pour M. Hersh, c’est l’ISI qui a loué cette maison pour une équipe américaine et surveillé les lieux. Un commandant de l'armée pakistanaise se trouvera également parmi les personnes détenues par l'ISI. Il aurait relevé, pour le compte de la CIA, les plaques minéralogiques des véhicules se rendant chez le chef d'Al-Qaida.En juin 2011, Robert Gates, le secrétaire à la défense, avait exprimé son « inquiétude » face au non-renouvellement de visas pour 120 formateurs américains sur le sol pakistanais et la crainte de l'expulsion de 50 membres des forces spéciales. L'armée pakistanaise avait annoncé, pour sa part, « une réduction drastique du nombre de militaires américains et des échanges se limitant strictement au renseignement ».Des sources pakistanaises déjà évoquéesSur l’aide financière évoquée comme contrepartie par M. Hersh, on constate, au contraire, qu’elle n’a cessé de diminuer. En 2012, une commission du Sénat américain adoptait même des mesures de rétorsion visant à supprimer 33 millions de dollars de l'aide accordée au Pakistan à cause de la défiance affichée par Islamabad.Quant à l’existence de sources pakistanaises qui auraient permis à la CIA de localiser le chef d’Al-Qaida, de nombreux articles et livres ont déjà abordé ce sujet. Comme le dit Carlotta Gall, qui a suivi, pour le New York Times les affaires afghano-pakistanaises de 2001 à 2013, dans un texte publié sur l’enquête de M. Hersh, le fait selon lequel les services américains auraient eu un informateur clé au sein de l’ISI circule, également, depuis un moment. Elle ajoute, pour sa part, qu’une « source directe issue du renseignement pakistanais », qu’elle ne cite pas, lui avait révélé que l’ISI cachait bien Oussama Ben Laden. Puis, selon elle, un officier supérieur de l’ISI lui aurait fait savoir, « via un ami », que c’était un brigadier général de l’ISI qui avait révélé aux Américains la localisation de Ben Laden et le fait qu’il était gardé par l’ISI. Mais elle n’aurait rien fait de ces éléments faute de confirmation.Le journal pakistanais The News a livré le nom d’un brigadier général correspondant à cet homme. Selon le journaliste Amir Mir, qui suit les affaires militaires et de renseignement pour ce journal, Ousmane Khalid vivrait aujourd’hui aux Etats-Unis avec sa famille après avoir reçu une partie de la récompense de 25 millions de dollars promis par les Américains pour la capture d’Oussama Ben Laden. M. Hersh ne fournit pas le nom de l’officier mais assure aussi qu’il a touché une partie de l’argent.Rôle crucial d’un agent pakistanaisTrès tôt, les autorités politiques pakistanaises avaient néanmoins devancé la question de l’implication d’agents de renseignement pakistanais dans cette affaire et ont reconnu que si elles avaient été prises par surprise par le raid, elles avaient à divers degrés contribué à la localisation du suspect. Le 5 mai, en visite en France, le premier ministre pakistanais, Youssouf Raza Gilani, déclarait au Monde que son pays n’avait pas été mis dans la confidence du raid, mais pour repousser les reproches de connivences avec la mouvance terroriste, « infondées », selon lui, il tenait à ajouter : « Le Pakistan a coopéré avec les Etats-Unis pour permettre la réussite de l'opération, nous avons livré des éléments qui ont permis aux Américains de remonter la piste jusqu'à Oussama Ben Laden, sans nous, rien n'aurait été possible. »D’après l’Agence France-Presse, à Islamabad, qui a réagi aux propos de M. Hersh, un ex-agent des services de renseignement pakistanais aurait bien aidé les Etats-Unis à traquer Oussama Ben Laden. L’agence se fonde sur les dires de deux anciens responsables pakistanais qui ont, néanmoins, écarté la thèse d'une coopération officielle entre les deux pays dans cette affaire. Cette source militaire pakistanaise « occupant un poste à haute responsabilité dans l'armée à l'époque des faits », selon l’AFP, assure qu’un membre des services de renseignement pakistanais, « très informé et énergique », avait eu un rôle crucial dans la traque américaine de Ben Laden. Il ignorait cependant l’identité de la cible de la CIA.« Il n'a été impliqué qu'à un stade avancé, juste pour faire des vérifications de terrain ; les Etats-Unis avaient besoin d'une confirmation qu'ils n'auraient pu obtenir sans l'aide d'un responsable local », a expliqué le premier témoin de l’AFP, précisant, lui aussi, que ce transfuge s'est depuis installé aux Etats-Unis. Une version confirmée, toujours à l’agence, par un autre ex-responsable pakistanais, Hamid Gul, chef de l’ISI de 1987 à 1988, surnommé « le père des taliban », et connu pour ses positions anti-américaines : « La récompense était trop importante, il est devenu une taupe des Américains qui les a aidés à planifier leur opération ».Des documents précieuxDésireux de prouver que les Etats-Unis ne peuvent se glorifier de rien dans la traque de Ben Laden, M. Hersh avance enfin que les forces spéciales américaines n’auraient trouvé aucune documentation de valeur dans la maison du chef d’Al-Qaida. Ce point est démenti par Carlotta Gall. En mai 2012, les Etats-Unis avait rendu public dix-sept documents saisis au domicile d'Abbottabad. Ces pièces montraient le fondateur d'Al-Qaida sans contrôle direct sur les groupes affiliés à son organisation. Focalisé sur l'image de son combat djihadiste, il semblait avoir tenté d'influer sur une réalité qui lui échappait souvent. Il souhaitait ainsi, en vain, qu'un attentat célèbre le dixième anniversaire du 11 septembre 2001.Depuis quatre ans, les commentaires ont été constants, ces dix-sept pièces ne sont qu’une infime partie de ce précieux matériel trouvé à Abbottabad. Si leur dévoilement accompagnait opportunément les premiers pas du président Obama pour sa deuxième élection présidentielle, ces documents, rédigés entre 2006 et avril 2011, fournissent, à eux seuls – le dernier document est rédigé une semaine avant la mort de Ben Laden –, une connaissance unique sur les arcanes internes de la mouvance djihadiste internationale.Ces textes ne sont pas tous de la main de l'ex-dirigeant djihadiste. Souvent, il s'agit d'échanges entre ses subordonnés ou d'autres personnes. On y découvre néanmoins ses craintes et ses conseils face aux frappes de drones américains sur les zones tribales pakistanaises, notamment au Waziristan, où sont visiblement réfugiées une bonne part de ses troupes. Cette pression des drones motive sans doute aussi sa volonté d'exfiltrer de cette zone l'un de ses fils, Hamza, qu'il souhaite voir mis à l'abri à Peshawar, chef-lieu des zones tribales.En avril 2011, il conseille à Al-Qaida au Maghreb islamique de garder ses otages français jusqu'à l'élection présidentielle de 2012 et de ne pas les tuer tant que Paris bénéficie du soutien des populations musulmanes pour son intervention en Libye. Dans une autre missive, il ne donne pas suite à la demande d'affiliation des chabab (jeunes) somaliens sous la bannière d'Al-Qaida, et essuie pour cela, dans un autre courrier, les critiques voilées d'un autre responsable d'Al-Qaida, sans doute Ayman Al-Zawahiri, son second, qui aurait pris la tête de l'organisation après sa mort.Doper la popularité d’ObamaEnfin, à travers ces documents, on constate que Ben Laden s'efforce de façon constante de ménager le pays qui l'héberge, le Pakistan. Le 3 décembre 2010, Attiyya et un autre pilier d'Al-Qaida, Yahya Al-Libi, menacent de mesures de rétorsion le chef du Tehrik-e-Taliban, Hakimullah Mehsud, s'il poursuit ses « erreurs, contraires aux objectifs du djihad ». Néanmoins, à aucun moment, on ne trouve de signe de connivence avec les services de renseignement pakistanais soupçonnés d'avoir protégé le chef d'Al-Qaida. Dans le courrier d'Attiyya, il parle même d'un certain Abou-Salman Al-Baloutchi en le qualifiant de « bon moudjahidine » mais, ajoute-t-il, « les Baloutches qu'il connaît travaillent avec les services de renseignement pakistanais, je vous conseille donc de faire attention et de ne rien lui dire ».Derrière des arguments souvent fragiles apparaît vite dans le texte de M. Hersh une autre dimension, beaucoup plus politique celle-là. Selon lui, en effet, cette affaire de faux raid clandestin monté de toutes pièces par Islamabad et Washington pour tuer Ben Laden n’aurait eu qu’un but : doper la popularité du président Barack Obama, qui souhaitait obtenir un deuxième mandat, tout en permettant aux Pakistanais de dire à une opinion très anti-américaine qu'ils n'avaient rien à voir avec cet assassinat.Une thèse complotiste dans laquelle le journaliste américain a voulu faire tenir l’ensemble d’un puzzle très complexe et une réalité locale, régionale et internationale qui résiste aux schémas simplistes. C’est dommage, car le paysage des insurgés et des groupes djihadistes dans la région offre des sujets infinis de recherche, notamment sur l’histoire de ses liens avec les services de renseignement pakistanais.La Maison Blanche a « catégoriquement rejeté » les accusations de M. Hersh, estimant l’article « bourré d’inexactitudes et de mensonges ». Le président du comité renseignement du Sénat américain, Richard Burr, a sèchement indiqué : « Je n’aime pas la fiction. » Islamabad, dans les mêmes termes, a assuré que le Pakistan n’avait jamais été mis dans la confidence du raid d’Abbottabad. Selon une contre-enquête très critique publiée par le média américain Vox, voilà des années que Seymour Hersh tentait de faire publier cette enquête par son employeur historique, The New Yorker. « Des demandes maintes fois rejetées par le rédacteur en chef David Remnick », dit Vox.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.05.2015 à 17h28 • Mis à jour le16.05.2015 à 22h36 Après Bernard Cazeneuve, vendredi, Manuel Valls est à son tour monté au créneau, samedi 16 mai, contre la proposition de la Commission européenne d'instaurer des quotas migratoires à l'échelle communautaire. « Ceci n'a jamais correspondu aux propositions françaises », a insisté le premier ministre à la gare de Menton (Alpes-Maritimes), à l'occasion d'une visite près de la frontière franco-italienne, où plusieurs centaines de migrants ont été arrêtés ces derniers jours. Pour assurer une distribution équitable des réfugiés en Europe, le plan d'action de la Commission, présenté mercredi, prévoit d'instaurer des quotas d'accueil obligatoires par pays en cas d'afflux massif de migrants, comme c'est le cas actuellement. Selon les critères fixés (qui prennent en compte le produit intérieur brut, la population, mais aussi du niveau de chômage des pays), la France en accueillerait par exemple 14,17 %, et l'Allemagne 18,42 %. Selon l'agence Reuters, Matignon assurait, samedi soir, qu'il n'y avait pas de contradiction entre les propositions de Bruxelles et les propos du premier ministre, mais que la France serait « vigilante » quand aux critères qui seront appliqués pour la répartition.Lire : Quotas migratoires : l'Europe évoque enfin le principe de solidarité« Tenir compte des efforts déjà consentis » L'opposition du gouvernement français tient, selon M. Valls, à ce que « la France a déjà fait beaucoup : ainsi 5 000 réfugiés syriens et 4 500 irakiens ont déjà été accueillis en France depuis 2012 ». Selon lui, une répartition « équitable » entre les pays implique de « tenir compte des efforts déjà consentis par chacun ».« Aujourd'hui, la France, l'Italie, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède accueillent 75 % des réfugiés, des demandeurs d'asile en Europe. » « En revanche, l'Europe doit avoir une politique de l'asile et la France a entrepris de réformer la sienne pour la rendre plus efficace », a rappelé le premier ministre. Il a également appelé à une meilleure politique aux frontières : « il faut (...) créer un système européen de garde-frontières », a-t-il ainsi déclaré. « Il faut ensuite lutter sans relâche contre les filières criminelles de passeurs », a-t-il encore ajouté, assurant que « depuis le début de l'année, 54 passeurs ont été interpellés et trois filières démantelées ».Lire l'éditorial du Monde : Quotas migratoires : un pas dans la bonne directionSarkozy aussi opposé à la mesureLors d'une réunion publique à Saint-George-d'Orcques (Hérault), Nicolas Sarkozy a lui aussi violemment critiqué l'idée de la Commission européenne :« Voilà que le président Juncker nous propose qu'un commissaire européen vienne fixer des quotas qui nous seraient imposés. Autant faire une immense affiche en écrivant 'Venez plus nombreux encore'. » « On va faire des quotas pour accueillir des gens pour lesquels nous n'avons pas d'argent, pas de travail, pas de logement », a ajouté le président de l'UMP qui, à deux semaines du congrès du parti, multiplie les meetings où il prône l'instauration d'un nouvel accord de Schengen. 16.05.2015 à 11h26 • Mis à jour le16.05.2015 à 14h37 Editorial du « Monde ». Dans les livres d’histoire, à la rubrique Benyamin Nétanyahou, il sera forcément fait mention de sa remarquable capacité de survie. Mais les commentaires ne seront guère laudateurs sur ses méthodes et ses idées. La victoire inattendue du Likoud aux législatives du 17 mars a été obtenue, notamment, grâce à des messages racistes contre les électeurs arabes israéliens et à un reniement, par M. Nétanyahou, de son engagement en faveur d’un Etat palestinien. Avec un mélange de cynisme et d’ardeur idéologique, le premier ministre a réussi à se maintenir au pouvoir. Après un mois et demi de négociations harassantes avec ses partenaires de la droite nationaliste et ultraorthodoxe, « Bibi » s’est assuré une majorité rachitique de 61 députés sur 120 à la Knesset.Lire aussi :En Israël, la Knesset accorde sa confiance au gouvernement de Benyamin NétanyahouDire que le nouveau gouvernement ne jouira d’aucun état de grâce est très en dessous de la réalité. Le navire quitte le port en pleine tempête et sans voile. Confirmé jeudi, le gouvernement réserve de nombreux postes-clés à des figures politiques ou religieuses radicales. Que deviendra l’éducation, sous la houlette du leader d’extrême droite Naftali Bennett ? Quelle sera l’ampleur des attaques contre la Cour suprême, gardienne des Lois fondamentales, dès lors que la ministre de la justice, Ayelet Shaked, n’a cessé de la critiquer ? Sans parler du poids des ultraorthodoxes, qui ont obtenu des concessions inouïes de la part de M. Nétanyahou, prêt à défaire tout ce que les centristes de son gouvernement précédent avaient accompli.Longtemps, l’idée de pressions ouvertes, voire de sanctions contre Israël, était taboue en Occident. Aujourd’hui, un vent inédit souffle contre Israël, illustré par la multiplication des reconnaissances de la Palestine, dont la dernière vient du VaticanL’idée de sanctions contre Israël fait son cheminIsraël donne le sentiment d’une fuite en avant, qui finit par exaspérer ses meilleurs amis, américains et européens. Ce repli identitaire n’est pas seulement le fait des partis de droite, mais d’une grande partie de la société, qui s’est accommodée d’un déni collectif sur la question palestinienne. Il n’y aurait pas d’interlocuteur crédible : le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, en se réconciliant avec le Hamas, aurait lié son sort à l’organisation terroriste. Il n’y aurait donc plus rien à négocier, seulement à gérer un statu quo sécuritaire, en poursuivant la colonisation en Cisjordanie.L’Autorité palestinienne s’est lancée, en 2014, dans ce qu’elle appelle une « Intifada diplomatique ». L’idée est d’attaquer Israël sur tous les terrains politiques et juridiques, pour contester l’occupation. Les diplomates occidentaux et arabes tentent de promouvoir une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies qui définirait une solution de paix et surtout un calendrier contraignant, inacceptable pour Israël. Une première tentative s’est heurtée, en décembre 2014, à l’opposition américaine. La France met en place actuellement une concertation en vue d’une nouvelle résolution.Longtemps, l’idée de pressions ouvertes, voire de sanctions contre Israël, était taboue en Occident. Seule démocratie au Moyen-Orient, terre refuge des juifs européens après l’Holocauste, l’Etat hébreu, protégé par le parapluie américain, n’a jamais eu à répondre de ses violations répétées de la loi internationale et des résolutions de l’ONU. Mais, aujourd’hui, un vent inédit souffle contre Israël, illustré par la multiplication des reconnaissances de la Palestine, dont la dernière vient du Vatican. Les Etats-Unis, concentrés sur la conclusion des négociations avec l’Iran d’ici au 30 juin, réservent leur stratégie. Mais le débat est lancé en Europe et la question des sanctions est sur la table.Lire aussi :En Israël, les fragilités du nouveau gouvernement Nétanyahou Sylvie Kauffmann On voudrait les oublier, mais ils ne nous quittent pas. Le drame des damnés de la mer et leurs naufrages à répétition se maintiennent obstinément parmi les premiers sujets de l’actualité. Pire, ils se doublent à présent d’un drame parallèle, celui des Rohingya, minorité musulmane rejetée par la Birmanie, qui dérivent sur des rafiots d’un autre âge en mer d’Andaman. Ceux-là, au moins, ne visent pas l’Europe.Il y a trois semaines, dans une précédente chronique, je me suis interrogée sur les raisons de notre apparente indifférence à ces boat people des temps modernes, en comparaison avec la spectaculaire mobilisation qui avait abouti en France, en 1979, à l’opération Un bateau pour le Vietnam. Les réactions à cette interrogation ont été si vives et si instructives qu’elles méritent un retour sur le sujet.Disons-le tout de suite : à quelques sympathiques co-indignations près, beaucoup de ces réactions sont assez peu charitables – dans tous les sens du terme. C’est sans doute un signe, qui confirme à sa manière que 2015 n’est pas 1979. Plus intéressantes, évidemment, sont les explications avancées par les lecteurs. On peut les ranger dans plusieurs catégories, par ordre d’importance croissante.« C’est l’économie, idiot ! » En gros, il y a trente-six ans, nous sortions des « trente glorieuses », mais nous ne le savions pas encore. La vie était belle – du moins la voit-on ainsi à présent –, Valéry Giscard d’Estaing jouait de l’accordéon. En 2015, nous sommes dans l’ère de la mondialisation et nous ne le savons que trop : elle a bouleversé nos modèles et nos certitudes économiques. Une comparaison des taux de chômage en France éclaire ce sentiment d’insécurité : 3,3 % de la population active en 1975, 4,8 % en 1979, un chiffre qui allait augmenter chaque année jusqu’à atteindre 8,7 % en 1987. Il est aujourd’hui de 10 %. Nous étions forcément plus accueillants.La composition sociologique Exode surtout politique, le phénomène des boat people asiatiques apparaissait comme vraisemblablement limité dans le temps, alors que la pression démographique en Afrique, la complexité des conflits sur le continent, la guerre en Syrie, le djihad tous azimuts nous laissent imaginer une émigration de masse pendant plusieurs années. Autre argument avancé : Vietnamiens et Cambodgiens s’intégraient mieux dans les sociétés européennes que les réfugiés d’aujourd’hui, en grande partie musulmans. Ou encore : les boat people asiatiques étaient des réfugiés politiques, ceux d’aujourd’hui sont pour la plupart des « aventuriers économiques ». Ainsi, nous étions très solidaires de Solidarnosc avant la chute du rideau de fer, beaucoup moins lorsque, une fois libre, le plombier polonais a débarqué pour chercher du travail.Une dynamique idéologique Pour le sociologue Michel Wieviorka, qui faisait partie du comité Un bateau pour le Vietnam, c’était là la principale raison de notre emballement pour ces réfugiés qui fuyaient le communisme. « 1978-1980, dit-il maintenant, c’est le moment où la France dit adieu au communisme. » Les nouveaux philosophes défraient la chronique, Alain Geismar, ex-leader de Mai 68, sort du maoïsme. Le sauvetage des boat people, poursuit Wieviorka, « ce fut l’idée géniale d’articuler une cause humanitaire et une cause politique ». Et la conférence de presse conjointe de Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, qui ne s’étaient pas parlé depuis vingt ans, « c’était la défaite de Sartre et le triomphe d’Aron ».Dans la même logique, certains lecteurs évoquent un sentiment de culpabilité des gens de gauche, en Europe, qui, s’étant fourvoyés dans l’admiration du marxisme, trouvaient dans la mobilisation pour les réfugiés d’Asie du Sud-Est une façon de se racheter.Pour autant, on pourrait retourner l’argument politique : pourquoi, face à ce nouveau totalitarisme que constitue l’islam radical, les esprits libres ne se mobilisent-ils pas davantage pour sauver ses victimes ? Il n’y a sans doute ici aucun sentiment de culpabilité, voire l’idée que l’Europe en est, elle aussi, une cible.Le rôle des intellectuels « Vous les connaissez, vous, les héritiers de Sartre et Aron ? », apostrophe un lecteur. « En 1979, on avait encore des figures respectées », relève un autre. C’est un vrai constat, qu’ils sont nombreux à faire : les intellectuels n’ont plus l’autorité ni le rôle qui étaient les leurs il y a trente-six ans.Cette semaine, dans l’hebdomadaire Le 1, Jean-Christophe Rufin, ex-humanitaire et écrivain, sonne « la fin du bernard-henri-lévisme » et de cet interventionnisme extérieur par lequel les politiques suivent béatement les intellectuels. Ce courant, écrit-il, « a été un moment éphémère de notre histoire, un moment pendant lequel nous avons pathétiquement voulu nous abstraire des contraintes de la réalité au profit d’une vision idéale et morale ».A vrai dire, aujourd’hui, il n’y a pas foule autour de Bernard-Henri Lévy. La figure de l’intellectuel est-elle dépassée ? « Non, nous répond BHL. Je la crois même plus actuelle, plus nécessaire, plus vitale que jamais. En revanche, les quelques-uns qui essaient encore d’y être fidèles ont à faire face, ici, en France, à un climat pestilentiel et qui, souvent, la met en échec. Souverainisme. Provincialisme. Débats franco-français désespérément nombrilistes – Todd versus Zemmour, quelle misère ! Recul, donc, du souci du monde. Offensive générale, aussi, contre cet universalisme qui est la condition de possibilité du fonctionnement de l’intellectuel et que l’on tente, à gauche comme à droite, de disqualifier sous le nom de “droit-de-l’hommisme”. Cynisme aussi. Epoque de ricanement généralisé et d’une philosophie du soupçon devenue folle. Voilà tout ce à quoi doivent s’affronter ceux qui n’ont pas oublié l’héritage d’Aron et de Sartre. » Où l’on comprend mieux pourquoi 2015 n’est pas 1979.Sylvie KauffmannJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.05.2015 à 16h46 • Mis à jour le22.05.2015 à 17h48 Un syndicaliste colombien a porté plainte, vendredi 22 mai à Londres, contre le géant pétrolier BP, qu’il accuse de complicité dans son enlèvement et sa torture par des paramilitaires il y a treize ans.Gilberto Torres a été enlevé pendant quarante-deux jours en 2002 dans l’est de la Colombie, avant d’être libéré grâce à une mobilisation de ses collègues qui avaient menacé d’une grève nationale dans le secteur pétrolier.Le syndicaliste et son avocate affirment avoir des preuves incriminant pour cet enlèvement le propriétaire et gestionnaire d’une compagnie d’oléoduc colombienne, Ocensa, dont BP était actionnaire. Le groupe pétrolier a quant à lui fermement démenti toute implication et promis « de se défendre vigoureusement ».« L’armée collaborait avec les paramilitaires »« Nous demandons une compensation pour l’emprisonnement et la torture de Gilberto Torres. Nous pensons qu’ils (BP) ont été négligents et complices. D’abord parce qu’ils finançaient l’armée (…) et ensuite parce qu’ils étaient actionnaires d’Ocensa », a expliqué à l’AFP Sue Willman, avocate du syndicaliste.Selon elle, les responsables de BP auraient dû « prendre davantage de précautions », vu que la compagnie opérait dans une zone où les paramilitaires étaient actifs. « Ils savaient que l’armée collaborait avec les paramilitaires (…) et ils ont continué à financer l’armée sans surveiller de près ce qui se passait », a-t-elle ajouté.Gilberto Torres s’est confié au Guardian, qui a publié un documentaire en ligne. Kidnappé peu après avoir organisé une grève en protestation du meurtre d’un autre syndicaliste, il avait reçu plusieurs menaces les jours avant son enlèvement, rapporte le quotidien britannique.M. Torres affirme notamment avoir vu comment ses ravisseurs, qui ont par la suite déclaré avoir été payés pour protéger l’oléoduc, ont interrogé un rebelle présumé des FARC. Ils l’avaient frappé jusqu’à lui faire avouer qu’il appartenait aux FARC, puis l’avaient abattu, et coupé son cadavre en morceaux. Il pensait alors qu’il allait subir le même sort, mais après six semaines de captivité, il avait été remis à la Croix-Rouge. Il est l’un des deux seuls leaders syndicaux à avoir survécu à un enlèvement en Colombie.Des meurtres peu médiatisésEtre syndicaliste en Colombie est une activité dangereuse. Selon les estimations de l’ONU, environ 3 000 syndicalistes ont été assassinés et 6 000 ont disparu dans la région de Casanare au cours des trente dernières années. Une partie a été victime de paramilitaires engagés par des entreprises locales, mais ces meurtres ont été peu médiatisés, alors que la guerre civile entre guérilla FARC et le gouvernement occupait les titres.De son côté, BP affirme n’avoir « jamais engagé, ni jamais travaillé, ni jamais encouragé d’activités paramilitaires en Colombie à l’époque où elle y était active », précisant ne plus avoir d’activité de production de pétrole et gaz en Colombie. Le Guardian rapporte cependant le témoignage des paramilitaires qui ont été condamnés à Bogota pour l’enlèvement du syndicaliste. Selon eux, Ocensa avait commandité l’assassinat, ce que la compagnie dément. D’après l’avocate de M. Torres, la procédure pourrait prendre « des années » avant un éventuel jugement. 22.05.2015 à 16h02 • Mis à jour le22.05.2015 à 18h08 L’explosion a eu lieu en pleine prière du vendredi, le 22 mai. La mosquée chiite du village de Koudeih, dans l’est de l’Arabie saoudite, a été frappée par un attentat-suicide qui a fait de nombreux morts et blessés et a été revendiqué quelques heures plus tard par l'organisation de l'Etat islamique (EI).Le nombre de victimes n’a pas encore été déterminé mais des témoins, cités par l’Agence France-Presse, évoquent jusqu’à 22 morts. Ils rapportent qu’un kamikaze s’est mêlé à la foule des fidèles venus assister à la prière avant de faire sauter la charge explosive qu’il portait sur lui.« Un individu a fait détoner une bombe qu’il portait sous ses vêtements pendant la prière du vendredi », a confirmé en début d’après-midi le porte-parole du ministère de l’intérieur saoudien. Il a souligné la détermination des services du ministère à « traquer toute personne impliquée dans ce crime terroriste perpétré par des personnes cherchant à porter atteinte à l’unité nationale, et à la présenter à la justice ».Koudeih est située au nord de la ville de Katif, au cœur de la province orientale, une région pétrolière où se concentre la minorité chiite (10 % de la population), qui se dit victime de discriminations dans le royaume saoudien.Lire aussi le décryptage : Quelles sont les différences entre sunnites et chiites ? « Un acte destiné à propager les troubles »Le mufti d’Arabie saoudite, plus haut dignitaire religieux sunnite du pays, Cheikh Abdel Aziz Ben Abdallah Al-Cheikh, est intervenu en direct sur la chaîne Al-Ekhbariya pour dénoncer l’attentat :« C’est un acte criminel destiné à creuser un fossé entre les fils de la nation (…) et à propager les troubles dans notre pays. »Les autorités saoudiennes ont multiplié ces derniers mois les arrestations parmi des extrémistes sunnites soupçonnés de planifier des attaques pour attiser les tensions confessionnelles dans le pays. Une cellule de 65 personnes soupçonnées de liens avec l’Etat islamique a ainsi été démantelée le mois dernier.Il s’agit du premier attentat à viser la communauté chiite en Arabie saoudite depuis novembre 2014 : des hommes armés avaient tué sept chiites, dont des enfants, dans la localité d’Al-Dalwa, dans l’est du pays, pendant la célébration du deuil chiite de l’Achoura.L’Arabie saoudite a pris la tête d’une coalition arabe qui bombarde les miliciens chiites houthistes au Yémen. Après une courte trêve à caractère humanitaire, les bombardements ont repris. Au moins 1 037 civils ont été tués au Yémen depuis le 26 mars et 2 453 autres blessés, selon l'ONU.Lire aussi notre enquête (édition abonnés) : La guerre au Yémen ravive le malaise des chiites d’Arabie saoudite 22.05.2015 à 15h18 • Mis à jour le22.05.2015 à 15h27 | Jean-Pierre Stroobants (Riga, envoyé spécial) Une longue séance de photos, d’innombrables poignées de main, et trois grandes questions non inscrites à l’ordre du jour et qui ont focalisé l’attention : c’est décidément un étrange sommet dit « du Partenariat oriental » qu’ont tenu, à Riga, l’Union européenne et six pays de l’ex-URSS, jeudi 21 et vendredi 22 mai. Six pays (Géorgie, Moldavie, Ukraine, Azerbaïdjan, Arménie et Biélorussie) que Bruxelles a tenté dès 2009 d’arrimer à son projet et qui devaient se retrouver pour un point d’étape sans enjeu.Il faut dire que le succès du partenariat est jusqu’ici très relatif : la Géorgie et la Moldavie sont les seules à rester vraiment intéressées, mais formulent des demandes d’intégration qui sont sèchement rejetées. « Le partenariat n’est pas un instrument pour l’élargissement, mais pour un rapprochement avec l’UE. Il ne faut pas susciter de fausses attentes, auxquelles nous ne serions pas en mesure de répondre », a indiqué la chancelière Angela Merkel. « Il faut être francs avec eux, quitte peut-être à ce qu’une partie de leur population se détourne du projet européen. Mais une autre partie garde un engouement pour le projet européen », assure le premier ministre belge Charles Michel.Lire aussi :Face à la Russie, le Partenariat oriental avec les ex-pays du bloc de l’Est marque le pasL’Ukraine, elle, espérait – comme la Géorgie – une libéralisation des visas, réservée jusqu’ici à la Moldavie. Mais elle compte surtout sur un nouvel engagement financier massif. Le montant de 1,8 milliard d’euros que lui a octroyé vendredi l’UE (sur une somme globale promise de 11 milliards) ne suffira pas à la rassurer sur le long terme.Apaiser le KremlinLes trois autres partenaires pressentis en 2009 – et présents à Riga – étaient l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Biélorussie. Le premier, assis sur ses richesses énergétiques, est en équilibre entre Moscou et Bruxelles. Les deux autres ont cédé aux pressions de Vladimir Poutine et rejoint son projet d’Union eurasienne. Leurs dirigeants ont donc fait pression pour que la déclaration finale de Riga ménage Moscou, qui a annexé la Crimée en mars 2014… Les Vingt-Huit n’ont pas insisté : ce sommet devait surtout viser à apaiser le Kremlin, à lui assurer que le partenariat, désormais à géométrie très variable, ne vise nullement à tenter d’encercler son pays. Et à espérer que Moscou répondra en faisant pression sur Bachar Al-Assad pour résoudre la crise syrienne et, du même coup, endiguer la progression de l’Etat islamique. Résultat : les esprits étaient ailleurs lors de ce sommet qui a rassemblé 25 chefs d’Etat et de gouvernement sur 28. Et plusieurs autres thème d’actualité au sein de l’Union se sont invités. Le premier ministre britannique David Cameron, auréolé de sa récente victoire électorale, a claironné qu’il était là pour commencer à « améliorer l’Union européenne », en la réformant et en modifiant sa relation avec le Royaume Uni.Les propositions de David Cameron« C’est très simple, il n’y a eu aucune discussion sur ce sujet, même en aparté, a répliqué le président François Hollande. Ce n’était pas le lieu et pas le moment. » M. Cameron sera reçu à l’Elysée le 28, à Berlin le 29, et il discutera ensuite avec la Commission. Il a rejeté l’idée allemande d’une anticipation à 2016 du référendum sur l’appartenance à l’Union. « M. Cameron viendra avec un certain nombre de propositions, nous verrons ensuite », commente-t-on de source élyséenne.Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, comptait, lui, sur Paris et Berlin pour accélérer le déblocage de nouveaux fonds, indispensables à son pays. Il a eu, jeudi soir, un long entretien avec Angela Merkel et François Hollande. « Chacun connaît les échéances. Il faut préparer d’autres étapes et déterminer des réponses pour libérer des fonds, a indiqué le président français. Mieux vaudrait qu’elles soient le plus solides possibles pour faciliter les discussions. Le gouvernement doit donner le plus d’informations possible sur ses réformes ».Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, convenait, lui, que Riga n’était pas le lieu pour engager une discussion sur le problème migratoire, mais que son pays ne pouvait être « laissé seul » face aux drames en Méditerranée. « Nous avons discuté avec lui de l’accueil, pas de la répartition », a indiqué à ce propos le président.Jean-Pierre Stroobants (Riga, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adrien Le Gal Un général issu d’un coup d’Etat peut-il être un homme de paix ? Alors qu’il fête le 22 mai le premier anniversaire du putsch qui l’a porté au pouvoir, le général Prayuth Chan-ocha n’a cessé, depuis un an, de mettre en musique le « retour au bonheur » promis à la nation thaïlandaise. Mais la dernière annonce de la junte, celle d’une reprise imminente des pourparlers avec les rebelles séparatistes du Sud musulman, ne convainc pas. Les attentats se sont multipliés ces derniers mois dans la région, et le 10 avril, l’île touristique de Koh Samui a même été visée par une explosion à la voiture piégée, blessant sept personnes. Les tests ADN pratiqués à grande échelle sur la population musulmane dans le cadre des différentes enquêtes ont encore accru la défiance.Lire aussi :En Thaïlande, un an après le coup d’Etat, la dictature s’installeUne décennie de guérillaLes revendications séparatistes dans le Sud thaïlandais ne sont pas nouvelles. Les provinces de Yala, de Pattani et de Narathiwat, à la frontière avec la Malaisie, faisaient autrefois partie d’un sultanat musulman malais, annexé par le Siam (ancien nom de la Thaïlande) bouddhiste en 1902 – et officiellement rattaché en 1909. Bangkok a alors mis en œuvre une politique continue d’assimilation à marche forcée. Dans les années 1930 et 1940, le général Plaek Phibunsongkhram (« Phibun ») a ainsi tenté d’obliger les pondoks, écoles religieuses locales, à enseigner en thaï et à abandonner l’usage du dialecte local, le malais de Pattani, et de l’écriture, le jawi – qui utilise l’alphabet arabe. Dans les années 1960, le général Sarit Thanarat a voulu intégrer les pondok au système éducatif thaïlandais et leur donner le statut d’« écoles privées enseignant l’islam » sous supervision de l’Etat, provoquant les premières revendications séparatistes. Les thèmes de l’éducation, du foulard à l’école (autorisé par la loi, mais parfois refusé par des directeurs d’école) et de la langue sont, depuis, particulièrement sensibles.Lire aussi : Le coup d’Etat, une spécialité thaïlandaise Entre janvier et mars 2004, les séparatistes lancent une offensive violente, tuant une centaine de personnes en trois mois. Le gouvernement de Thaksin Shinawatra impose la loi martiale, mais échoue à ramener l’ordre. Deux ans plus tard, l’armée renverse Thaksin et change de stratégie, multipliant les gestes d’ouverture envers les musulmans. La paix ne revient pas pour autant. En février 2013, alors la guérilla a déjà fait 5 000 morts, Bangkok lance des négociations avec une partie des rebelles, en Malaisie. Mais ceux-ci, divisés et concurrents, ne cessent pas les hostilités pour autant.La controverse des tests ADNEn dix ans, le climat de défiance entre les autorités thaïlandaises et la population musulmane n’a cessé de croître. Dernière pomme de discorde, le fichage à grande échelle de la population des trois provinces au moyen d’échantillons ADN. Des policers font ainsi du porte-à-porte et exigent des habitants qu’ils remettent un échantillon de salive et leurs empreintes digitales. Selon l’agence Reuters, la police a déjà recueilli l’identité génétique de 40 000 personnes. Le fichage généralisé doit permettre de faciliter les enquêtes sur les attentats, mais a rendu le climat social encore plus détestable. « Je ne pense pas que la police thaïlandaise soit assez bien organisée pour utiliser ces données correctement, sauf pour arrêter des boucs émissaires, note un habitant de la région sous couvert d’anonymat. Elle devrait déjà mettre de l’ordre dans les données dont elle dispose déjà. Un de mes amis a été ainsi accusé d’avoir participé à une fusillade qui avait eu lieu alors qu’il était en prison. » L’attitude de la junteUn processus de paix a-t-il davantage de chances d’aboutir sous un régime militaire ? Sous le gouvernement de Yingluck, les discussions menées sous l’égide de la Malaisie avec une partie de l’insurrection (le Barisan Revolusi Nasional, Front national révolutionnaire, BRN) semblaient dans l’impasse. En cause, notamment, les divergences d’approche entre les représentants du gouvernement civil, l’armée et le Palais royal. De fait, peu après son arrivée au pouvoir, le général Prayuth Chan-ocha a défini le retour à la paix comme une « priorité d’urgence nationale ». « Mais les militaires ne sont pas du tout sincères à ce propos, estime Duncan McCargo, professeur de sciences politiques à l’université de Leeds (Royaume-Uni), spécialiste du Sud thaïlandais. Ils n’ont aucun intérêt à reconnaître qu’il existe une solution politique, ni à s’engager dans un accord qui prévoirait un certain degré d’autonomie [aux provinces où vivent les musulmans]. Ils s’engagent dans des pourparlers uniquement parce que les rejeter donnerait d’eux une mauvaise image, et parce qu’ils espèrent que les discussions leur offriront des informations sur les insurgés. »« Le gouvernement militaire de Prayuth n’a jamais cessé d’annoncer la reprise des pourparlers, ajoute un autre universitaire basé en Thaïlande, qui a requis l’anonymat. S’ils reprenaient vraiment, ils auraient une chance d’aboutir, à condition que l’armée fasse preuve de réalisme, de sincérité et d’ouverture d’esprit. Cela permettrait de préparer le terrain pour que le prochain gouvernement civil concrétise la paix. Mais dans les faits, les militaires sont trop arrogants et fiers pour s’impliquer dans un vrai processus de paix. Ils traitent tout le monde comme des sujets ou comme des soldats de base prêts à obéir aux ordres. Le BRN n’est pas comme ça. »Pour Stein Tonnesson, un universitaire norvégien de l’université d’Uppsala (Suède) et du Peace Research Institute d’Oslo, la nature même du régime militaire pose un problème de légitimité : « Les insurgés ne peuvent pas engager des négociations sérieuses avec des personnes qui ne représentent que l’armée thaïlandaise, estime-t-il. Il serait nécessaire d’avoir un gouvernement qui aurait une autorité à la fois sur le mouvement pro-Thaksin [l’opposition à la junte], le Parti démocrate [représentant les élites de Bangkok] et l’armée. » Adrien Le GalEditeur au service internationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.05.2015 à 12h18 • Mis à jour le22.05.2015 à 17h39 | Aymeric Janier Quoi qu’il advienne, c’est un changement majeur de paradigme. Longtemps considérée comme un bastion du conservatisme social et religieux en Europe, l’Irlande, dont 84 % des habitants se disent d’obédience catholique et près de 50 % vont à la messe tous les dimanches, pourrait devenir le premier pays de la planète à avaliser par référendum le mariage homosexuel. Après plusieurs semaines d’échanges passionnés, près de 3,2 millions d’électeurs se prononcent, vendredi 22 mai, sur cette question, vingt-deux ans après la dépénalisation de l’homosexualité.Lire le reportage :Le « rêve fou » des gays irlandais à l’heure du voteJusqu’ici, dix-huit pays dans le monde ont approuvé les unions entre personnes de même sexe, mais cela s’est toujours fait par la voie législative ou devant les tribunaux, rappelle USA Today. Le fait même qu’une consultation populaire se tienne dans la verte Erin reflète un changement de regard significatif vis-à-vis de l’Eglise. Qu’ils soient ou non croyants, les citoyens dans leur grande majorité reconnaissent que le pouvoir excessif accordé aux prêtres pendant des décennies a eu des effets dévastateurs sur certains « groupes vulnérables » – les mères célibataires ou les enfants placés en institution, par exemple, souligne The Economist.De surcroît, les efforts déployés par le clergé pour étouffer les scandales de pédophilie mis au jour dans les années 1980-1990, qui ont fait des centaines, voire des milliers de victimes, ont bousculé les certitudes d’une population qui avait foi en son magistère moral. Celle-ci a dès lors pu se dire que les hiérarques catholiques se fourvoyaient aussi ailleurs, analyse The Globe and Mail. Un contexte sensible, qui explique que l’Eglise ait mené une opposition plutôt discrète au référendum, aux côtés de mouvements tels que Mothers and Fathers Matter (« Les mères et les pères comptent »).« AU NOM DE L’ÉGALITÉ »Dans un rare élan d’unité transcendant les clivages politiques traditionnels, de nombreuses personnalités – dont le premier ministre de centre droit, Enda Kenny, et l’ancienne présidente Mary McAleese (1997-2011), elle-même fervente catholique – ont affiché leur soutien au « oui » (Politico). Sur les 226 députés du Parlement, l’Oireachtas, seuls six ont affirmé qu’ils voteraient contre la mesure. Des célébrités issues du monde du sport, de la musique et du cinéma se sont invitées dans le débat, affichant leur volonté de rompre avec le statu quo. Pour le Parti travailliste, ce qui se joue est crucial et comparable à la question des droits civiques aux Etats-Unis, dans les années 1960.L’issue du référendum, qui, en cas de victoire du « oui », entraînerait de facto un amendement de l’article 41 de la Constitution de 1937, n’en demeure pas moins incertaine. En effet, observe The New York Times, elle repose sur le vote catholique porté, pour l’essentiel, par des personnes âgées vivant en zone rurale et attachées aux canons de l’Eglise. A cela s’ajoute la possibilité qu’une frange d’indécis plus ou moins large fasse pencher la balance en faveur du « non ». « Au nom de l’égalité », The Irish Times défend le changement. Son argument ? L’Irlande n’est plus un pays confit dans le conservatisme, mais, au contraire, « ouvert, tolérant et qui se garde de tout jugement catégorique de valeur ». Plus mesuré, et soucieux de ne pas apparaître trop partisan, The Irish Independent appelle surtout chacun à être « absolument certain » des raisons qui motivent son choix avant de glisser son bulletin dans l’urne.Lire aussi :Dans la très catholique Irlande, le mariage pour tous fait (presque) l’unanimitéAymeric JanierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.05.2015 à 16h30 • Mis à jour le26.05.2015 à 16h32 | Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant) La Megacombinatie (Mega-combinaison), coalition politique menée par le Parti national démocratique (NDP) du président sortant et ex-putschiste Desi Bouterse, 69 ans, est arrivée en tête des élections générales du Suriname qui ont eu lieu lundi 25 mai, selon les premiers résultats annoncés mardi.Lire aussi :Au Suriname, le tour de force de l’ancien putschisteAprès le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins de vote, le parti du sulfureux chef d’Etat qui préside l’ancienne colonie néerlandaise depuis 2010 obtient 27 sièges au Parlement qui en compte 51.M. Bouterse possède donc une majorité absolue pour gouverner. Il devra toutefois, comme il l’avait déjà fait lors du dernier scrutin, former des alliances pour obtenir la majorité des deux tiers nécessaires à la désignation du président pour un mandat de cinq ans. Ce vote devrait avoir lieu en août ou en septembre.Corruption et trafic de drogueL’opposant Chandrika Santokhi, ancien chef de la police, ex-ministre de la justice et fortement soutenu par l’importante communauté indienne, n’a décroché que 17 sièges, selon ces premiers résultats. A la tête de la coalition appelée V7, une alliance de partis traditionnels dont certains anciens alliés de M. Bouterse, M. Santokhi avait fait campagne sur l’état déplorable des finances publiques, du système éducatif et, dans une moindre mesure, sur la corruption et le trafic de drogue qui gangrènent le pays.Le commandant Desi Bouterse s’était emparé du pouvoir en 1980, cinq ans après l’indépendance de cette ex-colonie anglaise puis hollandaise. Instaurant une dictature militaire, il avait alors dirigé le pays jusqu’en 1987 avant de mener un second coup d’Etat en 1990 pour un bref retour au pouvoir, jusqu’en 1991.Condamné en 2000 aux Pays-Bas à onze ans de prison par contumace, pour trafic de cocaïne, et recherché par Interpol, il réalise un coup double en 2010 en étant élu démocratiquement à la présidence, décrochant l’immunité et revenant au pouvoir par la même occasion.Lire aussi :Le Suriname, terre d’expansion chinoiseNicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ian Traynor (The Guardian) Le Monde et cinq quotidiens européens, El Pais, The Gardian, La Stampa, Gazeta Wyborcza et Süddeutsche Zeitung, réunis dans le réseau Europa, analysent les repercussions du « Brexit » sur l’Union.  Le mot le plus galvaudé à Bruxelles est « réforme ». Le problème, c’est qu’aucun dirigeant européen n’entend la même chose par « réforme ». Pour un dirigeant allemand, réformer signifie procéder à des changements structurels et équilibrer les budgets pour être plus compétitifs. Pour un Français ou un Italien, cela veut dire plus de dépenses publiques, des politiques orientées vers la création d’emplois. Et pour David Cameron, évidemment, réformer l’Union européenne (UE) passe par un nouveau contrat pour la Grande-Bretagne. La réforme, pour lui, cela veut dire la reconnaissance de l’exception britannique en Europe.Lire aussi :David Cameron contre le reste de l’EuropeDans la discussion sur la renégociation à venir, l’accent a été mis jusqu’ici sur l’éventualité de la modification des traités, les termes de l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’UE et les conséquences juridiques d’un changement. Mais M. Cameron est resté volontairement vague, essayant plutôt de savoir ce que les autres – par les autres, il entend essentiellement Angela Merkel – sont prêts à céder. Il n’y aura pas de modification importante des traités. Cela prendra trop de temps. Et les dirigeants de la zone euro sont profondément irrités par le côté donneurs de leçons de David Cameron et George Osborne, son ministre des finances.Dans l’idéal, le premier ministre britannique voudrait obtenir un droit de veto pour la Chambre des communes sur la législation européenne. Il n’a aucune chance de l’obtenir : 27 autres parlements demanderaient la même chose et l’Union risquerait la paralysie. Il voudrait retirer du traité, ou tout au moins en exempter la Grande-Bretagne, la clause prônant « une union toujours plus étroite » – un manifeste fédéraliste, aux yeux des eurosceptiques.Liberté de circulationL’immigration et la liberté de circulation sont des revendications cruciales pour M. Cameron ; son gouvernement cherche un moyen légal de limiter les prestations sociales dont peuvent bénéficier les ressortissants de l’UE en Grande-Bretagne. Sur ce sujet-là, une évolution importante s’est produite. Jusqu’à novembre dernier, l’ancien président de la Commission José Manuel Barroso rejetait les arguments sur le « tourisme social ». Mais la petite musique qui émane ces temps-ci de Donald Tusk, le président du Conseil européen, et de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission est que, certes, la liberté de circulation est sacro-sainte, mais qu’elle ne doit pas pour autant servir de prétexte à l’abus de services sociaux. Ce ne sont pas les faits qui ont changé. C’est la politique. Cameron peut donc arracher quelque chose ici, qui l’autorise à refuser les allocations-chômage aux migrants de l’UE ou les compensations pour les bas salaires. Ceci pour une période limitée : le premier ministre parle de quatre ans.Mais il va rencontrer de la résistance. Les ressortissants de l’UE sont censés être égaux : une telle mesure serait discriminatoire et créerait deux catégories de citoyens européens. En outre, il y aura un certain degré de réciprocité. Or quelque deux millions de Britanniques vivent ailleurs dans l’UE ; des dizaines de milliers d’entre eux bénéficient de prestations sociales dans leur pays d’accueil. L’objectif de M. Tusk dans cette négociation sera d’obtenir un accord d’ensemble qui, oui, « réforme » l’Union, en accordant à Londres quelques concessions que tout le monde considérera bénignes.Il y a actuellement une négociation en Europe de 18 contre 1, celle de la zone euro avec la Grèce. Elle se passe mal, avec une perspective de moins en moins irréaliste de sortie de l’euro pour la Grèce. Si M. Cameron finit par se retrouver seul face à 27, ce sera une mauvaise stratégie, préfigurant sans doute un mauvais dénouement. Et personne en Europe n’en a envie, car tout le monde sait que le « Brexit » sera bien pire que le « Grexit ».Lire aussi :« Brexit » : les arrière-pensées de la FranceIan Traynor (The Guardian) 26.05.2015 à 10h40 • Mis à jour le26.05.2015 à 10h41 | Alain Constant Un portrait du fondateur des Emirats arabes unis, riche d’archives inédites (mardi 26 mai à 20 h 50, sur Arte). Les grandes compagnies pétrolières ne sont pas seulement riches du point de vue financier. Elles disposent aussi d’archives visuelles exceptionnelles. Et l’un des mérites de Frédéric Mitterrand, auteur de ce documentaire consacré à Cheikh Zayed (1918-2004), personnage romanesque et visionnaire, fin diplomate et redoutable tacticien, ancien émir d’Abou Dhabi puis fondateur des Emirats arabes unis (EAU, 1971), est d’avoir eu l’idée de récolter ces archives. « Je me suis dit qu’elles faisaient forcément des documentaires pour leur personnel, déjà présent aux Emirats dans les années 1960. Et bingo ! Effectivement, ces entreprises avaient de vieilles archives. »Ces archives inédites viennent enrichir ce film d’une heure et demie, embrassant une bonne partie de l’histoire politique, militaire et culturelle de la péninsule arabique au cours du XXe siècle. « L’idée de réaliser un documentaire sur ce personnage m’est venue en lisant, il y a plus de vingt-cinq ans, Le Désert des déserts, un très beau livre de l’explorateur britannique Wilfred Thesiger, qui a arpenté le monde arabe tout au long de sa vie. Il raconte sa rencontre dans les années 1940 avec le cheikh inconnu d’une oasis perdue, Al Ain. Quatre pages dans lesquelles Thesiger brosse un portrait extraordinaire de cet homme. Il s’agissait bien évidemment de Cheikh Zayed, bien avant qu’il ne devienne émir d’Abou Dhabi en 1966. Depuis, je suis resté marqué par cette description. Ensuite, je l’ai rencontré, de très loin, et j’ai été frappé par son charisme. »Le pétrole, arme diplomatiquePlus de dix ans après la mort de Cheikh Zayed, l’Union des Emirats arabes unis a développé une identité propre, différente de celle du Koweït, du Qatar ou de Bahreïn, les autres monarchies du Golfe. Les nombreux témoignages recueillis retracent au plus près la trajectoire d’un homme à la fois conservateur, bâtisseur et stratège, dont l’ascension a débuté par… la mise à l’écart de son frère.Sous le règne de Cheikh Chakhbout, en place depuis 1928, le modeste émirat d’Abou Dhabi ne représente pas grand-chose. En 1966, Zayed, simple gouverneur d’une oasis perdue (Al Ain), dépose son frère et fait entrer Abou Dhabi dans la modernité. Ses relations avec les autorités britanniques de l’époque sont bien décryptées, comme sa manière de faire du pétrole une arme diplomatique de premier ordre.Zayed voit loin, ne brûle pas les étapes, ménage les susceptibilités. Son projet est d’unifier les émirats en un même pays, de manière à résister aux éventuelles attaques de pays voisins, dont l’Iran.Pour cela, il lui faut convaincre le rival de toujours, à savoir le cheikh Rachid de Dubaï. Outre Abou Dhabi et Dubaï, cinq autres petits émirats feront partie des EAU, mais au dernier moment, Bahreïn et le Qatar déclineront l’invitation. Si l’on en croit le commentaire de Frédéric Mitterrand, la cohésion des EAU, nouvel Etat né le 2 décembre 1971, est assurée par la juste répartition des bénéfices du pétrole et la permanence du pouvoir de Zayed.Tout au long de son règne, ce dernier veillera à développer son pays et à cultiver de précieuses alliances internationales. Les Etats-Unis jouant la carte de l’Arabie saoudite, Zayed se tourne vers le Royaume-Uni mais surtout vers la France, qui deviendra un partenaire privilégié. De Giscard à Chirac en passant par (François) Mitterrand, les responsables politiques français ont fréquenté et visiblement apprécié la personnalité marquante de l’homme du désert.Cheikh Zayed, une légende arabe,de Frédéric Mitterrand (France, 2014, 92 minutes). Mardi 26 mai à 20 h 50, sur Arte.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.05.2015 à 06h38 • Mis à jour le26.05.2015 à 15h17 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le Monde et cinq quotidiens européens, El Pais, The Gardian, La Stampa, Gazeta Wyborcza et Süddeutsche Zeitung, réunis dans le réseau Europa, analysent les repercussions du « Brexit » sur l’Union.  Le sort en est jeté. Vingt-huit mois après avoir promis d’organiser un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne (UE), David Cameron part cette semaine à l’offensive pour vendre aux dirigeants européens ce qui n’est plus seulement une pièce de sa stratégie de politique intérieure, mais un vote bien réel en forme de pari insensé : à ce stade, le premier ministre britannique dit ignorer dans quel sens il appellera à voter puisqu’il se fait fort, avant d’en décider, d’obtenir des « réformes » d’envergure de l’Europe, notamment en matière d’immigration et de protection de la City contre les conséquences d’une intégration progressive de la zone euro, dont le Royaume-Uni entend plus que jamais se tenir à l’écart.Lire aussi :Bruxelles cherche à contrer la menace du « Brexit »A Riga, vendredi 22 mai, il a répété qu’il n’excluait pas de prôner le « non » s’il n’obtenait pas satisfaction, perspective d’autant plus vague que M. Cameron s’est bien gardé jusqu’à présent de formuler des exigences précises.Cette perspective de « Brexit » (pour « British exit »), qu’il brandit comme une menace, le premier ministre britannique a commencé à l’agiter dès lundi 25 mai au soir en recevant à dîner le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à Chequers, sa résidence de campagne, cadre supposé plus propice à une entrée en matière moins formelle avec un homme dont M. Cameron a combattu la nomination, voici à peine un an. Dès mercredi 27 mai au soir, sitôt prononcé le traditionnel « discours de la reine » qui présente le programme de la nouvelle législature, le premier ministre s’envolera pour une tournée qui le conduira jeudi au Danemark, aux Pays-Bas puis à l’Elysée, où il dînera avec le président Hollande à l’invitation de ce dernier. Vendredi, il se rendra à Varsovie, puis à Berlin, où il rencontrera la chancelière allemande, Angela Merkel. Il a décidé de s’entretenir avec chaque chef d’Etat ou de gouvernement de ses 27 partenaires européens avant le Conseil européen des 25 et 26 juin.Lire aussi :Pour Bruxelles, le « Brexit » serait encore pire que le « Grexit »« Mandat clair »Ce marathon lui donnera un avant-goût de ce qui l’attend puisque, quelle que soit la forme juridique – modification de traité ou non – que revêtiront les réformes qu’il réclame, il devra convaincre les 27 Etats de leur bien-fondé. M. Cameron mettra en avant « le mandat clair » que lui ont confié les électeurs britanniques en donnant une majorité absolue au parti conservateur, dont le programme, contrairement à celui du Labour, promettait le référendum sur le « Brexit ».Lire aussi :« Brexit » : les arrière-pensées de la FranceLe projet de loi organisant le référendum devrait être déposé dès jeudi au Parlement. Downing Street a révélé lundi un point crucial du texte : les ressortissants des pays du Commonwealth résidant au Royaume-Uni pourront participer au référendum, mais pas les 1,5 million de ressortissants des pays de l’Union européenne. Ainsi, un Indien établi à Londres votera, tout comme un Maltais ou un Chypriote, mais pas un Allemand ou un Français. Avec cette mesure discriminatoire, M. Cameron adresse un signal de défiance aux Européens en même temps qu’un clin d’œil aux tories europhobes et aux xénophobes du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui craignaient que le vote des Européens ne soit trop favorable à un maintien dans l’UE. En parallèle, le premier ministre a enregistré avec satisfaction la volte-face du Labour, qui s’est rallié à son référendum.Vents contradictoiresPour avoir une chance de réussir, David Cameron devrait garder secrètes le plus longtemps possible ses deux principales armes : la date du référendum et la nature précise des réformes qu’il réclame. Tout en maintenant l’échéance officielle de 2017, il a laissé plusieurs de ses proches envisager un vote dès 2016. Il devra arbitrer entre des vents contradictoires : les milieux d’affaires britanniques font pression pour une date rapprochée car ils craignent une longue incertitude ; l’année 2017 coïnciderait avec les élections générales en France et en Allemagne, avec un risque que la présidente du Front national, Marine Le Pen, tire parti des négociations sur le « Brexit ».Lire aussi :En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-UniDavid Cameron pourrait donc choisir 2016, d’autant que les élections aux assemblées écossaise et galloise auront lieu en mai de cette année. Leur couplage avec le référendum pourrait favoriser la mobilisation des électeurs dans ces régions favorables au maintien dans l’UE.Mais à l’inverse, les europhobes de son parti craignent qu’une Blitzkrieg n’apporte que des changements cosmétiques alors qu’ils rêvent de ramener l’Union à l’ancienne communauté économique. Le premier ministre, qui ne dispose que d’une majorité de six sièges, peut difficilement se permettre de contrarier cette frange bruyante de ses amis politiques. Le souvenir de la guerre menée par les eurosceptiques à son prédécesseur, John Major, en 1992, devrait l’en dissuader.Soumise à tous ces aléas, y compris la popularité incertaine d’un gouvernement voué à l’austérité budgétaire, l’issue du référendum sur le « Brexit » apparaît hautement imprévisible. David Cameron a pris le risque d’une glissade inopinée hors de l’UE. Au moment où il lance les dés, seule la tirade de Macbeth rappelée par Andrew Rawnsley dans The Observer peut lui servir de viatique : « Si une fois fait c’était fini, il serait bon que ce fût vite fait. »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.05.2015 à 23h00 • Mis à jour le26.05.2015 à 08h04 La Maison Blanche a tenté, lundi 25 mai, d’apaiser les tensions avec Bagdad, après les critiques portées dimanche par le secrétaire à la défense à l’encontre de l’armée irakienne, accusée de n’avoir pas cherché à contrer l’Etat islamique lors de la prise de Ramadi.Ashton Carter avait regretté sur CNN que l’armée irakienne n’ait « pas montré de volonté de se battre ». « Je suis surpris par ce qu’il a dit (…). Je suis sûr qu’il a reçu des informations inexactes », avait rapidement réagi le premier ministre irakien, Haider Al-Abadi, sur la BBC.Face à cette polémique, le vice-président américain, Joe Biden, a téléphoné lundi à M. Abadi pour rendre hommage à l’armée irakienne, reconnaissant « le courage et l’énorme sacrifice de [ses] soldats » face au groupe djihadiste, selon la Maison Blanche. Il a aussi réaffirmé « le soutien des Etats-Unis au combat du gouvernement irakien contre » l’EI.La stratégie contre l’EI en questionLa chute de Ramadi, chef-lieu de la province d’Al-Anbar situé à une centaine de kilomètres à l’ouest de Bagdad, a soulevé des questions sur la stratégie non seulement du gouvernement Abadi mais aussi de son allié américain. Les raids aériens de la coalition internationale menée par Washington n’ont en effet pas empêché l’EI de continuer à progresser sur un vaste territoire à cheval sur l’Irak et la Syrie.Lire aussi :Les Etats-Unis impuissants face à l’avancée de l'Etat islamiqueCe que relève lundi le général iranien Ghassem Soleimani, commandant de la force d'élite Al Qods engagée en Irak. Il estime que les Etats-Unis et toutes les autres puissances ont échoué dans leur stratégie face à l'EI et que seul l'Iran le combat :« Aujourd'hui, dans le combat contre ce phénomène dangereux, personne n'est présent à l'exception de l'Iran. Obama n'a jusqu'à présent pas fait la moindre chose pour affronter Daech : cela ne prouve-t-il pas que l'Amérique n'a aucune volonté de l'affronter ? Comment l'Amérique peut-elle prétendre protéger le gouvernement irakien quand à quelques kilomètres de là, à Ramadi, des meurtres et des crimes de guerre sont commis sans qu'elle ne fasse rien. »Relancer les pourparlers sur la SyrieLe général Soleimani ajouté que l'Iran devait aider les pays exposés à l'Etat islamique, dont la Syrie, où les forces iraniennes appuient le régime de Bachar al Assad depuis quatre ans. « Nous devons immuniser nos frontières contre ce mal et nous devons aider les pays qui souffrent de Daech », a-t-il dit.De son côté le premier ministre britannique David Cameron et le président russe Vladimir Poutine ont indiqué être d'accord pour relancer des pourparlers de paix sur la Syrie. Les précédentes négociations avaient échoué à résoudre la guerre civile qui a fait 220 000 morts en 4 ans.Lire : Le dialogue de sourds entre Syriens à Genèvelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qjtiw"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qjtiw", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 25.05.2015 à 19h01 • Mis à jour le26.05.2015 à 00h33 Une tornade a fait lundi 25 mai au moins treize morts, dont trois enfants, et un nombre indéterminé de disparus dans le nord du Mexique, à Ciudad Acuna, a fait savoir Lenin Perez, le maire de cette ville de 136 000 habitants à la frontalière avec les Etats-Unis.Les pompiers et les membres de la protection civile se sont mobilisés vers la zone du désastre pour rechercher des personnes qui pourraient être encore prisonnières de décombres, a dit M. Perez à la télévision Milenio.Un passage de quelques secondesL’édile a ajouté que la majorité des victimes ont été touchées alors qu’elles se trouvaient dans les rues au moment de l’arrivée inattendue du cyclone dont le passage n’a duré que quelques secondes. M. Perez a lancé un appel à la fourniture d’eau, de nourriture en conserve et de vêtements pour venir en aide aux sinistrés. Des images diffusées par la télévision mexicaine montrent des maisons détruites, des poteaux arrachés dans les rues et des voitures sous les décombres. Un membre de la protection civile a informé que les communications téléphoniques avec la ville étaient perturbées. Benoît Vitkine Achkhabad, la rutilante capitale du Turkménistan, s’est enrichie, lundi 25 mai, d’un nouveau monument de marbre et d’or : une statue à cheval du président-dictateur de cet Etat d’Asie centrale immensément riche en gaz, Gourbangouli Berdimoukhamedov.M. Berdimoukhamedov, un ancien dentiste qui règne sur le pays d’une main de fer depuis 2006, n’a pas assisté à l’inauguration, effectuée à grand renfort de lâchers de colombes et sous les vivats d’une foule criant « Gloire à l’Arkadag », le titre de « Protecteur » que s’est octroyé le président.La présidente du Parlement a rappelé lors de la cérémonie que la décision d’ériger ce monument de 21 mètres de haut avait été prise à la suite des appels en ce sens « de simples gens, de collectifs professionnels et d’organisations publiques ».Le culte de la personnalité dont bénéficie M. Berdimoukhamedov n’est pas une nouveauté. Son portrait s’affiche dans tout le Turkménistan, des statues du père et du grand-père du « Protecteur » ont été inaugurées. Et selon un ouvrage officiel publié fin 2009, le président « tire sa popularité ainsi que son autorité considérable de Dieu ».Mais avec l’inauguration de sa statue, le président semble désormais galoper dans les pas de son prédécesseur, le « Turkmenbachi » Saparmourad Niazov, qui s’était fait bâtir une statue en or encore plus démesurée, conçue pour accompagner la course du soleil. M. Niazov avait aussi fait renommer les mois de l’année d’après les noms des membres de sa famille ou écrit un « livre de l’Ame » que tous les écoliers devaient apprendre par cœur.Espoirs de libéralisation du régime disparusA son arrivée au pouvoir, en 2006, M. Berdimoukhamedov avait remisé dans les faubourgs de la capitale la statue « tournesol » et aboli certains des décrets les plus excentriques de l’ancien président, laissant espérer une libéralisation de ce régime parmi les plus fermés et répressifs de la planète. Depuis, ces espoirs ont disparu, et le pouvoir turkmène continue d’exercer un contrôle totalitaire sur la société et d’envoyer ses opposants dans les mines de sel.La statue inaugurée lundi rend hommage à la grande passion du dictateur. Celui-ci a écrit un livre sur les chevaux turkmènes – mais aussi, par exemple, sur les plantes médicinales –, il se fait fréquemment représenter montant l’Akhal-Teke, la prestigieuse race de cheval locale, dont un étalon avait été offert à François Mitterrand à l’occasion d’une visite en 1993. En 2015, le président Berdimoukhamedov s’est autodécerné un nouveau titre honorifique : l’« Eleveur national ».Deux ans plus tôt, les célébrations de la « Journée du cheval » avaient moins bien réussi à M. Berdimoukhamedov. Le président avait alors concouru à une course, qu’il avait remportée avant de s’écrouler une fois la ligne d’arrivée passée. L’intégralité des spectateurs avaient alors été fouillés à la sortie de l’hippodrome pour s’assurer qu’aucune image de cette humiliante chute ne sortirait. Peine perdue…lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#s2QhfLn1oPQ"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "s2QhfLn1oPQ", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Paulo A. Paranagua La guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, extrême gauche) a annoncé vendredi 22 mai la fin de la trêve « unilatérale et indéfinie » décrétée fin décembre 2014. Cette annonce fait suite à la mort, jeudi 21 mai, de 26 guérilleros dans une opération conjointe des forces armées colombiennes dans le département du Cauca (sud-ouest). Une opération menée en représailles à la mort, en avril, de 11 soldats dans une embuscade des FARC. Depuis l’annonce des FARC, les affrontements mortels et les raids du gouvernement sont quasi quotidiens.Lire aussi :Les FARC rompent leur cessez-le-feu en ColombieLa recrudescence des combats met-elle en danger les négociations de paix ?Les FARC et le gouvernement du président Juan Manuel Santos (centre droit) négocient à La Havane depuis novembre 2012. Les deux parties étaient d’accord au départ pour mener ces négociations sans cessez-le-feu préalable. Pourquoi ? Parce que les FARC avaient profité d’un précédent dialogue (1999-2002), accompagné de la mise en place d’une zone démilitarisée, pour accumuler des forces et des armes, kidnapper des militaires et des civils, sans avoir l’intention de faire la paix.Comme les négociations de La Havane traînent et que l’opinion colombienne n’a pas la moindre sympathie pour la guérilla, les FARC ont annoncé un cessez-le-feu unilatéral, en décembre 2014, pour redorer leur blason. De son côté, quelques mois plus tard, le président Santos suspendait les bombardements aériens, comme un gage de bonne volonté.La reprise des hostilités armées n’est pas une bonne nouvelle pour les populations civiles, qui sont les premières à en subir les conséquences. Mais négocier la paix tout en poursuivant le combat était la position des FARC et de Bogota depuis le départ. Les deux parties comprendront peut-être, avec ce retour de la violence et la pression de l’opinion publique, qu’il faut enfin accélérer le pas.Pourquoi les négociations traînent-elles depuis deux ans et demi ?Un demi-siècle de conflit, des milliers de morts et des millions de déplacés ne sont pas de nature à susciter la confiance. Longtemps s’est posée d’ailleurs la question de savoir si les FARC voulaient vraiment abandonner les armes ou seulement gagner du temps.Juan Manuel Santos, qui croyait boucler l’accord avec la guérilla en un an, a obtenu laborieusement un second mandat, en juin 2014, pour achever l’objectif de sa présidence et entrer dans l’histoire comme un faiseur de paix. Prolonger la guerre coûte cher des deux côtés. Et chaque camp sait parfaitement qu’il n’y a pas d’issue militaire à court terme, à cause de la géographie colombienne et du fait que l’argent de la drogue nourrit la guérilla.Qu’est-ce qui reste à négocier ?Les négociations achoppent sur le point le plus délicat : après avoir laissé les armes, les chefs des FARC iront-ils au Sénat ou à La Picota, la prison de Bogota ? Contrairement à ce qui s’est passé pour les chefs des milices paramilitaires d’extrême droite, les guérilleros ne veulent pas faire de la prison pour les crimes de guerre ou les violations des droits de l’homme commis au cours du conflit. En 2005, la loi dite de « justice et paix » imposait aux « paras » des peines maximales de huit ans, à condition d’avouer leurs crimes et de satisfaire ainsi le besoin de vérité des victimes.Lire aussi :La Colombie tente de concilier paix et justiceLes FARC refusent d’envisager des peines de prison, même aussi réduites. D’autre part, si les guérilleros étaient amnistiés, comment faire admettre aux militaires poursuivis pour crimes de guerre de payer, seuls, le prix des tractations ? Concilier la volonté de paix et l’exigence de justice, tel est le dilemme auquel sont confrontés les négociateurs.Lire aussi :En Colombie, l’ELN hésite à se rallier au processus de paix engagé avec les FARCPaulo A. ParanaguaJournaliste au Monde 02.05.2015 à 16h23 Accusée à tort d'avoir brûlé un exemplaire du Coran, Farkhunda avait été lynchée en mars dernier à Kaboul. Le procès des 49 suspects dans ce dossier s'est ouvert samedi 2 mai au tribunal de première instance dans la capitale afghane. Ils sont mis en cause de divers chefs d'accusation, dont violences et meurtre. Parmi les individus cités à comparaître figurent dix-neuf policiers. Le procès, qui se tient sous haute protection policière, est diffusé en direct à la télévision afghane. Il doit se poursuivre dimanche.Le 19 mars, Farkhunda, 27 ans, a été battue à mort, puis brûlée et jetée dans le lit d'une rivière à Kaboul par une foule furieuse qui l'accusait d'avoir profané le livre saint de l'islam. Plusieurs policiers avaient assisté, passifs, à la scène, relayée par ailleurs abondamment sous forme de vidéo et de photos sur les réseaux sociaux.Un crime « haineux »Celle qui est devenue une héroïne dans la mort n'avait pas brûlé le Coran, mais plutôt dénoncé un religieux autoproclamé qui vendait des amulettes près d'une mosquée. Contrarié, ce dernier l'avait accusée de blasphème et mobilisé une foule pour la lyncher. Le drame avait provoqué de nombreuses protestations en Afghanistan. Des centaines de personnes avaient défilé à Kaboul. Le président Ashraf Ghani, alors en déplacement aux Etats-Unis, avait fermement condamné ce meurtre, le qualifiant de « haineux ».Lire aussi le reportage en édition abonnés : Le meurtre de Farkhunda réveille la société civile afghanelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kd3i0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kd3i0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 02.05.2015 à 12h37 • Mis à jour le02.05.2015 à 13h06 | Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) Une trentaine de cadavres en état avancé de décomposition jetés dans quatre fosses hâtivement creusées près d’un sentier des collines de la province thaïlandaise de Songkhla, dans le sud du pays, tout près de la frontière malaisienne : c’est un ramasseur de champignons qui a fait, vendredi 1er mai, cette macabre découverte avant de prévenir la police thaïe.Les autorités ont indiqué qu’il s’agit vraisemblablement surtout de migrants Rohingya musulmans originaires de Birmanie. Les autres seraient bangladais : ce camp de « transit » pour clandestins dissimulé dans la jungle se trouve sur la route du trafic humain vers la Malaisie. Il ne fait donc aucun doute, selon le général Somyot Pumpunmuang, chef de la police thaïlandaise, qu’il s’agit bien de l’un de ces « camps-prisons » où les passeurs incarcèrent leurs « clients » en attendant que les familles ou des proches, préalablement installés en Malaisie, viennent les délivrer contre rançon.Lire aussi :Les Rohingya de Birmanie condamnés à l’exilLa police affirme que les victimes sont mortes de faim ou de maladie en attendant un transfert qui n’a jamais eu lieu parce que les migrants n’avaient pas les moyens de payer les passeurs. « Le trafic des personnes est depuis longtemps hors contrôle », a accusé Brad Adams, responsable pour l’Asie de l’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW). En juin dernier, les Etats-Unis avaient rétrogradé le royaume dans la liste des Etats ne luttant pas, ou pas assez, contre la traite des êtres humains.Violentes émeutesPlus d’une centaine de milliers de Rohingya de Birmanie sont parqués dans des camps de personnes déplacées de la province de l’Arakhan, après les violentes émeutes de 2012 qui ont eu lieu entre cette minorité, décrite par l’ONU comme l’une des plus « persécutées du monde », et les bouddhistes de cette région de l’ouest de la Birmanie.Lire aussi :A Sittwe, pour les habitants, les Rohingya « n’existent pas »Dans ces camps du Myanmar (nom actuel de la Birmanie), ils disent leur volonté de vouloir s’enfuir grâce à des passeurs qui les conduisent dans de gros bateaux mouillant au large des côtes du golfe du Bengale. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’après avoir été dépouillés par les trafiquants, qui leur extorquent parfois l’équivalent de plusieurs milliers de dollars, une somme considérable en Birmanie, ils ne les laissent pas partir à leur arrivée sur les côtes thaïlandaises. Ceux qui ne peuvent pas leur donner ou leur faire parvenir une somme supplémentaire sont alors enfermés dans ces abris de fortune, à l’écart des routes. Des dizaines de milliers d’entre eux sont arrivés en Thaïlande et en Malaisie depuis deux ans.« Le trafic des personnes est depuis longtemps hors contrôle » Brad Adams, responsable pour l’Asie de Human Rights WatchLes policiers du district de Sadao, où les fosses ont été trouvées, ont également indiqué qu’il en existe encore plusieurs autres qui pourraient contenir une vingtaine de cadavres. Selon le Bangkok Post, certains des restes retrouvés étaient inhumés tandis que d’autres étaient simplement recouverts de vêtements. Deux autres corps étaient en train de pourrir dans la jungle quand la police est arrivée. Il ne resterait que deux survivants, dont un originaire du Bangladesh qui a été retrouvé dans un état pitoyable.Les policiers pensent que les trafiquants ont déserté le camp il y a deux jours, faisant passer ceux qui les avaient payés en Malaisie, en laissant derrière eux ceux qui n’avaient pas survécu à leurs conditions de détention.Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.05.2015 à 11h32 Au moins 52 victimes civiles, dont 7 enfants. C'est le bilan tragique des bombardements aériens de la coalition internationale contre l'Etat islamique (EI) contre une localité du nord de la Syrie, a annoncé, samedi 2 mai, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les raids ont eu lieu « tôt vendredi sur le village de Birmhale, dans la province d'Alep », a précisé le directeur de l'organisation proche de la rébellion modérée, Rami Abdel Rahmane. Treize personnes sont encore portées disparues, prises sous les décombres.Toujours d'après la même source, des miliciens kurdes et des rebelles combattent les djihadistes de l'EI à quelque 2 kilomètres de ce village. Mais celui-ci « n'est habité que par des civils. Il n'y a pas de positions de [l'organisation], pas de heurts ». Les bombardements de la coalition sur Bermhale n'ont fait aucune victime parmi les extrémistes sunnites, toutefois sept d'entre eux ont été tués d'autres opérations menées dans les environs.Lire aussi l'enquête (édition abonnés) : Comment l’Etat islamique a progressé en SyrieL'EI « a maintenu son influence globale »Sous l'égide des Etats-Unis, une alliance internationale – à laquelle participent plusieurs pays arabes – cible depuis la fin de septembre les positions de l'EI en Syrie. Des Etats européens mènent des actions similaires en Irak. Ces bombardements ont notamment permis aux combattants kurdes et rebelles syriens de reprendre la ville de Kobané, frontalière de la Turquie, après des semaines de batailles avec les djihadistes. Cependant, le Pentagone a reconnu en avril que l'EI avait « maintenu son influence globale » dans le pays en dépit des frappes.Voir aussi notre reportage : Dans Kobané, ville en guerre contre l'Etat islamiqueSelon l'OSDH, 66 civils avaient été tués dans des raids en Syrie avant celui de Bermhale. Au total, l'ONG, sise en Grande-Bretagne et qui bénéficie d'un vaste réseau de sources à travers le territoire syrien, estime que la coalition a tué plus de 2 000 personnes, dont 1 922 djihadistes. Commencé en mars 2011 par des manifestations pacifiques contre le régime, réprimées dans le sang, le conflit syrien a dégénéré en une complexe guerre civile aux alliances mouvantes. Plus de 220 000 personnes sont mortes en quatre ans et près de 10 millions ont dû fuir leur foyer.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x22x1ls"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x22x1ls", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial) On n’avait pas vu depuis longtemps dans la paisible Odessa tel déploiement de force. Vendredi 1er mai, des dizaines de camions, véhicules blindés et hommes en armes ukrainiens paradaient sur la place Koulikovo, dans le centre de la cité portuaire, où se tient le bâtiment calciné de la Maison des syndicats.Il y a un an, le 2 mai 2014, 42 militants prorusses sont morts ici, en majorité brûlés dans l’incendie du bâtiment. Six autres avaient trouvé la mort un peu plus tôt ce jour-là dans des affrontements entre prorusses et pro-ukrainiens. Un an a passé, mais l'anniversaire du drame a réveillé les angoisses. Trois mille cinq cents hommes ont été mobilisés pour encadrer familles et soutiens que le dispositif n’aura pas effrayés, venus commémorer leurs morts.« Les prorusses n’ont pas les forces pour organiser un rassemblement massif. Mais beaucoup de gens en ville ont peur que le scénario de l’année dernière se répète, explique Alexeï Gontcharenko, jeune député de la ville. Il faut rassurer. »Odessa et son million d’habitants vivent encore dans le traumatisme du 2 mai 2014. En réalité, l’onde de choc de la tragédie a dépassé les limites de la ville, contribuant largement à tendre la situation dans l’est de l’Ukraine, où débutait le conflit armé. Les images des corps carbonisés diffusées à la télévision ont poussé des centaines de jeunes Russes à venir combattre dans le Donbass, dans l’est du pays.Lire aussi : Dans Odessa en deuil, le gouvernement ukrainien tente une reprise en mainEnquête judiciaire opaqueCe 2 mai, Elena Radzikovskaïa a perdu son fils Andreï, 26 ans. « Tombé par la fenêtre, ou peut-être poussé », selon l’avis officiel reçu par Mme Radzikovskaïa, 60 ans, professeure d’histoire à l’université. Mère et fils partageaient les mêmes idées : « Pas des idées séparatistes », dit-elle, mais une même méfiance vis-à-vis de la révolution de Maïdan et de ses promesses d’ouverture vers l’Europe. « Pour des idées comme celles-là, aujourd’hui, on peut aller en prison, assure Mme Radzikovskaïa, alors que ceux qui ont commencé ce génocide se promènent en toute liberté. » L’enquête judiciaire est opaque, la police ne communique pas. Un « groupe du 2-Mai » s’est formé pour mener ses propres investigations, composé principalement de journalistes, mais aussi d’experts en chimie ou en balistique, de toutes les opinions politiques. Leurs conclusions écartent l’hypothèse avancée par les médias russes du massacre délibéré. Elles dévoilent un tragique enchaînement, dans lequel la violence des uns a répondu à la violence des autres jusqu’à l’échange de cocktails Molotov qui a provoqué l’incendie. Les travaux du groupe sont aussi sévères pour la police, qui n’a pas su ou pas voulu empêcher les affrontements. Comme ailleurs dans le pays, les forces de sécurité, démoralisées, désorganisées ou attendant simplement de voir vers où soufflerait le vent, sont restées en retrait.« Le 2 mai, c’est notre victoire, clame Mark Gordienko, le chef de l’un des groupes “patriotiques” qui ont pris part aux affrontements. Une victoire sanglante, mais vitale. Sans elle, nous serions en guerre ici aussi, avec des milliers de morts, et pas seulement cinquante. » « Ces groupes ont joué un rôle essentiel, reconnaît Zoïa Kazandji, conseillère du gouverneur de la région. Mais aujourd’hui, alors que nous sommes encore une société post-traumatique, le niveau de haine continue à monter des deux côtés, et ils agissent en dehors de tout cadre. »« La justice contre la loi »L’« Assemblée de sécurité citoyenne » de M. Gordienko et les autres groupes d’autodéfense nés pendant Maïdan n’ont pas déposé les armes. Ils forment à Odessa comme un pouvoir parallèle, se méfiant presque autant des nouvelles autorités que des anciennes. A la légitimité des institutions, leurs membres opposent la légitimité populaire et celle acquise au combat. « La justice contre la loi », résume M. Gordienko, 46 ans, sorte de biker érudit qui dégaine aussi facilement son pistolet que le livre qu’il a écrit sur l’histoire d’Odessa.Les voies de la justice sont parfois impénétrables. Pour consolider la « victoire » du 2 mai, M. Gordienko a été jusqu’à réunir les chefs des huit groupes criminels les plus influents de la ville. « Ils m’ont dit qu’ils ne voulaient pas du “monde russe” ici, et nous avons réfléchi à comment nous pouvions travailler ensemble pour la ville. » Les chefs d’entreprise ont suivi le même chemin, assure-t-il, et décidé de financer les groupes patriotiques. Leurs actions sont multiples, du soutien à l’armée jusqu’à l’organisation de sessions d’entraînement militaire à destination des lycéens. Leurs 4 × 4 patrouillent aussi incessamment en ville, à la recherche de séparatistes ou de simples délinquants. Ce soir du 1er mai, aucun ennemi de ce calibre en vue. La patrouille se contentera de quelques bagarres, et seuls quatre organisateurs d’un bonneteau improvisé seront appréhendés, avant d’être menottés en pleine rue et amenés à des policiers perplexes.Une « cocotte-minute en ébullition »Les prorusses semblent bel et bien avoir déserté la rue, mais la situation est loin d’être apaisée. Depuis un an, un vingtaine d’explosions ont eu lieu dans la ville. Le plus souvent des bombes artisanales de faible puissance, déposées devant les locaux de groupes ou personnalités pro-ukrainiens. Le 28 avril, 18 personnes étaient arrêtées dans le cadre de l'enquête sur cette campagne terroriste. Certaines seraient liées à des organisations russes.« Odessa est comme une cocotte-minute en ébullition, assure Iouri Tkatchev, un journaliste considéré comme prorusse, lui aussi membre du “groupe du 2-Mai”. Les gens qui soutenaient les séparatistes étaient peut-être une minorité, mais ils ne se sont pas évaporés, même si beaucoup ont changé d'opinion après le déclenchement de la guerre dans l'Est. Et le pouvoir ne fait rien pour laisser s'échapper la pression. » Dans les rues de la ville, des affiches appellent à dénoncer les « séparatistes ordinaires ». Toute contestation est vue à travers le prisme du conflit, comme la manifestation organisée le 17 mars contre l'augmentation des prix des transports, bloquée par la police et les groupes nationalistes.Aux élections d'octobre, la participation en ville a été la plus basse du pays. Odessa la cosmopolite s'est toujours vue comme une ville à part en Ukraine. Si le climat se dégrade dans le pays, elle sera, à nouveau, l'une des premières à s'embraser.Que s’est-il passé le 2 mai 2014 ?L'enquête judiciaire sur le drame du 2 mai 2014, dans laquelle sont poursuivis un activiste pro-ukrainien, 20 prorusses et quatre policiers, n'est pas terminée. Le travail du « groupe du 2-Mai », largement considéré comme objectif et sérieux, permet d'éclaircir les faits survenus ce jour-là. Les heurts ont débuté avec l'attaque par les prorusses d'une manifestation pro-ukrainienne. Les deux premiers morts de la journée sont des activistes pro-ukrainiens tués par balle.Lorsque le rapport de force s'est inversé, les prorusses se sont réfugiés dans la Maison des syndicats. Là, les deux camps ont échangé des cocktails Molotov, provoquant l'incendie, ravageur du fait de la quantité de combustible stockée par les prorusses dans le bâtiment. Dans de très rares cas, des prorusses qui tentaient d'échapper aux flammes ont été battus. Les actvistes proukrainiens ont dans leur grande majorité essayé de sauver les personnes prises au piège.  Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Lire aussi :Réparations de guerre : Athènes réclame 279 milliards d’euros à BerlinEst-ce un tournant dans le différend germano-grec sur la question très sensible des réparations liées aux crimes nazis pendant la seconde guerre mondiale ? Dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung du samedi 2 mai, le président de la République, Joachim Gauck, s’est pour la première fois prononcé en faveur d’une solution pour la résolution de ce litige qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis plusieurs décennies et est revenu sur le devant de l’actualité avec l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras.« Nous sommes les descendants de ceux qui pendant la seconde guerre mondiale ont laissé un sillage de destruction derrière eux, entre autres en Grèce, ce que, à notre grande honte, nous n’avons pas su pendant longtemps », a déclaré le président Gauck. « Il est juste qu’un pays aussi conscient de son histoire que le nôtre évalue quelles possibilités de réparation il peut y avoir », a-t-il ajouté, sans s’avancer sur un montant.Ces déclarations marquent une rupture dans le débat sur les réparations vis-à-vis de la Grèce en Allemagne. Prononcées par le plus haut magistrat de la nation, dont les fonctions sont essentiellement honorifiques mais qui est très respecté en Allemagne notamment pour son travail sur le passé Est-allemand, elles donnent une légitimité forte aux revendications grecques jusqu’ici repoussées avec fermeté par Berlin. Athènes réclame la somme de 278,8 milliards d’euros de réparations, le sujet est devenu un point de discorde particulièrement brûlant entre les deux capitales.« C’est stupide »« La question des réparations est juridiquement et politiquement close », martèlent régulièrement les membres du gouvernement, dans un contexte de forte tension entre Athènes et Berlin sur la question de la dette grecque. « Une manœuvre de diversion bon marché », estime Gerda Hasselfeldt, de la CSU. « C’est stupide », a même lâché début avril le vice-chancelier, Sigmar Gabriel, pour qui on ne peut pas mêler la question des réparations et celle de la dette. Pour Berlin, la revendication des réparations a perdu sa légitimité au plus tard à la réunification, quand le traité de Moscou a réglé les affaires internationales de l’Allemagne unie.Lire aussi :Réparations de guerre : quand Athènes joue avec le feuMais plusieurs voix se sont élevées depuis mi-mars pour juger cette explication un peu courte. Des juristes du service scientifique du Bundestag interrogés par le Spiegel Online ont exprimé leurs doutes sur la solidité de l’argumentaire du gouvernement. Et plusieurs personnalités politiques ont appelé ouvertement à une réouverture du dossier. Annette Groth, députée du parti de gauche Die Linke qui soutient les revendications grecques depuis longtemps, défend ainsi le versement immédiat de 11 milliards d’euros à Athènes. « Je trouve juste la position du ministre des finances quand il propose que l’argent soit utilisé pour créer une banque d’investissement », a-t-elle déclaré.Surprise à AthènesAnton Hofreiter, chef du groupe parlementaire des Verts au Bundestag, juge pour sa part que « l’Allemagne ne peut pas se contenter de balayer d’un revers de main les revendications d’Athènes. Ce chapitre n’est conclu définitivement ni sur le plan moral ni sur le plan juridique ». Plusieurs membres du SPD estiment également nécessaire de faire un travail sur le passé. C’est l’opinion de Gesine Schwan, figure très respectée du parti et candidate deux fois à la présidence de la République, qui a déclaré mi-mars : « Psychologiquement, il est parfaitement compréhensible que la Grèce se demande aussi, dans la situation actuelle, si les Allemands se sont toujours comportés de façon loyale. »La question des réparations allemandes vis-à-vis de la Grèce comporte deux volets. Le premier porte sur un crédit forcé de 476 millions de reichsmarks que le régime d’Hitler a contracté auprès de la banque nationale grecque en 1942 et qui n’a jamais été remboursé. Selon les estimations, cette somme correspondrait aujourd’hui à 11 milliards d’euros. Le second volet concerne les réparations pour crimes de guerre. Le massacre de Distomo, équivalent d’Oradour-sur-Glane dans la mémoire grecque. Dans cette petite ville près de Delphes, 218 enfants, femmes et vieillards ont été tués en juin 1944.En Grèce, la déclaration du président allemand a fait la « une » de tous les sites d’information vendredi soir. La surprise est de taille. Personne ne s’attendait à un tel soutien à un tel niveau de l’Etat. Le parti au pouvoir Syriza y voit une nouvelle confirmation de la légitimité de la demande de réparations. Lors de sa visite du village grec martyr de Liguiades en mars 2014, Joachim Gauck avait très officiellement demandé « pardon » aux familles des victimes pour le massacre le 3 octobre 1943 par les nazis de 92 habitants du village dont 34 enfants. Mais il avait refusé d’aborder la question des réparations de guerre, affirmant à l’époque qu’il « ne pouvait pas prendre une autre position que la position légale de l’Allemagne sur la question ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 01.05.2015 à 20h21 • Mis à jour le02.05.2015 à 14h53 | Gilles Paris (Washington, correspondant) La tension reste vive aux Etats-Unis dans l’« affaire Freddie Gray », mais les autorités s’efforcent de calmer les esprits. Marilyn Mosby, la procureure de Baltimore, a annoncé vendredi 1er mai que les six policiers de la ville impliqués dans la mort du jeune homme noir seraient poursuivis pour plusieurs chefs d’inculpation, dont ceux de meurtre et de violences volontaires. « Personne n’est au-dessus de la loi », a fait valoir Mme Mosby.L’analogie entre la mort de Freddie Gray, le 19 avril, qui a succombé aux blessures qui lui ont été infligées après son arrestation, et celle de Michael Brown, le 9 août 2014 à Ferguson (Missouri), tué par un policier blanc, a souvent été mise en avant, renforcée par les émeutes que ces deux morts ont suscitées. A Ferguson, la victime mise à part, le chef de la police, Thomas Jackson ; le maire de la ville, James Knowles III ; le procureur du comté, Robert McCulloch étaient tous blancs. A Baltimore, les protagonistes sont, au contraire, tous afro-américains.Freddie Gray La vie de Freddie Gray, surnommé « Pepper », est un concentré de la dérive des quartiers pauvres de Baltimore, frappés notamment par la désindustrialisation. Sa famille et lui vivaient d’indemnisations versées depuis 2008 à la suite de la constatation de la présence élevée de plomb dans leur sang, liée à leurs conditions de logement dans le quartier Sandtown. Un journaliste du Washington Post rappelait le 28 avril que les enfants de ce quartier ont dans le sang des concentrations de plomb sept fois supérieures à la moyenne de la ville. Elevé par une mère seule, illettrée, handicapée, et héroïnomane pendant sa jeunesse, il avait été arrêté dix-huit fois avant le 12 avril, principalement pour possession de drogue. Il avait passé deux ans derrière les barreaux.Marilyn Mosby L’affaire Freddie Gray constitue un redoutable baptême du feu pour la procureure Marilyn Mosby, 35 ans. Elue en novembre 2014 avec l’étiquette démocrate, elle a pris ses fonctions au début de cette année après avoir travaillé comme avocate pour une compagnie d’assurances et auparavant comme assistante d’un procureur. Née à Boston au sein d’une famille de policiers, première à suivre des études supérieures, elle aurait développé un intérêt pour le droit et la justice à la suite de l’assassinat d’un de ses cousins, confondu avec un autre garçon dans un règlement de comptes. Elle est l’épouse d’un conseiller municipal élu d’un secteur défavorisé et théâtre des émeutes du 27 avril.Stephanie Rawlings-Blake La maire de Baltimore est une pure apparatchik du Parti démocrate. Née en 1970, Stephanie Rawlings-Blake est la fille d’une pédiatre et d’un ancien membre de la Chambre des représentants du Maryland. Après des études en sciences politiques et en droit, elle travaille dans plusieurs instances du Parti démocrate du Maryland et devient la plus jeune élue municipale de la ville, en 1995. Vice-présidente puis présidente du city council (une fonction distincte de celle de maire), elle devient première magistrate de la ville à la suite de la démission de Sheila Dixon, également afro-américaine, pour malversations. Elle est critiquée après les émeutes du 27 avril pour ne pas avoir pris la mesure de la colère suscitée par la mort de Freddie Gray.Anthony Batts Né en 1960, Anthony Batts est le chef du département de la police de Baltimore, l’un des plus importants des Etats-Unis, depuis 2012. Cet Afro-Américain a effectué l’essentiel de sa carrière en Californie, tout d’abord à Long Beach, où il était devenu chef de la police avant d’occuper pendant deux ans des fonctions similaires à Oakland. Il a été très présent sur le terrain. Il a été marié à une ancienne représentante démocrate de Californie, Laura Richardson.Les six policiersParmi les six officiers poursuivis pour « homicide involontaire, violences volontaires, agression et d'incarcération injustifiée », trois sont afro-américains, selon les photos communiquées par le département de la police de Baltimore : Caesar Goodson, qui conduisait le fourgon de police à bord duquel Freddie Gray a été blessé et sur lequel pèsent les charges les plus sérieuses, Alicia White et William Porter. Les trois autres sont blancs : Brian Rice, le plus gradé des six, Garrett Miller et Edward Nero. Leur syndicat a déploré la « précipitation » avec laquelle la procureure Marylin Mosby a annoncé les poursuites. Visés par des mandats d'arrêt et brièvement incarcérés, tous ont été remis en liberté après le versement d’une caution.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.05.2015 à 18h34 • Mis à jour le01.05.2015 à 19h28 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre conservateur, David Cameron, a refusé tout face-à-face télévisé avec son adversaire travailliste Ed Miliband avant les élections législatives de jeudi 7 mai, mais la violence de sa confrontation avec un échantillon d’électeurs, jeudi 30 avril à la BBC, lui a peut-être fait regretter son choix. « Vous avez l’habitude de mentir : comment pourrais-je vous croire ? », lui a lancé une femme, furieuse du refus de M. Cameron d’indiquer où il trouverait les 12 milliards de livres (16,3 milliards d’euros) d’économies sur les dépenses sociales qu’il promet de réaliser pour réduire le déficit de l’Etat. Après une tirade du premier ministre vantant la reprise économique, la forte diminution du chômage et invitant les électeurs à lui laisser « terminer le travail », une autre électrice l’a interpellé : « Si votre bilan est si fantastique, pourquoi y a-t-il de plus en plus de banques alimentaires dans ce pays ? » Suant mais déployant une intense énergie, M. Cameron a répété que les élections de jeudi offraient un choix entre « remettre encore plus de gens au travail, construire une économie forte » et « revenir en arrière, au moment où les caisses étaient vides ». De sa poche, le premier ministre a alors brandi une note trouvée à son arrivée au pouvoir en 2010 et rédigée par un ministre travailliste indiquant : « Il ne reste plus d’argent. » Un sondage publié par The Guardian à la fin de l’émission donne M. Cameron vainqueur : 44 % des personnes interrogées estiment qu’il a été le meilleur, contre 38 % pour Ed Miliband.Défiance du publicLe « format » de l’émission alignait trois séances successives de « punching-ball » d’une demi-heure entre le public et les chefs des trois principaux partis politiques. L’ambiance n’était guère plus amène pour le vice-premier ministre, Nick Clegg (Libéral démocrate), à qui a été rappelée la « trahison » de sa promesse de défendre la gratuité des universités, comme prix de sa participation au gouvernement en 2010. Quand au travailliste Ed Miliband, il a été mitraillé sur le bilan du Labour entre 1997 et 2010 et accusé de vouloir tuer les entreprises en augmentant les impôts et en réglementant les contrats de travail à zéro heure. « Non, nous n’avons pas trop dépensé. Des écoles et des hôpitaux ont été reconstruits », a-t-il proclamé, s’attirant des réactions désapprobatrices. Alors que l’émission étalait au grand jour la défiance du public à l’égard des politiques, M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». « Vous n’êtes pas honnête », a cependant estimé une dame dans l’assistance, reprochant à M. Miliband de refuser l’hypothèse, la plus probable, selon laquelle il aura besoin des députés nationalistes écossais du SNP (Scottish National Party) pour constituer une majorité. C’est pourtant sur ce point que l’émission de la BBC a été la plus éclairante. Le leader travailliste, qui avait déjà exclu tout accord formel avec le SNP (indépendantiste), a été plus loin : « Je ne ferai pas de gouvernement Labour si cela signifie un accord ou une coalition avec le SNP. Je ne sacrifierai pas l’avenir de notre pays, l’unité de notre pays. » Alors que tous les sondages indiquent que les voix du SNP lui seront nécessaires, M. Miliband cherche ainsi à rassurer les électeurs anglais et à ne pas désespérer les travaillistes écossais menacés par la vague nationaliste, à une semaine du vote. S’il arrive devant M. Cameron, M. Miliband s’abstiendra sans doute d’un accord formel avec le SNP, mais il demandera un vote de confiance destiné à obliger le SNP à le soutenir.Référendum sur l’EuropeLe débat a aussi abordé pour la première fois la question de l’Europe. M. Cameron, qui promet un référendum sur le « Brexit » (« British exit » ou sortie de l’UE) d’ici à 2017, a fait de ce référendum une « ligne rouge » pour toute coalition avec les Libdems (pro-européens). « Le peuple britannique, a-t-il dit, mérite vraiment un référendum sur la question de savoir si nous restons dans une UE réformée ou si nous la quittons. » Ed Miliband, qui exclut, lui, d’organiser un référendum, a affirmé qu’une telle consultation, qui agiterait le pays pendant des mois, serait « un désastre » pour l’emploi et l’économie.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.05.2015 à 17h13 • Mis à jour le02.05.2015 à 06h46 « Personne n'est au-dessus de la loi. » C'est ainsi que Marilyn Mosby, la procureure de l'Etat du Maryland, a annoncé que six policiers de Baltimore impliqués dans la mort de Freddie Gray, un jeune homme noir mort après son arrestation par la police de Baltimore, devront répondre de plusieurs chefs d'inculpation, dont ceux de meurtre et de violences volontaires. Les hommes concernés étaient déjà suspendus. Des mandats d'arrêt ont été émis à leur encontre.Lire : Baltimore : qui sont les protagonistes de l’« affaire Freddie Gray » ?Freddie Gray, 25 ans est mort le 19 avril des suites d'une « blessure qui lui a été fatale alors qu'il ne portait pas de ceinture dans le fourgon de police où il avait été embarqué », une semaine après avoir été interpellé sans ménagement et placé en garde à vue pour possession d'un couteau.Face contre terre, pieds et mains liésMme Mosby a fait savoir, dans un premier temps, que les policiers n'avaient pas de raison valable de procéder à une arrestation, car le port de ce type de couteau était légal, et avaient refusé une aide médicale alors que le jeune homme l'avait réclamée au moins deux fois. Après son arrestation, Freddie Gray avait été placé, face contre terre, pieds et mains liés et sans ceinture de sécurité, dans le fourgon de la police, ce qui explique les blessures graves reçues au cou pendant le trajet. La procureure précise que les policiers auraient pu le placer dans une position sécurisée à au moins cinq reprises, et qu'ils ne l'avaient pas fait.L'avocat des policiers critique l'« empressement » de la justiceC'est pendant ce trajet qu'il a « reçu une blessure grave et potentiellement mortelle au cou ». A sa sortie du fourgon, le jeune homme ne respirait plus. Une semaine plus tard, il succombait à ses blessures.« Je n'ai jamais vu un tel empressement à engager des poursuites », a déclaré Michael Davey, un ancien policier devenu avocat du syndicat de l'Ordre fraternel de la police de Baltimore, qui défend les six agents inculpés. « Nous sommes convaincus que ces agents seront exonérés, car ils n'ont rien fait de mal ».Une vidéo particulièrement violente de son arrestation puis l'annonce de sa mort avaient provoqué des émeutes à Baltimore et des manifestations contre les violences policières dans plusieurs grandes villes américaines.Nouvelle manifestationEn dépit de ces poursuites engagées contre les policiers, une nouvelle manifestation a eu lieu dans la soirée à Baltimore. La police a procédé devant l'Hôtel de ville à une série d'arrestations de manifestants qui ont bravé le couvre-feu. Les arrestations ont eu lieu alors que la soirée était calme, les rues de la ville étant clairsemées à l'approche du couvre-feu..« Les officiers de police ont interpellé des manifestants qui refusaient de quitter les lieux après l'entrée en vigueur du couvre-feu », a justifié le département de la police de Baltimore dans un Tweet. « J'ai été arrêté injustement. C'est ma ville. Cette police n'habite pas ici, moi si », a déclaré un manifestant à la chaîne CNN.Lire aussi : Aux Etats-Unis, la longue histoire des brutalités policièreslmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2og0q5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2og0q5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Loïc Soleymieux La diplomatie fait parler d'elle. Après la polémique autour de la nomination de l'ambassadeur français au Vatican, qui n'a pas reçu l'agrément du Pape François « en raison de son homosexualité assumée », l'ambassadeur en Indonésie va-t-il bientôt devoir rentrer en France ? Djakarta s'apprête en effet à tuer un ressortissant français jugé coupable de trafic de drogue et le gouvernement pourrait rappeler son représentant sur place, comme l'a fait l'Australie après l'exécution d'un de ses ressortissants le 29 avril. Une sanction qui symbolise généralement un durcissement des relations diplomatiques entre deux pays. Zoom sur la carteQu'est-ce que la diplomatie ?La diplomatie dépend du ministère des affaires étrangères, qui lui attribue six missions : la représentation du pays, la négociation, la recherche d'informations, la protection des intérêts français, la promotion des relations bilatérales et la communication sur le terrain. La diplomatie permet notamment la mise en œuvre de la politique étrangère d'un Etat. Ses règles sont aujourd'hui régies par la convention de Vienne, signée en 1961.Quelle est l'importance de la diplomatie française ?La France est le troisième pays mondial en termes de représentation à l'étranger, après les Etats-Unis et la Chine. En outre, le ministère des affaires étrangères liste 184 pays qui ont une représentation en France, même si toutes ne sont pas localisées dans l'Hexagone, à l'instar de celles du Swaziland, de Grenade et de Trinité-et-Tobago, installées en Belgique, ou de celle de l'île antillaise de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, située au Royaume-Uni, à Londres.Comment la France est-elle présente dans le monde ?Il existe deux grands types de « missions diplomatiques » : les chancelleries diplomatiques (principalement des ambassades), qui gèrent les relations entre Etats, et les consulats, qui s'occupent des ressortissants français à l'étranger.165 ambassadeursL'ambassade a pour mission principale d'entretenir les relations diplomatiques avec le pays hôte. La chancellerie diplomatique française est composée de 165 ambassadeurs répartis dans les capitales du monde. Une trentaine de pays en sont privés. L'ambassade d'un pays voisin fait alors la plupart du temps office de mission diplomatique. En Corée du Nord, la diplomatie française a installé un simple « bureau » en 2013 pour tenter de renouer le dialogue avec Pyongyang.Outre les ambassades, la France dispose également de 16 représentations permanentes. Il s'agit d'une diplomatie non pas avec un pays mais avec des organisations internationales, comme les Nations unies, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ou l'UNESCO.Des centaines de consulsSi la plupart des ambassades ont une section consulaire dans leur bâtiment (pour 135 d'entre elles sur un total de 165), la France gère aussi 92 consulats indépendants. A cela s'ajoutent plus de 500 consuls honoraires (bénévoles), qui permettent de compléter le dispositif de représentation. Les consulats qui ne dépendent pas d'une ambassade sont souvent installés dans de grandes villes en dehors des capitales, de façon à faciliter l'accès des Français installés à l'étranger à l'administration française.Le consul est le chef de la communauté française dans sa circonscription : c'est à la fois un maire, un notaire et le responsable de la sécurité des ressortissants français sur son territoire. Il gère ainsi la mise à jour de l'état civil, délivre les papiers d'identité, organise les élections mais peut aussi s'assurer du bon déroulement d'un procès dans la juridiction locale.Son rôle est aussi, à l'instar de l'ambassade, de promouvoir les relations économiques, culturelles ou scientifiques entre la France et l'Etat hôte. Le consulat est l'interlocuteur privilégié des 2 millions de Français vivant à l'étranger.Quels droits et devoirs pour les diplomates ?Les diplomates n'ont officiellement pas d'allégeance politique : ils doivent représenter la France tout entière, que ce soit en public ou en privé. Ils sont néanmoins nommés par le président de la République sur proposition du ministre des affaires étrangères, avant d'être accrédités par le pays d'accueil. En France, le changement de présidence n'entraîne généralement pas de remise en cause des ambassadeurs, contrairement à la tradition d'autres pays.Les ambassadeurs font partie des « emplois supérieurs laissés à la discrétion du gouvernement » : ce sont des fonctionnaires placés en position de détachement qui ne bénéficient pas de la sécurité de l'emploi, sauf s'ils étaient déjà fonctionnaires avant d'être désignés ambassadeurs. Ils peuvent être déchus sans raison officielle.Leur statut leur offre néanmoins des privilèges, comme celui de gérer leur personnel comme ils le souhaitent. Pour éviter toute ingérence ou pression de l'Etat qui accueille l'ambassadeur, les diplomates, leur famille et leur personnel sont, selon la convention de Vienne, protégés par une immunité : ils ne peuvent ni être arrêtés, ni être détenus. Leurs biens (bagages, meubles, correspondance…) sont aussi protégés contre toute inviolabilité (fouille, perquisition, douane…), sauf dans des cas très précis.L'immunité peut cependant être levée par le gouvernement, comme cela a été le cas en 2014 pour le fils d'un diplomate congolais accusé d'agressions sexuelles. Exilés, les diplomates bénéficient, en plus de leur salaire, d'une prime de résidence, variable selon le niveau d'insécurité de leur lieu de résidence, du niveau de vie local, de l'éloignement et du grade.Loïc SoleymieuxJournaliste au Monde 24.05.2015 à 13h52 • Mis à jour le24.05.2015 à 16h22 Nikos Voutsis, le ministre de l’intérieur de la Grèce, a déclaré à la chaîne de télévision Mega, dimanche 24 mai, que la Grèce n’avait pas d’argent pour payer le Fonds monétaire international (FMI) en juin.« Les remboursements au FMI en juin sont de 1,6 milliard d’euros. Ils ne seront pas faits, et d’ailleurs il n’y a pas d’argent pour le faire. »Aucun porte-parole d’Alexis Tsipras, le premier ministre, n’a commenté ces propos. Sur la BBC, Yanis Varoufakis, le ministre des finances, a uniquement souligné que la Grèce avait fait « un pas énorme » dans la négociation d’un accord avec ses créanciers internationaux pour éviter la faillite. Il a qualifié de « catastrophique » pour son pays l’idée de quitter la zone euro. « C’est maintenant aux institutions de faire leur part. Nous les avons rejointes aux trois quarts du chemin, elles doivent nous rejoindre sur un quart du chemin », a déclaré le ministre.M. Varoufakis a aussi dit au New York Times cette semaine :« Je ne vais pas payer le FMI et ne pas payer les retraites et salaires dans les semaines à venir. »Lire aussi :Qui sont les protagonistes de la crise de la dette grecque ?Le spectre de caisses entièrement videsLa posture officielle du gouvernement de gauche radicale est en effet d’annoncer qu’on servira d’abord les pensions et les retraites, puis les créanciers. Ce n’est pas la première fois que des personnalités très à gauche, comme M. Voutsis, mais pas en lien direct avec les décisions économiques, brandissent, peut-être à des fins stratégiques, le spectre de caisses entièrement vides. M. Voutsis lui-même a reconnu dimanche s’exprimer avec « l’optimisme prudent qu’il y aura un accord solide ».Vendredi, néanmoins, tout en soulignant l’énorme problème de liquidités que traverse le pays, Gabriel Sakellaridis, le principal porte-parole d’Alexis Tsipras, avait déclaré :« Le gouvernement grec a l’intention d’honorer toutes ses obligations, avec une priorité aux obligations domestiques avant celles envers les créanciers. Il a l’intention de satisfaire toutes les demandes, ce qu’il a démontré avec beaucoup d’efforts et dans des conditions extrêmement difficiles récemment. Et c’est ce que nous ferons en juin. »Lire le décryptage :Pourquoi les négociations avec la Grèce traînent en longueur 24.05.2015 à 09h46 • Mis à jour le24.05.2015 à 11h14 Ahmad Zahid Hamidi, le ministre de l’intérieur de la Malaisie, a annoncé dimanche 24 mai que des fosses communes avaient été découvertes près de Padang Besar et Wang Kelian, localités situées le long de la frontière avec la Thaïlande, dans l’Etat de Perlis, dans le nord de la Malaisie, près de camps de détention gérés par les trafiquants d’êtres humains.Selon le journal The Star, les autorités ont découvert une centaine de corps, qui seraient ceux de Rohingya. Le quotidien Utusan Malaysia relate que la police a découvert 30 charniers contenant les restes de centaines de personnes dans deux endroits. Des commandos de la police et des spécialistes de la médecine légale de Kuala Lumpur ont été dépêchés sur place.Le ministre de l’intérieur s’est dit effaré que de tels charniers aient pu être découverts en Malaisie. Jusqu’à présent, Kuala Lumpur avait démenti que des camps de détention de migrants ou des fosses communes puissent exister sur son sol. « Je suis choqué », a dit le ministre, qui a ajouté que certains camps étaient peut-être là depuis cinq ans et que des ressortissants malaisiens étaient soupçonnés d’être impliqués dans le trafic.Charnier découvert en ThaïlandeLe nord de la Malaisie est l’une des routes pour les passeurs qui organisent le transfert par bateau vers l’Asie du Sud-Est de populations venues de Birmanie, essentiellement des Rohingya, minorité musulmane apatride, et des Bangladais qui fuient la pauvreté. Les trafiquants utilisent aussi le sud de la Thaïlande. Selon le journal Utusan Malaysia et la police, la découverte annoncée dimanche est sans doute liée au charnier découvert côté thaïlandais.Au début du mois de mai, une trentaine de cadavres jetés dans quatre fosses dans la province thaïlandaise de Songkhla, dans le sud du pays, tout près de la frontière avec la Malaisie, avaient été découverts en Thaïlande. La Thaïlande avait alors décidé de sévir contre les passeurs, désorganisant les filières traditionnelles. Des milliers de migrants ont été abandonnés par les trafiquants en pleine mer.Lire aussi :Découverte de fosses communes de migrants dans la jungle thaïlandaiseSelon l’Organisation des Nations unies, des milliers de migrants venant de Birmanie et du Bangladesh sont en perdition dans le golfe du Bengale alors que la mousson approche. Plusieurs pays de la région ont assoupli leur politique cette semaine, sous la pression internationale : la Malaisie et l’Indonésie ont ainsi arrêté de repousser les bateaux.Plus de 3 500 migrants ont été accueillis en Malaisie, en Indonésie et en Thaïlande. Ces pays ont insisté, comme la Birmanie, sur le fait que cet accueil n’était que temporaire, en attente du transfert des migrants vers un autre pays.Lire aussi :Des centaines de migrants à la dérive dans la nouvelle « Méditerranée d’Asie » 24.05.2015 à 06h37 • Mis à jour le24.05.2015 à 14h51 | Elvire Camus Les Irlandais ont dit « oui », vendredi 22 mai, lors du référendum leur proposant d’amender la constitution de leur pays afin d’autoriser le mariage entre deux personnes de même sexe. L’issue du vote est une preuve de plus, selon la presse anglo-saxonne, que « l’un des pays les plus catholiques dans le monde » est en train de changer en profondeur.Pour The Guardian, un tel référendum était impensable il y a vingt ans, et le quotidien de rappeler que « c’est seulement en 1993 que l’homosexualité a été décriminalisée » dans le pays. Pour rendre compte de la transition qu’est en train de vivre la société irlandaise, le quotidien britannique plante la génération qui a voté en faveur du mariage gay, dans le décor traditionnel irlandais :« La cour pavée du château de Dublin datant du XVIIIe siècle s’est allumée des couleurs du drapeau gay sous le soleil ce samedi après-midi, alors que 2 000 militants homosexuels célébraient une victoire retentissante. »Abondant dans le même sens, The Scotsman note : « Les analystes politiques qui couvrent les référendums en Irlande depuis des décennies s’accordent à dire que la victoire écrasante du “oui” marque un important tournant générationnel par rapport aux années 1980, lorsque les électeurs soutenaient toujours fermement les traditions catholiques et votaient en grand nombre contre l’avortement et le divorce. »« Révolution sociale »« Les résultats du référendum en disent énormément sur une République d’Irlande changée, et il est tentant d’écrire : “L’Irlande catholique est morte et enterrée” », va jusqu’à dire un analyste de la BBC, pour qui le vote de vendredi représente « à plusieurs niveaux une étape vers le retrait du huitième amendement de la Constitution, qui donne les mêmes droits à la vie à une mère et à un embryon ». L’avortement demeure un sujet presque intouchable en Irlande, où la loi l’interdit encore, sauf en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme.The Express, entre autres, relève que « même » Diarmuid Martin, archevêque de Dublin et l’un des plus éminents membres du clergé, a appelé l’Eglise a se rendre compte que les choses avaient évolué : « C’est une révolution sociale qui s’est produite (…). Il est clair que si ce référendum affirme l’opinion des jeunes, il reste beaucoup à faire à l’Eglise. » Avant le vote, The Telegraph notait d’ailleurs qu’en cas de « oui », ce que prédisaient les sondages, cela pourrait bouleverser l’Eglise catholique au point de la faire « enfin » changer.Dans un article d’opinion publié par The Independent, un professeur de l’université de Chester veut voir la décision de l’archevêque Martin de n’avoir pas fait campagne en faveur du « non » – refusant de « fourrer sa vision religieuse dans la tête des gens » – comme une preuve de la prise de conscience de la place qu’occupe aujourd’hui l’institution religieuse. Dans un pays où la majorité de la population est « fonctionnellement athée », l’Eglise a « perdu son emprise sur les Irlandais ».Elvire CamusJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.05.2015 à 04h42 • Mis à jour le24.05.2015 à 17h07 Le président russe Vladimir Poutine a promulgué samedi 23 mai une loi, dénoncée par les défenseurs des droits de l'Homme, qui permet aux autorités d'interdire les organisations étrangères installées en Russie considérées comme « indésirables » par l'État.L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait demandé au chef de l'Etat de mettre son veto à ce texte qui, pour plusieurs ONG, constitue une forme de répression contre les voix critiques du pouvoir, moins de trois ans après une autre loi controversée sur les « agents de l'étranger ».Interdiction de territoireVoté par les deux chambres du Parlement et promulgué en moins d'une semaine, le texte est présenté comme suit :« L'activité d'une organisation non gouvernementale étrangère ou internationale, représentant une menace aux fondements constitutionnels de la Fédération de Russie, la capacité de défense du pays ou la sécurité du gouvernement, p[eut] être reconnue indésirable. »Il donne aux autorités la possibilité d'interdire les ONG étrangères concernées et de poursuivre leurs employés, qui risqueront jusqu'à six ans de prison ou pourront se voir interdire d'entrée sur le territoire russe. Elle permet aussi de bloquer les comptes bancaires des structures visées ainsi que leur accès aux médias, tandis que les organisations russes recevant des fonds d'organisations jugées indésirables devront « rendre compte » de leurs actes.« Mesure préventive »La loi a été présentée par ses défenseurs par une « mesure préventive » nécessaire après la mise en place de sanctions sans précédent contre la Russie l'année dernière par les Occidentaux en raison de la crise ukrainienne.Lire (édition abonnés) : Moscou accuse l’Occident d’« hystérie antirusse »Les députés ont invoqué le besoin d'arrêter « les organisations destructrices » travaillant en Russie, où elles peuvent menacer « les valeurs de l'Etat russe » et fomenter des « révolutions de couleur », du nom donné aux mouvements pro-occidentaux ayant secoué plusieurs ex-républiques soviétiques au cours des dernières années.L'OSCE s'est inquiétée d'une « formulation vague et imprécise » qui « impose des restrictions sérieuses sur un large éventail de droits démocratiques importants, dont la liberté d'expression et la liberté de la presse ». Pour ses détracteurs, ce manque de précision permet en outre aux autorités d'également cibler les entreprises étrangères. Le Parquet pourra en outre imposer le qualificatif d'« indésirable » à une organisation sans avoir besoin d'une décision de justice.« Répression sans précédent »Les organisations de défense des droits de l'Homme ont largement condamné ce projet de loi, qualifié par Amnesty International de « dernier chapitre dans la répression sans précédent contre les organisations non-gouvernementales ». Le texte vient compléter une loi déjà votée en 2012 qui oblige les ONG qui reçoivent un financement étranger et ont une « activité politique » à s'enregistrer en tant qu'« agent de l'étranger ».Il entre « indéniablement dans la tendance du Kremlin à la répression contre les voix indépendantes en la portant à un nouveau niveau », a estimé Human Rights Watch dans un communiqué. « Les cibles de cette nouvelle loi (...) sont en réalité les militants et organisations russes » en les « coupant de leurs partenaires internationaux, les isolant », a ajouté l'ONG.L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme avait également indiqué « s'opposer fermement » au texte et « appeler la communauté internationale à (le) condamner », y voyant « un outil de persécution des organisation sans but lucratif (...) isolant encore la Russie et encourageant la xénophobie et le nationalisme ».Une loi « préoccupante » pour l'UESamedi, les Etats-Unis se sont dits « profondément troublés » par la promulgation du texte. Dimanche, c'est l'Union européenne qui a exprimé son inquiétude : la loi est selon elle une nouvelle « étape préoccupante dans une série de restrictions sur la société civile, l'indépendance des médias et l'opposition politique ».« C'est une mesure préventive et personne n'a envie de devoir l'appliquer », s'est défendu cette semaine le député Alexandre Tarnavski, rapporteur de la loi, qui assure que son adoption était nécessaire. « Cette loi est une mesure de dissuasion pour que les entreprises qui sont là pour faire des affaires ne fassent que des affaires, et ne se mêlent pas de politique », a-t-il indiqué à l'AFP. 23.05.2015 à 18h58 • Mis à jour le24.05.2015 à 01h26 Un policier blanc qui était jugé pour avoir abattu deux Noirs non armés dans leur voiture à Cleveland, dans l'Ohio, au nord des Etats-Unis, a été acquitté samedi 23 mai.S'il avait été reconnu coupable, Michael Brelo, 31 ans, aurait pu écoper jusqu'à 22 ans de prison. Le juge John O'Donnell a expliqué, avant de prononcer son verdict, qu'il « ne sacrifierait pas » le policier, qui était inculpé de deux homicides volontaires, si les indices ne justifiaient pas sa culpabilité.Lire aussi : Aux Etats-Unis, la longue histoire des brutalités policièresDebout sur le capotLe 29 novembre 2012, treize policiers avaient tiré au total 137 balles sur la voiture de Timothy Russell et de Malissa Williams, qui avaient été pris en chasse longuement et ne s'étaient pas arrêtés. Seul le policier Brelo avait été inculpé car il avait attendu que le véhicule soit à l'arrêt pour tirer, debout sur le capot, à quinze reprises contre le pare-brise. Aucune arme n'a été retrouvée dans la voiture.Après l'énoncé du verdict, un petit groupe de manifestants s'est rassemblé près du tribunal scandant « il n'y a pas de justice ».Dans cette même ville de Cleveland, une enquête sur un policier blanc débutant qui a tué en novembre dernier Tamir Rice, un enfant noir de douze ans, alors qu'il pointait un jouet en forme de pistolet dans un parc, n'a toujours pas abouti. Le ministère de la justice avait déterminé à la suite de ce drame que la police de Cleveland avait tendance à faire « un usage excessif à la force ».Lire aussi : Aux Etats-Unis, la justice en procès 23.05.2015 à 15h12 • Mis à jour le23.05.2015 à 15h20 Onze policiers ont été blessés lors d'affrontements entre la police turque et des manifestants islamistes qui dénonçaient dans le sud-est du pays la condamnation à mort de l'ex-président islamiste, Mohamed Morsi, en Egypte.Les manifestants s'étaient regroupés après la prière hebdomadaire, devant une mosquée de la province à majorité kurde de Diyarbakir, scandant « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand). La police a tenté de disperser les manifestants, faisant usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau, lorsqu'ils ont tenté de marcher vers la place principale de Diyarbakir.Les protestataires, dont des membres de la formation kurde islamiste Huda-Par, ainsi que des membres d'organisations non gouvernementales, ont riposté en lançant des pierres sur la police antiémeute. Le bureau du gouverneur de Diyarbakir a annoncé dans un communiqué samedi que ces affrontements avaient provoqué « d'importants dégâts dans la ville ». Une vingtaine de manifestants ont été appréhendés.La condamnation à mort de Morsi dénoncée par ErdoganLe président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait dénoncé vivement la condamnation à mort la semaine dernière par un tribunal égyptien de l'ex-président islamiste, Mohamed Morsi, estimant que le pays était revenu à l' « Egypte antique ». Le gouvernement islamo-conservateur de M. Erdogan, alors premier ministre, était un proche soutien de l'islamiste Mohamed Morsi après son élection à la tête de l'Egypte, en 2012, espérant qu'il l'aiderait à ranimer l'influence de la Turquie dans la région.La Turquie s'était insurgée contre sa destitution par l'armée, une opération soutenue par l'Arabie saoudite. Les relations diplomatiques entre l'Egypte et la Turquie s'étaient sévèrement dégradées. 23.05.2015 à 11h47 • Mis à jour le23.05.2015 à 20h26 | Eric Albert (Londres, correspondance) Il y a vingt-deux ans seulement, en 1993, l'Irlande légalisait l'homosexualité. Vendredi 22 mai, le même pays a été le premier au monde à voter par référendum pour la légalisation du mariage homosexuel.Le « oui » au mariage homosexuel a été approuvé par 62,1 % des votants, selon les résultats définitifs révélés samedi en début de soirée. Les Irlandais ont voté en faveur de la phrase suivante : « Le mariage peut être contracté suivant la loi entre deux personnes sans distinction de sexe. » Pour Enda Kenny, le premier ministre irlandais, il s'agit d'un signal fort au reste du monde que les Irlandais peuvent être des pionniers, même en matière de mœurs.Forte participation Le sujet a passionné l'Irlande ces derniers mois. Des affiches étaient accrochées à tous les lampadaires, et le taux de participation a dépassé les 60 %, plus élevé que la moyenne habituelle des référendums. Le camp des opposants n'a cependant pas mobilisé comme les manifestations contre le « mariage pour tous » en France ont pu le faire. L'explication est, en partie, politique : tous les partis, au pouvoir comme dans l'opposition, ont fait campagne pour le mariage homosexuel.L'autre explication est le changement profond qu'a connu la société irlandaise en à peine deux décennies. Ce pays très catholique, où le clergé contrôle presque l'intégralité des écoles, a progressivement abandonné tous les tabous d'autrefois. En 1993, la contraception est libéralisée, la même année où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont légalisées. Le divorce est autorisé en 1995, et en 2010, le partenariat civil autorisé.Seul l'avortement demeure un sujet presque intouchable. La loi l'interdit encore, sauf en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme. Un simple risque pour la santé n'est pas suffisant. Les cas de viol ou d'inceste sont également exclus.Lire sur Big Browser: Mariage homosexuel en Irlande : pourquoi un référendum ?Baisse d'influence de l'Eglise En 2012, un vaste débat avait agité le pays quand une jeune femme était morte pendant une fausse couche, parce que le médecin refusait l'avortement. Mais les vives discussions qui s'étaient ensuivies avaient finalement débouché sur un statu quo, avec une simple clarification de la loi.Plus de quatre mille Irlandaises par an continuent d'aller se faire avorter au Royaume-Uni. A l'époque, les partisans d'une libéralisation de l'avortement avaient accusé l'institution catholique de l'Opus Dei d'avoir eu une influence disproportionnée sur les députés.La victoire contre l'avortement ressemble cependant à un chant du cygne. Le vote en faveur du mariage homosexuel rappelle la très forte baisse d'influence de l'Eglise. Si 84 % des Irlandais se définissent encore comme catholiques, les paroisses se vident de plus en plus. Les récents scandales de pédophilie ont profondément changé la donne.En 2009, un rapport dévastateur concluait que la hiérarchie catholique avait systématiquement étouffé les abus physiques et sexuels commis dans plusieurs dizaines d'écoles et d'institutions. L'omerta avait duré pendant une trentaine d'années, et avait continué jusqu'en 2003, avant que le clergé ne se décide à aider les victimes et à reconnaître les sévices subis.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant) Longtemps paralysée par l’aile conservatrice de l’Eglise catholique, la béatification de Mgr Oscar Romero, l’archevêque de San Salvador assassiné en 1980 par un commando d’extrême droite, a finalement été débloquée par le pape François. Près de trois cent mille personnes et plusieurs chefs d’Etat de la région devraient assister, samedi 23 mai, dans la capitale salvadorienne à la cérémonie de béatification, présidée par le cardinal Angelo Amato, le préfet de la Congrégation de la cause des Saints, envoyé par le pape François.L’Assemblée nationale a voté deux jours de congés payés pour l’occasion et les maras, des gangs ultraviolents qui terrorisent le pays, ont promis de ne pas troubler la célébration. Vénéré comme un saint par la grande masse des pauvres de la petite république centraméricaine et en Amérique latine, Mgr Romero demeure aux yeux des oligarchies locales et des évêques conservateurs un « curé rouge », partisan de la théologie de la libération et de « l’option préférentielle pour les pauvres ».Icône du sous-continentSurnommé « la voix des sans-voix », il est devenu une icône du sous-continent. Oscar Romero était pourtant un conservateur, proche de l’Opus Dei, lorsque le pape Paul VI le nomma archevêque de San Salvador, en février 1977. Un mois plus tard, l’assassinat par un escadron de la mort de Rutilio Grande, un jésuite progressiste et l’un de ses proches amis, allait fortement le marquer. Il ne cessera dès lors de dénoncer les injustices, la torture et les assassinats.En février 1980, Mgr Romero adressa une lettre au président des Etats-Unis, Jimmy Carter, lui demandant d’arrêter d’apporter une aide militaire à la junte au pouvoir. Craignant un nouveau Nicaragua, où les révolutionnaires sandinistes venaient de triompher, le président Carter fit la sourde oreille, malgré la multiplication des violations des droits humains. Dans son sermon du 23 mars 1980, Mgr Romero adjura les soldats d’arrêter la répression. Le lendemain, alors qu’il célébrait la messe dans la chapelle de l’hôpital de la Divine-Providence, il reçoit une balle en plein cœur. Un bain de sang lors de ses funéraillesLes funérailles de Mgr Romero, le 30 mars 1980, tournèrent au bain de sang lorsque les militaires ouvrirent le feu sur la foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies devant la cathédrale de San Salvador. Peu après, le Salvador plongeait dans la guerre civile. Les combats entre la junte militaire, soutenue par les Etats-Unis, et la guérilla marxiste du Front Farabundo Marti de libération nationale ont fait plus de 75 000 morts et 12 000 disparus entre 1980 et les accords de paix de 1992.L’assassin d’Oscar Romero et ses commanditaires n’ont jamais été inquiétés. Selon la commission de la vérité créée par les Nations unies, le crime a été planifié et ordonné par le major Roberto D’Aubuisson. Il dirigeait à l’époque les escadrons de la mort, puis fonda l’Alliance républicaine nationaliste (Arena), un parti d’extrême droite au pouvoir de 1989 à 2009. Plusieurs organisations de la société civile ont depuis demandé l’abrogation d’une loi d’amnistie garantissant l’impunité des assassins.Dernière étape avant sa canonisation, la béatification de Mgr Romero est un nouveau geste du pape François en direction de ceux qui se battent au sein de l’Eglise catholique latino-américaine pour une plus grande justice sociale. A l’occasion de cette béatification, le pape a aussi élargi le concept de martyre. Selon la nouvelle doctrine appliquée à Mgr Romero, il n’est plus nécessaire de mourir de la main de « ceux qui haïssent la foi » pour être déclaré martyr de l’Eglise. Les assassins de Mgr Romero étaient probablement catholiques. L’archevêque a été reconnu martyr pour être mort victime de « ceux qui haïssent la charité ».Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Lompech Vous êtes maintenant un combattant d’une organisation luttant contre un gouvernement ennemi. L’application mobile « Combattant, pas assassin », de l’ONG Geneva Call, se propose de tester vos connaissances en matière de droit de la guerre. Disponible sur iPhones et téléphones Android, en anglais, français et arabe, le quiz permet de savoir ce qu’interdisent les lois internationales mais aussi ce qu’elles autorisent. Un avis de non-responsabilité dédouane tout de suite l’association : le « contenu ne doit en aucun cas être interprété comme faisant la promotion d’un comportement violent ou de l’utilisation de la force. »Geneva Call souhaite reprendre sa campagne « Fighter not killer » (combattant, pas assassin), lancée en mai 2013 face à l’escalade des violences commises contre les civils dans le conflit syrien. « On s’est rendu compte qu’un grand nombre de combattants, partout dans le monde, ont des smartphones et s’en servent beaucoup. Même après 10 heures de 4x4 dans la brousse, vous les voyez en train d’essayer de capter du réseau, explique Nicolas Sion, chargé des relations extérieures de l’ONG. L’application doit être coordonnée avec nos autres outils, pour avoir un engagement fort, mais elle permet de toucher plus de monde. » A l’aide de scénarios illustrés de dessins, six sections passent en revue les différentes questions liées aux normes internationales humanitaires dans les conflits armés, notamment à propos des cibles civiles, de la protection des enfants, de la torture. A chaque étape, l’utilisateur doit prendre une décision, qui pourrait bien lui faire bafouer le droit de la guerre. Certains principes sont simples : « Les viols et autres formes de violence sexuelle sont interdits, quelles que soient les circonstances. La guerre n’y fait pas exception. » D’autres sont plus difficiles à appliquer : « Le nombre de victimes civiles ne doit pas être trop important par rapport à l’avantage militaire que procure l’attaque ». Les scénarios viennent de questions concrètes que les groupes se posent sur le terrain, certaines étant particulièrement compliquées à trancher. Non, on ne peut pas prendre un hôpital pour cible, même s’il est utilisé comme position de tirs d’artillerie, sans avertir l’ennemi au préalable et lui laisser un délai. Non, on ne peut pas refuser de soigner un ennemi, même si le stock de médicament suffit tout juste pour ses propres soldats.Toucher également la population« On a conçu cette application avec des experts, des gens très académiques, explique Nicolas Sion. On a voulu vulgariser sans perdre en précision. Il peut encore y avoir des choses en décalage avec la réalité du terrain mais le droit est écrit comme ça, on ne peut pas s’en écarter. » Mettre de telles situations en scène de façon ludique n’est pas évident. Un système de médaille amène l’apprenti combattant au niveau commandant. Les scénarios deviennent plus compliqués. Dernière épreuve avant d’obtenir son certificat de réussite : désobéir à un ordre clairement illégal, même si c’est l’ordre du commandant suprême.D’après Geneva Call, plusieurs groupes armés avec lesquels elle est en contact ont déjà exprimé leur intérêt pour cette application, notamment soudanais et syriens. Les combattants kurdes (YPG et YPJ), qui opèrent en Syrie, voudraient même l’installer sur tous les portables vendus dans la zone qu’ils contrôlent. « Ce n’est pas encore fait, mais ce serait une manière de toucher directement la population, qu’elle connaisse ses droits », se réjouit Nicolas Sion. Hélène LompechJournaliste au Monde Gilles Paris (Washington, correspondant) Les mises en garde de la Maison Blanche n’y auront rien fait. Les sénateurs républicains ont majoritairement repoussé aux premières heures, samedi 23 mai, la réforme de la National Security Agency (NSA) souhaitée par le président démocrate Barack Obama et soutenue par une majorité bipartisane à la Chambre des représentants. Cette réforme vise à bloquer l’accès de la NSA aux métadonnées des communications téléphoniques passées aux Etats-Unis, un programme révélé en 2013 par un ancien employé de l’agence, Edward Snowden. Ces données concernent les heures d’appels, leur durée et le numéro appelé mais pas le contenu des discussions téléphoniques.Vivement déplorée par les sénatrices démocrates de Californie Barbara Boxer et Dianne Feinstein, cette victoire des sénateurs conduits par le chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell (Kentucky), a cependant un goût de cendre. Car ces derniers ont été à leur tour incapables de réunir une majorité sur le texte qu’ils souhaitaient imposer en lieu et place : une extension de deux mois du programme actuel pour, assuraient-ils, pouvoir prendre la mesure des modifications proposées par la Chambre, afin de réduire l’utilisation de ces données par l’agence, dont ils redoutent les conséquences en termes d’efficacité pour la sécurité du pays.Ce blocage législatif est d’autant plus problématique que le Congrès ne siégera pas d’ici au 1er juin, une date qui coïncide précisément avec l’expiration de la section 215 du Patriot Act concernant ces métadonnées. En voulant défendre coûte que coûte ce programme, les sénateurs républicains ont donc pris le risque d’ouvrir un improbable vide juridique. Prenant acte de son échec, M. McConnell a aussitôt invité les sénateurs à venir siéger le dimanche 31 mai en fin d’après-midi pour tenter de remédier à cette impasse. Rien ne dit cependant que la majorité de la Chambre qui avait soutenu la réforme et qui rassemble les démocrates et l’aile libertarienne et Tea Party du Grand Old Party (les républicains) hostile à toute intrusion de l’Etat fédéral dans la vie des citoyens américains, sera disposée à renoncer à son projet.Procédures judiciairesLe fossé entre les deux camps partage le Parti républicain. Deux candidats déclarés à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016 ont d’ailleurs adopté des positions radicalement opposées au cours des jours précédant les votes de samedi. Marco Rubio (Floride) a fait cause commune avec le chef de la majorité du Sénat au nom de la sécurité des Etats-Unis. Rand Paul (Kentucky), qui a occupé la tribune mercredi pendant plus de dix heures pour bloquer les débats, a milité au contraire pour la suppression totale du programme de la NSA, allant au-delà de la réforme de la chambre.Le 7 mai, la Cour d’appel fédérale du deuxième circuit (qui concerne les Etats du Connecticut, de New York et du Vermont) avait pourtant jugé illégale l’interprétation faite par la NSA de la section 215 du Patriot Act. Dans leur arrêt rendu à l’unanimité, les trois juges, tous nommés par des présidents démocrates, avaient estimé que l’agence avait outrepassé les intentions des législateurs, jugeant « stupéfiante » la masse des informations collectées. Saisies également par des organisations de défense des droits civiques, deux autres instances fédérales sont appelées à se prononcer prochainement.Cette décision de justice, dans une procédure qui pourrait remonter jusqu’à la Cour suprême, n’a cependant pas fait fléchir les sénateurs réticents à réformer la NSA. Pas plus que la large majorité (338 voix contre 88) obtenue sept jours plus tard à la Chambre par les adversaires de la collecte massive et systématique des métadonnées. Une nouvelle course contre la montre est désormais ouverte. Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, avait insisté quelques heures avant le vote sur le fait que le programme de la NSA ne pouvait être actionné d’une simple pression sur un interrupteur. Il avait ajouté que, faute de cadre juridique, l’agence serait probablement contrainte de stopper préventivement certaines de ses activités de surveillance de peur de se retrouver en infraction à partir du 1er juin.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x164otg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x164otg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.05.2015 à 09h39 • Mis à jour le10.05.2015 à 15h07 Une fusillade a fait cinq morts à Würenlingen, dans le canton suisse d'Argovie (dans le nord du pays), samedi 9 mai, peu après 23 heures. Parmi les victimes se trouverait l’auteur des coups de feu, a précisé dimanche le commandant Michael Leutpold, chef de la police cantonale d'Argovie. L’enquête s’oriente vers le « drame relationnel », selon ce dernier.Plusieurs coups de feuDes voisins de la scène de crime, entendant plusieurs coups de feu, ont alerté la police peu après 23 heures. Un voisin cité par le journal 20 Minuten dit en avoir entendu trois. Arrivées sur place, dans une zone pavillonnaire de cette ville de moins de 5 000 habitants, les forces de l'ordre ont découvert plusieurs corps sans vie dans une habitation et à l'extérieur. Les secouristes n'ont pu que constater le décès des victimes, toutes des adultes.Le ministère public a ouvert une enquête et la police cantonale a déployé un important dispositif durant toute la nuit et lancé des recherches intensives.Le journal local Aargauer Zeitung rappelle que Würenlingen a déjà été le théâtre d'une fusillade mortelle dans le passé. Le 13 décembre 1985, un agent immobilier avait abattu trois personnes à seulement cent mètres de là où ont été tirés les coups de feu dans la nuit de samedi à dimanche. 10.05.2015 à 08h10 • Mis à jour le10.05.2015 à 12h00 Des militaires yéménites déserteurs, alliés aux rebelles houthistes, ont annoncé dimanche 10 mai qu’ils acceptaient le cessez-le-feu humanitaire proposé vendredi par l’Arabie saoudite.La monarchie de la péninsule arabique mène, à la tête d’une coalition arabe, une campagne aérienne au Yémen en soutien au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, chassé du pays par les rebelles houthistes en février. Appuyés par des militaires déserteurs et soutenus par l’Iran, les houthistes se sont emparés d’une bonne partie du pays.Lire : Comprendre les origines de la guerre au Yémen« Après la médiation de pays amis visant à établir une trêve humanitaire qui mettrait fin au blocus tyrannique et permettrait l’arrivée de navires de commerce dans les ports yéménites et l’entrée d’aide humanitaire dans le pays, nous annonçons que nous acceptons la trêve humanitaire », a déclaré le colonel Sharaf Luqman, porte-parole des militaires déserteurs.De leur côté, les rebelles houthistes se sont dits prêts à répondre « positivement » aux efforts d’apaisement, faisant référence à la proposition de cessez-le-feu de l’Arabie saoudite.L’armée répondra à toute rupture de la trêve par des combattants d’Al-Qaida ou par leurs alliés, a toutefois prévenu l’officier. Le cessez-le-feu doit entrer en vigueur mardi 12 mai à 23 heures (22 heures à Paris) et durer cinq jours.Bombardement de la résidence de l’ancien présidentCet accord pour un cessez-le-feu fait suite à de violents bombardements de la coalition menée par l’Arabie saoudite. Celle-ci a annoncé avoir mené 130 raids aériens ces dernières vingt-quatre heures. Des avions ont notamment attaqué tôt dimanche matin la résidence de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, à Sanaa, et l’aéroport de la ville, la veille.L’ancien homme fort du Yémen, qui a quitté le pouvoir en février 2012, à la suite du « printemps arabe », et qui est soupçonné d’être allié aux rebelles houthistes, ne se trouvait pas dans la capitale au moment de l’attaque.Lire aussi :Pourquoi les rebelles houthistes défient le pouvoir au Yémen 10.05.2015 à 02h59 • Mis à jour le10.05.2015 à 17h43 Samedi 9 et dimanche 10 mai, des accrochages armés ont eu lieu à la frontière de la Macédoine avec le Kosovo, au nord, au cours desquels vingt-deux personnes, dont huit policiers, sont mortes. Les quatorze autres victimes sont des assaillants présumés albanais. Trente-sept individus ont également été blessés.Ces incidents inquiètent l'ensemble des Balkans. L'Union européenne s'est également déclarée « profondément préoccupée » par ces violences, qui réveillent la crainte d'un conflit similaire à celui de 2001, qui avait opposé les rebelles albanais aux autorités.Kumanovo en état de siègeDimanche 10 mai, les affrontements se sont poursuivis dans l’ex-république yougoslave de 2,1 millions d'habitants, à majorité slave orthodoxe. Les forces de l'ordre traquaient à Kumanovo, ville du Nord à majorité albanaise musulmane, un « groupe armé venu d'un pays voisin » pour perpétrer une « attaque terroriste contre les institutions de l'Etat, en bénéficiant d'un soutien sur place ». Des troupes d'élite, des transports de troupes blindés, des policiers casqués et portant des gilets pare-balles avaient bouclé la localité, où étaient retranchés les membres du groupe. Des hélicoptères des forces de l'ordre survolaient la ville.  Un porte-parole de la police a annoncé dimanche après-midi que l'opération contre le groupe armé était sur le point de s'achever. Ce dernier a signalé que plus d'une trentaine de personnes au total avaient participé à l'attaque, pour la plupart des citoyens de Macédoine, mais aussi cinq du Kosovo et un d'Albanie, tous présumés d'origine albanaise.Les autorités ont appelé la population au calme et proclamé dimanche deux jours de deuil national.La Serbie renforce ses troupes à la frontièreLa Serbie, elle aussi voisine du nord de la Macédoine, a aussitôt annoncé qu'elle renforçait ses troupes à cette frontière. Belgrade a eu son propre conflit (1998-1999) avec les Albanais de l'UCK, l'armée de libération du Kosovo, et entretient toujours des relations délicates avec son ancienne province. Au printemps 1999, la répression par Belgrade de la guérilla indépendantiste et de la population civile avait été suivie d'une opération de l'OTAN, qui avait entraîné, à l'issue de soixante-dix-huit jours de frappes aériennes, le retrait des forces serbes du Kosovo. En 2008, avec l'appui des Etats-Unis et de la majorité des pays membres de l'Union européenne, le Kosovo proclamait son indépendance, un statut que la Serbie refuse toujours de reconnaître.Le spectre du conflit de 2001Pour sa part, la Macédoine, a également connu en 2001 un conflit avec ses propres rebelles albanais, qui réclamaient davantage de droits. Ces derniers étaient soutenus en hommes et en armes par l'ancienne guérilla kosovare. Sous la pression occidentale, les accords d'Ohrid (Macédoine) mirent alors fin à six mois de conflit. Ces accords ont apporté aux Albanais, en majorité de confession musulmane, et qui représentent environ 25 % des 2,1 millions d'habitants en Macédoine, davantage de droits au sein de la société.Lire aussi : La hantise d'un conflit à la bosniaque plane à SkopjeCandidate à l'adhésion à l'UE depuis dix ans, la Macédoine est par ailleurs en proie à une grave crise politique qui oppose depuis des mois les principales formations slaves, l'opposition de gauche accusant le pouvoir conservateur de corruption et d'avoir mis sur écoute 20 000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux. Gilles Paris (Washington, correspondant) La fusillade survenue le 3 mai au Texas à l’occasion d’un concours de caricatures du prophète Mahomet a éclipsé la controverse, mais cette dernière a fini par se frayer un chemin jusqu’au Pentagone à l’occasion d’une conférence de presse du secrétaire à la défense américain, Ashton Carter, jeudi 7 mai. Interrogé, ce dernier a assuré d’un non mi-amusé mi-sérieux que l’Etat fédéral n’avait pas pour intention de prendre le contrôle du Lone Star State.Au début du mois de mars, l’armée fait part de son projet d’effectuer une série de manœuvres baptisée « Jade Helm 15 » dans le sud des Etats-Unis, du 15 juillet au 15 septembre, impliquant notamment les forces spéciales, bérets verts et Navy Seals. Les Etats concernés apparaissent sur une carte, qui ne tarde pas à enclencher la mobilisation d’amateurs de théories du complot. Sur le document en question, le Texas, l’Utah ainsi que le sud de la Californie sont catalogués comme zones « hostiles ». Il n’en faut pas plus pour les esprits les moins bien disposés à l’égard du président Barack Obama pour agiter le fantasme de l’imposition de la loi martiale.Intentions « hostiles » de l’armée fédéraleAprès une semaine de rumeurs, le porte-parole du commandement des opérations spéciales de l’armée, Mark Lastoria, prend la peine le 21 mars de démentir toute intention d’invasion du Texas. Peine perdue, un mois plus tard, il fait face à un rassemblement d’une centaine de personnes remontées dans la petite ville de Bastrop, où des exercices sont prévus, au sud-est d’Austin, convaincues des intentions elles aussi « hostiles » de l’armée fédérale.D’autant qu’aux inquiétudes soulevées par la carte s’ajoute désormais une autre certitude tout aussi fantasmatique. Celle que la fermeture de certains magasins de la chaîne de grande distribution Wal-Mart masque la transformation de ces derniers en centre de distribution de nourriture, une fois les soldats maîtres du terrain, voire le creusement de réseaux de tunnels visant à faciliter cette forfaiture.Le 28 avril, le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, entre en scène. Au lieu d’appuyer les démentis officiels, ainsi que ceux de Wal-Mart, l’ancien attorney general de l’Etat, élu en novembre, annonce qu’il va déployer la garde nationale du Texas à l’occasion de « Jade Helm 15 ». Objectif : contrôler les manœuvres de l’armée afin de vérifier que ces dernières n’empiètent pas sur les droits civiques des Texans.Chuck Norris s’en mêleM. Abbott n’est pas le seul à prendre au pied de la lettre les théories alarmistes dispersées par les réseaux sociaux. Alors que son prédécesseur Rick Perry, également républicain, fait part au contraire de son désaccord, le sénateur Ted Cruz, candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle, décide d’interpeller le Pentagone, et un représentant républicain du même Etat, Louie Gohmert, estime publiquement que la carte des manœuvres cible des Etats « attachés à leurs armes et à leur religion », autrement dit qu’ils peuvent donc bien être considérés comme « hostiles » par le président démocrate Barack Obama. Pour faire bonne mesure, l’acteur Chuck Norris, alias « Walker, Texas Ranger » a également ajouté sa part de doute sur les intentions du gouvernement.Dans un peu plus de deux mois, les 1 200 hommes mobilisés par « Jade Helm 15 » entreront en scène. Il est plus que probable que leurs répétitions seront suivies comme jamais dans l’histoire des manœuvres de l’armée américaine.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.05.2015 à 23h13 • Mis à jour le10.05.2015 à 15h07 L'ancien président turc Kenan Evren, qui avait pris le pouvoir en 1980 lors d'un coup d'Etat avant de le diriger d'une main de fer pendant plus de neuf ans, est mort samedi 9 mai dans un hôpital d'Ankara à l'âge de 97 ans, annonce l'agence de presse officielle Anatolia.Lire : Procès historique en Turquie des généraux auteurs du putsch de 1980Premier putschiste jugé pour « crimes contre l'Etat » et condamné en 2014 à la prison à vie, il était soigné à l'hôpital militaire de GATA depuis 2012. Son état s'était récemment détérioré et il avait été placé sous respiration artificielle.Un putsch sanglantSon putsch fut de loin le plus sanglant : des centaines de milliers de personnes arrêtées, environ 250 000 inculpées, 50 détenus exécutés, des dizaines d'autres morts en prison sous la torture et des dizaines de milliers de Turcs exilés.Il avait sèchement répondu aux défenseurs des droits de l'Homme qui dénonçaient la pendaison d'un jeune homme de 17 ans, reconnu coupable d'avoir tué un soldat lors des affrontements qui avaient suivi le coup d'Etat : « Si vous ne pendez pas ceux qui le méritent, ils se propagent comme un virus ».Plus de trente ans après, rattrapé par la justice, Kenan Evren a servi la même absence de regrets à ses juges. « Si c'était à refaire, nous répéterions exactement la même opération », avait affirmé le vieil officier en novembre 2013 lors d'une audience où il témoignait, couché sur son lit d'hôpital. « Je n'ai aucun remords ».De l'armée à la peintureNé à Alasehir le 17 juillet 1917 dans une famille d'immigrés turcs des Balkans, éduqué dans des institutions militaires, il entre dans l'armée en 1938, l'année de la mort du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk.Après un passage en Corée pendant la guerre qui coupe le pays en deux en 1953, l'officier décroche sa première étoile de général en 1964. C'est l'époque où l'armée s'érige en gardienne de l'héritage laïque et autoritaire du kémalisme et pèse de tout son poids sur la vie politique du pays.Sitôt nommé à la tête de l'armée en 1978, Kenan Evren adresse une première mise en garde au premier ministre de l'époque, Süleyman Demirel, qu'il juge incompétent. Deux ans plus tard, il prend le pouvoir.Dans la foulée du coup d'État, il fait voter une Constitution autoritaire, qui reste encore en vigueur en dépit de nombreux amendements. Après les législatives de 1983, le général se fait nommer président de la République, un poste qu'il occupe jusqu'en 1989 avant de se retirer de la vie politique pour se consacrer à la peinture dans sa villa de la station balnéaire cossue de Marmaris.Le « Pinochet turc »Celui qui fut surnommé le « Pinochet turc », se mue en artiste branché, spécialisé dans le nu féminin. Une entreprise turque dépensera 240 000 dollars (214 000 euros) pour une de ses huiles. « Ils ne l'ont même pas regardée », minaude-t-il en 1993.Rien ne semble alors devoir menacer sa retraite paisible. C'est sans compter avec le nouveau maître du pays, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, décidé à faire rentrer l'armée dans le rang.Après une réforme constitutionnelle en 2010, Kenan Evren perd son immunité et devient en avril 2012, avec l'ex-chef d'état-major de l'armée de l'air Tahsin Sahinkaya, le premier putschiste jugé pour « crimes contre l'Etat ». « Je préfère me suicider plutôt que d'être jugé », avait péroré le retraité avant son inculpation en 2011. Il n'aura jamais mis sa menace à exécution. 09.05.2015 à 18h42 • Mis à jour le10.05.2015 à 11h01 Les rebelles maoïstes qui avaient pris quelque 250 villageois en otage au Chhattisgarh, dans le centre de l'Inde, quelques heures avant une visite dans la région du premier ministre, ont tué l'un des otages et libéré les autres, a annoncé la police dimanche 10 mai.Les guérilleros avaient enlevé les villageois tard vendredi soir dans le district de Sukma, à 80 kilomètres du lieu où Narendra Modi devait prononcer une allocution lors d'un meeting public, selon le premier ministre du Chhattisgarh.« Tous les habitants ont été libérés à l'exception de l'un d'entre eux, qui a été tué par les maoïstes », a annoncé à l'AFP un responsable de la police. Les rebelles lui reprochaient d'avoir encouragé les autres villageois à participer à la construction du pont, a-t-il ajouté, « il a été reconnu coupable lors d'un simulacre de procès et tué par balle ».Selon le député Kawashi Lakma les rebelles avaient emmené des habitants du village de Morenga par la forêt jusqu'à une colline proche. « Les maoïstes sont opposés à la construction d'un pont sur l'un des fleuves parce qu'ils estiment que cela permettrait aux forces de sécurité d'accéder plus facilement à leurs caches », a expliqué le parlementaire.Enlèvements fréquentsLes rebelles maoïstes procèdent couramment à des enlèvements, dont la plupart se soldent par la libération des otages et non par leur exécution. Ce dernier, inhabituel par le nombre élevé d’otages, est un épisode d'un conflit qui oppose les rebelles aux forces de sécurité le long du « corridor rouge » traversant les régions du centre et de l'est de l'Inde.La guérilla maoïste est active depuis 1967 et a fait des milliers de morts. Les rebelles sont présents dans une vingtaine d'Etats, notamment dans ceux de Chhattisgarh, d'Orissa, du Bihar, de Jharkhand et du Maharashtra. Les maoïstes, qui disent se battre pour les droits des peuples tribaux et des paysans sans terre, récoltent des fonds au moyen d'extorsions et de rackets.Samedi, Narendra Modi a évoqué la violence dans cette région pauvre et a promis plusieurs millions de dollars d’investissements. « La violence n'a pas d'avenir (...) Le drame macabre de la mort va bientôt cesser », a-t-il lancé devant la foule. Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) La parade militaire achevée sans une fausse note, Vladimir Poutine a réuni au Kremlin les chefs d’Etat et de gouvernement pour un déjeuner, samedi 9 mai. Puis le président russe est ressorti prendre la tête du gigantesque « régiment immortel », un défilé populaire de familles porteuses du portrait de leurs proches morts pendant la seconde guerre mondiale ou qui y ont participé.Plus de 25 millions de Russes ont péri entre 1941 et 1945. Aussi, ce 9-Mai qui célèbre le 70e anniversaire de la victoire sur le régime nazi revêtait une importance particulière. Intense, la mobilisation de la population a fait passer l’absence de la quasi-totalité des dirigeants occidentaux à l’arrière-plan de cette journée réussie pour le pouvoir russe. Démonstration populaireA la démonstration de force du matin, pendant laquelle plus de 16 000 militaires, des centaines de chars et de blindés, ainsi que des avions et des hélicoptères de combat ont paradé, s’est ajoutée en effet une véritable démonstration populaire.Lire aussi :Cérémonies du 9-Mai : Moscou aux couleurs militairesSous un soleil radieux, des dizaines de milliers de Russes – plus de 300 000 selon le ministère de l’intérieur – ont convergé vers la place Rouge de Moscou. Inauguré en 2012 à Tomsk, en Sibérie, le « régiment immortel », qui constituait une nouveauté cette année dans la capitale, a suscité un véritable engouement. Un portrait de son père à la main, un ancien combattant blessé pendant la guerre, Vladimir Poutine s’est dit « heureux » de participer à la marche « pour tous ceux qui n’ont pas pu le faire ». « Je pense que mon père, comme des millions de soldats ordinaires, et lui n’était qu’un soldat ordinaire, avait le droit de marcher sur cette place. Mais le destin en a décidé autrement, et tout le monde n’a pas pu le faire », a déclaré le président interrogé par la télévision russe. Derrière lui, le cortège s’étirait sur des kilomètres. « C’est un signe de notre confiance en nous-mêmes, de notre force et d’un avenir heureux pour nos enfants » , a ajouté le chef du Kremlin. « Le fascisme ne passera pas »Dans la foule, au milieu d’anciens combattants en grande tenue avec d’innombrables médailles accrochées à la poitrine, hommes, femmes et enfants brandissaient qui le portrait de son père, qui celui de son grand-père, ou de son arrière-grand-père. « C’était mon grand-père et mon oncle que je n’ai pas connus et je suis très fière d’eux », témoignait en souriant une femme assez âgée venue en compagnie de son fils, en désignant deux photos.Beaucoup portaient le ruban de Saint-Georges, symbole de la victoire et, depuis peu, du soutien aux séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine ; d’autres arboraient le calot militaire de l’époque soviétique avec son étoile rouge frappée du marteau et de la faucille. Des portraits, plus politiques, de Staline et de Poutine, étaient également visibles. Aux cris de « Victoire ! » et de « Russie », un autre slogan s’ajoutait parfois : « Le fascisme ne passera pas ». Une référence explicite aux accusations portées par Moscou, qui continue à nier l’implication de ses forces armées dans le conflit ukrainien et accuse de plus en plus fortement les militants pro-occidentaux en Ukraine d’abriter des groupes « fascistes ».Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-554e3d26f360f'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 17\r\n \r\n \r\nQuelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. Ici, au-dessus de la cath\u00e9drale du Christ-Saint-Sauveur.\r\nCr\u00e9dits : MAXIM ZMEYEV \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Quelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. 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Ici, les nazis ont concentr\u00e9 leur puissance militaire\", a pr\u00e9cis\u00e9 le chef d'Etat, en r\u00e9f\u00e9rence aux quelque 25 millions de Sovi\u00e9tiques tu\u00e9s pendant la guerre.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDER ZEMLIANICHENKO \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Vladimir Poutine a prononc\u00e9 un discours \u00e0 l'occasion des c\u00e9l\u00e9brations. \"L'Union sovi\u00e9tique a pris part aux batailles les plus sanglantes. 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Un peu plus tôt dans la journée, le ministère de l'intérieur avait évoqué la mort de six gardes et trente détenus. L'agence de presse Amaq, proche de l'EI, rapporte également que le mouvement djihadiste est à l'origine de cette opération. Des militants équipés d'engins explosifs ont pénétré dans le centre pénitentiaire afin de libérer une trentaine de détenus et ont pu atteindre l'armurerie. Des miliciens chiites ont ensuite attaqué la prison et une soixantaine de djihadistes ont été tués dans les combats qui ont suivi, ajoute Amaq. Le groupe terroriste a indiqué dans un communiqué diffusé samedi sur des forums djihadistes, avoir mené une attaque qui a permis la libération de « plus de 30 » détenus.Armurerie de la prison pilléeQuelque 300 hommes condamnés pour des actes de terrorisme purgeaient leur peine dans la prison d'Al Khalis, située à 80 km au nord-est de la capitale irakienne. Le responsable des services de sécurité de la province de Diyala, a dit ne pas être en mesure de dire s'il y avait parmi eux des détenus jugés importants.« Les détenus ont commencé à se battre entre eux et les gardiens sont venus s'interposer. Puis les prisonniers s'en sont pris à eux, leur ont pris leurs armes et se sont mutinés après avoir pillé l'armurerie de la prison », a expliqué un policier. Les autorités ont imposé un couvre-feu nocturne à Al Khalis et fouillent des maisons à la recherche des fugitifs.Evasions fréquentesLes évasions sont fréquentes dans le pays, en particulier au cours des deux dernières années. En juillet 2013, des assauts coordonnés contre deux importantes prisons près de Bagdad avaient notamment permis à plus de 500 détenus de s'échapper, marquant un tournant dans l'ascension de l'EI qui contrôle aujourd'hui des pans entiers du territoire irakien.L'offensive fulgurante lancée par le groupe terroriste en juin 2014 a donné lieu à de nouvelles évasions qui ont permis à l'EI de recruter des centaines d'anciens prisonniers sunnites, notamment dans les villes de Tikrit et Mossoul, dans le nord du pays.  09.05.2015 à 13h32 • Mis à jour le09.05.2015 à 16h29 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Chacune des quelque 5 000 personnes triées sur le volet et invitées à prendre place dans les tribunes de la place Rouge a reçu son petit paquetage kaki contenant une paire de jumelles, un guide, une écharpe aux couleurs noir et orange de Saint-Georges – emblème de la victoire devenu aussi marque de soutien aux séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine – et un calot militaire avec son étoile rouge.Puis, à dix heures précises, samedi 9 mai, la parade militaire pour le 70e anniversaire de la victoire sur le régime nazi a commencé à Moscou en présence de Vladimir Poutine et de plusieurs chefs d’Etat, dont le président chinois, Xi Jinping, l’Indien Pranab Mukherjee, l’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi, le Vénézuélien Nicolas Maduro, le Sud-Africain Jacob Zuma ou bien encore le Cubain Raul Castro.Poutine, en apparence pas rancunierAucun dirigeant occidental, en revanche, n’a fait le déplacement. Le conflit en Ukraine, dans lequel Moscou est accusé de soutenir et d’armer les insurgés du Donbass, n’est cependant pas parvenu à gâcher les cérémonies, que Vladimir Poutine a voulues d’une ampleur inédite.Prenant la parole quelques minutes en introduction, le président russe a rappelé :« C’est l’Armée rouge qui, au terme d’un assaut dévastateur sur Berlin, a mis un point final à la guerre contre l’Allemagne hitlérienne. L’Union soviétique a pris part aux batailles les plus sanglantes. »Avec plus de 25 millions de morts, la Russie a en effet payé un tribut terrible à la guerre. Puis, sans rancune en apparence envers les absents, le chef du Kremlin a poursuivi :« Nous sommes reconnaissants aux peuples de Grande-Bretagne, de France et des Etats-Unis pour leur contribution à la victoire. Nous sommes reconnaissants aux antifascistes de divers pays qui ont pris part aux combats dans les rangs de la résistance et de la clandestinité, y compris en Allemagne elle-même. »Tout juste a-t-il ajouté, avant de réclamer une minute de silence – une première – cette référence à l’actualité : « Soixante-dix ans plus tard, l’histoire nous appelle à être à nouveau vigilants. »Impressionnant déploiement militaireAu discours contenu de Vladimir Poutine a succédé une parade qui l’était beaucoup moins : 16 127 militaires, dont quelques contingents étrangers contre les grenadiers indiens ou les troupes d’élite serbes, ont défilé au pas saccadé et à un rythme effrayant ; 194 unités blindées dont le nouveau char Armata T-14, présenté comme le plus puissant au monde, ont pris le relais avec transport de missiles, notamment S-400.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-554e3d0a413c2'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 17\r\n \r\n \r\nQuelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. Ici, au-dessus de la cath\u00e9drale du Christ-Saint-Sauveur.\r\nCr\u00e9dits : MAXIM ZMEYEV \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Quelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. Ici, au-dessus de la cath\u00e9drale du Christ-Saint-Sauveur.","source":"MAXIM ZMEYEV \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes soldats russes sur la place Rouge.\r\nCr\u00e9dits : KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des soldats russes sur la place Rouge.","source":"KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 17\r\n \r\n \r\nPlusieurs chars T-90 faisaient partie du cort\u00e8ge. Ce char russe, aussi connu sous le nom de char T-90 \"Vladimir\", est le dernier entr\u00e9 en production dans les ann\u00e9es 1990\u00a0; il est une \u00e9volution des T-72 et T-80.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Plusieurs chars T-90 faisaient partie du cort\u00e8ge. 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Ici, les nazis ont concentr\u00e9 leur puissance militaire\", a pr\u00e9cis\u00e9 le chef d'Etat, en r\u00e9f\u00e9rence aux quelque 25 millions de Sovi\u00e9tiques tu\u00e9s pendant la guerre.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDER ZEMLIANICHENKO \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Vladimir Poutine a prononc\u00e9 un discours \u00e0 l'occasion des c\u00e9l\u00e9brations. \"L'Union sovi\u00e9tique a pris part aux batailles les plus sanglantes. 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Cent quarante-trois avions et hélicoptères ont ensuite fermé cette marche exceptionnelle conçue comme une démonstration de force impeccable. Moscou, comme 25 autres villes à travers tout le pays, s’est d’ailleurs paré de multiples symboles, d’affiches et d’étoiles rouges, et nombre de ses habitants ont arboré le calot militaire, revêtant parfois même la tenue soviétique de l’époque.Une nouvelle image « agressive »Cette image guerrière, « agressive » selon le mot d’un diplomate étranger, contraste avec les dernières grandes cérémonies du 60e anniversaire de la victoire de la « grande guerre patriotique », comme l’on nomme ici la seconde guerre mondiale. En 2005, le défilé n’avait rien de militaire : des centaines de vétérans, hommes et femmes, embarqués dans des camions découverts avaient défilé sous les applaudissements en agitant des œillets rouges.Aux côtés de Vladimir Poutine, qui avait pris la direction du pays cinq ans plus tôt, figuraient alors le président américain de l’époque, George W. Bush. Visiblement de fort bonne humeur, les deux chefs d’Etat plaisantaient entre eux, tandis que le Français Jacques Chirac, l’Allemand Gerhard Schröder ou l’Italien Silvio Berlusconi battaient des mains à tout rompre. La différence est saisissante avec l’image d’aujourd’hui : un pays quasiment sur le pied de guerre. Le ton a changé.Avant le gigantesque défilé des familles porteuses des portraits de leurs parents disparus pendant la guerre – le « régiment immortel » – prévu dans l’après-midi, puis un concert et de nombreux feux d’artifice, Vladimir Poutine a convié ses hôtes à déjeuner au Kremlin. C’est à ce moment-là que le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, dépêché par Paris pour représenter la France, a rejoint les rangs officiels, comme quelques autres chefs de gouvernement qui, bien que présents, ont choisi de ne pas assister à la parade militaire.La photo de « famille » des anciens alliés de 1945 a disparu, remplacée par une autre, nettement dominée par la présence de pays émergents. La chancelière allemande, Angela Merkel, elle, n’est pour sa part attendue à Moscou que demain, dimanche 10 mai.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 15h12 • Mis à jour le21.05.2015 à 15h33 | Pierre Breteau Viktor Orban se verrait bien rétablir la peine de mort en Hongrie. Le premier ministre hongrois l'annonçait mardi 19 mai devant le Parlement européen, avant de se rétracter puis d'annoncer une consultation publique. « Tout n'est pas inscrit dans le marbre, on peut en débattre », déclarait même le dirigeant hongrois, « les traités [européens] ne sont pas des commandements divins », ajoutait-il.Des « commandements divins », sans doute pas, mais la question de la peine de mort est centrale dans l'Union, et sa réintroduction serait « contraire aux valeurs fondamentales de l'UE », a indiqué le vice-président chargé des droits fondamentaux, Frans Timmermans. Selon l'article 2 du traité sur l'Union européenne, la « violation grave par un Etat membre des valeurs [défendues par l'Union] » pousserait le Conseil européen – qui décide des priorités poltiques générales de l'Union – à « suspendre certains des droits découlant de l'application des traités à l'Etat membre en question », et donc son droit de vote au Conseil.Le Conseil de l'Europe opposé à tout rétablissementOutre les principes fondamentaux de l'UE, la Hongrie a ratifié la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales du Conseil de l'Europe (signée le 6 novembre 1990, ratifiée le 5 novembre 1992). Le texte, amendé depuis sa rédaction en 1950, est très clair dans sa version de 1982 : « La peine de mort est abolie. Nul ne peut être condamné à une telle peine, ni exécuté. » Dans ce sens, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland, a rappelé que « la réintroduction de la peine de mort serait contraire aux obligations de la Hongrie liées à la Convention ».Le Conseil de l'Europe, institution créée en 1949 pour défendre les droits de l'homme et qui n'est pas lié à l'Union européenne, dispose de peu de moyens coercitifs. Son Assemblée parlementaire, composée de députés des 47 Etats membres et qui siège à Strasbourg, pourrait suspendre leur droit de vote aux sept représentants hongrois. Elle l'a fait en avril 2014 avec les 18 députés russes après l'annexion de la Crimée, et l'a renouvelé en janvier 2015.Dans les cas « les plus extrêmes », l'Assemblée peut recommander qu'un Etat soit exclu du Conseil de l'Europe, ce qui n'est jamais arrivé, indique le secrétariat général.La constitution hongroise rendrait le rétablissement difficileL'effondrement des républiques socialistes d'Europe centrale et orientale et leur rapprochement avec l'Ouest au tout début des années 1990 avait favorisé, sous le patronage du Conseil de l'Europe, l'inscription de l'abolition de la peine de mort dans les nouvelles Constitutions. La Hongrie, elle, avait aboli la peine capitale par une résolution de la Cour constitutionnelle d'octobre 1990 sur « l’inconstitutionnalité de la peine de mort ». La résolution se basait sur l'article 54 de la Constitution qui établit que « toute personne a le droit inhérent à la vie et à la dignité ; personne ne peut en être privé arbitrairement ».Même remaniée par Viktor Orban et les conservateurs dans un sens très nationaliste en 2012, la Constitution hongroise affirme que « que la dignité de l’homme repose sur la vie humaine » dès sa profession de foi.Aujourd'hui, sur le continent européen, seule la Biélorussie (qui n'est pas membre de l'UE ni même du Conseil de l'Europe) n'a pas aboli la peine capitale, une exécution y a eu lieu l'an dernier. Son grand voisin russe non plus, mais il n'applique plus la peine capitale depuis l'introduction d'un moratoire entré en vigueur en août 1996, année de l'adhésion de la Russie au Conseil de l'Europe.Pierre BreteauJournaliste au Monde Nathalie Guibert L’opération commando s’est déroulée à l’est de l’Adrar des ­Ifoghas, en plein désert du Nord malien, entre Bouressa, sur la frontière algérienne, et Abeïbara. Lundi 18 mai au petit matin, les forces spéciales françaises ont tué deux importants chefs des groupes armés du Sahel : Amada Ag Hama, dit « Abdelkrim le Touareg », ­affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui avait revendiqué l’assassinat des deux journalistes de RFI, à Kidal, en novembre 2013, et Ibrahim Ag Inawalen, cadre du mouvement Ansar Eddine. Les deux hommes étaient des rouages majeurs de ces organisations. Abdelkrim le Touareg, appelé encore « Al Targui », émir d’AQMI, était un membre charismatique de la tribu des Ifoghas et l’artisan du ralliement des Touareg à Al-Qaida.En raison de son rôle éminent, il s’était vu, il y a quelques mois, proposer par l’émir d’AQMI au Sahara, Yahya Abou El Aman, de le remplacer, mais a refusé. En revanche, il avait pris la tête de la katiba Al-Ansar après la mort de son chef Abou Zeid, tué au Mali par les forces françaises au début de l’opération « Serval », en février 2013.De nombreux actes de violences lui sont attribués dans la région, depuis l’attaque d’un poste au cours de laquelle onze gendarmes algériens ont été tués à Tinzaouatène, en 2010. Il aurait été responsable de la mort de l’otage français Michel Germaneau, tué après un raid militaire franco-mauritanien à l’été 2010. Mais aussi de celle de Philippe Verdon, en juillet 2013, enlevé au Mali avec Serge Lazarevic, libéré, lui, fin 2014. Al-Targui a également joué un rôle dans l’enlèvement à Arlit, au Niger, des otages d’Areva-Satom, puis dans leur libération. Avant d’être impliqué, ce que l’enquête judiciaire ouverte à Paris n’a pas confirmé, dans la mort de Ghislaine Dupont et Claude Verlon de RFI.Assassinats ciblésIbrahim Ag Inawalen, surnommé « Bana », un ancien officier des forces armées maliennes qui a déserté, est le responsable du massacre d’Aguelhok. En janvier 2012, marquant la reprise de la rébellion touareg, des combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) soutenus par AQMI s’étaient emparés de cette ville du nord du Mali, exécutant une centaine de soldats et de gendarmes maliens désarmés. L’attaque avait traumatisé l’armée malienne, chassée pour longtemps des régions du nord du pays, et accentué un malaise qui a débouché sur une tentative de coup d’Etat militaire.L’homme était le chef de la police religieuse du groupe Ansar Eddine. Très proche de son dirigeant Iyad Ag Ghali, il était présenté comme son numéro deux. Sa disparition risque d’avoir des conséquences en cascade dans le jeu compliqué des groupes touareg du nord : en effet, « Bana » a été selon les services français le grand ordonnateur, dans la région de Kidal ces derniers mois, des assassinats ciblés de membres du MNLA ou d’autres mouvements jugés trop favorables au compromis avec Bamako.Selon nos informations, l’opération menée par les forces spéciales visait Al-Targui. Le hasard a fait que celui-ci s’est trouvé en compagnie d’Inawalen. La traque s’est déroulée en plusieurs phases. La région de l’Adrar des Ifoghas, que les groupes djihadistes et criminels ont réinvestie depuis un an, est continuellement fouillée par les commandos du groupement « Sabre » et la force française « Barkhane ». Durant un mois, entre fin février et fin mars, 800 soldats ont été envoyés pour ratisser le massif du Tigharghar, « ce qui a obligé une partie des katibas à sortir », explique une source de la défense. Puis, durant ces deux derniers mois, drones, avions espions équipés de radars et interceptions ont pris le relais.Pas de prisonniersUn campement de onze hommes a finalement été repéré. L’opération, appuyée par des avions de chasse et des hélicoptères d’attaque, devait se dérouler dans la nuit de dimanche. Mais le plan prévu a dû être annulé pour un autre au dernier moment, quand trois pick-up ont soudainement quitté les lieux. L’un, parti vers l’est, a été détruit par une frappe d’hélicoptère. L’un des deux autres, dans lequel avaient été repérés Al-Targui et Inawalen, a été poursuivi. Les commandos sont arrivés, une fois le jour levé, aux abords de la cache rocheuse où les deux hommes et leurs deux gardes s’étaient arrêtés.Les combattants, qui auraient aussitôt tiré à la kalachnikov, ont été tués par les soldats français. « Nous ne partons jamais pour tuer », souligne une source militaire. Al-Targui a été reconnu formellement, en raison notamment de sa grande taille et d’autres caractéristiques physiques. Le campement a été démantelé par les forces françaises. Celles-ci n’ont pas fait de prisonniers au cours du raid.Le ministère de la défense s’est réjoui mercredi de ce « nouveau coup dur aux groupes armés terroriste sahéliens ». Les forces françaises avaient déjà considéré avoir sérieusement désorganisé les katibas au printemps 2014, après avoir neutralisé Omar Ould Hamaha, un Arabe malien originaire de Kidal surnommé « Barbe rouge », le propre beau-père de Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe Al-Mourabitoune.Capacités de nuireCe dernier, organisateur de l’attaque du site gazier d’In Amenas en Algérie qui avait tué 39 expatriés en janvier 2013, reste, avec le leader d’Ansar Eddine, Iyad Ag Ghali, la cible principale des forces américaines et françaises. « Belmokhtar finira prisonnier ou tué », promet une source du renseignement à Paris. L’homme circule aujourd’hui entre l’Algérie, la Tunisie et le nord de la Libye. Al-Mourabitoune, né d’une fusion avec des éléments maliens du Mujao, a revendiqué le premier attentat visant des expatriés occidentaux à Bamako, le 7 mars, dans lequel ont péri trois Maliens, un Français et un Belge. Le mouvement harcèle les bases de la mission de l’ONU au Mali.Des doutes sont apparus, cependant, sur l’état de ses forces. Le 14 mai, un cadre d’Al Mourabitoune a revendiqué l’allégeance du groupe à l’organisation Etat islamique (EI). Le lendemain, Belmokhtar démentait que la déclaration engage le groupe : celui-ci « reste fidèle à son allégeance à Ayman Al-Zawahiri sur la voie du djihad », répliquait le communiqué qui lui a été attribué. « Ces dissensions montrent que Mokhtar Belmokhtar est trop isolé de ses troupes et depuis trop longtemps, et qu’il a dû perdre un peu la main. Certains veulent prendre leur indépendance », analyse une source du renseignement français. Mais les capacités de nuire de celui qui a menacé la France à plusieurs reprises sont toujours jugées conséquentes.L’action militaire, convient-on à Paris, ne réglera pas le problème sécuritaire du Sahel, encore moins en Libye, où le paysage djihadiste se recompose en raison du fort pouvoir d’attraction de l’EI. Les opérations lancées, parfois audacieuses comme celle du 18 mai, ne visent qu’à contenir une situation dont le traitement demeure hors de portée.Lire aussi :Les Touareg du Mali boycottent la signature de l’accord de paixNathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.05.2015 à 06h43 • Mis à jour le21.05.2015 à 08h54 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Les pays ayant accepté de participer à l’initiative chinoise de création d’une nouvelle institution de financement, la Banque asiatique d’investissement en infrastructures (BAII), sont réunis jusqu’au vendredi 22 mai, à Singapour, pour discuter de ses statuts. Pékin a déjà remporté une victoire en parvenant à rassembler autour de lui 56 pays, dont certains (Corée du Sud, Royaume-Uni,…) comptent parmi les plus proches alliés des Etats-Unis, qui ont tenté en vain de les en dissuader et sont restés, avec le Japon, en marge du projet.La négociation des statuts de la future BAII, de premier abord technique, constitue une deuxième bataille. Car le projet chinois souffre d’une ambiguïté congénitale. La République populaire fait valoir la nécessité d’une institution réellement multilatérale, alors qu’elle reproche à la Banque mondiale d’être trop proche de Washington et à la Banque asiatique de développement d’être acquise à Tokyo. Pourtant, la Chine n’a elle-même pas fait mystère de son intention d’associer la future banque aux lignes de sa politique étrangère, dont la Nouvelle route de la Soie promue par Xi Jinping pour accélérer les échanges avec ses voisins de l’ouest.Pékin sait se montrer généreuxNombre de pays, dont la France, ont adhéré en pleine conscience de ces limites, jugeant qu’il valait mieux influencer de l’intérieur. En échange, la partie chinoise joue l’ouverture. Elle accepte de ne pas se doter de véto. Un conseil d’une douzaine d’Etats membres devrait diriger l’institution. Neuf de ces sièges devraient être réservés aux Asiatiques, rassurant les voisins plus modestes de la Chine sur le fait qu’ils auront leur mot à dire. Les trois sièges restants ont contribué à appâter les autres, notamment les Européens.Pékin sait se montrer généreux pour prouver aux inquiets de l’opacité et de l’autoritarisme chinois qu’ils ont eu tort. Puisqu’elle sera de toute façon le premier contributeur aux finances de la BAII, la Chine aura tout le loisir de se faire entendre par la suite.harold.thibault@gmail.com@haroldthibaultHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Un peu avant minuit, heure de Washington, Rand Paul parlait toujours au Sénat et ses supporteurs, sur Twitter, se livraient à un grand concours d’autoportraits devant la retransmission télévisée assurée par la chaîne parlementaire C-SPAN2. On comptait alors parmi les « selfies » un chien, un chat, et les parents du sénateur du Kentucky, l’ancien candidat à la présidence Ron Paul et sa femme Carol.At #EBYR we #StandWithRand! #filibuster @RandPaul Photo Credit to @MattShupePR http://t.co/BzA48W5keO— EastBayYR (@East Bay YR)require(["twitter/widgets"]);Rand Paul n’a pris personne par surprise lorsqu’il s’est levé mercredi 21 mai en début d’après-midi pour se lancer dans une performance aussi oratoire que physique puisque le règlement intérieur du Sénat permet à tout sénateur de parler sans être interrompu à condition de rester debout et de ne s’autoriser aucune pause d’aucune sorte. Candidat déclaré à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2016, le candidat libertarien est en effet convaincu d’avoir un coup à jouer dans la bataille parlementaire en cours qui vise une disposition du Patriot Act permettant à la National Security Agency (NSA) d’avoir accès aux métadonnées des compagnies téléphoniques.Le Sénat suspend ses travaux en fin la semaineRévélé par l’ancien employé de la NSA Edward Snowden, ce programme arrive à expiration le 1er juin. Une nette majorité bipartisane s’est dégagée à la Chambre des représentants pour réformer des dispositions jugées « illégales », il y a peu par une Cour d’appel fédérale. Le président démocrate, Barack Obama, soutient cette réforme, mais le chef républicain de la majorité sénatoriale, Mitch McConnell, veut au contraire faire adopter une extension sans modifications valable pendant quelques mois seulement pour pouvoir, assure-t-il, mesurer les conséquences des changements proposés par la Chambre.Lire :La bataille contre les excès de la NSA passe d’une cour d’appel au CongrèsIssu du même Etat que M. McConnell, M. Paul, en se lançant dans cette obstruction parlementaire (« filibuster ») souhaite aller plus loin que la réforme. Le Sénat devant suspendre ses travaux à la fin de la semaine jusqu’au 1er juin, l’élu libertarien espère que le temps perdu ne sera pas rattrapé et que la date butoir sera dépassée, rendant caduque la disposition controversée.L’élu du Kentucky s’était illustré en 2013 par un premier marathon de 13 heures pour gêner la confirmation du directeur de la CIA John Brennan, le « père » du programme d’assassinats ciblés par drones de l’agence de renseignement. Rand Paul, qui s’est tu un peu après minuit après plus de dix heures de disgressions interminables, entendait mercredi parler au nom du « droit à être laissé tranquille » érigé en « droit le plus précieux ». Et accessoirement un excellent slogan de campagne.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Une année pour rien ? C’est le constat sévère que la conquête par les djihadistes de l’Etat islamique (EI) de la ville symbolique de Palmyre, en Syrie, trois jours après celle de Ramadi, en Irak, invite à dresser. Moins d’un an après la chute de Mossoul, deuxième ville irakienne, l’EI réaffirme son emprise sur un vaste territoire qui s’étend de part et d’autre d’une frontière désormais caduque.La chute de l’oasis syrienne en dit long sur l’état des forces restées loyales à Bachar Al-Assad. Elles ont été incapables de défendre ce verrou stratégique connu pour ses ruines antiques comme pour la prison où furent détenus, torturés et exécutés des centaines d’islamistes, dans un contexte qui interdisait une intervention américaine sous peine d’apparaître comme un supplétif de Damas. La perte de Ramadi, quant à elle, souligne les angles morts de la stratégie de Washington visant, face aux djihadistes, à combiner troupes irakiennes au sol et appui aérien massif assuré par l’armée américaine.Les dernières heures qui ont précédé, le 17 mai, la chute de la capitale de la grande province sunnite d’Anbar en atteste : les raids aériens américains, quel qu’en soit le nombre, montrent vite leurs limites si le premier pilier de cette stratégie est défaillant. En l’occurrence, la déroute de l’armée irakienne renvoie à une autre impasse : la fracture confessionnelle entre la majorité chiite et la minorité sunnite à laquelle le gouvernement d’Haïder Al-Abadi devait remédier.Enracinement de l’EILe président Barack Obama en avait fait un préalable à la poursuite des opérations américaines. Mais la polarisation communautaire a empêché jusqu’à présent la création, aux côtés de l’armée régulière, d’une garde nationale au sein de laquelle les sunnites pourraient jouer localement un rôle sur le modèle de la « Sahwa », les milices du « Réveil » qui avaient contribué à la mise en échec des groupes djihadistes en 2007 et 2008. Ces milices sunnites, auxiliaires des troupes américaines, avaient été par la suite laissées en déshérence par les autorités centrales irakiennes au rythme des retraits américains, et particulièrement visées par des représailles. Un précédent qui complique la réédition de l’expérience.Dimanche, le Pentagone avait rechigné à confirmer la déroute de Ramadi. Mardi, le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a tenté de la relativiser en rappelant que M. Obama a toujours indiqué que la lutte contre l’Etat islamique serait longue et qu’elle comporterait « des avancées » et « des reculs ». Il a répété, comme de nombreux responsables américains, que Ramadi finirait par être reprise, et a rappelé les revers subis ces derniers mois par les djihadistes à Kobané, en Syrie, et à Tikrit, en Irak, pour souligner la pertinence de la stratégie américaine. M. Earnest a également légitimé le recours aux milices chiites, particulièrement décriées par les sunnites, en indiquant qu’il avait été validé par le conseil de la province d’Anbar, que les moyens mobilisés comporteraient également « des volontaires sunnites » et des « combattants tribaux », et qu’ils resteraient sous le contrôle de Bagdad.Un an après la prise de Mossoul, un rapport de la Rand Corporation cité par le New York Times fait état de l’enracinement de l’EI dans les territoires conquis. L’analyse relativise la part des revenus générés par la contrebande de pétrole, qui a été particulièrement ciblée par les raids, par rapport à ce que rapporte la mise en coupe réglée de ces régions. Face à cette résilience, la stratégie de Washington est également pénalisée par les divergences d’intérêts régionaux, qui coexistent au sein de la coalition contre l’Etat islamique mise sur pied à l’automne 2014.Les républicains donnent de la voixL’allié turc, qui continue de privilégier la chute de Bachar Al-Assad, persiste à s’opposer à ce que les avions américains puissent utiliser sa base d’Incirlik. La lutte contre l’influence jugée croissante de l’Iran figure, par ailleurs, en tête des priorités des pays de la rive sunnite du Golfe, à commencer par l’Arabie saoudite. En ont attesté les mesures concrètes approfondissant la coopération avec les Etats-Unis annoncées lors de la réunion de ces pays à Camp David, le 14 mai. L’ampleur de l’engagement militaire arabe au Yémen, contre la milice houthiste accusée d’être soutenue par Téhéran, en est une autre preuve.Le revers de Ramadi a redonné de la voix à l’opposition républicaine américaine, prompte à dénoncer la pusillanimité supposée de M. Obama, mais elle se garde bien d’esquisser des stratégies alternatives, l’envoi de forces supplémentaires mis à part. La Maison Blanche a d’ailleurs pointé que le Congrès, désormais contrôlé totalement par les républicains, s’est montré incapable jusqu’à présent d’adopter, à l’invitation du président, une nouvelle loi autorisant l’usage de la force armée qui viserait spécifiquement les milices djihadistes à la manœuvre en Syrie comme en Irak.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qx31z"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qx31z", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.05.2015 à 12h10 • Mis à jour le18.05.2015 à 12h32 | Philippe Escande « Pourquoi personne ne l’a vu venir ? » En novembre 2008, au pire de la crise financière mondiale, la reine d’Angleterre avait posé cette question naïve aux grands esprits réunis à la prestigieuse London School of Economics (LSE). Et comme toutes les bonnes questions naïves, celle-là a plongé les chercheurs dans des abîmes de perplexité.Lire aussi :Prix du meilleur jeune économiste 2015Une humiliation aussi pour des économistes persuadés que leurs modèles mathématiques étaient tellement fiables qu’ils pouvaient désormais analyser le présent et prévoir l’avenir. Nous ne sommes toujours pas sortis de cette interrogation existentielle. La remise du Prix du meilleur jeune économiste 2015, décerné ce lundi 18 mai par Le Monde et le Cercle des économistes donne de belles pistes de réponses.L’aide au développement révolutionnéeA 38 ans, Pascaline Dupas est un pur produit de l’excellence française, comme elle sait s’exporter : Ecole normale supérieure, Harvard, professeure à la prestigieuse université californienne de Stanford. Et pourtant cette académique de haut vol n’est pas une fana de la théorie.Son obsession : le terrain, l’Afrique. Aller voir ce qui se passe et comprendre. « Pourquoi l’enfant de mes amis est-il mort de la malaria ? », se demande-t-elle. Alors elle utilise la réalité comme laboratoire. Tester scientifiquement des solutions différentes et voir celles qui sont les plus efficaces.Cette approche, théorisée par une autre lauréate du prix, Esther Duflo, aujourd’hui professeure au Massachusetts Institute of Technology (MIT), est en train de révolutionner l’aide au développement en se défiant des généralisations et des évidences. Et donc en écoutant des gens dont la rationalité nous échappe. « Pourquoi ce Marocain, qui n’a pas assez à manger, achète-t-il une télévision ? », s’interroge Esther Duflo dans son livre Repenser la pauvreté (Seuil, 2012). Qu’est-ce qui est le plus efficace pour lutter contre le paludisme : faire payer les moustiquaires ou les distribuer gratuitement ? a questionné Pascaline Dupas.Retour à l’expérimentationAprès des décennies d’abstraction, voire de mépris des réalités sociologiques, l’expérimentation revient en force dans l’économie, grâce aussi à la puissance de l’informatique.Et ce n’est pas le seul apanage de l’aide au développement. Deux des trois nominés du prix cette année pratiquent l’expérimentation pour évaluer l’impact des politiques publiques cherchant des réponses scientifiques à des questions simples dans la santé, l’éducation, l’emploi…Reste à faire passer le message aux décideurs politiques. « En France, ce sont les croyances et les rhétoriques politiciennes qui décident des réformes fiscales et sociales », regrette Olivier Bargain, l’un de nos trois nominés. La science économique se réforme dans un bouillonnement salvateur dont pourrait s’inspirer la science politique. Faute de quoi, la prochaine question existentielle de la reine pourrait bien s’adresser à ses ministres.Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) et Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) La déconvenue est cruelle. Dimanche 17 mai, un mois et demi après avoir annoncé son intention de partir à l’assaut d’Al-Anbar, l’immense province désertique à l’ouest de Bagdad, l’armée irakienne a dû abandonner sa capitale, Ramadi, sous les coups de boutoir de l’Etat islamique (EI). Délogés de Tikrit, la ville natale de Saddam Hussein, au début du mois d’avril, les djihadistes ont pris une éclatante revanche en s’emparant d’une des dernières villes d’Al-Anbar qui leur résistaient.Dans l’après-midi de dimanche, les forces de sécurité et les milices sunnites ralliées à Bagdad ont évacué le centre de commandement de la province où elles étaient assiégées depuis plusieurs jours, scellant la victoire des soldats du « califat », proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’EI. « Ramadi est tombée, la ville a été prise dans sa totalité. Les militaires sont en fuite », a reconnu Mohannad Haimour, le porte-parole du gouverneur de la ville, selon lequel « au moins 500 personnes, à la fois des civils et militaires, » ont péri dans les combats des « deux derniers jours ».Le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, a ordonné à ses troupes de tenir leur position dans l’attente d’un appui aérien et de l’arrivée de renforts, notamment les milices chiites regroupées au sein de la « Mobilisation populaire », qui convergeaient lundi vers la ville stratégique tombée aux mains des djihadistes de l’EI. Dans l’Anbar, une région presque exclusivement sunnite, ces forces supplétives, dont les exactions sont notoires, n’avaient été utilisées qu’à petite dose jusque-là, de peur d’attiser les violences confessionnelles.« La chute de Ramadi, si elle se confirme, représente une défaite très lourde pour le gouvernement irakien et ses parrains internationaux, juge Charles Lister, analyste au Brookings Doha Center. L’Etat islamique contrôle désormais trois capitales provinciales à travers la Syrie et l’Irak, alors qu’il n’en contrôlait que deux lorsque les Etats-Unis sont intervenus militairement, en août 2014. »Offensive des hommes en noir La poussée des djihadistes dans Al-Anbar coïncide avec une autre offensive des hommes en noir, quelques centaines de kilomètres plus à l’ouest, contre la ville syrienne de Palmyre. Joyau de l’antiquité gréco-romaine, la ville est défendue par les forces loyales au président Bachar Al-Assad, qui ont réussi à repousser leurs adversaires des faubourgs où ils avaient pénétré samedi. Les combats, qui n’ont pas endommagé les monumentales ruines jalonnant l’oasis, ont fait de nombreux morts dans les rangs de l’armée syrienne, dont un général.Pour l’instant, Washington n’a pas explicitement entériné la perte de Ramadi. Arguant que la situation sur place reste « mouvante et disputée », une porte-parole du Pentagone affirmait dimanche qu’« il est trop tôt pour faire des déclarations définitives ». En voyage en Corée du Sud, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a qualifié Ramadi de simple « cible d’opportunité », assurant même que la situation pourrait être renversée dans les prochains jours.Cet optimisme est conforme au bilan plutôt satisfaisant que la Maison Blanche dresse de sa propre intervention militaire en Irak, décidée le 8 août 2014, après la prise de Mossoul par les combattants de l’EI et leur avancée en direction de la zone autonome kurde. Interrogé vendredi, le porte-parole adjoint de la présidence américaine, Eric Schultz, avait dépeint un Etat islamique sur la défensive. Il avait pointé « l’affaiblissement de sa capacité à rassembler et à faire manœuvrer ses forces, les cellules de sa direction sous pression ou éliminées, la rupture de ses chaînes de commandement et de ses approvisionnements ».La retraite en désordre de l’armée irakienne à Ramadi, sa plus cinglante défaite depuis l’effondrement de Mossoul, inflige un spectaculaire démenti à cette analyse. Il souligne les failles de la stratégie détaillée en septembre 2014 par le président Barack Obama pour « affaiblir et finalement détruire » l’Etat islamique. Le remplacement, sous la pression de l’administration américaine, du premier ministre Nouri Al-Maliki par Haïder Al-Abadi, un chiite supposé moins sectaire que son prédécesseur, les 3 900 raids aériens menés par la coalition emmenée par Washington, dont 2 400 en Irak (le reste a été mené en Syrie) et l’envoi de 3 000 soldats et conseillers militaires américains, n’ont toujours pas permis à l’armée régulière irakienne d’enrayer durablement la machine de guerre djihadiste.Bastion d’une grande valeurJusqu’à présent, Washington a limité son implication en Irak à une campagne de bombardements aériens. Pour contenir tout d’abord la poussée de l’EI, démanteler son ossature économique, notamment ses filières d’exportation de pétrole et enfin appuyer les contre-offensives au sol de l’armée irakienne comme à Tikrit, en mars. M. Obama a exclu l’envoi de troupes au sol en dehors de raids spécifiques comme celui conduit samedi, en Syrie, près de Deir ez-Zor. Plusieurs cadres de l’EI ont été tués au cours de cette opération spéciale, dont un certain Abou Sayyaf, présenté comme le responsable de l’approvisionnement en hydrocarbures.Cette tactique tarde cependant à porter ses fruits. La reconquête de Tikrit n’aurait pas été possible sans les milices chiites dont le rôle a été déterminant, même si leur mobilisation a compliqué la coordination avec l’armée américaine, qui voit d’un mauvais œil ces groupes paramilitaires, parfois encadrés par des officiers iraniens, qui tendent à effrayer les populations sunnites. La grande attaque de Mossoul, annoncée pour le printemps, a été renvoyée aux calendes grecques.La perte de Ramadi souligne les failles de la stratégie de Barack Obama pour « affaiblir et finalement détruire » l’Etat islamiquePour le secrétaire américain à la défense, Ashton Carter, comme le prochain chef d’état-major, Joe Dunford, nommé le 5 mai et qui doit être confirmé par le Sénat, le défi reste entier. « L’Etat islamique est désormais l’acteur militaire numéro un de l’immense zone sunnite, qui s’étend sur les provinces d’Al-Anbar en Irak et de Deir ez-Zor en Syrie, décrypte Charles Lister. Quoi qu’il advienne à Mossoul, plus tard dans l’année, l’EI dispose là d’un bastion d’une très grande valeur, que ses adversaires auront le plus grand mal à reconquérir. »Outre des stocks d’armes très importants, qui ne devraient pas tarder à être employés sur le champ de bataille, la prise de Ramadi confère aussi à l’EI une victoire psychologique très importante dans le duel à distance qui l’oppose à l’Arabie saoudite. Le renouveau sunnite que s’efforce d’incarner le roi Salman et son entrée en guerre contre les milices pro-iraniennes au Yémen, ont été très applaudis dans les milieux islamistes sunnites, parfois sensible au discours violemment anti-chiite d’Al-Baghdadi. Cette offensive, ainsi que les progrès des rebelles anti-Assad dans le nord de la Syrie, ont déstabilisé l’EI, qui se plaît à se présenter comme la seule force combattant Téhéran dans la région. En conquérant Ramadi, les djihadistes se replacent au premier rang du combat contre l’Iran. Dimanche soir, leur victoire a été accueillie par un concert de klaxons à Mossoul.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteBenjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Pélouas (Montréal, correspondance) La justice a tranché. Le maire catholique de Saguenay, dans le centre de la province canadienne, n'a plus le droit de dire une prière avant les conseils municipaux. Mi-avril, Jean Tremblay, le maire de la petite ville québécoise de Saguenay, à 460 kilomètres au nord de Montréal, a rendu les armes avec quelques mots : « On va abandonner la prière. » Il prenait acte d'une décision de la Cour suprême du Canada qui sonnait le glas de la récitation de la prière dans les institutions publiques. Rendu à l'unanimité, le jugement met fin à une saga de près de dix ans qui avait propulsé cet élu local, défenseur des plus pures traditions catholiques, sur le devant de la scène politico-médiatique québécoise.Fervent catholique, allant à la messe tous les jours, Jean Tremblay est aussi l'auteur, en 2013, du livre Croire, ça change tout (Editions des Oliviers). Il avait fait de la vie des saints sa lecture de chevet et priait quotidiennement pendant ses pauses au travail. La prière mise en cause par la justice était celle récitée avant chaque séance publique du conseil municipal. Débutant par « Dieu tout puissant, nous Te remercions des nombreuses grâces que Tu as accordées à Saguenay et à ses citoyens... », elle avait pourtant reçu l'onction de son conseil municipal en 2006 et n'a jamais entamé la popularité du maire auprès de ses concitoyens : en 2013, ils ont réélu leur maire « indépendant » pour un cinquième mandat d'affilée, avec 63 % des voix !Mais ce rituel, qu'il avait imposé dans sa mairie depuis 2001, ne plaisait pas à tous ses administrés. L'un d'eux, soutenu par le Mouvement laïque québécois, a fini par porter plainte. En 2011, Jean Tremblay affirmait devant le Tribunal québécois des droits de la personne qu'il conduisait ce combat parce qu'il « adore le Christ ». « Quand j'arriverai sur l'autre bord, je pourrai être un peu orgueilleux et lui dire : “Je me suis battu pour Vous ; je suis même allé en procès pour Vous.” »En tranchant en faveur de la neutralité de l'Etat, qui « ne doit pas s'ingérer dans le domaine de la religion et des croyances » et en exigeant qu'il « ne favorise ni ne défavorise aucune croyance, pas plus que l'incroyance », la Cour suprême ne lui a pas laissé d'autre choix que d'obtempérer. Mais avec ses nombreux partisans, catholiques en tête, il fourbit ses armes pour d'autres défis. « Il faut être vigilant pour conserver nos acquis et se tenir debout pour défendre nos coutumes et traditions », a-t-il prévenu. Le jugement de la Cour suprême a en effet ouvert un vaste débat sur la question du maintien ou non de symboles catholiques, crucifix et statues, omniprésents dans nombre d'édifices publics au Canada. A Québec, par exemple, d'aucuns ont déjà voulu décrocher le crucifix d'un mur du Salon bleu, où se réunissent les députés, au nom de la neutralité de l'Etat. Il est pour le moment encore en place, en vertu de sa valeur patrimoniale, représentative du passé catholique de la province.Anne Pélouas (Montréal, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.05.2015 à 03h42 Le premier ministre népalais a lancé un appel, dimanche 17 mai, visant à collecter deux milliards de dollars pour un fonds de reconstruction du pays dévasté par deux violents séismes ayant fait plus de 8 500 morts.« Notre but est de récolter deux milliards de dollars. Le gouvernement a budgété 200 millions de dollars pour créer le fonds et appelle les donateurs et le secteur privé à apporter leur contribution », a déclaré le premier ministre Sushil Koirala.Lire aussi :Au Népal, après le séisme, la diplomatie du désastre humanitaireLe gouvernement népalais, au pouvoir depuis un an, a été très critiqué pour avoir tardé à réagir après le séisme de magnitude 7,8 du 25 avril, suivi d'un autre de magnitude 7,3 le 12 mai, qui ont ravagé les infrastructures de ce pays pauvre et détruit des milliers d'habitations.La Croix-Rouge revoit son appel aux dons à la hausse« La réhabilitation et la reconstruction sont très importantes pour nous, et nous espérons que nos amis viendront avec grand coeur à notre secours », a ajouté le premier ministre. Plus d'une vingtaine de pays se sont engagés dans les opérations de secours et d'assistance depuis le premier séisme, dépêchant au Népal des sauveteurs et de l'aide humanitaire.Lire aussi :Le Népal débordé par l’afflux d’aide internationaleMais l'ONU a annoncé ce mois-ci n'avoir reçu que 22 millions de dollars en réponse à son appel pour 415 millions de dollars.La Croix-Rouge a souligné samedi qu'elle travaillait « encore en mode d'urgence absolue » au Népal et a revu à la hausse son appel à dons, de 35 millions à 93 millions de dollars, expliquant que le second séisme a « exacerbé la situation » dramatique provoquée par le premier.Plusieurs autres agences humanitaires ont aussi alerté sur la situation des Népalais, qui risque d'empirer à l'approche de mousson dont les pluies torrentielles devraient provoquer des glissements de terrain et isoler davantage des villages. 17.05.2015 à 23h34 • Mis à jour le18.05.2015 à 15h22 Neuf personnes ont été tuées et plusieurs blessées, dimanche 17 mai, lors d’échanges de tirs entre deux bandes rivales de motards à Waco au Texas, selon les médias locaux. Les 18 blessés, qui ont reçu des balles ou des coups de couteau, ont été conduits vers des hôpitaux de la région.Des échauffourées ont éclaté entre les deux bandes sur le parking d’un restaurant. Les motards ont fait usage de battes de baseball et de couteaux avant de sortir leurs armes à feu, a expliqué le sergent Patrick Swanton à la chaîne KWTX, filiale de CBS. Près de 200 personnes ont été arrêtées lundi, et devront répondre d'appartenance au crime organisé, a dit la police de Waco.Le rassemblement était surveillé par les autoritésLa fusillade a eu lieu au cours d'une violente bagarre entre au moins trois bandes rivales sur le parking d'un restaurant situé dans un centre commercial. Les motards étaient équipés d'armes à feu, de couteaux, de battes de baseball et de chaînes, selon la police. Le sergent Swanton a indiqué que plus de 100 armes avaient été récupérées sur place.Selon le Waco Tribune-Herald, l’officier de police a précisé que ce rassemblement de plusieurs centaines de bikers était surveillé par les autorités et que des agents avaient été déployés dans le secteur avant la fusillade. Les policiers sont intervenus quand les motards ont commencé à tirer.Des témoins ont été transférés en lieu sûr, car d’autres bikers du Texas sont en route pour Waco, a-t-il ajouté auprès du journal.Des policiers ont été la cible de tirsSelon KWTX, plusieurs policiers ont été la cible de tirs. Toutefois la police de Waco a indiqué sur son compte Facebook qu’aucun membre des forces de l’ordre n’avait été blessé. La zone où a eu lieu la tuerie a été bouclée par la police, qui a demandé aux riverains de ne pas se rendre sur les lieux.Again!!! Please avoid the Central Texas Market Place as the area is NOT safe. Officers are continuing to arrest... http://t.co/IwdquICyHE— WacoPolice (@WacoPolice) 17 Mai 2015« S’il vous plaît évitez le centre commercial du Central Texas Market car la zone n’est pas sûre. La police continue d’arrêter des individus qui viennent sur place avec des armes », a précisé la police de Waco sur Facebook Twitter.Waco, une ville du sud du Texas, compte 129 000 habitants. Elle a été le théâtre en 1993 d’un siège de cinquante jours après des échanges de tirs entre des membres d’une secte et le FBI qui s’est soldé par un incendie dans lequel 74 personnes ont trouvé la mort. 17.05.2015 à 17h11 • Mis à jour le17.05.2015 à 17h41 Le pape François a canonisé dimanche 17 mai deux Palestiniennes au Vatican lors d'une cérémonie place Saint-Pierre. Des portraits des deux religieuses – Mariam Bawardi et Marie-Alphonsine Ghattas – avaient été installés place Saint-Pierre, de même que ceux de deux autres religieuses canonisées, la Française Jeanne-Emilie de Villeneuve et l'Italienne Maria Cristina de l'Immaculée Conception.Devant une foule nombreuse, le pape François a exalté les parcours des quatre religieuses, « modèles de sainteté, que l'Eglise nous invite à imiter ». Dans son homélie, le pontife a évoqué les personnalités de chacune des femmes, en présence notamment du président palestinien Mahmoud Abbas et du ministre français de l'intérieur, Bernard Cazeneuve.La canonisation de deux Palestiniennes, une premièreLa messe en plein air, qui s'est aussi déroulée en présence d'une délégation de dignitaires religieux dont le patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal, illustre les efforts de longue haleine du pape François pour venir en aide aux chrétiens d'Orient. Dans une déclaration faite à son départ pour le Vatican, Fouad Twal avait érigé Ghattas et Baouardy en exemples pour les chrétiens, les musulmans et les juifs. « Toutes deux portent le prénom de Marie, et ce nom est répandu et commun dans les trois traditions (religieuses) », avait dit le patriarche. La canonisation des deux Palestiniennes est une première du genre « depuis l'époque des apôtres », avait-il aussi fait remarquer. Quelque 2 000 personnes, principalement des Eglises locales, ont fait le voyage à cette occasion, provenant à la fois des territoires palestiniens, d'Israël et de Jordanie.La canonisation de sœur Marie-Alphonsine Danil Ghattas, qui vécut de 1843 à 1927 et fonda la Congrégation des soeurs du Saint-Rosaire de Jérusalem, et de Mariam Baouardy (1846-1878), qui fonda un couvent de carmélites à Bethléem, n'est pas directement liée à la conclusion, mercredi entre le Vatican et l'Autorité palestinienne, d'un traité portant sur les activités de l'Eglise catholique dans les territoires palestiniens. Ce traité reconnaît pour la première fois formellement l'existence d'un Etat de Palestine.Lire aussi :Le Vatican reconnaît l’Etat de PalestineDans un communiqué, Mahmoud Abbas a appelé les chrétiens de Palestine à ne pas émigrer « mais à rester avec nous et à profiter des droits d'une citoyenneté pleine et égale, et à partager le poids des difficultés de la vie jusqu'à parvenir à la liberté, la souveraineté et la dignité humaine ». 20.05.2015 à 16h42 • Mis à jour le20.05.2015 à 17h20 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Une ségrégation dans les transports, pour des motifs sécuritaires : ainsi se présentait le projet pilote que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a décidé d’annuler in extremis, mercredi 20 mai, face à l’avalanche de critiques. Cette expérimentation extrêmement controversée, prévue pour trois mois et réclamée par les représentants des colons en Cisjordanie, était pourtant portée par le ministre de la défense, Moshé Yaalon, proche du chef du gouvernement. Elle consistait à interdire aux Palestiniens de monter dans les bus publics, empruntés par les colons, pour retourner chez eux après leur journée de travail en Israël. Il était également prévu que ces ouvriers – quelque 50 000 personnes, sans compter les illégaux – s’enregistrent sur le chemin du retour à l’un des quatre postes de contrôle prévus par les autorités. Jusqu’à présent, ils ne présentaient leur permis de travail qu’à leur sortie de Cisjordanie.Pressions des colonsMoshé Yaalon, l’un des rares ministres reconduits sans discussion à son poste, avait pris dès l’automne 2014 la décision de modifier ces pratiques. Fin octobre 2014, le quotidien de gauche Haaretz révélait qu’il avait cédé aux pressions des colons, alors même que les forces armées, elles, ne jugeaient pas ces travailleurs palestiniens comme dangereux. Le projet avait été freiné, sans doute à cause des élections législatives anticipées en mars. Aujourd’hui, Benyamin Nétanyahou a choisi de couper court à la vague de protestations, en affirmant qu’il n’était pas au courant de la relance du projet. Mais ce geste d’apaisement du premier ministre a surtout un sens tactique. Il intervient alors même que la haute représentante de l’Union européenne pour la politique étrangère, Federica Mogherini, se trouve en visite dans le pays. La poursuite de la colonisation, illégale au regard du droit international, est l’un des plus forts motifs d’irritation au sein de l’UE, dont certains Etats-membres souhaitent un positionnement plus sévère contre Israël, voire des sanctions. La France travaille actuellement à la rédaction d’une résolution à l’ONU fixant un calendrier à des négociations en vue de la fin de l’occupation. En cas d’échec, Paris reconnaîtrait la Palestine. Cette mesure ségrégationniste intervenait aussi au moment où les Palestiniens poussent en faveur d’une suspension d’Israël au sein des instances du football international (FIFA), en raison des discriminations dont sont victimes leurs joueurs.Le projet pilote est donc gelé avant même d’avoir démarré. M. Yaalon, le ministre de la défense, s’est défendu une nouvelle fois mercredi de toute visée ségrégationniste. Il espère toujours qu’une version revue du projet sera mise en œuvre. « Chaque Etat a le droit, surtout dans notre situation sécuritaire délicate, de contrôler ceux qui entrent et ceux qui sortent. Voilà ce que c’est, et rien de plus », a-t-il expliqué. Mais le cafouillage politique de la journée en dit long sur les fragilités du nouveau gouvernement israélien.Benyamin Nétanyahou, qui dispose de la plus courte majorité qui soit (61 sièges sur 120), a accordé énormément de poids à l’extrême droite et aux ultraorthodoxes. Il sait aussi à quel point la mobilisation et le vote des colons ont été décisifs lors du scrutin législatif du 17 mars. Beaucoup ont voté pour le Likoud, et non pour le Foyer juif de Naftali Bennett, pour assurer la victoire de la droite contre l’Union sioniste, accusée de vouloir brader les colonies. L’extrême droite soutient la mesure de séparation entre juifs et Arabes, en s’appuyant sur des considérations sécuritaires : côté israélien, les femmes seraient, d’après elle, victimes d’agressions sexuelles, il y aurait aussi de nombreux vols. Plus généralement, les travailleurs palestiniens occuperaient trop de places dans les bus, par rapport aux colons.« Apartheid »Avocat de renom, Michael Sfard n’a pas dormi de la nuit. Jusqu’à la lueur du jour, mercredi, l’avocat de l’organisation israélienne Yesh Din, qui documente les violences et les abus subis par les Palestiniens, a travaillé sur le texte d’une plainte à la Cour suprême. L’ONG pensait la déposer dès mercredi. « Ce projet ouvertement raciste n’avait pas de précédent dans la façon dont les Israéliens contrôlent les Palestiniens en Cisjordanie. C’était un affront à l’histoire juive et à notre moralité, et plus généralement aux droits de l’homme. » L’ONG était engagée depuis plusieurs mois pour faire barrage à cette ségrégation entre passagers juifs et arabes. L’opposition israélienne a elle aussi réagi en termes vifs. « La séparation entre les juifs et les Arabes dans les bus en Judée et Samarie est un acte portant clairement atteinte à l’égalité et aux droits de l’homme, avait averti Nachman Shai, vice-président de la Knesset et député de l’Union sioniste (centre gauche). Ce sera perçu dans le monde, à juste titre, comme un apartheid entre les juifs et les Arabes, et jettera une ombre pesante sur Israël en tant que pays démocratique. »Le président Reuven Rivlin s’est félicité, de son côté, de l’abandon de l’expérimentation. Le chef de l’État, dont les rapports avec M. Nétanyahou sont exécrables, ne manque jamais une occasion de critiquer certains égarements radicaux et partisans de la droite. Mercredi, il a estimé que les déclarations en faveur de la ségrégation « allaient à l’encontre des fondations mêmes de l’Etat d’Israël et portaient atteinte à notre capacité à établir ici un Etat juif et démocratique. »Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 14h43 • Mis à jour le20.05.2015 à 17h38 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qtnrz"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qtnrz", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Les djihadistes de l’Etat islamique (EI) ont pris le contrôle, mercredi 20 mai, de la partie nord de la ville antique de Palmyre, dans le centre de la Syrie, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Selon l’organisation, « les soldats du régime se sont enfuis de cette partie qui représente un tiers de la [localité] ».Selon l’OSDH, l'avancée des djihadistes est intervenue après la prise dans la matinée de mercredi du bâtiment de la sécurité de l'Etat – les renseignements généraux syriens – et d'un barrage dans le même secteur, près d'un bâtiment administratif abritant les registres civils des habitants de Palmyre. De son côté, la télévision d'Etat syrienne a indiqué que « l'armée faisait face aux groupes terroristes qui se sont infiltrés dans les périphéries du nord de Palmyre. » L'avancée des jihadistes, qui ont lancé le 13 mai l'offensive contre Palmyre dans le centre du pays en guerre, est intervenue après la prise du bâtiment des renseignements généraux. Samedi, l'EI était déjà parvenu à prendre la majeure partie du nord de la ville avant d'en être chassé par l'armée moins de vingt-quatre heures plus tard.Crainte pour le patrimoineL’organisation djihadiste se trouve désormais à seulement un kilomètre des ruines antiques, situées au sud-ouest de Palmyre. Le site archéologique, célèbre pour ses colonnades torsadées romaines et ses tours funéraires, est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité.Lire aussi :Les vestiges monumentaux de Palmyre à nouveau en dangerLe groupe ayant déjà détruit des trésors archéologiques en Irak, la communauté internationale est particulièrement préoccupée par la situation. Elle « est très mauvaise », a ainsi confié à l’Agence France-Presse le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. Réunion internationale à ParisLa cité antique revêt une importance stratégique pour les extrémistes sunnites, puisqu’elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province irakienne d’Al-Anbar, qu’ils contrôlent déjà en grande partie. Prendre ce verrou permettrait au groupe djihadiste de rassembler de larges pans de son territoire.Lire aussi :L’Etat islamique s’empare de la ville stratégique de Ramadi en IrakFace aux avancées inquiétantes de l’EI en Syrie comme en Irak, le gouvernement français a annoncé mercredi la tenue, le 2 juin, d’une réunion internationale à Paris. Selon une source diplomatique, vingt-quatre ministres ou représentants d’organisations mondiales y participeront, dont le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Adrien Le Gal Alors que la justice administrative indonésienne examine le recours de Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie dans une affaire de stupéfiants, l’universitaire australienne Michele Ford, spécialiste de l’Indonésie, revient sur les circonstances politiques de la reprise des exécutions par Djakarta depuis le début de l’année.Lors de son élection en juillet 2014, Joko Widodo (« Jokowi ») était perçu par la communauté internationale comme un défenseur des droits de l’homme. Etait-il possible d’anticiper le fait qu’il abandonnerait le moratoire sur les exécutions ?Je pense que cette attitude est inattendue. Même en Indonésie, les membres de la société civile qui ont soutenu Jokowi n’avaient pas anticipé cela. Mais à l’époque de l’élection, ils n’avaient pas vraiment le choix : son principal concurrent, Prabowo Subianto, est soupçonné d’avoir commis des violations de droits de l’homme, lorsqu’il était à la tête des forces spéciales à la fin de l’ère Suharto [il a occupé ce poste entre 1995 et 1998]. A bien des égards, Jokowi semblait être le meilleur candidat pour défendre les droits de l’homme. De toute façon, la peine de mort n’était pas un thème de la campagne. Ce sujet n’a jamais été central en Indonésie jusqu’à cette année. C’était une peine prévue par la loi, mais elle n’était que rarement appliquée et aucun parti politique influent ne s’était vraiment prononcé pour ou contre.Joko Widodo justifie ces exécutions au nom de la lutte contre la drogue, qui ferait, selon lui, cinquante morts par jour dans le pays…La guerre contre la drogue est un sujet très sensible. Le pays a un vrai problème avec la consommation de stupéfiants, en partie parce que cela va à l’encontre de l’islam, mais plus largement, parce que cela affecte les classes moyennes et les classes supérieures. Beaucoup d’Indonésiens estiment que la situation est hors de contrôle. Depuis son élection, Jokowi est confronté aux luttes d’influence au sein du Parti démocratique indonésien de lutte (PDI-P), sa formation politique. Son attitude sur la peine de mort est-elle liée au conflit de légitimité qui l’oppose à la présidente du parti, Megawati Sukarnoputri, ex-chef d’Etat entre 2001 et 2004 ?Les prises de position du président, que ce soit sur la peine de mort ou la souveraineté du pays, sont une forme de réponse aux pressions du PDI-P et de Megawati. Celle-ci estime que Jokowi n’est qu’une création du parti et elle l’a publiquement enjoint à ne pas reculer sur la peine de mort.Après l’exécution d’Andrew Chan et Myuran Sukumaran, les deux condamnés à mort australiens, le 29 avril, quelle conclusion peut-on tirer de l’action de Canberra ? Le premier ministre Tony Abbott a-t-il commis une erreur en demandant à Djakarta de ne pas procéder aux exécutions, en échange de l’aide apportée lors du tsunami de 2004 ?« Donner aux Indonésiens l’impression que les pays occidentaux peuvent leur dicter leur conduite n’est jamais productif »Tony Abbott a commis de nombreux faux pas sur ce sujet. Je pense qu’il n’était déjà pas judicieux de sa part de dire que c’est en raison de leur nationalité qu’Andrew Chan et Myuran Sukumaran ne devaient pas être exécutés. Il faut se rappeler que l’Indonésie est plus importante pour l’Australie que le contraire, et le thème de la souveraineté est très sensible à Djakarta. Ce n’est pas la première fois que des maladresses sont commises. Dans les années 1990, le premier ministre australien de l’époque, John Howard, avait estimé que Canberra était une sorte de « shérif adjoint » des Etats-Unis dans la région… Donner aux Indonésiens l’impression que les pays occidentaux peuvent leur dicter leur conduite n’est jamais productif. Après le discours de M. Abbott, des Indonésiens ont même commencé à rassembler de l’argent pour rembourser aux Australiens leur aide, tellement ce type de discours leur semblait insultant. En Indonésie, l’attention qui s’est focalisée sur les condamnés australiens s’est-elle reportée sur le Français Serge Atlaoui ?Pas particulièrement. Tout dépend de la façon dont la situation sera gérée. Il est possible que son cas disparaisse petit à petit de l’agenda politique, mais ce ne sont que des spéculations. L’opinion a surtout été sensible à la situation de la Philippine Mary-Jane Veloso, qui n’a finalement pas été exécutée. Il s’agissait d’une travailleuse migrante, mère de famille, qui avait apparemment été piégée. Les Indonésiens pouvaient facilement s’identifier à elle. Or Djakarta fait tout pour sauver ses propres ressortissants lorsqu’ils sont condamnés à mort à l’étranger. Dans ce cas précis, la contradiction était flagrante.La situation des condamnés à mort est-elle entre les seules mains de Jokowi ?Jokowi ne contrôle certainement pas toute l’institution judiciaire. Par contre, celle-ci est sujette à différentes influences. Dans d’autres affaires, certaines décisions judiciaires ont été achetées, c’est certain. Jokowi va-t-il tirer un bénéfice politique de ces exécutions ?En termes de relations internationales, elles auront eu des conséquences négatives pour l’Indonésie. Mais il ne faut pas oublier que Jokowi cherche surtout à convaincre les Indonésiens, pas les gouvernements étrangers. A moyen terme, quel sera l’impact dans l’opinion ? Retiendra-t-elle ces événements comme une victoire dans la lutte contre la drogue ou comme une régression des droits de l’homme ? On le saura ces prochaines années, si un mouvement d’ampleur contre la peine de mort émerge – ou pas.Ces exécutions signent-elles la fin de la diplomatie consensuelle promue par le prédécesseur de Jokowi, Susilo Bambang Yudhoyono, qui souhaitait que l’Indonésie ait « un million d’amis et zéro ennemi » ?Depuis le début de son mandat, Jokowi n’a pas fait mystère de son rejet de la politique du « million d’amis ». Il a répété qu’il souhaitait avoir des alliés forts et prendre des positions plus affirmées. L’Indonésie un grand pays, qui doit avoir sa place sur la scène internationale, et elle a bien l’intention de la prendre.Lire aussi :Les paradoxes du président indonésien « Jokowi »Michele Ford, coordinatrice de l’ouvrage collectif Beyond Oligarchy. Wealth, Power, and Contemporary Indonesian Politics (Southeast Asia Program Publications) était à Paris le 5 mai à l’occasion d’une conférence au Centre d’études et de recherches internationales.Adrien Le GalEditeur au service internationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 11h17 • Mis à jour le20.05.2015 à 16h57 Un Marocain âgé de 22 ans, soupçonné d’avoir participé à l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le 18 mars, a été près de Milan, ont annoncé, mercredi 20 mai, les autorités italiennes.L’arrestation a été réalisée sur la base d’un mandat d’arrêt international par des policiers de la Digos (Divisione investigazioni generali ed operazioni speciali – « division des investigations générales et des opérations spéciales »), un département qui s’occupe des opérations spéciales et du terrorisme.Abdelmajid T., 22 ans, « connu sous le pseudonyme d’“Abdallah” », a été arrêté mardi soir à Gaggiano, dans l’appartement où résident sa mère et ses deux frères, a précisé lors d’une conférence de presse Bruno Megale, chef du Digos de Milan. « Pour nous, c’est un parfait inconnu », a expliqué M. Megale, précisant que ses services avaient agi sur la base d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités tunisiennes, qui soupçonnent le jeune homme d’avoir participé à l’attentat du Bardo.En Tunisie, le ministère de l’intérieur a rapporté avoir « émis des mandats d’arrêt internationaux contre deux Marocains et un Algérien ayant un lien indirect » avec l’attentat du Bardo. Ces trois hommes « n’ont pas participé à l’opération terroriste, mais ont aidé ses auteurs », a expliqué le porte-parole du ministère, sans les nommer et sans plus de précisions sur leur rôle.Travail de recoupementCet homme avait fait l’objet d’un arrêté d’expulsion émis à la mi-février 2015, juste après son arrivée à Porto Empedocle, dans le sud de la Sicile, avec des dizaines d’autres migrants clandestins. Selon les premiers éléments dont disposait M. Megale, le jeune homme est soupçonné d’être parti pour la Tunisie puis revenu en Italie après l’attentat. Le mandat d’arrêt international a été établi sur des chefs d’homicide volontaire avec préméditation et conspiration en vue de commettre un attentat.La mère d’Abdelmajid T. travaille comme aide à domicile et ni elle ni ses deux autres fils ne sont soupçonnés d’implication dans l’affaire. Peu après l’attentat, elle avait fait une déclaration de perte du passeport de son fils, qui a permis aux autorités de faire le lien. « Le travail de recoupement des informations entre les services a fonctionné », s’est félicité M. Megale.Le 18 mars, deux jeunes Tunisiens armés de kalachnikovs avaient ouvert le feu sur des touristes au Musée du Bardo, le plus prestigieux de Tunisie, à proximité du Parlement, faisant vingt-deux morts – vingt et un touristes étrangers et un policier.L’attentat a été revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI), mais les autorités tunisiennes ont affirmé qu’il avait été « dirigé » par Lokmane Abou Sakhr, un chef djihadiste de nationalité algérienne, considéré comme l’un des dirigeants d’Okba Ibn Nafaa, un groupe affilié à Al-Qaida. Ce dernier a été abattu par les forces de l’ordre tunisiennes. Dans le cadre de l’enquête sur l’attentat, plusieurs personnes impliquées de manière directe ou indirecte ont été arrêtées, dont certaines ont été libérées faute de charge.Dix jours plus tard, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, s’était rendu à Tunis, en compagnie d’autres dirigeants internationaux, dont le président français, François Hollande, pour participer à une grande marche contre le terrorisme en Tunisie.Lire aussi :Après l’attaque de Tunis, débat autour des failles sécuritaires 20.05.2015 à 10h25 Environ 70 kg d’héroïne venant du Mexique, estimés à 50 millions de dollars (44,7 millions d’euros), ont été saisis dans le Bronx, à New York, ont annoncé mardi 19 mai les autorités, précisant qu’il s’agissait d’une saisie record dans l’Etat de New York. C’est aussi la quatrième plus grosse saisie d’héroïne aux Etats-Unis, selon les mêmes sources.« Cette cargaison était si importante qu’elle pouvait potentiellement procurer une dose d’héroïne à chaque homme, femme et enfant de la ville de New York », a déclaré la procureuse spéciale antidrogue, Bridget Brennan. Elle a précisé qu’il s’agit de la plus importante saisie par la DEA (Drug Enforcement Administration), à New York.Deux trafiquants ont été arrêtés, dont le chef supposé du réseau, José A. Mercedes. La drogue était cachée dans une voiture garée sur un parking privé près d’un parc, dans un quartier chic du Bronx, près de l’école Horace Mann, un établissement scolaire privé réputé aux Etats-Unis. Elle était répartie dans 70 paquets étiquetés « Rolex » dans un compartiment secret sous le plancher d’une Chevrolet Suburban, ont expliqué les enquêteurs, qui ont aussi trouvé dans la voiture 24 000 dollars (21 400 euros) en liquide.Des agents fédéraux ont également mis la main sur 2 millions de dollars (1,79 million d’euros), en espèces, sous le plancher d’un appartement lié au groupe de trafiquants, et une arme à feu.Les Etats du Nord-EstLe chef supposé du réseau, José A. Mercedes, 46 ans, a été arrêté dimanche, ainsi qu’un complice, Yenci Cruz Francisco, 19 ans, qui au moment de son interpellation démarrait le Suburban. Les deux hommes ont été inculpés lundi soir de trafic de drogue, et ont été maintenus en détention. Deux autres suspects, dont le fils de M. Mercedes, avaient déjà été arrêtés en novembre, ont rappelé les autorités.Selon elles, le réseau de Mercedes était la principale source d’héroïne pour New York et les Etats proches du Connecticut, Massachusetts, de Pennsylvanie et Rhode Island. Le groupe était approvisionné tous les mois depuis Culican, au Mexique, secteur contrôlé par le cartel Sinaloas.Aux Etats-Unis, les morts par overdose ont augmenté de 45 % de 2006 à 2010, et la quantité de drogue saisie chaque année à la frontière mexicaine a presque quadruplé de 2008 à 2012. Lire : New York en état d'alerte face à l'héroïneLire : Gotham replonge dans la came  20.05.2015 à 08h24 • Mis à jour le20.05.2015 à 09h59 Six Chinois ont été inculpés d’espionnage économique et vol de secrets commerciaux dans la téléphonie mobile aux Etats-Unis au bénéfice du régime de Pékin.Les six hommes, dont trois universitaires en Chine, sont accusés d’avoir dérobé des technologies d’Avago Technologies et de Skyworks Solutions, deux entreprises américaines de semi-conducteurs, selon l’acte d’inculpation communiqué mardi 19 mai par le ministère de la justice américain.L’un des professeurs, Hao Zhang, a été arrêté samedi à son arrivée aux Etats-Unis, à l’aéroport de Los Angeles, et a été écroué lundi après une première comparution devant une juge. Les cinq autres, placés sous mandat d’arrêt international, se trouveraient toujours en Chine, selon un porte-parole du ministère de la justice.Ils risquent quinze ans de prisonIl s’agit de la 11e affaire d’espionnage économique instruite par la justice américaine depuis l’adoption, en 1996, d’une loi punissant cette infraction. Les six hommes sont inculpés de 32 chefs d’accusation d’espionnage économique, vol de secrets commerciaux, et complot. Ils encourent un minimum de quinze ans de prison, assorti de lourdes amendes.L’objectif de ce complot, qui remonterait à 2006, était de voler les secrets commerciaux d’Avago, sise en Californie, et de Skyworks, installée dans le Massachusetts, en particulier leurs technologies dites « FBAR », utilisées dans les téléphones portables pour filtrer les signaux et accroître leur performance.L’opération était supervisée par des responsables de la Tianjin University – une des universités-clés du ministère chinois de l’éducation par l’intermédiaire d’une entreprise-écran dans les îles Caïmans, pour le compte d’une structure en Chine, ROFS Microsystems, qui devait fabriquer ces technologies. Le but était de « déplacer Avago en Chine », selon les mots de l’un des accusés reproduits dans l’acte d’inculpation. 20.05.2015 à 08h10 • Mis à jour le20.05.2015 à 10h57 Israël recule. L'Etat hébreu, qui avait décidé d'interdire aux Palestiniens de Cisjordanie d'utiliser les mêmes autobus que les Israéliens pour rentrer chez eux après leur journée de travail, est finalement revenu sur cette mesure mercredi 20 mai. Le premier ministre lui-même, Benyamin Nétanyahou, a ordonné la suspension de cette disposition, qu'il juge, selon son entourage « inacceptable ».La décision devait entrer en vigueur ce mercredi dans le cadre d'un projet pilote prévu pour durer trois mois« Réduire les dangers »Les milliers de Palestiniens employés en Israël devaient désormais passer par quatre postes de contrôle pour se rendre sur leur lieu de travail et rentrer chez eux par ces mêmes points de passage. A leur retour en Cisjordanie, ils devaient prendre des autobus palestiniens et non plus israéliens pour les ramener chez eux.Le ministre de la défense, Moshé Yaalon, à l'origine de cette décision, estimait, selon la radio publique israélienne, que ces dispositions permettraient de « mieux contrôler les Palestiniens qui entrent et qui sortent d'Israël et de réduire les dangers liés à la sécurité ». La radio de l'armée avait toutefois précisé que les responsables militaires n'étaient pas favorables à cette séparation. Les risques d'attentat, selon eux, étaient minimes précisément parce quee les autobus qui auraient pu être visés par des attaques transportent de nombreux Palestiniens.« Il ne s'agit en aucun cas d'un apartheid »Cette mesure était réclamée par le lobby des colons de Cisjordanie occupée depuis des années. Mordehaï Yogev, un député du parti nationaliste religieux Foyer juif, qui milite depuis trois ans pour qu'une telle disposition de séparation soit mise en place, a ainsi expliqué à la radio :« A leur retour du travail, les Palestiniens remplissaient les autobus si bien qu'il n'y avait plus de place pour les Israéliens. De plus, les femmes israéliennes, notamment les soldates, étaient souvent victimes d'agressions sexuelles. »M. Yogev a rejeté toute idée de ségrégation : « Il ne s'agit en aucun cas d'apartheid. La situation était tout simplement devenue insupportable. »Selon un récent rapport de la Banque d'Israël, 92 000 Palestiniens sont employés en Israël. Benoît Vitkine Achkhabad, la rutilante capitale du Turkménistan, s’est enrichie, lundi 25 mai, d’un nouveau monument de marbre et d’or : une statue à cheval du président-dictateur de cet Etat d’Asie centrale immensément riche en gaz, Gourbangouli Berdimoukhamedov.M. Berdimoukhamedov, un ancien dentiste qui règne sur le pays d’une main de fer depuis 2006, n’a pas assisté à l’inauguration, effectuée à grand renfort de lâchers de colombes et sous les vivats d’une foule criant « Gloire à l’Arkadag », le titre de « Protecteur » que s’est octroyé le président.La présidente du Parlement a rappelé lors de la cérémonie que la décision d’ériger ce monument de 21 mètres de haut avait été prise à la suite des appels en ce sens « de simples gens, de collectifs professionnels et d’organisations publiques ».Le culte de la personnalité dont bénéficie M. Berdimoukhamedov n’est pas une nouveauté. Son portrait s’affiche dans tout le Turkménistan, des statues du père et du grand-père du « Protecteur » ont été inaugurées. Et selon un ouvrage officiel publié fin 2009, le président « tire sa popularité ainsi que son autorité considérable de Dieu ».Mais avec l’inauguration de sa statue, le président semble désormais galoper dans les pas de son prédécesseur, le « Turkmenbachi » Saparmourad Niazov, qui s’était fait bâtir une statue en or encore plus démesurée, conçue pour accompagner la course du soleil. M. Niazov avait aussi fait renommer les mois de l’année d’après les noms des membres de sa famille ou écrit un « livre de l’Ame » que tous les écoliers devaient apprendre par cœur.Espoirs de libéralisation du régime disparusA son arrivée au pouvoir, en 2006, M. Berdimoukhamedov avait remisé dans les faubourgs de la capitale la statue « tournesol » et aboli certains des décrets les plus excentriques de l’ancien président, laissant espérer une libéralisation de ce régime parmi les plus fermés et répressifs de la planète. Depuis, ces espoirs ont disparu, et le pouvoir turkmène continue d’exercer un contrôle totalitaire sur la société et d’envoyer ses opposants dans les mines de sel.La statue inaugurée lundi rend hommage à la grande passion du dictateur. Celui-ci a écrit un livre sur les chevaux turkmènes – mais aussi, par exemple, sur les plantes médicinales –, il se fait fréquemment représenter montant l’Akhal-Teke, la prestigieuse race de cheval locale, dont un étalon avait été offert à François Mitterrand à l’occasion d’une visite en 1993. En 2015, le président Berdimoukhamedov s’est autodécerné un nouveau titre honorifique : l’« Eleveur national ».Deux ans plus tôt, les célébrations de la « Journée du cheval » avaient moins bien réussi à M. Berdimoukhamedov. Le président avait alors concouru à une course, qu’il avait remportée avant de s’écrouler une fois la ligne d’arrivée passée. L’intégralité des spectateurs avaient alors été fouillés à la sortie de l’hippodrome pour s’assurer qu’aucune image de cette humiliante chute ne sortirait. Peine perdue…lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#s2QhfLn1oPQ"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "s2QhfLn1oPQ", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Paulo A. Paranagua La guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, extrême gauche) a annoncé vendredi 22 mai la fin de la trêve « unilatérale et indéfinie » décrétée fin décembre 2014. Cette annonce fait suite à la mort, jeudi 21 mai, de 26 guérilleros dans une opération conjointe des forces armées colombiennes dans le département du Cauca (sud-ouest). Une opération menée en représailles à la mort, en avril, de 11 soldats dans une embuscade des FARC.Lire aussi :Les FARC rompent leur cessez-le-feu en ColombieLa recrudescence des combats met-elle en danger les négociations de paix ?Les FARC et le gouvernement du président Juan Manuel Santos (centre droit) négocient à La Havane depuis novembre 2012. Les deux parties étaient d’accord au départ pour mener ces négociations sans cessez-le-feu préalable. Pourquoi ? Parce que les FARC avaient profité d’un précédent dialogue (1999-2002), accompagné de la mise en place d’une zone démilitarisée, pour accumuler des forces et des armes, kidnapper des militaires et des civils, sans avoir l’intention de faire la paix.Comme les négociations de La Havane traînent et que l’opinion colombienne n’a pas la moindre sympathie pour la guérilla, les FARC ont annoncé un cessez-le-feu unilatéral, en décembre 2014, pour redorer leur blason. De son côté, quelques mois plus tard, le président Santos suspendait les bombardements aériens, comme un gage de bonne volonté.La reprise des hostilités armées n’est pas une bonne nouvelle pour les populations civiles, qui sont les premières à en subir les conséquences. Mais négocier la paix tout en poursuivant le combat était la position des FARC et de Bogota depuis le départ. Les deux parties comprendront peut-être, avec ce retour de la violence et la pression de l’opinion publique, qu’il faut enfin accélérer le pas.Pourquoi les négociations traînent-elles depuis deux ans et demi ?Un demi-siècle de conflit, des milliers de morts et des millions de déplacés ne sont pas de nature à susciter la confiance. Longtemps s’est posée d’ailleurs la question de savoir si les FARC voulaient vraiment abandonner les armes ou seulement gagner du temps.Juan Manuel Santos, qui croyait boucler l’accord avec la guérilla en un an, a obtenu laborieusement un second mandat, en juin 2014, pour achever l’objectif de sa présidence et entrer dans l’histoire comme un faiseur de paix. Prolonger la guerre coûte cher des deux côtés. Et chaque camp sait parfaitement qu’il n’y a pas d’issue militaire à court terme, à cause de la géographie colombienne et du fait que l’argent de la drogue nourrit la guérilla.Qu’est-ce qui reste à négocier ?Les négociations achoppent sur le point le plus délicat : après avoir laissé les armes, les chefs des FARC iront-ils au Sénat ou à La Picota, la prison de Bogota ? Contrairement à ce qui s’est passé pour les chefs des milices paramilitaires d’extrême droite, les guérilleros ne veulent pas faire de la prison pour les crimes de guerre ou les violations des droits de l’homme commis au cours du conflit. En 2005, la loi dite de « justice et paix » imposait aux « paras » des peines maximales de huit ans, à condition d’avouer leurs crimes et de satisfaire ainsi le besoin de vérité des victimes.Lire aussi :La Colombie tente de concilier paix et justiceLes FARC refusent d’envisager des peines de prison, même aussi réduites. D’autre part, si les guérilleros étaient amnistiés, comment faire admettre aux militaires poursuivis pour crimes de guerre de payer, seuls, le prix des tractations ? Concilier la volonté de paix et l’exigence de justice, tel est le dilemme auquel sont confrontés les négociateurs.Lire aussi :En Colombie, l’ELN hésite à se rallier au processus de paix engagé avec les FARCPaulo A. ParanaguaJournaliste au Monde 25.05.2015 à 16h21 • Mis à jour le25.05.2015 à 16h28 Un parlementaire allemand, qui a des liens forts avec l’Ukraine, s’est vu refuser dimanche 24 mai l’entrée sur le territoire russe, conduisant Berlin à dénoncer lundi le procédé.« Du point de vue du gouvernement allemand, l’interdiction faite au député Karl-Georg Wellmann est incompréhensible et inacceptable, a réagi un porte-parole du ministère des affaires étrangères. Le gouvernement allemand attend la levée de cette interdiction. » Berlin a protesté officiellement à Moscou et auprès de l’ambassade de Russie en Allemagne, a fait savoir le ministère.M. Wellmann, élu des Unions chrétiennes (CDU-CSU), le parti conservateur de la chancelière Angela Merkel, préside le groupe d’amitié parlementaire germano-ukrainien au Bundestag, et s’est rendu en Ukraine en mai 2014 comme observateur de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour les élections. Il est aussi rapporteur de son parti pour la Russie au sein de la commission des affaires étrangères du Bundestag.Lire la tribune :Russie, Ukraine, Europe : une crise de coexistenceInterdiction de pénétrer en Russie jusqu’en 2019Il a été refoulé dimanche à son arrivée à l’aéroport de Moscou, où il se rendait sur invitation pour des discussions politiques, a-t-il rapporté dans plusieurs médias lundi. D’après son témoignage, les autorités russes lui ont intimé de reprendre l’avion pour Berlin, et signifié son interdiction de pénétrer en Russie jusqu’en 2019.Interviewé par l’hebdomadaire Focus, le parlementaire a estimé subir la riposte russe aux vagues successives l’an dernier de sanctions européennes contre des personnalités russes sur fond de crise en Ukraine :« Nous supposons qu’il y a une liste de sanctions côté russe, en réaction aux sanctions de l’Union européenne. Et comme je suis rapporteur de mon groupe parlementaire pour la Russie, j’ai atterri dessus. Comme cette liste n’est pas publique, on ne se rend compte qu’on est dessus que lorsque l’on est dans le hall d’arrivée. » service international Qui est Andrzej Duda, le futur président ultraconservateur de la Pologne, vainqueur surprise de l’élection de dimanche 24 mai avec 51,55 % des voix. L’homme, âgé de 43 ans, est un ancien professeur de droit, entré en politique en 2005 dans le parti Droit et justice (PiS), fondé par les frères jumeaux Kaczynski en 2001. M. Duda a été secrétaire d’Etat à la justice en 2005, dans le premier gouvernement dominé par le PiS. En 2008, il devient l’un des proches collaborateurs du président Lech Kaczynski, mort dans un accident d’avion en 2010. Il sera ensuite député, avant de devenir eurodéputé en mai 2014.Lire aussi :La revanche des conservateurs polonaisUne carrière jusqu’ici très discrète, qui explique pourquoi il n’était clairement pas favori dans cette élection face au président sortant, le libéral Bronislaw Komorowski, 62 ans. Mais M. Duda a réussi à s’imposer pendant la campagne, apportant un nouveau visage au parti alors que l’image de M. Kaczynski sert encore de repoussoir à une partie des Polonais. Il a fait campagne à l’américaine, sillonnant le pays à bord d’un bus à la rencontre des gens, pendant que le président restait dans son palais. Son côté « gendre idéal » a rassuré la Pologne profonde, fidèle aux préceptes de l’Eglise catholique.« Marionnette »Ayant commencé ses études en 1991, Andrzej Duda est le premier chef d’Etat du pays à ne pas être directement lié aux événements des années 1980 et à la lutte contre la mainmise soviétique. Les Polonais ont été également fatigués par le sempiternel duel entre Jaroslaw Kaczynski et l’ancien premier ministre de Plate-forme civique (PO, droite libérale, au pouvoir), Donald Tusk, aujourd’hui président du Conseil européen, à Bruxelles. M. Kaczynski est resté dans l’ombre pendant toute la campagne. « Duda est la marionnette de Kaczynski », assure cependant Radoslaw Markowski, professeur de sciences politiques à Varsovie.L’un des principaux thèmes de la campagne de M. Duda; qui prendra ses fonctions le 6 août, a été la lutte contre les entreprises étrangères qui ne paient pas d’impôts. Les enseignes de grande distribution – notamment françaises – sont dans le collimateur. Elles sont, de plus, accusées de faire de la concurrence aux petits commerçants. M. Duda a aussi promis de s’attaquer aux banques étrangères en Pologne. Autant d’annonces qui rappellent le programme appliqué par l’ultraconservateur Viktor Orban en Hongrie.Pendant sa campagne, Andrzej Duda a régulièrement attaqué le récent contrat passé avec Airbus pour l’achat de 50 hélicoptères par l’armée polonaise. Le PiS estime que cela se fait au détriment d’entreprises basées en Pologne. Il a également pu compter sur les voix des laissés-pour-compte de l’impressionnante croissance économique qu’a connue la Pologne ces dernières années. « Les dernières années ont peut-être été bonnes, mais seulement pour un groupe limité », a-t-il expliqué devant ses militants, vendredi, à Cracovie.Lire aussi :Andrzej Duda « l’inconnu », nouveau président polonaisservice internationalJournaliste au Monde 25.05.2015 à 11h58 Vingt-trois tentatives, vingt-trois échecs. Depuis que le mandat de Michel Sleimane a expiré, il y a tout juste un an, le 25 mai 2014, les Libanais ne sont pas parvenus à désigner un nouveau chef de l’Etat. A vingt-trois reprises, le Parlement a tenté de réunir le quorum nécessaire de deux tiers des 128 députés pour le vote, sans succès.Alors que le pays est pris dans les conflits régionaux, les analystes doutent qu’une élection puisse avoir lieu prochainement. Avec plus de un million de réfugiés sur son territoire, le Liban est notamment directement impliqué dans la crise qui secoue la Syrie voisine, où le Hezbollah libanais combat aux côtés des forces du président Bachar Al-Assad.Lire aussi :Au Liban, le désespoir des réfugiés syriensGuerres par procurationAu Liban, « on a toujours besoin d’un parrain étranger pour nous dire qui choisir, a expliqué à l’Agence France-Presse Sahar Al-Atrache, spécialiste des affaires libanaises à l’International Crisis Group. Or, les parrains des deux camps rivaux libanais, l’Arabie saoudite et l’Iran, s’affrontent, mènent des guerres par procuration dans la région et ne vont pas se mettre d’accord sur l’élection d’un président au Liban ».La coalition du 14-Mars, dirigée par l’ex-premier ministre sunnite Saad Hariri et appuyée par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, défend la candidature de Samir Geagea, le leader des Forces libanaises. Le camp rival du 8-Mars, mené par le Hezbollah chiite et allié de Damas et de Téhéran, soutient lui Michel Aoun, à la tête du Mouvement patriotique libre.Selon le partage traditionnel des pouvoirs, le chef de l’Etat libanais est issu de la communauté chrétienne maronite, divisée entre 8-Mars et 14-Mars. Cette vacance au sommet de l’Etat a lieu alors que les chrétiens craignent de voir leur présence et leur influence dans la région menacées par la montée de mouvements islamistes extrémistes. Si le président ne dispose pas de véritables prérogatives, son poste reste important dans le délicat partage de pouvoir de ce pays multiconfessionnel.Lire aussi :Quinze ans après la fin de l’occupation au Liban sud, la douleur d’une mèrePolarisation politiqueCe vide présidentiel prolongé, le plus long depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), s’accompagne d’une paralysie des autres institutions de l’Etat. Le gouvernement de Tammam Salam, divisé, peine à faire passer projets de loi, budgets et nominations, notamment à des postes sécuritaires clés. Les élections législatives ont également été reportées, le Parlement ayant prorogé son mandat en 2014.« Le vide au sommet de l’Etat a miné la capacité du Liban à relever les défis sécuritaires, économiques et sociaux croissants que connaît le pays, s’est inquiété lundi 25 mai le Bureau du coordinateur spécial des Nations unies pour le Liban. Il a contribué à la polarisation politique du pays à un moment où le Liban doit faire un effort pour préserver le pays de l’impact de la crise syrienne. »Le Liban n’en est pas à sa première période de vacance présidentielle. Après le départ d’Emile Lahoud, en 2007, le pays était resté 184 jours sans président. Au terme du mandat d’Amine Gemayel, il avait fallu 408 jours pour désigner un nouveau chef de l’Etat.Face au blocage actuel, les Libanais oscillent entre désenchantement, résignation et désintérêt, constate le quotidien L’Orient-Le Jour. « Les Libanais n’ont ni envie ni besoin d’un président. Dans l’ensemble, ils ont abandonné tout espoir d’être entendus ou représentés », a par exemple déclaré au journal le musicien Zeid Hamdan.  25.05.2015 à 11h05 • Mis à jour le25.05.2015 à 11h19 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) « Oui, c’est possible ! Oui, c’est possible ! » Sur les places publiques de Madrid et de Barcelone, des centaines de personnes dansaient de joie, dimanche 24 mai au soir. Les élections locales et dans treize régions d’Espagne font figure de véritable séisme politique dans les deux plus grandes villes du pays, où des candidats d’« unité populaire » pourraient prendre le contrôle de la mairie. Ces élections représentent un sérieux revers pour le bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la transition démocratique (1975-1982) et annoncent la victoire d’une gauche fragmentée dans des fiefs conservateurs.Après quatre ans au pouvoir en Espagne, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), affaibli par la politique d’austérité menée durant la crise et une succession de scandales de corruption, s’effondre. Avec 27 % des voix aux municipales, il perd 10 points par rapport aux élections de 2011. Cette chute permet au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, centre gauche) de remporter la victoire dans plusieurs régions et de nombreuses municipalités, malgré une nouvelle baisse de près de 3 points et à peine 25 % des voix. Le PSOE, également touché par plusieurs affaires, ne se remet pas des premières mesures de rigueur appliquée en 2010 par l’ancien chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero.L’entrée en force du parti de la gauche radicale Podemos, qui ne se présentait sous sa propre bannière que pour les élections régionales, ainsi que du parti de centre droit Ciudadanos (« citoyens »), qui remporte 6,5 % des voix aux municipales,... 15.05.2015 à 17h26 • Mis à jour le15.05.2015 à 17h35 Khalid Al-Fawwaz, un Saoudien présenté comme un fidèle lieutenant d'Oussama Ben Laden pendant dix ans, a été condamné à la réclusion à perpétuité aux Etats-Unis pour ses liens avec les attentats contre deux ambassades américaines en Afrique en 1998. Ces attentats au Kenya et en Tanzanie avaient fait 224 morts et 5 000 blessés le 7 août 1998.Il avait été reconnu coupable le 26 février après deux mois de procès. Il était notamment accusé de complot visant à tuer des Américains et complot visant à détruire des propriétés américaines. C'était, selon le procureur de Manhattan, Preet Bharara, « l'un des premiers et plus fidèles lieutenants d'Oussama Ben Laden ».« D'abord comme le leader d'un camp d'entraînement d'Al-Qaida en Afghanistan, puis en tant que chef de file de la cellule d'Al-Qaida au Kenya, et enfin, comme le conseiller en communication de Ben Laden à Londres ».A une époque pré-Internet, il facilitait les interviews de Ben Laden en Afghanistan par les médias occidentaux, et avait disséminé sa fatwa de 1998 ordonnant à ses partisans de tuer des Américains partout dans le monde. Cette directive a été suivie par les attentats contre les ambassades du Kenya et de Tanzanie ».Lors du procès, l'avocat de la défense, Bobbi Sternheim, l'avait décrit à l'inverse comme un homme « calme, serein et religieux » ayant consacré sa vie à combattre la corruption dans son pays natal. Il avait rejeté toute complicité avec Al-Qaida et affirmé que son client n'avait jamais partagé les vues radicales de Ben Laden, même s'il le connaissait personnellement.Le procureur Bharara s'est réjoui que les dix accusés jugés à New York en lien avec ces attentats contre les deux ambassades américaines en Afrique aient tous été condamnés, à l'issue d'un procès ou après avoir plaidé coupable, à Manhattan. Khalid Al-Fawwaz avait été arrêté un mois après les attentats, à Londres et inculpé aux Etats-Unis. Il avait lutté pendant des années pour éviter d'être extradé, mais l'avait été en octobre 2012.Lire l'analyse : "Fragmentée et affaiblie", Al-Qaida reste une menace 15.05.2015 à 16h34 • Mis à jour le15.05.2015 à 16h38 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) L’avocat chinois Pu Zhiqiang, figure emblématique du combat pour l’Etat de droit en Chine et ex-défenseur d’Ai Weiwei, a été officiellement inculpé pour « incitation à la haine ethnique » et « provocation de querelles et de trouble » vendredi 15 mai après-midi. L’information a été diffusée par le microblog du parquet populaire de la municipalité de Pékin. M. Pu, âgé de 50 ans, avait été arrêté il y a plus d’un an, le 7 mai 2014, après avoir participé à un séminaire privé pour commémorer les 25 ans des événements de Tiananmen. Il a ensuite subi une détention d’une durée exceptionnelle, durant laquelle le parquet a plusieurs fois renvoyé à la police le dossier pour supplément de preuves, laissant envisager une hypothétique relaxe. Il n’en a rien été. Deux accusations ont toutefois été abandonnées, « l’incitation au séparatisme » et « l’obtention illégale d’information ».Un procès d’ici à deux semainesCette inculpation fait craindre le pire : M. Pu, qui s’était spécialisé dans les cas de liberté d’expression, encourt selon son avocat, Shang Baojun, joint par Le Monde, huit ans de prison. Son procès devrait se tenir d’ici à deux semaines. Or, M. Pu et son équipe de défenseurs ont peu de chances de gagner la partie : la jurisprudence en matière de « dissidents » montre une justice largement instrumentalisée par le parti pour faire taire les critiques, sans aucun souci de cohérence ni d’équité. « Après la journaliste Gao Yu dans le domaine de la presse, le juriste Xu Zhiyong pour la société civile, voici une autre figure connue qui va être lourdement punie pour l’exemple, cette fois pour intimider les autres avocats », explique un diplomate dans une chancellerie occidentale à Pékin. Cette liste qui s’allonge de prisonniers d’opinion jetés derrière les barreaux confirme, de la part du régime et de son nouvel homme fort, une tolérance zéro à la critique, assumée sans vergogne malgré l’indignation des associations des droits de l’homme et des pays démocratiques, asiatiques ou occidentaux. Hasard du calendrier, la nouvelle de l’inculpation de M. Pu est tombée le jour de la rencontre entre le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, en visite officielle à Pékin, et le premier ministre chinois, Li Keqiang. Et la veille de l’arrivée en Chine du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, samedi 16 mai. « Il faudra s’attendre à beaucoup de réactions dans les jours qui suivent puis lors du procès, car le dossier Pu Zhiqiang fait partie de ceux qui sont le plus suivis par les ambassades étrangères », poursuit le diplomate sous couvert d’anonymat. Au début du mois, le département d’Etat américain avait appelé Pékin à libérer Pu Zhiqiang.Lire aussi :Sept années de prison pour la journaliste chinoise Gao YuLa persécution politique en Chine s’abrite toutefois derrière une façade procédurière qui rend difficile les critiques, malgré les vices de procédures et les dénis de droits que ne cessent de répertorier les avocats chinois. Enfin, alors que le très charismatique Pu Zhiqiang faisait partie des rares personnalités mises en avant par les médias chinois les plus progressistes avant sa détention, plus aucune couverture médiatique n’est autorisée sur son cas depuis en Chine, en dehors des dépêches, brèves et vénéneuses, des organes officiels.Blogueur hyperactifLa justice chinoise reproche à M. Pu des messages de microblog – 28 billets exactement – qu’il avait envoyés à ses abonnés entre 2011 et 2014 et qui ont été consignés dans l’enquête parmi des milliers d’autres (M. Pu était un blogueur hyperactif). Ses avocats ont toujours fait valoir qu’ils restaient dans les limites de la liberté d’expression telle que la définit la Constitution chinoise. Leur client est, selon eux, persécuté pour délit d’opinion.Lire aussi :Un avocat chinois menacé de 20 ans de prison pour des tweets« L’incitation à la haine ethnique » concerne des messages diffusés au sujet de la situation dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, qui a basculé depuis 2013 dans une spirale de violence et de répression. Turcophones et musulmans, les Ouïgours s’estiment réduits à des citoyens de seconde zone sur leur propre territoire. Loin de s’en être pris à eux, Pu Zhiqiang avait mis en doute dans ses tweets les informations extrêmement contrôlées et partielles de la propagande sur les attentats de 2014 au Xinjiang – dont un dans la gare d’Urumqi le 30 avril – et dans le reste de la Chine. Il avait aussi critiqué des « politiques absurdes », fondées sur le « contrôle et la vision d’autrui [les Ouïgours] en ennemis » de la part du gouvernement chinois.Quant à la « provocation de querelles et de troubles », elle pourrait renvoyer à un ensemble de moqueries exprimées par Pu Zhiqiang à l’encontre de personnalités politiques mineures très souvent raillées par la blogosphère pour leur manque d’esprit critique et leur soumission au régime – comme le petit-fils de Mao, Mao Xinyu, un haut gradé de l’armée nommé député et dont les internautes moquent continuellement l’incompétence. Dans la Chine de Xi Jinping, comme jamais peut-être depuis des décennies, le parti et son sacro-saint héritage sont intouchables.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.05.2015 à 15h17 • Mis à jour le15.05.2015 à 17h46 La Knesset a approuvé, jeudi 14 mai, à une très courte majorité d’une seule voix (61 sur 120), le nouveau gouvernement du premier ministre conservateur israélien, Benyamin Nétanyahou, vainqueur surprise des élections législatives du 17 mars. L’espérance de vie de ce gouvernement pourrait être courte, dans la mesure où ses priorités risquent de susciter de vifs débats entre les alliés du Likoud : le centre droit de Kulanu, les ultra-orthodoxes du Shass et de Judaïsme unifié de la Torah, et le parti nationaliste religieux Foyer juif.Un gouvernement vulnérable à tous les chantagesAvec seulement 61 sièges, Benjamin Nétanyahou n’est pas à l’abri des récriminations de ses partenaires de gouvernement, ou même de l’un ou l’autre des députés de la majorité, alors que son parti, le Likoud, se retrouve privé de prestigieux ministères, répartis entre les autres formations de la coalition. Le premier ministre a conscience de cette faiblesse. Sa coalition à peine bouclée, il a lui-même évoqué mercredi 6 mai son intention de continuer les négociations pour élargir la coalition. « Soixante et un est un bon chiffre, a-t-il dit. Mais plus de soixante et un est un chiffre encore meilleur. On commence à soixante et un. Nous avons beaucoup de travail devant nous. » Dans les prochains mois, une fois que le budget 2015 aura été enfin voté, les observateurs estiment que le premier ministre conservateur pourrait tenter de former une coalition d’union nationale avec les travaillistes, pour faire face aux défis qui attendent Israël.Des divergences sur le processus de paix avec l’Autorité palestinienneLe premier ministre avait déclenché une crise avec son allié américain en déclarant lors de la campagne qu’il n’y aurait pas d’Etat palestinien s’il était réélu. S’il a ensuite nuancé ses propos, Washington attend de lui des avancées concrètes. Or, celles-ci risquent d’être impossibles avec le dernier parti entré dans la coalition, le Foyer juif de Naftali Bennett, qui soutient la colonisation en Cisjordanie et s’oppose fermement à la création d’un Etat palestinien. Son dirigeant, Naftali Bennett, a monnayé à prix d’or le soutien de ses huit députés, obtenant le ministère de l’éducation, mais surtout celui de l’agriculture et celui de la justice, des postes clés. Les Palestiniens ne s’y sont pas trompés et ont immédiatement dénoncé un « gouvernement d’union pour la guerre et contre la paix ».L’isolement d’Israël sur la scène internationale pourrait donc s’accentuer alors qu’un accord international sur le nucléaire se prépare avec l’Iran. Benyamin Nétanyahou s’y oppose et a encore qualifié jeudi la question des armes nucléaire en Iran de « plus grand défi du gouvernement ».Des marges limitées face aux enjeux sociauxLes promesses de campagne de Benjamin Nétanyahou sur le logement et la concurrence bancaire pourraient ne pas être tenues. Au sein de la coalition, Moshe Kahlon, leader du parti de centre droit Kulanu, dont l’ambition est de réformer le secteur de l’immobilier pour mettre un terme à l’envolée des prix, semble isolé. Sa formation a obtenu le ministère des finances ainsi que celui de la construction et du logement, mais il sera difficile de conduire ces réformes avec une majorité si incertaine. D’autant que les ultra-orthodoxes ont d’autres priorités en tête : revenir sur la suppression, à l’initiative du gouvernement sortant, de certains privilèges de cette partie de la population. Les ultra-orthodoxes ont par exemple obtenu des garanties sur l’annulation des peines de prison pour les étudiants de yeshivas (centre d’études religieux) qui ne se présenteraient pas au service militaire. Une large part du budget de l’éducation devrait par ailleurs être allouée à leur système d’éducation parallèle. Ce retour en arrière vaut à Benyamin Nétanyahou de fortes critiques, même chez ses supporteurs, et risque de raviver les tensions entre les religieux et le reste de la société israélienne.Hélène Lompech 15.05.2015 à 12h39 • Mis à jour le15.05.2015 à 13h00 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Rédigé par l’opposition, le rapport posthume de Boris Nemtsov, assassiné au pied du Kremlin le 27 février, sur l’implication militaire de la Russie en Ukraine, n’a pas encore franchi tous les obstacles pour sa diffusion. « Notre but est d’amener tous ceux qui, en Russie, n’utilisent pas Internet ou qui n’écoutent que la propagande à ouvrir les yeux, avait déclaré Ilia Iachine, membre du parti d’opposition RPR-Parnasse, en présentant le document à la presse le 12 mai. Nous n’avons pas besoin de convaincre les Occidentaux mais ceux qui regardent Perviy Kanal [première chaîne de télévision russe]. »Tiré à 2 000 exemplaires et intitulé « Poutine. La guerre », le rapport, qui dénonce l’envoi, toujours nié par Moscou, de soldats, de mercenaires et de matériel en soutien aux séparatistes prorusses du Donbass, reste cependant confidentiel. Au moins quatorze imprimeurs en Russie ont refusé de l’éditer.Dossiers sensiblesUne collecte d’argent a été lancée pour tenter néanmoins de publier le plus largement possible le document et de le distribuer en région. Les dons ont afflué. Mais, nouveau revers, le service de paiement en ligne PayPal a fait savoir, jeudi 14 mai, qu’il ne faudrait pas compter sur lui. Un compte avait été ouvert par Vsevolod Chagaev, un militant de Solidarnost (mouvement qui réunit plusieurs figures de l’opposition russe) chargé d’organiser la collecte de fonds. Ses espoirs ont été rapidement douchés.« Cher Monsieur, écrit la société basée en Californie dans un courrier rendu public sur le compte Twitter de l’intéressé. Merci pour les données présentées, mais votre compte ne peut pas être activé. A ce jour, PayPal ne permet pas d’utiliser son système pour des dons à un parti ou pour un but politique en Russie. »Ce n’est pas la première fois que PayPal refuse ses services dans des dossiers considérés comme sensibles. En 2010, l’entreprise avait ainsi essuyé des critiques pour avoir bloqué le compte de WikiLeaks, à la suite de la publication des câbles diplomatiques américains. Dépitée, l’opposition russe a annoncé qu’elle allait rendre l’argent aux donateurs et qu’elle persévérerait en se tournant cette fois vers Yandex, le célèbre moteur de recherche russe qui possède également un système de paiement en ligne.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.05.2015 à 11h35 • Mis à jour le15.05.2015 à 16h34 | Pierre-Cyrille Hautcoeur (Directeur d'études à l'EHESS) Lors de la visite de Nicolas Sarkozy qui a suivi le tremblement de terre de 2010, l’historien haïtien Jean Saint-Vil exigeait le remboursement par la France de 40 milliards de dollars (27,8 milliards d’euros en 2010), correspondant, selon lui, à la valeur actuelle de l’indemnité de 150 millions de francs obtenue de Haïti sous la menace, par la France de Charles X en 1825, comme compensation des pertes subies par les colons, après l’indépendance de l’île en 1804. En 2003, le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide, président de Haïti, avait réclamé 17 milliards de dollars de compensation.Nous laisserons, ici, de côté la question – essentielle – du sens qu’auraient des réparations financières des crimes de l’esclavage d’un point de vue philosophique ou juridique, pour examiner cette demande financière, et notamment son montant.L’utilisation de l’indemnisationDans le calcul de 1825, seul le tiers de l’indemnité correspondait à la valeur des esclaves, de sorte que la réduction de l’indemnité à 90 millions par Louis-Philippe en 1838 en faisait le prix de la seule expropriation du capital foncier et immobilier des colons. C’est, donc, dans une certaine mesure, une compensation au titre de la colonisation qui est aujourd’hui réclamée, plus que de l’esclavage... 15.05.2015 à 10h20 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h25 David Cameron, reconduit la semaine dernière à la tête du gouvernement britannique, se rend vendredi 15 mai en Ecosse pour des discussions sur le transfert de nouveaux pouvoirs aux autorités écossaises.Un texte donnant des pouvoirs supplémentaires à l'Ecosse doit figurer dans le programme législatif du nouveau gouvernement de M. Cameron, qui sera lu le 27 mai par Elizabeth II au cours du traditionnel discours de la reine.Ce discours, qui détaille le programme législatif du nouveau gouvernement pour les cinq prochaines années, est rédigé par le gouvernement mais lu par la reine devant le Parlement.Le premier ministre britannique a souligné dans un communiqué son engagement « envers notre Royaume-Uni et envers la place importante de l'Ecosse en son sein ». Il a assuré que son nouveau gouvernement allait donner à la nation le contrôle de 60 % de ses dépenses et qu'elle aurait « l'un des parlements bénéficiant des plus grands transferts de pouvoirs dans le monde ».Cameron exclut un nouveau référendumM. Cameron risque toutefois une confrontation avec Nicola Sturgeon, chef du SNP et première ministre du gouvernement d'Edimbourg, qui réclame pour l'Ecosse davantage de pouvoirs que ce qui est prévu par Londres.Mme Sturgeon considère que la progression de la popularité du SNP, reflétée par son fort succès lors des élections législatives – le parti a remporté 56 des 59 sièges écossais – justifie le transfert de « nouveaux pouvoirs substantiels », en particulier sur l'imposition des entreprises et sur le salaire minimum :« Comme je l'ai dit très clairement, le résultat des élections législatives de la semaine dernière, et le résultat écrasant obtenu par le SNP, signifie que l'attitude [de Londres] envers l'Ecosse ne peut absolument pas être “business as usual”. L'Ecosse s'attend à ce que ces pouvoirs soient transférés – et je m'attends à ce que le premier ministre et son gouvernement reconnaissent le mandat démocratique qui existe désormais pour qu'ils le soient. »Lire aussi : L’Ecosse en situation de sécession électoraleDans une de ses premières déclarations après la victoire surprise des conservateurs, M. Cameron a exclu la tenue d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse. En septembre 2014, les électeurs écossais avaient rejeté cette possibilité par 55 % contre 45 %.Mme Sturgeon a, pour sa part, déclaré qu'il ne pourrait y avoir un nouveau référendum que si un parti soutenant sa tenue remportait les élections législatives au Parlement d'Ecosse, prévues en mai 2016. Or les nationalistes sont déjà actuellement majoritaires à Holyrood, où ils disposent de 64 sièges, alors que les travaillistes et les conservateurs, opposés à une sécession de l'Ecosse, n'en possèdent respectivement que 38 et 15.Mais les sources de discorde entre le SNP et le gouvernement britannique sont nombreuses. Les nationalistes écossais pourraient ainsi revendiquer un nouveau vote sur l'indépendance si le Royaume-Uni décide de sortir de l'Union européenne – David Cameron pourrait organiser un référendum à ce sujet dès l'année prochaine.Lire aussi : En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-Uni 14.05.2015 à 17h21 • Mis à jour le14.05.2015 à 19h29 Les djihadistes de l'Etat islamique (EI) se rapprochent de la cité antique de Palmyre, à environ 200 kilomètres au nord de Damas en Syrie, menaçant plus de 60 000 habitants et faisant craindre la destruction de ce site classé au patrimoine de l'Unesco.Depuis mardi soir, les combats avec l'armée syrienne, encerclée par l'EI, ont coûté la vie à plus de 110 personnes. Selon l'Organisation syrienne des droits de l'homme (OSDH), les djihadistes y ont exécuté 26 civils « pour collaboration avec le régime ».Voir notre enquête (édition abonnés) : L'autre drame syrienDans le désert, Palmyre abrite des ruines monumentales et inestimables de ce qui fut l'un des « foyers culturels les plus importants du monde antique », d'après Maamou Abdulkarim, directeur des antiquités et des musées syriens.« Il faut que la communauté internationale se mobilise avant et non après les destructions, comme ce fut le cas jusqu'à présent. Si l'EI entre à Palmyre, ce sera sa destruction, une catastrophe internationale, car vous pouvez cacher des objets, mais comment voulez-vous protéger l'architecture antique ? Ce sera la répétition de la barbarie et de la sauvagerie qui s'est produite à Nimroud, Hadra et Mossoul. » Contrôlée en 2013 par des rebelles, Palmyre avait ensuite été reprise, au terme de violents combats, par les soldats loyalistes. Durant ces affrontements, le temple de Baal, monument hellénistique bien conservé, avait subi quelques flétrissures en raisons des échanges d'artillerie.Pour la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, la situation est critique, d'autant que :« Le site a déjà souffert de quatre années de conflit, il a souffert du pillage, il représente un irremplaçable trésor pour le peuple syrien et pour le monde. »« Effroyable stratégie de nettoyage culturel  »L'avancée des djihadistes vers cette cité remet en lumière la menace qui plane sur le patrimoine du pays. La guerre civile a engendré la destruction du patrimoine qui contribuait à l'identité du pays. C'est une autre tragédie, minime, au regard du nombre toujours plus élevé de victimes, plus de 200 000 morts en quatre ans.L'Unesco a averti, à plusieurs reprises, du danger guettant plusieurs sites classés, à l'image de la vieille ville d'Alep, celle de Bosra ou encore le Krac des chevaliers.Une vidéo diffusée il y a un mois montrait des hommes détruisant, à coups de bulldozers, pioches et explosifs, le site archéologique irakien de Nimroud, datant du XIIIe siècle. Ils s'étaient attaqués à Hatra, cité de la période romaine, vieille de 2 000 ans, et au musée de Mossoul. A ce moment-là, Irina Bokova avait mis en garde contre « un tournant dans l'effroyable stratégie de nettoyage culturel en cours en Irak ». Lire le récit (édition abonnés) : Péril mortel sur la Mésopotamie antique 14.05.2015 à 16h15 Après un bref entretien avec son homologue ukrainien, François Hollande a mis en garde jeudi 14 mai contre le risque d'un nouvel « embrasement » en Ukraine, ou des violations  « inacceptables » du cessez-le-feu sont survenues dans l'est du pays, malgré l'accord de paix signé en février à Minsk.« Des groupes ont intérêt à ce que ce conflit perdure, et ces groupes-là nous les identifions facilement », a répondu le président français sans donner davantage de précisions, après une rencontre à Aix-la-Chapelle avec Petro Porochenko en marge de la remise du prix Charlemagne au président du Parlement européen, Martin Schulz.Les deux présidents ont évoqué « la mise en œuvre de l'accord » de paix de Minsk et tout particulièrement les groupes de travail prévus par cet accord.L'Ukraine doit « avoir des facilités » mais doit aussi « respecter un certain nombre de conditions et je les ai rappelées au président Porochenko », a affirmé François Hollande.Lire (édition abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de MinskRencontre prochaine à Riga« Nous travaillons pour que Minsk, tout Minsk, rien que Minsk, soit mis en place », a réaffirmé M. Hollande, notant que des discussions ont aussi eu lieu avec le président russe, Vladimir Poutine.La France a été « partie prenante » de l'accord de Minsk, et « nous voulons qu'il soit pleinement appliqué », a-t-il insisté, à une semaine d'une rencontre « très importante » à Riga.Lire aussi : A Moscou, Angela Merkel dénonce l'absence de trêve en Ukraine Jean-Philippe Rémy est l’envoyé spécial du Monde au Burundi. Il raconte l’atmosphère qui pèse sur la capitale, Bujumbura, au lendemain de la tentative de coup d’Etat alors que des tirs s’y font entendre et que les deux camps qui s’opposent restent difficilement identifiables.S'abonner dès 1 €RéagirClasserEmailFacebookTwitterGoogle +LinkedinPinterestPartagerrequire(['lmd.afrique.toolbar'], function (toolbar) { toolbar.init('.js-toolbar');}); Burundi : les combats font rage Burundi : l’intervention radiophonique du général Godefroid Niyombare Burundi : les chefs d’Etat est-africains condamnent le coup d’Etat 14.05.2015 à 12h04 • Mis à jour le14.05.2015 à 14h36 Lire aussi :Des milliers de Rohingya fuient par bateau vers la Malaisie et l’IndonésieDérivant à 17 km au large des côtes de l’île de Koh Lipe, dans le sud de la Thaïlande, un bateau transportant environ 300 Rohingya venus de Birmanie, a lancé un appel à l’aide jeudi 14 mai. « Environ dix personnes sont mortes au cours du voyage. Nous avons jeté leurs corps à l’eau », a hurlé en dialecte rohingya l’un des migrants à des journalistes dans un bateau à proximité. « Nous sommes 300… nous sommes en mer depuis deux mois. Nous voulons aller en Malaisie, mais nous n’avons pas réussi à atteindre le pays », a-t-il ajouté, entouré de dizaines de femmes et d’enfants, dont certains en bas âge.Sur le bateau, les migrants ont accroché un drapeau noir sur lequel a été inscrit à la hâte en anglais : « Nous sommes des Rohingya de Birmanie », tandis qu’une grande bâche avait été tendue pour protéger du soleil les migrants, la plupart très maigres.Lire : L'interminable persécution des Rohingya birmansLa Thaïlande leur refuse l’accèsLa Thaïlande leur a refusé jeudi l’accès à son territoire. « Nous leur avons refusé l’entrée dans notre pays mais nous leur avons donné de la nourriture et de l’eau pour remplir nos obligations humanitaires », a expliqué le général Puthichart Ekachant, chef de la police régionale. Les migrants ne souhaitaient pas débarquer en Thaïlande mais voulaient se rendre en Malaisie ou en Indonésie, a dit un officier de la marine thaïlandaise. « Nous n’avons pas repoussé le bateau et nous ne les avons pas chassés », a-t-il précisé. Les Rohingya de Birmanie sont une minorité musulmane apatride, considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées au monde. Estimés à 800 000 dans le pays, ils ont été privés de nationalité par l’ancienne junte et sont perçus par la plupart des Birmans comme des immigrés illégaux du Bangladesh. Après les violences interethniques qui avaient opposé des bouddhistes aux Rohingya à l’été 2012, plus de 100 000 d’entre eux ont fui la violence et la misère de leur vie en Birmanie. La plupart se retrouvent par l’intermédiaire de passeurs en Thaïlande, où ils sont détenus dans des camps dans la jungle jusqu’au paiement de rançons.Lire aussi :Les Rohingya de Birmanie condamnés à l’exilDepuis quelques jours, les organisations internationales ont alerté sur le sort de milliers de migrants en perdition en mer après avoir été abandonnés par leurs passeurs. Chaque année, des dizaines de milliers de volontaires pour l’exil transitent par le sud de la Thaïlande, vers la Malaisie et au-delà, pour fuir la pauvreté au Bangladesh, ou la violence, dans le cas des Rohingya de Birmanie.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#xwoluw"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "xwoluw", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 14.05.2015 à 11h48 L’exécution de Hyon Yong-chol, 66 ans, le ministre de la défense nord-coréen, annoncée par Séoul, a-t-elle vraiment eu lieu ? Jeudi, les services de renseignement sud-coréens (National Intelligence Service ou NIS) admettent ne pas avoir pu vérifier qu’il avait bien été « liquidé », et les théories – folles et moins folles – entourant ce qui se passe en Corée du Nord ayant l’habitude de foisonner, la question peut se poser.Hyon Yong-chol aurait été exécuté, aux alentours du 30 avril, sur un champ de tir situé dans le camp d’entraînement de Kanggon, à 22 km au nord de Pyongyang, relayaient mercredi les médias sud-coréens. C’est sur ce champ de tir qu’a eu lieu le 7 octobre 2014, selon le Comité pour les droits de l’homme en Corée du Nord (document en anglais, au format PDF), basé aux Etats-Unis, une autre exécution au canon antiaérien ZPU-4. Le condamné était à une trentaine de mètres, alors que cette arme a une portée de 8 000 m, selon le comité, qui se fonde sur l’exploitation d’images satellites. Deux autres exécutions de ce type auraient aussi eu lieu, écrivait le New York Times, en décembre 2013.The U.S.-based Committee for Human Rights in North Korea said last month that, according to satellit... http://t.co/gZvRlf5Xte— committeehrnk (@HRNK)require(["twitter/widgets"]);Le NIS est certain que « Hyon a été victime d’une purge », a dit un de ses porte-parole, jeudi. Mais quant à savoir ce qui lui est arrivé, c’est une autre affaire : « Il existe des rapports du renseignement montrant qu’il a pu être exécuté mais ils doivent encore être vérifiés. »A Séoul, certains critiquent le NIS dont les réunions d’information se tiennent à huis clos au Parlement, à la suite de quoi certains parlementaires qui y assistent sont chargés de transmettre aux médias des comptes rendus.Lire aussi :La Corée du Nord exécute son ministre de la défense pour « manque de respect »Présent dans les médias après son « exécution »Shin Kyoung-min, un élu de l’opposition, a ainsi trouvé « bizarre » que la télévision nord-coréenne diffuse des images du ministre après sa prétendue mise sur la touche : les dernières images de Hyon Yong-chol au côté de Kim Jong-un ont été diffusées le 12 mai. « Si Hyon avait vraiment été purgé, et même exécuté, la chaîne de télévision n’aurait pas commis un tel impair », estime Shin Kyoung-min.Une recherche du nom Hyon Yong-chol sur le site du Rodong Sinmun, le journal du parti unique nord-coréen, donne des dizaines de résultats. Le dernier article le mentionne en date du 30 avril. La même recherche sur le site officiel du régime, Uriminzokkiri, produit également des centaines de résultats. Toute référence concernant Jang Song-thaek, oncle et ancien mentor de Kim Jong-un, exécuté fin 2013, avait été éradiquée après sa disparition.L’article du 30 avril indique que Hyon a assisté à un concert les 28 et 29 avec de nombreux autres responsables. Il est « hautement improbable » que le Nord l’ait arrêté le lendemain et exécuté dans la foulée, remarque Cheong Seong-chang, analyste au Sejong Institute de Séoul. « Ce n’est pas comme s’il avait tenté d’assassiner Kim Jong-un (…). Difficile de croire qu’il ait été exécuté de façon aussi subite », ajoute-t-il. Mardi, le général Godefroid Niyombare a annoncé à la radio la « destitution » du président Pierre Nkurunziza. M. Nkurunziza se trouvait en Tanzanie au moment de cette annonce, pour un sommet extraordinaire de chefs d’Etat d’Afrique de l’Est. Il devait initialement rejoindre Bujumbura, mais il aurait finalement atterri à Kampala, en Ouganda. Cette tentative de putsch a lieu après trois semaines de violentes manifestations contre une candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, considérée comme inconstitutionnelle.S'abonner dès 1 €RéagirClasserEmailFacebookTwitterGoogle +LinkedinPinterestPartagerrequire(['lmd.afrique.toolbar'], function (toolbar) { toolbar.init('.js-toolbar');}); Les Burundais ont « peur de voir la capitale s’embraser » Burundi : les combats font rage Burundi : les chefs d’Etat est-africains condamnent le coup d’Etat 14.05.2015 à 08h29 • Mis à jour le14.05.2015 à 15h38 Le bilan de l’incendie qui a ravagé la Kentex Manufacturing Corporation, une fabrique de chaussures, aux Philippines, mercredi 13 mai, a été porté à 72 morts, a fait savoir Rex Gatchalian, maire du district de Valenzuela, dans la banlieue de Manille.Les secours ont retiré jeudi matin des dizaines de corps des cendres de ce bâtiment de deux étages situé dans la zone industrielle de Valenzuela, au nord de la capitale des Philippines, après avoir interrompu les recherches la veille pour raisons de sécurité.Les victimes ont brûlé vives dans le brasier a annoncé le chef de la police nationale. « Nous enquêtons pour déterminer ce qui s’est passé, mais il est évident qu’il y aura des suites judiciaires », a-t-il ajouté.L’incendie s’est déclaré mercredi peu avant midi, heure locale, vraisemblablement provoqué par les étincelles de fers à souder utilisés pour réparer un portail.Les ouvriers travaillaient dans cette fabrique pour 300 pesos (6 euros) par jour, sans protection spéciale contre les vapeurs toxiques, et n’avaient pas reçu d’instructions d’évacuation en cas d’incendie. 19.05.2015 à 16h04 • Mis à jour le19.05.2015 à 17h24 L’alerte est donnée par Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies. L’institution s’est alarmé, mardi 19 mai, du fait qu’au moins 2 000 migrants, dont des femmes et des enfants, sont pris au piège depuis quarante jours sur des embarcations au large de la Birmanie.Lire aussi :Des centaines de migrants à la dérive dans la nouvelle « Méditerranée d’Asie »Le HCR évoque en effet « au moins cinq bateaux » qui sont bloqués en mer « près des côtes de la Birmanie et du Bangladesh ». Vivian Tan, porte-parole du HCR à Bangkok, a précisé que que des informations faisaient état de « pénurie alimentaire, de déshydratation et de violence à bord ». D’après les récits des rescapés, les conditions à bord des bateaux sont « très préoccupantes », en raison de la violence et du peu de vivres.Le Haut-Commissariat a de nouveau exhorté mardi la Malaisie, l'Indonésie et la Thaïlande à mettre en œuvre des opérations pour les secourir. Les autorités de ces pays « doivent organiser un débarquement efficace et prévisible dans un lieu sûr disposant des conditions adéquates de réception » d'êtres humains, précise le communiqué.Conséquences d’une politique répressive de la ThaïlandeEn Asie du Sud-Est, l’exode de Bangladais et de Birmans fuyant la misère ou les persécutions dure depuis des années, mais il est depuis quelques jours plus visible, les filières clandestines semblent en effet avoir été désorganisées par la nouvelle politique répressive de la Thaïlande.Près de 3 000 migrants ont touché terre ces derniers jours mais la Malaisie, l'Indonésie et la Thaïlande ont suscité la réprobation de la communauté internationale en repoussant plusieurs bateaux vers le large, ce que les organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé comme un jeu de « ping-pong humain ».Lire aussi :Des migrants refoulés de Thaïlande et d’IndonésieLes Philippines en première ligneLes Philippines se sont dites prêtes mardi à venir en aide aux « boat people » de Birmanie et du Bangladesh. L'archipel a l'obligation d'aider les migrants, dont bon nombre fuient la persécution, car il est signataire de la convention de 1951 de l'ONU sur les réfugiés, a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères philippin, Charles Jose. Il n’a toutefois pas précisé la manière dont les Philippines comptaient porter secours aux migrants.Charles Jose a déclaré que la situation n'était pas sans précédent, citant l'exemple de l'accueil accordé par l'archipel aux réfugiés vietnamiens à la fin de la guerre du Vietnam dans les années 1970. Les Philippines avaient alors accueilli les réfugiés arrivant directement sur ses rivages mais aussi d'autres qui avaient d'abord débarqué dans des pays tiers. Environ 400 000 réfugiés Vietnamiens avaient été abrités dans des camps philippins avant d'être transférés dans d'autres pays, selon le site du gouvernement.Lundi, Rangoun a assuré « comprendre l’inquiétude internationale » concernant le sort des migrants en Asie du Sud-Est, parmi lesquels de nombreux Rohingya, fuyant le pays. Les Rohingyas de Birmanie, minorité parmi les plus persécutées au monde selon l'ONU, sont confrontés dans un pays très largement bouddhiste aux violences communautaires et à des lois discriminatoires.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-555b566c8c48d'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 8\r\n \r\n \r\nUn bateau transportant environ 300 migrants rohingyas, rep\u00e9r\u00e9 alors qu'il d\u00e9rivait dans les eaux tha\u00eflandaises, le 14 mai.\r\nCr\u00e9dits : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un bateau transportant environ 300 migrants rohingyas, rep\u00e9r\u00e9 alors qu'il d\u00e9rivait dans les eaux tha\u00eflandaises, le 14 mai.","source":"CHRISTOPHE 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\r\n\"Environ 10 personnes sont mortes au cours du voyage\", a hurl\u00e9 en rohingya l'un des migrants aux journalistes pr\u00e9sents dans un bateau \u00e0 proximit\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Environ 10 personnes sont mortes au cours du voyage\", a hurl\u00e9 en rohingya l'un des migrants aux journalistes pr\u00e9sents dans un bateau \u00e0 proximit\u00e9.","source":"CHRISTOPHE ARCHAMBAULT \/ AFP","index":5,"position":6,"total_count":8,"item_lie":null,"link":"\/asie-pacifique\/portfolio\/2015\/05\/15\/au-large-de-la-thailande-300-boat-people-rohingyas_4634399_3216_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 8\r\n \r\n \r\nDepuis plusieurs jours, les organisations internationales alertent sur le sort de nombreux migrants rohingyas, qui passent par la mer pour \u00e9viter la nouvelle politique r\u00e9pressive de la Tha\u00eflande, voie traditionnelle des r\u00e9fugi\u00e9s birmans.\r\nCr\u00e9dits : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Depuis plusieurs jours, les organisations internationales alertent sur le sort de nombreux migrants rohingyas, qui passent par la mer pour \u00e9viter la nouvelle politique r\u00e9pressive de la Tha\u00eflande, voie traditionnelle des r\u00e9fugi\u00e9s birmans.","source":"CHRISTOPHE ARCHAMBAULT \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":8,"item_lie":null,"link":"\/asie-pacifique\/portfolio\/2015\/05\/15\/au-large-de-la-thailande-300-boat-people-rohingyas_4634399_3216_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 8\r\n \r\n \r\nChaque ann\u00e9e, des dizaines de milliers de r\u00e9fugi\u00e9s transitent par la Tha\u00eflande et la Malaisie pour fuir la pauvret\u00e9 au Bangladesh ou la violence 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(Londres, correspondance) Le Royaume-Uni est officiellement entré en déflation. L’indice des prix, publié par le Bureau national des statistiques mardi 19 mai, est en recul de 0,1 % sur les douze mois de mai 2014 à avril 2015. Pourtant, les économistes britanniques, y compris à la Banque d’Angleterre (BoE), affichent une évidente décontraction face à ce phénomène. Pour eux, il s’agit uniquement d’un phénomène temporaire, lié à la baisse du pétrole et des prix agroalimentaires, et un rebond des prix est attendu à court terme.La baisse de l’indice des prix est pourtant historique. Il faut remonter à mars 1960 pour retrouver un tel phénomène au Royaume-Uni. Ce n’est pour autant pas une surprise. En février et mars, l’inflation avait déjà été nulle.L’explication vient essentiellement de facteurs extérieurs : la chute du baril de pétrole a provoqué une baisse des prix à la pompe de 12,3 % sur un an, tandis que les prix de l’alimentaire reculaient de 3 %. La hausse de la livre sterling, particulièrement face à l’euro, a également fait baisser le coût des importations.Les ménages ne diffèrent pas leurs dépensesMark Carney, le gouverneur de la banque d’Angleterre, s’était d’ailleurs voulu rassurant mercredi 13 mai lors de la présentation de son rapport trimestriel. Pour lui, la croissance britannique demeure solide, et il n’y a pas de risque d’une spirale déflationniste.Théoriquement, le danger de la chute des prix est que les ménages diffèrent leurs dépenses, attendant que les biens de consommation soient encore moins chers, ce qui ralentirait la croissance. « Il n’y a aucun signe que c’est ce qu’il se produit actuellement, estime M. Carney. Les gens ne diffèrent pas leurs dépenses. »La consommation demeure effectivement solide au Royaume-Uni. La forte baisse du chômage, désormais à 5,6 %, a permis aux Britanniques de renouer avec la confiance.Lire aussi :Les ambiguïtés de la reprise britanniqueÀ court terme, la baisse des prix présente même un avantage pour l’économie britannique. Longtemps, la croissance des salaires est restée très limitée tandis que l’inflation était forte, atteignant deux pics à 5 % en 2008 et en 2011. Le pouvoir d’achat des ménages en a longtemps souffert.Mais depuis six mois, les deux courbes se sont croisées. Les salaires ne progressent certes qu’à un rythme modéré (+1,9 %), mais nettement plus que l’inflation. « Au final, nous ne sommes pas inquiets par un seul mois de déflation », juge Azad Zangana, économiste à Schroders, une société de gestion.La remontée des taux pourrait attendre un peuSelon lui, le phénomène devrait disparaître dans les mois qui viennent, maintenant que le prix du baril de pétrole a rebondi.Pour la banque d’Angleterre, la déflation, si elle reste temporaire, présente également un avantage. Maintenant que la reprise est là, l’institution envisage d’augmenter son taux d’intérêt, qui est à son plus bas historique de 0,5 % depuis bientôt sept ans.Avec des prix actuellement en baisse, elle peut toutefois se permettre d’attendre plus longtemps : son mandat est de contenir l’inflation autour de 2 %, ce qui est loin d’être le cas actuellement. Les marchés ne tablent donc sur une première hausse des taux que fin 2015 ou début 2016.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.05.2015 à 09h54 • Mis à jour le19.05.2015 à 12h40 Deux soldats accusés par Kiev d’appartenir aux forces spéciales russes seront jugés pour actes de terrorisme, ont déclaré lundi 18 mai les autorités ukrainiennes.Les deux militaires, présentés comme le capitaine Erofeïev et le sergent Alexandrov, avaient été capturés dimanche près de Chtchastia, ville sous contrôle des forces gouvernementales à environ 15 km du fief séparatiste de Louhansk.« Lors de la capture, l’un d’eux a été blessé au bras, l’autre à la jambe (…) Ils se trouvent actuellement dans un hôpital militaire de Kiev. Je ne sais pas quand nous pourrons les montrer », a précisé le chef de l'Etat-major de l'armée ukrainienne, Viktor Moujenko.Forces spéciales russesCe dernier a également invité les représentants de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à se rendre à l’hôpital pour s’assurer qu’il s’agissait bien de soldats russes.D’après Kiev, les captifs appartiennent à la « troisième brigade des forces spéciales, basée à Togliatti », à 800 kilomètres au sud-est de Moscou sur les rives de la Volga. Dans une vidéo de l’interrogatoire d’un des captifs diffusée sur Internet, l’homme alité qui répond aux questions confime appartenir à cette brigade.Lire aussi :Arseni Iatseniouk : « L’Ukraine est un gilet pare-balles pour l’UE »Présents en Ukraine depuis le 6 mars, les deux hommes ont été arrêtés lors de combats impliquant les forces ukrainiennes et « environ 14 membres des forces spéciales » russes pour le contrôle d’un « pont stratégique ». Un soldat ukrainien a été tué dans ces combats.Démenti du KremlinLe Kremlin a de son côté réaffirmé lundi qu’aucun soldat de l’armée régulière russe ne participait aux combats dans l’est de l’Ukraine. « Les citoyens russes Alexandre Alexandrov et Evgueni Erofeïev ne faisaient plus partie des forces armées russes au moment de leur capture », a déclaré le porte-parole du ministère de la défense, cité par l’agence publique RIA Novosti.C’est la deuxième fois que Kiev annonce publiquement la capture de soldats russes en Ukraine. En août, une dizaine de parachutistes russes avaient été faits prisonniers dans l’Est. Vladimir Poutine, qui rejette inlassablement les accusations de Kiev, de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et des gouvernements occidentaux concernant l’appui militaire de l’armée russe dans l’Est séparatiste, avait alors affirmé que ses parachutistes s’étaient simplement « perdus » au cours d’une patrouille. Ukrainiens, Européens et Américains ne cessent de dénoncer la présence de forces régulières russes venant en aide à la rébellion séparatiste.La Russie a toujours catégoriquement démenti toute implication, ne concédant que celle de « volontaires » partis combattre de leur propre chef.Epauler les rebellesDes médias russes avaient exigé dès août la vérité sur la présence présumée de troupes russes en Ukraine, après l’arrestation des parachutistes et des cas d’inhumation en Russie de soldats morts dans des circonstances floues.Dans un rapport basé sur le travail d’enquête réalisé par l’opposant Boris Nemtsov avant son assassinat en février à Moscou, les proches de l’opposant affirment que plus de 200 soldats russes ont péri en Ukraine. Selon le rapport, les troupes russes ont pour la première fois été envoyées « massivement » en Ukraine en août 2014, pour épauler les rebelles dans leur contre-offensive à Ilovaïsk, lieu de la bataille la plus meurtrière du conflit, et sur le front sud de Donetsk, fief séparatiste.Valentina Melnikova, qui dirige l’Union des comités de mères de soldats de Russie, a expliqué que son groupe disposait de preuves de l’envoi de soldats russes en Ukraine et des pertes qu’ils subissent sur place.Lire aussi :Un rapport posthume de Boris Nemtsov accuse Poutine de mener une guerre en Ukraine Claire Guélaud L’économie portugaise n’a pas l’allant de sa voisine espagnole, qui joue les locomotives de la zone euro, mais elle se porte mieux. Après une décennie de croissance très faible (+ 1 % par an en moyenne entre 2000 et 2010) et trois années terribles de récession (- 1,8 % en 2011, - 3,3 % en 2012 et - 1,4 % en 2013), la progression du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre 2015 (+ 0,4 %) confirme la rupture salutaire intervenue en 2014 : le retour de la croissance.Après le modeste + 0,9 % enregistré sur l’année 2014, le gouvernement de centre-droit prévoit de faire nettement mieux en 2015 (+ 1,6 %). Mais, à cinq mois des élections législatives, rien ne dit que l’embellie actuelle lui permettra de conserver le pouvoir : l’austérité a fait des ravages et le premier ministre, Pedro Passos Coelho est accusé par la gauche d’être « plus Allemand que la chancelière Angela Merkel » dans son obsession de réduction des déficits budgétaires.Les critiques de l’opposition n’ont pas empêché le chef du gouvernement de redire, samedi 16 mai, tout le bien qu’il pensait de sa politique : « plus que jamais je suis convaincu que la voie que nous avons empruntée est celle qui doit être poursuivie », a-t-il déclaré.Le premier ministre peut se targuer d’avoir délivré son pays de la tutelle de cette « Troïka » honnie des Grecs - Union européenne, Fonds monétaire international (FMI) et Banque centrale européenne (BCE) – et d’avoir remboursé par anticipation au FMI près d’un quart de sa dette de 29,6 milliards d’euros.Contraint d’emprunter 78 milliards d’euros en 2011 pour éviter la faillite, le Portugal peut à nouveau se financer normalement : « Il a regagné un accès au marché des capitaux même s’il reste dans le viseur des investisseurs », analyse Jesus Castillo, économiste chez Natixis.Exportations dynamiquesAu terme d’une mission sur place, le FMI a souligné, lundi 18 mai, le chemin accompli par Lisbonne et celui qui reste à parcourir : les déficits jumeaux – courant et budgétaire – ont été réduits et, « pour la première fois depuis des décennies », le Portugal a affiché un excédent de son compte courant. Mais ce fut au prix d’une demande intérieure faible.« La reprise n’a pas été assez forte pour ramener la production et l’emploi à leurs niveaux d’avant la crise », observe le Fonds.Dans la colonne des plus, l’économiste Thibault Mercier (BNP Paribas) note que l’économie portugaise est « plus équilibrée » et « fondamentalement plus forte ». Tous les agents économiques (ménages, entreprises, administrations publiques) ont réduit leurs dépenses pour se désendetter.« Contrairement à ce que l’on pouvait craindre, la restauration de l’équilibre extérieur n’a pas été qu’une conséquence de la contraction de la demande intérieure et des importations, analyse-t-il. Les exportations (notamment de services) se sont révélées très dynamiques, malgré un environnement extérieur particulièrement défavorable. »Les efforts draconiens de modération salariale - les coûts salariaux unitaires ont diminué de 6,5 % entre 2010 et 2013 - ont permis aux entreprises qui avaient survécu à la crise de trouver des relais de croissance hors de leur pays et souvent hors de la zone euro. « Les entreprises portugaises, mal préparées à la mondialisation, sont désormais plus solides, plus compétitives », observe M. Mercier.Près d’un Portugais sur cinq vit avec moins de 411 euros par moisLe crédit redémarre, la confiance des consommateurs se raffermit et la baisse du chômage, après un pic à plus de 17 %, se confirme, même si elle a récemment ralenti. « L’austérité s’est un peu réduite. Il y a eu des allégements d’impôts et l’investissement productif repart », pointe aussi M. Castillo.Dans la colonne des moins, figurent toutefois encore le chômage des jeunes, qui frappe un tiers des moins de 25 ans, l’extension de la pauvreté (près d’un Portugais sur cinq vit avec moins de 411 euros par mois) mais aussi l’état des finances publiques (la dette publique représente 130, 2 % du PIB) et la fragilité du secteur bancaire.Le FMI presse Lisbonne de profiter des vents favorables soufflant sur l’économie européenne (euro faible, prix du pétrole relativement bas, politique monétaire non conventionnelle de la BCE) pour poursuivre ses réformes, notamment dans le domaine du marché du travail.Reste à savoir si les Portugais peuvent encore les supporter…Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.05.2015 à 07h50 • Mis à jour le19.05.2015 à 10h26 Toujours pas – ou peu – de trains en Allemagne. Intervenant huit jours seulement après une grève de près d’une semaine, présentée comme la plus longue dans l’histoire de la Deutsche Bahn, un nouvel arrêt de travail débutera mercredi 20 mai à mi-journée à l’appel du syndicat des conducteurs de locomotives GDL (Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer). Celui-ci réclame, entre autres, une augmentation des salaires de 5 % et une réduction de deux heures de la semaine de travail.Plus de deux tiers des trains grandes lignes seront annulés mercredi, a ainsi annoncé, mardi matin, la direction de la compagnie ferroviaire allemande. Cette perturbation du trafic vaudra également pour la journée de jeudi, la grève devant s’achever jeudi à 4 heures.Mais il est possible que la durée de l’arrêt de travail soit étendue « Vous pouvez partir du principe que cette grève sera un peu plus longue que celle de début mai », a indiqué, lundi, le président de GDL, Claus Weselsky. Le mouvement de grève – le neuvième en presque un an – pourrait donc perturber les voyages en train pour le long week-end de la Pentecôte, lundi étant un jour férié en Allemagne.Concurrence syndicaleDans un pays réputé pour son dialogue social – ce qui n’a certes jamais empêché les mouvements de grève – comment expliquer un tel blocage persistant ? Dans cette affaire, il s’agit en réalité moins du montant de l’augmentation de salaire que d’une guerre entre deux syndicats concurrents : GDL et EVG.Le premier est le plus petit, il représente traditionnellement les conducteurs de train. Il compte 34 000 membres. Pour gagner des adhérents, il souhaite négocier, notamment sur les salaires, pour d’autres groupes de travailleurs à l’intérieur de la Deutsche Bahn : le personnel roulant, celui des wagons-bars et les salariés du triage.Il se heurte à un syndicat concurrent, EVG (Eisenbahn- und Verkehrsgewerkschaft, Syndicat des travailleurs ferroviaires) qui compte 140 000 membres et qui représentait ces métiers jusqu’ici. Lui non plus n’entend pas perdre les adhérents dont il a besoin pour exister à côté des grands syndicats – Verdi et IG Metall, qui comptent plusieurs millions de membres.Un accord sur la répartition des métiers entre les deux syndicats existe bien, mais il arrive à échéance en juin. Chaque syndicat a donc besoin d’une victoire pour conforter sa position. Les enchères montent, au désespoir de la direction de la Deutsche Bahn, qui craint de devoir conclure des accords séparés pour les différents métiers du groupe.Arrêt du tribunal du travail de 2010Cette guerre des syndicats en Allemagne est un phénomène récent : elle tient à un arrêt du tribunal du travail de 2010, qui autorise la concurrence entre les syndicats à l’intérieur d’une même entreprise.Lire aussi :Les divisions syndicales paralysent l’AllemagneRésultat, là où régnait auparavant l’« unité tarifaire », qui permettait au syndicat majoritaire dans une entreprise de mener les négociations pour l’ensemble des salariés, les petits syndicats se sont vus pousser des ailes au nom de la liberté de réunion. Au grand dam du patronat, des usagers et bien sûr du monde économique.Lors de la dernière grève, deux-tiers des liaisons grande ligne et jusqu’à 85 % des trains régionaux avaient été annulés. Le mouvement de début mai avait coûté selon les fédérations économiques des centaines de millions d’euros, et les économistes avaient évoqué un effet négatif de l'ordre de 0,1 point de pourcentage sur la croissance du Produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre. 29.05.2015 à 19h54 • Mis à jour le29.05.2015 à 20h46 Moscou aurait dressé une liste de personnalités politiques européennes ne pouvant plus entrer sur le territoire russe. C’est ce qu’a révélé vendredi 29 mai le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, évoquant une réponse du Kremlin aux sanctions européennes qui avaient suivi l'annexion de la Crimée et le conflit dans l'est de l'Ukraine.Lire aussi (édition abonnés) :L’Europe veut calmer le jeu face à la Russie de Poutine« La Russie a remis hier à plusieurs ambassades européennes une liste de personnes qui ne peuvent plus entrer sur le territoire russe », a déclaré le premier ministre lors d'une conférence de presse, précisant que trois parlementaires néerlandais figuraient sur cette liste.Selon M. Rutte, Moscou a dressé cette liste, qui comporterait quelque quatre-vingts à quatre-vingt-dix noms, en réaction aux sanctions et interdictions d'entrée sur le territoire européen prononcées à l'endroit de la Russie à la suite de l'annexion de la Crimée, en mars 2014, et pour son rôle dans la crise ukrainienne. Le chef du groupe libéral au Parlement européen et ancien premier ministre belge, Guy Verhofstadt, figure notamment sur cette liste, a affirmé de son côté à l'AFP le porte-parole du groupe, Jeroen Reijnen.Plusieurs responsables politiques refoulés ces derniers moisUne porte-parole de la diplomatie de l'Union européenne a assuré à l'Agence France-Presse que la Russie avait refoulé plusieurs responsables politiques européens ces derniers mois, mais avait jusqu'à présent refusé de communiquer une liste des personnes visées.Les autorités russes avaient refusé dimanche l’entrée sur leur territoire de Karl-Georg Wellmann, député allemand des Unions chrétiennes (CDU-CSU) et président du groupe d’amitié parlementaire germano-ukrainien. Le parlementaire avait émis l’hypothèse de l’existence « d’une liste de sanctions côté russe, en réaction aux sanctions de l’Union européenne ».Lire aussi :Tensions entre Berlin et Moscou après le refoulement d’un député allemandEn mars, des responsables politiques occidentaux qui voulaient assister aux obsèques de l’opposant russe Boris Nemtsov avaient rapporté s'être vu refuser l'entrée en Russie. Le président du Sénat polonais, Bogdan Borusewicz, avait ainsi déclaré que les autorités russes ne lui avaient pas accordé la permission de s'y rendre, en réponse aux sanctions européennes contre Moscou. L'eurodéputée lettonne Sandra Kalniete avait connu le même traitement. 29.05.2015 à 18h36 Le gouvernement espagnol a donné, vendredi 29 mai, son feu vert à la présence permanente sur la base de Moron de la Frontera, près de Séville, d’une force d’intervention américaine de 2 200 hommes sur la base de Moron de la Frontera (sud). Une décision destinée à répondre aux différentes crises que connaît le continent africain.L’installation de cette force sera formalisée dans un accord bilatéral entre l’Espagne et les États-Unis, amendant ainsi l’accord de défense datant de 1988, a annoncé la vice-présidente du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria.Le texte doit être signé lundi lors de la visite en Espagne du chef de la diplomatie américaine John Kerry. Il prévoit « le déploiement permanent sur la base de Moron d’une force de 2 200 militaires et 500 civils, plus 26 avions », a précisé la porte-parole du gouvernement.Lire aussi :Le leadership militaire américain menacéUne base régulièrement utilisée par les États-Unis depuis les années 1950Cette force de réaction rapide a notamment pour mission de renforcer la protection des ambassades, de récupérer des militaires en difficulté, d’évacuer des civils ou d’intervenir dans les conflits ou les crises humanitaires.La base de Moron peut également accueillir une force temporaire d’un maximum de 800 militaires et 14 avions supplémentaires. Elle a été régulièrement utilisée par les États-Unis depuis les années 1950, comme d’autres, dont la base aéronavale de Rota, près de Cadiz (Andalousie).Les États-Unis disposaient déjà d’une force de réaction rapide d’environ 800 hommes sur cette base depuis avril 2013, mais à titre temporaire. Elle y avait été déployée après l’attaque meurtrière ayant visé le consulat de Benghazi, en Libye, le 11 septembre 2012.Lire aussi :Comment l’OTAN fera face à la guerre hybride 29.05.2015 à 11h04 • Mis à jour le29.05.2015 à 11h59 Une fuite de substances radioactives a été détectée, vendredi 29 mai, à l’aéroport international de New Delhi. L’incident s’est produit dans la zone de déchargement cargo d’un avion de la Turkish Airlines, où 10 cartons de matériel de médecine nucléaire, destinés à un hôpital privé, ont été retrouvés abîmés.« La situation est sous contrôle, nos équipes sont sur les lieux. Il n’y a pas lieu de paniquer », a indiqué un responsable de l’Unité de gestion des catastrophes nationales (NDRF). Le ministre de l’intérieur indien, Rajnath Singh, a confirmé l’incident, précisant que « la fuite a été colmatée ».Selon la chaîne NDTV, deux salariés de la zone cargo exposés aux rayonnements ont été emmenés à l’hôpital. En 2010, un employé d’une casse de Delhi était mort d’une exposition radioactive et sept autres avaient été blessés, ravivant les inquiétudes sur la gestion des matériaux radioactifs en Inde.Selon l’ONG Toxic Links, l’Inde produit 5 millions de tonnes de déchets industriels dangereux chaque année. 29.05.2015 à 09h08 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h11 Des bacilles actifs responsables de la maladie du charbon ou anthrax auraient été envoyés par erreur à dix-huit laboratoires américains, selon le Pentagone et les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Les échantillons proviennent d’un centre militaire de Dugway, dans l’Utah. La contamination a été découverte le 22 mai.Pour le moment, seul un laboratoire dans le Maryland a bien détecté la présence de ces bacilles, mais dix-sept autres instituts privés, dont un situé sur la base militaire d’Osan en Corée du Sud, ont reçu des échantillons provenant du même lot. Ils ont été « transférés avec précaution » au CDC d’Atlanta pour analyse, a déclaré un porte-parole des CDC. Il faudra désormais attendre cinq jours, durée de la « mise en culture », pour déterminer avec certitude s’ils contiennent des bacilles vivants ou non.Lire aussi :De l’anthrax envoyé par erreur à un laboratoire par des militaires américainsPar précaution, quatre employés de laboratoires situés dans le Texas, le Wisconsin et le Delaware avaient été mis sous traitement antibiotique. De son côté, le Pentagone a indiqué que vingt-deux militaires et personnels civils avaient été mis sous traitement préventif sur la base aérienne d’Osan.Détecter les menaces biologiquesLe laboratoire de Dugway participe actuellement à un programme de recherche militaire qui a pour but de fabriquer des tests de détection des menaces biologiques. Les échantillons du lot suspect avaient été irradiés en mars 2014 pour rendre les bacilles inactifs, avant d’être expédiés aux laboratoires jusqu’en avril 2015, selon le Pentagone.La maladie du charbon, ou anthrax, est une infection aiguë qui touche aussi bien l’animal que l’homme. La bactérie responsable (Bacillus anthracis) peut être aussi utilisée comme arme bactériologique. 29.05.2015 à 06h43 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h30 Le premier ministre britannique, David Cameron, a demandé jeudi 28 mai à ses partenaires européens d’être « flexibles et imaginatifs » pour réformer l’Union européenne (UE), lors de l’étape parisienne de sa tournée européenne, engagée dans la perspective du référendum sur le maintien ou non (« Brexit » pour « British exit ») du Royaume-Uni au club des Vingt-Huit.« Ma priorité est de réformer l’Union européenne pour la rendre plus compétitive et répondre aux inquiétudes des Britanniques quant à notre appartenance [à l’UE] », a déclaré le premier ministre britannique, tout juste réélu, à l’issue d’un entretien avec le président François Hollande. « Nous voulons aider la zone euro à mieux fonctionner et nous ne voulons pas faire obstacle à une plus grande intégration. Ce qui est important est que l’Union européenne et ses 28 membres soient flexibles et imaginatifs pour répondre à ces enjeux. […] Le statu quo n’est pas suffisant, des changements peuvent être faits », a-t-il ajouté.De son côté, le président Hollande a réaffirmé qu’il était de « l’intérêt de l’Europe et du Royaume-Uni d’être ensemble » tout en disant son « respect » pour ce que décidera le « peuple » britannique. « M. Cameron présentera ses propositions et nous les discuterons », a-t-il déclaré. Le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, avait pour sa part jugé, jeudi, « très risqué » le référendum, prévu d’ici à la fin 2017.Le premier ministre britannique, favorable au maintien de son pays dans une union réformée, entretient le flou sur les négociations à venir. Son ministre des affaires européennes, David Lidington, le reconnaît d’ailleurs clairement : « Mon conseil est de ne jamais publier par écrit une liste complète de nos revendications. » Mais les grandes têtes de chapitre sont connues.Réduire l’immigration européenneDepuis 2004, le Royaume-Uni a connu une forte vague d’immigration venant d’Europe de l’Est. Initialement, David Cameron a envisagé d’imposer des quotas aux frontières, mais cela aurait remis en cause le principe de la libre-circulation au sein de l’UE. L’Allemagne et la France ont rejeté cette idée. A la place, M. Cameron demande d’interdire l’accès à toute allocation sociale pour les immigrés européens pendant quatre ans, en espérant que cela réduise l’attractivité de son pays. Un tel changement irait cependant contre l’interdiction de discriminer entre les Européens.Supprimer « l’union sans cesse plus étroite »Londres souhaite supprimer ou à défaut ne plus se soumettre à la clause « union sans cesse plus étroite », inscrite dans le traité de Rome de 1957.Protéger la CityM. Cameron reconnaît la nécessité de la zone euro de mieux s’intégrer, mais il demande que les pays qui ne sont pas dans la monnaie unique ne souffrent pas des décisions prises par ceux qui y sont. En particulier, il craint que de nouvelles régulations financières destinées à la zone euro aient un impact négatif sur la City.Renforcer le rôle des parlements nationauxLondres souhaite que les parlements nationaux puissent instaurer une sorte de « carton rouge » pour bloquer des règles émanant de Bruxelles. Il existe déjà un système de « carton jaune » qui permet de demander à Bruxelles de revoir sa copie si le tiers des parlements nationaux le demande. Il s’agirait d’aller plus loin, dans des modalités pour l’instant non précisées.Renforcer la compétitivité de l’Union européenneM. Cameron souhaite réduire la lourdeur administrative européenne, approfondir le marché unique, dans des domaines comme l’énergie ou le digital, et accélérer les négociations internationales de libre-échange, notamment sur le Traité transatlantique (TTIP).Transfert de pouvoirs dans les deux sensLa demande est symbolique : jusqu’à présent, les pouvoirs ont essentiellement été transférés des pays-membres vers l’UE. M. Cameron souhaite obtenir une clause indiquant que les pouvoirs puissent aussi repartir dans l’autre sens et être « rendus » par Bruxelles aux nations.M. Cameron sera vendredi à Varsovie pour rencontrer la première ministre polonaise, Ewa Kopacz, et à Berlin pour un déjeuner de travail avec la chancelière allemande, Angela Merkel.La Matinale avec Eric Albert, à Londres, et l’AFP 29.05.2015 à 03h47 • Mis à jour le29.05.2015 à 12h35 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Eu égard à son parcours politique rectiligne et à ses humanités faites dans les meilleurs établissements (Yale et la Columbia Law School), on aurait du mal à qualifier George Pataki de gauchiste invétéré. L’ancien gouverneur de l’Etat de New York, qui a annoncé jeudi 28 mai son intention de se lancer dans la course à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016, risque pourtant d’apparaître comme un « libéral », l’insulte suprême des républicains, en raison de ses positions peu orthodoxes sur de nombreuses questions sociales.Petit-fils d’un émigré austro-hongrois, né en 1945 dans une petite ville de l’« Empire state » au sein d’une famille modeste, George Pataki a gravi un à un les degrés de la carrière politique. Maire de sa ville, élu à l’Assemblée de l’Etat de New York, puis au Sénat, il crée la surprise en 1994 en l’emportant face au sortant démocrate, Mario Cuomo, qui avait longtemps été considéré comme l’un des grands espoirs de son parti. George Pataki sera réélu à deux reprises dans cet Etat « bleu ».Un centriste sur une scène républicaine très à droiteLa recette de ce succès réside dans un positionnement centriste sur les questions qui tenaillent l’aile droite républicaine, qu’il s’agisse de l’accès à l’avortement, de la lutte contre les discriminations visant les homosexuels, ou bien de l’encadrement du marché des armes à feu. Une équation personnelle qui l’avait déjà conduit à s’interroger sur une candidature à la fonction suprême en 2004, puis à nouveau en 2008 et en 2012.George Pataki a choisi de sauter le pas sans doute au pire moment, à bientôt 70 ans. Il déboule sur une scène républicaine très à droite sans pouvoir bénéficier désormais de la notoriété que lui avait apportée, jusqu’à la fin de son troisième mandat, en 2006, son poste de gouverneur. Le seul atout qui lui reste tient au calendrier, puisque la première véritable primaire républicaine se tiendra en février dans un Etat voisin du sien, le New Hampshire. Une carte cependant bien modeste pour espérer devenir le cinquième gouverneur de l’Etat de New York à s’installer à la Maison Blanche.Lire (en édition abonnés) :Primaires aux États-Unis : une « offre » pléthorique chez les républicainsGilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.05.2015 à 01h50 • Mis à jour le29.05.2015 à 12h44 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Dick Fuld, l’ex-patron de Lehman Brothers, a fait jeudi 28 mai sa première apparition publique depuis la faillite de la banque en 2008. Celui que l’on surnommait le « gorille » à cause de ses méthodes de management musclées est intervenu lors de la Marcum MicroCap Conference, un rendez-vous annuel pour les petites capitalisations, qui s’est tenue dans un hôtel de New York.En chemise, avec une cravate bleu profond, M. Fuld, 69 ans, a commencé son allocution par une plaisanterie. Alors que son hôte rappelait qu’il n’avait plus pris la parole depuis presque sept ans, il a confirmé cette absence, tout en soulignant qu’elle n’incluait pas ses « moments merveilleux [passés] devant le Congrès ». Le très controversé patron de Lehman Brothers avait en effet été auditionné pendant des heures devant les parlementaires américains pour donner sa version de la faillite de la banque.M. Fuld n’a pas pu s’empêcher de se livrer à quelques remarques sur la crise de 2008 qui, selon lui, a été causée par une « tempête parfaite », une combinaison exceptionnelle de conditions défavorables. Il a notamment pointé la responsabilité du gouvernement de l’époque qui a abaissé les standards pour accorder des prêts immobiliers, permettant aux emprunteurs d’utiliser les hypothèques sur leur logement « comme un distributeur de billets de banque », ajoutant que la crise n’a pas été provoquée par une cause unique, mais par tout un ensemble de facteurs.L’ex-PDG a avoué qu’il ne se passait pas un jour sans qu’il ne pense à Lehman, mais qu’il était temps désormais de passer à autre chose. « Ce qui compte ce n’est pas de savoir si vous frappez fort, mais si vous serez capable de vous relever après avoir été jeté au sol. J’adore Rocky », a-t-il affirmé en se référant aux films de boxe de Sylvester Stallone.Si ce n’est pour contacter de nouveaux clients, son intervention n’était pas intéressée : les 25 000 dollars qu’il aurait dû toucher pour son discours ont été reversés à une œuvre caritative pour aider les enfants de Harlem.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.05.2015 à 14h46 • Mis à jour le16.05.2015 à 18h05 Un haut responsable de l’Etat islamique (EI), présenté comme étant Abou Sayyaf, a été tué par des forces spéciales américaines lors d’une opération à Al-Amr, dans l’est de la Syrie, a annoncé, samedi 16 mai, le secrétaire à la défense américain, Ashton Carter, confirmant ainsi une information de la chaîne CNN.Abou Sayyaf a été impliqué dans des opérations militaires de l’EI et a aussi contribué à diriger ses opérations pétrolières, gazières et financières, a précisé Ashton Carter. Considéré par le Pentagone comme un « financier » des djihadistes « de plus en plus impliqué dans le côté opérationnel », sa mort pourrait « réduire leur capacité à engranger de l’argent » selon un responsable de la défense américaine.Première opération au sol revendiquéeLes Etats-Unis ont par la même occasion revendiqué pour la première fois une opération au sol contre l’EI. Jusqu’ici, à quelques exceptions près, notamment pour la tentative de libération échouée de l’ex-otage américain, James Foley, tué par le groupe djihadiste, les Etats-Unis avaient surtout frappé le groupe par le biais de sa campagne de bombardements aériens.La femme d’Abou Sayyaf a également été capturée, et se trouve désormais en Irak sous la garde de soldats américains, a indiqué la Maison Blanche, en précisant que l’opération s’était déroulée sur ordre du président Barack Obama, avec l’accord des autorités irakiennes.Selon des médias officiels syriens, au moins 40 combattants de l’EI auraient également été tués dans l’opération. 16.05.2015 à 11h17 • Mis à jour le16.05.2015 à 11h54 | Sylvie Kauffmann On voudrait les oublier, mais ils ne nous quittent pas. Le drame des damnés de la mer et leurs naufrages à répétition se maintiennent obstinément parmi les premiers sujets de l’actualité. Pire, ils se doublent à présent d’un drame parallèle, celui des Rohingya, minorité musulmane rejetée par la Birmanie, qui dérivent sur des rafiots d’un autre âge en mer d’Andaman. Ceux-là, au moins, ne visent pas l’Europe.Il y a trois semaines, dans une précédente chronique, je me suis interrogée sur les raisons de notre apparente indifférence à ces boat people des temps modernes, en comparaison avec la spectaculaire mobilisation qui avait abouti en France, en 1979, à l’opération Un bateau pour le Vietnam. Les réactions à cette interrogation ont été si vives et si instructives qu’elles méritent un retour sur le sujet.Disons-le tout de suite : à quelques sympathiques co-indignations près, beaucoup de ces réactions sont assez peu charitables – dans tous les sens du terme. C’est sans doute un signe, qui confirme à sa manière que 2015 n’est pas 1979. Plus intéressantes, évidemment, sont les explications avancées par les lecteurs. On peut les ranger dans plusieurs catégories, par ordre d’importance croissante.« C’est l’économie, idiot ! » En gros, il y a trente-six ans, nous sortions des « trente glorieuses », mais nous ne le savions pas encore. La vie était belle – du moins la voit-on ainsi à présent –, Valéry Giscard d’Estaing jouait de l’accordéon. En 2015, nous sommes dans l’ère de la mondialisation et nous ne le savons que trop : elle a bouleversé nos modèles et nos certitudes économiques. Une comparaison des taux de chômage en France éclaire ce sentiment d’insécurité : 3,3 % de la population active en 1975, 4,8 % en 1979, un chiffre qui allait augmenter chaque année jusqu’à atteindre 8,7 % en 1987. Il est aujourd’hui de 10 %. Nous étions forcément plus accueillants.La composition sociologique Exode surtout politique, le phénomène des boat people asiatiques apparaissait comme vraisemblablement limité dans le temps, alors que la pression démographique en Afrique, la complexité des conflits sur le continent, la guerre en Syrie, le djihad tous azimuts nous laissent imaginer une émigration de masse pendant plusieurs années. Autre argument avancé : Vietnamiens et Cambodgiens s’intégraient mieux dans les sociétés européennes que les réfugiés d’aujourd’hui, en grande partie musulmans. Ou encore : les boat people asiatiques étaient des réfugiés politiques, ceux d’aujourd’hui sont pour la plupart des « aventuriers économiques ». Ainsi, nous étions très solidaires de Solidarnosc avant la chute du rideau de fer, beaucoup moins lorsque, une fois libre, le plombier polonais a débarqué pour chercher du travail.Une dynamique idéologique Pour le sociologue Michel Wieviorka, qui faisait partie du comité Un bateau pour le Vietnam, c’était là la principale raison de notre emballement pour ces réfugiés qui fuyaient le communisme. « 1978-1980, dit-il maintenant, c’est le moment où la France dit adieu au communisme. » Les nouveaux philosophes défraient la chronique, Alain Geismar, ex-leader de Mai 68, sort du maoïsme. Le sauvetage des boat people, poursuit Wieviorka, « ce fut l’idée géniale d’articuler une cause humanitaire et une cause politique ». Et la conférence de presse conjointe de Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, qui ne s’étaient pas parlé depuis vingt ans, « c’était la défaite de Sartre et le triomphe d’Aron ».Dans la même logique, certains lecteurs évoquent un sentiment de culpabilité des gens de gauche, en Europe, qui, s’étant fourvoyés dans l’admiration du marxisme, trouvaient dans la mobilisation pour les réfugiés d’Asie du Sud-Est une façon de se racheter.Pour autant, on pourrait retourner l’argument politique : pourquoi, face à ce nouveau totalitarisme que constitue l’islam radical, les esprits libres ne se mobilisent-ils pas davantage pour sauver ses victimes ? Il n’y a sans doute ici aucun sentiment de culpabilité, voire l’idée que l’Europe en est, elle aussi, une cible.Le rôle des intellectuels « Vous les connaissez, vous, les héritiers de Sartre et Aron ? », apostrophe un lecteur. « En 1979, on avait encore des figures respectées », relève un autre. C’est un vrai constat, qu’ils sont nombreux à faire : les intellectuels n’ont plus l’autorité ni le rôle qui étaient les leurs il y a trente-six ans.Cette semaine, dans l’hebdomadaire Le 1, Jean-Christophe Rufin, ex-humanitaire et écrivain, sonne « la fin du bernard-henri-lévisme » et de cet interventionnisme extérieur par lequel les politiques suivent béatement les intellectuels. Ce courant, écrit-il, « a été un moment éphémère de notre histoire, un moment pendant lequel nous avons pathétiquement voulu nous abstraire des contraintes de la réalité au profit d’une vision idéale et morale ».A vrai dire, aujourd’hui, il n’y a pas foule autour de Bernard-Henri Lévy. La figure de l’intellectuel est-elle dépassée ? « Non, nous répond BHL. Je la crois même plus actuelle, plus nécessaire, plus vitale que jamais. En revanche, les quelques-uns qui essaient encore d’y être fidèles ont à faire face, ici, en France, à un climat pestilentiel et qui, souvent, la met en échec. Souverainisme. Provincialisme. Débats franco-français désespérément nombrilistes – Todd versus Zemmour, quelle misère ! Recul, donc, du souci du monde. Offensive générale, aussi, contre cet universalisme qui est la condition de possibilité du fonctionnement de l’intellectuel et que l’on tente, à gauche comme à droite, de disqualifier sous le nom de “droit-de-l’hommisme”. Cynisme aussi. Epoque de ricanement généralisé et d’une philosophie du soupçon devenue folle. Voilà tout ce à quoi doivent s’affronter ceux qui n’ont pas oublié l’héritage d’Aron et de Sartre. » Où l’on comprend mieux pourquoi 2015 n’est pas 1979.Sylvie KauffmannJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.05.2015 à 01h59 Le président ukrainien Petro Porochenko a promulgué, vendredi 15 mai, des lois interdisant toute propagande communiste et glorifiant les combattants nationalistes ayant provoqué la colère de la Russie.Lire (en édition abonnés) :L’Ukraine veut effacer sa mémoire soviétiqueCes lois, votées par le Parlement le 9 avril, visent à rompre définitivement avec le passé soviétique de l’Ukraine au moment où les autorités ukrainiennes combattent les séparatistes prorusses, pour la plupart nostalgiques de l’URSS, dans l’Est rebelle où le conflit a fait plus de 6 200 morts depuis avril 2014.Communistes et nazis sur le même planCes lois « interdisent les symboles soviétiques, condamnent le régime communiste, ouvrent les archives des services spéciaux soviétiques et reconnaissent comme combattants pour l’indépendance de l’Ukraine » les nationalistes qui avaient un temps combattu aux côtés des nazis contre « l’occupation soviétique », rappelle la présidence dans un communiqué.Ces textes approuvés près d’un quatre de siècle après l’indépendance de l’Ukraine mettent sur le même plan les « régimes totalitaires communiste et nazi ». Des lois similaires existent dans les pays baltes et en Pologne.Méthodes « totalitaires » pour la RussieAux termes des lois ukrainiennes, les monuments à la gloire des responsables soviétiques, dont les nombreuses statues de Lénine, doivent être démontés, de même que doivent être rebaptisées les localités, rues ou entreprises dont les noms font référence au communisme. L’exécution de l’hymne soviétique, réintroduit par Vladimir Poutine, comme l’hymne russe avec des paroles adaptées, est désormais passible en Ukraine d’une peine de prison.La Russie avait vivement dénoncé ces lois en accusant Kiev d’avoir recours à des méthodes « totalitaires » pour désoviétiser l’Ukraine au profit d’une idéologie nationaliste qui pousse le pays « dans l’abîme ». Certains intellectuels occidentaux ont de leur côté estimé que ces lois pourraient exacerber les tensions dans un pays déjà divisé par la guerre. 15.05.2015 à 21h33 • Mis à jour le16.05.2015 à 15h47 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Djokhar Tsarnaev, l'un des deux auteurs des attentats du marathon de Boston a été condamné, vendredi 15 mai, à la peine de mort. Après 14 heures de délibérations, les douze jurés de la Cour fédérale du Massachusetts, ont décidé de suivre les réquisitions des procureurs. Le jeune homme de 21 ans, d'origine tchétchène, avait été reconnu coupable le 8 avril d'avoir posé avec son frère Tamerlan deux bombes à proximité de la ligne d'arrivée de la course le 15 avril 2013, faisant trois morts et 264 blessés.Lire le récit : Du Daghestan à Boston, itinéraire d'un tueurPour que la peine de mort soit prononcée, il fallait que les jurés, sept femmes et cinq hommes, prennent une décision unanime. Sur les trente chefs d'accusation dont Djokhar Tsarnaev faisait l'objet, 17 étaient passibles de la peine capitale. « Après tout le carnage, l'effroi et la terreur qu'il a causé, la bonne décision est claire, avait affirmé le procureur Steven Mellin en conclusion du procès. La seule sentence qui fasse justice dans ce cas est la mort », avait-il ajouté. À la lecture de la sentence, le condamné est resté, comme tout au long du procès, impassible.La défense a insisté sur l'emprise de son frèrePendant les quatre mois d'audience, la stratégie de la défense a consisté à soutenir que Djokhar Tsarnaev n'était passé à l'acte que sous l'emprise de son frère. Décrit comme un « bon garçon », un élève respecté de ses professeurs, choyé par sa famille, l'accusé n'aurait basculé dans l'horreur qu'à cause de Tamerlan, qui a été tué pendant la chasse à l'homme qui a suivi les attentats. « Si Tamerlan n'avait pas été là, cela ne se serait jamais passé », a affirmé Judy Clarke, l'une des avocats de Djokhar Tsarnaev.Mais cette spécialiste de la peine de mort, qui a évité la peine capitale à des cas désespérés comme Theodore Kaczynski, plus connu sous le nom d'« Unabomber », le meurtrier de plusieurs personnes grâce à des paquets piégés, Zacharias Moussaoui, le Français impliqué dans les attaques du 11 Septembre 2001, ou encore Eric Rudolph, l'auteur de l'attentat des jeux olympiques d'Atlanta en 1996, n'a pas réussi à humaniser suffisamment Tsarnaev pour lui éviter la mort. Ses arguments se sont brisés contre des faits accablants, une succession de témoignages plus poignants les uns que les autres et un manque évident de repentance de la part de l'accusé.« L'insensibilité et l'indifférence qui vous permet de détruire la vie des gens, d'ignorer leur douleur et leur chagrin ne va pas disparaître simplement parce que vous allez être enfermé dans une cellule de prison, avait prévenu le procureur William Weinreb, c'est ce qui vous permet d'être un terroriste et c'est ce qui vous isole de tout sentiment de remords ». Le seul moment où le jeune Tchétchène avait fait preuve d'émotion, c'est lorsque sa tante, appelée à la barre, s'est effondrée en pleurs, l'empêchant de témoigner. Djokhar Tsarnaev avait alors pris un mouchoir en papier pour essuyer une larme sur son visage.Des familles s'opposaient à la peine de mortLa peine de mort a fait débat tout au long du procès. Dans le tribunal, mais aussi en dehors. Certains considéraient que condamner à mort Tsarnaev revenait à faire de lui un martyr. Les parents de Martin Richard, un petit garçon de 8 ans tué dans l'attentat, eux, avaient signé le 17 avril une tribune publiée dans le Boston Globe pour déclarer leur opposition à la peine capitale. « L'accusé a assassiné notre fils de 8 ans, mutilé notre fille de 7 ans, et volé une partie de notre âme », écrivaient Bill et Denise Richard. Mais ils affirmaient dans le même temps que l'application de la peine de mort donnerait lieu à plusieurs années de procédure supplémentaire, d'appel de la décision, risquant de leur faire « revivre le jour le plus douloureux de notre vie ».Il est effectivement très probable que la défense fasse désormais appel. Sur les 80 condamnés à mort par un tribunal fédéral depuis 1988, seulement trois ont été exécutés. Certains sont morts en prison, d'autres se sont suicidés, mais la plupart des autres cas ne sont toujours pas clos. La dernière exécution dans l'Etat du Massachusetts remonte à 1947, tandis que l'Etat a aboli la peine de mort en 1984. Mais comme Djokhar Tsarnaev était accusé d'un acte de terrorisme avec utilisation d'une arme de destruction massive, son cas relève de la justice fédérale, qui a le pouvoir de réclamer la peine capitale. Le choix du jury dans un Etat, qui a aboli la peine de mort avait été particulièrement délicat car seuls les jurés n'y étant pas hostiles par principe avaient été sélectionnés.« Une punition adéquate pour ce crime odieux »« Nous savons que trop bien qu'aucun verdict ne guérira les âmes de ceux qui ont perdu leurs proches ni les corps, ni les esprits de ceux qui ont subi des blessures à vie du fait de ces actes lâches. Mais le châtiment suprême est une punition adéquate pour ce crime odieux », a estimé la ministre de la justice, Loretta Lynch. « Nous espérons que la fin de ce procès apportera une certaine forme d'apaisement aux victimes et à leur famille », a-t-elle ajouté.Parmi celles-ci, Sydney Corcoran, lui-même blessé, alors que sa mère, Celeste a perdu ses deux jambes dans l'attentat, a réagi sur Twitter, quelques minutes après le verdict. « Ma mère et moi pensons que maintenant il [Djokhar Tsarnaev] va partir et nous allons pouvoir passer à autre chose. Justice », ajoutant : « Œil pour œil ». Une déclaration qui sonne comme en écho au message qu'avait écrit Djokhar Tsarnaev à l'intérieur du bateau dans lequel la police l'avait déniché au bout de trois jours de traque : « Le gouvernement américain tue nos civils innocents. […] Nous, musulmans, sommes un seul corps, vous faites du mal à l'un de nous, vous nous faites du mal à tous. […] Arrêtez de tuer nos innocents et nous arrêterons. »Revoir la chronologie de la traque : Boston : comment s'est déroulée la traque des suspectslmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2iqrxg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2iqrxg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Paris (Washington, correspondant) Présentateur vedette de la chaîne américaine ABC, George Stephanopoulos était l’invité du Daily Show de Jon Stewart le 28 avril. Un entretien dans lequel il avait été question de Baltimore, alors en proie aux émeutes, du métier de journaliste, et de l’affaire des dons controversés reçus par la Fondation Clinton auxquels un livre à charge venait d’être consacré.George Stephanopoulos, disert, avait reçu deux jours plus tôt son auteur, Peter Schweizer, dans son émission. Tout en prenant des distances avec le contenu de l’ouvrage, la vedette d’ABC avait décrit un mécanisme propre à instiller le doute :« Quand on donne de l’argent (…) il y a l’espoir [pour le donateur] que cela conduise vers quelque chose et c’est pourquoi il faut être prudent. »Si George Stephanopoulos avait pris ses précautions, sans doute aurait-il fait savoir avant que la presse ne le révèle que ses œuvres de charité comportaient notamment le versement à cette même fondation d’un don pour un total de 75 000 dollars.Pour la bonne cause, s’est-il défendu le 15 mai, sur ABC, à cet instant inconfortable pour un journaliste où il doit rendre des comptes à ses auditeurs, listant les causes pour lesquelles il avait souhaité s’engager en tant que citoyen : la lutte contre le sida, le sort des enfants et l’environnement. Il a présenté ses excuses en assurant avoir pris conscience trop tard que ces dons avaient été « une erreur ».Ex-conseiller de la communication de… Bill ClintonCet acte de contrition lui vaudra-t-il la mansuétude ? Certainement pas du côté du Parti républicain qui l’a déjà déclaré persona non grata pour animer le débat de la course à l’investiture pour l’élection présidentielle de 2016 qui avait été attribué à ABC.Il s’agit de celui, crucial, prévu en février dans le New Hampshire, à la veille de la première véritable primaire de la campagne (le premier Etat à se prononcer, l’Iowa, a recours à la pratique des « caucus »).Avant d’avoir été journaliste, George Stephanopoulos a connu en effet le pouvoir et la notoriété comme conseiller de la communication de Bill Clinton pendant le premier mandat du président démocrate (1992-1996).Au cours des deux décennies suivantes, il s’est attaché à forger une image d’impartialité, sans lever tous les doutes. Alors que l’ancienne première dame qu’il côtoyait à la Maison Blanche est désormais candidate à l’élection de 2016, voici ces mêmes doutes confortés par ses œuvres philanthropiques.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Florence Evin L’organisation terroriste Etat islamique (EI) serait aux portes de Palmyre, antique cité florissante située au centre de la Syrie, dont les vestiges monumentaux, savant mariage d’architecture greco-romaine et d’influences locales, datant des premiers siècles de notre ère, s’étirent sur plusieurs kilomètres. Un site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1980, et sur la liste du patrimoine en péril, en 2013, après avoir subi des dommages et des pillages.Après le saccage, dans le nord de l’Irak, du musée de Mossoul, puis d’Hatra, cité parthe, et de Nimroud, capitale assyrienne, l’EI menace en Syrie l’un des sites les plus riches et les plus importants de la région.Selon nos sources, vendredi 15 mai, l’armée loyaliste, qui occupe la colline et le château dominant le site archéologique, aurait repoussé les djihadistes à plusieurs kilomètres. L’armée, avec ses blindés et son support aérien - elle a une base située à douze kilomètres de la ville - , serait très présente autour des ruines qui s’épanouissent à l’ouest de l’oasis et au sud de la ville moderne.« S’il y a une bataille rangée, cela se passerait dans le site », s’inquiète Manar Hammad, architecte et archéologue franco-syrien. Auteur d’une dizaine d’ouvrages sur Palmyre, M. Hammad a travaillé pendant douze ans sur place. Il estime qu’il pourrait s’agir d’une opération de diversion de la part de l’EI, qui livre bataille, au sud de Homs, à la frontière libanaise, pour alléger la pression sur cette zone et faciliter le trafic des armes.  Agora, camp de Dioclétien, théâtre, bains et tombeaux à tours  Palmyre est l’ancienne Tadmor qui, selon la Bible, aurait été construite par Salomon, et dont les premiers témoignages datant du XVIIIe siècle av. J.-C. proviennent des fouilles opérées à Mari, cité mésopotamienne, située plus à l’est.C’est dire l’aura de la puissance économique de la cité caravanière qui fut, devant Pétra, la plaque tournante des échanges Orient-Occident, entre l’Inde, la Chine, la Perse, la Mésopotamie, et Rome. Elle était connue, aussi, pour ses étoffes et la virtuosité de ses tisserands qui travaillaient les soies et cachemires venant d’Inde et de Chine. On a retrouvé dans les tombes de précieux échantillons des toilettes féminines. Champions du commerce à longue distance, les Palmyréniens, riches financiers et propriétaires des caravanes de centaines de dromadaires qui traversaient le désert deux fois par an, jusqu’au delta du Tigre et de l’Euphrate, convoyaient l’encens, les pierres précieuses, les parfums, les épices, les soies et cotonnades, dont ils faisaient commerce.En plein désert, Palmyre, est, en 19 av. J.-C., sous l’empereur Tibère, un carrefour caravanier opulent, alors que la région a le statut de province romaine. La ville est alors peuplée de tribus nomades, foncièrement indépendantes et riches du commerce. En l’an 139, Hadrien accorde à Palmyre le statut de cité libre. Ce fut la gloire avant les derniers feux. La ville tombera sous le joug romain en 273.Aujourd’hui, sur le site antique, la colonnade de 1200 mètres demeure debout sur plus de la moitié de sa longueur, comme le grand temple Bel, l’un des grands sanctuaires d’Orient avec celui de Baalbeck au Liban. Resten aussi des éléments de l’agora, du camp de Dioclétien, du théâtre, des bains, ou encore les tombeaux à tours et reliefs aux ruines impressionnantes. A partir d’un vocabulaire gréco-romain, Palmyre a inventé sa propre écriture architecturale, grandiose. Jusqu’à poster les statues, trop nombreuses, en haut des colonnes pour gagner de la place au sol.Près de deux ans se sont écoulés depuis le cri d’alarme, lancé en août 2013 à la tribune de l’Unesco, par Maamoun Abdulkarim. Le directeur général des antiquités et des musées de Syrie avait alors exhibé la cartographie d’une cinquantaine de sites archéologiques victimes de fouilles illicites, et des treize centres urbains et sites historiques en danger, afin de sensibiliser la communauté internationale au sauvetage du patrimoine de son pays.Lire aussi : En Syrie, un patrimoine culturel dévastéAujourd’hui l’appel d’Irina Bokova, la directrice de l’organisation onusienne, qui martèle que « le site a déjà souffert de quatre années de conflit, qu’il a souffert du pillage, et qu’il représente un irremplaçable trésor pour le peuple syrien et pour le monde », sonne comme un coup d’épée dans l’eau. Florence EvinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le Monde.fr / Marc BettinelliPlusiueurs enquêtes  sont actuellement menées à Paris et à Bangui pour faire la lumière sur les accusations de viols d'enfants centrafricains par des militaires français. Nathalie Guibert, journaliste au Monde revient sur les zones d'ombres qui entourent cette affaire embarassante pour l'armée française.S'abonner dès 1 €RéagirClasserEmailFacebookTwitterGoogle +LinkedinPinterestPartagerrequire(['lmd.afrique.toolbar'], function (toolbar) { toolbar.init('.js-toolbar');}); En 2014, le Zimbabwe a vendu plus de 43 000 peaux de crocodiles Les Burundais ont « peur de voir la capitale s’embraser » Burundi : les combats font rage 15.05.2015 à 16h42 • Mis à jour le15.05.2015 à 17h50 En juin 2014, les djihadistes de l'Etat islamique (EI) lancaient une offensive éclair, notamment dans la région irakienne d'Al-Anbar, où ils avaient pris le contrôle de la ville de Mossoul, la deuxième du pays, en repoussant une armée irakienne en lambeaux.Près d'un an plus tard, et après avoir été contenu par les forces irakiennes et leur appui aérien occidental, l'EI progresse à nouveau dans la région. La ville de Ramadi, capitale de cette province stratégique de l'Ouest, où vivent 400 000 personnes, est en passe de tomber sous leur contrôle.Le drapeau de l'EI flotte sur RamadiL'assaut lancé par les djihadistes cette semaine a abouti, vendredi 15 mai, par la prise stratégique du quartier général de la police, principal complexe gouvernemental de la ville. La prise, annoncée par l'EI, a été confirmée par d'autres témoins.Selon le maire de Ramadi, Dalaf Al-Kubaisi, le drapeau noir des djihadistes flotte sur la ville et les soldats ont battu en retraite. « Les seules forces qui continuent à se battre sont confinées dans de petites poches à Ramadi et n'ont plus aucun poste de commandement », a ajouté cheikh Hekmat Souleimane, un chef tribal cité par l'AFP. Azal Obeid Al-Fahdawi, membre du conseil provincial, parle d'une « situation critique ».« La police, l'armée et les forces tribales défendent la ville. Les avions de l'armée irakienne et de la coalition internationale [dirigée par les Etats-Unis] nous soutiennent. »La bataille en cours cette semaine provoquera à coup sûr un nouvel exode de population. « Les familles tentent de fuir à pied, laissant leurs voitures et leur maisons derrière mais la plupart des secteurs sont sous contrôle de l'EI », explique Jabbar Adjadj Al-Assafi, un leader tribal. En avril, 90 000 habitants avaient déjà fui les combats, s'exilant dans la ville d'Habbaniyah ou plus loin à l'est, près de Bagdad.Une prise stratégique pour les terroristes Si l'EI parvenait à s'emparer de la ville dans son intégralité, il s'agirait d'une des plus importantes victoires des djihadistes et un revers conséquent pour l'armée irakienne et ses alliés.Les djihadistes prendraient le quasi-contrôle de la vaste province d'Al-Anbar, une région majoritairement sunnite où ils avaient pris pied dès 2004. En contrôlant Mossoul, tombée en juin 2014, et Ramadi, ils tiendraient les deux chefs-lieux d'une des principales régions irakiennes, dont les frontières touchent la Syrie, la Jordanie et l'Arabie saoudite.Une chute de Ramadi serait également un revers majeur pour le gouvernement du premier ministre irakien, Haider Al-Abadi, qui avait promis que la reconquête d'Al-Anbar serait l'objectif de ses forces après la reprise de la grande ville de Tikrit dans le nord. A une centaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, Ramadi pourrait également servir à lancer une nouvelle attaque sur la capitale irakienne.Lire aussi : A Mossoul, l'Etat islamique impose sa « politique éducative » 03.05.2015 à 16h43 Les Allemands n'oublieront jamais les « horreurs insondables » infligées par les nazis aux détenus des camps de concentration. La chancelière Angela Merkel a appelé dimanche 3 mai, à l'occasion des cérémonies du 70e anniversaire de la libération de Dachau, près de Munich, à un fervent travail de mémoire : « dans notre intérêt et dans l'intérêt des générations futures ». Dans un discours, prononcé devant notamment cent vingt rescapés venus de vingt pays et six anciens soldats américains, Mme Merkel a souligné que les autres camps resteraient éternellement le symbole de la barbarie du IIIe Reich. Evoquant le « grand honneur » de retrouver des survivants, la chancelière, née neuf ans après la fin de la seconde guerre mondiale, a également martelé que le judaïsme était « une partie de notre identité ».Modèle d'organisationPlus de 200 000 détenus se trouvaient à Dachau lorsque les forces américaines sont arrivées le 29 avril 1945. Au total, 43 000 personnes y ont péri. Ouvert initialement pour y interner les prisonniers politiques, le camp a servi de modèle d'organisation pour les autres camps de la mort, de Treblinka, en Pologne, à Buchenwald, en Allemagne. C'est là que le premier four crématoire a été créé par le régime nazi, en 1933.Dans cette paisible cité verdoyante de Bavière, le camp, ouvert le 22 mars 1933 – moins de deux mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir – fut installé tout d'abord dans une usine de munitions à l'abandon, avant la construction d'un grand complexe de bâtiments à partir de 1937. Il est visité par 800 000 personnes chaque année.Les cérémonies internationales du 70e anniversaire de l'ouverture des camps ont débuté le 27 janvier à Auschwitz. 03.05.2015 à 06h51 • Mis à jour le03.05.2015 à 12h56 D'anciens déportés et Angela Merkel se retrouvent dimanche 3 mai à Dachau, dans le sud de l’Allemagne, pour une commémoration de la libération du camp nazi, qui en cette année du 70e anniversaire prend un relief particulier en raison de la participation exceptionnelle de la chancelière allemande.Durant ces douze mois de commémorations de la fin de la barbarie nazie, c'est la seule fois où la dirigeante allemande participera à une cérémonie dans un camp de concentration. En raison du grand âge des rescapés, ce sera également l'une des dernières occasions où la chancelière, en tant que représentante du gouvernement allemand, et les témoins encore en vie se retrouvent dans ce lieu de mémoire.Angela Merkel doit s'exprimer en milieu de journée après un hommage aux victimes devant l'un des deux fours crématoires de ce camp situé à 17 km au nord-ouest de Munich, le premier créé par le régime nazi, en 1933. Des dépôts de gerbes et une marche vers la Place d'appel du camp, où périrent plus de 43 000 personnes, sont également prévus.Un modèlePlus de 130 survivants et leurs proches devraient à nouveau franchir la porte d'entrée du camp en fer forgé sur laquelle est inscrite la sinistre devise des nazis « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre ») pour venir se recueillir sur les lieux de leur calvaire. Ce portail a été dérobé durant une nuit de novembre par des inconnus. Une copie a été inaugurée jeudi.Des responsables du Comité international de Dachau, qui rassemble les rescapés, et le dirigeant du Conseil central des juifs d'Allemagne, Josef Schuster, seront également présents.Ouvert initialement pour y interner les prisonniers politiques, Dachau a servi de modèle d'organisation pour les autres camps de la mort, de Treblinka à Buchenwald. Le 29 avril 1945, il avait été libéré par les Américains qui avaient alors découvert l'indicible horreur de la solution finale. Les images d'archives de l'époque montrant les corps enchevêtrés et les survivants hagards, malades et amaigris restent insoutenables.« Responsabilité particulière »A la veille de cette commémoration, Angela Merkel a insisté sur la « responsabilité particulière » de l'Allemagne, 70 ans après la fin de l'Holocauste, qui a vu six millions de Juifs exterminés dans la plus grande tentative d'élimination d'un peuple. « Nous, les Allemands, avons une responsabilité particulière, celle d'être attentifs, d'être sensibles et bien informés sur ce que nous avons perpétré sous le nazisme », a souligné dans son message vidéo hebdomadaire Mme Merkel, née en 1954, soit neuf ans après la fin de la seconde guerre mondiale.Dans la paisible cité verdoyante de Bavière, le camp, ouvert le 22 mars 1933 — soit moins de deux mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir — fut installé tout d'abord dans une usine de munitions à l'abandon avant la construction d'un grand complexe de bâtiments à partir de 1937. Il comprenait 34 baraques dont l'une réservée aux expériences médicales, sur la malaria ou la tuberculose par exemple.Plus de 206 000 prisonniers venus d'une trentaine de pays y ont été détenus dont l'ancien premier ministre français, Léon Blum, qui était juif. Plus de 41 000 d'entre eux y furent tués, ou moururent d'épuisement, de faim, de froid ou de maladie.Les commémorations internationales du 70e anniversaire de l'ouverture des camps ont débuté le 27 janvier à Auschwitz, en Pologne. 03.05.2015 à 03h15 Un attentat à la voiture piégée a fait au moins treize morts et 39 blessés samedi 2 mai à Bagdad. Un colonel de la police a indiqué à l’AFP qu’une voiture avait explosé dans la soirée devant un restaurant dans le quartier très fréquenté de Karrada. Il s’agit d’un des attentats les plus meurtriers depuis le début de l’année dans la capitale irakienne.Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué vendredi une série d’attentats meurtriers à la voiture piégée la veille dans la capitale, pour « venger » le meurtre et le rapt de déplacés de la province d’Al-Anbar. Onze personnes ont été tuées et 42 blessées dans ces attentats, selon des sources médicales.Lundi, ce sont au moins 9 personnes qui avaient été tuées et plus de 30 blessées dans l’explosion de deux voitures piégées dans des quartiers commerçants de la capitale irakienne, selon des responsables de sécurité et médicaux.Couvre feu levé en févrierLa capitale irakienne continue d’être frappée par ces attaques, même si leur nombre est en recul par rapport à la même période de l’an dernier. Le couvre-feu en vigueur depuis des années dans la capitale a été levé en février.Depuis juin, l’Irak doit faire face à l’offensive du groupe EI, qui s’est emparé de pans entiers du territoire. Désarmée dans un premier temps, l’armée irakienne est parvenue depuis, appuyée par des milices et les raids aériens d’une coalition internationale menée par les Etats-Unis, à reprendre du terrain. Mais la majorité des provinces de Ninive (nord) et d’Anbar (ouest), restent aux mains des jihadistes. Stéphane Lauer (New York, correspondant) L’assemblée générale de Berkshire Hathaway a toujours revêtu pour les actionnaires un côté mystique, une sorte de grand-messe de l’investissement à la gloire de son pape : Warren Buffett. Ce côté culte était encore plus prégnant encore, samedi 2 mai, dans la mesure où la société d’investissement fête cette année son demi-siècle. « Cinquante ans d’un partenariat fructueux », promettait l’affiche du show.Sur ce point précis, Berkshire Hathaway n’a pas survendu sa performance, qui a été sur la période de 2 850 000 %. Un résultat, qui fait aujourd’hui de Berkshire Hathaway l’une des plus grosses entreprises du monde grâce à des participations dans une multitude de groupes, allant de Coca-Cola à American Express en passant par IBM, présente dans les assurances comme dans le transport ferroviaire ou l’énergie, pour une capitalisation qui dépasse 354 milliards de dollars (316 milliards d’euros). Les résultats du premier trimestre publiés la veille n’ont fait que confirmer que la recette continue à fonctionner avec un profit opérationnel en hausse de 20 % et un chiffre d’affaires en progression de 7 %.40 000 actionnaires réunisMais comme l’on dit dans les mentions légales des documents boursiers : « Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. » Et c’est bien l’avenir qui a été au centre de toutes les préoccupations des 40 000 actionnaires réunis dans le berceau de Berkshire Hathaway : la ville d’Omaha (Nebraska), qui voit ainsi chaque année sa population augmenter temporairement de 10 %.Mais le culte chez Berkshire Hathaway ne se prend pas au sérieux. Après avoir fait son entrée sur scène sur la chanson de Joe Cocker With a Little Help From My Friends, M.Buffett, 84 ans, a lancé : « Salut, je suis Warren et voici Charlie. Il entend et moi je vois. Nous travaillons ensemble », alors que son vieil acolyte, Charlie Munger, 91 ans, le vice-président de la société s’asseyait à ses côtés. Avant ce levé de rideau bien rodé, un film humoristique avait été projeté dans lequel on voyait M.Buffett provoquer le boxeur poids lourd, Floyd Mayweather, qui devait disputer quelques heures plus tard le « combat du siècle » à Las Vegas contre Manny Pacquiao. « Mayweather tu vas aller au tapis ! », lui lance l’octogénaire. « Tu es un homme mort ! », lui rétorque le boxeur, avant que le milliardaire absorbe une gorgée de Coca-Cola dont il détient 9,3 % du capital et se gave de friandises fabriquées par See’s Candy, une autre de ses sociétés.Mais il n’est pas évident que ce régime d’adolescent soit suffisant pour rassurer les actionnaires sur la succession qui se profile à la tête de Berkshire Hathaway. M.Buffett n’a pas encore désigné celui qui dirigera l’entreprise, mais, dans sa lettre aux actionnaires, le 28 février, Charlie Munger avait partiellement vendu la mèche en lâchant deux noms : Ajit Jain, qui pilote les activités d’assurance au sein du groupe, et Greg Abel, le responsable de la partie énergie.Les affaires « vont bien » aux Etats-UnisL’AG n’a pas apporté de nouveau sur ce plan. M. Buffett a simplement rappelé le profil idéal de son successeur : « Je ne mettrai pas à la tête de Berkshire quelqu’un qui n’a qu’une expérience dans l’investissement et aucune expérience opérationnelle », a-t-il souligné.De l’avenir il a été néanmoins question, lorsqu’un actionnaire a demandé ce qu’il adviendrait si un investisseur activiste s’attaquait à Berkshire. M. Buffett a répondu qu’il n’y aurait intérêt à séparer les différentes entités de la société dans l’espoir de créer plus de valeur pour les actionnaires. « Je pense qu’il est improbable dans le long ou moyen terme que la valeur des parties sera supérieure à la totalité », a estimé M. Buffett, assurant que la valeur de l’entreprise continuerait à croître dans les prochaines années. « Même si tous les activistes se mettaient ensemble, ils ne seraient pas capables de faire beaucoup mieux », a-t-il fanfaronné.L’investisseur de génie a estimé également que les niveaux atteints actuellement par les indices boursiers n’étaient pas particulièrement inquiétants. Ces niveaux reflètent le fait que les affaires aux États-Unis vont « merveilleusement bien ». Une appréciation qui est intimement liée au niveau des taux d’intérêt aux États-Unis, qui sont proches de zéro depuis 2008. « Si nous continuons avec ces taux d’intérêts, les actions paraissent très peu chères », affirme-t-il.Rester ouvertAlors qu’on demandait à M. Buffett s’il pourrait connaître aujourd’hui le même succès s’il repartait de zéro, il a répondu qu’à plusieurs occasions au cours des cinquante dernières années il a eu beaucoup de chance. « Le tout dans le business c’est de rester ouvert aux nouvelles idées qui vous accompagnent ». Puis il a ajouté que si ses plus beaux coups ont été réalisés dans le secteur de l’assurance, dans le cas d’un nouveau départ il devrait aujourd’hui certainement investir dans autre chose.Après six heures d’un feu roulant de questions, à peine interrompu par une pause déjeuner, les 40 000 actionnaires sont repartis une nouvelle fois ravis. Seule la dernière question est restée sans réponse. « Quelle serait la question la plus intelligente que je pourrais vous poser ? », a demandé un homme. « Je ne crois pas que ce soit une très bonne question », a répondu M.Munger. Les deux gourous de l’investissement ont beau faire l’objet d’un culte, ils ne font pas à la fois les réponses et les questions.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.05.2015 à 19h15 • Mis à jour le03.05.2015 à 16h04 Les gardes-côtes italiens ont annoncé dimanche 3 mai avoir coordonné les secours de 3 690 migrants qui voyageaient sur des embarcations de fortune, la veille, en Méditerranée. D'autres opérations ont par ailleurs eu lieu dans la matinée. Sans constituer un record, le bilan de samedi est l'un des plus élevés enregistrés en un jour : lors des deux dernières journées « très chargées » des équipes de patrouille maritime transalpines, une aide avait été apportée à 3 791 individus, le 12 avril, et à 2 850 personnes, le 13 avril.Le patrouilleur de haute mer de la Marine nationale française, Commandant Birot, parti en début de semaine dernière avec du matériel médical et sanitaire pour renforcer le dispositif de surveillance européen Triton, a porté secours à trois embarcations, mettant leurs 219 passagers en sécurité. Deux d'entre eux sont soupçonnés d'être des passeurs, a expliqué la préfecture maritime française de la Méditerranée, précisant que tous allaient être « remis aux autorités italiennes ».Lire le décryptage : Migrants en Méditerranée : qu’est-ce que l’opération « Triton » ?Renforcer la présence de l'UE en MéditerranéeEn plus du patrouilleur français, les opérations de samedi ont mobilisé quatre navires des gardes-côtes italiens, deux navires de la marine italienne, deux cargos, deux navires de la police douanière italienne et deux remorqueurs. La frégate transalpine Bersagliere est venue en aide à 778 personnes et le patrouilleur Vega 675 autres. Plusieurs des rescapés sont arrivés dans la nuit sur l'île de Lampedusa, la plus proche des côtes africaines, tandis que la plupart des autres étaient attendus en fin d'après-midi voire début de soirée en Sicile ou dans le sud de l'Italie.Lire notre reportage : La Sicile, terre d’immigration désemparée face à l’afflux des clandestinsDes centaines de migrants, essentiellement africains et syriens, partis pour la plupart de Libye, débarquent ainsi chaque jour sur les côtes italiennes. A la suite d'une série de naufrages ayant fait plus de 1 200 morts en avril, les dirigeants européens réunis en sommet extraordinaire le 23 avril ont décidé de renforcer la présence de l'UE en mer en triplant le budget de l'opération européenne Triton.Celle-ci, coordonnée par Frontex, l'agence européenne pour la surveillance des frontières, a été lancée en novembre 2014 pour aider l'Italie à contrôler ses frontières maritimes et récupérer les migrants sur des embarcations en perdition. La Commission européenne a annoncé le 23 la décision de prolonger Triton jusqu'à la fin 2015, en lui allouant un budget de 18 millions d'euros.Lire l'analyse : Jean-Claude Juncker critique les mesures européennes contre les naufrages en Méditerranée 02.05.2015 à 16h23 Accusée à tort d'avoir brûlé un exemplaire du Coran, Farkhunda avait été lynchée en mars dernier à Kaboul. Le procès des 49 suspects dans ce dossier s'est ouvert samedi 2 mai au tribunal de première instance dans la capitale afghane. Ils sont mis en cause de divers chefs d'accusation, dont violences et meurtre. Parmi les individus cités à comparaître figurent dix-neuf policiers. Le procès, qui se tient sous haute protection policière, est diffusé en direct à la télévision afghane. Il doit se poursuivre dimanche.Le 19 mars, Farkhunda, 27 ans, a été battue à mort, puis brûlée et jetée dans le lit d'une rivière à Kaboul par une foule furieuse qui l'accusait d'avoir profané le livre saint de l'islam. Plusieurs policiers avaient assisté, passifs, à la scène, relayée par ailleurs abondamment sous forme de vidéo et de photos sur les réseaux sociaux.Un crime « haineux »Celle qui est devenue une héroïne dans la mort n'avait pas brûlé le Coran, mais plutôt dénoncé un religieux autoproclamé qui vendait des amulettes près d'une mosquée. Contrarié, ce dernier l'avait accusée de blasphème et mobilisé une foule pour la lyncher. Le drame avait provoqué de nombreuses protestations en Afghanistan. Des centaines de personnes avaient défilé à Kaboul. Le président Ashraf Ghani, alors en déplacement aux Etats-Unis, avait fermement condamné ce meurtre, le qualifiant de « haineux ».Lire aussi le reportage en édition abonnés : Le meurtre de Farkhunda réveille la société civile afghanelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kd3i0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kd3i0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 02.05.2015 à 12h37 • Mis à jour le02.05.2015 à 13h06 | Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) Une trentaine de cadavres en état avancé de décomposition jetés dans quatre fosses hâtivement creusées près d’un sentier des collines de la province thaïlandaise de Songkhla, dans le sud du pays, tout près de la frontière malaisienne : c’est un ramasseur de champignons qui a fait, vendredi 1er mai, cette macabre découverte avant de prévenir la police thaïe.Les autorités ont indiqué qu’il s’agit vraisemblablement surtout de migrants Rohingya musulmans originaires de Birmanie. Les autres seraient bangladais : ce camp de « transit » pour clandestins dissimulé dans la jungle se trouve sur la route du trafic humain vers la Malaisie. Il ne fait donc aucun doute, selon le général Somyot Pumpunmuang, chef de la police thaïlandaise, qu’il s’agit bien de l’un de ces « camps-prisons » où les passeurs incarcèrent leurs « clients » en attendant que les familles ou des proches, préalablement installés en Malaisie, viennent les délivrer contre rançon.Lire aussi :Les Rohingya de Birmanie condamnés à l’exilLa police affirme que les victimes sont mortes de faim ou de maladie en attendant un transfert qui n’a jamais eu lieu parce que les migrants n’avaient pas les moyens de payer les passeurs. « Le trafic des personnes est depuis longtemps hors contrôle », a accusé Brad Adams, responsable pour l’Asie de l’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW). En juin dernier, les Etats-Unis avaient rétrogradé le royaume dans la liste des Etats ne luttant pas, ou pas assez, contre la traite des êtres humains.Violentes émeutesPlus d’une centaine de milliers de Rohingya de Birmanie sont parqués dans des camps de personnes déplacées de la province de l’Arakhan, après les violentes émeutes de 2012 qui ont eu lieu entre cette minorité, décrite par l’ONU comme l’une des plus « persécutées du monde », et les bouddhistes de cette région de l’ouest de la Birmanie.Lire aussi :A Sittwe, pour les habitants, les Rohingya « n’existent pas »Dans ces camps du Myanmar (nom actuel de la Birmanie), ils disent leur volonté de vouloir s’enfuir grâce à des passeurs qui les conduisent dans de gros bateaux mouillant au large des côtes du golfe du Bengale. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’après avoir été dépouillés par les trafiquants, qui leur extorquent parfois l’équivalent de plusieurs milliers de dollars, une somme considérable en Birmanie, ils ne les laissent pas partir à leur arrivée sur les côtes thaïlandaises. Ceux qui ne peuvent pas leur donner ou leur faire parvenir une somme supplémentaire sont alors enfermés dans ces abris de fortune, à l’écart des routes. Des dizaines de milliers d’entre eux sont arrivés en Thaïlande et en Malaisie depuis deux ans.« Le trafic des personnes est depuis longtemps hors contrôle » Brad Adams, responsable pour l’Asie de Human Rights WatchLes policiers du district de Sadao, où les fosses ont été trouvées, ont également indiqué qu’il en existe encore plusieurs autres qui pourraient contenir une vingtaine de cadavres. Selon le Bangkok Post, certains des restes retrouvés étaient inhumés tandis que d’autres étaient simplement recouverts de vêtements. Deux autres corps étaient en train de pourrir dans la jungle quand la police est arrivée. Il ne resterait que deux survivants, dont un originaire du Bangladesh qui a été retrouvé dans un état pitoyable.Les policiers pensent que les trafiquants ont déserté le camp il y a deux jours, faisant passer ceux qui les avaient payés en Malaisie, en laissant derrière eux ceux qui n’avaient pas survécu à leurs conditions de détention.Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.05.2015 à 11h32 Au moins 52 victimes civiles, dont 7 enfants. C'est le bilan tragique des bombardements aériens de la coalition internationale contre l'Etat islamique (EI) contre une localité du nord de la Syrie, a annoncé, samedi 2 mai, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les raids ont eu lieu « tôt vendredi sur le village de Birmhale, dans la province d'Alep », a précisé le directeur de l'organisation proche de la rébellion modérée, Rami Abdel Rahmane. Treize personnes sont encore portées disparues, prises sous les décombres.Toujours d'après la même source, des miliciens kurdes et des rebelles combattent les djihadistes de l'EI à quelque 2 kilomètres de ce village. Mais celui-ci « n'est habité que par des civils. Il n'y a pas de positions de [l'organisation], pas de heurts ». Les bombardements de la coalition sur Bermhale n'ont fait aucune victime parmi les extrémistes sunnites, toutefois sept d'entre eux ont été tués d'autres opérations menées dans les environs.Lire aussi l'enquête (édition abonnés) : Comment l’Etat islamique a progressé en SyrieL'EI « a maintenu son influence globale »Sous l'égide des Etats-Unis, une alliance internationale – à laquelle participent plusieurs pays arabes – cible depuis la fin de septembre les positions de l'EI en Syrie. Des Etats européens mènent des actions similaires en Irak. Ces bombardements ont notamment permis aux combattants kurdes et rebelles syriens de reprendre la ville de Kobané, frontalière de la Turquie, après des semaines de batailles avec les djihadistes. Cependant, le Pentagone a reconnu en avril que l'EI avait « maintenu son influence globale » dans le pays en dépit des frappes.Voir aussi notre reportage : Dans Kobané, ville en guerre contre l'Etat islamiqueSelon l'OSDH, 66 civils avaient été tués dans des raids en Syrie avant celui de Bermhale. Au total, l'ONG, sise en Grande-Bretagne et qui bénéficie d'un vaste réseau de sources à travers le territoire syrien, estime que la coalition a tué plus de 2 000 personnes, dont 1 922 djihadistes. Commencé en mars 2011 par des manifestations pacifiques contre le régime, réprimées dans le sang, le conflit syrien a dégénéré en une complexe guerre civile aux alliances mouvantes. Plus de 220 000 personnes sont mortes en quatre ans et près de 10 millions ont dû fuir leur foyer.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x22x1ls"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x22x1ls", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial) On n’avait pas vu depuis longtemps dans la paisible Odessa tel déploiement de force. Vendredi 1er mai, des dizaines de camions, véhicules blindés et hommes en armes ukrainiens paradaient sur la place Koulikovo, dans le centre de la cité portuaire, où se tient le bâtiment calciné de la Maison des syndicats.Il y a un an, le 2 mai 2014, 42 militants prorusses sont morts ici, en majorité brûlés dans l’incendie du bâtiment. Six autres avaient trouvé la mort un peu plus tôt ce jour-là dans des affrontements entre prorusses et pro-ukrainiens. Un an a passé, mais l'anniversaire du drame a réveillé les angoisses. Trois mille cinq cents hommes ont été mobilisés pour encadrer familles et soutiens que le dispositif n’aura pas effrayés, venus commémorer leurs morts.« Les prorusses n’ont pas les forces pour organiser un rassemblement massif. Mais beaucoup de gens en ville ont peur que le scénario de l’année dernière se répète, explique Alexeï Gontcharenko, jeune député de la ville. Il faut rassurer. »Odessa et son million d’habitants vivent encore dans le traumatisme du 2 mai 2014. En réalité, l’onde de choc de la tragédie a dépassé les limites de la ville, contribuant largement à tendre la situation dans l’est de l’Ukraine, où débutait le conflit armé. Les images des corps carbonisés diffusées à la télévision ont poussé des centaines de jeunes Russes à venir combattre dans le Donbass, dans l’est du pays.Lire aussi : Dans Odessa en deuil, le gouvernement ukrainien tente une reprise en mainEnquête judiciaire opaqueCe 2 mai, Elena Radzikovskaïa a perdu son fils Andreï, 26 ans. « Tombé par la fenêtre, ou peut-être poussé », selon l’avis officiel reçu par Mme Radzikovskaïa, 60 ans, professeure d’histoire à l’université. Mère et fils partageaient les mêmes idées : « Pas des idées séparatistes », dit-elle, mais une même méfiance vis-à-vis de la révolution de Maïdan et de ses promesses d’ouverture vers l’Europe. « Pour des idées comme celles-là, aujourd’hui, on peut aller en prison, assure Mme Radzikovskaïa, alors que ceux qui ont commencé ce génocide se promènent en toute liberté. » L’enquête judiciaire est opaque, la police ne communique pas. Un « groupe du 2-Mai » s’est formé pour mener ses propres investigations, composé principalement de journalistes, mais aussi d’experts en chimie ou en balistique, de toutes les opinions politiques. Leurs conclusions écartent l’hypothèse avancée par les médias russes du massacre délibéré. Elles dévoilent un tragique enchaînement, dans lequel la violence des uns a répondu à la violence des autres jusqu’à l’échange de cocktails Molotov qui a provoqué l’incendie. Les travaux du groupe sont aussi sévères pour la police, qui n’a pas su ou pas voulu empêcher les affrontements. Comme ailleurs dans le pays, les forces de sécurité, démoralisées, désorganisées ou attendant simplement de voir vers où soufflerait le vent, sont restées en retrait.« Le 2 mai, c’est notre victoire, clame Mark Gordienko, le chef de l’un des groupes “patriotiques” qui ont pris part aux affrontements. Une victoire sanglante, mais vitale. Sans elle, nous serions en guerre ici aussi, avec des milliers de morts, et pas seulement cinquante. » « Ces groupes ont joué un rôle essentiel, reconnaît Zoïa Kazandji, conseillère du gouverneur de la région. Mais aujourd’hui, alors que nous sommes encore une société post-traumatique, le niveau de haine continue à monter des deux côtés, et ils agissent en dehors de tout cadre. »« La justice contre la loi »L’« Assemblée de sécurité citoyenne » de M. Gordienko et les autres groupes d’autodéfense nés pendant Maïdan n’ont pas déposé les armes. Ils forment à Odessa comme un pouvoir parallèle, se méfiant presque autant des nouvelles autorités que des anciennes. A la légitimité des institutions, leurs membres opposent la légitimité populaire et celle acquise au combat. « La justice contre la loi », résume M. Gordienko, 46 ans, sorte de biker érudit qui dégaine aussi facilement son pistolet que le livre qu’il a écrit sur l’histoire d’Odessa.Les voies de la justice sont parfois impénétrables. Pour consolider la « victoire » du 2 mai, M. Gordienko a été jusqu’à réunir les chefs des huit groupes criminels les plus influents de la ville. « Ils m’ont dit qu’ils ne voulaient pas du “monde russe” ici, et nous avons réfléchi à comment nous pouvions travailler ensemble pour la ville. » Les chefs d’entreprise ont suivi le même chemin, assure-t-il, et décidé de financer les groupes patriotiques. Leurs actions sont multiples, du soutien à l’armée jusqu’à l’organisation de sessions d’entraînement militaire à destination des lycéens. Leurs 4 × 4 patrouillent aussi incessamment en ville, à la recherche de séparatistes ou de simples délinquants. Ce soir du 1er mai, aucun ennemi de ce calibre en vue. La patrouille se contentera de quelques bagarres, et seuls quatre organisateurs d’un bonneteau improvisé seront appréhendés, avant d’être menottés en pleine rue et amenés à des policiers perplexes.Une « cocotte-minute en ébullition »Les prorusses semblent bel et bien avoir déserté la rue, mais la situation est loin d’être apaisée. Depuis un an, un vingtaine d’explosions ont eu lieu dans la ville. Le plus souvent des bombes artisanales de faible puissance, déposées devant les locaux de groupes ou personnalités pro-ukrainiens. Le 28 avril, 18 personnes étaient arrêtées dans le cadre de l'enquête sur cette campagne terroriste. Certaines seraient liées à des organisations russes.« Odessa est comme une cocotte-minute en ébullition, assure Iouri Tkatchev, un journaliste considéré comme prorusse, lui aussi membre du “groupe du 2-Mai”. Les gens qui soutenaient les séparatistes étaient peut-être une minorité, mais ils ne se sont pas évaporés, même si beaucoup ont changé d'opinion après le déclenchement de la guerre dans l'Est. Et le pouvoir ne fait rien pour laisser s'échapper la pression. » Dans les rues de la ville, des affiches appellent à dénoncer les « séparatistes ordinaires ». Toute contestation est vue à travers le prisme du conflit, comme la manifestation organisée le 17 mars contre l'augmentation des prix des transports, bloquée par la police et les groupes nationalistes.Aux élections d'octobre, la participation en ville a été la plus basse du pays. Odessa la cosmopolite s'est toujours vue comme une ville à part en Ukraine. Si le climat se dégrade dans le pays, elle sera, à nouveau, l'une des premières à s'embraser.Que s’est-il passé le 2 mai 2014 ?L'enquête judiciaire sur le drame du 2 mai 2014, dans laquelle sont poursuivis un activiste pro-ukrainien, 20 prorusses et quatre policiers, n'est pas terminée. Le travail du « groupe du 2-Mai », largement considéré comme objectif et sérieux, permet d'éclaircir les faits survenus ce jour-là. Les heurts ont débuté avec l'attaque par les prorusses d'une manifestation pro-ukrainienne. Les deux premiers morts de la journée sont des activistes pro-ukrainiens tués par balle.Lorsque le rapport de force s'est inversé, les prorusses se sont réfugiés dans la Maison des syndicats. Là, les deux camps ont échangé des cocktails Molotov, provoquant l'incendie, ravageur du fait de la quantité de combustible stockée par les prorusses dans le bâtiment. Dans de très rares cas, des prorusses qui tentaient d'échapper aux flammes ont été battus. Les actvistes proukrainiens ont dans leur grande majorité essayé de sauver les personnes prises au piège.  Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Julien Bouissou (Katmandou, envoyé spécial) Après le désastre, comment gérer l’abondance de l’aide humanitaire ? L’aéroport de Katmandou était saturé, vendredi 1er mai, de matériel médical, de nourriture, de tentes et de couvertures destinés aux populations affectées par le tremblement de terre de samedi 25 avril qui a fait 6 260 morts, selon le dernier bilan publié par l’ONU. L’aide arrive du monde entier, et le petit aéroport à la piste unique ne peut pas accueillir tous les avions qui souhaitent atterrir, encore moins trier et redistribuer rapidement tous les cartons qui s’empilent sur le tarmac.« L’afflux de ces derniers jours ralentit l’acheminement de l’aide. Il nous a fallu attendre 36 heures avant de récupérer notre matériel à l’aéroport. Il manque vraiment une coordination internationale », témoigne le responsable d’une ONG française. Le ministre des finances a appelé, vendredi, la communauté internationale à envoyer en priorité du sel, du sucre, des légumineuses et des tentes. Car les colis arrivant au Népal réservent parfois des surprises, comme ces boîtes de thon ou pots de mayonnaise dont les secouristes ne savent que faire. Près de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Tribhuvan, le matériel entassé sous de larges tentes attend d’être chargé dans des camions. Dans les allées poussiéreuses, deux députés de l’assemblée constituante népalaise tentent d’obtenir des tentes pour les habitants de leurs circonscriptions, en vain : « Nous n’en avons encore reçu aucune et le gouvernement ne peut pas nous en distribuer. »Selon le dernier décompte de l’ONU, 160 786 maisons ont été détruites et 143 673 partiellement démolies. La vie reprend son cours à Katmandou et les réfugiés ont commencé à quitter le parc de Tundikhel. Mais l’aide humanitaire n’arrive qu’au compte-gouttes dans les villages isolés, provoquant la colère des habitants qui, dans certaines localités, ont pris en otage des ONG pour s’emparer de leur chargement.Lire aussi :Séisme au Népal : dans un des villages coupés du mondeLe monde entier est au Népal. Depuis l’Algérie jusqu’à Oman en passant par le Bhoutan. « Les tremblements de terre attirent les ONG et les médias et particulièrement celui-ci », remarque Yotan Politzer, responsable de l’ONG Israélienne IsraAID. Les Nations unies ont fait un appel aux dons de 415 millions de dollars (371 millions d’euros) pour répondre aux besoins d’urgence de ces prochains mois. Mais ce sont des milliards qui seront nécessaires pour reconstruire le Népal dans le long terme. « Or, une fois la pression médiatique retombée, les donateurs risquent de se désengager », craint la responsable d’une ONG.La mobilisation internationale rend parfois difficile la coordination des secours sur le terrain. Des équipes inspectent, sans le savoir, les mêmes immeubles à quelques heures d’intervalle. « Difficile de localiser la bonne adresse dans un quartier en ruines », reconnaît Yotan Politzer. Les 64 équipes de secouristes, venant du monde entier, ont sauvé quinze vies. Dans la ville, des journalistes cherchent des secouristes qui cherchent des maisons détruites dans l’espoir de retrouver des survivants. Mais les chances sont désormais extrêmement minces.Intérêts géopolitiquesDerrière les grands élans de générosité, les intérêts géopolitiques ne sont jamais loin, surtout dans un pays où l’Inde et la Chine essaient d’étendre leur influence. Les secouristes des deux puissances asiatiques travaillent d’ailleurs rarement ensemble. « Les Chinois ont la fâcheuse habitude de planter un drapeau sur chaque chantier inspecté, maugrée un militaire indien, alors on préfère travailler ailleurs. » Il n’y a pas que l’armée indienne qui vient en aide aux Népalais. L’un des leaders d’un parti régional du nord de l’Inde, le Samajwadi Party (SP), est arrivé avec des camions chargés de pommes de terre, de biscuits et de riz. Il a surtout affrété 70 bus pour rapatrier les milliers de migrants venus travailler à Katmandou et qui cherchent, par milliers, à fuir la capitale. Ce sont aussi ses électeurs que l’Inde vient sauver. « Au fait, savez-vous où sont les musulmans à Katmandou ? » demande l’un des militants du SP, gardant à l’esprit que leur vote pourra faire basculer les prochaines élections régionales en Inde. Entre l’aide généreuse du monde entier et les villages dépourvus de toute aide, il y a certes les voies d’accès difficiles et escarpées, mais aussi un Etat critiqué pour son incompétence. En déplacement à Bangkok, le premier ministre népalais a été informé du tremblement de terre en lisant le tweet du premier ministre indien, Narendra Modi. Le pays, qui se remet d’une guerre civile de dix ans achevée en 2006, traverse une période d’instabilité politique. Depuis 2008, année de l’abolition de la monarchie, l’assemblée constituante n’est toujours pas parvenue à un accord pour doter le Népal d’une nouvelle Constitution. « Le pays ne possède aucune institution stable et tous les partis sont absorbés par des débats sur le fédéralisme, la république. Ils sont incapables de gérer les affaires courantes du pays », explique Krishna Hachhethu, professeur au département de sciences politiques de l’université de Tribhuvan.Voir aussi notre visuel interactif : Népal : survivre parmi les ruinesMalgré les alertes sur la possibilité de violents séismes, le pays ne possédait aucun organisme de gestion des calamités naturelles. Les ministères ont donc géré la crise, parfois sans se coordonner. Le premier ministre, âgé de 76 ans et qui souffre d’un cancer, a été presque invisible pendant les jours qui ont suivi le tremblement de terre. « L’une des leçons de ce séisme, c’est qu’il n’y a pas de gouvernance dans ce pays », regrette Lok Raj Baral, directeur du Centre népalais pour les études contemporaines. L’organisation des secours dans les zones reculées a été freinée par l’absence de représentants politiques, après que des élections locales ont été reportées maintes fois, laissant les populations sans élus de proximité pour porter leurs revendications. Ce qui explique, en partie, la colère des habitants des zones rurales et leur sentiment d’abandon par Katmandou. « Le tremblement de terre est sans doute un mal pour un bien, espère M. Hachhethu. Il va enfin obliger les différents partis à dépasser leurs différences et à retrouver un semblant d’unité pour développer le pays et s’intéresser à ses habitants. »Julien Bouissou (Katmandou, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.05.2015 à 15h24 • Mis à jour le07.05.2015 à 15h48 L’Arabie saoudite, qui dirige une campagne militaire depuis la fin du mois de mars contre les rebelles chiites houthistes au Yémen, a proposé officiellement un cessez-le-feu de cinq jours pour permettre l’acheminement d’une aide humanitaire à la population.Le ministre saoudien des affaires étrangères, Adel Al-Djoubeïr, a précisé, jeudi 7 mai, que l’entrée en vigueur d’une telle trêve, renouvelable, dépendrait du bon vouloir des miliciens rebelles et de leurs alliés. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en visite à Riyad, a salué cette proposition et répété que ni les Etats-Unis, ni l’Arabie saoudite n’envisageaient d’envoyer des troupes au sol.Aucune date n’a été donnée pour la fin des bombardements, qui ont coûté la vie à au moins 646 civils depuis le 26 mars, selon l’ONU. Cette « pause humanitaire », selon les termes utilisés par M. Kerry, impliquerait qu’il n’y ait « plus de bombardements, de tirs, de mouvements de troupes ».Riyad a pris la tête d’une coalition arabe qui a lancé le 26 mars une guerre aérienne contre les miliciens houthistes au Yémen, sans parvenir à interrompre leur progression. Selon les Nations unies, environ 20 millions de Yéménites, soit 80 % de la population, seraient également menacés de famine.Voir aussi : Huit cartes pour comprendre les origines du chaos au Yémenlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks0v0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks0v0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 07.05.2015 à 13h59 • Mis à jour le07.05.2015 à 17h11 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2pexbk"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2pexbk", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});L’organisation djihadiste Etat islamique (EI) a lancé une nouvelle offensive, jeudi 7 mai, pour s’emparer de la raffinerie de Baïji, la plus importante d’Irak, où les forces armées irakiennes appuyées par la police, des unités du contre-terrorisme et plusieurs milices chiites alliées livrent une de leurs plus dures batailles. La coalition menée par les Etats-Unis a par ailleurs procédé à plusieurs bombardements près de Baïji entre mardi matin et mercredi matin.L’EI avait assiégé la raffinerie proche de la ville de Baïji (200 km au nord de Bagdad) pendant quatre mois avant que le siège ne soit brisé, en novembre 2014, par une opération de l’armée irakienne, soutenue par des raids de la coalition internationale menée par les Etats-Unis. Mais l’EI a attaqué de nouveau et, en avril, des djihadistes ont réussi à en prendre une partie. Après avoir engrangé une importante victoire en reprenant à la fin de mars à l’EI la ville de Tikrit, les forces irakiennes ont décidé de poursuivre vers Mossoul, deuxième ville du pays tombée en juin 2014 aux mains des djihadistes. Une reprise totale de la raffinerie est une étape décisive vers la reconquête de Mossoul.Un nouveau test pour l’armée irakienne« La bataille pour la raffinerie de Baïji est un vrai test pour les forces irakiennes et l’une des batailles les plus compliquées, a expliqué un général irakien. Les terroristes qui sont entrés il y a trois semaines [dans le complexe de la raffinerie] sont des kamikazes, qui ne partiront pas tant qu’ils n’auront pas été tués. »« Il est difficile de prévoir comment les événements vont tourner », avait affirmé, mercredi, le porte-parole du Pentagone, le colonel Steven Warren, évoquant un « combat très dur ».Lorsqu’elle fonctionnait, la raffinerie produisait environ 300 000 barils de produits raffinés par jour, soit la moitié des besoins du pays. Mais elle « n’est pas opérationnelle » et « ne sera pas opérationnelle bientôt », selon le colonel Warren. Le site est stratégique également par son emplacement sur la route de Mossoul. « Il serait difficile de prendre Mossoul sans prendre Baïji, mais ça ne serait pas impossible », a encore dit le colonel Warren. Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba a annoncé, jeudi 7 mai, à l’occasion de la présentation de ses résultats annuels, qu’il se dotait d’un nouveau PDG. Jonathan Lu, nommé à ce poste en mars 2013 par le fondateur Jack Ma, désireux lui-même de prendre de la hauteur vis-à-vis du fonctionnement quotidien du géant du e-commerce et d’entamer le passage de relais à la génération suivante, sera remplacé le 10 mai par Daniel Zhang, jusqu’alors directeur des opérations. Le champion du commerce en ligne a enregistré un chiffre d’affaires en hausse de 45 % au premier trimestre 2015 par rapport à la même période l’an dernier, davantage que ne le prédisaient la plupart des observateurs. Ses ventes ont atteint 17,4 milliards de yuans, soit 2,4 milliards d’euros, sur les trois premiers mois de l’année, mais ses bénéfices subissent en en revanche une forte baisse, de 49 %, à 2,8 milliards de yuans, 406 millions d’euros. Alibaba revendique 350 millions d’usagers sur l’année écoulée, 289 millions sur terminaux mobiles, considérés comme la nouvelle clé du secteur.La valorisation boursière du groupe de Hangzhou a néanmoins chuté de 70 milliards de dollars depuis son entrée à la cotation en septembre. L’euphorie qui avait entouré cet événement, la plus importante introduction de l’histoire, est depuis retombée. « Nous continuons à mettre en place notre stratégie de croissance et nous focalisons sur la création de valeur à long terme », a commenté sobrement Maggie Wu, la directrice financière de cet empire.Message à destination des actionnairesA court terme pourtant, et malgré l’habitude d’Alibaba de montrer au monde extérieur qu’il agit à sa guise, le roi du commerce en ligne s’est résolu à prouver qu’un changement est engagé en présentant son nouveau PDG.Le message est d’abord à destination des actionnaires, qui pourraient s’impatienter, mais également du gouvernement chinois. En janvier, le régulateur avait bruyamment accusé Alibaba de permettre aux vendeurs de contrefaçon d’écouler fausses cigarettes, bouteilles d’alcool et autres sacs de luxe – un comble si l’on considère que les autorités chinoises sont régulièrement accusées elles-mêmes de ne pas lutter activement contre ce type de fraudes.Certains actionnaires avaient découvert ainsi la possibilité, peu envisagée en amont, que l’Etat chinois se retourne contre ce groupe incontournable. Le cours de l’action avait vacillé.Dans ce contexte, Jack Ma n’avait alors eu d’autre choix que d’adopter un ton conciliant vis-à-vis du régulateur. « Nous ne voulons pas que les gens pensent de manière erronée que Taobao [le site de vente en ligne destiné aux particuliers d’Alibaba] est une plate-forme de vente de faux produits », avait déclaré le milliardaire début février. Il avait ensuite longuement échangé avec le directeur de l’administration chargée de la supervision de la qualité des produits et s’était engagé à coopérer au plus près avec lui.Lire aussi :Alibaba est-il devenu trop puissant en Chine ?Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien Leloup Quel que soit le vainqueur du scrutin particulièrement serré auquel participent les électeurs du Royaume-Uni ce jeudi 7 mai, une chose est sûre : aucune réforme en profondeur des outils de surveillance du Web utilisés par les services secrets de sa Majesté n’est à l’ordre du jour.Deux ans après le début des révélations d’Edward Snowden, dont les documents ont notamment montré que le GCHQ (Government Communications Headquarters, le service de renseignement électronique du gouvernement britannique) était le plus actif partenaire de la NSA américaine dans son vaste système de surveillance du Web, les deux principaux partis du Royaume-Uni sont globalement d’accord sur la nécessité de continuer à collecter massivement les métadonnées des internautes du monde entier.Le GCHQ est également accusé d’avoir participé à des opérations d’espionnage électronique majeures contre des alliés du Royaume-Uni, dont la France. L’entreprise franco-néerlandaise Gemalto a ainsi été la cible d’un important vol de clés de chiffrement, mené par les services américains et britanniques, comme l’ont montré les documents Snowden.Les deux principaux partis favorables au maintien des pouvoirs de surveillanceLes conservateurs de David Cameron, le premier ministre sortant, prévoient sans surprise de poursuivre la politique menée ces dernières années et de conforter les pouvoirs du GCHQ. « Nous continuerons à mettre à jour les capacités de la police et des services de sécurité à accéder aux données de communication – “qui, où, quand, comment” –, mais pas à leur contenu », prévoit le programme des conservateurs, qui mentionne cependant un « renforcement du contrôle de l’utilisation des pouvoirs » des services de sécurité.La position des travaillistes est assez proche. Début 2014, pourtant, leur chef de file Ed Miliband appelait de ses vœux une « réforme totale » des pratiques des services de renseignement. Mais le programme du principal parti de gauche se borne à mentionner qu’il faut « renforcer à la fois les pouvoirs (de surveillance du Web des agences et de la police) et les mécanismes de contrôle du respect de la vie privée ». La gauche britannique compte notamment s’appuyer sur les conclusions d’une enquête indépendante en cours sur les pratiques des services de renseignement, menée par David Anderson. Ses conclusions devraient être publiées peu après les élections.La voix dissonante des Lib-DemsLes libéraux-démocrates (centristes), alliés des conservateurs, constituent le seul parti qui envisage une « réforme globale » des services de surveillance. Le parti dit vouloir « saisir toutes les occasions de contrôler les abus de pouvoir de l’Etat, et s’assurer qu’à une époque où la surveillance est plus facile que jamais, le droit à la liberté d’expression et à la vie privée soit préservé ». Alors que David Cameron avait affirmé début 2015 vouloir obtenir accès aux clés de déchiffrement de toutes les communications échangées au Royaume-Uni – une idée techniquement et politiquement irréaliste – ses alliés souhaitent que « toute demande d’accès au contenu de conversations privées chiffrées soit ciblée et proportionnée ».Enfin, les deux autres partis dont le score sera scruté avec attention ce jeudi soir, les indépendantistes écossais du SNP et les populistes eurosceptiques du UKIP, n’ont pas pris de position officielle sur les questions de surveillance du Web. Le SNP se borne à mentionner un renforcement de la lutte contre la cybercriminalité, et le UKIP un renforcement des « capacités des agences de renseignement ».Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Benyamin Nétanyahou a dû attendre les dernières heures des quarante-deux jours à sa disposition, selon la loi, pour parvenir à former son quatrième gouvernement, mercredi 6 mai. Il est arrivé à ses fins en bradant les postes au profit de ses partenaires. « Bibi » se retrouve éreinté au terme de cette période faite de bluff, d’arrangements et de règlements de comptes entre les personnalités de la droite israélienne.La journée de mercredi a été marquée par un suspense politique étouffant. Le premier ministre devait se mettre d’accord, avant minuit, avec le leader extrémiste Naftali Bennett (Foyer juif), pour s’assurer une majorité à la Knesset (Parlement), par la plus courte marge possible : 61 sièges sur 120. M. Bennett, dont la formation n’a obtenu que huit députés, a monnayé très chèrement son soutien, provoquant l’exaspération du Likoud, le camp de M. Nétanyahou, qui hérite de miettes. M. Bennett, auquel est promis le ministère de l’éducation, a aussi obtenu le ministère de l’agriculture pour Uri Ariel, un poste-clé pour la distribution de fonds aux colonies en Cisjordanie. Mais il s’est surtout assuré un poids sans précédent au sein du pouvoir judiciaire, en arrachant le ministère de la justice pour Ayelet Shaked et la présidence de la commission des lois.« Canard boiteux »La victoire spectaculaire et inattendue du Likoud aux élections législatives du 17 mars – 30 sièges, contre 24 à l’Union sioniste (centre gauche) – paraît désormais bien loin. Le processus de négociations s’est transformé en capitulation pour M. Nétanyahou, devant des interlocuteurs décidés à ne lui accorder aucune faveur. La perspective d’une majorité confortable s’est écroulée le 4 mai. Le ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a décidé de rompre avec son allié haï. M. Lieberman, dont le parti a essuyé un revers lors de l’élection du 17 mars, a choisi de reprendre sa liberté plutôt que de rester à son poste. Cette décision a cassé l’idée d’un maintien irrémédiable de « Bibi » au pouvoir. « En quelques minutes, Nétanyahou a mué d’empereur tout-puissant en canard boiteux », soulignait Ben Caspit, l’un de ses plus impitoyables critiques, dans le journal Maariv.Les ultraorthodoxes, après deux ans hors du gouvernement, ont obtenu des garanties sans précédent de la part du premier ministre. Toujours plus d’autonomie pour les institutions religieuses, et toujours plus de fonds publicsEn décembre 2014, Benyamin Nétanyahou avait justifié la tenue d’élections anticipées par deux arguments : l’incohérence idéologique de son gouvernement, due à la présence de centristes le critiquant semaine après semaine, et la nécessité d’une majorité confortable et stable. Sur ce dernier point, le résultat est catastrophique. Le voici confronté à une équation politique redoutable. Ses seuls alliés sont deux formations ultraorthodoxes (Shass et Judaïsme unifié de la Torah) et le Foyer juif. Les ultraorthodoxes, après deux ans hors du gouvernement, ont obtenu des garanties sans précédent de la part du premier ministre. Toujours plus d’autonomie pour les institutions religieuses, et toujours plus de fonds publics. Leur objectif est de détricoter tout ce que les centristes de Yesh Atid avaient fait entre 2013 et 2015. En particulier, ils veulent la suppression des sanctions pénales contre les étudiants religieux refusant de faire leur service militaire.IsolementAlors qu’Israël est isolé sur la scène internationale et brouillé avec l’allié américain, qu’une nouvelle résolution au Conseil de sécurité des Nations unies pourrait bientôt proposer les paramètres d’une résolution du conflit avec les Palestiniens, M. Nétanyahou conforte ses pourfendeurs. Son gouvernement, très ancré à droite, ne laisse aucun espoir d’ouverture politique. En son sein, Moshe Kahlon semble bien isolé. Ancien du Likoud et fondateur du parti Koulanou, celui-ci a signé le 30 avril un accord de coalition avec M. Nétanyahou, pensant que la marge de manœuvre du gouvernement serait confortable.Il a obtenu le ministère des finances ainsi que celui de la construction et du logement pour son numéro 2, Yoav Galant. La grande ambition de Moshe Kahlon est de réformer le secteur de l’immobilier, dont les prix ont explosé, faute d’offres, ces dernières années. Mais comment conduire des réformes économiques, dès lors que la moindre décision peut être soumise au chantage de l’un des membres de la coalition ?Le gouvernement sera présenté à la Knesset le 11 mai. Composé de 18 membres, il devrait être élargi, après une modification législative en ce sens. L’encre à peine séchée sur les accords, les commentateurs rivalisent déjà de pessimisme sur l’espérance de vie de ce gouvernement. Ils évoquent la possibilité, dans les prochains mois, une fois qu’un budget aura enfin été voté, d’une coalition d’union nationale avec les travaillistes. « 61 est un bon chiffre, a dit lui-même M. Nétanyahou, mercredi soir. Mais plus de 61 est un chiffre encore meilleur. On commence à 61. Nous avons beaucoup de travail devant nous. » Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.07.2015 à 09h07 • Mis à jour le12.07.2015 à 16h35 Joaquin Guzman, surnommé « El Chapo » (« le trapu », de par sa petite taille, 1,60 m), s’est évadé de la prison de haute sécurité dans laquelle il était détenu dans le centre du Mexique, a annoncé dimanche 12 juillet la Commission nationale de sécurité (CNS). Une vaste chasse à l’homme était en cours dans la région de l’établissement pénitentiaire d’Altiplano à 90 kilomètres de la capitale, où il était incarcéré, et l’aéroport de Toluca, le plus proche, a été fermé.Il a été vu pour la dernière fois à proximité des douches, a précisé la CNS dans un communiqué. Les gardiens ont ensuite trouvé sa cellule vide. Monte Alejandro Rubido, responsable de la CNS, a précisé au cours d’une conférence de presse qu’« El Chapo » avait emprunté un tunnel de plus de 1 kilomètre et demi de long pour sortir de la prison, creusé entre sa cellule et un immeuble en construction à l’extérieur des murs de la prison. Dix-huit personnes sont en cours de transfert à Mexico pour être interrogées sur cette évasion. Chef du cartel de la drogue de Sinaloa, il était le narcotrafiquant le plus recherché par les Etats-Unis et le Mexique, avant son arrestation le 22 février 2014 par la marine mexicaine. Il avait été interpellé dans un complexe touristique de la ville balnéaire de Mazatlan, apparemment sans aucun échange de coups de feu, dans le cadre d’une opération lancée par le département de lutte contre la drogue américain.Lire : La longue traque du baron de la drogue mexicain « El Chapo »Coup dur pour le président« El Chapo » s’était déjà échappé en 2001 de la prison de Puente Grande à Jalisco, considérée comme un établissement pénitentiaire de très haute sécurité. Il s’était caché dans une voiture du service de blanchisserie. Il est considéré comme l’un des criminels les plus puissants du monde. Pour son arrestation, le procureur général du Mexique avait offert une récompense de 30 millions de pesos (environ 2,3 millions d’euros), alors que les Etats-Unis avaient proposé une prime de 3,6 millions d’euros.Cette deuxième évasion est un coup dur pour le président Enrique Pena Nieto en route actuellement vers la France où il doit effectuer une visite d’Etat de quatre jours à partir de lundi. Son gouvernement s’était engagé à arrêter ce baron de la drogue, puissant et craint, qui était devenu l’un des symboles du narcotrafic contre lequel l’ancien président Felipe Calderon (2006-2012) avait déployé l’armée.Lire aussi l'analyse en édition abonnés : Mexico opère un virage dans la lutte contre les « narcos »Après son arrestation, l’an dernier, les autorités avaient exhibé devant les caméras ce petit homme moustachu, en chemise blanche, entouré de deux soldats de la marine mexicaine. Il apparaissait régulièrement sur la liste des hommes les plus riches de la planète publié par le magazine Forbes, jusqu’à ce que la publication annonce qu’il lui était impossible d’estimer les biens du narcotrafiquant.Nombreuses rumeurs sur sa clandestinitéAprès sa première évasion de la prison de Puente Grande, à Jalisco, dans l’ouest du pays, il était parvenu en quelques années à imposer de nouveau son cartel et contrôler le trafic de cocaïne vers les Etats-Unis. Sa clandestinité avait donné lieu à de nombreuses rumeurs, depuis une opération de chirurgie esthétique faciale jusqu’à des promenades incognito dans les foires aux bestiaux du Sinaloa.On raconte également qu’il lui arrivait de se rendre dans des restaurants à la mode, de confisquer les téléphones portables des clients avant de dîner, puis de prendre congé en payant l’ensemble des additions. Joaquin Guzman aurait eu trois ou quatre épouses. La dernière d’entre elles est une jeune reine de beauté épousée lors de son 18e anniversaire, en 2007, et qui se trouvait avec lui au moment de son arrestation. On lui prête dix enfants.Le cartel de Sinaloa a mené une guerre sanglante contre les forces armées et contre les cartels rivaux, dont le cartel des Zetas. Plus de quatre-vingt mille personnes ont été tuées dans les violences liées au trafic de drogue depuis 2006 au Mexique. 12.07.2015 à 06h47 • Mis à jour le12.07.2015 à 12h12 Une partie des belligérants du conflit libyen ont paraphé samedi 10 juillet au soir à Skhirat, au Maroc, l’accord « de paix et de réconciliation » proposé par l’ONU, en dépit de l’absence des représentants du Parlement de Tripoli.« C’est un pas, mais c’est réellement un pas important dans le chemin de la paix », a déclaré l’émissaire onusien pour la Libye, Bernardino Leon, lors de la cérémonie tenue en présence de représentants du Parlement de Tobrouk, de municipalités libyennes, de partis politiques et de membres de la société civile libyenne. Les représentants du Parlement de Tripoli, qui n’est pas reconnu par la communauté internationale, étaient les grands absents de cette réunion.Deux gouvernementsMardi, ils avaient rejeté en l’état la quatrième mouture de la proposition d’accord, qui prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale et la tenue de nouvelles élections. Mais Bernardino Leon a laissé « la porte ouverte » à « ceux qui n’étaient pas présents », et expliqué que les points de contentieux qui subsistent pourraient être discutés après la fin du ramadan.Parmi ces points de contentieux figure le souhait des membres du Parlement de Tripoli de voir figurer le « respect de la magistrature » dans les accords, une possible référence à la Cour suprême qui avait décidé en novembre dernier d’invalider le Parlement basé dans l’est du pays.En proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011, la Libye compte deux Parlements – et deux gouvernements – qui se disputent le pouvoir, l’un sis à Tripoli et l’autre à Tobrouk (Est), ce dernier étant le seul reconnu par la communauté internationale. Depuis la fin de l’année 2014, l’ONU cherche en vain à convaincre les deux coalitions antagonistes de former un gouvernement d’union nationale en vue de lutter contre la progression de l’Etat islamique dans le pays.Lire :L’inexorable progression de l’Etat islamique 12.07.2015 à 05h36 • Mis à jour le12.07.2015 à 13h38 L’Etat islamique (EI) a diffusé samedi 11 juillet une nouvelle vidéo du massacre de Tikrit, au cours duquel des centaines de soldats, majoritairement chiites, avaient été exécutés en juin 2014 dans cette ville du nord de l’Irak reprise à l’EI en mars.Plus de 1 700 jeunes recrues, selon les estimations les plus hautes, avaient été capturées sur la base militaire de Speicher et exécutées dans divers endroits, y compris dans l’ancien palais présidentiel de la ville. Ce massacre constitue l’un des actes les plus meurtriers commis par l’EI, accusé de crimes contre l’humanité par l’Organisation des Nations unies dans les régions sous son contrôle en Irak et en Syrie voisine.Lire :En Irak, le retour dans Tikrit libérée mais détruiteUne vidéo de vingt-deux minutes a été publiée sur des forums de discussion djihadistes, mélangeant anciennes et nouvelles images, et montrant des centaines d’exécutions, qui constituent de nouvelles preuves de l’étendue du massacre. Certaines des victimes supplient leurs bourreaux de les épargner, tentant d’expliquer qu’elles n’ont rejoint les forces de sécurité que tout récemment.Exécutions à une échelle industrielleLes images macabres montrent des exécutions à une échelle industrielle, avec des hommes tombant de camions-bennes, puis restant allongés dans des fosses communes, avant d’être exécutés un par un. Le massacre se poursuit dans la nuit et la vidéo montre une pelleteuse utilisée pour déplacer des piles de cadavres.Près de 600 dépouilles ont été exhumées depuis par le gouvernement et les forces alliées après la reprise de la ville. Mais de nombreux cadavres ont été jetés dans le Tigre, le fleuve qui traverse Tikrit.« C’est un message adressé au monde entier et tout spécialement aux chiens Rafidha, je leur annonce notre arrivée », déclare dans la vidéo un responsable non identifié de l’EI, faisant usage du terme péjoratif qui désigne les chiites.La vidéo a été publiée quatre jours après la condamnation par un tribunal de Bagdad de 24 hommes à la pendaison pour le massacre de Tikrit. Le procès n’a duré que quelques heures, et les condamnations étaient basées principalement sur des aveux des accusés, obtenus selon eux sous la torture.Combiné à un appel du principal responsable chiite irakien, l’ayatollah Ali Sistani, à prendre les armes contre l’EI, le massacre de Speicher a joué un rôle majeur dans le recrutement massif de volontaires chiites pour aller combattre les djihadistes. 12.07.2015 à 03h08 • Mis à jour le12.07.2015 à 15h48 | Cécile Chambraud (Asuncion, envoyée spéciale) Avis aux présidents qui seraient tentés de tirer un bénéfice politique de la venue d’un pape très populaire dans leur pays : avec François, l’expérience pourrait au contraire leur en cuire. C’est la mésaventure qui est arrivée, samedi 11 juillet, au président du Paraguay, Horacio Cartes, un conservateur au pouvoir depuis deux ans. Une rencontre publique à laquelle participait le pape argentin a tourné à l’humiliation publique pour le chef de l’Etat, conspué par la salle, morigéné en public par Jorge Mario Bergoglio.La veille, la visite au Paraguay, troisième et dernière étape de la tournée pontificale en Amérique du sud, avait pourtant bien commencé pour cet ancien élève des jésuites, à l’aéroport puis au palais présidentiel, en compagnie de tout ce que la République paraguayenne compte d’officiels. Mais samedi, au palais des sports Leon Condou, le public était différent. Réunies par le recteur de l’université catholique, Narciso Velazquez, cinq mille personnes représentants différentes associations et acteurs de la société civile attendaient de François un encouragement pour faire face aux multiples maux du pays, de la pauvreté à la marginalisation de populations indigènes en passant par la corruption.Lire :Le pape au Paraguay, ancienne terre de mission jésuite« La dictature, c’est fini ! »Pour faire patienter la salle, chants et danses alternent avec des prises de parole dans une atmosphère fervente et bon-enfant. Mais des sifflets commencent à surgir lorsqu’une économiste vante longuement les succès économiques du pays. Elle doit s’arrêter sous les huées lorsqu’elle affirme que son taux d’endettement est le plus faible de la région. La salle s’échauffe un peu plus encore lorsque des membres du service d’ordre veulent s’emparer d’une banderole rappelant un affrontement entre policiers et paysans sans terre qui a fait 17 morts il y a trois ans. « La dictature, c’est fini », crie la salle. Le calicot passe de main en main et est mis à l’abri au dernier rang, bien visible.A ce stade, les organisateurs ont renoncé à leur programmation et se contentent de passer de la musique d’ambiance en attendant le pape. La « société civile » en profite pour scander « Edelio », le nom d’un jeune policier retenu en otage par l’Armée du peuple paraguayen, un mouvement de guerilla. Aussi, lorsqu’Horacio Cartes pénètre dans la salle, il est hué, conspué, sifflé. L’assemblée scande longuement « papa Francisco, el pueblo esta contigo » (pape François, le peuple est avec toi). Les évêques déjà présents sur scène ne peuvent que contempler la tournure du spectacle.« Tsunami de joie »Mais celui-ci n’est pas fini, car voici François, ovationné dans ce qu’un évêque décrit comme « un tsunami de joie ». Après les témoignages de cinq représentants de la société civile, il prend la parole. Son texte écrit parle de « luttes », « d’injustices », « d’inégalités », de la nécessité de « forger un projet de nation qui inclut tout un chacun », des vertus du « dialogue » et de ce que « les pauvres ont beaucoup à nous enseigner en humanité, en bonté, en sacrifice », et c’est à chaque fois un fracas d’applaudissements et de sifflets de joie. Mais ce n’est pas tout : le pape a été informé de ce qui a précédé son arrivée et il improvise quelques digressions qu’il sait parler à son auditoire. Il dénonce les « mots grandiloquents » mais sans réelle portée des « menteurs », le « dialogue théâtre » qui n’est qu’un faux-semblant, les « idéologies » qui finissent en « dictatures », qui « pensent au peuple mais qui ne laissent pas le peuple penser ».Lire aussi (abonnés) :En Equateur, le pape François sermonne les dirigeants politiquesArrivé à la péroraison, il s’adresse « fraternellement » mais très directement au président assis au premier rang, qui ne peut que rentrer la tête dans les épaules tandis que la salle applaudit. Quelqu’un serait séquestré par l’armée, dit-il, sans préciser que cette armée est un groupe de guérilla. « Je ne sais si c’est vrai ou non, mais une des méthodes des idéologies du siècle passé était d’écarter les gens, par l’exil, la prison ou les camps d’extermination. » Puis il demande « des jugements rapides et clairs », allusion au procès toujours en attente des auteurs de la tuerie d’il y a trois ans. Enfin, il dénonce « le chantage » et « la corruption ». Dimanche, il devait célébrer la dernière grande messe de son voyage. On ne sait pas si le président y assistera.Cécile Chambraud (Asuncion, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.07.2015 à 13h30 • Mis à jour le12.07.2015 à 07h15 Conspué et visé par des jets de pierres, le premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a été contraint de quitter le mémorial de Srebrenica, en Bosnie, samedi 11 juillet. Marquant le 20e anniversaire du massacre commis par les forces serbes du pays, il venait de déposer une fleur devant un monument portant les noms des plus de 6 200 victimes identifiées et enterrées au mémorial lorsque la foule a commencé à scander Allah Akbar (Dieu est grand) et à lancer des projectiles dans sa direction.Le chef du gouvernement a été touché à la tête, rapporte l’agence serbe Tanjug. Entouré de ses gardes du corps, il a réussi à quitter les lieux en courant tandis que, par haut-parleurs, les organisateurs lançaient des appels au calme.Un incident qualifié d’« attaque contre la Serbie » par le chef de la diplomatie serbe, Ivica Dacic.« Le premier ministre s’est comporté en homme d’État en décidant d’aller s’incliner devant les victimes (…). C’est une attaque non seulement contre Vucic mais contre toute la Serbie et sa politique de paix et de coopération régionale. »Le premier ministre serbe a, lui, préféré apaiser la tension, affirmant :« J’exprime des regrets pour ce qui s’est passé aujourd’hui et je regrette que certains n’aient pas reconnu notre intention sincère d’édifier une amitié sincère entre Serbes et Musulmans. Ma main reste tendue et je poursuivrai ma politique de réconciliation »La Bosnie a, elle, condamné « dans les termes les plus vifs l’attaque (de samedi) » et exprimé « ses profonds regrets ». Samedi soir, le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius a « condamn[é] les incidents qui ont entaché les cérémonies de Srebrenica. Cette date devait être l'occasion de favoriser le rapprochement et la concorde et non d'aviver les plaies du passé », indique le chef de la diplomatie française.D’autres responsables internationaux étaient présents au milieu des dizaines de milliers des personnes réunies pour commémorer le 20e anniversaire du génocide. Parmi eux, le président serbe de l’époque, Boris Tadic, ainsi que le président des Etats-Unis d’alors, Bill Clinton — dont le gouvernement a été l’architecte des accords de paix de Dayton qui ont mis fin au conflit bosnien.Reconnaître le génocideIl y a vingt ans, en juillet 1995, alors que la région était déclarée « zone protégée » par l’ONU, quelque 8 000 hommes et garçons musulmans ont été tués à Srebrenica par les forces serbes bosniennes, la pire tuerie en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et le travail d’identification des victimes n’est pas terminé. En milieu de journée, 136 nouvelles victimes identifiées ont ainsi été mises en terre au centre mémorial.Lire aussi :Vingt ans après, Srebrenica attend la justiceLa Serbie refuse toujours obstinément d’accepter qu’un génocide a été perpétré. Le sujet anime toujours les débats sur la scène politique internationale et reste une question qui empoisonne les relations entre la Serbie et la Bosnie. Mercredi, la Russie a notamment posé son veto à un projet de résolution de l’ONU visant à qualifier le massacre de « génocide ». Un veto dont Belgrade s’est félicité alors que les familles des victimes l’ont déploré, estimant qu’il « rendait la réconciliation impossible ».A Belgrade samedi, juste avant son départ pour Srebrenica, M. Vucic a dénoncé un « crime monstrueux », sans toutefois prononcer le mot « génocide ». Le massacre de juillet 1995 est pourtant qualifié comme tel par la justice internationale et les leaders politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, accusés d’être les éminences grises du massacre de Srebrenica, sont aujourd’hui jugés pour génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).Lire aussi :A Belgrade, rares sont ceux qui osent commémorer le massacre Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Un long et crucial week-end de négociations à Bruxelles, après une longue nuit de vote à Athènes. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a vécu vendredi 10 juillet une interminable journée de tractations. Sur le front intérieur cette fois. Car quel que soit l’accord qu’Alexis Tsipras espère rapporter, il lui faudra le faire adopter au Parlement dans un délai très rapide.Il a donc demandé vendredi aux 300 députés de la Vouli (le Parlement grec) de lui accorder une sorte de procuration, pour aller défendre en leur nom à tous ses propositions à l’Eurogroupe de samedi et au sommet de dimanche. L’objectif : montrer un front uni, pro-euro, et rassurer Bruxelles sur la capacité du gouvernement à faire adopter, en temps venu, un éventuel accord.Lire aussi :Le point sur le dossier grec avant la réunion de l’EurogroupeAprès plus de 12 heures de débats, parfois très intenses, une large majorité de députés (251 sur 300) a voté en faveur de cette procuration. Bien au-delà donc des 151 voix requises pour faire adopter un texte au Parlement. C’est un nouveau paysage politique qui peut en sortir. Les principaux partis d’opposition, les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND), les socialistes du Pasok ou les centristes de To Potami, ont voté en faveur de cette procuration. « Nous demandons ainsi au premier ministre de négocier avant tout pour le maintien de la Grèce dans la zone euro », a déclaré Stavros Theodorakis, le leader de To Potami à la tribune.Si, sans surprise, les députés du parti néonazi Aube dorée et du Parti communiste KKE ont voté contre, c’est cependant du côté même du parti de la gauche radicale Syriza, la famille politique d’Alexis Tsipras, que les résultats sont les plus contrastés. Et préfigurent des ajustements politiques qui ne manqueront pas de se mettre en place dans les prochains jours. « Chaque chose en son temps. En terminer avec la négociation est la priorité », a affirmé à la fin du vote Alexis Tsipras, refusant de commenter les rumeurs de remaniement ministériel ou d’élections anticipées qui circulent en Grèce.« Aggraver la récession »Mais il ne pourra longtemps ignorer le message de dissidence envoyé par 17 de ses députés. Deux d’entre eux ont voté non à la procuration, 8 se sont abstenus et 7 n’ont pas pris part au vote, dont l’ancien ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui a prétexté des obligations familiales.Au total, 17 députés donc ont marqué leur désaccord avec les propositions envoyées jeudi soir par le premier ministre à Bruxelles. « Je ne peux pas soutenir un nouveau plan de mesures néolibérales et de privatisations (…) qui ne peut qu’aggraver la récession », a précisé après le vote le ministre du redressement productif, Panayiotis Lafazanis.Au vu de ce qui vient de se passer au Parlement grec vendredi, Alexis Tsipras serait certes en mesure de faire adopter un éventuel accord mais en force, avec les voix de l’opposition et en perdant sa propre majorité. « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, estimait cependant samedi matin une source gouvernementale. Tout va dépendre tout de même de ce que l’on va obtenir en échange de ce nouveau plan. »Il est vrai que les propositions formulées jeudi par Athènes se rapprochent de celles qui étaient exigées par les créanciers. Pourquoi Alexis Tsipras a-t-il organisé un référendum pour finalement accepter des conditions similaires à celles qu’il refusait avant ? Les Grecs ayant voté majoritairement (à 62 %) non à toute nouvelle mesure d’austérité pourraient eux aussi se sentir trahis. Quelques milliers de personnes – très peu au final – étaient venues manifester vendredi soir devant le Parlement pour dire en substance : « Attention, ne nous trahis pas ! »Lire aussi :« Je pensais qu’on allait claquer la porte de l’Europe »Renégociation de la detteIl y a pourtant une différence majeure entre ce que proposaient les créanciers avant et après le référendum. Pas sur les mesures mais sur la question de la renégociation de la dette. Avant le référendum, l’Europe et notamment l’Allemagne, l’Espagne ou le Portugal étaient sur une ligne très dure, refusant l’idée d’ouvrir le chapitre d’une renégociation de la dette publique grecque (177 % du PIB) à courte échéance.Au lendemain du référendum pourtant, la France, les Etats-Unis mais aussi le FMI se sont prononcés en faveur d’une renégociation de la dette, pourquoi pas dès octobre prochain. Voilà la contrepartie que Tsipras espère obtenir ce week-end. S’il revient avec dans ses poches une renégociation de la dette, il est convaincu qu’il pourra faire accepter un nouveau plan, même dur, à sa population, à son Parlement et même aux ultras de son parti. Dans un nouveau sondage paru vendredi, les Grecs se prononçaient à 75 % pour la conclusion d’un accord et à 84 % pour le maintien dans la zone euro. C’est cette voix-là et non pas celle des radicaux de son parti qu’Alexis Tsipras entend aujourd’hui incarner.Avec ce plan, il accepte un nouveau train difficile de nouvelles économies, mais en échange d’un nouveau prêt sur trois ans de 53 milliards d’euros et d’une enveloppe pour la croissance de 35 milliards, ce qui permettra de donner un peu de répit à une économie grecque exsangue. En cas d’accord à Bruxelles, dimanche, il devrait aussi au passage obtenir que soient revus à la baisse les objectifs d’excédent primaire imposés au précédent gouvernement et surtout que la renégociation de la dette soit enfin ouverte. Il devrait réussir à trouver les bons mots pour vendre ce bilan à son peuple et à ses députés. Mais avec quelle majorité ?Lire aussi :Refuser le compromis ou ébranler sa majorité : le dilemme d’Angela MerkelAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.07.2015 à 04h44 • Mis à jour le11.07.2015 à 14h46 Dylann Roof, accusé d’avoir tué neuf personnes dans une église emblématique de la communauté noire en Caroline du Sud au mois de juin, n’aurait pas dû être autorisé à acheter l’arme utilisée le jour de la fusillade, affirme le FBI vendredi 10 juillet.James Comey, le directeur du Bureau fédéral d’enquête américain, qui reconnaît une erreur de fonctionnement, explique que c’est un manquement dans la vérification du passé du jeune homme de 21 ans qui a permis la transaction. « Nous sommes tous malades que cela soit arrivé. Nous aimerions pouvoir revenir en arrière car, maintenant, tout semble clair », a-t-il confié à des journalistes.Arrêté pour possession de drogueDylann Roof a été arrêté pour possession de drogue quelques semaines avant la fusillade et a admis les faits, selon la police, ce qui aurait dû suffire à lui interdire de se procurer une arme. Mais les détails de son arrestation ont été mal reportés sur son casier judiciaire, si bien que l’agent du FBI chargé de le vérifier avant l’achat ne les a pas vus. La transaction s’est donc déroulée normalement.James Comey affirme avoir été informé de cette erreur jeudi soir. « Il s’agit peut-être d’une série d’événements hautement improbables, mais nous parlons d’une arme qui a servi à assassiner neuf personnes. Donc, il est très important pour moi que nous tirions des leçons de cette situation », a-t-il déclaré. 10.07.2015 à 22h26 • Mis à jour le11.07.2015 à 09h43 Près d’un million de personnes ont été évacuées, vendredi 10 juillet, dans l’est de la Chine, alors que le très puissant typhon Chan-Hom se dirigeait vers le sud de Shanghaï. Il a déjà fait cinq morts aux Philippines cette semaine, plus de 20 blessés au Japon et quatre à Taïwan.Samedi matin, heure locale, la tempête se trouvait à 235 km au sud-ouest de la province de Zhenjiang et avait gagné de la vitesse en se rapprochant des terres, selon le Centre national météorologique chinois (NMC).Le plus puissant depuis 1949Près de 30 000 bateaux ont dû rentrer s’abriter au port dans cette région après que des vagues de 10 mètres eurent déferlé sur la côte. Plusieurs villes ont d’ores et déjà signalé de fortes averses et des vents violents. Les pêcheurs de la province de Fujian ont également été évacués vendredi lorsque le NMC a émis une alerte rouge, la plus élevée.Chan-Hom est la deuxième tempête à toucher la Chine en deux jours après l’arrivée de Linfa sur les côtes de la province de Guangdong, dans le sud du pays. Elle pourrait être la plus puissante à frapper la province de Zhejiang depuis 1949. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un peu l’inconnu qui a percé à l’occasion de la crise grecque. Le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a été réélu, lundi 13 juillet, président de l’Eurogroupe, en marge d’une nouvelle rencontre de cette instance qui regroupe les ministres des finances de la zone euro consacrée à la Grèce. Lors d’un vote, il a obtenu la majorité, puis l’Eurogroupe s'est entendu pour lui accorder unanimement son soutien. Il continuera donc de cumuler cette fonction stratégique avec celle de ministre des finances des Pays-Bas pendant deux ans et demi, comme le prévoient les textes.A 49 ans, ce social-démocrate à l’allure de discret et poli technocrate a bénéficié de son expérience acquise au cours des dernières semaines, où il a été au cœur des négociations qui ont abouti à un accord avec la Grèce, lundi 13 juillet au matin. Elu un peu par hasard en janvier 2013 à ce poste, où il a succédé à Jean-Claude Juncker, devenu depuis président de la Commission européenne, il avait connu des débuts difficiles, s’exprimant notamment de manière impréparée durant la crise chypriote.« L’Allemand en sabots »Mais M. Dijsselbloem a réussi à rattraper son image en faisant figure de faucon dans la crise grecque, se rangeant au fil des mois au camp allemand, personnifié par Wolfgang Schäuble, le redoutable ministre des finances d’Angela Merkel. M. Schäuble, lui vouerait, dit-on, une amitié et une admiration paternelles. Baptisé « l’Allemand en sabots » par des médias grecs et néerlandais, Jeroen Dijsselbloem a en effet eu dès janvier des relations très difficiles avec Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances grec, que M. Schäuble déteste.Officiellement, le social-démocrate a toujours voulu se montrer solidaire à l’égard de la Grèce. Mais s’il se dit toujours de gauche, il a expliqué récemment au magazine néerlandais Vrij Nederland, qu’il était hostile aux « discours idéologiques » qui, estime-t-il, ne mènent à rien. Cette évidente antipathie pour Varoufakis a, en tout cas, achevé de le transformer en épouvantail pour une partie du peuple grec et de la gauche européenne, qui lui reproche de bafouer les valeurs de solidarité et de se focaliser sur le coût, pour les Néerlandais et les autres, de ce qui a déjà été octroyé, et devra sans doute l’être, à Athènes.« Le petit chien de compagnie de l’Allemagne », ironisait récemment un journaliste néerlandais se demandant si son compatriote n’en rajoutait pas pour s’assurer le soutien de Berlin dans la course pour sa réélection contre le ministre espagnol Luis de Guindos. Ce dernier avait publiquement fait acte de candidature, et avait reçu le soutien d’Angela Merkel, au nom de leur affiliation commune au Parti populaire européen (PPE, conservateur). Mais M. Dijsselbloem a réussi à montrer qu’il pouvait être tout aussi strict sur les finances publiques malgré son affiliation.Quitte à peiner ceux qui, à Paris ou ailleurs, croyaient que son affiliation au Parti socialiste néerlandais ferait de lui l’homme des compromis. Cela n’a toutefois pas empêché la France de soutenir sa reconduction, au nom, là aussi, de l’affiliation politique commune aux sociaux-démocrates européens. Et de l’accord obtenu à l’arraché lundi matin, qu’il serait dommage de gâcher par une nouvelle crise de gouvernance européenne.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.07.2015 à 17h50 • Mis à jour le13.07.2015 à 18h22 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Nous n’avions pas le choix, reconnaît Maria Rouzi, une commerçante du quartier chic de Kolonaki au centre d’Athènes. J’ai trois salariés dans ma pâtisserie et mon revenu fait vivre toute ma famille, mais avec tant d’incertitude, tout était au point mort ». Maria a bien conscience que les mesures qui s’annoncent seront difficiles. « Mais tout est mieux que l’inconnu d’une sortie de la zone euro où nous n’avions aucune idée de ce qui nous attendait. Je suis extrêmement soulagée ».Lire aussi :La nuit où l’Allemagne a fait plier TsiprasQuelques mètres plus loin, le très digne M. Dermitzakis, qui refusera de nous donner son prénom,­ attend en vain le client, dans sa bijouterie désertée. « J’ai perdu 60 % de mon chiffre d’affaires ces cinq dernières années. Ces derniers jours, avec la fermeture des banques, ce taux a même atteint 95 % ». Le vieil homme est visiblement partagé. « Je sais que revenir à la drachme aurait été une catastrophe pour les gros entrepreneurs mais pour nous, les petits commerçants, les nouvelles hausses d’impôts, de la TVA et les coupes dans les retraites, c’est une très mauvaise nouvelle car les gens n’auront plus les moyens de consommer quoi que ce soit d’autre que le strict nécessaire. »Lire aussi :A Athènes, « plus on avance, moins on comprend »Hausse des impôtsEn cinq ans d’austérité continue, le niveau de vie des Grecs a chuté dramatiquement. Baisse des salaires, des retraites, hausse de la pression fiscale… leurs revenus ont diminué en moyenne de 35 % entre 2010 et 2015. « Pour notre réseau de PME, très dépendant de la consommation intérieure cela a été très dur, explique le président de la fédération des commerçants Vassilis Korkidis. Mais là il fallait absolument éviter la faillite. »Selon M. Korkidis, les mesures à venir devraient entraîner pour les trois prochaines années une hausse de 375 millions d’euros par mois d’impôts et de cotisations pour l’ensemble des contribuables Grecs. « Nous venons de réaliser ces calculs ce matin sur la base du document paru dans la presse, précise-t-il. Ce sera un nouveau coup dur, mais l’urgence, désormais, c’est que les banques rouvrent et que nous puissions recommencer à payer nos fournisseurs étrangers par virements électroniques afin d’éviter toute rupture des stocks. »Au kiosque de journaux de ce quartier pourtant très privilégié de Kolonaki, la discussion est animée. « Je me sens totalement humilié », avoue, amer et blessé, Vangélis Papadopoulos. Cet ingénieur civil n’arrive pas à digérer cette « trahison » de M. Tsipras et encore moins « cette Europe vidée de tous ses idéaux, cette coquille vide ». A l’inverse, Erasmia Papadopoulos estime qu’il faut « plus que jamais soutenir Alexis Tsipras pour éviter que le pays ne tombe aux mains de technocrates qui n’essaieront même pas de se battre pour [les Grecs] ».Pressions pour un remaniementCar les scénarios de recomposition politique vont bon train aujourd’hui en Grèce. Les créanciers mais aussi les partis d’opposition font pression sur Alexis Tsipras pour qu’il opère dès les prochains jours un remaniement ministériel pour se débarrasser de ses ministres dissidents, qui se sont prononcés contre tout nouveau programme d’austérité.Lire aussi :Malgré l’accord, la Grèce aura du mal à faire face à ses prochains remboursementsQue fera Alexis Tsipras ? Va-t-il tenter de garder la main sur son gouvernement quitte à contenir la dissidence par un petit remaniement ministériel ? Va-t-il choisir de se retirer tout en coopérant à un gouvernement d’union nationale mené par un autre premier ministre ? Va-t-il appeler à de nouvelles élections à l’automne prochain ?Toutes ces options sont sur la table aujourd’hui à Athènes. Une seule certitude, des changements politiques devraient suivre l’adoption, d’ici au mercredi 15 juillet, d’un premier paquet de mesures au Parlement.Gouvernement d’union nationalePour Haris Theoharis, le porte-parole du parti centriste To Potami, Alexis Tsipras n’aura pas d’autre choix : « Nous pensons qu’il faut mettre en place un gouvernement d’union nationale avec des personnalités à la fois capable d’être très techniques mais avec aussi un sentiment politique ».Coïncidence ? C’est exactement le profil de cet homme qui fut un bref secrétaire général des recettes fiscales entre 2012 et 2014 et qui est devenu, ces derniers mois, l’un des principaux atouts de Potami.Quand on lui demande si on lui a déjà parlé du poste de ministre des finances dans un éventuel gouvernement d’union nationale, il répond d’une pirouette, en souriant, « qu’il n’est pas temps de faire ce type de scénario ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Ce lundi matin, c’est l’Europe qui a gagné. Pas l’Allemagne. Tel est le message que les principaux responsables politiques de la majorité allemande font passer depuis l’annonce d’un accord entre la zone euro et la Grèce en vue de négocier un troisième plan d’aide.Lire aussi :Ce que la Grèce a accepté en contrepartie de l’aide financière« L’Europe a gagné. De façon impressionnante et ferme. L’Allemagne a fait partie de la solution du début à la fin. C’est bon pour la Grèce et pour l’euro », a tweeté Peter Altmaier, ministre à la chancellerie, l’équivalent du directeur de cabinet d’Angela Merkel.Soumis au vote du BundestagLe parti social-démocrate aussi se félicite du « bon résultat » des négociations qui, grâce notamment au travail du couple franco-allemand, a permis d’« éviter que l’Europe ne se divise ». Au passage, le SPD en profite pour critiquer à nouveau le projet du ministre des finances, Wolfgang Schäuble, d’organiser un « Grexit » temporaire, auquel le SPD n’aurait pas été associé.Lire aussi :Les propositions « explosives » de Wolfgang SchäubleIl ne fait pas de doute que le Bundestag votera à une large majorité le troisième plan d’aide à Athènes, vraisemblablement dès vendredi 17 juillet. Toute la question est de savoir combien de députés conservateurs s’apprêtent à voter contre. Sur 311 députés CDU-CSU, 29 avaient voté contre le deuxième plan d’aide, mais 119 avaient indiqué qu’ils l’approuvaient à contrecœur.Dans l’opposition, les réactions sont évidemment différentes. Les Verts estiment, à l’instar du député européen Sven Giegold, que « l’unité de l’Europe est certes maintenue, mais ses valeurs sont sérieusement mises à mal ». De son côté, Sahra Wagenknecht, une des dirigeants de Die Linke, le parti de la gauche radicale, juge que « le chantage du gouvernement allemand a marché. La Grèce se voit imposer de nouvelles économies et le contribuable allemand de nouveaux risques de plusieurs milliards d’euros. »« Une honte »Si le gouvernement allemand se garde de tout triomphalisme, c’est aussi parce qu’il sait qu’Alexis Tsipras n’est pas encore au bout de ses peines : « Avant de parler de succès, attendons de voir ce que vote le Parlement grec », reconnaît un proche de la chancelière, en référence aux différentes réformes qui doivent être approuvées à Athènes du 15 au 22 juillet, avant toute négociation concrète du plan d’aide. Si on admet, en off, que le plan est sévère, on en attribue la faute à Athènes. « En mars, Tsipras n’aurait pas eu besoin de plus de 80 milliards d’euros », fait-on remarquer.Si personne à Berlin ne dit vouloir « humilier » les Grecs, comme on l’entend beaucoup en Europe, Angela Merkel a reconnu explicitement qu’elle ne faisait plus confiance au gouvernement grec. Ce qui, à ses yeux, justifie les conditions très strictes du suivi des décisions prises par Athènes. Comme le résume l’éditorialiste Wolfgang Münchau dans le Spiegelonline : « La Grèce a capitulé et l’Allemagne a gagné. C’est le triste bilan du week-end. »Les économistes aussi sont divisés. Hans-Werner Sinn, président de l’Ifo, l'institut de conjoncture de Munich, et partisan d’un Grexit, juge que « les Grecs ne redeviendront jamais compétitifs ». Henrik Enderlein, président du centre Jacques-Delors de Berlin, est sévère. « C’est une honte », écrit-il. « Tous les participants doivent se demander comment une telle escalade au cœur de l’Europe a pu être possible. »Pour lui, « le fonds de privatisation est la marque d’une méfiance institutionnalisée, conséquence du comportement du gouvernement grec », explique ce social-démocrate pour qui « la façon dont le Grexit a été évité n’est certainement pas la bonne ». De son côté, Marcel Fratzscher, président du centre pour la recherche économique (DIW) de Berlin, juge qu’« il est prématuré de voir l’accord comme un succès. C’est seulement un premier pas pour mettre fin à la spirale récessive que subit l’économie grecque. »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.07.2015 à 16h21 • Mis à jour le13.07.2015 à 16h43 Vingt-trois militaires russes ont été tués dans l’effondrement d’une caserne près d’Omsk, en Sibérie, a annoncé lundi 13 juillet le service de presse du ministère russe de la défense. Au total, « 42 militaires ont été extirpés des décombres, 23 d’entre eux sont morts », a déclaré un porte-parole du ministère, cité par l’agence de presse officielle TASS.L’accident s’est produit dimanche soir dans le village de Svetly, près d’Omsk (2 200 km à l’est de Moscou), dans un camp d’entraînement construit en 1975 et destiné à former de jeunes officiers et des conducteurs de transports de troupes. Une section entière de leur dortoir s’est écroulée, les ensevelissant sous les gravats.Des images diffusées par la télévision russe ont montré des soldats formant une chaîne humaine pour déblayer une montagne de gravats. Par ailleurs, une équipe de 350 secouristes avec des chiens et un avion avec de l’équipement médical ont été dépêchés sur les lieux du drame, selon les agences de presse russes.Le président, Vladimir Poutine, a présenté ses condoléances aux familles des soldats et a ordonné d’apporter « toute l’assistance médicale nécessaire » aux blessés, selon un communiqué du Kremlin.La violation récurrente des normes de sécuritéUne enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l’accident, les autorités soupçonnant une possible « négligence » des ouvriers qui avaient rénové le centre en 2013.L’effondrement de bâtiments n’est pas chose rare en Russie, notamment en dehors des grandes villes où les violations des normes de sécurité sont courantes, facilitées par une corruption des fonctionnaires, très répandue. Samedi, une partie d’un immeuble résidentiel s’est également effondrée à Perm, dans l’Oural, tuant deux personnes. Elisa Perrigueur (envoyée spéciale) On les voit plus rarement sur la place Syntagma exprimer leurs inquiétudes. Une partie des retraités grecs, silencieux, dissimulent toutefois une colère sourde. Les seniors ont vécu le déclassement de leur pays comme une situation brutale et inédite. Ils observent, amers, les nouvelles générations frappées par le chômage et la désillusion.Charalambos Tsavimos Les dernières semaines ont été un « choc » pour Charalambos Tsavimos. L’homme de 60 ans a observé avec angoisse les files d’attente devant les distributeurs de billets. « En 1974, après la dictature, les banques avaient fermé, se souvient-il, mais c’était quelques jours seulement ». Charalambos connaît bien le système bancaire grec. De ses 18 à 56 ans, il a travaillé au sein d’Ethniki Bank. Chaque jour depuis le 28 juin, ce retraité retire ses 60 euros. « Ou plus souvent cinquante, car maintenant, beaucoup de distributeurs manquent de billets de dix ». L’argent sert, « pour acheter des médicaments pour ma mère de 89 ans, aider ses enfants, acheter de la nourriture ». Il parle d’un ton las et ferme longuement ses paupières.Tout calculer, chaque jourSur le papier, Charalambos a un profil aisé. Sa pension de retraite est « confortable » : 1 800 euros par mois. Avant 2012, elle s’élevait à 2 500 euros. Mais chaque mois, il opère un contrôle méticuleux des dépenses. « Nous vivons à cinq sur cette pension », explique-t-il. Sa femme ne touche plus de retraite. Deux de ses enfants de 22 et 25 ans vivent à son domicile, dans le quartier de Patissia, au nord d’Athènes. L’un est étudiant, l’autre ne travaille pas. Un autre de ses enfants, diplômé, est parti vivre avec sa copine, il est au chômage. Le père essaye de les aider, environ 200 euros par mois. Seul un de ses enfants travaille : il s’est exilé à Londres.Charalambos constate qu’il n’y a pas vraiment de solution. « On vivait bien, j’ai une épargne de côté, mais maintenant, comment rebondir ? Il n’y a plus de travail pour [la jeune] génération ». Au regard de cette crise, le Grec dit regretter les années « d’autosuffisance » du pays : « Nous n’avions pas énormément d’argent sous la dictature, notre vie s’est améliorée en 1981 [avec l’entrée dans l’Union européenne], mais parallèlement, nous avons commencé à perdre notre production agricole (près d’un tiers de la population vivait de l’agriculture). Maintenant on importe des produits qu’on cultivait ! C’est un problème. »« Le non était une illusion »Charalambos Tsavimos a voté non au référendum du 5 juillet 2015. Pourtant, rien n’a changé, ce non aux réformes était une « illusion », peste-t-il. Celui qui vote aujourd’hui KKE (communiste) après avoir voté successivement pour les conservateurs de la Nouvelle Démocratie, puis les socialistes du Pasok n’a « pas confiance en Syriza pour faire face à la situation avec les créanciers ». Aujourd’hui, « les masques tombent. Ce nouveau mémorandum (issu de l’accord conclu à Bruxelles, lundi 13 juillet) n’est pas une surprise. Ce sera encore un cercle vicieux, il faudra rembourser cette dette insoutenable. Dans dix ans, nous en serons toujours au même point ».Diniosis Baltsavia Dans son appartement situé dans le quartier de Victoria, à Athènes, les souvenirs de toute une vie sont soigneusement exposés. Sur la table, des komboloi (chapelets), des bijoux, des bibelots d’une autre époque. Au mur, un arbre généalogique et d’innombrables photos de famille. « Il y a un dicton en Grèce : “La patrie, la religion, la famille.” Cette dernière est ce qui nous sauve. » Pour Diniosis Baltsavias, 75 ans, à la retraite depuis 10 ans, ce « ciment » a permis de mieux traverser la « sale période ». Le vieil homme est très proche de son petit-fils de 18 ans, venu vivre chez lui il y a deux ans pour des raisons financières. L’ancien styliste, qui porte une chaîne en or et de grosses bagues, soupire beaucoup lorsqu’il évoque ces dernières années. Il s’est habitué à voir « les hôpitaux en sous-effectifs, la fermeture des pharmacies, la détérioration du système d’éducation ». Désormais, Diniosis a peur de la pénurie. « En Grèce, nous n’avons pas toujours été riches, notre système n’a pas toujours été stable, mais nous n’avions pas de manques. »Amertume à l’égard de l’AllemagneAvec son petit-fils, ils vivent sur sa pension de retraite de 732 euros mensuels. « Heureusement que les personnes âgées aident les jeunes, je connais plusieurs familles où ils vivent sur la pension d’une seule personne. » La subvention part « dans la nourriture, les vêtements, les études et les cigarettes », que le septuagénaire consomme en masse. Son petit-fils vient d’obtenir ses panellinies, l’examen qui lui ouvre les portes vers des études supérieures. Mais Dionisis est pessimiste. « Il y aura une génération perdue. Pour moi, cela n’a plus d’importance, mais que puis-je espérer pour mon petit-fils ? » Il ajoute : « Je ne veux pas qu’il parte de Grèce. Nous n’avons que peu de maisons de retraite. »Un sentiment d’amertume a grandi chez ce retraité ces dernières années, à l’égard de l’Allemagne. Il insiste sur la dette de guerre datant de la seconde guerre mondiale – « ils nous doivent 162 milliards d’euros » –, et tire volontiers des liens entre présent en passé « L’occupation allemande [entre 1941 et 1944] a déjà été très violente, aujourd’hui, je ressens comme une autre pression de l’Allemagne, dans les discours, dans les ordres, sur les commentaires de notre dette. On nous humilie. » Pour lui, « dans cette Europe, l’Allemagne est au-dessus de tous, de la France, de l’Italie… ». Dionisis, qui votait pour le Pasok puis des petits partis centristes avant les années 2000, se dit séduit par Syriza et Alexis Tsipras, « un très bon homme politique qui veut changer les choses ». Il a voté non au référendum, « contre l’austérité et pour un retour à la drachme », assume-t-il. L’ancien styliste se souvient que lorsque le pays est entré dans l’Union européenne, il était déjà « sceptique ». « On nous a expliqué que cela allait être le paradis. » Aujourd’hui ? « J’ai perdu mon optimisme, je veux qu’on parte, pas de l’Europe mais de la zone euro. Cela nous a fait trop de mal sur ce long terme, économiquement et mentalement. On veut respirer. »Elissavet Mitarachi Chaque samedi, Elissavet Mitarachi se rend au somptueux café Peros, sur la place du quartier chic de Kolonaki. Apprêtée, soigneusement maquillée, elle sirote son café frappé dans son grand siège blanc. Sous son air serein, cette femme d’un milieu aisé est rongée par l’angoisse. Cette ancienne salariée d’une maison d’édition, cligne ses yeux fardés, parle d’une voix rauque et lente et évoque régulièrement « la crise ». « D’un seul coup la vie de tout le monde a changé. C’est comme une guerre, on ne sait pas ce dont les lendemains seront faits. »Elle parle des « besoins en nourriture », des petites cagnottes qui se multiplient sur les comptoirs des caissières des supermarchés, de « la mairie [et des] églises qui fabriquent des milliers de repas par jour ». Elle qui a connu des périodes douloureuses comme la dictature des colonels, de 1967 à 1974, se souvient qu’à l’époque : « Il y avait de la pauvreté, mais aujourd’hui c’est de la misère qu’on voit en Grèce. »« Je suis née en Grèce, je suis Européenne »Elissavet reste aussi marquée par le « déclassement » et « les injustices » : « Injuste, tous ces gens renvoyés ; injuste, les pensions qui baissent pour les retraités… » Elissavet touche une petite pension (dont elle ne mentionne pas le montant), mais vit surtout de ses rentes. Elle n’ose pas se comparer aux plus démunis, mais explique comment ses actions ont perdu de la valeur, comment son local de bureau en banlieue d’Athènes, qu’elle louait auparavant avec succès, cherche preneur depuis deux ans.Elissavet s’est réjouie en 1981 lorsque le pays est entré dans l’Union européenne, puis en 2001 quand l’euro a remplacé l’ancienne monnaie, la drachme. « L’Europe nous a transformés et renforcés, elle nous a prêté beaucoup d’argent ce qui a permis un développement régional ». Elle se souvient quand les Grecs étaient les « réfugiés économiques », lorsqu’elle voyageait à Londres par exemple. « Durant les dernières décennies nous sommes nous-même devenus une destination économique pour les Albanais par exemple ». Lorsque le parti Syriza a proposé un référendum sur les propositions des créanciers, l’angoisse de celle qui vote à droite est montée. A l’approche du référendum Elissavet s’est rendue dans les manifestations pro-euro, d’un genre nouveau, place Syntagma à Athènes. Elle aurait vécu la sortie de la zone euro comme « un abandon » : « Je suis née en Grèce. Je suis Européenne ». Et de regretter cette épreuve de force avec les partenaires du pays : « Ces six derniers mois de négociations avec les créanciers ont joué contre la Grèce, l’attente a empiré la situation. Si on avait fait un accord dès le début cela aurait été mieux. »2,6 millions de retraités et de préretraitésSur une population d’à peine 11 millions de personnes, les retraités sont 2,6 millions dans le pays en comptant les préretraites. Le budget des retraites, colossal, représente 15 % du PIB selon l’Organisation de coopération et de développement économiques et pèse lourd dans les finances publiques. Si la pension moyenne est actuellement de 960 euros, elle a baissé de 20 % depuis 2010. Selon les nouvelles propositions du premier ministre Alexis Tsipras pour un accord avec les créanciers, l’âge du départ à la retraite sera relevé de 62 à 67 ans d’ici à 2022. L’allocation de solidarité EKAS, une prime basée sur les revenus et destinée aux petites retraites inférieures à 700 euros, pourrait également disparaître.Elisa Perrigueur (envoyée spéciale)Journaliste au Monde 13.07.2015 à 12h19 • Mis à jour le13.07.2015 à 12h22 Le député des Yvelines Jean-Frédéric Poisson (Parti chrétien-démocrate) a été reçu dimanche 12 juillet à Damas par le président syrien Bachar Al-Assad. La rencontre a été organisée par l’association SOS Chrétiens d’Orient.Le 24 février dernier, une délégation de quatre parlementaires s’était déjà rendue à Damas sans l’accord du gouvernement. Depuis 2012, les relations diplomatiques entre la France et la Syrie sont rompues. L’ambassade de France à Damas a été fermée et la représentante du régime syrien en France a été renvoyée.Le dialogue avec la #Syrie et #BacharElAssad est une nécessité pour la paix et pour protection #ChrétiensDOrient http://t.co/koQbFiG2An— JeanFrédéric Poisson (@jfpoisson78) 12 Juillet 2015Al-Assad, « courtois et souriant »Interrogé par Le Figaro.fr, Jean-Frédéric Poisson s’est justifié sur ce déplacement polémique.« Je ne soutiens pas le régime Assad mais je pense qu’il n’est absolument pas sur le départ et que les rebelles n’arriveront jamais jusqu’à Damas ». « L’échange a duré 1 h 20 et s’est très bien passé. Il est courtois, souriant, moderne dans sa manière de parler, pas du tout guindé. Entre l’image de boucher et celui que j’ai rencontré, on ne doit pas parler du même homme », a ajouté le député, faisant référence aux propos de Manuel Valls qui avait condamné la visite des quatre parlementaires en février.M. Poisson conclut en avouant ne pas comprendre la position de la France sur le dossier syrien.« La clé du Moyen-Orient est à Damas. Le risque c’est que le vent tourne. Alors la France aura perdu son crédit, son influence et les contrats de reconstruction. J’ai rencontré des francophiles tristes que nous ne soyons plus à notre place. »Cette rencontre avec le président syrien est intervenue dans le cadre d’une tournée du député des Yvelines au Proche-Orient qui l’a ensuite emmené à Beyrouth (Liban). Il a pris dimanche la direction d’Erbil, au Kurdistan irakien, pour se rendre dans un camp de réfugiés.Lire aussi :Bachar Al-Assad, principal meurtrier de son peuple Francesca Fattori et Véronique Malécot Après un marathon de tractations, les dix-neuf chefs d’Etat de la zone euro ont trouvé un accord qui doit permettre de nouvelles négociations pour un troisième programme d’aide à la Grèce. En contrepartie, le gouvernement Tsipras doit s'engager à mener des « réformes sérieuses ». Avant de pouvoir lancer officiellement les négociations, l’accord doit d'abord être validé par certains Parlements de la zone euro. Tour d'horizon des positions des Etats et des forces en présence dans les Parlements amenés à s'exprimer. Véronique MalécotJournaliste-cartographe au service Infographie. SuivreAller sur la page de ce journalisteFrancesca FattoriJournaliste au Monde 11.07.2015 à 13h30 • Mis à jour le11.07.2015 à 17h44 Conspué et visé par des jets de pierres, le premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a été contraint de quitter le mémorial de Srebrenica, en Bosnie, samedi 11 juilletMarquant le 20e anniversaire du massacre commis par les forces serbes du pays, il venait de déposer une fleur devant un monument portant les noms des plus de 6 200 victimes identifiées et enterrées au mémorial lorsque la foule a commencé à scander Allah Akbar (Dieu et grand) et à lancer des projectiles dans sa direction.Le chef du gouvernement a été touché à la tête, rapporte l’agence serbe Tanjug. Entouré de ses gardes du corps, il a réussi à quitter les lieux en courant tandis que, par haut-parleurs, les organisateurs lançaient des appels au calme.Un incident qualifié d’« attaque contre la Serbie » par le chef de la diplomatie serbe, Ivica Dacic.« Le Premier ministre s’est comporté en homme d’État en décidant d’aller s’incliner devant les victimes (…). C’est une attaque non seulement contre Vucic mais contre toute la Serbie et sa politique de paix et de coopération régionale. »Le maire de Srebrenica a regretté des actes qu’il a qualifiés d’« œuvre de cerveaux malades ».Le premier ministre serbe a, lui, préféré apaiser la tension, affirmant :« J’exprime des regrets pour ce qui s’est passé aujourd’hui et je regrette que certains n’aient pas reconnu notre intention sincère d’édifier une amitié sincère entre Serbes et Musulmans. Ma main reste tendue et je poursuivrai ma politique de réconciliation »D’autres responsables internationaux étaient présents au milieu des dizaines de milliers des personnes réunies pour commémorer le 20e anniversaire du génocide. Parmi eux, le président serbe de l’époque, Boris Tadic, ainsi que le président des Etats-Unis d’alors, Bill Clinton – dont le gouvernement a été l’architecte des accords de paix de Dayton qui ont mis fin au conflit bosnien.Reconnaître le génocideIl y a vingt ans, en juillet 1995, alors que la région était déclarée « zone protégée » par l’ONU, quelque 8 000 hommes et garçons musulmans ont été tués à Srebrenica par les forces serbes bosniennes, la pire tuerie en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et le travail d’identification des victimes n’est pas terminé. En milieu de journée, 136 nouvelles victimes identifiées ont ainsi été mises en terre au centre mémorial.Lire aussi :Vingt ans après, Srebrenica attend la justiceLa Serbie refuse toujours obstinément d’accepter qu’un génocide a été perpétré. Le sujet anime toujours les débats sur la scène politique internationale et reste une question qui empoisonne les relations entre la Serbie et la Bosnie. Mercredi, la Russie a notamment posé son veto à un projet de résolution de l’ONU visant à qualifier le massacre de « génocide ». Un veto dont Belgrade s’est félicité alors que les familles des victimes l’ont déploré, estimant qu’il « rendait la réconciliation impossible ».A Belgrade samedi, juste avant son départ pour Srebrenica, M. Vucic a dénoncé un « crime monstrueux », sans toutefois prononcer le mot « génocide ». Le massacre de juillet 1995 est pourtant qualifié comme tel par la justice internationale et les leaders politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, accusés d’être les éminences grises du massacre de Srebrenica, sont aujourd’hui jugés pour génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).Lire aussi :A Belgrade, rares sont ceux qui osent commémorer le massacre Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Un long et crucial week-end de négociations à Bruxelles, après une longue nuit de vote à Athènes. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a vécu vendredi 10 juillet une interminable journée de tractations. Sur le front intérieur cette fois. Car quel que soit l’accord qu’Alexis Tsipras espère rapporter, il lui faudra le faire adopter au Parlement dans un délai très rapide.Il a donc demandé vendredi aux 300 députés de la Vouli (le Parlement grec) de lui accorder une sorte de procuration, pour aller défendre en leur nom à tous ses propositions à l’Eurogroupe de samedi et au sommet de dimanche. L’objectif : montrer un front uni, pro-euro, et rassurer Bruxelles sur la capacité du gouvernement à faire adopter, en temps venu, un éventuel accord.Lire aussi :Le point sur le dossier grec avant la réunion de l’EurogroupeAprès plus de 12 heures de débats, parfois très intenses, une large majorité de députés (251 sur 300) a voté en faveur de cette procuration. Bien au-delà donc des 151 voix requises pour faire adopter un texte au Parlement. C’est un nouveau paysage politique qui peut en sortir. Les principaux partis d’opposition, les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND), les socialistes du Pasok ou les centristes de To Potami, ont voté en faveur de cette procuration. « Nous demandons ainsi au premier ministre de négocier avant tout pour le maintien de la Grèce dans la zone euro », a déclaré Stavros Theodorakis, le leader de To Potami à la tribune.Si, sans surprise, les députés du parti néonazi Aube dorée et du Parti communiste KKE ont voté contre, c’est cependant du côté même du parti de la gauche radicale Syriza, la famille politique d’Alexis Tsipras, que les résultats sont les plus contrastés. Et préfigurent des ajustements politiques qui ne manqueront pas de se mettre en place dans les prochains jours. « Chaque chose en son temps. En terminer avec la négociation est la priorité », a affirmé à la fin du vote Alexis Tsipras, refusant de commenter les rumeurs de remaniement ministériel ou d’élections anticipées qui circulent en Grèce.« Aggraver la récession »Mais il ne pourra longtemps ignorer le message de dissidence envoyé par 17 de ses députés. Deux d’entre eux ont voté non à la procuration, 8 se sont abstenus et 7 n’ont pas pris part au vote, dont l’ancien ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui a prétexté des obligations familiales.Au total, 17 députés donc ont marqué leur désaccord avec les propositions envoyées jeudi soir par le premier ministre à Bruxelles. « Je ne peux pas soutenir un nouveau plan de mesures néolibérales et de privatisations (…) qui ne peut qu’aggraver la récession », a précisé après le vote le ministre du redressement productif, Panayiotis Lafazanis.Au vu de ce qui vient de se passer au Parlement grec vendredi, Alexis Tsipras serait certes en mesure de faire adopter un éventuel accord mais en force, avec les voix de l’opposition et en perdant sa propre majorité. « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, estimait cependant samedi matin une source gouvernementale. Tout va dépendre tout de même de ce que l’on va obtenir en échange de ce nouveau plan. »Il est vrai que les propositions formulées jeudi par Athènes se rapprochent de celles qui étaient exigées par les créanciers. Pourquoi Alexis Tsipras a-t-il organisé un référendum pour finalement accepter des conditions similaires à celles qu’il refusait avant ? Les Grecs ayant voté majoritairement (à 62 %) non à toute nouvelle mesure d’austérité pourraient eux aussi se sentir trahis. Quelques milliers de personnes – très peu au final – étaient venues manifester vendredi soir devant le Parlement pour dire en substance : « Attention, ne nous trahis pas ! »Lire aussi :« Je pensais qu’on allait claquer la porte de l’Europe »Renégociation de la detteIl y a pourtant une différence majeure entre ce que proposaient les créanciers avant et après le référendum. Pas sur les mesures mais sur la question de la renégociation de la dette. Avant le référendum, l’Europe et notamment l’Allemagne, l’Espagne ou le Portugal étaient sur une ligne très dure, refusant l’idée d’ouvrir le chapitre d’une renégociation de la dette publique grecque (177 % du PIB) à courte échéance.Au lendemain du référendum pourtant, la France, les Etats-Unis mais aussi le FMI se sont prononcés en faveur d’une renégociation de la dette, pourquoi pas dès octobre prochain. Voilà la contrepartie que Tsipras espère obtenir ce week-end. S’il revient avec dans ses poches une renégociation de la dette, il est convaincu qu’il pourra faire accepter un nouveau plan, même dur, à sa population, à son Parlement et même aux ultras de son parti. Dans un nouveau sondage paru vendredi, les Grecs se prononçaient à 75 % pour la conclusion d’un accord et à 84 % pour le maintien dans la zone euro. C’est cette voix-là et non pas celle des radicaux de son parti qu’Alexis Tsipras entend aujourd’hui incarner.Avec ce plan, il accepte un nouveau train difficile de nouvelles économies, mais en échange d’un nouveau prêt sur trois ans de 53 milliards d’euros et d’une enveloppe pour la croissance de 35 milliards, ce qui permettra de donner un peu de répit à une économie grecque exsangue. En cas d’accord à Bruxelles, dimanche, il devrait aussi au passage obtenir que soient revus à la baisse les objectifs d’excédent primaire imposés au précédent gouvernement et surtout que la renégociation de la dette soit enfin ouverte. Il devrait réussir à trouver les bons mots pour vendre ce bilan à son peuple et à ses députés. Mais avec quelle majorité ?Lire aussi :Refuser le compromis ou ébranler sa majorité : le dilemme d’Angela MerkelAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.07.2015 à 04h44 • Mis à jour le11.07.2015 à 14h46 Dylann Roof, accusé d’avoir tué neuf personnes dans une église emblématique de la communauté noire en Caroline du Sud au mois de juin, n’aurait pas dû être autorisé à acheter l’arme utilisée le jour de la fusillade, affirme le FBI vendredi 10 juillet.James Comey, le directeur du Bureau fédéral d’enquête américain, qui reconnaît une erreur de fonctionnement, explique que c’est un manquement dans la vérification du passé du jeune homme de 21 ans qui a permis la transaction. « Nous sommes tous malades que cela soit arrivé. Nous aimerions pouvoir revenir en arrière car, maintenant, tout semble clair », a-t-il confié à des journalistes.Arrêté pour possession de drogueDylann Roof a été arrêté pour possession de drogue quelques semaines avant la fusillade et a admis les faits, selon la police, ce qui aurait dû suffire à lui interdire de se procurer une arme. Mais les détails de son arrestation ont été mal reportés sur son casier judiciaire, si bien que l’agent du FBI chargé de le vérifier avant l’achat ne les a pas vus. La transaction s’est donc déroulée normalement.James Comey affirme avoir été informé de cette erreur jeudi soir. « Il s’agit peut-être d’une série d’événements hautement improbables, mais nous parlons d’une arme qui a servi à assassiner neuf personnes. Donc, il est très important pour moi que nous tirions des leçons de cette situation », a-t-il déclaré. 10.07.2015 à 22h26 • Mis à jour le11.07.2015 à 09h43 Près d’un million de personnes ont été évacuées, vendredi 10 juillet, dans l’est de la Chine, alors que le très puissant typhon Chan-Hom se dirigeait vers le sud de Shanghaï. Il a déjà fait cinq morts aux Philippines cette semaine, plus de 20 blessés au Japon et quatre à Taïwan.Samedi matin, heure locale, la tempête se trouvait à 235 km au sud-ouest de la province de Zhenjiang et avait gagné de la vitesse en se rapprochant des terres, selon le Centre national météorologique chinois (NMC).Le plus puissant depuis 1949Près de 30 000 bateaux ont dû rentrer s’abriter au port dans cette région après que des vagues de 10 mètres eurent déferlé sur la côte. Plusieurs villes ont d’ores et déjà signalé de fortes averses et des vents violents. Les pêcheurs de la province de Fujian ont également été évacués vendredi lorsque le NMC a émis une alerte rouge, la plus élevée.Chan-Hom est la deuxième tempête à toucher la Chine en deux jours après l’arrivée de Linfa sur les côtes de la province de Guangdong, dans le sud du pays. Elle pourrait être la plus puissante à frapper la province de Zhejiang depuis 1949. 10.07.2015 à 15h50 • Mis à jour le10.07.2015 à 16h24 La police serbe a interdit, vendredi 10 juillet, une manifestation prévue samedi 11 à l’occasion du 20e anniversaire du massacre de Srebrenica. Plusieurs organisations serbes classées à gauche avaient prévu de rassembler plusieurs milliers de personnes devant le Parlement de Belgrade, pour un « die-in » – une manifestation durant laquelle les participants s’allongent sur le sol pour symboliser les victimes.Le 11 juillet 1995, les troupes serbes avaient massacré 8 000 musulmans, hommes et jeunes garçons, dans la ville bosniaque de Srebrenica – le pire massacre commis sur le sol européen depuis la fin de la seconde guerre mondiale.Menaces de groupes ultranationalistes« Pour la police, la sécurité de tous les citoyens est importante, et nous n’autoriserons pas des scènes de chaos dans les rues », a justifié le ministre de l’intérieur, Nebojsa Stefanovic. Plusieurs groupes ultranationalistes serbes, qui contestent l’ampleur du massacre, avaient annoncé qu’ils perturberaient la manifestation, et n’hésiteraient pas à faire usage de violence.Les organisateurs de la manifestation ont dénoncé une décision qui montre, selon eux, que la Serbie n’accepte toujours pas de regarder en face les crimes commis durant la guerre civile qui a déchiré l’ex-Yougoslavie. « Nous, Serbes, devons savoir où nous nous tenons », a déclaré Dusan Masic, un journaliste faisant partie des organisateurs de la manifestation.Lire aussi :A Belgrade, rares sont ceux qui osent commémorer le massacreCette semaine, une proposition de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies, qualifiant le massacre de Srebrenica d’« acte de génocide », a été bloquée par un veto de la Russie, principal allié diplomatique de la Serbie. Deux tribunaux des Nations unies ont pourtant déjà reconnu le caractère génocidaire du massacre.Le premier ministre serbe doit se rendre samedi 11 juillet à Srebrenica pour participer aux commémorations officielles. Mais le gouvernement serbe a laissé entendre que ce déplacement n’était pas encore confirmé, citant des menaces de la part de groupes extrémistes musulmans.Lire aussi :Vingt ans après le massacre de Srebrenica, le chemin de la réconciliation est encore long 10.07.2015 à 12h04 • Mis à jour le10.07.2015 à 14h21 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce a remis ses propositions de réformes à ses créanciers, jeudi 9 juillet 2015, dans le temps imparti. Mais il reste un défi de taille pour le premier ministre, Alexis Tsipras : faire accepter à sa majorité et au Parlement ce nouveau paquet de réformes dures qui prévoit 13 milliards d’euros d’économies sur trois ans, dans l’espoir d’obtenir en contrepartie un financement de 53,5 milliards d’euros pour couvrir les obligations liées à la dette grecque jusqu’en 2018 ainsi qu’« un paquet de 35 milliards » pour relancer la croissance.Lire le détail du plan :Ce que propose Athènes à ses créanciersDès vendredi matin 8 heures, Alexis Tsipras a convoqué au Parlement dans une réunion conjointe son groupe parlementaire (149 députés) et le bureau politique du parti de la gauche radicale Syriza. « Nous allons discuter collectivement, et je suis sûr que tout ira bien », a déclaré le ministre de l’intérieur, Nikos Voutsis, avant d’entrer dans la salle. « Nous allons donner au premier ministre une procuration pour négocier en notre nom. Tout ira bien », ajoutait un autre député du parti.Les membres et les députés de Syriza affichaient donc leur unité avant d’ouvrir la consultation, mais au fond, une fois les portes closes, les débats ne devraient pas manquer d’être musclés. Au cours des cinq derniers mois, à chaque fois qu’Alexis Tsipras s’est expliqué devant sa majorité parlementaire, il lui a fallu faire preuve d’énormément de force de conviction pour contenir les dissidences.Déjà tard jeudi soir, le ministre de la restructuration de la production, Panayotis Lafazanis s’est exprimé lors d’un congrès sur l’énergie. « Le non du peuple grec au référendum ne peut pas se transformer en un humiliant oui et déboucher sur un nouveau mémorandum [plan d’austérité] », a déclaré le ministre, par ailleurs leader de la plate-forme de gauche, un courant situé à l’aile gauche de Syriza. Selon M. Lafazanis la Grèce aurait « d’autres choix » que celui d’un accord « trahissant » le peuple grec.Risque de blocageLors du conseil des ministres quelques heures plus tôt M. Lafazanis s’était déjà montré très critique à l’encontre des propositions mises sur la table. Sur le projet de loi déposé un peu plus tard au Parlement on ne retrouve d’ailleurs pas sa signature. Avec une petite vingtaine de députés environ, la plate-forme de gauche dispose d’un potentiel de blocage bien réel. Si M. Lafazanis incitait ses troupes à rejeter l’accord, Alexis Tsipras devrait passer en force en ralliant des voix de l’opposition : il pourrait alors se tourner vers le parti centriste Potami, une partie des socialistes du Pasok, ou les conservateurs de Nouvelle Démocratie.Pour autant, Alexis Tsipras est convaincu que s’il arrive à obtenir une renégociation de la dette il réussira à faire accepter ce nouveau plan d’austérité à sa population, à son parti et à son Parlement. Lors de son discours d’introduction devant son groupe parlementaire, Alexis Tsipras a réaffirmé qu’il n’avait pas reçu comme mandat de sortir la Grèce de la zone euro. Une façon de faire pression sur les plus radicaux pour leur rappeler qu’un compromis entre la ligne antiaustérité et la volonté des Grecs de rester dans l’euro était nécessaire. « Soit nous continuons tous ensemble, soit nous tombons tous ensemble », a ajouté le premier ministre.Lire aussi :Crise grecque : la dette, sujet tabou mais incontournablePour l’instant, les députés ne sont pas appelés à se prononcer sur les réformes elles-mêmes : ils ne le seront que si l’accord est effectivement conclu à Bruxelles. Pour l’instant, Alexis Tsipras demande aux députés une sorte de procuration pour aller défendre ce texte à l’Eurogroupe et au sommet de dimanche. Un nouvel appel à l’unité grecque pour sortir de l’impasse.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.07.2015 à 17h16 • Mis à jour le31.07.2015 à 17h19 La Russie a dénoncé, sans surprise, l’enquête publique menée par un juge britannique sur le meurtre d’Alexandre Litvinenko, l’ancien espion russe assassiné à Londres en 2006. Cette enquête, ouverte en janvier, doit prendre fin vendredi 31 juillet. Le juge Robert Owen a jusqu’à la fin de l’année pour rendre ses conclusions.L’avocat de la femme et du fils de M. Litvinenko, Ben Emmerson, a profité de sa plaidoirie pour accuser directement le président russe, Vladimir Poutine, d’être derrière le meurtre. A ses yeux, rapporte le Guardian, il y a assez de preuves pour impliquer directement le président russe, notamment le fait que le polonium était d’origine russe et les liens d’un des accusés, Andreï Lougovoï, avec M. Poutine, les deux hommes étant passés par le KGB (les services secrets russes, remplacés depuis par le FSB). Les policiers en charge de l’enquête ne sont pas allés jusqu’à pointer directement du doigt Vladimir Poutine, tout en n’écartant pas une éventuelle responsabilité de l’Etat russe.Le ministère des affaires étrangères russe a déjà qualifié cette enquête de « sélective » et « politisée ». Il a condamné « le refus obstiné » du juge Owen d’entendre « les avis des services russes compétents ».L’enquête publique a été autorisée par le gouvernement britannique en juillet 2014, alors que l’armée russe intensifiait la guerre dans l’est séparatiste de l’Ukraine. Elle fait suite à une enquête judiciaire menée par le même juge. Cette procédure lui a donné accès à des documents sensibles du gouvernement britannique et des services secrets, consultés à huis clos et qui ne doivent pas être rendus publics au terme de l’enquête.Pas de feu vert de Moscou L’homme d’affaires russe Dmitri Kovtoun, l’un des deux principaux suspects du meurtre, ne s’est pas présenté depuis Moscou par vidéoconférence devant la Royal Court of Justice de Londres, comme il aurait dû le faire en début de semaine. Il a affirmé qu’il ne pouvait témoigner car il n’avait pas obtenu le feu vert des autorités russes. Il accuse les Britanniques de ne pas avoir contacté leurs homologues russes.La police britannique, qui se penche sur la possible implication du Kremlin dans cette affaire, soupçonne les Russes Kovtoun et Andreï Lougovoï, ancien du service de protection du Kremlin devenu député, d’avoir empoisonné Litvinenko, opposant au régime, dans un grand hôtel londonien le 1er novembre 2006.Après avoir pris un thé avec eux, Alexandre Litvinenko avait commencé à se sentir mal et était mort trois semaines plus tard d’un empoisonnement au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique et quasiment indétectable.« Ces procédures ont depuis longtemps cessé de m’intéresser car j’ai compris qu’elles étaient biaisées et politisées », a réagi M. Lougovoï, cité par l’agence Interfax. « Elles ne m’intéressent plus depuis que les autorités britanniques ont classé secret certains éléments de l’affaire, avant de les déclassifer après les événements en Crimée et le crash du Boeing malaisien en Ukraine », a-t-il ajouté, estimant que toute l’affaire ne servait qu’à « prolonger la stigmatisation de la Russie ».Lire : Alexandre Litvinenko était un agent secret britannique 31.07.2015 à 14h38 • Mis à jour le31.07.2015 à 16h46 L’image a été prise dans la nuit du 30 au 31 juillet. On distingue quelques camions passant au-dessus des voies ferrées à l’arrivée du terminal de Folkstone, au Royaume-Uni, à quelques centaines de mètres de la sortie du tunnel qui permet à de nombreux poids lourds de traverser la Manche.Et sur le toit de l’un d’eux, deux silhouettes : il s’agirait de deux migrants qui auraient réussi à entrer au Royaume-Uni, couchés sur le poids lourd.« C’est la première fois que je vois des migrants à la sortie du tunnel », rapporte au Monde Justin Tallis, photojournaliste de l’AFP, qui a réalisé le cliché, en précisant cependant qu’il n’avait pas vu précisément les migrants sortir du tunnel sur le toit du camion.« Si quelqu’un veut aller quelque part, rien ne l’en empêchera » Cette image révélerait que certains migrants sont parvenus à échapper cette semaine aux contrôles mis en place à l’autre bout du tunnel, à Calais, et ce malgré le déploiement de 120 policiers supplémentaires, depuis jeudi. C’est en effet la première image montrant des personnes présentées comme des migrants ayant réussi la traversée.Car à une trentaine de kilomètres de Folkstone, côté français, 3 000 clandestins patientent actuellement espérant passer la frontière : depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site d’Eurotunnel, une zone de 650 hectares.Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Les tentatives ont été plus nombreuses encore ces derniers jours, des migrants cherchant à s’introduire sur le site d’Eurotunnel à Calais, essayant de monter sur des navettes pour rejoindre l’Angleterre. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Malgré tout, des migrants font toujours l’impossible pour s’introduire sur le site, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. « Si quelqu’un veut aller quelque part, si c’est son objectif, rien ne l’en empêchera », témoigne l’un d’entre eux.« Aucune leçon à recevoir » pour CazeneuveAlors que plus de mille tentatives d’intrusion ont encore été recensées par la police dans la nuit de jeudi à vendredi, le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé que de nouvelles clôtures et des chiens renifleurs supplémentaires allaient être envoyés pour sécuriser le site à Calais.« La situation est inacceptable. Des gens essaient d’entrer illégalement dans notre pays et ici les routiers et vacanciers font face à des perturbations. Nous allons envoyer des clôtures, des chiens renifleurs et des moyens supplémentaires. »M. Cameron a ajouté qu’il allait « parler au président Hollande plus tard dans la journée » pour le « remercier d’avoir mobilisé des policiers supplémentaires, ce qui a déjà produit des effets ». Il a également déclaré que Londres était prêt « à aider davantage et à travailler main dans la main avec [ses] homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière ».Une tension palpable également dans les propos tenus par la presse britannique jeudi. Des propos que Bernard Cazeneuve a vivement critiqués à la sortie du conseil des ministres.« Nous n’avons aucune leçon à recevoir d’aucune sorte quant à la mobilisation des moyens mis en œuvre par le gouvernement français (...)  les outrances, les excès, les insultes n’ont jamais réglé aucun problème de dimension humanitaire ».Dans un entretien avec son homologue britannique, Theresa May, M. Cazeneuve a rappelé la « détermination » de la France à « l’effort conjoint de solidarité » et de « mobilisation », insistant sur le fait que cet effort « doit être davantage partagé ». Un appel visiblement entendu par David Cameron.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre » 31.07.2015 à 08h06 • Mis à jour le31.07.2015 à 18h35 Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55bba50c295ab'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 11\r\n \r\n \r\nLa maison br\u00fbl\u00e9e o\u00f9 le b\u00e9b\u00e9 palestinien a p\u00e9ri, dans le village de Douma.\r\nCr\u00e9dits : THOMAS COEX \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La maison br\u00fbl\u00e9e o\u00f9 le b\u00e9b\u00e9 palestinien a p\u00e9ri, dans le village de Douma.","source":"THOMAS COEX \/ 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new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});La mort d’Ali Saad Dawabsha, un enfant palestinien de 18 mois dans un incendie provoqué, selon la police, par des colons israéliens, a poussé des milliers de Palestiniens dans la rue en Cisjordanie occupée et à Gaza, vendredi 31 juillet.Dans le village de Douma, près de Naplouse, où le bébé est mort, des centaines de personnes ont participé à ses funérailles, parmi lesquelles le premier ministre palestinien, Rami Hamdallah. Ce dernier a exhorté « la communauté internationale à agir » alors que « chaque jour, les droits des Palestiniens sont violés en Cisjordanie et que des martyrs tombent ».Sur les murs de la maison, le mot « Vengeance » en hébreuLe cortège est parti de la maison des Dawabsha, une petite habitation dont seuls les murs en béton subsistaient après l’attaque, tandis que l’intérieur n’était qu’un vaste tas de débris carbonisés. Ici ou là, restaient des photos de la famille, dont celles du bébé, rongées par les flammes, ainsi que quelques affaires, dont un biberon. A l’extérieur, les graffitis en hébreu des colons barraient encore les murs – « Vive le messie », « Vengeance » et « Le prix à payer », proclamaient-ils. Fait exceptionnel, le président israélien Reuven Rivlin a annoncé qu’il se rendrait à leur chevet en fin d’après-midi.Inscription en hébreux sur la maison calcinée appelant à la vengeance #Duma http://t.co/6fTiWjtxWH— n_ropert (@Nicolas Ropert)require(["twitter/widgets"]);A Hébron, la grande ville du sud de la Cisjordanie où les tensions avec les colons sont les plus vives, des centaines de Palestiniens ont manifesté. Les protestations ont ensuite dégénéré, des manifestants jetant des pierres sur les soldats israéliens, qui répliquaient avec des tirs de grenades lacrymogènes et assourdissantes. Des centaines de personnes se sont également rassemblées à l’issue de la prière hebdomadaire sur l’esplanade des mosquées, à Jérusalem.Des renforts de l’armée israélienne ont été dépêchés près de Naplouse pour tenter de retrouver les agresseurs, présentés par les autorités comme « deux terroristes masqués », et éviter une explosion de violence.« Nous pensons que cette attaque a des motivations nationalistes », a confirmé Luba Samri, porte-parole de la police israélienne. Il s’agit de l’attaque la plus grave lancée par des extrémistes israéliens contre des Palestiniens depuis un an, lorsqu’un adolescent arabe avait été brûlé vif à Jérusalem. Cette attaque avait suivi la mort de trois jeunes Israéliens assassinés en Cisjordanie.Nétanyahou dénonce un « acte terroriste » Depuis des années, des militants d’extrême droite et des colons israéliens se livrent à des agressions et à des actes de vandalisme contre des Palestiniens et des Arabes israéliens. La destruction cette semaine de deux immeubles illégaux à Beit El, décidée par la Cour suprême israélienne, a provoqué la colère des colons, même si le gouvernement israélien a annoncé la construction immédiate de 300 logements dans cette colonie.Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a demandé la saisie de la Cour pénale internationale (CPI). Nabil Abou Rdainah, un de ses porte-parole, cité par l’agence de presse officielle palestinienne Wafa, a ajouté :« Un tel crime n’aurait pas été commis si le gouvernement israélien n’insistait pas pour que la colonisation se poursuive et pour protéger les colons. »Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a appelé Mahmoud Abbas avec lequel il n’entretient habituellement pas de contact. Aussitôt après cette attaque à l’aube, il s’est lui dit « choqué par cet acte horrible » et a dénoncé un « acte terroriste ». D’autres responsables politiques israéliens ont condamné cet incendie. Le ministre de la défense, Moshé Yaalon, a promis que les forces de sécurité poursuivraient les auteurs de cette attaque « jusqu’à ce qu’elles mettent la main sur eux ». La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a appelé à « la tolérance zéro pour les violences des colons ». 31.07.2015 à 01h05 • Mis à jour le31.07.2015 à 10h22 Le comité central du parti de gauche radicale Syriza, au pouvoir en Grèce, a voté jeudi 30 juillet au soir en faveur de la tenue d’un congrès extraordinaire au mois de septembre, afin de définir une position commune vis-à-vis de l’accord passé avec les créanciers du pays (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international).Le premier ministre grec et dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, a fait cette proposition à l’ouverture de la réunion du comité central du parti, dont certains membres s’étaient opposés aux mesures de rigueur auxquelles le gouvernement a consenti le 13 juillet afin d’ouvrir la voix au déblocage d’un nouveau prêt à la Grèce.Lire le détail :Quelles sont les nouvelles réformes voulues par les créanciers en Grèce ?« Une majorité a voté en faveur de la tenue d’un congrès extraordinaire en septembre », a indiqué à l’AFP, Costas Zachariades, membre du comité central, qui compte 201 membres. La date exacte du congrès n’a pas été précisée pour le moment.Une quinzaine de démissionsAprès plus de douze heures de réunion, le comité central a finalement rejeté la proposition de « la Plate-forme gauche », un courant influent au sein du Syriza, ainsi que celle d’autres groupes dissidents, qui s’opposent à l’accord avec les créanciers. Ils souhaitaient un congrès le plus tôt possible, avant même la finalisation de l’accord. L’idée d’un référendum au sein du parti sur la poursuite ou non des discussions entre le gouvernement et les créanciers du pays a également été rejetée. Plus d’une dizaine de membres du comité central ont démissionné à l’issue de la réunion, selon Costas Zachariades.Les 15 et 22 juillet, une trentaine des 149 députés de Syriza a voté contre les premières réformes demandées par les créanciers et le premier ministre ne dispose plus de la majorité de 151 députés (sur 300) pour appliquer le nouvel accord sans le soutien de trois partis d’opposition.Lire aussi :Grèce : Alexis Tsipras prêt à de nouvelles électionsLa décision du comité central du Syriza survient en pleine négociation entre le gouvernement grec et les hauts représentants des créanciers, qui sont arrivés cette semaine à Athènes pour discuter des conditions du nouveau prêt international au pays. Cet accord doit être mis sur pied d’ici au 20 août. 30.07.2015 à 15h34 • Mis à jour le31.07.2015 à 09h45 Les talibans afghans ont confirmé, jeudi 30 juillet dans un communiqué, la mort « de maladie » de leur chef suprême, le mollah Omar, annoncée la veille par la Direction nationale de la sécurité (DSN), les services de renseignement afghans. Le mouvement ne mentionne pas la date de la mort de son leader historique. La présidence afghane avait affirmé que le mollah Omar était mort depuis plus de deux ans, en avril 2013. Elle n’avait pas fait mention des doutes de la DSN sur les circonstances de sa mort, « dans un hôpital de Karachi », au Pakistan, que les services jugeaient « suspecte ».Le mollah Akhtar Mohammed Mansour, chef de facto des talibans depuis que le mollah Omar avait disparu du paysage politique, a été élu nouveau chef du mouvement selon un communiqué des talibans diffusé vendredi. La place de numéro deux serait occupée par Sirajuddin Haqqani selon l’agence AP.Si les militants n’avaient plus entendu sa voix depuis des années, la hiérarchie continuait de diffuser des textes signés du nom du mollah Omar, prétendant qu’il était encore vivant. Le dernier message datait de la mi-juillet, à la veille de l’Aïd el-Fitr, la fête de rupture du jeûne, à la fin du ramadan.Dans ce message émaillé de citations du Coran, le mollah Omar appelait à soutenir les efforts de paix laborieusement engagés avec la présidence d’Ashraf Ghani, une amorce de discussion activement encouragée par le Pakistan voisin et une Chine à l’influence croissante sur le théâtre afghan. Une nouvelle session de négociations, prévue vendredi entre les insurgés et le gouvernement afghan, a été reportée. En annonçant ce report, le Pakistan a mis en avant le communiqué publié à Kaboul mercredi pour annoncer la mort du mollah Omar et les tensions qu’il pourrait engendrer autour de sa succession.Lire notre analyse :L’Afghanistan, dans l’ombre de la mort du mollah OmarUne hiérarchie fragiliséeLa rapidité avec laquelle la direction du mouvement a pu choisir un successeur surprend, comme la facilité apparente qu’elle aura eue à admettre implicitement avoir menti pour préserver vivant le mythe du mollah Omar.La haute hiérarchie des talibans est politiquement fragilisée et divisée depuis plusieurs années. Akhtar Mohammed Mansour y faisait face à une vigoureuse opposition, dont l’une des têtes d’affiche est Mohammed Yakoub, le propre fils du mollah Omar.Elle est par ailleurs de plus en plus concurrencée par l’Etat islamique (EI) dans certains de ses bastions, notamment dans les provinces de Nangahar (Est) et du Helmand (Sud). Les nouveaux supporteurs d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’EI, tirent parti du désarroi d’une partie des combattants talibans face au vide politique apparent au sommet du mouvement.Une aura uniqueAinsi, raviver cette direction s’annonce une tâche ardue pour le successeur du mollah Omar, tant ce dernier jouissait d’une aura unique. Né entre 1958 et 1960 – la date n’a jamais été clairement établie –, ce fils d’une famille pauvre de la province pachtoune méridionale de Kandahar n’avait joué qu’un rôle mineur dans la résistance antisoviétique des années 1980, où il perdit son œil.Son destin va prendre un tour exceptionnel à la faveur de la guerre civile entre factions moudjahidine qui ravage le pays après l’effondrement du régime communiste en 1992. Une révolte éclate à Kandahar et aux confins de la frontière pakistanaise contre les petits chefs de guerre locaux rackettant et terrorisant la population.Le mollah Omar est l’un des animateurs de cette fronde vite soutenue par la corporation des transporteurs vivant du commerce transfrontalier, handicapés dans leurs affaires par le chaos ambiant. Les troupes seront fournies par les étudiants (« taleb » en arabe, d’où le nom du mouvement) des écoles coraniques issues de l’école ultraconservatrice deobandi – proche du wahhabisme saoudien – dominante dans cette ceinture frontalière pachtoune. Le mouvement embryonnaire, qui rallie sans mal les populations sous le double mot d’ordre de « la paix » et du « Coran », enlève sans coup férir Kandahar en 1994.Mais la légende du mollah Omar naît vraiment le 4 avril 1996. Ce jour-là, il se drape d’une cape, pieusement conservée dans une mosquée locale car elle aurait été jadis portée par le prophète Mahomet, et s’autoproclame devant une assemblée de fidèles Amir Al-Mominin (Commandeur des croyants). A la faveur du succès politico-militaire du mouvement taliban, qui conquiert Kaboul en septembre 1996, ce titre éminemment prestigieux sera reconnu par un nombre croissant de fidèles.Hôte de Ben Laden Le mollah Omar choisira de rester à Kandahar, dans un logement sans ostentation où il tenait cour et prêchait, vivant en compagnie de ses femmes et de ses enfants et passant, selon certaines sources, des heures à s’occuper d’une vache bien-aimée. Pendant ce temps, les talibans instauraient un régime rétrograde, violent, souvent absurde entre des frontières de plus en plus fermées au monde extérieur, massacrant les populations chiites hazara, maintenant les jeunes filles hors des écoles et privant de nombreuses femmes de leur travail, détruisant une partie du patrimoine préislamique du pays, comme les bouddhas de Bamiyan en 2001.Dès 1996, Omar autorisa le Saoudien Oussama Ben Laden à revenir en Afghanistan – il s’y était déjà établi dans les années 1980, durant la guerre contre l’occupant russe – pour y ouvrir des camps d’entraînement et des bases pour une internationale djihadiste en construction. Il devra quitter Kaboul en 2001 à l’approche de l’armée américaine, qui envahit le pays en réponse aux attentats du 11-Septembre.Depuis, Omar restait invisible. Mais il restait un personnage majeur, dirigeant d’une insurrection qui, à partir de 2005, infligea des pertes de plus en plus lourdes à la coalition internationale menée par les Etats-Unis qui s’était établie dans le pays pour aider le jeune Etat afghan à se reconstruire. Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts afghans et 3 393 parmi les soldats de la coalition, pour la plupart des Américains.Aujourd’hui encore, malgré l’affaiblissement de leur direction, les talibans engrangent les succès militaires. Alors que l’OTAN a mis un terme début janvier à sa mission de combat en Afghanistan, laissant un dispositif résiduel d’environ 12 500 hommes (principalement américains) se cantonner à des opérations ponctuelles de « contre-terrorisme », la rébellion profite du vide stratégique. Ces dernières semaines, elle a surpris en réalisant des percées dans les provinces septentrionales de Kunduz, Faryab et Badakhchan, une zone où elle est pourtant traditionnellement moins bien implantée que dans le Sud pachtoune. 30.07.2015 à 14h39 • Mis à jour le30.07.2015 à 14h41 Le Parlement israélien a adopté, jeudi 30 juillet, une loi autorisant l’alimentation de force des prisonniers en grève de la faim dans le cas où leur vie serait en danger. Si le texte ne mentionne pas explicitement les Palestiniens, le ministre à la sécurité intérieure, Gilad Erdan, a affirmé que « les grèves de la faim des terroristes en prison sont devenues un moyen de menacer Israël ».Selon l’Association pour les droits civiques en Israël, la majorité des prisonniers en grève de la faim sont des Palestiniens maintenus en détention administrative, une disposition controversée qui permet à Israël d’incarcérer des Palestiniens sans inculpation ni jugement, pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment.A l’été 2014, des dizaines de prisonniers avaient été hospitalisés lors d’un très vaste mouvement palestinien de grève de la faim. Un Palestinien en détention administrative et quatre autres prisonniers palestiniens incarcérés « pour des activités anti-israéliennes » sont actuellement en grève de la faim, selon les autorités pénitentiaires israéliennes.La loi adoptée jeudi par 46 voix contre 40 (sur 120 députés au total) « crée un équilibre correct entre l’intérêt de l’Etat à préserver la vie d’un prisonnier et les droits [du détenu] ainsi que son intégrité corporelle », a estimé David Amsalem, un député du parti Likoud, le parti du premier ministre Benyamin Nétanyahou.« La loi sera appliquée uniquement si un docteur estime que la poursuite de la grève de la faim crée un risque immédiat pour la vie du prisonnier ou des dégâts permanents à sa santé ».Un traitement cruel et dégradantL’Association médicale israélienne s’était prononcée contre l’adoption du texte et a prévenu qu’elle ordonnerait aux médecins de « ne pas nourrir les grévistes de la faim contre leur volonté ». Son avis est toutefois essentiellement consultatif. Un groupe de 10 associations a également critiqué la loi, affirmant que son seul but était de « briser mentalement et physiquement les détenus administratifs et les prisonniers exprimant leur protestation de façon non violente ».#SRT Juan Méndez urges urge #Israel to halt legalization of #ForceFeeding of hunger-strikers in detention: http://t.co/TtYmkiwpIz #torture— antitorture_SRT (@Anti-Torture)require(["twitter/widgets"]);Mardi, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Juan Mendez, et celui sur le droit à la santé, Dainius Puras, avaient demandé, dans un communiqué, à la Knesset de ne pas voter la loi.« Nourrir par la menace, la coercition, la force ou la contrainte physique des personnes qui ont choisi la grève de la faim comme extrême recours pour protester contre leur détention est, même si l’intention est leur bien, un traitement cruel, inhumain et dégradant. La façon de mettre fin à une grève de la faim n’est pas de nourrir de force les grévistes, mais de répondre aux violations des droits de l’homme contre lesquelles ils protestent, ici la détention administrative. »L’opposition a, elle aussi, réagi à la décision du Parlement. La Liste arabe unie, qui regroupe les principaux partis arabes à la Knesset, estime que cette loi vise à « torturer les prisonniers palestiniens » et nie leur droit « légitime » à résister. 30.07.2015 à 09h33 • Mis à jour le30.07.2015 à 14h22 | Adèle Humbert Les opérations s’enchaînent et passent presque inaperçues : chaque jour, les autorités italiennes annoncent le sauvetage de migrants repêchés en Méditerranée. Des centaines de vie ont été sauvées depuis le renforcement, lors du Conseil européen du 23 avril, des moyens de la mission « Triton », après la disparition dramatique de centaines de personnes dans les premiers mois de l’année. A l’époque, le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies n’hésitait pas à qualifier la Méditerranée de « route la plus meurtrière du monde ».Le danger reste très important pour les migrants acheminés depuis la Libye par les passeurs dans des conditions souvent sordides. Mais le nombre de morts est en net recul, à en croire un rapport publié le 1er juillet par l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : si ce flux ne cesse de croître – 150 000 personnes sont arrivées sur les côtes européennes par la Méditerranée depuis le début de l’année, dont la moitié en Italie –, le nombre d’individus décédés ou portés disparus a diminué de manière spectaculaire. 12 victimes ont été identifiées au mois de juin, contre plus de 1 750 entre janvier et avril 2015.Lire aussi :Migrants : l’échec des Européens, pas de l’Europe« Impact immédiat » des opérations de sauvetageComment expliquer une telle amélioration ? Les conditions météorologiques, meilleures en été, et la réduction du nombre de naufrages fournissent une partie de la réponse, tout comme le changement d’approche des Européens dans la Méditerranée. « Les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Européens depuis mai ont eu un impact immédiat et positif », note le HCR.Pour Ewa Moncure, porte-parole de l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, la baisse du nombre de morts en Méditerranée serait, en effet, directement liée à l’augmentation significative des moyens humains et logistiques de l’opération « Triton » entre avril et mai, dans la foulée du Conseil européen du 23 avril. La zone d’intervention de la mission a alors été élargie pour se rapprocher des côtes libyennes, et son budget, revu à la hausse. Plusieurs Etats se sont de surcroît engagés à fournir à Frontex des moyens matériels plus importants – navires, avions ou hélicoptères.Tandis que la mission « Triton » a d’abord été conçue pour surveiller les côtes européennes afin d’endiguer le flux des migrants, il s’agissait à l’époque d’essayer de faire aussi bien que la mission de sauvetage « Mare Nostrum », déployée puis suspendue par l’Italie en novembre 2014, faute de moyens. Mais sans le dire officiellement. « Techniquement, Frontex est une agence de protection des frontières mais dans la pratique nous sauvons des individus et les ramenons en Italie, donc notre action ne diffère en rien de celle de “Mare Nostrum” », reconnaît Ewa Moncure. Résultat : depuis le renforcement de la mission, 1 migrant sur 427 embarqués en Méditerranée a perdu la vie en mer contre 1 sur 16 en début d’année.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeAmbiguïté de la mission de « Triton »Pour Jean-François Dubost, responsable du programme « personnes déracinées » pour Amnesty International, cette ambiguïté sur le caractère de la mission est liée à « l’appréhension des dirigeants européens » vis-à-vis de l’opinion publique : « C’est une mission humanitaire qui ne dit pas son nom » affirme le juriste : « Lorsque Donald Tusk et Jean-Claude Juncker [respectivement président du Conseil européen et président de la Commission européenne] ont présenté les conclusions du sommet des vingt-huit, le 23 avril, ils sont restés flous, c’est seulement dans la mise en œuvre opérationnelle qu’on se rend compte que “Triton” est devenue une mission humanitaire. »Cependant, Jean-François Dubost redoute une éventuelle opération d’intervention contre les bateaux de passeurs au large de la Libye, comme esquissée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens, fin avril : « Certains des navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement sont des navires militaires, dit le militant d’Amnesty International. Si la mission de destruction est validée, il est possible que les navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement soient réaffectés. Nous redoutons que les moyens soient détournés à d’autres fins et que cela entrave l’efficacité des secours. » Même prudence du côté du HCR. Pour l’organisation, « les mois les plus intenses restent à venir » en matière migratoire, et de nouveaux naufrages ne sont jamais à exclure.Lire aussi :Face aux naufrages, les Vingt-Huit cherchent une parade à la crise migratoireAdèle HumbertJournaliste au Monde Séverin Graveleau « La pression qui s’exerce maintenant chaque nuit dépasse ce qu’un concessionnaire peut raisonnablement faire. » C’est par ces mots que le groupe Eurotunnel a une nouvelle fois appelé, mercredi 29 juillet, l’Etat français à prendre ses responsabilités. Alors que le tunnel sous la Manche fait face depuis plusieurs semaines à une explosion des tentatives d’intrusion de migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni, le concessionnaire affirme avoir intercepté « plus de 37 000 migrants » depuis le 1er janvier et avoir investi « au-delà de ses obligations contractuelles » dans la protection du terminal d’embarquement.Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et le premier ministre Manuel Valls ont répondu en appelant aussi le groupe à « assumer ses responsabilités ». Déjà dans une lettre adressée le 23 juillet à Jacques Gounon, PDG du groupe, M. Cazeneuve avait reproché à Eurotunnel d’avoir « divisé par trois les moyens humains qu’il consacre à la sécurisation du site ». Il répondait ainsi à la demande de l’exploitant d’une indemnisation de 9,7 millions d’euros aux Etats français et britannique pour compenser les pertes liées à l’afflux des clandestins.Lire aussi :Nouvelles intrusions de migrants sur le site d’Eurotunnel à CalaisObligation valable qu’à l’intérieur de l’enceinteAu centre du débat autour des attributions des uns et des autres, le traité de concession dit « Liaison fixe transmanche », signé en 1986 par chacun des acteurs, et depuis amendé à plusieurs reprises. S’il précise bien que le concessionnaire « doit mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour permettre […] la circulation dans de bonnes conditions de sécurité et de commodité », cette obligation n’est valable qu’à l’intérieur de ses murs et pour l’exercice de son activité. Il n’impose pas à Eurotunnel de garantir à lui seul le périmètre extérieur du site de Coquelles contre les incursions – « ce qui nécessiterait des pouvoirs de police qu’il ne possède pas », précisait même en 2007 une sentence du tribunal arbitral international de La Haye, sur laquelle Eurotunnel compte s’appuyer.A la suite des perturbations causées à son exploitation par les intrusions de migrants en provenance du centre d’accueil de Sangatte – fermé en 2002 – l’entreprise avait demandé réparation et obtenu 24 millions d’euros d’indemnisation. La responsabilité de la France et du Royaume-Uni était engagée dans la mesure où il leur incombait de « maintenir des conditions normales de sûreté et d’ordre public dans le terminal de Coquelles et autour de celui-ci » précisait la sentence.Lire aussi :Les migrants de Calais mettent Français et Britanniques au bord de la crise diplomatique L’emprise du tunnel, « un espace privé »Le ministère de l’intérieur comme l’entreprise privée dénoncent deux choses différentes. « C’est bien la sécurité “aux abords” du site que nous réclamons, et de façon pérenne », confirme un porte-parole d’Eurotunnel. « L’emprise du tunnel en tant que tel est un espace privé, la sécurité de celui-ci incombe à l’entreprise », précise-t-on place Beauvau en indiquant qu’« il n’y a aucune volonté de décharger l’Etat de sa mission de contrôle des frontières ».Quid de la responsabilité du Royaume-Uni, dont le refus de signer les accords de Schengen impose de fait ces contrôles à la frontière française ? Dans un avis rendu le 2 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, instance indépendante, recommandait la « dénonciation » de certains traités bilatéraux franco-britanniques qui conduisent selon elle la France à être « le bras policier de la politique migratoire britannique ». Une option qui « n’est pas à l’ordre du jour », indique le ministère de l’intérieur.Jeudi matin, l’entreprise et le ministère de l’Intérieur jouaient enfin l’apaisement. Dans un communiqué la place Beauveau indique que Bernard Cazeneuve et Jacques Gounon « s’accordent sur la necessité de renforcer encore la sécurisation du site dans un esprit de responsabilité partagé ». Eurotunnel se félicite de son côté que son appel ait « été entendu avec une réponse immédiate et oppérationnelle des deux gouvernements ». La société fait référence aux deux unités supplémentaires de CRS et gendarmes mobiles envoyées dès jeudi soir sur le site, portant à près de 500 le nombre de CRS et de gendarmes mobilisés. Mais aussi aux 10 millions d’euros supplémentaires promis par le Royaume-Uni pour renforcer la sécurité du terminal français. Une première réunion à ce sujet doit se réunir ce jeudi pour « identifier les aménagements nécessaires ».Selon les informations recueuillies par « Le Monde », le dispositif renforcé a déjà permiImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55ba30b928732'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nApr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Apr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nSur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Sur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. 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Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". 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Les attentats de Bombay, les plus meurtriers jamais enregistrés en Inde, avaient fait 257 morts dans la capitale économique du pays.Après le rejet par le président indien, Pranab Mukherjee, d’une demande de sursis, Yakub Memon a été pendu tôt jeudi, jour de son 53e anniversaire. La Cour suprême avait rejeté la semaine passée le dernier appel du condamné à mort, ouvrant la voie à son exécution. Les mesures de sécurité avaient été renforcées à Bombay pour prévenir tout incident.L’Inde applique rarement la peine de mortComptable de formation, Yakub Memon est le seul des onze coaccusés dont la condamnation à la peine capitale a été confirmée en dernier ressort. Les autres ont vu leur condamnation commuée en prison à vie. Il a systématiquement clamé son innocence au cours de ses procès, s’attirant la sympathie d’associations des droits de l’homme et d’un ancien magistrat de la Cour suprême qui avait mis en avant sa coopération avec les enquêteurs et le fait qu’il s’était lui-même rendu aux autorités après avoir fui au Pakistan.Les attentats de Bombay perpétrés le 12 mars 1993 ont été imputés à des membres de la pègre musulmane de la ville, voulant se venger après des affrontements entre hindous et musulmans qui avaient fait plus d’un millier de morts quelques mois plus tôt. La Bourse de Bombay, les bureaux d’Air India et un hôtel de luxe figuraient parmi les cibles de la dizaine d’explosions.L’Inde n’applique la peine de mort que très rarement mais le président Mukherjee a débouté plusieurs demandeurs ces trois dernières années, mettant fin à un moratoire tacite de huit ans. En novembre 2012, le seul survivant des auteurs des attentats de Bombay de 2008 a été pendu et un militant séparatiste du Cachemire a été exécuté l’année suivante. 29.07.2015 à 23h46 • Mis à jour le30.07.2015 à 12h19 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Une nouvelle bavure entre la police américaine et la minorité noire a été révélée, mercredi 29 juillet. Un agent de police de Cincinnati (Ohio), blanc, a été inculpé de meurtre, après avoir tiré sur un automobiliste à la suite d’un banal contrôle de la circulation. Une vidéo enregistrée par la caméra que portait sur lui le policier indique que celui-ci a perdu son sang froid avant d’abattre d’une balle dans la tête Sam DuBose, un noir de 43 ans, père de 10 enfants.La scène remonte au 19 juillet. La victime circule alors dans une Honda sans plaque d’immatriculation au sud du campus de l’université de Cincinnati, quand il se fait arrêter par Ray Tensing, un policier de 25 ans. Celui-ci lui demande son permis. Le conducteur lui répond qu’il l’a oublié. Après un échange de quelques minutes, le policier lui demande de sortir du véhicule. C’est alors que les choses basculent en une fraction de seconde : la voiture démarre, un coup de feu part, tuant M. DuBose sur le coup.Un geste « totalement injustifié »Dans un premier temps, M.Tensing avait donné une tout autre version des faits, affirmant qu’il avait été traîné par le véhicule et ce n’est qu’alors qu’il aurait sorti son arme. Mais la vidéo est accablante pour le policier. « Je fais ce métier depuis trente ans, ceci est l’acte le plus stupide perpétré par un policier que j’ai jamais vu », a déclaré Joseph Deters, le procureur du comté, qualifiant le geste de « totalement injustifié ». Celui-ci, lors d’une conférence de presse, à l’issue d’une enquête menée par un Grand Jury, a rappelé que le policier « n’avait pas affaire à quelqu’un qui était recherché pour meurtre. Il avait affaire à quelqu’un qui n’avait pas de plaque d’immatriculation », expliquant que si le conducteur avait décidé de fuir, il fallait « le laisser partir et non lui tirer une balle dans la tête », concluant que cet homme « n’aurait jamais dû devenir agent de police », a lâché le procureur.Appels au calmeCe dernier a rencontré la famille de la victime pour lui présenter ses condoléances, disant qu’il était conscient de ce que ce drame représentait pour la famille et la communauté de la victime. L’agent de police risque 15 ans de réclusion s’il est reconnu coupable. Quant à l’avocat de la famille, Mark O’Mara, il a appelé au calme. « Nous ne voulons pas de violence, nous voulons vraiment une réaction fidèle à ce qu’était Sam ».Ce nouveau drame intervient après une série d’épisodes récents – à New York, Cleveland (Ohio), North Charleston (Caroline du sud) et Ferguson (Missouri) – soulevant des questions délicates sur les rapports entre les forces de l’ordre et la communauté noire. Ces tensions avaient notamment abouti à des émeutes à Ferguson et à des manifestations un peu partout aux États-Unis. Par précaution, l’université de Cincinnati a fermé son campus.Lire aussi (en édition abonnés) :« Black lives matter », cri de ralliement de la jeunesse antiracisteStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) Le veto des Russes était attendu. Mais il a consterné les onze membres du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) qui avaient voté favorablement au projet de résolution prévoyant la création d’un tribunal international pour juger les responsables du crash du vol MH17, abattu au-dessus de l’Ukraine, le 17 juillet 2014.Après une minute de silence en hommage aux 298 victimes du crash du Boeing malaisien, le Conseil de sécurité a mis au vote le projet de résolution qui aurait obligé tous les pays à coopérer avec le tribunal sous peine de sanctions. La Russie s’y est donc opposée. La Chine, l’Angola et le Venezuela se sont abstenus.Le ministre des transports malaisien Dato Sri Liow Tiong Lai avait prévenu à l’ouverture de la séance que ce projet de résolution était « un appel à la justice » pour soulager les familles des victimes. « Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair aux acteurs non étatiques. Car tous ceux qui voyageront en avion courront dorénavant un risque » a t-il averti.Face à l’ampleur de la catastrophe, qui a plongé dans le deuil près de 18 pays, le Conseil de sécurité aurait voulu offrir une figure d’unité et prouver sa volonté de poursuivre la résolution 2166 qui demandait à tous les états de coopérer pleinement à l’enquête qui devait être « exhaustive, minutieuse et indépendante ».La Russie plaide sa bonne foiUn an plus tard, où en est-on ? « L’enquête indépendante a été effectuée » affirme le ministre des transports malaisien et le rapport devrait être remis courant octobre 2015. « Nous voulions créer ce tribunal international très en amont des résultats de l’enquête pour dépolitiser l’enjeu » assure Albert Koenders, le ministre des affaires étrangères néerlandais. « Quels qu’en soient les auteurs, nous voulons qu’ils soient jugés. »D’après les premiers éléments de l’enquête, le missile qui a détruit le Boeing 777 de Malaysia Airlines a « probablement » été tiré d’une zone à l’est de l’Ukraine, contrôlée par les séparatistes prorusses. Le représentant russe aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a plaidé la bonne foi de son pays qui a fourni « des données satellites » aux Néerlandais et qui aurait été le premier à évoquer la possibilité que l’avion ait été abattu par un missile sol-air Buk de fabrication soviétique. Ce missile ne serait plus utilisé par l’armée russe, mais Moscou affirme que les Ukrainiens en disposeraient dans leur arsenal.L’ambassadeur russe a assuré « vouloir que les responsabilités du crash soient établies » mais que la création d’un tribunal ne devait pas être « du ressort du Conseil de sécurité » en l’absence de conclusions claires sur l’accident.Julie Bishop, ministre des affaires étrangères d’Australie, pays qui a perdu 59 ressortissants dans la catastrophe, s’est montrée la plus virulente contre son homologue russe. « Ce veto est un affront à la mémoire des victimes. » a-t-elle lancé, rageuse. « Le veto ne devrait jamais être autorisé quand il empêche la justice. La Russie s’est moquée de son engagement à être un partenaire responsable… »Ce veto « qui marque un grave échec pour le Conseil » selon François Delattre, le représentant français « ne doit pas nous faire baisser les bras ». Faute de tribunal pénal international, la commission d’enquête menée par les Pays-Bas, l’Australie, l’Ukraine, la Malaisie et la Belgique a promis « de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener les responsables devant la justice ».Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde Louis Imbert Depuis une semaine, la Turquie bombarde l’Etat islamique dans le nord de la Syrie. Mais dans quel but ? Ces attaques ont été saluées comme un tournant important dans la guerre qui dure depuis quatre ans. Elles font suite à un accord conclu entre la Turquie et les Etats-Unis, dont les contours restent flous, et dont l’objectif est présenté par les deux pays de manière contradictoire.Le premier point de l’accord, annoncé jeudi 23 juillet, est clair : chaque pays souhaite chasser l’Etat islamique (EI) d’une portion de la frontière turque à laquelle les djihadistes ont encore un accès direct, une zone d’une centaine de kilomètres de large située entre la ville d’Alep et le fleuve Euphrate.Ankara a annoncé qu’elle pouvait devenir une zone de repli pour des combattants syriens alliés et pour des civils, ainsi que pour une partie de ceux qui se sont réfugiés en Turquie. Pas question, rétorque Washington, qui a produit un discours confus, avant de rappeler qu’il souhaite uniquement combattre l’EI, sans autre engagement.Que veut la Turquie ? Ankara est membre de la coalition internationale contre l’EI, mise en place par les Etats-Unis, qui bombarde des positions djihadistes en Syrie et en Irak depuis septembre 2014. Le gouvernement avait pourtant jusqu’ici refusé d’y participer activement, estimant que la coalition se trompait d’ennemi en visant l’EI plutôt que le régime de Bachar Al-Assad.Il a notamment exigé, pour ouvrir ses bases aériennes aux avions américains, que la coalition établisse une « zone tampon » dans le nord de la Syrie. Cette zone devait offrir une base arrière à l’opposition syrienne, protéger les civils des bombardements de l’armée et éloigner les combats de sa frontière.La Turquie a finalement accepté, mercredi, d’ouvrir ses bases à la coalition et de participer aux frappes. La presse locale a évoqué, comme part de l’accord avec les Etats-Unis, la création d’une « zone de sécurité », aux contours encore flous, qui pourrait s’étendre jusqu’à une quarantaine de kilomètres de la frontière.Cette zone pouvait ainsi inclure la route qui relie par le nord Alep à Raqqa, « capitale » de l’EI en Syrie, à travers les villes d’Al-Bab, de Manbij et le pont qui enjambe l’Euphrate au nord de la ville de Sarrin. L’EI, les rebelles et les djihadistes syriens ainsi que les forces kurdes s’affrontent depuis des années pour le contrôle de ces zones. Ces dernières semaines, des barils chargés d’explosifs, armes de terreur lâchées par l’aviation du régime Assad, ont fait de nombreux morts à Al-Bab, y compris parmi les civils.Le 25 juillet, le ministre des affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, expliquait que l’accord conclu avec les Etats-Unis devait mécaniquement aboutir à la création d’un tel espace sécurisé :« Quand ces zones dans le nord de la Syrie seront libérées de la menace de [l’EI], les zones de sécurité se formeront naturellement. Nous avons toujours défendu la création de zones de sécurité et de zones d’exclusion aérienne en Syrie. Les gens qui ont été déplacés peuvent être installés dans ces zones sécurisées. »Selon le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, « la Turquie n’a pas l’intention d’envoyer des troupes au sol en Syrie mais elle pense, comme les Etats-Unis, qu’il faut apporter un appui aérien aux rebelles syriens modérés ».Lire aussi (en édition abonnés) :L’engagement des forces turques ne rassure pas les rebelles syriensPourquoi le discours américain est-il obscur ? Lundi, le New York Times rapportait que Washington et Ankara envisageaient de créer une « zone sécurisée », citant anonymement plusieurs membres de l’administration Obama. Il s’agirait de « coopérer [avec la Turquie] pour soutenir des partenaires au sol qui combattent [l’EI] dans le nord de la Syrie. » « Le but est d’établir une zone libéree de l’EI et d’assurer une plus grande sécurité et stabilité le long de la frontière entre la Turquie et la Syrie », précisaient ces officiels.Le journal dessinait une carte prospective de la zone en question. Il précisait que l’accord prévoyait des bombardements par l’aviation et les canons turcs, depuis l’autre côté de la frontière. Il prévoyait également un renforcement du dispositif turc visant à empêcher les djihadistes de traverser la frontière, poreuse depuis le début du conflit.Lundi encore, un officiel américain évoquait auprès de l’Associated Press, durant une visite de Barack Obama en Ethiopie, une « zone libérée de l’Etat islamique ». Mais il rappelait que la coopération militaire avec la Turquie n’aurait pas pour but d’établir une zone d’exclusion aérienne.La nuance est importante : le régime de Bachar Al-Assad dispose encore d’une supériorité aérienne totale en Syrie. Il bombarde régulièrement les pans de ville tenus par les rebelles, notamment avec des barils chargés d’explosifs. Créer une zone d’exclusion aérienne signifierait faire la chasse aux avions et aux hélicoptères du régime sur ce territoire, et donc entrer en conflit direct avec lui.Mardi, Stephen O’Brien, sous-secrétaire des Nations unies chargé des opérations humanitaires, mettait donc en garde contre l’emploi du terme de « zone de sécurité », estimant qu’il pouvait encourager les Syriens à venir trouver refuge dans une zone qui ne serait pas « suffisamment défendue ». Enfin mercredi, trois membres anonymes de l’administration américaine affirmaient, dans une conférence téléphonique avec plusieurs journalistes, que le terme de « zone de sécurité » était largement exagéré, et plus encore l’idée d’une zone d’exclusion aérienne ou de protection humanitaire.« Nous ne sommes pas en train de revendiquer des zones et de faire ce qui a été discuté ces dernières années : zone d’exclusion aérienne, zone sécurisée. Ce que nous essayons de faire est de repousser l’EI. Il est important de ne pas confondre cela avec le fait de délimiter des zones sur une carte, de planter des panneaux au bord des routes. Ce n’est pas ce qui est en train de se produire. »Pourquoi la Turquie bombarde-t-elle davantage les Kurdes que l’EI ?Depuis une semaine, les avions F-16 turcs ont bombardé plus intensément des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) dans le nord de l’Irak que celles de l’EI en Syrie.Ces bombardements correspondent à une stratégie plus claire : Ankara tend à présenter le PKK comme la principale menace « terroriste » dirigée contre lui, devant l’EI qui combat à la fois le régime en Syrie et les Kurdes. Le gouvernement turc craint de voir s’établir, à sa frontière, un embryon d’Etat kurde, tenu par l’émanation syrienne du PKK.Les frappes turques ont ainsi commencé un mois après que les forces kurdes syriennes ont pris à l’EI la ville frontière de Tal Abyad, avec l’aide des bombardements de la coalition internationale. Les Kurdes avaient ainsi privé les djihadistes d’un important accès à la frontière. Surtout, cette prise leur permettait de relier plus efficacement deux de leurs « cantons » dans le nord de la Syrie.Les frappes turques et les attaques du PKK contre des policiers turcs ont fait voler en éclats un cesser-le-feu établi depuis 2013. Les autorités américaines, qui considèrent le PKK comme leur allié le plus fiable dans le nord de la Syrie, ont affirmé que les frappes turques contre ce mouvement n’avaient pas été discutées lors de leurs négociations avec Ankara. Lors d’une réunion des ambassadeurs des membres de l’OTAN à Bruxelles, l’organisation a assuré la Turquie de son soutien contre « le terrorisme », sans préciser lequel. François Hollande a cependant invité le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à « ne pas confondre les cibles ».Mercredi, le gouvernement turc menaçait par ailleurs de lever l’indemnité parlementaire de députés du principal parti kurde de Turquie, le HDP. Ce parti avait su attirer suffisamment de votes hors de sa base kurde lors des dernières élections législatives, pour priver le gouvernement de sa majorité absolue.A la recherche d’une coalition, M. Erdogan est soupçonné, en s’en prenant au PKK, de rassembler le vote nationaliste avant de convoquer des élections anticipées, lors desquelles le HDP se verrait affaibli.Lire aussi :La Turquie s’adresse au PKK : « C’est soit les armes, soit la démocratie »Louis ImbertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.07.2015 à 17h46 • Mis à jour le29.07.2015 à 18h39 Un jeune homme de 16 ans, de nationalité égyptienne, a été électrocuté en tentant de prendre clandestinement l’Eurostar à destination du Royaume-Uni à la gare du Nord à Paris, mercredi 29 juillet.Aux alentours de 13 h 50, selon le parquet de Paris, il aurait sauté du toit d’un train stationné en gare vers celui d’un Eurostar, avant d’être électrocuté par une caténaire. Il serait alors tombé la tête la première.Les jours du jeune homme, sur lequel une pièce d’identité a été retrouvée, seraient en danger. L’enquête a été confiée à la police aux frontières, qui n’établit pas encore de lien avec le récent démantèlement du camp de migrants situé dans la Halle Pajol.Les tentatives d’intrusion dans le tunnel sous la Manche se multiplient dans le but de rejoindre l’Angleterre. Depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives sont constatées quotidiennement sur le site, une zone de 650 hectares. Un migrant, d’origine soudanaise et âgé d’une trentaine d’années, a été retrouvé mort, mercredi matin, aux abords de la zone Eurotunnel. Neuf personnes sont mortes depuis le début de juin à l’intérieur du site ou en tentant d’y pénétrer. Environ 3 000 clandestins sont actuellement présents dans la ville de Calais. 28.07.2015 à 13h17 • Mis à jour le28.07.2015 à 13h39 | Adèle Humbert « L’adoption et la mise en œuvre récente de plusieurs lois en Russie ont rendu quasiment impossible le soutien efficace de la société civile par les organisations internationales », a déclaré Julia Statsch, présidente de la fondation MacArthur, après avoir annoncé la fermeture du bureau de Moscou, le 21 juillet. En renonçant à ses activités en Russie, l’ONG souhaite anticiper la décision du parquet général. Le 8 juillet, une liste « patriotique » comprenant douze organisations jugées « indésirables » a été adoptée par le Conseil de la Fédération de Russie et envoyée au parquet qui pourrait effectivement ordonner leur fermeture.Le Kremlin resserre ainsi son étau sur ces organisations internationales qu’il juge « menaçantes pour l’ordre constitutionnel, la défense et la sécurité nationale ». « Ce texte s’inscrit dans la lignée des nombreuses lois liberticides récemment promulguées par Poutine », affirme Nicolas Krameyer, responsable du programme Liberté d’expression à Amnesty International.Loi sur les « agents étrangers »Déjà en 2012, le Kremlin avait annoncé la couleur avec la loi sur les « agents étrangers » dont l’adoption avait été suivie d’une vague de répression contre les associations en Russie. « On distingue deux catégories parmi la douzaine d’organisations visées récemment : celles, telles que Freedom House, impliquées dans des missions de terrain en Crimée ; et celles, comme MacArthur, qui financent des projets de défense des droits de l’homme », analyse le défenseur des droits humains.Il dénonce cette « épée de Damoclès » qui pèse sur la société civile : brider les ONG, c’est étouffer toute velléité d’émancipation des citoyens russes. Etablie en Russie depuis 1992, la fondation avait investi plus de 173 millions de dollars dans des programmes d’éducation, de défense des droits de l’homme et de limitation de la prolifération des armes nucléaires en Russie.Critères obscursSur le plan juridique, les critères pour déterminer le caractère « indésirable » de l’organisation demeurent obscurs : « Ils ne sont pas édictés de façon explicite dans la loi. Je crois que le texte a été adopté parce que le gouvernement s’est rendu compte que certaines organisations menaient des activités qu’il jugeait subversives », analyse Maître Sidorova, avocate au barreau de Paris et présidente de l’Association des avocats et juristes franco-russes : « En revanche, la loi précise les sanctions. Parmi les mesures prises contre ces organisations figurent notamment l’interdiction faite à tout organisme financier de réaliser les opérations demandées par les ONG, ainsi que l’interdiction, pour l’organisation, d’utiliser les médias et Internet pour diffuser des informations. »Une fois jugée « indésirable », l’organisation est sous la menace d’un éventail de sanctions : de la simple amende aux peines de prison en cas de récidive, tout est fait pour encourager les volontaires à cesser leurs missions sur le terrain. Dans son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde, Amnesty International pointait même le harcèlement auquel sont soumises certaines ONG à travers des campagnes de dénigrement. MacArthur a justifié sa décision, affirmant que « les organisations civiles russes bénéficiant de [leurs] financements destinés aux citoyens russes étaient désormais menacées ».Adèle HumbertJournaliste au Monde 28.07.2015 à 10h13 • Mis à jour le28.07.2015 à 16h28 L’issue du scandale paraissait inévitable. Après que des images et des vidéos le montrant en train de sniffer ce qui ressemble à de la cocaïne en compagnie de prostituées ont été publiées en une du Sun, dimanche 26 juillet, John Sewel s’est résolu à démissionner de la Chambre des lords britannique. Dans une lettre adressée au greffier des parlements, il présente ses excuses, mardi 28 juillet, pour la « douleur et la honte » qu’il a provoquées.L’ancien ministre de Tony Blair, âgé de 69 ans, avait déjà démissionné lundi de ses fonctions de vice-président de la chambre haute, après que sa présidente, la baronne D’Souza, a décrit son comportement comme « choquant et inacceptable » et saisi Scotland Yard. Il demeurait toutefois membre de la Chambre, qu’il avait rejointe en 1996. John Sewel avait demandé lundi soir un congé sans solde exceptionnel, le temps que dure l’enquête diligentée par la police britannique. Critiqué de toutes parts, il a finalement décidé de quitter l’institution.Lire aussi :Cocaïne, argent et prostituées : le scandale qui a coûté son poste à Lord John SewelLimiter les dommagesDans une lettre envoyée mardi et citée par les médias britanniques, il écrit :« La question de savoir si mon comportement a violé le code de conduite [de la chambre haute] est importante, mais essentiellement technique. Les grandes questions sont de savoir si mon comportement est compatible avec une appartenance à la Chambre des lords et si, en y restant, je saperais la confiance que le public à dans cette Chambre. Je crois que la réponse à ces deux questions signifie que c’est en la quittant que je peux servir la Chambre au mieux. [...] J’espère que ma décision va limiter et aider à réparer les torts que j’ai causés à une institution qui me tient à cœur. »Le scandale provoqué par la diffusion des clichés où il inhalait de la poudre blanche a été d’autant plus vif que Lord Sewel présidait la commission de l’immunité et de la tenue, chargée de mettre en œuvre les règles de bonne conduite, prévenir les conflits d’intérêt et vérifier le bon usage des indemnités parlementaires.« Lord Coke »Une vidéo, publiée sur le site du Sun, montrait John Sewel se plaindre de la modicité de son indemnité parlementaire (200 livres par jour, somme qu’il aurait remise à l’une des deux prostituées dont il avait loué les services) et affirmer au passage que « les femmes asiatiques ont l’air innocentes, mais ce sont des putes ».Lundi, le Sun, le journal le plus vendu au Royaume-Uni, a publié de nouvelles photos de celui qu’il a rebaptisé Lord Coke, le montrant torse nu, portant simplement un soutien-gorge rouge et un perfecto en cuir. Dans d’autres vidéos, il fait des remarques désobligeantes à propos de hauts responsables politiques, dont le premier ministre. Il aurait qualifié David Cameron de « premier ministre le plus superficiel et le plus futile qu’il y ait jamais eu », lors de ses conversations avec les deux prostituées. 28.07.2015 à 02h52 • Mis à jour le28.07.2015 à 03h12   La grande organisation scoute américaine BSA (Boy Scouts of America), qui acceptait déjà les jeunes scouts homosexuels, a franchi un nouveau pas en votant lundi 27 juillet la fin de l’interdiction des gays dans son encadrement, tout en permettant des exceptions.Le conseil d’administration s’est prononcé à 79 % en faveur de cette résolution « qui abroge l’interdiction nationale relative aux dirigeants adultes et employés ouvertement homosexuels », indique un communiqué de la BSA précisant que la résolution prend effet « immédiatement ».Encore des exceptionsCe vote met ainsi fin à une interdiction des homosexuels, amendée ces derniers temps en faveur des jeunes gays après de multiples campagnes et manifestations, dans cette grande organisation de quelque 2,5 millions de membres et près d’un million d’encadrants bénévoles.Ce changement « permet aux membres et parents des scouts de sélectionner des troupes qui ont les mêmes idées, au mieux de l’intérêt des familles », poursuit la BSA. Néanmoins, il « entend également respecter le droit des organisations locales religieuses de continuer à sélectionner des dirigeants adultes qui respectent leurs croyances ».En clair, les organisations affiliées au mouvement scout de type religieux, qui ont une gestion autonome, peuvent décider de continuer à refuser les adultes gays. Les organisations religieuses représentent 70 % des 100 000 sections à gestion autonome, avec une forte majorité dirigée par l’église mormone.Une interdiction qui « n’était plus soutenable »La décision attendue du conseil d’administration, à fort pouvoir symbolique, avait été largement préparée par un discours le 21 mai dernier du président de BSA, l’ancien ministre de la défense et ex-patron de la CIA Robert Gates, estimant que cette interdiction « n’était plus soutenable ».L’ancien ministre avait appelé l’organisation à prendre elle-même en main son avenir : « Nous devons agir ou nous serons forcés de le faire mais, dans un cas comme dans l’autre, je crois que nous n’avons pas beaucoup de temps », avait-il dit.Lire : Les jeunes ouvertement gays désormais acceptés chez les scouts américains 27.07.2015 à 23h25 • Mis à jour le28.07.2015 à 08h12  Un militaire a été tué par balle lundi 27 juillet au soir lors d’une attaque menée par des hommes armés dans la province de Mus, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, a-t-on appris de sources hospitalières.L’officier, commandant de la gendarmerie du district de Malazgirt, a été intercepté sur la route alors qu’il circulait dans sa voiture privée avec son épouse, ont rapporté les médias locaux. Grièvement blessé, il est mort à l’hôpital.Un gazoduc sabotéUne explosion d’origine criminelle a en outre endommagé dans la nuit de lundi à mardi le gazoduc qui relie l’Iran à la Turquie dans la province frontalière d’Agri, dans l’est de la Turquie, a annoncé le ministre turc de l’énergie Taner Yildiz.« L’explosion a causé un incendie. Mais nous avons réussi à l’éteindre rapidement. L’acheminement du gaz reprendra dès que le gazoduc sera réparé », a déclaré M. Yildiz dans un communiqué cité par l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Les médias turcs ont attribué le sabotage — qui, comme l’attaque, n’a pas été immédiatement revendiqué —, aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), auxquels des sabotages similaires ont déjà été attribués.Fin de la trêveLa Turquie a lancé vendredi soir une série de raids aériens contre les bases arrière du PKK dans le nord de l’Irak, en riposte aux attaques meurtrières attribuées au mouvement kurde qui ont visé des membres des forces de sécurité ces derniers jours. Le PKK a en retour rompu la trêve qu’il respectait depuis 2013 et assassiné deux soldats samedi soir.Le premier ministre turc Ahmet Davutoglu a promis lundi soir la poursuite de l’offensive militaire contre le mouvement kurde jusqu’à ce qu’il dépose les armes. « C’est soit les armes, soit la démocratie, les deux ne sont pas compatibles », a-t-il dit lors d’un entretien télévisé.Lire aussi :L’offensive turque peut « changer l’équilibre » en Syrie et en Irak 27.07.2015 à 15h54 • Mis à jour le27.07.2015 à 16h02 Ces dernières 24 heures, les combats ont gagné en intensité dans le conflit qui oppose les forces ukrainiennes aux séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine.Au total, une femme et un soldat ukrainien ont été tués dans la zone contrôlée par les rebelles, et plusieurs installations stratégiques ont été endommagées par les bombardements, selon le porte-parole de l’armée ukrainienne. Plus de 6 500 personnes, principalement des civils, ont péri dans l’est de l’Ukraine depuis le début du conflit entre rebelles prorusses et forces ukrainiennes en avril 2014.Des installations stratégiques endommagéesLes militaires ont constaté un nombre record de violations du cessez-le-feu instauré après les accords de paix signés à Minsk en février, notamment « entre minuit et 6 heures ». Les rebelles tirent « au lance-roquettes multiples Grad, au mortier de 120 mm et avec des chars », a accusé la partie ukrainienne.Or, les armes d’un calibre supérieur à 100 mm auraient normalement dû être retirées de la ligne du front par les deux camps, conformément aux accords de paix signés à Minsk au début de février. A peine cinq mois plus tard, ces accords, déjà ténus et plusieurs fois battus en brèche, paraissent moribonds après les violents combats survenus au début de juin.Lire aussi :Crise ukrainienne : Moscou laisse planer un doute sur le sort des accords de MinskLes bombardements ont également endommagé plusieurs installations stratégiques dans la région de Donetsk. L’usine de charbon d’Avdiïvka, la plus grande en Europe, a ainsi essuyé des tirs de mortiers. La centrale thermique de Vougleguirsk, la plus importante de la région, a également été arrêtée, a annoncé l’administration de Donetsk loyale à Kiev, dénonçant « une destruction délibérée de ces infrastructures » par les rebelles. Hélène Sallon Sa Béatitude Louis Raphaël Ier Sako est en France pour rencontrer les responsables politiques et parler de la situation des chrétiens d’Irak et notamment des réfugiés chrétiens irakiens accueillis par Paris. Né en 1948 à Zakho, en Irak, ordonné prêtre en 1974, il est depuis le 1er février 2013 le patriarche de Babylone des chaldéens. Parfaitement francophone, diplômé d’un doctorat en théologie de l’université de la Sorbonne, il a publié en 2015, avec Laurence Desjoyaux, Ne nous oubliez pas ! Le SOS du patriarche des chrétiens d’Irak (éditions Bayard). En septembre, il participera à Paris à la réunion interministérielle de suivi sur la Charte sur les minorités persécutées, promue en mars devant le Conseil de sécurité des Nations unies par le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius. Mgr Sako a répondu, mercredi 8 juillet, aux questions de la presse.Lire aussi :La France appelle l’ONU à agir pour les minorités au Proche-OrientQuelle est la situation actuelle en Irak ?En 2003, il y avait en Irak 1,5 million de chrétiens. Aujourd’hui, il n’en reste que 400 000 à 500 000, les autres étant réfugiés en Occident et dans les pays voisins. Notre présence est menacée, alors que nous sommes un élément du dialogue et de la réconciliation entre les communautés.Le phénomène Daech [acronyme de l’Etat islamique] est extérieur à la société irakienne, qui s’est construite sur un régime séculier. Le sectarisme est arrivé après la chute du régime de Saddam Hussein, en 2003. Les combats entre les sunnites et les chiites sont fomentés par les axes que sont l’Iran et le Hezbollah d’un côté, l’Arabie saoudite et la Turquie de l’autre. Ils exploitent la religion pour mener une guerre politisée.Les chrétiens sont les victimes de cela, tout comme les autres communautés qui paient le prix fort. Les familles déplacées ont besoin d’aide spirituelle, car elles sont inquiètes pour leur futur et leurs biens. Elles sont coupées de leur mémoire, déracinées. Ceux qui sont réfugiés en France ne parlent pas la langue et auront beaucoup de mal à s’intégrer. Nous avons besoin de votre solidarité et que vous fassiez pression sur vos gouvernements pour qu’ils imposent une solution politique aux belligérants. L’Etat islamique est de plus en plus fort. Il a des armes, du pétrole. Qui achète son pétrole ? Il faut arrêter cela.Vous avez appelé à la réconciliation entre communautés et religions en Irak. Que préconisez-vous ? Pensez-vous que l’unité nationale irakienne soit toujours une réalité ?La réconciliation est possible. Les responsables du gouvernement irakien sont des gens éduqués, qui ont fait des études à l’étranger. Le problème est le mur qui s’est dressé entre les communautés. Il faut trouver le moyen de lier à nouveau sunnites, chiites et kurdes dans un dialogue ouvert. On ne parle plus d’une réconciliation artificielle mais d’une conversion de cœur. La partition de l’Irak est déjà là, idéologique, géographique. Le gouvernement irakien ne contrôle plus l’ensemble du pays. Chaque groupe cherche à avoir son canton. Le fossé est si profond que la solution ne peut-être qu’une fédération. Le sentiment national irakien a disparu.Soutenez-vous l’intervention de la coalition internationale en Irak ?Oui, j’ai le droit de me défendre, et le devoir de me protèger et de défendre les autres. Je rejette en revanche la guerre faite pour les profits et les intérêts économiques. La communauté internationale a le devoir de protèger ces villes. Il faut plus de frappes, car il n’y a pas d’autres solutions. L’armée irakienne est faible et non professionnelle, les milices sont plus fortes. Les Américains ont envahi l’Irak en 2003, ils ont la responsabilité de réparer le chaos qu’ils ont laissé.C’est énigmatique que la réponse à ce fondamentalisme ne soit pas plus forte. Cela soulève beaucoup de questions en Irak. Y a-t-il un plan pour négocier avec Daech et diviser le Moyen-Orient ? Il y a beaucoup de questions et peu de réponses.Quel est le message que vous entendez adresser aux autorités françaises ?C’est un double message. Il faut accroître l’aide humanitaire pour les chrétiens irakiens qui ont besoin de médicaments, d’un toit, d’un refuge. Il y a aussi urgence à lutter contre Daech et contre la division sunnite-chiite. Il faut une véritable intervention militaire pour libérer les villages qui sont sous l’emprise de Daech, car bombarder ici et là ne sert à rien.Souhaitez-vous que la France accueille davantage de chrétiens d’Irak ?Non, il ne faut pas vider l’Irak de ses chrétiens, sinon l’Irak deviendra l’Afghanistan. Nous sommes un élément qui favorise la convivialité, le pluralisme et l’ouverture. Au lieu d’accueillir des familles en France, il faut les encourager et les soutenir sur place. J’avais demandé au Conseil de sécurité des Nations unies en mars le déploiement de casques bleus. Les chrétiens sont pillés par leurs voisins et ont besoin de garanties et de sécurité même si cette présence est symbolique.Lire aussi :« Avant, l’Irak était une vraie mosaïque aux couleurs multiples »Lire aussi :« Il y a un risque de disparition de l’Eglise syriaque irakienne »Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Elisa Perrigueur (Athènes, correspondance) A la tombée de la nuit, dimanche 5 juillet 2015, ils ont déferlé en masse sur la place Syntagma. Face au Parlement grec, ils ont célébré leur première victoire sur la rigueur. Les jeunes Grecs ont très majoritairement voté non à l’austérité, lors du référendum sur les propositions des créanciers. Selon un sondage pour la chaîne grecque Antenna, 67 % des bulletins de refus appartenaient des électeurs âgés de 18 à 34 ans.Pour en arriver à ce « non » massif de la jeunesse du pays, il aura fallu six ans de récession. Une période sombre pendant laquelle les jeunes actifs ont vécu au rythme des manifestations, des mesures drastiques et des désillusions politiques. Aujourd’hui, ils galèrent dans une économie paralysée. Portrait de cette génération forgée par la crise.Elisabeth Xidaki : « On est une génération perdue »Pavlos Pantavopoulos : « La Grèce, ce n’était pas cette tristesse ! »Katerina Skia : « C’est rabaissant de ne pas avancer » Elisabeth Xidaki, 27 ans : « On est une génération perdue » Ces dernières années, un mot revient plus que les autres dans le vocabulaire d’Elisabeth Xidaki. La « peur ». Cette Grecque de 27 ans en a honte. « J’ai peur d’un embargo, qu’on manque de produits alimentaires, de médicaments, s’angoisse-t-elle. J’ai peur des manifestations violentes, comme celles de Syntagma en 2011, de la division, de la guerre. On subit une guerre économique… » Cette petite brune, toute vêtue de noir, parle vite, très vite, car elle a beaucoup à raconter.Son sentiment de crainte est né d’un « premier coup dur » en 2011 : son premier licenciement « inattendu ». Après des études d’informatique sur l’île de Lesbos, Elisabeth est embauchée comme designer graphiste dans une petite boîte. La stabilité ne dure que cinq mois. Depuis, Elisabeth se trouve dans la même spirale que de nombreux jeunes Grecs, celle d’une alternance chômage-petits boulots. La sensation d’inutilité, les inscriptions répétées au centre OAED (organisme du chômage grec), l’attente vaine d’une fin de la récession. « A chaque rejet, on se dit qu’on n’aura pas la force mentale de recommencer à chercher du travail, et puis finalement, on s’habitue. » Elle tortille ses cheveux, réfléchit, et soupire : « Je sais qu’on est une génération perdue. » Elisabeth vit chez ses parents, « c’est plus sûr », à Kaisariani, à l’est d’Athènes. Un quartier « où les commerces familiaux ont été remplacés par les grandes chaînes de fast-food ». Ses parents lui donnent de l’argent chaque mois.Elisabeth se souvient de l’insouciance, avant le début de la crise, en 2009 : « On pouvait rêver imaginer être indépendants, quitter un jour le domicile des parents. » Aujourd’hui, cela ne lui vient plus à l’esprit. Les projets aussi sont figés. Il y a « les vacances entre amis supprimées, les sorties qu’il faut limiter ». La maison de campagne familiale, qui aurait pu être un havre de paix, n’a pas pu être terminée faute d’argent. C’était un « beau » projet selon Elisabeth, qui ferme les paupières en pensant à cette « belle demeure sur les hauteurs de l’île d’Eubée avec vue sur la mer ». Pour le moment, il n’y a qu’un étage, le deuxième attendra.« On s’est moqués de nous »En 2009, elle ne « connaissait rien » à la politique. La jeune femme s’est tournée vers les réseaux sociaux, pour trouver des articles et comprendre les mécanismes économiques qui détruisent son entourage. Depuis, ses conversations sont désormais truffées de noms qui sont devenus familiers des Grecs, celui de la chancelière allemande Angela Merkel, du ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble, et du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. « Ils jouent avec la Grèce. Je reconnais que nous avons fait des erreurs dans les gouvernements que nous avons élu, mais eux nous parlent de “famille” quand ils évoquent l’Europe, alors qu’ils nous font la guerre. » Elle s’énerve : « Ils promeuvent sans arrêt les plans de rigueur, mais rien ne marche. Aujourd’hui, on n’a plus rien à perdre. On a déjà tout perdu, on s’est moqués de nous en nous disant que l’austérité marcherait. Ils haïssent notre gouvernement, ils haïssent Tsipras. »Elle apprécie son premier ministre, dont elle a voté pour le parti en janvier. Mais elle lui en a voulu pour ce référendum. « Je n’ai pas aimé le concept, c’est comme si Alexis Tsipras rejetait la patate chaude au peuple parce que lui n’y arrivait pas. » Puis il y eut cette « peur », encore, que le oui passe, que la rigueur continue. C’est cette crainte qui a poussé Elisabeth Xidaki à voter non. « Je veux espérer, mais je suis pessimiste, je ne crois pas à un accord. » Elle décroche enfin un sourire : « Peu importe ce qui se passe, tant que c’est quelque chose de nouveau. »Pavlos Pantazopoulos, 25 ans : « La Grèce, ce n’était pas cette tristesse ! » Pavlos Pantazopoulos n’oubliera jamais ce jour de printemps 2011, place Syntagma, à Athènes. « Comme dans un film d’action. » Exalté, il raconte avec de grands gestes : « Un nuage blanc de lacrymos est arrivé sur nous. La foule énorme est allée dans le même sens. La charge des policiers a été longue et violente ». Sous son air de garçon sage, barbe soignée, yeux clairs et voix posée, Pavlos est un révolté. A 25 ans, il a participé à plus de manifestations que ses parents. Il a pleuré après avoir respiré les gaz chimiques, a tenu tête aux MAT (la police antiémeute) et a couru aux côtés du célèbre chien Loukanikos. Pavlos « se devait » de participer à ces rassemblements qui ont embrasé Athènes entre 2010 et 2013. D’abord, il fallait « dénoncer » l’arrivée de la troïka, en 2010, « illégale, anticonstitutionnelle, qui nous a ôté notre souveraineté ». Puis il fallait crier contre le traitement médiatique « humiliant » de son pays. Il se souvient avec colère de la « une » du journal allemand Focus, montrant en 2010 la Vénus de Milo faisant un bras d’honneur.Σοκαρισμένοι οι Γερμανοί από την χειρονομία Βαρουφάκη. http://t.co/5JFsVsggzH— LSaklabanis (@Λεωνίδας Σακλαμπάνης)require(["twitter/widgets"]);Aujourd’hui, Pavlos Pantazopoulos évoque avec nostalgie ces rassemblements. « On était sur le point de changer quelque chose, on était unis. Avec la répression, tout ça s’est finalement éteint, en 2013. »La souffrance des prochesPavlos est diplômé en information et communication de l’université d’Athènes. A sa sortie d’études, en 2012, il n’a trouvé que la porte de l’OEAD. Alors, comme près de 200 000 Grecs, il a opté pour l’étranger en 2013. Direction Munich, en Allemagne, où il a recommencé des études d’art. « J’ai beaucoup d’amis grecs là-bas, il y a une grande diaspora. »En revenant en Grèce, au printemps 2015, il retrouve un pays « en décrépitude ». La souffrance chez ses proches le frappe. Pavlos a vu « grandir l’inquiétude » chez son père, propriétaire d’une entreprise de publicité. « Il a déprimé, perdu son image de figure paternelle. Physiquement, il s’est affaissé », décrit le jeune homme. Au domicile familial à Glyfada, banlieue cossue d’Athènes où il vit toujours, les disputes avec sa mère, retraitée, se sont multipliées. Dans la rue aussi, les stigmates « trop » visibles l’ont saisi, comme les sans-abri qui mendient dans le métro. « Ma ligne de bus s’est remplie au fil des mois, les Athéniens ne prennent plus leur voiture », note-t-il. De ces trajets, Pavlos retient surtout « les visages fermés ». « La Grèce, ce n’était pas ça, cette tristesse ! »Pavlos Pantazopoulos a voté non au référendum, dimanche 5 juillet. « La Grèce n’a pas les moyens de continuer à s’aligner telle quelle à l’Eurozone et à ses critères taillés pour l’Allemagne. » Il analyse : « Si les fondements de l’Eurozone ne peuvent pas changer, alors pourquoi pas envisager d’en sortir. Il faut que ça change, que nous puissions envisager de ne plus être pauvres. » Katerina Skia, 32 ans : « C’est rabaissant de ne pas avancer » Lorsque Katerina Skia déambule dans le centre d’Athènes, elle observe abattue les vestiges de la crise économique. Trottoirs abîmés, immeubles à l’abandon, façades délabrées. Pour cette brune longiligne, l’érosion de la capitale grecque, ces dernières années, est « douloureuse ». Architecte de formation, la femme de 32 ans aurait voulu que l’effervescente Athènes conserve ses superbes maisons anciennes et lance de nouveaux chantiers. Elle aurait voulu participer à de beaux projets. La crise a coupé court aux ambitions. Le secteur de la construction est l’un des premiers à souffrir. « Après mes études, j’ai travaillé dans un bureau d’architecture avant d’être licenciée en 2011. Depuis j’essaye de trouver des missions. C’est paralysé. » Dans l’attente, cette jeune fille originaire de Chalkida, sur l’île d’Eubée, a repris, en 2013, un master spécialisé, toujours en architecture. Ses parents, retraités et anciens gérants d’une station-service, lui donnent de l’argent chaque mois. Elle se réjouit de louer son propre appartement, mais se dit tout de même « humiliée en tant que trentenaire ». « C’est rabaissant de ne pas avancer, de ne pas pouvoir fonder une famille, de ne pas pouvoir se marier », lâche-t-elle, tirant nerveusement sur sa cigarette roulée. « La vie confortable que nous connaissions n’existe plus. » Katerina songe à l’étranger où bon nombre de ses amis sont déjà partis. Elle n’en a pas envie. Mais en dernier recours, elle opterait pour Vienne, en Autriche.Rancœur face à la « vieille classe politique » Dans le bouillonnant quartier d’Exarchia, au centre d’Athènes, où elle vit, Katerina a trouvé une « âme politique ». « Avec la crise, on est obligé de s’intéresser à la politique, c’est une arme pour nous. » Autour d’elle, la jeune architecte a vu « de plus en plus de jeunes » participer aux nouvelles discussions politiques dans les cafés et conférences. « La politique a une incidence directe sur nos vies. Il faut faire attention aux fausses promesses des dirigeants politiques ». Elle ne cache pas d’ailleurs sa rancœur face à l’ancienne « vieille classe politique » comme les socialistes du Pasok ou la Nouvelle Démocratie (deux partis anciennement au pouvoir). Plusieurs événements politiques l’ont laissée amère : « le jour où Georges Papandréou [ex-premier ministre] a fait appel au Fonds monétaire international sans nous consulter [en avril 2010], l’imposition de la troïka, une institution externe créée spécialement pour nous, qui appliquait des lois chez nous, sans nous. »En janvier, ses grands yeux noirs ont brillé lorsque Syriza a remporté les législatives. Le « quadra » Alexis Tsipras est pour elle « un homme décidé et convaincant ». « Il a réussi à prouver que la dette grecque n’était pas viable. Qu’elle était payée par les plus pauvres et les jeunes générations qui commencent leur vie active. Une partie des Grecs pensaient que cette crise n’était que de leur faute, Tsipras les a déculpabilisés. » Le vendredi 26 juin, l’annonce d’un référendum l’a « soulagée ». « Enfin on nous demandait notre avis. C’était de la démocratie directe », exulte t-elle. Katerina Skia n’a pas hésité à dire « non » à l’austérité. « Je ne veux pas du tout d’un “Grexit” , je crois en l’euro et en l’Europe. Mais les Européens doivent nous entendre : la rigueur n’a donné aucun résultat ici. » Etonnée que tant de gens, surtout des jeunes, aient voté non, elle se félicite de ce score qui démontre « que tout peut encore changer ». Katerina a désormais « l’espoir de pouvoir vivre ici, sans devoir aller à l’étranger pour se trouver un avenir. »Elisa Perrigueur (Athènes, correspondance)Journaliste au Monde Ghazal Golshiri (Téhéran, envoyée spéciale) L’économie iranienne attend impatiemment l’issue des négociations sur le contentieux nucléaire qui se tiennent à Vienne entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie et Chine), plus l’Allemagne. Les parties impliquées ont reculé, pour la deuxième fois, la date butoir et se sont donné jusqu’au 10 juillet 2015 pour conclure un accord. S’il est signé, ce dernier doit permettre une levée des sanctions internationales qui ont asphyxié l’économie iranienne – elles avaient été votées dans le but de dissuader l’Iran de poursuivre son programme nucléaire.Les vendeurs ambulants de devises étrangères sont l’un des meilleurs thermomètres de l’état de l’économie iranienne ; ils sont les témoins de cet état d’attente qui règne sur l’ensemble du pays. « Cette semaine, je n’ai eu que très peu d’acheteurs de devises étrangères. Personne ne veut en acheter parce que les gens savent qu’après un accord sur le dossier nucléaire, le cours du dollar va chuter », explique Mohammad Reza, 26 ans, assis sur un petit tabouret sur la place Ferdowsi, dans le centre de Téhéran, l’endroit habituel pour ces vendeurs ambulants. « Par contre si vous voulez vendre vos dollars et euros, c’est le moment idéal tant que le taux de change est élevé », préconise-t-il.Depuis une semaine, le dollar a officiellement chuté de 33 210 à 32 600 rials, la monnaie iranienne, au gré des espoirs. Sur le marché noir, la chute est davantage marquée. « Les avancées positives obtenues au cours des négociations ont donné espoir aux gens quant à une baisse des prix », a expliqué le directeur de l’Association iranienne des changeurs, Ahmad Lavasani, dans un entretien accordé à l’agence officielle d’informations IRNA, le 7 juillet. « Si l’accord se fait, nous aurons certainement une diminution des cours de différentes devises », a-t-il ajouté. A en croire Akbar, un autre vendeur de la place Ferdowsi, en cas d’accord, « il faut s’attendre encore à une chute de 1 000 et 2 000 rials du cours du dollar. »Lire le décryptage :Comprendre les négociations sur le nucléaire iranienAttente et incertitudePlus au nord de Téhéran, dans l’impressionnant centre commercial de Paytakht, spécialisé dans la vente d’ordinateurs et de téléphones portables, l’heure est là aussi à l’attente et à l’incertitude. Saeed, 33 ans et employé d’une société de télécommunications, voulait acheter quatre ordinateurs pour son entreprise. Il s’est heurté au refus des vendeurs de l’une des boutiques : « Ils m’ont dit qu’ils préféraient attendre l’issue des négociations et la fixation du taux de change du dollar, pour éviter de perdre de bénéfices. »Les vendeurs de Paytakht ont les yeux rivés sur le cours du dollar et réévaluent chaque jour le prix de chaque appareil à l’aune du taux de change. « Si vous voulez payer moins cher pour nos portables, il vaut mieux attendre que les négociations sur le nucléaire aboutissent », conseille Amir Hossein, un vendeur.Une semblable torpeur a saisi les autres secteurs de l’économie iranienne. « Par précaution, il y a dix jours j’ai suspendu toutes mes commandes à l’étranger, explique Reza, gérant d’une société de production et de désassemblage d’appareils électroménagers. J’attends de voir le résultat des négociations. »L’attente est encore plus grande dans les domaines les plus touchés par les sanctions internationales, dont l’industrie automobile. Rahim, l’ingénieur en mécanique qui travaille dans l’une des plus grandes usines du pays, explique que son entreprise a arrêté la production de ses bus depuis 2011, lorsque les sanctions internationales contre l’Iran ont été renforcées :« A l’époque, l’usine allemande à qui nous achetions nos moteurs a coupé son commerce avec l’Iran. Or nous avons déjà tout préparé pour reprendre notre collaboration avec la même compagnie et la production de trois différents types de moteurs. Nous avons même fait tous les tests pour nous assurer que les moteurs en question fonctionnent bien dans les températures élevées de l’Iran. » Lire Le décryptage :Nucléaire iranien : les points de blocageLe « vrai défi » de la concurrence étrangèreSi tous attendent un accord et la reprise des activités du passé, ils savent qu’il n’aura pas que des effets positifs. Ils redoutent que des sociétés étrangères abordent le marché iranien, fort de ses 80 millions d’habitants, en proposant des produits de meilleure qualité. Cette hypothèse fait peur à Reza ; il la considère comme un « vrai défi ». « En arrivant en Iran, certaines sociétés étrangères auront besoin des partenaires iraniens. Je pense qu’elles préféreront des sociétés comme la mienne où les femmes constituent la moitié du personnel à celles dont la mentalité est arriérée et conservatrice », veut-il croire.A quelques mètres du centre commercial de Paytakht, des Téhéranais contemplent les une des quotidiens de ce 9 juillet, étalés autour d’un kiosque à même le sol. « Nous sommes vainqueurs », a titré le quotidien réformateur Arman, qui a publié une grande photo du ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, à Vienne, en train de saluer les photographes d’un signe de la main. En sous-titre, une phrase donne encore davantage d’espoir aux lecteurs : « Le texte de l’accord est presque terminé. »« J’espère vraiment qu’ils arriveront à un accord, dit Mohammad, qui travaille dans un bureau officiel de change. Tout le monde attend ». Morteza, commerçant de 41 ans, ne pense pas qu’un accord pourra changer grand-chose. « Ça m’est vraiment égal. Même si l’accord est obtenu, l’argent qui arrivera en Iran ne va pas servir les gens. »Lire aussi :Pour la classe moyenne iranienne, « les sanctions sont comme un cancer »Ghazal Golshiri (Téhéran, envoyée spéciale)Journaliste au Monde Intérim Les Indiens ont la réputation d’être d’incorrigibles optimistes. Leur chauvinisme aidant, il leur arrive parfois de se réjouir du malheur des autres. C’est ce qui est en train de se produire avec les Chinois, depuis que la Bourse de Shanghaï dégringole. « L’instabilité de la Chine pourrait renforcer l’Inde », titrait en une The Economic Times, jeudi 9 juillet au matin.Le journal économique, réputé très sérieux, estime que si la panique s’est emparée de la Bourse de Bombay le 8 juillet, faisant reculer de 1,72 % l’indice Sensex, les analystes et les traders de la place jugent cette réaction « exagérée » et pensent que les marchés indiens « ont de bonnes chances d’apparaître comme l’une des destinations alternatives les plus fiables pour investir » dans les jours, voire les semaines qui viennent.« Une dynamique de croissance stable » selon l’OCDE« L’Inde offre plus de perspectives en termes de croissance à long terme », explique Mahesh Patil, responsable investissement de la compagnie d’assurances Birla Sun Life. « Elle est le seul pays où le gouvernement a encore de l’argent à dépenser, tandis que presque tous les autres ont déjà actionné la plupart des leviers qui étaient à leur disposition pour soutenir leur économie. Nous pensons par conséquent que les investisseurs vont rediriger certains fonds issus de la vente de leurs actions chinoises ».Le ministre des finances indien, Arun Jaitley, l’a encore répété récemment : le PIB devrait croître de 8,1 % à 8,5 % en 2015 et il pourrait « encore mieux faire » à moyen terme, en atteignant une progression pérenne à deux chiffres. Parmi les éléments favorables : la baisse du prix du baril de pétrole et une mousson qui a démarré très fort, laissant augurer de bonnes récoltes dans l’agriculture. Les économistes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sont également optimistes. Selon eux, l’Inde se trouve « dans une dynamique de croissance stable » et la hausse du PIB devrait s’établir à 7,3 % cette année, ce qui serait déjà une performance en soi, puisqu’il s’agirait de la plus forte au monde, devant celle… de la Chine.Rééquilibrage des portefeuilles boursiers entre pays émergentsAutre argument entendu à Fort, le quartier des affaires de Mumbai ( le nom hindi de Bombay), pour justifier la bonne humeur de ces dernières heures : la chute du cours des matières premières, due au fait que le voisin chinois est le plus gros consommateur mondial de cuivre, d’aluminium et de métaux ferreux. « La correction brutale qui est en train de se produire sur les marchés chinois va permettre à l’Inde d’aller de l’avant, car nos entreprises vont diminuer leurs coûts et dégager de meilleurs bénéfices », prédit Nilesh Shah, directeur général de Kotak Mutual Fund.Dans ce climat quelque peu inattendu, les difficultés de la Chine « ne peuvent être qu’une bonne nouvelle » pour l’Inde en tant qu’importateur net de matières premières, acquiesce le quotidien Indian Express, qui parie lui aussi sur un rééquilibrage des portefeuilles boursiers entre pays émergents.Faible profitabilité des entreprisesQuelques nuages planent pourtant au-dessus de l’Inde. La roupie, par exemple, est particulièrement volatile et accroît l’incertitude sur le prix des produits achetés à l’étranger. La faible profitabilité des entreprises, par ailleurs, laisse présager des déconvenues en Bourse lorsque les résultats trimestriels commenceront à tomber la semaine prochaine.Enfin, sur le plan politique, le premier ministre, Narendra Modi, est affaibli par des affaires de corruption qui éclaboussent des membres de l’exécutif et des élus du parti au pouvoir, le BJP, alors que doit s’ouvrir le 21 juillet la nouvelle session parlementaire. L’opposition, revigorée, entend bien faire barrage aux deux grands projets de loi sur la table : l’instauration d’une TVA unique dans tout le pays et l’assouplissement des règles d’expropriation, supposée accélérer les chantiers d’infrastructures.« Il y a un risque de ralentissement des réformes et c’est pourquoi l’attractivité de la Chine demeure plus forte pour le moment », affirmait jeudi Herald Van der Linde, responsable des stratégies d’investissement d’HSBC pour la zone Asie-Pacifique, dans les colonnes de The Economic Times.Intérim 09.07.2015 à 09h34 • Mis à jour le09.07.2015 à 12h04 | Cécile Chambraud (La Paz, envoyée spéciale) La dimension politique et régionale de la première visite du pape argentin en Amérique hispanophone s’est confirmée, mercredi 8 juillet, au troisième jour d’un périple qui l’a conduit à La Paz, en Bolivie, après deux jours passés en Equateur. Au cours d’une rencontre avec les « autorités politiques et civiles » du pays dans la cathédrale, François s’est exprimé sur un différend régional plus que séculaire, à savoir la revendication par la Bolivie d’un accès à la mer dont l’a privé le Chili à l’issue d’une guerre au XIXe siècle.« Le développement de la diplomatie avec les pays voisins, dans le but d’éviter des conflits entre des peuples frères et de contribuer à un dialogue franc et ouvert sur les problèmes est aujourd’hui indispensable. Dialogue ! Dialogue ! Je pense à la mer », a lancé le pape, déclenchant les applaudissements de l’assistance. « Tous les thèmes, aussi épineux soient-ils, a-t-il insisté, ont des solutions communes, raisonnables, équitables et durables. Et (…) ils ne doivent jamais être des motifs d’agressivité, de rancœur ou d’inimitié qui aggravent encore plus la situation et en rendent plus difficile la résolution. »Lire : Un tunnel de 150 km, et la Bolivie "retournera à l'océan"Saisie de la Cour internationale de justiceLe sujet n’était pas facile à aborder pour le pontife argentin, tant il empoisonne les relations entre les deux pays. Face au refus chilien, Evo Morales, le président bolivien, qui était assis au premier rang, a saisi la Cour internationale de justice pour essayer d’obtenir gain de cause. La formulation a été choisie par son hôte pour être comprise favorablement par son auditoire bolivien, qui, derrière le mot « mer », a entendu « accès à la mer », sans pour autant sembler prendre partie contre le Chili dans cette querelle. Mercredi, le président bolivien a offert au pape un livre sur ce sujet toujours brûlant à ses yeux.François et Evo Morales se sont chaleureusement salués à l’aéroport de La Paz, situé à plus de 4 000 mètres d’altitude. Le président bolivien, reçu à Rome en octobre 2014, l’a appelé « hermano papa » (frère pape) et l’a tutoyé. Le pape, qui avait bu dans l’avion un maté de feuilles de coca pour prévenir le mal de l’altitude, a affirmé que « la Bolivie a fait des pas importants pour inclure d’amples secteurs dans la vie économique, sociale et politique du pays » et « dispose d’une constitution qui reconnaît les droits des individus, des minorités, de l’environnement et elle a des institutions sensibles à ces réalités ». Il a aussi rappelé la place et l’enracinement de l’Eglise dans le pays, face à un chef de l’Etat qui, pendant longtemps, a dénoncé en elle une institution coloniale. Parmi d’autres cadeaux, le président bolivien lui a remis un crucifix de bois en forme de faucille et de marteau. Le voyage pontifical devait se poursuivre jeudi dans la ville bolivienne de Santa Cruz, avec, notamment, un discours du pape lors de la deuxième rencontre internationale des mouvements populaires.Lire aussi :Le social, enjeu du séjour du pape en Amérique latineCécile Chambraud (La Paz, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.07.2015 à 05h20 • Mis à jour le09.07.2015 à 07h59 Le nombre de demandeurs d’asile dans les pays de l’Union européenne a fait un bond de 68 % au cours des cinq premiers mois de l’année 2015 par rapport à la même période en 2014, a annoncé mercredi 8 juillet l’organisme de l’Union européenne chargé de la question, le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO).Lire aussi :Bruxelles prône une répartition entre pays européens des demandeurs d’asileL’EASO n’a toutefois pas donné de chiffres détaillés sur le nombre de migrants qui sont entrés sur le territoire européen durant la période qui court de janvier à mai.2014, déjà une année recordLa semaine dernière, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) avait avancé le chiffre de 137 000 réfugiés et migrants arrivés en Europe par la mer au cours du premier semestre, en majorité sur les côtes italiennes et grecques.Selon l’EASO, l’année 2014 a déjà représenté un record du nombre d’arrivées, avec plus de 660 000 demandeurs d’asile arrivés sur le territoire des Vingt-Huit ainsi qu’en Suisse et en Norvège.L’augmentation des flux migratoires en direction de l’Europe, qui s’explique en partie par le conflit en Syrie, a poussé les gouvernements de l’UE à chercher des réponses. Jeudi, les ministres des 28 chargés du dossier doivent se retrouver à Luxembourg afin de définir les contours d’une politique d’accueil de ces migrants et de réfléchir aux moyens de les dissuader d’entreprendre la traversée périlleuse de la Méditerranée.Lire aussi :Migrants : « Chacun des 28 pays européens doit prendre sa part » Maryline Baumard Vincent Cochetel est le directeur Europe du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Les 25 et 26 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas abouti à un accord sur la relocalisation de 40 000 réfugiés arrivés en Europe. Le sujet est à nouveau entre les mains des ministres de l’intérieur jeudi 9 juillet au Luxembourg. Qu’attendez-vous de cette réunion ?J’attends d’abord qu’on revienne à la raison. Que se réinstaure une plus grande confiance entre les Etats dans leur capacité à respecter leurs obligations. L’Europe doit aujourd’hui faire face à une arrivée importante de demandeurs d’asile, certes, mais en aucun cas massive. Aujourd’hui, 86 % des personnes déplacées sur la planète vivent dans des pays en développement. Et en 2014, ce sont 42 500 personnes qui ont été déplacées quotidiennement par les guerres et violations des droits de l’homme. Réinstaller 20 000 réfugiés et relocaliser à partir de la Grèce et de l’Italie 40 000 personnes en deux ans sur un continent de 500 millions d’habitants me semble de l’ordre du possible.D’accord mais les flux se sont encore intensifiés depuis 2014…Quelque 219 000 personnes sont arrivées en bateau l’an dernier sur les côtes européennes. La moitié n’avaient pas vocation à obtenir l’asile. En 2015, nous comptabilisons 130 000 arrivées sur les six premiers mois : 78 000 sur les côtes grecques et le reste sur les côtes italiennes. Sur les flux arrivant en Grèce, 85 % nous semblent pouvoir prétendre au statut de réfugié compte tenu de leur origine. Ceux qui entrent aujourd’hui par l’Italie semblent être majoritairement des migrants économiques.La mauvaise nouvelle dans ce que vous nous dites là, c’est que la Grèce est devenue la première terre d’entrée en Europe. Etant donné sa situation aujourd’hui dans l’Europe, êtes-vous inquiet ?C’est effectivement une très mauvaise nouvelle, puisque le système de réception des demandeurs d’asile dans ce pays est quasi inexistant. La plupart des îles ont arrêté la prise d’empreintes digitales, l’enregistrement des demandes, et elles n’offrent pas d’hébergement. D’ailleurs, la capacité totale de premier accueil dans tout le pays est de l’ordre de 1 100 places ; ce qui n’a rien à voir avec les besoins. Pour comprendre, il suffit de mettre en lien cette donnée avec les 1 600 arrivées sur la seule île de Lesbos le week-end dernier !Lire aussi :Lesbos, l’île au bord du naufrageJusqu’à il y a quelques semaines, la Grèce prenait et enregistrait les empreintes digitales de chaque personne arrivée sur ses côtes, contrairement à la pratique en Italie. C’était même nécessaire pour avoir son laissez-passer et quitter les îles.Aujourd’hui, ils ne le font plus. Mais l’Europe se doit de les aider à remettre en place un contrôle systématique, conformément aux obligations de tout pays européen. Aujourd’hui, ces entrées non contrôlées ont des répercutions en cascade sur tous les pays voisins. En quittant Athènes, les réfugiés et les migrants passent en Macédoine, puis en Serbie, et de là passent en Hongrie. Cette route des Balkans est devenue très dangereuse, un lieu de trafic humain et de violence. Et le Parlement hongrois a redit hier sa volonté de construire une barrière entre la Serbie et son territoire. Or nous l’avons vu entre la Grèce et la Bulgarie, les barrières et barbelés ne sont pas des solutions. Le lieu de passage se déplacera. C’est triste de penser qu’en 1956 le mur empêchait les citoyens hongrois persécutés de quitter leur pays en masse ; demain le nouveau « mur » empêchera d’autres réfugiés de trouver la sécurité sur leur territoire…Si la Turquie contrôlait mieux ses frontières, l’Europe serait-elle moins sous pression ? D’ailleurs, elle a fait des efforts sur les cargos. Il n’y a plus eu de départ depuis Noël de cargos chargés de migrants à destination de l’Italie. Ne jetons pas la pierre à la Turquie. Avec 1,8 million de réfugiés sur son territoire, c’est le premier pays du monde pour l’accueil des réfugiés. Quand nous ferons autant qu’elle, nous pourrons critiquer ! Mais je reconnais que s’ils ont jugulé les départs de gros bateaux, ils ne semblent pas pouvoir contrôler aussi bien les plus petites embarcations…Si l’on écoute notre ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, les Italiens ne respectent pas le droit européen en matière de gestion des flux de migrants. Etes-vous d’accord avec cette analyse ?Beaucoup de choses doivent êtres améliorées en Italie, par exemple l’identification systématique de toute personne sauvée en mer, des meilleures conditions de réception dans un système simplifié, un traitement plus efficace et accéléré des demandes d’asile. Mais surtout, l’Italie ne renvoie pratiquement aucun débouté du droit d’asile. C’est un vrai problème, car il ne peut nulle part y avoir de procédure d’asile qui fonctionne véritablement sans politique efficace de renvoi de ceux qui n’ont pas droit à cette protection. Et l’Italie n’est malheureusement pas une exception. Sans politique de renvoi efficace, les opinions publiques dans de nombreux pays européens ont du mal à faire la différence entre un réfugié et quelqu’un qui n’a pas besoin de protection internationale.Voir aussi notre grand format: En dix ans, la CMU a réduit les inégalités dans l'accès à la santéCompte tenu de cet état des lieux, que faut-il pour que les discussions entre ministres de l’intérieur avancent jeudi ?Il faut que la confiance se réinstalle entre les Etats européens. On parle de l’Italie, mais le blocage des migrants et demandeurs d’asile à Vintimille a eu lieu parce que la France n’a pas confiance totale dans la gestion italienne des arrivées à leur frontière maritime…Tout comme Calais et les 3 000 migrants qui y stationnent sont le fruit de l’absence de confiance des Britanniques dans la politique migratoire menée par la France…On peut effectivement voir des points communs entre ces deux situations. De nombreux pays européens pensent que les meilleures solutions sont dans les pays voisins… Plusieurs pays du sud de l’Europe demandent de la solidarité avant qu’on leur parle de responsabilité, compte tenu de leur position géographique. Les quelques pays du Nord qui sont les pays de réception de la majorité des demandeurs d’asile en Europe inversent la proposition. Il faut mettre fin à ce dialogue de sourds à travers une coopération pratique en mettant en œuvre toutes les composantes de l’agenda européen pour la migration.C’est déjà cette impasse qui a empêché un accord sur la répartition obligatoire des 40 000 réfugiés. Comment en sort-on ? D’une manière simple. On impose que chacun des 28 pays prenne sa part. Ce chiffre de 40 000 est un début très modeste. On attend les propositions de chaque Etat demain. Si on n’arrive pas à relocaliser les 40 000 réfugiés sur deux ans à partir de l’Italie et de la Grece, on a deux solutions. Soit on refait un tour de table et on commence d’une manière pratique avec les offres actuelles. Soit on demande à ceux qui ne veulent pas participer ou en prennent moins que ce que proposait la clé de répartition établie par la Commission européenne d’aider financièrement d’autres pays à accueillir à leur place, pour une période intérimaire leur permettant de se préparer à participer à ce programme commun de solidarité. Un tel système fut envisagé par l’Autriche en 1956, quand elle fut confrontée à l’arrivée de 200 000 réfugiés hongrois sur son territoire.La France n’a pas été un modèle depuis que cette discussion s’est ouverte en mai, au lendemain du naufrage d’un bateau transportant 800 personnes. Que pensez-vous du cafouillage de la France avec ses quotas et sa discussion sur les paramètres de la clé de répartition ? Je pense qu’il y a effectivement eu un peu de cafouillage en matière de communication, mais que la France essaie de tenir une position d’équilibre, se refusant à signer un chèque en blanc aux pays du Sud, mais indiquant sa volonté de participer aux efforts communs.Quel serait le rôle du HCR au sein des dispositifs de premier accueil (« hotspots ») que l’Europe rêve de mettre en place dans les pays d’arrivée, où serait fait le tri entre migrants économiques à renvoyer tout de suite et demandeurs d’asile ?En tant que HCR, nous sommes prêts à aider dans la mise en œuvre de ce projet et par exemple aider à gérer l’identification des cas plus vulnérables avec des besoins spécifiques. Par ailleurs, nous pourrions trouver des solutions autres que l’Europe pour des réfugiés ayant de la famille sur d’autres continents.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.07.2015 à 21h00 • Mis à jour le08.07.2015 à 22h03 L’ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été condamné mercredi 8 juillet par la justice italienne à une peine de trois ans de prison pour avoir acheté en 2006 la voix d’un sénateur afin de faire tomber le gouvernement de centre gauche, alors dirigé par Romano Prodi. Le parquet avait requis cinq ans de prison.Lire aussi :Cinq ans de prison requis contre Berlusconi pour corruptionLe « Cavaliere », qui se dit innocent, n’aura toutefois pas à effectuer cette peine, puisque les faits qui lui sont reprochés seront prescrits avant un futur jugement en appel. Le tribunal de Naples, qui jugeait cette affaire, lui a également interdit d’occuper des fonctions officielles pour une durée de cinq ans.3 millions d’euros pour débaucher un sénateurL’affaire remonte aux élections législatives de 2006, remportées de justesse par la coalition hétéroclite de gauche dirigée par Romano Prodi, qui ne disposait que d’une très courte majorité au Sénat. Quelques mois à peine après ces élections, Sergio De Gregorio, sénateur élu d’un des partis de la coalition majoritaire avait rejoint Silvio Berlusconi.Cette décision avait rendu encore plus fragile l’exécutif, et accéléré la chute du gouvernement de gauche, qui avait jeté l’éponge en 2008, moins de deux ans après le scrutin. Selon le parquet, le Cavaliere a versé 3 millions d’euros, dont deux en espèces, à Sergio De Gregorio pour le débaucher. Des faits reconnus par ce dernier devant des magistrats et dans la presse.Le magnat des médias italien n’avait jusqu’ici été condamné qu’une seule fois, pour fraude fiscale, malgré les nombreux procès qu’il a dû affronter. En vertu de ce jugement, Silvio Berlusconi avait été contraint d’effectuer des travaux d’intérêt général dans un centre social spécialisé dans l’accueil de personnes âgées à Milan entre mai 2014 et mars 2015.Lire : Berlusconi, vingt ans de procès 06.07.2015 à 16h50 • Mis à jour le06.07.2015 à 18h03 | Pierre Breteau, Mathilde Damgé et Alexandre Pouchard Les Grecs ont dit « oxi », « non ». Appelés à se prononcer sur le nouveau plan d’aide proposé par les créanciers internationaux, ils l’ont rejeté dimanche 5 juillet à 61,3 %.Victorieux, le premier ministre, Alexis Tsipras, a assuré que les représentants d’Athènes voyaient ainsi leur « pouvoir de négociation renforcé » avant une nouvelle réunion de l’Eurogroupe avec les ministres des finances des autres Etats de la zone euro.Quelle était la question ?Pourquoi les Grecs ont-ils voté « oxi » ?Pourquoi Varoufakis a-t-il démissionné ?Quels sont les scénarios possibles maintenant ?Si la Grèce sort de l’euro et que la crise s’aggrave, qui sera touché en Europe ? Quelle était la question ?Contrairement à ce qui a pu être dit ici ou là, le référendum n’appelait pas les Grecs à se prononcer pour ou contre leur maintien dans la zone euro, ni pour ou contre l’Union européenne. Il s’agissait d’avaliser ou non le plan d’aide proposé par les créanciers du pays (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), et ses conséquences. Voici la question posée aux électeurs grecs :« Faut-il accepter le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) lors de l’Eurogroupe du 25 juin, qui est composé de deux parties : “Reforms for the completion of the current program and beyond” [“Réformes pour l’achèvement du programme en cours et au-delà”, en anglais dans le texte sur les bulletins] et “Preliminary debt sustainability analysis” [“Analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette”, en anglais dans le texte sur les bulletins] ? »Ce projet d’accord comportait de nouvelles mesures d’austérité (voir le document, en anglais), érigées en conditions pour le déblocage d’une nouvelle aide financière à Athènes :une réforme fiscale, avec notamment une « simplification majeure » de la TVA, jugée « très fragmentée » ;une nouvelle réforme des retraites, avec un âge légal de départ à la retraite fixé à 67 ans, ou à 62 ans pour celles et ceux ayant quarante années de cotisation, ainsi que l’augmentation des cotisations de santé pour les retraités et le gel des pensions au moins jusqu’en 2021 ;un renforcement de la lutte contre la fraude fiscale et la contrebande de carburant.Le gouvernement avait d’abord refusé ces mesures en annonçant le référendum le 27 juin, puis a accepté la majorité d’entre elles dans une lettre d’Alexis Tsipras le 1er juillet, mais l’Eurogroupe (réunion des ministres des finances de la zone euro) a suspendu les négociations dans l’attente du référendum. Pourquoi les Grecs ont-ils voté « oxi » ?La Grèce est en crise financière gravissime depuis 2009 et la découverte, par le premier ministre socialiste nouvellement élu, Georges Papandréou, de comptes publics maquillés par la droite au cours des années précédentes. Pour redresser les comptes puis obtenir de l’aide financière internationale, les gouvernements successifs ont mis en place au moins huit plans d’austérité. Les réformes fiscales du système de retraite, l’alourdissement des taxes, les coupes budgétaires et les suppressions d’emplois publics ont peu à peu étranglé les ménages grecs.Lire notre synthèse :En Grèce, 8 plans d’austérité depuis 2009, 4 gouvernements, 2 plans d’aideLe référendum a ainsi été l’occasion, pour une majorité de la population, de rejeter un nouveau cycle d’austérité. Elle a été poussée dans ce sens par le parti du premier ministre, Alexis Tsipras, la coalition de gauche radicale Syriza, mais aussi par la droite souverainiste ANEL, ainsi que par les néonazis d’Aube dorée. Le gouvernement a assuré que son objectif était, grâce à ce non, de renforcer « le pouvoir de négociation » d’Athènes vis-à-vis des créanciers et de conclure « un meilleur accord » avec eux dans « le cadre de la zone euro ».Reportage auprès des partisans du "oxi" :« On a décidé de mourir comme on l’entend » Pourquoi Varoufakis a-t-il démissionné ?Le ministre de l’économie avait prévenu qu’il démissionnerait en cas de victoire… du oui. Mais, dès le lendemain de la victoire du non, il a annoncé sa démission. Dans une note sur son blog, Yanis Varoufakis explique que ses homologues « membres de l’Eurogroupe » préféraient son « absence des réunions ». Il a commenté en expliquant que c’était une « idée que le premier ministre a jugée potentiellement utile à l’obtention d’un accord ».Depuis ses débuts au ministère de l’économie, Yanis Varoufakis — économiste reconnu — s’est autant mis à dos ses homologues de la zone euro qu’il a acquis de popularité dans une partie de l’opinion internationale. On lui a reproché ses traits de caractère, il est notamment jugé arrogant, là où Bruxelles est plus une habituée des réunions feutrées. En le poussant à la démission, Alexis Tsipras fait ainsi un geste pour se rapprocher des créanciers.Lire aussi :Crise grecque : Yanis Varoufakis, bête noire de Bruxelles, poussé à la démission Quels sont les scénarios possibles maintenant ?Trois scénarios sont envisageables en somme : la négociation d’un nouvel accord ; un départ (de la zone euro, pas de l’Union européenne) à l’amiable ; et une sortie désordonnée, sans concertation et dans l’urgence.Lire :Crise grecque : trois scénarios après le non au référendum3,5 milliards d’eurosDans tous les cas, le temps presse : en défaut de paiement vis-à-vis du FMI depuis le 1er juillet, date à laquelle le pays devait rembourser 1,5 milliard d’euros à l’institution, une autre échéance se profile : la Grèce doit 3,5 milliards d’euros à la BCE d’ici au 20 juillet.Les Européens se réuniront mardi (François Hollande et Angela Merkel se verront dès lundi soir) pour discuter des issues possibles ; côté grec, un nouveau ministre de l’économie devrait être nommé bientôt, et le gouvernement revenir à la table des négociations avec les créanciers et les dirigeants européens.Dans les deux derniers scénarios, la sortie de l’euro favoriserait les exportations (rendues plus compétitives par une monnaie dévaluée), même si celles-ci pèsent peu dans la balance commerciale par rapport aux importations.La sortie de l’euro pénaliserait certes les Grecs (qui paieraient plus cher les biens importés), mais, selon les analystes de Natixis, l’arrêt du remboursement des intérêts de la dette apporterait une bouffée d’air à l’ensemble de l’économie hellène. Si la Grèce sort de l’euro et que la crise s’aggrave, qui sera touché en Europe ?Un « Grexit » a peu de risque d’entraîner une panique financière comme pendant la « crise des dettes » de la zone euro, en 2012, car depuis cette date, les banques européennes ont réduit leur exposition à la Grèce. Seules les banques allemandes ont gardé dans leurs comptes beaucoup de créances bancaires sur la Grèce (environ 42 % du total des créances du pays, selon les calculs de Natixis).Cependant, les banques grecques sont présentes dans les pays d’Europe orientale, où elles détiennent des encours importants, un risque pour ces pays si les banques grecques devaient définitivement mettre la clé sous la porte. Par rapport à la taille de leur économie, les pays les plus exposés au secteur bancaire grec sont : Chypre (46 % du PIB) ; la Bulgarie (19 % du PIB) ; la Macédoine (17 % du PIB) ; l’Albanie (14 % du PIB) ; la Serbie (11,5 % du PIB) ; la Roumanie (7,6 % du PIB).Quant aux Etats, ils sont exposés à la dette grecque par les prêts bilatéraux qu’ils ont accordés à Athènes et par les garanties qu’ils ont apportées au Fonds européen de stabilité financière : le FESF a prêté 142 milliards d’euros à la Grèce. Enfin, un « Grexit » aurait des conséquences pour tout le continent sur la confiance des investisseurs étrangers et sur le moral des ménages en Europe.Lire aussi :Les risques géopolitiques d’un « Grexit »Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Avant de rencontrer François Hollande à l’Elysée, lundi à 18 heures, la chancelière allemande Angela Merkel a laissé son porte-parole, Steffen Seibert, indiquer en quelques mots comment elle voyait la situation après le référendum en Grèce.Formellement, « la porte est toujours ouverte » à un accord avec Athènes, a dit M. Seibert, reprenant une phrase prononcée par la chancelière au Bundestag mercredi 1er juillet. Contrairement à son vice-chancelier, le président du Parti social-démocrate Sigmar Gabriel, la chancelière ne pense donc pas que la Grèce « a rompu les ponts » avec l’Europe.Suivez la situation en direct sur notre liveNéanmoins, il est clair qu’elle n’est absolument pas prête à faire la moindre concession. « Compte tenu de la décision d'hier des citoyens grecs, les conditions pour des négociations sur un nouveau programme d'aide ne sont pas réunies », a déclaré M. Seibert. Selon lui, le vote de dimanche « est un rejet du principe qui a guidé les aides aux pays [européens en difficulté], le principe selon lequel la solidarité et les efforts sont indissociables », a poursuivi M. Seibert. Or, « le gouvernement allemand reste fidèle à ce principe » qui, selon lui, a fonctionné dans les autres pays qui y ont eu recours.Angela Merkel attend donc désormais ce qu’Alexis Tsipras a à dire aux Européens. Mais, pour elle, il ne saurait être question de négocier un troisième programme d’aide et encore moins de rediscuter de la dette. Un allègement de la dette « n'est pas un sujet pour nous », a indiqué le porte-parole du ministère des finances, Martin Jäger. « Je ne vois pas de raison de nous lancer à nouveau dans cette discussion », a-t-il ajouté.Lire nos explications :Crise grecque : trois scénarios après le non au référendumSauver l’EuropeTout se passe donc comme si l’Allemagne se préparait désormais à une sortie de la Grèce de la zone euro. Certes, ce n’est pas Berlin qui la provoquera, mais celle-ci deviendra inévitable au fur et à mesure qu’Athènes se révèlera, faute d’accord avec ses créanciers, incapable d’honorer ses remboursements et que la Banque centrale européenne cessera d’assurer le financement de son économie.Une sortie de la Grèce de la zone euro serait-il un échec pour Angela Merkel ? Evidemment, celle-ci ne le voit pas ainsi. Du moins ne le reconnaît-elle pas. Mercredi, au Bundestag, la chancelière a donné sa définition de ce qu’est un bon Européen.« Je le dis clairement : un bon Européen n’est pas celui qui recherche l’unité à tout prix. Un bon Européen est celui qui respecte les traités européens ainsi que le droit national et qui, de cette façon, contribue à ce que la stabilité de la zone euro ne se détériore pas. »Contrairement à la plupart des autres pays de la zone euro, dont la France, l’Allemagne – conservateurs et sociaux-démocrates confondus – est désormais convaincue qu’une zone euro sans la Grèce serait plus stable qu’une zone euro dont les principes seraient bafoués par un de ses membres. Dans cette logique, ne pas sauver la Grèce, c’est , d’une certaine façon, sauver l’Europe. De plus, même si Angela Merkel se garde bien de le dire, les retombées négatives devraient être telles pour la population grecque que cela servira sans doute de leçons aux autres pays.Lire les dernières informations :Démission, propositions, divisions : le jour d’après le non de la GrèceFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.07.2015 à 11h44 • Mis à jour le06.07.2015 à 12h55 | Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial) Les lancinantes négociations sur le nucléaire iranien sont entrées dans une phase cruciale à la veille de la nouvelle date butoir, repoussée au mardi 7 juillet. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, les deux principaux acteurs de ces tractations, se sont à nouveau rencontrés à plusieurs reprises, dimanche 5 juillet, à Vienne, avant l’arrivée prévue de leurs homologues chinois, russe, français, britannique et allemand.Lors d’une brève déclaration, dimanche en fin d’après-midi, M. Kerry s’est montré prudent. « Il est maintenant temps de voir si nous pouvons ou pas conclure un accord », a-t-il affirmé. Il a ajouté que les négociations pouvaient encore aller « dans un sens ou dans l’autre », tout en soulignant que « des progrès authentiques » avaient été accomplis ces derniers jours. Les propos de M. Kerry semblaient avant tout destinés à faire pression sur les Iraniens pour qu’ils fassent des « choix difficiles », alors que M. Zarif s’était montré optimiste. « Nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord », a-t-il ainsi estimé, vendredi soir.« Possible dimension militaire »De son côté, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a relevé, en arrivant à Vienne, dimanche soir, que la question « est de savoir si les Iraniens vont accepter de prendre des engagements clairs ». Tout au long de la semaine écoulée, les délégations n’ont cessé d’envoyer des signaux contradictoires. Mais « plus on s’approche de la fin, plus on bute sur les points durs », constate un diplomate occidental.Une chose paraît prévisible : après presque deux ans de négociations, qui ont déjà été prolongées à deux reprises, une nouvelle extension semble exclue. La date du 7 juillet est difficilement contournable. Deux jours plus tard, le Congrès américain, où de nombreux élus sont récalcitrants à tout compromis avec l’Iran, devra avoir reçu de la Maison Blanche le texte d’un accord final. Si cette échéance est dépassée, l’examen pourra alors durer soixante jours au lieu de trente. Un scénario risqué, car les adversaires d’un accord auraient alors davantage de temps pour faire dérailler le processus.Plusieurs points fondamentaux doivent encore être réglés avant d’aboutir à un accord, dont l’architecture avait été définie dans un accord-cadre de Lausanne (Suisse), le 2 avril. D’abord, relève un diplomate occidental, il faut une clarification sur la « possible dimension militaire » (PDM) du programme nucléaire iranien, qui concerne des soupçons d’activités de militarisation menées au début des années 2000. « La PDM nécessite de rétablir la confiance en faisant la lumière sur le passé », insiste cet expert. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) réclame, depuis 2011, des précisions sur douze points liés à la PDM. A ce jour, Téhéran n’a répondu partiellement qu’à deux points.Affiner le dispositif des inspectionsToutefois, le directeur de l’AIEA, le Japonais Yukiya Amano, a affirmé, samedi, à son retour d’un voyage à Téhéran, que les questions liées à la PDM pourraient être réglées d’ici à la fin de l’année, en cas d’accord et de coopération de la part des Iraniens. Une déclaration perçue comme un signal positif alors que cette agence de l’ONU sera amenée à jouer un rôle essentiel en s’assurant de la mise en œuvre d’un accord entre l’Iran et les grandes puissances.Il reste aussi à affiner le dispositif d’inspections, une mesure-clé pour vérifier que l’Iran respecte ses engagements. « Personne ne réclame un droit d’accès permanent et systématique à tous les sites militaires, mais si l’AIEA estime qu’il y a des matériaux nucléaires sur certains sites, elle doit pouvoir y aller », insiste un diplomate, alors que Téhéran s’oppose à l’ouverture de ses bases militaires.Concernant la levée des sanctions, la demande prioritaire des Iraniens, le mécanisme permettant leur réintroduction automatique (snapback), en cas de manquement constaté de la part de l’Iran, n’est « pas négociable », souligne ce diplomate. Enfin, sur le périmètre à venir du programme iranien, il faut que le breakout, à savoir le temps nécessaire pour produire assez d’uranium enrichi pour se doter d’une arme atomique, soit d’au moins un an pendant dix ans, « comme convenu à Lausanne », insiste un proche du dossier.Autant dire que les prochains jours ne seront pas de trop pour résoudre ces points épineux. Beaucoup dépend de M. Zarif. Il a fait un aller-retour en Iran, du 28 au 30 juin, pour consulter le Guide suprême, Ali Khamenei, arbitre de ce dossier stratégique. A son retour de Téhéran, note un diplomate, « Zarif n’est pas revenu avec l’instruction de tuer la négociation »…Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.07.2015 à 10h57 • Mis à jour le06.07.2015 à 18h40 Après le non des Grecs (61,31 %) au référendum sur le plan de réformes des créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne), c’est un lundi agité qu’a connu l’Union européenne.Suivez la situation en direct sur notre liveDémission de Yanis Varoufakis et nomination d’Euclide Tsakalotos Première conséquence, paradoxale, du référendum grec, le ministre de l’économie a annoncé lundi dès l’aube qu’il démissionnait de son poste. Yanis Varoufakis, économiste de 54 ans, s’était pourtant réjoui de la victoire du non, mais il a préféré se retirer pour faciliter les discussions avec Bruxelles, explique-t-il sur son blog :« On m’a informé que certains membres de l’Eurogroupe et de “partenaires” associés préféraient […] que je sois “abseny” des réunions ; une idée que le premier ministre a jugée potentiellement utile à l’obtention d’un accord. Pour cette raison, je quitte le ministère des finances aujourd’hui. »Yanis Varoufakis s’était en effet mis à dos tous les autres ministres des finances de l’Eurogroupe en raison de son attitude jugée arrogante et déplacée, dans le cadre très policé des réunions bruxelloises.En toute logique, il a ainsi été remplacé, lundi après-midi, par Euclide Tsakalotos, qui l’avait déjà suppléé à plusieurs reprises à Bruxelles. Jusqu’alors, ce professeur d’économie à l’université d’Athènes était vice-ministre des affaires étrangères en charge des questions économiques.Lire aussi :Crise grecque : le discret Euclide Tsakalotos remplace le bouillonnant Yanis Varoufakis« Des propositions du gouvernement grec » attendues mardi Au lendemain du non au référendum, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a discuté au téléphone avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et s’est mis d’accord « pour qu'Athènes présente mardi, lors du sommet européen, des propositions » visant à conclure un accord avec les créanciers.Les 19 ministres des finances de la zone euro pourront examiner ces propositions lors d’un Eurogroupe, qui se tiendra à 13 heures à Bruxelles, avant que les chefs d’Etat et de gouvernement se réunissent à 18 heures pour un sommet européen extraordinaire sur le cas grec. Les Européens s’annoncent d’ores et déjà divisés, l’Allemagne s’est montrée intransigeante depuis l’annonce des résultats du référendum, tandis qu’l’Espagne a dit pour sa part n’envisager « absolument pas une sortie de la Grèce de l’euro ». Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a annoncé que les dirigeants de la zone euro vont se pencher sur une « aide humanitaire » à apporter à la Grèce.M. Tsipras a également appelé lundi le président de la BCE Mario Draghi dans la matinée. Le conseil des gouverneurs de la BCE se réunit en effet dans l’après-midi pour choisir s’il maintient, ou non, ses financements d’urgence aux banques grecques. Ensuite, la chancelière allemande Angela Merkel et son homologue français François Hollande se retrouvent dès lundi 18 h à l’Elysée pour de premières discussions. Plusieurs scénarios sont à l’étude : nouveau plan d’aide, allégement de la dette, sortie de la Grèce de la zone euro… Lire aussi :Crise grecque : Merkel inflexible avant sa rencontre avec HollandeDes lectures politiques contrastées en FranceEn France, les hommes politiques font le grand écart. Les formations les plus à gauche (PCF, Front de gauche, frondeurs du PS) ont célébré le non grec, analysé comme « l’échec d’un projet sournois » par Jean-Luc Mélenchon. A l’autre extrémité de l’échiquier politique, le Front national a salué « un non de rébellion face aux diktats européens ». data-tym-playerid="tym-player-x2wus2v" data-tym-title="Michel Sapin : « Au gouvernement grec de faire des propositions »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/crise-de-l-euro/video/2015/07/06/michel-sapin-au-gouvernement-grec-de-faire-des-propositions_4672343_1656955.html" data-tym-categories="crise-de-l-euro,crise-grecque,grece,union-europeenne,economie,politique,actualite,videos,international" data-tym-tags="crise-de-l-euro,crise-grecque,grece,union-europeenne,economie,politique,actualite,videos,international" data-tym-providerreference="x2wus2v" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Le ministre socialiste des finances, Michel Sapin, a estimé que le vote de dimanche « ne règle rien », que la Grèce devait faire des propositions mais que l’Europe n’était « pas dans la difficulté ».A droite, plusieurs ténors du parti Les Républicains, comme Eric Woerth, déplorent les résultats du référendum grec qui a « créé un précédent terrible » . Alain Juppé a appelé sur son blog à organiser la sortie de la Grèce de la zone euro « sans drame ».Les marchés en baisse, l’euro résisteLes marchés financiers ne s’attendaient pas à une telle victoire du non, mais ne cèdent pas à la panique. Après avoir ouvert en baisse (– 2 % à Paris, – 3% à Milan), les Bourses européennes ont réduit les pertes à la mi-journée. L’Euro résiste bien à la crise, s’échangeant à 1,1056 dollar lundi midi contre 1,1107 dollar vendredi.Le commissaire européen chargé de l’euro, le Grec Valdis Dombrovskis, a assuré que la stabilité de la zone euro n’était « pas en jeu » après le non d’Athènes.« Nous avons tous les outils nécessaires pour assurer la stabilité financière de la zone euro, (...) il est très clair que nous sommes capables de défendre [l’euro]. »Les marchés attendent toutefois la réaction de la Banque centrale européenne qui se réunit lundi après-midi pour faire le point sur les aides d'urgence (ELA) accordées aux banques grecques.Lire aussi :Crise grecque : la BCE à l’heure des choixLes banques resteront fermées jusqu’à mercrediLe patron de la fédération bancaire grecque a annoncé à l'agence de presse Reuters que les banques, fermées depuis huit jours, le resteront mardi et mercredi. Quant aux retraits aux distributeurs automatiques, ils sont toujours limités à 60 euros par jour et par personne.Mais le bruit court que si la banque centrale ne remonte pas le plafond de liquidités, les retraits bancaires seront limités à 20 euros, comme l'explique le correspondant de Libération auprès de l'Union européenne sur Twitter. Une perspective qui a poussé de nombreux Grecs à faire la queue devant les distributeurs lundi. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) A la fête dimanche 5 juillet au soir, Yanis Varoufakis quitte pourtant le navire dès lundi matin. C’est d’un tweet laconique « Minister no more ! » (Je ne suis plus ministre) que le ministre grec des finances a annoncé sa démission.« Peu de temps après l’annonce des résultats du référendum, on m’a informé d’une certaine préférence de plusieurs membres de l’Eurogroupe et de “partenaires” associés (…) pour mon “absence” des réunions ; une idée que le premier ministre [Alexis Tsipras] a jugé potentiellement utile à l’obtention d’un accord. Pour cette raison, je quitte le ministère des finances aujourd’hui », écrit Yanis Varoufakis dans un court article publié sur son blog personnel lundi 6 juillet au matin. Lire aussi :Yanis Varoufakis, la « rock star » qui agace à BruxellesLe message est clair : les créanciers auraient demandé et obtenu sa tête. Et voilà Varoufakis qui se pose en héros et victime de la machine européenne. Selon le politologue Elias Nikolakopoulos, les choses sont cependant un petit peu plus compliquées.« Tsipras et Varoufakis ont négocié pour trouver ce compromis et permettre à Varoufakis de faire cette déclaration qui sauve son honneur, mais, au fond, Tsipras était furieux de ce que le ministre des finances a fait hier soir », affirme M. Nikolakopoulos.Les noms d’Euclide Tsakalotos, l’actuel chef de l’équipe de négociation à Bruxelles, ou encore de Georges Stathakis, ministre de l’économie, circulaient lundi matin comme successeurs potentiels de M. VaroufakisAu mépris de l’usage politique grec, Yanis Varoufakis a pris la parole avant son premier ministre. « Il a parlé sur un ton donneur de leçon et triomphaliste alors que le premier ministre attendait patiemment son tour pour lancer un message mesuré et d’appel à l’union nationale. Ça ne se fait pas ! », ajoute l’analyste.« Pour autant, outre cela, Alexis Tsipras savait en effet qu’il ne pouvait pas retourner à Bruxelles avec Varoufakis, détesté par tous les partenaires, poursuit M. Nikolakopoulos. Simplement, il lui était difficile de s’en défaire, car l’économiste est très populaire en Grèce. Ce manquement à l’étiquette a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. »Il va falloir aller viteTôt lundi matin, Alexis Tsipras a réuni sa garde rapprochée et s’est notamment longuement entrenu avec le vice-président du gouvernement, Yannis Dragassakis, l’homme qui a dessiné la stratégie économique de Syriza ces deux dernières années. Les noms d’Euclide Tsakalotos, l’actuel chef de l’équipe de négociation à Bruxelles, ou encore de Georges Stathakis, ministre de l’économie et de la croissance, ou même de Dragassakis lui-même, circulaient lundi matin comme successeurs potentiels de Yanis Varoufakis. Tous des hommes proches d’Alexis Tsipras et déjà associés au processus de négociation depuis le début. Car il va falloir aller vite. Le premier ministre a promis aux Grecs de ramener un accord dans les quarante-huit heures. Un Eurogroupe, auquel la Grèce devra envoyer un ministre des finances, est programmé pour le mardi 7 juillet.Depuis fin janvier, le style nonchalant de Varoufakis, crâne rasé, sac au dos et col de chemise ouverte, détone à BruxellesEn cinq longs et laborieux mois de négociations, Yanis Varoufakis n’aura jamais réussi à se glisser dans le moule bruxellois. « Trop étroit pour lui depuis le début », réagissait lundi matin l’une de ses connaissances. « Il a choqué, déplu par sa franchise et son opiniâtreté à dire que la voie du tout-austérité était une impasse. Et pourtant, il a raison ! Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis : ils ont retrouvé 10 points de PIB depuis la crise financière de 2008 et nous, en Europe, on stagne. Quelle suffisance et dogmatisme de la part des Européens de ne pas avoir voulu utiliser Yanis. »Pourquoi cet économiste de 54 ans, réputé sérieux, cosmopolite, s’est-il mis à dos tous ses pairs de l’Eurogroupe ? Dès ses débuts dans le nouveau gouvernement de la gauche radicale grecque, fin janvier, le style nonchalant de Varoufakis, crâne rasé, sac au dos et col de chemise ouverte, détone à Bruxelles. C’est surtout son attitude qui exaspère. Jugée arrogante, déplacée. « Un donneur de leçons insupportable », dénonce-t-on assez rapidement dans les couloirs de la Commission européenne.Un économiste très doué, pour Joseph StiglitzQuand il est nommé, Varoufakis a une mission claire : plaider pour une rupture radicale avec la politique d’austérité menée depuis cinq ans en Europe. Il a la confiance et même l’admiration d’Alexis Tsipras. Il n’a certes aucune expérience de gouvernement, mais une forte légitimité – il est le mieux élu des députés Syriza, lors du scrutin législatif du 25 janvier. Et une forte reconnaissance en temps que « théoricien » de la crise grecque.Depuis des années, il décrypte, de conférences en plateaux de télévision, les erreurs commises en Grèce par la « troïka », l’ancien nom des créanciers. Conseiller, entre 2004 et 2006, de l’ex-premier ministre socialiste Georges Papandréou, il critique dès le début la réponse européenne à la crise financière, qui a consisté à endetter la Grèce au-delà du raisonnable.Le fort ego de M. Varoufakis aura finalement joué contre luiIl enfonce le clou, en 2010, dans son livre Modeste Proposition pour résoudre la crise de la zone euro. Une version de cet ouvrage réactualisée (édition Les Petits Matins), avec des ajouts de l’économiste James K. Galbraith, en 2014, propose de relancer l’investissement en Europe par l’intermédiaire de la Banque européenne d’investissement, une idée qui a fait son chemin et est, en partie, reprise par l’actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. « Peu de ministres des finances sont aussi doués en économie que lui », estime le Prix Nobel, Joseph Stiglitz. « Personne n’a travaillé comme Varoufakis pour résoudre la crise en Europe », ajoute M. Galbraith.« Que pouvais-je faire d’autre que faire la leçon ? »Devenu ministre, Yanis Varoufakis veut bousculer ces règles. Sortir du strict cadre du respect d’un programme de réformes qui, selon lui, a conduit la Grèce à la ruine. Et commencer très vite une discussion sur une restructuration de la dette du pays. « Mon homologue allemand Wolfgang Schäuble n’a jamais accepté de parler de ce sujet », confiait-il au Monde il y a quelques mois. « Pour lui, les règles ont un caractère divin. Il ne cesse de nous renvoyer au respect du programme au lieu de discuter du fonds du problème. »Mais être ministre des finances, c’est faire de la politique. Et manifestement, M. Varoufakis refusait de jouer le jeu. « Que pouvais-je faire d’autre que faire la leçon ? », se défendait déjà l’intéressé à l’époque « Il fallait bien que je marque mon désaccord avec la façon dont l’Europe a géré la crise. Devrais-je jouer au lobotomisé parce que l’on ne veut pas m’entendre ? »Le fort ego de M. Varoufakis aura finalement joué contre lui. « Beaucoup pensaient au parti que Tsipras l’aurait gardé au moins jusqu’à la conclusion d’un accord », affirmait lundi une source au parti de la gauche radicale Syriza.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.07.2015 à 07h01 • Mis à jour le06.07.2015 à 17h05 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le sujet de la dette grecque avait jusqu’à présent été soigneusement évité par les pays de la zone euro et par les principaux créanciers d’Athènes – à l’exception notable de la France. Après la victoire du non au référendum du dimanche 5 juillet, il va forcément venir à la table des discussions en cas de nouvelles négociations.Une renégociation de cette dette est en effet une priorité du premier ministre grec, Alexis Tsipras, et de son gouvernement. Surtout, elle fait sens alors que de plus en plus d’économistes, mais aussi le Fonds monétaire international (FMI), estiment déraisonnable de penser que la Grèce parviendra un jour à rembourser un montant colossal de 322 milliards d’euros (soit 177 % du produit intérieur brut du pays) tout en renouant avec la croissance.Lire le décryptage :Pourquoi la dette grecque n’est pas soutenableDurant les cinq interminables mois de pourparlers avec Athènes, les créanciers du pays – la Banque centrale européenne (BCE), la Commission de Bruxelles et le FMI – ont refusé de mener de front une discussion sur un nouveau train de réformes à mettre en place en Grèce en échange de nouvelles tranches d’aides et une négociation sur l’allégement de ses conditions de refinancement. Ils voulaient d’abord les réformes. Et après la dette.Ils doutaient de la volonté d’Athènes de réellement réformer son économie, d’équilibrer un système de retraites pesant 16 % du PIB (intenable, selon eux), de mettre enfin en place un système efficace de collecte de l’impôt, de lutter contre le clientélisme dans les administrations…Dialogue de sourdsLes blocages étaient aussi politiques. En Allemagne, l’opinion publique est globalement très remontée contre l’idée de donner un euro de plus à la Grèce, alors qu’en 2012 plus de la moitié de l’ardoise avait déjà été effacée (environ 107 milliards d’euros). A l’époque, ce sont les bailleurs de fonds privés du pays qui avaient accepté une décote de 50 % et de 75 % de la valeur faciale de leurs créances.Aujourd’hui, la dette grecque est essentiellement détenue par des créanciers « publics » : à plus de 75 % par le FMI, la BCE, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et les autres pays membres de la zone euro. Le but serait de revenir à un ratio dette-PIB de 120 % environ.Lire aussi :En Grèce, 8 plans d’austérité depuis 2009, 4 gouvernements, 2 plans d’aideEn Espagne, en Irlande, au Portugal, les chefs d’Etat et de gouvernement assuraient ces derniers mois qu’accepter une renégociation de la dette grecque était impossible. Tous ont été sous « programme d’aide » financière pendant la crise, tous se sont vu imposer de très dures politiques d’austérité ; aucun n’a bénéficié d’une renégociation de sa dette.L’attitude de M. Tsipras et de son impétueux ministre des finances, Yanis Varoufakis – ce dernier a démissionné, lundi, au lendemain du référendum –, n’a pas aidé à arrondir les angles. Dès février, ils ont réclamé un effacement de la valeur nominale de la dette, un tabou complet pour leurs créanciers pourtant prêts à rallonger les maturités de cet endettement et à en abaisser encore un peu les taux. Mais d’Eurogroupe en inutiles sommets de la zone euro, les discussions ont viré au dialogue de sourds.Le « nein » de l’AllemagneSeule la France – et dans une certaine mesure la Commission européenne – militait pour qu’on « laisse un espoir » à M. Tsipras, selon l’expression de plusieurs sources européennes à Athènes. Et qu’on inscrive noir sur blanc, dans l’« accord global » qu’était censée signer la Grèce avec ses créanciers, fin juin, un engagement à ouvrir une discussion sur la dette dans les mois qui viennent. Paris avait même préparé un modèle d’accord, et le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait proposé le mois d’octobre pour commencer à négocier. Mais leurs tentatives se sont heurtées au nein de Berlin.Si le dialogue est renoué, Athènes pourra, cette fois, utiliser l’argument du FMI pour forcer la main de ses partenaires. Le FMI, à qui la Grèce doit encore 21,2 milliards d’euros, a jeté un pavé dans la mare, le 2 juillet, en publiant une note « faisant la vérité » sur les besoins financiers de la Grèce dans les années à venir et assurant que le pays avait besoin de 50 milliards d’euros d’aides supplémentaires d’ici à 2018 et d’un « allégement de sa dette de grande ampleur ».La Grèce en passe de retomber en récessionCette position, le FMI la défendait depuis des semaines dans le huis clos des négociations, mais jusqu’à présent n’avait – selon plusieurs sources – pas tapé du poing sur la table pour exiger des Européens qu’ils acceptent de parler de la dette. Il avait continué, selon nos informations, à exiger des réformes structurelles exigeantes pour la Grèce (retraites, taux de TVA). Selon l’agence Reuters, des responsables européens ont fait pression sur le FMI pour qu’il ne publie pas cette note. Une source européenne a confirmé au Monde, vendredi, que les créanciers européens avaient fait savoir leur mécontentement à Washington, estimant que cette note du FMI pourrait perturber le vote grec.De plus en plus d’économistes et d’observateurs le disent : la donne a changé en Grèce ces derniers mois. Début 2015, le FMI et l’Union européenne prévoyaient encore un taux de croissance du PIB de 2,5 %. A ce rythme, l’énorme dette paraissait « soutenable ».Mais l’incertitude politique actuelle a gelé les investissements et la reprise économique. Et les remboursements au FMI ont vidé les caisses de l’Etat. Aujourd’hui, l’économie grecque est en passe de retomber en récession. « Il faut une restructuration de la dette aujourd’hui, pour prévenir le besoin, plus tard, d’une restructuration plus importante encore. C’est autant dans l’intérêt des créanciers que d’Athènes », relève l’économiste Ashoka Mody, du think tank bruxellois Bruegel, dans un billet posté le 4 juillet.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Paulo A. Paranagua Les droits de l’homme à Cuba feront-ils les frais du rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis et de la normalisation des relations avec l’Union européenne (UE) ? La question mérite d’être posée, d’autant que les appétits économiques pèsent dans ce tournant de la diplomatie d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique.L’annonce de la prochaine réouverture des ambassades faite solennellement par Barack Obama à la Maison Blanche, le 1er juillet, a été accueillie de façon prévisible, avec les applaudissements des uns et les cris d’orfraie des autres. La communauté d’origine cubaine est partagée, même si la majorité approuve la détente.Les ténors républicains comme Marco Rubio et Jeb Bush rivalisent d’indignation pour s’assurer le soutien de la Floride dans leur course à l’investiture présidentielle, mais le lobby des entreprises engagées dans le commerce avec l’île ou souhaitant s’y implanter surpasse celui des défenseurs de l’embargo. Puisque tous les arguments sont bons pour empoisonner la vie du président Obama sur sa dernière ligne droite et pour favoriser l’alternance, on peut faire confiance aux républicains pour continuer à mener ce combat d’arrière-garde.L’embargo est déjà battu en brèche par le volume des échanges, les Etats-Unis étant devenus les premiers fournisseurs de denrées alimentaires, le premier contingent de touristes avec le Canada et la principale source de devises, grâce aux envois de fonds des expatriés à leurs proches résidant dans l’île.Pas de réforme politiqueSi les critiques ne devraient... Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) Ils attendaient cette date, certains avec fébrilité, d’autres avec ferveur, tous avec impatience. Neuf jours après la décision surprise du premier ministre Alexis Tsipras de soumettre à une consultation populaire le plan de réformes proposé par les créanciers du pays, les bureaux de vote, installés dans les écoles primaires du pays, ont ouvert leurs portes dimanche 5 juillet dès 7 heures du matin.Devant le bureau de Kypséli, un quartier du nord de la capitale grecque, c’est l’effervescence. Vers 10 h 30, Alexis Tsipras est venu déposer son bulletin dans l’urne sous les applaudissements et les cris de la foule. « Oxi, oxi, oxi [non] ! », scandaient les quelques Grecs présents, noyés parmi la foule de journalistes internationaux venus couvrir l’événement. Les électeurs appelés à se rendre dans la salle 661, la même que le premier ministre, ont été aveuglés par les flashs des photographes. « Personne ne peut ignorer la détermination d’un peuple à prendre son destin entre ses mains », a réaffirmé M. Tsipras à la sortie de l’isoloir.A la mi-journée, les rues d’Athènes la bouillonnante semblaient bien silencieuses. Installé sur une terrasse proche, un groupe de retraités sirotent doucement leurs cafés. Quelques tables plus loin, Christa, 43 ans, est avec des amis. Elle ne veut pas dire quelle case elle a cochée. Elle avait voté Syriza lors des élections générales de janvier. « On est payé 3 euros de l’heure. Si l’on travaille quatre heures par jour, ça nous fait 12 euros. On... Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Marie Charrel data-tym-playerid="tym-player-x2wsa16" data-tym-title="Tsipras : « Dès demain, la Grèce retournera à la table des négociations »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/07/05/tsipras-des-demain-la-grece-retournera-a-la-table-des-negociations_4671624_3234.html" data-tym-categories="grece,crise-grecque,international,europe,videos,economie,actualite" data-tym-tags="grece,crise-grecque,international,europe,videos,economie,actualite" data-tym-providerreference="x2wsa16" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a réussi son pari : dire non aux conditions trop sévères de l’accord « réformes contre argent frais » négociées depuis des mois avec les créanciers du pays, la Banque centrale européenne (BCE), la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI). Sa victoire sera-t-elle totale ? Un « Grexit », une sortie du pays de la zone euro, peut-il être évité ? Point sur les scénarios possibles après le oxi massif du peuple grec.Première hypothèse : négociation d’un nouvel accordCette voie paraît compliquée, mais pas impossible. Le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, a assuré que les Européens devaient « recommencer à chercher un accord » pour sortir du « labyrinthe grec ». Paris est sur la même ligne et pourrait disposer du soutien de Donald Tusk, le président du Conseil européen.Sur quelle base discuter ? M. Tsipras, fin juin, était prêt à accepter la liste des réformes négociées (augmentation de la TVA, réforme du système des retraites…), mais exigeait aussi un allégement des conditions de remboursement de l’énorme dette publique (322 milliards d’euros). La question de la dette sera donc au centre des nouvelles négociations. Un effacement pur et simple de la valeur de la créance étant inacceptable vis-à-vis des pays anciennement soumis à un plan d’aide (Espagne, Portugal, Irlande), il reste l’option d’allonger la maturité de la dette, aujourd’hui de seize ans en moyenne, ou de baisser des taux d’intérêt (2,36 % en moyenne).Lire aussi :L’audace récompensée d’Alexis TsiprasDeuxième hypothèse : le départ à l’amiable, le « Grexit »Le 29 juin, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, avait prévenu les Grecs : « Il faut voter oui (…) parce que les citoyens grecs responsables en Europe, honorables, et à juste titre, fiers d’eux-mêmes et de leur pays, doivent dire oui à l’Europe. » Pour Berlin, Madrid, Bratislava ou Lisbonne, le non est la preuve qu’Athènes n’accepte pas les règles du jeu européen. Athènes réclame l’aide financière de ses créanciers sans accepter les réformes exigées en contrepartie.Les dirigeants européens pourraient alors, collectivement, assumer une sortie de la Grèce de la zone euro. Athènes se rangerait à leur avis, estimant que le pays s’en sortirait mieux en quittant la monnaie unique, mais en restant dans l’Union européenne et en conservant le soutien technique et politique de celle-ci. Hans-Werner Sinn, le patron de l’institut allemand Ifo, défend une telle option depuis des mois.En théorie, l’économie grecque pourrait, en cas de réintroduction de la drachme, profiter d’une monnaie dévaluée. La compétitivité de ses entreprises serait regonflée, les touristes, dont le pouvoir d’achat serait dopé, afflueraient, tandis que la banque centrale de Grèce injecterait des drachmes dans le système monétaire afin d’éviter sa faillite.Pendant cette phase de transition, le contrôle des capitaux serait maintenu tandis que la BCE continuerait de soutenir les banques hellènes. L’Union européenne apporterait l’aide technique nécessaire, pour l’impression des pièces et billets et la conversion en euros des contrats financiers, obligations privées et publiques existantes.Certains, au Parti populaire européen (PPE, conservateurs), réfléchissent même à la mise en place d’une aide humanitaire d’urgence en Grèce pendant cette période de transition difficile. Lire aussi :Crise grecque : la BCE à l’heure des choixTroisième hypothèse : la sortie désordonnée, le « Grexident »De retour à la table des négociations, les dirigeants européens pourraient rester campés sur leurs positions : pas question de faire un chèque en blanc à Alexis Tsipras. Le montant de l’aide, estimée par le FMI à 50 milliards d’euros sur trois ans, ferait bondir en Allemagne où l’opinion publique rechigne à prêter encore à Athènes, donnant lieu à des débats interminables. Une nouvelle liste de réformes serait sur la table, au moins aussi radicales que celles négociées avant la convocation du référendum et la question de la dette ne serait pas tranchée.En attendant, le scénario du « Grexident », une sortie de la Grèce de la zone euro par accident, pourrait s’imposer. La BCE attendra le 20 juillet, date à laquelle Athènes doit lui rembourser 3,5 milliards d’euros, avant d’agir. Après cette date, face à l’incapacité de la Grèce d’honorer sa dette, l’institut monétaire serait amené à réduire, puis suspendre ses liquidités d’urgence aux banques.Cette décision précipiterait la faillite des établissements hellènes. Acculé, l’Etat grec serait tenu de les nationaliser pour endiguer la panique des épargnants. Ruiné, incapable de verser les retraites et les salaires des fonctionnaires, l’Etat n’aurait d’autre choix que d’imprimer des reconnaissances de dette, peu à peu acceptées comme une monnaie parallèle. Une monnaie déconsidérée qui aurait tôt fait de s’effondrer face à l’euro. Le prix des produits importés flamberait, le pouvoir d’achat des Grecs s’effondrerait et c’est toute l’économie du pays qui plongerait dans l’abîme.Lire aussi :Si le non l’emporte, les pessimistes n’excluent pas une dislocation de la zone euroMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel On le dit fatigué. Inquiet, surtout. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), ne dort pas beaucoup depuis quelques mois. A chaque apparition, ses traits sont un peu plus tirés. Il faut dire que la survie des banques hellènes repose sur ses épaules. Et que les décisions que prendra son institution ces prochains jours joueront un rôle décisif pour l’avenir de la Grèce dans la zone euro. Ou bien à l’extérieur.Lire aussi :Christine Lagarde, inflexible face à AthènesDepuis leur arrivée au pouvoir, fin janvier, le premier ministre, Alexis Tsipras, et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, ne cessent d’accabler la BCE. Comme le Fonds monétaire international (FMI), ils l’accusent de « dictature financière ». Selon eux, Mario Draghi comme Christine Lagarde, la patronne du Fonds, auraient pour seul objectif de mettre leur pays à genoux en lui imposant l’austérité et en le privant de financements.S’il est vrai que la BCE est aujourd’hui en première ligne, l’Italien de 67 ans a pris soin de se tenir à l’écart des violentes passes d’armes entre Athènes et ses créanciers. Plus que tout, il cherche à éviter que les politiques européens, hésitants et divisés, ne se défaussent sur lui pour trancher le destin de la Grèce.En février, la BCE avait ainsi suspendu l’un des robinets de financements aux banques hellènes dans l’espoir mettre les partenaires d’Athènes face à leurs responsabilités. Mais pour ne pas être accusée de pousser le pays hors de la zone euro, elle a maintenu ses liquidités d’urgence (les « ELA », « emergency liquidity assistance ») aux banques hellènes. Et ce, malgré les fortes réticences de la banque centrale allemande. Habile tacticien, M. Draghi a jusqu’ici réussi à convaincre la majorité des 25 gouverneurs de l’institution de continuer à aider Athènes. Ce qui fait dire à un diplomate : « Il se montre bien plus patient avec la Grèce qu’il ne l’avait été avec Chypre. Mais M. Tsipras ne pourra jamais l’admettre. » Messages-clé au bon momentSi ce n’est leurs origines méditerranéennes, le premier ministre grec et le banquier central n’ont, il faut le dire, pas grand-chose en commun. Diplômé du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), passé par la Banque mondiale et le Trésor italien, M. Draghi a rejoint, en 2002, la direction européenne de Goldman Sachs, la banque américaine incarnant l’arrogance de Wall Street. Un crime de lèse-majesté pour la gauche radicale de Syriza. D’autant que Goldman Sachs est accusée d’avoir aidé la Grèce à maquiller ses déficits budgétaires au début des années 2000…Lire aussi :Jean-Claude Juncker, l’Européen blesséLorsqu’il remplace Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, en novembre 2011, la zone euro est en pleine tourmente. Il affronte la tempête avec « courage et sang-froid », disent ceux qui le connaissent. A l’été 2012, il se déclare prêt à faire « tout ce qu’il faudra » (« whatever it takes », en anglais) pour sauver l’euro. Quelques mots qui suffisent à rétablir la confiance sur les marchés et éteindre la flambée des taux souverains. L’Europe découvre alors la « touche Draghi », cette capacité à distiller les messages-clés au bon moment, à l’aide de quelques propos bien sentis.Question difficileSauver l’euro : les années suivantes, « super Mario », comme on le surnomme parfois, poursuit sa tâche en œuvrant à la création de l’union bancaire. Puis en lançant, en janvier 2015, un vaste programme de rachat de dettes publiques, destiné à soutenir la croissance. Auparavant, il lui a là aussi fallu vaincre les réticences allemandes…Lundi 6 juillet, au lendemain du référendum grec, lui qui passe nombre de ses week-ends à Rome auprès de sa famille, réunira le conseil des gouverneurs à Francfort. Ensemble, ils devront décider s’ils maintiennent ou non leurs financements d’urgence aux banques hellènes. En cas de victoire du oui, l’Italien n’aura pas trop de mal à les convaincre de poursuivre les aides. Si le non l’emporte… Le « dottore » Draghi devra alors répondre à la question la plus difficile de sa carrière : sauver l’euro implique-t-il de garder à tout prix la Grèce dans la monnaie unique, ou au contraire de l’en exclure ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.07.2015 à 06h24 • Mis à jour le04.07.2015 à 07h37 Vingt-cinq membres du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, ont été tués par une explosion dans une mosquée à Ariha, dans le nord de la Syrie, a rapporté vendredi 2 juillet l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).Le nombre de victimes pourrait augmenter car des dizaines de civils ont été blessés par l’explosion, survenue pendant la prière de rupture du jeûne du Ramadan, a indiqué l’ONG basée en Grande-Bretagne et proche de l’opposition syrienne. Un dirigeant du groupe djihadiste est mort a-t-elle précisé.Aucun groupe n'a revendiqué la responsabilité de l'attentat mais les militants d'Al Nosra soupçonnent leurs rivaux de l'Etat islamique avec lesquels ils sont en lutte sur plusieurs fronts en Syrie. Une coalition de groupes rebelles baptisée Djaïch Al Fateh, l'Armée de conquête, contrôle la majeure partie de la province d'Idlib depuis la prise de la capitale locale en mars.La province borde la frontière turque ainsi que la province de Lattaquié considérée comme le cœur de la « Syrie utile » par le gouvernement de Bachar Al-Assad. 04.07.2015 à 02h50 Au moins cinq personnes ont été tuées dans un attentat suicide vendredi 3 juillet à Derna, une ville de l'est de la Libye, a annoncé l'agence de presse libyenne Lana.« Un attentat suicide commis avec une voiture piégée contre un rassemblement d'habitants à Shiha (partie sud de Derna) a tué au moins cinq citoyens », a déclaré l'agence proche du gouvernement installé à Tripoli, qui n'est pas reconnu par la communauté internationale. « Quinze personnes ont aussi été blessées, parmi lesquelles des femmes et des enfants », a ajouté l'agence, qui citait des sources locales et médicales à Derna.Cet attentat survient après des affrontements armés entre des miliciens qui contrôlent Derna et des combattants du groupe djihadiste Etat islamique, qui contrôle de vastes territoires en Irak et en Syrie.La Libye est plongée dans le chaos depuis que Mouammar Kadhafi a été renversé et tué en 2011 à la suite d'une révolte populaire et d'une intervention militaire occidentale. Le pays a actuellement deux gouvernements et deux parlements rivaux, et de puissantes milices s'affrontent pour le contrôle de territoires et de richesses pétrolières. 04.07.2015 à 00h23 • Mis à jour le04.07.2015 à 04h28 | Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) « N’écoutez pas la voix de la peur », a lancé le premier ministre grec Alexis Tsipras devant quelque 25 000 partisans du « non » au référendum sur le plan de réformes des créanciers réunis, vendredi 3 juillet, place Syntagma au pied du Parlement grec, à Athènes. Tout au long de la soirée, le message a été le même : ne pas céder aux cassandres qui s’affolent de l’issue de la consultation populaire du 5 juillet. « Dimanche, nous ne déciderons pas uniquement de rester dans l’Europe, nous saurons si nous voulons vivre dignement dans l’Europe », a fait valoir, devant une foule galvanisée et intergénérationnelle, le chef de l’exécutif.Toutes les générations sont représentées : "Non à la peur" #Grèce #Oxi http://t.co/8AjIE2RlpE— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);« Mon mari et moi sommes venus à toutes les manifestations, raconte Maria, quinquagénaire souriante. Celle de ce soir a une saveur particulière. Il nous était impensable de ne pas être présents. » A 48 heures du scrutin ce rassemblement était hautement symbolique : au même moment, 22 000 personnes soutenant le camp adverse étaient réunies au stade panathénaïque — où ont eu lieu les premiers jeux Olympiques modernes en 1896 — à seulement quelques mètres de la Vouli (le Parlement grec). Plus tôt dans la journée, le journal centriste Ethnos publiait un sondage créditant le oui de 44,8 %, contre 43,4 % pour le non, et chiffrant surtout à 11,8 % la proportion d’indécis.Lire :« Oxi » ou « Nai » ? A deux jours du référendum en Grèce, les deux camps se font entendreTémoignages de solidaritéC’est sans doute à ces derniers que tous les intervenants qui se sont succédés sur l’estrade de la place Syntagma s’adressaient avant tout. Plusieurs artistes, majoritairement grecs, sont venus plaider la cause du non à grand renfort de slogans, « nous ne voulons plus vivre comme des esclaves », de citations de grandes figures de la lutte contre l’oppression comme Nelson Mandela, et de chansons révolutionnaires.#Syntagma #Grèce #Oxi : Chanson révolutionnaire grecque sous la dictature des colonels http://t.co/cYx4sz7Mge— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);Des membres de Podemos, de Die Linke, ou encore le député socialiste Pascal Cherki, des représentants de mouvements comme Blockupy Germany ont également pris la parole pour témoigner d’une solidarité transnationale que de nombreux Grecs n’espéraient plus. « Je suis touchée qu’ils soient là ce soir, pour nous montrer que l’on n’est pas seuls. Ces derniers jours, on avait vraiment le sentiment d’être les moutons noirs de l’UE. Là, on réalise vraiment qu’on partage cette volonté d’avoir une Europe démocratique, libre et unie », raconte Evgenia, âgée d’une quarantaine d’années.« Ce référendum est la meilleure chose que le gouvernement de Tsipras pouvait faire. La parole est enfin au peuple. C’est pour pouvoir nous exprimer que l’on a voté pour Syriza », argue Maria. La soirée s’est déroulée sans incidents une ambiance festive ponctuée de « oxi » (non en grec), d’applaudissements, mais aussi de sifflets à la mention des noms de la présidente du Fonds monétaire international Christine Lagarde, de la chancelière allemande Angela Merkel, de son ministre des finances Wolfgang Schäuble ou encore de journalistes grecs accusés de propagande.Alors que le risque de division est le motif principal de l’angoisse de la société grecque aujourd’hui, Alexis Tsipras l’a promis : « On a déjà gagné en envoyant ce message de dignité. Quelle que soit l’issue du vote de samedi, nous devons rester et nous resterons unis. » data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves-Michel Riols Vienne, envoyé spécialLes interminables négociations sur le nucléaire iranien se tendent à l’approche de la nouvelle date butoir, repoussée au mardi 7 juillet. Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, doit revenir à Vienne, dimanche soir, où sont également attendus ses homologues du « P5 + 1 » (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Allemagne) qui viennent d’achever une semaine d’intenses tractations avec l’Iran. « On espère conclure dans les prochains jours, mais cela reste assez difficile », souligne un diplomate occidental. « Plus on s’approche de la fin, plus on bute sur les points durs », dit-il.Tout au long de la semaine, les délégations n’ont cessé d’envoyer des signaux contradictoires sur ces discussions destinées à limiter le programme nucléaire iranien et à s’assurer que Téhéran ne puisse pas se doter d’une bombe atomique. Le négociateur en chef russe, Sergueï Riabkov, a ainsi déclaré, jeudi soir, qu’un accord était prévisible « dans les jours qui viennent » et a assuré que le document final est « prêt à 91 % ». Un chiffre étonnamment précis alors que les évaluations publiques sur l’avancement des pourparlers sont d’habitude plutôt vagues.Lire aussi :Nucléaire iranien : le compte à rebours a commencéLe signe troublant de l’AIEAMais cet optimisme a été sérieusement douché, vendredi, par le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le Japonais Yukiya Amano, à son retour d’un voyage éclair à Téhéran. Dans un communiqué laconique, diffusé à Vienne, le siège de cette agence de l’ONU chargée de veiller à la non-prolifération nucléaire, M. Amano s’est borné à indiquer qu’il faut encore « plus de travail » pour régler les questions en suspens, à l’issue de ses entretiens avec les autorités iraniennes, dont le président Hassan Rohani.Autrement dit, il n’y a pas eu d’avancées, ce qui constitue un signe troublant alors que l’AIEA est amenée à jouer un rôle essentiel dans la vérification de la mise en œuvre d’un éventuel accord. Une seule chose paraît certaine : après vingt mois de négociations fastidieuses, qui ont déjà été prolongées à deux reprises, une nouvelle extension semble exclue. « Si on n’y arrive pas dans les prochains jours, il n’y a pas de raison de penser que l’on pourra y arriver 10 ou 15 jours plus tard », insiste un proche du dossier.La date du 7 juillet semble difficilement contournable. Deux jours plus tard, le 9 juillet, le Congrès américain, où de nombreux élus sont hostiles à un accord avec l’Iran, devra avoir reçu de la Maison Blanche le texte d’un accord final, prévoyant notamment une demande de levée graduelle des sanctions envers Téhéran. Si cette échéance est dépassée, l’examen de la demande de la présidence pourra durer 60 jours au lieu de 30. Un scénario risqué car les adversaires d’un accord auraient alors d’avantage de temps pour faire dérailler le processus.Si le scepticisme est toujours de rigueur, à Vienne, il y a toutefois eu des évolutions notables de langage, notamment de la part de Laurent Fabius, qui passe pour le tenant d’une ligne intransigeante vis-à-vis de Téhéran. Lors de son premier déplacement dans la capitale autrichienne, le 27 juin, M. Fabius avait martelé un message offensif en évoquant les trois conditions posées par la France pour parvenir à un accord : une « limitation durable » du programme nucléaire iranien, des « vérifications rigoureuses des sites, y compris militaires » et un « retour automatique des sanctions en cas de violations » de ses engagements par l’Iran. Ces conditions, avait-il souligné, constituent « le triangle de base indispensable ».« Il y a des choses qui ont avancé ». Laurent FabiusMais après une nouvelle série de consultations, jeudi 2 juillet, M. Fabius a adopté un ton plus conciliant, reconnaissant qu’il « y a des choses qui ont avancé » et a dit espérer aboutir à une « solution définitive » lors de son retour, à Vienne, dimanche soir.Des choix sont avant tout politiquesPour arriver à un compromis final, dont l’architecture globale a été définie lors de l’accord-cadre de Lausanne (Suisse), le 2 avril, il reste plusieurs points à régler. « Lausanne ne couvrait pas 100 % des paramètres et les paramètres de Lausanne ne représentent pas 100 % de la solution », insiste une source diplomatique occidentale. « Il faut maintenant les décliner en mesures précises et pratiques », poursuit-elle, en évoquant trois points prioritaires. D’abord, le régime d’inspections et la clarification sur la « possible dimension militaire » (PDM) du programme nucléaire iranien, qui porte sur les soupçons d’activités de militarisation menées au début des années 2000. « La PDM consiste à rétablir la confiance en faisant la lumière sur le passé, c’est un étalon de la qualité de toute future coopération », insiste cet expert. Quant aux inspections, dit-il, « personne ne réclame un droit permanent d’accès et systématique à tous les sites militaires, mais si l’AIEA estime qu’il y a des matériaux nucléaires sur certains sites, elle doit pouvoir y aller ».Lire aussi :Nucléaire iranien : les points de blocageDeuxièmement, sur le volet des sanctions, le « snapback », mécanisme permettant leur réintroduction en cas de manquement constaté de la part de l’Iran, n’est « pas négociable ». La philosophie générale de la feuille de route proposée par le « P5 + 1 » est que « l’Iran doit d’abord exécuter ses engagements, avant que les sanctions sautent », souligne ce diplomate.Enfin, sur le périmètre à venir du programme iranien, il faut que le « breakout », à savoir le temps nécessaire pour produire assez d’uranium enrichi pour se doter d’une arme atomique, soit d’au moins un an pendant dix ans, « comme convenu à Lausanne », insiste un proche du dossier. Pour ce faire, les Occidentaux réclament des précisions sur la réduction des capacités d’enrichissements sur les deux principaux sites de Natanz et de Fordow, ainsi qu’un stricte encadrement des activités de recherche et de développement, pour éviter que l’Iran ne développe des centrifugeuses plus puissantes, qui servent à enrichir l’uranium.Autant dire, que les prochains jours ne seront pas de trop pour finaliser ces points épineux. Avant d’être techniques, ces choix sont avant tout politiques. Beaucoup dépend de la position que prendra Mohammad Javad Zarif, le très habile ministre iranien des affaires étrangères. Il a fait un aller-retour à Téhéran, en début de semaine, pour consulter le Guide suprême, Ali Khamenei, ultime arbitre de ce dossier qui paralyse les relations entre l’Iran et l’Occident depuis douze ans. A son retour de Téhéran, note un diplomate, « Zarif n’est pas revenu avec l’instruction de tuer la négociation »…Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.07.2015 à 18h48 • Mis à jour le03.07.2015 à 19h18 Le scrutin clé pour la Grèce pourra bien avoir lieu le 5 juillet. Le Conseil d’Etat grec a validé, vendredi 3 juillet au soir, la constitutionnalité du référendum sur les propositions des créanciers, annoncé une semaine auparavant par le premier ministre Alexis Tsipras.La légalité de celui-ci posait question, au point de provoquer un avertissement du Conseil de l’Europe, qui estimait que ni les délais ni la formulation des questions qui seront posées à dix millions de Grecs, dimanche, n’en faisaient un scrutin conforme à ses « standards ».Lire notre synthèse :Pourquoi ? Qui appelle à voter quoi ? L’après… les enjeux du référendum en GrèceLe « oui » remonteCette annonce intervient alors que les Grecs s’apprêtent à descendre dans les rues pour défendre le « oui » ou le « non », deux meetings concomitants étant organisés vendredi soir dans le centre d’Athènes. Les sondages annoncent un scrutin extrêmement serré, la tendance révélant toutefois une remontée du « oui ».Alexis Tsipras, qui a appelé à voter « non » au nom de l’espoir de pouvoir négocier « un meilleur accord » a posteriori, a tenté de galvaniser ses troupes, vendredi, les invitant à dire « non à ceux qui tentent de semer la panique et [les] empêchent de décider avec sans-froid et responsabilité [de leur] avenir ». Lors d’une courte apparition à la télévision, il a réclamé une baisse de 30 % du montant de la dette grecque, et « un délai de grâce » de vingt ans pour son remboursement, alors que les Européens ont rejeté toute nouvelle négociation tant que le verdict des urnes ne sera pas connu.Vendredi, le Fonds européen de stabilité a officiellement déclaré la Grèce en défaut de paiement, ce que le Fonds monétaire international avait également fait, mercredi.Retrouvez les dernières informations et reportages sur la crise grecque avec les journalistes du Monde : Tweets de https://twitter.com/lemondelive/lists/crise-grecque!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); 03.07.2015 à 16h53 • Mis à jour le03.07.2015 à 18h11 | Moina Fauchier-Delavigne Pourquoi un référendum sur les mesures d’austérité ? Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, au pouvoir depuis février, annonce samedi 27 juin en pleine nuit, un référendum pour le 5 juillet sur le plan d’aide des créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international – la « troïka »). Cette initiative, envisagée depuis plusieurs semaines, doit permettre au gouvernement de consulter la population sur les conditions posées par la troïka, jugées inacceptables par l’exécutif. Mais l’annonce entraîne la rupture des négociations « réformes contre argent frais » menées depuis des mois afin de débloquer l’ultime tranche des deux plans d’aide mis en place pour financer le pays depuis 2010 (soit 7,2 milliards d’euros, sur un total de 240 milliards).La légalité du référendum, annoncé une semaine avant sa tenue, pose déjà question. Le Conseil de l’Europe a averti le 1er juillet que cette consultation populaire organisée en neuf jours « pose problème ». En Grèce aussi, certains doutent de la validité du vote : le Conseil d’Etat devait d’ailleurs se prononcer sur la légalité du référendum vendredi en fin de journée. La formulation de la question posée aux électeurs pose également problème.Lire la synthèse :Comment les Grecs ont organisé un référendum en neuf joursQuelle est la question posée lors du référendum ?Le gouvernement grec a libellé ainsi la question soumise aux électeurs : « Le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fond monétaire international lors de la réunion de l’Eurogroupe du 25/06/12, qui comprend deux parties et constitue leur proposition commune, doit-il être accepté ? Le premier document est intitulé “Réformes pour l’achèvement du programme actuel et au-delà” et le second “Analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette”. Non accepté/NON ; accepté/OUI »La question n’est pas très difficile à comprendre. Mais les deux documents mentionnés, encore en cours de négociation au moment de l’annonce du référendum, sont truffés de chiffres et d’acronymes, et difficilement compréhensibles pour le plus grand nombre.Qui appelle à voter « non », ou « oui » ? Le premier ministre, Alexis Tsipras, a appelé à plusieurs reprises à voter « non » au référendum sur l’accord « réformes contre argent frais », estimant que cela lui permettrait de négocier de meilleures conditions. Lors d’une allocution à la télévision mercredi 1er juillet, il a affirmé qu’il s’agirait d’un message clair contre l’austérité. Il a cependant exclu qu’un tel vote conduise le pays à sortir de la zone euro. Vendredi 3 juillet au soir, il devait défiler en tête d’une manifestation pour le « non ».Outre Syriza, le parti anti-austérité du premier ministre, les nationalistes (Grecs indépendants) et l’extrême droite (Aube dorée) appellent également à rejeter la proposition européenne. Quant à l’opposition, que ce soit de centre-droit (Nouvelle Démocratie, le parti de l’ancien premier ministre Antonis Samaras), de centre-gauche (les socialistes du Pasok) ou du centre, elle est contre la tenue du référendum. Les partisans de ces formations devraient donc voter « oui » ou s’abstenir.Les forces vives de l’économie grecque – confédérations d’agriculteurs, d’exportateurs, des ingénieurs et entrepreneurs de travaux publics, des professionnels du tourisme et de l’industrie – et l’association centrale des municipalités grecques ont lancé le 1er juillet un appel solennel au « oui ». Pour elles, il est essentiel de rester dans la zone euro.Par ailleurs, la population semblait être majoritairement favorable au « non » avant la mise en place du contrôle des capitaux et la fermeture des banques, le 29 juin, elle parait désormais plus hésitante, d’après les sondages. Au point de voir le « oui » prendre pour la première fois une courte longueur d’avance dans une enquête d’opinion publiée ce vendredi par le journal Ethnos (44,8 % contre 43,4 %).Face aux enjeux confus de ce vote – soutien ou défiance à l’égard des créanciers ? Pour ou contre l’appartenance à la zone euro ? – les indécis représentaient encore une assez forte proportion, selon ce sondage réalisé mardi et mercredi : près de 12 % des personnes interrogées sur leurs intentions de vote n’étaient pas en mesure de répondre. data-tym-playerid="tym-player-x2w7vk7" data-tym-title="Avec Tsipras, les Grecs « vivent un grand huit émotionnel »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/07/01/comment-les-grecs-reagissent-ils-a-la-strategie-d-alexis-tsipras_4666498_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,europe,union-europeenne,international,economie,grece,eclairages,economie-mondiale,videos" data-tym-tags="crise-grecque,europe,union-europeenne,international,economie,grece,eclairages,economie-mondiale,videos" data-tym-providerreference="x2w7vk7" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Quels sont les points qui bloquent encore aujourd’hui ? Pour l’instant, et jusqu’à sa tenue dimanche, c’est le référendum lui-même qui empêche toute reprise des tractations. Les créanciers européens ont décidé d’attendre l’issue du vote, pour reprendre, ou non, les discussions.Mardi, en fin d’après-midi, Alexis Tsipras semblait être prêt à de nouveaux compromis avec ses créanciers. En cas d’accord, il suggérait même d’annuler le référendum. Dans une lettre envoyée à l’Eurogroupe, le premier ministre grec s’est dit prêt à accepter la plupart des réformes requises par les créanciers – avec seulement quelques amendements.Alexis Tsipras a cependant demandé des contreparties : un prêt de deux ans d’un montant total de 29,1 milliards d’euros, auprès du Mécanisme européen de stabilité (MES, le fonds de secours de la zone euro), afin que la Grèce puisse payer ses dettes envers ses créanciers dans l’intervalle ; une restructuration de la dette du pays auprès du FESF (Fonds européen de stabilité financière) qui est d’environ 130 milliards d’euros ; enfin, une extension, très courte, du deuxième plan d’aide à la Grèce. Mais cette tentative de reprise du dialogue a tourné court. Angela Merkel, en particulier, a souligné que rien ne serait discuté avant la consultation.Lire aussi :En Grèce, 8 plans d’austérité depuis 2009, 4 gouvernements, 2 plans d’aideQue peut-il se passer en cas de victoire du « oui » au référendum ? Les Grecs redoutent une nouvelle période d’instabilité politique. Depuis le début de la crise en 2009, la Grèce a déjà connu pas moins de cinq premiers ministres en cinq ans. Si le « oui » l’emporte, le gouvernement au pouvoir à Athènes depuis février pourrait être obligé de démissionner. Mais vendredi, il était encore difficile d’estimer avec certitude s’il tomberait en cas de défaite. Alexis Tsipras l’a laissé supposer en affirmant lundi : « Je ne suis pas un Premier ministre qui reste en place qu’il pleuve ou qu’il vente ». Il n’a cependant jamais déclaré nettement qu’il quitterait son poste.Son ministre des finances, Yanis Varoufakis, a été le premier à signifier clairement jeudi 2 juillet, sur Bloomberg TV, qu’il démissionnerait si le « oui » l’emportait. Il a même affirmé sur une radio australienne que le gouvernement entier pourrait démissionner en cas de victoire du « oui » au référendum de dimanche. Cependant, le jour même, le vice-président du Parlement, Alexis Mitropoulos, a estimé que « le Premier ministre doit rester en place même si le vote est un “oui” aux mesures » des créanciers.Du côté des créanciers, par contre, un « oui » rouvrirait sûrement la possibilité de discuter. La France et le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, estimaient jeudi qu’un accord pour sauver la Grèce de la faillite était possible si les électeurs se prononçaient en faveur du « oui » dimanche. Selon Dijsselbloem, « il y aura évidemment, du côté européen, une volonté d’aider la Grèce à s’en sortir ». On repartirait donc pour nouveau round de négociations. Par ailleurs, la BCE maintiendrait aussi ses prêts d’urgence aux banques, qui ont jusqu’ici permis d’éviter une faillite du secteur. data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Lire aussi :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la GrèceQue peut-il se passer en cas de victoire du « non » au référendum ? « Si le résultat est négatif, l’avenir sera considérablement plus compliqué », a averti le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Pendant la semaine de campagne, les créanciers européens de la Grèce ont, pour certains, demandé l’annulation du vote, et plusieurs responsables (dont le président français François Hollande) ont prévenu qu’un « non » provoquerait une sortie de la zone euro : un « Grexit ».Si Alexis Tsipras a écarté cette possibilité d’un revers de main lors de son allocution à la télévision mercredi 1er juillet, et dit n’avoir aucune intention de faire sortir le pays de la zone euro, on entrerait en tout cas en terre inconnue. La situation est d’autant plus incertaine que le second plan d’aide au pays est arrivé à son terme, le 30 juin. Or sans programme d’assainissement, la BCE pourrait décider de mettre un terme à son dispositif de perfusion du système bancaire grec.L’Etat, dont les caisses sont déjà vides, et qui ne peut plus bénéficier des aides de ces créanciers, serait très vite à court de liquidités. Après avoir été incapable mardi 30 juin de retourner les sommes (1,5 milliard d’euros) dues au FMI, il devrait avoir le plus grand mal à rembourser la BCE (une échéance de 3,5 milliards d’euros est prévue pour le 20 juillet. A terme, le pays pourrait progressivement, et dans le pire des cas, être amené à revenir à une monnaie nationale, par exemple, pour payer ses fonctionnaires.Cependant, dans les traités communautaires, rien n’est prévu pour quitter la zone euro, l’adoption de la monnaie unique étant censée être irréversible. Un « Grexit » se ferait donc selon des modalités encore inconnues. Et il aurait des conséquences politiques et financières difficiles à évaluer pour la Grèce, comme pour ses voisins de la zone euro.Lire le décryptage :La Grèce, dernier exemple d’une longue histoire de défauts souverainsMoina Fauchier-DelavigneJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.07.2015 à 15h04 • Mis à jour le03.07.2015 à 16h23 | Bastien Vachon   Dans une interview publiée dans Le Monde daté du jeudi 2 juillet, Nicolas Sarkozy évoque l’actualité internationale de ces dernières années. Sur la crise ukrainienne, certaines informations de l’ex-président sont fausses.Hollande a-t-il attendu un an avant de discuter avec Poutine ?Ce que Sarkozy dit :« Je m’interroge toujours sur la question de savoir pourquoi il a fallu attendre un an pour discuter avec M. Poutine. »Pourquoi c’est faux :La crise ukrainienne remonte au 21 novembre 2013, date à laquelle le gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovitch refuse de signer l’accord d’association avec l’Union européenne. Cette décision est le point de départ de la révolution ukrainienne, qui débouche sur le renversement du président, le 21 février 2014.Dans la foulée, Moscou annexe la Crimée, et alimente de plus en plus ouvertement les tensions dans l’est du pays, qui ne tarderont pas à se transformer en conflit armé.Trois mois plus tard, François Hollande dîne à l’Elysée avec Vladimir Poutine afin d’évoquer la situation en Ukraine. En juin, c’est lui qui réunira en Normandie, à l’occasion des commémorations des 70 ans du Débarquement, les présidents russe et ukrainien.A-t-on retiré au russe son statut de langue officielle ?Ce que Sarkozy dit :« Il fallait […] empêcher le gouvernement ukrainien de retirer le statut de langue officielle au russe dans un pays où 30 % de la population est russophone. »Pourquoi c’est exagéré :En 2012, Viktor Ianoukovitch, alors président de l’Ukraine, fait voter une loi élargissant les droits d’utilisation de certaines langues minoritaires au niveau régional. Le russe devient langue régionale dans les territoires où les russophones représentent plus de 10 % de la population, soit dans 13 subdivisions administratives sur 27. Cette initiative est dénoncée à l’époque par l’opposition. Viktor Ianoukovitch la promulgue tout de même, le 8 juillet de la même année.Lorsque son régime est renversé, le 21 février 2014, le Parlement ukrainien vote une loi abrogeant ce statut de langue régionale (c’est à cet épisode que fait référence Nicolas Sarkozy). Les protestations sont immédiates ; cette loi ne sera jamais promulguée et encore moins appliquée. L’initiative du Parlement aura malgré tout un effet désastreux dans l’Est russophone du pays, contribuant à envenimer le conflit.La question linguistique a toujours eu en Ukraine une connotation politique. Le régime tsariste avait interdit l’usage de l’ukrainien. En Ukraine soviétique, russe et ukrainien (deux langues proches) sont toutes deux langues officielles du pays. Les intellectuels ukrainiens seront malgré tout des cibles de choix de la répression, particulièrement pendant les années Staline.Par ailleurs, l’affirmation selon laquelle « 30 % de la population est russophone » méconnaît une réalité : l’Ukraine est un pays bilingue. L’immense majorité de ses habitants parlent les deux langues ; celles-ci peuvent être utilisées alternativement à la télévision sans que personne ne s’en émeuve. Et des villes russophones comme Kharkiv ou Dnipropetrovsk se sont découverts à l’occasion de la guerre une identité ukrainienne forte, fournissant notamment de nombreux volontaires aux forces armées du pays.Bastien Vachon 08.07.2015 à 12h56 | Simon Piel et Benoît Vitkine Un banquier russe, mort au retour de son jogging dans sa propriété britannique du Surrey en novembre 2012, a-t-il été empoisonné à Paris ? C’est la question à laquelle va tâcher de répondre la justice française après que le parquet de Paris a décidé, le 26 juin, d’ouvrir une enquête préliminaire pour assassinat en bande organisée après la mort d’Alexandre Perepilitchni, homme d’affaires de 44 ans réfugié au Royaume-Uni depuis 2010.Cette enquête confiée à la brigade criminelle fait suite aux investigations financières menées parallèlement en France par le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke sur un dossier qui a considérablement refroidi les relations entre Moscou et les capitales occidentales depuis plusieurs années : l’affaire Magnitski, du nom de ce juriste poursuivi par la justice russe pour des charges fictives et mort en 2009 des suites de mauvais traitements subis en prison. Sergueï Magnitski dénonçait une escroquerie impliquant des fonctionnaires russes, qui auraient exproprié un fonds d’investissement, Hermitage Capital Management, avant de soutirer 150 millions d’euros à l’Etat russe avec la complicité d’agents du fisc. Son calvaire avait poussé le ­Congrès américain à adopter, en 2012, une « liste Magnitski » interdisant de séjour aux Etats-Unis les fonctionnaires russes impliqués dans l’affaire.Depuis 2010, Alexandre Perepilitchni aidait le patron d’Hermitage et employeur de Sergueï Magnitski, l’investisseur américain Bill Browder, à retrouver la trace de l’argent de l’escroquerie, sorti de Russie par le biais d’une multitude de sociétés-écrans et de comptes bancaires dans plusieurs pays. La collaboration de l’ancien banquier était particulièrement précieuse : selon les éléments de l’instruction suisse, il aurait lui-même joué un rôle dans l’affaire en aidant l’une des protagonistes de l’escroquerie, Olga Stepanova, à placer ses gains en Suisse.En sa qualité de directrice du bureau du fisc de Moscou, Mme Stepanova avait auparavant obtenu le versement de 150 millions d’euros aux nouveaux « propriétaires » des sociétés volées à Bill Browder. Ce n’est qu’après la mort de Sergueï Magnitski que Perepilitchni aurait décidé de changer de camp et de contacter M. Browder, lui fournissant des documents sur ces comptes bancaires ouverts, notamment au Credit Suisse.Enquête sommaireLes magistrats français semblent donc prendre très au sérieux les révélations parues il y a quelques semaines dans la presse britannique. Le 19 mai, le Times indiquait que du gelsemium, une plante originaire de Chine et dont l’absorption peut être mortelle, avait été retrouvée dans l’estomac d’Alexandre Perepilitchni.Juste après sa mort, et malgré les avertissements de Bill Browder sur le caractère pour le moins particulier du défunt, l’enquête britannique avait été sommaire, concluant à une mort naturelle. C’est finalement à l’initiative de la compagnie d’assurances de M. Perepilitchni – qui cherchait un moyen de ne pas verser la prime d’assurance décès souscrite par le banquier russe – qu’une expertise plus poussée a été menée cette année. Elle a révélé la présence du gelsemium.Ingérée à petites doses, la plante est un antistress utilisé en homéopathie ; à hautes doses, elle devient un poison qui peut provoquer la mort dans un délai allant de quelques heures à quarante-huit heures. L’hypothèse la plus probable – sans écarter tout à fait la piste britannique – est donc que l’empoisonnement de M. Perepilitchni remonte au court séjour parisien qu’il a effectué juste avant de rentrer chez lui dans le Surrey, près de Londres.Pour les avocats français de M. Browder, Mes Temime, Akorri et Minkowski, le « timing » des événements laisse en tout cas peu de place au doute quant au fait que la mort d’Alexandre Perepilitchni est bien liée à l’affaire Magnitski : l’ancien banquier s’apprêtait à témoigner une nouvelle fois devant les enquêteurs suisses ; il avait par ailleurs cessé ses activités et ne se consacrait plus qu’au dossier Magnitski.Les interrogations se portent désormais sur les personnes qu’il a pu rencontrer notamment à l’Hôtel Bristol, rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris, où il était enregistré pour trois nuits lors de ce séjour parisien. Les magistrats du pôle financier, qui enquêtent depuis début 2014 sur un système présumé de blanchiment en France des fonds détournés en Russie, se sont d’ailleurs rendus dans le palace pour effectuer des vérifications. Comme le révélait fin juin l’AFP, ce volet blanchiment de l’affaire Magnitski avance. Une intermédiaire franco-russe installée à Saint-Tropez vient d’être mise en examen et des comptes bancaires à Monaco et au Luxembourg ont été gelés.Simon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.07.2015 à 11h37 • Mis à jour le08.07.2015 à 12h26 Trois jours après le non du référendum grec et à quelques jours de « la date butoir finale » fixée par l’Europe pour trouver une solution à la crise, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a affirmé, mercredi 8 juillet au matin devant le Parlement européen, que son gouvernement est prêt « à prendre [sa] responsabilité historique ».« Nous voulons trouver un compromis honorable pour éviter une rupture avec la tradition européenne. (...) Je suis convaincu que dans deux ou trois jours, nous serons capables d’honorer nos obligations. » Le premier ministre grec a salué « un choix courageux » du peuple grec qui a voté non au référendum. Mais il a aussitôt affirmé que ce choix n’est pas celui « de la rupture avec l’Europe, mais un rappel des principes fondateurs de la démocrartie, du respect mutuel et de l’égalité ».« Nous avons reçu mandat de nous efforcer de trouver une solution durable et juste à la question grecque, sans l'austérité extrême qui condamne l'économie à un cercle vicieux avec une récession forte. (...) Ne laissons pas l’Europe se diviser. Nous portons tous une responsabilité historique. » Un « lieu d’expérimentation de l’austérité »M. Tsipras a déploré la situation actuelle et les réformes passées, qui « n’ont pas amélioré le bien commun », faisant de son pays un « lieu d’expérimentation de l’austérité, [qui] a échoué ». Il a cependant voulu préciser que « tous les maux du pays [ne] sont [pas] à mettre sur le dos des vilains étrangers ».« Si la Grèce est dans cette situation, c'est parce que pendant des décennies, les gouvernements ont gouverné de façon clientéliste, en soutenant la corruption, sans contrôler la fraude fiscale des plus riches. Au plus fort de l'austérité, les 10 % les plus riches ont été épargnés. »Alexis Tsipras a donc évoqué des réformes permettant « une juste répartition [du] fardeau et le moins de risques de récession possible », la lutte contre l'oligarchie et les cartels, la modernisation de l'Etat et la lutte contre l'évasion fiscale.Selon nos informations, le gouvernement d’Alexis Tsipras travaille en effet depuis mars à un projet visant à rapatrier, dans des conditions avantageuses, plusieurs dizaines de milliards d’euros de fonds placés sur des comptes en Suisse, à Londres et dans d’autres places financières offshore.Lire aussi :La Grèce tente de faire revenir ses évadés fiscaux« Ce sont nos priorités, et nous attendons l'accord de nos partenaires sur ces priorités. Nous voulons nous en prendre aux mentalités qui ont enfoncé la Grèce et l'Europe. » Chaude Ambiance au parlement europeen..les NO/OCHI supportent Tsipras et conspuent le leader du parti populaire europeen qui attaque Tsipras— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Les prochaines échéances Jeudi : La Grèce doit envoyer la liste des réformes qu'elle s'engage à mener un échange d'un nouveau plan d'aide. Samedi : Réunion des ministres des finances de la zone euro pour discuter de la proposition grecque. Dimanche : Sommet avec les 28 dirigeants de l'Union européenne pour décider d'un nouveau plan d'aide ou d'un Grexit. 08.07.2015 à 06h49 Un attentat antichiite à la voiture piégée a fait un mort et cinq blessés dans la capitale yéménite Sanaa, que le groupe djihadiste Etat islamique (EI), qui considère les chiites comme des hérétiques, a rapidement revendiqué.La nouvelle attaque est intervenue à un moment où la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite a intensifié mardi ses raids aériens au Yémen au lendemain d'une sanglante journée marquée par la mort de 124 personnes, selon les rebelles chiites des Houthis. Arrivé dimanche à Sanaa, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, poursuivait dans le même temps ses efforts pour obtenir une trêve humanitaire, la guerre ayant déjà fait plus de 3 000 morts, pour plus de la moitié des civils.Revendication de l’EIUne voiture piégée, garée à proximité de la mosquée Al-Raoudh dans le sud-est de Sanaa, a explosé à la sortie des fidèles de ce lieu de culte chiite après la prière musulmane du soir, ont indiqué des témoins et une source des services de sécurité, faisant état de morts et de blessés. Selon un premier bilan obtenu de source médicale, une personne a été tuée et cinq autres blessées dans l'attentat.Dans un communiqué, l'EI a vite endossé la responsabilité de l'attaque à Sanaa, la deuxième qu'il revendique en une semaine. Le 30 juin avant l'aube, 28 personnes, dont huit femmes, avaient trouvé la mort dans un attentat, également à la voiture piégée, qui avait visé la résidence de deux dirigeants des Houthis dans la capitale. L'EI, qui sème la terreur dans plusieurs pays arabes, surtout en Irak et en Syrie, avait signé le 21 mars ses premiers attentats au Yémen, en visant plusieurs mosquées chiites. Bilan : 142 morts, l'un des plus lourds enregistrés dans ce pays.Lire :Yémen : attentat à Sanaa, tir de missile contre l'Arabie saouditeDans le centre du Yémen, quatre rebelles ont été tués et dix autres blessés dans un attentat à la voiture piégée qui a visé en début de soirée un commissariat à Baïda, tenu par les insurgés, selon une source dans les services de sécurité et des témoins. Baïda est un fief d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), très actif également dans le sud et le sud-est du Yémen. Par ailleurs, dix fidèles ont péri dans une mosquée à Waht, une localité de la province de Lahj, touchée par un raid aérien de la coalition arabe, a dit à l'AFP un responsable provincial. La mosquée a été touchée par erreur, a-t-il ajouté.Frappes de la coalitionEn soirée, les avions de combat de la coalition ont effectué des raids sur des positions rebelles dans le nord, notamment à Saada, Amrane et Hajja, ainsi que dans le sud, y compris à Aden, selon des témoins. A Aden, la coalition a visé plus tôt dans la journée notamment le QG des services de renseignement et le siège de la télévision, ont indiqué des sources militaires. Les civils continuent de payer un lourd tribut dans cette guerre qui a commencé lorsque les Houthis ont déclenché l'an dernier une offensive d'envergure à partir de Saada, leur fief dans le nord, prenant coup sur coup la capitale et de larges territoires dans le nord, le centre et l'ouest du Yémen.Devant la progression des rebelles dans le sud, Ryad a pris la tête de la coalition pour les empêcher de s'emparer de tout le pays. Depuis, au moins 1 528 civils ont été tués et 3 605 blessés, a indiqué mardi la commission de l'ONU pour les droits de l'Homme, précisant dans un communiqué qu'au moins 92 civils, dont 18 enfants et 18 femmes, avaient été tués entre le 17 juin et le 3 juillet. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Annick Cojean La tourmente bancaire a, dans la vie quotidienne des Grecs, des conséquences inattendues. Vasso et Kostas se marient samedi 11 juillet dans un petit village perdu dans les montagnes du Pélion. Un coin de Grèce qui se méfie autant des chèques que des terminaux de carte bancaire et où la moindre transaction ne se conçoit qu’avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Le financement du mariage avec ses deux temps forts – une cérémonie religieuse et une fête à la taverne du village – est donc devenu un sujet de tracas.« C’est à moi, en tant que témoin, qu’il appartient de verser de l’argent au prêtre, explique Fenia, une jeune femme d’Athènes. 200 euros, ce n’est pas excessif. Mais quand on ne peut retirer que 60 euros par jour à la banque, cela se planifie ! » Comme elle aide de surcroît ses deux parents qui ont perdu leur entreprise dans la crise et sont au chômage, elle retire donc 60 euros un jour pour son propre compte, 60 euros le lendemain pour ses parents. « Collecter les 200 euros pour le prêtre risque de prendre du temps ! Il me sera impossible de participer aussi aux frais du repas. »Débrouillardise et solidaritéLe restaurateur a été très clair : pas question de faire crédit pour une noce de 200 personnes. Le marié s’est donc résolu à faire, par Internet, un virement de 60 euros à chacun des invités, lesquels devront en retour retirer 60 euros à un distributeur et les lui remettre samedi pour payer la taverne.Débrouillardise et solidarité : voilà comment de nombreux Grecs répondent à la fermeture de leurs banques et au contrôle des capitaux qui s’est abattu sur eux le 29 juin. En soit, vivre avec 60 euros par jour ne pose aucun problème : cela représente 1 800 euros par mois alors qu’ils sont nombreux à ne toucher que 800 euros de salaire. Mais dans un pays où l’argent liquide règne en maître, la mobilisation soudaine d’une grosse somme pour payer son loyer ou une opération médicale est un casse-tête.Certes, le gouvernement a tenté d’alléger la pression en accordant un délai pour acquitter des factures d’eau et d’électricité, ainsi que toute dette à l’égard de l’administration (impôts, cotisations sociales, timbres fiscaux, frais de justice, amendes…). Il a également proclamé que chaque commerçant devait accepter le paiement par carte. Mais c’est très loin d’être le cas. Nombreux sont les restaurateurs ou prestataires de services qui préviennent d’emblée qu’ils n’acceptent que du liquide, tous les Grecs sont à la recherche de cash et l’attente devant un distributeur de billets fait désormais partie des rituels quotidiens.L’idéal, pour un salarié, est donc d’être payé en espèces. La chaîne de supermarchés Sklavenitis en a pris l’initiative pour rémunérer l’ensemble de son personnel dès le 30 juin. De petits commerçants et artisans ont fait de même. Comme la pharmacienne Maria Sakopoulou, qui, disposant d’argent liquide versé par ses clients, a pu payer sans problème ses neuf employés. « Cela leur évite de perdre des heures aux distributeurs. » Les autres prennent leur mal en patience, différant tous les achats conséquents ou non nécessaires (vêtements, ameublement, voitures) pour se concentrer sur les urgences quotidiennes (nourriture, médicaments, essence).« Le contrôle bancaire est le coup de pied qui va les pousser du haut de la falaise », Vasilis KorkidisQuitte à faire des provisions par crainte d’une pénurie qui n’existe pas encore mais que la difficulté de certains détaillants à régler leurs fournisseurs et l’interdiction de transactions avec l’étranger pourrait rapidement provoquer. Quand on fait le plein d’essence, on remplit en plus un jerrican. Quand on va au supermarché, on triple ses achats de nourriture non périssable : riz, pâtes, lait pasteurisé… On court chez son médecin pour avoir une ordonnance et à la pharmacie on achète en double des médicaments – les diabétiques, notamment, sont inquiets de manquer d’insuline. « La semaine dernière, c’était la folie, la pharmacie ne désemplissait pas, raconte Maria Sakopoulou. Il n’y a pourtant pas de raison de s’inquiéter des stocks à court terme. Sauf pour quelques médicaments uniquement fabriqués à l’étranger. »Evidemment, ces nouveaux comportements ont eu un impact immédiat sur l’économie. La Confédération nationale du commerce hellénique, qui représente 650 000 petites entreprises et 2,5 millions de salariés, publie mercredi 8 juillet un rapport pointant une baisse de 70 % de la consommation entre le 27 juin et le 7 juillet et une perte, pour l’économie grecque, de 1,2 milliard d’euros. « C’est dramatique, déplore Vasilis Korkidis, le président de la Confédération. Avant le contrôle bancaire, beaucoup de petites entreprises étaient déjà fragilisées par la crise. Cinquante-neuf d’entre elles fermaient la porte chaque jour et 613 emplois étaient supprimés. La décision gouvernementale est le coup de pied qui va les pousser du haut de la falaise. »Or et diamantsIl y a l’étranglement dû à l’arrêt total des achats dans certains secteurs (les magasins de vêtements, à Athènes, sont quasiment vides). Et celui dû à l’intransigeance de fournisseurs et partenaires à l’étranger qui stoppent toute livraison faute de paiement immédiat. Or, la Grèce importe 52 % de ses produits d’alimentation, une grande partie de médicaments et la majorité des nourritures animales, ce qui peut avoir un effet à court terme sur la production d’œufs, de fromage, de viande, etc.Enfin, les exportateurs grecs sont également pénalisés, incapables de payer transport et stockage de leurs produits à l’étranger, et leurs banques ne pouvant fournir les garanties exigées par leurs partenaires. « Nous voici coupés du monde sur le plan bancaire », résume Vasilis Korkidis. Les entrepreneurs ont donc demandé instamment au gouvernement de lever l’interdiction de transactions à l’étranger, au moins pour des produits prioritaires, et avec un plafond de 12 500 euros. « Il faut un accord avec les créanciers européens au plus vite, insiste M. Korkidis. Ce sont les entrepreneurs les plus vertueux, qui ont gardé leurs capitaux en Grèce, qui sont les plus pénalisés. Ce n’est pas juste ! »Reste l’angoisse des particuliers à l’idée d’une possible saisie de l’Etat sur leurs avoirs bancaires (comme à Chypre, en 2013) ou d’une brusque conversion de leurs euros en drachmes. Certains s’empressent de payer toutes leurs dettes, pour n’être pas pris à la gorge en cas de chute soudaine de ressources. D’autres s’empressent de vider eux-mêmes leurs comptes en… consommant du luxe. Les joailliers du centre d’Athènes ont tous noté le phénomène. Or, valeur refuge ; diamants, valeur éternelle. Ainsi ce couple de Grecs qui, mardi, dans une bijouterie de la rue Panepistimiou, achetait une bague précieuse. Pas pour madame, mais pour leur fille. Pour le jour, peut-être très lointain avouaient-ils, où elle se marierait.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAnnick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.07.2015 à 00h33 • Mis à jour le08.07.2015 à 08h23 L’armée américaine prévoit de réduire ses effectifs de 40 000 postes au cours des deux prochaines années, une mesure qui aura des conséquences à la fois aux Etats-Unis mais également dans ses implantations à l’étranger, rapporte le journal USA Today, mardi 7 juillet.Le quotidien ajoute que ce plan de réduction va concerner 17 000 civils. Le personnel en activité de l’US Army va passer de 490 000 personnes actuellement à 450 000, soit son plus bas niveau depuis son engagement dans la Seconde Guerre mondiale après l’attaque de la base de Pearl Harbour en décembre 1941.Plan d’économie de 1 000 milliardsCes réductions devaient être annoncées initialement en février 2014 lorsque le secrétaire à la défense de l’époque Chuck Hagel avait présenté le budget du Pentagone pour l’année 2015. Les chiffres s’inscrivent dans un plan quadriennal.Un responsable du département de la défense a confirmé que l’armée américaine procédait à la mise en place de ce plan de réduction des effectifs militaires et civils, les détails devant être rendus publics jeudi. Ces mesures font partie d’un plan d’économie de 1 000 milliards de dollars des dépenses de défense sur une période de dix ans. Martin Untersinger La France, par l’entremise de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), n’a rien à envier aux Etats-Unis lorsqu’il s’agit d’espionner la planète. Selon L’Obs, qui cite « des témoignages anonymes de plusieurs responsables actuels et passés », les deux derniers présidents de la République ont donné leur accord à de vastes opérations de surveillance d’Internet menées par la DGSE. L’hebdomadaire corrobore ainsi dans son enquête de nombreux éléments rapportés depuis 2013 par Le Monde.Mise sur écoute des câbles sous-marinsSelon l’hebdomadaire, Nicolas Sarkozy aurait approuvé au début de l’année 2008, lors d’une réunion secrète à l’Elysée, la mise sur écoute des nombreux câbles sous-marins qui accostent en France.Ce plan quinquennal qui a couru jusqu’en 2013, comportait un investissement de 700 millions d’euros et l’embauche de 600 personnes, écrit L’Obs. Grâce à un décret secret pris en Conseil d’Etat – dont l’existence était fortement soupçonnée – des stations d’écoute de la DGSE ont été installées à proximité des câbles sous-marins par lesquels transitent aujourd’hui l’écrasante majorité des communications mondiales.A Marseille (Bouches-du-Rhône) ou à Saint-Valéry-en-Caux (Seine-Maritime), les agents français ont ainsi pu espionner le trafic en provenance des Etats-Unis, de l’Afrique ou du Moyen-Orient pour en extraire des informations sur le terrorisme mais aussi, on peut le supposer, sur des entreprises ou des diplomates du monde entier. Que la DGSE se soit dotée d’outils pour récupérer des données transitant via les câbles sous-marins n’est pas nouveau ; jamais, en revanche, le détail de la supervision politique de ces opérations n’avait été apporté.Lire : La France, précieux partenaire de l'espionnage de la NSAUn second « plan câble » a été approuvé par François Hollande en 2013, selon les mêmes modalités, et comporterait l’installation de plusieurs nouvelles stations d’écoute. L’Obs détaille aussi la collaboration entre Orange et la DGSE. Le Monde révélait, dès le mois de mars 2014, les liens entre l’opérateur téléphonique et la DGSE :« La direction des réseaux [d’Orange] gère notamment les stations dites « d’atterrissement », où accostent les câbles sous-marins France Télécom-Orange touchant la France et par lesquels transitent les flux massifs de données collectées. Un tri préalable peut aisément être réalisé en fonction des pays et des régions d’origine, puis tout est stocké dans des locaux de la DGSE. »Les données interceptées par la DGSE sont ensuite acheminées vers le sous-sol de l’agence, boulevard Mortier à Paris, pour être analysées par des supercalculateurs au sein d’un centre de données parmi les plus importants d’Europe, comme nous l’avons déjà écrit à plusieurs reprises. L’Obs cite une source expliquant qu’un stockage sur « des années et des années » est effectué : « Quand on s’intéresse à une adresse IP ou à un numéro de téléphone, on va chercher dans nos bases ces données et on retrouve la liste de ses correspondants, pendant des années. »Lire : Espionnage : comment Orange et les services secrets coopèrentHors du régime d’autorisations individuellesL’Obs explique aussi, comme l’écrivait déjà Le Monde en avril dernier, que la DGSE a dû prendre quelques arrangements avec la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), qui encadre la surveillance en France. La loi existante ne portait alors que sur les écoutes téléphoniques. Rien n’était prévu pour les interceptions massives de données depuis les câbles. Hors de question pour la DGSE de soumettre le flot d’informations interceptées à un régime d’autorisations individuelles : il a donc été décidé que la CNCIS aménage son régime d’autorisation en délivrant des « fiches pays », permettant d’espionner le trafic en provenance de certains Etats, ainsi que des « fiches thématiques », portant sur certains sujets comme le terrorisme.Lire aussi :Ce « Big Brother » dissimulé au cœur du renseignementSelon L’Obs, un accord avait également été trouvé lorsque des données françaises étaient prises dans les filets de la DGSE : dans ce cas, l’agence ne procédait pas à l’exploitation de ces informations et la procédure basculait dans le cadre plus classique de l’interception administrative. Mais, comme le note l’hebdomadaire, il n’y a aucun moyen de s’assurer du suivi effectif de cette précaution, pas plus qu’il n’est possible de distinguer systématiquement et avec certitude les données « françaises » des données étrangères, à l’heure où de nombreux internautes utilisent des services dans le cloud, hébergés à l’étranger.La loi sur le renseignement, tout juste adoptée, prévoit justement le cas des communications émises vers ou reçues depuis l’étranger, soit précisément celui des câbles sous-marins et que toute donnée française interceptée par la DGSE soit soumise au contrôle de la commission idoine.Enfin, L’Obs évoque le traité de Londres de 2010, signé entre la France et la Grande-Bretagne sur les questions de défense. Un volet secret de ce traité porterait, écrit l’hebdomadaire, sur l’échange de données entre le GCHQ britannique et la DGSE. Un échange de données que nous avons évoqué en novembre 2013 et en mars 2014. Cette coopération entre les deux services est même devenue une « quasi-mutualisation des savoirs ».Lire : Les services secrets britanniques ont accès aux données des clients français d'OrangeMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.07.2015 à 16h29 • Mis à jour le01.07.2015 à 17h09 | Benoît Vitkine Moscou souffle le chaud et le froid avec ses voisins baltes. Le 25 mai, le président du Parlement russe, Sergueï Narychkine, assurait dans un entretien à la télévision lettone vouloir des « relations normales avec les Etats baltes ». Précision importante, tant l’annexion de la Crimée par la Russie et sa politique agressive envers l’Ukraine ont inquiété son voisinage, M. Narychkine indiquait qu’il considérait les trois pays baltes – Estonie, Lettonie, Lituanie – comme « des pays indépendants et souverains ».Un mois plus tard, c’est un signal bien différent qui est envoyé par Moscou. Mardi 30 juin, le parquet général russe a indiqué avoir ouvert une enquête visant à vérifier la légalité de la décision des autorités soviétiques de reconnaître, en 1991, l’indépendance des trois pays baltes qui faisaient auparavant partie de l’URSS.Deux députés du parti au pouvoir Russie unie avaient annoncé mi-juin avoir adressé une demande en ce sens au procureur général de Russie, Iouri Tchaïka. Selon Evgueni Fiodorov et Anton Romanov, le Conseil d’Etat de l’URSS a reconnu, le 6 septembre 1991, l’indépendance proclamée par la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie un an auparavant, sans toutefois apporter à la Constitution de l’Union soviétique les amendements nécessaires. Les deux élus font en outre valoir que ce Conseil d’Etat de l’URSS, formé notamment par le président de l’Union soviétique et les présidents de toutes les Républiques de l’Union, était lui-même un organe inconstitutionnel.Le rattachement de la Crimée à l’Ukraine jugé illégalL’affaire sonne d’autant moins comme une blague que ce même parquet général avait jugé illégal, la semaine passée, le rattachement administratif de la Crimée à l’Ukraine en 1954. Le parquet, qui estimait pour arriver à cette conclusion qu’« en vertu de la Constitution de l’URSS, le Conseil suprême de l’Union soviétique n’avait pas le pouvoir de modifier le territoire des Républiques soviétiques », précisait toutefois qu’il n’était pas en mesure de saisir la justice pour réclamer la validation juridique de cette constatation, car il se serait agi de « contester une loi de l’URSS », un pays qui n’existe plus.L’annonce du parquet russe a d’ores et déjà provoqué des réactions courroucées de la Lituanie, qui l’a qualifiée de « provocation ». « Notre indépendance a été obtenue par le sang et avec les sacrifices du peuple lituanien. Personne n’a le droit de la menacer », a souligné la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, dans un communiqué. Sur un ton plus léger, le père de l’indépendance du pays, Vytautas Landsbergis, a estimé que Vilnius disposait d’éléments questionnant la légalité de l’Etat russe. « Qu’est-ce que c’est que cet Etat qui a détrôné son tsar et l’a tué, ainsi que ses enfants ? » a ironisé M. Landsbergis.Incidents frontaliersLe chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a pour sa part indiqué ne pas être au courant de cette nouvelle procédure. « Je n’ai pas entendu parler d’une telle demande, a-t-il déclaré à des journalistes à Vienne. Je ne sais qu’une chose, c’est que nous avons des relations diplomatiques avec les pays baltes. »Depuis plusieurs mois, et malgré de fréquents incidents frontaliers, Moscou semble soucieux de rassurer ses voisins baltes sur ses intentions. Il n’est pas à exclure que la démarche initiée par les députés Fiodorov et Romanov l’ait été sans validation du Kremlin. Même si elle est devenue, sous la présidence de Vladimir Poutine, une simple chambre d’enregistrement, la Douma est souvent utilisée pour présenter toutes sortes de propositions, reflétant souvent la ligne la plus dure du régime russe.Mais l’initiative met surtout en évidence la vague révisionniste qui s’est abattue sur la Russie. En novembre 2014, Vladimir Poutine s’interrogeait à haute voix sur « ce qu’on peut bien reprocher » au pacte Molotov-Ribbentrop, cet accord signé en 1939 entre l’URSS et l’Allemagne nazie et dont un protocole secret ouvrait la voie à l’invasion par Staline d’une partie de l’Europe orientale, pays baltes y compris.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.07.2015 à 13h16 L’envoi de l’aide humanitaire dans les zones dévastées par les deux séismes survenus les 25 avril et 13 mai est ralenti par les douanes népalaises, a déclaré mercredi 1er juillet John Ging, directeur des opérations au bureau de l’Organisation des nations unies (ONU) pour la coordination des affaires humanitaires.Alors qu’un accord entre le Népal et l’ONU avait été signé en 2007 pour garantir un passage en douane rapide pour l’aide humanitaire en cas de catastrophe naturelle, les exigences douanières restent élevées et ralentissent l’acheminement. « Il y a réellement urgence », a expliqué M. Ging. « On ne peut se permettre des retards administratifs, bureaucratiques », a-t-il ajouté en faisant référence à l’arrivée prochaine de la mousson qui risque de déclencher des glissements de terrain dans les zones montagneuses reculées. Ces mêmes zones où des villages attendent l’arrivée de l’aide humanitaire.Lire aussi :Séisme au Népal : dans un des villages coupés du mondeRassurer les donateursSelon l’ONU, environ 2,8 millions de personnes sont dans l’attente de nourriture, de soins et d’installations sanitaires. En tout, le Népal a besoin de 6,7 milliards de dollars d’aide (environ 6 milliards d’euros) pour se remettre de la catastrophe qui a fait plus de 8 800 morts et détruit un demi-million de maisons.Si les donateurs internationaux ont promis la semaine dernière 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) pour la reconstruction, l’ONU craint que les procédures douanières strictes freinent les gens qui n’ont pas encore donné. « Les donateurs étrangers veulent être sûrs que leur argent ira aux personnes touchées, a détaillé John Ging. Ils ne veulent pas apprendre que l’approvisionnement est bloqué dans des hangars de la capitale en raison de procédures douanières bureaucratiques. »Lire aussi :La communauté internationale promet plus de 4 milliards de dollars au Népal 01.07.2015 à 11h24 | Claude Meyer (Centre Asie (IFRI) et Sciences Po) La visite du premier ministre chinois Li Keqiang en France à partir du 29 juin va être l’occasion de renforcer la coopération économique bilatérale mais nul doute que seront aussi évoquées la conférence COP21 et la participation française de 3,4 % à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) créée par la Chine.Hasard du calendrier, les statuts de cette nouvelle banque multilatérale, dont l’objet est de financer les infrastructures de transport, d’énergie et de télécommunications en Asie, ont été signés à Pékin le jour de l’arrivée de Li Keqiang à Paris.En réussissant à attirer 57 pays comme membres fondateurs, malgré les pressions exercées sur ses alliés par Washington, la Chine a remporté un succès diplomatique éclatant et elle a fait une entrée en scène retentissante dans la gouvernance mondiale. Sur le plan économique, la BAII se justifie pleinement, mais des incertitudes et des ambiguïtés demeurent en ce qui concerne son caractère authentiquement multilatéral et son mode de gouvernance.La création de cette banque multilatérale comme une alternative – complémentaire ou rivale, l’avenir le dira – à la Banque mondiale et à la Banque asiatique de développement (BAD) répond incontestablement à des besoins en Asie.800 milliards de dollars par an nécessairesL’insuffisance des infrastructures constitue un goulot d’étranglement pour les échanges dans la région et sur les 800 milliards de dollars par an qui seraient nécessaires, la Banque mondiale et la BAD n’en financent qu’une très faible partie. De plus, grâce à la BAII, d’importants flux d’épargne mondiale - notamment chinoise - seront orientés vers des investissements à fort effet multiplicateur, et ce dans la région la plus dynamique de la planète.La croissance mondiale en sera stimulée et celle des pays participants encore davantage. Il reste que cette nouvelle banque multilatérale servira sans doute d’abord les intérêts économiques de la Chine. D’immenses marchés vont s’ouvrir et grâce à leur proximité géographique et à l’expérience acquise dans les pays en développement, les grosses sociétés chinoises devraient être les mieux placées pour s’adjuger une grande partie des contrats dans les secteurs de la construction, de l’énergie, des télécommunications, etc.De plus, l’amélioration des infrastructures entraînera une forte augmentation des échanges intra-asiatiques, dont bénéficieront au premier chef les exportations chinoises. Sur le plan financier, une partie des prêts de la BAII seront probablement libellés en yuans, ce qui contribuera puissamment à l’internationalisation de la devise chinoise.Par ailleurs, le financement d’infrastructures à l’étranger constitue une utilisation optimale de l’excédent d’épargne chinois, alors que l’investissement domestique est limité par les surcapacités dans de nombreux secteurs et que les placements monétaires sur les marchés internationaux dégagent un très faible rendement.30 % du capital à la ChineLa BAII contribuera aussi à la mise en œuvre des visées stratégiques de la Chine en Asie dans le cadre des routes terrestre et maritime de la Soie. Au-delà des motivations économiques, ce projet très ambitieux lancé en 2013 par le président Xi Jinping reflète la volonté de la Chine de s’imposer face au Japon et aux Etats-Unis comme le leader incontesté de la région asiatique. Même si un Fonds spécifique de 40 milliards de dollars est alloué par Pékin à ce projet, il paraît clair que la BAII sera mise à contribution.La répartition de son capital est donc une question clé, car c’est la nature même de l’institution qui est en jeu. Sera-t-elle une banque véritablement multilatérale ou au contraire l’instrument des visées économiques et stratégiques de la Chine en Asie ? Le capital autorisé de 100 milliards de dollars est réparti à hauteur de 75 % pour les actionnaires asiatiques et de 25 % pour les autres. Dans ces deux groupes, la participation est fonction du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays, ce qui donne à la Chine 30 % du capital et 26 % des droits de vote, alors que l’Inde, deuxième actionnaire, vient très loin derrière avec 8,4 %.Même sans droit de veto pour les opérations courantes, un tel niveau de participation donnera à la Chine un rôle clé dans la gouvernance et dans les orientations stratégiques de la nouvelle banque. Le choix de Pékin comme siège de l’institution a valeur de symbole. Ambiguïtés liées à la primauté de la Chine comme actionnaire de référence, mais aussi incertitudes concernant le mode de gouvernance de la BAII : choix des projets, transparence des appels d’offres, lutte contre la corruption, conditions d’octroi des prêts, etc.Pour certains analystes, la cause est entendue : l’efficacité de la BAII sera bien supérieure à celle de la Banque mondiale et de la BAD, sclérosées par les pesanteurs bureaucratiques qui se sont accumulées depuis des décennies. C’est en substance la thèse défendue par deux économistes du think tank hongkongais Fung Global Institute, qui concluent : « Si les dirigeants occidentaux croient réellement à la concurrence, à l’innovation et à la méritocratie, ils doivent soutenir la BAII » (« Faut-il avoir peur de la Banque asiatique d’investissement ? », Andrew Sheng et Xiao Cheng, Le Monde, 14 mai 2015).Risques de corruptionIl est permis, à ce stade, de ne pas partager un tel optimisme ! La lourdeur des procédures en vigueur dans les banques multilatérales de développement s’explique effectivement en partie par des pesanteurs bureaucratiques mais pas seulement : avant l’octroi de nouveaux crédits, des études approfondies sont nécessaires pour évaluer la viabilité financière des projets, leur rentabilité et leur impact global en termes sociaux, environnementaux, géographiques, etc.La pratique de la Chine comme bailleur de fonds dans les pays en développement est loin de répondre à ces critères : elle se caractérise par des procédures simples et rapides ainsi qu’une extrême flexibilité, mais au prix de certaines dérives : risques de corruption, absence de conditionnalité, analyses de risque ou calculs de rentabilité défaillants. On peut espérer que grâce à la diversité des membres fondateurs, le fonctionnement de la BAII réussira à concilier les meilleurs aspects de ces approches très différentes, la rigueur d’une part et l’efficacité de l’autre.Le meilleur moyen serait évidemment une coopération étroite avec la Banque mondiale et la BAD, à travers des cofinancement par exemple. L’expérience accumulée par ces dernières et la force de frappe financière de la BAII – notamment celle de son premier actionnaire – feraient de cette nouvelle banque un puissant instrument de développement en Asie.En tout état de cause, au-delà même de ce rôle essentiel, la création de la BAII représente un tournant majeur pour l’insertion de la Chine dans l’ordre international. Ne serait-ce que pour cette raison, les pays européens ont été bien inspirés d’y participer, même si leur motivation première est celle des bénéfices économiques escomptés.Claude Meyer est l’auteur de La Chine, banquier du monde, Fayard, 2014Claude Meyer (Centre Asie (IFRI) et Sciences Po) Romain Perez (Sciences Po) Après la stupeur, la colère. Colère de Bruxelles et des créanciers de la Grèce, qui voient une véritable provocation dans l’appel du gouvernement grec à rejeter les propositions de l’Eurogroupe lors du référendum du 5 juillet.Un tel rejet obligerait de fait l’Europe à choisir entre sa crédibilité financière et le maintien de l’union monétaire à 19, la plaçant face un dilemme insoutenable dans la durée. Colère d’Athènes et de nombre de Grecs, qui mesurent jour après jour le poids de l’austérité et l’échec de la stratégie financière et économique que lui imposent les Européens.Cette colère est cependant aussi injustifiée que nuisible. Elle n’est pas légitime du fait des incertitudes propres aux évolutions économiques. Ni Athènes ni Bruxelles ne pouvaient anticiper le désastre financier actuel, et aucun économiste n’avait la moindre certitude quant aux solutions à mettre en œuvre lorsqu’en 2010 la crise de la dette européenne a débuté.Cette colère est surtout dangereuse pour notre avenir, car elle porte le ferment de la division, nous exposant aux poisons de l’instabilité et de la spéculation. Ainsi il est essentiel de dépasser les jugements de valeur afin d’agir avec pragmatisme, sur la base d’une analyse objective des faits.Scénario « à l’argentine »Le fait principal est celui du constat de l’insolvabilité de la Grèce. Avec un niveau d’endettement estimé à 180 % du produit intérieur brut (PIB) à la fin 2015, le pays ne parvient pas à stabiliser sa situation financière, malgré huit plans d’austérité et une hausse drastique de la fiscalité. Sur le plan macroéconomique, la spirale récessive semble stoppée depuis 2014, avec un retour de la croissance et une légère amélioration de l’emploi.Mais cette nouvelle dynamique laisse peu de marge de manœuvre aux autorités grecques, ne permettant ni de stabiliser le ratio d’endettement, ni d’engager sans trop de risque un nouveau plan d’austérité. Ainsi l’approche défendue par l’Eurogroupe, qui vise une consolidation budgétaire supplémentaire de 2 % du PIB dès 2016, affaiblirait nécessairement la fragile reprise de l’économie grecque et ne servirait fondamentalement qu’à asseoir la crédibilité - certains diront l’autorité - des autorités monétaires européennes.Elle permettrait de gagner du temps, mais pas de remédier à la crise économique qui sévit en Grèce. Elle présenterait surtout des risques politiques importants pour le pays et la zone euro dans son ensemble, ouvrant la perspective d’un scénario « à l’argentine ». La crise grecque présente en effet des similitudes avec la situation de l’Argentine en 2001, au moment de son effondrement financier.Le gouvernement argentin était confronté au même type d’impasse économique en 2000-2001, contraint de mener une politique d’austérité budgétaire sans espoir, dans le seul but de maintenir la parité entre le peso et le dollar ainsi que de préserver les intérêts des créanciers du pays. Cette impasse a conduit à une situation de type insurrectionnelle à Buenos Aires à l’hiver 2001 et à une déflagration politique brutale.DSK ou PikettyAprès 48 heures d’émeutes, l’Argentine abandonnait l’ancrage monétaire au dollar et répudiait une part importante de sa dette publique. La reproduction d’un pareil cas de figure en Grèce, qui ouvrirait ainsi la voie à une sortie brutale et non négociée de la Grèce de la zone euro, constituerait une issue hautement préjudiciable pour l’ensemble de la zone euro, révélant une défaillance structurelle de sa gouvernance.Certains économistes défendent un scénario alternatif fondé sur une renégociation de la dette grecque, soit dans le cadre d’une extension de maturité, comme le suggère DSK, soit à travers son effacement partiel, comme le recommande Piketty. Une telle renégociation semble nécessaire, et probablement inéluctable, mais sera-t-elle suffisante ? On peut franchement en douter.Comme l’a déjà montré le premier allégement dont a bénéficié la Grèce en 2011, ces opérations comptables ont une incidence faible sur l’activité économique. La Grèce doit résoudre son déficit de compétitivité et ses déséquilibres macroéconomiques structurels pour sortir de l’impasse. Ainsi l’allégement de la dette publique ne peut avoir d’effet sur l’activité que s’il s’accompagne de la seule mesure susceptible de restaurer la base productive du pays, à savoir la dévaluation monétaire.Ainsi la sortie de la Grèce de la zone euro est aussi nécessaire aujourd’hui que ne l’était le désarrimage du peso argentin du dollar en 2001. La Grèce n’a structurellement pas vocation à vivre avec une monnaie forte. La dépréciation du prix de ses exportations lui est nécessaire pour rivaliser avec ses concurrents européens, et rééquilibrer ses comptes extérieurs et publics. À court terme cette sortie de la zone euro lui sera douloureuse, les ménages grecs subissant de plein fouet le renchérissement du prix des biens importés. Mais à moyen terme cette mesure stimulera les exportations, l’investissement et l’emploi.Le dogme de l’irréversibilité de l’euroLe PIB de l’Argentine a retrouvé dès 2007 un niveau analogue à celui de 2001, et lui était supérieur de 30 % à la fin 2014, et ce malgré une dépréciation de plus de 80 % de sa monnaie par rapport au dollar. Naturellement le scénario d’une sortie de la Grèce de la zone euro inquiète. Pour les Grecs, la perspective d’une nouvelle baisse du pouvoir d’achat n’est pas la bienvenue.Pour les Européens, c’est la remise en cause du dogme de l’irréversibilité de l’euro, sur lequel a reposé la construction de l’union monétaire et la communication de la BCE, en particulier depuis le début de la crise de la dette. La sortie de la Grèce de la zone euro porterait un coup à la crédibilité des autorités monétaires européennes, et augmenterait le risque systémique de la zone euro dans son ensemble, avec une possible propagation des défauts de dette publique. Elle ouvrirait aussi un front d’instabilité à la frontière sud de l’Europe, région stratégique à bien des égards.Dans cette perspective, l’enjeu de la crise actuelle est donc bien d’éviter un durcissement du conflit entre Athènes et Bruxelles, et de parvenir à une sortie constructive de la Grèce du cadre financier de la zone euro. Il s’agit d’aider les Grecs… à sortir de la zone d’euro, en mettant sur pied des mécanismes de coordination monétaire entre l’Europe et la Grèce. De sorte que la nouvelle monnaie puisse être conjointement pilotée, et ne soit la proie ni de grandes puissances régionales, telles que la Russie, ni de la spéculation internationale.Différents scénarii sont possibles pour cet « euro-drachme », allant du rattachement fixe à l’euro, comme pour la zone franc CFA, au flottement encadré dans le cadre d’un nouveau serpent monétaire européen, mais l’essentiel est d’assurer la continuité de la gouvernance européenne des questions monétaires, y compris en Grèce.Dès lors que les Européens parviennent à s’entendre sur cette nouvelle organisation commune de la politique monétaire, et que la transition aura été effectivement achevée, chacun pourra tirer parti de la sortie de la Grèce de la zone euro. Pour Athènes de véritables perspectives de reprise deviendront envisageables. Pour l’Europe, l’hypothèque hellénique se trouvera levée, ce qui renforcera la crédibilité de sa stratégie monétaire aussi bien que la cohérence du bloc économique de la zone euro.Romain Perez (Sciences Po) Philippe Bernard (Londres, correspondant) Vaut-il mieux agrandir l’aéroport londonien d’Heathrow ou celui de Gatwick ? C’est l’un des plus vieux serpents de mer britannique et l’un des sujets les plus sensibles, aussi bien économiquement que politiquement.La commission chargée par le gouvernement d’éclairer son choix a rendu public son verdict très attendu, mercredi 1er juillet au matin : en recommandant la construction d’une troisième piste à Heathrow, l’aéroport le plus fréquenté du pays, elle relance une intense bataille politique et environnementale.Selon le rapport rédigé par l’économiste Howard Davies, l’extension générerait 147 milliards de livres (207,3 milliards d’euros) et permettrait la création de 70 000 emplois à l’horizon 2050.Trois hypothèsesLa commission avait à arbitrer entre trois hypothèses : une deuxième piste à Gatwick, l’extension d’une piste d’Heathrow ou la création d’une troisième piste au nord-ouest de cet aéroport situé à 25 km à l’ouest du centre de Londres, le premier d’Europe en nombre de passagers.Elle a choisi cette dernière option, la plus onéreuse (17,6 milliards de livres, contre 7 milliards de livres pour Gatwick) et la plus controversée.Tout en jugeant l’option Gatwick « crédible », Sir Howard Davies estime qu’Heathrow « est mieux placé pour fournir le type de capacité qui est requise le plus urgemment : les destinations lointaines vers les nouveaux marchés ». L’extension prônée serait financée par des capitaux privés et permettrait d’ouvrir le Royaume-Uni vers 40 nouvelles destinations, ajoute-t-il.L’avis « clair et unanime » rendu mercredi n’est que consultatif et l’arbitrage gouvernemental n’est attendu qu’à l’automne.Le premier ministre David Cameron avait promis, pendant la campagne électorale de 2010, qu’il n’y aurait pas de troisième piste à Heathrow. « Il n’y aura pas de “si ”, pas de “mais” », avait-il juré. Une fois au pouvoir, il avait annulé le projet d’extension d’Heathrow.Des poids lourds conservateurs dans le corridorAujourd’hui, l’affaire n’est pas plus simple politiquement car de hauts responsables du parti conservateur sont élus dans des circonscriptions situées dans le corridor d’extension prévu. Le ministre des affaires étrangères Philip Hammond – un eurosceptique dont M. Cameron a besoin pendant la campagne du référendum sur le « Brexit » – et le maire de Londres Boris Johnson – en embuscade pour succéder au premier ministre – sont ainsi des opposants acharnés de la troisième piste d’Heathrow.Lire aussi :L’aéroport de Dubaï détrône HeathrowSes travaux nécessiteraient la démolition de 783 maisons, incluant l’essentiel du village de Harmondsworth et sa mise en service générerait 750 000 vols supplémentaires par an. Aussi la commission a-t-elle pris quelques précautions : pour limiter l’impact sur les riverains et l’environnement, les vols de nuit seraient interdits entre 23 h 30 et 6 heures du matin, une limite aux nuisances sonores serait fixée par la loi, les indemnités aux habitants touchés seraient relevées et une instance indépendante d’arbitrage en matière de bruit serait créée.« Le gouvernement aura le dernier mot »Les milieux d’affaires et la plupart des compagnies aériennes sont favorables à Heathrow, estimant que seul l’extension d’un « hub » permettrait les connections vers les marchés émergents, propices aux échanges commerciaux et aux investissements.Mais les défis environnementaux et politiques posés par ce choix font dire à John Stewart, responsable de l’association Hacan opposée à la troisième piste qu' « on est loin de la fin de l’histoire car c’est le gouvernement qui aura le dernier mot ».John Sauven, directeur de Greenpeace au Royaume-Uni, estime quant à lui que l’option Heathrow « compromettrait les objectifs du Royaume-Uni en matière de climat ». Sans compter le « guêpier » où se mettrait David Cameron en l’avalisant.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.07.2015 à 08h06 La Grèce en défaut de paiementAthènes avait jusqu’à minuit, mardi 30 juin, pour rembourser sa dette de 1,5 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI). Devant le refus de la zone euro d’étendre son aide financière, à cours d’argent, la Grèce devient donc le premier pays industrialisé à faire défaut vis-à-vis du FMI. Une nouvelle réunion de l’Eurogroupe doit avoir lieu mercredi à 11 h 30.Deux soldats français soupçonnés de pédophilie au Burkina FasoUne enquête préliminaire a été ouverte mardi 30 juin dans la soirée par le parquet de Paris sur des soupçons d’agressions sexuelles sur mineur par des soldats français en mission au Burkina Faso. Deux soldats, soupçonnés de s’être livrés à des « actes à connotation sexuelle » sur deux enfants ont d’ores et déjà été suspendus.Deuxième journée de canicule en FranceMercredi 1er juillet, de nouveaux pics de chaleur sont attendus après les records de mardi (plus de 40 °C en Gironde). Il pourrait faire jusqu’à 39 °C à Paris où la canicule devrait s’accompagner d’un épisode de pollution à l’ozone. Quarante départements ont été placés en vigilance orange. Dans la nuit de mardi à mercredi, 600 000 foyers ont été privés d’électricité dans l’ouest de la France.Et aussi :Yassin Salhi mis en examen : après quatre-vingt-seize heures de garde à vue, le suspect de l’attentat en Isère a été mis en examen pour assassinat et tentative d’assassinats en relation directe avec une entreprise terroriste et destruction par l’effet d’une substance explosive en relation avec une entreprise terroriste. Il aurait été incité à agir par un membre de l’Etat islamique (EI) en Syrie.Le bilan continue de s’alourdir en Indonésie : le crash d’un avion militaire à Medan a fait au moins 141 morts mardi. Les équipes de secours recherchaient toujours mercredi les corps d’autres victimes. 01.07.2015 à 04h16 • Mis à jour le01.07.2015 à 18h07 data-tym-playerid="tym-player-x2pisy2" data-tym-title="Cuba : de la guerre froide au réchauffement diplomatique" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/ameriques/video/2015/05/11/cuba-de-la-guerre-froide-au-rechauffement-diplomatique_4631276_3222.html" data-tym-categories="ameriques,cuba,international,europe,politique,etats-unis" data-tym-tags="ameriques,cuba,international,europe,politique,etats-unis" data-tym-providerreference="x2pisy2" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Un peu plus de six mois après l’annonce d’un rapprochement historique, les Etats-Unis et Cuba ont trouvé un accord pour le rétablissement de leurs relations diplomatiques, suspendues depuis cinquante-quatre ans, et la réouverture d’ambassades.Cette annonce, qui était attendue depuis que Washington avait retiré, fin mai, La Havane de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme, a été officialisée par le président cubain, Raul Castro, et son homologue américain, Barack Obama, mercredi 1er juillet. La date de la réouverture des ambassades est prévue pour le 20 juillet.Dans une lettre adressée à la Maison Blanche, Raul Castro a « le plaisir de s'adresser à vous dans une lettre pour confirmer que la République de Cuba a décidé de rétablir des relations diplomatiques ».Saluant une « étape historique » dans les relations entre les deux pays et annonçant une visite du secrétaire d'Etat John Kerry « pour hisser fièrement le drapeau américain à nouveau sur notre ambassade », M. Obama a appelé le Congrès à lever l’embargo contre Cuba. Son discours a été diffusé en direct, et en espagnol, sur la télévision cubaine.« Les Américains et les Cubains sont prêts à aller de l'avant. Je pense qu'il est temps pour le Congrès de faire de même. J'ai appelé le Congrès à prendre des mesures pour lever l'embargo qui empêche les Américains de voyager ou de faire du commerce avec Cuba ».Lire aussi :Entre les Etats-Unis et Cuba, les secrets d’un dégel« Mettre fin aux derniers vestiges de la guerre froide » data-tym-playerid="tym-player-x2csd9o" data-tym-title="Cuba et les Etats-Unis rétablissent leurs relations diplomatiques" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/07/01/accord-entre-les-etats-unis-et-cuba-pour-la-reouverture-d-ambassades_4665368_3222.html" data-tym-categories="ameriques,cuba,etats-unis,international,geopolitique" data-tym-tags="ameriques,cuba,etats-unis,international,geopolitique" data-tym-providerreference="x2csd9o" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"A dix-huit mois de son départ de la Maison Blanche, le 44e président des Etats-Unis entend consolider cette initiative majeure de sa politique étrangère à laquelle une large majorité d’Américains est favorable. L’exécutif américain a, à plusieurs reprises, évoqué la possibilité d’une visite de M. Obama à Cuba en 2016.Mais au-delà du rétablissement des relations diplomatiques demeure l’épineuse question de l’embargo, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962 et sévèrement renforcé par la loi Helms-Burton de 1996. Toujours en vigueur, l’embargo américain total sur les transactions économiques et financières avec Cuba est régulièrement dénoncé par La Havane comme un obstacle au développement de l’île.La nomination d’ambassadeurs permettra d’améliorer les relations entre les deux pays, mais « la normalisation est un autre sujet », a d’ores et déjà averti le président cubain, Raul Castro. M. Obama a demandé au Congrès, dont les deux chambres sont contrôlées par ses adversaires républicains, de travailler à la levée de cet embargo. Mais l’issue des discussions en cours est incertaine et le processus législatif s’annonce long, d’autant que la campagne pour la présidentielle 2016 commence tout juste.Depuis cinquante ans, des centaines de milliers de Cubains ont émigré, pour la grande majorité aux Etats-Unis. Si certains représentants de la première vague d’exilés – les émigrés « politiques » des débuts de la révolution – restent farouchement opposés à tout rapprochement avec le régime de La Havane, les immigrés plus récents, venus davantage pour des raisons économiques, ont de leur côté conservé de solides attaches dans l’île et ont accueilli beaucoup plus favorablement l’annonce d’un dégel.Lire l'analyse :L'embargo sur Cuba vit-il ses dernières heures ? 01.07.2015 à 00h48 • Mis à jour le01.07.2015 à 10h34 La Grèce s’enfonce encore un peu plus dans la crise : le pays a été contraint, mardi 30 juin, de faire défaut sur sa dette vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI) après avoir demandé, pour l’heure sans succès, une extension de l’aide financière européenne. A court d’argent frais, Athènes n’a pas pu honorer le remboursement de 1,5 milliard d’euros dû au FMI, devenant ainsi le premier pays industrialisé à faire défaut vis-à-vis de l’institution.Lire :Grèce : un défaut de paiement conduirait-il automatiquement au « Grexit » ?Athènes devient ainsi le premier pays développé à accumuler des arriérés de paiement vis-à-vis du FMI et n’a désormais plus accès aux ressources financières de l’institution qui, de son côté, essuie le plus grand défaut de son histoire.Ultime demande pour obtenir un délaiLe FMI en a pris acte dans un très laconique communiqué, ajoutant également que son conseil d’administration, qui représente les 188 Etats membres, en avait été informé. « Je confirme que le remboursement (…) dû au FMI par la Grèce aujourd’hui n’a pas été reçu », a indiqué le porte-parole du FMI, Gerry Rice, dans le communiqué. Conséquence immédiate : Athènes est privée d’accès aux ressources financières du Fonds et le restera tant qu’elle n’aura pas apuré sa dette envers l’institution.Parallèlement, le volet européen du plan d’aide à la Grèce a comme prévu pris fin, privant le pays de 16 milliards d’euros d’aide en tout genre (prêts, bénéfices sur les obligations détenues par la BCE, fonds pour les aides).Ne pas payer le FMI n’a toutefois rien d’irréversible, même si c’est un signal de plus – s’il en était besoin après l’instauration d’un contrôle des capitaux en Grèce lundi –, que le pays est au bord de l’asphyxie financière. Cela n’a pas de conséquences aussi dramatiques qu’un défaut de paiement auprès d’un créancier privé.En théorie, la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, peut attendre un mois avant de notifier officiellement le défaut de paiement.Mais elle a prévenu : cette fois-ci, la Grèce ne devrait pas bénéficier de ce délai de grâce. Et tant qu’Athènes n’aura pas remboursé cet « arriéré », il n’aura pas accès aux 3,5 milliards d’euros de prêts restant à verser par le FMI à Athènes.C’est la date du 20 juillet prochain qui, en l’absence d’accord, signifiera le vrai défaut, au sens comptable du terme, de la Grèce. A cette date, le pays doit rembourser 3,5 milliards d’euros, en rachats d’obligations grecques à la Banque centrale européenne (BCE), ce qui sera probablement impossible. La BCE pourrait être alors contrainte de fermer le robinet des « ELA », ces financements d’urgence des banques grecques.Lire aussi notre décryptage :En Grèce, 8 plans d’austérité depuis 2009, 4 gouvernements, 2 plans d’aideOr, privé d’argent frais des institutions (FMI, Union européenne, Banque centrale européenne) qui l’ont mis sous perfusion financière depuis 2010, le pays ne doit désormais plus sa survie financière qu’à l’aide d’urgence apportée à ses banques par la BCE. Les conséquences sont encore difficiles à prévoir, mais le président américain, Barack Obama, a mis en garde mardi contre « un impact significatif » de la crise sur la croissance européenne.A court de liquidités, la Grèce avait prévenu mardi qu’elle ne rembourserait pas le FMI, qui a participé aux côtés des Européens aux deux plans de sauvetage du pays assortis d’une cure d’austérité drastique. Mais le pays avait toutefois fait mardi une ultime demande au FMI pour obtenir in extremis un délai. Le conseil d’administration du Fonds en a été informé mardi et a commencé à l’étudier, selon une source proche du dossier, mais rendra un avis ultérieurement. Le conseil d’administration se réunira « en temps utile », a précisé M. Rice, sans donner plus de détails. Le FMI peut en théorie « reporter » la date d’un remboursement dans la limite de trois à cinq ans à la demande d’un « Etat membre », selon sa charte.Réunion de l’Eurogroupe mercrediSelon nos informations, Athènes a aussi fait parvenir, mardi en début de soirée, une liste de réformes qu’elle compte mettre en place en échange des prêts internationaux demandés. Cette liste serait très proche de celle exigée depuis des mois par les créanciers du pays, et qui était en cours de finalisation quand M. Tsipras a sorti l’idée du référendum. « A première vue, elles sont plus proches de la position des institutions, mais il faut les examiner plus attentivement », explique une source diplomatique. C’est précisément ce à quoi va être consacrée la réunion de l’Eurogroupe, mercredi à 17 h 30. Il s’agira du treizième Eurogroupe centré sur la Grèce depuis février.Lire :Crise grecque : dans les coulisses d’âpres négociationsCet incident de paiement constitue également un sérieux revers pour la crédibilité du FMI, qui n’avait plus enregistré de défaut de paiement depuis 2001 avec le Zimbabwe et qui a accordé à la Grèce le plus grand prêt de son histoire. Encore récemment, le Fonds disait s’attendre à ce qu’Athènes honore ses engagements financiers. Au début de juin, sa directrice générale, Christine Lagarde, se raccrochait aux assurances du premier ministre grec, Alexis Tsipras, l’invitant à ne « pas s’inquiéter ». Les mésaventures du FMI avec la Grèce ne sont toutefois pas finies. Le pays doit au total virer 5,4 milliards d’euros dans les caisses du Fonds cette année sur une dette totale de quelque 21 milliards d’euros. Le prochain paiement de 284 millions d’euros est dû pour le 1er août. 05.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le05.07.2015 à 16h23 Emmanuel Macron a jugé, dimanche 5 juillet, que « quelle que soit » l'issue du référendum en Grèce, les Européens devaient « reprendre des discussions politiques » avec le pays. « Même si le non grec devait l'emporter, notre responsabilité sera de ne pas faire le traité de Versailles de la zone euro », a-t-il ajouté lors d’un colloque économique à Aix-en-Provence.Le traité de Versailles, signé à la fin de la première guerre mondiale, imposait à l’Allemagne des conditions très dures, qui ont favorisé l’ascension du nazisme. Le ministre a ainsi appelé à résister à la tentation d’« écraser un peuple » parce que « les uns considéreront qu'ils auront gagné un référendum ».« Il est évident que la réponse à un non grec ne peut pas être une sortie automatique », a-t-il également dit à BFMTV en marge de ce colloque.Le gouvernement grec emmené par Syriza appelle à voter non aux dernières exigences des créanciers, et ses critiques estiment que la Grèce n’aura d'autre choix que de quitter la zone euro, avec des conséquences économiques et sociales potentiellement dramatiques si le non obtient la majorité.Lire aussi :Grèce-Union européenne : retour sur une relation de presque trente-cinq ansPlaidoyer pro-européen« Je ne m'habitue ni au cynisme des dirigeants grecs qui ont posé une question biaisée », ni aux « propos populistes d'aucuns qui, parce que leur opinion publique le leur demande, considèrent que la solution à tous nos problèmes serait de sortir la Grèce de la zone euro », a aussi déclaré M. Macron, dans un fervent plaidoyer pro-européen.« Nous avons besoin d'un peuple grec responsable qui sache qu'il ne vote pas simplement pour la Grèce, mais pour toute la zone euro, et nous, nous avons besoin d'être solidaires », a-t-il dit, en jugeant que les dirigeants grecs comme leurs partenaires européens avaient « coproduit » la crise en Grèce.L'Europe et ses dirigeants attendaient dimanche avec fébrilité l’issue d’un référendum lourd de conséquences pour l’avenir du continent.Lire aussi :La Grèce dans l’attente des résultats du référendum 05.07.2015 à 04h38 La coalition internationale menée par les Etats-Unis a effectué seize frappes aériennes contre le groupe Etat islamique (EI) dans la ville de Rakka en Syrie, samedi 4 juillet, a annoncé un porte-parole de la coalition.« Les importantes frappes aériennes qui ont eu lieu ce soir ont été effectuées pour priver Daesh (acronyme arabe de l’EI) de la capacité de déplacer des matériels militaires à travers la Syrie et en direction de l’Irak », a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la coalition, le lieutenant-colonel Thomas Gilleran.« Cela a été l’un des plus importants engagements délibérés que nous ayons menés jusqu’à présent en Syrie », a précisé le porte-parole avant d’ajouter que les forces de la coalition « ont attaqué avec succès de nombreuses cibles » dans Rakka — capitale autoproclamée du groupe djihadiste — détruisant des bâtiments de l’EI et des routes. Les frappes « ont sévèrement réduit la liberté de mouvement des terroristes », a affirmé le lieutenant-colonel Gilleran. 05.07.2015 à 02h50 • Mis à jour le05.07.2015 à 12h56 Une marée multicolore a envahi les rues du centre de Madrid, samedi 4 juillet, pour la Gay Pride, la plus grande fête de la capitale espagnole, où l’on célèbre les dix ans du mariage gay cette année.Un groupe d’adolescentes agitant des éventails plaisante avec des policiers place Cibeles, où la mairie – dirigée depuis le 13 juin par Manuela Carmena, une « indignée » – a déployé pour la première fois un drapeau arc-en-ciel.Le cortège multicolore et multilingue – Madrid a reçu pour l’occasion 300 000 visiteurs, selon les hôteliers – s’est ébranlé tard, vers 19 heures. Plus d’1,5 million de personnes étaient attendues par les organisateurs de la plus grande Gay Pride d’Europe.Encore du chemin à parcourirLes célébrations ont démarré dès mercredi avec des concerts de rue, des expositions, des concours de beauté et une course de drag-queens en talons aiguille. Batucada (concert de tambours), sevillanas et musique techno : tous les airs étaient entendus, quarante-six ans après la naissance, à New York, du mouvement de libération des gays, lesbiennes, transexuels et bisexuels (LGBT). Hector Monteiro, arrivé de Valence, danse, drapé dans le drapeau arc-en-ciel. Il a 49 ans et est fier de raconter qu’il s’est déjà marié et pacsé deux fois. La première, en juin 2007, « c’était très fort. J’ai senti que je faisais partie de cette société », se souvient-il. Il s’est marié en Espagne, car en Uruguay, son pays d’origine, ce n’était pas possible. Là-bas, se souvient-il, il fut un temps où « si on te voyait embrasser un homme, on te fichait ». Il y a encore du chemin à parcourir pour les droits LGBT, mais le « plus important est fait », poursuit-il en se félicitant de la légalisation cette semaine du mariage homosexuel aux Etats-Unis, bien qu’il « manque la Russie, la Chine, le Japon, les pays musulmans… »Lire : Les droits des homosexuels dans le mondeNon loin de lui, son compagnon Alvaro, 29 ans, estime que même en Espagne, des progrès doivent encore être réalisés. « Chez moi, je n’ai jamais pu présenter de fiancé. Tout doit rester caché », dit ce grand blond, agent immobilier à Valence, préférant ne pas donner son nom de famille. « Mes parents n’ont pas du tout apprécié ».Un des pays les plus avancés« La Gay Pride, c’est aussi la défense des droits et libertés, une rébellion contre l’oppression », estimait non loin de là Raquel Sanudo, 38 ans, tenant une pancarte où l’on pouvait lire « Erotique, pas névrotique ». Dix ans après la loi autorisant le mariage homosexuel en Espagne, plus de 30 000 couples en ont profité, selon des données officielles. Francisco Perez, 49 ans, a gardé un souvenir de l’époque, un T-shirt avec un gros signe « égal », en rose, symbole du mariage gay. « Une relique, dit-il. Je l’ai conservée depuis dix ans. »En étant le troisième pays à légaliser le mariage gay, après la Belgique et les Pays Bas, l’Espagne – pays très catholique où être homosexuel était encore pénalisé en 1979 – est devenue l’un des pionniers sur le front des droits des homosexuels. Dix ans plus tard, selon un sondage réalisé par le Pew Research center, c’est une des nations les plus tolérantes à l’égard de l’homosexualité : 88 % des citoyens considèrent qu’elle est « socialement acceptable », contre 60 % des Américains par exemple.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-559937834d842'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 12\r\n \r\n \r\nA Cincinnati, samedi 27 juin, les participants \u00e0 la Gay Pride f\u00eataient la victoire de la veille. Et pour cause : vendredi, la Cour supr\u00eame am\u00e9ricaine a l\u00e9galis\u00e9 le mariage homosexuel sur l\u2019ensemble du territoire des Etats-Unis.\r\nCr\u00e9dits : John Minchillo \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\nAux Etats-Unis, les juges disent oui au mariage homosexuel\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A Cincinnati, samedi 27 juin, les participants \u00e0 la Gay Pride f\u00eataient la victoire de la veille. Et pour cause : vendredi, la Cour supr\u00eame am\u00e9ricaine a l\u00e9galis\u00e9 le mariage homosexuel sur l\u2019ensemble du territoire des Etats-Unis.","source":"John Minchillo \/ AP","index":0,"position":1,"total_count":12,"item_lie":{"titre":"Aux Etats-Unis, les juges disent oui au mariage homosexuel","link":"\/ameriques\/article\/2015\/06\/27\/aux-etats-unis-les-juges-disent-oui-au-mariage-homosexuel_4663133_3222.html"},"link":"\/international\/portfolio\/2015\/06\/28\/en-images-la-gay-pride-a-travers-le-monde_4663376_3210.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 12\r\n \r\n \r\nPour Barack Obama, l\u2019arr\u00eat de la Cour supr\u00eame est \"un grand pas en avant\" dans la \"marche pour l\u2019\u00e9galit\u00e9\". San Francisco lui a embo\u00eet\u00e9 le pas, samedi.\r\nCr\u00e9dits : Elijah Nouvelage \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\nL\u00e9galisation du mariage homosexuel : sc\u00e8nes de liesse \u00e0 Washington\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Pour Barack Obama, l\u2019arr\u00eat de la Cour supr\u00eame est \"un grand pas en avant\" dans la \"marche pour l\u2019\u00e9galit\u00e9\". 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Le 22 mai dernier, l'Irlande a en effet tourn\u00e9 le dos au conservatisme incarn\u00e9 par l'Eglise catholique, en se pronon\u00e7ant, \u00e0 62,1 %, en faveur du \"mariage entre deux personnes, sans distinction de sexe\".\r\nCr\u00e9dits : Niall Carson \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\nMariage homosexuel\u00a0: la le\u00e7on irlandaise\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A Dublin, la Gay Pride \u00e9tait particuli\u00e8rement festive samedi, un mois apr\u00e8s l'autorisation du mariage homosexuel dans le pays par voie r\u00e9f\u00e9rendaire. 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La chambre haute du Parlement allemand a r\u00e9cemment adopt\u00e9 une r\u00e9solution pr\u00f4nant l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, qui se heurte \u00e0 l'opposition des conservateurs d'Angela Merkel et embarrasse ses alli\u00e9s sociaux-d\u00e9mocrates.\r\nCr\u00e9dits : FABRIZIO BENSCH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\nLe d\u00e9bat sur le mariage gay gagne l\u2019Allemagne\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Plusieurs centaines de milliers de personnes ont d\u00e9fil\u00e9 samedi \u00e0 Berlin. 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Les couleurs du drapeau arc-en-ciel, symbole de la cause LGBT, ornaient \u00e9galement Lima, la capitale du P\u00e9rou, samedi.\r\nCr\u00e9dits : Rodrigo Abd \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\nMariage, union civile, criminalisation... les droits des homosexuels dans le monde\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L'Am\u00e9rique latine n'\u00e9tait pas en reste. 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La capitale mexicaine a \u00e9t\u00e9 la premi\u00e8re ville d'Am\u00e9rique latine \u00e0 autoriser les unions l\u00e9gales entre personnes du m\u00eame sexe, en 2007, un premier pas avant l'adoption du mariage homosexuel en 2010.\r\nCr\u00e9dits : EDGARD GARRIDO \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\nMariage, union civile, criminalisation... les droits des homosexuels dans le monde\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A Mexico, 5 000 personnes ont manifest\u00e9 dans une ambiance festive, exigeant \"les m\u00eames droits pour les lesbiennes et les homosexuels\". 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var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);}); 04.07.2015 à 21h45 Les Etats-Unis ont espionné la présidente brésilienne Dilma Rousseff, mais également plusieurs de ses ministres et ambassadeurs, et jusqu'à son avion présidentiel, révèlent de nouveaux documents publiés conjointement samedi 4 juillet par le site WikiLeaks et le quotidien brésilien O Globo.« Même au cours de ses voyages officiels, la présidente Rousseff n'était pas à l'abri d'être écoutée puisque (...) le service de téléphonie satellitaire Inmarsat de l'avion présidentiel » était espionné, écrit WikiLeaks.Lire aussi :Le spectaculaire retour sur scène de WikiLeaksMinistres, chef de cabinet et ambassadeursLes ministres de l'économie, des affaires étrangères, le président de la Banque centrale, le chef de cabinet de la présidente, de même que les ambassadeurs en Allemagne, en France, aux Etats-Unis et à Genève ont tous été surveillés par l'Agence de sécurité nationale (NSA) américaine au cours du premier mandat de Mme Rousseff (2010-2014), selon ces documents.La liste des cibles brésiliennes des écoutes de la NSA révélées par WikiLeaks et O Globo contient 29 contacts et livre de nouveaux détails sur le scandale d'espionnage mondial opéré par les Etats-Unis révélé en 2013 par l'ancien sous-traitant de la NSA Edward Snowden, aujourd'hui réfugié en Russie.Après ces premières révélations concernant l'interception des conversations de la présidente, Mme Rousseff avait annulé un voyage officiel aux Etats-Unis, qui s'est finalement déroulé fin juin. « Si la présidente Rousseff veut attirer de nouveaux investissements américains au Brésil (...) comment peut-elle assurer aux entreprises brésiliennes que leurs homologues américaines ne bénéficieront pas d'avantages grâce à cette surveillance ? », interroge Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, dans ce communiqué.Ces nouvelles révélations sur l'espionnage de la NSA s'ajoutent à celles faites ces dernières semaines sur la surveillance des gouvernements français et allemands, notamment, grâce à des documents obtenus par WikiLeaks.Lire aussi :En Allemagne, la NSA a surveillé les communications de Merkel et de nombreux ministres 04.07.2015 à 17h15 • Mis à jour le04.07.2015 à 17h16 | Marie Charrel On le dit fatigué. Inquiet, surtout. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), ne dort pas beaucoup depuis quelques mois. A chaque apparition, ses traits sont un peu plus tirés. Il faut dire que la survie des banques hellènes repose sur ses épaules. Et que les décisions que prendra son institution ces prochains jours joueront un rôle décisif pour l’avenir de la Grèce dans la zone euro. Ou bien à l’extérieur.Lire aussi :Christine Lagarde, inflexible face à AthènesDepuis leur arrivée au pouvoir, fin janvier, le premier ministre, Alexis Tsipras, et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, ne cessent d’accabler la BCE. Comme le Fonds monétaire international (FMI), ils l’accusent de « dictature financière ». Selon eux, Mario Draghi comme Christine Lagarde, la patronne du Fonds, auraient pour seul objectif de mettre leur pays à genoux en lui imposant l’austérité et en le privant de financements.S’il est vrai que la BCE est aujourd’hui en première ligne, l’Italien de 67 ans a pris soin de se tenir à l’écart des violentes passes d’armes entre Athènes et ses créanciers. Plus que tout, il cherche à éviter que les politiques européens, hésitants et divisés, ne se défaussent sur lui pour trancher le destin de la Grèce.En février, la BCE avait ainsi suspendu l’un des robinets de financements aux banques hellènes dans l’espoir mettre les partenaires d’Athènes face à leurs responsabilités. Mais pour ne pas être accusée de pousser le pays hors de la zone euro, elle a maintenu ses liquidités d’urgence (les « ELA », « emergency liquidity assistance ») aux banques hellènes. Et ce, malgré les fortes réticences de la banque centrale allemande. Habile tacticien, M. Draghi a jusqu’ici réussi à convaincre la majorité des 25 gouverneurs de l’institution de continuer à aider Athènes. Ce qui fait dire à un diplomate : « Il se montre bien plus patient avec la Grèce qu’il ne l’avait été avec Chypre. Mais M. Tsipras ne pourra jamais l’admettre. » Messages-clé au bon momentSi ce n’est leurs origines méditerranéennes, le premier ministre grec et le banquier central n’ont, il faut le dire, pas grand-chose en commun. Diplômé du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), passé par la Banque mondiale et le Trésor italien, M. Draghi a rejoint, en 2002, la direction européenne de Goldman Sachs, la banque américaine incarnant l’arrogance de Wall Street. Un crime de lèse-majesté pour la gauche radicale de Syriza. D’autant que Goldman Sachs est accusée d’avoir aidé la Grèce à maquiller ses déficits budgétaires au début des années 2000…Lire aussi :Jean-Claude Juncker, l’Européen blesséLorsqu’il remplace Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, en novembre 2011, la zone euro est en pleine tourmente. Il affronte la tempête avec « courage et sang-froid », disent ceux qui le connaissent. A l’été 2012, il se déclare prêt à faire « tout ce qu’il faudra » (« whatever it takes », en anglais) pour sauver l’euro. Quelques mots qui suffisent à rétablir la confiance sur les marchés et éteindre la flambée des taux souverains. L’Europe découvre alors la « touche Draghi », cette capacité à distiller les messages-clés au bon moment, à l’aide de quelques propos bien sentis.Question difficileSauver l’euro : les années suivantes, « super Mario », comme on le surnomme parfois, poursuit sa tâche en œuvrant à la création de l’union bancaire. Puis en lançant, en janvier 2015, un vaste programme de rachat de dettes publiques, destiné à soutenir la croissance. Auparavant, il lui a là aussi fallu vaincre les réticences allemandes…Lundi 6 juillet, au lendemain du référendum grec, lui qui passe nombre de ses week-ends à Rome auprès de sa famille, réunira le conseil des gouverneurs à Francfort. Ensemble, ils devront décider s’ils maintiennent ou non leurs financements d’urgence aux banques hellènes. En cas de victoire du oui, l’Italien n’aura pas trop de mal à les convaincre de poursuivre les aides. Si le non l’emporte… Le « dottore » Draghi devra alors répondre à la question la plus difficile de sa carrière : sauver l’euro implique-t-il de garder à tout prix la Grèce dans la monnaie unique, ou au contraire de l’en exclure ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.07.2015 à 11h51 • Mis à jour le05.07.2015 à 09h11 | Cécile Chambraud Trois semaines après la parution de son encyclique « historique » consacrée à l’environnement, le pape François entreprend un voyage en Amérique du Sud qui pourrait faire écho à ses engagements politiques et sociaux. Du 5 juillet au 12 juillet, il se rend en Equateur, en Bolivie et au Paraguay. Comme il l’avait fait en Europe, avec l’Albanie et la Bosnie, il a choisi, pour le premier voyage décidé par lui sur son sous-continent natal, trois « petits » pays, aux prises avec des situations économiques difficiles et de grandes poches de pauvreté. Ce sont aussi trois Etats avec une forte composante amérindienne, inscrivant ainsi la diversité culturelle dans cette tournée. Au côté de l’espagnol, les langues quechua, aymara et guarani seront d’ailleurs présentes, notamment dans la liturgie.Dans les deux premiers pays, François sera accueilli par des chefs d’Etat avec qui, selon l’un de ses proches, il a « beaucoup de points d’entente ». Il apprécie la capacité de Rafael Correa et Evo Morales, les présidents équatorien et bolivien, à « sortir leur pays de l’immobilisme séculaire » en s’appuyant sur une forte composante populaire et sur un discours qui ne répugne pas à l’épopée, fût-ce au risque d’accents autoritaires. Rafael Correa, fervent catholique, a été reçu par le pape en avril, à l’occasion de sa participation à un colloque sur la « justice climatique » organisé au Vatican. Evo Morales, lui, avait rencontré le pape argentin en octobre 2014, alors qu’il était venu participer à la première rencontre internationale des mouvements populaires, organisée à Rome par l’Académie pontificale des sciences sociales.Le pape apprécie la capacité de Rafael Correa et d’Evo Morales à « sortir leur pays de l’immobilisme séculaire »A l’occasion de cette rencontre rassemblant des organisations de défense de paysans sans terre, d’habitants de bidonvilles, de chiffonniers et de toutes sortes de travailleurs précaires, François avait prononcé un discours très offensif, encourageant « les pauvres » à ne plus « seulement subir l’injustice », mais à être « acteurs » et à « lutter contre elle ». « Votre cri dérange, sans doute parce que l’on a peur du changement que vous exigez », avait-il lancé, érigeant la terre, le logement et le travail au rang de « droits sacrés ».Ce discours, qui contenait plusieurs éléments développés dans l’encyclique Laudato si’, publiée le 18 juin, sera sans doute poursuivi le 9 juillet, en Bolivie, à l’occasion de la deuxième rencontre des mouvements populaires. Il est au cœur du projet consistant à placer les pauvres au centre de la vie de l’Eglise catholique. Le pape s’emploiera aussi à améliorer les relations parfois tendues entre les épiscopats locaux et les autorités politiques d’Equateur et de Bolivie.« Plus jamais la guerre »Au long d’un périple qui devrait être très fatigant pour lui, le pape ira comme à son habitude à la rencontre des plus déshérités ou marginalisés : personnes âgées dans un centre de charité en Equateur, détenus dans la prison de Palmasola (Bolivie), enfants malades à Asuncion (Paraguay), où il visitera aussi un bidonville. La capitale paraguayenne, frontalière de l’Argentine, devrait voir affluer les Argentins désireux de voir « leur » pape.La revendication séculaire d’un accès à la mer, perdu par la Bolivie au XIXe siècle à l’issue d’une guerre avec le Chili, pourrait aussi refaire surface pendant le voyage. Devant le refus du Chili de rétrocéder à la Bolivie une frange côtière, Evo Morales a saisi la Cour internationale de justice. Le sujet est délicat, mais « le pape a en ce moment un leadership spirituel énorme, qui s’est transformé en leadership politique » et qu’il est tentant d’utiliser, affirme un familier. Le « plus jamais la guerre », lancé encore récemment à Sarajevo par le pape, pourrait servir à nouveau entre voisins latino-américains. Un appel à la paix trouvera un écho particulier au Paraguay, dont une grande part de la population a été décimée au cours de l’atroce guerre de la Triple-Alliance (Argentine, Brésil et Uruguay, 1865-1870). Dans ces pays éprouvés par les dictatures militaires, ce message s’accompagnera d’un encouragement à persévérer dans la voie de la démocratie.Tout au long de la visite, le pape aura l’occasion de mettre en lumière le rôle important joué par les missions jésuites dans l’évangélisation du sous-continent pendant la période coloniale. C’est particulièrement le cas au Paraguay, où persiste l’empreinte laissée par les « réductions » jésuites. Implantées entre les XVIe et XVIIIe siècles, ces missions regroupaient des populations amérindiennes soustraites au contrôle des autorités politiques – et à l’esclavage – et organisées dans une sorte d’archipel étatique unique en son genre, dirigé par les jésuites. Des milliers d’Indiens guaranis y ont trouvé une protection sans équivalent dans le sous-continent.Enfin, le pape se rendra dans deux sanctuaires consacrés à la Vierge : El Quinche, près de Quito, en Equateur, et Caacupé, au Paraguay. En revanche, il a dû renoncer à se rendre au sanctuaire de la Vierge noire de Copacabana, sur les berges du lac Titicaca, en raison de l’altitude (3 800 mètres).Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Ce n’est pas par amour de Platon et Aristote que le président américain Barack Obama, dès le début de la crise grecque, s’est inquiété d’un éventuel « Grexit », jugé dangereux non seulement pour la stabilité financière mondiale ou la cohésion de l’Union européenne, mais aussi – surtout ? – pour la sécurité du commandement militaire de l’OTAN en Méditerranée orientale.Certes, les bases américaines installées sur le sol grec du temps de la guerre froide ont été démantelées. Mais pas la plus importante : celle de Souda, en Crète, base de la VIe flotte américaine qui reste en pleine activité : située à quelques encablures des côtes de Syrie, de Jordanie, du Liban et d’Israël, les bâtiments et porte-avions américains qui peuvent s’y ravitailler sont à pied d’œuvre en cas de conflit. Lors de l’intervention en Libye visant à renverser le colonel Kadhafi, entre mars et octobre 2011, c’est de là que décollaient les F16 américains. Près de 400 marines, débarquant tout droit de Caroline du Nord, avaient alors investi le joli petit port touristique voisin de La Canée.Pas question pour le président américain de voir ce site stratégique menacé. Or, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, l’affirme : dans son intransigeance économique, l’Europe sous-estimerait le risque de déstabilisation régionale qu’entraînerait une sortie de la Grèce de la zone euro. « Le facteur géopolitique est en effet totalement absent du débat depuis le début de la crise », estime Georges Prévélakis, auteur du livre Géopolitique de la Grèce (Editions Complexe, 2005). « Garantir une Grèce stable politiquement et performante économiquement aide à stabiliser la région et à européaniser les Balkans. Aujourd’hui, c’est la Grèce qui se balkanise », déplore ce professeur à l’université Paris-I.Lire aussi :La tentation chimérique d’une alliance entre Athènes et MoscouSi des années 1970 aux années 1990, la Grèce s’est retrouvée dans une phase de rattrapage économique accélérée par rapport aux pays du nord de l’Europe, depuis vingt ans cependant, elle était devenue un acteur commercial important dans les Balkans, où ses banques, notamment, étaient très actives. L’évolution régionale est suivie avec inquiétude par la chancelière allemande Angela Merkel. Dans ces Etats souvent faibles, Moscou essaie d’avancer des pions en Serbie et dans la partie serbe de Bosnie-Herzégovine, tandis que les djihadistes recrutent dans les Balkans.« L’UE affirme depuis trente ans qu’elle veut aider à créer une zone périphérique tranquille et prospère mais nous observons qu’en réalité, notre voisinage est un voisinage de misère et d’instabilité complète et, aujourd’hui, voici venu le tour de la Grèce », soutient Sia Anagnostopoulou, à la fois députée de la gauche radicale Syriza et professeur d’histoire à l’université Pandeion d’Athènes.« Nous sommes le seul pays démocratique de culture et de principe européen dans un bassin menacé, au nord, par une montée des nationalismes dans les Balkans, au sud, par un recul démocratique des pays d’Afrique du Nord et, à l’est, par une Turquie en voie de radicalisation religieuse et un Proche-Orient à feu et à sang », explique cette universitaire.De fait, en mai, des troubles ont éclaté en Macédoine. Cinq policiers ont été tués le 9 mai dans des combats avec un « groupe armé venu d’un pays voisin », peut être le Kosovo. S’en sont suivis plusieurs jours de manifestations contre le gouvernement.Si la situation n’a finalement pas dégénéré, cela montre tout de même à quel point la situation reste tendue entre l’Albanie, le Kosovo, la Serbie ou laMacédoine depuis l’éclatement de la Yougoslavie. « La Grèce a été un partenaire essentiel au moment de ces crises balkaniques. Pendant la guerre du Kosovo en 1999, les forces de l’OTAN ont transité par le port de Salonique », rappelle M. Prévélakis. Poussées migratoiresLa Grèce a toujours été un lieu de passage. Les Anciens avaient à juste titre donné le nom de pontos, qui signifie passage, à la mer qui baigne les 15 000 kilomètres de côtes grecques. Une mer tachée d’îles comme une peau de léopard, disaient encore les Anciens… Des îles qu’on aborde facilement au départ de la côte turque. C’est ainsi que, depuis cinq ans, la Grèce est devenue l’une des principales portes d’entrée de migrants en Europe. Plus de 40 000 déjà sont arrivés depuis janvier sur les îles de Kos, Lesbos ou Chios.Aujourd’hui la Grèce, parce qu’elle appartient à la zone euro et à l’Europe, reçoit un soutien logistique et financier de l’agence Frontex, pour surveiller les frontières. Elle veille notamment à repérer dans le flux de réfugiés syriens, qui fuient par millions leur pays déchiré depuis quatre ans par la guerre civile, les éventuels djihadistes de l’Etat islamique. « On accuse Tsipras de brandir comme une menace le risque djihadiste, mais il est bien réel », affirme Mme Anagnostopoulou. « Coupée de la solidarité européenne, qui n’est déjà absolument pas à la hauteur de la tâche qui ­repose sur nos épaules ces derniers mois, la Grèce deviendra un simple couloir de passage. Nous serons, certes, les premiers à en subir les conséquences mais le reste de l’Europe aussi sera affecté. »« La difficile relation gréco-­turque ennuie depuis longtemps nos alliés américains, mais elle ne les inquiète pas vraiment », confirme une source européenne à l’OTAN. Et si le secrétaire­ général de cette organisation, Jens Stoltenberg, réclame, envers et contre tout, un maintien des dépenses militaires grecques, c’est pour d’autres raisons que l’apport déterminant d’Athènes. « Les forces armées grecques sont peu déployables, mal équipées et faiblement mobilisables pour nos opérations, car essentiellement orientées contre la Turquie », indique un diplomate au siège de l’Alliance. L’affaiblissement d’Athènes isolerait considérablement Chypre face à la Turquie, qui occupe depuis 1974 le nord de l’île.Rôle plus périphériqueEt la Chine ? Pourrait-elle tenter de profiter d’une situation chaotique en Grèce pour investir un pays européen tel un cheval de Troie ? Elle a fait de la Grèce une tête de pont de sa « nouvelle route de la soie », censée favoriser les échanges et les transports entre la Chine, l’Europe et l’Afrique. Depuis plus de six ans, le géant maritime chinois Cosco gère ainsi les principaux terminaux conteneurs du port du Pirée. Toutefois, « la Chine est davantage intéressée par la géoéconomie que par la géostratégie et, prudente, elle ne sera pas attirée par un pays en grande difficulté », indique François Heisbourg, conseiller ­spécial à la Fondation pour la recherche stratégique, à Paris.Une aggravation des difficultés de la Grèce avec, à la clé, un éventuel « Grexit » provoquerait-elle vraiment le séisme géostratégique annoncé par Alexis Tsipras ? Dimitar Bechev, de l’European Institute of the London School of Economics, est convaincu que le pays en serait simplement réduit à un rôle un peu plus périphérique, au plan économique, politique et stratégique.Konstantinos Filis, directeur de recherche à l’Institut grec de relations internationales, prévient, quand à lui, qu’utiliser l’argument géostratégique contre les partenaires européens aura d’abord un effet désastreux pour la Grèce. « Sortir de nos alliances traditionnelles avec l’Europe et les Etats-Unis pour nous tourner vers la Russie ou la Chine en croyant y trouver de nouveaux protecteurs serait une ­erreur majeure car ces pays ne sont intéressés que par une Grèce membre de la zone euro », diagnostique-t-il.Sia Anagnostopoulou rejette ces accusations d’instrumentalisation de la position géopolitique de la Grèce. « Dans un environnement dévoré par les nationalismes et les ­extrémismes religieux, la Grèce est, et doit ­rester, un rempart contre la barbarie et continuer à porter le modèle de la civilisation ­européenne. »Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale) Ils n’ont guère envie de raconter leur vie, les Athéniens qui font la queue pour entrer dans la salle à manger du centre Galini qui, dans quelques minutes – vers 13 heures –, ouvrira ses portes pour un troisième service. Ils ne sont pas très jeunes, ils ont l’air fatigués, habillés proprement et parfois très coquets. Les hommes ont un sac à dos, les femmes un cabas sous le bras. Et ils attendent. Un peu timides, un peu sauvages, stupéfaits, pour la plupart, de se retrouver là. Car il y a trois ans, ou deux, ou un, ils avaient un travail ou de quoi se nourrir par leurs propres moyens.Ils ne reconnaissent plus leur vie. Ils viennent à la soupe populaire. Comme des milliers d’Athéniens. Les statistiques ne sont pas précises, mais ils se pressent plus nombreux chaque mois, et les points de ravitaillement gratuit se comptent désormais par centaines. Comment s’en étonner ? 35 % des Grecs vivent aujourd’hui au-dessous du seuil de pauvreté.A l’intérieur, des bénévoles virevoltent entre les tables joliment dressées sous de larges icônes. Vite, poser devant chaque place une part de melon et une soupe de haricots nourrissante. La viande est de toute façon exclue le vendredi, le local appartient à l’Eglise orthodoxe. Comme dessert, il y aura un bâtonnet glacé. Un arrivage inattendu, un petit luxe, qui va ravir tout le monde. En quinze minutes, tout sera fini. Et on dressera les tables pour un quatrième service portant à 400 le nombre de repas quotidiens offerts dans ce centre. Quelques mamans se seront faufilées entre-temps vers la cuisine pour qu’on y remplisse leur casserole. Elles donneront ainsi à leur famille l’illusion d’avoir cuisiné elles-mêmes.Plus de 5 500 repas délivrés chaque jour« On ne réalise pas ce qui se passe dans ce pays, dit Xénia Papastavrou, une jeune mère de famille qui a abandonné le journalisme pour réfléchir à un moyen de mettre en œuvre des solidarités afin de nourrir les plus pauvres. La crise s’est aggravée, et des gens ont dégringolé d’un coup, ça peut aller très, très vite, vous savez ! » Des organisations existaient, comme la Banque alimentaire à laquelle elle a collaboré. Mais Xénia Papastavrou était obsédée par l’idée que trop de produits frais sont chaque jour jetés alors qu’ils feraient le bonheur de ceux qui ont faim. « Une boulangerie jette en moyenne 30 kg de pain non vendu en fin de journée. N’est-ce pas absurde, alors que quelqu’un s’est levé à 4 heures pour fabriquer le pain et que des familles en ont besoin à 4 minutes du magasin ? Les mettre en contact me semblait évident. »Elle a donc commencé à lancer un appel sur Internet, auquel ont répondu des artisans, des magasins de produits frais et des associations qui, elles, étaient en demande de nourriture. Puis elle s’est obstinée, sur Facebook et Twitter, expliquant que le temps était venu, en Grèce, de repenser les choses. Qu’on ne pouvait plus attendre des aides mirobolantes tombant du ciel et qu’il était temps de prendre conscience de ce que contenaient les poubelles. Elle a minutieusement choisi le nom de l’association qui devait porter son message : Boroume (« Nous pouvons »). Parce que c’est tout le peuple grec, dit-elle, qui doit vivre différemment. Le quotidien Kathimerini s’est intéressé à sa démarche et l’article a mis le feu aux poudres.« Les mentalités ont changé en Grèce, estime Xénia Papastavrou, fondatrice d’une association d’aide alimentaire. Même la classe moyenne se sent sur le fil. Tout gaspillage est indécent »De toutes parts ont afflué les offres de produits et les appels à l’aide. Une chaîne de supermarchés a réorganisé la gestion de ses stocks et rangé dans des réfrigérateurs particuliers ce qui pouvait chaque soir être distribué. Des artisans, des maraîchers, des restaurateurs, des traiteurs, des hôteliers, des chaînes de fast-food, les restaurants Ikea et les boulangeries Paul. Bref, toutes sortes de partenaires sont entrés dans la danse pour proposer leur aide. Tandis que des cantines, refuges, asiles, écoles, orphelinats, centres de personnes âgées, organisations religieuses et services municipaux pointaient timidement le nez pour exprimer des besoins. C’était exactement ce dont rêvait Xénia : faire le lien, être un pont. Et de plus en plus, jouer les chefs d’orchestre. Car en quatre ans, ce sont plus de mille partenaires qui se sont rassemblés et qui collaborent ensemble par l’entremise de Boroume, délivrant chaque jour, dans toute la Grèce, plus de 5 500 repas. Les premiers tiennent les produits à disposition, les seconds viennent les chercher. Il faut simplement veiller à leur proximité géographique et à une bonne adéquation entre l’offre et le besoin.« Les mentalités ont changé en Grèce, estime l’organisatrice. Même la classe moyenne se sent sur le fil. Tout gaspillage est indécent. » Les sociétés organisant congrès et séminaires ont le réflexe de demander à qui distribuer les restes des dîners et cocktails. Le Salon maritime international Posidonia, avec ses dizaines d’événements, a dégagé un surplus de nourriture à l’origine de plus de 2 000 repas. Des mères de famille appellent aussi pour offrir les restes d’un goûter d’anniversaire de leur enfant. Ou bien une fiancée, pour prévenir que sa fête de mariage, organisée dans l’île de Sifnos, donnera lieu à un excès de nourriture dont elle aimerait faire don. « A nous de prévenir la municipalité de l’île qui, chaque jour, aide déjà 40 personnes. Quarante repas sont peut-être à la clé. » De puissantes fondations, comme la Fondation Stavros Niarchos, tendent désormais la main, des amoureux de la Grèce, les Grecs de la diaspora.« Nouveaux pauvres sonnés et en colère »« Le nombre de pauvres n’ayant pas de quoi manger a été multiplié par 5 ou 6 en quatre ans, remarque Xénia. Des nouveaux pauvres sonnés et en colère. Qui aimeraient crier leur désarroi et punir quelqu’un. Mais comment faire ? Comment dire non à cette vie qui ne leur sourit pas ? L’occasion du référendum est pour eux une aubaine. » Ils voteront non, pense-t-elle.C’est le cas de Tasos Golemis, un bel homme de 46 ans au regard infiniment doux, que l’on rencontre au Centre de soutien familial de l’archevêché d’Athènes. Il a fait de bonnes études avant de trouver un emploi dans une multinationale qui fabriquait des meubles. Et puis un jour, son salaire n’a pas été versé. Ni le mois suivant. Ni celui d’après. L’entreprise a fermé et il s’est retrouvé au chômage, sa femme, infirmière, enceinte de leur premier enfant. Il ne doutait pas alors qu’il retrouverait du travail. Et il a emprunté 4 000 euros à la banque pour financer une opération chirurgicale et l’accouchement de son épouse pour lequel le médecin réclamait un fakelaki (bakchich) de 1 000 euros. Payée uniquement les 3/5e de son salaire pendant son congé de maternité, sa femme est retournée immédiatement au travail. Et le nouveau père, cherchant désespérément des petits boulots au noir, a essentiellement fait, dit-il, du baby-sitting.Un deuxième enfant est né, puis un troisième. Le grand-père, instituteur retraité, a mis l’essentiel de sa retraite de 800 euros à disposition du couple, dont le budget a encore diminué car les impôts l’ont soupçonné de dissimuler des ressources et lui ont réclamé 5 000 euros, tandis que le salaire de l’infirmière était réduit de moitié, atteignant à peine 750 euros. La mort dans l’âme, Tasos s’est résolu à aller demander de l’aide. De la nourriture. Puis des vêtements, des médicaments, des jouets. Il se tient droit mais il ne sait plus quoi attendre. Quoi, sérieusement, espérer. Il se dit que la vie passe, et qu’être un homme au foyer qui fait d’incroyables pirouettes pour nourrir ses enfants n’est pas ce dont il avait rêvé.Alors, puisque pour une fois on lui demande son avis, il votera non à ce référendum. Non à cette vie. Non à la crise. Non à tous les politiciens dont les promesses étaient vides. Ce n’est pas la question ? Qu’importe. Ce sera sa réponse.Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Annick Cojean et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) En 1965, un film en noir et blanc connut en Grèce un succès fou. Il mettait en scène un ministre, Andreas Mavrogialouros, costaud, macho et vaniteux, qui s’étourdissait de gloire et de discours, sans s’apercevoir que son entourage n’était que corruption et sa réputation celle d’un politicien véreux. La vérité ne lui apparaissait qu’à la fin du film et le décidait à fuir la politique. Trop tard. Son nom allait entrer dans la légende du cinéma et dans le discours populaire. Mieux encore : dans le dictionnaire… mais sans la majuscule. Un mavroyalouros serait désormais pour les Grecs un politicien corrompu, voleur, vendu. Le symbole de la combine et du clientélisme. « Tous des mavroyalouros ! » entend-on dans les manifestations d’Athènes pour fustiger la classe politique.Lire aussi :Le modèle économique de la Grèce est à redéfinirOn a coutume de faire coïncider l’origine du clientélisme en Grèce avec l’arrivée du socialiste Andréas Papandréou à la tête du pays en 1981 et le déferlement de milliards d’euros de fonds européens après son adhésion à l’Union Européenne la même année. C’est en partie vrai. « L’Etat qui était jusqu’alors assez petit, peu dispendieux et avec des comptes équilibrés se met à grossir sous l’effet du recrutement de milliers de fonctionnaires, reconnaît le politologue Gerassimos Moschonas. Sa dette explose et les déficits se creusent. »« Sa dette explose »Mais ce réflexe clientéliste est plus ancien, il remonte à la fondation même du parlementarisme grec au XIXe siècle lorsque, rappelle M. Moschonas, « le député du village était, pour une Grèce encore largement rurale, le lien avec le pouvoir central, le pourvoyeur de postes et de faveurs ». Ce lien incestueux entre citoyen et politique serait-il inéluctable ?Lire aussi :Le système de santé grec à l’agonieL’inspecteur général de la fonction publique, Leandros Rakidzis sourit à la question et revient à cette information, qui le désole, parue le 2 juillet dans la presse grecque : « Les 230 licenciés du métro d’Athènes sont de retour. » Les 230 en question avaient été embauchés en contrats à durée déterminée en août 2009, avec le parrainage du parti conservateur Nouvelle Démocratie, deux mois avant les élections législatives. Rakidzis, dans un rapport, avait aussitôt dénoncé « l’inutilité » de ces embauches de même que « l’illégalité de la procédure », et réussi à obtenir que ces contrats ne soient pas renouvelés. La politique n’avait pas dit son dernier mot. Syndicats et partis ont fait de la réintégration de ces 230 employés un combat obstiné. Et les voilà qui, cinq ans plus tard, triomphent.« La crise que nous traversons est en partie due au clientélisme mais aussi à la corruption qui ont empéché notre Etat de se moderniser et empoisonnent la vie quotidienne des Grecs », explique l’analyste Georges Sefertzis. Le bakchich – en grec « fakelaki » – semble omniprésent. Les cas les plus choquants sont dans le domaine de la santé. Celui que narre Aspassi par exemple, dont la mère devait subir de toute urgence l’opération d’un anévrisme dans une hôpital privé. « D’accord pour bousculer mon agenda, a dit le neurochirurgien, très réputé, mais il me faudra 3 000 euros dans une enveloppe. » Paniquée, la jeune femme a appelé à la rescousse les membres de sa grande famille pour réunir la somme en l’espace de deux jours.Grèves du zéle« L’Etat a un intérêt à faire l’autruche et prétendre ignorer le phénomène car il paie très mal les docteurs dans le système hospitalier », affirme M. Prevelakis. La fakelaki comme complément de revenu face à des salaires trop bas ? L’argument revient souvent, y compris dans les services fiscaux où les agents ont durement résisté, à coups de grèves du zèle, aux baisses de salaires successives imposées depuis cinq ans dans le cadre des mesures d’austérité appliquées en échange de 240 milliards d’euros de prêts par les créanciers du pays.Lire aussi :Athènes reconnaît « un problème de liquidité » avant un sommet de crise européenPopi, 39 ans, qui est comptable dans le centre d’Athènes et travaille avec des particuliers et de petites entreprises, a dans sa besace des dizaines d’anecdotes qui laissent ses clients amers. Elle raconte ce moment, en 2012, lorsqu’un travailleur indépendant a dû cesser ses activités. A la clôture de ses comptes, il a découvert qu’il avait omis de remettre à l’administration fiscale la liste exhaustive de ses clients pour l’année 2009, omission passible d’une amende. « C’est 600 euros, lui a dit un employé du fisc. Mais donnez-moi 200 et j’antidate votre liste pour que l’amende ne soit que de 100 euros. Vous gagnez 300 ! » Et l’Etat a perdu 500.« En réalité, malgré la perception qu’en ont les Grecs, ces phénomène sont en recul ces dernières années », explique Costas Bacouris, président de l’antenne grecque de Transparency International, une organisation chargée de mesurer la corruption dans le monde. « Les gens ont de graves difficultés économiques et refusent de plus en plus de payer les fakelakis et, pour ce qui est de la fraude fiscale ou la corruption des agents, l’électronisation des procédures et quelques condamnations exemplaires d’agents fautifs ont commencé à faire bouger les lignes. »A qui la faute?Transparency International publie chaque année un indice de perception de la corruption (CPI). En 2014, sur un total de 174 pays, la Grèce est remontée à la 69e place. « Elle était au delà de la 80e place les années précedentes », précise M. Bacouris. Pour autant, les véritables réformes structurelles attendues et même réclamées par de nombreux Grecs pour limiter le clientélisme, favoriser la méritocratie ou moderniser l’administration n’ont toujours pas eu lieu.A qui la faute ? Au personnel politique grec comme on l’entend souvent, qui aurait résisté à tout esprit de réforme pour ne pas froisser sa clientéle électorale ? Aux créanciers qui auraient choisi d’insister seulement depuis cinq ans sur les mesures susceptibles de redresser drastiquement les comptes et de dégager de l’argent pour le remboursement de la dette ? Un peu des deux sans doute.Plus sévère, Gerassimos Moschonas reproche aux Européens leur logique comptable. « Ils avaient tellement de pouvoir à un moment qu’ils auraient pu imposer ces réformes et se comporter en partenaires intéressés à moderniser le pays. » N’est-il pas paradoxal d’attendre d’une puissance extérieure qu’elle torde le bras à cette élite politique corrompue pour l’obliger à changer ? De nombreux Grecs auraient en tout cas beaucoup pardonné aux créanciers s’ils avaient eu, dans le même temps qu’ils leur imposaient des sacrifices énormes, la volonté de les débarasser de ces maux qui continuent d’empoisonner leur vie quotidienne.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAnnick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Plus de 80 actions dans une soixantaine de villes espagnoles ont eu lieu ces derniers jours contre la loi « de sécurité citoyenne », aussi appelée « loi bâillon », entrée en vigueur mercredi 1er juillet. Des militants de Greenpeace ont déployé une bannière géante au-dessus du Congrès des députés et bâillonnés les statues de lions qui en gardent l’accès. Des activistes des Femen ont escaladé la fontaine de la Place de Cibeles, face à la mairie de Madrid. Et des milliers de personnes ont protesté, malgré la canicule, dans plusieurs villes, en promettant de ne pas abandonner le combat contre une loi qui entrave, selon eux, le droit de manifester.Bien que l’Espagne n’ait guère connu d’explosion de violence durant la crise et que le ministère de l’intérieur se vante régulièrement que plus de 99 % des manifestations sont pacifiques, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a adopté une loi qui vise à « faire taire les protestations sociales, limiter le droit à manifester et la liberté d’expression », dénonce Joaquim Bosch, porte-parole de l’association Juges pour la démocratie. Elle donne aux policiers le pouvoir d’imposer de lourdes amendes pour des infractions liées aux nouvelles formes de mobilisations sociales que les juges n’avaient pas cru bon de qualifier comme délits.Rédaction vague et impréciseEmpêcher une expulsion immobilière en opposant une résistance pacifique aux forces de l’ordre et aux huissiers, comme le font depuis 2009 les militants de la Plateforme des victimes des crédits immobiliers (PAH), cofondée par l’actuelle marie de Barcelone, la militante Ada Colau, est aujourd’hui passible de 600 à 30 000 euros d’amende. Camper sur les places publiques, comme les « Indignés » en 2011, leur en coûterait aujourd’hui de 100 à 600 euros. Tout comme grimper sur des bâtiments publics, comme les activistes de Greenpeace.Plus ambiguë est l’interdiction de « perturber la sécurité citoyenne » devant le Parlement, ce qui semble faire référence au mouvement « Rodea el Congreso » (« Entoure le Congrès ») de 2012, ou celle de diffuser des images des policiers qui « mettent en danger sa sécurité personnelle et familiale » et risque d’entraver le droit à l’information, selon Amnesty International.Car un autre point polémique est que la rédaction des infractions, souvent vague et imprécise, laisse une grande marge d’interprétation aux agents. « La loi abuse de concepts juridiques indéterminés, explique Joaquim Bosch. Ils doivent être concrétisés car le citoyen ne sait pas ce que l’autorité entend punir. Ils peuvent donc couvrir de possibles abus policiers. »Consensus contre la loiRarement une loi n’aura suscité un consensus aussi ample à son encontre. Depuis un an et demi, les mobilisations n’ont cessé en Espagne. La plateforme Nous ne sommes pas un délit, qui regroupe une centaine d’associations, a été jusqu’à organiser en avril une manifestation d’hologrammes pour dénoncer l’atteinte à la liberté d’expression qu’elle suppose.L’association Caritas a dénoncé une criminalisation de la pauvreté, du fait des amendes infligées aux gens qui campent. SOS Racisme a critiqué le cadre légal qu’elle donne au refoulement des migrants à la frontière de Ceuta et Melilla, et qui suppose une violation des droits de l’homme. Un groupe de rapporteurs spéciaux des Nations unies a estimé qu’elle « menace de violer les droits et libertés fondamentales des individus ». La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) s’est inquiétée d’une loi qui cherche à « dissuader les citoyens d’exprimer leurs opinions au travers d’actes publics ».L’opposition en bloc s’est positionnée contre la loi bâillon. Tout en ayant saisi le Tribunal constitutionnel, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) s’est engagé à abroger la loi s’il remporte les élections législatives de l’automne.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon Deux ans après la destitution du président Mohammed Morsi par l’armée, le 3 juillet 2013, qui a vu l’apparition d’un vaste mouvement de contestation islamiste contre le nouveau pouvoir et la résurgence d’une insurrection armée dans la péninsule du Sinaï, l’Egypte n’est pas parvenue à juguler la menace terroriste. La politique sécuritaire adoptée par le président Abdel Fattah Al-Sissi, mêlant répression tous azimuts des sympathisants islamistes et amplification des opérations militaires dans le Sinaï, est mise à rude épreuve.Des attaques de faible ampleur, quasi quotidiennes, à celles plus spectaculaires contre le procureur général ou les forces de sécurité dans le Sinaï, se dessine une menace protéiforme, à laquelle le pouvoir entend répondre par un nouveau durcissement sécuritaire.L’Etat face aux Frères musulmans La confrérie des Frères musulmans, un mouvement islamiste crée en 1928 par l’Egyptien Hassan Al-Banna et parvenu pour la première fois au pouvoir sous la présidence de Mohammed Morsi (2012-2013), a été désignée comme la mère de tous les maux par le nouveau pouvoir. Les responsables de la confrérie ont eu beau clamer leur attachement à une contestation pacifique lors de sit-in qui ont réuni des dizaines de milliers de sympathisants au Caire pendant l’été 2013, la série d’attaques meurtrières contre les forces de sécurité et la minorité copte, qui a suivi la destitution du président Morsi, a convaincu les autorités d’un double jeu de l’organisation.Les autorités égyptiennes assurent que les Frères musulmans, et leur branche palestinienne du Hamas, tirent les fils de l’insurrection armée qui embrasse la péninsule du Sinaï jusqu’à la capitale. Les djihadistes de l’Etat islamique (EI), dans le Sinaï comme dans la bande de Gaza, ne cachent pourtant pas leurs divergences idéologiques et stratégiques avec les « hérétiques » fréristes. Jouant l’amalgame, les autorités égyptiennes ont déclaré, en décembre 2013, la confrérie « organisation terroriste ». Plus de 1 400 partisans de Morsi ont été tués dans la répression des manifestations. La majorité des responsables de la confrérie ont été arrêtés et condamnés à mort lors de procès jugés inéquitables par les organisations de défense des droits de l’homme. Selon Amnesty International, en deux ans, plus de 41 000 opposants, en majorité islamistes, ont été arrêtés, placés en détention et condamnés lors de procès de masse expéditifs, à la peine de mort pour plusieurs centaines d’entre eux.La direction de la confrérie, entrée en clandestinité ou poussée à l’exil par l’ampleur de la répression, s’est systématiquement désolidarisée des actes terroristes. Elle a maintenu sa ligne contestataire pacifique, misant sur le ralliement de la population face à l’amplification de la répression contre l’opposition, qu’elle soit islamiste ou révolutionnaire laïque. La confrérie a durci le ton, mercredi 1er juillet, après la mort d’un de ses hauts responsables, Nasser Al-Houfi, et de huit de ses membres dans un raid policier dans la cité du 6-Octobre, près du Caire. Dénonçant un « meurtre de sang-froid », les Frères musulmans ont appelé à la « rébellion pour défendre le pays » et « détruire les citadelles de l’oppression et de la tyrannie ».Lire nos explications :Le Caire choisit d’éradiquer les Frères musulmansLa radicalisation de nouveaux groupusculesMalgré la restructuration d’une organisation clandestine en Egypte, les responsables de la confrérie n’ont plus qu’un contrôle relatif sur la base islamiste. « L’exclusion des islamistes du champ social et politique entraîne une radicalisation des partisans des Frères musulmans qui ne croient plus en la justice et en la démocratie et adoptent une stratégie de rejet vis-à-vis du politique. Au sein de ce vaste mouvement de protestation, la jeune génération et certains groupes penchent en faveur d’une stratégie plus radicale qui ne sera jamais déclarée ni assumée », estime le politologue égyptien Achraf Al-Chérif. L’expert en contre-terrorisme de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels, Chérif Mohie Eddin, attribue à des éléments de la confrérie des actions de sabotage qui ont visé les réseaux d’électricité et de télécommunications, au printemps 2015.Au sein de la jeune génération, « fréristes » radicalisés ou éléments déjà proches de mouvances plus radicales viennent grossir les rangs de nouveaux groupuscules armés, actifs dans les bastions de la contestation au Caire et dans le delta du Nil. Des groupuscules tels que « Résistance populaire », « Molotov » ou encore « Ajnad Masr » (« Les soldats d’Egypte ») « mêlent dans un mauvais arabe des figures de la littérature salafiste (Ibn Taymiyya) et des slogans révolutionnaires, pointe le politologue Bernard Rougier. Ils dénoncent la répression et appellent à attaquer les locaux de la police, sans nécessairement demander le retour de Morsi ». Ils ont revendiqué de nombreux attentats de faible ampleur, parfois meurtriers. Mercredi 1er juillet, 20 membres présumés de « Résistance populaire » ont été arrêtés pour leur rôle dans l’attentat contre le procureur général. Pour les experts, la sophistication de l’attaque porte davantage la marque des djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI).Tout aussi explosive est la haine d’une frange apolitique de la jeunesse égyptienne qu’attise l’ampleur de la répression et des violences policières. Chercheur au sein de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés, Abderrahman Gad souligne la dangereuse dérive de certains adolescents et étudiants de fiefs contestataires comme Matareya. Dans ce quartier du Caire qui a donné plus de 500 martyrs en deux ans et subi arrestations arbitraires et tortures policières à grande échelle, des jeunes apolitiques – parfois instrumentalisés – n’hésitent plus à défier à coups de cocktails molotov les forces de l’ordre lors des manifestations hebdomadaires.Dans le Sinaï, une insurrection armée affiliée à l’Etat islamique Certains éléments isolés sautent le pas de la contestation au djihadisme global. Des jeunes sans problème de la classe moyenne cairote ont rejoint le djihad en Syrie. D’autres commencent à affluer dans la péninsule du Sinaï, fief de l’insurrection armée menée depuis 2011 par Ansar Beit Al-Maqdis (« Les Partisans de Jérusalem »). En réaction à la répression anti-islamiste, l’organisation s’est lancée dans une guerre d’usure contre les forces de sécurité égyptiennes, faisant des centaines de morts.Surtout actif dans le triangle formé par les villes d’El-Arich, Rafah et Cheikh-Zoueid, à la frontière avec Israël et la bande de Gaza, le groupe a parfois mené des actions jusqu’au cœur de la capitale égyptienne. Ses quelques centaines de combattants aguerris, dont certains anciens officiers de l’armée et djihadistes passés par l’Afghanistan, sont majoritairement issus des tribus du Nord-Sinaï, indique le spécialiste des mouvements djihadistes Dominique Thomas. Ils bénéficient de soutiens dans des groupes locaux aux intérêts variés.La marginalisation politique et économique de la population, ainsi que la répression féroce et l’emprisonnement de milliers de Bédouins, après les attentats de Taba et Nuweiba en octobre 2004, et ceux de Charm El-Cheikh en juillet 2005, « ont alimenté un désir de vengeance contre les forces de sécurité », explique Omar Achour, spécialiste du Sinaï à l’université d’Exeter, en Grande-Bretagne. Depuis deux ans, cette défiance s’est accrue au sein de la population, qui paie un lourd tribut dans les opérations coups de poing de l’armée, les offensives aériennes aveugles, les restrictions au passage des nombreux postes de contrôle déployés sur les routes du Sinaï ou encore les destructions infligées le long de la zone tampon établie à la frontière avec la bande de Gaza.Depuis son allégeance à l’EI en novembre 2014, sous le nom de « Province du Sinaï », le groupe semble avoir accru ses capacités opérationnelles et accéléré sa convergence avec les branches actives en Syrie, en Irak ou en Libye. L’offensive spectaculaire contre les forces de sécurité, mercredi 1er juillet, est la dernière d’une série d’attentats au degré de sophistication accru. La porosité des frontières avec le Soudan et la Libye, et les prises militaires, lui offrent une source intarissable d’armements à la pointe.Après quelques actions remarquées au Caire en 2013, la menace djihadiste a été contenue au Sinaï par le succès des opérations militaires égyptiennes. Les experts sont convaincus que le groupe cherche à étendre son champ d’action au travers de cellules clandestines hors du Sinaï. Fin mai, il a appelé à des attaques contre les juges sur tout le territoire, après l’exécution de six de ses membres par les autorités. Certains experts soupçonnent le groupe d’être derrière l’attentat contre le procureur égyptien lundi, ou encore celui déjoué contre le site touristique de Louxor, le 10 juin, qui n’ont pas été revendiqués à ce stade. data-tym-playerid="tym-player-x2vjz8a" data-tym-title="Comprendre la domination de l'Etat islamique en sept minutes" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2015/06/29/comprendre-la-domination-de-l-etat-islamique-en-sept-minutes_4664135_3218.html" data-tym-categories="etat-islamique,moyen-orient-irak,syrie,3-minutes-pour-comprendre,proche-orient,international,eclairages,videos,les-decodeurs" data-tym-tags="etat-islamique,moyen-orient-irak,syrie,3-minutes-pour-comprendre,proche-orient,international,eclairages,videos,les-decodeurs" data-tym-providerreference="x2vjz8a" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.07.2015 à 15h26 • Mis à jour le02.07.2015 à 17h58 | Marie Charrel et Claire Guélaud La présidente argentine Cristina Kirchner a comparé, mercredi 1er juillet, la crise grecque au défaut de son pays en 2001, qui fut l’un des plus importants de l’histoire financière, tout en insistant sur les conséquences « terribles » des politiques d’austérité.Son ministre de l’économie, Axel Kicillof, a surenchéri en assurant que les réformes exigées par les créanciers d’Athènes sont « contre-productives et aggravent encore davantage la crise ». « Je peux dire aux Grecs que les remèdes du Fonds monétaire international ne fonctionneront pas », a-t-il prévenu. « Ce que vit le peuple grec correspond exactement à ce que nous, Argentins, avons vécu en 2001 : les conséquences de politiques terribles, néolibérales, d’ajustements permanents qui entraînent vers la misère, la faim et le chômage », a déclaré Mme Kirchner à la télévision publique argentine.« Aujourd’hui, 60 % des jeunes Grecs n’ont pas de travail, 30 % des citoyens grecs s’éclairent à la bougie, pour économiser sur le coût de l’électricité, aujourd’hui il y a des gens dans les rues dont les pensions et les retraites ont été réduites », a ajouté la chef de l’Etat en faisant remarquer que le FMI n’avait jamais demandé à l’Argentine de réduire ses dépenses militaires.S’il est vrai que les défauts grec et argentin présentent des similitudes, fait-il sens de comparer les deux pays ? Rien n’est moins sûr.Lire les dernières informations :Grèce : 5 jours d’épuisantes tractations et maintenant l’attenteL’Argentine dispose de matières premières agricoles, la Grèce mise sur le tourismeLa troisième économie d’Amérique latine, qui avait l’un des niveaux de vie les plus élevés du monde avant la première guerre mondiale, semble à première vue plus solide que l’économie hellène, ne serait-ce que parce qu’elle dispose de matières premières agricoles. Mais elle subit toujours les conséquences du krach de 2001. Le pays, dont la structure productive est duale – un secteur agricole exportateur, une industrie en manque d’investissements –, a accumulé entre 1991 et 2001 de forts déficits courants, qui ont abouti en juin 2011 à la fin de la convertibilité peso-dollar.Jusqu’à la crise de 2009, les principaux moteurs de la croissance grecque étaient les dépenses publiques et la consommation des ménages, cette dernière reposant beaucoup sur une hausse des salaires supérieure aux gains de compétitivité et sur le crédit à bas coût.Depuis la crise, le pays peine à reconstruire son modèle de croissance. Le seul secteur dynamique est le tourisme. Les PME, pénalisées par l’assèchement des liquidités bancaires, sont trop petites pour se tourner vers l’export. Enfin, nombre de secteurs sont paralysés par des rentes maintenant des prix artificiellement haut, au détriment des Grecs. Contrairement à Buenos Aires, Athènes ne peut donc pas compter sur les matières premières ou un secteur agricole fort pour ses recettes fiscales.De fait, Buenos Aires a profité l’envolée des cours des matières premières entre 2003 et 2009, qui a tiré sa croissance ces années-là (9 % par an), pour accumuler un excédent commercial et des réserves de change record, qui lui ont permis de se financer sans faire appel aux marchés.Lire aussi :Pourquoi la dette grecque n’est pas soutenableLes défauts grec et argentin ne sont pas comparablesLe 23 décembre 2001, Buenos Aires annonce un moratoire sur sa dette publique extérieure occasionnant en janvier 2002 le défaut souverain le plus important à cette date, tant par son montant (94 milliards de dollars, soit 84 milliards d’euros) que par le nombre de ses créanciers (plus de 700 000). Les fuites de capitaux et les retraits de dépôts qui s’en sont suivis, doublés de mesures économiques impopulaires, conduisent à la démission du gouvernement et à la dévaluation de la monnaie argentine.Le pays s’engage en 2002 dans un long processus de restructuration de sa dette, qui comporte plusieurs étapes (2005, 2010, 2014). L’importance de la décote proposée en 2010 – environ 70 %, selon une note de la direction générale du Trésor de septembre 2014 – conduit certains créanciers à garder leurs obligations de 2005 à hauteur de 19,5 milliards de dollars par la suite et à refuser l’offre d’échange qui leur est faite.Un quart de ces obligations était détenu par des créanciers « procéduriers » – les  fonds vautours  – qui rachètent « à bas prix des titres obligataires de pays surendettés pour en obtenir par la suite le remboursement complet devant les tribunaux ».Ces derniers n’ont pas tardé à se lancer dans une bataille juridique de longue haleine, qui a abouti, en juillet 2014, à un nouveau défaut partiel de l’Argentine, le gouvernement de Cristina Kirchner ayant refusé de rembourser les fonds vautours. C’est toujours le cas depuis.La Grèce, elle, a vu sa dette publique restructurée en 2012 : les créanciers privés ont accepté une décote de 50 à 75 % sur les obligations hellènes qu’ils détenaient. Le niveau de la dette a été ramené de 175 à 157 % du PIB. Elle est depuis remontée à 177 % du PIB, mais elle appartient désormais pour plus de 75 % à des créanciers publics : FMI, banque centrale européenne, fonds européen de stabilité financière (FESF) et autres pays membres de la zone euro.C’est une différence majeure avec l’Argentine. Les créanciers publics de la Grèce conserveront leurs obligations grecques jusqu’à ce qu’elles arrivent à échéance.Buenos Aires a remboursé le FMI en avance, Athènes a échoué à le rembourser à tempsLe 30 juin, la Grèce a échoué à rembourser les 1,6 milliard d’euros qu’elle devait au FMI. Il s’agit du premier pays industrialisé entré en « incident de paiement » auprès du fonds depuis sa création, en 1944. A ce jour, le Zimbabwe, la Somalie et le Soudan sont ainsi toujours en retard de paiement. Par le passé, le Liberia, l’Irak et la République démocratique du Congo l’ont été. De son côté, Athènes a officiellement demandé un report du remboursement – une requête que le conseil d’administration du FMI étudie.L’Argentine, elle, a remboursé par anticipation, en décembre 2005, les dix milliards de dollars (9 milliards d’euros) qu’elle devait encore au FMI. Un remboursement là aussi effectué en puisant dans les réserves en devises du pays, estimées à l’époque à plus de 21,64 milliards d’euros. L’échéance du remboursement était initialement fixée à 2008.Près de quinze ans après, l’économie argentine subit néanmoins toujours les conséquences de son défaut souverain. Notamment parce que le pays est toujours en conflit avec les fonds vautours. Résultat : il n’a toujours pas accès aux marchés de capitaux, l’accord trouvé avec le Club de Paris (le groupe informel de pays qui lui a prêté de l’argent) en mai 2014 pour le remboursement de la dette aux créanciers publics n’ayant pas été jugé suffisant compte tenu du « défaut partiel » de juillet 2014.Depuis, l’Etat fait donc marcher la planche à billets, ce qui nourrit une inflation persistante : + 37,6 % en 2014 selon les analystes privés et + 21,3 % selon l’organisme argentin des statistiques, l’INDEC.Lire aussi :Le système bancaire européen à l’abri des turbulences grecquesL’Argentine fait face à d’importants défis structurelsMalgré les immenses ressources naturelles dont elle dispose, l’économie argentine est aujourd’hui en difficulté. « Le pays n’a pas profité de la forte croissance enregistrée entre 2003 et 2009 pour diversifier son industrie et renforcer sa compétitivité », explique Christine Rifflart, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.Depuis que la croissance mondiale ralentit, ses exportations de matières premières et ses réserves de change diminuent. Malgré une baisse de 11,4 % des importations à 65 milliards de dollars, son excédent commercial (6,8 milliards d’euros) a chuté pour la deuxième année consécutive : - 20,8 % en 2013 et - 16,5 % en 2014. Le contrôle des capitaux mis en place, fin 2011, est par ailleurs à l’origine d’un marché parallèle des devises et d’un phénomène de course au dollar.De l’avis du consensus des analystes privés plus crédible que les statistiques publiques, le pays a vu son produit intérieur brut (PIB) se contracter de 2 % en 2014 et resterait en récession en 2015 (- 0,9 %). Les autorités, pour leur part, ont retenu une croissance de 0,5 % en 2014 et de 2,8 % en 2015.Au début de l’année dernière, le peso argentin a été dévalué et les taux d’intérêt ont été relevés provoquant une baisse du pouvoir d’achat des Argentins, pour la première fois depuis dix ans. Pas de chance à l’orée d’une année électorale ! La présidente péroniste est en effet à la fin de son mandat et ne peut se représenter. L’élection présidentielle aura lieu le 25 octobre. data-tym-playerid="tym-player-kXsXJu6xMKjMcLbR95F" data-tym-title="Thomas Piketty : ceux qui cherchent le « Grexit » « sont de dangereux apprentis sorciers »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/07/02/thomas-piketty-ceux-qui-cherchent-le-grexit-sont-de-dangereux-apprentis-sorciers_4668028_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,economie,international,grece,europe,emissions,videos,festival" data-tym-tags="crise-grecque,economie,international,grece,europe,emissions,videos,festival" data-tym-providerreference="kXsXJu6xMKjMcLbR95F" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.07.2015 à 13h27 • Mis à jour le02.07.2015 à 17h51 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’urgence, dans le « dossier grec », est désormais à l’attente. A laisser s’écouler, sans rien faire, les trois jours qui nous séparent du référendum du dimanche 5 juillet, programmé par Athènes pour demander aux Grecs s’ils approuvent ou non le projet d’accord avancé par les créanciers du pays.Car la porte, qui s’était légèrement entrouverte en début de semaine entre le gouvernement grec et ses créanciers – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale européenne (BCE), Commission européenne –, s’est brutalement refermée, mercredi 1er juillet.La chancelière allemande, Angela Merkel a décrété : pas de négociation, pas d’accord avant la tenue du référendum. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a de nouveau appelé à voter non au référendum sur l’accord « réformes contre argent frais ». Et l’Eurogroupe (réunion des ministres des finances de la zone euro), prenant acte de ce double non, a refermé la porte à double tour.Pourtant, une fois passé l’effet de surprise de l’annonce (le 26 juin dans la nuit) du référendum, un certain nombre d’acteurs du dossier avaient cherché à rapprocher les parties et à aboutir à un accord.Lundi, mardi et encore mercredi matin, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le président français, François Hollande, et le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem ont ainsi été à la manœuvre.Au risque d’être critiqués par ceux qui, en Allemagne ou parmi les ministres des finances de la zone euro, avaient déjà pris leur décision, considérant qu’il n’était plus temps, ni utile, de discuter avec Athènes avant d’avoir le résultat du vote populaire grec, dimanche.Récit de ces cinq jours.Vendredi 26 juin, l’annonce surprise d’un référendum Les négociations avaient repris entre Athènes et ses créanciers depuis le début de la semaine, afin de trouver un terrain d’accord sur les réformes à mettre en place en Grèce qui permettraient de débloquer 7,2 milliards d’euros d’aides.Entre le lundi 22 et le vendredi 26 juin, trois réunions des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro et un conseil européen se sont succédé. Vendredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker passe 14 heures à négocier avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras.Mais, en pleine nuit, Alexis Tsipras annonce un référendum pour le 5 juillet sur le plan proposé par les créanciers. La décision est prise après le retour précipité de Bruxelles d’Alexis Tsipras, qui consulte pendant cinq longues heures son conseil des ministres – et obtient son soutien quasi unanime.L’effet de surprise est total. L’Elysée et la chancellerie berlinoise sont prévenus vendredi soir, alors qu’Alexis Tsipras a eu, le matin, une réunion trilatérale avec François Hollande et Angela Merkel, en marge du conseil européen. Jean-Claude Juncker n’appris la nouvelle qu’à son réveil, samedi matin, assure son entourage.En réalité, l’idée du référendum était discutée par Alexis Tsipras et ses proches collaborateurs depuis déjà quelques jours. « Lorsque nous avons compris, mardi 23 juin, que les créanciers ne nous donneraient rien, nous avons été très déçus et nous avons pensé au référendum », explique-t-on au gouvernement grec.Lire aussi :A Athènes, la querelle face à « ce référendum qui va nous diviser »Samedi 27 juin, la fin du plan d’aideL’Eurogroupe, réuni à Bruxelles dans l’après-midi, rejette une demande grecque d’une prolongation du plan d’aide dont bénéficie Athènes. L’accord d’assistance financière en cours avec la Grèce expirera donc le 30 juin.Dimanche 28 juin, l’instauration du contrôle des capitaux Alexis Tsipras annonce avoir reformulé la demande d’une extension du programme d’aide au pays. La requête a été adressée au président du Conseil européen et aux 18 dirigeants des Etats membres de la zone euro, ainsi qu’au président de la BCE, de la Commission et du Parlement européen.Dans l’après-midi, la Banque centrale européenne décide de maintenir sa ligne de financement d’urgence (dite ELA) aux banques grecques, mais elle n’en relève pas le plafond.Alexis Tsipras s’enferme avec son cabinet, rencontre le gouverneur de la Banque centrale grecque et confirme dans la soirée la mise en place dès le lendemain de mesures de contrôles des capitaux, ainsi qu’une fermeture des banques jusqu’au 7 juillet.Les Grecs se précipitent aux guichets des banques qui ferment les uns après les autres.Lire le décryptage :Grèce : à quoi sert le contrôle des capitaux ?Lundi 29 juin, l’appel au non d’Alexis Tsipras Jean-Claude Juncker prononce un discours musclé en milieu de journée. Il se dit trahi par Alexis Tsipras et appelle les Grecs à voter oui au référendum. Il a prévenu auparavant François Hollande de la teneur de ses propos.Plus tard, le soir, Jean-Claude Juncker appelle Alexis Tsipras lui enjoignant d’appeler à voter oui au référendum et d’envoyer de nouvelles propositions à l’Eurogroupe. Le premier ministre grec dit qu’il va réfléchir.Mais, un peu plus tard, dans un entretien à la télévision, Alexis Tsipras appelle à un non massif, faisant valoir que cela permettra à son gouvernement d’être en position de force pour négocier. Il assure aussi que si le oui l’emporte, il ne restera pas premier ministre à tout prix.Jean-Claude Juncker lui envoie un texto pour lui offrir une porte de sortie : accepter les conditions des créanciers ; demander une prolongation du programme d’aide avant minuit lundi ; demander une déclaration de l’Eurogroupe qui promettra de revoir la dette grecque en octobre 2015.Mardi 30 juin, les deux lettres du gouvernement grec Nouvelle série d’entretiens entre Alexis Tsipras et Jean-Claude Juncker, le président du Parlement européen Martin Schulz et enfin Paris. A l’issue de ces discussions, Alexis Tsipras envoie deux lettres aux créanciers, dont l’une après 22h30.Dans un premier document, il détaille les « prior actions », c’est-à-dire la liste des réformes à mettre en œuvre en Grèce et les dates de mise en œuvre. Cette liste, à quelques aménagements près, est proche des conditions fixées par les créanciers la semaine précédente.Dans le second document, le premier ministre grec demande aux créanciers la mise en place d’un troisième plan d’aide d’environ 30 milliards d’euros sur deux ans, ainsi qu’une renégociation de la dette.Jean-Claude Juncker réussit à convaincre Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, de convoquer une réunion d’urgence des ministres des finances de la zone euro. Celle-ci a lieu à 17 heures, par téléphone. Jean-Claude Juncker et Jeroen Dijsselbloem espèrent qu’Alexis Tsipras va, cette fois, appeler à voter oui, ou retirer son référendum.Ce dernier reprend les négociations. Lorsque l’opposition accuse le gouvernement de ne plus savoir où il en est, Alexis Tsipras déclare à la télévision publique grecque que le « référendum n’est qu’un pas de plus sur la voie de la négociation ».A ce moment-là, au sein de son cabinet, c’est la ligne modérée du vice-président Yannis Dragassakis qui a le vent en poupe : il faut profiter du choc provoqué par l’annonce du référendum pour tenter d’arracher d’ici à la fin de la semaine un accord de la dernière chance. Quitte à annuler ensuite le référendum.Mercredi 1er juillet, le non de Mme Merkel à tout accord avant le vote La Grèce n’a pas remboursé leS 1,6 milliard d’euros qu’elle devait au Fonds monétaire international (FMI) avant minuit le 30 juin.Jean-Claude Juncker appelle François Hollande au téléphone. Le président français pousse pour un accord, parle de la dette. La France, depuis des semaines, pousse pour un accord global avec Athènes, abordant aussi la question d’une renégociation des conditions de remboursement de la dette, une demande grecque insistante. Jean-Claude Juncker est lui aussi d’accord pour parler de la dette.A la mi-journée, François Hollande fait valoir officiellement sa position : « Il faut être clair, l’accord, c’est tout de suite ! », déclare-t-il.En fin de matinée, Alexis Tsipras prévient qu’il va de nouveau s’adresser à la nation. Mais son allocution se fait attendre. En fait, le premier ministre grec attend que la chancelière allemande parle à Berlin devant le Bundestag. « Nous ne saurons jamais ce que Tsipras s’apprêtait à dire avant, mais il a ajusté son texte en fonction de ce qu’a dit Merkel », croit savoir une source gouvernementale.En l’occurrence, la chancelière allemande annonce catégoriquement qu’il n’y aura aucune discussion et aucun accord avant la fin du processus de référendum.Lire le récit :La crise grecque met le tandem franco-allemand à l’épreuveEn fin d’après-midi, sonné par la fermeté d’Angela Merkel, le premier ministre grec choisit d’insister sur le « non » en repoussant, lui aussi à l’après référendum la conclusion d’un éventuel accord.Un peu plus tard, l’Eurogroupe, qui devait examiner la demande grecque d’ouverture d’un troisième plan d’aide, rejette cette dernière, au motif que le gouvernement grec, qui fait campagne pour le non à l’accord proposé, ne peut en même temps continuer à négocier.C’est la fin de l’espoir d’un accord de dernière minute. Dans l’entourage d’Alexis Tsipras, la ligne dure, qui ne croit pas au « compromis à tout prix », reprend la main.Le ministre des finances, Yanis Varoufakis et le ministre d’Etat, Nikos Pappas montent au créneau et expliquent aux Grecs pourquoi il est plus nécessaire que jamais de voter non au référendum.L’objectif pour le gouvernement grec est désormais d’obtenir le score le plus important possible dimanche pour affermir sa légitimité face à Bruxelles. Pour l’instant les sondages placent le non en tête. Pour la première fois, un sondage réalisé mardi, avant la dernière allocution d’Alexis Tsipras mercredi 1er juillet, donnait l’avantage au oui. data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.07.2015 à 11h47 • Mis à jour le02.07.2015 à 12h05 Editorial du « Monde » Un an après la proclamation du califat par Abou Bakr Al-Baghdadi, une constatation s’impose : son mouvement, l’Etat islamique, n’a cessé de se renforcer dans son territoire d’origine – l’Irak et la Syrie – et d’étendre son influence dans le monde musulman, voire au-delà. Partout ou presque, il progresse, si l’on excepte de très rares revers, à Kobané et à Tal Abyad, au Kurdistan syrien, et dans la région de Tikrit, au nord de Bagdad.En un an, l’EI a eu le temps d’accroître son emprise dans les territoires qu’il occupe en Syrie et en Irak, en installant un ersatz d’administration dont la tâche première est de contrôler les populations locales et de prélever des taxes pour remplir les caisses de l’organisation. La mise en place d’un système éducatif et l’embrigadement de toute une génération d’enfants constituent le phénomène le plus alarmant : encore trois ans, et une classe d’âge entière qui a grandi entre Damas et Bagdad n’aura rien connu d’autre que la guerre, l’Etat islamique et son idéologie mortifère. Le cœur du Proche-Orient connaîtra alors un destin « à l’afghane », fait de guerres sans fin et de confusion totale entre islam et djihadisme.Ailleurs, le bilan est tout aussi inquiétant. Présenté, à l’origine, comme un concurrent d’Al-Qaida – en plus violent, plus radical, au recrutement plus large –, l’EI talonne et menace désormais sa grande sœur un peu partout. Dans le monde arabe, des cellules de plus en plus opérationnelles ont émergé – en Arabie saoudite, au Yémen, au Koweït, en Egypte. Au Maghreb, la menace ne cesse de s’étendre – en Libye, mais aussi en Tunisie, menaçant de faire échouer la transition démocratique. L’Algérie se demande quand viendra la prochaine alerte, après l’assassinat d’Hervé Gourdel. Le Maroc vit dans l’expectative.SurenchèreAu Proche-Orient encore, l’offensive des partisans de l’EI, mercredi 1er juillet, dans le Sinaï, constitue un nouveau défi. Pas seulement pour l’Etat égyptien, mais aussi pour le Hamas palestinien, explicitement visé. Très affaibli après la guerre meurtrière de Gaza en 2014, le Hamas ne peut se permettre un nouvel affrontement avec Israël, laissant ainsi le champ libre à toute surenchère extrémiste. La nouvelle cible de l’Etat islamique est le conflit israélo-palestinien, enfermé dans une impasse suicidaire qui a fini par affaiblir et décrédibiliser même le Hamas, présenté longtemps comme l’épouvantail absolu.Lire aussi :Dans le Sinaï, escalade guerrière entre l’Egypte et l’Etat islamiqueEnfin, des groupes ont prêté allégeance un peu partout dans le monde musulman. Dans le Caucase, un ancien commandant des forces spéciales azerbaïdjanaises, entraîné aux Etats-Unis, a pris la tête de la branche locale de l’EI. C’est aussi le cas en Afghanistan et au Pakistan, où même les talibans se sentent menacés. En Afrique, Boko Haram s’est rallié au drapeau noir de l’EI. Si les offensives récentes ont réduit les capacités du groupe nigérian, sa capacité de nuisance nationale et régionale reste vivace. D’autres suivront. Sans compter les attentats commis en Occident par des « loups solitaires » autoradicalisés, à l’instar de Yassin Salhi, accusé d’avoir décapité un chef d’entreprise dans l’Isère et tenté de faire exploser une usine chimique.Le constat est cinglant. Partout où les guerres s’enlisent, partout où la politique n’offre aucune perspective aux conflits, l’Etat islamique sait que son heure est venue et en fait, sans hésitation, la démonstration. Les pays de la coalition mise sur pied pour combattre l’EI ne doivent se faire d’illusions ni sur l’ampleur du défi ni sur le temps qu’il faudra pour le relever. data-tym-playerid="tym-player-x2vjz8a" data-tym-title="Comprendre la domination de l'Etat islamique en sept minutes" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2015/06/29/comprendre-la-domination-de-l-etat-islamique-en-sept-minutes_4664135_3218.html" data-tym-categories="etat-islamique,moyen-orient-irak,syrie,3-minutes-pour-comprendre,proche-orient,international,eclairages,videos,les-decodeurs" data-tym-tags="etat-islamique,moyen-orient-irak,syrie,3-minutes-pour-comprendre,proche-orient,international,eclairages,videos,les-decodeurs" data-tym-providerreference="x2vjz8a" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion" Hélène Sallon La longue guerre d’usure entre le pouvoir égyptien et les groupes djihadistes a cédé le pas à une guerre ouverte. Deux ans jour pour jour après la destitution du président islamiste Mohammed Morsi par l’armée, les combattants affiliés à l’Etat islamique (EI) semblent déterminés à entraîner les nouvelles autorités dans une escalade meurtrière. Encore sous le choc de l’attentat qui a coûté la vie au procureur général au Caire lundi, l’Egypte a subi, mercredi 1er juillet, une nouvelle offensive contre ses forces de sécurité qui a fait des dizaines de morts dans le nord de la péninsule du Sinaï.Lire aussi :Dans le Sinaï, « c’est la guerre » entre l’Egypte et l’Etat islamiqueLes rares témoignages et comptes rendus militaires des combats meurtriers qui ont secoué cette région, soumise depuis plus d’un an à un quasi black-out médiatique, livrent une image encore parcellaire. Quelques minutes avant la levée du couvre-feu, à 6 heures du matin, 70 combattants armés ont attaqué plusieurs positions de l’armée dans la région d’Al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï, et de Cheikh Zouweid, utilisant des voitures piégées et des roquettes, selon des sources sécuritaires.La « Province du Sinaï », le nom pris par le groupe Ansar Beit Al-Maqdis (« Les partisans de Jérusalem ») après son allégeance à l’EI en novembre 2014, a revendiqué l’attaque de 15 postes de contrôle, dont trois par des kamikazes. Les djihadistes se seraient emparés d’armes et de véhicules blindés.Bilan meurtrierLes combats se sont poursuivis pendant près de huit heures à Cheikh Zouweid où les djihadistes ont assiégé le commissariat, prenant la ville de 60 000 habitants en otage. Ils ont miné les environs du bâtiment pour empêcher l’arrivée de renforts, avant de prendre position sur les toits des immeubles alentours et d’attaquer le bâtiment avec des lance-roquettes, des mortiers et des mitrailleuses, selon des sources sécuritaires.Les forces de sécurité égyptiennes n’ont réussi à reprendre le dessus qu’avec l’appui de l’aviation et notamment le déploiement inédit de chasseurs F-16, auquel Israël a donné son feu vert conformément aux dispositions prévues par les accords de paix de 1979.Le bilan de 17 soldats tués et 100 djihadistes abattus, fourni mercredi soir par l’armée, a été accueilli avec réserve par les observateurs. Des sources médicales et sécuritaires citées par les agences de presse parlent plutôt d’au moins 70 soldats et civils tués, le bilan le plus meurtrier essuyé à ce jour par les forces de sécurité.« Lors des précédentes attaques, l’armée a masqué la réalité des faits. Nos sources indiquent qu’au moins 25 à 30 soldats ont été tués dans l’attaque de postes de contrôle, et 8 à 12 autres kidnappés », indique Shérif Mohie Eddin, chercheur en contre-terrorisme à l’Initiative égyptienne pour les droits individuels. Un civil ayant refusé de laisser l’accès à son toit aurait été tué par les djihadistes, poursuit-il.« Revers pour l’armée »Ces attaques, jugées sans précédent au vu du nombre de forces mobilisées et de l’armement utilisé, soulignent l’incapacité des autorités égyptiennes à enrayer l’insurrection djihadiste dans le Sinaï, qui a déjà coûté la vie à des centaines de soldats et de policiers depuis deux ans. « C’est un revers pour l’armée qui commençait à engranger des victoires sur le terrain et à imposer son contrôle sur de larges pans de territoires entre Al-Arich et Rafah », indique M. Mohie Eddin. La « Province du Sinaï », forte de 300 à 500 combattants aguerris, selon les experts, dont certains anciens officiers de l’armée, a su s’adapter et perfectionner une stratégie d’attaques sophistiquée initiée en octobre 2014.La défiance envers le pouvoir central s’est accrue, alimentée par cinquante ans de marginalisation politique et économique.La stratégie contre-insurrectionnelle des forces de sécurité égyptiennes et la gestion sécuritaire de la population sont mises en cause par les experts. Au sein de la population locale, majoritairement bédouine, la défiance envers le pouvoir central s’est accrue, alimentée par cinquante ans de marginalisation politique et économique. La population paie un lourd tribut dans les opérations coups de poing de l’armée, les offensives aériennes aveugles, les restrictions au passage des nombreux postes de contrôle déployés sur les routes du Sinaï. La ville de Rafah a même été détruite pour établir une zone tampon à la frontière avec la bande de Gaza. Cette politique pousse chaque jour de nouvelles recrues dans les bras de l’organisation.Le meurtre du procureur général Hicham Barakat, lundi 29 juin, également attribué à l’EI par les experts, et les attaques dans le Sinaï font craindre une dangereuse escalade en Egypte, après les attentats perpétrés en Tunisie et au Koweït. Par la voix de son porte-parole, l’organisation a appelé à lancer des attaques massives pendant le mois de ramadan, entré dans sa troisième semaine.Lire aussi :Le procureur général égyptien tué dans un attentat au CaireLa politique répressive imposée par les autorités égyptiennes aux Frères musulmans et aux islamistes alimente la détermination des djihadistes de la « Province du Sinaï » et décuple leurs capacités de recrutement jusque dans les autres provinces égyptiennes.Durcissement sécuritaireLa réponse des autorités égyptiennes à cette nouvelle escalade meurtrière ne s’est pas fait attendre. Le Caire a choisi le durcissement sécuritaire et l’amalgame entre les sympathisants de la confrérie des Frères musulmans et les djihadistes du Sinaï. En réponse au meurtre du procureur général, le président Abdel Fattah Al-Sissi a promis mardi de durcir la législation et d’exécuter les responsables des Frères musulmans, condamnés à la peine capitale dans plusieurs procès.Ces promesses ont été mises à exécution mercredi, avec le vote par le cabinet d’une nouvelle loi antiterroriste qui prévoit « des procédures pour assécher les sources de financement du terrorisme » et doit « offrir une justice rapide et venger nos martyrs », selon un communiqué.Les forces de sécurité égyptiennes n’ont pas attendu pour mettre à exécution leur détermination. Mercredi, un haut responsable des Frères musulmans, Nasser Al-Houfi, et huit membres de la confrérie islamiste ont été tués dans un raid policier dans la cité du 6-Octobre, près du Caire. Dénonçant un « meurtre de sang-froid », les Frères musulmans ont appelé à la « rébellion pour défendre le pays » et « détruire les citadelles de l’oppression et de la tyrannie ».Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.07.2015 à 15h50 • Mis à jour le10.07.2015 à 16h24 La police serbe a interdit, vendredi 10 juillet, une manifestation prévue samedi 11 à l’occasion du 20e anniversaire du massacre de Srebrenica. Plusieurs organisations serbes classées à gauche avaient prévu de rassembler plusieurs milliers de personnes devant le Parlement de Belgrade, pour un « die-in » – une manifestation durant laquelle les participants s’allongent sur le sol pour symboliser les victimes.Le 11 juillet 1995, les troupes serbes avaient massacré 8 000 musulmans, hommes et jeunes garçons, dans la ville bosniaque de Srebrenica – le pire massacre commis sur le sol européen depuis la fin de la seconde guerre mondiale.Menaces de groupes ultranationalistes« Pour la police, la sécurité de tous les citoyens est importante, et nous n’autoriserons pas des scènes de chaos dans les rues », a justifié le ministre de l’intérieur, Nebojsa Stefanovic. Plusieurs groupes ultranationalistes serbes, qui contestent l’ampleur du massacre, avaient annoncé qu’ils perturberaient la manifestation, et n’hésiteraient pas à faire usage de violence.Les organisateurs de la manifestation ont dénoncé une décision qui montre, selon eux, que la Serbie n’accepte toujours pas de regarder en face les crimes commis durant la guerre civile qui a déchiré l’ex-Yougoslavie. « Nous, Serbes, devons savoir où nous nous tenons », a déclaré Dusan Masic, un journaliste faisant partie des organisateurs de la manifestation.Lire aussi :A Belgrade, rares sont ceux qui osent commémorer le massacreCette semaine, une proposition de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies, qualifiant le massacre de Srebrenica d’« acte de génocide », a été bloquée par un veto de la Russie, principal allié diplomatique de la Serbie. Deux tribunaux des Nations unies ont pourtant déjà reconnu le caractère génocidaire du massacre.Le premier ministre serbe doit se rendre samedi 11 juillet à Srebrenica pour participer aux commémorations officielles. Mais le gouvernement serbe a laissé entendre que ce déplacement n’était pas encore confirmé, citant des menaces de la part de groupes extrémistes musulmans.Lire aussi :Vingt ans après le massacre de Srebrenica, le chemin de la réconciliation est encore long 10.07.2015 à 12h04 • Mis à jour le10.07.2015 à 14h21 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce a remis ses propositions de réformes à ses créanciers, jeudi 9 juillet 2015, dans le temps imparti. Mais il reste un défi de taille pour le premier ministre, Alexis Tsipras : faire accepter à sa majorité et au Parlement ce nouveau paquet de réformes dures qui prévoit 13 milliards d’euros d’économies sur trois ans, dans l’espoir d’obtenir en contrepartie un financement de 53,5 milliards d’euros pour couvrir les obligations liées à la dette grecque jusqu’en 2018 ainsi qu’« un paquet de 35 milliards » pour relancer la croissance.Lire le détail du plan :Ce que propose Athènes à ses créanciersDès vendredi matin 8 heures, Alexis Tsipras a convoqué au Parlement dans une réunion conjointe son groupe parlementaire (149 députés) et le bureau politique du parti de la gauche radicale Syriza. « Nous allons discuter collectivement, et je suis sûr que tout ira bien », a déclaré le ministre de l’intérieur, Nikos Voutsis, avant d’entrer dans la salle. « Nous allons donner au premier ministre une procuration pour négocier en notre nom. Tout ira bien », ajoutait un autre député du parti.Les membres et les députés de Syriza affichaient donc leur unité avant d’ouvrir la consultation, mais au fond, une fois les portes closes, les débats ne devraient pas manquer d’être musclés. Au cours des cinq derniers mois, à chaque fois qu’Alexis Tsipras s’est expliqué devant sa majorité parlementaire, il lui a fallu faire preuve d’énormément de force de conviction pour contenir les dissidences.Déjà tard jeudi soir, le ministre de la restructuration de la production, Panayotis Lafazanis s’est exprimé lors d’un congrès sur l’énergie. « Le non du peuple grec au référendum ne peut pas se transformer en un humiliant oui et déboucher sur un nouveau mémorandum [plan d’austérité] », a déclaré le ministre, par ailleurs leader de la plate-forme de gauche, un courant situé à l’aile gauche de Syriza. Selon M. Lafazanis la Grèce aurait « d’autres choix » que celui d’un accord « trahissant » le peuple grec.Risque de blocageLors du conseil des ministres quelques heures plus tôt M. Lafazanis s’était déjà montré très critique à l’encontre des propositions mises sur la table. Sur le projet de loi déposé un peu plus tard au Parlement on ne retrouve d’ailleurs pas sa signature. Avec une petite vingtaine de députés environ, la plate-forme de gauche dispose d’un potentiel de blocage bien réel. Si M. Lafazanis incitait ses troupes à rejeter l’accord, Alexis Tsipras devrait passer en force en ralliant des voix de l’opposition : il pourrait alors se tourner vers le parti centriste Potami, une partie des socialistes du Pasok, ou les conservateurs de Nouvelle Démocratie.Pour autant, Alexis Tsipras est convaincu que s’il arrive à obtenir une renégociation de la dette il réussira à faire accepter ce nouveau plan d’austérité à sa population, à son parti et à son Parlement. Lors de son discours d’introduction devant son groupe parlementaire, Alexis Tsipras a réaffirmé qu’il n’avait pas reçu comme mandat de sortir la Grèce de la zone euro. Une façon de faire pression sur les plus radicaux pour leur rappeler qu’un compromis entre la ligne antiaustérité et la volonté des Grecs de rester dans l’euro était nécessaire. « Soit nous continuons tous ensemble, soit nous tombons tous ensemble », a ajouté le premier ministre.Lire aussi :Crise grecque : la dette, sujet tabou mais incontournablePour l’instant, les députés ne sont pas appelés à se prononcer sur les réformes elles-mêmes : ils ne le seront que si l’accord est effectivement conclu à Bruxelles. Pour l’instant, Alexis Tsipras demande aux députés une sorte de procuration pour aller défendre ce texte à l’Eurogroupe et au sommet de dimanche. Un nouvel appel à l’unité grecque pour sortir de l’impasse.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.07.2015 à 11h19 • Mis à jour le10.07.2015 à 13h54 Une distribution de vêtements gratuits ayant rassemblé plusieurs centaines de personnes à Mymensingh, dans le nord du Bangladesh, a entraîné une bousculade. Le bilan serait désormais de 24 morts et plus de 50 blessés, selon la police.Le drame s’est produit lorsque la foule a tenté de forcer le passage à l’entrée, étroite, d’une usine où ces personnes patientaient avant l’aube. Quelque 1 500 personnes attendaient devant l’usine de tabac à mâcher vers 4 h 45 (22 h 45, heure française), selon la police, après que ses propriétaires ont annoncé la distribution de vêtements gratuits aux plus pauvres, selon la tradition islamique.Le propriétaire de l'usine et six autres personnes ont été arrêtées pour avoir été incapables d'assurer la sécurité publique, selon la police et les autorités.Un problème récurrent au Bangladesh« La plupart des victimes sont des femmes pauvres et émaciées », a affirmé le chef de la police de la ville. Le bilan pourrait encore s’alourdir car des gens auraient emporté le corps de leur proche avant l’arrivée de la police sur les lieux.Les riches Bangladais distribuent fréquemment des vêtements aux plus pauvres pendant le ramadan, qui a débuté le 19 juin, mais ces distributions débouchent occasionnellement sur des bousculades mortelles.Lire aussi :Bangladesh : le propriétaire du Rana Plaza poursuivi pour assassinatUne quarantaine de personnes avaient ainsi trouvé la mort dans un drame similaire dans une usine textile à Tangail en 2002. La sécurité des usines est un problème aigu au Bangladesh, mis en lumière par l’effondrement du complexe textile du Rana Plaza en avril 2013, qui a tué plus de 1 100 personnes, l’un des pires accidents industriels de l’histoire.Avec un taux de pauvreté d'un peu moins de 40 %, le Bangladesh reste dans la catégorie des pays les plus démunis au monde. 10.07.2015 à 09h16 • Mis à jour le10.07.2015 à 18h05 Une éruption volcanique dans le centre de l’Indonésie a entraîné la fermeture vendredi 10 juillet de cinq aéroports, dont celui de l’île très touristique de Bali, et l’annulation de 330 vols, bloquant ainsi des milliers de vacanciers. L’aéroport international de Lombok, autre île touristique, voisine de Bali, figure également parmi ceux fermés dans la nuit de jeudi à vendredi. Deux d’entre eux ont été rouverts vendredi en fin de journée, mais celui de Bali devrait rester fermé jusqu’à samedi midi.Depuis jeudi, d’épais nuages de cendres s’échappent d’un volcan situé sur le mont Raung, selon un porte-parole du ministère des transports. Ces fermetures surviennent en pleine haute saison à Bali, une destination paradisiaque qui attire chaque année des millions de touristes étrangers. 20 000 personnes seraient bloquées dans le seul aéroport de Bali, selon les estimations des autorités.Lire aussi :Au chili, le redoutable volcan Calbuco reste instable« C’est assez chaotique »Des passagers bloqués à l’aéroport international Ngurah Rai de Bali ont rapporté que des centaines de personnes attendaient des informations concernant leurs vols, campant sur les pelouses à l’extérieur de l’aéroport. « C’est assez chaotique », a déclaré Katie Nagar, une expatriée américaine vivant en Indonésie, qui a découvert en arrivant à l’aéroport que son vol était annulé.En tout, près d’un millier de personnes seraient bloquées à l’aéroport, certaines à la recherche d’informations sur les vols et d’autres assises ou dormant sur le sol. Le manageur général de l’aéroport international de Bali a expliqué que 330 vols – 160 vols intérieurs et 170 vols internationaux – avaient été jusqu’ici annulés en raison de l’éruption volcanique.Un niveau d’alerte élevéLe niveau d’alerte du mont Raung, un volcan culminant à 3 300 mètres d’altitude, a été augmenté d’un cran – juste avant le niveau d’alerte le plus élevé – à la fin du mois de juin, après que le volcan a commencé à projeter de la lave et des nuages de cendres dans le ciel.Les éruptions se poursuivaient vendredi, le volcan crachant des flammes et produisant un bruit de tonnerre, a détaillé le volcanologue indonésien Surono, chargé de la surveillance des volcans dans l’archipel. Le mont Raung est l’un des cent vingt-neuf volcans actifs en Indonésie, archipel situé sur la ceinture de feu du Pacifique, un alignement de volcans qui bordent l’océan Pacifique en suivant un ensemble de limites de plaques tectoniques et de failles sismiques. Cécile Chambraud (Santa Cruz (Bolivie), envoyée spéciale) Après l’écologie intégrale, la doctrine sociale intégrale. Le pape a prononcé, jeudi 9 juillet, à Santa Cruz, en Bolivie, l’un de ses discours les plus radicaux, les plus politiques, les plus longs… et les plus applaudis. Devant le deuxième rassemblement des mouvements populaires (la première rencontre avait été organisée à Rome en octobre 2014 à l’instigation du Vatican), François a appelé à un « changement de structures » qui « touche le monde entier » pour réformer le système économique et social actuel qui est, à ses yeux, une machine à exclure et à produire de l’injustice.Lire aussi :Le social, enjeu du séjour du pape en Amérique latineLe cadre avait été composé à dessein pour mettre en valeur un texte qui restera comme l’un des jalons importants du pontificat. Dans l’immense salle du parc des expositions de la ville la plus peuplée du pays, le pontife argentin a retrouvé avec un bonheur évident les représentants de mouvements de paysans sans terre, de chiffonniers, habitants de bidonvilles, d’indigènes… qui luttent pour obtenir l’un ou l’autre de ce qu’il appelle « les trois T », – un travail, un toit, une terre –, qui sont à ses yeux des « droits sacrés », et auprès de qui il avait travaillé lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires.Un fort contingent de militants des organisations de jeunesse proches du pouvoir bolivien s’est chargé d’assurer le succès de la longue intervention du président Evo Morales, arrivé en même temps que François, et qui a retracé par le menu la lutte qu’il a menée lorsqu’il était à la tête du mouvement des producteurs de feuilles de coca.Pour une Eglise engagéeMais c’est à François qu’ils ont réservé les plus longues ovations. Dans un discours de près d’une heure, truffé de formules conçues pour frapper les esprits, le pape a expliqué pourquoi il voyait dans les mouvements populaires la promesse d’un modèle humain de développement capable d’être une alternative à « l’ambition sans retenue de l’argent qui commande », à « l’économie idolâtre » qu’il vilipende avec constance.Selon lui, ils remplissent trois critères essentiels. D’abord, ils sont dans l’action et enracinés dans le réel des individus – « personne n’aime une idée, un concept. On aime les gens », a-t-il insisté. Avec son art particulier de la formule, il a affirmé que nos sociétés souffraient « d’un certain excès de diagnostic qui nous conduit parfois à un pessimisme charlatanesque ou à nous complaire dans le négatif ».« Vous, les plus humbles, les exploités, les pauvres et les exclus (...), ne vous sous-estimez pas ! Vous êtes des semeurs de changement. »Au contraire, a-t-il lancé, même les plus démunis peuvent agir sans se cantonner à la seule revendication : « Vous, les plus humbles, les exploités, les pauvres et les exclus, vous pouvez et faites beaucoup. J’ose vous dire que l’avenir de l’humanité est, dans une grande mesure, dans vos mains, dans votre capacité à vous organiser et à promouvoir des alternatives créatives. (…) Ne vous sous-estimez pas ! Vous êtes des semeurs de changement. » Jorge Mario Bergoglio qui, depuis le début de sa visite en Amérique du Sud, dimanche, plaide pour une Eglise engagée, agissante, impliquée au cœur même du tissu social, a ajouté que « l’Eglise ne peut pas ni ne doit être étrangère à ce processus ».En second lieu, les mouvements populaires incarnent, selon lui, un collectif qui insère l’individu dans le monde et, ce faisant, accomplit son humanité, par le fait de « se reconnaître dans le visage de l’autre ». Les peuples sont aussi à ses yeux une figure de cet être ensemble, à l’opposé de « la tristesse individualiste asservissante », qui écrase jusqu’à « la minorité toujours plus réduite qui croit bénéficier de ce système » économique.« Quand nous regardons le visage de ceux qui souffrent, a affirmé le pape, “nous avons vu et entendu”, non pas la statistique froide, mais les blessures de l’humanité souffrante (…). Cela est très différent de la théorisation abstraite ou de l’indignation élégante. Cela nous émeut. (…) Cette émotion faite action (…) a un supplément de sens que seuls comprennent les peuples et qui donne aux vrais mouvements populaires leur mystique particulière. »« Conversion du cœur »La troisième qualité de ces mouvements, selon lui, est qu’ils conçoivent le changement en termes de processus et non de structures, ce qui prévient certaines dérives. « Le changement, conçu non pas comme quelque chose qui un jour se réalisera parce qu’on a imposé telle ou telle option politique ou parce que telle ou telle structure sociale a été instaurée. Nous avons appris douloureusement qu’un changement de structures qui n’est pas accompagné d’une conversion sincère des attitudes et du cœur finit tôt ou tard par se bureaucratiser, par se corrompre et par succomber », a-t-il déclaré. Ce qui n’est pas pour le pape synonyme de changement au rabais.Pour la deuxième fois de sa semaine en Amérique latine, où ce mot est chargé de sens, il a mis en avant le caractère « révolutionnaire » de la foi au nom de laquelle il appelle à ce changement radical dans cette économie qui « tue », qui « exclut ». François a rappelé son plaidoyer pour l’écologie et son appel pressant à « défendre la mère Terre ». Il a aussi profité de la présence de nombreux Amérindiens pour demander « humblement un pardon (…) pour les crimes contre les peuples autochtones durant ce que l’on appelle la conquête de l’Amérique ».Lire aussi :Environnement : le pape en appelle au « courage » et à l’action urgenteCécile Chambraud (Santa Cruz (Bolivie), envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.07.2015 à 02h07 • Mis à jour le10.07.2015 à 09h22 Un accord définitif de limitation des activités nucléaires de l'Iran en échange de la levée des sanctions semblait difficile à conclure dans les délais impartis vendredi 10 juillet au matin au vu des propos tenus tant par la partie américaine que par l'Iran.Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a déclaré jeudi que les Etats-Unis et leurs partenaires du P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Russie et Chine) n’avaient pas l’intention de céder à la précipitation pour obtenir un règlement définitif de leur contentieux nucléaire avec l'Iran, tandis qu'un haut conseiller du guide suprême iranien soulignait que les « lignes rouges » de l'Iran devaient être respectées.Lire aussi :Comprendre les négociations sur le nucléaire iranienJusqu’à vendredi minuitLes négociateurs se sont donné jusqu'à vendredi minuit pour trouver un accord. Mais si un accord n’est pas trouvé pour 6 heures du matin à Vienne, le Congrès des Etats-Unis, dominé par les républicains, aura désormais soixante jours pour étudier un éventuel accord conclu, au lieu de trente jours. L'administration démocrate du président Barack Obama craint qu’un doublement du délai à soixante jours ne fasse capoter l'accord.« Un accord ne peut être atteint que si nos lignes rouges sont respectées », a déclaré Ali Akbar Velayati, conseiller du guide suprême Ali Khamenei, selon l'agence de presse iranienne Tasnim. Il a également accusé le chef de la diplomatie américaine de faire des commentaires qui « font partie de la guerre psychologique de l'Amérique contre l'Iran ».Lire aussi :Nucléaire iranien : les points de blocage« Nous sommes ici car nous pensons que nous faisons de véritables progrès », a déclaré John Kerry. « Nous n'allons pas nous précipiter et nous ne serons pas mis sous pression », a-t-il ajouté. Ses propos signifient qu'un accord avec examen rapide par le Congrès sur trente jours est peu probable. La patience de Washington n'est toutefois pas sans limite, a souligné le secrétaire d'Etat. « Nous n'attendrons pas indéfiniment. Si les décisions difficiles ne sont pas prises, nous sommes tout à fait prêts à rompre ce processus », a-t-il ajouté sans dire combien de temps les discussions continueraient.Pas de précipitationSon homologue iranien Mohammad Javad Zarif s'est exprimé dans des termes quasi identiques. « Nous travaillons dur, mais pas dans la précipitation pour conclure coûte que coûte », écrit-il sur Twitter. Faisant le point pour les journalistes sous le sceau de l'anonymat, un haut responsable iranien a cherché à faire porter la responsabilité d'un échec à l'Occident. « Il y a eu des changements de position (...) particulièrement depuis la nuit dernière », a dit le responsable. « Brusquement, chacun avait ses propres lignes rouges. La Grande-Bretagne a sa ligne rouge, les Etats-Unis ont leur ligne rouge, la France, l'Allemagne... »En deux semaines, l’Iran et les membres du P5+1 ont repoussé à deux reprises la date butoir qu'ils s'étaient fixée pour parvenir à un règlement définitif fondé sur les principes d'un encadrement du programme nucléaire de Téhéran et d'une levée des sanctions internationales. Selon Abbas Araqchi, vice-ministre iranien des affaires étrangères, le projet d'accord et les cinq annexes techniques sont « achevés à 96 % ». Si le principe d'une levée des sanctions paraît acquis, la question d'une suppression de l'embargo des Nations unies sur les importations d'armes par l'Iran reste en suspens. Téhéran est sur ce point soutenu par la Russie.Lire aussi :Nucléaire iranien : à Téhéran, l’économie suspendue à l’accord 15.07.2015 à 15h34 • Mis à jour le15.07.2015 à 15h57 Le Koweït a mis en place une mesure radicale et controversée pour lutter contre le terrorisme. Comme le rapporte le site de RFI, le Parlement de ce petit pays pétrolier a adopté mercredi 15 juillet, à la demande du gouvernement, une loi ordonnant aux citoyens koweïtiens ainsi qu’aux résidents étrangers de subir un test ADN afin d’établir une base de données nationale.Le but de cette législation est de faciliter le travail d’investigations criminelles et policières, et ainsi procéder à des arrestations plus rapides. L’adoption de cette mesure fait suite à un attentat-suicide commis dans une mosquée chiite le 26 juin et revendiqué par l’Etat islamique, qui a fait 26 morts et 277 blessés.Lire aussi :Au Koweït, l’Etat islamique s’attaque à l’un des plus vieux lieux de culte chiitesPar ailleurs, les députés koweïtiens ont créé un fonds d’urgence de 400 millions de dollars (363 millions d’euros) afin de financer ce dispositif. Le Parlement a également prévu des sanctions d’un an de prison et jusqu’à 300 000 dollars d’amende (272 000 euros) pour tout Koweïtien refusant de se soumettre au fichage ADN.Une loi inéditeSi de nombreux pays ont des bases de données qui gardent une trace de l’ADN de toute personne ayant été déclarée coupable d’un crime, cette loi est la première du genre à rendre obligatoire la collecte de l’ADN pour tous les citoyens. Une mesure inédite qui suscite la controverse quant à la protection de la vie privée et sur l’utilisation que la police peut faire de ces données.Une telle disposition législative serait impossible à adopter par les parlements des pays européens. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait empêché le Royaume-Uni de mettre en place un fichage de ce type en 2008. Les juges avaient alors considéré que le maintien d’un échantillon d’ADN pour un délit non pénal « ne pouvait pas être considéré comme nécessaire dans une société démocratique ». 15.07.2015 à 15h05 • Mis à jour le15.07.2015 à 15h48 | Elisa Perrigueur (envoyée spéciale) Depuis plusieurs semaines, Athènes, d’ordinaire effervescente, vit au ralenti, marquée par les blocages politiques. Mercredi 15 juillet, la capitale grecque est davantage paralysée. Des mairies, administrations, pharmacies sont fermées, tandis que les hôpitaux de la capitale grecque tournent avec des effectifs réduits. La puissante centrale Adedy, qui représente toutes les confédérations syndicales du service public, a appelé, lundi 13 juillet, à une grève de 24 heures pour protester contre le nouvel accord annoncé par le gouvernement avec les créanciers internationaux.Suivez les événements de la journée en direct sur Le Monde.frPetite marche au milieu de la circulation, manifestation #Adedy. Qq centaines de personnes #Grèce http://t.co/cBDYfuJecd— ElisaPerrigueur (@Elisa Perrigueur)require(["twitter/widgets"]);A 11 heures, place Klathmonos, dans le centre-ville, une petite camionnette se gare, diffuse Bella ciao. Grigoris Calomiris, casquette rouge Adedy sur la tête, s’époumone au micro « rassemblement ce soir, venez nombreux ». Autour de lui, plusieurs centaines de partisans ont bravé la chaleur étouffante. Des membres d’Adedy, mais aussi du Pame (syndicat du parti communiste), de solidarité ouvrière…Ce rendez-vous matinal est peu suivi mais il n’est qu’un « avant-goût », d’après Grigoris. La vraie mobilisation aura lieu mercredi soir place Syntagma, à 19 heures (une heure tardive en raison de la température élevée), face à la Vouli, le Parlement grec. Au même moment, les députés grecs doivent approuver les mesures de l’accord annoncé lundi.Lire aussi :Le comité central de Syriza rejette l’accord, renforçant la pression sur le Parlement grecMontrer leur déterminationGrigoris Calomiris, membre d’Adedy, est un habitué des grèves. Il a participé à toutes celles lancées par le syndicat du public : 45 au total depuis 2010, selon lui. Avant la crise de 2009, la Grèce comptait pas moins de 800 000 fonctionnaires, un nombre colossal. Dans le viseur des deux premiers « mémorandums », le secteur a été écrémé : on parle de 200 000 employés en moins.Lire aussi :Ce que la Grèce a accepté en contrepartie de l’aide financièreAujourd’hui, Grigoris est là pour « lutter contre l’application de ce nouveau mémorandum antipeuple qui affectera davantage le droit et la sécurité des travailleurs ». Il ne s’attendait pas à ce que son premier ministre, Alexis Tsipras, accepte cet accord dont il dénonce de nombreux points, « l’augmentation de l’âge du départ à la retraite, les privatisations… ». Et prédit : « A partir de septembre, on ressentira encore plus les effets. Les écoles, les hôpitaux seront en sous-effectifs en raison des départs en retraite non remplacés. » Grigoris Calomiris croit en une mobilisation, ce mercredi. « Les 61 % de non au référendum [du 5 juillet 2015, concernant les mesures des créanciers] m’ont redonné courage. » Sur les murs autour de la place Klathmonos, des affiches à moitié déchirées appelant à voter « oxi » (non) au référendum sont toujours placardées. Elles sont presque d’un autre temps. Dans la foule, les mobilisés veulent montrer leur détermination mais certains perdent espoir. Nikos Ktetsis avait voté non au référendum. Ce salarié d’une municipalité en banlieue d’Athènes s’est senti « trahi » par l’annonce de ce nouveau mémorandum. Cet électeur de Syriza se lasse de cette « continuité de la politique d’austérité depuis cinq ans ». Pour lui, cette grève du public est « importante et symbolique ». Il s’agit de la première grève du secteur sous le gouvernement Tsipras.Nikos manifeste depuis 5 ans. "c'est la première grève sous Tsipras, c'est symbolique" #Grève #Adedy #Grèce http://t.co/XpLTwROx8V— ElisaPerrigueur (@Elisa Perrigueur)require(["twitter/widgets"]);Un peu plus loin, Stamatina Tsoumea exprime aussi ses craintes : « J’ai été licenciée puis réintégrée sous le gouvernement Tsipras par décision de justice, en tant que gardienne dans une école. J’ai peur d’être de nouveau renvoyée. Nous allons voir chaque jour si nous pouvons reconduire cette grève. » Malgré son enthousiasme, Stamatina doute d’une forte mobilisation ce soir à 19 heures. « C’est l’été, il fait très chaud pour protester, les gens partent en vacances dans leurs villages ou sur leur île d’origine. Ils sont fatigués de la situation. »En tête du cortège, des « figures » du public sont également présentes. Les femmes de ménage du ministère des finances, licenciées sous le gouvernement Samaras (droite) puis réintégrées en avril sous le gouvernement Syriza. Pour Anna-Maria Zoumba, l’une des 595 personnes réintégrées, ce nouveau mémorandum est « mauvais pour le peuple », mais « il faut continuer à être solidaire du gouvernement ». Mardi, elle a regardé avec « compassion » le premier ministre à la télévision, lors de son allocution sur la chaîne ERT. « Alexis Tsipras est jeune, il ne savait pas sur qui il allait tomber, il a enduré beaucoup de difficultés. »Lire aussi :Alexis Tsipras : « J’assume la responsabilité d’un texte auquel je ne crois pas »Après le bruyant rassemblement de Klathmonos, les manifestants se sont lentement dirigés place Syntagma, dans une ambiance détendue. Les motivés se sont ensuite séparés pour se donner rendez-vous dans quelques heures, lors du vote crucial.« Nous sommes déjà figés depuis trois semaines »Dans le petit local aux couleurs bleues de l’Opap, à quelques mètres de la place Klathmonos, on observe ce rassemblement avec une forme de lassitude. L’Opap, la Française des jeux grecque, a elle-même été privatisée en 2013 sous l’ancien gouvernement dans le cadre du précédent mémorandum. « Je ne comprends pas cette grève. L’accord est passé c’est fini, cette grève n’apportera rien de nouveau », lâche Spyros, 36 ans, gérant de l’enseigne. « La privatisation n’a pas changé grand-chose pour nous, il n’y a pas eu de réductions de postes. Nos gains baissent, mais c’est parce que la clientèle n’est plus là. » Dans la boutique de tourisme voisine, le même discours. « Ils disent paralyser le pays avec cette grève, mais de toute façon, nous sommes déjà figés depuis trois semaines avec la fermeture des banques et le contrôle des capitaux. On ne peut plus faire de transactions. »Lire aussi :Le quotidien des Grecs dans un pays sans cashPendant ce temps-là, sur la place Klathmonos, des particuliers font la queue devant une agence Alpha Bank. C’est désormais un rituel, qui pourrait encore durer encore longtemps : « L'ouverture des banques dépend de l'approbation de l'accord, qui aura lieu dans un mois », a averti Alexis Tsipras mardi. Selon Nikolaos Georgikopoulos, économiste du centre de recherches grec Kepe, la fermeture des banques coûterait quelque 400 à 500 millions euros par mois à l’économie grecque.Elisa Perrigueur (envoyée spéciale)Journaliste au Monde 15.07.2015 à 11h12 • Mis à jour le15.07.2015 à 15h33 | Hélène Sallon A part les critiques explicites d’Israël, un concert de congratulations crispées et artificielles a accueilli, au Moyen-Orient, la signature de l’accord sur le nucléaire iranien, mardi 14 juillet à Vienne. Les Emirats arabes unis et le Koweït ont respectivement adressé des télégrammes de félicitations à l’Iran pour cet « accord historique », et d’espoir pour cette « nouvelle page » vers la stabilité et la sécurité dans la région.Lire aussi :Nucléaire iranien : tout ce que vous devez savoir sur un accord historiqueMasquant mal sa déception, l’Arabie saoudite a adressé à son grand rival régional ses espoirs de bâtir de « meilleures relations » sur la base du « bon voisinage et de la non-ingérence dans les affaires internes ». Ces félicitations polies et ces vœux pieux masquent mal la réelle inquiétude des puissances arabes sunnites de voir les appétits régionaux de Téhéran aiguisés par son retour en grâce sur la scène internationale et la confrontation avec le rival chiite connaître une nouvelle escalade.Depuis le début de son second mandat, en 2012, le président américain Barack Obama a placé tous ses efforts dans l’obtention de cet accord, avec l’espoir qu’il redessine un nouvel équilibre dans une région en plein embrasement. « C’est le pari d’Obama. Il veut rééquilibrer le rapport de force entre l’Arabie saoudite et l’Iran, entre sunnites et chiites, avec l’idée que ces deux forces se neutralisent et que l’Iran devienne un acteur responsable », indique une source diplomatique occidentale. Ce pari, jugé risqué par certains, part de la remise en cause par l’administration Obama de trente ans de financement par la monarchie wahhabite de mouvements salafistes et djihadistes au Moyen-Orient, qu’elle a été incapable de maîtriser, à l’instar d’Al-Qaida et de son émanation, l’Etat islamique (EI).Lire aussi :Barack Obama et le rêve d’un « monde sans armes nucléaires »« Profond mépris  »« Il y a [à Washington] un profond mépris pour le Golfe, alors que l’Iran est nouveau, fascinant, sophistiqué. Il est vu comme un grand acteur international, avec une sphère d’influence et son confessionnalisme chiite est considéré comme défensif », estime une source proche des cercles du pouvoir au Moyen-Orient. L’arrivée au pouvoir en 2013 du président Hassan Rohani et de son chef de la diplomatie, Mohammed Javad Zarif, jugés pragmatiques et responsables par l’administration américaine, ont fait espérer la victoire à Téhéran du camp des modérés sur les tenants de l’expansionnisme perse et de l’anti-américanisme au sein de la République islamique. Un espoir renforcé par la santé faiblissante de l’ayatollah Ali Khamenei, aujourd’hui âgé de 75 ans.Lire aussi :Nucléaire iranien : Laurent Fabius raconte au « Monde » les coulisses des négociationsCette vision s’accommode parfaitement de la doctrine Obama d’un désengagement au Moyen-Orient et de son refus de déployer de nouvelles troupes au sol, après les fiascos des guerres menées en Afghanistan et en Irak pendant plus d’une décennie. « M. Obama veut traiter avec des acteurs censés en faire davantage pour eux-mêmes. Il reconnaît à chacun une sphère d’influence et finit par soutenir tout le monde contre tout le monde », poursuit ce commentateur, très critique de la politique américaine dans la région.Cette doctrine non dite de l’administration Obama renforce la posture régionale de l’Iran et ses intérêts stratégiques dans sa sphère d’influence chiite, qui s’étend de la Méditerranée (au Liban) au golfe Persique (en Irak), en passant par la Syrie.Les pays arabes sunnites restent persuadés que Téhéran mettra à profit sa nouvelle puissance, économique comme politique, pour accroître ses ingérences dans la régionAprès l’accord nucléaire de Vienne, les Etats-Unis devraient limiter encore davantage leurs pressions contre l’aide accordée par l’Iran aux milices chiites dans la lutte contre l’Etat islamique en Irak. En Syrie, Washington devrait également atténuer ses critiques sur le soutien donné par Téhéran au président Bachar Al-Assad, dont le maintien au pouvoir est considéré comme stratégique pour les intérêts iraniens et ceux de son allié, le Hezbollah libanais. Pour autant, il ne faut pas s’attendre à un lâchage pur et simple par Washington de ses alliés arabes dans le Golfe, qui continuent à être armés et soutenus par les Etats-Unis, notamment au Yémen contre la progression des milices houthistes soutenues par l’Iran.Dans son allocution télévisée, mardi, le président iranien, Hassan Rouhani, a joué le jeu de l’apaisement, assurant que l’Iran avait tout intérêt à ce que le Moyen-Orient connaisse la stabilité. Ces mots ne suffiront pas à convaincre les pays arabes sunnites, qui restent persuadés que Téhéran mettra à profit sa nouvelle puissance, économique comme politique, pour accroître ses ingérences dans la région. Le déblocage annoncé de 150 milliards de dollars de revenus du pétrole gelés par les sanctions donne déjà le vertige. Une partie pourrait servir à soutenir le financement du Hezbollah libanais, qui recevrait déjà environ 200 millions de dollars d’aide annuelle selon les experts, ou la ligne de crédit accordée au régime syrien, estimée à 35 milliards de dollars par an par l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura.Lire aussi :Les Iraniens célèbrent l’accord sur le nucléaire : « Il nous ouvre les portes du monde »PessimismeLes puissances sunnites du Golfe n’ont pas attendu la signature de l’accord pour s’adapter à cette nouvelle donne régionale. Depuis plusieurs mois, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie ont joint leurs forces pour soutenir les rebelles syriens contre Bachar Al-Assad. Conviées à Camp David, aux Etats-Unis, les 13 et 14 mars, elles ont obtenu du président Obama un engagement à les armer davantage. La nouvelle équipe au pouvoir en Arabie saoudite n’a pas tardé, sous la houlette du roi Salman, à s’émanciper de l’allié américain en réunissant une coalition arabe pour lancer, le 26 mars, une opération contre les milices houthistes au Yémen – perçues comme un cheval de Troie iranien dans l’arrière-cour stratégique saoudienne en raison de leur confession chiite – sans même consulter Washington en amont.La confrontation de plus en plus ouverte entre l’Arabie saoudite et ses alliés d’une part, et l’Iran et ses obligés de l’autre, du Liban au Yémen en passant par la Syrie, renforce le pessimisme de certains observateurs sur le pari fait par Barak Obama. « Les deux puissances [Iran et Arabie saoudite] n’ont pas intérêt à se responsabiliser. Chacun a beaucoup à céder », juge une source diplomatique. Plutôt que de baisser les armes, les deux camps ont renforcé leurs capacités défensives. L’Arabie saoudite a débloqué 50 milliards de dollars sur ses gigantesques réserves de change pour rénover son armée, notamment ses forces navales. L’Iran a décidé de consacrer 5 % de son budget à la défense dans son sixième plan quinquennal, publié le 30 juin, en mettant l’accent sur ses capacités balistiques.La moindre étincelle pourrait mettre le feu aux poudres entre les deux pays. « On s’oriente vers de grandes guerres. Les Iraniens ne sont pas prêts à assumer leur pouvoir et vont multiplier les erreurs avant d’arriver au stade de maturité », estime la source proche des cercles du pouvoir moyen-orientaux. Ce scénario catastrophe est écarté par d’autres observateurs. « On risque davantage de voir la poursuite d’une guerre froide, avec des pics et des retombées. Jusqu’à quand auront-ils les reins pour le faire ? », s’interroge la source diplomatique occidentale. La perspective d’un Yalta entre les deux grandes puissances régionales paraît peu envisageable pour le moment. « La région est tellement fragmentée que chaque acteur gère selon ses intérêts et que pas un seul acteur ne peut la diriger », conclut-elle.Lire aussi :Et les diplomates inventèrent l’arme absolue contre le veto…Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journaliste Martin Untersinger //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']); //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Les monnaies complémentaires, un rempart contre le capitalisme financier ? Vincent Safrat, l’éditeur des pauvres Conversation avec Nathalie Kosciusko-Morizettous les articles de la thématiqueLe Monde publie une série d’été sur les idéologues de la Silicon Valley. Peter Thiel est l’une des personnalités les plus écoutées de la Silicon Valley. Son parcours l’a transformé en modèle pour les milliers d’entrepreneurs qui rêvent de changer le monde depuis leur enclave californienne. Cet Américain, né en Allemagne en 1967, a fondé PayPal, le système de paiement en ligne, en 1998. Sa revente, quatre ans plus tard pour 1,5 milliard de dollars (910 millions d'euros) le fait passer du statut de geek à celui d’icône et la fortune qu’il en retirera lui permettra de se transformer en argentier de la Silicon Valley. Avec deux fonds d’investissement, il place des capitaux dans de multiples entreprises. L’une d’elle le rendra encore plus riche : il est le premier investisseur extérieur de Facebook et sa mise de départ, 500 000 dollars, a été multipliée par plus de 3 000.Peu convaincu par le WebPourtant, à l’inverse de beaucoup au sud-ouest de la baie de San Francisco, Peter Thiel n’est pas franchement convaincu par l’écosystème du Web et de ce qu’on y a créé jusqu’ici. Prenez Twitter par exemple : « Ce ne sera sans doute pas suffisant pour amener l’humanité à un niveau supérieur », euphémisait-il dans le Financial Times. Il en a fait le slogan, très médiatique, de Founders Fund, son fonds d’investissement : « On voulait des voitures volantes, on a eu 140 caractères. » Dans le New Yorker, il reconnaissait ne s’être mis à Facebook et aux SMS que récemment.Peter Thiel se distingue en effet de nombre de techno-béats qui peuplent le nord de la Californie. Pour lui, « le futur de la technologie n’est pas déterminé ». Il faut donc « résister à l’utopie technologique, l’idée que la technologie a un élan et une volonté propre » et lui imprimer la volonté individuelle et entrepreneuriale, seule à même de donner naissance à la « machinerie de liberté à même de rendre le monde sûr pour le capitalisme ».Pour autant et comme beaucoup de ses pairs, Peter Thiel est convaincu que la technologie est la recette pour résoudre les grands problèmes auxquels fait face l’humanité. Il regarde davantage vers l’espace, les biotechnologies ou l’énergie. C’est en tout cas dans ces domaines que se concentre Founders Fund.Intellectuel de droitePolitiquement, Peter Thiel dénote dans une Silicon Valley qui penche plutôt côté démocrate. Car en plus d’être entrepreneur, M. Thiel est aussi devenu une des voix qui comptent dans le paysage intellectuel de la droite américaine.Diplômé de philosophie à Stanford, grand admirateur de l’Académicien français René Girard et de sa théorie du désir mimétique, il débat régulièrement avec des philosophes et a été, dans sa jeunesse, un des meilleurs joueurs d’échec des Etats-Unis.Marc Andreesen, autre poids lourd de la Silicon Valley lui reconnaît, dans Fortune, une véritable aura intellectuelle :« C’est difficile de côtoyer Peter et ne pas penser “je dois devenir plus intelligent”. Lorsqu’il est question de philosophie, d’histoire, de politique, du destin de l’humanité, Peter a beaucoup élevé le débat. Avant lui, peu de gens réfléchissaient à ces questions. Les gens se demandaient plutôt quelle était la dernière nouveauté en matière de puce informatique. »Peter Thiel se dit libertarien. Cette philosophie, qui prône le rétrécissement maximal de l’Etat et la primauté absolue de la liberté individuelle, a les faveurs de plus en plus d’entrepreneurs de la Silicon Valley.Pensée libertarienneDès sa scolarité à Stanford, il défend la liberté absolue d’expression (quitte à venir au secours d’un élève proférant des insultes homophobes ou les auteurs d’un tag sexiste) dans The Stanford Review, un journal étudiant profondément libertarien.Ce passage à Stanford – où il rencontre certains de ses plus proches amis – est crucial dans le cheminement intellectuel de M. Thiel. Ce dernier et ses comparses « se sont transformés en quelques années en un réseau d’entrepreneurs très proches qui ont créé des business de plusieurs milliards de dollars, en utilisant les idées, l’éthique et les réseaux qui se sont noués à la Stanford Review » écrivait fin 2014 le New York Times.La pensée libertarienne de M. Thiel atteint son apogée à la fin des années 2000. Sur le site Web du think tank libertarien Cato Institute, il publie « L’éducation d’un libertarien ». Ce texte, très dense, articule le cœur de sa pensée :« Je ne crois plus que la liberté et la démocratie soient compatibles. […] Je reste attaché, depuis mon adolescence, à l’idée que la liberté humaine authentique est une condition sine qua non du bien absolu. Je suis opposé aux taxes confiscatoires, aux collectifs totalitaires et à l’idéologie de l’inévitabilité de la mort. »Avec PayPal, qu’il crée en 1998, il avait déjà mis ces idées en pratique. Ce qui est devenu un moyen de paiement est initialement conçu pour devenir une monnaie alternative, « libre de tout contrôle gouvernemental », comme il l’écrit lui-même une décennie plus tard, un des idéaux les plus importants de la cosmogonie libertarienne. Ironiquement, quelques années plus tard, l’entreprise cédera aux pressions du gouvernement américain et coupera les vivres au site Wikileaks.Il finance des projets un peu fousIl poursuit plus tard son engagement, en finançant le libertarien Ron Paul lors de la primaire républicaine en vue de l’élection de 2008 et certaines têtes de ponts du Tea Party en 2012.Il finance également des projets un peu fous, comme le Seasteading Institute, qui entend développer des cités flottant dans les eaux internationales, hors de portée des velléités de taxation et de contrôle gouvernementaux.Le diplômé de Stanford dénonce régulièrement le système universitaire, qu’il estime tuer dans l’œuf l’innovation. C’est ainsi qu’il finance de jeunes étudiants pour qu’ils quittent l’université et se consacrent à leurs entreprises.Il contribue également à la Singularity University, un organisme entre université, think tank et fonds d’investissement à la recherche de la prochaine rupture technologique majeure, et à la fondation Methuselah (Mathusalem), qui cherche à repousser l’âge de la mort. Son argent va aussi à Aubrey de Grey, un des gourous du transhumanisme, qui considère que le premier homme qui vivra 1 000 ans est déjà né.Utopie post-politiqueMalgré cette aura intellectuelle certaine et ses dons à des personnalités politiques, Peter Thiel dit détester la politique. Plutôt que de s’engager dans le débat public traditionnel, il se voit davantage comme un « athée politique » et imagine le salut dans un monde post-politique. « Au mieux, la politique est plutôt mauvaise, et au pire, elle est affreuse. Je pense que ce serait bien si nous avions un monde moins politique » expliquait-il au New Yorker. Sur le site du Cato Institute, il développait déjà cette idée :« La question principale est de savoir comment s’échapper [vers la liberté] non pas via la politique, mais au-delà. […] Nous sommes dans une course à mort entre la politique et la technologie. […] La politique, c’est interférer avec la vie des autres sans leur consentement. » Retrouvez le portrait d’Elon Musk, le capitaine d’industrie qui veut mourir sur Mars.Changer le monde : c’est le thème de l’édition 2015 du Monde Festival qui a lieu les 25, 26 et 27 septembre à Paris avec Evgeny Morozov, Thomas Piketty, Anne Hidalgo, Emmanuel Macron, Matthieu Ricard, Jordi Savall… Comment réguler Internet ? Va-t-on vers la fin de la croissance ? Quels contre-pouvoirs à la civilisation numérique ? La musique peut-elle changer le monde ? Retrouvez le programme sur Le Monde Festival.Martin Untersinger y animera une conversation avec Evgeny Morozov. S’inscrire ici. Martin Untersinger 15.07.2015 à 00h25 • Mis à jour le15.07.2015 à 09h23 La ministre de l’intérieur britannique Theresa May a annoncé mardi 14 juillet au Parlement la création d’une « nouvelle zone de sécurité au port [français] de Calais pour les camions allant au Royaume-Uni », afin d’empêcher l’intrusion d’immigrants clandestins dans les véhicules.« Cela doit transformer la protection des camions et de leurs chauffeurs en les retirant de la route, où ils peuvent être la cible de migrants », a précisé la ministre, ajoutant que cette zone d’attente pourra accueillir jusqu’à 230 véhicules.Un porte-parole du ministère britannique a précisé que cette zone serait créée dans le périmètre sécurisé du port de Calais, dans le nord ouest de la France. La préfecture française du Pas-de-Calais n’a ni confirmé ni infirmé cette annonce.Huit mille tentatives de traversées stoppées en un moisLa ministre a également affirmé que plus de 8 000 tentatives de migrants clandestins de rejoindre l’Angleterre ont été stoppées par les autorités françaises et britanniques en moins d’un mois, entre le 21 juin et le 11 juillet. Les chiffres officiels précédents, datant de janvier, dénombraient 30 000 tentatives sur les dix derniers mois.Theresa May est aussi revenue sur l’accord conclu en septembre 2014 entre la France et le Royaume-Uni sur la gestion de la pression migratoire à Calais, qui prévoyait notamment une contribution britannique de 15 millions d’euros sur trois ans pour sécuriser le port. « Depuis novembre 2014, nous nous sommes engagés à investir 12 millions de livres, dont 6 millions ont déjà été dépensés pour renforcer la sécurité des ports dans le nord de la France », a-t-elle dit.Lire :Migrants : « Chacun des 28 pays européens doit prendre sa part »« Eldorado » britanniqueCes déclarations ont été faites en parallèle à l’annonce de nouveaux chiffres selon lesquels les transporteurs routiers ont payé 6,6 millions de livres (9,3 millions d’euros) d’amendes au Royaume-Uni pour avoir transporté des migrants clandestins entre avril 2014 et avril 2015, une somme en hausse de 2,4 millions de livres sur un an.La proximité de la Grande-Bretagne attire depuis des années à Calais, son point d’accès le plus proche depuis le continent européen, les clandestins en quête de passage vers ce qu’ils voient comme l’eldorado britannique.A la fin de juin, Londres a également annoncé le renforcement du contrôle de l’immigration clandestine au port britannique de Douvres. Selon le dernier décompte de la préfecture du Pas-de-Calais, au début de juillet, environ 3 000 migrants, essentiellement des Erythréens, Ethiopiens, Soudanais et Afghans, ont été recensés dans la région de Calais.Lire aussi :Expulsions des migrants : les associations dénoncent une politique du « chiffre » 14.07.2015 à 20h34 • Mis à jour le14.07.2015 à 21h26 La Commission européenne a autorisé mardi 14 juillet l’acquisition de la compagnie aérienne irlandaise Aer Lingus par International Airlines Group (IAG), la société holding qui détient British Airways et les espagnoles Iberia et Vueling. Toutefois, Bruxelles a conditionné cette autorisation afin de répondre à ses inquiétudes en matière de concurrence.L’enquête de la Commission a en effet montré que l’entité issue de la concentration serait soumise à une concurrence insuffisante sur plusieurs liaisons. De plus, elle empêcherait Aer Lingus de continuer à acheminer des passagers vers les vols long-courriers de compagnies concurrentes sur plusieurs liaisons.Pour répondre aux préoccupations de Bruxelles, les deux compagnies aériennes ont offert des « concessions importantes », a relevé Margrethe Vestager, la commissaire chargée de la concurrence. Ces engagements stipulent que « cinq paires de créneaux horaires par jour doivent être libérées à l’aéroport de Londres-Gatwick pour permettre à des compagnies concurrentes d’accéder plus facilement aux liaisons Londres-Dublin et Londres-Belfast ».Lire aussi :Aérien : le poids toujours croissant des compagnies low cost en EuropeDe plus, Aer Lingus devra continuer d’acheminer des passagers en correspondance vers les vols long-courriers des compagnies concurrentes à partir de Londres-Heathrow, Londres-Gatwick, Manchester, Amsterdam, Shannon et Dublin. Pour la commissaire, préserver la concurrence est essentiel.« La Commission a fait en sorte que les passagers continuent d’avoir le choix entre plusieurs compagnies à des prix compétitifs après le rachat d’Aer Lingus par IAG. Les cinq millions de passagers qui empruntent chaque année les lignes reliant Dublin et Belfast à Londres auront la possibilité de choisir entre plusieurs transporteurs aériens solides. Nous protégeons également les passagers qui prennent des vols en correspondance entre l’Irlande et le reste du monde. »Une offre à 1,4 milliard d’eurosLa compagnie à bas coût irlandaise Ryanair avait finalement accepté le 10 juillet l’offre d’IAG pour les 29,8 % des parts d’Aer Lingus qu’elle détenait, levant ainsi un obstacle majeur au rachat de la compagnie aérienne irlandaise par la maison mère de British Airways.IAG avait fait une offre valorisant Aer Lingus à 1,4 milliard d’euros. Elle cherche notamment à profiter des routes transatlantiques de la compagnie irlandaise. Pour cela, elle s’était déjà assurée la part de 25,1 % de l’Etat irlandais.Ce dernier avait fini par accepter l’offre après avoir obtenu des garanties, notamment sur l’avenir des précieux créneaux de décollage dont dispose aujourd’hui Aer Lingus à l’aéroport de Londres-Heathrow pour desservir l’Irlande.Ryanair avait par le passé essayé d’acquérir la majorité d’Aer Lingus à trois reprises, sans succès et avait été sommée par les autorités de la concurrence britanniques de ramener sa participation à 5 %. 29.07.2015 à 14h45 • Mis à jour le29.07.2015 à 15h07 Dans une très longue interview de plus de deux heures, mercredi 29 juillet, à la radio Kokkino, très proche du parti de la gauche radicale Syriza, le premier ministre Alexis Tsipras est longuement revenu sur les divisions qui déchirent aujourd’hui son parti. « Je suis le dernier à vouloir des élections, a-t-il notamment déclaré, mais si je n’ai plus de majorité parlementaire alors je n’aurai pas d’autre choix que de convoquer ces élections. » Le premier ministre grec fait en effet face à une fronde grandissante au sein de son propre parti, dont une frange lui reproche d’avoir signé le 13 juillet dernier un accord amenant en Grèce de nouvelles mesures d’austérité, alors que l’ensemble de la campagne de Syriza s’était concentrée sur la lutte contre l’austérité. Lors des votes de premiers trains de mesures les 15 et 22 juillet, près d’une quarantaine de députés s’étaient désolidarisés du gouvernement, faisant tomber la majorité parlementaire en dessous des 151 voix requises pour faire adopter un texte. Ces mesures n’étaient finalement passées qu’avec les voix de l’opposition.Deux camps, un congrès exceptionnelDepuis, la fronde s’organise et Syriza est véritablement divisé aujourd’hui en deux camps. Le grand test sera l’adoption dans les prochaines semaines du nouveau plan de plus de 80 milliards d’euros de prêt sur trois ans, actuellement en cours de négociation, et qui devrait être présenté au parlement d’ici au 20 août.Si moins de 120 députés du groupe parlementaire Syriza soutiennent ce texte, alors Alexis Tsipras n’aura en effet pas d’autre choix que de recourir à des élections, car il deviendra intenable de ne faire adopter des lois qu’avec le soutien de l’opposition. Une clarification sera nécessaire.Il a confirmé lors de son interview de mercredi matin qu’il souhaiterait que se réunisse avant cela, peut-être début septembre, « un congrès exceptionnel pour demander aux 30 000 membres de Syriza de se prononcer sur la ligne que devra suivre le parti ». Pour décider aussi des candidats qui seront inscrits sur les listes électorales.Selon ce scénario, le calendrier idéal de M. Tsipras serait donc : conclusion de l’accord, adoption au parlement puis congrès Syriza avant des élections fin septembre ou début octobre.Bousculer les équilibres internesMais les dissidents de Syriza exigent, eux, que les choses aillent plus vite, faisant pression sur le gouvernement et le parti pour que les organes internes se réunissent avant la conclusion de l’accord avec les créanciers. Ils espèrent ainsi bousculer les équilibres internes et renverser la « ligne présidentielle », menée par Alexis Tsipras, qui reste à ce jour la ligne majoritaire au sein de Syriza.Derrière cette bataille, deux conceptions s’opposent : d’un coté, celle de M. Tsipras, qui vise à continuer à négocier avec les créanciers, pour avant tout rester dans la zone euro, et de l’autre, la vision défendue notamment, et de plus en plus fort, par Panayiotis Lafazanis, le chef du courant dissident de la plateforme de gauche, appelant, lui, à la rupture et à la sortie de la zone euro. « Le peuple grec ne nous a jamais demandé de sortir le pays de la zone euro, a précisé M. Tsipras, sur Kokkino. L’heure est arrivée pour la gauche de se montrer responsable. Quand un parti prend la décision de gouverner, il doit gouverner et pouvoir compter sur sa majorité parlementaire. »La première bataille de cette guerre des tranchées aura lieu jeudi 30 juillet. Le comité central doit se réunir et répondre à une question : les consultations internes au parti auront-elles lieu avant ou après la conclusion de l’accord ?Sans surprise, l’opposition comme les créanciers aimeraient que cela se produise après. Une fois le nouveau plan adopté au parlement.En cas d’élection, selon tous les sondages de ces dernières semaines, Syriza arriverait toujours en tête, avec même la possibilité de dégager une majorité absolue de 151 députés (sur les 300 sièges que compte le parlement). Ce qu’il n’avait pas réussi à faire le 25 janvier dernier. Christophe Ayad Il y a deux ans jour pour jour, le 29 juillet 2013, le prêtre italien Paolo Dall’Oglio allait à la rencontre des cadres de l’Etat islamique (EI), qui occupait déjà une partie de Rakka, dans le nord-est de la Syrie, pour obtenir la libération de plusieurs otages détenus par le groupe djihadiste – des activistes locaux syriens mais aussi des journalistes occidentaux dont les quatre Français libérés en avril 2014. Le père jésuite, qui parle couramment arabe, n’est jamais réapparu depuis. Des rumeurs l’ont donné pour mort à plusieurs reprises, mais jamais aucune preuve n’en a été apportée. Aucune preuve de vie non plus n’a été transmise aux autorités italiennes ou au Vatican. Du moins, personne ne les a rendues publiques si elles existent. Jamais, l’Etat islamique non plus n’a communiqué sur son sort. Un silence d’autant plus troublant que le père Paolo Dall’Oglio est extrêmement célèbre en Syrie.Lire (abonnés) : Le "padre" de la révolution syrienne a disparuAgé de 60 ans, Paolo Dall’Oglio est une figure atypique de l’Eglise catholique. Installé depuis les années 1980 en Syrie, il a restauré et rouvert le monastère de Mar Moussa, datant du XIe siècle. Il a fondé une petite communauté (Al-Khalil) dans ce lieu retiré et désertique situé à quelques dizaines de kilomètres au nord de Damas, la capitale du pays. Très engagé dans le dialogue islamo-chrétien, le père Paolo Dall’Oglio prend rapidement position en faveur de réformes et de la démocratie peu après l’éclatement de la révolution syrienne en mars 2011. Il dénonce notamment la répression aveugle et sanglante du régime de Bachar Al-Assad. Le 27 juillet de la même année, il avait publié un texte intitulé « La démocratie consensuelle pour l’unité nationale », qui lui avait valu les foudres du pouvoir syrien, qui le déclarait persona non grata, mais aussi celles, plus feutrées, de sa hiérarchie. En juin 2012, il quittait finalement la Syrie après la publication d’une lettre ouverte à l’envoyé spécial des Nations unies, Kofi Annan.Dialogue avec les islamistes radicauxLe prêtre italien avait continué, depuis le Kurdistan d’Irak, où il avait trouvé refuge, de s’investir dans le sort de la révolution syrienne, menant des médiations entre factions rebelles rivales et cherchant à engager le dialogue avec les islamistes radicaux, dont le Front Al-Nosra. Jusqu’au 29 juillet 2013, où le père jésuite disparaissait, très probablement enlevé par ce qui était encore l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Depuis, le groupe a renforcé sa mainmise sur Rakka, dont il a fait sa « capitale » en Syrie et étendu sa zone d’influence à tout l’est syrien, ainsi que l’ouest de l’Irak.Seule lueur d’espoir pour les proches du prêtre : le pape François a lancé, dimanche 26 juillet, « un appel affecté et pressant pour la libération de ce religieux estimé ». C’est la première fois que le pape s’exprime ainsi en public sur le sort de Paolo Dall’Oglio, lui aussi issu de la Compagnie de Jésus. Cela signifie-t-il que le souverain pontife a la preuve que le prêtre est bien vivant et en captivité ? La famille du père Paolo ainsi que ses amis, qui ont diffusé une chanson à l’occasion de ce deuxième anniversaire, veulent y voir un motif d’espoir. Si le caractère très charismatique de Paolo Dall’Oglio suscite l’attachement indéfectible de ceux qui l’ont côtoyé, ses prises de position politiques et son militantisme en faveur d’un dialogue ouvert avec les musulmans – voire les islamistes – lui ont valu méfiance et agacement dans la haute hiérarchie catholique.Christophe AyadRédacteur en chef InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.07.2015 à 11h55 • Mis à jour le29.07.2015 à 15h11 Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annoncé, mercredi 29 juillet, avoir donné l’autorisation de démarrer la construction « immédiate » de 300 logements en Cisjordanie. Les logements, en projet depuis trois ans, doivent être construits à Beit El, à une trentaine de kilomètres au nord de Jérusalem, selon un communiqué du bureau du chef du gouvernement.Dans le même temps, à la suite d’une décision de la Cour suprême, deux bâtiments inachevés et construits illégalement ont été détruits dans cette colonie, où des dizaines de manifestants s’étaient rassemblés ces derniers jours pour empêcher leur démolition.M. Nétanyahou évoque par ailleurs « la planification » de plus de 500 logements à Jérusalem-Est : « 115 à Pisgat Zeev, 300 à Ramot, 70 à Guilo et 19 à Har Homa », tous des quartiers de colonisation de la partie occupée et annexée par Israël depuis 1967.Hanane Achraoui, une dirigeante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a réagi en dénonçant un « crime de guerre », faisant partie d’un « plan des dirigeants israéliens pour imposer le “Grand Israël” sur la Palestine historique et détruire la solution à deux Etats et la chance d’une paix ».Lire notre reportage :En Cisjordanie, l’âpre bataille des habitants de Susiya400 000 colons en Cisjordanie, 200 000 autres à JérusalemPrès de 400 000 colons israéliens vivent actuellement en Cisjordanie, et près de 200 000 autres Israéliens vivent dans différents quartiers de Jérusalem-Est. La communauté internationale considère comme illégale la colonisation, c’est-à-dire la construction d’habitations civiles dans les territoires occupés ou annexés par Israël depuis 1967.La colonisation par Israël des territoires palestiniens est même considérée comme le principal obstacle à un processus de paix, déjà au point mort depuis des années.Benyamin Nétanyahou, reconduit dans ses fonctions au terme des élections législatives de mars, avait promis pendant sa campagne la poursuite de la colonisation et enterré l’idée d’un Etat palestinien coexistant avec Israël, avant de revenir sur ces derniers propos après les élections. Mais le nouveau gouvernement, qui a prêté serment à la mi-mai, très ancré à droite, fait la part belle aux nationalistes, aux ultra-orthodoxes et aux partisans de la colonisation. Hélène Sallon Attendu à Téhéran, mercredi 29 juillet, le chef de la diplomatie française a pour mission de renouer le dialogue politique avec l’Iran. Deux semaines après la signature à Vienne d’un accord sur le nucléaire iranien, et douze ans après la visite de son prédécesseur, Dominique de Villepin, Laurent Fabius vient clore le dossier qui a empoisonné les relations bilatérales. Il devra faire oublier la fermeté française sur le sujet, qu’il a fini par incarner plus que quiconque, et aplanir les divergences avec l’Iran sur les grands dossiers régionaux.M. Fabius n’arrive pas en territoire conquis. « Pas de tapis rouge » pour le responsable français, a exhorté, le 24 juillet, l’orateur de la prière du vendredi à Téhéran, Seyyed Reza Taghavi, à ses hôtes : son homologue, Mohammad Javad Zarif, et le président iranien, Hassan Rohani. Depuis l’annonce de sa visite, les conservateurs iraniens ne ménagent aucun effort pour rappeler le rôle « néfaste » joué par la France durant les négociations sur le nucléaire. Ils accusent M. Fabius d’avoir voulu « saborder » les tractations à de sombres desseins. « Il a assisté aux négociations en tant que représentant des régimes rétrogrades arabes et du régime envahisseur sioniste [Israël] », assure le site conservateur Mashregh News.Nombreuses perspectives pour les entreprises françaisesDans un entretien au Monde, le 14 juillet, le chef de la diplomatie française défendait cette ligne de « fermeté constructive » ayant « permis d’aboutir à un accord suffisamment robuste ». Mercredi, c’est en Iran que « M. Fabius aura à démontrer que la position de la France était bien motivée par la prolifération nucléaire et non par l’hostilité vis-à-vis de l’Iran ou la volonté de plaire à ses partenaires, l’Arabie saoudite et Israël », souligne François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran. Le chef de la diplomatie française en a vu d’autres, lorsque premier ministre (1984-1986), il a été propulsé dans les méandres de la guerre Iran-Irak (1980-1988) et des contentieux franco-iraniens, sur fond d’attentats et de prises d’otages.La France comme l’Iran expriment un même souhait de dialoguer et de coopérer pour le règlement des crises qui déstabilisent la région, de la Syrie, au Yémen, en passant par l’Irak et le Liban. Leurs positions ne peuvent être plus antagonistes et la méfiance entière de part et d’autre. « La visite de M. Fabius peut créer de nouvelles opportunités, assure Ellie Geranmayeh, analyste à l’European council for foreign relations. L’Iran peut se rapprocher de Paris pour rompre son alignement avec les pays arabes. Il peut aussi tirer profit de sa bonne relation avec l’Arabie saoudite pour, à terme, trouver un chemin vers la réconciliation. » Réussie ou non, cette visite ne devrait pas entraver les perspectives, nombreuses, qui s’offrent aux entreprises françaises sur le marché iranien.@helenesallonsallon@lemonde.frHélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.07.2015 à 20h38 • Mis à jour le29.07.2015 à 12h27 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’énorme scandale provoqué par les images de Lord Sewel, sniffant de la poudre blanche en compagnie de deux prostituées, n’a pas suffi. David Cameron ne réformera pas la Chambre des lords, non élue, souvent perçue comme une survivance aristocratique.Le premier ministre, tout en se félicitant de la décision du baron John Sewel de démissionner de la chambre haute du Parlement britannique, a été catégorique : « Il n’est pas question » de se relancer dans une refonte institutionnelle, a-t-il déclaré mardi 28 juillet, depuis Singapour où il est en visite officielle.« Je souhaite présenter mes excuses pour la souffrance et l’embarras que j’ai provoqués »En 2012, les libéraux-démocrates, qui gouvernaient alors en coalition avec les conservateurs, avaient réussi à introduire un projet de loi visant à faire élire 80 % des Lords. La violente rébellion d’une centaine de députés conservateurs avait mis fin à pareille audace. Cet échec en rase campagne avait accrédité le discours des mauvaises langues selon lequel la chambre sert, entre autres, de maison de retraite aux députés et de récompense honorifique pour les amis du pouvoir.Échaudé, mais disposant aujourd’hui d’une majorité homogène, M. Cameron veut pousser l’avantage en sens contraire : il veut nommer une cinquantaine de nouveaux Lords, afin de rééquilibrer en sa faveur une chambre où les conservateurs n’ont pas la majorité.Sur les 783 membres de l’actuelle Chambre des lords – la plus grande Assemblée du monde après le Congrès national du peuple chinois – les tories ne sont que 226 et le premier ministre craint d’y être mis en difficulté, notamment lors de l’examen de son projet de référendum sur le maintien ou non dans l’Union européenne.Il existe « de très bonnes et justes raisons » de modifier l’équilibre chez les Lords, a ajouté M. Cameron, se référant aux élections législatives de mai qui ont donné la majorité absolue aux conservateurs et oubliant sa promesse de « réduire le coût » du système politique. Pour cela, il s’apprête à réduire de 650 à 600 le nombre de députés, moyennant un redécoupage favorable à son propre parti.Mais la bronca suscitée par le scandale Sewel permettra-t-elle au premier ministre de mener à bien son projet d’extension de la Chambre des lords ? Il a fallu plus de 48 heures, trois manchettes sordides du Sun et une perquisition de Scotland Yard avec chiens renifleurs à son domicile londonien, pour décider Lord Sewel à démissionner. Pendant deux jours, l’ancien ministre de Tony Blair, âgé de 69 ans, a tenté de s’accrocher à son privilège d’inamovibilité (la plupart des Lords sont nommés à vie par la reine sur proposition du premier ministre), et ce délai a accru l’indignation. « J’espère que ma décision limitera et aidera à réparer les dommages que j’ai causés à une institution qui m’est chère, écrit-il dans sa lettre de démission. Je souhaite présenter mes excuses pour la souffrance et l’embarras que j’ai provoqués. »Photos sordides dans « The Sun »Mardi matin, pour le troisième jour consécutif, le tabloïd The Sun, le quotidien le plus lu du pays (1,8 million d’exemplaires), a fait sa manchette avec de nouvelles « révélations » sur l’affaire. Nu comme un ver, ventru, le Lord est photographié en train de remettre un chèque de 200 livres à l’une des prostituées.Dans l’enregistrement probablement réalisé par la professionnelle pour le compte du journal, le baron Sewel se vante d’avoir eu treize aventures extramaritales, dont une avec une présentatrice connue de la BBC qu’il dit avoir conquise « dans un grenier ». Le journal raconte aussi qu’il a demandé à retourner la photo de sa femme trônant dans l’appartement où il recevait les deux prostituées. Les précédentes livraisons du Sun l’avaient successivement montré sniffant une poudre blanche présentée comme de la cocaïne sur la poitrine de l’une de ses invitées, puis portant un soutien-gorge orange, injuriant au passage plusieurs hommes politiques du Royaume-Uni.Le journal populaire a pris la tête d’une campagne contre la Chambre des lords, très vite reprise par de nombreux médias de toutes sensibilités. « Maintenant, débarrassons-nous-en ! », titre le Daily Mirror, tabloïd proche du Parti travailliste, sous une photo de l’assemblée des Lords en robe rouge et hermine.Conservateur, le Times estime, lui qu’« une chambre non élue caractérisée par un fonctionnement ésotérique et un âge moyen de 70 ans ne peut se permettre de se rappeler au bon souvenir de l’opinion uniquement quand l’un de ses membres est compromis dans un scandale ». Les exemples de Lords totalement absents des débats, de ceux condamnés par la justice mais restant en place, et le montant appréciable de leurs émoluments (300 livres soit 424 euros par jour) font désormais la « une » de tous les médias. Ils soulignent notamment que le baron Sewel, s’il a démissionné de la Chambre, conserve à vie le titre de Lord que seule la reine pourrait lui retirer.Le souffle du scandale est tel qu’il ne laisse aucune place aux interrogations sur les méthodes employées par le Sun pour fabriquer son scoop. En mars, il est vrai, quatre journalistes du quotidien, dont deux rédacteurs en chef, ont été relaxés par un tribunal à Londres après avoir été poursuivis pour avoir rémunéré leurs sources. Le jugement faisait primer l’ « intérêt de l’opinion » pour les informations qu’ils avaient révélées.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.07.2015 à 16h53 • Mis à jour le03.07.2015 à 18h11 | Moina Fauchier-Delavigne Pourquoi un référendum sur les mesures d’austérité ? Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, au pouvoir depuis février, annonce samedi 27 juin en pleine nuit, un référendum pour le 5 juillet sur le plan d’aide des créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international – la « troïka »). Cette initiative, envisagée depuis plusieurs semaines, doit permettre au gouvernement de consulter la population sur les conditions posées par la troïka, jugées inacceptables par l’exécutif. Mais l’annonce entraîne la rupture des négociations « réformes contre argent frais » menées depuis des mois afin de débloquer l’ultime tranche des deux plans d’aide mis en place pour financer le pays depuis 2010 (soit 7,2 milliards d’euros, sur un total de 240 milliards).La légalité du référendum, annoncé une semaine avant sa tenue, pose déjà question. Le Conseil de l’Europe a averti le 1er juillet que cette consultation populaire organisée en neuf jours « pose problème ». En Grèce aussi, certains doutent de la validité du vote : le Conseil d’Etat devait d’ailleurs se prononcer sur la légalité du référendum vendredi en fin de journée. La formulation de la question posée aux électeurs pose également problème.Lire la synthèse :Comment les Grecs ont organisé un référendum en neuf joursQuelle est la question posée lors du référendum ?Le gouvernement grec a libellé ainsi la question soumise aux électeurs : « Le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fond monétaire international lors de la réunion de l’Eurogroupe du 25/06/12, qui comprend deux parties et constitue leur proposition commune, doit-il être accepté ? Le premier document est intitulé “Réformes pour l’achèvement du programme actuel et au-delà” et le second “Analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette”. Non accepté/NON ; accepté/OUI »La question n’est pas très difficile à comprendre. Mais les deux documents mentionnés, encore en cours de négociation au moment de l’annonce du référendum, sont truffés de chiffres et d’acronymes, et difficilement compréhensibles pour le plus grand nombre.Qui appelle à voter « non », ou « oui » ? Le premier ministre, Alexis Tsipras, a appelé à plusieurs reprises à voter « non » au référendum sur l’accord « réformes contre argent frais », estimant que cela lui permettrait de négocier de meilleures conditions. Lors d’une allocution à la télévision mercredi 1er juillet, il a affirmé qu’il s’agirait d’un message clair contre l’austérité. Il a cependant exclu qu’un tel vote conduise le pays à sortir de la zone euro. Vendredi 3 juillet au soir, il devait défiler en tête d’une manifestation pour le « non ».Outre Syriza, le parti anti-austérité du premier ministre, les nationalistes (Grecs indépendants) et l’extrême droite (Aube dorée) appellent également à rejeter la proposition européenne. Quant à l’opposition, que ce soit de centre-droit (Nouvelle Démocratie, le parti de l’ancien premier ministre Antonis Samaras), de centre-gauche (les socialistes du Pasok) ou du centre, elle est contre la tenue du référendum. Les partisans de ces formations devraient donc voter « oui » ou s’abstenir.Les forces vives de l’économie grecque – confédérations d’agriculteurs, d’exportateurs, des ingénieurs et entrepreneurs de travaux publics, des professionnels du tourisme et de l’industrie – et l’association centrale des municipalités grecques ont lancé le 1er juillet un appel solennel au « oui ». Pour elles, il est essentiel de rester dans la zone euro.Par ailleurs, la population semblait être majoritairement favorable au « non » avant la mise en place du contrôle des capitaux et la fermeture des banques, le 29 juin, elle parait désormais plus hésitante, d’après les sondages. Au point de voir le « oui » prendre pour la première fois une courte longueur d’avance dans une enquête d’opinion publiée ce vendredi par le journal Ethnos (44,8 % contre 43,4 %).Face aux enjeux confus de ce vote – soutien ou défiance à l’égard des créanciers ? Pour ou contre l’appartenance à la zone euro ? – les indécis représentaient encore une assez forte proportion, selon ce sondage réalisé mardi et mercredi : près de 12 % des personnes interrogées sur leurs intentions de vote n’étaient pas en mesure de répondre. data-tym-playerid="tym-player-x2w7vk7" data-tym-title="Avec Tsipras, les Grecs « vivent un grand huit émotionnel »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/07/01/comment-les-grecs-reagissent-ils-a-la-strategie-d-alexis-tsipras_4666498_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,europe,union-europeenne,international,economie,grece,eclairages,economie-mondiale,videos" data-tym-tags="crise-grecque,europe,union-europeenne,international,economie,grece,eclairages,economie-mondiale,videos" data-tym-providerreference="x2w7vk7" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Quels sont les points qui bloquent encore aujourd’hui ? Pour l’instant, et jusqu’à sa tenue dimanche, c’est le référendum lui-même qui empêche toute reprise des tractations. Les créanciers européens ont décidé d’attendre l’issue du vote, pour reprendre, ou non, les discussions.Mardi, en fin d’après-midi, Alexis Tsipras semblait être prêt à de nouveaux compromis avec ses créanciers. En cas d’accord, il suggérait même d’annuler le référendum. Dans une lettre envoyée à l’Eurogroupe, le premier ministre grec s’est dit prêt à accepter la plupart des réformes requises par les créanciers – avec seulement quelques amendements.Alexis Tsipras a cependant demandé des contreparties : un prêt de deux ans d’un montant total de 29,1 milliards d’euros, auprès du Mécanisme européen de stabilité (MES, le fonds de secours de la zone euro), afin que la Grèce puisse payer ses dettes envers ses créanciers dans l’intervalle ; une restructuration de la dette du pays auprès du FESF (Fonds européen de stabilité financière) qui est d’environ 130 milliards d’euros ; enfin, une extension, très courte, du deuxième plan d’aide à la Grèce. Mais cette tentative de reprise du dialogue a tourné court. Angela Merkel, en particulier, a souligné que rien ne serait discuté avant la consultation.Lire aussi :En Grèce, 8 plans d’austérité depuis 2009, 4 gouvernements, 2 plans d’aideQue peut-il se passer en cas de victoire du « oui » au référendum ? Les Grecs redoutent une nouvelle période d’instabilité politique. Depuis le début de la crise en 2009, la Grèce a déjà connu pas moins de cinq premiers ministres en cinq ans. Si le « oui » l’emporte, le gouvernement au pouvoir à Athènes depuis février pourrait être obligé de démissionner. Mais vendredi, il était encore difficile d’estimer avec certitude s’il tomberait en cas de défaite. Alexis Tsipras l’a laissé supposer en affirmant lundi : « Je ne suis pas un Premier ministre qui reste en place qu’il pleuve ou qu’il vente ». Il n’a cependant jamais déclaré nettement qu’il quitterait son poste.Son ministre des finances, Yanis Varoufakis, a été le premier à signifier clairement jeudi 2 juillet, sur Bloomberg TV, qu’il démissionnerait si le « oui » l’emportait. Il a même affirmé sur une radio australienne que le gouvernement entier pourrait démissionner en cas de victoire du « oui » au référendum de dimanche. Cependant, le jour même, le vice-président du Parlement, Alexis Mitropoulos, a estimé que « le Premier ministre doit rester en place même si le vote est un “oui” aux mesures » des créanciers.Du côté des créanciers, par contre, un « oui » rouvrirait sûrement la possibilité de discuter. La France et le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, estimaient jeudi qu’un accord pour sauver la Grèce de la faillite était possible si les électeurs se prononçaient en faveur du « oui » dimanche. Selon Dijsselbloem, « il y aura évidemment, du côté européen, une volonté d’aider la Grèce à s’en sortir ». On repartirait donc pour nouveau round de négociations. Par ailleurs, la BCE maintiendrait aussi ses prêts d’urgence aux banques, qui ont jusqu’ici permis d’éviter une faillite du secteur. data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Lire aussi :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la GrèceQue peut-il se passer en cas de victoire du « non » au référendum ? « Si le résultat est négatif, l’avenir sera considérablement plus compliqué », a averti le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Pendant la semaine de campagne, les créanciers européens de la Grèce ont, pour certains, demandé l’annulation du vote, et plusieurs responsables (dont le président français François Hollande) ont prévenu qu’un « non » provoquerait une sortie de la zone euro : un « Grexit ».Si Alexis Tsipras a écarté cette possibilité d’un revers de main lors de son allocution à la télévision mercredi 1er juillet, et dit n’avoir aucune intention de faire sortir le pays de la zone euro, on entrerait en tout cas en terre inconnue. La situation est d’autant plus incertaine que le second plan d’aide au pays est arrivé à son terme, le 30 juin. Or sans programme d’assainissement, la BCE pourrait décider de mettre un terme à son dispositif de perfusion du système bancaire grec.L’Etat, dont les caisses sont déjà vides, et qui ne peut plus bénéficier des aides de ces créanciers, serait très vite à court de liquidités. Après avoir été incapable mardi 30 juin de retourner les sommes (1,5 milliard d’euros) dues au FMI, il devrait avoir le plus grand mal à rembourser la BCE (une échéance de 3,5 milliards d’euros est prévue pour le 20 juillet. A terme, le pays pourrait progressivement, et dans le pire des cas, être amené à revenir à une monnaie nationale, par exemple, pour payer ses fonctionnaires.Cependant, dans les traités communautaires, rien n’est prévu pour quitter la zone euro, l’adoption de la monnaie unique étant censée être irréversible. Un « Grexit » se ferait donc selon des modalités encore inconnues. Et il aurait des conséquences politiques et financières difficiles à évaluer pour la Grèce, comme pour ses voisins de la zone euro.Lire le décryptage :La Grèce, dernier exemple d’une longue histoire de défauts souverainsMoina Fauchier-DelavigneJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.07.2015 à 15h04 • Mis à jour le03.07.2015 à 16h23 | Bastien Vachon   Dans une interview publiée dans Le Monde daté du jeudi 2 juillet, Nicolas Sarkozy évoque l’actualité internationale de ces dernières années. Sur la crise ukrainienne, certaines informations de l’ex-président sont fausses.Hollande a-t-il attendu un an avant de discuter avec Poutine ?Ce que Sarkozy dit :« Je m’interroge toujours sur la question de savoir pourquoi il a fallu attendre un an pour discuter avec M. Poutine. »Pourquoi c’est faux :La crise ukrainienne remonte au 21 novembre 2013, date à laquelle le gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovitch refuse de signer l’accord d’association avec l’Union européenne. Cette décision est le point de départ de la révolution ukrainienne, qui débouche sur le renversement du président, le 21 février 2014.Dans la foulée, Moscou annexe la Crimée, et alimente de plus en plus ouvertement les tensions dans l’est du pays, qui ne tarderont pas à se transformer en conflit armé.Trois mois plus tard, François Hollande dîne à l’Elysée avec Vladimir Poutine afin d’évoquer la situation en Ukraine. En juin, c’est lui qui réunira en Normandie, à l’occasion des commémorations des 70 ans du Débarquement, les présidents russe et ukrainien.A-t-on retiré au russe son statut de langue officielle ?Ce que Sarkozy dit :« Il fallait […] empêcher le gouvernement ukrainien de retirer le statut de langue officielle au russe dans un pays où 30 % de la population est russophone. »Pourquoi c’est exagéré :En 2012, Viktor Ianoukovitch, alors président de l’Ukraine, fait voter une loi élargissant les droits d’utilisation de certaines langues minoritaires au niveau régional. Le russe devient langue régionale dans les territoires où les russophones représentent plus de 10 % de la population, soit dans 13 subdivisions administratives sur 27. Cette initiative est dénoncée à l’époque par l’opposition. Viktor Ianoukovitch la promulgue tout de même, le 8 juillet de la même année.Lorsque son régime est renversé, le 21 février 2014, le Parlement ukrainien vote une loi abrogeant ce statut de langue régionale (c’est à cet épisode que fait référence Nicolas Sarkozy). Les protestations sont immédiates ; cette loi ne sera jamais promulguée et encore moins appliquée. L’initiative du Parlement aura malgré tout un effet désastreux dans l’Est russophone du pays, contribuant à envenimer le conflit.La question linguistique a toujours eu en Ukraine une connotation politique. Le régime tsariste avait interdit l’usage de l’ukrainien. En Ukraine soviétique, russe et ukrainien (deux langues proches) sont toutes deux langues officielles du pays. Les intellectuels ukrainiens seront malgré tout des cibles de choix de la répression, particulièrement pendant les années Staline.Par ailleurs, l’affirmation selon laquelle « 30 % de la population est russophone » méconnaît une réalité : l’Ukraine est un pays bilingue. L’immense majorité de ses habitants parlent les deux langues ; celles-ci peuvent être utilisées alternativement à la télévision sans que personne ne s’en émeuve. Et des villes russophones comme Kharkiv ou Dnipropetrovsk se sont découverts à l’occasion de la guerre une identité ukrainienne forte, fournissant notamment de nombreux volontaires aux forces armées du pays.Bastien Vachon David Revault d'Allonnes (Luanda - envoyé spécial) Le business vaut bien une escapade diplomatique, aussi embarrassante soit-elle. En visite d’Etat en Angola — présidé par José Eduardo Dos Santos, 72 ans dont 32 de règne —, François Hollande a sacrifié à la nécessité des affaires, vendredi 3 juillet. Sans paraître trop insister sur les questions de démocratie et de droits de l’homme, pourtant problématiques dans ce pays d’Afrique australe où quinze jeunes gens travaillant à des stratégies non violentes de protestation contre le pouvoir ont été récemment arrêtés pour « rébellion » et « attentat contre le président de la République ».Lire aussi :Au Bénin, Hollande entame sa tournée en AfriqueA Luanda, où il avait atterri jeudi 2 juillet en fin d’après-midi, il fut d’ailleurs essentiellement question de diplomatie économique. La délégation française revient avec, en poche, 1 milliard d’euros de contrats — entre autres des accords entre Sonangol, la compagnie nationale angolaise chargée de l’exploitation et de la production de pétrole et de gaz naturel, et Total, ou avec le groupe Accor pour l’ouverture de 50 hôtels. Pas encore le jackpot, mais une manière de reprendre pied dans le pays, après des années de brouille pour cause d’Angolagate, et de commencer à rattraper le retard pris sur les entreprises chinoises. « Les Chinois sont partout, la France et l’Europe nulle part, expliquait jeudi François Hollande à ses conseillers. On vient pour montrer qu’on est disponible pour la suite. »C’est le principal argument de vente développé sur place par le chef de l’Etat : « Avoir une responsabilité sociale et environnementale, faire en sorte que l’investissement soit au bénéfice de tous, de l’Angola et de l’économie française. » M. Hollande a ainsi expliqué vendredi matin, à l’occasion d’un forum économique franco-angolais, évoquant ainsi, comme un avantage concurrentiel, « une relation équilibrée, respectueuse, qui fait que nous pouvons travailler dans la durée ».Investissement politique sur l’avenirDans un pays où le PIB a été multiplié par huit en dix ans, où la rente pétrolière pâtit de la baisse du prix du pétrole, mais où la construction et les services se développent, l’attention diplomatique du président Hollande vise à déverrouiller un marché difficile à pénétrer, pour cause de lourdeurs bureaucratiques et de corruption généralisée. « Nous venons dans un moment où le prix du pétrole est bas, c’est difficile pour l’Angola », avait expliqué cette semaine, en privé, le président.Une forme d’investissement politique sur l’avenir, dont le retour est attendu de pied ferme par les chefs d’entreprise ayant fait le déplacement. « En Angola, il y a possibilité de faire quasiment tout. Ils sont demandeurs de tout. Cela pourrait être un eldorado pour les PME françaises. Mais à part le pétrole, on n’a pas réussi à pénétrer », estime Eric Ghebali, directeur du développement international de Suez Environnement et membre de la délégation.Accueillant, fait rare, M. Hollande au palais présidentiel, « dans une atmosphère de franche cordialité », M. Dos Santos, nonobstant une erreur de la traductrice qui a évoqué « M. François Mitterrand », a salué l’« excellence des relations entre entreprises de nos deux pays, notamment dans le secteur pétrolier ». « Nous sommes intéressés par l’élargissement de notre coopération au-delà du secteur pétrolier », a assuré le président angolais, citant le bâtiment, le transport, l’énergie, le tourisme, l’agroalimentaire ou encore l’eau.« C’était très important pour moi de rappeler l’engagement de la France dans cette conjoncture, pas la plus favorable au secteur pétrolier », a répondu François Hollande, qui n’a cependant pas publiquement évoqué la question des droits humains et politiques, soulignant simplement « l’engagement de pluralisme, d’élections qui sont prévues. La France y est attentive ». La conférence de presse initialement prévue s’est finalement transformée en simple déclaration, sans question des journalistes, donc, à la demande de la présidence angolaise. « Le président a tout dit, il a répondu aux questions d’avance », a conclu M. Dos Santos. Le périple présidentiel se poursuivait vendredi après-midi au Cameroun, dirigé par Paul Biya, 72 ans, chef de l’Etat depuis trente-cinq ans.Lire aussi :A Cotonou, Hollande vante l’exemple démocratique béninoisDavid Revault d'Allonnes (Luanda - envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.07.2015 à 11h03 • Mis à jour le03.07.2015 à 14h47 Par Julian AssangeMonsieur le président de la République, j’ai l’honneur de vous écrire et, à travers vous, de m’adresser au peuple français.Mon nom est Julian Paul Assange. Je suis né le 3 juillet 1971 à Townsville, en Australie. Je suis un journaliste poursuivi et menacé de mort par les autorités états-uniennes du fait de mes activités professionnelles. Je n’ai jamais été formellement accusé d’un délit ou d’un crime de droit commun, nulle part dans le monde, y compris en Suède ou au Royaume-Uni.Je suis le fondateur de WikiLeaks.En avril 2010, je décide de publier une vidéo intitulée « Collateral murder ». Celle-ci montre le massacre de plusieurs civils, dont deux employés de Reuters, et les graves blessures de plusieurs enfants par des soldats états-uniens en Irak. Les images, filmées depuis un hélicoptère, sont difficilement soutenables. Elles s’accompagnent des rires et des commentaires sarcastiques de ceux qui sont en train de commettre ces crimes. Elles font le tour du monde et révèlent brutalement l’inhumanité d’une guerre qui a déjà fait plusieurs centaines de milliers de victimes.Lire aussi :Julian Assange demande l’asile à la FranceDès le lendemain, à travers des menaces de mort précises et ciblées, une persécution politique d’une ampleur inédite est lancée contre moi et les principaux employés de WikiLeaks. Elle n’a, depuis, jamais cessé. L’énumération des actions menées contre mon organisation, mes proches et moi-même ne permet pas d’en saisir toute la violence, mais peut-être en donne-t-elle une idée : appels à mon exécution, à mon kidnapping, et à mon emprisonnement pour espionnage par de hauts responsables politiques et administratifs états-uniens, vols d’informations, de documents et de biens, attaques informatiques répétées, infiltrations successives, interdiction illégale à l’ensemble des plateformes de paiement de procéder à des dons envers mon organisation, surveillance permanente de mes moindres faits et gestes et de mes communications électroniques, poursuites judiciaires inconsidérées se prolongeant depuis plus de cinq ans sans possibilité de me défendre, campagnes de diffamation, menaces physiques répétées, fouilles et harcèlement de mes avocats, etc.Deux autres cas : Jérémie Zimmermann et Jacob AppelbaumWikiLeaks, que j’ai fondé en 2006, avait déjà auparavant révélé de nombreux scandales majeurs de corruption, de violations des droits fondamentaux, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Nous avions pour cela reçu notamment un prix d’Amnesty international et des dizaines d’autres prix journalistiques d’autres organisations prestigieuses, dont cinq nominations successives au prix Nobel de la paix et, plus récemment, cinq nominations au prix Mandela des Nations unies (ONU), créé cette année.Pourtant, cette vidéo a marqué un avant et un après dans ma vie, mais aussi dans celle de tous ceux qui s’y sont impliqués. Un citoyen français notamment, Jérémie Zimmermann, remercié dans le générique de la vidéo, a fait l’objet de menaces de la part de deux agents du FBI dans le but d’en faire un infiltré, et n’a jamais pu revenir sur le territoire américain malgré ses besoins professionnels. Il en est allé de même pour d’autres journalistes qui, malgré leur nationalité états-unienne, n’ont plus jamais pu revenir sur leur propre territoire pour retrouver leurs proches, et font l’objet depuis de poursuites judiciaires pour espionnage. Jacob Appelbaum, pour s’être présenté comme un défenseur de Wikileaks, a fait l’objet de toute une série de violences et d’intimidations, notamment à son domicile, où sont entrés un jour en pleine nuit des hommes masqués et menaçants, laissant sa compagne durablement marquée.Au pic de cette campagne, plus de 120 employés étaient chargés, au sein de la dite « WikiLeaks War Room » du Pentagone américain, de coordonner cette offensive contre moi et mon organisation. Les preuves ont été depuis apportées qu’un grand jury secret, portant notamment des accusations d’espionnage à mon encontre, a été formé en 2010, et n’a jamais cessé d’agir depuis.Une persécution politique d’une ampleur inédite est lancée contre moi et les principaux employés de WikiLeaksL’ampleur de ce dispositif n’aurait guère pu être imaginée par un esprit paranoïaque. Une douzaine d’agences états-uniennes y participent officiellement, incluant le Pentagone, la Defence Intelligence Agency, la CIA, le FBI, l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), le ministère de la justice et le département d’État. D’autres le font de façon plus secrète, comme cela a été révélé récemment suite à une enquête parlementaire en Islande.Ces persécutions sont pourtant bien réelles. Elles ont été documentées par une infinité d’organisations, fait l’objet de rapports internationaux et de décisions judiciaires, ont été substantiellement admises par les autorités concernées, et souvent même revendiquées. Érigées en véritable politique par le gouvernement états-unien, elles se sont depuis étendues au-delà de mon cas et de WikiLeaks : l’administration Obama a ainsi poursuivi plus de journalistes et de sources lors de ses deux mandats successifs que tous les gouvernements états-uniens précédents réunis.Les poursuites ne m’ont pas fait tairePour le simple fait d’avoir publié des informations d’intérêt public que des sources anonymes avaient transmises à WikiLeaks, je suis personnellement poursuivi pour espionnage, conspiration visant à espionner, vol ou compromission de propriété du gouvernement états-unien, violation de la loi sur la fraude informatique, et conspiration générale, risquant pour cela l’emprisonnement à vie ou pire. Les Etats-Unis ont depuis étendu leur enquête pour y inclure l’assistance que j’aurai offerte à M. Snowden pour préserver sa vie et lui faire obtenir l’asile ; et il en est, selon plusieurs sources journalistiques, déjà de même en ce qui concerne les publications des FranceLeaks concernant les écoutes qui vous ont touché, Monsieur le président.Ces poursuites ont été et continuent d’être menées contre moi parce que j’ai, un jour, décidé de ne pas garder le silence, et de révéler les preuves de commissions de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Elles ne m’ont pas fait taire, et j’ai depuis, entre de nombreuses autres publications, documenté précisément la mort de centaine de milliers de civils à travers les Iraq War Logs.Par ces révélations, je montrais notamment, à travers un télégramme diplomatique états-unien, comment une famille irakienne avait été exécutée à bout portant par une patrouille américaine lors d’un contrôle de routine, avant que ce crime contre l’humanité ne soit volontairement « effacé » par une frappe aérienne. Selon le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki, ce fut cette affaire qui l’amena à exiger la levée de l’immunité des troupes états-uniennes et, après leur refus, à provoquer in fine le départ de ces soldats.L’ensemble des publications de WikiLeaks depuis 2006 ont fait l’objet d’une infinité de rapports et de décisions provenant d’organisations internationales et non gouvernementales, de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) aux rapporteurs spéciaux des Nations unies en passant par de nombreux groupes de travail indépendants. Elles ont permis de lever le voile sur des milliers de crimes et sur des pratiques qui auraient autrement été couvertes. Qui seraient autrement restées impunies.Cinq mètres carrés et demiLes persécutions qui s’en sont suivies m’ont forcé à demander l’asile au sein de l’ambassade d’Equateur à Londres, en juin 2012, pour éviter une extradition vers les Etats-Unis qui devenait à chaque heure plus probable. Après deux mois d’étude approfondie, le ministère des affaires étrangères de l’Équateur a considéré que la persécution qui était menée à mon encontre du fait de mes croyances et de mes activités politiques était réelle, et que les risques d’extradition vers les Etats-Unis ainsi que les mauvais traitements qui s’en suivraient étaient majeurs. J’ai depuis reçu la confirmation informelle que les poursuites menées aux Etats-Unis étaient réelles et avaient débouché sur un acte d’accusation formel maintenu pour l’instant sous scellés.Dénué de l’assistance consulaire et de la protection que me devait mon pays d’origine, l’Australie – où le gouvernement a été sujet à des critiques d’une ampleur inédite suite à sa tentative de me retirer mon passeport en 2010, jusqu’à devoir faire marche arrière et se justifier –, je demeure depuis maintenant trois ans et dix jours au sein de cette ambassade.J’y dispose de cinq mètres carrés et demi pour mes usages privatifs. L’accès à l’air libre, au soleil, m’a été interdit par les autorités du Royaume-Uni ; ainsi que toute possibilité de me rendre à un hôpital ; je n’ai pu utiliser le balcon du rez-de-chaussée de l’appartement que trois fois depuis mon refuge, à mes risques et périls, et n’ai jamais été autorisé à sortir pour faire de l’exercice.L’Equateur, dont la générosité et le courage m’honorent et m’ont probablement sauvé la vie, n’a pour ambassade qu’un appartement utilisé par une dizaine de diplomates et fonctionnaires de support qui ne peuvent renoncer à leur mission. Loin de l’image de luxe généralement associée aux enceintes diplomatiques, il s’agit d’un espace modeste qui n’a pas été pensé pour devenir un lieu de vie. Il m’y a été impossible, depuis trois ans, de maintenir la moindre vie familiale ou intime.Mon plus jeune enfant et sa mère sont français. Je n’ai pas pu les voir depuis maintenant cinq ans, depuis que la persécution politique à mon égard a commencéCet espace est en permanence surveillé par plusieurs douzaines de policiers britanniques en uniforme qui vérifient régulièrement les identités de mes visiteurs, ainsi que par un nombre indéterminé d’agents en civil et d’agents de renseignement au sein des bâtiments adjacents. Les dépenses concernant la surveillance civile dont je fais l’objet ont dépassé, officiellement, les quinze millions d’euros. Elles n’incluent pas celles des services secrets.Mes proches, y compris mes enfants, n’ont pas pu me rendre visite depuis, du fait de cette situation.Le Royaume-Uni refuse de reconnaître mon asile et de garantir ma non-extradition aux Etats-Unis, violant la convention de 1951, et se refuse par ailleurs à confirmer ou à infirmer la réception d’une demande d’extradition de la part des Etats-Unis d’Amérique. Il en va de même pour le gouvernement suédois qui, à l’ONU, a refusé de garantir ma non-extradition dans le cas où je m’y rendrais. La Suède comme le Royaume-Uni ont annoncé à plusieurs reprises qu’ils demanderaient mon arrestation dès que je sortirai de l’ambassade, ces derniers le réaffirmant « quel que soit le résultat de l’enquête suédoise ».Cela, alors que je n’ai été formellement accusé d’aucun crime ni délit dans aucun des deux pays.Depuis quatre ans et demi, soixante organisations internationales ont appelé, depuis l’ONU, à la fin des poursuites en Suède, tandis que le groupe de travail sur la détention arbitraire de l’institution s’est saisi de la question. Malgré les injonctions de la Cour suprême et du procureur général visant à l’abandon de l’enquête préliminaire – relancée en 2010 après avoir été dans un premier temps abandonnée – aucun acte d’accusation formel à mon encontre ni d’acte d’enquête n’a été mené en cinq ans. L’émission d’un mandat d’arrêt européen avait pour seul objectif de m’interroger en Suède, alors que je m’étais volontairement rendu à Stockholm à cette fin, et y étais resté cinq semaines consécutives. Je n’avais alors jamais obtenu de réponse à mes demandes répétées de rencontre avec les autorités judiciaires suédoises.Ma vie est aujourd’hui en dangerWikiLeaks a été créé avec l’objectif d’enquêter sur les appareils politiques, économiques et administratifs du monde entier pour y apporter de la transparence et s’assurer qu’ils n’échappent pas à un contrôle démocratique et souverain. L’organisation a révélé des millions de documents touchant la quasi-totalité des Etats du monde, sans distinction de régime ou d’idéologie. Elle permet à tout individu qui aurait connaissance de pratiques illégales ou intéressant le bien commun de nous les transmettre en toute sécurité, et de façon parfaitement anonyme. Ces informations sont ensuite vérifiées par nos journalistes et par des spécialistes, puis organisées et triées avant d’être publiées de par le monde, éventuellement en partenariat avec d’autres organes de presse prestigieux.Paris accomplirait un geste humanitaire mais aussi symbolique, envoyant un encouragement à tous les journalistes et lanceurs d’alerte qui, de par le monde, risquent leur vie au quotidienFinancée par des dons récurrents, mon organisation a inventé une nouvelle forme de journalisme qui lui a permis de révéler plus d’une centaine de scandales d’ampleur mondiale en seulement neuf ans d’existence. Les activités de WikiLeaks ont inspiré de nombreuses autres organisations de presse, humanitaires, environnementales, etc. qui ont imité nos structures et nos pratiques. Malgré toutes les difficultés liées à ma surveillance permanente au sein de l’ambassade, les écoutes systématiques mises en place par la NSA contre les élites politiques, économiques et administratives de la France et de l’Allemagne sont le dernier exemple de la capacité de l’organisation à publier des informations cruciales pour préserver la souveraineté la vie démocratique des Etats.L’ampleur du scandale et les réactions qui ont suivi nos dernières révélations ont confirmé le bien-fondé de notre démarche. La condamnation unanime par la classe politique et les sociétés civiles françaises et allemandes des actions commises par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni, ainsi que les appels qui ont suivi à une révision des politiques françaises sur la question de la défense des lanceurs d’alerte et de la presse, alors que l’attentat contre Charlie Hebdo reste présent dans les esprits, ont constitué d’importants encouragements.Ces révélations ont été faites au péril de notre vie.La France accomplirait un geste humanitaireC’est pourquoi j’ai été particulièrement touché par l’appel inattendu du gouvernement français, par la voie de la ministre de la justice et garde des sceaux Christiane Taubira, et relayé par des dizaines d’autres personnalités, à ce que la France me donne l’asile. Gardienne d’une constitution qui oblige la France à accueillir les combattants pour la liberté menacés de leur vie, d’une constitution qui oblige le monde à ouvrir les yeux par la noblesse d’une telle exigence, elle a ouvert une voie qui, je l’espère, ne se refermera pas.Lire aussi :WikiLeaks fédère toujours les libertaires d’InternetEn m’accueillant, la France accomplirait un geste humanitaire mais aussi probablement symbolique, envoyant un encouragement à tous les journalistes et lanceurs d’alerte qui, de par le monde, risquent leur vie au quotidien pour permettre à leurs concitoyens de faire un pas de plus vers la vérité.Elle enverrait aussi un signal à tous ceux qui, de par le monde, saisis par l’hubris, trahissent leurs valeurs en s’attaquant incessamment aux citoyens qui s’y refusent.La France a longtemps été porteuse d’espérance et de singularité pour de nombreux peuples et individus de par le monde. Ses mythes nourrissent encore aujourd’hui bien des enfances. Mes liens avec ce pays ne sont pas seulement idéels. De 2007 jusqu’à la perte de ma liberté en 2010, j’y ai résidé. Nos structures techniques y sont encore installées.Mon plus jeune enfant et sa mère sont français. Je n’ai pas pu les voir depuis maintenant cinq ans, depuis que la persécution politique à mon égard a commencé. La situation présente leur cause d’immenses difficultés. J’ai dû garder leur existence secrète jusqu’à aujourd’hui dans le but de les protéger. J’ai aujourd’hui l’espoir que la situation et l’appui dont je bénéficie permettront de le protéger. Mon fils aîné, aujourd’hui adulte, et à ma mère, en Australie, subissent en effet encore aujourd’hui les conséquences de ma situation. Les menaces de mort, le harcèlement, y compris venant de personnes ayant des liens avec l’appareil militaire états-unien, ont commencé au même moment qu’émergeaient les appels à mon assassinat. Ils ont dû changer d’identité et réduire leurs échanges avec moi.Je ne souhaite plus subir cette situation. Je souhaite les retrouver.Persécutions politiquesMa vie est aujourd’hui en danger, Monsieur le président, et mon intégrité, physique comme psychologique, est, chaque jour qui passe, un peu plus menacée.Tandis que je faisais tout pour préserver la vie d’Edward Snowden, plusieurs employés britanniques de WikiLeaks devaient s’exiler à Berlin, en Allemagne. Tandis que nous révélions le scandale des écoutes de la NSA en France, des responsables politiques du Royaume-Uni admettaient que le siège autour de l’ambassade équatorienne était dû à la pression états-unienne. Tandis que nous créions une fondation d’appui aux lanceurs d’alerte, Courage Foundation, l’administration états-unienne multipliait les poursuites contre les journalistes et leurs sources, poursuites atteignant une intensité inédite dans l’histoire de ce pays.Tandis que Chelsea Manning était condamnée à 35 ans de prison pour avoir été supposément ma source et révélé un nombre incalculable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, après avoir été soumise à des traitements inhumains selon le rapporteur spécial de l’ONU, je continuais mon travail avec l’organisation de WikiLeaks pour m’assurer qu’aucune source ne pourrait jamais être identifiée du fait de ses liens avec mon travail, ce qui a jusqu’ici été fait avec succès.Seule la France se trouve aujourd’hui en mesure de m’offrir la protection nécessaire contre, et exclusivement contre, les persécutions politiques dont je fais aujourd’hui l’objet. En tant qu’Etat membre de l’Union européenne, en tant que pays engagé par toute son histoire dans la lutte pour les valeurs que j’ai faites miennes, en tant que cinquième puissance mondiale, en tant que pays qui a marqué ma vie et qui en accueille une partie, la France peut, si elle le souhaite, agir.Respectueusement,Julian AssangeJulian Assange, fondateur de WikiLeaksNé en Australie en 1971, Julian Paul Assange est journaliste et fondateur en 2006 du site WikiLeaks, qui a publié, en 2010, 500 000 documents classés secret-défense sur l’Irak et l’Afghanistan et 250 000 communications diplomatiques. Recherché par la justice américaine, il fait aussi l’objet d’une enquête pour viol et agression sexuelle en Suède pour des faits remontant à août 2010. Mais il refuse de se soumettre au mandat d’arrêt européen. Le 11 mai 2015, la Cour suprême de Suède a rejeté son appel. S’il se rend en Suède, il estime qu’il risque d’être extradé vers les Etats-Unis. Depuis juin 2012, il a obtenu l’asile au sein de l’ambassade d’Equateur à Londres. 03.07.2015 à 06h41 • Mis à jour le03.07.2015 à 12h29 Un tremblement de terre d’une magnitude de 6,4 a frappé le Xinjiang en Chine, vendredi 3 juillet, faisant au moins trois morts selon les autorités locales. Le séisme s’est produit vers 9 heures, heure locale (3 heures à Paris), à 164 km au nord-ouest de la ville de Hotan et à 131 km au sud-est de Shache – localité connue dans la langue ouïgoure sous le nom de Yarkand –, et à une profondeur de 20 km, a rapporté l’Institut américain de géophysique (USGS).La secousse est survenue à la lisière du désert du Taklamakan, dans un district très peu peuplé, qui compte 258 000 habitants, dont une grande majorité de Ouïgours, des musulmans turcophones. Les trois victimes ont été tuées dans le district de Pishan, dans lequel se situe l’épicentre, a annoncé le Bureau des séismes du gouvernement régional. Les autorités régionales ont par ailleurs fait état de quatre répliques de magnitude supérieure à 4.La Chine est régulièrement frappée par des tremblements de terre, en particulier dans les provinces du Yunnan et du Sichuan, régions montagneuses du sud-ouest du pays. En octobre dernier, un séisme de magnitude 6 (selon l’USGS) survenu au Yunnan, dans une zone frontalière du Laos et de la Birmanie, avait fait des centaines de blessés. Le pays avait par ailleurs été endeuillé en août 2014 par un séisme de magnitude 6,1 dans lequel environ 600 personnes avaient trouvé la mort.Le Sichuan, l’une des provinces les plus peuplées de Chine, a connu en mai 2008 un tremblement de terre dévastateur de magnitude 7,9, qui avait fait plus de 80 000 morts et disparus. 03.07.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.07.2015 à 09h16 Aucun lien n’a été découvert à ce stade entre les six incendies qui ont eu lieu dans des églises noires ces quinze derniers jours dans le sud des Etats-Unis, a indiqué jeudi 2 juillet l’agence fédérale ATF, chargée du contrôle de l'alcool, du tabac et des armes à feu.Chargée d’enquêter sur l’origine et les causes de tous les incendies ou attaques à la bombe survenant dans les lieux de culte aux Etats-Unis depuis 1996, l’ATF a précisé que les enquêtes préliminaires permettaient d’écarter l’hypothèse selon laquelle cette vague d’incendies était le fait d’individus aux motivations racistes. Les enquêtes se poursuivent pour déterminer les causes exactes des incendies, a-t-elle précisé, mais les premiers éléments ont d’ores et déjà montré que trois étaient accidentels.La thèse des motivations racistes a fait surface compte tenu de la proximité spatio-temporelle des incendies avec la tuerie de Charleston (en Caroline du Sud), où un partisan de la suprématie blanche a abattu neuf paroissiens dans une église noire le 17 juin.Lire :Etats-Unis : l’auteur de la tuerie à Charleston voulait déclencher « une guerre entre les races »Appel à la prudenceLe ministère de la justice a précisé dans un communiqué que deux incendies étaient dus à des causes naturelles, tandis qu’un troisième s’est déclenché à la suite d’un problème électrique.Le dernier incendie s’est produit mardi soir, par temps orageux, dans l’église Mount Zion AME de Greeleyville, à une centaine de kilomètres de Charleston. La South Carolina Law Enforcement Division (Sled), police de l’Etat de Caroline du Sud, a indiqué jeudi soir dans un communiqué que l’origine de l’incendie a été attribuée à une cause « naturelle », évoquant la foudre. Cette église, de la même congrégation que celle où a eu lieu la tuerie de Charleston, avait déjà été brûlée en 1995 par deux membres du Ku Klux Klan.Les cinq autres églises incendiées depuis le 22 juin se trouvent dans les Etats de Géorgie, du Tennessee, de Caroline du Nord, de Caroline du Sud et de Floride. 02.07.2015 à 20h44 • Mis à jour le02.07.2015 à 22h42 Plusieurs milliers de personnes manifestaient à Paris, jeudi 2 juillet dans la soirée, à l'appel de quatre syndicats — CGT, FO, FSU, Solidaires — et de partis politiques, pour exprimer leur soutien au peuple grec. Les syndicats avaient appelé à cette manifestation au nom du « respect des choix démocratiques des peuples » et pour refuser les politiques d'austérité.Parti de la place de la Bastille, le cortège — de 2 800 à 3 000 personnes selon des estimations de sources policières — , au sein duquel flottaient des drapeaux du Parti de gauche, du PCF et du NPA, se dirigeait en début de soirée vers la place de la République en scandant « So, so, so, solidarité avec le peuple grec ! » ou « Résistance en Grèce, en France ». La banderole de tête, proclamant « Avec les Grecs, unis contre l'austérité. Refusons les diktats de la finance », était aux couleurs du drapeau grec : bleu et blanc.#Grece manif anti austerite a Paris, suite @itele @hugojolion http://t.co/oGpoSH8vL6— MathieuCavada (@Mathieu Cavada)require(["twitter/widgets"]);Manifestations similaires dans d’autres villesJean-Luc Mélenchon, député européen et cofondateur du Parti de gauche, qui avait pris place dans le carré de tête, a expliqué vouloir protester contre « un blocus de la Grèce, organisé pour faire tomber à genoux le gouvernement Tsipras ». « Pour 1,5 milliard d'euros, on va déclencher une catastrophe de cette ampleur ? », s'est insurgé M. Mélenchon.Les syndicats dénoncent une « situation catastrophique » de la Grèce, qui s'explique selon eux parce que ce pays « a été un des laboratoires de l'application des politiques d'austérité imposées par le FMI [Fonds monétaire international], la Commission européenne et la Banque centrale européenne ».Des manifestations similaires étaient aussi prévues le même jour dans d’autres villes en France. A Toulouse, 300 personnes environ se sont rassemblées jeudi vers 18 h 30 dans le centre-ville. A l'appel d'une vingtaine d'organisations — syndicats (CGT, FSU, Solidaires...), partis de gauche (PCF, NPA,...) et associations (Attac, Copernic, Act Up, Mouvement de la paix...) —, elles ont défilé à partir de 19 heures derrière une banderole « Soutien au peuple grec : d'Athènes à Toulouse, dans toute l'Europe, non à l'austérité ».Lire la synthèse :Grèce : 5 jours d’épuisantes tractations et maintenant l’attente Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial) Une fois de plus, les tortueuses négociations sur le nucléaire iranien viennent d’être prolongées de quelques jours. Elles pourraient durer encore toute la semaine, jusqu’au 10 juillet, a indiqué Marie Harf, la porte-parole du département d’Etat américain, mardi 7 juillet, à Vienne. Quelques heures avant venait d’expirer le délai prévu, adopté alors que les protagonistes avaient échoué à conclure à la date butoir initialement envisagée, le 30 juin.Lire aussi :Nucléaire : les derniers choix difficiles de TéhéranDe prolongation en prolongation, ces pourparlers ne cessent de s’éterniser depuis vingt mois lorsque l’Iran et les pays du « P5 + 1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) sont parvenus à un accord intérimaire à Genève, en novembre 2013, ouvrant la voie à des négociations qui ne devaient théoriquement durer qu’un an. L’objectif de ces discussions, amorcées en 2003 par les Européens, est de parvenir à un strict encadrement du programme nucléaire iranien, en échange d’une levée progressive et réversible des sanctions internationales, imposées contre la République islamique depuis 2006 par six résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.Trois points de blocageCette nouvelle extension des tractations est clairement le signe que les derniers arbitrages sont de plus en plus difficiles malgré la multiplication des réunions entre les chefs de la diplomatie des Six avec les Iraniens, qui ont persisté jusqu’aux premières heures de mardi, avant de reprendre dans la matinée.Sous un soleil de plomb, Laurent Fabius, le ministre français des affaires étrangères, a fait une brève déclaration, mardi, avant de quitter Vienne, dans laquelle il n’a pas dissimulé ses réserves. « La négociation sur le nucléaire iranien, comme prévu, n’est pas facile, il y a des périodes de tension », a-t-il souligné, avant d’énumérer les mêmes trois points de blocages qu’il avait évoqués il y a une semaine : l’« imitation » du programme nucléaire iranien, « la recherche » sur des modèles de centrifugeuses, qui permettent d’enrichir l’uranium, une matière nécessaire à la fabrication d’une bombe atomique, ainsi que « les sanctions et leur rétablissement » en cas de violation de l’accord par l’Iran et aussi la « possible dimension militaire », qui concerne les soupçons sur les activités passées de l’Iran.Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, a affirmé qu’il restait « huit ou neuf » questions toujours en suspens, en précisant que la levée de l’embargo sur les armes frappant l’Iran demeurait un « problème majeur » dans la négociationM. Fabius a indiqué qu’il serait de retour, mercredi soir, dans la capitale autrichienne, mais plus le temps passe, plus la lassitude est perceptible chez les diplomates. « C’est bien bloqué, constate une source proche des négociations. Personne ne peut dire si on va y arriver ou pas. Je vois mal cela durer encore très longtemps car il n’y a aucune raison de penser que les choses seraient plus faciles la semaine prochaine ou au-delà », insiste cette source. De son côté, Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, qui s’est peu exprimé jusqu’à présent, a affirmé, mardi, qu’il restait « huit ou neuf » questions toujours en suspens, en précisant que la levée de l’embargo sur les armes frappant l’Iran demeurait un « problème majeur » dans la négociation. Téhéran réclame la levée de cet embargo sur les armes conventionnelles, adopté par le Conseil de sécurité des Nations unies en 2010, arguant que ces mesures restrictives n’ont rien à voir avec le dossier nucléaire.Mais les Occidentaux y sont fermement opposés. Ils estiment que cela enverrait un signal désastreux à Israël et aux pays arabes sunnites du Proche-Orient, déjà vent debout contre les menées de l’Iran chiite dans la région, et très inquiets d’un accord sur le nucléaire dont ils redoutent qu’il ne fera que renforcer l’influence de Téhéran.Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.07.2015 à 17h17 • Mis à jour le07.07.2015 à 18h43 | Samuel Laurent « Le Front national (…) est, toutes choses égales par ailleurs, une forme de Syriza à la française, d’extrême droite. Mais, d’ailleurs, vous voyez cette coagulation des contraires se faire : qui adore Syriza chez nous ? Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Avec qui s’allie Alexis Tsipras en Grèce ? Avec son extrême droite souverainiste. »Cette phrase du ministre de l’économie, Emmanuel Macron, qui comparaît, lundi 6 juillet, le parti au pouvoir en Grèce au Front national français, a beaucoup agacé au Parti socialiste et à gauche. Pourtant, cet amalgame assimilant Syriza et FN est assez répandu, notamment à droite. « Il y a deux personnes qui se sont réjouies de l’arrivée de ce gouvernement invraisemblable en Grèce – invraisemblable ! – c’est M. Mélenchon et Mme Le Pen », avait lancé Nicolas Sarkozy en mars. Depuis, il ne perd pas une occasion d’évoquer en Syriza « les amis de Mme Le Pen ». Qu’en est-il réellement ?1. Syriza est-il de gauche ou d’extrême gauche ?« Syriza » est un acronyme qui signifie « coalition de la gauche radicale ». Treize partis la composent, qui vont des écologistes aux maoïstes en passant par des communistes, des trotskistes… Sa principale composante, Synaspismós, dont Alexis Tsipras était le président, est un parti qui coalisait déjà socialistes, écologistes et communistes.On peut donc classer le parti (la coalition de départ a changé son statut pour en devenir un) à la gauche du Pasok – l’équivalent grec du Parti socialiste français –, dans la catégorie « gauche radicale » ou « extrême gauche ». Mais sa naissance et sa croissance sont étroitement liées à l’histoire de la crise économique et des mesures d’austérité imposées à Athènes.L’ascension de Syriza date de la crise : encore très minoritaire en 2009, la coalition doit attendre 2012 pour passer devant le Pasok. Toujours en 2012, face à Syriza, une coalition réunissant deux partis de gauche (Pasok et Gauche démocrate) se forme pour défendre le respect des accords avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international.Syriza incarne alors le parti « anti-austérité », et son programme est résolument orienté en ce sens, et n’est sans doute pas pour rien dans sa victoire de janvier. Néanmoins, et contrairement à ce qu’on peut entendre ou lire, Syriza n’est plus favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro – même si l’âpreté des négociations avec les créanciers du pays a ravivé les voix discordantes dans le parti.2. Le parti grec est-il allié à l’extrême droite ?En 2015, Syriza arrive en tête aux législatives, mais à deux sièges de la majorité absolue. Le parti doit donc composer une coalition pour gouverner.Or, il n’est pas aisé de trouver une autre formation anti-austérité : du Pasok à Nouvelle Démocratie (droite) en passant par To Potami (centre), la plupart des formations sont contre le programme de Syriza.Alexis Tsipras choisit donc une alliance « contre nature » : il va chercher le parti des Grecs indépendants (ANEL), dirigé par Panos Kammenos, transfuge de Nouvelle Démocratie, connu pour ses discours très populistes, voire conspirationnistes, et pour quelques scandales financiers. Volontiers outrancier, il affirmait en décembre 2014 que « les bouddhistes, les juifs et les musulmans ne payaient pas d’impôt », contrairement à l’Eglise orthodoxe, qui « risquait de perdre ses monastères ». Lui aussi hostile à la politique d’austérité, il a multiplié les discours agressifs contre la « troïka » UE-BCE-FMI.Peut-on qualifier l’ANEL de parti d’extrême droite ? Sur le plan social, le parti est résolument conservateur : très favorable à l’Eglise orthodoxe et à son influence sur la société, il tient des discours fortement anti-immigration, et ne perd jamais une occasion d’exalter le nationalisme grec.Néanmoins, il n’est pas allié au Front national français, mais à… Nicolas Dupont-Aignan et à son parti, Debout la France (DLF). Libération citait un historien grec, Nikolas Bloudanis, qui estimait que, transposé à la France, « il regrouperait la droite de l’UMP et la gauche du FN ». En Grèce, il existe un parti d’extrême droite bien plus virulent (et qui connaît un meilleur succès) : Aube dorée, qu’on peut qualifier de « néonazi ».3. Peut-on dire que Syriza a les mêmes idées que le FN ?Cette alliance entre gauche radicale et droite dure peut sembler contre nature. Mais, comme Ilias Nicolacopoulos, professeur de sciences politiques, l’expliquait dans Le Figaro, « les électorats d’ANEL et de Syriza ne sont sociologiquement pas si éloignés que cela. Des couches populaires de droite ont voté pour Syriza ». En réalité, dans la Grèce de 2015, la ligne de démarcation politique principale se construit avant toute chose autour du soutien ou non aux mesures d’austérité. Et si l’ANEL et Syriza sont alliés, le pouvoir est du côté de Syriza, pas du parti de Kammenos, qui n’a obtenu qu’un ministère, certes d’importance (la défense).Au-delà de cette alliance, rien dans le programme de Syriza ne permet de qualifier ce parti d’extrême droite : il est favorable à l’immigration ; défend des aides pour les plus pauvres et un Etat providence augmenté ; veut créer de l’emploi public, rétablir un salaire minimal… Surtout, Syriza veut faciliter les naturalisations et le regroupement familial, aux antipodes de la politique migratoire du FN français.Emmanuel Macron a tenté de rectifier lui-même le tir, sur Twitter : assimiler Syriza et le FN n’a pas grand sens.Aucune confusion possible entre le FN et Syriza, issu de la gauche grecque qui s’est construite dans la résistance face au nazisme 3/4— EmmanuelMacron (@Emmanuel Macron)require(["twitter/widgets"]);D’ailleurs, si le FN n’a de cesse de tresser des couronnes à Syriza, la formation grecque, elle, le refuse fermement. Dans un communiqué retransmis par le Parti communiste en France, Syriza explique que ses succès électoraux sont au contraire « un bastion contre la montée de l’extrême droite que représente Marine Le Pen, mais aussi un message pour la défense de la démocratie contre ses ennemis. Nos partenaires et nos soutiens français sont divers et ils s’élargissent. Ils sont de gauche ».Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Laura Wojcik Les résultats du bac 2015 sont aussi à vivre sur Twitter, réseau social où les hashtags #bac2015 et #JaiMonBac dominent les tendances ce mardi 7 juillet. Les messages de satisfaction ont surgi avec la publication des premiers résultats à 8 h 30, avant une véritable explosion de tweets vers 10 heures, quand la plupart des élèves de terminale ont entraperçu leur nom, sur une liste punaisée au mur du lycée ou sur le Web.» Consultez gratuitement les résultats du bac 2015 sur Le Monde. frLes timelines françaises ont alors été envahies de chapeaux pointus rouges et d’emojis de satisfaction en tout genre, saupoudrés de confettis multicolores : du traditionnel smiley grand sourire à celui qui pleure de joie, en passant par les gros biceps contractés en guise de victoire fracassante. Le « zéro problème » mimé avec les doigts, hérité des codes de la plongée sous-marine, a lui aussi beaucoup de succès.Pour marquer l’étendue de sa joie, la tendance est aux messages en majuscules. Cela peut aller du simple « C’EST BEAU LA VIE », au tonitruant « J’AI MON BAC MENTION ASSEZ BIEEEEEEEEEEEEEEEEN ». D’ailleurs, « BAC MENTION ASSEZ BIEN » s’est hissé un temps dans les tendances Twitter juste après 10 heures, laissant penser que les détenteurs de cette mention étaient les plus heureux du Web, ou du moins les plus nombreux.Typologie des twittos du bacComme chaque mouvement de foule virtuel, le bac est l’occasion de dresser une typologie de ses twittos. Des jaloux amers aux blagueurs compulsifs, en passant par les euphoriques bavards et les malchanceux incompris. Les bacheliers heureux sont logiquement les plus nombreux, avec un taux de réussite à l’examen qui devrait, comme les dernières années, dépasser les 85 %. Aux côtés des bonheurs en lettres majuscules évoqués plus haut, se distinguent de plus sobres « bac en poche » ou « j’ai mon bac ». On croise aussi de concis « je l’ai », avec quelques points d’exclamation de circonstance. Les plus aventureux se lancent dans des figures de style alimentaires :Bac S mention TB avec félicitation du Jury saupoudré de parmesan tqt l'école de médecine me voilà #JaiMonBac— charlnbrl (@Charlène)require(["twitter/widgets"]);Et puis, il y a ceux qui disent merci à la terre entière : à Dieu, leurs parents, le chien, et même au contenu de leur assiette.Bac S mention Très Bien, merci à mon chien Japsy de m'avoir soutenu dans les moments de doute et d'incertitude 🐶😍— MaxDshys (@Azazel)require(["twitter/widgets"]);"@FabiiyKiLa: J'ai mon BAC Merci Seigneur 🙏👌🎉🎉🎉🎊 #Bac2015" première bachelière de mon twitter— AshleyFaray_ (@Sarauniya Omega )require(["twitter/widgets"]);J'ai mon bac avec mention assez bien je remercie ma mère mon père ,merci Dieu ,merci le poulet qui m'a donner de la force— HenriqueSkuna (@Skuna)require(["twitter/widgets"]);Les plus fins calculateurs exposent déjà leurs ambitions financières. Les mentions valent leur pesant d’or dans certaines banques, et les lycéens ne l’oublient pas :Maintenant que vous avez votre bac, prenez votre diplôme et faites le tour des banques pour récupérér les cagnottes— DoctorChu_ (@Je suis trop petit)require(["twitter/widgets"]);Quand j'ai su que j'avais mon Bac, j'ai chialé en pensant à tout l'argent que j'allais recevoir, j'étais émue de pouvoir être riche 💶😍😂— _PaulineHG (@Pauline)require(["twitter/widgets"]);Une pensée s’impose aussi pour tous ceux qui n’ont pas décroché le précieux sésame et doivent supporter la joie exubérante des autres sur les pages d’accueil de tous leurs réseaux sociaux. De nombreux twittos proposent un hashtag #jaipasmonbac pour centraliser les messages de ces déçus du jour :Est-ce qu'il existe un Hashtag : #JaipasmonBAC ?— HLamballais (@Héloïse !)require(["twitter/widgets"]);Et des malchanceux semblent avoir suivi le conseil :#JaiPasMonBac #Tristitude— Fedex62_ (@Fred)require(["twitter/widgets"]);Certains d’entre eux ont néanmoins déjà trouvé de quoi se consoler et laissent flotter une brise d’optimisme dans leurs tweets :La question était "Alors le bac ?💪🏽" sa me désespère. http://t.co/CTCxK2Ai42— FDiana_ (@happiness )require(["twitter/widgets"]);Et comme dans toutes les grand-messes collectives, des guides spirituels surgissent, tentant de transmettre de sages conseils à leurs cadets :Moi j'ai pas eu le bac par contre j'ai fait un malaise devant le lycée ceux qui m'a permis de cassé mon ramàdan a 10h30 merci a l'académie 😎— GOMORRA13015 (@GORDO)require(["twitter/widgets"]);À ceux qui ont eu le BAC ne faites pas l'erreur d'aller à la fac, vous allez perdre une année bêtement cherchez un travail même dans un grec— Kierenne (@kierenne)require(["twitter/widgets"]);Laura WojcikJournaliste au Monde 07.07.2015 à 14h43 • Mis à jour le07.07.2015 à 15h23 Un voilier transportant des migrants a coulé mardi 7 juillet en mer Egée, entre la Turquie et la Grèce, selon la police portuaire grecque. Entre 17 et 21 personnes sont portées disparues, et 16 passagers ont pu être secourus.Entre 33 et 37 migrants, de nationalité inconnue, se trouvaient à bord du bateau, selon les rescapés. Les autorités grecques ont annoncé que les opérations de secours, menées par un hélicoptère, deux patrouilleurs et un bateau de la marine de guerre, se poursuivaient sur zone, entre les îles grecques Farmakonisi et Agathonisi.D’après les chiffres publiés par les Nations unies, 137 000 migrants, en majorité des Syriens qui fuient la guerre dans leur pays, sont arrivés en Europe par la Méditerranée au cours du premier semestre 2015. C’est 83 % de plus que l’année dernière pour la même période. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Attentiste et blessée, Angela Merkel ne veut pas entrer dans l’histoire comme la fossoyeuse de la Grèce. Coincée entre son opinion publique et son parti, la chancelière allemande reste toutefois hostile à un véritable dialogue avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras. François Hollande, lui, est en position de faiblesse, fragilisé par la situation économique de la France et les divisions internes du Parti socialiste. Quant à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, il est en difficulté après être allé aux limites de sa fonction en s’engageant pour le oui à la question posée, dimanche 5 juillet, aux électeurs grecs.Quelle sera la personnalité « providentielle » capable de dialoguer avec M. Tsipras ? Qui peut engager le dialogue avec ce dirigeant qu’une partie de l’opinion européenne voit comme celui qui ose faire front, comme le porte-parole des vaincus de la globalisation ?Lire aussi :Crise grecque : trois scénarios après le non au référendumAvant le sommet de la zone euro à Bruxelles, mardi 7 juillet – les ministres des finances sont réunis depuis 13 heures avant les chefs d’Etat à 18 heures – l’Union européenne (UE) était toujours à la recherche d’une stratégie et de quelqu’un pour l’incarner. Le débat dépasse le douloureux cas grec et la question de l’austérité budgétaire. Il porte sur l’avenir de l’Union et son fonctionnement.De dimanche à mardi, les dirigeants européens se sont réfugiés derrière les ministres des finances, seuls à même, disaient-ils, d’écouter et d’analyser ce qu’Athènes peut proposer. Ce mardi encore, l’Eurogroupe a ouvert le bal à Bruxelles avant le sommet des dirigeants européens.Mario Draghi, patron de la Banque centrale européenne (BCE), ou Christine Lagarde, dirigeante du Fonds monétaire international (FMI), continueront de jouer un rôle clé dans l’évolution du dossier grec. Mais ni l’un ni l’autre ne seront amenés à enclencher le processus politique qui permettrait, peut-être, d’éviter un « Grexit », une sortie de la Grèce de l’Union monétaire, qui aggraverait la crise existentielle de l’UE.Lire aussi :La voie très étroite pour éviter le « Grexit »Même déçu, même « trahi » par M. Tsipras, M. Juncker est prêt à reprendre son rôle de principal médiateur. Resté muet depuis dimanche, il s’est exprimé devant le Parlement européen, à Strasbourg, matin matin. « Je suis contre le “Grexit”, je veux l’éviter, a-t-il déclaré. Personne ne peut vouloir expulser les Grecs. Il est temps de se retrouver à la table des négociations », a indiqué le président. « Se rassembler pour trouver une solution est une évidence européenne », a-t-il poursuivi invitant chacun à abandonner « la rhétorique abrupte ».« Positions erratiques »Et Donald Tusk ? La fonction de président du Conseil européen qu’il endosse est « taillée sur mesure » pour le rôle de l’homme providentiel, estime un diplomate. Herman Van Rompuy, le prédécesseur de M. Tusk, a discrètement pesé sur les chapitres successifs de la crise financière. Mais « un président qui n’est pas de l’eurozone, cela n’a pas encore fait ses preuves », regrette cette même source. La Pologne n’a pas encore adhéré à la monnaie unique et la position de M. Tusk s’en est trouvée compliquée. Aujourd’hui, les critiques fusent contre son attentisme, son désintérêt, disent certains. « Il a pris des positions un peu erratiques au cours des dernières semaines. Absent à certains moments, dur envers à Athènes, conciliant à d’autres », relève un expert. Le président du Conseil a toutefois tenté, le 3 juillet, d’incarner un possible recours afin de transcender les blocages politiques provoqués par la crise. Sortant de son silence, il a confié au site Politico que l’Europe n’avait pas besoin de « messages dramatiques » et que, même en faillite, la Grèce devait garder sa place dans une Union qui serait peut-être amenée à repenser « toute son organisation » pour vivre avec une telle situation.Rejetant « le jeu des accusations » et refusant d’évoquer une faillite de la Grèce, M. Tusk veut désormais jouer les conciliateurs. Le président du Conseil entend transformer son désavantage en atout : c’est bien parce que la Pologne n’est pas membre de la zone euro, pense-t-il, qu’il peut ramener dans une négociation ceux qui, à l’est ou au nord de l’Europe, ne veulent plus parler à M. Tsipras. Le moment est choisi. Le Polonais agit au moment où M. Juncker est affaibli, lui qui n’a pas su imposer son plan de répartition des réfugiés entre les Etats européens.« Le temps presse »Il reste un homme qui, en théorie, pourrait aussi jouer le rôle de « M. Bons Offices ». Mais, baptisé « l’Allemand en sabots » par des médias grecs et néerlandais, Jeroen Dijsselbloem ne peut plus espérer grand-chose d’Athènes, même si Yanis Varoufakis, le ministre des finances avec lequel il a eu des relations très difficiles, ne sera plus le membre grec de l’Eurogroupe.Adoubé par le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, le social-démocrate néerlandais est considéré comme le porte-parole des partisans de l’attitude la plus ferme à l’égard d’Athènes. « “Le petit chien de compagnie” de l’Allemagne », ironise un journaliste néerlandais se demandant si son compatriote n’en rajoute pas pour s’assurer le soutien de Berlin dans la course pour sa réélection contre le ministre espagnol Luis de Guindos.Economies drastiques, réformes structurelles, pas de renégociation de la dette, le tout assorti d’une formule, « le temps presse » : le successeur de M. Juncker à la tête du collège des ministres des finances est partisan d’une stricte orthodoxie. Quitte à peiner ceux qui, à Paris ou ailleurs, croyaient que son affiliation au Parti socialiste néerlandais ferait de lui l’homme des compromis.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud et Marie Charrel Difficile de ne pas faire le rapprochement. Ces derniers jours, politiques comme experts n’hésitent plus à comparer la crise grecque à celle traversée par l’Argentine il y a quinze ans. Le 6 juillet, la présidente de ce pays, Cristina Kirchner, a félicité Athènes pour la victoire du non au référendum qui s’était tenu la veille en Grèce. Elle soulignait que, comme en Argentine, les politiques d’austérité y ont eu des conséquences « terribles ».Acculé, Buenos Aires avait fait défaut sur sa dette publique en 2001. Athènes, de son côté, n’a pas pu rembourser à temps le Fonds monétaire international (FMI) le 30 juin 2015. Et va probablement faire défaut, aussi, auprès de la Banque centrale européenne (BCE), à qui elle doit verser 3,5 milliards d’euros le 20 juillet…Il est vrai qu’à première vue, les mécanismes qui ont conduit les deux pays au bord de la faillite présentent beaucoup de similitudes. En 1998, l’Argentine plonge dans une violente récession après avoir, huit ans plus tôt, calé le cours de sa monnaie (le peso) sur celui du dollar et accumulé les problèmes structurels, notamment un système bancaire sous-développé. Entre 1998 et 2001, le gouvernement a lancé sept plans d’austérité sur demande du FMI : coupe dans les aides sociales, baisses des dépenses et des salaires… Un remède qui n’a fait qu’aggraver la situation. Jusqu’à ce que l’Argentine soit contrainte de faire défaut sur sa dette publique – alors de 135 % du produit intérieur brut (PIB) –, en janvier 2002.Guérilla juridiqueLa Grèce, elle, est entrée sous assistance de la « troïka » de bailleurs de fonds – FMI, Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne – en 2010. Elle a lancé des mesures de rigueur en échange d’aides financières. En cinq ans, les salaires ont chuté de plus de 20 %, et le PIB est toujours 25 % inférieur à son niveau de 2009.Mais, ensuite, les chemins pris par les deux pays divergent. Après son défaut, Buenos Aires a entamé de longues négociations pour restructurer sa dette. En 2005 et en 2010, 93 % des créanciers ont accepté une décote de 70 % sur leurs titres. Les 7 % de récalcitrants ont, eux, revendu leurs bons à des fonds vautours américains. Ces derniers se sont lancés dans une guérilla juridique de longue haleine pour obtenir un remboursement complet, sans décote. La justice américaine donnant raison à ces fonds, l’Argentine, refusant de céder, a fait un nouveau défaut partiel en juillet 2014.La dette grecque, elle, a été largement restructurée en 2012. Les créanciers privés ont accepté une décote de 50 % à 75 % sur les obligations hellènes qu’ils détenaient. Allégée de 100 milliards d’euros, la dette a été ramenée de 175 % à 157 % du PIB. Surtout, elle est passée aux mains de créanciers publics (FMI, BCE, Fonds européen de stabilité financière, Etats de la zone euro), qui la détiennent aujourd’hui pour près de 75 %.C’est une différence majeure avec l’Argentine. S’il ne fait aucun doute que la dette grecque, qui culmine aujourd’hui à 177 % du PIB, devra de nouveau être allégée, le fait qu’elle soit détenue par des créanciers publics met Athènes à l’abri des fonds vautours. Cela facilite son éventuelle restructuration. Ajoutons que l’Argentine, elle, n’a jamais fait défaut auprès du FMI, qu’elle a même remboursé en 2005 avec trois ans d’avance…L’Argentine a pu se financer grâce à ses exportationsAutre différence-clé : l’Argentine bénéficie d’immenses ressources naturelles. Lorsque, après son défaut de 2001, elle s’est retrouvée exclue des marchés, elle n’a donc pas eu de mal à se financer, grâce à l’argent des exportations. L’envolée des cours des matières premières entre 2003 et 2009, qui a tiré sa croissance ces années-là (+ 9 % par an), lui a permis d’accumuler un excédent commercial et des réserves de change record.Athènes, de son côté, ne peut pas compter sur les matières premières ou un secteur agricole fort pour ses recettes fiscales. Le secteur économique le plus dynamique est le tourisme, mais pour le reste, les PME, frappées de plein fouet par l’assèchement des liquidités bancaires, sont trop petites pour se tourner vers l’export. Si le pays a réussi à dégager un excédent primaire en 2014, celui-ci a déjà fondu.Autrement dit : sans nouvelles aides, la Grèce, qui n’a pas non plus accès aux marchés, aura toutes les peines du monde à se financer. Et ce, même avec un nouvel effacement de sa dette…« Cela n’exonérerait pas le pays des réformes indispensables au redressement de son économie », prévient Charles Wyplosz, économiste à l’Institut des hautes études internationales de Genève. A commencer par la lutte contre les rentes, la corruption, et l’amélioration du fonctionnement de l’administration fiscale.Lire aussi :Un retour à la drachme se ferait dans le chaosRécessionMais malgré les atouts dont elle dispose, les perspectives de l’économie argentine ne sont aujourd’hui pas meilleures que celles de la Grèce. « Le pays n’a pas profité de la forte croissance enregistrée entre 2003 et 2009 pour diversifier son industrie et renforcer sa compétitivité », explique Christine Rifflart, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.Depuis que la croissance mondiale ralentit, ses exportations de matières premières et ses réserves de change diminuent. Malgré une baisse de 11,4 % des importations à 65 milliards de dollars (59 milliards d’euros), son excédent commercial (6,8 milliards d’euros) a chuté pour la deuxième année consécutive : – 20,8 %, en 2013, et – 16,5 %, en 2014.De l’avis des analystes privés, plus crédibles que les statistiques publiques, l’Argentine a vu son PIB se contracter de 2 % en 2014 et resterait en récession en 2015 (– 0,9 %). Les autorités, pour leur part, ont retenu une croissance de + 0,5 %, en 2014, et de + 2,8 %, en 2015.Au début de 2014, le peso argentin a été dévalué et les taux d’intérêt ont été relevés, provoquant une baisse du pouvoir d’achat des ménages, pour la première fois depuis dix ans. Le contrôle des capitaux, mis en place fin 2011, est par ailleurs à l’origine d’un marché parallèle des devises et d’un phénomène de course au dollar : paniqué devant l’effondrement de leur devise, les Argentins se ruent sur les billets verts pour tenter de sauver leurs économies…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste